L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.
MAI 2021 | N° 49
CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES
ENTRETIENS
Alice Guilhon (Cdefm)
Nicolas Arnaud (Sigem)
Jean-Christophe Hauguel (Sigem)
Julien Manteau (HEC)
Stéphanie Lavigne (TBS Education)
Loïck Roche (Grenoble EM)
Sébastien Chantelot (Excelia BS)
DÉBATS
Covid-19, comment les Grande
écoles se sont réinventées
RSE et développement durable :
plus que jamais au programme !
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS
ÉDITO + SOMMAIRE
MAI 2021 N° 49
AVEC LA CRÉATION DE LA CDEFM,
LES ÉCOLES DE MANAGEMENT
AFFIRMENT LEUR INDÉPENDANCE
Elles en parlaient depuis longtemps : les écoles de management transforment
leur Chapitre au sein de la Conférence des Grandes écoles (CGE)
en conférence propre. À l’image de la Cdefi (Conférence des directeurs
des écoles françaises d’ingénieur) pour les écoles d’ingénieurs est née le
13 avril la Cdefm, la Conférence des directeurs des écoles françaises de
management. Sa présidence est logiquement assurée par la présidente
de l’actuel Chapitre et directrice générale de Skema, Alice Guilhon
En 30 ans les écoles de management françaises ont acquis une taille et une réputation
qui les différencient plus en plus des écoles d’ingénieurs. Leurs problématiques
relatives à leur environnement concurrentiel, à leur modèle économique, à
leur dimension internationale, à l’insertion professionnelle de leurs diplômés et aux
relations avec les entreprises et organisations, à leur statut privé ou encore aux
accréditations et classements, leur « confèrent un caractère atypique dans l’ESR et
imposent d’être abordées, débattues et portées sur la place publique dans un cadre
qui leur est propre » selon les mots de la Cdefm.
Cette création correspond également à la formidable montée en puissance des
effectifs des écoles de management ces quarante dernières années. En 1980 les
seules écoles d’ingénieurs extérieures aux universités comptent quasiment deux
fois plus d’étudiants que l’ensemble des écoles de management. En 2018 écoles
d’ingénieurs universitaires et non universitaires réunies comptent un peu plus de
164 000 étudiants quand l’ensemble des écoles de management dépasse les 187 000
étudiants. Mais au sein de la Conférence des Grandes écoles (CGE) le poids des 39
écoles de management du Chapitre reste bien inférieur à celui des 147 écoles d’ingénieurs.
Résultat : une seule fois un président issu des rangs des écoles de management,
Pierre Tapie pour l’Essec, a été élu à la tête de la CGE. Et il était ingénieur et
avait dirigé auparavant une école d’ingénieurs… Avec la Cdefm les écoles ont enfin
une conférence qui les représente.
Les membres du conseil d’administration sont :
- pour AUDENCIA Business School (fondateur), Christophe Germain, directeur général ;
- pour EDHEC Business School (fondateur), Emmanuel Métais, directeur général,
- pour ESC Clermont - Françoise Roudier, directrice générale ;
- pour ESCP Business School (fondateur) - Frank Bournois, directeur général ;
- pour ESSEC Business School (fondateur) - Vincenzo Esposito Vinzi, directeur général ;
- pour HEC Paris (fondateur) - Eloïc Peyrache, directeur général
- pour NEOMA Business School - Delphine Manceau, directrice générale ;
- pour SKEMA Business School (fondateur) - Alice Guilhon, directrice générale ;
- pour TBS Business School - Stéphanie Lavigne, directrice générale.
Sommaire
LES ESSENTIELS DU MOIS
3 • « Avec la Cdefm nous allons pouvoir mieux
porter nos spécificités »
4 • « Le Sigem est une procédure
très robuste »
5 • Comment vont évoluer les concours ? :
Julien Manteau fait le point pour HEC
7 • « Toutes les écoles préfèrent organiser
leurs oraux en présentiel »
9 • Toujours plus digitale : ESCP inaugure sa
« Phygital Factory »
10 • L’EDHEC et EURECOM signent
une alliance stratégique
11 • BSB consacre 1M € à des fonds de soutien
12 • PGE + MSc à la rentrée à l’EM Normandie
ENTRETIENS
15 • Stéphanie Lavigne, Directrice générale
de TBS Education
19 • Loïck Roche, Directeur général
de Grenoble EM
30 • Sébastien Chantelot,
Directeur de Excelia BS
33 • Thierry Picq, Ancien directeur
de l’innovation de emlyon
DOSSIER
23 • RSE et développement durable :
plus que jamais au programme !
REPÈRES
35 • Covid-19, comment les Grande écoles
se sont réinventées
Les commissions thématiques :
- académique : Isabelle Huault,
directrice générale de emyon BS ;
- formation & numérique : Jean-François
Fiorina, directeur général ajoint de
Grenoble École de Management ;
- territoires & financement : Francis
Bécard, président de Y Schools.
Olivier Rollot, rédacteur en chef
ORollot
« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway
Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,
CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.
Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.
Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).
Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont
(f.boleduchomont@headway-advisory.com).
Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions
Photo de couverture : Excelia
2
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
MAI 2021 N° 49
« Avec la Cdefm nous allons pouvoir
mieux porter nos spécificités »
Le 9 avril est née la Conférence des directeurs des écoles françaises de management
(Cdefm) dont Alice Guilhon, qui présidait jusqu’ici le Chapitre des écoles
de management de la Conférence des Grandes écoles (CGE), est la première présidente
pour les trois ans à venir.
Pourquoi créer la Conférence des directeurs
des écoles françaises de management (Cdefm).
Les écoles de management n’étaient pas bien
représentées par la Conférence des Grandes
écoles (CGE) ?
La création de la Cdefm n’est pas une opération
contre la CGE mais une opération de rééquilibrage
avec ce qui existait déjà du côté des écoles d’ingénieurs
avec la Cdefi (Conférence des directeurs des
écoles françaises d’ingénieur). Comme les écoles
d’ingénieurs nous resterons membres de la CGE. Nous
y sommes très bien traitées mais cela repose plutôt
sur des individus, très bienveillants, plutôt que sur
un système, qui serait pérenne. Parfois nous nous
sentons noyés.
Tout cela s’est fait en bonne intelligence. Aussi bien
la présidente de la CGE, Anne-Lucie Wack, que son
délégué général, Hughes Brunet, et l’autre vice-président
écoles, Laurent Champaney, étaient au courant
de notre démarche.
Qu’est-ce que la création de la Cdefm va plus
précisément changer pour les écoles de management
?
Les écoles de management ont beaucoup plus en
commun entre elles que les écoles d’ingénieurs.
Avec la Cdefm nous allons pouvoir mieux porter nos
spécificités sans devoir systématiquement œuvrer au
sein du système de la CGE. Sans être seulement une
commission de la CGE. Nous disposons maintenant du
véhicule nécessaire pour travailler et communiquer
sereinement.
En 2020 quand nous avons dû très vite réagir sur
l’annulation des oraux cela a pu contrarier certaines
écoles d’ingénieurs. Mais nous sommes obligés d’avoir
cette réactivité. Notre modèle économique l’exige.
Comme la Cdefi et la CPU entendez-vous être
une « conférence représentative » ?
Ce n’est pas possible car nos écoles sont à 99 %
privées. D’ailleurs la CGE non plus n’est pas une
conférence représentative. Le ministère de l’Enseignement
supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
(MESRI) nous a en tout cas tout de suite indiqué que
nous serions dans la boucle de toutes les décisions
nous concernant.
HEC, Essec, ESCP… quand on regarde les
membres fondateurs de la Cdefm on a un peu
le sentiment de voir le haut d’un classement
des écoles de management françaises…
Avec Frank Bournois, avec lequel j’ai beaucoup travaillé
sur ce projet, nous avons programmé un lancement suivi
d’une phase de croissance. Et pour cela il nous fallait
la légitimité qu’apportent en France la participation des
grandes écoles parisiennes au sens large. Le conseil
d’administration est composé des écoles qui étaient
investies déjà dans les commissions de la CGE, cela
pour assurer la continuité. Les autres Grandes écoles
dites de haut de tableau comme emlyon ou Grenoble EM
sont à la tête de commissions emblématiques. Isabelle
Huault par exemple prend la tête d’une commission
cruciale, Académique. C’est celle du lien aussi entre
les universités et nos écoles. Notre conseil d’administration
est limité à neuf membres et tournera tous
les trois ans. Les commissions permettent également
aux écoles de s’exprimer et des
commissions ad hoc vont se
créer aussi en fonction des
urgences
Le Chapitre des écoles
de management va-t-il
s’éteindre ?
Oui c’est dans la logique des
choses. Nous souhaitons que
toutes les écoles actuellement
membres du Chapitre des
écoles de management nous
rejoignent. Mais nous n’en avons
pas fait pour autant automatiquement
des écoles membres
de droit. Elles doivent décider.
Aujourd’hui nous avons déjà
une dizaine de candidatures en
plus des membres fondateurs.
3
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
MAI 2021 N° 49
« Le Sigem est une procédure
très robuste »
Pendant six ans il fut « l’homme du Sigem ». Alors qu’il vient de laisser
la place à Nicolas Arnaud, Jean-Christophe Hauguel, directeur général de l’ISC Paris,
revient avec nous sur le fonctionnement d’un système dont il n’a eu qu’à se louer.
Vous venez de quitter la présidence du Sigem
après deux mandats de trois ans. Quel bilan en
feriez-vous ?
D’abord le sentiment d’un devoir accompli en ayant
présidé un processus d’affectation en juin-juillet pour
6 campagnes qui se sont toutes parfaitement passées.
Avec la Direction des admissions et concours (DAC)
de la CCI Paris-Ile-de-France, qui gère la plateforme
informatique, nous travaillons pour le compte de la
communauté des écoles de management.
Avec tout le bureau du Sigem, le rôle du président
est aussi de gérer les situations exceptionnelles, par
exemple quand des candidats ne peuvent pas payer
leur acompte ou contestent leur affectation. À nous
alors de revenir à la procédure et de bien préciser les
règles et d’être très factuel.
Nous sommes également garants de la période de
non-communication entre les écoles et les candidats
d’une semaine environ avec, parfois, la nécessité d’effectuer
des rappels à l’ordre.
Ce qu’il faut retenir c’est que les écoles jouent le jeu et
que les 10 000 candidats que nous gérons pour une petite
trentaine d’écoles sont affectés entre 95 et 97 % dans
les 7 500 places proposées par les écoles.
Avec la pandémie de la Covid-19, 2020 a dû être
une année très particulière pour vous…
Cela a effectivement été l’année la plus compliquée avec
pour la première fois des décisions qui n’ont pas été prises
à l’unanimité des membres. Si la décision d’annulation des
oraux a été prise à l’unanimité cela n’a pas été le cas pour
celle de ne pas publier les désistements croisés qui est
passée de justesse. Mais après août-septembre cela n’a
plus été un sujet et cette année toutes les statistiques
seront de nouveau publiées.
Qu’est-ce qui a changé pendant vos mandats ?
A minima le Sigem a été préservé et est aujourd’hui
toujours aussi légitime et singulier dans sa transparence
qui n’existe ni en admission sur titre ni en admission postbac.
Ce que j’ai cherché à assurer ce sont deux grands
équilibres. Entre BCE et Ecricome d’abord avec l’élection
d’un vice-président qui permet de représenter les deux
banques d’épreuves pour travailler en confiance. Avec
François Dubreu, représentant de Kedge et d’Ecricome,
cela a très bien fonctionné et il n’y a eu aucune crise.
L’autre équilibre auquel j’ai tenu c’est celui entre les plus
Grandes écoles et les plus modestes. Il faut maintenir
cette diversité naturelle représentative de la diversité
existante également en prépa. Demain les classes
préparatoires ne doivent pas parler à seulement dix ou
même cinq écoles mais bien à toutes les écoles de SIGEM.
N’y a-t-il pas parfois un peu la tentation chez
les plus grandes de créer une sorte de « super
league » comme dans le football ?
Nous parvenons à un taux de remplissage global des
places offertes par les écoles de 97 % avec des équilibres
complexes. Quand les plus grosses écoles, les
plus prestigieuses, augmentent le nombre de places
qu’elles offrent cela menace les plus petites, puisque la
population d’élèves en classes préparatoires est stable
autour de 10 000 élèves d’une classe d’âge.
Résultat : il y a de moins en moins d’écoles dans
le Sigem…
L’ESC Pau est sortie, cette année l’ISG suit la même
voie. Cela ne correspond pas à la logique d’écoles sur
tout le territoire que nous défendons et à laquelle sont
attachées les classes préparatoires. Notre responsabilité
collective est bien de préserver une diversité dans
SIGEM et non pas une « super league » où 10 écoles
s’adressent à 10 CPGE.
Qu’est-ce qu’il faudrait changer dans le Sigem ?
C’est une question que je me suis beaucoup posée à
mon arrivée. Le Sigem est une procédure très robuste
qu’on ne peut pas vraiment améliorer. En revanche nous
pouvons mieux communiquer avec les classes préparatoires
et avec les candidats pour mieux anticiper chaque
étape. Chaque année nous découvrons que certaines
informations sont parfois difficiles à comprendre. Ce
sera peut-être un chantier de la nouvelle présidence
et je souhaite au passage tous mes vœux de réussite à
Nicolas Arnaud qui a été élu très démocratiquement et à
qui je suis ravi de transmettre le flambeau pour la suite.
4
Faites librement vos vœux !
C’est le conseil de Jean-
Christophe Hauguel aux
préparationnaires : ne vous
censurez pas dans vos
veux : « Certains imaginent
toujours qu’il faut classer
ses vœux pour obtenir une
école, quitte à ne pas mettre
celle qu’ils souhaitent en
tête, alors que la seule et
unique stratégie à suivre est
de faire ses vœux en fonction
de ses seules préférences,
totalement indépendamment
de son rang. Toutes les écoles
ne communiquent pas les
rangs des candidats mais,
quand c’est le cas, certains
peuvent imaginer qu’étant
classés 3000 ème ils n’ont
aucune chance d’intégrer
l’école par leurs vœux. Ils
vont alors mettre en choix
numéro 1 une école pour
laquelle ils sont classés
50 ème en croyant ainsi être
assurés d’avoir une place.
Mais rien n’indique qu’ils
n’avaient aucune chance
d’intégrer la première école
à laquelle ils voulaient
postuler. Et dans tous les cas
ils pourront toujours intégrer
une autre, dans laquelle ils
étaient mieux placés, s’ils
l’indiquent ensuite dans leurs
vœux. En fait il ne faudrait
sans doute ne pas du tout
donner accès aux rangs des
candidats pour qu’ils ne
soient pas déformés dans
leurs ordres de préférence ».
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS MAI 2021 N° 49
Comment vont évoluer
les concours ? :
Julien Manteau fait le point pour HEC
Directeur exécutif stratégie et développement de HEC Paris, Julien Manteau
participe à ce titre à la définition des évolutions à venir des concours d’entrée
dans les écoles de management post prépas. Nous revenons avec lui sur les évolutions
à venir, les polémiques passées et les problèmes actuels.
Les oraux des concours d’entrée dans les écoles
de management post prépas vont bien se passer
en présentiel cette année. Comment HEC Paris
va-t-elle les organiser ?
Ce sera avec un protocole sanitaire très strict et avec
des flux de passage sur le campus réservés aux candidats
et aux jurys. C’est beaucoup plus facile à organiser
pour nous, qui ne recevons que 740 admissibles sur
quatre sessions, que par exemple pour des écoles qui
en reçoivent plus de 5 000. A HEC ils ne sont que 180
à un instant T pendant les trois jours du concours. De
plus ils sont logés sur le campus avec l’obligation de
porter des masques dans les résidences.
740 admissibles pour 400 places. Cela vaut
vraiment la peine de présenter les oraux !
Nous passons en effet de 5 250 candidats aux écrits à
seulement 740 aux oraux. Et tous ont leur chance. Si dans
les 100 premiers aux écrits la plupart ont toutes leurs
chances d’être sélectionnés, parce qu’ils ont beaucoup
d’avance et ont généralement un bon niveau à l’oral,
ensuite tout est possible. Jusqu’au 740ème. Globalement
ils avaient tous des notes à l’écrit entre 14,5 et 20 et ils
vont maintenant être de nouveau classés entre 20 et
parfois 2… L’oral mélange le classement des écrits.
Justement, quelle a été l’influence de l’absence
d’oraux en 2020 sur vos recrutements ?
