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FRANCE<br />
AVRIL 2021<br />
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LES BLEUS<br />
COMMENT PRIME ET KAMETO<br />
CHANGENT LA DONNE DE<br />
L'ENTERTAINMENT AVEC LEUR<br />
TEAM DE SPORT ÉLECTRONIQUE
©2018 Published by Nacon and developed by Kylotonn Racing. 2 , Øand ”PlayStation” are registered trademarks of Sony Interactive Entertainment Inc. All rights reserved. ©2018 Nintendo. Nintendo Switch and Joy-Con are tradmarks of Nintendo.<br />
Epic Games and the Epic Games Store logo are trademarks or registered trademarks of Epic Games, Inc. in the USA and elsewhere.
Éditorial<br />
L’E-SPORT PÈTE<br />
LES SCORES<br />
Note pour de suite : il existe des équipes de pros<br />
du jeu vidéo dont les matches sont pour leurs fans<br />
l’équivalent d’une Ligue des champions de foot.<br />
En couverture de cette édition, Prime et Kameto<br />
sont les PDG d’une structure compétitive différente<br />
(mais pas si nouvelle dans ce game), qui excite<br />
des milliers d’ultras sans les réunir dans un stade<br />
ou devant une télévision. Grâce, entre autres,<br />
à la Karmine Corp qu’ils ont lancée, et aux autres<br />
équipes engagées sur League of Legends, l’e-sport<br />
(dire isport) pète les scores.<br />
Ceux qui le font avancer – les cinq joueurs de<br />
leur KCorp, Shanky le manager général ou encore<br />
Laure Valée (référence des médias spé) – et les<br />
milliers d’investi(e)s derrière eux ont un truc en<br />
commun, qui fait peut-être défaut (osons) à certains<br />
acteurs du sport « traditionnel » : la passion.<br />
CONTRIBUTEURS<br />
NOS ÉQUIPIERS<br />
CHRIS SAUNDERS<br />
Ce photographe sud-africain<br />
a documenté les scènes urbaines<br />
de son pays avant de<br />
s’installer à Paris, à l’affût de<br />
fraîcheur culturelle. Pour ce<br />
numéro, il a rencontré deux<br />
CEO de l’e-sport. « Le shooting<br />
avec Kameto et Prime avait<br />
pour but d’amener une nouvelle<br />
perception des gamers,<br />
entre des rappeurs et des<br />
athlètes. C’est toujours cool<br />
de redonner une image à des<br />
gens sur lesquels le public<br />
a des stéréotypes. » Page 38<br />
Belle lecture !<br />
Votre Rédaction<br />
CHRIS SAUNDERS (COUVERTURE)<br />
Kameto (à gauche) et Prime s’exposent habituellement dans un monde<br />
digital, leur présence en studio pour un magazine fut donc exceptionnelle.<br />
DAVID KHUN<br />
Ce journaliste français est un<br />
gamer « à l’ancienne », du<br />
genre à finir la campagne solo<br />
de Call of Duty. Un recul<br />
nécessaire pour prendre toute<br />
la mesure de ce phénomène<br />
qu’est l’e-sport et décrypter<br />
son immersion au sein de la<br />
KCorp : « Kameto et Prime, ses<br />
deux fondateurs, incarnent le<br />
nouvel âge du gaming, dit-il.<br />
Deux garçons passionnés,<br />
tranquilles, visionnaires et<br />
furieusement connectés à<br />
leur époque. » Page 38<br />
THE RED BULLETIN 3
66<br />
Isolés : vous aviez entendu parler<br />
du Vendée Globe 2020, mais<br />
vous n’aviez rien vu du tout.<br />
50<br />
Givré : en colère,<br />
il se passionne pour<br />
son congélateur.<br />
6 Galerie : cascade de merveilles<br />
outdoor à fort potentiel visuel<br />
12 Croyez-le ou non, une course<br />
de voitures télécommandées<br />
va avoir lieu sur la Lune<br />
14 Pour Jaimie Monahan, rien ne<br />
vaut une nage en eaux glacées<br />
16 Comment des fresques sur les<br />
murs peuvent permettre à nos<br />
villes de mieux respirer<br />
18 Un masque pas très discret,<br />
mais qui préservera votre vie<br />
privée (et votre santé)<br />
20 Priya Ragu, une employée de<br />
compagnie aérienne qui a pris<br />
son envol dans la chanson<br />
22 Le surf pour toutes : elles<br />
glissent pour que ça bouge<br />
JEAN-MARIE LIOT/MAITRE COQ, ZEPPELIN, JB LIAUTARD<br />
4 THE RED BULLETIN
CONTENUS<br />
avril 2021<br />
24<br />
Révélées : la face cachée<br />
des photos de JB Liautard.<br />
24 En coulisses<br />
Le photographe de VTT<br />
Jean-Baptiste Liautard livre<br />
les secrets de sa magie.<br />
38 Fini de jouer<br />
En lançant leur Karmine<br />
Corp en première division<br />
du jeu League of Legends,<br />
Kameto et Prime ont ainsi<br />
décuplé la puissance<br />
d’attraction de l’e-sport.<br />
50 Rester de glace<br />
Face à la fatalité et l’absurdité<br />
de la maladie, Romain<br />
Vandendorpe s’est mis en<br />
tête un record complètement<br />
fou. Qu’il a battu. Et<br />
qu’il veut que vous battiez.<br />
58 En ascension<br />
Habituée à exceller de haut<br />
en bas (en freeski), Nadine<br />
Wallner s’est réinventée de<br />
bas en haut (en grimpant).<br />
Pour l’Autrichienne, qu’importe<br />
le sens, il ne faut pas<br />
se précipiter.<br />
66 Vendée Globe<br />
Cette course à la voile en<br />
solitaire ne se résume pas<br />
seulement à un départ et<br />
à une arrivée médiatisés.<br />
On vous transporte entre<br />
les deux, là où l’idée même<br />
du quotidien devient<br />
absurde.<br />
81 À faire : atteindre les sommets<br />
en respect des animaux, le pari<br />
d’un alpiniste végan<br />
86 Gaming : de votre salon à la<br />
compétition avec WRC9<br />
87 À voir : du ski, du skate, du vélo,<br />
de la grimpe, de l’exceptionnel,<br />
sur <strong>Red</strong> Bull TV, évidemment !<br />
88 Matos : un équipement digne<br />
des pros de l’e-sport, de votre<br />
souris jusqu’à votre casque,<br />
passez au niveau supérieur<br />
96 Ils et elles font The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
98 Image de fin : M. Dakar remet ça<br />
THE RED BULLETIN 5
ALDEYJARFOSS, ISLANDE<br />
Espionnage<br />
Quand vous êtes photographe, vous allez là où<br />
l’action vous mène. « Je travaillais sur un projet<br />
concernant les glaciers islandais, se souvient<br />
le photographe tchèque Jan Kasl, quand les<br />
gars de FlyOver Iceland nous ont appelés pour<br />
venir les voir filmer en hélicoptère. » Par une<br />
heureuse coïncidence, FlyOver Iceland – une<br />
attraction qui présente des vols simulés sur<br />
des écrans géants – filmait le kayakiste américain<br />
de l’extrême Evan Garcia plongeant dans<br />
une cascade de vingt mètres de haut. Ce qui a<br />
donné à Kasl juste ce dont il avait besoin pour<br />
ce behind the scene. jankaslphoto.com
JAN KASL<br />
7
OAHU, HAWAÏ, USA<br />
La voie<br />
est libre<br />
Les empreintes de Mo Freitas, surfeur<br />
pro hawaïen, sur la côte nord d’Oahu. Le<br />
photographe californien Morgan Maassen<br />
s’est qualifié pour la finale du concours<br />
photo <strong>Red</strong> Bull Illume 2019 grâce à cette<br />
image. « Je suis naturellement attiré par<br />
les prises de vue depuis l’eau, dit-il, mais<br />
le drone me permet d’explorer les paysages<br />
terrestres et marins pour leurs textures,<br />
et d’y juxtaposer des humains pour des<br />
scènes incroyables. » morganmaassen.com
STOCKHOLM, SUÈDE<br />
L’invité<br />
mystère<br />
Pendant ce temps, sous un autre climat,<br />
un autre finaliste du <strong>Red</strong> Bull Illume<br />
était à l’ouvrage. « J’étais en promenade<br />
à Stockholm, raconte le photographe<br />
australien Jeffrey Kieffer, quand, au<br />
détour d’un virage, le kayak de cet<br />
homme a émergé. J’ai donc envoyé mon<br />
drone, en priant pour que son petit<br />
cœur mécanique résiste au froid. D’où<br />
venait ce type ? Où allait-il ? » Mystère.<br />
Instagram : @jeffreyjkieffer<br />
MORGAN MAASSEN/RED BULL ILLUME, JEFFREY KIEFFER/RED BULL ILLUME<br />
9
SYDNEY, AUSTRALIE<br />
Duplicatas<br />
N’en déplaise aux complotistes, cette image n’est<br />
pas la preuve d’un programme secret de clonage<br />
humain. Il s’agit d’une image composite de l’athlète<br />
de parkour Alex Robinson, réalisée par le magicien<br />
australien de la photo Eric Yip. « Cette ancienne<br />
carrière est devenue espace naturel au sud de<br />
Sydney, raconte Yip à propos de ce cliché qui lui a<br />
valu une place en demi-finale du concours <strong>Red</strong> Bull<br />
Illume. L’endroit a quelque chose de magique à<br />
l’aube, quand la lumière enflamme les colonnes<br />
de basalte. » eyxl.com.au
ERIC YIP/RED BULL ILLUME<br />
11
MOON MARK<br />
La course à l’espace<br />
Autrefois un symbole de la conquête spéciale, le terme désigne aussi depuis<br />
cette année, une course de sports mécaniques d’un genre nouveau.<br />
Organiser une compétition<br />
inédite n’a pas de secret pour<br />
Mary Hagy. En 2015, cette chef<br />
d’entreprise et ex-membre de<br />
l’US Army lance la Triumph<br />
Games, une épreuve sportive<br />
télévisée à laquelle participent<br />
des vétérans de l’armée ayant<br />
survécu à de graves blessures.<br />
Mais cette fois, la barre est<br />
encore plus haute : une course<br />
de voitures téléguidées sur la<br />
Lune, pilotées par les plus brillants<br />
lycéens de la Terre.<br />
Hagy est aussi pilote de<br />
course amateur, une passion<br />
à l’origine de sa dernière idée.<br />
« J’étais sur un circuit lorsque<br />
les similitudes entre le paysage<br />
qui j’avais sous les yeux et<br />
celui de la Lune tel qu’on se<br />
l’imagine me sont apparues »,<br />
confie-t-elle. L’idée est de combiner<br />
l’univers de l’aérospatiale<br />
à celui du sport automobile,<br />
un défi que Moon Mark, la nouvelle<br />
entreprise de Hagy lance<br />
aux esprits les plus brillants de<br />
la jeunesse, qui se mesureront<br />
en concevant des véhicules<br />
autonomes pilotés par l’IA.<br />
L’été dernier, 35 équipes<br />
de lycéens de onze pays différents<br />
soumettent la vidéo de<br />
leur concept car dans le cadre<br />
d’un concours de conception<br />
sous l’égide de Moon Mark.<br />
Les six finalistes reçoivent un<br />
don de mille dollars destiné à<br />
l’association de leur choix et<br />
leur projet est présenté à un<br />
jury d’experts en aérospatiale,<br />
technologie et sports mécaniques.<br />
Les juges retiennent<br />
deux équipes — une d’Argentine,<br />
l’autre de Chine — dont<br />
le projet répond au-delà des<br />
attentes, aux exigences<br />
Eat My Moondust : le prototype<br />
de bolide lunaire conçu par<br />
ILSTAR, l’une des équipes<br />
lauréates, basée à Shanghai.<br />
L’esthétique est perfectible,<br />
mais un plein suffit pour un<br />
aller-retour à la mer de la<br />
Tranquillité. En haut : la course<br />
Moon Mark vue par un artiste.<br />
techniques de la course lunaire.<br />
Moon Mark fait appel à de<br />
grands noms de l’exploration<br />
spatiale et des sports mécaniques<br />
notamment SpaceX<br />
d’Elon Musk dont la fusée<br />
Falcon 9 transportera les<br />
véhicules, la société Intuitive<br />
Machines — son alunisseur<br />
Nova-C déposera les voitures<br />
sur la Lune — et la société<br />
Lunar Outpost chargée d’adapter<br />
les voitures à son buggy<br />
MAPP (Mobile Autonomous<br />
Prospecting Platform) approuvé<br />
par la NASA, et conçu<br />
à l’origine pour la recherche<br />
scientifique extraterrestre.<br />
La star du design automobile<br />
Frank Stephenson, le créateur<br />
de voitures mythiques pour<br />
Ferrari, Mc Laren, BMW et<br />
Maserati, rejoint aussi l’équipe<br />
et sera chargée de parfaire<br />
les bolides.<br />
En octobre prochain, l’atterrisseur<br />
larguera les voitures sur<br />
la ligne de départ à la surface<br />
de la Lune. Des caméras à 360 °<br />
seront déployées pour retransmettre<br />
la course en direct.<br />
« Nous travaillons actuellement<br />
au tracé du circuit sans connaître<br />
le lieu précis d’alunissage,<br />
explique Hagy. Des caméras<br />
équiperont les voitures et<br />
seront orientées vers l’Eagle-<br />
Cam (l’alunisseur, ndlr) afin<br />
d’assurer la retransmission. »<br />
Le projet de Moon Mark<br />
n’oublie pas la protection de<br />
l’environnement. « Nous ne<br />
laisserons pas de débris derrière<br />
nous, précise Hagy. La<br />
course passionne, mais c’est<br />
aussi l’occasion de créer et<br />
laisser quelque chose d’utile.<br />
Les voitures seront équipées<br />
de microréflecteurs qui pourraient<br />
devenir des relais de<br />
géolocalisation. La prochaine<br />
génération héritera d’un changement<br />
dans l’humanité,<br />
ajoute Hagy. Nous souhaitons<br />
créer un portail pour offrir aux<br />
plus jeunes un accès à une<br />
commercialisation viable de<br />
l’espace. »<br />
moonmark.space<br />
MOON MARK LOU BOYD<br />
12 THE RED BULLETIN
JAIMIE MONAHAN<br />
En nage libre<br />
Cette New-Yorkaise de 41 ans a une approche très originale du tourisme :<br />
des pieds à la tête immergée dans l’eau glacée, vêtue d’un simple maillot<br />
de bain, et armée d’un mental à toute épreuve.<br />
Quand Jaimie Monahan nage, ce<br />
n’est pas pour être la plus rapide ni<br />
battre des records. La nageuse de<br />
41 ans, spécialité bains de glace et<br />
marathon, explique qu’elle recherche<br />
des challenges qui lui tiennent à<br />
cœur et la font se sentir forte. Ce sont<br />
ces raisons qui ont mené Monahan<br />
à conquérir quelques-uns des spots<br />
en eau libre les plus stupéfiants –<br />
et les plus froids – en ne portant rien<br />
d’autre qu’un maillot et un bonnet<br />
de bain en silicone. Férue de natation<br />
depuis sa jeunesse, c’est suite à la<br />
promesse d’un tour du monde que<br />
Jaimie Monahan commence par<br />
mettre un orteil dans l’eau glacée.<br />
En 2017, elle remporte un record du<br />
monde répertorié par Guinness : elle<br />
est la première personne à réaliser le<br />
Ice Sevens Challenge : nager 1,6 km<br />
sur les sept continents, dans une eau<br />
à une température inférieure à 5 °C,<br />
dont le Ice Zero : 1,6 km dans une<br />
eau à moins de 1 °C. Lorsqu’en 2020,<br />
comme le reste du monde, elle se<br />
retrouve coincée chez elle, elle s’invente<br />
de nouveaux défis en marge<br />
de son activité professionnelle dans<br />
une banque. En août, elle profite de<br />
ses vacances pour réaliser, à la nage<br />
et en sept jours consécutifs, la boucle<br />
de 46 km autour de Manhattan. En<br />
septembre, Jaimie Monahan devient<br />
la première personne à nager la<br />
boucle quatre fois de suite, 183 km<br />
dans un effort ininterrompu de 45<br />
heures. « Je cherchais un moyen de<br />
reprendre le dessus après avoir été<br />
enfermée pendant des mois, racontet-elle.<br />
2020 est l’une des années de<br />
ma vie dont je suis le plus fière. »<br />
the red bulletin : Comment<br />
réalisez-vous de tels exploits ?<br />
jaimie monahan : À de nombreuses<br />
occasions dans la vie, j’ai compris<br />
que l’on ne pouvait contrôler que<br />
soi-même, pas son environnement.<br />
L’eau a des propriétés auxquelles<br />
je peux me fier. Donc c’est à moi<br />
de prendre conscience de cela, et<br />
de la force de son courant. Nous<br />
ne sommes que du menu fretin en<br />
comparaison.<br />
Quelles sont vos techniques pour<br />
endurer le froid ?<br />
C’est du mental. Au moment où<br />
j’entre dans l’eau, c’est tout mon<br />
corps qui hurle sa révolte. Ma respiration<br />
se fait plus tendue, mes muscles<br />
aussi, c’est une réaction de fuite<br />
ou de lutte, c’est toujours pareil,<br />
peu importe combien on est expérimenté.<br />
Je me dis toujours que si<br />
je compte jusqu’à 100 pendant que je<br />
nage, au bout de ces 100, je me sentirai<br />
bien car j’aurai activé mon feu<br />
intérieur, je me serai réchauffée.<br />
Quand on nage une longue distance,<br />
on doit rester attentif à son corps :<br />
la couleur de la peau est-elle normale,<br />
par exemple ? J’aime bien fléchir<br />
les mains et les pieds. Je vérifie<br />
ma respiration. Quand on commence<br />
à se sentir un peu trop bien, c’est le<br />
signe qu’il faut sortir de l’eau. Avoir<br />
chaud, être euphorique… ce sont<br />
les signes d’une hypothermie.<br />
En quoi nager dans l’eau glacée<br />
diffère-t-il de nager un marathon ?<br />
Selon moi, ce sont les extrêmes d’un<br />
même spectre et en même temps, le<br />
côté pile et le côté face d’une même<br />
pièce. Dans l’eau glacée, il faut être<br />
hautement concentré. Si on perd le<br />
focus, on risque vraiment gros. J’ai<br />
vu des gens, le regard vide, et on m’a<br />
raconté ensuite qu’ils souffraient de<br />
douleurs terribles ou de perte totale<br />
de mémoire. Il faut impérativement<br />
mettre son ego de côté avant de se<br />
jeter à l’eau froide. Et il est impératif<br />
de faire un bilan constant de comment<br />
on se sent. Un marathon, par<br />
contre, c’est une sorte de méditation<br />
en mouvement : je laisse mon esprit<br />
divaguer où bon lui semble. Pour<br />
moi, il est très important de lui donner<br />
libre cours. Certains passent<br />
leur temps à compter, d’autres prient<br />
– peu importe, au final, l’esprit se<br />
désengage et vagabonde. On est tellement<br />
connectés dans ce monde –<br />
surtout virtuellement. On reçoit des<br />
emails à longueur de journée, des<br />
notifications sur les réseaux sociaux,<br />
on est bombardés par ces souscatégories<br />
de vie. Mais dans l’eau,<br />
je suis loin de tout ça. Je ne vais pas<br />
minimiser la difficulté de nager<br />
45 heures non-stop ! Mais, en un<br />
sens, cela me fait un break mental.<br />
Êtes-vous déjà allée trop loin ?<br />
Non. Il est hors de question pour moi<br />
de terminer une nage dans un état<br />
dans lequel je ne me sentirais pas<br />
bien. Je veux être capable de m’extirper<br />
de l’eau par mes propres moyens.<br />
Je veux pouvoir sortir de l’eau cinq<br />
minutes avant d’y être obligée.<br />
Quel est votre parcours de nage<br />
favori ?<br />
Ma réponse change souvent. Je suis<br />
ambivalente. Je vis à Manhattan,<br />
entourée de gratte-ciels, et j’adore<br />
nager dans ses environs, car je suis<br />
en plein milieu de la ville, et pourtant,<br />
je vois une telle nature sauvage.<br />
À l’opposé, j’ai eu la chance<br />
de nager en Antarctique et dans le<br />
cercle polaire arctique. J’ai un faible<br />
pour les formations de glace, que ce<br />
soient des glaciers ou des icebergs<br />
centenaires. Ils me transmettent<br />
leur énergie. Je sens le froid qu’ils<br />
