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Red Bulletin April

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FRANCE<br />

AVRIL 2021<br />

HORS DU COMMUN<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec<br />

ALLEZ<br />

LES BLEUS<br />

COMMENT PRIME ET KAMETO<br />

CHANGENT LA DONNE DE<br />

L'ENTERTAINMENT AVEC LEUR<br />

TEAM DE SPORT ÉLECTRONIQUE


©2018 Published by Nacon and developed by Kylotonn Racing. 2 , Øand ”PlayStation” are registered trademarks of Sony Interactive Entertainment Inc. All rights reserved. ©2018 Nintendo. Nintendo Switch and Joy-Con are tradmarks of Nintendo.<br />

Epic Games and the Epic Games Store logo are trademarks or registered trademarks of Epic Games, Inc. in the USA and elsewhere.


Éditorial<br />

L’E-SPORT PÈTE<br />

LES SCORES<br />

Note pour de suite : il existe des équipes de pros<br />

du jeu vidéo dont les matches sont pour leurs fans<br />

l’équivalent d’une Ligue des champions de foot.<br />

En couverture de cette édition, Prime et Kameto<br />

sont les PDG d’une structure compétitive différente<br />

(mais pas si nouvelle dans ce game), qui excite<br />

des milliers d’ultras sans les réunir dans un stade<br />

ou devant une télévision. Grâce, entre autres,<br />

à la Karmine Corp qu’ils ont lancée, et aux autres<br />

équipes engagées sur League of Legends, l’e-sport<br />

(dire isport) pète les scores.<br />

Ceux qui le font avancer – les cinq joueurs de<br />

leur KCorp, Shanky le manager général ou encore<br />

Laure Valée (référence des médias spé) – et les<br />

milliers d’investi(e)s derrière eux ont un truc en<br />

commun, qui fait peut-être défaut (osons) à certains<br />

acteurs du sport « traditionnel » : la passion.<br />

CONTRIBUTEURS<br />

NOS ÉQUIPIERS<br />

CHRIS SAUNDERS<br />

Ce photographe sud-africain<br />

a documenté les scènes urbaines<br />

de son pays avant de<br />

s’installer à Paris, à l’affût de<br />

fraîcheur culturelle. Pour ce<br />

numéro, il a rencontré deux<br />

CEO de l’e-sport. « Le shooting<br />

avec Kameto et Prime avait<br />

pour but d’amener une nouvelle<br />

perception des gamers,<br />

entre des rappeurs et des<br />

athlètes. C’est toujours cool<br />

de redonner une image à des<br />

gens sur lesquels le public<br />

a des stéréotypes. » Page 38<br />

Belle lecture !<br />

Votre Rédaction<br />

CHRIS SAUNDERS (COUVERTURE)<br />

Kameto (à gauche) et Prime s’exposent habituellement dans un monde<br />

digital, leur présence en studio pour un magazine fut donc exceptionnelle.<br />

DAVID KHUN<br />

Ce journaliste français est un<br />

gamer « à l’ancienne », du<br />

genre à finir la campagne solo<br />

de Call of Duty. Un recul<br />

nécessaire pour prendre toute<br />

la mesure de ce phénomène<br />

qu’est l’e-sport et décrypter<br />

son immersion au sein de la<br />

KCorp : « Kameto et Prime, ses<br />

deux fondateurs, incarnent le<br />

nouvel âge du gaming, dit-il.<br />

Deux garçons passionnés,<br />

tranquilles, visionnaires et<br />

furieusement connectés à<br />

leur époque. » Page 38<br />

THE RED BULLETIN 3


66<br />

Isolés : vous aviez entendu parler<br />

du Vendée Globe 2020, mais<br />

vous n’aviez rien vu du tout.<br />

50<br />

Givré : en colère,<br />

il se passionne pour<br />

son congélateur.<br />

6 Galerie : cascade de merveilles<br />

outdoor à fort potentiel visuel<br />

12 Croyez-le ou non, une course<br />

de voitures télécommandées<br />

va avoir lieu sur la Lune<br />

14 Pour Jaimie Monahan, rien ne<br />

vaut une nage en eaux glacées<br />

16 Comment des fresques sur les<br />

murs peuvent permettre à nos<br />

villes de mieux respirer<br />

18 Un masque pas très discret,<br />

mais qui préservera votre vie<br />

privée (et votre santé)<br />

20 Priya Ragu, une employée de<br />

compagnie aérienne qui a pris<br />

son envol dans la chanson<br />

22 Le surf pour toutes : elles<br />

glissent pour que ça bouge<br />

JEAN-MARIE LIOT/MAITRE COQ, ZEPPELIN, JB LIAUTARD<br />

4 THE RED BULLETIN


CONTENUS<br />

avril 2021<br />

24<br />

Révélées : la face cachée<br />

des photos de JB Liautard.<br />

24 En coulisses<br />

Le photographe de VTT<br />

Jean-Baptiste Liautard livre<br />

les secrets de sa magie.<br />

38 Fini de jouer<br />

En lançant leur Karmine<br />

Corp en première division<br />

du jeu League of Legends,<br />

Kameto et Prime ont ainsi<br />

décuplé la puissance<br />

d’attraction de l’e-sport.<br />

50 Rester de glace<br />

Face à la fatalité et l’absurdité<br />

de la maladie, Romain<br />

Vandendorpe s’est mis en<br />

tête un record complètement<br />

fou. Qu’il a battu. Et<br />

qu’il veut que vous battiez.<br />

58 En ascension<br />

Habituée à exceller de haut<br />

en bas (en freeski), Nadine<br />

Wallner s’est réinventée de<br />

bas en haut (en grimpant).<br />

Pour l’Autrichienne, qu’importe<br />

le sens, il ne faut pas<br />

se précipiter.<br />

66 Vendée Globe<br />

Cette course à la voile en<br />

solitaire ne se résume pas<br />

seulement à un départ et<br />

à une arrivée médiatisés.<br />

On vous transporte entre<br />

les deux, là où l’idée même<br />

du quotidien devient<br />

absurde.<br />

81 À faire : atteindre les sommets<br />

en respect des animaux, le pari<br />

d’un alpiniste végan<br />

86 Gaming : de votre salon à la<br />

compétition avec WRC9<br />

87 À voir : du ski, du skate, du vélo,<br />

de la grimpe, de l’exceptionnel,<br />

sur <strong>Red</strong> Bull TV, évidemment !<br />

88 Matos : un équipement digne<br />

des pros de l’e-sport, de votre<br />

souris jusqu’à votre casque,<br />

passez au niveau supérieur<br />

96 Ils et elles font The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

98 Image de fin : M. Dakar remet ça<br />

THE RED BULLETIN 5


ALDEYJARFOSS, ISLANDE<br />

Espionnage<br />

Quand vous êtes photographe, vous allez là où<br />

l’action vous mène. « Je travaillais sur un projet<br />

concernant les glaciers islandais, se souvient<br />

le photographe tchèque Jan Kasl, quand les<br />

gars de FlyOver Iceland nous ont appelés pour<br />

venir les voir filmer en hélicoptère. » Par une<br />

heureuse coïncidence, FlyOver Iceland – une<br />

attraction qui présente des vols simulés sur<br />

des écrans géants – filmait le kayakiste américain<br />

de l’extrême Evan Garcia plongeant dans<br />

une cascade de vingt mètres de haut. Ce qui a<br />

donné à Kasl juste ce dont il avait besoin pour<br />

ce behind the scene. jankaslphoto.com


JAN KASL<br />

7


OAHU, HAWAÏ, USA<br />

La voie<br />

est libre<br />

Les empreintes de Mo Freitas, surfeur<br />

pro hawaïen, sur la côte nord d’Oahu. Le<br />

photographe californien Morgan Maassen<br />

s’est qualifié pour la finale du concours<br />

photo <strong>Red</strong> Bull Illume 2019 grâce à cette<br />

image. « Je suis naturellement attiré par<br />

les prises de vue depuis l’eau, dit-il, mais<br />

le drone me permet d’explorer les paysages<br />

terrestres et marins pour leurs textures,<br />

et d’y juxtaposer des humains pour des<br />

scènes incroyables. » morganmaassen.com


STOCKHOLM, SUÈDE<br />

L’invité<br />

mystère<br />

Pendant ce temps, sous un autre climat,<br />

un autre finaliste du <strong>Red</strong> Bull Illume<br />

était à l’ouvrage. « J’étais en promenade<br />

à Stockholm, raconte le photographe<br />

australien Jeffrey Kieffer, quand, au<br />

détour d’un virage, le kayak de cet<br />

homme a émergé. J’ai donc envoyé mon<br />

drone, en priant pour que son petit<br />

cœur mécanique résiste au froid. D’où<br />

venait ce type ? Où allait-il ? » Mystère.<br />

Instagram : @jeffreyjkieffer<br />

MORGAN MAASSEN/RED BULL ILLUME, JEFFREY KIEFFER/RED BULL ILLUME<br />

9


SYDNEY, AUSTRALIE<br />

Duplicatas<br />

N’en déplaise aux complotistes, cette image n’est<br />

pas la preuve d’un programme secret de clonage<br />

humain. Il s’agit d’une image composite de l’athlète<br />

de parkour Alex Robinson, réalisée par le magicien<br />

australien de la photo Eric Yip. « Cette ancienne<br />

carrière est devenue espace naturel au sud de<br />

Sydney, raconte Yip à propos de ce cliché qui lui a<br />

valu une place en demi-finale du concours <strong>Red</strong> Bull<br />

Illume. L’endroit a quelque chose de magique à<br />

l’aube, quand la lumière enflamme les colonnes<br />

de basalte. » eyxl.com.au


ERIC YIP/RED BULL ILLUME<br />

11


MOON MARK<br />

La course à l’espace<br />

Autrefois un symbole de la conquête spéciale, le terme désigne aussi depuis<br />

