syndicom magazine No.22
Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!
Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!
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syndicom
N o 22 mars-avril 2021
magazine
Travailler
moins
pour vivre
mieux
Gaoussou Diakité, gynécologue
Nous ne fournissons
pas de médicaments.
Mais l’expertise
médicale.
Actuellement, avec la formation des médecins
au Mozambique. Aidez-nous : solidarmed.ch
Partnerships for Health
Sommaire
4 Une fine équipe
5 Brèves
6 Du côté des employeurs
7 L’invité
8 Dossier : Et si on
travaillait moins ?
Chères lectrices, chers lecteurs,
16 Au cœur de nos métiers
22 Le travail dans le
contexte de l’Agenda 2030
24 Mobiliser à l’ère COVID
25 Droit au but
26 Suggestions
27 1000 mots
28 Evènements
30 Tranches de vie
31 Mots croisés
32 social media
Les efforts des syndicats visant à humaniser le
travail – c’est-à-dire à séparer « travail et vie
privée » – se concentrent dans les revendications
historiques d’une réduction du temps de
travail. Dans les années 1850 émerge déjà le
slogan « Huit heures de travail, huit heures de
sommeil et huit heures de loisirs et détente ».
Si les revendications sur le temps de travail
ont dès lors toujours fait partie de nos engagements,
elles ont considérablement disparu de
l’agenda syndical dès les années 1990 face notamment
à d’importants combats sur les questions
salariales. Aujourd’hui, un changement de
paradigme s’opère et elles retrouvent une actualité
dans le contexte de la digitalisation et du
débat sur l’égalité, se développant également
autour d’une flexibilisation encadrée du travail.
Dans le contexte de la numérisation, de nouvelles
possibilités s’ouvrent en effet aux entreprises
pour flexibiliser le travail et réduire les
horaires de travail. La flexibilisation densifie le
travail à large échelle et les nouvelles technologies
permettent en outre de transférer le
travail partout et en tout temps. Par la volonté
de réduire le temps de travail via des modèles
mieux adaptés aux différentes étapes de la vie,
nous renouons ici avec la revendication de séparer
le travail et la vie privée. Depuis quelques
mois, des centaines de collègues de la branche
TIC participent d’ailleurs activement à ce débat
passionnant pour le futur du travail.
8
22
30
Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC et
membre du comité directeur
4
Une fine équipe
« Sans garde-fous, la flexibilisation
menace d’accroître la pression »
Yvan Bianchini (45 ans) remédie aux
pannes des centres d’appel de
Swisscom. Il travaille à Bellinzone et a
rejoint l’entreprise il y a plus de dix
ans. En tant que membre de syndicom,
il est actif au sein du groupe stratégique
CCT et comme représentant du
personnel au Tessin. Il a déjà recruté
de nombreux membres pour syndicom.
Fabienne Roduit (32 ans) travaille chez
Swisscom à Sion en tant qu’Operative
Process Manager. En parallèle, elle étudie
la gestion d’entreprise à la Haute
école spécialisée du Valais. Elle a adhéré
à syndicom il y a six ans et s’engage
actuellement au sein du groupe
stratégique qui accompagne le développement
de la CCT Swisscom.
Thomas Wälti (49 ans) fait partie du
groupe stratégique CCT ainsi que du
comité d’entreprise Swisscom Group
de syndicom, qui vérifie le bon respect
de la CCT. De plus, il siège au comité de
la section bernoise de syndicom où il
officie comme responsable des finances.
Chez Swisscom, il travaille en
tant que TIC Service Manager à Ittigen
dans le canton de Berne.
Texte : Basil Weingartner
Illustration : Illunauten
« Le personnel touche
à ses limites »
« Nous nous engageons pour de nouveaux
modèles de temps de travail
chez Swisscom. Ils sont nécessaires
pour plusieurs raisons. Quantité de
processus ont été automatisés ces
dernières années. Il subsiste néanmoins
des tâches intellectuelles
complexes. La correction de processus,
ainsi que la vérification et
l’adaptation manuelles des programmations
nécessitent une forte
concentration tout au long de la journée
pour des tâches qui changent rapidement.
Le personnel touche à ses
limites. Des augmentations salariales
ne changeraient quasiment
rien. Il faut une diminution fondamentale
du temps de travail sans réduction
de salaire.
En parallèle, la productivité a
considérablement augmenté au
cours de la dernière décennie. Or une
tendance durable se dessine : la valeur
ajoutée générée profite quasiment
uniquement aux actionnaires
et à la direction. Il faut que ça
change, faute de quoi Swisscom
peinera encore davantage à trouver
du personnel qualifié.
Nous faisons partie du groupe
stratégique de syndicom qui conduit
les négociations CCT. Ces dernières
années, nous avons examiné de nombreux
modèles et interrogé nos collègues
sur leurs besoins et leurs idées.
Il s’est avéré que de nouveaux modèles
s’imposent pour les collègues
de plus de 50 ans, car ils sont soumis
à une pression particulièrement
forte. Pour les plus jeunes, l’équilibre
entre travail et vie privée prévaut.
Les collaboratrices et collaborateurs
souhaitent passer plus de
temps avec leur famille. En outre, de
plus en plus de personnes suivent
des études en cours d’emploi et
doivent bénéficier de modèles appropriés.
Nous sommes convaincus que
Swisscom profiterait aussi de modèles
qui placent au centre les salarié-e-s
et leurs besoins. Le temps
libre dégagé permettrait d’augmenter
la créativité et la motivation. Nous
sommes ouverts à la discussion. Et
nous espérons que Swisscom l’est
aussi.
Les modèles de travail flexibles
présentent de nombreux avantages,
mais nous devons être vigilants. Car
sans garde-fous clairs, la flexibilisation
menace d’accroître la pression. »
Brèves
Lettre ouverte au TX Group \ Victoire importante pour un
service public fort \ Heures supplémentaires à La Poste \
Watson lance sa version francophone \ Table ronde des illustrateurs-trices
\ Sites internet des GI \ Service postal à domicile
5
Discriminations à Tamedia
78 femmes journalistes de TX Group
(ex-Tamedia) ont signé une lettre ouverte
dans laquelle elles dénoncent des
propos sexistes ainsi qu’une culture
d’entreprise dominée par les hommes
au sein du groupe médiatique. Afin de
lutter contre ce sexisme structurel,
elles réclament plus de décence et de
respect, plus de femmes aux postes de
direction et une procédure standardisée
pour combattre les discriminations.
syndicom soutient cette lutte ainsi que
les revendications des signataires, et
dénonce les conditions de travail dont
elles font état.
Votation e-ID
Le 7 mars dernier, le peuple suisse a
voté un NON écrasant à la loi sur l’e-ID.
Cette victoire est la preuve d’une forte
confiance en l’Etat sur les questions
liées à la numérisation du service public
et d’une méfiance envers les entreprises
privées en matière de protection
des données. Mais ne restons pas les
bras croisés, la Suisse doit désormais
développer de nouvelles compétences
numériques afin d’être en mesure d’assumer
des tâches souveraines dans le
futur.
P.-S. Nos excuses au média Republik que
nous avons omis de citer dans le magazine
n° 21, en page 15, comme source de
la carte de l’Europe sur l’e-ID.
Gestion des heures
supplémentaires à La Poste
La nouvelle CCT de La Poste, en vigueur
depuis début 2021, donne plus d’autonomie
aux employé-e-s dans la gestion
des heures supplémentaires. Selon l’article
2.11.1, paragraphe 12, de la CCT, ilselles
sont désormais autorisés à planifier
des jours de congé isolés jusqu’à
concurrence de la moitié de leur solde
d’heures supplémentaires. Les congés
devront toutefois être décidés immédiatement
après le processus de remise à
zéro semestriel, qui se tient fin avril, et
en consultation avec l’équipe. Plus
d’infos : syndicom.ch/kChkq
Watson en Suisse romande
Le média digital watson est disponible
en Suisse romande depuis le 1 er mars.
syndicom salue la création de nouveaux
emplois dans la presse et encourage
une plus grande diversité des
médias dans cette région, tout en invitant
Watson à garantir de bonnes
conditions de travail pour ses employé-e-s
et à rejoindre la CCT de la
presse romande.
Première table ronde des
illustrateurs et illustratrices
59 personnes ont participé à la première
table ronde en ligne de syndicom
pour les illustrateurs-trices sur le
thème « Combien dois-je facturer ? ».
Les expériences personnelles, conseils
et astuces concernant le prix des prestations
et les taux horaires ont pu être
discutés ouvertement. Face à ce succès,
la prochaine table ronde (en allemand)
est déjà agendée le 12 mai à
17h00. Le thème « Clients de l’enfer »
fournira également matière à une soirée
passionnante. Plus d’infos : syndicom.ch/illustammtisch
Nouveau site web pour les GI
Comme annoncé dans notre dernier
numéro en page 30, le site internet du
groupe d’intérêt (GI) Retraité-e-s a fait
peau neuve. Vous pouvez y accéder par
l’adresse retraites.syndicom.ch. Mais
le nouveau design du site est aussi
disponible pour l’ensemble des GI sur
ig.syndicom.ch/fr.
Service à domicile de La Poste
D’ici à mi-2021, le service à domicile de
La Poste prendra un virage numérique
et il ne sera désormais plus possible de
déposer un écriteau sur sa boîte aux
lettres pour faire appel au facteur.
Alors que cette offre devait permettre
de remplacer la fermeture de bureaux
de poste en facilitant l’appel au facteur
pour toutes et tous, force est de
constater que l’accès au service public
postal continue à se complexifier pour
les personnes sans aisance digitale.
Agenda
Mai
1 er
Fête du travail
Face à l’accroissement de la précarité
de nombreux travailleurs et travailleuses,
la mobilisation syndicale du
1 er mai sera absolument cruciale. Seuls
des regroupements locaux seront
toute fois autorisés en raison des mesures
sanitaires en vigueur. Pour plus
d’informations, renseignez-vous prochainement
auprès de votre secrétariat
régional ou sur le site de syndicom.
3
Journée mondiale de la liberté
de la presse
Plus que jamais, la liberté de la presse
doit être défendue alors que la Fédération
internationale des journalistes
(FIJ) a récemment annoncé que
66 journalistes ont perdu la vie dans
l’exercice de leur fonction en 2020.
Différents événements en ligne sont
proposés par l’UNESCO : bit.ly/2O7E21g
21
La Grève pour l’Avenir
Initiée par le mouvement de la grève
du climat, cette grande journée d’action
et de grève pose les bases d’un
changement à long terme vers une
société durable, notamment pour
le futur de nos emplois (voir page 17).
Nous vous invitons à participer à des
actions locales, dans le respect des
mesures sanitaires en vigueur.
Plus d’infos : grevepourlavenir.ch
Juin
14
Grève des femmes
En cette année du 50 e anniversaire du
suffrage féminin, la grève des femmes
revêtira une importance d’autant plus
capitale. De plus amples informations
sur les différents événements et mobilisations
organisés seront partagées
sur le site de syndicom. A vos agendas
!
syndicom.ch/fr/evenements/
6 Du côté des
Monia Vidi est responsable des ressources humaines au sein
employeurs
de localsearch (Swisscom Directories SA), dont la nouvelle
CCT entrée en vigueur au 1 er janvier 2021 propose des conditions
de travail progressistes.
1
Comment la nouvelle CCT
localsearch permet-elle de soutenir
vos activités à l’ère de la transformation
numérique ?
La nouvelle CCT offre une sécurité
professionnelle à nos collaborateurs
et collaboratrices. C’est particulièrement
important dans notre branche
qui est en évolution rapide. De plus,
la CCT nous rend attrayant en tant
qu’employeur. Tout le monde en tire
avantage, car plus nos employé-e-s
sont confiant-e-s, plus ils font preuve
d’énergie et de motivation pour relever
les défis de l’entreprise.
2
Quels avantages avez-vous tirés de
la participation des employé-e-s aux
discussions sur la CCT ?
Les employé-e-s sont au centre de la
CCT et leur implication était une
condition importante pour mieux
comprendre leurs besoins. Les représentant-e-s
du personnel ont élaboré
des propositions en collaboration
avec les syndicats. Dans le cadre des
discussions, puis des négociations, le
point de vue du personnel était déterminant
pour formuler les problèmes
soulevés de manière concrète et compréhensible.
3
Quel est l’objectif des nouveaux
éléments de la CCT en rapport avec la
numérisation (droit à la déconnexion,
télétravail, formations, etc.) ?
