FRANCE
AVRIL 2021
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LES BLEUS
COMMENT PRIME ET KAMETO
CHANGENT LA DONNE DE
L'ENTERTAINMENT AVEC LEUR
TEAM DE SPORT ÉLECTRONIQUE
©2018 Published by Nacon and developed by Kylotonn Racing. 2 , Øand ”PlayStation” are registered trademarks of Sony Interactive Entertainment Inc. All rights reserved. ©2018 Nintendo. Nintendo Switch and Joy-Con are tradmarks of Nintendo.
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Éditorial
L’E-SPORT PÈTE
LES SCORES
Note pour de suite : il existe des équipes de pros
du jeu vidéo dont les matches sont pour leurs fans
l’équivalent d’une Ligue des champions de foot.
En couverture de cette édition, Prime et Kameto
sont les PDG d’une structure compétitive différente
(mais pas si nouvelle dans ce game), qui excite
des milliers d’ultras sans les réunir dans un stade
ou devant une télévision. Grâce, entre autres,
à la Karmine Corp qu’ils ont lancée, et aux autres
équipes engagées sur League of Legends, l’e-sport
(dire isport) pète les scores.
Ceux qui le font avancer – les cinq joueurs de
leur KCorp, Shanky le manager général ou encore
Laure Valée (référence des médias spé) – et les
milliers d’investi(e)s derrière eux ont un truc en
commun, qui fait peut-être défaut (osons) à certains
acteurs du sport « traditionnel » : la passion.
CONTRIBUTEURS
NOS ÉQUIPIERS
CHRIS SAUNDERS
Ce photographe sud-africain
a documenté les scènes urbaines
de son pays avant de
s’installer à Paris, à l’affût de
fraîcheur culturelle. Pour ce
numéro, il a rencontré deux
CEO de l’e-sport. « Le shooting
avec Kameto et Prime avait
pour but d’amener une nouvelle
perception des gamers,
entre des rappeurs et des
athlètes. C’est toujours cool
de redonner une image à des
gens sur lesquels le public
a des stéréotypes. » Page 38
Belle lecture !
Votre Rédaction
CHRIS SAUNDERS (COUVERTURE)
Kameto (à gauche) et Prime s’exposent habituellement dans un monde
digital, leur présence en studio pour un magazine fut donc exceptionnelle.
DAVID KHUN
Ce journaliste français est un
gamer « à l’ancienne », du
genre à finir la campagne solo
de Call of Duty. Un recul
nécessaire pour prendre toute
la mesure de ce phénomène
qu’est l’e-sport et décrypter
son immersion au sein de la
KCorp : « Kameto et Prime, ses
deux fondateurs, incarnent le
nouvel âge du gaming, dit-il.
Deux garçons passionnés,
tranquilles, visionnaires et
furieusement connectés à
leur époque. » Page 38
THE RED BULLETIN 3
66
Isolés : vous aviez entendu parler
du Vendée Globe 2020, mais
vous n’aviez rien vu du tout.
50
Givré : en colère,
il se passionne pour
son congélateur.
6 Galerie : cascade de merveilles
outdoor à fort potentiel visuel
12 Croyez-le ou non, une course
de voitures télécommandées
va avoir lieu sur la Lune
14 Pour Jaimie Monahan, rien ne
vaut une nage en eaux glacées
16 Comment des fresques sur les
murs peuvent permettre à nos
villes de mieux respirer
18 Un masque pas très discret,
mais qui préservera votre vie
privée (et votre santé)
20 Priya Ragu, une employée de
compagnie aérienne qui a pris
son envol dans la chanson
22 Le surf pour toutes : elles
glissent pour que ça bouge
JEAN-MARIE LIOT/MAITRE COQ, ZEPPELIN, JB LIAUTARD
4 THE RED BULLETIN
CONTENUS
avril 2021
24
Révélées : la face cachée
des photos de JB Liautard.
24 En coulisses
Le photographe de VTT
Jean-Baptiste Liautard livre
les secrets de sa magie.
38 Fini de jouer
En lançant leur Karmine
Corp en première division
du jeu League of Legends,
Kameto et Prime ont ainsi
décuplé la puissance
d’attraction de l’e-sport.
50 Rester de glace
Face à la fatalité et l’absurdité
de la maladie, Romain
Vandendorpe s’est mis en
tête un record complètement
fou. Qu’il a battu. Et
qu’il veut que vous battiez.
58 En ascension
Habituée à exceller de haut
en bas (en freeski), Nadine
Wallner s’est réinventée de
bas en haut (en grimpant).
Pour l’Autrichienne, qu’importe
le sens, il ne faut pas
se précipiter.
66 Vendée Globe
Cette course à la voile en
solitaire ne se résume pas
seulement à un départ et
à une arrivée médiatisés.
On vous transporte entre
les deux, là où l’idée même
du quotidien devient
absurde.
81 À faire : atteindre les sommets
en respect des animaux, le pari
d’un alpiniste végan
86 Gaming : de votre salon à la
compétition avec WRC9
87 À voir : du ski, du skate, du vélo,
de la grimpe, de l’exceptionnel,
sur Red Bull TV, évidemment !
88 Matos : un équipement digne
des pros de l’e-sport, de votre
souris jusqu’à votre casque,
passez au niveau supérieur
96 Ils et elles font The Red Bulletin
98 Image de fin : M. Dakar remet ça
THE RED BULLETIN 5
ALDEYJARFOSS, ISLANDE
Espionnage
Quand vous êtes photographe, vous allez là où
l’action vous mène. « Je travaillais sur un projet
concernant les glaciers islandais, se souvient
le photographe tchèque Jan Kasl, quand les
gars de FlyOver Iceland nous ont appelés pour
venir les voir filmer en hélicoptère. » Par une
heureuse coïncidence, FlyOver Iceland – une
attraction qui présente des vols simulés sur
des écrans géants – filmait le kayakiste américain
de l’extrême Evan Garcia plongeant dans
une cascade de vingt mètres de haut. Ce qui a
donné à Kasl juste ce dont il avait besoin pour
ce behind the scene. jankaslphoto.com
JAN KASL
7
OAHU, HAWAÏ, USA
La voie
est libre
Les empreintes de Mo Freitas, surfeur
pro hawaïen, sur la côte nord d’Oahu. Le
photographe californien Morgan Maassen
s’est qualifié pour la finale du concours
photo Red Bull Illume 2019 grâce à cette
image. « Je suis naturellement attiré par
les prises de vue depuis l’eau, dit-il, mais
le drone me permet d’explorer les paysages
terrestres et marins pour leurs textures,
et d’y juxtaposer des humains pour des
scènes incroyables. » morganmaassen.com
STOCKHOLM, SUÈDE
L’invité
mystère
Pendant ce temps, sous un autre climat,
un autre finaliste du Red Bull Illume
était à l’ouvrage. « J’étais en promenade
à Stockholm, raconte le photographe
australien Jeffrey Kieffer, quand, au
détour d’un virage, le kayak de cet
homme a émergé. J’ai donc envoyé mon
drone, en priant pour que son petit
cœur mécanique résiste au froid. D’où
venait ce type ? Où allait-il ? » Mystère.
Instagram : @jeffreyjkieffer
MORGAN MAASSEN/RED BULL ILLUME, JEFFREY KIEFFER/RED BULL ILLUME
9
SYDNEY, AUSTRALIE
Duplicatas
N’en déplaise aux complotistes, cette image n’est
pas la preuve d’un programme secret de clonage
humain. Il s’agit d’une image composite de l’athlète
de parkour Alex Robinson, réalisée par le magicien
australien de la photo Eric Yip. « Cette ancienne
carrière est devenue espace naturel au sud de
Sydney, raconte Yip à propos de ce cliché qui lui a
valu une place en demi-finale du concours Red Bull
Illume. L’endroit a quelque chose de magique à
l’aube, quand la lumière enflamme les colonnes
de basalte. » eyxl.com.au
ERIC YIP/RED BULL ILLUME
11
MOON MARK
La course à l’espace
Autrefois un symbole de la conquête spéciale, le terme désigne aussi depuis
cette année, une course de sports mécaniques d’un genre nouveau.
Organiser une compétition
inédite n’a pas de secret pour
Mary Hagy. En 2015, cette chef
d’entreprise et ex-membre de
l’US Army lance la Triumph
Games, une épreuve sportive
télévisée à laquelle participent
des vétérans de l’armée ayant
survécu à de graves blessures.
Mais cette fois, la barre est
encore plus haute : une course
de voitures téléguidées sur la
Lune, pilotées par les plus brillants
lycéens de la Terre.
Hagy est aussi pilote de
course amateur, une passion
à l’origine de sa dernière idée.
« J’étais sur un circuit lorsque
les similitudes entre le paysage
qui j’avais sous les yeux et
celui de la Lune tel qu’on se
l’imagine me sont apparues »,
confie-t-elle. L’idée est de combiner
l’univers de l’aérospatiale
à celui du sport automobile,
un défi que Moon Mark, la nouvelle
entreprise de Hagy lance
aux esprits les plus brillants de
la jeunesse, qui se mesureront
en concevant des véhicules
autonomes pilotés par l’IA.
L’été dernier, 35 équipes
de lycéens de onze pays différents
soumettent la vidéo de
leur concept car dans le cadre
d’un concours de conception
sous l’égide de Moon Mark.
Les six finalistes reçoivent un
don de mille dollars destiné à
l’association de leur choix et
leur projet est présenté à un
jury d’experts en aérospatiale,
technologie et sports mécaniques.
Les juges retiennent
deux équipes — une d’Argentine,
l’autre de Chine — dont
le projet répond au-delà des
attentes, aux exigences
Eat My Moondust : le prototype
de bolide lunaire conçu par
ILSTAR, l’une des équipes
lauréates, basée à Shanghai.
L’esthétique est perfectible,
mais un plein suffit pour un
aller-retour à la mer de la
Tranquillité. En haut : la course
Moon Mark vue par un artiste.
techniques de la course lunaire.
Moon Mark fait appel à de
grands noms de l’exploration
spatiale et des sports mécaniques
notamment SpaceX
d’Elon Musk dont la fusée
Falcon 9 transportera les
véhicules, la société Intuitive
Machines — son alunisseur
Nova-C déposera les voitures
sur la Lune — et la société
Lunar Outpost chargée d’adapter
les voitures à son buggy
MAPP (Mobile Autonomous
Prospecting Platform) approuvé
par la NASA, et conçu
à l’origine pour la recherche
scientifique extraterrestre.
La star du design automobile
Frank Stephenson, le créateur
de voitures mythiques pour
Ferrari, Mc Laren, BMW et
Maserati, rejoint aussi l’équipe
et sera chargée de parfaire
les bolides.
En octobre prochain, l’atterrisseur
larguera les voitures sur
la ligne de départ à la surface
de la Lune. Des caméras à 360 °
seront déployées pour retransmettre
la course en direct.
« Nous travaillons actuellement
au tracé du circuit sans connaître
le lieu précis d’alunissage,
explique Hagy. Des caméras
équiperont les voitures et
seront orientées vers l’Eagle-
Cam (l’alunisseur, ndlr) afin
d’assurer la retransmission. »
Le projet de Moon Mark
n’oublie pas la protection de
l’environnement. « Nous ne
laisserons pas de débris derrière
nous, précise Hagy. La
course passionne, mais c’est
aussi l’occasion de créer et
laisser quelque chose d’utile.
Les voitures seront équipées
de microréflecteurs qui pourraient
devenir des relais de
géolocalisation. La prochaine
génération héritera d’un changement
dans l’humanité,
ajoute Hagy. Nous souhaitons
créer un portail pour offrir aux
plus jeunes un accès à une
commercialisation viable de
l’espace. »
moonmark.space
MOON MARK LOU BOYD
12 THE RED BULLETIN
JAIMIE MONAHAN
En nage libre
Cette New-Yorkaise de 41 ans a une approche très originale du tourisme :
des pieds à la tête immergée dans l’eau glacée, vêtue d’un simple maillot
de bain, et armée d’un mental à toute épreuve.
Quand Jaimie Monahan nage, ce
n’est pas pour être la plus rapide ni
battre des records. La nageuse de
41 ans, spécialité bains de glace et
marathon, explique qu’elle recherche
des challenges qui lui tiennent à
cœur et la font se sentir forte. Ce sont
ces raisons qui ont mené Monahan
à conquérir quelques-uns des spots
en eau libre les plus stupéfiants –
et les plus froids – en ne portant rien
d’autre qu’un maillot et un bonnet
de bain en silicone. Férue de natation
depuis sa jeunesse, c’est suite à la
promesse d’un tour du monde que
Jaimie Monahan commence par
mettre un orteil dans l’eau glacée.
En 2017, elle remporte un record du
monde répertorié par Guinness : elle
est la première personne à réaliser le
Ice Sevens Challenge : nager 1,6 km
sur les sept continents, dans une eau
à une température inférieure à 5 °C,
dont le Ice Zero : 1,6 km dans une
eau à moins de 1 °C. Lorsqu’en 2020,
comme le reste du monde, elle se
retrouve coincée chez elle, elle s’invente
de nouveaux défis en marge
de son activité professionnelle dans
une banque. En août, elle profite de
ses vacances pour réaliser, à la nage
et en sept jours consécutifs, la boucle
de 46 km autour de Manhattan. En
septembre, Jaimie Monahan devient
la première personne à nager la
boucle quatre fois de suite, 183 km
dans un effort ininterrompu de 45
heures. « Je cherchais un moyen de
reprendre le dessus après avoir été
enfermée pendant des mois, racontet-elle.
2020 est l’une des années de
ma vie dont je suis le plus fière. »
the red bulletin : Comment
réalisez-vous de tels exploits ?
jaimie monahan : À de nombreuses
occasions dans la vie, j’ai compris
que l’on ne pouvait contrôler que
soi-même, pas son environnement.
L’eau a des propriétés auxquelles
je peux me fier. Donc c’est à moi
de prendre conscience de cela, et
de la force de son courant. Nous
ne sommes que du menu fretin en
comparaison.
Quelles sont vos techniques pour
endurer le froid ?
C’est du mental. Au moment où
j’entre dans l’eau, c’est tout mon
corps qui hurle sa révolte. Ma respiration
se fait plus tendue, mes muscles
aussi, c’est une réaction de fuite
ou de lutte, c’est toujours pareil,
peu importe combien on est expérimenté.
Je me dis toujours que si
je compte jusqu’à 100 pendant que je
nage, au bout de ces 100, je me sentirai
bien car j’aurai activé mon feu
intérieur, je me serai réchauffée.
Quand on nage une longue distance,
on doit rester attentif à son corps :
la couleur de la peau est-elle normale,
par exemple ? J’aime bien fléchir
les mains et les pieds. Je vérifie
ma respiration. Quand on commence
à se sentir un peu trop bien, c’est le
signe qu’il faut sortir de l’eau. Avoir
chaud, être euphorique… ce sont
les signes d’une hypothermie.
En quoi nager dans l’eau glacée
diffère-t-il de nager un marathon ?
Selon moi, ce sont les extrêmes d’un
même spectre et en même temps, le
côté pile et le côté face d’une même
pièce. Dans l’eau glacée, il faut être
hautement concentré. Si on perd le
focus, on risque vraiment gros. J’ai
vu des gens, le regard vide, et on m’a
raconté ensuite qu’ils souffraient de
douleurs terribles ou de perte totale
de mémoire. Il faut impérativement
mettre son ego de côté avant de se
jeter à l’eau froide. Et il est impératif
de faire un bilan constant de comment
on se sent. Un marathon, par
contre, c’est une sorte de méditation
en mouvement : je laisse mon esprit
divaguer où bon lui semble. Pour
moi, il est très important de lui donner
libre cours. Certains passent
leur temps à compter, d’autres prient
– peu importe, au final, l’esprit se
désengage et vagabonde. On est tellement
connectés dans ce monde –
surtout virtuellement. On reçoit des
emails à longueur de journée, des
notifications sur les réseaux sociaux,
on est bombardés par ces souscatégories
de vie. Mais dans l’eau,
je suis loin de tout ça. Je ne vais pas
minimiser la difficulté de nager
45 heures non-stop ! Mais, en un
sens, cela me fait un break mental.
Êtes-vous déjà allée trop loin ?
Non. Il est hors de question pour moi
de terminer une nage dans un état
dans lequel je ne me sentirais pas
bien. Je veux être capable de m’extirper
de l’eau par mes propres moyens.
