22.12.2020 Views

WS-AFRICA-2

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

NOUVEAU - N°2

LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT

N°2 Janvier > Juin 2021

RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC

FATMA

SAMOURA

LA FEMME LA PLUS

PUISSANTE DU FOOTBALL

MONDIAL

LES

5

PERLES

DU FOOTBALL

CAMEROUNAIS

ENQUÊTE

MADAGASCAR

LE NOUVEAU

CHAMPION

DU SPORT !

LIFESTYLE

LE TUTO MAKE UP DE

SHIRINE

BOUTELLA

africa.womensports.fr


Association

ASSOCIATION

NOS PARTENAIRES

ENGAGÉS ACTIVEMENT POUR UNE DIFFUSION GRATUITE DE WOMEN SPORTS AFRICA

EN PRINT ET DIGITAL DANS L’ENSEMBLE DES PAYS DU CONTINENT

TOP PARTENAIRE

PARTENAIRES DE DIFFUSION

YEMALY

YEMALY

YEMALY

ASSOCIATION

2 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


ÉDITORIAL

« J’EN APPELLE AUX FEMMES : SOYEZ CANDIDATES !

ET J’EN APPELLE AUX HOMMES : SOUTENEZ CES

CANDIDATURES FÉMININES ! »

Lorsque je suis devenue présidente de la Fédération de

football du Burundi, en 2004, le mouvement sportif a

salué cette première historique : une femme élue présidente

d’une fédération en Afrique. Huit ans plus tard,

lorsque je suis devenue la première femme à intégrer le

comité exécutif de la FIFA, la presse m’a surnommée «La

première dame du football».

Aujourd’hui, je suis membre du Comité International Olympique et

siège au conseil de la FIFA. Et je veux porter un message simple :

cessons de considérer comme une surprise une candidature

féminine et plus encore une victoire d’une femme à des élections.

D.R.

Les femmes ont tant à apporter au monde et au succès durable

du sport en particulier. L’existence des talents féminins est incontestée

et représente un réservoir de compétences dont les organisations

et entreprises auraient tort de se passer aujourd’hui.

Plus encore : la mixité et la diversité des instances dirigeantes

sont synonymes d’ouverture, de créativité et d’efficacité !

Lydia Nsekera est membre du Comité International Olympique depuis

2009, présidente du Comité National Olympique du Burundi depuis 2017

et membre du Conseil de la FIFA depuis 2012. Elle fut la première femme

présidente d’une fédération en Afrique en dirigeant la Fédération de football

du Burundi de 2004 à 2013. Elle fut également la première femme à

faire partie du comité exécutif de la FIFA, en 2012, et dirige actuellement

la Commission Femmes et Sports du Comité International Olympique.

Je ne suis pas la seule, bien sûr, mais nous pouvons toujours

faire mieux. J’en appelle donc aux femmes : soyez candidates !

Et j’en appelle aux hommes : soutenez ces candidatures féminines

! Participons ensemble à ce grand mouvement de

mixité. Le mouvement sportif mondial s’honorera de soutenir

de toutes ses forces les candidatures féminines aux élections

fédérales en cours.

Par Lydia Nsekera

16, avenue Hoche - 75008 Paris

EDITION DIRIGÉE PAR

NAÏMA EL GUERMAH

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

ET RÉDACTEUR EN CHEF

DAVID TOMASZEK

dtomaszek@womensports.fr

DIRECTEUR ARTISTIQUE

XAVIER CHAMBON

RÉDACTION

LÉA BORIE, FLORIANE CANTORO,

VANESSA MAUREL, INAYA MATHLI,

LYDIA NSEKERA, NAÏMA EL

GUERMAH, DAVID TOMASZEK,

BRUNO LALANDE

SECRÉTARIAT DE RÉDACTION

CAPUCINE LAZARE

PARTENARIATS / PUBLICITÉ

NAÏMA EL GUERMAH

nelguermah@womensports.fr

BRUNO LALANDE

blalande@womensports.fr

MEENA CHANOINE

mchanoine@womensports.fr

Remerciements : Naoise King (FIFA),

Michaël Noyelle (CIO) et les équipes

de l’AFD, l’OIF, le CNOSF et Decathlon

United qui ont contribué à ce numéro.

AFRICA.WOMENSPORTS.FR

Facebook @womensports.fr

Twitter @WomenSports_fr

Instagram @womensports.fr

LinkedIn @womensports

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 3


N°2 Janvier > Juin 2021

32 ENQUÊTE

SOMMAIRE

WOMEN SPORTS AFRICA N° 2

NOUVEAU - N°2

RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC

LA FEMME LA PLUS

PUISSANTE DU FOOTBALL

MONDIAL

ENQUÊTE

MADAGASCAR

LE NOUVEAU

CHAMPION

DU SPORT !

LIFESTYLE

LE TUTO MAKE UP DE

SHIRINE

BOUTELLA

LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT

FATMA

SAMOURA

@WomenSports_fr

LES

5

PERLES

DU FOOTBALL

CAMEROUNAIS

facebook.com/womensports.fr

womensports.fr

womensports.fr/video

africa.womensports.fr

06 CLUB WS AFRICA

Women Sports Africa sur les

réseaux et sur le terrain !

ENSEMBLE

ENTRETIEN ÉVÉNEMENT

10 FATMA SAMOURA

« Ma nomination à la FIFA a été

pour certains un véritable choc »

CHAMPIONNES

16 PORTFOLIO

Les 5 perles du football camerounais

19 KHADJOU SAMBE

Première surfeuse professionnelle

sénégalaise

20 ONS JABEUR

L’année de la consécration pour la

tenniswoman tunisienne ?

22 NANTENIN KEÏTA

Ces premières fois qui m’ont menée

jusqu’à la médaille d’or paralympique

24 MARIE-JOSÉE TA LOU

Dans les starting-blocks

EN IMMERSION

28 YASMA DESREUMAUX

La femme qui voulait rendre le sport

plus accessible en Algérie

ENQUÊTE

32 MADAGASCAR

Le nouveau champion du sport !

ENSEMBLE

42 SPORT EN COMMUN

Un projet ambitieux vecteur de

développement économique et

social en Afrique

44 DENIS MASSEGLIA

« L’émergence de dirigeantes en

mouvement sportif »

46 TROPHÉE MOUSSO

dans les coulisses d’une course

auto « Women Only »

50 LE FABULEUX DESTIN DE

SALIMA SOUAKRI

4 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


68

16 50

64 63

CARNET PRATIQUE

54 HULA HOOP

5 bonnes raisons de s’y remettre !

56 7 EXERCICES

expliqués par Imane Erramli

58 SOS POINT DE CÔTÉ

FEMMES D’INFLUENCE

DÉCOUVERTE

64 TOP 5 DES DESTINATIONS

pour un voyage sportif en Afrique

LIFESTYLE

68 SHIRINE BOUTELLA

Du tout petit au grand écran

PEOPLE

74 HADJA CISSÉ

« Soyons honnêtes,

le handball ne m’a pas

servi à grand-chose

sur Koh-Lanta ! »

60ZINEB EL HOUARI

« Si je peux jouer au foot, je peux

en parler sur un plateau télé ! »

SHOPPING

78 SÉLECTION COSMÉTO

Made in Africa

6355 QUESTIONS À EYA BALTI

Présidente de la Fédération

tunisienne des sports scolaires et

universitaires

82 BONS PLANS

56

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 5


N°1 Juillet > Décembre 2020

INTERVIEW EXCLUSIVE

CLUB WOMEN SPORTS AFRICA

NOUVEAU - N°1

MIEUX DANS SON CORPS

POUR MON ÉPANOUISSEMENT,

POUR MON BIEN-ÊTRE,

POUR MON CORPS !

LE KARATÉ

POUR RECONSTRUIRE

LES FEMMES VICTIMES

DE VIOLS DE GUERRE

LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT

LE SPORT,

C’EST BON

POUR MOI !

ANTOINETTE

SASSOU

NGUESSO

« JE SOUHAITE

UN GRAND SUCCÈS À

WOMEN SPORTS AFRICA !»

CHAMPIONNES

TOP 10

ELLES ONT

MARQUÉ

L’HISTOIRE

DU SPORT

AFRICAIN

Petit retour en images sur

le lancement de

WOMEN SPORTS AFRICA #1

africa.womensports.fr

© Dean Drobot / Shutterstock

MERCI !

POUR VOS

PARTAGES !

Lisez

gratuitement

Women Sports Africa

en ligne :

africa.womensports.fr

6 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


DU 3 AU 15 JANVIER SUIVEZ LES AVENTURES

DU TEAM WOMEN SPORTS AFRICA ENGAGÉ

SUR LE DAKAR CLASSIC !

Un équipage expérimenté composé de Stéphan Lamarre

et Alexandre Laroche, au volant d’un Mitsubishi Pajero.

Leur course est à suivre chaque jour sur

africa.womensports.fr et sur nos réseaux sociaux !

Women Sports Africa

participe à de nombreux

colloques.

Rendez-vous sur

africa.womensports.fr

pour suivre toutes

nos actions !

Women Sports Africa en partenariat avec Pwc

et l’IRIS travaille activement sur une étude

précurseure commanditée par l’Agence Française

de Développement (AFD).

Il s’agit de réaliser un diagnostic inédit dans 5 pays

d’Afrique (Afrique du Sud, Egypte, Kenya, Maroc,

Sénégal) sur la pratique sportive des femmes,

en particulier des jeunes filles afin de définir une

stratégie et dégager des pistes opérationnelles

pour renforcer la participation des femmes aux

activités sportives. Les conclusions de l’étude seront

présentées publiquement au premier semestre 2021.

© Monkey Business Images / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 7


CLUB WOMEN SPORTS AFRICA

Célia, France

Fatouma, Guinée

France, Monaco

Hiromi, Japon

NOS AMBASSADRICES

WOMEN SPORTS AFRICA

AUX QUATRE COINS DU MONDE !

Laura, Suisse

Louisa, France

Mai, Côte d’Ivoire

Chloé, France

Stecie, Madagascar

Marine, Japon

Oliane, Etats-Unis

Aylin, Cap-Vert

Geneviève, Sénégal

8 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Imane, Maroc Amélia, Bénin Leia, Afrique du Sud

Malika, Algérie


©A.RAVERA

VIRGINIE HERZ

L’actualité féministe dans le monde

SAMEDI 20H40 TU - DIMANCHE 17H40 TU

Le magazine de celles et ceux qui font bouger un monde encore largement dominé par les hommes


ENTRETIEN ÉVÉNEMENT

Rencontre

Fatma Samoura :

« Ma nomination à la FIFA a été

pour certains un véritable choc »

Entretien exclusif avec la femme la plus puissante du football mondial, Fatma Samoura,

secrétaire générale de la FIFA. Son parcours, depuis son Sénégal natal jusqu’à Zurich, siège

de l’organe suprême du football, en passant par l’ONU où elle a œuvré durant 20 ans dans

plus de 70 pays, le développement du football féminin, les enjeux de l’empowerment des

femmes par le sport… Fatma Samoura nous dit tout !

PROPOS RECUEILLIS PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK

WOMEN SPORTS AFRICA :

VOUS ÊTES SECRÉTAIRE

GÉNÉRALE DE LA FIFA ET

À CE TITRE LA FEMME

LA PLUS PUISSANTE DU

FOOTBALL MONDIAL

ET VENEZ D’ÊTRE

INTRONISÉE AU HALL

OF FAME DU FORUM

INTERNATIONAL DES

FEMMES. REVENONS

SUR VOTRE PARCOURS

HORS DU COMMUN. D’OÙ

VENEZ-VOUS, FATMA

SAMOURA ?

FATMA SAMOURA : Je suis

née et j’ai grandi au Sénégal.

À 18 ans, mon baccalauréat

en poche, je suis partie en

France pour poursuivre mes

études universitaires. Je suis

rentrée au Sénégal en 1986

après l’obtention d’un Diplôme

d’Etudes Supérieures

Spécialisées (DESS) en Commerce

International à l’IECS

de Strasbourg et une maîtrise

en Langues Étrangères Appliquées

(anglais/espagnol)

pour débuter ma carrière

professionnelle à la Senchim,

dustries

Chimiques du Sénégal

(ICS) spécialisée dans la

commercialisation de produits

phosphatés élaborés. Je suis

mariée et mère de trois enfants.

VOUS AVEZ REJOINT LA

FIFA EN 2016. POURQUOI

LE FOOTBALL ?

COMMENT S’EST PASSÉE

VOTRE INTÉGRATION ?

VOUS OCCUPEZ

DÉSORMAIS LE POSTE

INCROYABLEMENT

PRESTIGIEUX DE

SECRÉTAIRE GÉNÉRALE.

QUEL EST VOTRE

QUOTIDIEN ? QUELS SONT

LES GRANDS ENJEUX DE

VOTRE MISSION ?

J’ai rejoint la FIFA pour une

raison simple, le pouvoir fédérateur

unique du football. J’ai

de secrétaire générale en juin

2016. Avant d’assumer ces

nouvelles responsabilités à

Zurich, j’avais passé 21 ans

à travailler avec le Système

des Nations Unies que j’ai rejoint

à l’âge de 33 ans en mai

1995 au siège du Programme

Alimentaire à Rome, en Italie.

J’ai eu au cours de ma carrière

onusienne à travailler

sur des programmes de développement,

d’urgence et de

relèvement en Italie, à Djibouti,

au Cameroun, au Tchad, en

Guinée, au Niger, à Madagascar

et au Nigéria.

Au cours de mes différentes

affectations, j’ai eu à voyager

dans plus de 70 pays différents

pour entreprendre des

évaluations des capacités

répondre à des crises humanitaires

réelles ou hypothétiques

ou pour fournir des

aides d’urgence, de secours

et de relèvement ou simplement

pour aider les communautés

à renforcer leur capacité

de résilience face aux

catastrophes naturelles ou

causées par les hommes.

« LES FEMMES SONT AU

CŒUR DU DÉVELOPPEMENT

DE L’AFRIQUE. »

C’est lors d’une de mes missions

au Libéria que j’ai pu

mesurer le pouvoir du football

et mesurer son potentiel

unique à restaurer la paix et

la cohésion sociale. En effet,

pendant la guerre civile des

années 90, les seuls moments

où les combattants

acceptaient de faire momentanément

taire les armes

c’était lorsqu’il pleuvait ou

lorsqu’il y avait un match de

football.

10 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


En 2016,

Fatma Samoura

est devenue la

première femme

secrétaire générale

de la FIFA.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 11

D.R.


ENTRETIEN ÉVÉNEMENT

Gabrielle

Aboudi Onguene

(Cameroun), lors

de la Coupe du

Monde Féminine

de la FIFA 2019, en

France.

© Richard Sellers - PA Images - Icon Sport

Avant de rejoindre

mon dernier lieu d’affectation

avec les Nations Unies au

Nigeria, j’étais basée à Madagascar

ou j’ai occupé d’octobre

2010 à janvier 2016,

les fonctions de Coordonnatrice

résidente du système

des Nations Unies et Représentante

résidente du PNUD.

La tension politique était très

forte pendant toute la durée

de ma mission à Madagascar.

Pendant près de deux

ans j’ai dû me déplacer entre

mon domicile et mon bureau

sous forte escorte militaire.

L’organisation des élections

s’est faite dans des conditions

politiques, sécuritaires

et humanitaires extrême-

Grande Ile début 2016 après

que l’ONU et la communauté

internationale aient aidé Madagascar

à travers des élections

justes, transparentes

et démocratiques à revenir à

l’ordre constitutionnel.

C’est à quelques jours de

mon départ que j’ai été invitée

à un dîner auquel prenait

part Gianni Infantino, qui

était en pleine campagne

pour la présidence de la FIFA.

Nos échanges au cours de ce

dîner étaient cordiaux. Je lui

ai écrit pour le féliciter lorsqu’il

a été élu président de la

FIFA en février 2016. Au mois

de mai 2016, il a proposé

mon nom au poste de secrétaire

général au Conseil de la

FIFA qui a endossé sa proposition.

J’ai pris mon poste à

Zurich en juin 2016.

Ma nomination à la FIFA a

été pour certains un véritable

choc. En 112 ans d’existence

l’organisation n’avait connu

que des administrateurs

hommes tous issus du même

« EN 112 ANS D’EXISTENCE

L’ORGANISATION

N’AVAIT CONNU QUE

DES ADMINISTRATEURS

HOMMES TOUS ISSUS DU

MÊME CONTINENT. »

continent. La décision du

président Infantino de proposer

une femme africaine au

poste de secrétaire général

était visionnaire et avant-gardiste.

Étant lui-même père

qu’avec 50% de la population

mondiale composée de

femmes, donc la moitié des

fans de football du monde,

il était temps d’amener une

femme à la FIFA.

Ma nomination n’est pas

restée un acte isolé car aujourd’hui

le monde sportif

et celui du football en particulier

est beaucoup plus

inclusif que par le passé. Il

y a six femmes qui siègent

au Conseil de la FIFA, l’organe

décisionnel. Les commissions

permanentes de la

FIFA, ainsi que les associations

membres, comptent de

plus en plus de femmes dans

12 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


leurs rangs y compris au niveau

le plus élevé de l’administration

des fédérations.

Dans mon rôle, j’ai bien peur

qu’il n’y ait pas de journée de

travail normale, encore moins

de semaine de travail normale

! L’éventail des responsabilités

est si large qu’un

jour n’est jamais comparable

à un autre. Pour le moment,

une grande partie de mon

travail consiste à aider nos

membres du monde entier à

sont confrontés du fait de la

Covid-19.

Pour ce faire, le plan de secours

FIFA Covid-19 a été

lancé via la distribution par la

FIFA de 1,5 milliard de dollars

de fonds de secours.

Ce plan de relèvement est

vraiment révolutionnaire et a

été conçu pour montrer la solidarité

du football en action

grâce à un volet subvention

et un volet prêt sans intérêt.

En effet, chaque fédération

a droit à une subvention

de protéger et redémarrer le

football. Chaque association

reçoit en outre une subvention

de 500,000 USD, spéci-

à la possibilité de demander

un prêt sans intérêt d’un

montant maximal de 5 millions

de dollars US. Le plan

de secours FIFA Covid-19

fournit donc les ressources

communauté du football pour

garantir l’avenir du football

de base et des jeunes, ainsi

que celui du football professionnel

féminin et masculin.

et des équipes, effectuer

des tests Covid-19 et mettre

en place les protocoles sanitaires

nécessaires pour limiter

la propagation du virus.

Les résultats du plan de secours

FIFA Covid-19 sont

jusqu’ici jugés très positifs et

ont permis de renforcer l’engagement

de la FIFA à préserver

et à protéger le football,

encore plus pendant cette

2020 a été une année très

spéciale et l’administration

de la FIFA s’est consacrée en

priorité à la protection et la

préservation du football ainsi

qu’à la gestion de l’administration

et du personnel de la

FIFA.

Je voudrais ajouter en conclusion

que, bien sûr, pour le moment,

la santé passe avant

tout et que le football ne devrait

être joué que si toutes

les dispositions sanitaires

sont mises en place pour pro-

du football et les fans.

« 1,12 MILLIARD DE

PERSONNES DANS LE

MONDE ONT REGARDÉ

LA COUPE DU MONDE

FÉMININE DE LA FIFA À LA

TÉLÉVISION EN 2019. »

COMMENT JUGEZ-VOUS

LA PLACE DU FOOTBALL

FÉMININ DANS LE

MONDE EN GÉNÉRAL

ET EN AFRIQUE EN

PARTICULIER À L’HEURE

ACTUELLE ? QUELLES

SONT LES MESURES

MISES EN PLACE PAR LA

FIFA POUR PROMOUVOIR

LE FOOTBALL FÉMININ ?

Le football féminin en général

est passé au premier plan

grâce au franc succès de la

Coupe du Monde Féminine

de la FIFA qui s’est déroulée

en France en juin-juillet

2019. Quand nous revenons

sur cette compétition, les

statistiques montrent à elles

seules à quel point le football

féminin s’est développé depuis

l’édition de 2015 au Canada.

Les chiffres sont sans

équivoque et augurent d’un

avenir radieux pour le football

féminin.

En effet, 1,12 milliard de personnes

dans le monde ont

regardé la Coupe du Monde

Féminine de la FIFA à la télévision

en 2019 et 481,5

millions de personnes ont regardé

la compétition

que les fédérations et les

confédérations peuvent faire

fonctionner leurs organisations,

payer les factures et

les salaires des entraîneurs

Chidinma Okeke

(Nigeria) face à

l’Allemagne lors de

la Coupe du Monde

Féminine de la

FIFA 2019.

© Alexandre Dimou / Icon Sport

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 13


ENTRETIEN ÉVÉNEMENT

sur les plateformes

numériques. En moyenne,

17,27 millions de téléspectateurs

ont suivi chaque

match en direct et, lorsque

vous comparez ce chiffre aux

8,39 millions qui ont suivi les

matchs en direct lors de la

septième édition de la compétition

en 2015, vous pouvez

voir que le football féminin

a énormément gagné en

popularité.

Le football féminin en Afrique

est également en pleine

croissance. L’Afrique regorge

de talents du football et

ma mission de six mois en

qualité de déléguée générale

de la FIFA pour l’Afrique

m’a permis de côtoyer les

plus grands talents de notre

continent, dont beaucoup

sont des femmes. Je veux

voir l’Afrique au sommet du

football mondial et mon rêve

est de voir plus d’équipes féminines

africaines atteindre

du Monde Féminine de la

FIFA - ce qui est un objectif

réalisable comme le prouvera

certainement l’édition 2023,

organisée par l’Australie et la

Nouvelle-Zélande. Le nombre

d’équipes participantes passera

de 24 à 32, ce qui signi-

de pays africains, d’Amérique

latine, et d’autres régions du

globe, auront l’occasion de

à la compétition ultime de la

coupe du monde de football

féminin.

Je regrette l’annulation de la

Coupe d’Afrique des Nations

féminine 2020 et j’espère

qu’en 2021 la CAF remettra

le football féminin africain

sur les rails, car les équipes

féminines doivent jouer des

matchs compétitifs à chaque

fois qu’elles en ont l’opportu-

mieux pour les matches de

Monde Féminine de la FIFA.

Quant à savoir comment la

FIFA promeut le football féminin,

laissez-moi souligner

ce qui suit : la FIFA a investi

1 milliard de dollars dans

le football féminin pour le

développer le football féminin

sur et en dehors du terrain.

L’année dernière, nous

avons commencé à voir les

fruits de l’investissement

dans le football féminin

avec la Coupe du Monde

Féminine de la FIFA la plus

réussie de tous les temps.

