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OCTOBRE 2021 | N° 97 PAGE 67 Le cahier techno de CB NEWS AdTechNEWS avec le L 14036 - 97 - F: 12,00 € - RD LA GRANDE INTERVIEW CATHY COLLART GEIGER (PICARD) SPÉCIAL FOOD LE PLAISIR AVANT TOUT WWW.CBNEWS.FR
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OCTOBRE 2021 | N° 97<br />
PAGE 67<br />
Le cahier techno<br />
de CB NEWS<br />
AdTechNEWS<br />
avec le<br />
L 14036 - 97 - F: 12,00 € - RD<br />
LA GRANDE<br />
INTERVIEW<br />
CATHY<br />
COLLART GEIGER<br />
(PICARD)<br />
SPÉCIAL FOOD<br />
LE PLAISIR AVANT TOUT<br />
WWW.CBNEWS.FR
OCTOBRE 2021 | N° 97<br />
?VOUS<br />
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(1) Source étude Iligo, juin 2021.<br />
La Poste – SA au capital de 5 364 851 364 € – 356 000 000 RCS Paris<br />
Siège social : 9, rue du Colonel-Pierre-Avia, 75015 Paris – 07/2021 –
Éditorial<br />
OCTOBRE / N°97<br />
TOUR<br />
DE TAILLE<br />
A<br />
utant vous prévenir tout de<br />
suite, ce numéro risque de vous<br />
donner faim. Ce n’est pas seulement<br />
la qualité des articles<br />
qui vont vous mettre en appétit,<br />
non, ce sont les sujets et le<br />
contete. Le retour du plaisir, la<br />
rétro nostalgie sont des thèmes qui éveillent<br />
les sens et stimulent les papilles. L’auteur de<br />
ces lignes peut en témoigner, lui qui a probablement<br />
encore pris quelques centaines<br />
de grammes après avoir relu l’ensemble des<br />
articles… C’est que la période est à l’envie de<br />
bonnes choses, au retour au mets simples,<br />
voire à la gourmandise. Dihuit mois de crise<br />
sanitaire ont ébranlé bien des piliers de notre<br />
société sans les briser toutefois et parmi<br />
ceuci, notre rapport à la nourriture.<br />
Normal. Pendant les confinements plus ou<br />
moins stricts, il a fallu compenser l’absence de<br />
mouvements, le déficit de rencontre et pour<br />
cela, la bouffe reste un élément déterminant.<br />
Qu’il s’agisse de la préparation des petits plats<br />
ou de la convivialité de la table, la nourriture<br />
a repris une place centrale dans nos vies. Et<br />
les règles et interdits que nous nous imposons<br />
depuis des années pour sauver aussi bien la<br />
planète que notre santé ou notre tour de taille<br />
ont soudain pris une importance beaucoup<br />
plus relative. Disonsle, nous nous sommes<br />
laissés aller en ajoutant une pincée de nostalgie<br />
que ce soit dans les plats où leurs contenants<br />
comme les pots en verre, naturellement<br />
durables et recyclables, qui reviennent dans<br />
la cuisine.<br />
Ces petits retours en arrière ne signifient<br />
pas un renoncement définitif à tout progrès.<br />
Sans même parler des biotechs qui concoctent<br />
toutes sortes de produits sans viande, lait,<br />
gluten et autres substances supposément nocives,<br />
un distributeur comme Picard passe son<br />
temps à inventer de nouvelles recettes. C’est<br />
ce que nous dit Cathy Collart Geiger qui a pris<br />
les commandes du roi du surgelé en pleine<br />
crise du Covid, et qui s’applique à le réveiller<br />
après quelques années sans relief. La reprise<br />
est aidée par l’importance qu’a pris le congélateur<br />
pendant les confinements mais aussi<br />
par l’envie revenue de cuisiner. C’est ainsi<br />
qu’à cté des apéros tout faits et des moelleu<br />
au chocolat, la marque écoule tonnes de<br />
haricots verts par jour car il n’est plus temps<br />
de les préparer.<br />
Ce temps, qui s’est distordu au cours de ces<br />
derniers mois, nous voulons désormais le<br />
consacrer au plaisirs de la table. C’est certainement<br />
la tendance la plus forte du moment.<br />
L’envie, non pas d’oublier, mais de revivre et<br />
de reprendre des forces. Différemment, avec<br />
une conscience accrue de notre fragilité, et<br />
avec détermination et gourmandise. Nous en<br />
parlerons lors de la 7 e édition du Food Morning<br />
dont le thème cette année est Culture<br />
Plaisir. Un délicieu programme pour un avenir<br />
appétissant.<br />
FRÉDÉRIC ROY<br />
CB NEWS . 4 . OCTOBRE 2021
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Sommaire<br />
OCTOBRE / N°97<br />
STARTERS<br />
10<br />
LES NEWS DE CB<br />
Ça mousse porte de Versailles,<br />
100 bouteilles dans sa cave, les<br />
amoureux de la chair, des bulles<br />
et du lait, un paleron en or, ,<br />
Emmanuel et les chefs.<br />
14 Tribunes<br />
EMBALLÉ PAR LE VRAC !<br />
Laurence Bethines de<br />
CBA Design France.<br />
CE QUI COMPTE, C'EST L'ASSIETTE<br />
Gwenaëlle Lettermann, de Lactalis<br />
fromages et Président.<br />
18<br />
MOT POUR MOT<br />
Un nouveau deal.<br />
Par Yves Siméon, de Reload.<br />
20<br />
TWITTERVIEW<br />
Laurent Mariotte, de TF1,<br />
Europe 1…<br />
22<br />
PROFIL CB<br />
Naoëlle d'Hainaut, cheffe de<br />
Ernest et de L'Or Q'Idée.<br />
24<br />
BUREAU DE TRAVAIL<br />
Yann Bucaille Lanzérac,<br />
de Café Joyeux.<br />
44<br />
24<br />
Cathy Collart Geiger,<br />
la présidente de<br />
Picard, répond à nos<br />
questions dans la<br />
Grande Interview.<br />
LA GRANDE<br />
INTERVIEW<br />
24<br />
RENDRE NOTRE MARQUE<br />
INCONTOURNABLE DANS LA<br />
CUISINE DES FRANÇAIS<br />
Présidente de Picard, Cathy<br />
Collart Geiger, nous explique le<br />
développement de l'enseigne pour<br />
rester une des marques préférées<br />
des Français.<br />
34 / INFOGRAPHIE EN CUISINE<br />
Les équipements électroménagers<br />
en chiffres.<br />
36<br />
LA COVER<br />
STORY<br />
FOOD : LE PLAISIR (ENFIN)<br />
À TOUTES LES SAUCES<br />
La gourmandise et le plaisir<br />
reviennent sur la carte du menu<br />
post-covid. Exit les frustrations<br />
alimentaires !<br />
42 / “ LE GOÛT ET LE PLAISIR<br />
REVIENNENT EN FORCE ”<br />
La sélecte enseigne de la rive<br />
gauche défend son positionnement.<br />
Interview de Laurent Tregaro, de La<br />
Grande Épicerie de Paris.<br />
44 / LA CUISINE À L'ANCIENNE A<br />
DE L'AVENIR<br />
Super équipés pour le fait maison:<br />
c'est la grande tendance de nos<br />
cuisines.<br />
46 / “ CE GOÛT, C'ÉTAIT CELUI DU<br />
PETIT MORCEAU DE MADELEINE… ”<br />
Retour aux plats de tradition et<br />
populaires, aux recettes de grandmère<br />
et aux saveurs d'enfance.<br />
48 / LA VIANDE RÉINCARNÉE<br />
Des biotechs déjà proposent une<br />
vraie-fausse viande, à point.<br />
50 / LES NOUVELLES ÉTOILES DE<br />
LA VOIE LIKÉE<br />
Les grands chefs doivent être<br />
présents sur les réseaux sociaux<br />
pour exister.<br />
CB NEWS . 6 . OCTOBRE 2021
M6 PUBLICITÉ,<br />
ÉLUE RÉGIE DE L’ANNÉE 2021<br />
PAR LES ANNONCEURS<br />
UNE RÉGIE QUI SE REMARQUE<br />
Un écran<br />
MERCI<br />
*SOURCE : GRAND PRIX DES MÉDIAS CB NEWS 2021
Sommaire<br />
OCTOBRE / N° 97<br />
BUSINESS<br />
54 / RETAIL MEDIA. INFINITY<br />
ET AU-DELÀ<br />
La société commune de Casino<br />
et d'Intermarché propose une<br />
nouvelle offre.<br />
56 / EXTENSION DU DOMAINE<br />
DE L'ASSIETTE<br />
Au onde , au Figaro , aux<br />
Échos – Le Parisien , la question<br />
Food est devenue centrale.<br />
60 / SUPPLÉMENTS, HORS-<br />
SÉRIES, LES VINS TOURNENT<br />
LA PAGE<br />
Le onde et le Figaro repensent<br />
leur façon de raconter les vins.<br />
62 / “ LE SEUL FONDAMENTAL<br />
QUI N'A PAS ÉTÉ TOUCHÉ, C'EST<br />
L'ALIMENTAIRE ”<br />
Dialogue avec athieu<br />
orgensztern de WPP France et<br />
Virgile Brodziak, de Wunderman<br />
Thompson Paris.<br />
64 / “ LA RELANCE N'EST<br />
PAS AUSSI FORTE DANS<br />
NOTRE MÉTIER ”<br />
Le thème des 15 e Rencontres de<br />
lUdecam était Ensemble pour<br />
la relance .<br />
ADTECHNEWS<br />
67<br />
CAHIER SPÉCIAL AD TECH<br />
EN COLLABORATION AVEC<br />
LE “ JDN ”.<br />
69/ ÉDITO | BAROMÈTRE<br />
Le baromètre du programmatique<br />
Adtech News–BO edia– en<br />
juillet-août 2021.<br />
70/ HOT OR NOT | OPINION<br />
oogle fait marche arrière, FLoC<br />
manque de reach, Unified ID . à<br />
l'arrêt. La Web Push Notification apr<br />
Aurore Goxe de Adrenalead.<br />
46<br />
Retour aux plats<br />
de tradition : les<br />
œufs mayonnaise<br />
“ Champions du<br />
monde ”, au Bouillon<br />
Pigalle, à Paris.<br />
72/ CONNECTED TV, DES<br />
AUDIENCES PAS AU RENDEZ-VOUS<br />
Cette technologie peine à s’imposer<br />
dans l’Heagone. auvaise<br />
réception, TV pas très smart… <br />
Eplications.<br />
76/ TUTO SCANNÉ<br />
Le Private Identifier for Advertisers<br />
Pifa), le contrepied du C.<br />
77/ FIRST VIEW<br />
Omer Waysman (Danone) revient<br />
sur les services DTOC.<br />
78/ START ME UP<br />
TY, le Criteo des petits et<br />
moyens e-commercants.<br />
Ça vient de sortir et ça va arriver…<br />
Une nouvelle ligne de revenus<br />
pour la publicité.<br />
RE-CRÉATION<br />
80<br />
LE HIT DU MOIS<br />
Les meilleures campagnes<br />
de septembre.<br />
88<br />
92<br />
94<br />
96<br />
98<br />
44<br />
JOE LA POMPE<br />
Bons crus de copies de<br />
notre reporter masqué.<br />
EN MARGE<br />
Les inspirations du moment<br />
d'Antoine Colin, codirecteur<br />
de la création à ullenLoe<br />
France. Particulier.<br />
CULTURE GRAPHISME<br />
Des photos de artin Parr<br />
et leurs doubles dans un seul<br />
livre. Par Artazart.<br />
CULTURE PRINT<br />
Coursiers en roue libre.<br />
Par Joe La Pompe.<br />
PROFIL MOBILE<br />
Les applis préférées de<br />
Frédéric Henry, de FH Com.<br />
4 bis, rue de la Pyramide.<br />
92643 Boulogne-Billancourt Cedex.<br />
www.cbnews.fr.<br />
CB News est édité par CB Media.<br />
SAS au capital de 135 683 €<br />
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Directeur de la rédaction et<br />
rédacteur en chef : Frédéric Roy<br />
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Édition : Bertrand Gauthey (51 01).<br />
Directrice artistique : Aida de Miguel.<br />
Conception graphique : Mediamania<br />
(Claude Maggiori et Anne Maggiori).<br />
Directeur de CB Expert : Emmanuel<br />
Charonnat. Responsable de<br />
production : Solen Bertemont (51 17).<br />
Ont collaboré à ce numéro : Éric<br />
Legouhy, photographe. Patrick<br />
Cappelli, Catherine Jazdzewski, David<br />
Medioni, Sophie Stadler, rédacteurs. Et<br />
notre reporter masqué Joe La Pompe.<br />
PUBLICITÉ :<br />
Directrice Régie : Virginie<br />
Paradol. Directrice commerciale<br />
adjointe : Mélina Lorentz (55 48).<br />
Responsable du pôle Digital :<br />
Hubert Garcia de Barros (50 62).<br />
Responsable du pôle Agences :<br />
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Responsable B to B : Hélène<br />
Aubinais (55 43).<br />
Régions : La Compagnie Média Pro<br />
Olivier Meinvielle<br />
o.meinvielle@lcm-pro.fr<br />
ISSN : 2116-9519<br />
CPPAP : 1022 T 84391<br />
Dépôt légal : octobre 2021-<br />
Imprimerie Delabie.<br />
Boulevard de l’Eurozone 9.<br />
7700 Mouscron. Belgique.<br />
N° National : BE 0455.023.040<br />
Ce numéro comprend un <strong>encart</strong><br />
broché entre le cavalier de Une et les<br />
pages intérieures, pour la totalité de<br />
la diffusion.<br />
Service abonnement de CB News<br />
CB News / AboMarque<br />
CS 60003. 31242 L'Union Cedex<br />
05 34 56 35 60<br />
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9 numéros + l’Album by Shortlist,<br />
print et digital : 219 € TTC (France).<br />
9 numéros + l’Album by Shortlist, en<br />
numérique : 180 € TTC (France). Tarif<br />
étudiant (France) : 9 numéros print<br />
ou digital : 69 € TTC.<br />
Couverture : © Olivier Roller.<br />
CB NEWS . 8 . OCTOBRE 2021
LE MÉDIA SOCIAL INCARNÉ PAR<br />
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE CHEFS-STARS<br />
JUAN<br />
ARBELAEZ<br />
NOËMIE<br />
HONIAT<br />
DENNY<br />
IMBROISI<br />
JULIEN<br />
DUBOUÉ<br />
DISPONIBLE SUR TOUTES LES PLATEFORMES<br />
UNE CRÉATION
Les news<br />
de CB<br />
L’onomaturge<br />
C'est la personne qui invente des mots.<br />
Ici Olivier Auroy * offre sa vision de la rétro<br />
innovation dans l’alimentaire.<br />
Ça mousse au Salon<br />
SHOW CHOCOLAT<br />
Ce n’est pas un aliment, c’est autre chose. De plus fort.<br />
Nous consommons 7,3 kg de chocolat par an par<br />
habitant. Et de préférence noir, ce qui nous distingue<br />
de nos voisins européens (30 % contre 5 %). Pour les fondus,<br />
le Salon du chocolat est de retour avec un programme très<br />
riche. Le Club des croqueurs de chocolat y dévoilera sa<br />
sélection et son nouveau guide.<br />
. Innostalgie n.f.<br />
1. Renaissance d’un ancien produit<br />
« Les consommateurs âgés de 40 à 50 ans ont de<br />
l’affection pour les produits qui ont bercé leur<br />
enfance. Bonbons, automobiles, yaourts, lessives…<br />
Les entreprises font de l’innostalgie une stratégie de<br />
conquête auprès de ceux qui idéalisent le passé . »<br />
— I. Yerres<br />
* Cet expert du branding crée des noms de marques depuis 25 ans. Il a<br />
publié « Les déraisonnables » en 2021 aux Éditions Anne Carrière.<br />
QUAND ?<br />
Du 28 octobre au<br />
1 er novembre.<br />
OÙ ?<br />
Porte de Versailles<br />
PHOTOS: © THOMAS RAFFOUX.<br />
+1,3<br />
MILLION<br />
de Français dirigeants, cadres<br />
et hauts revenus possèdent<br />
plus de 100 bouteilles de<br />
vin chez eux. Et plus de 4,2<br />
millions d’entre eux disent<br />
acheter régulièrement des<br />
“ alcools fins ” selon l’étude<br />
OneNext Influence de l’ACPM<br />
parue fin septembre.<br />
Hip’s !<br />
Mathieu Zouhairi<br />
et Shirley Garrier<br />
du studio de<br />
création culinaire<br />
The Social Food<br />
signent aussi<br />
l’ouvrage “ Carnet<br />
de recettes à la<br />
maison ”, publié<br />
aux Éditions First.<br />
Insta miam | Les amoureux de la chair<br />
s’éclatent sur Instagram. 27 % d’entre eux<br />
partagent des contenus et 38 % en visionnent.<br />
Accrocs à l’info, ils consultent quatre fois plus<br />
leur écran que les utilisateurs moyens.<br />
Source : Digimind 2021.<br />
CB NEWS . 10 . OCTOBRE 2021
©Anna Pyshniuk<br />
«Vivant », une expertise M Publicité pour accompagner - de la conception<br />
à la réalisation - les marques Gastronomie et Boisson dans leurs projets<br />
de communication.<br />
Stratégie de marque | Production de contenus | Diffusion | Création d’événements<br />
mpublicite.fr/vivant
Les news<br />
de CB<br />
Succès bœuf<br />
RETOUR À LA MAISON<br />
Le Bocuse d'Or a récompensé le chef Davy<br />
Tissot. Une étoile Michelin à la tête de Saisons<br />
à Collonges. Depuis huit ans, la France n'avait pas<br />
gagné cette compétition internationale de chefs.<br />
L'équipe de France a gagné avec un paleron de<br />
bœuf et, nouveauté cette année, avec une box à<br />
emporter sur une déclinaison de tomate cerise.<br />
La flûte enchantée<br />
BULLAIT<br />
Et pourquoi pas du champagne avec du fromage ?<br />
C’est la bonne idée des maisons Androuet et<br />
Canard-Duchêne. L’accord entre le champagne et le<br />
fromage est une évidence pour les connaisseurs en vins,<br />
mais personne n’avait pensé en faire un coffret. Un ordre<br />
de dégustation est proposé en fonction du millésime<br />
V2012. Chacun fait comme il veut aussi.<br />
Avec le persillé<br />
de Tignes, un<br />
chèvre très rare.<br />
En vente jusqu’en<br />
décembre.<br />
-45 % CUISINE SPORTIVE<br />
de dépenses au restaurant depuis le<br />
début de l’année comparé à 2019, c’est<br />
ce que mesure The NPD Group dans<br />
son “ Rapport sur les prévisions du<br />
marché de la restauration hors domicile<br />
2021-2022-2023 ”. En nombre de<br />
visites, la chute est 39 % sur les sept<br />
premiers mois de l’année 2021. Sans<br />
surprise, la restauration à table, qui<br />
a fonctionné à 15 % seulement de sa<br />
capacité normale en dépenses entre<br />
janvier et mai, est le secteur le plus<br />
impacté, avec une chute de près de<br />
70 % en visites et en valeur par rapport<br />
à 2019. Le recul est moindre pour la<br />
restauration rapide, avec des pertes<br />
d’environ 17 % sur la même période.<br />
Retour à la normale prévu pour 2023.<br />
La cuisine serait-elle – aussi – un sport ? À entendre<br />
le président de la République parler du futur centre<br />
d’excellence de la gastronomie française qu’il souhaite<br />
voir naître en région lyonnaise, il semble que oui. Emmanuel<br />
Macron, qui participait au “ dîner des Chefs ” a<br />
ainsi expliqué que ledit établissement visera notamment<br />
à “ entraîner pour les grandes compétitions ” culinaires<br />
internationales, n’hésitant prédire que le futur centre sera<br />
à la gastronomie ce qu’est Clairefontaine pour le foot ou<br />
Marcoussis pour le rugby. Attention à ne pas manger<br />
trop vite.<br />
Pages réalisées par<br />
AMELLE NEBIA<br />
PHOTOS: DR.<br />
CB NEWS . 12 . OCTOBRE 2021
Tribune<br />
BUSINESS MODEL<br />
EMBALLÉ<br />
PAR LE VRAC !<br />
ASSURÉMENT ÉCOLOGIQUE, LE VRAC<br />
DEMANDE DES CHANGEMENTS TANT<br />
POUR LES INDUSTRIELS QUE LES<br />
CONSOMMATEURS.<br />
LAURENCE<br />
BETHINES<br />
est stratégist à<br />
l'agence CBA<br />
Design Paris.<br />
L<br />
oin d’être un retour en arrière, le vrac est<br />
avant tout l’opportunité de retrouver du<br />
bon sens et d’agir pour le futur. Pour une<br />
majorité de Français, le vrac permet de réduire<br />
le gaspillage alimentaire en n’achetant<br />
que la juste quantité tout en éliminant<br />
les emballages. Il permet également d’explorer<br />
de nouveaux horizons culinaires et<br />
gustatifs. À l’heure o d’entre nous ont cuisiné<br />
plus de plats fait maison en 2020, il se positionne<br />
comme un facilitateur et catalyseur d’expériences culinaires.<br />
L’occasion par exemple de découvrir le kasha<br />
sarrasin ou le souchet. Ce ne sont pas les seuls atouts<br />
de cette nouvelle tendance. Avec une approche de prix<br />
inférieure en moyenne de à leur équivalent sous<br />
plastique, le vrac permet de rendre accessible au plus<br />
grand nombre des produits basiques ou plus valorisés. Il<br />
n’est donc pas étonnant que la croissance du vrac se soit<br />
maintenue à plus de l’année dernière. La France,<br />
grand leader européen, a notamment vu passer le nombre<br />
de ses épiceries spécialisées de en à en !<br />
Et ce n’est pas tout. Coup d’accélérateur ce aot, avec<br />
la publication au JO de l’article 23 de la loi Climat et Résilience<br />
avec notamment l’obligation chiffrée pour les commerces<br />
de plus de m 2 de développer tous les rayons<br />
vrac d’ici à , l’engagement des pouvoirs publics à encourager<br />
la vente en vrac et l’interdiction en janvier 2025<br />
des emballages en matériaux non recyclables.<br />
Avec la mise en vigueur de cet article de loi, les marques<br />
et distributeurs vont devoir évoluer et changer. Et le business<br />
model dans tout ça ?<br />
Le vrac nécessite un marketing adapté. Toutefois, nous<br />
noterons une meilleure communication à date sur l’origine<br />
et la traabilité grce à des dimensions légales renforcées.<br />
este encore un peu de chemin à parcourir pour<br />
rassurer les « consom’acteurs » sur l’hygiène et la durée de<br />
conservation. Deux grands absents des étiquettes du vrac.<br />
Mais, ne nous méprenons pas, il n’y a pas que les grands<br />
acteurs de l’alimentaire qui vont devoir bouleverser leurs<br />
habitudes : les consommateurs aussi. Alors, comment<br />
changer les comportements pour qu’il devienne évident<br />
d’apporter en magasin ses propres conditionnements ?<br />
Une démarche simple mais très impliquante. Comment<br />
reprogrammer les pesées ? Comment s’assurer d’une<br />
bonne conservation à domicile et d’une noncontamination<br />
en magasin? Comment savoir combien de temps tel<br />
ou tel aliment doit cuire? Proposer des ingrédients c’est<br />
bien, mais décompleer et aider à réussir une recette<br />
simple c’est mieu ! Ainsi, le vrac amène son lot d’opportunités<br />
et de changements. Les marques et entreprises<br />
vont devoir repenser leur business model. Le design va<br />
devoir être repensé, les identités revues, les concepts<br />
retail retravaillés, etc. Le mot de la fin à Célia ennesson,<br />
co-fondatrice de Réseau Vrac : « le vrac n’est pas un effet<br />
de mode mais une tendance de fond. C’est un nouveau<br />
terrain de jeux pour les marques et les industriels, une<br />
formidable opportunité de raconter une histoire autour<br />
du produit dans un cadre légal et de bonnes pratiques.»<br />
PHOTO : DR.<br />
CB NEWS . 14 . OCTOBRE 2021
Tribune<br />
SENSATIONS<br />
CE QUI COMPTE,<br />
C’EST L’ASSIETTE<br />
L'ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE N'EST PAS<br />
UNIQUEMENT UNE QUESTION DE GRAS<br />
OU DE SEL, MAIS AUSSI DE PLAISIR.<br />
Nous sommes devenus très<br />
attentifs aux contenus de nos<br />
assiettes, et les nombreux évaluateurs<br />
mis à notre disposition<br />
pour mesurer la composition<br />
et la qualité nutritionnelle des<br />
aliments se sont rapidement<br />
GWENAËLLE imposés comme une solution pour nous<br />
LETTERMANN guider face à une offre pléthorique. En soi,<br />
est directrice le fait que les Français soient attentifs à la<br />
marketing Lactalis qualité de leur alimentation est plutôt une<br />
fromages et porteparole<br />
du projet scores donnent un éclairage partiel, parfois<br />
bonne chose… mais admettons-le : tous ces<br />
Manger mieux, simpliste et sont insuffisants pour nous guider<br />
vers une alimentation équilibrée. Basés sur 100 g,<br />
manger vrai, manger<br />
ensemble? pour la ils pointent du doigt sans surprise les aliments les plus<br />
marque Président. gras, salés, sucrés dont on savait déjà que l’excès n’est pas<br />
recommandé… Mais ils pointent aussi sans distinction<br />
des ingrédients plaisir, simples et peu transformés qui,<br />
utilisés en petite quantités, sont au cœur du fait maison,<br />
essentiels pour manger bien dans la durée.<br />
Bien manger ne peut se résumer à scanner ses aliments et<br />
additionner ces scores pour tenter de composer ses repas.<br />
Nous savons aujourd’hui que le plaisir de choisir (sereinement)<br />
ses produits, le plaisir de préparer, le plaisir de<br />
soigner sa pause repas sont tout aussi essentiels. En nous<br />
permettant de nous connecter à nos sensations, le plaisir<br />
contribue à la satiété et nous permet d’éviter les dérapages<br />
dans notre équilibre alimentaire. On sait aussi que<br />
les Français peuvent se poser des questions sur leur rapport<br />
au plaisir de manger et d’autant plus quand il s’agit<br />
de bien manger. Beaucoup pensent que : « Si c’est bon,<br />
forcément, ce n'est pas bon pour moi ! » et les études le<br />
démontrent : Franais sur déclarent vouloir manger<br />
mieu, mais Franais sur n’y arrive pas, faute d’idées<br />
et de solutions source II ).<br />
Comment renouer avec le plaisir ?<br />
Le plaisir aussi ça s’apprend, et ça se cultive! Et que pour<br />
manger mieux, il faut considérer tout ce qui se passe<br />
autour de la table : avant, pendant et après. Depuis plus<br />
de 50 ans, la marque Président est au cœur du plaisir de<br />
manger dont elle a même fait son combat et sa signature<br />
: le plaisir c’est important. Nous pensons qu’il est<br />
primordial de cultiver de façon durable les bons comportements,<br />
préserver quelques rituels et moments fondateurs,<br />
et se connecter à son assiette.<br />
C’est au cœur de notre programme pédagogique « Manger<br />
mieu, manger vrai, manger ensemble » depuis qui<br />
vise à accompagner les Français sur le chemin du manger<br />
mieu en cultivant le plaisir au quotidien. En ,<br />
nous lançons le deuxième volet de notre démarche avec<br />
#CestlAssietteQuiCompte, un dispositif d’éducation qui<br />
montre que dans une assiette équilibrée, chaque aliment<br />
a sa place pour manger mieux… et le plaisir aussi ! Ce<br />
programme d’aide à l’équilibre alimentaire, élaboré avec<br />
des professionnels de santé, partagé avec des parents et<br />
validé avec des groupes de consommateurs, est proposé<br />
par Président, Bridélice et Primevère. En démontrant que<br />
ce qui compte c’est l’assiette, nous voulons défendre une<br />
approche plus juste, plus proche de la réalité et surtout où<br />
le plaisir de manger devient notre meilleur allié.<br />
PHOTO : DR.<br />
CB NEWS . 16 . OCTOBRE 2021
Ecofunding<br />
TF1 PUB LANCE ECOFUNDING,<br />
LE TOUT PREMIER FONDS PUBLICITAIRE<br />
À VOCATION ENVIRONNEMENTALE<br />
Chaque campagne publicitaire affichant dans son spot un des critères<br />
d’éligibilité recommandé par l’ADEME déclenchera de la part du groupe<br />
TF1 une contribution sur le fonds. L’objectif : financer la création et la<br />
diffusion de campagnes TV de sensibilisation très pédagogique afin<br />
d’aider les consommateurs à faire des choix éclairés.<br />
RENDEZ-VOUS SUR TF1PUB.FR
Mot<br />
POUR MOT<br />
UN NOUVEAU<br />
DEAL FRUGAL<br />
LA PRIVACY VA ACCÉLÉRER LA<br />
TRANSFORMATION DU MARKETING<br />
YVES SIMEON<br />
dirige Reload,<br />
cabinet de conseil<br />
et de formation, et<br />
accompagne les<br />
entreprises dans la<br />
mise en place de<br />
parcours de (trans)<br />
formation.<br />
Il intervient tous les<br />
mois dans la rubrique<br />
Mot pour Mot.<br />
Reload-consultant.<br />
com@SimeonYves.<br />
Ci-dessous, le livre<br />
blanc “ Ecosystème<br />
de marque ” à télécharger<br />
sur le site.<br />
Privacy, on entend plus que ce mot-là.<br />
Les entreprises se sont focalisées sur les<br />
contraintes RGPD sans réflechir à leur<br />
impact pour les entreprises européennes<br />
ou à la question du rapport entre les<br />
marques et les consommateurs. Ceuxci<br />
donnent leur accord de manière mécanique, les<br />
entreprises désignent des RGPD officers, les Gafa<br />
s’enrichissent. La mise en œuvre de la protection<br />
de la vie privée doit aller de pair avec une réeion<br />
sur les bases de l’échange marque / consommateurs.<br />
La valeur, point de départ de la transformation<br />
du marketing<br />
Nous entrerons dans un monde de transparence<br />
lorsque la valeur des données sera communiquée<br />
aux consommateurs. Je suis client Nike, mes achats<br />
représentent 1000€ de marge par an, le partage de mes<br />
données 200€. Quels services m’apportent la marque en<br />
contrepartie ? Le deal est-il équilibré?<br />
La valeur des marques, au bilan des entreprises, est<br />
liée à leur capacité à échanger avec leur communauté.<br />
Chaque individu, et ses datas, représente donc une<br />
part de cette valeur, ils en sont, de fait, copropriétaires.<br />
#newdealmarketing : un nouvel état d’esprit<br />
Hier dominatrices et séductrices, les marques doivent être<br />
à l’écoute. En , louvrage « anifesto » affirmait : « les<br />
marchés sont des conversations ». Aujourd’hui un marché<br />
c’est de l’empathie pour construire un marketing collaboratif<br />
fondé sur la confiance retrouvée entre les marques et<br />
leurs consommateurs.<br />
#newdealmarketing : un modèle généreux<br />
Les consommateurs servent à résoudre le problème des<br />
entreprises alors que cela devrait être l’inverse. On parle<br />
depuis 3 ans de la raison d’être des entreprises qui permet<br />
de prendre conscience de l’importance d’intégrer l’ensemble<br />
des parties prenantes de l’entreprise. Elle représente<br />
« un premier pas » vers ce changement de logique.<br />
#newdealmarketing : un modèle frugal<br />
Le modèle actuel s’appuie sur une diffusion large des<br />
messages et des produits. L’arrivée de l’utilisation massive<br />
de la data n’a pas transformé le modèle. Le modèle<br />
alternatif est construit autour d’un développement<br />
progressif de sa base de clients. Cette base, un public<br />
restreint, Seth odin l’appelle la inimum Viable<br />
Audience. Cette VA va crotre par étape dans une<br />
logique de partenariats, d’Inbound marketing. Les<br />
nouveaux indicateurs sont l’affinité, la force des<br />
interactions, le niveau de confiance. Les médias choisis sur<br />
ces nouveaux critères sont ceux qui sauront quel message<br />
diffuser à leur audience.<br />
e sais, on a déjà fait le coup du Ne Deal mais ne pensezvous<br />
pas qu’en parallèle des modifications en cours<br />
dans la sphère sociale, économique, politique un marketing<br />
résolument plus qualitatif peut être inventé ?<br />
En plus, il fonctionne déjà sur certaines marques !<br />
* Spécialiste américain du marketing internet et auteur.<br />
PHOTO : ULIETTE DE ONICAULT.<br />
CB NEWS . 18 . OCTOBRE 2021
Soif d’insights ?<br />
Quels sont les changements d’habitudes de vos<br />
consommateurs ? Quelles sont leurs nouvelles attentes ?<br />
Ces changements sont-il pérennes ?<br />
Nos experts vous répondent.<br />
Harris Interactive France - 01 44 87 60 30 - info@harrisinteractive.fr - harris-interactive.fr
Twitterview<br />
13 questions à<br />
LAURENT<br />
MARIOTTE<br />
LES MEILLEURES RÉPONSES<br />
SONT LES PLUS COURTES.<br />
140 SIGNES PAS PLUS *.<br />
COMME SUR TWITTER.<br />
Food et réseaux sociaux sont des mots qui vont très<br />
bien ensemble ?<br />
Oui, même si ce qui est bon n’est pas toujours<br />
instagrammable et inversement !<br />
Selon une étude WPP, avec la crise sanitaire, 74 % des<br />
shoppers français affirment que leurs comportements<br />
d’achat ont réellement changé… On y croit ?<br />
J’aimerais bien mais l’engouement pour les circuits<br />
courts et le commerce de proximité est déjà retombé<br />
chez certains. On croise les doigts.<br />
Selon une étude Ipsos pour In-Store-Media, 46 %<br />
des consommateurs avouent faire leurs courses “ à<br />
10 € près ” . Qu’est-ce qu’on fait ?<br />
On pense à ses menus avant de partir en courses,<br />
on privilégie les produits de saison abondants et<br />
abordables et on recycle les restes.<br />
Vivendi rachète Prisma Media. TF1 prépare sa fusion<br />
avec M6… De grands mouvements inéluctables ?<br />
Oui, c’est ce qu’on appelle la cuisine fusion !<br />
La food encore plus responsable… Une évidence<br />
pour tous ?<br />
On en prend le chemin. Pour bien manger, c’est<br />
important de comprendre ce que nous mangeons.<br />
Team pain au chocolat ou team chocolatine ?<br />
Pâté lorrain.<br />
Carrefour autorisé à reprendre Bio C’Bon…<br />
C’est bien ?<br />
Vous voulez dire que le bio aiguise les appétits <br />
Tous ces chefs et pâtissiers japonais qui réinventent<br />
la cuisine française… Impressionné ?<br />
Ça fait déjà un moment et ils continuent de nous<br />
épater. Nos deux cultures ont beaucoup de choses<br />
à se raconter dans l’assiette.<br />
L’audio a le vent en poupe… Podcast et food,<br />
c’est jouable ?<br />
Tu m’étonnes ! e vous conseille la Table des Bons<br />
Vivants et la Table du dimanche en podcast sur<br />
europe1.fr.<br />
Le digital, c’est bien, mais le papier ce n’est pas mal<br />
non plus pour les recettes ?<br />
Les lecteurs ont besoin d’avoir un objet, se l’approprier.<br />
J’adore le livre. Les magazines aussi, et je lance un<br />
bimestriel le 4 novembre. *<br />
Une recette en 140 signes, cap' ou pas cap' ?<br />
Enfournez une pintade coupée en 4 avec 2 oignons<br />
et 6 poivrons rouges et jaunes émincés, une gousse<br />
d’ail éclatée, pendant h à C.<br />
Et toi tweettes-tu ?<br />
Non, jamais. Je préfère le poulet fermier au petit<br />
oiseau bleu.<br />
LAURENT<br />
MARIOTTE<br />
est journaliste,<br />
animateur et<br />
chroniqueur sur TF1,<br />
Europe 1…<br />
@L_Mariotte<br />
* Twitter est passé<br />
depuis longtemps<br />
à 280 signes max.<br />
Très bien. Nous<br />
avons respecté<br />
cette décision, mais,<br />
nous, dans notre<br />
“ Twitterview ”,<br />
on reste à 140 signes.<br />
C'est bien plus<br />
challengeant.<br />
PHOTO :© PIERRE MONETTA.<br />
Ça manque un peu de cheffes dans les cuisines des<br />
grandes adresses, non ?<br />
On est d’accord mais c’est enfin en train de changer:<br />
Amandine Chaignot, Laëtitia Visse, Marie-Victorine<br />
Manoa, Julia Sedefdjian….<br />
* Uni-médias et TF1 Licences lancent le 4 novembre le magazine<br />
«Les Petits Plats de Laurent Mariotte»<br />
Recueilli par<br />
FRÉDÉRIC ROY<br />
CB NEWS . 20 . OCTOBRE 2021
Paroles<br />
DE…<br />
UNE PUBLICATION<br />
Offre jeunesse :<br />
la promesse de synergies<br />
avant-gardistes (Gumball) et ses comédies<br />
originales. Boomerang, avec les<br />
stars des dessins animés (Bugs Bunny,<br />
Tom & Jerry…), est la 2 e chaîne jeunesse<br />
sur les 4-10 ans, celle qui met<br />
toute la famille d’accord !<br />
QUELS SONT LES POINTS FORTS DE<br />
VOTRE PARTENARIAT AVEC<br />
FRANCETV PUBLICITÉ ?<br />
Pauline Dauvin : Nous voulons offrir<br />
au marché une belle visibilité pour nos<br />
chaînes. Opérant déjà nos deux chaînes<br />
découverte depuis plusieurs années,<br />
FranceTV Publicité était donc le partenaire<br />
naturel pour nous accompagner.<br />
De plus, nous sommes convaincus que<br />
l’expertise de leurs équipes et leur puissance<br />
sur le marché sont des atouts<br />
incontestables pour optimiser la valorisation<br />
de nos inventaires publicitaires.<br />
Véronique Dupont-Moreau : Nous<br />
travaillons avec FranceTV Publicité<br />
depuis 2017. Au-delà de leur expertise<br />
sur le grand public et la jeunesse, les<br />
équipes ont une vraie vision stratégique.<br />
Elles sont très à l’écoute, très réactives et<br />
très créatives. Elles nous proposent des<br />
formats innovants via des Bumps, des<br />
écrans publicitaires dédiés à un annonceur…<br />
Le partenariat avec FranceTV<br />
Publicité promet d’être synergique.<br />
THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE ET WARNERMEDIA ONT<br />
CONFIÉ LA COMMERCIALISATION DE LEUR OFFRE JEUNESSE<br />
À FRANCETV PUBLICITÉ, SOIT PRÈS DE LA MOITIÉ DE<br />
L’OFFRE DU MARCHÉ. PAULINE DAUVIN, VP PROGRAMMES<br />
ET ACQUISITIONS THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE ET<br />
VÉRONIQUE DUPONT-MOREAU, SENIOR DIRECTOR ADSALES<br />
WARNERMEDIA ENTERTAINMENT NETWORKS FRANCE, NOUS<br />
EXPLIQUENT POURQUOI.<br />
Véronique Dupont-Moreau,<br />
Senior Director Adsales<br />
WarnerMedia Entertainment<br />
Networks France<br />
Enfin Boing se positionne comme la<br />
maison des franchises phares et des<br />
héros indémodables à travers des<br />
programmes comme les films Lego etc.<br />
Au global, avec 4,6 millions d’individus<br />
touchés en moyenne chaque mois,<br />
nos chaînes représentent la deuxième<br />
offre jeunesse sur les principales cibles<br />
publicitaires.<br />
•Le Focus de l'expert<br />
Gwenaëlle Lesné,<br />
Directrice de Publicité<br />
de FranceTV Publicité<br />
Photos : portrait Véronique Dupont-Moreau : ©Augustin Detienne ; DR.<br />
•Paroles de…<br />
QUELLES SONT LES SPÉCIFICITÉS DE<br />
VOTRE OFFRE JEUNESSE ?<br />
Pauline Dauvin : Nos chaînes<br />
jeunesse font partie du quotidien des<br />
enfants. Disney Channel est la chaîne<br />
jeunesse payante la plus connue des<br />
enfants de 7-9 ans*. C’est la chaîne de<br />
tous les héros des enfants de 6 à 9 ans,<br />
avec une très forte affinité sur les filles.<br />
Disney Junior est la chaîne pré-school la<br />
plus connue des enfants 4-6 ans, celle<br />
du premier contact avec l’univers<br />
Disney, celle des Aventures de Mickey<br />
et ses amis. Selon la dernière vague<br />
Médiamat’Thématik, plus de 4 millions<br />
de téléspectateurs regardent chaque<br />
mois ces deux chaînes.<br />
Véronique Dupont-Moreau : Adossées<br />
à un studio international et à nos<br />
productions cinéma telles que Scooby<br />
Pauline Dauvin,<br />
VP Programmes et Acquisitions<br />
The Walt Disney Company France<br />
Doo, Space Jam, Looney Toons et Tom &<br />
Jerry, nos chaînes proposent aux fans<br />
une offre et un positionnement<br />
uniques. Cartoon Network est La référence<br />
pour les garçons de 4-14 ans,<br />
notamment grâce à ses productions<br />
QUELS SONT LES PROGRAMMES<br />
PHARES DE LA SAISON ?<br />
Véronique Dupont-Moreau : En plus<br />
des nouvelles saisons des programmes<br />
installés (Gumball, Tom & Jerry à NY, de<br />
nouveaux Looney Tunes…), la saison<br />
se caractérise, entre autres, par de nouvelles<br />
séries emblématiques comme<br />
Jellystone (avec les personnages<br />
d'Hannah Barbera), We Baby Bears,<br />
Le Petit Nicolas, Moley ou Big Blue.<br />
Pauline Dauvin : On peut citer sur<br />
Disney Channel de nouvelles héroïnes<br />
comme Sheera et les princesses au<br />
pouvoir et Tara Duncan, des séries de<br />
fiction comme Gaby Duran, sans<br />
oublier les téléfilms événements<br />
autour d’Halloween et de Noël. En<br />
plus des incontournables, Vampirina,<br />
Gigantosaurus…, sur Disney Junior<br />
nous lancerons Spidey et ses amis<br />
extraordinaires, première série d’animation<br />
Marvel pour les pre-school et<br />
de nouvelles séries : La Maison Magique<br />
de Mickey et La Brigade des Poussins.<br />
La jeunesse fait partie intégrante de<br />
l’ADN de FranceTV Publicité. Au fil des<br />
années, nous avons su développer<br />
une véritable expertise pour devenir<br />
une référence sur le marché avec une<br />
offre jeunesse forte et cohérente.<br />
Au-delà des chaînes WarnerMedia,<br />
FranceTV Publicité a conclu, en septembre<br />
dernier, un accord commercial<br />
stratégique avec The Walt Disney<br />
Company France qui la positionne en<br />
tête des régies publicitaires sur cette<br />
thématique, avec la commercialisation<br />
de deux nouvelles chaînes :<br />
Disney Channel et Disney Junior.<br />
Dans un univers fortement concurrentiel,<br />
nous proposons des solutions pour<br />
répondre aux attentes des agences et<br />
annonceurs en recherche d’optimisation<br />
de couverture et d’émergence.<br />
*Source baromètre IPSOS mai 2021.
