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PORTFOLIO
L’Agence
France-Presse
PARTENAIRE DE
WOMEN SPORTS AFRICA
Disposant d’un réseau international de journalistes spécialisés et d’un accès
privilégié aux compétitions sportives partout dans le monde, l’AFP fournit ses
contenus sport (dépêches, photos, vidéos, infographie, résultats en direct, gamme
d’applicatifs HTML) aux médias traditionnels et Internet, opérateurs de téléphonie
mobile, réseaux d’écrans publics, fédérations sportives… et bien sûr aux
sponsors via la filiale dédiée aux services hors média sur-mesure « FactStory ».
L’AFP, très implantée sur l’ensemble de l’Afrique, est un relais de toutes les
initiatives liées au sport sur ce continent : enjeux de société, enjeux économiques,
féminisation, etc.
Pour plus d’informations sur les produits d’information sportive AFP et nos
services de couverture sur mesure à destination des sponsors, fédérations,
détenteurs de droits, etc par FactStory, contactez-nous : afp-sport@afp.com
© KARIM JAAFAR / AFP
20 WOMEN SPORTS AFRICAI
N°1 • Juillet EN - Août SAVOIR - Septembre PLUS SUR 2020 AFRICA.WOMENSPORTS.FR
SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
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© Joseph BARRAK / AFP
© Ben STANSALL / AFP
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR SAVOIR PLUS SUR N°1 • AFRICA.WOMENSPORTS.FR
Juillet - Août - Septembre 2020 WOMEN SPORTS AFRICA AFRICAI 21
NOUVEAU - N°2
LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT
N°2 Janvier > Juin 2021
RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC
FATMA
SAMOURA
LA FEMME LA PLUS
PUISSANTE DU FOOTBALL
MONDIAL
LES
5
PERLES
DU FOOTBALL
CAMEROUNAIS
ENQUÊTE
MADAGASCAR
LE NOUVEAU
CHAMPION
DU SPORT !
LIFESTYLE
LE TUTO MAKE UP DE
SHIRINE
BOUTELLA
africa.womensports.fr
Association
ASSOCIATION
NOS PARTENAIRES
ENGAGÉS ACTIVEMENT POUR UNE DIFFUSION GRATUITE DE WOMEN SPORTS AFRICA
EN PRINT ET DIGITAL DANS L’ENSEMBLE DES PAYS DU CONTINENT
TOP PARTENAIRE
PARTENAIRES DE DIFFUSION
YEMALY
YEMALY
YEMALY
ASSOCIATION
2 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
ÉDITORIAL
« J’EN APPELLE AUX FEMMES : SOYEZ CANDIDATES !
ET J’EN APPELLE AUX HOMMES : SOUTENEZ CES
CANDIDATURES FÉMININES ! »
Lorsque je suis devenue présidente de la Fédération de
football du Burundi, en 2004, le mouvement sportif a
salué cette première historique : une femme élue présidente
d’une fédération en Afrique. Huit ans plus tard,
lorsque je suis devenue la première femme à intégrer le
comité exécutif de la FIFA, la presse m’a surnommée «La
première dame du football».
Aujourd’hui, je suis membre du Comité International Olympique et
siège au conseil de la FIFA. Et je veux porter un message simple :
cessons de considérer comme une surprise une candidature
féminine et plus encore une victoire d’une femme à des élections.
D.R.
Les femmes ont tant à apporter au monde et au succès durable
du sport en particulier. L’existence des talents féminins est incontestée
et représente un réservoir de compétences dont les organisations
et entreprises auraient tort de se passer aujourd’hui.
Plus encore : la mixité et la diversité des instances dirigeantes
sont synonymes d’ouverture, de créativité et d’efficacité !
Lydia Nsekera est membre du Comité International Olympique depuis
2009, présidente du Comité National Olympique du Burundi depuis 2017
et membre du Conseil de la FIFA depuis 2012. Elle fut la première femme
présidente d’une fédération en Afrique en dirigeant la Fédération de football
du Burundi de 2004 à 2013. Elle fut également la première femme à
faire partie du comité exécutif de la FIFA, en 2012, et dirige actuellement
la Commission Femmes et Sports du Comité International Olympique.
Je ne suis pas la seule, bien sûr, mais nous pouvons toujours
faire mieux. J’en appelle donc aux femmes : soyez candidates !
Et j’en appelle aux hommes : soutenez ces candidatures féminines
! Participons ensemble à ce grand mouvement de
mixité. Le mouvement sportif mondial s’honorera de soutenir
de toutes ses forces les candidatures féminines aux élections
fédérales en cours.
Par Lydia Nsekera
16, avenue Hoche - 75008 Paris
EDITION DIRIGÉE PAR
NAÏMA EL GUERMAH
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
ET RÉDACTEUR EN CHEF
DAVID TOMASZEK
dtomaszek@womensports.fr
DIRECTEUR ARTISTIQUE
XAVIER CHAMBON
RÉDACTION
LÉA BORIE, FLORIANE CANTORO,
VANESSA MAUREL, INAYA MATHLI,
LYDIA NSEKERA, NAÏMA EL
GUERMAH, DAVID TOMASZEK,
BRUNO LALANDE
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION
CAPUCINE LAZARE
PARTENARIATS / PUBLICITÉ
NAÏMA EL GUERMAH
nelguermah@womensports.fr
BRUNO LALANDE
blalande@womensports.fr
MEENA CHANOINE
mchanoine@womensports.fr
Remerciements : Naoise King (FIFA),
Michaël Noyelle (CIO) et les équipes
de l’AFD, l’OIF, le CNOSF et Decathlon
United qui ont contribué à ce numéro.
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Twitter @WomenSports_fr
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LinkedIn @womensports
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 3
N°2 Janvier > Juin 2021
32 ENQUÊTE
SOMMAIRE
WOMEN SPORTS AFRICA N° 2
NOUVEAU - N°2
RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC
LA FEMME LA PLUS
PUISSANTE DU FOOTBALL
MONDIAL
ENQUÊTE
MADAGASCAR
LE NOUVEAU
CHAMPION
DU SPORT !
LIFESTYLE
LE TUTO MAKE UP DE
SHIRINE
BOUTELLA
LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT
FATMA
SAMOURA
@WomenSports_fr
LES
5
PERLES
DU FOOTBALL
CAMEROUNAIS
facebook.com/womensports.fr
womensports.fr
womensports.fr/video
africa.womensports.fr
06 CLUB WS AFRICA
Women Sports Africa sur les
réseaux et sur le terrain !
ENSEMBLE
ENTRETIEN ÉVÉNEMENT
10 FATMA SAMOURA
« Ma nomination à la FIFA a été
pour certains un véritable choc »
CHAMPIONNES
16 PORTFOLIO
Les 5 perles du football camerounais
19 KHADJOU SAMBE
Première surfeuse professionnelle
sénégalaise
20 ONS JABEUR
L’année de la consécration pour la
tenniswoman tunisienne ?
22 NANTENIN KEÏTA
Ces premières fois qui m’ont menée
jusqu’à la médaille d’or paralympique
24 MARIE-JOSÉE TA LOU
Dans les starting-blocks
EN IMMERSION
28 YASMA DESREUMAUX
La femme qui voulait rendre le sport
plus accessible en Algérie
ENQUÊTE
32 MADAGASCAR
Le nouveau champion du sport !
ENSEMBLE
42 SPORT EN COMMUN
Un projet ambitieux vecteur de
développement économique et
social en Afrique
44 DENIS MASSEGLIA
« L’émergence de dirigeantes en
mouvement sportif »
46 TROPHÉE MOUSSO
dans les coulisses d’une course
auto « Women Only »
50 LE FABULEUX DESTIN DE
SALIMA SOUAKRI
4 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
68
16 50
64 63
CARNET PRATIQUE
54 HULA HOOP
5 bonnes raisons de s’y remettre !
56 7 EXERCICES
expliqués par Imane Erramli
58 SOS POINT DE CÔTÉ
FEMMES D’INFLUENCE
DÉCOUVERTE
64 TOP 5 DES DESTINATIONS
pour un voyage sportif en Afrique
LIFESTYLE
68 SHIRINE BOUTELLA
Du tout petit au grand écran
PEOPLE
74 HADJA CISSÉ
« Soyons honnêtes,
le handball ne m’a pas
servi à grand-chose
sur Koh-Lanta ! »
60ZINEB EL HOUARI
« Si je peux jouer au foot, je peux
en parler sur un plateau télé ! »
SHOPPING
78 SÉLECTION COSMÉTO
Made in Africa
6355 QUESTIONS À EYA BALTI
Présidente de la Fédération
tunisienne des sports scolaires et
universitaires
82 BONS PLANS
56
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 5
N°1 Juillet > Décembre 2020
INTERVIEW EXCLUSIVE
CLUB WOMEN SPORTS AFRICA
NOUVEAU - N°1
MIEUX DANS SON CORPS
POUR MON ÉPANOUISSEMENT,
POUR MON BIEN-ÊTRE,
POUR MON CORPS !
LE KARATÉ
POUR RECONSTRUIRE
LES FEMMES VICTIMES
DE VIOLS DE GUERRE
LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT
LE SPORT,
C’EST BON
POUR MOI !
ANTOINETTE
SASSOU
NGUESSO
« JE SOUHAITE
UN GRAND SUCCÈS À
WOMEN SPORTS AFRICA !»
CHAMPIONNES
TOP 10
ELLES ONT
MARQUÉ
L’HISTOIRE
DU SPORT
AFRICAIN
Petit retour en images sur
le lancement de
WOMEN SPORTS AFRICA #1
africa.womensports.fr
© Dean Drobot / Shutterstock
MERCI !
POUR VOS
PARTAGES !
Lisez
gratuitement
Women Sports Africa
en ligne :
africa.womensports.fr
6 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
DU 3 AU 15 JANVIER SUIVEZ LES AVENTURES
DU TEAM WOMEN SPORTS AFRICA ENGAGÉ
SUR LE DAKAR CLASSIC !
Un équipage expérimenté composé de Stéphan Lamarre
et Alexandre Laroche, au volant d’un Mitsubishi Pajero.
Leur course est à suivre chaque jour sur
africa.womensports.fr et sur nos réseaux sociaux !
Women Sports Africa
participe à de nombreux
colloques.
Rendez-vous sur
africa.womensports.fr
pour suivre toutes
nos actions !
Women Sports Africa en partenariat avec Pwc
et l’IRIS travaille activement sur une étude
précurseure commanditée par l’Agence Française
de Développement (AFD).
Il s’agit de réaliser un diagnostic inédit dans 5 pays
d’Afrique (Afrique du Sud, Egypte, Kenya, Maroc,
Sénégal) sur la pratique sportive des femmes,
en particulier des jeunes filles afin de définir une
stratégie et dégager des pistes opérationnelles
pour renforcer la participation des femmes aux
activités sportives. Les conclusions de l’étude seront
présentées publiquement au premier semestre 2021.
© Monkey Business Images / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 7
CLUB WOMEN SPORTS AFRICA
Célia, France
Fatouma, Guinée
France, Monaco
Hiromi, Japon
NOS AMBASSADRICES
WOMEN SPORTS AFRICA
AUX QUATRE COINS DU MONDE !
Laura, Suisse
Louisa, France
Mai, Côte d’Ivoire
Chloé, France
Stecie, Madagascar
Marine, Japon
Oliane, Etats-Unis
Aylin, Cap-Vert
Geneviève, Sénégal
8 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Imane, Maroc Amélia, Bénin Leia, Afrique du Sud
Malika, Algérie
©A.RAVERA
VIRGINIE HERZ
L’actualité féministe dans le monde
SAMEDI 20H40 TU - DIMANCHE 17H40 TU
Le magazine de celles et ceux qui font bouger un monde encore largement dominé par les hommes
ENTRETIEN ÉVÉNEMENT
Rencontre
Fatma Samoura :
« Ma nomination à la FIFA a été
pour certains un véritable choc »
Entretien exclusif avec la femme la plus puissante du football mondial, Fatma Samoura,
secrétaire générale de la FIFA. Son parcours, depuis son Sénégal natal jusqu’à Zurich, siège
de l’organe suprême du football, en passant par l’ONU où elle a œuvré durant 20 ans dans
plus de 70 pays, le développement du football féminin, les enjeux de l’empowerment des
femmes par le sport… Fatma Samoura nous dit tout !
PROPOS RECUEILLIS PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK
WOMEN SPORTS AFRICA :
VOUS ÊTES SECRÉTAIRE
GÉNÉRALE DE LA FIFA ET
À CE TITRE LA FEMME
LA PLUS PUISSANTE DU
FOOTBALL MONDIAL
ET VENEZ D’ÊTRE
INTRONISÉE AU HALL
OF FAME DU FORUM
INTERNATIONAL DES
FEMMES. REVENONS
SUR VOTRE PARCOURS
HORS DU COMMUN. D’OÙ
VENEZ-VOUS, FATMA
SAMOURA ?
FATMA SAMOURA : Je suis
née et j’ai grandi au Sénégal.
À 18 ans, mon baccalauréat
en poche, je suis partie en
France pour poursuivre mes
études universitaires. Je suis
rentrée au Sénégal en 1986
après l’obtention d’un Diplôme
d’Etudes Supérieures
Spécialisées (DESS) en Commerce
International à l’IECS
de Strasbourg et une maîtrise
en Langues Étrangères Appliquées
(anglais/espagnol)
pour débuter ma carrière
professionnelle à la Senchim,
dustries
Chimiques du Sénégal
(ICS) spécialisée dans la
commercialisation de produits
phosphatés élaborés. Je suis
mariée et mère de trois enfants.
VOUS AVEZ REJOINT LA
FIFA EN 2016. POURQUOI
LE FOOTBALL ?
COMMENT S’EST PASSÉE
VOTRE INTÉGRATION ?
VOUS OCCUPEZ
DÉSORMAIS LE POSTE
INCROYABLEMENT
PRESTIGIEUX DE
SECRÉTAIRE GÉNÉRALE.
QUEL EST VOTRE
QUOTIDIEN ? QUELS SONT
LES GRANDS ENJEUX DE
VOTRE MISSION ?
J’ai rejoint la FIFA pour une
raison simple, le pouvoir fédérateur
unique du football. J’ai
de secrétaire générale en juin
2016. Avant d’assumer ces
nouvelles responsabilités à
Zurich, j’avais passé 21 ans
à travailler avec le Système
des Nations Unies que j’ai rejoint
à l’âge de 33 ans en mai
1995 au siège du Programme
Alimentaire à Rome, en Italie.
J’ai eu au cours de ma carrière
onusienne à travailler
sur des programmes de développement,
d’urgence et de
relèvement en Italie, à Djibouti,
au Cameroun, au Tchad, en
Guinée, au Niger, à Madagascar
et au Nigéria.
Au cours de mes différentes
affectations, j’ai eu à voyager
dans plus de 70 pays différents
pour entreprendre des
évaluations des capacités
répondre à des crises humanitaires
réelles ou hypothétiques
ou pour fournir des
aides d’urgence, de secours
et de relèvement ou simplement
pour aider les communautés
à renforcer leur capacité
de résilience face aux
catastrophes naturelles ou
causées par les hommes.
« LES FEMMES SONT AU
CŒUR DU DÉVELOPPEMENT
DE L’AFRIQUE. »
C’est lors d’une de mes missions
au Libéria que j’ai pu
mesurer le pouvoir du football
et mesurer son potentiel
unique à restaurer la paix et
la cohésion sociale. En effet,
pendant la guerre civile des
années 90, les seuls moments
où les combattants
acceptaient de faire momentanément
taire les armes
c’était lorsqu’il pleuvait ou
lorsqu’il y avait un match de
football.
10 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
En 2016,
Fatma Samoura
est devenue la
première femme
secrétaire générale
de la FIFA.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 11
D.R.
ENTRETIEN ÉVÉNEMENT
Gabrielle
Aboudi Onguene
(Cameroun), lors
de la Coupe du
Monde Féminine
de la FIFA 2019, en
France.
© Richard Sellers - PA Images - Icon Sport
Avant de rejoindre
mon dernier lieu d’affectation
avec les Nations Unies au
Nigeria, j’étais basée à Madagascar
ou j’ai occupé d’octobre
2010 à janvier 2016,
les fonctions de Coordonnatrice
résidente du système
des Nations Unies et Représentante
résidente du PNUD.
La tension politique était très
forte pendant toute la durée
de ma mission à Madagascar.
Pendant près de deux
ans j’ai dû me déplacer entre
mon domicile et mon bureau
sous forte escorte militaire.
L’organisation des élections
s’est faite dans des conditions
politiques, sécuritaires
et humanitaires extrême-
Grande Ile début 2016 après
que l’ONU et la communauté
internationale aient aidé Madagascar
à travers des élections
justes, transparentes
et démocratiques à revenir à
l’ordre constitutionnel.
C’est à quelques jours de
mon départ que j’ai été invitée
à un dîner auquel prenait
part Gianni Infantino, qui
était en pleine campagne
pour la présidence de la FIFA.
Nos échanges au cours de ce
dîner étaient cordiaux. Je lui
ai écrit pour le féliciter lorsqu’il
a été élu président de la
FIFA en février 2016. Au mois
de mai 2016, il a proposé
mon nom au poste de secrétaire
général au Conseil de la
FIFA qui a endossé sa proposition.
J’ai pris mon poste à
Zurich en juin 2016.
Ma nomination à la FIFA a
été pour certains un véritable
choc. En 112 ans d’existence
l’organisation n’avait connu
que des administrateurs
hommes tous issus du même
« EN 112 ANS D’EXISTENCE
L’ORGANISATION
N’AVAIT CONNU QUE
DES ADMINISTRATEURS
HOMMES TOUS ISSUS DU
MÊME CONTINENT. »
continent. La décision du
président Infantino de proposer
une femme africaine au
poste de secrétaire général
était visionnaire et avant-gardiste.
Étant lui-même père
qu’avec 50% de la population
mondiale composée de
femmes, donc la moitié des
fans de football du monde,
il était temps d’amener une
femme à la FIFA.
Ma nomination n’est pas
restée un acte isolé car aujourd’hui
le monde sportif
et celui du football en particulier
est beaucoup plus
inclusif que par le passé. Il
y a six femmes qui siègent
au Conseil de la FIFA, l’organe
décisionnel. Les commissions
permanentes de la
FIFA, ainsi que les associations
membres, comptent de
plus en plus de femmes dans
12 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
leurs rangs y compris au niveau
le plus élevé de l’administration
des fédérations.
Dans mon rôle, j’ai bien peur
qu’il n’y ait pas de journée de
travail normale, encore moins
de semaine de travail normale
! L’éventail des responsabilités
est si large qu’un
jour n’est jamais comparable
à un autre. Pour le moment,
une grande partie de mon
travail consiste à aider nos
membres du monde entier à
sont confrontés du fait de la
Covid-19.
Pour ce faire, le plan de secours
FIFA Covid-19 a été
lancé via la distribution par la
FIFA de 1,5 milliard de dollars
de fonds de secours.
Ce plan de relèvement est
vraiment révolutionnaire et a
été conçu pour montrer la solidarité
du football en action
grâce à un volet subvention
et un volet prêt sans intérêt.
En effet, chaque fédération
a droit à une subvention
de protéger et redémarrer le
football. Chaque association
reçoit en outre une subvention
de 500,000 USD, spéci-
à la possibilité de demander
un prêt sans intérêt d’un
montant maximal de 5 millions
de dollars US. Le plan
de secours FIFA Covid-19
fournit donc les ressources
communauté du football pour
garantir l’avenir du football
de base et des jeunes, ainsi
que celui du football professionnel
féminin et masculin.
et des équipes, effectuer
des tests Covid-19 et mettre
en place les protocoles sanitaires
nécessaires pour limiter
la propagation du virus.
Les résultats du plan de secours
FIFA Covid-19 sont
jusqu’ici jugés très positifs et
ont permis de renforcer l’engagement
de la FIFA à préserver
et à protéger le football,
encore plus pendant cette
2020 a été une année très
spéciale et l’administration
de la FIFA s’est consacrée en
priorité à la protection et la
préservation du football ainsi
qu’à la gestion de l’administration
et du personnel de la
FIFA.
Je voudrais ajouter en conclusion
que, bien sûr, pour le moment,
la santé passe avant
tout et que le football ne devrait
être joué que si toutes
les dispositions sanitaires
sont mises en place pour pro-
du football et les fans.
« 1,12 MILLIARD DE
PERSONNES DANS LE
MONDE ONT REGARDÉ
LA COUPE DU MONDE
FÉMININE DE LA FIFA À LA
TÉLÉVISION EN 2019. »
COMMENT JUGEZ-VOUS
LA PLACE DU FOOTBALL
FÉMININ DANS LE
MONDE EN GÉNÉRAL
ET EN AFRIQUE EN
PARTICULIER À L’HEURE
ACTUELLE ? QUELLES
SONT LES MESURES
MISES EN PLACE PAR LA
FIFA POUR PROMOUVOIR
LE FOOTBALL FÉMININ ?
Le football féminin en général
est passé au premier plan
grâce au franc succès de la
Coupe du Monde Féminine
de la FIFA qui s’est déroulée
en France en juin-juillet
2019. Quand nous revenons
sur cette compétition, les
statistiques montrent à elles
seules à quel point le football
féminin s’est développé depuis
l’édition de 2015 au Canada.
Les chiffres sont sans
équivoque et augurent d’un
avenir radieux pour le football
féminin.
En effet, 1,12 milliard de personnes
dans le monde ont
regardé la Coupe du Monde
Féminine de la FIFA à la télévision
en 2019 et 481,5
millions de personnes ont regardé
la compétition
que les fédérations et les
confédérations peuvent faire
fonctionner leurs organisations,
payer les factures et
les salaires des entraîneurs
Chidinma Okeke
(Nigeria) face à
l’Allemagne lors de
la Coupe du Monde
Féminine de la
FIFA 2019.
© Alexandre Dimou / Icon Sport
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 13
ENTRETIEN ÉVÉNEMENT
sur les plateformes
numériques. En moyenne,
17,27 millions de téléspectateurs
ont suivi chaque
match en direct et, lorsque
vous comparez ce chiffre aux
8,39 millions qui ont suivi les
matchs en direct lors de la
septième édition de la compétition
en 2015, vous pouvez
voir que le football féminin
a énormément gagné en
popularité.
Le football féminin en Afrique
est également en pleine
croissance. L’Afrique regorge
de talents du football et
ma mission de six mois en
qualité de déléguée générale
de la FIFA pour l’Afrique
m’a permis de côtoyer les
plus grands talents de notre
continent, dont beaucoup
sont des femmes. Je veux
voir l’Afrique au sommet du
football mondial et mon rêve
est de voir plus d’équipes féminines
africaines atteindre
du Monde Féminine de la
FIFA - ce qui est un objectif
réalisable comme le prouvera
certainement l’édition 2023,
organisée par l’Australie et la
Nouvelle-Zélande. Le nombre
d’équipes participantes passera
de 24 à 32, ce qui signi-
de pays africains, d’Amérique
latine, et d’autres régions du
globe, auront l’occasion de
à la compétition ultime de la
coupe du monde de football
féminin.
