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COLLECT Belgique Mai 2022

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COLLECT

Mensuel ne paraît pas en janvier, en juillet ni en août - 6,95 € - P608061

N° 516 / MAI 2022

TWENTY

Entre Belle Epoque et Street Art

Jean-Michel Folon

La valeur d’une poétique

Bouffons et Clowns

Remède contre la morosité ?


EXPOSITION

Clavier

Virginaux, clavecins et orgues

peints aux XVIe et XVIIe siècles

26.03 – 26.06.2022

Musée Snijders&Rockox, Anvers

Musée Vleeshuis, Anvers

www.snijdersrockoxhuis.be – www.museumvleeshuis.be

© Jan Miense Molenaer, De virginaalspeelster, Amsterdam, Rijksmuseum


Joos van Winghe Allégorie de la Fama. Huile sur toile, 82 x 64 cm. Vente le 21 mai à Cologne

1798

VENTES AUX ENCHÈRES COLOGNE/BERLIN/BRUXELLES

7 mai Vente Prussienne (à Berlin)

11 mai Arts d’Afrique et d’Océanie (à Bruxelles)

9–21 mai Bijoux, Arts Décoratifs, Maîtres Anciens (à Cologne)

1 juin Photographie 1–2 juin Art Moderne, Art Contemporain (à Cologne)

11 juin Art Asiatique (à Cologne) 25 mai–16 juin Art Asiatique Online

Expositions à Bruxelles: Arts d’Afrique et d’Océanie 6–10 mai

Art Moderne, Art Contemporain, Art Asiatique 19–21 mai

6 rue du Grand Cerf — 1000 Bruxelles — T 02-514 05 86 — bruxelles@lempertz.com


Sommaire

46

EST. 1971 / mai 2022 - N°516

www.collectaaa.be

L’étoile montante

de Judith Leyster

Le marché de

l’Art précolombien

42

Les chandeliers

Des porteurs de lumière

54

SUIVEZ-NOUS ÉGALEMENT

SUR : @ARTMAGAZINECOLLECT

OURS

Administration,

Rédaction, Agenda

Begijnhoflaan 464 G

9000 Gand

Tél. : 09/216.20.20

Fax : 09/216.20.21

collect@ips.be

www.collectaaa.be

ING 310-0657650-76

IBAN BE91 3100 6576 5076

SWIFT BBRU BE BB

TVA BE 432.544.477

PUBLICITÉ

Secteur Art : Joris van Glabbeek

Tél. : 09/216.20.24

collect.net@ips.be

Tout autre secteur : MAC-Strat SRL /

Yves de Schaetzen

Georges Huynenstraat 21A

1560 Hoeilaart

GSM : 0475/82.96.00

yves@macstrat.be

Rédacteur en Chef

Christophe Dosogne

Rédaction

Els Bracke

Celine De Geest

Christophe Dosogne

Collaborateurs

Gilles Bechet

Laurent de Hemptinne

Thijs Demeulemeester

Gwenaëlle de Spa

Gwennaëlle Gribaumont

Elien Haentjens

Johan Frederik Hel Guedj

Diane Hennebert

Anne Hustache

Christine Vuegen

Traduction

Dynamics Translations

Didier Vanhede

Mise en pages

Renaldo Candreva

Freek Lukas

Impression

Graphius, Gand

Distribution

Librairies

AMP

La Poste

Abonnements

Pays d’Abonnements

Ambachtenlaan 21 - Unit 2A -

3001 Heverlee - Tél. 02/808.55.23

serviceclient@paysdabonnements.be

Belgique 49,5 €, Europe 70 €

Les abonnements sont à reconduction

automatique, sauf avis contraire

envoyé au minimum deux mois avant

la date d’échéance. Un abonnement

offert en cadeau se termine automatiquement

au bout d’un an. Pour un

changement d’adresse, une résiliation,

un numéro manquant, ou toute

autre question, surfez sur :

www.paysdabo.be

En couverture

Sasha Frolova, Queen of Clowns, 2020, tirage

photographique, 42 x 29,7 cm. © de l’artiste /

The Clown Spirit / Belgian Gallery, Namur

Membre de l’Union des Editeurs

de la Presse Périodique

www.wemedia.be

Editeur responsable :

Patrick Snoeck, Begijnhoflaan 464G - 9000 Gand

Pour les auteurs d’art visuel et les photographes :

© CISAC / SABAM Belgium 2022

Portrait : © Silvie Bonne

Nulle partie de cette publication ne peut être reproduite

et/ou publiée par impression, photocopie ou de toute

autre manière que soit, sans l’autorisation écrite de

l’éditeur. Ni la rédaction ni l’éditeur ne peuvent être tenus

pour responsables des opinions et faits contenus dans

les articles signés ou les contributions de ce magazine,

lesquels n’engagent que leurs auteurs. COLLECT ne peut

être tenu pour responsable du contenu des annonces

publicitaires publiées, la responsabilité en incombant uniquement

à l’annonceur. © Arts Antiques Auctions, Gand


Édito

Picasso, une star à la dérive…

Il y a longtemps que cela couvait… Monstre

sacré de l’art du XXe siècle, Pablo Picasso

(1881-1973) est depuis belle lurette

décrié par nombre de femmes pour sa

prétendue misogynie, et la manière peu

amène dont ils les a portraiturées. Pour

ses laudateurs, au contraire, les épouses

successives et les nombreuses maîtresses

du maître, mais aussi les femmes en

général, furent autant de muses lui ayant

inspiré la quintessence de son art, des expérimentations

cubistes des Demoiselles

d’Avignon (1906-1907), au portrait tourmenté

de Jacqueline (1961), en passant

par les horreurs de la guerre incarnées

dans Guernica (1937). Las, à l’heure de

MeToo, l’argument ne passe plus, comme

le rappelait L’Obs, dans son édition du

14 avril, dont l’analyse paraît sans appel.

S’intéressant d’abord au centre névralgique

mondial de la recherche picassienne,

son musée parisien, le constat de

l’hebdomadaire français est particulièrement

amer : le navire, sis en l’hôtel Salé,

est aujourd’hui en pleine dérive, les salles

sont vides et la billetterie de l’institution,

visitée à 60 % par les touristes avant la

pandémie, s’est effondrée. En cause, la

désaffection d’un public désormais plus

local, mais surtout une grande lassitude

conséquente à une surexposition des œuvres

du maître andalou, véritable Picassomania

dont le fruit juteux fut, en France,

pressé jusqu’aux pépins entre 2017 et

2019. Les commissaires d’exposition ont

de fait thématisé l’artiste « jusqu’au vertige

» : après Picasso, l’effervescence des

formes, accueillie ce printemps à la Cité

du Vin de Bordeaux (jusq. 28-08) et qui

s’intéresse au rapport de l’artiste au vin et

à l’alcool, à quand Les chemises de Picasso

ou Noël avec Picasso ? Peut-être en 2023,

année d’un jubilé qui s’annonce particulièrement

copieux pour commémorer,

comme il se doit, les 50 ans de la mort du

peintre ? De grâce, n’en jetez plus ! Or, s’il

est l’artiste le plus connu dans toutes les

couches de la société, particulièrement

parmi les moins cultivées, Picasso est

aussi de plus en plus victime d’un intense

dénigrement qui, comme souvent, est né

aux Etats-Unis, plus précisément dans

les milieux universitaires, où on le décrit

comme un « malade qui maltraitait les

femmes ». En France, les militantes féministes,

parmi les plus politisées, n’ont

pas tarder à enfoncer le clou, considérant

Picasso comme une « incarnation

de la masculinité toxique, du privilège

blanc, un misogyne absolu, pervers et

tourmenteur, violeur, pédocriminel,

raciste » et – crime suprême ! – grand

voleur de cet esthétique africaine qui

fit tant pour l’éclosion du cubisme et de

ses dérivés modernistes. Impardonnable

et particulièrement sensible, à l’heure

du mouvement Black Lives Matter, des

gender studies, des restitutions d’oeuvres

spoliées et des violences sexistes, singulièrement

à l’œuvre dans la conscience des

moins de 30 ans. Alors, Picasso, ce vieux

con ? Le purgatoire, en tout cas, semble

à peine débuter. Un comble, certain.e.s

venaient tout juste de découvrir son

existence…

Christophe Dosogne

RUBRIQUES

6 Up to date

10 Personalia

12 Musées

16 Paroles de galeristes : Newchild Gallery

17 Galeries

21 Paroles de galeristes : Uitstalling

22 L’artiste du mois : Shervin/e Sheikh Rezaei

24 Zoom : August Sander

82 Beaux-Livres

DOSSIERS

26 Jean-Michel Folon, la valeur d’une

poétique

30 TWENTY, de la Belle Epoque au Street Art

34 Bouffons et clowns, contre la morosité ?

40 Le trompe-l’œil selon

Christoffel Pierson

42 L’étoile montante de Judith Leyster

46 Le marché de l’Art précolombien

52 La nature par Tanabe Chikuunsai IV

54 A travers l’Histoire : le chandelier

58 Baranzate à Milan

62 Au rythme de Rachel Jones

VENTES

66 Focus International

70 La surprise du mois : Hendrick III

van Cleve chez Cornette

71 Ventes en Belgique

AGENDAS

90 Auction calendar

92 Fair calendar

93 Expo calendar

94 Gallery calendar

96 Bonnes adresses & Sites web

97 Petites annonces

La rédaction de COLLECT envoie

régulièrement une newsletter

d’actualité des ventes, foires et salons...

Inscrivez-vous y en faisant parvenir votre

adresse électronique à : collect@ips.be


UP TO DATE

Signa temporum, ars temporis…

->

La librairie d’Artcurial, à Paris, entièrement rénovée. © Artcurial

->

Hassan Hajjaj, Mandisa Dumezweni, 2011, photographie encadrée.

© de l’artiste / Afropolitan

Le Parlement de la Communauté française

récompense, chaque année, un jeune

artiste francophone dans le domaine des

arts plastiques. Cette année, ce Prix sera

attribué à la peinture et au dessin. Les

dossiers doivent être envoyés avant le

vendredi 20 mai à 12 h au plus tard, à

l’adresse suivante : Parlement de la

Communauté française, Secrétariat du Prix

Jeunes Artistes, Rue Royale 72, 1000

Bruxelles. www.pfwb.be Pour rappel,

jusqu’au 26 juin se tient, à Anvers, en la

Maison Snijders & Rocko, l’exposition de

toiles représentant des instruments comme

le virginal, l’orgue et le clavecin, se mêlant à

de vrais instruments d’époque, à leur tour

ornés de diverses peintures. Cette exposition

fait suite à la reconstitution, en 2018,

d’un salon de musique inspiré de celui que

le bijoutier portugais Gaspar Duarte avait

installé dans sa demeure du Meir. La

métropole fut, de 1560 à 1660, la capitale

mondiale de la fabrication de clavecins et

certains des instruments peints sur les

tableaux de l’exposition sont d’origine

anversoise… www.snijdersrockoxhuis.be

De son côté, la maison Rubens annonçait

début avril l’acquisition de deux œuvres (un

tableau de Paul Bril et une sculpture

antique, le trapézophore), ayant un lien

remarquable avec l’histoire de la demeure

de Rubens. www.rubenshuis.be A Ittre,

c’est au musée Marthe Donas qu’il faut se

rendre pour contempler (jusq. 05-06, www.

museemarthedonas.be) l’exposition

consacrée à Jean Rets (1910-1998), qui

présente un riche aperçu du travail pictural

de l’artiste, mis en relation avec une

dimension d’une ampleur inédite de son

œuvre, celle des intégrations dans l’architecture

et l’espace urbain. Il est désormais

partout, au point que les esprits chagrins le

qualifient parfois de ‘‘poncif de la mode’’…

L’art contemporain africain sera au cœur

d’un important festival, à Bozar, Afropolitan

(du 26 au 29-05, www.bozar.be), placé sous

le titre de Woman Power. Cette cinquième

édition célébrera la force créatrice des

femmes artistes africaines et afro-descendantes,

mais aussi leurs combats pour

accroître leurs libertés et élargir leur champs

d’action. En outre, un nouveau lieu de

résidence, de travail et d’exposition, centré

sur la pratique artistique des artistes

émergents ou indépendants africains et

européens, ouvrait le 28 avril sur le site de La

Cambre, à bruxelles. L’endroit, intitulé

SAFFCA, est une initiative du collectionneur

belge Pierre Lombart. www.saffca.eu Il

vous reste jusqu’au 13 mai pour découvrir les

trésors coréens de Belgique (notamment

ceux, méconnus, des musées Art et Histoire),

exposés au Centre culturel coréen de

Bruxelles (4 rue de la Régence, www.

bruxelles.korean-culture.org) Alors qu’à

Stavelot, la Galerie Le Triangle Bleu vient

d’annoncer suspendre son activité jusqu’au

moins la fin du mois de mars 2023 (www.

trianglebleu.be), l’antenne bruxelloise de

Nino Mier se dédouble et ouvre un second

espace dans la même rue (41 rue Ernest

Allard, www.miergallery.com). A Charleroi,

le BPS22 fermera temporairement ses portes

(du 13-06 au 05-05-2023) afin d’entamer les

travaux de mise en conformité énergétique

du bâtiment. www.bps22.be Mai est le

mois du Kunstenfestivaldesarts (du 07 au

28-05) qui, trois semaines durant, invite les

artistes à redéfinir les mondes du théâtre, de

la danse et de la performance. www.kfda.be

C’est aussi le mois du traditionnel Parcours

d’Artistes de Saint-Gilles (du 06 au 15-05),

qui cette année aborde la thématique de la

transmission. www.parcoursdartistes.be

Après la maison Skinner, l’auctioneer

Bonhams annonçait fin mars l’acquisition de

Bruun Rasmussen, première salle de ventes

danoises, dont le siège est établi à Copenhague.

www.bruun-rasmussen.dk

L’année 2022 marque les 20 ans de la

création d’Artcurial. A cette occasion, le

rez-de-chaussée de l’hôtel Marcel Dassault,

à Paris, a été entièrement repensé afin d’y

créer une ambiance plus chaleureuse,

proche de celle d’un appartement privé et

de redistribuer les espaces et les activités.

www.artcurial.com Les 13, 14 et 15 mai, le

Syndicat National des Maison de Ventes

Volontaires françaises (SYMEV) organise la

seizième édition de ses Journées Nationales

de l’Expertise (Journées Marteau), à

l’intention du grand public, à Paris et en

6


UP TO DATE

Nadir, l’art

au château

->

Le pavillon dessiné par Oscar Niemeyer, au château La Coste. © WE ARE CONTENT(S), 2022 / photo :

Stéphane Aboudaram

régions. Programme des expertises : www.

symev.org Après des retards et des

reports, c’est en ce mois de mai que devrait

s’ouvrir, à Arles, la Fondation Lee Ufan (1936).

L’artiste coréen, représentant des mouvements

Mono Ha et Dansaekhwa, a investi

l’Hôtel Vernon, demeure privée construite

entre le XVIe et le XVIIIe siècle dans le centre

historique de la ville. www.myamo.com

Auteur de nombreux bâtiments officiels, le

Brésilien francophile Oscar Niemeyer

(1907-2012) aura signé son ultime œuvre

pour la France, au domaine viticole du

château La Coste, en Provence, pour lequel

l’architecte brésilien a conçu, à partir de 2010,

un pavillon inauguré ce printemps. Lové au

creux d’un coteau, le projet posthume

comprend, sur 500 m², un espace d’exposition

et un auditorium de 80 places. www.

chateau-la-coste.com De passage à

Venise, ne manquez pas la visite du palais

des Vieilles Procuraties (Procuratie Vecchie),

sur le côté nord de la place Saint-Marc. C’est

la première fois en 500 ans qu’elles sont

accessibles au public ! Entièrement rénové

sous l’égide de David Chipperfield, grâce au

mécénat de Generali, le bâtiment de style

vénéto-byzantin consacre son exposition

d’ouverture à Louise Nevelson (jusq. 11-09,

www.louisenevelsonvenice.com).

À un jet de pierre de Gand, se dresse

la forteresse de Laarne, un des

châteaux-forts les mieux conservés

du pays qui accueille une exposition

d’art contemporain présentant des

œuvres des artistes flamands les

plus en vue du moment : Francis

Alÿs, Thomas Bogaert, Michaël

Borremans, Dirk Braeckman, David

Claerbout, Berlinde De Bruyckere,

Wim Delvoye, Kris Martin, Daniël

Ost, Matthieu Ronsse, D.D.

Trans et Jan Van Imschoot. C’est à

l’artiste Kris Martin que l’on doit le

concept de cette exposition qui vise

à orienter le regard vers l’essentiel.

Pour Nadir, l’artiste a donc entrepris

de réunir la génération l’ayant

lui-même formé et influencé, tant

sur un plan artistique qu’amical. Kris

Martin officie ici comme initiateur

et inventeur d’un concept qui a fait

appel à la créativité de ses pairs,

avec certaines œuvres spécialement

inspirées par le lieu, son histoire, ses

légendes et sa singulière atmosphère.

Château de Laarne

www.nadir2022.be

jusq. 22-05

Un dessin de Michel-Ange

en vente à Paris

Un dessin de la jeunesse de Michel-Ange, probablement son premier nu connu,

inspiré des fresques de Masaccio à la chapelle Brancacci de Florence, est proposé chez

Christie’s à Paris le 18 mai, avec une estimation de 30 millions d’euros. Cette académie

musclée, déjà passée en vente à l’hôtel Drouot en 1907 (alors attribuée à l’école de

Michel-Ange), avait été identifiée en 2019 comme une œuvre autographe par Furio

Rinaldi, un spécialiste de Christie’s. Ce qui avait motivé son classement au titre de

trésor national pour permettre une éventuelle levée de fonds et son maintien sur le

territoire français. Cette œuvre précoce constitue un témoignage de première main

sur la pratique assidue, rapportée par Vasari, de relevés exécutés par Michel-Ange à

partir d’œuvres de Masaccio, dont seuls quatre dessins, sur trois feuilles conservées à

Munich, à Vienne et à Paris, sont connus. www.christies.com

->

Michel-Ange, Une Jeune homme nu (d’après Masaccio) et deux personnages derrière,

plume et deux nuances d’encre brune, 33 x 20 cm. Christie’s, Paris, 18-05. © Christie’s

Images ltd. - Est. 30.000.000 €

7


UP TO DATE

Quelques foires de mai

->

Jean Baptiste Greuze, Jeune femme en

deuil, sanguine, 40 x 32 cm. Courtesy Galerie

De Bayser / Salon Du Dessin

->

Laurids Gallée, Explosions in sky, 2021. © dee l’artiste / TABLEAU / COLLECTIBLE (MAIN) / photo :

Michael Rygaard

->

Nico Krijno, The Mesentery, 2018. © de l’artiste /

The Ravestijn Gallery / Art Rotterdam (Prospects)

Voici un mois bien rempli, côté foires et

salons, avec dans la capitale belge, le salon

COLLECTIBLE (du 20 au 22-05), qui

retrouve le bâtiment Vanderborght. Lors de

ce moment d’échanges et de dialogue, sont

présentées des pièces uniques et autres

éditions limitées de grands créateurs

internationaux ainsi que de jeunes talents,

souvent en première mondiale. La section

MAIN -présente des galeries en phase avec

les dernières tendances et innovations en

matière de design. Les lauréats de cette

année sont MANIERA (Bruxelles), Atelier

Ecru Gallery (Gand), Objects With Narratives

(Genève), Movimento Club (Londres),

TABLEAU (Copenhague) et Mia Karlova

Gallery (Amsterdam). La section BESPOKE

met en avant des designers indépendants

et célèbre vette fois les matériaux nobles. La

première collection de meubles de la

designer d’intérieur belge Victoria Maria

Geyer y sera présentée en avant-première.

www.collectible.design Le troisième

week-end de mai, on fait d’une pierre

quatre coup à Paris ! On y annonce la

Menart Fair (du 19 au 22-05), foire internationale

d’art moderne et contemporain du

Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, avec

des galeries de ces régions ainsi que

Nathalie Obadia, basée à Bruxelles et à

Paris. www.menart-fair.com Le même

week-end (du 19 au 22-05) se déroule pour

la première fois la Paris Print Fair. 19

exposants européens s’associent au sein du

réfectoire du Couvent des Cordeliers, près

de Montparnasse, pour la présentation

d’œuvres de grands maîtres comme Dürer

et Rembrandt, de créateurs modernes

comme Hans Hartung et d’artistes

contemporains comme Atsuko Ishii www.

parisprintfair.fr Enfin, le Salon du Dessin

et Drawing Now Art Fair fêteront tous deux

un anniversaire ce même week-end : soit,

respectivement, leurs 30 et 15 ans ! « A

l’heure où les grandes foires d’art contemporain

et les super-galeries anglo-saxonnes

affluent à Paris, nous sommes fiers que

deux organisations françaises parviennent à

mettre en place deux salons du dessin.

Ensemble, nous représentons une période

couvrant le XVIe jusqu’au XXIe siècle »,

indiquent les organisateurs de Drawing Now

Art Fair. Au total, 111 galeries feront de Paris la

capitale du dessin au Palais Brongniard et au

Carreau du Temple. www.drawingnowartfair.com

/ www.salondudessin.com Il y

aura également beaucoup à faire, à

Rotterdam, pour la Rotterdam Art Week

(du 18 au 22-05). D’abord à Art Rotterdam,

l’une des foires les plus importantes du nord

de l’Europe en matière d’art actuel, qui

propose un nouveau format pour la section

vidéo Projections et une expansion substantielle

de sa section Prospects consacrée à la

jeune création. Le programme off est

également des plus intéressants, avec

Rotterdam Photo, OBJECT, Jewel.Rotterdam,

TEC ART et de nombreuses expositions :

www.rotterdamartweek.info Enfin, si vous

êtes de passage à New York, la TEFAF s’y

déroule, du 6 au 10 mai, au Park Avenue

Armory (www.tefaf.com).

8


FONDÉ EN 1707

Jean Dubuffet, Vache, 1954, gouache et encre de chine sur papier, 49 x 50 cm

€ 180.000 – 280.000, vente 1 juin 2022

ART CONTEMPORAIN, ART MODERNE

JOAILLERIE, MONTRES

Ventes de prestige

Palais Dorotheum à Vienne

31 mai – 3 juin 2022

Dorotheum Bruxelles

Honorine d‘Ursel, +32 2 514 00 34

honorine.dursel@dorotheum.be

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Palais Dorotheum Vienne | +43 1 515 60-570

Düsseldorf | Munich | Rome | Milano | Londres | Paris | Bruxelles | Prague | Genève

9


Têtes de l’Art

Andrew Fletcher

Nomination : Après 20 ans chez Sotheby’s

Londres, où il dirigeait depuis

2013 le département des tableaux de

maîtres anciens en Europe, le Britannique

Andrew Fletcher a rejoint la

maison concurrente, Christie’s, toujours

à Londres, pour y assurer la

même fonction, mais en tant que

responsable mondial. Diplômé en

histoire de l’art et en français à l’Université

de Bristol, il avait débuté sa

carrière en 2001 chez Christie’s Paris.

Officiant chez Sotheby’s de 2003 à

2021, ce spécialiste des premières

écoles néerlandaises et italiennes

s’est illustré dans le développement

du marché des maîtres anciens en

Asie et a contribué plus récemment

(pandémie oblige) au renforcement

des ventes en ligne.

Patrick

Demarchelier

In memoriam : Le photographe de

mode Patrick Demarchelier est décédé

le 31 mars à l’âge de 78 ans. Né

au Havre, connu pour ses clichés de

la princesse Diana, de Madonna, de

Beyonce, de Bella Hadid ou d’Angelina

Jolie, il avait fait l’objet d’une

exposition rétrospective en 2008, au

Petit Palais à Paris. Auteur de couvertures

de nombreux magazines

comme Vogue ou Harper’s Bazaar,

cité comme référence dans le film

Le diable s’habille en Prada, il avait

été accusé ces dernières années de

harcèlement sexuel par plusieurs

femmes.

© Getty Images

Budi Tek

In memoriam : Sa richesse venait

d’une entreprise d’élevage avicole,

Sierad Produce TBK, au chiffre

d’affaires annuel de l’ordre de 200

millions de dollars. Budi Tek, né à

Djakarta en 1957 et décédé le 18 mars

à Hong Kong après six ans de combat

contre le cancer du pancréas, a

connu une carrière assez météoritique

dans le monde de l’art, bâtissant

en un peu plus de 15 ans une

collection de près de 2000 œuvres,

une fondation, deux musées (le premier

dans sa ville natale en 2007, le

second à Shanghai en 2014) et conclu

des accords avec de grandes institutions

internationales (le LACMA de

Los Angeles et le Musée national du

Qatar). Le partenariat avec le LAC-

MA, négocié après avoir appris sa

maladie, visait à assurer la continuité

de sa collection d’art contemporain

chinois après son décès.

© Courtesy Yuz Foundation

Donald Baechler

In memoriam : Artiste américain et

figure montante du mouvement néoexpressionniste,

vivant à New York

depuis les années 1970, David Baechler

(1956) avait travaillé aux côtés

de Keith Haring, Jean-Michel Basquiat

et Kenny Scharf et incorporé

une imagerie enfantine, le Pop art

et une iconographie liée au commerce

dans ses peintures colorées.

Il décédait d’une crise cardiaque le

4 avril dernier.

© Getty Images / photo : Patrick

McMullan

Shesna

Lyra Conrado

Nomination : Après des expériences

dans l’atelier du sculpteur français

Xavier Veilhan, à la Galerie Perrotin

et à la Galerie Bailly, puis deux années

comme artist liaison de l’enseigne

bruxelloise Super Dakota, la Brésilienne

Shesna Lyra Conrado était

nommée début avril à la tête de la

galerie.

© Super Dakota

© Christie’s Images Ltd.

10


Francis Kéré

Gianni Jetzer

Nomination : Le Zurichois Gianni

Jetzer (1969), conservateur général

du Hirshhorn Museum and Sculpture

Garden à Washington (D. C.)

depuis 2014, était nommé fin mars

directeur du Kunstmuseum St. Gallen

(Suisse) où il succède à Roland

Wäspe, qui prendra sa retraite en

novembre prochain, après trente

années au sein de l’institution. Un

retour aux sources pour celui qui fut

un commissaire d’exposition prolifique,

notamment de la section bâloise

d’Art Unlimited.