Avant le coup d’envoi, nous

avons accueilli la toute première

Convention mondiale

sur le football féminin, et

nous avons été ravis de voir

participer divers dirigeants

sociaux et d’éminentes personnalités

qui ont donné à

cette convention un cachet

très spécial et permis de rehausser

encore davantage le

Nous nous sommes appuyés

sur le succès sans précédent

de la Coupe du Monde Féminine

de la FIFA en France en

2019 pour lancer une série

d’initiatives en faveur du football

féminin.

Pour répondre aux besoins

de nos membres du monde

entier pendant la pandémie,

nous avons mis à disposition

des supports de formation

nuel

des administrateurs en

charge du football féminin,

le livret des programmes de

développement de la FIFA,

l’analyse physique de la

coupe du monde féminine

2019 et le rapport de solidarité

des clubs de cette même

coupe du monde. Tous ces

supports sont disponibles

sous forme numérique. Par

ailleurs, depuis le début de

la pandémie, notre division

de football féminin a organisé

plus de 500 appels Zoom

avec nos fédérations et les

parties prenantes du football

féminin pour les soutenir pen-

Comme je l’ai mentionné plus

haut, le plan de secours FIFA

Covid-19 a été élaboré pour

protéger et préserver le football

pendant cette période

en est l’un des principaux bé-

« LE MONDE DU FOOTBALL

EST BEAUCOUP PLUS

INCLUSIF QUE PAR LE

PASSÉ. »

© Alexandre Dimou / Icon Sport

Busisiwe Ndimeni

(Afrique du Sud),

lors de la Coupe du

Monde Féminine

de la FIFA 2019, en

France.

En outre, pour montrer à quel

point la FIFA prend au sérieux

la protection des femmes

dans le football en novembre,

la Commission des parties

prenantes du football de la

FIFA (FSC) a soutenu deux

séries de réformes majeures

visant à renforcer la

protection des joueuses et

des entraîneurs de football.

De nouvelles normes minimales

mondiales pour les

joueuses, notamment en ce

qui concerne la maternité

sont en train d’être promues.

Les nouvelles règles comprennent

un certain nombre

de mesures clés, notamment

le droit à un congé de maternité

obligatoire d’au moins 14

semaines et le paiement d’au

moins deux tiers du salaire

contractuel des joueuses.

A leur retour au travail, les

clubs doivent réintégrer les

joueuses, fournir un soutien

médical et physique adéquat,

s’assurer qu’aucune joueuse

n’ait à souffrir d’un désavantage

quelconque en raison

de sa grossesse tout en

garantissant une meilleure

protection de l’emploi des

femmes dans le football. Les

nouvelles règles établissent

des normes minimales pour

les contrats d’entraîneurs et

contrats. Ces propositions seront

soumises au Conseil de

la FIFA pour approbation.

14 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


« JE RECONNAIS

QU’ÊTRE LA PREMIÈRE

FEMME NOIRE À OCCUPER

CE POSTE À LA FIFA

CHANGE LA DONNE. »

PENSEZ-VOUS QUE

LE SPORT SOIT UN

LEVIER DE PROMOTION

SOCIALE DES FEMMES

EN AFRIQUE ? PLUS

GLOBALEMENT

ENCORE, QUEL EST

VOTRE REGARD SUR LA

PLACE DE LA FEMME

EN AFRIQUE ET SON

ÉVOLUTION ? EN TANT

QUE «ROLE MODEL»,

QUEL MESSAGE POUVEZ-

VOUS ADRESSER À UNE

JEUNE FILLE AFRICAINE

D’AUJOURD’HUI ?

Le sport et le football en particulier

fournissent formation,

compétences et inculquent

la discipline. La pratique du

football en particulier crée un

esprit d’équipe et enseigne

des compétences telles que

le fait de savoir gagner et

perdre, de respecter l’adversaire,

d’être fair play, etc…

qui sont des valeurs importantes

dans la vie de tout

individu. Le football joué

à l’école est également un

excellent moyen de garder

l’école. Des études ont mon-

longtemps à l’école, moins

elle est susceptible d’être

victime de grossesse précoce

et indésirable ou de risquer

sa vie et celle de ses enfants

suite à des complications lors

de l’accouchement.

Le football représente également

une source d’inspi-

africaines. Les femmes et

étaient ravies quand elles

ont vu leurs sœurs du Nigéria,

d’Afrique du Sud et

du Cameroun participer à

la Coupe du monde féminine

de la FIFA 2019. Voir

quelqu’un qui vous ressemble

atteindre les plus

hauts sommets du sport

mondial est une grande motivation

et source d’encouragement

pour beaucoup

elles aussi envie de rêver

grand.

Les femmes sont au cœur du

développement de l’Afrique.

Elles gèrent leur foyer, leurs

enfants et en conséquence

la société au sens large.

Les femmes africaines sont

fortes et ont la capacité de

gérer les problèmes et les

avec perspicacité et créativité.

Maintenant que de

femmes poursuivent leurs

études, nous voyons ce

genre de créativité exploser

dans les salles de conseils.

De plus en plus de femmes

assument de grandes responsabilités

dans le monde

des affaires et cette tendance

va se poursuivre.

J’aimerais voir plus d’investissements

dans l’éduca-

femmes pour les maintenir à

l’école, dans les centres de

formation et à l’université.

Le programme FIFA Football

pour les écoles, que nous

avons lancé en Mauritanie,

s’appuie sur les aspects

positifs du football pour apporter

des messages d’encouragement

et d’autono-

qui participent à l’initiative.

Nous espérons déployer ce

programme sur tout le continent

africain et atteindre

de garçons grâce aux effets

positifs du football.

Je dirais que je me sens

très privilégiée et honorée

me considérer comme leur

modèle. Je suis tout à fait

consciente que c’est une

grande responsabilité à

assumer et c’est quelque

chose que je prends très

au sérieux. Je reconnais

qu’être la première femme

noire à occuper ce poste à

la FIFA change la donne et

j’essaie d’inspirer d’autres

africains et minorités par

mes actions.

Aux jeunes filles lisant

cette interview, je dirais :

sachez ce que vous voulez

et foncez ! Ayez un plan de

carrière et faites tout pour

vous y tenir. Soyez les meilleures

dans vos domaines,

soyez confiantes et fières.

En un mot « Croyez en vousmêmes

» WSA

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 15


PORTFOLIO

LES 5 PERLES

DU FOOTBALL CAMEROUNAIS

Le Cameroun est une véritable terre de championnes. Plusieurs grandes footballeuses

y sont en effet nées. Parmi elles, Gabrielle Onguéné, ou encore Gaëlle Deborah

Enganamouit. Croyez-nous, vous n’avez pas fini d’en entendre parler ! PAR INAYA MATHLI

GABRIELLE

ONGUÉNÉ, 31 ANS

Actuelle joueuse du

CSKA Moscou en

Russie, Gabrielle

Onguéné a marqué

l’histoire de son

pays en devenant

la première et

unique buteuse

camerounaise d’un

tournoi olympique

en inscrivant un but

contre la Nouvelle-

Zélande aux JO de

Londres (31 juillet

2012). En 2016,

Gabrielle Onguéné

a aussi été élue

meilleure joueuse de

la CAN féminine.

© Action Plus / Icon Sport

AJARA NCHOUT,

27 ANS

Joueuse du Valerenga

Fotball, Ajara Nchout

a été désignée femme

du match de la demifinale

perdue face au

Nigéria lors de la CAN

Féminine 2018 au

Ghana. Elle a jusqu’à

présent participé à de

nombreuses grandes

compétitions, dont

le championnat

d’Afrique en 2014 ou

encore la CAN 2016.

16 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© Orange Creek / Icon Sport

RAÏSSA FEUDJIO,

25 ANS

Quel parcours ! À

seulement 25 ans,

Raïssa Feudjio, joueuse

du UDG Tenerife,

a déjà été finaliste

du championnat

d’Afrique 2014,

finaliste de la Coupe

d’Afrique des nations

2016, troisième du

championnat d’Afrique

2012 et troisième de

la Coupe d’Afrique

des nations 2018 avec

l’équipe nationale du

Cameroun.

© Alexpress/Icon Sport

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 17


PORTFOLIO

ESTELLE JOHNSON, 32 ANS

Joueuse au Sky Blue FC en NWSL

(Ligue nationale de football féminin

aux États-Unis), Estelle Johnson a

joué sous les couleurs nationales du

Cameroun en 2019 et a notamment

participé à la Coupe du monde

féminine, la même année. L’occasion

pour elle de se faire connaître et

surtout adopter par les Camerounais.

© Action Plus / Icon Sport

© Alexpress/Icon Sport

GAËLLE DEBORAH ENGANAMOUIT, 28 ANS

Vainqueure des Jeux Africains de 2011, finaliste du Championnat d’Afrique 2014, finaliste de la Coupe d’Afrique des

nations 2016, meilleure joueuse camerounaise de la saison 2010-2011, meilleure buteuse du championnat de Suède

2015, meilleure joueuse africaine 2018… On ne compte plus ses belles performances et ses titres personnels !

Gaëlle Deborah Enganamouit est sans conteste la plus grande joueuse camerounaise, voire africaine. Un statut

qu’elle a mis à profit puisqu’en 2019, elle a inauguré la première école de football féminin du Cameroun, à laquelle

elle se consacre pleinement depuis l’annonce de sa retraite le 9 juin 2020 (jour de ses 28 ans).

18 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Khadjou est une

pionnière du surf

dans son pays et

veut désormais

conquérir le monde

aux JO de Tokyo.

Khadjou Sambe,

première surfeuse

professionnelle sénégalaise

© instagram @sambe_khadija

Le saviez-vous ?

La première surfeuse

professionnelle sénégalaise

c’est elle : Khadjou Sambe,

25 ans. Originaire d’un

petit village près de Dakar

(Ngor), elle a marqué

l’histoire de son pays et

pourrait peut-être même le

représenter prochainement

à l’échelle internationale.

PAR VANESSA MAUREL

Planche sous le bras,

Khadjou Sambe peut désormais

arpenter les rues

du Sénégal presque normalement.

Pourtant, cette

scène n’a pas toujours été aussi banale.

À 13 ans, alors qu’elle monte sur un surf

pour la première fois, elle est réprimandée

par sa famille.

« On me disait de ne pas bouger de la

maison, de rester cuisiner, que ce n’était

pas pour moi », raconte-t-elle à nos

confrères d’Africa News. Pourtant, dotée

d’un fort caractère, la Sénégalaise

n’abandonne pas ses rêves… Loin de là.

Faisant la sourde oreille à l’égard de ses

proches, Khadjou continue chaque jour

Objectif JO de Tokyo !

À force de patience et de passion, Khadjou

parvient à se faire une place dans le monde

professionnel, une première pour une Sénégalaise.

Elle a même été choisie pour

lancer une antenne sénégalaise d’une école

code : « Black Girls Surf » ! Cette institution

« milite pour que les femmes noires soient

mieux représentées dans le surf de compétition.

» Pour autant, la jeune femme de 25

ans ne se contente pas de ce qu’elle a acquis.

Khadjou veut représenter son pays au

niveau international et participer aux Jeux

Olympiques de Tokyo en 2021. Pour cela,

elle doit impérativement se classer dans le

top dix de la World Surf League (WSL). C’est

son prochain challenge ! WSA

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 19


CHAMPIONNES

Portrait

L’année de la consécration pour

Ons Jabeur ?

Un an après avoir marqué l’histoire du tennis en disputant les quarts-de-finale de l’Open

d’Australie (une première pour une joueuse africaine !), la Tunisienne Ons Jabeur pointe aux

portes du Top 30 mondial, son meilleur classement. De quoi entamer la nouvelle saison sous

le meilleur des auspices. PAR FLORIANE CANTORO

À26 ans, Ons Jabeur compte

déjà parmi les personnalités

sportives africaines les plus

connues. Et pour cause :

depuis dix ans, la jeune tenniswoman

tunisienne ne cesse de repousser

les limites de son sport.

Initiée à la pratique du tennis à l’âge de trois

ans par sa mère, amatrice des courts, Ons

fait une première fois parler d’elle en 2011,

en remportant le tournoi de Roland-Garros

en simple juniors. Un an après avoir déjà at-

nienne

Elina Svitolina en 2010), la joueuse

arabe, 16 ans à l’époque, s’impose face à

pionne

olympique). Elle devient alors la première

joueuse africaine à gagner un tournoi

jamais imposée sur le circuit WTA, considéré

comme la ligue majeure du tennis féminin,

ème tour de Roland-Garros

d’Australie 2020, une première pour une

joueuse du monde arabe et du continent

africain. Elle s’assure au passage une place

un record) et termine l’année à la meilleure

e ). « Elle a franchi un

cap,

de la Fédération tunisienne de tennis. Ons a

toujours eu des qualités techniques et physiques,

mais ce qui est différent c’est qu’elle

DEPUIS DIX ANS, LA JEUNE

TENNISWOMAN TUNISIENNE NE

CESSE DE REPOUSSER LES LIMITES

DE SON SPORT.

Un an plus tard, en 2012, elle passe profes-

cline

face à la Française Virginie Razzano en

trois sets.

Une icône avec de l’ambition

nombreux tournois sur le circuit ITF - sorte

de 2 eme division du tennis féminin disputée

par des joueuses juniors ou professionnelles

classées au-delà de la 100 e place mondiale

-

née-là,

elle entre dans le Top 100 mondial,

devenant ainsi la seconde joueuse de tennis

africaine aussi bien classée après sa compa-

e en 2001). En

2019, Ons Jabeur s’offre un nouveau beau

ème

tour de l’US Open, mais voit ses ambitions

star du sport tunisien féminin réussit une

performance encore plus remarquable : elle

croit vraiment en elle. Elle a le potentiel

pour viser plus haut, le Top 10 mondial par

exemple. »

Et cette année pourrait être la bonne. En

jouant son meilleur tennis, Ons Jabeur

Tunisie) au palmarès d’un tournoi WTA ou

pas dès le printemps d’ailleurs, sur la terre

tunisienne. WSA

20 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


A 31 ANS, MARIE-JOSÉE

VISE DÉSORMAIS

LA GLOIRE OLYMPIQUE.

Ons Jabeur est

à la poursuite

d’un premier

titre sur le circuit

professionnel

féminin WTA.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 21

© Anthony Dibon / Icon Sport


CHAMPIONNES

1 ER STAGE

D’ATHLÉTISME

« Je n’étais pas préparée du tout. Pour dire

la vérité, j’y suis allée comme lorsqu’on va en

vacances entre amis. Mais c’était si rude ! J’ai

compris à quel point c’était un sport exigeant et

difficile… On nous demandait de courir deux fois

par jour. Je n’ai pas réussi à terminer la semaine.

Mais c’est loin de m’avoir dégoûtée. »

L’INTERVIEW

Nantenin

Keïta

CES PREMIÈRES FOIS

QUI M’ONT MENÉE JUSQU’À

LA MÉDAILLE D’OR

PARALYMPIQUE !

Nantenin Keïta est l’une des plus grandes athlètes au monde. Médaillée

d’or aux Jeux Paralympiques et aux championnats du monde, cette

sportive franco-malienne née à Bamako est passée par de nombreuses

« premières fois » qui l’ont aidée à « construire son chemin ». Jusqu’au

Graal de la médaille paralympique. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL

22 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


1 ÈRE COMPÉTITION

D’ATHLÉTISME

« C’est un moment très particulier

puisque c’est là que la Fédération m’a

repérée. Cette compétition, qui était

un triathlon pour les déficients visuels,

a été un tournant dans ma carrière. »

1 ÈRE COMPÉTITION

INTERNATIONALE,

JUILLET 2002

« J’ai pris une claque. Sur les compétitions

nationales, j’avais l’habitude des podiums et je

terminais la plupart du temps 2ème, ou 1ère. J’étais

absolument certaine que je pourrais réitérer cela

aux championnats du monde. J’ai fini 5ème au 100

m, distance sur laquelle je voulais faire un résultat.

J’ai été très déçue, bien sûr, mais ça a été un énorme

déclic. J’ai compris pourquoi je devais m’entraîner. »

« Je ne veux pas

me contenter d’une

première médaille

paralympique.

Maintenant, il faut

réitérer l’exploit. »

1 ER JEUX

PARALYMPIQUES,

2008

« Quand on arrive à ses premiers Jeux,

on a un peu l’impression d’être à Disney.

Le temps est suspendu, tout est fait

pour qu’on soit dans les meilleures

conditions, on est chouchouté, c’est

très agréable. Tout est magique, que

ce soit la cérémonie d’ouverture ou

même la compétition. On court devant

un stade plein à craquer, c’est juste du

bonheur, un autre environnement. Sur

ces premiers jeux, ça a été l’occasion

pour moi de prendre mes marques. »

1 ÈRE MÉDAILLE D’OR, JEUX 2016

« Ça faisait 12 ans que j’attendais ça, je l’ai vécu comme un aboutissement

complètement dingue. En 2012/2013, j’ai dû tout remettre

en question, que ce soit ma préparation ou même mes objectifs. J’ai

changé d’entraîneur, de lieu d’entraînement. C’était un pari un peu

fou mais qui était nécessaire. Sur le podium à Rio, j’ai pensé à tout

ça je me suis dit « Tu avais raison, tu as fait les bons choix ». Au-delà

d’être contente pour moi parce que les Jeux sont vraiment le Graal

pour un athlète, j’ai pensé à toutes les personnes qui m’avaient

accompagnée et boostée : mon coach, le kiné, même ma collègue

de chambre, tout le monde. Même si l’athlétisme est un sport

individuel, on ne gagne jamais seul. Cette victoire, on l’a remportée

tous ensemble, à force de travail. Comme toutes les premières fois

de la vie, cette médaille à une saveur particulière. Mais aujourd’hui

je ne veux pas me contenter d’avoir une médaille paralympique.

Maintenant il faut rester au haut niveau et réitérer l’exploit. »

© Giavelli - Icon Sport

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 23


CHAMPIONNES

Portrait

Dans les starting-blocks avec

Marie-Josée Ta Lou

Marie-Josée Ta Lou est une athlète ivoirienne spécialiste des épreuves de sprint. En 2017,

elle a participé aux VIIIes Jeux de la Francophonie à Abidjan, et y a remporté la médaille

d’or avec ses compatriotes du relais 4x100 m féminin. Depuis, elle a conquis de nombreuses

autres médailles et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Portrait d’une championne qui a

soif de titres ! PAR FLORIANE CANTORO / RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE (OIF)

Ma r i e - J o s é e

Ta Lou se

p a s s i o n n e

rapidement

pour le sport,

et plus particulièrement… le

football ! Et oui, c’est sur les

pelouses que l’athlète ivoirienne

a fait ses premiers

sprints en direction des cages.

Son talent et sa vitesse attirent

d’ailleurs l’attention d’une

équipe féminine d’Abidjan qui

souhaite la recruter. Mais son

grand frère s’y oppose, craignant

qu’elle ne se transforme

en « garçon manqué ».

ment,

que Ta Lou se familiarise

avec l’athlétisme, notamment

le sprint. Elle commence

à suivre des entraînements

réguliers dans cette discipline

en 2007, à 18 ans. En

juin de la même année, elle

intègre l’Équipe nationale de

Côte d’Ivoire qui décroche la

médaille de bronze au relais

4×100 m des Championnats

d’Afrique de l’Ouest, au Bénin.

C’est la naissance d’une

championne : désormais, la

gazelle ivoirienne voyage aux

quatre coins du monde à la

recherche de nouveaux podiums.

Sur la scène internationale, Ta

Lou se fait particulièrement

remarquer lors des Championnats

d’Afrique 2012 où elle

remporte deux médailles de

bronze (200 m et 4x100 m) ;

ainsi que deux ans plus tard,

en 2014, où elle réitère de

belles performances (argent

sur 200 et 4x100 m, bronze

sur 100 m). En 2015, aux Jeux

Africains de Brazzaville, elle

A 32 ANS, MARIE-JOSÉE

VISE DÉSORMAIS

LA GLOIRE OLYMPIQUE.

s’impose sur 100 et 200 m,

et décroche une médaille de

bronze au relais 4x100 m.

L’or pour écrire

l’histoire à Tokyo

Durant les Jeux Olympiques

de Rio, en 2016, Marie-Josée

Ta Lou échoue au pied du podium

pour quelques millièmes

de seconde sur 100 m, et également

sur 200 m. Deux quatrièmes

places frustrantes,

mais constructives. L’année

suivante, aux VIIIes Jeux de la

Francophonie, elle s’aligne sur

le relais 4x100 m aux côtés de

ses compatriotes ivoiriennes.

Ensemble, elles dominent la

naises

et les Canadiennes. Un

mois plus tard, aux Mondiaux

de Londres, Ta Lou fait le doublé

en remportant l’argent sur

100 et 200 m. Elle reçoit dans

la foulée le « Prix Mandela » de

la meilleure sportive africaine

de l’année 2017.

Elle élargit encore un peu plus

son palmarès sur 100 m les

saisons suivantes avec l’or

aux Jeux Africains de Rabat en

2019, et le bronze aux Championnats

du monde de Doha la

même année.

A 32 ans, Marie-Josée Ta Lou

vise désormais la gloire olympique.

Si elle parvient à décrocher

l’or à Tokyo l’été prochain,

ou si elle monte sur le podium

du 100 m, elle deviendra la

première sprinteuse ivoirienne

à être médaillée olympique

sur la distance. Une véritable

motivation pour elle. « Je veux

laisser un grand héritage. Pas

» WSA

24 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Elle avait échoué au

pied du podium sur

100 et 200 m aux

JO de Rio en 2016.

Marie-Josée Ta

Lou a une revanche

à prendre !

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 25

© Photoshot / Icon Sport


LE SAVIEZ-VOUS ?

[Non !]

Le sport ne fait

pas maigrir

L’activité physique est souvent décrite comme un moyen

efficace pour perdre du poids. Cette corrélation,

qui semble d’une logique implacable, n’est

cependant pas totalement véridique. Explications.

© Inside Creative House / Shutterstock

«On ne maigrit pas en

faisant du sport »,

tranche Martine

Duclos, physiologiste

du sport française.

Sur science-et-vie.com

que « sur les patients qui perdent entre 10

et 15 kg, on n’observe pas de différence

une activité physique et les autres ». Mais

perdre des calories, on devrait perdre du

ne provoque pas des dépenses énergétiques

effet positif sur la balance. En effet, les

spécialistes considèrent que pour perdre 1 kg

débarrasser d’un kilo, il faudrait donc courir

adipeux. Ce qui fait que l’aiguille sur la

balance ne bouge pas d’un iota, voire

Miser sur votre reprise du running pour

Toutefois, il n’est

pas question de dire que le sport ne

sert à rien ! Si l’effet sur la balance n’est

cardiovasculaires. WSA

26 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


LYON . SHANGHAI . SAINT-ETIENNE . CASABLANCA . PARIS . BHUBANESWAR

4 programmes pour les

Sportifs de Haut Niveau

-

• Global BBA

• Programme Grande Ecole

• Executive MBA

• Programme Général de Management Online

emlyon business school propose 4 programmes de formation

spécifiques – du post-Bac jusqu’à la reconversion professionnelle –

adaptés aux contraintes des SHN et disponibles sur tous les campus

d’emlyon, ainsi qu’en on-line..