Je veux pouvoir sortir de l’eau cinq
minutes avant d’y être obligée.
Quel est votre parcours de nage
favori ?
Ma réponse change souvent. Je suis
ambivalente. Je vis à Manhattan,
entourée de gratte-ciels, et j’adore
nager dans ses environs, car je suis
en plein milieu de la ville, et pourtant,
je vois une telle nature sauvage.
À l’opposé, j’ai eu la chance
de nager en Antarctique et dans le
cercle polaire arctique. J’ai un faible
pour les formations de glace, que ce
soient des glaciers ou des icebergs
centenaires. Ils me transmettent
leur énergie. Je sens le froid qu’ils
génèrent, et quand je suis dans l’eau
avec eux, c’est intense. C’est tellement
grisant !
jaimiemonahan.com
ARIK THORMAHLEN RACHAEL SIGEE
14 THE RED BULLETIN
« L’eau a
des propriétés
auxquelles
je peux
me fier. »
THE RED BULLETIN 15
Impact mondial :
l’artiste australien
Elliott Routledge
sollicité à Woolloomooloo.
CONVERSE CITY FORESTS
Les murs
respirent
Des fresques monumentales égaient
les villes, mais les purifient également.
Bouffée d’oxygène : de l’air frais s’incruste en ville.
L’art urbain peut être un moteur
puissant et positif dans les
quartiers populaires. Si certains
soutiennent que toute
forme de graffiti est une plaie
visuelle qui encourage des
comportements délinquants,
les statistiques révèlent
qu’il est facteur de cohésion
sociale, de respect pour l’espace
urbain et contribue à
créer un lieu de vie plus sûr.
Ces temps-ci, une autre
forme d’art urbain capable de
nettoyer nos rues se manifeste.
Partie intégrante d’une
campagne initiée par le fabricant
de baskets Converse, City
Forests regroupe des fresques
murales réalisées à travers la
planète et ayant la faculté de
filtrer l’air. Les auteurs de ses
œuvres privilégient des zones
urbaines à forte circulation.
Quatorze villes y ont participé
à ce jour, Sydney, São Paulo,
Bangkok et Varsovie en font
partie. Une manière de promouvoir
un avenir durable en préservant
la santé des habitants.
Le secret de ces œuvres se
nomme KNOxOUT, une peinture
à photocatalyse développée
par la société philippine
Boysen dont le principe
consiste à se servir de l’énergie
lumineuse pour transformer
les polluants atmosphériques
tels que les oxydes d’azote (le
NOx dans le nom), en dioxyde
de carbone, eau et résidu de
nitrate de calcium lavable à
l’eau. L’utilisation de la peinture
ne se limite pas aux fresques
murales, elle convient aussi
aux structures en centre-ville.
Testée à Londres entre 2007
et 2010, la KNOxOUT permet
d’absorber 50 % d’oxydes
d’azote présents dans l’air.
« Cela peut devenir un
moyen viable de purification
de l’air à plus grande échelle »,
estime l’artiste Elliott Routledge,
basé à Sydney. Son imposante
fresque murale créée en partenariat
avec l’association Rainforest
Rescue à Woolloomooloo,
une banlieue de la ville, purifie
l’air autant que 183 arbres.
« L’efficacité de la peinture
dure entre dix et quinze ans.
Mais il suffit de la rafraîchir
pour qu’elle retrouve toute
sa vigueur, ajoute-t-il. »
En plus d’être bénéfiques
à l’environnement, Routledge
espère que les fresques inciteront
les gens à s’engager plus
activement dans la sauvegarde
de leurs espaces verts. « L’art
populaire est un puissant
vecteur de messages, dit-il.
Les passants y sont réceptifs,
autant l’utiliser. L’art n’est pas
uniquement un moteur de
changement social, utilisé au
bon endroit et à bon escient,
il devient un puissant moyen
de communication. » City
Forests compte poursuivre
sa mission en invitant d’autres
artistes à donner une bouffée
d’air frais à leurs villes.
conversecityforests.com
BILLY ZAMMIT LOU BOYD
16 THE RED BULLETIN
© Jean Nouvel, Gilbert Lézénès, Pierre Soria et Architecture-Studio / Adagp, Paris, 2021
ALPHATAURI.COM
BLANC MASK
Restez discret
Si vous cherchez un masque anti-virus doté d’une
protection personnelle totale, celui-ci est à envisager.
Voilà un an que le port du
masque s’est imposé à notre
quotidien. Mais alors que nous
apprenons à nous protéger
du danger invisible que représente
la Covid-19, une autre
menace tout aussi invisible se
fait de plus en plus pressante :
la surveillance du citoyen.
Afin de répondre à ces deux
dangers, un groupe de technologues
américains et russes
propose une solution élégante :
le Blanc Mask. Créé en avril
dernier pour lutter contre la
pandémie, ce masque modulaire
se compose de deux moitiés
verticales s’ajustant avec
des aimants. Le matelassage
interne épouse parfaitement
les traits du visage, tandis
que les filtres HEPA amovibles
retiennent jusqu’à 99,9 % des
particules de l’air respiré.
De plus, vous passerez
pour un membre du groupe
Daft Punk — de quoi assouvir
le désir d’anonymat de certains.
Désormais courante,
la reconnaissance faciale permet
de cartographier vos traits
et d’ajouter votre « signature
faciale » à une base de données.
Déverrouiller votre
téléphone en un clin d’œil
et accélérer le contrôle des
passeports biométriques dans
les aéroports sont quelques-
Résistant, efficace,
rapide, sûr : le Blanc Mask
s’ajuste en un clin d’œil.
Jason en serait jaloux !
uns des avantages de cette
technologie. Cependant, les
partisans de la vie privée s’inquiètent
de l’exploitation de
ces données. Selon une étude
publiée en juillet dernier, le
secteur devrait générer plus de
10 millions d’euros d’ici 2027,
principalement grâce au marketing
et à la surveillance, et
le magazine Forbes affirme
que le FBI a accès à plus de
412 millions d’images faciales.
Le recours à cette technologie
pour le maintien de l’ordre fait
débat, notamment à cause de
son manque de fiabilité pour
les personnes de couleur, et les
femmes noires en particulier.
De plus, les autorités
chinoises y auraient recours
pour réprimer des délits
mineurs tels que traverser la
chaussée hors du passage
piéton. « Acheter et vendre
votre image faciale est accessible
à qui veut, affirme Philipp
Egorov, cofondateur de Blanc,
basé en Russie. Moscou est la
deuxième ville au monde en
nombre d’appareils à reconnaissance
faciale. Notre
masque permet de vous
réapproprier votre identité
et votre intimité. »
Pour Philipp Egorov, il y a
« deux sortes de personnes,
celles qui privilégient le contact
visuel dans les transports
publics ou les cafés, et celles
qui, comme moi, évitent le
contact visuel avec les inconnus.
Le port du masque est
pour moi, source de bien-être ».
Il n’est pas le seul visiblement
: le masque Blanc, livré
ce mois-ci, a recueilli sur
Kickstarter, plus de vingt fois
son objectif de lancement,
soit environ 17 000 euros.
« L’objectif du masque est
l’anonymat, explique Philipp
Egorov, et nous espérons
étendre le concept à d’autres
produits destinés à préserver
cet anonymat. Nous offrons
aux personnes une intimité
visuelle. »
blancmasks.com
ELENA VAKHTUROVA LOU BOYD
18 THE RED BULLETIN
PRIYA RAGU
Décollage imminent
Employée d’une compagnie aérienne, la Suisse d’origine sri-lankaise
hésite longtemps avant de croire en ses talents d’auteur-compositriceinterprète.
Désormais, la jeune femme de 34 ans ne s’interdit rien.
En 2019, Priya Ragu décide de
mettre sa créativité à l’épreuve et
s’exile à New York pendant six mois.
Née à Saint-Gall, de parents tamouls
qui avaient fui la guerre au Sri Lanka
dans les années 80, la chanteuse
suisse tamoule mène une vie confortable
dans la paisible ville helvète
où elle occupe un emploi de technicienne
chez la compagnie aérienne
Swiss Airlines. Pourtant, la jeune
femme hésite à s’abandonner à ce
bonheur tranquille et doute de sa
destinée. La vraie passion de Priya
Ragu c’est la chanson. Enfant, elle
s’y adonne en tamoul dans le cercle
familial, puis se passionne en grandissant,
pour le R&B made in USA.
Ses participations à des scènes
ouvertes l’enchantent sans toutefois
répondre à ses ambitions à long
terme. Le déclic se produit durant
son exile new-yorkais. Priya Ragu
en revient avec un album produit
par son frère Japhna Gold. Un
mélange de R&B, d’électro-pop et
d’influences tamoules, que le duo
intitule Raguwavy, manifestation
musicale d’une enfance commune
nourrie de deux cultures distinctes.
Good Love 2.0 fait partie des titres
marquants de l’année 2020, et
figure dans la bande-son du jeu
vidéo FIFA 21. Priya Ragu revient
sur une année qui a changé sa vie.
the red bulletin : La musique
est votre passion de toujours,
pourquoi avoir attendu la trentaine
pour vous y consacrer ?
priya ragu : Aujourd’hui, je suis
plus sûre de moi qu’auparavant.
Ma voix intérieure a mis du temps
avant de me dire : « Allez, lance-toi. »
Mon premier titre a suscité un intérêt
qui m’a prise totalement au
dépourvu.
Vingt maisons de disques vous
auraient contactée, est-ce exact ?
Oui, des labels indépendants et des
majors. Signer avec Warner Music
a été un grand pas, même si ce
choix n’a pas été évident. Lors d’une
balade avec mon chien, Crooks, j’ai
trouvé une plume d’oie. J’y ai vu
un signe et j’ai signé ! La plume est
toujours sur le mur de mon
appartement.
À présent, on vous voit dans le
Vogue britannique, votre musique
est sur les ondes de la BBC Radio 1
et dans le jeu FIFA 2021. Malgré
tout, vous travaillez toujours pour
une compagnie aérienne.
Pourquoi ?
J’y travaille seulement deux heures
par jour. C’est mon côté suisse qui
a du mal à lâcher prise, du moins
tant que c’est tenable. Je n’ai jamais
imaginé que ça irait si vite, mais je
m’en réjouis. 2020 a été la meilleure
année de ma vie.
Rares sont ceux qui peuvent en dire
autant…
Je sais. J’ai beaucoup de chance. De
plus, c’est probablement la première
fois qu’une artiste est signée via
Zoom. J’ai aussi choisi mes musiciens
en ligne. La direction m’a suggéré
quatre guitaristes, quatre pianistes,
des batteurs… J’ai fait mon choix
comme sur un catalogue. Ou des
profils Tinder qu’on balaye sur un
écran.
À quand remonte votre amour de
la musique ?
J’ai grandi avec les BO tamoules
des films de Kollywood, l’équivalent
de Bollywood à Chennai au sud de
l’Inde. Mon père avait un groupe qui
reprenait les BO Kollywood. Mon
frère était au clavier et moi je chantais.
À chaque réunion de famille le
week-end, j’y avais droit : « Priya,
chante-nous quelque chose ! »
Et vous avez ainsi commencé
à écrire des textes…
Les mots ne me venaient pas aussi
naturellement que les notes de
musique. Je crois à une forme
d’énergie créative d’origine divine.
Il m’arrive de relire une idée en me
disant : « C’est toi qui as écrit ça ?
Mais d’où cela t’est venu ? » La voix
intérieure nous guide vers notre
destination. Cette voix avait
approuvé mon choix d’être musicienne,
mais je l’avais délibérément
ignorée par manque d’assurance.
Comment avez-vous pris
confiance ?
Par le travail ! Je me levais le matin
et j’écrivais trois pages dans mon
journal. J’y mettais mes pensées et
mes doutes. Cela a été utile pour
trouver les solutions. C’était assez
cathartique. Le déclic a eu lieu à la
lecture du livre de Julia Cameron,
Libérez votre Créativité. Travailler
sur soi sans relâche, se dépasser,
et oser sortir de sa zone de confort
est vital.
De quoi avez-vous le plus hâte ?
Je compose des chansons, je les
exalte, et leur sortie est pour moi
comme un accouchement, la douleur
en moins tout de même ! Et j’ai
hâte de voir ce que ça donne. Il s’est
passé tant de choses dont je n’aurais
même pas pu rêver. Chaque jour,
je consigne mes expériences et mes
émotions dans mon journal, ainsi
elles ne me quittent jamais.
Instagram : @priyaraguofficial
JENNY BROUGH SABRINA LUTTENBERGER
20 THE RED BULLETIN
« Travailler sur soi
sans relâche, se
dépasser, et sortir
de sa zone de
confort est vital. »
THE RED BULLETIN 21
SURFEUSES BODY-POSITIVES
Sur une vague
authentique
Ces surfeuses en formes se bougent en vue
d’être reconnues au cœur de leur passion.
Dans la vraie vie, les adeptes
du surf ne sont pas tous bronzés
et musclés comme le suggère
souvent le marketing de
l’industrie du surf. Bien que les
marques véhiculent l’image
de corps sculptés et de topmodels,
quiconque surfe en
Californie sait que souvent le
Portée par la
vague, l’influenceuse
Elizabeth
Sneed se bat contre
des stéréotypes à
la dent dure.
meilleur sur l’eau est le vieux
briscard en longboard. Un nouveau
mouvement en ligne se
pose désormais en défenseur
d’une population de surfeurs
trop longtemps ignorée : les
femmes fortes.
Ce collectif en plein essor
met les femmes replètes à
l’honneur et regroupe surfeuses
professionnelles, dont
la Brésilienne Silvana Lima et
l’Américaine Bo Stanley, et
amateurs comme la coach
sportive Kanoa Greene et l’influenceuse
Elizabeth Sneed.
Née au Texas, cette dernière
découvre le surf il y a trois ans
et demi après avoir déménagé
à Honolulu pour raison professionnelle.
Très vite passionnée,
elle cherche alors des modèles
à imiter. « Je n’ai pas trouvé
une seule photo de surfeuse
enrobée, explique Sneed. Alors
j’ai décidé de contacter le photographe
de surf Tommy
Pierucki et lui ai proposé de
réaliser des clichés
ensemble. »
Six mois plus tard, ces photos
de Sneed, immortalisée
par le natif de Chicago, affolent
les vues sur son compte Insta,
et poussent des internautes à
travers le monde à poster leurs
propres photos avec le hashtag
#curvysurfergirl. « Nous
devons nous affirmer et être
des membres à part entière de
la communauté des surfeurs,
insiste Sneed. Avoir honte de
son corps ou de son manque
d’assurance, c’est terminé !
Voir sur l’eau des femmes aux
silhouettes variées est très
encourageant. » Les aspirations
du mouvement Body
Positive surf ne se limitent
cependant pas à une meilleure
confiance en soi et à propager
de bonnes ondes.
À ses débuts, Sneed se souvient
avoir eu du mal à trouver
un équipement de qualité à sa
taille. Elle espère dorénavant
que les grandes marques les
prendront en compte. « Ce
mouvement veut attirer leur
attention et leur dire que ce
groupe démographique inclut
des femmes dignes d’un équipement
performant et adapté,
explique-t-elle. Beaucoup de
mes abonnées Instagram
réclament cette évolution.
J’espère aussi que les photographes
s’intéresseront davantage
aux surfeuses corpulentes
afin de me voir en elles,
et croiser à l’avenir plus de
femmes plantureuses sur les
vagues. Les femmes ont un
avenir dans le surf, quelle que
soit leur silhouette, et nous
devons le leur faire savoir. »
Instagram : @curvysurfergirl ;
@tommypierucki
TOMMY PIERUCKI LOU BOYD
22 THE RED BULLETIN
RED BULL SANS SUCRE
MAIS RED BULL QUAND MÊME.
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LE SORCIER
DE L’IMAGE
Si Jean-Baptiste Liautard a remporté le
concours photo mondial Red Bull Illume
2019, ce n’est pas un hasard : ses clichés
artistiques et poétiques de vélo sont
autant de mystères dont il nous dévoile
et détaille ici les coulisses. Avec lui, le
secret d’un bon cliché n’est pas forcément
« l’œil du photographe », et une photo
impressionnante, tant pour l’artiste que
pour le rider, ça se mérite !