La numérisation comporte autant
d’opportunités que de risques. Nous
voulons en tenir compte et créer un
cadre de travail adéquat pour concilier
au mieux la vie professionnelle et
privée. Il nous importe d’offrir à nos
employé-e-s la plus grande marge de
liberté possible, et tous les outils
nécessaires pour donner le meilleur
d’eux-mêmes. La formation et le
travail à distance en font partie.
4
Vous encouragez notamment
l’apprentissage « autodirigé ».
De quoi s’agit-il ?
Aujourd’hui, le perfectionnement
s’étend au-delà des formes traditionnelles,
et les objectifs d’apprentissage
peuvent être définis de manière
autonome avec son propre rythme.
Cet « apprentissage autodirigé » peut
s’effectuer partout et en tout temps.
Nous souhaitons soutenir cette forme
d’apprentissage et le développement
de nos employé-e-s. C’est aussi bénéfique
pour nous, car nous avons besoin
d’employé-e-s compétent-e-s.
5
Dans une branche qui peine à recruter
des spécialistes et à fidéliser le
personnel, que vous apporte la CCT ?
Une bonne CCT montre à quel point
notre personnel est important pour
nous. Bien entendu, les exigences
sont elles aussi élevées dans notre entreprise.
L’équilibre est toutefois déterminant.
Nous offrons des conditions
de travail progressistes et
équitables ainsi que beaucoup de libertés.
En contrepartie, nos collaborateurs
et collaboratrices s’engagent
pleinement.
6
Quels sont les principaux défis
technologiques pour localsearch ces
prochaines années ?
L’évolution technologique est fulgurante,
mais elle est entre nos mains.
Elle nous permet de développer et de
commercialiser de nouveaux produits
innovants dans le domaine du marketing
digital pour notre clientèle de
PME. Par ailleurs, nous concentrons
aussi nos efforts sur la simplification
et l’automatisation des processus.
Cela nous permet d’atténuer le risque
d’erreurs et d’être plus agiles.
Texte : Daniel Hügli
Image : HR-Today / Aniela Lea Schafroth
Photography
L’invité
Dans une société bien organisée,
les gains de productivité, provenant en particulier
de l’automatisation et de la digitalisation de
l’économie, devraient déboucher naturellement
sur une réduction du temps de travail et sur une
augmentation des rémunérations des salariés
dans le secteur concerné. Au lieu de cela, ils
génèrent une précarisation des postes de
travail et un sous-emploi massif, accentuée par
la pandémie de COVID-19, qui concourent à
aggraver l’injustice sociale.
Ainsi, le processus de concentration de richesses
en quelques mains s’est nettement
accéléré. Alors que, selon la Banque Mondiale,
en 2018, environ 50 % de la population mondiale
survivait, ou tentait de le faire, avec moins de
5,5 dollars par jour, et que jusqu’à 100 millions
de personnes supplémentaires auraient basculé
en 2020 dans l’extrême pauvreté, soit avec
moins de 1.90 dollars par jour, les dix personnes
les plus riches du monde, ont vu, selon OXFAM,
leur fortune totale quasiment doubler cette
même année, pour atteindre 1120 milliards de
dollars. En une seule journée, le 20 juillet 2020,
Jeff Bezos, qui détient 11 % du capital d’Amazon,
augmenta sa richesse de 13 milliards de dollars !
Que les gains de productivité se traduisent plutôt
dans les cours boursiers qu’en termes de
temps libre, que le supposé ruissellement des
richesses n’obéisse pas à la loi de la pesanteur
puisqu’il concentre ces dernières en haut de la
pyramide sociale, est l’expression d’un profond
dysfonctionnement de la société. En effet, une
société qui exclue une large propor-tion de ses
membres, qui oublie qu’elle se doit de les traiter
avec le respect dû, ouvre la porte à des
dirigeants, politiques ou économiques, en
profond décalage avec les aspirations humaines
et les graves défis auxquels elle est confrontée.
Gains de productivité
et temps libre
Marc Chesney est professeur à la faculté
d’économie de l’Université de Zurich
dont il est aussi le Directeur du Centre
de compétence en finance durable. Auteur
du livre « La crise permanente »,
dont la troisième édition a été publiée
en octobre 2020, il développe une analyse
critique du secteur financier et fait
notamment partie du comité qui a lancé
l’initiative populaire visant à remplacer
la TVA par une microtaxe sur toutes les
transactions électroniques.
7
10 Quatre jours de travail par semaine pour sortir de la crise
12 Mieux répartir le travail domestique
13 Défis syndicaux actuels
14 Succès d’ailleurs
Dossier 9
Travailler
moins,
vivre
plus
10 Dossier
La semaine de quatre jours pour sortir de
la crise et gérer la numérisation
accélérée
De façon inattendue, nous expérimentons
actuellement à large échelle une réduction du
temps de travail. Nous devons désormais
répartir le travail équitablement.
Texte : Oliver Fahrni
Jacinda Ardern n’est pas une politicienne comme les
autres. La cheffe du Gouvernement néo-zélandais dirige
avec fermeté et bienveillance. Lorsqu’en 2019, un néofasciste
a abattu 51 fidèles dans deux mosquées, elle a immédiatement
interdit et retiré toutes les armes semi-automatiques
et les fusils d’assaut dans tout le pays.
Elle n’a laissé aucune chance au COVID. Bilan après
une année : moins de 100 morts, la vie continue. Qu’est-ce
qui a fait la différence ? Jacinda Ardern a associé les Néozélandais-es
à sa politique. Pendant le confinement, elle a
discuté chaque soir en direct sur Facebook depuis son canapé
avec les cinq millions d’habitant-e-s (« mon team »)
de ce qu’il fallait faire. Sur un ton franc et apaisant. Elle a
écouté les propositions et objections, répondu aux questions
concernant la compensation salariale, les courbes
de fièvre, les quarantaines ou l’argent du chômage. Puis
elle a fini par déclarer : « Nous devrions instaurer la semaine
de quatre jours. Avec le plein salaire. Elle serait
utile à tout le monde, et un jour de congé supplémentaire
contribuerait à remettre d’aplomb le tourisme national et
la gastronomie. »
Des milliards pour les gagnants de la crise
Travailler moins pour résoudre la crise ? Contre toute attente,
la crise du coronavirus a servi de chantier global
pour expérimenter à grande échelle des horaires de travail
réduits. Ils sont restés longtemps tabous. Mais aujourd’hui,
la semaine de 30 heures, la journée de 6 heures
ou les quatre jours hebdomadaires sont examinés et
même expérimentés ici et là (voir article en page 14). La
forme la plus brutale de réduction des horaires est le chômage
partiel. Il a freiné la hausse du chômage dans de
nombreux pays. Et, ajouté aux milliards de la Confédération,
il a permis à certaines entreprises et à leurs actionnaires
de très bien s’en sortir. Aujourd’hui, les 30 plus
grandes entreprises suisses distribuent à elles seules plus
de 39 milliards de francs de dividendes – et plusieurs milliards
via des programmes de rachat d’actions.
Pourtant les gagnants de la crise insistent sur des
horaires de travail prolongés. Hormis dans quelques
branches, la semaine de 40 heures est un épouvantail du
passé. En moyenne, le personnel à temps plein travaille
aujourd’hui 20 heures de plus par an qu’en 2015. L’USAM
rêve, elle, de 50 heures hebdomadaires. A lire les déclarations
des employeurs, la crise doit être maîtrisée par
l’allongement des journées de travail, la flexibilisation incontrôlée,
l’augmentation du travail dominical et nocturne,
ainsi que le télétravail numérique sans restriction.
En termes économiques, c’est absurde, car cette stratégie
ne sauve aucun emploi, mais en détruit beaucoup. Et
elle augmente la pression sur les personnes encore actives.
Mais la position idéologiquement rigide des employeurs
montre où campent les fronts dans le vaste débat
pour sortir la Suisse de la crise. Regardons-y de plus près.
La double crise
La « crise du coronavirus » est une dénomination erronée.
Car déjà en 2018, l’économie mondiale a été une nouvelle
fois fortement ébranlée et le commerce s’est effondré. Et
en 2019, les banques et le système financier ont dû être
stabilisés avec des milliards de dollars. Bien avant que
n’éclate la pandémie.
Puis, le COVID-19 – le virus de l’inégalité (comme le
nomme l’organisation d’entraide Oxfam) –, les confinements
et les presque 25 000 milliards de dollars d’aide ont
accéléré la crise et la transformation du système à la vitesse
de la lumière. Avec ces deux tendances dominantes :
l’extrême concentration de la fortune, du capital, du revenu
et des opportunités entre toujours moins de mains. Et
la numérisation complète de l’économie et de la société.
Ce qui n’avançait jusqu’à présent que laborieusement
et ne semblait souvent guère plus qu’un gag médiatique
prend désormais la forme de modèles commerciaux basés
sur les données : dans les cinq prochaines années, la numérisation
va chambouler notre monde du travail, notre
consommation et nos modes de vie. Ces derniers jours,
certains d’entre nous en ont eu un avant-goût – avec le télétravail
numérique 24 h/24.
Digital seulement avec une semaine de quatre jours
Tous les économistes doués savent que pour empêcher
que la numérisation ne débouche sur une catastrophe sociale,
il convient d’imposer une forte réduction des horaires
de travail. La raison est simple : le travail numérique
augmente fortement la productivité du travail. Sur le plan
économique, cela se traduit par une forte valeur ajoutée
couplée à une faible utilisation des ressources. Première
ressource concernée : le travail humain. Elle seule crée de
la valeur (l’argent ne travaille pas). Mais les technologies
numériques (le travail automatisé des ingénieurs, des mécaniciens,
des programmeurs) réduisent les coûts salariaux
d’un bien ou d’un service de manière décisive.
Le temps
libre est
un droit
humain
C’est ici que la numérisation touche aux mécanismes
de base de l’économie capitaliste. Elle consiste depuis
toujours à organiser le travail de sorte que le salaire réalisé
soit inférieur à la valeur des biens ou des services produits.
Plus cette différence est élevée, plus le bénéfice augmente
pour le capital. A cet effet, le capitalisme industriel a mis
en place un régime temporel strict, qui dicte de manière
coercitive le temps humain vécu. Nous avons depuis longtemps
assimilé ce régime. Mais on se rend compte à quel
point il repose sur la contrainte seulement depuis peu. Depuis
que de nombreuses personnes en chômage partiel ou
en télétravail se sont réappropriées le temps humain. Et
ont retrouvé leur biorythme.
Parce que les processus d’apprentissage et l’automatisation
ont rendu le travail plus productif, les syndicats ont
obtenu des salaires plus élevés, des assurances sociales et
plus de temps libre – au prix de longues et épuisantes
luttes menées depuis 1850. De la journée de 16 heures en
usine à celle de 12 heures prévue par la loi sur les usines
de Glaris (1864), jusqu’aux 8 heures (théoriques) d’aujourd’hui.
De la semaine de 6½ jours à cinq jours. De la
semaine de 58 à 48 heures (grève générale de 1918) à celle
de 42½ heures.
Mieux répartir le travail
Le temps libre est un droit humain. Passer moins de temps
à survivre pour vivre plus n’est pas une formule pour des
séminaires de développement personnel, mais un projet
très ancien. C’est le noyau de tous les projets utopiques.
La civilisation fait son apparition seulement après que la
stricte nécessité laisse un peu de place aux loisirs. Le magazine
syndicom a d’ailleurs relaté l’histoire de cette
émancipation dans un dossier au printemps 2018.
Mais après l’échec de l’initiative pour la semaine de
40 heures en 1976, les syndicats ont provisoirement gelé
leur revendication visant à réduire le temps de travail. Autrement
dit, ils l’ont reportée dans les négociations des
CCT. La plupart des conventions collectives sont aujourd’hui
plus progressistes que la loi sur le travail. La
prise de conscience est venue dernièrement notamment
du mouvement féminin. Des horaires de travail raccourcis
sont indispensables pour répartir plus équitablement le
travail non rémunéré entre les femmes et les hommes
(voir article en page 12). Enfin, pour le mouvement écologiste,
la protection climatique et l’indulgence envers soimême
exigent un ralentissement (voir article en page 22).
Problème : depuis le milieu des années 80, les employeurs
se sont mis à garder pour eux les progrès de la
productivité. Aujourd’hui cependant, l’utilisation collective
des progrès de la productivité numérique détermine
l’avenir de la société. Car le bien-être et le progrès social
ne consistent pas seulement à réglementer le travail sur
les plateformes numériques, à stopper le développement
en masse d’un prolétariat du clic, à empêcher la flexibilisation
néfaste (comme le travail sur appel) et le décloisonnement
du temps de travail par le travail à domicile. Nous
ne pourrons échapper au désastre social que si les syndicats
empêchent que le capital monnaie les gains de productivité
par la destruction des emplois. Nous devons
mieux répartir le travail en réduisant le temps de travail.