Les concours d’entrées, comme les contenus pédagogiques, sont les

mêmes que pour l’ensemble des apprenants.

En revanche, les cursus sont aménagés pour leur permettre de concilier

un double projet de vie, à la fois sportif et académique. L’objectif final

restant la qualité de l’employabilité.

Dispositif Sport Inside

-

Créé par emlyon business school, ce dispositif permet aux entreprises

de financer le parcours d’un étudiant via un mécénat éducatif lui

permettant d’adapter son rythme de présence en fonction de son

agenda sportif. Un parrain l’accompagne tout au long de sa période

professionnelle afin de le préparer progressivement à sa reconversion

puisque l’entreprise s’engage à l’accueillir au sein de ses équipes selon

un calendrier d’immersion défini, et peut le recruter à l’issue de sa

diplomation.

emlyon business school est un établissement privé d’Enseignement Supérieur technique reconnu par l’Etat - Juin 2020 - Toutes les marques sont déposées - Crédit photo : iStock - *Entrepreneurs visionnaires


EN IMMERSION

Rencontre

Yasma Desreumaux

La femme qui voulait rendre

le sport plus accessible en Algérie

Sur son profil LinkedIn, Yasma Desreumaux se présente comme la « leader pays » de

Decathlon en Algérie (équivalent de directrice générale). C’est elle qui a installé l’entreprise

française spécialisée dans les articles de sport et de loisirs dans le plus grand et le plus peuplé

pays du Maghreb, en 2017. Depuis, deux magasins ont été ouverts à Alger et Oran, ainsi

qu’une unité de production. Et ce n’est que le début du rêve pour Yasma qui a de grands

projets pour son pays natal ! Des ambitions professionnelles qu’elle prépare depuis longtemps

chez Decathlon, mais aussi et surtout une aventure humaine qui lie ses racines et sa passion :

l’Algérie et le sport. PAR FLORIANE CANTORO - PHOTOS DECATHLON

d’amour entre Yasma

Desreumaux et Decathlon a

commencé dans le Nord de la

France, il y a plus de 20 ans.

L’histoire

« J’avais quitté l’Algérie pour

venir faire mon 3 eme cycle d’études en

France. Et puis un jour, en aidant un ami

qui travaillait chez Campus, j’ai découvert

Decathlon et cette passion du sport à partager

et à développer. » Il n’aura pas fallu

longtemps à cette mordue d’activités physiques

en tout genre (handball, running,

tennis de table…) pour postuler dans l’entreprise

française. Oubliés son diplôme

d’ingénieur et ses huit années d’études

supérieures, elle se fait embaucher à la

vente dans un magasin de Roncq (59).

Entrée par la petite porte chez

Decathlon

« J’ai travaillé pendant six ans dans le retail.

Je faisais du commerce et j’adorais

ça ! » Curieuse et touche-à-tout, Yasma

n’hésite pas à proposer ses services pour

de nouvelles activités au sein de l’entreprise.

C’est ainsi que l’équipe du projet

« Easy » de Decathlon la choisit pour travailler

sur un programme de formation.

« Je suis allée prêcher la bonne parole et

former des équipes en Espagne, en Hongrie,

au Portugal et aux États-Unis, alors

que je n’étais que responsable rayon ! »

Ces expériences à l’étranger lui « ouvrent

encore un peu plus l’appétit (rires) »,

surtout qu’elle dispose d’un bagage

espérer gravir les échelons rapidement

chez Decathlon. Mais avant de concrétiser

ses rêves secrets, Yasma veut

connaître tous les rouages de la boîte.

Elle en est persuadée, « on ne peut pas

être un directeur crédible si on

D.R.

28 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Passionnée de sport

et attachée à ses

racines, Yasma

s’est créée son

job de rêve : DG

de Decathlon en

Algérie !

D.R.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 29


EN IMMERSION

ne connaît pas tous les métiers

de son entreprise ». Elle passe donc dix

années supplémentaires à travers tous

les postes de la production. D’abord

en manageant les productions textiles

de France, du Portugal, de Lituanie, de

Tunisie et de Turquie ; ensuite en ouvrant

le premier bureau de production

Decathlon d’Égypte. « Étant fortement

attachée à mes racines, j’avais d’abord

pensé à l’Algérie bien sûr, mais ce

n’était pas un pays de production. »

« Je ne peux

pas nier qu’il y

a beaucoup de

sentiments dans

ma façon de

diriger. »

Un « projet humain » pour

mêler culture et passion

à trouver « la bonne clé d’entrée » dans

son pays natal qui, comme elle nous

l’explique, « choisit consciencieusement

ses partenaires en excluant ceux qui

ne viennent faire que du retail, c’est-

Mais Yasma

n’a rien lâché. Elle a créé un projet global

créateur de valeurs localement : du

« gagnant-gagnant »

l’entreprise française de sport et de loisirs

est implantée en Algérie.

Elle a ouvert son premier magasin à

une des meilleures

ouvertures de la boîte depuis 2003 ! »

- puis un second en septembre dernier

à Oran, ainsi qu’une usine de production.

La première production Decathlon

« made in Algeria »née

2020 (pour être commercialisée

dans les magasins du pays), tandis que

la première exportation est prévue pour

Mais Decathlon Algérie, « c’est avant

tout un projet humain » pour Yasma.

Elle s’est entourée de jeunes Algériens

tagent

les valeurs de l’entreprise que

sont la transmission et l’accompagnement.

Elle les a recrutés avec un certain

qu’ils puissent évoluer au sein de l’entreprise.

« Ils sont super contents d’intégrer

Decathlon, une entreprise qui fait

et offre un programme de formation

ambitieux et adapté à chacun », précise-t-elle.

En tant que femme manager,

Yasma a également tenu à investir des

Algériennes dans son projet : au-

LES ALGÉRIENS

SONT DE PLUS EN

PLUS NOMBREUX

À FAIRE DU SPORT.

DECATHLON LES

ACCOMPAGNE.

barre de 30% d’employées féminines en

magasins et la parité dans les bureaux.

Malgré la jeunesse de ses équipes, notre

leader franco-algérienne ne se laisse pas

attendrir. Avec son management qu’elle

« féminin », elle sait être gentille

et ferme à la fois. « Je ne peux pas nier

qu’il y a beaucoup de sentiments dans ma

façon de diriger : je suis une maman et

une femme avant tout. Mais je n’oublie

pas pourquoi je suis payée : les résultats

ne tombent pas avec la pluie, comme on

dit chez nous ! »

Donner envie aux Algériennes

et aux Algériens de pratiquer

le sport

D’ailleurs, pour le moment, Decathlon Algérie

connaît un franc succès. Et le projet

semble avoir encore de beaux jours devant

lui avec deux nouvelles ouvertures

de magasin prévues à Alger pour cette

On veut quadriller la ville ».

« Notre but, c’est de mettre les Algériens

au sport. Ils sont de plus en plus nombreux

à pratiquer une activité physique et

Decathlon veut accompagner ce démarrage

en mettant à leur disposition des

produits variés et qualitatifs, à des prix

abordables. » Pour tout ce qui est textile,

l’Algérie était déjà bien lotie. En revanche,

l’entreprise française a apporté au pays,

avec ses rayons techniques et spéci-

par la population locale, notamment le

matériel de randonnée - qui est souvent

très cher en Algérie - et des accessoires

de sport en tout genre. « La chaussure

marche aussi super bien. »

Laisser une empreinte

et ses équipes souhaitent réellement s’investir

dans le pays. Elles vont prochainement

organiser des événements sportifs

à destination des Algériennes et des Algériens

ainsi que des collectes de déchets,

le tout dans une optique de sport-santé

et de ville propre. « Il s’agit de montrer

que Decathlon n’est pas seulement la

boîte qui vient s’installer et faire du pro-

s’intégrer dans le tissu socio-économique

et laisser une empreinte positive sur son

passage. » Le sport oui, mais pas à n’importe

quel prix. WSA

D.R.

30 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


D.R.

UNE SEMAINE AVEC

YASMA DESREUMAUX

UN QUOTIDIEN « A FOND LA FORME »

Decathlon Algérie a ses

bureaux accolés au premier

magasin ouvert dans

le pays en juin 2019, dans

le Centre commercial Bab

Ezzouar à Alger. Yasma

s’y rend tous les jours et y

travaille aux côtés de ses

équipes de cadres. Elle

tente d’organiser au mieux

son quotidien en consignant

toutes ses tâches

journalières dans un blocnotes

à petits-carreaux

(spécificité non négociable

puisqu’elle nous avoue volontiers

- et non sans humour

! - être « fétichiste »

des petits-carreaux).

Malgré quelques imprévus inhérents

à la vie des affaires mais

aussi aux coutumes d’un pays

« o ù les choses peuvent bouger

d’une minute à l’autre », le quotidien

de Yasma suit (plus ou

moins) le calendrier suivant :

LE LUNDI MATIN

C’est réunion hebdomadaire

avec tous les leaders de l’entreprise

(les responsables

de magasins, les chefs logistique,

financier, pole e-commerce...).

Il s’agit alors de débriefer

les chiffres, de voir ce

qui va ou ne va pas et prendre

les décisions qui s’imposent le

cas échéant.

« On ne traite pas plus de deux

ou trois sujets par réunion et,

surtout, on n’y passe pas plus

d’une heure. On va à l’essentiel.

Tout le monde repart avec

sa liste de courses pour la semaine.

»

D.R.

D.R.

TOUS LES JOURS

Elle travaille en étroite collaboration

avec le « DAF »

(directeur administratif et financier)

qui est son véritable

« bras droit ». Ensemble, ils

s’occupent de la partie invisible

du projet (le travail de

l’ombre).

TOUS LES JOURS

(PONCTUELLEMENT)

Elle résout certaines problématiques

importantes dans

les différents secteurs de l’entreprise,

au cas par cas (valider

l’offre ou encore donner

son accord pour les plans de

masse d’un magasin). « Chacun

m’invite suivant les disponibilités

de mon agenda ».

TOUS LES MOIS

/ TOUTES LES SIX

SEMAINES

Elle fait des entretiens individuels

avec ses équipes,

notamment les cadres, pour

parler plaisirs/déplaisirs, objectifs,

priorités…

UNE FOIS PAR MOIS

Elle se rend dans le magasin

d’Oran pour manager les

équipes sur place. Elle s’organise

une réunion avec le responsable

expansion pour discuter

de ses projets et étudier

ses propositions.

A CHAQUE FOIS

QU’ELLE LE PEUT

Elle entretient son réseau professionnel

local autour de déjeuners

pour se ternir informée

de ce qu’il se passe dans le pays

d’un point de vue politique et

économique. « Cela fait partie

du job d’un directeur d’alimenter

son network ».

TOUS LES JOURS

Elle se réserve une activité personnelle

comme appeler un

proche ou faire du sport. Passionnée

d’activités physiques en

tout genre, Yasma s’exerce tous

les jours dans sa salle personnelle,

chez elle, ou dans la salle

de sport du bureau, disponible

pour tous les employés.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 31


ENQUÊTE

Madagascar,

LE NOUVEAU

CHAMPION DU SPORT !

Sur la carte du sport mondial, il est l’heure de placer Madagascar ! Le pays compte 26 millions

d’habitants qui sont vivement invités à pratiquer le sport par une politique volontariste. Madagascar

accueillera les Jeux des Iles de l’Océan Indien 2023, après le retrait des Maldives. Et l’équipe

nationale de football, les BAREA, font la fierté du pays par leurs exploits en Coupe d’Afrique des

Nations. Voyage à Madagascar, la nouvelle destination du sport ! PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK

Le Président de la République de

Madagascar, Andry Rajoelina

est jeune (46 ans) et sportif. Il

a décidé de faire du sport une

priorité nationale. La récente

Conférence internationale des Ministres

Africains pour la mise en œuvre du Plan

d’action de Kazan l’a d’ailleurs consacré

« champion du Sport et de l’Éducation

physique de qualité en Afrique ». Le plan

d’action de Kazan (PAK) est une initiative

de l’UNESCO pour faire de l’éducation

physique et sportive un vecteur de la

consolidation de la paix et du développement

durable.

Andry Rajoelina, Président de la

République de Madagascar

D.R.

Première mesure concrète pour mettre

en œuvre cette politique volontariste :

le budget alloué au Ministère de la Jeunesse

et des Sports a été multiplié par

13 ! Outre l’incitation de la population

à pratiquer le sport, Madagascar ambitionne

d’accueillir les plus grandes manifestations

sportives internationales, à

l’image des prochains Jeux des Iles de

du destin, l’équipe nationale de football,

les BAREA, réalise des performances historiques

au cours des derniers mois.

Ce développement du sport à Madagascar

s’accompagne d’une politique

de mixité et de promotion des femmes,

comme en atteste la nomination de

Rosa Rakotozafy, double championne

d’Afrique sur 100 m haies, qui a participé

aux Jeux olympiques de Sydney 2000

et d’Athènes 2004, au poste de Directrice

Générale des sports et à la tête du

Comité inter-gouvernemental de l’éducation

physique et sportive (CIGEPS)

de l’UNESCO. Tinoka Roberto, Ministre

de la Jeunesse et des Sports, et Rosa

Rakotozafy nous éclairent sur cette stratégie

sportive de Madagascar. Avec en

introduction un adage qu’ils aiment à

nous partager : « Seul je vais plus vite,

Ensemble nous irons plus loin » !

UNE PREMIÈRE DAME

TRÈS ACTIVE

Mialy Razakandisa Rajoelina est

la porte-parole et présidente de

l’association caritative « Fitia »,

qui a pour but d’aider les personnes

démunies et victimes de problèmes

de santé. Elle contribue aux évolutions

sociales comme la prise en charge

de familles en difficulté, et défend

un ambitieux projet de loi contre

les violences basées sur le genre.

Mialy Razakandisa Rajoelina a en

outre été désignée « marraine de

la vaccination » par l’Organisation

mondiale de la santé (OMS).

D.R.

D.R.

32 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Madagascar a

engagé un plan

d’investissement

massif dans ses

infrastructures

sportives, porté par

Tinoka Roberto.

D.R.

RENCONTRE AVEC TINOKA ROBERTO,

UN MINISTRE TRÈS ENGAGÉ !

Ministre de la Jeunesse et des Sports, Tinoka Roberto a mis sur pied en un temps record une politique

spectaculaire de développement du sport dans le pays. Son style ? Dynamique... très dynamique !

PROPOS RECUEILLIS PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK

QUELS SONT LES SPORTS PRÉFÉRÉS

DES MALGACHES ?

D.R.

Les sports favoris des Malagasy peuvent se

résumer comme suit. Pour les sports collectifs,

le football, le rugby, le basket-ball et

volley-ball. Pour les sports individuels, prédominance

de l’athlétisme. Et pour les sports

de combat, le karaté et le judo.

POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE

VOS AMBITIONS POUR LES ÉQUIPES

NATIONALES DANS LES GRANDES

COMPÉTITIONS À VENIR ?

En football, nous ambitionnons une deu-

des Nations et faire au moins la même prestation

que lors de la dernière édition. Autrement

dit atteindre de nouveau les quarts de

les BAREA sont actuellement classés 21 ème

édition pour la deuxième fois successive

n’est déjà pas une mince affaire, même si

nous avons très bien démarré les éliminatoires

! Pour les autres disciplines sportives

L’équipe nationale de football, les BAREA, avait atteint les quarts de finale de la

Coupe d’Afrique des Nations en 2019.

comme le basket, nous avons participé à la

phase aller des éliminatoires de l’Afro-basket

au Rwanda. Nous sommes tombés dans un

d’Afrique en titre, la RDC et la Centrafrique,

deux équipes phares sur le continent en matière

de basket. Les résultats sont mitigés

mais nous sommes encore en course car il

y aura une phase retour. Trois équipes par

battre pour éviter la 4 ème place. Ce sera

aux meilleurs pour grandir et être aguerris !

ème Jeux des Îles de

l’Océan Indien que nous comptons accueillir,

l’objectif est d’occuper la première place en

termes de médailles, après la 2 ème place lors

tous les sports collectifs en lice :

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 33


ENQUÊTE

D.R.

football, rugby à 7, basket-ball, volley-ball

hommes et dames.

QUELS SONT LES CHANTIERS

PRIORITAIRES DE VOTRE

GOUVERNEMENT SUR LE PLAN

SPORTIF ?

D.R.

La capacité du stade de Mahamasina, à Antananarivo, va passer de 20 000 à 50 000

places et de nombreuses infrastructures voient le jour partout dans le pays.

« LE BUDGET

ALLOUÉ À LA

PROMOTION DU

SPORT A ÉTÉ

MULTIPLIÉ PAR 13. »

Le Président de la République a fait du sport

une priorité. Son « velirano » numéro 13 (engagement

solennel numéro 13) stipule : « Le

Sport Fierté nationale ». C’est vous dire si le

sport occupe actuellement une place privilégiée

dans la Politique Générale de l’État.

Comparativement à l’année 2019, le budget

actuellement alloué à la promotion du sport

a été multiplié par 13 ! L’époque du sport parent

pauvre des affaires nationales est bel et

bien révolue. Nous avons l’avantage d’avoir

un Président jeune, sportif, visionnaire et

ambitieux. Madagascar s’apprête à accueillir

les 11 èmes Jeux des Îles de l’Océan Indien

après le désistement des Maldives. Dans

cette perspective, nous nous donnons les

moyens de nos ambitions. Nous comptons

déjà 6 piscines olympiques, 6 gymnases de

4000 places, 30 gymnases de 1000 places

et 109 terrains synthétiques. Mais plusieurs

chantiers sont en cours. Notre capacité

d’accueil sportif croît très rapidement. Les

infrastructures sportives aux normes et standards

internationaux seront construites et

redéployées dans les collectivités décentralisées

et non plus uniquement concentrées

dans les grandes agglomérations. Le stade

municipal de Mahamasina est en pleine rénovation.

Sa capacité passera de 20 000 à

50 000 places, doté de bâtiments annexes

et équipements répondant aux exigences internationales.

Un centre d’hébergement pour

les athlètes d’une capacité de 3000 places

est en chantier à quelques minutes de l’aéroport

d’Ivato. Chaque chef-lieu de Faritany

sera doté de piscines olympiques, d’un gymnase

de 4000 places, d’un stade de football

homologué par la FIFA comme celui de Toamasina

qui a accueilli le match Barea- Côte

d’Ivoire lors de la 4ème journée des éliminatoires

de la CAN. Chaque chef-lieu de région

sera doté d’un gymnase de 1000 places.

Chaque district aura son terrain de football

synthétique. Tout ceci pour la concrétisation

du Plan quadriennal Émergence Jeunesse et

Sport 2020 - 2023 de notre département.

Mais aussi pour honorer les résolutions

prises lors de la Conférence internationale

des Ministres africains pour la mise en

œuvre du Plan d’action de Kazan consacrant

le Président Andry Rajoelina champion du

Sport et de l’Éducation physique de qualité

en Afrique. Une consécration, mais en

même temps une responsabilité considérable.

Voilà pourquoi nous ne lésinons pas

sur les moyens pour être à la hauteur de nos

ambitions !

VOUS ÊTES TRÈS PRÉSENT AUPRÈS

DES SPORTIFS DEPUIS VOTRE

NOMINATION EN 2019. ON VOUS A VU

À LA CAN EN EGYPTE, AUX JEUX DES

ÎLES À MAURICE, AUX JEUX AFRICAINS

AU MAROC ET À LA 1ÈRE CONFÉRENCE

RÉGIONALE DES MINISTRES

AFRICAINS DE L’ÉDUCATION ET DU

SPORT EN MARGE DE CES DERNIERS.

EST-CE UN STYLE VOLONTARISTE QUE

VOUS REVENDIQUEZ ?

Depuis mon adolescence, car j’ai été appelé

très tôt à des responsabilités collectives,

j’ai toujours adopté un leadership participatif.

Convaincu que je suis par le fait que

l’exemple doit venir du leader. En tant que

sportif, je sais l’effet positif du soutien moral

sur les athlètes. Plus vous partagez leurs

émotions, mieux sera leur rendement. Dans

ce registre, le Président de la République

donne l’exemple en étant omniprésent à

chaque compétition internationale pour

booster le moral des troupes ! Alors oui, je

continuerai d’être présent au maximum lors

des prochains rendez-vous internationaux.

Autant que mon agenda le permettra - car

les obligations ministérielles passent en premier

lieu -, je serai aux côtés des athlètes. En

outre, le Ministère joue pleinement son rôle

de tutelle et se charge de mobiliser les partenaires

et sponsors pour l’accompagnement

et l’appui des athlètes. Il ne s’agit pas tant

d’une revendication personnelle du style volontariste,

mais plutôt d’un sens de responsabilité

renforcé par la proximité depuis une

dizaine d’années du leader engagé qu’est

notre Président de la République.

PETITE QUESTION PLUS PERSONNELLE

POUR CONCLURE, QUELS SPORTS

PRATIQUEZ-VOUS ?

Mon sport favori est le Karate-do. Je le pratique

depuis ma tendre enfance (dès l’âge

de 6 ans). Actuellement je suis ceinture noire

4ème dan. Mais en même temps j’ai pratiqué

le football, la gymnastique : barres paral-

WSA

34 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


L’INTERVIEW

Rosa Rakotozafy

STAR DE L’ATHLÉTISME MALGACHE DEVENUE

DIRECTRICE GÉNÉRALE DES SPORTS !

Rosa Rakotozafy, spécialiste du 100 m haies, a connu une superbe carrière sportive. Elle occupe

désormais le poste prestigieux de Directrice Générale des Sports de Madagascar et est récemment

devenue la première femme nommée à la tête du Comité inter-gouvernemental de l’éducation

physique et sportive (CIGEPS) de l’UNESCO. Elle nous raconte son parcours exemplaire !

PROPOS RECUEILLIS PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK

WOMEN SPORTS AFRICA : REVENONS

TOUT D’ABORD SUR VOTRE CARRIÈRE

SPORTIVE. POUVEZ-VOUS NOUS

RACONTER VOTRE PARCOURS DANS

LE SPORT DE HAUT NIVEAU ?

D.R.

Rosa a représenté

Madagascar aux

JO. Elle est fière

de participer

désormais à la

promotion du sport

dans son pays !

