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syndicom magazine No.25

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 25 octobre 2021<br />

<strong>magazine</strong><br />

Le flux<br />

caché de<br />

la dette<br />

publique


Placer son argent durablement<br />

en faveur du climat<br />

Le changement climatique imputable à l’homme menace notre habitat. Pour endiguer<br />

les incidences sur les générations futures et atteindre les objectifs de l’accord de Paris,<br />

nous devons fournir des efforts considérables. Dans ce contexte, les investisseurs ne font<br />

pas exception : le choix de placements responsables oriente en effet les flux de capitaux<br />

vers les entreprises soucieuses du développement durable, au détriment de celles<br />

particulièrement productrices de CO ²<br />

. Voici un récapitulatif de la situation actuelle.<br />

Et comme membre de <strong>syndicom</strong>, vous recevez une prime* de 10 %<br />

sur vos versements dans la Solution de placement Durable.<br />

* Ces données revêtent uniquement une visée publicitaire<br />

et ne représentent pas un conseil en placement.<br />

Conditions, dispositions et offre complète sur<br />

cler.ch/<strong>syndicom</strong><br />

Hausse des températures et concentration en CO ²<br />

À l’échelle des 300 000 ans d’existence de l’homo sapiens ainsi que des 10 000 ans d’histoire depuis l’apparition des premières<br />

sociétés agraires et des 4000 ans de grandes civilisations humaines, les 200 années de l’ère industrielle semblent dérisoires.<br />

Pourtant, durant cette période en effet très courte, la consommation massive de charbon, de pétrole et de gaz, ainsi que la<br />

transformation des forêts en surfaces de pâturage et de culture, ont entraîné une hausse sans précédent de la concentration<br />

de dioxyde de carbone (CO2) dans notre atmosphère et ainsi menacé notre habitat.<br />

Incidence du changement climatique<br />

Les conséquences du changement climatique et les dangers qui en découlent sont incommensurables. Le réchauffement<br />

de la terre fait disparaître les glaciers et les surfaces de glace polaires, accroît la température et l’acidité des océans,<br />

faisant augmenter le niveau de la mer. Les événements climatiques extrêmes tels que les orages violents, les canicules et<br />

les sécheresses, d’une part, et les épisodes de précipitations abondantes entraînant des inondations, d’autre part, sont<br />

de plus en plus fréquents. De plus en plus de biens – y compris des infrastructures – se retrouvent donc endommagés, la<br />

biodiversité diminue, l’habitat de millions d’humains est menacé, l’approvisionnement en aliments et en eau potable devient<br />

plus difficile. Dans la mesure où les incidences les plus fortes de ces changements affectent les pays en développement et les<br />

pays émergents, il est probable que l’écart de niveau de vie continue de se creuser à l’échelle mondiale, accentuant la pression<br />

migratoire.<br />

Investir durablement en faveur du climat<br />

Les immobilisations financières sous la forme de participations ou de crédits financent les activités économiques qui<br />

participent souvent à l’émission de gaz à effet de serre. En qualité d’intermédiaires, les banques et les assurances sont<br />

d’autant plus tenues de proposer à leur clientèle des solutions de placement compatibles avec les objectifs climatiques.<br />

Dans le domaine de la gestion de fortune, les décisions d’investissement sont certes prises par des propriétaires privés ou<br />

institutionnels, mais les banques jouent un rôle central en matière de conseil, de clarification et de composition des produits<br />

de placement. Elles peuvent encourager leur clientèle à opter volontairement pour des solutions responsables.<br />

Pour en savoir plus : cler.ch/changement-climatique


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

6 Interview de la PostCom<br />

7 L’invité<br />

8 Dossier : Dettes et<br />

investissements publics<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

22 Notre souveraineté<br />

numérique décryptée<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

Et si la dette publique suisse n’était qu’un mythe<br />

conçu de toutes pièces pour promouvoir des<br />

coupes dans les dépenses de la main publique ?<br />

Cette thèse un brin provocante pourrait prêter à<br />

sourire. Et pourtant...<br />

Le dossier de votre nouveau <strong>magazine</strong><br />

<strong>syndicom</strong> s’est penché sur l’instrumentalisation<br />

de la dette publique et les politiques d’investissements<br />

des pouvoirs publics. Nous avons<br />

décortiqué les leviers économiques perpétuellement<br />

brandis par les néolibéraux pour justifier<br />

leurs plans d’austérité. Et surprise (pas vraiment<br />

à vrai dire...), les chiffres sont sans équivoque :<br />

cette thèse n’a rien de délirant.<br />

N’en déplaise au camp bourgeois qui voit dans<br />

le contexte sanitaire une (nouvelle) opportunité<br />

d'exiger des économies : les coûts de la crise<br />

sanitaire menaceraient notre stabilité économique,<br />

notre croissance (toujours la croissance…)<br />

et devront être remboursés au plus<br />

vite, peut-on lire ici et là. Faux.<br />

Dès lors, il est primordial de ne pas succomber<br />

au discours culpabilisateur et à l’obsession d’une<br />

orthodoxie budgétaire. Au contraire, le service<br />

public a démontré dans la crise combien il était<br />

essentiel. Il est désormais nécessaire de le renforcer<br />

et de façonner des politiques d’investissements<br />

qui répondent aux besoins de la<br />

population, plutôt qu’à ceux du capital.<br />

Notamment dans le contexte de la transition<br />

écologique et numérique. Cela s’appelle le principe<br />

économique du service public (voir page 12).<br />

4<br />

8<br />

30<br />

Robin Moret, rédacteur en chef


4<br />

Une fine équipe<br />

La commission des professionnel-le-s<br />

des médias indépendant-e-s<br />

La commission, de gauche à droite :<br />

Michael Moser (36),<br />

Secrétaire central Médias, <strong>syndicom</strong><br />

Theodora Peter (57)<br />

Journaliste indépendante, Berne<br />

Thomas Bürgisser (37)<br />

Journaliste indépendant, Winterthour<br />

Miriam Künzli (44)<br />

Photographe indépendante, Zurich<br />

Pieter Poldervaart (54)<br />

Journaliste indépendant, Bâle<br />

Eva Hirschi (31)<br />

Journaliste indépendante, Lausanne<br />

Markus Forte (44)<br />

Photographe indépendant, Zurich<br />

Mireille Guggenbühler (50 – absente)<br />

Journaliste indépendante, Thoune<br />

Nicole Krättli (33 – absente)<br />

Journaliste indépendante, Londres<br />

Barbara Saladin (45 – absente)<br />

Journaliste indépendante et autrice,<br />

Hemmiken (BL)<br />

Texte : Eva Hirschi<br />

Image : Markus Forte<br />

« Nous nous engageons<br />

pour la représentation<br />

des intérêts, l’échange<br />

et la mise en réseau de<br />

nos compères. »<br />

« Pas d’équipe de rédaction, pas de<br />

chefs ni de collègues pour les soutenir<br />

: les professionnel-le-s des médias<br />

indépendant-e-s sont souvent<br />

livré-e-s à eux-mêmes. C’est pourquoi<br />

il existe chez <strong>syndicom</strong> la commission<br />

des indépendant-e-s de la<br />

branche Presse et médias électroniques.<br />

Nous nous occupons des<br />

requêtes spécifiques des membres<br />

de cette branche (qui compte 40 %<br />

d’indépendant-e-s et freelances),<br />

défendons leurs intérêts dans les<br />

affaires politiques (par exemple au<br />

sujet des allocations pour perte de<br />

gain COVID-19) et organisons des<br />

événements et cours à leur intention.<br />

Pandémie oblige, la 18 e Journée<br />

des indépendant-e-s a été reportée<br />

en 2021. Elle s’est déroulée le 18 septembre<br />

à Zurich. Au travers de cet<br />

événement annuel, nous créons une<br />

importante opportunité de mise en<br />

réseau. Les points de rencontre permettent<br />

de mettre l’accent sur certains<br />

contenus, les débats offrent<br />

un espace d’échange et l’apéritif se<br />

prête au networking. Cette fois-ci, la<br />

conférence était consacrée au journalisme<br />

et aux relations publiques.<br />

Au travers de notre travail, nous<br />

nous engageons ainsi pour la représentation<br />

des intérêts, l’échange et la<br />

mise en réseau de nos compères indépendant-e-s.<br />

Nous mettons notamment<br />

à disposition des aide-mémoire<br />

concernant les frais et recommandations<br />

d’honoraires, et proposons à<br />

intervalle irrégulier des panels en<br />

ligne, par exemple sur le travail indépendant<br />

en temps de crise, le marketing<br />

personnel ou l’image de<br />

marque.<br />

Notre commission est composée<br />

d’indépendant-e-s des domaines les<br />

plus variés et représente pratiquement<br />

tous les champs professionnels<br />

des médias : rédacteurs-trices<br />

spécialisé-e-s, reporters, auteur-e-s,<br />

photographes et journalistes multimédias.<br />

Pour pouvoir suivre les développements<br />

actuels et répondre aux appréhensions<br />

et souhaits existants de<br />

la branche, nous avons en outre réalisé<br />

un sondage auprès des indépendant-e-s<br />

et freelances de la branche.<br />

Et les résultats viennent d’être<br />

publiés (voir en page 18) ! »


Brèves<br />

Sondage sur les frais des coursiers-ères à vélo \ Vous avez des<br />

idées ? \ Les salaires chez Epsilon et DMC encore trop bas \<br />

Initiative 10 % \ La diversité médiatique s’appauvrit \ L’avenir de<br />

Skyguide \ Nouveau programme Movendo 2022<br />

5<br />

Les frais des coursiers-ières à<br />

vélo doivent être remboursés<br />

Le financement de la LAMal<br />

reste très antisocial<br />

Agenda<br />

Réparations du vélo, pièces de rechange<br />

et équipement, frais de téléphone :<br />

les coursiers-ères à vélo continuent à<br />

payer ces frais de leur poche. Une enquête<br />

nationale a montré que ces dépenses<br />

peuvent rapidement dépasser<br />

1 000 francs par an. En tant que syndicat<br />

des coursiers urbains, nous exigeons<br />

que les employeurs participent de<br />

façon équitable aux dépenses professionnelles.<br />

<strong>syndicom</strong> confrontera les représentants<br />

des employeurs à ce sujet.<br />

Nous avons besoin de vous !<br />

Avez-vous des suggestions de contenus<br />

pour votre <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> ? Nous<br />

sommes toujours ouverts à de nouvelles<br />

idées de nos lecteurs et lectrices.<br />

Envoyez-nous vos propositions de sujets,<br />

photos, événements ou autres à<br />

l’adresse : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Les salaires des filiales de La<br />

Poste restent bas<br />

Après des récentes protestations contre<br />

un salaire de misère scandaleux, La<br />

Poste relève les salaires horaires des<br />

distributeurs et distributrices d’imprimés<br />

publicitaires à 18.27 francs de<br />

l’heure au sein de leurs filiales DMC et<br />

Epsilon – soit le salaire minimum recommandé<br />

par la PostCom. <strong>syndicom</strong><br />

estime que c’est un pas dans la bonne<br />

direction, mais un petit pas. Le salaire<br />

minimum de la PostCom doit être adapté<br />

et segmenté par catégories professionnelles.<br />

<strong>syndicom</strong> poursuivra son engagement<br />

pour de meilleures conditions<br />

de travail dans la branche et une revalorisation<br />

de ce groupe professionnel.<br />

En Suisse, un vendeur de chaussures<br />

continue à payer les mêmes primes<br />

d’assurance-maladie qu’une avocate<br />

d’affaires. Il faut que cela cesse,<br />

comme l’exige l’initiative 10 %. Le<br />

contre-projet à l’initiative d’allègement<br />

des primes récemment présenté par le<br />

Conseil fédéral est absolument insuffisant.<br />

Le Parlement doit faire en sorte<br />

que le financement de l’assurance de<br />

base repose enfin sur des bases socialement<br />

et économiquement viables.<br />

Faute de quoi l’initiative 10 % devra être<br />

mise en votation dès que possible.<br />

Concentration des médias<br />

Alors qu’à Berne, la fusion du Bund et<br />

de la Berner Zeitung est progressivement<br />

mise en œuvre, le groupe<br />

Saint-Paul de Fribourg annonce le<br />

regroupement de ses quatre journaux,<br />

réduction de personnel incluse. La<br />

dégradation de la branche a déjà eu<br />

un impact notable sur la qualité des<br />

débats publics et pourtant, l’aide aux<br />

médias est encore attaquée par référendum<br />

(voir page 16).<br />

Quel avenir pour Skyguide ?<br />

L’effondrement du trafic aérien lié à<br />

la pandémie soulève la question de<br />

l’avenir de Skyguide ainsi que des interrogations<br />

concernant ses liquidités.<br />

Suite à une récente interpellation, le<br />

Conseil fédéral indique que l’on s’attend<br />

à un retour au niveau précédent<br />

et qu’il « veille(ra) à ce que soient fixés<br />

des objectifs de performance qui<br />

permettent à Skyguide de fonctionner<br />

en toute sécurité et de couvrir ses<br />

coûts ». La Confédération est tenue, si<br />

nécessaire, de garantir suffisamment<br />

de capital à Skyguide.<br />

Programme Movendo 2022<br />

Le programme 2022 de Movendo, l’institut<br />

de formation des syndicats, sera<br />

publié sur Movendo.ch le 12 octobre. Et<br />

il s’annonce déjà riche en surprises !<br />

Une brochure avec toute l’offre de formation<br />

2022, y compris les cours pour<br />

nos groupes d’intérêt et nos branches,<br />

vous parviendra prochainement.<br />

Octobre<br />

22.10<br />

Grève internationale du<br />

climat<br />

Rendez-vous sur la place Fédérale à<br />

Berne de 13h00 à 14h30 pour une mobilisation<br />

visant à attirer l’attention,<br />

aux quatre coins du globe, sur les<br />

enjeux liés à l’urgence climatique.<br />

23.10<br />

Conférence des femmes<br />

<strong>syndicom</strong><br />

Cette réunion en présentiel à l’hotel<br />

Bern à Berne sera l’occasion de traiter<br />

des propositions du congrès et autres<br />

sujets réglementaires, ainsi que tirer<br />

un bilan des activités de la Grève des<br />

femmes. Les inscriptions sont encore<br />

ouvertes sur <strong>syndicom</strong>.ch/avWfP.<br />

30.10<br />

Manifestation<br />

interprofessionnelle<br />

Pour de meilleures conditions de travail,<br />

de bons salaires et des CCT dans<br />

toutes les branches essentielles, des<br />

mobilisations auront lieu en Suisse,<br />

notamment à Genève. Dès 13h00 à la<br />

Place des Vingt-Deux-Cantons.<br />

Novembre<br />

12-13<br />

Congrès des femmes de l’USS<br />

Le 14 e Congrès des femmes de l’USS<br />

se tiendra sur la colline du Gurten. Les<br />

congressistes discuteront des interactions<br />

entre activisme féministe et<br />

travail syndical. Les femmes qui souhaitent<br />

participer peuvent se renseigner<br />

sur gleichstellung@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

26-27<br />

Update congrès <strong>syndicom</strong><br />

Le congrès <strong>syndicom</strong> se tiendra en<br />

présentiel du 26 au 27 novembre à<br />

Langenthal. Un certificat Covid sera<br />

exigé. Infos : <strong>syndicom</strong>.ch/congres21<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Après un riche parcours politique au sein du législatif de la ville<br />

autres<br />

de Delémont, du Parlement jurassien puis du Conseil des Etats,<br />

Anne Seydoux-Christe a pris la présidence de la Commission<br />

fédérale de La Poste (PostCom), l’autorité indépendante<br />

chargée de la surveillance de La Poste, au 1 er février 2021.<br />

1<br />

La PostCom va établir de nouvelles<br />

normes minimales pour 2023.<br />

Sur quelle base allez-vous établir ces<br />

chiffres ?<br />

La PostCom réalise actuellement<br />

une étude détaillée, sous forme d’enquête,<br />

sur les conditions de travail<br />

auprès des entreprises enregistrées.<br />

Un groupe consultatif d’experts (prestataires,<br />

syndicats et autres experts) a<br />

été constitué pour suivre ces travaux.<br />

La PostCom établira ses nouvelles<br />

normes minimales sur la base du<br />

rapport final de cette étude, qui est<br />

attendu au printemps 2022.<br />

2<br />

La Poste pourrait ouvrir ses bureaux<br />

qu’une minute par semaine et respecterait<br />

les critères d’accessibilité. Les<br />

critères actuels sont-ils appropriés ?<br />

La Poste doit garantir que 90 % de la<br />

population en Suisse puisse accéder<br />

à un office de poste ou une agence<br />

postale, à pied ou par les transports<br />

publics, en 20 minutes au plus. Un<br />

critère de densité s’applique aussi.<br />

La PostCom contrôle ces valeurs.<br />

Pour les heures d’ouverture, La Poste<br />

doit s’orienter sur les besoins de la<br />

population et de l’économie.<br />

En 2020, les heures d’ouverture<br />

moyennes des bureaux de poste et<br />

des agences se situaient entre six et<br />

huit heures.<br />

3<br />

La PostCom peut-elle faire quelque<br />

chose pour réduire les temps<br />

d’attente aux guichets des bureaux<br />

de poste, de plus en plus longs pour<br />

économiser sur le personnel ?<br />

Il n’existe pas de directives réglementaires<br />

sur les temps d’attente aux<br />

guichets et la PostCom ne dispose<br />

pas d’informations à ce sujet. En<br />

moyenne, cependant, la fréquence<br />

des client-e-s par jour a diminué dans<br />

les bureaux de poste en 2020 et a<br />

augmenté dans les agences pendant<br />

la même période. Toutefois, la<br />

PostCom ignore si cela a eu un effet<br />

sur les temps d’attente.<br />

4<br />

De nombreuses entreprises<br />

travaillent dans les services postaux<br />

mais ne sont pas enregistrées<br />

(ex. livraison de repas à domicile).<br />

Que peut faire la PostCom à ce sujet ?<br />

La PostCom est très active pour que<br />

tous les prestataires postaux s’enregistrent.<br />

Elle prend systématiquement<br />

contact avec les entreprises et<br />

ouvre des procédures, après avoir<br />

mené préalablement une analyse<br />

approfondie pour déterminer s’il<br />

s’agit bien de prestataires postaux.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Image : PostCom<br />