Profil<br />
CB<br />
NAOËLLE<br />
D'HAINAUT<br />
ETOILÉE, GAGNANTE<br />
DE TOP CHEF, NAOËLLE<br />
D'HAINAUT CUISINE<br />
CHEZ ERNEST À LA<br />
SAMARITAINE ET À<br />
L’OR Q'IDÉE À<br />
PONTOISE. RETENEZ<br />
BIEN SON NOM…<br />
Les amis dont je ne pourrais pas me passer<br />
plus de 48 heures ?<br />
J’en ai un en particulier, mon téléphone<br />
portable. Il me facilite la vie au quotidien.<br />
Mon meilleur ennemi<br />
Le temps ! Je cours et les minutes passent à une<br />
allure ! Finalement, je m’en sors toujours. Je le<br />
déteste et je l’aime car il me permet d’accomplir<br />
un max de choses.<br />
J’habite...<br />
Dans le Val-d’Oise, un village calme et reposant.<br />
C’est la maison qu’il me fallait, mon havre<br />
de paix.<br />
“ LE XANTHANE,<br />
C’EST MAGIQUE !<br />
INDISPENSABLE<br />
DANS NOS CUISINES,<br />
POUR TOUTES LES<br />
INTOLÉRANCES<br />
ALIMENTAIRES ”<br />
Je me déplace en…<br />
Voiture. Achetée récemment, la dernière<br />
Peugeot 208 jaune que j’adore! Je ne passe pas<br />
inaperçue mais tant pis!<br />
Je ne résiste pas à…<br />
La mode, mon armoire est remplie de fringues.<br />
Il est comment Ernest ?<br />
C’est le restaurant rêvé pour un chef, dans un<br />
lieu magique et tellement attendu qui reflète<br />
pour moi la féminité, la mode et le plaisir.<br />
C'est aussi là où l’odeur du pain chaud de Éric<br />
Kayser remonte depuis la boulangerie du<br />
rez-de-chaussée.<br />
CB NEWS . 22 . OCTOBRE 2021
Profil<br />
CB<br />
Les amis qui ont<br />
été déterminants<br />
dans mon parcours…<br />
Ci-contre, le<br />
restaurant Ernest,<br />
au 1 er étage de la<br />
Samaritaine.<br />
PHOTOS: © OEO BALANCOUT. D.<br />
Je ne mettrais pas un ami<br />
déterminant en particulier<br />
mais plutôt mon époux.<br />
S’il ne m'avait pas<br />
soutenue dans ce projet<br />
de restaurant, je n’aurais<br />
jamais franchi le pas. Son<br />
soutien est primordial !<br />
Ma première étoile c’était …<br />
En 2018, un moment fort en émotions. Un rêve<br />
qui s’est réalisé et la satisfaction d’un travail<br />
récompensé. C’est parti pour la deuxième !<br />
Ma plus grosse bâche professionnelle<br />
Un entretien qui s'est mal passé ! Mon bac<br />
pro en poche, je me lance dans la vie active et<br />
postule pour un poste de commis de cuisine. Je<br />
m'entretiens avec le chef, je visite la cuisine et<br />
j'en ai plein les yeux ! On échange et c'est alors<br />
qu'il me dit que les casseroles seront bien trop<br />
lourdes pour mon gabarit et me propose un<br />
poste de serveuse... Je l'avais mauvaise !<br />
Ma plus grande fierté professionnelle<br />
C’est de voir ma salle de restaurant pleine<br />
tous les jours, et de donner du bonheur<br />
à mes clients.<br />
Ma devise au boulot<br />
Ne rien lâcher ! Constance, précision et plaisir.<br />
Un air de musique pour cuisiner<br />
Vous allez rigoler ! Diam’s et a repart !<br />
Ma publicité préférée ?<br />
Un peu « ego trip », mais lorsque jai ouvert Lor<br />
Q'Idée, la région Val-d'Oise m'a très gentiment<br />
donné un petit coup de pouce en lançant une<br />
campagne d'affichage pour annoncer l'ouverture<br />
du restaurant dans tout le département. J'ai reçu<br />
un nombre incalculable d'appels de la part de mes<br />
amis qui n'en pouvaient plus de voir ma tête sur<br />
chaque arrêt de bus !<br />
Le produit ou l’ustensile que j’aurais<br />
aimé inventer ?<br />
Le xanthane, c’est magique ! Indispensable<br />
aujourd’hui dans nos cuisines professionnelles,<br />
pour toutes les intolérances alimentaires<br />
Mon dernier coup de cœur gustatif<br />
Chez Kei, il y a tout ce que j’aime. La délicatesse,<br />
le goût et la magie.<br />
Le livre de cuisine pour ceux qui ont envie<br />
de mieux cuisiner sans avoir de complexes<br />
Les ouvrages de Françoise Bernard pour la<br />
bienveillance et le goût de la cuisine qu'elle a su<br />
transmettre.<br />
Pour déconnecter je…<br />
...suis à fond sur Pinterest ! Je passerais<br />
mon temps à décorer mon intérieur et à le<br />
customiser.<br />
Ma série avouable (ou non avouable)<br />
Non avouable... Mais allez ! Plus rien à cacher…<br />
La série « Ici tout commence » sur TF !<br />
Facebook et moi<br />
J’ai du mal à poster par manque de temps, j’ai<br />
du mal à suivre !<br />
Recueilli par<br />
AMELLE NEBIA<br />
CB NEWS . 23 . OCTOBRE 2021
Le bureau<br />
DE TRAVAIL DE…<br />
YANN<br />
BUCAILLE LANZÉRAC<br />
RENCONTRE<br />
VITAMINÉE DANS<br />
LE BUREAU DU<br />
FONDATEUR DE<br />
CAFÉ JOYEUX.<br />
C’est d’abord le sourire. Puis la<br />
haute stature. Yann Bucaille<br />
Lanzérac est donc d’abord un<br />
grand homme souriant. Biensr<br />
on vérifie ses chaussures…Sur la<br />
scène du Food Morning 1 , en 2019, il<br />
était intervenu, seul sur scène, pour<br />
raconter la genèse de Café Joyeux<br />
avec deux baskets différentes.Et<br />
depuis la création, en 2017, de Café<br />
Joyeux qui emploie des personnes<br />
en situation de handicap mental<br />
et cognitif, il est toujours chaussé<br />
ainsi. Des marques l’accompagnent<br />
en vendant des paires dépareillées.<br />
D’abord Caval, puis Le Coq Sportif 1 .<br />
Avec bientôt six adresses en France,<br />
dont la prochaine située en face de<br />
l’Olympia à Paris, les Café Joyeux ont<br />
imposé leur modèle d’inclusion en<br />
milieu ordinaire. « Ce bureau je l’ai<br />
voulu simple et pas trop triste, continue<br />
Yann Bucaille Lanzérac, quand<br />
j’étais seul ici l’année dernière et que<br />
je faisais des réunions en visio, j’ai<br />
affiché les photos de ceu qui étaient<br />
dans mon écran 2 .» Il cherche ce qu’il<br />
emporterait s’il devait quitter ce petit<br />
bureau vitré. Il prend une toupie en<br />
bois. «Je suis fasciné par la simplicité<br />
de ce petit jouet.» On remarque également<br />
un globe terrestre sans doute<br />
ancien. Autre objet presque rond,<br />
une enceinte mobile où il écoute ses<br />
«deux Bob indispensables: Marley et<br />
Dylan». Après ses études à l’EM Lyon,<br />
il effectue un parcours classique de<br />
dirigeant chez Michelin, Danone et<br />
dans l’entreprise familiale spéciali-<br />
sée dans les énergies renouvelables.<br />
Et puis la sortie il y a une quinzaine<br />
d’années. « J’écoutais la radio et j’ai<br />
entendu Pascale Jude de l’association<br />
Action Passeraile qui propose des visites<br />
aux personnes isolées. Je suis allé<br />
voir. Puis j’ai été formé pour devenir<br />
bénévole. J’ai découvert la solitude<br />
extrême de certaines personnes». Un<br />
déclic naturel pour cet homme de foi.<br />
« endre visible la différence c’est possible.<br />
Créer de l’emploi et de la valeur<br />
avec ceux qui en sont exclus, c’est<br />
utile à toute la société. Aujourd’hui,<br />
une cinquantaine d’Equipiers Joyeux,<br />
travaillent dans nos cafés. Et nous<br />
venons d’avoir l’agrément pour un<br />
Centre de formation d’apprentis<br />
(CFA).» L’entreprise a reçu, en trois<br />
ans, huit cents demandes pour ouvrir<br />
des Café Joyeux en France et à l’étranger.<br />
Des demandes de parents d’enfants<br />
porteurs de handicap, de municipalités,<br />
d’associations, de députés<br />
et de chefs d’entreprises. Et depuis<br />
le début de l’année, ces demandes<br />
explosent. Car Café Joyeux mène<br />
une stratégie marketing offensive.<br />
Notamment avec un premier film et<br />
une campagne d’affichage en mars<br />
signés de l’agence Why 2 . Et une percée<br />
dans la vente de son propre café<br />
en capsule et en sachet en grains et<br />
moulu. L’adresse sur les Champs-Elysées,<br />
qui devait être éphémère, et qui<br />
perdure, a offert à Café Joyeux une<br />
exposition maximum avec son inauguration<br />
par le président de la épublique<br />
et son épouse. Bientôt, un Café<br />
oyeu ouvrira à Lisbonne. « Filippa,<br />
qui orchestre ce lancement, nous a<br />
offert cette statue de SaintAntoine<br />
3 ». Jaune évidemment.<br />
AMELLE NEBIA<br />
1 Conférence organisée par “ es” sur les tendances<br />
du secteur alimentaire. Plus d’infos cbnews.<br />
fr rubrique “ énement”.<br />
2 Lire sur cbnews.fr “ Café Joyeux dans un premier<br />
film signé hy”.<br />
2<br />
LES GENS EN VISIO<br />
DANS MON ÉCRAN...<br />
JE LES AFFICHE<br />
EN VRAI.<br />
CB NEWS . 24 . OCTOBRE 2021
“ RENDRE VISIBLE<br />
LA DIFFÉRENCE<br />
C'EST POSSIBLE ”<br />
1<br />
LE COQ SPORTIF<br />
MARCHE AUSSI<br />
AVEC CAFÉ JOYEUX.<br />
NOUVELLE COLLECTION<br />
EN NOVEMBRE.<br />
PHOTOS: IC LEOUHY.<br />
3<br />
SAINT-ANTOINE<br />
S'HABILLE EN JAUNE.<br />
CB NEWS . 25 . OCTOBRE 2021
CATHY COLLART GEIGER, LA<br />
PRÉSIDENTE DU LEADER DES<br />
PRODUITS SURGELÉS, PICARD,<br />
NOUS EXPLIQUE PAR LE MENU LE<br />
DÉVELOPPEMENT DE L'ENSEIGNE,<br />
GRÂCE NOTAMMENT À UNE<br />
NOUVELLE PLATEFORME DE<br />
MARQUE, LA TRANSFORMATION<br />
DIGITALE, SON ÉCOUTE DES<br />
JEUNES, LA LIVRAISON, LA DATA...<br />
POUR RESTER UNE DES MARQUES<br />
PRÉFÉRÉES DES FRANÇAIS.<br />
CBN _ Longtemps Picard a concentré sa communication<br />
sur le produit. Cela lui a permis de devenir la marque<br />
alimentaire la plus appréciée des Français et pourtant<br />
vous changez de stratégie marketing avec la création<br />
d’une nouvelle plateforme de marque. Pourquoi ?<br />
CATHY COLLART GEIGER _ Nous avons effectivement fait<br />
évoluer notre posture en redonnant une place à l’humain,<br />
tout en maintenant le produit, qui reste le savoirfaire<br />
historique de Picard. C’est avant tout parce que<br />
les clients apprécient nos produits, leur qualité, qu’ils<br />
viennent chez nous. Mais avant 2020, notre croissance<br />
était at , en moyenne les dernières années)<br />
sur un marché des surgelés pour sa part en constante régression.<br />
Il était important de chercher à se renouveler<br />
pour relancer le mouvement. C’est pour cela que nous<br />
avons lancé Proxima, notre plan de croissance à horizon<br />
2026. Celui-ci se déploie sur quatre grands axes, dont le<br />
premier consiste à remettre le client au cœur de notre<br />
stratégie commerciale. Jusqu’à présent, nous étions sur<br />
une stratégie plutôt mass market. Or parmi nos clients,<br />
il y en a qui ne nous fréquentent qu’une fois par an et<br />
d’autres 25 fois. On ne raconte pas la même histoire à<br />
ceux qui viennent seulement à Noël et ceux qui viennent<br />
une fois par semaine. Il nous a fallu déterminer comment<br />
personnaliser la relation client avec la data et<br />
comment faire évoluer nos gammes pour répondre aux<br />
attentes de chacun de ces consommateurs. Le tout pour<br />
PHOTOS : © OLIVIER ROLLER<br />
CB NEWS . 26 . OCTOBRE 2021
La Grande<br />
INTERVIEW<br />
“ RENDRE NOTRE MARQUE<br />
INCONTOURNABLE<br />
DANS<br />
LA CUISINE<br />
DES FRANÇAIS ”<br />
mieux anticiper les tendances de consommation que<br />
sont le bio, le veggie ou le sans gluten que nous allons<br />
bientôt lancer.<br />
CBN _ Quelle a été l’influence de la crise sanitaire sur la<br />
mise en œuvre de ce plan ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ Je suis arrivée chez Picard en juin<br />
et j’ai commencé par prendre mois pour analyser<br />
l’entreprise, aller à la rencontre des collaborateurs, des<br />
magasins, des entrepts. Forte de cette analyse, j’ai initié<br />
avec mes équipes à l’automne dernier ce nouveau projet<br />
d’entreprise. La crise sanitaire ne nous a pas freinés, bien<br />
au contraire. Les Franais ont redécouvert les bénéfices<br />
du surgelé. C’est en effet un produit stockable, ainsi les<br />
clients qui craignaient de fréquenter les magasins, ont<br />
plutôt augmenté leur panier et espacé leur fréquence de<br />
venue. Ils ont ainsi re)découvert que nos produits sont<br />
bons, sains, gourmands et portionnables, ce qui permet<br />
de limiter le gaspillage.<br />
CBN _ Vous avez également multiplié les canaux de<br />
distribution ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ C’est le deuième ae de notre<br />
projet qui consiste en effet à aller chercher tous les relais<br />
de croissance et à développer de plus en plus de services.<br />
Quand je suis arrivée, on ne livrait que du territoire,<br />
or la Covid a provoqué une explosion des achats<br />
en ligne et en particulier pour le surgelé. Il y avait donc<br />
un caractère d’urgence à pouvoir adresser les besoins de<br />
nos clients. On a donc étendu la livraison à domicile sur<br />
du territoire dès novembre , puis nous avons<br />
lancé le click & collect que nous sommes en train de déployer<br />
à l’ensemble de notre parc magasins. Enfin depuis<br />
le début , nous testons la livraison epress via notamment<br />
la plateforme Deliveroo. Tout cela nous permet<br />
d’accompagner nos clients de plus en plus connectés<br />
dans l’évolution de leurs usages.<br />
CBN _ Ces nouveaux canaux ne remplacent pas le<br />
magasin ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ Pas du tout. Ils sont très complémentaires.<br />
Et au contraire, nous allons poursuivre<br />
notre epansion, ce qui constitue le troisième pilier de<br />
Proxima. Des tables rondes de clients et de non-clients<br />
nous ont permis de comprendre que les consommateurs<br />
qui ne nous fréquentaient pas étaient souvent ceux qui<br />
habitaient à plus de minutes de nos magasins. Ils<br />
considèrent qu’ils prennent le risque de briser la chane<br />
du grand froid en raison du temps de trajet. Cela m’a<br />
conduit à penser qu’il y a un vrai potentiel à améliorer<br />
notre maillage territorial. Nous avons ainsi identifié <br />
magasins à ouvrir d’ici à . Notre rythme d’ouverture<br />
s’est déjà bien accéléré, car nouveau magasins<br />
ont vu le jour en et autres depuis le début . …<br />
CB NEWS . 27 . OCTOBRE 2021
La Grande<br />
INTERVIEW<br />
“ AUX ÉMIRATS, NOS<br />
MEILLEURES VENTES<br />
SONT LA MINI<br />
BAGUETTE ET PUIS<br />
LES CROISSANTS. ”<br />
Pour soutenir cette accélération et couvrir des zones un<br />
peu plus rurales, nous développons le modèle de franchise<br />
en complément de nos magasins en propre. Nous<br />
allons ainsi tre présents pour la première fois de notre<br />
histoire à Franchise Expo Paris.<br />
CBN _ Picard poursuit également son développement<br />
hors de France ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ L’histoire de Picard à l’international<br />
n’est pas uniquement faite de succès. Nous avons<br />
fermé la Suisse, vendu l’Italie et la Scandinavie. Forts de<br />
ces enseignements, il fallait se demander quel modèle<br />
nous permettrait d’être agiles et de reconquérir l’international.<br />
Nous avons choisi de développer Picard sous la<br />
forme de corners, de « shop in shop », adossé à des retailers<br />
locaux premium et bien implantés avec lesquels nous<br />
coconstruisons notre sélection produite et auxquels nous<br />
livrons un concept clé en main.<br />
CBN _ Vous avez déjà commencé ?<br />
CATHY COLLART GEIGER _ Oui nous avons ouvert aux<br />
Émirats arabes unis, au mois de mai où nous avons aujourd’hui<br />
quatre magasins à Dubaï et Abu Dhabi, puis à<br />
Hong Kong, en juillet. Aux Émirats nous proposons une<br />
gamme d’une centaine de références que nous avons<br />
soigneusement sélectionnées avec les équipes de notre<br />
partenaire, qui ont pu venir les tester et goûter.<br />
CBN _ Cette gamme met-elle en avant le côté français<br />
de la marque ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ Oui, c’est le côté français qui joue,<br />
puisque nos meilleures ventes sont la mini baguette et les<br />
croissants. Nous avons aussi adapté<br />
notre plateforme de marque avec<br />
une signature dédiée « With love<br />
from France ».<br />
CBN _ L’aspect le plus spectaculaire<br />
de votre changement de posture<br />
reste la nouvelle plateforme de<br />
marque. Quelle est l’ambition<br />
derrière cette démarche ?<br />
CATHY COLL ART GEIGER_ C’est de<br />
rendre notre marque incontournable<br />
dans la cuisine des Français.<br />
C’est le quatrième pilier de notre<br />
plan. Jusqu’à présent nous étions<br />
une marque de produits. Il me semblait important de la<br />
travailler sous toutes ces dimensions pour en faire une<br />
marque d’enseigne, mais aussi une marque employeur<br />
et revendiquer la marque citoyenne que nous sommes.<br />
La marque d’enseigne, nous l’avons travaillée, avec<br />
notre agence Score DDB, à travers toute la plateforme<br />
de marque en montrant la relation assez inimitable que<br />
nous avons avec nos clients. L’enjeu était de rendre cette<br />
relation plus inclusive, plus personnalisée et de montrer<br />
que nous avons toutes les solutions quel que soit l’instant<br />
de consommation. Sur la marque employeur, nous avons<br />
notamment signé notre premier accord handicap, lancé<br />
notre première campagne de recrutement d’alternants<br />
l’année dernière, signé l’accord de télétravail…<br />
CBN _ Quelles sont vos initiatives sur la marque<br />
citoyenne ?<br />
CATHY COLLART GEIGER _ Sur le volet environnemental,<br />
nous avons par exemple lancé une politique globale de<br />
réduction des emballages qui nous a permis d’économiser<br />
tonnes de plastique par an entre et , soit<br />
de notre consommation. Nous nous sommes également<br />
engagés à réduire nos émissions de CO 2<br />
, avec pour<br />
objectif une diminution de de ces dernières d’ici à<br />
et par rapport à . Nous avons aussi signé l’accord<br />
Fret pour un transport plus responsable. Et puis<br />
nous travaillons à réduire la consommation d’énergie de<br />
nos magasins et testons des solutions alternatives comme<br />
des toits photovoltaïques.<br />
CBN _ Ce qui ne doit pas être évident compte tenu<br />
du fait que votre activité est particulièrement<br />
consommatrice d’énergie ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ Bien sûr, les congélateurs et la<br />
climatisation sont consommateurs d’énergie, c’est pour<br />
cela que nous avons formalisé ce type d’objectif et que<br />
nous cherchons des solutions alternatives. Je suis d’ailleurs<br />
à la recherche d’une start-up qui nous permettrait<br />
de mettre l’énergie de nos magasins au service de leur<br />
environnement immédiat. Nous pourrions imaginer<br />
chauffer les immeubles audessus de nos magasins… En<br />
attendant, nous avons déjà réduit de nos émissions<br />
de CO 2<br />
sur la période ..<br />
CBN _ Comment allez-vous travailler passer alors d’une<br />
marque retail à une marque pleine et entière ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ Nous avons travaillé les contenus<br />
avec beaucoup de cohérence. Que ce soit à la télévision,<br />
sur les réseaux sociaux ou en print, tout a changé<br />
en même temps pour creuser notre sillon sous la signature<br />
«Bienvenue». Nous avons aussi développé nos campagnes<br />
avec des inuenceurs, notamment pour toucher<br />
les plus jeunes…<br />
CBN _ Qui sont peu consommateurs de produits<br />
surgelés ?<br />
CATHY COLLART GEIGER_ Qui étaient peu consommateurs<br />
de produits surgelés. Mais nous avons réussi à doubler<br />
leur part de marché en un an. Parce qu’ils sont notamment<br />
très utilisateurs des nouveau parcours de course<br />
que nous avons mis en place. Aussi, nous exprimons désormais<br />
clairement nos engagements, et qu'ils entrent en<br />
résonance avec les préoccupations de cette génération.<br />
Les jeunes ont également renoué avec l’envie de cuisiner<br />
pendant les différents confinements. Et nous avons aussi<br />
des solutions comme les légumes épluchés ou le bio et le<br />
veggie, qui répondent à leurs préoccupations en termes<br />
de bien manger ou de praticité.<br />
CBN _ Est-ce que les jeunes stockent ou consomment<br />
tout de suite ?<br />
CATHY COLLART GEIGER Il y a les deu et nous constatons<br />
ainsi qu’un panier réalisé sur Deliveroo est identique au<br />
panier magasin. Une partie des jeunes se font livrer leur<br />
PHOTOS : © OLIVIER ROLLER<br />
CB NEWS . 28 . OCTOBRE 2021
“ (NOUS AVONS<br />
ÉCONOMISÉ)<br />
350 TONNES DE<br />
PLASTIQUE PAR AN<br />
ENTRE 2018 ET 2020,<br />
SOIT 10 % DE NOTRE<br />
CONSOMMATION. ”<br />
repas du midi et en même temps se servent de Deliveroo<br />
comme livraison express de produits à stocker. En<br />
moyenne on livre nos clients sous minutes pour garantir<br />
la chane de grand froid en limitant nos livraisons<br />
à 2,5 km autour de chaque magasin.<br />
CBN _ Est-ce que les jeunes ont les mêmes produits stars<br />
– le moelleux au chocolat par exemple – que leurs aînés ?<br />
Y a-t-il une transmission générationnelle de ce côté-là ?<br />
CATHY COLLART GEIGER _ Oui, mais il y a surtout une volonté<br />
d’harmonie entre les produits les plus sains, Nutriscore<br />
A et B et les produits plus gourmands comme notre<br />
moelleux. Nous ne proposerons pas une gamme exclusivement<br />
en Nutriscore A et B parce que nos clients ont<br />
besoin de mixer. Le moelleux au chocolat, c’est la madeleine<br />
de Proust.<br />
CBN _ Quel est le top 5 de vos produits les<br />
mieux vendus ?<br />
CATHY COLLART GEIGER Les haricots verts sont notre best<br />
seller. On en vend plus de tonnes par jour. Et puis il y<br />
a quatre pavés de saumons, la paëlla Valencia ou le poulet<br />
curry sauce coco qui sont aussi incontournables... et<br />
bien sûr le moelleux dont nous parlions à l’instant. Ce<br />
sont effectivement des produits plébiscités dont nous ne<br />
changeons pas la recette.<br />
CBN _ Être une des marques préférées des Français<br />
depuis des années, cela vous oblige ? Qu’est-ce que<br />
cela implique ?<br />
CATHY COLLART GEIGER Picard partage une relation<br />
privilégiée avec les Français pour plusieurs raisons. La<br />
première, nous en avons parlé, c’est la qualité eceptionnelle<br />
de nos produits. Cela nous oblige en effet à<br />
avoir un service recherche et développement exigeant.<br />
Cela peut nous prendre jusqu’à deux ans pour trouver la<br />
…<br />
CB NEWS . 29 . OCTOBRE 2021
La Grande<br />
INTERVIEW<br />
bonne recette. Et nous faisons aussi plus de 60 000 analyses<br />
par an, réalisés en interne par notre laboratoire<br />
qualité. Nous avons aussi une relation clients exceptionnelle.<br />
Nous avons un modèle très centralisé qui fait<br />
que nos collaborateurs sont recrutés, formés et valorisés<br />
sur la qualité de l’accueil. Nous mettons en avant leur<br />
capacité à aimer les gens, à les accompagner. Ainsi, les<br />
deux-tiers du budget de formation sont consacrés à ces<br />
sujets. Marque alimentaire préférée également parce<br />
que nous sommes une marque de proximité et que dans<br />
les m en moyenne de nos magasins, vous avez un<br />
choi très large qui va du petitdéjeuner à l’apéritif.<br />
Nous proposons ainsi près de références qui sont<br />
réparties sur un parcours très efficace puisque l’on met<br />
en moyenne minutes à le faire.<br />
“ CELA PEUT NOUS<br />
PRENDRE JUSQU’À<br />
DEUX ANS POUR<br />
TROUVER LA BONNE<br />
RECETTE. ”<br />
CBN _ Ce parcours est efficace, mais les clients se<br />
contentent-ils de suivre leur liste de course ou cèdent-ils<br />
à des envies, des coups de cœur ? Y a-t-il de l’impulsion ?<br />
CATHY COLLART GEIGER La plupart des clients achètent<br />
leur liste de course. L’achat d’impulsion s’opère fortement<br />
quand on fait des promotions thématiques. Nous<br />
le faisons notamment savoir aux possesseurs de la carte<br />
de fidélité qui reoivent notre nesletter, mais aussi par<br />
le catalogue en sortie de magasin ou sur les réseaux sociaux<br />
à travers des mini-jeux.<br />
CBN _ Combien avez-vous de clients <strong>encart</strong>és ?<br />
CATHY COLLART GEIGER Nous en avions , millions<br />
quand je suis arrivée et nous en sommes à , millions<br />
aujourd’hui.<br />
CBN _ La disparition annoncée des cookies et<br />
l’exigence grandissante de protection de la vie privée<br />
vous poussent-elles à augmenter encore votre base<br />
d’<strong>encart</strong>és ?<br />
CATHY COLLART GEIGER Oui, c’est important d’avoir à<br />
disposition cette data qui nous permet d’améliorer notre<br />
connaissance client. Nous pouvons alors mieux nous<br />
adapter et adresser les différents clients en fonction de<br />
leurs habitudes de consommation. Nous allons lancer un<br />
nouveau programme de fidélité l’année prochaine. Nous<br />
avons également beaucoup investi sur l’IT pour nous<br />
adapter aux nouvelles offres et à la livraison multicanal.<br />
CBN _ Votre test avec Deliveroo ne vous coupe-t-il pas<br />
de votre connaissance du client ?<br />
CATHY COLLART GEIGER En partie, puisque les clients utilisent<br />
l’application de Deliveroo pour commander. C’est<br />
donc Deliveroo qui possède l’intégralité de cette data.<br />
Cependant, le panier étant préparé en magasin, nous<br />
connaissons les produits que nous vendons, bien que<br />
nous ne sachions pas à qui. De plus, notre partenariat<br />
avec Deliveroo a pris la forme d’une vraie collaboration.<br />
Ils étaient très demandeurs de proposer les produits Picard<br />
au sein leur offre et nous avons pu appliquer nos<br />
standards sur leur canal de distribution.<br />
CBN _ Vous avez également revu votre stratégie sur les<br />
réseaux sociaux ?<br />
CATHY COLLART GEIGER Complètement, nous avons<br />
revisité Instagram récemment, amélioré l’interactivité<br />
avec nos clients, recruté des inuenceurs connus et<br />
moins connus. Ainsi Camille Cerf et Christophe Beaugrand<br />
ont promu la livraison à domicile lors de son lancement<br />
mais nous avons aussi des mamans parmi nos<br />
influenceurs au quotidien. Et puis nous faisons de la<br />
co-conception de produits avec nos clients. Nous allons<br />
lancer par exemple en octobre des aiguillettes de poulet<br />
selon la recette d’une cliente avec laquelle nous avons<br />
travaillé. En fait Picard était déjà présent dans le cœur<br />
des Français mais avait besoin d’entrer plus en relation<br />
avec eux, notamment à travers des communautés ou des<br />
ambassadeurs.<br />
CBN _ Tout bouge chez Picard, qu’en est-il des points de<br />
vente physique ?<br />
CATHY COLLART GEIGER Les points de vente physique<br />
restent indispensables, mais ils nécessitent une adaptation.<br />
Depuis les premiers changements que nous avons<br />
mis en place en un an, les résultats montrent que nos<br />
clients fidèles ont consommé encore plus et nous avons<br />
un million de clients <strong>encart</strong>és supplémentaires. Pour<br />
aller encore plus loin, nous sommes en train de travailler<br />
sur un nouveau concept de magasins pour y intégrer<br />
les parcours digitau, mais aussi pour mieu y reéter<br />
nos engagements et nos nouveautés. Nos clients fidèles<br />
nous connaissent naturellement, mais nous devons aussi<br />
nous adapter aux jeunes.<br />
PHOTOS : © OLIVIER ROLLER<br />
CB NEWS . 30 . OCTOBRE 2021
La Grande<br />
INTERVIEW<br />
“ LE JAMBON<br />
COQUILLETTES EST<br />
LE BEST-SELLER<br />
DU SNACK-BAR<br />
CONNECTÉ. ”<br />
CBN _ En plus des nouveaux magasins, la marque est<br />
visible dans de nouveaux environnements avec des<br />
snack-bars connectés en entreprise, à la Station F…<br />
Quel est l’objectif de cette stratégie ?<br />
CATHY COLLART GEIGER L’objectif, c’est de multiplier les<br />
points de contact avec nos clients, en leur proposant nos<br />
produits directement sur leurs lieux de vie, de passage.<br />
D’où le snack-bar connecté, qui peut s’implanter sur<br />
l’ensemble de ces endroits. Nous en avons plus d’une cinquantaine<br />
à ce jour, et nous avons des objectifs extrêmement<br />
ambitieux. Cela correspond à une vraie demande<br />
des entreprises, afin que leurs collaborateurs puissent<br />
manger des produits sains et pour un certain nombre,<br />
à toute heure. Donc nous équipons des sièges d’entreprises,<br />
des parcs d’attractions, des hôpitaux, des universités…<br />
Cela répond très bien au problème de la restauration<br />
collective qui a subi les effets de la crise et dans ce<br />
contexte nous offrons un service parfaitement sûr. Nous<br />
offrons plats avec cette machine que nous renouvelons<br />
toutes les quatre semaines environ. Sauf pour certains<br />
produits iconiques, comme le jambon coquillettes<br />
qui est le best-seller du snack-bar connecté. C’est aussi un<br />
moyen de nous faire connatre de nouveau clients. Vous<br />
me demandiez comment une marque de retail devient<br />
une marque d’enseigne, c’est aussi en étant sur les chemins<br />
de vie des gens.<br />
CBN _ En quoi le fait d’être la première femme à la tête<br />
