Babel-Art février, Mars 2021
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Page 2 Babel-Art Février — Mars 2021
Babel-Art
Bimestriel orienté Art & Culture
Propriété de Bel-ArTitude asbl
21, Chaussée de Charleroi
B-1370 Jodoigne
Belgique
N° entreprise : 0548.700.096
CBC BE86 7320 5568 7650
B I C C R E G B E B B
Babel-Art, c’est gratuit, disponible sur simple demande.
Vous pouvez nous soutenir et pérenniser le projet de différentes façons :
- En devenant membre sympathisant pour la somme annuelle de 12 euros.
- En insérant une annonce ou une publicité.
Pour tout renseignement, n’hésitez pas à nous envoyer un mail à l’adresse
suivante : belartitudeasbl@gmail.com
Les Chroniqueurs
Ziska Larouge est bruxelloise, graphiste de formation. Son premier roman Le plus important (Basson éd. ; 2015) est salué
par une double mention (Prix de la critique et Prix Marc Galabru) au Salon International du Livre de Mazamet (Fr). Elle publie
ensuite Au Diable ! (Weyrich éd., nouvelles, 2017) ; Les Chaises musicales (Weyrich éd., roman, 2018) ; Le goût de tuer
(Lamiroy éd./coll. Opuscule, nouvelle, 2018) ; Les chaises roulantes (Acordacrolivres éd./coll. Livre au carré, nouvelle, 2019) ;
Hôtel Paerels (Weyrich éd., roman, 2019) et La grande fugue (Weyrich éd./coll. Noir Corbeau, roman, 2019).
L’affaire Octavia Effe, son cinquième roman, est à paraître.
Plus d’infos : ziskalarouge.wixsite.com/ziska - Photo Stan Arte Vizion
Anne Ledieu, passionnée de littératures en tout genre depuis son âge le plus tendre, s’est tout naturellement orientée vers des
études littéraires. Aujourd'hui, son activité de correctrice et d'auteur refondeur lui permet de s'épanouir dans son domaine de
cœur. Il lui arrive de se coiffer de la casquette de journaliste et de s'emparer d'un stylo et d'un bloc-notes pour interviewer les
auteurs dont les œuvres l’ont interpellée.
Philippe De Riemaecker, Chroniqueur littéraire, rédige de nombreux articles publiés dans différentes revues Belges et Françaises.
Animateur radio/télévision, il présente la littérature en provenance de toute la francophonie.
Son premier roman "Quand les singes se prennent pour des dieux" reçoit en 2014 le prix "Roman" de la ville de Mazamet. "Tant
de silences" est salué sur la scène internationale. - Photo HDlight Photography
Notre Graphiste
José Mangano est en grande partie autodidacte et pourtant! Italien, il est venu en Belgique il y a une trentaine
d'année. Jeune adulte, il suit quelques cours de peinture et sculpture sur bois à l’Académie en cour du soir.
Graphiste de profession, il travail au sein d'un organisme humanitaire.
Poète, écrivain, marionnettiste et... clown. En compagnie de quelques amis, il crée une école de clown pour
enfant et en est actuellement, le président.
José Mangano est le créateur de notre logo et est le créateur de nos premiers de couverture.
Page 3 Babel-Art Février — Mars 2021
Rejoindre Bel-ArTitude c’est faire un geste pour l’environnement.
Pour chaque nouveau membre qui nous rejoint, Bel-Artitude s’engage à planter un
arbre.
Pour 1 euro par mois, aidez-nous à progresser.
Photo : Bessi—pixabay
Page 4 Babel-Art Février — Mars 2021
Page 5 Babel-Art Février — Mars 2021
I
l serait juste d’affirmer que l’écrivain Gérard Glatt fait
partie des plumes incontournables de ce début de siècle.
Considérant que la littérature mérite le respect de celui qui
la modèle, on peut prétendre que les œuvres de cet artiste
sont élaborées sous forme d’orfèvrerie. Étonnant d’approcher le
travail d’une âme inconsciente de la qualité du verbe qu’elle façonne
avec talent. Étonnant ? Pas nécessairement si l’on considère que
chaque ouvrage semble issu d’une forme de recherche du Graal
littéraire, je veux dire par là, une œuvre parfaite. Travailleur
infatigable, confronté à l’insatisfaction, si Gérard Glatt fait partie
des « grands » il ne semble pas conscient de l’engouement qu’il
provoque auprès de ses lecteurs. Peut-être faut-il se réjouir des
questionnements qui hantent l’artiste, saluer ce tourment, sorte de
mortier nécessaire à l’édification de son œuvre ? Ainsi, en qualité
de lecteur nous accueillons l’ambiguïté générée par la cohabitation
entre l’empathie et l’égoïsme d’espérer que le tourment persiste. Ce
serait réducteur de croire que le talent ne réside qu’en blessure de
vie, car il est certain qu’ici, s’exhibe le résultat d’un travail acharné.
En me confiant « Tête de paille », Monsieur Glatt fit la confidence
que « cet ouvrage-là » serait probablement celui qui lui tiendrait le
plus à cœur. J’avoue avoir été étonné d’entendre ces propos de la
bouche d’un homme qui chérit la discrétion. Cependant la réponse
résonne comme une évidence. La lecture de l’ouvrage fait
rapidement apparaître une sorte de cri enrobé de tendresse.
G
érard nous parle de son
frère, ce "même sang »,
ce compagnon de famille
portant son destin sous le
sceau de la différence. Le
lecteur observe une famille qui
entoure un garçon déconsidéré
par la maladresse de ceux qui
réfutent sa place au sein de la
communauté des humains. Une
attitude pas nécessairement
exprimée, mais tout de même,
soigneusement présentée comme
pour cacher de la sorte
l’incompétence ou les limites de
nos civilisations. Ainsi, au fil des
pages, nous apprécions la verve
de Gérard Glatt, son honnêteté à
nous brosser les ressacs du vécu,
les affres d’un foyer qui refuse
de considérer l’un des siens
comme étant « l’exclu », « la
curiosité ». Certes, il y a les
rires, le bonheur, car s’il existe
c’est en équilibre précaire en
raison des dissonances générées
par les cris, les colères, les
révoltes. Qui d’autre aurait pu
nous faire ressentir le poids des
regards, l’insoutenable que peut
représenter la pitié devant ce
que « ces pauvres gens » doivent
vivre au quotidien ?
Gérard apprend le décès de son
frère… J’imagine, connaissant
Gérard, que le silence fit son
chemin afin d’apprivoiser les
souvenirs qu’il nous offre ici
sans recourir à l’ablation des
situations pénibles. C’est
joliment conté, dénué d’inutiles
larmoiements. Oui, c’est en
cela que réside le talent… Une
histoire certes, une œuvre
certainement. Au-delà du
témoignage offert par ce
roman, la qualité d’écriture
mérite notre attention.
« Tête de paille » : quel joli titre
pour saluer, que dis-je, pour
rendre hommage à un trop plein
de tendresse. J’avoue avoir été
séduit par l’honnêteté des
propos. Loin d’être fleur bleue,
ce n’est pas qu’un simple récit, au
contraire, tête de paille est, à
mon regard une œuvre de
référence. Merci, Gérard Glatt
de nous parler de ce frère que
vous aimiez. Un être qui ne
demandait à la vie que l’harmonie
que nous fréquentons à notre
échelle, je veux dire : l’essentiel,
les rires quand ils éclatent, les
joies qui se présentent, le lever
du soleil et le simple plaisir de se
savoir vivant.
De ce morceau de vie j’en
retiendrai cette morale : le
dérangement d’un regard appuyé
quand il se présente dépasse
l’humiliation de la pitié quoique,
je crois qu’en vérité cette pitié
révèle le soulagement de n’être
en rien concerné. En sommesnous
certains ? Encore faudrait-il
pouvoir définir ce qu’il convient
de considérer "normal"… « Tête
de paille » mérite, je crois, de
faire partie des leçons de morale
faisant partie des cursus
scolaires. Un livre ? Non, une
œuvre qui définit la vie, ses
difficultés et sans vouloir s’en
cacher, approche la faiblesse de
chacun, écorche le verni de
l’éducation. La perfection n’est
pas de ce monde, chacun à droit à
ses faiblesses, à ses échecs et
c’est tant mieux si ces derniers
peuvent nous amener les
éléments nécessaires à notre
amélioration.