Je regrette l’annulation de la
Coupe d’Afrique des Nations
féminine 2020 et j’espère
qu’en 2021 la CAF remettra
le football féminin africain
sur les rails, car les équipes
féminines doivent jouer des
matchs compétitifs à chaque
fois qu’elles en ont l’opportu-
mieux pour les matches de
Monde Féminine de la FIFA.
Quant à savoir comment la
FIFA promeut le football féminin,
laissez-moi souligner
ce qui suit : la FIFA a investi
1 milliard de dollars dans
le football féminin pour le
développer le football féminin
sur et en dehors du terrain.
L’année dernière, nous
avons commencé à voir les
fruits de l’investissement
dans le football féminin
avec la Coupe du Monde
Féminine de la FIFA la plus
réussie de tous les temps.
Avant le coup d’envoi, nous
avons accueilli la toute première
Convention mondiale
sur le football féminin, et
nous avons été ravis de voir
participer divers dirigeants
sociaux et d’éminentes personnalités
qui ont donné à
cette convention un cachet
très spécial et permis de rehausser
encore davantage le
Nous nous sommes appuyés
sur le succès sans précédent
de la Coupe du Monde Féminine
de la FIFA en France en
2019 pour lancer une série
d’initiatives en faveur du football
féminin.
Pour répondre aux besoins
de nos membres du monde
entier pendant la pandémie,
nous avons mis à disposition
des supports de formation
nuel
des administrateurs en
charge du football féminin,
le livret des programmes de
développement de la FIFA,
l’analyse physique de la
coupe du monde féminine
2019 et le rapport de solidarité
des clubs de cette même
coupe du monde. Tous ces
supports sont disponibles
sous forme numérique. Par
ailleurs, depuis le début de
la pandémie, notre division
de football féminin a organisé
plus de 500 appels Zoom
avec nos fédérations et les
parties prenantes du football
féminin pour les soutenir pen-
Comme je l’ai mentionné plus
haut, le plan de secours FIFA
Covid-19 a été élaboré pour
protéger et préserver le football
pendant cette période
en est l’un des principaux bé-
« LE MONDE DU FOOTBALL
EST BEAUCOUP PLUS
INCLUSIF QUE PAR LE
PASSÉ. »
© Alexandre Dimou / Icon Sport
Busisiwe Ndimeni
(Afrique du Sud),
lors de la Coupe du
Monde Féminine
de la FIFA 2019, en
France.
En outre, pour montrer à quel
point la FIFA prend au sérieux
la protection des femmes
dans le football en novembre,
la Commission des parties
prenantes du football de la
FIFA (FSC) a soutenu deux
séries de réformes majeures
visant à renforcer la
protection des joueuses et
des entraîneurs de football.
De nouvelles normes minimales
mondiales pour les
joueuses, notamment en ce
qui concerne la maternité
sont en train d’être promues.
Les nouvelles règles comprennent
un certain nombre
de mesures clés, notamment
le droit à un congé de maternité
obligatoire d’au moins 14
semaines et le paiement d’au
moins deux tiers du salaire
contractuel des joueuses.
A leur retour au travail, les
clubs doivent réintégrer les
joueuses, fournir un soutien
médical et physique adéquat,
s’assurer qu’aucune joueuse
n’ait à souffrir d’un désavantage
quelconque en raison
de sa grossesse tout en
garantissant une meilleure
protection de l’emploi des
femmes dans le football. Les
nouvelles règles établissent
des normes minimales pour
les contrats d’entraîneurs et
contrats. Ces propositions seront
soumises au Conseil de
la FIFA pour approbation.
14 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
« JE RECONNAIS
QU’ÊTRE LA PREMIÈRE
FEMME NOIRE À OCCUPER
CE POSTE À LA FIFA
CHANGE LA DONNE. »
PENSEZ-VOUS QUE
LE SPORT SOIT UN
LEVIER DE PROMOTION
SOCIALE DES FEMMES
EN AFRIQUE ? PLUS
GLOBALEMENT
ENCORE, QUEL EST
VOTRE REGARD SUR LA
PLACE DE LA FEMME
EN AFRIQUE ET SON
ÉVOLUTION ? EN TANT
QUE «ROLE MODEL»,
QUEL MESSAGE POUVEZ-
VOUS ADRESSER À UNE
JEUNE FILLE AFRICAINE
D’AUJOURD’HUI ?
Le sport et le football en particulier
fournissent formation,
compétences et inculquent
la discipline. La pratique du
football en particulier crée un
esprit d’équipe et enseigne
des compétences telles que
le fait de savoir gagner et
perdre, de respecter l’adversaire,
d’être fair play, etc…
qui sont des valeurs importantes
dans la vie de tout
individu. Le football joué
à l’école est également un
excellent moyen de garder
l’école. Des études ont mon-
longtemps à l’école, moins
elle est susceptible d’être
victime de grossesse précoce
et indésirable ou de risquer
sa vie et celle de ses enfants
suite à des complications lors
de l’accouchement.
Le football représente également
une source d’inspi-
africaines. Les femmes et
étaient ravies quand elles
ont vu leurs sœurs du Nigéria,
d’Afrique du Sud et
du Cameroun participer à
la Coupe du monde féminine
de la FIFA 2019. Voir
quelqu’un qui vous ressemble
atteindre les plus
hauts sommets du sport
mondial est une grande motivation
et source d’encouragement
pour beaucoup
elles aussi envie de rêver
grand.
Les femmes sont au cœur du
développement de l’Afrique.
Elles gèrent leur foyer, leurs
enfants et en conséquence
la société au sens large.
Les femmes africaines sont
fortes et ont la capacité de
gérer les problèmes et les
avec perspicacité et créativité.
Maintenant que de
femmes poursuivent leurs
études, nous voyons ce
genre de créativité exploser
dans les salles de conseils.
De plus en plus de femmes
assument de grandes responsabilités
dans le monde
des affaires et cette tendance
va se poursuivre.
J’aimerais voir plus d’investissements
dans l’éduca-
femmes pour les maintenir à
l’école, dans les centres de
formation et à l’université.
Le programme FIFA Football
pour les écoles, que nous
avons lancé en Mauritanie,
s’appuie sur les aspects
positifs du football pour apporter
des messages d’encouragement
et d’autono-
qui participent à l’initiative.
Nous espérons déployer ce
programme sur tout le continent
africain et atteindre
de garçons grâce aux effets
positifs du football.
Je dirais que je me sens
très privilégiée et honorée
me considérer comme leur
modèle. Je suis tout à fait
consciente que c’est une
grande responsabilité à
assumer et c’est quelque
chose que je prends très
au sérieux. Je reconnais
qu’être la première femme
noire à occuper ce poste à
la FIFA change la donne et
j’essaie d’inspirer d’autres
africains et minorités par
mes actions.
Aux jeunes filles lisant
cette interview, je dirais :
sachez ce que vous voulez
et foncez ! Ayez un plan de
carrière et faites tout pour
vous y tenir. Soyez les meilleures
dans vos domaines,
soyez confiantes et fières.
En un mot « Croyez en vousmêmes
» WSA
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 15
PORTFOLIO
LES 5 PERLES
DU FOOTBALL CAMEROUNAIS
Le Cameroun est une véritable terre de championnes. Plusieurs grandes footballeuses
y sont en effet nées. Parmi elles, Gabrielle Onguéné, ou encore Gaëlle Deborah
Enganamouit. Croyez-nous, vous n’avez pas fini d’en entendre parler ! PAR INAYA MATHLI
GABRIELLE
ONGUÉNÉ, 31 ANS
Actuelle joueuse du
CSKA Moscou en
Russie, Gabrielle
Onguéné a marqué
l’histoire de son
pays en devenant
la première et
unique buteuse
camerounaise d’un
tournoi olympique
en inscrivant un but
contre la Nouvelle-
Zélande aux JO de
Londres (31 juillet
2012). En 2016,
Gabrielle Onguéné
a aussi été élue
meilleure joueuse de
la CAN féminine.
© Action Plus / Icon Sport
AJARA NCHOUT,
27 ANS
Joueuse du Valerenga
Fotball, Ajara Nchout
a été désignée femme
du match de la demifinale
perdue face au
Nigéria lors de la CAN
Féminine 2018 au
Ghana. Elle a jusqu’à
présent participé à de
nombreuses grandes
compétitions, dont
le championnat
d’Afrique en 2014 ou
encore la CAN 2016.
16 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
© Orange Creek / Icon Sport
RAÏSSA FEUDJIO,
25 ANS
Quel parcours ! À
seulement 25 ans,
Raïssa Feudjio, joueuse
du UDG Tenerife,
a déjà été finaliste
du championnat
d’Afrique 2014,
finaliste de la Coupe
d’Afrique des nations
2016, troisième du
championnat d’Afrique
2012 et troisième de
la Coupe d’Afrique
des nations 2018 avec
l’équipe nationale du
Cameroun.
© Alexpress/Icon Sport
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 17
PORTFOLIO
ESTELLE JOHNSON, 32 ANS
Joueuse au Sky Blue FC en NWSL
(Ligue nationale de football féminin
aux États-Unis), Estelle Johnson a
joué sous les couleurs nationales du
Cameroun en 2019 et a notamment
participé à la Coupe du monde
féminine, la même année. L’occasion
pour elle de se faire connaître et
surtout adopter par les Camerounais.
© Action Plus / Icon Sport
© Alexpress/Icon Sport
GAËLLE DEBORAH ENGANAMOUIT, 28 ANS
Vainqueure des Jeux Africains de 2011, finaliste du Championnat d’Afrique 2014, finaliste de la Coupe d’Afrique des
nations 2016, meilleure joueuse camerounaise de la saison 2010-2011, meilleure buteuse du championnat de Suède
2015, meilleure joueuse africaine 2018… On ne compte plus ses belles performances et ses titres personnels !
Gaëlle Deborah Enganamouit est sans conteste la plus grande joueuse camerounaise, voire africaine. Un statut
qu’elle a mis à profit puisqu’en 2019, elle a inauguré la première école de football féminin du Cameroun, à laquelle
elle se consacre pleinement depuis l’annonce de sa retraite le 9 juin 2020 (jour de ses 28 ans).
18 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Khadjou est une
pionnière du surf
dans son pays et
veut désormais
conquérir le monde
aux JO de Tokyo.
Khadjou Sambe,
première surfeuse
professionnelle sénégalaise
© instagram @sambe_khadija
Le saviez-vous ?
La première surfeuse
professionnelle sénégalaise
c’est elle : Khadjou Sambe,
25 ans. Originaire d’un
petit village près de Dakar
(Ngor), elle a marqué
l’histoire de son pays et
pourrait peut-être même le
représenter prochainement
à l’échelle internationale.
PAR VANESSA MAUREL
Planche sous le bras,
Khadjou Sambe peut désormais
arpenter les rues
du Sénégal presque normalement.
Pourtant, cette
scène n’a pas toujours été aussi banale.
À 13 ans, alors qu’elle monte sur un surf
pour la première fois, elle est réprimandée
par sa famille.
« On me disait de ne pas bouger de la
maison, de rester cuisiner, que ce n’était
pas pour moi », raconte-t-elle à nos
confrères d’Africa News. Pourtant, dotée
d’un fort caractère, la Sénégalaise
n’abandonne pas ses rêves… Loin de là.
Faisant la sourde oreille à l’égard de ses
proches, Khadjou continue chaque jour
Objectif JO de Tokyo !
À force de patience et de passion, Khadjou
parvient à se faire une place dans le monde
professionnel, une première pour une Sénégalaise.
Elle a même été choisie pour
lancer une antenne sénégalaise d’une école
code : « Black Girls Surf » ! Cette institution
« milite pour que les femmes noires soient
mieux représentées dans le surf de compétition.
» Pour autant, la jeune femme de 25
ans ne se contente pas de ce qu’elle a acquis.
Khadjou veut représenter son pays au
niveau international et participer aux Jeux
Olympiques de Tokyo en 2021. Pour cela,
elle doit impérativement se classer dans le
top dix de la World Surf League (WSL). C’est
son prochain challenge ! WSA
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 19
CHAMPIONNES
Portrait
L’année de la consécration pour
Ons Jabeur ?
Un an après avoir marqué l’histoire du tennis en disputant les quarts-de-finale de l’Open
d’Australie (une première pour une joueuse africaine !), la Tunisienne Ons Jabeur pointe aux
portes du Top 30 mondial, son meilleur classement. De quoi entamer la nouvelle saison sous
le meilleur des auspices. PAR FLORIANE CANTORO
À26 ans, Ons Jabeur compte
déjà parmi les personnalités
sportives africaines les plus
connues. Et pour cause :
depuis dix ans, la jeune tenniswoman
tunisienne ne cesse de repousser
les limites de son sport.
Initiée à la pratique du tennis à l’âge de trois
ans par sa mère, amatrice des courts, Ons
fait une première fois parler d’elle en 2011,
en remportant le tournoi de Roland-Garros
en simple juniors. Un an après avoir déjà at-
nienne
Elina Svitolina en 2010), la joueuse
arabe, 16 ans à l’époque, s’impose face à
pionne
olympique). Elle devient alors la première
joueuse africaine à gagner un tournoi
jamais imposée sur le circuit WTA, considéré
comme la ligue majeure du tennis féminin,
ème tour de Roland-Garros
d’Australie 2020, une première pour une
joueuse du monde arabe et du continent
africain. Elle s’assure au passage une place
un record) et termine l’année à la meilleure
e ). « Elle a franchi un
cap,
de la Fédération tunisienne de tennis. Ons a
toujours eu des qualités techniques et physiques,
mais ce qui est différent c’est qu’elle
DEPUIS DIX ANS, LA JEUNE
TENNISWOMAN TUNISIENNE NE
CESSE DE REPOUSSER LES LIMITES
DE SON SPORT.
Un an plus tard, en 2012, elle passe profes-
cline
face à la Française Virginie Razzano en
trois sets.
Une icône avec de l’ambition
nombreux tournois sur le circuit ITF - sorte
de 2 eme division du tennis féminin disputée
par des joueuses juniors ou professionnelles
classées au-delà de la 100 e place mondiale
-
née-là,
elle entre dans le Top 100 mondial,
devenant ainsi la seconde joueuse de tennis
africaine aussi bien classée après sa compa-
e en 2001). En
2019, Ons Jabeur s’offre un nouveau beau
ème
tour de l’US Open, mais voit ses ambitions
star du sport tunisien féminin réussit une
performance encore plus remarquable : elle
croit vraiment en elle. Elle a le potentiel
pour viser plus haut, le Top 10 mondial par
exemple. »
Et cette année pourrait être la bonne. En
jouant son meilleur tennis, Ons Jabeur
Tunisie) au palmarès d’un tournoi WTA ou
pas dès le printemps d’ailleurs, sur la terre
tunisienne. WSA
20 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
A 31 ANS, MARIE-JOSÉE
VISE DÉSORMAIS
LA GLOIRE OLYMPIQUE.
Ons Jabeur est
à la poursuite
d’un premier
titre sur le circuit
professionnel
féminin WTA.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 21
© Anthony Dibon / Icon Sport
CHAMPIONNES
1 ER STAGE
D’ATHLÉTISME
« Je n’étais pas préparée du tout. Pour dire
la vérité, j’y suis allée comme lorsqu’on va en
vacances entre amis. Mais c’était si rude ! J’ai
compris à quel point c’était un sport exigeant et
difficile… On nous demandait de courir deux fois
par jour. Je n’ai pas réussi à terminer la semaine.
Mais c’est loin de m’avoir dégoûtée. »
L’INTERVIEW
Nantenin
Keïta
CES PREMIÈRES FOIS
QUI M’ONT MENÉE JUSQU’À
LA MÉDAILLE D’OR
PARALYMPIQUE !
Nantenin Keïta est l’une des plus grandes athlètes au monde. Médaillée
d’or aux Jeux Paralympiques et aux championnats du monde, cette
sportive franco-malienne née à Bamako est passée par de nombreuses
« premières fois » qui l’ont aidée à « construire son chemin ». Jusqu’au
Graal de la médaille paralympique. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL
22 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
1 ÈRE COMPÉTITION
D’ATHLÉTISME
« C’est un moment très particulier
puisque c’est là que la Fédération m’a
repérée. Cette compétition, qui était
un triathlon pour les déficients visuels,
a été un tournant dans ma carrière. »
1 ÈRE COMPÉTITION
INTERNATIONALE,
JUILLET 2002
« J’ai pris une claque. Sur les compétitions
nationales, j’avais l’habitude des podiums et je
terminais la plupart du temps 2ème, ou 1ère. J’étais
absolument certaine que je pourrais réitérer cela
aux championnats du monde. J’ai fini 5ème au 100
m, distance sur laquelle je voulais faire un résultat.
J’ai été très déçue, bien sûr, mais ça a été un énorme
déclic. J’ai compris pourquoi je devais m’entraîner. »
« Je ne veux pas
me contenter d’une
première médaille
paralympique.
Maintenant, il faut
réitérer l’exploit. »
1 ER JEUX
PARALYMPIQUES,
2008
« Quand on arrive à ses premiers Jeux,
on a un peu l’impression d’être à Disney.
Le temps est suspendu, tout est fait
pour qu’on soit dans les meilleures
conditions, on est chouchouté, c’est
très agréable. Tout est magique, que
ce soit la cérémonie d’ouverture ou
même la compétition. On court devant
un stade plein à craquer, c’est juste du
bonheur, un autre environnement. Sur
ces premiers jeux, ça a été l’occasion
pour moi de prendre mes marques. »
1 ÈRE MÉDAILLE D’OR, JEUX 2016
« Ça faisait 12 ans que j’attendais ça, je l’ai vécu comme un aboutissement
complètement dingue. En 2012/2013, j’ai dû tout remettre
en question, que ce soit ma préparation ou même mes objectifs. J’ai
changé d’entraîneur, de lieu d’entraînement. C’était un pari un peu
fou mais qui était nécessaire. Sur le podium à Rio, j’ai pensé à tout
ça je me suis dit « Tu avais raison, tu as fait les bons choix ». Au-delà
d’être contente pour moi parce que les Jeux sont vraiment le Graal
pour un athlète, j’ai pensé à toutes les personnes qui m’avaient
accompagnée et boostée : mon coach, le kiné, même ma collègue
de chambre, tout le monde. Même si l’athlétisme est un sport
individuel, on ne gagne jamais seul. Cette victoire, on l’a remportée
tous ensemble, à force de travail. Comme toutes les premières fois
de la vie, cette médaille à une saveur particulière. Mais aujourd’hui
je ne veux pas me contenter d’avoir une médaille paralympique.
Maintenant il faut rester au haut niveau et réitérer l’exploit. »
© Giavelli - Icon Sport
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 23
CHAMPIONNES
Portrait
Dans les starting-blocks avec
Marie-Josée Ta Lou
Marie-Josée Ta Lou est une athlète ivoirienne spécialiste des épreuves de sprint. En 2017,
elle a participé aux VIIIes Jeux de la Francophonie à Abidjan, et y a remporté la médaille
d’or avec ses compatriotes du relais 4x100 m féminin. Depuis, elle a conquis de nombreuses
autres médailles et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Portrait d’une championne qui a
soif de titres ! PAR FLORIANE CANTORO / RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE (OIF)
Ma r i e - J o s é e
Ta Lou se
p a s s i o n n e
rapidement
pour le sport,
et plus particulièrement… le
football ! Et oui, c’est sur les
pelouses que l’athlète ivoirienne
a fait ses premiers
sprints en direction des cages.
Son talent et sa vitesse attirent
d’ailleurs l’attention d’une
équipe féminine d’Abidjan qui
souhaite la recruter. Mais son
grand frère s’y oppose, craignant
qu’elle ne se transforme
en « garçon manqué ».
ment,
que Ta Lou se familiarise
avec l’athlétisme, notamment
le sprint. Elle commence
à suivre des entraînements
réguliers dans cette discipline
en 2007, à 18 ans. En
juin de la même année, elle
intègre l’Équipe nationale de
Côte d’Ivoire qui décroche la
médaille de bronze au relais
4×100 m des Championnats
d’Afrique de l’Ouest, au Bénin.
C’est la naissance d’une
championne : désormais, la
gazelle ivoirienne voyage aux
quatre coins du monde à la
recherche de nouveaux podiums.
Sur la scène internationale, Ta
Lou se fait particulièrement
remarquer lors des Championnats
d’Afrique 2012 où elle
remporte deux médailles de
bronze (200 m et 4x100 m) ;
ainsi que deux ans plus tard,
en 2014, où elle réitère de
belles performances (argent
sur 200 et 4x100 m, bronze
sur 100 m). En 2015, aux Jeux
Africains de Brazzaville, elle
A 32 ANS, MARIE-JOSÉE
VISE DÉSORMAIS
LA GLOIRE OLYMPIQUE.
s’impose sur 100 et 200 m,
et décroche une médaille de
bronze au relais 4x100 m.
L’or pour écrire
l’histoire à Tokyo
Durant les Jeux Olympiques
de Rio, en 2016, Marie-Josée
Ta Lou échoue au pied du podium
pour quelques millièmes
de seconde sur 100 m, et également
sur 200 m. Deux quatrièmes
places frustrantes,
mais constructives. L’année
suivante, aux VIIIes Jeux de la
Francophonie, elle s’aligne sur
le relais 4x100 m aux côtés de
ses compatriotes ivoiriennes.
Ensemble, elles dominent la
naises
et les Canadiennes. Un
mois plus tard, aux Mondiaux
de Londres, Ta Lou fait le doublé
en remportant l’argent sur
100 et 200 m. Elle reçoit dans
la foulée le « Prix Mandela » de
la meilleure sportive africaine
de l’année 2017.
Elle élargit encore un peu plus
son palmarès sur 100 m les
saisons suivantes avec l’or
aux Jeux Africains de Rabat en
2019, et le bronze aux Championnats
du monde de Doha la
même année.
A 32 ans, Marie-Josée Ta Lou
vise désormais la gloire olympique.
Si elle parvient à décrocher
l’or à Tokyo l’été prochain,
ou si elle monte sur le podium
du 100 m, elle deviendra la
première sprinteuse ivoirienne
à être médaillée olympique
sur la distance. Une véritable
motivation pour elle. « Je veux
laisser un grand héritage. Pas
» WSA
24 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Elle avait échoué au
pied du podium sur
100 et 200 m aux
JO de Rio en 2016.
Marie-Josée Ta
Lou a une revanche
à prendre !
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 25
© Photoshot / Icon Sport
LE SAVIEZ-VOUS ?
[Non !]
Le sport ne fait
pas maigrir
L’activité physique est souvent décrite comme un moyen
efficace pour perdre du poids. Cette corrélation,
qui semble d’une logique implacable, n’est
cependant pas totalement véridique. Explications.