Texte PATRICIA OUDIT
Photos JB LIAUTARD
De la magie
L’image qui a remporté le
Red Bull Illume 2019, et son effet
E.T. « J’ai rempli une brouette
avec de l’eau et shooté dans le
reflet », explique le Drômois de
25 ans JB Liautard, une référence
de la photo de VTT.
24 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 25
Jean-Baptiste
Liautard s’est
tourné vers la
photo à cause
d’un crash à
vélo… son activité
fétiche débutée
à 13 ans. Une clavicule
cassée le fait se saisir d’un objectif
qu’il ne lâchera plus. « J’ai commencé
à shooter avec des GoPros,
puis j’ai acheté mon premier appareil
à 18 ans. » Parallèlement à un BTS
en photographie, le jeune homme
enchaîne les clichés avec les copains,
avant, diplôme en poche, de décrocher
ses premiers contrats en presse
spécialisée vélo et avec des marques.
Parmi ses terrains de jeux privilégiés :
la Colombie-Britannique pour ses
forêts embrumées, l’Utah et ses
déserts aux roches étranges. Sa signature
: une approche décalée, artistique.
« Faire une belle image de vélo
demande de la créativité, du temps
de mise en place, notamment pour
les sauts, les spots sont souvent
boueux… Il m’arrive de passer dix
minutes pour mettre une branche
à tel endroit… » Un travail long et
méticuleux où la complicité avec
le rider fait partie intégrante du
processus. Un processus exigeant.
jbliautard.com
Du stress
Octobre 2020. Après deux jours de
repérages parmi les cheminées de fées de
Cappadoce (Turquie), JB avise cette crête
effilée, parfaite pour le plan épuré avec
les montgolfières en arrière-plan qu’il
recherche. « Au lever de soleil, il a fallu
attendre la synchronisation avec les ballons
dont on ne connaît pas à l’avance le
parcours. » Coup de chance : ils s’alignent !
Stress : Kilian Bron, le rider, et JB doivent
sprinter pour se mettre en place afin de
capter ce poétique instant.
26 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 27
De l’ingéniosité
« En haut à gauche, j’utilise
une barre de leds en pause
longue ce qui permet de dessiner
la silhouette de Thomas Genon.
À droite, Paul Couderc en mode
nettoyage : j’ai mis de la gélatine
orange sur les flashes pour
donner cette texture. En bas
à gauche, l’été dernier, au lac
du Salagou, toujours avec Kilian
Bron, j’ai mis un flash sur un
drone (idem pour la photo en bas
à droite, en Cappadoce). Étant
seul, j’avais mon appareil photo
dans une main, dans l’autre le
téléphone pour piloter le drone
qui s’est mis à biper pour la
dernière prise de vue (plus de
batterie). Kilian l’a attrapé
pour éviter le crash ! »
28 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 29
Du rigoureux
« On est début janvier, la neige tombe et je
cherche à faire un cliché dans une atmosphère
hivernale. Nicolas Terrier, un rider pro, vient
de poster une story sur Instagram dans une
ambiance similaire. Je file à Lyon, on trouve un
saut parfait pour ma composition. Il fait – 4 °C,
tout est glacé. Premier problème : le virage est
gelé, c’est galère, on doit répéter, et moi, je dois
déclencher le flash juste derrière la jambe du
pilote au millième de seconde. Le second problème,
c’est la synchronisation. On reste sur
place trois bonnes heures, dans la nuit glaciale.
Une photo comme celle-ci nécessite 3 heures
de voiture (jusqu’à Lyon) et presqu’autant sur
place. Mais le rendu crépusculaire correspond
à ce que je souhaitais. »
31
De l’interdit
« Décembre 2019 : on arrive par bateau
sur l’île de Stromboli, en Italie, qui est
un volcan, actif une fois par an environ.
On est au petit matin, on vient de
passer sept heures à se faire secouer
dans une tempête. » La pente convoitée
pour la session photo avec le pilote
Kilian Bron se trouvant à l’arrière de
l’île, le débarquement avec le vélo et
tout le matériel est difficile, dans un
zodiac où l’eau éclabousse le matériel
« Et passer la grille (ici à gauche) était
interdit. Une partie de l’équipe avec un
deuxième rider se feront arrêter par la
police. Sans conséquences ! »
32 THE RED BULLETIN
De la persévérance
Pour cette image réalisée en juillet 2020, JB a utilisé un objectif
macro, déposé des gouttes d’eau avec un coton tige sur une
plaque en verre posée à plat, l’idée étant d’avoir une figure du rider
Thomas Genon dans chacune des gouttes. « J’ai placé un miroir
à 45 ° en dessous de la vitre, qui renvoie l’image de Thomas, dans
les gouttes, puis dans l’objectif. » Le shooting se faisant de nuit,
le rider a dû refaire sa figure en statique une vingtaine de fois pour
rester au milieu des gouttes et JB le flasher au bon moment, avec
le guidon bien éclairé. « Il a fallu être précis, dans le bon timing ! »
THE RED BULLETIN 33
De la difficulté
« J’adore travailler les particules dans l’air,
reconnaît JB. » Sur cette photo, rien d’artificiel :
ces particules, comme un rideau qui enveloppe
le pilote, sont des gouttes de pluie. « En bas
à droite, on est au Portugal, je voulais de la
brume, explique le Français, mais là, on se
prend une tempête ! Rien n’est calculé, il faut
être réactif, je n’avais qu’un essai à chaque
fois. » Autre point commun à toutes ces photos
nocturnes : le rider a dû rouler dans des
conditions très difficiles. « C’est un autre
aspect à gérer : faire en sorte que l’athlète
donne le meilleur sans se blesser. »
35
Du risque (maîtrisé)
« Encore la Cappadoce, en Turquie. Le concept
et le setup sont assez particuliers. On a un pilote
de drone de course avec nous, et sur son engin,
est fixée une fusée de détresse préalablement
allumée (voir ci-dessus). On doit éclairer la montagne
avec une lampe frontale pour faire décoller
le drone qui suit le pilote VTT Kilian Bron.
La boule de feu qu’on voit au fond est la lumière
de la fusée de détresse. Mon éclairage dépendant
du droniste, je pousse mon appareil dans
ses retranchements. Ce qui est chaud aussi
pour le rider, car il évolue dans une sorte de
goulet où il passe de zones d’ombres, où il ne
voit rien, à des zones éclairées. Quand le drone
est en retard sur un virage, Kilian risque donc
la chute. L’entreprise est d’autant plus risquée
que le drone perdait des braises : on a dû
éteindre plusieurs départs de feu ! »
36 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 37
FINI DE
JOUER
Nouveaux entrepreneurs de l’amusement digital,
ils avancent sérieusement : en créant la Karmine
Corp, le streameur KAMETO et le youtubeur PRIME
ont associé leurs talents, créé une équipe et investi
le sport électronique (ou e-sport) via le jeu League
of Legends. Derrière eux, des centaines de milliers
de fans hurlent leur soutien en ligne dans une frénésie
collégiale hallucinante. L’e-sport est le nouvel
entertainment sportif, et la KCorp, son incarnation.
Texte DAVID KHUN
Photos CHRIS SAUNDERS
Les présidents : Prime,
28 ans, et Kameto,
25 ans, sont les
fondateurs de l’une
des équipes les plus
excitantes au monde
du jeu vidéo pro.
39
Peut-être faut-il être un joueur de l’ancienne
génération pour prendre toute la
mesure du changement dont le jeu vidéo
fait l’objet depuis quelques années. Cette
révolution porte un nom : l’e-sport. Il a
bouleversé le paysage ludique mondial,
la façon de jouer et surtout – surtout – la
notoriété et la puissance d’une discipline
qu’on pensait vouée à l’anonymat et à la
crise d’adolescence. Mais ça, c’était avant.
Un dimanche de novembre 2019, les
vestiges de cet ancien monde ludique
s’enfoncent encore plus dans le passé,
sous les hurlements d’une foule furieuse
venue remplir l’Accor Arena de Paris-
Bercy (photos à droite) pour assister
à la finale des championnats du monde
de League of Legends (notre encadré).
La rencontre oppose une équipe européenne
à une chinoise. Des milliers
d’aficionados sont venus chauffer les
murs à blanc dans une atmosphère qui
n’a rien à envier à un Stade de France
un soir de 1998. Comme au match de
foot, la salle s’électrise à la moindre
action, vit avec fièvre ce qui se passe sur
scène, partage un moment de frénésie
collective – sauf qu’à la différence d’une
partie de ballon rond, les béotiens ne
peuvent strictement rien y comprendre.
Sur scène ? Dix joueurs, cinq par équipes
font face à la foule et s’affrontent par
écran géant interposé. Il est là le terrain.
Les e-athlètes de chaque équipe eux,
semblent ignorer les supporteurs, absorbés
par un écran de PC derrière lequel
ils jouent leur vie.
Quelques jours plus tôt, le public très
convenable des Masters de Tennis de
Paris avait lui aussi rempli Bercy… À une
semaine d’intervalle, deux salles, deux
ambiances, deux mondes semblent s’être
croisés sans se regarder. Avec l’e-sport,
En haut : ceci est une arène de gaming : le Pudong Football Stadium de Shanghai (Chine)
où s’est déroulée la finale mondiale de League of Legends 2020. Ci-dessus et à droite :
en furie pour le jeu vidéo, les fans réunis en masse pour la finale mondiale de la même
compétition à Paris (AccorHotels Arena) en 2019.
GETTY IMAGES, STEPHANIE LINDGREN/RED BULL CONTENT POOL (2)
40 THE RED BULLETIN
LoL, c’est quoi ?
Dans le jeu vidéo League of Legends,
(LoL), deux équipes de cinq joueurs
s’affrontent dans des parties de trente
minutes. L’objectif est de défendre
sa propre zone ou base. Cent-cinquante
personnages sont disponibles et chacun
des dix joueurs en contrôle un avec des
caractéristiques, un style et des compétences
dédiées. Pour battre l’équipe
adverse, chaque joueur doit gagner
en puissance en amassant des points
d’expérience et en achetant des artefacts.
L’objectif d’une partie est de détruire
le Nexus ennemi, une large structure
située au centre de chaque base.
Pour cela, le travail d’équipe et la
stratégie feront la différence.
THE RED BULLETIN 41
l’entertainment sportif change. Un rajeunissement
d’abord et une relation à l’événement
qui ne tient plus de la prouesse
physique mais de la technicité, de la
stratégie de combat et d’un socle culturel
geek commun. League of Legends est une
arène de combat où seule une bonne
stratégie d’équipe peut offrir la victoire.
En cela, ses pratiquants sont des gladiateurs
d’un nouvel âge qui offrent à coups
de souris et de clavier, ce que les rétiaires
de la Rome antique donnaient à l’Empereur
et la Cité, à coups de glaive et de
filet. Des Maximus 2.0, adulés par les
foules pour leur art du combat. Sans
aucun blessé.
Kameto, l’ultra-streameur
En France, l’e-sport est une discipline
en plein essor qui a été récemment bousculée
par l’arrivée d’une toute nouvelle
équipe en LFL (Ligue Française de League
of Legends) : la Karmine Corp. Annoncée
à la fin de l’année dernière, l’arrivée de
cette nouvelle entité dans le championnat
2021 a été un séisme médiatique
dans l’écosystème « e-sport ».
La raison ? Cette formation est le fruit
de l’association réciproquement motivante
et profitable de deux figures du
gaming et du stream : Kameto et Prime.
Face aux équipes professionnelles dites
académiques, la team créée par les deux
influenceurs fait autant figure d’ovni que
d’outsider dans cette élite française de
la compétition.
« C’est la première fois qu’un
streameur comme moi s’associe à un
youtubeur comme Prime pour créer
une équipe d’e-sport », annonce Kameto,
25 ans. Et l’un des deux PDG de la KCorp
poursuit : « La différence par rapport aux
autres équipes c’est que Prime et moi
avons déjà une communauté très importante
et très active qu’on a fédérée au
projet. Les autres équipes se créent
d’abord et doivent développer leur communauté
ensuite. Nous, nous avions
déjà nos supporteurs. Ils nous ont suivis
dans ce projet et ont fait monter le buzz
autour de la création de Karmine Corp.
« Certains nous suivent
sans rien connaître à ce
jeu vidéo. Ils regardent les
matches et soutiennent
l’équipe juste pour vibrer
ensemble. » Kameto
Le cinq majeur de
la Karmine Corp
Qui sont les pros de l’e-sport
qui composent l’équipe ?
Matthew Charles
Coombs, aka
xMatty
Anglais, 21 ans
Poste : bot laner
Spécialité : tireur
Le tireur ou carry AD est
un champion (personnage)
spécialisé dans
le dégât physique à distance.
Il fait mal mais il
est fragile. La difficulté
de cette catégorie de
joueur est donc de trouver
le juste milieu entre
agressivité et protection.
Raphaël Crabbé,
aka Targamas
Belge, 20 ans
Poste : bot laner
Spécialité : support
Le support accompagne
le tireur dans son début
de partie. C’est un soutien
qui veille à ce qu’il
soit le mieux équipé possible
lors des teamfights
(les mêlées en équipes).
Il compose généralement
un binôme sur la bot lane
qui peut venir en aide au
jungler.
Lucas Fayard,
aka Saken
Français, 22 ans
Poste : mid laner
Spécialité : mage
Aussi appelés carry AP
(AP pour Ability Power
ou dégâts magiques),
les mages utilisent
Le jeu vidéo enflamme YouTube
avec Red Bull Checkpoint
uniquement leurs sorts
et font de gros dégâts.
Ils n’attaquent qu’à
distance et on les trouve
essentiellement sur la
mid lane en champions
solitaires.
Jakub Rokicki,
aka Cinkrof
Polonais, 23 ans
Poste : jungler
Spécialité : combat
Tireur : assassin
Située entre les trois
voies principales, la
jungle est l’endroit où
les junglers peuvent tuer
des monstres neutres
afin de collecter un
maximum d’or, d’expérience
et de bonus pour
l’équipe. Il peut venir en
aide à ses coéquipiers à
tous moments. Chaque
jungler choisit la catégorie
de champion que bon
lui semble.
Adam Maanane,
aka Adam
Français, 19 ans
Poste : top laner
Spécialité : combat
Champions des corps
à corps, imposants,
ils font de gros dégâts.
C’est une classe assez
polyvalente mais leurs
aptitudes sont optimisées
en top lane ou
dans la jungle.
karminecorp.fr
Envie de vous plonger encore plus dans les coulisses de la KCorp ?
De découvrir ses joueurs et de vivre au plus près de Kameto et Prime ?
Alors rendez-vous dans Backstory, sur la chaîne YouTube Red Bull
Checkpoint, dédiée au gaming. Backstory y est l’un des premiers
programmes insider qui vous fait partager la vie d’une team d’e-sport.
Sur Red Bull Checkpoint, vous pourrez également tester votre culture
gaming ou assister à des performances de joueurs exclusives.
KARMINE CORP
42 THE RED BULLETIN
« L’e-sport, c’est
l’entertainment sportif
de demain. » Prime
Un joueur de la KCorp, chez lui, à l’entraînement, sur un écran conçu
par la marque MSI. C’est aussi ici qu’il participe aux compétitions.
Ce sont nos “ultras” et sans eux, rien de
tout cela n’aurait été possible. ». À seulement
25 ans, Kamel « Kameto » Kebir est
un streameur star qui s’est d’abord fait
connaître via Eclypsia, le média en ligne
dédié à l’e-sport avant de déchaîner les
foules sur Twitch où il bat régulièrement
tous les records d’audience (plus de
650 000 followers) de la discipline.
Il faut avoir assisté à l’un de ses
streams pour comprendre la ferveur qui
l’anime et qu’il communique à ses fans.
En janvier dernier, plus de 66 000 followers
en feu ont participé à l’un de ses
streams les plus extatiques. Kameto commentait
alors la rencontre entre sa Karmine
Corp et Solary, un « classico » que
sa team allait gagner. Explosif, le garçon
sautait, hurlait et déroulait un langage
que nos mamans n’auraient pas apprécié.