Enfin, pour conclure cette
chronique je ne puis que
remercier l’écrivain Gérard Glatt,
car ici, entre les mains je ne
découvre pas un livre ni un récit,
je m’abreuve à la source d’une
œuvre qui ose partager des
propos que nous serions ignobles
d’ignorer. « Tête de paille » est
probablement le plus beau cadeau
que j’aurai reçu au cours de
l’année 2020, merci, Monsieur.
Philippe De Riemaecker
Page 6 Babel-Art Février — Mars 2021
Lia CAPMAN « Du sel dans les oreilles » Éditions Academia/L’Harmattan
Ce samedi 19 septembre 2020, par un bel après-midi ensoleillé, notre chroniqueuse
Anne Ledieu a eu le plaisir de rencontrer Lia Capman, en compagnie de son amie, la
photographe Bernadette Mergaerts, à l’occasion du Parcours d’Artistes à Ixelles. Anne
a profité de l’occasion pour interviewer Lia célébrant la sortie de son premier récit
destiné aux adultes, Du Sel dans les oreilles, récemment paru aux Éditions Academia/
L’Harmattan.
Bonjour Lia, et merci de te dévoiler, si tu me permets ce jeu
de mots un peu facile. Comment es-tu venue à l’écriture ?
taine liberté, une distance, l’impression
que les mots sont
moins banals, plus poétiques
aussi. Je me sens plus libre
d’expérimenter. Ceci dit, c’est
un processus laborieux pour moi
que d’écrire en français et, sans
mes correcteurs et correctrices,
je n’oserais jamais présenter un
texte à un éditeur.
Du Sel dans les oreilles n’est
pas ton premier récit, peux-tu
nous parler des précédents, du
suivant, Mission Homo Sapiens
(appel aux amateurs : ce
dernier texte, destiné aux 10-
14 ans n’a pas encore trouvé
d’éditeur) ? Caches-tu
d’autres projets littéraires au
fond de tes tiroirs secrets ?
Prix : 13,50 €,
disponible sur commande chez
votre libraire préféré ou
directement sur la boutique
Academia :
https://www.editions-academia.be
J’ai commencé à écrire lorsque
je travaillais au Musée
d’Afrique Centrale à Tervuren,
l’Africamuseum d’aujourd’hui.
Ma mission y était de
traduire et d’écrire un guide
pour les visiteurs. C’est en me
promenant dans les salles consacrées
aux animaux empaillés
qu’une histoire pour les enfants
m’est venue : Paulette la coquette
et Johnny l’oryctérope. Il
s’agit d’un jeune hippopotame
femelle, jaloux de la beauté de
certains animaux de la jungle et
en prise avec d’autres questions
existentielles. Mon amie, la
chanteuse et illustratrice Françoise
Breut, a bien voulu illustrer
cet album pour les tous
petits. Alice Éditions était la
première maison à laquelle
j’avais envoyé mon manuscrit,
sans trop y croire. À mon grand
étonnement, ils se sont tout de
suite montrés partants pour
l’éditer.
Forte de ce premier succès, j’ai
eu l’impression complètement
fausse qu’il suffisait d’écrire,
d’envoyer son manuscrit pour
être publié ! Cela ne s’est plus
révélé aussi facile par la suite, et
je pourrais tapisser une petite
pièce (les toilettes, par exemple)
avec les lettres types de refus
qui commencent très souvent
par : « Malgré les qualités évidentes
de votre manuscrit, nous
avons le regret de vous informer
qu’il ne correspond pas à notre
ligne éditoriale. » J’ai donc des
tiroirs remplis d’histoires non
publiées ou non publiables.
Mais la raison principale qui
m’a motivée à prendre la plume
est Django, mon beau-fils, qui
adorait les histoires et m’en
réclamait quotidiennement. Je
lui en racontais une, puis c’était
son tour. Comme je m’embrouillais
souvent et que mes
chutes n’étaient pas au top, je
me suis mise à les écrire avant
de les lui présenter… En plus,
en tant que traductrice, je me
sentais parfois un peu frustrée
de toujours m’occuper des
textes des autres.
Ta langue maternelle est le
néerlandais. Pourquoi écrire
en français ?
C’est une question que je me
pose très souvent. Il me semble
qu’il y a deux raisons à cela.
D’une part, j’ai toujours été
entourée d’enfants francophones
(mon beau-fils et mes neveuxnièces)
et c’est bien eux que
j’avais en tête quand j’écrivais.
D’autre part, j’ai toujours eu
l’impression qu’écrire dans une
autre langue me donne une cer-
En fait, Du sel dans les oreilles
est mon premier livre pour
« grandes personnes », même
s’il ne s’agit pas d’un roman,
mais bien d’un journal de bord,
donc d’une histoire vécue.
J’ai remarqué un phénomène
curieux : en voyant grandir
Django et les enfants qui m’entouraient
et en avançant un peu
en âge moi-même, mes livres
se sont tout naturellement tournés
vers un public de plus en
plus « âgé ».
Après Johnny et Paulette, j’ai
donc écrit un petit roman pour
lecteurs débutants Les évadés
du tiroir, une histoire de cafards
en soif de liberté (édité
par Jacques Chaboud de Magnard),
puis, dans la même
veine, l’histoire d’un lombric
hypocondriaque intitulée Herbert
Superver.
C’est alors qu’un éditeur m’a
fait remarquer que les animaux
Page 7 Babel-Art Février — Mars 2021
humanisés ne se vendaient
plus et que je ferais bien de
m’occuper de héros humains
au lieu d’humaniser les animaux…
J’étais choquée par
ses propos, car, pour moi, il y
a une universalité dans les
histoires qui mettent en scène
des animaux, en plus, elles se
révèlent souvent plus ludiques
et plus drôles. Mais il m’a bien
fallu avouer que ce thème
n’attire que fort peu les préadolescents
et les ados.
C’est alors que j’ai osé l’aventure
de l’autoédition avec Les
Princesses peureuses, en collaboration
avec Françoise
Breut, Luc Rambo et Stéphane
Schrevens. Il s’agit d’un livre
audio avec des héroïnes très
humaines. Une très chouette
expérience !
En parallèle, je terminais une
histoire qui parlait du voyage
d’un grain de sable qui m’a
valu une bourse de résidence
de la Communauté française
pour aller écrire à Rome pendant
quelques mois. Le Carnet
de voyage d’un grain de sable
a fini par trouver un éditeur en
Grèce, et j’ai profité de mon
temps en Italie pour créer mon
premier héros humain, ou
presque : l’apprenti fantôme
Udolpho, jeune spectre aussi
ambitieux que peureux : Moi,
Udolpho, apprenti fantôme. Et
ça a marché. L’Harmattan a
édité cette histoire et la suivante
qui se déroule au musée
d’Afrique et qui combine animaux
empaillés et humains :
« Étrange Safari au musée de
Tervuren », illustrations de
Françoise Rogier, L’Harmattan).
Récemment, j’ai écrit une
histoire pour préados Mission
Homo Sapiens qui raconte la
visite de la première extraterrestre
sur Terre.
Aujourd’hui, je travaille sur
une idée de polar bruxellois,
« Kanal », qui se déroulera en
partie dans la ville souterraine
et le long du canal. Enfin, une
fiction pour adultes !
Qui est à l’origine de cette
superbe couverture ?
La couverture a été réalisée
par ma sœur Greta, qui habite
près de la mer sur l’île de Corfou
et qui a donc bien pu étudier
le ressac. J’ai dû un peu
lui forcer la main, car, en tant
que graphiste et peintre, elle
était convaincue de son inca-
pacité à créer une illustration
pour la couverture d’un livre.
Finalement, elle a réalisé une
peinture à l’huile qui, à mon
avis, colle très bien à l’histoire.
Une énorme vague et un
tout petit bateau…
Peux-tu nous expliquer la
genèse de Du Sel dans les
oreilles et son parcours jusqu’Academia
?
Le capitaine et moi nous
sommes lancés dans la navigation
il y a huit ans, et on n’y
connaissait rien de rien. On
s’imaginait que la voile s’apprenait
sur le tas, comme le
potager. On en a bavé, surtout
moi, puisque j’ai développé ce
qu’on pourrait appeler une
phobie du vent : angoisses,
mésaventures, situations burlesques
à gogo… J’ai alors
décidé de noter chaque soir les
expériences de la journée dans
le journal de bord : c’était ma
bouteille à la mer du Nord.
Je me suis mise à lire les entrées
à voix haute au capitaine.