C’est une vieille revendication qui a fait ses preuves,
notamment en France. Entre 1998 et 2002, le gouvernement
introduit la semaine légale de 35 heures. Depuis, les
journalistes économiques et les politiciens se plaisent à
mettre toutes les catastrophes sur le compte des
« 35 heures ». Dès 2002, tous les gouvernements français
ont assoupli les « 35 heures » avec de nouvelles ordonnances.
Aujourd’hui, de vastes études montrent que la réduction
du temps de travail vaut mieux que sa réputation.
Elle a donné un élan à la France et créé de nombreux emplois.
Les syndicats vont observer de près les expériences
en cours. Car une chose est claire : la Suisse a besoin d’un
nouveau contrat social entre capital et travail. Une semaine
flexible de 30 heures constituerait un bon début.
12 Dossier
Si toutes et tous travaillaient moins...
La réduction du temps de travail s’inscrit aussi
dans le débat sur l’égalité. Si les mesures politiques
à mettre en place relèvent peut-être de
l’utopie sociale, elles révèlent surtout une domination
économique insoutenable.
Texte : Muriel Raemy
Il est pratiquement impossible de concilier travail et famille
en Suisse. Cette question brûlante touche aussi bien
le marché du travail que la politique sociale et familiale,
l’égalité entre les sexes ou la sphère privée, à savoir la possibilité
d’organiser sa vie à sa convenance. Sur le plan économique,
des solutions convergent vers une revendication
syndicale que l’on rencontre au carrefour de ces
nombreux défis sociétaux : une réduction pour toutes et
tous du travail rémunéré.
Travailler moins pourrait en effet avoir des conséquences
très prometteuses. « Les besoins changent au
cours d’une vie. Les jeunes parents pourraient s’occuper
ensemble de leurs enfants et les salarié-e-s plus âgé-e-s de
leurs parents vieillissants », commence Patrizia Mordini,
responsable de l’égalité chez syndicom. Dans les faits,
l’accès féminin au marché du travail n’a pas donné lieu à
un engagement proportionnel des hommes dans les
tâches familiales ou domestiques. Des horaires réduits
leur permettraient ainsi, même à plein temps, de s’investir
dans ce qui repose encore et toujours sur les épaules
féminines : le « care », un terme anglais pour désigner l’ensemble
des activités de soin et de sollicitude que les
femmes effectuent gratuitement au sein de leur couple ou
de leur famille, ou en échange d’un salaire bien trop bas
lorsqu’elles en font leur métier. En 2020, l’économiste féministe
Mascha Madörin calculait que sur 8,7 milliards
d’heures de travail non rémunéré – cuisiner, soigner, éduquer,
jardiner, faire les courses, etc. – 5,6 milliards étaient
effectuées par les femmes. « Il a été estimé que cette répartition
in égale représente 80 milliards de francs suisses de
perte pour les femmes ! » Mais l’injustice ne s’arrête pas là.
De quel côté est l’utopie ?
Les statistiques révélées par l’Enquête suisse sur la population
active (2018) exemplifient en effet le cynisme de la
situation : 61 % des femmes actives, contre 14 % des
hommes actifs, indiquaient avoir diminué leur temps de
travail pour assumer des tâches de prise en charge d’enfants
de moins de 15 ans. Les conséquences directes ? Des
baisses dans le revenu et un énorme trou dans les cotisations
AVS des femmes. De plus, après la naissance de leurs
enfants, celles-ci se tournent souvent vers des activités
professionnelles impliquant moins de responsabilités et
préfèrent garder elles-mêmes leur progéniture au détriment
de leur indépendance financière.
La revendication est donc simple : des horaires de travail
plus courts sont nécessaires. « Pour ne pas péjorer la
situation économique des femmes déjà mise à mal, nous
militons pour une réduction du temps de travail sans réduction
de salaire. » Au risque de glisser vers l’utopie ?
« Pour moi, l’utopie c’est de ne pas questionner des lois
non écrites qui disent qu’une femme n’accède pas aux emplois
qui correspondent à ses compétences, qu’elle gagne
moins pour le même poste et pire, que certains métiers
indispensables, prétendument traditionnellement féminins,
ne soient tout simplement pas valorisés. A partir du
moment où les soins à la vie humaine seront reconnus
sous toutes leurs formes et bien payés, je suis sûre que les
hommes s’y intéresseront et investiront dans ces métiers
! », ajoute Patrizia Mordini. Ce disant, le syndicat ne
mentionne pas d’objectif chiffré pour la durée hebdomadaire
du travail salarié. « C’est un changement de perspective
que nous revendiquons : des horaires plus courts, prévisibles
et fiables, des congés parentaux payés allongés
ainsi qu’un accueil extrafamilial qui s’adapte à une activité
professionnelle aussi vaste et flexible que possible –
sans que la flexibilisation et la digitalisation ne deviennent
une nouvelle menace pour l’équilibre entre vie privée et
professionnelle. » En bref, un projet de société où l’Etat favorise
une économie proche des besoins de la vie réelle.
Le temps n’est pas le seul ennemi
La question du temps du travail au sein de nos
branches ne se limite pas à la semaine de travail
ordinaire. Tour d’horizon.
Texte : Giovanni Valerio
Durant l’année pandémique, la situation – déjà difficile –
du personnel de la logistique s’est aggravée. Un sondage
récent de syndicom montre que 63 % des effectifs de Post-
Mail peinent à concilier travail, temps libre et famille.
Chez PostLogistics, le rythme du travail influe sur la santé
de 54 % des salariés. La situation exceptionnelle vécue
avec l’essor du commerce en ligne durant le confinement
a eu sans conteste un impact sur les conditions de travail.
Selon Matteo Antonini, secrétaire central du secteur
Logistique chez syndicom, « il faut plus de personnel pour
éviter que les variations de volume des colis ne pèsent trop
sur sa santé. La nouvelle convention collective de travail
(CCT) contient des critères importants pour limiter les
heures supplémentaires et garantir des jours de congé.
Avec l’annonce des affectations deux semaines à l’avance,
il est par exemple possible de refuser des tournées supplémentaires,
sans que cela porte à conséquence. En outre,
le respect des soldes horaires est garanti deux fois par an
via une remise à zéro, et la moitié des heures supplémentaires
peuvent être planifiées et prises en jours de congé. »
Juguler la crise et la semaine de 42 heures
Dans le secteur des médias, en revanche, la pandémie a
seulement reporté la problématique des heures supplémentaires,
une question récurrente dans le journalisme.
Comme de nombreux éditeurs perçoivent des indemnités
RHT, ils sont très prudents avec les heures supplémentaires
pour ne pas risquer de sanctions de la part du SECO.
Dans l’industrie graphique, le syndicat est parvenu à enrayer
une situation qui menaçait de se détériorer en raison
de la crise qui frappe le secteur depuis les années 90. La
CCT donne la possibilité aux employeurs d’augmenter la
durée du travail jusqu’à 42 heures par semaine, par accord
écrit avec la commission du personnel, s’il en existe une,
ou avec le personnel lui-même. En décembre 2012, syndicom
avait mobilisé plus d’une centaine de personnes à
Berne contre ce projet. La mobilisation n’a certes pas mis
un terme complet à l’augmentation horaire, mais les
42 heures ne sont au moins pas appliquées partout. Force
est néanmoins de constater que, contrairement aux
craintes, cette possibilité d’augmenter le temps de travail
n’a pas entraîné de licenciements.
Swisscom – flexibilité et participation
Horaires de travail flexibles. Modèles de retraite partielle
pour les seniors. Solutions hybrides entre télétravail et
travail en entreprise, même après la pandémie. Ce sont
quelques-unes des idées qui ont émergé de la première série
de sondages menés auprès du personnel de Swisscom.
Des workshops seront organisés en mai avec le personnel
afin de concrétiser les revendications pour la nouvelle
CCT. Les négociations débuteront en automne pour que
la CCT puisse être signée dans le courant de 2022.
Les prémisses pour des horaires de travail réduits sont
réunies, explique le secrétaire central du secteur TIC de
syndicom, Daniel Hügli : « Elles reposent sur trois points :
la motivation du personnel, comme on l’a vu dans le sondage
; la productivité, qui est démontrée avec la réduction
du temps de travail ; et une plus grande attractivité de
Swisscom sur le marché. Si le géant bleu veut attirer de
jeunes talents, il doit aussi offrir d’excellentes conditions
de travail. La flexibilité et la participation sont des facteurs
très importants. Tout comme le modèle flexible de
temps de travail adapté aux différentes étapes de la vie,
dont nous discutons actuellement. Chaque situation est
individuelle. Et chacun doit avoir le choix. »
Pour connaître toutes nos branches :
syndicom.ch/fr/branches
14 Dossier
Et si la théorie devenait réalité
pour nous aussi ?
Alors que de plus en plus d’entreprises testent
de nouveaux modèles de travail, des gouvernements
progressistes veulent ancrer des
réductions de la durée du travail dans la loi.
Texte : Andreas Minder
Une personne skie, une deuxième est assise au-dessus
d’une baie et contemple la vue, une autre tient une carpe
monumentale devant la caméra. Sur le site web de l’entreprise
Emagnetix, une agence autrichienne de marketing
numérique, on voit des employé-e-s qui s’adonnent à des
activités pendant leur temps libre. Ils en ont du reste tout
le loisir. L’entreprise a instauré en 2018 la semaine de
30 heures, sans réduction de salaire. La diminution du
temps de travail résulte des « difficultés grandissantes à
trouver de nouveaux collaborateurs-rices », comme l’explique
le directeur, Klaus Hochreiter. Cette initiative a
profité à toutes les parties. Les problèmes de recrutement
sont de l’histoire ancienne, l’entreprise a connu une forte
croissance. Elle emploie aujourd’hui plus de 30 personnes,
soit plus du double d’avant l’introduction de la
semaine de 30 heures. Et toutes se portent bien. Une évaluation
externe a d’ailleurs montré que plus de 80 % des
employé-e-s se sentent en meilleure santé.
Selon Klaus Hochreiter, le compte y est. Et pour deux raisons.
D’abord, car des coûts ont été économisés via la digitalisation
et l’automatisation de certains processus et
parce que des séances superflues ont été supprimées. Ensuite,
et surtout, car les employé-e-s sont devenu-e-s plus
efficaces. S’il s’en tient lui aussi à la semaine de 30 heures,
le directeur déclare que l’on se disperse moins lorsque
l’on sait qu’on a moins de temps à disposition. Par ailleurs,
notamment dans le secteur de la création, on ne
peut pas être productifs plus de six heures par jour selon
lui.
Emagnetix n’est pas un cas isolé. Dans le monde entier,
diverses entreprises expérimentent des réductions
d’horaires de travail. La société fiduciaire néo-zélandaise
Perpetual Guardian a par exemple instauré en 2018 la semaine
de quatre jours pour ses quelque 250 employé-e-s.
Là aussi, avec un salaire entier, et avec succès : la productivité
a augmenté, le stress a diminué et un meilleur équilibre
entre travail et vie privée a été obtenu. Au Japan, Microsoft
a accordé le vendredi de libre pendant un mois de
test à ses 2300 employé-e-s. Résultat : la motivation et la
productivité ont augmenté de 40 %. La liste des entreprises
concernées pourrait rapidement s’allonger.
Compte tenu de ces nombreuses expériences positives,
on se demande pourquoi la réduction des heures de
travail ne s’est pas imposée depuis longtemps. Une autre
expérience, souvent évoquée, pourrait apporter une réponse
: dans une maison de retraite de Göteborg, la journée
de six heures a été introduite en 2015. Ici aussi, le personnel
s’est senti plus en forme, plus attentif et plus
détendu. Mais l’expérience n’a pas été poursuivie, notamment
en raison des coûts : il fallait engager du personnel
supplémentaire, ce qui s’est avéré trop coûteux. Car même
si la qualité des soins s’est amélioriée, les gains de productivité
n’ont pas été si importants. Ce type d’expériences –
et la résistance coutumière de nombreux employeurs –
pourrait rendre difficile la réduction des horaires de
travail dans certaines branches, malgré tous les effets positifs
potentiels.
Des gouvernements de gauche vont de l’avant
Actuellement, de nombreux gouvernements déploient
aussi des initiatives visant à réduire le temps de travail. En
automne 2020, le gouvernement de gauche en Espagne
considère l’introduction d’une semaine de quatre jours.