génèrent, et quand je suis dans l’eau<br />
avec eux, c’est intense. C’est tellement<br />
grisant !<br />
jaimiemonahan.com<br />
ARIK THORMAHLEN RACHAEL SIGEE<br />
14 THE RED BULLETIN
« L’eau a<br />
des propriétés<br />
auxquelles<br />
je peux<br />
me fier. »<br />
THE RED BULLETIN 15
Impact mondial :<br />
l’artiste australien<br />
Elliott Routledge<br />
sollicité à Woolloomooloo.<br />
CONVERSE CITY FORESTS<br />
Les murs<br />
respirent<br />
Des fresques monumentales égaient<br />
les villes, mais les purifient également.<br />
Bouffée d’oxygène : de l’air frais s’incruste en ville.<br />
L’art urbain peut être un moteur<br />
puissant et positif dans les<br />
quartiers populaires. Si certains<br />
soutiennent que toute<br />
forme de graffiti est une plaie<br />
visuelle qui encourage des<br />
comportements délinquants,<br />
les statistiques révèlent<br />
qu’il est facteur de cohésion<br />
sociale, de respect pour l’espace<br />
urbain et contribue à<br />
créer un lieu de vie plus sûr.<br />
Ces temps-ci, une autre<br />
forme d’art urbain capable de<br />
nettoyer nos rues se manifeste.<br />
Partie intégrante d’une<br />
campagne initiée par le fabricant<br />
de baskets Converse, City<br />
Forests regroupe des fresques<br />
murales réalisées à travers la<br />
planète et ayant la faculté de<br />
filtrer l’air. Les auteurs de ses<br />
œuvres privilégient des zones<br />
urbaines à forte circulation.<br />
Quatorze villes y ont participé<br />
à ce jour, Sydney, São Paulo,<br />
Bangkok et Varsovie en font<br />
partie. Une manière de promouvoir<br />
un avenir durable en préservant<br />
la santé des habitants.<br />
Le secret de ces œuvres se<br />
nomme KNOxOUT, une peinture<br />
à photocatalyse développée<br />
par la société philippine<br />
Boysen dont le principe<br />
consiste à se servir de l’énergie<br />
lumineuse pour transformer<br />
les polluants atmosphériques<br />
tels que les oxydes d’azote (le<br />
NOx dans le nom), en dioxyde<br />
de carbone, eau et résidu de<br />
nitrate de calcium lavable à<br />
l’eau. L’utilisation de la peinture<br />
ne se limite pas aux fresques<br />
murales, elle convient aussi<br />
aux structures en centre-ville.<br />
Testée à Londres entre 2007<br />
et 2010, la KNOxOUT permet<br />
d’absorber 50 % d’oxydes<br />
d’azote présents dans l’air.<br />
« Cela peut devenir un<br />
moyen viable de purification<br />
de l’air à plus grande échelle »,<br />
estime l’artiste Elliott Routledge,<br />
basé à Sydney. Son imposante<br />
fresque murale créée en partenariat<br />
avec l’association Rainforest<br />
Rescue à Woolloomooloo,<br />
une banlieue de la ville, purifie<br />
l’air autant que 183 arbres.<br />
« L’efficacité de la peinture<br />
dure entre dix et quinze ans.<br />
Mais il suffit de la rafraîchir<br />
pour qu’elle retrouve toute<br />
sa vigueur, ajoute-t-il. »<br />
En plus d’être bénéfiques<br />
à l’environnement, Routledge<br />
espère que les fresques inciteront<br />
les gens à s’engager plus<br />
activement dans la sauvegarde<br />
de leurs espaces verts. « L’art<br />
populaire est un puissant<br />
vecteur de messages, dit-il.<br />
Les passants y sont réceptifs,<br />
autant l’utiliser. L’art n’est pas<br />
uniquement un moteur de<br />
changement social, utilisé au<br />
bon endroit et à bon escient,<br />
il devient un puissant moyen<br />
de communication. » City<br />
Forests compte poursuivre<br />
sa mission en invitant d’autres<br />
artistes à donner une bouffée<br />
d’air frais à leurs villes.<br />
conversecityforests.com<br />
BILLY ZAMMIT LOU BOYD<br />
16 THE RED BULLETIN
© Jean Nouvel, Gilbert Lézénès, Pierre Soria et Architecture-Studio / Adagp, Paris, 2021<br />
ALPHATAURI.COM
BLANC MASK<br />
Restez discret<br />
Si vous cherchez un masque anti-virus doté d’une<br />
protection personnelle totale, celui-ci est à envisager.<br />
Voilà un an que le port du<br />
masque s’est imposé à notre<br />
quotidien. Mais alors que nous<br />
apprenons à nous protéger<br />
du danger invisible que représente<br />
la Covid-19, une autre<br />
menace tout aussi invisible se<br />
fait de plus en plus pressante :<br />
la surveillance du citoyen.<br />
Afin de répondre à ces deux<br />
dangers, un groupe de technologues<br />
américains et russes<br />
propose une solution élégante :<br />
le Blanc Mask. Créé en avril<br />
dernier pour lutter contre la<br />
pandémie, ce masque modulaire<br />
se compose de deux moitiés<br />
verticales s’ajustant avec<br />
des aimants. Le matelassage<br />
interne épouse parfaitement<br />
les traits du visage, tandis<br />
que les filtres HEPA amovibles<br />
retiennent jusqu’à 99,9 % des<br />
particules de l’air respiré.<br />
De plus, vous passerez<br />
pour un membre du groupe<br />
Daft Punk — de quoi assouvir<br />
le désir d’anonymat de certains.<br />
Désormais courante,<br />
la reconnaissance faciale permet<br />
de cartographier vos traits<br />
et d’ajouter votre « signature<br />
faciale » à une base de données.<br />
Déverrouiller votre<br />
téléphone en un clin d’œil<br />
et accélérer le contrôle des<br />
passeports biométriques dans<br />
les aéroports sont quelques-<br />
Résistant, efficace,<br />
rapide, sûr : le Blanc Mask<br />
s’ajuste en un clin d’œil.<br />
Jason en serait jaloux !<br />
uns des avantages de cette<br />
technologie. Cependant, les<br />
partisans de la vie privée s’inquiètent<br />
de l’exploitation de<br />
ces données. Selon une étude<br />
publiée en juillet dernier, le<br />
secteur devrait générer plus de<br />
10 millions d’euros d’ici 2027,<br />
principalement grâce au marketing<br />
et à la surveillance, et<br />
le magazine Forbes affirme<br />
que le FBI a accès à plus de<br />
412 millions d’images faciales.<br />
Le recours à cette technologie<br />
pour le maintien de l’ordre fait<br />
débat, notamment à cause de<br />
son manque de fiabilité pour<br />
les personnes de couleur, et les<br />
femmes noires en particulier.<br />
De plus, les autorités<br />
chinoises y auraient recours<br />
pour réprimer des délits<br />
mineurs tels que traverser la<br />
chaussée hors du passage<br />
piéton. « Acheter et vendre<br />
votre image faciale est accessible<br />
à qui veut, affirme Philipp<br />
Egorov, cofondateur de Blanc,<br />
basé en Russie. Moscou est la<br />
deuxième ville au monde en<br />
nombre d’appareils à reconnaissance<br />
faciale. Notre<br />
masque permet de vous<br />
réapproprier votre identité<br />
et votre intimité. »<br />
Pour Philipp Egorov, il y a<br />
« deux sortes de personnes,<br />
celles qui privilégient le contact<br />
visuel dans les transports<br />
publics ou les cafés, et celles<br />
qui, comme moi, évitent le<br />
contact visuel avec les inconnus.<br />
Le port du masque est<br />
pour moi, source de bien-être ».<br />
Il n’est pas le seul visiblement<br />
: le masque Blanc, livré<br />
ce mois-ci, a recueilli sur<br />
Kickstarter, plus de vingt fois<br />
son objectif de lancement,<br />
soit environ 17 000 euros.<br />
« L’objectif du masque est<br />
l’anonymat, explique Philipp<br />
Egorov, et nous espérons<br />
étendre le concept à d’autres<br />
produits destinés à préserver<br />
cet anonymat. Nous offrons<br />
aux personnes une intimité<br />
visuelle. »<br />
blancmasks.com<br />
ELENA VAKHTUROVA LOU BOYD<br />
18 THE RED BULLETIN
PRIYA RAGU<br />
Décollage imminent<br />
Employée d’une compagnie aérienne, la Suisse d’origine sri-lankaise<br />
hésite longtemps avant de croire en ses talents d’auteur-compositriceinterprète.<br />
Désormais, la jeune femme de 34 ans ne s’interdit rien.<br />
En 2019, Priya Ragu décide de<br />
mettre sa créativité à l’épreuve et<br />
s’exile à New York pendant six mois.<br />
Née à Saint-Gall, de parents tamouls<br />
qui avaient fui la guerre au Sri Lanka<br />
dans les années 80, la chanteuse<br />
suisse tamoule mène une vie confortable<br />
dans la paisible ville helvète<br />
où elle occupe un emploi de technicienne<br />
chez la compagnie aérienne<br />
Swiss Airlines. Pourtant, la jeune<br />
femme hésite à s’abandonner à ce<br />
bonheur tranquille et doute de sa<br />
destinée. La vraie passion de Priya<br />
Ragu c’est la chanson. Enfant, elle<br />
s’y adonne en tamoul dans le cercle<br />
familial, puis se passionne en grandissant,<br />
pour le R&B made in USA.<br />
Ses participations à des scènes<br />
ouvertes l’enchantent sans toutefois<br />
répondre à ses ambitions à long<br />
terme. Le déclic se produit durant<br />
son exile new-yorkais. Priya Ragu<br />
en revient avec un album produit<br />
par son frère Japhna Gold. Un<br />
mélange de R&B, d’électro-pop et<br />
d’influences tamoules, que le duo<br />
intitule Raguwavy, manifestation<br />
musicale d’une enfance commune<br />
nourrie de deux cultures distinctes.<br />
Good Love 2.0 fait partie des titres<br />
marquants de l’année 2020, et<br />
figure dans la bande-son du jeu<br />
vidéo FIFA 21. Priya Ragu revient<br />
sur une année qui a changé sa vie.<br />
the red bulletin : La musique<br />
est votre passion de toujours,<br />
pourquoi avoir attendu la trentaine<br />
pour vous y consacrer ?<br />
priya ragu : Aujourd’hui, je suis<br />
plus sûre de moi qu’auparavant.<br />
Ma voix intérieure a mis du temps<br />
avant de me dire : « Allez, lance-toi. »<br />
Mon premier titre a suscité un intérêt<br />
qui m’a prise totalement au<br />
dépourvu.<br />
Vingt maisons de disques vous<br />
auraient contactée, est-ce exact ?<br />
Oui, des labels indépendants et des<br />
majors. Signer avec Warner Music<br />
a été un grand pas, même si ce<br />
choix n’a pas été évident. Lors d’une<br />
balade avec mon chien, Crooks, j’ai<br />
trouvé une plume d’oie. J’y ai vu<br />
un signe et j’ai signé ! La plume est<br />
toujours sur le mur de mon<br />
appartement.<br />
À présent, on vous voit dans le<br />
Vogue britannique, votre musique<br />
est sur les ondes de la BBC Radio 1<br />
et dans le jeu FIFA 2021. Malgré<br />
tout, vous travaillez toujours pour<br />
une compagnie aérienne.<br />
Pourquoi ?<br />
J’y travaille seulement deux heures<br />
par jour. C’est mon côté suisse qui<br />
a du mal à lâcher prise, du moins<br />
tant que c’est tenable. Je n’ai jamais<br />
imaginé que ça irait si vite, mais je<br />
m’en réjouis. 2020 a été la meilleure<br />
année de ma vie.<br />
Rares sont ceux qui peuvent en dire<br />
autant…<br />
Je sais. J’ai beaucoup de chance. De<br />
plus, c’est probablement la première<br />
fois qu’une artiste est signée via<br />
Zoom. J’ai aussi choisi mes musiciens<br />
en ligne. La direction m’a suggéré<br />
quatre guitaristes, quatre pianistes,<br />
des batteurs… J’ai fait mon choix<br />
comme sur un catalogue. Ou des<br />
profils Tinder qu’on balaye sur un<br />
écran.<br />
À quand remonte votre amour de<br />
la musique ?<br />
J’ai grandi avec les BO tamoules<br />
des films de Kollywood, l’équivalent<br />
de Bollywood à Chennai au sud de<br />
l’Inde. Mon père avait un groupe qui<br />
reprenait les BO Kollywood. Mon<br />
frère était au clavier et moi je chantais.<br />
À chaque réunion de famille le<br />
week-end, j’y avais droit : « Priya,<br />
chante-nous quelque chose ! »<br />
Et vous avez ainsi commencé<br />
à écrire des textes…<br />
Les mots ne me venaient pas aussi<br />
naturellement que les notes de<br />
musique. Je crois à une forme<br />
d’énergie créative d’origine divine.<br />
Il m’arrive de relire une idée en me<br />
disant : « C’est toi qui as écrit ça ?<br />
Mais d’où cela t’est venu ? » La voix<br />
intérieure nous guide vers notre<br />
destination. Cette voix avait<br />
approuvé mon choix d’être musicienne,<br />
mais je l’avais délibérément<br />
ignorée par manque d’assurance.<br />
Comment avez-vous pris<br />
confiance ?<br />
Par le travail ! Je me levais le matin<br />
et j’écrivais trois pages dans mon<br />
journal. J’y mettais mes pensées et<br />
mes doutes. Cela a été utile pour<br />
trouver les solutions. C’était assez<br />
cathartique. Le déclic a eu lieu à la<br />
lecture du livre de Julia Cameron,<br />
Libérez votre Créativité. Travailler<br />
sur soi sans relâche, se dépasser,<br />
et oser sortir de sa zone de confort<br />
est vital.<br />
De quoi avez-vous le plus hâte ?<br />
Je compose des chansons, je les<br />
exalte, et leur sortie est pour moi<br />
comme un accouchement, la douleur<br />
en moins tout de même ! Et j’ai<br />
hâte de voir ce que ça donne. Il s’est<br />
passé tant de choses dont je n’aurais<br />
même pas pu rêver. Chaque jour,<br />
je consigne mes expériences et mes<br />
émotions dans mon journal, ainsi<br />
elles ne me quittent jamais.<br />
Instagram : @priyaraguofficial<br />
JENNY BROUGH SABRINA LUTTENBERGER<br />
20 THE RED BULLETIN
« Travailler sur soi<br />
sans relâche, se<br />
dépasser, et sortir<br />
de sa zone de<br />
confort est vital. »<br />
THE RED BULLETIN 21
SURFEUSES BODY-POSITIVES<br />
Sur une vague<br />
authentique<br />
Ces surfeuses en formes se bougent en vue<br />
d’être reconnues au cœur de leur passion.<br />
Dans la vraie vie, les adeptes<br />
du surf ne sont pas tous bronzés<br />
et musclés comme le suggère<br />
souvent le marketing de<br />
l’industrie du surf. Bien que les<br />
marques véhiculent l’image<br />
de corps sculptés et de topmodels,<br />
quiconque surfe en<br />
Californie sait que souvent le<br />
Portée par la<br />
vague, l’influenceuse<br />
Elizabeth<br />
Sneed se bat contre<br />
des stéréotypes à<br />
la dent dure.<br />
meilleur sur l’eau est le vieux<br />
briscard en longboard. Un nouveau<br />
mouvement en ligne se<br />
pose désormais en défenseur<br />
d’une population de surfeurs<br />
trop longtemps ignorée : les<br />
femmes fortes.<br />
Ce collectif en plein essor<br />
met les femmes replètes à<br />
l’honneur et regroupe surfeuses<br />
professionnelles, dont<br />
la Brésilienne Silvana Lima et<br />
l’Américaine Bo Stanley, et<br />
amateurs comme la coach<br />
sportive Kanoa Greene et l’influenceuse<br />
Elizabeth Sneed.<br />
Née au Texas, cette dernière<br />
découvre le surf il y a trois ans<br />
et demi après avoir déménagé<br />
à Honolulu pour raison professionnelle.<br />
Très vite passionnée,<br />
elle cherche alors des modèles<br />
à imiter. « Je n’ai pas trouvé<br />
une seule photo de surfeuse<br />
enrobée, explique Sneed. Alors<br />
j’ai décidé de contacter le photographe<br />
de surf Tommy<br />
Pierucki et lui ai proposé de<br />
réaliser des clichés<br />
ensemble. »<br />
Six mois plus tard, ces photos<br />
de Sneed, immortalisée<br />
par le natif de Chicago, affolent<br />
les vues sur son compte Insta,<br />
et poussent des internautes à<br />
travers le monde à poster leurs<br />
propres photos avec le hashtag<br />
#curvysurfergirl. « Nous<br />
devons nous affirmer et être<br />
des membres à part entière de<br />
la communauté des surfeurs,<br />
insiste Sneed. Avoir honte de<br />
son corps ou de son manque<br />
d’assurance, c’est terminé !<br />
Voir sur l’eau des femmes aux<br />
silhouettes variées est très<br />
encourageant. » Les aspirations<br />
du mouvement Body<br />
Positive surf ne se limitent<br />
cependant pas à une meilleure<br />
confiance en soi et à propager<br />
de bonnes ondes.<br />
À ses débuts, Sneed se souvient<br />
avoir eu du mal à trouver<br />
un équipement de qualité à sa<br />
taille. Elle espère dorénavant<br />
que les grandes marques les<br />
prendront en compte. « Ce<br />
mouvement veut attirer leur<br />
attention et leur dire que ce<br />
groupe démographique inclut<br />
des femmes dignes d’un équipement<br />
performant et adapté,<br />
explique-t-elle. Beaucoup de<br />
mes abonnées Instagram<br />
réclament cette évolution.<br />
J’espère aussi que les photographes<br />
s’intéresseront davantage<br />
aux surfeuses corpulentes<br />
afin de me voir en elles,<br />
et croiser à l’avenir plus de<br />
femmes plantureuses sur les<br />
vagues. Les femmes ont un<br />
avenir dans le surf, quelle que<br />
soit leur silhouette, et nous<br />
devons le leur faire savoir. »<br />
Instagram : @curvysurfergirl ;<br />
@tommypierucki<br />
TOMMY PIERUCKI LOU BOYD<br />
22 THE RED BULLETIN
RED BULL SANS SUCRE<br />
MAIS RED BULL QUAND MÊME.<br />
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LE SORCIER<br />
DE L’IMAGE<br />
Si Jean-Baptiste Liautard a remporté le<br />
concours photo mondial <strong>Red</strong> Bull Illume<br />
2019, ce n’est pas un hasard : ses clichés<br />
artistiques et poétiques de vélo sont<br />
autant de mystères dont il nous dévoile<br />
et détaille ici les coulisses. Avec lui, le<br />
secret d’un bon cliché n’est pas forcément<br />
« l’œil du photographe », et une photo<br />
impressionnante, tant pour l’artiste que<br />
pour le rider, ça se mérite !<br />
Texte PATRICIA OUDIT<br />
Photos JB LIAUTARD<br />
De la magie<br />
L’image qui a remporté le<br />
<strong>Red</strong> Bull Illume 2019, et son effet<br />
E.T. « J’ai rempli une brouette<br />
avec de l’eau et shooté dans le<br />
reflet », explique le Drômois de<br />
25 ans JB Liautard, une référence<br />
de la photo de VTT.<br />
24 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 25
Jean-Baptiste<br />
Liautard s’est<br />
tourné vers la<br />
photo à cause<br />
d’un crash à<br />
vélo… son activité<br />
fétiche débutée<br />
à 13 ans. Une clavicule<br />
cassée le fait se saisir d’un objectif<br />
qu’il ne lâchera plus. « J’ai commencé<br />
à shooter avec des GoPros,<br />
puis j’ai acheté mon premier appareil<br />
à 18 ans. » Parallèlement à un BTS<br />
en photographie, le jeune homme<br />
enchaîne les clichés avec les copains,<br />
avant, diplôme en poche, de décrocher<br />
ses premiers contrats en presse<br />
spécialisée vélo et avec des marques.<br />
Parmi ses terrains de jeux privilégiés :<br />
la Colombie-Britannique pour ses<br />
forêts embrumées, l’Utah et ses<br />
déserts aux roches étranges. Sa signature<br />
: une approche décalée, artistique.<br />
« Faire une belle image de vélo<br />
demande de la créativité, du temps<br />
de mise en place, notamment pour<br />
les sauts, les spots sont souvent<br />