La griffe Kameto : un garçon entier,
passionné, dingue et terriblement attachant,
qui se retrouve aujourd’hui à la
tête d’un club sportif au budget annuel
à six chiffres. Le nouveau visage du
gaming, d’une discipline en plein essor
et d’un phénomène porté par l’osmose
entre lui et ses fans : « Je ne m’attendais
pas à ce qu’autant de fans nous suivent
immédiatement. J’ai la passion de l’esport
mais avec eux derrière nous…
C’est mieux ! Certains nous suivent sans
rien connaître à ce jeu vidéo, League of
Legends. Ils regardent les matches et
soutiennent l’équipe juste pour vibrer
ensemble. » Un gourou de l’animation
qui génère une empathie rarement
observée, et qui se confirme également
auprès des 270 000 abonnés de sa chaîne
YouTube, Kotei et Kameto.
Aujourd’hui, ce spécialiste de LOL
franchit une nouvelle étape dans sa
passion de l’e-sport en concrétisant un
projet qui coulait de source.
Prime, déter et visionnaire
Et le déclic de s’opérer à la faveur de
sa rencontre avec le youtubeur Amine
« Prime » Mekri, ancien sportif de haut
niveau qui, après une blessure, s’est
réinventé via YouTube où sa chaîne totalise
aujourd’hui 1,6 million d’abonnés.
« Je ne suis pas drivé par la motivation,
c’est la détermination qui me fait avancer,
annonce ce touche à tout de 28 ans.
Quand j’ai dû arrêter le football américain,
j’ai appliqué tout ce que cette discipline
m’a appris pour me réinventer :
la persévérance mais aussi la peur de
l’ennui. Alors j’ai créé, et YouTube a été
la plateforme qui m’a apporté ce que je
cherchais. »
Comme Kameto, Prime est parti from
scratch et a construit son monde à la
force de sa personnalité et de son envie.
Mais le réduire à YouTube serait une
erreur puisque le garçon est un entrepreneur
protéiforme qui s’est essayé à la
musique, a créé sa propre marque de
sapes, et pense systématiquement à ce
Joueurs,
contrats,
scène,
fans…
Cinq minutes pour
vous mettre à jour
sur l’e-sport.
Professionnel de
l’e-sport sur League
of Legends passé par
la team Vitality, Shanky
a rejoint Kameto et
Prime afin d’endosser le
rôle de manager général
de la KCorp. En charge
de la direction sportive,
il nous éclaire sur les
coulisses d’une team.
Le rôle de
manager général
« Contrairement au manager,
qui a un rôle directement lié
au quotidien de l’équipe, la
mission du manager général
concerne davantage la direction
sportive, le choix des
joueurs, le recrutement du
staff, les ressources à mettre
en place, les directions à
prendre pour que la structure
se développe et que l’équipe
performe. Pendant la saison
off, ou le mercato, je vais
trouver des joueurs, négocier
avec eux ou le club dont ils
font partie. »
Le secret d’une
bonne équipe
« La chose la plus importante
au final, c’est l’alchimie. Comment
les cinq joueurs vont
évoluer, matcher et s’entendre.
Il ne suffit pas de réunir cinq
joueurs incroyables pour
obtenir une bonne équipe…
Ce serait trop simple. LoL
reste d’abord et avant tout
un jeu d’équipe. On l’a déjà
observé dans certaines teams
de stars qui n’ont pas obtenu
les résultats espérés. Le plus
KARMINE CORP, MSI
44 THE RED BULLETIN
important, je pense, c’est
d’équilibrer les ego et de
convaincre les joueurs qu’ils
ne jouent pas pour eux. »
Ce qui fait un bon
joueur de LoL
« Les qualités peuvent être
multiples et on va se focaliser
sur une qualité plutôt qu’une
autre en fonction de ce que
nous recherchons. À notre
niveau, il faut que la recrue
ait déjà un peu d’expérience
et qu’elle ait déjà joué au
moins une saison dans une
ligue inférieure ou équivalente
à la nôtre. L’autre option est
de se référer au classement
européen des meilleurs
joueurs. Une fois un joueur
repéré dans ce ranking, on va
analyser ses qualités de jeu,
regarder si c’est un bon support,
s’il met beaucoup de
visibilité sur la map, s’il communique
bien. Il faut se renseigner
le plus possible en discutant
avec ses anciens coaches
s’il en a, des joueurs avec qui
il a joué… Toutes les sources
d’informations sont exploitées.
Trouver un bon joueur
de LoL, c’est une enquête
assez longue et minutieuse.
Reste aussi à savoir s’il
est sérieux et adaptable à
l’équipe. Ce n’est pas une
science exacte, d’autant
qu’une bonne individualité
ne fait pas forcément
un bon partenaire. »
Comment optimiser
un joueur
« Il n’y pas de secret : progresser
c’est d’abord travailler tous
les jours. Il faut comprendre
les forces et les faiblesses des
joueurs dans le jeu, mais aussi
en dehors. On travaille énormément
sur la gestion du stress
et la confiance. Un coach va
prendre en compte tous les
aspects intimes d’un joueur
et pas uniquement son niveau
de jeu. On va l’amener à se
surpasser en travaillant sur
le développement personnel.
« On a accompli
en quelques années
ce que les autres
sports ont mis des
décennies à mettre
en place… »
À côté, on va imaginer un
c ertain nombre d’activités
annexes pour souder le groupe
et intégrer de la préparation
physique. Le corps souffre
pendant un match, il faut en
prendre soin. Une bonne
hygiène de vie a forcément une
influence sur les capacités
mentales. Pour la Karmine, la
prochaine étape est de mettre
en place des bootcamps et une
gaming house (un endroit où
les joueurs pourront se réunir
pour y vivre, s’entraîner et
jouer ensemble, ndlr). »
Être performant en
période de crise
« Actuellement, tout se fait
à distance, nos joueurs n’ont
pas encore pu se rencontrer
physiquement et travailler
en groupe sur un même spot.
Forcément, ça complique un
peu la préparation et j’ai hâte
qu’on revienne à la normale
pour qu’on puisse enfin travailler
comme il faut. Les choses
se font plus doucement mais
elles sont finalement moins difficiles
que ce que j’imaginais.
Actuellement, ce qui compte
le plus c’est la confiance qu’on
a les uns en les autres parce
qu’on n’a aucun contrôle sur
nos joueurs. J’ai les mêmes
problèmes que n’importe quel
manager qui télétravaille avec
ses équipes ! »
Un contrat de joueur
« Aujourd’hui, un e-athlète peut
espérer vivre de son sport. Il y
a énormément d’interactions
entre les pays et la discipline
évolue au niveau mondial. Les
joueurs sont défrayés lorsqu’ils
se déplacent en France,
un joueur professionnel de
LoL peut espérer gagner entre
2 000 et 10 000 € par mois.
Certains joueurs peuvent être
salariés d’une équipe avec un
contrat déterminé ou rester
indépendants. Il y a différents
types de contrats. Un joueur
peut signer avec une équipe
pour une durée d’un an ou
plus. Certains contrats
courent sur trois ans. Dans
ces cas-là, les salaires sont
négociés pour un an et
peuvent être updatés d’une
année sur l’autre en fonction
des résultats des joueurs.
Généralement, ce sont des
négociations à la hausse. »
La Karmine Corp
et ses ultras
« Au-delà du challenge sportif,
c’est un aspect des choses
qui m’a convaincu de suivre
Kameto dans cette aventure.
La relation avec la communauté
est folle. Je n’ai jamais
vu un truc pareil, et ce qui me
fascine, c’est qu’aujourd’hui
des gens qui n’y connaissent
rien à LoL nous rejoignent pour
le plaisir de suivre le match et
de faire partie du kop ! »
L’e-sport en
France aujourd’hui
« Il y a encore pas mal de
choses à imaginer pour amener
cette discipline au niveau
qu’elle mérite, mais je trouve
qu’on a déjà fait pas mal de
chemin. Je pense même que
nous faisons partie des disciplines
qui se sont le plus développées
ces dernières années.
Je suis dans l’e-sport depuis
six ans et j’ai vu les choses évoluer.
On est loin des cachets
de 300 € que je touchais il y a
quelques années alors qu’on
gagnait des tournois importants.
Et je parle de 2017. On
a accompli en quelques années
ce que les autres sports ont
mis des décennies à mettre
en place. La communication,
les sponsors, les droits de
diffusion, etc. Tout se met en
place pour le plus grand bien
de l’e-sport. »
THE RED BULLETIN 45
qu’il va faire après. Un boulimique créatif
qui s’avère le partenaire idéal d’un
Kameto hardcore et passionné. « Kameto
est la dynamique gaming de notre
équipe, moi je n’ai pas son niveau ni
sa crédibilité. Kameto et moi sommes
les CEO de ce projet, c’est-à-dire que
nous allons le faire grandir, lui grâce
à ce qu’il est, passionné et performant,
et moi grâce à ce que je veux. On se
complète. »
Si Kameto est porté par la passion
du jeu, Prime est stimulé par une vision
différente et se focalise sur l’avenir et
le champ des possibles d’un tel projet.
« Dans le contexte actuel, on comprend
mieux la dimension de l’e-sport et sa
capacité de fédérer les foules quand tout
s’arrête. Il a gagné en valeur. La Karmine
Corp, c’est l’occasion de convertir le plus
grand nombre à l’e-sport et de démontrer
à quel point c’est cela l’entertainment
sportif de demain. »
Porté par la cause, il ambitionne de
faire de la KCorp une institution de l’esport.
Une histoire faite pour durer et
que les centaines de milliers d’ultras vont
pouvoir vivre pendant longtemps. Donner,
recevoir… Pour Prime, la mécanique
ne fonctionne que dans les deux sens,
conscient qu’il ne dirige pas qu’un club
sportif mais a initié un mouvement, aux
très nombreux adeptes… que lui et
Kameto veulent embarquer pour une
longue marche.
« Les autres
équipes se créent
d’abord et doivent
développer leur
communauté
ensuite. Nous,
nous avions déjà
nos supporteurs. »
Kameto
Les stars d’à côté
Les deux garçons sont l’âme, l’énergie
et l’incarnation qui se résument parfaitement
dans les lignes d’un serment
devenu running gag dans le monde digital
et qu’un fan a raccroché à leur communauté
: « Je soutiendrai la Karmine
Corp jusqu’à la fin. Si La Karmine Corp
a 100 000 supporteurs, je suis parmi
eux. Si la Karmine Corp a 1 supporteur,
c’est moi. Si le monde est contre la Karmine
Corp, alors je suis contre le monde.
Et si l’équipe n’a plus aucun allié, c’est
que je suis mort ! » Quelques lignes
qui résonnent comme un chant des
« Dans le contexte actuel,
on comprend mieux la
dimension de l’e-sport
et sa capacité à fédérer
les foules quand tout
s’arrête. » Prime
46 THE RED BULLETIN
CHLOÉ RAMDANI/RED BULL CONTENT POOL
Kameto et Prime
lors du lancement
de Red Bull
Checkpoint, une
chaîne YouTube
gaming qui dédie
une série à leur
KCorp : Backstory.
THE RED BULLETIN 47
Quand
l’e-sport
tacle
le foot
Laure Valée est une
journaliste et animatrice
spécialisée en e-sport.
Pierre Maturana est le
directeur de la rédaction
digitale de So Foot et
consultant pour L’Équipe
TV. The Red Bulletin les
a conviés pour échanger
sur les similitudes et
divergences entre
e-sport et football.
Si les maillots diffèrent,
la passion semble aussi
intense, et le pouvoir
d’attraction du gaming
de compétition sans
limites.
THE RED BULLETIN : L’e-sport
s’est développé solidement
dans le sillage des sports
dits traditionnels. À quel
point est-il structuré
aujourd’hui ?
LAURE VALÉE : Depuis trois ou
quatre ans, l’e-sport commence
à se structurer et à se
professionnaliser d’une façon
assez comparable au sport
traditionnel. Il s’organise par
équipe pour des disciplines
comme League of Legends
dans lesquelles on retrouve
le même fonctionnement que
pour une équipe de football,
par exemple, avec son encadrement
des joueurs, ses programmes
de préparation…
Il suit aussi des calendriers
de compétition bien définis.
Il n’a donc rien à envier au
football, en termes de structures
par exemple ?
LV : La seule chose qui lui
manque aujourd’hui, par rapport
au sport dit traditionnel,
c’est un moyen de recruter les
jeunes joueurs et de les encadrer
dès leur plus jeune âge,
afin de les amener dans des
bonnes conditions vers une carrière
professionnelle. L’ancien
joueur de basket Tony Parker
est en train de faire évoluer les
choses grâce à la Tony Parker
Academy qui a pour but d’offrir
une structure d’encadrement
aux futurs pros de l’e-sport.
Est-ce que le monde du football
est aussi bienveillant à
l’égard du jeu vidéo ?
PIERRE MATURANA : Au
départ le monde du foot a vu
arriver ce phénomène avec
de gros yeux. Mais rapidement
les clubs de football traditionnels
y ont vu une sorte de
continuité de leur activité et
ont monté leurs propres structures
e-sport comme le PSG ou
Monaco. Mais ce sont les clubs
anglais qui ont été les premiers
et sont encore les plus actifs
dans ce domaine. On a maintenant
dépassé la question du
sport ou pas sport. L’e-sport
est une discipline à part
entière, avec ses athlètes de
haut niveau, et qui s’est en
effet beaucoup inspirée du
sport traditionnel pour se
structurer. On observe d’ailleurs
un certain désamour
pour le sport traditionnel tandis
que l’intérêt pour l’e-sport
ne cesse de grandir.
La ferveur autour de l’e-sport
grandit de jour en jour et
concerne des catégories
de gens de plus en plus
diverses, pas forcément
des fondus de jeux vidéo…
LV : Cette ferveur n’est pas la
même en fonction des jeux,
et c’est étonnamment le jeu
le moins compréhensible à
l’écran qui remporte le plus
de succès, en l’occurrence
LoL. Il réussit à générer les
mêmes émotions qu’un match
de foot. Et comme dans un
stade, il y a dans le public de
LoL des gens qui n’y comprennent
rien, mais qui sont
envahis par l’ambiance.
On peut donc ne rien capter
à une compétition de jeu
vidéo, mais adorer la vivre
intensément ?
LV : Cela tient beaucoup à la
mise en scène d’une partie, à
la façon dont elles sont commentées,
à la personnalité des
joueurs. Il y a un phénomène
dans le phénomène, à savoir
le mouvement ultra qui s’est
développé autour de la KCorp.
Les milliers de fans qui la soutiennent
ont créé un effet boule
de neige et ramènent chaque
jour de nouveaux adeptes à
s’intéresser au jeu.
« Le supporteur
de la KCorp vibre
pour les mêmes
raisons qu’un fan
de foot, de basket
ou de rugby. »
Laure Valée
Pierre, pourquoi l’e-sport
a-t-il cette capacité d’attraction
quasi universelle ?
PM : LoL a le propre du sport
ou de la culture : il procure des
émotions. C’est pourquoi on
ne se pose plus la question
de sa légitimité. Il y a du suspense,
de la stupéfaction, de
l’injustice… Tout ce qui te permet
de vibrer et de t’extasier.
Il n’y a pas de barrière dès qu’il
s’agit d’émotion, et à partir de
là, tout le monde peut adhérer
au phénomène même si tu n’as
pas tous les codes ou que tu
ne comprends pas toutes les
subtilités du jeu. Comme cela
s’est souvent vu dans le sport,
l’e-sport grandit et réunit bientôt
autant de fans casual que
de fans hardcore.
Point pandémie : l’e-sport
peut-il continuer à se développer
à cette vitesse sans
événements live ?
PM : J’ai tendance à croire que
les grands événements e-sport
ont contribué à sa notoriété
parmi le grand public. Les
médias ont souvent parlé de
LoL comme d’un phénomène
qu’ils associaient à la ferveur
des tournois live. La réputation
de cette discipline s’est faite
grâce à ça. Et cette médiatisation
a d’ailleurs sensibilisé le
Comité international olympique
qui se pose la question
aujourd’hui d’en faire une
discipline olympique.
Avec de telles perspectives,
nous ne sommes donc qu’au
début d’un bouleversement
électronique dans le sport
spectacle ?
PM : Bien sûr, le phénomène ne
va pas se tarir, mais je reste
persuadé que l’événement
sportif live est une source
essentielle de visibilité et en
démocratisation. Il participe
à la constitution d’une culture
sportive. Cela dit, l’e-sport est
aujourd’hui trop implanté dans
le paysage avec des enjeux
financiers trop importants, et
de ce fait, il supportera largement
l’absence provisoire
d’événements, grâce notamment
à sa communauté qui le
consomme d’abord en ligne.