cette année, une course de sports mécaniques d’un genre nouveau.<br />

Organiser une compétition<br />

inédite n’a pas de secret pour<br />

Mary Hagy. En 2015, cette chef<br />

d’entreprise et ex-membre de<br />

l’US Army lance la Triumph<br />

Games, une épreuve sportive<br />

télévisée à laquelle participent<br />

des vétérans de l’armée ayant<br />

survécu à de graves blessures.<br />

Mais cette fois, la barre est<br />

encore plus haute : une course<br />

de voitures téléguidées sur la<br />

Lune, pilotées par les plus brillants<br />

lycéens de la Terre.<br />

Hagy est aussi pilote de<br />

course amateur, une passion<br />

à l’origine de sa dernière idée.<br />

« J’étais sur un circuit lorsque<br />

les similitudes entre le paysage<br />

qui j’avais sous les yeux et<br />

celui de la Lune tel qu’on se<br />

l’imagine me sont apparues »,<br />

confie-t-elle. L’idée est de combiner<br />

l’univers de l’aérospatiale<br />

à celui du sport automobile,<br />

un défi que Moon Mark, la nouvelle<br />

entreprise de Hagy lance<br />

aux esprits les plus brillants de<br />

la jeunesse, qui se mesureront<br />

en concevant des véhicules<br />

autonomes pilotés par l’IA.<br />

L’été dernier, 35 équipes<br />

de lycéens de onze pays différents<br />

soumettent la vidéo de<br />

leur concept car dans le cadre<br />

d’un concours de conception<br />

sous l’égide de Moon Mark.<br />

Les six finalistes reçoivent un<br />

don de mille dollars destiné à<br />

l’association de leur choix et<br />

leur projet est présenté à un<br />

jury d’experts en aérospatiale,<br />

technologie et sports mécaniques.<br />

Les juges retiennent<br />

deux équipes — une d’Argentine,<br />

l’autre de Chine — dont<br />

le projet répond au-delà des<br />

attentes, aux exigences<br />

Eat My Moondust : le prototype<br />

de bolide lunaire conçu par<br />

ILSTAR, l’une des équipes<br />

lauréates, basée à Shanghai.<br />

L’esthétique est perfectible,<br />

mais un plein suffit pour un<br />

aller-retour à la mer de la<br />

Tranquillité. En haut : la course<br />

Moon Mark vue par un artiste.<br />

techniques de la course lunaire.<br />

Moon Mark fait appel à de<br />

grands noms de l’exploration<br />

spatiale et des sports mécaniques<br />

notamment SpaceX<br />

d’Elon Musk dont la fusée<br />

Falcon 9 transportera les<br />

véhicules, la société Intuitive<br />

Machines — son alunisseur<br />

Nova-C déposera les voitures<br />

sur la Lune — et la société<br />

Lunar Outpost chargée d’adapter<br />

les voitures à son buggy<br />

MAPP (Mobile Autonomous<br />

Prospecting Platform) approuvé<br />

par la NASA, et conçu<br />

à l’origine pour la recherche<br />

scientifique extraterrestre.<br />

La star du design automobile<br />

Frank Stephenson, le créateur<br />

de voitures mythiques pour<br />

Ferrari, Mc Laren, BMW et<br />

Maserati, rejoint aussi l’équipe<br />

et sera chargée de parfaire<br />

les bolides.<br />

En octobre prochain, l’atterrisseur<br />

larguera les voitures sur<br />

la ligne de départ à la surface<br />

de la Lune. Des caméras à 360 °<br />

seront déployées pour retransmettre<br />

la course en direct.<br />

« Nous travaillons actuellement<br />

au tracé du circuit sans connaître<br />

le lieu précis d’alunissage,<br />

explique Hagy. Des caméras<br />

équiperont les voitures et<br />

seront orientées vers l’Eagle-<br />

Cam (l’alunisseur, ndlr) afin<br />

d’assurer la retransmission. »<br />

Le projet de Moon Mark<br />

n’oublie pas la protection de<br />

l’environnement. « Nous ne<br />

laisserons pas de débris derrière<br />

nous, précise Hagy. La<br />

course passionne, mais c’est<br />

aussi l’occasion de créer et<br />

laisser quelque chose d’utile.<br />

Les voitures seront équipées<br />

de microréflecteurs qui pourraient<br />

devenir des relais de<br />

géolocalisation. La prochaine<br />

génération héritera d’un changement<br />

dans l’humanité,<br />

ajoute Hagy. Nous souhaitons<br />

créer un portail pour offrir aux<br />

plus jeunes un accès à une<br />

commercialisation viable de<br />

l’espace. »<br />

moonmark.space<br />

MOON MARK LOU BOYD<br />

12 THE RED BULLETIN


JAIMIE MONAHAN<br />

En nage libre<br />

Cette New-Yorkaise de 41 ans a une approche très originale du tourisme :<br />

des pieds à la tête immergée dans l’eau glacée, vêtue d’un simple maillot<br />

de bain, et armée d’un mental à toute épreuve.<br />

Quand Jaimie Monahan nage, ce<br />

n’est pas pour être la plus rapide ni<br />

battre des records. La nageuse de<br />

41 ans, spécialité bains de glace et<br />

marathon, explique qu’elle recherche<br />

des challenges qui lui tiennent à<br />

cœur et la font se sentir forte. Ce sont<br />

ces raisons qui ont mené Monahan<br />

à conquérir quelques-uns des spots<br />

en eau libre les plus stupéfiants –<br />

et les plus froids – en ne portant rien<br />

d’autre qu’un maillot et un bonnet<br />

de bain en silicone. Férue de natation<br />

depuis sa jeunesse, c’est suite à la<br />

promesse d’un tour du monde que<br />

Jaimie Monahan commence par<br />

mettre un orteil dans l’eau glacée.<br />

En 2017, elle remporte un record du<br />

monde répertorié par Guinness : elle<br />

est la première personne à réaliser le<br />

Ice Sevens Challenge : nager 1,6 km<br />

sur les sept continents, dans une eau<br />

à une température inférieure à 5 °C,<br />

dont le Ice Zero : 1,6 km dans une<br />

eau à moins de 1 °C. Lorsqu’en 2020,<br />

comme le reste du monde, elle se<br />

retrouve coincée chez elle, elle s’invente<br />

de nouveaux défis en marge<br />

de son activité professionnelle dans<br />

une banque. En août, elle profite de<br />

ses vacances pour réaliser, à la nage<br />

et en sept jours consécutifs, la boucle<br />

de 46 km autour de Manhattan. En<br />

septembre, Jaimie Monahan devient<br />

la première personne à nager la<br />

boucle quatre fois de suite, 183 km<br />

dans un effort ininterrompu de 45<br />

heures. « Je cherchais un moyen de<br />

reprendre le dessus après avoir été<br />

enfermée pendant des mois, racontet-elle.<br />

2020 est l’une des années de<br />

ma vie dont je suis le plus fière. »<br />

the red bulletin : Comment<br />

réalisez-vous de tels exploits ?<br />

jaimie monahan : À de nombreuses<br />

occasions dans la vie, j’ai compris<br />

que l’on ne pouvait contrôler que<br />

soi-même, pas son environnement.<br />

L’eau a des propriétés auxquelles<br />

je peux me fier. Donc c’est à moi<br />

de prendre conscience de cela, et<br />

de la force de son courant. Nous<br />

ne sommes que du menu fretin en<br />

comparaison.<br />

Quelles sont vos techniques pour<br />

endurer le froid ?<br />

C’est du mental. Au moment où<br />

j’entre dans l’eau, c’est tout mon<br />

corps qui hurle sa révolte. Ma respiration<br />

se fait plus tendue, mes muscles<br />

aussi, c’est une réaction de fuite<br />

ou de lutte, c’est toujours pareil,<br />

peu importe combien on est expérimenté.<br />

Je me dis toujours que si<br />

je compte jusqu’à 100 pendant que je<br />

nage, au bout de ces 100, je me sentirai<br />

bien car j’aurai activé mon feu<br />

intérieur, je me serai réchauffée.<br />

Quand on nage une longue distance,<br />

on doit rester attentif à son corps :<br />

la couleur de la peau est-elle normale,<br />

par exemple ? J’aime bien fléchir<br />

les mains et les pieds. Je vérifie<br />

ma respiration. Quand on commence<br />

à se sentir un peu trop bien, c’est le<br />

signe qu’il faut sortir de l’eau. Avoir<br />

chaud, être euphorique… ce sont<br />

les signes d’une hypothermie.<br />

En quoi nager dans l’eau glacée<br />

diffère-t-il de nager un marathon ?<br />

Selon moi, ce sont les extrêmes d’un<br />

même spectre et en même temps, le<br />

côté pile et le côté face d’une même<br />

pièce. Dans l’eau glacée, il faut être<br />

hautement concentré. Si on perd le<br />

focus, on risque vraiment gros. J’ai<br />

vu des gens, le regard vide, et on m’a<br />

raconté ensuite qu’ils souffraient de<br />

douleurs terribles ou de perte totale<br />

de mémoire. Il faut impérativement<br />

mettre son ego de côté avant de se<br />

jeter à l’eau froide. Et il est impératif<br />

de faire un bilan constant de comment<br />

on se sent. Un marathon, par<br />

contre, c’est une sorte de méditation<br />

en mouvement : je laisse mon esprit<br />

divaguer où bon lui semble. Pour<br />

moi, il est très important de lui donner<br />

libre cours. Certains passent<br />

leur temps à compter, d’autres prient<br />

– peu importe, au final, l’esprit se<br />

désengage et vagabonde. On est tellement<br />

connectés dans ce monde –<br />

surtout virtuellement. On reçoit des<br />

emails à longueur de journée, des<br />

notifications sur les réseaux sociaux,<br />

on est bombardés par ces souscatégories<br />

de vie. Mais dans l’eau,<br />

je suis loin de tout ça. Je ne vais pas<br />

minimiser la difficulté de nager<br />

45 heures non-stop ! Mais, en un<br />

sens, cela me fait un break mental.<br />

Êtes-vous déjà allée trop loin ?<br />

Non. Il est hors de question pour moi<br />

de terminer une nage dans un état<br />

dans lequel je ne me sentirais pas<br />

bien. Je veux être capable de m’extirper<br />

de l’eau par mes propres moyens.<br />

Je veux pouvoir sortir de l’eau cinq<br />

minutes avant d’y être obligée.<br />

Quel est votre parcours de nage<br />

favori ?<br />

Ma réponse change souvent. Je suis<br />

ambivalente. Je vis à Manhattan,<br />

entourée de gratte-ciels, et j’adore<br />

nager dans ses environs, car je suis<br />

en plein milieu de la ville, et pourtant,<br />

je vois une telle nature sauvage.<br />

À l’opposé, j’ai eu la chance<br />

de nager en Antarctique et dans le<br />

cercle polaire arctique. J’ai un faible<br />

pour les formations de glace, que ce<br />

soient des glaciers ou des icebergs<br />

centenaires. Ils me transmettent<br />

leur énergie. Je sens le froid qu’ils<br />

génèrent, et quand je suis dans l’eau<br />

avec eux, c’est intense. C’est tellement<br />

grisant !<br />

jaimiemonahan.com<br />

ARIK THORMAHLEN RACHAEL SIGEE<br />

14 THE RED BULLETIN


« L’eau a<br />

des propriétés<br />

auxquelles<br />

je peux<br />

me fier. »<br />

THE RED BULLETIN 15


Impact mondial :<br />

l’artiste australien<br />

Elliott Routledge<br />

sollicité à Woolloomooloo.<br />

CONVERSE CITY FORESTS<br />

Les murs<br />

respirent<br />

Des fresques monumentales égaient<br />

les villes, mais les purifient également.<br />

Bouffée d’oxygène : de l’air frais s’incruste en ville.<br />

L’art urbain peut être un moteur<br />

puissant et positif dans les<br />

quartiers populaires. Si certains<br />

soutiennent que toute<br />

forme de graffiti est une plaie<br />

visuelle qui encourage des<br />

comportements délinquants,<br />

les statistiques révèlent<br />

qu’il est facteur de cohésion<br />

sociale, de respect pour l’espace<br />

urbain et contribue à<br />

créer un lieu de vie plus sûr.<br />

Ces temps-ci, une autre<br />

forme d’art urbain capable de<br />

nettoyer nos rues se manifeste.<br />

Partie intégrante d’une<br />

campagne initiée par le fabricant<br />

de baskets Converse, City<br />

Forests regroupe des fresques<br />

murales réalisées à travers la<br />

planète et ayant la faculté de<br />

filtrer l’air. Les auteurs de ses<br />

œuvres privilégient des zones<br />

urbaines à forte circulation.<br />

Quatorze villes y ont participé<br />

à ce jour, Sydney, São Paulo,<br />

Bangkok et Varsovie en font<br />

partie. Une manière de promouvoir<br />

un avenir durable en préservant<br />

la santé des habitants.<br />

Le secret de ces œuvres se<br />

nomme KNOxOUT, une peinture<br />

à photocatalyse développée<br />

par la société philippine<br />

Boysen dont le principe<br />

consiste à se servir de l’énergie<br />

lumineuse pour transformer<br />

les polluants atmosphériques<br />

tels que les oxydes d’azote (le<br />

NOx dans le nom), en dioxyde<br />

de carbone, eau et résidu de<br />

nitrate de calcium lavable à<br />

l’eau. L’utilisation de la peinture<br />

ne se limite pas aux fresques<br />

murales, elle convient aussi<br />

aux structures en centre-ville.<br />

Testée à Londres entre 2007<br />

et 2010, la KNOxOUT permet<br />

d’absorber 50 % d’oxydes<br />

d’azote présents dans l’air.<br />

« Cela peut devenir un<br />

moyen viable de purification<br />

de l’air à plus grande échelle »,<br />

estime l’artiste Elliott Routledge,<br />

basé à Sydney. Son imposante<br />

fresque murale créée en partenariat<br />

avec l’association Rainforest<br />

Rescue à Woolloomooloo,<br />

une banlieue de la ville, purifie<br />

l’air autant que 183 arbres.<br />

« L’efficacité de la peinture<br />

dure entre dix et quinze ans.<br />

Mais il suffit de la rafraîchir<br />

pour qu’elle retrouve toute<br />

sa vigueur, ajoute-t-il. »<br />

En plus d’être bénéfiques<br />

à l’environnement, Routledge<br />

espère que les fresques inciteront<br />

les gens à s’engager plus<br />

activement dans la sauvegarde<br />

de leurs espaces verts. « L’art<br />

populaire est un puissant<br />

vecteur de messages, dit-il.<br />

Les passants y sont réceptifs,<br />

autant l’utiliser. L’art n’est pas<br />

uniquement un moteur de<br />

changement social, utilisé au<br />

bon endroit et à bon escient,<br />

il devient un puissant moyen<br />

de communication. » City<br />

Forests compte poursuivre<br />

sa mission en invitant d’autres<br />

artistes à donner une bouffée<br />

d’air frais à leurs villes.<br />

conversecityforests.com<br />

BILLY ZAMMIT LOU BOYD<br />

16 THE RED BULLETIN


© Jean Nouvel, Gilbert Lézénès, Pierre Soria et Architecture-Studio / Adagp, Paris, 2021<br />

ALPHATAURI.COM


BLANC MASK<br />

Restez discret<br />

Si vous cherchez un masque anti-virus doté d’une<br />

protection personnelle totale, celui-ci est à envisager.<br />

Voilà un an que le port du<br />

masque s’est imposé à notre<br />

quotidien. Mais alors que nous<br />

apprenons à nous protéger<br />

du danger invisible que représente<br />

la Covid-19, une autre<br />

menace tout aussi invisible se<br />

fait de plus en plus pressante :<br />

la surveillance du citoyen.<br />

Afin de répondre à ces deux<br />

dangers, un groupe de technologues<br />

américains et russes<br />

propose une solution élégante :<br />

le Blanc Mask. Créé en avril<br />

dernier pour lutter contre la<br />

pandémie, ce masque modulaire<br />

se compose de deux moitiés<br />

verticales s’ajustant avec<br />

des aimants. Le matelassage<br />

interne épouse parfaitement<br />

les traits du visage, tandis<br />

que les filtres HEPA amovibles<br />

retiennent jusqu’à 99,9 % des<br />

particules de l’air respiré.<br />

De plus, vous passerez<br />

pour un membre du groupe<br />

Daft Punk — de quoi assouvir<br />

le désir d’anonymat de certains.<br />

Désormais courante,<br />

la reconnaissance faciale permet<br />

de cartographier vos traits<br />

et d’ajouter votre « signature<br />

faciale » à une base de données.<br />

Déverrouiller votre<br />

téléphone en un clin d’œil<br />

et accélérer le contrôle des<br />

passeports biométriques dans<br />

les aéroports sont quelques-<br />

Résistant, efficace,<br />

rapide, sûr : le Blanc Mask<br />

s’ajuste en un clin d’œil.<br />

Jason en serait jaloux !<br />

uns des avantages de cette<br />

technologie. Cependant, les<br />

partisans de la vie privée s’inquiètent<br />

de l’exploitation de<br />

ces données. Selon une étude<br />

publiée en juillet dernier, le<br />

secteur devrait générer plus de<br />

10 millions d’euros d’ici 2027,<br />

principalement grâce au marketing<br />

et à la surveillance, et<br />

le magazine Forbes affirme<br />

que le FBI a accès à plus de<br />

412 millions d’images faciales.<br />

Le recours à cette technologie<br />

pour le maintien de l’ordre fait<br />

débat, notamment à cause de<br />

son manque de fiabilité pour<br />

les personnes de couleur, et les<br />

femmes noires en particulier.<br />

De plus, les autorités<br />

chinoises y auraient recours<br />

pour réprimer des délits<br />

mineurs tels que traverser la<br />

chaussée hors du passage<br />

piéton. « Acheter et vendre<br />

votre image faciale est accessible<br />

à qui veut, affirme Philipp<br />

Egorov, cofondateur de Blanc,<br />

basé en Russie. Moscou est la<br />

deuxième ville au monde en<br />

nombre d’appareils à reconnaissance<br />

faciale. Notre<br />

masque permet de vous<br />

réapproprier votre identité<br />

et votre intimité. »<br />

Pour Philipp Egorov, il y a<br />

« deux sortes de personnes,<br />

celles qui privilégient le contact<br />

visuel dans les transports<br />

publics ou les cafés, et celles<br />

qui, comme moi, évitent le<br />

contact visuel avec les inconnus.<br />

Le port du masque est<br />

pour moi, source de bien-être ».<br />

Il n’est pas le seul visiblement<br />

: le masque Blanc, livré<br />

ce mois-ci, a recueilli sur<br />

Kickstarter, plus de vingt fois<br />

son objectif de lancement,<br />

soit environ 17 000 euros.<br />

« L’objectif du masque est<br />

l’anonymat, explique Philipp<br />

Egorov, et nous espérons<br />

étendre le concept à d’autres<br />

produits destinés à préserver<br />

cet anonymat. Nous offrons<br />

aux personnes une intimité<br />

visuelle. »<br />

blancmasks.com<br />

ELENA VAKHTUROVA LOU BOYD<br />

18 THE RED BULLETIN


PRIYA RAGU<br />

Décollage imminent<br />

Employée d’une compagnie aérienne, la Suisse d’origine sri-lankaise<br />

hésite longtemps avant de croire en ses talents d’auteur-compositriceinterprète.<br />