5<br />

Comment la PostCom peut-elle faire<br />

en sorte que la politique et les lois<br />

réduisent l’impact de l’économie des<br />

plateformes sur les travailleurs- euses ?<br />

La principale difficulté provient de<br />

l’externalisation de la distribution<br />

des colis à des sous-traitants, car la<br />

PostCom n’est pas autorisée à les surveiller<br />

directement. La PostCom fera<br />

des propositions visant à renforcer<br />

son rôle de surveillance dans ce domaine.<br />

Mais la PostCom est déjà active<br />

dans ce domaine et applique les<br />

dispositions légales existantes pour<br />

éviter que la concurrence ne se développe<br />

avec des pratiques de dumping<br />

salarial.<br />

6<br />

Quels sont les prochains défis de la<br />

PostCom ?<br />

Tant les questions du service universel<br />

– quelle définition lui donner,<br />

quels critères de qualité appliquer,<br />

comment le financer, etc. – que de la<br />

concurrence – standards minimums,<br />

nouveaux acteurs, logistique en ville,<br />

considérations environnementales –<br />

offrent de la matière à la PostCom.<br />

Nous rassemblons actuellement nos<br />

réflexions et suggestions dans un rapport<br />

à l’attention du Conseil fédéral.<br />

Nous y soumettrons nos conclusions<br />

et recommandations en vue de modifier<br />

la législation postale et d’étendre<br />

nos compétences.


L’invité<br />

La Suisse fait partie des pays qui<br />

ont l’avantage d’être émetteurs de leur propre<br />

monnaie. La Confédération peut dès lors créer<br />

autant de francs qu’elle en a besoin, tout en<br />

faisant preuve de sagesse pour ce qui est des<br />

risques (au demeurant faibles) d’inflation.<br />

Les discours prétendument réalistes sur les<br />

« déficits publics » et l’« endettement fédéral »<br />

relèvent d’une incompréhension souvent délibérée<br />

de la part des partis bourgeois. La Confédération<br />

n’est ni un ménage, ni une entreprise, ni<br />

un canton. Elle ne « s’endette » pas : elle injecte<br />

de l’argent dans l’économie quand c’est nécessaire,<br />

pour poursuivre d’importants objectifs<br />

d’entreprenariat public. Tout « déficit » public<br />

engendre des surplus financiers dans le secteur<br />

privé.<br />

La « dette » fédérale doit être vue comme un<br />

simple indicateur de traçage. Elle représente la<br />

synthèse de tous les efforts passés de la Confédération<br />

pour injecter judicieusement dans l’économie<br />

davantage de francs qu’elle n’en retire par<br />

l’impôt. Cela s’appelle la finance publique fonctionnelle<br />

: la Confédération doit envisager sa<br />

politique de dépense en évaluant avec rigueur le<br />

« pour quoi » et le « pour qui » de ses dépenses –<br />

qu’est-ce qui est urgent, quelles sont les priorités<br />

sociales et environnementales, quels secteurs<br />

doivent dès lors être soutenus, et quelle<br />

dynamique de long terme souhaite-t-on pour<br />

rendre l’économie suisse plus sociale et plus<br />

durable tout en évitant une inflation supérieure<br />

à 2 %?<br />

De même que les banques commerciales<br />

n’attendent pas d’avoir suffisamment de dépôts<br />

avant de faire des crédits, la Confédération<br />

n’« attend » pas d’avoir suffisamment de recettes<br />

pour effectuer ses dépenses : elle se trouverait<br />

dans l’impossibilité de générer de la richesse<br />

chez les ménages, les entreprises et les collectivités<br />

qui en ont besoin. Or, en situation de crise,<br />

c’est précisément ce qu’on attend d’elle.<br />

Le faux problème du<br />

déficit public<br />

Christian Arnsperger est économiste et<br />

professeur à l’Université de Lausanne,<br />

où il se spécialise sur les questions de<br />

transition écologique, d’anthropologie<br />

économique et de théorie monétaire<br />

alternative. Auteur notamment de<br />

« Ethique de l’existence<br />

post-capitaliste » (2009) et de<br />

« Ecologie intégrale : Pour une société<br />

permacirculaire » (avec D. Bourg, 2017),<br />

il publiera en 2022 un nouvel ouvrage<br />

intitulé « L’existence écologique »,<br />

consacré à une critique anthropologique<br />

de la croissance économique.<br />

Il a par ailleurs été, pendant de nombreuses<br />

années, conseiller scientifique<br />

auprès de la Banque Alternative Suisse<br />

(BAS).<br />

7


8<br />

Dossier<br />

10 Non, la dette publique n’existe pas<br />

12 Le principe économique du service public<br />

13 Investir dans l’avenir avant qu’il ne soit trop tard<br />

Quand les<br />

investisse<br />

publics<br />

stagnent


ments


10 Dossier<br />

Le mensonge des dettes,<br />

une vérification des faits<br />

La droite néolibérale et les banques veulent<br />

soumettre le service public à un nouveau<br />

régime d’économies brutal. Le prétexte : la<br />

dette « COVID ». C’est un épouvantail. Nous<br />

n’avons pas de problème de dettes, mais nous<br />

souffrons d’un manque d’investissement.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Images : Thierry Porchet<br />