© Inside Creative House / Shutterstock
«On ne maigrit pas en
faisant du sport »,
tranche Martine
Duclos, physiologiste
du sport française.
Sur science-et-vie.com
que « sur les patients qui perdent entre 10
et 15 kg, on n’observe pas de différence
une activité physique et les autres ». Mais
perdre des calories, on devrait perdre du
ne provoque pas des dépenses énergétiques
effet positif sur la balance. En effet, les
spécialistes considèrent que pour perdre 1 kg
débarrasser d’un kilo, il faudrait donc courir
adipeux. Ce qui fait que l’aiguille sur la
balance ne bouge pas d’un iota, voire
Miser sur votre reprise du running pour
Toutefois, il n’est
pas question de dire que le sport ne
sert à rien ! Si l’effet sur la balance n’est
cardiovasculaires. WSA
26 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
LYON . SHANGHAI . SAINT-ETIENNE . CASABLANCA . PARIS . BHUBANESWAR
4 programmes pour les
Sportifs de Haut Niveau
-
• Global BBA
• Programme Grande Ecole
• Executive MBA
• Programme Général de Management Online
emlyon business school propose 4 programmes de formation
spécifiques – du post-Bac jusqu’à la reconversion professionnelle –
adaptés aux contraintes des SHN et disponibles sur tous les campus
d’emlyon, ainsi qu’en on-line..
Les concours d’entrées, comme les contenus pédagogiques, sont les
mêmes que pour l’ensemble des apprenants.
En revanche, les cursus sont aménagés pour leur permettre de concilier
un double projet de vie, à la fois sportif et académique. L’objectif final
restant la qualité de l’employabilité.
Dispositif Sport Inside
-
Créé par emlyon business school, ce dispositif permet aux entreprises
de financer le parcours d’un étudiant via un mécénat éducatif lui
permettant d’adapter son rythme de présence en fonction de son
agenda sportif. Un parrain l’accompagne tout au long de sa période
professionnelle afin de le préparer progressivement à sa reconversion
puisque l’entreprise s’engage à l’accueillir au sein de ses équipes selon
un calendrier d’immersion défini, et peut le recruter à l’issue de sa
diplomation.
emlyon business school est un établissement privé d’Enseignement Supérieur technique reconnu par l’Etat - Juin 2020 - Toutes les marques sont déposées - Crédit photo : iStock - *Entrepreneurs visionnaires
EN IMMERSION
Rencontre
Yasma Desreumaux
La femme qui voulait rendre
le sport plus accessible en Algérie
Sur son profil LinkedIn, Yasma Desreumaux se présente comme la « leader pays » de
Decathlon en Algérie (équivalent de directrice générale). C’est elle qui a installé l’entreprise
française spécialisée dans les articles de sport et de loisirs dans le plus grand et le plus peuplé
pays du Maghreb, en 2017. Depuis, deux magasins ont été ouverts à Alger et Oran, ainsi
qu’une unité de production. Et ce n’est que le début du rêve pour Yasma qui a de grands
projets pour son pays natal ! Des ambitions professionnelles qu’elle prépare depuis longtemps
chez Decathlon, mais aussi et surtout une aventure humaine qui lie ses racines et sa passion :
l’Algérie et le sport. PAR FLORIANE CANTORO - PHOTOS DECATHLON
d’amour entre Yasma
Desreumaux et Decathlon a
commencé dans le Nord de la
France, il y a plus de 20 ans.
L’histoire
« J’avais quitté l’Algérie pour
venir faire mon 3 eme cycle d’études en
France. Et puis un jour, en aidant un ami
qui travaillait chez Campus, j’ai découvert
Decathlon et cette passion du sport à partager
et à développer. » Il n’aura pas fallu
longtemps à cette mordue d’activités physiques
en tout genre (handball, running,
tennis de table…) pour postuler dans l’entreprise
française. Oubliés son diplôme
d’ingénieur et ses huit années d’études
supérieures, elle se fait embaucher à la
vente dans un magasin de Roncq (59).
Entrée par la petite porte chez
Decathlon
« J’ai travaillé pendant six ans dans le retail.
Je faisais du commerce et j’adorais
ça ! » Curieuse et touche-à-tout, Yasma
n’hésite pas à proposer ses services pour
de nouvelles activités au sein de l’entreprise.
C’est ainsi que l’équipe du projet
« Easy » de Decathlon la choisit pour travailler
sur un programme de formation.
« Je suis allée prêcher la bonne parole et
former des équipes en Espagne, en Hongrie,
au Portugal et aux États-Unis, alors
que je n’étais que responsable rayon ! »
Ces expériences à l’étranger lui « ouvrent
encore un peu plus l’appétit (rires) »,
surtout qu’elle dispose d’un bagage
espérer gravir les échelons rapidement
chez Decathlon. Mais avant de concrétiser
ses rêves secrets, Yasma veut
connaître tous les rouages de la boîte.
Elle en est persuadée, « on ne peut pas
être un directeur crédible si on
D.R.
28 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Passionnée de sport
et attachée à ses
racines, Yasma
s’est créée son
job de rêve : DG
de Decathlon en
Algérie !
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 29
EN IMMERSION
ne connaît pas tous les métiers
de son entreprise ». Elle passe donc dix
années supplémentaires à travers tous
les postes de la production. D’abord
en manageant les productions textiles
de France, du Portugal, de Lituanie, de
Tunisie et de Turquie ; ensuite en ouvrant
le premier bureau de production
Decathlon d’Égypte. « Étant fortement
attachée à mes racines, j’avais d’abord
pensé à l’Algérie bien sûr, mais ce
n’était pas un pays de production. »
« Je ne peux
pas nier qu’il y
a beaucoup de
sentiments dans
ma façon de
diriger. »
Un « projet humain » pour
mêler culture et passion
à trouver « la bonne clé d’entrée » dans
son pays natal qui, comme elle nous
l’explique, « choisit consciencieusement
ses partenaires en excluant ceux qui
ne viennent faire que du retail, c’est-
Mais Yasma
n’a rien lâché. Elle a créé un projet global
créateur de valeurs localement : du
« gagnant-gagnant »
l’entreprise française de sport et de loisirs
est implantée en Algérie.
Elle a ouvert son premier magasin à
une des meilleures
ouvertures de la boîte depuis 2003 ! »
- puis un second en septembre dernier
à Oran, ainsi qu’une usine de production.
La première production Decathlon
« made in Algeria »née
2020 (pour être commercialisée
dans les magasins du pays), tandis que
la première exportation est prévue pour
Mais Decathlon Algérie, « c’est avant
tout un projet humain » pour Yasma.
Elle s’est entourée de jeunes Algériens
tagent
les valeurs de l’entreprise que
sont la transmission et l’accompagnement.
Elle les a recrutés avec un certain
qu’ils puissent évoluer au sein de l’entreprise.
« Ils sont super contents d’intégrer
Decathlon, une entreprise qui fait
et offre un programme de formation
ambitieux et adapté à chacun », précise-t-elle.
En tant que femme manager,
Yasma a également tenu à investir des
Algériennes dans son projet : au-
LES ALGÉRIENS
SONT DE PLUS EN
PLUS NOMBREUX
À FAIRE DU SPORT.
DECATHLON LES
ACCOMPAGNE.
barre de 30% d’employées féminines en
magasins et la parité dans les bureaux.
Malgré la jeunesse de ses équipes, notre
leader franco-algérienne ne se laisse pas
attendrir. Avec son management qu’elle
« féminin », elle sait être gentille
et ferme à la fois. « Je ne peux pas nier
qu’il y a beaucoup de sentiments dans ma
façon de diriger : je suis une maman et
une femme avant tout. Mais je n’oublie
pas pourquoi je suis payée : les résultats
ne tombent pas avec la pluie, comme on
dit chez nous ! »
Donner envie aux Algériennes
et aux Algériens de pratiquer
le sport
D’ailleurs, pour le moment, Decathlon Algérie
connaît un franc succès. Et le projet
semble avoir encore de beaux jours devant
lui avec deux nouvelles ouvertures
de magasin prévues à Alger pour cette
On veut quadriller la ville ».
« Notre but, c’est de mettre les Algériens
au sport. Ils sont de plus en plus nombreux
à pratiquer une activité physique et
Decathlon veut accompagner ce démarrage
en mettant à leur disposition des
produits variés et qualitatifs, à des prix
abordables. » Pour tout ce qui est textile,
l’Algérie était déjà bien lotie. En revanche,
l’entreprise française a apporté au pays,
avec ses rayons techniques et spéci-
par la population locale, notamment le
matériel de randonnée - qui est souvent
très cher en Algérie - et des accessoires
de sport en tout genre. « La chaussure
marche aussi super bien. »
Laisser une empreinte
et ses équipes souhaitent réellement s’investir
dans le pays. Elles vont prochainement
organiser des événements sportifs
à destination des Algériennes et des Algériens
ainsi que des collectes de déchets,
le tout dans une optique de sport-santé
et de ville propre. « Il s’agit de montrer
que Decathlon n’est pas seulement la
boîte qui vient s’installer et faire du pro-
s’intégrer dans le tissu socio-économique
et laisser une empreinte positive sur son
passage. » Le sport oui, mais pas à n’importe
quel prix. WSA
D.R.
30 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
D.R.
UNE SEMAINE AVEC
YASMA DESREUMAUX
UN QUOTIDIEN « A FOND LA FORME »
Decathlon Algérie a ses
bureaux accolés au premier
magasin ouvert dans
le pays en juin 2019, dans
le Centre commercial Bab
Ezzouar à Alger. Yasma
s’y rend tous les jours et y
travaille aux côtés de ses
équipes de cadres. Elle
tente d’organiser au mieux
son quotidien en consignant
toutes ses tâches
journalières dans un blocnotes
à petits-carreaux
(spécificité non négociable
puisqu’elle nous avoue volontiers
- et non sans humour
! - être « fétichiste »
des petits-carreaux).
Malgré quelques imprévus inhérents
à la vie des affaires mais
aussi aux coutumes d’un pays
« o ù les choses peuvent bouger
d’une minute à l’autre », le quotidien
de Yasma suit (plus ou
moins) le calendrier suivant :
LE LUNDI MATIN
C’est réunion hebdomadaire
avec tous les leaders de l’entreprise
(les responsables
de magasins, les chefs logistique,
financier, pole e-commerce...).
Il s’agit alors de débriefer
les chiffres, de voir ce
qui va ou ne va pas et prendre
les décisions qui s’imposent le
cas échéant.
« On ne traite pas plus de deux
ou trois sujets par réunion et,
surtout, on n’y passe pas plus
d’une heure. On va à l’essentiel.
Tout le monde repart avec
sa liste de courses pour la semaine.
»
D.R.
D.R.
TOUS LES JOURS
Elle travaille en étroite collaboration
avec le « DAF »
(directeur administratif et financier)
qui est son véritable
« bras droit ». Ensemble, ils
s’occupent de la partie invisible
du projet (le travail de
l’ombre).
TOUS LES JOURS
(PONCTUELLEMENT)
Elle résout certaines problématiques
importantes dans
les différents secteurs de l’entreprise,
au cas par cas (valider
l’offre ou encore donner
son accord pour les plans de
masse d’un magasin). « Chacun
m’invite suivant les disponibilités
de mon agenda ».
TOUS LES MOIS
/ TOUTES LES SIX
SEMAINES
Elle fait des entretiens individuels
avec ses équipes,
notamment les cadres, pour
parler plaisirs/déplaisirs, objectifs,
priorités…
UNE FOIS PAR MOIS
Elle se rend dans le magasin
d’Oran pour manager les
équipes sur place. Elle s’organise
une réunion avec le responsable
expansion pour discuter
de ses projets et étudier
ses propositions.
A CHAQUE FOIS
QU’ELLE LE PEUT
Elle entretient son réseau professionnel
local autour de déjeuners
pour se ternir informée
de ce qu’il se passe dans le pays
d’un point de vue politique et
économique. « Cela fait partie
du job d’un directeur d’alimenter
son network ».
TOUS LES JOURS
Elle se réserve une activité personnelle
comme appeler un
proche ou faire du sport. Passionnée
d’activités physiques en
tout genre, Yasma s’exerce tous
les jours dans sa salle personnelle,
chez elle, ou dans la salle
de sport du bureau, disponible
pour tous les employés.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 31
ENQUÊTE
Madagascar,
LE NOUVEAU
CHAMPION DU SPORT !
Sur la carte du sport mondial, il est l’heure de placer Madagascar ! Le pays compte 26 millions
d’habitants qui sont vivement invités à pratiquer le sport par une politique volontariste. Madagascar
accueillera les Jeux des Iles de l’Océan Indien 2023, après le retrait des Maldives. Et l’équipe
nationale de football, les BAREA, font la fierté du pays par leurs exploits en Coupe d’Afrique des
Nations. Voyage à Madagascar, la nouvelle destination du sport ! PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK
Le Président de la République de
Madagascar, Andry Rajoelina
est jeune (46 ans) et sportif. Il
a décidé de faire du sport une
priorité nationale. La récente
Conférence internationale des Ministres
Africains pour la mise en œuvre du Plan
d’action de Kazan l’a d’ailleurs consacré
« champion du Sport et de l’Éducation
physique de qualité en Afrique ». Le plan
d’action de Kazan (PAK) est une initiative
de l’UNESCO pour faire de l’éducation
physique et sportive un vecteur de la
consolidation de la paix et du développement
durable.
Andry Rajoelina, Président de la
République de Madagascar
D.R.
Première mesure concrète pour mettre
en œuvre cette politique volontariste :
le budget alloué au Ministère de la Jeunesse
et des Sports a été multiplié par
13 ! Outre l’incitation de la population
à pratiquer le sport, Madagascar ambitionne
d’accueillir les plus grandes manifestations
sportives internationales, à
l’image des prochains Jeux des Iles de
du destin, l’équipe nationale de football,
les BAREA, réalise des performances historiques
au cours des derniers mois.
Ce développement du sport à Madagascar
s’accompagne d’une politique
de mixité et de promotion des femmes,
comme en atteste la nomination de
Rosa Rakotozafy, double championne
d’Afrique sur 100 m haies, qui a participé
aux Jeux olympiques de Sydney 2000
et d’Athènes 2004, au poste de Directrice
Générale des sports et à la tête du
Comité inter-gouvernemental de l’éducation
physique et sportive (CIGEPS)
de l’UNESCO. Tinoka Roberto, Ministre
de la Jeunesse et des Sports, et Rosa
Rakotozafy nous éclairent sur cette stratégie
sportive de Madagascar. Avec en
introduction un adage qu’ils aiment à
nous partager : « Seul je vais plus vite,
Ensemble nous irons plus loin » !
UNE PREMIÈRE DAME
TRÈS ACTIVE
Mialy Razakandisa Rajoelina est
la porte-parole et présidente de
l’association caritative « Fitia »,
qui a pour but d’aider les personnes
démunies et victimes de problèmes
de santé. Elle contribue aux évolutions
sociales comme la prise en charge
de familles en difficulté, et défend
un ambitieux projet de loi contre
les violences basées sur le genre.
Mialy Razakandisa Rajoelina a en
outre été désignée « marraine de
la vaccination » par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS).
D.R.
D.R.
32 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Madagascar a
engagé un plan
d’investissement
massif dans ses
infrastructures
sportives, porté par
Tinoka Roberto.
D.R.
RENCONTRE AVEC TINOKA ROBERTO,
UN MINISTRE TRÈS ENGAGÉ !
Ministre de la Jeunesse et des Sports, Tinoka Roberto a mis sur pied en un temps record une politique
spectaculaire de développement du sport dans le pays. Son style ? Dynamique... très dynamique !
PROPOS RECUEILLIS PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK
QUELS SONT LES SPORTS PRÉFÉRÉS
DES MALGACHES ?
D.R.
Les sports favoris des Malagasy peuvent se
résumer comme suit. Pour les sports collectifs,
le football, le rugby, le basket-ball et
volley-ball. Pour les sports individuels, prédominance
de l’athlétisme. Et pour les sports
de combat, le karaté et le judo.
POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE
VOS AMBITIONS POUR LES ÉQUIPES
NATIONALES DANS LES GRANDES
COMPÉTITIONS À VENIR ?
En football, nous ambitionnons une deu-
des Nations et faire au moins la même prestation
que lors de la dernière édition. Autrement
dit atteindre de nouveau les quarts de
les BAREA sont actuellement classés 21 ème
édition pour la deuxième fois successive
n’est déjà pas une mince affaire, même si
nous avons très bien démarré les éliminatoires
! Pour les autres disciplines sportives
L’équipe nationale de football, les BAREA, avait atteint les quarts de finale de la
Coupe d’Afrique des Nations en 2019.
comme le basket, nous avons participé à la
phase aller des éliminatoires de l’Afro-basket
au Rwanda. Nous sommes tombés dans un
d’Afrique en titre, la RDC et la Centrafrique,
deux équipes phares sur le continent en matière
de basket. Les résultats sont mitigés
mais nous sommes encore en course car il
y aura une phase retour. Trois équipes par
battre pour éviter la 4 ème place. Ce sera
aux meilleurs pour grandir et être aguerris !
ème Jeux des Îles de
l’Océan Indien que nous comptons accueillir,
l’objectif est d’occuper la première place en
termes de médailles, après la 2 ème place lors
tous les sports collectifs en lice :
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 33
ENQUÊTE
D.R.
football, rugby à 7, basket-ball, volley-ball
hommes et dames.
QUELS SONT LES CHANTIERS
PRIORITAIRES DE VOTRE
GOUVERNEMENT SUR LE PLAN
SPORTIF ?
D.R.
La capacité du stade de Mahamasina, à Antananarivo, va passer de 20 000 à 50 000
places et de nombreuses infrastructures voient le jour partout dans le pays.
« LE BUDGET
ALLOUÉ À LA
PROMOTION DU
SPORT A ÉTÉ
MULTIPLIÉ PAR 13. »
Le Président de la République a fait du sport
une priorité. Son « velirano » numéro 13 (engagement
solennel numéro 13) stipule : « Le
Sport Fierté nationale ». C’est vous dire si le
sport occupe actuellement une place privilégiée
dans la Politique Générale de l’État.
Comparativement à l’année 2019, le budget
actuellement alloué à la promotion du sport
a été multiplié par 13 ! L’époque du sport parent
pauvre des affaires nationales est bel et
bien révolue. Nous avons l’avantage d’avoir
un Président jeune, sportif, visionnaire et
ambitieux. Madagascar s’apprête à accueillir
les 11 èmes Jeux des Îles de l’Océan Indien
après le désistement des Maldives. Dans
cette perspective, nous nous donnons les
moyens de nos ambitions. Nous comptons
déjà 6 piscines olympiques, 6 gymnases de
4000 places, 30 gymnases de 1000 places
et 109 terrains synthétiques. Mais plusieurs
chantiers sont en cours. Notre capacité
d’accueil sportif croît très rapidement. Les
infrastructures sportives aux normes et standards
internationaux seront construites et
redéployées dans les collectivités décentralisées
et non plus uniquement concentrées
dans les grandes agglomérations. Le stade
municipal de Mahamasina est en pleine rénovation.
Sa capacité passera de 20 000 à
50 000 places, doté de bâtiments annexes
et équipements répondant aux exigences internationales.
Un centre d’hébergement pour
les athlètes d’une capacité de 3000 places
est en chantier à quelques minutes de l’aéroport
d’Ivato. Chaque chef-lieu de Faritany
sera doté de piscines olympiques, d’un gymnase
de 4000 places, d’un stade de football
homologué par la FIFA comme celui de Toamasina
qui a accueilli le match Barea- Côte
d’Ivoire lors de la 4ème journée des éliminatoires
de la CAN. Chaque chef-lieu de région
sera doté d’un gymnase de 1000 places.
Chaque district aura son terrain de football
synthétique. Tout ceci pour la concrétisation
du Plan quadriennal Émergence Jeunesse et
Sport 2020 - 2023 de notre département.
Mais aussi pour honorer les résolutions
prises lors de la Conférence internationale
des Ministres africains pour la mise en
œuvre du Plan d’action de Kazan consacrant
le Président Andry Rajoelina champion du
Sport et de l’Éducation physique de qualité
en Afrique. Une consécration, mais en
même temps une responsabilité considérable.
Voilà pourquoi nous ne lésinons pas
sur les moyens pour être à la hauteur de nos
ambitions !
VOUS ÊTES TRÈS PRÉSENT AUPRÈS
DES SPORTIFS DEPUIS VOTRE
NOMINATION EN 2019. ON VOUS A VU
À LA CAN EN EGYPTE, AUX JEUX DES
ÎLES À MAURICE, AUX JEUX AFRICAINS
AU MAROC ET À LA 1ÈRE CONFÉRENCE
RÉGIONALE DES MINISTRES
AFRICAINS DE L’ÉDUCATION ET DU
SPORT EN MARGE DE CES DERNIERS.
EST-CE UN STYLE VOLONTARISTE QUE
VOUS REVENDIQUEZ ?
Depuis mon adolescence, car j’ai été appelé
très tôt à des responsabilités collectives,
j’ai toujours adopté un leadership participatif.
Convaincu que je suis par le fait que
l’exemple doit venir du leader. En tant que
sportif, je sais l’effet positif du soutien moral
sur les athlètes. Plus vous partagez leurs
émotions, mieux sera leur rendement. Dans
ce registre, le Président de la République
donne l’exemple en étant omniprésent à
chaque compétition internationale pour
booster le moral des troupes ! Alors oui, je
continuerai d’être présent au maximum lors
des prochains rendez-vous internationaux.
Autant que mon agenda le permettra - car
les obligations ministérielles passent en premier
lieu -, je serai aux côtés des athlètes. En
outre, le Ministère joue pleinement son rôle
de tutelle et se charge de mobiliser les partenaires
et sponsors pour l’accompagnement
et l’appui des athlètes. Il ne s’agit pas tant
d’une revendication personnelle du style volontariste,
mais plutôt d’un sens de responsabilité
renforcé par la proximité depuis une
dizaine d’années du leader engagé qu’est
notre Président de la République.
PETITE QUESTION PLUS PERSONNELLE
POUR CONCLURE, QUELS SPORTS
PRATIQUEZ-VOUS ?
Mon sport favori est le Karate-do. Je le pratique
depuis ma tendre enfance (dès l’âge
de 6 ans). Actuellement je suis ceinture noire
4ème dan. Mais en même temps j’ai pratiqué
le football, la gymnastique : barres paral-
WSA
34 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
L’INTERVIEW
Rosa Rakotozafy
STAR DE L’ATHLÉTISME MALGACHE DEVENUE
DIRECTRICE GÉNÉRALE DES SPORTS !
Rosa Rakotozafy, spécialiste du 100 m haies, a connu une superbe carrière sportive. Elle occupe
désormais le poste prestigieux de Directrice Générale des Sports de Madagascar et est récemment
devenue la première femme nommée à la tête du Comité inter-gouvernemental de l’éducation
physique et sportive (CIGEPS) de l’UNESCO. Elle nous raconte son parcours exemplaire !