Elle n’a changé ni le pourcentage de boursiers ni celui
d’hommes et de femmes que nous avons recrutés comme
d’habitude. Ce que cela a changé c’est le nombre de
classes préparatoires dont nos étudiants étaient issus.
En effet certaines classes préparatoires préparent plus
spécifiquement à nos oraux que d’autres et cela donne
une prime à leurs candidats. Mais c’est vraiment dommage
pour nous de ne pas avoir un maillage territorial plus fort.
Il y a encore trop d’étudiants de classes préparatoires
qui s’autocensurent. Nous allons d’ailleurs bientôt lancer
avec notre déléguée à l’égalité des chances, Hélène
Bermond, un programme d’accompagnement qu’on
appellera « Prép Etoile » pour mieux accompagner des
élèves à fort potentiel dans toute la France.
L’évolution des concours suite à la réforme des
classes préparatoires économiques et commerciales
générales (ECG) provoque des débats
assez vifs. Notamment en ce qui concerne les
épreuves de langue. Pouvez-vous nous indiquer
où vous en êtes de vos réflexions dans ce
dossier où HEC est particulièrement engagé ?
En commençant par les épreuves de langues
par exemple.
Aujourd’hui un groupe travaille sur leur refonte alors
qu’il y a plus de vingt ans, depuis 1998 exactement, que
rien n’a changé. La question que nous posons est toute
simple : est-ce qu’on évalue aujourd’hui de la bonne
Épreuve de la BCE
annulée : mais qui a
transmis le sujet au
site Mister Prépa ?
La publication du sujet
de dissertation de culture
général EDHEC - ESSEC
sur le site de Mister Prépa
peu après le début de
l’épreuve, le jeudi 29 avril, a
contraint la BCE à reporter
l’épreuve. Du fait de cette
communication anticipée,
des candidats étaient en
effet susceptibles d’avoir
eu connaissance à l’avance
du sujet dans les centres de
concours situés au Maroc où
l’épreuve commençai à 15
h (heure française). De plus
un candidat se présentant
dans l’heure suivant le début
de l’épreuve étant autorisé à
composer, certains auraient
également pu être prévenus
du sujet en France même.
Les écoles de la BCEn ne
pouvant que « constater
la rupture d’égalité qui en
résulte », ont donc décidé de
reprogrammer l’épreuve.
Pour connaître l’origine
de la fuite l’opérateur du
concours et les écoles de
la BCE vont porter plainte
contre Mister Prepa pour «
déterminer les conditions
exactes qui ont conduit à la
divulgation anticipée de ce
sujet, et obtenir réparation
du préjudice causé ».
L’épreuve a été
reprogrammée le lundi 17
mai après-midi, de 14 h à
18 h (heure française dans
l’Hexagone) pour les 7
473 candidats de la filière
économique et commerciale
concernés par cette épreuve.
5
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS MAI 2021 N° 49
façon toutes les compétences linguistiques acquises
en classes préparatoires ? Comprenons-nous bien :
nous sommes totalement satisfaits de la réforme des
programmes qui vient d’être validée par les Inspections
Générales de langues. Nous savons à quel point les élèves
progressent pendant leurs deux années de prépas, à quel
point c’est le jour et la nuit entre leur entrée et leur sortie.
Mais évaluer les élèves seulement avec une traduction
(40% de la note dont la moitié pourr la version) et de
l’expression écrite ne valide pas forcément toutes les
compétences acquises. Il faut éventuellement ajouter
d’autres types d’exercices dans le cadre de l’épreuve.
En tout cas il faut se poser la question.
Aujourd’hui les concepteurs de la banque Elvi consultent
ceux de la banque Iena, travaillent avec des professeurs
de classes préparatoires et avec l’inspection générale.
D’ici un mois nous devrions pouvoir discuter de plusieurs
formats intéressants pour décider ensuite ensemble de
la meilleure formule.
Mais les professeurs de classes préparatoires
se sont fermement opposés à vos premières
propositions.
C’est un malentendu. Nous avons rappelé les réformes
opérées ces cinq dernières années au sein des concours
des école d’ingénieurs, notamment à CentraleSupélec
qui a totalement basculé vers une synthèse de texte,
comme des exemples à benchmarker. Pas comme
notre proposition. Nous savons que les professeurs
tiennent beaucoup au maintien de l’épreuve de thème
par exemple. Nos propositions viendront après la phase
de consultation qui est en cours aujourd’hui.
Quelles autres nouveautés prévoyez-vous dans
les concours en 2023, quand arriveront les
premiers élèves issus des nouvelles classes
préparatoires ECG ?
Un autre groupe de travail réfléchit à l’évolution de
l’épreuve d’ESH suite à l’intégration du programme
d’économie approfondie dans le programme d’ESH à
partir de la rentrée 2021. Jusqu’ici l’économie approfondie
était enseignée mais ne faisait pas l’objet d’une
évaluation ce qui posait problème. Aujourd’hui la Dgesip
et l’Inspecteur général en charge de piloter la réforme
des programmes de classes préparatoires, Olivier
Sidokpohou, ont clairement indiqué que toute matière
enseignée devait être évaluée. La future épreuve devra
donc évaluer les deux matières dans les trois épreuves
conçues par HEC et l’Essec, Edhec et Skema et enfin
Toulouse Business School.
Quelles autres nouveautés les concours vont-ils
connaitre en 2023 ?
A HEC nous avons décidé de ne plus réaliser l’épreuve
de contraction de texte pour la remplacer par la synthèse
de textes et documents. Une épreuve que nous
co-concevrons dorénavant avec ESCP. Il semble que
toutes les autres écoles nous suivent dans cette évolution
vers cette épreuve un peu plus stimulante et créative
qu’est la synthèse. Bien sûr comme la contraction elle
requiert également une certaine dose de technique.
Nous souhaitons également que les thèmes choisis
soient en rapport avec les grands enjeux de l’époque
résumés par les 17 objectifs de développement durable
de l’ONU – éducation, changements sociétaux, y compris
par exemple les mutations engendrées par l’intelligence
artificielle, paix sociale, changement climatique, etc..
Pendant deux ans il est crucial que nos candidats soient
sensibilisés à ces thématiques.
L’actualité des concours c’est aussi la reprogrammation
de la dissertation de culture générale
EDHEC – ESSEC suite à des fuites. Que
s’est-il passé ?
Cette reprogrammation était la bonne décision à prendre
pour respecter le principe d’égalité de tous les candidats,
même si je mesure la frustration de ceux qui ont planché
pour rien. Que s’est-il passé ? Nous avons décidé de
porter plainte contre Mister Prépa pour faire la lumière.
Mister Prépa précise avoir reçu l’information dès 13 h
58, soit deux minutes avant le début des épreuves. Un
candidat aurait-il pu retourner la feuille posée devant
lui à 13 h 55 pour pouvoir commencer l’épreuve à 14
h, voir le sujet, qui est très court, puis communiquer
dessus avec l’extérieur via une montre connectée qui
n’aurait pas été détectée par les surveillants ? C’est une
hypothèse. En tout cas nous voulons savoir ce qui s’est
passé pour préserver la réputation de nos concours.
Comment a évolué
l’enseignement de la
gestion en France
Concurrence nationale et
internationale, régulation
du « marché » de
l’enseignement supérieur
par un État qui se veut
stratège mais aussi par les
classements et accréditations,
pertinence de la recherche
en termes d’impact sur les
pratiques pédagogiques et
professionnelles… l’ouvrage
« L’enseignement de la
gestion en France » publié le
6 mai 2021 fait le point sur
cinquante ans d’évolution de
l’enseignement en France.
Dirigé par Alain Burlaud,
professeur émérite du Cnam
où il a dirigé l’Intec pendant
10 ans, et Frank Bournois,
le directeur général de
ESCP, il établit comment
l’enseignement de la gestion
est peu à peu devenu une
discipline incontournable.
« L’enseignement de la
gestion en France », éditions
EMS (25€ en version papier
et 19,99€ en e-book)
6
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS MAI 2021 N° 49
« Les écoles préfèrent organiser
leurs oraux en présentiel »
Directeur des programmes d’Audencia, Nicolas Arnaud vient de prendre
la présidence du Sigem. Son premier dossier a été une certaine réorganisation
des oraux. Ses explications sur la nouvelle procédure mise en œuvre.
Vous venez de prendre la présidence du SIGEM.
Le premier dossier que vous avez à traiter est
celui des oraux. Le Chapitre des Grandes écoles
de management a pris position. Comment cela
va-t-il affecter l’ensemble des écoles du SIGEM ?
Le Chapitre s’est prononcé pour que les oraux aient lieu
le plus possible en présentiel mais avec une certaine
souplesse. Cela nous a conduit à repousser d’une semaine
le calendrier SIGEM, qui cette année se finissait
relativement tôt. Nous avons donc repoussé la date des
résultats d’affectation des candidats au 23 juillet. Ce qui
signifie qu’ils auront cette année leurs résultats dans des
conditions beaucoup plus favorables qu’en 2020 (12 août
2020 l’an dernier compte tenu du contexte sanitaire).
Comment vont finalement se dérouler les oraux
des concours post prépa cette année ?
Tout au long de la période initiale des concours, nous
serons sur du 100 % présentiel. Ensuite, un candidat
cas contact ou malade n’ayant pu se présenter pourra
demander à bénéficier d’une deuxième date. Pour ceux
qui devaient passer leurs oraux dans la première partie
des concours, ce sera possible durant la période initialement
prévue des oraux, c’est-à-dire jusqu’au 30 juin
ou 7 juillet selon les écoles. Pour ceux qui se situaient
dans la dernière ligne droite, ce sera après cette période.
Exemple, le concours des écoles se terminant le 2 juillet,
les candidats pourront se représenter à partir du 3 – si
l’école souhaite les recevoir un samedi – ou dès le 5
après le week-end. Idéalement, cela devrait se terminer
le 13 au soir selon les préconisations de la Direction
des admissions et concours (DAC), opérateur SIGEM,
afin d’avoir le temps de tenir les jurys d’admission les
jeudi 15 et vendredi 16 juillet, puis d’envoyer les résultats
au SIGEM avant le week-end.
Ces oraux de « rattrapage » se tiendront indifféremment
en présentiel ou en distanciel ?
Le Chapitre a souhaité laisser le choix aux écoles, certaines
ne proposeront que du présentiel, d’autres du
distanciel, et d’autres probablement les deux.
Le choix du présentiel s’imposait pour les oraux ?
Même pour les étudiants étrangers ou ultra-marins
?
Toutes les écoles préfèrent organiser leurs oraux en
présentiel tout en étant conscientes du contexte et
des signaux optimistes qui se dégagent aujourd’hui.
Pour ce qui est des étudiants étrangers, le Maroc, par
exemple, annonce une réouverture de ses frontières
à partir du 20 mai et nous allons laisser le temps aux
étudiants candidats de se préparer. Même chose pour
les étudiants ultra-marins. Passer des concours entre
de toute façon dans la catégorie des « motifs impérieux
de déplacements ». De la même façon que les écoles
d’ingénieurs l’ont affirmé ainsi que d’autres concours
de l’administration publique, les écoles de management
considèrent aussi que le distanciel ne peut être qu’un
ultime recours. Si nous devions y être contraints, nous
serions, cela étant, tout à fait en capacité de faire évoluer
nos dispositifs.
Il n’y aura forcément pas l’ambiance festive
qu’on a pu connaître les années précédentes ?
Nous allons respecter les mêmes règles que celles qui
s’appliquent pour toute la population française. Les
candidats et les jurys seront donc masqués, on ne se
réunira qu’en petits groupes et il n’y aura pas d’activités
se prêtant à une forte concentration de personnes. Donc
pas de fêtes ou de soirées organisées par les équipes
d’admisseurs bien sûr.
Quelles sont vos grandes attentes pour le SIGEM
dans les années à venir ?
D’abord, que nous répondions aux attentes des écoles
en cette année 2021 qui ne sera pas totalement celle du
retour à la normale. J’ai la chance pour cela de pouvoir
travailler avec bureau expérimenté, qui connaît très bien
la mécanique du SIGEM,
avec Béatrice Nerson,
François Dubreu et Béatrice
Rabet. Dans les évolutions
possibles, il serait
probablement intéressant
de communiquer pour que
le SIGEM soit mieux identifié
et devienne un acteur sur
son périmètre.
7
Sigem : les nouvelles dates
Suite aux décisions prises
par les écoles du Chapitre
des Grandes écoles
de la Conférence des
Grandes écoles (CGE) sur
l’organisation des oraux
le nouveau calendrier
SIGEM pour le concours
2021 est le suivant :
• Etape 1 pour les
candidats : Inscription et
paiement de l’acompte : du
mardi 29 juin à 09h00 au
mardi 13 juillet à 18h00 :
• Etape 2 pour les
candidats : Résultats
d’admission et saisie des
vœux : du lundi 19 juillet
à 14h au mercredi
21 juillet à 12h ;
• Etape 3 pour les
candidats : Consultation
des résultats d’affectation
le vendredi 23 juillet
à partir de 14h00.
La hotline SIGEM (0800
800 441) sera ouverte du
mardi 29 juin au mardi
27 juillet de 09h00 à 12h00
et de 14h00 à 18h00 en
semaine et de 9h00 à 12h00
le samedi. La hotline est
fermée les dimanches
ainsi que le 14 juillet.
6 e PROGRAMME
GRANDE ÉCOLE
CLASSEMENT
SIGEM
DEPUIS 19 ANNÉES
CONSÉCUTIVES
DIPLÔME VISÉ BAC +5
never stop daring.
« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons
vos expériences, Parce que le talent s’exprime grâce à la
culture, nous multiplions les influences, Parce que leadership
et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.
Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »
Nicolas ARNAUD
Directeur Audencia Grande École
Pour plus d’informations :
Sylvie FROMAGEAU
Responsable Concours & Admissions
Tél.: 02 40 37 34 21
sfromageau@audencia.com
grande-ecole.audencia.com
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
MAI 2021 N° 49
MBS réforme son PGE
Le Programme Grande Ecole de Montpellier Business School
se transforme à la rentrée 2021 pour « faire face aux nouveaux enjeux
de société et de développement durable ».
Cette évolution se traduit d’abord par le renforcement
de la dimension transition sociale et
environnementale. Tout au long de leur PGE, la
totalité des étudiants suivront des cours et des
soft skills dédiés au management et au développement
durable puis participeront à un projet phare autour de
cette dimension : un challenge sur les ODD (Objectifs de
Développement Durable) de l’ONU en « pré-master », un
séminaire d’Entrepreneuriat International en 2 ème année et
un séminaire « Leadership Responsable » en 3 ème année.
Quatre certificats dédiés à cette dimension et adossés
aux chaires de MBS sont également proposés : Finance
Durable, Management et Entrepreneuriat dans l’Economie
Sociale et Solidaire, Management de la transformation
écologique et solidaire et Diversité et Management Inclusif.
La dimension digitale est la deuxième dimension des
programmes à être impactée :
- en 2 ème année, les étudiants pourront choisir 3 électifs sur
la thématique du digital (Transformation digitale, Sharing
economy and digital platform, Ressources humaines à
l’ère du digital, etc.) ;
- en 3 ème année, un module de tronc commun sur la
programmation en low code verra le jour ainsi que 4
certificats dédiés (Management de projets IT, Marketing
digital et social selling, Marketing design et communication
impactée online, Ingénieur d’affaires B2B et IT).
Enfin la dimension internationale du PGE sera favorisée.
En 2 ème année, le parcours sera réaménagé pour
favoriser l’internationalisation à travers des départs en
échanges académiques (1 semestre au choix ou 1 année
entière) et des stages à l’étranger. Le calendrier du PGE
sera également repensé pour permettre l’intégration
d’enseignements 100 % en anglais qui augmenteront au
fil du cursus ainsi qu’une meilleure professionnalisation
à travers une période en entreprise rallongée.
Le Hcéres publie son rapport d’évaluation de MBS
C’était la première évaluation institutionnelle de MBS par
le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche
et de l’enseignement supérieur) dont le rapport établit
notamment que « MBS rassemble en son sein une communauté
d’acteurs réellement animée par la volonté de
faire de l’établissement un acteur de transformations
sociales ». Autre satisfecit : « La trajectoire suivie par
l’école ces dernières années, la capacité de celle-ci à
interroger avec lucidité les opportunités offertes par son
positionnement institutionnel, ainsi que la qualité de ses
relations avec le monde socio-économique sont autant
d’éléments qui donnent des gages de viabilité de ce modèle
économique ». Avec un bémol : « MBS a parfaitement
conscience d’évoluer dans un « environnement mouvant »
et a prévu de se structurer de façon à être en mesure de
procéder à une révision de son plan stratégique, selon
une logique de « plan glissant ». »
Dans les « points forts » de l’école les experts mettent
notamment en avant des « valeurs fortes et partagées
qui contribuent à donner à l’établissement une identité
singulière dans le paysage de l’enseignement supérieur »,
une très forte montée en puissance de l’activité de recherche
et une « offre de formation de qualité, attractive
et dont les voies d’accès favorisent l’ouverture sociale » .
