CP_GAZETTE_VIGNE_DOMAINE_FORGET_CHEMIN (1)

Des nouvelles de vos vignes
04
DOSSIER
«Tant que
le raisin n’est
pas dans la
cuve, on est
sûr de rien !»
Vos chardonnays prêts à être pressés.
Thierry Forget,
du Domaine Forget-Chemin
Stade numéro 3 : la fermeture de la grappe
Au fil des semaines, les baies vont se développer et
grossir jusqu’à atteindre le stade de fermeture de
la grappe. Cela signifie que les baies ont une taille
suffisante pour se toucher. Une fois ce stade atteint,
la grappe est plus vigoureuse et moins en danger face
aux champignons.
Stade numéro 4 : la véraison
Ce stade correspond au changement de couleur des
baies. Elles perdent leur couleur verte herbacée et se
teintent d’une jolie couleur violacée pour les raisins
rouges, quant aux blancs, comme vos chardonnays, la
peau devient plus fine et vire au jaune translucide.
Le mildiou met la pression !
Si vous avez déjà cultivé un potager, vous avez
certainement entendu parler du mildiou. Pour les
autres, petite séance de rattrapage ! Le mildiou est
un vilain champignon qui attaque vigoureusement
certains types de plantes tels que les pommes de terre,
les tomates mais aussi la vigne. Il est transporté par
la pluie et adore l’humidité, c’est d’ailleurs pour cela
qu’une grande partie des travaux viticoles (palissage,
effeuillage, rognage) consiste à aérer les vignes.
Cette année, en Champagne, entre les pluies à
répétition et les brèves périodes d’ensoleillement,
toutes les conditions climatiques étaient réunies
pour que le mildiou prolifère à «vitesse grand V» et le
vignoble du domaine Forget-Chemin a subi l’attaque la
plus violente depuis de nombreuses années entraînant
la perte de la moitié de la récolte. Les premiers
symptômes sont apparus dès les premières pluies :
tâches jaunes sur les feuilles et le brunissement des
grains. Thierry conduit les vignes de votre parcelle selon
les règles de l’agriculture biologique, alors pour lutter,
il utilise le traitement autorisé par le label, à base de
cuivre. C’est un traitement préventif organique qui agit
comme fongicide contre les champignons et empêche
la propagation. Il est autorisé car il n’est pas absorbé
par la vigne : c’est ce que l’on appelle un produit «de
contact», lessivé à chaque fois qu’il pleut. Si d’habitude,
ce traitement est suffisant, cette année la pression était
tellement forte que Thierry a dû se résoudre à aller plus
loin, en utilisant des produits capables de résister à la
pluie tels que des produits «bio contrôle», qui pénètrent
dans les vignes. Il a également appliqué du talc sur les
vignes, un soin naturel capable de limiter l’humidité.
«Le talc assèche la grappe et crée un environnement
défavorable aux champignons pour éviter qu’ils se
propagent», précise Thierry.
Malgré tous ces efforts, le mildiou a entraîné
plus de 80% de pertes sur certaines parcelles et
malheureusement, votre parcelle d’adoption n’a pas
été épargnée.
Les vendanges
Qui dit fin de l’été, dit vendanges ! Le défi du vigneron
est d’évaluer la parfaite maturité des raisins pour
définir la date idéale des vendanges. Pour cela, Thierry
a redoublé d’attention et d’analyse afin de contrôler
deux types de maturité :
La maturité technologique : elle correspond à la
mesure de la teneur en sucre et de l’acidité totale des
raisins. Le sucre va définir le degré d’alcool potentiel du
vin, car, rappelons-le, c’est lui qui sera transformé en
alcool durant la vinification.
La maturité aromatique : les arômes sont indépendants
de la maturité technologique et se forment parfois à une
vitesse différente. Votre vigneron doit veiller à récolter
les raisins lorsque les arômes sont bien développés.
Si l’équipe utilise des outils pour les analyses, rien ne
vaut le palais du vigneron. Lors de la dégustation, si
Thierry trouve que le goût est bien équilibré et qu’il ne
ressent pas trop d’amertume ni d’astringence, alors les
vendanges peuvent commencer !
Au domaine Forget-Chemin, les vendanges durent
environ 10 jours pendant lesquels une trentaine de
vendangeurs récoltent manuellement les grappes des
14 hectares de vignes !
Les raisins sont disposés dans un petit panier d’environ
3 kg, puis transvasés dans de plus grosses caisses
de 42 kg. Pour éviter les blessures, la consigne est
d’agripper la grappe d’une main, de couper la queue
avec l’autre et de toujours garder une distance de deux
mètres entre chaque vendangeur.
Au domaine, c’est l’effervescence et la course contre
la montre, il faut aller vite pour récolter le raisin à
parfaite maturité et l’emmener rapidement au pressoir
avant qu’il ne flétrisse et se ramolisse. Chaque minute
compte, car dès que le raisin n’est plus sur la vigne,
il s’abîme très rapidement. En Champagne, l’enjeu est
d’autant plus important que deux des trois cépages
utilisés sont des raisins noirs (le pinot noir et le pinot
meunier). Pour obtenir de ceux-ci un jus blanc, il faut à
tout prix éviter que la couleur de la peau n’ait le temps
de migrer dans le jus ! Durant les vendanges, le pressoir
tourne jusqu’à 23h de façon à ce que les raisins soient
pressés dans la journée.
Après 10 jours de travail acharné, Thierry et toute
l’équipe peuvent souffler et se retrouver pour le
cochelet, la fête traditionnelle de fin des vendanges
qui signe la fin d’une année de labeur et le début d’un
nouveau cycle.
Pour les vignes, épuisées d’avoir produit tout ce raisin,
c’est l’heure du repos végétatif, elles entrent en phase
de dormance. En revanche, pour Thierry, c’est l’heure
du bilan ! La qualité des baies est-elle au rendez-vous ?
Leur état sanitaire est-il bon ? La quantité de raisin et
de jus est-elle satisfaisante ? Toutes ces réponses seront
nécessaires pour estimer la réussite du millésime 2021.
Encore un peu de patience, vous saurez tout, dans votre
prochaine rétrospective !