© D. R.

Lauréat : Cette année encore, le Pritzker

Prize, considéré comme le Nobel

de l’architecture, s’affiche en phase

avec l’évolution du monde, en couronnant

l’activiste Diébédo Francis

Kéré. Pour cet Africain, né en 1965 à

Gando au Burkina-Faso, l’architecture

est d’abord pensée comme un outil

apte à favoriser le développement

des communautés humaines. Pour

ce faire, ce maître de l’approche vernaculaire,

rompu à utiliser les procédés

artisanaux et les matériaux

locaux tels l’argile, ne cesse de réinventer

les techniques traditionnelles.

© Spain's News

Marie Taevernier

Nomination : Depuis le début du

mois d’avril, après un parcours

dans la mode et la communication

de luxe, Marie Taevernier est

la nouvelle CEO du club d’affaires

privé bruxellois TheMerode. Projet

singulier, lieu de vie et espace dédié

aux relations humaines, porté par

Bruno Pani, CEO de l’agence Profirst,

le cercle a été entièrement relooké en

jouant la carte de la socialisation, de

l’apprentissage et du divertissement.

© photo : Isabel Castelyn

Ernest van Zuylen

Nomination : Détenteur d’un master

en gestion d’entreprise de la Louvain

School of Management, après

une expérience de trois ans au sein

d’Allyum, entreprise financière de

fusions et acquisitions, Ernest van

Zuylen faisait ses grands débuts dans

le marché de l’art, en intégrant en

mars dernier le bureau de représentation

bruxellois de la salle française

Aguttes. Il est chargé de coordonner

avec les spécialistes maison l’expertise

et la mise en vente à Paris des

biens confiés à la maison de ventes.

Richard Aronowitz

Nomination : Le 30 mars, Richard

Aronowitz rejoignait Christie’s afin

d’y diriger l’importante équipe de

restitution, qui travaille notamment

sur les spoliations d’œuvres par les

nazis. Basé à Londres, il avait passé

15 ans chez Sotheby›s, où il dirigeait

le département de restitution,

et était chargé d’établir des relations

avec les avocats spécialisés, les chercheurs,

les familles et les héritiers. Il

a également travaillé chez Bloomsbury

Auctions, à la Ben Uri Gallery

et a été chef de recherche au sein du

département d'art impressionniste

et moderne de Sotheby's. Il est l'auteur

de plusieurs romans et grand

connaisseur de l’expressionnisme

allemand.

© D. R.

© Aguttes

11


MUSÉES

Beyrouth.

Les temps

du design

jusq. 14-08

CID

Hornu

www.cid-grandhornu.be

Ricardo Brey:

Gap in the Clouds

du 20-05 au 28-08

Museum Hof van Busleyden

Malines

www.hofvanbusleyden.be

Depuis les années 2000, le Liban vit dans

une belle effervescence artistique dont le

design porte le témoignage. Ce segment

créatif cristallise le désir de s’emparer de

son destin et de son image en proposant

des objets à la croisée de multiples

héritages bien que conçus dans une réalité

complexe. Trois ensembles structurent

cette exposition : le premier se concentre

sur les années 1950 et 1970 alors qu’émerge

cette discipline, le second sur les années

1990 à aujourd’hui, qui voient son remarquable

épanouissement. Un troisième

volet est consacré au projet Minjara et à

sa philosophie, avec un insert d’un projet

mené sur place par le designer belge Bram

Kerkhofs. (ah)

Nada Debs, Pleated Secretaire, 2017 (détail). © de

l’artiste / photo : Mansour Dib

Natif de Cuba, Ricardo Brey (1955) vit en Belgique depuis 1990, après l’invitation de

Jan Hoet à participer à la Documenta IX de Kassel. Dans son travail, il s’inspire de

la richesse de la culture afro-cubaine, de ses souvenirs personnels et de mythes,

légendes et histoires. Cette exposition souhaite offrir un signe d’espoir en ces temps

troublés. En effet, les grandes problématiques qui ont secoué et secouent encore nos

sociétés, à savoir la pandémie de coronavirus, les protestations en faveur de l’égalité

raciale et l’égalité des genres, ont incité l’artiste à créer une série d’œuvres introspectives.

Certaines de celles-ci entrent directement en résonance avec les chefs-d’œuvre

du musée. Par ailleurs, de nouveaux travaux font référence au passé mais osent aussi

se tourner vers l’avenir comme cette série de boîtes fermées, dont l’ouverture s’impose

comme un rituel, suscitant surprise et émerveillement. (ah)

Ricardo Brey, Sapphire Fluid, 2021, technique mixte. © de l’artiste / photo : WeDocumentArt

Costa Lefkochir,

le cheminement d’une quête

du 06-05 au 07-08

La Boverie

Parc de la Boverie

Liège

www.laboverie.com

Originaire de Grèce, Costa Lefkochir vit en Belgique depuis les années 1970. Cette exposition

retrace 35 ans de son travail, soit celui mené depuis 1989. Non chronologique, le

parcours de l’exposition se focalise sur des œuvres significatives, dans leurs thématiques

et dans la permanence de la vision de l’artiste. De nombreuses peintures, dont de magnifiques

grands formats, mais aussi des sculptures, des encres et des installations livrent un

riche ensemble d’une pensée foncièrement humaniste. Plusieurs œuvres, émanant de

collections privées, n’ont jamais été présentées en institution muséale et l’artiste a aussi

créé quelques installations spécialement pour le lieu. Ce sera un pur bonheur de revoir

ses peintures aux accents lyriques des années 1980 et de découvrir ses réalisations les plus

récentes, qui témoignent toujours d’une quête spirituelle, désireuse de trouver la meilleure

adéquation entre un idéal de vie humaniste et une expression artistique personnelle. (ah)

Costa Lefkochir, Lettre à Dürkheim, 2020, acrylique

et élément sculptural sur carton marouflé sur châssis.

© de l’artiste / photo : Laura Lefkochir

12


MUSÉES

Pierres gravées.

La Collection Guy Ladrière

du 12-05 au 01-10

L’Ecole des Arts Joailliers

Paris

www.lecolevan

cleefarpels.com

Christa Ehrlich

Pionnière

du design

du 13-05 au 28-08

Musée De Lakenhal

Leyde

www.lakenhal.nl

La glyptique est un peu oubliée aujourd’hui. Pourtant, cet art de graver les

pierres en miniature a livré de véritables chefs-d’œuvre, comme le démontre

cette exposition qui en raconte l’histoire, de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle.

Intailles grecques et néoclassiques, camées antiques et médiévaux, petites

sculptures d’époque impériale, bagues-signets mérovingiennes, anneaux

épiscopaux sont réunis pour en évoquer toutes les facettes. Ces œuvres fascinantes,

qui exaltent la beauté de certaines pierres, sont issues de la collection

de Guy Ladrière, marchand spécialiste des arts premiers et de l’art médiéval,

qui réunit depuis des années les camées, intailles et bagues qui le séduisent

non pas pour leur valeur historique mais pour leur beauté. (ah)

Élisabeth Ière, Milan, fin du XVIe siècle, camée en agate des Grisons. Collection Guy Ladrière.

© photo : Didier Loire

L’artiste visuelle Christina Anna (Christa) Ehrlich

(1903-1995) devint célèbre en tant que créatrice de

bijoux, photographe et orfèvre. Dans le cadre de

sa formation à la Kunstgewerbeschule de Vienne

(1922-1925), elle suivit entre autres les cours de Josef

Hoffmann. Dans les décennies 1920 et 1930, elle se fit

connaître par sa remarquable et élégante argenterie

qui lui valut, en 1927, d’être envoyée aux Pays-Bas, à

la demande de Carel Begeer, en qualité de créatrice

d’argenterie pour intégrer la Zilverfabriek Voorschoten

(filiale des Entreprises royales néerlandaises de

métaux précieux qui fusionnaient en 1960 avec Van

Kempen & Begeer). Elle y créa, entre autres, des services

à thé géométriques au design épuré. La récente

découverte d’une partie de ses archives personnelles

a donné lieu à cette exposition. (eb)

Christa Ehrlich, Service à thé et café, 1928-1941, argent.

© Collection Zilvermuseum

Pharaon des deux terres

du 28-04 au 25-07

Le Louvre

Paris

www.louvre.fr

Egide à tête de lionne au nom du roi

de Boubastis et de Ranefer Osorkon IV,

Paris, musée du Louvre, département des

Antiquités égyptiennes. © Musée du Louvre

dist. RMN-Grand Palais / photo : Christian

Décamps

Cette exposition traite de la XXVe dynastie, qui régna sur l’Egypte du VIIIe siècle environ jusqu’en

655 avant notre ère. Appelée ‘‘kouchite’’ car ses pharaons sont issus du pays de Kouch (situé au

cœur du Soudan actuel), cette dynastie a contribué au renouvellement d’une belle production

artistique comme en témoignent quelques objets spectaculaires : des stèles et statues monumentales

en granit, des statuettes en bronze et en or, des amulettes, … Enfin, l’une des originalités de

cette exposition est la présentation des répliques des statues de Doukki Gel, découvertes en 2003,

telles qu’on peut les reconstituer au sortir de l’atelier des sculpteurs kouchites. C’est aussi l’occasion

de commémorer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion... (ah)

13


MUSÉES

Cornelia

Parker

du 18-05 au 16-10

Tate Britain

Londres

www.tate.org.uk

Utopia

du 14-05 au 02-10

Lille

www.lille3000.eu

Voici la première rétrospective majeure,

consacrée dans une institution muséale

anglaise à Cornelia Parker, considérée

comme l’une des plasticiennes britanniques

les plus appréciées actuellement.

La manière dont elle s’empare d’objets

du quotidien pour les transformer, les

assembler, questionne notre rapport

au monde. Ainsi, quelques grandes

thématiques de notre temps comme la

violence, l’écologie et les droits humains

sont au cœur de sa démarche. Comprenant

des films, dessins et photos,

le parcours réunit quelques travaux

devenus iconiques comme Thirty Pieces

of Silver (1988-1989), Cold Dark Matter:

An Exploded View (1991), ou encore son

installation immersive War Room (2015).

En outre, quelques travaux dialoguent

directement avec des œuvres historiques

conservées dans les salles de la collection

permanente. (ah)

Cornelia Parker, Perpetual Canon, 2004. © de

l’artiste

Après le succès de Lille capitale européenne 2004, Lille 3000 a été constitué afin de prolonger

le travail engagé. Pour cette sixième édition, l’événement se place sous le signe

d’Utopia, un néologisme grec formé par l’écrivain anglais Thomas More, qui désigne

habituellement un idéal inexistant ou inaccessible. À l’heure du changement climatique et

des enjeux environnementaux, la proposition s’intéresse aux liens qui unissent l’homme

aux vivants. Plutôt que de perpétuer la conception anthropocentriste du monde, elle se

concentre sur les visions d’artistes, d’inventeurs, de créateurs et de scientifiques qui interrogent

la hiérarchie entre les hommes et la nature. 35 expositions sont organisées dans la

ville de Lille et dans toute la région. Parmi les artistes convoqués, citons entre autres Joana

Vasconcelos, Bruno Novelli, Jean-François Fourtou, … (ah)

Bruno Novelli, Adhafera, 2011, 172 x 254 cm. Collection privée (Sao Paulo). © de l’artiste

Feminine power.

The divine of the demonic

du 19-05 au 25-09

British Museum

Londres

www.britishmuseum.org

Voilà une exposition fort ambitieuse qui se propose d’explorer comment la spiritualité

féminine s’est exprimée depuis les temps immémoriaux. Déesses, saintes et démones sont

ici réunies au travers d’objets issus de tous les continents : des estampes japonaises côtoient

des sculptures romaines, non loin d’amulettes égyptiennes et de la traduction contemporaine

en 3D de la déesse Kali par l’artiste Kaushik Ghosh. Afin d’approfondir le propos, les

conservateurs du British Museum ont sollicité la collaboration de personnes de référence

comme, entre autres, la psychothérapeute Leyla Hussein, l’auteure Mary Beard, ou l’avocate

spécialisée en droits humain Rabia Siddique. (ah)

John William Waterhouse, Circé offrant une coupe à Ulysse, 1891, huile sur toile. © Gallery Oldham

14


MUSÉES

François

Morellet

du 05-05 au 30-09

Chasse Spleen Centre

d’Art

Moulins-en-Médoc

www.chasse-spleen.com

Vive le pastel !

du 07-05 au 25-07

Alte Pinakothek

Munich

www.pinakothek.de

Figure majeure de l’abstraction géométrique

et précurseur de l’art minimal, François Morellet

(1926-2016) a exploré les possibilités de l’art

cinétique et la participation du spectateur dans

de nombreuses installations interactives. Cette

exposition met bien en évidence ces caractéristiques

en privilégiant un dialogue entre les

œuvres et les espaces du Centre d’art du Château

Chasse Spleen. Le parcours couvre toutes

les périodes créatives du peintre et sculpteur,

depuis 1950 aux années 2000. Le visiteur découvre

ainsi combien François Morellet a fondé

son travail sur des systèmes simples, introduisant

le hasard, qui visent à limiter au maximum la

subjectivité et les choix de l’artiste. Il s’est efforcé

de démanteler les hiérarchies traditionnelles, de

sortir le tableau de ses limites arbitraires, d’augmenter

ainsi son champ d’investigation, d’associer

l’angle et la courbe, l’ordre et le désordre,

l’artificiel et l’organique, la tension et la fluidité,

la contrainte et la fantaisie. (ah)

Le pastel fut particulièrement

prisé au XVIIIe

siècle, et plus spécialement

encore en

France. On se souvient

par exemple combien

Rosalba Carriera

(1675-1757) fut sollicitée

par toute la bourgeoisie

parisienne pour

réaliser des portraits

dans ce medium, lors

de son séjour dans la

capitale française. Des

œuvres de l’artiste

vénitienne sont évidemment

présentes

dans cette exposition

qui s’est donné pour

but d’explorer les

raisons du succès du

pastel à cette époque.

Les œuvres d’autres

fameux spécialistes en

ce domaine donnent à

cette exposition toute

sa pertinence et son intérêt : Joseph Vivien, Maurice Quentin de La Tour et Jean-

Etienne Liotard. Ces pastels proviennent des collections de l’Alte Pinakothek, mais

aussi du Neues Schloss Schleisheim ainsi que de collections privées. (ah)

Patrice Schmidt Joseph Vivien, Charles, Duke of Berry (1686-1714), 1700, pastel sur papier, 100,5 x

81,5 cm. Staatsgalerie im Neuen Schloss Schleißheim. © Bayerische Staatsgemäldesammlungen,

Munich

François Morellet, Grands tiret 0°, 90 °, 1971. © Archives

Morellet

Lynette Yiadom-Boakye

jusq. 05-09

Mudam

Luxembourg

www.mudam.com

Fly In League With The Night est la première exposition d’envergure consacrée à l’artiste

britannique Lynette Yiadom-Boakye (1977). Travaillant à l’huile, sur toile ou sur lin brut,

elle développe depuis plus de vingt ans une peinture figurative mettant en scène des personnages

dans des décors délibérément énigmatiques, intemporels et souvent abstraits.

Par ailleurs auteure de textes en prose et de poésies, l’artiste confie : « Lorsque je peins,

il y a plein de choses que je fais ou auxquelles je pense et que je n’arrive pas à formuler

verbalement. Toute tentative d’explication est vouée à être, au mieux, superficielle, au

pire, totalement inexacte. » Aussi, nul cartel explicatif n’accompagne les tableaux. Au lieu

de cela, le spectateur est invité à les approcher tels qu’ils se présentent à lui. (ah)

Lynette Yiadom-Boakye, A passion like no Other,

2012. Collection Lonti Ebers. © de l’artiste

15


Paroles de galeristes #05.2021 — PART 1

Newchild Gallery

De l’anonymat

au succès à Anvers

Une galerie ouverte en pleine pandémie par

trois personnalités à l’histoire et à la nationalité

totalement différentes, cela ressemble à une

folle aventure ! Une aventure visiblement

couronnée de succès car, deux ans plus tard,

leur désir de montrer des talents internationaux

à Anvers n’a fait que s’amplifier.

Comment expliquer une telle

croissance ces deux dernières

années ? Quelle vision nouvelle

avez-vous acquise en tant

que galerie ?

Après des débuts dans des

conditions imprévues, c’est-àdire

une pandémie, nous avons

vite appris à faire preuve de

flexibilité tant dans la programmation

que dans le fonctionnement

quotidien de la galerie.

Nous avons compris, ces deux

dernières années, que la distance

n’a en fait plus aucune

importance. Les collectionneurs

du monde entier ont su trouver

notre galerie en dépit, ou peutêtre

en raison, de l’obligation

imposée à tous de se confiner

et de rester chez soi.

Des modifications

fondamentales se sont-elles

opérées ces deux dernières

années ? Votre visibilité s’estelle

rétrécie ou élargie ?

Nous n’avons pas apporté de

modifications fondamentales.

Notre vision et notre mission

en tant que galerie n’ont pas

changé. Nous nous tournons

vers des artistes prometteurs

et des valeurs moins établies

en Europe occidentale. Notre

galerie fait venir à Anvers des

artistes qui n’ont encore jamais

exposé en Belgique, voire en

Europe. Excellence technique et

histoires fortes constituent les

critères de notre sélection, de

même que l’élaboration d’une

œuvre cohérente et le sens de

l’innovation.

Comment décririez-vous la

relation de votre galerie avec

ses artistes ?

Newchild a été fondée par

Sarah Vanwelden (Belge,

historienne de l’art), Chandler

Noah (Américain, architecte)

et Diego Castano (Colombien,

artiste). Il s’agit donc d’une

galerie très hétérogène, internationale

et informelle. Ce qui

se traduit également dans nos

interactions avec les artistes.

Nous constituons, à la fois, un

interlocuteur de confiance et un

conseiller pour nos artistes, tout

en étant joignables et amicaux

dans nos communications.

Anvers possède-t-elle sa

propre scène artistique,

différente de celle de Bruxelles,

et comment celle-ci se profilet-elle

?

Tout à fait ! L’une des raisons

pour lesquelles nous avons

établi notre galerie à Anvers,

c’est justement à cause de la

réputation internationale de

la ville en tant que centre de

design, d’architecture et d’art.

Il y a, en Belgique, une énorme

concentration de collectionneurs

engagés qui contribuent

au dynamisme de la scène

artistique des différentes villes

belges.

Votre enseigne est-elle facile à

trouver ?

Nous collaborons avec un

groupe de collectionneurs

internationaux. Le monde s’est

fortement restreint, grâce à des

© photos : Piet Albert Goethals

« La Newchild est une galerie

très hétérogène, internationale

et informelle. »

canaux comme Instagram. Depuis

la pandémie, la confiance

des collectionneurs a également

considérablement augmenté

lorsqu’il s’agit d’acheter

des œuvres au départ d’une

photo ou d’une vidéo. Curieusement,

nous avons davantage

vendu la première année à

des clients internationaux qu’à

des collectionneurs locaux.

L’équilibre commence juste à

se rétablir.

Quelles sont vos sources

d’inspiration ?

Nous observons les galeries

ayant une vision très claire et

osant prendre des risques dans

leur programmation. Nous

sommes très satisfaits de pouvoir

organiser des expositions

collectives ‘‘curatées’’ et considérons

l’aspect organisationnel

comme primordial.

Quelles sont vos ambitions ?

Notre ambition est de pouvoir

présenter, à Anvers, un

programme varié et surprenant.

Nous souhaitons offrir au collectionneur

belge l’occasion de

découvrir des œuvres de talents

internationaux. Nous espérons,

bien entendu, dans le futur

pouvoir aussi porter notre vision

au niveau international, lors de

foires et autres salons.

L’Antwerp Art Weekend est

prévu fin mai. Qu’est-ce que

cela signifie pour vous ? Existet-il

une communauté ?

Notre première participation

à l’Antwerp Art Weekend a eu

lieu l’an dernier et nous avons

été surpris par le grand nombre

de visiteurs que nous avons

accueillis durant ces quatre

jours. C’est une merveilleuse

initiative, qui permet à nombre

d’amateurs d’art de franchir

le seuil d’une galerie et qui

contribue à créer un sentiment

de communauté entre les différents

galeristes.

Shivering trees, Curling flames

Alyina Zaidi (Delhi), Brittney

Leeanne Williams (Chicago) et

Madeleine Bialke (Brooklyn)

jusq. 11-06

Newchild Galery

Anvers

www.newchildgallery.com

Antwerp Art Weekend

du 26 au 29-05

www.antwerpartweekend.be

16


GALERIES

Antoine

Mortier

jusq. 01-07

Laurentin Gallery

Bruxelles

www.galerie-laurentin.com

Cerf, Cerf !

jusq. 29-05

L’Orangerie, espace d’art

contemporain

Bastogne

www.lorangerie-bastogne.be

Depuis quelques temps, la Galerie Laurentin assure

la représentation en exclusivité de l’estate d’Antoine

Mortier (1908-1999), contribuant à la promotion et à

la diffusion de son œuvre. De formation classique,

Antoine Mortier a fait le lien entre les mouvements

d’avant-garde étrangers, tels l’Action Painting ou l’Expressionnisme

abstrait, et la peinture belge. À la sortie

de la guerre, son œuvre a su dépasser un art national

figuratif et rassurant qui prédominait en Belgique, au

profit d’une peinture brossée à grands gestes. Figure

majeure de l’art moderne belge, il a été surnommé ‘‘le

peintre de l’absolu’’. Malgré diverses épreuves, rien

n’a jamais détourné cet artiste rigoureux de sa voie

de peintre et de sa ligne de recherches. À travers sa

peinture, il a sans cesse visé la grandeur, la pureté, la

force de l’âme et la force vitale. Ses œuvres peuvent

être admirées dans les musées belges, américains,

hollandais, français, japonais et brésiliens. (gg)

Antoine Mortier, Sans titre (fruits), 1969, huile sur toile, 54 x 73

cm. © Galerie Laurentin – Prix : entre 15.000 et 65.000 €

Animal mythique,

beau, fier et fort,

le cerf a tout pour

plaire. Il porte en lui

une grande charge

symbolique et fait

l’objet de nombreuses

représentations,

de l’art pariétal à

l’époque contemporaine.

Objet de tous

les fantasmes, présent

dans de nombreux

récits mythologiques

et religieux, cet animal

nocturne, mystérieux

et silencieux se

manifeste particulièrement

en période de

brame. « Je sculpte

des lièvres parce

qu’ils ont des choses

à dire qui m’intéressent»,

écrivait Barry

Flanagan. Les artistes

d’aujourd’hui peignent, sculptent, dessinent et photographient les cerfs

parce qu’ils ont des choses à dire qui les intéressent... Dans cette exposition,

trois sculpteurs, Stief Desmet, Myriam Hornard et François Lelong proposent,

dans leur travail respectif, ce qui sous-tend leur relation au cerf. Les peintres

Philibert Delécluse, Luc Doerflinger et Michael Dans peignent des cerfs parce

qu’ils ont aussi des choses à dire qui les intéressent. Le cerf est un animal à la

sexualité exacerbée en période de rut et de brame. Autres artistes exposés :

Didier Comes, Edmond Dauchot, Charles Freger, Jean Gaspar, René Hausman,

Claudie Hunzinger, Daniel Michiels, Gaëtan Nocq, Fernande Petitdemange et

Jean-Claude Servais. (gg)

Charles Fréger, Yokoshima, 2013-2015, photographie, 140 x 120 cm. © de l’artiste / L’Orangerie

My Hair, My Soul, My Freedom

du 07-05 au 09-07

Gallery Fifty One

Anvers

www.gallery51.com

Sandro Miller, Melody B. #1, Chicago, 2016,

impression pigmentaire d’archive, 50 x 60

cm. © de l’artiste / Courtesy Gallery Fifty

One, Anvers. – Prix : de 3.500 à 14.500 €

Pour sa série CROWNS, le célèbre photographe américain Sandro Miller a demandé à des

femmes noires de raconter une ‘‘histoire de cheveux’’ personnelle. Une styliste a réalisé une

coupe capable d’exprimer sa personnalité, sa créativité, sa liberté et sa force. L’arrière-plan

des portraits change en fonction de la singularité du modèle et de la coupe de cheveux. Cette

exposition présente la série en parallèle à des photos du Nigérian J.D. Okhai Ojeikere (1930-

2014), lequel participait en 2013 à la Biennale de Venise et en 2007 à la Documenta 12 de Kassel.

Ce dernier avait documenté la culture nigériane, à l’aide de gros plans sur des styles de coiffure

locaux et d’un inventaire de ces ‘‘sculptures d’un jour’’. Fifty One Too présente en même temps

des images inédites de Vivian Maier. A partir du 8 juin, Bozar consacrera une grande exposition

solo à cette photographe découverte peu après sa mort et aujourd’hui mondialement célèbre.

(cv)

17


GALERIES

Johan Muyle

jusq. 28-05

Belgian Gallery

Bruxelles

www.belgiangallery.com

Ariane

de Rosmorduc

du 12-05 au 25-06

Zedes Art Gallery

Bruxelles

www.zedesart-gallery.be

Johan Muyle (1956) est l’un des artistes belges les plus importants de sa génération.

Cette exposition dévoile le résultat d’un travail d’atelier qui a débuté en

mai 2021. Ces dernières installations sculpturales ont toutes pour dénominateur

commun l’utilisation comme point de départ de la statuaire historique. Une

démarche récente dans le travail de Johan Muyle, née de sa visite au musée Rodin.

Le fait d’y avoir vu certaines œuvres, dont les interventions du sculpteur sur

des vases étrusques, l’ont encouragé à poursuivre dans cette voie. Cette visite

l’a également conforté dans l’idée de produire de nouvelles œuvres avec pour

appui le travail de sculpteurs de la fin XIXe et du début du XXe siècles. Deux

des œuvres de l’exposition ont pour point de départ des plâtres de Constantin

Meunier. « Ces nouvelles propositions doivent être comprises comme des hommages

à certains de mes pairs. » Les œuvres sont hybrides, par la diversité des

sources des images utilisées, et allégoriques par la pensée qu’elles contiennent.