Constatant que ça le faisait
rire, l’idée d’une publication
m’est venue. J’ai remarqué
que la littérature maritime est
peuplée de héros masculins qui
se prennent très au sérieux et
qu’en plus, c’est un univers
souvent dénué d’humour et de
femmes… Il me semble aussi
qu’on lit très peu sur le côté
déplaisant de la plaisance et
que l’idée de « voile égale
liberté » est, pour une grande
partie, un mythe. Je dois pourtant
avouer qu’à la fin de cette
aventure, j’ai moi-même entendu
l’appel du large…
Une fois sur la terre ferme, j’ai
pas mal retravaillé le texte,
puis je l’ai envoyé à deux ou
trois maisons d’édition.
Academia m’a alors invitée à
un speed-dating littéraire à
l’automne dernier, mais n’a
pas retenu le texte pour la
collection « Évasion ». Par
contre, ils m’ont proposé de l’éditer dans la collection
« Littérature ». Et le voilà !
Nous allons terminer cette interview par un petit extrait,
si tu veux bien, Lia.
« Au cours de nos périples, on a rencontré quatre catégories
de plaisanciers :
Ceux pour qui leur bateau est un chalet de vacances ou
une caravane aquatique. Leur pont est leur terrasse, idéale
pour prendre l’apéro. Ils ne quittent jamais le port, sauf en
voiture.
Ceux qui sortent deux ou trois fois par an, par temps
calme et ensoleillé. Le reste de l’année, ils se contentent
d’astiquer le pont sous l’œil critique d’un petit chien hargneux,
le véritable maître à bord.
Ceux qui auraient été plus heureux avec un bateau à
moteur. Pour eux, les voiles sont superflues et restent bien
pliées, dans les cales.
Ceux qui naviguent vraiment, toutes voiles dehors,
même par plus de 3 beaufort.
On se trouve sans doute à cheval sur la première et la quatrième
catégorie. »
© Academia, 2020
Merci à toi, Lia. Bon vent et beaucoup de succès à Du
Sel dans les oreilles.
© Interview, Anne Ledieu et Lia Capman,
septembre 2020
Page 8 Babel-Art Février — Mars 2021
Evelyne DRESS, une femme ? Oui mais, une femme d’exception.
S
’il est une leçon apprise qui retient mon attention, c’est que la vie réserve moult surprises à
l’instant précis où l’on remet en question l’utilité de ses gesticulations. J’en étais arrivé à cette
étape de ma destinée lorsqu’une rencontre allait m’offrir un clin d’œil, une croisée des chemins.
Il est une chose des plus appréciable au cœur des dialogues, c’est d’oser la spontanéité au risque de
se positionner en opposition à l’avis du plus grand nombre apportant ainsi une brise de fraicheur à la
liberté de penser. Evelyne Dress possède cette franchise, mais pas que, elle offre à son vis-à-vis ce
qui devrait être la norme: « l’écoute ». Alors, dans ces conditions, comment ne pas avoir l’envie d’explorer
le destin de cette femme « hors norme »?
des genres. C’est l’instant
choisi par quelques embruns
formés par les années 1960
pour m’éclabousser de souvenirs.
non-respect, j’avais également
la hantise d’approcher
une artiste inapprochable.
En décrochant le téléphone,
ais qu’est-ce qui m’arrive
? D’où me provient
M
ce tremblement de philosophie ?
C’est que les années s’écoulent,
que mes rides se creusent inexorablement
m’invitant à préférer
le charme à la séduction. D’accord,
mais pourquoi s’étendre
sur la question ?
C’est arrivé comme ça, un matin
de fin d’été alors que les organisateurs
du Salon du livre de
Buzet sur Baïse me proposaient
d’interviewer « leur » invitée
d’honneur à savoir : Évelyne
Dress. Non seulement j’étais
honoré, on peut le comprendre,
mais je découvrais le plaisir
d’effleurer par téléphone une
femme qui bouleversa le cinéma
français, que dis-je, qui secoua
les genres en dépoussiérant la
façon de s’exprimer.
J’ignorais à cet instant précis
que j’allais rencontrer non pas
une artiste éclectique, quoique,
mais l’une de ces personnalité
qui marque votre destin.
Une interview n’est jamais
qu’une acrobatie murement
réfléchie. Il est évident qu’on
laisse libre cours à l’improvisation
et faire croire que les mots
coulent avec fluidité démontre
une longue préparation.
Evelyne Dress, femme cinéaste,
écrivain, peintre et j’en passe,
voici de quoi éveiller ma curiosité
quoique, les sujets demanderont
une attention particulière
car la trotteuse des secondes
n’est pas une alliée qui se laisse
influencée.. Sacré challenge
s’il on n’est pas autorisé à déborder
du temps imparti à notre
intervention.
Côté cinéma, le travail me semblait
d’agréable approche. Au
fil de mes recherches, les souvenirs
fleurissaient à ma mémoire
et les éclats de rire étiolaient ma
concentration lorsque je me
remémorais quelques scènes
Bien que la période se voulait
libertaire, ne nous y trompons
pas, les habitudes restent profondément
enracinées. Les
« mecs » gardent une certaine
frilosité lorsqu’une femme
pousse les portes d’un milieu
plutôt machiste. Certes, les
barricades de 68 étaient depuis
longtemps démantelées. On
récite le mot: « Liberté » en
forme d’incantation comme
s’il fallait exorciser ses doutes.
Des plumes anonymes peinturluraient
les murs d’un slogan
novateur : « il est interdit
d’interdire ». Le monde ne
sera plus le même et pour une
artiste en devenir, la société
devient source d’inspiration.
Evelyne se jette dans ce bouleversement
pour étancher sa
soif de création, sa boulimie
d’innovation. Elle garde à
l’esprit qu’il faut que le résultat
soit beau, sublime, dépasse
l’ordinaire afin de démontrer
que tout est possible lorsque
l’on désire calligraphier l’art
en lettres majuscules. Etre
femme exige plus d’énergie
que tout autre, plus de talent
aussi, plus de ténacité, plus de
tout. Evelyne est femme de
volonté, elle sait que la beauté
s’admire, que l’Art mérite que
l’on innove que l’on étonne,
que l’on franchisse les frontières
de pays inexplorés. Artiste
en devenir ? Tout est
relatif si l’on sait qu’en 1970
déjà, Évelyne Dress fait son
apparition à l’écran dans :
« Fusil chargé » de Carlo
Lombardini.
r
evenons à l’interview.
Oui, j’avais le trac du
débutant, j’avais la peur du
je me surpris à trembler.
Les mains moite en raison
de la chaleur, quoi
d’autre ? J’ai écouté les
sonneries s’égrainer jusqu’à
l’instant ou une voix
chaude me répondit sans le
moindre faux semblant. En
quelques secondes à peine
j’oubliais mes craintes, je
percevais une impression
étrange, celle de discuter
comme on le fait en toute
confiance, avec ces amislà,
ces gens que l’on ne
demande qu’à aimer. Amitié
? Voici un mot qu’il ne
faut jamais utiliser à profusion.
trange destin que celui
É de cet enfant né dans
un train arrêté en gare de
Lyon. Prémonition de vie
qui place les premières
respirations sur une voie
qui s’étend vers l’infini.
Gare de Lyon, gare distinguée
par un beffroi, tour
carrée haute de 67 mètres
et portant des cadrans
d'horloge sur ses quatre
faces. L’horloge use le
temps, le temps forge les
destins, les destins se bâtissent
à force de ténacité.
D’actrice Évelyne Dress
devient réalisatrice. Facile
à dire, pas facile à concrétiser,
je veux dire à le faire
avec talent. En 1992
Page 9 Babel-Art Février — Mars 2021
Évelyne Dress réalise « Pas
d’amour sans amour ».
Facile à écrire, au creux d’une
chronique cependant, dans la
vraie vie, réaliser un film requiert
une énergie incommensurable.
Le cinéma coûte une
fortune, surtout à une époque
où la vidéo n’existe pas. On
utilise de la pellicule et il ne
faut pas être savant pour comprendre
que cette matière est
précieuse. Chaque mètre gaspillé
doit être irrémédiablement
remplacé. Une scène
tournée ne sera visionnée
qu’après développement…
Heureusement pour nous,
Évelyne Dress possède la volonté
de ceux qui savent qu’on
ne peut avancer qu’une fois le
premier but atteint. Le film
terminé, tout reste à faire, il
faut le diffuser. C’est reparti
pour une nouvelle épreuve,
rien ne sera facile, tout se met
en place pour refréner une
œuvre qui va faire exploser
l’audimat, mais pas tout de
suite, le temps, encore lui,
semble vouloir user l’espoir.