de Picard change-t-il quelque chose ?<br />
CATHY COLLART GEIGER e ne crois pas que le fait d’tre<br />
une femme change quoique ce soit. C’est ce que j’apporte<br />
en tant qu’individu qui importe. C’est plutôt mon parcours<br />
de grande distribution qui est intéressant puisque<br />
j’ai été une opérationnelle pendant ans. ’ai débuté<br />
comme chef de rayon jusqu’à tre directrice d’hypermarché.<br />
’ai donc ans de « carrelage » comme on dit dans<br />
notre jargon. Et puis j’ai exercé sur des fonctions marketing,<br />
des directions achats, des directions enseignes, des<br />
directions régionales. J’ai été en Chine et j’ai travaillé à<br />
la centrale d’achat internationale d’Auchan pour pays.<br />
J’ai, grâce à Auchan, une expertise de groupe intégré<br />
mais aussi de groupement d’indépendants avec 2 années<br />
passées chez Intermarché, ce qui est important quand<br />
on veut lancer les franchises Picard. Mais je suis avant<br />
tout une entrepreneuse. On ne part pas en Chine avec<br />
son mari, son fils et en ne connaissant que cinq mots de<br />
chinois si on ne l’est pas ! À l’heure où les actionnaires de<br />
Picard cherchaient à renouer avec la croissance, je pense<br />
que c’est avant tout une personnalité qui les a attirés.<br />
Propos recueillis par<br />
AMELLE NEBIA et FRÉDÉRIC ROY<br />
CB NEWS . 31 . OCTOBRE 2021
LA 3 e ÉDITION DE TÉLÉ·VISIONNAIRE<br />
BY FRANCETV PUBLICITÉ ÉTAIT<br />
CONSACRÉE À L'AUDACE.<br />
RETROUVEZ 21 CITATIONS INSPIRANTES.<br />
TÉLÉ·VISIONNAIRE VOUS DONNE<br />
RENDEZ-VOUS EN 2022 !<br />
BERTILLE TOLEDANO<br />
Présidente de BETC France, Co-présidente de l’AACC<br />
« L'Audace, c’est normalement une<br />
prise de risque qui exige une bonne<br />
dose de confiance en soi. »<br />
MARIANNE SIPROUDHIS<br />
Directrice Générale de FranceTV Publicité<br />
« Le temps de la relance est arrivé. Et<br />
collectivement, on a certainement plus<br />
que jamais besoin d’Audace pour imaginer<br />
notre nouvel horizon commun ! »<br />
MANUEL ALDUY<br />
Directeur du Cinéma et du Développement<br />
international de France Télévisions<br />
« Dans le cinéma, l’Audace nous<br />
permet de ne pas être obsolètes. »<br />
SANDRINE SARROCHE<br />
Humoriste, Comédienne<br />
« Ah l’Audace ! Les Millennials ne<br />
connaissent même pas le mot… »<br />
MARIE DRUCKER<br />
Présentatrice, Réalisatrice, Productrice<br />
« L’Audace est systématiquement dans<br />
la genèse des nouvelles aventures, de<br />
l’innovation… L’Audace est protéiforme,<br />
universelle, nécessaire. »<br />
STÉPHANE SITBON-GOMEZ<br />
Directeur des Antennes et des Programmes<br />
de France Télévisions<br />
« L’Audace c’est de persister à croire que<br />
nous pouvons encore nous parler et que<br />
la télévision publique peut être la place<br />
du village, l’Agora, le lieu du débat dans<br />
une France qui a plus que jamais besoin<br />
d’échanger. »<br />
FAUSTINE BOLLAERT<br />
Journaliste et animatrice des émissions « Ça commence<br />
aujourd’hui », « La boîte à secrets », « Prodiges »<br />
et « Les temps changent ».<br />
« Il faut de l’Audace pour mettre à<br />
l’antenne une émission de témoignages<br />
aujourd’hui… L’Audace c’est la sincérité…<br />
Oser montrer ses émotions, poser<br />
la bonne question. »<br />
DELPHINE ERNOTTE CUNCI<br />
Présidente-Directrice Générale de France Télévisions<br />
« On va continuer à faire preuve d’Audace<br />
avec de belles et grandes fictions et<br />
des nouveautés qui vont arriver sur nos<br />
chaînes TV et sur France.tv. Avec le souci<br />
d’être léger et positif en cette rentrée. »<br />
FRANÇOIS BUSNEL<br />
Producteur, Animateur<br />
« La véritable Audace, est-ce que ce n’est<br />
pas en réalité l’Audace d’être soi ? »
ANTOINE JOUTEAU<br />
Directeur Général du groupe leboncoin<br />
« L’Audace c’est de redonner le pouvoir<br />
au consommateur et rendre le bon<br />
accessible à tous. »<br />
OLIVIER ALTMANN<br />
Cofondateur de l’agence ALTMANN+PACREAU<br />
« Pour être audacieux dans notre métier,<br />
il faut que l'annonceur et l’agence soient<br />
solidaires pour prendre des risques ».<br />
BRIGITTE HENRIQUES<br />
Présidente du Comité National Olympique<br />
et Sportif Français (CNOSF)<br />
« Il fallait oser candidater à la Présidence<br />
du CNOSF. Je suis ravie de dédier cette<br />
victoire à toutes les femmes ! »<br />
FRANÇOISE HERNAEZ<br />
Experte dans la connaissance du consommateur<br />
et l’analyse stratégique des tendances<br />
« Avec cette étude menée par Ipsos, en<br />
partenariat avec l’AACC pour FranceTV<br />
Publicité, nous avons découvert 3 grandes<br />
dimensions de l’Audace : L’Audace des<br />
émotions ; l’Audace des convictions et<br />
l’Audace du jeu avec les codes. »<br />
MARIETTE DARRIGRAND<br />
Sémiologue, Fondatrice du blog l’Observatoire des mots<br />
« L’Audace est un mot contemporain,<br />
émergent, dont il faut se saisir<br />
aujourd’hui, car nous sommes dans un<br />
moment instable. Il faut de l’Audace au<br />
sens de courage. »<br />
HERVÉ NAVELLOU<br />
Directeur Général de L’Oréal France et Président<br />
de l’Union Des Marques (UDM)<br />
« L’Audace inspire, elle permet de voir<br />
grand, c’est un cercle vertueux. »<br />
CHARLES PÉPIN<br />
Philosophe et Romancier<br />
« Le secret de l’Action, c’est de s’y mettre<br />
disait Alain. Apprendre à oser, c’est donc<br />
apprendre à trouver cet élan. »<br />
MARIE-DOHA BESANCENOT<br />
Directrice de la RSE, de la Marque et de<br />
la Communication, de Allianz France<br />
« Les assureurs sont les historiens<br />
du risque. L’Audace est l’ADN de<br />
l’assurance. »<br />
BERTRAND CIZEAU<br />
Directeur de la Communication Groupe & Directeur<br />
Adjoint de l’Engagement d’Entreprise de BNP Paribas<br />
« Le risque est la matière première de<br />
la banque. Il faut être audacieux pour<br />
financer des nouveaux projets. Faire<br />
banque, c‘est faire confiance. »<br />
ANNE HOLMES<br />
Directrice de la Fiction française de France Télévisions<br />
« Pour la création, l’Audace, c’est la prise<br />
de risque. »<br />
Photos: © Eric Legouhy.<br />
LAURA TENOUDJI<br />
Journaliste et chroniqueuse à « Télématin »<br />
« J’ai la chance de côtoyer des<br />
entrepreneurs dont l’Audace fait partie<br />
intégrante de leur projet ! »<br />
PASCAL PASQUIER<br />
Président Directeur Général du groupe Brioche Pasquier<br />
« La première Audace, ça a été de partir<br />
de notre région et d’aller plus loin et<br />
c’est pour cela que “notre histoire est<br />
aussi la vôtre”. »
Infographie<br />
EN CUISINE<br />
DANS LA<br />
CUISINE,<br />
ON TROUVE...<br />
BRRRRR...<br />
C’EST LE GRAND RETOUR<br />
DU CONGÉLATEUR AVEC<br />
UNE PROGRESSION DE<br />
18 %.<br />
RETOUR AUX<br />
FOURNEAUX, MAIS<br />
BIEN ÉQUIPÉS.<br />
… des prises électriques partout.<br />
L’électroménager est une passion<br />
française. Avec le temps (forcé) passé<br />
chez soi, beaucoup ont eu davantage<br />
de curiosité à cuisiner. Comme<br />
le bricolage, l’équipement est désormais<br />
à portée de tous. Moins encombrantes,<br />
avec un design rééchi, les<br />
machines s’exposent. Robots, extracteurs<br />
de jus, machines à moudre<br />
le café, yaourtières et l’inattendue<br />
machine à pain ont permis une<br />
croissance du segment de l’an<br />
dernier. Soit , milliards d’euros.<br />
Source : Étude « Trajectoires », par le Département<br />
insights du Groupement des marques d’appareils<br />
pour la maison (Gifam) avec GfK- 2020;<br />
PROJET<br />
CUISINE<br />
DU RAB DE<br />
FRITES...<br />
La friteuse signe son<br />
gras retour avec des<br />
ventes de + 20, 7 %.<br />
Soit 1,4 million<br />
d’appareils vendus.<br />
des Français<br />
ont un « projet<br />
cuisine » cette<br />
année. Et 35%<br />
aimeraient<br />
qu’elle soit<br />
rénovée<br />
POUR LES<br />
MACHINES À<br />
CAFÉ AVEC<br />
BROYEURS.<br />
COMME EN<br />
ITALIE<br />
CB NEWS . 34 . OCTOBRE 2021
des Français<br />
disent cuisiner<br />
davantage<br />
qu’avant la crise<br />
L'Incroyable<br />
progression pour<br />
les machines<br />
à pain…<br />
POUR LES<br />
CAVES À VINS<br />
DOMESTIQUES<br />
TOP 3<br />
DES VENTES<br />
D'ÉLECTROMÉNAGER<br />
1 KITCHEN MACHINES<br />
+47,6%<br />
2 ROBOTS<br />
MULTIFONCTIONS<br />
+24,2%<br />
3 BLENDERS +16,2%<br />
ÇA MITONNE<br />
La préparation<br />
culinaire domine la<br />
croissance des ventes de<br />
l’électroménager avec<br />
+27,5%<br />
de progression.<br />
CB NEWS . 35 . OCTOBRE 2021
SIMPLE ET DE BON GOÛT<br />
LE PLAISIR<br />
(ENFIN) À TOUTES<br />
LES SAUCES<br />
CB NEWS . 36 . OCTOBRE 2021
Cover<br />
ENQUÊTE FOOD<br />
LA SIMPLICITÉ EST AU GOÛT DU JOUR. QUE CE SOIT POUR<br />
LES PRODUITS OU LA COMMMUNICATION. LA GOURMANDISE<br />
ET LE PLAISIR REVIENNENT SUR LA CARTE DU MENU<br />
POST-COVID. EXIT LES FRUSTRATIONS ALIMENTAIRES !<br />
MAIS COMMENT FONT LES MARQUES POUR SÉDUIRE CES<br />
NOUVEAUX GOURMETS ?<br />
Nutriscore, PNNS, «avec modération», «ni<br />
trop salé, ni trop gras, ni trop sucré »,<br />
«mangez 5 fruits et légumes par jour»…<br />
Ras le bol… dans l’assiette! Les Français<br />
semblent fatigués des injonctions, en<br />
particulier quand il s’agit de «réglementer»<br />
leur nourriture. Petits conseils amicaux,<br />
recommandations familiales mais<br />
aussi check-lists alimentaires poussées par les magazines<br />
féminins ou autres exhortations nutritionnelles légales,<br />
les consommateurs en ont marre. Après avoir obtempéré<br />
depuis des années, surveillé leur prise de poids et leurs<br />
apports protéiniques au millimètre. Après avoir eu peur<br />
de la vache folle, de la viande de cheval dans les lasagnes,<br />
des concombres à l’e. coli, après avoir boycotté le Nutella.<br />
Après avoir mangé « sans » (gluten, sans sucre, sans matières<br />
grasses et souvent même sans goût !), les gastronomes<br />
français aspirent à un peu de positif et de douceur<br />
dans leurs assiettes comme dans ce monde de brutes.<br />
«Même si le prix et la santé sont importants, quand il est<br />
question d’alimentation, le premier levier d’achat reste<br />
indéfectiblement le plaisir», explique Xavier Terlet, directeur<br />
général de l’agence spécialisée Protéines-XTC. Dans<br />
la food, sans goût ni plaisir, point de salut. «C’est le cas en<br />
période normale, mais ça l’est encore plus en période de<br />
crise, ajoute Xavier Terlet. L’alimentaire est l’un des rares<br />
vecteurs de petits plaisirs du quotidien, or, ces petits plaisirs<br />
faciles et accessibles sont essentiels et l’ont sans doute<br />
été encore plus pendant ces derniers longs mois de crise<br />
du Covid et de divers confinements.» D’autant que cette<br />
fois, le danger de mort ne venait pas de la sphère alimentaire.<br />
C’est terrible mais cela veut dire beaucoup. Car depuis<br />
la Seconde Guerre mondiale les plus grands dangers<br />
ont concerné de près ou de loin l’alimentaire: les famines<br />
dues aux guerres (guerre mondiale, d’Algérie, du Golfe,<br />
guerres économiques, guerre froide, etc.), le cancer, le<br />
diabète, l’obésité ou les problèmes cardiovasculaires (trop<br />
gras, trop sucré, trop salé) sans compter les « nouvelles »<br />
menaces terroristes (les attentats au terrasses de Paris).<br />
Culturellement et historiquement la France a peur des<br />
rationnements et du manque de nourriture, des contaminations<br />
massives dues à des aliments frelatés kyrielle de<br />
scandales alimentaires). Et, en 2015, après les attentats de<br />
Paris, sortir boire un verre ou dîner en terrasse est même<br />
devenu une triste manière de revendiquer notre art de<br />
vivre et nos libertés fondamentales. Autant de coups durs<br />
pour le moral gastronomique hexagonal. Il était temps<br />
de sortir de cette noirceur et de remettre un peu d’espoir,<br />
de joie, de réassurance et de réconfort au rayon bonne<br />
bouffe! «C’est peuttre un effet bénéfique de cette crise<br />
du Covid: les Français ont repris conscience de leur amour<br />
pour la nourriture, la cuisine, et de leur importance, explique<br />
Laurence Barrer, psychologue clinicienne à Toulon,<br />
chercheuse à l’Inserm. L’alimentation, c’est la vie. C’est un<br />
pivot dans une famille, elle crée du lien, des moments<br />
inoubliables, permet de se retrouver et ne doit pas faire<br />
peur ni culpabiliser. Pendant les confinements c’est la<br />
nourriture qui a littéralement apporté de la vie dans nos<br />
CB NEWS . 37 . OCTOBRE 2021
Cover<br />
ENQUÊTE FOOD<br />
foyers.» Elle nous a distraits, occupés, réunis. Et elle nous<br />
a aussi permis de sortir : faire les courses de nourriture<br />
était l’une des seules choses autorisées!<br />
“ LA NOURRITURE DOIT<br />
RESTER DE L’ORDRE<br />
DE L’INTIME, AUCUNE<br />
MARQUE, PUBLICITÉ,<br />
OU SOCIÉTÉ NE<br />
DEVRAIT NOUS DIRE<br />
QUOI MANGER ! ”<br />
LAURENCE BARRER, INSERM<br />
« L’alimentation est une valeur refuge,<br />
réconfortante et de partage,<br />
explique Amalia de Freitas, chef de<br />
groupe Sandwichs, Média et activation<br />
de la marque à Daunat. Ce<br />
plaisir est profondément ancré chez<br />
les Français qui ne mangent pas pour<br />
vivre mais vivent pour manger ! ».<br />
Avec le confinement, les tabous du<br />
plaisir et de la gourmandise sont tombés.<br />
« En pleine crise, très logiquement<br />
les Français se sont rués vers les<br />
aliments qui réconfortent, font plaisir,<br />
rassurent, reprend Laurence Barrer.<br />
Souvenez-vous des ruptures de<br />
stocks de beurre, sucre, farine, nous avons cuisiné des recettes<br />
simples mais essentielles comme les gâteaux! Dans<br />
cette ambiance de fin du monde, nous avions envie de<br />
manger pour aller mieux, sans culpabiliser, pour se faire<br />
plaisir. De toute manière à quoi bon culpabiliser quand la<br />
fin est proche, quand vous tes au bord de la mort » Et<br />
depuis, les consommateurs ne veulent surtout plus retomber<br />
dans ces névroses du passé, dans la culpabilité et la<br />
frustration alimentaires. «Parce que la nourriture doit rester<br />
de l’ordre de l’intime, ajoute Laurence Barrer. Aucune<br />
marque, aucune publicité, aucune société ne devrait nous<br />
dire quoi manger!». L’alimentation renvoie à notre culture<br />
personnelle, à notre famille, à la manière dont nos parents<br />
nous ont nourris, c’est transgénérationnel… «La nourriture<br />
ne devrait pas être source de peurs ni de culpabilité,<br />
ajoute la psychologue. Comme nous l’apprenons pourtant<br />
dans nos sociétés judéo-chrétiennes avec l’adage “la gourmandise<br />
est un vilain défaut”. Tous les aliments sont bons,<br />
il n’y a que l’ecès qui est néfaste, la surconsommation,<br />
l’ultratransformé, etc.»<br />
Depuis près de deux ans, les Français font donc table rase<br />
de la mauvaise conscience et des injonctions. Et, forcément,<br />
les marques ont senti, voire initié, la tendance…<br />
Car ce mouvement était sous-jacent depuis plusieurs<br />
années déjà. « Mais attention, le consommateur, même<br />
s’il ne veut plus avoir mauvaise conscience et cherche<br />
avant tout à se faire plaisir, reste malgré tout sensibilisé<br />
aux problématiques de santé, de nutrition, d’environnement,<br />
ou encore de bien-être animal, poursuit Xavier<br />
Terlet, de l'agence Protéines-XTC. Et il ne veut surtout<br />
pas être pris en défaut, en achetant par exemple un produit<br />
soupçonné d’accélérer la déforestation ou de nuire<br />
à la santé de ses enfants. Et comme il ne veut pas avoir<br />
d’états d’âme, il s’en remet de plus en plus aux professionnels,<br />
marques, industriels ou restaurateurs: à eux de<br />
garantir la qualité de leurs produits et de la démontrer<br />
via l’origine des ingrédients, les labels, la qualité, etc. ».<br />
Et, si, il y a quelques années les aliments qui rassuraient<br />
les Français étaient les aliments devenus très techniques<br />
comme les « alicaments » ou ceux garantis « zéro calories»,<br />
ces derniers n’ont plus vraiment le vent en poupe.<br />
« Avec la Covid, la défiance contre les scientifiques est<br />
montée d’un cran, c’est du jamais vu, continue Xavier<br />
Terlet. Les garanties de qualité sont donc désormais très<br />
éloignées de ces aliments ultratransformés ou garantis<br />
“sans ”. » Les choses changent et la simplicité et la naturalité<br />
sont des trends de plus en plus recherchés. Chez<br />
Andros ou Marie l’innovation passe désormais par des<br />
recettes ultrasimples, avec «plus de fruits», ou certifiées<br />
« pur beurre » et on réduit la liste des ingrédients pour<br />
ne conserver que trois ou quatre éléments essentiels et<br />
naturels. La simplicité est devenue la garantie qualité et<br />
sécurité. Et l’innovation à outrance des recettes n’est plus<br />
du tout un levier d’achat.<br />
Pour satisfaire ces envies de simplicité, certains ressortent<br />
donc, assez facilement, leurs bonnes vieilles recettes de<br />
grand-mère, rappellent sur leurs packagings leurs années<br />
de création et leur origine France, ou réutilisent même<br />
leurs vieu logos, ainsi que leurs labels qui eurent bon<br />
le terroir comme les AOP, Label rouge ou IGP (indication<br />
géographique protégée). Burger King a ainsi repris en<br />
2021 son logo des années 1960! Auchan réutilise dans ses<br />
films la mélodie «r Sandman». Le top chef ean Imbert,<br />
avant de prendre les commandes des cuisines du Plaza<br />
Athénée a lancé son restaurant Mamie en hommage à sa<br />
grandmère. Et un peu partout du rayon des surgelés, en<br />
passant par les plus grands chefs étoilés ou les recettes des<br />
géants de l’agroalimentaire on revisite ces petits plats qui<br />
CB NEWS . 38 . OCTOBRE 2021
Cover<br />
ENQUÊTE FOOD<br />
réconfortent, ravigotent et font du bien.<br />
Poule au pot, riz au lait et autres tourtes<br />
et bourguignons font plus que jamais<br />
recette. Même les start-up – en quête<br />
d’histoire et d’authenticité s’y mettent<br />
sans complexe. Le traiteur Mamie Foodie<br />
fait cuisiner les aïeux. Grand’ma Project<br />
invente la banque de données qui<br />
conserve et « numérise » les recettes de<br />
nos grands-mères.<br />
PHOTOS : © DR.<br />
LA SIMPLICITÉ ET LA<br />
NATURALITÉ SONT<br />
TENDANCE, ET LA<br />
GARANTIE DE QUALITÉ<br />
ET DE SÉCURITÉ.<br />
Les sandwiches Bien<br />
Fait de Daunat, des<br />
recettes simples avec<br />
peu d'ingrédients<br />
mais de qualité et<br />
twistés par un petit<br />
détail gourmand<br />
comme des graines,<br />
une sauce, du<br />
beurre salé, etc.<br />
Dans des packs<br />
plus responsables,<br />
évidemment.<br />
ais il n’y a pas que l’effet « mamie » ni la<br />
seule nostalgie ou son pouvoir régressif<br />
qui fonctionnent aujourd’hui, comme<br />
c’est régulièrement la mode depuis plusieurs<br />
décennies. Certes, les recettes<br />
de grand-mère ont divers avantages<br />
très en vogue : elles sont économiques,<br />
équilibrées, faites de produits de saison,<br />
de produits locaux et sont souvent très<br />
gourmandes. Mais le maître mot, c’est<br />
la simplicité. Pas de plaisir sans praticité,<br />
facilité et rapidité. Et ça, les professionnels<br />
l’ont bien compris. « Notre objectif<br />
est de remettre au goût du jour toute<br />
notre gamme de produits sans changer<br />
les fondamentaux de notre recette qui<br />
fait le succès de Banania depuis plus de<br />
100 ans, explique Aurélie Hemmer, responsable<br />
marketing chez Nutrimaire<br />
(Banania, Benco). Cette simplicité de<br />
poudre chocolatée fabriquée à partir<br />
de très peu et de savoureux ingrédients,<br />
c’est aujourd’hui la richesse de la marque<br />
et c’est ce qui rassure le consommateur ».<br />
Un savoir-faire patrimonial, authentique,<br />
une recette quasiment inchangée et la signature « simplement<br />
bon » ont permis à la marque de pouvoir innover<br />
sans perdre la notion de plaisir. Banania a ainsi revu entièrement<br />
ses packagings, innové en proposant des conditionnements<br />
plus pratiques et plus écologiques et imaginé<br />
des recettes moins sucrées. La marque s’est aussi lancée<br />
sur le marché des pâtes à tartiner et des barres chocolatées<br />
avec des produits garantis moins transformés. Même recette<br />
chez les traiteurs ou au rayon frais. « Daunat fait par<br />
tie du quotidien des Français depuis 45 ans, précise Amalia<br />
de Freitas. Une histoire forte qui a toujours été basée<br />
sur le plaisir et la gourmandise. En 1976 c’est la première<br />
marque à proposer des sandwiches sur l’autoroute, puis<br />
en 1996 en GMS. Aujourd’hui nous vendons 500 000 solutions<br />
de repas par jour ! Alors, proposer toujours plus d’innovations,<br />
de solutions pratiques et de plaisir, c’est notre<br />
mission. Nous passons notre temps à revisiter et réinventer<br />
des recettes simples et connues de tous, comme le jambonbeurre<br />
en y ajoutant toujours plus de got, de naturalité et<br />
de modernité. C’est un challenge de tous les jours surtout<br />
quand on utilise de la farine française, des produits locaux<br />
(jambon, poulet, beurre). Tout en innovant pour que nos<br />
packagings soient toujours plus pratiques et consomment<br />
moins de plastique. »<br />
La simplicité n’est donc pas toujours synonyme de régres<br />
sion, de nostalgie et de souvenir d’enfance, et peut aussi<br />
CB NEWS . 39 . OCTOBRE 2021
Cover<br />
ENQUÊTE FOOD<br />
très vite devenir assez compliquée pour des industriels<br />
jusqu’ici encouragés par les consommateurs ou les autorités<br />
à suremballer pour plus d’hygiène, importer pour<br />
tirer les pri au plus bas, compleifier les recettes pour<br />
exaucer les goûts et créer l’effet waouh, etc. Le changement<br />
de cap est radical et a été considérablement<br />
accéléré par la Covid. S’adapter vite est devenu très difficile<br />
pour les professionnels de l’alimentaire. D’autant<br />
qu’entre les déclarations de bonnes intentions et les faits,<br />
les paradoxes et contradictions ne manquent pas. Ainsi,<br />
dès le premier confinement une majorité des consom<br />
mateurs affirmaient vouloir manger mieu, acheter fran<br />
çais et local ou assuraient être prêts à dépenser plus pour<br />
acheter des produits de meilleure qualité. Mais dans les<br />
faits les comportements n’ont pas changé. Selon l’étude<br />
sur les comportements des Français du Credoc publiée<br />
en début d’année 2021, 50 % des Français continuent en<br />
réalité de comparer les prix. Et de nombreux consommateurs<br />
préfèrent être des acheteurs malins, toujours<br />
en quête de bonnes affaires et de prix bas. Selon un<br />
sondage Opinion Way, publié en décembre , <br />
de nos concitoyens estimaient avoir augmenté leur<br />
consommation de produits français suite au premier<br />
confinement. 94 % se disaient prêts à consommer à<br />
l’avenir au moins autant voire plus<br />
de produits alimentaires et de boissons<br />
made in France qu’avant la pandémie.<br />
Et près de 70 % déclaraient<br />
tre prts à payer plus cher les ali<br />
ments français. Mais, entre bonnes<br />
intentions et réalité, les chiffres sont<br />
fourbes… « Dans les faits, c’est faux :<br />
n’y a pas eu d’effondrement des<br />
importations en France en 2020,<br />
bien au contraire, explique Vincent<br />
Chatellier, ingénieur de recherche<br />
à l’Inrae et président de la société<br />
française d’économie rurale. Selon<br />
50 % DES FRANÇAIS<br />
CONTINUENT EN<br />
RÉALITÉ DE COMPARER<br />
LES PRIX, MALGRÉ LEURS<br />
DÉCLARATIONS DE<br />
PAYER PLUS POUR<br />
LA QUALITÉ.<br />
les douanes, en 2020 les importations alimentaires ont<br />
reculé de seulement 2 %. Donc, non, nous n’avons pas<br />
mangé plus local ces derniers mois ».<br />
Du côté des marques, faire mieux, faire plus (d’innovations,<br />
de chiffre d’affaires, de déclinaisons, de RSE)<br />
avec moins (de plastique, de sucre, de gras, etc.) est évidemment<br />
une tendance lourde et très concrète depuis<br />
longtemps. Elles y sont poussées par les déclarations des<br />
consommateurs mais aussi surtout par les réglemen<br />
tations, engagements de filières, eigences des distribu<br />
teurs. Les spécialistes du chocolat comme Banania, mais<br />
aussi Milka, Carambar, Nutella ou Kinder proposent par<br />
exemple désormais quasiment toutes leurs barres de<br />
céréales plus saines, pâtes à tartiner moins grâces et plus<br />
gourmandes, leurs crèmes glacées simplifiées ou bio, etc.<br />
Ces marques partent de leur spécialité, de leur produit de<br />
base et le déclinent à l’infini pour élargir leur gamme et<br />
se diversifier, en misant sur la notoriété de leur marque<br />
et de leur savoir-faire. Et toutes les catégories jouent cette<br />
carte, améliorent leurs recettes, les rendent plus gourmandes,<br />
plus végétales, plus naturelles. On l’a vu au rayon<br />
soupes avec Liebig dont le spot publicitaire jouait avec les<br />
critiques des consommateurs et qui a adapté ses recettes<br />
en conséquence (plus de légumes,<br />
sans additifs, moins de sel). Résultat,<br />
ses ventes ne cessent de progresser,<br />
+10 % en 2020.<br />
Parmi les grandes tendances vers<br />
plus de simplicité, la déferlante des<br />
concepts « monoproduit » n’a pas dit<br />
son dernier mot non plus. Dans la<br />
restauration ou la pâtisserie, comme<br />
Ladurée qui a fait sa fortune avec les<br />
macarons, d’autres ont inventé les<br />
boutiques dédiées aux choux, aux<br />
SOURCE CRÉDOC, 2021 meringues, aux cheesecakes, sushis<br />
et autres hot-dogs (La Meringaie,<br />
Eclair de Génie, Monsieur Albert,<br />
Merveilleux de Fred, etc.). Et même<br />
du côté des ustensiles de cuisine, les marques telles que<br />
les bocaux Le Parfait, les cocottes Le Creuset ou Staub,<br />
les plaques de cuisson ENO ou les robots Thermomix<br />
n’ont plus rien à envier aux marques multiproduits. Les<br />
consommateurs les redécouvrent et les adulent pour leur<br />
savoir-faire unique et leur qualité irréprochable. Faire<br />
simple c’est aussi faire la part belle au vrac. Sauf qu’avec<br />
le vrac les marques perdaient leurs noms et identités,<br />
elles se lancent alors elles aussi à l’assaut de ces linéaires.<br />
Kellogg’s, Nescafé, Panzani, les Deux Vaches, Michel<br />
et Augustin proposent désormais leurs produits bruts<br />
et marketés dans leurs propres distributeurs. « Car la<br />
marque rassure les consommateurs, assure Xavier Terlet<br />
de l'agence Protéines-XTC. Elle est gage de sécurité, de<br />
qualité, de constance et de goût. L’absence de marques<br />
au rayon vrac était un frein fort pour son développement<br />
qui stagnait depuis plusieurs mois ».<br />
Dans un tout autre registre, les kits de cuisine cartonnent<br />
aussi très bien. Car si les consommateurs réclament plus<br />
de simplicité et de « fait maison » ils ne sont pas forcément<br />
prêts à se lancer dans le batch cooking tous les<br />
CB NEWS . 40 . OCTOBRE 2021
Cover<br />
ENQUÊTE FOOD<br />
“ GRÂCE AU KRAFT<br />
(NOUS RÉDUISONS) DE<br />
20 % LE POIDS DE NOS<br />
EMBALLAGES, ET DE<br />
72 % L’UTILISATION DU<br />
PLASTIQUE. ”<br />
MATTHIEU SIMONIN, SUCRE DADDY<br />
Les recettes de<br />
grands-mères se<br />
transmettent souvent<br />
oralement et peuvent<br />
se perdre. Grand'ma<br />
Project (page de<br />
gauche) a créé une<br />
banque de données<br />
qui les conserve.<br />
week-ends ou à cuisiner des heures après le boulot. Idem<br />
pour les start-up spécialistes des livraisons de paniers<br />
repas qui pullulent : Frichti, Quitoque et consorts. Omie<br />
& Cie propose quant à elle de sélectionner et de livrer<br />
des ingrédients bruts ou très peu transformés de grande<br />
qualité mais dépourvus de branding et autres packagings<br />
élaborés. Les prix sont justes et plus rémunérateurs pour<br />
les producteurs…<br />
Mais comment se démarquer quand tout à coup absolument<br />
tout le monde cherche ainsi à clamer les mêmes<br />
messages, à surfer sur son origine Made in France, son<br />
savoirfaire, ses recettes authentiques, son éthique… <br />
Comment prouver sa sincérité « Nous n’avons pas choisi<br />
de retomber dans les artifices et la facilité du marketing<br />
de la nostalgie ni de la simplicité “ gratuite ”, souligne Matthieu<br />
Simonin, directeur des opérations marketing chez<br />
Cristalco sucre Daddy). Daddy a toujours cherché à se<br />
différencier de ses concurrents – qui vendent tous le même<br />
produit brut – avec un ton irrévérencieux, humoristique,<br />