L’œuvre d’Erik Satie, et particulièrement Vexations (consistant dans la répétition

840 fois de suite du même motif musical), a accompagné la réalisation de ces

sculptures. (gg)

Johan Muyle, La restitution (détail), 2022. © de l’artiste / photo : Ethel Lilienfeld –

Prix : entre 4.000 et 60.000 €

Après avoir célébré les mystères et fantasmagories

d’un monde sous-marin imaginaire, Ariane de

Rosmorduc (1967) reprend plaisir à la terre ferme.

Tumbleweed est le titre de sa nouvelle exposition.

Les tumbleweeds, typiques des déserts de l’ouest

américain, sont des boules végétales touffues et

légères qui, une fois desséchées, se détachent de

leur racine et roulent au gré du vent. Les westerns

et les médias visuels ont conduit à une signification

symbolique de ces herbes mystérieuses qui

s’agitent et tournent sur elles-mêmes en toute

légèreté, dans des lieux désolés, vidés de leurs

occupants. Ariane de Rosmorduc ne perd pas le fil

quand il s’agit d’interpréter ce phénomène en une

métaphore contemporaine sur le sort d’une partie

de l’humanité. Cette migration végétale, l’artiste la

sublime par des nuances chromatiques très riches

et par un travail époustouflant de la matière. Ces

vibrations matière/couleur jouent dans l’espace de

la toile au point d’y insuffler le mouvement, provoquant

ainsi la fuite en avant du ‘‘virevoltant’’. (gg)

Ariane de Rosmorduc, Sans titre, 2021, technique mixte sur

toile, 120 x 170 cm. © de l’artiste / Courtesy Zedes Art Gallery

– Prix : entre 2.500 et 8.000 €

Bilal Bahir &

Lieven Decabooter

jusq. 29-05

Gallery Sofie Van den Bussche

Bruxelles

www.sofievandenbussche.be

Bilal Bahir, Young poet, 2021, technique

mixte sur papier, 33 x 25 cm. © de l’artiste /

Gallery Sofie Van den Bussche –

Prix : entre 1.500 et 8.500 €

La démarche de Bilal Bahir (1988) s’intéresse à la diversité des cultures dans une vaste perspective

chronologique. Il développe une dimension biographique et politique pour aboutir à

des cycles de dessins et d’esquisses au caractère onirique et poétique. Il pose la question de

l’état de guerre et de l’existence humaine à travers les nombreux changements de la société

irakienne, qu’ils soient culturels, politiques ou économiques. Les éléments picturaux expriment

le profond engagement de l’artiste face aux grandes questions de notre époque : la place de

l’individu au milieu des conflits et des changements qui secouent le monde et touchent l’être

humain au cœur de sa vie. Lieven Decabooter (1961) crée des compositions monumentales

dans lesquelles se succèdent divers motifs, styles de peinture et intrigues. Une manière précise

de peindre alterne avec des coups de pinceau rapides et impulsifs. L’effet est souvent écrasant

et nous confronte à un monde théâtral, surtout chargé d’une logique visuelle parfois absurde.

Des techniques de peinture très diverses se rencontrent sur une même toile et se superposent

les unes aux autres. (gg)

18


GALERIES

Bers Grandsinge

and friends

jusq. 20-05

La Maison

Commune

Bruxelles

www.culturesetpublics.be

Miguel Sbastida

jusq. 16-07

LMNO

Bruxelles

www.lmno.be

Bers Grandsinge,

né Jean-Pierre Bers

Mbalaka (1955), est

le premier artiste

congolais à s’installer

en Belgique en 1985

pour défendre l’art

contemporain de

son pays, sous les

conseils de Jean Michel

Basquiat. Bers

‘‘Grandsinge’’ suit

les cours de l’Académie

des Beaux-Arts

de Kinshasa avant de se lancer à la découverte

de nouveaux horizons, d’abord des pays africains

puis de New York. En 1985, lors d’une exposition

consacrée à Andy Warhol, il rencontre Jean-Michel

Basquiat et les autres peintres de la scène newyorkaise.

Une rencontre qui sera déterminante

dans l’orientation de son travail (c’est Basquiat

qui lui donnera le surnom de Bers Grandsinge).

Visionnaire, il compare ce voyage à une prospection

éclairante pour annoncer l’épanouissement

futur de l’art du Continent africain. À son retour,

il pose ses valises à Bruxelles et y est rapidement

découvert par la Galerie Hutse où il travaillera

jusqu’au décès de son fondateur. Sa pratique

explore différents domaines tels que la peinture, le

design textile, la photographie… (gg)

Bers Grandsinge, La Fin tragique d’une dictature, 1987, huile

et polyuréthane sur toile, 120 x 180 cm. © de l’artiste / La

Maison Commune – Prix : entre 15.000 et 25.000 €

Pour la première exposition personnelle de Miguel Sbastida (1989), LMNO

présente une série d’œuvres intitulée High Tide. La pierre angulaire de ce

projet est une performance réalisée en 2018 par l’artiste, dans laquelle il

tente de joindre ses forces à celles de l’océan afin de contribuer au processus

d’érosion d’une falaise. Une sorte d’association entre l’homme et son environnement,

la nature. La performance consistait à jeter des centaines de litres

d’eau de l’océan Atlantique contre des falaises, à l’aide d’un vase en verre.

Cette performance reproduit sensiblement les vagues qui viennent se briser

contre la roche à marée haute, d’où l’intitulé de la série. Dans l’espace de la

galerie, la performance fait l’objet d’une installation vidéo, de photographies

et d’une sculpture dessinée par l’artiste. Dans High Tide, celui-ci interroge les

frontières traditionnelles entre le vivant et l’inerte, l’humain et le non-humain,

le biologique et le géologique. Son travail s’efforce d’établir de façon poétique

de nouvelles perspectives vers un sentiment d’appartenance et d’association

avec l’organisme terrestre. (gg)

Miguel Sbastida, High Tide (waves) 12, 2018, impression digigraphique sur papier Hahnemühle

Baryté 315g, 41 x 61 cm, éd. 5 ex + 1 EA. © de l’artiste / LMNO - Prix : entre 1.500 et 7.000 €

Babette Goossens

du 06-05 au 04-06

The Palm Beach

Bruxelles

www.thepalmbeach.be

Née à Bruxelles en 1991, Babette Goossens entame en 2009 des études de peinture à

l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, achevées en 2014. En 2016, elle est lauréate

de la bourse Spes lui permettant de se rendre à Florence pour y apprendre l’histoire et la

technique de la fresque. « Par mon travail, je cherche à témoigner d’un métier et de ce qu’il

implique dans l’ouverture de notre regard. Je cherche un rapport au temps et à la poésie

du quotidien, un lieu mouvant d’où aborder le monde. Un engagement, enfin. L’art permet

d’instaurer le temps comme une persévérance, source de dialogue avec nos ancêtres :

comme l’ont fait, avant nous, d’autres artistes, poètes, observateurs et témoins du monde, en

posant la matière, nous posons le temps. Je veux prendre part à l’élaboration d’une pratique

toujours en évolution. La peinture est un art très ancien ; cette tradition et ce souffle

qui me lient à d’anciennes générations d’artistes, d’êtres humains, sont essentiels dans mes

recherches picturales. » Elle présente ici des dessins sur papier, complétés d’installations

vidéo. (gg)

Babette Goossens, Les endormis Romain II, s.d.,

huile et émulsion cellulosique sur toile sur carton,

24 x 30 cm. © de l’artiste / The Palm Beach

– Prix : entre 500 et 4.500 €

19


GALERIES

Jonathan Wateridge

jusq. 18-06

Nino Mier Gallery Brussels

Bruxelles

www.miergallery.com

Christine

Clinckx

du 26-05 au 25-06

Galerie ESD

Anvers

www.deviations.evasteynen.be

Les peintures de Jonathan

Wateridge sont des nonévénements

minutieusement

conçus et entièrement

fabriqués, qui ont les signes

extérieurs d’un événement

réel. Une partie importante

de son travail des dernières

années a consisté à reconfigurer

ou à refaire un scénario

donné ou une image

trouvée. Cela implique de

construire des décors à

grande échelle et d’utiliser

des interprètes pour jouer

des rôles, dans le contexte

du studio, afin de poser des

questions sur la façon dont

nous encadrons et comprenons

les notions de réel.

Son travail a d’abord utilisé

le réalisme pictural comme

cadre par défaut pour voir le

monde, limitant tout excès

de style pour souligner non seulement la qualité souvent éphémère, banale et

quotidienne des scènes représentées, mais aussi la nature de leur construction.

Plus récemment, il campe une utilisation plus lyrique de la peinture qui explore la

tension entre la dimension sociale de la figuration et les qualités plus formelles et

expressives de l’œuvre. (gg)

Jonathan Wateridge, Night Terrace, 2022, huile sur toile, 136 x 102 cm. © de l’artiste / Nino Mier

Gallery – Prix : entre 10.000 et 100.000 €

Il est possible

de qualifier de

souterrain l’art

de Christine

Clinckx (1969).

Elle a commencé

à surprendre le

public dans les

années 1990 avec

des installations

multimédias et

des performances.

La critique sociale

est omniprésente

chez cette

artiste activiste.

Abus de pouvoir, problèmes environnementaux,

violences guerrière, destin de femme ou de

réfugiés : l’engagement est total, plutôt viscéral et

à couches multiples. Son deuxième solo chez Eva

Steynen s’intitule Lover Boy, expression désignant

les proxénètes qui séduisent des petites filles

pour les exploiter par le biais de la prostitution ou

de la criminalité. Une photo lugubre montre des

jambes. Meurtries et obscures, mais séduisantes

et oniriques, tel un esprit ou un spectre. L’artiste l’a

prise avec une chambre noire de 1920 en utilisant

le procédé du collodion humide du XIXe siècle.

Cette nouvelle série fait partie d’un projet en

cours avec des photos de famille recadrées et des

images anonymes. Retour dans le passé et regard

implacable sur le présent. (cv)

Christine Clinckx, Lover Boy, 2019, photo sur métal. © de

l’artiste / Courtesy Galerie ESD, Anvers

Yulia Iosilzon

du 14-05 au 27-06

De Brock Gallery

Knokke

www.debrockgallery.com

Yulia Iosilzon, Cheshire Cat Smiles, 2021, peinture

à l’huile sur tissu transparent, 168 x 137 cm. © de

l’artiste / De Brock Gallery, Knokke – Prix : de

10.000 à 15.000 €

La De Brock Gallery ne recule devant rien pour son nouveau talent, Yulia Iosilzon (1992),

très vite repérée après sa formation artistique à Londres. Les expositions solo se sont succédées,

entre autres à New York, Londres et Stockholm. En Belgique, l’enseigne présentait

sa peinture en décembre dernier, dans le cadre de l’exposition solo Amanita Muscari, à

Art Antwerp. Vous avez bien lu, il s’agit de l’amanite tue-mouche, probablement le plus

célèbre champignon au monde, apparaissant dans les contes de fées et possédant des

propriétés hallucinogènes. Un tableau de fausses oronges, dont les lamelles sous le chapeau

font penser à des sourires béats ou du Chat de Cheshire, clin d’œil au chat souriant

d’Alice au Pays des Merveilles. Yulia Iosilzon peint des paysages oniriques sur du tissu

transparent. Là, tout n’est que fluidité et la figuration émerge de l’abstrait. L’artiste prépare

de nouveaux tableaux et céramiques pour l’ouverture du second espace de la Galerie De

Brock, dans la Strandstraat. (cv)

20


Uitstalling

Gallery

Que se passe-t-il

à Genk ?

Danny Weckx est, avec la Uitstalling

Gallery, un des précurseurs de la

renaissance artistique du Limbourg. Il

ouvrait, en avril, un troisième espace

d’exposition, The Kube, sur une

exposition de Koen Vanmechelen.

Kendell Geers et Zanele Muholi sont

également inscrits au programme. La

thématique sud-africaine, par laquelle

tout avait commencé, se poursuit donc.

Comment une galerie du

Limbourg a-t-elle pu s’attacher

à une thématique sudafricaine

?

« Cela a démarré en 2019 avec

deux salles d’exposition de

ma propre collection. L’art

sud-africain me fascine depuis

des années : il a une grande

profondeur émotionnelle,

souvent avec des références à

un contexte politique turbulent.

Lorsque j’ai souhaité

acquérir une grande œuvre du

Sud-Africain Anton Smit, j’ai

découvert qu’il était lié à une

galerie française. Leurs relations

s’étant détériorées, j’ai récupéré

toutes les sculptures qui

s’y trouvaient encore. Anton a

alors eu l’envie d’organiser une

exposition dans mon espace.

Je n’envisageais pas de devenir

galeriste, mais cela s’est fait

de fil en aiguille. Le thème de

l’Afrique du Sud nous distingue

des autres galeries, de ce que

vous voyez le plus souvent dans

les grandes capitales comme

Paris et Londres. »

Uitstalling Gallery possède

un emplacement unique, loin

des grands centres artistiques.

Pouvez-vous nous en dire plus

sur le choix de ce lieu ?

« Les choses ont beaucoup

bougé à Genk, avec C-Mine,

Siab ou les Ateliers Vonk. Koen

Vanmechelen a commencé

dans notre rue avec La Biomista,

puis nous l’avons rejoint. Il a

remarqué qu’il n’y avait pas encore

de galerie de niveau international

dans le Limbourg. Ce

qui était dommageable, car cela

poussait les artistes limbourgeois

vers Anvers ou Bruxelles.

J’aime opérer à partir de la

périphérie. L’Euregio Meuse-

Rhin constitue, en outre, un

emplacement stratégique, à

un jet de pierre des Pays-Bas

et de l’Allemagne. J’espère que

d’autres galeries suivront. Le

Limbourg était, à la fin du XIXe

siècle et au début du XXe, La

Mecque des peintres paysagistes,

mais a perdu cette position

tout comme Laethem-Saint-

Martin. J’essaie d’y remédier.

C’est un travail de pionnier,

mais au vu de l’immense

enthousiasme qu’elle suscite,

l’initiative paraît nécessaire. En

tant que galerie marchande,

nous ne recevons bien sûr aucun

subside, tous nos revenus

provenant de la vente. Nous ne

nous plaignons pas, car notre

tropisme sud-africain attire des

collectionneurs de Hong Kong,

de Francfort, du Canada, de

Finlande et de Suisse. »

Danny Weckx. © Uitstalling Gallery

« Le nouvel espace s'appelle Le

Kube, en référence au cube blanc,

mais avec le "k" de la perception

artistique. »

DANNY WECKX

En quoi le fonctionnement

d’Uitstalling se différencie-t-il

de celui d’autres galeries, plus

traditionnelles ?

« Je tente de suivre ma propre

voie, sans penser à ce que font

les autres galeries. Je me refuse

à faire venir ici des artistes

belges emblématiques, déjà

programmés partout ailleurs. Je

n’ai pas grand-chose à ajouter,

sinon que je préfère me tourner

vers l’international. Certains artistes

ont, selon moi, tendance

à s’accrocher un peu trop à un

contrat de galerie. Je ne conclus

pas tellement de contrats avec

les miens, le courant passe ou

pas. Quand un artiste se voit

offrir de nouvelles possibilités

à l’étranger, il faut le soutenir

et ne pas essayer de le retenir

à cause d’un contrat. A ce

propos, mon approche est très

pragmatique. »

Pouvez-vous nous en dire plus

sur le projet Uitgestald ?

« Il y a quelques mois, nous

avons lancé avec Kunst Zetter

un appel pour la réalisation

d’un livre sur les œuvres

d’artistes limbourgeois. Dans

l’ouvrage Uitgestald-1, nous

en avons réuni dix-huit ayant

un lien avec le Limbourg,

parmi lesquels Gideon Kiefer et

Gommaar Gilliams, qui expose

maintenant en solo à New York

à la De Buck Gallery. Nous nous

réjouissons que Koen Vanmechelen

parraine cette première

édition. »

Koen Vanmechelen:

Couveuse

Uitstalling Gallery

Genk

www.uitstalling.com

jusq. 26-06

Paroles de galeristes #05.2022 — PART 2

21


L’ARTISTE DU MOIS

Shervin/e Sheikh Rezaei

Dans cette série, COLLECT s’intéresse à la place occupée par les jeunes

artistes dans le monde contemporain. Pourquoi ont-ils choisi cette

voie, d’où leur vient leur inspiration et comment se positionnentils

? Ce mois-ci, c’est au tour de Shervin/e Sheikh Rezaei (1994) de

s’exprimer.

TEXTE : ELIEN HAENTJENS

PORTRAIT : GUY KOKKEN

Elle s’est donné un an pour peaufiner

sa pratique artistique. Neuf mois et

trois expositions plus tard, Shervin/e

Sheikh Rezaei s’exprime au passé

comme au futur : « Même si j’ai étudié les

mathématiques et les sciences, je passais

tout mon temps libre à l’Académie de

dessin et prenais des cours d’art dramatique.

Je rêvais d’être scénographe de

théâtre. J’ai donc choisi de faire des études

d’architecture à Saint-Luc. Les disciplines

artistiques, plus expérimentales, m’ont

d’abord attirée. J’ai eu la chance de pouvoir

réaliser quelques commandes durant mon

stage chez les architectes Jan De Vylder et

Inge Vinck qui m’ont poussée vers l’art. Ce

n’est peut-être pas le cheminement le plus

logique, mais ma formation architecturale

m’est utile maintenant que je travaille

davantage dans les arts plastiques. Cela

se ressent sans doute dans ma pratique

artistique. L’encadrement conceptuel

compte beaucoup pour moi et je vais à

chaque fois à l’essentiel. Il en résulte, dans

mes dessins, des lignes plutôt rigides qui

s’inspirent de grilles ou de statistiques mathématiques

et l’amour de la matérialité et

de la spatialité. J’ai récupéré des cadres de

fenêtres mises au rebut, dans le bâtiment

en face de mon atelier, pour réaliser une

série de dessins. Le caractère plus spatial

que je confère à mon œuvre porte celle-ci

à un niveau supérieur. Ce sentiment vient

peut-être de ma formation d’architecte. Un

dessin consiste en une étude préliminaire

qui continue à construire le rêve ultime.

L’architecture m’a appris à observer la réalité

et à chercher un équilibre entre logique

et intuition. C’est la raison pour laquelle je

me sens très attirée par les choses qui ne

sont pas aussi strictes et rationnelles. La

mer me fascine, de même que la vie qui

s’y cache. Le film Les amours de la pieuvre

(1965) a alimenté cette admiration de la

nature et m’a incitée à utiliser les algues.

Les formes organiques donnent à l’œuvre

un caractère à la fois élégant et terrifiant.

En intégrant ces plantes dans la structure

rigide d’un aquarium, fermé par un de mes

stricts dessins sur verre, j’ai tenté de contrôler

l’incontrôlable. J’ai découvert que la

nature ne se laisserait pas de sitôt enfermer

dans une boîte. »

ENTRE ÉMOTION ET RAISON

Cet équilibre entre émotion et raison

est un des traits de la personnalité de

Shervin/e Sheikh Rezaei. D’un côté, il y a

22


L’ARTISTE DU MOIS

« J’ai sous-estimé

l’impact mental

du statut d’artiste. »

ses racines et son éducation iraniennes,

de l’autre elle aime tenir les rênes : « Cela

tient peut-être à ma peur d’une perte de

contrôle. Si des choses comme la santé

sont difficiles à contrôler et si la femme n’a

pas son mot à dire dans maints aspects de

la société, il nous est possible de garder

le contrôle de notre vie dans d’autres

domaines. Il faut de l’entraînement pour

lâcher un peu plus de lest. Ou pour être un

peu plus punk, comme un ami l’a formulé,

ce que je suis en réalité. Je laisse donc peu

à peu les formes plus organiques empiéter

dans mes dessins plutôt rigides. Ou j’ouvre

mes pensées et sentiments aux spectateurs

via des fragments de textes autobiographiques.

Même si l’œuvre peut paraître

distante au premier abord, elle ne l’est pas.

De par leur immédiateté, mes dessins possèdent

une sorte de sincère fragilité. Une

installation qu’il faut penser avant de la

réaliser en devient vite plus distante. Il est

captivant de mêler réalité et fiction. C’est

une des raisons pour lesquelles j’aime le

cinéma, notamment celui de Jonas Mekas

Installation : Analyse 01.23- 08: Anaesthetised, 2021,

carton gris 3 mm, verre, eau, algues, paraffine

liquide, différentes tailles. © de l’artiste

Prix : 4.800 €

Images d’archive, oubli/əˈblivēən, 2022, crayon, marqueur, encre et impression sur papier encadré sous verre,

différentes tailles. © de l’artiste

Prix : 2.800 €

ou Chantal Akerman. Avec des sons, des

images et l’espace, ils entraînent les spectateurs

vers leur réalité personnelle. Le

langage rigide des formes de Sol Lewitt ou

Georges Vantongerloo, ou la matérialité

et la conceptualité dans l’œuvre de Dan

Graham me fascinent également. Je suis

sans cesse en quête du bon équilibre entre

raison et émotion. Même si je suis instruite

à l’occidentale et attachée aux principes

du modernisme, je m’inspire de l’œuvre

chaleureuse et personnelle d’une Lina Bo

Bardi ou de l’architecture ornementale du

Moyen-Orient. J’essaie d’intégrer ces différentes

sphères d’influence à une œuvre

plus universelle. Il me paraît plus intéressant

d’évoquer les sentiments humains et

les valeurs qui vont au-delà des frontières

culturelles. C’est peut-être la raison pour

laquelle je n’aime pas la nostalgie. Nous

devons aller de l’avant. Je désire m’ancrer

fermement dans la réalité contemporaine.

D’où ma prédilection pour divers supports.

C’est passionnant pour moi-même

et pour les spectateurs. » Ces derniers

mois, Shervin/e Sheikh Rezaei faisait ses

premiers pas dans le circuit d’expositions,

chez BLANCO et KIOSK à Gand, mais aussi

dans l’univers des galeries chez Valerie

Traan à Anvers : « C’est une expérience

captivante de découvrir peu à peu ces

univers. Comme je souhaite aussi me

donner le temps de continuer à évoluer, je

n’ai pas encore pris d’engagements fermes

avec une galerie. Il n’est pas question pour

moi de devenir un produit, je désire faire

ce qui me plaît dans l’espoir que d’autres

partageront mes sentiments et seront

attirés par mon œuvre. Malgré la satisfaction

d’avoir vendu des pièces et contribué

à leur diffusion, j’éprouve toujours des

difficultés à m’en séparer. J’aime bien

savoir chez qui elles se trouvent. J’ai sousestimé

l’impact mental du statut d’artiste.

L’œuvre et la personnalité fusionnent avant

même que nous en prenions conscience.

C’est angoissant pour soi-même comme

pour son entourage. Il s’agit de prendre

ses distances à temps. D’où mon désir de

collaborer avec des personnalités dans

d’autres disciplines afin d’avoir une autre

vision de moi et de mon œuvre. »

VISITER

Archive, images : oubli/e’blivē n

Valerie Traan Gallery

Anvers

jusq. 30-04

SURFER

www.valerietraan.be

www.shervinsheikhrezaei.com

23


ZOOM

August Sander

L’esprit d’un temps rêvé

La photographie documentaire,

sobre et nue, d’August Sander force

à s’accrocher à un regard qui, parfois,

en dit long. L’interprétation est

tentante, le photographe plaçant

ses modèles sous un jour subtil. Le

Centre Pompidou présente ses œuvres

dans le cadre d’une exposition

ayant pour sujet l’art et la culture de

la Nouvelle Objectivité allemande.

TEXTE : ELS BRACKE

Secrétaire à la Westdeutscher Rundfunk de Cologne, 1931, tirage original, épreuve gélatino argentique,

29 x 22 cm. © Die Photographische Sammlung / SK Stiftung Kultur – August Sander Archiv, Cologne /

Adagp, Paris, 2022

Fils de mineur, August Sander (1876-

1964) suit d’abord les traces de son

père en travaillant sur un terril à

Herford, en Allemagne. Il se prend

au jeu de la photographie lorsqu’il assiste

un photographe employé par l’exploitation

minière. Il parviendra ensuite, en

tant qu’assistant photographe copropriétaire

d’un studio et plus tard à son propre

compte, à concilier carrière artistique et

emploi rémunéré. En 1910, il déménage

à Cologne où il passe le reste de sa vie. Il

y rencontre d’importants artistes de sa

génération, appartenant à des cercles

avant-gardistes, à l’instar d’Otto Dix et de

Raoul Haussman. Ses idées progressistes

lui vaudront plus tard des ennuis sous le

régime nazi et pendant la guerre. Son fils

est arrêté en 1936 et mourra prisonnier,

en 1944, en raison de ses opinions politiques.

Sander est essentiellement connu

pour ses portraits et ses paysages, mais

en tant que photographe professionnel, il

24


ZOOM

Couple de peintres (Martha et Otto Dix), 1925-1926, tirage original, épreuve gélatinoargentique,

20,6 x 24,3 cm. © Die Photographische Sammlung / SK Stiftung Kultur – August

Sander Archiv, Cologne / Adagp, Paris, 2022

Else Schuler, Tristan Rémy, Franz Wilhelm Seiwert, Gerd Arntz. Intellectuels

du Prolétariat, ca. 1925, photographie, 26,9 x 21,4cm. © Die

Photographische Sammlung / SK Stiftung Kultur – August Sander

Archiv, Cologne / Adagp, Paris, 2022

immortalise tout : des objets aux travaux

publicitaires. S’inspirant de l’agitation de

la communauté artistique et intellectuelle,

il entreprend une tâche ambitieuse et

généreuse : la cartographie de la société

allemande de son temps, la République de

Weimar, démocratie naissante et chancelante

dans l’Allemagne de l’après Première

Guerre mondiale. Ce projet, Menschen

des 20. Jahrhunderts, constitue une sorte

d’encyclopédie dans laquelle chacun tient

sa place, de l’agriculteur au magistrat,

du vagabond au soldat, du handicapé

à l’homme politique et de l’acrobate au

groom. Avec ses photos, réalisées comme

photographe indépendant, il étoffe son

panorama en recherchant les thèmes et

catégories sociales manquant à son projet.