ROSA RAKOTOZAFY : J’ai évolué dans un

club à Fianarantsoa, ma ville natale et l’une

des six provinces de Madagascar, l’ASSFX,

avec le défunt Frère Fazio Domenico à qui je

souhaite rendre hommage. Un homme qui a

cultivé bien des graines de champions malgaches

qui ont brillé de mille feux tant sur le

plateau national qu’international et restera

dans les annales de l’histoire de l’éducation

et du sport malagasy. A travers le sport

à l’école ou l’EPS avec mon professeur de

l’époque Dezy Andrianjatovo qui m’a détectée

très jeune et m’a orientée dans un programme

d’entraînement auprès de ce club,

ensuite prise en main par l’entraîneur spécialisé

dans les courses de haies, Justin Andriamananoro.

J’ai participé à plusieurs compétitions

de sélection nationale qui ont porté

leurs fruits. Mais tout a vraiment commencé

en 1997, quand Madagascar a organisé les

IIIèmes Jeux de la Francophonie. Terminant

tée

par un expert français, Hervé Stéphan qui

est devenu mon coach par la suite. Le Centre

International d’Athlétisme de Dakar (CIAD)

venait d’ouvrir ses portes aux élites africaines

et j’ai été choisie pour en faire partie. Des programmes

de préparation et d’entraînements

destinés à fabriquer des champions africains

avec un programme d’entrainement intense

de 6 jours sur 7 ! Nous avons enchainé des

stages de perfectionnement et compétitions

en Afrique (Afrique du Sud, Cameroun, Côte

d’Ivoire, Bénin…) et partout en Europe en

passant par les centres sportifs du CREPS de

Boulouris ou de l’INSEP... En 1999, j’ai décroché

une médaille d’argent aux championnats

d’Afrique en Algérie, ensuite des médailles

d’or en 2000 en Tunisie et en 2004 au Congo

Brazzaville. J’ai représenté le continent africain

lors de la Coupe du monde d’athlétisme

en Espagne. J’ai participé aux Jeux des îles,

aux Championnats d’Afrique,

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 35


ENQUÊTE

aux Jeux Africains, à la Coupe du

monde, aux championnats du monde et au

Jeux olympiques. Ces expériences m’ont servie

plus tard dans le cadre de mes responsabilités

dans la gestion du sport. J’ai eu la

chance de vivre en direct ces grandes organisations

sportives. J’ai arrêté en 2005 pour

reprendre en 2011 avec une médaille d’or au

100 m haies des Jeux des Iles 2011 aux Seychelles

et une médaille de bronze aux Jeux

Africains 2011 de Maputo, au Mozambique.

A L’ISSUE DE VOTRE CARRIÈRE

SPORTIVE, VOUS AVEZ RELEVÉ UN

NOUVEAU DÉFI EN EMBRASSANT

DES POSTES À RESPONSABILITÉ

DANS L’ORGANISATION DU SPORT

MALGACHE.

Je suis entrée dans le domaine de la gestion

de l’administration sportive en commençant

par être la Secrétaire Générale de la Fédération

Malagasy d’Athlétisme. Je faisais

également partie du Cabinet des ministres

successifs en tant que Conseillère technique.

En 2014, j’ai été nommée Directrice du Sport

Fédéral en charge de toutes les fédérations

sportives et du sport de haut niveau. Depuis

mars 2019, je suis Directrice Générale des

Sports, Présidente du Conseil d’Administration

de l’Académie Nationale des Sports, Présidente

de l’Association Malgache des Olympiens.

Et j’ai récemment été élue Présidente

mondiale du Comité Inter-gouvernemental de

l’Education Physique et du Sport (CIGEPS).

Au cours de mon parcours, j’ai vécu des expériences

très riches. J’ai été Chef de délégations

à plusieurs reprises dans les grands

événements sportifs internationaux auxquels

Madagascar a pris part, ce qui a renforcé

davantage mes capacités dans la gestion du

sport. J’ai également pris part à de grandes

réunions telles que les réunions des Ministres

de la CONJEFES, lors desquelles j’ai

eu l’occasion à plusieurs reprises de représenter

notre Ministre. J’ai notamment participé

au Sommet de la francophonie organisé

à Madagascar en 2016, au Forum International

de la Jeunesse et de l’Emploi vert et à la

première Conférence des Ministres africains

en charge de l’éducation physique et du sport

sur la mise en œuvre en Afrique du Plan d’action

de Kazan organisé à Madagascar en

2019.

Ayant été diplômée du Centre d’Etudes Diplomatiques

et Stratégiques d’Antananarivo,

D.R.

Rosa préside le

CIGEPS, une

institution

constituée des

représentants de

18 États membres

de l’UNESCO.

de mieux servir le domaine dans lequel j’ai

été nommée. Au passage, je tenais à témoigner

ma reconnaissance au Ministre Tinoka

Roberto pour m’avoir donné l’opportunité

d’évoluer dans ce domaine et à ce niveau.

EN QUOI CONSISTE VOTRE POSTE DE

DIRECTRICE GÉNÉRALE DES SPORTS ?

QUELLES SONT VOS PRINCIPALES MIS-

SIONS ?

En tant que Directrice Générale des Sports

(DGS), je suis la première responsable du développement

et de la promotion du sport à

Madagascar. Je mets en musique la politique

et les engagements établis par l’Etat envers

le sport. Le Directeur Général des Sports,

qu’il soit homme ou femme, vise à promouvoir

la pratique physique et sportive tant en

ce qui concerne le sport de haut niveau que

le sport pour tous. Mes principales missions

consistent en l’élaboration, la mise en place,

la coordination et la réussite de la politique et

du système de :

• Préparation de la relève sportive, en axant

les actions sur l’institution des écoles de

sport, le développement des sports à l’école

et l’instauration de préparation des jeunes

athlètes en sport-étude,

• Appuis, administrativement, technique-

niveau, à travers la construction et/ou la

réhabilitation des infrastructures sportives,

la mise en œuvre progressive du Statut des

athlètes de haut niveau et à la participation

aux activités sportives au niveau internatio-

parmi les grandes nations sportives,

• Développement de l’initiative nationale du

sport pour tous, du sport-santé et de l’éducation

physique de qualité (EPQ), dans le respect

de la lutte contre les inégalités d’accès

à la pratique sportive, de la pratique du sport

comme facteur de santé à l’égard du grand

Dans l’accomplissement de ses missions,

le Directeur Général des Sports anime tous

les acteurs œuvrant, directement ou indirectement,

dans le milieu sportif à commencer

par les mouvements sportifs, des centres

nationaux et internationaux, axés sur l’entraînement

et la formation, les autres ministères

publics qui s’impliquent dans le sport comme

l’Éducation nationale, ainsi que les collectivités

locales et les entreprises privées.

VOUS ÊTES ÉGALEMENT LA PREMIÈRE

FEMME NOMMÉE À LA TÊTE DU

COMITÉ INTER-GOUVERNEMENTAL

DE L’ÉDUCATION PHYSIQUE ET

SPORTIVE (CIGEPS) QUI RASSEMBLE

18 ÉTATS-MEMBRES DE L’UNESCO.

EXPLIQUEZ-NOUS LE RÔLE DE CETTE

INSTANCE ET LE SYMBOLE QUE

CONSTITUE VOTRE NOMINATION.

Le CIGEPS a été créé en 1978 au sein de

l’Unesco pour développer le rôle et la valeur

du sport et promouvoir son inclusion dans

les politiques publiques. Plateforme orientée

vers l’action promouvant le dialogue et

la coopération entre les gouvernements, le

mouvement sportif et d’autres parties prenantes,

il est là également pour renforcer la

responsabilité des gouvernements et pour

réussies à travers le suivi et l’évaluation de

la mise en œuvre des politiques. Ce comité

36 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


pement

et de la paix dans le cadre global

du Programme à l’horizon 2030 en ayant

une coopération étroite qui a été établie

entre l’UNESCO, l’UN DESA, ONUG, l’OMS,

l’OIT. Ayant accepté ce poste, mon objectif

est d’améliorer la qualité de l’éducation

physique et sportive pour que tous les pays

programme destiné non seulement aux

sports d’élites mais également aux sports

pour tous.

Concernant Madagascar, les engagements

sportifs de l’Etat Malagasy ont porté leurs

fruits à travers cette élection. Après avoir

remporté le titre de « Champion de l’éducation

physique de qualité et du sport » durant

la première Conférence des Ministres africains

de l’Education physique et du sport

sur la mise en œuvre en Afrique du Plan

d’action de Kazan en septembre 2019, le

Président de la République de Madagascar,

Andry Rajoelina et le Ministre de la Jeunesse

et des Sports, Tinoka Roberto, n’ont

pas ménagé leurs efforts pour la réussite de

cette élection en faveur de Madagascar.

Cette nomination à la tête du CIGEPS a ob-

à l’UNESCO. Une vision qui s’accompagne

d’action du Président de la République faisant

du sport une priorité nationale, laquelle

est mise œuvre par le Ministre de la Jeunesse

et des Sports à travers la construction

des infrastructures sportives aux normes et

le soutien permanent aux sportifs malagasy.

Être la première femme à la tête de cette

instance depuis sa création en 1978 est un

grand honneur pour moi mais également

une victoire pour toutes les femmes. Cela répond

à nos souhaits et combats de tous les

jours de pouvoir se hisser dans des postes à

haute responsabilité, ainsi qu’à la vision de

l’UNESCO sur la promotion du genre.

D’ailleurs, le Ministre de la Jeunesse et des

Sports malagasy, Tinoka Roberto entend

développer une perspective et un nouvel espace

de soutien et de mobilisation des ressources

et des partenariats internationaux

pour appuyer les efforts de Madagascar

dans la promotion de l’éducation physique

de qualité et du sport dans notre pays. Mais

également la promotion du genre soutenu à

travers cette candidature.

QUELLE EST LA SITUATION DU SPORT

AU FÉMININ À MADAGASCAR ?

QUELLES SONT LES MESURES POUR LE

DÉVELOPPER ?

Tout d’abord, la pratique sportive à Madagascar

est libre, et les jeunes femmes et

du sport. En analysant les résultats sportifs

de haut niveau de Madagascar, les athlètes

féminines malagasy n’ont pas à rougir devant

leurs homologues masculins. Beaucoup

d’athlètes féminines malagasy ont porté

haut la couleur de Madagascar dans les

compétitions internationales et mondiales.

Aussi, dans toutes les fédérations qui sont

déjà mises en place à Madagascar, l’implication

et la participation des athlètes féminines

sont déjà constatées. Toutefois, l’attirance

de certaines femmes au sport se base surtout

à l’entretien de la santé ou à la perfection

de son corps et non à la compétition. Il

y a plus d’hommes que des femmes qui pratiquent

le sport de compétition. Il y a donc

un manque de relève chez les athlètes féminines

par rapport aux hommes sur lequel

nous devons travailler. Pour le développement

du sport au féminin à Madagascar, la

politique consiste d’une part à la facilité d’accès

de la gente féminine au sport, en milieu

scolaire ou d’autres milieux socio-éducatifs.

Cette facilitation d’accès peut se concrétiser

en améliorant la formation et le perfectionnement

professionnel continu pour les

enseignants de l’éducation physique et les

cadres en sport-santé et développement

pratiques en éducation physique de qualité

et en sport-santé. Ensuite, en construisant

et en aménageant des espaces de proximités

bien équipés pour les sports-santé, plus

accessibles à tous. D’autre part, le renforcement

de la politique d’encouragement à la

pratique du sport de compétition chez les

des anciennes gloires féminines malagasy,

ainsi que des athlètes féminines en vogue,

comme modèles et idoles pour les jeunes

pratique sportive de compétition.

EN TANT QUE « ROLE MODEL », QUEL

MESSAGE POUVEZ-VOUS ADRESSER

AUX JEUNES FILLES DU CONTINENT ?

De toujours se préparer car rien n’est obtenu

facilement dans la vie. De se respecter

soi-même car de cette façon nous avons le

respect des autres. De toujours vouloir faire

mieux qu’hier. Tout est question de volonté

et d’engagement dans la vie, sans cela, nous

n’arriverons à rien ! Il faut savoir et ne jamais

oublier que la vie, c’est exactement comme

le sport. Tout est question de préparation,

d’entraînement, de compétition. Il y aura toujours

un point de départ et un point d’arrivée.

Les médailles sont à l’arrivée et tu te dois de

prendre le départ pour espérer en décrocher.

l’excellence, la culture du résultat dans tout

ce qu’on fait car ce n’est que de cette façon

qu’on créera la différence ! WSA

TROIS QUESTION BONUS

POUR MIEUX CONNAÎTRE

ROSA RAKOTOZAFY

Votre idole dans le sport ?

Gail Devers, l’américaine spécialiste des

100m haies.

Une personnalité féminine qui

vous inspire ?

Laurence Fischer, la karatéka française

qui a remporté plusieurs titres

internationaux dont trois médailles

d’or aux Championnats du monde.

Actuellement Ambassadrice du Sport

français, elle participe à des missions

humanitaires en France et dans le

monde ; elle collabore également

auprès des femmes victimes de viols de

guerre en République démocratique du

Congo pour leur permettre de pratiquer

le karaté comme moyen de défense

via «Fight for Dignity», un programme

sportif et social spécifiquement adapté

aux femmes victimes de violences. Elle

fait partie du Club des Champions de la

Paix de «Peace and Sport». Tout ce que

Laurence fait est un exemple à suivre,

une source d’inspiration. Elle témoigne

qu’avec nos titres et médailles, nous

pouvons toujours faire quelque chose

de mieux et ce en faveur des autres !

3

Votre devise ?

« L’engagement est un acte et non une

parole » de Jean-Paul Sartre.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 37


ENQUÊTE

Madagascar,

LE RUGBY POUR

TRANSFORMER

L’ESSAI DE L’ÉGALITÉ

Depuis quelques années, Madagascar utilise le sport, et

plus précisément le rugby, au service de l’éducation de sa

jeunesse. Gouvernement, corps enseignant et communautés

malgaches, tous ont compris les enjeux du sport pour le

développement. Tous, y compris les jeunes filles, qui trouvent

sur les terrains les clés de leur émancipation.

PAR FLORIANE CANTORO

Utiliser le rugby comme

outil d’éducation et

d’émancipation et

comme vecteur de solidarité

internationale.

C’est avec cette ambition chevillée au

corps que «Terres en Mêlées» a débarqué

à Madagascar en 2014, à la demande

de la fédération Malagasy Rugby.

Créée en 2011 par l’ancien rugbyman

professionnel Pierre Gony, également

éducateur sportif, cette association

avait déjà fait ses preuves en matière de

sport pour le développement avec des

projets menés au Maroc et au Sénégal.

Mais à Madagascar peut-être encore

plus qu’ailleurs, l’idée d’utiliser la pratique

du rugby comme support éducatif

a plu. « Il y a un vrai engouement de la

part du gouvernement malgache pour

mettre le sport au service du développement

», explique Pierre Gony. Cette

volonté associée à une forte culture rugby,

et «Terres en Mêlées» a eu vite fait

de prendre ses quartiers sur cette île de

l’océan Indien.

19.000 jeunes filles initiées au

rugby

Aujourd’hui, l’association joue un rôle de

tout premier plan à Madagascar. Via ses

actions éducatives, elle rythme chaque

jour le quotidien de milliers de jeunes

dissent

grâce aux valeurs véhiculées par

le rugby. En six ans, plus de 30.000 enfants

malgaches ont été initiés à la pra-

mi

les actions notoires de l’association,

on peut citer la création du premier championnat

national de rugby scolaire mixte

du pays (en partenariat avec Malagasy

Rugby, le Ministère de la Jeunesse et des

Sports et le Ministère de l’Éducation nationale).

« Notre approche est de toucher

prioritairement le milieu scolaire car le

tissu associatif africain n’est pas encore

assez développé, explique le fondateur de

«Terres en Mêlées». En revanche, beaucoup

d’enseignants locaux souhaitent

être formés pour faire de l’éducation par

le sport une réalité au sein des établisse-

© Terres en Mêlée

38 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


ments scolaires. Il s’agit de leur donner

les ressources pédagogiques nécessaires

de favoriser l’égalité des genres au sein

de leur communauté. »

Emancipation par le rugby, le

bel exemple de Marcelia

La compétition

n’est pas la seule

finalité du sport.

Madagascar l’a

bien compris !

Pour porter haut et fort ses valeurs,

«Terres en Mêlées» a préféré donner la

projets plutôt qu’aux rugbymen profes-

ont émergé pour devenir des symboles

de l’éducation et de l’émancipation par

le sport.

EN SIX ANS,

PLUS DE 30.000

ENFANTS

MALGACHES ONT

ÉTÉ INITIÉS À LA

PRATIQUE DU

RUGBY, DONT

19.000 FILLES.

C’est notamment le cas de Marcelia,

20 ans. En 2014, quand l’association arrive

dans son village d’Antsepoka (sur la

Côte Saphir au sud-ouest de Madagascar)

avec ses fameux ballons ovales, c’est pour

elle une petite révolution. Elle découvre

que le rugby lui donne une force nouvelle.

« Quand je l’ai rencontrée, elle était une

jeune maman de 13 ans, se souvient

Pierre Gony. Elle ne pouvait pas jouer au

rugby avec son bébé dans les bras… alors

je le lui ai pris et je lui ai donné un ballon

à la place. Elle est entrée sur le terrain, l’a

traversé en bousculant tous les garçons

sur son passage pour marquer un essai.

C’était incroyable ! Les regards sur elle

ont immédiatement changé : les gens ne

devenue maman trop tôt, mais ils percevaient

désormais la sportive aux

N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 39


ENQUÊTE

Marcelia est une

jeune malgache

privée d’école qui,

grâce au sport et au

rugby, a obtenu la

reconnaissance de

tous.

© Terres en Mêlée

qualités athlétiques impressionnantes,

une dure à cuire qui ne recule

jamais devant l’adversité. » Marcelia est

rapidement devenue une icône au sein de

sa communauté. Elle a été repérée par les

grands médias et son chemin l’a menée

jusqu’à la dernière Coupe du monde de

rugby au Japon, où elle était égérie pour

Société Générale. « C’est l’histoire d’une

sport, a obtenu la reconnaissance de tous.

Elle prouve qu’on peut réussir dans le

sport autrement que par la compétition. »

le ballon ovale » - produit par les Docs du

Nord et réalisé par Christophe Vindis en

2017 retrace son parcours. « Elle incarne

qui sont prêtes à se battre pour vivre leur

passion et capables de surmonter tous les

traditionnels - pour évoluer librement sur

cipation.

»

Tous unis pour l’égalité des

genres à Madagascar

«Terres en Mêlées» et a convaincu le Ministère

de l’Europe et des Affaires Etrangères

à travers son Ambassade de France

le premier Brevet d’aptitude Sport pour

le Développement - option rugby- (dont

Ce projet, doté d’une enveloppe globale

de 500.000 €, a également pour mission

DES JEUNES FILLES ONT ÉMERGÉ

POUR DEVENIR DES SYMBOLES DE

L’ÉDUCATION ET DE L’ÉMANCIPATION

PAR LE SPORT.

© Terres en Mêlée

40 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


de former sur deux ans « une nouvelle

génération de professeurs d’éducation

puissent comprendre les enjeux du sport

pour le développement et avoir des outils

adaptés pour travailler sur l’égalité des

genres et la mixité en temps scolaire ». Ce

projet a permis la mise en place d’autres

activités comme des stages sur l’entrepreneuriat

sportif dans différentes villes de la

grande île, des stages de sensibilisation

au rugby pour les institutrices ou des entraînements

pour les enfants défavorisés

de Tananarive et de Tamatave.

Ce projet « Réduire les inégalités femmeshommes

par le rugby, vecteur de la promotion

du genre et de développement à

Madagascar » est mené à l’initiative de

l’Ambassade de France à Madagascar,

en partenariat avec l’Académie nationale

des sports et Malagasy Rugby. Pierre

Gony se réjouit de l’implication des instances.

Il entend donner une suite au

projet en « accompagnant les formateurs

ainsi accrédités (diplômés) pour qu’ils

puissent disséminer à leur tour, auprès

de la communauté éducative malgache,

les contenus appris. » Les formations se

poursuivent également à destination des

la nouvelle

Marcelia », «Terres en Mêlées» a récemment

créé le dispositif du « XV des am-

par le Comité international olympique (CIO),

vise à accompagner des joueuses pour

qu’elles deviennent des éducatrices en faveur

de l’égalité des genres, puis des ambassadrices.

« Le but est qu’elles prennent

la parole pour sensibiliser leur communauté

autour de l’empowerment des femmes

via le sport. » Marcelia a déjà marqué l’essai,

à d’autres de le transformer. WSA

© Terres en Mêlée

TERRES EN MÊLÉES :

HISTOIRE ET ACTIONS

DE L’ASSOCIATION

Pour comprendre l’histoire de «Terres en

Mêlées», il faut d’abord connaître celle de

Pierre Gony. Cet ancien joueur du Stade

Toulousain, 36 ans aujourd’hui, était un

adolescent turbulent. Il aurait pu « mal

tourner » si un éducateur de rugby ne lui

avait pas tendu la main pour le remettre

« sur le droit chemin ». « Il m’a permis

de me remobiliser sur mon parcours en

me faisant intégrer un grand club de

rugby : à 14-15 ans, je suis passé de petit

délinquant à rugbyman de haut niveau. »

Quelques années plus tard, Pierre Gony

décide de devenir éducateur à son tour. Il

se donne pour mission d’aider les jeunes

des quartiers défavorisés de Toulouse via

la pratique du rugby, en les amenant dans

les clubs. Il les suit et les accompagne

pendant des années, jusqu’à ce que ces

jeunes grandissent et deviennent des

adultes insérés dans la société.

© Terres en Mêlée

Estimant avoir fait « sa part du travail »,

l’ancien athlète décide de se consacrer à

un projet plus personnel alliant son goût

du voyage, sa passion du rugby et son

métier d’éducateur. À 25 ans, il se lance

un défi : faire le tour de l’Afrique à vélo,

des ballons sur le porte-bagage, et troquer

le gîte et le couvert contre des séances

d’initiation. « Aller à la rencontre de l’autre

avec le rugby comme passeport. »

L’engouement que suscite son projet

est tel qu’une association est créée :

«Terres en Mêlées». Elle se lance dans

l’aventure au Maroc en 2011. Sur place,

les bénévoles aident un groupe de jeunes

marocains à monter un club de rugby dans

leur village. De fil en aiguille, d’autres clubs

et d’autres initiatives similaires voient le

jour dans plusieurs pays africains et cela

conduit à la création de trois nouvelles

associations «Terres en Mêlées» au Togo,

au Burkina Faso et à Madagascar. Dix

ans plus tard, «Terres en Mêlées» est un

réseau d’associations affiliées qui œuvrent

ensemble dans l’éducation par le sport

pour créer une culture commune de paix.