L’idée d’un projet pilote de trois ans, élaboré avec les syndicats,
est aujourd’hui sur la bonne voie. En Finlande, le
gouvernement de coalition de centre-gauche ébauche des
plans en vue d’une réduction du temps de travail généralisée.
Et, à l’antipode du globe, la cheffe du gouvernement
néo-zélandais Jacinda Ardern encourage les employeurs à
envisager la semaine de quatre jours. Mis à part les arguments
connus, elle fait aussi entrer en jeu la crise du tourisme
induite par le coronavirus : plus de temps libre inciterait
le peuple néo-zélandais à prendre plus de vacances
– pour le plus grand bonheur des hôtels, des restaurants
et des entreprises de transport. A quand en Suisse ?
Récent débat sur la semaine de quatre jours en Suisse dans
l’émission Forum de la RTS : bit.ly/3u8mXn8
Photos
Le projet artistique du photographe romand Olivier Vogelsang
repose sur une technique de double exposition offrant un
regard contemplatif sur notre rapport au temps de travail.
A la notion du temps, tel que défini par le ciel de l’aube au
crépuscule, se lie ici la symbolique du temps de travail
représenté par les métiers de nos branches en action.
Talentueux reporter-photographe depuis près de 30 ans,
Olivier Vogelsang travaille autant pour la presse suisse et
internationale que pour des institutions. Il a notamment
couvert de nombreuses zones de guerre, en témoignant
des déchirures causées par les conflits civils. Auteur de
plusieurs livres, son travail lui a valu diverses distinctions,
notamment au Swiss Press Award.
Pour en découvrir davantage sur son travail, rendez-vous sur
le site Internet : disvoir.net
Temps de travail
Travaillons-nous beaucoup en Suisse par rapport à nos pays voisins ? Un examen
plus attentif des statistiques montre que ce n’est qu’en partie vrai. Ce qui surprend
aussi : nous effectuons plus de travail non rémunéré que de travail rémunéré. Et à
l’échelle mondiale, la population des régions les plus pauvres travaille plus que les
personnes vivant dans les régions les plus prospères.
Nous effectuons plus de travail non rémunéré que
de travail rémunéré
9,245
Milliards
d’heures de travail non rémunéré
(Travail domestique, familial et
volontariat)
Source: BFS – Schweizerische Arbeitskräfteerhebung (SAKE), Schweizerische Lohnstrukturerhebung (LSE),
Zahlen für 2019
Quantité de Suisses et Suissesses évitent un poste à
plein temps avec de longs horaires de travail
Temps de travail hebdomadaire effectif, en heures, par personne active
pour 2018.
Seulement employé-e-s à plein temps
Source: Eurostat
Suisse
Grande-Bretagne
Grèce
Allemagne
Autriche
Espagne
Italie
7,929
Milliards
heures de travail rémunéré
par l’ensemble de la
population active
ensemble de la population
France
0 5 10 15 20 25 30 35
40 45
Le progrès est une autre chose
La durée ordinaire du travail en entreprise stagne en Suisse depuis
vingt ans.
46
45
44
43
42
41
40
Source: BFS – Statistik der betriebsüblichen Arbeitszeiten (BUA)
La quantité de travail que nous effectuons dépend
de notre statut d’activité
Temps de travail hebdomadaire effectif, en heures, des personnes
actives à plein temps, en Suisse pour 2018.
Indépendant-e-s
hommes
51.9
48.5
femmes
Employé-e-s dans sa propre entreprise
48.7
Source: BFS – Arbeitsvolumenstatistik (AVOL)
1973
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
45.9
Salarié-e-s
41.3 40.2
2010
Apprenti-e-s (dans l’entreprise)
29.9
2015
2019
28.7
Les longues heures de travail nuisent à la santé dans le monde entier
Part de la population active qui travaille plus de 48 heures par semaine en pour cent. L’Organisation internationale
du travail (OIT) fixe à 48 heures la limite de la durée hebdomadaire de travail excessive et malsaine.
Europe et Asie centrale
10,8 %
10,5 %
Pays en développement
Pays industrialisés
Total
40,5 %
36,1 %
21,7 %
15,9 %
Amérique
19,3 %
10,3 %
Afrique
32,8 %
Etats arabes
43,6 %
47,2 %
Asie et Pacifique
23 %
45,8 %
Globalement
15,3 %
Source: OIT (2018): Future of work research paper «Working time and the future of work»
16
Au cœur de
nos métiers
Non à l’extension des heures d’ouverture des
magasins le dimanche. Pour un refus clair de la
libéralisation au détriment des conditions de
travail.
Qu’est-ce que cela implique de pouvoir
effectuer des achats deux dimanches
supplémentaires par année
? Pour les vendeuses et vendeurs,
c’est un dimanche de moins passé en
famille ou avec des ami-e-s. Car quiconque
croit que le repos dominical
est un vestige des traditions chrétiennes
se trompe. Il s’agit plutôt d’un
jour de congé commun qui permet de
se reposer et de concilier vie privée et
travail. Une autre croyance erronée :
les heures d’ouverture prolongées
créeraient plus d’emplois. En réalité,
les effectifs continuent à se réduire, et
la pression sur les salaires et les heures
de travail s’accroît. Et cela dans une
branche où travaille une majorité de
femmes. Or ce groupe de population
est déjà exposé à des désavantages
considérables dans la vie professionnelle.
Un exemple actuel : dans la
chaîne de vêtements H&M, la majorité
des jeunes mères sont licenciées après
leur congé maternité faute de pouvoir
travailler le week-end ou à des heures
inadaptées à leur situation.
La loi sur le travail n’offre pas suffisamment
de protection aux travailleuses
et travailleurs dans le commerce
de détail. L’argumentation,
selon laquelle l’extension des heures
d’ouverture serait une situation gagnant-gagnant
pour le personnel et la
clientèle, est tout simplement fausse.
Sans compter que les petits commerces
ne peuvent pas se permettre
des heures d’ouverture prolongées. Ils
continuent ainsi d’être mis sous pression
par les grandes chaînes.
La politique menée par le camp
bourgeois en réaction à la pandémie
nous montre jusqu’où mènent ces tendances
à la libéralisation. La Commission
de l’économie et des redevances
du Conseil des Etats a décidé sur proposition
des milieux bourgeois que
les pertes du commerce de détail
devraient être compensées par du travail
dominical supplémentaire. Avec
de telles règlementations, le personnel
de vente paie pour la crise. Ni le
Conseil des Etats ni le Conseil national
ne se sont ralliés à ce transfert douteux
des coûts lors du débat final. Car
les velléités de libéralisation du camp
bourgeois n’ont rien à voir avec un
monde du travail moderne et équitable.
Les citoyennes et citoyens des
cantons de Berne et de Zoug l’ont aussi
compris en votant, le 7 mars, contre
l’extension des heures d’ouverture des
magasins. Par leur rejet clair, ils se
montrent solidaires avec le personnel
de vente et restent de marbre face aux
tendances de libéralisation.
Lena Allenspach
Comme LibRomania à Berne, de nombreux commerces sont contre les ouvertures dominicales (© A. Egger)
La position de l’USS sur le sujet :
bit.ly/3dc6APK
« Rien ne justifie que les femmes gagnent moins que les
hommes pour le même travail » Patrizia Mordini
17
Climat et travail, l’urgence d’agir
La lutte du mouvement pour le climat et les mouvements syndicaux
font front commun pour un avenir équitable synonyme
d’un travail juste pour toutes et tous. Car la menace plâne.
Le changement climatique menace nos emplois aux quatre coins du globe. (© Markus Spiske / Pexels)
Les modèles de l’EPF de Zurich et de
l’Université de Berne prédisent d’ici à
2060 un réchauffement de 3,3 degrés
par rapport à 2010. Les tempêtes hivernales
violentes, les vagues de chaleur
et les sécheresses estivales vont se
multiplier. Bien que l’objectif de la
protection du climat soit poursuivi de
manière systématique à l’échelle mondiale
et que les émissions de CO 2
tendent à baisser, le réchauffement
planétaire et les phénomènes météorologiques
extrêmes prennent de
l’ampleur. Ces changements influenceront
notre travail quotidien. Prenons
deux exemples : le personnel des
librairies et des filiales postales devra
servir de plus en plus souvent la clientèle
dans des centres-villes surchauffés.
Les personnes en charge de la distribution
de lettres et de colis, mais
aussi les électriciens et électriciennes
de réseau seront exposés plus fréquemment
à des tempêtes hivernales
et à des canicules.
Pour enrayer les pires conséquences,
une action rapide s’impose.
Parce que ces changements touchent
à notre travail, il est dans notre intérêt,
en tant que salarié-e-s, d’agir. Qui plus
est, si une catastrophe climatique devait
se produire, il sera difficile de
trouver un bon travail. Le mouvement
syndical international a mis en évidence
cette problématique avec le slogan
« Il n’y a pas de travail sur une planète
morte ». Cela vaut également
pour la Suisse.
Une grève pour notre avenir
Sur le fond, trois aspects sont essentiels
pour syndicom. D’abord, le service
public joue un rôle central dans le
combat contre les émissions de CO 2
.
Ensuite, la lutte contre le changement
climatique doit être socialement acceptable
: elle ne doit pas se faire aux
dépens des salarié-e-s. Enfin, la protection
du travail prévaut, car les températures
en hausse mettent en danger
la santé des travailleuses et des
travailleurs. C’est pourquoi syndicom
soutient la journée d’action « Grève
pour l’avenir » le 21 mai 2021. Nous appelons
nos membres à participer à des
actions locales, là ou la situation pandémique
le permet. Lors de cette journée
d’action, nous voulons lier la lutte
du mouvement pour le climat et celle
des travailleuses et travailleurs. Car
ces mouvements ont tous deux pour
objectif de nous permettre de bien
vivre à l’avenir. Or le changement climatique
menace cette finalité.
Nous devons donc agir dès à
présent. Le 21 mai, nous montrerons
que le changement climatique
concerne aussi les travailleuses et les
travailleurs. Et nous entamerons la
lutte pour un avenir plus équitable,
également en ce qui concerne les
questions climatiques.
Dominik Fitze
Le programme du 21 mai :
grevepourlavenir.ch
Alerte rouge :
les inégalités salariales
se sont creusées !
Patrizia Mordini, responsable Egalité
et membre du comité directeur
L’Office fédéral de la statistique (OFS)
a récemment publié le résultat alarmant
de la dernière analyse effectuée
sur les inégalités salariales : entre 2014
et 2018, les discriminations salariales
n’ont pas diminué, mais au contraire
augmenté ! En 2018, dans l’économie
globale (secteurs privé et public), les
femmes ont gagné 19 % de moins que
les hommes (2016 : 18,3 % ; 2014 :
18,1 %). Avec d’importants écarts entre
les branches dans le secteur privé :
17,7 % dans le commerce de détail,
21,7 % dans l’industrie des machines
et 33,4 % dans les activités financières
et d’assurance. Ces différences salariales
s’expliquent en partie par des
facteurs structurels tels que le niveau
de formation, le nombre d’années de
service ou une fonction dirigeante
exercée dans l’entreprise, et ils sont
d’autant plus importants que la fonction
de cadre est élevée. De plus, dans
50 % des cas, aucune raison objective
n’explique ces écarts. Rien ne justifie
alors que les femmes gagnent moins
que les hommes pour le même travail.
Il y a urgence. Les entreprises
doivent éliminer les différences salariales
au plus vite. Depuis juin 2020,
celles de plus de 100 employé-e-s sont
dans l’obligation légale de le faire.
Alors que le principe de l’égalité salariale
est inscrit dans la Constitution
fédérale depuis 1982. Si l’on n’agit pas
enfin de manière systématique, l’inégalité
salariale, injuste et contraire à
la Constitution, risque de s’aggraver.
18
Le monde
du travail
« Facebook et Google doivent payer et soutenir non pas les
éditeurs, mais les professionnel-le-s des médias » Stéphanie Vonarburg
Partager a un coût
Les récentes pressions du gouvernement australien pour que
Facebook partage les revenus publicitaires issus des contenus
médiatiques risquent d’avoir des conséquences à l’échelle mondiale
– en Suisse y compris. Cela sauvera-t-il les médias ?