Désormais, la jeune femme de 34 ans ne s’interdit rien.<br />

En 2019, Priya Ragu décide de<br />

mettre sa créativité à l’épreuve et<br />

s’exile à New York pendant six mois.<br />

Née à Saint-Gall, de parents tamouls<br />

qui avaient fui la guerre au Sri Lanka<br />

dans les années 80, la chanteuse<br />

suisse tamoule mène une vie confortable<br />

dans la paisible ville helvète<br />

où elle occupe un emploi de technicienne<br />

chez la compagnie aérienne<br />

Swiss Airlines. Pourtant, la jeune<br />

femme hésite à s’abandonner à ce<br />

bonheur tranquille et doute de sa<br />

destinée. La vraie passion de Priya<br />

Ragu c’est la chanson. Enfant, elle<br />

s’y adonne en tamoul dans le cercle<br />

familial, puis se passionne en grandissant,<br />

pour le R&B made in USA.<br />

Ses participations à des scènes<br />

ouvertes l’enchantent sans toutefois<br />

répondre à ses ambitions à long<br />

terme. Le déclic se produit durant<br />

son exile new-yorkais. Priya Ragu<br />

en revient avec un album produit<br />

par son frère Japhna Gold. Un<br />

mélange de R&B, d’électro-pop et<br />

d’influences tamoules, que le duo<br />

intitule Raguwavy, manifestation<br />

musicale d’une enfance commune<br />

nourrie de deux cultures distinctes.<br />

Good Love 2.0 fait partie des titres<br />

marquants de l’année 2020, et<br />

figure dans la bande-son du jeu<br />

vidéo FIFA 21. Priya Ragu revient<br />

sur une année qui a changé sa vie.<br />

the red bulletin : La musique<br />

est votre passion de toujours,<br />

pourquoi avoir attendu la trentaine<br />

pour vous y consacrer ?<br />

priya ragu : Aujourd’hui, je suis<br />

plus sûre de moi qu’auparavant.<br />

Ma voix intérieure a mis du temps<br />

avant de me dire : « Allez, lance-toi. »<br />

Mon premier titre a suscité un intérêt<br />

qui m’a prise totalement au<br />

dépourvu.<br />

Vingt maisons de disques vous<br />

auraient contactée, est-ce exact ?<br />

Oui, des labels indépendants et des<br />

majors. Signer avec Warner Music<br />

a été un grand pas, même si ce<br />

choix n’a pas été évident. Lors d’une<br />

balade avec mon chien, Crooks, j’ai<br />

trouvé une plume d’oie. J’y ai vu<br />

un signe et j’ai signé ! La plume est<br />

toujours sur le mur de mon<br />

appartement.<br />

À présent, on vous voit dans le<br />

Vogue britannique, votre musique<br />

est sur les ondes de la BBC Radio 1<br />

et dans le jeu FIFA 2021. Malgré<br />

tout, vous travaillez toujours pour<br />

une compagnie aérienne.<br />

Pourquoi ?<br />

J’y travaille seulement deux heures<br />

par jour. C’est mon côté suisse qui<br />

a du mal à lâcher prise, du moins<br />

tant que c’est tenable. Je n’ai jamais<br />

imaginé que ça irait si vite, mais je<br />

m’en réjouis. 2020 a été la meilleure<br />

année de ma vie.<br />

Rares sont ceux qui peuvent en dire<br />

autant…<br />

Je sais. J’ai beaucoup de chance. De<br />

plus, c’est probablement la première<br />

fois qu’une artiste est signée via<br />

Zoom. J’ai aussi choisi mes musiciens<br />

en ligne. La direction m’a suggéré<br />

quatre guitaristes, quatre pianistes,<br />

des batteurs… J’ai fait mon choix<br />

comme sur un catalogue. Ou des<br />

profils Tinder qu’on balaye sur un<br />

écran.<br />

À quand remonte votre amour de<br />

la musique ?<br />

J’ai grandi avec les BO tamoules<br />

des films de Kollywood, l’équivalent<br />

de Bollywood à Chennai au sud de<br />

l’Inde. Mon père avait un groupe qui<br />

reprenait les BO Kollywood. Mon<br />

frère était au clavier et moi je chantais.<br />

À chaque réunion de famille le<br />

week-end, j’y avais droit : « Priya,<br />

chante-nous quelque chose ! »<br />

Et vous avez ainsi commencé<br />

à écrire des textes…<br />

Les mots ne me venaient pas aussi<br />

naturellement que les notes de<br />

musique. Je crois à une forme<br />

d’énergie créative d’origine divine.<br />

Il m’arrive de relire une idée en me<br />

disant : « C’est toi qui as écrit ça ?<br />

Mais d’où cela t’est venu ? » La voix<br />

intérieure nous guide vers notre<br />

destination. Cette voix avait<br />

approuvé mon choix d’être musicienne,<br />

mais je l’avais délibérément<br />

ignorée par manque d’assurance.<br />

Comment avez-vous pris<br />

confiance ?<br />

Par le travail ! Je me levais le matin<br />

et j’écrivais trois pages dans mon<br />

journal. J’y mettais mes pensées et<br />

mes doutes. Cela a été utile pour<br />

trouver les solutions. C’était assez<br />

cathartique. Le déclic a eu lieu à la<br />

lecture du livre de Julia Cameron,<br />

Libérez votre Créativité. Travailler<br />

sur soi sans relâche, se dépasser,<br />

et oser sortir de sa zone de confort<br />

est vital.<br />

De quoi avez-vous le plus hâte ?<br />

Je compose des chansons, je les<br />

exalte, et leur sortie est pour moi<br />

comme un accouchement, la douleur<br />

en moins tout de même ! Et j’ai<br />

hâte de voir ce que ça donne. Il s’est<br />

passé tant de choses dont je n’aurais<br />

même pas pu rêver. Chaque jour,<br />

je consigne mes expériences et mes<br />

émotions dans mon journal, ainsi<br />

elles ne me quittent jamais.<br />

Instagram : @priyaraguofficial<br />

JENNY BROUGH SABRINA LUTTENBERGER<br />

20 THE RED BULLETIN


« Travailler sur soi<br />

sans relâche, se<br />

dépasser, et sortir<br />

de sa zone de<br />

confort est vital. »<br />

THE RED BULLETIN 21


SURFEUSES BODY-POSITIVES<br />

Sur une vague<br />

authentique<br />

Ces surfeuses en formes se bougent en vue<br />

d’être reconnues au cœur de leur passion.<br />

Dans la vraie vie, les adeptes<br />

du surf ne sont pas tous bronzés<br />

et musclés comme le suggère<br />

souvent le marketing de<br />

l’industrie du surf. Bien que les<br />

marques véhiculent l’image<br />

de corps sculptés et de topmodels,<br />

quiconque surfe en<br />

Californie sait que souvent le<br />

Portée par la<br />

vague, l’influenceuse<br />

Elizabeth<br />

Sneed se bat contre<br />

des stéréotypes à<br />

la dent dure.<br />

meilleur sur l’eau est le vieux<br />

briscard en longboard. Un nouveau<br />

mouvement en ligne se<br />

pose désormais en défenseur<br />

d’une population de surfeurs<br />

trop longtemps ignorée : les<br />

femmes fortes.<br />

Ce collectif en plein essor<br />

met les femmes replètes à<br />

l’honneur et regroupe surfeuses<br />

professionnelles, dont<br />

la Brésilienne Silvana Lima et<br />

l’Américaine Bo Stanley, et<br />

amateurs comme la coach<br />

sportive Kanoa Greene et l’influenceuse<br />

Elizabeth Sneed.<br />

Née au Texas, cette dernière<br />

découvre le surf il y a trois ans<br />

et demi après avoir déménagé<br />

à Honolulu pour raison professionnelle.<br />

Très vite passionnée,<br />

elle cherche alors des modèles<br />

à imiter. « Je n’ai pas trouvé<br />

une seule photo de surfeuse<br />

enrobée, explique Sneed. Alors<br />

j’ai décidé de contacter le photographe<br />

de surf Tommy<br />

Pierucki et lui ai proposé de<br />

réaliser des clichés<br />

ensemble. »<br />

Six mois plus tard, ces photos<br />

de Sneed, immortalisée<br />

par le natif de Chicago, affolent<br />

les vues sur son compte Insta,<br />

et poussent des internautes à<br />

travers le monde à poster leurs<br />

propres photos avec le hashtag<br />

#curvysurfergirl. « Nous<br />

devons nous affirmer et être<br />

des membres à part entière de<br />

la communauté des surfeurs,<br />

insiste Sneed. Avoir honte de<br />

son corps ou de son manque<br />

d’assurance, c’est terminé !<br />

Voir sur l’eau des femmes aux<br />

silhouettes variées est très<br />

encourageant. » Les aspirations<br />

du mouvement Body<br />

Positive surf ne se limitent<br />

cependant pas à une meilleure<br />

confiance en soi et à propager<br />

de bonnes ondes.<br />

À ses débuts, Sneed se souvient<br />

avoir eu du mal à trouver<br />

un équipement de qualité à sa<br />

taille. Elle espère dorénavant<br />

que les grandes marques les<br />

prendront en compte. « Ce<br />

mouvement veut attirer leur<br />

attention et leur dire que ce<br />

groupe démographique inclut<br />

des femmes dignes d’un équipement<br />

performant et adapté,<br />

explique-t-elle. Beaucoup de<br />

mes abonnées Instagram<br />

réclament cette évolution.<br />

J’espère aussi que les photographes<br />

s’intéresseront davantage<br />

aux surfeuses corpulentes<br />

afin de me voir en elles,<br />

et croiser à l’avenir plus de<br />

femmes plantureuses sur les<br />

vagues. Les femmes ont un<br />

avenir dans le surf, quelle que<br />

soit leur silhouette, et nous<br />

devons le leur faire savoir. »<br />

Instagram : @curvysurfergirl ;<br />

@tommypierucki<br />

TOMMY PIERUCKI LOU BOYD<br />

22 THE RED BULLETIN


RED BULL SANS SUCRE<br />

MAIS RED BULL QUAND MÊME.<br />

<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />

POUR VOTRE SANTÉ, ÉVITEZ DE MANGER TROP GRAS, TROP SUCRÉ, TROP SALÉ. WWW.MANGERBOUGER.FR


LE SORCIER<br />

DE L’IMAGE<br />

Si Jean-Baptiste Liautard a remporté le<br />

concours photo mondial <strong>Red</strong> Bull Illume<br />

2019, ce n’est pas un hasard : ses clichés<br />

artistiques et poétiques de vélo sont<br />

autant de mystères dont il nous dévoile<br />

et détaille ici les coulisses. Avec lui, le<br />

secret d’un bon cliché n’est pas forcément<br />

« l’œil du photographe », et une photo<br />

impressionnante, tant pour l’artiste que<br />

pour le rider, ça se mérite !<br />

Texte PATRICIA OUDIT<br />

Photos JB LIAUTARD<br />

De la magie<br />

L’image qui a remporté le<br />

<strong>Red</strong> Bull Illume 2019, et son effet<br />

E.T. « J’ai rempli une brouette<br />

avec de l’eau et shooté dans le<br />

reflet », explique le Drômois de<br />

25 ans JB Liautard, une référence<br />

de la photo de VTT.<br />

24 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 25


Jean-Baptiste<br />

Liautard s’est<br />

tourné vers la<br />

photo à cause<br />

d’un crash à<br />

vélo… son activité<br />

fétiche débutée<br />

à 13 ans. Une clavicule<br />

cassée le fait se saisir d’un objectif<br />

qu’il ne lâchera plus. « J’ai commencé<br />

à shooter avec des GoPros,<br />

puis j’ai acheté mon premier appareil<br />

à 18 ans. » Parallèlement à un BTS<br />

en photographie, le jeune homme<br />

enchaîne les clichés avec les copains,<br />

avant, diplôme en poche, de décrocher<br />

ses premiers contrats en presse<br />

spécialisée vélo et avec des marques.<br />

Parmi ses terrains de jeux privilégiés :<br />

la Colombie-Britannique pour ses<br />

forêts embrumées, l’Utah et ses<br />

déserts aux roches étranges. Sa signature<br />

: une approche décalée, artistique.<br />

« Faire une belle image de vélo<br />

demande de la créativité, du temps<br />

de mise en place, notamment pour<br />

les sauts, les spots sont souvent<br />

boueux… Il m’arrive de passer dix<br />

minutes pour mettre une branche<br />

à tel endroit… » Un travail long et<br />

méticuleux où la complicité avec<br />

le rider fait partie intégrante du<br />

processus. Un processus exigeant.<br />

jbliautard.com<br />

Du stress<br />

Octobre 2020. Après deux jours de<br />

repérages parmi les cheminées de fées de<br />

Cappadoce (Turquie), JB avise cette crête<br />

effilée, parfaite pour le plan épuré avec<br />

les montgolfières en arrière-plan qu’il<br />

recherche. « Au lever de soleil, il a fallu<br />

attendre la synchronisation avec les ballons<br />

dont on ne connaît pas à l’avance le<br />

parcours. » Coup de chance : ils s’alignent !<br />

Stress : Kilian Bron, le rider, et JB doivent<br />

sprinter pour se mettre en place afin de<br />

capter ce poétique instant.<br />

26 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 27


De l’ingéniosité<br />

« En haut à gauche, j’utilise<br />

une barre de leds en pause<br />

longue ce qui permet de dessiner<br />

la silhouette de Thomas Genon.<br />

À droite, Paul Couderc en mode<br />

nettoyage : j’ai mis de la gélatine<br />

orange sur les flashes pour<br />

donner cette texture. En bas<br />

à gauche, l’été dernier, au lac<br />

du Salagou, toujours avec Kilian<br />

Bron, j’ai mis un flash sur un<br />

drone (idem pour la photo en bas<br />

à droite, en Cappadoce). Étant<br />

seul, j’avais mon appareil photo<br />

dans une main, dans l’autre le<br />

téléphone pour piloter le drone<br />

qui s’est mis à biper pour la<br />

dernière prise de vue (plus de<br />

batterie). Kilian l’a attrapé<br />

pour éviter le crash ! »<br />

28 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 29


Du rigoureux<br />

« On est début janvier, la neige tombe et je<br />

cherche à faire un cliché dans une atmosphère<br />

hivernale. Nicolas Terrier, un rider pro, vient<br />

de poster une story sur Instagram dans une<br />

ambiance similaire. Je file à Lyon, on trouve un<br />

saut parfait pour ma composition. Il fait – 4 °C,<br />

tout est glacé. Premier problème : le virage est<br />

gelé, c’est galère, on doit répéter, et moi, je dois<br />

déclencher le flash juste derrière la jambe du<br />

pilote au millième de seconde. Le second problème,<br />

c’est la synchronisation. On reste sur<br />

place trois bonnes heures, dans la nuit glaciale.<br />

Une photo comme celle-ci nécessite 3 heures<br />

de voiture (jusqu’à Lyon) et presqu’autant sur<br />

place. Mais le rendu crépusculaire correspond<br />

à ce que je souhaitais. »


31


De l’interdit<br />

« Décembre 2019 : on arrive par bateau<br />

sur l’île de Stromboli, en Italie, qui est<br />

un volcan, actif une fois par an environ.<br />

On est au petit matin, on vient de<br />

passer sept heures à se faire secouer<br />

dans une tempête. » La pente convoitée<br />

pour la session photo avec le pilote<br />

Kilian Bron se trouvant à l’arrière de<br />

l’île, le débarquement avec le vélo et<br />

tout le matériel est difficile, dans un<br />

zodiac où l’eau éclabousse le matériel<br />

« Et passer la grille (ici à gauche) était<br />

interdit. Une partie de l’équipe avec un<br />

deuxième rider se feront arrêter par la<br />

police. Sans conséquences ! »<br />

32 THE RED BULLETIN


De la persévérance<br />

Pour cette image réalisée en juillet 2020, JB a utilisé un objectif<br />

macro, déposé des gouttes d’eau avec un coton tige sur une<br />

plaque en verre posée à plat, l’idée étant d’avoir une figure du rider<br />

Thomas Genon dans chacune des gouttes. « J’ai placé un miroir<br />

à 45 ° en dessous de la vitre, qui renvoie l’image de Thomas, dans<br />

les gouttes, puis dans l’objectif. » Le shooting se faisant de nuit,<br />

le rider a dû refaire sa figure en statique une vingtaine de fois pour<br />

rester au milieu des gouttes et JB le flasher au bon moment, avec<br />

le guidon bien éclairé. « Il a fallu être précis, dans le bon timing ! »<br />

THE RED BULLETIN 33


De la difficulté<br />

« J’adore travailler les particules dans l’air,<br />

reconnaît JB. » Sur cette photo, rien d’artificiel :<br />

ces particules, comme un rideau qui enveloppe<br />

le pilote, sont des gouttes de pluie. « En bas<br />

à droite, on est au Portugal, je voulais de la<br />

brume, explique le Français, mais là, on se<br />

prend une tempête ! Rien n’est calculé, il faut<br />

être réactif, je n’avais qu’un essai à chaque<br />

fois. » Autre point commun à toutes ces photos<br />

nocturnes : le rider a dû rouler dans des<br />

conditions très difficiles. « C’est un autre<br />

aspect à gérer : faire en sorte que l’athlète<br />

donne le meilleur sans se blesser. »


35


Du risque (maîtrisé)<br />

« Encore la Cappadoce, en Turquie. Le concept<br />

et le setup sont assez particuliers. On a un pilote<br />

de drone de course avec nous, et sur son engin,<br />

est fixée une fusée de détresse préalablement<br />

allumée (voir ci-dessus). On doit éclairer la montagne<br />

avec une lampe frontale pour faire décoller<br />

le drone qui suit le pilote VTT Kilian Bron.<br />

La boule de feu qu’on voit au fond est la lumière<br />

de la fusée de détresse. Mon éclairage dépendant<br />

du droniste, je pousse mon appareil dans<br />

ses retranchements. Ce qui est chaud aussi<br />

pour le rider, car il évolue dans une sorte de<br />

goulet où il passe de zones d’ombres, où il ne<br />

voit rien, à des zones éclairées. Quand le drone<br />

est en retard sur un virage, Kilian risque donc<br />

la chute. L’entreprise est d’autant plus risquée<br />

que le drone perdait des braises : on a dû<br />

éteindre plusieurs départs de feu ! »<br />

36 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 37


FINI DE<br />

JOUER<br />

Nouveaux entrepreneurs de l’amusement digital,<br />

ils avancent sérieusement : en créant la Karmine<br />

Corp, le streameur KAMETO et le youtubeur PRIME<br />

ont associé leurs talents, créé une équipe et investi<br />

le sport électronique (ou e-sport) via le jeu League<br />

of Legends. Derrière eux, des centaines de milliers<br />

de fans hurlent leur soutien en ligne dans une frénésie<br />

collégiale hallucinante. L’e-sport est le nouvel<br />

entertainment sportif, et la KCorp, son incarnation.<br />

Texte DAVID KHUN<br />

Photos CHRIS SAUNDERS<br />

Les présidents : Prime,<br />

28 ans, et Kameto,<br />

25 ans, sont les<br />

fondateurs de l’une<br />

des équipes les plus<br />

excitantes au monde<br />

du jeu vidéo pro.


39


Peut-être faut-il être un joueur de l’ancienne<br />

génération pour prendre toute la<br />

mesure du changement dont le jeu vidéo<br />

fait l’objet depuis quelques années. Cette<br />

révolution porte un nom : l’e-sport. Il a<br />

bouleversé le paysage ludique mondial,<br />

la façon de jouer et surtout – surtout – la<br />

notoriété et la puissance d’une discipline<br />

qu’on pensait vouée à l’anonymat et à la<br />

crise d’adolescence. Mais ça, c’était avant.<br />

Un dimanche de novembre 2019, les<br />

vestiges de cet ancien monde ludique<br />

s’enfoncent encore plus dans le passé,<br />

sous les hurlements d’une foule furieuse<br />

venue remplir l’Accor Arena de Paris-<br />

Bercy (photos à droite) pour assister<br />

à la finale des championnats du monde<br />

de League of Legends (notre encadré).<br />

La rencontre oppose une équipe européenne<br />

à une chinoise. Des milliers<br />

d’aficionados sont venus chauffer les<br />

murs à blanc dans une atmosphère qui<br />

n’a rien à envier à un Stade de France<br />

un soir de 1998. Comme au match de<br />

foot, la salle s’électrise à la moindre<br />

action, vit avec fièvre ce qui se passe sur<br />

scène, partage un moment de frénésie<br />

collective – sauf qu’à la différence d’une<br />

partie de ballon rond, les béotiens ne<br />

peuvent strictement rien y comprendre.<br />

Sur scène ? Dix joueurs, cinq par équipes<br />

font face à la foule et s’affrontent par<br />

écran géant interposé. Il est là le terrain.<br />

Les e-athlètes de chaque équipe eux,<br />

semblent ignorer les supporteurs, absorbés<br />

par un écran de PC derrière lequel<br />

ils jouent leur vie.<br />

Quelques jours plus tôt, le public très<br />

convenable des Masters de Tennis de<br />

Paris avait lui aussi rempli Bercy… À une<br />

semaine d’intervalle, deux salles, deux<br />

ambiances, deux mondes semblent s’être<br />

croisés sans se regarder. Avec l’e-sport,<br />

En haut : ceci est une arène de gaming : le Pudong Football Stadium de Shanghai (Chine)<br />

où s’est déroulée la finale mondiale de League of Legends 2020. Ci-dessus et à droite :<br />

en furie pour le jeu vidéo, les fans réunis en masse pour la finale mondiale de la même<br />

compétition à Paris (AccorHotels Arena) en 2019.<br />

GETTY IMAGES, STEPHANIE LINDGREN/RED BULL CONTENT POOL (2)<br />

40 THE RED BULLETIN


LoL, c’est quoi ?<br />

Dans le jeu vidéo League of Legends,<br />

(LoL), deux équipes de cinq joueurs<br />

s’affrontent dans des parties de trente<br />

minutes. L’objectif est de défendre<br />

sa propre zone ou base. Cent-cinquante<br />

personnages sont disponibles et chacun<br />

des dix joueurs en contrôle un avec des<br />

caractéristiques, un style et des compétences<br />

dédiées. Pour battre l’équipe<br />

adverse, chaque joueur doit gagner<br />

en puissance en amassant des points<br />

d’expérience et en achetant des artefacts.<br />

L’objectif d’une partie est de détruire<br />

le Nexus ennemi, une large structure<br />

située au centre de chaque base.<br />

Pour cela, le travail d’équipe et la<br />

stratégie feront la différence.<br />

THE RED BULLETIN 41


l’entertainment sportif change. Un rajeunissement<br />

d’abord et une relation à l’événement<br />

qui ne tient plus de la prouesse<br />

physique mais de la technicité, de la<br />

stratégie de combat et d’un socle culturel<br />

geek commun. League of Legends est une<br />

arène de combat où seule une bonne<br />

stratégie d’équipe peut offrir la victoire.<br />

En cela, ses pratiquants sont des gladiateurs<br />

d’un nouvel âge qui offrent à coups<br />

de souris et de clavier, ce que les rétiaires<br />

de la Rome antique donnaient à l’Empereur<br />

et la Cité, à coups de glaive et de<br />

filet. Des Maximus 2.0, adulés par les<br />

foules pour leur art du combat. Sans<br />

aucun blessé.<br />

Kameto, l’ultra-streameur<br />

En France, l’e-sport est une discipline<br />

en plein essor qui a été récemment bousculée<br />

par l’arrivée d’une toute nouvelle<br />

équipe en LFL (Ligue Française de League<br />

of Legends) : la Karmine Corp. Annoncée<br />

à la fin de l’année dernière, l’arrivée de<br />

cette nouvelle entité dans le championnat<br />

2021 a été un séisme médiatique<br />

dans l’écosystème « e-sport ».<br />

La raison ? Cette formation est le fruit<br />

de l’association réciproquement motivante<br />

et profitable de deux figures du<br />

gaming et du stream : Kameto et Prime.<br />

Face aux équipes professionnelles dites<br />

académiques, la team créée par les deux<br />

influenceurs fait autant figure d’ovni que<br />

d’outsider dans cette élite française de<br />

la compétition.<br />

« C’est la première fois qu’un<br />

streameur comme moi s’associe à un<br />

youtubeur comme Prime pour créer<br />

une équipe d’e-sport », annonce Kameto,<br />

25 ans. Et l’un des deux PDG de la KCorp<br />

poursuit : « La différence par rapport aux<br />

autres équipes c’est que Prime et moi<br />

avons déjà une communauté très importante<br />

et très active qu’on a fédérée au<br />

projet. Les autres équipes se créent<br />

d’abord et doivent développer leur communauté<br />

ensuite. Nous, nous avions<br />

déjà nos supporteurs. Ils nous ont suivis<br />

dans ce projet et ont fait monter le buzz<br />

autour de la création de Karmine Corp.<br />

« Certains nous suivent<br />

sans rien connaître à ce<br />

jeu vidéo. Ils regardent les<br />

matches et soutiennent<br />

l’équipe juste pour vibrer<br />

ensemble. » Kameto<br />

Le cinq majeur de<br />

la Karmine Corp<br />

Qui sont les pros de l’e-sport<br />

qui composent l’équipe ?<br />

Matthew Charles<br />

Coombs, aka<br />

xMatty<br />

Anglais, 21 ans<br />

Poste : bot laner<br />

Spécialité : tireur<br />

Le tireur ou carry AD est<br />

un champion (personnage)<br />

spécialisé dans<br />

le dégât physique à distance.<br />

Il fait mal mais il<br />

est fragile. La difficulté<br />

de cette catégorie de<br />

joueur est donc de trouver<br />

le juste milieu entre<br />

agressivité et protection.<br />

Raphaël Crabbé,<br />

aka Targamas<br />

Belge, 20 ans<br />

Poste : bot laner<br />

Spécialité : support<br />

Le support accompagne<br />

le tireur dans son début<br />

de partie. C’est un soutien<br />

qui veille à ce qu’il<br />

soit le mieux équipé possible<br />

lors des teamfights<br />

(les mêlées en équipes).<br />

Il compose généralement<br />

un binôme sur la bot lane<br />

qui peut venir en aide au<br />

jungler.<br />

Lucas Fayard,<br />

aka Saken<br />

Français, 22 ans<br />

Poste : mid laner<br />

Spécialité : mage<br />

Aussi appelés carry AP<br />

(AP pour Ability Power<br />

ou dégâts magiques),<br />

les mages utilisent<br />

Le jeu vidéo enflamme YouTube<br />

avec <strong>Red</strong> Bull Checkpoint<br />

uniquement leurs sorts<br />

et font de gros dégâts.<br />

Ils n’attaquent qu’à<br />

distance et on les trouve<br />

essentiellement sur la<br />

mid lane en champions<br />

solitaires.<br />

Jakub Rokicki,<br />

aka Cinkrof<br />

Polonais, 23 ans<br />

Poste : jungler<br />

Spécialité : combat<br />

Tireur : assassin<br />

Située entre les trois<br />

voies principales, la<br />

jungle est l’endroit où<br />

les junglers peuvent tuer<br />

des monstres neutres<br />

afin de collecter un<br />

maximum d’or, d’expérience<br />

et de bonus pour<br />

l’équipe. Il peut venir en<br />

aide à ses coéquipiers à<br />

tous moments. Chaque<br />

jungler choisit la catégorie<br />

de champion que bon<br />

lui semble.<br />

Adam Maanane,<br />

aka Adam<br />

Français, 19 ans<br />

Poste : top laner<br />

Spécialité : combat<br />

Champions des corps<br />

à corps, imposants,<br />

ils font de gros dégâts.<br />

C’est une classe assez<br />

polyvalente mais leurs<br />

aptitudes sont optimisées<br />

en top lane ou<br />

dans la jungle.<br />

karminecorp.fr<br />

Envie de vous plonger encore plus dans les coulisses de la KCorp ?<br />

De découvrir ses joueurs et de vivre au plus près de Kameto et Prime ?<br />

Alors rendez-vous dans Backstory, sur la chaîne YouTube <strong>Red</strong> Bull<br />

Checkpoint, dédiée au gaming. Backstory y est l’un des premiers<br />

programmes insider qui vous fait partager la vie d’une team d’e-sport.<br />

Sur <strong>Red</strong> Bull Checkpoint, vous pourrez également tester votre culture<br />