PROPOS RECUEILLIS PAR NAÏMA EL GUERMAH ET DAVID TOMASZEK
WOMEN SPORTS AFRICA : REVENONS
TOUT D’ABORD SUR VOTRE CARRIÈRE
SPORTIVE. POUVEZ-VOUS NOUS
RACONTER VOTRE PARCOURS DANS
LE SPORT DE HAUT NIVEAU ?
D.R.
Rosa a représenté
Madagascar aux
JO. Elle est fière
de participer
désormais à la
promotion du sport
dans son pays !
ROSA RAKOTOZAFY : J’ai évolué dans un
club à Fianarantsoa, ma ville natale et l’une
des six provinces de Madagascar, l’ASSFX,
avec le défunt Frère Fazio Domenico à qui je
souhaite rendre hommage. Un homme qui a
cultivé bien des graines de champions malgaches
qui ont brillé de mille feux tant sur le
plateau national qu’international et restera
dans les annales de l’histoire de l’éducation
et du sport malagasy. A travers le sport
à l’école ou l’EPS avec mon professeur de
l’époque Dezy Andrianjatovo qui m’a détectée
très jeune et m’a orientée dans un programme
d’entraînement auprès de ce club,
ensuite prise en main par l’entraîneur spécialisé
dans les courses de haies, Justin Andriamananoro.
J’ai participé à plusieurs compétitions
de sélection nationale qui ont porté
leurs fruits. Mais tout a vraiment commencé
en 1997, quand Madagascar a organisé les
IIIèmes Jeux de la Francophonie. Terminant
tée
par un expert français, Hervé Stéphan qui
est devenu mon coach par la suite. Le Centre
International d’Athlétisme de Dakar (CIAD)
venait d’ouvrir ses portes aux élites africaines
et j’ai été choisie pour en faire partie. Des programmes
de préparation et d’entraînements
destinés à fabriquer des champions africains
avec un programme d’entrainement intense
de 6 jours sur 7 ! Nous avons enchainé des
stages de perfectionnement et compétitions
en Afrique (Afrique du Sud, Cameroun, Côte
d’Ivoire, Bénin…) et partout en Europe en
passant par les centres sportifs du CREPS de
Boulouris ou de l’INSEP... En 1999, j’ai décroché
une médaille d’argent aux championnats
d’Afrique en Algérie, ensuite des médailles
d’or en 2000 en Tunisie et en 2004 au Congo
Brazzaville. J’ai représenté le continent africain
lors de la Coupe du monde d’athlétisme
en Espagne. J’ai participé aux Jeux des îles,
aux Championnats d’Afrique,
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 35
ENQUÊTE
aux Jeux Africains, à la Coupe du
monde, aux championnats du monde et au
Jeux olympiques. Ces expériences m’ont servie
plus tard dans le cadre de mes responsabilités
dans la gestion du sport. J’ai eu la
chance de vivre en direct ces grandes organisations
sportives. J’ai arrêté en 2005 pour
reprendre en 2011 avec une médaille d’or au
100 m haies des Jeux des Iles 2011 aux Seychelles
et une médaille de bronze aux Jeux
Africains 2011 de Maputo, au Mozambique.
A L’ISSUE DE VOTRE CARRIÈRE
SPORTIVE, VOUS AVEZ RELEVÉ UN
NOUVEAU DÉFI EN EMBRASSANT
DES POSTES À RESPONSABILITÉ
DANS L’ORGANISATION DU SPORT
MALGACHE.
Je suis entrée dans le domaine de la gestion
de l’administration sportive en commençant
par être la Secrétaire Générale de la Fédération
Malagasy d’Athlétisme. Je faisais
également partie du Cabinet des ministres
successifs en tant que Conseillère technique.
En 2014, j’ai été nommée Directrice du Sport
Fédéral en charge de toutes les fédérations
sportives et du sport de haut niveau. Depuis
mars 2019, je suis Directrice Générale des
Sports, Présidente du Conseil d’Administration
de l’Académie Nationale des Sports, Présidente
de l’Association Malgache des Olympiens.
Et j’ai récemment été élue Présidente
mondiale du Comité Inter-gouvernemental de
l’Education Physique et du Sport (CIGEPS).
Au cours de mon parcours, j’ai vécu des expériences
très riches. J’ai été Chef de délégations
à plusieurs reprises dans les grands
événements sportifs internationaux auxquels
Madagascar a pris part, ce qui a renforcé
davantage mes capacités dans la gestion du
sport. J’ai également pris part à de grandes
réunions telles que les réunions des Ministres
de la CONJEFES, lors desquelles j’ai
eu l’occasion à plusieurs reprises de représenter
notre Ministre. J’ai notamment participé
au Sommet de la francophonie organisé
à Madagascar en 2016, au Forum International
de la Jeunesse et de l’Emploi vert et à la
première Conférence des Ministres africains
en charge de l’éducation physique et du sport
sur la mise en œuvre en Afrique du Plan d’action
de Kazan organisé à Madagascar en
2019.
Ayant été diplômée du Centre d’Etudes Diplomatiques
et Stratégiques d’Antananarivo,
D.R.
Rosa préside le
CIGEPS, une
institution
constituée des
représentants de
18 États membres
de l’UNESCO.
de mieux servir le domaine dans lequel j’ai
été nommée. Au passage, je tenais à témoigner
ma reconnaissance au Ministre Tinoka
Roberto pour m’avoir donné l’opportunité
d’évoluer dans ce domaine et à ce niveau.
EN QUOI CONSISTE VOTRE POSTE DE
DIRECTRICE GÉNÉRALE DES SPORTS ?
QUELLES SONT VOS PRINCIPALES MIS-
SIONS ?
En tant que Directrice Générale des Sports
(DGS), je suis la première responsable du développement
et de la promotion du sport à
Madagascar. Je mets en musique la politique
et les engagements établis par l’Etat envers
le sport. Le Directeur Général des Sports,
qu’il soit homme ou femme, vise à promouvoir
la pratique physique et sportive tant en
ce qui concerne le sport de haut niveau que
le sport pour tous. Mes principales missions
consistent en l’élaboration, la mise en place,
la coordination et la réussite de la politique et
du système de :
• Préparation de la relève sportive, en axant
les actions sur l’institution des écoles de
sport, le développement des sports à l’école
et l’instauration de préparation des jeunes
athlètes en sport-étude,
• Appuis, administrativement, technique-
niveau, à travers la construction et/ou la
réhabilitation des infrastructures sportives,
la mise en œuvre progressive du Statut des
athlètes de haut niveau et à la participation
aux activités sportives au niveau internatio-
parmi les grandes nations sportives,
• Développement de l’initiative nationale du
sport pour tous, du sport-santé et de l’éducation
physique de qualité (EPQ), dans le respect
de la lutte contre les inégalités d’accès
à la pratique sportive, de la pratique du sport
comme facteur de santé à l’égard du grand
Dans l’accomplissement de ses missions,
le Directeur Général des Sports anime tous
les acteurs œuvrant, directement ou indirectement,
dans le milieu sportif à commencer
par les mouvements sportifs, des centres
nationaux et internationaux, axés sur l’entraînement
et la formation, les autres ministères
publics qui s’impliquent dans le sport comme
l’Éducation nationale, ainsi que les collectivités
locales et les entreprises privées.
VOUS ÊTES ÉGALEMENT LA PREMIÈRE
FEMME NOMMÉE À LA TÊTE DU
COMITÉ INTER-GOUVERNEMENTAL
DE L’ÉDUCATION PHYSIQUE ET
SPORTIVE (CIGEPS) QUI RASSEMBLE
18 ÉTATS-MEMBRES DE L’UNESCO.
EXPLIQUEZ-NOUS LE RÔLE DE CETTE
INSTANCE ET LE SYMBOLE QUE
CONSTITUE VOTRE NOMINATION.
Le CIGEPS a été créé en 1978 au sein de
l’Unesco pour développer le rôle et la valeur
du sport et promouvoir son inclusion dans
les politiques publiques. Plateforme orientée
vers l’action promouvant le dialogue et
la coopération entre les gouvernements, le
mouvement sportif et d’autres parties prenantes,
il est là également pour renforcer la
responsabilité des gouvernements et pour
réussies à travers le suivi et l’évaluation de
la mise en œuvre des politiques. Ce comité
36 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
pement
et de la paix dans le cadre global
du Programme à l’horizon 2030 en ayant
une coopération étroite qui a été établie
entre l’UNESCO, l’UN DESA, ONUG, l’OMS,
l’OIT. Ayant accepté ce poste, mon objectif
est d’améliorer la qualité de l’éducation
physique et sportive pour que tous les pays
programme destiné non seulement aux
sports d’élites mais également aux sports
pour tous.
Concernant Madagascar, les engagements
sportifs de l’Etat Malagasy ont porté leurs
fruits à travers cette élection. Après avoir
remporté le titre de « Champion de l’éducation
physique de qualité et du sport » durant
la première Conférence des Ministres africains
de l’Education physique et du sport
sur la mise en œuvre en Afrique du Plan
d’action de Kazan en septembre 2019, le
Président de la République de Madagascar,
Andry Rajoelina et le Ministre de la Jeunesse
et des Sports, Tinoka Roberto, n’ont
pas ménagé leurs efforts pour la réussite de
cette élection en faveur de Madagascar.
Cette nomination à la tête du CIGEPS a ob-
à l’UNESCO. Une vision qui s’accompagne
d’action du Président de la République faisant
du sport une priorité nationale, laquelle
est mise œuvre par le Ministre de la Jeunesse
et des Sports à travers la construction
des infrastructures sportives aux normes et
le soutien permanent aux sportifs malagasy.
Être la première femme à la tête de cette
instance depuis sa création en 1978 est un
grand honneur pour moi mais également
une victoire pour toutes les femmes. Cela répond
à nos souhaits et combats de tous les
jours de pouvoir se hisser dans des postes à
haute responsabilité, ainsi qu’à la vision de
l’UNESCO sur la promotion du genre.
D’ailleurs, le Ministre de la Jeunesse et des
Sports malagasy, Tinoka Roberto entend
développer une perspective et un nouvel espace
de soutien et de mobilisation des ressources
et des partenariats internationaux
pour appuyer les efforts de Madagascar
dans la promotion de l’éducation physique
de qualité et du sport dans notre pays. Mais
également la promotion du genre soutenu à
travers cette candidature.
QUELLE EST LA SITUATION DU SPORT
AU FÉMININ À MADAGASCAR ?
QUELLES SONT LES MESURES POUR LE
DÉVELOPPER ?
Tout d’abord, la pratique sportive à Madagascar
est libre, et les jeunes femmes et
du sport. En analysant les résultats sportifs
de haut niveau de Madagascar, les athlètes
féminines malagasy n’ont pas à rougir devant
leurs homologues masculins. Beaucoup
d’athlètes féminines malagasy ont porté
haut la couleur de Madagascar dans les
compétitions internationales et mondiales.
Aussi, dans toutes les fédérations qui sont
déjà mises en place à Madagascar, l’implication
et la participation des athlètes féminines
sont déjà constatées. Toutefois, l’attirance
de certaines femmes au sport se base surtout
à l’entretien de la santé ou à la perfection
de son corps et non à la compétition. Il
y a plus d’hommes que des femmes qui pratiquent
le sport de compétition. Il y a donc
un manque de relève chez les athlètes féminines
par rapport aux hommes sur lequel
nous devons travailler. Pour le développement
du sport au féminin à Madagascar, la
politique consiste d’une part à la facilité d’accès
de la gente féminine au sport, en milieu
scolaire ou d’autres milieux socio-éducatifs.
Cette facilitation d’accès peut se concrétiser
en améliorant la formation et le perfectionnement
professionnel continu pour les
enseignants de l’éducation physique et les
cadres en sport-santé et développement
pratiques en éducation physique de qualité
et en sport-santé. Ensuite, en construisant
et en aménageant des espaces de proximités
bien équipés pour les sports-santé, plus
accessibles à tous. D’autre part, le renforcement
de la politique d’encouragement à la
pratique du sport de compétition chez les
des anciennes gloires féminines malagasy,
ainsi que des athlètes féminines en vogue,
comme modèles et idoles pour les jeunes
pratique sportive de compétition.
EN TANT QUE « ROLE MODEL », QUEL
MESSAGE POUVEZ-VOUS ADRESSER
AUX JEUNES FILLES DU CONTINENT ?
De toujours se préparer car rien n’est obtenu
facilement dans la vie. De se respecter
soi-même car de cette façon nous avons le
respect des autres. De toujours vouloir faire
mieux qu’hier. Tout est question de volonté
et d’engagement dans la vie, sans cela, nous
n’arriverons à rien ! Il faut savoir et ne jamais
oublier que la vie, c’est exactement comme
le sport. Tout est question de préparation,
d’entraînement, de compétition. Il y aura toujours
un point de départ et un point d’arrivée.
Les médailles sont à l’arrivée et tu te dois de
prendre le départ pour espérer en décrocher.
l’excellence, la culture du résultat dans tout
ce qu’on fait car ce n’est que de cette façon
qu’on créera la différence ! WSA
TROIS QUESTION BONUS
POUR MIEUX CONNAÎTRE
ROSA RAKOTOZAFY
Votre idole dans le sport ?
Gail Devers, l’américaine spécialiste des
100m haies.
Une personnalité féminine qui
vous inspire ?
Laurence Fischer, la karatéka française
qui a remporté plusieurs titres
internationaux dont trois médailles
d’or aux Championnats du monde.
Actuellement Ambassadrice du Sport
français, elle participe à des missions
humanitaires en France et dans le
monde ; elle collabore également
auprès des femmes victimes de viols de
guerre en République démocratique du
Congo pour leur permettre de pratiquer
le karaté comme moyen de défense
via «Fight for Dignity», un programme
sportif et social spécifiquement adapté
aux femmes victimes de violences. Elle
fait partie du Club des Champions de la
Paix de «Peace and Sport». Tout ce que
Laurence fait est un exemple à suivre,
une source d’inspiration. Elle témoigne
qu’avec nos titres et médailles, nous
pouvons toujours faire quelque chose
de mieux et ce en faveur des autres !
3
Votre devise ?
« L’engagement est un acte et non une
parole » de Jean-Paul Sartre.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 37
ENQUÊTE
Madagascar,
LE RUGBY POUR
TRANSFORMER
L’ESSAI DE L’ÉGALITÉ
Depuis quelques années, Madagascar utilise le sport, et
plus précisément le rugby, au service de l’éducation de sa
jeunesse. Gouvernement, corps enseignant et communautés
malgaches, tous ont compris les enjeux du sport pour le
développement. Tous, y compris les jeunes filles, qui trouvent
sur les terrains les clés de leur émancipation.
PAR FLORIANE CANTORO
Utiliser le rugby comme
outil d’éducation et
d’émancipation et
comme vecteur de solidarité
internationale.
C’est avec cette ambition chevillée au
corps que «Terres en Mêlées» a débarqué
à Madagascar en 2014, à la demande
de la fédération Malagasy Rugby.
Créée en 2011 par l’ancien rugbyman
professionnel Pierre Gony, également
éducateur sportif, cette association
avait déjà fait ses preuves en matière de
sport pour le développement avec des
projets menés au Maroc et au Sénégal.
Mais à Madagascar peut-être encore
plus qu’ailleurs, l’idée d’utiliser la pratique
du rugby comme support éducatif
a plu. « Il y a un vrai engouement de la
part du gouvernement malgache pour
mettre le sport au service du développement
», explique Pierre Gony. Cette
volonté associée à une forte culture rugby,
et «Terres en Mêlées» a eu vite fait
de prendre ses quartiers sur cette île de
l’océan Indien.
19.000 jeunes filles initiées au
rugby
Aujourd’hui, l’association joue un rôle de
tout premier plan à Madagascar. Via ses
actions éducatives, elle rythme chaque
jour le quotidien de milliers de jeunes
dissent
grâce aux valeurs véhiculées par
le rugby. En six ans, plus de 30.000 enfants
malgaches ont été initiés à la pra-
mi
les actions notoires de l’association,
on peut citer la création du premier championnat
national de rugby scolaire mixte
du pays (en partenariat avec Malagasy
Rugby, le Ministère de la Jeunesse et des
Sports et le Ministère de l’Éducation nationale).
« Notre approche est de toucher
prioritairement le milieu scolaire car le
tissu associatif africain n’est pas encore
assez développé, explique le fondateur de
«Terres en Mêlées». En revanche, beaucoup
d’enseignants locaux souhaitent
être formés pour faire de l’éducation par
le sport une réalité au sein des établisse-
© Terres en Mêlée
38 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
ments scolaires. Il s’agit de leur donner
les ressources pédagogiques nécessaires
de favoriser l’égalité des genres au sein
de leur communauté. »
Emancipation par le rugby, le
bel exemple de Marcelia
La compétition
n’est pas la seule
finalité du sport.
Madagascar l’a
bien compris !
Pour porter haut et fort ses valeurs,
«Terres en Mêlées» a préféré donner la
projets plutôt qu’aux rugbymen profes-
ont émergé pour devenir des symboles
de l’éducation et de l’émancipation par
le sport.
EN SIX ANS,
PLUS DE 30.000
ENFANTS
MALGACHES ONT
ÉTÉ INITIÉS À LA
PRATIQUE DU
RUGBY, DONT
19.000 FILLES.
C’est notamment le cas de Marcelia,
20 ans. En 2014, quand l’association arrive
dans son village d’Antsepoka (sur la
Côte Saphir au sud-ouest de Madagascar)
avec ses fameux ballons ovales, c’est pour
elle une petite révolution. Elle découvre
que le rugby lui donne une force nouvelle.
« Quand je l’ai rencontrée, elle était une
jeune maman de 13 ans, se souvient
Pierre Gony. Elle ne pouvait pas jouer au
rugby avec son bébé dans les bras… alors
je le lui ai pris et je lui ai donné un ballon
à la place. Elle est entrée sur le terrain, l’a
traversé en bousculant tous les garçons
sur son passage pour marquer un essai.
C’était incroyable ! Les regards sur elle
ont immédiatement changé : les gens ne
devenue maman trop tôt, mais ils percevaient
désormais la sportive aux
N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 39
ENQUÊTE
Marcelia est une
jeune malgache
privée d’école qui,
grâce au sport et au
rugby, a obtenu la
reconnaissance de
tous.
© Terres en Mêlée
qualités athlétiques impressionnantes,
une dure à cuire qui ne recule
jamais devant l’adversité. » Marcelia est
rapidement devenue une icône au sein de
sa communauté. Elle a été repérée par les
grands médias et son chemin l’a menée
jusqu’à la dernière Coupe du monde de
rugby au Japon, où elle était égérie pour
Société Générale. « C’est l’histoire d’une
sport, a obtenu la reconnaissance de tous.
Elle prouve qu’on peut réussir dans le
sport autrement que par la compétition. »
le ballon ovale » - produit par les Docs du
Nord et réalisé par Christophe Vindis en
2017 retrace son parcours. « Elle incarne
qui sont prêtes à se battre pour vivre leur
passion et capables de surmonter tous les
traditionnels - pour évoluer librement sur
cipation.
»
Tous unis pour l’égalité des
genres à Madagascar
«Terres en Mêlées» et a convaincu le Ministère
de l’Europe et des Affaires Etrangères
à travers son Ambassade de France
le premier Brevet d’aptitude Sport pour
le Développement - option rugby- (dont
Ce projet, doté d’une enveloppe globale
de 500.000 €, a également pour mission
DES JEUNES FILLES ONT ÉMERGÉ
POUR DEVENIR DES SYMBOLES DE
L’ÉDUCATION ET DE L’ÉMANCIPATION
PAR LE SPORT.
© Terres en Mêlée
40 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
de former sur deux ans « une nouvelle
génération de professeurs d’éducation
puissent comprendre les enjeux du sport
pour le développement et avoir des outils
adaptés pour travailler sur l’égalité des
genres et la mixité en temps scolaire ». Ce
projet a permis la mise en place d’autres
activités comme des stages sur l’entrepreneuriat
sportif dans différentes villes de la
grande île, des stages de sensibilisation
au rugby pour les institutrices ou des entraînements
pour les enfants défavorisés
de Tananarive et de Tamatave.
Ce projet « Réduire les inégalités femmeshommes
par le rugby, vecteur de la promotion
du genre et de développement à
Madagascar » est mené à l’initiative de
l’Ambassade de France à Madagascar,
en partenariat avec l’Académie nationale
des sports et Malagasy Rugby. Pierre
Gony se réjouit de l’implication des instances.
Il entend donner une suite au
projet en « accompagnant les formateurs
ainsi accrédités (diplômés) pour qu’ils
puissent disséminer à leur tour, auprès
de la communauté éducative malgache,
les contenus appris. » Les formations se
poursuivent également à destination des
la nouvelle
Marcelia », «Terres en Mêlées» a récemment
créé le dispositif du « XV des am-
par le Comité international olympique (CIO),
vise à accompagner des joueuses pour
qu’elles deviennent des éducatrices en faveur
de l’égalité des genres, puis des ambassadrices.
« Le but est qu’elles prennent
la parole pour sensibiliser leur communauté
autour de l’empowerment des femmes
via le sport. » Marcelia a déjà marqué l’essai,
à d’autres de le transformer. WSA
© Terres en Mêlée
TERRES EN MÊLÉES :
HISTOIRE ET ACTIONS
DE L’ASSOCIATION
Pour comprendre l’histoire de «Terres en
Mêlées», il faut d’abord connaître celle de
Pierre Gony. Cet ancien joueur du Stade
Toulousain, 36 ans aujourd’hui, était un
adolescent turbulent. Il aurait pu « mal
tourner » si un éducateur de rugby ne lui
avait pas tendu la main pour le remettre
« sur le droit chemin ». « Il m’a permis
de me remobiliser sur mon parcours en
me faisant intégrer un grand club de
rugby : à 14-15 ans, je suis passé de petit
délinquant à rugbyman de haut niveau. »
Quelques années plus tard, Pierre Gony
décide de devenir éducateur à son tour. Il
se donne pour mission d’aider les jeunes
des quartiers défavorisés de Toulouse via
la pratique du rugby, en les amenant dans
les clubs. Il les suit et les accompagne
pendant des années, jusqu’à ce que ces
jeunes grandissent et deviennent des
adultes insérés dans la société.