Le ministre des finances UDC Ulrich « Ueli » Maurer s’est<br />

récemment plaint d’une montagne de nouvelles dettes.<br />

D’une montagne « si haute et si enneigée » qu’on aurait pu<br />

y tenir des jeux olympiques. Alors nous avons analysé les<br />

dettes publiques de la Suisse. Et la montagne s’avère<br />

n’être qu’une maigre colline.<br />

Ueli Maurer connaît les chiffres. Son département atteste<br />

un endettement net de la Confédération de 10 % de<br />

la performance économique du pays (PIB). Un taux si bas<br />

qu’il frise le record du monde. Et les mesures COVID n’y<br />

changent rien. Comme l’expliquait Serge Gaillard, qui dirigeait<br />

l’Administration des finances de Ueli Maurer<br />

jusqu’à fin janvier 2021, dans une interview au journal<br />

syndical work : « La Suisse peut sans autre s’endetter davantage.<br />

»<br />

Une réalité que la droite ne semble pas vouloir entendre.<br />

Depuis quatre décennies, les néolibéraux attisent<br />

en effet la panique au sujet des dettes publiques pour démonter<br />

le service public, rendre les pouvoirs publics impuissants<br />

et imposer encore davantage de baisses d’impôt<br />

pour le capital. Partout dans le monde, en Suisse aussi, ils<br />

ont réussi à faire inscrire dans les lois des « freins aux dépenses<br />

», « un frein à l’endettement » ou le « zéro noir »<br />

(règle d’excédent obligatoire sur le budget de l’Allemagne<br />

édictée en 2009 après la crise).<br />

En manipulant les chiffres, la majorité bourgeoise à<br />

Berne est en outre parvenue à dicter sans aucune nécessité<br />

cinq plans d’économies dévastateurs, qui ont d’ailleurs<br />

été critiqués par le Contrôle fédéral des finances.<br />

Le coronavirus est donc tombé à pic. L’occasion était<br />

plus que favorable pour exiger que la Suisse adopte le prochain<br />

train de mesures d’austérité. En juin, Ueli Maurer<br />

affirmait devant le Conseil des Etats que la pandémie<br />

nous coûterait au moins 30 milliards de dettes supplémentaires,<br />

qui devraient être économisés dans le budget<br />

de l’Etat ces six prochaines années « conformément à la<br />

loi ».<br />

Des coupes sévères sont prévues dans les services publics<br />

et les assurances sociales. Et aussi des privatisations<br />

accélérées. Les décisions devraient tomber au plus tard en<br />

juin 2022 lors de la session parlementaire d’été. Sauf si les<br />

syndicats arrivent à stopper ces destructeurs néolibéraux<br />

du service public avant.<br />

L’Etat a certes un budget, mais il n’est pas un ménage<br />

Le Conseil fédéral a présenté deux variantes moins douloureuses<br />

pour « diminuer les dettes ». Il craint des résistances<br />

s’il devait amortir 5 milliards par année comme<br />

souhaité par notre ministre des finances. Mais de nombreuses<br />

interventions de l’UDC et du PLR incitent toutefois<br />

à prendre des mesures plus drastiques, par exemple<br />

avec des coupes de personnel à la Confédération. C’est<br />

bien gentil pour les travailleurs et travailleuses du service<br />

public qui sont au front pour sauver le pays de la pandémie.<br />

Autour des dettes, certaines idées bizarres ont toujours<br />

gravité. Le crédit et les dettes sont le moteur de toute économie.<br />

Le capitalisme est même entièrement construit<br />

sur les crédits. Mais en parallèle, les « maîtres de l’argent »<br />

ont connoté moralement les dettes. Toute personne endettée<br />

est « coupable ». On doit rembourser les dettes,<br />

quitte à ce qu’il en coûte la vie. Même certains politiciens<br />

qui se considèrent comme éclairés croient au mantra<br />

« beaucoup de dettes, gros problèmes ».<br />

L’amalgame consiste à confondre l’économie d’un<br />

ménage avec l’économie nationale. À trop prendre de crédits,<br />

les gens se surendettent. Mais cela ne s’applique déjà<br />

plus aux entreprises. Et encore moins à l’Etat. Il a certes<br />

un budget, mais il n’est pas un ménage. Le calcul sommaire<br />

d’Ueli Maurer (« on ne peut dépenser que ce qu’on<br />

gagne ») est un non-sens économique. Car l’Etat ne se<br />

borne pas à consommer, il investit la plus grande partie de<br />

ses revenus (par exemple dans la formation ou la sécurité<br />

de ses citoyen-ne-s).<br />

Procédons donc à une vérification des faits : à combien se<br />

montent vraiment les dettes de la Suisse ? Le Département<br />

des finances constate que la Confédération est dans le<br />

rouge avec un endettement de 15 % de la production économique<br />

suisse. Brut.<br />

Mais les néolibéraux attisent la panique de la dette<br />

avec un chiffre plus élevé : 42,9 % du PIB. Notre montagne<br />

de dettes est donc censée s’élever à cette hauteur. Ce ne<br />

serait pas peu, mais resterait minime par rapport à<br />

d’autres pays. Le Japon était endetté à hauteur de 266 % de<br />

son PIB au début de l’année (voir page 15). Les Etats-Unis<br />

étaient à 131 % – encore avant les programmes d’investissement<br />

chiffrés à des billions. Même la zone euro dépasse<br />

les 100 %. Et l’Allemagne, championne des économies, se<br />

rapproche elle aussi rapidement de la barre des 80 %.<br />

Eclairons un peu cette jungle de chiffres. Le SECO a effectivement<br />

annoncé 42,9 % au Fonds monétaire international<br />

(FMI). Ce chiffre inclut toutes les dettes de la Confédération,<br />

des cantons, de toutes les communes et des<br />

assurances sociales. Mais aussi les versements promis par<br />

la Confédération aux cantons, aux assurances sociales et<br />

aux entreprises publiques.<br />

« Nous pouvons<br />

sans autre<br />

nous endetter<br />

davantage. »<br />

Serge Gaillard, ancien directeur de<br />

l’Administration fédérale des finances


Définir tous ces engagements comme des « dettes » relève<br />

de l’idéologie, et non pas de l’économie. Pour<br />

connaître l’endettement réel, il faudrait au moins en soustraire<br />

les énormes réserves. En effet, imaginons qu’une<br />

personne contracte un prêt de 10 000 francs mais dispose<br />

de 150 000 francs sur son dépôt de titres : elle doit un crédit,<br />

mais elle n’est pas « surendettée ». Au contraire, cette<br />

personne est fortunée. Les cantons disposent à eux seuls<br />

d’une fortune nette de 40 milliards de francs. C’est pourquoi<br />

les statistiques officielles chiffrent les dettes nettes<br />

de tous les niveaux étatiques à 25 % du PIB.<br />

Stop, dit l’OCDE. Dans ce calcul, quelques postes de<br />

réserve de la Suisse ont été « oubliés ». 1,9 milliard de<br />

francs au FMI. 12,7 milliards de droits de tirage spéciaux<br />

(une unité de compte internationale qui vaut actuellement<br />

environ 1,31 franc). Des réserves d’or supérieures à<br />

55,3 milliards. Et 929,3 milliards de réserves monétaires.<br />

Au total, un billion juteux (en août 2021). Conclusion de<br />

l’OCDE : l’endettement réel s’élèverait, exprimé en pourcentage<br />

du PIB, à moins –13,1 %. Autrement dit : la Confédération<br />

ne connaît pas un problème d’endettement,<br />

mais dispose d’une confortable fortune nette, disponible<br />

immédiatement.<br />

Et les biens publics (immeubles, Swisscom, Poste,<br />

CFF, banques cantonales, etc.) incluant au moins 4 billions<br />

de francs ne sont pas pris en compte. Ici, un autre<br />

fait devient clair : si les pouvoirs publics dépensent, ils<br />

créent de nouvelles valeurs. Une « montagne de dettes<br />

pour la prochaine génération » comme l’affirme Ueli Maurer<br />

? Non, elle héritera avant tout d’emplois, de routes,<br />

d’écoles, d’hôpitaux, de chemins de fer, d’eau propre, de<br />

réseaux de communication modernes, de services publics<br />

performants et d’assurances sociales. Et aussi des obligations<br />

de la dette de l’Etat, qui valent leur pesant d’or.<br />

Le montant de la dette en pour cent du PIB est de toute<br />

façon un indice de mesure inadapté. Car les pays riches<br />

ayant leur propre monnaie, comme la Suisse, ne remboursent<br />

jamais leurs dettes. Ils ne font que les transférer.<br />

Le seul facteur déterminant est le coût de la dette<br />

( intérêts). Or, on découvre quelque chose de surprenant<br />

dans les comptes de la Confédération : la dette augmente,<br />

mais la charge liée au service de la dette diminue. En 2020,<br />

la Confédération a dû consacrer moins de 1 % de ses<br />

dépenses aux intérêts. Rien que le droit de timbre, que le<br />

Conseil fédéral veut supprimer par tranches, rapporte<br />

trois fois plus.<br />

C’est pourquoi on pourrait parler de la dette et des investissements<br />

avec sang-froid. S’il n’y avait pas les têtes de<br />

pioche néolibérales. Certes, la crise multiple (économique,<br />

sociale et écologique) a fini par démasquer chacune<br />

de leurs croyances comme une idéologie de la lutte<br />

des classes. Mais ils gardent le contrôle sur la politique,<br />

les médias, l’université.<br />

La question fiscale le prouve. Il est absurde de baisser<br />

les impôts des nantis, alors que les pouvoirs publics ont<br />

besoin de plus d’argent, par exemple pour payer la modernisation<br />

écologique des infrastructures. C’est pourquoi<br />

les néolibéraux ont inventé la théorie du ruissellement,<br />

appelée la théorie du crottin de cheval : si tu donnes beaucoup<br />

d’avoine au cheval, il produira tant de crottin dans<br />

les rues que les moineaux pourront aussi s’en nourrir. En<br />

d’autres termes : plus les bénéfices des entreprises sont<br />

élevés, plus les riches s’enrichissent, plus le taux de création<br />

d’emplois est élevé et plus les salaires de la grande<br />

majorité (les moineaux) augmentent. Par conséquent,<br />

les néolibéraux estiment qu’il faudrait fortement réduire<br />

les impôts sur la fortune et les hauts revenus, ainsi que sur<br />

les bénéfices d’entreprises, les titres et les transactions<br />

financières.<br />

Problème : le capital est en grève d’investissement<br />

Mais que s’est-il réellement passé ? Partout les impôts<br />

baissent. Et les investissements promis font défaut. Au<br />

lieu d’investir les bénéfices croissants dans l’innovation


12<br />

Dossier<br />

et les emplois, le capital en a porté une grande partie sur<br />

les marchés financiers qui promettaient des profits plus<br />

élevés et plus rapides. De nombreux investisseurs ont délaissé<br />

l’économie réel. Ils désinvestissent. Les conséquences<br />

concrètes se traduisent dans la désindustrialisation<br />

de tous les pays capitalistes. Depuis les années 70, les<br />

investissements de ces pays n’ont cessé de diminuer fortement<br />

– d’un peu moins de 20 % du PIB à moins de 3 %<br />

(avant 1960, ils étaient d’environ 25 %). La cause essentielle<br />

de la gravité croissante des crises se trouve là :<br />

le capital est en grève d’investissement.<br />

Ainsi, la dure réalité économique montre que le « ruissellement<br />

» n’est qu’un mauvais tour de passe-passe pour<br />

soutirer des impôts à la société au profit des riches. Une<br />

étude de la London School of Economics a examiné dans<br />

18 pays la corrélation entre les baisses d’impôt et l’évolution<br />

économique sur 50 ans. Résultat : rien ne ruisselle,<br />

l’effet de ruissellement est une fraude. Ni les réductions<br />

d’impôts ni la déréglementation des marchés du travail<br />

n’ont stimulé les investissements. Seuls les bénéfices ont<br />

augmenté. Le coauteur Julian Limberg : « Si nous regardons<br />

en arrière, nous constatons que la période où les impôts<br />

pour les riches étaient les plus élevés – la période<br />

d’après-guerre – est celle où la croissance a été la plus forte<br />

et le chômage le plus faible. »<br />

Il ne fait depuis longtemps plus aucun doute que<br />

1 franc dépensé par l’Etat crée au moins deux fois plus<br />

d’incitation économique que 1 franc économisé en impôt<br />

par les nantis. Ceci n’empêche toutefois pas les néolibéraux<br />

de l’UDC et du PLR de justifier leurs dernières baisses<br />

d’impôt par la perspective d’entasser du fumier frais de<br />

cheval en quantité. Ça pue.<br />

Officiellement, la Suisse se vante d’avoir un quota d’investissement<br />

d’environ 25 %. Ce serait beaucoup. Cela signifierait<br />

que 1 franc sur 4 du PIB serait utilisé pour développer<br />

la prospérité, l’innovation et les conditions de<br />

travail pour ces prochaines 10, 25 ou 50 années.<br />

Ici encore, on se retrouve en face d’un chiffre brut sans<br />

valeur. Le néolibéralisme a dilué le concept d’investissement.<br />

Si une entreprise accorde un crédit à sa filiale en<br />

Hollande, pays fiscalement avantageux (pour dissimuler<br />

les bénéfices réalisés dans le pays), le responsable des finances<br />

le fera apparaître comme un « investissement ». En<br />

réalité, le capital est retiré de la production, il s’agit d’un<br />

désinvestissement.<br />

Pourquoi des chiffres « bruts » sont-ils inappropriés<br />

pour refléter le taux d’investissement ? Prenons un<br />

exemple : la véhicule de livraison d’une PME doit être remplacé.<br />

La PME « investit », mais n’a finalement toujours<br />

qu’un véhicule de livraison. Et il en va de même des machines,<br />

immeubles, logiciels, etc. Les ressources<br />

s’épuisent. Les amortissements doivent donc être déduits<br />

des investissements bruts – le taux d’investissement net<br />

est le chiffre déterminant. Mais le Secrétariat d’Etat à<br />

l’économie nous écrit : « Le SECO ne publie aucune donnée<br />

sur les investissements en actifs nets. »<br />

Il faut donc se rabattre sur les comptes nationaux.<br />

Voici ce qui ressort : investissements en actifs bruts<br />

181,8 milliards de francs (y c. bâtiments). Amortissements<br />

163,45 milliards. Faisons le calcul. Les investissements<br />

nets s’élevaient en 2020 au taux dérisoire de 2,6 %.<br />

Une valeur dramatiquement basse. Surtout si l’on sait que<br />

l’investissement public compte à lui seul plus de 2 %.<br />

Presque pas de dettes, mais une grève d’investissement<br />

et un déficit d’investissement énorme : des pouvoirs<br />

publics forts doivent intervenir.<br />

Le meilleur principe économique : le service public<br />

Dans le capitalisme, le capital organise la production, mais<br />

aussi la société selon ses propres règles : profit, accumulation<br />

et assujettissement du travail.<br />

Le capitalisme financier néolibéral est sa forme exacerbée.<br />

Il cherche à éliminer toutes les forces opposées,<br />

comme les syndicats. Le capital instrumentalise la politique<br />

et transforme l’Etat. Il paralyse le rôle équilibrant des pouvoirs<br />

publics dans la société avec des privatisations, dérégulations,<br />

mesures d’austérité et des attaques sur le service<br />

public (y c. les assurances sociales). Et il fait de l’Etat son<br />

coffre-fort.<br />

Pourtant, les crises économiques à répétition et toujours<br />

plus violentes, la catastrophe écologique et l’explosion des<br />

injustices sociales montrent que cette forme d’économie<br />

nous mène droit dans le mur. Peu importe, disent les néolibéraux,<br />

« fonçons ! ». Encore moins d’impôts pour les riches,<br />

encore moins de réglementation et moins de service public.<br />

Aujourd’hui, les innombrables milliards que les Etats et<br />

les banques centrales doivent à nouveau réunir pour sauver<br />

le système sont une bonne occasion de promouvoir un<br />

meilleur principe économique. Il n’est pas nécessaire de l’inventer,<br />

nous le connaissons et nous le défendons depuis des<br />

années : c’est le principe économique du service public.<br />

Renverser la vapeur<br />

Comment fonctionne ce principe ? D’abord, il change la<br />

donne de la politique économique : ce sont les besoins<br />

humains qui doivent guider les investissements publics et<br />

non plus le profit maximal pour le capital. L’objectif premier<br />

consiste à créer plus de qualité de vie, de sécurité sociale et<br />

d’opportunités. En d’autres termes, plus de biens communs.<br />

Les règles de base : utilité maximale et accès pour toutes<br />

et tous. De manière concrète, cela signifie que les pouvoirs<br />

publics ne laissent pas la numérisation uniquement aux<br />

mains des entreprises, mais font de sorte d’en exploiter les<br />

opportunités et d’éviter les risques qui y sont liés.<br />

Par exemple, pour réduire le temps de travail. Pour une<br />

gouvernance écologique (énergie, transport...). Et pour plus<br />

de transparence démocratique.<br />

La condition préalable est une politique d’investissement<br />

débattue et décidée démocratiquement. Cela nécessite<br />

de nouvelles formes de contrôle par les travailleurs et<br />

travailleuses (démocratie économique) et les habitant-e-s<br />

(par exemple avec des comités budgétaires, comme cela se<br />

pratique depuis longtemps dans certaines villes et régions<br />

européennes).


13<br />

300 milliards de francs pour l’avenir<br />

Face à la grève des investissements du capital<br />

privé, les pouvoirs publics sont appelés à bâtir<br />

l’avenir. Ils peuvent obtenir l’argent nécessaire<br />

de trois façons. Et assez facilement.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