décalé et des innovations de rupture. » Elle a ainsi été la<br />
première à utiliser la couleur rose en 1981, dans l’alimentaire<br />
pour distinguer et faire émerger ses packagings. La<br />
première à proposer des demi-morceaux de sucre, des<br />
sachets souples avec bec verseur économe en plastique.<br />
La première à lancer des packs transparents, à imaginer<br />
une mascotte rappeur baptisée Pink Daddy.<br />
ais aujourd’hui le ton change. « Désormais, Daddy kiffe<br />
le kraft, ajoute Matthieu Simonin. Tous nos packagings<br />
(sauf le sucre glace) adoptent désormais cette matière<br />
car il était temps de faire des arbitrages forts et de démontrer<br />
concrètement aux consommateurs que nous<br />
nous engagions pour plus de naturalité et de respect<br />
de l’environnement. Que nous ne jouions pas avec<br />
une tendance marketing, mais qu’en décidant d’arrêter<br />
nos boîtes plastiques nous permettions, grâce au kraft,<br />
de réduire tout de suite de 20 % le poids de nos emballages,<br />
et de 72 % l’utilisation du plastique. » Donc oui, si<br />
le kraft confère à la marque des airs de firme vintage et<br />
tendance, l’essentiel n’est surtout pas là. En s’obligeant à<br />
abandonner les fenêtres en plastique, la transparence qui<br />
permet de voir la pureté du sucre, la marque fait des choix<br />
majeurs. « Ce qui rassure aujourd’hui le consommateur,<br />
c’est de percevoir des changements lourds, engageants,<br />
impactants, de voir que nous ne faisons pas que de la<br />
communication de paillettes, poursuit le directeur marketing.<br />
Nous sommes aussi la première marque de sucre<br />
à lancer du sucre bio made in France. » Des changements<br />
concrets et de rupture qui ne servent pas que les intérêts<br />
financiers des marques, mais préservent l’environnement,<br />
la santé, le bien commun, ce sont aussi désormais les exigences<br />
renforcées et post-Covid des consommateurs. Pas<br />
toujours faciles à satisfaire… Mais salutaires quand les<br />
annonceurs de tous les secteurs se ruent sur les mêmes<br />
leviers marketing (environnement, engagements, RSE,<br />
simplicité, authenticité, made in France). Seuls les actes<br />
et les preuves de changement permettront de créer de la<br />
différenciation. Et de ramener toujours plus de plaisir,<br />
déculpabilisé dans nos assiettes… Donc de fidéliser les<br />
gourmets du XXI e siècle !<br />
SOPHIE STADLER<br />
CB NEWS . 41 . OCTOBRE 2021
Cover<br />
ENQUÊTE FOOD<br />
“ LE GOÛT ET LE PLAISIR<br />
REVIENNENT EN FORCE ”<br />
Référencement<br />
LA TRÈS SÉLECTE ENSEIGNE DE LA RIVE GAUCHE DÉFEND<br />
SON POSITIONNEMENT ET INSISTE SUR SON RÔLE<br />
PÉDAGOGIQUE AUPRÈS DE SES CLIENTS. INTERVIEW DE<br />
LAURENT TREGARO DE LA GRANDE ÉPICERIE DE PARIS.<br />
CBN _ Scandales alimentaires, bien-être animal, puis<br />
crise du Covid ont bousculé l’univers de la Food,<br />
malmené les marques et industriels. Sentez-vous<br />
chez vos clients le besoin d’être rassurés sur leur<br />
alimentation ?<br />
LAURENT TREGARO_ Depuis toujours, les clients de la<br />
Grande Épicerie de Paris se sentent concernés par l’alimentation<br />
et ce qu’ils mangent. Ils viennent chez nous<br />
car ils nous font confiance pour sélectionner et référencer<br />
les meilleurs produits. Ce qui ne le empêche pas de<br />
nous questionner. Ils veulent toujours savoir comment<br />
les produits sont fabriqués, quels sont leurs ingrédients,<br />
où sont situés les producteurs, quelle est leur empreinte<br />
carbone… Ils se posaient et nous posaient déjà toutes<br />
ces questions, mais il est vrai que la crise du Covid et<br />
les confinements ont encore accéléré cette tendance de<br />
fond. Et nos clients sont encore plus curieux qu’auparavant.<br />
Mais nous sentons aussi qu’ils ne veulent surtout<br />
plus avoir mauvaise conscience quand il s’agit de nourriture.<br />
Ils veulent également soutenir l’autonomie alimentaire<br />
de la France. Acheter Français est une préoccupation<br />
très forte depuis 2020. Ils ont réalisé dès le premier<br />
confinement à quel point il est réellement important de<br />
soutenir nos métiers, nos filières, nos savoirfaire. Les<br />
réponses que nous pouvons leur apporter, nous distributeurs,<br />
mais aussi marques ou producteurs, participent<br />
à leur rassurance.<br />
CBN _ Rassurer, expliquer, décomplexer le débat autour<br />
de l’alimentation, de nombreuses marques le font<br />
pourtant depuis longtemps…<br />
LAURENT TREGARO _ Oui, d’ailleurs ce sont souvent les petites<br />
marques ou les start-up qui sont à l’origine de cette<br />
tendance. Michel & Augustin, que nous avons été les premiers<br />
à référencer il y a déjà plusieurs années est l’une des<br />
marques à l’origine de ce mouvement où le savoir-faire est<br />
mis en valeur grâce à un ton plus proche des consomma-<br />
teurs. Mais ce mouvement revient au grand galop depuis<br />
quelques mois même chez les très grands industriels alors<br />
qu’ils ne le faisaient pas du tout auparavant. Et puis surtout,<br />
ce sont le goût et le plaisir qui reviennent en force<br />
sur le devant de la scène alimentaire. Les clients veulent<br />
certes mieux manger, mais ils veulent avant tout du goût !<br />
CBN _ Comment répondez-vous en magasin à ces<br />
multiples attentes ?<br />
LAURENT TREGARO _ D’abord la qualité, le goût, la quête<br />
des meilleurs produits ont toujours été notre priorité et<br />
nos spécialités, nos clients n’ont aucun doute à ce sujet.<br />
Mais nous mettons désormais beaucoup plus en avant en<br />
magasin nos sélections engagées, nous communiquons et<br />
expliquons en rayons l’origine des produits, les producteurs,<br />
les circuits courts, etc. Nous avons aussi créé au<br />
sein des magasins le Lab de la Grande Épicerie de Paris où<br />
nous présentons en exclusivité dans un corner dédié les<br />
produits de start-up ou nouveaux producteurs auxquels<br />
nous croyons. Ils ont alors durant 15 jours une visibilité<br />
exceptionnelle pour faire connaître leurs produits. Et souvent,<br />
si les clients les plébiscitent, ils sont même ensuite<br />
définitivement référencés à la rande Épicerie. Ce sont en<br />
général de jeunes marques très engagées, qui proposent<br />
des produits originaux. Nous avons ainsi récemment découvert<br />
Cocomiette, une bière française bio fabriquée à<br />
base d’invendus de mie de pain. Ou Popote, des gourdes<br />
mono-ingrédients bio de purées de fruits ou légumes<br />
pour bébés. Ou encore la Confiture Parisienne, une jeune<br />
marque de confitures d’eception.<br />
CBN _ Avez-vous également remarqué ces derniers<br />
mois les efforts déployés par les grandes marques<br />
déjà renommées ?<br />
LAURENT TREGARO _ Oui, nombre d’entres elles remettent<br />
à jour actuellement leurs packagings, leurs identités<br />
visuelles, leurs campagnes de communication et leurs<br />
PHOTO : © VIRGINIE GARNIER.<br />
CB NEWS . 42 . OCTOBRE 2021
dégustons toujours tous les produits. Chez nous ce qui<br />
prime avant tout c’est le goût. Si un produit est beau, est<br />
fabriqué en France ou qu’il arbore un label c’est bien,<br />
mais s’il n’est pas bon ni savoureux, alors nous ne le référencerons<br />
pas. Ensuite bien sûr nous exigerons qu’il soit<br />
présentable, qu’il ait une belle histoire et qu’il procure du<br />
plaisir et des émotions…<br />
CBN _ Vous visitez les sites de production et rencontrez<br />
les grandes marques comme les plus petits artisans ?<br />
LAURENT TREGARO _ Oui, souvent pour les nouveautés, les<br />
produits comme les huiles d’olive ou les produits de fêtes,<br />
nous nous rendons directement chez les producteurs pour<br />
ressentir ces belles histoires et découvrir leurs « secrets »<br />
de fabrication. Référencer un produit c’est toujours une<br />
véritable et profonde collaboration. C’est du gagnant-gagnant.<br />
Nous offrons une visibilité incroyable aux produits<br />
et les fabricants nous permettent de sélectionner et de<br />
proposer le meilleur à nos clients. Nous aimons particulièrement<br />
être des instigateurs de tendances, des dénicheurs<br />
de nouveautés, mais nous veillons aussi à la pérennité de<br />
la qualité des produits sur le long terme. Nous référençons<br />
à nouveau produits chaque année et proposons<br />
au total plus de références alimentaires dont<br />
en épicerie) !<br />
Laurent Tregaro<br />
est responsable des<br />
achats à La grande<br />
Épicerie de Paris.<br />
assortiments pour rappeler leur histoire,<br />
souligner qu’elles sont des<br />
marques françaises, mettre en avant<br />
leurs ingrédients et leurs savoir-faire.<br />
Elles sont aussi très vigilantes quant<br />
aux mots et au vocabulaire choisis. Dans le secteur de la<br />
charcuterie, il est par exemple de très bon ton d’éviter désormais<br />
d’utiliser le mot « porc » sur ses packagings et de<br />
le remplacer par « cochon » ou le nom d’une race, pour<br />
accentuer le côté terroir. Les marques sont aussi très attentives<br />
à la place réservée aux labels sur leurs packagings.<br />
CBN _ Que pensez-vous de ces changements et<br />
opérations de séduction ?<br />
LAURENT TREGARO _ tre plus précis renforce la particularité<br />
du produit et le valorise c’est indéniable. Nous<br />
sommes sensibles aux signes de qualité. Mais, avant de<br />
référencer un produit je cherche aussi toujours à savoir si<br />
le discours ou la beauté d’un emballage sont seulement<br />
purement marketing, où s’ils relèvent d’une démarche<br />
sincère et authentique. e me méfie toujours du marketing<br />
qui chercherait à duper le consommateur. Nous<br />
y faisons très attention, c’est pourquoi nous testons et<br />
“CE QU’IL FAUT ÉVITER<br />
C’EST L’EXCÈS ET LA<br />
SURCONSOMMATION.<br />
À NOUS DE LEUR<br />
TRANSMETTRE NOS<br />
CONNAISSANCES DES<br />
BONS PRODUITS. ”<br />
CBN _ Pensez-vous que les Français<br />
se sont réconciliés ces derniers<br />
mois avec l’ alimentation ?<br />
LAURENT TREGARO _ e pense que<br />
c’est surtout à nous professionnels,<br />
marques et distributeurs, de<br />
les éduquer et de leur faire prendre<br />
du plaisir avec leur alimentation.<br />
À nous de leur faire découvrir les<br />
meilleurs produits, de les conduire<br />
vers une alimentation plus qualitative<br />
avec laquelle ils prendront du<br />
plaisir. Ce qu’il faut absolument éviter<br />
c’est l’excès et la surconsommation.<br />
À nous de leur transmettre nos<br />
connaissances des bons produits. De<br />
leur apprendre par exemple qu’il vaut mieux acheter de<br />
bonnes pâtes de qualité un peu plus chères que des pâtes<br />
mal séchées, contenant trop de sucre et finalement sans<br />
aucun goût. À nous aussi de leur expliquer l’importance<br />
des prix et pourquoi ils sont parfois plus élevés quand les<br />
produits sont nettement meilleurs. C’est un long travail<br />
nécessaire. Mais les Français sont parfaitement capables<br />
et surtout très envieux de se réconcilier avec l’alimentation.<br />
À nous de les rassurer, de leur faire découvrir de<br />
nouveaux plaisirs, des goûts différents, la qualité des<br />
produits. e pense qu’ils font confiance au marques et<br />
aux distributeurs pour faire ce travail et bien sélectionner<br />
les produits et ingrédients auquels faire confiance.<br />
C’est en tout cas depuis longtemps la philosophie et l’expertise<br />
de notre maison !<br />
Recueilli par<br />
SOPHIE STADLER<br />
CB NEWS . 43 . OCTOBRE 2021
Les arts<br />
MÉNAGERS<br />
LA CUISINE<br />
À L’ANCIENNE<br />
A DE L’AVENIR<br />
SUPER ÉQUIPÉS POUR LE FAIT MAISON, AVEC UNE FOULE DE ROBOTS<br />
QUI NOUS SECONDENT AU PIANO POUR MITONNER DES RECETTES DE<br />
CLASSIQUES PLUTÔT BIO AVEC UNE EMPREINTE CARBONE ALLÉGÉE.<br />
Et si on ressortait le service<br />
Arcopal de tante Jacqueline<br />
? Cette vaisselle populaire,<br />
qui est un symbole<br />
fort des années 60, pourrait<br />
bien revenir à table.<br />
Tout comme l’ont fait les<br />
verres Duralex et les plats Pyrex.<br />
Après des années de règne du plastique<br />
et des silicones souples dans<br />
les cuisines, on veut désormais du<br />
solide, du verre trempé et de l’acier<br />
inoxydable. C’est ainsi que Microplane,<br />
le roi de la mandoline, lance<br />
toute une collection Gourmet de<br />
râpes à l’ancienne pour le parmesan<br />
de la pasta et le chocolat de la Forêt<br />
noire. Le hachoir à viande revient<br />
lui aussi en force pour préparer boulettes<br />
comme rillettes. Selon Mélanie<br />
Lebranchu, directrice marketing<br />
international Cookware (Duralex<br />
et Pyrex), « les consommateurs<br />
sont cohérents. Ils veulent manger<br />
sain et pour cuisiner ils s’équipent<br />
d’ustensiles de qualité ». Bien plus<br />
que la touche nostalgique du verre<br />
Râpe doubletranchant<br />
Gourmet<br />
de Microplane,<br />
comme avant.<br />
de cantine dit Gigogne de Duralex,<br />
c’est sa matière et sa fabrication qui<br />
booste son retour à table : un verre<br />
made in France à base de sable, de<br />
carbonate de soude et de calcaire,<br />
et 100% recyclable. Si on y ajoute<br />
le petit switch trendy que le modèle<br />
Picardie, créé en 1945, a su se donner<br />
en jouant, soit un fini soft touch,<br />
soit la couleur, on comprend son<br />
succès jusque dans les coffee shops<br />
et dans ces nouvelles cantines branchées<br />
que sont les tables d’hôtes des<br />
néo-urbains.<br />
Chez Pyrex aussi on se frotte les<br />
mains. Ces traditionnels plats réputés<br />
depuis le lancement du pre<br />
mier moule à tarte en borosilicate<br />
en pour leur résistance au<br />
hautes températures sont les meneurs<br />
du batch cooking, cette nouvelle<br />
habitude qui consiste à préparer<br />
en trois heures le dimanche les<br />
repas de la semaine. Pour cela, la<br />
marque a développé toute une batterie<br />
de plats de différentes tailles,<br />
CB NEWS . 44 . OCTOBRE 2021
Les arts<br />
MÉNAGERS<br />
PHOTOS : DR.<br />
Verres Duralex,<br />
made in France,<br />
100 % recyclable.<br />
Comme à la cantine.<br />
La yaourtière<br />
d'aujourd'hui fait<br />
plus que des yaourts,<br />
mais des boissons<br />
végétales, des<br />
desserts, etc.<br />
Fini les petits pots<br />
en plastique sur<br />
son balcon : on fait<br />
pousser ses aromates<br />
dans une serre<br />
technologique.<br />
reils pour la maison), il a un fait un<br />
bond en avant spectaculaire en 2020,<br />
avec une hausse de 11,20 % (versus<br />
+ 5 % en 2019), soit 56,4 millions<br />
d’appareils vendus et un chiffre d’affaires<br />
de 3,7 milliards d’euros. Qu’estce<br />
qu’on s’achète pour mijoter la blande<br />
cuisson comme de conservation,<br />
dans trois lignes dont la Cook &<br />
Go. Avec son verre d’un poids 30%<br />
plus léger que d’ordinaire, celle-ci<br />
revisite le principe de la gamelle<br />
d’autrefois. D’après une étude réalisée<br />
cet été par Lightspeed, 36 % des<br />
Français disent désormais vouloir<br />
apporter leur déjeuner au bureau.<br />
Soit une augmentation de plus de<br />
10 % par rapport à l’avant-pandémie.<br />
Cela s’explique dans la montée<br />
en puissance du fait-maison et son<br />
ancrage de plus en plus profond<br />
dans les modes de vie.<br />
Aujourd’hui, c’est bien le fait-maison<br />
qui porte toute la vitalité du secteur<br />
du petit électro-ménager. Si celui-ci<br />
est en progression constante depuis<br />
quelques années, selon le Gifam<br />
(Groupement des marques d'appa-<br />
“ LES CONSOMMATEURS<br />
SONT COHÉRENTS. ILS<br />
VEULENT MANGER SAIN<br />
ET POUR CUISINER ILS<br />
S’ÉQUIPENT D’USTEN-<br />
SILES DE QUALITÉ. ”<br />
MÉLANIE LEBRANCHU, COOKWARE<br />
quette ? Un préparateur culinaire !<br />
Les kitchen machines sont au hit des<br />
ventes (+ 47,62 %), suivis par les<br />
robots multi-fonctions (+ 24,20 %)<br />
et les blenders (+ 16,2 %). Côté<br />
cuisson, les vegans n’ont pas eu la<br />
peau du steak frites : les friteuses ont<br />
progressé de 20,7 %. Mais ce qui est<br />
spectaculaire, c’est l’engouement<br />
pour les machines à pain : + 82 % !<br />
Enfin, une nouvelle catégorie de pro<br />
duits a fait son entrée sur le marché<br />
et y explose : les machines à café à<br />
broyeur. Elles réinventent technologiquement<br />
le moulin à café et font<br />
renouer avec le café en grains qui<br />
revient dans les linéaires des supermarchés.<br />
« Nous nous sommes beaucoup<br />
interrogés, commente Yves<br />
Delzenne, DG de Riviera-et-Bar et<br />
Simeo. Est-ce que ces ventes étaient<br />
conjoncturelles ou allaient-elles se<br />
pérenniser ? Elles sont pérennes. On<br />
ne reviendra pas en arrière du faitmaison<br />
et son niveau d’expertise ne<br />
cesse de se sophistiquer. Les Français<br />
veulent aujourd’hui une machine à<br />
pain qui pétrisse toutes les farines,<br />
une yaourtière qui réalise tous les<br />
yaourts y compris les végétaux, tous<br />
les fromages blancs et les boissons<br />
fermentées ou une bouilloire à température<br />
variable pour chauffer l’eau<br />
du thé selon son origine. »<br />
L’autre enjeu du secteur, c’est bien<br />
sûr l’empreinte écologique et la<br />
durabilité des produits. Un vaste<br />
chantier qui ne fait que démarrer…<br />
Philips sort un grille-pain, une bouilloire<br />
et une cafetière en plastique<br />
100 % biosourcé et Aubecq une batterie<br />
de casseroles Evergreen White<br />
au revêtement céramique garanti<br />
à vie. On y fera revenir les herbes<br />
aromatiques que l’on cultive dans<br />
sa cuisine. Exit le pot de basilic, on<br />
a un vrai potager où l’on peut faire<br />
pousser une cinquantaine de variété<br />
de plantes aromatiques et de<br />
salades avec le Potager d’intérieur<br />
de La Grangette (design Pininfarina<br />
– Shortcut) qui, façon serre technologique,<br />
se pilote automatiquement<br />
via un cloud pour irriguer, moduler<br />
la température et la lumière. Preuve<br />
que ce segment a un potentiel, Bosch<br />
sort le Smartgrow Life, un petit jardin<br />
éco-responsable et durable qui<br />
répond à tous les besoins des nouvelles<br />
cuisines végétales.<br />
CATHERINE JAZDZEWSKI<br />
CB NEWS . 45 . OCTOBRE 2021
Le plat<br />
du JOUR<br />
RÉTRO GOURMANDISE<br />
“ CE GOÛT C’ÉTAIT<br />
CELUI DU PETIT MORCEAU<br />
DE MADELEINE…” *<br />
LE RETOUR AUX PLATS DE TRADITION ET POPULAIRES, AUX<br />
RECETTES DE GRAND-MÈRE ET AUX SAVEURS D'ENFANCE<br />
SE RETROUVENT DANS LES LIVRES DE CUISINE ET LES GRANDS<br />
RESTAURANTS. CHACUN SA MADELEINE OU SA SAUCISSE PURÉE.<br />
L<br />
’été dernier, les pois<br />
chiches ont été à la fête.<br />
Sous la fourchette de l’influent<br />
chef Yotam Ottolenghi<br />
dont les ouvrages<br />
édités par Hachette se sont<br />
vendus à plus de 400 000<br />
exemplaires, ils se sont mixés en houmous<br />
de toutes les couleurs : rouge<br />
à la betterave, vert à la coriandre…<br />
«Comme les lentilles et les cocos, ces<br />
légumineuses sont remises au goût<br />
du jour, explique Julia Bijaoui, cofondatrice<br />
de Frichti, le leader des darkstores,<br />
elles témoignent de la volonté<br />
de nos clients de revenir à une meilleure<br />
alimentation. Ils ne veulent plus<br />
qu’on leur propose une variété infinie<br />
de plats, ils préfèrent une offre plus<br />
restreinte mais plus qualitative. Le<br />
sourcing des produits s’impose. Ce<br />
sont des urbains en quête de valeurs<br />
qui replébiscitent le retour aux plats<br />
de tradition, à la cuisine bistrot.» Les<br />
best-sellers de Frichti ? La saucisse<br />
purée et, honneur à l’outremer, la<br />
rougaille saucisse. Côté douceurs, on<br />
retrouve les saveurs d’enfance comme<br />
le riz au lait et la crème aux œufs.<br />
Les œufs, justement, saviez-vous que<br />
c’est un des aliments les plus consommés<br />
en France? En Europe, ce sont les<br />
Français qui en cassent le plus. 14,3<br />
milliards en 2019 (source CNPO). Et<br />
ils privilégient les bios élevés en plein<br />
air. En ptisseries confinées<br />
oblige les ventes ont augmenté<br />
de 11%, et cela devrait se maintenir<br />
cette année avec une hausse annoncée<br />
aux alentours de 4%. Si les poules<br />
pondent autant, c’est parce que les<br />
eitariens considèrent ce concentré<br />
de protéines comme une alternative à<br />
la viande et au poisson. Ils en font leur<br />
plat quotidien. Mais cuisiner un œuf<br />
n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Cela<br />
demande un certain tour de main.<br />
D’où, par exemple, le championnat du<br />
monde de l’œuf mayonnaise lancé en<br />
2018 par un petit groupe d’activistes.<br />
En fondant l’Association pour la Sau-<br />
vegarde de l’œuf mayonnaise, ils ont<br />
voulu redonner son prestige à ce plat<br />
de la cuisine populaire tombée dans<br />
la médiocrité. En 2019, c’est le Bouillon<br />
Pigalle qui a remporté le trophée.<br />
C’est aussi avec des œufs que l’on<br />
prépare un an. Ce gteau de tous les<br />
jours, acheté en part individuel pour<br />
le «quatre heures», était devenu pteux,<br />
collant, insipide… Las d’être rejeté,<br />
le voilà qui buzze partout depuis<br />
quelques mois. Si les ptissiers stars<br />
se l’approprient, c’est dans les boulangeries<br />
de quartier qu’il a relevé sa<br />
recette. On a désormais l’impression<br />
d'avoir en bouche une crème, presque<br />
une mousse, onctueuse, moelleuse<br />
sur un fond feuilleté croustillant.<br />
Le meilleur de la capitale ? Celui de<br />
Youssef Afantrous, des boulangeries<br />
Paris & Co. À la maison, pas facile de<br />
le réussir. Son secret est sa cuisson.<br />
Il faut y être initié. D’où le retour en<br />
librairie de livres qui réhabilitent les<br />
fondamentaux de la cuisine familiale.<br />
Tandis que Jean-François Piège pu-<br />
PHOTOS: © BENOIT LINERO. © BOBY ALLIN. DR.<br />
CB NEWS . 46 . OCTOBRE 2021
Le plat<br />
du JOUR<br />
Au Bouillon Pigalle,<br />
la saucisse au<br />
couteau, purée,<br />
jus réduit et les<br />
œufs mayonnaise<br />
“ Champions du<br />
monde ”.<br />
De Jean Imbert, les<br />
tomates farcies et riz<br />
pilaf de sa mamie.<br />
bliait l’hiver dernier « Le Grand Livre<br />
de la cuisine française. Recettes bourgeoises<br />
et populaires » (Hachette),<br />
une édition revue et augmentée par<br />
Kéda Black de « La Véritable Cuisine<br />
familiale », de Tante Marie (Le Chêne)<br />
paraît cet automne. Il est temps de<br />
ressortir ses H.-P. Pellaprat et ses<br />
Ginette Mathiot. Sans oublier toute<br />
la collection des livres de Françoise<br />
Bernard qui vient de disparaître. De<br />
son vrai nom Andrée Jonquoy, elle<br />
avait été choisie en 1953 pour être<br />
la femme proposant des recettes sur<br />
un paquet de margarine et deviendra<br />
un véritable phénomène culinaire<br />
AU RELAIS PLAZA,<br />
JEAN IMBERT PROPOSE<br />
LES RECETTES DE SA<br />
GRAND-MÈRE, TOMATES<br />
FARCIES ET RIZ PILAF,<br />
LE PÂTÉ 1951 ET GRATIN<br />
DE DAURADE 1962.<br />
notamment par sa collaboration<br />
avec Seb pour la célèbre cocotte-minute.<br />
Ses livres toujours édités se sont<br />
vendus à des milliers d’exemplaires.<br />
Pour la première fois dans l’histoire<br />
de la gastronomie depuis les mères<br />
lyonnaises, c’est la cuisine de « bonne<br />
femme » qui est au fourneau jusque<br />
dans les grands restaurants.<br />
Au Relais Plaza, Jean Imbert continue<br />
de travailler les recettes de sa<br />
grand-mère avec les tomates farcies<br />
et riz pilaf, le Pté de ma grandmère<br />
1951 et le Gratin de daurade 1962. Ce<br />
chef qui n’est pas issu du sérail mais<br />
gagnant du concours télévisé Top<br />
Chef met aussi à la carte un semainier.<br />
Le jeudi, c’est saucisson brioché,<br />
et le vendredi moules frites… Le plat<br />
du jour a aussi été remis à l’honneur<br />
par Jean-François Piège à L’Épi d’Or.<br />
Le Park Hyatt Paris-Vendôme ouvre,<br />
lui, non pas un nouveau restaurant de<br />
palace, mais un café, le Café Jeanne.<br />
« J’ai été élevé dans un café-restaurant<br />
de famille aveyronnaise où ma mère<br />
cuisinait des plats traditionnels : les<br />
tripoux, la truite au lard, l’aligot »<br />
raconte le chef Jean-François Rouquette,<br />
« je voulais renouer avec cette<br />
cuisine réconfortante, mijotée et<br />
gourmande ». Pour Luca Marchetti,<br />
brand expert de l’agence The Prospectivists,<br />
« si on célèbre autant les<br />
recettes de famille, c’est parce qu’elles<br />
représentent un patrimoine plus que<br />
jamais indispensable. On valorise, on<br />
magnifie ce que l’on a l’impression de<br />
risquer de perdre, de ne plus avoir.<br />
Les Français n’ont plus envie de manger<br />
dans l’esbrouffe, le spectaculaire.<br />
Ils ne se jettent plus sur ce qui est<br />
onéreu sauf par eemple pour une<br />
viande paysanne mais sur ce qui est<br />
simple. Et là, tout à coup , la simplicité<br />
s’imprègne de magie ». C’est pour<br />
cela que des petits gteau comme<br />
les madeleines s’achètent désormais<br />
au Comptoir du Ritz, tout comme, à<br />
la coupe, le gteau marbré, l’un des<br />
premiers que l’on a appris à faire.<br />
Sans nostalgie Savane de Brossard,<br />
cet authentique gteau de famille, est<br />
devenu une star des actuels chariots<br />
de desserts étoilés.<br />
CATHERINE JAZDZWESKI<br />
* Marcel Proust, dans “ u cté de che ann”<br />
(Combray), “ À la recherche du temps perdu”<br />
(1913).<br />
CB NEWS . 47 . OCTOBRE 2021
Le barbecue<br />
DU FUTUR<br />
LA VIANDE<br />
RÉINCARNÉE<br />
DES BIOTECHS PROPOSENT UNE VRAIE FAUSSE VIANDE CULTIVÉE EN<br />
LABORATOIRE OU UN SUCCÉDANÉ ISSU DE PROTÉINES VÉGÉTALES,<br />
AFIN DE PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT. ÇA SE MANGE ? ÇA POLLUE<br />
MOINS ? VISITE DANS LE RAYON BIOUCHERIE.<br />
C<br />
omme le chantait Alain Souchon, visionnaire,<br />
dès 1978, «on est foutu, on mange<br />
trop». Et surtout de la viande. La consommation<br />
de bœufs, porcs, agneaux et poulets<br />
heurte la planète. Les 300 millions de<br />
tonnes englouties chaque année ont un<br />
impact majeur sur le réchauffement, la<br />
déforestation et la consommation d’eau.<br />
Environ 18% des émissions de gaz à effet<br />
de serre (GES) sont dues à la production de viande selon la<br />
FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation<br />
et l’agriculture). Produire un kilo de viande bovine émet<br />
60 kg de CO 2<br />
. Sans oublier la consommation d’eau (8%<br />
du total mondial selon la FAO) pour abreuver les milliards<br />
de ttes de bétail dont les atulences rejettent des milliers<br />
de tonnes de méthane dans l’atmosphère. De plus, cette<br />
consommation devrait doubler d’ici à 2050 alors que la<br />
production est déjà proche de son maximum. Abandonner<br />
la viande est «la chose la plus importante qu’un individu<br />
puisse faire pour réduire son empreinte carbone» déclare<br />
Glenn Hurowitz, qui dirige l’organisation de défense de<br />
l’environnement Mighty Earth. De nombreuses start-up<br />
foodtech du monde entier élaborent des alternatives à<br />
base de protéines végétales ou en cultivant des cellules<br />
de viande en laboratoire. Le premier hamburger produit<br />
à partir de viande de synthèse a été conçu en 2013 par<br />
des chercheurs de l’université de Maastricht. Avantage de<br />
cette viande in vitro: les cellules sont sans OGM ni antibiotiques.<br />
« Et le goût ?», s’inquiètent les amateurs de steak<br />
bien juteux. Chez Aleph Farms, biotech israélienne, le chef<br />
new-yorkais Amir Ilan est là pour garantir la qualité des<br />
vrais faux steaks. En 2019, Odile Leherte, journaliste à la<br />
RTBF, a visité le labo de la start-up à Tel-Aviv: «on vous<br />
confirme que a gote le buf. La teture est celle d’une<br />
viande persillée», expliquait-elle en 2019.<br />
LA PREMIÈRE USINE DE VIANDE CULTIVÉE<br />
Didier Oubia, p-dg d’Aleph Farms, prévoit la disponibilité<br />
de ses steaks de «clean meat» en Europe vers 2023.<br />
D’autres biotechs comme Supermeat et Future Meat en<br />
Israël, Upside Food (ex Memphis Meat) et EatJust aux<br />
USA, Mosa Meat aux Pays-Bas ou IntegriCulture au Japon<br />
se sont positionnées sur ce créneau prometteur. Bien sûr,<br />
la viande in vitro ne pourra pas remplacer sa grande sœur<br />
sur pattes avant longtemps, mais c’est une solution intéressante<br />
qui pourrait séduire les consommateurs sensibles<br />
au bien-être animal et soucieux de préserver l’environnement.<br />