Laure, s’il ne devait plus
jamais y avoir d’événements
grand public, l’e-sport y
survivrait-il ?
LV : La pratique de l’e-sport a
d’abord existé sans les événements.
Ils ont aidé au développement
commercial de la discipline
et à légitimer l’industrie
de l’e-sport. Mais aujourd’hui,
l’e-sport n’en est plus à devoir
convaincre, et s’il y a un rétropédalage
vers des événements
uniquement en ligne, ça n’aura
pas beaucoup de conséquences
pour les fans…
STEPHANE GRANGIER, MICHAL KONKOL, LA CHAÎNE L’ÉQUIPE
48 THE RED BULLETIN
Et ça n’en a d’ailleurs pas eu.
Les audiences sont même
meilleures et le niveau de
compétition toujours plus
important. J’irais même plus
loin, je crois que le contexte
actuel a accéléré le développement
de l’e-sport. Certes on
perd le côté paillette, mais
pas l’essentiel.
Un événement de gaming
reste tout de même un
moment de pure frénésie…
« Dans l’e-sport,
il y a du suspense,
de la stupéfaction,
de l’injustice…
Tout ce qui te permet
de vibrer et
de t’extasier. »
Pierre Maturana
LV : Il y a en effet une
ambiance folle mais ce n’est
pas la même ambiance que
durant un match de foot. J’aimerais
beaucoup voir se développer
le phénomène de tribune
de supporteurs comme
en Corée. Là-bas, les kops de
supporteurs se répondent.
Comme dans un stade ?
LV : Oui, il y a des chants, des
slogans, les supporteurs sont
maquillés, habillés aux couleurs
des équipes avec une
spécificité culturelle liée au
jeu. On observe aussi une
très forte synergie entre l’animateur
de la salle, les commentateurs
et le public. Ils dialoguent,
ils jouent ensemble
avec les codes du jeu. C’est un
aspect qu’on ne retrouve pas
dans les stades. Oui, le supporteur
de la KCorp vibre pour
les mêmes raisons qu’un fan
de foot, de basket ou de rugby.
Le supporteur du gaming
ressemble donc à… un supporteur,
finalement ?
PM : De mon point de vue, le
supporteur d’e-sport a besoin
de temps pour écrire son histoire,
et peut-être qu’il lui
manque encore ce lien fort
que peuvent avoir les supporteurs
de foot avec leur stade.
Une culture de supporteur
prend du temps à se développer
et l’e-sport est une discipline
encore jeune. Ce que
je remarque dans le foot
aujourd’hui, c’est que les plus
jeunes fans s’intéressent
davantage aux joueurs qu’au
jeu. L’e-sport devrait s’en inspirer
pour éviter cette dérive.
« La Karmine, c’est
l’équipe du peuple. C’est
comme un club de foot :
on gagne ensemble, et
quand on perd, on pleure
ensemble. » Kameto
supporteurs qu’on pourrait entendre
dans les virages d’Old Trafford, ou du
Camp Nou. « La Karmine, c’est l’équipe
du peuple. C’est comme un club de foot :
on gagne ensemble, et quand on perd,
on pleure ensemble », explique Kameto.
Et la chimie opère.
Depuis le début, le projet n’avance
qu’au carburant humain, qu’à la force et
l’énergie que leur insufflent les fans lors
des streams, au moindre tweet, à chaque
annonce. Dans un silence digital, une
foule toujours plus nombreuse vient
grossir les rangs de ce projet dingue.
Ils n’ont pour l’instant pas la chance de
hurler leur soutien entre les murs d’une
arène, alors ils font exploser les serveurs
le temps d’un stream, arrachent des
records de commentaires et témoignent
de leur amour pour la Karmine et ses
cinq joueurs, partout où l’espace virtuel
le leur permet.
Et si l’emphase est si forte, c’est peutêtre
aussi parce que Kameto et Prime,
à leur façon, dégagent une authenticité
et une vérité que les fans ressentent.
Au-delà d’incarner un rêve comme les
icônes à l’ancienne, ils le distribuent,
véhiculant par leur simplicité et leur
passion communicative l’idée qu’il est
possible à chacun de réaliser son envie,
de concrétiser un rêve. « Si je suis là,
tu peux l’être aussi » peut-on lire entre
les lignes de leur discours. Des stars
next door qui ont réinventé la relation
avec les gens.
49
Qui veut de la
GLACE ?
Rester 2 h 35 min 33 sec dans un bac à glace ?
« Tout le monde peut le faire, c’est juste une
question d’entraînement », assure ROMAIN
VANDENDORPE qui a inscrit, le 19 décembre
dernier, à Wattrelos, son nom au Guinness Book
avec ce nouveau record du monde. Et sa
méthode pour y parvenir est tout sauf givrée.
Texte PATRICIA OUDIT
ZEPPELIN
Un mental en acier glacé. Cet
homme de 34 ans est capable de
rester immergé plus de deux
heures dans la glace. Pour tenir
lors de cet entraînement,
beaucoup de volonté et un peu
de musique épique : violons
planants et percussions violentes.
51
« On a tous une équipe de pompiers
dans le corps mais si elle ne s’entraîne
pas, c’est comme si elle mangeait
des chips devant Netflix. Si on
la coache, tout devient possible ! »
Rien ne le prédisposait à quotidiennement s’immerger
jusqu’aux épaules dans un congélateur 500 litres
dès le saut du lit : c’est pourtant ce qu’a fait Romain
Vandendorpe durant deux ans afin de se préparer
à son record d’immersion dans la glace. Kinésithérapeute,
ostéopathe et hypno- thérapeute dans le civil, scientifique
(il collabore avec le laboratoire de physiologie environnementale
de Bruxelles), le Belge de 34 ans se définit comme
un aventurier qui aime repousser et dépasser ses limites.
Mais avant les glaçons, il y eut le ballon. « J’ai joué au basket
pendant quinze ans. Le sport a toujours fait partie de mon
existence, non dans une optique de compétition, mais
pour avoir une bonne hygiène de vie, garder la forme. »
Son premier grand défi sportif ne remonte qu’à 2016 :
Romain termine l’Ironman d’Embrun, redoutable triathlon
longue distance. Titillé par quelqu’un qui lui dit : « Romain,
ce sera plus facile pour toi d’être champion de France
d’haltérophilie que de finir l’Ironman. » En effet, l’homme
n’a pas vraiment le morphotype adapté à ce genre
d’épreuves. Mais il répond : « Ce n’est qu’une question
d’entraînement mental, si on est bien programmé et qu’on
a la bonne méthode, on est capable de tout faire.» Là aussi,
sa casquette de scientifique/aventurier déloge celle du
sportif : Romain cherche avant tout à comprendre ce qui
se passe dans son corps et son cerveau. « Et une fois que
j’ai compris, je veux pouvoir repousser mes limites et
m’emmener un peu plus loin, vers mes passions que sont
la mécanique du corps humain et les neurosciences. »
« Un processus de changement ne doit
pas être radical. Avant d’entraîner son
corps, il faut entraîner sa tête à créer
de nouvelles micro-habitudes. »
the red bulletin : Romain, quand a débuté
votre histoire avec la glace et pourquoi ?
romain vandendorpe : En 2018. J’aime dire qu’il
faut rêver grand, et on sait qu’on rêve grand parce
que cela nous fait un peu peur. Le choix de la glace :
parce qu’elle a pour conséquence d’abaisser le
rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, et de
diminuer le tonus musculaire. Cela met toutes les
fonctions vitales au ralenti. Or, je suis quelqu’un
d’assez sanguin et impulsif à la base. J’avais envie
de travailler sur ça. Sur ma colère. Cette grande
colère autour de la prise en charge des patients et
notamment l’histoire de la petite Augustine*. Cette
injustice a été le déclic. Il fallait un acte fort. Autour
de ce défi, il y a eu un déclencheur émotionnel,
doublé d’une quête personnelle et scientifique.
*Au printemps 2018, Romain est sollicité pour se
rendre au chevet d’Augustine, une petite fille de 4 ans
atteinte d’une tumeur agressive du tronc cérébral. Cette
rencontre l’affecte d’autant plus que la fillette décède
48 heures après son passage. Sa performance a été réalisée
au bénéfice de l’association Wonder Augustine.
Racontez-nous vos premières immersions...
J’ai commencé avec l’état d’esprit d’un sportif qui
ferait de la récupération après le sport. Et puis, au fil
de mes immersions dans une eau à 0,1° C, je me suis
aperçu qu’on pouvait aller beaucoup plus loin. Je me
suis rendu au laboratoire de physiologie environnementale
de Bruxelles, et on s’est demandés notamment
pourquoi les populations Inuits avaient certains
réflexes vaso-constricteurs et vaso-dilatateurs
que les Européens n’ont pas. On a pu voir que c’était
dans leur ADN, qu’ils avaient cette réaction de
chasse de Lewis qui nous fait défaut.
Chasse de Lewis… vous pouvez expliquer ?
Si vous mettez votre main dans l’eau froide, elle va
devenir blanche, puis nécroser et devenir noire.
Comme le corps croit qu’il va mourir, il va sauvegarder
la température centrale au détriment de la
température périphérique. Alors qu’un Inuit va vasoconstricter
dans un premier temps, mais comme son
cerveau a l’habitude du froid, il va vaso-dilater à nouveau.
Sa main devenue blanche va passer au rouge,
puis blanc, puis rouge, etc. Pas de nécrose. C’est lié à
un facteur génétique. La question que l’on s’est posée,
c’est en combien de temps un Européen lambda est-il
capable d’obtenir cette réaction de chasse de Lewis,
c’est-à-dire, transformer son génome ?
52 THE RED BULLETIN
Adepte de l’autohypnose,
il s’est familiarisé
avec le « yoga
du froid » auprès de
moines bouddhistes
de l’Inde du Nord.
Immergé dans le Lac Bleu que domine l’Aiguille du Midi, Romain s’entraîne : « J’ai déjà fait 55 minutes dans une eau à 3 °C,
mais là, à 0 °C, c’est vraiment plus dur ! », concède Iceman.
Et la réponse est… ?
L’hypothèse de base était dix ans. J’ai dit qu’en deux
ans, c’était faisable. Finalement, au bout de huit
mois, à raison d’un entraînement quotidien, j’ai vu
apparaître la première réaction de chasse de Lewis.
On sait désormais que le génome se transforme au
bout de huit mois. C’est un sacré pas en avant.
On connaît les expériences de Wim Hof, le Néerlandais
surnommé « Iceman », autour du froid et
de ses pouvoirs. En quoi votre démarche est-elle
différente ?
Il faut lui reconnaître son caractère de précurseur,
très lié à une dynamique spirituelle. Wim Hof a
popularisé les pouvoirs du froid, il a des décennies
d’expérience derrière lui. Ma démarche est purement
scientifique. Je n’ai pas de technique respiratoire
à vendre.
En deux ans, vous bouclez un Ironman, puis vous
enchaînez sur le record d’immersion dans la
glace. Vous parlez d’une méthode d’entraînement
reproductible à l’infini.
« Autour de ce défi, il y a eu
un déclencheur émotionnel,
doublé d’une quête personnelle
et scientifique. »
Oui, ce que je fais, tout le monde peut le faire. Il faut
juste s’entraîner dur, régulièrement. Il faut que cela
devienne la priorité, la clé est donc de se dégager
du temps, des plages horaires précises pour cette
priorité. Un processus de changement ne doit pas
être radical. Avant d’entraîner son corps, il faut
entraîner sa tête à créer de nouvelles micro-habitudes.
Se dire : ce jour-là, à cette heure-là, je vais
prendre mes baskets et aller marcher. Et, c’est très
important, toujours finir avec le plaisir. Lors de mes
trois premiers mois d’immersion dans l’eau glacée,
je ne me suis pas fait mal dans le froid. La douleur,
elle, est venue par étapes, et mon corps était déjà
préparé à la supporter.
Pouvez-vous rentrer plus précisément dans les
détails de votre préparation ?
Tous les matins, je me suis levé à 6 h 30 : au tout
début, je m’entraînais dans un spa gonflable sur ma
terrasse dans une eau à 8/10 °C. Puis, il a fallu descendre
en température alors, direction le garage où
se trouve le congélateur. Je cassais la glace avec un
marteau et un tournevis, puis je m’immergeais à jeun
(si on a l’estomac plein, il va cramper et on aura envie
de vomir) dans de l’eau à température négative.
Au début, je sortais au bout de quelques minutes,
en ayant une frustration, en pensant que j’aurais pu
prolonger. Je me disais alors : vivement la prochaine !
Il y avait donc du plaisir. Durant les trois premiers
mois, j’ai réussi à m’immobiliser dans un congélateur
entre cinq et vingt minutes, tous les matins.
54 THE RED BULLETIN
Dépasser
ses limites,
maîtriser
les risques
Outre son équipe
personnelle composée
de ses kinés qui
vérifiaient son état de
conscience, pour son
record d’immersion
dans la glace, Romain
s’est entouré d’un
médecin-réanimateur
prêt à intervenir avec
son staff, d’un hélicoptère
du Samu, en
attente, ainsi que des
pompiers s’il y avait
eu besoin de le désincarcérer
de la glace
en urgence. Et des
glaçons ont été remis
de temps à autre pour
que les clavicules
soient couvertes
comme l’exige le
règlement du
Guinness Book pour
valider le record.
Comment rentrer dans une eau glacée au réveil ?
Il faut y aller d’un coup, passer le saisissement inévitable.
Il n’y a pas de plan B, c’est une dynamique
mentale. Je ne vais pas tremper le bout de mes
orteils pour envoyer un signal à mon corps : c’est
froid ! Il le sait d’avance. L’idée, c’est qu’une fois
qu’on est dedans, jusqu’à la ligne des épaules, il faut
s’adapter. On va avoir une augmentation de la
fréquence cardiaque et ce qui nous traverse c’est :
je vais mourir, sors de là, vite ! L’excitation arrive,
on a envie de s’agiter dans tous les sens, mais c’est
justement là où il faut reprendre le contrôle.
Comment ?
En reprenant le contrôle de sa respiration : c’est la
seule fonction du corps à être innervée par le système
nerveux volontaire et par le système nerveux
autonome. Le relâchement va se faire en respirant
longuement et profondément. En abaissant sa fréquence
respiratoire, on diminue sa fréquence cardiaque
et on réduit son tonus musculaire. La deuxième
étape consiste à reprendre le contrôle de ses
sensations : je dois me détendre dans un environnement
hostile qui ne demande qu’une seule chose :
me contracter. Et seulement après, je reprends le
contrôle de mes pensées. Par exemple, je me répétais
cette phrase : tu es différent de tes sensations,
différent de tes pensées. Ce ne sont que des informations
électriques qui parviennent à notre cerveau,
on peut les maîtriser. Et tout cela en trois minutes.
Aujourd’hui, ce processus me prend dix secondes,
je ne ressens même plus le saisissement. Grâce à
l’entraînement, à la rigueur, j’ai pris plaisir à faire
des choses que d’habitude, personne n’aime faire.
Décrivez-nous ce plaisir… Et les vertus du froid.
On se sent super bien après : détendu, serein,
calme… Et en même temps, on se sent bourré
d’énergie, revigoré. Je n’ai plus jamais froid,
« Grâce à l’entraînement, à la
rigueur, j’ai pris plaisir à faire
des choses que d’habitude,
personne n’aime faire. »
je n’attrape plus aucune maladie. Ce qui est intéressant
dans le froid, c’est qu’il joue sur la physiologie
de l’adaptation. On a tous une équipe de pompiers
dans le corps mais si elle ne s’entraîne pas, c’est
comme si elle mangeait des chips devant Netflix.
Donc dès qu’elle subit une attaque, un virus ou
autre, elle va galérer, alors que si on la sollicite,
cette équipe, elle va s’affûter, devenir performante.
Et j’insiste encore une fois sur le fait que cela va très
vite. Quand j’ai dit au laboratoire scientifique que
j’allais tenter de battre le record du monde au bout
de quelques mois, ils m’ont pris pour un cinglé. Ils
n’ont pas tort, il y a de vrais dangers. Après quarante
minutes dans la glace, normalement, on
meurt… Si on est entraînés, en moins de deux ans,
on fait 2 heures 35.
Comment franchit-on les divers « murs »
psychologiques ?
Je m’entraînais entre trois et cinq fois par semaine.