Herbert Castéran
reconduit à la direction
de l’EM Strasbourg
Le conseil d’administration
de l’EM Strasbourg, réuni
le 16 avril, a renouvelé sa
confiance à Herbert Castéran
en le reconduisant dans ses
fonctions de directeur général
de l’école pour une durée
de 5 ans à une très large
majorité. Il devient ainsi le
premier directeur général de
l’EM Strasbourg à obtenir
deux mandats depuis la
création de l’école en 2007
après la fusion de l’IECS
et l’IAE de Strasbourg.
Herbert Castéran a intégré
l’EM Strasbourg en
septembre 2010 où il fut
notamment responsable
de la filière marketing en
apprentissage et créateur
et responsable du master 2
Management du tourisme.
Diplômé de Sciences Po
Toulouse, titulaire d’un DESS
Statistiques et économétrie
et d’un DEA Econométrie et
économie mathématique (tous
deux à Toulouse I), il crée à
27 ans une société de conseil
marketing à la tête de laquelle
il accompagne de nombreuses
collectivités territoriales et
entreprises pendant 12 ans.
À 36 ans il se lance dans
une thèse en marketing
qu’il achève à 40 ans.
9
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS MAI 2021 N° 49
Toujours plus digitale : ESCP inaugure
sa « Phygital Factory »
Installée dans le campus historique de ESCP à Paris sa première Phygital Factory
se veut un « lieu de co-création accessible à tous les étudiants et enseignants,
mais aussi à tout le staff désireux de s’initier ou d’explorer le potentiel du digital
appliqué à l’enseignement supérieur ».
Avec une équipe de cinq personnes dédiées à
l’innovation, elle se compose de trois espaces
adjacents disposant chacun d’installations
spécifiques :
Emlyon ouvre un campus à Bombay
• un espace DESIGN permet d’utiliser in situ des outils
innovants comme un paperboard numérique ou encore
un smartprojector de la startup Adok qui transforme
n’importe quelle surface (tableau, bureau, mur, etc.) en
un écran tactile dans une approche de design thinking ;
• dans le 2 ème espace, SHARE, les étudiants peuvent suivre
des modules d’expériences immersives grâce en réalité
virtuelle ou encore collaborer dans le jumeau numérique
de la Phygital Factory. Parmi les expériences proposées,
il y a par exemple, l’entraînement à la prise de parole en
public face à un amphithéâtre virtuel ;
• le 3 ème espace, MAKE, est mis à disposition de celles
et ceux qui souhaitent créer des contenus digitaux
pédagogiques et originaux en mode microlearning ou
réalité augmentée. Grâce à un fond vert et des caméras
de captation, les enseignants peuvent par exemple,
enregistrer et monter des cours magistraux en ligne
en y incrustant des présentations.
La Phygital Factory s’inscrit dans un plan de développement
digital plus vaste porté par Anthony Hié, directeur
de la transformation digitale et José Ramon Cobo, doyen
associé en charge de l’innovation pédagogique. Le programme
transformation phygital de ESCP initié en 2019
et baptisé So’SCHOOL s’est donné pour objectif d’offrir
d’ici à 2022 à tous les membres de la communauté ESCP,
une « expérience phygitale unique » sur l’ensemble des 6
campus que compte l’école. A termes, l’approche visée par
ESCP pour le développement du digital sur ses campus
est de 20/40 : 20 % minimum de numérique dans chaque
cours, 40 % minimum en physique.
Découvrez la Phygital Factory sur Youtube avec ce
flashcode :
EN BREF
• Après une année blanche,
le Triathlon Audencia – La
Baule retrouve sa place dans
le calendrier sportif les 18 et
19 septembre prochains. Une
nouvelle épreuve fera son
apparition pour cette 34 ème
édition de cet événement
organisé par les étudiants de
l’école. Plus d’informations
sur www.triathlonaudencialabaule.com.
• Le challenge annuel
« Innovations that inspire »
de l’AACSB (Association to
Advance Collegiate Schools
of Business) récompense
cette année 24 business
schools dont une seule
en France, Grenoble EM,
pour son challenge de la
rentrée en mode virtuel :
le « Virtual Reality 2020
Back-to-School Challenge ».
• Dans le cadre de l’opération
« Ecoute Solidaire », plus de
1 000 alumni de ESCP se sont
mobilisés pendant 3 jours
pour appeler plus de 2 600
étudiants et échanger avec
eux en cette période de crise
sanitaire. Les Alumni ont
jugé le moral des étudiants
« plutôt bon » à 48 % et « très
bon » à 46 %. Une grande
majorité des étudiants, 75 %
d’entre eux, ont déclaré
se sentir accompagnés
par leur famille, l’école,
la communauté.
• MBS obtient à nouveau
l’accréditation AACSB
(Association to Advance
Collegiate Schools of
Business) pour la durée
maximale de 5 ans.
C’est au cœur de Bombay au sein même
du campus indo-gothique, classé monument
historique, de St Xavier’s College
que emlyon va disposer de son propre espace
aux couleurs de l’école, Au-delà de
ce hub innovant, les élèves d’emlyon auront
accès à l’ensemble des installations
(salles de cours, bibliothèque, laboratoires)
de ce campus de 12,000 m². Dans
un premier temps 250 étudiants franco-indiens
devraient bénéficier de cette
plateforme pédagogique. « Forte d’une
première implantation à Bhubaneswar,
emlyon business school réaffirme sa volonté
de se positionner durablement en
Inde au travers de ce nouveau campus
emlyon à Mumbai. Nous sommes honorés
d’être accueillis par le St Xavier’s College
avec qui nous partageons les mêmes valeurs
d’excellence académique, d’engagement
social et environnemental, et d’ouverture
sur le monde », explique Isabelle
Huault, présidente du directoire et directrice
générale de emlyon.
10
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS MAI 2021 N° 49
L’EDHEC et EURECOM signent
une alliance stratégique
Ecole d’ingénieur et centre de recherche de pointe
en sciences du numérique, du Campus SophiaTech
à Sophia Antipolis, EURECOM rassemble des
partenaires académiques et industriels internationaux
au service de la recherche et des étudiants.
Après plus de 15 années de rapprochement progressif,
EURECOM et l’EDHEC ont souhaité aller plus loin dans leur
collaboration avec l’entrée de l’EDHEC au groupement
d’intérêt économique (GIE) d’EURECOM. L’EDHEC y devient
ainsi la seule école de management et fait désormais
partie intégrante de son Groupement aux côtés d’universités
européennes de premier plan comme TU Munich,
Politecnico di Torino, NTNU ou Aalto University et des
écoles de l’Institut Mines Telecom, membre fondateur
du groupement.
Les deux écoles souhaitent aujourd’hui capitaliser sur
la forte complémentarité de leurs expertises au sein
d’un écosystème original de création de connaissance
de pointe pour répondre aux besoins de la société en
croisant les compétences Tech et Management. Elles
ont ainsi l’ambition de déployer un projet de recherche
autour du thème « Tech, IA and Business » à l’échelle
internationale et en partenariat avec les membres du
GIE. Cette alliance revêtira également une dimension
entrepreneuriale forte, les deux écoles mutualisant leurs
ressources pour accélérer les initiatives de leurs étudiants
et leur proposer des services complémentaires.
Le partenariat s’est d’ores et déjà concrétisé par la signature
d’un accord de double diplôme en management
et Internet des objets. Dès la rentrée de septembre 2021,
les étudiants du programme Grande Ecole de l’EDHEC
pourront suivre les enseignements du Master « Internet
of Things » d’EURECOM. Ils obtiendront le DNM d’EURE-
COM ainsi que le Master in Management de l’EDHEC. De
leur côté, les étudiants ingénieurs d’EURECOM auront la
possibilité de compléter leur formation en intégrant l’un
des quatre MSc suivants de l’EDHEC : Finance, Corporate
Finance & Banking, Financial Markets ou International
Accounting & Finance
L’EM Normandie renforce la culture digitale
et technologique de ses étudiants
GEM a bien eu son gala !
5 caméras tourelles ; 3
cadreurs ; 28m 2 de mur
LED ; l’équivalent de 4 poids
lourds de matériel ; 22 écrans
de retours ; 110 personnes
sur site (dans le respect
des contraintes sanitaires),
6h de répétitions ; 12h de
montage, 5h30 d’émission,
3 cérémonies et 2 000
connexions et une estimation
d’environ 5 000 spectateurs :
le GEM Gala retransmis en
live sur internet ce samedi
10 avril était accessible en
direct aux 2 500 nouveaux
diplômées et diplômés de
GEM. Il a été tourné dans
les locaux de l’Ecole qui
ont été transformés pour
l’occasion en plateau TV
grandeur nature. « Nous
n’en étions pas à notre
coup d’essai en matière de
digitalisation. En un an
nous avons adapté nos cours
grâce aux salles GEMHyflex,
notre Défi de la rentrée
(primé successivement par
AACSB et par les Trophées
du Digital Learning),
notre Welcome Forum, nos
Journées Portes Ouvertes,
notre Forum Entreprises
et dernièrement notre
Festival de Géopolitique »,
se félicite Jean-François
Fiorina, le directeur
général adjoint de GEM.
Depuis septembre 2020, l’EM Normandie
délivre un nouveau track « Management
de l’Information et des Technologies »
(MIT) obligatoire pour tous les étudiants
du Programme Grande Ecole. Dispensé
sur les quatre premières années du cursus,
ce parcours digital et technologique
alliant théorie et pratique, vise à « développer
leurs appétences et leur agilité, à
acquérir des certifications dans les domaines
des NTIC, du digital et de l’entrepreneuriat
et à favoriser leur insertion
professionnelle grâce aux connaissances
et compétences acquises ».
Dans ce cadre les étudiants de 1 ère an-
née post bac des campus de Caen, Paris
et Oxford sont les premiers à suivre
60 heures de cours sur 2 semestres pour
acquérir les fondamentaux théoriques et
pratiques de la culture digitale et technologique,
crédités de 10 ECTS/an. Au
programme aussi bien savoir utiliser de
façon professionnelle les outils de bureautique
(Word, Power Point, Excel, ...)
qu’entreprendre dans un environnement
tech et digital. Ce semestre est complété
par le MOOC « Innover et entreprendre
dans un monde numérique » développé
par l’Institut Mines Telecom et validé par
une certification.
11
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS MAI 2021 N° 49
BSB consacre 1M €
à des fonds de soutien
BSB crée des « Fonds BSB » consacrés à l’accompagnement
des élèves et à l’innovation
pédagogique. 1M € y est alloué dont la moitié dès
2021. En tout ce sont 800000 € qui sont dédiés
au soutien des élèves dont 400000 € (200000 € dès
2021) pour des prêts d’honneur qui viennent compléter
le dispositif de bourses au mérite de la Fondation BSB.
Par ailleurs 350000 € (dont 150 000 € dès 2021) vont être
consacrés à un fonds d’investissement dans les projets
entrepreneuriaux des élèves de BSB en co-investissement
sur des projets en incubation ou en post-incubation. Dès
2021 ce sont aussi 50000 € qui vont être placés dans des
bourses « BSB Talents » ont vocation à « accompagner
des élèves talentueux dans leur quête de l’excellence et
la réalisation de leurs projets ».
Enfin 200 000 € vont être dédiés à l’innovation pédagogique.
La création d’un Learning Lab by BSB doit notamment
permettre d’expérimenter de nouvelles pédagogies et
de créer de nouveaux enseignements exploitant en
particulier les nouveaux outils digitaux. Le fonds « BSB
Innovation », pour lequel 100 000 € sont libérés dès 2021,
soutiendra ainsi les initiatives pédagogiques portées par
les professeurs comme les élèves de l’École par l’attribution
de bourses de financement sur appels à projets.
Ces Fonds BSB viennent compléter le système de bourses
mis en place depuis 2014 par la Fondation BSB : Bourses
« Coup de pouce » (100 000 € par an), Bourses d’Excellence
et de mérite (575 000 € potentiels), Bourses « BSB
Start-up Studio » consacrées à l’entrepreneuriat.
Grenoble EM partage sa technologie Hyflex
EN BREF
• Audencia ouvre cet été
un nouveau programme
international : le Master of
Science « Data Management
for Finance » s’adresse aux
étudiants qui souhaitent
prendre part au futur de la
finance à l’ère du Big Data et
de l’intelligence artificielle.
• L’EDHEC Business
School lance l’édition 2021
du DataViz Challenge,
première compétition
étudiante de data
visualisation (dataviz) en
Europe, en partenariat
avec l’UNICEF, Mazars et
Tableau. Ce concours permet
aux étudiants de développer
leurs compétences en analyse
et visualisation de données
tout en aidant l’UNICEF.
• Avec le soutien de la
Principauté de Monaco
ESCP Business School
publie le premier baromètre
annuel des tendances qui
animent l’univers de la
PropTech (abréviation de
« property technology »
elle fait référence aux
logiciels, outils, plateformes,
applications, sites web, et
autres solutions numériques
utilisées par les professionnels
de l’immobilier).
Grenoble Ecole de Management (GEM)
a pris la décision de partager librement
les éléments techniques de son dispositif
GEMHyflex (sous licence creative commons
CC-BY-SA) avec l’ensemble des
établissements qui pourraient en avoir
besoin. Cette solution complète, développée
par GEM en 2020, permet aux
enseignantes et aux enseignants de dispenser
des cours simultanément à des
élèves à distance et en présentiel avec les
mêmes possibilités d’interaction que s’ils
étaient tous réunis dans un même espace.
« Les salles GEMHyflex apportent une
réponse de qualité à la situation : après
une courte formation et un accompagnement
ciblé, les professeurs sont rapidement
autonomes et retrouvent des sensations
semblables à celles d’un cours
qui ne serait dispensé qu’en présentiel.
Les étudiantes et étudiants à distance
participent sans aucune contrainte et se
sentent, de fait, pleinement intégrés au
groupe, au même titre que leurs collègues
présents en salle de classe », explique Armelle
Godener, directrice de la pédagogie
à Grenoble Ecole de Management.
Arte lance « Arte Campus »
Trois ans après Educ’ARTE, son offre pédagogique
en ligne à destination des collèges
et lycées, ARTE Éducation lance
ARTE Campus, un service numérique
sur abonnement spécialement conçu pour
l’enseignement supérieur et la formation
des adultes. Ce service propose aux enseignants,
formateurs et étudiants un accès
légal et illimité à un catalogue de plus
de 1 700 vidéos d’ARTE, indexées par
grands domaines de connaissances et disponibles
en français, allemand et anglais
ainsi qu’à des outils pour intégrer les vidéos
dans un contexte pédagogique : découpe
et annotation d’extraits, création de
cartes mentales, interfaçage avec les sites
des universités et écoles.
Le service compte déjà plus de 25 000
étudiants abonnés en France métropolitaine
grâce notamment aux abonnements
souscrits par l’Université Paris 8
ainsi que par des écoles spécialisées (management,
cinéma, architecture, INSPE).
À l’occasion du lancement, ARTE Éducation
offre un accès gratuit à ARTE Campus
d’un mois aux étudiants, enseignants
et personnels des établissements afin de
tester la ressource.
12
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS MAI 2021 N° 49
PGE + MSc à la rentrée
à l’EM Normandie
L’EM Normandie lance le double-diplôme Programme Grande École/ MSc.
En plus de leur diplôme généraliste du PGE les étudiants pourront enrichir leur CV
d’un MSc accrédité par la Conférence des Grandes écoles.
L’orientation vers ce double-diplôme s’effectue en
dernière année d’études, lors du choix de spécialisation
de M2, dans le cadre des « Tracks Global
et Expertise ». Six spécialisations sont éligibles :
deux sur le campus de Paris (« International Events Management
» et « Marketing and Digital Marketing in Luxury
and Lifestyle »), deux sur celui de Caen (« Financial Data
Management », « International Marketing and Business
Development ») et deux au Havre : « International Logistics
and Port Management » et « Supply Chain Management ».