© Terres en Mêlée
Estimant avoir fait « sa part du travail »,
l’ancien athlète décide de se consacrer à
un projet plus personnel alliant son goût
du voyage, sa passion du rugby et son
métier d’éducateur. À 25 ans, il se lance
un défi : faire le tour de l’Afrique à vélo,
des ballons sur le porte-bagage, et troquer
le gîte et le couvert contre des séances
d’initiation. « Aller à la rencontre de l’autre
avec le rugby comme passeport. »
L’engouement que suscite son projet
est tel qu’une association est créée :
«Terres en Mêlées». Elle se lance dans
l’aventure au Maroc en 2011. Sur place,
les bénévoles aident un groupe de jeunes
marocains à monter un club de rugby dans
leur village. De fil en aiguille, d’autres clubs
et d’autres initiatives similaires voient le
jour dans plusieurs pays africains et cela
conduit à la création de trois nouvelles
associations «Terres en Mêlées» au Togo,
au Burkina Faso et à Madagascar. Dix
ans plus tard, «Terres en Mêlées» est un
réseau d’associations affiliées qui œuvrent
ensemble dans l’éducation par le sport
pour créer une culture commune de paix.
Ses actions portent sur le développement
de la pratique, la promotion de l’égalité
des genres, l’éducation socio-citoyenne et
l’accompagnement vers l’emploi.
Les actions de «Terres en Mêlées» ont
reçu une reconnaissance internationale.
Notamment le soutien de la Fédération
internationale de rugby (World Rugby),
via son programme « Spirit of rugby ». Et
«Terres en Mêlées» Madagascar a gagné le
prestigieux prix Beyond Sport Global Award
à New York en 2018.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 41
ENSEMBLE
SPORT EN COMMUN :
un projet ambitieux qui s’appuie sur le sport
comme un vecteur de développement
économique et social en Afrique
Initiée par l’Agence française de développement (AFD), la plateforme panafricaine Sport en
Commun est désormais en ordre de marche ! Découvrez ce nouveau dispositif exceptionnel au
service du développement économique et social du continent par le sport !
La plateforme panafricaine Sport
en Commun a pour mission de
connecter les porteurs de projets
à fort impact sur le développement
par le sport en Afrique avec
des structures capables de financer leurs
actions et de les accompagner dans leur
réalisation. L’ensemble de ses actions est
porté par la conviction que le sport est un
levier de développement fort et qu’il contribue
à l’atteinte des Objectifs de Développement
Durable (ODD).
Sport en Commun répond à trois besoins
essentiels identifiés par les acteurs de
l’écosystème : le financement, l’accompagnement
et la mise en relation. A travers
des services et une offre riche, Sport en
Commun apporte des solutions concrètes
pour accélérer la structuration des projets,
capitaliser les fonds disponibles et orienter
les financements de manière optimale selon
les projets et les besoins.
Sport en Commun, un levier de
développement économique et
social
Sport en Commun s’inscrit dans la continuité
du discours prononcé par le Président
français Emmanuel Macron à Ouagadougou
en 2017 qui a placé le sport comme
« un levier pour la jeunesse et le développement
économique et social en Afrique ».
Confié à l’Agence française de développement
(AFD) en février 2018, à l’occasion
de la visite du président George Weah, ce
projet ambitieux est aujourd’hui piloté par
la structure sénégalaise Sport Impact, qui
en assure l’animation ainsi que la gestion
des services et des fonctionnalités.
Secteur économique porteur, le sport est
estimé actuellement à 2 % du PIB mondial
par I'OCDE, contre 0,5 % dans les années
1970. En Afrique, d’importants besoins
d'investissements se font sentir car le
développement du secteur sportif, malgré
sa grande popularité, y reste insatisfaisant.
Les projets, bien que nombreux,
peinent à voir le jour faute de moyens et
de soutien : manque d’infrastructures et
d’équipements sportifs sur l’ensemble
du continent, cadres formés à la gestion
du secteur et au management du sport
en nombre insuffisant, etc. Les défis à
relever sont nombreux.
Enfin, et c’est sans doute plus important,
un dialogue organisé reste à construire
entre les différentes parties prenantes
de la filière sport pour qu’elle puisse
émerger durablement et positivement.
C’est là, la principale mission de Sport
en Commun.
« L’objectif de Sport en Commun est ambitieux
à plusieurs titres : non seulement
le projet porte haut les Objectifs de Développement
Durable et s’inscrit dans une
logique de développement économique
et social à long terme, mais il apporte
également des réponses concrètes à tout
un secteur en quête de structuration »
déclare Nelson Camara, Président de
Sport Impact. « Nous travaillons depuis
plusieurs mois sur l’offre de la plateforme,
Sport en Commun remporte déjà une vive
adhésion de la part du monde sportif, des
ONG et de nombreux acteurs de l’écosystème
sport et développement en Afrique à
qui nous l’avons présentée ».
Une offre déjà riche
En juillet dernier, face à la pandémie de
Covid-19, Sport en Commun a lancé un
appel à projets dédié au financement
d’initiatives sur la thématique « Sport
et Santé », co-financé par l’AFD et la
FIFA. A destination des structures africaines
et des associations et fondations
françaises, l’appel à projets « Sport et
Santé » finance des initiatives jusqu’à
40 000 €.
Clos le jeudi 10 septembre, la première
phase de cet appel à projets a enregistré
plus de 1 000 demandes d'inscription en
l’espace de seulement six semaines.
En outre, deux programmes innovants
seront relayés sur la plateforme Sport en
Commun :
l’appel à microprojets « Sport & Développement
» porté par l’ONG La Guilde,
dont l’objectif est d’accompagner et de
financer des microprojets de sport au
service du développement en Afrique et
en Haïti ;
l’incubation de projets portés par des
athlètes qui s’inscrit dans le cadre du
partenariat entre l’AFD et le Comité d’Organisation
des Jeux Olympiques de Paris
2024. WSA
42 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
SPORT
IMPACT
LEADERS,
des athlètes engagés
pour la jeunesse africaine
Qui de mieux que
des sportives et
sportifs engagés
pour promouvoir
la thématique
sport et développement et incarner
ces valeurs ? La plateforme
Sport en Commun a
reçu le soutien de nombreux
athlètes de haut de niveau,
toutes et tous impliqués dans
le développement par le sport
en Afrique.
Citons notamment : Idrissa
Gana Gueye, Isabelle Yacoubou,
Géraldine Yema Robert,
Youssouf Mulumbu, Louis
Saha, Diandra Tchatchouang,
Arnaud Assoumani, Emilie Andéol,
Julie Benoist, Séverine
Desbouys, Rock Feliho, Diana
Gandéga, Aby Gaye, Wassilah
Imlak, Amy Mbacke Thiam,
François Trinh-Duc, Lisa Zimouche,
Olivier Diomande.
« Ensemble utilisons le pouvoir
du sport pour réduire les
inégalités », déclare Diandra
Tchatchouang. « Le sport a
cet incroyable pouvoir de faire
tomber les barrières et de
promouvoir l'inclusion auprès
d'enfants laissés sur le côté. »,
ajoute Arnaud Assoumani.
Représentants de la diversité
et de l'inclusion, ces
Sport Impact Leaders sont
de véritables ambassadeurs
de la plateforme, en particulier
auprès de la jeunesse
africaine, et jouent différents
rôles :
Sensibiliser : en faisant
entendre la voix de Sport en
Commun, en portant ses valeurs,
et en communiquant
sur ses réalisations.
Donner de la visibilité aux
appels à projets lancés par la
plateforme, comme ce fut le
cas cet été par exemple avec
l'appel à projet Sport et Santé
cofinancé par l'AFD et la FIFA,
afin d'encourager les porteurs
de projets à candidater.
Participer à des actions de
terrain, ou des événements
organisés ou soutenus par
Sport en Commun et apporter
leur soutien aux projets qui
leur tiennent à cœur.
S'ils font rayonner le sport et
ses valeurs auprès des acteurs
de l'écosystème et des
différents publics, les Sport
Impact Leaders sont également
accompagnés et soutenus
par la plateforme Sport
en Commun dans le développement
et la mise en œuvre
de leur propre projet.
« Nous sommes fiers d’avoir
reçu le soutien de ces athlètes,
et de voir cette communauté
de Sport Impact
Leaders s'agrandir jour après
jour pour servir de locomotive
à la thématique sport et développement
», déclare Nelson
Camara, Président de Sport
Impact, structure en charge
de la gestion et de l’animation
de la plateforme. WSA
L’AFD ET LA FIFA
UNIES POUR LES
« CHAMPIONNES ! »
Suite à la convention
signée entre la FIFA et
l’Agence Française de
Développement (AFD) en
juin 2019, qui promeut
le football en tant que
vecteur de développement,
plusieurs projets voient
le jour en Afrique. Le
projet « Championnes ! »
sera initié en Guinée, au
Bénin et au Togo où il
concernera pas moins de
6000 jeunes filles et
1000 personnes de leur
entourage. Son objectif
principal est de permettre
à ces jeunes joueuses de
suivre grâce au football
une éducation de qualité
dans un environnement
sécurisé. Ce projet pilote,
qui s’étendra jusqu’en
2023, fait de la promotion
du football féminin un outil
d’émancipation des filles,
de défense des droits des
enfants, et de lutte contre
les Violences Basées sur
le Genre (VBG). L’appel à
projet « sport et santé »
cofinancé avec la FIFA
a par ailleurs permis de
sélectionner 15 projets
lauréats en Afrique pour
un montant total de
financement de 475 K€.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 43
ENSEMBLE
DENIS MASSEGLIA :
« L’émergence de dirigeantes en
Afrique est une fierté pour le
mouvement sportif »
Président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Denis Masseglia est
aussi secrétaire général et co-fondateur de l’Association Francophone de Comités Nationaux
Olympiques (AFCNO), présidée par l’Ivoirien Alain-Frédéric Ekra. Il revient en exclusivité
pour Women Sports Africa sur la genèse de cette institution et sa contribution à l’émergence de
femmes dirigeantes au sein du mouvement sportif africain. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
est née en 2010 »,
nous précise Denis
Masseglia qui nous
demande d’emblée de
“L'AFCNO
placer l’adjectif « francophone
» au bon endroit. « Il s’agit de
l’association francophone de CNO et non
l’inverse ! Plusieurs de nos membres pratiquent
le bilinguisme, comme nos amis
belges, par exemple. » Cette association a
été fondée pour unir les forces des comités
olympiques francophones partout dans
le monde et notamment en Afrique, afin de
créer un front commun face aux puissantes
associations anglophones. « La France et
la ministre des Sports de l’époque, Roselyne
Bachelot, ont fortement soutenu la création
de l’AFCNO. Au départ, il y avait 36 CNO,
que nous avons tous accueillis à Paris pour
une belle inauguration. Aujourd’hui, il y a 48
membres. »
Cette association fête donc ses 10 ans
et multiplie les initiatives. « Nous organisons
chaque année un séminaire des
entraîneurs et un forum des athlètes.
L’AFCNO décerne les « Trophées du sport
francophone » pour valoriser et récompenser
des athlètes, dirigeants et entraîneurs
pour leurs performances, leurs projets ou
leurs initiatives. L’AFCNO a par ailleurs
lancé le Programme de volontariat sportif
francophone qui permet à de jeunes volontaires
de partir en mission au service du
mouvement sportif francophone. Ce dispositif
permet aux CNO membres et aux organisations
associées de l’AFCNO d’accueillir,
pour une durée de 8 à 12 mois, un(e)
jeune diplômé(e) francophone à même de
soutenir la mise en œuvre ou le développement
d’un ou plusieurs projets identifiés.
Le CNOSF, via le dispositif français du
service civique, s’est engagé aux côtés de
l’AFCNO pour mettre à sa disposition
chaque année plus d’une dizaine de volontaires.
Les missions des volontaires sont
variées et s’adaptent aux besoins des CNO
et des organisations associées : éducation
aux valeurs olympiques, développement de
la pratique sportive, communication, développement
des unions francophones...»
Denis Masseglia se réjouit que le mouvement
sportif africain, notamment francophone,
favorise l’émergence de dirigeantes.
« Sous la houlette du CIO, des efforts ont été
faits pour promouvoir les femmes dans les
instances dirigeantes. De ce point de vue,
l’Afrique est un modèle pour notre vieille Europe
! L’émergence de dirigeantes sur des
structures jeunes est évidemment plus facile
que dans nos très anciennes structures
fédérales. En France, une femme doit passer
« SOUS LA HOULETTE DU CIO, DES
EFFORTS ONT ÉTÉ FAITS POUR
PROMOUVOIR LES FEMMES DANS LES
INSTANCES DIRIGEANTES. »
par la présidence d’un club, puis d’un comité
départemental, puis d’une ligue régionale
avant de devenir présidente de fédération.
En Afrique, dans des instances plus jeunes,
le chemin est plus court ! » WSA
D.R.
44 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 45
ENSEMBLE
DANS LES COULISSES
D’UNE COURSE AUTO « WOMEN ONLY »
Récit et témoignages du Trophée Mousso,
course automobile dédiée aux femmes
L’histoire n’est pas commune, et c’est ça qui nous plaît chez Women Sports Africa ! Elle est
portée par la passion, la famille, les valeurs, la défense de la place des femmes dans le sport,
la culture sénégalaise… Et cette histoire a démarré il y a bientôt 20 ans, au cœur de Dakar, et
a subi quelques évolutions et métamorphoses… PAR LÉA BORIE
Trophée Mousso, l’origine
Le Trophée Mousso, c’est en fait une saga
en deux temps. La première édition a vu le
jour en 2002. Elle était portée par Maodo
Guirandou, lui-même journaliste sportif qui
couvrait le Rallye Dakar et s’était surpris de
la présence d’un seul et unique équipage
dingue
(langue bambara). Comme son nom
l’indique, cette course est donc uniquement
féminine. Durant les six premières éditions,
la compétition dakaroise se déroulait sur
deux jours au cœur de la capitale sénégalaise.
Son objectif de départ : vulgariser les
sports mécaniques pour ouvrir cette pratique
traditionnellement masculine aux femmes.
La renaissance
ganisateur
se voit contraint de suspendre
le Trophée Mousso, en 2007. Treize ans se
passent avant que la compétition ne reparte
de plus belle. Pour la relance en 2020, il a
été décidé de concentrer les manches sur
une journée, autour de l’épreuve de gymkhana
(un parcours de slaloms et d’obstacles).
Rendez-vous était donné sur l’espace d’origine
: l’esplanade du Stade Léopold Sédar
Senghor, dans un quartier populaire de Dakar.
Derrière cette organisation désormais,
une femme, Célia Cissé, qui n’est autre
plus sur les circuits. Un challenge porté par
-
et l’agence de communication Tandem, dont
Célia Cissé est justement la directrice.
L’édition 2020, le grand retour
Une date phare
8 mars. C’est le 8 mars 2020 qu’a eu lieu la
dernière édition du Trophée Mousso. Un jour
qui n’a évidemment pas été choisi au hasard,
puisque c’est la journée internationale
des droits des femmes.
Lors du coup d’envoi, le ministre des Sports,
Matar Ba, était présent. Cette journée a aussi
été l’occasion de démonstrations de karting,
pour montrer le panel des sports méca-
africaines actives pour le développement)
ont pu être valorisées, et notamment le projet
d’aide aux gestes de premiers secours en
milieu rural.
Célia Cissé a remis sur pied le Trophée Mousso, treize ans après sa création.
© Tandem Agency
46 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Les voitures sont
fournies aux
femmes par les
organisateurs. Un
obstacle en moins à
la féminisation du
sport auto.
© Tandem Agency
Une belle histoire de famille
La nouvelle organisation du Trophée Mous-
des moments de partage. « Ma mère est
passionnée, nous raconte Célia Cissé. Elle
me fatigue le dimanche quand elle regarde
la Formule 1 (Rire). C’était pour moi un vrai
pas vers elle que de partager sa passion
des courses auto, moi qui suis animée par
la boxe. Cela a rendu encore un peu plus
forte notre relation. »
Les prérequis pour participer à la
course (amatrice ou professionnelles),
jauge limitée à 24 participantes, les
premières inscrites sont les premières
servies :
- avoir le permis de conduire
- avoir fait sa visite médicale auprès d’un médecin
de la fédération
- s’être acquittée des frais de participation
Le défi majeur : l’équipement
Pour que ce trophée soit à la hauteur de
ses valeurs de sport automobile accessible,
ses organisateurs défendent l’intérêt
de fournir aux participantes un équipement
complet nécessaire à la course.
En effet, le Trophée Mousso fournit les
voitures préparées avec des arceaux,
LA NOUVELLE
ORGANISATION DU
TROPHÉE MOUSSO,
UNE HISTOIRE
MÈRE-FILLE
FUSIONNELLE.
© Tandem Agency
un siège baquet, un harnais. Même le
casque est fourni. Le repas et l’assurance
point noir des éditions passées. Maodo
à fournir des voitures à l’époque : « En
cherchant à louer des voitures pour la
course, on nous demandait pour quelle
raison. On a répondu ‘‘pour les prêter à
des femmes pour faire des courses automobiles’’.
Les gens nous ont pris pour
des fous !» Ce qui en dit long sur la considération
des femmes conductrices au Sénégal.
De plus, avoir ses propres voitures,
c’est aussi un gage de pérennité dans le
temps pour le Trophée. WSA
© Tandem Agency
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 47
ENSEMBLE
Retrouvez Célia
et son initiative
100 % sport pour
valoriser la
pratique sportive
au Sénégal !
D.R.
Célia est née et a grandi au
Sénégal. Après des études
en France et en Chine, elle
revient au pays, bien décidée
à faire bouger les choses.
Aujourd’hui membre de la
FSAM (Fédération sénégalaise
de sport automobile et
motocycliste), la jeune femme
de 33 ans porte l’une des rares
compétitions automobiles
d’Afrique de l’Ouest. PARLÉA BORIE
ENTRETIEN AVEC
CÉLIA CISSÉ
« DÉFENDRE LA PLACE DE LA
FEMME DANS CE SPORT, DANS
LES SPORTS AU SÉNÉGAL »
D.R.
WOMEN SPORTS AFRICA : VOUS
QUI OBSERVIEZ VOTRE MAMAN
SUR LES CIRCUITS PLUS JEUNE,
QU’EST-CE QUE VOUS ÉPROUVEZ
AUJOURD’HUI ?
CÉLIA CISSÉ : En prenant le relais, je me
devais d’assurer. Il y a une chose qui ne
change pas, c’est la fierté. La mienne,
celle de ma mère, celle de toutes les
femmes qui participent. Qui viennent
vivre une journée pleine de convivialité
avec leurs enfants. On a accueilli
23 participantes, des Sénégalaises,
mais aussi des femmes de nationalités
française, libanaise et cap-verdienne.
QU’EST-CE QUE VENAIENT
CHERCHER CES FEMMES ?
Ma mère Awa Dione et Abibatou Fall
voulaient revivre l’émotion de l’époque
lors des premières éditions du Trophée
Mousso. D’autres cherchaient l’adrénaline,
la passion de la conduite, ou encore
la simple curiosité. Sur cette épreuve
d’obstacles du gymkhana, on est plus en
sécurité qu’une course en ligne droite
qui demande de gérer les freinages.
PARI TENU POUR LE COMBAT DES
FEMMES, DE LEUR PLACE DANS CE
SPORT ?
Oui ! Nous les femmes, avec nos petits
moyens du bord, on n’a pas de Porsche,
mais on est tout aussi capables que les
hommes d’être sur un circuit.
« ON EST TOUT
AUSSI CAPABLES
QUE LES HOMMES
D’ÊTRE SUR UN
CIRCUIT. »
48 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
la communication, de faire ce travail. Car
le sport permet de réveiller le leadership
des femmes.
ET JUSTEMENT, VOS AUTO-PROMOS
POUR LA SUITE ?
On a pu maintenir l’édition 2020 malgré
la covid-19, mais notre compétition de novembre
dernier a été annulée. Nous espérons
pouvoir reprendre la programmation
sans encombre. Les Sénégalais sont à la
recherche d’initiatives de ce type, et nous,
ça nous a donné plein d’idées ! WSA
« Le sport permet de réveiller le leadership des femmes. »
D’ailleurs, il ne faut pas une grande
force pour piloter. Juste de l’adresse,
de la concentration, des réflexes, de
l’endurance, et l’amour de la vitesse.
C’est un sport où hommes et femmes
peuvent être à égalité ! Preuve en est
Sophia Samba Azar, qui, contrairement
aux hommes qui ont tendance à se précipiter,
se positionne. D’ailleurs, dans
les courses, les deux sexes concourent
dans la même catégorie.
LES FEMMES MANQUENT VRAIMENT
DE MISE EN VALEUR AU SÉNÉGAL EN
LA MATIÈRE SELON VOUS ?
J’aimerais qu’on entende plus d’Hortense
Diedhiou, judokate, et d’Amy Mbacké
Thiam, athlète ! On encense les footballeurs
mais il y a pourtant tant de sports
à promouvoir : lutte, rugby, basket, arts
martiaux… et de parcours sportifs à valoriser.
C’est aussi à nous, professionnels de
D.R.
Merci à Célia Cissé pour le temps sans limite
qu’elle nous a accordé pour mener à bien ce
projet journalistique.
Un grand merci à sa maman Awa Dione pour
sa disponibilité également.
Longue vie au sport féminin au Sénégal !
Quelques liens pour mieux comprendre,
encourager, soutenir :
• @tropheemousso (Facebook)
• Agence de communication Tandem
www.tandem.agency/
• FSAM (Fédération sénégalaise de sport
automobile et motocycliste) : @fsamofficiel
(Facebook) / www.fsam.sn
• FAADEV (Femmes africaines actives pour le
développement) : @faadevafrica (Facebook)
Sources : Auto mag – interview vidéo de Célia Cissé du 15 janvier 2020, Article dans Le quotidien – 28 février 2020, de Worry Diallo, Reportage TV pour la chaîne 2 TV Sénégal, émission Sport 2S, le 2 mars 2020
INTERVIEW FLASH
D’AWA DIONE
Pilote de 66 ans,
vice-présidente de la
Fédération sénégalaise
d’auto-moto, mère de
Célia Cissé, doyenne de
la compétition en 2020,
l’une des premières
Sénégalaises à rouler.
D’où vous est venu ce
goût pour les sports
mécaniques ?
Je suis née à Nevers, en
France. J’ai grandi à côté du
Circuit de Nevers Magny-
Cours, bercée par le bruit
des moteurs. Mais on n’avait
pas les moyens de m’inscrire
à un sport mécanique.
Installée au Sénégal à
mes 25 ans, j’ai trouvé des
cours, j’ai même participé
à des courses informelles
aux côtés des hommes.
Le Trophée Mousso m’a
confortée dans mon envie
de poursuivre. Et un circuit
a été construit ici, où j’ai pu
tourner avec quelques filles.
Des filles, il y
en a davantage
aujourd’hui ?