Avec cette règle de gratter à chaque fois quelques
minutes. Il y a eu d’abord vingt minutes, puis vingtcinq,
puis trente… quarante minutes, ça a été un
gros cap, car scientifiquement, comme je le disais,
on est mort. Quand on rentre dans la 41 e minute,
c’est un peu comme si on marchait sur la lune, il n’y
pas grand-monde à y être allé.
À cette 41 e minute, que ressentez-vous ?
J’explore un sentiment inexploré et inexploité, je
rentre un peu plus dans l’impossible. Cette minute,
je m’en souviendrai toute ma vie : je venais de
reprendre le contrôle de mon système nerveux
autonome et j’apportais la preuve que grâce à cela,
on peut augmenter sa température corporelle. Au
niveau des sensations physiques, c’était juste une
minute de plus. Inconfortable, mais ça passe. Sur
un des enregistrements de mes entraînements, à la
43 e minute, mon cœur s’arrête. C’est fou ! Je ne fais
pas un arrêt cardiaque, mais je suis conscient que
mon cœur s’arrête. Après analyse par le labo, ce qui
s’est passé est similaire à ce que peut ressentir un
apnéiste dans les grandes profondeurs : le cœur
ralentit, ralentit… C’est une décharge d’adrénaline
et d’enképhaline intense, à savoir, un mélange
d’excitation et de détente extrêmes. Comme si
j’étais shooté.
Conférencier en neurocoaching, Romain organise des défis autour du froid,
comme ici, au Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) à Lille.
C’est un peu dangereux ce genre d’état, non ?
Oui, et le garde-fou, c’est le chrono que je programme.
Quand le réveil sonne, je sors. J’observe
aussi mes enregistrements de fréquence cardiaque,
mon encéphalogramme.
THE RED BULLETIN 55
« Ce serait génial de
prendre dix personnes
lambda et de les
coacher dans le but de
battre mon record. »
L’homme de 1,83 m pour 93 kilos a un métabolisme de base
s’élevant à 2 268 kcal/jour, (2 500 pour une personne lambda)
: « Ça veut dire que je ne consomme pas trop d’énergie. »
« Je pense à mon père
décédé, à tous ces gens
qui m’ont dit que je ne
réussirai pas, à toutes ces
croyances limitantes. »
Une aventure
intérieure
Comment Romain Vandendorpe
a vécu les 2 h 35 min 33 sec qui
lui ont permis de battre le record
d’immersion dans la glace. Et les
voyages intérieurs et émotionnels
qu’il lui a procurés. Car rester figé
dans un milieu glacial n’empêche
pas la mobilité spirituelle.
Au bout de 40 minutes
d’immersion…
« Je suis très bien, même si la glace
qui s’est figée depuis dix minutes
pèse 1,7 tonne et appuie sur mon
thorax. Pour conserver mon amplitude
respiratoire avec cette pression
énorme, je prends des inspirations à
bas volume, longues et profondes. »
Au bout de 1 heure…
« La fréquence cardiaque qui était
montée au début reste stable autour
de 30 à 50 pulsations/ minute. Je
commence à ressentir le premier
frisson thermique. Pour ne pas m’agiter,
je reprends le contrôle de ma respiration
afin d’éviter de redescendre
en température trop vite. »
Au bout de 1 heure et
10 minutes...
« Je me dis : “Tiens, c’est le premier
record de Wim Hof à Times Square”
(72 minutes le 26 janvier 2008, ndlr).
On avait trouvé ça fou à l’époque… »
Jusqu’à une 1 heure et
50 minutes …
« C’est un peu un No Man’s land, je
suis au milieu du gué. Je commence
à souffrir, des frissons m’assaillent.
Je me dis qu’est-ce que je fous là ?
Après quoi je cours ? C’est là que la
programmation de mon cerveau
intervient et fait que ma physiologie
s’adapte à ma concentration et à mon
imagination. Je deviens mon propre
effet placebo. Je me transporte à
Punta Cana, j’imagine une boule de
feu dans mon ventre, je nourris ma
sensorialité, et ainsi, j’ai plus chaud.
La variable, c’est la concentration.
Dès que je la perds, que je regarde
autour de moi, que je parle aux gens
qui m’entourent, que je suis dans la
réalité de l’instant, je frissonne. Et au
fil des minutes, cette concentration
fluctue de plus en plus. »
Entre 1 heure 52 minutes
et 2 heures :
« Ça y est, on y est : j’ai battu le record
officiel (1 h 50, ndlr). Je sais que ça va
dérouler, je profite, c’est la fin d’une
aventure, je remercie mon corps. Je
pense : je vais le faire, c’est dingue.
Mais je dois rester calme. Je vois ma
mère qui pleure, les parents d’Augustine
émus… »
Jusqu’au bout …
« Je reste concentré, tout en étant
dans le partage. À chaque fois qu’on
m’a applaudi, comme à toutes les
heures, ma température remonte, on
le voit sur le graphique. C’est là où je
me dis, que je constate que produire
de la chaleur à l’intérieur de son corps
est lié à un ressenti émotionnel. Et
que le partage de la joie, au travers
des applaudissements a une conséquence
physique observable, mesurable
et reproductible. Ce n’était pas
que moi avec moi. C’était moi et tout
le monde. Les émotions sont multiples.
À plusieurs moments, je pense
bien sûr à Augustine, je pleure, j’ai la
rage, je pense à mon père décédé, à
tous ces gens qui m’ont dit que je ne
réussirai pas, à toutes ces croyances
limitantes. »
Au bout de 2 heures et
35 minutes d’immersion
dans la glace, comme
une libération…
« Je fais un signe de tête : “Okay,
je sors.” Mon équipe est obligée
de casser la glace avec un marteau
pour me désincarcérer. Mon staff
me porte. Je suis heureux. »
On a peu évoqué la douleur…
Dans le froid, c’est surtout le bout des pieds qui
souffre, parce que les mains sont protégées par les
aisselles et mes jambes sont serrées l’une contre
l’autre pour protéger l’artère fémorale. La douleur,
c’est comme si on avait des petites aiguilles qui
venaient piquer le pied. Mais il est anesthésié très
vite. C’est à la sortie que ça se complique, quand
tout le sang périphérique revient au niveau central.
Et ça le cœur, il n’aime pas du tout. En sortant, mon
cœur est parfois monté jusqu’à 200 pulsations/
minute, alors que je suis debout sans bouger. Pour
pallier ce phénomène, il faut se réchauffer de l’intérieur,
en buvant chaud tout de suite, marchant une
minute, et en respirant de la vapeur si on a la chance
d’avoir un sauna. Et garder hors de l’eau la même
maîtrise : se dire que tout cela, ce ne sont que des
sensations. Via un souffle court et profond, on peut
stabiliser ce qu’on appelle le frisson thermique.
Pas d’incident de parcours à signaler ?
Au début, j’ai eu à gérer les crampes à l’estomac et
aux membres inférieurs. Le cap des 1 heure dans
l’eau froide a provoqué des vertiges. Et puis on se
fait traverser par des émotions : il m’est arrivé de
pleurer, en entraînement comme durant le jour J.
Selon vous, tenir dans de l’eau négative est plus
insupportable qu’être immergé dans la glace…
Oui, je tiens seulement 1 h 10 min dans de l’eau
négative. Ma température endo-corporelle descend
à 34,2 °C dans de l’eau négative, là où elle tombe à
35 °C le jour du record dans la glace. Quand je m’entraîne
au Lac Bleu de Chamonix, l’eau est à − 6 °C
et c’est extrêmement dur. Dans la glace, il y a de
l’air au milieu, le froid se transmet moins au corps.
M’entraîner dans de l’eau négative m’a permis de
gérer au mieux et assez facilement le record.
Que retenez-vous de cette expérience au global ?
Ces deux ans m’ont vraiment fait grandir. Ce qui
serait génial, c’est de prendre dix personnes lambda,
et de les coacher dans le but de battre mon record.
Afin de prouver que rien n’est impossible avec de la
rigueur et de l’entraînement.
Vous continuez à aller dans la glace ?
Oui, quelques dizaines de minutes par-ci par-là.
Juste pour récupérer d’une séance de sport. Mais
je n’en ai pas fini avec le froid. Mon prochain
challenge sera peut-être quelque part en altitude…
THE RED BULLETIN 57
Fait main
Après une chute, la carrière de la championne du monde de
freeride NADINE WALLNER ne tenait plus qu’à une tige
métallique de 40 cm. Puis, en grimpant, elle a compris que
les tactiques judicieuses valaient mieux que la précipitation.
Texte WOLFGANG WIESER
Photos GIAN PAUL LOZZA
SÛRE D’ELLE
Un lion orne l’avantbras
gauche de Nadine
Wallner, 31 ans.
Elle seule en connaît
la signification.
59
BIEN ENTRAÎNÉE
Même en studio, on
peut voir à quel point
Nadine Wallner est
en forme.
ÉLÉGANTE
Lors d’un tournage
pour la télé autrichienne,
dans une
poudreuse exquise.
en très peu de temps des performances
de pointe en tant qu’alpiniste – malgré
des années de calvaire.
the red bulletin : Je me demande
à quoi ressemblent vos mains...
nadine wallner : Elles sont abîmées
aujourd’hui. J’ai fait de l’alpinisme.
ANDREAS VIGL
Nadine acquiesce en riant. Elle est installée
dans un café d’Innsbruck (Autriche),
mange des œufs au plat au petit-déjeuner
et porte une veste d’escalade qui donne
l’illusion que ses bras semblent avoir été
taillés dans du marbre par un artiste de
la Renaissance : ils sont parfaitement
sculptés et impressionnants de muscles.
Quand on le lui dit, elle éclate d’un rire
franc et chaleureux, et le « oui » confirmatif
est une marque supplémentaire de
confiance en elle. Cette guide de ski et de
montagne de 31 ans est deux fois championne
du monde de freeride, et a réalisé
Sont-elles votre principal outil ?
Pas forcément quand je grimpe. Bien
sûr, je m’agrippe mais les pieds sont plus
importants parce que je les utilise pour
reposer mes doigts et me positionner
de manière à ne pas nécessiter autant
de force. Les gros biceps ne sont pas
toujours nécessaires.
Où se trouve la véritable force – dans
les pieds, les doigts ou dans la tête ?
Le corps doit fonctionner, mais c’est le
mental qui est décisif. J’ai appris que
stratégie et réflexion sont plus importantes
en escalade qu’en ski. Les tactiques
sont également importantes en ski, mais
il faut se décider plus rapidement et
s’engager au bon moment.
« Ce qui est
déterminant,
c’est la tête.
Les gros biceps
n’aident pas
toujours. »
THE RED BULLETIN 61
Que son corps fonctionne ne va pas
de soi. La carrière de cette jeune
femme de 31 ans qui a grandi
dans le Vorarlberg (Autriche), a été
marquée par des blessures qui auraient
mené des personnalités moins fortes au
désespoir. Le jour de l’an 2004, Nadine
a fait une si mauvaise chute pendant
l’entraînement qu’on a dû lui retirer la
rate. Elle a mis fin à sa carrière de descendeuse
qui venait de prendre son
envol, et est devenue monitrice de ski
avant de suivre une formation de guide
de ski. Après une pause de plusieurs
années, elle a repris en tant que freerideuse.
En 2013, deux ans après sa première
compétition, Nadine est devenue
la plus jeune athlète à remporter le titre
de championne du monde, dans le cadre
du Freeride World Tour. Elle a répété
l’exploit en 2014 mais l’année s’est mal
terminée. Lors d’un tournage en Alaska,
alors que la neige poudreuse atteignait
ses hanches, Nadine a fait une chute.
Le sauvetage a pris six heures. Diagnostic
: fracture ouverte du tibia et du
péroné gauches. Une tige métallique
de 40 centimètres lui a été insérée
dans la jambe.
Vos accidents sont-ils la conséquence
de cette philosophie du tout ou rien ?
Non, c’est simplement que je manquais
d’expérience. J’ai fait une erreur qui m’a
coûté très cher.
Le processus pour retrouver la forme
a été long. Est-ce que ça va maintenant
?
Oui, on a enlevé la tige de métal. C’est
seulement quand je porte des crampons
depuis huit heures que je le sens. Mais
au bout de huit heures, tout le monde
a mal aux pieds.
Pourquoi grimper ?
J’ai commencé après ma blessure en
Alaska, pour des raisons thérapeutiques.
« J’ai fait
une erreur
qui m’a coûté
très cher. »
CONCENTRÉE
En pleine escalade
du Zwerchwand
à Bad Goisern
(Autriche).
PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL
62 THE RED BULLETIN
FORTE
Une musculature
impressionnante,
résultat de nombreuses
années passées
sur les rochers.
« Chaque étape
m’a permis
d’affûter mon
regard en vue
de solutions. »
Vous vous êtes entraînée avec
Barbara Zangerl, l’une des meilleures
grimpeuses au monde. Comment
l’avez-vous rencontrée ?
J’ai fait la connaissance de sa sœur,
Claudia, sur un rocher.
On fait donc des rencontres pendant
les ascensions…
Oui, tout comme on en fait en ski, sur
la montagne. Nous nous sommes alors
retrouvées pour faire du bloc en salle.
Et puis Babsi m’a dit : « Viens demain
matin à sept heures pour t’entraîner »,
et j’y suis allée. Ensuite, c’est allé très
vite. J’ai très rapidement sauté quelques
degrés de difficulté.
Comment cela se fait-il ?
Je ne sais pas, j’étais motivée. Je m’entraînais
tous les jours avec Babsi. Nous
étions à fond. En échange, je l’ai emmenée
skier.
Dans les années qui ont suivi,
Nadine Wallner a gravi des parcours
de plus en plus difficiles.
Ceux-ci peuvent également représenter
des chapitres individuels de la vie de
l’athlète. Ils portent les noms de Paradigme,
Border Crosser ou Euphoria
et marquent une évolution qui étonne
même ses collègues grimpeurs.
DÉTENDUE
Nadine Wallner
ne lâche jamais
la corde.
Maîtriser aussi rapidement des parcours
si complexes témoigne d’un talent
unique et d’une volonté incomparable.
En 2019, Nadine est devenue la
deuxième femme à vaincre le Prinzip
Hoffnung, le Principe Espérance sur le
mur appelé Bürser Platte (dans le district
de Bludenz dans le Vorarlberg), qui est
considéré comme l’un des parcours traditionnels
les plus difficiles d’Europe
(8b/8b+ E9-E10). La paroi est lisse, les
endroits précis où les grimpeurs peuvent
mettre le pied sur cette roche glissante
restent un mystère pour le commun
des mortels. Nadine Wallner a décrit
son exploit comme étant un précieux
processus d’apprentissage. Chaque étape
a aiguisé sa perception de grimpeuse,
élargi son répertoire de mouvements
et affûté son regard en vue de solutions.
Mais le rythme auquel Nadine Wallner
évolue lui a, à nouveau, causé des
ennuis. Elle s’est blessée au majeur de
la main droite.
Que s’est-il passé ?
J’avais trop d’énergie, les tendons n’ont
pas suivi. Il leur faut plus de temps
pour s’habituer à l’effort. C’est après
le Prinzip Hoffnung que les problèmes
ont commencé. J’ai longuement hésité,
puis j’ai décidé de me faire opérer à
l’automne 2019. Suite à cela, j’ai fait
une pause, et ce n’est qu’au printemps
suivant que j’ai repris l’escalade et,
punchline ultime, le parcours s’appelle
Touch the Future...
La rate, le pied, maintenant le doigt…
Avec toutes ces blessures, n’avez-vous
jamais songé à abandonner ?
Non, le ski vaut bien mieux que ça,
l’escalade vaut bien mieux que ça, et la
montagne aussi. Quand nous sommes
descendus en rappel hier, il faisait déjà
nuit. En hiver, je reste souvent sur la
montagne jusqu’au dernier moment,
je ne veux pas rentrer chez moi, il fait
si bon là-haut. J’aimerais y rester.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus ?
Monter ou descendre, escalader
ou skier ?
Difficile à dire. J’aime le ski parce que
c’est relax, parce que c’est facile, et que
cela va presque tout seul. Dans l’escalade,
il faut faire un gros effort brutal.
Mais quand ça va, c’est vachement bon.
Instagram : @nadinewallner
64 THE RED BULLETIN
DÉTERMINÉE
Comme aux échecs,
un bon grimpeur
anticipe plusieurs
coups d’avance.
PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL
THE RED BULLETIN 65
LA RÉGATE LA PLUS DIFFICILE AU MONDE
ENCORE
DIX SECONDES
DE SURSIS…
Un tour du monde en 80 jours.
En solitaire. Sur un voilier.
Sans escale. Sans assistance.
C’est entre les tempêtes, le froid,
la chaleur, le manque de sommeil
et l’isolement que les skippeurs
survivent au VENDÉE GLOBE,
l’Everest des courses à la voile.
Texte ALEXANDER MUELLER-MACHECK
CHRISTOPHE FAVREAU
DORMIR À
TOUTE VITESSE
Pendant plus de 80 jours,
par tranches de 20 minutes
maximum, rythmées par
l’alarme du système de bord
qui vous tire d’un sommeil
lourd. Sur la photo : le
skippeur français Arnaud
Boissières, 48 ans.
67
LA SOLITUDE
POUR HORIZON
Vue très rare depuis le pont de votre voilier.
Elle n’a lieu que lors du départ du Vendée
Globe. En l’espace de quelques heures, les
participants se dispersent dans l’immensité
de l’océan et au-delà de l’horizon. C’est
à partir de ce moment-là que vous vous
retrouvez seul(e) pendant des mois.
BERNARD LE BARS/ALEA TOM MACKINGER
Les Sablesd’Olonne,
FRA
AFRIQUE
AMÉRIQUE
DU SUD
Île Gough
Cap de
Bonne Espérance,
Afrique du Sud
Cap Horn, CHI
ICEBERGS DROIT
DEVANT !
Les navigateurs partent
des Sables-d’Olonne, direction
l’Afrique du Sud, l’océan
Austral (au nord de l’Antarctique),
le Cap Horn, et
reviennent en France par
l’océan Atlantique, bouclant
un tour du monde. Ils doivent
obligatoirement franchir
les portes des glaces.
ANTARCTIQUE
Cap
Leeuwin,
AUS
AUSTRALIE
Route
Portes ou points de
contrôle sur le parcours
du Vendée Globe. Dans
la zone antarctique,
les portes des glaces
maintiennent les marins
à distance de sécurité
des icebergs.
69
VINCENT CURUTCHET
SIX FEMMES
PUISSANTES
L’Anglaise Samantha Davies, 46 ans, dans une
situation délicate au large de la côte atlantique
française. Sur les 33 participants, six sont des
femmes. Elles concourent dans le même classement
que les hommes, car ici, seules comptent
l’intelligence, l’habileté et l’endurance.
71
NOS VŒUX LES PLUS SINCÈRES !
La skippeuse française Clarisse Crémer célèbre
son 31 e anniversaire, en solitaire et en pleine
mer australe.
CHANVRE AVEC VUE
La Franco-Allemande Isabelle Joschke,
44 ans, parsème son bowl de graines de
chanvre. Pour un regain d’énergie.
EN MODE LOCAVORE
Le Français Stéphane Le Diraison, 44 ans, a attrapé, au vol, un poisson
volant, bien déterminé à lui faire un sort sans plus de cérémonie…
PLAISIRS
SIMPLES DE
L’EXTRÊME
S’il est bien connu que les marins
sont de fins cuistots, les skippeurs,
eux, ne font pas les fines bouches.
Tant que ça se laisse manger,
ça ne peut pas être mauvais.
UNE MER D’HUILE
L’Italien Giancarlo Pedotes, 45 ans, a emporté
de l’huile d’olive de chez lui. Elle semble plus
souffrir du froid que son propriétaire.
STEPHANE LE DIRAISON/TIME FOR OCEANS, CLARISSE CREMER/BANQUE POPULAIRE X,
ISABELLE JOSCHKE/MACSF, GIANCARLO PEDOTE/PRYSMIAN GROUP, ALAN ROURA/LA FABRIQUE
72 THE RED BULLETIN
« VOUS
M’AVEZ VU
PRATIQUEMENT
À NU… »
Il a d’abord souffert d’une méchante blessure
au dos suite à une collision avec des débris
de bateaux. Puis un tuyau défectueux a laissé se
répandre de l’huile hydraulique dans sa cabine :
le Suisse Alan Roura, 28 ans, à bout et en larmes
devant sa webcam. Il a terminé seizième.
POUSSÉS PAR
LA COLÈRE DE
NEPTUNE
Des vagues hautes comme des immeubles, des
rafales de vent à plus de 100 km/h, des icebergs
et des cormorans. En d’autres termes : les conditions
idéales pour un marin de l’extrême. Le Français
Armel Tripon, 45 ans, sur son yacht L’Occitane
de type Imoca, qui peut atteindre des vitesses de
pointe à 45 km/h sur les foils.
PIERRE BOURAS/
L‘OCCITANE EN PROVENCE
75
PLAFOND TRÈS BAS
Le Suisse Alan Roura, 28 ans, jette
un coup d’œil à la voile. La proue du
bateau fait face au Cap Horn, l’extrême
pointe de l’Amérique du Sud.
MONSIEUR BRICOLAGE
Le skippeur français Sébastien
Destremau, 56 ans, grimpe au sommet
du mât, à quelque 29 mètres
de hauteur, pour quelques menus
travaux de réparation.
LA TÊTE DANS LE GUIDON
L’Allemand Boris Herrmann, 39 ans, était en lice
pour le podium lorsqu’il est entré en collision
avec un bateau de pêche… durant son sommeil.
Il termine pourtant à la 5 e place. Respect !
L’HEURE DES SURPRISES
En plein océan Arctique, l’Anglaise Pip Hare,
46 ans, se fait une joie de découvrir ce que
le Père Noël a déposé dans sa chaussette.
SEBASTIEN DESTREMAU/MERCI, ALAN ROURA/LA FABRIQUE, ANDREAS LINDLAHR, PIP HARE/MEDALLIA,
ARMEL TRIPON/L‘OCCITANE EN PROVENCE, MARINE NATIONALE/DEFENSE
UN HOMME À LA MER !
Le bateau de Kevin Escoffier, 40 ans, s’est brisé contre une vague lors d’une tempête.
Le Français a dérivé pendant huit heures sur son radeau de sauvetage, dans des vagues
de cinq mètres de haut. Un compatriote, Jean Le Cam, 61 ans, est venu le repêcher
à deux heures du matin. Du temps lui sera crédité par les organisateurs pour avoir
mené cette opération de sauvetage. Le naufragé est ensuite récupéré par une frégate
de la Marine française et escorté jusqu’à l’île de la Réunion. À l’image : Kevin Escoffier
rejoint la frégate à la nage.
VAGUE À LAME
Le Français Armel Tripon, 45 ans,
est un homme de précision qui ne se
complique pas la vie : quand il se rase,
c’est sans concession.
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NORMAL
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AUTRE SENS
Célébrons les petites victoires :
s’occuper de soi, récupérer des
forces, planifier la route, entretenir
les liens virtuels, et sauver une vie.
THE RED BULLETIN 77
VINCENT CURUTCHET/ALEA
C’est soulagé et heureux, brandissant la traditionnelle
fusée de détresse rouge à la main, que
le Français Yannick Bestaven, 48 ans, franchit
la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne au bout
de 80 jours 3 heures 44 minutes et 46 secondes.
Cette course en solitaire exceptionnellement
difficile lui remémore à chaque fois ceci :
« Le Vendée Globe, ça nous coûte des efforts
qu’on ne peut pas simuler. C’est difficile, ça fait
mal. Chacun de nous a vécu ces derniers mois
des situations pendant lesquelles on avait
vraiment envie de péter les plombs. C’est pour
cela que je dis que la première victoire,
c’est de terminer le Vendée Globe…
TOUS CEUX QUI LE BOUCLENT
SONT DES VAINQUEURS ! »
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TRBMAG
PERSPECTIVES
Expériences et équipements pour une vie améliorée
MINGMA TENZI SHERPA
HAUT NIVEAU
D’EXIGENCE
Un végan
à la conquête de
l’Everest
81
PERSPECTIVES
voyage
« J’ai su que je devais
convaincre les guides que
le véganisme est compatible
à un effort colossal,
sans quoi ce dernier ne
manquera pas d’être mis
en cause en cas d’échec. »
Kuntal Joisher,
alpiniste végan
J e m’appelle Kuntal Joisher. Je
suis alpiniste et végan. J’ai vu le jour à
Kharagpur, en Inde, voilà 41 ans, dans
une famille du Gujarat, donc végétarien
par religion, mais pour des raisons
éthiques, je me suis converti au véganisme
en 2002. Une évolution logique
qui passe mal chez les alpinistes pour
qui, sans prise de protéine d’origine animale,
une personne végane ne peut
acquérir la musculation nécessaire à
l’ ultra- endurance. Il y a douze ans, nul
dans ma famille n’aurait imaginé qu’un
jour, je briserais ce mythe en me hissant
sur le toit du monde. C’était compter
sans ma passion improbable pour l’alpinisme.
J’ai grandi à Mumbai, où l’été le
thermomètre affiche parfois 40 °C, ce
qui ne me prédispose guère aux sports
d’hiver et encore moins à l’adrénaline.
Jusqu’à mes trente ans, je menais une
vie d’informaticien allergique au sport.
Et lorsque je découvre l’alpinisme, mon
poids présente un excédent de quarante
kilos. En 2009, ma femme et moi nous
rendons à Shimla, une station de montagne
dans le nord de l’Inde. Baskets aux
pieds et vêtements inadaptés, nous gravissons
le pic Hatu à 3 400 mètres. Rien
de glorieux, mais l’expérience au cœur de
ce paysage enneigé change ma vie. Dès
cet instant, je consacre tous mes loisirs à
découvrir le versant indien de l’Himalaya,
et à nourrir ma fascination pour l’Everest.
En octobre 2010, je prends le fameux
« Vol de la mort » à destination de
l’aéroport Tenzing- Hillary au Népal, à
2 845 mètres d’altitude, afin d’admirer la
superbe montagne de plus près, depuis
le mont Pumori voisin, pic à 7 161 mètres
surnommé « la Fille de l’Everest ». En
contemplant l’Everest scintillant sous le
soleil couchant, j’ai su à cet instant que
le gravir était inéluctable. Mais avant, je
devais convaincre les guides que le véganisme
est compatible à l’effort colossal
Août 2018, Joisher
à 6 250 mètres
d’altitude sur le
sommet Mentok
Kangri, au Ladakh,
en Inde.
TENZIN NORBU, KUNTAL JOISHER ALEXANDRA ZAGALSKY
82 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES
voyage
Convaincu
jusque dans
sa tenue
Une combinaison
100 % végane
Goretex 75D shell : tissu
100 % polyester recyclé
avec traitement hydrofuge
sans fluorocarbure (PFC).
Rembourrage thermique
Plumtech : un duvet
synthétique léger développé
par Save the Duck.
Six mois de développement.
Dans l’ombre d’un géant : avril 2016, camp de base népalais.
bien qu’il interdise la consommation de
viande et de produits laitiers riches en
graisses et en protéines, sans quoi mon
véganisme ne manquerait pas d’être mis
en cause en cas d’échec.
En guise de préparation, j’escalade
en 2011, le Stok Kangri (6 153 mètres),
dans l’Himalaya indien. Je prends soin,
au préalable, de consulter le menu des
repas prévus afin de m’assurer que le
cuisinier du camp de base pourra sans
mal accommoder mon régime alimentaire,
et éviter ainsi que mon véganisme
ne soit vu comme un risque en cas de
situation critique. L’extrême altitude
exige de manger abondamment. À
5 500 mètres, le corps au repos brûle
4 000 calories par jour. Au-delà de cette
altitude, l’appétit diminue. Pendant les
quatre à cinq semaines d’acclimatation
au camp de base, la plupart des alpinistes
se nourrissent de viande et de
produits laitiers. Les végans triplent
leurs portions d’avoine au lait de soja
en poudre et consomment pommes de
terre sautées, currys de légumes, pain,
légumineuses, et autant de noix de cajou
et de barres nutritives que possible.
Ma conquête de l’Everest débute en
2014. Au camp de base népalais, une
énorme avalanche tue seize Sherpas
et m’oblige à renoncer. L’année suivante,
un terrible tremblement de terre dévaste
le Népal. De nouveau au camp de base,
j’assiste impuissant, à une dévastatrice
avalanche de neige et de débris. Je suis
heureux de ne pas y laisser la vie.
L’année 2016 est la bonne. De plus,
la mise au point d’un régime à base de
plantes pour la haute altitude donne
entière satisfaction. L’ascension à partir
du camp de base, népalais ou tibétain,
nécessite environ quatre jours et un
apport quotidien de 15 000 calories.
Privé d’oxygène, le système nerveux
THE RED BULLETIN 83
PERSPECTIVES
voyage
Joisher sur l’Everest, en mai 2019. Ci-dessous : l’Ama Dablam, au Népal.
ne communique plus la faim au cerveau.
J’ai vu des alpinistes non végans éprouver
les plus grandes difficultés à se nourrir.
J’avale pour ma part, beaucoup de
glucides et de graisses, qui contrairement
à la viande ne créent pas la sensation
de satiété.
À 8 500 mètres, je m’autorise des
aliments réconfortants, car l’important
à ce stade est d’accumuler les calories.
Mon sac est rempli de Clif Bars, d’Oreos
et de repas lyophilisés, et mes poches de
dattes dénoyautées sans quoi elles durcissent.
L’escalade du ressaut Hillary
Une éthique
pour moteur
Un guide végan de l’alpinisme
façon Joisher
Nourriture Les gens pensent que
les plats sans viande au camp de base
sont végans, mais au Népal, même
les flocons d’avoine contiennent du
lait. J’explique le végétalisme aux
chefs.
Équipement Le choix de vos vêtements
dépend de vous, alors autant
trouver des alternatives véganes. Et
à défaut d’en trouver, vous en cultivez
au moins l’esprit.
Transport Le transport de matériel
est souvent assuré par les yacks.
Limitez autant que possible l’usage
des animaux. Je mets le plus possible,
hélico et porteurs à contribution.
Au-delà du véganisme Réservez
auprès d’une équipe reconnue pour
son sérieux. Le personnel, des Sherpas
aux cuisiniers, doit bénéficier
d’un salaire décent et d’une bonne
couverture d’assurance, car il risque
sa vie pour les alpinistes.
Gestion des déchets Le tri des déchets
est désormais entré dans les
habitudes, mais beaucoup ne le font
toujours pas. Tout doit être rapporté
au camp de base pour être recyclé.
(12 mètres) comporte trois saillies de
neige à franchir avant d’arriver au sommet
d’où mon guide Sherpa, Mingma
Tenzi, me fait signe. Je suis bouleversé
et ne peux retenir mes larmes. Il me reste
une minute de crédit à mon téléphone
satellite, juste assez pour appeler la maison.
Puis, pendant vingt minutes inoubliables,
je m’imprègne assis de la vue.
Un sentiment que j’avais jusque-là uniquement
éprouvé lors de la naissance de
ma fille. L’alpiniste que je suis vient d’accomplir
quelque chose de grand, et de
rendre justice au végétalisme. De retour
à Mumbai, je suis accueilli en héros. Je
suis le premier de ses vingt millions d’habitants
à avoir conquis l’Everest. Pourtant
le végan en moi ne peut se réjouir totalement.
En cause, l’équipement utilisé. J’ai
bien essayé avant l’expédition de trouver
une combinaison performante sans duvet
ni matière animale, en vain.
Je décide d’y retourner en trouvant
cette fois une entreprise prête à me fournir
une combi végane, dans un secteur
encore confidentiel. Surprise, un simple
post Facebook suscite l’intérêt de Save
the Duck, marque italienne de vêtements
durables 100 % végans. En avril 2018,
Mingam et moi recevons de la société
une combi végane haute performance,
résistant à une température de − 50 °C
et à des vents de 100 km/h, une première.
Nous les testons sur le Lhotse,
la quatrième plus haute montagne au
monde, moins que l’Everest qui ne
compte que 300 mètres de plus. Nous
parvenons au sommet le 15 mai 2018.
Nos combinaisons nous ont même tenus
trop chaud notamment lorsque la neige
réfléchit le soleil. Save the Duck y effectue
les modifications que j’ai suggérées :
fermetures éclair sur la partie supérieure,
et des poches intérieures pour les
appareils vitaux qui résistent mieux au
froid avec la chaleur corporelle.