Ses actions portent sur le développement

de la pratique, la promotion de l’égalité

des genres, l’éducation socio-citoyenne et

l’accompagnement vers l’emploi.

Les actions de «Terres en Mêlées» ont

reçu une reconnaissance internationale.

Notamment le soutien de la Fédération

internationale de rugby (World Rugby),

via son programme « Spirit of rugby ». Et

«Terres en Mêlées» Madagascar a gagné le

prestigieux prix Beyond Sport Global Award

à New York en 2018.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 41


ENSEMBLE

SPORT EN COMMUN :

un projet ambitieux qui s’appuie sur le sport

comme un vecteur de développement

économique et social en Afrique

Initiée par l’Agence française de développement (AFD), la plateforme panafricaine Sport en

Commun est désormais en ordre de marche ! Découvrez ce nouveau dispositif exceptionnel au

service du développement économique et social du continent par le sport !

La plateforme panafricaine Sport

en Commun a pour mission de

connecter les porteurs de projets

à fort impact sur le développement

par le sport en Afrique avec

des structures capables de financer leurs

actions et de les accompagner dans leur

réalisation. L’ensemble de ses actions est

porté par la conviction que le sport est un

levier de développement fort et qu’il contribue

à l’atteinte des Objectifs de Développement

Durable (ODD).

Sport en Commun répond à trois besoins

essentiels identifiés par les acteurs de

l’écosystème : le financement, l’accompagnement

et la mise en relation. A travers

des services et une offre riche, Sport en

Commun apporte des solutions concrètes

pour accélérer la structuration des projets,

capitaliser les fonds disponibles et orienter

les financements de manière optimale selon

les projets et les besoins.

Sport en Commun, un levier de

développement économique et

social

Sport en Commun s’inscrit dans la continuité

du discours prononcé par le Président

français Emmanuel Macron à Ouagadougou

en 2017 qui a placé le sport comme

« un levier pour la jeunesse et le développement

économique et social en Afrique ».

Confié à l’Agence française de développement

(AFD) en février 2018, à l’occasion

de la visite du président George Weah, ce

projet ambitieux est aujourd’hui piloté par

la structure sénégalaise Sport Impact, qui

en assure l’animation ainsi que la gestion

des services et des fonctionnalités.

Secteur économique porteur, le sport est

estimé actuellement à 2 % du PIB mondial

par I'OCDE, contre 0,5 % dans les années

1970. En Afrique, d’importants besoins

d'investissements se font sentir car le

développement du secteur sportif, malgré

sa grande popularité, y reste insatisfaisant.

Les projets, bien que nombreux,

peinent à voir le jour faute de moyens et

de soutien : manque d’infrastructures et

d’équipements sportifs sur l’ensemble

du continent, cadres formés à la gestion

du secteur et au management du sport

en nombre insuffisant, etc. Les défis à

relever sont nombreux.

Enfin, et c’est sans doute plus important,

un dialogue organisé reste à construire

entre les différentes parties prenantes

de la filière sport pour qu’elle puisse

émerger durablement et positivement.

C’est là, la principale mission de Sport

en Commun.

« L’objectif de Sport en Commun est ambitieux

à plusieurs titres : non seulement

le projet porte haut les Objectifs de Développement

Durable et s’inscrit dans une

logique de développement économique

et social à long terme, mais il apporte

également des réponses concrètes à tout

un secteur en quête de structuration »

déclare Nelson Camara, Président de

Sport Impact. « Nous travaillons depuis

plusieurs mois sur l’offre de la plateforme,

Sport en Commun remporte déjà une vive

adhésion de la part du monde sportif, des

ONG et de nombreux acteurs de l’écosystème

sport et développement en Afrique à

qui nous l’avons présentée ».

Une offre déjà riche

En juillet dernier, face à la pandémie de

Covid-19, Sport en Commun a lancé un

appel à projets dédié au financement

d’initiatives sur la thématique « Sport

et Santé », co-financé par l’AFD et la

FIFA. A destination des structures africaines

et des associations et fondations

françaises, l’appel à projets « Sport et

Santé » finance des initiatives jusqu’à

40 000 €.

Clos le jeudi 10 septembre, la première

phase de cet appel à projets a enregistré

plus de 1 000 demandes d'inscription en

l’espace de seulement six semaines.

En outre, deux programmes innovants

seront relayés sur la plateforme Sport en

Commun :

l’appel à microprojets « Sport & Développement

» porté par l’ONG La Guilde,

dont l’objectif est d’accompagner et de

financer des microprojets de sport au

service du développement en Afrique et

en Haïti ;

l’incubation de projets portés par des

athlètes qui s’inscrit dans le cadre du

partenariat entre l’AFD et le Comité d’Organisation

des Jeux Olympiques de Paris

2024. WSA

42 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


SPORT

IMPACT

LEADERS,

des athlètes engagés

pour la jeunesse africaine

Qui de mieux que

des sportives et

sportifs engagés

pour promouvoir

la thématique

sport et développement et incarner

ces valeurs ? La plateforme

Sport en Commun a

reçu le soutien de nombreux

athlètes de haut de niveau,

toutes et tous impliqués dans

le développement par le sport

en Afrique.

Citons notamment : Idrissa

Gana Gueye, Isabelle Yacoubou,

Géraldine Yema Robert,

Youssouf Mulumbu, Louis

Saha, Diandra Tchatchouang,

Arnaud Assoumani, Emilie Andéol,

Julie Benoist, Séverine

Desbouys, Rock Feliho, Diana

Gandéga, Aby Gaye, Wassilah

Imlak, Amy Mbacke Thiam,

François Trinh-Duc, Lisa Zimouche,

Olivier Diomande.

« Ensemble utilisons le pouvoir

du sport pour réduire les

inégalités », déclare Diandra

Tchatchouang. « Le sport a

cet incroyable pouvoir de faire

tomber les barrières et de

promouvoir l'inclusion auprès

d'enfants laissés sur le côté. »,

ajoute Arnaud Assoumani.

Représentants de la diversité

et de l'inclusion, ces

Sport Impact Leaders sont

de véritables ambassadeurs

de la plateforme, en particulier

auprès de la jeunesse

africaine, et jouent différents

rôles :

Sensibiliser : en faisant

entendre la voix de Sport en

Commun, en portant ses valeurs,

et en communiquant

sur ses réalisations.

Donner de la visibilité aux

appels à projets lancés par la

plateforme, comme ce fut le

cas cet été par exemple avec

l'appel à projet Sport et Santé

cofinancé par l'AFD et la FIFA,

afin d'encourager les porteurs

de projets à candidater.

Participer à des actions de

terrain, ou des événements

organisés ou soutenus par

Sport en Commun et apporter

leur soutien aux projets qui

leur tiennent à cœur.

S'ils font rayonner le sport et

ses valeurs auprès des acteurs

de l'écosystème et des

différents publics, les Sport

Impact Leaders sont également

accompagnés et soutenus

par la plateforme Sport

en Commun dans le développement

et la mise en œuvre

de leur propre projet.

« Nous sommes fiers d’avoir

reçu le soutien de ces athlètes,

et de voir cette communauté

de Sport Impact

Leaders s'agrandir jour après

jour pour servir de locomotive

à la thématique sport et développement

», déclare Nelson

Camara, Président de Sport

Impact, structure en charge

de la gestion et de l’animation

de la plateforme. WSA

L’AFD ET LA FIFA

UNIES POUR LES

« CHAMPIONNES ! »

Suite à la convention

signée entre la FIFA et

l’Agence Française de

Développement (AFD) en

juin 2019, qui promeut

le football en tant que

vecteur de développement,

plusieurs projets voient

le jour en Afrique. Le

projet « Championnes ! »

sera initié en Guinée, au

Bénin et au Togo où il

concernera pas moins de

6000 jeunes filles et

1000 personnes de leur

entourage. Son objectif

principal est de permettre

à ces jeunes joueuses de

suivre grâce au football

une éducation de qualité

dans un environnement

sécurisé. Ce projet pilote,

qui s’étendra jusqu’en

2023, fait de la promotion

du football féminin un outil

d’émancipation des filles,

de défense des droits des

enfants, et de lutte contre

les Violences Basées sur

le Genre (VBG). L’appel à

projet « sport et santé »

cofinancé avec la FIFA

a par ailleurs permis de

sélectionner 15 projets

lauréats en Afrique pour

un montant total de

financement de 475 K€.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 43


ENSEMBLE

DENIS MASSEGLIA :

« L’émergence de dirigeantes en

Afrique est une fierté pour le

mouvement sportif »

Président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Denis Masseglia est

aussi secrétaire général et co-fondateur de l’Association Francophone de Comités Nationaux

Olympiques (AFCNO), présidée par l’Ivoirien Alain-Frédéric Ekra. Il revient en exclusivité

pour Women Sports Africa sur la genèse de cette institution et sa contribution à l’émergence de

femmes dirigeantes au sein du mouvement sportif africain. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK

est née en 2010 »,

nous précise Denis

Masseglia qui nous

demande d’emblée de

“L'AFCNO

placer l’adjectif « francophone

» au bon endroit. « Il s’agit de

l’association francophone de CNO et non

l’inverse ! Plusieurs de nos membres pratiquent

le bilinguisme, comme nos amis

belges, par exemple. » Cette association a

été fondée pour unir les forces des comités

olympiques francophones partout dans

le monde et notamment en Afrique, afin de

créer un front commun face aux puissantes

associations anglophones. « La France et

la ministre des Sports de l’époque, Roselyne

Bachelot, ont fortement soutenu la création

de l’AFCNO. Au départ, il y avait 36 CNO,

que nous avons tous accueillis à Paris pour

une belle inauguration. Aujourd’hui, il y a 48

membres. »

Cette association fête donc ses 10 ans

et multiplie les initiatives. « Nous organisons

chaque année un séminaire des

entraîneurs et un forum des athlètes.

L’AFCNO décerne les « Trophées du sport

francophone » pour valoriser et récompenser

des athlètes, dirigeants et entraîneurs

pour leurs performances, leurs projets ou

leurs initiatives. L’AFCNO a par ailleurs

lancé le Programme de volontariat sportif

francophone qui permet à de jeunes volontaires

de partir en mission au service du

mouvement sportif francophone. Ce dispositif

permet aux CNO membres et aux organisations

associées de l’AFCNO d’accueillir,

pour une durée de 8 à 12 mois, un(e)

jeune diplômé(e) francophone à même de

soutenir la mise en œuvre ou le développement

d’un ou plusieurs projets identifiés.

Le CNOSF, via le dispositif français du

service civique, s’est engagé aux côtés de

l’AFCNO pour mettre à sa disposition

chaque année plus d’une dizaine de volontaires.

Les missions des volontaires sont

variées et s’adaptent aux besoins des CNO

et des organisations associées : éducation

aux valeurs olympiques, développement de

la pratique sportive, communication, développement

des unions francophones...»

Denis Masseglia se réjouit que le mouvement

sportif africain, notamment francophone,

favorise l’émergence de dirigeantes.

« Sous la houlette du CIO, des efforts ont été

faits pour promouvoir les femmes dans les

instances dirigeantes. De ce point de vue,

l’Afrique est un modèle pour notre vieille Europe

! L’émergence de dirigeantes sur des

structures jeunes est évidemment plus facile

que dans nos très anciennes structures

fédérales. En France, une femme doit passer

« SOUS LA HOULETTE DU CIO, DES

EFFORTS ONT ÉTÉ FAITS POUR

PROMOUVOIR LES FEMMES DANS LES

INSTANCES DIRIGEANTES. »

par la présidence d’un club, puis d’un comité

départemental, puis d’une ligue régionale

avant de devenir présidente de fédération.

En Afrique, dans des instances plus jeunes,

le chemin est plus court ! » WSA

D.R.

44 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 45


ENSEMBLE

DANS LES COULISSES

D’UNE COURSE AUTO « WOMEN ONLY »

Récit et témoignages du Trophée Mousso,

course automobile dédiée aux femmes

L’histoire n’est pas commune, et c’est ça qui nous plaît chez Women Sports Africa ! Elle est

portée par la passion, la famille, les valeurs, la défense de la place des femmes dans le sport,

la culture sénégalaise… Et cette histoire a démarré il y a bientôt 20 ans, au cœur de Dakar, et

a subi quelques évolutions et métamorphoses… PAR LÉA BORIE

Trophée Mousso, l’origine

Le Trophée Mousso, c’est en fait une saga

en deux temps. La première édition a vu le

jour en 2002. Elle était portée par Maodo

Guirandou, lui-même journaliste sportif qui

couvrait le Rallye Dakar et s’était surpris de

la présence d’un seul et unique équipage

dingue

(langue bambara). Comme son nom

l’indique, cette course est donc uniquement

féminine. Durant les six premières éditions,

la compétition dakaroise se déroulait sur

deux jours au cœur de la capitale sénégalaise.

Son objectif de départ : vulgariser les

sports mécaniques pour ouvrir cette pratique

traditionnellement masculine aux femmes.

La renaissance

ganisateur

se voit contraint de suspendre

le Trophée Mousso, en 2007. Treize ans se

passent avant que la compétition ne reparte

de plus belle. Pour la relance en 2020, il a

été décidé de concentrer les manches sur

une journée, autour de l’épreuve de gymkhana

(un parcours de slaloms et d’obstacles).

Rendez-vous était donné sur l’espace d’origine

: l’esplanade du Stade Léopold Sédar

Senghor, dans un quartier populaire de Dakar.

Derrière cette organisation désormais,

une femme, Célia Cissé, qui n’est autre

plus sur les circuits. Un challenge porté par

-

et l’agence de communication Tandem, dont

Célia Cissé est justement la directrice.

L’édition 2020, le grand retour

Une date phare

8 mars. C’est le 8 mars 2020 qu’a eu lieu la

dernière édition du Trophée Mousso. Un jour

qui n’a évidemment pas été choisi au hasard,

puisque c’est la journée internationale

des droits des femmes.

Lors du coup d’envoi, le ministre des Sports,

Matar Ba, était présent. Cette journée a aussi

été l’occasion de démonstrations de karting,

pour montrer le panel des sports méca-

africaines actives pour le développement)

ont pu être valorisées, et notamment le projet

d’aide aux gestes de premiers secours en

milieu rural.

Célia Cissé a remis sur pied le Trophée Mousso, treize ans après sa création.

© Tandem Agency

46 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Les voitures sont

fournies aux

femmes par les

organisateurs. Un

obstacle en moins à

la féminisation du

sport auto.

© Tandem Agency

Une belle histoire de famille

La nouvelle organisation du Trophée Mous-

des moments de partage. « Ma mère est

passionnée, nous raconte Célia Cissé. Elle

me fatigue le dimanche quand elle regarde

la Formule 1 (Rire). C’était pour moi un vrai

pas vers elle que de partager sa passion

des courses auto, moi qui suis animée par

la boxe. Cela a rendu encore un peu plus

forte notre relation. »

Les prérequis pour participer à la

course (amatrice ou professionnelles),

jauge limitée à 24 participantes, les

premières inscrites sont les premières

servies :

- avoir le permis de conduire

- avoir fait sa visite médicale auprès d’un médecin

de la fédération

- s’être acquittée des frais de participation

Le défi majeur : l’équipement

Pour que ce trophée soit à la hauteur de

ses valeurs de sport automobile accessible,

ses organisateurs défendent l’intérêt

de fournir aux participantes un équipement

complet nécessaire à la course.

En effet, le Trophée Mousso fournit les

voitures préparées avec des arceaux,

LA NOUVELLE

ORGANISATION DU

TROPHÉE MOUSSO,

UNE HISTOIRE

MÈRE-FILLE

FUSIONNELLE.

© Tandem Agency

un siège baquet, un harnais. Même le

casque est fourni. Le repas et l’assurance

point noir des éditions passées. Maodo

à fournir des voitures à l’époque : « En

cherchant à louer des voitures pour la

course, on nous demandait pour quelle

raison. On a répondu ‘‘pour les prêter à

des femmes pour faire des courses automobiles’’.

Les gens nous ont pris pour

des fous !» Ce qui en dit long sur la considération

des femmes conductrices au Sénégal.

De plus, avoir ses propres voitures,

c’est aussi un gage de pérennité dans le

temps pour le Trophée. WSA

© Tandem Agency

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 47


ENSEMBLE

Retrouvez Célia

et son initiative

100 % sport pour

valoriser la

pratique sportive

au Sénégal !

D.R.

Célia est née et a grandi au

Sénégal. Après des études

en France et en Chine, elle

revient au pays, bien décidée

à faire bouger les choses.

Aujourd’hui membre de la

FSAM (Fédération sénégalaise

de sport automobile et

motocycliste), la jeune femme

de 33 ans porte l’une des rares

compétitions automobiles

d’Afrique de l’Ouest. PARLÉA BORIE

ENTRETIEN AVEC

CÉLIA CISSÉ

« DÉFENDRE LA PLACE DE LA

FEMME DANS CE SPORT, DANS

LES SPORTS AU SÉNÉGAL »

D.R.

WOMEN SPORTS AFRICA : VOUS

QUI OBSERVIEZ VOTRE MAMAN

SUR LES CIRCUITS PLUS JEUNE,

QU’EST-CE QUE VOUS ÉPROUVEZ

AUJOURD’HUI ?

CÉLIA CISSÉ : En prenant le relais, je me

devais d’assurer. Il y a une chose qui ne

change pas, c’est la fierté. La mienne,

celle de ma mère, celle de toutes les

femmes qui participent. Qui viennent

vivre une journée pleine de convivialité

avec leurs enfants. On a accueilli

23 participantes, des Sénégalaises,

mais aussi des femmes de nationalités

française, libanaise et cap-verdienne.

QU’EST-CE QUE VENAIENT

CHERCHER CES FEMMES ?

Ma mère Awa Dione et Abibatou Fall

voulaient revivre l’émotion de l’époque

lors des premières éditions du Trophée

Mousso. D’autres cherchaient l’adrénaline,

la passion de la conduite, ou encore

la simple curiosité. Sur cette épreuve

d’obstacles du gymkhana, on est plus en

sécurité qu’une course en ligne droite

qui demande de gérer les freinages.

PARI TENU POUR LE COMBAT DES

FEMMES, DE LEUR PLACE DANS CE

SPORT ?

Oui ! Nous les femmes, avec nos petits

moyens du bord, on n’a pas de Porsche,

mais on est tout aussi capables que les

hommes d’être sur un circuit.

« ON EST TOUT

AUSSI CAPABLES

QUE LES HOMMES

D’ÊTRE SUR UN

CIRCUIT. »

48 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


la communication, de faire ce travail. Car

le sport permet de réveiller le leadership

des femmes.

ET JUSTEMENT, VOS AUTO-PROMOS

POUR LA SUITE ?

On a pu maintenir l’édition 2020 malgré

la covid-19, mais notre compétition de novembre

dernier a été annulée. Nous espérons

pouvoir reprendre la programmation

sans encombre. Les Sénégalais sont à la

recherche d’initiatives de ce type, et nous,

ça nous a donné plein d’idées ! WSA

« Le sport permet de réveiller le leadership des femmes. »

D’ailleurs, il ne faut pas une grande

force pour piloter. Juste de l’adresse,

de la concentration, des réflexes, de

l’endurance, et l’amour de la vitesse.

C’est un sport où hommes et femmes

peuvent être à égalité ! Preuve en est

Sophia Samba Azar, qui, contrairement

aux hommes qui ont tendance à se précipiter,

se positionne. D’ailleurs, dans

les courses, les deux sexes concourent

dans la même catégorie.

LES FEMMES MANQUENT VRAIMENT

DE MISE EN VALEUR AU SÉNÉGAL EN

LA MATIÈRE SELON VOUS ?

J’aimerais qu’on entende plus d’Hortense

Diedhiou, judokate, et d’Amy Mbacké

Thiam, athlète ! On encense les footballeurs

mais il y a pourtant tant de sports

à promouvoir : lutte, rugby, basket, arts

martiaux… et de parcours sportifs à valoriser.

C’est aussi à nous, professionnels de

D.R.

Merci à Célia Cissé pour le temps sans limite

qu’elle nous a accordé pour mener à bien ce

projet journalistique.

Un grand merci à sa maman Awa Dione pour

sa disponibilité également.

Longue vie au sport féminin au Sénégal !

Quelques liens pour mieux comprendre,

encourager, soutenir :

• @tropheemousso (Facebook)

• Agence de communication Tandem

www.tandem.agency/

• FSAM (Fédération sénégalaise de sport

automobile et motocycliste) : @fsamofficiel

(Facebook) / www.fsam.sn

• FAADEV (Femmes africaines actives pour le

développement) : @faadevafrica (Facebook)

Sources : Auto mag – interview vidéo de Célia Cissé du 15 janvier 2020, Article dans Le quotidien – 28 février 2020, de Worry Diallo, Reportage TV pour la chaîne 2 TV Sénégal, émission Sport 2S, le 2 mars 2020

INTERVIEW FLASH

D’AWA DIONE

Pilote de 66 ans,

vice-présidente de la

Fédération sénégalaise

d’auto-moto, mère de

Célia Cissé, doyenne de

la compétition en 2020,

l’une des premières

Sénégalaises à rouler.

D’où vous est venu ce

goût pour les sports

mécaniques ?

Je suis née à Nevers, en

France. J’ai grandi à côté du

Circuit de Nevers Magny-

Cours, bercée par le bruit

des moteurs. Mais on n’avait

pas les moyens de m’inscrire

à un sport mécanique.

Installée au Sénégal à

mes 25 ans, j’ai trouvé des

cours, j’ai même participé

à des courses informelles

aux côtés des hommes.

Le Trophée Mousso m’a

confortée dans mon envie

de poursuivre. Et un circuit

a été construit ici, où j’ai pu

tourner avec quelques filles.

Des filles, il y

en a davantage

aujourd’hui ?

