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NOUVEAU - N°3
LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT
N°3 Juillet > Décembre 2021
© MARK RALSTON / AFP
« Faire de l’humanitaire
avec le sport, je trouve ça
magnifique et je veux
me consacrer à ça »
PRATIQUE
C’EST BON
POUR MOI
12 PAGES DE CONSEILS
PRATIQUES SPORT
ET BIEN-ÊTRE !
ASISAT OSHOALA
PREMIÈRE AFRICAINE
À REMPORTER LA LIGUE
DES CHAMPIONS
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2 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

ÉDITORIAL
MATLOHANG MOILOA-RAMOQOPO :
« Les Jeux de Tokyo 2020 permettront d’inspirer
et de responsabiliser la prochaine génération
de jeunes filles et de femmes »
Nous ne sommes plus qu’à quelques instants des premiers
Jeux Olympiques de l’histoire où l’égalité des sexes
sera respectée, à savoir l’édition de Tokyo 2020. Que
de chemin parcouru depuis les Jeux de Paris 1900 où
seulement 2,2 % des 997 athlètes en lice étaient des
femmes ! Les Jeux de Tokyo 2020 mettront à l’honneur
le sport féminin comme jamais auparavant, notamment grâce à des
progrès considérables au niveau du calendrier des compétitions, lequel
garantira une visibilité égale des épreuves féminines et masculines,
et ce en tout temps.
En outre, chaque Comité National Olympique (CNO) devrait pour la
première fois compter au moins une femme et un homme dans
sa délégation. Les CNO seront également encouragés à avoir un
homme et une femme comme porte-drapeaux lors de la cérémonie
d’ouverture.
D.R.
Nous connaissons tous l’importance de modèles féminins forts
pour inspirer les femmes et les jeunes filles qui grandissent aujourd’hui.
Nos hôtes japonais ont prouvé leur engagement à cet
égard en nommant une femme présidente du comité d’organisation,
Hashimoto Seiko. Cette dernière travaille aux côtés de deux femmes
politiques de premier plan, la gouverneure Yuriko Koike et la ministre
des Jeux Olympiques Tamayo Marukawa, afin d’organiser les Jeux
de Tokyo dans ces circonstances sans précédent. Plaçant l’égalité
des sexes au cœur de sa mission, la présidente Hashimoto Seiko a
immédiatement pris des décisions fortes en matière de gouvernance,
en portant à 42 % le pourcentage de femmes siégeant au sein du
conseil d’administration de Tokyo 2020 et en constituant une équipe
chargée de promouvoir l’égalité des sexes.
Je crois sincèrement que l’héritage de ces Jeux Olympiques sera
d’inspirer une future génération de femmes et de jeunes filles autonomes,
tant sur l’aire de compétition qu’en dehors, au Japon et dans
le reste du monde. Et j’espère sincèrement que cet héritage sera
transmis aux prochaines éditions des Jeux Olympiques, en particulier
aux Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, la première
compétition olympique jamais organisée en Afrique.
Matlohang Moiloa-Ramoqopo est membre du CIO depuis 2019, présidente
du Comité National Olympique (CNO) du Lesotho depuis 2001 et présidente
de la commission pour l’égalité des sexes de l’Association des Comités Nationaux
Olympiques d’Afrique (ACNOA) depuis 2018. Elle a reçu le Trophée
du CIO “Femme et Sport” en 2000, dans la catégorie “Femme et dirigeante
sportive”. Elle est également directrice adjointe de l’école internationale de
l’Université nationale du Lesotho.
16, avenue Hoche - 75008 Paris
EDITION DIRIGÉE PAR
NAÏMA EL GUERMAH
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
ET RÉDACTEUR EN CHEF
DAVID TOMASZEK
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VANESSA MAUREL,
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RUBEN DIAS,
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PARTENARIATS / PUBLICITÉ
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BRUNO LALANDE
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MEENA CHANOINE
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Remerciements pour leur contribution
à ce numéro aux équipes de : CIO, OIF,
ISF, AFD, Peace and Sport, Decathlon
United et Redland.
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EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 3

N°3 Juillet > Décembre 2021
60
SOMMAIRE
WOMEN SPORTS AFRICA N° 3
NOUVEAU - N°3
LA FEMME EST L’AVENIR DU SPORT
06 CLUB WS AFRICA
Femmes, droits humains et sport.
Table ronde ONU + TIBU
10 ONU FEMMES AFRIQUE
ENSEMBLE
EN IMMERSION
C’EST BON POUR MOI !
30 CARNET PRATIQUE
La routine sportive de
Norchene Doura
32 LE PÉRINÉE
Ce muscle méconnu et mal-aimé
ISABELLELE
YACOUBOU
« Faire de l’humanitaire
avec le sport, je trouve ça
magnifique et je veux
me consacrer à ça »
© MARK RALSTON / AFP
12 AMINATA DIENE
Récit d’une battante
ENSEMBLE
34 QUEL SPORT À QUEL ÂGE ?
39 LE SAVIEZ-VOUS ?
performances sportives
PRATIQUE
C’EST BON
POUR MOI
12 PAGES DE CONSEILS
PRATIQUES SPORT
ET BIEN-ÊTRE !
ASISAT OSHOALA
PREMIÈRE AFRICAINE
À REMPORTER LA LIGUE
DES CHAMPIONS
africa.womensports.fr
18 ISABELLE YACOUBOU
« Faire de l’humanitaire avec le
veux me consacrer à ça »
24 CINZIA CATALFAMO-
AKBARALY
subsaharienne, mais nous allons le
vaincre ! »
28 SAMANTHA MIYANDA
veut aider les jeunes sportives à
accomplir leurs rêves
40 SOS CRAMPES
MUSCULAIRES
41 FAIRE DU SPORT DEVANT
SON BUREAU
CHAMPIONNES
42 ASISAT OSHOALA
Première Africaine à remporter la
Ligue des champions
44 KHADIJA MARDI
La guerrière marocaine
4 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

34 58
80 18 30
46 PORTFOLIO
Focus sur quelques chances de
médailles olympiques pour l’Afrique
48 ANTA SAMBOU
WE MEN SPORTS
50 LAURENT
PETRYNKA
53 BENOIT
HELLINGS
FEMMES D’INFLUENCE
54 MARIYA GABRIEL
TRIBUNE
56 EVELYN WATTA
de femmes dans
58 LAURIE CHAMPIN
LIFESTYLE
60 EILEEN AKBARALY
66 UMÒJA
70 VALÉRIANE AYAYI
OUT OF AFRICA
72 NADIA NADIM
74 DIANDRA TCHATCHOUANG
76 ODESSA JENKINS
féminin
FOOD
78 CHEFFE MAËLLE !
80 RECETTE
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EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 5

CLUB WOMEN SPORTS AFRICA
FEMMES,
DROITS
HUMAINS
ET SPORT
AVEC ONU FEMMES
Lundi 31 mai, ONU Femmes Afrique a organisé en collaboration avec Women Sports Africa une
visioconférence de grande qualité sur la thématique « Femmes, Droits Humains et Sport ». Les débats
furent riches et engageants !
L’objectif de cette table ronde était de créer un cadre d’échange entre les professionnels du sport et autres
parties prenantes pour une conversation franche sur les défis que rencontrent les femmes et les jeunes
filles africaines dans le sport à tous les niveaux, et échanger sur les actions à mettre en place pour braver
les stéréotypes de genre et les normes sociales qui empêchent les femmes de pratiquer le sport.
“ “
Oulimata
Sarr, Sénégal
Directrice régionale
d’ONU Femmes Afrique
de l’Ouest et du Centre
“Le sport joue un rôle
primordial pour développer
les compétences de
leadership des adolescentes
et créer des espaces sûrs
pour les filles afin de briser
les barrières sociales.”
Bruno
Lalande,
France
Women Sports Africa
“Médiatiser les actions
portées par des instances
telles qu’ONU Femmes à
travers le sport est la raison
d’être de Women Sports et
Women Sports Africa. C’est
notre ADN.”
6 WOMEN SPORTS AFRICA N°19 • Janvier N°3 •- Février Juillet > - Décembre Mars 2021 2021 EN SAVOIR EN SAVOIR PLUS PLUS SUR SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

“
Victorine Agum, Cameroun
Top athlete and Deputy Director of the Training Centre of the
National Football Academy, Cameroun
“Told her story of overcoming many challenges (financial, stigma, lack of
sport equipment) and face parental disapproval before starting an impressive
carrer as a competitor and coach in 10 different sports. Among her proposition
to improve the condition of women and girls in sport is creating specific
competitions for women and girls, ensure media coverage, encourage
government to create protection law for women in sport, use international events
like CAN to sensitize the public. I was called a tomboy and told I was a mockery
in the community, but my passion for sport was stronger.”
“ “
Fatou Diagne, Sénégal
Ancienne Basketteuse de la NBA, Coordonnatrice de SEED/NBA
Academie pour les filles
“I started basketball at the age of 16. My brother was playing basketball but got
injured. My dad did not allow me to play until I got my high school diploma.
He was worried about what people would think of my sports practice and me
being seen as a boy more than a woman. I was one of the first women of the
SEED program to get a scholarship to play and study abroad. First my dad did
not allow me. But I have been the first one to go to university and first one to
enter the national team. Coaches need to talk more with parents, to share with
the families what the team is doing, and ask kids to perform well academically
too. Then parents and coach can work together; otherwise they would not trust
the coaches and allow their kids to practice sport. I want to play basketball
because I want people to change the way people think about women in general.
And be a leader for the next generation. I don’t believe that only men can play
basketball. I want to have the kids behind me. It takes time and discipline to
have a sport’s career.”
Olive Michele Dol-Somse,
République Centreafricaine
Former footballer, currently serving as the chairperson of the
women’s football Board at the Central African football Federation,
CAR
“La pratique du football au féminin en RCA a commencé en 1981 avec 8
équipes à Bangui. Aujourd’hui, il y a plus de 800 joueuses. Le sport est
un outil de développement social à travers l’épanouissement des femmes
et des filles. La valorisation du sport féminin passe par une politique de
promotion auprès des femmes, en le rendant attrayant pour le grand public
et par le financement pour améliorer les conditions des joueuses. Il faut une
professionnalisation du sport en Afrique. Les fédérations doivent proposer
des plans de carrières pour les jeunes filles. À Bangui, nous avons choisi
de jouer le championnat sur des terrains dans différentes parties de la ville,
au lieu du grand stade. Cela permet d’attirer plus de public et de toucher
beaucoup de jeunes filles.”
EN SAVOIR EN SAVOIR PLUS PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR SUR N°3 • N°19 Juillet • > Janvier Décembre - Février 2021 - Mars WOMEN 2021 WOMEN SPORTS SPORTS AFRICA 7

CLUB WOMEN SPORTS AFRICA
“
“
Aderonke Bello, Niger
Special Adviser to the Minister of State for the Federal Capital
Territory in Nigeria and is the Chief Executive Officer (CEO) of Female
Advocacy, Mentoring and Empowerment (FAME) Foundation
“Sport is very important in making changes in society. Most of the time local
authorities lack access to information, finances, and structures to allow girls
play sports Sport is very effective to change mentalities on child marriage, for
example. Girls can do sport everywhere, you don’t need the modern equipment
or be a professional, You can do it now, everywhere. Just start. We need to
create awareness around women’s sports that a girl who is doing sport is not a
boy, she is not masculine, she is a woman, that can be whatever and whoever
she wants to be. Media can do it because they can change people’s mindsets.”
Yvette Kaboza, Maroc
UNESCO
“UNESCO est engagée sur la question du sport et du genre dans trois axes:
action normative, outils éducatifs et le plaidoyer pour le sport et les droits de
l’homme, à travers la charte nationale pour l’éducation, l’activité physique et le
sport. Elle positionne le droit de pratiquer le sport comme un droit fondamental
pour toutes et tous, et invite les états signataires à ce que les ressources, pouvoirs
et responsabilités pour la pratique du sport soient attribués sans discrimination
fondée sur le genre, l’âge ou le handicap. Plan d’action de Kazan, dont l’action
4 prône un observatoire mondial pour les femmes, le sport, l’éducation et
l’activité physique. La Suisse est en train de mettre en place cet observatoire. Les
interventions doivent être à chaque niveau: professionnel et amateur.”
“
“
Sophie Derudder, France / Sénégal
AFD (Agence Française de Développement)
“Ma vie a changé à 12 ans quand on m’a mis un ballon dans les pieds et j’ai
découvert que j’avais autant de puissance que les garçons. Je ne raterais
jamais mon heure et demie de foot qui est vecteur de confiance en moi,
inclusivité et interculturalité. L’AFD s’est emparée de la thématique de sport
et développement, en jouant sur deux grands axes: le sport comme vecteur
de cohésion sociale et la pratique du sport pour tous et toutes avec un accent
sur l’égalité hommes-femmes, au-delà des barrières. Il manque des données
concrètes sur la pratique du sport par les femmes en Afrique. Cela permettra
aussi d’identifier les bonnes pratiques pour lever ces barrières. L’AFD a lancé
une étude dans 5 pays. Le financement est aussi essentiel pour la pratique
féminine du sport, avec la construction d’infrastructures, et le soutien à des
associations locales.”
Barbara Schweizer, Suisse
CIO (Comité Olympique)
“International Olympic Committee and UN Women are running programs focusing
on youth and empowering women through sport for 5 years in Latin America. The
IOC covers 3 responsibilities: It’s an administration, the leader of the Olympic
movement and 206 national committees, and convener of the Olympic games. It is
a perfect timing because the IOC just endorsed it’s new gender strategic framework
2021-2024 with 5 sphere of actions and 21 objectives. Safe spaces, inclusive
entourage, including community and families, increased communication and media,
resource allocation are key to improve women and girls’ sports practice. Our first
objective, women access to sport, which is a huge play gap in Africa, is also key to
improve the representation of women in sports leadership. In some countries, 90%
of women are excluded from practicing sport. These 90% are also excluded from a
leadership position in a sports organization. We also need to provide safe spaces
for women to practice sport and safe transportation for them to get to their sports
practices. Unsafe transportation to practice is one of women and girls’ first reason
for dropping out of a sports program.”
8 WOMEN SPORTS AFRICA N°19 • Janvier N°3 •- Février Juillet > - Décembre Mars 2021 2021 EN SAVOIR EN SAVOIR PLUS PLUS SUR SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

“
Florence Raes, France / Sénégal
ONU Femmes Afrique
“Cette table ronde va permettre à ONU Femmes, à travers le partenariat avec Women Sport Africa, de définir
les priorités pour les prochaines années. Malgré certaines avancées, on note des barrières à la pratique du
sport par les femmes en Afrique, qui sont: le manque de temps, notamment à cause des tâches domestiques;
le manque de prise en charge de la santé sexuelle et reproductive, car le moment où les jeunes filles ont leurs
règles est un moment où elles abandonnent le sport. Les questions de l’intégrité physique et la sécurité sont
essentielles, avec des espaces adaptés et les moyens sûrs de s’y rendre. La famille est aussi un premier obstacle
que les jeunes filles doivent surmonter pour pratiquer le sport, ainsi que les regards de la communauté, d’où la
nécessité de travailler pour vaincre les stéréotypes. Il y a aussi une nécessité de nouvelles politiques publiques
et un engagement des états pour que les jeunes filles puissent accéder au sport. Les autres acteurs essentiels
sont les médias, qui peuvent aider à véhiculer une image positive des sportives et du sport féminin, et vaincre
les stéréotypes et les tabous, et les partenaires au développement et de grandes institutions du sport comme les
fédérations. Un accès plus égalitaire à la pratique du sport pour les femmes est une question de droits humains,
mais elle est aussi bénéfique pour toute la communauté. Les discussions dans le tchat ont montré que partout
en Afrique des femmes vivent ces mêmes défis. Les intervenantes ont marqué la table ronde par leur énergie
positive. Elles ont parlé des barrières qu’elles ont surmontées, mais aussi des projets et réseaux qu’elles ont mis
en place pour permettre à d’autres femmes et filles de dépasser à leur tour ces barrières.”
Du 3 au 6 avril 2021,
Women Sports Africa était
partenaire du Premier
sommet de l’éducation par
le sport en Afrique
Quatre jours d’échanges
sous forme de conférences,
d’ateliers et d’animation pour
les enfants, à Casablanca,
au Maroc. Nous avons eu
le plaisir d’y participer !
Naïma El Guermah,
présidente de
Women Sports
Africa, est
intervenue lors
de la plénière
ministérielle
et a animé une
passionnante table
ronde
TIBU Maroc
est une ONG
Marocaine qui
utilise la force
du sport pour
concevoir des
solutions sociales
et innovantes
dans le domaine
de l’éducation, l’autonomisation et de l’inclusion
socio-économique des jeunes par le sport. « Devenir la
locomotive du sport pour le développement en Afrique
à l’horizon 2030 » est la vision de l’organisation
TIBU Maroc.
EN SAVOIR EN SAVOIR PLUS PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR SUR N°3 • N°19 Juillet • > Janvier Décembre - Février 2021 - Mars WOMEN 2021 WOMEN SPORTS SPORTS AFRICA 9

CLUB WOMEN SPORTS AFRICA
ONU Femmes Afrique, nouveau partenaire
de Women Sports et Women Sports Africa
LE SPORT, UNE VOIE POUR
L’ÉMANCIPATION DES JEUNES FILLES
ET DES FEMMES EN AFRIQUE
Le sport est à la fois
un moyen d’émancipation
pour les
où des efforts sont
encore à faire pour la parité
et la sécurité des femmes.
Le monde du sport est désormais
un champ d’action
incontournable pour nombre
d’entre nous, qui œuvrons
en faveur des droits des
d’une part, de faire évoluer
les pratiques et les mentalités
d’un monde sportif
en professionnalisant les
disciplines féminines et en
sique
et une représentation
paritaire dans les clubs et
les fédérations. D’autre part,
l’impact positif du sport-loisir
centes
n’est plus à démontrer.
Grâce au sport, elles
en elles pour rompre les
barrières, les stéréotypes, et
cer
les violences dont elles
font encore trop souvent
l’objet.
C’est pour cela qu’ONU
Femmes travaille en parte-
international olympique et
de nombreuses fédérations
et clubs sportifs. Des pro-
sportives sont, par exemple,
centes
dans les zones dé-
reçoivent un meilleur accès
à la formation, à l’emploi, et
développent le rapport à leur
corps.
Durant les championnats
nationaux et internationaux,
riats
avec des sponsors pour
battre en brèche le sexisme,
les stéréotypes et promouvoir
des valeurs de mixité,
2018, lors de la Coupe fémi-
au Cameroun, ONU Femmes
a dénoncé le manque criant
d’infrastructures adéquates
pour faciliter une bonne hy-
meure
un frein à la pratique
sportive.
« L’IMPACT POSITIF DU
SPORT-LOISIR SUR LES
FILLETTES ET ADOLESCENTES
N’EST PLUS À DÉMONTRER. »
Le temps constitue un autre
facteur limitant le sport et
les loisirs des femmes. Dans
nombre de pays, elles dé-
la famille et aux enfants, ce
qui restreint leur temps libre.
Bien que le sport soit un puissant
vecteur d’émancipation,
ces obstacles demeurent des
freins qu’il faut adresser à
tous les niveaux : individuel
et collectif, public et privé,
local et international, fédérations
et clubs, politiques publiques,
médias et sponsors,
semble,
faisons en sorte que
le monde du sport devienne
WSA
Florence Raes
Directrice Régionale
Adjointe
ONU Femmes Afrique de
l’ouest et du centre
D.R.
3
10 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Femmes, Sport et Paix
en Centrafrique
En septembre 2020, ONU Femmes et ses
partenaires ont organisé la semaine de la
paix avec des activités sportives et culturelles.
Dans les contextes politiquement délicats et
en conflits, le sport est un puissant véhicule de
dialogue intercommunautaire.
1
D.R.
Une victoire mène à l’autre
2
Un an après le démarrage du programme « Une victoire
mène à l’autre », partenariat entre ONU Femmes et le CIO,
qui favorise l’accès au sport dans les périphéries urbaines,
63 % des adolescentes se considèrent de meilleurs leaders,
91 % affirment savoir comment prévenir une grossesse non
désirée, 33 % affirment désormais connaître une personne
avec qui parler de leur santé sexuelle et 94 % des filles se
reconnaissent une caractéristique dont elles sont fières.
D.R.
4
Initiatives d’ONU Femmes
pour le sport
D.R.
Génération Égalité
Le sport a eu une place particulière lors du
Forum Génération Égalité organisé par ONU
Femmes en partenariat avec la France et qui s’est
tenu à Paris en juin 2021. Le sport a en effet le
pouvoir de mobiliser les jeunes sur les thèmes de
l’égalité des sexes et les droits des femmes. Le
partenariat souscrit récemment entre le bureau
Afrique de l’ouest et du centre d’ONU Femmes
et Women Sports s’inscrit dans cette trajectoire.
forum.generationequality.org
4
La stratégie Genre et Sport
d’ONU Femmes
Pour combattre les discriminations et les inégalités femmeshommes,
ONU Femmes soutient des politiques favorisant la
participation et le leadership des femmes, des programmes
pour l’accès des jeunes filles au sport et à la formation, et
des campagnes de communication avec des sportives qui
dépassent les stéréotypes, comme Marta Vieira da Silva,
footballeuse professionnelle et ambassadrice d’ONU Femmes.
EN SAVOIR PLUS EN SAVOIR SUR WWW.WOMENSPORTS.FR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > N°20 Décembre • Avril-Mai-Juin 2021 WOMEN 2021 WOMEN SPORTS SPORTS AFRICA 11

EN IMMERSION
ENTRETIEN
Aminata
Diene,
récit d’une battante
Aminata Diene, que son père surnommait Amicolle, nous
raconte comment elle s’est hissée plus haut que ce qui la
prédestinait. Grâce à la force que lui a inculquée son père
en la quittant prématurément et la fierté qu’elle espérait
voir dans l’œil de sa mère. Surmonter le deuil de son père,
s’affranchir des carcans, se montrer plus forte que ce que les
autres prédisaient pour elle, avancer malgré tout, grâce et
avec le sport qui est à la fois sa passion et son métier, au sein
de Decathlon Sénégal. Récit d’une femme ordinaire au destin
extraordinaire. PAR LÉA BORIE
Si Aminata est née au Bénin
de mère béninoise, son père
était sénégalais. Ce qui l’a
marqué durant son enfance:
ses parents polygames. Sa
mère a été la dernière épouse de son père.
Aminata a grandi dans une famille nombreuse
de plus de 15 personnes. La relation
avec ses demi-frères et demi-soeurs était
souvent tendue.
Les études : le début d’un
parcours semé d’embûches
le fait d’apprendre. « C’était dur de rester
concentrée avec tous ces cris à la maison.
Réservée, refermée sur moi-même, je trouvais
un certain réconfort dans les études.
Ainsi, dans ma chambre partagée avec mes
demi-soeurs, au milieu de mes cahiers je
restais dans ma bulle. C’était mon endroit
pour me concentrer. » Preuve en est son pre-
nir
son bac du premier coup alors qu’elle le
passait en candidat libre. Elle prend ensuite
des cours par correspondance pour passer
son BTS en Côte d’Ivoire, avant d’obtenir son
Master 1 en communication.
convaincre de son acharnement et de son
« AMINATA, C’EST UNE FILLE QUI SAIT
CE QU’ELLE VEUT ET QUI DOIT ÊTRE
ENCOURAGÉE » L’ONCLE D’AMINATA
12 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
père ayant une santé fragile, il ne pouvait
plus assumer ses frais de scolarité. Si son
frère l’a aidée au début, après son mariage
il n’a plus pu assumer ces dépenses. Aminata
se souvient lorsque son oncle a pris l’initiative
de l’aider : «
». Et
tous les mois, elle passait récupérer l’argent
pour régler sa scolarité.
Premières expériences
professionnelles chaotiques
Un récit qu’on
aimerait prendre en
exemple quand la
motivation n’est pas
au rendez-vous ou
quand la confiance
en soi se fait timide.
Après ses études, elle commence des petits
jobs non rémunérés de livraison de repas sur
les lieux de travail pour travailler malgré tout.
Puis elle trouve un stage dans un réseau de
téléphonie mais tout ne se passe pas comme
elle l’aurait imaginée. « J’étais noire dans un
très sexy dans ma manière de m’habiller, en
tout cas pas assez féminine visiblement par
lais
pour être à l’aise. Mais au-delà du style,
je n’étais pas. » Par la suite, la jeune femme
trouve un autre travail, mais une fois en-
J’ai
été draguée par mon propre patron ! Je me
suis alors demandée si j’avais envie de grandir
ainsi dans cette société. Mon éducation
m’empêchait de répondre à une «promotion
canapé». »
A qui, à quoi s’accrocher ?
D.R.
Quand adolescente, Aminata a vu son père
de plus en plus paralysé par la maladie
et les rôles se brouiller entre ses deux parents,
elle a compris certaines choses :
« man-Papa
». Cette dernière a toujours été au
centre de sa motivation : « Je l’ai vu
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 13