La course automobile
n’est pas dans la culture
sénégalaise. Ce n’est pas
comme en Europe. C’est
réservé à une élite. Alors
c’est encore plus compliqué
lorsque vous êtes une
femme, vous devez affronter
les regards. Il vous faut
gagner la confiance. Mais
c’est quelque chose que
vous vivez déjà au quotidien,
dans la circulation. Dès que
je dépasse des hommes
en voiture en ville, ils ne le
supportent pas. Il faut faire
évoluer les mentalités. Les
femmes sont de plus en plus
nombreuses à conduire des
D.R.
voitures, à faire des courses
auto. Donc si hier c’était
une nouveauté, aujourd’hui,
les gens commencent
à s’habituer, et certains
trouvent ça amusant, et c’est
plutôt bienveillant.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 49
ENSEMBLE
PORTRAIT
Le fabuleux destin de
SALIMA SOUAKRI
Légende du judo algérien, Salima Souakri fut la première femme à défendre les couleurs de
son pays dans son sport aux Jeux Olympiques en 1992. Elle fut aussi, à ce titre, une cible
pour les intégristes, qui ont assassiné son frère. Salima Souakri a multiplié les combats, pour
la reconnaissance du sport au féminin, pour l’égalité entre les femmes et les hommes au sein
de sa discipline, pour l’émancipation des jeunes filles par le sport, partout en Algérie. Autant
de combats qui lui ont valu le Trophée «Femme et Sport» pour le continent africain, décerné
en 2020 par le CIO. Aujourd’hui en charge du développement du sport d’élite en Algérie,
Salima Souakri a accepté de nous raconter son histoire. PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
WOMEN SPORTS AFRICA :
VOUS AVEZ ÉTÉ UNE IMMENSE
CHAMPIONNE DE JUDO. COMMENT
AVEZ-VOUS DÉCOUVERT CETTE
DISCIPLINE À UNE ÉPOQUE OÙ
TRÈS PEU DE JEUNES FILLES LA
PRATIQUAIENT EN ALGÉRIE ?
SALIMA SOUAKRI : Je suis née dans
un quartier populaire de la banlieue
d’Alger. Mes parents ont eu cinq garçons
et une fille, moi ! Mon père était
très fier d’avoir des garçons et son
voisin, qui n’avait eu que des filles,
était très jaloux. Nous vivions dans un
environnement très masculin et très
conservateur. Ce n’était pas facile pour
une jeune fille. Mais je refusais cette
situation et très jeune j’ai revendiqué
mon droit à l’égalité avec un acte fort :
j’ai fait le choix du célibat. J’ai marqué
cette conviction en me coupant les cheveux
très courts. J’ai choisi, en quelque
sorte, une « vie de garçon ». Le jour où
mon père a inscrit ses cinq fils à un club
de judo qui se trouvait à 10 km de notre
domicile, je l’ai supplié de m’y inscrire
aussi. J’ai pleuré toute une nuit. Et j’ai
fini par le convaincre. Il s’est dit que, de
toute façon, on allait me prendre pour
un garçon avec mes cheveux courts.
C’est ainsi qu’à l’âge de 10 ans j’ai
découvert les tatamis. J’étais la seule
fille. J'ai commencé les entraînements
dans un climat électrique. Les garçons
ne me faisaient aucun cadeau. J'ai reçu
les raclées de ma vie. Mais je m'entraînais
10 fois plus que les autres. Mes
frères ont fini par abandonner, las des
10 km à parcourir à pied pour rentrer de
l’entraînement. Moi, j’ai continué. Petit
à petit, j’ai commencé à battre des garçons.
Et petit à petit, d’autres parents
ont osé inscrire leurs filles.
QUELS ONT ÉTÉ LES MOMENTS LES
PLUS FORTS DE VOTRE CARRIÈRE
SPORTIVE ?
Lorsque j’ai commencé la compétition,
j’ai pu découvrir le monde. Je n’étais
jamais sortie de mon quartier. D’ailleurs,
mes copines me demandaient de
leur raconter tous les détails de mes
voyages. Elles vivaient ma passion par
procuration. Je leur offrais mes médailles.
En 1990, j’ai été sélectionnée
en équipe nationale à l’âge de 15 ans.
En 1992, j’ai été la première Algérienne
qualifiée pour les Jeux Olympiques, à
Barcelone. J'avais 17 ans, j’étais encore
junior, et j'ai décroché une belle
5e place ! L'année suivante, j'ai été
troisième aux championnats du monde
juniors à Buenos Aires, en Argentine.
J’ai ensuite été douze fois championne
d'Afrique, championne des Jeux méditerranéens.
J’ai aussi été la première
Africaine à remporter le Grand Chelem
de Paris Bercy en 2002. Toutes ces
D.R.
50 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
« Je voulais
briser les tabous
d'une société
patriarcale. Cela
a guidé ma vie. »
Les enfants sont nés pour être heureux.
Les adultes que nous sommes avons la
responsabilité d’être protecteurs et ambassadeurs
des enfants.
RACONTEZ-NOUS UNE AUTRE
FACETTE DE VOTRE VIE. VOUS AVEZ
ÉTÉ ANIMATRICE TV !
« TRÈS JEUNE J’AI REVENDIQUÉ MON
DROIT À L’ÉGALITÉ AVEC UN ACTE FORT :
J’AI FAIT LE CHOIX DU CÉLIBAT. »
compétitions m’ont procuré beaucoup
d’émotions. J’ai prolongé ma carrière
sportive en devenant entraîneure de
l’équipe nationale féminine de judo, en
2009.
EN TANT QUE FEMME SPORTIVE ET
ENGAGÉE, VOUS ÉTIEZ ÉGALEMENT
LA CIBLE DES INTÉGRISTES QUI ONT
TENTÉ D’ATTENTER À VOTRE VIE ET
ONT ASSASSINÉ L’UN DE VOS FRÈRES.
C’était la décennie noire. Les sections
féminines des clubs sportifs ont été supprimées.
La résistance à l’obscurantisme
était pour moi un nouveau combat. Lors
d’une nuit maudite de décembre 1993, un
groupe armé s’est présenté au domicile
familial. J’étais absente. Ils ont tué mon
frère Samir, âgé de 22 ans. Cela a pris
du temps, mais j’ai séché mes larmes et
refusé de baisser les bras. Ma vie était
menacée. Je ne pouvais plus rentrer chez
moi. Je devais changer régulièrement de
lieu pour dormir. Mais j’ai continué. Je
me sentais investie d’une responsabilité.
Mes exploits sportifs donnaient de l'espoir
à toute une population, en particulier
aux femmes. Cette douleur n'a fait que
renforcer ma détermination et mon espoir.
Je voulais briser les tabous d'une société
patriarcale. Cela a guidé ma vie. Et les
combats sont loin d’être terminés.
PARMI LES COMBATS QUE VOUS
ÉVOQUEZ, VOUS ÊTES ÉGALEMENT
AMBASSADRICE DE BONNE
VOLONTÉ DE L'UNICEF DEPUIS 2011.
QUELS MESSAGES VOUS ATTACHEZ-
VOUS À DÉFENDRE DANS LE CADRE
DE CETTE MISSION ?
Nous vivons malheureusement dans un
monde qui continue à faire souffrir ses
enfants, par le manque d'accès au soin
et à l'éducation et les guerres civiles.
D.R.
A la fin de ma carrière sportive, en
2008, j’ai été approchée par la chaîne
BeIn Sports pour être consultante lors
des Jeux Olympiques de Pékin. J’ai travaillé
depuis les studios situés au Qatar.
J'ai beaucoup aimé l'expérience et
reçu des propositions pour rester dans
cette chaîne. Mais je veux vivre en Algérie.
J’ai donc suivi une formation en audiovisuel,
puis j’ai fait mes premiers pas
sur des médias dans mon pays, d’abord
à la radio, ensuite à la télévision, où
j’ai glissé vers l’animation d’émissions
destinées au grand public. Je voulais envoyer
des messages de sensibilisation.
La télévision est un formidable outil
pour atteindre plus de monde que l'action
sur le terrain, qu’il s’agisse d’action
humanitaire ou civile. Je souhaite partager
avec le monde entier le message
que tout est possible dans la vie, qu’il
faut croire en ses rêves.
EN 2018, VOUS AVEZ ÉTÉ NOMMÉE
CONSEILLÈRE AUPRÈS DU MINISTRE
DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS
ALGÉRIEN, PUIS DEPUIS JUIN 2019
VOUS ÊTES MINISTRE DÉLÉGUÉE
CHARGÉE DU SPORT D’ÉLITE.
QUELLES SONT LES MESURES QUE
VOUS PORTEZ DANS LE CADRE DE
CETTE FONCTION ?
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 51
ENSEMBLE
« Les adultes que
nous sommes avons
la responsabilité
d'être protecteurs
et ambassadeurs
des enfants. »
D.R.
« MES EXPLOITS SPORTIFS DONNAIENT
DE L'ESPOIR À TOUTE UNE POPULATION,
EN PARTICULIER AUX FEMMES. »
En même temps que je menais
cette petite carrière à la télévision, j’ai
poursuivi des études universitaires et,
comme mentionné précédemment, j’ai
été nommée entraîneure nationale en
judo. La suite logique était de m’impliquer
dans le Ministère de la Jeunesse
et des Sports, d’abord en tant
que conseillère, puis depuis peu en
charge du sport d’élite. C’est une instance
toute nouvelle créée en Algérie
sous l’impulsion du président. J’ai en
charge de superviser le suivi des athlètes
d’élite qui préparent les prochains
Jeux Olympiques et Jeux méditerranéens,
mais aussi de travailler sur les
infrastructures, la révision du statut des
athlètes ou encore l’identification des
jeunes talents que nous allons préparer
pour les Jeux Olympiques de Paris
en 2024. Le tout dans un contexte très
compliqué, puisque les athlètes ont été
privés d’entraînement pendant 9 mois
à cause du confinement. Le développement
du sport féminin va bien sûr de
pair avec l’ensemble des mes attributions.
VOUS ÊTES LA LAURÉATE POUR
L'AFRIQUE DU TROPHÉE CIO «FEMME
ET SPORT» POUR L'ANNÉE 2020,
QUI PRIME LES PERSONNALITÉS
QUI ONT CONTRIBUÉ DE FAÇON
REMARQUABLE À DÉVELOPPER,
ENCOURAGER ET RENFORCER
LA PARTICIPATION DES FEMMES
ET DES JEUNES FILLES DANS LE
SPORT. UNE DISTINCTION QUI VOUS
ENCOURAGE À POURSUIVRE VOS
COMBATS ?
Je suis très honorée d'être lauréate pour
le continent africain. C’est une belle reconnaissance
après un long itinéraire
de 36 ans dans le sport, qui continue.
L’émancipation de la femme par le sport
est un combat sur lequel il nous faut accentuer
nos efforts. Le CIO offre la possibilité
aux lauréates de demander un
financement pour un projet à hauteur de
30.000 dollars. J’ai décidé de porter un
projet pour la promotion du sport pour les
52 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
« JE N'AI PAS
GAGNÉ TOUS MES
COMBATS. »
D.R.
commission sur l’égalité des sexes.
Notre sport doit devenir un modèle.
Dès les prochains JO de Tokyo, il y aura
une parité totale dans la participation :
50 % de femmes et 50 % d’hommes.
Y compris dans les épreuves mixtes
avec des équipes composées de trois
hommes et trois femmes. Les instances
du judo sont également très concernées
par la prévention du harcèlement, des
violences sexuelles qui ont malheureusement
fait l’actualité en France ces
derniers temps, et de toutes formes de
discrimination.
femmes dans le sud de l’Algérie, dans la
région de Tamanrasset. C’est une zone
située à 2000 km de la capitale dans laquelle
on ne dénombre que 234 femmes
licenciées pour 250.000 habitants. Il y a
un manque de moyen et un faible taux
d'accès des femmes aux formations et
métiers du sport. Avec cette bourse du
CIO nous allons former 50 anciennes athlètes
femmes habitant dans ces régions
enclavées pour devenir dirigeantes techniques
et administratrices. Les parents
refusent parfois un encadrement masculin
pour leurs filles. Donc on crée des encadrantes
féminines et un environnement
propice à l’accueil des jeunes filles dans
les structures sportives. L’objectif est de
faire tache d’huile et de répéter ce type
de dispositifs partout dans le pays.
VOUS ÊTES PAR AILLEURS MEMBRE
DE LA COMMISSION D’ÉQUITÉ
ENTRE LES SEXES AU SEIN DE LA
FÉDÉRATION INTERNATIONALE DE
JUDO DEPUIS 2019. QUELLE EST LA
POLITIQUE DE VOTRE DISCIPLINE
EN MATIÈRE D'ÉGALITÉ FEMMES/
HOMMES ET DE MIXITÉ ?
Le judo féminin n’a fait son apparition
aux Jeux Olympiques qu’en 1992 à Barcelone…
soit 28 ans après le judo masculin
! Depuis lors, la Fédération internationale
a pris de nombreuses mesures
conformément aux recommandations
du CIO, notamment la création d’une
EN 2018, VOUS AVEZ RACONTÉ
VOTRE HISTOIRE DANS UNE
AUTOBIOGRAPHIE INTITULÉE
«CEINTURE NOIRE, CŒUR BLANC».
VOUS AVEZ NOTAMMENT ÉCRIT :
« LE JUDO EST PLUS QU'UN
SPORT POUR MOI, C'EST AUSSI
LE CRI D'UNE JEUNE FILLE, D'UNE
FEMME QUI A TOUJOURS LUTTÉ
POUR UNE VIE MEILLEURE. » LA
VIE D'UNE JEUNE FILLE ET D'UNE
FEMME ALGÉRIENNE EST DONC UN
COMBAT ?
Je voulais raconter mon histoire pour
donner de l'espoir à toutes les jeunes
filles qui vivent des difficultés ou qui
ont des obstacles dans notre société.
Je voulais aussi adresser un message
à tous les parents : donnez les mêmes
chances de réussite aux filles qu'aux
garçons ! J'ai souffert de cette discrimination
et su lutter contre. Ma vie n’a
pas été facile. Je n'ai pas gagné tous
mes combats… et finalement encore
plus appris de ceux que j’ai perdus ! Le
sport a été pour moi une chance et une
formidable école de la vie. Le sport est
un moyen très important d'intégration.
Grâce au sport j'ai pu réaliser tous mes
rêves. Maintenant que j'ai pu réussir
à travers le sport, je suis un exemple
concret qu’il ne faut jamais baisser les
bras. Il faut se battre, croire en ses
rêves ! Je veux maintenant donner de
l’espoir et de l’impulsion. WSA
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 53
CARNET PRATIQUE
5 bonnes
raisons de
SE REMETTRE
AU HULA HOOP !
Ce bon vieux cerceau auquel on jouait toutes quand on était
enfant rappelle forcément de beaux souvenirs. Mais saviezvous
qu’il avait des bienfaits incroyables sur notre corps ?
Women Sports Africa vous propose quelques bonnes raisons
de ressortir le hula hoop de votre placard ! PAR INAYA MATHLI
1 IL APPORTE EN
TONICITÉ ET EN CARDIO !
On ne se rend pas forcément compte, mais
le hula hoop est un sport extrêmement
physique. D’ailleurs, il se dit que pratiqué
pendant une heure, le hula hoop peut
aider à perdre 600 calories. Mais ce petit
cerceau permet surtout de se tonifier,
notamment la ceinture abdominale. Suivant
les mouvements appliqués, ce sport permet
également de travailler aussi bien les bras
que les jambes ou les fessiers.
2 L’ASSOUPLISSEMENT
C’est une qualité dont on ne le soupçonne
pas forcément, mais le hula hoop est
très bon pour l’assouplissement, au
niveau du bassin, des hanches, ainsi que
de la colonne vertébrale. En plus de ces
bienfaits, le hula hoop permet de gagner en
coordination.
3 OUVERT À TOUS
La qualité première du hula hoop ? Il est
ouvert à tous ! Pas besoin de prendre
de cours pour savoir l’utiliser, chez nous,
c’est inné… (ou pas) ! Du moins, avec
un peu de pratique (et pourquoi pas des
tutos YouTube), tout le monde peut s’y
mettre. Mais surtout : on peut l’exercer
n’importe où ! Devant sa télé, à la plage,
dans le jardin, choisissez l’endroit qui
vous plaît !
4 ABORDABLE !
Si vous recherchez un sport dans votre
budget, vous ne trouverez pas mieux !
Moins cher qu’une paire de basket,
une raquette, ou même un ballon, vous
devrez débourser « seulement » 5 euros
pour vous procurer un cerceau (si vous
ne retrouvez pas celui de votre enfance).
5 C’EST FUN !
Le point essentiel du hula hoop est que
c’est une activité dite “fun”. Dès lors
qu’on ressort le cerceau en plastique de
notre placard, on fait un bond dans le
temps et surtout dans notre enfance.
PS : attention on en devient vite accro !
On parie ?
© LightField Studios / Shutterstock
© LightField Studios / Shutterstock
54 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
©A.RAVERA
ANNIE GASNIER
RADIO FOOT
INTERNATIONALE
DU LUNDI AU VENDREDI 16H10 - 21H10 TU
La radio mondiale en français et 16 autres langues
@RFIRadioFoot
CARNET PRATIQUE
ENTRAÎNEMENT
7 exercices expliqués par
IMANE
ERRAMLI
I
Imane
Erramli,
28 ans, est
ambassadrice
Adidas au Maroc. Fana
de sport, actuellement en
doctorat communication
et marketing digital,
elle a créé une agence
digitale spécialisée
dans le community
management. Sur
(@era_fitness_dr),
l’influenceuse sportive
recense quasiment
50000 abonnés. « Je
milite pour le bien-être,
le sport et le women
empowerment !
Ma motivation est de
partager ma passion qui
est le sport avec les gens
de ma communauté ! Je
fais du crossfit, de la boxe
et des semi-marathons !
explique-t-elle. J’essaye
de pousser les femmes mes à
pratiquer du sport tout
en aimant leur corps,
le plus important n’est
pas d’avoir un physique
parfait, des abdos tracés
mais plutôt de se sentir
bien dans son corps et
de forger son mental. al.» »
Pour cela, Imane Erramli
brise uns à uns les
clichés de corps dits
« parfaits ».« Ma devise
est « Célébrons les
vrais corps de la vraie
vie ». Célébrons sans
discrimination tous les
corps, tous les genres es et
toutes les morphologies.
ogie
Pas de Photoshop. Pas
de taille ou de modèle
prédéfini. Ce n’est pas
tel ou tel corps qui nous
rend heureux. Ce qui fait
le bonheur, c’est notre
relation avec ce corps. »
PAR V. MAUREL - PHOTOS IMANE ERRAMLI
D.R.
56 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
D.R.
D.R.
D.R.
LE SOULEVÉ DE TERRE
(DEADLIFT)
Bienfaits :
Muscle les jambes et le bas du dos.
Muscle l’ensemble de la chaîne
postérieure.
Fait travailler le dos.
Aide à retrouver une position
correcte.
Explications :
Le mouvement ment consiste en une flexion
des jambes, le soulevé d’un poids plus
ou moins lourd depuis le sol
et de se
redresser.
LE SQUAT (MOUVEMENT
FONDAMENTAL UTILE À TOUTES LES
DISCIPLINES SPORTIVES, LE SQUAT EST UN
EXERCICE DE BASE DU RENFORCEMENT
MUSCULAIRE)
Bienfaits :
Le squat est une arme redoutable pour
muscler le bas du corps !
Vise principalement les cuisses et les
fessiers (quadriceps, adducteurs, ischio-
jambiers).
Au fil des séances, ce renforcement des
membres inférieurs garantit des gestes
plus efficaces et permet de diminuer le
risque de blessures articulaires.
En sollicitant les muscles stabilisateurs,
le mouvement permet de travailler
l’équilibre mais aussi la mobilité.
LA PLANCHE (PLANK)
Bienfaits :
Renforce et stabilise la ceinture
abdominale et le dos.
Améliore la posture et permet de se
sentir mieux dans son corps.
Peut aider à soulager les douleurs
en cas de problèmes de dos.
Le but deces
exercices est de se
sentir bien
dans
son corps et
de se
renforcer.
LES POMPES (PUSH-UPS) UPS)
:
SYMBOLISENT LA FORME PHYSIQUE
Bienfaits :
Contribuent à une
bonne ne santé
cardiaque.
Renforcent ent le buste, le dos
et le haut
du corps.
Permettent ent de cibler plusieurs urs groupes
musculaires ulai
et peuvent vous aider à
renforcer vos os.
D.R.
LE PONT (MOUVEMENT TIBÉTAIN)
Bienfaits :
Renforce les épaules, le bas du dos
et les fessiers.
Stimule le bas-ventre, le cou et les
genoux.
Explications :
Asseyez-vous au sol, jambes tendues,
les pieds sont écartés de la largeur
du bassin. Posez les mains à plat
sur le sol, de chaque côté du bassin.
Prenez une inspiration profonde puis
ouvrez la poitrine vers l’avant et
soulevez le bassin au maximum de
manière à former un angle droit avec
les genoux. Laissez aller la tête en
arrière autant que possible. Revenez
en position initiale.
D.R.
LES FENTES (LUNGES)
Bienfaits :
Efficaces pour raffermir et affiner les
jambes.
Sollicitent toute la chaîne musculaire
des fessiers aux mollets en passant
par les cuisses.
LA CHAISE-GAINAGE
INAG
AGE
La chaise est un exercice de gainage
(isométrique) pour les cuisses,
permettant de travailler et renforcer
en particulier les les quadriceps et les
iscio-jambier par un travail statique.
D.R. D.R.
© Iakov Kalinin / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 57
C’EST BON POUR MOI !
Ça brûle dans l’abdomen, à droite, ou à gauche,
impossible de continuer à courir à un rythme soutenu…
Vous souffrez d’un soudain point de côté qui vous
plaquerait presque au sol. Pas si vite, qui a dit qu’on
allait s’avouer vaincu !? PAR LÉA BORIE
© Martin Novak / Shutterstock
Le point de côté, c’est la côte qui
a un point ?
Le point de côté est une crampe
musculaire du diaphragme. Vous
m’en direz tant… Le diaphragme est
un muscle essentiel dans la pratique
sportive, notamment lorsque celle-ci
sollicite le cardio. Ce fameux muscle,
en se contractant, permet d’envoyer
de l’air dans les poumons, et donc
de respirer. Utile, vous me direz. Oui
seulement, dans les moments sportifs
intenses, si l’on expire mal, c’est
là que les choses se compliquent.
Car le diaphragme, fatigué, va se
contracter : résultat, c’est la crampe.
La crampe du diaphragme !
Vigilance est de mise sur les causes
de ces points de côté et sur la
localisation de la douleur – le foie
ou la rate, ou encore l’appendice,
peuvent être en cause. De même
pour les problèmes cardiaques ou les
problèmes pulmonaires. Une chose
à faire : si les douleurs persistent
même après l’effort, ne tardez pas à
consulter !
Prévenir c’est guérir :
anticiper le point de côté
Eviter de courir trop tôt après son
précédent repas. L’idéal serait
de s’entraîner 3h après celui-ci.
Soigner son échauffement.
Y aller progressivement : prendre
soin de son corps, l’étirer et respecter
ses limites.
Boire beaucoup d’eau, par petites
gorgées et de façon régulière.
