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N°<strong>94</strong> - <strong>Mars</strong>-<strong>Avril</strong> <strong>2022</strong><br />
Ça sent<br />
le printemps<br />
on se réveille !<br />
Jeu du Canard Gascon<br />
La remise des prix<br />
Château Panat<br />
Habitat collectif<br />
La grand-mère Bogdanoff<br />
La dame de Saint-Lary<br />
LGV Bordeaux-Toulouse<br />
Qui en veut ?<br />
Gilles Brasseur<br />
Peintre semi-naïf<br />
A.-Charlotte Baudequin<br />
Designer olfactif<br />
Payez en Plumes<br />
Monnaie locale<br />
Damase Optique<br />
Mauvezin<br />
La truffe dans le Gers<br />
On en a vu<br />
Scènes culturelles<br />
Le plateau de l'ADDA<br />
Jean Aragon<br />
Le facteur filmeur<br />
Bénin-Riscle<br />
La pomme de cajou
Édito<br />
Dans l’enfer de la "siglite"<br />
C’est possible. Ou bien l’on dira aussi<br />
que cette novlangue est la signature d’une<br />
bureaucratie sans contrôle, qui n’en finit<br />
plus de créer des trucs et des machins<br />
(agences, comités, commissions, conseils,<br />
offices, bureaux…), puis des instances<br />
d’évaluation pour tenter de comprendre<br />
pourquoi le dernier machin en date, ô<br />
surprise, ne marche pas. C’est encore<br />
possible. L’ironie est certes facile, surtout<br />
quand elle masque le monceau de travail<br />
effectué par ceux qui sont chargés de faire<br />
tourner le pays, dans des conditions<br />
parfois difficiles.<br />
Entrave à l’engagement citoyen ?<br />
Lenvahissante anglicisation du français<br />
est dans la ligne de mire de<br />
l’Académie, qui vient de rendre un<br />
rapport sur le sujet. On y parle d’un risque<br />
de « déstructuration de la grammaire et<br />
d’une perte de repère de la part du grand<br />
public ». C’est parfait, c’est même la<br />
fonction des académiciens depuis… 1634.<br />
Naturellement, sauf prise de conscience<br />
par le plus haut niveau de la puissance<br />
publique, cela ne changera rien. On<br />
n’écope pas la mer avec une petite<br />
cuillère, surtout dans un pays où le chef de<br />
l’État a lui-même promu la « start-up<br />
nation », concept à peine traduisible, que<br />
personne ne s’est d’ailleurs risqué à<br />
traduire. Ainsi va (mal) le français, jusque<br />
dans la communication institutionnelle.<br />
On pourrait penser que la langue s’en sort<br />
mieux quand elle est maniée à des<br />
niveaux moins jupitériens. Pas sûr. Il ne<br />
s’agit pas ici d’imports étrangers (le<br />
français s’est d’ailleurs toujours nourri<br />
d’expressions venues de loin), mais de<br />
l’abus de sigles qui deviennent autant<br />
d’acronymes se prononçant comme des<br />
mots ordinaires. La siglite. Exemples : le<br />
volet territorial des CPER va correspondre<br />
aux CRTE, assure l’ANCT. La DSIL et la<br />
DETR (1) compteront parmi les sources<br />
de financement. Même si ce n’est pas une<br />
novlangue au sens où l’entendait Orwell<br />
dans 1984, c’est un langage d’initiés, qui<br />
exclut de son champ lexical une large<br />
frange de la population. Chose d’autant<br />
plus dommageable que les sujets qui se<br />
cachent sous ces sigles, liés dans cet<br />
exemple à la cohésion des territoires, sont<br />
censés toucher les citoyens au cœur, sinon<br />
améliorer sa vie.<br />
Agences, comités, bureaux...<br />
On objectera, peut-être, que cette langue<br />
désincarnée est l’outil de référence entre<br />
la haute administration, les collectivités<br />
locales et les élus, et qu’au fond les<br />
Français n’en attendent qu’un éventuel<br />
résultat sans se fatiguer à essayer d’en<br />
comprendre les tenants et les aboutissants.<br />
Mais au-delà de ce trait, il y a croyonsnous<br />
un véritable enjeu de cohésion<br />
sociale. Lorsqu’on interroge les Français<br />
sur la perception qu’ils ont du rôle de<br />
l’élu local, les réponses traduisent une<br />
forme de distance, une vision a minima<br />
de l’engagement citoyen. « Occupez-vous<br />
de nos problèmes quotidiens, c’est tout ce<br />
qu’on demande ». Un pragmatisme<br />
respectable, le signe aussi d’une époque<br />
qui passe beaucoup de choses au prisme<br />
de la consommation, de l’individualisme,<br />
et de l’évacuation de contraintes annexes<br />
jugées trop complexes. Réflexe<br />
d’habitant donc, plus que de citoyen au<br />
sens participatif du terme. La novlangue<br />
qui régit le fonctionnement de l’État et de<br />
ses satellites a sa part dans cette<br />
indifférence relative.<br />
Hugues de Lestapis<br />
(1) CPER (contrat de plan État-Région),<br />
CRTE (contrat de relance et de transition<br />
écologique), ANCT (agence nationale de<br />
cohésion des territoires, DSIL (dotation de<br />
soutien à l’investissement local), DETR<br />
(dotation d’équipement des territoires ruraux)<br />
Le Canard Gascon<br />
Site web : www.lecanardgascon.com. Mail : lecanardgascon32@gmail.com - Tél. : 06 61 34 29 32<br />
Directeur de la publication & rédacteur en chef : Hugues de Lestapis.<br />
Rédaction : Ingrid Carlander, Atelier Histoire du Clan, Jean-Louis Le Breton,<br />
Jean-Claude Ulian, Rose-Marie Richard, Ostau Gascon.<br />
llustrations : Elger & Franck Raynal. Mots croisés : François Sumien. Impression : 15 000 exemplaires.<br />
Imprimeur : BCR Gimont (Gers). Publicité : 06 61 34 29 32.<br />
Éditeur : Les Éditions Guilleragues - 13, place Descamps - 32700 Lectoure<br />
Dépôt légal 1er trimestre <strong>2022</strong> - Photo de couverture: © Adobe Stock- Autres photos : Le Canard Gascon, ou D.R.<br />
3
Cérémonie<br />
Le jeu du Canard Gascon fait des heureux<br />
La remise des prix s’est déroulée à la cave coopérative de Nogaro, partenaire<br />
du grand jeu de Noël de votre magazine gersois.<br />
Alors bien sûr, avec un jeu aussi facile,<br />
tout le monde gagne (à quelques réponses<br />
iconoclastes près…), mais aussi tout le<br />
monde ne peut quand même pas gagner.<br />
D’où un tirage au sort préalable, qui s’est<br />
tenu le 11 janvier à la Lunetterie de<br />
Lectoure, chez Marine Castel. C’est elle<br />
qui a sorti de l’urne les bulletins lauréats.<br />
Les noms des gagnants sont listés ci-après.<br />
Bravo à tous et rendez-vous l’an prochain.<br />
H.L.<br />
Patrick Farbos (à gauche), Alexandre Doat, et Pierre Daniel, de HDM, avec des gagnants du jeu.<br />
Il est des traditions robustes, qui font du<br />
bien… quand tout ne va pas très bien. Le<br />
grand jeu de Noël du Canard Gascon en<br />
est une. Cette fois encore, vous avez été<br />
des centaines — près de 850 — à y<br />
participer et à inscrire la bonne réponse<br />
sur le bulletin. Soit le canard, ou mieux<br />
encore le canard gascon. L’oie de<br />
Toulouse, parfaitement estimable, a été<br />
recalée ! Les Gersois ont fourni les troisquarts<br />
des réponses, devant les Landais,<br />
les Lot-et-Garonnais ex aequo avec les<br />
Haut-Garonnais.<br />
Succès populaire<br />
Quelques Pyrénéens, Bordelais, et de<br />
manière plus sporadique des Nantais, des<br />
Vendéens et même des Grenoblois. Le<br />
Canard Gascon voyage, comme le<br />
migrateur qu’il fut. On ne dira jamais ici<br />
combien ce succès populaire est une<br />
bénédiction, et aussi un formidable<br />
encouragement. Maintenir à flot une<br />
publication gratuite dans la conjoncture<br />
économique actuelle est un sport de<br />
combat. Les centaines de lettres reçues,<br />
parfois avec des petits mots doux, sont<br />
autant d’applaudissements. Merci à tous<br />
pour cette fidélité.<br />
La cérémonie de remise des prix s’est<br />
déroulée le 27 janvier dernier à la cave<br />
coopérative de Nogaro, les Hauts-de-<br />
Montrouge (HDM), partenaire indéfectible<br />
du Canard Gascon. Malgré la covid, les<br />
cas contacts et un brouillard à couper à la<br />
tronçonneuse, une douzaine de gagnants<br />
ont pu faire le déplacement. Ils ont été<br />
accueillis dans le chai de vieillissement de<br />
HDM par Patrick Farbos, le président,<br />
Alexandre Doat, le vice-président et Pierre<br />
Daniel, le directeur général. L’occasion,<br />
entre deux remises de lots, d’admirer les<br />
quelque 550 fûts de chêne et la vingtaine<br />
de foudres dont quatre d’une capacité de<br />
7200 litres chacun.<br />
Des donateurs généreux<br />
Outre HDM, les autres donateurs du jeu du<br />
Canard Gascon sont la Chaîne Thermale<br />
du Soleil pour les Thermes de Barbotan et<br />
le restaurant de La Bastide, la société<br />
N’PY, qui regroupe huit stations des<br />
Pyrénées dont Peyragudes ou Luz-<br />
Ardinen, et les Cafés Di-Costanzo, qui<br />
torréfie à L’Isle-Jourdain. Eux aussi<br />
méritent des félicitations, ce sont de belles<br />
marques, et les avoir à nos côtés est une<br />
chance.<br />
Les bons chiffres d'HDM<br />
Forte de ses 55 vignerons coopérateurs et<br />
de 1173 ha de vignes, la cave de Nogaro a<br />
présenté un bilan flatteur de son dernier<br />
exercice (clos au 31 juillet 2021). Un<br />
chiffre d’affaires de 12,4 millions d’€,<br />
contre 10,1 millions d’€ l’année<br />
précédente, et une hausse de 84 % depuis<br />
l’année 2009 ! La récolte a atteint 129 000<br />
hectolitres (hl), contre 114 500 hl, pour<br />
une grosse part en cépage colombard. « Et<br />
elle a été bien vendue », a insisté Patrick<br />
Farbos, président de HDM, en vrac pour<br />
75 % du total du CA et en conditionné<br />
(bouteilles) pour le reste, soit 25 %.<br />
Toujours soucieux du revenu de ses<br />
adhérents coopérateurs, le président<br />
Farbos a indiqué que la rémunération<br />
moyenne à l’ha était de 6613 €.<br />
L’exercice en question, affecté par la<br />
crise sanitaire, a subi un recul de l’activité<br />
commerciale en matière de floc (-3 %), et<br />
plus généralement de vin en bouteilles<br />
(-22 %). Des tendances compensées par<br />
les bons chiffres du vrac, grâce au<br />
partenariat exclusif de HDM avec Grands<br />
Chais de France (GCF), entreprise<br />
d’envergure mondiale. Côté marketing et<br />
communication, la coopérative de Nogaro<br />
a créé la « marque ombrelle » Hauts de<br />
Montrouge sur l’ensemble des gammes<br />
vins, flocs, blanche et armagnac. Des<br />
reconnaissances prestigieuses sont en<br />
outre venues récompenser certains<br />
produits.<br />
4
Cérémonie<br />
Des lecteurs récompensés<br />
Sylvie Laurent<br />
Sylvie Laurent<br />
Patricia Lalanne<br />
Gérard Ducos<br />
Serge Richard Catherine Fin François Lacoste<br />
La liste des principaux gagnants<br />
Patricia Lalanne (Caussens)<br />
François Lacoste (Pavie)<br />
Véronique Doux (Labarthe)<br />
Catherine Fin (Montréal-du-Gers)<br />
Gérard Ducos (Auch)<br />
Serge Richard (Saint-Lary)<br />
Rachel Bour (Fleurance)<br />
Marie-Noëlle Bibé (Estang)<br />
Jean-Paul Nux (Margouët-Meymes)<br />
Nathalie Cazalis (Estang)<br />
Sylvie Laurent (Plaisance-du-Gers)<br />
Michelle Ceres (Masseube)<br />
Eric Peyrabelle (Fleurance)<br />
Philippe Casbas (Saint-Martin-de-Seignanx)<br />
Catherine Barrère (Nogaro)<br />
Jacques Lafforgue (Fleurance)<br />
Claire Barbier (L’Isle-Jourdain)<br />
Gigi Massarotto (Arblade-Le-Haut)<br />
Myriam Garbay (Eauze)<br />
Jean-Louis Picard (Ramouzens)<br />
Carole Lagrange (Bayonne)<br />
Jacques Job (Fleurance)<br />
Françoise Soula (Montréal-du-Gers)<br />
Véronique Puertolas (Sainte-Marie)<br />
Christine Ducère (Nogaro)<br />
Serge Bernard (Pavie)<br />
Patrice Cousin (Sos)<br />
Sophie Hamel (Bias)<br />
Françoise Nadal (Lasserade)<br />
Alain Lannes (Lectoure)<br />
Catherine Beaulac (Jû-Belloc)<br />
Bernard Touffet (Monferran-Savès)<br />
Annie Brahimi (Barcelonne-du-Gers)<br />
Jean-Louis Laouillé (Jégun)<br />
Vincent Latterrade (Vic-Fezensac)<br />
David Bucci (Saramon)<br />
Martine Montaut (Campagne d’Armagnac)<br />
5
Insolite<br />
Tous ensemble au château de Panat<br />
A L’Isle-Jourdain, douze familles ont racheté l’impressionnant château de Panat<br />
pour y habiter ensemble. Un exemple encore rare de coopérative d’habitants.<br />
Una partie des résidents du château, des profils et des âges variés.<br />
ls n’en rêvaient pas spécialement, mais ils l’ont leur vie de<br />
château. «Plutôt une vie dans un château», nuance d'emblée<br />
IArmelle Huitric. En l’occurrence l’ancienne demeure des<br />
marquis de Panat, sise en plein cœur de L’Isle-Jourdain, bâtie au<br />
XIXe siècle dans un goût médiéval alors très en vogue. Avec 15<br />
autres adultes âgés de 36 à 70 ans et 11 enfants de 5 à 17 ans,<br />
Armelle se réveille tous les matins dans cette grande maison de<br />
40 pièces environ, qui fonctionne en coopérative d’habitants.<br />
Les 12 familles qui la composent ont acheté le château en<br />
septembre 2019 pour une somme de 950.000€, avec pour<br />
ambition de créer 14 logements, du T2 au T5. Les travaux ont<br />
été entrepris vaille que vaille, retardés évidemment à cause de la<br />