EN IMMERSION
“Ma mère a chanté
de bonheur le jour
où elle a appris
que je devenais
responsable
e-commercial de
Décathlon Sénégal !”
D.R.
Je ne sais pas où mais il faut
période qu’elle croise une connaissance qui
lui demande ce qu’elle veut faire, elle répond
quitter le Bénin et étudier la communication
nication
des entreprises, ville où elle part re-
« JE ME SUIS DIT TRÈS JEUNE QUE JE NE
VOULAIS DÉPENDRE DE PERSONNE, CE
QUI M’A RENDUE FORTE ! »
manger, nous ses propres enfants et ceux
à sa charge. C’est un exemple de courage
plus durs pour mon père (…) Je me suis dit
-
».
grande famille léboue, musulmane très pratiquante.
Il lui répétait souvent : « Tiens bon, tu
»
C’est après sa mort qu’elle déclare avoir fait
un travail incroyable...
Le grand départ : un voyage
initiatique
Petite, Aminata passait ses vacances au Sénégal.
Et c’est un manque du pays avec lequel
elle a grandi. Même quand elle rentre
dans la vie active, elle n’attend qu’une chose
Je suis
»
C’était son souhait.
« Et il avait raison mon père : tu ne peux pas
! » A la
mort de ce dernier, l’atmosphère devenait
D.R.
«
prendre,
je dois le faire bien ». Elle trouve un
travail dans un réseau de téléphonie, mais
une fois encore, elle n’est pas pressentie.
« -
moi… » Elle se retrouve alors au chômage
plusieurs mois. « Je suis certes dans le pays
de mon père, mais il n’y a pas de parcours
tout tracé, rien n’est gagné sur ma trajectoire.
Ma victoire, je suis allée la chercher ! »
ses revenus ne sont pas réguliers. Sauf que
annonce sur les réseaux sociaux : une entre-
sionnée
de sport. « Je suis allée à l’entretien
comme si c’était l’entretien de ma vie, avec
l’affaire: je deviens responsable e-commerce
» Elle se souvient de
la joie incommensurable de sa mère en apprenant
la nouvelle. « Elle chantait de bonheur
! Elle avait placé beaucoup d’espoir sur
le plus loin dans les études ». WSA
14 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

PRISE DE CONSCIENCE
SPORTIVE
Au décès de son père,
Aminata se venge sur le
pot de pâte à tartiner…
Ma mère me regardait attristée,
me lançant : « Ton
père n’aurait pas aimé te
voir comme ça. Prendstoi
en main ! » La jeune
femme se regardait alors
dans le miroir et détestait
ce qu’elle voyait. « Je me
disais : « Quand tu n’étais
pas en surpoids, tu avais
déjà toutes les peines du
monde à trouver du travail,
alors là…»
Récit dans le récit :
l’histoire d’un déclic
Lors d’une balade à Dakar, avec
son frère, ce dernier s’arrête
dans une pharmacie pour se peser.
Il dit à la pharmacienne que
AMINATA ELLE EST
ALLÉE CHERCHER
SA VICTOIRE « À
MAINS NUES ! »
je ne voudrais jamais me peser
mais que je fais plus de 100 kg.
Je le défie. Effectivement… Je
pesais 115 kg ! Ça a été un choc,
la plus grosse claque de ma vie.
C’est à ce moment précis où
j’ai décidé de me prendre en
main. Dès le lendemain matin,
j’ai commencé à faire du sport
sur la place. Je n’avais pas de
souffle, il a fallu bosser le cardio
progressivement. Déterminée
plus que jamais, j’allais courir
avec mon frère. Mais deux
mois après, celui-ci a dû partir
en Côte d’Ivoire. Je n’avais plus
personne pour me booster.
C’est là que le sport est devenu
mon allié. J’ai réalisé que j’étais
arrivée dans une impasse : comment
veux-tu être au chômage,
prendre du poids, vivre sans
argent… Les Sénégalaises ne
sont pas très sportives d’une
manière générale, elles se demandaient
pourquoi je passais
mon temps en tenue de sport.
Je n’écoutais pas, parce que
j’avais un objectif : je devais
reprendre ma vie en main ! Et
ce sans finance, donc j’allais
fouler le sable, ne pouvant me
payer une inscription en salle
de sport.
J’ai commencé à poster des
séances de sport sur mon
compte Facebook. Et des
connaissances m’ont demandé
pourquoi je ne créais pas
une page dédiée pour motiver
d’autres personnes. C’est ainsi
qu’Amyfit est né ! Au départ,
des vidéos amateurs toutes
simples. Je ne cherchais pas
D.R.
à m’inventer une vie, je parlais
juste de ce que je connaissais
en nutrition, en coaching, de
façon autodidacte. C’est notamment
grâce à ce volet blogueuse
fitness que j’ai décroché
le poste chez Decathlon, car
ils recherchaient des vrais passionnés
de sport ! C’était une
preuve de plus pour le recruteur
que je me donnais à fond,
que j’avais une vraie histoire à
raconter !
REGARD
DANS LE
RÉTRO
En remportant son
premier CDI avec
Décathlon, Aminata
a besoin de temps
pour s’adapter à sa
nouvelle vie. Pour elle,
ce n’est pas parce
qu’elle avait trouvé
chaussure à son pied
professionnellement
qu’elle allait devenir
une férue de sorties ou
de shopping. « Ça a été
compliqué au début,
je craignais que mes
fréquentations veuillent
me contrôler ».
Aujourd’hui, elle ose
s’affirmer, mais sait
que tout est encore
à construire. « La
route est longue, je
n’en suis encore qu’à
D.R.
la moitié. Jusqu’à la
fin, il faut continuer
de se battre. Ce n’est
pas pour avoir le nom
de Décathlon que
je suis là où je suis
aujourd’hui, mais
pour la satisfaction
d’impacter des vies,
de faire plaisir à
ma mère, de faire
mentir tous ceux qui
nous ont dit qu’on
ne ferait rien de
nos vies. Toutes ces
phrases qui auraient
pu m’empêcher
d’avancer, et qui
au contraire m’ont
motivée. »
En regardant dans le
rétroviseur, Aminata
est fière de tout ce
qu’elle a su mettre en
place dans son travail
et au-delà.
« J’ai appris à décider.
En quatre ans à
Décathlon Sénégal, j’ai
pu prendre davantage
de responsabilités,
j’ai vite appris, et
on m’accorde une
grande liberté. Je me
retrouve pleinement
dans les valeurs que
porte l’entreprise. Le
sport n’est plus une
contrainte pour moi
aujourd’hui, c’est ma
vie : dans mon travail,
mes hobbies, ma façon
d’être et de me sentir
bien dans mon corps.
Ça a forgé la
personne que je suis
aujourd’hui. Bien sûr
que je rencontre des
difficultés, mais je ne
les appréhende plus de
la même façon. On
est en développement
perpétuel : on doit
tout faire pour être
meilleure qu’hier ! »
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 15

EN IMMERSION
CONSEILS
5 TIPS LES
D’AMINATA
POUR UNE
SEMAINE AU TOP !
#MONDAYMOTIVATION :
NE JAMAIS RATER UN LUNDI
La positive vibe pour bien démarrer la semaine et
se donner la pêche pour le reste de la semaine !
#TENUEADAPTÉE :
NON AUX SURCOUCHES POUR
PERDRE DU POIDS
Vive la liberté du mouvement ! A bas les ceintures de sudation
et les gros pulls ! Et pareil pour la météo : non, on ne part pas
courir sous un soleil tapant en espérant perdre du poids !
16 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

#BIENSHYDRATER :
L’ASTUCE HYDRATATION
Un verre d’eau au réveil, à boire cul sec
ou presque ! C’est l’assurance d’être bien
hydratée dès le début de sa journée.
#MENSURATIONS :
EXIT LE BALANCE ADDICT
Place à la prise de mensurations une fois par mois,
et idem : on se pèse en début de mois.
À droite : avec une
recette de boisson
feuilles de menthe,
citron, orange et
raisins
5
#ALIMENTATIONEQUILIBRÉE :
NON, POUR PERDRE DU VENTRE, ON
N’ENCHAÎNE PAS LES CRUNCHS !
ÇA SE PASSE DANS L’ASSIETTE !
Le secret reste une alimentation équilibrée...
Ici, avec une poêlée de légumes et poisson cuits au four.
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 17

ENSEMBLE
ISABELLE
YACOUBOU :
« Faire de l’humanitaire avec le
sport, je trouve ça magnifique et je
veux me consacrer à ça »
DU PARQUET AUX DÉFIS SOCIÉTAUX, IL N’Y A QU’UN REBOND...
La Franco-Béninoise
Isabelle Yacoubou a
soufflé ses 35 bougies il y a
seulement quelques semaines.
L’occasion de revenir sur
son immense carrière de
basketteuse professionnelle,
mais aussi et surtout sur
les nombreux engagements
pour lesquels elle se dévoue
désormais. Championne de
France, d’Italie et d’Espagne,
Championne d’Europe et
vice-championne olympique,
la Lionne de Bourges est aussi
« Championne de la Paix »
avec l’organisation Peace
and Sport et « Sport Impact
Leader » pour la plateforme
« Sport en commun »
de l’Agence Française de
Développement (AFD).
PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL MARCANT
WOMEN SPORTS AFRICA : TU ES
DEVENUE, EN 2017, CHAMPIONNE DE
LA PAIX POUR PEACE AND SPORT.
DEPUIS PEU TU ES AUSSI SPORT
IMPACT LEADER POUR SPORT EN
COMMUN. QU’EST-CE QUE CELA
SIGNIFIE ?
ISABELLE YACOUBOU : C’est tout simplement
être ambassadeur d’une vision, véhiculer
des valeurs et des messages forts et
promouvoir la paix à travers le sport. C’est
aussi mettre en place des projets pour
développer par le sport un lieu ou un domaine
bien spécifique. Je suis sensible à
ces sujets et en parler autour de moi est
naturel. C’est vraiment cette question de
rassembler et de transmettre un message
de paix et de bonheur. C’est aussi inspirer
les jeunes par notre « statut ».
COMMENT EST-ON AMENÉ À
REJOINDRE DES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES TELLES QUE PEACE
AND SPORT ET L’AFD ?
J’ai rejoint Peace and Sport sur recommandation
de mon agent. Je cherchais à m’ouvrir
à ce type d’actions et d’horizons. Cela
s’est fait très vite. Pour mon rôle de Sport
Impact Leader, ça a été une évidence. Jean-
Marc Adjovi-Boco, l’un des fondateurs, est
d’origine béninoise, comme moi. Il m’a présenté
ce projet, a sollicité ma participation
D.R.
et j’ai tout de suite accepté. Je n’ai pas
hésité une seule seconde. Défendre ces
causes et participer à de tels projets, ça
me motive au quotidien.
POUR REBONDIR SUR TES ORIGINES,
EST-CE QUE TU SENS QUE TA
CARRIÈRE A INSPIRÉ DES JEUNES AU
BÉNIN ?
18 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

©Icon Sport
MINI
BIOGRAPHIE
D'ISABELLE
YACOUBOU
© Nolwenn Le G / Icon Sport
Prénom : Isabelle
Nom complet : Odjola Cafouni
Auxencia Yacoubou
Surnom : Baby Shaq, Shaqoubou
Née le : 21 avril 1986 à Godomey
au Bénin
Age : 35 ans
Nationalité : Franco-Béninoise
Famille : 2 enfants, un garçon et une
fille
Profession : Joueuse de basket-ball
Débute le basket à 11 ans
Poste : Pivot
Taille : 1,90m
Club actuel : Bourges
Carrière professionnelle : Tarbes
(05-06/09-10), Famila Schio (10-11),
Ros Casares Valence (11-12), Spartak
Moscou (12-13), Fenerbahçe Istanbul
(13-14), Heilongjiang Chenneng (14-15),
Famila Schio (14-15/17-18), Bourges
Équipe nationale : 147 sélections
(2007-2016)
« NOUS, ON CHANGE DE CHAUSSURES 4-5-
6 FOIS PAR AN (...). EUX JOUENT PENDANT
PLUSIEURS ANNÉES AVEC LA MÊME PAIRE
AU POINT DE FINIR PAR JOUER PIEDS NUS ! »
J’espère bien, au moins une personne
(rires). Non plus sérieusement je pense
oui, je reçois beaucoup de messages de
jeunes pour de l’aide ou des conseils et
je suis toujours très heureuse de pouvoir
leur apporter mon soutien. C’est
aussi pour ça que j’ai rejoint « Sport
en Commun ». Pour réaliser des projets
de développement du sport en Afrique,
pour l’Afrique. Ça me touche forcément
plus. Ils n’ont pas beaucoup de moyens.
C’est bien d’aider la France, mais là-bas
il n’y a rien. J’en ai d’ailleurs récemment
parlé avec des joueuses. Nous on
change de chaussures 4-5-6 fois par an
pour pratiquer. Eux, ils jouent pendant
plusieurs années avec la même paire
au point de finir par jouer pieds nus,
parfois !
Et leurs terrains sont souvent en ciment
et non en beau parquet. En France, on a
cette chance d’avoir des infrastructures
de qualité. En Afrique, il y a beaucoup à
faire ! Donc si je peux aller aider là-bas,
j’irai.
TRÈS TÔT, TU T’ES IMPLIQUÉE
DANS L’HUMANITAIRE. TU AS
NOTAMMENT ORGANISÉ DES
ÉVÉNEMENTS TELS QUE LES
MATCHS D’EXHIBITION ENTRE
COTONOU ET PORTO NOVO LORS
DU « BASKETBALL WEEKEND
D’ISABELLE YACOUBOU »
QUE RETIENS-TU DE CETTE
EXPÉRIENCE ?
C’était super. Mais faire des camps pour
une semaine par an, ce n’est pas assez
impactant. Aujourd’hui, on réfléchit à
une manière de pérenniser ces aides et
ces actions. Je suis en relation avec Patrick
Talon, président du Bénin, qui souhaite
restructurer le sport pour en faire
une place forte dans le pays.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 19

ENSEMBLE
Quand le moment sera venu, j’y
retournerai pour développer des projets
plus viables et plus durables.
L’IDÉE EST DONC DE PARTIR SUR
DES PROJETS À LONG TERME ?
J’AI ENTENDU DIRE QUE TU AURAIS
L’ENVIE DE CRÉER UNE ACADÉMIE,
NOTAMMENT.
« J’aimerais
créer une
académie au
Bénin. »
Oui, c’est même un rêve depuis toujours.
J’aimerais créer une académie
au Bénin pour permettre aux jeunes
de s’exprimer, d’apprendre à jouer au
basket mais pas seulement : il y a aussi
les cours, l’éducation ! Le sport est
une belle manière d’apprendre. C’est
un peu une école de la vie et ses valeurs
peuvent apporter beaucoup. J’aimerais
créer des vocations. Cette académie,
c’est mon petit rêve à moi mais
je n’ose pas en parler trop souvent. Ça
porte malheur (rires).
CETTE VISION DES CHOSES, CE
RÊVE, C’EST UNE ENVIE DEPUIS
TOUTE JEUNE OU C’EST UN
ÉLÉMENT QUI A ÉTÉ MÛREMENT
RÉFLÉCHI AU FIL DES ANNÉES ?
D.R.
Je pense que ça fait partie de mon
éducation. Ma mère ne gagnait pas
beaucoup, mais elle accueillait toujours
plein de monde à la maison, de
la famille comme des inconnus. Mes
parents ont toujours souhaité aider les
autres avant de penser à eux-mêmes.
C'est inscrit dans mon histoire familiale
et forcément, j’ai envie de faire la
même chose. Je pense que c’est aussi
ce qui m’a poussée à vouloir adopter
(ndlr : Isabelle a adopté un petit garçon
© Baptiste Fernandez/Icon Sport
« JE SUIS LA PREMIÈRE BASKETTEUSE
FRANÇAISE À QUI ON A AUTORISÉ
D’EMMENER SA FAMILLE AUX JEUX
OLYMPIQUES »
D.R.
béninois en 2015 puis a donné naissance
à une petite fille en 2018, elle
est aujourd’hui l’heureuse maman de
deux enfants qui se prénomment Espoir
et Lisa !).
ÊTRE UNE MAMAN ATHLÈTE, QU’EST-
CE QUE CELA SIGNIFIE ?
Ici en France c’est très compliqué. La
mentalité n’est pas très évoluée. En
Italie c’est totalement différent. Ici, le
boulot c’est le boulot et la famille n’en
fait pas partie. Je pense qu’il faudrait
du changement. Par exemple, je suis
la première basketteuse à qui on a autorisé
d’emmener sa famille aux Jeux
20 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

petite interview pour montrer ce que
je savais faire et qui j’étais. C’était ma
dernière chance. Des mots n’auraient
pas suffi, il fallait plus que ça, quelque
chose qui marque les esprits. […]
J’avais une chance sur un million que
ça fonctionne, mais c’est arrivé !
Olympiques lorsque j’étais en équipe
de France. J’ai l’impression que c’est
un sujet tabou en France comparé à
d’autres pays.
C’EST LE MOMENT DE REPARTIR DE 0
ET DE REVENIR SUR TON PARCOURS.
UN PARCOURS EXCEPTIONNEL QUI
A COMMENCÉ PAR L’ENVOI D’UNE
VIDÉO, UNE SORTE DE LETTRE DE
MOTIVATION INTERACTIVE, AU
CLUB DE TARBES ! RACONTE-NOUS
CETTE ANECDOTE ÉTONNANTE.
Quand tu es du Bénin, c’est très compliqué
de se faire remarquer et de se
vendre. Alors à l’époque, j’ai fait une
vidéo avec une démonstration et une
DURANT TA CARRIÈRE, TU AS
TOUT CONNU, DES SUCCÈS ET
DES MOMENTS PLUS DIFFICILES,
EN CLUB COMME EN ÉQUIPE DE
FRANCE, AVEC PAS MOINS DE 147
SÉLECTIONS. QUE RETIENS-TU DE
CETTE BELLE AVENTURE ?
Ce n’est pas les chiffres ou les succès
que je retiens mais surtout les
amitiés et les rencontres. J’ai côtoyé
des joueuses incroyables. On a partagé
plus que du sport, des véritables
moments de vie. Les Bleues, c’est
une vraie famille, aujourd’hui encore.
Je suis quelqu’un qui ne me pose pas
de questions. J’ai connu des hauts et
des bas depuis le début de ma carrière
sportive. J’ai pris quelques « claques ».
Forcément, ça m’a fait mal parce que
je suis une personne franche et ouverte
qui ne se met pas beaucoup de
barrières. J’en ai pris quelques-uns en
pleine face. On fait des choix, des fois
ça ne se passe pas très bien mais il
faut faire avec. C’est dur mais ça nous
aide à apprendre et à grandir !
TON CÔTÉ FONCEUSE T’A-T-IL
PARFOIS JOUÉ DES TOURS ?
Oui c’est certain, mais je préfère être
détestée pour ce que je suis plutôt que
d’être aimée pour ce que je ne suis
pas. Je reste toujours droite avec moimême
et avec mes valeurs. Je suis une
Lionne, si vos valeurs ne rentrent pas
en concordance avec les miennes je
préfère rester seule et me mettre en
mode sauvage.
REVENONS À CES PROJETS
SOCIÉTAUX QUE TU MÈNES
AUJOURD’HUI EN PARALLÈLE DE
TA CARRIÈRE SPORTIVE. SONT-ILS
FINALEMENT UNE MANIÈRE DE
RENDRE CETTE CHANCE QUE TU
DÉCRIS ?
Bien sûr oui. Si personne ne m’avait tendu
les bras, je serais encore au point de
LE PALMARÈS
D'ISABELLE YACOUBOU
En club :
Coupe de France cadettes : 2004
Championne de France : 2010
Coupe d’Italie : 2011, 2015, 2016,
2018
Championne d’Italie : 2011, 2015,
2016, 2018
Euroligue : 2012
En sélection :
Championne d’Europe : 2009
Médaille de bronze championnat
d’Europe : 2011
Médaille d’argent au championnat
d’Europe : 2013, 2015
Médaille d’argent aux Jeux
Olympiques de Londres : 2012
Récompenses individuelles :
Meilleure joueuse du championnat
d’Europe des 20 ans et moins : 2006
Meilleure joueuse française du
championnat de France : 2009, 2010
MVP du championnat et de la Coupe
d’Italie : 2018
Cinq de l’Euro : 2013
Chevalier de l’ordre national du
mérite : 2013
départ aujourd’hui. Donc oui, pouvoir aider
et amener la paix par le sport et utiliser
mon image pour améliorer des conditions
de vie, ce sont des choses que
j’ai envie de faire. Faire de l’humanitaire
avec le sport, je trouve ça magnifique
et je veux me consacrer à ça.
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 21

ENSEMBLE
Nous, les sportifs, on ne se
rend pas forcément compte qu’on peut
avoir un rôle plus important que seulement
celui d’être sur le terrain. On ne
se rend pas compte du poids que l’on a
hors terrain et de tout ce que l’on peut
faire. On a ce pouvoir de faire bouger
les choses alors faisons-le. Je pense
même que ce que l’on fait après notre
carrière de sportif a plus d’impact que
juste marquer des paniers ou remporter
des trophées.
Y-A-T-IL UNE EXPÉRIENCE
PARTICULIÈRE QUI T’A MARQUÉE ET
T’A CONVAINCUE DANS CE CHOIX
FUTUR ?
« J’AI UN PROFIL ATYPIQUE, MA
CARRURE, MES TATOUAGES...
FORCÉMENT ÇA INTERPELLE LES
ENFANTS ! »
Mon voyage au Burundi avec Peace
and Sport m’a véritablement marquée,
il restera gravé en moi à jamais. Nous
sommes allés à la rencontre de jeunes
enfants (9-10 ans) qui étaient confrontés
à la guerre… et qui se faisaient la
guerre. Mon but était d’apaiser les tensions.
J’ai un profil atypique, ma carrure,
mes tatouages... forcément ça interpelle
les enfants ! La curiosité leur a permis
de s’ouvrir un peu et au fil des questions
ça nous a rapprochés. Tellement
qu’à la fin ils ne voulaient plus que je
parte ! Et les voir jouer ensemble lors
des Jeux de l’Amitié (2018) alors qu’au
départ il semblait impossible de les faire
cohabiter, c’était magnifique. A la fin, ils
s’appréciaient, ils étaient un groupe. Je
trouve que ce genre de choses montre
la force du sport. Une force qui permet
de rassembler. Le sport casse des barrières
immenses et ouvre des portes
encore plus grandes. Ça m’a marquée,
vraiment.
QUELS MESSAGES SOUHAITES-TU
FAIRE PASSER À CES JEUNES FILLES
ET JEUNES GARÇONS QUI RÊVENT
DE MARCHER SUR TES TRACES ?
D.R.
Je leur dirais de se dépasser, de toujours
croire en leurs rêves et de se
battre. Les rêves sans effort sont inutiles.
Ça fait mal, on tombe, mais il faut
avoir la force de se relever et de se
battre. Comme disait Michael Jordan,
« on peut tomber dix fois si on se relève
onze fois ». Il faut toujours se battre pour
accéder à ses rêves. Résilience, courage
et espoir sont les maîtres mots. WSA
Questions bonus
TON SURNOM FAVORI : Yacoubou ça me va très bien
TON MEILLEUR SOUVENIR EN EDF : Les Jeux Olympiques
évidemment avec la médaille d’argent au bout.
TA SÉRIE PRÉFÉRÉE :Ohlala ! (quelques secondes d’hésitations),
c’est fou quand même que je ne me rappelle pas des
dernières séries que j’ai pu regarder. (rires) Il va falloir que je
remédie à ça.
TON PÊCHÉ MIGNON : Je suis une très, très grande gourmande
alors la nourriture en général.
TON CHOIX DE RÉINCARNATION : Une hippie pour être
plus connectée avec la nature, je regrette toutes les choses que
l’on fait endurer à notre planète.
MAMAN POULE OU MAMAN STRICTE ? Je suis une maman
très stricte tout en étant la plus cool des mamans.
LA PLUS GROSSE BÊTISE FAITE PAR TES ENFANTS : Ils
jours
en train de courir partout et à Noël, on lui a offert une paire
de chaussures qu’il voulait par-dessus tout. En à peine quelques
jours, il les avait déjà cassées. La semelle était totalement décol-
en fait beaucoup mais à chaque fois elle s’en rend compte et
vient nous en parler. Faute avouée à moitié pardonnée (rires).
22 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Sport en Commun
en bref
Plateforme panafricaine pilotée de Dakar, Sport en Commun
a pour objectif de favoriser l’accompagnement et le financement
de projets liés au développement par le sport en Afrique.
En s’appuyant sur l’offre de solutions existantes complétées par
une offre de services sur-mesure, la plateforme Sport en Commun
se positionne en guichet unique à travers quatre principales missions
:
- Favoriser et accélérer le financement des projets de toute taille
(micro, méso et macro)
- Favoriser et accélérer l’accompagnement des projets sur toute
leur durée de vie
- Fluidifier les mises en relation et interactions entre acteurs
- Assurer la promotion de la thématique et favoriser le partage et
retour d’expériences
+
En savoir plus : www.sportencommun.org
Les Sport Impact Leaders dont fait partie
Isabelle Yacoubou
Athlètes de haut niveau, en activité ou reconverti(e)s, sources d'inspiration
pour de nombreux jeunes, ces personnalités du monde du
sport sont toutes engagées aux côtés de Sport en Commun pour un
développement économique et social grâce au pouvoir du sport.
Peace and
Sport
en bref
Créée en 2007 par le médaillé olympique
et champion du monde de pentathlon
moderne Joël Bouzou, Peace and Sport
est une organisation mondiale, neutre, indépendante
et opérationnelle qui utilise le
sport et ses valeurs comme instrument de
paix.
En moins de dix ans, la dynamique sportive
a déjà permis à Peace and Sport de
réinsérer des enfants soldats, de redonner
confiance à des orphelins de guerre, de réintégrer
des réfugiés, de faciliter l’accès à
la scolarité…
“
« Cest un honneur de recevoir le prix de
« Champion de la Paix de l’année ». Le respect
envers les autres est quelque chose que j’ai
appris lorsque j’étais enfant et que j’essaie
toujours d’appliquer sur le terrain de football.
C’est un plaisir d’être reconnu comme étant
un joueur « fair-play ». Je remercie Peace
and Sport ainsi que S.A.S le Prince Albert II
de Monaco pour ce prix et j’espère continuer
à inspirer et soutenir les personnes issues de
milieux défavorisés. »
© D.R. Icon Sport
L’utilisation du sport comme outil pédagogique
a incité les mouvements sportifs internationaux
à se mobiliser concrètement.
Parallèlement, les réussites sur le terrain
de Peace and Sport ont sensibilisé les décideurs
politiques et les gouvernements à
voir le sport comme un réel vecteur de paix.
Découvrez les champions de la paix Peace
and Sport dont fait partie Isabelle Yacoubou :
+
www.peace-sport.org/fr/
nos-champions-de-la-paix/
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 23