Preuve que cette technologie est sérieuse, le géant<br />
américain de la transformation de bœuf Cargill soutient<br />
Aleph Farms. En Europe, Bell Food Group, un des plus<br />
grands transformateurs de viande, a lui investi dans Mosa<br />
Meat. Future Meat a même annoncé récemment l’ouverture<br />
de la « première installation industrielle de viande<br />
cultivée au monde». La société a indiqué être capable de<br />
produire 500 kg de viande par jour, soit l’équivalent de<br />
3000 hamburgers de taille moyenne. Mais avant d’arriver<br />
à une production de masse, il faudra résoudre l’usage<br />
d’hormones anabolisantes nécessaires à la culture in vitro,<br />
comme le rappelle Éric Muraille, biologiste et maître de recherches<br />
au FNRS (Université Libre de Bruxelles). Et baisser<br />
les prix: aux USA, le burger cultivé est deux fois plus<br />
cher que son homologue bovin. Des réticences qui n’ont<br />
pas découragé Singapour de donner son accord pour la<br />
vente de nuggets de viande artificielle de poulet dans des<br />
restaurants de la cité-État. En France, deux start-up sont<br />
CB NEWS . 48 . OCTOBRE 2021
Impact environnemental<br />
des burgers<br />
végétaux de Beyond<br />
Meat comparé aux<br />
burgers de bœuf :<br />
90 % d’émission<br />
de GES en moins,<br />
consommation<br />
énergétique réduite<br />
de 46 %, impact inférieur<br />
de 99 % sur la<br />
consommation d’eau<br />
et de 93 % sur celle<br />
des terres agricoles.<br />
PHOTOS : DR.<br />
dans les starting-blocks : Gourmey,<br />
qui veut développer un foie gras sans<br />
gavage ni abattage à partir de cellules<br />
souches, et Vital eat, une filiale du<br />
groupe Grimaud, qui travaille sur de<br />
la viande cultivée à partir de muscles<br />
de poulet. Mais la route est encore<br />
longue avant le barbecue de viande<br />
artificielle : « il est assez facile de re<br />
produire le goût et la texture de la viande transformée,<br />
comme une saucisse, une galette ou une pépite (nugget),<br />
mais beaucoup plus difficile d’imiter le muscle d’un animal<br />
», explique Ricardo San Martin, directeur de recherche du<br />
programme de viande alternative à l’UC Berkeley.<br />
BURGERS ET SAUCISSES VEGAN<br />
Les gastronomes réticents à la viande high-tech et les<br />
vegans peuvent se tourner vers les succédanés à base de<br />
protéines végétales. La société californienne Beyond Meat<br />
a mis au point un procédé pour aligner les protéines végétales<br />
en réseau fibreu qui imitent la teture de la viande<br />
animale. Pour l’aspect marbré du steak, la start-up utilise<br />
de l’huile de coco. Et pour la couleur rouge, du jus de betterave,<br />
un colorant naturel qui a l’avantage de brunir à<br />
la cuisson comme un morceau de steak classique. Outre<br />
une source de protéines, les burgers et saucisses vegan de<br />
“ ON VOUS CONFIRME<br />
QUE ÇA GOÛTE LE<br />
BŒUF. LA TEXTURE EST<br />
CELLE D’UNE VIANDE<br />
PERSILLÉE . ”<br />
ODILE LEHERTE,<br />
JOURNALISTE À LA RTBF<br />
Beyond Meat sont garantis sans rol, ni antibiotiques et hormones. L’entre-<br />
cholestéprise<br />
a mandaté le Center for Sustainable<br />
Systems at University of Michigan pour<br />
comparer l’impact environnemental de<br />
ses burgers végétaux à celui des burgers<br />
de bœuf. Conclusion : 90 % d’émission de<br />
GES en moins, une consommation énergétique<br />
réduite de 46 %, un impact inférieur<br />
de 99 % sur la consommation<br />
d’eau et de 93 % sur celle des terres<br />
agricoles. Moving Moutains, The<br />
Vegetarian Butchers et Impossible<br />
Meat proposent des produits similaires<br />
sur le marché nord-américain.<br />
En Espagne, Heüra s’est positionnée<br />
sur ce créneau. En France, les Nouveaux<br />
Fermiers veulent « réinventer<br />
la viande à partir d’ingrédients 100 %<br />
végétaux ». Ils proposent une gamme<br />
de steaks, nuggets, aiguillettes et<br />
saucisses made in France dont la production<br />
représente « 11 fois moins<br />
de CO 2<br />
et jusqu’à 10 fois moins d’eau<br />
que celle de la viande animale ». Les deux fondateurs,<br />
Guillaume Dubois (33 ans) et Cédric Meston (27 ans),<br />
ne veulent rien moins que devenir le leader européen des<br />
steaks végétaux. Ils sont déjà référencés chez Monoprix,<br />
Casino et Carrefour et 300 restaurants et food trucks proposent<br />
leurs produits. Marché de niche, ces succédanés<br />
végétaux de la viande pèsent 114 millions d’euros (source<br />
Kantar) en hausse de 19,8 % en valeur, à comparer aux 3,8<br />
milliards d’euros pour la vente de bœuf dans le commerce<br />
de détail. Mais quand on voit que Burger King, enseigne<br />
emblématique du fast food carné, a mis à son catalogue en<br />
2019 aux États-Unis un Whopper vegan en collaboration<br />
avec Impossible Foods, et lancé le Veggie King en France<br />
en mai dernier, on se dit que la viande sans viande a un<br />
potentiel important chez les eitariens soucieu de l’ave<br />
nir de la planète.<br />
PATRICK CAPPELLI<br />
CB NEWS . 49 . OCTOBRE 2021
Resto<br />
et RÉSEAUX<br />
INSTA CHEFS<br />
LES NOUVELLES ÉTOILES<br />
DE LA VOIE LIKÉE<br />
LES GRANDS CHEFS DOIVENT ÊTRE PRÉSENTS SUR LES<br />
RÉSEAUX SOCIAUX POUR EXISTER DANS UN UNIVERS HYPER<br />
CONCURRENTIEL AUX MAINS D'INFLUENCEURS...<br />
P<br />
endant longtemps, les grands chefs sont restés<br />
dans l’ombre de leur réputation atteuse.<br />
Bocuse était un trésor national qui n’avait pas<br />
besoin de publicité. Les deu Alain, Ducasse et<br />
Senderens, dominaient la gastronomie étoilée<br />
avec Jöel Robuchon, Pierre Gagnaire ou Guy<br />
Savoy. ais, a, c’était avant. Depuis l’eplosion<br />
des émissions culinaires comme «Top Chef», «Cauchemar<br />
en cuisine», «asterchef» ou «le eilleur Ptissier»<br />
et l’engouement du public la cuisine, ils sont devenus<br />
des people à part entière. Et doivent donc entretenir leur<br />
image sur les réseau sociau dans un univers hautement<br />
concurrentiel. «Avant, c’étaient les restaurants qui étaient<br />
mis en avant. Depuis quelques années, les chefs se sont<br />
rendu compte qu’ils avaient intérêt à créer leur branding<br />
pour être indépendants des restaurants qui les emploient<br />
et pour créer des produits dérivés. Et aussi parce que l’in-<br />
uence, a marche et a fait venir des clients», analyse Stéphane<br />
Bouillet, fondateur d’InuenceYou. Pour Clarisse<br />
FerreresFrechon, pdg de l’agence elchior spécialisée<br />
dans le food, «une bascule a eu lieu pendant le premier<br />
confinement. Les chefs et les restaurants se sont aperus<br />
que durant leur fermeture, les médias sociau étaient<br />
le seul moyen d’interagir avec leur communauté. Et ils<br />
avaient plus de temps pour poster des photos et surtout des<br />
vidéos». me les cuisiniers étoilés réfractaires au sirènes<br />
d’Instagram ont franchi le pas. Christian Le Squer, un des<br />
plus récompensés avec étoiles ichelin et toques ault<br />
et illau, a longtemps préféré le confort de l’anonymat<br />
relatif) à l’eposition médiatique. Depuis qu’il a pris les<br />
rênes du Cinq à l’hôtel George-V, il a changé d’avis: «un<br />
chef qui reste dans sa cuisine et qui n’est pas «instagrammable»,<br />
pas people, n’est plus dans la course. Le restaurant<br />
ne peut pas vivre sans communication. On est tellement<br />
nombreu…», epliquaitil à l’AFP le aot dernier.<br />
CYRIL LIGNAC, GOURMAND GAGNANT<br />
D’autant qu’une nouvelle génération est apparue ean<br />
Imbert, Cyril Lignac, Christophe ichalak, uan Arbelaez<br />
matrisant parfaitement la grammaire des médias,<br />
traditionnels comme sociau. D’ailleurs, c’est ean Imbert,<br />
coaché par Christian Le Squer lors de la finale de Top<br />
Chef en , qui a aidé son confrère plus gé à créer son<br />
compte Instagram. Le trentenaire incarne parfaitement<br />
cette génération de jeunes chefs devenus célèbres grce à<br />
la télévision et totalement à l’aise avec l’usage des réseau<br />
sociau. Symboliquement, celui qu’on surnomme l’ami<br />
des stars, car il aime poster des photos o il apparat en<br />
compagnie d’Omar Sy, Kylian bappé, Beyoncé et ay<br />
ou encore Pharrell Williams, avec qui il possède le To Share<br />
à SaintTropez, a remplacé au fourneau du Plaza Athénée<br />
Alain Ducasse, ans et légende de la gastronomie<br />
franaise. «Il poste beaucoup moins de photos de stars car<br />
il a compris qu’on lui reprochait ce côté paillettes et qu’il<br />
avait besoin d’authenticité», tempère Stéphane Bouillet.<br />
De l’avis unanime des professionnels de l’inuence et des<br />
P, Cyril Lignac est le meilleur eemple d’un cuisinier<br />
et ptissier) qui a su eploiter sa notoriété, d’abord à la<br />
télévision puis sur les réseau. «C’est la référence, car il a<br />
compris le premier l’importance des médias au sens large»,<br />
évoque Stéphane Bouillet. «Cyril Lignac et uan Arbelaez<br />
contribuent à élever le niveau de la participation des chefs<br />
au médias sociau», estime pour sa part Clarisse Ferreres<br />
Frechon. Pionnière de cette présence des cuisiniers étoilés<br />
sur Facebook d’abord puis Instagram, elle gère depuis<br />
CB NEWS . 50 . OCTOBRE 2021
Ci-dessous,<br />
le compte Instagram<br />
de Cyril Lignac.<br />
PHOTOS : © COTTONBOPEELS. D<br />
2009 les comptes de son mari le chef<br />
Éric Frechon qui dirige le restaurant<br />
Épicure de l’hôtel Bristol (élu trois fois<br />
d’affilée eilleur estaurant d’htel<br />
du monde). Non sans avoir d auparavant faire uvre de<br />
pédagogie: «il n’en voyait pas du tout l’intért. ais après<br />
quelque temps, il a compris que c’était indispensable».<br />
LES TOP CHEFS D’INSTAGRAM<br />
Le magazine «Le Chef» a réalisé fin un palmarès des<br />
cuisiniers sur Instagram. Sans surprise, c’est Cyril Lignac<br />
qui squattait la première place du podium avec , millions<br />
d’abonnés , m aujourd’hui). Cédric rolet, chef du<br />
eurice, affichait , million. Il en a séduit de plus<br />
depuis. Parmi ceu qui dépassent les abonnés, on<br />
trouve le ptissier Pierre Hermé, eanFranois Piège <br />
toques et étoile pour la Poule au Pot) et Hélène Darroze,<br />
élue «eilleure Femme chef du monde» en ) bien<br />
connue des téléspectateurs de . me morts, les chefs<br />
postent encore sur Insta! Comme Paul Bocuse, décédé en<br />
janvier et dont le compte officiel affiche fans.<br />
Instagram, réseau de l’image, est un passage obligé pour<br />
les chefs qui peuvent ainsi donner à voir leurs dernières<br />
“ UN CHEF (... ) QUI N’EST<br />
PAS « INSTAGRAM-<br />
MABLE », PAS PEOPLE,<br />
N’EST PLUS DANS LA<br />
COURSE. ON EST TELLE-<br />
MENT NOMBREUX… ”<br />
CHRISTIAN LE SQUER,<br />
LE CINQ, 3 ÉTOILES<br />
créations. Susciter la curiosité et l’envie<br />
est devenu obligatoire pour les<br />
cuisiniers vedettes, y compris les plus<br />
prestigieu, qui ont tous souffert de la<br />
pandémie et de la fermeture de leurs<br />
établissements pendant les confinements,<br />
période durant laquelle ils ont<br />
multiplié les stories et les moments<br />
de vie pour continuer d’eister. Et<br />
TikTok Le réseau préféré des ados<br />
est-il un vecteur intéressant pour les<br />
magiciens des fourneau On peut<br />
s’interroger, sachant que les clients<br />
des restaurants étoilés sont plutôt des<br />
adultes à fort pouvoir d’achat que des<br />
lycéens sans le sou. «En fait, la moyenne d’ge a beaucoup<br />
augmenté récemment. La population de départ, c’était les<br />
ans, mais désormais ce sont plutt des femmes de<br />
ans», eplique Stéphane Bouillet, qui vient de publier<br />
le guide «Plus de idées pour vos campagnes d’inuence<br />
sur TikTok». ais cela reste un réseau affinitaire de gens<br />
jeunes, comme Diego Alary, ans, ancien candidat de<br />
la saison de «Top Chef» qui a séduit un million de folloers<br />
en quelques mois.<br />
VÉRITÉ ET AUTHENTICITÉ<br />
Thomas Frébourg, directeur général de l’agence septembre,<br />
gère les RP de plusieurs chefs très tendance :<br />
Adrien Cachot, ans, finaliste remarqué de la saison<br />
de « Top Chef », Victor ercier, ans, ambassadeur<br />
d’une cuisine locavore dans son restaurant du e arrondissement,<br />
Fief pour « Fait Ici En France » ), Aleandre<br />
ercier, toques et Cuisinier de l’Année ault illau,<br />
et le duo Pascal Barbot et Christophe Rohat, anciens<br />
CB NEWS . 51 . OCTOBRE 2021
Resto et<br />
RÉSEAUX<br />
“ IL Y A TROIS TYPOLO-<br />
GIES DE POSTS QUI PER-<br />
FORMENT : LES PLATS,<br />
LES ÉQUIPES DANS LES<br />
COULISSES, LES PHOTOS<br />
DE VIE PRIVÉE . ”<br />
CLARISSE FERRERES-FRECHON,<br />
AGENCE MELCHIOR<br />
de l’Arpège d’Alain Passard, dont le restaurant L’Astrance<br />
va emménager en octobre dans les locau plus vastes de<br />
l’ancien amin de ol obuchon. « La prise en main des<br />
réseau d’un chef par un communicant n’est pas forcément<br />
une bonne idée. Nous préférons plutt les aider à<br />
bien appréhender ce qu’est aujourd’hui ce nouveau média<br />
pour qu’ils puissent parler de leur travail, promouvoir<br />
leur collectif, etc.», analyse Thomas Frébourg. L’agence<br />
privilégie un accompagnement personnel : « nous leur<br />
demandons avant tout d’être sincères, pas de publier<br />
quinze fois par jour », précise le directeur général de<br />
septembre, qui estime néanmoins que cette présence<br />
en ligne est incontournable, car Instagram peut être un<br />
outil puissant de promotion pour aller chercher de nouveau<br />
clients. Avis partagé par Clarisse FerreresFrechon,<br />
qui conseille son mari mais aussi Stéphanie Le Quellec<br />
deu étoiles pour son restaurant la Scène), Emmanuel<br />
enaut, élu par ses pairs «Cuisinier de l’année » ou<br />
Arnaud Faye, deu étoiles à la Chèvre d’Or.<br />
«Les réseau sociau doivent tre la vitrine de ce qu’est<br />
vraiment le chef dans son quotidien», eplique la fondatrice<br />
de l’agence elchior, qui poste trois fois par semaine<br />
sur le feed Insta d’Éric Frechon et des stories quotidiennement.<br />
Des posts très suivis par les clients qui interagissent<br />
avec leur chef préféré. «Il y a trois typologies de posts qui<br />
performent le plus: les plats, les équipes, quand on montre<br />
les coulisses, et les photos de vie privée», énumère Clarisse<br />
FerreresFrechon. YouTube est aussi un canal intéressant<br />
pour les chefs qui peuvent y déployer tout leur art tout en<br />
faisant uvre de pédagogie. On y trouve Philippe Etchebest<br />
abonnés) ou le chef parisien franco coréen<br />
Pierre Sang Boyer folloers). Ou encore Simone<br />
anoni, chef au eorge, un des restaurants de l’htel Four<br />
Seasons George-V, qui a décollé durant le confinement<br />
avec ses recettes italiennes.<br />
LES MARQUES DRAGUENT<br />
LES CHEFS<br />
ais cette présence sur le réseau de<br />
vidéos nécessite un certain investissement<br />
financier et surtout temporel.<br />
« Sur YouTube il faut vraiment tre<br />
professionnel», estime Thomas Frébourg,<br />
qui vient au sein de l'agence de<br />
créer un studio professionnel. C’est<br />
aussi l’avis de Clarisse Ferreres-Frechon:<br />
«c’est un format qui demande<br />
un certain investissement financier. Il<br />
faut trouver des vidéastes, s’équiper<br />
d’un mini studio de production. Aucun<br />
des chefs que j’accompagne n’est<br />
intéressé, surtout après la crise qu’ils<br />
viennent de vivre ». Au cuisiniers<br />
qui veulent plonger dans l’océan des<br />
médias sociau, Stéphane Bouillet<br />
conseille de s’appuyer sur leur singularité<br />
en termes de création culinaire.<br />
Star du poisson ou roi des sauces, ils<br />
doivent capitaliser sur leurs points<br />
forts. « Si j’étais chef, je trouverais<br />
comment mettre en avant mes relations avec les personnalités.<br />
Et peuttre que je demanderais à un de mes commis<br />
fan d’Instagram de gérer mon compte», ajoute le fondateur<br />
d’InuenceYou.<br />
Les marques d’agroalimentaire sont elles aussi intéressées<br />
par l’aura médiatique des chefs. Un phénomène<br />
qui ne date pas d’hier : on se souvient de la collaboration<br />
dès entre ol obuchon et Fleuryichon. Il<br />
a ensuite multiplié les deals avec Auchan, Sushi Shop,<br />
etc. Thierry ar a travaillé avec Badoit mais aussi les<br />
Suisses ou Habitat, des secteurs éloignés de l’univers<br />
de la cuisine, Philippe Etchebest avec Kronenbourg. ric<br />
Frechon collabore depuis avec Lactalis, et plus<br />
récemment avec Buy Paris Duty Free dans les aéroports<br />
de Paris, où ses recettes mettent à l’honneur les produits<br />
du terroir franais. « De plus en plus de marques nous<br />
contactent pour qu’on les aide à travailler avec un chef.<br />
ais elles demandent que les contenus produits soient<br />
eposés sur les réseau sociau de la marque et éventuellement<br />
aussi du chef. Et qu’une cocréation soit réalisée<br />
entre le chef et des inuenceurs », précise le fondateur<br />
d’InluenceYou. Des collaborations fructueuses mais qui<br />
peuvent devenir dangereuses pour l’image du chef si un<br />
scandale sanitaire vient toucher l’industriel, et vice versa.<br />
La présence massive des chefs sur Instagram, YouTube<br />
ou TikTok n’est pas près de se tarir mais devrait évoluer<br />
autour des engagements des chefs dans une forme de<br />
responsabilité sociétale: sourcing des ingrédients, bien-<br />
tre des équipes, etc., selon Thomas Frébourg. «Certains<br />
y vont à contrecur. ais ce que j’eplique à mes clients,<br />
c’est que les médias sociau et l’inuence ne sont pas une<br />
option», conclut Clarisse Ferreres-Frechon, qui annonce<br />
de ne biz depuis le début de la crise du Covid.<br />
PATRICK CAPPELLI<br />
PHOTO : © BENOIT LINEO.<br />
CB NEWS . 52 . OCTOBRE 2021
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Distribution<br />
DATA<br />
RETAIL MEDIA<br />
INFINITY<br />
ET AU-DELÀ...<br />
INFINITY, LA NOUVELLE SOCIÉTÉ COMMUNE DU GROUPE CASINO ET<br />
DU GROUPEMENT INTERMARCHÉ, S’APPUIE SUR L’EXPERTISE DATA DE<br />
RELEVANC, START-UP RACHETÉE EN 2018 PAR CASINO, ET UN REACH UNIQUE<br />
GRÂCE À L’ADDITION DES DIFFÉRENTES ENSEIGNES DES DEUX RETAILERS.<br />
L<br />
e 6 octobre, le groupe Casino et le groupement<br />
Intermarché ont annoncé la création<br />
d’Infinity Advertising, une société commune<br />
chargée de commercialiser en France une<br />
offre retail media auprès des marques alimentaires<br />
et de leurs agences médias, «en dehors<br />
de toute négociation à l’achat, et dans le respect<br />
des règles relatives à la protection des<br />
données personnelles et du droit de la concurrence».<br />
Casino a été pionnier dans l’exploitation des données<br />
transactionnelles en rachetant début 2018 la start-up<br />
elevanC créée par arco Tinelli voir «CBNes» n).<br />
Infinity Advertising est une étape supplémentaire pour<br />
le groupe pour s’affirmer comme le leader franais de ce<br />
marché du retail média en plein essor.<br />
« La pandémie de 2020 a fait exploser le e-commerce<br />
alimentaire, les achats ont été multipliés par quatre en<br />
quelques mois. Et une fois les confinements terminés, les<br />
Franais ont continué d’adopter massivement ce mode<br />
d’achat en ligne qui mle drive et ecommerce», eplique<br />
Alban Schleuniger, D dInfinity, venant de elevanC, la<br />
filiale technologique du groupe Casino, le président de<br />
la structure étant érme Sabatié, adhérent Intermarché<br />
toulousain. Le dernier Observatoire de l’ePub SI montre<br />
que le retail représente désormais 12% des requêtes de<br />
search, en hausse de . D’après le cabinet Oliver<br />
Wyman, le retail media pèse et en croissance de<br />
au premier semestre . Un succès d au e<br />
commerce, de la mesurabilité des campagnes liées aux<br />
données très granulaires des retailers et de l’émergence<br />
de nouveau formats comme le live shopping.<br />
UNE ALTERNATIVE AUX GAFA<br />
ais que meton sous ce vocable de retail media « Ce<br />
sont tous les leviers publicitaires qui génèrent un impact<br />
direct sur les ventes », selon Alban Schleuniger. Soit la<br />
publicité classique en points de vente et les usages publicitaires<br />
des données transactionnelles issus de sites e-<br />
commerce. L’alliance concerne les enseignes Intermarché,<br />
onopri, Franpri, supermarchés Casino et éant<br />
Casino. Soit près de de parts de marché du retail<br />
alimentaire. Pour le directeur général d’Infinity Advertising,<br />
il s’agit de mutualiser la data transactionnelle<br />
et regrouper les audiences digitales des différents sites<br />
ecommerce : « c’est une première et une vraie alternative<br />
grce à la puissance inédite de cette offre ». L’autre<br />
originalité de cette alliance est le rapprochement d’un<br />
groupe centralisé avec un groupement d’indépendants.<br />
CB NEWS . 54 . OCTOBRE 2021
Distribution<br />
DATA<br />
AVEC INFINITY ADVER-<br />
TISING, CASINO ET<br />
INTERMARCHÉ VEULENT<br />
MUTUALISER LA DATA<br />
TRANSACTIONNELLE<br />
ET REGROUPER LES<br />
AUDIENCES DIGITALES .<br />
Alban Schleuniger<br />
est directeur général<br />
d'Infinity Advertising.<br />
La société veut<br />
devenir leader du<br />
retail media.<br />
PHOTOS : D. © COLLAE AIDA DE IUEL. D.<br />
Casino vise les consommateurs urbains avec onopri<br />
et Franprix tandis qu’Intermarché possède un maillage<br />
national du territoire. Les deux distributeurs n’en sont<br />
pas à leur première collaboration. De à , ils<br />
avaient créé une centrale d’achat commune, Incaa. Ils<br />
viennent d’annoncer un nouveau partenariat plus vaste<br />
composé d’une centrale d’achats alimentaires Auo<br />
achats alimentaires), d’une autre pour le nonalimen<br />
taire Auo achats non alimentaires) et d’une alliance<br />
internationale lobal etail Services). « L’objectif de<br />
cette alliance est d’assumer notre rôle de leader du retail<br />
media, avec un reach inédit. La demande des agences<br />
médias et des marques de grande consommation a explosé<br />
», selon le dernier Observatoire de lepub du SI,<br />
analyse Alban Schleuniger. Dans un marché éclaté entre<br />
de nombreuses solutions publicitaires d’un côté et la couverture<br />
globale des afa de l’autre, Infinity Advertising<br />
se veut une alternative crédible. « Les retours des agences<br />
media et des marques sont excellents. Je pense que nous<br />
étions attendus. Ce rapprochement est historique dans<br />
un marché de la grande distribution très concurrentiel.<br />
Nous sommes là pour simplifier ce marché et offrir un<br />
guichet unique qui donne un accès à l’offre la plus puissante<br />
du marché », conclut le directeur général d’Infinity<br />
Advertising.<br />
PATRICK CAPPELLI<br />
CB NEWS . 55 . OCTOBRE 2021
Pages<br />
gastro<br />
CUISINE MÉDIATIQUE<br />
EXTENSION DU DOMAINE<br />
DE L'ASSIETTE<br />
AU “ MONDE ”, AU “ FIGARO ”, AUX “ ÉCHOS — LE PARISIEN ”, LA QUESTION<br />
“ FOOD ” EST DEVENUE CENTRALE. POUR LES JOURNALISTES, MAIS AUSSI<br />
POUR LES LECTEURS… ET LE SERVICE ABONNEMENT.<br />
A<br />
nton Ego. C’est le nom du critique gastronomique<br />
dans « Ratatouille », le film<br />
de Disney consacré à la gastronomie. Il<br />
est acariâtre, solitaire, et campe un personnage<br />
de critique dans les canons de<br />
l’imaginaire que l’on peut avoir de cette<br />
profession. Si Disney refaisait un tel film<br />
aujourd’hui, Anton Ego serait bien différent.<br />
Il posterait certainement des photos sur Instagram,<br />
il deviendrait ami avec les chefs, et<br />
son journal lui demanderait, en plus<br />
de sa chronique sur le restaurant,<br />
des reportages sur les producteurs<br />
locaux qui fournissent les grands<br />
chefs, ou des portraits de ceux qui<br />
cuisinent vegan, etc. Une évolution<br />
qui viendrait, en creux, raconter la<br />
nouvelle façon dont les journaux<br />
généralistes – essentiellement quotidiens<br />
et hebdomadaires – traitent<br />
désormais de la cuisine, de la gastronomie<br />
et du bien manger.<br />
En effet, si la critique gastronomique<br />
reste une discipline à part<br />
entière, les quotidiens et hebdos ont considérablement<br />
augmenté leur façon de raconter l’engouement national<br />
pour la cuisine, la nourriture, les circuits courts et tout<br />
ce qui a trait de près ou de loin aux repas. Une évolution<br />
naturelle quand on observe les différentes études<br />
d’opinion sur les préoccupations des Français eu égard<br />
à leur assiette. Dans son observatoire « Alimentation<br />
et Famille », réalisé en décembre 2020 en partenariat<br />
LES NOUVELLES FAÇONS<br />
DE RACONTER LA CUISINE<br />
ET LA GASTRONOMIE<br />
SE RETROUVENT<br />
DANS LES PAGES DE<br />
JOURNAUX, SOUS DES<br />
FORMATS INÉDITS.<br />
avec la fondation Nestlé, l’institut Ipsos a mis plusieurs<br />
choses en lumière. D’abord le fait que le modèle alimentaire<br />
français « résiste et se réinvente », ensuite, l’étude<br />
a confirmé les « nouvelles aspirations citoyennes des<br />
familles, et a mis en évidence l’équilibre subjectif et sous<br />
contraintes notamment financières du manger sain.» Et<br />
d’ajouter, sous la plume de Laurence David, déléguée<br />
générale de la Fondation Nestlé France: «Nous avons été<br />
séduits par l’ingéniosité des familles pour se réapproprier<br />
leur alimentation. Au-delà des attentes<br />
que nous connaissions et qui<br />
se confirment, nous nous sommes<br />
intéressés aux nouvelles pratiques<br />
ancrées dans le quotidien des familles<br />
comme les stratégies de compromis<br />
culinaires au sein du même<br />
foyer pour faire cohabiter plusieurs<br />
régimes alimentaires distincts, l’apport<br />
de gamelle au bureau, la tendance<br />
au batch cooking qui vise à<br />
préparer le weekend ses repas pour<br />
la semaine ou encore l’apport des<br />
technologies dans l’alimentation.»<br />
C'est sans doute ce qui a conduit<br />
Laurent Guez, ex-directeur des rédactions du Parisien-<br />
Aujourd’hui en France, à devenir ainsi « mangeur en<br />
chef », c’est-à-dire chargé d’animer les différents contenus<br />
du groupe autour de l'alimentation, prosaïquement<br />
directeur éditorial Food au groupe Les Échos-Le Parisien.<br />
« La palette de ce que nous pouvons faire au sein<br />
de l’entité les Échos-Le Parisien est très large. Cela va de<br />
contenus d’actualité vidéo dans les canons actuels pour<br />
CB NEWS . 56 . OCTOBRE 2021
Laurent Guez est<br />
directeur éditorial<br />
Food au Groupe<br />
Les Échos-Le<br />
Parisien :“ Nous<br />
tentons de narrer<br />
toutes les nouvelles<br />
préoccupations ”.<br />
PHOTOS: © COTTONBRO-PEXELS. © PHILIPPE GARCIA.<br />
L’équipe des “ Échos ”<br />
publie une newsletter<br />
dédiée intitulée “ Le<br />
Sens de la Food ”.<br />
le “ Parisien ” avec des thématiques<br />
comme les dates de péremption ou<br />
le kebab qui rencontrent un franc<br />
succès à des articles que l’on pourrait<br />
qualifier de life style », raconte Laurent<br />
Guez. « Nous tentons de narrer<br />
toutes les nouvelles préoccupations,<br />
tout en gardant une joie de la table, du manger et de la<br />
nourriture qui demeure l’un de nos plus grands plaisirs»,<br />
détaille-t-il. Ainsi, l’équipe des «Échos» publie une newsletter<br />
dédiée intitulée « Le Sens de la Food » qui est rattachée<br />
à la verticale numérique globale consacrée aux<br />
voyages et à la gastronomie. Envoyée à 250 000 abonnées<br />
tous les mercredis, cette lettre est le lieu de mise<br />
en valeur des contenus des « Échos » sur la thématique,<br />
mais aussi vecteur d’informations exclusives et de bons<br />
plans. « Ce qui est intéressant, c’est de voir comment<br />
deux titres différents comme “ Les Échos ” et “ Le Parisien<br />
” parviennent à narrer la problématique devenue<br />
centrale, structurante, et vouée à l’être toujours plus, de<br />
comment se nourrir ?», analyse Laurent Guez. Et d’ajouter:<br />
«Jamais, peut-être cette idée selon laquelle manger<br />
c’est voter n’a été aussi prégnante dans l’esprit de nos<br />
concitoyens. Mais au-delà, le rôle de marques médias<br />
comme les nôtres est d’en couvrir tous les aspects».<br />
“ JAMAIS, PEUT-ÊTRE,<br />
CETTE IDÉE SELON<br />
LAQUELLE MANGER<br />
C’EST VOTER N’A ÉTÉ<br />
AUSSI PRÉGNANTE<br />
DANS L’ESPRIT DE NOS<br />
CONCITOYENS. ”<br />
LAURENT GUEZ, LES ÉCHOS - LE PARISIEN<br />
Pour cela le groupe Les Échos - Le<br />
Parisien possède donc la verticale<br />
des Échos, la Newsletter, les décryptages<br />
vidéo façon « Brut » estampillés<br />