crise sanitaire, « mais on en voit le bout avec 11 logements<br />
habitables ».<br />
Boiseries, moulures, lustre<br />
Fin 2021, lors de notre passage, un appartement pour une famille<br />
était prêt à être livré. Les lits superposés des enfants étaient déjà<br />
là. Boiseries, moulures, grandes glaces, lustres, le décor est bien<br />
celui d’un château. « Les habitants de Panat sont à la fois<br />
propriétaires via des parts prises dans notre société, et aussi<br />
locataires, entre 250 et 950€ de loyer selon la taille du logement<br />
et les revenus. Dans le système de coopérative, une personne<br />
égale une voix, et ce quelle que soit la somme apportée au<br />
départ. 100€ ou 200.000€ ». Cette ancienne enseignante a été<br />
militante, et cette idée d’habitat participatif, doublée de propriété<br />
collective, lui plaît bien. Comme celle de se retrouver, avec<br />
d’autres familles d’horizons divers, dans la vaste bibliothèque à<br />
la place du marquis. Il s’agit bien, au fond, d’une révolution.<br />
L’idée de partager sa maison, même grande, avec des inconnus<br />
n’est pas très répandue en France. « Pourtant ça marche, mais il<br />
faut quand même avoir un esprit disposé au collectif, au partage<br />
et à la solidarité. Ce sont ces valeurs qui fondent et portent notre<br />
projet ». Presqu’une devise, qu’on pourrait substituer à celle des<br />
Panat, Fidelitate et Audacia Lucet, qu’on voit sous leurs<br />
glorieuses armoiries dans un des vitraux du château.<br />
« Un collectif très uni »<br />
Des gens non pas triés sur le volet, mais un peu utopistes quand<br />
même. En ville, lors de la reprise du château qui dormait depuis<br />
20 ou 30 ans, certains ont froncé les sourcils. Des hippies, une<br />
communauté loufoque, une secte même ? Non, les habitants<br />
Le dernier marquis ne s'imaginait pas autant d'héritiers !<br />
actuels de Panat ont eu, ou ont encore, des métiers tout à fait<br />
ordinaires, 7 à L’Isle-Jourdain, dans la fonction publique<br />
notamment, 5 à Toulouse. Les autres foyers sont des retraités.<br />
« Le groupe est très uni parce qu’il existe depuis le début, bien<br />
avant que l’on ne trouve ce château à reprendre ». Pour autant, la<br />
vie en collectivité ne va jamais de soi. D’où le recours à la<br />
« sociocratie », une méthode d’organisation qui repose sur deux<br />
piliers, une gouvernance partagée et une prise de décision par<br />
consentement. « Bien sûr il y a des tensions, et puis il y a eu des<br />
mois et des mois de travaux, ça a compliqué la donne. Mais on<br />
est restés groupés, la mixité générationnelle y a peut-être fait. A<br />
une exception près, tous ceux qui étaient là en 2019 sont<br />
toujours dans la barque ».<br />
Des travaux soignés, à la mesure de la qualité des lieux.<br />
Du point de vue pratique, la vie des « Panatiens » est organisée<br />
par des commissions : Administration et finances, Chantier,<br />
Fonctionnement interne, Logistique. Au rez-de-chaussée, un<br />
tableau détaille les tâches de chacun, depuis le ménage<br />
jusqu’aux activités de enfants, en passant par les courses, la<br />
cuisine et les événements. Chaque logement est équipé pour<br />
qu’on puisse y vivre de manière autonome. Les moments<br />
collectifs sont optionnels. On se retrouve parfois au petitdéjeuner,<br />
ou dans la grande bibliothèque. Chacun y a d’ailleurs<br />
installé ses livres et BD. À Panat, <strong>2022</strong> devrait marquer la fin<br />
des gros travaux. 2023 sera celle de l’aménagement d’un espace<br />
associatif, ouvert à tous les Lislois intéressés.<br />
Hugues de Lestapis<br />
6
Energie<br />
Laissez flotter les p'tits panneaux<br />
Le photovoltaïque va émerger sur des plans d’eau gersois d’ici à 2030.<br />
Une dizaine de sites sont d'ores et déjà identifiés.<br />
Des avantages notoires par rapport aux installations terrestres classiques.<br />
On appelle déjà cela le « flotovoltaïque », fusion des mots<br />
« flottant » et « photovoltaïque ». C'est assez nouveau,<br />
en France tout au moins, et on devrait en entendre parler<br />
dans les années qui viennent, y compris dans le Gers. Il s’agit ni<br />
plus ni moins d’installer des centrales photovoltaïques sur des<br />
retenues d’eau, plus exactement sur des flotteurs posés euxmêmes<br />
sur l’eau. Le Gers fait partie, avec ses voisins des<br />
Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées, d’un<br />
vaste projet d’ aménagement (1) de 22 plans d’eau d’ici à 2030,<br />
dont 9 situés dans notre département. Des lacs artificiels de<br />
soutien d’étiage en l’occurrence, nommés Cassagnaou, Marlbot,<br />
Saint-Jean, Lapeyrie, Bourgès, La Barne, Charros et Tailures,<br />
ces deux derniers partagés avec les Landes. Les communes<br />
concernées sont, entre autres, Tillac, Aignan, Louslitges, Jû-<br />
Belloc, Monguilhem, Toujouse.<br />
Moins de conflits de voisinage<br />
Viser des retenues d’eau qui sont sans conflits d’usages est une<br />
solution pertinente, cela apaise le débat, souvent crispé, sur la<br />
confiscation de surfaces fertiles, et les querelles de voisinage. En<br />
effet, une fois garnies les toitures des hangars agricoles (bien<br />
dotés déjà…), les ombrières de parkings et demain les surfaces<br />
artificialisées des mairies, il faudra bien des surfaces<br />
additionnelles pour remplir les objectifs de transition<br />
énergétique. Pas question toutefois d’imaginer des retenues<br />
complètement couvertes de panneaux solaires. Autour de 30%<br />
de taux de couverture, dit-on.<br />
Le Syndicat d’énergie du Gers (SDEG) est associé à ce futur<br />
déploiement. Pour son directeur général de services, Jean-<br />
Michel Walcker, le solaire flottant cumule pas mal d’avantages.<br />
« Le photovoltaïque est aujourd’hui la principale source<br />
d’énergie renouvelable du Gers, et elle doit doubler d’ici à 10<br />
ans selon les projections des Assises de l’énergie organisées à<br />
Mons fin octobre 2021 par le SDEG et la Chambre d’agriculture.<br />
Pour autant, on ne peut pas en mettre partout ».<br />
Pas question de couvrir la totalité d'une étendue d'eau.<br />
Si la technologie s’avère plus chère à déployer que son<br />
équivalent terrien, elle peut aussi s’enlever plus facilement. « Et<br />
surtout, insiste le directeur du SDEG, elle a un rendement<br />
meilleur. Les panneaux bénéficient de la réverbération des<br />
rayons lumineux sur l’eau, d’où une production d’énergie<br />
supérieure.<br />
Un atout pour l’écosystème<br />
L’environnement aquatique leur évite en outre la surchauffe, ce<br />
qui améliore leur performance. Du point de vue environnemental,<br />
les études indiquent qu’ombrager partiellement un lac<br />
artificiel a un effet bénéfique sur le refroidissement de l’eau,<br />
donc sa qualité, sa capacité d’oxydation. Tout est une question<br />
de calibrage », et les nombreuses études environnementales qui<br />
vont être lancées permettront d'ajuster au mieux les projets. Les<br />
sites retenus qui servent à la régulation des flux d’eau du bassin<br />
de l’Adour, de par leur usage, n’ont pas de vocation paysagère<br />
ou nautique. Par principe, étant des cuvettes, ils ont moins<br />
d'impact sur le paysage. A priori, l'acceptabilité sur ce type de<br />
projet devrait donc être plus importante que des projets<br />
photovoltaïques au sol sur flanc de côteaux.<br />
Les projets d’aménagement flotovoltaïque des quatre<br />
départements auront à terme une puissance cumulée de 160<br />
MWc, ce qui correspond aux besoins d’environ 245 000<br />
habitants, lit-on dans le communiqué de l’Institution Adour.<br />
«Rien d’anecdotique », confirme le SDEG.<br />
H.L.<br />
(1) Porté avec les sociétés Sergies et Hydrocop et diverses SEM et<br />
autres établissements publics.<br />
8
Hommage<br />
La comtesse, Maya et les deux jumeaux<br />
C’est par leur grand-mère maternelle, la comtesse Colloredo,<br />
qu’Igor et Grichka Bogdanoff sont un peu Gersois.<br />
La comtesse Colloredo, la grand-mère austrohongroise<br />
des jumeaux Bogdanoff.<br />
e 12 janvier dernier, deux jours après<br />
leurs obsèques à l’église de la<br />
LMadeleine à Paris, un dernier adieu<br />
était donné à Igor et Grichka Bogdanoff<br />
dans le petit cimetière de Saint-Lary, près<br />
d’Auch. Les jumeaux retrouvaient là leur<br />
terre natale, puisque c’est dans cette<br />
commune qu’ils ont vu le jour il y a 72<br />
ans. Ils étaient « Gersois » grâce à leur<br />
grand-mère maternelle, une femme<br />
fantasque et adorée dans le pays. Née<br />
Bertha Kolowrat-Krakowsky en 1890, fille<br />
d’un comte austro-hongrois et de la fille<br />
d’un magnat du tabac, elle épouse à<br />
Vienne en 1909 le comte Hieronymus von<br />
Colloredo-Mansfeld, descendant de<br />
ministres et de princes. Bertha donnera<br />
quatre fils à son époux, avant de croiser la<br />
route, en 1925, de celui qui allait être le<br />
père de son 5e enfant, adultérin celui-là.<br />
Scandale à la cour de Vienne<br />
Roland Hayes, l’amant donc, est un artiste<br />
afro-américain, l’un des premiers ténors<br />
noirs mondialement célèbres. Hayes, dans<br />
un premier mouvement peu sympathique,<br />
ne reconnaît pas l’enfant -une fille.<br />
À Vienne, le scandale est énorme, d’autant<br />
que la rencontre a eu lieu au château de<br />
Schönbrunn, lors d’un concert donné en<br />
mémoire du défunt empereur François-<br />
Joseph. Bertha fuit la cour et même son<br />
pays avec son bébé irrégulier sous le bras,<br />
10<br />
et s’en va atterrir -on ne sait pas bien<br />
comment ni pourquoi- dans le Gers. Le<br />
mari officiel, grand seigneur, ne coupe pas<br />
totalement les vivres à son épouse,<br />
laquelle jette son dévolu sur le château de<br />
Saint-Lary (1), à l’ouest d’Auch, une<br />
bâtisse monumentale, édifiée entre les<br />
XIIIe et XVIIe siècles. On est alors en<br />
1927. La petite Marie-Dolores, dite Maya,<br />
a un an, elle porte le nom de sa mère, soit<br />
Kolowrat-Krakowska. Mais celle-ci,<br />
quoique divorcée, continuera à se faire<br />
appeler la comtesse Colloredo dans son<br />
pays d’adoption.<br />
Garçon de ferme ou prince russe ?<br />
L’irruption à Saint-Lary en 1<strong>94</strong>8 d’un<br />
Russe nommé Bogdanoff cherchant à se<br />
faire embaucher comme garçon de ferme<br />
chez la comtesse a été raconté cent fois, et<br />
démentie mille fois. Une version plus<br />
rutilante fait de lui un artiste, descendant<br />
de la plus haute aristocratie russe, qui<br />
aurait été présenté à la famille Colloredo<br />
par un prince Bagration. On savait aussi<br />
dans le pays que la comtesse avait<br />
l’habitude d’embaucher des Slaves parmi<br />
son personnel de maison ou agricole.<br />
Toujours est-il que ce Bogdanoff s’est fixé<br />
à Saint-Lary, qu’il a fréquenté la fille de la<br />
châtelaine, de si près que deux naissances<br />
se sont annoncées avant même de parler<br />
de mariage.<br />
Maya, la mère des jumeaux, ici à Saint-Lary.<br />
Sasha Bogdanoff, une des deux filles d’Igor et de<br />
Ludmilla d’Oultremont, interpréte un gospel au<br />
cimetière.<br />
Ce sont les fameux jumeaux Igor et<br />
Grichka, nés à Saint-Lary le 29 août 1<strong>94</strong>9,<br />
et élevés dans leurs premières années par<br />
leur grand-mère Colloredo, comme des<br />
« singes savants » a-t-on pu dire. Ils lui<br />
vouaient un véritable culte.<br />
Passionnée d’astronomie, elle lisait<br />
l’avenir dans les feuilles de thé, et recevait<br />
des sommités chez elle, ce qui a dû frapper<br />
ses petits-fils. Les parents Bogdanoff,<br />
probablement écrasés par la personnalité<br />
de Bertha, avaient préféré plier bagage. Ils<br />
vivront même séparés un temps, avant de<br />
refaire des enfants ensemble, les trois<br />
sœurs des jumeaux, dont une est<br />
aujourd’hui taxi du côté de Mauvezin,<br />
dans le Gers.<br />
Une grande dame à Saint-Lary<br />
À Saint-Lary, la comtesse est une grande<br />
dame à l’ancienne, bonne et généreuse –<br />
trop probablement, car il se murmure<br />
qu’elle a été grugée à la fin de sa vie par<br />
des gens de son entourage – très investie<br />
dans le village au point de revêtir la tenue<br />
du père Noël à l’école communale,<br />
courageuse aussi, notamment pendant la<br />
guerre 39-45. Dans Présences Juives,<br />
Geneviève et Georges Courtès racontent<br />
qu’elle occupait des réfugiés déguisés en<br />
travailleurs de la terre, dont le marchand<br />
collectionneur Wilhem Uhde. Les<br />
jumeaux, qui avaient de qui tenir, reposent<br />
désormais à ses côtés. Elle les attendait<br />
depuis 1982.<br />
H.L.<br />
1) Ne pas confondre avec le château<br />
d’Esclignac, près de Montfort dans le Gers,<br />
acquis en 1986 par les jumeaux Bogdanoff.