Les salles accueillent le film
avec timidité. Le public ne se
bouscule pas au portillon
quoique, disons qu’il s’en sort
sans être ridiculisé cependant,
tout de même, on peut comprendre
que du côté de la création
plane un sentiment de
frustration. 150 000 entrées
comptabilisées en France, pas
mal et cependant, tic tac, tic
tac, le temps aime s’étendre
quand il forge les surprises que
l’on n’attend pas, pas à ce
point, pas quand elles font
exploser le cœur en ce sentiment
étrange lorsque d’un
geste d’amour le public offre à
l’artiste une ovation par télévision
interposée.
En 1995 la chaine France2
diffuse le « Pas d’amour sans
amour ». Hm hm, ce n’est pas
gagné, la grille de programmation
est cruelle, elle place le
film en concurrence avec un
match de football attendu par
de nombreux supporters. Dans
les chaumières les discutions
s’emballent. Il y a le foot que
monsieur ne veut rater sous
aucun prétexte et le film que
madame attend avec impatience.
Quoique ? Combien
de ces messieurs ne rêvent pas
en secret des jolis yeux d’Évelyne
et de son langage révolutionnaire.
Tic tac, tic tac, la
réalisatrice attend, espère, ou
vague à ses occupations maudissant
les heures qui s’éternisent
avant la fin de la projection.
Brrr, à quoi faut-il s’attendre
quand on devine que si on
n’attend rien ce rien cache une
vague pointe d’espoir. « On ne
sait jamais ! ».
Le téléphone sonne… Qui
diable peut vous déranger en
soirée, qui peut vous arracher au
stress en raison de ce match de
foot ? Maudit soit ce ballon
rond qui aspire les sportifs de
salon vibrant pour « leur »
équipe en compagnie d’une pizza
dégoulinant de graisse.
On décroche le téléphone pour
entendre la voix du directeur de
France2… Évelyne ? Je voulais
être le premier à vous le dire…
Dire quoi ? Que le foot a gagné,
que le ballon a emporté tout
espoir d’atteindre le plus grand
nombre ?
J’imagine qu’il a fallu répéter.
Les mots résonnent quelquefois
comme s’ils se plaçaient au cœur
d’une cathédrale.
Pardon ? Combien ?
7 129 080
téléspectateurs,
Avez vous bien entendu ?
Croyez-moi c’est du jamais
vu, vous pouvez
sabler le champagne et
crier « victoire » car vous
avez battu le foot sur
l’échelle de l’audimat.
offrir aux regards des autres.
Evelyne Dress n’a plus rien à
prouver. Elle a joué sur les
planches, joué pour le cinéma
avant de contourner la caméra et
puis ? Et puis la soif de création
ne se tarit jamais. Je l’ai rencontrée
à plusieurs reprises à
l’occasion de salons littéraires,
car oui, Évelyne écrit. Sa plume
est incisive, drôle, troublante.
Ses livres sont surprenants par la
richesse des destins qu’elle peint
avec tendresse mais pas que.
Des destins ? Certes, l’auteure
trempe la plume au cœur de sa
mémoire sans oublier les brulures
du passé. Si Évelyne
Dress ne se cache jamais de sa
Judaïcité, elle le fait avec pudeur,
avec toute la tendresse que
l’on peut offrir sans toutefois se
taire. Elle confiera à ma consœur
« Virginie Rebujean » que
la judaïcité est parfois lourde à
porter en raison du regard des
autres, des sarcasmes, des réflexions
cinglantes. Dress n’est
pas un nom qui ouvre les portes
à la confidence, rares sont ceux
qui devinent ses origines et dès
lors, les langues dérapent et à
force, elles finissent par blesser.
De ces trop rares rencontres je
retiendrai la plaisante compagnie
d’une femme intelligente,
toujours pleine d’empathie envers
ceux qui viennent la rencontrer.
Jamais je n’ai entendu
parole blessante, au contraire…
Le regard franc, elle porte au
fond des yeux l’émerveillement
de l’enfance, les étoiles qui
scintillent comme si elle voulait
partager le bonheur d’être là, en
compagnie de ceux qui l’entourent,
consciente qu’ils sont venus
pour « elle ». Cette façon
de rencontrer chacun avec déférence
cerne le personnage plus
« Pas d’amour sans
amour » vient de mobiliser
la France. Certes,
c’est peut-être exagéré de
comparer ce raz de marée
à une mobilisation, mais
tout de même, l’amour
plutôt que le foot, voici
une symbolique sujette à
controverse.
e succès est avant
C tout celui d’une
femme qui ne s’est pas
contenté d’une tâche réalisée.
Elle s’est levée pour
enfanter une œuvre, elle
l’a offerte comme on offre
ce qu’il y a de plus fort au
creux de sa personnalité
en raison, peut-être, de
l’acceptation de ses fêlures,
de sa fragilité, en
raison de l’Histoire. Elle,
l’actrice, femme de
théâtre, femme consumée que les mots. « Respect »…
par ses rêves, poursuivie
par l’histoire tragique qui
Respect Madame pour ce que
vous êtes, pour votre destin
déchira l’Europe, elle modelé sans concession. Respect
mérite l’ovation en raison
de ce talent que seuls
possèdent les artistes capables
de sublimer les
facettes de vie, toutes les
pour les mots prononcés,
pour ce rire qui raisonne chaque
fois que l’occasion permet de
cristalliser votre plaisir de vivre,
vivre en compagnie des autres,
facettes. Pourquoi avoir tous les autres, ceux qui vous
utilisé le mot aiment et vous vénèrent. Respect
« consumé » ? Quelle
pour le talent que vous
erreur, les rêves ne consument
pas, ils sont des
phares qui éclairent la
modelez sans le moindre essoufflement.
Ainsi se termine une chronique
nuit, des bornes que l’on un peu particulière. Je suis
choisit de suivre, ou pas,
sachant qu’ils offrent la
solitude de son imagination
jusqu’au jour où l’on
ouvre la fenêtre pour les
conscient que l’on devrait écrire
plusieurs centaines de pages si
l’on voulait réellement cerner
une étoile qui brille sans éblouir.
C’est ce genre de détail qui
démontre une certaine « classe »
Page 10 Babel-Art Février — Mars 2021
Page 11 Babel-Art Février — Mars 2021
Je ne puis que vous inviter à plonger au cœur des œuvres d’Evelyne Dress. Si vous ne lisez pas, si le cinéma n’attire pas votre attention il
vous reste la contemplation. Évelyne peint, Évelyne capture la lumière pour le plaisir de l’éternité.
Philippe De Riemaecker
Sources : http://evelyne-dress.com/
Deux sœurs, Alma et Jessica –
rivales mais inséparables,
éprises de vérité mais capables
de tous les mensonges –, sont
unies au point d’aimer le même
homme, Jacques.
D’été en été dans la maison
familiale, on rit, on pleure, on
chante, on crie, on se jette tout à
la figure, objets, insultes,
« csardas », les remords valant
mieux que les regrets.
Le meilleur ami du chat, c’est l’écrivain, on le
sait.
Evelyne Dress n’échappe pas à la tradition et
nous dévoile quelques anecdotes savoureuses
sur ses rencontres félines.
« Ces êtres silencieux, tantôt émouvants et sages,
tantôt profonds et rebelles, m’ont aidé à panser mes
blessures secrètes. Ils méritaient bien que je leur
consacre quelques lignes. » (sortie prévue le 13
novembre 2020.
Les livres d’EVELYNE DRESS
sont disponibles chez votre libraire ou en ligne :
http://www.editions-glyphe.com/auteur/evelyne-dress/
Page 12 Babel-Art Février — Mars 2021
CINEMA
1992 « PAS D'AMOUR SANS AMOUR » d’Evelyne Dress
avec Patrick Chesnais, Jean-Luc Bideau, Aurore
Clément, Gérard Darmon, Dora Doll, Michel
Duchaussoy, Martin Lamotte, Tanya Lopert, Cécile
Pallas, Jacques Penot, Pascale Rocard, Valérie Steffen,
Carole Brenner, Virginie Darmon
1986 « LE SOLITAIRE » de Jacques Deray d'après Alphonse
Boudard
avec Jean-Paul Belmondo, Pierre Vernier, Michel
Creton, Michel Beaune,
1984 « BASTILLE » de Rudolph van den Berg
avec Derek de Lint, Geert de Jong, Dora Doll, Pierre
Vial
« VIVE LE FRIC » de Raphaël Delpard
avec Daniel Prévost, Raphaël Delpard, Hubert
Deschamps, Jacques Legras, Jacqueline Duc, Patrice
Melennec
1983 « SARAH » de Maurice Dugowson
avec Gabrielle Lazure, Jacques Dutronc, Jean-Claude
Brialy, Léa Massari, Jean-Claude Dauphin, Gabriel
Yared, Heinz Bennent
« LA NUIT DE VARENNES » Il mondo nuovo d'Ettore Scola
avec Marcello Mastroianni, Jean-Louis Barrault,
Hanna Schygulla, Jean-Claude Brialy, Andréa Férréol,
Jean-Louis Trintignant, Daniel Gélin, Hugues Quester,
Harvey Keitel, Michel Piccoli, Michel Vitold, Dora
Doll
1981 « LE GUEPIOT » de Joska Pillissy
avec Bernard Fresson, Georges Poujouly, Emile
Montgenet, Juliette Mills
« PUTAIN D'HISTOIRE D'AMOUR » de Gilles Béhat
avec Richard Berry, Mirella D'Angelo
1980 « LA FLAMBEUSE » de Rachel Weinberg
avec Léa Massari, Laurent Terzieff, Gérard Blain
« LA PETITE SIRENE » de Roger Andrieux d'après Y.