Les médias suisses recevront-ils à
l’avenir de l’argent de la part de Facebook
? C’est une question que tout le
monde se pose depuis le dernier scandale
qui a éclaté en Australie. Avec une
nouvelle loi, le Gouvernement australien
avait voulu contraindre des plateformes
en ligne telles que Facebook et
Google à payer pour la publication
d’articles de presse. Dans un premier
temps, Facebook s’est braqué. Il a
même bloqué sans plus attendre tous
les contenus des médias australiens –
une première mondiale. Quelques
jours plus tard, le gouvernement se rétractait
et annonçait vouloir assouplir
la loi, alors que Facebook promettait,
en contrepartie, des investissements
en partenariat avec des éditeurs
comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis
ou en Grande-Bretagne.
Le paradoxe de la course aux clics
Le problème fondamental est connu
de longue date : les plateformes en
ligne tirent avantage des contenus médiatiques,
car un grand nombre de
personnes les privilégient pour s’informer.
Les médias dépendent quant
à eux de la diffusion de leurs contenus
sur les réseaux sociaux ou sur les moteurs
de recherche, afin d’atteindre
une plus large audience et obtenir ainsi
des recettes publicitaires plus élevées.
L’ironie veut que ce soit précisément
Facebook et Google qui veillent
à ce que la publicité circule des médias
vers les plateformes en ligne. Un dilemme.
Pour cette raison, le gouvernement
australien a voulu faire pression. Google
s’est montré plus coopératif que
Facebook et prêt à payer pour des
contenus médiatiques avec le programme
« Showcase ». Tous les pays
suivent de près l’évolution de ces démarches.
Au Canada, une loi sur les
médias est en pourparlers. En Europe,
la discussion porte sur la mise en
œuvre de nouvelles règles relatives au
droit d’auteur. Et en Suisse ? Ici, le sujet
a déjà été mis sur la table lors de la
révision du droit d’auteur en 2019
sans aboutir à un projet. Le Parlement
a indiqué vouloir d’abord observer
comment compte s’y prendre l’UE.
Promouvoir le journalisme
Stephanie Vonarburg, vice-présidente
de syndicom et responsable du secteur
Médias, estime quant à elle que Facebook,
Google & compagnie doivent
passer à la caisse pour la publication
de contenus médiatiques. « Cette taxe
devrait toutefois alimenter un pot
commun de promotion journalistique
et bénéficier à l’ensemble de la
branche. » Car tous les médias n’ont
pas les mêmes possibilités de négocier
avec des entreprises internationales.
« Il est également important que
l’argent soutienne non pas les éditeurs,
mais les professionnel-le-s des
médias », conclut-elle.
Eva Hirschi
Le pillage des contenus éditoriaux par les grands acteurs du numérique doit stopper. (© istock)
Plus d’informations sur les débuts de
l’affaire en Australie : bit.ly/3wcd75m
La formation continue
et le monde du travail
de demain
Dominik Fitze
Secrétaire centrale Jeunesse chez syndicom
La numérisation transforme le monde
du travail. Ce que les jeunes apprennent
aujourd’hui lors de leur apprentissage
peut être dépassé dans dix
ans. En même temps, les carrières
sont moins linéaires, là où toujours
davantage de personnes ne travaillent
plus dans la profession apprise.
Dans ce contexte, la formation
continue revêt toute son importance,
notamment chez les jeunes. Un sondage
réalisé parmi nos membres de
moins de 35 ans montre qu’un peu
moins de la moitié a achevé une formation
continue ces deux dernières
années. Les raisons principales sont le
manque de ressources financières et
temporelles, ainsi que l’absence d’informations
sur les formations.
Nous luttons depuis longtemps
contre la manque de ressources avec
nos CCT novatrices. Chez Swisscom,
cinq jours de travail par an peuvent
être consacrés à des formations continues.
Dans la branche de l’industrie
graphique, nous gérons un institut de
formation, Helias, qui est gratuit pour
nos membres assujettis à la CCT. L’engagement
pour la formation continue
fait partie de l’ADN de syndicom.
Le problème du manque d’informations
doit toutefois encore être résolu.
Il s’agit de trouver le moyen de
fournir à nos membres une consultation
judicieuse. Le sondage actuel
montre que les jeunes membres en bénéficieraient
volontiers. Nous devons
maintenant nous atteler à ce projet.
« Il faut empêcher que d’autres entreprises suivent l’exemple
d’Amazon en matière de contrôle des employé-e-s » Daniel Hügli
19
Amazon a mené une campagne anti-syndicats extrêmement virulente aux Etats-Unis. (© Shutterstock)
« Fulfillment » – un combat global
pour une branche à surveiller
La multinationale Amazon engrange des milliards grâce aux
mandats d’entreprises tierces pendant que les employé-e-s
souffrent. En Suisse, une première convention collective de travail
laisse entrevoir des améliorations pour la branche.
La fortune de Jeff Bezos, fondateur et
copropriétaire d’Amazon, a augmenté
de quelque 70 milliards de francs durant
la pandémie. Mais les employé-e-s,
qui accomplissent le travail
nécessaire dans les nombreux centres
de distribution, ne profitent pas de
cette réussite commerciale. Partout
dans le monde, le personnel d’Amazon
touche en effet des salaires misérables
et souffre de conditions de
travail déplorables. Désormais, l’entreprise
américaine fait tout son possible
pour empêcher ses employé-e-s
de fonder un syndicat au travers d’une
campagne de communication hostile.
Car les 5 800 employés du centre de
distribution américain de Bessemer,
en Alabama, devaient se prononcer fin
mars sur l’adhésion à un syndicat. Au
moment où ce magazine a été mis sous
presse, le décompte des votes était
toujours en cours. Dans la lutte pour
de meilleures conditions de travail
dans le capitalisme numérisé, le résultat
de cette votation est d’une grande
importance, dit Daniel Hügli, secrétaire
central du secteur TIC chez syndicom.
Selon lui, Amazon est à l’avantgarde
d’une évolution qui repousse
toujours plus loin les limites de la surveillance
et du contrôle des employé-e-s.
« Il faut empêcher que
d’autres entreprises et industries
suivent cet exemple. »
Un secteur en forte croissance
Une grande part de la croissance obtenue
en 2020 par Amazon provient du
secteur du « fulfillment » (exécution).
L’entreprise se charge de l’exécution
d’envois aux clients finaux pour des
tiers. Amazon domine ce secteur au niveau
international, mais ne l’exploite
pas encore en Suisse. Le fulfillment
est toutefois un secteur en croissance
également dans notre pays. Il crée
avant tout des emplois destinés à une
main-d’œuvre peu qualifiée. La
branche suisse est restée longtemps
sans réglementation. Conséquence :
pas de salaires minimaux et des conditions
de travail réduites au minimum
légal.
Une situation pas comparable
La situation a changé en 2019, lorsque
syndicom a conclu une première
convention collective de travail avec le
leader suisse du marché, MS Direct SA.
Cette CCT d’entreprise octroie un
droit de participation aux employé-e-s,
ainsi qu’un droit de codécision à syndicom.
Désormais, il existe des salaires
minimaux et de meilleures
conditions de travail au sein de la société.
Bien qu’elles ne soient pas comparables
à celles pratiquées chez Amazon
aux Etats-Unis, les conditions de
travail dans le reste de la branche sont
rudes dans notre pays, déclare Daniel
Hügli. « En raison de l’envol des ventes
par correspondance, notamment dû à
la pandémie, la pression sur le personnel
a continué à s’aggraver. » C’est
pourquoi syndicom veut étendre la
CCT à l’ensemble de la branche des
prestataires de services. Le combat
global pour de meilleures conditions
de travail dans le secteur du fulfillment
se décide en Alabama, mais aussi
à Lausanne, Muttenz ou Chiasso.
Basil Weingartner
Soutenez les travailleurs-ses chez Amazon
bit.ly/3stNPNY
20
Le monde
du travail
« Il est temps de réglementer le secteur des colis où de
nombreux problèmes doivent encore être résolus » Urs Zbinden
Réductions de salaire : la loi
s’applique aussi à l’ère Corona
Forcés d’organiser leur travail collectif en vidéoconférence,
syndicom et le personnel de Quickmail ont su faire preuve d’agilité
et détermination pour obtenir gain de cause face aux réductions
de salaires abusives qui avait été annoncées en début
d’année au sein de l’entreprise.
Quickmail voulait réduire les salaires après avoir annoncé un chiffre d’affaire 2020 en hausse. (© pixabay)
Les employé-e-s administratifs de
Quick mail n’oublieront pas de sitôt la
réunion en vidéoconférence de fin
janvier, lors de laquelle ils ont été informés
que leur salaire allait être réduit
de 5 %. Même si la direction a
assuré qu’il ne s’agissait que d’une
mesure temporaire, elle n’a pas précisé
quand elle prendrait fin. En outre,
la réduction salariale s’applique avec
effet rétroactif depuis le début du
mois de janvier. Elle avait donc déjà
été déduite des salaires qui s’apprêtaient
à être versés. Selon la direction,
ces mesures drastiques s’expliquent
par la mauvaise marche des affaires.
D’un point de vue juridique, un
contrat de travail peut être modifié de
deux manières : soit les deux parties
sont d’accord avec la modification,
soit un congé-modification doit être
mis en œuvre. Avec sa démarche,
Quick mail espérait emprunter la première
voie, ce qui a suscité l’indignation
du personnel. Le communiqué de
presse de début février, qui évoquait
une année 2020 synonyme d’une croissance
du chiffre d’affaires, a ajouté de
l’huile sur le feu.
Quickmail fait marche arrière
Ces circonstances ont incité les employé-e-s
de Quickmail à s’adresser à
syndicom. En temps normal, des assemblées
du personnel seraient
convoquées pour discuter de la marche
à suivre. Dans le contexte sanitare actuel,
les employé-e-s de Quickmail et
syndicom se sont trouvés confronté-e-s
à la question de savoir comment
s’organiser à l’ère du télétravail. Au
lieu de se dérouler en présentiel, les
assemblées ont été tenues sous forme
de vidéoconférences. Cette démarche
a permis d’obtenir le mandat de négociation
et de formuler des revendications,
notamment le respect des dispositions
légales en vigueur.
Avec ce mandat, syndicom a ainsi
exigé de Quickmail des négociations
sur les mesures prises. L’entreprise a
accepté et revu le processus. Les personnes
qui n’étaient pas d’accord avec
ces mesures ont obtenu un congé-modification,
et les déductions de salaire
déjà effectuées ont été remboursées.
Cette victoire importante a montré
qu’il est également possible de s’organiser
collectivement en période de télétravail,
afin de protéger les droits
des travailleuses et travailleurs.
Urs Zbinden
En savoir plus sur la branche KEP & Mail :
syndicom.ch/fr/branches/logistique/cep-mail
KEP & Mail : même le CF
exige de meilleures
conditions de travail !
Urs Zbinden, Secrétaire spécialisé Logistique
La branche des services postaux courrier,
express et colis (branche KEP &
Mail) est en plein essor. L’augmentation
constante du volume des colis, y
compris chez les prestataires privés,
n’est pas uniquement due à la pandémie.
En discutant avec les distributeurs
et distributrices de leurs conditions
de travail, on se rend compte que
de nombreux problèmes doivent encore
être résolus dans la branche. En
particulier les employé-e-s d’entreprises
sous-traitantes se plaignent du
volume de colis, des longues journées
de travail, de prélèvements salariaux
inattendus et de salaires bas.
En automne 2019 déjà, syndicom
avait résilié de façon préventive l’ancienne
convention collective de travail
de la branche KEP & Mail, car elle ne
réglementait pas suffisamment ces
problèmes. Cette résiliation avait pour
but d’amener les parties à la table des
négociations. Malheureusement, les
employeurs n’étaient pas disposés à
négocier, ce qui a conduit à l’expiration
de la CCT. Or, même le Conseil fédéral
considère aujourd’hui qu’il faut
agir. Début mars, en réponse à une
question soulevée au Conseil national
sur les conditions de travail dans le
secteur des colis, le CF s’est en effet
prononcé pour que les partenaires sociaux
s’entendent sur des réglementations
uniformes dans le cadre d’une
CCT de branche déclarée de force obligatoire.
Il est temps de réglementer le
secteur des colis afin d’améliorer les
conditions de travail des distributeurs
et distributrices !
« Au lieu d’actions cosmétiques stéréotypées, il faut des
conditions de travail attrayantes pour toutes et tous » Miriam Berger
21
Ensemble pour changer le monde
du travail
« Stop à la pression permanente et engagez enfin plus de personnel
! » Soutenue par deux tiers du personnel au centre Poste
de Frauenfeld, cette pétition a permis à syndicom et aux distributeurs
et distributrices de colis de faire entendre leur voix.