gaming ou assister à des performances de joueurs exclusives.<br />

KARMINE CORP<br />

42 THE RED BULLETIN


« L’e-sport, c’est<br />

l’entertainment sportif<br />

de demain. » Prime


Un joueur de la KCorp, chez lui, à l’entraînement, sur un écran conçu<br />

par la marque MSI. C’est aussi ici qu’il participe aux compétitions.<br />

Ce sont nos “ultras” et sans eux, rien de<br />

tout cela n’aurait été possible. ». À seulement<br />

25 ans, Kamel « Kameto » Kebir est<br />

un streameur star qui s’est d’abord fait<br />

connaître via Eclypsia, le média en ligne<br />

dédié à l’e-sport avant de déchaîner les<br />

foules sur Twitch où il bat régulièrement<br />

tous les records d’audience (plus de<br />

650 000 followers) de la discipline.<br />

Il faut avoir assisté à l’un de ses<br />

streams pour comprendre la ferveur qui<br />

l’anime et qu’il communique à ses fans.<br />

En janvier dernier, plus de 66 000 followers<br />

en feu ont participé à l’un de ses<br />

streams les plus extatiques. Kameto commentait<br />

alors la rencontre entre sa Karmine<br />

Corp et Solary, un « classico » que<br />

sa team allait gagner. Explosif, le garçon<br />

sautait, hurlait et déroulait un langage<br />

que nos mamans n’auraient pas apprécié.<br />

La griffe Kameto : un garçon entier,<br />

passionné, dingue et terriblement attachant,<br />

qui se retrouve aujourd’hui à la<br />

tête d’un club sportif au budget annuel<br />

à six chiffres. Le nouveau visage du<br />

gaming, d’une discipline en plein essor<br />

et d’un phénomène porté par l’osmose<br />

entre lui et ses fans : « Je ne m’attendais<br />

pas à ce qu’autant de fans nous suivent<br />

immédiatement. J’ai la passion de l’esport<br />

mais avec eux derrière nous…<br />

C’est mieux ! Certains nous suivent sans<br />

rien connaître à ce jeu vidéo, League of<br />

Legends. Ils regardent les matches et<br />

soutiennent l’équipe juste pour vibrer<br />

ensemble. » Un gourou de l’animation<br />

qui génère une empathie rarement<br />

observée, et qui se confirme également<br />

auprès des 270 000 abonnés de sa chaîne<br />

YouTube, Kotei et Kameto.<br />

Aujourd’hui, ce spécialiste de LOL<br />

franchit une nouvelle étape dans sa<br />

passion de l’e-sport en concrétisant un<br />

projet qui coulait de source.<br />

Prime, déter et visionnaire<br />

Et le déclic de s’opérer à la faveur de<br />

sa rencontre avec le youtubeur Amine<br />

« Prime » Mekri, ancien sportif de haut<br />

niveau qui, après une blessure, s’est<br />

réinventé via YouTube où sa chaîne totalise<br />

aujourd’hui 1,6 million d’abonnés.<br />

« Je ne suis pas drivé par la motivation,<br />

c’est la détermination qui me fait avancer,<br />

annonce ce touche à tout de 28 ans.<br />

Quand j’ai dû arrêter le football américain,<br />

j’ai appliqué tout ce que cette discipline<br />

m’a appris pour me réinventer :<br />

la persévérance mais aussi la peur de<br />

l’ennui. Alors j’ai créé, et YouTube a été<br />

la plateforme qui m’a apporté ce que je<br />

cherchais. »<br />

Comme Kameto, Prime est parti from<br />

scratch et a construit son monde à la<br />

force de sa personnalité et de son envie.<br />

Mais le réduire à YouTube serait une<br />

erreur puisque le garçon est un entrepreneur<br />

protéiforme qui s’est essayé à la<br />

musique, a créé sa propre marque de<br />

sapes, et pense systématiquement à ce<br />

Joueurs,<br />

contrats,<br />

scène,<br />

fans…<br />

Cinq minutes pour<br />

vous mettre à jour<br />

sur l’e-sport.<br />

Professionnel de<br />

l’e-sport sur League<br />

of Legends passé par<br />

la team Vitality, Shanky<br />

a rejoint Kameto et<br />

Prime afin d’endosser le<br />

rôle de manager général<br />

de la KCorp. En charge<br />

de la direction sportive,<br />

il nous éclaire sur les<br />

coulisses d’une team.<br />

Le rôle de<br />

manager général<br />

« Contrairement au manager,<br />

qui a un rôle directement lié<br />

au quotidien de l’équipe, la<br />

mission du manager général<br />

concerne davantage la direction<br />

sportive, le choix des<br />

joueurs, le recrutement du<br />

staff, les ressources à mettre<br />

en place, les directions à<br />

prendre pour que la structure<br />

se développe et que l’équipe<br />

performe. Pendant la saison<br />

off, ou le mercato, je vais<br />

trouver des joueurs, négocier<br />

avec eux ou le club dont ils<br />

font partie. »<br />

Le secret d’une<br />

bonne équipe<br />

« La chose la plus importante<br />

au final, c’est l’alchimie. Comment<br />

les cinq joueurs vont<br />

évoluer, matcher et s’entendre.<br />

Il ne suffit pas de réunir cinq<br />

joueurs incroyables pour<br />

obtenir une bonne équipe…<br />

Ce serait trop simple. LoL<br />

reste d’abord et avant tout<br />

un jeu d’équipe. On l’a déjà<br />

observé dans certaines teams<br />

de stars qui n’ont pas obtenu<br />

les résultats espérés. Le plus<br />

KARMINE CORP, MSI<br />

44 THE RED BULLETIN


important, je pense, c’est<br />

d’équilibrer les ego et de<br />

convaincre les joueurs qu’ils<br />

ne jouent pas pour eux. »<br />

Ce qui fait un bon<br />

joueur de LoL<br />

« Les qualités peuvent être<br />

multiples et on va se focaliser<br />

sur une qualité plutôt qu’une<br />

autre en fonction de ce que<br />

nous recherchons. À notre<br />

niveau, il faut que la recrue<br />

ait déjà un peu d’expérience<br />

et qu’elle ait déjà joué au<br />

moins une saison dans une<br />

ligue inférieure ou équivalente<br />

à la nôtre. L’autre option est<br />

de se référer au classement<br />

européen des meilleurs<br />

joueurs. Une fois un joueur<br />

repéré dans ce ranking, on va<br />

analyser ses qualités de jeu,<br />

regarder si c’est un bon support,<br />

s’il met beaucoup de<br />

visibilité sur la map, s’il communique<br />

bien. Il faut se renseigner<br />

le plus possible en discutant<br />

avec ses anciens coaches<br />

s’il en a, des joueurs avec qui<br />

il a joué… Toutes les sources<br />

d’informations sont exploitées.<br />

Trouver un bon joueur<br />

de LoL, c’est une enquête<br />

assez longue et minutieuse.<br />

Reste aussi à savoir s’il<br />

est sérieux et adaptable à<br />

l’équipe. Ce n’est pas une<br />

science exacte, d’autant<br />

qu’une bonne individualité<br />

ne fait pas forcément<br />

un bon partenaire. »<br />

Comment optimiser<br />

un joueur<br />

« Il n’y pas de secret : progresser<br />

c’est d’abord travailler tous<br />

les jours. Il faut comprendre<br />

les forces et les faiblesses des<br />

joueurs dans le jeu, mais aussi<br />

en dehors. On travaille énormément<br />

sur la gestion du stress<br />

et la confiance. Un coach va<br />

prendre en compte tous les<br />

aspects intimes d’un joueur<br />

et pas uniquement son niveau<br />

de jeu. On va l’amener à se<br />

surpasser en travaillant sur<br />

le développement personnel.<br />

« On a accompli<br />

en quelques années<br />

ce que les autres<br />

sports ont mis des<br />

décennies à mettre<br />

en place… »<br />

À côté, on va imaginer un<br />

c ertain nombre d’activités<br />

annexes pour souder le groupe<br />

et intégrer de la préparation<br />

physique. Le corps souffre<br />

pendant un match, il faut en<br />

prendre soin. Une bonne<br />

hygiène de vie a forcément une<br />

influence sur les capacités<br />

mentales. Pour la Karmine, la<br />

prochaine étape est de mettre<br />

en place des bootcamps et une<br />

gaming house (un endroit où<br />

les joueurs pourront se réunir<br />

pour y vivre, s’entraîner et<br />

jouer ensemble, ndlr). »<br />

Être performant en<br />

période de crise<br />

« Actuellement, tout se fait<br />

à distance, nos joueurs n’ont<br />

pas encore pu se rencontrer<br />

physiquement et travailler<br />

en groupe sur un même spot.<br />

Forcément, ça complique un<br />

peu la préparation et j’ai hâte<br />

qu’on revienne à la normale<br />

pour qu’on puisse enfin travailler<br />

comme il faut. Les choses<br />

se font plus doucement mais<br />

elles sont finalement moins difficiles<br />

que ce que j’imaginais.<br />

Actuellement, ce qui compte<br />

le plus c’est la confiance qu’on<br />

a les uns en les autres parce<br />

qu’on n’a aucun contrôle sur<br />

nos joueurs. J’ai les mêmes<br />

problèmes que n’importe quel<br />

manager qui télétravaille avec<br />

ses équipes ! »<br />

Un contrat de joueur<br />

« Aujourd’hui, un e-athlète peut<br />

espérer vivre de son sport. Il y<br />

a énormément d’interactions<br />

entre les pays et la discipline<br />

évolue au niveau mondial. Les<br />

joueurs sont défrayés lorsqu’ils<br />

se déplacent en France,<br />

un joueur professionnel de<br />

LoL peut espérer gagner entre<br />

2 000 et 10 000 € par mois.<br />

Certains joueurs peuvent être<br />

salariés d’une équipe avec un<br />

contrat déterminé ou rester<br />

indépendants. Il y a différents<br />

types de contrats. Un joueur<br />

peut signer avec une équipe<br />

pour une durée d’un an ou<br />

plus. Certains contrats<br />

courent sur trois ans. Dans<br />

ces cas-là, les salaires sont<br />

négociés pour un an et<br />

peuvent être updatés d’une<br />

année sur l’autre en fonction<br />

des résultats des joueurs.<br />

Généralement, ce sont des<br />

négociations à la hausse. »<br />

La Karmine Corp<br />

et ses ultras<br />

« Au-delà du challenge sportif,<br />

c’est un aspect des choses<br />

qui m’a convaincu de suivre<br />

Kameto dans cette aventure.<br />

La relation avec la communauté<br />

est folle. Je n’ai jamais<br />

vu un truc pareil, et ce qui me<br />

fascine, c’est qu’aujourd’hui<br />

des gens qui n’y connaissent<br />

rien à LoL nous rejoignent pour<br />

le plaisir de suivre le match et<br />

de faire partie du kop ! »<br />

L’e-sport en<br />

France aujourd’hui<br />

« Il y a encore pas mal de<br />

choses à imaginer pour amener<br />

cette discipline au niveau<br />

qu’elle mérite, mais je trouve<br />

qu’on a déjà fait pas mal de<br />

chemin. Je pense même que<br />

nous faisons partie des disciplines<br />

qui se sont le plus développées<br />

ces dernières années.<br />

Je suis dans l’e-sport depuis<br />

six ans et j’ai vu les choses évoluer.<br />

On est loin des cachets<br />

de 300 € que je touchais il y a<br />

quelques années alors qu’on<br />

gagnait des tournois importants.<br />

Et je parle de 2017. On<br />

a accompli en quelques années<br />

ce que les autres sports ont<br />

mis des décennies à mettre<br />

en place. La communication,<br />

les sponsors, les droits de<br />

diffusion, etc. Tout se met en<br />

place pour le plus grand bien<br />

de l’e-sport. »<br />

THE RED BULLETIN 45


qu’il va faire après. Un boulimique créatif<br />

qui s’avère le partenaire idéal d’un<br />

Kameto hardcore et passionné. « Kameto<br />

est la dynamique gaming de notre<br />

équipe, moi je n’ai pas son niveau ni<br />

sa crédibilité. Kameto et moi sommes<br />

les CEO de ce projet, c’est-à-dire que<br />

nous allons le faire grandir, lui grâce<br />

à ce qu’il est, passionné et performant,<br />

et moi grâce à ce que je veux. On se<br />

complète. »<br />

Si Kameto est porté par la passion<br />

du jeu, Prime est stimulé par une vision<br />

différente et se focalise sur l’avenir et<br />

le champ des possibles d’un tel projet.<br />

« Dans le contexte actuel, on comprend<br />

mieux la dimension de l’e-sport et sa<br />

capacité de fédérer les foules quand tout<br />

s’arrête. Il a gagné en valeur. La Karmine<br />

Corp, c’est l’occasion de convertir le plus<br />

grand nombre à l’e-sport et de démontrer<br />

à quel point c’est cela l’entertainment<br />

sportif de demain. »<br />

Porté par la cause, il ambitionne de<br />

faire de la KCorp une institution de l’esport.<br />

Une histoire faite pour durer et<br />

que les centaines de milliers d’ultras vont<br />

pouvoir vivre pendant longtemps. Donner,<br />

recevoir… Pour Prime, la mécanique<br />

ne fonctionne que dans les deux sens,<br />

conscient qu’il ne dirige pas qu’un club<br />

sportif mais a initié un mouvement, aux<br />

très nombreux adeptes… que lui et<br />

Kameto veulent embarquer pour une<br />

longue marche.<br />

« Les autres<br />

équipes se créent<br />

d’abord et doivent<br />

développer leur<br />

communauté<br />

ensuite. Nous,<br />

nous avions déjà<br />

nos supporteurs. »<br />

Kameto<br />

Les stars d’à côté<br />

Les deux garçons sont l’âme, l’énergie<br />

et l’incarnation qui se résument parfaitement<br />

dans les lignes d’un serment<br />

devenu running gag dans le monde digital<br />

et qu’un fan a raccroché à leur communauté<br />

: « Je soutiendrai la Karmine<br />

Corp jusqu’à la fin. Si La Karmine Corp<br />

a 100 000 supporteurs, je suis parmi<br />

eux. Si la Karmine Corp a 1 supporteur,<br />

c’est moi. Si le monde est contre la Karmine<br />

Corp, alors je suis contre le monde.<br />

Et si l’équipe n’a plus aucun allié, c’est<br />

que je suis mort ! » Quelques lignes<br />

qui résonnent comme un chant des<br />

« Dans le contexte actuel,<br />

on comprend mieux la<br />

dimension de l’e-sport<br />

et sa capacité à fédérer<br />

les foules quand tout<br />

s’arrête. » Prime<br />

46 THE RED BULLETIN


CHLOÉ RAMDANI/RED BULL CONTENT POOL<br />

Kameto et Prime<br />

lors du lancement<br />

de <strong>Red</strong> Bull<br />

Checkpoint, une<br />

chaîne YouTube<br />

gaming qui dédie<br />

une série à leur<br />

KCorp : Backstory.<br />

THE RED BULLETIN 47


Quand<br />

l’e-sport<br />

tacle<br />

le foot<br />

Laure Valée est une<br />

journaliste et animatrice<br />

spécialisée en e-sport.<br />

Pierre Maturana est le<br />

directeur de la rédaction<br />

digitale de So Foot et<br />

consultant pour L’Équipe<br />

TV. The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> les<br />

a conviés pour échanger<br />

sur les similitudes et<br />

divergences entre<br />

e-sport et football.<br />

Si les maillots diffèrent,<br />

la passion semble aussi<br />

intense, et le pouvoir<br />

d’attraction du gaming<br />

de compétition sans<br />

limites.<br />

THE RED BULLETIN : L’e-sport<br />

s’est développé solidement<br />

dans le sillage des sports<br />

dits traditionnels. À quel<br />

point est-il structuré<br />

aujourd’hui ?<br />

LAURE VALÉE : Depuis trois ou<br />

quatre ans, l’e-sport commence<br />

à se structurer et à se<br />

professionnaliser d’une façon<br />

assez comparable au sport<br />

traditionnel. Il s’organise par<br />

équipe pour des disciplines<br />

comme League of Legends<br />

dans lesquelles on retrouve<br />

le même fonctionnement que<br />

pour une équipe de football,<br />

par exemple, avec son encadrement<br />

des joueurs, ses programmes<br />

de préparation…<br />

Il suit aussi des calendriers<br />

de compétition bien définis.<br />

Il n’a donc rien à envier au<br />

football, en termes de structures<br />

par exemple ?<br />

LV : La seule chose qui lui<br />

manque aujourd’hui, par rapport<br />

au sport dit traditionnel,<br />

c’est un moyen de recruter les<br />

jeunes joueurs et de les encadrer<br />

dès leur plus jeune âge,<br />

afin de les amener dans des<br />

bonnes conditions vers une carrière<br />

professionnelle. L’ancien<br />

joueur de basket Tony Parker<br />

est en train de faire évoluer les<br />

choses grâce à la Tony Parker<br />

Academy qui a pour but d’offrir<br />

une structure d’encadrement<br />

aux futurs pros de l’e-sport.<br />

Est-ce que le monde du football<br />

est aussi bienveillant à<br />

l’égard du jeu vidéo ?<br />

PIERRE MATURANA : Au<br />

départ le monde du foot a vu<br />

arriver ce phénomène avec<br />

de gros yeux. Mais rapidement<br />

les clubs de football traditionnels<br />

y ont vu une sorte de<br />

continuité de leur activité et<br />

ont monté leurs propres structures<br />

e-sport comme le PSG ou<br />

Monaco. Mais ce sont les clubs<br />

anglais qui ont été les premiers<br />

et sont encore les plus actifs<br />

dans ce domaine. On a maintenant<br />

dépassé la question du<br />

sport ou pas sport. L’e-sport<br />

est une discipline à part<br />

entière, avec ses athlètes de<br />

haut niveau, et qui s’est en<br />

effet beaucoup inspirée du<br />

sport traditionnel pour se<br />

structurer. On observe d’ailleurs<br />

un certain désamour<br />

pour le sport traditionnel tandis<br />

que l’intérêt pour l’e-sport<br />

ne cesse de grandir.<br />

La ferveur autour de l’e-sport<br />

grandit de jour en jour et<br />

concerne des catégories<br />

de gens de plus en plus<br />

diverses, pas forcément<br />

des fondus de jeux vidéo…<br />

LV : Cette ferveur n’est pas la<br />

même en fonction des jeux,<br />

et c’est étonnamment le jeu<br />

le moins compréhensible à<br />

l’écran qui remporte le plus<br />

de succès, en l’occurrence<br />

LoL. Il réussit à générer les<br />

mêmes émotions qu’un match<br />

de foot. Et comme dans un<br />

stade, il y a dans le public de<br />

LoL des gens qui n’y comprennent<br />

rien, mais qui sont<br />

envahis par l’ambiance.<br />

On peut donc ne rien capter<br />

à une compétition de jeu<br />

vidéo, mais adorer la vivre<br />

intensément ?<br />

LV : Cela tient beaucoup à la<br />

mise en scène d’une partie, à<br />

la façon dont elles sont commentées,<br />

à la personnalité des<br />

joueurs. Il y a un phénomène<br />

dans le phénomène, à savoir<br />

le mouvement ultra qui s’est<br />

développé autour de la KCorp.<br />

Les milliers de fans qui la soutiennent<br />

ont créé un effet boule<br />

de neige et ramènent chaque<br />

jour de nouveaux adeptes à<br />

s’intéresser au jeu.<br />

« Le supporteur<br />

de la KCorp vibre<br />

pour les mêmes<br />

raisons qu’un fan<br />

de foot, de basket<br />

ou de rugby. »<br />

Laure Valée<br />

Pierre, pourquoi l’e-sport<br />

a-t-il cette capacité d’attraction<br />

quasi universelle ?<br />

PM : LoL a le propre du sport<br />

ou de la culture : il procure des<br />

émotions. C’est pourquoi on<br />

ne se pose plus la question<br />

de sa légitimité. Il y a du suspense,<br />

de la stupéfaction, de<br />

l’injustice… Tout ce qui te permet<br />

de vibrer et de t’extasier.<br />

Il n’y a pas de barrière dès qu’il<br />

s’agit d’émotion, et à partir de<br />

là, tout le monde peut adhérer<br />

au phénomène même si tu n’as<br />

pas tous les codes ou que tu<br />

ne comprends pas toutes les<br />

subtilités du jeu. Comme cela<br />

s’est souvent vu dans le sport,<br />

l’e-sport grandit et réunit bientôt<br />

autant de fans casual que<br />

de fans hardcore.<br />

Point pandémie : l’e-sport<br />

peut-il continuer à se développer<br />

à cette vitesse sans<br />

événements live ?<br />

PM : J’ai tendance à croire que<br />

les grands événements e-sport<br />

ont contribué à sa notoriété<br />

parmi le grand public. Les<br />

médias ont souvent parlé de<br />

LoL comme d’un phénomène<br />

qu’ils associaient à la ferveur<br />

des tournois live. La réputation<br />

de cette discipline s’est faite<br />

grâce à ça. Et cette médiatisation<br />

a d’ailleurs sensibilisé le<br />

Comité international olympique<br />

qui se pose la question<br />

aujourd’hui d’en faire une<br />

discipline olympique.<br />

Avec de telles perspectives,<br />

nous ne sommes donc qu’au<br />

début d’un bouleversement<br />

électronique dans le sport<br />

spectacle ?<br />

PM : Bien sûr, le phénomène ne<br />

va pas se tarir, mais je reste<br />

persuadé que l’événement<br />

sportif live est une source<br />

essentielle de visibilité et en<br />

démocratisation. Il participe<br />

à la constitution d’une culture<br />

sportive. Cela dit, l’e-sport est<br />

aujourd’hui trop implanté dans<br />