Dangerfield
avec Philippe Léotard, Laure Alexis, Marie Dubois,
François Dyrek
1979 « LE DIVORCEMENT » de Pierre Barouh
avec Michel Piccoli, Léa Massari, Christine Murillo,
Catherine Lachens, Jean-Roger Milo, Anne Lonberg,
Stefania Vial, Jean-Claude Bouillon
« ET LA TENDRESSE ?... BORDEL ! » de Patrick Schulmann
avec Bernard Giraudeau, Anne-Marie Philipe, Jean-
Luc Bideau, Roland Giraud, Katia Tchenko, Marie-
Catherine Conti, Régis Porte, Virginie Vignon, Léo
Campion, Etienne Draber, Alain Duclos
1976 « LA FETE SAUVAGE » (Documentaire) de Frédéric
Rossif
avec Myriam Mézieres
« MADAME CLAUDE » de Just Jaeckin a
avec Françoise Fabian, Dayle Haddon, Maurice Ronet,
Marcel Dalio, Klaus Kinski, Murray Head, François
Perrot, Jean Gaven, André Falcon, Pascal Greggory,
Vania Vilers, Robert Webber
1972 « BEAU MASQUE » de Bernard Paul
avec Catherine Allégret, Dominique Labourier, Luigi
Diberti, Gaby Sylvia, Jean-Claude Dauphin, Massimo
Serato, Andrée Tainsy
« LE GANG DES OTAGES » d'Edouard Molinaro
avec Bulle Ogier, Bernard Lecoq, Gilles Segal, Daniel
Cauchy
1971 « RAPHAËL OU LE DEBAUCHE » de Michel
Deville avec Maurice Ronet, Françoise Fabian,
Brigitte Fossey, Jean Vilar, Anne Wiazemsky, Jean-
François Poron, Jacques 2
TELEVISION
1988 « LES CHERUBINS NE SONT PAS DES ANGES »
(Les cinq dernières minutes II)
avec Jacques Debary, Marc Eyraud, Jean-François
Garreaud, Raoul Billerey
1987 « UNE PAIX ROYALE » (
Les cinq dernières minutes II)
avec Jacques Debary, Marc Eyraud, Henri Virlojeux
1986 « LE BORD DES LARMES » de Jacques Fansten
avec Anny Duperey, Paul Barge, François Dunoyer,
Dimitri Peaucelle, Penelope Schellenberg, Jacques
Denis, Massimo De Rossi, Eric Frey
« FLORENCE OU LA VIE DE CHATEAU » de
Serge Korber avec Annie Girardot, Jean-Luc Bideau,
Jean-Pierre Darras, Sophie Carle, Roger Carel,
Ginette Garcin, Georges Wilson, Alain Doutey,
Vania Vilers, Patrick Préjean, Alexandra Lorska
« POUR QUI SONNE LE JAZZ »
(Les cinq dernières minutes II)
avec Jacques Debary, Marc Eyraud, Eddie
Constantine
1985 « VOUS ETES AVEC MOI VICTORIA » de Claude
Barma
avec Ludmilla Mikaël, Jean Sorel, Jean-Pierre Cassel,
Béatrice Agenin, Monique Chaumette, Michel
Beaune, Roland Bertin, Jean Topart
1982 « LA COULEUR DE L'ABIME » de Pascal Kané
avec Jean-François Stévenin, Sagamore Stévenin
« LE FEMININ PLURIEL » de Marcel Camus
avec Dany Carrel, Caroline Grimm, Patrick
Guillemin, Christiane Jean, Jean-Luc Moreau, Marilu
Tolo
1981 « GASTON LAPOUGE » de Franck Apprédéris
avec Eddy Mitchell, Jacques Villeret, Jacques
François, Marc Chapiteau, Germaine Delbat, Aïna
Walle, Carol Brenner, Julie Margo, Jacques Richard,
Jacques Rispal, André Badin
1979 « LE SURMALE » de Jean-Christophe Averty
avec Pierre Massimi, Clémentine Amouroux,
Bernard Cara, Nicole Evans, Yves Gabrielli, Maurice
Travail, Michel
1977 « CLAUDINE S'EN VA » d'Edouard Molinaro d'après
Colette
avec Marie-Hélène Breillat, Georges Marchal, Lyne
Chardonnet, Gérard Hérold, Marion Game,
Catherine Samie, Dominique Basquin, Jean Desailly,
Henri Attal, Brigitte Bellac, Anita Boulier, Evelyne
Broussolles, Béatrice Agenin
« DOSSIERS DANGER IMMEDIAT » de Claude
Barma avec Anna Karina, Jean- Pierre Darras, Ewa
Swann, Gisèle Grimm, Myriam Boyer
1976 « BONJOUR PARIS » de Joseph Drimal
avec Michel Auclair, Paul le Person, Daniel Gélin,
Françoise Brion, Paula Moore, Christine Dejoux, Jean
-Jacques Moreau, Marcel
Page 13 Babel-Art Février — Mars 2021
Dalio, Marco Perrin, Frank David, Patrick Raynal 3
VOS REVES » de Gérard Gozlan
« LE MAL JOLI » de Jean-Christophe Averty
« NE LE DITES PAS AVEC DES ROSES » de Gilles
Grangier avec Erick Colin, Agathe Natanson, «
Brigitte Auber, Colette Castel, Mireille Audibert,
Bernadette Lange
« LES NOUVEAUX VAMPIRES » de Claude Barma
avec Jean-Pierre Darras
« LES PETITS D'UNE AUTRE PLANETE » (
Les cinq dernières minutes II)
avec Jacques Debary, Marc Eyraud, Robert Dalban,
Marcel Dalio
1973 « LE PROVOCATEUR » de Bernard Toublanc-Michel
avec Erick Colin, Jacques Aveline, Gérard Ismaël,
Patricia Lesieur, Axelle Abbadie, Fernand Berset,
Gianni Esposito, Sylvie Joly, Claire Maurier,
Christine Minazzoli, Grégoire Aslan
1972 « MAIGRET EN MEUBLE » de Claude Boissol d'après
Georges Simenon
avec Jean Richard, François Cadet, Mony Dalmès,
Evelyne Buyle, Barbara Laage, Annick Alane,
Philippe Brigaud
« LA DEMEURE MYSTERIEUSE » (Arsène Lupin) de Jean-
Pierre Desagnat
avec Georges Descrières, Yvon Bouchard, Marika
Green, Guy Grosso, Héléna Manson
1971 « ARSENE LUPIN » de Marcello Baldi, Tony Blaad
avec Georges Descrières, Catherine Rouvel, Roger
Carel, Henri Virlojeux, Bernard Giraudeau, Nicole
Calfan, Marthe Keller, Daniel Gélin, Thérèse Liotard,
Nadine Alari, Pascale Roberts, Monique Tarbès
1969 « NOTRE ENFANT N'EST PAS COMME LES
AUTRES » (SUISSE) de Hans Peter Roderer
« SALLY » (SUISSE) de Marcel Hoën
THEATRE
1989 « LE BOUCHER »
de Alina REYES au Bataclan avec RUFUS
1986 « LARGO DESOLATO »
de Vaclav HAVEL Théâtre La Bruyère
1973 « LE QUICHOTTE »
Cour d'honneur Festival d'Avignon avec RUFUS
1972 « LE MARCHAND DE VENISE »
Théâtre Edouard VII avec Claude DAUPHIN
COMÉDIE MUSICALE
1979 « DANSE TOUJOURS, TU M’INTERESSES »
Théâtre des Mathurins
1977/1978 « PLANTONS SOUS LA SUIE »
(comédie musicale) Café de la gare
MUSIC-HALL ET CAFE-THEATRE
1970 « LES AVENTURES D’AUBERGINE »
One woman show
1972/1981 « COMMENT ÇA VA SUR LA TERRE ? »
Spectacle poétique
1982 « LE RIVE DROITE »
Cabaret avec Michel Leeb, Jean Guidoni
ANIMATRICE TV
1987 « ENTREZ SANS FRAPPER »
avec Christian Barbier
REALISATRICE
CINEMA
1993 « PAS D'AMOUR SANS AMOUR »,
adapté de « Pas d’amour sans amour » (Plon)
avec Patrick Chesnais, Evelyne Dress, Jean-Luc
Bideau, Aurore Clément, Gérard Darmon, Dora
Doll, Michel Duchaussoy, Martin Lamotte, Tanya
Lopert, Cécile Pallas, Jacques Penot, Pascale
Rocard, Thierry Rey.
