Essais & Simulations 148
INTERVIEW EXCLUSIVE Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’Industrie
INTERVIEW EXCLUSIVE
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’Industrie
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© ENGIE Lab CRIGEN / Franck Dunouau, 2018<br />
ESSAIS ET MODÉLISATION<br />
© ENGIE Lab CRIGEN / Franck Dunouau, 2018<br />
Contrôle d’un système de compression d’hydrogène<br />
Préparation de mesure de rendement d’un convertisseur catalytique<br />
Mais à y regarder de plus près, l’énergéticien français a pris le<br />
virage de l’hydrogène depuis plus longtemps puisque déjà en<br />
2018, le groupe avait créé sa propre entité dédiée à l’hydrogène.<br />
Et bien avant cela, en 2006, l’hydrogène devenait un pilier et<br />
une stratégie clef pour le groupe qui ne manquait pas de se<br />
positionner en tant que précurseur en la matière à travers,<br />
notamment, le projet Greed – dont l’un des objectifs était<br />
d’injecter jusqu’à 20% de ce précieux gaz dans les réseaux<br />
d’Engie. « Il s’agissait déjà d’une stratégie ambitieuse qui<br />
ne fait que s’accélérer aujourd’hui, précise Sécile Torun. La<br />
volonté du groupe est en effet d’accroître les installations des<br />
capacités de production d’hydrogène ; plus précisément, il<br />
s’agit d’atteindre 600 mégawatts installés d’ici à 2025 puis 4<br />
gigawatts en 2030 ».<br />
Autres chiffres significatifs : le nombre d’installations de<br />
transformation d’hydrogène devrait atteindre les cinquante<br />
unités d’ici 2025 puis dépasser la barre des cent stations en 2030<br />
sur le territoire français. Enfin, en matière de transport cette<br />
fois, 170 kilomètres de pipelines devraient être construits dans<br />
les trois prochaines années et s’étendre à 700 kilomètres dans<br />
les huit années à venir, « avec en parallèle près de 270 gigawatts<br />
d’hydrogène stockés en sous-sol au sein de nos installations ;<br />
un chiffre qui va être multiplié par quatre d’ici 2030 ».<br />
UN CENTRE DE R&D DÉDIÉ À L’HYDROGÈNE<br />
Pour Engie et sa filière hydrogène, l’année 2020 n’a pas été<br />
seulement celle de la crise. Elle a aussi été marquée par une<br />
sorte d’alignement des planètes ! en début de cette année qui<br />
marquera l’engagement de l’État français dans la création d’une<br />
filière consacrée à l’hydrogène, le Crigen, principal centre de<br />
R&D du groupe, s’installe à Stain (Seine-Saint-Denis) dans<br />
7 000 m 2 de locaux flambant neufs. Composé de neuf équipes<br />
réparties en trois laboratoires (le gaz 100% vert, les solutions<br />
BtoB neutres en carbone et intelligentes, et les développement<br />
de technologies émergentes), le Crigen rassemble plus de 180<br />
salariés de vingt-sept nationalités différentes travaillant sur<br />
toute la chaîne de valeur de l’hydrogène, de la production au<br />
transport et au stockage, en passant par le développement des<br />
usages... avec une idée (ou plutôt une équation compliquée)<br />
en tête : verdire le gaz, réduire ses coûts de production et<br />
imaginer en permanence des solutions encore inexistantes<br />
et de nouveaux standards sur les marchés de l’industrie et<br />
les territoires.<br />
Les équipes du Crigen mènent de nombreux projets de<br />
recherche (pour un chiffre d’affaires de 35M€ par an), sans<br />
cesse en augmentation ; « le marché est en très forte croissance,<br />
confirme Sécile Torun. De deux nous sommes passés à quinze<br />
projets par an entre 2018 et aujourd’hui ! » Pour ce faire, les<br />
laboratoires s’appuient sur les importants moyens d’essais<br />
qu’abrite le Crigen. « Les essais sont au cœur de notre ADN. Ils<br />
concernent par exemple des tests de combustion dans les fours<br />
afin de mieux comprendre les variations de qualité ». Mais c’est<br />
une multiplicité de tests et d’importantes campagnes que les<br />
laboratoires du Crigen que l’équipe chargée des essais est en<br />
mesure de mener. Celle-ci assure la cohérence des nombreux<br />
moyens d’essais (parmi lesquels des fours industriels, un<br />
banc semi-virtuel, un banc d’essai pour les applications de<br />
cuisine et de restauration, un laboratoire pour les drones et<br />
les robots, ainsi qu’un atelier de prototypage...) dans le but de<br />
maîtriser tous les aspects de sécurité et de tester l’ensemble<br />
des briques manquantes et différenciantes pour le groupe. Des<br />
travaux menés au sein de la H2 Factory, une plateforme de<br />
R&D collaborative de solutions de développement et de tests.<br />
16 I ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>148</strong> • Février - Mars - Avril 2022