La course automobile

n’est pas dans la culture

sénégalaise. Ce n’est pas

comme en Europe. C’est

réservé à une élite. Alors

c’est encore plus compliqué

lorsque vous êtes une

femme, vous devez affronter

les regards. Il vous faut

gagner la confiance. Mais

c’est quelque chose que

vous vivez déjà au quotidien,

dans la circulation. Dès que

je dépasse des hommes

en voiture en ville, ils ne le

supportent pas. Il faut faire

évoluer les mentalités. Les

femmes sont de plus en plus

nombreuses à conduire des

D.R.

voitures, à faire des courses

auto. Donc si hier c’était

une nouveauté, aujourd’hui,

les gens commencent

à s’habituer, et certains

trouvent ça amusant, et c’est

plutôt bienveillant.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 49


ENSEMBLE

PORTRAIT

Le fabuleux destin de

SALIMA SOUAKRI

Légende du judo algérien, Salima Souakri fut la première femme à défendre les couleurs de

son pays dans son sport aux Jeux Olympiques en 1992. Elle fut aussi, à ce titre, une cible

pour les intégristes, qui ont assassiné son frère. Salima Souakri a multiplié les combats, pour

la reconnaissance du sport au féminin, pour l’égalité entre les femmes et les hommes au sein

de sa discipline, pour l’émancipation des jeunes filles par le sport, partout en Algérie. Autant

de combats qui lui ont valu le Trophée «Femme et Sport» pour le continent africain, décerné

en 2020 par le CIO. Aujourd’hui en charge du développement du sport d’élite en Algérie,

Salima Souakri a accepté de nous raconter son histoire. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK

WOMEN SPORTS AFRICA :

VOUS AVEZ ÉTÉ UNE IMMENSE

CHAMPIONNE DE JUDO. COMMENT

AVEZ-VOUS DÉCOUVERT CETTE

DISCIPLINE À UNE ÉPOQUE OÙ

TRÈS PEU DE JEUNES FILLES LA

PRATIQUAIENT EN ALGÉRIE ?

SALIMA SOUAKRI : Je suis née dans

un quartier populaire de la banlieue

d’Alger. Mes parents ont eu cinq garçons

et une fille, moi ! Mon père était

très fier d’avoir des garçons et son

voisin, qui n’avait eu que des filles,

était très jaloux. Nous vivions dans un

environnement très masculin et très

conservateur. Ce n’était pas facile pour

une jeune fille. Mais je refusais cette

situation et très jeune j’ai revendiqué

mon droit à l’égalité avec un acte fort :

j’ai fait le choix du célibat. J’ai marqué

cette conviction en me coupant les cheveux

très courts. J’ai choisi, en quelque

sorte, une « vie de garçon ». Le jour où

mon père a inscrit ses cinq fils à un club

de judo qui se trouvait à 10 km de notre

domicile, je l’ai supplié de m’y inscrire

aussi. J’ai pleuré toute une nuit. Et j’ai

fini par le convaincre. Il s’est dit que, de

toute façon, on allait me prendre pour

un garçon avec mes cheveux courts.

C’est ainsi qu’à l’âge de 10 ans j’ai

découvert les tatamis. J’étais la seule

fille. J'ai commencé les entraînements

dans un climat électrique. Les garçons

ne me faisaient aucun cadeau. J'ai reçu

les raclées de ma vie. Mais je m'entraînais

10 fois plus que les autres. Mes

frères ont fini par abandonner, las des

10 km à parcourir à pied pour rentrer de

l’entraînement. Moi, j’ai continué. Petit

à petit, j’ai commencé à battre des garçons.

Et petit à petit, d’autres parents

ont osé inscrire leurs filles.

QUELS ONT ÉTÉ LES MOMENTS LES

PLUS FORTS DE VOTRE CARRIÈRE

SPORTIVE ?

Lorsque j’ai commencé la compétition,

j’ai pu découvrir le monde. Je n’étais

jamais sortie de mon quartier. D’ailleurs,

mes copines me demandaient de

leur raconter tous les détails de mes

voyages. Elles vivaient ma passion par

procuration. Je leur offrais mes médailles.

En 1990, j’ai été sélectionnée

en équipe nationale à l’âge de 15 ans.

En 1992, j’ai été la première Algérienne

qualifiée pour les Jeux Olympiques, à

Barcelone. J'avais 17 ans, j’étais encore

junior, et j'ai décroché une belle

5e place ! L'année suivante, j'ai été

troisième aux championnats du monde

juniors à Buenos Aires, en Argentine.

J’ai ensuite été douze fois championne

d'Afrique, championne des Jeux méditerranéens.

J’ai aussi été la première

Africaine à remporter le Grand Chelem

de Paris Bercy en 2002. Toutes ces

D.R.

50 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


« Je voulais

briser les tabous

d'une société

patriarcale. Cela

a guidé ma vie. »

Les enfants sont nés pour être heureux.

Les adultes que nous sommes avons la

responsabilité d’être protecteurs et ambassadeurs

des enfants.

RACONTEZ-NOUS UNE AUTRE

FACETTE DE VOTRE VIE. VOUS AVEZ

ÉTÉ ANIMATRICE TV !

« TRÈS JEUNE J’AI REVENDIQUÉ MON

DROIT À L’ÉGALITÉ AVEC UN ACTE FORT :

J’AI FAIT LE CHOIX DU CÉLIBAT. »

compétitions m’ont procuré beaucoup

d’émotions. J’ai prolongé ma carrière

sportive en devenant entraîneure de

l’équipe nationale féminine de judo, en

2009.

EN TANT QUE FEMME SPORTIVE ET

ENGAGÉE, VOUS ÉTIEZ ÉGALEMENT

LA CIBLE DES INTÉGRISTES QUI ONT

TENTÉ D’ATTENTER À VOTRE VIE ET

ONT ASSASSINÉ L’UN DE VOS FRÈRES.

C’était la décennie noire. Les sections

féminines des clubs sportifs ont été supprimées.

La résistance à l’obscurantisme

était pour moi un nouveau combat. Lors

d’une nuit maudite de décembre 1993, un

groupe armé s’est présenté au domicile

familial. J’étais absente. Ils ont tué mon

frère Samir, âgé de 22 ans. Cela a pris

du temps, mais j’ai séché mes larmes et

refusé de baisser les bras. Ma vie était

menacée. Je ne pouvais plus rentrer chez

moi. Je devais changer régulièrement de

lieu pour dormir. Mais j’ai continué. Je

me sentais investie d’une responsabilité.

Mes exploits sportifs donnaient de l'espoir

à toute une population, en particulier

aux femmes. Cette douleur n'a fait que

renforcer ma détermination et mon espoir.

Je voulais briser les tabous d'une société

patriarcale. Cela a guidé ma vie. Et les

combats sont loin d’être terminés.

PARMI LES COMBATS QUE VOUS

ÉVOQUEZ, VOUS ÊTES ÉGALEMENT

AMBASSADRICE DE BONNE

VOLONTÉ DE L'UNICEF DEPUIS 2011.

QUELS MESSAGES VOUS ATTACHEZ-

VOUS À DÉFENDRE DANS LE CADRE

DE CETTE MISSION ?

Nous vivons malheureusement dans un

monde qui continue à faire souffrir ses

enfants, par le manque d'accès au soin

et à l'éducation et les guerres civiles.

D.R.

A la fin de ma carrière sportive, en

2008, j’ai été approchée par la chaîne

BeIn Sports pour être consultante lors

des Jeux Olympiques de Pékin. J’ai travaillé

depuis les studios situés au Qatar.

J'ai beaucoup aimé l'expérience et

reçu des propositions pour rester dans

cette chaîne. Mais je veux vivre en Algérie.

J’ai donc suivi une formation en audiovisuel,

puis j’ai fait mes premiers pas

sur des médias dans mon pays, d’abord

à la radio, ensuite à la télévision, où

j’ai glissé vers l’animation d’émissions

destinées au grand public. Je voulais envoyer

des messages de sensibilisation.

La télévision est un formidable outil

pour atteindre plus de monde que l'action

sur le terrain, qu’il s’agisse d’action

humanitaire ou civile. Je souhaite partager

avec le monde entier le message

que tout est possible dans la vie, qu’il

faut croire en ses rêves.

EN 2018, VOUS AVEZ ÉTÉ NOMMÉE

CONSEILLÈRE AUPRÈS DU MINISTRE

DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS

ALGÉRIEN, PUIS DEPUIS JUIN 2019

VOUS ÊTES MINISTRE DÉLÉGUÉE

CHARGÉE DU SPORT D’ÉLITE.

QUELLES SONT LES MESURES QUE

VOUS PORTEZ DANS LE CADRE DE

CETTE FONCTION ?

D.R.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 51


ENSEMBLE

« Les adultes que

nous sommes avons

la responsabilité

d'être protecteurs

et ambassadeurs

des enfants. »

D.R.

« MES EXPLOITS SPORTIFS DONNAIENT

DE L'ESPOIR À TOUTE UNE POPULATION,

EN PARTICULIER AUX FEMMES. »

En même temps que je menais

cette petite carrière à la télévision, j’ai

poursuivi des études universitaires et,

comme mentionné précédemment, j’ai

été nommée entraîneure nationale en

judo. La suite logique était de m’impliquer

dans le Ministère de la Jeunesse

et des Sports, d’abord en tant

que conseillère, puis depuis peu en

charge du sport d’élite. C’est une instance

toute nouvelle créée en Algérie

sous l’impulsion du président. J’ai en

charge de superviser le suivi des athlètes

d’élite qui préparent les prochains

Jeux Olympiques et Jeux méditerranéens,

mais aussi de travailler sur les

infrastructures, la révision du statut des

athlètes ou encore l’identification des

jeunes talents que nous allons préparer

pour les Jeux Olympiques de Paris

en 2024. Le tout dans un contexte très

compliqué, puisque les athlètes ont été

privés d’entraînement pendant 9 mois

à cause du confinement. Le développement

du sport féminin va bien sûr de

pair avec l’ensemble des mes attributions.

VOUS ÊTES LA LAURÉATE POUR

L'AFRIQUE DU TROPHÉE CIO «FEMME

ET SPORT» POUR L'ANNÉE 2020,

QUI PRIME LES PERSONNALITÉS

QUI ONT CONTRIBUÉ DE FAÇON

REMARQUABLE À DÉVELOPPER,

ENCOURAGER ET RENFORCER

LA PARTICIPATION DES FEMMES

ET DES JEUNES FILLES DANS LE

SPORT. UNE DISTINCTION QUI VOUS

ENCOURAGE À POURSUIVRE VOS

COMBATS ?

Je suis très honorée d'être lauréate pour

le continent africain. C’est une belle reconnaissance

après un long itinéraire

de 36 ans dans le sport, qui continue.

L’émancipation de la femme par le sport

est un combat sur lequel il nous faut accentuer

nos efforts. Le CIO offre la possibilité

aux lauréates de demander un

financement pour un projet à hauteur de

30.000 dollars. J’ai décidé de porter un

projet pour la promotion du sport pour les

52 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


« JE N'AI PAS

GAGNÉ TOUS MES

COMBATS. »

D.R.

commission sur l’égalité des sexes.

Notre sport doit devenir un modèle.

Dès les prochains JO de Tokyo, il y aura

une parité totale dans la participation :

50 % de femmes et 50 % d’hommes.

Y compris dans les épreuves mixtes

avec des équipes composées de trois

hommes et trois femmes. Les instances

du judo sont également très concernées

par la prévention du harcèlement, des

violences sexuelles qui ont malheureusement

fait l’actualité en France ces

derniers temps, et de toutes formes de

discrimination.

femmes dans le sud de l’Algérie, dans la

région de Tamanrasset. C’est une zone

située à 2000 km de la capitale dans laquelle

on ne dénombre que 234 femmes

licenciées pour 250.000 habitants. Il y a

un manque de moyen et un faible taux

d'accès des femmes aux formations et

métiers du sport. Avec cette bourse du

CIO nous allons former 50 anciennes athlètes

femmes habitant dans ces régions

enclavées pour devenir dirigeantes techniques

et administratrices. Les parents

refusent parfois un encadrement masculin

pour leurs filles. Donc on crée des encadrantes

féminines et un environnement

propice à l’accueil des jeunes filles dans

les structures sportives. L’objectif est de

faire tache d’huile et de répéter ce type

de dispositifs partout dans le pays.

VOUS ÊTES PAR AILLEURS MEMBRE

DE LA COMMISSION D’ÉQUITÉ

ENTRE LES SEXES AU SEIN DE LA

FÉDÉRATION INTERNATIONALE DE

JUDO DEPUIS 2019. QUELLE EST LA

POLITIQUE DE VOTRE DISCIPLINE

EN MATIÈRE D'ÉGALITÉ FEMMES/

HOMMES ET DE MIXITÉ ?

Le judo féminin n’a fait son apparition

aux Jeux Olympiques qu’en 1992 à Barcelone…

soit 28 ans après le judo masculin

! Depuis lors, la Fédération internationale

a pris de nombreuses mesures

conformément aux recommandations

du CIO, notamment la création d’une

EN 2018, VOUS AVEZ RACONTÉ

VOTRE HISTOIRE DANS UNE

AUTOBIOGRAPHIE INTITULÉE

«CEINTURE NOIRE, CŒUR BLANC».

VOUS AVEZ NOTAMMENT ÉCRIT :

« LE JUDO EST PLUS QU'UN

SPORT POUR MOI, C'EST AUSSI

LE CRI D'UNE JEUNE FILLE, D'UNE

FEMME QUI A TOUJOURS LUTTÉ

POUR UNE VIE MEILLEURE. » LA

VIE D'UNE JEUNE FILLE ET D'UNE

FEMME ALGÉRIENNE EST DONC UN

COMBAT ?

Je voulais raconter mon histoire pour

donner de l'espoir à toutes les jeunes

filles qui vivent des difficultés ou qui

ont des obstacles dans notre société.

Je voulais aussi adresser un message

à tous les parents : donnez les mêmes

chances de réussite aux filles qu'aux

garçons ! J'ai souffert de cette discrimination

et su lutter contre. Ma vie n’a

pas été facile. Je n'ai pas gagné tous

mes combats… et finalement encore

plus appris de ceux que j’ai perdus ! Le

sport a été pour moi une chance et une

formidable école de la vie. Le sport est

un moyen très important d'intégration.

Grâce au sport j'ai pu réaliser tous mes

rêves. Maintenant que j'ai pu réussir

à travers le sport, je suis un exemple

concret qu’il ne faut jamais baisser les

bras. Il faut se battre, croire en ses

rêves ! Je veux maintenant donner de

l’espoir et de l’impulsion. WSA

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 53


CARNET PRATIQUE

5 bonnes

raisons de

SE REMETTRE

AU HULA HOOP !

Ce bon vieux cerceau auquel on jouait toutes quand on était

enfant rappelle forcément de beaux souvenirs. Mais saviezvous

qu’il avait des bienfaits incroyables sur notre corps ?

Women Sports Africa vous propose quelques bonnes raisons

de ressortir le hula hoop de votre placard ! PAR INAYA MATHLI

1 IL APPORTE EN

TONICITÉ ET EN CARDIO !

On ne se rend pas forcément compte, mais

le hula hoop est un sport extrêmement

physique. D’ailleurs, il se dit que pratiqué

pendant une heure, le hula hoop peut

aider à perdre 600 calories. Mais ce petit

cerceau permet surtout de se tonifier,

notamment la ceinture abdominale. Suivant

les mouvements appliqués, ce sport permet

également de travailler aussi bien les bras

que les jambes ou les fessiers.

2 L’ASSOUPLISSEMENT

C’est une qualité dont on ne le soupçonne

pas forcément, mais le hula hoop est

très bon pour l’assouplissement, au

niveau du bassin, des hanches, ainsi que

de la colonne vertébrale. En plus de ces

bienfaits, le hula hoop permet de gagner en

coordination.

3 OUVERT À TOUS

La qualité première du hula hoop ? Il est

ouvert à tous ! Pas besoin de prendre

de cours pour savoir l’utiliser, chez nous,

c’est inné… (ou pas) ! Du moins, avec

un peu de pratique (et pourquoi pas des

tutos YouTube), tout le monde peut s’y

mettre. Mais surtout : on peut l’exercer

n’importe où ! Devant sa télé, à la plage,

dans le jardin, choisissez l’endroit qui

vous plaît !

4 ABORDABLE !

Si vous recherchez un sport dans votre

budget, vous ne trouverez pas mieux !

Moins cher qu’une paire de basket,

une raquette, ou même un ballon, vous

devrez débourser « seulement » 5 euros

pour vous procurer un cerceau (si vous

ne retrouvez pas celui de votre enfance).

5 C’EST FUN !

Le point essentiel du hula hoop est que

c’est une activité dite “fun”. Dès lors

qu’on ressort le cerceau en plastique de

notre placard, on fait un bond dans le

temps et surtout dans notre enfance.

PS : attention on en devient vite accro !

On parie ?

© LightField Studios / Shutterstock

© LightField Studios / Shutterstock

54 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


©A.RAVERA

ANNIE GASNIER

RADIO FOOT

INTERNATIONALE

DU LUNDI AU VENDREDI 16H10 - 21H10 TU

La radio mondiale en français et 16 autres langues

@RFIRadioFoot


CARNET PRATIQUE

ENTRAÎNEMENT

7 exercices expliqués par

IMANE

ERRAMLI

I

Imane

Erramli,

28 ans, est

ambassadrice

Adidas au Maroc. Fana

de sport, actuellement en

doctorat communication

et marketing digital,

elle a créé une agence

digitale spécialisée

dans le community

management. Sur

Instagram

(@era_fitness_dr),

l’influenceuse sportive

recense quasiment

50000 abonnés. « Je

milite pour le bien-être,

le sport et le women

empowerment !

Ma motivation est de

partager ma passion qui

est le sport avec les gens

de ma communauté ! Je

fais du crossfit, de la boxe

et des semi-marathons !

explique-t-elle. J’essaye

de pousser les femmes mes à

pratiquer du sport tout

en aimant leur corps,

le plus important n’est

pas d’avoir un physique

parfait, des abdos tracés

mais plutôt de se sentir

bien dans son corps et

de forger son mental. al.» »

Pour cela, Imane Erramli

brise uns à uns les

clichés de corps dits

« parfaits ».« Ma devise

est « Célébrons les

vrais corps de la vraie

vie ». Célébrons sans

discrimination tous les

corps, tous les genres es et

toutes les morphologies.

ogie

Pas de Photoshop. Pas

de taille ou de modèle

prédéfini. Ce n’est pas

tel ou tel corps qui nous

rend heureux. Ce qui fait

le bonheur, c’est notre

relation avec ce corps. »

PAR V. MAUREL - PHOTOS IMANE ERRAMLI

D.R.

56 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


D.R.

D.R.

D.R.

LE SOULEVÉ DE TERRE

(DEADLIFT)

Bienfaits :

Muscle les jambes et le bas du dos.

Muscle l’ensemble de la chaîne

postérieure.

Fait travailler le dos.

Aide à retrouver une position

correcte.

Explications :

Le mouvement ment consiste en une flexion

des jambes, le soulevé d’un poids plus

ou moins lourd depuis le sol

et de se

redresser.

LE SQUAT (MOUVEMENT

FONDAMENTAL UTILE À TOUTES LES

DISCIPLINES SPORTIVES, LE SQUAT EST UN

EXERCICE DE BASE DU RENFORCEMENT

MUSCULAIRE)

Bienfaits :

Le squat est une arme redoutable pour

muscler le bas du corps !

Vise principalement les cuisses et les

fessiers (quadriceps, adducteurs, ischio-

jambiers).

Au fil des séances, ce renforcement des

membres inférieurs garantit des gestes

plus efficaces et permet de diminuer le

risque de blessures articulaires.

En sollicitant les muscles stabilisateurs,

le mouvement permet de travailler

l’équilibre mais aussi la mobilité.

LA PLANCHE (PLANK)

Bienfaits :

Renforce et stabilise la ceinture

abdominale et le dos.

Améliore la posture et permet de se

sentir mieux dans son corps.

Peut aider à soulager les douleurs

en cas de problèmes de dos.

Le but deces

exercices est de se

sentir bien

dans

son corps et

de se

renforcer.

LES POMPES (PUSH-UPS) UPS)

:

SYMBOLISENT LA FORME PHYSIQUE

Bienfaits :

Contribuent à une

bonne ne santé

cardiaque.

Renforcent ent le buste, le dos

et le haut

du corps.

Permettent ent de cibler plusieurs urs groupes

musculaires ulai

et peuvent vous aider à

renforcer vos os.

D.R.

LE PONT (MOUVEMENT TIBÉTAIN)

Bienfaits :

Renforce les épaules, le bas du dos

et les fessiers.

Stimule le bas-ventre, le cou et les

genoux.

Explications :

Asseyez-vous au sol, jambes tendues,

les pieds sont écartés de la largeur

du bassin. Posez les mains à plat

sur le sol, de chaque côté du bassin.

Prenez une inspiration profonde puis

ouvrez la poitrine vers l’avant et

soulevez le bassin au maximum de

manière à former un angle droit avec

les genoux. Laissez aller la tête en

arrière autant que possible. Revenez

en position initiale.

D.R.

LES FENTES (LUNGES)

Bienfaits :

Efficaces pour raffermir et affiner les

jambes.

Sollicitent toute la chaîne musculaire

des fessiers aux mollets en passant

par les cuisses.

LA CHAISE-GAINAGE

INAG

AGE

La chaise est un exercice de gainage

(isométrique) pour les cuisses,

permettant de travailler et renforcer

en particulier les les quadriceps et les

iscio-jambier par un travail statique.

D.R. D.R.

© Iakov Kalinin / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 57


C’EST BON POUR MOI !

Ça brûle dans l’abdomen, à droite, ou à gauche,

impossible de continuer à courir à un rythme soutenu…

Vous souffrez d’un soudain point de côté qui vous

plaquerait presque au sol. Pas si vite, qui a dit qu’on

allait s’avouer vaincu !? PAR LÉA BORIE

© Martin Novak / Shutterstock

Le point de côté, c’est la côte qui

a un point ?

Le point de côté est une crampe

musculaire du diaphragme. Vous

m’en direz tant… Le diaphragme est

un muscle essentiel dans la pratique

sportive, notamment lorsque celle-ci

sollicite le cardio. Ce fameux muscle,

en se contractant, permet d’envoyer

de l’air dans les poumons, et donc

de respirer. Utile, vous me direz. Oui

seulement, dans les moments sportifs

intenses, si l’on expire mal, c’est

là que les choses se compliquent.

Car le diaphragme, fatigué, va se

contracter : résultat, c’est la crampe.

La crampe du diaphragme !

Vigilance est de mise sur les causes

de ces points de côté et sur la

localisation de la douleur – le foie

ou la rate, ou encore l’appendice,

peuvent être en cause. De même

pour les problèmes cardiaques ou les

problèmes pulmonaires. Une chose

à faire : si les douleurs persistent

même après l’effort, ne tardez pas à

consulter !

Prévenir c’est guérir :

anticiper le point de côté

Eviter de courir trop tôt après son

précédent repas. L’idéal serait

de s’entraîner 3h après celui-ci.

Soigner son échauffement.

Y aller progressivement : prendre

soin de son corps, l’étirer et respecter

ses limites.

Boire beaucoup d’eau, par petites

gorgées et de façon régulière.

Comment faire passer

un point de côté ?

Inutile de se faire du mal. Mieux

vaut ralentir voire marcher quelques

instants, tout en se forçant à respirer

profondément, d’une respiration la

plus lente possible pour oxygéner les

muscles au maximum.