Il réalise des images documentaires

stylisées, dans lesquelles ses modèles sont

souvent rendus de manière frontale, dans

une certaine austérité, en leur appliquant

toutes les connaissances techniques du

travail en studio : poses groupées, éclairage

et composition contrôlés. Cette approche

est associée à la Neue Sachlichkeit ou Nouvelle

Objectivité allemande, période de lassitude

post-picturale où nombre d’artistes

se tournent vers la photographie pour son

aptitude à décrire le visible et à en rendre

toute l’objectivité.

ŒUVRE D’UNE VIE INACHEVÉE

En 1929, August Sander publie Antlitz der

Zeit, recueil de soixante portraits représentatifs

de l’esprit du temps, chacun

présentés avec son nom et illustrant une

fonction sociale. Les pauvres y côtoient les

riches, les handicapés trouvent leur place

aux côtés d’artistes. Cet ouvrage fait partie

de Menschen des 20. Jahrhunderts qui réunit

environ six cents professions réparties

en sept groupes. Son succès est immense,

même auprès des artistes de l’avant-garde.

Après la prise de pouvoir d’Hitler, August

Sander continue discrètement à travailler,

s’adaptant et se réorganisant. En raison de

la situation politique, il n’achèvera jamais

l’œuvre de sa vie. N’approuvant pas sa description

à la fois simple et généreuse de la

‘‘race allemande’’, les nazis la confisquent

en 1936 et détruisent les exemplaires

disponibles. Le fait qu’il ait, a posteriori,

réservé une place aux persécuteurs et aux

persécutés dans ses catégories et subdivisions

des Allemands du XXe siècle était

relativement méconnu jusqu’à ce jour. La

guerre force Sander à se retirer, à maquiller

ses négatifs et à se cacher. Il se consacre

ensuite à la photographie de paysages,

notamment dans la région de Cologne dévastée

par les bombardements alliés. Son

grand projet est donc demeuré inachevé.

Malgré l’accueil enthousiaste réservé à son

œuvre – il a exposé en 1956 au MoMA avec

Manuel Álvarez Bravo, Walker Evans et

Paul Strand –, August Sander n’est jamais

parvenu à développer une grande carrière.

La question se pose aussi de savoir si un

projet comme Menschen des 20. Jahrhunderts

était encore viable après la guerre,

compte tenu des changements sociaux qui

se sont succédés, notamment l’industrialisation,

la Guerre Froide et la scission de

l’Allemagne entre Est et Ouest. Son œuvre

constitue un ensemble cohérent d’images,

mais complexe dans son objectif : la distance

d’une étude sociologique, associée à

la proximité d’un portraitiste, mettant en

valeur une dimension collective au départ

d’un individu isolé.

VISITER

Allemagne / Années 1920 /

Nouvelle Objectivité / August Sander

Centre Pompidou

Paris

www.centrepompidou.fr

du 11-05 au 05-09

25


Jean-Michel Folon

La valeur

de la poésie

universelle

C’est un insigne honneur ! Plusieurs dizaines d’œuvres de l’artiste belge

Jean-Michel Folon font l’objet d’une importante exposition à Rome, au

cœur même des musées du Vatican. Accessible à l’ensemble des visiteurs

et visiteuses des palais pontificaux, elle est présentée dans plusieurs salles

qui bordent le chemin menant à la chapelle Sixtine. L’occasion de se

pencher sur la cote de cet artiste, dont le talent fut parfois décrié, mais qui

connaît une progression constante sur le marché.

TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE

Sans-titre, s. d., encre de couleur et encre de Chine. © Fondation Folon / ADAGP, Paris, 2022

Inédite, fruit de la collaboration entre

les musées du Vatican et la Fondation

Folon, l’exposition se veut rétrospective,

qui propose une sélection de 80 dessins

et aquarelles, depuis les œuvres militantes

de jeunesse jusqu’aux grandes aquarelles

des années 1980 et aux sculptures

emblématiques de sa dernière période,

perçues alors par la critique comme une

dérive un peu mercantile… Pourtant, ce

sont justement ces sculptures qui trouvent

aujourd’hui le plus grâce aux yeux des collectionneurs.

Alors qu’une estampe (63%

des adjudications) s’échange souvent pour

à peine quelques centaines d’euros, 2.000

au maximum, les dessins peuvent dépasser

les 20.000 euros, tandis que certaines

sculptures s’échangent largement au-delà

des 100.000 euros. Les premières sont

régulièrement des aquarelles, des aquatintes,

des eaux fortes et des sérigraphies, où

l’artiste se plaisait à réaliser des dégradés

ainsi qu’à schématiser des personnages

énigmatiques dans des décors simplifiés

symbolisant les grands questionnements

de l’après Mai 68. Le plus souvent des

aquarelles, les dessins de Folon illustrent

notamment les œuvres de Kafka ou de

Prévert, même si l’artiste mit également

son art au service de magazines tels que

The New Yorker et, on le sait moins, fut

à l’origine du premier logo de la marque

d’ordinateurs Apple. Comme pour ses

estampes, les aquarelles, aux personnages

en apesanteur, à l’air égaré, incarnent

l’esprit post-soixante-huitard d’un

monde empreint d’incertitudes. Exposés

26


Dialogue, 1975, aquarelle. © Fondation Folon / ADAGP, Paris, 2022

au MoMA de New York, ses dessins (19 %

des enchères) s’échangent à partir de 1.000

euros. Citons, entre autres, les 14.000 euros

frappés en mars dernier par la salle De

Vuyst de Lokeren pour un dessin aquarellé

de 1990, intitulé La Tempête, tandis qu’en

novembre 2018, Artcurial obtenait 22.000

euros pour La forêt (1970), meilleur résultat

d’enchères pour un dessin aquarellé.

Comme ses gravures, les aquarelles de Folon

sont peuplées de personnages en apesanteur,

le regard inexpressif, incarnation de l'esprit

post-Mai 68, dans un monde en proie aux

incertitudes.

DES BRONZES TRÈS COTÉS

Grand admirateur du bronze, les sculptures

de Folon en sont majoritairement

composées. Il s’agit d’œuvres figuratives,

profondément humanistes, imprégnées par

l’art conceptuel et qui prônent les droits

humains et l’urgence écologique. D’abord

pensées en bois ou en plâtre, ces sculptures

ont évidemment gagné en valeur avec

l’usage du bronze. La Belgique représente

près de la moitié (49,8 %) des enchères

pour l’artiste. Le record est ainsi détenu

par De Vuyst qui, en mars 2021, adjugeait

340.000 euros (légèrement en dessous de

l’estimation) un bronze à patine verte (éd.

2/5) intitulé La fontaine aux poissons (2005).

Selon l’Artprice Indicator®, la valeur actualisée

de cette œuvre serait aujourd’hui plus

proche des 260.000 euros au marteau. De

Vuyst obtenait en outre 130.000 euros, au

niveau de l’estimation basse, d’une grande

sculpture en bronze en forme de valise

creusée, intitulée Evasions (2002), enchère

réalisée en mai 2021. Notons encore les

150.000 euros générés par un Centaure

(1996), homme-cheval au personnage

caractéristique de l’art de Folon, à l’Hôtel

des ventes de Monte-Carlo, à Monaco. Rappelons

d’ailleurs, à ce propos, que la principauté

fut longtemps le lieu de résidence

de l’artiste qui y décédait. Evidemment,

ces résultats demeurent l’exception, la

majorité des lots proposés (des estampes)

s’échangeant entre 100 et 500 euros. Toutefois,

depuis le début du XXIe siècle, la valeur

des œuvres de Folon connaît une embellie

constante. Le site de référence Artprice

mentionne une progression de +230 % entre

2000 et 2021, avec une évolution des prix

de +13,4 % rien que pour l’année 2021.

27


Evasions, 2002, bronze à patine brune et rouge, éd. 8/8, 126,5 x 233 x 100 cm. De Vuyst, Lokeren, 15-05-2021. © De Vuyst - 130.000 €

La forêt, 1970, aquarelle sur papier, 70 x 95 cm. Artcurial, Paris, 24-11-2018. © Artcurial - 22.000 €

La Fontaine aux oiseaux, 2000, bronze, éd. 4/8, 165 x 140 x

101 cm. Artcurial, Paris, 31-05-2017. © Artcurial - 169.000 €

28


Les œuvres figuratives

en bronze sont de

nature nettement

humaniste, clairement

influencées par

l'art conceptuel,

et constituent

un chaleureux

plaidoyer pour les

droits de l'homme

et la conscience

écologique.

SUCCESS STORY

S’il semble aujourd’hui fort prisé, son

talent n’a pas toujours connu le même

succès. Fils d’un marchand de papier,

Jean-Michel Folon (1934-2005) apprend

très tôt le dessin, pratique qu’il perfectionne

à l’Académie de Braine-l’Alleud et à

l’ENSAV La Cambre, à Bruxelles. C’est là

qu’il s’imprègne de la ligne artistique défendue

par l’architecte moderniste Ludwig

Mies Van der Rohe, dont le ‘‘less is more’’

deviendra sa ligne de conduite. D’abord

versé dans l’illustration, il y campe des

personnages schématiques qu’il confronte

aux grandes réflexions sociétales de son

temps, en usant de bandes de couleurs

appliquées en dégradé. Dans les années

1960, les premiers dessins qu’il tente de

diffuser à Paris, où il s’est établi en 1955,

ne séduisent guère. Il décide donc de les

envoyer à New York, où son style unique

attire l’attention des éditorialistes du New

Yorker, d’Esquire et du magazine Time, qui

les diffusent à une large échelle. Dès 1969,

une première exposition est organisée

à la Lefebre Gallery, dirigée par le collectionneur

d’art français John Lefebre,

qui assure à New York une large diffusion

aux artistes européens. Mais, ce sont

les idéaux de l’après Mai 68 qui feront le

Deep Deep Trouble, 1987, aquarelle. © Fondation Folon / ADAGP, Paris, 202

succès de Folon et de son personnage au

chapeau et manteau bleu. Les années 1970

furent ainsi particulièrement fécondes

pour l’artiste, qui illustre alors La Métamorphose

de Kafka et l’intégrale de l’œuvre de

Jacques Prévert. Ses paysages oniriques,

teintés d’une poésie profonde, intense et

accessible, séduisent le grand public. Des

décorations murales lui sont ainsi confiées,

notamment à la Waterloo Station de

Londres et, pour l’inauguration du métro

bruxellois en 1976, à la station Montgomery

(Magic City, 1974), commande d’une

commission artistique alors présidée par

Emile Langui. Son engagement contre les

injustices, l’universalité de son discours

poétique, dont l’homme est la mesure,

pour un monde à l’écoute des différences,

pour les droits civiques et le respect

de l’environnement, contribuent encore

aujourd’hui au succès d’un art au message

universel et abordable.

VISITER

Folon. L’éthique de la poésie

Musées du Vatican

Rome

www.museivaticani.va

du 06-05 au 27-08

SURFER

www.fondationfolon.be

29


TWENTY

De la Belle Epoque au Street Art

Chaise de Renaat Braem, 1952. © Baewards

30


« En l’espace d’un

siècle, de grandes

évolutions et des styles

très différents se sont

succédés. »

LUC DARTE

Weingrill pour Fassano, paire de boucles d’oreilles, or 18 carats et lapis-lazuli. © The Old Treasury

L’équipe d’Antica Namur bouleverse

le calendrier des foires avec le

lancement de TWENTY. Pendant

cinq jours, tous les regards se

tournent vers l’art, le design et les

bijoux du XXe siècle. Un créneau

temporel non encore représenté in

extenso et qui pourrait bien attirer

un nouveau public.

TEXTE : CELINE DE GEEST

Les stigmates de deux années chaotiques

n’ont pas empêché l’organisateur

Luc Darte de prendre un

nouveau départ : « Nous avons souhaité

organiser une foire exceptionnelle en

Belgique, un événement thématique qui

se distingue de toutes les autres manifestations

plus traditionnelles. » TWENTY se

consacre au XXe siècle dans son ensemble

et englobe de nombreux styles : la Belle

Epoque, Art nouveau et Art déco, bien sûr,

mais aussi le fauvisme brabançon, l’école

de Laetem-Saint-Martin, le surréalisme,

le mouvement CoBrA, la Jeune Peinture

belge, l’abstraction et la période moderne,

y compris l’art conceptuel, l’art contemporain

et le street art. « Une période très

intéressante », résume Luc Darte. « En

l’espace d’un siècle, de grandes évolutions

et des styles très différents se sont succédés.

L’idée sous-jacente est d’offrir aux

visiteurs la possibilité de revoir ce qu’ils

connaissent peut-être par le biais de leurs

parents ou grands-parents afin de redécouvrir

l’esprit du XXe siècle. » Le profil du

visiteur nouveau, plus jeune, visé est celui

de la génération Y (née entre 1980 et 2000),

de plus en plus active dans ce segment de

marché.

NOUVEAU SALON, NOUVEAUX

CONTACTS

Le public aura beau être neuf, les marchands

d’art et de design n’en comptent

pas moins sur quelques valeurs sûres, soit

des galeries proposant une offre exclusive

du XXe siècle : « Nous avons recherché

de nouveaux participants, mais avons

aussi sollicité des marchands que nous

connaissions déjà et dont nous savions

qu’ils offrent un niveau de qualité élevé »,

explique Luc Darte. Une de ces vieilles

connaissances est Polyedre,galerie de

Boechout qui propose des antiquités et

du design vintage et est spécialisée dans

le mobilier et l’éclairage. Son propriétaire,

Henri Hermans, a de nombreuses raisons

d’envisager une première participation à

TWENTY : « Comme sur chaque salon,

l’objectif majeur est de nouer de nouveaux

contacts, la vente se déroulant ensuite

toute seule. Nous cherchons aussi à jauger

l’enthousiasme de nouveaux clients pour

ce nouveau salon, du premier au dernier

jour. Les échanges entre marchands de

qualité sont souvent enrichissants. Nous

attendons une nouvelle dynamique au

sein d’une organisation que nous connaissons

depuis longtemps, que les clients se

montrent curieux et furètent sur tous les

stands et que le salon trouve son unité

dans la beauté du XXe siècle. J’apporterai

moi-même des pièces de créateurs

connus, dont deux magnifiques fauteuils

Guy Vandenbranden, gouache, 1991. © Claeys Gallery

31


Ubald Klug pour De Sède, fauteuil Terrazza, 1973. © Polyèdre

Jozef Mees, Tableau monumental, 1962, huile sur

panneau. © Galerie Alain Hens

terrazza créés en 1973 par Ubald Klug pour

la marque suisse De Sède. » La Belgique

n’estpas le seul pays représenté, quelques

galeristes étrangers tentant aussi leur

chance à Bruxelles, telle Renée Claeys de

la Claeys Gallery, établie à Saint-Raphaël,

non loin de Saint-Tropez. Elle espère remporter

un immense succès et a soigneusement

sélectionné trente pièces pour

le salon. Ce n’est du reste pas un hasard

si de nombreux Belges figurent dans sa

sélection : « Nous avons choisi des œuvres

à l’huile du début du XXe siècle de peintres

comme Theo Van Rysselberghe, Emiel

Claus, Modest Huys, Lucien Frank, Alfons

Proost et Albert Saverys, des tableaux

surréalistes du milieu du XXe siècle par

Felix Labisse, Jan Verdoodt, Willi Rondas,

Raymond Coninckx et une exceptionnelle

huile de Marthe Donas. De la période

suivante, nous avons retenu des tableaux

abstraits et gouaches, avec une belle

collection de Pierre Alechinsky, André

Lanskoy, Maurice Wyckaert, Guy Van Den

Borre, Geer Van Velde et Plomteux. Sans

parler de quelques remarquables œuvres

sur papier de Paul Delvaux. De grands

noms donc, mais à des prix abordables,

entre 2.000 et 50.000 euros. »

« L’idée sousjacente

est d’offrir

aux visiteurs la

possibilité de revoir

ce qu’ils connaissent

peut-être par leurs

parents ou grandsparents.

»

LUC DARTE

CONNAISSEUR ET ACHETEUR

Pour gagner la confiance de ce nouveau

public, TWENTY a mis sur pied un comité

de 25 experts spécialisés et indépendants

pour contrôler les œuvres exposées

avant l’ouverture du salon. En outre, trois

conseillers experts y déambuleront en

permanence. Ils joueront un rôle informatif

et consultatif et délivreront le certificat

d’authenticité des pièces exposées. Parmi

ceux-ci figure Laure Dorchy, historienne

32


Thierry van Rijswijck, Poulain, ca.1930-1958. © Dille Art

de la joaillerie et experte indépendante en

bijoux et joaillerie ancienne. Elle propose

des cours sur l’histoire du bijou, procède

à des évaluations et accompagne les antiquaires

dans certains salons européens :

«En tant que courtier, j’aide les gens à

acheter des bijoux. J’essaie de trouver la

méthode la plus facile et la plus honnête

pour vendre, selon le type de bijoux ou

l’orfèvre. Je serai l’experte en bijoux de

TWENTY. Je n’interfèrerai pas dans les

prix et me concentrerai uniquement sur la

qualité ou l’origine du bijou, son histoire.

Je serai présente pour les acheteurs ayant

besoin de conseils. Je veillerai essentiellement

à ce que le bijou soit conforme à

la description et qu’il s’agisse d’or véritable.

Chaque bijou ''dans le style de'', sans

date, sera refusé. Imaginez un bijou de

style Art déco qui ressemble à s’y tromper

à un bijou Art déco, mais qui aurait

été fabriqué avant-hier en Thaïlande.

Cette pièce n’aura aucune chance d’être

retenue. » On trouvera des bijoux authentiques

du XXe siècle sur TWENTY, entre

autres chez Bernard Bouisset (FR), Andrée

Courdeau (FR), Sonia de Hauleville (BE),

Runway Vintage (BE) et The Old Treasury

(NL) ; du design chez Polyèdre (BE),

Galerie Wattteeu (BE), New Hope (BE) et

Zèbres (FR) ; des meubles Art déco et Art

nouveau chez Rosat (BE), Art déco 1925

(BE), Baewards (BE) ; des arts visuels chez

Didier Brouwers (BE), Claeys Gallery (BE),

Dille Art (NL), Collection by Sophie Derom

(BE). Environ cinquante exposants belges

et internationaux ont répondu à l’appel

pour cette première édition. Dans les

années à venir, une extension de l’événement

n’est pas exclue. Est-ce le début d’un

nouveau classique au calendrier ?

VISITER

TWENTY

Brussels Expo / Palais 3

www.twentyartfair.be

du 11 au 15-05

Piero Dorazio, Composition bleu, vert et rouge, 1961, aquarelle et crayon de papier noir sur papier, 38,7 x 57,5 cm. © Sophie Derom – Young Gallery

33


Santiago Ydañez, Sans Titre, 2020, acrylique sur papier, 42 x 29,7 cm. © de l’artiste / The Clown Spirit


Bouffons & Clowns

Antidotes à la morosité ?

Bien qu’identifiée et parfois

vivement incarnée, la figure du

clown est encore très souvent

taboue. Conscients des agitations

du monde et de ses prétentions

dérisoires, les artistes en usent

comme d’un contrepoison ou d’un

antidote au cirque des vanités.

A la fois dépossédé et euphorique,

risible et dangereux, repoussant et

pourtant nécessaire, personne ne

souhaite l’incarner véritablement.

Mais l’exposer, lui et ses tours,

ne revient-il pas à condamner sa

part la plus corrosive ? Plusieurs

accrochages, de Namur à Paris en

passant par Binche, lui font ces

temps-ci honneur, aux côtés de ses

comparses que sont le bouffon,

le Fou et le saltimbanque.

TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE

Traditionnellement, on use du jeu,

du rire, de la farce ou du canular

pour faire vaciller les ordres, les

normes et les figures établies. Par

le coup d’éclat médiatique, la provocation

dans l’espace public, l’exagération de situations,

le clown parvient à faire chanceler

le réel. « Au fond, ce dernier est aussi un

sage, trop conscient de notre finitude et de

notre irréductible impuissance », soulignent

les commissaires de l’exposition Le

Royaume des Clowns, présentée à Paris en

La Maison du Danemark. « Face au désarroi

terrestre, à l’horizon de la mort et des

Champs-Elysées, il nous donne la force

d’envisager l’existence sous des auspices

plus légers. » Le théologien danois Søren

Kierkegaard (1813-1855) prônait aussi cet

humour habité par l’idiotie comme vertu

salvatrice : « Ce rire, cette idiotie est donc

conjuratoire face à notre horizon commun,

car au royaume des humains, nous

finissons tous triviaux et nus comme

des asticots que l’on soit valet, clown ou

roi. » Au sein de l’exposition, qui postule

le clown comme une métaphore de la

dérision scandinave, plusieurs facettes

du personnage sont évoquées. Le clown

se grime sous des formes filmiques avec

l’ABC Cinema ou sous les traits de femmes

vengeresses. Il est noir et grinçant

chez le cinéaste Lars Von Trier, inquiète

et embarrasse dans les satires cruelles

d’Henrik Plenge Jakobsen. Pour la génération

contemporaine, c’est une figure

convoquée en chair et en os, faussement

Il est noir et grinçant

chez le cinéaste

Lars Von Trier,

inquiète et embarrasse

dans les satires

cruelles d’Henrik

Plenge Jakobsen.

naïf et grimaçant dans les peintures de

Magnus Andersen; narcissique et gonflé à

l’hélium chez Esben Weile Kjær ; sexuellement

ambigu dans la figure du Pinocchio

de Tora Schultz Larsen ; enfin il devient

alternativement artiste et spectateur dans

les performances de Christian Falsnaes.

Un postulat qui n’est pas sans rappeler

celui de l’artiste suisse Ugo Rondinone,

dont les clowns faisaient l’objet en 2016

d’une magistrale présentation au musée

Boijmans van Beuningen de Rotterdam. 45

d’entre eux décrivaient ainsi une journée

dans la vie d’un individu, révélant dans

cette installation grimaçante les différents

aspects de l’existence humaine. Prégnante

et facilement identifiable, la figure du

clown est très présente dans les collections

néerlandaises, du musée Van Gogh

au virtuel Circus Museum, en passant

par le Kröller Müller. Ce dernier conserve

35


Fabien Mérelle, Manège, 2016, silicone, mécanisme

de carrousel, textile, peinture, 100 x 18 x 12

cm socle en bois 40 x 40 x 100 cm. © de l’artiste /

The Clown Spirit

Armand François Joseph Henrion, Pierrot fumant une pipe, ca. 1930, huile sur toile, 17,8 x 14 cm. Christie’s,

Londres, 19-07-2017. © Christie’s Images Ltd. - 2.125 £ (2.420 €)

Le Fou tourne

en dérision ou

dénonce les vices de

l’Homme et les abus

d’un monde qui

tourne à l’envers.

un terrible Clown, représenté par l’artiste

hyperréaliste Charley Toorop (1891-1955)

devant les ruines de Rotterdam, métropole

quasiment anéantie en 1940 par l’armée

allemande. Antidote ou satyre de la folie

meurtrière d’un monde désaxé, la tradition

y remonte au début du XVIe siècle, avec

la fameuse figure du Fou riant (ca. 1500),

attribuée au peintre d’Amsterdam Jacob

Cornelisz van Oostanen (1470-1533).

D’ABORD ÉTAIT LE BOUFFON…

Si le substantif masculin clown, attesté

depuis la seconde moitié du XVIe siècle

(en français, dès le début du XIXe), est

emprunté à l’anglais, le mot viendrait du

germanique klönne, signifiant ‘‘homme

rustique, balourd’’. Par extension, il

va désigner un homme rustre, puis un

bouffon ou un fou, avant d’évoquer plus

spécifiquement, à partir du XVIIIe siècle,

un pantomime ou un personnage des arlequinades

et du cirque. Le musée international

du Carnaval et du Masque de Binche

s’intéresse justement à ces amuseurs

professionnels que furent les bouffons.

Depuis le Moyen Âge, ceux-ci occupent

une place de choix dans l’imaginaire occidental.

Fous du roi, clowns, valets, ils

prennent de nombreuses formes, mais

cherchent toujours à amuser en adoptant

une attitude plutôt subversive. Car, sous

ses airs de saltimbanque grotesque, le

bouffon est une figure indispensable à de

nombreuses représentations masquées.

Ce mot de ‘‘bouffon’’ apparaît, lui aussi,

au XVIe siècle et dérive du terme italien

buffare qui signifie ‘‘gonfler les joues’’, grimace

populaire consistant à remplir ses

joues d’air puis à expirer en émettant un

bruit grossier. À la Renaissance, le terme

va désigner celui qu’on connaissait aussi

sous le nom de ‘‘Fou du Roi’’. Amuseur

professionnel, ‘‘fou-sage’’, marginal, mais

aussi conseiller, le bouffon devient un personnage

ambigu, proche de la folie tout

en conservant une grande part d’équilibre

et de sagesse. Roi du Carnaval, souvent

masqué, le Fou s’autorise tout car, il est

vrai, parfois la Folie est plus sage que la

Sagesse… Aussi reconnaissable que le

clown, le bouffon s’arme fréquemment

d’un indispensable grelot qui l’empêche

de se déplacer en silence, d’une vessie de

porc remplie d’air qui évoque son absence

de substance, d’une queue de renard

illustrant sa duplicité ou sa perfidie, et

d’une saucisse dont la forme phallique incarne

les pulsions charnelles de l’homme

de passion et de lubricité qui ne peut se

36


maîtriser. Enfin son portrait-type, qui se

cristallise vers le XVe siècle, le coiffe d’un

coqueluchon aux excroissances grotesques

qui renvoient aux cornes du Diable

dont il serait parent… Dès le Moyen Âge,

sous couvert de sa prétendue folie, il est

le seul habilité à dire la vérité au souverain.