le paysage avec des enjeux<br />

financiers trop importants, et<br />

de ce fait, il supportera largement<br />

l’absence provisoire<br />

d’événements, grâce notamment<br />

à sa communauté qui le<br />

consomme d’abord en ligne.<br />

Laure, s’il ne devait plus<br />

jamais y avoir d’événements<br />

grand public, l’e-sport y<br />

survivrait-il ?<br />

LV : La pratique de l’e-sport a<br />

d’abord existé sans les événements.<br />

Ils ont aidé au développement<br />

commercial de la discipline<br />

et à légitimer l’industrie<br />

de l’e-sport. Mais aujourd’hui,<br />

l’e-sport n’en est plus à devoir<br />

convaincre, et s’il y a un rétropédalage<br />

vers des événements<br />

uniquement en ligne, ça n’aura<br />

pas beaucoup de conséquences<br />

pour les fans…<br />

STEPHANE GRANGIER, MICHAL KONKOL, LA CHAÎNE L’ÉQUIPE<br />

48 THE RED BULLETIN


Et ça n’en a d’ailleurs pas eu.<br />

Les audiences sont même<br />

meilleures et le niveau de<br />

compétition toujours plus<br />

important. J’irais même plus<br />

loin, je crois que le contexte<br />

actuel a accéléré le développement<br />

de l’e-sport. Certes on<br />

perd le côté paillette, mais<br />

pas l’essentiel.<br />

Un événement de gaming<br />

reste tout de même un<br />

moment de pure frénésie…<br />

« Dans l’e-sport,<br />

il y a du suspense,<br />

de la stupéfaction,<br />

de l’injustice…<br />

Tout ce qui te permet<br />

de vibrer et<br />

de t’extasier. »<br />

Pierre Maturana<br />

LV : Il y a en effet une<br />

ambiance folle mais ce n’est<br />

pas la même ambiance que<br />

durant un match de foot. J’aimerais<br />

beaucoup voir se développer<br />

le phénomène de tribune<br />

de supporteurs comme<br />

en Corée. Là-bas, les kops de<br />

supporteurs se répondent.<br />

Comme dans un stade ?<br />

LV : Oui, il y a des chants, des<br />

slogans, les supporteurs sont<br />

maquillés, habillés aux couleurs<br />

des équipes avec une<br />

spécificité culturelle liée au<br />

jeu. On observe aussi une<br />

très forte synergie entre l’animateur<br />

de la salle, les commentateurs<br />

et le public. Ils dialoguent,<br />

ils jouent ensemble<br />

avec les codes du jeu. C’est un<br />

aspect qu’on ne retrouve pas<br />

dans les stades. Oui, le supporteur<br />

de la KCorp vibre pour<br />

les mêmes raisons qu’un fan<br />

de foot, de basket ou de rugby.<br />

Le supporteur du gaming<br />

ressemble donc à… un supporteur,<br />

finalement ?<br />

PM : De mon point de vue, le<br />

supporteur d’e-sport a besoin<br />

de temps pour écrire son histoire,<br />

et peut-être qu’il lui<br />

manque encore ce lien fort<br />

que peuvent avoir les supporteurs<br />

de foot avec leur stade.<br />

Une culture de supporteur<br />

prend du temps à se développer<br />

et l’e-sport est une discipline<br />

encore jeune. Ce que<br />

je remarque dans le foot<br />

aujourd’hui, c’est que les plus<br />

jeunes fans s’intéressent<br />

davantage aux joueurs qu’au<br />

jeu. L’e-sport devrait s’en inspirer<br />

pour éviter cette dérive.<br />

« La Karmine, c’est<br />

l’équipe du peuple. C’est<br />

comme un club de foot :<br />

on gagne ensemble, et<br />

quand on perd, on pleure<br />

ensemble. » Kameto<br />

supporteurs qu’on pourrait entendre<br />

dans les virages d’Old Trafford, ou du<br />

Camp Nou. « La Karmine, c’est l’équipe<br />

du peuple. C’est comme un club de foot :<br />

on gagne ensemble, et quand on perd,<br />

on pleure ensemble », explique Kameto.<br />

Et la chimie opère.<br />

Depuis le début, le projet n’avance<br />

qu’au carburant humain, qu’à la force et<br />

l’énergie que leur insufflent les fans lors<br />

des streams, au moindre tweet, à chaque<br />

annonce. Dans un silence digital, une<br />

foule toujours plus nombreuse vient<br />

grossir les rangs de ce projet dingue.<br />

Ils n’ont pour l’instant pas la chance de<br />

hurler leur soutien entre les murs d’une<br />

arène, alors ils font exploser les serveurs<br />

le temps d’un stream, arrachent des<br />

records de commentaires et témoignent<br />

de leur amour pour la Karmine et ses<br />

cinq joueurs, partout où l’espace virtuel<br />

le leur permet.<br />

Et si l’emphase est si forte, c’est peutêtre<br />

aussi parce que Kameto et Prime,<br />

à leur façon, dégagent une authenticité<br />

et une vérité que les fans ressentent.<br />

Au-delà d’incarner un rêve comme les<br />

icônes à l’ancienne, ils le distribuent,<br />

véhiculant par leur simplicité et leur<br />

passion communicative l’idée qu’il est<br />

possible à chacun de réaliser son envie,<br />

de concrétiser un rêve. « Si je suis là,<br />

tu peux l’être aussi » peut-on lire entre<br />

les lignes de leur discours. Des stars<br />

next door qui ont réinventé la relation<br />

avec les gens.<br />

49


Qui veut de la<br />

GLACE ?<br />

Rester 2 h 35 min 33 sec dans un bac à glace ?<br />

« Tout le monde peut le faire, c’est juste une<br />

question d’entraînement », assure ROMAIN<br />

VANDENDORPE qui a inscrit, le 19 décembre<br />

dernier, à Wattrelos, son nom au Guinness Book<br />

avec ce nouveau record du monde. Et sa<br />

méthode pour y parvenir est tout sauf givrée.<br />

Texte PATRICIA OUDIT<br />

ZEPPELIN


Un mental en acier glacé. Cet<br />

homme de 34 ans est capable de<br />

rester immergé plus de deux<br />

heures dans la glace. Pour tenir<br />

lors de cet entraînement,<br />

beaucoup de volonté et un peu<br />

de musique épique : violons<br />

planants et percussions violentes.<br />

51


« On a tous une équipe de pompiers<br />

dans le corps mais si elle ne s’entraîne<br />

pas, c’est comme si elle mangeait<br />

des chips devant Netflix. Si on<br />

la coache, tout devient possible ! »<br />

Rien ne le prédisposait à quotidiennement s’immerger<br />

jusqu’aux épaules dans un congélateur 500 litres<br />

dès le saut du lit : c’est pourtant ce qu’a fait Romain<br />

Vandendorpe durant deux ans afin de se préparer<br />

à son record d’immersion dans la glace. Kinésithérapeute,<br />

ostéopathe et hypno- thérapeute dans le civil, scientifique<br />

(il collabore avec le laboratoire de physiologie environnementale<br />

de Bruxelles), le Belge de 34 ans se définit comme<br />

un aventurier qui aime repousser et dépasser ses limites.<br />

Mais avant les glaçons, il y eut le ballon. « J’ai joué au basket<br />

pendant quinze ans. Le sport a toujours fait partie de mon<br />

existence, non dans une optique de compétition, mais<br />

pour avoir une bonne hygiène de vie, garder la forme. »<br />

Son premier grand défi sportif ne remonte qu’à 2016 :<br />

Romain termine l’Ironman d’Embrun, redoutable triathlon<br />

longue distance. Titillé par quelqu’un qui lui dit : « Romain,<br />

ce sera plus facile pour toi d’être champion de France<br />

d’haltérophilie que de finir l’Ironman. » En effet, l’homme<br />

n’a pas vraiment le morphotype adapté à ce genre<br />

d’épreuves. Mais il répond : « Ce n’est qu’une question<br />

d’entraînement mental, si on est bien programmé et qu’on<br />

a la bonne méthode, on est capable de tout faire.» Là aussi,<br />

sa casquette de scientifique/aventurier déloge celle du<br />

sportif : Romain cherche avant tout à comprendre ce qui<br />

se passe dans son corps et son cerveau. « Et une fois que<br />

j’ai compris, je veux pouvoir repousser mes limites et<br />

m’emmener un peu plus loin, vers mes passions que sont<br />

la mécanique du corps humain et les neurosciences. »<br />

« Un processus de changement ne doit<br />

pas être radical. Avant d’entraîner son<br />

corps, il faut entraîner sa tête à créer<br />

de nouvelles micro-habitudes. »<br />

the red bulletin : Romain, quand a débuté<br />

votre histoire avec la glace et pourquoi ?<br />

romain vandendorpe : En 2018. J’aime dire qu’il<br />

faut rêver grand, et on sait qu’on rêve grand parce<br />

que cela nous fait un peu peur. Le choix de la glace :<br />

parce qu’elle a pour conséquence d’abaisser le<br />

rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, et de<br />

diminuer le tonus musculaire. Cela met toutes les<br />

fonctions vitales au ralenti. Or, je suis quelqu’un<br />

d’assez sanguin et impulsif à la base. J’avais envie<br />

de travailler sur ça. Sur ma colère. Cette grande<br />

colère autour de la prise en charge des patients et<br />

notamment l’histoire de la petite Augustine*. Cette<br />

injustice a été le déclic. Il fallait un acte fort. Autour<br />

de ce défi, il y a eu un déclencheur émotionnel,<br />

doublé d’une quête personnelle et scientifique.<br />

*Au printemps 2018, Romain est sollicité pour se<br />

rendre au chevet d’Augustine, une petite fille de 4 ans<br />

atteinte d’une tumeur agressive du tronc cérébral. Cette<br />

rencontre l’affecte d’autant plus que la fillette décède<br />

48 heures après son passage. Sa performance a été réalisée<br />

au bénéfice de l’association Wonder Augustine.<br />

Racontez-nous vos premières immersions...<br />

J’ai commencé avec l’état d’esprit d’un sportif qui<br />

ferait de la récupération après le sport. Et puis, au fil<br />

de mes immersions dans une eau à 0,1° C, je me suis<br />

aperçu qu’on pouvait aller beaucoup plus loin. Je me<br />

suis rendu au laboratoire de physiologie environnementale<br />

de Bruxelles, et on s’est demandés notamment<br />

pourquoi les populations Inuits avaient certains<br />

réflexes vaso-constricteurs et vaso-dilatateurs<br />

que les Européens n’ont pas. On a pu voir que c’était<br />

dans leur ADN, qu’ils avaient cette réaction de<br />

chasse de Lewis qui nous fait défaut.<br />

Chasse de Lewis… vous pouvez expliquer ?<br />

Si vous mettez votre main dans l’eau froide, elle va<br />

devenir blanche, puis nécroser et devenir noire.<br />

Comme le corps croit qu’il va mourir, il va sauvegarder<br />

la température centrale au détriment de la<br />

température périphérique. Alors qu’un Inuit va vasoconstricter<br />

dans un premier temps, mais comme son<br />

cerveau a l’habitude du froid, il va vaso-dilater à nouveau.<br />

Sa main devenue blanche va passer au rouge,<br />

puis blanc, puis rouge, etc. Pas de nécrose. C’est lié à<br />

un facteur génétique. La question que l’on s’est posée,<br />

c’est en combien de temps un Européen lambda est-il<br />

capable d’obtenir cette réaction de chasse de Lewis,<br />

c’est-à-dire, transformer son génome ?<br />

52 THE RED BULLETIN


Adepte de l’autohypnose,<br />

il s’est familiarisé<br />

avec le « yoga<br />

du froid » auprès de<br />

moines bouddhistes<br />

de l’Inde du Nord.


Immergé dans le Lac Bleu que domine l’Aiguille du Midi, Romain s’entraîne : « J’ai déjà fait 55 minutes dans une eau à 3 °C,<br />

mais là, à 0 °C, c’est vraiment plus dur ! », concède Iceman.<br />

Et la réponse est… ?<br />

L’hypothèse de base était dix ans. J’ai dit qu’en deux<br />

ans, c’était faisable. Finalement, au bout de huit<br />

mois, à raison d’un entraînement quotidien, j’ai vu<br />

apparaître la première réaction de chasse de Lewis.<br />

On sait désormais que le génome se transforme au<br />

bout de huit mois. C’est un sacré pas en avant.<br />

On connaît les expériences de Wim Hof, le Néerlandais<br />

surnommé « Iceman », autour du froid et<br />

de ses pouvoirs. En quoi votre démarche est-elle<br />

différente ?<br />

Il faut lui reconnaître son caractère de précurseur,<br />

très lié à une dynamique spirituelle. Wim Hof a<br />

popularisé les pouvoirs du froid, il a des décennies<br />

d’expérience derrière lui. Ma démarche est purement<br />

scientifique. Je n’ai pas de technique respiratoire<br />

à vendre.<br />

En deux ans, vous bouclez un Ironman, puis vous<br />

enchaînez sur le record d’immersion dans la<br />

glace. Vous parlez d’une méthode d’entraînement<br />

reproductible à l’infini.<br />

« Autour de ce défi, il y a eu<br />

un déclencheur émotionnel,<br />

doublé d’une quête personnelle<br />

et scientifique. »<br />

Oui, ce que je fais, tout le monde peut le faire. Il faut<br />

juste s’entraîner dur, régulièrement. Il faut que cela<br />

devienne la priorité, la clé est donc de se dégager<br />

du temps, des plages horaires précises pour cette<br />

priorité. Un processus de changement ne doit pas<br />

être radical. Avant d’entraîner son corps, il faut<br />

entraîner sa tête à créer de nouvelles micro-habitudes.<br />

Se dire : ce jour-là, à cette heure-là, je vais<br />

prendre mes baskets et aller marcher. Et, c’est très<br />

important, toujours finir avec le plaisir. Lors de mes<br />

trois premiers mois d’immersion dans l’eau glacée,<br />

je ne me suis pas fait mal dans le froid. La douleur,<br />

elle, est venue par étapes, et mon corps était déjà<br />

préparé à la supporter.<br />

Pouvez-vous rentrer plus précisément dans les<br />

détails de votre préparation ?<br />

Tous les matins, je me suis levé à 6 h 30 : au tout<br />

début, je m’entraînais dans un spa gonflable sur ma<br />

terrasse dans une eau à 8/10 °C. Puis, il a fallu descendre<br />

en température alors, direction le garage où<br />

se trouve le congélateur. Je cassais la glace avec un<br />

marteau et un tournevis, puis je m’immergeais à jeun<br />

(si on a l’estomac plein, il va cramper et on aura envie<br />

de vomir) dans de l’eau à température négative.<br />

Au début, je sortais au bout de quelques minutes,<br />

en ayant une frustration, en pensant que j’aurais pu<br />

prolonger. Je me disais alors : vivement la prochaine !<br />

Il y avait donc du plaisir. Durant les trois premiers<br />

mois, j’ai réussi à m’immobiliser dans un congélateur<br />

entre cinq et vingt minutes, tous les matins.<br />

54 THE RED BULLETIN


Dépasser<br />

ses limites,<br />

maîtriser<br />

les risques<br />

Outre son équipe<br />

personnelle composée<br />

de ses kinés qui<br />

vérifiaient son état de<br />

conscience, pour son<br />

record d’immersion<br />

dans la glace, Romain<br />

s’est entouré d’un<br />

médecin-réanimateur<br />

prêt à intervenir avec<br />

son staff, d’un hélicoptère<br />

du Samu, en<br />

attente, ainsi que des<br />

pompiers s’il y avait<br />

eu besoin de le désincarcérer<br />

de la glace<br />

en urgence. Et des<br />

glaçons ont été remis<br />

de temps à autre pour<br />

que les clavicules<br />

soient couvertes<br />

comme l’exige le<br />

règlement du<br />

Guinness Book pour<br />

valider le record.<br />

Comment rentrer dans une eau glacée au réveil ?<br />

Il faut y aller d’un coup, passer le saisissement inévitable.<br />

Il n’y a pas de plan B, c’est une dynamique<br />

mentale. Je ne vais pas tremper le bout de mes<br />

orteils pour envoyer un signal à mon corps : c’est<br />

froid ! Il le sait d’avance. L’idée, c’est qu’une fois<br />

qu’on est dedans, jusqu’à la ligne des épaules, il faut<br />

s’adapter. On va avoir une augmentation de la<br />

fréquence cardiaque et ce qui nous traverse c’est :<br />

je vais mourir, sors de là, vite ! L’excitation arrive,<br />

on a envie de s’agiter dans tous les sens, mais c’est<br />

justement là où il faut reprendre le contrôle.<br />

Comment ?<br />

En reprenant le contrôle de sa respiration : c’est la<br />

seule fonction du corps à être innervée par le système<br />

nerveux volontaire et par le système nerveux<br />

autonome. Le relâchement va se faire en respirant<br />

longuement et profondément. En abaissant sa fréquence<br />

respiratoire, on diminue sa fréquence cardiaque<br />

et on réduit son tonus musculaire. La deuxième<br />

étape consiste à reprendre le contrôle de ses<br />

sensations : je dois me détendre dans un environnement<br />

hostile qui ne demande qu’une seule chose :<br />

me contracter. Et seulement après, je reprends le<br />

contrôle de mes pensées. Par exemple, je me répétais<br />

cette phrase : tu es différent de tes sensations,<br />

différent de tes pensées. Ce ne sont que des informations<br />

électriques qui parviennent à notre cerveau,<br />

on peut les maîtriser. Et tout cela en trois minutes.<br />

Aujourd’hui, ce processus me prend dix secondes,<br />

je ne ressens même plus le saisissement. Grâce à<br />

l’entraînement, à la rigueur, j’ai pris plaisir à faire<br />

des choses que d’habitude, personne n’aime faire.<br />

Décrivez-nous ce plaisir… Et les vertus du froid.<br />

On se sent super bien après : détendu, serein,<br />

calme… Et en même temps, on se sent bourré<br />

d’énergie, revigoré. Je n’ai plus jamais froid,<br />

« Grâce à l’entraînement, à la<br />

rigueur, j’ai pris plaisir à faire<br />

des choses que d’habitude,<br />

personne n’aime faire. »<br />

je n’attrape plus aucune maladie. Ce qui est intéressant<br />

dans le froid, c’est qu’il joue sur la physiologie<br />

de l’adaptation. On a tous une équipe de pompiers<br />

dans le corps mais si elle ne s’entraîne pas, c’est<br />

comme si elle mangeait des chips devant Netflix.<br />

Donc dès qu’elle subit une attaque, un virus ou<br />

autre, elle va galérer, alors que si on la sollicite,<br />

cette équipe, elle va s’affûter, devenir performante.<br />

Et j’insiste encore une fois sur le fait que cela va très<br />

vite. Quand j’ai dit au laboratoire scientifique que<br />

j’allais tenter de battre le record du monde au bout<br />

de quelques mois, ils m’ont pris pour un cinglé. Ils<br />

n’ont pas tort, il y a de vrais dangers. Après quarante<br />

minutes dans la glace, normalement, on<br />

meurt… Si on est entraînés, en moins de deux ans,<br />

on fait 2 heures 35.<br />

Comment franchit-on les divers « murs »<br />

psychologiques ?<br />

Je m’entraînais entre trois et cinq fois par semaine.<br />

Avec cette règle de gratter à chaque fois quelques<br />

minutes. Il y a eu d’abord vingt minutes, puis vingtcinq,<br />

puis trente… quarante minutes, ça a été un<br />

gros cap, car scientifiquement, comme je le disais,<br />

on est mort. Quand on rentre dans la 41 e minute,<br />

c’est un peu comme si on marchait sur la lune, il n’y<br />

pas grand-monde à y être allé.<br />

À cette 41 e minute, que ressentez-vous ?<br />

J’explore un sentiment inexploré et inexploité, je<br />

rentre un peu plus dans l’impossible. Cette minute,<br />

je m’en souviendrai toute ma vie : je venais de<br />

reprendre le contrôle de mon système nerveux<br />

autonome et j’apportais la preuve que grâce à cela,<br />

on peut augmenter sa température corporelle. Au<br />

niveau des sensations physiques, c’était juste une<br />

minute de plus. Inconfortable, mais ça passe. Sur<br />

un des enregistrements de mes entraînements, à la<br />

43 e minute, mon cœur s’arrête. C’est fou ! Je ne fais<br />

pas un arrêt cardiaque, mais je suis conscient que<br />

mon cœur s’arrête. Après analyse par le labo, ce qui<br />

s’est passé est similaire à ce que peut ressentir un<br />

apnéiste dans les grandes profondeurs : le cœur<br />

ralentit, ralentit… C’est une décharge d’adrénaline<br />

et d’enképhaline intense, à savoir, un mélange<br />

d’excitation et de détente extrêmes. Comme si<br />

j’étais shooté.<br />

Conférencier en neurocoaching, Romain organise des défis autour du froid,<br />

comme ici, au Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) à Lille.<br />

C’est un peu dangereux ce genre d’état, non ?<br />

Oui, et le garde-fou, c’est le chrono que je programme.<br />

Quand le réveil sonne, je sors. J’observe<br />

aussi mes enregistrements de fréquence cardiaque,<br />

mon encéphalogramme.<br />

THE RED BULLETIN 55


« Ce serait génial de<br />

prendre dix personnes<br />

lambda et de les<br />

coacher dans le but de<br />

battre mon record. »<br />

L’homme de 1,83 m pour 93 kilos a un métabolisme de base<br />

s’élevant à 2 268 kcal/jour, (2 500 pour une personne lambda)<br />

: « Ça veut dire que je ne consomme pas trop d’énergie. »