boueux… Il m’arrive de passer dix<br />
minutes pour mettre une branche<br />
à tel endroit… » Un travail long et<br />
méticuleux où la complicité avec<br />
le rider fait partie intégrante du<br />
processus. Un processus exigeant.<br />
jbliautard.com<br />
Du stress<br />
Octobre 2020. Après deux jours de<br />
repérages parmi les cheminées de fées de<br />
Cappadoce (Turquie), JB avise cette crête<br />
effilée, parfaite pour le plan épuré avec<br />
les montgolfières en arrière-plan qu’il<br />
recherche. « Au lever de soleil, il a fallu<br />
attendre la synchronisation avec les ballons<br />
dont on ne connaît pas à l’avance le<br />
parcours. » Coup de chance : ils s’alignent !<br />
Stress : Kilian Bron, le rider, et JB doivent<br />
sprinter pour se mettre en place afin de<br />
capter ce poétique instant.<br />
26 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 27
De l’ingéniosité<br />
« En haut à gauche, j’utilise<br />
une barre de leds en pause<br />
longue ce qui permet de dessiner<br />
la silhouette de Thomas Genon.<br />
À droite, Paul Couderc en mode<br />
nettoyage : j’ai mis de la gélatine<br />
orange sur les flashes pour<br />
donner cette texture. En bas<br />
à gauche, l’été dernier, au lac<br />
du Salagou, toujours avec Kilian<br />
Bron, j’ai mis un flash sur un<br />
drone (idem pour la photo en bas<br />
à droite, en Cappadoce). Étant<br />
seul, j’avais mon appareil photo<br />
dans une main, dans l’autre le<br />
téléphone pour piloter le drone<br />
qui s’est mis à biper pour la<br />
dernière prise de vue (plus de<br />
batterie). Kilian l’a attrapé<br />
pour éviter le crash ! »<br />
28 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 29
Du rigoureux<br />
« On est début janvier, la neige tombe et je<br />
cherche à faire un cliché dans une atmosphère<br />
hivernale. Nicolas Terrier, un rider pro, vient<br />
de poster une story sur Instagram dans une<br />
ambiance similaire. Je file à Lyon, on trouve un<br />
saut parfait pour ma composition. Il fait – 4 °C,<br />
tout est glacé. Premier problème : le virage est<br />
gelé, c’est galère, on doit répéter, et moi, je dois<br />
déclencher le flash juste derrière la jambe du<br />
pilote au millième de seconde. Le second problème,<br />
c’est la synchronisation. On reste sur<br />
place trois bonnes heures, dans la nuit glaciale.<br />
Une photo comme celle-ci nécessite 3 heures<br />
de voiture (jusqu’à Lyon) et presqu’autant sur<br />
place. Mais le rendu crépusculaire correspond<br />
à ce que je souhaitais. »
31
De l’interdit<br />
« Décembre 2019 : on arrive par bateau<br />
sur l’île de Stromboli, en Italie, qui est<br />
un volcan, actif une fois par an environ.<br />
On est au petit matin, on vient de<br />
passer sept heures à se faire secouer<br />
dans une tempête. » La pente convoitée<br />
pour la session photo avec le pilote<br />
Kilian Bron se trouvant à l’arrière de<br />
l’île, le débarquement avec le vélo et<br />
tout le matériel est difficile, dans un<br />
zodiac où l’eau éclabousse le matériel<br />
« Et passer la grille (ici à gauche) était<br />
interdit. Une partie de l’équipe avec un<br />
deuxième rider se feront arrêter par la<br />
police. Sans conséquences ! »<br />
32 THE RED BULLETIN
De la persévérance<br />
Pour cette image réalisée en juillet 2020, JB a utilisé un objectif<br />
macro, déposé des gouttes d’eau avec un coton tige sur une<br />
plaque en verre posée à plat, l’idée étant d’avoir une figure du rider<br />
Thomas Genon dans chacune des gouttes. « J’ai placé un miroir<br />
à 45 ° en dessous de la vitre, qui renvoie l’image de Thomas, dans<br />
les gouttes, puis dans l’objectif. » Le shooting se faisant de nuit,<br />
le rider a dû refaire sa figure en statique une vingtaine de fois pour<br />
rester au milieu des gouttes et JB le flasher au bon moment, avec<br />
le guidon bien éclairé. « Il a fallu être précis, dans le bon timing ! »<br />
THE RED BULLETIN 33
De la difficulté<br />
« J’adore travailler les particules dans l’air,<br />
reconnaît JB. » Sur cette photo, rien d’artificiel :<br />
ces particules, comme un rideau qui enveloppe<br />
le pilote, sont des gouttes de pluie. « En bas<br />
à droite, on est au Portugal, je voulais de la<br />
brume, explique le Français, mais là, on se<br />
prend une tempête ! Rien n’est calculé, il faut<br />
être réactif, je n’avais qu’un essai à chaque<br />
fois. » Autre point commun à toutes ces photos<br />
nocturnes : le rider a dû rouler dans des<br />
conditions très difficiles. « C’est un autre<br />
aspect à gérer : faire en sorte que l’athlète<br />
donne le meilleur sans se blesser. »
35
Du risque (maîtrisé)<br />
« Encore la Cappadoce, en Turquie. Le concept<br />
et le setup sont assez particuliers. On a un pilote<br />
de drone de course avec nous, et sur son engin,<br />
est fixée une fusée de détresse préalablement<br />
allumée (voir ci-dessus). On doit éclairer la montagne<br />
avec une lampe frontale pour faire décoller<br />
le drone qui suit le pilote VTT Kilian Bron.<br />
La boule de feu qu’on voit au fond est la lumière<br />
de la fusée de détresse. Mon éclairage dépendant<br />
du droniste, je pousse mon appareil dans<br />
ses retranchements. Ce qui est chaud aussi<br />
pour le rider, car il évolue dans une sorte de<br />
goulet où il passe de zones d’ombres, où il ne<br />
voit rien, à des zones éclairées. Quand le drone<br />
est en retard sur un virage, Kilian risque donc<br />
la chute. L’entreprise est d’autant plus risquée<br />
que le drone perdait des braises : on a dû<br />
éteindre plusieurs départs de feu ! »<br />
36 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 37
FINI DE<br />
JOUER<br />
Nouveaux entrepreneurs de l’amusement digital,<br />
ils avancent sérieusement : en créant la Karmine<br />
Corp, le streameur KAMETO et le youtubeur PRIME<br />
ont associé leurs talents, créé une équipe et investi<br />
le sport électronique (ou e-sport) via le jeu League<br />
of Legends. Derrière eux, des centaines de milliers<br />
de fans hurlent leur soutien en ligne dans une frénésie<br />
collégiale hallucinante. L’e-sport est le nouvel<br />
entertainment sportif, et la KCorp, son incarnation.<br />
Texte DAVID KHUN<br />
Photos CHRIS SAUNDERS<br />
Les présidents : Prime,<br />
28 ans, et Kameto,<br />
25 ans, sont les<br />
fondateurs de l’une<br />
des équipes les plus<br />
excitantes au monde<br />
du jeu vidéo pro.
39
Peut-être faut-il être un joueur de l’ancienne<br />
génération pour prendre toute la<br />
mesure du changement dont le jeu vidéo<br />
fait l’objet depuis quelques années. Cette<br />
révolution porte un nom : l’e-sport. Il a<br />
bouleversé le paysage ludique mondial,<br />
la façon de jouer et surtout – surtout – la<br />
notoriété et la puissance d’une discipline<br />
qu’on pensait vouée à l’anonymat et à la<br />
crise d’adolescence. Mais ça, c’était avant.<br />
Un dimanche de novembre 2019, les<br />
vestiges de cet ancien monde ludique<br />
s’enfoncent encore plus dans le passé,<br />
sous les hurlements d’une foule furieuse<br />
venue remplir l’Accor Arena de Paris-<br />
Bercy (photos à droite) pour assister<br />
à la finale des championnats du monde<br />
de League of Legends (notre encadré).<br />
La rencontre oppose une équipe européenne<br />
à une chinoise. Des milliers<br />
d’aficionados sont venus chauffer les<br />
murs à blanc dans une atmosphère qui<br />
n’a rien à envier à un Stade de France<br />
un soir de 1998. Comme au match de<br />
foot, la salle s’électrise à la moindre<br />
action, vit avec fièvre ce qui se passe sur<br />
scène, partage un moment de frénésie<br />
collective – sauf qu’à la différence d’une<br />
partie de ballon rond, les béotiens ne<br />
peuvent strictement rien y comprendre.<br />
Sur scène ? Dix joueurs, cinq par équipes<br />
font face à la foule et s’affrontent par<br />
écran géant interposé. Il est là le terrain.<br />
Les e-athlètes de chaque équipe eux,<br />
semblent ignorer les supporteurs, absorbés<br />
par un écran de PC derrière lequel<br />
ils jouent leur vie.<br />
Quelques jours plus tôt, le public très<br />
convenable des Masters de Tennis de<br />
Paris avait lui aussi rempli Bercy… À une<br />
semaine d’intervalle, deux salles, deux<br />
ambiances, deux mondes semblent s’être<br />
croisés sans se regarder. Avec l’e-sport,<br />
En haut : ceci est une arène de gaming : le Pudong Football Stadium de Shanghai (Chine)<br />
où s’est déroulée la finale mondiale de League of Legends 2020. Ci-dessus et à droite :<br />
en furie pour le jeu vidéo, les fans réunis en masse pour la finale mondiale de la même<br />
compétition à Paris (AccorHotels Arena) en 2019.<br />
GETTY IMAGES, STEPHANIE LINDGREN/RED BULL CONTENT POOL (2)<br />
40 THE RED BULLETIN
LoL, c’est quoi ?<br />
Dans le jeu vidéo League of Legends,<br />
(LoL), deux équipes de cinq joueurs<br />
s’affrontent dans des parties de trente<br />
minutes. L’objectif est de défendre<br />
sa propre zone ou base. Cent-cinquante<br />
personnages sont disponibles et chacun<br />
des dix joueurs en contrôle un avec des<br />
caractéristiques, un style et des compétences<br />
dédiées. Pour battre l’équipe<br />
adverse, chaque joueur doit gagner<br />
en puissance en amassant des points<br />
d’expérience et en achetant des artefacts.<br />
L’objectif d’une partie est de détruire<br />
le Nexus ennemi, une large structure<br />
située au centre de chaque base.<br />
Pour cela, le travail d’équipe et la<br />
stratégie feront la différence.<br />
THE RED BULLETIN 41
l’entertainment sportif change. Un rajeunissement<br />
d’abord et une relation à l’événement<br />
qui ne tient plus de la prouesse<br />
physique mais de la technicité, de la<br />
stratégie de combat et d’un socle culturel<br />
geek commun. League of Legends est une<br />
arène de combat où seule une bonne<br />
stratégie d’équipe peut offrir la victoire.<br />
En cela, ses pratiquants sont des gladiateurs<br />
d’un nouvel âge qui offrent à coups<br />
de souris et de clavier, ce que les rétiaires<br />
de la Rome antique donnaient à l’Empereur<br />
et la Cité, à coups de glaive et de<br />
filet. Des Maximus 2.0, adulés par les<br />
foules pour leur art du combat. Sans<br />
aucun blessé.<br />
Kameto, l’ultra-streameur<br />
En France, l’e-sport est une discipline<br />
en plein essor qui a été récemment bousculée<br />
par l’arrivée d’une toute nouvelle<br />
équipe en LFL (Ligue Française de League<br />
of Legends) : la Karmine Corp. Annoncée<br />
à la fin de l’année dernière, l’arrivée de<br />
cette nouvelle entité dans le championnat<br />
2021 a été un séisme médiatique<br />
dans l’écosystème « e-sport ».<br />
La raison ? Cette formation est le fruit<br />
de l’association réciproquement motivante<br />
et profitable de deux figures du<br />
gaming et du stream : Kameto et Prime.<br />
Face aux équipes professionnelles dites<br />
académiques, la team créée par les deux<br />
influenceurs fait autant figure d’ovni que<br />
d’outsider dans cette élite française de<br />
la compétition.<br />
« C’est la première fois qu’un<br />
streameur comme moi s’associe à un<br />
youtubeur comme Prime pour créer<br />
une équipe d’e-sport », annonce Kameto,<br />
25 ans. Et l’un des deux PDG de la KCorp<br />
poursuit : « La différence par rapport aux<br />
autres équipes c’est que Prime et moi<br />
avons déjà une communauté très importante<br />
et très active qu’on a fédérée au<br />
projet. Les autres équipes se créent<br />
d’abord et doivent développer leur communauté<br />
ensuite. Nous, nous avions<br />
déjà nos supporteurs. Ils nous ont suivis<br />
dans ce projet et ont fait monter le buzz<br />
autour de la création de Karmine Corp.<br />
« Certains nous suivent<br />
sans rien connaître à ce<br />
jeu vidéo. Ils regardent les<br />
matches et soutiennent<br />
l’équipe juste pour vibrer<br />
ensemble. » Kameto<br />
Le cinq majeur de<br />
la Karmine Corp<br />
Qui sont les pros de l’e-sport<br />
qui composent l’équipe ?<br />
Matthew Charles<br />
Coombs, aka<br />
xMatty<br />
Anglais, 21 ans<br />
Poste : bot laner<br />
Spécialité : tireur<br />
Le tireur ou carry AD est<br />
un champion (personnage)<br />
spécialisé dans<br />
le dégât physique à distance.<br />
Il fait mal mais il<br />
est fragile. La difficulté<br />
de cette catégorie de<br />
joueur est donc de trouver<br />
le juste milieu entre<br />
agressivité et protection.<br />
Raphaël Crabbé,<br />
aka Targamas<br />
Belge, 20 ans<br />
Poste : bot laner<br />
Spécialité : support<br />
Le support accompagne<br />
le tireur dans son début<br />
de partie. C’est un soutien<br />
qui veille à ce qu’il<br />
soit le mieux équipé possible<br />
lors des teamfights<br />
(les mêlées en équipes).<br />
Il compose généralement<br />
un binôme sur la bot lane<br />
qui peut venir en aide au<br />
jungler.<br />
Lucas Fayard,<br />
aka Saken<br />
Français, 22 ans<br />
Poste : mid laner<br />
Spécialité : mage<br />
Aussi appelés carry AP<br />
(AP pour Ability Power<br />
ou dégâts magiques),<br />
les mages utilisent<br />
Le jeu vidéo enflamme YouTube<br />
avec <strong>Red</strong> Bull Checkpoint<br />
uniquement leurs sorts<br />
et font de gros dégâts.<br />
Ils n’attaquent qu’à<br />
distance et on les trouve<br />
essentiellement sur la<br />
mid lane en champions<br />
solitaires.<br />
Jakub Rokicki,<br />
aka Cinkrof<br />
Polonais, 23 ans<br />
Poste : jungler<br />
Spécialité : combat<br />
Tireur : assassin<br />
Située entre les trois<br />
voies principales, la<br />
jungle est l’endroit où<br />
les junglers peuvent tuer<br />
des monstres neutres<br />
afin de collecter un<br />
maximum d’or, d’expérience<br />
et de bonus pour<br />
l’équipe. Il peut venir en<br />
aide à ses coéquipiers à<br />
tous moments. Chaque<br />
jungler choisit la catégorie<br />
de champion que bon<br />
lui semble.<br />
Adam Maanane,<br />
aka Adam<br />
Français, 19 ans<br />
Poste : top laner<br />
Spécialité : combat<br />
Champions des corps<br />
à corps, imposants,<br />
ils font de gros dégâts.<br />
C’est une classe assez<br />
polyvalente mais leurs<br />
aptitudes sont optimisées<br />
en top lane ou<br />
dans la jungle.<br />
karminecorp.fr<br />
Envie de vous plonger encore plus dans les coulisses de la KCorp ?<br />
De découvrir ses joueurs et de vivre au plus près de Kameto et Prime ?<br />
Alors rendez-vous dans Backstory, sur la chaîne YouTube <strong>Red</strong> Bull<br />
Checkpoint, dédiée au gaming. Backstory y est l’un des premiers<br />
programmes insider qui vous fait partager la vie d’une team d’e-sport.<br />
Sur <strong>Red</strong> Bull Checkpoint, vous pourrez également tester votre culture<br />
gaming ou assister à des performances de joueurs exclusives.<br />
KARMINE CORP<br />
42 THE RED BULLETIN
« L’e-sport, c’est<br />
l’entertainment sportif<br />
de demain. » Prime
Un joueur de la KCorp, chez lui, à l’entraînement, sur un écran conçu<br />
par la marque MSI. C’est aussi ici qu’il participe aux compétitions.<br />
Ce sont nos “ultras” et sans eux, rien de<br />
tout cela n’aurait été possible. ». À seulement<br />
25 ans, Kamel « Kameto » Kebir est<br />
un streameur star qui s’est d’abord fait<br />
connaître via Eclypsia, le média en ligne<br />
dédié à l’e-sport avant de déchaîner les<br />
foules sur Twitch où il bat régulièrement<br />
tous les records d’audience (plus de<br />
650 000 followers) de la discipline.<br />
Il faut avoir assisté à l’un de ses<br />
streams pour comprendre la ferveur qui<br />
l’anime et qu’il communique à ses fans.<br />
En janvier dernier, plus de 66 000 followers<br />
en feu ont participé à l’un de ses<br />
streams les plus extatiques. Kameto commentait<br />
alors la rencontre entre sa Karmine<br />
Corp et Solary, un « classico » que<br />
sa team allait gagner. Explosif, le garçon<br />
sautait, hurlait et déroulait un langage<br />
que nos mamans n’auraient pas apprécié.<br />
La griffe Kameto : un garçon entier,<br />
passionné, dingue et terriblement attachant,<br />
qui se retrouve aujourd’hui à la<br />
tête d’un club sportif au budget annuel<br />
à six chiffres. Le nouveau visage du<br />
gaming, d’une discipline en plein essor<br />
et d’un phénomène porté par l’osmose<br />
entre lui et ses fans : « Je ne m’attendais<br />
pas à ce qu’autant de fans nous suivent<br />
immédiatement. J’ai la passion de l’esport<br />
mais avec eux derrière nous…<br />
C’est mieux ! Certains nous suivent sans<br />
rien connaître à ce jeu vidéo, League of<br />
Legends. Ils regardent les matches et<br />
soutiennent l’équipe juste pour vibrer<br />
ensemble. » Un gourou de l’animation<br />
qui génère une empathie rarement<br />
observée, et qui se confirme également<br />
auprès des 270 000 abonnés de sa chaîne<br />
YouTube, Kotei et Kameto.<br />
Aujourd’hui, ce spécialiste de LOL<br />
franchit une nouvelle étape dans sa<br />
passion de l’e-sport en concrétisant un<br />
projet qui coulait de source.<br />
Prime, déter et visionnaire<br />
Et le déclic de s’opérer à la faveur de<br />
sa rencontre avec le youtubeur Amine<br />
« Prime » Mekri, ancien sportif de haut<br />
niveau qui, après une blessure, s’est<br />
réinventé via YouTube où sa chaîne totalise<br />
aujourd’hui 1,6 million d’abonnés.<br />
« Je ne suis pas drivé par la motivation,<br />
c’est la détermination qui me fait avancer,<br />
annonce ce touche à tout de 28 ans.<br />
Quand j’ai dû arrêter le football américain,<br />
j’ai appliqué tout ce que cette discipline<br />
m’a appris pour me réinventer :<br />
la persévérance mais aussi la peur de<br />
l’ennui. Alors j’ai créé, et YouTube a été<br />
la plateforme qui m’a apporté ce que je<br />
cherchais. »<br />
Comme Kameto, Prime est parti from<br />
scratch et a construit son monde à la<br />
force de sa personnalité et de son envie.<br />
Mais le réduire à YouTube serait une<br />
erreur puisque le garçon est un entrepreneur<br />
protéiforme qui s’est essayé à la<br />
musique, a créé sa propre marque de<br />
sapes, et pense systématiquement à ce<br />
Joueurs,<br />
contrats,<br />
scène,<br />
fans…<br />