Cette fois, j’aborde l’Everest par la
face nord-tibétaine, une voie considérée
comme plus technique dû aux conditions
plus difficiles. Je retrouve le sommet
le 23 mai 2019, à 5 h 30 du matin, droit
dans ma combi végane jaune vif Save
The Duck, doigts et orteils intacts, et
sans le moindre coup de soleil. Désormais,
je peux fièrement clamer être le
premier végan attesté à poser les pieds
sur l’Everest. Banaliser l’alpinisme végan
est ce qui me tient le plus à cœur. C’est
là ce que je souhaite léguer, le reste
importe peu. Sir Edmund Hillary avait
raison : « Ce n’est pas la montagne que
nous conquérons, mais soi-même. »
kuntaljoisher.com
MINGMA TENZI SHERPA, KUNTAL JOISHER
84 THE RED BULLETIN
HORS DU COMMUN
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LORENZ HOLDER/RED BULL CONTENT POOL
PERSPECTIVES
gaming
PILOTAGE VIRTUEL
Héros de conduite
La simulation de rallye WRC 9 de Bigben Interactive change les codes (de la route),
et offre depuis peu la possibilité à ses meilleurs adeptes d’intégrer une véritable
écurie de course et d’entamer une carrière de pilote. Explications.
La licence WRC (World
Rally Championship)
s’est imposée comme
l’une des simulations
de rallye les plus réalistes du
marché dès son lancement
en 2001, sous l’œil avisé du
légendaire pilote français de
rallye Sébastien Loeb. Après
une décennie de règne, elle
s’est associée à la Fédération
Internationale de l’Automobile
(FIA) en 2010 pour revenir
encore plus affûtée laissant
derrière elle une concurrence
médusée par sa qualité graphique
et technique. En
collaboration avec la FIA,
KT Racing, son développeur,
a décidé de pousser cette philosophie
de gaming encore
plus loin via une nouvelle voie
de passage : le DLC FIA Rally
Star, accessible à tous les
joueurs depuis le mois de
février 2021. Le premier programme
mondial de détection
des futurs pilotes de rallyes,
à partir de WRC 9 le nouvel
épisode de la saga, sorti en
septembre dernier. Derrière
son écran, un joueur doué
peut désormais dessiner les
contours d’une future carrière
et espérer intégrer une écurie.
En route vers la gloire
Via WRC 9, le processus de
recrutement s’avère réciproquement
profitable. Pour la
fédération, il incarne une
façon inédite de repérer les
talents partout où ils se
trouvent. Pour le joueur passionné,
il offre l’opportunité
rare d’intégrer une structure
professionnelle, traditionnellement
coûteuse et difficile
d’accès. Et si WRC 9 peut se
permettre de bouleverser à
ce point les codes de recrutement
c’est grâce à son niveau
de réalisme extrême. Si un
joueur performant sur FIFA ne
fera pas forcément un footballeur
de talent sur le terrain, un
L’autre rallye
Le DLC FIA Rally Star et son
programme de détection
complètent un écosystème
déjà très riche grâce à la
compétition d’e-sport WRC
débutée en janvier. Les
meilleurs joueurs/pilotes
de la planète s’y affrontent
avec une chance de repartir
au vrai volant d’une vraie
Toyota GR Yaris. Disputées
sur WRC 9, les treize
manches du championnat
ont lieu une semaine avant
chaque véritable course.
Ouverte à tous les joueurs,
toutes plateformes confondues,
la compétition réunit
plus de 10 000 joueurs
et s’achèvera cet été avec
la retransmission de
la grande finale.
adepte talentueux de WRC 9
peut augurer d’un futur grand
pilote, tellement le jeu est une
traduction digitale de la réalité
en course. « Grâce au niveau
de réalisme atteint par WRC 9,
c’est une chance pour nous de
pouvoir proposer ce challenge
à tous les fans de notre sport
à travers le monde, indique
Jérôme Roussel, responsable
du programme à la FIA. Grâce
au jeu vidéo, nous pouvons
enfin atteindre tous les jeunes
et tester leurs compétences
de pilote, avec un investissement
financier nettement plus
raisonnable que ce qui est
habituellement nécessaire
dans les sports mécaniques. »
Du couch au coach
Entre février et août 2021, les
joueurs âgés de 17 à 26 ans
pourront participer à douze
challenges en ligne via le DLC
FIA Rally Star. Des Rally At
Home Challenges organisés
toutes les deux semaines et
accessibles depuis n’importe
quelle console ou PC. À l’issu
de cette phase de qualifications,
douze d’entre eux participeront
à six finales continentales
au volant d’une TN5
Cross Car où ils affronteront
les meilleurs joueurs mondiaux.
Dès 2022, les six
gagnants, dont au moins une
pilote femme, seront retenus
pour intégrer un programme
exclusif de formation et d’entraînement
à la compétition
mis en place par la FIA. Coaching
de conduite, entraînement
physique et mental,
séances d’essais et participation
à six rallyes au volant
d’un M-Sport Fiesta Rally3…
Ils prennent place à bord
de l’IRL ! La finalité de cette
formation est d’amener les
meilleurs élèves à participer
à deux saisons du Championnat
du Monde FIA Junior des
Rallyes. Une compétition
dont il faudra viser le titre
pour espérer une place au
Valhala : une saison en WRC2
au volant d’une machine de
catégorie Rally2. Jamais un
jeu vidéo n’a autant ouvert
la route. wrcthegame.com
DAVID KHUN
86 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES
au programme
JAKOB SCHWEIGHOFER/RED BULL CONTENT POOL, GASTON FRANCISCO, DAVE MACKISON/RED BULL CONTENT POOL, MATCHSTICK PRODUCTIONS
Grimpe
360 ASCENT
Si vous êtes sujet au
vertige, passez votre
chemin ! Dans ce documentaire,
les grimpeurs
de classe mondiale
Janja Garnbret
et Domen Škofic
s’attaquent à la plus
haute voie artificielle
au monde en escaladant
la plus haute cheminée
d’Europe sur la
centrale électrique de
Trbovlje, en Slovénie.
Skate
UNKNOWN
TREASURES
Quand le skateboard
s’exprime dans des
endroits inédits. Participez
au tout premier
tour professionnel à
travers les spots de
skate inconnus de la
Macédoine, du Monténégro,
de l’Albanie et
du Kosovo alors que
Wes Kremer, Madars
Apse, Ben Skrzypek
et Tino Arena partent
à la recherche de ces
trésors cachés.
Vélo
MATT JONES DESIGN AND CONQUER
Un homme pour trois tricks en slopestyle jamais vus au monde… Matt Jones, une star du VTT,
n’est pas étranger aux premières mondiales : dans cette série, suivez-le dans son nouveau défi pour
réaliser trois figures inédites et voyez comment elles passent de son imagination à la réalité.
Ski
HUCK YEAH!
Ce film de ski accueille
certains des meilleurs
skieurs au monde
qui chargent à fond
et s’amusent dans des
spots spectaculaires
à travers la planète.
Hoji, Sam Kuch, Bobby
Brown et le crew de
girls The Blondes s’en
donnent à cœur joie !
Avec la pause pandémie
mondiale, ce film
rappelle combien il
est important de
passer du temps à
l’extérieur avec des
amis pour passer
du bon temps.
THE RED BULLETIN 87
PERSPECTIVES
matos gaming
Dans la tour
des grands
À champions d’exception, matériel de compète !
Découvrez, entre autres, l’équipement des gamers pros
de la Karmine Corp pour des matches de haute voltige.
Texte DAVID KHUN
La carte maîtresse
Carte mère MSI Z590 Godlike
Pour les gamers pros, une seule carte compte : la carte mère. Registre dans lequel MSI s’illustre depuis
plusieurs années avec des produits extrêmement performants. Dernière née des plateformes MSI, la
Z590 Godlike a été conçue pour une exploitation optimale du processeur Intel de onzième génération.
Son overclocking (augmentation du signal du processeur visant à augmenter les performances de
l’ordinateur) a déjà établi des records mondiaux, sans aucune limitation par la transmission du courant
électrique, les composants de la carte ou les performances thermiques. La Z590 propose un design
totalement revu, et des fonctionnalités next gen qui ont déjà convaincu toute la team KCorp.
fr.msi.com
88 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES
matos gaming
Chirurgical
Écran MSI Optix MAG274QRF-QD
Avec sa dalle IPS affichant une résolution
de 2160 × 1440 pixels, ce moniteur
prend en charge la technologie
G-Sync et offre un taux de rafraîchissement
de 165 Hz et un temps
de réponse GTG (Grey to Grey, soit la
mesure la plus précise) de 1 milliseconde.
Réactivité et fluidité pour
une précision chirurgicale.
À partir de 549,99 € ; fr.msi.com
Fashion geek
PC MSI Aegis Ti5 10th
Ce PC est un monstre de compétition
avec son processeur Intel Core i9-
10900K et une NVIDIA GeForce RTX
3080 : Kameto et Adam de la KCorp
l’ont adopté pour cela ! Mais cette
formidable machine affiche aussi un
look agressif, ravageur et futuriste.
Sa molette dotée d’un écran permet
de gérer l’ensemble des paramètres.
À partir de 3 799,99 € ; fr.msi.com
THE RED BULLETIN 89
PERSPECTIVES
matos gaming
La perfection est de ce monde
Carte graphique MSI
GeForce® RTX 3070 SUPRIM
La carte graphique GeForce® RTX 3070 SUPRIM
amorce une nouvelle génération (NVIDIA RTX)
qui ambitionne tout simplement d’atteindre la
perfection. Design repensé alliant style et performances
de refroidissement inégalées, cette nouvelle
itération basée sur l’architecture Ampère,
promet une expérience de jeu ultime où un réalisme
fascinant et une fluidité sans pareil se mettent au
service d’une immersion totale. Elle embarque
8 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération
et bénéficie de fréquences de fonctionnement
élevées et de trois ventilateurs MSI TORX 4.0
assurant le flux d’air et l’évacuation de la chaleur.
Greffée à un processeur Intel de onzième génération
et à la carte mère Z590 Godlike, elle promet
un gaming de très très haut niveau.
À partir de 799,99 € ; fr.msi.com
90 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES
matos gaming
L’œil du tigre
Oakley Prizm
C’est pour protéger l’œil de l’e-athlète qu’Oakley a conçu
les verres gaming Prizm. Ils améliorent le contraste visuel
et sont dotés d’une technologie de filtrage de la lumière
bleue qui réduit de 40 % ses effets dans un rayon de 380
à 500 nanomètres. En indoor comme en outdoor, le joueur
est protégé des sources naturelles et artificielles de luminosité.
La marque a réussi à réduire l’aspect jaune de ce type
de verres et décliné son savoir-faire sur de multiples
modèles, quatre au total, pour tous les styles.
Dès 120 € ; oakley.com
THE RED BULLETIN 91
PERSPECTIVES
matos gaming
Combo à sensations
Sélection Logitech et jeu Bigben Interactive WRC 9
Depuis sa sortie, le nouvel épisode de WRC 9 (49,99 €)
remporte tous les suffrages avec une itération qui atteint
un niveau de réalisme et de technique inégalable.
Disponible sur Nintendo Switch depuis peu, la simulation
de rallye va toucher un nouveau public composé jusque-là
de pilotes hardcore officiant sur PC et consoles et souvent
un volant entre les mains. À ces derniers, on recommande
le volant de course Logitech G923 (399,00 €). Compatible
PlayStation, Xbox et PC son design primé a été repensé
pour s’adapter à la physique de votre jeu et offrir
un réalisme saisissant grâce notamment à son retour de
force nouvelle génération Trueforce. Les pilotes plus
« standards » lui préféreront le combo clavier/souris et là
aussi Logitech a des sensations pour eux via sa souris G
Pro X Superlight (149,00 €) ultra légère (moins de 63 g) et
son clavier G915 Lightspeed (249,00 €) ultra fin (22 mm).
logitech.fr ; nacongaming.com
92 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES
matos gaming
Écoute que coûte
Casque Logitech G733
Avec le casque G733 de Logitech, il souffle comme un vent de
fraîcheur sur le design de casques. Mais on ne va pas le résumer
à son aspect résolument « frais ». Ce modèle sans fil et ultra léger
(278 g), dispose d’une très belle qualité sonore et d’un confort qui
autorise des sessions de jeux interminables. On aime son micro
équipé de la technologie BLUE VO!CE, ses écouteurs dotés du son
surround, ses filtres vocaux et son éclairage avancé indispensable
pour écouter, communiquer et jouer. Du style et de la performance
pour une immersion totale. 149,00 € ; logitech.fr
THE RED BULLETIN 93
PERSPECTIVES
matos gaming
Dans le game
Combo Aorus et montre Garmin
Pour des sessions de haute performance, le PC portable
Gamer AORUS 15G (dès 1 669 €) est équipé des dernières
cartes graphiques NVIDIA 30 Series et d’un écran 240 Hz mais
si au portable « clé en main » vous préférez une configuration
maison, vous composerez un combo efficace grâce à l’écran
AORUS FI27Q-X (715 €) et sa dalle IPS de 2” QHD boostée à
240 Hz affichant un temps de réponse de 0,3 ms. Un moniteur
combinable au clavier mécanique AORUS K1 (99 €) et ses
interrupteurs mécaniques Cherry MX Red qui réduisent les nuisances
sonores. Et pour une finition graphique irréprochable,
reste à installer la carte graphique AORUS GeForce RTX 3080
XTREME et ses 10 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération
(dès 1 509 €). Un modèle overclocké d’usine qui s’illustre par
ses fréquences de fonctionnement élevées et son système de
refroidissement amélioré. Équipé comme un pro, il faudra surveiller
vos constantes pendant les cessions de jeu grâce à la
montre connectée Garmin (299 €). Ses utilisateurs peuvent
suivre, analyser et diffuser leurs données biométriques tout en
jouant via son appli, l’application Garmin STR3AMUP!.
aorus.com ; garmin.com
94 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES
matos gaming
L’outil d’influence
DJI Pocket 2
La marque DJI, spécialisée dans le drone civil, s’est aussi fait une
réputation auprès des producteurs de contenus grâce à son matériel
vidéo extrêmement agile, stable et performant. Elle propose
aujourd’hui la DJI Pocket 2, sa nouvelle caméra vidéo 4K stabilisée,
très compacte et performante. Vlog, story Instagram, IGTV, clip ou
vidéos personnelles, tous vos contenus prennent une dimension
plus pro avec cette nouvelle génération de caméra proposée dans
un bundle très complet.
509 € ; dji.com
Un PC d’attaque
PC Razer Blade Pro 17
Récemment ajouté à la gamme Razer, et équipé des GPUs
NVIDIA GeForce RTX Séries 30, ce PC portable de gaming est
une machine puissante dont l’écran a lui aussi revu ses performances
avec des taux de rafraîchissement et des résolutions
plus élevées. Compact et performant, il figure parmi les laptops
les mieux équipés pour profiter pleinement des jeux de nouvelle
génération. Et il se la donne aussi en mode bureautique.
À partir de 2 399,99 € ; razer.com
La bonne résolution
Écran Benq 32” 2K QHD
Pour un gamer, un écran incurvé permet une immersion
bien plus importante dans le jeu. À ce titre, cet écran va
particulièrement plaire aux adeptes de simulation de
courses avec ses 144 Hz, sa technologie HDR , une résolution
2K et une courbure 1800R pour une immersion totale
dans le cockpit. À la clé, des images précises et fluides et
une expérience de jeu ultime. 499 € ; benq.eu
THE RED BULLETIN 95
MENTIONS LÉGALES
THE RED
BULLETIN
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9 MAI 2021 – 11 H
COURREZ CHACUN POUR SOI,
MAIS TOUJOURS EN ÉQUIPE.
100 % DES FRAIS D’INSCRIPTION SONT REVERSÉS
À LA RECHERCHE SUR LES LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE.
WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM
Pour finir en beauté
La voie de Stéphane
Afrique, Amérique du Sud, Arabie saoudite… sur tous les terrains qui ont accueilli la
plus légendaire des compétitions moto et auto, le Dakar, le pilote français de rallyeraid
Stéphane Peterhansel (55 ans) a vaincu. Quatorze fois : six sur deux roues, et huit
en voiture. Ici, sur la troisième étape de l’édition 2021, alors que la planète entame une
année incertaine, M. Dakar suit une voie qu’il connaît très bien : celle de la victoire.
Le prochain
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sortira le
22 avril 2021.
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98 THE RED BULLETIN