Les chiffres sont clairs. En novembre
de l’année dernière, 121 des 180 distributeurs
et distributrices du centre de
colis à Frauenfeld ont signé la pétition
« Stop à la pression permanente et engagez
enfin plus de personnel ! ». Cette
cohésion a démontré qu’il était possible
de lutter ensemble malgré la
pandémie et les craintes du personnel.
Et les distributeurs et distributrices
de Frauenfeld, l’un des plus
importants centres de colis en Suisse,
ont ainsi prouvé qu’un partenariat social
avec le soutien d’un syndicat rend
plus fort. Car des améliorations considérables
ont déjà été obtenues sur leur
lieu de travail.
de deux semaines. Et environ 20 intérimaires
avait aussi été appelés en
renfort pour la période de Noël. Le recrutement
de personnel se poursuit
actuellement.
Une victoire commune !
Par la suite, nous avons reçu de nombeux
messages nous remerciant de
notre engagement. Or le facteur déterminant
dans l’amélioration de la situation
à Frauenfeld n’a pas été notre
seule action en tant que syndicat, mais
surtout la détermination des collaborateurs
et collaboratrices ainsi que
notre étroite collaboration dans ce
combat. Nous tenons donc à les remercier
de tout cœur de leur confiance.
Avec les nombreuses signatures récoltées
pour la pétition et l’augmentation
des effectits de membres parmi
les distributeurs et distributrices, syndicom
a également reçu le mandat de
continuer à lutter pour de meilleures
conditions de travail à l’avenir. Mais
ce n’est qu’en continuant à travailler
main dans la main avec le personnel
que nous pourrons améliorer la situation.
Azra Ganic
Le travail de syndicom chez PostLogistics :
syndicom.ch/fr/branches/logistique/pl-sa/
Une réaction rapide de la direction
La direction s’efforce en effet de
mettre rapidement en œuvre les revendications
de la pétition. Le personnel
en ressent déjà les effets dans son
travail quotidien. Les valeurs en seconde
par colis demeurent, certes,
mais la pression a été levée dans le
contexte de cette situation exceptionnelle.
Après la remise de la pétition,
les effectifs de la base de Frauenfeld
ont été étoffés avec quelque 30 nouvelles
personnes arrivées en l’espace
À Frauenfeld, la mobilisation des distributeurs-rices de colis a porté ses fruits. (© Blick / Siggi Bucher)
Une transformation
numérique à façonner
au féminin
Miriam Berger
Secrétaire centrale TIC
On le sait, les femmes sont peu représentées
dans la branche IT. Mais est-il
vraiment nécessaire d’avoir une bonne
mixité ? Oui, parce que la branche
manque de spécialistes et qu’il est avéré
que les équipes mixtes ont plus de
succès. De plus, les modèles féminins
en attirent d’autres. Enfin, les personnes
qui programment les algorithmes
influent sur les décisions des
systèmes d’intelligence artificielle – et
donc sur la manière dont le monde numérique
évolue.
Pour éviter que seul un groupe majoritaire
pense et argumente, il est bon
d’accroître la diversité parmi les développeurs.
Les « métiers d’hommes »
sont aussi mieux payés et contribuent
au « gender gap » au niveau des rentes :
celles des femmes sont toujours un
tiers plus bas que celles des hommes.
Pour rendre la branche plus attrayante
pour les femmes, il ne suffit pas de colorier
le site internet en rose une fois
par an. Au lieu d’actions cosmétiques
stéréotypées, il faut aménager des
conditions de travail attrayantes pour
toutes et tous : pouvoir concilier la vie
professionnelle et familiale est important.
Ici aussi, la réduction du temps
de travail est un sujet-clé.
Pas seulement pour convaincre les
femmes d’intégrer le monde IT, mais
pour permettre aux hommes d’assumer
aussi du travail familial non rémunéré.
Pour garantir ces progrès au
niveau collectif, la branche doit se munir
de CCT qui instaurent des conditions
modernes de travail.
Plus dans la revue de la commission fédérale
pour les questions féminimes : bit.ly/31xiTkf
22 Politique
Quatre jours pour sauver
notre planète ?
Dans le monde entier, des
initiatives exigent une réduction
du temps de travail pour
protéger le climat. Moins de
travail sans réduction de salaire
diminue le stress, améliore
la santé et le bien-être.
Mais cela contribue-t-il aussi
à réaliser les objectifs de
développement durable de
l’ONU ?
Texte : Eva Schmassmann*
Image : Keystone ATS
Alors que le plan d’action des grévistes
pour le climat exige une durée
de travail hebdomadaire de
24 heures, réparties sur quatre
jours, ou que l’Espagne envisage la
semaine de travail de quatre jours,
la réalité en Suisse est actuellement
toute autre : la semaine de travail ordinaire
est de 42 heures, nous plaçant,
avec l’Islande, en tête du classement
européen des pays où le
temps de travail est le plus élevé. Selon
l’étude Job Stress Index 2020, en
Suisse, trois personnes actives sur
dix ne disposent pas d’assez de ressources
pour faire face aux
contraintes liées au travail. Le stress
lié au travail coûterait environ CHF
7,6 milliards par an aux entreprises.
Diverses études montrent pourtant
qu’une réduction du nombre
d’heures de travail quotidien pour
un même salaire permettrait de diminuer
ce stress, améliorer la qualité
du sommeil et, d’une manière générale,
l’état de santé et le bien-être
des employé-e-s. Le nombre d’absences
pour cause de maladie baisserait
aussi. Pour les professions où
les horaires de travail sont très longs
et, ou, flexibles, l’effet positif sur la
santé et le bien-être est aussi lié à
l’autonomie de la gestion du temps.
A savoir quand les salarié-e-s
peuvent fixer eux-mêmes les horaires
et la durée du travail. Moins
de travail contribue à un meilleur
équilibre entre vie professionnelle
et vie privée à condition qu’il réponde
donc aux exigences d’autodétermination
et de flexibilité des employé-e-s
et empêche une
flexibilisation unilatérale de la part
des employeurs.
Un effet pour la planète
Déjà en 2006, une première étude a
montré que des horaires de travail
plus longs avaient également un effet
négatif sur la planète en conduisant
en moyenne à des émissions
proportionnellement élevées. A
contrario, une réduction du temps
de travail de 10 % réduirait en conséquent
notre empreinte carbone de
14,6 %. Cet effet s’explique par différents
facteurs : les temps de déplacement
se réduisent, tandis que l’efficacité
de la production augmente.
Quant à l’empreinte carbone, elle
baisse. Les gens ont plus de temps
pour cuisiner, se déplacer à pied ou
en vélo, ou réparer des biens de
consommation. Lorsque la réduc-
Les syndicats auront un rôle très important à jouer dans la réduction des emplois
à forte empreinte écologique pour contribuer à la réalisation des objectifs de
développement durable définis par l’Agenda 2030 de l’ONU.
23
tion du temps de travail s’accompagne
d’une amélioration du bienêtre,
les « achats compensatoires »
destinés à obtenir une satisfaction
instantanée par la consommation
tendent aussi à disparaître.
L’effet climatique d’une réduction
du temps de travail dépend toutefois
fortement des activités que
nous entreprenons pendant le
temps ainsi nouvellement gagné.
Dans ce contexte, les expériences
menées en France incitent à l’optimisme
: dans les années qui ont suivi
l’introduction de la loi sur les
35 heures au début du millénaire, il
est apparu que les gens investissaient
le temps désormais à disposition
dans des activités préservant
les ressources : la famille, la détente,
le sport et le bénévolat remportaient
la palme. Les activités consommatrices
d’énergie, telles que les
voyages ou la consommation, n’arrivaient
qu’en bas de la liste.
Ainsi, les activités que nous
percevons comme agréables requièrent
souvent moins d’énergie.
Si nous investissons le temps de travail
économisé dans la musique, la
culture ou le sport, si nous cultivons
nos relations ou notre jardin, si
nous accordons plus de place à la
spiritualité, nous augmentons notre
bien-être et apportons en même
temps une contribution à l’environnement
et au climat.
* Eva Schmassmann est
directrice et coordinatrice de
la plateforme Agenda 2030.
Ce réseau compte plus de
50 organisations dans les
domaines de l’environnement,
du développement, des droits
de l’homme, des entreprises
durables, du genre, de la paix,
du logement et du travail.
Le réseau s’engage pour la
mise en œuvre de l’Agenda
2030 en Suisse.
Plus de travail pour toutes et tous ?
Une réduction du temps de travail
peut aussi contribuer à répartir le
travail plus équitablement entre salarié-e-s
à plein temps menacés de
burnout et personnes sous-occupées
ou au chômage. Mais qui doit
payer les coûts de la réduction du
temps de travail ? Pour des raisons
de justice sociale, la réduction du
temps de travail ne doit pas s’accompagner
d’une réduction des salaires
pour les personnes à faibles
revenus. Pour les revenus élevés, en
revanche, une réduction pourrait
favoriser un effet climatique supplémentaire.
Car au-delà d’un certain
seuil de salaire, un revenu supplémentaire
ne contribue pas davantage
à l’amélioration du bien-être et
de la qualité de vie, mais augmente
par contre l’empreinte des gaz à effet
de serre.
Un triple avantage
Mais ne nous y détrompons pas, la
réduction du temps de travail à elle
seule ne suffira pas à sauver notre
planète. Elle offre certes des leviers
importants pour générer un effet
positif tant sur le plan social (santé
et bien-être), climatique et environnemental
(à condition que le temps
libre nouvellement gagné soit utilisé
de manière à préserver les ressources)
et économique (répartition
plus équitable du travail).
D’autres mesures sont toutefois
nécessaires : nous ne pourrons
pas éviter de déplacer les emplois
vers des domaines durables. Les emplois
ayant une forte empreinte écologique
doivent être réduits. Pour ce
faire, il faut des emplois supplémentaires
dans les domaines à forte
intensité de main-d’œuvre et préservant
les ressources, dans les soins,
dans l’éducation, dans la culture ou
dans l’agriculture biologique.
Et les syndicats auront sans aucun
doute eux aussi un rôle important à
jouer dans la réalisation de cette
transition !
Toutes les informations sur l’Agenda 2030 :
plattformagenda2030.ch
Un travail
décent pour
toutes et tous à
l’Agenda 2030
Tous les pays du monde ont adopté
en 2015 l’Agenda 2030 pour le développement
durable. Ils se sont mis
d’accord sur une vision future d’un
monde en paix, où personne ne doit
souffrir de la faim, où les écosystèmes
sur terre et dans l’eau sont
protégés, et où la consommation et
la production ne dépassent pas les
limites planétaires. Cette vision
comporte 17 objectifs de développement
durable (ODD) pour concrétiser
cette vision de l’avenir.
Afin qu’une réduction du
temps de travail permette de réaliser
les objectifs de développement
durable de l’Agenda 2030 de l’ONU,
elle doit avoir un effet positif au niveau
social, environnemental et économique.
Dans le contexte du travail,
l’Agenda 2030 reprend
l’Agenda pour le travail décent de
l’Organisation internationale du
travail (OIT). L’ODD 8 fixe l’objectif
du plein emploi productif et d’un
travail décent pour toutes et tous.
L’ODD 3 vise à garantir une vie
saine à tout le monde. Le travail non
rémunéré, ménager et de soins, devrait
être réparti plus équitablement
entre les sexes, et il faudrait assurer
la participation pleine et effective
des femmes et leur donner des
chances égales d’assumer des rôles
de direction (ODD 5).
Enfin, il convient de mettre fin
à la pauvreté (ODD 1), de réduire les
inégalités (ODD 10), de protéger la
biodiversité (ODD 14 et 15) et d’atteindre
les objectifs climatiques de
Paris (ODD 13). Nous avons moins
de dix ans pour y arriver !
24 Politique
Mobiliser en temps de
pandémie
Des centaines de milliers de
femmes sont descendues
dans la rue en juin 2019.
Chaque automne, des milliers
de travailleurs et travailleuses
participent à des manifestations
salariales. Alors
que ces évènements ne sont
plus autorisés, comment mobiliser
à l’ère du coronavirus
?
Texte : Lena Allenspach
Image : syndicom
Comme chaque organisation d’intérêt
public, parti politique ou syndicat,
syndicom vit de victoires collectives,
de rassemblements et
d’échanges. Cette cohésion a récemment
été mise à dure épreuve. Dans
les entreprises aussi, la pandémie a
laissé des traces. Les locaux de
pause sont vides, une distanciation
sociale est respectée par les un-e-s
et le télétravail s’est généralisé pour
les autres. Si la pandémie a eu un
impact différent sur le travail selon
les branches, elle a chamboulé la vie
de toutes et tous. Et donc aussi le
travail politique des syndicats.