En complément du cursus classique, les étudiants suivront
trois électifs de 25 heures chacun, abordant des questions
pluridisciplinaires de management liées à l’éthique, à la
gouvernance, à la digitalisation, etc. Ils termineront leur
cursus par un stage de 6 mois dans la spécialité choisie.
BSB plus que jamais lyonnaise
BSB (Burgundy School of Business) a ouvert
les portes de son nouveau campus à
Lyon le 12 avril. Installée dans le quartier
Part-Dieu puis Confluence depuis 2013,
la voici maintenant dans le 8e arrondissement,
au cœur secteur Monplaisir, dans
un bâtiment de 3 000 m2 répartis sur 4 niveaux.
De 200 étudiants en 2019 et 370 en
2020, ils seront à terme entre 700 et 800
à fréquenter ce nouveau campus, dont la
moitié en alternance.
Alors que les deux programmes majeurs
de BSB sont dispensés sur le campus de
Lyon (bachelor in Management et master
Grande école, le campus dispose également
d’un pôle d’excellence en Digital
Business & Artificial Intelligence avec
le MSc Artificial Intelligence & Digital
Technology Management, le MSc Green
Tech & Sustainable Societies (nouveauté
à la rentrée 2021) et une spécialisation
de Bachelor en Digital Management. Le
Bachelor propose également une nouvelle
spécialisation en Sustainable Business
Management.
Quatre nouveaux
partenaires pour
NEOMA en Asie
Neoma a signé quatre
nouveaux accords d’échange
en Asie avec des institutions
mondialement reconnues
et accréditées : Dongguk
University à Séoul (accréditée
AACSB), Peking University
HSBC Business School
à Shenzhen (accréditée
AACSB, AMBA et EPAS),
The Chinese University
of Hong Kong à Shenzhen
(accréditée AACSB et
AMBA) et IIM Udaipur en
Inde à Udaipur (AACSB).
Ces nouveaux partenariats,
qui s’ajoutent au portefeuille
de plus de 360 partenaires
de NEOMA, seront actifs
dès la rentrée 2021 et seront
proposés aux étudiants du
Programme Grande Ecole
et du Global BBA dans le
cadre de leurs semestres
d’échange à l’international.
KEDGE partenaire
d’« Entrepreneurs
dans la Ville »
Destiné à accompagner des
jeunes issus de quartiers
prioritaires et porteurs
d’un projet de création
d’entreprise, le programme
Entrepreneurs dans la Ville
a été créé par la principale
association d’insertion par le
sport en France, Sport dans
la Ville, et emlyon business
school. Complémentaire de
l’Ecole entrepreneuriale de
Kedge, Entrepreneurs dans la
Ville intègre des promotions
de 15 à 25 porteurs de projets.
De la sélection des projets à
leu incubation le projet dure
24 mois. Chaque participant
est d’abord accompagné par
un mentor pour l’élaboration
de son business plan qui
débouche sur un parcours
d’accompagnement de
18 mois en incubation.
Au-delà des 24 mois
d’accompagnement gratuit
que propose le programme,
des soutiens spécifiques
peuvent être apportés aux
entrepreneurs en fonction
de leurs besoins.
Créé à Lyon en 2007, le
programme est également
proposé à Paris, Lille,
Saint-Etienne, et désormais
à Marseille avec KEDGE
qui assure la coordination
opérationnelle et la
supervision pédagogique de
la formation Starter (certifiée
emlyon business school).
13
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI 2021 N° 49
Stéphanie Lavigne
DIRECTRICE GÉNÉRALE DE TBS EDUCATION
« Nous nous adressons à des étudiants
de plus en plus actifs dans la salle de cours »
TBS devient TBS Education et prend
le statut de « société à mission » pour
mieux répondre à ses engagements. Un
nouveau plan stratégique, de nouveaux
locaux, des droits de scolarité modulés
selon les revenus des parents, beaucoup
de nouveautés qu’évoque avec nous sa
directrice générale, Stéphanie Lavigne.
Olivier Rollot : Au cœur du nouveau plan
stratégique que vous allez mettre en
œuvre d’ici 2026, il y a la notion du « bienêtre
pédagogique » de vos étudiants.
Qu’entendez-vous par là ?
Stéphanie Lavigne : Depuis cinq ans, TBS Education
s’intéresse de plus en plus à la recherche en pédagogie.
Nos professeurs nous ont fait remonter l’envie générale
des étudiants d’avoir un autre accès au savoir. Nous
avons donc effectué plusieurs enquêtes auprès de ces
derniers pour comprendre comment nous pouvions
renouveler nos formats d’apprentissage. Nous avons
ainsi pu constater que les meilleures évaluations que
faisaient nos étudiants concernaient les cours totalement
revisités. Nous avons ensuite cherché quel
était le point commun de ces cours plébiscités : c’était
la notion de « bien être pédagogique » qui émergeait.
Il faut aujourd’hui que nos contenus soient les plus
adaptés possibles pour répondre aux besoins des
entreprises. Nous sommes dans une optique d’évolution
permanente pour que nos professeurs soient dans les
meilleures conditions d’enseignement et d’expérimentations
possibles. À nos étudiants, nous devons garantir
que leur apprentissage soit effectif et mémorable et qu’il
débouche sur des compétences vraiment maîtrisées.
Aujourd’hui, ce sont vingt personnes qui travaillent
ces sujets pour TBS Education, dont trois ingénieurs
pédagogiques. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui est responsable
de la pédagogie, et non pas un professeur.
Ces personnes accompagnent les professeurs pour
qu’ils puissent à la fois avoir le temps de publier leurs
recherches dans les revues et d’améliorer leurs pratiques
pédagogiques.
Aujourd’hui, nos professeurs qui publient le plus sont
aussi de grands innovateurs. La frontière entre ces
deux métiers est dépassée et nous en sommes fiers
chez TBS Education. Au sein de l’école, l’innovation vient
de professeurs de tous les âges, de tous les styles, de
toutes les disciplines, et tous sont aujourd’hui aguerris à
l’utilisation des outils. Il faut même parfois freiner certains
de leurs projets d’innovation car ils sont trop nombreux !
Le « CPF made by
TBS Education »
C’est tout à fait nouveau :
chaque diplômé de TBS
va avoir son propre CPF
(compte personnel de
formation) en complément
de son CPF qu’il pourra
mobiliser. Dès la rentrée
2021-2022, TBS Education
lance en effet le « CPF made
by TBS Education », un
compte pour ses alumni qui
assure le développement de
compétences et de soft skills
tout au long de la carrière des
diplômés et crée un système
d’abonnement pour une offre
en ligne (campus digital).
O. R : Comment mettez-vous en œuvre ces
innovations pédagogiques ?
S. L : L’innovation pédagogique passe aussi par le lieu
d’enseignement – pas forcément une salle de cours - et
nous avons monté notre petit laboratoire de pratiques
pédagogiques au sein duquel nous échangeons avec
toutes les parties prenantes.
© TBS Education
14
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
MAI 2021 N° 49
Parce que nous nous adressons aujourd’hui à des
étudiants de plus en plus actifs dans la salle de cours,
et parce qu’ils ne sont plus seulement là pour consommer
l’enseignement de façon passive, nos professeurs
demandent des formations pour progresser et mieux
capter leur attention, notamment en s’inspirant des
arts dramatiques. D’ici 5 ans, nous voulons que les
étudiants qui choisissent de venir étudier à TBS Education
ne viennent pas seulement pour la réputation
ou les classements, mais aussi parce que l’école est
reconnue comme une école inspirante, une école dans
laquelle on suit un cursus de plusieurs années mémorables
avec une vraie expérience de cours.
O. R : Quelle influence la pandémie de la
Covid-19 a-t-elle eue sur vos innovations
pédagogiques ?
S. L : La pandémie nous a conduit à accélérer notre
dynamique vers l’innovation. Avant la crise, nous n’avions
pas imaginé que le distanciel puisse fonctionner aussi
bien… Mais nous constatons aussi que nos étudiants
n’aiment pas passer leurs journées sur Zoom ou Teams.
Nous prenons le temps de bien réfléchir à la proportion
de distanciel nous allons mettre en place dans les
années à venir. Nous ne voulons pas que les étudiants
associent distanciel et Covid. Bientôt, les cours de
TBS Education seront résolument en présentiel, mais
en proposant un mix avec du distanciel.
O. R : Votre plan stratégique prévoit une
hausse assez forte de vos effectifs : vous
passeriez d’ici 2026 de 5500 à 7000
étudiants. Quels programmes allez-vous
privilégier pour cela ?
S. L : Nous comptons principalement sur la montée en
puissance de notre cursus bachelor. Il est aujourd’hui
l’un des plus importants en France en termes d’effectifs
et nous allons le développer plus particulièrement sur
nos deux campus internationaux de Barcelone et Casablanca.
Par le passé, nos campus à l’étranger recevaient
nos étudiants pour diversifier leur cursus. Désormais,
nous allons leur donner les moyens de se développer
par eux-mêmes, avec une demande particulièrement
forte au Maroc. En France, nous allons également créer
deux nouvelles filières : e-santé et e-sport.
Nous souhaitons également faire grandir notre executive
education. La crise Covid-19 a entrainé une forte
demande en redéploiement de compétences et nous
avons encore une marge de développement importante
sur le volet formations sur-mesure. Nous nous sommes
d’ailleurs professionnalisés dans le recrutement en
executive education.
Quant au programme Grande école, il reste stable avec
un nombre d’élèves issus de classes préparatoires
qui se stabilise et nous voulons maintenir la qualité de
notre recrutement.
O. R : TBS Education a choisi de prendre le
statut de « société à mission ». Pourquoi
choisir d’opter aujourd’hui pour ce statut ?
S. L : Nous l’avions déjà envisagé il y a un an et nous
avions suspendu notre décision en raison de la crise
sanitaire. Il y a maintenant 15 ans que TBS Education
est très engagée dans les facteurs environnementaux
et sociaux. À titre d’exemples, notre école possède le
label DD&RS. Nos étudiants ont créé les Assises nationales
étudiantes du développement durable (ANEDD)
il y a plus de quinze ans. Cette année, 100 % de nos
étudiants ont été formés aux enjeux du dérèglement
climatique en participant à la Fresque du climat. Nous
leur délivrons des certificats d’excellence lorsqu’ils
suivent des parcours en développement durable et
Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous
avons créé une Direction de la transition sociétale.
Cette année, notre Bureau de l’humanitaire a été élue
meilleure association étudiante française.
Aujourd’hui nous souhaitons aller plus loin en déclarant
une mission que nous pouvons tenir. Cette mission doit
nous permettre de nous structurer et de rationaliser
nos décisions qui ont à trait la RSE comme le développement
durable.
La cafétéria de TBS Education
Trois grands domaines
de recherche
TBS Education entend
s’appuyer « sur son corps
professoral pour mener
une recherche de pointe
référencée dans les revues
académiques internationales
les plus prestigieuses » dans
ces trois centres d’excellence :
la RSE (responsabilité
sociétale des entreprises) et
le développement durable,
l’Intelligence Artificielle
& Business Analytics,
l’Aéronautique et le spatial.
© Christian Rivière
15
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
MAI 2021 N° 49
O. R : La recherche de TBS Education est-elle
déjà centrée sur ces questions ?
S. L : Nous avons aujourd’hui la faculté la plus importante
consacrée à ce sujet. Lorsque nous recrutons
aujourd’hui un professeur, nous vérifions que ses
recherches sont en résonnance avec notre projet.
Dans 5 ans, nous voulons que TBS Education soit aussi
choisie par les apprenants parce qu’elle place l’impact
au cœur de sa mission.
O. R : Vous êtes la première école post
prépas à le faire. Dès la prochaine rentrée
TBS Education va fixer le montant des frais
de scolarité en fonction des revenus des
familles. Comment cela va-t-il être organisé ?
S. L : Cela va concerner tous les étudiants en formation
initiale en première année de programme Grande
école et dans les deux premières années de bachelor.
Pour fixer ces nouveaux frais nous avons adopté un
système très simple avec cinq tranches de réduction
allant de 5 à 50 % des frais de scolarité. Nous comptons
sur la progression de nos effectifs pour financer
cette mesure. Aussi, il sera possible de suivre tout son
cursus en alternance.
O. R : Vous venez de l’évoquer.
L’apprentissage est-il aujourd’hui très
pratiqué au sein de vos cursus ?
S. L : Oui, puisqu’il concerne aujourd’hui 60 % des
étudiants des deux dernières années du programme
Grande école (PGE). Il nous permet d’accueillir de très
bons candidats sans qu’ils rencontrent de limites financières.
Avec Anne Rivière, la directrice du PGE, nous
réfléchissons à des maquettes pédagogiques 100 %
en alternance, qui seront déployées dans les deux ans
à venir. Nos étudiants nous disent que c’est un bon
moyen de financer leurs études mais surtout qu’une
formation en alternance maximise leur employabilité.
O. R : L’actualité de TBS Education est
également immobilière. Où en-est la
construction de votre nouveau campus de
Toulouse ?
S. L : Nous avons signé le projet de construction avec
Toulouse Métropole. Nous avons pris quelques mois
de retard après le report des élections municipales,
en raison de la pandémie. En septembre 2025, nous
emménagerons sur un tout nouveau campus. Mais
nos projets immobiliers ne sont pas que toulousains.
Notre campus de Barcelone déménagera aussi, et cela
dès janvier 2023, pour nous implanter dans un nouveau
quartier dédié à l’innovation, tout près du port. Le 22#
sera le district de l’innovation et de la créativité au sein
duquel nous aurons notre école et nous allons créer
une résidence étudiante de 700 lits. Cette nouvelle
localisation géographique offrira beaucoup plus d’espaces
pour les activités sportives ou les réceptions.
Nous allons aussi déménager notre campus de Casablanca
afin de pouvoir poursuivre notre développement.
Nous allons nous établir dans un tout nouveau quartier
autour du district financier.
Enfin, à Paris, nous prévoyons de nous étendre dans
de nouveaux locaux pour à la fois développer l’executive
education et nos formations en apprentissage
car beaucoup de nos étudiants sont employés dans
la capitale.
En 2023, nous pourrions donc avoir trois nouveaux
campus. Cela devrait contribuer à la redynamisation
de l’image de l’école.
Une expansion
en chiffres
D’ici 2026 le chiffre
d’affaires devrait passer
de 55 M€ à 75 M€ avec
des effectifs étudiants en
progression de 5 500 à
7 000 étudiants pour un
pourcentage d’étudiants
boursiers qui passerait de 20
à 30 %. Le corps professoral
permanent devrait de son
côté croitre de 115 à 140
professeurs permanents dont
60 % d’intrenationaux.
O. R : C’est un sujet épineux. Le « coût
contrat » qui finance vos apprentis est-il
suffisant pour couvrir vos coûts réels ?
S. L : La prise en charge est beaucoup plus faible
qu’ailleurs. En résultat, les entreprises ne veulent pas
toujours prendre le relais des OPCO (opérateur de compétences)
en raison d’un « reste à charge » trop élevé.
Le hall de TBS Education
© Christian Rivière
16
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI 2021 N° 49
L’école du futur
L’école du futur imaginée par
TBS Education, reposera sur
un mix de cours en distanciel
et en présentiel. Afin d’assurer
l’employabilité maximale
aux apprenants à Toulouse
et Paris, tout comme sur
les campus internationaux,
des espaces d’échanges
et de partage, intitulés
AGORA, accueilleront
demain les entreprises
© Manuel Huynh
La bibliothèque de TBS Education
O. R : Parlons encore international. Comment
avez-vous géré les difficultés de se déplacer
pour vos étudiants pendant cette période de
pandémie ?
S. L : Comme toutes les écoles, nous avons dû gérer les
mécontentements de nos étudiants qui n’ont pu partir
à l’international - sinon sur nos campus de Barcelone
et Casablanca. Finalement, un nombre important de
nos étudiants ont pu partir.
Nous avons développé des cours à distance avec de
grandes universités. Si les étudiants étaient perplexes
au départ, ils ont vite compris l’intérêt de suivre des
cours d’une grande université américaine, même à
distance. Certains étudiants considèrent même que
c’est une solution qui permet d’économiser bien des
coûts ou du temps de transport.
Même si nous travaillons aujourd’hui avec plusieurs
universités partenaires qui ont les mêmes demandes,
nous ne souhaitons pas faire une croix sur l’expérience
internationale, qui reste l’une des principales attentes
de nos étudiants. La question se pose également pour
savoir si des accords de cours à distance avec des
universités partenaires peuvent suffire pour valider le
semestre à l’étranger obligatoire dans nos écoles… Les
cours ne constituent qu’une partie de cette expérience.