« Je pense à mon père<br />

décédé, à tous ces gens<br />

qui m’ont dit que je ne<br />

réussirai pas, à toutes ces<br />

croyances limitantes. »<br />

Une aventure<br />

intérieure<br />

Comment Romain Vandendorpe<br />

a vécu les 2 h 35 min 33 sec qui<br />

lui ont permis de battre le record<br />

d’immersion dans la glace. Et les<br />

voyages intérieurs et émotionnels<br />

qu’il lui a procurés. Car rester figé<br />

dans un milieu glacial n’empêche<br />

pas la mobilité spirituelle.<br />

Au bout de 40 minutes<br />

d’immersion…<br />

« Je suis très bien, même si la glace<br />

qui s’est figée depuis dix minutes<br />

pèse 1,7 tonne et appuie sur mon<br />

thorax. Pour conserver mon amplitude<br />

respiratoire avec cette pression<br />

énorme, je prends des inspirations à<br />

bas volume, longues et profondes. »<br />

Au bout de 1 heure…<br />

« La fréquence cardiaque qui était<br />

montée au début reste stable autour<br />

de 30 à 50 pulsations/ minute. Je<br />

commence à ressentir le premier<br />

frisson thermique. Pour ne pas m’agiter,<br />

je reprends le contrôle de ma respiration<br />

afin d’éviter de redescendre<br />

en température trop vite. »<br />

Au bout de 1 heure et<br />

10 minutes...<br />

« Je me dis : “Tiens, c’est le premier<br />

record de Wim Hof à Times Square”<br />

(72 minutes le 26 janvier 2008, ndlr).<br />

On avait trouvé ça fou à l’époque… »<br />

Jusqu’à une 1 heure et<br />

50 minutes …<br />

« C’est un peu un No Man’s land, je<br />

suis au milieu du gué. Je commence<br />

à souffrir, des frissons m’assaillent.<br />

Je me dis qu’est-ce que je fous là ?<br />

Après quoi je cours ? C’est là que la<br />

programmation de mon cerveau<br />

intervient et fait que ma physiologie<br />

s’adapte à ma concentration et à mon<br />

imagination. Je deviens mon propre<br />

effet placebo. Je me transporte à<br />

Punta Cana, j’imagine une boule de<br />

feu dans mon ventre, je nourris ma<br />

sensorialité, et ainsi, j’ai plus chaud.<br />

La variable, c’est la concentration.<br />

Dès que je la perds, que je regarde<br />

autour de moi, que je parle aux gens<br />

qui m’entourent, que je suis dans la<br />

réalité de l’instant, je frissonne. Et au<br />

fil des minutes, cette concentration<br />

fluctue de plus en plus. »<br />

Entre 1 heure 52 minutes<br />

et 2 heures :<br />

« Ça y est, on y est : j’ai battu le record<br />

officiel (1 h 50, ndlr). Je sais que ça va<br />

dérouler, je profite, c’est la fin d’une<br />

aventure, je remercie mon corps. Je<br />

pense : je vais le faire, c’est dingue.<br />

Mais je dois rester calme. Je vois ma<br />

mère qui pleure, les parents d’Augustine<br />

émus… »<br />

Jusqu’au bout …<br />

« Je reste concentré, tout en étant<br />

dans le partage. À chaque fois qu’on<br />

m’a applaudi, comme à toutes les<br />

heures, ma température remonte, on<br />

le voit sur le graphique. C’est là où je<br />

me dis, que je constate que produire<br />

de la chaleur à l’intérieur de son corps<br />

est lié à un ressenti émotionnel. Et<br />

que le partage de la joie, au travers<br />

des applaudissements a une conséquence<br />

physique observable, mesurable<br />

et reproductible. Ce n’était pas<br />

que moi avec moi. C’était moi et tout<br />

le monde. Les émotions sont multiples.<br />

À plusieurs moments, je pense<br />

bien sûr à Augustine, je pleure, j’ai la<br />

rage, je pense à mon père décédé, à<br />

tous ces gens qui m’ont dit que je ne<br />

réussirai pas, à toutes ces croyances<br />

limitantes. »<br />

Au bout de 2 heures et<br />

35 minutes d’immersion<br />

dans la glace, comme<br />

une libération…<br />

« Je fais un signe de tête : “Okay,<br />

je sors.” Mon équipe est obligée<br />

de casser la glace avec un marteau<br />

pour me désincarcérer. Mon staff<br />

me porte. Je suis heureux. »<br />

On a peu évoqué la douleur…<br />

Dans le froid, c’est surtout le bout des pieds qui<br />

souffre, parce que les mains sont protégées par les<br />

aisselles et mes jambes sont serrées l’une contre<br />

l’autre pour protéger l’artère fémorale. La douleur,<br />

c’est comme si on avait des petites aiguilles qui<br />

venaient piquer le pied. Mais il est anesthésié très<br />

vite. C’est à la sortie que ça se complique, quand<br />

tout le sang périphérique revient au niveau central.<br />

Et ça le cœur, il n’aime pas du tout. En sortant, mon<br />

cœur est parfois monté jusqu’à 200 pulsations/<br />

minute, alors que je suis debout sans bouger. Pour<br />

pallier ce phénomène, il faut se réchauffer de l’intérieur,<br />

en buvant chaud tout de suite, marchant une<br />

minute, et en respirant de la vapeur si on a la chance<br />

d’avoir un sauna. Et garder hors de l’eau la même<br />

maîtrise : se dire que tout cela, ce ne sont que des<br />

sensations. Via un souffle court et profond, on peut<br />

stabiliser ce qu’on appelle le frisson thermique.<br />

Pas d’incident de parcours à signaler ?<br />

Au début, j’ai eu à gérer les crampes à l’estomac et<br />

aux membres inférieurs. Le cap des 1 heure dans<br />

l’eau froide a provoqué des vertiges. Et puis on se<br />

fait traverser par des émotions : il m’est arrivé de<br />

pleurer, en entraînement comme durant le jour J.<br />

Selon vous, tenir dans de l’eau négative est plus<br />

insupportable qu’être immergé dans la glace…<br />

Oui, je tiens seulement 1 h 10 min dans de l’eau<br />

négative. Ma température endo-corporelle descend<br />

à 34,2 °C dans de l’eau négative, là où elle tombe à<br />

35 °C le jour du record dans la glace. Quand je m’entraîne<br />

au Lac Bleu de Chamonix, l’eau est à − 6 °C<br />

et c’est extrêmement dur. Dans la glace, il y a de<br />

l’air au milieu, le froid se transmet moins au corps.<br />

M’entraîner dans de l’eau négative m’a permis de<br />

gérer au mieux et assez facilement le record.<br />

Que retenez-vous de cette expérience au global ?<br />

Ces deux ans m’ont vraiment fait grandir. Ce qui<br />

serait génial, c’est de prendre dix personnes lambda,<br />

et de les coacher dans le but de battre mon record.<br />

Afin de prouver que rien n’est impossible avec de la<br />

rigueur et de l’entraînement.<br />

Vous continuez à aller dans la glace ?<br />

Oui, quelques dizaines de minutes par-ci par-là.<br />

Juste pour récupérer d’une séance de sport. Mais<br />

je n’en ai pas fini avec le froid. Mon prochain<br />

challenge sera peut-être quelque part en altitude…<br />

THE RED BULLETIN 57


Fait main<br />

Après une chute, la carrière de la championne du monde de<br />

freeride NADINE WALLNER ne tenait plus qu’à une tige<br />

métallique de 40 cm. Puis, en grimpant, elle a compris que<br />

les tactiques judicieuses valaient mieux que la précipitation.<br />

Texte WOLFGANG WIESER<br />

Photos GIAN PAUL LOZZA


SÛRE D’ELLE<br />

Un lion orne l’avantbras<br />

gauche de Nadine<br />

Wallner, 31 ans.<br />

Elle seule en connaît<br />

la signification.<br />

59


BIEN ENTRAÎNÉE<br />

Même en studio, on<br />

peut voir à quel point<br />

Nadine Wallner est<br />

en forme.


ÉLÉGANTE<br />

Lors d’un tournage<br />

pour la télé autrichienne,<br />

dans une<br />

poudreuse exquise.<br />

en très peu de temps des performances<br />

de pointe en tant qu’alpiniste – malgré<br />

des années de calvaire.<br />

the red bulletin : Je me demande<br />

à quoi ressemblent vos mains...<br />

nadine wallner : Elles sont abîmées<br />

aujourd’hui. J’ai fait de l’alpinisme.<br />

ANDREAS VIGL<br />

Nadine acquiesce en riant. Elle est installée<br />

dans un café d’Innsbruck (Autriche),<br />

mange des œufs au plat au petit-déjeuner<br />

et porte une veste d’escalade qui donne<br />

l’illusion que ses bras semblent avoir été<br />

taillés dans du marbre par un artiste de<br />

la Renaissance : ils sont parfaitement<br />

sculptés et impressionnants de muscles.<br />

Quand on le lui dit, elle éclate d’un rire<br />

franc et chaleureux, et le « oui » confirmatif<br />

est une marque supplémentaire de<br />

confiance en elle. Cette guide de ski et de<br />

montagne de 31 ans est deux fois championne<br />

du monde de freeride, et a réalisé<br />

Sont-elles votre principal outil ?<br />

Pas forcément quand je grimpe. Bien<br />

sûr, je m’agrippe mais les pieds sont plus<br />

importants parce que je les utilise pour<br />

reposer mes doigts et me positionner<br />

de manière à ne pas nécessiter autant<br />

de force. Les gros biceps ne sont pas<br />

toujours nécessaires.<br />

Où se trouve la véritable force – dans<br />

les pieds, les doigts ou dans la tête ?<br />

Le corps doit fonctionner, mais c’est le<br />

mental qui est décisif. J’ai appris que<br />

stratégie et réflexion sont plus importantes<br />

en escalade qu’en ski. Les tactiques<br />

sont également importantes en ski, mais<br />

il faut se décider plus rapidement et<br />

s’engager au bon moment.<br />

« Ce qui est<br />

déterminant,<br />

c’est la tête.<br />

Les gros biceps<br />

n’aident pas<br />

toujours. »<br />

THE RED BULLETIN 61


Que son corps fonctionne ne va pas<br />

de soi. La carrière de cette jeune<br />

femme de 31 ans qui a grandi<br />

dans le Vorarlberg (Autriche), a été<br />

marquée par des blessures qui auraient<br />

mené des personnalités moins fortes au<br />

désespoir. Le jour de l’an 2004, Nadine<br />

a fait une si mauvaise chute pendant<br />

l’entraînement qu’on a dû lui retirer la<br />

rate. Elle a mis fin à sa carrière de descendeuse<br />

qui venait de prendre son<br />

envol, et est devenue monitrice de ski<br />

avant de suivre une formation de guide<br />

de ski. Après une pause de plusieurs<br />

années, elle a repris en tant que freerideuse.<br />

En 2013, deux ans après sa première<br />

compétition, Nadine est devenue<br />

la plus jeune athlète à remporter le titre<br />

de championne du monde, dans le cadre<br />

du Freeride World Tour. Elle a répété<br />

l’exploit en 2014 mais l’année s’est mal<br />

terminée. Lors d’un tournage en Alaska,<br />

alors que la neige poudreuse atteignait<br />

ses hanches, Nadine a fait une chute.<br />

Le sauvetage a pris six heures. Diagnostic<br />

: fracture ouverte du tibia et du<br />

péroné gauches. Une tige métallique<br />

de 40 centimètres lui a été insérée<br />

dans la jambe.<br />

Vos accidents sont-ils la conséquence<br />

de cette philosophie du tout ou rien ?<br />

Non, c’est simplement que je manquais<br />

d’expérience. J’ai fait une erreur qui m’a<br />

coûté très cher.<br />

Le processus pour retrouver la forme<br />

a été long. Est-ce que ça va maintenant<br />

?<br />

Oui, on a enlevé la tige de métal. C’est<br />

seulement quand je porte des crampons<br />

depuis huit heures que je le sens. Mais<br />

au bout de huit heures, tout le monde<br />

a mal aux pieds.<br />

Pourquoi grimper ?<br />

J’ai commencé après ma blessure en<br />

Alaska, pour des raisons thérapeutiques.<br />

« J’ai fait<br />

une erreur<br />

qui m’a coûté<br />

très cher. »<br />

CONCENTRÉE<br />

En pleine escalade<br />

du Zwerchwand<br />

à Bad Goisern<br />

(Autriche).<br />

PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL<br />

62 THE RED BULLETIN


FORTE<br />

Une musculature<br />

impressionnante,<br />

résultat de nombreuses<br />

années passées<br />

sur les rochers.


« Chaque étape<br />

m’a permis<br />

d’affûter mon<br />

regard en vue<br />

de solutions. »<br />

Vous vous êtes entraînée avec<br />

Barbara Zangerl, l’une des meilleures<br />

grimpeuses au monde. Comment<br />

l’avez-vous rencontrée ?<br />

J’ai fait la connaissance de sa sœur,<br />

Claudia, sur un rocher.<br />

On fait donc des rencontres pendant<br />

les ascensions…<br />

Oui, tout comme on en fait en ski, sur<br />

la montagne. Nous nous sommes alors<br />

retrouvées pour faire du bloc en salle.<br />

Et puis Babsi m’a dit : « Viens demain<br />

matin à sept heures pour t’entraîner »,<br />

et j’y suis allée. Ensuite, c’est allé très<br />

vite. J’ai très rapidement sauté quelques<br />

degrés de difficulté.<br />

Comment cela se fait-il ?<br />

Je ne sais pas, j’étais motivée. Je m’entraînais<br />

tous les jours avec Babsi. Nous<br />

étions à fond. En échange, je l’ai emmenée<br />

skier.<br />

Dans les années qui ont suivi,<br />

Nadine Wallner a gravi des parcours<br />

de plus en plus difficiles.<br />

Ceux-ci peuvent également représenter<br />

des chapitres individuels de la vie de<br />

l’athlète. Ils portent les noms de Paradigme,<br />

Border Crosser ou Euphoria<br />

et marquent une évolution qui étonne<br />

même ses collègues grimpeurs.<br />

DÉTENDUE<br />

Nadine Wallner<br />

ne lâche jamais<br />

la corde.<br />

Maîtriser aussi rapidement des parcours<br />

si complexes témoigne d’un talent<br />

unique et d’une volonté incomparable.<br />

En 2019, Nadine est devenue la<br />

deuxième femme à vaincre le Prinzip<br />

Hoffnung, le Principe Espérance sur le<br />

mur appelé Bürser Platte (dans le district<br />

de Bludenz dans le Vorarlberg), qui est<br />

considéré comme l’un des parcours traditionnels<br />

les plus difficiles d’Europe<br />

(8b/8b+ E9-E10). La paroi est lisse, les<br />

endroits précis où les grimpeurs peuvent<br />

mettre le pied sur cette roche glissante<br />

restent un mystère pour le commun<br />

des mortels. Nadine Wallner a décrit<br />

son exploit comme étant un précieux<br />

processus d’apprentissage. Chaque étape<br />

a aiguisé sa perception de grimpeuse,<br />

élargi son répertoire de mouvements<br />

et affûté son regard en vue de solutions.<br />

Mais le rythme auquel Nadine Wallner<br />

évolue lui a, à nouveau, causé des<br />

ennuis. Elle s’est blessée au majeur de<br />

la main droite.<br />

Que s’est-il passé ?<br />

J’avais trop d’énergie, les tendons n’ont<br />

pas suivi. Il leur faut plus de temps<br />

pour s’habituer à l’effort. C’est après<br />

le Prinzip Hoffnung que les problèmes<br />

ont commencé. J’ai longuement hésité,<br />

puis j’ai décidé de me faire opérer à<br />

l’automne 2019. Suite à cela, j’ai fait<br />

une pause, et ce n’est qu’au printemps<br />

suivant que j’ai repris l’escalade et,<br />

punchline ultime, le parcours s’appelle<br />

Touch the Future...<br />

La rate, le pied, maintenant le doigt…<br />

Avec toutes ces blessures, n’avez-vous<br />

jamais songé à abandonner ?<br />

Non, le ski vaut bien mieux que ça,<br />

l’escalade vaut bien mieux que ça, et la<br />

montagne aussi. Quand nous sommes<br />

descendus en rappel hier, il faisait déjà<br />

nuit. En hiver, je reste souvent sur la<br />

montagne jusqu’au dernier moment,<br />

je ne veux pas rentrer chez moi, il fait<br />

si bon là-haut. J’aimerais y rester.<br />

Qu’est-ce qui vous plaît le plus ?<br />

Monter ou descendre, escalader<br />

ou skier ?<br />

Difficile à dire. J’aime le ski parce que<br />

c’est relax, parce que c’est facile, et que<br />

cela va presque tout seul. Dans l’escalade,<br />

il faut faire un gros effort brutal.<br />

Mais quand ça va, c’est vachement bon.<br />

Instagram : @nadinewallner<br />

64 THE RED BULLETIN


DÉTERMINÉE<br />

Comme aux échecs,<br />

un bon grimpeur<br />

anticipe plusieurs<br />

coups d’avance.<br />

PHILIP PLATZER/RED BULL CONTENT POOL<br />

THE RED BULLETIN 65


LA RÉGATE LA PLUS DIFFICILE AU MONDE<br />

ENCORE<br />

DIX SECONDES<br />

DE SURSIS…<br />

Un tour du monde en 80 jours.<br />

En solitaire. Sur un voilier.<br />

Sans escale. Sans assistance.<br />

C’est entre les tempêtes, le froid,<br />

la chaleur, le manque de sommeil<br />

et l’isolement que les skippeurs<br />

survivent au VENDÉE GLOBE,<br />

l’Everest des courses à la voile.<br />

Texte ALEXANDER MUELLER-MACHECK<br />

CHRISTOPHE FAVREAU


DORMIR À<br />

TOUTE VITESSE<br />

Pendant plus de 80 jours,<br />

par tranches de 20 minutes<br />

maximum, rythmées par<br />

l’alarme du système de bord<br />

qui vous tire d’un sommeil<br />

lourd. Sur la photo : le<br />

skippeur français Arnaud<br />

Boissières, 48 ans.<br />

67


LA SOLITUDE<br />

POUR HORIZON<br />

Vue très rare depuis le pont de votre voilier.<br />

Elle n’a lieu que lors du départ du Vendée<br />

Globe. En l’espace de quelques heures, les<br />

participants se dispersent dans l’immensité<br />

de l’océan et au-delà de l’horizon. C’est<br />

à partir de ce moment-là que vous vous<br />

retrouvez seul(e) pendant des mois.<br />

BERNARD LE BARS/ALEA TOM MACKINGER


Les Sablesd’Olonne,<br />

FRA<br />

AFRIQUE<br />

AMÉRIQUE<br />

DU SUD<br />

Île Gough<br />

Cap de<br />

Bonne Espérance,<br />

Afrique du Sud<br />

Cap Horn, CHI<br />

ICEBERGS DROIT<br />

DEVANT !<br />

Les navigateurs partent<br />

des Sables-d’Olonne, direction<br />

l’Afrique du Sud, l’océan<br />

Austral (au nord de l’Antarctique),<br />

le Cap Horn, et<br />

reviennent en France par<br />

l’océan Atlantique, bouclant<br />

un tour du monde. Ils doivent<br />

obligatoirement franchir<br />

les portes des glaces.<br />

ANTARCTIQUE<br />

Cap<br />

Leeuwin,<br />

AUS<br />

AUSTRALIE<br />

Route<br />

Portes ou points de<br />

contrôle sur le parcours<br />

du Vendée Globe. Dans<br />

la zone antarctique,<br />

les portes des glaces<br />

maintiennent les marins<br />

à distance de sécurité<br />

des icebergs.<br />

69


VINCENT CURUTCHET<br />

SIX FEMMES<br />

PUISSANTES<br />

L’Anglaise Samantha Davies, 46 ans, dans une<br />

situation délicate au large de la côte atlantique<br />

française. Sur les 33 participants, six sont des<br />

femmes. Elles concourent dans le même classement<br />

que les hommes, car ici, seules comptent<br />

l’intelligence, l’habileté et l’endurance.<br />

71


NOS VŒUX LES PLUS SINCÈRES !<br />

La skippeuse française Clarisse Crémer célèbre<br />

son 31 e anniversaire, en solitaire et en pleine<br />

mer australe.<br />

CHANVRE AVEC VUE<br />

La Franco-Allemande Isabelle Joschke,<br />

44 ans, parsème son bowl de graines de<br />

chanvre. Pour un regain d’énergie.<br />

EN MODE LOCAVORE<br />

Le Français Stéphane Le Diraison, 44 ans, a attrapé, au vol, un poisson<br />

volant, bien déterminé à lui faire un sort sans plus de cérémonie…<br />

PLAISIRS<br />

SIMPLES DE<br />

L’EXTRÊME<br />

S’il est bien connu que les marins<br />

sont de fins cuistots, les skippeurs,<br />

eux, ne font pas les fines bouches.<br />

Tant que ça se laisse manger,<br />

ça ne peut pas être mauvais.<br />

UNE MER D’HUILE<br />

L’Italien Giancarlo Pedotes, 45 ans, a emporté<br />

de l’huile d’olive de chez lui. Elle semble plus<br />

souffrir du froid que son propriétaire.<br />

STEPHANE LE DIRAISON/TIME FOR OCEANS, CLARISSE CREMER/BANQUE POPULAIRE X,<br />

ISABELLE JOSCHKE/MACSF, GIANCARLO PEDOTE/PRYSMIAN GROUP, ALAN ROURA/LA FABRIQUE<br />

72 THE RED BULLETIN


« VOUS<br />

M’AVEZ VU<br />

PRATIQUEMENT<br />

À NU… »<br />

Il a d’abord souffert d’une méchante blessure<br />

au dos suite à une collision avec des débris<br />

de bateaux. Puis un tuyau défectueux a laissé se<br />

répandre de l’huile hydraulique dans sa cabine :<br />

le Suisse Alan Roura, 28 ans, à bout et en larmes<br />

devant sa webcam. Il a terminé seizième.