ENSEMBLE
ENTRETIEN
CINZIA
CATALFAMO-
AKBARALY :
« Le cancer est la maladie
qui tue le plus de femmes en
Afrique subsaharienne, mais
nous allons le vaincre ! »
La Fondation
Akbaraly est
l'accomplissement
du parcours de
vie incroyable de
Cinzia Catalfamo-
Akbaraly.
La Fondation Akbaraly (1)
est mondialement reconnue
pour ses actions en faveur
de l'accès à la santé pour les
populations défavorisées, en
particulier la lutte contre le
cancer du sein et du col de
l'utérus, à Madagascar et
en Afrique subsaharienne.
Nous avons eu le privilège de
rencontrer sa charismatique
présidente-fondatrice,
Cinzia Catalfamo-Akbaraly.
Une personnalité au destin
exceptionnel... et au sourire
communicatif ! Entretien.
PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
WOMEN SPORTS AFRICA : VOTRE
VIE EST UN ROMAN. POURRIEZ-VOUS
NOUS EN DÉVOILER QUELQUES
CHAPITRES ?
CINZIA CATALFAMO-AKBARALY : Je
suis née à Milan, en Italie. Mon père était
un homme d'affaires. Pendant mes études
en économie et commerce à Milan, j’ai également
vécu à Buenos Aires où j’ai travaillé
à différents projets proposés par la Commission
Européenne. L’un des principaux
projets consistait à la présentation de l’utilisation
de l’Euro (appelé Ecu à l’époque)
aux administrations publiques et privées
d’Argentine, Brésil, Vénézuela et Colombie.
J'ai ensuite participé à la création du premier
institut de management en Union Soviétique,
en 1989, à l'époque de la Perestroïka.
Puis au début des années 1990, j’ai
rejoint mon père – Consul de l’Ile Maurice
en Italie – pendant sa mission à l’Ile Maurice.
J’ai travaillé à ses côtés et celui du
Gouvernement mauricien dans le cadre du
développement des secteurs textile et touristique.
A cette époque, nous assistions à
l’ère des délocalisations de grandes socié-
24 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

tés vers Madagascar. C’est à ce moment-là
que j’ai découvert ce pays… et mon époux
(ndlr: Ylias Akbaraly, Président du Groupe
Redland, Holding du Groupe Sipromad et
de Thomson Broadcast).
RACONTEZ-NOUS VOS PREMIERS PAS
À MADAGASCAR.
En mai 1993, j’ai quitté Milan, la capitale
de la mode, pour Antananarivo ! J’ai été
très affectée par la pauvreté exacerbée à
Madagascar. Paradoxalement, je suis tombée
rapidement amoureuse de ce pays
plein de charme, de couleurs et de sourires.
Nous avons fondé une famille (quatre
enfants !) très cosmopolite. Mon époux,
Ylias, est issu d’une famille gujrati commerçante
qui s’est très bien intégrée au
pays tout en conservant ses traditions qui
ont été transmises également aux enfants.
Notre famille a la particularité d’avoir des
cultures diversifiées à la fois européenne,
malgache et indienne. Nous encourageons
cette ouverture de culture et d’esprit. C’est
pour cela que nous avons inscrit nos enfants
à l’étranger pour leurs études supérieures.
© Fondation Akbaraly
EN 1995, VOUS CRÉEZ L'ASSOCIA-
TION FIHAVANANA (2) QUI OEUVRE EN
FAVEUR DES ORPHELINS, DES ENFANTS
DE FAMILLES EXTRÊMEMENT PAU-
VRES ET DES ENFANTS MALADES OU
HANDICAPÉS...
Fihavanana signifie «on se donne la main».
J'ai créé cette association en coopération
avec des missionnaires italiens, très actifs
à Madagascar. Cette aventure a démarré
en 1995 et je suis encore en contact
aujourd'hui avec les premiers enfants que
nous avons accueillis à l'époque. C'est
une grande émotion et une grande fierté.
Deux d'entre eux travaillent aujourd'hui
avec nous à la Fondation. Conduire cette
association m'a enrichie et transformée.
Je n'étais plus la «femme blanche» : j'allais
dans les villages, j'entrais dans les
maisons, j'ai appris la langue. Madagascar
m'a adopté. Et puis les missionnaires
italiens avec qui j'ai travaillé ont su mêler
traditions malgaches et christianisme, avec
beaucoup de respect. En tant qu'occidentaux,
nous avons une vision des choses
mais nous n’avons pas le droit de juger,
d'imposer nos projets. Et vous savez, j'ai
voyagé dans de nombreux pays dans le
monde, mais si je devais désigner celui où
j'ai vu le plus de sourires, c'est
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 25

ENSEMBLE
de loin Madagascar ! Je vois que
des pays comme la Chine ou Dubaï créent
des «ministères du bonheur». Je crois qu'ils
devraient venir prendre leur inspiration ici !
EN MARGE DE VOS ACTIONS
HUMANITAIRES ET CARITATIVES,
VOUS AVEZ ÉGALEMENT ÉTÉ NOMMÉE
CONSULE GÉNÉRALE D'ITALIE.
RACONTEZ-NOUS CETTE EXPÉRIENCE.
© Fondation Akbaraly
La Fondation
Akbaraly a créé pas
moins de quatre
centres de soin à
Madagascar !
En raison des nombreux coups d’Etat
que Madagascar a connu, l’Ambassade
d’Italie a dû fermer ses portes. Il m’a
alors été proposé d’assurer la fonction de
Consule générale d’Italie. J’ai été la plus
jeune consule du pays à l’époque. J’avais
32 ans. J’exerçais cette fonction non rémunérée
avec grande passion. Représenter
et protéger les 20 000 ressortissants
italiens était un dévouement et un honneur
que j'ai accompli durant 15 années.
ON EN VIENT À LA CRÉATION DE LA
FONDATION AKBARALY, EN 2008.
QUELLE EST LA GÉNÈSE DE CE PROJET
AMBITIEUX ?
Ce projet est issu d’une volonté sociale et
sociétale d’abord en 2008. J’ai demandé à
mon époux de créer une Fondation pour venir
en aide à Madagascar qui nous a beaucoup
apporté. L’objet de la Fondation a été
défini en 2009 lorsque j’ai été atteinte d’un
cancer. J’ai alors demandé à l'un des plus
grands oncologues au monde, un éminent
médecin italien, de m’aider à monter ce
projet. Un projet très ambitieux car il n’y
avait aucune structure en Afrique subsaharienne
qui luttait contre le cancer du sein
et du col de l’utérus. Nous, OMS, Ministère
de la Santé et professionnels de la santé,
avons donc constitué une équipe et rédigé
la politique nationale contre le cancer
féminin. C’est ainsi qu’est né le projet
« 4aWoman » qui prévoyait des dépistages
et soins dans notre premier centre à Fianarantsoa.
Le deuxième centre a ensuite
vu le jour à Mahajanga. Ces deux centres
offrent des services gratuits. Seul le troisième
centre dans la Capitale à Antananarivo
est payant. Conscients des difficultés
de déplacements des femmes vivant
dans des endroits reculés, nous avions
également investi dans une unité mobile
équipée d’échographies et de mammographies.
Celle-ci se rend dans les villages.
Ce projet a connu un franc succès et a été
salué lors d’une conférence en 2011 sur la
« Stratégie de contrôle des cancers des
femmes en Afrique » qui a été dans le
Top 3 des événements les plus regardés en
ligne dans le monde cette année-là ! Une
conférence qui a d'ailleurs donné lieu à
une conversation holistique plus que scientifique
entre les chercheurs et les grands
acteurs de ces questions.
AUJOURD'HUI, LA FONDATION
AKBARALY EST RECONNUE DANS
LE MONDE POUR SES ACTIONS,
NOTAMMENT DANS LA LUTTE
CONTRE LE CANCER DU SEIN.
QUELQUES CHIFFRES ?
Depuis sa création, plus de 100 000
femmes ont bénéficié de ce projet dont le
Board est composé d’une soixantaine de
scientifiques. Nous avons diversifié nos
services. C’est le cas de notre Centre
dans le Sud de Madagascar qui en plus du
service oncologique, comprend également
un service de malnutrition. Notre Centre à
Antananarivo qui a été entièrement dédié
aux victimes de la Covid-19 conservera ses
salles de réanimation et des services généralistes.
Un quatrième Centre est actuellement
en gestation. La Fondation Akbaraly
insiste sur la durabilité et la pérennité de
nos projets à Madagascar et en Afrique.
A noter que nous sommes également intervenus
au Rwanda pour la délocalisation
d’hôpitaux en brousse.
LES 84 PAGES DE CE MAGAZINE
NE SUFFIRAIENT PAS À RACONTER
INTÉGRALEMENT VOTRE VIE
INCROYABLE (3) MAIS UNE DERNIÈRE
FACETTE DE VOTRE PERSONNALITÉ
A RETENU NOTRE ATTENTION : VOUS
ÊTES DEVENUE ÉCRIVAIN...
Je viens effectivement de publier mon premier
livre, écrit pendant le confinement et
inspiré d'une expérience très personnelle.
J'étais confinée à Madagascar tandis que
mon père, âgé et souffrant, était confiné en
Italie, alors épicentre de la pandémie. J'ai
eu très peur pour lui et nous conversions
chaque jour par Whatsapp. Ces échanges
m'ont inspiré l'idée de ce livre, qui est un
roman sur le thème plus global et universel
de l'amour : «Un abbraccio lungo una vita,
amore ai tempi del Covid-19» («Une étreinte
de toute une vie, l'amour au temps du Covid-19").
QUEL MESSAGE VOULEZ-VOUS FAIRE
PASSER À TRAVERS VOTRE OEUVRE ?
Le message que je veux faire passer, à travers
mes actions pour la Fondation ou plus modestement
à travers ce livre, est simplement
un message de partage et d'espoir. Je suis
convaincue que la vie de chacun doit être utile
pour les autres. Il nous incombe d'insuffler
des ondes positives et partager nos expériences
de vie, pour les générations futures.
Les jeunes ont besoin d'un espoir. Nous vivons
un moment difficile avec une crise de la
planète et cette pandémie que nous venons
de traverser. Mais une belle époque pourrait
commencer. Je veux adresser ce message de
courage, de force et de bienveillance. Nous
devons aller de l'avant, tous ensemble. Nous
sommes l'humanité ! WSA
(1) https://fondationakbaraly.org/
(2) https://www.fihavanana.org/
(3) Outre ses activités humanitaires caritatives
qui concernent également un volet d’aide aux réfugiés
en Italie, ses activités diplomatiques et ses
activités entrepreneuriales, Cinzia Catalfamo-Akbaraly
a également mené une mission importante
pour le compte de la FIFA
26 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

LES PROJETS MAJEURS
DE LA FONDATION AKBARALY
Le projet 4aWoman est le premier
projet en Afrique subsaharienne qui
a le but de créer un service de santé
dédié à la prévention primaire et
secondaire, au diagnostic précoce et
au traitement des cancers féminins, intégré par des activités de
sensibilisation, de plaidoyer, d'éducation et de recherche.
RESSOURCES : Centre Rex à Fianarantsoa, Hôpital Candide
à Mahajanga et Centre Kintana à Antananarivo; laboratoire
galénique; Unité mobile avec un service de télémédecine;
réseau hospitalier dans tout le pays et collaboration avec le
pénitencier de Fianarantsoa.
SERVICES : santé maternelle et infantile, obstétrique et
gynécologie, traitement et prévention de la malnutrition
maternelle et infantile, vaccins, orthopédie et chirurgie
orthopédique, kinésithérapie, médecine générale et diagnostic.
http://www.4awoman.org
Le projet 4aHuman vise à fournir aux
personnes en situation de vulnérabilité,
tant italiens qu'étrangers, le soutien
nécessaire durant le processus de leur
intégration sociale et professionnelle,
en développant une stratégie sur
mesure en fonction des besoins de chaque bénéficiaire pour
atteindre des résultats concrets dans un court laps de temps,
qui peuvent être facilement transférés dans un environnement
de travail.
SERVICES : cours d’italien, éducation civique, mathématiques
de base, formation professionnelle spécifique, développement
de compétences personnelles et professionnelles,
accompagnement lors du processus de recherche d’emploi
en collaboration avec des organisations locales et des projets
pilotes.
Le projet Fihavanana prend en charge
les jeunes orphelins, les familles
vulnérables, les enfants malades et
handicapés depuis leur naissance
jusqu'à l'âge adulte, quand ils peuvent
devenir indépendants. Beaucoup d'entre eux, après avoir
terminé leurs études, deviennent une partie active du projet et
aident, à leur tour, ceux qui en ont le plus besoin.
SERVICES : adoptions à distance, soutien aux orphelinats, aux
centres communautaires et aux écoles; soutien financier aux
familles démunies; matériel et frais scolaires gratuits; activités
récréatives de groupe; construction d'écoles, de puits, de
fontaines et d'hôpitaux pédiatriques.
https://www.fihavanana.org
Le projet 4Nature est un projet
innovant pour le développement
scientifique de la médecine
complémentaire et traditionnelle
grâce à la culture d'herbes et de
plantes médicinales, aux projets
de recherche, et à la production
d'huiles essentielles et de produits
phyto-thérapeutiques dédiés aux
populations les plus pauvres de
Madagascar et de l'Afrique et à
l'exportation vers l'Ouest.
Le projet 4India, en collaboration
avec le Centre Nizamuddin de
Delhi, soutient la population
locale la plus vulnérable avec
des dons de nourriture et de
produits essentiels, ainsi que des
produits d'hygiène et des EPI pour
lutter contre la propagation de la
pandémie de Covid-19.
http://4ahuman.org
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 27

ENSEMBLE
SAMANTHA
MIYANDA
veut aider les jeunes sportives à
accomplir leurs rêves
Faire bouger les mentalités. Donner de sa personne pour aider les jeunes filles à pratiquer le
sport et particulièrement le football. Ce sont les mots d’ordre de Samantha Miyanda. À ce titre,
la Zambienne a participé aux Young Change Makers lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse
de Nanjing (Chine) en 2014, et mène aujourd’hui un programme sous l’égide du Comité
International Olympique. Nous l’avons rencontrée !
PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL
Samantha Miyanda a
commencé le football à
18 ans. Elle s’est vite
aperçue des inégalités
entre les femmes et les
hommes dans le sport et surtout des
difficultés des filles pour le pratiquer.
« Quand j’ai commencé le football j’ai
réalisé que nous n’étions pas vraiment
considérées par rapport aux garçons.
Beaucoup de femmes de mon équipe,
souvent issues de familles pauvres, ont
arrêté le foot parce qu’elles devaient se
marier ou parce qu’elles n’avaient pas
d’ambition dans ces conditions, nous explique-t-elle.
En Afrique, on a les talents
pour s’illustrer dans le sport. Mais avec
nos traditions, nos religions, les familles
et parfois même les coachs ne croient
pas que les filles puissent exceller dans
ce milieu. »
Pourtant, de nombreux cas viennent
prouver le contraire. Samantha Miyanda
veut aider les jeunes filles à pouvoir briller
à l’international. C’est pourquoi elle
a monté le projet « Girls Sports Mentorship
». « Je voulais depuis longtemps
proposer une possibilité de formation
aux jeunes filles afin de mieux les équiper
pour exceller dans l'industrie sportive »,
indique-t-elle pour le site Olympics.
Dans ce programme, Samantha Miyanda
permet aux jeunes filles de son
pays d’être également éduquées à la
nutrition, aux valeurs olympiques, au
leadership mais aussi sur les questions
relatives au VIH/Sida. « Cette
fondation s'appuie sur les compétences
des femmes influentes de mon pays qui
partagent leurs idées et expériences afin
d'inspirer ces jeunes filles pour qu'elles
réalisent leur plein potentiel. » De quoi
convaincre les parents. « Quand ils
voient que leurs enfants peuvent avoir
accès à une éducation gratuite en parallèle
du sport, ils sont plus rassurés »,
nous confie-t-elle.
D.R.
28 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
« QUAND J’AI COMMENCÉ LE FOOTBALL
J’AI RÉALISÉ QUE NOUS N’ÉTIONS PAS
VRAIMENT CONSIDÉRÉES PAR RAPPORT
AUX GARÇONS. »
S’inspirer des modèles
La Zambie sera la seule nation africaine
à disputer le tournoi féminin de
football des Jeux Olympiques de Tokyo,
du 21 juillet au 6 août prochains. Les
joueuses ont en effet décroché leur
qualification en mars 2021 après l’élimination
du Cameroun contre le Chili.
Elle succèdera aux deux nations qui
ont représenté le continent aux JO de
Rio en 2016, à savoir l’Afrique du Sud
et le Zimbabwe. Un exemple à suivre
pour Samantha Miyanda. « On peut se
référer à cette performance pour donner
de l’espoir aux jeunes filles en leur
disant "regardez, c’est possible ! Elles
sont à Tokyo et représentent tout le
continent !" » Le rêve est une ambition.
Samantha en est convaincue ! WSA
« GIRLS SPORTS
MENTORSHIP »
EN BREF
Programme qui permet aux
jeunes filles de Zambie d’avoir
accès à une éducation en parallèle
d’entraînements sportifs encadrés.
Les élèves sont éduquées sur la
nutrition, les valeurs olympiques,
le leadership mais aussi sur les
questions relatives au VIH/Sida.
Le programme de Samantha
Miyanda « s'appuie sur les
compétences des femmes
influentes de mon pays qui
partagent leurs idées et
expériences ».
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 29

CARNET PRATIQUE
ENTRAÎNEMENT
La routine
sportive de
NORCHENE
DOURA
NordeneDoura,
alias @norchene1,
est une athlète
coach sportive
originaire de
Tunis et une influenceuse
reconnue sur les réseaux
sociaux depuis 2016.
« Instagram a toujours été
une petite passion pour
moi, partager avec les gens
mon amour pour le sport et
les motiver est un plaisir »,
nous explique-t-elle. « Sur
mon Instagram, je partage
ma routine fitness, mes
petites recettes healthy
et j’encourage les gens à
faire du sport et à manger
sainement mais aussi à
renforcer leur mental et leur
volonté. »
Et pour cela, Nordene a une
devise : « Don’t find time,
Make time ». « Je prouve en
partageant tout cela qu’il faut
prioriser la santé, le corps
et la bonne hygiène
de vie. Le secret n’est
en aucun cas de
trouver du temps
mais d’instaurer
du temps pour
ça. » Celle qui a
créé sa propre
émission « Stay Fit
with Norchene »
sur Youtube et
IGTV souhaite
ainsi aider ses
abonnés « à être la
meilleure version
d’eux-mêmes, de
les inspirer et de les
motiver à atteindre
leurs objectifs ».
« Quand je reçois des
messages d’inconnus qui
me disent que j’ai pu changer
leur vie, que je les ai motivés
à avancer, à être bien dans
leur peau, ça me fait chaud
au cœur et ça me rappelle
encore plus pourquoi je fais
tout cela. »
D.R.
30 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

1
2
LE SQUAT
Bienfaits :
• Arme parfaite pour muscler tout le
bas du corps.
• Fait travailler les principaux
muscles stabilisateurs des jambes,
en l’occurrence le fessier, les ischiojambiers
et les quadriceps, surtout
lors des sauts et des sprints.
• Permet aussi de travailler l’équilibre
et la mobilité.
3
LE DÉVELOPPÉ COUCHÉ
Bienfaits :
• Exercice poly-articulaire (c’est-à-dire un exercice composé)
• N’entraîne pas seulement les pectoraux, mais aussi les muscles de l’épaule,
les triceps et même les muscles du cou et du dos.
• Parce que vous utilisez un haltère à deux mains, tout le haut de votre corps aide
à équilibrer les poids. Même vos abdominaux et biceps sont subtilement activés
par cet exercice.
4
5
LE KICK-BACK
ou « élévation de jambe arrière »
Bienfaits :
• Parfait pour obtenir des fessiers
fermes et toniques. C’est un must
do pendant votre séance fessiers.
LE HIP THRUST (MON EXERCICE PRÉFÉRÉ)
Bienfaits :
• Sollicite principalement les muscles extenseurs de la hanche : fessiers, ischiojambiers,
ainsi que les muscles du bas du dos.
Norchene veut
aider ses abonnés à
devenir
« la meilleure version
d’eux-mêmes » !
6
LE DÉVELOPPÉ ARNOLD
Bienfaits :
• Exercice pour les épaules, mais aussi très complet et travaille avec une
grande amplitude.
• Cible principalement le deltoïde moyen.
LE DEADLIFT
Bienfaits :
• Sollicite les mollets, les ischios
jambiers.
• Muscle les lombaires, le bas du
dos, le grand dorsal, le grand fessier,
les muscles du moyen fessier, les
quadriceps, les trapèzes, les
muscles de l’avant-bras, les muscles
de la ceinture scalaires (aussi
appelés stabilisateurs) et pour finir
la sangle abdominale.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 31