Profession : designer sensoriel<br />
Les odeurs comme autant de matières à création, voilà le métier -encore rareque<br />
pratiquent Anne-Charlotte Baudequin et son compagnon.<br />
Tendance<br />
Mathieu Maldes et Anne-Charlotte Baudequin, une philosophie du design commune.<br />
Je suis née au milieu des fleurs, à<br />
Grasse. Fière de continuer une lignée<br />
d’artisans créateurs, passionnés de<br />
senteurs et de goûts. » Anne-Charlotte est<br />
la fille d’Anne-Marie et Pierre Baudequin,<br />
pâtissiers chocolatiers à Lectoure. Elle<br />
constate : « Nous sommes passés d’une vie<br />
où l’odorat était devenu presque un tabou,<br />
mais c’est le moment de réintroduire la<br />
richesse des sens. Ceux que le Covid a<br />
privés de l’odorat et du goût en ont<br />
compris la valeur. » La jeune femme est<br />
designer sensoriel (spécialité olfactif), et<br />
chargée d’enseignement à Montauban.<br />
Elle suit une formation technique chez un<br />
parfumeur de Lavaur. Sa grande<br />
aventure ? Une thèse de doctorat à<br />
l’Université Jean Jaurès à Toulouse.<br />
Thème : le design sensoriel olfactif.<br />
Dans les objets du quotidien<br />
Le design sensoriel ? une discipline<br />
essentielle, encore peu connue du grand<br />
public, qui concerne un grand nombre de<br />
domaines, comme les espaces publics ou<br />
privés, l’automobile, les musées et même<br />
la conception de nouveaux matériaux.<br />
Ambition de cette démarche, maîtriser<br />
tous les aspects d’un produit, d’un objet,<br />
de son développement à son usage final.<br />
Le design olfactif considère les odeurs<br />
comme un élément à part entière dans le<br />
processus de création de nouveaux<br />
matériaux. L’un des projets en recherche :<br />
OLFA, en lien direct avec la thèse. Anne-<br />
Charlotte et son compagnon, Mathieu<br />
Maldes, photographe (en studio) et<br />
designer sensoriel, travaillent à intégrer<br />
des composants olfactifs (parfums), fleurs<br />
ou agrumes, dans un objet, par exemple un<br />
vase avec ou sans fleurs. L’idée est de<br />
créer de nouveaux matériaux olfactifs pour<br />
la réalisation d’objets du quotidien. Autre<br />
projet en cours, HESTIA. Ce programme<br />
est mené avec l’association Granit et<br />
Pierres du Sidobre, en vue d’ouvrir de<br />
Dimensions sensorielles et poétiques à partir de la matière<br />
nouveaux marchés à ce matériau. « Notre<br />
envie était d’utiliser les petits déchets de<br />
granit laissés par les artisans dans la<br />
fabrication d’objets du quotidien. »<br />
HESTIA est un diffuseur de parfums en<br />
cours de réalisation. En 2020, le projet a<br />
été nommé « coup de cœur » par le jury du<br />
concours. Le couple de créateurs attire<br />
l’attention. Exemple l’Opération Mondes<br />
Nouveaux du ministère de la Culture,<br />
destinée à couvrir et valoriser tous les<br />
champs de la création contemporaine.<br />
L’odorat, un outil de<br />
communication<br />
Sur 3200 projets déposés, le comité<br />
artistique n’en a retenu que 264, dont celui<br />
des Baudequin-Maldes. « Nous allons<br />
travailler au sein de lieux situés à la<br />
campagne (le Gers), à l’océan et à la<br />
montagne. » Les lieux, les espaces, comme<br />
la scénographie ou la muséographie, ne<br />
pourront plus se passer de cette démarche<br />
contemporaine, le design sensoriel.<br />
L’exposition organisée en 2021 par Sissel<br />
Tolaas, pionnière du design olfactif, traite<br />
des sujets de l’époque, changement<br />
climatique, industrie alimentaire, diversité,<br />
en les présentant dans des paysages<br />
olfactifs. Pour Sissel Tolaas, l’odorat est<br />
un outil de communication vital, souvent<br />
négligé. Le jeune couple de chercheurs est<br />
confiant : « Nous voulons tenter de faire<br />
émerger des futurs, possibles ou<br />
imaginaires. »<br />
Ingrid Carlander<br />
11
Projet<br />
Hommage<br />
Pour ou contre la LGV Bordeaux-Toulouse ?<br />
Le Gers participera au financement du projet, alors même que la future ligne<br />
à grande vitesse ne traverse pas le département.<br />
Projet vieux de 20 ans, déjà controversé à l’époque, remis sur les rails par Jean<br />
Castex. 14 milliards d’euros pour aller vite.<br />
Revenu à la Une après des années d’enfouissement, le projet<br />
de ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et<br />
Toulouse semble cette fois-ci sur les rails. Il suffit<br />
d’entendre le bruit que font ses opposants pour s’en convaincre.<br />
Mais de quoi parle-t-on au juste ? De la future ligne Bordeaux-<br />
Toulouse, qui mettrait la Ville rose à 3 h 10 de Paris, contre 4 h<br />
20 actuellement, grâce à une vitesse commerciale de 320 km/h.<br />
Ce Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) prévoit aussi<br />
un barreau vers Dax et l’Espagne. Il ne s’agit pas de mettre à<br />
niveau des lignes existantes, mais bien d’en créer de nouvelles<br />
(327 km), d’où le budget. Coût global annoncé : 14,3 milliards<br />
d’euros, 40 % de cette somme à la charge de l’État, 20 % de<br />
l’Europe et 40 % des collectivités territoriales. À la midécembre,<br />
Étienne Guyot, le préfet de la région Occitanie et<br />
« coordinateur » du GPSO, annonçait que le financement était<br />
quasi bouclé. Les collectivités avaient jusqu’au 31 décembre<br />
pour voter leur participation financière (un peu la nôtre…), ce<br />
qu’elles ont fait avec plus ou moins d’allégresse.<br />
Des voix discordantes<br />
Il y a eu des couacs, parmi lesquels le refus du maire écologiste<br />
de Bordeaux, Pierre Hurmic, bien résolu à faire dérailler la LGV,<br />
et aussi le niet des élus du Lot-et-Garonne, à qui on demandait un<br />
engagement de 120 millions d’euros. Le tracé — une bande de<br />
500 m qui sillonne le paysage — passe pourtant par chez eux, il<br />
est même prévu la construction d’une gare nouvelle à l’ouest de<br />
l’agglomération d’Agen. Le Gers n’est pas sur la carte de la LGV<br />
au sens strict. Cela n’a pas empêché le conseil départemental de<br />
faire voter une participation financière de 14 millions d’euros.<br />
Également sollicitée, la communauté d’agglomération du Grand<br />
Auch a trouvé quant à elle 2,5 millions d’euros à mettre au pot.<br />
Si ces sommes restent modestes par rapport à l’énormité de<br />
l’enveloppe budgétaire de la LGV, il s’agit de deniers publics.<br />
Les arguments des élus gersois en faveur du projet sont<br />
Schéma actuel, diffusé par SNCF Réseau. On verra en 2032…<br />
classiques : « Un impact énorme pour l’économie du Gers », a<br />
par exemple soutenu Philippe Martin, à l’époque encore<br />
président du Département. « Il est impérieux de désenclaver le<br />
Gers », a surenchéri l’opposition de droite.<br />
Agen à 2 h 30 de Paris<br />
De fait, pour les Gersois — en particulier ceux du nord,<br />
Lectourois, Fleurantins, voire Condomois — Agen ne sera plus<br />
qu’à 2 h 30 de Paris, contre 3 h 13 aujourd’hui (pour le plus train<br />
le plus rapide), et la gare pressentie sera sans doute plus<br />
accessible que la gare TVG actuelle, au nord de la ville. Le<br />
développement économique donc, mais aussi l’emploi induit, le<br />
rapprochement des territoires au sein d’un grand périmètre<br />
(Bordeaux, Toulouse, Bayonne, Bilbao), des bénéfices en<br />
matière de réduction de gaz à effet de serre (moins de voitures),<br />
un saut qualitatif majeur de l’offre ferroviaire voyageurs comme<br />
fret, voilà une bonne partie des arguments déroulés par les<br />
promoteurs de la LGV. Figurent aussi, dans les documents, des<br />
estimations de fréquentations, qui ont l’air flatteuses en effet.<br />
Les opposants contestent ces projections, s’étranglent en<br />
entendant parler de bilan carbone quand il est prévu de rogner sur<br />
des terres agricoles (5000 ha d’espaces naturels, selon eux) pour<br />
faire passer le tracé. Pour eux, il serait bien moins coûteux<br />
d’améliorer l’existant, notamment la liaison Paris-Orléans-<br />
Limoges-Toulouse (POLT), ou de s’occuper enfin des petites<br />
lignes qui maillent les territoires. Quant à la vitesse, longtemps<br />
marqueur de la modernité, certains ont calculé qu’une seule<br />
minute gagnée avec la LGV revient à 166 millions d’euros. Une<br />
« ineptie » raillent des opposants arc-boutés. Le bout du tunnel ?<br />
Vers 2030-32 si tout va bien. En attendant, nombre de Gersois<br />
aimeraient bien qu’on remette la ligne Agen-Auch en état de<br />
marche. Pas seulement pour le fret. C’est moins grandiose, mais<br />
peut-être tout aussi pertinent.<br />
H.L.<br />
12
Trésor<br />
La truffe noire se plaît aussi dans le Gers<br />
Hommage<br />
Même si elle reste encore confidentielle, la production de truffe noire<br />
est une réalité dans le Gers. On en a vu du côté de Saint-Clar, et on l’a goûtée !<br />
Philippe de Galard, président du syndicat gersois<br />
des trufficulteurs la preuve en main.<br />
ifi ne paie pas de mine, mais elle<br />
rapporte, à tous les sens du terme.<br />
FCette chienne vient d’être lâchée<br />
dans une truffière, une parcelle dévolue à<br />
la production du « diamant noir », alias<br />
tuber melanosporum. Nous sommes sur<br />
les coteaux Saint-Clarais, sur un terrain<br />
approprié, c’est-à-dire calcaire et<br />
caillouteux. Des arbres (chênes verts en<br />
particulier) sont disposés tous les dix<br />
mètres, et autour du tronc de ceux qui ont<br />
une quinzaine d’années, s’étend une zone<br />
que l’on nomme « le brûlé », car la<br />
végétation y est rare, en tout cas très peu<br />
dense. S’il y en a, c’est là… Museau au<br />
ras du sol, Fifi le sait bien. Au bout de<br />
deux ou trois circonvolutions, la voilà qui<br />
« marque », et qui commence à remuer la<br />
terre avec ses pattes.<br />
De 20 à 200 grammes à l’unité<br />
« Il faut intervenir vite, commente<br />
Philippe de Galard, sinon, le chien risque<br />
d’abîmer la truffe, voire de la croquer ».<br />
Président du syndicat des trufficulteurs du<br />
Gers (40 adhérents environ), cet exploitant<br />
agricole s’obstine depuis des années à<br />
produire de la truffe noire. Ce matin de<br />
février, Fifi en a trouvé une douzaine en à<br />
peine une heure de « cavage » — le nom<br />
technique de la recherche de truffes — des<br />
petites rondes de 20 à 30 grammes, et trois<br />
ou quatre de 100 à 200 grammes, aux<br />
formes plus baroques. Total près d’1 kilo,<br />
quand même !<br />
« Vous sentez comme c’est puissant,<br />
même avec de la terre autour ? ». Laurent<br />
Genola la gratte un peu, la porte à son<br />
nez, et confie la truffe à ceux qui<br />
l’entourent. Attention fragile.<br />
Ce sont des trufficulteurs en herbe ou un<br />
peu plus informés, pour la plupart du<br />
département. Laurent Génola, attaché à la<br />
station trufficole du Montat (Lot), anime<br />
cette journée de « vulgarisation » financée<br />
par un fonds européen et le conseil<br />
régional d’Occitanie. Et il en faut de<br />
l’expertise, des tâtonnements, des<br />
renoncements peut-être aussi, avant de<br />
pouvoir devenir un trufficulteur qui<br />
produit. Philippe de Galard estime que sur<br />
300 ha de truffières plantées dans le Gers,<br />
plus d’une centaine est trop jeune pour<br />
produire et seule une dizaine donne<br />
réellement de la truffe noire, dite du<br />
Périgord, la meilleure, la plus recherchée<br />
et donc la plus chère (entre 700 et 1000<br />
euros le kilo selon le mode de<br />
distribution).<br />
Après le marquage, on récupère le diamant noir<br />
L’un des participants attend « depuis 15<br />
ans » sa première truffe. Il a la technique,<br />
une conduite culturale au point, il<br />
réensemence régulièrement les brûlés avec<br />
des spores de truffes suivant l’adage<br />
« semer pour récolter », il fertilise, il fait<br />
des bilans agro, bref, il s’acharne. En vain<br />
pour l’instant.<br />
Un champignon mystérieux<br />
« La question du terrain reste<br />
primordiale », résume Laurent Genola,<br />
bien convaincu, « la preuve… », que la<br />
truffe noire du Périgord se plaît aussi dans<br />
le Gers, si toutes les conditions sont<br />
réunies. Philippe de Galard est optimiste,<br />
car plusieurs plantations sur le<br />
département ont donné quelques kilos cet<br />
hiver (récolte entre décembre et février).<br />
Encore loin des rendements moyens qu’on<br />
peut observer ailleurs, « entre 20 et 60<br />
kilos par hectare », détaille Laurent<br />
Fifi dans ses œuvres, elle « marque » la truffe.<br />
Genola avec des yeux brillants comme<br />
l’or. Mais ces kilos permettent de<br />
commencer à répondre à une demande de<br />
particuliers, voire de restaurateurs qui<br />
cherchent à s’approvisionner localement.<br />
Trop chère la truffe noire ? « Pas<br />
d’accord, il suffit d’une dizaine de<br />
grammes pour accommoder une omelette<br />
ou une purée en lui donnant un goût<br />
inoubliable, corrige Philippe de Galard,<br />
voyez ce qu’on paye aujourd’hui pour un<br />
rôti de bœuf ! ». Le syndicat voudrait<br />
convaincre davantage de trufficulteurs<br />
qu’il est raisonnable de planter quand les<br />
conditions sont réunies mais tient à mettre<br />
en évidence des nombreux échecs qui<br />
risquent d’arriver si la plantation est mal<br />
entretenue. « Le potentiel est là, sous nos<br />
pieds ». Et sous la langue, c’est<br />
incroyablement bon.<br />
H.L.<br />
Une belle récolte en moins d’une heure.<br />
14
Portrait<br />
Gilles Brasseur, peintre de la joie de vivre<br />
Ses toiles sont pleines de vie et de couleurs, de détails aussi, d’où la tentation de le<br />
classer dans le style naïf. Mais ce serait trop simple.<br />
Légende<br />
Brasseur évoque en souriant le souvenir<br />
d’un amateur breton un peu fou qui ne<br />
pouvait s’arrêter de lui acheter quantité de<br />
toiles, à telle enseigne que faute de place<br />
sur ses murs, il entassait les tableaux sous<br />
le lit. En 1992, rencontre décisive : Albert<br />
Laporte, créateur d’entreprise de<br />
cosmétiques Gernetic, installée au château<br />
d’Ensoulès à Béraut. Passionné d’art naïf,<br />
ce biologiste a ouvert pas moins de trois<br />
musées, dont celui de Béraut (fermé<br />
depuis lors) et un autre à Figueras,<br />
Espagne.<br />
musées, dont celui de Béraut (fermé<br />
depuis lors) et un autre à Figueras,<br />
Espagne. « C’est Albert Laporte qui m’a<br />
donné confiance en moi. J’oserais dire<br />
qu’il m’a donné mes lettres de noblesse. »<br />
Le musée de Béraut va exposer plusieurs<br />