Grand Prix du Festival du Film au Féminin de
Marseille
Grand Prix du jury au Festival International de
Prague
Sélectionné pour les Golden Globes en 1994
2013 « JE LE VEUX »,
adapté de « La maison de Petichet » (Plon)
DOCUMENTAIRE
2002 « RANGOON »
CLIPS DE CHANSONS
PICTOMUSIC/distribution WAGRAM
2001 « LE SUD » Nino Ferrer
« CHANSON POUR L'AUVERGNAT » Georges
Brassens
« POUR MOI LA VIE VA COMMENCER » Johnny
Hallyday
« SUR MA VIE »Charles Aznavour
« LES SABOTS D'HELENE » Georges Brassens
« PUTAIN DE TOI »Georges Brassens
« LE PREMIER PAS » Claude-Michel Shöenberg
« LE JARDIN D'HIVER » Henri Salvador
« LES CHAMPS ELYSEES » Joé Dassin
« FIDELE » Charles Trenet
« TU TE LAISSES ALLER » Charles Aznavour
« LE PARAPLUIE » Georges Brassens
« WOMAN IN LOVE » Barbra Streisand
« L'ETE INDIEN » Joé Dassin
ECRIVAIN
2013 « UN CHATEAU DANS LA BRUME » (roman)
ALPHEE-JEAN-PAUL BERTRAND
2009 « LE RENDEZ-VOUS DE RANGOON » (roman)
PLON
2001 « LES TOURNESOLS DE JERUSALEM » (roman)
30 000 exemplaires
1996 « LA MAISON DE PETITCHET » (roman)
25 000 exemplaires
1993 « PAS D'AMOUR SANS AMOUR » (roman)
30 000 exemplaires
POCKET
2004 « LES TOURNESOLS DE JERUSALEM » Roman)
2003 « FORT COMME L’AMOUR » (Roman)
2002 « PAS D'AMOUR SANS AMOUR » (Roman)
SCENARISTE
2012 « JE LE VEUX»
adapté de son roman « La maison de Petichet » - Plon)
1996 « LA BELLE OMBRE »
(adapté du roman de Michel Quint – Rivages)
Page 14 Babel-Art Février — Mars 2021
Page 15 Babel-Art Février — Mars 2021
PRODUCTRICE
CINEMA/ S.E.D (Gérante : Evelyne Dress)
1992 « PAS D'AMOUR SANS AMOUR »
avec Patrick Chesnais, Evelyne Dress, Jean-Luc
Bideau, Aurore Clément, Gérard Darmon, Dora
Doll, Michel Duchaussoy, Martin Lamotte, Tanya
Lopert, Cécile Pallas, Jacques Penot, Pascale
Rocard, Thierry Rey.
2001 « NUIT SANS LUNE » d’Artan Minarolli
Film franco-albanais, tourné en Albanie, avec des
acteurs albanais.
Sélectionné au Festival du Film méditerranéen de
Montpellier 2004
THÉÂTRE/ARA
1999 « LE BOUCHER » d’Alina Reyes au Bataclan
PEINTRE
1990
OCTOBRE INVITEE D'HONNEUR A MENNECY
(ESSONNE)
FEVRIER
INVITEE D'HONNEUR A EPINAY/SENART
(SEINE ET MARNE)
1989
JUILLET
EXPOSITION PERSONNELLE A FAYENCE (VAR)
FEVRIER
SALON DES INDEPENDANTS AU GRAND
PALAIS
1988
OCTOBRE
ACADEMIE INTERNATIONALE DE LUTECE :
MEDAILLE DE VERMEIL
AVRIL
SALON REVELATION A LA DEFENSE
JANVIER
SALON DES INDEPENDANTS AU GRAND
PALAIS
1897 – Ana Oïzerman a vingt ans lorsqu’elle
rencontre Lucien Dupuis. Convaincus d’être
les deux moitiés d’une même âme, les jeunes
gens se marient en dépit de leurs différences
sociales et religieuses : Ana est la fille d’un
violoniste juif mondialement connu ; Lucien,
le fils d’un riche négociant en vin bordelais,
catholique. Commence alors, pour le couple
éperdument amoureux, une existence
insouciante, pimentée d’une sensuelle
connivence. Mais leur bonheur est
brutalement remis en question…
Comme Ana, Evelyne Dress est née un 1er
août dans un train. Comme son héroïne, elle a
été transportée chez les religieuses dès sa
naissance…
Thérèse est animatrice à la télé.
À trente-trois ans, lasse des fauxsemblants,
des préjugés et de la
superficialité de la vie parisienne, elle
décide de tout plaquer et prend un billet
pour le bout du monde. Le bout du
monde, pour elle, c’est la Birmanie.
Page 16 Babel-Art Février — Mars 2021
Les perles de ZISKA
Joy Eau ?
Une personnalité lumineuse et du talent, du talent, du talent
L
a vie de Joy Eau n’est pas un long fleuve tranquille. Très jeune, elle
fait face à la maladie, de celle qui limite le corps, mais ouvre le
cœur et l’enthousiasme quand on choisit d’en saisir l’opportunité.
Dans le sillage de ses parents artistes, nourrie d’amour, elle a ouvert une
multitude de portes : art du clown, musique, écriture, dessin, peinture…
mais pas seulement. Joy est aussi titulaire d’une maîtrise en philosophie,
et cela lui va bien. De cette boule à facette talentueuse est née l’idée de
créer une association, l’ASBL Poème vivant qui propose de nouveaux
regards par ses écrits, dessins, séances thérapeutiques, ateliers et
conférences…
P
oème Vivant porte aussi le rêve audacieux de redonner une place à l’écoute et à la respiration de
notre monde intérieur au cœur de nos sociétés, de notre vie sociale, de nos villes et villages en proposant
un lieu, l’Espace du Cœur. Chacun y est le bienvenu pour se mettre à l’écoute de son monde intérieur
et renouer avec son autonomie et la joie d’être vivant, à travers un accueil bienveillant et des jeux créatifs… Se
tourner vers son monde intérieur et entrer à l’écoute de celui-ci est à mes yeux un cadeau précieux que l’humain
est en mesure de se faire pour prendre soin de sa dimension émotionnelle qui, dans la période que nous
traversons, me fait penser à un naufragé terrifié et perdu à la dérive. Se tourner vers soi et s’écouter ne peut
apporter que des bénéfices : imagine… la lumière étant dans ton regard, plus tu t’éloignes de l’objet de tes
craintes plus son ombre s’agrandit, plus tu t’en approches, plus son ombre rétrécit… Lorsque tu poses ton
regard sur cet objet, le voilà qui te surit. Toute ombre a disparu, l’innocence a été vue. Il y a tant de joie à se
rencontrer, s’explorer, s’apprivoiser… Je souhaiterais que chaque ville et commune ouvre son Espace du Cœur et
que tous y bénéficient d’un accès aisé. »
À ceux qui le souhaitent, Joy Eau propose aussi un accompagnement personnalisé, en deux mouvements.
« Le premier mouvement est une expiration, une invitation à oser se laisser glisser dans le creux de la vague. Ce
mouvement d’unification — où l’on accède à rejoindre le vivant en soi malgré l’inconfort — ouvre parallèlement le
cœur et permet finalement de traverser l’impossible…
Le deuxième mouvement est une inspiration, une rencontre avec soi dans la clarté et la lumière. Un peu comme
une eau translucide et sans agitation, on peut percevoir l’être que nous sommes avec plus de finesse. Installer
cette lumière dans notre vie demande un travail de structuration de notre conscience sensible, pour ainsi offrir
à notre vie un ancrage… »
Cerise sur le gâteau, Poème Vivant s’honore désormais d’une chaîne YouTube inspirante : Le corps de joie,
inaugurée en direct le 31 janvier dernier. Au menu « parents/enfants admis » : des échanges autour du handicap
porteur de liberté et un atelier créatif ! N’hésitez pas à aller (re) voir l’événement en rediffusion.