Comment faire passer
un point de côté ?
Inutile de se faire du mal. Mieux
vaut ralentir voire marcher quelques
instants, tout en se forçant à respirer
profondément, d’une respiration la
plus lente possible pour oxygéner les
muscles au maximum.
Penchez-vous vers l’avant. Et
appuyez sur l’endroit de la douleur
tout en respirant au maximum.
au milieu parce que la douleur se
fait trop violente, pendez-vous à une
barre. WSA
58 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
FEMMES D’INFLUENCE
Interview
Zineb El Houari
Journaliste & chroniqueuse sportive sur France 24
« Si je peux jouer au foot, je peux en
parler sur un plateau télé ! »
À 28 ans, Zineb El Houari a déjà un CV long comme le bras dans le domaine du journalisme sportif :
chroniqueuse sur France 24 depuis 2014, « Reporter » pour la FIFA lors de la Coupe du monde de
football en Russie en 2018 et « media officer » au service de la Confédération Africaine de Football
(CAF) depuis 2019. Rien que ça ! En exclusivité pour Women Sports Africa, la journaliste francomarocaine
revient sur son parcours et ses ambitions professionnelles. Attention, exemple à suivre.
PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIANE CANTORO
WOMEN SPORTS AFRICA : POURQUOI
LE JOURNALISME SPORTIF, UN
HASARD OU UNE VOCATION ?
ZINEB EL HOUARI : J’ai longtemps hésité
entre le journalisme sportif et la médecine
sportive. Ce qui est sûr, c’est que je voulais
travailler dans le domaine du sport car c’est
ma passion. J’aime particulièrement le football.
Finalement, j’ai choisi le journalisme
D.R.
car c’est ce qui me correspondait le mieux :
je suis curieuse, sociable, j’adore écrire et
échanger avec les gens. C’est un métier excitant,
qui est toujours dans la nouveauté.
Je ne regrette pas du tout ce choix même
si mes parents étaient un peu réticents au
début, surtout mon père, car c’est un milieu
réussir dans ce métier qui n’est pas toujours
facile, surtout quand on est une femme.
TU ES ENTRÉE CHEZ FRANCE 24
EN 2014, AVANT MÊME D’ÊTRE
DIPLÔMÉE DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
DE JOURNALISME DE PARIS
(ESJ). RACONTE-NOUS TON
RECRUTEMENT.
J’ai toujours voulu travailler en télé. J’ai
donc commencé par des stages chez
beIN Sports et Canal+. Puis un jour,
France 24 m’a appelée : la chaîne avait vu
sur mes réseaux sociaux que j’avais pour
projet de créer un site sportif en langue
-
nal). Elle m’a proposé un stage au sein
de sa rédaction. Je n’ai pas accepté tout
de suite car je voulais vraiment travailler
dans une rédaction 100 % sportive. Puis
atouts - notamment le fait d’être bilingue
en langue arabe - et tenter le coup. J’ai
donc fait un stage de six mois à l’issue
duquel j’ai reçu une proposition d‘emploi.
lisme,
je ne pouvais pas me permettre
de refuser. Aujourd’hui, je suis épanouie
chez France 24. Je fais beaucoup de news
généralistes mais dès qu’il y a du sport,
c’est pour moi !
60 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Zineb El Houari
a réussi à se faire
une place dans un
domaine réservé
depuis toujours aux
hommes : l’analyse
footballistique !
D.R.
EN 2018, TU AS TRAVAILLÉ COMME
« REPORTER » POUR LA FIFA LORS
DE LA COUPE DU MONDE DE
FOOTBALL EN RUSSIE. UN SACRÉ
TREMPLIN POUR TA CARRIÈRE !
Oui ! Finalement, le fait de travailler
sur une chaîne généraliste m’a ouvert
des portes. J’étais - et je suis encore - la
seule femme au service arabophone de
France 24 spécialisée dans le sport. Grâce
à mon réseau développé dans le monde
du football, j’ai pu proposer à ma rédaction
des entretiens télévisés avec des joueurs
et des dirigeants de clubs assez connus.
Cela a tout de suite plu et on m’a donné
ma chance. C’est sans doute comme cela
que la FIFA m’a repérée et m’a fait cette
proposition inattendue en 2018. Travailler
sur la Coupe du monde en Russie a été
une des meilleures expériences de toute
ma carrière ! L’année suivante, c’est la
Confédération Africaine de Football (CAF)
qui m’a recrutée pour la Coupe d’Afrique
des nations (CAN) en tant que « media of-
Depuis, je collabore avec l’organisation.
TE SENS-TU LA RESPONSABILITÉ DE
METTRE DAVANTAGE EN AVANT LE
SPORT AFRICAIN A L’ÉCRAN ?
Oui, bien sûr. Évidemment, en tant que
journaliste, je dois traiter l’information en
« AVEC TES
TALONS, TU
VEUX PARLER DE
FOOTBALL ? »
toute impartialité. Mais je parle beaucoup
du sport africain car je considère qu’il a
sa place dans les médias. Si on prend le
football par exemple, qui est un sport
que je connais bien car je l’ai pratiqué,
on s’aperçoit que le continent africain
est un réservoir de talents.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 61
FEMMES D’INFLUENCE
La majorité des stars des championnats
européens viennent d’Afrique ou en sont
originaires. Le problème pour eux, c’est la
formation. L’accompagnement sportif et
pédagogique africain n’est pas assez bien
structuré pour permettre à ces talents de
briller chez eux. Pour preuve, la plupart
joue dans la rue. Alors ils partent en Europe.
Je pense que c’est mon rôle aussi,
en tant que journaliste franco-marocaine,
de faire découvrir les richesses sportives
de l’Afrique.
PARMI LES PERSONNALITÉS
SPORTIVES QUE TU AS
INTERVIEWÉES, QUELLES SONT
CELLES QUI T’ONT LE PLUS
MARQUÉE ?
Celle qui me vient tout de suite en tête
c’est Fatma Samoura, la Secrétaire générale
de la FIFA (ndlr, voir notre grand entretien-événement
dans ce magazine). Je
l’avais interviewée peu de temps après sa
nomination en 2016, à Zurich. France 24
avait beaucoup communiqué sur le sujet
à l’époque et l’interview avait été diffusée
en français, en anglais et en arabe. C’est
une personnalité qui m’a marquée car
elle est la première femme nommée à ce
poste et elle est africaine en plus ! C’est
un vrai exemple de réussite pour moi.
Elle milite beaucoup pour la place des
femmes dans le football, c’est inspirant.
J’ai eu le même sentiment d’admiration
D.R.
« C’EST MON
RÔLE AUSSI,
EN TANT QUE
JOURNALISTE
FRANCO-
MAROCAINE, DE
FAIRE DÉCOUVRIR
LES RICHESSES
SPORTIVES DE
L’AFRIQUE. »
quand j’ai interviewé la Marocaine Nawal
El Moutawakel (ancienne athlète, ndlr).
J’ai aussi adoré échanger avec les footballeurs
Samuel Eto’o, Didier Drogba ou
encore plus récemment Kylian Mbappé,
rencontré lors de la cérémonie du Ballon
d’Or en 2019. C’est un garçon intelligent
et mature qui prouve que les sportifs ne
sont pas tous bêtes comme on l’entend
malheureusement trop souvent.
QUELLE SPORTIVE AFRICAINE,
PAR SON PARCOURS ET SA
Kylian Mbappé
est l’une des
personnalités
sportives avec
lesquelles Zineb a
adoré échanger.
MÉDIATISATION, POURRAIT SELON
TOI INCARNER UN « ROLE MODEL »
POUR LES JEUNES FILLES ?
Je pense à une footballeuse égyptienne
Sarah Essam, qui joue actuellement à
Stoke City en Angleterre. Elle est un peu
perçue comme la Mohamed Salah au
féminin car elle est la première joueuse
de son pays à s’être imposée à l’étranger.
Elle a dû pour cela dépasser les traditions
de toute une société, et elle est très médiatisée.
Elle a reçu le prix de la Femme
Arabe de l’année 2018 dans la catégorie
la London Arabia Organization. C’est le
premier nom qui me vient en tête spontanément...
Le sport africain féminin, à l’exception
de quelques disciplines comme
l’athlétisme, n’est pas assez développé et
médiatisé. On y travaille depuis quelques
années, notamment dans le domaine du
football où de gros efforts ont été consentis.
Mais ce n’est pas encore le cas dans
tous les sports.
ON PARLE DE LA PLACE DES
FEMMES DANS LE SPORT MAIS
QU’EN EST-IL DE LA PLACE DES
FEMMES DANS LES MÉDIAS
SPORTIFS ? RACONTE-NOUS
TON VÉCU DE JOURNALISTE ET
CHRONIQUEUSE SPORTIVE.
Cela n’a pas toujours été facile, c’est sûr.
Non seulement je suis une femme mais
en plus, j’ai choisi un domaine depuis
toujours réservé aux hommes : l’analyse
footballistique. Je ne voulais pas être
une simple présentatrice, je voulais apporter
une expertise. J’ai eu droit à des
m’a pas découragée, au contraire. Je savais
que si je pouvais jouer au foot, je pouvais
en parler sur un plateau télé ! Malgré
tout, j’ai dû prouver ma valeur deux fois
plus que les autres. Sur mes premiers
passages à l’antenne par exemple, on
surveillait mes propos. Certains confrères
voulaient s’assurer que je maîtrisais bien
mon sujet. Disons que le ticket d’entrée
n’est pas facile à décrocher… Mais une
fois qu’on a prouvé sa compétence, on
est respecté. Côté terrain en revanche,
je n’ai jamais rencontré de problème. Je
pense que pour réussir dans ce milieu, il
faut être patiente, professionnelle et surtout
croire en soi. WSA
62 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
5 questions à
Eya Balti
Présidente de la Fédération tunisienne
des sports scolaires et universitaires
PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIANE CANTORO
WOMEN SPORTS AFRICA :
EYA, VOUS ÊTES LA SEULE
FEMME EN PAYS ARABES
RESPONSABLE D’UNE TELLE
FÉDÉRATION. RACONTEZ-
NOUS VOTRE PARCOURS.
EYA BALTI : J’ai toujours évolué
dans le milieu du sport. Je
suis diplômée de l’Institut Supérieur
du Sport et de l’Éducation
Physique du Kef. En 2003, j’ai
été recrutée en tant que professeure
d’éducation physique
dans un lycée. Puis, j’ai été
nommée Déléguée régionale
du sport universitaire au sein du
gouvernorat de Gabès en 2010.
Deux ans plus tard, j’ai occupé
ce poste de Déléguée au niveau
national. Depuis 2019, je suis
Présidente de la Fédération tunisienne
des sports scolaires
et universitaires (FTSSU). J’ai
été choisie par le ministre des
Sports et je suis effectivement
la seule femme nommée à ce
poste en pays arabes.
QUELLES SONT LES
MISSIONS PRIORITAIRES DE
LA FTSSU ?
Notre mission principale est de
faire la promotion du sport au
sein des établissements scolaires
et des établissements
d’enseignement supérieur. C’est
la Tunisie de mélanger le sport
scolaire et le sport universitaire
au sein d’une même fédération ;
dans la plupart des autres pays,
ils sont gérés séparément. Dans
le cadre de notre mission, l’objectif
est de créer une association
sportive au sein de chaque
école et de chaque université du
cessible
à tous les élèves et tous
les étudiants tunisiens. Le second
axe vers lequel j’ai orienté
ma politique c’est la promotion
de la pratique sportive féminine.
Je suis d’ailleurs présidente de
la commission « sport féminin »
au sein de l’Union arabe des universités.
QUE POUVEZ-VOUS NOUS
DIRE SUR LA PRATIQUE
SPORTIVE FÉMININE EN
TUNISIE ?
en plus nombreuses à pratiquer
le sport. Les parents ont compris
l’importance de l’activité
physique pour la santé et le
bien-être de leurs enfants, mais
aussi pour leur éducation et le
développement chez eux de
nouvelles compétences : esprit
d’équipe, autonomie… Depuis
quelques années, le sport tunisien,
et même plus globalement
le sport arabe, a axé sa stratégie
sur la promotion de la pratique
féminine. Le but est que
chaque femme puisse faire du
sport, et que cela devienne une
vraie stratégie de vie. En Tunisie,
cette politique est largement
soutenue par le ministre
des Sports actuel et la secrétaire
d’État qui est une femme.
La stratégie est aussi d’encourager
les femmes entraîneures.
Par ailleurs, le recrutement du
Délégué du sport scolaire dans
chaque gouvernorat du pays
obéit à une exigence d’égalité
hommes-femmes.
QUELLES SONT LES
PRATIQUES FAVORITES DES
JEUNES TUNISIENNES ?
Nos étudiantes s’orientent
beaucoup vers les sports collectifs
: football, handball, volley-ball.
Certaines choisissent
le sport individuel avec une
majorité des concentrations
autour de l’athlétisme.
QUELLE EST VOTRE
STRATÉGIE POUR CAPTER
CE JEUNE PUBLIC
SPORTIF FÉMININ ?
Pour inciter un plus grand
du sport à l’école ou à l’université,
nous essayons au mieux
tives
proposées en intégrant
de nouveaux sports. Malheureusement,
on a une petite
baisse d’engagement des
études supérieures, le sport
n’étant plus obligatoire à l’université.
Nous allons travailler
sur cette lacune en créant plus
de clubs, et donc en offrant un
meilleur accès au sport à ces
pas non plus à prendre en
exemple nos championnes
tunisiennes actuelles, qui sont
toutes passées par la pratique
scolaire puisque le sport est
inscrit au programme des
écoles. Il s’agit de susciter les
envies et de faire éclore les
futurs noms du sport tunisien
féminin. WSA
Pour plus d’informations,
rendez-vous sur la page
Facebook de la FTSSU.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 63
DÉCOUVERTE
© GaudiLab / Shutterstock
64 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
LE CAP-VERT
Trekking ou randonnée
Spot : l’île de Santo Antão au nord de l’archipel pour découvrir le
plateau de Norte, la vallée de Paul (la plus luxuriante du pays !) ou
encore le petit village de Caibros et ses terrasses perchées sur le
flanc de la montagne.
© Kasia_Przygodzka / Shutterstock
© Daboost / Shutterstock
LE MAROC
Kitesurf (ou windsurf)
Spot : la presqu’île de Dakhla sur la côte ouest du Sahara Occidental.
© Cesare Palma / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 65
DÉCOUVERTE
© michaeljung / Shutterstock
L’AFRIQUE DU SUD
Escalade
Spots : la fameuse Table Mountain qui
surplombe Cape Town, les blocs de
Rocklands dans la réserve naturelle du
Cederberg (à 200 km au nord du Cap) ou
encore les falaises de Waterval Boven au
nord-est de Johannesbourg.
© chriswalley07 / Shutterstock
© Miguel M.P / Shutterstock
66 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
© JackDiver / Shutterstock
L’EGYPTE
Plongée sous-marine (ou snorkelling)
Spot : le parc national de Ras Mohammed dans la mer Rouge (à la pointe sud du désert du Sinaï) et son impressionnante épave du SS Thistlegorm, un
bateau militaire dans lequel on peut encore apercevoir de nombreux véhicules.
© Sergiy Zavgorodny / Shutterstock
LA ZAMBIE
Rafting
Spot : le Zambèze pour admirer les sublimes chutes de Victoria.
© Cordelia Bua / Shutterstock
© Torsten Reuter / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 67
LIFESTYLE
RENCONTRE AVEC
L’INFLUENCEUSE
Shirine
Boutella
Du tout petit
au grand écran
Elle s’est fait connaître il y a cinq ans en postant des tutos
beauté sur internet. Depuis, Shirine Boutella a diversifié sa
palette d’activités. Aujourd’hui, quand elle ne multiplie pas
les collaborations sur les réseaux sociaux (au plus grand
bonheur de ses 2,3 millions d’abonnés !), l’influenceuse
franco-algérienne de 30 ans écume les plateaux de tournage
pour le cinéma ou la télévision. Retour sur un parcours aussi
fulgurant qu’inattendu. Entre spontanéité, doutes et karma,
voici Shirine Boutella, sans filtre.
PAR FLORIANE CANTORO
Si vous ne connaissiez pas
n’avez pas pu passer à côté
de Shirine la comédienne.
Choisie par Mounia Meddour
pour jouer l’un des rôles vedettes de son
-
-
Des tutos beauté pour le fun
Je dirais que mon parcours est un mélange
de beaucoup de chance et d’un
peu d’insouciance aussi au départ
a commencé à poster du contenu sur les
sans prise de tête et sans
anticiper quoi que ce soit. J’adorais le
maquillage alors je me suis dit : -
C’était
vachement spontané en fait, je le faisais
vraiment pour le kiff.
laire
d’une licence en cinéma et audiovisuel.
Elle vit à Vienne pour apprendre l’al-
© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi
68 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
-
d’une pointe d’humour et d’un naturel
Être soi-même, c’est
ce qui fait qu’on peut attirer des gens
communauté qui nous ressemble.
plein dans le mille ! Les internautes sont
donc ses premiers pas d’actrice en in-
Shirine s’est lancée
sur les réseaux
sociaux en 2015 en
postant des tutos
beauté, « pour le
fun » !
« ON EST OBLIGÉ
DE RÉFLÉCHIR
À DEUX FOIS
AVANT DE
PUBLIER QUELQUE
CHOSE. »
devenue ultra populaire dans le monde
© Instagram @shirineboutella
AU CINÉMA DANS « PAPICHA »
En 2018, Shirine Boutella est choisie
par la réalisatrice franco-algérienne
Mounia Meddour pour camper le rôle de
Wassila dans « Papicha », son premier
long-métrage qui traite des désillusions
d’un groupe d’étudiantes algériennes
assoiffées de liberté en pleine décennie
noire en Algérie dans les années 1990.
« Mounia m’avait repérée sur les réseaux
sociaux, raconte l’influenceuse. Elle
cherchait un profil particulier, celui d’une
jeune femme assez proche de la culture
algérienne et qui sache parler arabe ».
Pour cette native d’Alger, qui n’avait
jamais tourné pour le cinéma, « Papicha »
(ndlr, « jeune fille conquête » en françaisarabe)
fût un vrai défi. « Je voulais être à
la hauteur de cette histoire si puissante
et de sa réalisatrice qui l’a mûrie en elle
pendant quinze ans. » Elle se souvient
d’un tournage très humain, où « rien
n’était figé ». Cette magnifique aventure
s’est terminée en apothéose au Festival
de Cannes 2019 (sélection dans la
catégorie « Un certain regard »), puis aux
Césars 2020 où le film a été doublement
récompensé (Meilleur premier film pour
Mounia Meddour et Meilleur espoir
féminin pour l’actrice franco-algérienne
Lyna Khoudri qui tient le rôle principal de
Nedjma, alias « Papicha »).
PAPICHA
Drame. France, Algérie, Belgique, Qatar
2019, 1h46. De Mounia Meddour. Avec
Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira
Hilda Douaouda, Zahra Doumandji,
Nadia Kaci.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 69
LIFESTYLE
d’entreprise autoritaire et hau-
C’était une série vraiment différente
de ce qu’il se faisait habituellement
en termes de technique et de visuel, mais
aussi au niveau des sujets traités avec
un rôle féminin fort pour moi : celui d’une
femme entrepreneure, qui fonce dans
le tas et qui a de l’autorité. La vraie girl
boss !
2020 était l’année
du renouveau pour
Shirine Boutella.
L’influenceuse se
réinvente.
Victime du 2.0 et remises en
question
seaux
sociaux explosent. Son compte
J’ai commencé à recevoir des
messages malveillants, des commentaires
méchants. Je ne comprenais pas
« IL M’ARRIVE
DE MASQUER
QUELQUES
BOUTONS QUAND
JE PRÉSENTE UN
MAQUILLAGE,
MAIS JE NE
RETOUCHE JAMAIS
MON CORPS. »
© Instagram @shirineboutella
pourquoi je n’arrivais plus à être sur la
même longueur d’ondes que ma communauté,
ces jeunes femmes passionnées
de make-up avec qui j’échangeais et je
partageais plein de choses au début.
Parmi elles, il y avait désormais des curieux,
des gens qui me suivaient sans
vraiment m’apprécier ou apprécier mon
travail.
-
C’est le côté négatif des réseaux
sociaux : les vérités sont modulées
et transformées selon les envies. On est
publier quelque chose
il faut sans
likes et de partages
Je ne me force
jamais à faire du contenu. Et je le dis
d’ailleurs à mes abonnés, je suis transparente.
remettre un
peu de fun
n’hésite pas non plus à utiliser sa notorié-
ou encore les injustices. Mais ce n’est
70 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
-
Les gens ne
comprennent pas qu’on a le choix et le
droit de ne pas s’exprimer sur tel ou tel
sujet. On n’est pas des politiques, on
n’est pas des porte-paroles. On ne représente
ni une communauté, ni une religion.
Moi je suis juste Shirine : je parle de
ce qui me touche et donne des conseils
make-up parce qu’à la base, le contenu
té
justement !
© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi
Il m’arrive
de masquer quelques boutons quand je
présente un beau maquillage, mais je ne
retouche jamais mon corps. J’essaie de
Je suis moi-même victime des
réseaux sociaux quelque part. En ayant
toujours le nez dessus, on a vite fait de se
comparer aux autres… Mais j’essaie de
transformer cette frustration en
© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi
© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 71
LIFESTYLE
© Ju Choquer - MUA Camille Ghilozzi
force pour trouver de nouvelles
sources d’inspiration et de motivation.
Dernièrement, j’ai d’ailleurs fait le tri et
rangé tout mon appartement, poussée
par les intérieurs impeccables de cer-
Un équilibre entre influence et
cinéma
-
nouvellement
dans tous les domaines :
la meilleure version d’ellemême
-
J’avais besoin de reprendre
le sport, je me sentais mal dans
ma peau. J’ai également contacté une
nutritionniste avec laquelle j’avance doucement
mais sûrement, et surtout sans
aucune frustration.
Shirine écoute ses envies.
Je veux continuer mes activités
sur les réseaux sociaux que j’adore,
mais investir davantage dans ma carrière
© Instagram @shirineboutella
d’actrice. J’ai un talent à trouver et un
jeu à développer -
-
-
-
-
particulier. La néo-comédienne apprend
-
Je suis consciente
d’avoir eu beaucoup de chance dans
mon parcours jusqu’ici avec pas mal
de bonnes rencontres qui sont arrivées
au bon moment Mais je
pense que c’est aussi une question de
bonnes ondes et de karma : quand on
est bienveillant avec les gens, on récolte
leur bienveillance en retour.
-
. WSA
@shirineboutella (2,3 M)
Shirine Boutella, anciennement
Mademoiselle S (562 K)
72 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
LA MINUTE TUTO
LA TROUSSE MAKE-UP POUR
DÉBUTANTES
VOICI LES ACCESSOIRES QU’IL FAUT IMPÉRATIVEMENT AVOIR
POUR SE MAQUILLER SIMPLEMENT.