des toiles de l’artiste, à côté d’une belle<br />
collection de peintres naïfs sudaméricains,<br />
découverts par Laporte au<br />
cours de ses voyages. Et le fameux décor<br />
de la façade, les grands tournesols, on le<br />
doit à Brasseur. Un épisode de quelques<br />
années, le village de Gacilly, en<br />
Bretagne, où le peintre s’en va ouvrir un<br />
atelier et changer de palette, les bleus<br />
remplacent les verts.<br />
Gilles Brasseur dans son atelier-capharnaüm à Condom<br />
êtes locales, bals populaires, églises et<br />
clochers, rêveurs solitaires ou pèlerins<br />
Fde Compostelle, un monde jaillit tout<br />
vif du pinceau de Gilles Brasseur : l’œuvre<br />
d’un poète et d’un authentique conteur.<br />
« Le Gers ? C’est le pays qui me tient au<br />
cœur. », dit-il depuis Condom, où il vit<br />
aujourd’hui. Brasseur, titi parisien, un peu<br />
breton, Gersois de cœur. Très jeune, il est<br />
déjà pris par la passion de la peinture. À<br />
tel point qu’à dix ans, ses parents lui<br />
offrent une superbe boîte de gouaches.<br />
Mais la vie est comme ça, à 17 ans il sera<br />
employé de banque, tout en suivant des<br />
cours aux Beaux-Arts de Versailles. Et<br />
démissionne, s’échappe à l’air libre. Ce<br />
sera l’Orient, l’Inde, on sent chez le jeune<br />
homme une touche de mysticisme. Ses<br />
pinceaux l’accompagnent. Puis un grand<br />
saut en Gascogne où l’attendent ses<br />
souvenirs de vacances d’enfant.<br />
Pas d’argent, mais la nature, le soleil, les<br />
gens, la liberté de création. « Me voilà la<br />
bourse vide, obligé de faire toutes sortes<br />
de petits boulots, ramoneur, maçon,<br />
travaux des champs, peinture en bâtiment,<br />
apprentissage à de nouvelles techniques. »<br />
Et donc le jeune peintre s’attaque aux<br />
fresques, aux décors de théâtre, de halles,<br />
de vitrines de commerçants animées par<br />
des personnages débordants de vie. La joie<br />
16<br />
de Noël éclate rue des Armuriers à<br />
Condom, on lui passe suffisamment de<br />
commandes que l’artiste lui donne le<br />
surnom de rue Gilles Brasseur !<br />
Expositions annuelles à l’espace Saint-<br />
Michel, et l’artiste rejoint pour un temps<br />
l’Association d’artistes et amateurs d’art<br />
du Gers.<br />
Un des plus beaux coins du Gers, vu par Brasseur.<br />
Brasseur évoque en souriant le souvenir<br />
d’un amateur breton un peu fou qui ne<br />
pouvait s’arrêter de lui acheter quantité de<br />
toiles, à telle enseigne que faute de place<br />
sur ses murs, il entassait les tableaux sous<br />
le lit. En 1992, rencontre décisive : Albert<br />
Laporte, créateur de l'entreprise de<br />
cosmétiques Gernetic, installée au château<br />
d’Ensoulès à Béraut. Passionné d’art naïf,<br />
ce biologiste a ouvert pas moins de trois<br />
Fête traditionnelle en Gascogne<br />
Puis Brasseur doit regagner Condom.<br />
Bandas, d’Artagnan à Lupiac, Casino de<br />
Castéra-Verduzan, le Bastion à Lectoure,<br />
Lavardens. « Mon originalité ? Je n’ai<br />
jamais voulu être un naïf. J’aurais voulu<br />
peindre comme les classiques. Je suis un<br />
peintre semi-naïf, qui peint ce qui me<br />
touche, et peut-être ce qui vous touche.<br />
Avec mon humour un peu rebelle ». Pour<br />
certains, le monde qui anime les toiles de<br />
l’artiste évoquerait les personnages de<br />
Jacques Tati dans le film les Vacances de<br />
M. Hulot. L’art, c’est parfois la fête, il<br />
peut rendre heureux. Dans la simplicité.<br />
« Je préfère la charrette à la voiture, la<br />
serpe des paysans à la moissonneuse ! Je<br />
vais continuer à peindre le pays que<br />
j’aime. »<br />
Ingrid Carlander
Climat : jouer pour sauver l’avenir<br />
Écologie<br />
La Fresque du climat, avec ses ateliers ludiques sur les enjeux du changement<br />
climatique, fait un tabac. Elle a fait halte dans le Gers.<br />
eux mètres de papier blanc, 42 cartes, des feutres et c’est<br />
parti pour trois heures d’atelier collaboratif. Bienvenue à la<br />
DFresque du climat, ou comment, grâce au jeu, mieux saisir<br />
les enjeux du réchauffement climatique, ses aspects systémiques,<br />
jusqu’aux bouleversements géopolitiques induits. Ce n’est pas<br />
joyeux, on s’en doute, c’est complexe, on le savait, mais cela<br />
permet au moins de s’y frotter, de monter en compétence sur<br />
certains aspects très vaguement maîtrisés jusqu’alors, de<br />
comprendre ce qui se trame, et in fine, si l’on n’est pas mort<br />
d’accablement, de construire des actions constructives à son<br />
échelle. « Nous avons peu de temps, et c’est en comprenant ce<br />
défi ensemble que nous apporterons des réponses à la hauteur »,<br />
résume Cédric Ringenbach, l’enseignant qui a inventé la Fresque<br />
du climat en 2018 pour aider ses étudiants à y voir plus clair.<br />
Marie-Hélène Blanché, animatrice de la Fresque, ici à La Dynamo.<br />
Collaborer pour sauver la Reine Terre. A vos cartes, prêts : jouer !<br />
Depuis, 235 000 personnes ont été sensibilisées par ce jeu déjà<br />
traduit dans 10 langues, et porté par 10 000 bénévoles. L’une<br />
d’elles, Marie-Hélène Blanché, s’est arrêtée à La Dynamo à<br />
Auch le 10 décembre dernier, dans le cadre des ateliers Soho-<br />
Solo/Kanopé. Marie-Hélène a le profil : ingénieure de formation,<br />
longtemps responsable des achats « responsables » dans une<br />
grande entreprise, auditrice d’usines sur les enjeux<br />
environnementaux et sociaux, spécialiste de la filière textile.<br />
Autour d’elle, des non-spécialistes, intéressés par la question<br />
sans y être impliqués, pas tout à fait nuls, mais pas certains de<br />
pouvoir donner une définition parfaite des gaz à effet de serre.<br />
Bref, tout le monde.<br />
Fonte de la banquise, montée des eaux ?<br />
Marie-Hélène Blanché distribue un premier lot de cartes, il va<br />
s’agir de les positionner dans la logique des causes et des<br />
conséquences du bouleversement climatique à partir de son<br />
point de départ : les activités humaines (énergie, transport,<br />
bâtiment, agriculture). Énergies fossiles, montée des eaux, effets<br />
de serre additionnels, hausse des températures… les cartes<br />
s’accumulent et les problèmes se creusent. Cause ou<br />
conséquence ? Quelles activités génèrent du CO2 ? Et la<br />
banquise qui fond, ça fait monter les eaux (en fait non,<br />
contrairement à la fonte de la calotte glaciaire).<br />
Et puis c’est quoi exactement la déforestation ? Le permafrost ?<br />
Le forçage radioactif ? Quel rapport avec le ralentissement du<br />
Gulf Stream ? Avec l’acidification de l’océan ?<br />
Savoir pour agir et sauver ce qui peut l'être<br />
On cherche, on discute, on sèche, l’animatrice aiguille<br />
discrètement, recadre au besoin. Peu à peu, à coups de flèches<br />
reliant les cartes entre elles, la fresque déploie sa logique<br />
inquiétante, sinon infernale. Qui va de l’homme à sa destruction<br />
par lui-même. Dit autrement, de ce qu’il produit pour vivre, se<br />
loger, se chauffer, se déplacer et commercer, jusqu’aux guerres<br />
liées à la raréfaction de l’accès à l’eau potable. On y va tout<br />
droit. Mieux vaut donc en avoir conscience, et c’est bien l’intérêt<br />
de ce jeu qui s’avère incroyablement efficace pour faire entrer<br />
dans les têtes un sujet pour le moins compliqué, qui puise ses<br />
sources dans les travaux du Giec.<br />
« La première étape, c’est la compréhension partagée, souligne<br />
Marie-Hélène Blanché, la deuxième étape, c’est ce que chacun<br />
peut en déduire dans sa vie de tous les jours. Après l’atelier, je<br />
mets à disposition des liens pour réduire son empreinte carbone,<br />
de la documentation additionnelle. Je demande aussi aux<br />
participants de parler de la Fresque autour d’eux et de me<br />
contacter (1) s’ils souhaitent en organiser une, auprès de leur<br />
association préférée, une mairie, une école. Les animateurs se<br />
déplacent partout. Dans le cadre d’une entreprise aussi, mais là<br />
ce n’est plus bénévole ». La Fresque du climat a fait des petits :<br />
fresque du textile, des déchets, du numérique, de la biodiversité.<br />
Même principe, jouer pour savoir, savoir pour agir, et sauver ce<br />
qui peut l’être encore.<br />
H.L.<br />
(1) Contact Marie-Hélène Blanché<br />
https://www.linkedin.com/in/marieheleneblanche-rse/<br />
17
Agronomie<br />
Entre Riscle et le Bénin, une histoire de pomme<br />
Un projet de vinification de la pomme cajou du Bénin<br />
mobilise le lycée agricole de Riscle et induit des échanges fructueux.<br />
Récolte de la pomme de cajou au Bénin.<br />
a pas seulement que d’la pomme,<br />
comme dirait l’autre. En plus, ce<br />
yn’est même pas de la pomme, en<br />
tout cas pas celle que l’on connaît ici.<br />
D’ailleurs, elle a plutôt l’allure d’une<br />
poire, voire d’un poivron. C’est la pomme<br />
de cajou, un « faux-fruit », en réalité le<br />
pédoncule qui relie la noix de cajou à la<br />
branche de l’anacardier. Le vrai fruit,<br />
c’est la noix de cajou, à l’extrémité de la<br />
pomme. Délicieuse grillée à l’apéritif.<br />
La pomme, elle, n’est pas valorisée. Son<br />
astringence élevée rend difficile sa<br />
consommation directe. Près de 800 000<br />
tonnes sont ainsi perdues chaque année au<br />
Bénin, pays francophone d’Afrique de<br />
l’Ouest (entre le Togo et le Nigéria), avec<br />
lequel le lycée agricole de Riscle a jeté un<br />
pont il y a une douzaine d’années, via la<br />
Faculté des Sciences agronomiques<br />
d’Abomey-Calavi. L’idée ? Faire quelque<br />
chose de la pomme de cajou. Dans un<br />
premier temps du jus de fruit, à condition<br />
de réussir à éliminer les tanins.<br />
Aujourd’hui, l’entreprise Sweet Bénin<br />
commercialise du jus de pomme de cajou,<br />
avec succès. Seconde étape, faire de ce<br />
jus… du « vin ». Moins facile, mais<br />
passionnant.<br />
Des vitamines, mais peu de sucre<br />
Depuis trois mois, dans le cadre du<br />
partenariat doublé d’un service civique,<br />
deux Béninois de 22 ans, Séfania Assah et<br />
Sadok Godeme, partagent la vie des<br />
lycéens agricoles de Riscle.<br />
L’établissement (130 élèves et environ 50<br />
apprentis et stagiaires cette année) est<br />
équipé d’un chai à barriques, de cuves<br />
inox, d’une salle d’embouteillage, de<br />
stockage.<br />
Formés à l’agronomie, Séfania et Sadok<br />
sont investis dans ce projet de<br />
vinification, dont ils connaissent les plus<br />
et les moins. Colonne plus : la pomme de<br />
cajou donne beaucoup de jus et cinq fois<br />
plus de vitamines que le jus d’orange.<br />
Colonne moins : pas beaucoup de sucre<br />
(donc 6° d’alcool probable), et 3 à 5 g par<br />
litre de tanins.<br />
Les premiers essais datent de 2010, lors<br />
d’un premier voyage d’études au Bénin,<br />
en partenariat avec la FSA d’Abbomey-<br />
Calavi et le professeur Joseph Dossou :<br />
tests entre différentes variétés, essai<br />
d’oxydation de jus, d’enzymage, de<br />
collage à la gélatine, d’acidification.<br />
La pomme de cajou a des allures de poire ou de<br />
poivron.<br />
Ils sont relancés aujourd’hui, sous l’égide,<br />
côté Riscle, de Sandrine Guichet,<br />
coordinatrice, de Jean-François Gatel-<br />
Labie, enseignant en biologie-écologie et<br />
de Jean-Marc Sarran, professeur<br />
d’œnologie. En avril, quelques kilos de<br />
pomme de cajou devraient arriver du<br />
Bénin pour recherches complémentaires,<br />
en particulier l’analyse des constituants du<br />
jus, notamment des arômes.<br />
Des fleurs d’hibiscus en colorant<br />
Des idées émergent, comme celle<br />
d’utiliser des fleurs d’hibiscus pour<br />
colorer le jus, de sorte qu’il y ait à la fois<br />
un « vin » blanc et un « vin » rouge. La<br />
question de la teneur en alcool est<br />
centrale, et les réflexions vont bon train.<br />
Mais l’affaire se joue aussi en amont, là<br />
où pousse la pomme de cajou, au Bénin.<br />
Culture adaptée, sélection des espèces,<br />
ramassage spécial. De la pomme au<br />
« vin », le trajet est long et semé d’étapes,<br />
sinon d’embûches.<br />
Séfania et Sadok avec les encadrants du lycée de<br />
Riscle.<br />
Un jour, peut-être, il y aura un chai<br />
expérimental au Bénin, pour suivre une<br />
vinification complète, depuis le<br />
pressurage jusqu’à la clarification. On<br />
n’en est pas encore là. Mais un jour, c’est<br />
certain au regard de la belle énergie<br />
mobilisée, on boira du « vin » de pomme<br />
de cajou. Ce qui donnera un nouveau<br />
débouché à l’économie béninoise.<br />
Les lycéens de Riscle sont en tout cas<br />
attendus au Bénin dans les mois<br />
prochains, afin de cultiver le partenariat<br />
entre Riscle et l’Université d’Abomey-<br />
Calavi, et de se rendre compte, in vivo,<br />
des spécificités de l’agriculture africaine,<br />
« moins intensive, et plus respectueuse<br />
des sols », selon Sadok.<br />
H.L.<br />
Une belle couleur mais une chair astringente au<br />
naturel.<br />
18
Alternative<br />
Hommage<br />
Faire ses courses et payer en Plumes<br />
Une monnaie locale, joliment nommée la Plume, a fait son apparition dans le Gers.<br />
Elle s’utilisera sur un périmètre bien délimité.<br />
Sur le papier, c’est assez vrai : en payant<br />
en Plumes chez un professionnel, on<br />
l’encourage à faire de même, à se choisir<br />
par exemple des fournisseurs au plus près,<br />
puisque la monnaie locale ne peut<br />
s’échanger qu’au sein d’un réseau<br />
d’adhérents. La Plume « reste dans le<br />
circuit », sous-entendu elle n’est pas faite<br />
pour enrichir les banques. On le voit, la<br />
Plume est promue par des gens engagés,<br />
qui rêvent d’une société « plus solidaire »<br />
et d’une économie moins spéculative. La<br />
grande distribution n’est pas leur amie.<br />
Des billets chatoyants illustrés par des artistes de renom, bientôt dans votre portefeuille ?<br />
L<br />
argent n’a pas le même poids quand<br />
il porte un nom aussi léger. C’est<br />
voulu, et ça correspond assez bien<br />
à la philosophie des promoteurs de la<br />
Plume, cette « monnaie locale, citoyenne<br />
et solidaire » qui a été mise en circulation<br />
dans le Gers le 23 février dernier.<br />
Relocaliser les achats en dépensant<br />
uniquement chez les commerçants et<br />
producteurs locaux. Elle ne substitue pas à<br />
l’euro, mais elle a une vocation différente,<br />
celle, d’ailleurs à la mode, des circuits<br />
courts. La Plume gersoise arrive après<br />