Et… si vous aussi êtes tombés en amour du coup de pinceau de Joy, songez à acquérir ses œuvres, visibles sur
son site, et/ou proposez-lui un partenariat.
À votre tour, donnez de la visibilité à l’association Poème vivant et à la chaîne
YouTube Le corps de Joie.
– Visitez le site internet : https://poemevivant.com/
– Abonnez-vous à la chaîne YouTube Le corps de Joie, aimez et partagez les vidéos :
https://www.youtube.com/channel/UCL7sAX1iUwOEabw5qPnOV1A
– Visitez la page FB, aimez et partagez les publications : https://www.facebook.com/
poemevivant
– Faites un don pour soutenir l’association : BE65 7320 5558 5596
Amis de partout :
Vous disposez d’une salle pour accueillir un Espace du Cœur et/ou souhaitez
bénéficier d’un accompagnement thérapeutique ? Vous aimeriez accueillir Joy pour
animer une conférence et/ou un atelier ? Contactez-la par courriel à l’adresse
poemevivant@gmail.com
Page 17 Babel-Art Février — Mars 2021
I
l y a des sourires qui éclaboussent le monde d’énergie positive.
Celui de Joy Eau, maman, compagne, illustratrice, conteuse, philosophe,
conférencière et entrepreneuse, révèle son amour du vivant comme sa joie
et sa volonté de créer, car chaque jour est un cadeau.
Joy Eau en 3 questions
ZL : Votre citation préférée ?
J : « La solution ne peut émerger du
même endroit de conscience d’où a
surgi le problème. Va te promener
dans ta joie et lâche prise.
L’homéostasie est un mouvement
naturel de la vie qui te guidera sans
peine et de manière étonnante vers la
solution si tu n’y résistes pas. »
ZL : Dernier coup de gueule ?
J : Poème Vivant a pris un bel élan
ces derniers temps, car son énergie
s’est allégée et fortifiée en même
temps. L’expression authentique
d’une colère longtemps contenue a
libéré mon énergie créatrice. J’avais
posé un interdit sur l’expression de
ma colère parce que j’ai toujours
trouvé ce sentiment destructeur.
Finalement, sa libération non
contrôlée, mais sous une forme
créative m’a rendue à moi-même. Mon
corps m’en remercie et Poème Vivant
prend tout son sens dans cet
épanouissement puisque son leitmotiv
est la respiration de l’espace
intérieur…
ZL : Votre rêve de bonheur ?
J : J’aimerais exister dans une
humanité qui serait comme un
collectif émerveillé du vivant qui
l’habite, intéressé par ses mystères
et ses potentiels. Une super
fraternité d’enfants explorateurs du
vivant… Et puis, profiter dans un
avenir proche d’un logement adapté
avec son atelier pour développer
Poème Vivant à Bruxelles, dans un
endroit calme et à la fois proche de
ma famille et mes amis ! Le pied…
Page 18 Babel-Art Février — Mars 2021
Les « pause café » de Anne
Entretien avec Georges Gamme
Les prémonitions d’un roman de circonstance.
Bonsoir Georges, merci de m’accorder du temps. Vous êtes l’auteur de « Complot viral », paru il y
a peu chez Fawkes éditions, médecin de formation, un grand amoureux de la nature, des lettres. Et
adepte de peinture...
AL—Quand avez-vous eu le déclic
pour écrire cette histoire qui, ressemble
à la contagion qui parasite
notre quotidien depuis le début
2020 ?
GG—Mon premier objectif était
d’écrire un roman qui parle d’une
pandémie de grippe, plus particulièrement
de la « grippe espagnole
». Mon objectif était de
mettre en lumière les victimes de
la pandémie de 1918-19. En effet,
elle fut ravageuse, survenue au
lendemain de la Grande Guerre et
ses victimes innombrables semblent
les « oubliés de l’histoire ».
J’espérais pouvoir faire éditer
mon roman en 2019, 100 ans après
cette terrible épidémie.
Je ne cacherai pas que je fus interpellé
par la « pseudopandémie
» de 2009. Cette dernière
entraînera le gouvernement
belge de l’époque à investir massivement
dans des vaccins. Ces derniers
n’ont été que peu utilisés en
raison du fait qu’il n’y eut pas de
pandémie, mais une fausse alerte.
Ce roman est passé quelque peu
inaperçu, comme beaucoup parus
dès mars 2020.
AL—En quoi cette épidémie estelle
différente de toutes celles
qui ont frappé l’humanité (peste
noire, peste bubonique, grippe espagnole),
à votre avis ?
GG—En réalité, bien que toutes les
épidémies sont différentes, elles
possèdent un socle commun. Par
exemple, et cela m’a toujours interpellé,
c’est d’observer notre
désarroi et notre impuissance
face à cette pandémie au XXIe
siècle qui rappellent à bien des
égards, celles du Moyen Âge. Excepté
la distanciation,
le confinement et l’absence de
traitement efficace, nous avions
peu de choses à proposer.
Malgré l’intelligence artificielle,
les imprimantes 3D et d’autres
technologies sophistiquées,
nous, les soignants, étions démunis,
surtout au début de la crise
sanitaire.
AL—À la lecture de votre roman,
je me suis sentie interpellée par le
pouvoir des sociétés
pharmaceutiques. Est-il exact
d'affirmer que vos protagonistes
(les deux directeurs des sociétés
pharmaceutiques) sont les esclaves
des investisseurs des sociétés
dans lesquelles ils sont
actionnaires ?
GG—Le roman a comme toile de
fond la mondialisation financière.
C’est un fait bien établi. Si la lecture
de ce roman peut amener une
réflexion, tant mieux.
AL—Que pensez-vous de la politique
de vaccination ? Peut-on
envisager son efficacité contre un
virus qui, comme la grippe, est en
constante mutation ? Je crois
qu'il est juste de penser que les
labos travaillent sur la souche de
l’année antérieure ?
GG—Les vaccins, en général, ont
rendu de précieux services. Pour
ne citer que quelques exemples, je
songe à la polio, à la variole, au tétanos
ou à la rougeole. Ces vaccins
font partie de l’arsenal thérapeutique
de base. Je constate dans
ma pratique - et les pédiatres me
le confirment - une suspicion grandissante
à leur égard. En raison
sans doute, de la conséquence de
situations comme celles que nous
avons vécue en 2009 (pseudopandémie
et achat inutile de vaccins
antigrippe). Cette suspicion
est alimentée par certaines rumeurs
qui circulent sur les réseaux
sociaux.
AL—Vous m’avez confié que dans
votre roman le seul malade qui
rentrait en Belgique aurait normalement
dû mourir. Vous avez été
incapable de le tuer. Qu’est-ce que
ce personnage, à votre avis, désirait
libérer comme message ?
GG—Voilà une expérience curieuse,
en effet. Dans mon idée de
départ, je voulais « frapper »
l’esprit du lecteur en montrant que
de pauvres quidams, symbolisés ici
d’une part par le personnage de
Carlos, le Mexicain d’une bourgade
oubliée, et d’autre part, par Philippe,
un jeune touriste à l’aube de
sa vie, sont fauchés dans la plus
grande indifférence du reste du
monde. Et puis, voilà que, curieusement,
Philippe s’est émancipé de
son créateur pour
modifier son destin. Ce personnage
a pris « vie ». Je ne sais pas s’il
existe un message caché. Par
contre, cela trouble l’écrivain que
je suis, puisque certains personnages
semblent « échapper » à ma
volonté. Cela rend l’écriture et le
roman bien vivants !
Page 19 Babel-Art Février — Mars 2021
AL—Cette fiction qui, je le rappelle,
a été écrite antérieurement à l’apparition
du SARS COVID-19 à travers
le monde, est à ce point semblable
à ce que nous avons vécu en
2020 que cela en devient presque
effrayant. Qu’en pensez-vous,
Georges ?