Le Parisien, ainsi que les<br />
suppléments dédiés et les rubrique<br />
dans « les Échos Week-end ». Une<br />
large palette qui permet de traiter<br />
l’ensemble des thèmes inhérents à<br />
la Food. En alliant « art de vivre » et<br />
réeion sociétale sur l’art de manger.<br />
Cette mouvance est à l’œuvre<br />
dans la presse quotidienne et hebdomadaire<br />
dite d’informations générales. Ainsi, au sein<br />
du groupe Le Monde, l’assiette est également l’une des<br />
préoccupations importantes des rédactions. Le quotidien<br />
vient de lancer une newsletter dédiée intitulée « Le<br />
onde passe à table ». Au menu : un focus spécifique<br />
sur l’ensemble des contenus consacrés dans le journal,<br />
dans « M», sur le site et dans l’ensemble des supports du<br />
Monde. « Nous nous sommes rendus compte que nous<br />
produisions énormément d’articles autour de cette<br />
question. En créant cette lettre nous voulons fédérer<br />
les lecteurs, affirmer toujours plus notre savoirfaire<br />
éditorial sur ce sujet et aussi souligner nos spécificités »,<br />
détaille Yoanna Sultan, responsables des pages Styles<br />
du « Monde » qui englobent notamment tous les sujets<br />
gastronomie - art de vivre - tourisme, etc. Et de préciser<br />
: « Nous avons vu pendant le premier confinement<br />
que ces thématiques étaient un vrai pourvoyeur d’audience<br />
et surtout d’abonnements numériques. Nous<br />
CB NEWS . 57 . OCTOBRE 2021
Pages<br />
gastro<br />
avons aussi vu à quel point l’ensemble des questions<br />
sociétales et citoyennes sur la traçabilité, les circuits<br />
courts, le mieux manger étaient au cœur des préoccupations<br />
de notre lectorat ». Au-delà donc de la simple<br />
critique gastronomique sur un restaurant qui demeure<br />
un genre à part entière (voir encadré), « Le Monde » a<br />
considérablement enrichi la palette des saveurs éditoriales<br />
proposées au lecteur. « Nous<br />
mettons l’accent sur les récits, les<br />
parcours de chefs, mais aussi de<br />
producteurs, et plus largement d’un<br />
marché qui est en pleine mutation.<br />
Cela sans oublier la dimension servicielle<br />
qui reste l’une des raisons<br />
de lecture forte chez nos abonnés<br />
ou futurs abonnés », complète encore<br />
Yoanna Sultan. Ce tournant<br />
pris au « Monde » va de pair avec<br />
la volonté de la direction de traiter<br />
des sujets qui « concernent » les lecteurs<br />
comme l’a fait le journal notamment<br />
avec les sujets de l’intime<br />
voir « CB Nes » n). « Le journal<br />
a décidé d’appliquer ses méthodes et son savoir-faire<br />
journalistique à l’ensemble des sujets qui préoccupent<br />
les Français. La façon de manger, les restaurants, le vin,<br />
etc. Tout cela peut être raconter avec la façon de faire<br />
du “ Monde ” », analyse la responsable des pages Styles.<br />
“ NOUS AVONS VU PEN-<br />
DANT LE CONFINEMENT<br />
QUE CES THÉMATIQUES<br />
ÉTAIENT UN POUR-<br />
VOYEUR D’AUDIENCE<br />
ET D’ABONNEMENTS<br />
NUMÉRIQUES. ”<br />
Dans cet univers concurrentiel où chacun étire la façon<br />
de traiter la thématique, « Le Figaro » a également son<br />
mot à dire dans la course aux étoiles. Le quotidien a en<br />
revanche choisi une approche plus traditionnelle. « Les<br />
journalistes du quotidien traitent des grandes questions<br />
sociétales qui sont soulevées autour de la Food, mais<br />
dans nos papiers « Art de vivre », nous souhaitons garder<br />
l’empreinte bien-être et hédonisme<br />
à la française qui motive aussi<br />
profondément le lectorat qui vient<br />
lire ce genre de papier », juge Anne<br />
Pican, éditrice au « Figaro ». Pour<br />
elle, cette façon de faire constitue<br />
« l’ADN du journal » qui historiquement<br />
avec « son Figaroscope » est<br />
« prescripteur » pour les lecteurs qui<br />
viennent « chercher des idées et des<br />
inspirations ». « Nous ne voulons pas<br />
culpabiliser les gens, nous sommes<br />
des passeurs de plaisir », ajoute Anne<br />
Pican. Toutefois, le journal lancera<br />
début 2022 une application dédiée à<br />
la cuisine. Ce « Figaro Cuisine » sera<br />
ludique autour de la « cuisine au sens large et a vocation<br />
à « fédérer la communauté des mangeurs du Figaro ». Ici<br />
aussi, les contenus dédiés aux plaisirs de la table sont<br />
de forts générateurs d’abonnements numériques. « Dès<br />
que nos spécialistes comme Emmanuel Rubin, ou Alice<br />
Bosio font des papiers sur des restaurants en vue ou sur<br />
YOANNA SULTAN, “ LE MONDE ”<br />
PHOTOS: © DR.<br />
CB NEWS . 58 . OCTOBRE 2021
Pages<br />
gastro<br />
des bons plans, nous constatons directement un effet<br />
important sur les abonnements », confie Anne Pican. Et<br />
d’ajouter : « cela démontre que notre rôle est encore crucial<br />
et que nous ne pouvons pas nous passer de ces contenus.<br />
» Mieux, au « Figaro », comme au « Monde » ou aux<br />
« Échos », cette nouvelle forme de traitement plus large<br />
de la thématique entraîne aussi une capacité à créer des<br />
événements en lien avec la régie autour du savoir-vivre.<br />
Ainsi par exemple, au « Monde », le festival du journal qui<br />
s’est tenu les 24 et 25 septembre a été l’occasion pour la<br />
régie d’associer le savoir-faire de ces journalistes à l’élaboration<br />
de soirées thématiques autour des vins corses<br />
avec la venue d’un chef étoilé, mais aussi de donner accès<br />
aux abonnés du journal ou aux clients de la régie à une<br />
epérience spécifique et particulière voir aussi page ).<br />
« Tout cela est un cercle vertueux intéressant. Les journalistes<br />
viennent partager leurs expertises, nos clients ont un<br />
accès privilégié à nos audiences et ces dernières vivent un<br />
moment fort de lien avec la marque », décrypte Laurence<br />
Bonicalzi Bridier, directrice de M Publicité. « Tout cela<br />
se fait avec une grande uidité et efficacité tant la légi<br />
timité de nos marques, et notamment du Monde, sur ces<br />
questions est grande grâce au travail de nos journalistes »,<br />
affirme Laurence Bonicalzi Bridier.<br />
DAVID MEDIONI<br />
Les news et<br />
hebdos ont<br />
considérablement<br />
enrichi la palette des<br />
saveurs éditoriales<br />
proposées à<br />
leur lectorat, en<br />
gardant chacun leur<br />
spécificité.<br />
LA FIN DE LA<br />
CRITIQUE ?<br />
Et si les critiques gastronomiques à proprement<br />
parler était en train de disparaître ? Et si l’extension<br />
du domaine de l’assiette qui conduit les journaux<br />
à traiter de la food de manière très large avait<br />
“ tué ” la critique gastro ? Et si la montée en<br />
puissance des influenceurs “ food ” sur Instagram<br />
avait aussi conduit à l’effacement des critiques ?<br />
“ Nous sommes en effet passé d’une critique<br />
gastronomique traditionnelle aux influenceurs ”,<br />
regrette François Simon, ex-critique au “ Figaro ”,<br />
et au “ Monde ”, aujourd’hui à “ Série Limitée des<br />
Échos ”. “ Je pense que s’il y avait une meilleure<br />
critique, il y aurait de meilleurs chefs. “ Le critique,<br />
il ne se présente pas, il paye son addition, il réserve<br />
sous d’autres noms, il écrit des papiers et il le fait<br />
honnêtement ”, détaille-t-il encore.<br />
Mais selon lui, cela n’est pas dû uniquement à<br />
l’évolution des journaux qui “ gardent malgré<br />
tout un espace pour la critique gastronomique<br />
littéraire ” ; cela vient, également, de “ l’évolution<br />
des nouveaux chefs qui considèrent pour certains<br />
que désormais seule compte la beauté du plat.<br />
Or, un beau plat n’est pas forcément bon, alors<br />
qu’un plat “ non instagrammable ” ou moche peut<br />
être savoureux ”. Pan sur le bec des influenceurs<br />
qui “ ne font pas le même métier et qui ne payent<br />
pas leurs additions ”. Même son de cloche, un brin<br />
plus nuancé chez Thibaut Danancher, journaliste<br />
au “ Point ”. “ Je pense que l’appellation critique<br />
gastronomique n’est pas bonne. Je me considère<br />
comme un chroniqueur culinaire qui est l’un<br />
des éléments du paysage global de la Food où<br />
évoluent aussi désormais les influenceurs ”. Plus<br />
globalement, ce que notent les deux journalistes,<br />
c’est une “ part plus importante ” donnée au “ récit<br />
de la cuisine ” qui “ influe aussi sur la place que<br />
l’on accorde à la sensation pure de manger et de<br />
le mettre en mots ”. Cependant, les “ journalistes<br />
culinaires ont encore de beaux jours devant eux<br />
car la cuisine grâce ou à cause de la télévision est<br />
devenu une culture populaire. On parle désormais<br />
de la façon de faire des soufflés à la tomate. Cela<br />
n’était pas vrai il y a quinze ans. “ La cuisine est l’un<br />
des derniers sujets et lieux de rassemblement.<br />
Aussi, je pense qu’une jeune génération de critique<br />
va éclore, avec de nouveaux codes, mais aussi une<br />
forme de filiation ”, analyse François Simon.<br />
D.M.<br />
CB NEWS . 59 . OCTOBRE 2021
Le vin<br />
À L'HONNEUR<br />
SUPPLÉMENTS, HORS-SÉRIES<br />
LES VINS<br />
TOURNENT LA PAGE<br />
LE MONDE ET LE FIGARO REPENSENT LEUR FAÇON DE RACONTER<br />
LES VINS. ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ . FINI DE FAIRE LA<br />
FOIRE ET DE DONNER DES NOTES ET DES CLASSEMENTS.<br />
C<br />
eci n’est pas un supplément vins. » Cela<br />
pourrait être le nouveau titre des journaux<br />
qui rivalisent d’imagination pour twister<br />
l’éternel marronnier du supplément vins<br />
qui revient annuellement avec les foires aux<br />
vins, les primeurs, les fêtes de vendanges…<br />
Dans cet exercice de rénovation d’un vieux<br />
concept, le groupe Le Monde a avancé<br />
dans plusieurs directions pour<br />
aboutir à un dispositif qui laisse la<br />
part belle au journalisme avec la<br />
mise en avant de nouvelles façons de<br />
consommer les vins, aux clients qui<br />
souhaitent annoncer dans lesdites<br />
pages, mais aussi aux lecteurs. « Les<br />
sept marques du groupe traitent<br />
du vin. Il nous fallait imaginer des<br />
dispositifs particuliers pour que<br />
l’ensemble soit homogène tout en<br />
gardant les spécificités de chacune<br />
des marques », raconte Laurence<br />
Bonicalzi Bridier, directrice de M<br />
Publicité. Ainsi la régie a organisé<br />
ses activités de façon à pouvoir répondre à ces différentes<br />
exigences. Richard Caron, directeur commercial, a été<br />
recruté pour chapeauter l’ensemble des comptes clients<br />
dédiés à la gastronomie et surtout, un lab dédié a été<br />
créé. Son nom « Vivant ». « Nous avons réuni différents<br />
profils de la régie au sein du lab avec l’envie de créer des<br />
événements, des opérations spéciales et de nous servir<br />
LE MONDE A CHOISI DE<br />
TRAITER LES NOTES DE<br />
DÉGUSTATION COMME<br />
DES NOTULES QUI<br />
RACONTENT PLUTÔT<br />
LA JOIE DU PARTAGE.<br />
de nos datas pour dépasser la simple question du supplément<br />
vins », détaillent Laurence Bonicalzi Bridier et<br />
Richard Caron. Concrètement, le Festival du Monde qui<br />
s’est tenu les 24 et 25 septembre au siège du journal a<br />
été l’occasion de mettre en pratique ce que le Lab peut<br />
apporter. Ainsi des chefs étoilés ont été conviés par les<br />
journalistes à venir cuisiner, la régie en a profité pour associer<br />
les vins corses à l’événement,<br />
tandis que les abonnés du journal<br />
ont pu, en avant-première, réserver<br />
des places pour les dîners à des prix<br />
concurrentiels. Cerise sur le gâteau,<br />
des dégustations avec les journalistes<br />
référents tels que Ophélie Neiman<br />
(autrice du livre « Le Vin c’est<br />
pas sorcier») ont été organisées. «Le<br />
dispositif est intelligent et complet.<br />
Il mixe les intérêts journalistiques,<br />
commerciaux et même de fidélisation<br />
du lectorat. Nous croyons<br />
réellement à cette façon de « twister<br />
» le récit et la mise en forme de<br />
nos contenus et savoir-faire autour<br />
du vin. Cela participe de la construction d’une relation<br />
toujours plus étroite avec nos audiences », confient les<br />
responsables de cette opération. Le 14 octobre, nouvelle<br />
mise en avant de cette nouvelle approche avec les 80<br />
ans de l’appellation Condrieu. 80 vignerons seront dans<br />
les locaux du Monde à la rencontre des abonnés et où<br />
l’ensemble de la dynamique du Lab «Vivant » a été mise<br />
CB NEWS . 60 . OCTOBRE 2021
Le vin<br />
À L'HONNEUR<br />
PHOTOS : DR.<br />
Des nouvelles façons<br />
de consommer les<br />
vins, des dégustations<br />
et des nouveaux titres<br />
de produits, etc.,<br />
“ Le Monde ” et “ Le<br />
Figaro ” publient un<br />
“ récit global ” autour<br />
du vin.<br />
en œuvre. Au-delà de cette évolution, le Monde continue<br />
également de traiter le vin de manière plus «classique»,<br />
mais avec toujours l’idée de «se tourner vers le lecteur»,<br />
de lui «donner envie» et de ne pas « lui asséner des vérités<br />
descendantes sur le sujet ». Ainsi, le journal a choisi<br />
de traiter les notes de dégustation comme des notules<br />
qui racontent plutôt la joie du partage et la façon dont<br />
tel ou tel breuvage pourra ou non être dégusté avec des<br />
amis, de la famille ou des amoureux. « Le choix de ne pas<br />
noter les vins est délibéré. Cela pour véritablement rester<br />
dans l’accessibilité » détaillent encore les deu responsables<br />
au Monde.<br />
Pour changer de paradigme, il y a aussi une façon de<br />
choisir les contenus, les vins mis en avant, et la façon de<br />
raconter tout ce qu’il y a autour. Comme un récit global.<br />
Comme une volonté d’aller chercher de nouvelles<br />
audiences. C’est notamment le choi du « Figaro » qui<br />
pour élargir le champ d’investigation déjà large du « Figaro<br />
Vins » a recruté Alicia Dorey comme responsable<br />
éditoriale. « Nous avons l’ambition avec toute l’équipe<br />
que j’ai rejoint en mars 2021 de traiter un scope encore<br />
plus large dans nos thématiques, mais aussi dans la façon<br />
de faire connaître les vins que nous aimons et apprécions<br />
grâce notamment à des dégustations à l’aveugle, mais<br />
aussi à la mise en avant de nouveaux types de produits »,<br />
souligne Alicia Dorey. Nouveaux types de produits<br />
comme, par exemple, les « vins tranquilles de Champagne»<br />
que nous «avons été parmi les premiers à mettre<br />
en valeur ». Nouvelle façon d’aborder les thématiques,<br />
aussi, en racontant les imbrications des écosystèmes.<br />
Cependant, le « Figaro » aussi avance ses pions sur les<br />
clubs vins, les dégustations exclusives. «Ce qui caractérise<br />
notre approche est un mélange de tradition avec les<br />
suppléments dédiés aux foires aux vins, et de modernité<br />
dans le choix des produits, des sujets et dans l’animation<br />
de notre communauté vins qui est réellement en<br />
recherche et en attente des conseils, repérages et recommandations<br />
de notre part », résume Anne Pican, éditrice.<br />
Tradition et modernité. Comme si les équipes des deux<br />
quotidiens façonnaient leurs «vins».<br />
DAVID MEDIONI<br />
CB NEWS . 61 . OCTOBRE 2021
L'interview<br />
“ LE SEUL FONDAMENTAL QUI<br />
N'A PAS ÉTÉ TOUCHÉ,<br />
C'EST L'ALIMENTAIRE ”<br />
Plaisir<br />
DIALOGUE AVEC MATHIEU MORGENSZTERN, COUNTRY<br />
MANAGER DE WPP FRANCE ET VIRGILE BRODZIAK,<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE WUNDERMAN THOMPSON PARIS.<br />
CBN _ Deuxième édition du Food Morning ensemble :<br />
le plaisir et la culture au programme. Est-ce qu’il faut<br />
compenser deux ans de crise ?<br />
MATHIEU MORGENSZTERN _ Dans Food orning, on pourrait<br />
croire que le mot le plus important c’est Food,<br />
mais en réalité c’est Morning ! Parce que c’est un nouveau<br />
jour ! Et c’est vrai que nous ressentons l’envie de<br />
revivre, de partager, et que la nourriture est au centre<br />
de ce mouvement. Dans ce contete, on ne part pas<br />
des contraintes mais plutôt du plaisir renouvelé. Les<br />
contraintes sont intégrées, mais on peut les dépasser<br />
pour aller faire quelque chose qui fait plaisir.<br />
VIRGILE BRODZIAK _ On voit en effet des marques et des<br />
consommateurs qui redemandent plus d’indulgence<br />
après tre passés par cette responsabilisation de l’agroalimentaire.<br />
Les crises successives dans cette industrie ont<br />
ouvert les yeux des gens. Il y a eu une immense demande<br />
sur la sécurité alimentaire, et aujourd’hui on a quand<br />
même une grande partie des acteurs qui ont fait les efforts<br />
nécessaires. Le plaisir doit redevenir la motivation<br />
principale. Pendant les confinements, manger est devenu<br />
le plaisir essentiel et quand on est ressorti, ça a été aussi<br />
la première chose qui a été recherchée à l’etérieur. On a<br />
parlé de la réouverture des terrasses et des restaurants<br />
plus que des autres commerces.<br />
MATHIEU MORGENSZTERN _ Pour l’anecdote, chez WPP, à<br />
chaque fois qu’un campus est lancé dans le monde, il y<br />
a un sondage qui est effectué auprès des salariés pour<br />
lister les priorités. La France est le seul pays au monde<br />
parmi la trentaine de campus, à avoir mis le restaurant<br />
d’entreprise comme priorité numéro 1 ! Ça ne concerne<br />
que WPP, mais ça donne le ton. Parce que le plaisir, c’est<br />
le goût, mais c’est aussi la convivialité.<br />
CBN _ Et pourtant, les consommateurs ont aussi<br />
des exigences quant à la sauvegarde de la planète.<br />
Comment concilier ces demandes ?<br />
MATHIEU MORGENSZTERN _ Cette conscience environnementale<br />
a en effet accompagné la crise du Covid, alors<br />
qu’il s’agissait de deu sujets différents. Et finalement le<br />
seul fondamental qui n’a pas été touché, c’est l’alimentation<br />
sur laquelle il est plus que jamais crucial d’assurer la<br />
sécurité. Mais on peut le faire avec plus d’enthousiasme<br />
que d’angoisse.<br />
VIRGILE BRODZIAK _ Toutes les marques doivent faire des<br />
efforts sur leur qualité, leur sécurité, leur origine, etc.<br />
En revanche, ce n’est plus le message principal qu’elles<br />
doivent faire passer. Elles doivent le rappeler, mais elles<br />
doivent être plus optimistes.<br />
CBN _ Cela se ressent-il dans la communication ? Il<br />
semble que même sur les produits bio et les marques<br />
responsables, les packagings soient moins austères.<br />
MATHIEU MORGENSZTERN _ Oui, mais il y a quand même<br />
un sujet. Toutes les marques alimentaires ont des budgets<br />
en baisse. Elles ont des cots de matière première<br />
souvent en hausse, et donc elles veulent préserver leur<br />
marge en tapant dans la communication. C’est une attitude<br />
très franaise : on limite par la réduction des cots<br />
PHOTO : D.<br />
CB NEWS . 62 . OCTOBRE 2021
L'interview<br />
“LES MARQUES<br />
PRÉSERVENT<br />
LEUR MARGE EN<br />
TAPANT DANS LA<br />
COMMUNICATION (…)<br />
AU LIEU DE POUSSER<br />
À LA DEMANDE. ”<br />
Mathieu<br />
Morgensztern, à<br />
gauche, Country<br />
Manager de WPP<br />
France et Virgile<br />
Brodziak,<br />
directeur général<br />
de Wunderman<br />
Thompson Paris.<br />
au lieu de pousser la demande. Une fois qu’on s’est dit ça,<br />
il faut quand mme gagner la bataille pour tre la marque<br />
préférée sur un site de e-commerce. Il faut redonner envie,<br />
cela passe par des packagings qui fassent vraiment<br />
envie. Parce qu’à la fin, c’est là que se fait la différence.<br />
VIRGILE BRODZIAK _ C’est vrai que les stars montantes des<br />
produits responsables et engagés, que ce soit les laits<br />
végétau comme Oatly ! ou les bières comme Bredog,<br />
sont très différentes des marques équivalentes d’il y a <br />
ans. Ce sont des marques qui sont dans l’optimisme. e<br />
pense que les grands gagnants seront les marques qui<br />
utiliseront des codes qui redonnent de l’envie.<br />
CBN _ Plus généralement, est-ce que cette crise a modifié<br />
les relations entre les agences et les annonceurs ?<br />
MATHIEU MORGENSZTERN _ Si je caricature un peu, il y a<br />
deux typologies d’annonceurs en sortie de crise. On a<br />
des annonceurs qui repartent par la relance et dont les<br />
équipes marketing ont retrouvé le pouvoir après avoir<br />
d, pendant la crise, laisser la place à la finance. Avec ces<br />
entreprises, nous repartons très fort avec elles sur ces nouveaux<br />
schémas d’écriture dont nous parlions à l’instant.<br />
À l’opposé, nous avons quelques clients qui<br />
ont pris le pli, et chez qui le service achats<br />
est dominant. Et l’on voit des appels d’offres<br />
qui ne sont plus gérés par les gens du métier<br />
mais par les services achats. Ces marques<br />
prennent un risque. Ce sont souvent des<br />
entreprises françaises qui sont confrontées<br />
à un environnement international qui est<br />
beaucoup plus dynamique en matière d’investissement.<br />
S’il y a une reprise, elle est<br />
loin d’être aussi forte que ce qu’elle devrait<br />
tre. e dis attention au décrochage.<br />
CBN _ En France, WPP va emménager<br />
dans quelques mois dans un nouveau<br />
siège, qu’est-ce que cela représente pour<br />
le groupe ?<br />
MATHIEU MORGENSZTERN _ S’il y avait une<br />
caractéristique à donner à propos de ce campus, c’est<br />
le fait que de la surface est de l’espace en commun<br />
pour travailler avec nos clients en mixant les agences.<br />
Tous nos clients nous disent qu’ils sont preneurs de nouvelles<br />
manières de travailler. Ce qu’on leur propose,<br />
c’est d’oublier le brief et de travailler ensemble sur des<br />
sujets. La deuième grande fonction de ce campus, c’est<br />
de rejustifier de son importance pour les collaborateurs<br />
à un moment où on s’est aperçu que le lieu de travail<br />
n’était pas forcément indispensable. Ce sera donc un<br />
endroit où l’on apprendra, où l’on gagnera en expertise,<br />
et pour cela il y aura tous les jours des conférences, des<br />
formations ouvertes à tous où chacun pourra également<br />
contribuer.<br />
VIRGILE BRODZIAK _ Et on pourra aussi bien y manger ! Il<br />
ne faut pas oublier l’aspect professionnel de la restauration.<br />
En France et dans les pays latins, on travaille très<br />
bien à table, peut tre de manière un peu moins institutionnelle,<br />
mais c’est d’autant plus important.<br />
Recueilli par<br />
FRÉDÉRIC ROY<br />
CB NEWS . 63 . OCTOBRE 2021
Rentrée de<br />
COMMUNICATION<br />
“ LA RELANCE N'EST<br />
PAS AUSSI FORTE<br />
DANS NOS MÉTIERS ”<br />
LE THÈME DES 15 RENCONTRES DE L'UDECAM ÉTAIT “ ENSEMBLE<br />
POUR LA RELANCE ”. MÊME SI LE SLOGAN ÉTAIT PAR NATURE<br />
FÉDÉRATEUR, LES PARTICIPANTS N'ONT PAS MANQUÉ DE POINTER<br />
LES DIFFICULTÉS QUI FREINENT LA REPRISE.<br />
Au fil des années les Rencontres<br />
de l’Udecam sont<br />
devenues un événement<br />
incontournable de la rentrée<br />
de la communication.<br />
Pour cette quinzième édition<br />
en dix ans, l’ambiance était plus que<br />
jamais celle des retrouvailles entre<br />
des participants qui, pour la plupart<br />
ne s’était plus vus autrement<br />
qu’à travers un écran depuis près de<br />
deux ans. Autant dire que les allées<br />
du Parc Floral de Paris étaient très<br />
fréquentées. Mais si le soleil était de<br />
la partie, c’est dans la salle que se<br />
tenaient les débats autour du thème<br />
« Ensemble pour la relance ! ». Un<br />
slogan que Gautier Picquet, président<br />
de l’Udecam, expliquait par<br />
la nécessité pour toutes les professions<br />
de l’écosystème de se retrouver<br />
pour accompagner et amplifier le<br />
redémarrage de l’économie. « C’est<br />
ensemble que nous avons résisté,<br />
c’est ensemble que nous allons faire<br />
cette relance », lançait-il dans son<br />
discours d’ouverture. Grand témoin<br />
de ces rencontres, Maurice Lévy,<br />
président du conseil de surveillance<br />
de Publicis Groupe, rappelait quant<br />
à lui l’impossibilité « d’imaginer<br />
une relance via un seul média, sans<br />
inclure une approche complexe des<br />
médias. D’autant plus qu’une reprise<br />
fondée sur du murmure individuel<br />
me paraît manquer de l’effet<br />
collectif ».<br />
Ensemble étant le mot d’ordre<br />
du jour, de nombreux acteurs du<br />
marché sont venus exprimer leurs<br />
envies, leurs projets, mais aussi<br />
leurs craintes, face à cette sortie de<br />
crise encore incertaine mais tellement<br />
attendue. Parmi ceux-ci, des<br />
voix rares comme celle de Frédéric<br />
Duval, directeur général d’Amazon<br />
France qui expliquait qu’avec 14<br />
000 emplois en CDI en France, la<br />
filiale franaise faisait vivre plus de<br />
personnes sur le territoire,<br />
ajoutant qu’en dépit des critiques<br />
médiatiques, Amazon avait « une<br />
image très bonne auprès des Français<br />
». D’autres grands acteurs du digital,<br />
Facebook, avec Laurent Solly,<br />
son DG France, traçant un futur fait<br />
de mondes virtuels toujours plus sophistiqués,<br />
Damien Viel de Twitter,<br />
sur le rôle sociétal de la plateforme<br />
ou Nicolas Rieul de Criteo, première<br />
licorne française dans un monde dominé<br />
par les Anglo-Saxons.<br />
Si l’économiste Jean-Hervé Lorenzi,<br />
rappelait que « nous sommes certains<br />
d’tre protégés financièrement<br />
grâce aux différents plans de relance<br />
mis en place », d’autres, à l’image de<br />
Bertille Toledano, présidente BETC<br />
France, soulignaient que la « relance<br />
n’est pas aussi forte dans nos métiers<br />
qu’ailleurs en France. Nous avons<br />
été solidaires dans la crise, il va falloir<br />
être solidaires dans la croissance<br />
et la reprise ». Pierre Calmard, CEO<br />
de Dentsu ne disait pas autre chose<br />
en insistant sur le fait qu’en France,<br />
les « consommateurs sont là et ont<br />
envie de consommer, mais pour cela<br />
il faut leur donner envie ». L’occasion<br />
de rappeler que la « communication<br />
n’est pas une dépense mais un<br />
investissement ». Encore faut-il que<br />
chacun joue son rôle avec bienveillance<br />
notait de son côté Magali Florens,<br />
CEO de Mindshare, en remar-<br />
CB NEWS . 64 . OCTOBRE 2021
“ NOUS VIVONS DES<br />
RÈGLES ARCHAÏQUES<br />
EN TV QUI NOUS<br />
PRENNENT DES MOIS<br />
ET DES MOIS POUR<br />
ÉVOLUER. ”<br />
DAVID LARAMANDY, M6<br />
<br />
<br />
<br />
PHOTOS : © ALEXANDRE NESTORA.<br />
quant que si les « annonceurs ont été<br />
très patients et généreux avec leurs<br />
agences et les médias respectueux<br />
et agile, les mauvaises habitudes<br />
reviennent au galop ».<br />
Les riches débats ont été enfin largement<br />
dominés par la recomposition<br />
du paysage média imposé par<br />
les enjeux mondiaux. Ainsi Gilles<br />
Pelisson, p-dg du groupe TF1, expliquait<br />
la fusion de son groupe avec<br />
M6 par la nécessité de « faire face à<br />
une consommation TV qui n’est plus<br />
linéaire et à des acteurs mondiaux<br />
très forts » rendant les partenariats<br />
« inévitables ». Ce qui suppose aussi<br />
que les réglementations s’adaptent,<br />
avertissait quant à lui David Laramendy,<br />
directeur général de M6<br />
Publicité pour qui « nous vivons avec<br />
des règles archaïques en TV qui nous<br />
prennent des mois et des mois pour<br />
évoluer ». Des sujets et bien d’autres<br />
qui ont émaillé ses Rencontres et<br />
dont la profession n’a pas fini de débattre<br />
dans les mois à venir.<br />
FRÉDÉRIC ROY<br />
1- Gilles Pelisson (TF1)<br />
2- (de g. à d.) Bertille<br />
Toledano (BETC),<br />
Magali Florens<br />
(MindShare), et Jean-<br />
Luc Chetrit (Union<br />
des marques)<br />
3-Jean-Charles<br />
Decaux (JC Decaux)<br />
4- Maurice Levy<br />
(Publicis)<br />
5- Valerie Salomon<br />
(CMI Media), et Sylvia<br />
Tassan Toffola (TF1)<br />
6- Laurent Solly<br />
(Facebook)<br />
7- Marie Ekeland<br />
(2050)<br />
8- Roch-Olivier<br />
Maistre (CSA)<br />
9- Frédéric Vidal<br />
(Amazon)<br />
10- Gautier Picquet<br />
(Udecam)<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
CB NEWS . 65 . OCTOBRE 2021
Parce que bouger est essentiel pour se<br />
rencontrer, travailler… ou tout simplement<br />
vivre, Transdev transporte 11 millions de<br />
passagers chaque jour dans le monde.<br />
Plus que jamais, nous relions les territoires<br />
et nous dessinons un monde plus fluide<br />
et plus respectueux de l’environnement.<br />
Nos modes de vie et les besoins<br />
de nos passagers évoluent et nous<br />
accompagnons ces changements<br />
en proposant des solutions toujours<br />
plus sûres, efficaces et innovantes<br />
au service du bien commun.