bien d’autres expériences de même type,<br />
l’Eusko basque étant LA référence avec<br />
plus de 4000 utilisateurs particuliers, 1200<br />
professionnels, et 3 millions d’euskos en<br />
circulation désormais.<br />
80 monnaies parallèles en France<br />
L’association La Plume pour Elle, qui<br />
porte le projet depuis de longs mois, s’est<br />
inspirée du succès de l’Eusko et a observé<br />
de près les 80 initiatives qui ont fleuri en<br />
France depuis dix ans. Les monnaies<br />
parallèles ont le vent en poupe, et la<br />
légèreté de la Plume devrait lui permettre<br />
de prendre son envol. Pas mal de<br />
questions se posent, malgré tout. On va<br />
balayer les principales.<br />
Présentée comme une monnaie locale,<br />
complémentaire et citoyenne, elle est<br />
d’abord légale (en vertu de la loi du 31<br />
juillet 2014 relative à l’Économie sociale<br />
et solidaire), elle n’a de valeur que sur un<br />
territoire donné, au sein d’un réseau de<br />
gens adhérents, et elle a un principe de<br />
parité (fixe) avec l’euro, de 1 pour 1. Dit<br />
autrement, une Plume ne peut être<br />
dépensée que dans des commerces,<br />
entreprises et associations agréés, qui<br />
doivent avoir leur siège social dans le<br />
Gers.<br />
La Plume « reste dans le circuit »<br />
Tout habitant du Gers (y compris les<br />
temporaires) peut devenir adhérent. Il aura<br />
accès à des « bureaux de change » répartis<br />
sur l’ensemble du territoire (pour l’heure à<br />
Pavie chez Éléments Terre, à Condom à<br />
L’1 pour tous, à Fleurance à La<br />
Méridienne, à Eauze au Lustcrampo, et la<br />
Tartinerie à Sarrant), des commerces<br />
bénévoles le plus souvent, où il pourra<br />
changer des euros en Plumes, et repartir<br />
avec un annuaire des professionnels<br />
acceptant des paiements en Plumes. Un<br />
système vertueux, selon ses promoteurs,<br />
qui entend défendre le commerce de<br />
proximité et fait par ailleurs la promotion<br />
de « l’agriculture paysanne » (durable,<br />
respectueuse de l’environnement, etc).<br />
Chaque habitant « redevient ainsi acteur<br />
de ses choix de vie et de consommation ».<br />
Très pratiquement, il y aura des billets de<br />
différentes couleurs et valeurs, dessinés<br />
par des artistes gersois dont<br />
l’immanquable Perry Taylor, on pourra<br />
payer à la fois en euros et en Plumes pour<br />
faire l’appoint. Si rendu de monnaie il y a,<br />
il sera dans la monnaie de paiement. Et<br />
non, en tout cas pour les particuliers, on<br />
ne pourra pas reconvertir ses Plumes en<br />
euros. « Pas d’inquiétude, les Plumes<br />
restent valables dans le temps, répondent<br />
avec confiance ses promoteurs, les<br />
occasions de les dépenser un jour ou<br />
l’autre resteront nombreuses ». Une<br />
version numérique est évidemment en<br />
projet. Peut-être l’amorce d’une vraie<br />
révolution ?<br />
H.L.<br />
La signature de la Plume.<br />
20
Optique Damase s’agrandit pour mieux servir ses clients<br />
à Mauvezin<br />
Deux fois plus d'espace qu'auparavant.<br />
N<br />
ouvelle page pour Optique Damaze à<br />
Mauvezin. Après 17 ans d’existence<br />
place de la Libération, près de l’office<br />
notarial, le magasin s’est transporté à<br />
quelques dizaines de mètres de là, rue<br />
Gambetta, dans ce qui était autrefois un<br />
commerce de bouche. « C’est simple,<br />
s’enthousiasme Marjorie Damase, j’ai<br />
doublé ma surface de vente ! Du coup, j’ai<br />
pu aménager un coin spécifique pour la<br />
clientèle enfant, et je peux désormais<br />
asseoir un client en attendant que je sois à<br />
lui ». Parquet bois clair, murs et plafond<br />
blancs, présentoirs design, l’atmosphère du<br />
magasin est un mélange heureux de<br />
simplicité et d’élégance.<br />
L'atelier pour les petites réparations et l'entretien.<br />
Pour Marjorie, opticienne expérimentée,<br />
c’est surtout la promesse de pouvoir mieux<br />
travailler, et donc de mieux servir ses<br />
clients. Car l’endroit dispose d’espaces<br />
additionnels. La salle d’examen de vue,<br />
dotée d’appareils d’optométrie dernier cri,<br />
est plus grande que la précédente. Elle<br />
permet aussi à Marjorie de réaliser<br />
l’adaptation aux lentilles de contact. Autre<br />
espace, l’atelier.<br />
Ici, Marjorie ajuste les montures, effectue<br />
les petites réparations et s’occupe de<br />
l’entretien courant. « Notre métier, c’est à<br />
la fois de l’expertise en santé visuelle, et<br />
aussi du travail manuel », résume<br />
l’opticienne, qui est aussi lunettière.<br />
Autrement dit capable de créer des<br />
montures à la demande. « Plus tard, peutêtre…<br />
». Pour le moment, Marjorie<br />
apprend à faire avec ce nouvel espace, qui<br />
sera très vite doté d’un accès handicap.<br />
Elle est épaulée par une autre opticienne, et<br />
depuis peu par un jeune apprenti en<br />
alternance.<br />
Expertise en santé visuelle<br />
« C’est bien de pouvoir transmettre un<br />
savoir-faire ». Marjorie conserve du temps<br />
pour faire son métier hors les murs, en<br />
maison de retraite ou à domicile chez des<br />
gens qui se déplacent difficilement. « C’est<br />
du service, surtout dans nos campagnes ».<br />
Et puisqu’on parle de services, Marjorie<br />
lance un appel à un audioprothésiste. « Il<br />
n’y en a pas à Mauvezin, ça manque. Je<br />
peux mettre à disposition une de mes salles<br />
pour cette activité ». À bon entendeur.<br />
Optique Damase<br />
8, rue Gambetta, 32120 Mauvezin<br />
Lundi, mercredi, jeudi et vendredi:<br />
9 h - 12 h puis 15 h - 19 h.<br />
Mardi et samedi : sur rendez-vous.<br />
Tél. : 05 62 06 85 74<br />
Un petit musée du jouet et du modélisme<br />
à Crastes<br />
Lobstination de Joël Rigaud,<br />
président d’Aubiet Modélisme<br />
a fini par payer. Le projet de<br />
mini musée de vieux jouets et<br />
de trains électriques, qu’il<br />
portait avec les bénévoles de<br />
l’association, devrait voir le<br />
jour d’ici le début du mois de<br />
juin. Jusqu’alors petitement<br />
Ouverture d'ici juin <strong>2022</strong>.<br />
logé à Lussan, il migrera, pour<br />
s’agrandir, dans l’école de Crastes, une commune située au sud de<br />
Puycasquier. L’endroit se trouve exactement à la sortie de Crastes,<br />
route de Nougaroulet. Il y aura, entre autres, un espace ludique<br />
pour les enfants, et de quoi se désaltérer. Pour l’alimenter, le fonds<br />
actuel de l’association, mais celle-ci compte aussi sur des dons<br />
pouvant être déposés sur place quand le musée ouvrira ses portes :<br />
tout jouet, ancien de préférence, avec possibilité de défiscalisation.<br />
Aubiet Modélisme, organisateur en 2019 de Briqu’Expo Lego au<br />
foyer rural d’Aubiet, œuvre pour la sauvegarde et la réparation de<br />
vieux jouets (1890-1980), « car cela fait partie de notre<br />
patrimoine ». Les adhérents sont par ailleurs des passionnés de<br />
trains à toutes échelles, 1/87, 1/160, 1/48 et ils construisent des<br />
réseaux qu’ils déplacent lors d’expositions. Depuis plus de 5 ans,<br />
des centaines de jouets s’entassaient sans pouvoir être présentés au<br />
public, jeux en bois, soldats, poupées, dînette, nounours, jeux de<br />
société, voiture à pédales, poussettes, jeux mécaniques, trains de<br />
collectionneurs (l’association a par exemple hérité d’un circuit de<br />
trains miniatures avec 400 m de rails, ce qui exige un peu de<br />
place !). Le mini-musée n’est pas encore ouvert, mais la politique<br />
tarifaire est déjà décidée : entre 3 et 5 € selon les âges, gratuit<br />
jusqu’à 5 ans.<br />
Contact tél. : 06 07 34 35 85<br />
Confiez vos questions et vos doutes à Ana<br />
Une voyante expérimentée.<br />
à Salles d'Armagnac<br />
ui, Ana est voyante. Elle a<br />
O ce don qu’elle met depuis<br />
des années au service de ceux<br />
qui se posent des questions sur<br />
leur vie, leur santé, leur travail<br />
ou leurs amours. Installée à<br />
Salles d’Armagnac non loin de<br />
Nogaro, Ana anime à nouveau<br />
une émission hebdomadaire de<br />
Voyance en direct gratuite sur<br />
Radio d’Artagnan, le mardi de<br />
10 h à 11 h.<br />
Mais elle reçoit aussi chez elle, dans son cabinet à la décoration<br />
sobre. Sur son bureau, ses accessoires de travail ; un tarot<br />
divinatoire, un pendule, des pierres d’améthyste. Sur son visage, un<br />
sourire enveloppant et une empathie évidente qui met à l’aise. Ana<br />
utilise la voyance directe et les cartes pour éclaircir les situations<br />
que ses clients lui exposent. « Souvent on vient me consulter avant<br />
de prendre une décision, vente ou achat de maison, changement<br />
professionnel, de situation matrimoniale. Des questions me sont<br />
posées sur l’évolution possible d’un problème de santé, du futur des<br />
enfants, mais on vient aussi partager un projet, un espoir ». La<br />
voyance permet donc à Ana d’épauler les gens dans leurs choix et<br />
parfois aussi les dégager d’influences néfastes souvent venues du<br />
passé. Elle peut ainsi « nettoyer une maison » à distance, c’est-àdire<br />
en extraire les énergies négatives (ce qui tend à améliorer le<br />
quotidien de ses habitants et aussi de ses animaux !). « Je suis<br />
satisfaite de voir un client repartir de l’avant, réconforté, plus<br />
confiant et éclairé sur son avenir ».<br />
Ana Voyance<br />
Sur RV uniquement. Tél. : 06 35 36 10 92
Nouveau<br />
Hommage<br />
Toujouse, au carrefour du bien-être<br />
Un pôle bien-être et paramédical s’est récemment déployé à Toujouse. Il abrite cinq<br />
professionnels et plusieurs spécialités.<br />
Un pôle très complet logé dans un ancien cabinet d'architecte.<br />
Cest une bonne nouvelle pour Toujouse, qui se voit doté<br />
depuis quelques semaines d’une offre de soins que des<br />
communes plus grandes lui envieraient bien. Le pôle bienêtre<br />
et paramédical du Bas-Armagnac occupe un lieu bien connu<br />
localement, c’est l’ancien siège du cabinet d’architecte de<br />
Jacques Tartas, maire de Toujouse. Il est situé à proximité d’une<br />
station-service, pas si loin de la commune de Monlezun<br />
d’Armagnac. « On redonne vie à un bâtiment vacant,<br />
s’enthousiasme Camille Tardif, psychologue, l’un des cinq<br />
professionnels à être de l’aventure. Il faut dire que les locaux<br />
sont comme neufs, spacieux, lumineux, et qu’ils permettent un<br />
déploiement harmonieux des différentes spécialités. Les voici<br />
dans le détail.<br />
Massages<br />
Massage relaxant, pierres chaudes, shiatsu détente, crânio-facial,<br />
réflexo-plantaire thaïe, LPG [réduction de la cellulite,<br />
remodelage du corps, raffermissement de la peau en augmentant<br />
la circulation lymphatique], avec Marie-Évelyne Alonso et son<br />
enseigne Dstress.<br />
Contact tél. : 06 41 75 58 40 ou magui3265@orange.fr<br />
Podologue et pédicure<br />
Bilan podologique (semelles) et pédicure (soins des pieds : cors,<br />
ongles incarnés, verrues...) au cabinet ou à domicile, avec<br />
Émelyne Labarbe, jeune diplômée, précédemment à Eauze.<br />
Elle est formée en posturologie et en préférences motrices,<br />
connaissances supplémentaires utiles lors des bilans<br />
podologiques.<br />
Contact tél. : 06 75 11 42 42<br />
Psychologue enfants, adolescents et adultes<br />
Avec Camille Tardif. Consultations individuelles, fratries,<br />
couples, groupes de paroles, thérapie CAP [thérapie à visée non<br />
verbale utilisant le dessin sous induction musicale par des<br />
musiques programmatiques], seule dans les alentours à proposer<br />
cette méthode au grand public.<br />
Contact tél. : 06 47 11 74 91.<br />
Les cinq "mousquetaires" du bien-être, Jean-Michel Audran, Camille Tardif,<br />
Émelyne Labarde, Marie-Évelyne Alonso, et Guillaume Alonso.<br />
Diététicien-nutritionniste et éducateur sportif<br />
Jean-Michel Audran dispose d'une petite salle de sports avec des<br />
appareils, pour la pratique du sport sur prescription médicale<br />
souffrant de pathologies chroniques [surpoids, obésité, diabète…]<br />
en petit groupe de 5 personnes et en individualisant cette pratique<br />
en toute sécurité. Il peut aussi prendre en charge des personnes<br />
qui ne souffrent d’aucune pathologie et désireuses de faire de<br />
l’exercice dans des ambiances plus intimes qu’une salle de<br />
fitness ordinaire.<br />
Contact tél. : 07 69 43 56 00 ou audran.jm@yahoo .com<br />
Formation continue pour adultes et Conseil en bienêtre<br />
au travail<br />
Guillaume Alonso, tout en conservant son activité de kiné/ostéo<br />
dans son cabinet voisin, vise maintenant le secteur des sports de<br />
haut niveau et des chefs d’entreprises qui ont besoin de soutien<br />
en ces temps difficiles à gérer mentalement. En s’appuyant sur<br />
sa renommée et son expérience de 10 ans en Gascogne déjà.<br />
Contact tél. : 06 27 49 01 82 ou acg.formation32@gmail.com<br />
86-1 zone d’activité du lotissement Caillaou<br />
32240 Toujouse.<br />
Les horaires de consultations des cinq professionnels sont<br />
différents. Il faut appeler au préalable.<br />
22
Le facteur a mis ses contemporains en boîte<br />
Archives<br />
Jean Aragon, facteur, a passé des décennies à filmer les fêtes de village. Un matériau<br />
exceptionnel qui devrait être déposé aux archives du Gers.<br />
Avec son antique caméra VHS Philips.<br />
l était destiné à l’agriculture, mais la<br />
vie en a décidé autrement. Bien lui en a<br />
Ipris. Jean Aragon est né à Saint-Créac<br />
en 1929, mais c’est à Saint-Clar qu’il va<br />
grandir avec sa mère. Après divers<br />
métiers, dont un passage à la carrière de<br />
Magnas, il juge que les lettres sont moins<br />
lourdes à porter que les pierres. Grâce à<br />
Blanche Condom, alors receveuse, il peut<br />
intégrer le service des postes comme<br />
facteur remplaçant dans le canton. Il<br />
apprend la fonction avec M. Barrère, qui<br />
lui cède la place suite à un accident. Au<br />
jeune Jean les routes et les chemins de la<br />
Lomagne gersoise ! Son amabilité lui<br />
ouvre les portes, et la langue gasconne,<br />
qu’il pratique volontiers, notamment avec<br />
les aînés, est un atout.<br />
Un passage par Paris<br />
Doué d’une rare faculté d’observation, il<br />
enregistre tout avant même qu’il ne<br />
s’intéresse vraiment qu’à l’image et au<br />
son. Un concours de titularisation<br />
l’envoie, comme beaucoup de jeunes<br />
Gascons, tâter du pavé parisien. Le<br />
problème crucial du logement (déjà à<br />
l’époque…) est résolu grâce à un ami<br />
saint-clarais qui lui procure une chambre<br />