Cinq minutes pour<br />
vous mettre à jour<br />
sur l’e-sport.<br />
Professionnel de<br />
l’e-sport sur League<br />
of Legends passé par<br />
la team Vitality, Shanky<br />
a rejoint Kameto et<br />
Prime afin d’endosser le<br />
rôle de manager général<br />
de la KCorp. En charge<br />
de la direction sportive,<br />
il nous éclaire sur les<br />
coulisses d’une team.<br />
Le rôle de<br />
manager général<br />
« Contrairement au manager,<br />
qui a un rôle directement lié<br />
au quotidien de l’équipe, la<br />
mission du manager général<br />
concerne davantage la direction<br />
sportive, le choix des<br />
joueurs, le recrutement du<br />
staff, les ressources à mettre<br />
en place, les directions à<br />
prendre pour que la structure<br />
se développe et que l’équipe<br />
performe. Pendant la saison<br />
off, ou le mercato, je vais<br />
trouver des joueurs, négocier<br />
avec eux ou le club dont ils<br />
font partie. »<br />
Le secret d’une<br />
bonne équipe<br />
« La chose la plus importante<br />
au final, c’est l’alchimie. Comment<br />
les cinq joueurs vont<br />
évoluer, matcher et s’entendre.<br />
Il ne suffit pas de réunir cinq<br />
joueurs incroyables pour<br />
obtenir une bonne équipe…<br />
Ce serait trop simple. LoL<br />
reste d’abord et avant tout<br />
un jeu d’équipe. On l’a déjà<br />
observé dans certaines teams<br />
de stars qui n’ont pas obtenu<br />
les résultats espérés. Le plus<br />
KARMINE CORP, MSI<br />
44 THE RED BULLETIN
important, je pense, c’est<br />
d’équilibrer les ego et de<br />
convaincre les joueurs qu’ils<br />
ne jouent pas pour eux. »<br />
Ce qui fait un bon<br />
joueur de LoL<br />
« Les qualités peuvent être<br />
multiples et on va se focaliser<br />
sur une qualité plutôt qu’une<br />
autre en fonction de ce que<br />
nous recherchons. À notre<br />
niveau, il faut que la recrue<br />
ait déjà un peu d’expérience<br />
et qu’elle ait déjà joué au<br />
moins une saison dans une<br />
ligue inférieure ou équivalente<br />
à la nôtre. L’autre option est<br />
de se référer au classement<br />
européen des meilleurs<br />
joueurs. Une fois un joueur<br />
repéré dans ce ranking, on va<br />
analyser ses qualités de jeu,<br />
regarder si c’est un bon support,<br />
s’il met beaucoup de<br />
visibilité sur la map, s’il communique<br />
bien. Il faut se renseigner<br />
le plus possible en discutant<br />
avec ses anciens coaches<br />
s’il en a, des joueurs avec qui<br />
il a joué… Toutes les sources<br />
d’informations sont exploitées.<br />
Trouver un bon joueur<br />
de LoL, c’est une enquête<br />
assez longue et minutieuse.<br />
Reste aussi à savoir s’il<br />
est sérieux et adaptable à<br />
l’équipe. Ce n’est pas une<br />
science exacte, d’autant<br />
qu’une bonne individualité<br />
ne fait pas forcément<br />
un bon partenaire. »<br />
Comment optimiser<br />
un joueur<br />
« Il n’y pas de secret : progresser<br />
c’est d’abord travailler tous<br />
les jours. Il faut comprendre<br />
les forces et les faiblesses des<br />
joueurs dans le jeu, mais aussi<br />
en dehors. On travaille énormément<br />
sur la gestion du stress<br />
et la confiance. Un coach va<br />
prendre en compte tous les<br />
aspects intimes d’un joueur<br />
et pas uniquement son niveau<br />
de jeu. On va l’amener à se<br />
surpasser en travaillant sur<br />
le développement personnel.<br />
« On a accompli<br />
en quelques années<br />
ce que les autres<br />
sports ont mis des<br />
décennies à mettre<br />
en place… »<br />
À côté, on va imaginer un<br />
c ertain nombre d’activités<br />
annexes pour souder le groupe<br />
et intégrer de la préparation<br />
physique. Le corps souffre<br />
pendant un match, il faut en<br />
prendre soin. Une bonne<br />
hygiène de vie a forcément une<br />
influence sur les capacités<br />
mentales. Pour la Karmine, la<br />
prochaine étape est de mettre<br />
en place des bootcamps et une<br />
gaming house (un endroit où<br />
les joueurs pourront se réunir<br />
pour y vivre, s’entraîner et<br />
jouer ensemble, ndlr). »<br />
Être performant en<br />
période de crise<br />
« Actuellement, tout se fait<br />
à distance, nos joueurs n’ont<br />
pas encore pu se rencontrer<br />
physiquement et travailler<br />
en groupe sur un même spot.<br />
Forcément, ça complique un<br />
peu la préparation et j’ai hâte<br />
qu’on revienne à la normale<br />
pour qu’on puisse enfin travailler<br />
comme il faut. Les choses<br />
se font plus doucement mais<br />
elles sont finalement moins difficiles<br />
que ce que j’imaginais.<br />
Actuellement, ce qui compte<br />
le plus c’est la confiance qu’on<br />
a les uns en les autres parce<br />
qu’on n’a aucun contrôle sur<br />
nos joueurs. J’ai les mêmes<br />
problèmes que n’importe quel<br />
manager qui télétravaille avec<br />
ses équipes ! »<br />
Un contrat de joueur<br />
« Aujourd’hui, un e-athlète peut<br />
espérer vivre de son sport. Il y<br />
a énormément d’interactions<br />
entre les pays et la discipline<br />
évolue au niveau mondial. Les<br />
joueurs sont défrayés lorsqu’ils<br />
se déplacent en France,<br />
un joueur professionnel de<br />
LoL peut espérer gagner entre<br />
2 000 et 10 000 € par mois.<br />
Certains joueurs peuvent être<br />
salariés d’une équipe avec un<br />
contrat déterminé ou rester<br />
indépendants. Il y a différents<br />
types de contrats. Un joueur<br />
peut signer avec une équipe<br />
pour une durée d’un an ou<br />
plus. Certains contrats<br />
courent sur trois ans. Dans<br />
ces cas-là, les salaires sont<br />
négociés pour un an et<br />
peuvent être updatés d’une<br />
année sur l’autre en fonction<br />
des résultats des joueurs.<br />
Généralement, ce sont des<br />
négociations à la hausse. »<br />
La Karmine Corp<br />
et ses ultras<br />
« Au-delà du challenge sportif,<br />
c’est un aspect des choses<br />
qui m’a convaincu de suivre<br />
Kameto dans cette aventure.<br />
La relation avec la communauté<br />
est folle. Je n’ai jamais<br />
vu un truc pareil, et ce qui me<br />
fascine, c’est qu’aujourd’hui<br />
des gens qui n’y connaissent<br />
rien à LoL nous rejoignent pour<br />
le plaisir de suivre le match et<br />
de faire partie du kop ! »<br />
L’e-sport en<br />
France aujourd’hui<br />
« Il y a encore pas mal de<br />
choses à imaginer pour amener<br />
cette discipline au niveau<br />
qu’elle mérite, mais je trouve<br />
qu’on a déjà fait pas mal de<br />
chemin. Je pense même que<br />
nous faisons partie des disciplines<br />
qui se sont le plus développées<br />
ces dernières années.<br />
Je suis dans l’e-sport depuis<br />
six ans et j’ai vu les choses évoluer.<br />
On est loin des cachets<br />
de 300 € que je touchais il y a<br />
quelques années alors qu’on<br />
gagnait des tournois importants.<br />
Et je parle de 2017. On<br />
a accompli en quelques années<br />
ce que les autres sports ont<br />
mis des décennies à mettre<br />
en place. La communication,<br />
les sponsors, les droits de<br />
diffusion, etc. Tout se met en<br />
place pour le plus grand bien<br />
de l’e-sport. »<br />
THE RED BULLETIN 45
qu’il va faire après. Un boulimique créatif<br />
qui s’avère le partenaire idéal d’un<br />
Kameto hardcore et passionné. « Kameto<br />
est la dynamique gaming de notre<br />
équipe, moi je n’ai pas son niveau ni<br />
sa crédibilité. Kameto et moi sommes<br />
les CEO de ce projet, c’est-à-dire que<br />
nous allons le faire grandir, lui grâce<br />
à ce qu’il est, passionné et performant,<br />
et moi grâce à ce que je veux. On se<br />
complète. »<br />
Si Kameto est porté par la passion<br />
du jeu, Prime est stimulé par une vision<br />
différente et se focalise sur l’avenir et<br />
le champ des possibles d’un tel projet.<br />
« Dans le contexte actuel, on comprend<br />
mieux la dimension de l’e-sport et sa<br />
capacité de fédérer les foules quand tout<br />
s’arrête. Il a gagné en valeur. La Karmine<br />
Corp, c’est l’occasion de convertir le plus<br />
grand nombre à l’e-sport et de démontrer<br />
à quel point c’est cela l’entertainment<br />
sportif de demain. »<br />
Porté par la cause, il ambitionne de<br />
faire de la KCorp une institution de l’esport.<br />
Une histoire faite pour durer et<br />
que les centaines de milliers d’ultras vont<br />
pouvoir vivre pendant longtemps. Donner,<br />
recevoir… Pour Prime, la mécanique<br />
ne fonctionne que dans les deux sens,<br />
conscient qu’il ne dirige pas qu’un club<br />
sportif mais a initié un mouvement, aux<br />
très nombreux adeptes… que lui et<br />
Kameto veulent embarquer pour une<br />
longue marche.<br />
« Les autres<br />
équipes se créent<br />
d’abord et doivent<br />
développer leur<br />
communauté<br />
ensuite. Nous,<br />
nous avions déjà<br />
nos supporteurs. »<br />
Kameto<br />
Les stars d’à côté<br />
Les deux garçons sont l’âme, l’énergie<br />
et l’incarnation qui se résument parfaitement<br />
dans les lignes d’un serment<br />
devenu running gag dans le monde digital<br />
et qu’un fan a raccroché à leur communauté<br />
: « Je soutiendrai la Karmine<br />
Corp jusqu’à la fin. Si La Karmine Corp<br />
a 100 000 supporteurs, je suis parmi<br />
eux. Si la Karmine Corp a 1 supporteur,<br />
c’est moi. Si le monde est contre la Karmine<br />
Corp, alors je suis contre le monde.<br />
Et si l’équipe n’a plus aucun allié, c’est<br />
que je suis mort ! » Quelques lignes<br />
qui résonnent comme un chant des<br />
« Dans le contexte actuel,<br />
on comprend mieux la<br />
dimension de l’e-sport<br />
et sa capacité à fédérer<br />
les foules quand tout<br />
s’arrête. » Prime<br />
46 THE RED BULLETIN
CHLOÉ RAMDANI/RED BULL CONTENT POOL<br />
Kameto et Prime<br />
lors du lancement<br />
de <strong>Red</strong> Bull<br />
Checkpoint, une<br />
chaîne YouTube<br />
gaming qui dédie<br />
une série à leur<br />
KCorp : Backstory.<br />
THE RED BULLETIN 47
Quand<br />
l’e-sport<br />
tacle<br />
le foot<br />
Laure Valée est une<br />
journaliste et animatrice<br />
spécialisée en e-sport.<br />
Pierre Maturana est le<br />
directeur de la rédaction<br />
digitale de So Foot et<br />
consultant pour L’Équipe<br />
TV. The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> les<br />
a conviés pour échanger<br />
sur les similitudes et<br />
divergences entre<br />
e-sport et football.<br />
Si les maillots diffèrent,<br />
la passion semble aussi<br />
intense, et le pouvoir<br />
d’attraction du gaming<br />
de compétition sans<br />
limites.<br />
THE RED BULLETIN : L’e-sport<br />
s’est développé solidement<br />
dans le sillage des sports<br />
dits traditionnels. À quel<br />
point est-il structuré<br />
aujourd’hui ?<br />
LAURE VALÉE : Depuis trois ou<br />
quatre ans, l’e-sport commence<br />
à se structurer et à se<br />
professionnaliser d’une façon<br />
assez comparable au sport<br />
traditionnel. Il s’organise par<br />
équipe pour des disciplines<br />
comme League of Legends<br />
dans lesquelles on retrouve<br />
le même fonctionnement que<br />
pour une équipe de football,<br />
par exemple, avec son encadrement<br />
des joueurs, ses programmes<br />
de préparation…<br />
Il suit aussi des calendriers<br />
de compétition bien définis.<br />
Il n’a donc rien à envier au<br />
football, en termes de structures<br />
par exemple ?<br />
LV : La seule chose qui lui<br />
manque aujourd’hui, par rapport<br />
au sport dit traditionnel,<br />
c’est un moyen de recruter les<br />
jeunes joueurs et de les encadrer<br />
dès leur plus jeune âge,<br />
afin de les amener dans des<br />
bonnes conditions vers une carrière<br />
professionnelle. L’ancien<br />
joueur de basket Tony Parker<br />
est en train de faire évoluer les<br />
choses grâce à la Tony Parker<br />
Academy qui a pour but d’offrir<br />
une structure d’encadrement<br />
aux futurs pros de l’e-sport.<br />
Est-ce que le monde du football<br />
est aussi bienveillant à<br />
l’égard du jeu vidéo ?<br />
PIERRE MATURANA : Au<br />
départ le monde du foot a vu<br />
arriver ce phénomène avec<br />
de gros yeux. Mais rapidement<br />
les clubs de football traditionnels<br />
y ont vu une sorte de<br />
continuité de leur activité et<br />
ont monté leurs propres structures<br />
e-sport comme le PSG ou<br />
Monaco. Mais ce sont les clubs<br />
anglais qui ont été les premiers<br />
et sont encore les plus actifs<br />
dans ce domaine. On a maintenant<br />
dépassé la question du<br />
sport ou pas sport. L’e-sport<br />
est une discipline à part<br />
entière, avec ses athlètes de<br />
haut niveau, et qui s’est en<br />
effet beaucoup inspirée du<br />
sport traditionnel pour se<br />
structurer. On observe d’ailleurs<br />
un certain désamour<br />
pour le sport traditionnel tandis<br />
que l’intérêt pour l’e-sport<br />
ne cesse de grandir.<br />
La ferveur autour de l’e-sport<br />
grandit de jour en jour et<br />
concerne des catégories<br />
de gens de plus en plus<br />
diverses, pas forcément<br />
des fondus de jeux vidéo…<br />
LV : Cette ferveur n’est pas la<br />
même en fonction des jeux,<br />
et c’est étonnamment le jeu<br />
le moins compréhensible à<br />
l’écran qui remporte le plus<br />
de succès, en l’occurrence<br />
LoL. Il réussit à générer les<br />
mêmes émotions qu’un match<br />
de foot. Et comme dans un<br />
stade, il y a dans le public de<br />
LoL des gens qui n’y comprennent<br />
rien, mais qui sont<br />
envahis par l’ambiance.<br />
On peut donc ne rien capter<br />
à une compétition de jeu<br />
vidéo, mais adorer la vivre<br />
intensément ?<br />
LV : Cela tient beaucoup à la<br />
mise en scène d’une partie, à<br />
la façon dont elles sont commentées,<br />
à la personnalité des<br />
joueurs. Il y a un phénomène<br />
dans le phénomène, à savoir<br />
le mouvement ultra qui s’est<br />
développé autour de la KCorp.<br />
Les milliers de fans qui la soutiennent<br />
ont créé un effet boule<br />
de neige et ramènent chaque<br />
jour de nouveaux adeptes à<br />
s’intéresser au jeu.<br />
« Le supporteur<br />
de la KCorp vibre<br />
pour les mêmes<br />
raisons qu’un fan<br />
de foot, de basket<br />
ou de rugby. »<br />
Laure Valée<br />
Pierre, pourquoi l’e-sport<br />
a-t-il cette capacité d’attraction<br />
quasi universelle ?<br />
PM : LoL a le propre du sport<br />
ou de la culture : il procure des<br />
émotions. C’est pourquoi on<br />
ne se pose plus la question<br />
de sa légitimité. Il y a du suspense,<br />
de la stupéfaction, de<br />
l’injustice… Tout ce qui te permet<br />
de vibrer et de t’extasier.<br />
Il n’y a pas de barrière dès qu’il<br />
s’agit d’émotion, et à partir de<br />
là, tout le monde peut adhérer<br />
au phénomène même si tu n’as<br />
pas tous les codes ou que tu<br />
ne comprends pas toutes les<br />
subtilités du jeu. Comme cela<br />
s’est souvent vu dans le sport,<br />
l’e-sport grandit et réunit bientôt<br />
autant de fans casual que<br />
de fans hardcore.<br />
Point pandémie : l’e-sport<br />
peut-il continuer à se développer<br />
à cette vitesse sans<br />
événements live ?<br />
PM : J’ai tendance à croire que<br />
les grands événements e-sport<br />
ont contribué à sa notoriété<br />
parmi le grand public. Les<br />
médias ont souvent parlé de<br />
LoL comme d’un phénomène<br />
qu’ils associaient à la ferveur<br />
des tournois live. La réputation<br />
de cette discipline s’est faite<br />
grâce à ça. Et cette médiatisation<br />
a d’ailleurs sensibilisé le<br />
Comité international olympique<br />
qui se pose la question<br />
aujourd’hui d’en faire une<br />
discipline olympique.<br />
Avec de telles perspectives,<br />
nous ne sommes donc qu’au<br />
début d’un bouleversement<br />
électronique dans le sport<br />
spectacle ?<br />
PM : Bien sûr, le phénomène ne<br />
va pas se tarir, mais je reste<br />
persuadé que l’événement<br />
sportif live est une source<br />
essentielle de visibilité et en<br />
démocratisation. Il participe<br />
à la constitution d’une culture<br />
sportive. Cela dit, l’e-sport est<br />
aujourd’hui trop implanté dans<br />
le paysage avec des enjeux<br />
financiers trop importants, et<br />
de ce fait, il supportera largement<br />
l’absence provisoire<br />
d’événements, grâce notamment<br />
à sa communauté qui le<br />
consomme d’abord en ligne.<br />
Laure, s’il ne devait plus<br />
jamais y avoir d’événements<br />
grand public, l’e-sport y<br />
survivrait-il ?<br />
LV : La pratique de l’e-sport a<br />
d’abord existé sans les événements.<br />
Ils ont aidé au développement<br />
commercial de la discipline<br />
et à légitimer l’industrie<br />
de l’e-sport. Mais aujourd’hui,<br />
l’e-sport n’en est plus à devoir<br />
convaincre, et s’il y a un rétropédalage<br />
vers des événements<br />
uniquement en ligne, ça n’aura<br />
pas beaucoup de conséquences<br />
pour les fans…<br />
STEPHANE GRANGIER, MICHAL KONKOL, LA CHAÎNE L’ÉQUIPE<br />
48 THE RED BULLETIN
Et ça n’en a d’ailleurs pas eu.<br />
Les audiences sont même<br />
meilleures et le niveau de<br />
compétition toujours plus<br />
important. J’irais même plus<br />
loin, je crois que le contexte<br />
actuel a accéléré le développement<br />
de l’e-sport. Certes on<br />
perd le côté paillette, mais<br />
pas l’essentiel.<br />
Un événement de gaming<br />
reste tout de même un<br />
moment de pure frénésie…<br />
« Dans l’e-sport,<br />
il y a du suspense,<br />
de la stupéfaction,<br />
de l’injustice…<br />
Tout ce qui te permet<br />
de vibrer et<br />
de t’extasier. »<br />
Pierre Maturana<br />
LV : Il y a en effet une<br />
ambiance folle mais ce n’est<br />
pas la même ambiance que<br />
durant un match de foot. J’aimerais<br />
beaucoup voir se développer<br />
le phénomène de tribune<br />
de supporteurs comme<br />
en Corée. Là-bas, les kops de<br />
supporteurs se répondent.<br />
Comme dans un stade ?<br />
LV : Oui, il y a des chants, des<br />
slogans, les supporteurs sont<br />
maquillés, habillés aux couleurs<br />
des équipes avec une<br />
spécificité culturelle liée au<br />
jeu. On observe aussi une<br />
très forte synergie entre l’animateur<br />
de la salle, les commentateurs<br />
et le public. Ils dialoguent,<br />