O. R : Le distanciel n’est pas la solution
pérenne pour les écoles mais il permet
quasiment de tout faire. Même votre remise
des diplômes !
S. L : Cette année, nous avons effectivement réalisé
cette remise de diplômes via un format 100 % vidéo
en direct avec seulement les principaux responsables
de l’école, quelques étudiants et un animateur sur
le plateau. Le service communication a organisé la
remise des diplômes virtuelle en faisant participer les
étudiants pour enrichir le site web évènementiel avec
leurs photos, leurs montages vidéos et leurs souvenirs.
Nous sommes tout de même conscients qu’il manquait
encore une dimension festive. Nous avons d’ailleurs
promis à nos diplômés que nous nous retrouverions
pour un événement festif au cours de l’année si le
contexte sanitaire nous le permet.
17
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI 2021 N° 49
Loïck Roche
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE GRENOBLE EM
« Je veux que l’école
puisse susciter des débats »
Devenue il y a peu une « société à
mission », Grenoble EM entend plus
que jamais se positionner comme une
école de débats tout en se réinscrivant
dans son identité d’école portée sur les
technologies. Son directeur général,
LoÏck Roche, revient avec nous sur
son école au moment où elle produit un
nouveau plan stratégique.
Olivier Rollot : Grenoble EM est la première
école de management française à adopter le
statut de « société à mission ». Qu’est-ce que
cela représente pour vous ?
Loïck Roche : Avec la « School for Business and Society
» que nous portons depuis plusieurs années, être
aujourd’hui société à mission marque, à la fois, le terme
et la réalisation de notre plan stratégique précédent et,
à la fois, l’ouverture et le socle de notre plan stratégique
GEM 2025. Être une société à mission, c’est se donner
un cadre, une contrainte positive, pour prendre et tenir
des engagements plus ambitieux encore.
Cela veut dire aussi mettre en place un comité de
mission. Ce comité a pour objet de suivre et d’évaluer
la conformité de la gestion de l’entreprise par rapport
à la mission.
C’est un message fort d’engagement sur des causes
très précises, c’est aussi un message fort de cohérence
entre ce que nous disons et ce que nous faisons. Dans
nos activités d’enseignement, dans nos activités de
recherche.
Pour exemples : la création de notre certificat Leadership
responsable ; nos chaires de recherche : Energy for
Society ; Territoires en Transition ; Digital Organization
& Society...
Naturellement, des questions se posent. Je pense à
l’international. Bien sûr, il sera toujours possible de
voyager pour les étudiantes et les étudiants – l’interculturel
ne s’acquiert pas par les livres ou sur Internet.
Pour nos professeurs, j’ai demandé au doyen du corps
professoral un travail qui doit aboutir à repenser les
règles pour pouvoir se déplacer.
O. R : Qu’est-ce cela signifie aujourd’hui
d’être une « School for Business and
Society » alors qu’il y a déjà dix ans que vous
avez lancé le concept ?
L. R : À l’initial, la compréhension tout à fait disruptive
dans le monde des écoles, et plus largement des organisations,
que nous devions aller au-delà de notre
mission pour nous emparer des grands défis et enjeux
du xxi e siècle et ainsi, par notre travail avec et pour les
élèves, par notre travail avec et pour les entreprises,
contribuer à améliorer le bien-être de la société.
Aujourd’hui, cela veut dire tout autant être une école
ouverte. C’est là un enseignement de la crise. L’éducation,
au sens le plus large, j’y inclus notamment les
innovations pédagogiques..., doit être considérée
comme un bien commun. Pour exemple très concret,
nous avons mis à disposition de la communauté académique,
ce qui a été présentée à juste titre comme
une vraie rupture pour enseigner, avec toutes les
possibilités et configurations souhaitées, à la fois en
présentiel et en distanciel, ce que nous avons appelé
les salles GEM Hyflex.
Loïck Roche sélectionné
pour participer à
la Convention des
Entreprises pour
le Climat (CEC)
Loïck Roche fait partie
de la 2 ème vague de 30
dirigeants sélectionnés pour
participer à la Convention
des Entreprises pour le
Climat (CEC). Il rejoint
ainsi d’autres dirigeants
de structures du territoire
grenoblois qui rayonnent dans
le monde comme ARaymond,
Photoweb (sélectionnées
lors de la première vague de
30 dirigeants annoncée en
mars 2021), Petzl et Keria
(sélectionnées lors de cette
seconde vague annoncée en
avril 2021). La Convention
des Entreprises pour le
Climat se déroulera de
juillet 2021 à mars 2022.
Les dirigeants sélectionnés
sont destinés à former un
collectif de 150 décideurs
qui co-construiront les
feuilles de route alignant
leurs entreprises sur
l’objectif donné aux Citoyens
en 2019. Ils viseront au
moins 40 % de réduction
d’émissions de gaz à effet
de serre d’ici 2030 mais
également la régénération de
la biodiversité et l’écriture
d’un futur désirable.
© GEM
18
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
MAI 2021 N° 49
Autre exemple, je veux que l’école, aujourd’hui puisse
susciter des débats. Je suis aujourd’hui beaucoup
trop seul parmi les directeurs et les directrices des
écoles à avoir pris publiquement position sur des sujets
aussi importants que les caricatures, le racialisme,
l’islamo-gauchisme, l’écriture inclusive.
Retour sur le campus d’étudiants dument masqués
Si nous ne participons pas à ces débats, alors je pense
que nous manquons à notre premier devoir d’éthique
de responsabilité. Mieux, nous devons prendre parti,
quitte, parfois, savoir dire aussi : « Nous ne savons pas ».
O. R : Les débats sur l’islamo-gauchisme
présupposé de certains ont été vifs chez
vos voisins de Sciences Po Grenoble il y
a quelques semaines. Avec notamment
l’affichage des noms de professeurs
désignés comme anti-Islam par des
militants de l’Unef. Comment jugez-vous ces
événements ?
L. R : Je ne pouvais pas réagir. Par respect pour la
direction de Sciences Po, qui – peut-être aux prises
avec d’autres contraintes (nécessité de croiser avec
le Rectorat ? avec le Ministère ?) n’a pas réagi avant
plusieurs jours. Il n’y a pourtant aucune hésitation à
avoir en ces cas. Réaction immédiate, sans se prononcer
sur le fond, car l’immédiateté empêche par définition
d’avoir tous les éléments, mais réaction immédiate
pour condamner avec force l’affichage des noms de
professeurs, jetés en pâture en quelque sorte et donc,
parce que les mots ont un sens, livrés pour être détruits.
O. R : Grenoble EM vient de présenter sa
nouvelle stratégie avec notamment le
lancement de la « TIM Live Academy » qui
doit « promouvoir de nouveaux talents
créatifs pour un futur technologique
durable ». C’est une sorte de retour aux
sources technologiques pour GEM ?
L. R : GEM a une identité très forte sur le Management
des technologies et de l’innovation (MTI) et nous sommes
reconnus pour cela. Pour autant, il est tout aussi évident,
que beaucoup d’écoles – parce que ce sujet s’impose –
nous ont suivi et travaillent aujourd’hui souvent très bien
sur ces mêmes dimensions, nous devons aujourd’hui
redonner un nouvel élan et une nouvelle dimension à
de qui est constitutif de l’ADN de GEM.
Du plus simple : faire que tout étudiant soit confronté à
l’Intelligence artificielle (IA) ; aux Big Data ; aux systèmes
embarqués ; à la cybersécurité ; à la convergence entre
nanosciences, biotechnologies, sciences cognitives
et technologies de l’information ; à la Robotique ; etc.
Au moins simple : inventer et prototyper pour relever
de vrais défis utiles à la société et aux entreprises ;
expérimenter un parcours personnalisé et adapté aux
envies, besoins et projets professionnels des élèves
au contact des entreprises et organisations ; etc. Et
cela, dans toutes nos activités, France et international.
Je crois aux écoles d’identité.
O. R : A l’international également vous faites
évaluer vos pratiques ?
L. R : Dans ce que nous appelons le Parcours Transcontinental,
il est possible pour les élèves d’étudier, au
cours de leur scolarité, dans quatre ou cinq campus
dans le monde. Des campus toujours emblématiques
comme McGill, George Washington University (GWU),
Cambridge, Pace University. Nous sommes membres
fondateurs à Grenoble du Campus mondial d’innovation
Giant (GEM, GINP, CEA, UGA, CNRS, EMBL, ILL, ...). Des
écosystèmes scientifiques et technologiques, comme
celui de GIANT, il en existe une quinzaine dans le monde,
avec qui nous sommes, par notre appartenance à
GIANT, partenaires. Ils sont à Taïwan, en Corée du
Sud, au Japon, sur la côte Est et Ouest des États-
Unis... L’idée, doubler le nombre de nos destinations
de notre Transcontinental avec des Business schools
ou Universités liées à ces mêmes écosystèmes sur les
thématiques du MTI.
Devenir une société
à mission
GEM devient la première
grande business school
française à prendre le
statut de société à mission.
Dans ce cadre sa « raison
d’être » est d’« Apporter des
réponses, par la formation
et la recherche, aux grands
défis de la transition
écologique, sociétale et
économique, et contribuer
à un monde plus résilient,
plus juste, plus pacifique,
plus responsable ». Les
objectifs ou grandes causes
sont : Éthique et intégrité /
Égalité entre les personnes
/ Éducation pour toutes et
tous / Paix économique
/ Transition écologique.
Sur les cinq prochaines
années ce sont 7,5 millions
d’euros qui vont être investis
par GEM pour tenir ses
engagements en ce sens.
© GEM
19
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
MAI 2021 N° 49
Un campus au cœur de Grenoble
O. R : Après cette année dominée par la
pandémie, comment faut-il mêler présentiel
et distanciel à l’avenir ?
L. R : Notre rentrée 2020, 100 % en ligne, a été distinguée
par un prix de l’AACSB (Association to Advance Collegiate
Schools of Business) dans le cadre du Challenge
« Innovations that Inspire ? ». Cela colle, point pour
point, avec notre vision : « Être reconnue comme une
des grandes écoles les plus innovantes et influentes
de son temps pour un monde plus résilient, plus juste,
plus pacifique, plus responsable. »
O. R : Votre autre nouveau grand
développement est pédagogique avec ce
que vous avez appelé le « GEM Digital Twin ».
Dites-nous en plus.
L. R : Comme nous avons dessiné hier l’avenir des
écoles, avec l’évolution nécessaire des business shools
en schools for business for society – aujourd’hui toutes
les écoles y sont – nous dessinons aujourd’hui ce que
sera, pour partie au moins, l’école de demain. Créer
avec les dernières technologies de l’univers des jeux
vidéo, ce qu’a été la banque en ligne à la banque de
détail. Autrement dit, créer un nouveau monde virtuel
académique, inspiré des jeux vidéo les plus innovants
et fondé sur les dernières avancées technologiques
pour apprendre, évoluer, agir, interagir, ressentir et
créer comme dans le monde réel.
Là aussi, et comme nous croyons à une école ouverte,
à la coopération, nous avons proposé – mais sans
succès à ce jour – et cela pourrait se faire alors sous
l’égide de la Région, de co-construire et co-porter ce
projet avec le Groupe ESC Clermont et l’emlyon, et
créer alors, pour ce projet, une entité partagée AURA
Business School.
© GEM
Je pense qu’il y a de la place pour les 2 mondes. Le
Présentiel et le Distanciel. J’ai toujours beaucoup
aimé, sans naturellement pour des questions d’âge
y avoir assisté, l’enseignement à Vincennes, dans les
années 1970. Des enseignements ouverts, aux delà
des étudiantes et des étudiants inscrits, à quiconque
souhaitait suivre des cours. À l’autre bout du spectre,
on a maintenant les salles GEM Hyflex. Mais, quelque
part, la philosophie reste la même. Permettre le plus
de configurations possibles pour suivre et participer à
des enseignements. En 2023, et pour exemple, grâce
au dispositif GEM Hyflex qui sera généralisé à toutes
nos salles de cours (Grenoble et notre nouveau Campus
GEM Paris 2023), la question du handicap qui, jusqu’alors
pouvait empêcher une personne d’être présente (alors
qu’elle remplissait les conditions d’admission), ne sera
plus jamais un frein à l’accès à nos programmes.
O. R : Vous entendez aujourd’hui faire entrer
des sociétés ou des banques au capital
de GEM qui, rappelons-le, est un EESC
(établissement d’enseignement supérieur
consulaire). Comment allez-vous procéder ?
L. R : Nous sommes-là, point pour point, dans le respect
de l’esprit de la loi Mandon (pour GEM, modification
de statut au 1 er janvier 2016 de GEM établissement de
la CCI de Grenoble en filiale GEM EESC de la CCI de
Grenoble – exactement en cela comme HEC, ESCP...).
Les grands marqueurs de la loi sont : le transfert de la
marque, des bâtiments, et l’entrée de nouveaux investisseurs
au capital de l’École. Les investissements à
consentir pour continuer à progresser, à être toujours
aussi compétitifs, à suivre notre stratégie GEM 2025 :
« Être un Business Lab for Society, véritable R&D pour
l’enseignement et les pratiques de management dans
le monde », ont été chiffrés à 32 M€ sur 5 ans. Nous
avons aujourd’hui 5 grands types d’actionnaires (ceux-ci
pouvant s’additionner). Les banques/BPI ; les industriels
de notre territoire et écosystème ; les institutionnels
et grands opérateurs ; les diplômées et diplômés de
GEM ; les collaboratrices et les collaborateurs de GEM.
GEM lance « TIM-
LIVE Academy
« Forte de son positionnement
historique en management
de la Technologie et de
l’innovation », GEM lance
la « TIM-LIVE Academy ».
Pour « promouvoir de
nouveaux talents créatifs
pour un futur technologique
durable », la TIM-LIVE
Academy formera ses élèves
aux compétences-clés
répondant durablement à la
digitalisation des secteurs
tout en proposant un socle de
connaissances de base dans
tous les programmes de GEM
(Intelligence artificielle,
Big Data, cybersécurité,
systèmes embarqués ; etc.)
et en fédérant autour d’elle
un réseau international
d’acteurs technologiques,
scientifiques académiques et
professionnels, pour « créer
de nouveaux standards
d’apprentissage ». Pour y
parvenir ce sont 10 millions
d’euros qui vont être investis
par GEM pendant les cinq
prochaines années.
20
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI 2021 N° 49
O. R : Mais pourquoi investir dans un EESC
sachant que les actionnaires n’y touchent
pas de dividende ?
L. R : Investir dans l’éducation, et tout particulièrement
dans les écoles de management, est très certainement
aujourd’hui l’un des meilleurs investissements que l’on
puisse faire. Pour les valeurs portées par le monde de
l’éducation bien sûr même si on comprendra qu’aux
yeux d’un investisseur cela ne puisse pas toujours
être suffisant. Pour parler retour sur investissement,
une école, comme GEM, vaudra dans 5 ans 3 fois plus
que son prix d’aujourd’hui.
O. R : Une question plus « politique ».
Comment réagissez-vous à la création de
la Conférence des directeurs des écoles
françaises de management (Cdefm). Quand
vous étiez président du Chapitre des écoles
de management de la Conférence des
Grandes écoles (CGE) vous défendiez déjà
ardemment les spécificités de vos écoles.
L. R : Tout ce qui peut favoriser notre capacité à être
écoutés et entendus, doit être mis en œuvre. J’avais
effectivement posé – ce qui n’avait pas voulu être entendue,
comme souvent la vérité – que beaucoup des
combats menés, pour ne pas dire tous les combats
menés – avaient été perdus par les écoles. Dit autrement,
quel que soit les gouvernements, je ne suis pas
certain que l’on trouve une seule décision, ou une seule
loi, qui ait aidé de façon réelle et sérieuse à accroître la
compétitivité des écoles ? Nous restons en arrière-fond
sur des lignes qui seront toujours mortifères dès lors
qu’elles voudront opposer Universités et Grandes
Écoles de Management. Le vrai combat, le seul qui
m’intéresse, c’est la compétitivité de l’enseignement
supérieur en France à l’international.