dans le 17e arrondissement. Un peu loin,<br />
tout de même, de son lieu d’affectation<br />
proche du « Lion de Belfort » dans le<br />
14e !... Malgré sa bonne volonté et<br />
l’obligation de prendre le premier métro à<br />
Des dizaines et des dizaines de CD chez lui, à Saint-Clar, bientôt aux archives du Gers.<br />
l’aube, ses retards répétés vont conduire<br />
l’administration à une nomination dans le<br />
8e en qualité de « rouleur ». Avec humour,<br />
il relate ses passages au « Fouquet’s » le<br />
temps d’y déposer le courrier et de prendre<br />
un café sur le zinc. Le tri postal a aussi<br />
laissé une trace profonde dans sa mémoire<br />
puisqu’il reçoit les missives destinées à<br />
l’Élysée at au ministère de l’Intérieur.<br />
Durant cinq ans, de 1956 à 1962, il assure<br />
les tournées des Champs-Élysées — côté<br />
gauche, précise-t-il — voyant tous les<br />
matins l’Arc de Triomphe ! Mais la<br />
Gascogne lui manque…<br />
Retour à Saint-Clar<br />
Une mutation le ramène à Auch, puis à<br />
Fleurance, pour des tournées de campagne<br />
en mobylette tout d’abord, puis en 2 CV.<br />
Pendant 11 ans. Son port d’attache, Saint-<br />
Clar, n’est qu’à quelques encablures, et<br />
c’est là qu’il termine sa carrière, sur les<br />
chemins de sa jeunesse. Il retrouve là<br />
Rémy Salles, secrétaire de mairie, qui a<br />
pris l’habitude de filmer la vie locale en<br />
super 8. Dans son sillage, Jean fait<br />
l’acquisition d’une caméra noir et blanc<br />
qu’il conserve toujours en souvenir.<br />
L’image chez lui devient une passion.<br />
Durant des décennies il va filmer ses<br />
contemporains dans leur quotidien, surtout<br />
lors de manifestations tant publiques<br />
qu’associatives ou privées.<br />
Méticuleusement classées, numérisées sur<br />
CD, ces archives constituent un trésor<br />
pour la mémoire vive du pays.<br />
Des milliers d’heures filmées<br />
Saint-Clar et son canton demeurent au<br />
cœur des documentaires filmés par Jean<br />
Aragon : marchés de l’ail, fêtes,<br />
spectacles. Mais pas seulement. Par<br />
exemple, la fête des fleurs de Luchon<br />
prise après un périple à bicyclette ! Sa 4L<br />
légendaire a connu bien des battages, des<br />
fêtes locales, de Riscle à Astaffort, en<br />
passant par Lavardens et autres lieux. On<br />
retrouve miss Gascogne en 2006, Michel<br />
Etcheverry en concert, un florilège de<br />
danses gasconnes, les Médiévales de<br />
Sarrant, les concerts de l’Harmonie<br />
fleurantine… Des milliers d’heures<br />
filmées dont un premier catalogue<br />
provisoire permet de donner une idée de<br />
l’ampleur. Jean Aragon serait-il, comme<br />
le facteur Cheval célèbre pour son palais,<br />
le facteur lomagnol de l’image ? Les<br />
Archives départementales du Gers ont en<br />
tout cas signé avec lui une convention de<br />
dépôt visant à créer un fonds qui porte son<br />
nom. C’est une reconnaissance méritée<br />
pour notre facteur dont l’amabilité et la<br />
modestie n’ont d’égal que son humour de<br />
bon aloi. Gascon oblige !<br />
Jean-Claude Ulian<br />
23
Agriculture<br />
Hommage<br />
Urgent, cherche nouveaux paysans<br />
On recrute à la campagne ! Les agriculteurs actuels vont bientôt passer la main.<br />
À qui ? C’est toute la question...<br />
Transmettre est une étape importante dans la vie professionnelle d'un agriculteur, ça ne s'improvise pas.<br />
S<br />
ans paysans on fait comment ? ». On<br />
a beau dire, un slogan pareil martelé<br />
à la radio par Guillaume<br />
Canet lui-même, ça fait son effet. Tout le<br />
monde l’a entendu, avec les chiffres<br />
alarmants qui allaient avec : en 60 ans,<br />
près de 2 millions d’exploitations ont<br />
disparu, celles qui restent sont de plus en<br />
plus vastes, la moitié des agriculteurs va<br />
partir à la retraite dans dix ans… Et en<br />
effet, on fait comment ? Dans le Gers,<br />
département rural s’il en est, la question<br />
se pose tout aussi brutalement. 60 % des<br />
paysans ont plus de 50 ans, l’âge de<br />
penser à l’après. Encore faut-il en avoir<br />
envie.<br />
J’arrête, tu reprends ?<br />
D’où ces trois journées « Demain<br />
j’arrête ! tu reprends ? », organisées à<br />
Mirande, Samatan et à Vic-Fezensac en<br />
décembre dernier, par la Chambre<br />
d’agriculture, la MSA Midi-Pyrénées Sud<br />
et le Crédit Agricole. Succès public à<br />
chaque fois, pas loin de 80 ou 90<br />
personnes. Des agriculteurs en phase de<br />
cessation ou de transmission<br />
d’exploitation et en face, si l’on peut dire,<br />
des porteurs de projets en agriculture.<br />
L’idée étant que tous ces gens se<br />
rencontrent, se parlent, et plus si affinités.<br />
Le tout sous l’œil de jeunes du lycée<br />
agricole de Riscle, la future relève, et avec<br />
l’appui de spécialistes juridiques, sociaux,<br />
retraite, animation foncière (Safer). De<br />
quoi répondre à la plupart des (premières)<br />
interrogations.<br />
En guise d’entame, la formidable pièce de<br />
théâtre Droit dans mes bottes, de la<br />
compagnie des Attracteurs Étranges (celle<br />
du festival des Moissons d’été à Termes<br />
d’Armagnac), qui raconte le retour d’une<br />
jeune femme sur la terre de son vieux<br />
père, lui paysan à l’ancienne et elle<br />
pasionaria d’une nouvelle agriculture.<br />
Forcément ça frotte, ça coince même.<br />
Survient Edin, un ouvrier agricole, réfugié<br />
bosniaque. Autre regard, nouvelles<br />
questions (1). Marie Delmarès, l’auteure,<br />
a puisé aux bonnes sources. Dans le<br />
milieu agricole, une majorité des<br />
transmissions d’exploitation se passe<br />
encore en famille.<br />
Conflits de générations<br />
Ça ne garantit pas un succès absolu. Il y a<br />
de potentiels conflits de générations, et<br />
comme le notait un participant âgé de 62<br />
ans, « une remise en cause du pacte social<br />
et moral induit par l’agriculture ». Dit<br />
autrement, la génération qui arrive a<br />
parfois « une mentalité de salarié, pas<br />
question de travailler le week-end, ni de<br />
renoncer à trois semaines de vacances en<br />
été, l’exploitation n’en mourra pas ».<br />
L’autre difficulté tient au décalage entre<br />
les prétentions du cédant, qui entend<br />
légitimement valoriser son outil de travail,<br />
et ce que peut réunir le repreneur. En<br />
moyenne, dans le Gers, ce dernier doit<br />
mettre 350 000 euros sur la table (chiffre<br />
forcément variable selon le type<br />
d’exploitation). Qu’il n’a pas forcément.<br />
D’où l’idée de permettre des transmissions<br />
progressives, avec cession partielle de<br />
parts sociales. Mais ce schéma se heurte à<br />
la mentalité terrienne locale, pour laquelle<br />
un exploitant doit être propriétaire.<br />
« Signe encourageant, notait Ghyslaine<br />
Rey, élue de la Chambre d’agriculture, on<br />
sent un engouement pour le retour à la<br />
terre, lié sans doute à la crise sanitaire.<br />
Des gens, hors du milieu agricole, se<br />
signalent à nos services pour une<br />
éventuelle reconversion ». Une bonne<br />
nouvelle, a priori.<br />
H.L.<br />
(1) Pièce jouée récemment à Marciac, à<br />
voir aussi le 8 avril à Condom au théâtre<br />
des Carmes.<br />
Droit des mes Bottes, une des rares oeuvres sur le<br />
monde rural et ses mutations.<br />
24
Scènes<br />
Le Gers culturel sur un plateau<br />
Malmenées pendant la crise sanitaire les compagnies artistiques du département<br />
relèvent la tête et veulent retrouver leur public.<br />
Sophie Bernardo et Hugues Mayot, L'Arbre Rouge.<br />
uelque 60 compagnies artistiques<br />
professionnelles (musique, danse,<br />
Qthéâtre, cirque…) ont leur attache<br />
administrative dans le Gers, selon le relevé<br />
de l’Association départementale pour le<br />
développement des arts (ADDA). « Et<br />
encore, on ne les a peut-être pas toutes<br />
identifiées », note Marc Fouilland, son<br />
directeur. Un chiffre plutôt remarquable<br />
pour un département à la démographie<br />
modeste, et surtout un chiffre « qui<br />
augmente d’année en année ». Dernière<br />
prise en date, la compagnie Gilles<br />
Bouillon, sise à <strong>Mars</strong>olan, un grand nom<br />
du théâtre qui a mis en scène, entre autres,<br />
40 opéras. Avec Nine de Montal, liée<br />
depuis toujours à la Gascogne, Gilles<br />
Bouillon défend et illustre les grands<br />
textes, cette année Feydeau et Joël<br />
Pommerat en diptyque. C’est évidemment<br />
une chance pour le département, d’autant<br />
que les compagnies qui ont leur siège ici<br />
« jouent de plus en plus dans le Gers », se<br />
félicite Marc Fouilland. Ce qui n’était pas<br />
si évident jusqu’alors…<br />
Qui veut acheter mon spectacle ?<br />
A la mi-janvier <strong>2022</strong>, dans la belle salle de<br />
l’Astrada à Marciac, on a pu avoir un<br />
aperçu de ce que les artistes du<br />
département avaient dans le cœur, ou sous<br />
le pied. L’ADDA avait organisé un<br />
« plateau » et convié une dizaine de<br />
compagnies à présenter leur travail. Face à<br />
elles, des programmateurs de la région et<br />
des départements limitrophes, des élus,<br />
des organisateurs de spectacles, réguliers<br />
ou occasionnels, bref des gens capables de<br />
« signer » un spectacle, de le coproduire,<br />
ou d’en être partenaire. « Ce qu’on veut<br />
d’abord, c’est voir nos spectacles<br />
diffusés », ont résumé d’un trait les artistes<br />
présents, bien conscients des enjeux d’une<br />
pareille journée. 15 minutes sur scène pour<br />
convaincre, comme un job-dating : se<br />
présenter bien sûr, ne pas trop en faire,<br />
donner à voir ou à entendre un extrait de la<br />
pièce, du concert, de la chorégraphie, être<br />
bon, susciter de l’envie, parler vrai, dire<br />
sans fard que l’on vient de vivre une<br />
période terrifiante, sans public, sans<br />
perspective et sans moyens, se dire<br />
impatient de rejouer, de partager, de<br />
revivre. Il y avait là quelque chose de tout<br />
à fait prenant.<br />
Gilles Bouillon et Nine de Montal, leur nouveau<br />
spectacle sera créé le 4 août <strong>2022</strong> à Fleurance.<br />
Pas morts les artistes, donc. Bien vivants<br />
même, comme la talentueuse Marie<br />
Delmarès, de la compagnie des Attracteurs<br />
Etranges (Termes d’Armagnac), qui<br />
propose La Boîte, vous n’enterrerez pas<br />
Antigone. Marie écrit, joue et met en<br />
scène, et en plus elle raconte bien la<br />
philosophie de la compagnie, « attachée<br />
aux écritures contemporaines et aux<br />
formes hybrides ». Fixée à Gimont, où la<br />
culture a de belles ambitions autour de<br />
l’Hôtel de France, la compagnie La langue<br />
écarlate présente Au bout du fil, d’après<br />
La voix humaine de Jean Cocteau. Une<br />
réflexion sur les conversations à distance,<br />
et sur la distance tout court, telle qu’elle<br />
nous a été imposée par la pandémie. Côté<br />
musiques, le Voyage a Cappella de Tribal<br />
Voix (Boucagnères), un trio ethno-électro<br />
vocal, pas de paroles, des voix, des sons,<br />
des onomatopées, un groupe vu l’été<br />
dernier au pied du château de Flamarens.<br />
On n’est pas loin du jazz, et donc du<br />
quintet L’Arbre Rouge, trois cordes, un<br />
saxophone et un basson, avec Hugues<br />
Mayot en chef d’équipe.<br />
Des compagnies formidables<br />
Tous des gros CV dans leur domaine, déjà<br />
une promesse de résidence à l’automne<br />
prochain, et un enregistrement à venir en<br />
2023. Sur scène, ils n’étaient que deux,<br />
Sophie Bernardo et son rutilant basson, et<br />
Hugues Mayot, qui a tenté d’expliquer ses<br />
inspirations dans un désordre parfaitement<br />
réjouissant. Il ne faudra pas les louper<br />
quand ils se produiront dans le Gers.<br />
Également sur le plateau de l’ADDA,<br />
Carré Blanc Cie pour une œuvre<br />
chorégraphique conjugant hip hop, danse<br />
jazz et contemporaine, et interrogeant<br />
malicieusement nos routines gestuelles.<br />
D’autres artistes locaux s’étaient déplacés<br />
à Marciac, spectateurs attentifs des<br />
créations de leurs collègues, comme<br />
Gaëlle Olsen de la compagnie J’ai Pas<br />
sommeil (Lectoure), et Caroline Sire, de<br />
la compagnie Vortex (Lectoure).<br />
H.L.<br />
Le groupe Tribal Voix, photo Adda 32.<br />
26
Figure<br />
Charles Derennes, le plumitif gascon<br />
Romancier, journaliste et poète, Charles Derennes (1882-1930) n’a cessé de chanter<br />
les beautés de sa Gascogne natale.<br />
Charles Derennes, figure attachante et injustement oubliée de la littérature du Sud-Ouest.<br />
S’il a vécu la plus grande partie de sa<br />
vie à Paris, Charles Derennes est<br />
resté fidèle à sa Gascogne. Fils d’un<br />
professeur agrégé d’histoire et écrivain<br />
breton (Gustave Derennes), il est né à<br />
Villeneuve-sur-Lot. Après des études<br />
secondaires dans la banlieue de<br />
Bordeaux, il prépare le concours d’entrée<br />
à l’École normale supérieure au Lycée<br />
Henri IV puis au Lycée Louis-le-Grand<br />
d’où il est renvoyé. Il obtient tout de<br />
même une licence de lettres et commence<br />
à fréquenter les salons littéraires<br />
parisiens, dont celui d’Anna de Noailles.<br />
Conteur, essayiste et critique, il collabore<br />
à de très nombreux journaux parisiens ou<br />
provinciaux (Le Mercure de France, La<br />
Plume, Le Divan, L’Auto, La Baïonnette,<br />
Le Matin, La Petite Gironde, La Vie<br />
française, La Vie parisienne, etc.)<br />
Des romans galants<br />
Parallèlement à ce travail de journaliste, il<br />
mène une carrière de romancier et publie,<br />
au cours de sa carrière, une cinquantaine<br />
de livres. Les premiers sont des romans<br />
légers, voire « galants » qui, pour la<br />
plupart, paraissent en feuilletons dans La<br />
Vie parisienne : Les caprices de Nouche,<br />
Nique et ses cousines, le Miroir des<br />
pécheresses… Avec son Bestiaire<br />
sentimental, œuvre composée de trois<br />
volumes (Vie de Grillon, La Chauve-<br />
Souris, Émile et les autres), il connaît un<br />
grand succès. Il décroche le prix Fémina<br />
en 1924 pour le troisième titre de cette<br />
série.<br />
Le pèlerin de Gascogne<br />
Son amour de la Gascogne l’amène à<br />
publier en 1918 Le Pèlerin de Gascogne,<br />
un ensemble de textes courts qui mêle ses<br />
impressions à des récits du cru. On le suit<br />
sur les routes des Landes à bord de sa<br />
Renault HP 40 verte qui sillonne le pays à<br />
la vitesse de 35 km/h. Chaque étape, et<br />