C’EST BON POUR MOI !
LE PÉRINÉE,
ce muscle méconnu
et mal-aimé
On entend dire ici ou là que le sport serait mauvais pour le périnée et favoriserait l’arrivée
des fuites urinaires chez les femmes. On fait le point ? Questions flash, idées reçues,
exos, sports à préconiser… Tout ce que vous vouliez savoir sans oser le
demander sur cet ensemble de muscles méconnu et tabou. PAR LÉA BORIE
Travailler son
périnée présente
de multiples
vertus. On vous
explique !
HUM, VOUS AVEZ DIT
PÉRINÉE ?
Un ensemble de muscles sur la paroi intérieure du
pelvis. Son rôle ? Assurer fermeture/ouverture de la
vessie et soutenir utérus et rectum.
Mis à rude épreuve, surtout pendant la grossesse,
il occasionne des pathologies comme les fuites
urinaires.
Pas de panique : comme tous les muscles, ça se
renforce, à condition d’en prendre soin au quotidien.
Vous n’aurez plus d’excuses, musclez-nous tout ça !
CE SPORT, JE LE FAIS
OU PAS ?
3 sports amis de la ceinture pelvienne
pilates, son meilleur ami
natation, son cousin
vélo, son bon copain
3 sports à fort impact sur le périnée
sports de balle
athlétisme / running
trampoline
32 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Petites recommandations pendant les cours de fitness
- Abdos crunch : on cherche à se muscler vers le haut, non
vers l’avant
- Pour tout abdo, on ne gonfle pas le ventre, on souffle
- On protège au maximum son périnée en corrigeant
sa posture au début du cours : bassin vers l’avant en
rétroversion
À BAS LES IDÉES
REÇUES !
• Oui, les hommes ont bien un périnée eux aussi !
• La grossesse et des mouvements intenses mal pratiqués
ne sont pas les seuls facteurs d’un affaiblissement du
périnée : surpoids, constipation, tabac entrent en ligne de
compte ! Et l’âge : à la ménopause, avec le relâchement
des muscles et les carences en œstrogène, le tonus du
périnée diminue
• Se retenir de faire pipi ne permet pas de muscler
son périnée à bon escient, mais on risque de le rendre
hypertonique
• On s’occupe de son périnée pendant et post-grossesse,
et basta : non, et non ! Jeune maman, sachez aussi au
passage qu’un périnée tonique donne plus de plaisir…
NE LÂCHEZ RIEN :
DES EXOS MUSCU’ DU PÉRINÉE
- Allongée au sol, jambes tendues au plafond.
Contractez le périnée, soulevez le bassin,
pointes de pied vers le ciel.
3 séries de 10
© Olena Yakobchuk / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 33

C’EST BON POUR MOI !
Quel sport
à quel âge ?
A chaque âge,
il y a une bonne
raison de faire du
sport !
© Osadchaya Olga / Shutterstock
34 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

NOS SPÉCIALISTES
D.R.
D.R.
D.R.
D.R.
DR GHADA HATEM-
GANTZER
Gynécologue, Adjoint-chef
de service à la maternité
Delafontaine de l’hôpital de
Saint-Denis.
DR JEAN-JACQUES MENUET
Médecin du sport (expert
nutrition et sophrologie),
médecin référent en cyclisme
professionnel et en boxe.
SÉVERINE CALDIN
Ostéopathe diplômée de
l’Ecole Supérieure d’Osthéopathie
(ESO) de Paris, exerçant à
l’Isle-Adam (France).
PEDRO GARCIA
Coach Sportif diplômé d’un
Brevet d’Etat d’Educateur
Sportif des Métiers de la
Forme (BEESMF).
5 raisons de faire du
sport à 20 ans
20 ans c’est l’âge de tous les excès, le début de l’indépendance, des sorties, les premiers pas
dans la vie d’adulte mais c’est aussi une période à laquelle il faut prendre soin de notre corps.
Et pourtant on reste sédentaire et on fait subir à notre corps les pires vices. La vingtaine
est la période idéale pour s’imposer une routine sportive. Prendre soin de son corps est une
assurance pour l’avenir.
LES SPORTS
CONSEILLÉS PAR
PEDRO GARCIA :
A 20 ans, on a moins de blessures
antérieures, il n’y a pas de réelles
contradictions à la pratique sportive.
À vous de suivre les indications et ne
pas vous lancer dans des pratiques
dangereuses qui pourraient
engendrer des blessures.
Un corps réceptif
Vous aurez plus de
facilité à vous mettre au
sport à la vingtaine que
plus tard.
Le corps se remet plus
vite et vous remarquerez
rapidement les effets de
l’exercice sur votre corps
et votre santé.
Vous apprendrez à
écouter votre corps et à
vous imposer les limites
adéquates.
Il n’y a aucune contreindication
à la pratique
du sport de votre choix,
alors profitez-en !
Un corps sain
20 ans c’est la
malbouffe, les plats
d’étudiants, les soirées
arrosées, les nuits
blanches. Le sport
vous permet d’avoir
une meilleure hygiène
de vie. Les personnes
actives ont tendance
à avoir des taux
inférieurs de diabète
et d’hypertension
artérielle. Le sport
améliore la qualité
du sommeil et
l’exercice régulier
permet de contribuer
à une meilleure
fonction cardiaque et
pulmonaire.
Dans un esprit sain
Mais 20 ans c’est aussi
le stress des examens,
les premières galères
financières, les coups
de blues. L’activité
physique produit des
substances chimiques
qui permettent de vous
sentir plus heureux et
plus détendu.
Le sport vous
permet de vous
défouler et d’évacuer
les frustrations
quotidiennes.
Concentrez-vous sur vos
objectifs sportifs, vous
serez moins stressés.
Testez de
nouvelles
expériences
Il existe de nombreux
clubs pour adultes,
vous pouvez choisir
la pratique qui vous
convient et tester
des sports que vous
avez toujours rêvés
d’essayer sans
contrainte.
Répétons-le : à 20 ans,
votre corps ne vous
fixe pas de limite. Que
vous soyez adepte du
sport-plaisir, du sportloisir
ou du sport de
compétition, toutes les
expériences vous sont
permises !
Faire de nouvelles
rencontres
On aime rester avec
notre bande de potes,
mais parfois certains
n’ont pas les mêmes
attentes que vous pour
le sport. Vous voulez
tester une discipline
qui n’intéresse pas
vos amies ? Pas de
panique, vous n’êtes
pas les seules. Vous
rencontrerez de
nombreuses autres
personnes dans le même
cas que vous et c’est
l’occasion de créer
de nouveaux liens, de
partager, de découvrir
d’autres personnes.
Photographies : © ESB Professional - © Martinina - © Goran Bogicevic - © Prostock-studio - © Jacob Lund / Shutterstock - Illustrations : © aelitta / Shutterstok
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 35

C’EST BON POUR MOI !
À LA LOUPE
LES SPORTS
CONSEILLÉS PAR
PEDRO GARCIA :
Escalade, boxe, aviron, jogging,
natation, surf, tennis, roller,
zumba, canoë (balade plus que
compétition), équitation,
tir à l’arc.
30 ans,
l’âge des
changements
© Jacob Lund / Shutterstock
30 ans c’est le moment des
changements. C’est l’âge
où l’on s’impose dans la vie.
Mais c’est aussi le moment
crucial où il s’agit de ne pas
perdre l’habitude de pratiquer
un sport. Plusieurs facteurs
entrent en jeu à cette période
de vie : stress de l’emploi
et premiers enfants (même
si les femmes mettent au
monde de plus en plus tard,
la moyenne en France reste
de 29 ans). Le corps est
toujours réceptif, mais à 30
ans il est conseillé de se
tourner vers un spécialiste qui
pourra vous guider. A 30 ans,
il est encore temps d’atteindre
un très bon niveau et de
pratiquer des activités à la
fois détente et qui sortent de
l’ordinaire. Peur de vite être
démotivée ? Embarquez vos
copines avec vous pour créer
une émulation. « Beaucoup
pensent qu’à 30 ans on ne
peut plus faire des sports
de contact par exemple et
seulement du yoga, alors que
pas du tout c’est le moment
de prendre du plaisir et oublier
la compétition » nous explique
notre coach sportif, Pedro.
© Maridav / Shutterstock
J’AI MAL AU DOS, QUEL
SPORT FAIRE ?
Séverine Caldin, ostéopathe :
quand on a mal au dos, c’est
souvent natation et marche à
pied qui sont préconisées.
COMMENT FAIRE QUAND
ON N’A PAS BEAUCOUP DE
TEMPS PAR SEMAINE ?
Pedro, coach sportif : c’est
une question que beaucoup
LES SPÉCIALISTES VOUS RÉPONDENT
de mamans me posent. Vous
finissez tard le soir et en
rentrant il faut s’occuper du
repas, des enfants… et il ne
vous reste plus de temps pour
vous. Et c’est là l’erreur que
font beaucoup de femmes.
Chaque femme devrait se
caler une ou deux heure pour
elle par semaine.
© Dean Drobot / Shutterstock
Mais c’est plus facile à dire
qu’à faire… alors trichez !
Marchez, sortez le chien,
descendez une station de
métro plus tôt, prenez les
escaliers…
EST-IL IMPORTANT
DE CONSULTER UN
SPÉCIALISTE AVANT DE
FAIRE DU SPORT ?
Pedro, Coach sportif : je
conseille toujours à mes
clients de faire un point en
particulier après une blessure
ou la grossesse.
Séverine Caldin : la visite
d’un ostéo avant et pendant
la pratique est bénéfique,
notamment pour les conseils.
Dr Jean-Jacques Menuet,
Médecin du sport : il est
important de consulter un
médecin du sport qui saura
© Cherries / Shutterstock
guider la personne vers une
activité sportive adaptée à
l’âge et au handicap éventuel.
Prescrire une activité physique
c’est comme prescrire un
médicament, et c’est moins
toxique pour l’estomac…
36 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

À LA LOUPE
LES SPORTS
CONSEILLÉS PAR
LE DR MENUET :
marche rapide, course à pied,
cyclisme, marche nordique,
natation, triathlon, trail,
gymnastique douce
© mimagephotography / Shutterstock
40 ans,
la prise de
conscience
40 ans, c’est l’âge mûr et
selon les statistiques l’âge
heureux. L’âge des premiers
bilans, celui où on décide
de se reprendre en mains.
« Retrouver le corps de mes
20 ans », voilà la demande
principale des femmes de la
quarantaine à notre coach
Pedro. Mais les femmes
doivent faire attention, leur
profil physiologique est
modifié. Le Docteur Jean-
Jacques Menuet explique « À
partir de 40 ans, l’organisme
est plus fragile, on est
plus endurant mais moins
résistant, les tendons sont
moins souples et moins
vascularisés, les capacités
de récupération diminuent.
C’est pour cela que le risque
de blessures est majoré. »
C’est le moment de mettre en
place une meilleure hygiène
de vie : « Une hygiène du
sport rigoureuse : nutrition
équilibrée, bien dormir, bien
s’hydrater avant, pendant et
après l’effort, bien s’échauffer,
pratiquer régulièrement les
étirements à distance de
la fin de l’effort. » Si vous
avez du mal à vous motiver,
le coach vous conseille de
trouver une activité sportive
à partager avec vos ados.
De nombreuses structures
proposent des cours ouverts
aux adultes dès 15 ans, en
particulier de fitness (zumba,
gym tonique...).
LES SPÉCIALISTES
VOUS RÉPONDENT
EST-IL IMPORTANT
POUR LES FEMMES
MÉNOPAUSÉES DE
RESTER ACTIVES ?
Dr Ghada Hatem-Gantzer,
gynécologue, médecinchef
de la Maison des
Femmes : Pour toutes
ces raisons, avec en
particulier un métabolisme
moins actif qui favorise la
rétention des graisses, il est
absolument indispensable
de maintenir voire de
renforcer son activité
physique à l’approche de la
ménopause.
FAUT-IL ADAPTER LE
PROGRAMME À PARTIR
D’UN CERTAIN ÂGE ?
Dr Jean-Jacques Menuet :
Il faut répartir les activités
sur la semaine. Pratiquer
peu mais régulièrement et
privilégier la récupération.
QUELS SPORTS
CONSEILLEREZ-VOUS À
DES FEMMES DE PLUS DE
40 ANS ?
Dr Jean-Jacques Menuet :
Il faut privilégier les sports
d’endurance, c’est-à-dire
la pratique d’activités
prolongées réalisées à une
intensité peu importante :
marche rapide, course à
pied, cyclisme, marche
nordique, natation,
triathlon, trail. La pratique
d’une gymnastique douce
permet le maintien des
amplitudes articulaires.
© Kenishirotie / Shutterstock
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 37

C’EST BON POUR MOI !
À LA LOUPE
50 ans,
LES SPORTS
CONSEILLÉS PAR
PEDRO GARCIA :
stretching, yoga, marche
nordique, gym douce, natation,
aqua gym, paddle et pourquoi
pas de la danse mais
attention au dos.
la difficile reprise après
un arrêt prolongé
© pixelheadphoto digitalskillet / Shutterstock
Avoir plus de 50 ans ne veut
pas dire que la vie s’arrête ! Si
certaines femmes pratiquent
encore une activité physique,
d’autres se sont laissées emporter
par le quotidien métro
- boulot - dodo et ont « lâché
l’affaire ». Mais avec l’arrivée
de la ménopause, de nombreuses
femmes ressentent
le besoin de se remettre au
sport. Les médecins sont
très favorable à une reprise :
« Oui et encore oui, la reprise
d’une activité physique amènera
toujours un bénéfice
santé, même après plusieurs
années d’inactivité » s’exclame
le médecin du sport
Jean-Jacques Menuet. Mais
reprendre une activité n’est
pas toujours facile, quelques
appréhensions subsistent.
Les spécialistes sont tous
d’accord sur un point : « un
check up auprès de son médecin
de famille » est toujours
indispensable, pour connaître
les limites à ne pas dépasser.
Pour notre ostéopathe Séverine
Caldin, après plusieurs
mois ou années d’inactivité
« Il faut démarrer doucement,
voire débuter par un mois
de simples étirements ».
Une recommandation que
fait également Pedro, notre
coach sportif, « Je propose
généralement aux femmes
un début en douceur avec
du stretching ou du yoga. ».
Il n’oublie pas de mettre en
garde les plus vélléitaires :
« Certaines sont un peu trop
motivées et pensent pouvoir
reprendre au niveau où elles
se sont arrêtées 20 ans plus
tôt et souvent ça casse ». Séverine
Caldin confirme « Les
personnes qui reprennent un
sport au même niveau ou à
la même fréquence se blesseront.
Il faut commencer
doucement avec plus d’étirements,
réduire le poids (en
salle) ou la distance, et après
quelques semaines on peut
intensifier. »
« IL FAUT COMMENCER
DOUCEMENT AVEC PLUS
D’ÉTIREMENTS » SÉVERINE CALDIN
L’ARTHROSE PEUT-ELLE
EMPÊCHER DE FAIRE
CERTAINS SPORTS ?
Dr Jean-Jacques Menuet :
Oui, il est logique d’éviter
les sports qui sollicitent trop
une articulation atteinte par
une arthrose. Par exemple,
on déconseille la course à
LES SPÉCIALISTES VOUS RÉPONDENT
© Sebastian Kaulitzki / Shutterstock
pied si la personne présente
une arthrose du genou. En
revanche, un sport porté
comme la natation ou le
vélo sollicite moins les
articulations, et sera proposé
en cas d’arthrose
LE SPORT, EST-IL
DANGEREUX SI JE FAIS DE
L’HYPERTENSION ?
Dr Jean-Jacques Menuet :
Oui, si on pratique une
activité intensive et qui
comporte un effort type
« résistance » comme
le tennis en simple ou
le squash. Par contre la
pratique d’une activité
d’endurance à intensité
© michaeljung / Shutterstock
modérée est un excellent
traitement contre
l’hypertension, à commencer
par la marche régulière.
LE SPORT PEUT-IL
ATTÉNUER LES EFFETS
SECONDAIRES DE LA
MÉNOPAUSE ?
Dr Ghada Hatem-Gantzer :
Oui, bien sûr. Le sport
peut atténuer les effets
secondaires en améliorant
le poids, en régulant la
sécrétion d’insuline et en
favorisant la fixation du
calcium sur les os pour
éviter ou du moins limiter
les risques d’ostéoporose.
C’est également un excellent
régulateur de l’humeur avec
une action positive
sur le stress !
© Maria Markevich / Shutterstock
38 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

LE SAVIEZ-VOUS ?
LA MUSIQUE A DES BIENFAITS
SUR LES PERFORMANCES SPORTIVES !
Et si ses petits écouteurs placés
dans vos oreilles lors de vos runnings,
séance de musculation ou
pendant votre séance fitness à la
maison avaient un impact positif
sur votre performance ?
Des études scientifiques ont en effet
démontré que la musique avait de nombreux
bienfaits sur nos performances sportives.
Elle jouerait notamment un rôle positif sur
la tolérance à l’effort. Selon une étude du
Docteur Costas Karageorghis, publiée dans
son livre « Inside Sports Psychology », la
musique écoutée pendant la séance pourrait
en effet augmenter l’efficacité « jusqu’à 15% ».
« La musique peut améliorer les sentiments
positifs tels que la vigueur, le bonheur et
l'excitation, tout en réduisant les sentiments
négatifs tels que la tension, la dépression, la
colère et la fatigue. » explique-t-il d’ailleurs
dans une interview accordée à la BBC. « La
musique bloque les symptômes liés à la fatigue
tels que les poumons brûlants, le cœur qui
bat et l'acide lactique dans les muscles. Cela
peut réduire jusqu'à 10% notre perception
de l’effort ». Ainsi, vous évader à travers vos
hits préférés vous aide à vous concentrer sur
autre chose que votre sensation de fatigue.
Le bonheur que la musique vous procure
atténue également les mauvaises pensées.
Impossible d’imaginer abandonner !
Adapter le genre et les tempos de
musique à votre exercice. En effet, il vous
sera plus simple de faire de gros efforts
sur une musique plus « punchy » que
sur de la musique douce et inversement
pour vous relaxer. Prenez exemple sur les
cours collectifs d’aérobie, de spinning ou
même de bodypump. Tous les exercices
sont synchronisés avec la musique. Plus
lente et douce pour les moments de
récupération, plus forte et rapide lors
des efforts intenses. En clair, la musique
« aide à induire une activité des ondes
cérébrales alpha qui est responsable de
nos rêves et de nos états de repos. Cela
conduit à un état connu sous le nom de
‘flux', qui est un état de motivation ultime
dans lequel les sportifs sont complètement
immergés dans ce qu'ils font et se sentent
comme s'ils fonctionnaient en pilotage
automatique. » confirme le
Docteur Karageorghis dans son interview.
Aucune raison de s’en passer, donc,
mais toujours en étant raisonnable. À
terme, écouter de la musique trop fort,
notamment avec des écouteurs, peut
entraîner des problèmes d’audition. Il est
d’ailleurs conseillé de consommer de la
musique via son casque et ses écouteurs
en ne dépassant jamais 60 % du volume
maximum. WSA
© Samuel Borges Photography / Shutterstock
La playlist sport
Women Sports Africa
La musique s’écoute partout
que ce soit sous la douche,
dans sa voiture... ou en
faisant du sport ! Et ce qui
sort de nos écouteurs peut
avoir un réel effet positif sur
notre motivation, comme
expliqué précédemment.
C’est pourquoi nous vous
partageons aujourd'hui
notre petite playlist pour
accompagner vos séances.
POUR LA SÉANCE
Soprano – Le Coach
Spice Girls – Wannabe
Survivor – Eye Of The Tiger
Beyoncé – Run the World
NOTD, Felix Jaehn – So Close
Hustle – Pink
Deorro, Henry Fong & Elvis
Crespo – Pica
Armin van Buuren – Turn It Up
Mark Ronson – Uptown Funk ft.
Bruno Mars
Pharrell Williams – Happy
POUR LES ÉTIREMENTS
Mecano – Hijo de la Luna
Bobby McFerrin – Don’t Worry Be
Happy
Birdy – People Help The People
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 39

C’EST BON POUR MOI !
SOS CRAMPE
MUSCULAIRE !
Vous êtes en plein footing, en plein match
de tennis ou de foot, et là, votre mollet se fige,
contracté comme du béton armé… La crampe
musculaire s’explique physiologiquement par
une accumulation de déchets toxiques.
Comment se sont-ils agglutinés,
et comment les chasser ?
Petit topo anti-crampe.
PAR LÉA BORIE
Bien choisir ses
chaussures et bien
les lacer sont les
deux premiers
conseils pour éviter
les crampes !
© Dragana Gordic / Shutterstock
On dit souvent que la
crampe musculaire
est liée à un manque
d’hydratation : une
légende ? En réalité,
on ne peut pas
dire que l’eau soit
vraiment la grande
incriminée dans cette
affaire… Eclairage
express !
Bons réflexes
préventifs contre la
crampe
Si des athlètes
américains sont
adeptes du jus de
cornichon, il y a déjà
des tips simples (et
plus digestes) à mettre
en place :
On limite sa
consommation d’alcool,
et surtout de vin blanc.
On ne fume pas, ou
en tout cas, pas 2h
avant sa séance.
On mange, mais 3h
avant le sport.
On s’équipe avec
de bonnes paires de
chaussures, adaptées à
sa pratique.
On tâche d’avoir son
quota de sommeil, et
de laisser ses muscles
récupérer entre deux
entraînements.
On peut complémenter
l’apport en magnésium
par une cure, en cas de
crampe à répétition.
Pour faire passer une
crampe musculaire
On étire. Pour la
crampe du mollet, on
l’étire contre un mur,
orteils en l’air.
On chauffe le muscle,
à l’aide d’une bouillotte.
Il existe des mini
bouillottes de main,
qu’on peut facilement
emporter partout.
On surélève la jambe.
Cela permet un meilleur
retour veineux. Utile
avant de dormir, si
la crampe revient
en mode mauvaise
surprise nocturne.
On masse avec une
huile de massage à
l’arnica. Des massages
qui vont vers le cœur.
On peut continuer
dans les deux jours qui
suivent, si la douleur se
fait tenace.
On se tourne
vers des solutions
électrique, champ
électromagnétique,
ultrasons,
thermothérapie…
Crampe récidiviste ?
Les autres questions
à se poser
Mes lacets ne sontils
pas trop serrés,
notamment vers la
cheville ?
N’aurais-je pas une
pathologie (pieds plats,
écarts de hanches…) ?
Serait-ce une
Ma foulée, mes gestes
sont-ils adéquats ?
Ne serait-ce pas
un médicament
que je prends
(type corticoïdes,
bêtabloquants, antibio,
diurétiques, laxatifs) ?
Et si ça venait d’un
stress chronique ? WSA
40 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

FAIRE DU
SPORT
DEVANT SON
BUREAU :
voici quelques
exercices !
© Monkey Business Images / Shutterstock
Et si nous profitions des
heures de travail assis
pour se muscler ?
Women Sports Africa
a dégoté pour vous
quelques petits exercices
pour faire du sport
devant son bureau.
1 ABDOMINAUX
Bien assise au bord de votre chaise
les pieds à plat sur le sol, dos bien
droit, contractez vos abdominaux. Le
but est que vous inspiriez en inclinant
votre buste légèrement à l’arrière.
Conservez cette position une vingtaine
de secondes puis relâchez. À répéter
sans modération.
Autre exercice : asseyez-vous bien
droite sur le bord de votre chaise. Levez
simultanément les deux jambes (de
sorte que vos cuisses ne touchent plus
la chaise). Contractez vos abdominaux
et tenez la position 15 secondes puis
relâchez.
2 JAMBES
Rien de plus simple. En position assise
au fond de votre siège, levez votre jambe
droite de sorte que la cuisse ne touche
plus votre chaise. Tenez la position une
quinzaine de secondes puis relâchez.
Faire pareil avec l’autre jambe.
Si vous avez de la place, et que vous
pouvez le réaliser discrètement, levez
votre jambe de sorte qu'elle soit
parallèle au sol, puis effectuez une
dizaine de battements.
3 FESSIERS
Cet exercice est celui qui est sûrement
le plus discret à réaliser. Devant votre
ordinateur, restez naturelle. Assise au fond
de votre chaise, contractez la fesse droite
une dizaine de secondes puis relâchez.
Faites pareil avec la gauche. Hop, le tour
est joué ! À répéter autant de fois que vous
le souhaitez, dans le train, dans le métro,
en réunion... Bref, ça passe partout ! WSA
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 41