ils jouent ensemble<br />
avec les codes du jeu. C’est un<br />
aspect qu’on ne retrouve pas<br />
dans les stades. Oui, le supporteur<br />
de la KCorp vibre pour<br />
les mêmes raisons qu’un fan<br />
de foot, de basket ou de rugby.<br />
Le supporteur du gaming<br />
ressemble donc à… un supporteur,<br />
finalement ?<br />
PM : De mon point de vue, le<br />
supporteur d’e-sport a besoin<br />
de temps pour écrire son histoire,<br />
et peut-être qu’il lui<br />
manque encore ce lien fort<br />
que peuvent avoir les supporteurs<br />
de foot avec leur stade.<br />
Une culture de supporteur<br />
prend du temps à se développer<br />
et l’e-sport est une discipline<br />
encore jeune. Ce que<br />
je remarque dans le foot<br />
aujourd’hui, c’est que les plus<br />
jeunes fans s’intéressent<br />
davantage aux joueurs qu’au<br />
jeu. L’e-sport devrait s’en inspirer<br />
pour éviter cette dérive.<br />
« La Karmine, c’est<br />
l’équipe du peuple. C’est<br />
comme un club de foot :<br />
on gagne ensemble, et<br />
quand on perd, on pleure<br />
ensemble. » Kameto<br />
supporteurs qu’on pourrait entendre<br />
dans les virages d’Old Trafford, ou du<br />
Camp Nou. « La Karmine, c’est l’équipe<br />
du peuple. C’est comme un club de foot :<br />
on gagne ensemble, et quand on perd,<br />
on pleure ensemble », explique Kameto.<br />
Et la chimie opère.<br />
Depuis le début, le projet n’avance<br />
qu’au carburant humain, qu’à la force et<br />
l’énergie que leur insufflent les fans lors<br />
des streams, au moindre tweet, à chaque<br />
annonce. Dans un silence digital, une<br />
foule toujours plus nombreuse vient<br />
grossir les rangs de ce projet dingue.<br />
Ils n’ont pour l’instant pas la chance de<br />
hurler leur soutien entre les murs d’une<br />
arène, alors ils font exploser les serveurs<br />
le temps d’un stream, arrachent des<br />
records de commentaires et témoignent<br />
de leur amour pour la Karmine et ses<br />
cinq joueurs, partout où l’espace virtuel<br />
le leur permet.<br />
Et si l’emphase est si forte, c’est peutêtre<br />
aussi parce que Kameto et Prime,<br />
à leur façon, dégagent une authenticité<br />
et une vérité que les fans ressentent.<br />
Au-delà d’incarner un rêve comme les<br />
icônes à l’ancienne, ils le distribuent,<br />
véhiculant par leur simplicité et leur<br />
passion communicative l’idée qu’il est<br />
possible à chacun de réaliser son envie,<br />
de concrétiser un rêve. « Si je suis là,<br />
tu peux l’être aussi » peut-on lire entre<br />
les lignes de leur discours. Des stars<br />
next door qui ont réinventé la relation<br />
avec les gens.<br />
49
Qui veut de la<br />
GLACE ?<br />
Rester 2 h 35 min 33 sec dans un bac à glace ?<br />
« Tout le monde peut le faire, c’est juste une<br />
question d’entraînement », assure ROMAIN<br />
VANDENDORPE qui a inscrit, le 19 décembre<br />
dernier, à Wattrelos, son nom au Guinness Book<br />
avec ce nouveau record du monde. Et sa<br />
méthode pour y parvenir est tout sauf givrée.<br />
Texte PATRICIA OUDIT<br />
ZEPPELIN
Un mental en acier glacé. Cet<br />
homme de 34 ans est capable de<br />
rester immergé plus de deux<br />
heures dans la glace. Pour tenir<br />
lors de cet entraînement,<br />
beaucoup de volonté et un peu<br />
de musique épique : violons<br />
planants et percussions violentes.<br />
51
« On a tous une équipe de pompiers<br />
dans le corps mais si elle ne s’entraîne<br />
pas, c’est comme si elle mangeait<br />
des chips devant Netflix. Si on<br />
la coache, tout devient possible ! »<br />
Rien ne le prédisposait à quotidiennement s’immerger<br />
jusqu’aux épaules dans un congélateur 500 litres<br />
dès le saut du lit : c’est pourtant ce qu’a fait Romain<br />
Vandendorpe durant deux ans afin de se préparer<br />
à son record d’immersion dans la glace. Kinésithérapeute,<br />
ostéopathe et hypno- thérapeute dans le civil, scientifique<br />
(il collabore avec le laboratoire de physiologie environnementale<br />
de Bruxelles), le Belge de 34 ans se définit comme<br />
un aventurier qui aime repousser et dépasser ses limites.<br />
Mais avant les glaçons, il y eut le ballon. « J’ai joué au basket<br />
pendant quinze ans. Le sport a toujours fait partie de mon<br />
existence, non dans une optique de compétition, mais<br />
pour avoir une bonne hygiène de vie, garder la forme. »<br />
Son premier grand défi sportif ne remonte qu’à 2016 :<br />
Romain termine l’Ironman d’Embrun, redoutable triathlon<br />
longue distance. Titillé par quelqu’un qui lui dit : « Romain,<br />
ce sera plus facile pour toi d’être champion de France<br />
d’haltérophilie que de finir l’Ironman. » En effet, l’homme<br />
n’a pas vraiment le morphotype adapté à ce genre<br />
d’épreuves. Mais il répond : « Ce n’est qu’une question<br />
d’entraînement mental, si on est bien programmé et qu’on<br />
a la bonne méthode, on est capable de tout faire.» Là aussi,<br />
sa casquette de scientifique/aventurier déloge celle du<br />
sportif : Romain cherche avant tout à comprendre ce qui<br />
se passe dans son corps et son cerveau. « Et une fois que<br />
j’ai compris, je veux pouvoir repousser mes limites et<br />
m’emmener un peu plus loin, vers mes passions que sont<br />
la mécanique du corps humain et les neurosciences. »<br />
« Un processus de changement ne doit<br />
pas être radical. Avant d’entraîner son<br />
corps, il faut entraîner sa tête à créer<br />
de nouvelles micro-habitudes. »<br />
the red bulletin : Romain, quand a débuté<br />
votre histoire avec la glace et pourquoi ?<br />
romain vandendorpe : En 2018. J’aime dire qu’il<br />
faut rêver grand, et on sait qu’on rêve grand parce<br />
que cela nous fait un peu peur. Le choix de la glace :<br />
parce qu’elle a pour conséquence d’abaisser le<br />
rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, et de<br />
diminuer le tonus musculaire. Cela met toutes les<br />
fonctions vitales au ralenti. Or, je suis quelqu’un<br />
d’assez sanguin et impulsif à la base. J’avais envie<br />
de travailler sur ça. Sur ma colère. Cette grande<br />
colère autour de la prise en charge des patients et<br />
notamment l’histoire de la petite Augustine*. Cette<br />
injustice a été le déclic. Il fallait un acte fort. Autour<br />
de ce défi, il y a eu un déclencheur émotionnel,<br />
doublé d’une quête personnelle et scientifique.<br />
*Au printemps 2018, Romain est sollicité pour se<br />
rendre au chevet d’Augustine, une petite fille de 4 ans<br />
atteinte d’une tumeur agressive du tronc cérébral. Cette<br />
rencontre l’affecte d’autant plus que la fillette décède<br />
48 heures après son passage. Sa performance a été réalisée<br />
au bénéfice de l’association Wonder Augustine.<br />
Racontez-nous vos premières immersions...<br />
J’ai commencé avec l’état d’esprit d’un sportif qui<br />
ferait de la récupération après le sport. Et puis, au fil<br />
de mes immersions dans une eau à 0,1° C, je me suis<br />
aperçu qu’on pouvait aller beaucoup plus loin. Je me<br />
suis rendu au laboratoire de physiologie environnementale<br />
de Bruxelles, et on s’est demandés notamment<br />
pourquoi les populations Inuits avaient certains<br />
réflexes vaso-constricteurs et vaso-dilatateurs<br />
que les Européens n’ont pas. On a pu voir que c’était<br />
dans leur ADN, qu’ils avaient cette réaction de<br />
chasse de Lewis qui nous fait défaut.<br />
Chasse de Lewis… vous pouvez expliquer ?<br />
Si vous mettez votre main dans l’eau froide, elle va<br />
devenir blanche, puis nécroser et devenir noire.<br />
Comme le corps croit qu’il va mourir, il va sauvegarder<br />
la température centrale au détriment de la<br />
température périphérique. Alors qu’un Inuit va vasoconstricter<br />
dans un premier temps, mais comme son<br />
cerveau a l’habitude du froid, il va vaso-dilater à nouveau.<br />
Sa main devenue blanche va passer au rouge,<br />
puis blanc, puis rouge, etc. Pas de nécrose. C’est lié à<br />
un facteur génétique. La question que l’on s’est posée,<br />
c’est en combien de temps un Européen lambda est-il<br />
capable d’obtenir cette réaction de chasse de Lewis,<br />
c’est-à-dire, transformer son génome ?<br />
52 THE RED BULLETIN
Adepte de l’autohypnose,<br />
il s’est familiarisé<br />
avec le « yoga<br />
du froid » auprès de<br />
moines bouddhistes<br />
de l’Inde du Nord.
Immergé dans le Lac Bleu que domine l’Aiguille du Midi, Romain s’entraîne : « J’ai déjà fait 55 minutes dans une eau à 3 °C,<br />
mais là, à 0 °C, c’est vraiment plus dur ! », concède Iceman.<br />
Et la réponse est… ?<br />
L’hypothèse de base était dix ans. J’ai dit qu’en deux<br />
ans, c’était faisable. Finalement, au bout de huit<br />
mois, à raison d’un entraînement quotidien, j’ai vu<br />
apparaître la première réaction de chasse de Lewis.<br />
On sait désormais que le génome se transforme au<br />
bout de huit mois. C’est un sacré pas en avant.<br />
On connaît les expériences de Wim Hof, le Néerlandais<br />
surnommé « Iceman », autour du froid et<br />
de ses pouvoirs. En quoi votre démarche est-elle<br />
différente ?<br />
Il faut lui reconnaître son caractère de précurseur,<br />
très lié à une dynamique spirituelle. Wim Hof a<br />
popularisé les pouvoirs du froid, il a des décennies<br />
d’expérience derrière lui. Ma démarche est purement<br />
scientifique. Je n’ai pas de technique respiratoire<br />
à vendre.<br />
En deux ans, vous bouclez un Ironman, puis vous<br />
enchaînez sur le record d’immersion dans la<br />
glace. Vous parlez d’une méthode d’entraînement<br />
reproductible à l’infini.<br />
« Autour de ce défi, il y a eu<br />
un déclencheur émotionnel,<br />
doublé d’une quête personnelle<br />
et scientifique. »<br />
Oui, ce que je fais, tout le monde peut le faire. Il faut<br />
juste s’entraîner dur, régulièrement. Il faut que cela<br />
devienne la priorité, la clé est donc de se dégager<br />
du temps, des plages horaires précises pour cette<br />
priorité. Un processus de changement ne doit pas<br />
être radical. Avant d’entraîner son corps, il faut<br />
entraîner sa tête à créer de nouvelles micro-habitudes.<br />
Se dire : ce jour-là, à cette heure-là, je vais<br />
prendre mes baskets et aller marcher. Et, c’est très<br />
important, toujours finir avec le plaisir. Lors de mes<br />
trois premiers mois d’immersion dans l’eau glacée,<br />
je ne me suis pas fait mal dans le froid. La douleur,<br />
elle, est venue par étapes, et mon corps était déjà<br />
préparé à la supporter.<br />
Pouvez-vous rentrer plus précisément dans les<br />
détails de votre préparation ?<br />
Tous les matins, je me suis levé à 6 h 30 : au tout<br />
début, je m’entraînais dans un spa gonflable sur ma<br />
terrasse dans une eau à 8/10 °C. Puis, il a fallu descendre<br />
en température alors, direction le garage où<br />
se trouve le congélateur. Je cassais la glace avec un<br />
marteau et un tournevis, puis je m’immergeais à jeun<br />
(si on a l’estomac plein, il va cramper et on aura envie<br />
de vomir) dans de l’eau à température négative.<br />
Au début, je sortais au bout de quelques minutes,<br />
en ayant une frustration, en pensant que j’aurais pu<br />
prolonger. Je me disais alors : vivement la prochaine !<br />
Il y avait donc du plaisir. Durant les trois premiers<br />
mois, j’ai réussi à m’immobiliser dans un congélateur<br />
entre cinq et vingt minutes, tous les matins.<br />
54 THE RED BULLETIN
Dépasser<br />
ses limites,<br />
maîtriser<br />
les risques<br />
Outre son équipe<br />
personnelle composée<br />
de ses kinés qui<br />
vérifiaient son état de<br />
conscience, pour son<br />
record d’immersion<br />
dans la glace, Romain<br />
s’est entouré d’un<br />
médecin-réanimateur<br />
prêt à intervenir avec<br />
son staff, d’un hélicoptère<br />
du Samu, en<br />
attente, ainsi que des<br />
pompiers s’il y avait<br />
eu besoin de le désincarcérer<br />
de la glace<br />
en urgence. Et des<br />
glaçons ont été remis<br />
de temps à autre pour<br />
que les clavicules<br />
soient couvertes<br />
comme l’exige le<br />
règlement du<br />
Guinness Book pour<br />
valider le record.<br />
Comment rentrer dans une eau glacée au réveil ?<br />
Il faut y aller d’un coup, passer le saisissement inévitable.<br />
Il n’y a pas de plan B, c’est une dynamique<br />
mentale. Je ne vais pas tremper le bout de mes<br />
orteils pour envoyer un signal à mon corps : c’est<br />
froid ! Il le sait d’avance. L’idée, c’est qu’une fois<br />
qu’on est dedans, jusqu’à la ligne des épaules, il faut<br />
s’adapter. On va avoir une augmentation de la<br />
fréquence cardiaque et ce qui nous traverse c’est :<br />
je vais mourir, sors de là, vite ! L’excitation arrive,<br />
on a envie de s’agiter dans tous les sens, mais c’est<br />
justement là où il faut reprendre le contrôle.<br />
Comment ?<br />
En reprenant le contrôle de sa respiration : c’est la<br />
seule fonction du corps à être innervée par le système<br />
nerveux volontaire et par le système nerveux<br />
autonome. Le relâchement va se faire en respirant<br />
longuement et profondément. En abaissant sa fréquence<br />
respiratoire, on diminue sa fréquence cardiaque<br />
et on réduit son tonus musculaire. La deuxième<br />
étape consiste à reprendre le contrôle de ses<br />
sensations : je dois me détendre dans un environnement<br />
hostile qui ne demande qu’une seule chose :<br />
me contracter. Et seulement après, je reprends le<br />
contrôle de mes pensées. Par exemple, je me répétais<br />
cette phrase : tu es différent de tes sensations,<br />
différent de tes pensées. Ce ne sont que des informations<br />
électriques qui parviennent à notre cerveau,<br />
on peut les maîtriser. Et tout cela en trois minutes.<br />
Aujourd’hui, ce processus me prend dix secondes,<br />
je ne ressens même plus le saisissement. Grâce à<br />
l’entraînement, à la rigueur, j’ai pris plaisir à faire<br />
des choses que d’habitude, personne n’aime faire.<br />
Décrivez-nous ce plaisir… Et les vertus du froid.<br />
On se sent super bien après : détendu, serein,<br />
calme… Et en même temps, on se sent bourré<br />
d’énergie, revigoré. Je n’ai plus jamais froid,<br />
« Grâce à l’entraînement, à la<br />
rigueur, j’ai pris plaisir à faire<br />
des choses que d’habitude,<br />
personne n’aime faire. »<br />
je n’attrape plus aucune maladie. Ce qui est intéressant<br />
dans le froid, c’est qu’il joue sur la physiologie<br />
de l’adaptation. On a tous une équipe de pompiers<br />
dans le corps mais si elle ne s’entraîne pas, c’est<br />
comme si elle mangeait des chips devant Netflix.<br />
Donc dès qu’elle subit une attaque, un virus ou<br />
autre, elle va galérer, alors que si on la sollicite,<br />
cette équipe, elle va s’affûter, devenir performante.<br />
Et j’insiste encore une fois sur le fait que cela va très<br />
vite. Quand j’ai dit au laboratoire scientifique que<br />
j’allais tenter de battre le record du monde au bout<br />
de quelques mois, ils m’ont pris pour un cinglé. Ils<br />
n’ont pas tort, il y a de vrais dangers. Après quarante<br />
minutes dans la glace, normalement, on<br />
meurt… Si on est entraînés, en moins de deux ans,<br />
on fait 2 heures 35.<br />
Comment franchit-on les divers « murs »<br />
psychologiques ?<br />
Je m’entraînais entre trois et cinq fois par semaine.<br />
Avec cette règle de gratter à chaque fois quelques<br />
minutes. Il y a eu d’abord vingt minutes, puis vingtcinq,<br />
puis trente… quarante minutes, ça a été un<br />
gros cap, car scientifiquement, comme je le disais,<br />
on est mort. Quand on rentre dans la 41 e minute,<br />
c’est un peu comme si on marchait sur la lune, il n’y<br />
pas grand-monde à y être allé.<br />
À cette 41 e minute, que ressentez-vous ?<br />
J’explore un sentiment inexploré et inexploité, je<br />
rentre un peu plus dans l’impossible. Cette minute,<br />
je m’en souviendrai toute ma vie : je venais de<br />
reprendre le contrôle de mon système nerveux<br />
autonome et j’apportais la preuve que grâce à cela,<br />
on peut augmenter sa température corporelle. Au<br />
niveau des sensations physiques, c’était juste une<br />
minute de plus. Inconfortable, mais ça passe. Sur<br />
un des enregistrements de mes entraînements, à la<br />
43 e minute, mon cœur s’arrête. C’est fou ! Je ne fais<br />
pas un arrêt cardiaque, mais je suis conscient que<br />
mon cœur s’arrête. Après analyse par le labo, ce qui<br />
s’est passé est similaire à ce que peut ressentir un<br />
apnéiste dans les grandes profondeurs : le cœur<br />
ralentit, ralentit… C’est une décharge d’adrénaline<br />
et d’enképhaline intense, à savoir, un mélange<br />
d’excitation et de détente extrêmes. Comme si<br />
j’étais shooté.<br />
Conférencier en neurocoaching, Romain organise des défis autour du froid,<br />
comme ici, au Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) à Lille.<br />
C’est un peu dangereux ce genre d’état, non ?<br />
Oui, et le garde-fou, c’est le chrono que je programme.<br />
Quand le réveil sonne, je sors. J’observe<br />
aussi mes enregistrements de fréquence cardiaque,<br />
mon encéphalogramme.<br />
THE RED BULLETIN 55
« Ce serait génial de<br />
prendre dix personnes<br />
lambda et de les<br />
coacher dans le but de<br />
battre mon record. »<br />
L’homme de 1,83 m pour 93 kilos a un métabolisme de base<br />
s’élevant à 2 268 kcal/jour, (2 500 pour une personne lambda)<br />
: « Ça veut dire que je ne consomme pas trop d’énergie. »
« Je pense à mon père<br />
décédé, à tous ces gens<br />
qui m’ont dit que je ne<br />
réussirai pas, à toutes ces<br />
croyances limitantes. »<br />
Une aventure<br />
intérieure<br />
Comment Romain Vandendorpe<br />
a vécu les 2 h 35 min 33 sec qui<br />
lui ont permis de battre le record<br />
d’immersion dans la glace. Et les<br />
voyages intérieurs et émotionnels<br />
qu’il lui a procurés. Car rester figé<br />
dans un milieu glacial n’empêche<br />
pas la mobilité spirituelle.<br />
Au bout de 40 minutes<br />
d’immersion…<br />
« Je suis très bien, même si la glace<br />
qui s’est figée depuis dix minutes<br />
pèse 1,7 tonne et appuie sur mon<br />
thorax. Pour conserver mon amplitude<br />