Parlant avec franchise et dérision, il

provoque rires et indignations. Oscillant

entre folie artificielle et sagesse supposée,

figure de proue de l’Humanisme qui choisit

pour thème de prédilection la Folie,

le Fou tourne en dérision ou dénonce les

vices de l’Homme et les abus d’un monde

qui tourne à l’envers. Abondamment illustré

par les graveurs d’Europe du Nord,

il continue de fasciner le monde contemporain

en ce qu’il permet toujours de

s’affranchir du sérieux des élites.

THÉÂTRE, CIRQUE ET CLOWNS

En Italie, au XVIe siècle, des valets

s’affirment à travers une série de personnages

de ce théâtre d’improvisation qu’est

la Commedia dell’arte. Parmi les plus

bouffonesques, Arlequin et Polichinelle

connaissent un immense succès. Affublé

d’une combinaison de losanges qu’il coud

lui-même, la tenue de l’Arlequin devient le

symbole de son ingéniosité diabolique et

incarne sa résistance face aux dominants.

La pantomime reprendra ce personnage

qui deviendra le moteur des Arlequinades

du XVIIIe siècle. Le clown, évoqué plus

avant, aussi appelé pitre ou paillasse, personnage

comique de l’univers du cirque,

présente la même filiation. Dérivant lui

aussi de la Commedia dell’arte, il apparaît

pour la première fois en Angleterre au

XVIIIe siècle, dans les cirques équestres.

Les directeurs de ces établissements, afin

d’étoffer leurs programmes, engageaient,

pour entrecouper les performances des

véritables cavaliers, des garçons de ferme

qui ne savaient pas monter à cheval. Installés

dans un rôle de serviteur benêt, ils

faisaient rire autant par leurs costumes de

paysans, contrastant avec les habits de lumière

des autres artistes, que par les postures

comiques qu’ils adoptaient, parfois à

leurs corps défendant. Ces clowns suivaient

le mouvement des numéros présentés,

en les caricaturant pour faire rire. Devenu

Abondamment illustrée par les graveurs

d’Europe du Nord, la figure du Fou continue

de fasciner le monde contemporain en ce

qu’elle permet toujours de s’affranchir du

sérieux des élites.

Marina Abramović, The Sad Clown, 2020, tirage pigmentaire en couleur, 29,7 x 29,7 cm.

© de l’artiste / Courtesy Marina Abramović Archives

Charlery Toorop, Clown devant les ruines de Rotterdam, 1940-1941, huile sur

toile, 150 x 110 cm. Otterlo, musée Kröller-Müller, inv. KM 101.426.

37


Par le coup d’éclat

médiatique,

la provocation

dans l’espace public,

l’exagération de

situations, le clown

parvient à faire

chanceler le réel.

bientôt maîtres de la piste, ils évoluèrent

pour devenir de moins en moins comiques.

Distingués, adoptant des vêtements

aux tissus nobles et de plus en plus lourds

avec l’emploi de paillettes, souvent blancs,

dotés du masque lunaire du Pierrot, ils

finirent par faire équipe avec l’Auguste. Ce

dernier, affublé d’un ridicule nez rouge et

d’immenses souliers, devint le personnage

comique par excellence, le clown servant

de faire-valoir dans une configuration qui

existe encore aujourd’hui. Même si, peu

à peu, parvenant à faire rire la salle sans

l’aide d’un auxiliaire, l’Auguste finit par

prendre son autonomie en s’imposant

comme vedette solitaire, il est celui que

l’on retrouve le plus souvent, parfois de

manière schizophrénique, dans les interprétations

plastiques contemporaines.

Dépressif, colérique, dégoûté, heureux,

amoureux, ou tout cela en même temps,

il s’appuie sur le public en lui montrant

ce qu’il ressent, cassant les barrages des

préjugés et des clichés qui les empêchent

de voir de leurs propres yeux.

DÉRIVES ET FASCINATION

CONTEMPORAINE

Personnage à la typologie forte, au fil

du XXe siècle, le clown a vu son image

détournée, entre l’archétype du triste

sire, forcé de faire rire, et une créature de

plus en plus maléfique qui, tel un nouvel

ogre, à l’instar du monstre protéiforme

du roman Ça (1986) de Stephen King,

utilise l’attrait qu’ils exerce sur les enfants

pour les tuer, les torturer ou même, dans

certains cas, les violer… Des dérives qui

ne sont pas sans provoquer une réelle

coulrophobie, mais parviennent aussi à

susciter une grande fascination. C’est le

cas de la curatrice Joanna De Vos. Arrièrepetite-fille

du directeur de cirque Frans

De Vos (1880-1936), elle propose à Namur

une double exposition, au Delta et à la

Belgian Gallery, présentant la vision du

clown dans l’œil d’artistes contemporains.

« L’artiste mélancolique, le clown

sérieux, l’artiste comique, le clown tragique,

l’artiste idiot, le clown subversif,

l’artiste réconfortant, tous ont le don de

transcender la banalité de la vie, de faire

voir, sentir, penser différemment leurs

semblables », souligne celle qui a convié

des artistes comme Carlos Aires, Kendell

Katie O’Hagan, Media Circus, 2019, huile sur toile, 40,6 x 30,5 cm. © de l’artiste / The Clown Spirit

Personnage à la

typologie forte, au

fil du XXe siècle, le

clown a vu son image

détournée, entre

l’archétype du triste

sire, forcé de faire

rire, et une créature

de plus en plus

maléfique.

38


Sasha Frolova, Queen of Clowns, 2020, tirage photographique, 42 x 29,7 cm.

© de l’artiste / The Clown Spirit

Dodi Espinosa, Saltimbanqui Profile, 2018, bronze et corde. © de l’artiste /

Courtesy Trampoline Gallery / The Clown Spirit

Geers, Marie-Jo Lafontaine, Johan Muyle,

Femmy Otten, Erwin Olaf ou Hans Op

de Beeck à réaliser un autoportrait en

clown. Leurs réactions furent nombreuses,

le clown, personnage qui met à mal

l’honorabilité bourgeoise et politique en

même temps qu’il représente un double

critique et comique, ayant clairement

touché une corde sensible, tant sur un

plan artistique que symbolique. Plus classique

et historique dans son approche,

le musée Rops se plonge en contrepoint

dans le XIXe siècle et met l’accent sur les

conditions de vie de ces artistes de rue

et des animaux qui les accompagnaient

dans leur voyage. Car, à l’instar de

Félicien Rops qui ne représentait pas les

feux de la rampe mais bien les coulisses

du monde du cirque, nombreux furent les

peintres qui donnèrent une vision sociale

de cet univers. Sans doute proche de celle

qui préoccupe nos contemporains…

VISITER

Le Royaume des Clowns

Le Bicolore – Maison du Danemark

Paris

www.maisondudanemark.dk

jusq. 08-05

Bouffons! Eloge de la Fou’losophie

Musée international du Carnaval et du

Masque

Binche

www.museedumasque.be

jusq. 11-09

LIRE

Coll., The Circus. 1870s-1950s, Taschen,

Cologne, 2016, ISBN 978-3-83655-666-8

The Circus We Are!

Musée Félicien Rops / Le Delta / TreMa

Namur

www.museerops.be

www.ledelta.be

www.museedesartsanciens.be

du 13-05 au 25-09

The Clown Spirit

Belgian Gallery

Namur

www.belgiangallery.com

du 13-05 au 10-09

SURFER

www.circusmuseum.nl

39


Christoffel Pierson, Niche avec matériel de fauconnerie, ca. 1660-1670, huile sur toile, 80,5 x 64,5 cm. Washington, National Gallery of Art, 2003.39.1.

40


Trompe-l’œil

Tranche de vie

Le peintre de l’âge d’or Christoffel

Pierson s’est attaqué, dans Niche

avec matériel de fauconnerie, à l’un

des thèmes les plus prisés dans

les arts plastiques, le trompe-l’œil.

L’artiste emprunte littéralement à la

vie réelle les accessoires de chasse

d’un fauconnier, espèrant nous faire

tomber dans son piège optique,

nous inciter à tendre en vain la

main en direction de l’équipement

illustré sur la toile.

TEXTE : CELINE DE GEEST

VISITER

Hyperréel. L’Art du Trompe-l’œil

Musée Thyssen-Bornemisza

Madrid

www.museothyssen.org

jusq. 22-05

Depuis l’Antiquité grecque, les

artistes s’emploient à créer

l’illusion de tridimensionnalité

grâce à toutes sortes d’artifices

optiques. L’objectif, à l’époque de la

Renaissance, du baroque, du romantisme,

y compris aujourd’hui, étant de tromper

le spectateur et de lui jeter de la poudre

aux yeux. Les premiers exemples de cette

pratique se trouvent dans la littérature

grecque. Une ancienne légende y évoque

un concours entre deux peintres célèbres.

L’un d’eux, Zeuxis (né vers 464 avant J.-C.),

avait peint une grappe de raisin si réaliste

que les oiseaux tentaient de s’en saisir.

Son rival, Parrhasius, lui demanda alors de

venir voir un de ses tableaux, caché derrière

des rideaux dans son atelier. Zeuxis

tenta en vain d’ouvrir les rideaux faisant

en réalité partie du tableau et son rival fut

donc proclamé vainqueur. Plus tard, les

artistes italiens de la Renaissance furent

également fascinés par la perspective

appliquée dans les fresques devant faire

paraître l’espace plus grand qu’en réalité.

Aux Pays-Bas, le trompe-l’œil devint au

XVIIe siècle un exercice populaire dans

l’art de la nature morte. Le peintre de La

Haye Christoffel Pierson (1631-1714) fut

l’un des premiers à se spécialiser dans les

trompe-l’œil d’équipement de chasse.

CULTURE DE LA CHASSE

Ce genre spécifique s’inspirait de la culture

de la chasse, florissante à l’époque. La

chasse était, au XVIIe siècle, un passetemps

auquel la noblesse d’Europe

s’adonnait volontiers. La fauconnerie en

particulier connaît alors son acmé, demeurant

réservée à l’aristocratie jusqu’en 1792.

Dans les Pays-Bas, La Haye, ville natale de

Pierson et lieu de résidence des princes

d’Orange, était un centre de chasse réputé.

Christoffel Pierson

fut l’un des premiers

artistes à se spécialiser

dans les trompel’œil

d’équipement

de chasse.

L’artiste ne commença toutefois à peindre

des attributs de chasse qu’après son déménagement

à Gouda et sa reconnaissance

comme citoyen et bourgeois bénéficiant

de droits politiques et économiques. Il est

permis de penser qu’il s’inspira d’Anthonie

Leemans (1631-1673), son confrère et

concitoyen rendu célèbre par ses natures

mortes de chasse. Dans ses trompel’œil,

Christoffel Pierson souligne l’effet

tridimensionnel en usant d’éléments de

fauconnerie inscrits dans des cadres et des

niches illusoires. Dans l’œuvre qui nous

occupe, ces attributs s’articulent autour

d’une niche au cadre de bois, ménagée

dans un mur en stuc blanc. Un cor de

chasse s’appuie contre une petite volière,

tandis qu’un filet, une flèche et un arc sont

disposés sous elle. La volière est surmontée

d’un capuchon de faucon, reconnaissable

à ses plumes rouges. Le fauconnier

en couvrait la tête du rapace jusqu’à son

lâcher. On notera la présence de divers

types de sifflets accrochés à la volière,

ainsi que celle d’un sac et d’une corne à

poudre à gauche de la niche et, à droite,

d’une besace. Ce sont les contrastes saisissants

de lumière et d’ombre qui donnent

vie au tableau et font penser que la clarté

du jour inonde la scène.

41


L’étoile montante

de Judith Leyster

Beaucoup considèrent Judith

Leyster comme une élève de Frans

Hals. Sauf qu’elle n’a absolument

pas suivi de formation chez ce

grand maître. Il s’agit d’un des

nombreux malentendus et points

d’interrogation qui subsistent

dans la vie de cette peintre active

à Haarlem au XVIIe siècle. Elle

qui nous jette un regard confiant

du haut de son remarquable

autoportrait, qui était-elle ? Et

qu’a-t-elle laissé à la postérité ?

TEXTE : CELINE DE GEEST

Judith Leyster a en réalité appris les

bases du métier auprès de Frans

Pieterszoon De Grebber, artiste aussi

célèbre que Hals pour ses portraits

de groupe. Pieter Biesboer, conservateur

depuis 32 ans au Frans Hals Museum de

Haarlem, nous éclaire sur la formation

de la jeune artiste : « Maria, la fille De

Grebber, qui avait également suivi une

formation de peintre, a dirigé dans l’atelier

une jeune fille répondant au nom de Judith

Leyster. Au XVIIe siècle, les célibataires

distinguées ne pouvaient se présenter en

public sans chaperon. » Or, on peut sans

le moindre doute qualifier Judith Leyster

de femme distinguée. Son père était un

prospère marchand de textiles. Il investit

sa richesse dans une brasserie. « Ce fut

hélas un fiasco », précise Pieter Biesboer.

« Après cela, il se réfugia dans un

sanctuaire de Zélande. Judith demeura à

Haarlem, auprès de ses sœurs qui avaient

épousé des bourgeois aisés. Elle put enfin

ouvrir son propre atelier où elle dirigeait

également quelques apprentis. Quelques

mois plus tard, alors que l’un d’eux rejoignait

l’atelier de Frans Hals, sa mère exigea

le remboursement de l’apprentissage, ce

que Judith Leyster refusa car l’élève n’avait

pas respecté leur accord. » Cette anecdote

témoigne du sens des affaires de l’artiste. Il

ne pouvait d’ailleurs en être autrement, car

une artiste peintre ne pouvait alors compter

que sur elle-même. « Venant d’une

famille d’artistes, vous pouviez suivre

la trace de votre père », explique notre

interlocuteur. « Mais ce n’était pas le cas

« Judith Leyster

fut redécouverte

à la fin du XIXe

siècle par Cornelis

Hofstede de Groot. »

PIETER BIESBOER

de Judith Leyster. Sa famille n’était du reste

pas de Haarlem et y avait donc peu de relations.

Suite à la faillite du père, l’opprobre

avait rejailli sur sa parentèle. Elle dut donc

se battre contre tous ces obstacles. »

UN TABLEAU COMME

PROFESSION DE FOI

Son sens des affaires servit donc fort

opportunément Judith Leyster. Elle suivit

la mode de l’époque à Haarlem, en étudiant

les œuvres de Frans et Dirck Hals,

ainsi que celles de Jan Miense Molenaer

qu’elle finira par épouser. Devenue peu

à peu célèbre, elle fut admise en 1633

parmi la Guilde de Saint-Luc et put vendre

ses œuvres sans intermédiaire. Judith

Leyster fut ainsi l’une des deux femmes à

être admises dans cette guilde artistique

de Haarlem au XVIIe siècle. Comment

y est-elle parvenue ? Pieter Biesboer :

« Vous deviez prouver que vos tableaux

pouvaient se vendre, qu’ils avaient un

potentiel commercial. Peut-être a-t-elle

offert ses services à d’autres avant d’en

42


Autoportrait, ca. 1630, huile sur lin, 74,6 × 65,1 cm. Washington D.C., National Gallery of Art, inv. 1949.6.1.

devenir membre. Elle a pu être autorisée,

en échange de ses services, à accrocher ses

œuvres dans le vestibule d’autres peintres

et ainsi parvenir à les vendre. » Dès 1630,

avec son remarquable autoportrait, Judith

Leyster fournit des preuves irréfutables de

ses compétences. Elle s’y présente d’une

manière extrêmement audacieuse, tenant

une palette et des pinceaux, comme une

enseigne de ce qu’elle est et de ce dont

elle est capable. « Chacun sait ainsi à quoi

vous ressemblez, ce qui peut inspirer

confiance », souligne Pieter Biesboer. « La

peinture de genre sur le chevalet, le musicien,

tout cela est destiné à ses clients. Et

on découvre tout à coup qu’il est possible

de lui commander un portrait en bonne et

due forme. La réalisation presque grandeur

nature de certaines de ses premières

peintures de genre témoigne d’une grande

audace. Ce qui n’est pas une profession

de foi approximative, car toile et peinture

coûtent cher, tandis que la réalisation

prend également beaucoup de temps. Elle

43


Judith Leyster fut

l’une des deux

seules femmes à

être admises dans

la guilde artistique

de Haarlem au

XVIIe siècle.

dut avoir la garantie qu’elle pouvait vendre

ses œuvres. » Ses travaux ultérieurs rapetissent

et deviennent plus simples. A partir

de 1635, année où Judith Leyster épouse

Jan Miense Molenaer, il n’existe pratiquement

aucune œuvre connue. Après son

mariage, elle s’installe dans l’atelier de son

mari. Selon Pieter Biesboer, on retrouve

dans les œuvres de ce dernier le coup de

pinceau de Judith Leyster : « De temps à

autre, elle se manifeste encore, dans son tableau

d’une tulipe, par exemple. Elle a peutêtre

réalisé d’autres œuvres, mais celles-ci

se vendirent sous le nom de son mari. »

DÉS-ATTRIBUTIONS…

En résulte un corpus très restreint, pas

uniquement en raison de la courte période

d’activité de l’artiste, mais également suite

à la perte d’une partie de ses œuvres. Ce

qui, selon Pieter Biesboer, ne tient pas à la

grande similitude de celles-ci avec celles

d’autres maîtres de Haarlem, notamment

son propre époux Jan Miense Molenaer et

Dirck Hals : « Ils produisaient des tableaux

en masse, dont beaucoup étaient d’une

qualité médiocre. Vers la moitié du XVIIIe

siècle, ce genre de scènes du XVIIe passe

de mode. » Mais la question se pose de

savoir s’il existe des tableaux de Judith

Leyster qui, comme cela arriva souvent

par le passé aux œuvres d’artistes féminines,

ne lui sont pas encore attribués.

C’est peu probable, estime Pieter Biesboer.

Dans les années 1980, l’historienne de l’art

américaine Frima Fox Hofrichter suggéra

que Judith Leyster avait dû être une élève

de Frans Hals et lui attribua quelques

toiles qui semblaient de la main du grand

maître. Depuis lors, diverses œuvres sont

régulièrement rejetées sur base d’analyses

techniques : « Nous espérions attribuer un

Jeune homme à la cruche à Judith Leyster,

mais il est d’un copiste de Frans Hals, et

l’examen approfondi d’un petit Joueur de

rommelpot a confirmé qu’il provenait de

l’atelier de Hals. Précédemment, un Joueur

de luth avait également été rejeté. » L’affirmation

selon laquelle Judith Leyster fut

l’élève de Frans Hals paraît donc erronée.

Celui-ci ayant été un maître très sollicité,

certains peintres sont encore considérés

comme ses ‘‘apprentis’’. « Nous ne pensons

pas que Judith Leyster ait travaillé dans

son atelier. Elle a étudié de très près son

travail, mais sans en adopter la technique.

Sa peinture est épaisse et opaque, tandis

que Hals use d’une huile très légère et

transparente, comme s’il s’agissait d’aquarelle.

Dans les Deux enfants avec un chat,

Judith Leyster tente clairement de se

rapprocher de Hals, dont elle reprend les

modèles de composition. Elle agit de la

même façon avec les thèmes et modèles

de composition de Dirck Hals. Sa faiblesse

résidait clairement dans la conception de

compositions spatiales. »

Joyeuse Compagnie, ca. 1629, huile sur panneau, 74,4 × 62,9 cm. Londres et Maastricht, Collection Nortman.

‘‘LEY-STER’’

Ses plus grandes qualités résidaient ailleurs,

dans le choix de ses thèmes, par

exemple. Homme offrant de l’argent à une

femme (1631) représente une femme occupée

à coudre à la lumière d’une lampe.

Un homme sort de l’ombre, s’approche

et lui tend une main remplie de pièces.

Il porte un chapeau de fourrure et son

offre ne paraît guère honnête. La femme

s’est-elle laissée séduire par l’argent qu’il

44


Le premier Brabançon, fol. 29 ; in: Livre des tulipes,

1643, pointe d’argent et aquarelle sur vélin, signé

JL*, Haarlem, 38,2 × 27,2 cm. Haarlem, Frans Hals

Museum.

Homme offrant de l’argent à une femme, 1631, huile sur panneau, 30,8 cm × 24,2 cm. La Haye, Mauritshuis,

inv. 564.

Frans Hals ayant été un maître très sollicité,

certains peintres sont encore considérés

comme ses ‘‘apprentis’’.

1980. Elles ont été corrigées ces dernières

années, tout vient donc à point à qui sait

attendre. Il y aura sans doute après moi un

historien ou une historienne de l’art pour

encore faire avancer les connaissances sur

l’œuvre de cette grande artiste. »

lui offrait ? « C’est un dilemme typique des

femmes, au XVIIe siècle », admet Pieter

Biesboer. « Elles recevaient toutes sortes

de sollicitations et devaient faire des

choix ; une décision importante offrant

peu de garanties. Dans certains tableaux,

la femme se méprend sur les intentions de

l’homme. Judith Leyster adopte un tout

autre point de vue. » Le plus grand point

d’interrogation qui subsiste porte sur

l’existence d’œuvres de Judith Leyster et le

lieu où elles sont conservées. Tout grand

collectionneur aimerait en posséder. « Les

œuvres d’artistes féminines n’ont jamais

été aussi demandées alors que l’offre est

très restreinte », remarque Pieter Biesboer.

« Judith Leyster ne fut redécouverte qu’à

la fin du XIXe siècle par l’historien de l’art

et collectionneur néerlandais Cornelis

Hofstede de Groot qui identifia sa signature,

un J avec l’étoile dessinée de ‘‘Leyster’’.

Puis il y eut les attributions erronées

de Juriana Harms dans les années 1930

et de Frima Hofrichter dans les années

VISITER

Mauritshuis

La Haye

www.mauritshuis.nl

45


Art précolombien

Trésors du continent mystérieux

D’une diversité phénoménale,

les objets de l’art précolombien

continuent à fasciner un public de

niche. Dans un contexte délicat

de demandes de restitution de

la part des pays d’origine, son

marché reste stable et offre déjà

de très belles pièces pour des prix

abordables.

TEXTE : GILLES BECHET

Grand Dignitaire à l’Eventail, Mexique, culture Jalisco, 100 av. – 300 ap. J.-C., terre cuite peinte en rouge,

beige, noir et jaune, 51 x 30 x 22 cm. Courtesy Galerie Furstenberg / photo : Michel Gurfinkel

Ces civilisations comptent peutêtre

parmi les plus mystérieuses

du monde, car hormis les objets

on ne sait rien. Pas d’écrits qui

renseignent sur l’organisation sociale et

religieuse, ou sur les structures du pouvoir.

On peut contempler une statuette sans

savoir si c’est un chaman, une grande prêtresse,

un souverain ou un autre personnage

et être pourtant touché par la beauté

brute de l’objet. On dit, par facilité, art

précolombien pour couvrir en vérité une

énorme diversité de cultures dans l’espace

comme dans la chronologie. On a ainsi des

pièces qui datent de deux à trois millénaires

avant notre ère jusqu’à la conquête

espagnole, de la pointe sud de l’Argentine

au Nouveau-Mexique. De cet ensemble

aussi vaste se détachent les deux noms

qui reviennent le plus souvent, le Mexique

et le Pérou, les Aztèques et les Incas. « Ce

46


Masque funéraire représentant le visage d’Ai Apaec, Culture Mochica, 100 - 800 apr. J.-C., cuivre et coquillage de Strombus, 17,5 x 23,5 cm. © Musée Larco, Lima, Pérou

ne sont pas les pièces les plus archéologiquement

intéressantes, car ce sont des

cultures tardives. Il y a une grande méconnaissance

de ces civilisations. Il existe

aussi des objets très intéressants provenant

du Costa Rica, de l’Equateur ou du

Panama. Et certains pays, comme le Brésil

ou l’Argentine, ont été très peu fouillés »,

confie Jean-Christophe Argillet, directeur

de la Galerie Furstenberg.

UN MARCHÉ DE NICHE

L’art précolombien représente un marché

de niche où circulent des objets sortis de

terre il y a très longtemps pour rejoindre

des collections privées. « On se procure

les objets dans des collections du monde

entier, et ils repartent dans des collections

du monde entier, parfois jusqu’à Singapour,

Taiwan ou la Russie », poursuit le

galeriste. Les belles pièces peuvent être

acquises à des prix relativement abordables

si on compare avec l’art égyptien ou

l’art africain classique. « Un premier achat

pourrait se porter sur une petite déesse de

la fertilité en terre cuite de culture Tlatilco

du Mexique ou un vase étrier Mochica

du Pérou, dans une fourchette allant de

600 à 800 euros. Un amateur plus fortuné

peut commencer par un beau masque en

pierre de Teotihuacán au Mexique pour

un prix oscillant entre 40.000 et 70.000

euros. » La singularité de ces cultures leur

permet d’intégrer des collections non

archéologiques. Les stèles de la culture

Valdivia, par exemple, sont de plus en plus

demandées. Elles représentent, de façon

abstraite et géométrique, des personnages

qui convoquent de nombreuses références

de l’art moderne. Les belles pièces

tournent actuellement autour des 40.000

à 60.000 euros. C’est, comme toujours, la

« Cela fait quarante

ans que je suis expert

et je n’ai jamais dû

rendre un des objets

mis en vente. »

JACQUES BLAZY

rareté qui détermine le prix. Il en va ainsi

des objets de la civilisation Olmèque, très

recherchés mais très rares. Au sein d’une

même civilisation, les fourchettes de prix

sont très élastiques, pouvant passer de

quelques centaines d’euros à plusieurs

centaines de milliers suivant la qualité et

l’intérêt de l’objet.