C’est aussi ce que je défends avec ce que j’ai appelé La
Théorie du Lotissement. Comme dans un lotissement
la valeur de ma maison est étroitement corrélée à la
valeur de la maison du voisin. Le jour où l’on aura compris
que tout ce qui est bon pour l’Université est bon
pour les Écoles car cela crée de la valeur d’ensemble
pour l’enseignement supérieur et donc pour la France,
on aura fait un grand pas. Le jour où l’on aura compris
que tout ce qui est bon pour les Écoles est bon pour
les Universités car cela crée tout autant de la valeur
d’ensemble pour l’enseignement supérieur et pour la
France, on aura fait, ce jour-là, un pas de géant.
O. R : Les causes sont au cœur des
préoccupations de vos étudiants !
L. R : Là aussi, peut-être que je me démarque des
pensées et paroles melliflues. Arrêtons avec l’idolâtrie
envers les jeunes générations. Ils sont aussi formidables
que l’étaient leurs aînés. Mais ils portent aussi les mêmes
fautes. Je pense aux violences sexistes et sexuelles,
au racisme, etc. Bien sûr, et comme pour leurs aînés,
c’est une minorité, mais il n’empêche. C’est pour cela
qu’à GEM, j’ai voulu que notre première cause, avant
toutes les autres, pour laquelle nous nous engageons
c’est ce que j’ai appelé Éthique et Intégrité. Plus précis,
cela veut dire : « Agir avec éthique et défendre l’intégrité
physique et morale des personnes : refuser tout
comportement ou parole portant atteinte aux droits,
à la santé et la dignité de chaque individu », et cela
correspond à l’objectif de développement durable
(ODD) n°3 défini par l’ONU.
O. R : Mais alors comment définiriez-vous
l’école de management à la française ?
L. R : Elle est, quelque part, un joli prolongement de
ce qui pourrait caractériser celles et ceux qui vivent
en France. Une capacité incroyable à innover, souvent
même avec presque rien en comparaison des meilleures
écoles dans le monde qui bénéficient de moyens, à commencer
financiers, dix fois, cent fois supérieurs. Génie
français en quelque sorte qui leur permet de donner le
change, et parfois mieux encore. Plus discutable, c’est
aussi une capacité hors norme à se battre entre elles
et à perdre de vue l’essentiel, la seule compétition qui
vaille, la compétition internationale.
Plus profond peut-être, ce qu’elle doit être aussi. Si
ce n’est la lumière de l’enseignement des sciences de
management dans le monde, au moins être un phare.
Ce qu’elle doit porter, au-delà
de ses enseignements, de sa
recherche, la volonté sans faille
de contribuer à ce que les jeunes
d’aujourd’hui deviennent d’honnêtes
personnes. Porter ce que
j’appelle une écologie humaine.
La compréhension que c’est
parce que nous travaillons sur
la paix économique que nous
pourrons faire ouverture, pour
de vrai, à deux autres formes
de paix : la paix sociale et la paix
environnementale.
Une étudiante expérimente
un casque de réalité virtuelle
dans le GEM Labs
© GEM
21
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
MAI 2021 N° 49
RSE et développement
durable : plus que jamais
au programme !
La responsabilité sociétale des entreprises
et le développement durable sont plus que jamais
au programme des Grandes écoles.
Autant pour répondre aux demandes
des entreprises que de celles des étudiants
et entrer ainsi en résonnance avec les objectifs de
développement durable (ODD) de l’ONU.
Notre enquête du mois.
© Escp Europe
22
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
MAI 2021 N° 49
Le Times Higher Education publie
depuis deux ans un « Impact
Rankings » qui mesure l’accomplissement
des universités du monde entier
en termes d’objectifs de développement
durable de l’ONU. Alors que ce sont les
universités australiennes qui dominent
ce classement il faut remonter au-delà du
centième rang pour voir apparaitre une
école d’ingénieurs française. Et aucune
école de management n’est classée.
Alors que les indicateurs de RSE et de
développement durable se font encore
attendre dans les classements français, les
plans stratégiques des écoles de management
se succèdent avec au moins un point
commun : la volonté de mettre en avant les
dimensions RSE (responsabilité sociétale
des entreprises) et développement durable.
« Nous nous inscrivons dans un système
de valeurs qui vont aller au-delà de la RSE
(responsabilité sociétale des entreprises)
puisque nous parlons déjà aujourd’hui d’ESG
pour « environnement, social et gouvernance
», à l’instar des grands groupes en
pointe sur le sujet. La nomination au Comité
exécutif de l’école d’un Dean associé au
développement durable s’inscrit dans cet
engagement au cœur de notre mission,
et auquel nos étudiants sont de plus en
plus attentifs en nous présentant leurs
priorités », définit le directeur général de
ESCP, Frank Bournois, qui insiste : « Avec
la poursuite de l’excellence académique,
pédagogique et expérientielle, cette dimension
sera un des piliers de notre stratégie
à venir, conforme à notre statut unique
d’école européenne qui nous permet un
regard original mais nécessaire sur le monde
d’aujourd’hui ». Même volonté du côté de
l’Edhec dont la stratégie « EDHEC for Future
Generations » marque selon son directeur
Le label DD&RS
Fruit du travail collectif
d’une dizaine d’universités
et de grandes écoles le
label DD&RS permet de
valoriser nationalement
et internationalement au
meilleur rapport bénéfices/
coûts les démarches de
développement durable et
de responsabilité sociétale
des établissements
d’enseignement supérieur
et de recherche et de
« monter en compétences
au sein d’un collectif
d’établissements engagés ».
23
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI 2021 N° 49
général, Emmanuel Métais « la volonté de
mettre nos programmes et notre recherche
au service de grandes causes sociétales.
C’est un mouvement auquel on assiste un
peu partout. Les business schools doivent
faire en sorte que le business devienne une
solution aux grands défis qui se posent :
le changement climatique, les inégalités
de richesses, l’inclusion ou encore le bon
usage de la technologie ».
Devenir des « sociétés à mission »
C’est un signal fort de leur volonté de
montrer leur implication dans la société.
Grenoble EM, TBS Education, emlyon,
les unes après les autres des écoles de
management deviennent des « sociétés à
mission ». « Avec la « School for Business
and Society » que nous portons depuis
plusieurs années, être aujourd’hui société
à mission marque, à la fois, le terme et la
réalisation de notre plan stratégique précédent
et, à la fois, l’ouverture et le socle
de notre plan stratégique GEM 2025. Être
une société à mission, c’est se donner un
cadre, une contrainte positive, pour prendre
et tenir des engagements plus ambitieux
encore », signifie le directeur général de
Grenoble EM, Loïck Roche.
Même volonté du côté de TBS Education
comme l’explique sa directrice générale,
Stéphanie Lavigne, qui opte également
pour le statut : « Il y a maintenant 15 ans
que TBS Education est très engagée dans
les facteurs environnementaux et sociaux.
À titre d’exemples, notre école possède le
label DD&RS. Nos étudiants ont créé les
Assises nationales étudiantes du développement
durable (ANEDD) il y a plus de
quinze ans. Aujourd’hui nous souhaitons
aller plus loin en déclarant une mission
que nous pouvons tenir. Cette mission doit
nous permettre de nous structurer et de
rationaliser nos décisions qui ont à trait la
RSE comme le développement durable ».
Direction de la transition sociétale alors
que Kedge a créé un poste de doyenne
associée à l’inclusivité confié à l’une de ses
professeurs, Anicia Jaegler, dont la mission
principale sera « d’aligner la pédagogie, la
recherche et les relations étudiants avec
les valeurs d’inclusivité de l’école ».
Sous le nom « KEDGE IMPAKT » Kedge
BS fédère ainsi toutes les activités de
RSE et de développement durable qu’elle
met en œuvre depuis déjà plus de dix
ans, avec notamment le Sulitest qu’elle a
créé. Aujourd’hui elle souhaite également
être neutre en carbone dès 2030. « L’efficacité
de notre action sera mesurée par
un comité de développement durable.
KEDGE a choisi le Positive Impact Rating
Audencia crée une école dédiée : Gaïa
Une école va encore plus loin que les autres
cette année : Audencia, qui crée une école
dédiée à la transition écologique et sociale :
Gaïa. « Ce sera une école immersive au sein
de laquelle tous les étudiants d’Audencia
effectueront des étapes de leur cursus
pour acquérir des compétences en
développement durable et en transition
écologique et sociale. Elle possédera
son bâtiment propre, son incubateur et
son catalogue de formations dans tous
les domaines », commente le directeur
général d’Audencia, Christophe Germain.
Un étudiant du programme Grande école
devra par exemple y suivre des modules
de formation sur les basiques liés aux
Les Assises nationales
étudiantes du
développement durable
Les Assises nationales
étudiantes du développement
durable (ANEDD) sont
nées en 2007 à TBS sous
l’impulsion de l’association
étudiante Bureau du
Développement Durable
(B3D). Elles ont donné
naissance au REFEDD,
le Réseau Français
des Étudiants pour le
Développement Durable.
Ce regroupement fédère
aujourd’hui plus de 100
associations étudiantes
françaises de développement
durable autour d’une
charte commune.
sujets de l’alimentation, de l’agriculture, de
l’écologie, des équilibres sociaux ou encore
de l’urbanisme, puis des enseignements
en lien avec sa spécialisation. De plus,
une série de cours et d’activités gratuites
seront ouverts à tous, pour permettre à
tous ceux qui se sentent concernés par
les grands enjeux contemporains de se
former, ou de se reconvertir. « Gaïa est
une école qui se veut invasive, dans le bon
sens du terme, pour irriguer l’ensemble
de nos activités. Pour l’instant, elle n’a
pas vocation à délivrer des diplômes mais
cela peut évoluer dans les cinq ans à
venir », s’interroge Christophe Germain.
Fédérer ses moyens
Cette volonté de consacrer une grande partie
de ces efforts au développement durable
débouche sur de nouvelles organisations.
TBS a par exemple crée cette année une
© Audencia
24
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
MAI 2021 N° 49
(évaluation de référence par les étudiants
de l’impact et de l’influence positive des
écoles sur la société) comme indicateur
de performance synthétique. Nous nous
fixons pour objectif de passer du niveau 3
au niveau 4, dit « transforming », en 2025
et de rejoindre ainsi les dix meilleurs établissements
classés au niveau mondial »,
indique son directeur général, Alexandre de
Navailles, qui insiste : « Ce sont des sujets
à diffuser dans tous nos programmes et à
cet effet nous souhaitons veiller à ce que
chacun de nos syllabi réponde d’une façon
ou d’une autre aux ODD ».
Se donner des missions pour la
société
Qu’elles soient ou non devenues des
sociétés à mission les écoles de management
inscrivent dans leur plan stratégique
leur volonté de servir la société. « La RSE
n’est plus une notion superflue que l’on
plaque sur les entreprises. Et les jeunes
tiennent à voir ces dimensions portées
par les écoles. Il s’agit d’une véritable
inflexion plébiscitée par la société comme
par des étudiants, qui veulent voir le
monde progresser. Par sa signature
« Make an Impact », l’EDHEC a d’ailleurs
été la première à l’inscrire au fronton de
l’école. D’une certaine manière, c’est
dans son ADN depuis sa fondation au
sein de l’Université catholique de Lille »,
commente Emmanuel Métais.
Etre une société à mission veut dire aussi
mettre en place un comité de mission
qui a pour objet de suivre et d’évaluer la
conformité de la gestion de l’entreprise
par rapport à la mission. Dans ce cadre
la « raison d’être » de GEM est d’« Apporter
des réponses, par la formation
et la recherche, aux grands défis de la
transition écologique, sociétale et économique,
et contribuer à un monde plus
résilient, plus juste, plus pacifique, plus
responsable ». Les objectifs ou grandes
causes de GEM sont : Éthique et intégrité
/ Égalité entre les personnes / Éducation
pour toutes et tous / Paix économique /
Transition écologique.
Etre exemplaire sur ses campus
Pour démontrer ses valeurs environnementales
le mieux est de le faire sur ses
campus comme l’explique Bruno Ducasse,
le directeur général de MBS : « MBS est la
grande école de management leader en
matière de diversité et d’ouverture sociale.
Jusqu’à présent nous avons essentiellement
travaillé sur le « S » (« Social ») de
RSE. Aujourd’hui nous voulons y ajouter
le « E » (« Environnement »). D’abord en
étant nous-mêmes exemplaires dans la
construction de notre nouveau campus.
Nous avons aujourd’hui sélectionné quatre
architectes et nous déciderons au printemps
du projet retenu qui verra le jour
en 2024. Ce sera un bâtiment à très bas
Le Positive
Impact Rating
ESCP crée un département de la durabilité
Quelles sont les limites de la croissance ?
Que faut-il faire pour aligner les marchés et
la préservation des ressources naturelles
et sociales ? Comment mettre en œuvre de
nouveaux business models et un véritable
leadership pour la durabilité ?.. ESCP
entend former 100 % de ses étudiants à
la durabilité et à l’impact de cette dernière
sur la refonte du monde des affaires.
Pour mettre en œuvre cette vision et
consolider les efforts en cours, ESCP
crée un département académique à part
entière, avec pour mission d’être un chef
de file dans l’établissement de la durabilité
Le Positive Impact Rating
a été initié par un groupe
d’experts d’école de
management et a été fondé
avec pours partenaires
WWF, Oxfam International
et l’UNGC Suisse, avec le
soutien actif des fonds VIVA
Idea et de la Mission Possible
Foundation. Il est dirigé par
des organisations étudiantes
internationales, notamment
oikos, SOS et AIESEC
International afin de garantir
que le PIR capte la voix des
élèves dans chaque école.
comme un sujet transversal au sein de
l’école. « Paradoxalement, dans le domaine
de la durabilité, nous sommes confrontés
à une véritable crise de croissance : que
ce soit du point de vue de la recherche
ou des enseignements, les attentes
augmentent énormément et nous devons
renforcer les ressources dédiées et
accroître la coordination. La création de ce
département permettra un positionnement
fort et unique de ESCP parmi les grandes
écoles de commerce en Europe et dans
le monde », commente Aurélien Acquier,
doyen associé pour la transition durable.
© ESCP
25
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
MAI 2021 N° 49
bilan carbone et à énergie positive dans
un quartier qui se veut exemplaire ».
Le site américains Poets & Quants
consacre un article à ce sujet : The Business
Schools Making Their Campuses
More Sustainable
Des actions auprès des étudiants
Tous ces efforts de structuration ont été
précédés par des réalisations emblématiques
avec notamment la participation des
étudiants à la Fresque du climat. Après son
célèbre Humacité© Excelia BS a lancé en
2020 « Climacité© » pour répondre à tous
ses engagements au niveau environnemental.
Elle a commencé à tester ce nouveau
challenge au sein de son programme
Bachelor Business et aujourd’hui tous les
programmes, de toutes ses écoles, sont
concernés. « Avec Humacité© nous avons
été les pionniers en la matière sur la question
de l’engagement social des étudiants.
Nous tenons à ce ces derniers puissent
mettre en œuvre une triple performance
dès leur diplomation : une performance
économique, sociale, et environnementale
dont nous savons qu’elle constitue dès à
présent le cœur du développement des
organisations », établit le directeur de
l’école, Sébastien Chantelot.
Dans le même esprit plus de 600 étudiants
des programmes Bachelor et Grande
Ecole de MBS ont œuvré pour répondre
aux enjeux de la transition économique,
écologique et sociétale afin d’atteindre
les 17 ODD des Nations unies. En trois
jours, les étudiants ont dû proposer une
© EDHEC
solution organisationnelle sous forme d’un
business plan durable, afin de résoudre une
problématique concrète posée par des
acteurs du territoire d’Occitanie, en lien
avec les ODD. A travers plusieurs ateliers
(hackathon, Fresque du climat, business
plan durable), le Challenge ODD a conduit
les étudiants à présenter leurs solutions à
des problématiques du territoire d’Occitanie
devant un jury d’experts de la transition.
Estimer les compétences acquises
Pour mesurer les compétences acquises
par ses étudiants tout au long de ses missions,
Excelia va créer un « observatoire
des compétences ». « Aujourd’hui toutes les
écoles produisent des dispositifs comme
les nôtres mais personne n’en analyse
vraiment les apports. Nous démarrons
avec Humacité© en enquêtant sur toute une
promotion pour comprendre comment les
étudiants évoluent. Ainsi nous allons pouvoir
créer des « portefeuilles de dispositifs
expérientiels » et mesurer comment les
étudiants progressent à partir de notre
pédagogie singulière qui fait constamment le
lien entre les apports de la salle de cours et
ceux des expériences auxquelles se prêtent
nos étudiants durant leurs parcours »,
spécifie Sébastien Chantelot.
Même volonté de MBS de mesure l’impact.
