06.06.2021 Vues

AR Magazine Voyageur - Numéro 55 - Les plus belles routes des vins

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Château de Chasselas.

Climats de confiance

Avec les Monts du Mâconnais et la Côte châlonnaise, le Massif

central connaît ses derniers soubresauts calcaires et n’en finit

plus d’agoniser en douces ondulations piquetées de chicots

rocheux. Un paysage qui doit beaucoup à l’homme et plus

encore aux moines. Ici les vignes sont en grande partie l’héritage

des Bénédictins de l’abbaye de Cluny. Fidèles à leur principe

« ora et labora » (Prie et travaille), ils ont défriché les coteaux

et planté leurs ceps avec toute la ferveur de l’amour du Christ…

et de son sang. À raison de six ou sept offices par jour, le vin

de messe coulait à flots. Au fil des vendanges, les bons pères

apprirent à reconnaître les meilleurs terroirs et finirent par

morceler la campagne en une foultitude de lopins de terre

connus pour donner des vins de caractère différent en fonction

de la nature du sol et de la météorologie locale : les climats,

c’est ainsi qu’on les nomme, ont désormais l’insigne honneur

d’appartenir au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Cette

marqueterie alambiquée de parcelles issues d’un long et laborieux

apprentissage fait toute la spécificité – et toute la complexité

– du vignoble bourguignon. Pour débrouiller cet

écheveau, mieux vaut s’adresser à un professionnel. À Fuissé,

sur la place Saint Germain, un vieux panneau mural qui doit

être là depuis les années cinquante vante les mérites du vin

local, « Le Fuissé, le vin de la joie de vivre, le vin de vos vacances ».

Juste devant, la maison Auvigue a installé ses cuveries dans les

murs de l’église romane désacralisée en 1872. Sylvain Brenas,

le gérant, tente de nous initier au système pyramidal des appellations,

avec à la base l’appellation régionale Bourgogne répartie

en 6 AOC, suivie dans le Mâconnais de l’appellation sousrégionale

Mâcon, puis des appellations communales où le vin

se voit rattaché à son village d’origine (dans le genre Pouilly-

Fuissé ou Saint-Véran). Enfin, au sommet de l’échafaudage

trônent les premiers crus et les grands crus aux noms d’AOC

communale systématiquement suivis d’un nom de climat.

Limpide non ? Et on s’étonne que les Américains ou les Chinois

soient perdus en dehors du chablis ou du chardonnay…

Problème pour le Mâconnais, jusqu’à l’été dernier, la région

ne pouvait se targuer d’aucun premier cru. Une bizarrerie issue

tout droit des vicissitudes de l’Histoire. « En juin 1940, la

Wehrmacht décide de réquisitionner tous les vins au nord de la ligne

de démarcation, sauf les premiers et grands crus, raconte Sylvain

Brenas. Tous les vignerons au nord de la ligne se sont empressés de

classer leurs meilleures parcelles en premiers crus tandis que le

Mâconnais, non concerné par les réquisitions de par sa situation

au sud de la ligne, est resté en climats. » Un manque de valorisation

qui explique en partie le défaut de notoriété des vins du

Mâconnais. « Le problème est en passe d’être résolu puisque l’an

dernier, 194 ha sur les 770 de la région ont été classés en 22 appellations

premiers crus ! »

30 SAÔNE-ET-LOIRE

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