47


48

Urne anthropomorphe, Zapotèque, Monte Albán,

Vallées Centrales de l’Oaxaca, Mexique, Monte

Alban III, Epoque Classique, 500 – 900 ap. J.-C.,

terre cuite grise, 21,5 x 14,5 cm. Courtesy Galerie

Serge Schoffel Art Premier


« Certaines maisons

de vente n’ont pas

toujours l’oeil ou

l’envie de faire appel

à des experts pour

analyser un objet. »

YANNICK DURAND

MARCHANDS ET MUSÉES

En Europe, on compte peu de marchands,

mais de très beaux musées. La Belgique,

plus particulièrement, n’a pas à rougir avec

la collection Paul et Dora Janssen-Arts

conservée au MAS d’Anvers et celle du

musée Art et Histoire, à Bruxelles. Dans la

capitale, la disparition du grand marchand

Emile Deletaille a laissé un vide. Quelques

galeries vendent des pièces d’art précolombien

aux côtés d’objets d’art premier ou

d’antiquités. C’est le cas de Serge Schoffel

qui a récemment exposé à Paris, dans le

cadre du salon Parcours des Mondes, un

ensemble de quatorze figurines en terre

cuite et en pierre issues de la culture

méconnue de Timoto-Cuita, au Venezuela.

Pour le galeriste, l’initiative, le travail et le

choix d’un tel sujet est la démonstration

de l’utilité du marchand d’art : « La profession

est aujourd’hui stigmatisée comme

participant à une spoliation généralisée,

mais on oublie que si les œuvres brillent

aujourd’hui dans les vitrines des musées et

ont suscité le développement de nombreuses

recherches donnant lieu à une littérature

prolifique, c’est grâce à la passion,

la grande curiosité, l’œil et l’instinct avertis

des marchands et des collectionneurs. »

Il faut dire que le marché de l’art précolombien

est confronté depuis plusieurs

dizaines d’années aux revendications des

pays d’origines qui réclament de manière

systématique le retour de tout patrimoine

mis en vente, ce qui pousse tous

les acteurs du marché à la plus grande

prudence.

TENSIONS ET REVENDICATIONS

En France, tout objet mis en vente doit

être consigné dans le registre de l’OCBC

(Office central de lutte contre le trafic

des biens culturels). Légalement, la pierre

angulaire est la convention de l’UNESCO

de 1970, mais aussi la date de sa ratification

qui, pour les Etats-Unis, est de 1983,

de 1994 pour la France et de 2003 pour la

Belgique. « Il faut prouver, par des publications

scientifiques ou des catalogues

d’exposition, que les objets sont sortis

de leur pays d’origine avant 1970. Et les

personnes qui achètent en vente publique

sont définitivement propriétaires de leur

pièces», assure Jacques Blazy, expert en art

Ornements d’oreilles avec mosaïque de l’oiseau-guerrier, Culture Mochica, 100 – 800 apr. J.-C., or, turquoise massive verte, turquoise, sodalite, nacre, coquille de

spondyle, 10 x 9,9 cm. © Musée Larco, Lima, Pérou

49


« On se procure des objets

issus de collections du

monde entier qui repartent

dans des collections du

monde entier, parfois

jusqu’à Singapour, à Taiwan

et en Russie. »

JEAN-CHRISTOPHE ARGILLET

précolombien, notamment pour les ventes

organisées par l’étude parisienne Binoche

et Giquello : « Cela fait quarante ans que

je suis expert et je n’ai jamais dû rendre un

des objets mis en vente. » La dispersion,

chez Sotheby’s en 2013, de la Collection

Barbier-Mueller a marqué les esprits en

exacerbant les tensions avec le Mexique et

le Pérou, pays particulièrement en pointe

dans les revendications de restitution. La

vente était exceptionnelle ; le collectionneur

suisse, qui avait prêté sa collection de

300 pièces à la municipalité de Barcelone

en 1997, avait souhaité s’en séparer après

que la ville catalane ait renoncé à l’acquérir.

Estimée à 15 millions d’euros, elle n’a

pas atteint la somme espérée et moins

de la moitié des lots trouvèrent preneur.

« C’est dommage, analyse Jacques Blazy,

mais ce n’est pas une catastrophe. Car, les

objets les plus exceptionnels ont tous trouvé

amateurs. » Parmi eux, il n’y avait pas de

musée américain, car suite aux protestations

dans la presse et de la part des deux

états sud-américains, le Gouvernement

fédéral a publié un décret empêchant les

musées d’acquérir des pièces précolombiennes.

On notera que, dans ce contexte

délicat, le musée du Quai Branly a lui aussi

renoncé à l’acquisition de nouvelles pièces

d’art précolombien.

Exceptionnel acrobate, Culture Olmèque, Mexique, Préclassique moyen, 900 – 400 av. J.-C., stéatite brune

à belle patine, 23 x 26 cm. Binoche et Giquello, Paris, 29-06-2021. © Binoche et Giquello

458.180 € (frais inclus)

Coiffe frontale avec félin et condors, Culture

Mochica, 100 – 800 apr. J.-C., or, 22,4 x 25,6 cm.

© Musée Larco, Lima, Pérou

50


« Si ces oeuvres

brillent aujourd’hui

dans les vitrines des

musées, c’est grâce à

la passion, la grande

curiosité, l’oeil et

l’instinct avertis des

marchands et des

collectionneurs. »

SERGE STOFFEL

Tête d’homme, Culture Aztèque, Mexique Central, Postclassique, 1325 – 1521 ap. J.-C., basalte gris et reste de

pigment rouge, H. 18,5 cm. Binoche et Giquello, Paris, 11-02-2022. © Binoche et Giquello

54.640 € (frais inclus)

DES COLLECTIONNEURS PLUS JEUNES

Du côté des collectionneurs, on assiste à

une évolution lente des profils, les collectionneurs

historiques disparaissant et ne

trouvant pas toujours d’héritiers pour partager

leur passion. Ceux qui réunissent des

ensembles de quarante à cinquante pièces

se font plus rares et on voit apparaître

des collectionneurs plus jeunes, qui vont

plutôt acquérir trois ou quatre très belles

pièces précolombiennes comme ponctuation

de leurs collections, entre un Hartung

ou un Soulages, une console Louis XVI

et un vase chinois. « Le voyage peut être

déclencheur d’un coup de foudre. Je vois

énormément de gens entrer dans ma gale-

rie après un voyage au Mexique, où ils ont

visité des sites et des musées et où cette

culture a commencé à leur parler», note

Jean-Christophe Argillet. Le nombre limité

des marchands et l’essor du commerce

en ligne favorisent les enchères. Aux

côtés des ventes de grandes collections,

on trouve aussi dans des maisons moins

cotées des objets précolombiens au hasard

d’une vente d’art premier. « Certaines

maisons de vente n’ont pas toujours l’œil

ou l’envie de faire appel à des experts pour

analyser un objet. J’ai vu, par exemple, un

chien Colima du Mexique, simplement

référencé comme ‘‘petit chien assis’’ »,

remarque Yannick Durand de la Galerie

1492. Malgré ces turbulences, l’art précolombien

demeure un marché stable, à l’abri

des spéculations et attirant des amateurs

passionnés séduits par des objets qui

n’ont souvent rien d’autre à offrir que leur

beauté intrinsèque et le témoignage d’une

des plus grandes cultures de ce monde.

VISITER

Machu Picchu et les trésors du Pérou

Cité de l’Architecture et du Patrimoine

Paris

www.expo-machupicchu.fr

jusq. 04-09

51


Tanabe

Chikuunsai IV

On pensait que les possibilités offertes par les matières naturelles

avaient déjà été exploitées bien au-delà de leurs limites. Il n’en est rien !

Sous la main de certains artistes, notamment Tanabe Chikuunsai IV, un

renouvellement tant esthétique que symbolique se poursuit, qui n’a de

cesse de surprendre.

TEXTE : GWENAELLE DE SPA

© de l'artiste / Courtesy Galerie Mingei, Paris / photo : D. R.

52


Dans cette perspective, l’artiste

japonais Tanabe Chikuunsai, quatrième

du nom, s’intéresse depuis

de nombreuses années au bambou,

plante ligneuse dont il explore inlassablement

les possibilités de tressage. Car le

bambou à la particularité d’être un matériau

à la fois souple et résistant qui peut être tissé,

plié ou même sculpté. Tanabe Chikuunsai IV

(1973) a choisi d’entremêler dans de savants

chevauchements cette ressource endémique

à l’Asie pour la transformer en produit hautement

esthétique et délicat. Cette démarche

se manifeste par le biais d’une réinterprétation

contemporaine des objets de vannerie

traditionnelle japonaise, mais aussi parfois

au travers d’installations monumentales.

Ainsi, en 2018, ce n’est sans aucun autre

support que la résistance des fines lamelles

de bambou minutieusement imbriquées les

unes dans les autres que les trois colonnes

qui composent l’œuvre Connexion s’élevaient

dans les hauteurs de la Grange aux Abeilles

du Domaine de Chaumont-sur-Loire, en

Touraine. A l’image de trois souches à la

base commune déployant leurs ramures

en un entremêlement ascendant, la forme

à la fois robuste et légère de cet ensemble

évoque aussi les tourbillons. Inspirée par le

«mouvement perpétuel de la Loire voisine»,

l’impression de mouvement et d’énergie qui

se dégage de l’œuvre est accentué par les

lamelles aux motifs striés de noir du bambou

tigré torachiku, une variété rare qui ne pousse

que sur l’île de Shikoku. Le motif aérien choisi

pour constituer le maillage de l’installation

laisse quant à lui filtrer la lumière et produit,

au fil de la journée, des motifs changeants

sur les murs du bâtiment

Connexion, 2018, vue de l’exposition au Domaine de Chaumont-sur-Loire.

© de l’artiste / Courtesy Galerie Mingei, Paris / photo : Tadayuki Minamoto

TRADITION ET MODERNITÉ

« Pour cette installation, j’ai utilisé un élément

de la Nature, le bambou, qui exprime

ici ce lien, cette connexion entre la Nature,

l’Homme et l’Histoire », explique l’artiste.

Dans cette œuvre, on peut ainsi lire l’éloge de

savoir-faire ancestraux que le père de Tanabe

Chikuunsai IV lui a transmis. Fort de son

apprentissage en beaux-arts à la Crafts High

School d’Osaka, puis en sculpture à l’Université

des Arts de Tokyo, on peut aussi voir

dans son travail la volonté de concilier tradition

et modernité. Par exemple, la conception

de la nature et de l’œuvre d’art n’est pas

la même en Occident et en Orient. Pour

l’artiste occidental, la création présuppose

une volonté d’intervention et de transformation

de la nature alors que l’artiste oriental

vise fréquemment une forme de respect

envers celle-ci, qui le conduit à un “réarrangement»

des choses comme du monde.

Partant, Tanabe Chkuunsai IV a pour habitude

de remployer pour d’autres projets le

matériau constitutif de ses installations. Ses

créations, dont cette œuvre imaginée pour le

Festival International des Jardins et la saison

d’art 2018, sont donc démontées à la fin de

leur exposition, si bien qu’il n’en subsiste que

le souvenir. Une mise en application tangible

des concepts de continuité et de renaissance

pour évoquer des liens avec l’espace qui

transcendent le temps. La particularité du

contexte historique du château de Chaumont-sur-Loire,

ancienne demeure royale,

ainsi que sa condition de centre d’art et de

nature ont largement influencé la création

de cette œuvre. Souhaitant témoigner du lien

fort existant ici entre Nature, Homme et Histoire,

mais aussi représenter les connexions

entre sa famille et lui-même, de même

qu’entre lui et le monde, Tanabe Chikuunsai

IV propose une œuvre oscillant entre intime

et universel. L’œuvre et les gestes de l’artiste

ont pour seule fonction de nous rendre

perméable à l’environnement, d’attiser notre

sensibilité et de nous placer dans un état de

fusion et de totale continuité avec la nature.

VISITER

Tanabe Chikuunsai IV

Galerie Mingei

Paris

www.mingei-arts-gallery.com

jusq. 28-05

53


Les chandeliers

Des porteurs de lumière

À deux, à trois ou à multiples bras,

les chandeliers furent, dans nos

demeures, les principaux véhicules

de la lumière avant l’arrivée du gaz,

puis de l’électricité. De bronze ou de

porcelaine, sobres ou sophistiqués,

ils adoptèrent tous les styles et

embrassèrent toutes les modes.

Aujourd’hui encore, les chandeliers

ont la cote, car rien n’est plus

apaisant que la douce lumière

irradiante de quelques bougies…

TEXTE : ANNE HUSTACHE

Le vie des noms est parfois erratique.

Bougeoir, flambeau sont les

ancêtres du chandelier. Ce mot de

‘‘chandelier’’, en tant qu’accessoire

portant des chandelles, n’est apparu qu’au

XIIIe siècle. A l’époque, et depuis longtemps,

le chandelier est un métier, celui

qu’exerce le fabricant de chandelles, mot

dont l’étymologie est issue du mot latin

candela. D’ailleurs un ‘‘candélabre’’ est un

support de grande taille, et à plusieurs

branches, destiné à recevoir les bougies,

les chandelles et les cierges. Chandeliers

et candélabres jouissent donc de la même

étymologie et, en somme, tout chandelier

est un candélabre à la restriction stricto

sensu qu’il est d’abord perçu comme « un

grand bougeoir pouvant recevoir une

ou plusieurs chandelles. » Les mots se

compliquent encore à l’époque moderne,

lorsque l’on se plaît à désigner par le terme

de chandelier ce qui est en fait un lustre,

soit un support de bougies, accroché au

plafond. Mais, finalement, cette abondance

de termes n’est-elle pas délicieuse

et justifiée ? Elle qui se rapporte à ces

indispensables accessoires de la maison,

sans qui, pendant des siècles, nous serions

restés dans la nuit et n’aurions pas connu

la magie du doux éclairage aux chandelles.

Divin éclairage

ca. 500–475 av. J.C.

Souvent représentés ensemble, tant en

Grèce à la même époque, qu’en Etrurie,

Hercule et Minerve sont fièrement juchés

au sommet de ce haut candélabre, dont la

forme est typique de l’Antiquité méditerranéenne.

Six éléments coulés à la cire perdue

ont été assemblés pour construire ce luminaire

qui comporte quatre bobèches. Les

Etrusques maîtrisaient particulièrement

bien les arts du feu et ils furent donc de remarquables

travailleurs du métal, un savoir

qu’ils transmirent d’ailleurs aux Romains,

comme en témoignent, par exemple, les

chandeliers de même silhouette retrouvés

dans les vestiges de Pompéï.

Candélabre étrusque, Italie, probablement Vulci,

bronze, H. 154,9 cm. New York, The Metropolitan

Museum of Art, inv. n° 61.11.3.

Terrasser l’ombre

ca. 1200-1250

Le Moyen Âge a beaucoup aimé décorer

ses objets domestiques d’animaux, qu’il

s’agisse de monstres ou de bêtes exotiques

comme l’éléphant et le lion. En témoignent

particulièrement les aquamaniles et les

pieds de chandelier. Le lion fut souvent

représenté, notamment en compagnie de

Samson. En effet, comme le relate le Livre

des Juges, le héros biblique Samson tua un

lion à mains nues, cet animal symbolisant

la force et le courage. Cette thématique

traversant toute l’histoire de l’art, offre

ici au dinandier l’occasion de révéler son

talent en soignant le rendu expressif de la

gueule et de la crinière de l’animal.

Chandelier avec Samson et le lion, probablement

Dinant (Belgique), cuivre doré, H. 27,8 cm. Bruxelles,

musées Art et Histoire, inv. n° 0A6937. © MRAH

54


L’originalité de

ce chandelier

sophistiqué réside

dans les deux anges

qui soutiennent

les bras de lumière

et les deux autres

qui soutiennent les

bobèches.

Anges de lumière

ca. 1666–1699

Les objets réalisés en Angleterre dans la

seconde moitié du XVIIe siècle, selon la

technique particulière du bronze émaillé,

sont rares et ceux qui, comme ce chandelier,

relèvent d’une même palette (blanc,

noir, vert et bleu) et d’un même style de

décor floral, étaient considérés comme

originaire du Surrey, au sud de Londres.

Récemment, ils furent réattribués à

Anthony Hatch, membre de la Armourers

and Braziers Company, et à son collaborateur

Stephen Pilchard. De fait, tous

deux avaient installé un four à émailler

le bronze dans le siège de la compagnie.

L’émail est ici disposés dans des niches

moulées dans le bronze. L’originalité de ce

délicat chandelier repose sur la présence,

à la fois, de deux anges tenant les deux

bras de part et d’autres du socle, et de deux

autres soutenant les bobèches.

Candélabre, Angleterre (Surrey), émail sur bronze,

H. 27,3 cm. New York, The Metropolitan Museum of

Art, don de Irwin Untermyer, inv. n° 64.101.1621.

Putto et fleurs

ca. 1759-1770

Parmi les centaines de figurines inventées

par la manufacture de porcelaine de

Chelsea, celle du putto a connu une faveur

particulière, d’autant qu’il est parfois

doté des ailes de cupidon. Divers motifs

concourent à rendre cet objet délicieusement

séduisant : les guirlandes de fleurs

roses et rouges qui parent le jeune garçon

et émergent de son panier, les draperies

aux couleurs similaires. Soutenant de ses

mains les deux bras du chandelier, le putto

adopte une pose spontanée et pleine de

vie, qui s’intègre adéquatement à un socle

de style rocaille. Cet objet n’était pas proposé

seul, l’institution possédant son pendant,

orné également d’un putto, petit frère

adoptant une autre pose, mais arborant les

mêmes bobèches sur un socle similaire.

Candélabre, Angleterre, Manufacture de Chelsea,

porcelaine, H. 26,7 cm. Londres, The Victoria &

Albert Museum, inv. N° 772-1877.

55


Transparence et couleurs

XVIIIe siècle

Pour inspirer les Lords

ca. 1846

La danse des demoiselles

milieu du XIXe siècle

Ce chandelier illustre à merveille l’excellence

de la fabrication du verre à Venise,

qui assura pendant des siècles à la Sérénissime

sa prédominance en le domaine.

Toute la structure centrale, les bras, les

bobèches, sont fabriqués dans ce cristallo

parfaitement transparent que les

maîtres verriers de Murano avaient été les

premiers à inventer. S’y rapportent divers

éléments, réalisés séparément avant d’être

assemblés, qui témoignent du goût des

Vénitiens pour les couleurs vives. Ils sont

décorés de fleurs rose tendre et de macarons

rouge vif, parfois en verre transparent,

parfois en version laiteuse, rehaussés de

quelques fleurs de deux bleus différents.

Chandelier, Italie, Venise (Murano), verre, H. 61,9

cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, inv.

n° 81.8.269a-gg.

Cet imposant chandelier fut dessiné par

le célèbre architecte du palais de Westminster

afin de décorer l’une de ses salles

prestigieuses, la Chambre des lords. Fidèle

au style néo-gothique, Augustus Pugin

prit pour modèle les grands chandeliers

d’église qui furent réalisés à la fin du

Moyen Âge, tant en Allemagne que dans

les Pays-Bas du Sud, à Dinant, et qu’il avait

découverts lors de ses nombreux voyages

sur le continent. Décoré de feuillages qui

témoignent de sa libre interprétation du

gothique, fabriqué avec soin et selon la

technologie de l’électrolyse, considérée

alors comme la plus novatrice, ce chandelier

fut acquis par le musée lors de la

fameuse Exposition universelle de 1851. Il

ne prit donc pas le chemin de la Chambre

des lords…

Augustus Pugin, Chandelier, Manufacture Hardman

and Co., Birmingham, bronze, H. 83,8 cm.

Londres, The Victoria and Albert Museum, inv. N°

2742-1851.

Les trois danseuses qui évoluent de

concert autour de la colonne centrale

de ce lourd chandelier semblent tout

autant de sympathiques musiciennes

tenant leur instrument à la mains, que des

muses antiques avec leur sein dénudé. Ne

seraient-elles pas une nouvelle incarnation

des trois Grâces, telles que Raphaël

les a peintes au début du XVIe siècle ? La

Renaissance est une source d’inspiration

sous le règne de Louis-Philippe (1830-

1848). La légèreté des figurines féminines

contraste assez singulièrement avec la

silhouette des bras de lumière, assez

lourde et servie par un décor sans grande

imagination.

Chandelier à dix branches, France, style Louis-Philippe,

bronze doré, H. 99 cm. Christie’s, New York,

20-10-2021. © Christie’s Images Ltd.

6.875 $ (5.915 €)

56


Retour vers la nature

2021

Mobile

1901

Ce chandelier n’offre-t-il pas un mélange fascinant de modernité et de classicisme ?

Une parfaite symétrie, une incomparable élégance, et pourtant une curieuse superposition

d’anneaux et de formes arrondies… Le regard s’attarde et attend la mise en

lumière. Si les bras peuvent s’ordonner dans un seul plan, il est aussi possible de les

faire pivoter sur la tige centrale, de manière à disposer d’un chandelier plus ample,

investissant l’espace. Bruno Paul fut un artiste d’avant-garde, participant avec ses

dessins au magazine d’art Jugend, comme à la revue satirique Simplicismus. Architecte

et décorateur, dès 1907, il sera membre du célèbre Deutsche Werkund. Avant

cela, il livre avec ce chandelier l’une des créations les plus abouties de son travail de

décorateur.

La société néerlandaise Pols Potten

insuffle depuis plusieurs années une note

d’humour à nos intérieurs. Le chandelier

Twiggy n’y déroge pas : en ces années de

réchauffement climatique et de détérioration

de la nature, il traduit la vivacité

primesautière d’un écureuil sautant de

branche en branche, celles-ci devenant

les bras de ce chandelier, au port à la fois

altier et naturel. Un accessoire aussi sympathique

de jour, qu’inspirant de nuit.

Studio Pols Potten, Twiggy, chandelier avec écureuil,

métal doré. © Pols Potten

Bruno Paul, Candélabre, Munich, bronze, H. 41 cm. Londres, The British Museum, inv. N° 1993,1012.5.

Surréaliste ou pas ?

1975

A première vue, ces chandeliers s’imposent comme la synthèse cubiste de deux corps

en mouvement. Ce qui ne correspond pas vraiment au délire illusionniste auquel Dalí

s’est longtemps adonné. Toutefois, ces œuvres datent de 1975, époque où l’artiste avait

été rejeté depuis longtemps de la sphère surréaliste. Lui-même d’ailleurs s’était engagé

dans un travail égotique, nourri de sa méthode ‘‘paranoïa-critique’’, termes forgés par

sa propre théorie. Ces intéressants chandeliers en portent la trace puisqu’ils incarnent

respectivement Castor et Pollux, les deux frères de la mythologie grecque dont l’un

renvoie à Dalí et l’autre à son frère aîné, disparu accidentellement quelques 9 mois

avant sa naissance. Un dessin préparatoire pour ces chandeliers, daté de 1974, réunit

d’ailleurs Castor et Pollux sous le soleil de Gala, épouse et muse de l’artiste.

Salvador Dalí, Candélabres Castor & Pollux, bronze chromé, dim. 26 x 18 x 11 cm. Whright Auctions,

Chicago, 27-02-2014. © Wright Auctions - 2.500 $ (1.830 €)

57


Poésie d’un cadre

post-apocalyptique

Avec Baranzate Ateliers, Lionel

Jadot, Zaventem Ateliers et

quelques galeries et créateurs

amis préparent l’un des plus

intéressants projets du prochain

salon du meuble de Milan.

Ils œuvrent ainsi à la promotion

du design de collection.

TEXTE : ELIEN HAENTJENS

Studio KRJST, Vénus, 2021, divers types de textiles, éd. 3 + EA, 200 x 200 cm. © des artistes

Lors du dernier Fuorisalone, organisé

en septembre 2021, événement qui

regroupe les activités périphériques

du Salone del Mobile, Zaventem Ateliers

participait pour la première fois avec

une exposition collective. A cette occasion,

Alessandra Necchi découvrait le collectif

belge : « Dans les années 1930, sa famille a

construit la Villa Necchi désormais ouverte

au public, et dans les années 1950, une

grande usine à Baranzate, en dehors de

Milan. Soucieuse d’offrir un avenir intéressant

à ce lieu, elle fut immédiatement interpellée

par l’histoire de Zaventem Ateliers »,

explique le créateur et promoteur Lionel

Jadot. « Après le salon, nous avons visité

l’usine abandonnée qui, jadis, produisait

en série des machines à coudre. Comme

elle souhaitait offrir un avenir créatif à ces

bâtiments, Alessandra nous a proposé de le

faire revivre. En échange, nous organiserons

lors du prochain salon une grande exposition

et toutes sortes d’événements tels que

dj-sets, danse contemporaine et dîners.

Nous souhaitons faire revivre cet endroit.

58


Studio Elémentaires, White Night #1, 2021, tube en

verre et acrylique, aluminium, DEL 360°, éléments

imprimés en 3D, moteur, éd. lim. de 8, 15 x 50 centimètres.

© des artistes

Pierre-Emmanuel Vandeputte, Abacus, 2020, table en acier revêtu de poudre et bois, 180 x 75 x 80 cm et

Pausa, 2016, tabouret en chêne massif, H. 45, 65 ou 80 cm. © de l’artiste / photo : Stefania Zanetti

Nous avons, par exemple, conclu un accord

avec un restaurant voisin qui fournira des

repas. Nous désirons recréer l’ambiance bon

enfant de Zaventem à Baranzate. » À noter,

l’intégration dans le projet de quelques

sans-abris, qui ont élu domicile dans une

partie des 10 000 m² du bâtiment. Lionel

Jadot : « Ils nous aident à tout organiser et

à préparer l’espace pour la venue du public.

Il en résulte une dynamique intéressante,

tandis que le projet prend une dimension

sociale. » En contrepartie, Baranzate offre

des salles d’exposition en centre-ville, un

cadre brut pour présenter des pièces : « La

lumière du Nord, qui pénètre par d’impressionnants

sheds, mais aussi la patine de

l’ancienne construction industrielle sont

particulièrement belles. Les plantes qui, au

fil des années, ont poussé dans les bâtiments,

confèrent à cette exposition une

dimension post-apocalyptique. En réunissant

des designers, artistes et artisans,

nous montrons ce à quoi un intérieur peut

ressembler en 2022. Grâce à ce bâtiment, le

passé ne tombe pas dans l’oubli. »

Baranzate offre, en contrepartie, des salles

d’exposition élégantes en centre-ville,

un cadre brut pour présenter des pièces.

