ARSENIC Centre d’art scénique contemporain SEP–DÉC <strong>2021</strong> arsenic.ch Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle, Jérôme Marin, Philippe Saire, Garrett Nelson, Rebecca Balestra, Alpina Huus, Alex Baczynski-Jenkins, Anne Lise Le Gac, Lemaniana Performances, Audrey Cavelius, François Gremaud, Victor Lenoble, Jean-Daniel Piguet, Soraya Lutangu Bonaventure, Aurélien Patouillard, Julien Mages, Les Urbaines, Marion Duval, Camille Mermet, Aurélien Patouillard, Joël Maillard, Théâtre La Grange de Dorigny × Fabrice Gorgerat, Théâtre La Grange de Dorigny × Sandra Gaudin
SUISSE OUI ! MAIS NON... Sans hésitation, iels voteront oui pour le mariage civil pour tou·te·x·s le 26 <strong>septembre</strong>, sans être fondamentalement pour le mariage à titre personnel. Témoignages à chaud sur un sujet brûlant. Propos recueillis par Alexandre Lanz « CE N’EST PAS À L’ÉTAT DE JUGER SI UNE PERSONNE A LE DROIT DE SE MARIER OU PAS » Olaya, pan*, travailleuse sociale, 25 ans « Évidemment, je vais voter oui. Tout le monde devrait pouvoir avoir accès au mariage, ce n’est pas à l’État de juger si une personne y a droit ou pas. Il s’agit du libre choix de tout le monde. Il serait temps que la Suisse rattrape le retard énorme sur tous les pays d’Europe occidentale à ce niveau-là ! Il ne suffit pas de se prétendre un pays civilisé et ouvert sur les droits de l’Homme, il faut maintenant le prouver. D’un point de vue personnel, le mariage représente une institution qui a instrumentalisé les femmes pendant des milliers d’années. On en sort de plus en plus, mais cela pose encore beaucoup de problèmes aujourd’hui dans le monde, y compris en Suisse. Mis à part pour des raisons financières ou d’assurance sociale, de succession ou même d’adoption, le mariage n’est pas vraiment pas une nécessité à mon sens. Cette institution à tendance à enfermer les gens dans des cases. Mais si une personne souhaite se marier, elle doit pouvoir le faire. » ces avantages-là. Je vois le mariage comme un contrat sur une relation amoureuse dont les clauses sont liées uniquement à des critères capitalistes. L’aspect contractuel cloisonne, on peut vivre notre amour et en faire une fête sans ça. D’un point de vue religieux, mes croyances ne correspondent pas aux religions telles qu’on les connaît. Du coup, un mariage religieux ne me parle pas non plus. Beaucoup de mes ami·e·x·s se sont marié·e·x·s pour se simplifier la vie avec leurs enfants, je trouve un peu triste de devoir le faire pour cette raison. Je souhaite adopter depuis longtemps, cette votation nous en donnerait le droit théoriquement. Dans les faits, j’ai de la peine à croire que d’un coup, deux hommes ou deux femmes vont pouvoir adopter si facilement dans un pays qui montre son homophobie tous les jours. Institutionnellement, à part mettre un drapeau une journée par année ou pendant la Pride, la Suisse ne montre pas beaucoup de soutien aux communautés LGBTIQ+. Par contre, je trouverais super qu’il y ait d’un coup un gros boom des mariages queer ! » « JE VAIS VOTER OUI POUR DES QUESTIONS D’ÉGALITÉ » Sylvie, travailleuse sociale, 26 ans, s’est longtemps définie comme bisexuelle et se sent plus proche de la définition de pansexuelle aujourd’hui « Si les personnes hétéro peuvent se marier, il n’y a aucune raison que les autres ne puissent pas, ça devient vraiment scandaleux qu’on n’y ait pas accès. C’est de la discrimination pure ! Si ça existe, ça doit exister pour tout le monde. On me posait souvent la question du mariage lorsque j’étais en relation avec un homme cis, beaucoup moins maintenant que je suis avec une fille, pour la simple raison qu’on ne peut pas. Ma copine voudrait qu’on se marie, on en parle beaucoup. Selon elle, s’il nous arrive respectivement quelque chose d’un point de vue sanitaire, on n’est personne aux yeux de la loi. Je trouve injuste de devoir se marier pour bénéficier de « MON OUI SE PORTERA AU NOM D’UN PAYS SOLIDAIRE » Grégoire, gay, 25 ans, travaille dans le tourisme « Je ne me vois pas me marier actuellement, mais je vais voter oui parce qu’on vit dans un pays solidaire dans beaucoup de domaines, je pense par exemple à l’assurance maladie. Dans ce contexte, cela me semble invraisemblable que deux personnes du même sexe ne puissent pas se marier en Suisse actuellement. Le mariage est un symbole d’union unique et fort, il ne faut pas le prendre à la légère. Le partenariat enregistré n’est pas équivalent au mariage. Les aspects financiers de l'institution du mariage sont également intéressants en termes de prévoyance et de sécurité sociale. Il n’est pas normal que tout le monde n’y ait pas droit de la même manière. → N 206 ACTU 7