L’Etat ne doit pas gagner d’argent, il doit le dépenser<br />

intelligemment. En faveur de tous les citoyen-ne-s. C’est<br />

la banale règle de base de toutes les finances publiques.<br />

Banal ? Pas pour les politiciens néolibéraux de droite<br />

qui vantent leurs programmes d’austérité et les excédents<br />

budgétaires de l’Etat. Rien qu’en 2019, la Confédération a<br />

réalisé 4,6 milliards de francs de bénéfice. Et plus de 34<br />

milliards au cours de la dernière décennie. C’est absurde.<br />

Les pouvoirs publics ont-ils perçu trop d’impôts ? Non.<br />

La « quote-part fiscale » de la Suisse est l’une des plus<br />

basses au monde (du moins pour les entreprises et les<br />

riches). Le problème est l’inverse : l’Etat dépense trop peu.<br />

Il n’en fait pas assez pour le bien commun.<br />

C’est même doublement absurde, car le Conseil fédéral<br />

ne réinvestit pas ces bénéfices dans un service public<br />

plus fort, dans la santé, la formation, la recherche, le care,<br />

les infrastructures ou la sécurité sociale. Mais il gave les<br />

banques et les riches investisseurs avec les excédents, à<br />

travers des cadeaux fiscaux et en amortissant la dette.<br />

Quand le capital échoue<br />

Ce pillage néolibéral touche bientôt à sa fin. Pas à cause<br />

d’une soudaine prise de conscience de l’UDC, du PLR et<br />

C ie . Ce sont les conditions réelles qui imposent un changement<br />

radical de politique. En Europe et aux Etats-Unis,<br />

il est déjà en cours. Toutes les grandes économies ont lancé<br />

des programmes d’investissement de plusieurs billions.<br />

Seul Berne s’y refuse encore : le paquet d’aides de<br />

crise contre le COVID du Conseil fédéral (quelque 15 milliards<br />

de francs en 2020) ne comprend pas 1 centime d’investissement.<br />

Bien des années avant la pandémie, l’OCDE<br />

avait enjoint à la Suisse d’augmenter fortement les investissements.<br />

Car le capital privé, qui amasse des fortunes de plus en<br />

plus inimaginables, ne peut ni ne veut empêcher la crise<br />

climatique, maîtriser intelligemment la numérisation, favoriser<br />

une réindustrialisation écologique et sociale<br />

(comme le font les pays voisins) et résoudre le problème<br />

de la disparition progressive du travail salarié. Au<br />

contraire : sa mécanique – profit et accumulation – est à<br />

l’origine de ces problèmes. Elle est aveugle aux besoins<br />

sociaux et écologiques des humains.<br />

Il appartient par conséquent aux pouvoirs publics de<br />

bâtir l’avenir de la Suisse avec de solides programmes<br />

d’investissement ainsi qu’un service public réinventé et<br />

renforcé, tel que l’a conçu <strong>syndicom</strong>.<br />

Où l’Etat peut-il s’en procurer les moyens ? Trois possibilités<br />

s’offrent à lui : augmenter les impôts. Contracter<br />

des dettes. Ou créer lui-même l’argent nécessaire. Si l’on<br />

examine ces options, on constate rapidement que des programmes<br />

d’investissement de 200 ou même 300 milliards<br />

de francs pourraient facilement être levés.<br />

1 Au niveau fiscal, il y a une grande marge vers le haut<br />

Ceux qui ont une fiche de paie doivent passer à la caisse.<br />

Les bénéfices des entreprises, en revanche, ne sont imposés<br />

que de façon marginale. A 8,5 % pour l’impôt fédéral.<br />

Dans beaucoup de cantons, à moins de 10 %. Et dans les<br />

cantons à faible imposition comme Nidwald et Zoug, les<br />

impôts prélevés sur les entreprises tendent même vers<br />

zéro. Avec pas moins de 16 projets fiscaux lancés depuis<br />

1999, rien qu’au niveau fédéral, les néolibéraux ont systématiquement<br />

raboté les impôts pour les entreprises, les<br />

actionnaires, les héritiers, les hauts revenus et les patrimoines<br />

financiers. Le prétexte : l’arnaque de la théorie du<br />

trickle-down, l’effet de ruissellement (voir page ci-contre).<br />

Le ministre UDC des finances Ueli Maurer, alors même<br />

qu’il se plaint de déficits trop élevés, creuse actuellement<br />

de nouvelles niches fiscales pour les nantis : droit de<br />

timbre, droits de douane industriels, impôt anticipé, déductions<br />

sur l’impôt fédéral, valeur locative. Des pertes en<br />

Les pouvoirs publics doivent<br />

bâtir l’avenir de la Suisse<br />

avec de solides programmes<br />

d’investissement


14 Dossier<br />

milliards. Le secret bancaire pour les contribuables<br />

suisses coûte 5 à 10 milliards supplémentaires par an.<br />

C’est un système d’imposition injuste et antisocial. Mais<br />

à l’UDC et au PLR, les discussions portent actuellement<br />

sur les moyens de contourner l’impôt minimum de 15 %<br />

sur les entreprises, décidé en juillet par le G20.<br />

Partout dans le monde, les néolibéraux affrontent depuis<br />

quelque temps de puissants vents contraires. Les<br />

Etats-Unis sont en passe de relever l’impôt sur les sociétés<br />

à 28 %. Un groupe de milliardaires américains a même demandé<br />

publiquement : « S’il-vous-plaît, taxez-nous davantage<br />

! » Même le premier ministre britannique Boris Johnson,<br />

fervent néolibéral, veut augmenter les impôts pour<br />

les riches. Et dans l’UE, on songe à introduire un impôt<br />

sur la fortune pour les gagnants de la crise du COVID.<br />

L’Argentine, pour sa part, a pris les devants.<br />

Sachant que les 30 plus grandes entreprises de Suisse<br />

ont versé 70 milliards de dividendes à leurs actionnaires<br />

pour l’année COVID 2020, on mesure combien pourraient<br />

rapporter à la caisse de l’Etat des impôts même très modiques.<br />

Même une légère harmonisation fiscale pourrait<br />

générer des dizaines de milliards. Et le retour à une véritable<br />

progression fiscale serait non seulement juste et<br />

économiquement sensé – il permettrait aussi de financer<br />

tous les paquets d’investissement.<br />

Il y a donc une grande marge de manœuvre au niveau<br />

fiscal. En particulier avec des innovations comme les différentes<br />

formes de micro-impôts, les impôts sur les transactions<br />

financières en devises, etc. Une taxe sur les opérations<br />

de paiement de seulement 1 ‰ ou ½ % permettrait<br />

d’asseoir les finances publiques sur une nouvelle base solide<br />

pendant des années.<br />

2 Une augmentation de la dette serait utile<br />

Le moment n’a jamais été aussi favorable pour augmenter<br />

les dettes, en vue de bâtir la Suisse du futur pour nos enfants.<br />

Car avec chaque dette qu’elle contracte, la Confédération<br />

encaisse des profits supplémentaires : sur les 45<br />

derniers emprunts d’Etat, 42 ont été émis avec des rendements<br />

négatifs et trois d’entre eux à un taux nul. En<br />

d’autres termes : les investisseurs paient pour pouvoir<br />

prêter de l’argent à la Confédération. L’avenir nous serait<br />

offert quasiment à coût zéro.<br />

Toutefois, une légère augmentation des intérêts serait<br />

même utile. Les caisses de pension pourraient alors investir<br />

leur argent en toute sécurité auprès de l’Etat et non<br />

dans des titres à haut risque spéculatif.<br />

Il serait néanmoins logique et plus sûr que les pouvoirs<br />

publics puisent l’argent nécessaire aux investissements<br />

dans leur propre maison, à la Banque nationale. C’est ce<br />

que faisait l’Etat auparavant. Mais depuis que les néolibéraux<br />

ont inscrit l’« indépendance » de la BNS dans la loi et<br />

la Constitution, cela lui est interdit. Pure hypocrisie : la<br />

BNS rachète régulièrement de grandes parties des titres<br />

de créances publiques sur le « marché secondaire », les<br />

investisseurs privés empochent les bénéfices.<br />

3 L’argent, nous n’en parlons pas, nous le créons<br />

La BNS appartient en fait au service public. La Confédération<br />

pourrait donc y puiser de l’argent. Dans la crise<br />

actuelle, ce n’est pas un hasard si une nouvelle théorie<br />

monétaire a vu le jour, soulevant de vifs débats parmi les<br />

économistes: la « théorie monétaire moderne » (MMT). On<br />

la doit notamment à Stephanie Kelton, qui faisait partie<br />

de l’équipe de campagne électorale de Joe Biden. Professeure<br />

à l’Université de New York, elle est l’une des têtes<br />

pensantes de la MMT, avec l’Australien Bill Mitchell, le<br />

Français Bernard Friot et sa collègue américaine Pavlina<br />

Tcherneva. En substance, ces économistes nous disent:<br />

oubliez le mythe du déficit étatique. Oubliez la dette publique.<br />

L’Etat peut créer son propre argent (voir aussi page<br />

7). Sans impôts, ni emprunts. En théorie, sans limite. Ainsi,<br />

il échappe à la dictature des marchés financiers, affirme<br />

Pavlina Tcherneva. Elle plaide pour que les pouvoirs<br />

publics garantissent un emploi à tous les citoyen-ne-s, car<br />

« c’est la politique économique la plus efficace. »<br />

En résumé : l’argent n’est pas le problème prépondérant.<br />

Il n’y en a jamais eu autant et il n’a jamais été aussi<br />

bon marché. Les questions fondamentales (auxquelles<br />

même la MMT ne répond pas) sont ailleurs : quels investissements<br />

sont prioritaires ? A qui doivent-ils bénéficier ?<br />

Et qui décide ?<br />

Photos<br />

Pour transcrire en images des thèmes aussi abstraits et<br />

complexes que les dettes et les flux monétaires, le photographe<br />

Thierry Porchet a eu l’idée d’utiliser la métaphore de<br />

l’eau : en mouvement, stagnante ou endiguée, canalisée, salie,<br />

qui s’évapore... Les possibilités créatives sont immenses.<br />

« D’un point de vue technique, je maîtrise parfaitement des<br />

instruments comme Photoshop», explique le photographe.<br />

« Mais je préfère travailler sur le réel et trouver dans la nature<br />

les endroits qui correspondent à ce que je cherche.<br />

Heureusement, personne ne m’a vu accrocher un billet de<br />

20 francs à une canne à pêche avant de l’immerger dans la<br />

rivière. On se serait sinon inquiété de ma santé mentale... »<br />

Thierry Porchet n’aime pas parler de ses images : il préfère<br />

qu’elles parlent d’elles-mêmes.<br />

Ses photos sont à voir sur le site: thierryporchet.com


Les dettes publiques<br />

La Suisse n’a pas un problème de dettes. D’après l’OCDE, notre pays n’aurait<br />

même aucune dette nette. Pourtant, les partis bourgeois veulent nous imposer<br />

un nouveau train d’économies brutal. Contrairement à l’Europe et aux<br />

Etats-Unis, qui investissent à l’heure actuelle massivement dans leur avenir. La<br />

lacune béante en matière d’investissement est le vrai problème de la Suisse.<br />

$<br />

Les dettes de la Confédération<br />

15%/10%<br />

La Confédération est dans le rouge avec<br />

15 % du PIB suisse, selon le Conseil fédéral.<br />

Mais ce chiffre concerne les dettes<br />

brutes. Si l’on en soustrait les liquidités<br />

de la Confédération, le taux d’endettement<br />

baisse à 10 %. Les dettes nettes<br />

officielles de la Suisse atteignent donc<br />

un bas niveau record.<br />

Les dettes officielles selon l’OCDE<br />

−13,1%<br />

L’OCDE aboutit à un calcul différent de<br />

celui du Conseil fédéral. Elle met en<br />

rapport l’ensemble des réserves financières<br />

de l’Etat avec la performance<br />

économique (PIB). Résultat: l’endettement<br />

s’élève à moins 13 %. La Suisse<br />

n’est donc pas endettée, mais dispose<br />

de solides liquidités nettes.<br />

Les réserves de la Suisse<br />

1 003<br />

milliards<br />

Les pouvoirs publics disposent de gigantesques<br />

réserves financières, que<br />

le FMI présente chaque mois (avoir au<br />

FMI, or, réserves monétaires, etc.). En<br />

août 2021, elles atteignaient un juteux<br />

billion de francs.<br />

Source: Département fédéral des finances Source: OCDE Sources: BNS, FMI<br />

Le chiffre déterminant: le poids du service de la dette<br />

Les pays riches ayant leur propre monnaie ne remboursent pas leurs<br />

dettes – ils se contentent de les transférer. Ce n’est donc pas le montant<br />

des dettes qui compte, mais uniquement les intérêts payés. Or, le poids<br />

de ce service de la dette diminue d’année en année.<br />

Le chiffre dangereux: une énorme lacune en matière<br />

d’investissement<br />

Les investissements (du capital privé et des pouvoirs publics) forgent<br />

l’avenir. Le taux d’investissement net en baisse explique pour l’essentiel<br />

les crises capitalistes toujours plus aiguës. En 2020, ces investissements<br />

se situaient en Suisse à 2,6% du PIB. Un niveau alarmant.<br />

7%<br />

6%<br />

2007<br />

3,6<br />

2014 2020 2021<br />

5%<br />

4%<br />

3%<br />

2%<br />

2020: 2,6%<br />

mrd 2 mrd 0,9<br />

mrd<br />

0,7<br />

mrd<br />

1%<br />

0%<br />

1995<br />

2000<br />

2005<br />

2010<br />

2015<br />

2020<br />

Source: Département fédéral des finances<br />

Sources: Economie nationale, SECO, OFS, calculs propres<br />

Les dettes des autres pays<br />

Le taux d’endettement brut, mesuré à la performance économique, est un indicateur, mais il ne donne aucun renseignement fiable sur la prospérité d’un<br />

pays. Il réfute cependant la thèse néolibérale, selon laquelle un taux d’endettement supérieur à 60 % (critère de Maastricht) serait dangereux. Le Japon se<br />

porte parfaitement bien malgré des dettes publiques élevées.<br />

USA<br />

131%<br />

Grande-Bretagne<br />

144%<br />

France<br />

123%<br />

69%<br />

Allemagne<br />

(2019)<br />

91%<br />

Suisse/Confédération<br />

15%<br />

Russie<br />

Japon<br />

266%<br />

Sources: FMI, OCDE


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Le train de mesures en<br />

faveur des médias,<br />

l’instrument efficace<br />

Disons-le d’emblée : oui, dans un<br />

monde idéal, les subventions devraient<br />

être attribuées uniquement à<br />

des médias dotés d’une CCT et, oui, la<br />

limitation des dividendes devrait également<br />

être obligatoire. Toutefois, les<br />

éléments positifs du paquet d’aide aux<br />

médias l’emportent. Il renforce la diversité<br />

des médias, en particulier dans<br />

le journalisme local, et il offre une<br />

chance de survie aux petits et moyens<br />

médias ainsi qu’aux médias en ligne.<br />

Progrès importants pour la branche<br />

Les revendications communes de la<br />

branche sont un élément central du<br />

projet : un soutien pour la formation et<br />

le perfectionnement des professionnel-le-s<br />

des médias, le conseil de la<br />

presse en tant qu’organe d’autosurveillance<br />

et le service de base trilingue<br />

de l’ATS. Autant d’institutions nécessaires,<br />

dont la branche entière bénéficie.<br />

Un autre élément important est<br />

le soutien accordé désormais aux médias<br />

en ligne. Un élan pour les petits<br />

portails d’information, comme alternative<br />

aux acteurs dominants. La réduction<br />

plus élevée des taxes postales<br />

est également utile, car elle favorise<br />

une distribution meilleur marché des<br />

journaux. Tout comme la nouvelle<br />

subvention dédiée à la distribution<br />

matinale par des entreprises tierces.<br />

Celles-ci sont tenues de négocier<br />

d’abord une CCT avec les syndicats.<br />

Nos collègues du secteur logistique<br />

s’y attellent déjà afin d’améliorer les<br />

conditions de travail de la branche. Le<br />

soutien indirect à la presse associative<br />

sera également accru. Un coup de<br />

pouce bienvenu pour les nombreux<br />

médias associatifs et des fondations.<br />

Et pour finir, les chaînes de radio et de<br />

télévision concessionnées bénéficieront<br />

de l’augmentation de leur part<br />

sur les redevances.<br />

Médias diversifiés et indépendants<br />

Le reproche selon lequel les médias<br />

ainsi soutenus se transformeront en<br />

« médias d’Etat » n’est qu’un discours<br />

polémique absurde. L’aide aux médias<br />

contribue au contraire à préserver<br />

leur indépendance et celle des journalistes<br />

et à les protéger contre la pression<br />

de l’industrie publicitaire. Le<br />

soutien alloué à la formation et au perfectionnement<br />

constitue un investissement<br />

public dans la qualité de leur<br />

travail. Dans les villes, les régions et<br />

les cantons où les nouveaux médias<br />

en ligne contribuent largement à faire<br />

revivre la pluralité des médias, cette<br />

nouvelle forme de soutien représente<br />

un progrès important.<br />

Drôles d’« amis »<br />

Les milieux qui ont lancé le référendum<br />

contre les mesures d’aide à la<br />

presse recouvrent un véritable fatras<br />

d’intérêts politiques : on y trouve des<br />

corona-sceptiques, de riches banquiers<br />

privés et souvent d’(anciens)<br />

journalistes de la droite conservatrice<br />

qui gravitent dans l’entourage de la<br />

Weltwoche. Or, même si l’on peut comprendre<br />

certains points de leur critique,<br />

une chose est certaine : les employé-e-s<br />

de cette branche n’ont jamais<br />

été au centre de leur préoccupation.<br />

A travers les pressions qu’ils<br />

exercent contre des journalistes critiques<br />

et indépendants de médias publics<br />

et privés, ils se trahissent euxmêmes.<br />

Ne nous laissons pas berner :<br />

ces « amis de la Constitution » autoproclamés<br />

ne sont pas les amis des professionnel-le-s<br />

des médias. Il n’y aura<br />

donc pas d’alliance profane.<br />

L’aide aux médias doit permettre d’améliorer les conditions de travail des journalistes et ne pas renforcer les tendances monopolistiques. (© Keystone-ATS)


« Il faut promouvoir la carrière et une répartition du travail<br />

non rémunéré équitable entre les sexes » Patrizia Mordini<br />

17<br />

Contre le grand stress<br />

En Suisse, 800 000 adultes ont des difficultés à lire et écrire.<br />

Aussi au sein des branches de <strong>syndicom</strong>. Une campagne<br />

nationale veut changer la donne.<br />

Voilà ce qu’il avait appréhendé : se retrouver<br />

comme formateur, un feutre à<br />

la main, devant un tableau blanc dans<br />

une salle pleine de monde. Reto Toma<br />

(nom d’emprunt), qui travaille dans le<br />

secteur logistique, n’a pas su écrire<br />

correctement pendant longtemps. A<br />

l’école déjà, il en était incapable. Mais<br />

personne n’en a cherché les causes à<br />

l’époque et il n’a jamais reçu d’aide.<br />

Il a donc caché ses difficultés à écrire<br />

dès son apprentissage. « Ça a toujours<br />

été un grand stress. »<br />

Le droit de se former<br />

En Suisse, près de 800 000 adultes<br />

rencontrent des difficultés à lire et à<br />

écrire. « Une réalité que beaucoup<br />

ignorent en Suisse », explique Tonja<br />

Bollinger de la Fédération suisse Lire<br />

et écrire. « Les personnes concernées<br />

n’osent souvent pas avouer leur handicap<br />

parce qu’elles en ont honte. » Les<br />

conséquences : stress, surmenage,<br />

stratégies d’évitement, etc.<br />

La campagne nationale « Simplement<br />

mieux ! », menée par la Conférence<br />

intercantonale de la formation<br />

continue (CIFC) et l’organisation faîtière<br />

suisse « Lire et Écrire », souhaite y<br />

remédier. Elle bénéficie également du<br />

soutien de nombreux cantons et de la<br />

Confédération. Pour <strong>syndicom</strong>, qui<br />

Une campagne de publicité s’est déployée à<br />

travers toute la Suisse. (© Simplement mieux !)<br />

défend un droit à la formation dans la<br />

négociation de CCT, l’accès aux formations<br />

de compétences de base pour<br />

les personnes qui en ont besoin est capital.<br />

Tout le monde a un rôle à jouer<br />

Cette campagne sensibilise le grand<br />

public à cette question et propose des<br />

cours dans toute la Suisse pour inculquer<br />

des compétences de base comme<br />

l’écriture et la lecture ainsi que le<br />

calcul et l’informatique. Elle cible<br />

directement les personnes concernées<br />

et les rend attentives aux cours.<br />

Leur entourage doit toutefois aussi<br />

être approché. Car ce sont souvent les<br />

proches qui motivent les personnes<br />

concernées à suivre un cours, explique<br />

Bollinger. Les employeurs peuvent<br />

recourir à « Simplement mieux… au<br />

travail » pour organiser des cours en<br />

entreprise, qui permettent à leur<br />

personnel de combler leurs lacunes et<br />

d’acquérir les compétences de base<br />

indispensables.<br />

Eliminer les préjugés<br />

Quand Reto a voulu suivre une formation<br />

complémentaire en ressources<br />

humaines il y a quelques années, il a<br />

hésité. Dans ce nouveau domaine professionnel,<br />

il savait que l’on remarquerait<br />

ses lacunes d’écriture. Il a<br />

donc décidé de s’attaquer à ces difficultés.<br />

Mais il a d’abord dû en parler à<br />

son chef, afin d’obtenir des congés<br />

pour les journées de cours. « C’était<br />

très gênant, mais il a parfaitement<br />

réagi », dit-il.<br />

Après deux cours suivis sur plusieurs<br />

mois, il ne fait plus que de rares<br />

fautes d’orthographe, dit Toma. Il a<br />

aussi achevé sa formation complémentaire<br />

en RH. Il s’engage désormais<br />

comme ambassadeur de la<br />

campagne « Simplement mieux ! ». Il<br />

veut aider à éliminer les préjugés et<br />

motiver les gens à suivre un cours :<br />

« N’attendez pas aussi longtemps que<br />

moi ! »<br />

Basil Weingartner<br />

Toutes les informations sur la campagne :<br />

simplement-mieux.ch<br />

Des modèles d’activité<br />

professionnelle<br />

progressistes<br />

Patrizia Mordini, responsable Egalité et<br />

membre du comité directeur<br />

Cet été, l’Office fédéral de la statistique<br />

a publié des indicateurs actuels<br />

sur la manière dont les ménages<br />

suisses concilient la vie professionnelle<br />

et familiale. Parmi les couples de<br />

25 à 54 ans avec des enfants de moins<br />

de 25 ans, le modèle le plus fréquent<br />

est celui où l’homme travaille à plein<br />

temps et la femme à temps partiel<br />

(53 %), suivi du modèle « homme à<br />

plein temps/femme sans activité rémunérée<br />

» (un sixième). Le modèle<br />

« les deux partenaires à plein temps »<br />

atteint 13 %, mais prévaut chez 52 %<br />

des ménages sans enfant. En revanche,<br />

il est toujours rare que les<br />

deux partenaires travaillent à temps<br />

partiel (8 % des couples). 63 % des<br />

femmes (entre 25 et 54 ans) et 16 % des<br />

hommes travaillent à temps partiel.<br />

Le travail à temps partiel, qui permet<br />

de s’occuper des enfants et des<br />

proches ainsi que du ménage, a son<br />

revers de la médaille : des rapports de<br />

travail souvent précaires, des chances<br />

de carrière impactées et une sécurité<br />

sociale moins bonne, notamment<br />

pour la caisse de pension. Les rentes<br />

des femmes sont ainsi aujourd’hui<br />

d’un tiers inférieures à celles des<br />

hommes. Finalement, l’inégalité salariale<br />

aggrave encore la situation.<br />

Par conséquent, il faut une répartition<br />

du travail non rémunéré équitable<br />

entre les sexes, des offres de<br />

garde à prix abordable en suffisance,<br />

mais aussi de bonnes CCT, des mesures<br />

pour promouvoir la carrière et<br />

une AVS solide. Une réduction du<br />

temps de travail avec maintien du salaire<br />

aurait elle aussi tout son sens.<br />

<strong>syndicom</strong> s’engage dans ce sens. Des<br />

modèles d’activité à temps partiel<br />

progressistes ont donc de l’avenir.