Le baromètre du programmatique en juillet-août 2021 | P. 69<br />
HOT or NOT Google fait marche arrière, FLoC manque de reach, Unified ID 2.0 à l'arrêt | P. 70<br />
Opinion “ La Web Push Notification, ou comment tirer parti des navigateurs. ”<br />
( Par<br />
Aurore Goxe, d'Adrenalead) | P.70<br />
Numéro #27 — OCTOBRE 2021 | Le cahier techno de CB NEWS<br />
AdTechNEWS<br />
JOURNAL<br />
avec le<br />
JOURNAL DU NET<br />
Connected TV<br />
Des audiences<br />
pas au<br />
rendez-vous<br />
PAGE 72<br />
Tuto scanné<br />
LE PIFA, LE CONTREPIED<br />
DU CRM…<br />
Et si l’on donnait à chaque internaute un identifiant<br />
publicitaire qu’il pourrait partager à sa guise, avec le<br />
degré d’informations qu’il a choisi ? C’est la théorie<br />
développée par le site américain Adtech Explained dans le<br />
cadre d’une proposition qui pourrait permettre à l’adtech<br />
de faire d’une pierre deux coups : …<br />
P. 76<br />
-10<br />
Un pourcentage moyen de visibilité<br />
de 10 points en baisse, une<br />
forte augmentation de la part<br />
du mobile et une hausse des CPM<br />
pour résumer cet été 2021 !<br />
[P. 69]<br />
LE CHIFFRE<br />
START-ME UP<br />
Trygr, le Criteo des petits et<br />
moyens e-commercants.<br />
P. 78<br />
L’INTERVIEW<br />
Le DtoC fait<br />
partie intégrante<br />
du parcours<br />
consommateur<br />
Omer Waysman<br />
directeur global e-commerce et<br />
business development de Danone.<br />
PAGE 77<br />
Le cahier techno avec le — AdtechNEWS | 67
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ÉDITO - BAROMÈTRE<br />
Le baromètre<br />
ÉDITO<br />
DU PROGRAMMATIQUE ADTECHNEWS<br />
/ ZBO MEDIA JUILLET-AOÛT 2021<br />
CTV, IPTV, HBBTV…<br />
Vous aussi vous<br />
vous perdez dans le<br />
bal des acronymes<br />
et autres protocoles<br />
qui accompagnent<br />
le grand soir de la<br />
TV Connectée. Ne zappez pas, on fait<br />
le point ! Et on profite de ce numéro<br />
pour vous expliquer pourquoi les telcos<br />
occupent une place de choix au<br />
cœur de cet écosystème. Pourquoi les<br />
« cord cutters » – littéralement ceu qui<br />
coupent leur cble – sont nombreux<br />
aux États-Unis mais beaucoup plus<br />
rares en France. Ou encore pourquoi<br />
les leaders de la Smart TV, Samsung<br />
et LG, vont devoir jouer une partition<br />
serrée pour réussir à entrer dans les<br />
foyers franais. Bon film !<br />
Nicolas Jaimes et Frédéric Roy<br />
LE<br />
CHIFFRE<br />
DU MOIS<br />
- 10<br />
Un pourcentage moyen<br />
de visibilité de 10 points<br />
en baisse, une forte augmentation<br />
de la part du<br />
mobile et une hausse des CPM<br />
pour résumer cet été 2021. La<br />
part du mobile (web & In-App)<br />
en forte hausse n’est pas étonnante<br />
pendant cette période<br />
de vacances, et explique en<br />
partie aussi la baisse de visibilité.<br />
La hausse des CPM, de l’ordre<br />
de 15 %, s’explique peut-être par<br />
une baisse des inventaires éditeurs<br />
(moins de consultations<br />
en vacances) et une demande<br />
des annonceurs toujours forte<br />
notamment sur juillet.<br />
Répartition de l'inventaire par device<br />
In-App<br />
14 %<br />
Mobile<br />
Web<br />
54 %<br />
Répartition des investissements<br />
par mode de vente<br />
OPEN RTB<br />
CPM par format<br />
DEAL ID<br />
63,24 % 36,76 %<br />
DISPLAY NATIVE VIDEO<br />
1,94 € 1,64 € 11,88 €<br />
Taux de visibilité moyen par device<br />
Web<br />
32 %<br />
WEB MOBILE WEB IN-APP<br />
48,9 % 44,9 % 54,5 %<br />
FORMAT CTR TAUX D’ARRIVÉE<br />
DISPLAY 0,39 %<br />
NATIVE 0,33 %<br />
VIDEO 0,87 %<br />
“ À noter : le baromètre ne<br />
communique plus les taux d'arrivée<br />
en raison des nouvelles règles de<br />
la Cnil. Celle-ci a en effet durci<br />
les règles en matière de récolte<br />
du consentement de l'utilisateur,<br />
ne permettant plus d'avoir une<br />
mesure fiable de cet indicateur. ”<br />
Taux de fraude<br />
en prebid 8,8 %<br />
Taux de fraude<br />
en postbid 1,3 %<br />
Le cahier techno avec le — AdtechNEWS | 69
FEED - OPINION<br />
H T!...<br />
Google fait marche<br />
arrière…<br />
… sur les ID. Il avait juré qu’il ne voulait pas<br />
d’identifiants permettant le tracking crosssite.<br />
Mais Google teste une fonctionnalité<br />
baptisée Encrypted signals qui permettra<br />
aux éditeurs équipés de GAM ou utilisant<br />
son wrapper Open Bidding, de transmettre<br />
à leurs acheteurs des signaux cryptés, dont<br />
des identifiants publicitaires, pour les aider<br />
à cibler les audiences. Les technologies de<br />
Google situées buyside, DV 360 et Google<br />
Adex, ne liront pas ces informations mais<br />
leurs concurrents, SSP et DSP, pourront le<br />
faire. La fonctionnalité n’est disponible<br />
qu’en alpha alors que des tests sont menés<br />
avec quatre SSP, Magnite, Pubmatic, Open<br />
X et Index Exchange. Google veut ensuite<br />
tester le dispositif avec des solutions<br />
d’identification comme ID5 ou Identity<br />
Link de Liveramp. L’Américain table sur un<br />
déploiement généralisé début 2022.<br />
...or NOT ?<br />
FLoC manque de reach<br />
Criteo vient de publier le troisième article<br />
d’une série examinant les essais originaux<br />
FLoC de oogle. ais FLoC n’offre pas suffisamment<br />
de reach pour tirer des conclusions.<br />
Peu d’éditeurs testent FLoC, de sorte<br />
qu’un site comme Weather.com voit des<br />
utilisateurs d’environ cohortes par semaine<br />
(très peu pour un site de cette taille)<br />
tandis qu’un site de taille moyenne peine à<br />
dépasser les deux cohortes par semaine. Les<br />
FLoC sont aussi peu intuitifs, déplore Criteo,<br />
car ils ne ciblent pas des personnes mais des<br />
groupes d’activités de navigation. Problématique<br />
pour des annonceurs qui ne jurent<br />
que par le reach and frequency.<br />
Unified ID 2.0 à l’arrêt<br />
Si le marché publicitaire s’était réjoui<br />
que The Trade Desk confie la gouvernance<br />
de ce projet d’identifiant partagé qui fédère<br />
une bonne partie de l’adtech à l’IAB Tech<br />
Lab, il aura fallu peu de temps pour que<br />
son enthousiasme soit douché. « Le projet<br />
est à l’arrêt depuis ce changement, déplore<br />
un éditeur. On nous promet une intégration<br />
de la version 2.0 depuis des mois, sans<br />
succès. » Ce n’est pas un hasard si le projet<br />
d’identifiant n’est pas inclus au tests menés<br />
par Google dans le cadre d’Encrypted Signals…<br />
Et cela pose forcément la question<br />
des moyens qui lui seront alloués. L’IAB Tech<br />
Lab aura-t-il les épaules pour en faire le standard<br />
que le marché espère ? Réponse dans<br />
les mois qui viennent.<br />
Opinion<br />
Par<br />
AURORE GOXE,<br />
CO-FONDATRICE & COO<br />
ADRENALEAD<br />
LaWeb Push Notification<br />
Supports digitaux traditionnels, les sites éditeurs représentent<br />
le socle incontestable de la diffusion publicitaire online. Néanmoins,<br />
la concurrence féroce ou l’apparition de problématiques<br />
telles que l’encombrement publicitaire et la croissance des formats<br />
intrusifs sur les sites sont des facteurs qui ont distendu le<br />
lien tissé entre les marques et les internautes en impactant la qualité de<br />
l’expérience publicitaire...<br />
La mauvaise expérience utilisateur on-site, un obstacle<br />
majeur à l’engagement<br />
Entre la multiplication des emplacements et la pression marketing<br />
croissante, toucher sa cible sur les sites éditeurs est devenu un véritable<br />
challenge pour les marques. Toujours plus élevés, les objectifs de monétisation<br />
et les exigences des éditeurs ont causé une surcharge publicitaire<br />
telle, qu’elle affecte aujourd’hui non seulement l’expérience utilisateur<br />
mais engendre aussi le phénomène de banner blindness (les utilisateurs<br />
ignorent consciemment ou non les bannières). En cause<br />
également, la recrudescence des formats publicitaires<br />
intrusifs qui contribuent à perturber la navigation<br />
des internautes, et favorisent la montée de l’ad<br />
blocking malgré les efforts fournis par l’industrie<br />
pour tenter de les éradiquer. L’essor du programmatique<br />
a quant à lui ajouté un niveau de<br />
complexité pour les marques qui peinent parfois<br />
à contrôler le cadre de diffusion de leurs<br />
annonces. Difficile d’engager l’audience dans<br />
ce contexte.<br />
Les navigateurs : un nouveau canal<br />
web to store à investir<br />
Tout l’enjeu réside donc aujourd’hui dans la capacité<br />
des annonceurs à faire émerger leurs messages<br />
pour capter l’attention de l’internaute et l’engager efficacement,<br />
tout en préservant leur image de marque et<br />
l’epérience utilisateur. La Web push notification est<br />
en mesure d’offrir aux marques un environnement de<br />
diffusion innovant.<br />
Affiché directement sur l’écran de l’utilisateur, ce format<br />
est ainsi brand safety par essence et RGPD-Ready,<br />
puisqu’il requiert le consentement préalable de l’internaute<br />
avant tout envoi de notifications. Antiad block,<br />
la Web push notification a en effet pour particularité<br />
d’être diffusée indépendamment des emplacements<br />
des sites, et permet de nouer une nouvelle forme de<br />
proimité avec l’audience en occupant de part<br />
de voi avec une diffusion « onscreen » en temps réel.<br />
À la clé des performances non négligeables : de tau de clic moyen<br />
contre , pour le display programmatique, et un tau d’abonnement<br />
à la marque de versus en moyenne en email marketing. Dédié<br />
aussi bien à l’acquisition, au retargeting qu’à la fidélisation, ce levier<br />
d’activation et d’engagement clients dispose de fonctionnalités poussées,<br />
similaires à celles de l’email marketing : scénarios de marketing automation<br />
notification de bienvenue, relance suite abandon de panier, demande<br />
d’avis, relance suite dernière de commande, etc.) et notifications<br />
transactionnelles confirmation de livraison, réassort produit, etc). Une<br />
opportunité pour les marques de créer et de maintenir un lien fort et<br />
pérenne avec leurs cibles, y compris à l’ère cookieless à venir.<br />
Anti-ad block,<br />
la Web push<br />
notification a<br />
en effet pour<br />
particularité<br />
d’être diffusée<br />
indépendamment<br />
des emplacements<br />
des sites.<br />
70 | AdtechNEWS — Le cahier techno avec le
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TÉLÉVISION POUR ACCÉDER À DES SERVICES INTERNET<br />
PEINE À S’IMPOSER DANS L’HEXAGONE. MAUVAISE<br />
RÉCEPTION, TV PAS TRÈS SMART… ? EXPLICATIONS.<br />
Un rapide coup d’œil à la<br />
homepage d’Adexchanger,<br />
Digiday et autres<br />
médias anglo-saxons<br />
spécialisés dans la publicité<br />
digitale permet<br />
de s’en rendre compte.<br />
Nos homologues outre-Atlantique<br />
n’en ont que pour la CTV, un acronyme<br />
de trois lettres qui renvoie à<br />
un marché de près de 11,36 milliards<br />
de dollars d’investissements publicitaires<br />
aux États-Unis en 2021, selon<br />
« eMarketer ». Mais la CTV, c’est quoi<br />
concrètement? «C’est d’abord un device,<br />
la télévision, qui est connecté<br />
à Internet et permet d’accéder à du<br />
contenu télévisuel en streaming ou<br />
en over-the-top (OTT) », répond Sébastien<br />
Robin, expert indépendant<br />
sur tous les sujets liés à la pub TV digitale.<br />
L’utilisateur accède à un portail<br />
d’applications via un bouton présent<br />
sur la télécommande. Des services<br />
y sont proposés par défaut, s’ils ont<br />
noué un accord avec le fabricant de<br />
la télévision concernée et les autres<br />
sont disponibles au téléchargement<br />
depuis le store. Parmi les plus populaires,<br />
on peut citer Youtube et Neti<br />
bien sûr, mais aussi Disney+, Prime<br />
Video, MyCanal, Pluto TV ou Molotov.<br />
Autant d’acteurs qui proposent<br />
du contenu vidéo gratuitement ou via<br />
un abonnement.<br />
La TV connectée, c’est donc un device,<br />
la smart TV, qui peut se connecter<br />
à Internet… Mais ce n’est pas uniquement<br />
que cela. Ce sont aussi des<br />
consoles de jeux, comme la Xbox ou<br />
la PS5, qui permettent également<br />
d’accéder aux principaux services de<br />
vidéo à la demande du marché et des<br />
sticks, comme Chromecast de Google<br />
ou Fire TV d’Amazon, que l’on peut<br />
brancher à sa télévision pour faire<br />
de même. Voilà pour la définition.<br />
Qu’en est-il des usages ? En France,<br />
c’est plutôt flou ! Sébastien Robin<br />
renvoie au nombre de smart TV vendues<br />
aujourd’hui dans l’Hexagone.<br />
« On estime que 95 % des télévisions<br />
vendues, soit entre 4,5 et 5 millions<br />
de téléviseurs par an, sont des TV<br />
connectées », chiffre-t-il. Difficile<br />
pour l’expert de nous en dire plus…<br />
Car si l’on ne manque pas de données<br />
sur le nombre de foyers équipés<br />
d’un téléviseur qui peut se connecter<br />
à Internet, on a en revanche moins<br />
d’informations sur ceux qui le font<br />
vraiment. Il faut, de fait, aller fouiller<br />
dans l’Observatoire de l’audiovisuel<br />
réalisé tous les six mois par le CSA,<br />
pour trouver quelques chiffres. On y<br />
apprend que 81 % des foyers équipés<br />
d’une TV disposaient bien d’un téléviseur<br />
connecté au second semestre<br />
2020. Mais la grande majorité passait<br />
par l’interface de la box pour<br />
consommer du contenu replay ou<br />
VOD via l’IPTV. 81 % des foyers équipés<br />
d’une TV connectée étaient dans<br />
ce cas de figure. Ils étaient deu fois<br />
moins nombreux, soit 40 %, à dire<br />
Les Français<br />
ont beau être<br />
de plus en plus<br />
souvent équipés<br />
d’une smart TV,<br />
ils continuent<br />
d’utiliser le portail<br />
de leur opérateur<br />
pour regarder<br />
la télévision ou<br />
télécharger les<br />
applications de<br />
leurs services<br />
vidéos préférés.<br />
Emmanuel Crego,<br />
Values Media<br />
passer par l’interface de leur Smart<br />
TV et le protocole HBBTV (Hybrid<br />
Broadcast Broadband TV). Un pourcentage<br />
en légère hausse sur deux ans<br />
(+ 7 points) mais qui reste donc bien<br />
en-deçà de ce que l’on observe aux<br />
États-Unis. « Les Français ont beau<br />
être de plus en plus souvent équipés<br />
d’une smart TV, ils continuent d’utiliser,<br />
par habitude, le portail de leur<br />
opérateur pour regarder la télévision<br />
ou télécharger les applications<br />
de leurs services vidéos préférés »,<br />
résume Emmanuel Crego, DGA de<br />
l’agence Values Media.<br />
Encore une de ces exceptions culturelles<br />
dont la France est si friande.<br />
« Les opérateurs télécoms ont une<br />
mainmise sur l’accès à la télévision<br />
que l’on ne voit nulle part ailleurs »,<br />
continue Sébastien Robin. Une mainmise<br />
qui remonte à une bonne vingtaine<br />
d’années, lorsque Orange,<br />
Bouygues Telecom et SFR ont, sous<br />
l’impulsion du nouvel arrivant Free,<br />
commencé à proposer des offres<br />
triple-play (Internet, télévision et<br />
téléphone) à des prix plutôt abordables,<br />
entre 30 et 50 euros par mois.<br />
Des offres qu’ils ont su enrichir au<br />
fil des années, qu’il s’agisse d’y ajouter<br />
le replay des principales chaînes<br />
gratuites et l’accès à des bouquets<br />
payants comme Canal+ ou aux nouveaux<br />
services SVOD. Des offres qui<br />
n’ont rien à voir avec celles proposées<br />
aux États-Unis où les câblo-opérateurs<br />
fournissent des packages simi-<br />
72 | AdtechNEWS — Le cahier techno avec le
ENQUÊTE<br />
IMAGE : ©DR<br />
laires… pour quatre à cinq fois plus<br />
cher. « Il faut compter entre 100 et<br />
200 dollars aux États-Unis pour un<br />
abonnement comprenant l’accès à<br />
Internet, la télévision et des contenus<br />
payants », compare Sébastien Robin.<br />
Un tarif jugé prohibitif par une bonne<br />
partie de la population américaine<br />
– les cord cutters – qui ont, comme<br />
leur nom l’indique, décidé de « couper<br />
le câble » de leur opérateur en<br />
même temps que leur écran de télévision<br />
est devenu plus intelligent. Une<br />
fois leur smart TV à la maison, ces<br />
consommateurs d’un nouveau genre<br />
se contentent d’une connexion Wifi<br />
bien moins coûteuse et d’achats à la<br />
carte de services over-the-top comme<br />
Neti, Hulu ou Prime Video. Autant<br />
de services auxquels ils accèdent directement<br />
depuis leur TV connectée.<br />
« L’accessibilité de l’offre triple play<br />
des opérateurs fait qu’en France, on<br />
a beaucoup moins observé ce phénomène<br />
», résume Emmanuel Crego.<br />
À quoi bon aller sur le portail de<br />
sa smart TV quand on a déjà tout au<br />
sein de la box ? D’autant que cette<br />
dernière reste la porte d’entrée à<br />
certains services comme les appli-<br />
cations de replay de TF1 et M6. Impossible,<br />
en effet, d’accéder à MyTF1<br />
ou 6Play depuis le portail de quelque<br />
TV connectée que ce soit. La renégociation<br />
(musclée) des accords de<br />
distribution entre Orange, Bouygues<br />
Telecom, SFR, d’un côté, TF1 et M6,<br />
de l’autre, a été l’occasion, pour les<br />
premiers, d’introduire une clause<br />
d’exclusivité. « Les telcos ont exigé<br />
de TF1 et M6 qu’ils ne proposent pas<br />
d’application pour TV connectée »,<br />
explique un connaisseur du marché.<br />
Une eigence que les telcos justifient<br />
par le montant reversé chaque année<br />
au duo pour continuer à distribuer<br />
ses chaînes, entre 10 et 15 millions<br />
d’euros par an. Pas de MyTF1 ou de<br />
6 Play sur le portail de Samsung ou<br />
LG donc. « Cela peut être rédhibitoire<br />
pour une bonne partie de la population<br />
au vue de la puissance de frappe<br />
de ces deux mastodontes de la télévision<br />
», selon notre expert.<br />
C’est surtout pour les telcos un<br />
« moyen de garder l’abonné dans<br />
l’écosystème opérateur plutôt que de<br />
le voir se tourner vers l’OTT pour regarder<br />
Canal+ ou Netflix », analyse<br />
Gilles Pezet, consultant chez NPA<br />
“ Les telcos ont<br />
exigé de TF1<br />
et M6 qu’ils ne<br />
proposent pas<br />
d’application<br />
pour TV<br />
connectée. ”<br />
Un connaisseur<br />
du marché<br />
Conseil. Garder la main sur tout ce<br />
qui touche à la distribution de chaînes<br />
payantes et services de SVOD, c’est<br />
protéger une activité qui reste très lucrative.<br />
Les telcos touchent entre 10<br />
et 30 % des abonnements souscrits<br />
et ils font tout ce qu’il faut protéger<br />
cette manne. À commencer par s’assurer<br />
des bonnes grâces des chaînes<br />
gratuites… Le développement d’une<br />
offre de TV segmentée, conjointement<br />
avec TF1, France Télévisions<br />
ou M6, participe de cette volonté de<br />
garder la main. En permettant à ces<br />
dernières d’adresser des publicités<br />
adressées aux foyers français équipés<br />
de box, les telcos leur donnent accès<br />
à une nouvelle manne financière<br />
(entre 120 et 220 millions d’euros en<br />
2023 selon le cabinet Oliver Wyman)<br />
en même temps qu’ils s’assurent de<br />
leur bonne coopération sur le long<br />
terme. « La collaboration entre les<br />
chaînes de télévision et les telcos dans<br />
le cadre de la TV segmentée, c’est du<br />
win-win », assure Philippe Boscher,<br />
directeur marketing adjoint chez TF1<br />
Publicité. C’est aussi, pour ces acteurs<br />
qui partagent des valeurs communes<br />
(quand ce n’est pas un actionnaire<br />
comme dans le cas de TF1 et Bouygues<br />
Télécom ou SFR et BFM TV) un<br />
moyen de faire front commun face<br />
aux Google, Amazon et cie. « C’est<br />
tout l’écosystème french tech qui en<br />
ressort grandit de cette action commune<br />
», poursuit Philippe Boscher. Et<br />
d’illustrer les avantages de cette collaboration<br />
franco-française : « Quand<br />
on échange avec Orange sur la bonne<br />
application des nouvelles reco de la<br />
Cnil, on se comprend tout de suite.<br />
Pas sr que ce serait aussi uide avec<br />
les fabricants de TV. »<br />
Difficile pour les deux leaders du<br />
marché de la Smart TV, Samsung et<br />
LG, de faire bouger les lignes. « Tant<br />
que les telcos proposeront des offres<br />
hyper compétitives à des prix raisonnables,<br />
il va être compliqué de les désintermédier<br />
», prévient Gilles Pezet.<br />
L’expert estime que seule l’émergence<br />
d’un service « must have » accessible<br />
uniquement via les Smart TV pourrait<br />
rebattre les cartes côté usages.<br />
« Ça pourrait être un super service<br />
AVOD. » Qu’en pensent les concernés<br />
? Du côté de Samsung, le leader<br />
du marché avec près de 30 % des<br />
smart TV vendues dans l’Hexagone,<br />
on est beaucoup plus optimiste. « Oui,<br />
la France a du retard mais il y a une<br />
forte accélération dans les usages depuis<br />
deux ou trois ans, estime Jérôme<br />
Peyrot des Gachons, head of content<br />
marketing chez Samsung. Ce sont<br />
aujourd’hui 60 % de nos clients qui<br />
…<br />
Le cahier techno avec le — AdtechNEWS | 73
ENQUÊTE<br />
“ ON PROPOSE, AU SEIN<br />
DE NOTRE APPLICATION<br />
BBOX SMART TV UNE<br />
FLUIDITÉ DE NAVIGATION<br />
AVEC LAQUELLE LES<br />
FABRICANTS NE PEUVENT<br />
PAS RIVALISER. ”<br />
Carmine Muscariello,<br />
BOUYGUES TELECOM<br />
utilisent une fonctionnalité Smart TV<br />
quotidiennement. » Le fabricant, qui<br />
propose des services comme OCS,<br />
RMC Sport, Molotov ou France TV au<br />
sein de son Store, se défend de toute<br />
« guéguerre » avec les telcos sur le<br />
terrain de l’accès au contenu vidéo.<br />
« Les opérateurs ont compris que<br />
l’OTT était une tendance de fond à laquelle<br />
il serait difficile de s’opposer »,<br />
assure-t-il. Preuve en est, ce partenariat<br />
noué avec Bouygues Telecom qui<br />
permet aux Français de payer 49 euros<br />
pour une Smart TV Samsung qui<br />
en vaut 499 euros, à condition qu’ils<br />
souscrivent à l’offre Bbox Smart TV.<br />
Cette offre triple play leur permet<br />
d’accéder à l’ensemble des services<br />
proposés habituellement par Bouygues<br />
Telecom à une exception près.<br />
Ils n’ont pas de box ! Cette dernière<br />
est dématérialisée, prenant la forme<br />
d’une application affichée au sein de<br />
l’écran de la Smart TV et au sein de<br />
laquelle on retrouve tous les services<br />
proposés habituellement via une box.<br />
« Cette offre est une véritable innovation<br />
avec une nouvelle manière<br />
d’accéder aux services TV de Bouygues<br />
Telecom. Cela permet par ailleurs<br />
d’apporter à certains de nos<br />
clients de la simplicité dans le processus<br />
d’installation », justifie Carmine<br />
Muscariello, VP Head of BroadBand<br />
Business Unit chez Bouygues Telecom.<br />
Plus besoin d’installer une settop<br />
box et de la brancher à la TV, un<br />
simple routeur Wifi suffit. « Cela fait<br />
moins de câbles et de raccordement<br />
à faire», ajoute Carmine Muscariello.<br />
Pour quel succès ? Le telco ne communique<br />
pas sur les performances de<br />
son offre, mais Carmine Muscariello<br />
souligne que « celle-ci s’est enrichie<br />
de nouveaux services depuis le lancement,<br />
de nouveaux modèles QLED<br />
ont fait leur apparition, ce qui prouve<br />
sa bonne santé. » Une innovation qui<br />
en appelle d’autres ? « Nous avons<br />
commencé avec Samsung car c’est<br />
un partenaire historique et nous observons<br />
avec attention les évolutions<br />
possibles dans le futur », temporise<br />
Carmine Muscariello. Bouygues Telecom<br />
est le seul avec Free, dont l’application<br />
dédiée s’appelle Oqee, à avoir<br />
lancer une offre de box dématérialisée.<br />
Celui qui reste un challenger sur<br />
son marché ne croit pas, pour autant,<br />
à la mort de la box physique. « Au<br />
rythme où le parc évolue, cette dernière<br />
est amenée à occuper une place<br />
centrale dans l’accès à la TV pour<br />
quelques années encore. » L’opérateur<br />
ne craint pas plus que les clients<br />
de Bbox Smart TV ne désertent son<br />
application centralisée pour télécharger<br />
des services comme Neti et olotov,<br />
directement depuis leur Smart<br />
TV. « Nous proposons, au sein de<br />
notre application, une uidité de navigation<br />
avec laquelle les fabricants<br />
ne peuvent pas rivaliser», assure Carmine<br />
Muscariello. Le dirigeant note<br />
d’ailleurs que les usages de ceux qui<br />
utilisent cette offre dématérialisée ne<br />
diffèrent pas beaucoup de ceux qui<br />
ont recours à une box classique.<br />
Alors, telcos ou fabricants de Smart<br />
TV, qui va l’emporter sur le long<br />
terme ? L’identité du vainqueur dépendra<br />
de l’évolution de la part de<br />
Tant que les telcos<br />
proposeront<br />
des offres hyper<br />
compétitives<br />
à des prix<br />
raisonnables,<br />
il va être<br />
compliqué de les<br />
désintermédier.<br />
Gilles Pezet,<br />
NPA Conseil<br />
marché des boxes opérateurs. « Si<br />
cette dernière commence à chuter<br />
significativement, les chaînes gratuites<br />
pourraient être tentées de revoir<br />
leur stratégie de distribution »,<br />
prévient un connaisseur du marché.<br />
Même chose pour les annonceurs qui<br />
iront là où est le reach. « Du moment<br />
qu’on leur assure qu’ils pourront<br />
toucher du monde, les annonceurs<br />
se moquent de savoir s’ils passent<br />
par la CTV ou l’IPTV pour faire de la<br />
TV adressée », ajoute notre expert.<br />
Gilles Pezet prône, lui, la patience.<br />
«Le marché CTV a certes explosé aux<br />
États-Unis mais ça date de 2020. »<br />
L’Hexagone, ainsi, pourrait subir la<br />
déferlante d’ici peu. Une déferlante<br />
à laquelle certains GAFA, dont Amazon<br />
(qui vient de dévoiler son dernier<br />
modèle de Fire TV) et Apple, pourraient<br />
participer. Le duo qui investit<br />
des centaines de millions de dollars<br />
dans le contenu, qui dispose des données<br />
d’usages à ne plus savoir quoi<br />
en faire et a de vraies ambitions côté<br />
devices, pourraient bousculer les<br />
forces en présence. En attendant que<br />
les choses bougent, avantage aux<br />
opérateurs dont la part de marché<br />
continue d’augmenter (certes légèrement)<br />
au cours des dernières années.<br />
Elle est portée autant par l’arrivée<br />
de boxes de plus en plus innovantes<br />
(nouveaux services, fonctionnalités<br />
domotiques…) que par la démocratisation<br />
de la fibre. Encore une eception<br />
franaise…<br />
Nicolas Jaimes<br />
74 | AdtechNEWS — Le cahier techno avec le
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TUTO-SCANNÉ<br />
Données et vie privée<br />
Le contrepied du CRM…<br />
LE PIFA EST UN ID PUBLICITAIRE QUI REDONNE LA<br />
MAIN À L’INTERNAUTE. UNE BONNE NOUVELLE POUR<br />
L’UTILISATEUR, MAIS QUELQUES ZONES D’OMBRE<br />
SUBSISTENT. EXPLICATIONS.<br />
Et si l’on donnait à chaque internaute<br />
un identifiant publicitaire<br />
qu’il pourrait partager à<br />
sa guise, avec le degré d’informations<br />
qu’il a choisi C’est<br />
la théorie développée par le site américain<br />
Adtech Eplained dans le cadre<br />
d’une proposition qui pourrait permettre<br />
à l’adtech de faire d’une pierre<br />
deux coups : trouver un successeur au<br />
cookie tiers tout en répondant aux exigences<br />
croissantes des internautes en<br />
matière de vie privée.<br />
Le PIFA Private Identifier for Advertisers),<br />
c’est quoi C’est un identifiant<br />
que chaque internaute est libre de<br />
communiquer à un site, pour accéder<br />
à l’un de ses services ou contenu, par<br />
eemple. Cet identifiant est associé à<br />
une clé publique, une suite alphanumérique<br />
en clair, que l’internaute communiquera<br />
au site concerné. Ce site<br />
transmettra la clé à ses partenaires de<br />
monétisation, qu’il s’agisse d’adtech ou<br />
d’annonceurs en direct, pour leur permettre<br />
d’accéder aux données renseignées<br />
par l’internaute. On y retrouvera<br />
des informations comme l’âge, le<br />
genre, le niveau de revenu ou le code<br />
postal. Libre, ensuite, à chaque marque<br />
d’intégrer chaque profil ainsi renseigné<br />
à sa base de données C.<br />
Pourquoi a a du sens Parce que<br />
contrairement à d’autres méthodes<br />
de tracking, comme le device ID ou le<br />
cookie, c’est l’utilisateur qui partage<br />
son PIFA quand il le décide. Avec ce<br />
système de clé publique, l’utilisateur<br />
n’a pas besoin, non plus, de communiquer<br />
en dur, avec le risque que ces<br />
données soient fuitées ou utilisées<br />
de façon malveillantes, des informations<br />
personnelles comme l’email ou<br />
le nom. Celles-ci ne sont en effet pas<br />
nécessaires au bon fonctionnement<br />
du ciblage publicitaire. C’est, à ce titre,<br />
une bonne alternative pour tous ceu<br />
qui refusent de communiquer leur<br />
email aux sites auprès desquels ils<br />
Les valeurs<br />
véhiculées par<br />
un tel projet<br />
qu’il s’agisse de<br />
s’appuyer sur le<br />
consentement<br />
de l’internaute,<br />
de le partager<br />
au cas par cas<br />
et de ne traiter<br />
que des données<br />
non personnelles,<br />
sont les bonnes.<br />
Mathieu Roche,<br />
fondateur de<br />
la solution<br />
d’identification ID5.<br />
veulent accéder. L’autre point positif,<br />
c’est que l’utilisateur pourra également<br />
voir l’identité de toutes les entreprises<br />
qui ont accédé à son profil et bloquer,<br />
si nécessaire, celles dont il ne veut plus<br />
à l’avenir. « Les valeurs véhiculées par<br />
un tel projet, qu’il s’agisse de s’appuyer<br />
sur le consentement de l’internaute,<br />
de le partager au cas par cas et de ne<br />
traiter que des données non personnelles,<br />
sont les bonnes », estime athieu<br />
oche, fondateur de la solution<br />
d’identification d’ID.<br />
On se rapproche d’un concept en vogue<br />
depuis quelques années, le V, pour<br />
vendor relationship management,<br />
qui consiste à prendre le contrepied<br />
du C traditionnel en laissant au<br />
consommateur l’initiative de la prise<br />
de contact. C’est, par exemple, un intentionniste<br />
auto qui accepte de communiquer<br />
des données personnelles<br />
à des marques susceptibles de lui proposer<br />
des offres intéressantes. Ceci<br />
étant dit, les zones d’ombres sont encore<br />
nombreuses. Qui pour héberger<br />
une telle base de données Et qui pour<br />
l’opérer et notamment gérer les droits<br />
d’accès des uns et des autres Adtech<br />
Eplained ne le dit pas mais deu pistes<br />
apparaissent comme les plus crédibles.<br />
Il pourrait d’abord s’agir d’une organisation<br />
indépendante, type IAB Tech<br />
Lab, avec toutes les limites qu’une telle<br />
gouvernance comporte : notamment<br />
du cté des ressources disponibles.<br />
« Pour évangéliser le marché à un tel<br />
projet, il faut communiquer massivement<br />
dessus, ce que peut difficilement<br />
faire une association comme le Tech<br />
Lab », estime athieu oche. L’autre<br />
possibilité, c’est de confier les clés du<br />
camion à un acteur comme Google ou<br />
Apple. Évidemment impensable au regard<br />
des enjeux qui pèsent en matière<br />
de privacy.<br />
“ L’INTERNAUTE<br />
LAMBDA N’EST PAS<br />
PRÉOCCUPÉ PAR<br />
SA VIE PRIVÉE AU<br />
POINT DE PASSER DU<br />
TEMPS À DONNER<br />
SES DONNÉES AUX<br />
QUELQUES ÉLUS<br />
QU’IL A CHOISIS. ”<br />
Mathieu Roche, ID 5<br />
Si les intentions sont louables, athieu<br />
oche n’est pas convaincu de la pérennité<br />
d’un projet qui repose essentiellement<br />
sur les épaules des internautes.<br />
« Il y a déjà des sociétés comme Kili<br />
ou Lockr qui proposent de rémunérer<br />
l’internaute pour ses données personnelles<br />
mais a ne prend pas. » La raison<br />
Une paresse évidente quand il<br />
s’agit de prendre des initiatives. « L’internaute<br />
lambda n’est pas préoccupé<br />
par sa vie privée au point de passer<br />
du temps à donner ses données aux<br />
quelques élus qu’il a choisis », ajoute<br />
athieu oche. Le fondateur d’ID <br />
estime qu’un tel trade-off, des données<br />
contre un service, ne peut fonctionner<br />
que s’il est géré au niveau de l’éditeur.<br />
«La notion de vie privée n’existe pas<br />
dans l’absolu, elle n’eiste que quand<br />
on est sur Le onde ou Le Figaro», estime<br />
le dirigeant.<br />
Nicolas Jaimes<br />
PHOTO: D.<br />
76 | AdtechNEWS — Le cahier techno avec le
FIRST VIEW<br />
Omer Waysman (Danone)<br />
“Le DtoC fait partie<br />
intégrante du parcours<br />
consommateur”<br />
LE DIRECTEUR GLOBAL E-COMMERCE ET BUSINESS<br />
DEVELOPMENT DE DANONE REVIENT SUR LES INITIATIVES<br />
DU GROUPE POUR RENFORCER LA RELATION AVEC LES<br />
CLIENTS. COMME LES SITES DIRECT TO CONSUMER.<br />
ADTECHNEWS : Le groupe<br />
Danone multiplie aujourd’hui les<br />
initiatives DtoC. Pourquoi ?<br />
OMER WAYSMAN : Nos sites DtoC ne<br />
sont pas uniquement des canaux<br />
de ventes. Nous les voyons comme<br />
une partie intégrante du parcours<br />
consommateur. Un laboratoire où<br />
nous pouvons tester la diffusion de<br />
contenus spécifiques et personnalisés.<br />
Qu’il s’agisse d’afficher de nouvelles<br />
promotions ou de réaliser un<br />
nouveau dispositif marketing. Nous<br />
testons puis partageons le retour<br />
d’expérience avec nos partenaires.<br />
Ces sites sont également un lieu de collecte<br />
de données 1 st party car c’est un<br />
enjeu pour nos marques que de pouvoir<br />
créer du lien avec les clients et<br />
leur adresser des contenus conformes<br />
à leurs attentes. Enfin, c’est aussi un<br />
point d’information, et l’occasion de<br />
poursuivre la relation client au-delà de<br />
l’achat. Comme partager des recettes<br />
et des conseils d’alimentation aux parents<br />
comme nous le faisons via l’eshop<br />
de notre marque Blédina en France<br />
ou Nutricia en Australie. Ou en dire<br />
plus sur nos engagements sociétaux,<br />
comme nous le faisons au sein de notre<br />
site Evianchezvous. L’important, c’est<br />
de proposer du contenu à valeur ajoutée.<br />
C’est à cette condition qu’on peut<br />
espérer avoir un impact sur les ventes.<br />
ATN : Qu’est-ce qui justifie de lancer<br />
un site de livraison d’eau quand vos<br />
distributeurs le permettent déjà ?<br />
OMER WAYSMAN : Les services DtoC<br />
doivent apporter une offre complémentaire<br />
de nos canaux classiques.<br />
Dans le cas du site Evianchezvous,<br />
(lancé il y a plus de 10 ans) une des<br />
valeurs ajoutées, c’est le recyclage. Le<br />
livreur qui vous apporte vos bouteilles<br />