respiratoire avec cette pression<br />
énorme, je prends des inspirations à<br />
bas volume, longues et profondes. »<br />
Au bout de 1 heure…<br />
« La fréquence cardiaque qui était<br />
montée au début reste stable autour<br />
de 30 à 50 pulsations/ minute. Je<br />
commence à ressentir le premier<br />
frisson thermique. Pour ne pas m’agiter,<br />
je reprends le contrôle de ma respiration<br />
afin d’éviter de redescendre<br />
en température trop vite. »<br />
Au bout de 1 heure et<br />
10 minutes...<br />
« Je me dis : “Tiens, c’est le premier<br />
record de Wim Hof à Times Square”<br />
(72 minutes le 26 janvier 2008, ndlr).<br />
On avait trouvé ça fou à l’époque… »<br />
Jusqu’à une 1 heure et<br />
50 minutes …<br />
« C’est un peu un No Man’s land, je<br />
suis au milieu du gué. Je commence<br />
à souffrir, des frissons m’assaillent.<br />
Je me dis qu’est-ce que je fous là ?<br />
Après quoi je cours ? C’est là que la<br />
programmation de mon cerveau<br />
intervient et fait que ma physiologie<br />
s’adapte à ma concentration et à mon<br />
imagination. Je deviens mon propre<br />
effet placebo. Je me transporte à<br />
Punta Cana, j’imagine une boule de<br />
feu dans mon ventre, je nourris ma<br />
sensorialité, et ainsi, j’ai plus chaud.<br />
La variable, c’est la concentration.<br />
Dès que je la perds, que je regarde<br />
autour de moi, que je parle aux gens<br />
qui m’entourent, que je suis dans la<br />
réalité de l’instant, je frissonne. Et au<br />
fil des minutes, cette concentration<br />
fluctue de plus en plus. »<br />
Entre 1 heure 52 minutes<br />
et 2 heures :<br />
« Ça y est, on y est : j’ai battu le record<br />
officiel (1 h 50, ndlr). Je sais que ça va<br />
dérouler, je profite, c’est la fin d’une<br />
aventure, je remercie mon corps. Je<br />
pense : je vais le faire, c’est dingue.<br />
Mais je dois rester calme. Je vois ma<br />
mère qui pleure, les parents d’Augustine<br />
émus… »<br />
Jusqu’au bout …<br />
« Je reste concentré, tout en étant<br />
dans le partage. À chaque fois qu’on<br />
m’a applaudi, comme à toutes les<br />
heures, ma température remonte, on<br />
le voit sur le graphique. C’est là où je<br />
me dis, que je constate que produire<br />
de la chaleur à l’intérieur de son corps<br />
est lié à un ressenti émotionnel. Et<br />
que le partage de la joie, au travers<br />
des applaudissements a une conséquence<br />
physique observable, mesurable<br />
et reproductible. Ce n’était pas<br />
que moi avec moi. C’était moi et tout<br />
le monde. Les émotions sont multiples.<br />
À plusieurs moments, je pense<br />
bien sûr à Augustine, je pleure, j’ai la<br />
rage, je pense à mon père décédé, à<br />
tous ces gens qui m’ont dit que je ne<br />
réussirai pas, à toutes ces croyances<br />
limitantes. »<br />
Au bout de 2 heures et<br />
35 minutes d’immersion<br />
dans la glace, comme<br />
une libération…<br />
« Je fais un signe de tête : “Okay,<br />
je sors.” Mon équipe est obligée<br />
de casser la glace avec un marteau<br />
pour me désincarcérer. Mon staff<br />
me porte. Je suis heureux. »<br />
On a peu évoqué la douleur…<br />
Dans le froid, c’est surtout le bout des pieds qui<br />
souffre, parce que les mains sont protégées par les<br />
aisselles et mes jambes sont serrées l’une contre<br />
l’autre pour protéger l’artère fémorale. La douleur,<br />
c’est comme si on avait des petites aiguilles qui<br />
venaient piquer le pied. Mais il est anesthésié très<br />
vite. C’est à la sortie que ça se complique, quand<br />
tout le sang périphérique revient au niveau central.<br />
Et ça le cœur, il n’aime pas du tout. En sortant, mon<br />
cœur est parfois monté jusqu’à 200 pulsations/<br />
minute, alors que je suis debout sans bouger. Pour<br />
pallier ce phénomène, il faut se réchauffer de l’intérieur,<br />
en buvant chaud tout de suite, marchant une<br />
minute, et en respirant de la vapeur si on a la chance<br />
d’avoir un sauna. Et garder hors de l’eau la même<br />
maîtrise : se dire que tout cela, ce ne sont que des<br />
sensations. Via un souffle court et profond, on peut<br />
stabiliser ce qu’on appelle le frisson thermique.<br />
Pas d’incident de parcours à signaler ?<br />
Au début, j’ai eu à gérer les crampes à l’estomac et<br />
aux membres inférieurs. Le cap des 1 heure dans<br />
l’eau froide a provoqué des vertiges. Et puis on se<br />
fait traverser par des émotions : il m’est arrivé de<br />
pleurer, en entraînement comme durant le jour J.<br />
Selon vous, tenir dans de l’eau négative est plus<br />
insupportable qu’être immergé dans la glace…<br />
Oui, je tiens seulement 1 h 10 min dans de l’eau<br />
négative. Ma température endo-corporelle descend<br />
à 34,2 °C dans de l’eau négative, là où elle tombe à<br />
35 °C le jour du record dans la glace. Quand je m’entraîne<br />
au Lac Bleu de Chamonix, l’eau est à − 6 °C<br />
et c’est extrêmement dur. Dans la glace, il y a de<br />
l’air au milieu, le froid se transmet moins au corps.<br />
M’entraîner dans de l’eau négative m’a permis de<br />
gérer au mieux et assez facilement le record.<br />
Que retenez-vous de cette expérience au global ?<br />
Ces deux ans m’ont vraiment fait grandir. Ce qui<br />
serait génial, c’est de prendre dix personnes lambda,<br />
et de les coacher dans le but de battre mon record.<br />
Afin de prouver que rien n’est impossible avec de la<br />
rigueur et de l’entraînement.<br />
Vous continuez à aller dans la glace ?<br />
Oui, quelques dizaines de minutes par-ci par-là.<br />
Juste pour récupérer d’une séance de sport. Mais<br />
je n’en ai pas fini avec le froid. Mon prochain<br />
challenge sera peut-être quelque part en altitude…<br />
THE RED BULLETIN 57
Fait main<br />
Après une chute, la carrière de la championne du monde de<br />
freeride NADINE WALLNER ne tenait plus qu’à une tige<br />
métallique de 40 cm. Puis, en grimpant, elle a compris que<br />
les tactiques judicieuses valaient mieux que la précipitation.<br />
Texte WOLFGANG WIESER<br />
Photos GIAN PAUL LOZZA
SÛRE D’ELLE<br />
Un lion orne l’avantbras<br />
gauche de Nadine<br />
Wallner, 31 ans.<br />
Elle seule en connaît<br />
la signification.<br />
59
BIEN ENTRAÎNÉE<br />
Même en studio, on<br />
peut voir à quel point<br />
Nadine Wallner est<br />
en forme.
ÉLÉGANTE<br />
Lors d’un tournage<br />
pour la télé autrichienne,<br />
dans une<br />
poudreuse exquise.<br />
en très peu de temps des performances<br />
de pointe en tant qu’alpiniste – malgré<br />
des années de calvaire.<br />
the red bulletin : Je me demande<br />
à quoi ressemblent vos mains...<br />
nadine wallner : Elles sont abîmées<br />
aujourd’hui. J’ai fait de l’alpinisme.<br />
ANDREAS VIGL<br />
Nadine acquiesce en riant. Elle est installée<br />
dans un café d’Innsbruck (Autriche),<br />
mange des œufs au plat au petit-déjeuner<br />
et porte une veste d’escalade qui donne<br />
l’illusion que ses bras semblent avoir été<br />
taillés dans du marbre par un artiste de<br />
la Renaissance : ils sont parfaitement<br />
sculptés et impressionnants de muscles.<br />
Quand on le lui dit, elle éclate d’un rire<br />
franc et chaleureux, et le « oui » confirmatif<br />
est une marque supplémentaire de<br />
confiance en elle. Cette guide de ski et de<br />
montagne de 31 ans est deux fois championne<br />
du monde de freeride, et a réalisé<br />
Sont-elles votre principal outil ?<br />
Pas forcément quand je grimpe. Bien<br />
sûr, je m’agrippe mais les pieds sont plus<br />
importants parce que je les utilise pour<br />
reposer mes doigts et me positionner<br />
de manière à ne pas nécessiter autant<br />
de force. Les gros biceps ne sont pas<br />
toujours nécessaires.<br />
Où se trouve la véritable force – dans<br />
les pieds, les doigts ou dans la tête ?<br />
Le corps doit fonctionner, mais c’est le<br />
mental qui est décisif. J’ai appris que<br />
stratégie et réflexion sont plus importantes<br />
en escalade qu’en ski. Les tactiques<br />
sont également importantes en ski, mais<br />
il faut se décider plus rapidement et<br />
s’engager au bon moment.<br />
« Ce qui est<br />
déterminant,<br />
c’est la tête.<br />
Les gros biceps<br />
n’aident pas<br />
toujours. »<br />
THE RED BULLETIN 61
Que son corps fonctionne ne va pas<br />
de soi. La carrière de cette jeune<br />
femme de 31 ans qui a grandi<br />
dans le Vorarlberg (Autriche), a été<br />
marquée par des blessures qui auraient<br />
mené des personnalités moins fortes au<br />
désespoir. Le jour de l’an 2004, Nadine<br />
a fait une si mauvaise chute pendant<br />
l’entraînement qu’on a dû lui retirer la<br />
rate. Elle a mis fin à sa carrière de descendeuse<br />
qui venait de prendre son<br />
envol, et est devenue monitrice de ski<br />
avant de suivre une formation de guide<br />
de ski. Après une pause de plusieurs<br />
années, elle a repris en tant que freerideuse.<br />
En 2013, deux ans après sa première<br />
compétition, Nadine est devenue<br />
la plus jeune athlète à remporter le titre<br />
de championne du monde, dans le cadre<br />
du Freeride World Tour. Elle a répété<br />
l’exploit en 2014 mais l’année s’est mal<br />
terminée. Lors d’un tournage en Alaska,<br />
alors que la neige poudreuse atteignait<br />
ses hanches, Nadine a fait une chute.<br />
Le sauvetage a pris six heures. Diagnostic<br />
: fracture ouverte du tibia et du<br />
péroné gauches. Une tige métallique<br />
de 40 centimètres lui a été insérée<br />
dans la jambe.<br />
Vos accidents sont-ils la conséquence<br />
de cette philosophie du tout ou rien ?<br />
Non, c’est simplement que je manquais<br />
d’expérience. J’ai fait une erreur qui m’a<br />
coûté très cher.<br />
Le processus pour retrouver la forme<br />
a été long. Est-ce que ça va maintenant<br />
?<br />
Oui, on a enlevé la tige de métal. C’est<br />
seulement quand je porte des crampons<br />
depuis huit heures que je le sens. Mais<br />
au bout de huit heures, tout le monde<br />
a mal aux pieds.<br />
Pourquoi grimper ?<br />
J’ai commencé après ma blessure en<br />
Alaska, pour des raisons thérapeutiques.<br />
« J’ai fait<br />
une erreur<br />
qui m’a coûté<br />
très cher. »<br />
CONCENTRÉE<br />
En pleine escalade<br />
du Zwerchwand<br />
à Bad Goisern<br />
(Autriche).<br />
PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL<br />
62 THE RED BULLETIN
FORTE<br />
Une musculature<br />
impressionnante,<br />
résultat de nombreuses<br />
années passées<br />
sur les rochers.
« Chaque étape<br />
m’a permis<br />
d’affûter mon<br />
regard en vue<br />
de solutions. »<br />
Vous vous êtes entraînée avec<br />
Barbara Zangerl, l’une des meilleures<br />
grimpeuses au monde. Comment<br />
l’avez-vous rencontrée ?<br />
J’ai fait la connaissance de sa sœur,<br />
Claudia, sur un rocher.<br />
On fait donc des rencontres pendant<br />
les ascensions…<br />
Oui, tout comme on en fait en ski, sur<br />
la montagne. Nous nous sommes alors<br />
retrouvées pour faire du bloc en salle.<br />
Et puis Babsi m’a dit : « Viens demain<br />
matin à sept heures pour t’entraîner »,<br />
et j’y suis allée. Ensuite, c’est allé très<br />
vite. J’ai très rapidement sauté quelques<br />
degrés de difficulté.<br />
Comment cela se fait-il ?<br />
Je ne sais pas, j’étais motivée. Je m’entraînais<br />
tous les jours avec Babsi. Nous<br />
étions à fond. En échange, je l’ai emmenée<br />
skier.<br />
Dans les années qui ont suivi,<br />
Nadine Wallner a gravi des parcours<br />
de plus en plus difficiles.<br />
Ceux-ci peuvent également représenter<br />
des chapitres individuels de la vie de<br />
l’athlète. Ils portent les noms de Paradigme,<br />
Border Crosser ou Euphoria<br />
et marquent une évolution qui étonne<br />
même ses collègues grimpeurs.<br />
DÉTENDUE<br />
Nadine Wallner<br />
ne lâche jamais<br />
la corde.<br />
Maîtriser aussi rapidement des parcours<br />
si complexes témoigne d’un talent<br />
unique et d’une volonté incomparable.<br />
En 2019, Nadine est devenue la<br />
deuxième femme à vaincre le Prinzip<br />
Hoffnung, le Principe Espérance sur le<br />
mur appelé Bürser Platte (dans le district<br />
de Bludenz dans le Vorarlberg), qui est<br />
considéré comme l’un des parcours traditionnels<br />
les plus difficiles d’Europe<br />
(8b/8b+ E9-E10). La paroi est lisse, les<br />
endroits précis où les grimpeurs peuvent<br />
mettre le pied sur cette roche glissante<br />
restent un mystère pour le commun<br />
des mortels. Nadine Wallner a décrit<br />
son exploit comme étant un précieux<br />
processus d’apprentissage. Chaque étape<br />
a aiguisé sa perception de grimpeuse,<br />
élargi son répertoire de mouvements<br />
et affûté son regard en vue de solutions.<br />
Mais le rythme auquel Nadine Wallner<br />
évolue lui a, à nouveau, causé des<br />
ennuis. Elle s’est blessée au majeur de<br />
la main droite.<br />
Que s’est-il passé ?<br />
J’avais trop d’énergie, les tendons n’ont<br />
pas suivi. Il leur faut plus de temps<br />
pour s’habituer à l’effort. C’est après<br />
le Prinzip Hoffnung que les problèmes<br />
ont commencé. J’ai longuement hésité,<br />
puis j’ai décidé de me faire opérer à<br />
l’automne 2019. Suite à cela, j’ai fait<br />
une pause, et ce n’est qu’au printemps<br />
suivant que j’ai repris l’escalade et,<br />
punchline ultime, le parcours s’appelle<br />
Touch the Future...<br />
La rate, le pied, maintenant le doigt…<br />
Avec toutes ces blessures, n’avez-vous<br />
jamais songé à abandonner ?<br />
Non, le ski vaut bien mieux que ça,<br />
l’escalade vaut bien mieux que ça, et la<br />
montagne aussi. Quand nous sommes<br />
descendus en rappel hier, il faisait déjà<br />
nuit. En hiver, je reste souvent sur la<br />
montagne jusqu’au dernier moment,<br />
je ne veux pas rentrer chez moi, il fait<br />
si bon là-haut. J’aimerais y rester.<br />
Qu’est-ce qui vous plaît le plus ?<br />
Monter ou descendre, escalader<br />
ou skier ?<br />
Difficile à dire. J’aime le ski parce que<br />
c’est relax, parce que c’est facile, et que<br />
cela va presque tout seul. Dans l’escalade,<br />
il faut faire un gros effort brutal.<br />
Mais quand ça va, c’est vachement bon.<br />
Instagram : @nadinewallner<br />
64 THE RED BULLETIN
DÉTERMINÉE<br />
Comme aux échecs,<br />
un bon grimpeur<br />
anticipe plusieurs<br />
coups d’avance.<br />
PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL<br />
THE RED BULLETIN 65
LA RÉGATE LA PLUS DIFFICILE AU MONDE<br />
ENCORE<br />
DIX SECONDES<br />
DE SURSIS…<br />
Un tour du monde en 80 jours.<br />
En solitaire. Sur un voilier.<br />
Sans escale. Sans assistance.<br />
C’est entre les tempêtes, le froid,<br />
la chaleur, le manque de sommeil<br />
et l’isolement que les skippeurs<br />
survivent au VENDÉE GLOBE,<br />
l’Everest des courses à la voile.<br />
Texte ALEXANDER MUELLER-MACHECK<br />
CHRISTOPHE FAVREAU
DORMIR À<br />
TOUTE VITESSE<br />
Pendant plus de 80 jours,<br />
par tranches de 20 minutes<br />
maximum, rythmées par<br />
l’alarme du système de bord<br />
qui vous tire d’un sommeil<br />
lourd. Sur la photo : le<br />
skippeur français Arnaud<br />
Boissières, 48 ans.<br />
67
LA SOLITUDE<br />
POUR HORIZON<br />
Vue très rare depuis le pont de votre voilier.<br />
Elle n’a lieu que lors du départ du Vendée<br />
Globe. En l’espace de quelques heures, les<br />
participants se dispersent dans l’immensité<br />
de l’océan et au-delà de l’horizon. C’est<br />
à partir de ce moment-là que vous vous<br />
retrouvez seul(e) pendant des mois.<br />
BERNARD LE BARS/ALEA TOM MACKINGER
Les Sablesd’Olonne,<br />
FRA<br />
AFRIQUE<br />
AMÉRIQUE<br />
DU SUD<br />
Île Gough<br />
Cap de<br />
Bonne Espérance,<br />
Afrique du Sud<br />
Cap Horn, CHI<br />
ICEBERGS DROIT<br />
DEVANT !<br />
Les navigateurs partent<br />
des Sables-d’Olonne, direction<br />
l’Afrique du Sud, l’océan<br />
Austral (au nord de l’Antarctique),<br />
le Cap Horn, et<br />
reviennent en France par<br />
l’océan Atlantique, bouclant<br />
un tour du monde. Ils doivent<br />
obligatoirement franchir<br />
les portes des glaces.<br />
ANTARCTIQUE<br />
Cap<br />
Leeuwin,<br />
AUS<br />
AUSTRALIE<br />
Route<br />
Portes ou points de<br />
contrôle sur le parcours<br />
du Vendée Globe. Dans<br />
la zone antarctique,<br />
les portes des glaces<br />
maintiennent les marins<br />
à distance de sécurité<br />
des icebergs.<br />
69
VINCENT CURUTCHET<br />
SIX FEMMES<br />
PUISSANTES<br />
L’Anglaise Samantha Davies, 46 ans, dans une<br />
situation délicate au large de la côte atlantique<br />
française. Sur les 33 participants, six sont des<br />
femmes. Elles concourent dans le même classement<br />
que les hommes, car ici, seules comptent<br />
l’intelligence, l’habileté et l’endurance.<br />
71
NOS VŒUX LES PLUS SINCÈRES !<br />
La skippeuse française Clarisse Crémer célèbre<br />
son 31 e anniversaire, en solitaire et en pleine<br />
mer australe.<br />
CHANVRE AVEC VUE<br />
La Franco-Allemande Isabelle Joschke,<br />
44 ans, parsème son bowl de graines de<br />
chanvre. Pour un regain d’énergie.<br />
EN MODE LOCAVORE<br />
Le Français Stéphane Le Diraison, 44 ans, a attrapé, au vol, un poisson<br />
volant, bien déterminé à lui faire un sort sans plus de cérémonie…<br />
PLAISIRS<br />
SIMPLES DE<br />
L’EXTRÊME<br />
S’il est bien connu que les marins<br />
sont de fins cuistots, les skippeurs,<br />
eux, ne font pas les fines bouches.<br />
Tant que ça se laisse manger,<br />
ça ne peut pas être mauvais.<br />
UNE MER D’HUILE<br />
L’Italien Giancarlo Pedotes, 45 ans, a emporté<br />
de l’huile d’olive de chez lui. Elle semble plus<br />
souffrir du froid que son propriétaire.<br />
STEPHANE LE DIRAISON/TIME FOR OCEANS, CLARISSE CREMER/BANQUE POPULAIRE X,<br />
ISABELLE JOSCHKE/MACSF, GIANCARLO PEDOTE/PRYSMIAN GROUP, ALAN ROURA/LA FABRIQUE<br />
72 THE RED BULLETIN
« VOUS<br />
M’AVEZ VU<br />
PRATIQUEMENT<br />
À NU… »<br />
Il a d’abord souffert d’une méchante blessure<br />
au dos suite à une collision avec des débris<br />
de bateaux. Puis un tuyau défectueux a laissé se<br />
répandre de l’huile hydraulique dans sa cabine :<br />
le Suisse Alan Roura, 28 ans, à bout et en larmes<br />
devant sa webcam. Il a terminé seizième.