Un projet de recherche-action y est mené
avec la Chaire COAST est mené afin de
mesurer et améliorer l’impact des ateliers
de La Fresque du Climat sur l’attitude et
les actions climat des étudiants, dans un
« processus d’amélioration continue de
la formation ».
Des certificats dédiés
A l’image du Sulitest que font passer
de nombreuses Grandes écoles des
certificats d’excellence sont délivrés
aux étudiants de TBS Education lorsqu’ils
suivent des parcours en développement
durable et RSE. MBS va également développer
en 2021-2022 des formations et
proposer aux étudiants de passer des
certificats sur différentes thématiques
ayant trait à la RSE. En 2022-2023 elle
généralisera ces certificats dans le PGE
Le Sulitest
L’idée fondatrice du Sulitest
est que pour construire
un monde durable, il est
« impératif d’améliorer
les connaissances, les
compétences et les mentalités
sur le développement
durable de tous les décideurs
économiques et politiques
actuels et futurs ». Sulitest
fournit donc aux citoyens
et aux organisations des
« outils, reconnus localement
et internationalement, pour
accroître leur apprentissage
et leur niveau de conscience
sur les enjeux globaux ».
26
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
MAI 2021 N° 49
comme dans ses MSc.
La RSE est également un engagement très
ancien de l’EM Strasbourg qui possède en
son sein la plus ancienne chaire – créée
en 2008 – qui lui est dédiée. « Cela nous
amène à prendre beaucoup d’initiatives
avec la mise en place de solutions pédagogiques
innovantes comme « C for
CSR », une plateforme d’apprentissage
créée en 2014 autour de la RSE, profondément
remaniée ces dernières années,
qui permet d’obtenir un certificat RSE »,
commente le directeur général de l’école,
Herbert Castéran.
Réduire les inégalités
Les engagements des écoles sur les questions
d’égalité sont également nombreux.
Comme l’ensemble des entreprises Kedge
développe son index égalité professionnelle
femmes / hommes - qui prend en compte la
proportion de femmes dans chaque emploi,
les salaires, les augmentations ou encore
les conditions du retour des femmes après
leur congé maternité – avec comme objectif
arriver à 90/100 d’ici à 2025 alors qu’elle
se situe aujourd’hui juste au-dessus de la
barre des 75, à 76/100 très exactement.
Sur les questions de handicap Kedge a créé
40 postes de référents pour permettre leur
accueil. « Demain 100 % de nos étudiants
seront formés à l’accueil des personnes
en situation de handicap. Nous souhaitons
également accueillir 5 % de personnes en
situation de handicap parmi nos collaborateurs
d’ici 2025 contre 1,6 % aujourd’hui »,
rappelle Alexandre de Navailles.
Cap sur la recherche
Si Kedge peut mettre en action une stratégie
largement fondée les questions environnementales
et sociales c’est qu’elle possède
également un centre de recherche qui leur
est dédié. MBS a de son côté créé une chaire
en sustainability et un « Yunus Center » (du
nom du Prix Nobel de la paix 2006) pour
travailler sur les questions de microfinance
dans les pays développés. C’est le cinquième
centre en France en recherche, pédagogie
et expériences concrètes sur cette matière.
Et pour devenir la référence mondiale en
matière de « finance durable » l’Edhec accélère
le développement de sa nouvelle filiale
Scientific Infra avec pour ambition de devenir
le leader mondial sur les investissements en
infrastructures comme l’analyse Emmanuel
Métais : « Nous sommes là dans la finance
du réel. Notre centre de recherche à Singapour
travaille sur de grandes bases de
données composée de plus de 1 000 projets
d’infrastructure, pour produire des indices
que nous allons vendre aux investisseurs
pour guider leurs choix. Nous voulons,
ainsi que nos professeurs et chercheurs,
résolument basculent vers une finance
soutenable, encore plus utile à la société ».
Olivier Rollot
La Fresque du climat
L’Institut Mines Télécom (IMT) se mobilise
pour la transition énergétique
Il y a longtemps que les écoles des Mines – et
tout particulièrement Mines ParisTech - se
préoccupent de transition énergétique et
environnementale. Aujourd’hui l’Institut
Mines Télécom (IMT), dont l’Institut Mines
Télécom business school est l’école de
management, entend aller plus loin et a
confié en ce sens une mission à Frédérique
Vincent, sa directrice de l’enseignement
et de l’international mais aussi spécialiste
du sujet pour y. avoir travaillé près de
trente ans au sein des Mines ParisTech :
« Nous sommes interpellés par tous ces
jeunes qui veulent aller plus loin. L’enjeu est
aujourd’hui pour nous de généraliser les
approches pour que tous nos étudiants aient
accès à des formations ». Une approche
en phase avec l’approche compétences
que mettent en avant aujourd’hui les
écoles pour que les étudiants fassent
le lien environnemental entre toutes
les disciplines qu’on leur enseigne.
L’ingénieur du monde de demain. La
réflexion de l’IMT porte également sur les
compétences que doit avoir l’ingénieur du
monde de demain, que chaque école décline
ensuite avec ses spécificités. « Il faut bien
comprendre ce que c’est que se former à la
transition énergétique, avec des formations
et des socles communs à toutes les écoles,
pour former les enseignants à des méthodes
pédagogiques un peu différentes », observe
Frédérique Vincent. « Il faut contextualiser
l’apprentissage de la transition énergétique
et environnementale dans chaque discipline.
La Fresque du climat a pour
objectifs de sensibiliser le
public au moyen d’un serious
game collaboratif où les
participants co-construisent
une fresque résumant les
mécanismes du changement
climatique tels qu’expliqués
dans les rapports du GIEC.
Montrer comment il doit imprégner un cours
sur les systèmes énergétiques, le véhicule
électrique ou encore la mobilité durable »,
précise Anne Monnier, la chargée de mission.
Une contextualisation qui ne se limite
pas à la sphère technique. Dans chaque
école de l’IMT sont également présents
des sociologues qui peuvent permettre
aux étudiants comme aux enseignants
d’aller plus loin dans leur réflexion. « Il
faut apprendre à penser et écouter et
pas seulement à se dépêcher vers une
solution comme le font trop souvent les
ingénieur alors que la part d’inconnue est
considérable », note Frédérique Vincent.
Des actions ciblées. La totalité des 2 700
étudiants de première année de l’IMT ont
suivi cette année des Fresques du climat.
Un « tribunal pour les générations futures »
s’est également emparé de la thématique
« Menace ou solution : quel impact du
numérique pour la planète ? ». Pour aller
plus loin l’IMT travaille aujourd’hui sur la
création d’une Fresque de la renaissance
écologique et s’intéresse également à la
Fresque du numérique, un atelier pour
comprendre en équipe et de manière ludique
les enjeux environnementaux du numérique.
A consulter :
• Le Cahier de veille de la Fondation
Mines-Télécom sur les enjeux
de la transition écologique
• Bilan Forum Sobriété Numérique
• Présentation de la chaire ingénierie
numérique et transition environnementale
27
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
MAI 2021 N° 49
Sébastien Chantelot
DIRECTEUR DE EXCELIA BS
« Avec une utilisation intelligente du digital
nous avons pu satisfaire nos étudiants »
Recrutant désormais aussi bien après le
bac qu’en classes préparatoires, Excelia
BS s’implante dans de nouvelles villes, à
Tours où elle prend le relais de l’Escem,
mais aussi Poitiers. Son directeur,
Sébastien Chantelot revient sur les
spécificités d’une école et d’un groupe
de plus en plus multi-programmes et
multi-campus.
Olivier Rollot : Les écrits des concours ont
commencé sans problème. Mais qu’en serat-il
des oraux ?
Sébastien Chantelot : Pour Excelia Business School,
tenir les concours oraux en présentiel est déterminant
car nous faisons partie des écoles « coup de cœur »
où lorsque les candidats viennent passer les concours
dans nos campus, ils se rendent compte de la qualité
de l’Ecole, de son ADN d’accompagnement, de son
positionnement Responsable et de l’excellence de
ses diplômés, au-delà des seules indications liées aux
différents classements.
Et puis tout simplement, nous le constatons déjà avec
les oraux des concours d’entrée des formations inscrites
sur Parcoursup, moins de 20 % des candidats
souhaitent passer l’oral en distanciel. Après cette année
encore difficile, elles et ils veulent bouger et rencontrer
du monde ! C’est d’autant plus important qu’il s’agit de
leur avenir. Cela renforce notre volonté de privilégier
le présentiel, tout en respectant avec les plus grandes
vigilance et rigueur les consignes sanitaires.
conceptuels issus de la salle de cours. Notre dispositif
expérientiel est très riche : Humacité©, Climacité©,
Cap’Anglophone, expatriation académique à l’étranger,
double-diplôme à l’étranger, ou double-diplôme hybride
en France, stages, etc. Le programme Master Grande
Ecole en 3 ans imposait aux étudiants de faire un choix
et donc… de renoncer à vivre certaines expériences en
raison de la durée du parcours. Avec cette extension à
cinq année, l’étudiant peut intégrer dès le post-bac le
programme et prendre part à l’ensemble des dispositifs
académiques et expérientiels que nous proposons.
L’étudiant va pouvoir maximiser toutes ces expériences,
vivre des immersions beaucoup plus fortes ; les expériences
à l’international notamment seront beaucoup
plus nombreuses. De plus, ce qui nous intéressait
principalement, c’est de pouvoir façonner le profil de
nos diplômés dès la sortie du baccalauréat.
Le Plan Anti-Covid
Tous Ensemble
Pendant le premier
confinement, Excelia
avait mis en place des
mesures pour lutter contre
l’isolement et le décrochage
de ses étudiants. Face au
prolongement de la situation,
Excelia s’est appuyé sur cette
expérience pour renforcer
ce plan d’actions autour
de trois axes : l’éducation,
l’expérientiel et le bienêtre
étudiant. Baptisée
PACTEbyexcelia , comme
Plan Anti-Covid Tous
Ensemble, cette initiative
poursuit l’objectif de
permettre aux étudiants de
vivre une expérience réussie.
« L’objectif est de fournir
aux étudiants, les clés pour
explorer les ressorts positifs
de cette période, vivre de
nouvelles expériences,
s’inventer de nouvelles
mobilités et prendre soin de
leur bien-être », commente
Bruno Neil, le directeur
général de Excelia Groupe.
O. R : L’actualité d’Excelia BS c’est le passage
de son master Grande école à un format
bac+5 comme c’est le cas à l’EM Normandie.
Un changement que vient d’entériner
la Cefdg (Commission d’évaluation des
formations et diplômes de gestion). Pourquoi
cette spectaculaire réforme ?
S. C : Excelia Business School a toujours fait reposer
sa pédagogie sur des dispositifs expérientiels venant
compléter les apports théoriques, notionnels, et
© Excelia
30
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI 2021 N° 49
Un amphithéâtre d’Excelia BS
L’international at home
Parce que l’international est
bien souvent « at home »
cette année ont été créées
des « classes miroir »
sous la forme de cours en
duplex avec un partenaire
académique international.
La première s’est déroulée
du 14 au 16 novembre,
avec l’Université du centre
d’études macroéconomiques
d’Argentine, à Buenos
Aires, sur les thématiques
« Globalization and current
debates » et « Covid and
Internationalisation.
© Excelia
Le programme reste néanmoins accessible post-prépas
et en admission sur titre, et l’ensemble de ces profils
participe à la diversité des étudiants futurs diplômés
d’Excelia Business School. Cette diversité est très
importante, surtout au regard de la réforme des DUT
qui passe en 3 ans et ne pourront nous rejoindre qu’en
première année de Master, avec une volonté croissante
de la part de ces étudiants de privilégier l’alternance,
au détriment d’autres expériences qui font la richesse
de notre programme Master Grande Ecole.
O. R : Autre nouveauté : dorénavant tous les
étudiants du master Grande école pourront
également obtenir un MSc !
S. C : 25 spécialités leur seront ouvertes en cinquième
année avec à la clé pour la plupart des doubles diplômes.
Le programme Master Grande Ecole est un programme
généraliste, même s’il propose des dernières années
toute ou partie spécialisante. Obtenir un MSc prouve
qu’au-delà d’une majeure plus ou moins spécialisante,
on s’est bien engagé dans une expertise.
O. R : L’actualité d’Excelia BS c’est aussi
l’ouverture de deux nouveaux campus, à
Tours, où vous étiez auparavant partenaire
du groupe GES au sein de l’Escem et
maintenant seuls aux commandes, et
Orléans. Quels diplômes allez-vous y
développer ?
S. C : Nous allons y dispenser à la fois notre programme
master Master Grande Ecole postbac, notre
programme bachelor Business et sept programmes
Master of Science avec des spécialisations en marketing
digital, en finance, en management, ou encore en
Achats et Supply Chain. À Orléans nous dispenserons
le programme bachelor Bachelor Business et quatre
programmes Master of Science. dont les spécialisations
répondent très précisément aux besoins du territoire
en termes de profil de diplômés d’une Grande Ecole
de Management.
O. R : Le groupe Excelia est de plus en plus
multi-campus dans une grande région
Ouest !
S. C : Le Groupe ouvre également effectivement une
école spécialisée en santé à Rochefort, déploie les activités
d’Excelia Digital School à Niort et celles d’Excelia
Tourism & Hospitality School à Tours. Dès la prochaine
rentrée, nous ouvrons également une une Ecole d’Immobilier.
C’est important pour nous d’atteindre d’une
part, d’atteindre une taille critique et de renforcer
notre positionnement de Groupe multi-écoles et multi-campus.
D’autre part, cela permet également une
large hybridation entre les parcours. Toute la difficulté
ensuite est d’aligner les équipes sur le même niveau
de qualité partout, et de faire que l’expérience Excelia
soit la même pour tous nos étudiants quel que soit
le campus, ce que nous savons toutefois bien faire
aujourd’hui.
O. R : Après le célèbre Humacité© vous avez
lancé en 2020 « Climacité© ». Pourquoi ces
deux missions ?
S. C : Climacité© répond à tous nos engagements au
niveau environnemental. Nous avons commencé à tes-
31
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI 2021 N° 49
ter ce nouveau challenge au sein de notre programme
Bachelor Business et aujourd’hui tous les programmes,
de toutes nos écoles, sont concernés. Avec Humacité©
nous avons été les pionniers en la matière sur la question
de l’engagement social des étudiants. Nous tenons à
ce ces derniers puissent mettre en œuvre une triple
performance dès leur diplomation : une performance
économique, sociale, et environnementale dont nous
savons qu’elle constitue dès à présent le cœur du
développement des organisations.
En outre, nous voulons passer la vitesse supérieure
en créant un « observatoire des compétences » qui
mesurera les compétences acquises par les étudiants
tout au long de ces missions. Aujourd’hui toutes les
écoles produisent des dispositifs comme les nôtres
mais personne n’en analyse vraiment les apports.
Nous démarrons avec Humacité© en enquêtant sur
toute une promotion pour comprendre comment les
étudiants évoluent. Ainsi nous allons pouvoir créer
des « portefeuilles de dispositifs expérientiels » et
mesurer comment les étudiants progressent à partir
de notre pédagogie singulière qui fait constamment
le lien entre les apports de la salle de cours et ceux
des expériences auxquelles se prêtent nos étudiants
durant leurs parcours.
Nous mettons de plus en place une Direction de l’Expérientiel
Apprenant pour mesurer tout ce qui se
fait dans et en dehors de la salle de classe. C’est un
deuxième pôle d’accompagnement à la trajectoire
professionnelle après notre Talent Centre. Le troisième
pôle est l’entrepreneuriat, la vie associative et tout le
travail que nos étudiants effectuent en mode projet et
à travers leur engagement.
O. R : Comment Excelia BS vit-elle cette
« période Covid » ?
S. C : Aujourd’hui 20 % de nos étudiants sont présents
sur nos campus avec un jeudi après-midi dédié à la vie
associative. Notre cérémonie de diplômes s’est muée
en un « live show »type NRJ Music Award avec des
murs d’images sur lesquels étaient nos diplômés, le
jeté de toques était virtuel. C’est une façon pour nous
de faire vivre différemment l’expérience étudiante.
Avec une utilisation intelligente du digital nous avons
pu satisfaire nos étudiants selon toutes les études
que nous avons réalisées. Cela passe par exemple
par des cours en distanciel plus courts et des cours
en présentiel plus axés sur l’action et l’acquisition de
compétences. Mais nous avons pu aussi mesurer
le niveau de désarroi de certains de nos étudiants
avec des dispositifs d’écoute qui étaient absolument
nécessaires.