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Concilier les RP et le journalisme, tout en les distinguant,<br />

est un défi majeur des indépendant-e-s des médias » Michael Moser<br />

L’enquête suit son cours<br />

Quatre mois après son lancement, dix projets journalistiques<br />

ont déjà été soutenus par le Pacte de l’enquête et du reportage,<br />

un fonds qui vise à promouvoir et financer des projets d’investigation<br />

et de reportage journalistique sur des sujets d’intérêt<br />

public. Le deuxième tour de subventionnements suivra bientôt.<br />

Le Pacte vise à renforcer les capacités d’investigation et de reportage des journalistes. (© Keystone-ATS)<br />

Lancé début juin de cette année par<br />

neuf associations, syndicats et<br />

groupes de réflexions, parmi lesquels<br />

<strong>syndicom</strong>, le Pacte de l’enquête et du<br />

reportage a délivré cet été son premier<br />

tour de subventionnements. Au total,<br />

dix projets se sont vu attribuer des<br />

soutiens allant de 1500 à 10 000 francs<br />

en Suisse alémanique, Suisse romande<br />

et Suisse italienne pour un total<br />

de 52 000 francs. La seconde session,<br />

disposant d’un budget de<br />

50 000 francs comme les autres<br />

phases, a permis à des professionnel-le-s<br />

des médias de proposer leurs<br />

projets d’enquête jusqu’au 30 septembre<br />

dernier.<br />

Soutiens recherchés<br />

Doté pour sa période de lancement<br />

d’un budget de 225 000 francs, financé<br />

par des dons de sources publiques et<br />

privées telles que des fondations, sociétés<br />

de droits d’auteur ou fonds du<br />

secteur public, le Pacte espère consolider<br />

son financement à compter de<br />

2022 afin de pouvoir soutenir d’avantage<br />

de projets. Le futur du Pacte dépend<br />

donc de ses donateurs, et chaque<br />

personne qui souhaite contribuer à<br />

un journalisme indépendant et de<br />

qualité a la possibilité de le faire sur<br />

lepacte.ch.<br />

24 projets variés présentés au 1 er tour<br />

Premier projet de ce type et de cette<br />

ampleur en Suisse, Le Pacte répond<br />

assurément à un besoin. Les journalismes<br />

d’investigation ou de reportage<br />

nécessitent beaucoup de temps, ce qui<br />

manque toujours plus aux rédactions<br />

décimées par les suppressions de<br />

postes ou aux freelances qui n’ont pas<br />

toujours la possibilité de consacrer<br />

plusieurs semaines ou mois à un sujet.<br />

Lors de la première session, 24 dossiers<br />

ont été présentés aux jurys des<br />

trois régions linguistiques. L’occasion<br />

de tirer une première leçon de ces débuts<br />

: « Ce qui bénéficiera à une candidature<br />

est que le ou la journaliste ait<br />

déjà commencé son enquête et puisse<br />

présenter des premiers résultats en<br />

soutien de la thèse de son projet lors<br />

de la soumission », précise Jean-François<br />

Tanda, secrétaire général du<br />

Pacte de l’enquête et du reportage.<br />

Un projet déjà un peu nourri donc<br />

mais sans limitation liée au support<br />

journalistique. Des dossiers aussi divers<br />

que des reportages télévisés, des<br />

podcasts pour la radio ou des sujets de<br />

presse écrite ou pour les médias électroniques<br />

ont été déposés pour le premier<br />

tour. La date butoir pour le<br />

3 e subventionnement n’est pas encore<br />

fixée mais les journalistes intéressé-e-s<br />

peuvent préparer leurs dossiers<br />

pour la fin de cette année.<br />

Melina Schröter<br />

Plus d’informations sur le Pacte et<br />

son fonctionnement : lepacte.ch.<br />

Comment se portent<br />

les indépendant-e-s ?<br />

Michael Moser, secrétaire central Médias<br />

J’ai exploré cette question avec la commission<br />

des indépendant-e-s (voir<br />

portrait d’équipe en page 4) au printemps<br />

dernier dans le cadre d’un sondage.<br />

Les indépendant-e-s et freelances<br />

dans la branche des Médias ne<br />

sont pas seulement sous pression depuis<br />

la crise pandémique. C’était déjà<br />

le cas avant : les mandats et les honoraires<br />

étaient en baisse, les frais ne<br />

pouvaient plus être facturés et les<br />

forfaits élaborés par <strong>syndicom</strong> étaient<br />

de moins en moins acceptés. Le confinement<br />

et le recul corrélé des annonces<br />

dans les médias ont aggravé<br />

cette situation.<br />

Une année après le début de la pandémie,<br />

nous voulions savoir plus précisément<br />

ce qu’il en était. Les résultats<br />

du sondage ont été publiés entretemps.<br />

Ce qui en ressort nous aide à<br />

ajuster notre position syndicale à la<br />

réalité des collègues. Nous savons depuis<br />

que la majorité des personnes interrogées<br />

ne travaillent pas seulement<br />

dans le journalisme, mais aussi dans<br />

les relations publiques (RP). Le fait<br />

que seuls 16 % peuvent se contenter<br />

du journalisme pour vivre a toutefois<br />

surpris. Concilier le journalisme et les<br />

RP, tout en les distinguant, est ainsi<br />

un défi majeur des professionnel-le-s<br />

des médias indépendant-e-s.<br />

Lors de la 18 e journée des indépendant-e-s,<br />

nous avons donc thématisé<br />

pour la première fois cette question de<br />

manière concrète. D’autres évènements<br />

suivront. Les résultats du sondage<br />

peuvent être consultés en ligne<br />

sur <strong>syndicom</strong>.ch/sondagelibres.


« La moitié des jeunes journalistes n’a pas assez de temps<br />

pour gérer les tâches quotidiennes. » Lauro Mombelli<br />

19<br />

« La majorité accomplit<br />

plus de trois heures<br />

supplémentaires par<br />

semaine »<br />

Dans son travail de Master réalisé au Département<br />

des sciences de la communication et des<br />

médias à l’Université de Fribourg, Lauro<br />

Mombelli a examiné les conditions de travail<br />

actuelles de jeunes journalistes en Suisse.<br />

C’est la première étude spécifique concernant<br />

la relève dans la branche des médias. Pas<br />

moins de 200 journalistes nés en 1990 ou plus<br />

tard ont participé au sondage. Pour la diffusion<br />

du questionnaire, l’auteur de l’étude a été<br />

soutenu par <strong>syndicom</strong>.<br />

Lauro Mombelli, la profession de journaliste présentet-elle<br />

encore un attrait pour les jeunes ?<br />

Il faut différencier. Il y a des aspects positifs en faveur de<br />

l’attractivité. La majorité des personnes interrogées ont<br />

indiqué disposer de suffisamment de temps pour vérifier<br />

les sources et informations, et pour écrire leurs textes. Elles<br />

jugent aussi positive leur grande autonomie de travail. Le<br />

revers de la médaille est que la majorité doit effectuer plus<br />

de trois heures supplémentaires de travail par semaine. Et<br />

aussi que la moitié des personnes sondées manque de<br />

temps pour gérer les tâches quotidiennes d’une manière<br />

satisfaisante pour elles.<br />

Ces derniers mois, l’association Jeunes Journalistes<br />

suisses (JJS) a abordé le problème du stress et des heures<br />

supplémentaires dans une campagne sur les médias sociaux.<br />

Dans des déclarations impressionnantes, les jeunes<br />

journalistes ont fait part de leurs problèmes psychologiques<br />

causés par la charge de travail. Quelle est l’ampleur<br />

de ce problème ?<br />

J’ai enquêté sur diverses situations de stress dans mon sondage.<br />

En réponse, 71 % des personnes interrogées ont indiqué<br />

: « Je dois penser à trop de choses en même temps »,<br />

« très souvent, voire toujours ». D’autre part, j’ai aussi demandé<br />

dans quelle mesure elles parvenaient à gérer le<br />

stress. Ici, une majorité a répondu qu’elle y faisait face assez<br />

bien ou parfaitement bien.<br />

Le salaire constitue bien entendu aussi un facteur important<br />

dans l’attractivité de la profession. L’année dernière,<br />

<strong>syndicom</strong> et l’USS ont découvert dans une enquête sur les<br />

salaires que ceux des journalistes stagnent depuis une<br />

décennie. Quelle est la situation ?<br />

En ce qui concerne le niveau salarial des jeunes, j’ai déterminé<br />

un revenu mensuel brut médian de 5000 à 6000 francs.<br />

Cependant, mon échantillon a également confirmé que les<br />

journalistes masculins gagnent légèrement plus que leurs<br />

collègues femmes, et que les employé-e-s fixes gagnent<br />

plus que les freelances. Par rapport aux études précédentes,<br />

je considère comme positif le fait que la proportion<br />

de personnes gagnant moins de 4000 francs par mois a légèrement<br />

diminué.<br />

Dans le contexte des recettes publicitaires en baisse,<br />

les médias traversent une crise qui dure déjà depuis longtemps.<br />

Tu as aussi demandé aux jeunes journalistes comment<br />

ils envisagent leur avenir et celui de leur profession<br />

et de la branche. Qu’en est-il ressorti ?<br />

Les personnes interrogées voient leur avenir de façon<br />

plutôt positive. En revanche, seul un quart est optimiste<br />

quant à l’avenir de la profession et de la branche. Les réponses<br />

laissent naturellement place à l’interprétation sur<br />

la raison de cette appréciation différente. Il serait intéressant<br />

que cette question soit examinée dans un prochain<br />

travail.<br />

Où les personnes interrogées voient-elles avant tout un<br />

potentiel d’amélioration par rapport aux conditions de<br />

travail ?<br />

Je n’ai pas posé la question de façon aussi directe.<br />

Néanmoins, une des questions consistait à connaître les<br />

raisons de quitter le journalisme. Et là, l’un des motifs<br />

principaux évoqués est le manque de prise en compte de<br />

l’équilibre nécessaire entre vie professionnelle et privée.<br />

C’est pourquoi il serait utile que les employeurs s’assurent<br />

que les journalistes ne soient pas obligé-e-s d’effectuer<br />

des heures supplémentaires chaque semaine.<br />

Interview réalisée par Lorenzo Bonati<br />

Lauro Mombelli a réalisé cette étude dans le cadre de son Master of Arts en<br />

Communication et Médias. (© Mise à disposition)<br />

Le travail de Master complet en allemand :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/NY9hw


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Malgré l’incertitude de ces investissements,<br />

le lobby financier a une fois de plus prévalu. » Matteo Antonini<br />

De longues nuits sous terre<br />

Le Conseil fédéral veut assouplir les dispositions relatives au<br />

travail de nuit dans la branche des infrastructures de réseau.<br />

Les conditions de travail pourraient ainsi devenir plus difficiles.<br />

Le travail de nuit, néfaste pour la santé, doit absolument resté encadré de façon stricte. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

Travailler dans un puits étroit, en<br />

plein milieu de la nuit : pour Martina<br />

Rist et ses collègues qui exercent la<br />

profession d’épisseur cuivre et fibre<br />

optique, cela fait partie de la routine<br />

quotidienne. Ils assurent le fonctionnement<br />

des raccordements téléphoniques<br />

et Internet pour la population<br />

et les entreprises suisses.<br />

Sous terre, ils relient les câbles<br />

pour permettre la circulation des flux<br />

de données. « En principe, ces travaux<br />

pourraient toujours être réalisés de<br />

jour. » Mais les clients s’y opposent<br />

souvent lors de raccordements d’envergure.<br />

Les travaux ne débutent alors<br />

qu’après la fermeture des bureaux,<br />

restaurants ou commerces situés alentour.<br />

Commencer à travailler seulement<br />

le soir est éprouvant, explique<br />

Martina Rist. C’est aussi l’avis de Jonny<br />

Fontanive, épisseur dans la filiale<br />

de Swisscom cablex. « Ça fait pas mal<br />

de temps que j’y suis, c’est pourquoi je<br />

me suis habitué à ce travail. »<br />

Il est primordial de dormir suffisamment<br />

avant de travailler la nuit.<br />

« Mais même si l’on est reposé, la fatigue<br />

nous prend durant la nuit. » Au<br />

fond des puits, le danger guette lorsqu’on<br />

est déconcentré. Il faut aussi<br />

veiller à éviter toute erreur dans le raccordement<br />

des câbles. Un peu de café<br />

ou de chocolat, ou discuter avec les<br />

collègues aide à tenir le coup. Les collègues<br />

sur les chantiers et chez cablex<br />

veillent les uns sur les autres. Martina<br />

Rist et Jonny Fontanive jugent par ailleurs<br />

bonnes leurs conditions de travail,<br />

qui sont réglées dans une CCT.<br />

Le travail de nuit est éprouvant<br />

Des études montrent que le travail de<br />

nuit et en équipe augmente le risque<br />

de surpoids ou de maladie chronique.<br />

Le CF prévoit néanmoins d’assouplir<br />

les dispositions relatives au travail de<br />

nuit. Il entend ainsi lever l’obligation<br />

de solliciter une autorisation de nuit<br />

et du dimanche pour les travaux<br />

d’exploitation et d’entretien de tous<br />

les transports publics. Cela concerne<br />

aussi la branche des infrastructures<br />

de réseau, « alors que même les entreprises<br />

de réseau elles-mêmes ne l’exigent<br />

pas », souligne Daniel Hügli, secrétaire<br />

central TIC chez <strong>syndicom</strong>. Il<br />

craint une dégradation des conditions<br />

de travail du personnel concerné.<br />

« Sans l’obligation de solliciter une<br />

autorisation, la surveillance est<br />

moindre. »<br />

Toutefois, le travail de nuit est exigeant,<br />

même lorsqu’aucun événement<br />

particulier ne vient le perturber,<br />

comme un orage inattendu qui inonde<br />

le puits ou des noctambules agressifs<br />

qui s’approchent des travailleurs de<br />

nuit. Lorsque le travail de nuit s’achève<br />

au petit matin, certains ouvriers<br />

boivent un dernier café avant de rentrer<br />

chez eux. Pour dormir, enfin. Et<br />

dès 7h le lendemain matin, il faudra à<br />

nouveau rouvrir les lourds couvercles<br />

des puits. Afin d’éviter que le travail<br />

des constructeurs de réseau ne devienne<br />

plus difficile encore, <strong>syndicom</strong><br />

s’oppose à un assouplissement de<br />

l’obligation de solliciter une autorisation<br />

pour le travail de nuit.<br />

Basil Weingartner<br />

En savoir plus sur la branche Infrastructure<br />

de réseau : <strong>syndicom</strong>.ch/VXHRD<br />

Un vote juste contre le<br />

risque de spéculation<br />

Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

Logistique et membre du comité directeur<br />

En septembre, la Commission de<br />

l’économie et des redevances du<br />

Conseil national (CER-N) a autorisé<br />

les caisses de pension à accéder à des<br />

fonds hautement spéculatifs. Face aux<br />

risques que présentent ces produits financiers,<br />

notre capital prévoyance,<br />

constitué tout au long de notre vie<br />

professionnelle, est donc menacé de<br />

s’évaporer. Malgré l’incertitude de ces<br />

investissements (qui ont conduit à des<br />

crises importantes comme celle des<br />

subprimes de 2007-2008), le lobby financier<br />

a une fois de plus prévalu.<br />

Nous l’avions déjà prédit dans le<br />

dernier numéro du <strong>magazine</strong> de <strong>syndicom</strong>,<br />

au travers de l’article au titre<br />

prophétique « Le problème à 1200 milliards<br />

des travailleuses et travailleurs<br />

». On y voyait nos épargnes de<br />

vieillesse jouées sur une table de roulette.<br />

Cette nouvelle déréglementation<br />

dangereuse met encore davantage<br />

en péril notre système de rente,<br />

déjà menacé par les intermédiaires financiers<br />

et les partis bourgeois.<br />

C’est pourquoi il est plus que jamais<br />

important et nécessaire que les<br />

travailleuses et travailleurs puissent<br />

participer aux décisions des caisses de<br />

pension. Ils-elles doivent avoir leur<br />

mot à dire sur la gestion de leur argent<br />

économisé grâce à leur travail. Et pour<br />

cette raison, il est fondamental de voter<br />

la liste de <strong>syndicom</strong> aux élections<br />

du conseil de fondation de la caisse de<br />

pensions Poste. Il est encore temps de<br />

le faire jusqu’au 29 octobre !