POUSSÉS PAR<br />

LA COLÈRE DE<br />

NEPTUNE<br />

Des vagues hautes comme des immeubles, des<br />

rafales de vent à plus de 100 km/h, des icebergs<br />

et des cormorans. En d’autres termes : les conditions<br />

idéales pour un marin de l’extrême. Le Français<br />

Armel Tripon, 45 ans, sur son yacht L’Occitane<br />

de type Imoca, qui peut atteindre des vitesses de<br />

pointe à 45 km/h sur les foils.


PIERRE BOURAS/<br />

L‘OCCITANE EN PROVENCE<br />

75


PLAFOND TRÈS BAS<br />

Le Suisse Alan Roura, 28 ans, jette<br />

un coup d’œil à la voile. La proue du<br />

bateau fait face au Cap Horn, l’extrême<br />

pointe de l’Amérique du Sud.<br />

MONSIEUR BRICOLAGE<br />

Le skippeur français Sébastien<br />

Destremau, 56 ans, grimpe au sommet<br />

du mât, à quelque 29 mètres<br />

de hauteur, pour quelques menus<br />

travaux de réparation.


LA TÊTE DANS LE GUIDON<br />

L’Allemand Boris Herrmann, 39 ans, était en lice<br />

pour le podium lorsqu’il est entré en collision<br />

avec un bateau de pêche… durant son sommeil.<br />

Il termine pourtant à la 5 e place. Respect !<br />

L’HEURE DES SURPRISES<br />

En plein océan Arctique, l’Anglaise Pip Hare,<br />

46 ans, se fait une joie de découvrir ce que<br />

le Père Noël a déposé dans sa chaussette.<br />

SEBASTIEN DESTREMAU/MERCI, ALAN ROURA/LA FABRIQUE, ANDREAS LINDLAHR, PIP HARE/MEDALLIA,<br />

ARMEL TRIPON/L‘OCCITANE EN PROVENCE, MARINE NATIONALE/DEFENSE<br />

UN HOMME À LA MER !<br />

Le bateau de Kevin Escoffier, 40 ans, s’est brisé contre une vague lors d’une tempête.<br />

Le Français a dérivé pendant huit heures sur son radeau de sauvetage, dans des vagues<br />

de cinq mètres de haut. Un compatriote, Jean Le Cam, 61 ans, est venu le repêcher<br />

à deux heures du matin. Du temps lui sera crédité par les organisateurs pour avoir<br />

mené cette opération de sauvetage. Le naufragé est ensuite récupéré par une frégate<br />

de la Marine française et escorté jusqu’à l’île de la Réunion. À l’image : Kevin Escoffier<br />

rejoint la frégate à la nage.<br />

VAGUE À LAME<br />

Le Français Armel Tripon, 45 ans,<br />

est un homme de précision qui ne se<br />

complique pas la vie : quand il se rase,<br />

c’est sans concession.<br />

ICI, LE MOT<br />

NORMAL<br />

PREND UN<br />

AUTRE SENS<br />

Célébrons les petites victoires :<br />

s’occuper de soi, récupérer des<br />

forces, planifier la route, entretenir<br />

les liens virtuels, et sauver une vie.<br />

THE RED BULLETIN 77


VINCENT CURUTCHET/ALEA


C’est soulagé et heureux, brandissant la traditionnelle<br />

fusée de détresse rouge à la main, que<br />

le Français Yannick Bestaven, 48 ans, franchit<br />

la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne au bout<br />

de 80 jours 3 heures 44 minutes et 46 secondes.<br />

Cette course en solitaire exceptionnellement<br />

difficile lui remémore à chaque fois ceci :<br />

« Le Vendée Globe, ça nous coûte des efforts<br />

qu’on ne peut pas simuler. C’est difficile, ça fait<br />

mal. Chacun de nous a vécu ces derniers mois<br />

des situations pendant lesquelles on avait<br />

vraiment envie de péter les plombs. C’est pour<br />

cela que je dis que la première victoire,<br />

c’est de terminer le Vendée Globe…<br />

TOUS CEUX QUI LE BOUCLENT<br />

SONT DES VAINQUEURS ! »<br />

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PERSPECTIVES<br />

Expériences et équipements pour une vie améliorée<br />

MINGMA TENZI SHERPA<br />

HAUT NIVEAU<br />

D’EXIGENCE<br />

Un végan<br />

à la conquête de<br />

l’Everest<br />

81


PERSPECTIVES<br />

voyage<br />

« J’ai su que je devais<br />

convaincre les guides que<br />

le véganisme est compatible<br />

à un effort colossal,<br />

sans quoi ce dernier ne<br />

manquera pas d’être mis<br />

en cause en cas d’échec. »<br />

Kuntal Joisher,<br />

alpiniste végan<br />

J e m’appelle Kuntal Joisher. Je<br />

suis alpiniste et végan. J’ai vu le jour à<br />

Kharagpur, en Inde, voilà 41 ans, dans<br />

une famille du Gujarat, donc végétarien<br />

par religion, mais pour des raisons<br />

éthiques, je me suis converti au véganisme<br />

en 2002. Une évolution logique<br />

qui passe mal chez les alpinistes pour<br />

qui, sans prise de protéine d’origine animale,<br />

une personne végane ne peut<br />

acquérir la musculation nécessaire à<br />

l’ ultra- endurance. Il y a douze ans, nul<br />

dans ma famille n’aurait imaginé qu’un<br />

jour, je briserais ce mythe en me hissant<br />

sur le toit du monde. C’était compter<br />

sans ma passion improbable pour l’alpinisme.<br />

J’ai grandi à Mumbai, où l’été le<br />

thermomètre affiche parfois 40 °C, ce<br />

qui ne me prédispose guère aux sports<br />

d’hiver et encore moins à l’adrénaline.<br />

Jusqu’à mes trente ans, je menais une<br />

vie d’informaticien allergique au sport.<br />

Et lorsque je découvre l’alpinisme, mon<br />

poids présente un excédent de quarante<br />

kilos. En 2009, ma femme et moi nous<br />

rendons à Shimla, une station de montagne<br />

dans le nord de l’Inde. Baskets aux<br />

pieds et vêtements inadaptés, nous gravissons<br />

le pic Hatu à 3 400 mètres. Rien<br />

de glorieux, mais l’expérience au cœur de<br />

ce paysage enneigé change ma vie. Dès<br />

cet instant, je consacre tous mes loisirs à<br />

découvrir le versant indien de l’Himalaya,<br />

et à nourrir ma fascination pour l’Everest.<br />

En octobre 2010, je prends le fameux<br />

« Vol de la mort » à destination de<br />

l’aéroport Tenzing- Hillary au Népal, à<br />

2 845 mètres d’altitude, afin d’admirer la<br />

superbe montagne de plus près, depuis<br />

le mont Pumori voisin, pic à 7 161 mètres<br />

surnommé « la Fille de l’Everest ». En<br />

contemplant l’Everest scintillant sous le<br />

soleil couchant, j’ai su à cet instant que<br />

le gravir était inéluctable. Mais avant, je<br />

devais convaincre les guides que le véganisme<br />

est compatible à l’effort colossal<br />

Août 2018, Joisher<br />

à 6 250 mètres<br />

d’altitude sur le<br />

sommet Mentok<br />

Kangri, au Ladakh,<br />

en Inde.<br />

TENZIN NORBU, KUNTAL JOISHER ALEXANDRA ZAGALSKY<br />

82 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

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Six mois de développement.<br />

Dans l’ombre d’un géant : avril 2016, camp de base népalais.<br />

bien qu’il interdise la consommation de<br />

viande et de produits laitiers riches en<br />

graisses et en protéines, sans quoi mon<br />

véganisme ne manquerait pas d’être mis<br />

en cause en cas d’échec.<br />

En guise de préparation, j’escalade<br />

en 2011, le Stok Kangri (6 153 mètres),<br />

dans l’Himalaya indien. Je prends soin,<br />

au préalable, de consulter le menu des<br />

repas prévus afin de m’assurer que le<br />

cuisinier du camp de base pourra sans<br />

mal accommoder mon régime alimentaire,<br />

et éviter ainsi que mon véganisme<br />

ne soit vu comme un risque en cas de<br />

situation critique. L’extrême altitude<br />

exige de manger abondamment. À<br />

5 500 mètres, le corps au repos brûle<br />

4 000 calories par jour. Au-delà de cette<br />

altitude, l’appétit diminue. Pendant les<br />

quatre à cinq semaines d’acclimatation<br />

au camp de base, la plupart des alpinistes<br />

se nourrissent de viande et de<br />

produits laitiers. Les végans triplent<br />

leurs portions d’avoine au lait de soja<br />

en poudre et consomment pommes de<br />

terre sautées, currys de légumes, pain,<br />

légumineuses, et autant de noix de cajou<br />

et de barres nutritives que possible.<br />

Ma conquête de l’Everest débute en<br />

2014. Au camp de base népalais, une<br />

énorme avalanche tue seize Sherpas<br />

et m’oblige à renoncer. L’année suivante,<br />

un terrible tremblement de terre dévaste<br />

le Népal. De nouveau au camp de base,<br />

j’assiste impuissant, à une dévastatrice<br />

avalanche de neige et de débris. Je suis<br />

heureux de ne pas y laisser la vie.<br />

L’année 2016 est la bonne. De plus,<br />

la mise au point d’un régime à base de<br />

plantes pour la haute altitude donne<br />

entière satisfaction. L’ascension à partir<br />

du camp de base, népalais ou tibétain,<br />

nécessite environ quatre jours et un<br />

apport quotidien de 15 000 calories.<br />

Privé d’oxygène, le système nerveux<br />

THE RED BULLETIN 83


PERSPECTIVES<br />

voyage<br />

Joisher sur l’Everest, en mai 2019. Ci-dessous : l’Ama Dablam, au Népal.<br />

ne communique plus la faim au cerveau.<br />

J’ai vu des alpinistes non végans éprouver<br />

les plus grandes difficultés à se nourrir.<br />

J’avale pour ma part, beaucoup de<br />

glucides et de graisses, qui contrairement<br />

à la viande ne créent pas la sensation<br />

de satiété.<br />

À 8 500 mètres, je m’autorise des<br />

aliments réconfortants, car l’important<br />

à ce stade est d’accumuler les calories.<br />

Mon sac est rempli de Clif Bars, d’Oreos<br />

et de repas lyophilisés, et mes poches de<br />

dattes dénoyautées sans quoi elles durcissent.<br />

L’escalade du ressaut Hillary<br />

Une éthique<br />

pour moteur<br />

Un guide végan de l’alpinisme<br />

façon Joisher<br />

Nourriture Les gens pensent que<br />

les plats sans viande au camp de base<br />

sont végans, mais au Népal, même<br />

les flocons d’avoine contiennent du<br />

lait. J’explique le végétalisme aux<br />

chefs.<br />

Équipement Le choix de vos vêtements<br />

dépend de vous, alors autant<br />

trouver des alternatives véganes. Et<br />

à défaut d’en trouver, vous en cultivez<br />

au moins l’esprit.<br />

Transport Le transport de matériel<br />

est souvent assuré par les yacks.<br />

Limitez autant que possible l’usage<br />

des animaux. Je mets le plus possible,<br />

hélico et porteurs à contribution.<br />

Au-delà du véganisme Réservez<br />

auprès d’une équipe reconnue pour<br />

son sérieux. Le personnel, des Sherpas<br />

aux cuisiniers, doit bénéficier<br />

d’un salaire décent et d’une bonne<br />

couverture d’assurance, car il risque<br />

sa vie pour les alpinistes.<br />

Gestion des déchets Le tri des déchets<br />

est désormais entré dans les<br />

habitudes, mais beaucoup ne le font<br />

toujours pas. Tout doit être rapporté<br />

au camp de base pour être recyclé.<br />

(12 mètres) comporte trois saillies de<br />

neige à franchir avant d’arriver au sommet<br />

d’où mon guide Sherpa, Mingma<br />

Tenzi, me fait signe. Je suis bouleversé<br />

et ne peux retenir mes larmes. Il me reste<br />

une minute de crédit à mon téléphone<br />

satellite, juste assez pour appeler la maison.<br />

Puis, pendant vingt minutes inoubliables,<br />

je m’imprègne assis de la vue.<br />

Un sentiment que j’avais jusque-là uniquement<br />

éprouvé lors de la naissance de<br />

ma fille. L’alpiniste que je suis vient d’accomplir<br />

quelque chose de grand, et de<br />

rendre justice au végétalisme. De retour<br />

à Mumbai, je suis accueilli en héros. Je<br />

suis le premier de ses vingt millions d’habitants<br />

à avoir conquis l’Everest. Pourtant<br />

le végan en moi ne peut se réjouir totalement.<br />

En cause, l’équipement utilisé. J’ai<br />

bien essayé avant l’expédition de trouver<br />

une combinaison performante sans duvet<br />

ni matière animale, en vain.<br />

Je décide d’y retourner en trouvant<br />

cette fois une entreprise prête à me fournir<br />

une combi végane, dans un secteur<br />

encore confidentiel. Surprise, un simple<br />

post Facebook suscite l’intérêt de Save<br />

the Duck, marque italienne de vêtements<br />

durables 100 % végans. En avril 2018,<br />

Mingam et moi recevons de la société<br />

une combi végane haute performance,<br />

résistant à une température de − 50 °C<br />

et à des vents de 100 km/h, une première.<br />

Nous les testons sur le Lhotse,<br />

la quatrième plus haute montagne au<br />

monde, moins que l’Everest qui ne<br />

compte que 300 mètres de plus. Nous<br />

parvenons au sommet le 15 mai 2018.<br />

Nos combinaisons nous ont même tenus<br />

trop chaud notamment lorsque la neige<br />

réfléchit le soleil. Save the Duck y effectue<br />

les modifications que j’ai suggérées :<br />

fermetures éclair sur la partie supérieure,<br />

et des poches intérieures pour les<br />

appareils vitaux qui résistent mieux au<br />

froid avec la chaleur corporelle.<br />

Cette fois, j’aborde l’Everest par la<br />

face nord-tibétaine, une voie considérée<br />

comme plus technique dû aux conditions<br />

plus difficiles. Je retrouve le sommet<br />

le 23 mai 2019, à 5 h 30 du matin, droit<br />

dans ma combi végane jaune vif Save<br />

The Duck, doigts et orteils intacts, et<br />

sans le moindre coup de soleil. Désormais,<br />

je peux fièrement clamer être le<br />

premier végan attesté à poser les pieds<br />

sur l’Everest. Banaliser l’alpinisme végan<br />

est ce qui me tient le plus à cœur. C’est<br />

là ce que je souhaite léguer, le reste<br />

importe peu. Sir Edmund Hillary avait<br />

raison : « Ce n’est pas la montagne que<br />

nous conquérons, mais soi-même. »<br />

kuntaljoisher.com<br />

MINGMA TENZI SHERPA, KUNTAL JOISHER<br />

84 THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN<br />

Retrouvez votre prochain numéro en avril en abonnement avec et avec ,<br />

dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.<br />

LORENZ HOLDER/RED BULL CONTENT POOL


PERSPECTIVES<br />

gaming<br />

PILOTAGE VIRTUEL<br />

Héros de conduite<br />

La simulation de rallye WRC 9 de Bigben Interactive change les codes (de la route),<br />

et offre depuis peu la possibilité à ses meilleurs adeptes d’intégrer une véritable<br />

écurie de course et d’entamer une carrière de pilote. Explications.<br />

La licence WRC (World<br />

Rally Championship)<br />

s’est imposée comme<br />

l’une des simulations<br />

de rallye les plus réalistes du<br />

marché dès son lancement<br />

en 2001, sous l’œil avisé du<br />

légendaire pilote français de<br />

rallye Sébastien Loeb. Après<br />

une décennie de règne, elle<br />

s’est associée à la Fédération<br />

Internationale de l’Automobile<br />

(FIA) en 2010 pour revenir<br />

encore plus affûtée laissant<br />

derrière elle une concurrence<br />

médusée par sa qualité graphique<br />

et technique. En<br />

collaboration avec la FIA,<br />

KT Racing, son développeur,<br />

a décidé de pousser cette philosophie<br />

de gaming encore<br />

plus loin via une nouvelle voie<br />

de passage : le DLC FIA Rally<br />

Star, accessible à tous les<br />

joueurs depuis le mois de<br />

février 2021. Le premier programme<br />

mondial de détection<br />

des futurs pilotes de rallyes,<br />

à partir de WRC 9 le nouvel<br />

épisode de la saga, sorti en<br />

septembre dernier. Derrière<br />

son écran, un joueur doué<br />

peut désormais dessiner les<br />

contours d’une future carrière<br />

et espérer intégrer une écurie.<br />

En route vers la gloire<br />

Via WRC 9, le processus de<br />

recrutement s’avère réciproquement<br />

profitable. Pour la<br />

fédération, il incarne une<br />

façon inédite de repérer les<br />

talents partout où ils se<br />

trouvent. Pour le joueur passionné,<br />

il offre l’opportunité<br />

rare d’intégrer une structure<br />

professionnelle, traditionnellement<br />

coûteuse et difficile<br />

d’accès. Et si WRC 9 peut se<br />

permettre de bouleverser à<br />

ce point les codes de recrutement<br />

c’est grâce à son niveau<br />

de réalisme extrême. Si un<br />

joueur performant sur FIFA ne<br />

fera pas forcément un footballeur<br />

de talent sur le terrain, un<br />

L’autre rallye<br />

Le DLC FIA Rally Star et son<br />

programme de détection<br />

complètent un écosystème<br />

déjà très riche grâce à la<br />

compétition d’e-sport WRC<br />

débutée en janvier. Les<br />

meilleurs joueurs/pilotes<br />

de la planète s’y affrontent<br />

avec une chance de repartir<br />

au vrai volant d’une vraie<br />

Toyota GR Yaris. Disputées<br />

sur WRC 9, les treize<br />

manches du championnat<br />

ont lieu une semaine avant<br />

chaque véritable course.<br />

Ouverte à tous les joueurs,<br />

toutes plateformes confondues,<br />

la compétition réunit<br />

plus de 10 000 joueurs<br />

et s’achèvera cet été avec<br />

la retransmission de<br />

la grande finale.<br />

adepte talentueux de WRC 9<br />

peut augurer d’un futur grand<br />

pilote, tellement le jeu est une<br />

traduction digitale de la réalité<br />

en course. « Grâce au niveau<br />

de réalisme atteint par WRC 9,<br />

c’est une chance pour nous de<br />

pouvoir proposer ce challenge<br />

à tous les fans de notre sport<br />

à travers le monde, indique<br />

Jérôme Roussel, responsable<br />

du programme à la FIA. Grâce<br />

au jeu vidéo, nous pouvons<br />

enfin atteindre tous les jeunes<br />

et tester leurs compétences<br />

de pilote, avec un investissement<br />

financier nettement plus<br />

raisonnable que ce qui est<br />

habituellement nécessaire<br />

dans les sports mécaniques. »<br />

Du couch au coach<br />

Entre février et août 2021, les<br />

joueurs âgés de 17 à 26 ans<br />

pourront participer à douze<br />

challenges en ligne via le DLC<br />

FIA Rally Star. Des Rally At<br />

Home Challenges organisés<br />

toutes les deux semaines et<br />

accessibles depuis n’importe<br />

quelle console ou PC. À l’issu<br />

de cette phase de qualifications,<br />

douze d’entre eux participeront<br />

à six finales continentales<br />

au volant d’une TN5<br />

Cross Car où ils affronteront<br />

les meilleurs joueurs mondiaux.<br />

Dès 2022, les six<br />

gagnants, dont au moins une<br />

pilote femme, seront retenus<br />

pour intégrer un programme<br />

exclusif de formation et d’entraînement<br />

à la compétition<br />

mis en place par la FIA. Coaching<br />

de conduite, entraînement<br />

physique et mental,<br />

séances d’essais et participation<br />

à six rallyes au volant<br />

d’un M-Sport Fiesta Rally3…<br />

Ils prennent place à bord<br />

de l’IRL ! La finalité de cette<br />

formation est d’amener les<br />

meilleurs élèves à participer<br />

à deux saisons du Championnat<br />

du Monde FIA Junior des<br />

Rallyes. Une compétition<br />

dont il faudra viser le titre<br />

pour espérer une place au<br />

Valhala : une saison en WRC2<br />

au volant d’une machine de<br />

catégorie Rally2. Jamais un<br />

jeu vidéo n’a autant ouvert<br />

la route. wrcthegame.com<br />

DAVID KHUN<br />

86 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

au programme<br />

JAKOB SCHWEIGHOFER/RED BULL CONTENT POOL, GASTON FRANCISCO, DAVE MACKISON/RED BULL CONTENT POOL, MATCHSTICK PRODUCTIONS<br />