elles sont nombreuses, est l’occasion de<br />
partager ses émotions et ses souvenirs<br />
d’enfance.<br />
Les autres récits se présentent sous forme<br />
de petites nouvelles particulièrement<br />
savoureuses et nous content avec humour<br />
et humanité, la vie des gens simples de<br />
Gascogne. Il y intègre des mots du patois<br />
gascon sans que cela ne nuise à la<br />
compréhension du texte. Sa série sur les<br />
« cocus et autres bons bougres » est un<br />
régal littéraire. Le livre a charmé tant de<br />
lecteurs que la Communauté de<br />
Communes Maremne Adour Côte-Sud en<br />
a assuré une réédition.<br />
Un auteur à (re) découvrir !<br />
Jean-Louis Le Breton<br />
Et l'homme d’Hossegor<br />
Avec les écrivains Rosny jeune et Paul<br />
Margueritte (frère de victor), Derennes a<br />
contribué à lancer la station balnéaire<br />
d’Hossegor. Voici comment il en parlait<br />
en 1921 : « Je suis habitué d’un coin de<br />
la forêt landaise qui s’appelle Hossegor,<br />
commune de Soorts. Quantité de<br />
personnalités de la politique et du<br />
journalisme, des lettres et des arts y<br />
fréquentèrent ; quelques uns s’y sont fait<br />
bâtir d’agréables villas ou de plaisantes<br />
bicoques ; on est toujours sûr d’y<br />
trouver des amis, quelle que soit la<br />
saison où la fantaisie vous prend d’y<br />
aller, et la plus franche cordialité règne<br />
entre les hôtes de ce lieu, ce qui n’a rien<br />
d’étonnant, car il est peu de paysages<br />
aussi reposants, aussi harmonieux, aussi<br />
charmants et grandioses tout ensemble.<br />
Un lac maritime, un bassin d’Arcachon<br />
en miniature y vit et palpite, se vide et<br />
s’emplit, tantôt lagunaire, tantôt<br />
gentiment houleux, entouré d’une<br />
couronne de pins qui le fait ressembler à<br />
un fjord norvégien, mais à un fjord qui<br />
serait baigné d’une lumière ionienne.<br />
Vers l’ouest, une presqu’île de huit cent<br />
mètres de large sur une lieue environ de<br />
long le sépare de l’océan gascon, de la<br />
mer sauvage prompte aux grands<br />
délires.»<br />
27
Patrimoine<br />
Gimont et sa chapelle remarquable<br />
Lieu de pèlerinage marial au XVIe siècle, Notre-Dame de Cahuzac<br />
laisse transpirer des histoires merveilleuses.<br />
Légende<br />
La grande nef et le retable baroque.<br />
Un seul site, plusieurs légendes. La<br />
vierge de l’ormeau est la plus<br />
récente, indiquée par une date<br />
précise : le 27 septembre 1513.<br />
Ce jour-là, un berger conduisait ses<br />
vaches au pâturage. Tout à coup les<br />
animaux s’arrêtèrent, comme saisis de<br />
stupeur et refusèrent d’avancer. Étonné le<br />
berger porta ses yeux de tous les côtés. Sa<br />
surprise fut grande lorsqu’il vit sur le<br />
tronc d’un ormeau inondé de lumière,<br />
apparaître une petite statue de Notre-<br />
Dame de pitié, étincelante ! Il tomba à<br />
genoux, pria la Vierge et courut au<br />
monastère voisin, de Planselve, pour<br />
annoncer la nouvelle aux religieux. Se<br />
rendant sur les lieux, ils prirent la statue<br />
pour la déposer dans la chapelle de<br />
l’Abbaye. Le lendemain elle avait<br />
disparu, mais revenue sur l’ormeau. Par<br />
trois fois le phénomène se produisit. Il fut<br />
alors décidé de construire une chapelle à<br />
l’endroit de l’apparition. C’est ainsi que<br />
naquit l’église actuelle, sous l’impulsion<br />
d’Aymeric de Bidos, abbé du monastère.<br />
Controverses historico-religieuses<br />
Là où l’histoire se complique, c’est dans<br />
l’existence d’une légende plus ancienne<br />
dont on ne connaît pas l’époque. Un<br />
chevalier passant au même endroit se<br />
trouva en danger (peut-être causé par une<br />
tempête). Il implora la Vierge, dont il<br />
voyait l’image dans une petite chapelle.<br />
28<br />
Tiré d’affaire, il en parla autour de lui.<br />
Les religieux de Planselve auraient fait<br />
transporter la statue à l’abbaye, mais elle<br />
revint au lieu initial.<br />
En 1142, dans une charte, Gérault du<br />
Brouilh fondateur de l’abbaye déclare que<br />
l’église Notre-Dame de Cahuzac fut bâtie<br />
par ses prédécesseurs. Cette église rurale<br />
existait donc déjà. Le cavalier aurait pu<br />
voir une statue dans ce bâtiment. Même si<br />
cette légende est contestée par quelques<br />
historiens, d’autres s’y réfèrent. L’Abbé<br />
Cazauran, dans son ouvrage Pèlerinages<br />
de Notre-Dame de Cahuzac (1903),<br />
consolide cette thèse par sa découverte de<br />
documents authentiques chez Melle<br />
Daignan (famille Daignan du Sandat) à<br />
Auch. Interrogé par l’archevêque d’Auch<br />
en 1642, un prieur de l’abbaye affecté à<br />
Notre-Dame de Cahuzac, Dom Gelède,<br />
affirmait qu’avant l’érection de l’église<br />
actuelle, la chapelle dédiée à la Vierge<br />
était bâtie en terre (cartulaire de Gimont).<br />
Dom Bidos, fondateur de l’actuel édifice<br />
affirme qu’elle a été bâtie sur les<br />
fondations de l’ancienne. Plusieurs<br />
témoignages font donc état de cette<br />
ancienne chapelle, fait intéressant sur le<br />
plan historique.<br />
Un lieu marquant pour ses décors peints st sculptés.<br />
Le plafond d'une chapelle latérale.<br />
Vue extérieure du lieu, un faux-air toulousain.<br />
Aymeric de Bidos, abbé du monastère, fit<br />
édifier en 1513 l’église actuelle de Notre-<br />
Dame de Cahuzac, de style gothique, avec<br />
l’aide des dons de pèlerins et de<br />
l’Archevêque. On ne sait pas si le<br />
pèlerinage existait déjà. Avec la<br />
construction de cet édifice, il se<br />
développa sous l’égide de l’abbaye,<br />
jusqu’à accueillir 4000 pèlerins à la fois.<br />
Il était réputé guérir tous les maux<br />
physiques et moraux (paralytiques,<br />
boiteux, sourds, aveugles…). Il était<br />
encore plus fréquenté dans les années de<br />
peste, comme en 1631 et certains jours en<br />
particulier : 15 août, 8 septembre, lundi<br />
de Pentecôte.<br />
Cette superbe église comporte de part et<br />
d’autre de sa grande nef et de son retable<br />
baroque six chapelles latérales. Elle<br />
renferme en particulier quelques vitraux<br />
d’Arnaud de Moles. Les murs et les<br />
voûtes sont ornés de remarquables<br />
peintures, restaurées. Plus de 150 ex-voto<br />
ornent les murs en remerciements pour<br />
des guérisons. Après des désordres sous<br />
la Révolution, le pèlerinage reprit au<br />
milieu du XIXe siècle. En 2013, Notre-<br />
Dame de Cahuzac fêtait ses 500 ans.<br />
Rose-Marie Richard
On n’a pas oublié l’intendant d’Étigny<br />
Histoire<br />
Nommé intendant d’Auch et de Pau au milieu du XVIIIIe siècle,<br />
Antoine Mégret d’Étigny (1719-1767) a laissé une forte empreinte dans la région.<br />
D'Étigny, un personnage honnête et passionné.<br />
Située à Auch sur le haut des marches des allées d'Étigny, la statue est l'oeuvre de Jean-Pierre Vigan.<br />
ssu d’une famille de la noblesse de robe<br />
originaire de l’Aisne, Antoine Mégret<br />
Id’Étigny est nommé à la tête de la<br />
généralité d’Auch et Pau en avril 1751.<br />
Âgé de 32 ans, Antoine semble avoir les<br />
qualités requises pour mener à bien sa<br />
tâche c’est-à-dire gérer un territoire qui<br />
couvre tout le sud de la Garonne plus le<br />
Couserans soit environ 30 000 km². Un<br />
peu comme un « super préfet » de Région.<br />
« À une intelligence claire et un sens très<br />
vif du concret, il joignait une véritable<br />
compétence juridique et administrative et<br />
d’étonnantes connaissances dans le<br />
domaine économique », disaient déjà ses<br />
contemporains.<br />
Dès le début, le nouvel intendant s’attelle<br />
aux problèmes économiques et y consacre<br />
toute son énergie et son autorité. Il<br />
parcourt inlassablement son territoire,<br />
multiplie les chantiers qu’il surveille<br />
personnellement et avance parfois les<br />
fonds nécessaires sur ses propres deniers,<br />
ce qui entraînera sa ruine.<br />
Un homme de progrès<br />
Sa plus grande réussite concerne le réseau<br />
routier qu’il prolonge de 800 km, mais il<br />
favorise aussi l’essor et la modernisation<br />
de l’agriculture en encourageant les<br />
défrichements et les nouvelles<br />
productions (maïs et pomme de terre).<br />
Parallèlement, il relance l’artisanat,<br />
l’industrie (faïencerie, tannerie) et le<br />
commerce, restaure les thermes de<br />
Luchon pour leur redonner le lustre<br />
d’antan.<br />
Il multiplie les travaux d’embellissement<br />
dans les principales villes de la généralité:<br />
Bayonne, Dax, Saint-Gaudens, Tarbes et<br />
Pau, mais surtout Auch où il fixe sa<br />
résidence en 1753. La ville, devenue un<br />
nœud routier, est complètement<br />
transformée par la création de places<br />
(Patte d’Oie et place de la Libération),<br />
l’aménagement d’avenues (avenue<br />
d’Alsace), le pavage et l’éclairage des<br />
rues. Elle est enrichie d’édifices publics<br />
dont l’Hôtel de l’intendance (aujourd’hui<br />
la Poste) et l’Hôtel de Ville qui abrite un<br />
théâtre à l’italienne dont il finance luimême<br />
la décoration.<br />
Attaché aux traditions<br />
Ses réalisations spectaculaires sont la<br />
marque d’un esprit éclairé du XVIIIe<br />
siècle. Cependant certains aspects de son<br />
action conduisent à s’interroger sur sa<br />
véritable personnalité.<br />
Dans sa politique, d’Étigny reste un<br />
homme de tradition, défenseur de l’ordre<br />
social et politique, attaché aux principes<br />
de hiérarchie et de subordination. Il use<br />
des lettres de cachet contre les<br />
perturbateurs de l’ordre public. En 1759,<br />
pour la construction de la route de<br />
Montréjeau à Luchon il fait appel aux<br />
Dragons pour faire obéir la population très<br />
remontée contre la corvée des routes<br />
décidée par Louis XV. Cependant,<br />
toujours soucieux de gouverner avec<br />
équité, il ne craint pas de s’élever contre<br />
certains abus et excès, ce qui lui vaudra<br />
d’ailleurs quelques mois de disgrâce.<br />
Il y a un point sur lequel d’Étigny apparaît<br />
véritablement en retard sur l’esprit du<br />
siècle c’est l’éducation. Il est un<br />
adversaire déclaré de l’instruction du<br />
peuple, car il craint qu’elle détourne les<br />
paysans des champs pour les jeter vers les<br />
villes où ils seront des déracinés « Je ne<br />
crois pas qu’il soit utile de faire de grands<br />
raisonnements pour prouver l’inutilité des<br />
régents (maîtres d’école) dans les villages.<br />
Il y a de certaines instructions qu’il ne<br />
convient pas de donner aux paysans ».<br />
En mai 1765, tombé en disgrâce, d’Étigny<br />
doit abandonner son poste, mais il le<br />
retrouve en février de l’année suivante.<br />
Son absence lui vaut une immense<br />
popularité, car elle a fait apprécier ses<br />
mérites. Sa mort prématurée à Auch, le 24<br />
août 1767, à 47 ans, contribue encore<br />
davantage à lui donner une place hors pair<br />
dans l’opinion de ses contemporains et<br />
dans l’histoire de la région qui ne l’a pas<br />
oublié puisque nombreux sont les noms de<br />
rues et les statues qui perpétuent son<br />
souvenir.<br />
Atelier Histoire du clan<br />
29
Parlem Gascon<br />
Le carnaval en chansons<br />
15, rue Marceau<br />
32000 Auch.<br />
Permanence :<br />
mercredi de<br />
14h à 16h.<br />
Le carnaval gascon redeviendra-t-il, un jour, un grand rendez-vous populaire festif ?<br />
En attendant, on peut toujours le chanter.<br />
D<br />
Carnaval qu'ei un brav'òme Carnaval est un brave homme<br />
<br />
Carnaval qu'ei un brav'òme<br />
Carnaval est un brave homme<br />
Mès qu'ei un fotut gormand.<br />
Mais c'est un foutu gourmand.<br />
S'a minjat totas las polas,<br />
Il s'est mangé toutes les poules,<br />
N'a deishat que lo hasan.<br />
Il n'a laissé que le coq.<br />
Adiu praube, praube, praube,<br />
Adieu pauvre, pauvre, pauvre,<br />
Adiu praube Carnaval.<br />
Adieu pauvre Carnaval.<br />
<br />
Carnaval qu'ei un brav'òme<br />
Carnaval est un brave homme<br />
Mès qu'ei un fotut gormand.<br />
Mais c'est un foutu gourmand.<br />
S'a minjat totas las tripas,<br />
Il s'est mangé toutes les tripes,<br />
N'a deishat que los roians.<br />
Il n'a laissé que les sardines.<br />
Adiu praube... Adieu pauvre ...<br />
<br />
Carnaval qu'ei un brav'òme<br />
Carnaval est un brave homme<br />
Plea los horns de pastis,<br />
Il remplit les fours de pâtés/gâteaux,<br />
Hè humar las cheminèias,<br />
Il fait fumer les cheminées,<br />
Met la galhèra au país.<br />
Il fait du tapage dans le pays.<br />
Adiu praube... Adieu pauvre ...<br />
<br />
Carnaval qu'ei un brav'òme<br />
Carnaval est un brave homme<br />
S'ei la toca suu taulòt,<br />
Si j'ai le pichet sur la tablette,<br />
Quan eth passe davant nòste,<br />
Quand il passera devant chez nous,<br />
Jo li harèi bever un còp.<br />
Je lui ferai boire un coup.<br />
Adiu praube... Adieu pauvre ...<br />
<br />
Carnaval qu'ei un brav'òme<br />
Carnaval est un brave homme<br />
Quan l'invitei pr'un aute an,<br />
Quand je l'inviterai une année prochaine,<br />
Qu'aurèi tornat aver polas,<br />
J'aurai de nouveau des poules,<br />
Que torn'rà hèr lo gormand.<br />
Il refera le gourmand.<br />
Adiu praube...<br />
Adieu pauvre...<br />
<br />
30
Livres<br />
Les jours se suivent et se lisent<br />
Roman d'anticipation, cavalcades napoléoniennes<br />
et souvenirs gascons, les auteurs gersois sont inspirés.<br />
Les Jours Suivants<br />
Caroline Sers<br />
Calmann-Lévy<br />
On ne lit pas le roman de<br />
Caroline Sers, Gersoise depuis<br />
une dizaine d’années, on s’en<br />
imprègne. Victimes d’une<br />
attaque informatique à grande<br />
échelle, villageois et<br />
campagnards voient leur<br />
existence bouleversée jusqu’à<br />
ses aspects les plus quotidiens.<br />
L’électricité a disparu, le<br />
monde est noir ! Est-ce un<br />
symbole de nos angoisses<br />
actuelles ? Les habitants se<br />
sentent coupés du reste du<br />
monde. Pierre, le personnage<br />
central, c’est vous, c’est moi,<br />
on a tous quelque chose de<br />
Pierre. On l’accompagne dans<br />
ses heurs et malheurs, avec lui<br />
on recherche le réconfort du<br />
café associatif, seul lieu de<br />
rencontre chaleureux, le café<br />
est bon. On crève de froid, on<br />
se précipite pour faire des<br />
réserves de nourriture et de<br />
bois sec. Autour de Pierre, les<br />
personnages sont finement<br />
campés, une réussite, on<br />
ressent une véritable empathie<br />
à leur égard. Mais une intrigue<br />
va se dessiner, Pierre et ses<br />
amis, médusés, découvrent un<br />
