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ON EN PARLE<br />
MUSIQUE<br />
MONOSWEZI<br />
Au croisement<br />
Le QUINTETTE aux origines<br />
plurielles livre un superbe<br />
nouvel opus, à la fois<br />
organique et synthétique.<br />
MONOSWEZI, c’est-à-dire Mo<br />
(Mozambique), No (Norvège),<br />
Swe (Suède) et Zi (Zimbabwe).<br />
Et si « mono » signifie en grec « un<br />
seul », « swezi » veut dire « monde »<br />
en dialecte sud-africain. Ne fût-ce<br />
que par son nom, ce groupe aux<br />
origines plurielles propose, depuis<br />
plus d’une décennie, une musique hybride portée par la voix<br />
de Hope Masike, également joueuse de mbira du Zimbabwe.<br />
Sur Shanu, l’organique est dynamisé par l’électronique,<br />
ce qui n’est pas sans évoquer le travail de Damon Albarn<br />
auprès d’Amadou et Mariam : merci au mellotron,<br />
ici généreusement utilisé par le multi-instrumentiste et<br />
compositeur en chef du groupe, Hallvard Godal. Le propos<br />
est engagé, dénonçant le sexisme, les inégalités sociales<br />
et gouvernementales. En résulte un disque qui plonge<br />
aux sources de ce que nous sommes, à la fois touchant<br />
et enthousiasmant, traditionnel et audacieux. ■ S.R.<br />
MONOSWEZI, Shanu, Riverboat Records.<br />
RÉCIT<br />
L’ADIEU AU PÈRE<br />
Le deuil confiné d’une autrice phare de<br />
la littérature contemporaine anglophone.<br />
« C’EST UN ACTE de résistance et<br />
de refus : le chagrin vous dit que c’est<br />
fini et votre cœur que ça ne l’est pas ; le<br />
chagrin essaie de réduire votre amour<br />
au passé et votre cœur dit qu’il est au présent. » Lorsque<br />
l’autrice de L’Hibiscus pourpre (2003) et d’Americanah<br />
(2013), vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires<br />
en langue anglaise, apprend subitement, en juin 2020,<br />
la mort de son père, c’est un séisme. Séparée de ses proches,<br />
tandis que la planète entière, frappée par la crise sanitaire,<br />
est confinée, l’écrivaine nigériane et militante féministe,<br />
qui n’a de cesse de prendre position contre toutes les<br />
formes de discriminations, se raccroche alors aux mots.<br />
En 30 courts chapitres, Chimamanda Ngozi Adichie nous dit<br />
sa douleur et le deuil insupportable. Poignant et spontané,<br />
son texte écrit au vif de la perte explore sans ambages les<br />
méandres de l’amour filial. Et redonne vie, pour quelques<br />
minutes encore, aux souvenirs les plus intimes. ■ C.F.<br />
CHIM<strong>AM</strong>ANDA NGOZI ADICHIE, Notes sur le chagrin,<br />
Gallimard, 112 pages, 9,90 €.<br />
ROMAN<br />
EXIL DE SOI<br />
Le 18 e roman de Nina Bouraoui livre<br />
un récit troublant sur une Française<br />
émigrée en Algérie, au lendemain<br />
de l’indépendance du pays.<br />
SATISFACTION ou insatisfaction ?<br />
Le mal-être de Madame Hakli, une<br />
Bretonne mariée à un Algérien, grandit<br />
au fil de sa nouvelle vie dans le quartier d’Hydra, à Alger.<br />
Et de ses carnets, rédigés en cachette, comme autant<br />
de confidences et de désillusions. « Je me suis trompée<br />
de vie. Je ne veux pas y croire, mais je l’écris, ce qui est écrit<br />
est à demi écarté », consigne-t-elle dans son récit ambigu<br />
d’un chavirement, émotionnel et psychologique, à l’aune<br />
d’une Algérie en train de se construire, mais qui n’y arrive<br />
pas. La solitude, le déracinement, la maternité habitent<br />
ce roman troublant, où l’amour qui s’égare et le désir<br />
coupable font perdre la raison – la résignation et l’ennui<br />
dégénérant insidieusement en un poison mordant. Ce texte<br />
mélancolique et sensuel rend hommage aux femmes qui<br />
épousent une autre patrie que la leur, une autre histoire,<br />
au grand dam de leur liberté. ■ C.F.<br />
NINA BOURAOUI, Satisfaction,<br />
JC Lattès, 288 pages, 20 €.<br />
GANESH INSIDE PRODUCTION - DR (3)<br />
20 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>422</strong> – NOVEMBRE 2021