Grimpe<br />

360 ASCENT<br />

Si vous êtes sujet au<br />

vertige, passez votre<br />

chemin ! Dans ce documentaire,<br />

les grimpeurs<br />

de classe mondiale<br />

Janja Garnbret<br />

et Domen Škofic<br />

s’attaquent à la plus<br />

haute voie artificielle<br />

au monde en escaladant<br />

la plus haute cheminée<br />

d’Europe sur la<br />

centrale électrique de<br />

Trbovlje, en Slovénie.<br />

Skate<br />

UNKNOWN<br />

TREASURES<br />

Quand le skateboard<br />

s’exprime dans des<br />

endroits inédits. Participez<br />

au tout premier<br />

tour professionnel à<br />

travers les spots de<br />

skate inconnus de la<br />

Macédoine, du Monténégro,<br />

de l’Albanie et<br />

du Kosovo alors que<br />

Wes Kremer, Madars<br />

Apse, Ben Skrzypek<br />

et Tino Arena partent<br />

à la recherche de ces<br />

trésors cachés.<br />

Vélo<br />

MATT JONES DESIGN AND CONQUER<br />

Un homme pour trois tricks en slopestyle jamais vus au monde… Matt Jones, une star du VTT,<br />

n’est pas étranger aux premières mondiales : dans cette série, suivez-le dans son nouveau défi pour<br />

réaliser trois figures inédites et voyez comment elles passent de son imagination à la réalité.<br />

Ski<br />

HUCK YEAH!<br />

Ce film de ski accueille<br />

certains des meilleurs<br />

skieurs au monde<br />

qui chargent à fond<br />

et s’amusent dans des<br />

spots spectaculaires<br />

à travers la planète.<br />

Hoji, Sam Kuch, Bobby<br />

Brown et le crew de<br />

girls The Blondes s’en<br />

donnent à cœur joie !<br />

Avec la pause pandémie<br />

mondiale, ce film<br />

rappelle combien il<br />

est important de<br />

passer du temps à<br />

l’extérieur avec des<br />

amis pour passer<br />

du bon temps.<br />

THE RED BULLETIN 87


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

Dans la tour<br />

des grands<br />

À champions d’exception, matériel de compète !<br />

Découvrez, entre autres, l’équipement des gamers pros<br />

de la Karmine Corp pour des matches de haute voltige.<br />

Texte DAVID KHUN<br />

La carte maîtresse<br />

Carte mère MSI Z590 Godlike<br />

Pour les gamers pros, une seule carte compte : la carte mère. Registre dans lequel MSI s’illustre depuis<br />

plusieurs années avec des produits extrêmement performants. Dernière née des plateformes MSI, la<br />

Z590 Godlike a été conçue pour une exploitation optimale du processeur Intel de onzième génération.<br />

Son overclocking (augmentation du signal du processeur visant à augmenter les performances de<br />

l’ordinateur) a déjà établi des records mondiaux, sans aucune limitation par la transmission du courant<br />

électrique, les composants de la carte ou les performances thermiques. La Z590 propose un design<br />

totalement revu, et des fonctionnalités next gen qui ont déjà convaincu toute la team KCorp.<br />

fr.msi.com<br />

88 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

Chirurgical<br />

Écran MSI Optix MAG274QRF-QD<br />

Avec sa dalle IPS affichant une résolution<br />

de 2160 × 1440 pixels, ce moniteur<br />

prend en charge la technologie<br />

G-Sync et offre un taux de rafraîchissement<br />

de 165 Hz et un temps<br />

de réponse GTG (Grey to Grey, soit la<br />

mesure la plus précise) de 1 milliseconde.<br />

Réactivité et fluidité pour<br />

une précision chirurgicale.<br />

À partir de 549,99 € ; fr.msi.com<br />

Fashion geek<br />

PC MSI Aegis Ti5 10th<br />

Ce PC est un monstre de compétition<br />

avec son processeur Intel Core i9-<br />

10900K et une NVIDIA GeForce RTX<br />

3080 : Kameto et Adam de la KCorp<br />

l’ont adopté pour cela ! Mais cette<br />

formidable machine affiche aussi un<br />

look agressif, ravageur et futuriste.<br />

Sa molette dotée d’un écran permet<br />

de gérer l’ensemble des paramètres.<br />

À partir de 3 799,99 € ; fr.msi.com<br />

THE RED BULLETIN 89


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

La perfection est de ce monde<br />

Carte graphique MSI<br />

GeForce® RTX 3070 SUPRIM<br />

La carte graphique GeForce® RTX 3070 SUPRIM<br />

amorce une nouvelle génération (NVIDIA RTX)<br />

qui ambitionne tout simplement d’atteindre la<br />

perfection. Design repensé alliant style et performances<br />

de refroidissement inégalées, cette nouvelle<br />

itération basée sur l’architecture Ampère,<br />

promet une expérience de jeu ultime où un réalisme<br />

fascinant et une fluidité sans pareil se mettent au<br />

service d’une immersion totale. Elle embarque<br />

8 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération<br />

et bénéficie de fréquences de fonctionnement<br />

élevées et de trois ventilateurs MSI TORX 4.0<br />

assurant le flux d’air et l’évacuation de la chaleur.<br />

Greffée à un processeur Intel de onzième génération<br />

et à la carte mère Z590 Godlike, elle promet<br />

un gaming de très très haut niveau.<br />

À partir de 799,99 € ; fr.msi.com<br />

90 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

L’œil du tigre<br />

Oakley Prizm<br />

C’est pour protéger l’œil de l’e-athlète qu’Oakley a conçu<br />

les verres gaming Prizm. Ils améliorent le contraste visuel<br />

et sont dotés d’une technologie de filtrage de la lumière<br />

bleue qui réduit de 40 % ses effets dans un rayon de 380<br />

à 500 nanomètres. En indoor comme en outdoor, le joueur<br />

est protégé des sources naturelles et artificielles de luminosité.<br />

La marque a réussi à réduire l’aspect jaune de ce type<br />

de verres et décliné son savoir-faire sur de multiples<br />

modèles, quatre au total, pour tous les styles.<br />

Dès 120 € ; oakley.com<br />

THE RED BULLETIN 91


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

Combo à sensations<br />

Sélection Logitech et jeu Bigben Interactive WRC 9<br />

Depuis sa sortie, le nouvel épisode de WRC 9 (49,99 €)<br />

remporte tous les suffrages avec une itération qui atteint<br />

un niveau de réalisme et de technique inégalable.<br />

Disponible sur Nintendo Switch depuis peu, la simulation<br />

de rallye va toucher un nouveau public composé jusque-là<br />

de pilotes hardcore officiant sur PC et consoles et souvent<br />

un volant entre les mains. À ces derniers, on recommande<br />

le volant de course Logitech G923 (399,00 €). Compatible<br />

PlayStation, Xbox et PC son design primé a été repensé<br />

pour s’adapter à la physique de votre jeu et offrir<br />

un réalisme saisissant grâce notamment à son retour de<br />

force nouvelle génération Trueforce. Les pilotes plus<br />

« standards » lui préféreront le combo clavier/souris et là<br />

aussi Logitech a des sensations pour eux via sa souris G<br />

Pro X Superlight (149,00 €) ultra légère (moins de 63 g) et<br />

son clavier G915 Lightspeed (249,00 €) ultra fin (22 mm).<br />

logitech.fr ; nacongaming.com<br />

92 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

Écoute que coûte<br />

Casque Logitech G733<br />

Avec le casque G733 de Logitech, il souffle comme un vent de<br />

fraîcheur sur le design de casques. Mais on ne va pas le résumer<br />

à son aspect résolument « frais ». Ce modèle sans fil et ultra léger<br />

(278 g), dispose d’une très belle qualité sonore et d’un confort qui<br />

autorise des sessions de jeux interminables. On aime son micro<br />

équipé de la technologie BLUE VO!CE, ses écouteurs dotés du son<br />

surround, ses filtres vocaux et son éclairage avancé indispensable<br />

pour écouter, communiquer et jouer. Du style et de la performance<br />

pour une immersion totale. 149,00 € ; logitech.fr<br />

THE RED BULLETIN 93


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

Dans le game<br />

Combo Aorus et montre Garmin<br />

Pour des sessions de haute performance, le PC portable<br />

Gamer AORUS 15G (dès 1 669 €) est équipé des dernières<br />

cartes graphiques NVIDIA 30 Series et d’un écran 240 Hz mais<br />

si au portable « clé en main » vous préférez une configuration<br />

maison, vous composerez un combo efficace grâce à l’écran<br />

AORUS FI27Q-X (715 €) et sa dalle IPS de 2” QHD boostée à<br />

240 Hz affichant un temps de réponse de 0,3 ms. Un moniteur<br />

combinable au clavier mécanique AORUS K1 (99 €) et ses<br />

interrupteurs mécaniques Cherry MX <strong>Red</strong> qui réduisent les nuisances<br />

sonores. Et pour une finition graphique irréprochable,<br />

reste à installer la carte graphique AORUS GeForce RTX 3080<br />

XTREME et ses 10 Go de mémoire vidéo de nouvelle génération<br />

(dès 1 509 €). Un modèle overclocké d’usine qui s’illustre par<br />

ses fréquences de fonctionnement élevées et son système de<br />

refroidissement amélioré. Équipé comme un pro, il faudra surveiller<br />

vos constantes pendant les cessions de jeu grâce à la<br />

montre connectée Garmin (299 €). Ses utilisateurs peuvent<br />

suivre, analyser et diffuser leurs données biométriques tout en<br />

jouant via son appli, l’application Garmin STR3AMUP!.<br />

aorus.com ; garmin.com<br />

94 THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES<br />

matos gaming<br />

L’outil d’influence<br />

DJI Pocket 2<br />

La marque DJI, spécialisée dans le drone civil, s’est aussi fait une<br />

réputation auprès des producteurs de contenus grâce à son matériel<br />

vidéo extrêmement agile, stable et performant. Elle propose<br />

aujourd’hui la DJI Pocket 2, sa nouvelle caméra vidéo 4K stabilisée,<br />

très compacte et performante. Vlog, story Instagram, IGTV, clip ou<br />

vidéos personnelles, tous vos contenus prennent une dimension<br />

plus pro avec cette nouvelle génération de caméra proposée dans<br />

un bundle très complet.<br />

509 € ; dji.com<br />

Un PC d’attaque<br />

PC Razer Blade Pro 17<br />

Récemment ajouté à la gamme Razer, et équipé des GPUs<br />

NVIDIA GeForce RTX Séries 30, ce PC portable de gaming est<br />

une machine puissante dont l’écran a lui aussi revu ses performances<br />

avec des taux de rafraîchissement et des résolutions<br />

plus élevées. Compact et performant, il figure parmi les laptops<br />

les mieux équipés pour profiter pleinement des jeux de nouvelle<br />

génération. Et il se la donne aussi en mode bureautique.<br />

À partir de 2 399,99 € ; razer.com<br />

La bonne résolution<br />

Écran Benq 32” 2K QHD<br />

Pour un gamer, un écran incurvé permet une immersion<br />

bien plus importante dans le jeu. À ce titre, cet écran va<br />

particulièrement plaire aux adeptes de simulation de<br />

courses avec ses 144 Hz, sa technologie HDR , une résolution<br />

2K et une courbure 1800R pour une immersion totale<br />

dans le cockpit. À la clé, des images précises et fluides et<br />

une expérience de jeu ultime. 499 € ; benq.eu<br />

THE RED BULLETIN 95


MENTIONS LÉGALES<br />

THE RED<br />

BULLETIN<br />

WORLDWIDE<br />

The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

est actuellement<br />

distribué dans six pays.<br />

Vous découvrez ici la<br />

couverture de l’édition<br />

allemande, qui honore<br />

le pilote VTT local Erik<br />

Fedko.<br />

Le plein d’histoires<br />

hors du commun sur<br />

redbulletin.com<br />

Les journalistes de SO PRESS n’ont<br />

pas pris part à la réalisation de<br />

The <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>. SO PRESS n’est<br />

pas responsable des textes, photos,<br />

illustrations et dessins qui engagent<br />

la seule responsabilité des auteurs.<br />

Direction générale<br />

Alexander Müller-Macheck, Sara Car-Varming (adj.)<br />

Rédacteurs en chef<br />

Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.)<br />

Direction créative<br />

Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.)<br />

Direction artistique<br />

Marion Bernert-Thomann, Miles English,<br />

Tara Thompson<br />

Maquette<br />

Martina de Carvalho-Hutter, Cornelia Gleichweit,<br />

Kevin Goll<br />

Rédaction photo<br />

Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.),<br />

Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör<br />

Rédaction web<br />

Christian Eberle-Abasolo (dir.), Lisa Hechenberger,<br />

Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan<br />

Responsable des contenus audios<br />

Florian Obkircher<br />

Projets spécifiques<br />

Arkadiusz Piatek<br />

Gestion de la rédaction<br />

Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann<br />

Gestion de l’édition<br />

Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Anna Wilczek<br />

Directeur exécutif<br />

Stefan Ebner<br />

Directeur Ventes médias & Partenariat<br />

Lukas Scharmbacher<br />

Directrice de Co-édition<br />

Susanne Degn-Pfleger<br />

Gestion de projet Co-édition,<br />

Marketing & Communication B2B<br />

Katrin Sigl (dir.), Mathias Blaha, Katrin Dollenz,<br />

Thomas Hammerschmied, Teresa Kronreif (B2B),<br />

Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner<br />

(communication)<br />

Solutions créatives<br />

Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka,<br />

Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart<br />

Gestion commerciale Co-édition<br />

Alexandra Ita<br />

Rédaction Co-édition<br />

Raffael Fritz (dir.), Gundi Bittermann,<br />

Mariella Reithoffer, Wolfgang Wieser<br />

Directeur exécutif de la création<br />

Markus Kietreiber<br />

Gestion de projet création Elisabeth Kopanz<br />

Direction artistique Co-édition Peter Knehtl (dir.),<br />

Erwin Edtmaier, Andreea Parvu, Dominik Uhl<br />

Design commercial Simone Fischer, Martina Maier,<br />

Alexandra Schendl, Julia Schinzel, Florian Solly,<br />

Stephan Zenz<br />

Abonnements & Distribution<br />

Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm,<br />

Nicole Glaser, Victoria Schwärzler, Yoldaş Yarar<br />

Service de publicité<br />

Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />

Fabrication & Production Veronika Felder (dir.),<br />

Friedrich Indich, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig<br />

Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis,<br />

Nenad Isailović, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher<br />

Finances Mariia Gerutska (dir.), Klaus Pleninger<br />

MIT Christoph Kocsisek, Michael Thaler<br />

Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham,<br />

Yvonne Tremmel<br />

Gestion de projet Gabriela-Teresa Humer<br />

Éditeur et directeur général Andreas Kornhofer<br />

Adresse Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />

Téléphone +43 1 90221-0 Fax +43 1 90221-28809<br />

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<strong>Red</strong> Bull Media House GmbH,<br />

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THE RED BULLETIN<br />

France, ISSN 2225-4722<br />

Country Editor<br />

Pierre-Henri Camy<br />

Country Coordinator<br />

Christine Vitel<br />

Country Project Management<br />

Alessandra Ballabeni,<br />

Alessandra.Ballabeni@redbull.com<br />

Traductions<br />

Willy Bottemer, Fred & Susanne<br />

Fortas, Suzanne Kříženecký, Claire<br />

Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />

Gwendolyn de Vries<br />

Relecture<br />

Audrey Plaza<br />

Abonnements<br />

Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />

getredbulletin.com<br />

Siège de la rédaction<br />

29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />

+33 (0)1 40 13 57 00<br />

Impression<br />

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Pologne<br />

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PROFIL<br />

17 avenue de Saxe<br />

75017 Paris<br />

+33 (0)6 19 77 26 30<br />

Thierry Rémond,<br />

tremond75@gmail.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Allemagne, ISSN 2079-4258<br />

Country Editor<br />

David Mayer<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Natascha Djodat<br />

Publicité<br />

Thomas Hutterer (dir.),<br />

Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner,<br />

Daniela Güpner, Gabriele Matijevic-<br />

Beisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole<br />

Okasek-Lang, Britta Pucher,<br />

Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />

Johannes Wahrmann-Schär,<br />

Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker,<br />

Christian Wörndle, Sabine Zölß<br />

THE RED BULLETIN<br />

Autriche, ISSN 1995-8838<br />

Country Editor<br />

Wolfgang Wieser<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Publishing Management<br />

Bernhard Schmied<br />

Publicité<br />

Thomas Hutterer (dir.),<br />

Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner,<br />

Daniela Güpner, Gabriele Matijevic-<br />

Beisteiner, Wolfgang Kröll, Nicole<br />

Okasek-Lang, Britta Pucher,<br />

Jennifer Sabejew, Thomas Gubier,<br />

Johannes Wahrmann-Schär,<br />

Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker,<br />

Christian Wörndle, Sabine Zölß;<br />

Kristina Krizmanic (Team Assistant)<br />

THE RED BULLETIN<br />

Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />

Country Editor<br />

Ruth Morgan<br />

Rédacteur associé<br />

Tom Guise<br />

Secrétariat de rédaction<br />

Davydd Chong (dir.),<br />

Nick Mee<br />

Publishing Manager<br />

Ollie Stretton<br />

Publicité<br />

Mark Bishop,<br />

mark.bishop@redbull.com<br />

Fabienne Peters,<br />

fabienne.peters@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Suisse, ISSN 2308-5886<br />

Country Editor<br />

Wolfgang Wieser<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Meike Koch<br />

Manager des partenariats<br />

commerciaux<br />

Stefan Bruetsch<br />

Publicité<br />

Marcel Bannwart (Suisse alémanique),<br />

marcel.bannwart@redbull.com<br />

Christian Bürgi (Suisse romande),<br />

christian.buergi@redbull.com<br />

Goldbach Publishing<br />

Marco Nicoli,<br />

marco.nicoli@goldbach.com<br />

THE RED BULLETIN USA,<br />

ISSN 2308-586X<br />

Rédacteur en chef<br />

Peter Flax<br />

Rédactrice adjointe<br />

Nora O’Donnell<br />

Révision<br />

David Caplan<br />

Publishing Management<br />

Branden Peters<br />

Media Network Communications<br />

& Marketing Manager<br />

Brandon Peters<br />

Publicité<br />

Todd Peters,<br />

todd.peters@redbull.com<br />

Dave Szych,<br />

dave.szych@redbull.com<br />

Tanya Foster,<br />

tanya.foster@redbull.com<br />

96 THE RED BULLETIN


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9 MAI 2021 – 11 H<br />

COURREZ CHACUN POUR SOI,<br />

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WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM


Pour finir en beauté<br />

La voie de Stéphane<br />

Afrique, Amérique du Sud, Arabie saoudite… sur tous les terrains qui ont accueilli la<br />

plus légendaire des compétitions moto et auto, le Dakar, le pilote français de rallyeraid<br />

Stéphane Peterhansel (55 ans) a vaincu. Quatorze fois : six sur deux roues, et huit<br />

en voiture. Ici, sur la troisième étape de l’édition 2021, alors que la planète entame une<br />

année incertaine, M. Dakar suit une voie qu’il connaît très bien : celle de la victoire.<br />

Le prochain<br />

THE RED BULLETIN<br />

sortira le<br />

22 avril 2021.<br />

MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL<br />

98 THE RED BULLETIN

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