GG—Ce qui m’a effrayé et donné
des frissons, c’est de voir apparaître
une pandémie de la même
ampleur que celle évoquée dans mon
roman, qui prend également sa
source en Asie, juste au moment où
je signe mon contrat avec mon éditrice
(décembre 2019). Comme évoqué
dans « Complot viral », mais
aussi dans les lectures scientifiques,
une pandémie n’est pas vraiment
une surprise, mais le fait que
cela soit un coronavirus le fut sans
doute beaucoup plus. La réaction du
corps humain dans certains cas et la
« flambée inflammatoire » décrits
dans le roman rappellent le
Comportement du coronavirus chez
certains patients. Tout cela est effectivement
très étrange
pour l’écrivain.
AL—Dans quelle mesure un État est
-il compétent pour mesurer une épi
(pan)démie, et à quel niveau les
scientifiques peuvent-ils objectivement
mesurer le risque sans se
compromettre, en toute transparence,
par rapport aux sociétés
pharmaceutiques ?
GG—La gestion d’une pandémie est
l’affaire de tous. Cela doit être une
action citoyenne. Au sens premier
de la Cité, on comprend que l’État
et les représentants des citoyens
jouent parfaitement leur rôle. Les
maîtres mots devraient être,
entre autres : anticipation, organisation,
planification, efficacité, efficience,
transparence, solidarité,
bien sûr sous l’éclairage d’experts
scientifiques et médicaux. Nous
eussions pu imaginer un « plan
épidémie » à l’échelle (inter)
nationale, un peu comme il existe
des « plans catastrophes ».
Nous eussions pu appréhender
cette crise avec moins de cacophonie
et plus de moyens
(masques, protection). Dès l’annonce
de l’épidémie asiatique, nous aurions
dû être en mesure d’anticiper le «
plan préétabli » et utiliser au mieux
les ressources. L’absence d’organisation
s’est fait cruellement sentir,
dans les maisons de repos, pour ne
citer que cet exemple. Les
experts n’ont pas un rôle facile, et
réagir à chaud, sous les feux de la
rampe, ne facilite pas leur tâche.
D’autres intervenants, pourtant pas
experts ceux-là, ont désiré, pour
une minute de gloire, donner publiquement
leur avis, souvent peu
éclairé. La « communication » n’a
sans doute pas été optimale. Comme
le suggérait un spécialiste, nous aurions
peut-être dû éviter
de parler de première vague, deuxième,
etc… car cela donnait, à tort,
l’impression au grand
public que nous étions venus à bout
du virus après la première, qu’il y
avait donc rechute ressentie comme
un échec, etc…
AL—Ma dernière question concerne
la couverture que vous avez réalisée
vous-même. Pouvez-vous éclairer
vos lecteurs ?
GG—Je tenais absolument à réaliser
l’illustration de la page de couverture,
car j’avais une idée très précise
de ce que je voulais : styliser
deux virus. En mélangeant un diluant
avec mes couleurs à l’aide d’un
petit bâton de bois, je vis apparaître
deux virus
« spiculés ». Étrange prémonition !
Et puis, de matière spontanée, se
dessinèrent des formes dans
chaque virus pouvant suggérer un
visage, et pas n’importe lequel : celui
de démons ! À vous donner des
frissons. Bon début pour un thriller
!
Encore un tout grand merci de
m’avoir accordé cet entretien,
Georges.
© Georges Gamme, Anne Ledieu, 2020
Page 20 Babel-Art Février — Mars 2021
Les bonheurs de ZISKA
« Made in Belgium »?
Non peut-être !
P
lus que jamais, l’époque réclame solidarité et humanisme. « Faire » plutôt que
« dire ». C’est ce à quoi s’emploie « Made in Belgium » depuis six ans, en
offrant une vitrine gratuite sur les réseaux sociaux aux entrepreneurs belges,
qu’ils aient le nez dans le chocolat, les livres, la musique, la bière, la peinture,
la maroquinerie ou le sirop de Liège…
L
’homme qui se cache
derrière Made in Belgium
est un passionné, formé au
marketing et à la
communication, il a compris très
vite la futilité d’aller voir ailleurs
si l’herbe était plus verte.
« L’aventure a débuté assez
simplement. Natif du pays, j’ai
ressenti le besoin d’acheter belge,
pour réaliser qu’en fait, j’ignorais
à peu près tout de ce qui s’y
produisait. Et forcément, je ne
devais pas être le seul ! Savezvous
que l’inventeur du sac à main
est belge, tout comme celui de la
praline et des patins à roulettes ?
Et que derrière les trois « w »
d’une adresse Internet se cachent
un Américain et… un Belge ! Et
que… »
Un concept était né. Celui de faire
connaitre au monde (et aux
Belges !) les trésors et talents
nichés en Belgique, bénéficiant de
peu ou prou de notoriété. En
sillonnant le pays, grâce au soutien
de proches, au bouche-à-oreille,
puis au meilleur de Facebook et
des réseaux sociaux, Made in
Belgium a commencé à tisser sa
toile et à créer des ponts.
Marques, artistes, artisans,
Belges d’origine ou non qui
fabriquent ou créent en Belgique,
mais aussi Belges expatriés
œuvrant à l’étranger, se voient
offrir un espace de promotion,
totalement gratuit.
« Pourquoi ne pas vanter son
talent à voix haute ? Le Belge est
trop humble. Nous vivons certes
dans un petit pays, mais nous
produisons tellement… Notre
objectif est de publier tout ce qui
est Made in Belgium ! (…) Nous
avons choisi de nous exprimer en
anglais : trois langues nationales,
c’est beaucoup pour livrer un
message concis et efficace. »
Fort de ses 5000 abonnés et de
ses 3000 followers, Made in
Belgium a le vent en poupe. La
Suite ? La création d’un site
Internet pour abriter la banque
de données qui s’étoffe de jour en
jour, et aussi développer une
boutique en ligne.
« Un moteur de recherche
puissant permettrait à l’auteur de
trouver l’illustrateur de son livre,
au confiseur son spécialiste en
packaging ou que sais-je encore…
Créer des passerelles, mettre les
gens en contact, initier des
rencontres virtuelles, mais
surtout physiques pour un partage
d’expériences ! Vous imaginez une
tablée avec un chanteur, un
fabricant de cuberdons, un autre
de spiritueux, un ébéniste, un
spécialiste en marketing et un
romancier ? »
Gageons que Made in Belgium
touchera bientôt son rêve du
doigt.
Page 21 Babel-Art Février — Mars 2021
ZL : Tout premier coup de
cœur en matière artistique ?
MIB : La BD ! Tintin, Lucky Luke,
Les tuniques bleues, Alix… J’ai
tendance à collectionner, ce qui fait
soupirer ma femme et grincer mes
étagères !
Monsieur Made in Belgium
en 3 questions
ZL : Dernier coup de gueule ?
MIB : Je préfère toujours voir le
verre à moitié plein plutôt que le
verre à moitié vide. Par conséquent,
je pousse mes coups de gueule à la
forme interrogative, pour donner à
réfléchir.
ZL : Votre rêve de bonheur ?
MIB: Avoir un million de « like »
sur FB, rencontrer le développeur
de mon site, devenir une vraie
référence reconnue en Belgique… Et
en vivre.
En pratique :
À votre tour, donnez de la visibilité à Made in Belguim !
Visitez la page FB, « likez » et partagez les publications : https://www.facebook.com/madeinbelgium.be
Amis belges de Belgique ou résidant à l’étranger :
Osez ! Envoyez vos propositions de publications en message privé via FB, Instagram ou par courriel à made.in.belgium@outlook.com
Pour la diffusion de vos événements en « live », songez au crosspostage, cette potentialité autorisant une diffusion simultanée sur la page
FB de Made in Belgium
N’hésitez pas à apposer le logo Made in Belgium sur vos supports promotionnels. Il est disponible sur simple demande.
Un objectif ambitieux….
Faisant suite à une demande croissante de nos lecteurs, il est peut-être temps
d’évoluer vers une version accessible au plus grand nombre.
Malgré notre engagement environnemental, nous ne pouvons ignorer la fracture
élargie par la méconnaissance des outils virtuels. Après mûre réflexion, notre
rédaction se penche sur la réalisation d’une version papier. Une revue réservée
à l’Art, distribuée gratuitement auprès de 50.000 ménages… Est-ce
possible ?
Certainement, c’est la raison pour laquelle nous recherchons une ou plusieurs
personnes, indépendantes, sérieuses et de bonne présentation chargées du
recrutement des annonceurs indispensables à la réalisation de ce projet.
Le Babel-Art en version papier ? Oui, tout est possible si nous fusionnons nos
énergies.
Intéressé à rejoindre notre équipe ?
Envoyez votre CV accompagné d’une lettre de motivation à :
belartitudeasble@gmail.com