« Des solutions basées sur le partenariat social sont préférables<br />

en matière de modèles de temps de travail. » Daniel Hügli<br />

21<br />

Une nouvelle CCT innovante<br />

ratifiée chez CarPostal<br />

La nouvelle CCT de CarPostal, récemment ratifiée par les organes<br />

compétents et qui entrera en vigueur au 1 er janvier 2022,<br />

offre des conditions d’engagement modernes pour tout le personnel.<br />

Le résultat de plusieurs mois de négociations.<br />

Les progrès obtenus touchent les employé-e-s de CarPostal et des entrepreneurs postaux. (© Keystone-ATS)<br />

Que nous avons souffert, pleuré, chanté<br />

et surtout négocié. Mais nous y voilà<br />

enfin, la nouvelle CCT et le règlement<br />

EP sont là. Et avec eux leur lot d’améliorations<br />

en matière de conditions de<br />

travail.<br />

Nouveau modèle d’horaires de travail<br />

Une des principales améliorations de<br />

la nouvelle CCT CarPostal concerne<br />

les collaborateurs-trices à temps partiel<br />

qui ont désormais la possibilité de<br />

demander des jours de congé et de services<br />

bloqués. Sur demande et si les<br />

impératifs d’exploitation le permettent,<br />

le personnel à temps partiel<br />

peut définir des jours bloqués fixes<br />

durant la semaine, pendant lesquels<br />

on ne peut pas prévoir leur affectation.<br />

Si CarPostal peut prévoir dans la planification<br />

annuelle des « jours de réserve<br />

», modifiables jusqu’à l’avantveille,<br />

les autres modifications de la<br />

planification mensuelle requièrent<br />

dorénavant l’accord des collaborateurs-trices,<br />

qui seront alors indemnisés<br />

s’ils acceptent la demande de prise<br />

de service à court terme.<br />

Plus de temps pour sa famille<br />

Des améliorations des conditions de<br />

travail ont aussi été apportées dans le<br />

souci d’un bon équilibre entre vie professionnelle<br />

et vie familiale : les collaborateurs-trices<br />

ayant des enfants à<br />

l’école peuvent ainsi prendre au moins<br />

deux semaines de congé durant les vacances<br />

scolaires. En parallèle, le congé<br />

paternité a été doublé de deux à quatre<br />

semaines. Et les futures mères ont<br />

droit à six semaines de congé non<br />

payé, afin de prolonger le congé maternité<br />

de 18 semaines.<br />

Conditions d’engagement uniformes<br />

En plus de la nouvelle CCT, les partenaires<br />

sociaux sont également parvenus<br />

à un accord sur les conditions<br />

d’engagement du personnel de<br />

conduite des entreprises CarPostal : à<br />

partir du 1 er janvier 2022, des valeurs<br />

de référence uniformes pour des<br />

conditions d’engagement équivalentes<br />

s’appliqueront à toutes les<br />

entreprises CarPostal. Sans une délégation<br />

de négociation forte et compétente,<br />

ce résultat n’aurait pas été<br />

possible. <strong>syndicom</strong> a ainsi démontré<br />

que les efforts collectifs paient.<br />

Mais il ne s’agit là que d’une brève<br />

sélection des nombreuses améliorations<br />

obtenues. Vous travaillez chez<br />

CarPostal et souhaitez en savoir plus<br />

sur la nouvelle CCT ? Inscrivez-vous<br />

aux cours proposés gratuitement et<br />

pendant votre temps de travail.<br />

Matteo Antonini<br />

Toutes les améliorations de la nouvelle CCT<br />

en un coup d’oeil sur <strong>syndicom</strong>.ch/j4WTJ<br />

Non à un décloisonnement<br />

massif du temps<br />

de travail<br />

Daniel Hügli, Secrétaire central TIC<br />

En janvier 2021, les partenaires sociaux<br />

se réunissaient à une table ronde<br />

virtuelle du Secrétariat d’Etat à l’économie<br />

pour parler d’un modèle spécial<br />

d’annualisation du temps de travail<br />

dans l’ordonnance 2 relative à la<br />

loi sur le travail. D’un côté, les associations<br />

patronales et un représentant<br />

des associations des branches des auditeurs,<br />

fiduciaires et TIC. Avec eux,<br />

des représentant-e-s des organisations<br />

de cadres et organisations professionnelles,<br />

lesquelles ont soumis<br />

conjointement avec les associations<br />

de branche une proposition prévoyant<br />

ce modèle spécial de temps de travail.<br />

Au travers d’une formulation ouverte,<br />

le décloisonnement massif du<br />

temps de travail toucherait un grand<br />

nombre de travailleurs-euses de diverses<br />

branches.<br />

De l’autre côté se trouvait la délégation<br />

de l’USS, dans laquelle siégeait<br />

aussi notre représentant <strong>syndicom</strong>.<br />

Les syndicats ont rejeté cette proposition,<br />

car un modèle d’annualisation<br />

du temps de travail existe déjà aujourd’hui<br />

et des solutions basées sur<br />

le partenariat social sont préférables.<br />

Par exemple, par le biais de CCT qui<br />

couvrent mieux les besoins de l’entreprise<br />

et protègent en même temps la<br />

santé des employé-e-s.<br />

Certes, le projet de révision envoyé<br />

ensuite en consultation par le Conseil<br />

fédéral ne mentionne plus les<br />

branches TIC. Mais ce dernier ferait<br />

mieux de veiller à la mise sur pied et au<br />

renforcement de partenariats sociaux<br />

dans les branches encore concernées<br />

par ce projet.


22 Politique<br />

Les enjeux de notre<br />

souveraineté numérique<br />

En juin dernier, la Confédération a décidé de confier à quatre<br />

entreprises américaines (Amazon, IBM, Microsoft et Oracle) et<br />

à la société chinoise Alibaba la gestion des données des différents<br />

départements et de la Chancellerie fédérale. Google, qui<br />

a été exclu, a fait appel. Dans l’attente de la décision du<br />

Tribunal administratif fédéral, Jean-Henry Morin, de<br />

l’Université de Genève, s’interroge sur la souveraineté de nos<br />

données et dénonce le retard pris par la Suisse dans la gestion<br />

de la transition numérique.<br />

Texte : Federico Franchini<br />

Image : Keystone-ATS<br />

Pour stocker ses données, la Confédération<br />

a choisi quatre entreprises<br />

américaines et une chinoise. Quels<br />

sont les risques ?<br />

Les risques sont nombreux et immenses.<br />

La simple perte de souveraineté<br />

sur notre infrastructure numérique<br />

de la part de la<br />

Confédération comporte un risque<br />

énorme. Mais l’on pourrait décortiquer<br />

les risques à l’infini : ceux liés à<br />

la surveillance, au blocage des données<br />

et des services, en passant par<br />

une série d’activités liées au renseignement,<br />

jusqu’à la protection et<br />

l’intégrité de données des citoyens<br />

et de l’administration.<br />

La Suisse n’aura donc pas la capacité<br />

de pouvoir vérifier dans le détail<br />

ce que deviennent les données<br />

confiées à ces plateformes ?<br />

La manière dont seront traitées ces<br />

données va complètement dépendre<br />

des contrats spécifiques qui seront<br />

signés avec chacun de ces prestataires.<br />

Ces contrats, SLA (Service<br />

Level Agreement), spécifient très<br />

concrètement ce qui est offert en<br />

termes de service, les pénalités, les<br />

conditions d’utilisation, etc. De ce<br />

fait, tout est lié à l’interprétation et<br />

à l’acceptation de ces contrats qui<br />

seront effectivement conclus dans<br />

cette externalisation de services.<br />

Est-ce qu’il y a une marge de<br />

manœuvre pour la Confédération<br />

dans le cadre de l’établissement de<br />

ces contrats ?<br />

En général pas. La plupart de ces<br />

prestataires sont des importants<br />

groupes internationaux de l’industrie<br />

du numérique qui ont des<br />

contrats-types. Dans ce contexte,<br />

la marge de négociation est quasi<br />

nulle. On peut essayer de changer<br />

quelques détails, mais il faut bien<br />

comprendre qu’en face, on a des<br />

machines de guerre techniques et<br />

juridiques qui ne sont pas des philanthropes.<br />

La négociation risque<br />

d’être compliquée, voire impossible.<br />

Le choix d’Alibaba est surprenant<br />

alors que les entreprises chinoises<br />

sont pointées du doigt pour leur<br />

proximité avec Pékin. La Suisse sera,<br />

elle aussi, sous l’œil du Gouvernement<br />

chinois ?<br />

Cette manière de procéder de la part<br />

de la Suisse est d’une extrême naïveté.<br />

On sait comment se comporte la<br />

Chine d’un point de vue démocratique.<br />

Et, grâce aux révélations d’Edward<br />

Snowden en 2013, on sait aussi<br />

comment les Etats-Unis se comportent.<br />

Il n’y a donc aucun doute<br />

sur les potentielles situations problématiques.<br />

A-t-on les moyens de concurrencer<br />

les géants étrangers d’un point de<br />

vue technique ?<br />

Gérer un cloud pour un petit pays tel<br />

que la Suisse, qui d’ailleurs est au<br />

sommet de classements internationaux<br />

en termes d’innovation, ne<br />

représente aucun défi technique.<br />

La question, d’un point de vue technique,<br />

ne se pose même pas : nous<br />

avons tout ce qu’il faut pour faire ce<br />

qu’il faut en matière de souveraineté<br />

numérique.<br />

Où se situe le retard de la Suisse ?<br />

Le retard colossal que nous avons<br />

accumulé est politique. Il faut<br />

l’attribuer à l’absence total de<br />

leadership et de gouvernance en<br />

matière de transition numérique.<br />

En Suisse, c’est seulement en 2021<br />

qu’on a commencé à en parler,<br />

tandis que la plupart des Etats et<br />

l’Union européenne ont débuté aux


« La responsabilité numérique va avoir une incidence croissante sur la valorisation des<br />

entreprises. Elles doivent être capables de répondre à des questions concrètes qui touchent à la<br />

transition numérique. Dans ce sens, on a fait un travail en 2020 avec la fondation Ethos autour de<br />

sept questions-clés en matière de responsabilité numérique d’entreprise. Une prise de conscience<br />

similaire doit être prise par l’Etat et conduire à une responsabilité numérique publique. »<br />

23<br />

alentours de 2010. Cet année-là,<br />

Doris Leuthard, alors conseillère fédérale,<br />

avait déjà fait le constat que<br />

la Suisse était en retard : onze ans<br />

plus tard, ceci est un sujet qui n’est<br />

toujours pas incarné. Aujourd’hui,<br />

on commence à en payer les conséquences.<br />

L’option de développer des infrastructures<br />

propres en Suisse a été<br />

balayée par le Conseil fédéral en<br />

2020. Comment jugez-vous cette<br />

décision ?<br />

Ce choix est simplement catastrophique<br />

et incompréhensible.<br />

Quelques mois auparavant, le<br />

Conseil fédéral avait dit clairement<br />

que l’objectif était d’améliorer la<br />

souveraineté de la Suisse en matière<br />

de données pour réduire au minimum<br />

la dépendance du pays par<br />

rapport aux prestataires des services<br />

cloud. En 2021, il procède à l’adjudication<br />

auprès des cinq prestataires<br />

chinois et américains : une attitude<br />

schizophrénique ! Que s’est-il passé<br />

entretemps ?<br />

La question ne se<br />

pose pas : la Suisse<br />

a les capacités<br />

d’assurer sa souveraineté<br />

numérique.<br />

Dans le contexte actuel, la nécessité<br />

de créer une structure technique<br />

indépendante de droit public – une<br />

sorte de service public digital –<br />

est-elle nécessaire ?<br />

Je pense qu’on ne peut pas aborder<br />

les exigences de cette question sans<br />

avoir eu un débat public en la matière.<br />

Le service public digital est<br />

une voie parmi d’autres : il y a plusieurs<br />

options possibles, mais il faut<br />

qu’on puisse en débattre en tant que<br />

société pour qu’on arrive enfin à<br />

avancer. Si démocratiquement on a<br />

un débat public et que le résultat<br />

c’est d’externaliser aux multinationales<br />

étrangères, alors d’accord.<br />

Mais si, en revanche, le résultat relève<br />

d’une nécessité d’une forme de<br />

souveraineté en la matière et d’un<br />

service public digital, il faudra alors<br />

exclure tout ce qui va dans le sens de<br />

ce qui a été fait récemment et se doter<br />

de l’infrastructure et d’une gouvernance<br />

adéquates.<br />

S’il faut une telle strcture publique,<br />

comme l’imaginez-vous ?<br />

A qui appartiendront les données ?<br />

Qui sera le responsable ? Où seront<br />

déposées les données ? Qui peut y<br />

accéder ? Les réponses à ces questions<br />

doivent nécessairement être le<br />

résultat d’un débat qui permet de<br />

définir les exigences qui serviront à<br />

un appel d’offre ou à une réalisation<br />

technique si ce devait être entre les<br />

mains de la Confédération. Ce qu’il<br />

faut d’abord, et avec urgence, c’est<br />

un débat qui définisse la société numérique<br />

que nous souhaitons<br />

construire et laisser aux générations<br />

futures.<br />

Le projet d’une initiative populaire<br />

sur la souveraineté numérique, dont<br />

vous êtes l’un des promoteurs,<br />

a-t-il l’objectif d’ouvrir ce débat si<br />

lacunaire jusqu’à maintenant ?<br />

Oui, nous partons de ce qui s’est<br />

passé cet été avec cette adjudication<br />

aux géants étasuniens et chinois.<br />

Il faut certes remettre en question<br />

cette décision. On est cependant<br />

conscient qu’il faut du temps pour<br />

lancer une initiative, mais l’un des<br />

objectifs de notre démarche est justement<br />

celui d’ouvrir des discussions<br />

publiques et y faire intervenir<br />

non seulement les lobbys du numériques<br />

et les EPF, mais aussi les universités,<br />

les hautes écoles et la société<br />

civile. L’idée à long terme est<br />

d’attacher dans des textes légaux<br />

tels que la Constitution les enjeux<br />

de notre souveraineté numérique.<br />

Le seul débat sur ces thématiques a<br />

été celui sur l’identité numérique au<br />

mois de mars dernier. La position<br />

du peuple a été assez claire…<br />

Oui, alors qu’en Suisse nous discutons<br />

de tout, des minarets aux<br />

cornes de vaches et aux loups, là<br />

c’était la première fois que les citoyen-ne-s<br />

suisses ont pu affronter<br />

une discussion sur l’un des aspects<br />

fondamentaux de notre société et se<br />

poser des questions sur l’enjeu numérique.<br />

Et le peuple a dit clairement<br />

(65 %) qu’il ne voulait pas externaliser<br />

à des opérateurs privés<br />

son identité numérique nationale.<br />

C’est un signal fort, dont il va falloir<br />

tenir compte.<br />

L’initiative sur la souveraineté numérique:<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/4HwKx<br />