Vivre à La Rochelle : le « soft power » selon Excelia BS
O. R : Hors Covid quel bilan tirez-vous pour
Excelia BS l’année passée ?
S. C : Déjà titulaire du label AACSB (Association to
Advance Collegiate Schools of Business) nous avons
obtenu également Equis et Amba et sommes maintenant
triplement accrédités. En dépit d’une déception dans
le recrutement des élèves de classes préparatoires
nous avons augmenté notre recrutement de 10 à 15 %
avec notamment un très bon résultat en admission sur
titre (AST) avec le concours Passerelle. Nous recevons
dans ce cadre de plus en plus d’étudiants titulaires
d’une licence universitaire, notamment en sciences
économiques, ce qui est un gage de qualité.
O. R : Vous avez évoqué la création d’une
« école par abonnement ». En quoi cela
consistera-t-il ?
S. C : Notre ambition est de créer un modèle où l’apprenant,
quel qu’il soit, puisse accéder aux contenus
dont il a besoin, dans la temporalité qui l’intéresse, à
l’endroit qui lui convient. Cela passe donc par des dispositifs
d’abonnement permettant d’avoir accès à tout
ou partie de nos parcours et ce pour l’ensemble de nos
écoles. Les possibilités d’hybrider les contenus sont en
outre nombreuses eu égard de l’ensemble des écoles
que propose Excelia. Ce modèle d’abonnement pourra
également signifier la gratuité de certains contenus
ou sans coût pour l’apprenant avec la possibilité de
s’appuyer sur un tiers-financeur. Dès lors, les parcours
pourront être proposé à la carte et l’apprenant
constituer lui-même ou accompagné une architecture
de contenus en fonction de ses besoins, de ses projets
et de ses aspirations.
32
© Excelia
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
MAI 2021 N° 49
Thierry Picq
ANCIEN DIRECTEUR DE L’INNOVATION DE EMLYON
« On ne vient plus sur un campus uniquement
pour travailler mais pour vivre une dimension
expérientielle faite de surprises et d’émotions »
Au centre de Lyon le Silex a été un
formidable prototype de ce que
pouvait aujourd’hui être un lieu de
travail et de rencontres. Sur 1 000 m 2
ont pu se rencontrer et travailler
ensemble pendant presque deux ans
entrepreneurs, étudiants, start up.
L’occasion pour emlyon de tester de
nouveaux espaces et de nouvelles
relations de travail comme nous
l’explique Thierry Picq, instigateur du
projet, ancien directeur de l’innovation
de emlyon dont il est aujourd’hui
professeur, qui vient de publier un livre
consacré au Silex.
Olivier Rollot : Sous le titre « Penser,
travailler et apprendre autrement » vous
venez de publier un livre qui présente le
laboratoire d’innovation de emlyon, le Silex.
Que retenez-vous de cette expérience
grandeur nature que vous avez menée
d’avril 2018 à décembre 2019 ?
Thierry Picq : Il s’agissait pour nous de faire un retour
très précis sur cette expérience, forcément provisoire,
que nous avons menées pendant un an et demi et ce
qu’elle a apporté et apportera à emlyon. Nous voulons
montrer comment l’innovation nait et comment elle est
favorisée par les espaces.
Le Silex était également un prototype sur 1 000 m 2
de ce que nous voulons maintenant voir naitre sur
les 30 000 m 2 de notre nouveau campus à Gerland.
Comment des concepts clés comme la modularité, la
transparence, l’ouverture sur l’extérieur peuvent se
développer au sein d’un campus de centre-ville. Après
nos campus de Paris et Casablanca, qui sont des sortes
d’étapes intermédiaires, le Silex a été un prototype du
campus apprenant que sera notre nouveau bâtiment.
O. R : La pandémie de la Covid-19 a-t-elle
confirmé les conclusions auxquelles vous
étiez arrivées pour créer votre nouveau
campus à Gerland ?
Th. P : La question du retour sur les campus se pose
plus que jamais. Il faut penser des lieux nouveaux pour
donner encore plus envie d’y revenir. Aujourd’hui on ne
vient plus sur un campus uniquement pour travailler
mais pour vivre une dimension expérientielle faite de
surprises et d’émotions.
Le nouveau campus de Gerland doit permettre à l’école
de continuer sa croissance en repensant les espaces
traditionnels. Nous allons au-delà des amphis et des
bureaux fermés classiques en jouant à la fois sur
© emlyon BS
Un livre pédagogique
Le livre « Penser, travailler
et apprendre autrement »
est disponible sur simple
demande à l’adresse suivante :
picq@em-lyon.com
33
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI 2021 N° 49
© emlyon BS
une configuration multi-usages et sur la flexibilité
des programmes. Il ne faut pas uniquement réfléchir
à des programmes sui ont tous lieu de 9 h à 12 h au
même endroit.
En ce sens la Covid a été un accélérateur de la prise
de conscience. La preuve que le distanciel fonctionne
et qu’il faut l’articuler avec le présentiel pour atteindre
le maximum d’efficacité.
O. R : Il faut tout investir sur le distanciel
aujourd’hui ?
Th. P : Non. Nous avons aussi besoin de retrouver
les autres dans des structures collectives. Mais il
faut repenser les espaces physiques pour susciter
l’envie. Les espaces physiques doivent être des lieux
de stimuli et de mise en mouvement. Il faut pouvoir
changer l’espace dans une même séquence de cours.
Voire sortir du campus. C’est aussi pour cela que nous
avons prévu de larges espaces de circulation dans
notre nouveau campus pour aller vers une ville dont
nous serons au cœur.
O. R : Comment avez-vous travaillé avec les
architectes de votre nouveau campus ?
Th. P : Le Silex a été très utile pour présenter aux quatre
promoteurs pressentis notre « cahier de concepts » qu’il
fallait ensuite transformer en un plus classique « cahier
des charges ». Le Silex leur a permis de comprendre
de façon concrète notre modèle pédagogique. Ensuite
nous avons pu choisir l’architecte avec lequel nous
nous sentions les plus à l’aise pour avancer et adapter
notre concept à un bâtiment qui a des contraintes de
sécurité et d’ouverture au public. Nous tenons particulièrement
par exemple à ce que notre Learning Hub,
notre bibliothèque, soit ouverte à tous.
O. R : Avant le Silex il y avait un learning lab
co-réalisé avec Centrale Lyon. Comment
s’imbriquent les deux expériences ?
Th. P : Elles sont complémentaires. Le learning lab
que nous avions monté avec Jean-Pierre Berthet est
le pilote d’un réseau qui s’est développé depuis et
est dirigé par le directeur de Télécom Saint-Etienne
et président de la Cdefi, Jacques Fayolle. Dans ces
learning labs il s’agit essentiellement de travailler sur
les questions de pédagogies et de technologies.
Le Silex entendait lui être un laboratoire de changement
culturel pour transformer l’organisation du travail. Il
ne se limitait pas à la seule pédagogie. Il se voulait un
laboratoire des nouvelles pratiques du travail et de
l’enseignement avec une logique moins cloisonnante
que dans les écoles en mêlant les publics – étudiants,
professionnels, professeurs, start up, etc. – sur un
même lieu ouvert à tous. Un lieu de sérendipité et
d’innovation.
34
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT
MAI 2021 N° 49
Covid-19,
comment les Grande écoles
se sont réinventées
2. Soutenir ses étudiants
De déconfinement en reconfinement,
un an après le choc de mars 2020, l’enseignement
supérieur a su faire preuve
de sa résilience et de la solidarité pour
continuer à dispenser aux étudiants une
expérience à la hauteur de leurs attentes.
Au travers notamment des témoignages
issus du Livre blanc « Des
études à l’emploi, les Grandes écoles
se réinventent » nous vous proposons
la deuxième partie d’une suite de trois
articles consacrés au bilan de la pandémie
et à ses conséquences dans l’avenir.
Relire le premier article sur le blog
de l’Essentiel du Sup : La révolution
numérique.
« Les Grandes Écoles sont plus que jamais
aux côtés de leurs étudiants pendant
leur cursus, leur recherche de stage
ou d’emploi. Avec un objectif : les aider à
se réaliser au travers de leurs cours, de
leurs activités associatives, de leurs expériences
en entreprises », signifie ainsi
le directeur général d’Audencia, Christophe
Germain, dans le Livre blanc « Des
études à l’emploi, les Grandes écoles se
réinventent » publié par son école avec les
équipes éditoriales de HEADway Advisory.
Un Christophe Germain qui entend
bien aussi tracer des perspectives : « Ce
que nous avons appris pendant cette pandémie
nous sert et nous servira. La génération
qui arrive sur le marché du travail,
trop souvent qualifiée à tort de génération
« sacrifiée », sera avant tout résiliente,
déterminée et combative, probablement
encore plus apte à gérer les grands défis
de demain ».
sements s’organisent, basculent leur enseignement
à distance, se réorganisent.
« Il a fallu rassurer les élèves, leur expliquer
qu’ils étaient tous dans le même
bain. Le plus difficile à gérer pour eux,
et donc pour nous, était l’incertitude,
d’abord sur la tenue ou non des écrits,
qui n’a été confirmée qu’en mai, se souvient
Philippe Joyeux, le président de l’Association
des professeurs de classes préparatoires
économiques et commerciales
(APHEC) interrogé dans le numéro de
janvier 2021 du magazine « l’Essentiel
Prépas ». Ensuite, il a fallu trouver des
solutions pour remplir la longue période
entre début avril et fin juin, jusqu’aux
concours. C’était une période inédite,
mais il fallait absolument que les étudiants
conservent et consolident leurs
En 2020-2021 on suit ses cours masqués comme ici à Grenoble EM
acquis. Dans ce sens, nous avons donc
organisé et coordonné des séances de
révisions, de questions-réponses, des visioconférences
avec leurs professeurs… ».
Mais il n’y a pas que les cours qui sont
impactés. C’est toute la vie étudiante qui
pâtit du virus et notamment des jobs étudiants
et des stages qui permettent à beaucoup
d’étudiants de financer leurs études.
Voire de survivre pour les plus défavorisés
que les établissements d’enseignement
supérieur vont particulièrement soutenir.
« Nous savions que nous allions avoir un
afflux de demandes, aussi avons-nous décidé
de nous appuyer sur la commission
d’aides sociales qui existait déjà. Nous
avons misé sur la confiance pour gagner
en efficacité et nous avons versé en
Rassurer et soutenir
Et soudain le choc ! En mars 2020 les
étudiants sont contraints de rester chez
eux, ne peuvent plus partir à l’international
et doivent même en revenir pour
beaucoup. En quelques jours les établis-
© GEM
35
L’ESSENTIEL DU SUP
PRÉPAS
DÉBAT MAI 2021 N° 49
quatre mois ce que nous accordons d’habitude
en cinq ans », rappelle Anne-Marie
Tournepiche, vice-présidente vie étudiante
et vie de campus de l’université de Bordeaux
quand Clémence Guérin, qui était
étudiante en fin de première année dans
l’école nantaise quand elle a appris que
son stage dans une auto-école ne pourrait
pas avoir lieu se souvient : « En tant que
boursière, j’ai reçu un mail d’Audencia
qui expliquait qu’on pouvait bénéficier
d’une bourse de 500 euros si notre stage
rémunéré avait été annulé Ce n’était évidemment
pas autant que ce que j’aurais
gagné en stage mais cela m’a permis de
payer mon loyer ».
Dans ce cadre les fondations vont jouer
un rôle essentiel. C’est même dans cet esprit
que la Fondation Paris School of Business
a lancé en 2020 son activité et ouvert
un fonds d’aide COVID-19. Créée à
l’initiative de plusieurs diplômés de Paris
School of Business elle dotée d’un budget
de plus de 200000 € afin d’« œuvrer pour
une société plus égalitaire et durable ».
« Nous avons bénéficié de la tendance
globale d’une hausse de la générosité des
Français », souligne Alexis Méténier, directeur
de la fondation Insa Lyon, dont le
« dispositif solidarité a mobilisé quatre
personnes quasiment à temps plein pendant
trois mois ». Et parce que la situation
a été particulièrement difficile pour les
étudiants internationaux des écoles telle
Grenoble EM ont créé des cellules de soutien
en ligne et médicales dans différentes
langues pour répondre aux questions des
étudiants dans leur langue et leur culture.
Restaurer le lien
Les besoins des étudiants ne sont pas que
pédagogiques et financiers. La détresse
psychologique que vivent certains devient
vite un sujet central. « Nous avons proposé
des ateliers et conférences sur la prévention
des risques, en permettant également
des rendez-vous distanciels chaque
semaine avec des professionnels de santé.
Nous avons aussi fait appel à des spécialistes
du développement personnel
pour accompagner nos étudiants », explique
Matthieu Lucas, responsable du
pôle wellness de Neoma BS. Un accompagnement
qui concerne également les
personnels « Ma plus grosse inquiétude :
éviter qu’il n’y ait pas de collaborateur
seul, isolé. Heureusement, les managers
ont joué le jeu, en assurant une grande
proximité avec les équipes, et en repérant
les situations personnelles particulières,
pouvant être difficiles. Typiquement, face
des salariés angoissés par la situation,
devant jongler entre le travail et la gestion
des enfants à la maison pendant le
© NEOMA BS
En 2021-2022 pourra-t-on se démasquer ?
premier confinement, nous avons essayé
de nous montrer les plus rassurants possibles,
pour qu’ils ne culpabilisent pas de
ne pas réussir à tout faire », confie Delphine
Lambert, directrice des ressources
humaines d’Audencia.
Passée la période de sidération, les associations
étudiantes ont également su réinventer
leur rôle pour recréer un lien, même
virtuel, entre les étudiants. À l’Essec, il
a par exemple fallu repenser les parrainages
des nouveaux étudiants par les actuels.
« Chaque parrain a créé un faux
compte Facebook et a échangé ainsi avec
son filleul. Ils apprenaient à se connaître,
via des défis, et au bout d’une semaine,
le parrain révélait sa vraie identité, raconte
Milo Morel, président du BDE. En
une semaine, plus de 3 500 défis ont été
organisés par 150 étudiants ! » A CentraleSupélec
le Bureau des arts (BDA) n’a
pas voulu abandonner sa « Semaine des
Arts ». « Nous choisissions un thème et les
étudiants devaient trouver un poème qui
y correspondait. Ensuite, nous nous chargions
de la livraison du poème à la personne
de leur choix, de façon anonyme
s’ils le souhaitaient, explique Louis Soumoy,
président du BDA, qui a « livré 700
poèmes en une semaine. »
« Bringing International
at Home »
« Ce qui a le plus changé en un an, c’est
la dimension internationale des parcours,
un passage obligé pour être diplômé,
confie Claude Lombard, directrice des
études et des admissions à Audencia.
Ce fut le premier secteur impacté par la
crise sanitaire. Il nous a fallu être très réactif
et trouvé des solutions lorsque les
universités concernées par les échanges
n’étaient pas en mesure de proposer des
cours à distance ou que le décalage horaire
ne permettait pas de les suivre ». Il
lui a donc fallu « développer des solutions
alternatives en proposant aux étudiants
de choisir des cours en distanciel dispensés
par des intervenants internationaux
organisés par Audencia ou les universités
partenaires ».
Autre exemple avec l’Estia, école d’ingénieurs
du pays basque qui s’est construire
autour d’un projet européen appuyé notamment
sur des universités britanniques,
et Grenoble EM. Soutenu par l’Ambassade
de Grande Bretagne, elles ont monté
E-mobility un programme de recherche
né de la volonté de proposer des alternatives
à la mobilité internationale étudiante.
Dans ce cadre 30 étudiants de l’ESTIA,
de GEM et de l’University of London ont
participé à une classe expérimentale intitulée
« Bringing International at Home »
dans le cadre de laquelle les étudiants
suivenn plusieurs workshops, conférences,
cours de langues et même la visite virtuelle
d’un musée britannique. Une solution
qui va au-delà d’une seimple réponse
à une crise ponctuelle comme le souligne
Patxi Elissalde, le directeur général de
l’ESTIA : « Si la crise sanitaire représente
une contrainte forte pour les écoles qui
ont à cœur de maintenir l’excellence de
leurs formations, elle est aussi constitutive
d’opportunités. Le programme E-mobility
que nous pilotons en apporte la démonstration.
Repenser la façon dont nos
étudiants tissent leurs liens à l’international
en réduisant notre impact environnemental
et en favorisant l’inclusion, grâce
à l’apport des technologies numériques,
constitue une réelle avancée ».
Sébastien Gémon
36