Penchez-vous vers l’avant. Et

appuyez sur l’endroit de la douleur

tout en respirant au maximum.

au milieu parce que la douleur se

fait trop violente, pendez-vous à une

barre. WSA

58 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR



FEMMES D’INFLUENCE

Interview

Zineb El Houari

Journaliste & chroniqueuse sportive sur France 24

« Si je peux jouer au foot, je peux en

parler sur un plateau télé ! »

À 28 ans, Zineb El Houari a déjà un CV long comme le bras dans le domaine du journalisme sportif :

chroniqueuse sur France 24 depuis 2014, « Reporter » pour la FIFA lors de la Coupe du monde de

football en Russie en 2018 et « media officer » au service de la Confédération Africaine de Football

(CAF) depuis 2019. Rien que ça ! En exclusivité pour Women Sports Africa, la journaliste francomarocaine

revient sur son parcours et ses ambitions professionnelles. Attention, exemple à suivre.

PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIANE CANTORO

WOMEN SPORTS AFRICA : POURQUOI

LE JOURNALISME SPORTIF, UN

HASARD OU UNE VOCATION ?

ZINEB EL HOUARI : J’ai longtemps hésité

entre le journalisme sportif et la médecine

sportive. Ce qui est sûr, c’est que je voulais

travailler dans le domaine du sport car c’est

ma passion. J’aime particulièrement le football.

Finalement, j’ai choisi le journalisme

D.R.

car c’est ce qui me correspondait le mieux :

je suis curieuse, sociable, j’adore écrire et

échanger avec les gens. C’est un métier excitant,

qui est toujours dans la nouveauté.

Je ne regrette pas du tout ce choix même

si mes parents étaient un peu réticents au

début, surtout mon père, car c’est un milieu

réussir dans ce métier qui n’est pas toujours

facile, surtout quand on est une femme.

TU ES ENTRÉE CHEZ FRANCE 24

EN 2014, AVANT MÊME D’ÊTRE

DIPLÔMÉE DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE

DE JOURNALISME DE PARIS

(ESJ). RACONTE-NOUS TON

RECRUTEMENT.

J’ai toujours voulu travailler en télé. J’ai

donc commencé par des stages chez

beIN Sports et Canal+. Puis un jour,

France 24 m’a appelée : la chaîne avait vu

sur mes réseaux sociaux que j’avais pour

projet de créer un site sportif en langue

-

nal). Elle m’a proposé un stage au sein

de sa rédaction. Je n’ai pas accepté tout

de suite car je voulais vraiment travailler

dans une rédaction 100 % sportive. Puis

atouts - notamment le fait d’être bilingue

en langue arabe - et tenter le coup. J’ai

donc fait un stage de six mois à l’issue

duquel j’ai reçu une proposition d‘emploi.

lisme,

je ne pouvais pas me permettre

de refuser. Aujourd’hui, je suis épanouie

chez France 24. Je fais beaucoup de news

généralistes mais dès qu’il y a du sport,

c’est pour moi !

60 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Zineb El Houari

a réussi à se faire

une place dans un

domaine réservé

depuis toujours aux

hommes : l’analyse

footballistique !

D.R.

EN 2018, TU AS TRAVAILLÉ COMME

« REPORTER » POUR LA FIFA LORS

DE LA COUPE DU MONDE DE

FOOTBALL EN RUSSIE. UN SACRÉ

TREMPLIN POUR TA CARRIÈRE !

Oui ! Finalement, le fait de travailler

sur une chaîne généraliste m’a ouvert

des portes. J’étais - et je suis encore - la

seule femme au service arabophone de

France 24 spécialisée dans le sport. Grâce

à mon réseau développé dans le monde

du football, j’ai pu proposer à ma rédaction

des entretiens télévisés avec des joueurs

et des dirigeants de clubs assez connus.

Cela a tout de suite plu et on m’a donné

ma chance. C’est sans doute comme cela

que la FIFA m’a repérée et m’a fait cette

proposition inattendue en 2018. Travailler

sur la Coupe du monde en Russie a été

une des meilleures expériences de toute

ma carrière ! L’année suivante, c’est la

Confédération Africaine de Football (CAF)

qui m’a recrutée pour la Coupe d’Afrique

des nations (CAN) en tant que « media of-

Depuis, je collabore avec l’organisation.

TE SENS-TU LA RESPONSABILITÉ DE

METTRE DAVANTAGE EN AVANT LE

SPORT AFRICAIN A L’ÉCRAN ?

Oui, bien sûr. Évidemment, en tant que

journaliste, je dois traiter l’information en

« AVEC TES

TALONS, TU

VEUX PARLER DE

FOOTBALL ? »

toute impartialité. Mais je parle beaucoup

du sport africain car je considère qu’il a

sa place dans les médias. Si on prend le

football par exemple, qui est un sport

que je connais bien car je l’ai pratiqué,

on s’aperçoit que le continent africain

est un réservoir de talents.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 61


FEMMES D’INFLUENCE

La majorité des stars des championnats

européens viennent d’Afrique ou en sont

originaires. Le problème pour eux, c’est la

formation. L’accompagnement sportif et

pédagogique africain n’est pas assez bien

structuré pour permettre à ces talents de

briller chez eux. Pour preuve, la plupart

joue dans la rue. Alors ils partent en Europe.

Je pense que c’est mon rôle aussi,

en tant que journaliste franco-marocaine,

de faire découvrir les richesses sportives

de l’Afrique.

PARMI LES PERSONNALITÉS

SPORTIVES QUE TU AS

INTERVIEWÉES, QUELLES SONT

CELLES QUI T’ONT LE PLUS

MARQUÉE ?

Celle qui me vient tout de suite en tête

c’est Fatma Samoura, la Secrétaire générale

de la FIFA (ndlr, voir notre grand entretien-événement

dans ce magazine). Je

l’avais interviewée peu de temps après sa

nomination en 2016, à Zurich. France 24

avait beaucoup communiqué sur le sujet

à l’époque et l’interview avait été diffusée

en français, en anglais et en arabe. C’est

une personnalité qui m’a marquée car

elle est la première femme nommée à ce

poste et elle est africaine en plus ! C’est

un vrai exemple de réussite pour moi.

Elle milite beaucoup pour la place des

femmes dans le football, c’est inspirant.

J’ai eu le même sentiment d’admiration

D.R.

« C’EST MON

RÔLE AUSSI,

EN TANT QUE

JOURNALISTE

FRANCO-

MAROCAINE, DE

FAIRE DÉCOUVRIR

LES RICHESSES

SPORTIVES DE

L’AFRIQUE. »

quand j’ai interviewé la Marocaine Nawal

El Moutawakel (ancienne athlète, ndlr).

J’ai aussi adoré échanger avec les footballeurs

Samuel Eto’o, Didier Drogba ou

encore plus récemment Kylian Mbappé,

rencontré lors de la cérémonie du Ballon

d’Or en 2019. C’est un garçon intelligent

et mature qui prouve que les sportifs ne

sont pas tous bêtes comme on l’entend

malheureusement trop souvent.

QUELLE SPORTIVE AFRICAINE,

PAR SON PARCOURS ET SA

Kylian Mbappé

est l’une des

personnalités

sportives avec

lesquelles Zineb a

adoré échanger.

MÉDIATISATION, POURRAIT SELON

TOI INCARNER UN « ROLE MODEL »

POUR LES JEUNES FILLES ?

Je pense à une footballeuse égyptienne

Sarah Essam, qui joue actuellement à

Stoke City en Angleterre. Elle est un peu

perçue comme la Mohamed Salah au

féminin car elle est la première joueuse

de son pays à s’être imposée à l’étranger.

Elle a dû pour cela dépasser les traditions

de toute une société, et elle est très médiatisée.

Elle a reçu le prix de la Femme

Arabe de l’année 2018 dans la catégorie

la London Arabia Organization. C’est le

premier nom qui me vient en tête spontanément...

Le sport africain féminin, à l’exception

de quelques disciplines comme

l’athlétisme, n’est pas assez développé et

médiatisé. On y travaille depuis quelques

années, notamment dans le domaine du

football où de gros efforts ont été consentis.

Mais ce n’est pas encore le cas dans

tous les sports.

ON PARLE DE LA PLACE DES

FEMMES DANS LE SPORT MAIS

QU’EN EST-IL DE LA PLACE DES

FEMMES DANS LES MÉDIAS

SPORTIFS ? RACONTE-NOUS

TON VÉCU DE JOURNALISTE ET

CHRONIQUEUSE SPORTIVE.

Cela n’a pas toujours été facile, c’est sûr.

Non seulement je suis une femme mais

en plus, j’ai choisi un domaine depuis

toujours réservé aux hommes : l’analyse

footballistique. Je ne voulais pas être

une simple présentatrice, je voulais apporter

une expertise. J’ai eu droit à des

m’a pas découragée, au contraire. Je savais

que si je pouvais jouer au foot, je pouvais

en parler sur un plateau télé ! Malgré

tout, j’ai dû prouver ma valeur deux fois

plus que les autres. Sur mes premiers

passages à l’antenne par exemple, on

surveillait mes propos. Certains confrères

voulaient s’assurer que je maîtrisais bien

mon sujet. Disons que le ticket d’entrée

n’est pas facile à décrocher… Mais une

fois qu’on a prouvé sa compétence, on

est respecté. Côté terrain en revanche,

je n’ai jamais rencontré de problème. Je

pense que pour réussir dans ce milieu, il

faut être patiente, professionnelle et surtout

croire en soi. WSA

62 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


5 questions à

Eya Balti

Présidente de la Fédération tunisienne

des sports scolaires et universitaires

PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIANE CANTORO

WOMEN SPORTS AFRICA :

EYA, VOUS ÊTES LA SEULE

FEMME EN PAYS ARABES

RESPONSABLE D’UNE TELLE

FÉDÉRATION. RACONTEZ-

NOUS VOTRE PARCOURS.

EYA BALTI : J’ai toujours évolué

dans le milieu du sport. Je

suis diplômée de l’Institut Supérieur

du Sport et de l’Éducation

Physique du Kef. En 2003, j’ai

été recrutée en tant que professeure

d’éducation physique

dans un lycée. Puis, j’ai été

nommée Déléguée régionale

du sport universitaire au sein du

gouvernorat de Gabès en 2010.

Deux ans plus tard, j’ai occupé

ce poste de Déléguée au niveau

national. Depuis 2019, je suis

Présidente de la Fédération tunisienne

des sports scolaires

et universitaires (FTSSU). J’ai

été choisie par le ministre des

Sports et je suis effectivement

la seule femme nommée à ce

poste en pays arabes.

QUELLES SONT LES

MISSIONS PRIORITAIRES DE

LA FTSSU ?

Notre mission principale est de

faire la promotion du sport au

sein des établissements scolaires

et des établissements

d’enseignement supérieur. C’est

la Tunisie de mélanger le sport

scolaire et le sport universitaire

au sein d’une même fédération ;

dans la plupart des autres pays,

ils sont gérés séparément. Dans

le cadre de notre mission, l’objectif

est de créer une association

sportive au sein de chaque

école et de chaque université du

cessible

à tous les élèves et tous

les étudiants tunisiens. Le second

axe vers lequel j’ai orienté

ma politique c’est la promotion

de la pratique sportive féminine.

Je suis d’ailleurs présidente de

la commission « sport féminin »

au sein de l’Union arabe des universités.

QUE POUVEZ-VOUS NOUS

DIRE SUR LA PRATIQUE

SPORTIVE FÉMININE EN

TUNISIE ?

en plus nombreuses à pratiquer

le sport. Les parents ont compris

l’importance de l’activité

physique pour la santé et le

bien-être de leurs enfants, mais

aussi pour leur éducation et le

développement chez eux de

nouvelles compétences : esprit

d’équipe, autonomie… Depuis

quelques années, le sport tunisien,

et même plus globalement

le sport arabe, a axé sa stratégie

sur la promotion de la pratique

féminine. Le but est que

chaque femme puisse faire du

sport, et que cela devienne une

vraie stratégie de vie. En Tunisie,

cette politique est largement

soutenue par le ministre

des Sports actuel et la secrétaire

d’État qui est une femme.

La stratégie est aussi d’encourager

les femmes entraîneures.

Par ailleurs, le recrutement du

Délégué du sport scolaire dans

chaque gouvernorat du pays

obéit à une exigence d’égalité

hommes-femmes.

QUELLES SONT LES

PRATIQUES FAVORITES DES

JEUNES TUNISIENNES ?

Nos étudiantes s’orientent

beaucoup vers les sports collectifs

: football, handball, volley-ball.

Certaines choisissent

le sport individuel avec une

majorité des concentrations

autour de l’athlétisme.

QUELLE EST VOTRE

STRATÉGIE POUR CAPTER

CE JEUNE PUBLIC

SPORTIF FÉMININ ?

Pour inciter un plus grand

du sport à l’école ou à l’université,

nous essayons au mieux

tives

proposées en intégrant

de nouveaux sports. Malheureusement,

on a une petite

baisse d’engagement des

études supérieures, le sport

n’étant plus obligatoire à l’université.

Nous allons travailler

sur cette lacune en créant plus

de clubs, et donc en offrant un

meilleur accès au sport à ces

pas non plus à prendre en

exemple nos championnes

tunisiennes actuelles, qui sont

toutes passées par la pratique

scolaire puisque le sport est

inscrit au programme des

écoles. Il s’agit de susciter les

envies et de faire éclore les

futurs noms du sport tunisien

féminin. WSA

Pour plus d’informations,

rendez-vous sur la page

Facebook de la FTSSU.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 63


DÉCOUVERTE

© GaudiLab / Shutterstock

64 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


LE CAP-VERT

Trekking ou randonnée

Spot : l’île de Santo Antão au nord de l’archipel pour découvrir le

plateau de Norte, la vallée de Paul (la plus luxuriante du pays !) ou

encore le petit village de Caibros et ses terrasses perchées sur le

flanc de la montagne.

© Kasia_Przygodzka / Shutterstock

© Daboost / Shutterstock

LE MAROC

Kitesurf (ou windsurf)

Spot : la presqu’île de Dakhla sur la côte ouest du Sahara Occidental.

© Cesare Palma / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 65


DÉCOUVERTE

© michaeljung / Shutterstock

L’AFRIQUE DU SUD

Escalade

Spots : la fameuse Table Mountain qui

surplombe Cape Town, les blocs de

Rocklands dans la réserve naturelle du

Cederberg (à 200 km au nord du Cap) ou

encore les falaises de Waterval Boven au

nord-est de Johannesbourg.

© chriswalley07 / Shutterstock

© Miguel M.P / Shutterstock

66 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


© JackDiver / Shutterstock

L’EGYPTE

Plongée sous-marine (ou snorkelling)

Spot : le parc national de Ras Mohammed dans la mer Rouge (à la pointe sud du désert du Sinaï) et son impressionnante épave du SS Thistlegorm, un

bateau militaire dans lequel on peut encore apercevoir de nombreux véhicules.

© Sergiy Zavgorodny / Shutterstock

LA ZAMBIE

Rafting

Spot : le Zambèze pour admirer les sublimes chutes de Victoria.

© Cordelia Bua / Shutterstock

© Torsten Reuter / Shutterstock

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 67


LIFESTYLE

RENCONTRE AVEC

L’INFLUENCEUSE

Shirine

Boutella

Du tout petit

au grand écran

Elle s’est fait connaître il y a cinq ans en postant des tutos

beauté sur internet. Depuis, Shirine Boutella a diversifié sa

palette d’activités. Aujourd’hui, quand elle ne multiplie pas

les collaborations sur les réseaux sociaux (au plus grand

bonheur de ses 2,3 millions d’abonnés !), l’influenceuse

franco-algérienne de 30 ans écume les plateaux de tournage

pour le cinéma ou la télévision. Retour sur un parcours aussi

fulgurant qu’inattendu. Entre spontanéité, doutes et karma,

voici Shirine Boutella, sans filtre.

PAR FLORIANE CANTORO

Si vous ne connaissiez pas

n’avez pas pu passer à côté

de Shirine la comédienne.

Choisie par Mounia Meddour

pour jouer l’un des rôles vedettes de son

-

-

Des tutos beauté pour le fun

Je dirais que mon parcours est un mélange

de beaucoup de chance et d’un

peu d’insouciance aussi au départ

a commencé à poster du contenu sur les

sans prise de tête et sans

anticiper quoi que ce soit. J’adorais le

maquillage alors je me suis dit : -

C’était

vachement spontané en fait, je le faisais

vraiment pour le kiff.

laire

d’une licence en cinéma et audiovisuel.

Elle vit à Vienne pour apprendre l’al-

© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi

68 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


-

d’une pointe d’humour et d’un naturel

Être soi-même, c’est

ce qui fait qu’on peut attirer des gens

communauté qui nous ressemble.

plein dans le mille ! Les internautes sont

donc ses premiers pas d’actrice en in-

Shirine s’est lancée

sur les réseaux

sociaux en 2015 en

postant des tutos

beauté, « pour le

fun » !

« ON EST OBLIGÉ

DE RÉFLÉCHIR

À DEUX FOIS

AVANT DE

PUBLIER QUELQUE

CHOSE. »

devenue ultra populaire dans le monde

© Instagram @shirineboutella

AU CINÉMA DANS « PAPICHA »

En 2018, Shirine Boutella est choisie

par la réalisatrice franco-algérienne

Mounia Meddour pour camper le rôle de

Wassila dans « Papicha », son premier

long-métrage qui traite des désillusions

d’un groupe d’étudiantes algériennes

assoiffées de liberté en pleine décennie

noire en Algérie dans les années 1990.

« Mounia m’avait repérée sur les réseaux

sociaux, raconte l’influenceuse. Elle

cherchait un profil particulier, celui d’une

jeune femme assez proche de la culture

algérienne et qui sache parler arabe ».

Pour cette native d’Alger, qui n’avait

jamais tourné pour le cinéma, « Papicha »

(ndlr, « jeune fille conquête » en françaisarabe)

fût un vrai défi. « Je voulais être à

la hauteur de cette histoire si puissante

et de sa réalisatrice qui l’a mûrie en elle

pendant quinze ans. » Elle se souvient

d’un tournage très humain, où « rien

n’était figé ». Cette magnifique aventure

s’est terminée en apothéose au Festival

de Cannes 2019 (sélection dans la

catégorie « Un certain regard »), puis aux

Césars 2020 où le film a été doublement

récompensé (Meilleur premier film pour

Mounia Meddour et Meilleur espoir

féminin pour l’actrice franco-algérienne

Lyna Khoudri qui tient le rôle principal de

Nedjma, alias « Papicha »).

PAPICHA

Drame. France, Algérie, Belgique, Qatar

2019, 1h46. De Mounia Meddour. Avec

Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira

Hilda Douaouda, Zahra Doumandji,

Nadia Kaci.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 69


LIFESTYLE

d’entreprise autoritaire et hau-

C’était une série vraiment différente

de ce qu’il se faisait habituellement

en termes de technique et de visuel, mais

aussi au niveau des sujets traités avec

un rôle féminin fort pour moi : celui d’une

femme entrepreneure, qui fonce dans

le tas et qui a de l’autorité. La vraie girl

boss !

2020 était l’année

du renouveau pour

Shirine Boutella.

L’influenceuse se

réinvente.

Victime du 2.0 et remises en

question

seaux

sociaux explosent. Son compte

J’ai commencé à recevoir des

messages malveillants, des commentaires

méchants. Je ne comprenais pas

« IL M’ARRIVE

DE MASQUER

QUELQUES

BOUTONS QUAND

JE PRÉSENTE UN

MAQUILLAGE,

MAIS JE NE

RETOUCHE JAMAIS

MON CORPS. »

© Instagram @shirineboutella

pourquoi je n’arrivais plus à être sur la

même longueur d’ondes que ma communauté,

ces jeunes femmes passionnées

de make-up avec qui j’échangeais et je

partageais plein de choses au début.

Parmi elles, il y avait désormais des curieux,

des gens qui me suivaient sans

vraiment m’apprécier ou apprécier mon

travail.

-

C’est le côté négatif des réseaux

sociaux : les vérités sont modulées

et transformées selon les envies. On est

publier quelque chose

il faut sans

likes et de partages

Je ne me force

jamais à faire du contenu. Et je le dis

d’ailleurs à mes abonnés, je suis transparente.

remettre un

peu de fun

n’hésite pas non plus à utiliser sa notorié-

ou encore les injustices. Mais ce n’est

70 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


-

Les gens ne

comprennent pas qu’on a le choix et le

droit de ne pas s’exprimer sur tel ou tel

sujet. On n’est pas des politiques, on

n’est pas des porte-paroles. On ne représente

ni une communauté, ni une religion.

Moi je suis juste Shirine : je parle de

ce qui me touche et donne des conseils

make-up parce qu’à la base, le contenu

justement !

© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi

Il m’arrive

de masquer quelques boutons quand je

présente un beau maquillage, mais je ne

retouche jamais mon corps. J’essaie de

Je suis moi-même victime des

réseaux sociaux quelque part. En ayant

toujours le nez dessus, on a vite fait de se

comparer aux autres… Mais j’essaie de

transformer cette frustration en

© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi

© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 71


LIFESTYLE

© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi

force pour trouver de nouvelles

sources d’inspiration et de motivation.

Dernièrement, j’ai d’ailleurs fait le tri et

rangé tout mon appartement, poussée

par les intérieurs impeccables de cer-

Un équilibre entre influence et

cinéma

-

nouvellement

dans tous les domaines :

la meilleure version d’ellemême

-

J’avais besoin de reprendre

le sport, je me sentais mal dans

ma peau. J’ai également contacté une

nutritionniste avec laquelle j’avance doucement

mais sûrement, et surtout sans

aucune frustration.

Shirine écoute ses envies.

Je veux continuer mes activités

sur les réseaux sociaux que j’adore,

mais investir davantage dans ma carrière

© Instagram @shirineboutella

d’actrice. J’ai un talent à trouver et un

jeu à développer -

-

-

-

-

particulier. La néo-comédienne apprend

-

Je suis consciente

d’avoir eu beaucoup de chance dans

mon parcours jusqu’ici avec pas mal

de bonnes rencontres qui sont arrivées

au bon moment Mais je

pense que c’est aussi une question de

bonnes ondes et de karma : quand on

est bienveillant avec les gens, on récolte

leur bienveillance en retour.

-

. WSA

@shirineboutella (2,3 M)

Shirine Boutella, anciennement

Mademoiselle S (562 K)

72 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


LA MINUTE TUTO

LA TROUSSE MAKE-UP POUR

DÉBUTANTES

VOICI LES ACCESSOIRES QU’IL FAUT IMPÉRATIVEMENT AVOIR

POUR SE MAQUILLER SIMPLEMENT.