Pendant ce<br />

temps-là...<br />

Numéros d’AVS et de téléphone,<br />

dates de naissance, rapports d’évaluation<br />

des employé-e-s, demandes<br />

d’exonération fiscale et même des<br />

notes scolaires. Depuis quelques<br />

mois, ce genre de données absolument<br />

personnelles sont disponibles<br />

en ligne sur le darknet, la « zone<br />

grise » d’Internet échappant à toute<br />

loi. Cela touche la commune vaudoise<br />

de Rolle. Des données sensibles<br />

concernant 5000 habitant-e-s<br />

de la « perle du Léman », enregistrées<br />

sur le système informatique<br />

communal, ont été piratées par des<br />

hackers. Ils auraient ensuite fait<br />

une demande de rançon, à laquelle<br />

la commune n’a pas répondu. A la<br />

fin du mois d’août, la tentative de<br />

cyberattaque a été révélée par le<br />

quotidien Le Temps, faisant couler<br />

beaucoup d’encre. Pourquoi les citoyen-e-s<br />

n’avaient pas été prévenu-e-s<br />

? Les réseaux suisses, à tous<br />

les niveaux (communal, cantonal et<br />

fédéral), sont-ils en mesure de résister<br />

aux cyberattaques de ces multinationales<br />

de pirates informatiques,<br />

qui essaiment de plus en plus dans<br />

le monde ?<br />

Le Conseil fédéral ne semble pas<br />

inquiet<br />

La vraie question n’est pas de savoir<br />

si nous deviendrons les victimes de<br />

pirates, mais quand ce sera le cas et<br />

de quelle manière. Voilà comment<br />

ont répondu les experts. Il est donc<br />

primordial de savoir qui gère nos<br />

données et quels sont les risques de<br />

sécurité directement liés à notre<br />

souveraineté numérique. Le risque<br />

ne pourrait-il pas augmenter si des<br />

données sensibles étaient confiées<br />

aux géants du Big Tech américains<br />

ou chinois ? Cette perspective ne<br />

semble en tout cas pas inquiéter le<br />

Conseil Fédéral qui a réaffirmé sa<br />

position, dénoncée dans notre interview<br />

ci-contre, en enterrant définitivement<br />

le projet d’une solution<br />

de cloud helvétique par la voix du<br />

chancelier fédéral lors de la session<br />

parlementaire d’automne. Plus d’infos<br />

sur <strong>syndicom</strong>.ch/8MVur<br />

Giovanni Valerio


24 Politique<br />

Un micro-impôt pour<br />

soutenir l’économie<br />

Une initiative pour l’introduction<br />

d’un « micro-impôt<br />

sur le trafic des paiements<br />

sans espèces » vise à augmenter<br />

le pouvoir d’achat des travailleurs<br />

et travailleuses, soutenir<br />

l’activité économique et<br />

contribuer au financement<br />

de l’AVS. Explications.<br />

Texte : Sergio Rossi, professeur de<br />

macroéconomie et d’économie monétaire<br />

à l’Université de Fribourg<br />

Image : Maurizio Solari<br />

Les raisons justifiant l’introduction<br />

d’un micro-impôt sur le trafic des<br />

paiements sans espèces sont nombreuses<br />

et montrent à quel point il<br />

est important de le mettre en place<br />

rapidement. D’une part afin de relancer<br />

de manière durable les activités<br />

économiques tout en renforçant<br />

la cohésion sociale en Suisse, mais<br />

également afin de réduire la durée<br />

et l’ampleur de la crise actuelle sur<br />

le plan socio-économique.<br />

En effet, comme le propose le<br />

texte de l’initiative, un tel microimpôt<br />

permettrait de remplacer plusieurs<br />

prélèvements fiscaux dont la<br />

taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui<br />

réduit la capacité d’achat des<br />

consommateurs-trices et pèse finalement<br />

aussi sur les entreprises qui<br />

doivent supporter le fardeau bureaucratique<br />

que la gestion de la<br />

TVA comporte. Pendant que les<br />

banques et les autres institutions<br />

financières ne paient aucunement<br />

la TVA, alors qu’elles font des transactions<br />

sur les marchés financiers<br />

pour des centaines de milliards de<br />

francs chaque jour.<br />

Stimuler la consommation<br />

Pour un ménage de la classe<br />

moyenne formé par deux adultes et<br />

deux enfants, l’abolition de la TVA<br />

et l’introduction d’un micro-impôt<br />

sur le trafic des paiements sans espèces<br />

augmenterait sa capacité<br />

d’achat de plusieurs milliers de<br />

francs par année. Cela contribuerait<br />

à relancer la consommation et soutenir<br />

les activités des entreprises<br />

tournées vers le marché domestique,<br />

accélérant dès lors la sortie de<br />

la crise économique et augmentant<br />

le niveau d’emploi.<br />

Selon le barème du micro-impôt,<br />

il sera possible de récolter des<br />

recettes fiscales permettant de verser<br />

des aides à fonds perdu aux entreprises<br />

touchées par la pandémie.<br />

Ces aides seront ainsi payées par les<br />

institutions financières qui ne<br />

paient aucune TVA et contribuent à<br />

l’instabilité financière par leurs opérations<br />

d’achat ou vente de titres qui<br />

très souvent n’ont rien à voir avec<br />

les activités économiques censées<br />

satisfaire des besoins quelconques.<br />

Renouveler le système fiscal<br />

Lorsque la pandémie de COVID-19<br />

ne sera plus qu’un mauvais souvenir,<br />

un micro-impôt sur le trafic des<br />

paiements sans espèces permettra<br />

de récolter les ressources fiscales<br />

nécessaires pour le financement des<br />

assurances sociales, notamment<br />

l’AVS et l’assurance-chômage.<br />

Notamment à une époque où la<br />

digitalisation des activités économiques<br />

menace d’éroder la base fiscale<br />

constituée par les revenus du<br />

travail, qui ne pourront plus suffire<br />

à financer l’AVS – quitte à augmenter<br />

sans cesse le barème de la TVA et<br />

induire une chute considérable des<br />

dépenses de consommation des<br />

ménages à même de provoquer une<br />

nouvelle crise économique.<br />

Le micro-impôt sur les paiements<br />

sans espèces ne nuira pas à la<br />

place financière suisse, étant donné<br />

qu’il induira les institutions financières<br />

à réduire leurs activités spéculatives<br />

et à se focaliser sur les activités<br />

économiques visant à satisfaire<br />

les besoins de l’ensemble des parties<br />

prenantes. Cela permettra de<br />

réduire la fragilité financière dans<br />

l’ensemble de l’économie nationale,<br />

d’augmenter les profits des entreprises<br />

(y compris les banques) tout<br />

en assurant la maximisation de<br />

l’emploi ainsi que l’équilibre des<br />

finances publiques.<br />

Un micro-impôt renouvellera le<br />

système fiscal suisse de manière durable<br />

pour l’économie et la société,<br />

contribuant à augmenter la capacité<br />

d’achat des travailleurs et travailleuses,<br />

soutenant les activités économiques<br />

et permettant de financer<br />

les rentes de l’AVS à long terme.<br />

Signez l’initiative jusqu’au 5 novembre sur :<br />

mikrosteuer.ch/fr/


Droit au but !<br />

25<br />

Cher conseil juridique de <strong>syndicom</strong> :<br />

Je travaille dans la branche informatique à<br />

plein temps. Conformément à mon contrat<br />

de travail, mon lieu de travail se trouvait au<br />

siège de l’entreprise à Zurich avant que la<br />

pandémie n’éclate. Depuis le début de la<br />

crise du coronavirus, je travaille pour l’essentiel<br />

à domicile et ne dois que très rarement<br />

me rendre à Zurich. Cette situation<br />

me convient, car j’habite à la campagne et<br />

je devrais sinon effectuer trois heures de<br />

trajet par jour. Lorsque l’obligation de télétravailler<br />

a été partiellement levée, j’ai demandé<br />

à continuer à travailler à 100 % chez<br />

moi, vu que j’ai trois heures de trajet par<br />

jour. Mon bureau au siège de l’entreprise<br />

reste toutefois disponible. Entre-temps,<br />

j’ai reçu un nouveau contrat individuel de<br />

travail avec mon lieu de domicile comme<br />

lieu de travail et une réduction significative<br />

de salaire. Est-ce que cela est légalement<br />

autorisé ?<br />

Rien n’a changé dans le profil du poste.<br />

J’accomplis toujours le même travail<br />

qu’auparavant. L’employeur justifie l’adaptation<br />

salariale par une baisse de mes<br />

dépenses courantes depuis que je télétravaille<br />

car je peux par exemple prendre<br />

mon repas de midi chez moi et je n’ai plus<br />

besoin d’AG.<br />

En raison de mon télétravail, l’employeur<br />

économise toutefois les coûts liés à mon<br />

poste de travail et au siège de l’entreprise.<br />

Alors que de mon côté, je dépense plus,<br />

p. ex. pour la consommation d’électricité et<br />

les frais de téléphone. Cela s’oppose donc<br />

à une réduction du salaire.<br />

Réponse du service juridique :<br />

Oui. Si la situation économique ou de l’entreprise change,<br />

l’employeur peut adapter le contrat de travail en respectant<br />

le délai contractuel de résiliation du contrat de travail.<br />

Cette période d’avis de modification doit être respectée<br />

en vertu de la loi. Toutefois, d’un commun accord, les<br />

parties contractantes peuvent également mettre en œuvre<br />

les adaptations du contrat de travail avec effet immédiat.<br />

Cela a du sens en cas d’améliorations du contrat de travail.<br />

S’il est par contre péjoré, l’employé-e peut insister<br />

pour que le délai de résiliation soit respecté. La réduction<br />

du salaire dépend du règlement interne du personnel ou<br />

d’une éventuelle convention collective de travail en vigueur.<br />

S’il existe un règlement, l’employeur ne peut adapter<br />

le contrat que dans ces limites.<br />

En l’absence d’un règlement salarial, le montant du salaire<br />

est une pure question de négociation. L’employeur<br />

doit toutefois veiller à éviter une inégalité salariale des<br />

employé-e-s au sein de l’entreprise et à respecter l’égalité<br />

salariale entre femmes et hommes. Dans ton cas, l’employeur<br />

prétend que tu as des coûts de la vie moins élevés<br />

en travaillant à domicile plutôt qu’à Zurich. Il peut invoquer<br />

le salaire usuel local, qui est légalement autorisé<br />

s’il est factuellement et objectivement justifié.<br />

Tu travailles volontairement à 100 % à domicile. L’employeur<br />

continue de te mettre à disposition un poste de<br />

travail au siège de l’entreprise. C’est pourquoi il n’est pas<br />

tenu de te payer ces dépenses supplémentaires. Toutefois,<br />

elles n’incluent pas les frais que tu as pour l’exécution de<br />

ton travail. L’employeur doit par exemple te fournir<br />

l’infrastructure technique et payer tes cartouches<br />

d’imprimante.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/droitaubut


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

© Musée Historique Lausanne<br />

© Editions Slatkine<br />

Vos formations automnales<br />

Alors que le nouveau programme de<br />

cours Movendo pour l’année 2022<br />

sera annoncé le 12 octobre sur le<br />

site de l’institut – et il s’annonce<br />

riche en surprises – nous avons le<br />

plaisir de vous informer que de<br />

nombreuses formations sont encore<br />

disponibles jusqu’en fin d’année.<br />

Et nous vous en avons concocté une<br />

sélection pour cet automne :<br />

Rester en santé malgré des horaires<br />

de travail irréguliers<br />

25.10.2021<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

Le tableur Excel, les bases<br />

25.10-26.10.2021<br />

Yverdon-les-Bains, Synergic/<br />

Perform<br />

Renforcer la communication et la<br />

solidarité entre collègues<br />

26.10.2021<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

Améliorer sa rédaction de lettres et<br />

courriels<br />

02.11-23.11.2021<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

Parler en public : le débat<br />

8.11.2021<br />

Morges, Hôtel La Longeraie<br />

Pour rappel, en tant que membre de<br />

<strong>syndicom</strong>, vous avez le droit à un<br />

cours Movendo gratuit par année.<br />

Nous prenons en charge les frais de<br />

cours, de repas, de voyage en train et<br />

payons selon le cours les frais de<br />

nuitée. Vous bénéficiez aussi d’un<br />

prix de membre avantageux si vous<br />

souhaitez suivre plusieurs cours.<br />

Finalement, si vous vous engagez<br />

dans un organe de <strong>syndicom</strong>, il est<br />

possible de suivre plusieurs cours<br />

gratuitement.<br />

Robin Moret<br />

Une exposition retrace<br />

150 ans d’immigration<br />

italienne<br />

Avant de devenir un pays d’immigration,<br />

la Suisse était un pays d’émigration<br />

au XIX e siècle. Le flux migratoire<br />

s’est inversé à la fin de la<br />

Deuxième Guerre mondiale, et c’est<br />

alors, dès 1946, que des milliers de<br />

personnes sont venues en Suisse<br />

contribuer à son essor économique.<br />

Parmi elles, nombre d’Italiennes<br />

et d’Italiens font halte à Lausanne,<br />

le premier grand centre urbain sur<br />

les routes venant du Saint-Bernard<br />

et du Simplon. Confronté-e-s à la xénophobie<br />

d’une partie de la population<br />

et soumi-e-s à des conditions de<br />

travail très dures que leur impose le<br />

statut de saisonnier, les ressortissant-e-s<br />

vont pourtant durablement<br />

marquer notre façon de vivre.<br />

Actifs-ves dans les secteurs de la<br />

construction, de l’hôtellerie-restauration,<br />

du commerce et de l’industrie,<br />

les Italien-ne-s ont répandu<br />

l’italianità et impacté notre société<br />

également via l’alimentation, la musique,<br />

le cinéma, le sport et la<br />

langue. Leur contribution à la prospérité<br />

de la Suisse a été décisive et<br />

comme le rappelle un ouvrier italien<br />

à la retraite. « Si les ponts et les maisons<br />

pouvaient parler, ils le feraient<br />

en italien ! »<br />

L’ exposition « Losanna, Svizzera<br />

: 150 ans d’immigration italienne<br />

à Lausanne » rend un bel hommage<br />

à cette partie de notre histoire. A découvrir<br />

jusqu’au 9 janvier 2022 au<br />

Musée Historique de Lausanne.<br />

Marc Rezzonico<br />

Notre si précieuse intégrité<br />

numérique<br />

Installer une nouvelle application<br />

mobile nécessite généralement<br />

d’accepter plusieurs conditions<br />

d’utilisation telles qu’offrir un accès<br />

à nos photos, notre localisation, nos<br />

contacts, etc. En donnant notre accord,<br />

il est fréquent d’éprouver une<br />

forme de malaise. Pour cause, nous<br />

sommes conscient-e-s d’ouvrir la<br />

porte sur une quantité importante<br />

de données privées sans opposer la<br />

moindre résistance (et réticence).<br />

Si ces données sont aujourd’hui<br />

très prisées des GAFAM (Google,<br />

Apple, Facebook, Amazon et Microsoft),<br />

de nombreux autres acteurs<br />

du numérique ainsi que des Etats<br />

semblent également y vouer un intérêt<br />

de plus en plus important. Avec<br />

quels risques pour la protection des<br />

individus au travers de leurs vies numériques<br />

?<br />

Alexis Roussel, cofondateur et<br />

président du courtier en cryptomonnaies<br />

Bity, et le journaliste Grégoire<br />

Barbey, ont rédigé un « Plaidoyer<br />

pour une révolution humaniste » qui<br />

nous plonge dans l’économie de ces<br />

données personnelles et place la<br />

question de notre intégrité numérique<br />

au coeur des droits fondamentaux.<br />

Au même niveau que notre<br />

intégrité physique et morale.<br />

Invitant les citoyens et<br />

citoyennes à se soucier du contrôle<br />

de leur vie numérique, les auteurs<br />

prônent pour de nouvelles<br />

réflexions politiques sur la question<br />

de l’intégrité numérique.<br />

Marc Rezzonico<br />

Consultez l’ensemble du catalogue<br />

Movendo sur movendo.ch/fr/ereignis<br />

Plus d’informations sur l’exposition :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/Huvdm<br />

Pour se procurer le livre aux éditions<br />

Slatkine : <strong>syndicom</strong>.ch/tBbwA


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements 15 000 personnes ont défilé à Berne contre les baisses de rentes /<br />

Assemblée suprarégionale des coursier-ère-s à vélo à Berne /<br />

La campagne téléphonique nationale pour l’élection au CP Poste bat son plein /<br />

Rencontre des indépendant-e-s à Zurich / Parapluies <strong>syndicom</strong> à la pétanque<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4


1-4. 15 000 personnes se sont rassemblées sur la place Fédérale le 18 septembre à Berne pour dénoncer les attaques sur les retraites et<br />

la révision de l’AVS sur le dos des femmes. (© Yoshiko Kusano)<br />

5. Organisée par le comité de branche, la 3 e assemblée suprarégionale des coursiers et coursières à vélo s’est tenue le 25 septembre à Berne.<br />

L’occasion de discuter des conditions de travail de la branche au travers de workshops thématiques. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

6. Une campagne téléphonique d’envergure se déroule dans toutes les régions pour les élections du conseil de fondation de la caisse de pensions de<br />

La Poste. Ici à Berne, un participant contacte des membres afin de présenter et promouvoir la liste <strong>syndicom</strong>. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

7. Après avoir dû reporter l’évènement en 2020 et 2021 en raison de la pandémie, la journée des indépendant-e-s a pu être organisée à Zurich fin<br />

septembre autour du thème « Les relations publiques sont-elles la seule chance ? ». (© Markus Forte)<br />

8. Le Club de pétanque de Genève pourra désormais jouer à l’abri des intempéries grâce aux parapluies <strong>syndicom</strong>. (© Yannick Cornu)<br />