CHAMPIONNES
Football
Asisat Oshoala,
première Africaine à remporter
la Ligue des champions
Larmes aux yeux, sourire
aux lèvres et les doigts
qui forment le V de la
victoire, Asisat Oshoala
pose fièrement à côté de la
fameuse coupe aux grandes
oreilles. La Nigériane a
réalisé l’exploit. Elle a
remporté le 16 mai 2021 la
Ligue des Champions sous
les couleurs du
FC Barcelone. Historique.
PAR VANESSA MAUREL
© Instagram @asisat_oshoala
Asisat Oshoala, grâce au
succès du FC Barcelone
de Ligue des Champions,
est devenue la première
africaine à remporter la Ligue des champions
féminine. Un sacre qui vient récompenser
une incroyable carrière.
« Mes parents étaient opposés à ce
qu’Asisat fasse carrière dans un sport
majoritairement masculin, parce que
fervents musulmans, mais elle a refusé
d’abandonner son rêve », a expliqué
à l’AFP son grand frère Abdulbasic. « Je
dois admettre que cela a causé beaucoup
de disputes avec ma mère, mais
j’ai poursuivi mon chemin » a pour sa
part témoigné l’intéressée dans une
autobiographie publiée sur le site du
FC Barcelone.
C’est avec cette force et cette détermination
qu’Asisat Oshoala a continué de réaliser
ses rêves. De villes en villes, de continents
en continents, elle a prouvé de quoi
elle était capable. La Nigériane a d’abord
commencé son parcours en Afrique, au
FC Robo puis au Rivers Angels. Elle s’est
ensuite envolée pour l’Angleterre, où
elle a d’abord rejoint Liverpool avant de
continuer l’aventure avec Arsenal. C’est
seulement après avoir évolué une année
en Chine que la joueuse s’engage avec
le FC Barcelone. Là, sa vie et sa carrière
prennent un tournant. Initialement prêtée
au club, Asisat Oshoala, grâce à ses
8 buts inscrits en 11 matchs, a permis
Ligue des champions !
« Quand j’ai eu la chance de pouvoir faire
ce que j’aimais faire, j’ai fait en sorte
d’utiliser cette chance au mieux. Comme
accord, j’ai le sentiment que ce serait
une déception pour moi si je ne donnais
pas le meilleur de moi-même en permanence
», a-t-elle déclaré dans l’émission
Sports This Morning. Cette même année
2019, Asisat Oshoala est élue meilleure
joueuse africaine… pour la 4 e fois (après
2014, 2016 et 2017). Elle est aussi
devenue en 2020 la première joueuse
compétition.
Forte de sa notoriété et de ses titres
monter des projets concrets. Oshoala a
ouvert un service de sport-études dédié
au football à Lagos, au Nigeria, son pays
natal. Ce centre permet aux jeunes et
ner
après l’école et d’être encadrées par
des coachs professionnels. WSA
42 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

La Nigériane Asisat
Oshoala, 26 ans,
aujourd’hui au
FC Barcelone, est
considérée comme
la meilleure joueuse
du continent.
© UEFA / Pool / Icon Sport
N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 43

CHAMPIONNES
Portrait
Khadija Mardi,
la guerrière marocaine
Khadija Mardi, 30 ans, a surmonté de nombreux obstacles pour faire de la boxe son métier.
La combattante marocaine est un exemple pour de nombreuses jeunes filles qui la suivront
attentivement lors des Jeux Olympiques de Tokyo. Nous avons eu la chance de la rencontrer.
Elle nous a raconté son parcours inspirant ! PROPOS RECUEILLIS PAR ARIS DJENNADI
Au départ, son papa et
ses frères ne voulaient
pas que Khadija fasse
de la boxe. Khadija nous
pourtant lui-même boxeur, mais « il était
contre parce que c’est un sport d’homme
et dénigré au Maroc. » La jeune Khadija
a insisté. Pour elle, ce sport représente le
« dépassement de soi, une passion pour
le bien-être personnel ». Du reste, elle a
pu compter sur le soutien « de ma maman,
qui me couvrait lorsque je rentrais
tard des entraînements et des combats.
continuer. » Pour assouvir sa passion
pour la boxe, Khadija Mardi a dû surmonter
des obstacles de taille. Exemple, lors
d’un championnat régional. Elle invite sa
famille à venir l’encourager et l’équation
la boxe, si elle perd c’est terminé. Khadija
Mardi s’impose devant sa famille et
gagne le droit d’aller plus loin. La suite
n’est que succès. Khadija a notamment
remporté la médaille de bronze lors des
championnats du Monde 2019, catégorie
poids moyens !
Un combat en deuil, un autre
enceinte !
Mais tout au long de sa carrière, Khadija
a dû se battre. Elle a notamment dû surmonter
un drame insensé lors du championnat
de sa Majesté Mohamed VI. Sa
maman, qui pour la toute première fois de
sa carrière était venue la voir boxer… dé-
fait alors un choix fort. « J’ai pris la déci-
pour ma maman, car elle m’avait toujours
soutenue. Je voulais vraiment lui rendre
hommage. J’ai gagné et aujourd’hui, c’est
ma plus belle victoire. »
Autre anecdote incroyable. Lors du tour-
Rio en 2016 au Cameroun, Khadija Mardi
est prise de vertiges à quelques heures
du combat décisif. Elle décide de faire un
test de grossesse qui s’avère… positif !
Khadija garde cette nouvelle pour elle
et se rend au combat. « Je suis restée
sur la défensive pour ne pas prendre de
coups sur mon ventre. J’ai gagné, je me
staff qui n’en revenait pas que je puisse
faire un combat aussi décisif en étant enceinte.
de Rio !
Un amour profond pour son
pays
Khadija Mardi a boxé dans le monde entier
en représentant toujours son pays, le
Maroc qu’elle aime profondément. Elle
boxer sous le drapeau Ma-
»
Son entourage lui a proposé de se rendre
supplémentaire dans sa carrière. Un manager
était prêt à prendre en charge ce
déplacement, le temps que Khadija et sa
famille prennent leur marque. Mais elle a
refusé. Non pas par manque d’ambition,
mais simplement parce qu’il est impossible
pour elle de quitter son pays. Le
Maroc, le pays où elle est née, où elle a
rencontré son mari et fondé une famille.
Khadija Mardi ne veut pas se renier. Elle
veut rester cette femme « africaine et
» WSA
© Yuri Cortez - AFP
Khadija participe
aux JO quelques
mois à peine
après avoir donné
naissance à sa
troisième petite
fille !
44 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

3QUESTIONS
À KHADIJA
MARDI
QUE REPRÉSENTE LA BOXE POUR
VOUS DANS VOTRE QUOTIDIEN ?
La boxe, c’est mon oxygène. J’ai fait
beaucoup de concessions pour en
arriver là. Aujourd’hui, je suis mariée
et je viens d’avoir un troisième enfant.
Mais pour assouvir ma passion
de la boxe, j’ai dû convaincre ma
famille. Maintenant que j’en suis là,
je ne lâcherai pas ! Bien qu’à certains
moments, ce soit compliqué, comme
quand je pars à l’étranger pour des
compétitions où je laisse mon mari et
mes enfants presque un mois durant.
Je ne lâcherai pas !
VOUS ÉTIEZ ENCEINTE PENDANT
TOUTE LA PRÉPARATION POUR
LES JO DE TOKYO. COMMENT
VOUS ÊTES-VOUS ADAPTÉE ?
QUEL EST VOTRE OBJECTIF LORS
DE CE TOURNOI ?
Quand j’ai appris ma grossesse, je me
suis reposée lors des trois premiers
mois. À partir du quatrième mois,
j’ai repris l’entraînement jusqu’au
huitième mois afin de ne pas perdre
ma condition physique et mes
repères. Pour les dernières semaines,
j’ai ralenti la cadence pour préparer
au mieux l’accouchement. Lorsque
j’ai accouché, je me suis accordée dix
jours de repos avant de reprendre. Je
veux toujours gagner, c’est la médaille
d’or que je vais chercher.
VOUS ÊTES UN EXEMPLE POUR
DE NOMBREUSES JEUNES FILLES
MAROCAINES, C’EST UNE FIERTÉ ?
C’est un honneur mais aussi une
responsabilité. Je dois toujours
montrer le bon exemple, qu’on est
capable de faire de grandes choses.
Je dis toujours aux jeunes boxeuses
que je croise qu’il faut de la patience
et qu’elles aillent au bout de leurs
objectifs. Même s’il y aura toujours
des obstacles, il faut se dépasser pour
réussir.
N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 45
© Anthony Dibont / Icon Sport

CHAMPIONNES
FOCUS SUR QUELQUES
CHANCES DE
MÉDAILLES
OLYMPIQUES POUR
L’AFRIQUE
MARWA AMRI
Lutte / Tunisie
Une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Rio 2016. Un sésame
d’argent au mondial 2017. Onze fois championne d’Afrique et un
record mondial : celui d’avoir remporté 55 tournois internationaux.
Marwa Amri a déjà participé aux trois précédentes éditions des Jeux
Olympiques. La lutteuse de la catégorie des 65 kg devrait être en
mesure de récidiver à Tokyo.
© Sputnik / Icon Sport
RUTH GBAGBI
Taekwondo / Côte d’Ivoire
Première femme ivoirienne médaillée aux Jeux olympiques puis
championne du monde 2017 de Taekwondo, Ruth Gbagbi a un
palmarès bien fourni. À 25 ans, la numéro 3 mondiale dans la catégorie
des moins de 67kg dames, est l’une des grandes chances de médaille
africaine pour les JO 2021. À Tokyo, nul doute que la Côte d’Ivoire
pourra compter sur Gbagbi pour briller.
BRIGID KOSGEI
Course de fond / Kenya
Déjà sur la première marche du podium en 2016, le Kenya devrait avoir
à coeur de reproduire cet exploit. Auteure du record du monde du
marathon à Chicago le 13 octobre dernier, la Kényane Brigid Kosgei
portera les plus grands espoirs du pays à Tokyo.
© PA Images / Icon Sport © PA Images / Icon Sport
46 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

LAMYA MATOUB
Karaté / Algérie
Ces dernières années, les Africains grimpent dans la hiérarchie mondiale
des arts martiaux. Invité aux prochains Jeux Olympiques, le karaté pourrait
apporter une nouvelle médaille au continent. Celle qui en incarne les
principales chances, c’est Lamya Matoub. L’Algérienne née en France s’est
déjà forgée un sublime palmarès. À 29 ans elle compte 9 victoires en Coupe
de France et la première marche du podium aux Jeux mondiaux en 2017,
avant de s’offrir le bronze une année plus tard.
CLAIRE AYIVON
Aviron / Togo
Parmi les athlètes présentes aux Jeux Olympiques de Tokyo, il y a la
rameuse togolaise Claire Ayivon. À 24 ans, elle est l’un des grands
espoirs du pays et elle en est consciente. « Je veux m’améliorer et
ramener une médaille pour le Togo », avait-elle déclaré lors de sa
classification en 2020.
© Icon Sport
© SUSA / Icon Sport
© Nolwenn LeGouic / Icon Sport
D.R.
GINA BASS
Sprint / Gambie
Porte drapeau de la délégation gambienne lors des Jeux Olympiques
de 2016 au Brésil, Gina Bass pourrait être la belle surprise de Tokyo.
Médaillée d’argent du 100 mètres aux Jeux Africains de 2019 de Rabat, la
sprinteuse détient le meilleur chrono africain de l’année au 200 m féminin
en 22’62, selon Sportnewsafrica.com. Pour l’heure classée 12 e mondiale,
l’athlète de 26 ans pourrait vite grimper jusqu’au podium au Japon.
ESE BRUME
Saut en longueur / Nigeria
Elle s’est imposée comme l’une des meilleures sauteuses du monde.
L’athlète de 25 ans a fait sa première apparition lors des JO de Rio en
2016 où elle s’est offert une honorable 5e place. Depuis, elle n’a cessé
de s’améliorer. Médaillée en bronze aux Championnats du monde
de 2019, Ese Brume fait maintenant partie des favorites pour aller
décrocher un sésame, voire l’or à Tokyo.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 47

CHAMPIONNES
D.R.
Anta Sambou,
la fierté de la lutte sénégalaise
Native de Casamance, au Sénégal, Anta Sambou s’est révélée en remportant la médaille d’or
aux Jeux de la Francophonie 2017, à Abidjan, dans une discipline chère à son peuple !
La lutteuse, aujourd’hui âgée de 27 ans, avait précé-
remporté la médaille de bronze en moins Ldemment
de 67 kg aux Championnats d’Afrique 2011 à Dakar,
la médaille d’argent dans la même catégorie aux
Championnats d’Afrique 2013 à N’Djaména, la médaille
d’argent en moins de 60 kg aux Championnats d’Afrique
2014 à Tunis, le bronze en moins de 63 kg aux Championnats
d’Afrique à Alexandrie et aux Jeux africains à Brazzaville, la même
pionnats
d’Afrique à Marrakech avant la consécration : cette belle
médaille d’or aux Jeux de la Francophonie
à Abidjan. Elle poursuit sur sa lancée avec
l’argent en moins de 68 kg aux Championnats
d’Afrique 2018 à Port Harcourt. WSA
48 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

We Men
Sports
Les hommes soutiennent le sport au féminin
LAURENT PETRYNKA
présente la « She Runs - Active
Girls’Lead »
President ISF et Membre de la Commission Education Olympique du CIO et acteur impliqué
de longue date dans le développement du sport au féminin, Laurent Petrynka nous présente la
« She Runs – Active Girls’Lead ». Cet événement international, à la fois festif et sociétal, fait la
promotion de la pratique du sport et du développement du leadership au travers du sport pour les
jeunes filles. La prochaine édition aura lieu à Bruxelles en mars 2022. L’événement pourrait être
accueilli au cours des prochaines années par une grande capitale africaine !
PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN FERMON
LA PHILOSOPHIE DE
L'EVENEMENT
Comment est né ce concept ?
Les actions et initiatives en matière d'égalité
entre les femmes et les hommes sont
une priorité pour la Fédération Internationale
du sport scolaire car elles ciblent les
écoliers impliqués dans le sport. En effet,
pour l'ISF, devenir un citoyen actif et responsable
implique que le respect d'autrui
et l'égalité entre les personnes soient
conçus comme des politiques d'éducation
transversales qui trouvent une plateforme
naturelle d'application concrète dans le
sport scolaire. C'est ainsi que l'ISF intègre
ses activités, conformément aux recommandations
du Comité International Olympique
sur ce sujet et à travers le cinquième
objectif de développement durable des Nations
Unies, "Egalité des genres".
Depuis sa création, l'ISF a réussi à consolider
une forte participation des jeunes filles
aux événements sportifs tout au long de
son histoire (Compte tenu de tous les événements
depuis 1972, la participation des
étudiantes-athlètes a maintenant atteint
47%). Depuis 2018, cette politique est fortement
poursuivie et s’est élargie autour
de trois axes.
- La création d'un comité pour l'égalité
des genres qui permettra de rassembler
différents experts et qui proposeront une
feuille de route sur les enjeux que rencontrent
l’ISF et le sport scolaire. Ce comité
est présidé depuis sa création en 2020
par Mme Valérie Lebondo (Gabon).
Valerie Lebondo (Gabon) – Présidente du
comité égalité des genres de l’ISF
D.R.
- Une plus grande présence des femmes
dans les structures de gestion de l’ISF. Il y
a actuellement 48 postes occupés par des
femmes sur les 171 postes existants parmi
les différents comités et commissions de
notre organisation.
- Le développement d'événements destinés
uniquement aux jeunes filles afin de renforcer
la participation des filles dans le sport
scolaire mais dans le sport en général. Bien
que nos événements soient particulièrement
paritaires, de nombreuses études, au
niveau mondial et européen, démontrent
que les jeunes filles entre 10 et 18 ans
sont le plus éloignées de la pratique sportive.
Nous avons un rôle à jouer afin de mobiliser
ensemble les écoles et les acteurs
du sport.
Nous avons donc décidé en 2019 de créer
She Runs – Active Girls’Lead, un événement
sportif et éducatif international qui permet
à la fois de promouvoir l’importance de la
pratique du sport pour les jeunes filles aussi
bien pour des enjeux de santé publique,
de bien-être que d’égalité des genres. Nous
souhaitions créer un événement unique
contribuant à inspirer la jeunesse féminine
mondiale en proposant des opportunités
50 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Laurent Petrynka,
président de
l'International School
Sport Federation (ISF),
croit en l'émancipation
des jeunes filles par le
sport.
d’une chasse au trésor, l’activité culturelle
permettra aux jeunes participantes de découvrir
des monuments clés et historiques
de la ville tout en mettant à l’honneur le
rôle de femmes ayant un lien avec ces derniers
ou de mettre à l’honneur des femmes
ayant contribuées au développement du
droit des femmes, pas uniquement dans le
sport. Les participantes auront également
pendant la semaine une autre activité leur
permettant, lors d’une soirée interculturelle,
de présenter leur pays et culture à
l’ensemble des participantes.
D.R.
Pour la partie inspirationnelle, quatre
femmes ayant un parcours extraordinaire
lié au sport ou au secteur du sport auront
la mission de délivrer, dans un format de
« Talk Conference » un message aux participantes
du projet afin de leur donner
l’envie et les clefs pour s’accomplir et atteindre
leur objectif.
de développement personnel concrètes lui
permettant d’innover par le biais du sport.
Nous étions également conscients que cet
événement devait indirectement contribuer,
à son échelle, à véhiculer l’importance mais
aussi l’urgence d’avoir des sociétés égalitaires
et respectueuses des femmes.
Comment concrètement
s’articule cet événement ? En
quoi est-il innovant selon vous
dans le paysage du sport ?
She Runs – Active Girls’Lead est un événement
international sportif faisant la promotion
de la pratique du sport et du développement
du leadership au travers du
sport pour des jeunes filles faisant partie
de quelconques réseaux scolaires ou école
à travers le monde. Après la première édition
à Paris en 2019, la seconde édition à
Bruxelles en mars 2022, rassemblera près
de 3000 jeunes Bruxelloises et internationales
de plus de 40 pays en Europe et dans
le monde.
L’événement se décline pendant 5 jours autour
de différentes activités sportives, inspirationelles,
culturelles, entrepreneuriales et
institutionnelles.
La partie sportive s’articule autour de l’organisation
d’une course non compétitive
d’environ 4 km dans le centre-ville historique
de la Ville de Bruxelles, permettant
aux jeunes coureuses de se dépenser sur
un parcours unique et sur mesure. Tout
au long de cette journée dédiée au sport,
un village sportif de 2 500 m 2 sera mis
sur pied pour accueillir ce jeune public
qui pourra s’essayer à plus d’une dizaine
d’autres activités sportives. Au travers
La partie entrepreneuriale, permettra
à une quarantaine de jeunes filles présélectionnées
représentant une vingtaine
de pays de participer à un Design
Sprint, leur permettant, avec l’aide de
facilitateurs experts, de développer des
compétences et de créer un projet ou
un événement simple et tangible contribuant
à favoriser la pratique sportive
des filles dans leur communauté locale
et leur écoles.
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 51

We Men
Sports
Les hommes soutiennent le sport au féminin
Enfin, l’événement « She Runs »
se clôturera par une conférence finale
concernant le rôle du secteur sport et de
l’école pour contribuer aux enjeux d’égalité
des genres, en présence de décideurs
politiques locaux et nationaux, de représentants
du mouvement sportif et éducatif
ainsi que d’entreprises et ambassadrices
sportives. Au cours de cette conférence les
jeunes participantes de l’activité entrepreneuriale
présenteront les projets qu’elles
ont imaginés.
Il n’y a à notre connaissance aucun événement
international à destination de la
jeunesse féminine qui adresse ces enjeux.
Cet événement et son utilisation du sport
pour porter ce message est donc une innovation
en soi. L’autre innovation est que
l’événement sportif devient également un
lieu pour rassembler des jeunes filles partageant
la même passion et croyance en
l’impact du sport et qui développeront et
créeront avec la même émulation des projets
concrets pour améliorer la société au
bénéfice des femmes. Cet événement est
un petit incubateur que nous allons continuer
à fortement développer.
Quels sont ses objectifs, à court,
moyen et long terme ?
Notre objectif principal est de devenir le
plus grand événement mondial pour la jeunesse
féminine faisant la promotion de la
santé, de l’émancipation et du leadership
au travers du sport. Pour cela nous avons
développé une vision jusqu’à 2030 afin
de faire évoluer progressivement les différentes
dimensions de l’événement et d’assurer
un impact à plusieurs échelles.
Tout d’abord, la participation. Pour
la seconde édition prévue en 2022,
nous serons encore sur une jauge de
3000 participantes. Nous envisageons dès
la troisième édition en 2024 de faire évoluer
l’événement jusqu’à 6000 participantes et
15000 d’ici 2026. Nous ouvrirons donc
plus de place aux jeunes femmes internationales
mais nous travaillerons également
aux côtés des villes et des gouvernements
qui accueilleront l’événement pour permettre
à plus de participantes "locales"
de se joindre à cet événement. Nous nous
appuierons également sur nos 129 pays
membres et réseaux d’écoles locales et
internationales à travers le monde.
D’autre part, nous renforcerons les dimensions
inspirationnelle et entrepreneuriale
de « She Runs » afin de multiplier les projets
développés par les jeunes filles entrepreneuses
formées pendant la semaine de
l’événement afin qu’elles puissent, ellesmêmes
impacter le plus grand nombre
de jeunes filles et de femmes dans leur
communauté locale. Nous souhaitons
également accompagner sur un plus long
terme notre pool de jeunes entrepreneuses
sportives afin de leur permettre de développer
plus de compétences professionnelles
via des partenariats stratégiques que nous
développerons avec des institutions, des
universités et des écoles ou même des
entreprises.
Bien que cet événement soit né, en Europe,
sa mission sur le long terme est
de pouvoir aussi bien être organisé sur
des territoires où la pratique sportive des
filles et des femmes est encore remise en
question, voire trop faible ou bien dans
une ville et pays déjà très avancés sur ces
questions. Quoi qu’il en soit, l’évènement
« She Runs » doit être considéré comme
un outil permettant aux villes, aux gouvernements
et aux entreprises de mettre en
lumière le développement et l’implémentation
de leurs politiques publiques et de
leur stratégie pour favoriser la pratique
sportive des femmes. Cependant, nous
avons l’ambition que cet événement serve
surtout de moteur pour l’égalité femmehomme
de manière général.
Enfin, à moyen terme, nous devrons nous
concentrer sur le renforcement de notre
communication et le développement de
partenariats stratégiques avec des médias
ainsi que des ambassadrices se reconnaissant
dans les valeurs et les objectifs
de She Runs. Lors de la première édition,
She Runs fut soutenu par de grands noms
du sport tels que Sebastian Coe, Kirsty Coventry,
Laurence Fischer, Camille Lacourt,
Valentina Marchei, Estelle Yoka-Mossely,
Marta Pagnini et Paula Radcliffe. Nous
cherchons des acteurs qui veulent s’engager
auprès de la jeunesse féminine en
lui donnant les moyens d’accomplir ses
rêves par le biais du sport et de l’entreprenariat.
Certains réseaux sociaux auront
évidemment un rôle particulier pour nous
accompagner à véhiculer les valeurs de cet
événement, notamment auprès de la cible
jeunesse.
L'ORGANISATION
Après une première édition
réussie en 2019, une seconde
édition aura lieu en mars 2022 à
Bruxelles. Quels sont les chiffresclés
de l'événement ? Avez-vous
des précisions sur cette prochaine
édition ?
Nous préparons activement aux côtés de la
Ville de Bruxelles, la prochaine édition de
« She Runs » qui se déroulera en mars
2022. L’événement sera organisé dans
le cadre la campagne de la Journée Internationale
des Femmes. Nous dévoilerons
les dates exactes ainsi que les détails
du programme et des ambassadeurs officiels
lors d’une journée de lancement
qui se déroulera le 29 septembre 2021,
à Bruxelles. Cette action promotionnelle
s’inscrira pendant la Semaine Européenne
du Sport (EWoS), pilotée par la Commission
Européenne. Bien que la pandémie
nous ait contraint de reporter l’événement,
initialement prévu en mai 2021, nous pouvons
compter sur l’excellente coopération
avec la Ville de Bruxelles. L'ISF et la Ville
de Bruxelles préparent cet événement
en accord avec l'évolution continue de la
situation sanitaire dans le monde et en
Belgique. Les deux organisations continueront
de suivre toutes les précautions
nécessaires concernant l'organisation de
l'événement. A ce titre, je tiens d’une part,
à saluer la vision de M. Hellings, Premier
Echevin en Charge du Climat et du Sport de
la Ville de Bruxelles pour l’accueil de She
Runs et d’autre part, je souhaite également
le remercier pour son soutien sans faille
pendant la pandémie, permettant d’entrevoir
de très bonnes perspectives et opportunités
pour l’organisation de l’événement
en mars 2022.
52 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