Depuis l’année dernière, des
événements importants pour le
mouvement ouvrier ne peuvent pas
se dérouler dans leur forme habituelle.
Les organisations, qui se
battent pour plus d’égalité, de solidarité
et de respect dans la vie, ne
peuvent unir leurs forces que de manière
limitée. Les manifestations
sur les places et les rassemblements
de rue doivent se tenir en ligne. A
l’occasion du 1 er mai, nous avons
donc organisé des discussions en
ligne sur différents thèmes de nos
branches, conjointement avec
l’union et d’autres syndicats. Pendant
la semaine de la grève féministe,
des intervenant-e-s se sont
aussi exprimés en ligne sur des
thèmes de l’égalité.
Le digital ne remplace pas le terrain
Nos revendications ne perdent pas
de leur importance uniquement
parce que le format de la discussion
change temporairement. Il n’est
toutefois guère surprenant que ces
nouveaux échanges et événements
en ligne ne permettent pas de couvrir
la force sociale que les actions
sur le terrain et les manifestations
apportent. Il est donc clair que ce
combat politico-syndical devra à
nouveau se dérouler dans la rue et
au sein des entreprises une fois que
la pandémie sera derrière nous.
Les membres, notre moteur
Toute organisation dynamique vit
de la force de cohésion de sa base.
C’est également vrai pour un syndicat,
d’autant plus en période de
crise. Cela s’est particulièrement vérifié
l’année dernière. Car la politique
de branche – le cœur de métier
d’un syndicat – est indispensable en
tout temps. De nombreuses améliorations
ont ainsi été obtenues pour
les employé-e-s, qui ont été et
restent soumi-e-s à une forte pression
en raison de la pandémie.
Ces améliorations sont notamment
dues à la participation active
de nos membres. Ensemble, nous
avons donné de la visibilité aux problèmes,
élaboré des solutions et
contribué à les déployer. C’est une
dynamique centrale avant, pendant
et après la crise.
Il y aussi eu du nouveau en
cette année pandémique : un groupe
d’illustrateurs et d’illustratrices
s’est réuni pour constituer un nouveau
syndicat ad hoc sous l’égide de
syndicom, entraînant d’autres
membres à les rejoindre. Cet engagement
se retrouve dans de nombreuses
autres branches de syndicom.
Chez Swisscom, des
collaborateurs et collaboratrices ont
organisé des assemblées en ligne
sur la réduction du temps de travail.
A La Poste, des employé-e-s ont signé
des pétitions et envoyé des
cartes postales. Quant aux indépendants,
ils ont lutté avec nous pour
obtenir de la Confédération des mesures
de soutien décentes.
Que reste-t-il aujourd’hui de
cette année vécue dans des conditions
extraordinaires ? L’espoir de
pouvoir à nouveau bientôt se rassembler
dans la rue. Mais aussi la
confiance que l’important travail et
l’énorme engagement des membres
se poursuivront. Car ce n’est qu’ensemble
que nous sommes forts.
Une mobilisation fructueuse à l’ère Covid :
rentes-des-femmes.ch
Droit au but !
25
Cher conseil juridique de syndicom,
Je télétravaille trois jours par semaine
dans le cadre de mon emploi à plein temps.
Quelle liberté ai-je d’aménager mon temps
de travail ? Puis-je accomplir mon travail de
bonne heure le matin et tard le soir si je ne
suis pas disponible pendant la journée pour
des raisons privées ?
Puis-je télétravailler sans pause et
terminer plus tôt le travail ?
Ma cheffe m’envoie souvent un e-mail tard
le soir. Dois-je toujours être joignable et lui
répondre immédiatement ?
Réponse du service juridique de syndicom
La flexibilité avec laquelle tu peux aménager ton temps de
travail (en télétravail) dépend d’abord d’une éventuelle réglementation
contractuelle. Si ton contrat de travail, la
CCT ou le règlement du personnel prévoient des horaires
de travail fixes (aussi) en télétravail, il convient de les respecter.
Sinon, les dispositions légales régissant la protection
de la santé et la pratique dans ton entreprise restreignent
la flexibilité, respectivement ton temps de travail.
Le travail de jour et de soir, y compris les pauses et le
temps supplémentaire, doit être effectué en l’espace de
14 heures et entre 6h00 et 23h00. En outre, après une journée
de travail, tu as droit à une période de repos d’au
moins onze heures, que tu dois également observer. Il
convient aussi de respecter toute pratique en vigueur dans
l’entreprise ou tout accord sur la disponibilité et la joignabilité
passé avec ta supérieure hiérarchique. Si huit heures
de travail par jour à domicile sont prévues sans horaires
fixes, tu peux par exemple effectuer tes heures de 6h00 à
10h00 et de 16h00 à 20h00, à condition que rien d’autre
n’ait été convenu et que ta supérieure en ait été informée.
En fin de compte, l’obligation légale d’enregistrer son
temps de travail s’applique aussi au télétravail. En principe,
l’employeur est tenu de saisir le temps de travail de
ses employé-e-s. Il peut toutefois en déléguer la saisie au
personnel.
Non, cela ne correspond pas au sens et au but des pauses,
qui, selon la loi, sont censées servir à se reposer et à se
restaurer. En règle générale, les pauses prennent place au
milieu du temps de travail quotidien. Le temps de pause
minimum prescrit par la loi doit être respecté ; travailler
sans pause n’est pas autorisé, car la santé peut être mise
en danger. Si cet aspect n’est pas réglé contractuellement,
il s’agit de respecter la durée légale minimale : un quart
d’heure de pause si la journée de travail a plus de cinq
heures et demie, une demi-heure si la journée de travail
dépasse sept heures ou une heure si la journée de travail
compte neuf heures ou plus.
Non, tu ne dois pas toujours être disponible, mais uniquement
pendant les horaires de travail définis. Si un employeur
exige qu’un-e employé-e soit disponible après la
fin de la journée de travail sans accord contractuel et en
dehors d’urgences, cela peut être refusé. Si les horaires de
travail ne sont pas définis contractuellement et qu’aucun
horaire de présence fixe dans l’entreprise ou dans ton service
n’est à respecter, les dispositions légales concernant
les périodes de repos, le travail de nuit et les pauses
doivent être respectées dans tous les cas. Par conséquent,
tu n’es pas tenu de répondre à un courriel qui arrive le
jour même après le travail, sauf en cas d’urgence.
syndicom.ch/droitaubut
26 Loisirs
Suggestions
Cours Movendo
Movendo, l’institut de formation
des syndicats, offre un large panel
de cours pour les employé-e-s de La
Poste. Le cours « Mes droits dans la
CCT – Poste CH 2021 » thématise et
explique toutes les dispositions importantes
de la nouvelle CCT de La
Poste Suisse SA, qui est entrée en vigueur
le 1 er janvier 2021. On y apprend
comment la nouvelle CCT
peut modifier le quotidien professionnel
et quels sont les nouveaux
droits et les nouvelles obligations
des salarié-e-s. En fin de cours, vous
obtiendrez des réponses à vos éventuelles
questions.
Les cours s’adressent à tous les
employé-e-s de La Poste Suisse SA et
de PostFinance SA. Les coûts sont
pris en charge par le fonds de solidarité
de la CCT – la participation
est donc gratuite. Le cours prend
place de 9h30 à 15h dans les villes et
aux dates suivantes :
– Berne : 13 avril
– Burgdorf : 11 mai
– Zurich : 2 juin
– Bellinzone : 4 juin
– Lucerne : 7 juin
– Bienne : 15 juin
– Olten : 21 juin
– St-Gall : 24 juin
– Coire : 6 juin
Sont aussi au programme les cours :
« Droits et obligations des CoPe chez
Poste », « Mes droits comme conductrice/conducteur
(LDT) », « Le stress
et le burnout » ou encore « La retraite,
ça se prépare avant ! ».
Movendo propose des cours instructifs
non seulement pour La
Poste, mais aussi pour toutes nos
branches. Pour en savoir plus, rendez-vous
sur le lien ci-dessous.
Sharada Iser
movendo.ch/fr/cours/solifonds
Offre complète : movendo.ch/fr/cours
L’art comme terre d’accueil
Jusqu’au 20 juin 2021, l’espace d’exposition
et de création La Ferme des
Tilleuls à Renens (Vaud) accueille
une exposition remarquable mettant
en avant le travail artistique
d’une cinquantaine de migrant-e-s
mineur-e-s non accompagné-e-s
(MNA).
Au sein d’une ancienne maison
de maître, une sélection de gravures
monumentales, sérigraphies, séquences
photographiques, vidéos,
capsules sonores, théâtre d’ombres
et films d’animation s’offre au public.
Ces œuvres sont le fruit de
quatre ateliers artistiques réalisés
entre 2019 et 2020 sous la direction
artistique de François Burland et
d’autres artistes de renom.
A l’origine du projet se trouve
une rencontre, en 2013, entre François
Burland et deux jeunes migrants
non accompagnés qu’il reçoit
dans son atelier du Mont-Pèlerin.
S’en suivra de nombreuses collaborations
artistiques avec d’autres mineurs
non accompagnés et jeunes
adultes en isolement. Avec la vocation
d’aider à leur intégration et à
leur bien-être au travers de moments
d’échanges et de créativité.
Alors que les artistes leur transmettent
leurs techniques rôdées, les
jeunes les embarquent dans leurs
récits, leurs mémoires, leurs héritages.
Pour vivre, ensemble, une expérience
où tout le monde a sa
place. Le résultat est à découvrir
sans plus attendre à Renens.
Robin Moret
Toutes les informations sur l’exposition :
fermedestilleuls.ch/exhibition/checkpoint
Notre histoire en BD
Adaptation du best-steller Sapiens
de Yuval Noah Harari, qui s’est traduit
dans 45 langues et vendu à plus
de 12 millions d’exemplaires, la BD
Sapiens – La naissance de l’humanité
illustre avec créativité et humour
les théories du célèbre auteur israélien
sur l’évolution. On y découvre
en dessin comment l’homo sapiens
a détrôné les autres espèces humaines
pour arriver rapidement au
sommet de la chaîne alimentaire,
l’emportant sur les autres animaux
et bouleversant ainsi l’écosystème
en place.
Historien, philosophe et célèbre
écrivain, Yuval Noah Harari s’est associé
au duo franco-belge David
Vandermeulen et Daniel Casanave
pour raconter de manière ludique
mais très approfondie la naissance
de l’humanité, de l’apparition de
l’homo sapiens jusqu’à la Révolution
agricole.
Avec l’écrivain dans le rôle du
narrateur, ce récit offre un travail de
vulgarisation délicatement captivant
et instructif qui a été retenu
dans la sélection officielle du Festival
International de la Bande Dessinée
d’Angoulême. Le deuxième
tome est déjà programmé pour l’automne
2021, l’adaptation BD étant
prévue en quatre phases au rythme
d’un album pour chacune des
grandes parties du livre. D’ici là,
nous vous recommandons vivement
de découvrir ce premier tome. Une
bande dessinée somptueuse pour
repenser tout ce que nous croyions
savoir sur l’histoire de l’humanité.
Robin Moret
Extraits de la BD :
bit.ly/2O1tKj0
1000 mots
Ruedi Widmer
27
28 Evènements Pas touche aux rentes des femmes / Journée internationale de la femme / Visite
d’entreprise / Action de remerciement aux employé-e-s de La Poste / Pétition
pour protéger le personnel de conduite chez CarPostal / Succès pour la première
table ronde syndicom des illustrateurs-rices
1
2
3
4
1. Stephanie Vonarburg et Patrizia Mordini, membres du comité directeur de syndicom, le 15 mars devant le Palais fédéral pour remettre avec
nos partenaires 314 187 signatures au Conseil des Etats contre un projet de réduction de l’AVS au détriment des femmes. (© Ueli Johner)
2/3. Plusieurs visites en entreprise étaient spécialement organisées lors de la journée de la femme le 8 mars... (© Azra Ganic)
4. … ou encore à la librairie Stauffacher à Berne dont un étalage fait la promotion des ouvrages défendant la cause des femmes. (© Patrizia Mordini)
5. Visite de syndicom auprès de prestataires privés de services postaux, à Ebikon. (© Matthias Loosli)
6. Fin février, syndicom s’est joint aux Verts et au PS pour remercier les employé-e-s de La Poste face à leurs efforts en période COVID. (© Florin Schütz)
7. syndicom et la commission du personnel CarPostal de la région de distribution du Centre ont déposé une pétition pour exiger des discussions rapides
sur la mise en œuvre de l’interdiction de la consommation dans les cars postaux qui considère les revendications des chauffeurs. (© Michael Bolettieri)
8. Plus de 50 illustrateurs et illustratrices ont échangé sur leurs pratiques en matière de tarification lors d’une table ronde syndicom. (© Michael Moser)
29
5
6
7
8
30
Tranches
de vie
« En tant que journaliste réfugié, il est
difficile de vivre de son métier en Suisse »
Kairat Birimkulov est né le 11 août 1967
à Bichkek, la capitale du Kirghizistan.