29<br />

5<br />

6<br />

7<br />

8


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

« Ma réalité quotidienne est au cœur de<br />

ma position artistique militante. »<br />

Nistiman Erdede est né en 1979 en Turquie,<br />

dans la partie nord de la région<br />

kurde. Avant de se réfugier en Suisse<br />

en 2008, il a exercé à l’hôpital municipal<br />

de Dyarbakir en tant qu’analyste de<br />

laboratoire médical. Il travaillait aussi<br />

pour divers médias et ONG étrangères.<br />

En raison de cette activité, il a été<br />

arrêté à plusieurs reprises. C’est aussi<br />

pourquoi il s’est ensuite enfui vers la<br />

Suisse, où il a attendu six ans avant de<br />

recevoir une décision positive en matière<br />

d’asyle. Pendant ce temps, grâce<br />

au soutien de fondations privées, il a<br />

pu commencer un bachelor à la Haute<br />

école d’art de Zurich, achevé avec succès<br />

en 2016. Nistiman vit et travaille à<br />

Zurich comme artiste, journaliste radio<br />

et concepteur de textes. Depuis 2016,<br />

il est membre de <strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Idris Djelid<br />

Image : Patrick Gutenberg<br />

« Je traite mon vécu<br />

au travers de l’art. »<br />

« J’ai achevé une formation de technicien<br />

chimiste, accumulé de l’expérience<br />

comme laborantin médical,<br />

obtenu un diplôme et un stage dans<br />

la médiation culturelle et je ne trouve<br />

pourtant aucun emploi. J’ai l’impression<br />

que de nombreux employeurs<br />

sont très réticents à engager des réfugié-e-s.<br />

Un grand nombre de personnes<br />

réfugiées très qualifiées ont<br />

de mauvaises perspectives sur le<br />

marché du travail en Suisse. Pour<br />

commencer, un diplôme étranger<br />

n’est souvent pas reconnu en Suisse.<br />

Malheureusement, la Suisse se prive<br />

ainsi d’un fort potentiel. La langue<br />

constitue elle aussi un gros obstacle.<br />

Dans mon cas, j’ai eu la chance de<br />

pouvoir suivre plusieurs cours<br />

d’allemand grâce à la Croix-Rouge et<br />

plusieurs fondations.<br />

Après mon arrivée en Suisse,<br />

j’ai vite réalisé que je n’aurais guère<br />

l’opportunité de travailler à nouveau<br />

comme laborantin médical. Les événements<br />

subis dans mon pays et l’expérience<br />

de l’asile m’ont alors amené<br />

à traiter mon vécu dans l’art. C’est<br />

ainsi que j’ai achevé avec succès des<br />

études d’art. Les thèmes de la migration,<br />

de l’intégration, du racisme et<br />

de la décolonisation entourent mes<br />

activités et créations artistiques.<br />

Actuellement, je travaille au projet<br />

d’exposition « Fractured Spine –<br />

Widerstand durch Sichtbarkeit von<br />

Zensur in Journalismus & Kunst »<br />

(La résistance par la visibilité de la<br />

censure dans le journalisme et l’art)<br />

pour l’association Migrart. Ce projet<br />

est censé montrer comment les artistes<br />

expriment des formes spécifiques<br />

de résistance dans le domaine<br />

de l’art. Les œuvres que je souhaite<br />

présenter visent à illustrer le thème<br />

des droits de l’homme, du droit à la<br />

liberté d’expression et de sa violation<br />

par la répression étatique.<br />

Je considère que l’exposition<br />

d’œuvres qui confrontent des réalités<br />

contraires aux droits humains<br />

avec des moyens et stratégies artistiques<br />

contribue grandement à la<br />

discussion. En temps de crise notamment,<br />

les conflits autour des droits<br />

humains en vigueur prennent de<br />

l’ampleur. Par exemple, le soutien<br />

financier de la Suisse à l’agence européenne<br />

de garde-frontières et de<br />

garde-côtes Frontex, qui refoule de<br />

manière illégale des migrant-e-s en<br />

mer Egée. Ou le non-respect des<br />

mesures COVID au sein des centres<br />

d’hébergement pour requérant-e-s<br />

d’asile. Ces conflits ébranlent<br />

l’image de la Suisse en tant que pays<br />

des droits de l’homme.<br />

Les différentes crises et mes expériences<br />

m’ont non seulement beaucoup<br />

appris, elles m’ont aussi permis<br />

de développer une attitude créative.<br />

Ma réalité quotidienne est le point<br />

de départ de mon engagement et se<br />

trouve au cœur de ma position artistique<br />

militante. Je souhaite représenter<br />

cette position dans ce projet d’exposition,<br />

qui se tiendra du 28 octobre<br />

au 17 novembre au Photobastei à<br />

Zurich – sauf si je dois à nouveau la<br />

repousser en raison de la pandémie. »<br />

L’exposition : migrart.ch/fractured-spine<br />

Site personnel de Nistiman : nistiman.ch


Mots-croisés Impressum Syndicom septembre 2021 SPECIAL 8 LIGNES<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

9 8 2 11<br />

4<br />

12 10<br />

om septembre 2021 SPECIAL 8 LIGNES<br />

1 13<br />

3<br />

Horizontalement : I. Conserve. Taxe.<br />

Personne. II. Descendre. Glandu. Ça roule. III.<br />

Vieux bloc. Parfois noble. IV. Exclut. Existe.<br />

Programme de base. V. Unité du talion.<br />

Médaille de bronze. VI. Canal salé. Portion.<br />

Chef de guerre. VII. Voie. Exécutent. Trois.<br />

VIII. Indemnité du légionnaire. Pour<br />

l'accostage.<br />

Verticalement : 1. Travailleurs des marais. 2.<br />

Cours d'Espagne. Abattit. 3. Pelle de saunier.<br />

Bile. 4. Demi-sommeil. 5. Jeté par SMS. Carton<br />

rouge. 6. Bordure. Babylonienne. 7. Gemme<br />

suisse. Eurêka. 8. Tenu hors du Styx. 9. Bon<br />

gras. Les Petite mots formule. croisés10. Sociable. 11. Branché.<br />

12. Charme. 13. Identifiant. Plus petit qu'un<br />

VII<br />

4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

7 5<br />

Mots-croisés Syndicom septembre 2021 SPECIAL 8 LIGNES Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

VIII<br />

DÉFINITIONS<br />

orchestre. 14. Vaste projet. 15. Atome. Grivois.<br />

6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

6<br />

LIGNES<br />

Rédaction : Robin Moret et Giovanni Valerio<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale, et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser et 3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 case postale, 3001 Berne<br />

Gabriele Alleva<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Mot Illustrations, mystère : dessins de portrait : Katja Leudolph Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Images sans © : mises à disposition<br />

1 2 3 4 5 6<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

7 8 9 10 11 12 13 14<br />

Le numéro 26 paraîtra le 26 novembre 2021.<br />

15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 18 octobre 2021.<br />

DÉFINITIONS<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra<br />

une Hotelcard. Prière d’envoyer votre<br />

solution (le mot-mystère seulement)<br />

Horizontalement : I. Conserve. Taxe.<br />

Personne. II. Descendre. Glandu. Ça roule. III.<br />

8 Mot mystère : 2 11<br />

Vieux bloc. Parfois noble. IV. Exclut. Existe. jusqu’au 1er novembre à Rédaction <strong>syndicom</strong>,<br />

Monbijoustrasse 33, case pos-<br />

1 2 3 4 5 Programme 6 7 8 de base. 9 10 V. Unité 11 du 12 talion. 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

Médaille de bronze. VI. Canal salé. Portion.<br />

13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

tale, 3001 Berne.<br />

Chef de guerre. VII. Voie. Exécutent. Trois.<br />

10<br />

VIII. Indemnité du légionnaire. Pour<br />

DÉFINITIONS<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

DÉFINITIONS<br />

l'accostage.<br />

La solution du mots croisés du<br />

15<br />

Horizontalement : I. Conserve. Taxe.<br />

I<br />

<strong>magazine</strong><br />

Horizontalement : I. Conserve. Taxe. Verticalement : 1. Travailleurs des marais. 2. Personne.<br />

<strong>syndicom</strong><br />

II. Descendre.<br />

n° 24<br />

Glandu.<br />

était<br />

Ça roule. III.<br />

9 8 2 11<br />

Personne. II. Descendre. Glandu. Ça roule. III. Cours d'Espagne. Abattit. 3. Pelle de saunier. «<br />

3<br />

Vieux TREIZIEME bloc. AVS Parfois ». noble. IV. Exclut. Existe.<br />

Vieux II bloc. Parfois noble. IV. Exclut. Existe. Bile. 4. Demi-sommeil. 5. Jeté par SMS. Carton Le Programme gagnant est de Monsieur base. V. Claude- Unité du talion.<br />

4<br />

Programme de base. V. Unité du talion. rouge. 6. Bordure. Babylonienne. 7. Gemme<br />

1 13<br />

Bernard Médaille Saudan de bronze. à St-Pierre-de-Clages.<br />

VI. Canal salé. Portion.<br />

Médaille III de bronze. VI. Canal salé. Portion. suisse. Eurêka. 8. Tenu hors du Styx. 9. Bon<br />

Il Chef recevra de un guerre. bon d’une VII. Voie. valeur Exécutent. de 40 CHF Trois.<br />

Chef de 12 guerre. VII. Voie. Exécutent. Trois. gras. Petite formule. 10. Sociable. 1011. Branché. VIII. Indemnité du légionnaire. Pour<br />

5<br />

VIII. Indemnité du légionnaire. Pour 12. Charme. 13. Identifiant. Plus petit qu'un chez notre partenaire Coop.<br />

IV<br />

l'accostage.<br />

l'accostage.<br />

orchestre. 14. Vaste projet. 15. Atome. Grivois. Chaleureuses félicitations !<br />

6<br />

Verticalement : 1. Travailleurs des marais. 2.<br />

Verticalement V : 1. Travailleurs des marais. 2.<br />

3<br />

Cours d'Espagne. Abattit. 3. Pelle de saunier.<br />

Cours d'Espagne. Abattit. 3. Pelle de saunier.<br />

Annonce<br />

Bile. 4. Demi-sommeil. 5. Jeté par SMS. Carton<br />

Bile. VI 4. Demi-sommeil. 5. Jeté par SMS. Carton<br />

rouge. 6. Bordure. Babylonienne. 7. Gemme<br />

rouge. 6. Bordure. Babylonienne. 7. Gemme<br />

1 13<br />

suisse. Eurêka. 8. Tenu hors du Styx. 9. Bon<br />

suisse. Eurêka. 8. Tenu hors du Styx. 9. Bon<br />

VII<br />

gras. Petite formule. 10. Sociable. 11. Branché.<br />

gras. Petite formule. 10. Sociable. 11. Branché.<br />

5<br />

7 5<br />

12. Charme. 13. Identifiant. Plus petit qu'un<br />

12. Charme. 13. Identifiant. Plus petit qu'un<br />

orchestre. VIII Réduction 14. Vaste projet. 15. Atome. de Grivois. primes et rabais attractifs orchestre. à la KPT 14. Vaste projet. 15. Atome. Grivois.<br />

6<br />

31<br />

Bonne nouvelle! En 2022, les assurés<br />

de la KPT verront leurs primes de<br />

l’assurance de base baisser de plus<br />

de 3 % en moyenne par rapport aux<br />

tarifs actuels. Pour ce faire, la caissemaladie<br />

organisée en coopérative<br />

fait usage de ses réserves et augmente<br />

les rabais.<br />

Mais ce n’est pas tout. En tant que<br />

membre de <strong>syndicom</strong>, les membres<br />

de votre famille et vous-même bénéficiez<br />

d’autres avantages.<br />

Rabais collectif: vous profitez de<br />

10 % de rabais sur les complémentaires,<br />

à savoir l’assurance des soins<br />

et l’assurance Natura, et de 5 % sur<br />

les assurances des frais d’hospitalisation.<br />

Toujours plus d’économies: si vous<br />

utilisez le portail clients KPTnet, vous<br />

bénéficiez d’un rabais online de 5 %<br />

sur les assurances complémentaires.<br />

De plus, la KPT vous octroie<br />

un rabais de fidélité de 6,7 % si vous<br />

souscrivez une assurance des soins<br />

ou des frais d’hospitalisation pour<br />

une durée de trois ans.<br />

Jusqu’à 600 francs avec ActivePlus:<br />

avec les assurances complémentaires<br />

des frais d’hospitalisation et des soins<br />

Comfort, nous vous offrons jusqu’à<br />

600 francs par an pour soutenir les<br />

comportements sains et préventifs.<br />

La KPT verse des contributions pour<br />

votre abonnement fitness, votre<br />

conseil diététique et bien plus encore.<br />

Cela vous intéresse?<br />

Contactez-nous pour un entretien<br />

de conseil individuel<br />

(kollektiv@kpt.ch / 058 310 91 11)<br />

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32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Humanrights.ch<br />

@humanrightsCH<br />

Grand jour pour une politique de la paix<br />

crédible : le National ne veut pas d’exceptions<br />

pour les exportations d’armes vers<br />

les pays en guerre civile !<br />

L’initiative correctrice a été retirée.<br />

humanrights.ch/fr/pfi/initiativesparlement/initiative-correctrice/<br />

Combattre les inégalités @UNI_Europa<br />

<br />

Notre nouvelle analyse montre que lorsque les<br />

travailleurs ont le droit de négocier collectivement,<br />

les sociétés sont plus cohésives et les démocraties<br />

plus saines. Plus d’infos t.co/U0KnikqTvs<br />

Podcast Les métiers du futur » (sur Spotify)<br />

Que dit Virginie ? » (sur Spotify)<br />

Prends une pause, souffle un peu,<br />

récupère : c’est fondamentale pour<br />

garder la tête sur les épaules quand<br />

on roule toute la journée et transporte<br />

des colis lourds. Mais une<br />

pause est-elle obligatoire ? Et garantie<br />

? Virginie vous répond... Le dernier<br />

épisode de notre podcast pour le<br />

personnel de livraison est disponible<br />

maitenant sur <strong>syndicom</strong>.ch/vFNoR.<br />

Partez à la rencontre de cadres, entrepreneurs et<br />

chercheurs qui créent des emplois. Ils partageront leurs<br />

expériences et vision de l’avenir, et vous amèneront à<br />

découvrir des secteurs innovants en pleine croissance.<br />

75 ans d’aide humanitaire en Suisse<br />

En 75 ans, la Chaîne du Bonheur est devenue l’une<br />

des principales sources de financement de l’aide<br />

humanitaire en Suisse en récoltant presque 2 milliards<br />

de francs. Rétrospective : <strong>syndicom</strong>.ch/4MnHc<br />

Sommet sur les systèmes alimentaires<br />

@publiceye_ch<br />

Au lieu de se tourner vers les entreprises mondiales<br />

pour résoudre la crise croissante de la faim et de<br />

la malnutrition, l’ONU et les gouvernements nationaux doivent<br />

mettre fin à la capture de l’alimentation par les entreprises et<br />

promouvoir une transition vers l’agroécologie.<br />

twitter.com/publiceye_ch<br />

#Hungry4Change #OurFoodSystems #UNFSS2021<br />

Documentaire sur les 50 ans de Greeenpeace<br />

En un demi-siècle, Greenpeace est devenue<br />

l’un des organisations majeures de la préservation<br />

de l’environnement et de la biodiversité.<br />

Comment doit-elle désormais se réinventer ?<br />

Quels défis doit-elle relever ? A voir sur arte.tv<br />

Académies suisses des sciences :<br />

communiquer (mieux) @academies_ch<br />

Les chercheurs doivent être formés à la communication<br />

scientifique. Et les journalistes mieux payés, notamment<br />

les indépendants. <strong>syndicom</strong>.ch/ORZ8q<br />

Tout le monde à bord pour un<br />

avenir plus équitable, plus vert et<br />

numérique ! @etuc_ces<br />

La Confédération européenne des<br />

syndicats appelle à un #Peoples­<br />

Recovery : ne pas revenir en arrière,<br />

mais construire un avenir numérique,<br />

socialement plus juste et respectueux<br />

du climat ! Plus d’informations<br />

sur <strong>syndicom</strong>.ch/Vryme<br />

Coopération suisse au développement<br />

@SwissDevCoop<br />

Plus de 30 villes du département de Santa Cruz en<br />

Bolivie s’unissent à la lutte contre la violence à<br />

l’encontre des femmes ! Merci à Swedish International<br />

Development Agency Sida (sida.se) et à l’Ambassade<br />

de Suisse en Bolivie (@EmbajadaSuizaLaPaz) qui ont<br />

permis à cette initiative de voir le jour. solidar.ch<br />

L’apprentissage à vie @ILO_SKILLS<br />

Le rôle des compétences et de<br />

l’apprentissage tout au long de la vie<br />

est essentiel pour sortir de la crise du<br />

COVID-19 avec un modèle centré sur<br />

l’humain. @ILO_SKILLS favorise l’emploi<br />

et l’accès à des emplois décents.

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