POUSSÉS PAR<br />
LA COLÈRE DE<br />
NEPTUNE<br />
Des vagues hautes comme des immeubles, des<br />
rafales de vent à plus de 100 km/h, des icebergs<br />
et des cormorans. En d’autres termes : les conditions<br />
idéales pour un marin de l’extrême. Le Français<br />
Armel Tripon, 45 ans, sur son yacht L’Occitane<br />
de type Imoca, qui peut atteindre des vitesses de<br />
pointe à 45 km/h sur les foils.
PIERRE BOURAS/<br />
L‘OCCITANE EN PROVENCE<br />
75
PLAFOND TRÈS BAS<br />
Le Suisse Alan Roura, 28 ans, jette<br />
un coup d’œil à la voile. La proue du<br />
bateau fait face au Cap Horn, l’extrême<br />
pointe de l’Amérique du Sud.<br />
MONSIEUR BRICOLAGE<br />
Le skippeur français Sébastien<br />
Destremau, 56 ans, grimpe au sommet<br />
du mât, à quelque 29 mètres<br />
de hauteur, pour quelques menus<br />
travaux de réparation.
LA TÊTE DANS LE GUIDON<br />
L’Allemand Boris Herrmann, 39 ans, était en lice<br />
pour le podium lorsqu’il est entré en collision<br />
avec un bateau de pêche… durant son sommeil.<br />
Il termine pourtant à la 5 e place. Respect !<br />
L’HEURE DES SURPRISES<br />
En plein océan Arctique, l’Anglaise Pip Hare,<br />
46 ans, se fait une joie de découvrir ce que<br />
le Père Noël a déposé dans sa chaussette.<br />
SEBASTIEN DESTREMAU/MERCI, ALAN ROURA/LA FABRIQUE, ANDREAS LINDLAHR, PIP HARE/MEDALLIA,<br />
ARMEL TRIPON/L‘OCCITANE EN PROVENCE, MARINE NATIONALE/DEFENSE<br />
UN HOMME À LA MER !<br />
Le bateau de Kevin Escoffier, 40 ans, s’est brisé contre une vague lors d’une tempête.<br />
Le Français a dérivé pendant huit heures sur son radeau de sauvetage, dans des vagues<br />
de cinq mètres de haut. Un compatriote, Jean Le Cam, 61 ans, est venu le repêcher<br />
à deux heures du matin. Du temps lui sera crédité par les organisateurs pour avoir<br />
mené cette opération de sauvetage. Le naufragé est ensuite récupéré par une frégate<br />
de la Marine française et escorté jusqu’à l’île de la Réunion. À l’image : Kevin Escoffier<br />
rejoint la frégate à la nage.<br />
VAGUE À LAME<br />
Le Français Armel Tripon, 45 ans,<br />
est un homme de précision qui ne se<br />
complique pas la vie : quand il se rase,<br />
c’est sans concession.<br />
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NORMAL<br />
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AUTRE SENS<br />
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s’occuper de soi, récupérer des<br />
forces, planifier la route, entretenir<br />
les liens virtuels, et sauver une vie.<br />
THE RED BULLETIN 77
VINCENT CURUTCHET/ALEA
C’est soulagé et heureux, brandissant la traditionnelle<br />
fusée de détresse rouge à la main, que<br />
le Français Yannick Bestaven, 48 ans, franchit<br />
la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne au bout<br />
de 80 jours 3 heures 44 minutes et 46 secondes.<br />
Cette course en solitaire exceptionnellement<br />
difficile lui remémore à chaque fois ceci :<br />
« Le Vendée Globe, ça nous coûte des efforts<br />
qu’on ne peut pas simuler. C’est difficile, ça fait<br />
mal. Chacun de nous a vécu ces derniers mois<br />
des situations pendant lesquelles on avait<br />
vraiment envie de péter les plombs. C’est pour<br />
cela que je dis que la première victoire,<br />
c’est de terminer le Vendée Globe…<br />
TOUS CEUX QUI LE BOUCLENT<br />
SONT DES VAINQUEURS ! »<br />
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PERSPECTIVES<br />
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HAUT NIVEAU<br />
D’EXIGENCE<br />
Un végan<br />
à la conquête de<br />
l’Everest<br />
81
PERSPECTIVES<br />
voyage<br />
« J’ai su que je devais<br />
convaincre les guides que<br />
le véganisme est compatible<br />
à un effort colossal,<br />
sans quoi ce dernier ne<br />
manquera pas d’être mis<br />
en cause en cas d’échec. »<br />
Kuntal Joisher,<br />
alpiniste végan<br />
J e m’appelle Kuntal Joisher. Je<br />
suis alpiniste et végan. J’ai vu le jour à<br />
Kharagpur, en Inde, voilà 41 ans, dans<br />
une famille du Gujarat, donc végétarien<br />
par religion, mais pour des raisons<br />
éthiques, je me suis converti au véganisme<br />
en 2002. Une évolution logique<br />
qui passe mal chez les alpinistes pour<br />
qui, sans prise de protéine d’origine animale,<br />
une personne végane ne peut<br />
acquérir la musculation nécessaire à<br />
l’ ultra- endurance. Il y a douze ans, nul<br />
dans ma famille n’aurait imaginé qu’un<br />
jour, je briserais ce mythe en me hissant<br />
sur le toit du monde. C’était compter<br />
sans ma passion improbable pour l’alpinisme.<br />
J’ai grandi à Mumbai, où l’été le<br />
thermomètre affiche parfois 40 °C, ce<br />
qui ne me prédispose guère aux sports<br />
d’hiver et encore moins à l’adrénaline.<br />
Jusqu’à mes trente ans, je menais une<br />
vie d’informaticien allergique au sport.<br />
Et lorsque je découvre l’alpinisme, mon<br />
poids présente un excédent de quarante<br />
kilos. En 2009, ma femme et moi nous<br />
rendons à Shimla, une station de montagne<br />
dans le nord de l’Inde. Baskets aux<br />
pieds et vêtements inadaptés, nous gravissons<br />
le pic Hatu à 3 400 mètres. Rien<br />
de glorieux, mais l’expérience au cœur de<br />
ce paysage enneigé change ma vie. Dès<br />
cet instant, je consacre tous mes loisirs à<br />
découvrir le versant indien de l’Himalaya,<br />
et à nourrir ma fascination pour l’Everest.<br />
En octobre 2010, je prends le fameux<br />
« Vol de la mort » à destination de<br />
l’aéroport Tenzing- Hillary au Népal, à<br />
2 845 mètres d’altitude, afin d’admirer la<br />
superbe montagne de plus près, depuis<br />
le mont Pumori voisin, pic à 7 161 mètres<br />
surnommé « la Fille de l’Everest ». En<br />
contemplant l’Everest scintillant sous le<br />
soleil couchant, j’ai su à cet instant que<br />
le gravir était inéluctable. Mais avant, je<br />
devais convaincre les guides que le véganisme<br />
est compatible à l’effort colossal<br />
Août 2018, Joisher<br />
à 6 250 mètres<br />
d’altitude sur le<br />
sommet Mentok<br />
Kangri, au Ladakh,<br />
en Inde.<br />
TENZIN NORBU, KUNTAL JOISHER ALEXANDRA ZAGALSKY<br />
82 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
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Six mois de développement.<br />
Dans l’ombre d’un géant : avril 2016, camp de base népalais.<br />
bien qu’il interdise la consommation de<br />
viande et de produits laitiers riches en<br />
graisses et en protéines, sans quoi mon<br />
véganisme ne manquerait pas d’être mis<br />
en cause en cas d’échec.<br />
En guise de préparation, j’escalade<br />
en 2011, le Stok Kangri (6 153 mètres),<br />
dans l’Himalaya indien. Je prends soin,<br />
au préalable, de consulter le menu des<br />
repas prévus afin de m’assurer que le<br />
cuisinier du camp de base pourra sans<br />
mal accommoder mon régime alimentaire,<br />
et éviter ainsi que mon véganisme<br />
ne soit vu comme un risque en cas de<br />
situation critique. L’extrême altitude<br />
exige de manger abondamment. À<br />
5 500 mètres, le corps au repos brûle<br />
4 000 calories par jour. Au-delà de cette<br />
altitude, l’appétit diminue. Pendant les<br />
quatre à cinq semaines d’acclimatation<br />
au camp de base, la plupart des alpinistes<br />
se nourrissent de viande et de<br />
produits laitiers. Les végans triplent<br />
leurs portions d’avoine au lait de soja<br />
en poudre et consomment pommes de<br />
terre sautées, currys de légumes, pain,<br />
légumineuses, et autant de noix de cajou<br />
et de barres nutritives que possible.<br />
Ma conquête de l’Everest débute en<br />
2014. Au camp de base népalais, une<br />
énorme avalanche tue seize Sherpas<br />
et m’oblige à renoncer. L’année suivante,<br />
un terrible tremblement de terre dévaste<br />
le Népal. De nouveau au camp de base,<br />
j’assiste impuissant, à une dévastatrice<br />
avalanche de neige et de débris. Je suis<br />
heureux de ne pas y laisser la vie.<br />
L’année 2016 est la bonne. De plus,<br />
la mise au point d’un régime à base de<br />
plantes pour la haute altitude donne<br />
entière satisfaction. L’ascension à partir<br />
du camp de base, népalais ou tibétain,<br />
nécessite environ quatre jours et un<br />
apport quotidien de 15 000 calories.<br />
Privé d’oxygène, le système nerveux<br />
THE RED BULLETIN 83
PERSPECTIVES<br />
voyage<br />
Joisher sur l’Everest, en mai 2019. Ci-dessous : l’Ama Dablam, au Népal.<br />
ne communique plus la faim au cerveau.<br />
J’ai vu des alpinistes non végans éprouver<br />
les plus grandes difficultés à se nourrir.<br />
J’avale pour ma part, beaucoup de<br />
glucides et de graisses, qui contrairement<br />
à la viande ne créent pas la sensation<br />
de satiété.<br />
À 8 500 mètres, je m’autorise des<br />
aliments réconfortants, car l’important<br />
à ce stade est d’accumuler les calories.<br />
Mon sac est rempli de Clif Bars, d’Oreos<br />
et de repas lyophilisés, et mes poches de<br />
dattes dénoyautées sans quoi elles durcissent.<br />
L’escalade du ressaut Hillary<br />
Une éthique<br />
pour moteur<br />
Un guide végan de l’alpinisme<br />
façon Joisher<br />
Nourriture Les gens pensent que<br />
les plats sans viande au camp de base<br />
sont végans, mais au Népal, même<br />
les flocons d’avoine contiennent du<br />
lait. J’explique le végétalisme aux<br />
chefs.<br />
Équipement Le choix de vos vêtements<br />
dépend de vous, alors autant<br />
trouver des alternatives véganes. Et<br />
à défaut d’en trouver, vous en cultivez<br />
au moins l’esprit.<br />
Transport Le transport de matériel<br />
est souvent assuré par les yacks.<br />
Limitez autant que possible l’usage<br />
des animaux. Je mets le plus possible,<br />
hélico et porteurs à contribution.<br />
Au-delà du véganisme Réservez<br />
auprès d’une équipe reconnue pour<br />
son sérieux. Le personnel, des Sherpas<br />
aux cuisiniers, doit bénéficier<br />
d’un salaire décent et d’une bonne<br />
couverture d’assurance, car il risque<br />
sa vie pour les alpinistes.<br />
Gestion des déchets Le tri des déchets<br />
est désormais entré dans les<br />
habitudes, mais beaucoup ne le font<br />
toujours pas. Tout doit être rapporté<br />
au camp de base pour être recyclé.<br />
(12 mètres) comporte trois saillies de<br />
neige à franchir avant d’arriver au sommet<br />
d’où mon guide Sherpa, Mingma<br />
Tenzi, me fait signe. Je suis bouleversé<br />
et ne peux retenir mes larmes. Il me reste<br />
une minute de crédit à mon téléphone<br />
satellite, juste assez pour appeler la maison.<br />
Puis, pendant vingt minutes inoubliables,<br />
je m’imprègne assis de la vue.<br />
Un sentiment que j’avais jusque-là uniquement<br />
éprouvé lors de la naissance de<br />
ma fille. L’alpiniste que je suis vient d’accomplir<br />
quelque chose de grand, et de<br />
rendre justice au végétalisme. De retour<br />
à Mumbai, je suis accueilli en héros. Je<br />
suis le premier de ses vingt millions d’habitants<br />
à avoir conquis l’Everest. Pourtant<br />
le végan en moi ne peut se réjouir totalement.<br />
En cause, l’équipement utilisé. J’ai<br />
bien essayé avant l’expédition de trouver<br />
une combinaison performante sans duvet<br />
ni matière animale, en vain.<br />
Je décide d’y retourner en trouvant<br />
cette fois une entreprise prête à me fournir<br />
une combi végane, dans un secteur<br />
encore confidentiel. Surprise, un simple<br />
post Facebook suscite l’intérêt de Save<br />
the Duck, marque italienne de vêtements<br />
durables 100 % végans. En avril 2018,<br />
Mingam et moi recevons de la société<br />
une combi végane haute performance,<br />
résistant à une température de − 50 °C<br />
et à des vents de 100 km/h, une première.<br />
Nous les testons sur le Lhotse,<br />
la quatrième plus haute montagne au<br />
monde, moins que l’Everest qui ne<br />
compte que 300 mètres de plus. Nous<br />
parvenons au sommet le 15 mai 2018.<br />
Nos combinaisons nous ont même tenus<br />
trop chaud notamment lorsque la neige<br />
réfléchit le soleil. Save the Duck y effectue<br />
les modifications que j’ai suggérées :<br />
fermetures éclair sur la partie supérieure,<br />
et des poches intérieures pour les<br />
appareils vitaux qui résistent mieux au<br />
froid avec la chaleur corporelle.<br />
Cette fois, j’aborde l’Everest par la<br />
face nord-tibétaine, une voie considérée<br />
comme plus technique dû aux conditions<br />
plus difficiles. Je retrouve le sommet<br />
le 23 mai 2019, à 5 h 30 du matin, droit<br />
dans ma combi végane jaune vif Save<br />
The Duck, doigts et orteils intacts, et<br />
sans le moindre coup de soleil. Désormais,<br />
je peux fièrement clamer être le<br />
premier végan attesté à poser les pieds<br />
sur l’Everest. Banaliser l’alpinisme végan<br />
est ce qui me tient le plus à cœur. C’est<br />
là ce que je souhaite léguer, le reste<br />
importe peu. Sir Edmund Hillary avait<br />
raison : « Ce n’est pas la montagne que<br />
nous conquérons, mais soi-même. »<br />
kuntaljoisher.com<br />
MINGMA TENZI SHERPA, KUNTAL JOISHER<br />
84 THE RED BULLETIN
HORS DU COMMUN<br />
Retrouvez votre prochain numéro en avril en abonnement avec et avec ,<br />
dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.<br />
LORENZ HOLDER/RED BULL CONTENT POOL
PERSPECTIVES<br />
gaming<br />
PILOTAGE VIRTUEL<br />
Héros de conduite<br />
La simulation de rallye WRC 9 de Bigben Interactive change les codes (de la route),<br />
et offre depuis peu la possibilité à ses meilleurs adeptes d’intégrer une véritable<br />
écurie de course et d’entamer une carrière de pilote. Explications.<br />
La licence WRC (World<br />
Rally Championship)<br />
s’est imposée comme<br />
l’une des simulations<br />
de rallye les plus réalistes du<br />
marché dès son lancement<br />
en 2001, sous l’œil avisé du<br />
légendaire pilote français de<br />
rallye Sébastien Loeb. Après<br />
une décennie de règne, elle<br />
s’est associée à la Fédération<br />
Internationale de l’Automobile<br />
(FIA) en 2010 pour revenir<br />
encore plus affûtée laissant<br />
derrière elle une concurrence<br />
médusée par sa qualité graphique<br />
et technique. En<br />
collaboration avec la FIA,<br />
KT Racing, son développeur,<br />
a décidé de pousser cette philosophie<br />
de gaming encore<br />
plus loin via une nouvelle voie<br />
de passage : le DLC FIA Rally<br />
Star, accessible à tous les<br />
joueurs depuis le mois de<br />
février 2021. Le premier programme<br />
mondial de détection<br />
des futurs pilotes de rallyes,<br />
à partir de WRC 9 le nouvel<br />
épisode de la saga, sorti en<br />
septembre dernier. Derrière<br />
son écran, un joueur doué<br />
peut désormais dessiner les<br />
contours d’une future carrière<br />
et espérer intégrer une écurie.<br />
En route vers la gloire<br />
Via WRC 9, le processus de<br />
recrutement s’avère réciproquement<br />
profitable. Pour la<br />
fédération, il incarne une<br />
façon inédite de repérer les<br />
talents partout où ils se<br />
trouvent. Pour le joueur passionné,<br />
il offre l’opportunité<br />
rare d’intégrer une structure<br />
professionnelle, traditionnellement<br />
coûteuse et difficile<br />
d’accès. Et si WRC 9 peut se<br />
permettre de bouleverser à<br />
ce point les codes de recrutement<br />
c’est grâce à son niveau<br />
de réalisme extrême. Si un<br />
joueur performant sur FIFA ne<br />
fera pas forcément un footballeur<br />
de talent sur le terrain, un<br />
L’autre rallye<br />
Le DLC FIA Rally Star et son<br />
programme de détection<br />
complètent un écosystème<br />
déjà très riche grâce à la<br />
compétition d’e-sport WRC<br />
débutée en janvier. Les<br />
meilleurs joueurs/pilotes<br />
de la planète s’y affrontent<br />
avec une chance de repartir<br />
au vrai volant d’une vraie<br />
Toyota GR Yaris. Disputées<br />
sur WRC 9, les treize<br />
manches du championnat<br />
ont lieu une semaine avant<br />
chaque véritable course.<br />
Ouverte à tous les joueurs,<br />
toutes plateformes confondues,<br />
la compétition réunit<br />
plus de 10 000 joueurs<br />
et s’achèvera cet été avec<br />
la retransmission de<br />
la grande finale.<br />
adepte talentueux de WRC 9<br />
peut augurer d’un futur grand<br />
pilote, tellement le jeu est une<br />
traduction digitale de la réalité<br />
en course. « Grâce au niveau<br />
de réalisme atteint par WRC 9,<br />
c’est une chance pour nous de<br />
pouvoir proposer ce challenge<br />
à tous les fans de notre sport<br />
à travers le monde, indique<br />
Jérôme Roussel, responsable<br />
du programme à la FIA. Grâce<br />
au jeu vidéo, nous pouvons<br />
enfin atteindre tous les jeunes<br />
et tester leurs compétences<br />
de pilote, avec un investissement<br />
financier nettement plus<br />
raisonnable que ce qui est<br />
habituellement nécessaire<br />
dans les sports mécaniques. »<br />
Du couch au coach<br />
Entre février et août 2021, les<br />
joueurs âgés de 17 à 26 ans<br />
pourront participer à douze<br />