lien avec les réseaux hostiles<br />
auteurs de la paralysie générale<br />
du pays. Le propos du livre :<br />
les gens sont dépendants de<br />
ceux qui possèdent les réseaux,<br />
les énergies. D’où la nécessité<br />
de se libérer autant que<br />
possible des carcans. Il faut<br />
développer les réseaux de<br />
proximité, mutualiser les<br />
services à l’échelle de la<br />
commune, du canton. Cultiver<br />
les liens humains, se<br />
réinventer. Un matin, Pierre<br />
croit apercevoir « un oiseau de<br />
mille couleurs volant d’une<br />
branche à l’autre. Un colibri ?<br />
Le regretté Pierre Rabhi nous<br />
fait un dernier signe.<br />
Ingrid Carlander<br />
Glorieux soldats de la<br />
Grande Armée<br />
Pascal Cazottes<br />
Les 3 Spirales<br />
Après Les Chroniques<br />
napoléoniennes éditées en<br />
2021 chez le même éditeur, le<br />
Condomois Lionel Clergeaud,<br />
l’historien Pascal Cazottes<br />
nous emmène aujourd’hui au<br />
plus près des batailles, comme<br />
si nous y étions. On parle ici,<br />
bien sûr, de l’immortelle saga<br />
de la Grande Armée, depuis sa<br />
création en 1803, jusqu’à<br />
Wagram en 1809, en passant<br />
par Austerlitz, Iéna, Eylau,<br />
Friedland, qui sont autre chose<br />
que des stations de métro… Un<br />
second tome racontera la suite<br />
de ce parcours héroïque,<br />
jusqu’à la toute fin —<br />
Waterloo. Cazottes ne<br />
réinvente rien, il accompagne<br />
son récit d’extraits de<br />
mémoires de soldats, dont<br />
certains sont bien connus : le<br />
capitaine Coignet, le baron<br />
Thiébault, ou le commandant<br />
Parquin. Il y a parfois des<br />
batailles qui sont racontées par<br />
deux témoins différents,<br />
Coignet et Thiébault pour<br />
Austerlitz par exemple, et des<br />
récits sur des engagements<br />
moins connus, comme Saafeld,<br />
où Lannes, le héros Lectourois,<br />
commande le 5e corps<br />
d’armée. Les actions d’éclat<br />
fourmillent, collectives et<br />
individuelles, et l’on est<br />
toujours stupéfait, même si<br />
l’histoire est connue, de<br />
l’abnégation de ces soldats de<br />
l’Empereur, prêts à se<br />
surpasser et à mourir pour une<br />
cause qu’ils pensaient juste et<br />
un homme que la plupart<br />
vénéraient.<br />
H.L.<br />
Un automne en Gascogne<br />
Bernard Hoerni<br />
Éditions de l’Onde<br />
La 4e de couverture dit<br />
modestement que l’auteur est<br />
an « ancien médecin ». Mais<br />
Bernard Hoerni, fixé entre<br />
Lectoure et Condom, a été<br />
professeur émérite de<br />
cancérologie, auteur ou<br />
éditeur de plus de 100<br />
ouvrages professionnels, dont<br />
La relation médecin-malade.<br />
Dans le Gers, Bernard Hoerni<br />
s’est fait paysagiste, en<br />
développant un parc<br />
remarquable, selon ceux qui y<br />
ont eu accès. Il prend aussi la<br />
plume pour dire sa tendresse<br />
pour sa région d’adoption.<br />
Dans son dernier livre, il<br />
raconte l’arrivée du jeune<br />
Alexis, 13 ans, chez ses<br />
grands-parents en Gascogne,<br />
eu début de l’automne. Alexis<br />
vient de Suisse, et ce séjour à<br />
« Bausert » va se révéler<br />
initiatique, tant ses grandsparents,<br />
fort savants, vont<br />
s’attacher à le sensibiliser à la<br />
poésie, et à la culture. Savants,<br />
le mot est faible. Dans cette<br />
maison, si on parle des<br />
sangliers et des ragondins, de<br />
la nature en somme, on jongle<br />
avec Virgile, Prévert, Le<br />
Cantique des Cantiques,<br />
Goethe, le latin, l’héraldique,<br />
ou les Strauss, avec les Contes<br />
gascons de Jean-François<br />
Bladé également, le félibre du<br />
XIXe siècle.<br />
La « cowlection », collection<br />
d’objets et de documents<br />
concernant les bovidés,<br />
impressionne Alexis, qui<br />
apprend aussi qu’un Hector de<br />
Galard, ceux de Terraube, a<br />
donné son nom au valet de<br />
carreau. Monluc apparaît un<br />
instant au détour d’un<br />
chapitre. Comme la dissection<br />
d’un lièvre ou des<br />
considérations sur l’intérêt du<br />
lierre autour des arbres. Bref,<br />
ce petit livre, construit comme<br />
un carnet de vacances (assez<br />
fouillé quand même !), est une<br />
ode à la nature gasconne. Un<br />
retour aux racines.<br />
H.L.<br />
31
Agenda<br />
Pour sortir de l’hibernation<br />
Une sélection de spectacles, expositions, concerts et autres rendez-vous culturels.<br />
La culture sort de sa grotte, et nous aussi.<br />
Auch<br />
Visite de l’aéroport<br />
6 avril<br />
Une fois par mois, en<br />
partenariat avec l’office de<br />
tourisme du Grand Auch,<br />
l’aéroport s’ouvre à des visites<br />
« touristiques ». L’occasion de<br />
découvrir les installations et<br />
les coulisses de la vie d’un<br />
aéroport qui a tout d’un grand<br />
(dont une piste de 1900 m<br />
capable d’accueillir, par<br />
exemple, un Airbus A320).<br />
Idéale à suivre avec les<br />
enfants. Durée : 1 h 30 env.<br />
Gratuit.<br />
Réservation obligatoire au tél.<br />
05 62 05 22 89<br />
Condom<br />
Festival de bandas<br />
13-15 mai<br />
Le retour d’un des événements<br />
les plus emblématiques du<br />
Gers, après deux ans<br />
d’abstinence. Le festival de<br />
bandas y penas de Condom, ce<br />
n’est rien de moins que le plus<br />
grand rassemblement européen<br />
de musiciens amateurs dans le<br />
domaine des cuivres et des<br />
percussions. 35 formations<br />
sont annoncées à ce jour pour<br />
cette 49e édition. Et en<br />
ouverture du festival, le groupe<br />
de rock Les Négresses Vertes,<br />
en come-back là aussi. Il serait<br />
prudent de réserver.<br />
Eauze<br />
500 ans de la cathédrale<br />
5 mars, 20 h 30<br />
À l’occasion des 500 ans de la<br />
Cathédrale d’Eauze, la<br />
Paroisse et l’Aumônerie des<br />
jeunes organisent un spectacle,<br />
sous la forme d’une évocation<br />
priante et théâtrale intitulée<br />
« Chemin faisant… la<br />
cathédrale ». Ils retraceront la<br />
conversion de deux pèlerins de<br />
l’an 1521 lors de leur passage<br />
sur le chantier de construction<br />
de la cathédrale d’Eauze. Les<br />
acteurs seront des collégiens et<br />
lycéens des paroisses d’Eauze,<br />
Cazaubon, Condom, Nogaro,<br />
Marciac et Vic-Fezensac<br />
encadrés par une troupe de<br />
professionnels, les Baladins de<br />
l’Évangile.<br />
Fleurance<br />
Exposition Laure Bellion<br />
Mairie<br />
Entre gravure, mosaïque et<br />
peinture, cours et ateliers aussi,<br />
Laure Bellion trace son chemin<br />
artistique et en fait profiter les<br />
Gersois. Après des études à<br />
l’École régionale des Beaux-<br />
Arts de Nantes et des cours à<br />
l’École d’art municipale de<br />
Cholet, elle s’installe dans le<br />
Gers afin de pratiquer son art,<br />
fait de gravure taille-douce, de<br />
linogravure ou d’estampe.<br />
Elle pratique également la<br />
mosaïque antique et<br />
contemporaine. Il y a chez elle<br />
des jeux de transparence, des<br />
ombres, des superpositions. Un<br />
art vivant.<br />
Lectoure<br />
Printemps des poètes<br />
27 mars<br />
Rendez-vous ce dimanche-là à<br />
15 h salle de la Comédie pour<br />
des lectures dans le cadre du<br />
Printemps des poètes, grâce à<br />
l’association Dialoguer en<br />
poésie.<br />
Expo Travaux des champs<br />
Jusqu’au 8 mai<br />
Au Centre d’art et de la<br />
photographie, une exposition<br />
sur la vie rurale. Un projet de<br />
Myriam Richard qui montre<br />
dans leur quotidien des<br />
familles qui entretiennent,<br />
cultivent champs, vergers,<br />
potagers. Des communautés<br />
suivies depuis 2019 dans tout<br />
le Gers. La photographe en a<br />
eu l’idée après une visite au<br />
musée paysan de Simorre,<br />
fondé par Jean-Emile Castex,<br />
paysan, artiste et illustrateur.<br />
On retrouve d’ailleurs certains<br />
de ses dessins dans<br />
l’exposition. Avec les œuvres<br />
de Myriam Richard, celles de<br />
Claude Batho, « Visages et<br />
paysages d’en haut », figure<br />
majeure, disparue trop tôt, de<br />
la scène photographique<br />
française.<br />
Marciac<br />
Le Tartuffe<br />
19 mars<br />
À L’Astrada, la célèbre pièce<br />
de Molière, mise en scène de<br />
manière (très) moderne et<br />
inspirée par Guillaume<br />
Séverac-Schmitz, avec la<br />
troupe de l’AtelierCité mise en<br />
place par le théâtre de la Cité<br />
(Toulouse). Ceux qui ont vu la<br />
pièce louent son inventivité et<br />
son énergie.<br />
Nogaro<br />
Coupes de Pâques<br />
16-18 avril<br />
Après deux années fortement<br />
perturbées, le circuit Paul<br />
Armagnac devrait pouvoir<br />
renouer en <strong>2022</strong> avec le<br />
succès populaire à la mi-avril<br />
avec les traditionnelles<br />
Coupes de Pâques. Belles<br />
autos, courses haletantes,<br />
pilotes renommés, du<br />
spectacle. Entre autres<br />
plateaux, le Porsche Carrera<br />
Cup France, et le championnat<br />
de France FFSA GT-GT4<br />
France.<br />
Samatan-Lombez<br />
Visites d’atelier d’artiste<br />
<strong>Mars</strong>-<strong>Avril</strong><br />
L’opération Métiers d’artiste,<br />
qui permet l’accès du public<br />
aux ateliers d’artistes locaux,<br />
est reconduite. Huit artistes,<br />
en quatre binômes, ont accepté<br />
de « jouer le jeu » en ouvrant<br />
leur espace de travail.<br />
Véronique Combes et Jean-<br />
Patrick Magnoac (16 mars),<br />
Michel Fores et Marco Gila<br />
(30 mars), Griet Deleener et<br />
Anne Pourny (13 avril), et<br />
Pascal Rennié et Jean Vidal<br />
(27 avril). Renseignements :<br />
culture@samatan-gers.com et<br />
06 18 56 44 60<br />
32
Les mots croisés de François Sumien<br />
(Solution page 34)<br />
Horizontalement :<br />
1 – Pas général. 2 – Remplacée par un joint – Crétin congénital.<br />
3 – Minorer. 4 – Relatif – Prendre tout le blé. 5 – Nuancer – Destinations<br />
de rêve.<br />
6 – Apathiques – Fait reprendre du service. 7 – Rouleau impérial –<br />
Opinion à défendre. 8 – Prendrais le haut. 9 – Hors d’affaires –<br />
Herbacée vivace – Nouvel ut.<br />
10 – Non touchée – Aperçus. 11 – Antiseptique local.<br />
Verticalement :<br />
A – N’est pas un signe de générosité. B – Valait aussi pour nos<br />
ancêtres – Précis – Se joue ailleurs. C – Démontrent un manque<br />
d’huile. D – Cours courts – Lieu de fouilles – Éliminai. E – Alterne<br />
chants et paroles – Le milieu du coin.<br />
F – Repos des vers – Se foule avec peine. G – Demi gavroche –<br />
Ralenti la circulation. H – Ancien territoire guyanais – Dame de choc. I<br />
– Labourage et pâturage – Donna le départ. J – Reconnues non<br />
irréelles – Sont donc à payer.<br />
K –Complète l’adresse – Rétrécissement anatomique.<br />
33
Avant de se quitter<br />
Amis poètes, à vos plumes !<br />
Solution des mots croisés<br />
33<br />
L’association Dialoguer en poésie lance son concours annuel de<br />
poésie, dont voici les conditions : inspiration totalement libre,<br />
tant dans la forme que sur la thématique retenue, trois poèmes<br />
par auteur et trente-cinq lignes maximum par poème. Amis<br />
poètes, vous avez jusqu'au 30 juin <strong>2022</strong> pour concourir et<br />
envoyer vos œuvres à l’adresse mail suivante :<br />
pierre.leoutre@gmail.com.<br />
Un comité de lecture effectuera ensuite un choix et les poèmes<br />
retenus seront publiés dans un recueil édité par l'association Le<br />
122. Dialoguer en poésie est une vieille association lectouroise,<br />
longtemps présidée par Marie-Andrée Ricau-Hernandez. Elle est<br />
désormais intégrée à l'association Le 122, mais sous forme de<br />
département autonome afin d'assurer sa pérennité. Active<br />
notamment à l’occasion du Printemps des poètes, avec des<br />
propositions de lectures publiques,<br />
Des crieurs pour annoncer les nouvelles à Plaisance<br />
Jour de marché à Plaisance, pas beaucoup d’étals. C’est<br />
l’hiver, on se réchauffe comme on peut. Petite halte au<br />
Ripa Alta, avec un café à 1€ seulement, mais soudain des<br />
bruits dehors, des cris. On s’alarme, on s’approche. Rien de<br />
grave : deux jeunes comédiens déclament des petits textes à<br />
tour de rôle. Annonces d’événements locaux, réflexions<br />
philosophiques, coups de gueule politiques… ces textes<br />
manuscrits figurent sur des petits papiers logés dans une boîte<br />
en bois. Les Plaisantins, qui connaissent le stratagème, en ont<br />
déposé le matin même, pour qu’ils soient lus à toute volée et<br />
entendus le plus loin possible. Les deux crieurs appartiennent à<br />
la Compagnie L’Auberge des poètes. Ils se définissent euxmêmes<br />
comme des « artisans-poètes d’utilité publique ».<br />
On peut leur commander des poèmes sur mesure, en tout cas<br />
adaptés à une circonstance particulière (anniversaire,<br />
mariage…), ils peuvent animer des ateliers d’écriture, forts de<br />
leur longue expérience dans l’enseignement et l’animation,<br />
réaliser des spectacles dans votre salon, accompagner une visite<br />
de musée pour la rendre encore plus mémorable, bref, ils sont<br />
pétris de talent.<br />
Ne les manquez pas le 26 mars au musée d’Eauze ni le 2 avril<br />
pour la nuit du slam à la médiathèque du Houga. Ils s’appellent<br />
Emmanuelle Meffray et Clément Salmi, ils donnent de la voix.<br />
Et sur un marché un brin apathique, en criant des nouvelles<br />
souvent utiles, parfois drôles, ils redonnent surtout de la vie.<br />
34
Boostez votre com’<br />
avec le Canard Gascon<br />
Avec ses 15000 exemplaires tous les deux mois, le Canard Gascon est un média<br />
local qui a de l’impact. Il est distribué gratuitement dans plus de 600 endroits,<br />
commerces, supérettes, grandes surfaces, lieux publics, essentiellement dans le<br />
Gers, une petite partie dans les Landes et le sud du Lot-et-Garonne( liste de tous les<br />
dépôts sur www.lecanardgascon.com). Il est lu par quelque 50000 personnes.<br />
<br />
Y faire sa publicité, c’est s’offrir une belle exposition<br />
et l’assurance d’avoir du retour !<br />
<br />
Renseignements et tarifs au 06 61 34 29 32 ou lecanardgascon32@gmail.com<br />
www.lecanardgascon.com<br />
Le Canard Gascon vit de ses ressources publicitaires. Ses annonceurs sont nombreux et<br />
fidèles et parmi eux : Plaimont, Carrefour Market, HDM, Gascogne Optique, syndicat<br />
Côtes de Gascogne, Les Fleurons de Lomagne, Abbaye de Flaran, Ets Dauga, le Floc de<br />
Gascogne, imprimerie BCR, Domaine de Joÿ, Valvital Lectoure, Solenca, Panaulle Froid,<br />
Gamm Vert, Maison de Save, Optimhome, l'ACAL, MGH-Lip, Piscines Béoustès, etc.