LAMPES THÉÂTRALES

Les Français de Studio Élémentaires

compteront parmi les dix-sept résidents

de Zaventem Ateliers à montrer leurs

œuvres à Milan. Gauthier Haziza et Apolline

Couverchel ont fait connaissance lors

de leur formation à l’Ecole de Théâtre de

Lyon. Pendant que l’un étudiait un concept

d’éclairage, l’autre suivait des cours en scénographie

: « Nous avons d’abord travaillé

dans le théâtre, mais manquions de liberté

créative. Notre amour du mouvement et

notre approche interdisciplinaire ont été

inspirés par ce contexte. Nos objets de

design revêtent un caractère très performatif

» A Baranzate, Studio Élémentaires

présente une installation sur base de la

lampe System (2020). Dans une ample rotation

à 360 degrés, la lumière s’éteint peu à

peu en illustrant la transition entre le jour et

la nuit. « Avec notre installation poétique,

nous souhaitons faire réfléchir les visiteurs

à notre relation au temps et les inviter à

se détendre dans la foule du salon. Dans

nos objets, nous associons des éléments

high-tech à une finition artisanale et le

design au théâtre. Plus qu’un simple produit

fonctionnel, nous souhaitons créer une

expérience qui sollicite plusieurs sens et

apporte un peu de magie et de poésie dans

un living-room. La beauté se trouve dans la

coexistence entre lumière et mouvement. »

59


Lionel Jadot. © D. R.

Lionel Jadot, Lost Highway, 2021, métal, macadam, 100 x 62 x 70 cm. © de l’artiste / Everyday Gallery / photo :

Seppe Elewaut

« En réunissant

designers, artistes

et artisans, nous

montrons ce à quoi

un intérieur peut

ressembler en 2022. »

LIONEL JADOT

Quelques anciens résidents ont également

renoué des liens avec Zaventem Ateliers, à

l’instar de la designer portugaise Bela Silva :

« Je n’ai pas pu demeurer dans l’atelier pour

des raisons pratiques, mais je fais toujours

partie de la famille Zaventem. C’est la

raison pour laquelle j’ai volontiers rejoint

l’équipe de Baranzate. » Elle présente deux

nouvelles collections : une série de grands

carreaux organiques en céramique, à poser

sur le mur, et des tabourets : « J’utilise

comme toujours la céramique, mais aussi

pour la première fois la pierre. Ces deux

séries sont parfaitement compatibles sur le

plan du langage formel. »

INSTALLATION IMMERSIVE

Lionel Jadot a également invité quelques

galeries amies. Everyday Gallery, qui possède

aussi l’espace de résidence Alpha à

Zaventem Ateliers, montrera des pièces

de Serban Ionescu, Schimmel & Schweikle

et Lionel Jadot lui-même. Boris Devis :

« Lionel propose une suite à sa chaise Lost

Highway, lancée à Design Miami. Il y a

intégré les éléments d’une rue brisée qui

semblent presque flotter sur la construction

métallique. À Milan, il montera toute

une salle à manger dans ce langage formel.

En outre, le Roumain Serban Ionescu

présentera une armoire modulaire et le

duo Schimmel & Schweikle une version

salon de sa Blown-up chair (2018), devenue

entre-temps emblématique. Notre galerie

travaille surtout avec des créateurs ayant

un discours artistique personnel dont

dérivent leurs pièces. Il importe peu qu’ils

aient une expérience en design ou en art.

Leurs créations possèdent souvent des

qualités sculpturales, parfois fonctionnelles.

D’où notre expression d’art fonctionnel.

Elles s’inscrivent dans l’histoire

de l’art et aident ainsi à élargir le spectre

du design. » L’Anversoise Modern Shapes

Gallery se rendra pour la première fois à

Milan. Son instigateur, Michaël Francken,

nous dévoile les raisons de ce déplacement

: « Pendant le Fuorisalone, nous

lancerons une nouvelle activité. Sous le

dénominateur de Modern Shapes Editions,

nous proposerons des éditions limitées

d’objets en bois artisanaux. Cela représente

un défi pour les artistes de notre

galerie que de traduire leur langage formel

en un nouveau matériau, à la fois chaud et

tactile. Cela leur donne aussi l’occasion de

produire des œuvres à plus grande échelle,

d’étendre leur notoriété et d’avoir plus

de temps pour créer. Le Canadien David

Umemoto mettra aussi le cap sur Milan.

Au départ de ses sculptures en béton

d’inspiration architecturale, il a inventé

des éléments modulaires, combinables de

diverses manières. » Cette activité devrait

permettre à la Modern Shapes Gallery de

se profiler davantage au niveau international

et de toucher un plus large public.

Michaël Francken : « Beaucoup sont

en phase avec le langage formel de nos

artistes, mais comme il s’agit en général de

pièces uniques, nécessitant beaucoup de

travail, tout le monde ne peut se permettre

d’en faire l’acquisition. La solution, ce sont

les éditions. » Quant à elle, la Galerie Philia

Internationale présente pour la première

fois le design de collection de Studiopepe.

60


La toute première

présentation en

design de collection

de Studiopepe

est attendue avec

impatience.

Un début attendu avec impatience, car les

Milanais Arianna Lelli Mami et Chiara Di

Pinto organisaient ces dernières années

l’une des plus sensationnelles expositions

du Fuorisalone. En une installation

immersive de 220 m², appelée The Temple,

Studiopepe présentera des pièces sculpturales,

dont des chaises monolithiques, une

console, un miroir, des lampes et objets.

Cette collection découle de leur intérêt

pour l’anthropologie et les artefacts culturels.

Elle s’inspire des dimensions circulaires

de lieux sacrés comme Stonehenge,

mais aussi de l’œuvre de Constantin

Brancusi, Isamu Noguchi et Le Corbusier.

Studiopepe questionne ainsi la notion de

sainteté dans un cadre anthropologique

et historique et la manière dont les objets

et meubles ont, au fil du temps, revêtu une

dimension symbolique.

Zaventem Ateliers, Blend, 2021, surplus de production des ateliers et matériau composite jesmonite, 40 x 38 x

40 cm, éd. 100 (par couleur). © des artistes / photo : Stefania Zanetti

VISITER

Schimmel & Schweikle, Blown-up Chair, 2018, impression 3D par robot, plastique polypropylène recyclé,

revêtement PU dur, 80 x 88 x 72 cm. © des artistes

Baranzate Ateliers

du 06 au 12-06

Fuorisalone / Salone del Mobile

Milan

www.baranzateateliers.com

61


Au rythme

de Rachel Jones

Une nouvelle étoile brille au

firmament de l’art : Rachel Jones.

Ces derniers mois, elle a connu une

ascension fulgurante. COLLECT

s’est penché, aux côtés d’experts

de Bonhams, sur le récent record

mondial de l’artiste et souhaité

connaître ce qui motive les

collectionneurs.

TEXTE : ELS BRACKE

Lors de la vente d’art d’après-guerre et

contemporain organisée à Londres

par Bonhams, le 24 mars dernier,

l’œuvre Spliced Structure (2019) de

Rachel Jones, estimée 40.000 à 60.000 livres

sterling, créait la surprise en s’adjugeant

910.750 livres sterling (1.094.000 euros),

frais inclus. Il s’agissait du deuxième montant

le plus élevé de la soirée, propulsant

l’artiste au rang des grosses pointures

comme Fernando Botero ou Frank Auerbach.

Seules deux des ses œuvres étaient

jusqu’alors passées en vente, ce qui est tout

à fait normal pour une artiste aussi jeune

(elle est née en 1991). Le 2 mars, Sotheby’s

London adjugeait A Slow Teething (2020)

pour 617.400 livres sterling (741.000 euros).

Mais, en dehors de ces montants élevés,

l’ascension rapide de Rachel Jones n’a pas

manqué de retenir l’attention. Elle achevait

des études à la Glasgow School of Art en

2015, avant de fréquenter les Royal Academy

Schools de Londres, de 2016 à 2019.

Dès 2018, elle était repérée et participait

à d’intéressantes expositions collectives,

tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne.

On l’a vit, entre autres, dans The

Artist Dining Room | Faith Ringgold chez

Guest Projects à Londres, et dans Red

Shaped Mouths à la Chinati Foundation,

au Texas, en 2019. Un an plus tard, elle

signait avec la Galerie Thaddaeus Ropac.

Son premier solo londonien, SMIIIILLL-

LEEE (décembre 2021-janvier 2022) se

déroulait à guichets fermés ! L’artiste participait

également à l’exposition Mixing It

L’œuvre de Rachel

Jones présente

beaucoup de couleurs,

de lignes impétueuses

et, a priori, des

formes abstraites et

fantaisistes disposées

en patchwork.

Up: Painting Today, largement acclamée,

organisée fin 2021 à la Hayward Gallery

de Londres. Cette exposition collective

incluait quelques-uns des jeunes artistes

les plus prometteurs de cette génération,

dont Issy Wood, Oscar Murillo, Kudzanai-

Violet Hwami, Lisa Brice et Allison Katz,

mais aussi un vétéran comme Peter Doig.

La Chisenhale Gallery présente à l’heure

actuelle say cheeeeese, premier show institutionnel

qui permet à Rachel Jones de

conforter sa position en tant que peintre

parmi les plus remarquables actuellement

sur la scène internationale. Cette

exposition s’accompagne d’une publication

unique, la première sur l’artiste. Tous

s’accordent à le dire, Rachel Jones excelle !

Elle s’est singularisée par sa technique, son

style, son langage et son message, mais

aussi par sa manière originale de présenter

62


Spliced Structure (7), 2019, signé et daté, crayon à la cire et pastel sur toile, 190,3 x 250,3 cm. Bonhams, Londres, 24-03-2022. © Bonhams - 910.750 £ (1.094.000 €)

63


© photo : Adama Jalloh

C’est un art qui

donne envie de vivre

avec, de le contempler,

des toiles qui donnent

envie de les voir

accrochées en

permanence autour

de soi au lieu de

les entasser dans

un entrepôt.

des œuvres non traditionnelles à un public

varié, qui frappe par sa jeunesse et ses

origines. Jouant avec les opinions traditionnelles

au sujet de la peinture, elle n’use

ni de formats rectangulaires ni de cadres

sophistiqués, ses toiles étant souvent

flasques et polymorphes. L’artiste défie

aussi toutes les règles en matière d’accrochage

en collant ses œuvres directement

sur les murs ou en les laissant traîner par

terre. Pour son exposition à la Chisenhale

Gallery, elle a demandé à ouvrir les six

fenêtres de l’espace, doté d’un éclairage

artificiel depuis les années 1980, afin d’y

laisser entrer la lumière du jour. Elle a en

outre placé d’immenses autocollants sur

les portes extérieures du bâtiment, afin

d’inviter les passants et d’expliquer au

moyen de textes l’influence des images et

de la musique sur ses œuvres.

NOUVEAU ET CONTEMPORAIN

Rachel Jones use de craies grasses et de

pastel à l’huile pour réaliser ses œuvres

sur toile et papier. Une technique, selon

elle, plus rapide et précise que la peinture

à l’huile et le pinceau, qui dégage une

énergie dynamique et directe, car elle lui

permet de voir chaque ligne et chaque

trait tracés par sa main. La composition,

la rapidité d’exécution et ses couleurs, certaines

chaudes, d’autres froides, suggèrent

la quête d’une réaction émotionnelle. L’artiste

souhaite, selon ses propres termes,

laisser le spectateur ‘‘toucher avec ses

yeux’’. Mais que voit-on dans ses œuvres?

Beaucoup de couleur, des lignes impétueuses

et, a priori, des formes abstraites

et fantaisistes disposées en patchwork. Les

titres de ses deux expositions personnelles,

SMIIIILLLLEEEE et say cheeeeese, sont

suffisamment éloquents. Ses créations les

plus récentes, dont certaines mesurent

plus de sept mètres de large, mais qui

peuvent aussi avoir le format d’une page

A4, montrent des dents et des bouches,

organe sensoriel lourd de sens. Il y a là,

par exemple, une métaphore visuelle d’un

critère utilisé jadis pour mesurer la condition

physique des esclaves. Les couleurs

se réfèrent aux pierres précieuses dont

certains créateurs de mode et musiciens

64


noirs ornent leurs dents. Chanter, flirter,

rire, faire des grimaces, manger, vomir, on

expérimente l’œuvre dans la bouche du

narrateur d’une histoire neuve et contemporaine

; les sentiments profonds se

projettent à l’extérieur, en une explosion

de couleurs et de textures. Pourquoi les

collectionneurs se bousculent-ils pour voir

ses œuvres et pourquoi sa première exposition

s’est-elle ainsi déroulée à guichets

fermés ? Christine de Schaetzen, Bonhams

Belgique, et Cassi Young, responsable Modern

& Contemporary Art chez Bonhams

Londres, s’accordent à dire que le montant

obtenu en vente pour une artiste aussi

jeune est tout à fait exceptionnel : « Divers

facteurs sont entrés en ligne de compte.

L’intérêt pour la vente fut mondial, tant

en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis

où Rachel Jones a déjà exposé, mais les

collectionneurs d’Europe et surtout d’Asie

se sont rués sur Internet et le téléphone

pour acquérir ses œuvres. Qui plus est,

leur estimation basse était attractive pour

les acheteurs, tandis que sa production

relativement modeste a considérablement

allongé la liste d’attente chez Thaddeus

Ropac. » Bien entendu, la tendance dominante

où les artistes femmes et de couleur

s’engagent en faveur du Black Lives Matter

a joué un immense rôle. Sa récente participation

à Mixing It Up: Painting Today, dans

la célèbre Haywarth Gallery, tapait dans

le mille. Mais, c’est surtout à son œuvre

vibrante et passionnelle que l’artiste doit

ce vibrant succès. Un art qui donne envie

de vivre avec, de le contempler, des toiles

qui donnent envie de les voir accrochées

en permanence autour de soi et non stockée

dans un entrepôt.

CONSEIL AUX ACQUÉREURS

Nul ne peut encore prédire l’évolution de

ses prix après ce record mondial : « La

vente du 24 mars a démontré que Rachel

Jones avait le vent en poupe. On peut

seulement supposer que son marché

continuera d’être florissant tant qu’elle

remportera du succès », précisent Christine

de Schaetzen et Cassi Young. « L’intérêt

pour ses œuvres était déjà manifeste

avant la vente, mais rien ne dit que lors

d’une vente future les enchérisseurs se

disputeront pour en faire l’acquisition. On

a clairement constaté ici que les collectionneurs

étaient prêts à investir beaucoup

pour s’en emparer. » Nombre d’entre

eux recherchent des œuvres uniques et

intéressantes. Comment s’y prennent-ils

L’artiste joue avec les opinions traditionnelles

au sujet de la peinture en ne choisissant ni

formats rectangulaires ni cadres sophistiqués,

ses toiles étant souvent flasques et

polymorphes. Elle défie aussi toutes les règles

en matière d’accrochage.

pour repérer de pareilles perles ? Christine

de Schaetzen et Cassi Young : « Avant de

l’inclure dans une collection, il est crucial

de bien examiner l’œuvre ou l’artiste en

question. Il est également sage de se

renseigner sur l’état actuel du marché

international, ainsi que sur les expositions

et les ventes. Les artistes géniaux,

établis et émergents ne manquent pas,

mais qui s’intéresse au marché de l’art

contemporain ferait bien de commencer

par surveiller les petites enseignes et les

expositions à venir. » En attendant la suite

des événements, il est urgent de découvrir

l’univers de Rachel Jones.

Say cheeeeese, 2021. © de l’artiste / Courtesy Chisenhale Gallery

SURFER

www.bonhams.com

Thaddaeus Ropac Gallery

www.ropac.net

VISITER

Rachel Jones — say cheeeeese

Chisenhale Gallery

London

www.chisenhale.org.uk

j. 12-06

65


Focus

International

288.000 €

Ecole flamande, Portrait d’un homme,

XVe siècle, huile sur panneau transféré

sur toile (?), 52,3 x 35,5 cm. La Suite

Subastas, Barcelone, 03-03. © La Suite

Subastas

14.400.000 zł (3.071.000 €)

Pierre Paul Rubens, Portrait de femme, 1620-

1625, huile sur toile. Desa Unicum, Varsovie,

17-03. © Desa Unicum

55.900 €

Max Ingrand, Lampadaire, ca. 1959, commande

spéciale, éd. Fontana Arte, noyer laqué, laiton

niquelé, verre sablé, 170 x 60 x 35 cm. Piasa, Paris,

23-03. © Piasa

ON A VENDU

Un mystérieux

tableau flamand à

Barcelone

Le portrait d’un homme flamand

du XVe siècle faisait l’objet d’une

longue bataille d’enchères à

Barcelone, le 3 mars dernier, lors

d’une vente organisée par la salle

La Suite Subastas. Simplement

décrite comme ’’École flamande

du XVe au XVIe siècle, dans le

goût de la Renaissance italienne’’,

le tableau était catalogué comme

‘‘huile, probablement sur papier, et

appliquée sur panneau’’, l’annonce

précisant également qu’il provenait

d’une ‘‘distinguée collection

privée’’. Dès l’annonce de la vente,

des sources bien informées eurent

tôt fait de rapprocher l’œuvre d’un

portrait apparemment identique,

attribué au peintre de Louvain Dirk

Bouts (ca. 1415-1475) dans le catalogue

des peintures flamandes,

compilé à Bruxelles par l’Institut

Royal du Patrimoine Artistique

(IRPA). On y trouve même comme

provenance la Collection Spiridon

de Rome, constituée par Georges

Spiridon, notamment grâce à ses

achats effectués lors des ventes

des collections du Cardinal Fesch,

échelonnées entre 1841 et 1845,

et dispersée à Amsterdam en

1928. Dans le catalogue de cette

dernière, l’œuvre était associée à

un portrait féminin. Un marchand

européen, ayant pu l’examiner,

confiait à nos confrères de The Antiques

Trade Gazette, sa certitude

d’avoir eu entre les mains, non pas

une copie du XIXe siècle comme

évoqué par la salle barcelonaise,

mais bien un original du XVe siècle,

précisant qu’il s’agissait en fait

d’une huile sur panneau transférée

sur toile, pratique de restauration

jadis très répandue. Fait curieux, les

deux portraits d’homme connus

de Dirk Bouts, l’un à la National

Gallery de Londres, l’autre au

Metropolitan Museum of Art de

New York, portent également un

bonnet de feutre rouge… Est-ce

ce qui a décidé les enchérisseurs,

essentiellement des marchands, à

pulvériser les estimations, établies

entre 8.000 et 12.000 euros, pour

finalement porter l’adjudication à

288.000 euros (hors frais) ? Plutôt

cher pour une croûte du XIXe

siècle… En revanche, si c’est un

original de Bouts, la culbute promet

d’être juteuse. La partie la plus

passionnante du travail d’expertise

vient juste de commencer !

Tabac pour la

Collection André

Mourgues chez

Sotheby’s

Le 17 mars, chez Sotheby’s Paris,

le marché rendait un vibrant

hommage au goût éclectique

et visionnaire qui fut celui

d’Alexandre Iolas, en acquérant

la totalité des lots provenant de

la collection André Mourgues,

compagnon pendant plus de

25 ans du mythique galeriste,

bien au-dessus de leur estimation

haute. Les acheteurs furent

particulièrement sensibles à la

provenance et à la fraîcheur de

cet ensemble, la vente générant

pas loin de 10 millions d’euros,

au triple de l’estimation. Des prix

remarquables y étaient obtenus

pour les artistes de la scène moderne

contemporaine tels que

René Magritte, Max Ernst, Victor

Brauner ou encore Claude Lalanne,

mais aussi pour les antiquités

grecques et égyptiennes dont

Alexandre Iolas et André Mourgues

aimaient s’entourer. Après

le record en peinture obtenu à

Londres, René Magritte générait

à nouveau un record d’enchères

à Paris pour une œuvre sur papier.

Disputé par 9 enchérisseurs,

Le Viol (1951), dessin subversif et

révolutionnaire de qualité muséale,

triplait son estimation haute,

à 1 million d’euros (est. 200.000-

300.000 euros). La version initiale

de cette œuvre, une huile sur

toile, avait été peinte en 1934. Elle

reprend tous les grands thèmes

de Magritte et du Surréalisme

et devient une œuvre d’art

provocatrice qui sera utilisée à

de nombreuses reprises comme

reproduction dont, en 1934, pour

la couverture de l’ouvrage majeur

d’André Breton, Qu’est-ce que

le Surréalisme ? Magritte en fera

ensuite diverses versions dont

celle-ci, à ce jour l’unique Viol au

crayon sur papier aussi abouti.

Un Rubens fait

des étincelles à

Varsovie

Le soir du 17 mars, le Tout-

Varsovie bruissait de la vente

d’un portrait de Rubens pour

le montant le plus cher jamais

donné à une œuvre d’art aux

enchères en Pologne. Ce Portrait

de femme, exécuté par l’artiste

vers 1620-1625, avait fait partie

de la collection de Sir Peter Lely,

mais avait disparu des cimaises

depuis 1965. Mis en vente par

un citoyen britannique, c’était

aussi le premier Rubens à passer

en vente dans le pays. Proposé

par la maison d’enchères Desa

Unicum, il était adjugé 14,4

millions de zlotys (3,07 millions

d’euros), largement en deçà des

estimations. Exécuté à Anvers

avec la participation de l’atelier

du maître, il pourrait représenter,

selon les experts, un portrait de

la première épouse du peintre,

Isabella Brant, un membre de

la famille des bijoutiers Duarte,

alors voisins de Rubens, ou

encore un membre de la Cour

d’Espagne.

66


513.330 CHF (500.000 €)

Jean Ramon le Jeune dit le Maître

des Privilèges de Gand, bordures

attribuées à Jacquemart Pilavaine,

Livre d’heures en latin et français,

manuscrit enluminé sur parchemin

(18 grandes miniatures à mi-page),

23,2 x 15,5 cm (feuillets). Beurret &

Bailly. Widmer Auktionen, Bâle, 23-

03. © Widmer Auktionen

693.000 $ (631.000 €)

Flacon à priser, Chine, Pékin, dynastie

Qing, époque Qianlong, verre émaillé

de famille rose et or ciselé, marque de la

manufacture impériale. Christie’s, New

York, 24-03. © Christie’s Images Ltd.

239.400 £ (287.000 €)

James Ensor, L’Entrée du Christ à Bruxelles le Mardi Gras en 1889, 1898, impression

fine et coloriée à la main par l’artiste. Christie’s, Londres, 25-03. © Christie’s

Images Ltd.

Beaux résultats

pour du design

chez Piasa

Grâce aux excellents résultats de

ses ventes en design, organisées

le 23 mars à Paris, la salle Piasa

affirme un peu plus sa position et

sa dynamique de premier plan sur

le marché du design international.

Si la vente Max Ingrand rencontrait

un joli succès, de très beaux scores

étaient également obtenus par

les designers Gio Ponti, Angelo

Lelii, Gino Sarfatti, ou encore Carlo

Mollino pour la vente de design

italien. Au total, celle-ci générait

pas moins de 2,6 millions d’euros.

Parmi les meilleures enchères,

signalons les 55.900 euros donnés

à une commande spéciale, éditée

par Fontana arte, d’un rarissime

lampadaire dessiné par Max

Ingrand vers 1959. Quant à lui, le

Modèle 2227 du même, suspension

en laiton, verre et aluminium

laqué, créée vers 1960, obtenait

32.500 euros, près du double des

estimations (12.000-18.000 euros).

Un livre d’heures

hennuyer enchante

Bâle

C’est un Maître des Privilèges de

Gand et de Flandre au faîte de

son art qui se manifeste au fil des

pages de ce manuscrit remarquablement

conservé, certainement

antérieur à 1460, proposé à la

vente le 23 mars par Beurret &

Bailly. Widmer Auktionen, à Bâle.

Les derniers mystères autour de

l’homme derrière ce pseudonyme

furent levés par les historiens de

l’art Dominique Vanwijnsberghe

et Erik Verroken : leurs recherches

ont permis de découvrir le nom de

Jean Ramont le Jeune, enlumineur

actif à Gand et à Tournai au

XVe siècle. Il tenait son nom du

manuscrit qu’il exécuta vers 1453

pour le duc de Bourgogne, celui

des Statuts et privilèges de Gand

et de Flandre, possession de la

Bibliothèque nationale de Vienne

en Autriche. Stylistiquement,

ses compositions mais aussi sa

palette et sa compréhension de la

perspective sont encore solidement

ancrées dans la production

antérieure de la première moitié

du XVe siècle, ce qui le distingue

aisément de ses contemporains.

Toutefois, il possède un vrai sens

de la couleur. Le commanditaire

est, hélas, inconnu, le manuscrit

étant exempt de toute armoirie.

Mais l’ouvrage, marqué du sceau

du luxe, a de toute évidence circulé

dans le milieu aristocratique montois,

puis en France puisqu’il hérita,

au XVIIe siècle, d’une superbe

reliure française en maroquin olive

sur les ais d’origine. Jusqu’en 1967,

il se trouvait dans la bibliothèque

de Belœil, château des princes

de Ligne. Ce livre d’heures est

d’autant plus exceptionnel qu’une

seconde main y a été identifiée :

les miniatures sont toutes inscrites

dans des bordures richement

enluminées, attribuées au scribe,

décorateur et relieur Jacquemart

Pilavaine, actif à Mons. De nombreux

éléments liturgiques témoignent

également de cette origine

montoise, avec un calendrier qui

comprend un certain nombre de

saints honorés localement, dont

sainte Waudru, patronne de la cité

du Doudou. Proposé contre une

estimation de 400.000 à 600.000

francs suisses, ce superbe ouvrage

à quatre mains était finalement

emportée contre 513.330 francs

(500.000 euros).

Un rarissime flacon

chinois à priser

chez Christie’s

A la fin du mois de mars, une

grande semaine de ventes en art

asiatique était organisée par Christie’s

New York, parmi lesquelles on

notait, le 24, la dispersion de la collection

de flacons à priser chinois

de Rachelle R. Holden. Celle-ci

générait pas moins de 2,25 millions

de dollars (2,05 millions d’euros).