La prochaine édition
de la « She Runs -
Active Girls’Lead »
aura lieu à Bruxelles
en mars 2022.
Runs 2022 afin de souligner l'importance
d'impliquer les jeunes dans l'activité physique
dans le cadre de la philosophie « La
joie de bouger ». Au cœur de ce message se
trouve la ferme conviction qu'une attitude
positive envers le mouvement des enfants
et notamment des jeunes femmes contribuera
à leur bien-être et épanouissement
sur le long terme.
Qui sont les parties prenantes
de cet événement ? Comment
est gérée cette complémentarité
entre les mondes de l'éducation,
les collectivités territoriales
et les partenaires privés de
l'événement ?
Depuis la première édition de « She Runs »
en 2019 à Paris, les parties prenantes clés
de l’événement sont tout d’abord l’ISF en tant
qu’organisateur principal de l’événement, les
membres de l’ISF et nos réseaux d’écoles
à travers le monde et bien évidemment la
ville d’accueil de l’événement. D’autre part,
il est important de souligner que le concept
de l’événement « She Runs » n’aurait pas pu
voir le jour sans le soutien de la Commission
Européenne et de son programme Erasmus
Plus Sport et de notre partenaire principal
VinylPlus.
Pour l'édition 2021, nous pouvons compter
sur un solide partenariat avec la Ville
de Bruxelles qui accueillera les activités de
l’événement au sein de lieux et infrastructures
notables et prestigieuses. Bruxelles
soutiendra également l’ensemble de la mise
en œuvre opérationnelle en mettant à disposition
l’expertise de Brussels Major Events,
l’entreprise en charge de la production de
tous les grands événements de la capitale
Européenne et qui s’est notamment occupée
de l’organisation du Grand Départ du Tour
de France en 2019. Notre partenariat avec
la Ville de Bruxelles contribuera également à
impliquer les écoles locales et les réseaux
associés de la ville et de la région bruxelloises.
La seconde édition de « She Runs » est également
soutenue par le programme Erasmus
Plus Sport de la Commission Européenne
qui contribuera fortement à la promotion des
valeurs européennes concernant l'autonomisation
et les droits des filles et des femmes.
Cette collaboration contribuera directement
à donner la possibilité à de nombreuses
jeunes femmes de participer à cet événement
et d'acquérir une expérience sociale,
culturelle, éducative et sportive fantastique
avec leurs pairs et d'avoir un impact à long
terme sur leur vie. Nous sommes également
très fiers d’avoir pu renforcer notre partenariat
avec VinylPlus afin de promouvoir et
éduquer les participantes du projet ainsi que
les membres de l’ISF sur des questions mondiales
telles que le développement durable
et le rôle de l’économie circulaire. Ainsi, l’ISF
et VinylPlus ont développé une Action Environnementale
pour promouvoir l'importance
d’avoir des événements sportifs durables et
d’assurer la réutilisation et le recyclage du
PVC produits après l'événement. La durabilité
et l’égalité des genres sont au cœur de la
coopération entre l'ISF et de VinylPlus.
Dans le cadre de notre coopération à long
terme avec le programme de Responsabilité
Sociale en Entreprise de Ferrero, Kinder
Joy of Moving, rejoint les partenaires de She
D.R.
En termes de partenaire media, nous
sommes également ravis de compter sur
la collaboration avec le media Women
Sports Magazine, Olympic Channel mais
également ABU (Asian Pacific Broadcasting
Union). Il est indispensable d’avoir des relais
de cet événement pour mettre en lumière
cet evenement innovant auprès du
grand public
D’une manière générale, depuis la création
de « She Runs », nous constatons le fort
intérêt de grandes entreprises qui ont une
vision claire et d’importants objectifs en matière
d’égalité femme-homme et qui croient
au pouvoir du sport pour mettre en lumière
leurs actions et stratégies.
L’événement séduit tout le monde et notamment
les grands groupes car il est concret
et donne des opportunités à ce public malheureusement
encore considéré comme un
public vulnérable et ayant moins d’opportunités.
Nous ferons davantage d’annonces
concernant les nouveaux partenaires de la
prochaine édition « She Runs » 2022 au
cours de la journée de lancement prévue le
29 septembre à Bruxelles.
La variété de catégorie de partie prenante
démontre que l’enjeux de participation des
filles aux sport et d’égalité des genres au
sens large rassemble et doit rassembler
tous les acteurs. C’est ensemble et par ce
type de partenariat que nous arriverons à
faire avancer les choses pour de bon. WSA
www.sheruns.eu
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 53

We Men
Sports
Les hommes soutiennent le sport au féminin
BENOIT HELLINGS :
« Le sport est un moyen
puissant de lutte pour l'égalité
entre les genres »
Il est le premier échevin de la
Ville de Bruxelles chargé du
Climat et des Sports et à ce
titre le principal artisan de
l’accueil de l’ISF She Runs -
Active Girls’Lead au sein de
la capitale belge.
Il nous explique sa stratégie
pour utiliser le sport comme
vecteur de promotion et
d’émancipation des femmes.
PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
WOMEN SPORTS : POURQUOI AVOIR
CHOISI D’ORGANISER L’ISF SHE RUNS –
ACTIVE GIRLS’LEAD À BRUXELLES ?
BENOIT HELLINGS : Cet événement est
d’abord un symbole avec la visibilité de milliers
de jeunes femmes pratiquant le sport.
C’est un message fort de notre volonté
de favoriser la pratique du sport chez les
femmes. Mais ce qui nous intéresse plus
encore, ce sont les multiples colloques et
espaces de débat qui vont nourrir notre
réflexion pour mener une politique encore
plus efficace pour l’émancipation des
femmes par le sport. Nous menons depuis
deux ans une politique très volontariste en
la matière, avec notamment une réflexion
sur les infrastructures sportives les mieux
adaptées aux femmes et aux jeunes filles
ou l’orientation des subventions pour favoriser
le sport au féminin. Mais nous voulons
aller plus loin ! Nous voulons analyser
et assumer nos faiblesses pour agir et
avancer, partager les meilleures pratiques
avec les intervenants d’horizons très divers
que nous aurons la chance de rassembler
lors de cet événement. Il y aura un avant
et un après !
VOTRE AMBITION EST DONC À LA
FOIS LA PROMOTION DE LA PRATIQUE
SPORTIVE POUR LES FEMMES MAIS
AUSSI L’EMPOWERMENT DES FEMMES
PAR LE SPORT.
Absolument. Promouvoir l’empowerment
des femmes dans les organisations sportives
et dans la vie en général ! Et nous
D.R.
espérons beaucoup de cet événement.
En rassemblant des sportives et des dirigeantes,
nous avons l’intention de travailler
sur la question de l’augmentation du
nombre de femmes dans les instances et
les clubs, avec l’objectif de fixer des lignes
directrices en fin de colloque. L’autre priorité,
c’est la lutte contre les violences
faites aux femmes dans le monde du
sport (psychologiques et sexuelles) : l’ISF
She Runs - Active Girls’Lead est aussi
l'occasion de pouvoir partager sur cette
thématique avec des femmes venues de
l'Europe entière.
EN TANT QU’ÉCOLOGISTE, VOUS
REVENDIQUEZ VOTRE FÉMINISME.
L’écologie repose sur un trépied : l’environnement,
le pacifisme et la lutte pour
l'égalité des genres et des chances. Je
suis un homme blanc attaché à l'égalité
des genres et des chances ! Et je
considère comme une chance de pouvoir
utiliser la compétence du sport pour
toucher un public large. Le sport est un
moyen puissant de lutte pour l'égalité
entre les genres.
PENSEZ-VOUS QU’UNE VILLE
AFRICAINE POURRAIT SUCCÉDER À
BRUXELLES POUR ORGANISER UNE
PROCHAINE ÉDITION DE LA « SHE
RUNS » ?
J'invite naturellement les villes africaines
et bien sûr aussi les villes d'Europe
à organiser cet événement à leur
tour. C’est un événement à la fois authentique,
porteur de sens et mobilisateur
! WSA
54 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

MARIYA GABRIEL :
« ISF She Runs - Active Girls’Lead est un
événement qui valorise le sport comme
outil d’autonomisation des filles »
La Ville de Bruxelles accueillera la prochaine édition de l’ISF She Runs - Active Girls’Lead.
L’occasion de faire le point avec la Bulgare Mariya Gabriel, Commissaire européenne à
l'Innovation, la Recherche, la Culture, l'Éducation et la Jeunesse, sur la politique de l’Union
Européenne en matière de promotion des femmes à travers le sport. PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN FERMON ET DAVID TOMASZEK
© Mario Salerno - European Union
WOMEN SPORTS : EN TANT QUE
COMMISSAIRE EUROPÉENNE, QUELS
SONT VOS OBJECTIFS AU COURS
DE VOTRE MANDAT CONCERNANT
L'ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES
HOMMES ?
MARIYA GABRIEL : L’égalité entre les
femmes et les hommes est un principe fondamental
de l’Union européenne, inscrit tant
dans les traités de l’UE que dans la Charte des
droits fondamentaux de l’Union européenne.
Je m'engage pleinement à promouvoir cet objectif
dans tous les domaines de mon mandat,
y compris le sport. Concrètement, j'ai mis en
place un groupe de haut niveau sur l'égalité
des sexes dans le sport, réunissant 15 experts
de toute l'Europe, chargé de donner des recommandations
concrètes. Plus de femmes
tiel
si nous voulons atteindre la parité entre les
sexes en Europe. Ce groupe proposera également
un plan d'action pour les années à venir
pour aborder la participation des femmes dans
le sport. Nous avons par ailleurs augmenté les
fonds disponibles via Erasmus+ qui soutient
aussi des projets sportifs.
COMMENT UNE ORGANISATION
COMME LA FÉDÉRATION
INTERNATIONALE DU SPORT SCOLAIRE
PEUT-ELLE CONTRIBUER À LA VISION
DE LA COMMISSION EUROPÉENNE
CONCERNANT LA PARTICIPATION DES
FILLES DANS LE SPORT ET À L'ÉGALITÉ
DES GENRES ?
Je suis convaincue que l'activité physique est
l'une des solutions clés pour lutter contre l'obésité
et les modes de vie malsains en Europe.
Les statistiques nous montrent que les jeunes
ceptibles
d'être actives que les garçons et les
hommes. Nous devons instiller des habitudes
saines dès le plus jeune âge. Le sport doit être
avant tout un plaisir et il est possible, en étant
créatifs, de trouver des moyens d'encourager
ganisations
telles que la Fédération Internationale
du Sport Scolaire sont essentielles pour
particulier, et les aider à incorporer une activité
physique dans leur quotidien et leur donner
envie de faire du sport de compétition. Je vais
lancer en septembre prochain, lors de notre
Semaine Européenne du Sport, notre nouvelle
initiative : HealthyLifeStyle4All (un mode de vie
sain pour tous) qui fera la promotion d'une alimentation
saine et de l'activité physique tout
en conjuguant d’autres aspects comme l’innovation,
l’environnement, la mobilité, les com-
d’impliquer tout le monde. L’inclusion sera centrale
à cette initiative.
L’ÉVÈNEMENT ISF SHE RUNS - ACTIVE
GIRLS’LEAD SERA ORGANISÉ À
BRUXELLES, AU CŒUR DE L’EUROPE.
COMMENT CET ÉVÉNEMENT ET SES
OBJECTIFS SONT-ILS ALIGNÉS AVEC
LA STRATÉGIE DE LA COMMISSION
EUROPÉENNE ?
J'aime beaucoup ce projet, d’ailleurs soutenu
lement
à promouvoir l'activité physique chez
les jeunes femmes, mais il utilise également
le sport comme un outil d’émancipation des
de faire au niveau européen, et il est encourageant
de voir que cet événement traduit notre
politique en un événement concret - et ludique!
COMMENT VOYEZ-VOUS LE RÔLE DES
VILLES DE L'UNION EUROPÉENNE ET DU
MONDE EN GÉNÉRAL CONCERNANT
L’ACCUEIL D’UN TEL ÉVÉNEMENT ?
Ces courses transmettent un message important
: que le sport est la clé pour notre
santé et notre bien-être, mais aussi qu'il peut
être un outil pour promouvoir l'égalité, les
compétences de chacun et les valeurs positives
dans la vie de nous toutes et tous, et
pourquoi je suis très heureuse de voir que
She Runs se déroulera à Bruxelles, capitale
de la Belgique, mais aussi de l’Union Européenne,
ce qui est un beau symbole. Dans
la pratique du sport, l’attachement à son
club, à son équipe, qu’elle soit communale,
régionale, ou nationale, est fort. Les villes ont
de grandes responsabilités pour encourager
une activité physique régulière.
QUEL EST VOTRE MESSAGE POUR LES
JEUNES FEMMES PRATIQUANT LE
SPORT À L'ÉCOLE?
faire ! WSA
Retrouvez l’intégralité de cet entretien sur
www.womensports.fr
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 55

FEMMES D’INFLUENCE
Interview
Mieux comprendre et défendre
le sport avec
Evelyn Watta
« Il n’y a pas assez de
femmes dans les directions
des médias sportifs »
La journaliste kenyane Evelyn Watta travaille dans
l’administration sportive et le journalisme sportif. Très au
fait des avancées en matière d’égalité dans le milieu sur le
continent, en particulier au Kenya, elle nous fait part de sa
vision, avec humilité et espoir. Entretien.
PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE
Un parcours impressionnant
Après des études de MBA management,
Evelyn Watta a commencé sa carrière au
Kenya, dans de grands groupes, plateformes
et journaux d’Afrique de l’Ouest
et centrale. En 2014, elle est nommée
journaliste de l’année par CNN Afrique et
devient la première journaliste féminine
à être récompensée dans la catégorie
sport, « un moment d’humilité et d’énergie
dans ma carrière ».
Et l’année suivante, elle entre dans la
liste des 40 femmes de moins de 40 ans
Business Daily Africa. Evelyn se souvient
notamment de sa couverture des trois
derniers Jeux Olympiques, « au sommet
du sport » : « J’ai eu la chance de pouvoir
me concentrer quotidiennement sur les
espoirs olympiques et les champions à
l’apogée de leur carrière sportive ».
Passionnée de sport !
Comme tout journaliste, si elle sait travailler
sur un large panel de pratiques sportives,
notre experte a ses sports de prédilection.
Elle nous avoue avoir un faible pour l’athlétisme.
« Pratiquer la course à pied pour entretenir
ma forme physique m’a permis de
mieux comprendre à quel point les athlètes
s’investissent pour exceller ».
Fair-play, travail d’équipe, sens du dévouement
et de la discipline : ce sont autant de
valeurs qui parlent à Evelyn. « La vitesse à
laquelle les athlètes se relèvent après une
défaite et continuent à se dépasser jusqu’à
atteindre leurs objectifs est incroyable », félicite-t-elle.
« J’ESPÈRE VOIR
LE JOUR OÙ LE
MONDE DU SPORT
PRENDRA UNE
POSITION PLUS
FERME CONTRE LE
RACISME »
Ce n’est que tardivement que la jeune
femme a pu accéder à une pratique sportive
car étant jeune, elle souffrait de problème de
santé. « J’étais un enfant chétif, on m’a déconseillé
de pratiquer des activités trop cardio
pour éviter de déclencher des attaques.
Mais à l’âge adulte, le sport m’a sauvée.
J’ai ainsi pu me débarrasser de mes crises
et des prises de médicaments qui ont dicté
une partie de mon enfance. (…) Quand
j’étais jeune journaliste, courir m’a aidé à
56 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

La journaliste
Evelyn Watta
décrypte le monde
actuel et ses
inégalités avec
lucidité et une once
d’espoir.
pour s’entraîner, gagner le même salaire et,
dans certains cas, mettre la main sur la moitié
des prix attribués aux hommes. »
Garder espoir
Au milieu de ces injustices et de ces inégalités
qui demeurent et persistent, Evelyn a
l’espoir que les choses évoluent. « J’espère
voir le jour où le monde du sport prendra une
position plus ferme contre le racisme, dans
le domaine du jeu et dans le sport, comme
il l’a fait contre le dopage, le trucage de
matchs ou même la corruption en prononçant
des sanctions. Le sport gère encore aujourd’hui
le racisme avec des gants de soie
qui ne peuvent pas vraiment l’éradiquer. »
Elle espère aussi que les inégalités salariales
tendront à se lisser, au moins en équipe nationale.
« J’aspire au jour où les pays et les
fédérations paieront leurs équipes masculines
et féminines de la même manière, et
leur donneront accès aux mêmes conditions
d’entraînement ».
pas toujours de gagner mais aussi de participer.
En tant que Kenyane, il m’a paru facile
d’aimer l’athlétisme dans un pays où des
centaines d’athlètes ont remporté les JO et
autres rencontres mondiales ! »
Elle apprécie aussi le basket, ayant grandi
dans ce milieu : « Petite, je regardais les
garçons jouer sur le terrain de basket du
parking de mon quartier. » De même pour le
foot, qu’elle regardait à la TV. Mais en dehors
de ça, la jeune femme a étonnamment été
attiré par la boxe, de par « l’aspect mental
du sport et de l’entraînement nécessaire des
boxeurs avant leurs combats ».
L’égalité dans le sport
En parlant de combat, il y en a sur lequel Evelyn
ne lésine pas : les insinuations sexistes visant
le sport féminin, que ce soit les athlètes
féminines, les entraîneurs, ou encore les employés
d’administration. Dans les remarques
sexistes, la journaliste entend que « certains
fans ou pratiquants se concentrent sur
l’esthétique du sport féminin. Les femmes
sont désignées comme des êtres sexy, des
mères, des épouses d’abord, avant d’être
désignées comme des athlètes ». Autour de
cela se posent aussi les questions d’égalité.
« Les athlètes féminines travaillent aussi dur
que les hommes mais se battent tous les
jours pour accéder aux mêmes installations
D.R.
D.R.
Aujourd’hui, elle estime que les femmes en
Afrique ont désormais une voix, qu’elles sont
plus visibles qu’il y a 20 ans, lorsqu’elle a rejoint
ce milieu. « J’évalue à environ 40/50 %
la présence de femmes travaillant dans les
médias, mais malheureusement, très peu
sont à la tête de médias sportifs en Afrique,
et de médias généralistes d’ailleurs ! » Elle
applique la même remarque aux terrains de
jeux. « Beaucoup de femmes pratiquent mais
encore très peu se retrouvent à la direction
d’équipe, de fédération nationale. Mais cela
est en train de changer. » Elle se souvient
notamment de l’ancienne présidente de la
fédération burundaise de football Lydia Nsekera
qui a pris un siège à l’exécutif de la FIFA
et à la CAF, ou encore la Marocaine Nawal
Moutawakil au conseil d’administration du
CIO. « Et s’il n’y a pas encore eu de femmes
à la tête d’associations clés comme en football
ou en athlétisme, nous avons vu vu une
jeune femme postuler à la présidence de la
fédération de basket-ball. De plus, la récente
nomination de Liz Mills en tant qu’entraîneur
de basket-ball du Kenya, seule femme
actuellement entraîneur d’une équipe nationale
masculine, montre la volonté d’élever
les femmes dans le sport kenyan. Les
athlètes féminines kényanes ont également
ternationaux
et Jeux Olympiques, comme les
joueuses de volley-ball et de football. Cela
»,
s’enjoue-t-elle. WSA
D.R.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 57

TRIBUNE
Point de vue
Le football
peut porter
le combat
féministe en
Afrique
En Afrique, les femmes
sont omniprésentes dans
de nombreux sports dont
le football en tête de liste ;
en qualité de journalistes,
entraîneures, cadres
techniques, arbitres, mais
aussi et surtout joueuses.
En dépit de résistances
culturelles et sociales et
du peu de place qui leur
est faite, elles tendent
à s’imposer par leurs
compétences et leur aplomb.
PAR LAURIE CHAMPIN
D.R.
Aujourd’hui portées par le
tsunami international des
mouvements féministes de
tous bords qui réclament
l’égalité et la reconnaissance
des femmes au nom de la diversité
cient
par le prisme de la pratique sportive
et de la visibilité média offerte au football
notamment, d’un effet d’ascenseur propice
à leur expression et reconnaissance
dans le sport de haut niveau dont il y a
fort à croire qu’il sera très rapidement le
vecteur de leur émancipation aux quatre
coins de la planète. Le phénomène acté
du football féminin omniprésent en
Afrique attend ses solutions. Il ne saurait
être question de le sous-estimer, raisons
pour lesquelles les organismes de tutelle
en pleine concertation ont pour rôle d’y
satisfaire sine die.
Les dirigeants doivent prendre en considération
les freins de genre inhérents à
cette situation d’autant que la pratique
internationale du football masculin bé-
exposition média qui doit servir de tremplin
à celle du football féminin, celle-ci ne
cessant de croître et grandir, en Afrique...
« L’AFRIQUE, TERRE
DE FOOTBALL,
EST AU COEUR DU
DÉBAT, PAR SES
JOUEUSES. »
comme ailleurs. Au-delà du sport, cette
pratique populaire aujourd’hui idéalement
non genrée, tracte à elle seule
toutes les autres pratiques et disciplines
sportives vers une reconnaissance sociétale
mixte de la diversité sportive plurielle.
diennement
débat et le phénomène va en
s’accentuant. L’Afrique, terre de football,
est au cœur du débat, par ses joueuses.
Question sociétale autant que sportive,
l’enjeu majeur est bien d’attribuer sans
attendre, un « statut » à la femme joueuse
de football africaine et dans le reste du
monde. Par le prisme des problématiques
liées à la pratique du football Africain
féminin de haut niveau, et, n’ayons pas
peur de le dire, des discriminations de
genre dans lesquelles les joueuses sont
58 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

“Les dirigeants
doivent prendre en
considération les
freins de genre.”
©Alexandre Dimou - Icon Sport
traitées pour cause d’absence d’une politique
africaine volontariste des instances
concernées ; ces joueuses se retrouvent
en situation avérée de grande précarité
autant que de fragilité.
Conscientes de l’urgence d’harmoniser
leurs politiques de promotion et valorisation
du sport féminin avec le football pour
fer de lance, les instances dirigeantes du
sport se sont rapprochées dans le cadre
par l’UCSA (Union des Confédérations
l’objet visent à prioriser :
- La promotion et le développement du
sport féminin en Afrique,
- La promotion et le développement de
l’éthique sportive,
- L’harmonisation des calendriers sportifs
- Le « New Board » et ses membres.
© Richard Sellers - PA Images / Icon Sport
CAF et FIFA main dans
la main
Sur le continent africain, le développement
du football féminin a été porté de
manière disparate par quelques nations
et par la Confédération Africaine de Football
(CAF). Mais force est de constater que
le manque de coordination de toutes ces
« initiatives individuelles » n’a pas su enclencher
une dynamique sur l’ensemble
du continent. On peut néanmoins saluer
les efforts de la CAF qui, depuis 2018,
tente de sensibiliser sur l’intérêt économique
et sociétal du football féminin. Si
toutefois les initiatives peinent à s’imposer
; les opérateurs ou encore l’organisation,
doivent travailler main dans la main
sur la base du symposium sur le football
féminin organisé à Marrakech. On notera
malheureusement que ces initiatives
peinent à susciter l’intérêt collectif.
Il revient aujourd’hui à la CAF (Confédération
Africaine de Football ) de se saisir
de l’urgence autant que de s’emparer de
l’absolue nécessité de trouver « SON » format
de compétition féminine, en binôme
avec la FIFA (Fédération Internationale de
Football Association). WSA
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 59

LIFESTYLE
GROS PLAN
Eileen
Akbaraly :
« Avec Made for a
Woman, j’ai uni
mes deux passions :
l’engagement social
et la mode ! »
Une marque de luxe
produite à Madagascar
par des femmes soutenues
sur les plans économique,
social et culturel et
dans le respect de
l’environnement. Tel est
le concept fantastique
de Made for a Woman.
Sa fondatrice s’appelle
Eileen Akbaraly. Une jeune
femme lumineuse qui se
définit volontiers comme
«citoyenne du monde» et
«entrepreneure sociale».
Rencontre exclusive... et
enthousiasmante !
PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID TOMASZEK
d’un large sourire
et avec un léger accent
américain qu’Eileen
Akbaraly se présente.
C’est
Une énergie positive se
dégage instantanément de cette jeune
femme au destin peu commun. « Je suis
née et j’ai grandi à Madagascar, mais j’ai
la nationalité italienne. J’ai aussi vécu en
Inde et en France. A la maison, nous parlons
quatre langues. Je me sens véritablement
comme une «global citizen» ! » La
famille d’Eileen est en effet peu banale.
Son papa, Ylias Akbaraly, est un puissant
homme d’affaires malgache, d’origine indienne,
à la tête du groupe Redland qui
regroupe le conglomérat Groupe Sipromad
et Thomson Broadcast. Cinzia Catalfamo-Akbaraly,
sa maman, que nous
avons également eu la chance de rencontrer,
est la présidente-fondatrice de la
Fondation Akbaraly, mondialement reconnue
pour son combat contre le cancer du
sein et du col de l’utérus, à Madagascar
et en Afrique subsaharienne. « Avec un
papa 100 % dans le business
60 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Produire une
marque de luxe
avec une grande
exigence sociale et
environnementale.
C’est le pari
d’Eileen Akbaraly !
© Made for a Woman
© D.R. Made for a Woman
© Made for a Woman © Kerrafr Made for a Woman
N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 61

