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Château de Chasselas.
Climats de confiance
Avec les Monts du Mâconnais et la Côte châlonnaise, le Massif
central connaît ses derniers soubresauts calcaires et n’en finit
plus d’agoniser en douces ondulations piquetées de chicots
rocheux. Un paysage qui doit beaucoup à l’homme et plus
encore aux moines. Ici les vignes sont en grande partie l’héritage
des Bénédictins de l’abbaye de Cluny. Fidèles à leur principe
« ora et labora » (Prie et travaille), ils ont défriché les coteaux
et planté leurs ceps avec toute la ferveur de l’amour du Christ…
et de son sang. À raison de six ou sept offices par jour, le vin
de messe coulait à flots. Au fil des vendanges, les bons pères
apprirent à reconnaître les meilleurs terroirs et finirent par
morceler la campagne en une foultitude de lopins de terre
connus pour donner des vins de caractère différent en fonction
de la nature du sol et de la météorologie locale : les climats,
c’est ainsi qu’on les nomme, ont désormais l’insigne honneur
d’appartenir au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Cette
marqueterie alambiquée de parcelles issues d’un long et laborieux
apprentissage fait toute la spécificité – et toute la complexité
– du vignoble bourguignon. Pour débrouiller cet
écheveau, mieux vaut s’adresser à un professionnel. À Fuissé,
sur la place Saint Germain, un vieux panneau mural qui doit
être là depuis les années cinquante vante les mérites du vin
local, « Le Fuissé, le vin de la joie de vivre, le vin de vos vacances ».
Juste devant, la maison Auvigue a installé ses cuveries dans les
murs de l’église romane désacralisée en 1872. Sylvain Brenas,
le gérant, tente de nous initier au système pyramidal des appellations,
avec à la base l’appellation régionale Bourgogne répartie
en 6 AOC, suivie dans le Mâconnais de l’appellation sousrégionale
Mâcon, puis des appellations communales où le vin
se voit rattaché à son village d’origine (dans le genre Pouilly-
Fuissé ou Saint-Véran). Enfin, au sommet de l’échafaudage
trônent les premiers crus et les grands crus aux noms d’AOC
communale systématiquement suivis d’un nom de climat.
Limpide non ? Et on s’étonne que les Américains ou les Chinois
soient perdus en dehors du chablis ou du chardonnay…
Problème pour le Mâconnais, jusqu’à l’été dernier, la région
ne pouvait se targuer d’aucun premier cru. Une bizarrerie issue
tout droit des vicissitudes de l’Histoire. « En juin 1940, la
Wehrmacht décide de réquisitionner tous les vins au nord de la ligne
de démarcation, sauf les premiers et grands crus, raconte Sylvain
Brenas. Tous les vignerons au nord de la ligne se sont empressés de
classer leurs meilleures parcelles en premiers crus tandis que le
Mâconnais, non concerné par les réquisitions de par sa situation
au sud de la ligne, est resté en climats. » Un manque de valorisation
qui explique en partie le défaut de notoriété des vins du
Mâconnais. « Le problème est en passe d’être résolu puisque l’an
dernier, 194 ha sur les 770 de la région ont été classés en 22 appellations
premiers crus ! »
30 SAÔNE-ET-LOIRE