POUR LE VISAGE

B Une petite éponge pour appliquer le fond de teint (et

éventuellement l’anti-cernes). Shirine préfère l’éponge au

pinceau qui laisse parfois des traces disgracieuses de poils sur

les joues et le front. Ses favorites : la Beautyblender® original

(16,90€ sur beautyblender.fr) ou la Real Techniques « Miracle

Complexion Sponge » (environ 8€), toutes deux revendues en

ligne sur de nombreux sites qui livrent partout dans le monde.

C Un pinceau large pour

appliquer tous les types de

poudres : la bronzante, la

matifiante, le blush. C’EST

UN INDISPENSABLE de la

trousse make-up : si vous

ne devez avoir qu’un seul

pinceau, c’est celui-ci !

D Un pinceau fin pour

appliquer l’highlighter et

ainsi mettre en lumière

certaines zones du visage

(le haut des pommettes,

l’arête du nez, le coin

interne de l’oeil).

E Un gros pinceau pour

travailler les détails du

visage : le contouring, le

blush, le bronzeur. Il sera

plus maniable et plus

rapide d’utilisation qu’un

pinceau fin, et offrira au

passage de meilleures

finitions.

F Éventuellement

d’autres pinceaux en

fonction des produits

cosmétiques appliqués.

Pour Shirine, c’est bien

de séparer les utilisations

et d’avoir

un pinceau par

produit

ou par couche.

A retrouver en

vidéo sur sa chaîne

YouTube :

Shirine Boutella

© Alrik Prével

Shirine conseille de ne pas

acheter du super « cheap »

pour les pinceaux car vous

allez vite le regretter : « ils

ne sont pas d’une efficacité

incroyable et les poils

s’arrachent au bout de

quelques temps. » Résultat,

il faudra en racheter

d’autres. Il n’est pas non

plus nécessaire de partir

sur du très haut de gamme

style MAC. Il existe tout

un tas de bonnes marques

intermédiaires.

Ses favorites : Zoeva, 40€

les quatre pinceaux et

la pochette assortie, ou

encore Morphe Brushes

et ses sets intéressants de

cinq pinceaux pour moins

de 30€.

POUR LES YEUX

Une brosse à sourcils

pour bien redessiner

votre ligne et discipliner

les quelques poils

rebelles. C’est la base

pour les yeux. Elle pourra

également servir pour

enlever les paquets créés

par l’application du mascara

sur les cils.

Un jeude trois ou quatre pinceaux (au

moins !) de tailles et formes différentes es :

un pinceau boule pour estomper le fard

à paupières, un ou deux pinceaux fins

- un pour travailler les coins internes

et externes de l’oeil et un autre pour

appliquer les couleurs claires au niveau

de l’arcade sourcilière et du coin interne

de l’oeil - et enfin un pinceau biseauté

pour appliquer l’eye-liner et/ou les couleurs

foncées, travailler le ras-du-cil ou

encore épaissir sa ligne de sourcil.

POUR LA

BOUCHE

Un pinceau à lèvres

pour appliquer les

rouges à lèvres

foncés ou en tube

qui ont tendance à

se déformer au fur

et à mesure de leur

utilisation.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 73


PEOPLE

Rencontre

Hadja Cissé :

« Soyons honnêtes,

le handball ne m’a pas

servi à grand-chose

sur Koh-Lanta ! »

Du handball

à Koh-Lanta,

il n’y a qu’un

pas !

Hadja Cissé, 29 ans, a un parcours pour le moins atypique.

Handballeuse internationale sénégalaise, elle a également

été un personnage incontournable de la saison 2020 de Koh-

Lanta. Retour sur son histoire et son passage dans la fameuse

émission de TF1, présentée par Denis Brogniart. PAR VANESSA MAUREL

WOMEN SPORTS AFRICA : AS-TU

TOUJOURS ÉTÉ UNE MORDUE DE

SPORT ?

HADJA CISSÉ : Absolument ! J’ai pratiqué

le football, l’athlétisme, la boxe…

j’adore ça. Le handball en revanche m’est

tombé dessus par hasard. Lorsque j’avais

13 ans, une amie était amoureuse d’un

handballeur et me demandait d’aller avec

elle le voir à l’entraînement. J’ai accroché

avec le sport, je me suis inscrite !

À QUEL MOMENT EST-CE DEVENU

SÉRIEUX POUR TOI ?

J’étais dotée d’un physique plutôt avantageux

(1m80 à 13 ans) qui m’a aidée à

rapidement faire mes preuves. Je me suis

faite repérer par le pôle espoir de Metz

seulement 8 mois après mes débuts. J’ai

directement accepté de m’expatrier à plus

de 300 kilomètres de chez moi pour évoluer

dans ce sport, même si ce n’était pas

facile. Je suis arrivée en internat sans ma

famille, au milieu d’un groupe où toutes les

mément

de mal à m’intégrer à l’équipe, je

n’avais pas le niveau. Pendant un an, j’ai

cravaché pour m’améliorer, je me suis donnée

à 100 % même en dehors des entraînements.

Tout cet investissement a payé

puisqu’au terme de ces 12 mois, j’ai été

sélectionnée en équipe de France jeune.

POURQUOI T’ES-TU ENGAGÉE AVEC

L’ÉQUIPE DU SÉNÉGAL ?

À 19 ans, le Sénégal m’a contactée en

me proposant un rôle très important dans

l’équipe A. Ne sachant pas comment j’allais

être traitée au même niveau en sélection

française, j’ai accepté. Beaucoup

de personnes ont été surprises

« EN AFRIQUE,

LES JOUEUSES

ONT DES QUALITÉS

IRREMPLAÇABLES.»

74 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 75

© Laurent VU/ ALP/ TF1


PEOPLE

Son mental de

sportive de hautniveau

l’a aidée à

tenir durant les

épreuves et face

à la pression des

éliminations.

PRATIQUER LE HANDBALL À HAUT

NIVEAU EST-IL UN ATOUT À KOH-

LANTA ?

Il y a plusieurs façons de voir les choses.

On peut en effet dire que c’est un avantage

car faire du sport de haut niveau

permet d’avoir une bonne condition physique.

Mais soyons honnêtes, faire du

handball ne m’a pas servi à grand-chose

dans l’émission, et c’est ce qui rend ce

programme beau : il est accessible à

tout le monde ! Il y a régulièrement des

épreuves inédites que personne n’a

l’habitude de faire. La seule chose pour

laquelle avoir fait du handball m’a aidée,

c’est pour le mental. En revanche, on m’a

souvent reproché de ne pas avoir représenté

le handball et plus généralement

les sports collectifs. Mais ce n’était pas

mon but. Je suis venue sur Koh-Lanta

pour me représenter et me challenger

personnellement.

COMMENT ON GÈRE LA NOTORIÉTÉ

SOUDAINE ?

Hadja Cissé

Quand on passe sur TF1 et particulièrement

dans Koh-Lanta, notre image médiatique

change. Mais heureusement

pour moi j’ai beaucoup d’autodérision.

Depuis la diffusion, j’ai été critiquée sur

mon caractère et mon comportement

et même parfois sur mon physique.

par mon choix car l’équipe ne

faisait pas partie du top niveau africain,

mais j’ai bien fait d’y croire. J’ai contribué

à construire cette équipe sur le fond d’un

projet sérieux. Aujourd’hui, le Sénégal est

une équipe respectée, avec un haut niveau

et beaucoup de valeurs. En Afrique, les

joueuses ont des qualités irremplaçables,

elles sont très athlétiques, n’ont pas peur

d’aller au duel. Coupler ces caractéristiques

à la formation et l’intelligence du jeu

à l’européenne fait la différence au niveau

international.

« HEUREUSEMENT

POUR MOI, J’AI

BEAUCOUP

D’AUTODÉRISION. »

DEPUIS QUAND VOULAIS-TU

PARTICIPER À KOH-LANTA ?

J’ai toujours été une grande fan de

l’émission que je regarde avec ma famille

depuis toute petite. Là c’était

une opportunité à saisir. Participer à

Koh-Lanta ne peut nous arriver qu’une

fois dans notre vie.

COMMENT T’ES-TU RETROUVÉE

DANS L’ÉMISSION ?

J’ai souvent lu sur internet qu’il était

très compliqué d’y participer. Je me

suis inscrite en me disant que je serai

peut-être retenue dans les trois, quatre

prochaines années. Mes idées étaient

claires : j’essaierai d’envoyer ma candi-

grande surprise j’ai été rappelée à mon

premier coup d’essai. Je ne m’y attendais

pas du tout.

© Icon Sport

Hadja Cissé

76 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


J’ai beaucoup de recul sur tout ça. Les

critiques ne m’atteignent pas (ou rarement),

hormis lorsque l’on parle de ma

famille. Sur les réseaux sociaux, des internautes

se moquent de nous, de moi,

mais j’avoue que parfois ça me fait rire.

Cependant quand ce sont des commentaires

racistes, je dénonce. Maintenant je

story.

La transition dans la vraie vie est également

perturbante. On ne se rend pas

compte de la force de cette émission. Je

suis très grande et j’ai l’habitude d’attirer

l’attention mais désormais dès que

je mets un pied dehors on me reconnaît.

Avant je sortais sans aucun style mais

maintenant j’essaye de m’habiller correctement

car je sais qu’on va m’accoster.

Je prévois aussi plus de temps pour

mes sorties ! Avant la diffusion, j’allais

faire mes courses chez Leclerc j’en avais

pour 30 minutes, aujourd’hui c’est minimum

une heure ! Je ne rencontre que

des personnes sympathiques, qui veulent

prendre le temps de parler avec moi pour

connaître un bout de mon aventure.

TU AVAIS DÉJÀ L’HABITUDE D’ÊTRE

PHOTOGRAPHIÉE ET FILMÉE DANS

TON RÔLE DE HANDBALLEUSE,

CELA NE T’A PAS TROP CHANGÉ !

C’est vrai, mais ça restait dans le cadre du

handball, sur le terrain, à la sortie du vestiaire.

Maintenant c’est en pleine rue, au

restaurant, partout et surtout par tout le

monde ! Tous les âges me reconnaissent,

des enfants, des mamies, des parents…

C’est une surprise à chaque fois !

EST-IL DIFFICILE DE REPRENDRE

UNE VIE « NORMALE » APRÈS LE

TOURNAGE ?

C’était assez compliqué notamment au

niveau de la nourriture. J’avais toujours

envie de manger sans arriver à me raison-

J’avais vécu tellement de choses fortes

à Koh-Lanta, j’avais envie de raconter

ce qu’il s’était passé à tout le monde !

Heureusement, on peut partager ces

petits secrets avec les autres candidats

avec qui on parle régulièrement. Ils sont

devenus de véritables amis, on a un lien

unique.

QUELLE EST TA RÉACTION QUAND

TU TE REGARDES À LA TÉLÉ ?

Je me trouve KO Technique (autrement dit

cherche sans cesse à se montrer sous son

5

QUESTIONS

SUR TON

AVENTURE

KOH-LANTA

Ton plus beau

souvenir à Koh-

Lanta ?

C’était un moment partagé

en off avec Bertrand-

Kamal (ndlr, candidat qui

est décédé des suites

d’un cancer cette année,

la saison de Koh-Lanta

lui a été dédiée), sur

l’épisode numéro 4. On

a gagné le confort et

une nuit chez l’habitant.

Je suis très peureuse

concernant les insectes,

la nuit etc. Je voulais aller

uriner mais je voulais

qu’il m’accompagne car

il fallait aller dehors. On

est tombé sous le charme

du ciel totalement étoilé.

On s’est allongé pendant

20 minutes sur le sable

(alors qu’il y avait des lits

à l’intérieur), juste pour

contempler. C’était un

moment unique, qui venait

couronner une magnifique

journée où on avait bien

mangé et réussi une belle

épreuve. On a tissé un lien

très fort avec Bertrand,

il était comme un 5ème

frère pour moi. Je suis

toujours proche de sa

famille.

Ton plus grand

regret ?

C’est de ne pas avoir

mangé tout le riz quand

j’ai su que j’allais me faire

éliminer. Je n’ai pas pu

car il y avait toujours

quelqu’un à côté de

la caisse. Je voulais

absolument chiper la

casserole quand il y avait

personne et aller manger

le riz plus loin sur la

plage !

Les candidats

avec qui tu t’es le

mieux entendu?

Je citerais plus

particulièrement

Bertrand-Kamal

et Joaquina.

A l’inverse,

tes plus

grandes

déceptions ?

Je n’en ai pas

réellement. On apprend

à connaitre tous les

candidats en dehors

de l’émission et ils

deviennent nos amis.

Alix je la détestais et

pourtant aujourd’hui

c’est l’une des

candidates dont je suis la

plus proche !

Jusqu’où pensaistu

aller dans

l’émission ?

Je voulais gagner, même

si je savais que ce serait

compliqué avec mon

caractère. Mais une

chose est sûre, je ne

voulais pas y aller juste

pour participer. per.

meilleur jour. Sur la plage de Koh-Lanta,

on oublie ! On a les fesses mouillées, on

est allongé par terre… La survie quoi !

J’ai également trouvé que j’avais des

cernes, les cheveux en pagaille. Mais sur le

coup on ne pense pas à ça, on a juste une

envie, c’est gagner les épreuves. WSA

Ta réaction lors de

ton élimination ?

J’avais la rage mais ce

n’était pas une surprise.

J’avais été informée dans

l’après-midi.

© Laurent VU/ ALP/ TF1

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 77


SHOPPING

© WAYHOME studio / Shutterstock

78 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


, ,

SELECTION

COSMETO

MADE IN AFRICA

A l’heure où des marques de cosmétiques internationales envahissent chaque jour un peu plus le

continent, quantité de produits cherchent à revenir vers le « Made in Africa ». On mise ainsi sur le naturel

pour prendre soin de soi avec des cosmétiques issus de la terre. Parce que oui, ne l’oublions pas, il est ultra

important de prendre soin de sa peau, de ses cheveux... de son corps en général. Surtout après une séance

de sport intense où ils ont pu être malmenés ! PAR LÉA BORIE

1 / PROPRE COMME UN SOU

NEUF !

Un savon qui hydrate, apaise, aise,

soigne et rafraîchit à la fois.

De fabrication artisanale

traditionnelle nigérienne, le

savon noir Dudu-Osun naturel

vient même estomper tâches

et cicatrices dues à l’acné.

Sans colorant artificiel, ce

produit biodégradable est

composé de beurre de karité,

cendres de végétaux, aloe

vera, miel, glycérine naturelle,

e,

jus de citron et bois de Cam.

Sur peau sensible et/ou

déshydratée.

Savon noir Dudu-Osun,

Tropical Naturals

(sur Diouda), 150 g, 2,90 €

2 / POUDRE VERTE

MAGIQUE

On vente souvent les

bienfaits de la spiruline

dans l’alimentation, mais

elle est bonne pour tout

l’organisme, notamment

pour la peau et les cheveux.

Et ça tombe bien, il y a une

grande concentration de

cette sorte d’« algue » autour

du lac Tchad. Un produit

commercialisé par Sahel

Cosmetics, une marque

portée par la Franco-

Tchadienne Gwen, qui

présente les rituels de beauté

de femmes arabes du Sahel.

Sachet de spiruline,

Sahel Cosmetics, 250 g,

sahelcosmetics.com, $15

3 / TOUJOURS PLUS FORTS !

Pendant sa séance, on a tendance

à malmener ses cheveux. Alors

on vient en prendre soin avec un

sérum bio à base d’huiles végétales

(nigelle, ricin), d’épices et de thé

noir. Pour une chevelure

brillante, vitaminée.

Sérum capillaire, Jalya Nature,

50 ml, 19,90 €

4 / CUIR CHEVELU SAIN

Le savon noir est un secret

de beauté bien connu mais

il l’est surtout pour la peau.

Alors qu’on peut aussi l’utiliser

sur les cheveux en 2 en 1 : en

nettoyant et conditionner

en une seule étape. 100 %

naturel, il renferme un

savoir-faire ivoirien ancestral,

avec une touche d’huile de

carapa, riche en antioxydants

et vitamine A. Bonus : à

utiliser en massage capillaire

post-séance de sport. Rien

de tel pour se remettre,

tout en assainissant son cuir

chevelu et en adoucissant sa

chevelure...

Shampoing savon noir,

Adeba Nature, FCFA 9 000

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 79


SHOPPING

5 / ON SHAMPOUINE AU TOULOUCOUNA

A la rescousse des cuirs chevelus irrités, crépus, bouclés,

cassants... Un shampoing solide à base d’huile de

touloucouna, d’avoine et de fleur d’hibiscus pour apaiser

démangeaisons et irritations. Valoriser les ingrédients

d’origine africaine, telle est la mission que se donne la

directrice de Balanta Cosmetics, marque sénégalaise.

Shampooing solide à l’huile de touloucouna,

Balanta Cosmetics, 19,50 €

© Sofia Zhuravetc / Shutterstock

7 / UN COUP D’EAU ET AU LIT !

Maquillée ou pas, il est important de se délester des

agressions cutanées de la journée. L’avantage de l’eau

micellaire : son côté rafraîchissant. On aime : sa finition toute

douce grâce à l’aloe vera. Topface, une jeune marque de

make-up turque aux prix tout doux.

Démaquillant à l'eau micellaire, Topface, 28,15 TND

6 / LA DETOX DE LA PEAU

Les produits chimiques

ultra-agressifs pour chasser

points noirs et bactéries, on

oublie ! On peut très bien

avoir les mêmes résultats,

en mieux même, avec… du

café, l’aliment exfoliant par

nature. Un soin signé de la

marque ivoirienne Imane

Beauty, du prénom de la fille

de sa fondatrice,

Awa Diarra Siby.

Savon nettoyant, Imane

Beauty, 120 g, $ 24

8 / À ÉTALER EN POMMADE

Un baume de protection qui agit comme un bouclier

sur la peau. Son superpouvoir : régénérer les

cellules cutanées, éviter le dessèchement, éliminer

les irritations et nourrir la peau. Grâce à quoi ? Un

subtil mélange beurre de karité, huile de coco,

vitamine E et huile essentielle de fruit de la passion.

Sa créatrice, Madina Gombo, empreinte de douceur

et de bienveillance, cherche à contribuer à plus

d’autonomisation de la femme en travaillant avec des

coopératives féminines tchadiennes productrices de

beurre de karité en zones rurales.

Pommade corporelle karité, coco, fruit de la

passion, Kari Dari, 150 ml, 2000 CFA

80 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR


Prendre soin

de soi, c'est

important !

Aussi important

que pratiquer le

sport !

10 / ON HYDRATE

LÀ-HAUT

Beurre de karité, huile

de neem, huile d’olive,

huiles essentielles,

vitamines : tels sont les

ingrédients de ce beurre

capillaire bio made in

Sénégal spécial cheveux

afro. Le tout dans un

packaging super design.

Hair lotion, Afro Feewi,

200 ml, 5 000 CFA

9 / BYE BYE MAKE-UP

Se démaquiller, la routine

post-sport essentielle pour

prendre soin de sa peau. Encore

plus cotonneux quand on se

débarrasse des impuretés avec

un lait démaquillant adapté

peaux mates à foncées. Réflexe

anti peau terne, on en use et

on en abuse, grâce aux vertus

hydratantes et apaisantes que

lui confère l’amande douce.

Points de vente sur le continent

au Sénégal, en Côte d’Ivoire et

au Cameroun, ou en ligne.

Lait démaquillant, Amétis

Paris, 250 ml, 19 € -

ametiscosmetics.com

11 / ON DÉMAQUILLE

APAISANT

Qui a dit que se démaquiller

nécessitait forcément de

se décaper la peau, au

risque de l’irriter ? Pour

ça, mieux vaut miser sur

les effets apaisants d’une

eau micellaire sans rinçage

à base d’aloe vera. Une

jolie fiole au design épuré

proposée par la marque

Flomar, implantée en

Turquie, qui distribue dans

80 pays.

Micellar Cleansing Water,

Flomar, 4,950 CFA

12 / GOMMER EFFICACE !

Après un entraînement qui décrasse, rien

de tel qu’un bon gommage pour éliminer

les peaux mortes, et se décrasser au sens

propre ! On file sous la douche avec un dilké

– gommage tchadien végétal composé de

fruits, légumes et herbes médicinales – avec

les khalta (à base de poudre de pois de terre)

jaune (curcuma), rouge (poudre de carotte) et

blanc (poudre de baobab). Pour une peau lisse

et éclatante. Un secret de beauté porté par

la Tchadienne Kadergueli Manoubia Abdel-

Nasser, jeune femme attentionnée qui compte

bien contribuer à la préservation des valeurs

africaines à travers des alternatives naturelles

sans danger pour la dépigmentation !

Gommage, Mande Bala, 250 g, 4,5 €

(commande sur la page Facebook « Huiles

Essentielles Au Tchad »)

D.R.

EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 81


LES BONS PLANS

Page réalisée par le service commercial de Women Sports Africa

THE SPARKLE GOLD

PALETTE D’AMFA BEAUTY

Une toute nouvelle conçue rien que

pour vous ! Avec un mix de nude et

de brillance qui s’adapte à vos looks

makeup le jour comme la nuit. Les

pigments sont prononcés et hyper

lumineux. Un indispensable à avoir

absolument dans ses secrets de

beauté.

www.amfabeauty.com

THE COLORS : L’INNOVATION AU SERVICE

DE LA BEAUTÉ

Entreprendre sur le marché des cosmétiques vous

intéresse ? Avez-vous développé un produit ou un

service innovant, durable ou écologique pour le secteur

de la beauté ? Dès janvier 2021, sur une initiative de

AFROBYTE, The Colors lance un appel à candidatures

pour sélectionner les entrepreneurs les plus créatifs,

innovants et responsables du secteur. Les sélectionnés

participeront à un programme de 6 mois au cours duquel ils

auront la possibilité de bénéficier d’un accompagnement

personnalisé pour développer leur projet. Ils assisteront

à des rendez-vous de networking mensuels en ligne, ils

suivront des sessions de formation, de coaching et de

mentoring avec les plus grands acteurs de l’innovation

mondiale dans le secteur des cosmétiques. A l’issue du

programme, les meilleurs projets seront présentés devant

des investisseurs et un prix sera décerné par un prestigieux

jury. Que vous souhaitiez découvrir les dernières tendances

cosmétiques pour les femmes de couleur ou que vous soyez

vous-mêmes acteurs de l’innovation, rejoignez au plus vite

The Colors, la communauté dédiée à la beauté par et pour

les femmes de couleurs.

www.thecolo.rs

82 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR



Je suis nature,

je suis

© Decathlon United et Jean-Michel André

Laetitia, lanceuse de marteau Roxane, boxeuse Dado, sprinteuse

UnitedLadiesOfDecathlon UnitedChampionsOfDecathlon OneBlueTeam.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!