Il vit avec sa famille dans le canton de
Lucerne depuis 2007, après avoir dû
prendre la fuite en raison de son travail
de journaliste et observateur politique.
En Suisse, il a achevé une formation de
spécialiste de la migration et travaille,
depuis 2013, pour l’Organisation suisse
d’aide aux réfugiés (OSAR). Coprésident
du Parlement des migrant-e-s
de Lucerne, il a fondé les associations
« Brücke nach Kirgistan » (Ponts vers le
Kirghizistan) et « Zusammen » (Ensemble).
Depuis 2018, il est membre de
syndicom et actif dans le groupe d’intérêt
Migration.
Texte : Idris Djelid
Image : Patrick Gutenberg
« Il faut tout recommencer
de zéro »
Je n’oublierai jamais le dernier jour
passé dans mon pays. Le Consulat
suisse m’avait aidé à quitter le
Kirghizistan, afin que je puisse sauver
ma famille et ma propre vie. Mais
cette étape a été terriblement difficile.
Au fond de moi, j’aurais préféré
rester dans mon pays pour participer
au processus démocratique et assister
à sa transformation économique
et politique vers un nouveau futur.
C’est avec une grande tristesse et
un sentiment d’insécurité que j’ai visité
le dernier matin avant mon départ
mes lieux préférés et le studio de
télévision, où j’ai travaillé 14 ans
comme présentateur TV. En tant que
journaliste, mon objectif était d’informer
avec transparence sur le système
corrompu né de l’effondrement
de l’Union soviétique. C’est précisément
cette volonté de transparence
qui m’a été fatale, comme à bien
d’autres. J’ai été victime de menaces
des mois durant à cause de mon travail
journalistique. La situation est
devenue trop dangereuse pour ma famille
et moi-même. Et après une
agression qui m’a presque coûté la
vie, ma famille était elle aussi terrifiée.
Je n’oublierai jamais les yeux
remplis de peur de mes filles.
Un nouveau chapitre de ma destinée
s’est alors ouvert avec mon exil.
De nombreuses questions ont accompagné
mon voyage vers un pays
lointain. J’étais habité par la nostalgie
en repensant à ma patrie, et les
doutes au sujet de ma décision me
rongeaient. Comment ma femme et
mes enfants allaient-ils s’adapter à
leur nouvelle vie dans un pays inconnu
? Comment allions-nous vivre ?
Peu à peu, j’ai reconnu que cette
étape difficile présentait aussi une
opportunité. Je sais parfaitement ce
que ça signifie de vivre comme un réfugié
dans un pays étranger. Tu dois
commencer de zéro et d’abord prouver
à la société ce dont tu es capable.
Au nom des migrantes et des migrants,
et aussi comme journaliste,
je souhaite dire la chose suivante :
dans ma nouvelle patrie, j’ai obtenu
beaucoup de soutien mais j’ai aussi
été victime d’une discrimination qui
m’a souvent déprimé.
En tant que journaliste réfugié, il
est difficile de vivre de son métier en
Suisse. Mais avec la discussion émergente
sur davantage de diversité parmi
les professionnel-le-s des médias
et de nouvelles initiatives visant à
promouvoir le travail de journalistes
issu-e-s de l’immigration, telles que
Neue Schweizer Medienmacher*innen
ou Baba news, je reste
optimiste.
Mais mis à part le journalisme,
j’affectionne aussi une seconde passion
: le cinéma. Enfant, j’allais souvent
au studio de cinéma où travaillait
ma mère en tant que régisseuse.
Aujourd’hui, grâce à un crowdfunding,
j’ai réalisé mon premier projet
de film « Schneesturm » (Tempête de
neige). Il sera diffusé en avant-première
le 4 juin 2021 au cinéma Stattkino
à Lucerne. Et j’espère pouvoir y
accueillir de nombreuses et nombreux
collègues du syndicat.
Le projet du film en détail sur wemakeit :
bit.ly/3cx29jm
Mots-croisés Impressum Syndicom avril 2021
Rédaction : Robin Moret, Giovanni Valerio
Changements d’adresse : syndicom, gestion
Editeur : syndicom – syndicat des médias
Courriel : redaction@syndicom.ch
des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale, et de la communication, Monbijoustr. 33,
Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser 3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 case postale, 3001 Berne
Illustration (page 4) : Illunauten
Annonces : priska.zuercher@syndicom.ch
Mot Dessins mystère de portrait : : Katja Leudolph
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Le numéro 23 paraîtra le 4 juin 2021.
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Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,
Wölflistrasse 1, 3001 Berne
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requins. Peut-être bien une ville. Élément. V.
Comme des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant
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Comme des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant
l'éternité. Petit brun pour grands blonds.
Petit disque. VII. Fonde Carthage. Flacon à
garum. VIII. Ciel, mes bijoux ! Transport
d'énergie. IX. Sorte de rhum. De. X.
Échange musclé. Intéressées.
Verticalement : 1. Salut. 2. Souvent en
plomb. Satisfait. 3. Fait chambre commune.
4. Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed
ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y
précipite. Lieu d'origine du patriarche. 7.
Donne la chique. Apocope à balance. 8.
Tenancier. Sou. 9. Sur la tartine. Cependant
précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure de
radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.
Une lune. Oncle d'Hanoï. 13. Descentes
après les Ascensions. 14. Eau du poète.
Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es.
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dans le prochain magazine, recevra
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une Hotelcard. Prière d’envoyer votre
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Échange musclé. Intéressées.
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Horizontalement : I. Soutenir. Noir Verticalement : 1. Salut. 2. Souvent américain. II. Avec plaisir. III. Normand
8 en syndicom, Monbijoustrasse 33,
américain. II. Avec plaisir. III. Normand plomb. Satisfait. 3. Fait chambre commune. fleuri. case postale, Décortiqua. 3001 Berne. IV. Agression entre
fleuri. II Décortiqua. IV. Agression entre 4. Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed requins. Peut-être bien une ville. Élément. V.
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requins. Peut-être bien une ville. Élément. V. ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y Comme des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant
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Comme III des loirs. Hollande. Tente. VI. Avant précipite. Lieu d'origine du patriarche. 7. l'éternité. La solution Petit de brun la dernière pour grands grille blonds.
l'éternité. Petit brun pour grands blonds. Donne la chique. Apocope à balance. 8. Petit de mots disque. croisés VII. Fonde était Carthage. Flacon à
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garum. VIII. Ciel, mes bijoux ! Transport précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure 10 de d'énergie. La gagnante IX. est Sorte Madame de rhum. De. X.
d'énergie. Échange musclé. Intéressées.
V IX. Sorte de rhum. De. X. radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.
Claudine Galliker-Blanc.
Échange musclé. Intéressées. 6 Une lune. Oncle d'Hanoï. 13. Descentes
après les Ascensions. 14. Eau du poète. Verticalement Elle recevra un : bon 1. Salut. Coop.
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2. Souvent en
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Verticalement : 1. Salut. 2. Souvent en Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es. plomb. Chaleureuses Satisfait. félicitations 3. Fait chambre ! commune.
plomb. Satisfait. 3. Fait chambre commune.
4. Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed
4. VII Devant les cornes. Sens. 5. Mohammed
ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y
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ottoman. Brasse. 6. Réclame. Le Rhin s'y
précipite. Lieu d'origine du patriarche. 7.
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précipite. VIII Lieu d'origine du patriarche. 7.
Donne la chique. Apocope à balance. 8.
Donne la chique. Apocope à balance. 8.
Tenancier. Sou. 9. Sur la tartine. Cependant
Tenancier. IX Sou. 9. Sur la tartine. Cependant
précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure de
Annonce précieux. 10. En. Bourré. 11. Mesure 9 de
radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.
radiation. N'aurait pas dû se retourner. 12.
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Une lune. Oncle d'Hanoï. 13. Descentes
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après les Ascensions. 14. Eau du poète.
après les Ascensions. 14. Eau du poète.
Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es.
Agent volant. 15. Nappa d'étain. Es.
Offre spéciale
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Délai rédactionnel pour le prochain numéro :
le 3 mai 2021
DÉFINITIONS
Les mots croisés de syndicom
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syndicom social
Combat syndical chez Amazon20.3.2021
#UnionYes chez Amazon ! L’épreuve de
force est actuellement engagée en
Alabama dans la lutte pour une représentation
syndicale et de bonnes conditions
de travail. Restez forts @BamazonUnion et @RWDSU !
En Suisse, nous sommes heureusement déjà plus avancés
avec la première #CCT #fulfillment chez ms-direct !
facebook.com/syndicom
Le journalisme menacé chez Tamedia 11.3.2021
Dans son rapport annuel 2020, @tx_group rassure
@PietroSupino que le journalisme reste au cœur de son
modèle économique. Les chiffres disent le contraire :
Effectif Tamedia 2020 : 1428 vs Effectif 2019 : 1559
twitter.com/lorenzo_bonati
Rente des femmes16.3.2021
Juste avant son débat sur la réforme AVS
21, le Conseil des Etats s’est vu remettre
aujourd’hui les signatures de 314 187 personnes
qui disent NON à un projet qui se
ferait – encore une fois – au détriment des femmes.
La diminution prévue des retraites des femmes a suscité
un véritable sursaut d’indignation dans la population :
jamais autant de soutiens n’avaient été récoltés en ligne
en aussi peu de temps en Suisse. Le message est sans
équivoque : une révision de l’AVS qui ignore les problèmes
réels des femmes n’a aucune chance de passer. Les
rentes de retraite des femmes sont aujourd’hui encore
d’un tiers plus basses que celles des hommes. Il est
temps qu’elles augmentent. Pas qu’elles diminuent.
instagram.com/syndicom/
Liberté de la presse12.3.2021
Un premier pas pour un
changement qui doit être
global 17.3.2021
En Angleterre, 70 000 chauffeurs
#Uber sont désormais
considérés comme des salariés. Il « suffisait
» d’une décision de la Cour suprême …
Un pas dans la bonne direction. A Genève,
les chauffeurs Uber sont employés via une
société tierce avec une #CCT. A quand partout
en Suisse ?
twitter.com/syndicom_fr
#NEWS 65 journalistes sont morts dans
l’exercice de leurs fonctions en 2020,
selon le rapport annuel de la FIJ sur les
journalistes tués dans des incidents liés
au travail dans le monde. Le Mexique se classe comme le
pays le plus dangereux pour la quatrième fois en cinq ans
avec 14 assassinats.
twitter.com/IFJGlobal
Manque de reconnaissance pour les
distributeurs-rices de colis10.3.2021
Lettre ouverte au TX Group9.3.2021
Les problèmes de sexisme chez Tamedia sont l’expression
d’un problème intersectoriel. « Trop peu de femmes dans
le management, des conditions de travail qui empêchent
une réelle égalité, et des modèles de rôle et de pensée
dépassés.
twitter.com/Lenaallenspach
Les applaudissements des balcons ne
suffisent pas ! La négociation salariale
de cette année à la poste n’a donné
aucun résultat. Nous sommes déçus.
Après une année marquée par des
volumes de colis sans précédent, un
peu de reconnaissance serait de mise.
twitter.com/syndicom_fr
Les syndicats font front commun23.3.2021
Ensemble avec 99 autres syndicats de travailleurs
de toute l’Europe, nous avons signé une
lettre à la @EU_Commission pour demander que
les contrats de #PublicProcurement ne soient
attribués qu’aux entreprises qui vraiment
respectent leurs travailleurs.
twitter.com/syndicom_fr
Une expérience audiovisuelle
en confinement24.3.2021
45 ans après le coup d’Etat du 24.3.1976 en
Argentine, l’histoire et les sentiments
s’entremêlent pour créer « Corondaes ».
Une expérience audiovisuelle collective élaborée pendant
le confinement.
@SergiooFerrari https://t.co/N2P81IbCfl ?amp=1
twitter.com/Sprachkraft