LIFESTYLE
Les sacs “Made
for a Woman”
sont produits en
raphia, une fibre
textile très solide
orginaire de
Madagascar.
62 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

« JE VEUX QUE CES FEMMES AIENT
UNE VIE MEILLEURE ET SE SENTENT
COMME À LA MAISON. » EILEEN AKBARALY
© Made for a Woman
et une maman 100% dans l’humanitaire,
c’est vrai que j’ai été à bonne
école », plaisante Eileen.
Les ouvrières payées 43% de
plus que chez la concurrence
Le concept de sa société Made for a Woman,
fondée en 2019, est né d’une analyse
très simple. « J’ai vécu la moitié de ma vie
à Madagascar et j’ai toujours beaucoup
victime d’une grande pauvreté. Tout au long
de ma jeunesse j’ai été tiraillée par cette
pensée: comment puis-je contribuer à améliorer
les choses ? » C’est lors de ses études
dans la mode que l’idée jaillit. Madagascar
est un lieu de production de sacs de luxe
naire
du pays. Les plus grandes marques,
comme Chanel ou Dior, y font fabriquer
leurs produits. Eileen a alors l’idée de créer
sa propre marque, mais avec un niveau de
© Made for a Woman © Kerrafr
«sustainability « (exigence sociale et environnementale)
très supérieur à la moyenne.
Les ouvrières sont payées 43 % de plus
que le salaire moyen offert par les marques
rie
gratuite pour leurs enfants, de cours de
langues et de danse. 85 % des employées
ont été victimes de violences domestiques
ou sont mères célibataires, c’est
© Made for a Woman © Made for a Woman
© Made for a Woman
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 63

LIFESTYLE
un choix délibéré de recrutement.
« Je veux que ces femmes aient une vie meilleure
et se sentent comme à la maison »,
aussi designer de sa propre marque.
Chaque pièce est unique et
associée à la femme qui l’a
fabriquée
Chaque produit est unique et fabriqué
100% à la main. Sur chaque sac ou chapeau
qui demande plusieurs semaines de
confection, on trouve une étiquette avec
l’identité et la photo de la femme qui l’a
fabriqué. Une exigence de transparence
qui fait partie intégrante du concept. La
marque produit un «sustainability report»
annuel : un rapport social et environnemental
dans lequel sont détaillés les
accomplissements de la marque. Outre
les conditions sociales des ouvrières, on
y apprend que la marque est également
très engagée pour le climat. Elle pratique
le 100 % «non plastique» dans ses packagings,
utilise au maximum les matériaux
recyclés dans son processus de production
et participe à la plantation d’1 million
d’arbres par an à Mahajanga, cette région
du nord de Madagascar dont est issue la
raphia.
Des produits distribués dans
les plus grandes boutiques de
luxe
Le concept marche très fort. Les produits
de Made for a Woman sont distribués
dans les plus grandes boutiques
de luxe en Italie, à New York, Monaco ou
Dubaï. Pour Eileen, pas de doute, cette
«nouvelle économie» plus responsable
correspond à une attente profonde.
« Les jeunes millennials de ma génération
veulent donner du sens à leur consommation.
Ce changement s’est accéléré avec
la crise du Covid. Le monde de la mode
Les produits sont
distribués dans
les plus grandes
boutiques de luxe
en Italie, à Monaco
ou à Dubaï.
« CHAQUE
PRODUIT EST
UNIQUE ET
FABRIQUÉ 100%
À LA MAIN. »
© Made for a Woman
64 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

« LE MONDE DE LA
MODE A CHANGÉ.
L’ASPECT ETHIQUE
EST DEVENU
PRIMORDIAL. »
© Made for a Woman © Made for a Woman
a changé. L’aspect éthique est devenu
primordial. » Le discours de la jeune fondatrice
est limpide, presque évident. Elle assume
complètement le double aspect commercial
et social de son activité. « C’est le
business model du futur. L’objectif pour les
marques ne doit pas être seulement de gagner
de l’argent mais aussi de faire du bien
avec ! Les entrepreneurs du futur seront de
moins en moins égoïstes », assure Eileen.
« Avec Made for a Woman, j’ai uni mes
deux passions : l’engagement social et la
mode ! », s’enthousiasme-t-elle. Lorsqu’on
demande à la jeune femme ses ambitions
pour sa marque et pour elle-même, on s’attend
à des projections de chiffre d’affaires
ou de parts de marché... Mais sa réponse
est désarmante. « Ma priorité, c’est améliorer
la vie des femmes. » Merci Eileen ! WSA
https://madeforawoman.shop
Made for a Woman rejoint le club
des partenaires officiels de
Women Sports Africa.
La marque sera en outre présentée
lors du festival de Cannes par un
défilé et la diffusion d’un documentaire,
le 12 juillet prochain !
© Made for a Woman
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 65

LIFESTYLE
DÉCOUVERTE
Umòja,
la marque de sneakers
par-delà les frontières
© Charlaine Croguennec
Comment est-ce qu’un beau jour, un Guinéen et un Congolais sont parvenus à mettre sur pied
depuis le Burkina Faso jusqu’en Europe une paire de sneakers unisexe entièrement composée
de ce qui peuple la nature ? Une démarche engagée pour la planète et les travailleurs, portée
par Lancine Koulibaly et Dieuveil Ngoubou. Portrait d’une marque de chaussures pas comme
les autres. PAR LÉA BORIE
L’HISTOIRE D’UNE
FABRICATION À TRAVERS
LES SAVOIR-FAIRE
Le point de départ de la fabrication de la
paire de « Mmea » commence en Afrique
de l’Ouest, et traverse ensuite l’Europe.
« C’est l’histoire d’une connexion entre
les savoir-faire textiles d’Afrique subsaharienne
et l’innovation européenne, et
ainsi de créer des passerelles entre les
techniques de plusieurs pays », entame
Dieuveil Ngoubou, co-fondateur de la
marque Umòja.
Affiner les savoir-faire : le choix du
Burkina Faso
Si la marque tablait au départ sur cinq
tion,
c’est sur le Burkina Faso que ses
concentrer, et nous expliquent leur choix.
« Nous avions en ligne de mire le Burkina
Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, l’Ouganda
et le Sénégal, explique le co-fondateur
Lancine Koulibaly, avec une idée en tête :
valoriser l’artisanat textile ouest africain
dans le respect de son environnement. »
C’est alors qu’en creusant leurs recherches,
les associés réalisent que le
savoir-faire burkinabais en particulier
cocherait toutes les cases pour lancer
leur projet. « Ce pays nous a semblé le
mieux organisé pour développer un marché
d’échelle, et c’est là qu’on a trouvé le
plus grand savoir-faire textile, développe
Dieuveil Ngoubou. De plus, dans d’autres
pays, le souci était la matière première.
Alors qu’ici, la production de coton est
maîtrisée, ce qui rend l’organisation de la
production plus simple. »
© Kerrafr
Une production tripartite : à chaque
pays sa spécificité
Ce projet relie le continent africain et le
continent européen, avec plus précisément,
un fonctionnement tripartite entre
la France, le Portugal et le Burkina Faso.
Le Burkina Faso, pour son savoir-faire
tissulaire et de peinture naturelle, et sa
production de coton. La France pour sa
production et son savoir-faire de tissage
autour du lin pour les lacets - travaillés à
Chollet - et du chanvre. Et le Portugal pour
sa maîtrise de la technique d’assemblage
de la chaussure. Car là aussi, le travail
se corse ! « La plupart des matériaux
qu’on utilise n’ont que très rarement été
utilisés dans l’industrie de la chaussure
sous cette forme, précise Dieuveil Ngoubou.
Les machines ne sont pas toujours
adaptées. Il nous a fallu convaincre nos
© Kerrafr
66 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

Récit de la
fabrication
végétale d’une
chaussure par une
entreprise engagée
à tous points de
vue.
© Charlaine Croguennec
© Kerrafr
© Kerrafr
© Charlaine Croguennec
partenaires. L’atelier portugais est le seul
qu’on ait trouvé capable de travailler avec
nos matériaux alternatifs de la sorte. Ce
serait plus simple avec un t-shirt ou un
pantalon, mais avec la chaussure, il a fallu
sortir de notre zone de confort et montrer
qu’on pouvait faire différemment ».
Ajouté à cela le lait d’hevea venu d’Asie
et transformé en France, en résulte une
paire de chaussures riche en histoires et
en expertise. Et c’est sa force, d’avoir allié
tous ces atouts. WSA
D.R.
N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 67

LIFESTYLE
ENTRETIEN
Interview
croisée
entre l’Europe
et l’Afrique
Les deux
fondateurs de la
marque Umòja
nous racontent
leur aventure
entrepreneuriale.
Lancine (à droite) est originaire de Guinée quand Dieuveil
(à gauche) est né au Congo et a grandi en Côte d’Ivoire. De
par leurs origines, ils ont pu aller plus loin car ils avaient une
culture de l’Afrique de l’Ouest qui les a aidé notamment à
mieux sourcer les artisans. Mais ils ont pu aussi redécouvrir
leurs racines, ce qui leur a donné une raison de plus de
s’accrocher à leur projet pour valoriser la richesse de leur
continent. L’un est en France, l’autre au Burkina.
PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE
QUEL A ÉTÉ LE DÉCLIC POUR
VOUS LANCER DANS L’AVENTURE
ENTREPRENEURIALE ?
DIEUVEIL : J’étais censé faire de la
recherche en droit, Lancine était cadre
en assurance. Mais, si on gagnait bien
notre vie, on s’est demandé le sens qu’on
donnait à tout ça. Et c’est comme ça
qu’on a décidé de changer de direction,
en 2017, persuadés qu’avec un sens
payerait.
ET LE VIRAGE DE L’ENGAGEMENT
ÉCOLOGIQUE DANS VOTRE PROJET ?
LANCINE : On a eu une vraie prise de
conscience sur l’omniprésence du plastique
partout, tout le temps. Et c’est là
qu’on a cherché à instaurer de véritables
changements dans les modes de consommation,
convaincus qu’un commerce international
respectueux est possible.
DIEUVEIL : Notre territoire est extrêmement
riche, mais malheureusement, il est
étouffé par la concurrence agressive de produits
industriels venus de Chine et d’Inde.
On s’est alors demandé comment valoriser
ce savoir-faire en travaillant main dans la
main avec des artisans africains.
QU’EST-CE QUI VOUS A AIDÉ DANS
VOTRE PRISE DE CONSCIENCE ?
DIEUVEIL : Les voyages. On s’est non seulement
rendu compte que la société dépendait
beaucoup trop du plastique, mais aussi
que nos pays regorgeaient de richesses
historiques, traditionnelles, vernaculaires.
Nous sommes partis, sac au dos, à la rencontre
des artisans textiles burkinabais, sé-
pour passer par le Congo et l’Ouganda. Ça
a été une vraie claque, jamais on n’aurait
pu s’imaginer qu’il y ait autant de pluralité
dans les savoir-faire qu’on a découverts.
68 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

« ON A EU UNE VRAIE PRISE DE
CONSCIENCE SUR L’OMNIPRÉSENCE
DU PLASTIQUE PARTOUT » LANCINE
© Charlaine Croguennec
EXPLIQUEZ-NOUS COMME SE PASSE
LA COLLABORATION AVEC LES
BURKINABAIS.
LANCINE : Nous travaillons avec une quarantaine
d’artisans teinturiers du Centre
Adaja, une coopérative paysanne qui existe
depuis 50 ans possédant un fort volet social
– avec pour objectif de réinsérer dans la société
les personnes vulnérables, les femmes
battues, veuves, les orphelins, ceux qui n’ont
pas eu accès à un cursus scolaire… Une réinsertion
rendue possible en les formant au
tissage et à la teinture naturelle.
DIEUVEIL : On travaille en direct avec des
agriculteurs dans une démarche de commerce
équitable. Mon installation ici au
Burkina Faso depuis maintenant 2 ans me
permet de superviser de près la production,
pour travailler main dans la main et
accompagner les artisans. Et aujourd’hui,
on leur laisse de la liberté créative, qu’ils
proposent leur rythme de tissage, des tex-
qu’eux aussi montent en gamme. Et qu’on
démontre qu’on est capable de faire autre
chose que le boubou !
SUR QUOI AVEZ-VOUS ÉTÉ
PARTICULIÈREMENT VIGILANTS EN
OPÉRANT CETTE FABRICATION ICI AU
BURKINA FASO ?
DIEUVEIL : Sur le volet environnemental.
On sait qu’ici, le coton bio est récolté à la
main, que les teintures sont végétales, naturelles,
fabriquées à base de plantes, de
feuilles, d’écorces… Et ceci est d’autant plus
important quand on sait qu’en Afrique subsaharienne,
le traitement des eaux usées
des teintures de synthèse n’est pas répandu,
et que ces eaux risquent d’être rejetées
QUEL EST VOTRE OBJECTIF AU FOND
DERRIÈRE TOUT ÇA ?
LANCINE :
national et international à ce savoir-faire en
train de disparaître aujourd’hui, parce que le
marché est malheureusement rempli de matières
polluantes, sans aucune valorisation
sociale !
DIEUVEIL : On veut montrer qu’on peut
faire différemment : on a tendance à faire
culpabiliser les consommateurs, alors
qu’ils n’ y a pas d’alternative de consommation
! Qu’est-ce qu’on leur propose ?
On a un élément de réponse maintenant,
Umòja ! WSA
« MMEA »,
ZOOM SUR CETTE CHAUSSURE
MADE BY NATURE
Naturelles, éthiques ?
Dites-m’en plus Dieuveil !
« Ce sont des sneakers 100 %
végétales, de la teinture à la colle
en passant par les fils de couture,
produites à partir de matières nobles
travaillées à la main : le coton, le
lin, le chanvre et le lait d’hévéa (à
partir d’écorces d’arbre). Ce modèle
artisanal est unisexe, et va du 35 au
47, avec une visée principalement
occidentale. »
Eh, mais vous n’avez pas peur de
dévoiler ainsi votre « recette » ?
« On ne fait pas de secret de
polichinelle, au contraire. Nous
travaillons en open source : si des
entreprises veulent suivre notre
démarche environnementale, tant
mieux ! On fonctionne avec le jeu de la
libre concurrence, notre objectif étant
d’inciter les industriels à produire
différemment. »
La chaussure a été lancée via
une campagne de
crowdfunding Ulule au
printemps, et est désormais
disponible sur le site umojashoes.com
à 240 €.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 69

LIFESTYLE
« J’ai longtemps été
shopping addict.
Aujourd’hui, je
privilégie plutôt
la qualité des
vêtements. »
Valériane
Ayayi
Basketteuse
et modeuse
Aussi loin qu’elle se
souvienne, Valériane
Ayayi a toujours
aimé la mode.
Une passion qui lui
a sans doute été transmise par
sa maman, elle-même amatrice
de beaux vêtements. « Je me rappelle
encore de ces mercredis
matins où, petite, elle m’amenait
faire l’ouverture des magasins
au premier jour des soldes »,
raconte-t-elle avec délice. Des
qui lui ont fait découvrir cet univers,
dont elle est naturellement
tombée amoureuse. « J’aime ce
que la mode véhicule, ce qu’elle
peut permettre, écrit-elle sur son
blog. C’est un outil formidable
pour mettre en valeur les atouts
de chacun, mettre en avant une
personnalité. »
Un stage chez
Cristina Cordula
Pourtant, au départ, elle ne savait
pas trop quoi faire de cette
passion qui était « là », à côté
Beaucoup la connaissent en tant que joueuse
phare de l’Équipe de France de basketball. Peu,
en revanche, savent qu’elle est aussi douée sur les
parquets que pour conseiller les gens en matière
de style vestimentaire. Pourtant, depuis 2019,
Valériane Ayayi tient un blog sur lequel elle partage
ses inspirations mode et prodigue des conseils aux
femmes sur leur mise en beauté. Bienvenue dans
l’univers tendance d’une basketteuse branchée.
PAR FLORIANE CANTORO - PHOTOS SHJO AGENCY ET @ICANDOBOTH
du basket. Par curiosité, et pour
éventuellement envisager d’en
faire un second métier plus tard,
elle a souhaité se rapprocher
de Cristina Cordula, la célèbre
mannequin franco-brésilienne,
présentatrice de la toute aussi
célèbre émission de télévision
« Les Reines du Shopping » sur
M6. « On a beaucoup discuté
et elle m’a proposé de faire
un stage chez elle, une opportunité
qu’on ne refuse pas ! »
Valériane Ayayi a donc validé ses
études de stylisme, conseil en
image et relooking par un passage
dans le showroom privé le
plus connu de France. « Magnifaïque
» comme expérience !
L’idée du blog est venue dans
la foulée. Pour amorcer une reconversion
d’abord, mais aussi
et surtout pour « déconnecter
du basket » en consacrant du
temps à un sujet totalement différent
mais qui la passionne tout
autant. Le site « I can do both »
est une bouffée d’oxygène pour
Valériane. Elle y partage ses
70 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

coups de coeur mode et ses astuces
pour des looks branchés.
« Pour l’instant, il n’y a pas de
prestation de conseil en image
sur le site. J’ai essayé d’en faire
un peu au début, mais c’est trop
basket », explique notre fashionista
de 26 ans. Bien sûr, commercialiser
cette passion pour
la mode sera la suite logique à
donner au blog dans quelques
temps. En allant même plus loin
dans son accompagnement des
femme et de leur mise en valeur.
Et Valériane Ayayi créatrice un
jour, c’est possible ? « Pourquoi
pas », sourit-elle. L’idée lui trotte
dans la tête depuis un moment
mais elle sait le travail que cela
représente. « C’est un business
basket pour le moment. Mais je
n’abandonne pas l’idée ! ». WS
Exemples d’articles
publiés sur le bloc
icandoboth.fr :
• 5 tenues pour aller
bruncher cet été
• Comment porter
les couleurs et bien
les associer ?
• 4 astuces pour
bien réussir les
soldes cette année
mode La minute
de Valériane Ayayiyi
Comment décrirais-tu la
mode en trois mots ?
Plurielle, personnelle et
tendance.
Quelles sont les
influenceuses mode
que tu aimes suivre sur
Instagram ?
Caroline Receveur
(@ carolinereceveur),
Alexandra Lapp
(@ alexandralapp_) et
Kim Duong (@blvckd0pe).
Quelles sont tes marques
de prêt-à-porter
préférées ?
J’aime beaucoup Massimo
Dutti, PATiNE, Cos, Maje,
Sandro, Ba&sh, The
Kooples.
Une personnalité
qui représente une
référence mode pour toi
aujourd’hui ?
Je dirais Gigi Hadid, que
j’adore !
Quel est le meilleur conseil
mode qu’on ait pu te
donner ?
Ma maman m’a dit d’avoir
mon propre style, un style
qui reflète ma personnalité.
Quel est le basique absolu
d’un dressing féminin ?
Un t-shirt blanc tout simple.
La pièce mode dont tu ne
te sépares jamais ?
Un pantalon large, noir et
simple, qui peut se prêter
à tous les styles : sportif,
classique, féminin…
Ton accessoire préféré ?
Un sac à main, peu importe
la taille et la forme.
Cite-nous une ou deux
sportives qui, pour toi,
ont « du style » ?
J’aime bien le look de
la footballeuse Kheira
Hamraoui. Et aussi celui
d’Émilie Gomis, mon
ancienne coéquipière
en Équipe de France,
passionnée de mode elle
aussi.
La tenue parfaite pour un
look branché cet été ?
Un t-shirt assez long blanc
basique, un collier, un jean
taille haute plutôt bleu
clair et une jolie paire de
sandales à talons fins.
La tenue parfaite pour se
rendre à une cérémonie
de remise de prix
sportifs ?
Pourquoi pas un tailleur
avec un pantalon 7/8 e
bien taillé et bien « fit »,
des escarpins ou sandales
ouvertes à talons et un
blazer fermé avec une jolie
lingerie en dessous.
Quel est pour toi le pire
des fashion faux-pas ?
J’en ai deux : les ballerines
et les collants couleur chair.
C’est pas permis !
Quel est l’accessoire
mode qui fait la différence
chez un homme ?
La montre.
Un dernier conseil mode à
donner à nos lectrices ?
Soyez vous-mêmes, portez
des choses qui vous
ressemblent, qui vous font
vous sentir belles, fortes
et prêtes à conquérir le
monde.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 71

OUT OF AFRICA
NADIA NADIM :
« Les femmes
musulmanes ne
sont pas seulement
dans la cuisine, elles
peuvent également
jouer au football »
Nadia Nadim, qui quitte le Paris Saint-Germain après avoir
remporté le titre de championne de France, publie un livre où
elle raconte son incroyable histoire. Avec sa famille, elle a fui la
guerre en Afghanistan pour rejoindre l’Europe. Le Danemark
d’abord, pays qui lui a donné sa nationalité. Puis la France, où
elle réside depuis sa signature au PSG en 2019. Ce livre est un
véritable message d’espoir pour de nombreuses petites filles.
Rencontre émouvante ! PROPOS RECUEILLIS PAR ARIS DJENNADI
Le choix de se raconter dans
un livre n’est jamais anodin.
Nadia Nadim nous explique
pourquoi elle a pris cette décision.
« Je voulais raconter
mon histoire mais aussi inspirer les gens
qui pourraient avoir à voyager dans leur
vie, pour leur dire qu’il faut garder espoir. »
À travers ces lignes, elle ne souhaite pas
que les lecteurs « se sentent mal ». « Je ne
veux pas que les gens ressentent de l’empathie
ou de la pitié pour moi. Ce n’est pas
que ce je veux. Je veux qu’ils voient mon
évolution et ma force mentale. »
La joueuse du Paris Saint-Germain nous
-
-
douloureux. « Je pleurais quand je racontais
mon histoire. Je revivais tout, ça a été
dur même si j’ai raconté mon histoire un
million de fois, mais c’est toujours comme
si j’étais touchée par ça. Mais d’un autre
côté, je pense que cela m’aide aussi à
avoir plus de contrôle sur tous mes sentiments
et mon passé. »
Ce livre commence par le récit de la guerre
en Afghanistan, la perte de son papa et la
nourriture. Puis l’arrivée au Danemark.
mis
de changer son destin.
Le personnage-clé de l’histoire de Nadia,
c’est sa maman, qui a dû affronter la
guerre et la perte de son mari avec ses
mage
: « Ma mère est une femme pour
laquelle j’ai beaucoup de respect. Ce
LA VIE INCROYABLE
DE NADIA NADIM EN
9 DATES CLÉS
1988 Naissance à Hérat, en
Afghanistan.
2000 Son père, général de l’Armée
nationale afghane (ANA), est
exécuté par les Talibans. Avec sa
mère et ses quatre sœurs, elle fuit
le pays pour le Danemark. Elle est
alors âgée de 12 ans.
2009 Elle devient internationale
danoise.
2011 Elle évolue en pro au sein
de club du IK Skovbakken puis au
Fortuna Hjørring.
2014 Première expérience aux
Etats-Unis au Sky Blue FC, elle
jouera également à Portland.
2017 Elle est élue « Danoise de
l’année » par Berlingske, un grand
quotidien danois.
2018 Elle signe à Manchester City.
2019 Elle signe au PSG.
2021 Elle aide le PSG à décrocher le
premier titre de champion de France
de son histoire.
72 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