peut également récupérer les vieilles.<br />
ATN : Faire du DtoC, c’est un moyen<br />
de remédier à l’intermédiation de<br />
vos distributeurs on et offline ?<br />
OMER WAYSMAN : Il ne s’agit pas d’y remédier<br />
car nous sommes très contents<br />
de la relation avec nos partenaires business.<br />
L’enjeu, c’est plutt de renforcer<br />
la relation avec ces distributeurs pour<br />
accroître notre pénétration digitale.<br />
Il faut, pour cela, sans cesse tester de<br />
nouveau modèles ou services.<br />
ATN : Un exemple ?<br />
OMER WAYSMAN : Typiquement, faire<br />
du precision marketing. Prendre la<br />
quintessence de la data de l’un de nos<br />
distributeurs et y ajouter nos insights,<br />
pour créer des segments d’audience<br />
auxquels on adressera des contenus<br />
personnalisés, publicitaires ou non,<br />
dans une logique de bon message au<br />
bon moment à la bonne personne.<br />
ATN : Parlons data justement. Où<br />
en êtes-vous sur ce chantier ?<br />
OMER WAYSMAN : Des partenaires nous<br />
aident depuis le début à optimiser et<br />
collecter de la donnée. ais le vrai<br />
L’important, c’est<br />
de proposer du<br />
contenu à valeur<br />
ajoutée en DtoC.<br />
C’est à cette<br />
condition qu’on<br />
peut espérer<br />
avoir un impact<br />
sur les ventes.<br />
Omer Waysman<br />
est directeur global<br />
e-commerce<br />
et business<br />
development<br />
de Danone.<br />
challenge, c’est celui de l’industrialisation<br />
de son utilisation. En étant, par<br />
exemple, capable de lancer une campagne<br />
de promotions personnalisées<br />
à grande échelle. C’est, à ce jour, très<br />
difficile. Parce que les habitudes ont la<br />
vie dure. Il est indispensable de faire<br />
intervenir l’humain dans ce schéma de<br />
personnalisation.<br />
ATN : Pourquoi?<br />
OMER WAYSMAN : Parce qu’il n’y a pas<br />
de « one size fits all ». Vous pouvez appartenir<br />
à un segment X un jour et Y un<br />
autre. La data va aider chaque business<br />
owner à mieux vendre et lui permettre<br />
de mieux comprendre les attentes<br />
de ses utilisateurs et isoler les performances<br />
de chacun de ses produits.<br />
“ LES SERVICES<br />
DTOC DOIVENT ÊTRE<br />
COMPLÉMENTAIRES<br />
DE NOS CANAUX<br />
DE DISTRIBUTION<br />
CLASSIQUES. ”<br />
ATN : Une bonne alternative à la stratégie<br />
1 st party, c’est de se tourner vers<br />
le social commerce, avec des acteurs<br />
comme Facebook, Tiktok ou autres,<br />
qui ne manquent pas de données…<br />
OMER WAYSMAN : Nous ne voyons pas<br />
ces plateformes comme des canaux<br />
e-commerce en Europe (contrairement<br />
à l’Asie) car ce ne sont pas des environnements<br />
utilisés pour acheter des<br />
produits frais. Ce sont, en revanche,<br />
des canau très intéressants pour tester<br />
de nouvelles méthodes marketing.<br />
Nous avons notamment testé le format<br />
live shopping. Nous avions participé à<br />
un live cooking organisé par Carrefour<br />
et le site grammes durant le confinement.<br />
C’était l’occasion de mettre<br />
en avant des recettes nutriscore A ou B<br />
pour inciter les gens à mieux manger.<br />
ATN : Quel était l’objectif ?<br />
OMER WAYSMAN : Il s’agissait autant<br />
d’innover que d’apporter un peu de<br />
bientre. Nous avons touché des audiences<br />
importantes sur la partie live<br />
comme sur le replay. Avec plus de<br />
, million de vues sur Youtube. Nous<br />
n’étions, en revanche, pas encore capables<br />
d’isoler un impact sur les ventes<br />
et de répondre à une question comme :<br />
le panier des personnes exposées étaitil<br />
plus sain que le panier moyen, suite à<br />
cette expérience?<br />
Propos recueillis par<br />
Nicolas Jaimes<br />
PHOTO : © ALEANDA ALD.<br />
Le cahier techno avec le — AdtechNEWS | 77
START ME UP<br />
Formats publicitaires<br />
Le Criteo des petits et<br />
moyens e-commerçants<br />
TRYGR, LA START-UP FONDÉE PAR UN ANCIEN<br />
D’ADYOULIKE VEUT CONVERTIR PRÈS DE 200 000<br />
E-COMMERÇANTS AU RETAIL MEDIA.<br />
On veut aider les sites<br />
qui ont entre 100 000<br />
et million de visiteurs<br />
à se mettre un retail<br />
media.» La mission de<br />
Charles Deffontaine, cofondateur de<br />
Trygr, est de s’occuper de cette longue<br />
trane de l’ecommerce qui aimerait,<br />
comme le font des géants comme Car<br />
refour, Casino ou Fnac Darty, proposer<br />
des solutions publicitaires à destination<br />
des marques. Des acteurs qui<br />
n’ont pas les compétences ou les tech<br />
nologies pour se lancer seuls et qui, du<br />
fait de leur petite taille, n’intéresse pas<br />
le principal pourvoyeur de techno en<br />
France, Criteo. C’est donc avec l’am<br />
bition d’en faire le Criteo des petits et<br />
moyens ecommerants que Trygr a<br />
été lancé en juin .<br />
Après 8 années passées à faire gran<br />
dir Adyoulike, un des pionniers du<br />
native advertising, la transition vers<br />
le retail media semble s’tre faite na<br />
turellement. « Le retail media consiste,<br />
tout comme le native advertising, à<br />
proposer des formats publicitaires qui<br />
épousent les codes des contenus au<br />
quels ils sont associés », rappelle le diri<br />
geant. Charles Deffontaine s’occupe du<br />
développement du business, arc de<br />
odellec gère, lui, les finances. Charge<br />
au binme de trouver parmi les près de<br />
ecommerants concernés,<br />
ceu susceptibles de franchir le pas.<br />
Les niveau de marge, entre et ,<br />
n’ont rien à voir avec ceu du retail o<br />
ils sont la plupart du temps réduits à<br />
portion congrue.<br />
Le marché a une croissance annuelle<br />
de près de qui ne cesse de grandir<br />
depuis que le confinement a contraint<br />
des retailers et des marques à digita<br />
liser leurs opérations. L’observatoire<br />
de l’ePub estime que les sites de retail<br />
ont engrangé près de millions<br />
d’euros de revenus display et près<br />
de millions d’euros de revenus<br />
search en . ais «transformer<br />
son site ecommerce en un média, a<br />
reste compliqué pour pas mal d’ac<br />
teurs», reconnat Charles Deffontaine.<br />
C’est d’autant plus nécessaire que les<br />
marques sont de plus en plus nom<br />
breuses à se bousculer au portillon.<br />
La porte d’entrée, c’est d’ailleurs<br />
l’emerchandising. « On commence<br />
avec des mécaniques qui permettent<br />
d’optimiser les accords de merchan<br />
dising noués avec les fournisseurs »,<br />
illustre Charles Deffontaine. Qu’il<br />
s’agisse d’occuper la première position<br />
d’une rubrique, via une tte de gon<br />
dole digitale, d’apparatre en tte des<br />
résultats de recherche via un empla<br />
cement sponsorisé ou d’afficher une<br />
bannière sur le site, tout est bon pour<br />
offrir à la marque une visibilité dans<br />
le cadre des accords de trade marke<br />
ting. « On peut fournir une solution<br />
clé en main qui permet de piloter tout<br />
a, depuis la création d’emplacements<br />
On commence<br />
avec des<br />
mécaniques<br />
qui permettent<br />
d’optimiser les<br />
accords de<br />
merchandising<br />
noués avec les<br />
fournisseurs.<br />
Charles<br />
Deffontaine,<br />
cofondateur<br />
de Trygr<br />
dédiés jusqu’à la diffusion de la cam<br />
pagne sur ces emplacements, avec des<br />
notions de capping et de reporting »,<br />
détaille Charles Deffontaine. La da<br />
ta remontée peut permettre au retai<br />
ler de travailler sur les performances<br />
de ses campagnes et de les valoriser<br />
auprès de ses partenaires. Et Trygr<br />
peut, si besoin, dépcher quelques<br />
ressources humaines pour aider les<br />
clients à gérer les campagnes. « Le but,<br />
a reste de leur donner les moyens<br />
d’tre autonomes en les formant »,<br />
précise Charles Deffontaine.<br />
Parmi les premiers clients, on trouve<br />
le spécialiste du golf, olfPlus, le<br />
site de pharmacie, Lasante.net ou le<br />
spécialiste de l’univers vélo, Beastie<br />
Bike. Des clients qui souscrivent à un<br />
abonnement dont le cot est calculé<br />
en fonction de la volumétrie de cam<br />
pagnes et de datas générées. Trygr<br />
s’est financé via une levée de fonds au<br />
près de business angels parmi lesquels<br />
on retrouve Augustin Ory, fondateur<br />
de oneytizer, spécialiste de la moné<br />
tisation des sites médias de la longue<br />
trane. « On veut développer la mme<br />
approche que oneytiszer pour<br />
les sites d’ecommerce », reconnat<br />
Charles Deffontaine. Et tout comme<br />
son nouvel actionnaire, Trygr ne veut<br />
pas se cantonner à l’Heagone. « On<br />
regarde d’autres marchés comme l’Al<br />
lemagne, pour scaler rapidement. »<br />
Nicolas Jaimes<br />
ÇA VIENT DE SORTIR… ET ÇA VA ARRIVER<br />
UNE NOUVELLE LIGNE DE REVENUS<br />
ber, Instacart ou Lyf Pay, connus pour leurs VTC, services de<br />
Ulivraison de courses alimentaires ou solutions de paiement<br />
ont en commun de se lancer dans un secteur d’activité où on<br />
ne les attendait pas : la publicité. Suivant l’exemple d’Amazon,<br />
présenté comme la troisième force publicitaire, ces acteurs ont<br />
décidé de capitaliser sur les forces de leur business historique<br />
pour proposer quelque chose de différent. Des voyageurs captifs<br />
pour Uber, des shoppers fidèles pour Instacart et des mobinautes<br />
proches de procéder à un achat pour Lyf Pay. En point de mire,<br />
une nouvelle ligne de revenus et une activité largement profitable.<br />
Ces acteurs, plutôt positionnés bas de funnel, ne manquent<br />
pas de données pour séduire les annonceurs. Des annonceurs<br />
qui doivent composer avec la disparition des cookies tiers et un<br />
contexte règlementaire durci sur l’Open Web, et qui ne disent<br />
donc pas non à des alternatives aux médias traditionnels…<br />
PHOTOS: DR.<br />
78 | AdtechNEWS — Le cahier techno avec le
FÉVRIER 2021 | N° 91<br />
Le cahier techno<br />
de CB NEWS<br />
avec le<br />
C’est quoi ?<br />
Vous connaissez le magazine et La Matinale,<br />
mais savez-vous ce que CB News peut faire pour vous ?<br />
PAGE 79<br />
AdTechNEWS<br />
CB MAGAZINE<br />
FÉVRIER 2021 - N°91<br />
ENQUÊTE AUDIO<br />
LE NOUVEL<br />
ÉCHO-SYSTÈME<br />
REWORLD MEDIA<br />
PASCAL CHEVALIER<br />
TOMBE LE<br />
MASQUE<br />
PALMARÈS 2021<br />
DDB ROYAL AU BAR<br />
WWW.CBNEWS.FR<br />
CB ÉVÉNEMENTS<br />
CB ÉMISSIONS<br />
CB INTERVIEWS<br />
CB PODCASTS<br />
CB MARQUE<br />
BLANCHE<br />
CB SHORTLIST<br />
ISBN : 979-10-95493-05-1<br />
CONTACTS<br />
9 791095 493051<br />
Directrice Régie<br />
Virginie Paradol<br />
virginie.paradol@cbnews.fr<br />
06 58 35 48 31<br />
Directrice commerciale adjointe<br />
+ Secteur Médias<br />
Mélina Lorentz<br />
melina.lorentz@cbnews.fr<br />
06 23 86 57 44<br />
Secteur Agences<br />
Barbara Dalbouse<br />
barbara.dalbouse@cbnews.fr<br />
07 77 60 81 83<br />
Secteur Marques<br />
Hélène Aubinais<br />
helene.aubinais@cbnews.fr<br />
07 63 07 49 09<br />
Secteur Adtech<br />
Hubert Garcia De Barros<br />
hubert.garcia-de-barros@cbnews.fr<br />
07 68 99 50 80
Le hit<br />
EN PARTENARIAT AVEC<br />
DU MOIS<br />
★<br />
WEB-PRINT<br />
ANNONCEUR : Eden Gen<br />
AGENCE : Buzzman<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Georges Mohammed-<br />
Cherif, Patrice Lucet,<br />
Philippe Boucheron<br />
CB NEWS . 80 . OCTOBRE 2021
Le hit<br />
DE SEPTEMBRE<br />
★<br />
WEB<br />
ANNONCEUR : Aigle<br />
AGENCE : Rosa Paris<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Jean-François Sacco,<br />
Gilles Fichteberg<br />
★<br />
PRINT<br />
ANNONCEUR : France TV<br />
AGENCE : MullenLowe<br />
France<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Antoine Colin, Jordan<br />
Lemarchand<br />
3 FOIS<br />
3 ÉTOILES<br />
Pour la rentrée, les agences ont plutôt bien fait leurs<br />
devoirs. Ainsi trois des 31 campagnes présentées ont<br />
reu étoiles. Celio, signée Buzzman, Longchamp, par<br />
Fred Farid Paris, et SNCF conue par Publicis Conseil<br />
ont chacune été gratifiée d’une bonne note. Les autres<br />
n’ont pas démérité. Comme il est rappelé en préambule<br />
de chaque jury, toute campagne ayant une étoile est une<br />
bonne campagne.<br />
On attend vos travaux !<br />
Les agences souhaitant recevoir des informations sur les<br />
sessions du Hit sont conviées à envoyer un mail à<br />
l'adresse hit@cbnews.fr<br />
CB NEWS . 81 . OCTOBRE 2021
Le hit<br />
DE SEPTEMBRE<br />
★<br />
WEB<br />
ANNONCEUR : France TV<br />
AGENCE :<br />
MullenLowe France<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Jordan Lemarchand,<br />
Antoine Colin<br />
★<br />
FILM<br />
ANNONCEUR : Sega et<br />
Amplitude Studio<br />
AGENCE : BETC<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Stéphane Xiberras,<br />
Benjamin Le Breton,<br />
Arnaud Assouline<br />
★ ★<br />
FILM<br />
ANNONCEUR : Free<br />
AGENCE : Buzzman<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Georges Mohammed-<br />
Cherif, Lilian Moine,<br />
Julien Doucet<br />
CB NEWS . 82 . OCTOBRE 2021
Le hit<br />
DE SEPTEMBRE<br />
★<br />
PRINT<br />
ANNONCEUR : Amnesty<br />
International<br />
AGENCE : DDB Paris<br />
DIRECTEUR DE CRÉATION :<br />
Alexander Kalchev<br />
★ ★ ★<br />
WEB-FILM-PRINT<br />
ANNONCEUR : Longchamp<br />
★ ★ ★<br />
FILM-PRINT<br />
ANNONCEUR : Celio<br />
AGENCE : Buzzman<br />
AGENCE :<br />
Fred & Farid Paris<br />
DIRECTEUR DE CRÉATION :<br />
Chelsea Steiger<br />
DIRECTEUR DE CRÉATION :<br />
Georges<br />
Mohammed-Cherif<br />
CB NEWS . 83 . OCTOBRE 2021
Le hit<br />
DE SEPTEMBRE<br />
★<br />
FILM<br />
ANNONCEUR : Volkswagen<br />
AGENCE : DDB Paris<br />
DIRECTEUR DE CRÉATION :<br />
Alexander Kalchev<br />
★ ★<br />
WEB<br />
ANNONCEUR : Lacoste<br />
AGENCE : BETC<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Rémi Babinet, Stéphane<br />
Xiberras, Aurélie<br />
Scalabre, Olivier<br />
Aumard<br />
★<br />
FILM<br />
ANNONCEUR :<br />
Sécurité Routière<br />
AGENCES :<br />
Madame Bovary, Babel<br />
DIRECTEUR DE CRÉATION :<br />
Pascal Couvry<br />
★ ★ ★<br />
FILM<br />
ANNONCEUR : SNCF<br />
AGENCE : Publicis Conseil<br />
DIRECTEUR DE CRÉATION :<br />
Marco Venturelli<br />
CB NEWS . 84 . OCTOBRE 2021
Le hit<br />
DE SEPTEMBRE<br />
★<br />
PRINT-WEB<br />
ANNONCEUR : Freenow<br />
AGENCE : Rosa Paris<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Gilles Fichteberg,<br />
Jean-François Sacco,<br />
Julien Saurin, Nicolas<br />
Gadesaude<br />
★ ★<br />
FILM<br />
ANNONCEUR : Winamax<br />
AGENCE : TBWA\Paris<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Benjamin Marchal,<br />
Faustin Claverie<br />
★<br />
FILM-PRINT<br />
ANNONCEUR :<br />
Ministère des Solidarités<br />
et de la Santé<br />
AGENCE : MullenLowe<br />
France<br />
DIRECTEURS DE CRÉATION :<br />
Jordan Lemarchand,<br />
Antoine Colin<br />
CB NEWS . 85 . OCTOBRE 2021
Le hit<br />
DE SEPTEMBRE<br />
SNAPSHOT<br />
LA NOUVELLE CAMPAGNE CELIO CASSE LES CODES POUR<br />
CÉLÉBRER L’HOMME DE TOUS LES JOURS, LE MEC DONT<br />
L’ABSENCE DE STYLE EST UN STYLE EN SOI. UNE CAMPAGNE<br />
QUI NOUS INSPIRE... ET SI ON INVITAIT TOUS LES HOMMES<br />
À SE RELOOKER EN MODE “NORMAL” ?<br />
“ #BENORMAL ”<br />
Annonceur : Celio<br />
Agence : Buzzman<br />
Directeur de création :<br />
Georges<br />
Mohammed-Chérif<br />
How To Scan<br />
Pour visionner le<br />
Snapshot en réalité<br />
augmentée :<br />
Téléchargez l’appli<br />
Snapchat sur votre<br />
smartphone.<br />
Assurez-vous que la<br />
page du magazine est<br />
posée complètement à<br />
plat sur votre table.<br />
Depuis l'application,<br />
scannez le Snapcode cidessus<br />
en appuyant sur le<br />
bouton en bas de l’écran,<br />
et acceptez le déblocage<br />
de l’expérience.<br />
Pointez la caméra<br />
Snapchat vers la page<br />
du magazine pour<br />
transformer la page !<br />
SALOMÉ<br />
JESTIN<br />
est Creative Strategy<br />
Lead, Snap France.<br />
Au cœur de cette belle campagne,<br />
déclinée en fi lm et en print, une belle<br />
idée : célébrer la normalité incarnée par<br />
la nouvelle collection Celio Homme.<br />
Au début du film, un homme “normal”<br />
fait irruption sur le catwalk, et amène<br />
le défilé dans la rue, bientôt rejoint par<br />
d’autres hommes normaux. Et si on<br />
allait plus loin dans l’interactivité ?<br />
Dans l’appareil photo du smartphone,<br />
la réalité augmentée permet à chacun<br />
de recréer ce catwalk virtuel dans le<br />
monde qui l’entoure ! Et si on y ajoute<br />
une des toutes dernières technologies<br />
AR, le full body tracking, on peut<br />
facilement tester virtuellement les<br />
vêtements de la nouvelle collection<br />
sur soi-même, en temps réel ! C’est<br />
une tendance de fond aujourd’hui : les<br />
consommateurs souhaitent pouvoir<br />
tester virtuellement les produits, et<br />
ces tests virtuels suffisent parfois pour<br />
motiver l’acte d’achat, comme en<br />
attestent les récentes campagnes de<br />
Gucci, Dior ou Lacoste sur<br />
Snapchat, qui ont généré un retour sur<br />
investissement publicitaire positif !<br />
CB NEWS . 86 . OCTOBRE 2021
Le hit<br />
DE SEPTEMBRE<br />
LE HIT DE SEPTEMBRE 2021<br />
CAMPAGNES PRÉSENTÉES (31)<br />
Winama Tout pour la daronne TBWAParis) cDonald’s France<br />
Cool bag by cDo TBWAParis) Cetelem Le ime TBWA<br />
Paris) Aigle usqu’à ce qu’on sera vieu osa Paris) TV Inoui <br />
La Déclaration osa Paris) Freeno No etro no Problem osa<br />
Paris) TotalEnergies C’est toujours) pas Versailles ici ! Artefact) <br />
FisherPrice Allongement du congé paternité Artefact) Lacoste<br />
– le 9 e couloir BETC) Intima Se battre ensemble pour chacune<br />
BETC) Sega et Amplitude Studios Trailer to the oon : Humankind<br />
BETC) Amnesty International Bienvenue au idéalistes DDB<br />
Paris) Établissement franais du sang ejoigneznous DDB Paris) <br />
Volksagen Les ens parfaits DDB Paris) Eden en Setember<br />
Un mois sans porno Buzzman) Free Statistiques Buzzman) <br />
Franpri Ouvertures Artefact) Cultura C’est clair St ohn’s) <br />
St ichel St ichel doomino St ohn’s) Longchamp It is not a Bag.<br />
It is le Pliage FredFarid Paris) Sécurité routière éfiezvous des<br />
angles morts adame BovaryBabel) ministère des Sports C’est<br />
trop bon de faire du sport adame Bovary) France TV Le Sumo<br />
ullenLoe France) France TV Carrément craignos ullenLoe<br />
France) SNCF Heagonal Publicis Conseil) Fnac Les Infatigables<br />
Publicis Conseil) ministère des Solidarités et de la Santé Le Débat<br />
ullenLoe France) Apéricube La Chasse au cubes Steve) <br />
ekWateur Les Dinosaures de l’énergie Steve) Celio BeNormal<br />
Buzzman) ministère de la Cohésion des Territoires et des elations<br />
avec les collectivités territoriales La Qute Publicis Conseil).<br />
CAMPAGNES SHORT-LISTÉES (18)<br />
Winama Tout pour la daronne TBWAParis) cDonald’s France <br />
Cool bag by cDo TBWAParis) Aigle usqu’à ce qu’on sera vieu<br />
osa Paris) Freeno No etro no Problem osa Paris) Lacoste <br />
le 9 e couloir BETC) Sega et Amplitude Studios Trailer to the oon :<br />
Humankind BETC) Amnesty International Bienvenue au idéalistes<br />
DDB Paris) Volksagen Les ens parfaits DDB Paris) Eden en <br />
Setember Un mois sans porno Buzzman) Free Statistiques<br />
Buzzman) Cultura C’est clair St ohn’s) Longchamp It is not<br />
a Bag. It is le Pliage FredFarid Paris) Sécurité routière éfiez<br />
vous des angles morts adame BovaryBabel) France TV Le Sumo<br />
ullenLoe France) France TV Carrément craignos ullenLoe<br />
France) SNCF Heagonal Publicis Conseil) ministère des<br />
Solidarités et de la Santé Le Débat ullenLoe France) Celio <br />
BeNormal Buzzman).<br />
CAMPAGNES SHORTLISTÉES<br />
MAIS PAS ÉTOILÉES (2)<br />
cDonald’s France Cool bag by cDo TBWAParis) Cultura C’est<br />
clair St ohn’s).<br />
CAMPAGNES PRIMÉES* (16)<br />
LES INVITÉS<br />
BRAND<br />
STATION<br />
SERVICEPLAN<br />
CB NEWS<br />
FRÉDÉRIC<br />
ROY<br />
THIERRY<br />
WOJCIAK<br />
AMELLE<br />
NEBIA<br />
THOMAS<br />
MOYSAN<br />
VALÉRIE<br />
SIMON<br />
1 Winamax ★★ ★★★ ★★ ★★ ★★ ★★★ ★★<br />
2 Aigle Ø Ø ★ Ø ★ ★ ★<br />
3 Freenow Ø Ø Ø ★★ ★ ★★ ★<br />
4 Lacoste ★★★ ★★★ ★★★ ★ ★★ ★★ ★★★<br />
5 Sega ★ ★ ★ ★ Ø ★ ★<br />
6 Amnesty International Ø Ø ★ ★ ★★ Ø ★★<br />
7 Volkswagen ★ ★ ★ ★★ ★ ★★ ★★<br />
8 Eden Gen Ø Ø Ø ★ ★★ ★ ★<br />
9 Free ★ ★ ★ ★★ ★★ ★★ ★★<br />
10 Longchamp ★ ★★★ ★★★ ★★★★ ★★★★ ★★★ ★★★★<br />
11 Sécurité Routière Ø ★ ★ ★ ★★ ★★ ★<br />
12 France TV "Sumo" ★ ★ ★★ ★★★ ★★ Ø ★<br />
13 France TV "Craignos" ★ ★ ★ ★ ★ ★★ ★<br />
14 SNCF ★★ ★★★ ★★★★ ★★★ ★★★ ★★★★ ★★★<br />
15 Ministère des Solidarités et de la Santé ★ Ø ★ ★ ★ ★★★ ★★<br />
16 Celio ★★★ ★★ ★★★ ★★★★ ★★★ ★ ★★★<br />
* La moyenne des étoiles attribuées à chaque campagne est indiquée dans chaque fiche technique des pages précedentes.<br />
LES INVITÉS :<br />
BRAND STATION<br />
Damien Guiol (DC),<br />
à gauche<br />
Samy Benama (DC)<br />
SERVICEPLAN<br />
Simon Ohayon (CR),<br />
à droite<br />
Joachim Lesne (DA)<br />
Pages réalisées par<br />
VALÉRIE SIMON<br />
CB NEWS . 87 . OCTOBRE 2021
Joe<br />
LA POMPE<br />
VENDANGES<br />
TARDIVES ET BONS<br />
CRUS DE COPIES<br />
POUR NOTRE<br />
EXPERT ÈS<br />
PUBLICITÉS.<br />
ORIGINAL<br />
2019 / Brésil. Annonceur : NUT Childhood Obesity, “ Your child cannot take that risk ”. Agence : Criola, Natal.<br />
HO HISSE, LES<br />
SAUCISSES !<br />
Des créas ont fait<br />
une antisèche avec<br />
des saucisses. De<br />
quoi être en pétard !<br />
COPIE ?<br />
2021 / Espagne. Annonceur : Fundación PKU , “ Protein kills us ”. Agence : VML Young & Rubicam Barcelona.<br />
Encore plus de coïncidences ou de campagnes<br />
piratées à découvrir sur le web. Jetez un coup<br />
d'oeil sur www.joelapompe.net<br />
CB NEWS . 88 . OCTOBRE 2021
Joe<br />
LA POMPE<br />
ORIGINAL<br />
APRÈS<br />
RÉFLEXION,<br />
C’EST LA<br />
MÊME IDÉE<br />
Ça bourgeonne !<br />
COPIE ?<br />
2012 / Brésil. Annonceur : Clean and Clear Anti-Acne gel<br />
“ Be Clever. Use Clean&Clear anti-Acne gel ”.<br />
Agence : DDB, São Paulo.<br />
2020 / Israël. Annonceur : Herpotherm, anti-herpès, “ What<br />
is your hiding herpes position ? ”. Agence : Addict.<br />
ORIGINAL<br />
COPIE ?<br />
2010 / France. Annonceur : Innocence en danger.<br />
Agence : Babel, Paris.<br />
BÂILLONS<br />
MASQUÉS<br />
La cause est belle,<br />
et l’idée doit sans<br />
doute être dans l’air,<br />
comme encore le<br />
virus…<br />
2021 / Islande. Annonceur : Amnesty International.<br />
Agence : Kontor Reykjavík.<br />
CB NEWS . 89 . OCTOBRE 2021
Joe<br />
LA POMPE<br />
SABOT ETRE<br />
ORIGINAL,<br />
ÇA SE<br />
RESSEMBLE<br />
La copie, on trouve<br />
pas sabot !<br />
ORIGINAL<br />
2017 / Émirats Arabes Unis. Annonceur : Mercedes-Benz Pre-Safe Brake , “ Hits the brake when you don’t ”.<br />
Agence : Impact BBDO, Dubaï.<br />
COPIE ?<br />
2021 / Nouvelle Zélande. Annonceur : BMW Mini with Collision Warning, “ Danger brakes for you ”.<br />
Agence : Colenso BBDO Auckland.<br />
Encore plus de coïncidences ou de campagnes<br />
piratées à découvrir sur le web. Jetez un coup<br />
d'oeil sur www.joelapompe.net<br />
CB NEWS . 90 . OCTOBRE 2021
Joe<br />
LA POMPE<br />
ORIGINAL<br />
APPEL DE<br />
PHARES<br />
M…. c’est presque<br />
la même image !<br />
COPIE ?<br />
2008 / Nouvelle-Zélande. Annonceur : McDonald’s 24/7<br />
Drive Thru. Agence : DDB Auckland.<br />
2021 / Australie. Annonceur : Mc Donald’s. Agence : DDB Sydney.<br />
ORIGINAL<br />
COPIE ?<br />
DEUX OURS<br />
EN CAGE<br />
Les créas ont mis le<br />
paquet.<br />
2019 / Espagne. Annonceur : Correos, Spanish Postal<br />
Services. Agence : Wunderman Thompson.<br />
2021 / Lettonie. Annonceur : Latvijas Pasts, Latvian Postal<br />
Services. Agence : Weekend.<br />
CB NEWS . 91 . OCTOBRE 2021
Inspiration<br />
EN MARGE<br />
La sélection de<br />
ANTOINE<br />
COLIN<br />
TOUS LES MOIS, NOUS DEMANDONS<br />
À DES ARTISTES, DA, DC ET AUTRES<br />
CRÉAS DE NOUS DÉVOILER LEURS<br />
SOURCES D'INSPIRATION, LEURS<br />
DÉCOUVERTES, LEURS INFLUENCES,<br />
LEUR JARDIN SECRET.<br />
Antoine Colin<br />
est codirecteur<br />
de la création à<br />
MullenLowe France.<br />
Le calme règne sur la planète pub ? C'est compter<br />
sans Antoine Colin, un des deux directeurs de la<br />
création de l'agence MullenLowe France, un amoureux<br />
de la publicité. «C'est un métier de compétition,<br />
où il faut toujours tout remettre en question.» L'agence,<br />
qui travaille actuellement avec le ministère de la Santé,<br />
a réalisé plusieurs campagnes dont le «Débat ». « Le ministère<br />
adore la création, j'aime travailler main dans la<br />
main avec ce client, il y a des prises de décisions beaucoup<br />
plus rapides crise oblige , a demande une implication<br />
constante car le sujet est grave.»<br />
Il dit être touché par les revendications environnementales<br />
de la jeune génération, mais rappelle que la réalité<br />
économique est là, avec des gens qui travaillent: «notre<br />
boulot, c'est de faire vendre!» Pas de greenwashing chez<br />
MullenLowe France. Antoine Colin est tout aussi remonté<br />
au sujet de lavertissement « En avezvous vraiment<br />
besoin ? » qui pourrait figurer sur certaines pubs. « Je<br />
suis 100% contre, c'est prendre les gens pour des imbéciles<br />
!» Les écolos radicau nont quà bien se tenir. En<br />
revanche, concernant la mixité, il projette d'aller avec<br />
lécole Le Quatre Iscom) dans les banlieues défavorisées<br />
expliquer en quoi consistent les métiers de la pub.<br />
Et mme, « le meilleur, on lengage en CDI ». Cest dit.<br />
Pages réalisées par<br />
BERTRAND GAUTHEY<br />
Série Archs, sans<br />
titre. Série Slifs, sans<br />
titre (2021).<br />
gpcolin.com<br />
Énergie<br />
1GEORGES-PIERRE COLIN<br />
Mon père a toujours été passionné par la peinture. Il<br />
se dégage de ses toiles une joie de vivre et une énergie<br />
naturelle. Mais qui mieux que lui pour résumer son travail:<br />
« C’est l’acte de peindre, l’étalement spontané de la<br />
peinture qui me dit ce que je vais peindre. Je veux faire<br />
vivre une surface sans rien représenter. Il me faut fouiller<br />
ce qui s’est produit dans le tableau, y découvrir une orientation<br />
et travailler pour la préciser.»<br />
CB NEWS . 92 . OCTOBRE 2021
Inspiration<br />
EN MARGE<br />
Danger<br />
2CHRIS BURDEN<br />
J’ai découvert Chris Burden lors d’une exposition<br />
à Beaubourg en 2006, les Jackass n’ont<br />
finalement rien inventé. La réputation de Chris Burden<br />
comme artiste de performance s’est développée<br />
au début des années 1970, avec des performances<br />
controversées dans lesquelles l'idée du danger personnel<br />
en tant qu'expression artistique était centrale.<br />
Une des performance<br />
la plus<br />
connue, “ Shoot ”, à<br />
Santa Ana, en Californie<br />
en 1971 : il s'est<br />
fait tirer une balle<br />
dans le bras gauche<br />
par un aide.<br />
Viande<br />
3ANDREA HASLER<br />
Oui c’est une tente entièrement faite en<br />
viande… Mon côté procov’ me fait dire que<br />
cette « Tente zombie » réalisée par Andrea Hasler<br />
va plaire à tous mes amis vegan.<br />
Provoquer, c’est aussi parfois le but de notre<br />
métier.<br />
“ Matriarch” (cire, polystyrène, cuir…), (2014), Andrea Hasler. .<br />
“ The Unhate<br />
Dove Project ”,<br />
(2011). Colombe<br />
faite avec 22 000<br />
douilles de balles,<br />
exposée à Tripoli en<br />
Lybie. erikravelo.<br />
myportfolio.com<br />
Engagé<br />
5ÉRIC RAVELLO<br />
J’ai rencontré Éric à l’agence il y a 2 ans, en<br />
freelance comme DA. Bien plus qu’un DA, c’est<br />
un artiste militant et engagé. On dit que les publicitaires<br />
se prennent souvent pour des artistes, à tort,<br />
lui conoit toutes ses campagnes comme des uvres<br />
d’art. Des installations pour dénoncer des injustices<br />
ou les travers de notre époque.<br />
PHOTOS : DR.<br />
Courage<br />
4FEMMES AFGHANES<br />
Je suis concepteur rédacteur<br />
de formation, mais les photos<br />
dans la presse de femmes afghanes<br />
défilant pour manifester leurs droits<br />
au milieu des talibans se passent de<br />
mots. Le courage à l’état brut. Il n’y a<br />
rien de plus inspirant que le courage,<br />
quitte à mettre sa vie en péril.<br />
CB NEWS . 93 . OCTOBRE 2021
Culture<br />
GRAPHISME<br />
EFFETS MIROIR<br />
MARTIN PARR, PHOTOGRAPHE SATIRISTE DE NOTRE SOCIÉTÉ, TROUVE DANS UN<br />
LIVRE RASSEMBLANT DEUX CORPUS PHOTOGRAPHIQUES SON PENDANT AVEC DES<br />
DIAPOSITIVES D'AMATEUR. ÉTONNAMMENT COMPARABLES. LE MÊME REGARD ?<br />
EN PARTENARIAT AVEC<br />
Artazart libraire-galeriste<br />
83, quai de Valmy, 75010<br />
Paris. www.artazart.com<br />
Symétrie<br />
DÉJÀ VIEW<br />
C’est un jeu de paires auquel Martin Parr a accepté<br />
de participer : confronter ses propres images documentaires<br />
à celles de Monsieur et Madame Toutle-monde.<br />
Preuve s’il en fallait que le cultissime<br />
photographe ne manque pas d’humour. Car ce<br />
jeu de miroir est jubilatoire et distille un délicieux<br />
goût de déjà-vu. Les couleurs chatoyantes du Kodachrome<br />
et l’esthétique au ash de artin Parr<br />
se donnent si bien la réplique qu’on se demande<br />
parfois qui les a faites !<br />
Anniversaires, noces, pique-niques, soirées arrosées<br />
entre amis ou sieste sur la plage, la collection<br />
d’images anonymes constituée par Lee Shulman<br />
dans The Anonymous Project, regorge de l’énergie<br />
joyeuse des moments heureux conservés dans<br />
nos albums de famille. Et c’est précisément cela<br />
qui passionne Martin Parr qui a toujours adoré<br />
cette photographie supposée banale et naïve et qui<br />
fourmille d’indices sur une époque : une coupe de<br />
cheveux, un papier peint, un maquillage… Martin<br />
Parr qui préfère la nostalgie à la sentimentalité<br />
explique : « j’apprécie la photo vernaculaire car ses<br />
motivations sont pures ».<br />
CARL HUGUENIN<br />
est cofondateur de<br />
la librairie-galerie Artazart<br />
PHOTOS : © MARTIN PARR (MAGNUM PHOTOS), À GAUCHE. THE ANONYMOUS PROJECT, À DROITE.<br />
CB NEWS . 94 . OCTOBRE 2021
Culture<br />
GRAPHISME<br />
PHOTOS : © MARTIN PARR (MAGNUM PHOTOS), À GAUCHE. THE ANONYMOUS PROJECT, À DROITE.<br />
“ Déjà View ” (2021),<br />
Martin Parr & The<br />
Anonymous Project.<br />
Éditions Textuel.<br />
(20,5 x 15,5 cm),<br />
144 p., 29 €.<br />
CB NEWS . 95 . OCTOBRE 2021
Culture<br />
PRINT<br />
COURSIERS<br />
EN ROUE<br />
LIBRE<br />
2002 / France. Annonceur : Kookai. Agence : CLM/BBDO Paris.<br />
UBER EATS, DELIVEROO, FRICHTI, JUST EAT...<br />
ENVAHISSENT NOS RUES. QUEL QUE SOIT<br />
LE COÛT SOCIAL OU ENVIRONNEMENTAL…<br />
PAR JOE LA POMPE QUI S’EST FAIT COURSER.<br />
2015 / Chine. Annonceur : Beijing Subway, « Get there Faster ».<br />
Agence : Grey, Beijing.<br />
2016 / Singapour. Annonceur : Volkswagen. Blind Spot Sensor, « Make Delivery Guys Visible ».<br />
Agence : Publicis.<br />
2014 / Allemagne. Annonceur : Volkswagen Cross Polo, « An offroad<br />
car, not necessarily for offroad people ». Agence : DDB Berlin.<br />
2007 / Malaisie.<br />
Annonceur :<br />
Volkswagen Jetta,<br />
« Made to keep you<br />
driving ». Agence :<br />
Naga DDB.<br />
2021 / Irlande. Annonceur : KFC, « At your Window or Ours ».<br />
Agence : Core, Dublin.<br />
CB NEWS . 96 . OCTOBRE 2021
2009 / Argentine. Annonceur : New Axe Day & Axe Night, « Finally! My<br />
fingers are burning ». One is suitable for general audiences, the other one<br />
is not. Agence : Ponce Buenos Aires.<br />
2014 / Chili. Annonceur : Kitadol (paracétamol),<br />
« The Perfect Relief for : 31 minutes. It’s free<br />
right? ». Agence : Young & Rubicam Santiago.<br />
2008 / Belgique. Annonceur : Sawadee,<br />
« Hot Thaï Cuisine ». Agence : Edison.<br />
2019 / Colombie. Annonceur : Domino's Pizza, « Siempre Entregamos ».<br />
Agence : Proximity, Bogota.<br />
2004 / France. Annonceur : Stihl,<br />
« Débroussaillez ». Agence : DDB Paris.<br />
2000 / Brésil. Annonceur : Hustler Magazine, « You see this name, you<br />
think dirty». Agence : Central, São Paulo.<br />
2013 / Inde. Annonceur : Anchor by Panasonic,<br />
« Musical Doorbells ». Agence : Scarecrow.<br />
2007 / Philippines. Annonceur : Pizza Hut<br />
Express Delivery, « Hate Late? ».<br />
Agence : BBDO Guerrero, Makati City.<br />
2019 / Afrique du Sud. Annonceur : Volkswagen (utilitaire). « Never let<br />
the two meet ». Agence : Ogilvy Cape Town.<br />
→ 2009 / Russie. Annonceur : Eclipse Chewing-Gum,<br />
« Romeo by Eclipse ». Agence : BBDO Moscow.<br />
2012 / Pérou. Annonceur : Burger King,<br />
« 75% Bigger Burger ». Agence : Momentum<br />
Ogilvy Lima.<br />
CB NEWS . 97 . OCTOBRE 2021
Profil<br />
MOBILE<br />
Les apps de<br />
FRÉDÉRIC<br />
HENRY<br />
DIS-MOI QUELLES SONT<br />
LES APPLIS DANS TON<br />
SMARTPHONE, JE TE<br />
DIRAI QUI TU ES.<br />
PAR LE P-DG DE FH COM.<br />
Twitter<br />
« L’incontournable arme digitale<br />
de communication massive. »<br />
Club House<br />
« Le réseautage sonore mondial<br />
me fait penser aux balbutiements<br />
des radios locales. En espérant<br />
qu’il atteigne vite sa majorité. Un<br />
tour du monde sonore essentiel<br />
pour identifier les KOL ou pour du<br />
benchmark ! »<br />
TikTok<br />
« Un très beau laboratoire de<br />
tendances sociétales. J’aime la<br />
créativité et parfois l’humour. Idéal<br />
pour les blogtrips (les voyages de<br />
presse à la papa !). »<br />
Deezer<br />
« La musique, c’est ma vie. De Amy<br />
Winehouse, Véronique Sanson,<br />
Imany, Calogero, Billie Eilish,<br />
Queen, Oum Kalthoum, Yma<br />
Sumac… Ne me demandez pas si<br />
l’homme de radio et le RP de Ray<br />
Charles et de Tears for Fears que je<br />
suis aime la musique ! »<br />
Signal<br />
« Bien utile pour la gestion de nos<br />
cellules de com’ de crise. À l’ère des<br />
cyberattaques, nous ne sommes pas<br />
à l’abri. Mieux vaut prévenir que<br />
guérir. »<br />
COLLÉ DÉCOLLÉ<br />
“ Il me suit (presque) partout, mais il ne dort pas<br />
avec moi… Je lui parle, il répond souvent sans que<br />
je lui demande (Siri ;-) ). Je le touche, je le frotte<br />
(sans câlins), je le rends beau.<br />
Mais il est très collant et, comme un enfant,<br />
je viens de lui apprendre cet été, durant de<br />
belles vacances dans le Lot, en Aveyron puis en<br />
Andalousie, à se déconnecter pour recharger ses<br />
batteries et les miennes.”<br />
PHOTOS : DR.<br />
CB NEWS . 98 . OCTOBRE 2021
Vittel, Labeyrie, E.Leclerc, Daddy, Blini et Atelier Blini, Delpierre, Petite Brigade, Vico…<br />
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Crédit photo : Mika Cotellon – 07/2021 –