challenges en ligne via le DLC<br />
FIA Rally Star. Des Rally At<br />
Home Challenges organisés<br />
toutes les deux semaines et<br />
accessibles depuis n’importe<br />
quelle console ou PC. À l’issu<br />
de cette phase de qualifications,<br />
douze d’entre eux participeront<br />
à six finales continentales<br />
au volant d’une TN5<br />
Cross Car où ils affronteront<br />
les meilleurs joueurs mondiaux.<br />
Dès 2022, les six<br />
gagnants, dont au moins une<br />
pilote femme, seront retenus<br />
pour intégrer un programme<br />
exclusif de formation et d’entraînement<br />
à la compétition<br />
mis en place par la FIA. Coaching<br />
de conduite, entraînement<br />
physique et mental,<br />
séances d’essais et participation<br />
à six rallyes au volant<br />
d’un M-Sport Fiesta Rally3…<br />
Ils prennent place à bord<br />
de l’IRL ! La finalité de cette<br />
formation est d’amener les<br />
meilleurs élèves à participer<br />
à deux saisons du Championnat<br />
du Monde FIA Junior des<br />
Rallyes. Une compétition<br />
dont il faudra viser le titre<br />
pour espérer une place au<br />
Valhala : une saison en WRC2<br />
au volant d’une machine de<br />
catégorie Rally2. Jamais un<br />
jeu vidéo n’a autant ouvert<br />
la route. wrcthegame.com<br />
DAVID KHUN<br />
86 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
au programme<br />
JAKOB SCHWEIGHOFER/RED BULL CONTENT POOL, GASTON FRANCISCO, DAVE MACKISON/RED BULL CONTENT POOL, MATCHSTICK PRODUCTIONS<br />
Grimpe<br />
360 ASCENT<br />
Si vous êtes sujet au<br />
vertige, passez votre<br />
chemin ! Dans ce documentaire,<br />
les grimpeurs<br />
de classe mondiale<br />
Janja Garnbret<br />
et Domen Škofic<br />
s’attaquent à la plus<br />
haute voie artificielle<br />
au monde en escaladant<br />
la plus haute cheminée<br />
d’Europe sur la<br />
centrale électrique de<br />
Trbovlje, en Slovénie.<br />
Skate<br />
UNKNOWN<br />
TREASURES<br />
Quand le skateboard<br />
s’exprime dans des<br />
endroits inédits. Participez<br />
au tout premier<br />
tour professionnel à<br />
travers les spots de<br />
skate inconnus de la<br />
Macédoine, du Monténégro,<br />
de l’Albanie et<br />
du Kosovo alors que<br />
Wes Kremer, Madars<br />
Apse, Ben Skrzypek<br />
et Tino Arena partent<br />
à la recherche de ces<br />
trésors cachés.<br />
Vélo<br />
MATT JONES DESIGN AND CONQUER<br />
Un homme pour trois tricks en slopestyle jamais vus au monde… Matt Jones, une star du VTT,<br />
n’est pas étranger aux premières mondiales : dans cette série, suivez-le dans son nouveau défi pour<br />
réaliser trois figures inédites et voyez comment elles passent de son imagination à la réalité.<br />
Ski<br />
HUCK YEAH!<br />
Ce film de ski accueille<br />
certains des meilleurs<br />
skieurs au monde<br />
qui chargent à fond<br />
et s’amusent dans des<br />
spots spectaculaires<br />
à travers la planète.<br />
Hoji, Sam Kuch, Bobby<br />
Brown et le crew de<br />
girls The Blondes s’en<br />
donnent à cœur joie !<br />
Avec la pause pandémie<br />
mondiale, ce film<br />
rappelle combien il<br />
est important de<br />
passer du temps à<br />
l’extérieur avec des<br />
amis pour passer<br />
du bon temps.<br />
THE RED BULLETIN 87
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
Dans la tour<br />
des grands<br />
À champions d’exception, matériel de compète !<br />
Découvrez, entre autres, l’équipement des gamers pros<br />
de la Karmine Corp pour des matches de haute voltige.<br />
Texte DAVID KHUN<br />
La carte maîtresse<br />
Carte mère MSI Z590 Godlike<br />
Pour les gamers pros, une seule carte compte : la carte mère. Registre dans lequel MSI s’illustre depuis<br />
plusieurs années avec des produits extrêmement performants. Dernière née des plateformes MSI, la<br />
Z590 Godlike a été conçue pour une exploitation optimale du processeur Intel de onzième génération.<br />
Son overclocking (augmentation du signal du processeur visant à augmenter les performances de<br />
l’ordinateur) a déjà établi des records mondiaux, sans aucune limitation par la transmission du courant<br />
électrique, les composants de la carte ou les performances thermiques. La Z590 propose un design<br />
totalement revu, et des fonctionnalités next gen qui ont déjà convaincu toute la team KCorp.<br />
fr.msi.com<br />
88 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
Chirurgical<br />
Écran MSI Optix MAG274QRF-QD<br />
Avec sa dalle IPS affichant une résolution<br />
de 2160 × 1440 pixels, ce moniteur<br />
prend en charge la technologie<br />
G-Sync et offre un taux de rafraîchissement<br />
de 165 Hz et un temps<br />
de réponse GTG (Grey to Grey, soit la<br />
mesure la plus précise) de 1 milliseconde.<br />
Réactivité et fluidité pour<br />
une précision chirurgicale.<br />
À partir de 549,99 € ; fr.msi.com<br />
Fashion geek<br />
PC MSI Aegis Ti5 10th<br />
Ce PC est un monstre de compétition<br />
avec son processeur Intel Core i9-<br />
10900K et une NVIDIA GeForce RTX<br />
3080 : Kameto et Adam de la KCorp<br />
l’ont adopté pour cela ! Mais cette<br />
formidable machine affiche aussi un<br />
look agressif, ravageur et futuriste.<br />
Sa molette dotée d’un écran permet<br />
de gérer l’ensemble des paramètres.<br />
À partir de 3 799,99 € ; fr.msi.com<br />
THE RED BULLETIN 89
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
La perfection est de ce monde<br />
Carte graphique MSI<br />
GeForce® RTX 3070 SUPRIM<br />
La carte graphique GeForce® RTX 3070 SUPRIM<br />
amorce une nouvelle génération (NVIDIA RTX)<br />
qui ambitionne tout simplement d’atteindre la<br />
perfection. Design repensé alliant style et performances<br />
de refroidissement inégalées, cette nouvelle<br />
itération basée sur l’architecture Ampère,<br />
promet une expérience de jeu ultime où un réalisme<br />
fascinant et une fluidité sans pareil se mettent au<br />
service d’une immersion totale. Elle embarque<br />
8 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération<br />
et bénéficie de fréquences de fonctionnement<br />
élevées et de trois ventilateurs MSI TORX 4.0<br />
assurant le flux d’air et l’évacuation de la chaleur.<br />
Greffée à un processeur Intel de onzième génération<br />
et à la carte mère Z590 Godlike, elle promet<br />
un gaming de très très haut niveau.<br />
À partir de 799,99 € ; fr.msi.com<br />
90 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
L’œil du tigre<br />
Oakley Prizm<br />
C’est pour protéger l’œil de l’e-athlète qu’Oakley a conçu<br />
les verres gaming Prizm. Ils améliorent le contraste visuel<br />
et sont dotés d’une technologie de filtrage de la lumière<br />
bleue qui réduit de 40 % ses effets dans un rayon de 380<br />
à 500 nanomètres. En indoor comme en outdoor, le joueur<br />
est protégé des sources naturelles et artificielles de luminosité.<br />
La marque a réussi à réduire l’aspect jaune de ce type<br />
de verres et décliné son savoir-faire sur de multiples<br />
modèles, quatre au total, pour tous les styles.<br />
Dès 120 € ; oakley.com<br />
THE RED BULLETIN 91
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
Combo à sensations<br />
Sélection Logitech et jeu Bigben Interactive WRC 9<br />
Depuis sa sortie, le nouvel épisode de WRC 9 (49,99 €)<br />
remporte tous les suffrages avec une itération qui atteint<br />
un niveau de réalisme et de technique inégalable.<br />
Disponible sur Nintendo Switch depuis peu, la simulation<br />
de rallye va toucher un nouveau public composé jusque-là<br />
de pilotes hardcore officiant sur PC et consoles et souvent<br />
un volant entre les mains. À ces derniers, on recommande<br />
le volant de course Logitech G923 (399,00 €). Compatible<br />
PlayStation, Xbox et PC son design primé a été repensé<br />
pour s’adapter à la physique de votre jeu et offrir<br />
un réalisme saisissant grâce notamment à son retour de<br />
force nouvelle génération Trueforce. Les pilotes plus<br />
« standards » lui préféreront le combo clavier/souris et là<br />
aussi Logitech a des sensations pour eux via sa souris G<br />
Pro X Superlight (149,00 €) ultra légère (moins de 63 g) et<br />
son clavier G915 Lightspeed (249,00 €) ultra fin (22 mm).<br />
logitech.fr ; nacongaming.com<br />
92 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
Écoute que coûte<br />
Casque Logitech G733<br />
Avec le casque G733 de Logitech, il souffle comme un vent de<br />
fraîcheur sur le design de casques. Mais on ne va pas le résumer<br />
à son aspect résolument « frais ». Ce modèle sans fil et ultra léger<br />
(278 g), dispose d’une très belle qualité sonore et d’un confort qui<br />
autorise des sessions de jeux interminables. On aime son micro<br />
équipé de la technologie BLUE VO!CE, ses écouteurs dotés du son<br />
surround, ses filtres vocaux et son éclairage avancé indispensable<br />
pour écouter, communiquer et jouer. Du style et de la performance<br />
pour une immersion totale. 149,00 € ; logitech.fr<br />
THE RED BULLETIN 93
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
Dans le game<br />
Combo Aorus et montre Garmin<br />
Pour des sessions de haute performance, le PC portable<br />
Gamer AORUS 15G (dès 1 669 €) est équipé des dernières<br />
cartes graphiques NVIDIA 30 Series et d’un écran 240 Hz mais<br />
si au portable « clé en main » vous préférez une configuration<br />
maison, vous composerez un combo efficace grâce à l’écran<br />
AORUS FI27Q-X (715 €) et sa dalle IPS de 2” QHD boostée à<br />
240 Hz affichant un temps de réponse de 0,3 ms. Un moniteur<br />
combinable au clavier mécanique AORUS K1 (99 €) et ses<br />
interrupteurs mécaniques Cherry MX <strong>Red</strong> qui réduisent les nuisances<br />
sonores. Et pour une finition graphique irréprochable,<br />
reste à installer la carte graphique AORUS GeForce RTX 3080<br />
XTREME et ses 10 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération<br />
(dès 1 509 €). Un modèle overclocké d’usine qui s’illustre par<br />
ses fréquences de fonctionnement élevées et son système de<br />
refroidissement amélioré. Équipé comme un pro, il faudra surveiller<br />
vos constantes pendant les cessions de jeu grâce à la<br />
montre connectée Garmin (299 €). Ses utilisateurs peuvent<br />
suivre, analyser et diffuser leurs données biométriques tout en<br />
jouant via son appli, l’application Garmin STR3AMUP!.<br />
aorus.com ; garmin.com<br />
94 THE RED BULLETIN
PERSPECTIVES<br />
matos gaming<br />
L’outil d’influence<br />
DJI Pocket 2<br />
La marque DJI, spécialisée dans le drone civil, s’est aussi fait une<br />
réputation auprès des producteurs de contenus grâce à son matériel<br />
vidéo extrêmement agile, stable et performant. Elle propose<br />
aujourd’hui la DJI Pocket 2, sa nouvelle caméra vidéo 4K stabilisée,<br />
très compacte et performante. Vlog, story Instagram, IGTV, clip ou<br />
vidéos personnelles, tous vos contenus prennent une dimension<br />
plus pro avec cette nouvelle génération de caméra proposée dans<br />
un bundle très complet.<br />
509 € ; dji.com<br />
Un PC d’attaque<br />
PC Razer Blade Pro 17<br />
Récemment ajouté à la gamme Razer, et équipé des GPUs<br />
NVIDIA GeForce RTX Séries 30, ce PC portable de gaming est<br />
une machine puissante dont l’écran a lui aussi revu ses performances<br />
avec des taux de rafraîchissement et des résolutions<br />
plus élevées. Compact et performant, il figure parmi les laptops<br />
les mieux équipés pour profiter pleinement des jeux de nouvelle<br />
génération. Et il se la donne aussi en mode bureautique.<br />
À partir de 2 399,99 € ; razer.com<br />
La bonne résolution<br />
Écran Benq 32” 2K QHD<br />
Pour un gamer, un écran incurvé permet une immersion<br />
bien plus importante dans le jeu. À ce titre, cet écran va<br />
particulièrement plaire aux adeptes de simulation de<br />
courses avec ses 144 Hz, sa technologie HDR , une résolution<br />
2K et une courbure 1800R pour une immersion totale<br />
dans le cockpit. À la clé, des images précises et fluides et<br />
une expérience de jeu ultime. 499 € ; benq.eu<br />
THE RED BULLETIN 95
MENTIONS LÉGALES<br />
THE RED<br />
BULLETIN<br />
WORLDWIDE<br />
The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
est actuellement<br />
distribué dans six pays.<br />
Vous découvrez ici la<br />
couverture de l’édition<br />
allemande, qui honore<br />
le pilote VTT local Erik<br />
Fedko.<br />
Le plein d’histoires<br />
hors du commun sur<br />
redbulletin.com<br />
Les journalistes de SO PRESS n’ont<br />
pas pris part à la réalisation de<br />
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Country Coordinator<br />
Christine Vitel<br />
Country Project Management<br />
Alessandra Ballabeni,<br />
Alessandra.Ballabeni@redbull.com<br />
Traductions<br />
Willy Bottemer, Fred & Susanne<br />
Fortas, Suzanne Kříženecký, Claire<br />
Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />
Gwendolyn de Vries<br />
Relecture<br />
Audrey Plaza<br />
Abonnements<br />
Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />
getredbulletin.com<br />
Siège de la rédaction<br />
29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />
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Impression<br />
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Pologne<br />
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PROFIL<br />
17 avenue de Saxe<br />
75017 Paris<br />
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Thierry Rémond,<br />
tremond75@gmail.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Allemagne, ISSN 2079-4258<br />
Country Editor<br />
David Mayer<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Country Project Management<br />
Natascha Djodat<br />
Publicité<br />
Thomas Hutterer (dir.),<br />
Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner,<br />
Daniela Güpner, Gabriele Matijevic-<br />
Beisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole<br />
Okasek-Lang, Britta Pucher,<br />
Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />
Johannes Wahrmann-Schär,<br />
Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker,<br />
Christian Wörndle, Sabine Zölß<br />
THE RED BULLETIN<br />
Autriche, ISSN 1995-8838<br />
Country Editor<br />
Wolfgang Wieser<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Publishing Management<br />
Bernhard Schmied<br />
Publicité<br />
Thomas Hutterer (dir.),<br />
Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner,<br />
Daniela Güpner, Gabriele Matijevic-<br />
Beisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole<br />
Okasek-Lang, Britta Pucher,<br />
Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />
Johannes Wahrmann-Schär,<br />
Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker,<br />
Christian Wörndle, Sabine Zölß;<br />
Kristina Krizmanic (Team Assistant)<br />
THE RED BULLETIN<br />
Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />
Country Editor<br />
Ruth Morgan<br />
Rédacteur associé<br />
Tom Guise<br />
Secrétariat de rédaction<br />
Davydd Chong (dir.),<br />
Nick Mee<br />
Publishing Manager<br />
Ollie Stretton<br />
Publicité<br />
Mark Bishop,<br />
mark.bishop@redbull.com<br />
Fabienne Peters,<br />
fabienne.peters@redbull.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Suisse, ISSN 2308-5886<br />
Country Editor<br />
Wolfgang Wieser<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Country Project Management<br />
Meike Koch<br />
Manager des partenariats<br />
commerciaux<br />
Stefan Bruetsch<br />
Publicité<br />
Marcel Bannwart (Suisse alémanique),<br />
marcel.bannwart@redbull.com<br />
Christian Bürgi (Suisse romande),<br />
christian.buergi@redbull.com<br />
Goldbach Publishing<br />
Marco Nicoli,<br />
marco.nicoli@goldbach.com<br />
THE RED BULLETIN USA,<br />
ISSN 2308-586X<br />
Rédacteur en chef<br />
Peter Flax<br />
Rédactrice adjointe<br />
Nora O’Donnell<br />
Révision<br />
David Caplan<br />
Publishing Management<br />
Branden Peters<br />
Media Network Communications<br />
& Marketing Manager<br />
Brandon Peters<br />
Publicité<br />
Todd Peters,<br />
todd.peters@redbull.com<br />
Dave Szych,<br />
dave.szych@redbull.com<br />
Tanya Foster,<br />
tanya.foster@redbull.com<br />
96 THE RED BULLETIN
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9 MAI 2021 – 11 H<br />
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Pour finir en beauté<br />
La voie de Stéphane<br />
Afrique, Amérique du Sud, Arabie saoudite… sur tous les terrains qui ont accueilli la<br />
plus légendaire des compétitions moto et auto, le Dakar, le pilote français de rallyeraid<br />
Stéphane Peterhansel (55 ans) a vaincu. Quatorze fois : six sur deux roues, et huit<br />
en voiture. Ici, sur la troisième étape de l’édition 2021, alors que la planète entame une<br />
année incertaine, M. Dakar suit une voie qu’il connaît très bien : celle de la victoire.<br />
Le prochain<br />
THE RED BULLETIN<br />
sortira le<br />
22 avril 2021.<br />
MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL<br />
98 THE RED BULLETIN