De la guerre en
Afghanistan aux
succès en sélection
danoise et avec le
PSG, le destin de
Nadia Nadim est
exceptionnel.
une preuve de courage. Ce n’était pas facile
pour elle mais elle est forte. Elle nous
en nous. Franchement, c’est une femme
incroyable et je lui dis tout le temps. »
De ce parcours hors du commun, Nadia
a tiré des leçons de vie. Y compris sur un
plan philosophique… Revenons avec elle
sur quelques révélations de son livre.
WOMEN SPORTS : DANS VOTRE
LIVRE, VOUS ÉVOQUEZ LA PLACE DE
LA RELIGION DANS VOTRE VIE. AU
DANEMARK, VOUS AVEZ DEMANDÉ
À VOTRE MAMAN DE VOUS
APPRENDRE LA PRIÈRE. POURQUOI
CE CHANGEMENT ?
Je me souviens avoir fait beaucoup de
cauchemars, j’arrivais à un âge où j’avais
besoin de mieux comprendre. Pour moi, la
religion a toujours été quelque chose de
très fort. C’est un lien entre Dieu et moi.
Elle m’aide à contrôler mes sentiments et
toutes les choses qui sont en moi, pour
m’apaiser. Maintenant, à chaque fois que
je suis stressée ou qu’il y a beaucoup de
choses dehors, quand je prie ça me calme
beaucoup.
LE FAIT DE PRIER VOUS A PERMIS DE
MIEUX VOUS SENTIR AUX ÉTATS-
UNIS ?
© Elliott Chouraqui - Icon Sport
Quand on est seul, sans sa famille, la prière
permet de prendre du temps pour soi. Cela
m’a beaucoup aidé là-bas, et ça m’aide encore
maintenant. Je ne prie pas cinq fois
par jour. Mais quand je le sens, je prie. Sans
en faire une obligation. C’est mon choix, je
veux prier non pas parce que j’ai peur ou
parce que je veux ressentir quelque chose,
mais plutôt parce que cela devient naturel.
C’est quelque chose que je veux faire.
Pour moi la plus grande chose que les gens
doivent comprendre sur la religion, c’est
que cela doit rester un choix personnel.
DANS LE CHAPITRE 17 DE VOTRE
LIVRE, VOUS DITES QU’IL EST
DIFFICILE D’ÊTRE DE RELIGION
MUSULMANE EN EUROPE, MAIS
AUSSI QUE VOUS REFUSEZ
D’ADMETTRE QUE LES TERRORISTES
TUENT AU NOM DE L’ISLAM.
EXPLIQUEZ-NOUS.
Malheureusement, il y a de l’islamophobie.
Dire qu’on est musulman engendre parfois
des réactions négatives. Je pense que ces
attaques blessent presque plus les musulmans
parce qu’ils ont cette chose sur leur
épaule. Concernant le terrorisme, c’est
juste stupide de voir à quel point l’être humain
est ignorant. Si tu es éduqué, tu ne
prendras jamais ce chemin. Ça m’énerve
de voir à quel point l’humain est capable de
blesser les autres. J’espère vraiment que
ça va changer.
C’EST RARE D’ENTENDRE
UNE SPORTIVE PARLER AUSSI
OUVERTEMENT DE CE SUJET.
J’en parle ouvertement car je veux faire
part de mon expérience. Je veux montrer
que les femmes musulmanes ne sont pas
seulement dans la cuisine, elles peuvent
également jouer au football, par exemple.
Si tu es musulman, il n’y a pas seulement
ce chemin. Donc je pense qu’il faut essayer
d’être éduqué et d’avoir des ondes positives.
POUR REVENIR AU FOOTBALL, DANS
VOTRE LIVRE, VOUS METTEZ EN
AVANT UNE DATE : LE 4 MARS 2009.
VOUS DEVENEZ INTERNATIONALE
DANOISE. UN JOUR DE GRANDE
FIERTÉ ?
Oui bien sûr c’est un grand moment pour
moi. J’ai travaillé très dur pour arriver à
Nadia Nadim
Mon histoire
Editions Marabout
200 pages
« Ça m’afflige et me met
hors de moi quand des
gens sont décapités
au nom de l’Islam. Ou quand des avions
s’écrasent sur des bâtiments, comme en
2001. Je ne considère pas les auteurs de ces
actes comme des musulmans, mais comme
des psychopathes. Il est difficile d’être musulman
en Europe actuellement parce que des
groupes terroristes comme l’État islamique
déforment l’image du citoyen musulman
ordinaire. Aucun de mes amis n’adhère aux
actes terroristes. Tant de choses dans le Coran
sont délibérément mal interprétées pour
donner du pouvoir dans des pays analphabètes
et pauvres. »
ce niveau. J’ai eu mon premier match
contre les États-Unis et c’était incroyable.
ment
que je ne n’oublierai jamais.
QU’EST-CE QUI VOUS A FAIT
JUSTEMENT TENIR ET NE PAS
LÂCHER, MALGRÉ LES
OBSTACLES ?
C’est une grande question. Je voulais
vraiment changer ma situation. J’ai vécu
beaucoup de choses tristes comme la
perte de mon père. Mon enfance n’était
pas incroyable. Je me suis dit qu’il fallait
que je change ça.
EN 2019, VOUS ARRIVEZ À PARIS
ET LÀ ON VOUS SENT, ET CELA
SE RESSENT DANS LE LIVRE,
VRAIMENT À L’AISE, QUE CE SOIT
DANS LA VILLE OU DANS LE CLUB.
Oui exactement. C’était un rêve que de
vivre à Paris. Avoir la chance de jouer
dans ce club qui possède l’une des
meilleures équipes du monde et vivre
dans l’une des villes les plus attractives
du monde, c’était juste incroyable. Un
grand rêve devenu réalité. J’ai travaillé
moments. Je vis pleinement ce rêve
éveillé ! WSA
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 73

OUT OF AFRICA
Portrait
Diandra
Tchatchouang,
genou à terre, poing levé
67 sélections en équipe nationale, triple médaillée d’argent aux championnats d’Europe avec les
Bleues, double championne de France… À 29 ans, Diandra Tchatchouang a une belle carrière dans
le basket. Mais pourquoi se reposer sur ses acquis quand certaines choses ont besoin de changer ?
C’est la question que la jeune femme s’est posée. Basketteuse engagée, la numéro 93 n’a pas peur
d’assumer ses idées. Native du 93, la Gazelle, capitaine du Basket Lattes Montpellier Association
(BLMA) sait monter au front pour des causes qui lui tiennent à cœur. Sur le parquet, dans les
quartiers, dans ses pensées comme dans ses actions, Diandra interpelle le système en place pour
faire bouger les lignes et les consciences. Rencontre. PAR RUBEN DIAS
Mercredi 3 juin 2020,
Montpellier. Elles sont
noires et blanches,
sportives de haut niveau,
mais avant tout
citoyennes. Amassée dans les rues
hommage à Adama Traoré et George
Floyd. Parmi elle, une certaine Diandra
Tchatchouang. Genou au sol, pancarte
à la main, la Gazelle du BLMA a décidé
de se mobiliser contre les violences
policières. « On n’est pas insensible aux
injustices quelles qu’elles soient. (…) Je
que j’ai su qu’il y avait cette manifestation.
»
Ce jour-là, touchée par les incidents de
Minneapolis, la jeune femme n’a pas hésité
à sortir dans la rue. « C’était impor-
» La
remarque en devient encore plus pertinente
quand, à Paris, un producteur de
novembre 2020. 15 minutes de coups et
d’insultes racistes… « -
»
Mais alors comme en NBA, devrait-on en
faire plus en France, le genou au sol avant
Lives Matter ? Diandra l’assure, «
la nation et reconnus au niveau national.
vement.
» Une peur qu’il faut « respecter »
selon l’internationale tricolore.
Le 93 dans les veines
En Seine-Saint-Denis, celle qui prend
comme idole Mohammed Ali a créé l’opération
«». Une expression
que l’on pourrait traduire par « tente ta
du 93 (11 à 15 ans) peuvent rencontrer
des personnalités féminines issues de
tous les milieux (sport, arts, mode, entreprise,
politique, ect.) pour partager
conseils et expériences avec leurs aînés.
Oui, la Seine-Saint-Denis fait partie de
DIANDRA TCHATCHOUANG, FRANÇAISE
AUX RACINES CAMEROUNAISES, EST
DE TOUS LES COMBATS !
74 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

mars dernier -, elle donne la parole à des
sportifs à la trajectoire chaotique. Comme
son premier témoin Aristide Barraud,
ex-rugbyman du Stade Français, grièvement
blessé lors des attentats de Paris le
13 novembre 2015, ou la tenniswoman
Marion Bartoli et son parcours exceptionnel.
«
-
» WSA
La basketteuse
engagée n’a pas
peur de défendre
ses idées, que ce
soit dans la rue ou
sur le terrain.
l’internationale tricolore. Inscrit sur le
maillot, le numéro du département est
surtout gravé dans son cœur.
«
é (rires). » Parce que c’est à la Courneuve
qu’elle a grandi. C’est là-bas aussi
qu’elle a posé ses premiers dribbles.
Alors, « Study Hall 93 », c’est son bébé.
Une association qu’elle a créée de toutes
pièces. L’objectif ? Offrir des cours de
soutien scolaire aux jeunes licenciés des
clubs sportifs locaux. Une heure d’étude
est ainsi proposée gratuitement, entre
ment
aux sportifs. Le but est d’éviter l’errance
entre l’école et le gymnase. « J’ai
(rires). »
Quel avenir ?
À 29 ans, Diandra Tchatchouang n’est
pas encore une vétérane. Disputer les
Jeux Olympiques de Paris en 2024 avec
l’Équipe de France trotte dans un coin
de sa tête. Mais elle a déjà commencé
à penser à son après-carrière. La jeune
femme prépare son futur, qui se joue
du côté de Sciences Po Paris. Mais si
elle ne se voit pas continuer dans le mi-
quelque chose dans le journalisme. Alors
avec « Super Humains » - podcast qu’elle
D.R.
TROIS QUESTIONS
BONUS POUR MIEUX
CONNAÎTRE DIANDRA
TCHATCHOUANG
Comment avez-vous
commencé le basket ?
Quand j’avais 8 ans, avec ma petite
sœur on observait nos cousins jouer
au basket. C’était des garçons, donc
pas évident de leur prendre la balle
(rires) ! Alors, on a demandé à notre
maman de nous inscrire, et comme
chez nous le sport est primordial,
elle a accepté. C’est comme cela que
l’histoire a commencé.
Quelle est votre meilleure
expérience en carrière ?
Les événements qui m’ont le plus
marquée sont les titres avec Bourges.
Les trois Coupes de France, les
deux championnats, étaient des
expériences exceptionnelles.
L’ambiance et la communion quand
on gagne avec les filles, c’est génial.
Le basket français est dans le
dur à cause du coronavirus.
Votre avis sur la situation ?
Aujourd’hui, et bien au-delà du basket
féminin, c’est le sport français qui
est touché. Il faudra du temps pour
se relever. Et pour nous les sportifs,
la frustration est vraiment présente.
Mais on relativise très vite quand
on prend en compte la situation
actuelle, au-delà du monde du sport.
En ce moment, il y a clairement plus
important… la santé par exemple.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 75

OUT OF AFRICA
Odessa
Jenkins
conjugue le football
américain au féminin
Cinq fois championne nationale, médaillée d’or et intronisée au
Hall of Fame Running Backs, Odessa Jenkins a un parcours qui
force le respect. Depuis son plus jeune âge, l’afro-américaine
n’a d’yeux que pour le football. PDG de la Women’s National
Football Conference, l’entraîneure des Texas Elite Spartans use
de son influence pour élever les femmes noires dans le sport.
Chaque jour, elle lutte pour s’assurer que chaque femme ait une
place dans le football américain et puisse, comme elle, vivre de sa
passion pour ce sport. PAR VANESSA MAUREL
Odessa Jenkins a
imposé aux Etats-
Unis la première
ligue féminine de
football américain,
la WNFC !
Elle ne jure que par le football
américain, et ça depuis
son plus jeune âge. Odessa
Jenkins est aujourd’hui PDG
de la Women’s National Football
Conference. Petite, elle se souvient avoir
passé le plus clair de son temps à courir
avec un ballon. Football, basketball, ovale
où rond, la taille et la forme comptaient peu,
la Californienne avait simplement soif de
« compétition ».
Ces sports à connotation masculine, la
des garçons. « Honnêtement, le fait de me
retrouver au milieu de tous ces gars a juste
développé en moi ce que je voulais faire de
ma vie
accordée à nos confrères de The Shadow
League. Et ce qu’elle a fait est particulièrement
remarquable. Parce que si le football
est la discipline la plus consommée au Etats-
la NFL. En 2019, Odessa Jenkins a comblé
ce manque : elle a fondé la WNFC, une ligue
féminine qui emploie 50% d’entraîneures,
avec un grand E. « Si les femmes peuvent enseigner
et diriger des pays ou être à la tête
de l'ingénierie à Harvard, alors elles peuvent
aussi entraîner au football. »
« Autant de contacts que chez
les hommes »
Des femmes pratiquent ce sport de contact
depuis bien longtemps. Depuis plus de
60 ans, selon Odessa. « C’est la vérité, les
femmes jouent depuis presque aussi longtemps
que les hommes ! » Avec la WNFC,
primer
sur le terrain. Parce que c’est l’heure
d’avoir « une ligue pour elles maintenant ».
Même si la plupart des joueuses ont encore
créer
de la professionnalisation ».
Si certains ne sont pas encore convaincus,
Odessa Jenkins l’assure, « c'est le même
match qu’un match de NFL. Nous avons de
sacrées athlètes et tout autant de contacts
et de prises de risques que chez les hommes.
Il n’y a que des raisons pour que ça marche »,
a-t-elle conclu dans les colonnes de The Shadow
League. WSA
76 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

D.R.
D.R.
Qu’est-ce que
la WNFC ?
Le WNFC est une organisation
qui offre aux femmes la possibilité
de jouer, d'entraîner et de pratiquer
le football américain au
plus haut niveau. Lancée en
2019 elle a souffert, comme les
autres disciplines, de l’épidémie
de Covid-19 : la crise sanitaire à
contraint à l’annulation de la saison
2020. Elle démarre donc en 2021 !
Parrainée par Adidas et Riddell
Sports, Wilson et United Sports
Brand, la WNFC compte plus de
1000 athlètes et entraîneurs dans
17 États, ce qui représente
20 équipes. « C'est une opportunité
de croissance pour le sport
féminin. Notre ligue est saine
financièrement », assure
Odessa Jenkins.
© Anthony Dibon - Icon Sport
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 77

FOOD
ZOOM SUR DES PÂTISSERIES
SAINES ET ACCESSIBLES AVEC
cheffe
Maëlle !
C’est quoi une pâtisserie saine pour vous ? Se priver de
dessert, point à la ligne ? La cheffe béninoise Maëlle Acakpo
a une autre vision des choses. Un prisme qu’elle nous dévoile,
qui pense aussi aux personnes à régime particulier.
On vous explique, et on se régale après ! PAR LÉA BORIE
Maëlle Acakpo
fonctionne un peu
comme un traiteur,
mais avec un petit
quelque chose de
différent dans ses
pâtisseries…
POURQUOI LIMITEZ-VOUS LE
GLUTEN DANS VOS PRÉPARATIONS ?
Cette protéine, présente dans la plupart
des céréales comme le blé, favoriserait la
prise de poids. C’est pourquoi j’élimine la
de réaliser des recettes en version moins
calorique, histoire de limiter les risques
de surpoids. D’autres types de farines
sont disponibles localement au Bénin,
comme la farine de manioc (utilisée dans
la recette des étoiles à la framboise, à
retrouver pages suivantes), la farine de
riz, de maïs, ou encore d’autres fécules.
De plus, j’ai rencontré de plus en plus de
personnes demandeuses d’alimentation
alternative, des personnes allergiques
au gluten / cœliaques, ou encore les
diabétiques. Ce sont des personnes qui
tiennent à ne pas se priver, mais dont
la santé demande de consommer autrement.
D’une manière générale, beaucoup
de personnes se privent à cause du gras,
D.R.
du sucre, du lait, de l’œuf, de la présence
de matière animale, etc. alors que tant de
solutions existent ! Et je suis aujourd’hui
une des rares chefs à proposer de la pâtisserie
sans gluten au Bénin !
PRÉSENTEZ-NOUS LE CONCEPT DE
PÂTISSERIE SAINE.
C’est une pâtisserie qui met en avant les
de permettre de se faire plaisir sans faire
« CE N’EST PAS PARCE QU’IL T’EST
IMPOSSIBLE DE MANGER TEL ALIMENT QUE
TU DOIS TE PRIVER D’UNE PÂTISSERIE ! »
D.R.
78 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

TOURISME GASTRONOMIQUE
AFRICAIN : LE POINT SUR LA
GASTRONOMIE BÉNINOISE
D’après la cheffe Maëlle, la
gastronomie béninoise est quelque
peu oubliée - à l’échelle internationale
en tout cas, elle est presque
inexistante. « C’est bien qu’on puisse
participer au festival international
de la gastronomie pour révéler nos
plats, parce que ceux-ci mériteraient
d’être connus, de quelque région
que ce soit au Bénin ». Une question
d’opportunités d’après la cheffe, car
pourtant, elle en est persuadée, le pays
est un vivier culinaire et a tellement à
faire découvrir !
trop d’écart. J’ai le plus souvent recours
à la framboise, la mangue, l’ananas,
la courgette, mais aussi le tournais. La
consistance de certains légumes peut
même remplacer d’autres ingrédients,
dont le beurre, quand des fruits, assez
sucrés, peuvent limiter l’ajout de sucre.
EN PARLANT DE SUCRE,
JUSTEMENT, VOUS LIMITEZ AUSSI
LE SUCRE RAFFINÉ ?
En effet, idéalement, je privilégie le
sucre brut de canne, qui a été, tout juste
après extraction, le premier résultat obtenu.
De quoi conserver toutes les valeurs
nutritionnelles et toute la richesse
de la canne. Plus on consomme naturel,
plus on élimine les risques de toutes
sortes. WSA
La cheffe Maëlle Acakpo a repris ses
ateliers de pâtisserie pour enfants
de 6 à 15 ans, « Les P’tits chefs », un
concept de partage de connaissances
aux plus jeunes autour de
l’alimentation saine, initié en 2017. Elle
sort cet automne un livret de recettes
sans gluten pour l’apéro, le petitdéjeuner
et le goûter. Et elle espère
ouvrir un restaurant en 2022/2023
au Bénin ! On se lèche les babines de
toutes ces actus culinaires !
POUR COMMANDER :
acakposheilamaelle@gmail.com,
(+229) 66 95 55 02,
Via les réseaux sociaux :
facebook.com/maelelastar
instagram.com/chef_maelle_
patissiere/
© Darimage Photography
Et en même temps, il serait nécessaire
de l’adapter aux palais internationaux :
« Il nous faudrait aussi retravailler
nos recettes car nos plats sont assez
épicés et servis de façon traditionnelle.
Mais sans perdre l’authenticité de
notre cuisine. ». Elle en est d’autant
plus sûre : « Présentées de manière
gastronomique, ces recettes seraient
dignes d’être servies dans un
restaurant étoilé ! »
© vasanty/Shuttesrtock © rodrigobark/Shuttesrtock
© Patricia Dulasi / Shutterstock
N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 79

FOOD
,
,
ETOILES SABLEES
SANS GLUTEN A
L A FRAMBOISE
,
Qui a dit qu’un biscuit devait nécessairement être riche, gras,
et sucré ? La cheffe béninoise Maëlle Acakpo nous prouve le
contraire avec une proposition légère et moelleuse d’étoiles
fourrées à la framboise à base de farine de manioc. Vous en
reprendrez bien une bouchée ? PAR LÉA BORIE
Les ingrédients : (pour 20 biscuits)
• 175 g de farine de manioc
• 50 g de beurre
• 10 g de sucre vanillé
• 50 g de sucre roux
• la moitié d'un œuf entier
• 200 g de framboise
• 3 cl d'édulcorant
• 2 c. à soupe d'eau
Réalisation pour le sablé :
B Dans un saladier, mélangez la farine et le
beurre afin d'obtenir un sablé.
C Ajoutez le sucre roux, le sucre vanillé et la
moitié d'un œuf.
D Pétrissez jusqu'à obtenir une pâte lisse et
homogène puis formez une boule et laissez au
réfrigérateur pendant 20 à 30 minutes.
E Préchauffez votre four à 180°C.
F Aplatissez la pâte (environ 1,5 mm
d'épaisseur) à l'aide d'un rouleau à pâtisserie
entre deux feuilles de papier cuisson.
G À l'aide d'un emporte-pièce, détaillez votre
pâte.
H Prenez la moitié des pâtes détaillées puis
découpez des disques au centre de chaque sablé
avec un emporte-pièce rond ou le dessous d'une
douille.
I Placez les biscuits sur une plaque recouverte
de papier cuisson. Le top, c'est d'utiliser une
plaque perforée, la cuisson sera parfaite !
J Enfournez 12 à 15 minutes puis laissez
refroidir.
Réalisation pour la confiture :
B Pour la confiture de framboise, mettez au feu
la framboise, l’édulcorant et l’eau.
C Laissez mijoter jusqu’à évaporation de l’eau
tout en remuant.
D Cuisez jusqu’à l’obtention d’une texture
épaisse et concentré.
E Déposez une petite cuillère à café de
confiture sur chaque biscuit plein. Refermez avec
un biscuit troué... Bonne dégustation !
Valeurs
nutritionnelles
* 285 kcal pour 100 g
* Protéines : 1 g
* Lipides 9 g
* Glucides 51 g
D.R.
80 WOMEN SPORTS AFRICA N°3 • Juillet > Décembre 2021 EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR

©Room Pictures
L’ÉCLAIRAGE DE
LA CHEF MAËLLE
Pour réduire la quantité de sucre,
j’ai recours à de l’édulcorant. Et
ce n’est pas le seul avantage, car
la stévia contient 0 calorie, ce qui
permet au passage de réduire la
valeur nutritionnelle du biscuit.
Quant à la farine, j’ai fait
plusieurs tests pour ces biscuits
avec différentes farines. Avec
la farine de riz par exemple,
le biscuit est trop friable. C’est
pourquoi je suggère d’utiliser
la farine de manioc, qui se
rapproche davantage de la farine
de blé pour ce côté qui se malaxe
facilement, et ce goût plus neutre
que le riz.
EN SAVOIR PLUS SUR WWW.WOMENSPORTS.FR N°3 • Juillet > Décembre 2021 WOMEN SPORTS AFRICA 81

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PUBLI-INFO COSMÉTIQUES
ENTRETIEN
LAKROZ,
L’INVITATION
AU VOYAGE
D’OÙ VOUS VIENT L’INSPIRATION DE LAKROZ ?
La marque s’appelle LAKROZ, en référence au Lac Retba, dit le
Lac Rose, près de Dakar au Sénégal. C’est le premier endroit
du monde que j’ai visité qui m’a impressionné. Ce lac salé
doit sa renommée à la teinte originale et changeante de son
eau. Celle-ci devient rose sous l’action combinée du soleil
et du vent. La couleur vient d’une micro-algue, la dunaliella
salina, qui réagit aux rayons du soleil. Cette merveille de la
nature m’a donné l’inspiration. Elle m’a aussi donné envie de
sublimer la beauté naturelle de chaque femme. J’ai alors créé
une marque cosmétique naturelle avec des actifs sains et efficaces
pour la peau.
QUE PRIVILÉGIEZ-VOUS DANS LA FABRICATION DE VOS
PRODUITS ?
LAKROZ met en avant une cosmétique éthique, et choisit de
valoriser les richesses des pays africains, associées au savoir-faire
français. Nous portons un soin tout particulier à la
composition de nos produits et garantissons l’utilisation d’ingrédients
naturels de haute qualité ainsi qu’un approvisionnement
durable. Tous les ingrédients sont minutieusement
sélectionnés pour leur efficacité et leur capacité à garder une
peau belle et en pleine santé.
D.R.
Alexandra Legai, Fondatrice de Lakroz Cosmetics
DE QUOI EST COMPOSÉE VOTRE GAMME ?
La gamme LAKROZ est une ligne de 6 produits exfoliants, hydratants
et nettoyants pour le visage et le corps. L’exfoliation
est à base de sel, pour rappeler la caractéristique du Lac
Rose. Les matières premières choisies sont par ailleurs issues
de programmes de reforestation, de développement de
la biodiversité et de valorisation du travail des femmes en
Afrique. Nous croyons en une beauté engagée !
LA MARQUE EST-ELLE CERTIFIÉE ?
La marque a été approuvée début mai par l’organisation de
défense des animaux PETA. Nous avons décidé d’aller plus
loin que la loi européenne qui interdit de tester les produits
cosmétiques sur les animaux. Nous avons pris la décision
de bannir également tout ingrédient d’origine animale. Notre
certification PETA prouve que nous sommes 100% vegan et
respectons le bien-être animal.
COMMENT VOUS DÉMARQUEZ-VOUS DE LA
CONCURRENCE ?
D.R.
LAKROZ est une réelle invitation au voyage. Nos rituels de soin
contiennent de l’huile de raisinier sauvage, de l’huile de baobab,
de l’extrait de kinkeliba, de l’huile de dattier du désert,
du beurre de karité et de l’huile de mbalaka. Ces matières
premières trop peu connues sont terriblement efficaces pour
la peau. Et nous avons volontairement limité les fragrances
pour laisser les parfums naturels s’exprimer. En ouvrant les
produits LAKROZ, vous partez directement au Sénégal, au
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Je suis nature,
je suis
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Laetitia, lanceuse de marteau Roxane, boxeuse Dado, sprinteuse
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