POUR LE VISAGE
B Une petite éponge pour appliquer le fond de teint (et
éventuellement l’anti-cernes). Shirine préfère l’éponge au
pinceau qui laisse parfois des traces disgracieuses de poils sur
les joues et le front. Ses favorites : la Beautyblender® original
(16,90€ sur beautyblender.fr) ou la Real Techniques « Miracle
Complexion Sponge » (environ 8€), toutes deux revendues en
ligne sur de nombreux sites qui livrent partout dans le monde.
C Un pinceau large pour
appliquer tous les types de
poudres : la bronzante, la
matifiante, le blush. C’EST
UN INDISPENSABLE de la
trousse make-up : si vous
ne devez avoir qu’un seul
pinceau, c’est celui-ci !
D Un pinceau fin pour
appliquer l’highlighter et
ainsi mettre en lumière
certaines zones du visage
(le haut des pommettes,
l’arête du nez, le coin
interne de l’oeil).
E Un gros pinceau pour
travailler les détails du
visage : le contouring, le
blush, le bronzeur. Il sera
plus maniable et plus
rapide d’utilisation qu’un
pinceau fin, et offrira au
passage de meilleures
finitions.
F Éventuellement
d’autres pinceaux en
fonction des produits
cosmétiques appliqués.
Pour Shirine, c’est bien
de séparer les utilisations
et d’avoir
un pinceau par
produit
ou par couche.
A retrouver en
vidéo sur sa chaîne
YouTube :
Shirine Boutella
© Alrik Prével
Shirine conseille de ne pas
acheter du super « cheap »
pour les pinceaux car vous
allez vite le regretter : « ils
ne sont pas d’une efficacité
incroyable et les poils
s’arrachent au bout de
quelques temps. » Résultat,
il faudra en racheter
d’autres. Il n’est pas non
plus nécessaire de partir
sur du très haut de gamme
style MAC. Il existe tout
un tas de bonnes marques
intermédiaires.
Ses favorites : Zoeva, 40€
les quatre pinceaux et
la pochette assortie, ou
encore Morphe Brushes
et ses sets intéressants de
cinq pinceaux pour moins
de 30€.
POUR LES YEUX
Une brosse à sourcils
pour bien redessiner
votre ligne et discipliner
les quelques poils
rebelles. C’est la base
pour les yeux. Elle pourra
également servir pour
enlever les paquets créés
par l’application du mascara
sur les cils.
Un jeude trois ou quatre pinceaux (au
moins !) de tailles et formes différentes es :
un pinceau boule pour estomper le fard
à paupières, un ou deux pinceaux fins
- un pour travailler les coins internes
et externes de l’oeil et un autre pour
appliquer les couleurs claires au niveau
de l’arcade sourcilière et du coin interne
de l’oeil - et enfin un pinceau biseauté
pour appliquer l’eye-liner et/ou les couleurs
foncées, travailler le ras-du-cil ou
encore épaissir sa ligne de sourcil.
POUR LA
BOUCHE
Un pinceau à lèvres
pour appliquer les
rouges à lèvres
foncés ou en tube
qui ont tendance à
se déformer au fur
et à mesure de leur
utilisation.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 73
PEOPLE
Rencontre
Hadja Cissé :
« Soyons honnêtes,
le handball ne m’a pas
servi à grand-chose
sur Koh-Lanta ! »
Du handball
à Koh-Lanta,
il n’y a qu’un
pas !
Hadja Cissé, 29 ans, a un parcours pour le moins atypique.
Handballeuse internationale sénégalaise, elle a également
été un personnage incontournable de la saison 2020 de Koh-
Lanta. Retour sur son histoire et son passage dans la fameuse
émission de TF1, présentée par Denis Brogniart. PAR VANESSA MAUREL
WOMEN SPORTS AFRICA : AS-TU
TOUJOURS ÉTÉ UNE MORDUE DE
SPORT ?
HADJA CISSÉ : Absolument ! J’ai pratiqué
le football, l’athlétisme, la boxe…
j’adore ça. Le handball en revanche m’est
tombé dessus par hasard. Lorsque j’avais
13 ans, une amie était amoureuse d’un
handballeur et me demandait d’aller avec
elle le voir à l’entraînement. J’ai accroché
avec le sport, je me suis inscrite !
À QUEL MOMENT EST-CE DEVENU
SÉRIEUX POUR TOI ?
J’étais dotée d’un physique plutôt avantageux
(1m80 à 13 ans) qui m’a aidée à
rapidement faire mes preuves. Je me suis
faite repérer par le pôle espoir de Metz
seulement 8 mois après mes débuts. J’ai
directement accepté de m’expatrier à plus
de 300 kilomètres de chez moi pour évoluer
dans ce sport, même si ce n’était pas
facile. Je suis arrivée en internat sans ma
famille, au milieu d’un groupe où toutes les
mément
de mal à m’intégrer à l’équipe, je
n’avais pas le niveau. Pendant un an, j’ai
cravaché pour m’améliorer, je me suis donnée
à 100 % même en dehors des entraînements.
Tout cet investissement a payé
puisqu’au terme de ces 12 mois, j’ai été
sélectionnée en équipe de France jeune.
POURQUOI T’ES-TU ENGAGÉE AVEC
L’ÉQUIPE DU SÉNÉGAL ?
À 19 ans, le Sénégal m’a contactée en
me proposant un rôle très important dans
l’équipe A. Ne sachant pas comment j’allais
être traitée au même niveau en sélection
française, j’ai accepté. Beaucoup
de personnes ont été surprises
« EN AFRIQUE,
LES JOUEUSES
ONT DES QUALITÉS
IRREMPLAÇABLES.»
74 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°2 • Janvier > Juin 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 75
© Laurent VU/ ALP/ TF1
PEOPLE
Son mental de
sportive de hautniveau
l’a aidée à
tenir durant les
épreuves et face
à la pression des
éliminations.
PRATIQUER LE HANDBALL À HAUT
NIVEAU EST-IL UN ATOUT À KOH-
LANTA ?
Il y a plusieurs façons de voir les choses.
On peut en effet dire que c’est un avantage
car faire du sport de haut niveau
permet d’avoir une bonne condition physique.
Mais soyons honnêtes, faire du
handball ne m’a pas servi à grand-chose
dans l’émission, et c’est ce qui rend ce
programme beau : il est accessible à
tout le monde ! Il y a régulièrement des
épreuves inédites que personne n’a
l’habitude de faire. La seule chose pour
laquelle avoir fait du handball m’a aidée,
c’est pour le mental. En revanche, on m’a
souvent reproché de ne pas avoir représenté
le handball et plus généralement
les sports collectifs. Mais ce n’était pas
mon but. Je suis venue sur Koh-Lanta
pour me représenter et me challenger
personnellement.
COMMENT ON GÈRE LA NOTORIÉTÉ
SOUDAINE ?
Hadja Cissé
Quand on passe sur TF1 et particulièrement
dans Koh-Lanta, notre image médiatique
change. Mais heureusement
pour moi j’ai beaucoup d’autodérision.
Depuis la diffusion, j’ai été critiquée sur
mon caractère et mon comportement
et même parfois sur mon physique.
par mon choix car l’équipe ne
faisait pas partie du top niveau africain,
mais j’ai bien fait d’y croire. J’ai contribué
à construire cette équipe sur le fond d’un
projet sérieux. Aujourd’hui, le Sénégal est
une équipe respectée, avec un haut niveau
et beaucoup de valeurs. En Afrique, les
joueuses ont des qualités irremplaçables,
elles sont très athlétiques, n’ont pas peur
d’aller au duel. Coupler ces caractéristiques
à la formation et l’intelligence du jeu
à l’européenne fait la différence au niveau
international.
« HEUREUSEMENT
POUR MOI, J’AI
BEAUCOUP
D’AUTODÉRISION. »
DEPUIS QUAND VOULAIS-TU
PARTICIPER À KOH-LANTA ?
J’ai toujours été une grande fan de
l’émission que je regarde avec ma famille
depuis toute petite. Là c’était
une opportunité à saisir. Participer à
Koh-Lanta ne peut nous arriver qu’une
fois dans notre vie.
COMMENT T’ES-TU RETROUVÉE
DANS L’ÉMISSION ?
J’ai souvent lu sur internet qu’il était
très compliqué d’y participer. Je me
suis inscrite en me disant que je serai
peut-être retenue dans les trois, quatre
prochaines années. Mes idées étaient
claires : j’essaierai d’envoyer ma candi-
grande surprise j’ai été rappelée à mon
premier coup d’essai. Je ne m’y attendais
pas du tout.
© Icon Sport
Hadja Cissé
76 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
J’ai beaucoup de recul sur tout ça. Les
critiques ne m’atteignent pas (ou rarement),
hormis lorsque l’on parle de ma
famille. Sur les réseaux sociaux, des internautes
se moquent de nous, de moi,
mais j’avoue que parfois ça me fait rire.
Cependant quand ce sont des commentaires
racistes, je dénonce. Maintenant je
story.
La transition dans la vraie vie est également
perturbante. On ne se rend pas
compte de la force de cette émission. Je
suis très grande et j’ai l’habitude d’attirer
l’attention mais désormais dès que
je mets un pied dehors on me reconnaît.
Avant je sortais sans aucun style mais
maintenant j’essaye de m’habiller correctement
car je sais qu’on va m’accoster.
Je prévois aussi plus de temps pour
mes sorties ! Avant la diffusion, j’allais
faire mes courses chez Leclerc j’en avais
pour 30 minutes, aujourd’hui c’est minimum
une heure ! Je ne rencontre que
des personnes sympathiques, qui veulent
prendre le temps de parler avec moi pour
connaître un bout de mon aventure.
TU AVAIS DÉJÀ L’HABITUDE D’ÊTRE
PHOTOGRAPHIÉE ET FILMÉE DANS
TON RÔLE DE HANDBALLEUSE,
CELA NE T’A PAS TROP CHANGÉ !
C’est vrai, mais ça restait dans le cadre du
handball, sur le terrain, à la sortie du vestiaire.
Maintenant c’est en pleine rue, au
restaurant, partout et surtout par tout le
monde ! Tous les âges me reconnaissent,
des enfants, des mamies, des parents…
C’est une surprise à chaque fois !
EST-IL DIFFICILE DE REPRENDRE
UNE VIE « NORMALE » APRÈS LE
TOURNAGE ?
C’était assez compliqué notamment au
niveau de la nourriture. J’avais toujours
envie de manger sans arriver à me raison-
J’avais vécu tellement de choses fortes
à Koh-Lanta, j’avais envie de raconter
ce qu’il s’était passé à tout le monde !
Heureusement, on peut partager ces
petits secrets avec les autres candidats
avec qui on parle régulièrement. Ils sont
devenus de véritables amis, on a un lien
unique.
QUELLE EST TA RÉACTION QUAND
TU TE REGARDES À LA TÉLÉ ?
Je me trouve KO Technique (autrement dit
cherche sans cesse à se montrer sous son
5
QUESTIONS
SUR TON
AVENTURE
KOH-LANTA
Ton plus beau
souvenir à Koh-
Lanta ?
C’était un moment partagé
en off avec Bertrand-
Kamal (ndlr, candidat qui
est décédé des suites
d’un cancer cette année,
la saison de Koh-Lanta
lui a été dédiée), sur
l’épisode numéro 4. On
a gagné le confort et
une nuit chez l’habitant.
Je suis très peureuse
concernant les insectes,
la nuit etc. Je voulais aller
uriner mais je voulais
qu’il m’accompagne car
il fallait aller dehors. On
est tombé sous le charme
du ciel totalement étoilé.
On s’est allongé pendant
20 minutes sur le sable
(alors qu’il y avait des lits
à l’intérieur), juste pour
contempler. C’était un
moment unique, qui venait
couronner une magnifique
journée où on avait bien
mangé et réussi une belle
épreuve. On a tissé un lien
très fort avec Bertrand,
il était comme un 5ème
frère pour moi. Je suis
toujours proche de sa
famille.
Ton plus grand
regret ?
C’est de ne pas avoir
mangé tout le riz quand
j’ai su que j’allais me faire
éliminer. Je n’ai pas pu
car il y avait toujours
quelqu’un à côté de
la caisse. Je voulais
absolument chiper la
casserole quand il y avait
personne et aller manger
le riz plus loin sur la
plage !
Les candidats
avec qui tu t’es le
mieux entendu?
Je citerais plus
particulièrement
Bertrand-Kamal
et Joaquina.
A l’inverse,
tes plus
grandes
déceptions ?
Je n’en ai pas
réellement. On apprend
à connaitre tous les
candidats en dehors
de l’émission et ils
deviennent nos amis.
Alix je la détestais et
pourtant aujourd’hui
c’est l’une des
candidates dont je suis la
plus proche !
Jusqu’où tu aller dans
l’émission ?
pensais-
Je voulais gagner, même
si je savais que ce serait
compliqué avec mon
caractère. Mais une
chose est sûre, je ne
voulais pas y aller juste
pour participer. per.
meilleur jour. Sur la plage de Koh-Lanta,
on oublie ! On a les fesses mouillées, on
est allongé par terre… La survie quoi !
J’ai également trouvé que j’avais des
cernes, les cheveux en pagaille. Mais sur le
coup on ne pense pas à ça, on a juste une
envie, c’est gagner les épreuves. WSA
Ta réaction lors de
ton élimination ?
J’avais la rage mais ce
n’était pas une surprise.
J’avais été informée dans
l’après-midi.
© Laurent VU/ ALP/ TF1
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78 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
, ,
SELECTION
COSMETO
MADE IN AFRICA
A l’heure où des marques de cosmétiques internationales envahissent chaque jour un peu plus le
continent, quantité de produits cherchent à revenir vers le « Made in Africa ». On mise ainsi sur le naturel
pour prendre soin de soi avec des cosmétiques issus de la terre. Parce que oui, ne l’oublions pas, il est ultra
important de prendre soin de sa peau, de ses cheveux... de son corps en général. Surtout après une séance
de sport intense où ils ont pu être malmenés ! PAR LÉA BORIE
1 / PROPRE COMME UN SOU
NEUF !
Un savon qui hydrate, apaise, aise,
soigne et rafraîchit à la fois.
De fabrication artisanale
traditionnelle nigérienne, le
savon noir Dudu-Osun naturel
vient même estomper tâches
et cicatrices dues à l’acné.
Sans colorant artificiel, ce
produit biodégradable est
composé de beurre de karité,
cendres de végétaux, aloe
vera, miel, glycérine naturelle,
e,
jus de citron et bois de Cam.
Sur peau sensible et/ou
déshydratée.
Savon noir Dudu-Osun,
Tropical Naturals
(sur Diouda), 150 g, 2,90 €
2 / POUDRE VERTE
MAGIQUE
On vente souvent les
bienfaits de la spiruline
dans l’alimentation, mais
elle est bonne pour tout
l’organisme, notamment
pour la peau et les cheveux.
Et ça tombe bien, il y a une
grande concentration de
cette sorte d’« algue » autour
du lac Tchad. Un produit
commercialisé par Sahel
Cosmetics, une marque
portée par la Franco-
Tchadienne Gwen, qui
présente les rituels de beauté
de femmes arabes du Sahel.
Sachet de spiruline,
Sahel Cosmetics, 250 g,
sahelcosmetics.com, $15
3 / TOUJOURS PLUS FORTS !
Pendant sa séance, on a tendance
à malmener ses cheveux. Alors
on vient en prendre soin avec un
sérum bio à base d’huiles végétales
(nigelle, ricin), d’épices et de thé
noir. Pour une chevelure
brillante, vitaminée.
Sérum capillaire, Jalya Nature,
50 ml, 19,90 €
4 / CUIR CHEVELU SAIN
Le savon noir est un secret
de beauté bien connu mais
il l’est surtout pour la peau.
Alors qu’on peut aussi l’utiliser
sur les cheveux en 2 en 1 : en
nettoyant et conditionner
en une seule étape. 100 %
naturel, il renferme un
savoir-faire ivoirien ancestral,
avec une touche d’huile de
carapa, riche en antioxydants
et vitamine A. Bonus : à
utiliser en massage capillaire
post-séance de sport. Rien
de tel pour se remettre,
tout en assainissant son cuir
chevelu et en adoucissant sa
chevelure...
Shampoing savon noir,
Adeba Nature, FCFA 9 000
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5 / ON SHAMPOUINE AU TOULOUCOUNA
A la rescousse des cuirs chevelus irrités, crépus, bouclés,
cassants... Un shampoing solide à base d’huile de
touloucouna, d’avoine et de fleur d’hibiscus pour apaiser
démangeaisons et irritations. Valoriser les ingrédients
d’origine africaine, telle est la mission que se donne la
directrice de Balanta Cosmetics, marque sénégalaise.
Shampooing solide à l’huile de touloucouna,
Balanta Cosmetics, 19,50 €
© Sofia Zhuravetc / Shutterstock
7 / UN COUP D’EAU ET AU LIT !
Maquillée ou pas, il est important de se délester des
agressions cutanées de la journée. L’avantage de l’eau
micellaire : son côté rafraîchissant. On aime : sa finition toute
douce grâce à l’aloe vera. Topface, une jeune marque de
make-up turque aux prix tout doux.
Démaquillant à l'eau micellaire, Topface, 28,15 TND
6 / LA DETOX DE LA PEAU
Les produits chimiques
ultra-agressifs pour chasser
points noirs et bactéries, on
oublie ! On peut très bien
avoir les mêmes résultats,
en mieux même, avec… du
café, l’aliment exfoliant par
nature. Un soin signé de la
marque ivoirienne Imane
Beauty, du prénom de la fille
de sa fondatrice,
Awa Diarra Siby.
Savon nettoyant, Imane
Beauty, 120 g, $ 24
8 / À ÉTALER EN POMMADE
Un baume de protection qui agit comme un bouclier
sur la peau. Son superpouvoir : régénérer les
cellules cutanées, éviter le dessèchement, éliminer
les irritations et nourrir la peau. Grâce à quoi ? Un
subtil mélange beurre de karité, huile de coco,
vitamine E et huile essentielle de fruit de la passion.
Sa créatrice, Madina Gombo, empreinte de douceur
et de bienveillance, cherche à contribuer à plus
d’autonomisation de la femme en travaillant avec des
coopératives féminines tchadiennes productrices de
beurre de karité en zones rurales.
Pommade corporelle karité, coco, fruit de la
passion, Kari Dari, 150 ml, 2000 CFA
80 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Prendre soin
de soi, c'est
important !
Aussi important
que pratiquer le
sport !
10 / ON HYDRATE
LÀ-HAUT
Beurre de karité, huile
de neem, huile d’olive,
huiles essentielles,
vitamines : tels sont les
ingrédients de ce beurre
capillaire bio made in
Sénégal spécial cheveux
afro. Le tout dans un
packaging super design.
Hair lotion, Afro Feewi,
200 ml, 5 000 CFA
9 / BYE BYE MAKE-UP
Se démaquiller, la routine
post-sport essentielle pour
prendre soin de sa peau. Encore
plus cotonneux quand on se
débarrasse des impuretés avec
un lait démaquillant adapté
peaux mates à foncées. Réflexe
anti peau terne, on en use et
on en abuse, grâce aux vertus
hydratantes et apaisantes que
lui confère l’amande douce.
Points de vente sur le continent
au Sénégal, en Côte d’Ivoire et
au Cameroun, ou en ligne.
Lait démaquillant, Amétis
Paris, 250 ml, 19 € -
ametiscosmetics.com
11 / ON DÉMAQUILLE
APAISANT
Qui a dit que se démaquiller
nécessitait forcément de
se décaper la peau, au
risque de l’irriter ? Pour
ça, mieux vaut miser sur
les effets apaisants d’une
eau micellaire sans rinçage
à base d’aloe vera. Une
jolie fiole au design épuré
proposée par la marque
Flomar, implantée en
Turquie, qui distribue dans
80 pays.
Micellar Cleansing Water,
Flomar, 4,950 CFA
12 / GOMMER EFFICACE !
Après un entraînement qui décrasse, rien
de tel qu’un bon gommage pour éliminer
les peaux mortes, et se décrasser au sens
propre ! On file sous la douche avec un dilké
– gommage tchadien végétal composé de
fruits, légumes et herbes médicinales – avec
les khalta (à base de poudre de pois de terre)
jaune (curcuma), rouge (poudre de carotte) et
blanc (poudre de baobab). Pour une peau lisse
et éclatante. Un secret de beauté porté par
la Tchadienne Kadergueli Manoubia Abdel-
Nasser, jeune femme attentionnée qui compte
bien contribuer à la préservation des valeurs
africaines à travers des alternatives naturelles
sans danger pour la dépigmentation !
Gommage, Mande Bala, 250 g, 4,5 €
(commande sur la page Facebook « Huiles
Essentielles Au Tchad »)
D.R.
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LES BONS PLANS
Page réalisée par le service commercial de Women Sports Africa
THE SPARKLE GOLD
PALETTE D’AMFA BEAUTY
Une toute nouvelle conçue rien que
pour vous ! Avec un mix de nude et
de brillance qui s’adapte à vos looks
makeup le jour comme la nuit. Les
pigments sont prononcés et hyper
lumineux. Un indispensable à avoir
absolument dans ses secrets de
beauté.
www.amfabeauty.com
THE COLORS : L’INNOVATION AU SERVICE
DE LA BEAUTÉ
Entreprendre sur le marché des cosmétiques vous
intéresse ? Avez-vous développé un produit ou un
service innovant, durable ou écologique pour le secteur
de la beauté ? Dès janvier 2021, sur une initiative de
AFROBYTE, The Colors lance un appel à candidatures
pour sélectionner les entrepreneurs les plus créatifs,
innovants et responsables du secteur. Les sélectionnés
participeront à un programme de 6 mois au cours duquel ils
auront la possibilité de bénéficier d’un accompagnement
personnalisé pour développer leur projet. Ils assisteront
à des rendez-vous de networking mensuels en ligne, ils
suivront des sessions de formation, de coaching et de
mentoring avec les plus grands acteurs de l’innovation
mondiale dans le secteur des cosmétiques. A l’issue du
programme, les meilleurs projets seront présentés devant
des investisseurs et un prix sera décerné par un prestigieux
jury. Que vous souhaitiez découvrir les dernières tendances
cosmétiques pour les femmes de couleur ou que vous soyez
vous-mêmes acteurs de l’innovation, rejoignez au plus vite
The Colors, la communauté dédiée à la beauté par et pour
les femmes de couleurs.
www.thecolo.rs
82 WOMEN SPORTS AFRICA N°2 • Janvier > Juin 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR
Je suis nature,
je suis
© Decathlon United et Jean-Michel André
Laetitia, lanceuse de marteau Roxane, boxeuse Dado, sprinteuse
UnitedLadiesOfDecathlon UnitedChampionsOfDecathlon OneBlueTeam.com