On y notait, au rang des meilleures

enchères, les 693.000 dollars

(631.000 euros) donnés à un rare

et somptueux flacon à priser daté

du règne de l’empereur Qianlong

(1736-1795), portant la marque de

la manufacture impériale de Pékin.

Extrêmement rare, cet élégant

objet en verre émaillé au ravissant

décor de fleurs et papillon, de

famille rose, s’orne d’un superbe

couvercle en or ciselé.

Record du monde

pour Ensor chez

Christie’s

La demande pour les œuvres

d’Andy Warhol observée lors de

la vente en ligne d’estampes et

multiples organisée par Christie’s

London, le 25 mars, souligne

l’attrait mondial pour les œuvres

de l’artiste, dans toutes les gammes

de prix. Un tirage de Mick

Jagger (1975) était ainsi vendu pour

151.200 livres sterling (181.000 euros),

plus du triple de son estimation

haute, un record d’enchères

pour l’artiste. La vente réalisait un

total combiné de 4,8 millions de

livres sterling (5,7 millions d’euros),

et son plus haut prix, également

un record du monde pour l’artiste,

était atteint par une œuvre de

James Ensor, L’entrée du Christ à

Bruxelles le Mardi Gras en 1889

(1898), adjugée 239.400 livres

sterling (287.000 euros). Il s’agit

de la plus importante gravure de

James Ensor représentant le Christ

en tant que messie socialiste laïc.

Cette impression, fine et abondamment

colorée à la main, est

dédicacée à Charles Polydore de

Mont (1857-1931), écrivain, poète et

critique d’art, et premier directeur

du Musée royal des Beaux-Arts

67


Focus

International

46.250 €

Jan Fris, Vanité, 1666, toile, signée et datée, 11,5

x 87 cm. Briscadieu, Bordeaux, 26-03.

© Briscadieu

12.571 €

Plaque de dévotion avec Vierge à l’Enfant (Marie

de Zoeterwoude), Utrecht, seconde moitié du

XVe siècle, terre de pipe estampée, patinée et

polychrome, 40,5 x 20,7 cm. Tessier & Sarrou et

Associés OVV, Paris, 01-04. © Tessier & Sarrou

Est. 200.000.000-300.000.000 $

(183.000.000-275.000.000 €)

Andy Warhol, Shot Sage Blue Marilyn, 1964, acrylique et

sérigraphie sur toile, 101,6 x 101,6 cm. Christie’s, New York,

09-05. © Christie’s Images Ltd.

d’Anvers. Outre les résultats

exceptionnels obtenus par Andy

Warhol, le Pop Art connaissait

d’autres temps forts, notamment

Forms in Space (1985) de Roy Lichtenstein,

adjugé plus du double de

l’estimation (113.400 livres sterling /

136.000 euros).

Belle vanité

hollandaise à

Bordeaux

De Jan Fris (ca 1627-1672), maître

hollandais des vanités, on ne

connaît que peu de compositions,

une quinzaine à peine étant

aujourd’hui répertoriées. La toile

que proposait, le 26 mars, l’étude

Briscadieu de Bordeaux, suivant

une expertise du Cabinet Turquin,

vient compléter en beauté

ce mince corpus, et pouvait

donc prétendre à 46.250 euros,

d’autant plus qu’elle affiche une

signature et une date à droite,

‘‘J Fris 1666’’. Autour d’un crâne

et d’un humérus, l’artiste a placé

les symboles de la fuite irréversible

du temps et de la fragilité

de la vie (sablier, bougie, verre),

ainsi que ceux de la connaissance

et de la richesse (globe terrestre,

tapis). Quant à la vanité du

paraître, elle est représentée par

un casque emplumé, élément

original que l’on retrouve dans

trois autres tableaux de Fris.

Une plaque de

dévotion d’Utrecht

à Drouot

Si aujourd’hui ces plaques de

dévotion sont peu nombreuses, à

l’époque de leur création, dans la

seconde moitié du XVe siècle, elles

étaient répandues et réalisées dans

des ateliers spécialisés d’Utrecht.

Exécutées dans des moules, puis

patinées, elles recevaient une attention

particulière quant à leur

qualité d’exécution alors même

qu’elles étaient destinées à un

usage domestique, et parfois employées

comme ex-voto dans des

chapelles. La Vierge est ici représentée

avec l’Enfant sur un socle,

dans un encadrement simulant un

intérieur étroit, un texte de louanges

les entourant, qui désigne par

divers qualificatifs Marie et le Christ,

renvoyant à la méditation et à la

prière personnelles. Le musée du

couvent Sainte-Catherine d’Utrecht

conserve un modèle identique.

Rappelons que la terre de pipe,

nom ancien d’une argile plastique

ou d’un kaolin, tire son nom de

l’objet lié au tabac, qu’elle servait à

produire, et que les Hollandais eurent

longtemps la réputation d’être

les seuls à savoir préparer et d’en

posséder les meilleures carrières.

Proposé à Drouot, le 1er avril, par

l’étude Tessier & Sarrou et Associés,

cet objet estimé entre 6.000 et

8.000 euros quittait la salle contre

12.571 euros (frais inclus).

Beau prix pour un

Bruegel à Zurich

« Sans cette composition, le

développement artistique des générations

d’artistes suivantes, tels

Hendrick Avercamp (1585-1634),

Esaias Van der Velde (1587-1630) ou

encore Aert Van der Neer (1603-

1677), aurait été impensable »,

précisait la Gazette Drouot dans

son édition du 25 mars dernier

(n°12). Pierre Bruegel le Jeune

signait une œuvre décisive pour

le paysage d’hiver et sa diffusion

avec ce fameux Paysage d’hiver

avec piège à oiseaux, qui fut l’un

des plus populaires du XVIIe siècle.

L’ensemble est directement inspiré

du père, Pierre Bruegel l’Ancien

(ca 1525-1569), et son Paysage

d’hiver avec patineurs et trappe

aux oiseaux (1565), aujourd’hui aux

Musées royaux des Beaux-Arts de

Belgique à Bruxelles. C’est grâce

aux nombreuses déclinaisons

exécutées par son fils et l’atelier

Bruegel (127 recensées) que cette

composition acquit une si grande

popularité. Une version datée de

1601, fort comparable à celle du

Kunsthistorisches de Vienne, était

proposée par la salle Koller de

Zurich, le 1er avril. Depuis plusieurs

générations au sein d’une collection

privée luxembourgeoise, cet

exemplaire avait été estimé entre

800 mille et 1,2 millions de francs

suisses. Car, s’ils ont été nombreux

à avoir quitté l’atelier du peintre,

les exemplaires en circulation sont

rarissimes. C’est donc fort logiquement

qu’il s’envolait à 1.615.000

francs suisses (1.580.000 euros).

ON VENDRA

Une Marilyn

de Warhol chez

Christie’s

Pléthore d’œuvres importantes,

en art moderne, d’après-guerre et

contemporain, sont au menu des

grandes ventes organisées en ce

mois de mai à New York, notamment

au sein des collections de

Thomas & Doris Ammann ou de

Anne H. Bass. De la première, on

notera chez Christie’s, le 9 mai, une

version exceptionnelle, précoce

et particulièrement réaliste de la

fameuse Marilyn d’Andy Warhol.

Datée de 1964, cette Shot Sage

Blue Marilyn est estimée pour la

somme faramineuse de 200 à

300 millions de dollars (183 à 275

millions d’euros). De la seconde,

proposée le 12 mai toujours chez

Christie’s New York, on retiendra

une exceptionnelle paire de

Rothko, mais aussi des œuvres

signées Degas, Monet, Balthus,

Morris Louis ou Vilhelm Hammershøi.

Le 17 mai, Sotheby’s New

York mettra en vente une Femme

nue couchée (portrait de Marie-

68


1.000.000-1.500.000 €

Titien, La Madeleine pénitente, huile sur toile, 115

x 96,7 cm. Dorotheum, Vienne, 11-05.

© Dorotheum

Est. 20.000.000-30.000.000 $

(18.000.000-27.500.000 €)

The Rock, diamant blanc D-Z de 228,31 carats.

Christie’s, Genève, le 11-05. © Christie’s Images Ltd.

Est. 150.000-200.000 €

Charlotte Perriand, Bibliothèque à plots, prototype,

1986, sapin brut, tôle d’aluminium, plots éclairants,173

x 173 x 33cm. Christie’s, Paris, 25-05. © Christie’s Images

Limited 2022 / photo : Anna Buklovska

Thérèse Walter), peinte par Picasso

en 1932 et estimée 60 millions

de dollars (55,2 millions d’euros),

tandis que Phillips proposera, le 18

mai, une œuvre séminale de Jean-

Michel Basquiat, Untitled (1982),

en provenance de la collection de

Yusaka Maezawa et qu’on estime

à plus de 70 millions de dollars (64

millions d’euros).

Un Titien disparu

resurgit au

Dorotheum

Un tableau disparu du peintre

Titien, récemment redécouvert,

constitue l’un des temps forts de

la vente de tableaux de maîtres

anciens organisée par Dorotheum,

à Vienne, le 11 mai. Cette œuvre,

représentant une Madeleine

pénitente, fit autrefois partie des

célèbres collections de la reine

Christine de Suède (1629-1689),

du régent de France Philippe, duc

d’Orléans (1674-1723), et très probablement

de l’empereur germanique

Rodolphe II. Apparaissant

sur le marché pour la première

fois depuis plus de 150 ans, cette

œuvre fait partie des sujets les

plus populaires de Titien et le

plus fréquemment demandé. Sa

redécouverte a révélé une œuvre

d’une qualité extraordinaire et

qui constitue un ajout important

à l’œuvre du Titien. On l’estime

donc très normalement entre 1 et

1,5 million d’euros.

Le plus gros

diamant blanc est

pour Christie’s

Surnommée The Rock, la pierre

extraite et polie en Afrique du Sud

il y a plus de 20 ans, est le plus

grand diamant poire blanc D-Z

jamais classé par l’Institut américain

de gemmologie (GIA). Après

un tour du monde qui l’a menée à

Dubaï, Taipei et New York, elle est

proposée à la vente par Christie’s

à Genève, le 11 mai. « Le Moyen-

Orient a toujours apprécié les

bijoux et pierres précieuses de

grande valeur », souligne Rahul

Kadakia, responsable international

de la joaillerie chez Christie’s.

« Nous avons pensé qu’il était bien

de dévoiler le diamant dans une

région où il y a énormément de

grands collectionneurs de pierres

précieuses. » Le caillou, calibrant

228,31 carats, a été estimé entre 20

et 30 millions de dollars (18 à 27,5

millions d’euros).

Fans de sneakers,

tous chez Millon !

Le 15 mai, la maison de vente

Millon, en partenariat avec Loving

Sneakers, lance à Paris la première

vente aux enchères publique

exclusivement dédiée à la sneaker,

actuel accessoire incontournable

du streetwear. Éditions limitées,

collab’ exclusives ou paires cultes,

au total ce sont près de 200 modèles

iconiques à l’état neuf qui sont

soumis aux feux des enchères. Des

Yeezy aux Air Max, en passant par

les Air Force One ou encore les Jordan,

l’apogée de la basket, atteinte

ces dix dernières années, défile

sous le marteau d’Alexandre Millon.

Avec des estimations débutant

à 200 euros et allant pour certaines

paires jusqu’à plusieurs milliers

d’euros, cette vente fait la part

belle aux modèles emblématiques

et/ou limités de la célèbre marque

américaine à la virgule.

Perriand by

Perriand chez

Christie’s

À l’occasion de sa vente en design,

le 25 mai prochain, Christie’s Paris

proposera aux collectionneurs un

rare ensemble issu du mobilier

personnel de Charlotte Perriand.

Récemment célébrée lors d’une

grande rétrospective à la Fondation

Louis Vuitton, cette créatrice

visionnaire incarne le mouvement

vers la modernité du XXe siècle et

demeure l’une des rares femmes

designer acclamées internationalement.

Le produit de cette vente

financera les efforts des Archives

Perriand pour conserver, pérenniser

et diffuser au plus grand nombre

le travail de Charlotte Perriand,

en harmonie avec sa vision et son

approche. Les pièces de cette

collection, que Charlotte Perriand

a destinées à son propre usage,

retracent les étapes cruciales du

développement de ses principaux

concepts à travers des pièces

uniques et prototypes inédits.

Sans nul doute l’un des ensembles

les plus importants de Charlotte

Perriand proposé aux enchères, la

quinzaine de pièces présentée aux

collectionneurs quitte pour la première

fois l’appartement familial

situé rue de Las-Cases, qui sera sa

demeure jusqu’en 1970 et son atelier

jusqu’à la fin de sa carrière. La

vente présentera, entre autres, une

rare paire d’imposantes potences

métalliques datées de 1938 (est.

120.000-180.000 euros chacune).

On ne connaît que cinq exemplaires

de ce système d’éclairage

iconique imaginé par Charlotte

Perriand. L’emblématique bibliothèque

à plots (est. 150.000-

200.000 euros), sera l’un des

lots phares de la vente et illustre

toute la modernité de l’esprit de

Charlotte Perriand. Cette pièce

dynamique, alternant vides et

pleins, joue avec les couleurs et

l’asymétrie. A la manière d’un

totem, elle synthétise l’approche

de la créatrice qui lie esthétisme

et fonctionnalité, au cœur de ses

recherches sur les modules de

rangement. Ce modèle unique

avec deux plots éclairants, utilisé

comme cloison entre le salon et le

bureau de son appartement, est

le prototype qui servira de modèle

pour la bibliothèque Plurima, éditée

ultérieurement par Cassina.

69


52.000 €

La surprise du mois

Peintre, dessinateur et créateur

d’estampes, actif à la Renaissance,

l’Anversois Hendrik III van Cleve

(1525-ca. 1590) est connu pour ses

vues topographiques, notamment de

Rome et du Vatican, ainsi que pour ses paysages

imaginaires. Si l’artiste s’est rendu

en Italie, on ne sait exactement quand,

même s’il y réalisa de nombreux dessins

de vues de montagne, de bâtiments et de

paysages urbains qu’il utilisera plus tard

dans ses œuvres. Disparaissant des radars

entre 1557 et 1582, on le retrouve dans sa

ville natale en 1585, où il demeure jusqu’à

son décès, devenu riche et influent. Sa

production personnelle qui comprend un

hiatus de trente ans mais est authentifiée

par le monogramme HVC, compte notamment

une série de paysages avec la tour

de Babel et des vues de Rome, réalisées

d’après des relevés in situ. Traditionnellement,

un grand nombre de représentations

de la construction de la tour de Babel lui

ont été attribuées, même si seules trois

représentations peuvent l'être de manière

plus ou moins ferme. La plupart d’entre

elles sont donc aujourd’hui données à des

peintres flamands anonymes, désignés

collectivement comme ‘‘Groupe Hendrik III

van Cleve’’, sans doute actifs à Anvers entre

1580 et 1600, auxquels on attribue une cinquantaine

d’œuvres. C’est l’une d’elle que

proposait, le 20 mars, l’antenne bruxelloise

de Cornette de Saint Cyr, lors de la dispersion

du contenu d’une collection privée.

Conforme aux représentations, caractéristiques

de la main de l’artiste, de cette

histoire tirée du Livre de la Genèse (Gn 11,

1-9), l’œuvre présente en son centre une

tour dont la structure en forme de cône et

l’allée pivotant en spirale vers le sommet,

sont caractéristiques des représentations

nombreuses de ce thème depuis le Moyen

Âge, même si l’ornementation architecturale

se réfère clairement à la Renaissance.

Estimée 15.000 à 20.000 euros, elle est

caractéristique de l’intérêt du maniérisme –

mouvement auquel se rattache Hendrik III

van Cleve – pour la création de panoramas

de villes imaginaires. Ceci s’exprime dans

la représentation d’un méli-mélo de styles

architecturaux flamands et d’éléments classiques

tels que aqueducs, demi-colonnes,

palais, arcs de triomphe, arcs circulaires et

autres sculptures. Ce qui intrigue toutefois

ici, c’est la représentation à l’avant-plan

d’une scène d’exécution publique par pendaison…

Cela rend le prix obtenu d’autant

plus surprenant, 52.000 euros (hors frais) !

Hendrick III van Cleve, La tour de Babel, n. d., huile

sur panneau parqueté, 53,1 x 7, cm. Cornette de

Saint-Cyr, Bruxelles, 20-03. © Cornette

70


Ventes

Belgique

Collect-1/2pQ-mai.qxp_320 7/04/22 11:01 Page1

VENTE PUBLIQUE

MA. 17 & ME. 18 MAI

à 18h30

28.380 €

Paire de vases carrés, Chine, qianjiang

cai, XIXe-XXe siècle, décor de paysages

et immortels. Coronari Auctions,

du 09 au 11-03. © Coronari Auctions

640.000 €

Gustave De Smet, Le bateau de plaisance,

1915. De Vuyst, 12-03.

© De Vuyst

ON A VENDU

Vente de préprintemps

chez

Coronari Auctions

La première vente de l’année

pour Coronari Auctions se

déroulait du 9 au 11 mars, et la

salle gantoise surprenait grâce

à plusieurs bons résultats. Dans

le domaine de l’art asiatique, un

impressionnant brûle-parfum

chinois en bronze, avec dragons

et perles flamboyantes, marque

et période Qianlong, suscitait

d’emblée l’intérêt en s’adjugeant

plus de 216.000 euros (lire dans

notre édition d’avril). Quant à

eux, une paire de vases carrés

chinois qianjiang cai, à décor

de paysages et d’immortels

suscitaient également beaucoup

d’intérêt et atteignaient finalement

28.380 euros. Plusieurs

vases du XIXe siècle obtenaient,

par ailleurs, des résultats

bien supérieurs aux attentes,

tel ce vase de famille rose, orné

d’oiseaux parmi des branches

fleuries et de marque Qianlong

(7.095 euros) et deux vases céladon

bleu et blanc, à décor floral,

qui généraient plus de 15.000

euros. Une peinture chinoise

Qing, représentant un paysage

de montagne avec chevaux,

chèvres et personnages, obtenait

également un bon résultat (9.275

euros), tout comme une figurine

en blanc de Chine de Guanyin,

adjugée plus de 12.000 euros.

La seconde partie de la vente

était consacrée à l’art européen

et islamique, et là aussi, les

bons résultats se succédaient

rapidement. Du côté des maîtres

anciens, un paysage d’hiver

flamand du XVIe siècle avec patineurs,

une Adoration des Mages

allemande du XVIe siècle et une

Anna et Joachim visitant Marie

et Jésus par le peintre allemand

Hermann tom Ring (1521-1596)

étaient respectivement emportés

près de 16.000, 40.800 et plus

de 49.000 euros. Dans la section

contemporaine, la série de sept

pièces Sans l’écorce de Pierre

Alechinsky (1927) changeait, elle

aussi, de mains contre 15.300

euros. Ces résultats promettent

beaucoup pour les prochaines

ventes, à commencer par celle

de la Collection Paul De Grande,

en juin.

Top enchères

chez De Vuyst

De Vuyst enregistrait des résultats

inédits, le 12 mars dernier :

sept œuvres se vendaient pour

un montant supérieur à 100.000

euros et quarante dépassaient

les 25.000 euros. L’offre incluait,

en particulier, quelques chefsd’œuvre

de l’expressionisme

belge. Ainsi de Jean Brusselmans,

qui attirait les regards avec

Dilbeek (1929) s’adjugeant 55.440

euros, Jeune femme assise (1946)

emportée 36.960 euros et Jeune

femme au chapeau rouge (1941),

"Buste de Suzon" en bronze à patine brune dorée

Signé Rodin et portant la marque en creux de la Compagnie

des Bronzes de Bruxelles. Ecole française. H.:+/-31,5cm.

Huile sur toile "Elégante à la lecture devant le ruisseau aux canards"

Signé en bas à droite Ev. Carpentier. Ecole belge. Dim.:+/-54,5x73,3cm.

EXPOSITION

13, 14 ET 15 MAI DE 10 HA18 H

HOTEL DE VENTES VANDERKINDERE S.A.

CHAUSSÉE D’ALSEMBERG 685-687-1180 BRUXELLES

PARKING PRIVÉ • TÉL. 02 344 54 46

info@vanderkindere.com

w w w . v a n d e r k i n d e r e . c o m

71


Ventes

Belgique

12.000 €

Andy Warhol, Photographies cousues, 1987.

Damien Voglaire, 12-03. © Voglaire

21.877 €

Abel Grimmer, Le repas et le repos des moissonneurs, huile

sur panneau de chêne. Soudant, 13-03. © Soudant

104.140 €

Ambrosius Benson (att.), Triptyque de la Crucifixion,

avec à gauche, le portrait de Jean de

Cruyninghe et Jacqueline de Bourgogne et à

droite, des membres de la famille Van Der Hulst,

Bruges, ca. 1549-1550, 182 x 88 cm (ouvert), 122 x

88 cm (fermé). Carlo Bonte, du 15 au 17-03.

© Carlo Bonte

payée 43.860 euros. Quant à elle,

La moisson (1932) de Constant

Permeke rapportait 115.700 euros.

Quelques tableaux d’Edgard

Tytgat enregistraient également

quelques beaux résultats : notons

ainsi Les vieillards tragiques,

œuvre cruciale de 1924 chargée

de symboles en une composition

narrative caractéristique, laquelle

changeait de mains contre

170.800 euros, soit le montant le

plus élevé jamais enregistré pour

une œuvre de l’artiste. Gustave

De Smet était l’une des vedettes

de la vente, avec ce magnifique

tableau intitulé Le bateau de

plaisance (1925), dont la composition

magistrale, les couleurs

splendides et une histoire riche

faisaient un chef-d’œuvre. L’offre

finale, soit 640.000 euros, était

obtenue en ligne et constitue

un record mondial aux enchères

pour l'artiste. Venons-en au Jugement

de Pâris (1949), magnifique

dessin à l’encre de Chine de

Paul Delvaux, dilemme onirique

et mystérieux avec beautés dans

un cadre antique, du pur Delvaux.

L’œuvre, qui avait suscité

un immense intérêt au préalable,

générait finalement 218.100 euros.

De son côté, un exemplaire

de la sculpture mondialement

célèbre, LOVE de Robert Indiana,

une icône du Pop art, enregistrait

le résultat phénoménal de

275.000 euros. D’autres artistes

américains attiraient également

l’attention. Citons aussi la

sérigraphie Mildred Scheel (1980)

d’Andy Warhol qui rapportait

10.000 euros, tandis que les

sculptures de Jean-Michel Folon

séduisaient également le public

(lire par ailleurs). La somme de

96.500 euros était déboursée

pour l’homme en bronze intitulé

La légèreté de l’être (2005) et on

obtenait 54.180 euros pour les

serre-livres Lire (2003). Enfin,

Pierre Alechinsky suscitait un

vif intérêt lors de cette vente

qui dispersait une série de ses

œuvres, gravures et peintures

sur toile ou papier. La somme

de 192.500 euros était donnée à

L’invention de la brouette (1974),

œuvre réalisée par Alechinsky

dans l’atelier de son ami Bengt

Lindström à Sundsvall (Suède).

Warhol chez

Damien Voglaire

Quatre Photographies cousues

d’Andy Warhol constituaient

l’un des lots phares proposés le

12 mars chez Damien Voglaire

(anciennement Ferraton), à

Bruxelles. Ces photographies

ronéotypées faisaient partie de

la dernière exposition à laquelle

l’artiste a participé de son vivant,

en 1987. Il s’agit de pièces rares

et uniques, datées et signées.

Elles se vendaient 12.000 euros,

conformément à leur estimation.

Une grande gouache (1964) de

Gérard Schneider rapportait,

quant à elle, 3.500 euros, tandis

que deux œuvres monochromes

de Francis Dusepulchre changeaient

de mains contre 1.500 et

1.600 euros, et qu’un immense

et beau tableau d’Emile Salkin,

Camion jaune (1975), quittait

la salle contre 13.000 euros.

Une magnifique huile d’André

Beullens, Lignes d’or XIX (1967),

retenait l’attention et générait

2.800 euros. La vente incluait pas

moins de cinq tableaux d’Yves

Zurstrassen, dont un de 1985

vendu 4.000 euros et un autre de

1991 emporté 8.500 euros. Pour

sa part, une gouache de Zoran

Music obtenait 1.900 euros ; à

noter enfin deux tableaux de Robert

Giron, Au café (1923) vendu

1.900 euros et Nu sortant du bain

qui quittait la salle contre 2.100

euros. L’œuvre de Robert Giron,

peintre inconnu et peu productif,

fut diffusée pendant une courte

période. Avec son ami Paul Delvaux,

il exposa à la Galerie Robert

Giroux en 1923, puis à la Galerie

Royale en 1925. Les deux artistes

se sont retrouvés tous les lundis,

pendant dix ans, pour comparer

leurs œuvres avant que Robert

Giron ne devienne directeur du

Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

La famille Peltzer

chez Soudant

Lors de la vente du 13 mars chez

Soudant à Gerpinnes, 400 lots

étaient adjugés, notamment au

sein de la succession de Jacques

Peltzer, fils de la comtesse

Hélène de Breteuil et du célèbre

industriel George Peltzer. Une

œuvre du peintre brabançon

Abel Grimmer (1570-1618 ou 1619),

intitulée Le repas et le repos des

moissonneurs, générait une offre

à 21.877 euros (est. 8.000-12.000

euros). Un vase soleil de 98 cm

de haut en terre vernissée et

émaillée, avec support en fer, de

Jean Lurçat (1892-1966), artiste

français connu pour son rôle

dans le renouveau de la tapisserie

contemporaine, s’adjugeait

10.002 euros (est. 3.000-4.000

euros). Enfin, Les armes de la

nuit, tableau du peintre belge

Jean Ransy (1910-1991), artiste

largement considéré comme surréaliste,

trouvait preneur à 5.002

euros (est. 4.000-6.000 euros).

Ensor chez

Carlo Bonte

La vente de pré-printemps

organisée par Carlo Bonte réservait

plusieurs surprises, dont

un record pour une gravure de

James Ensor de 1896, La Mort

poursuivant la troupe des humains,

où un squelette tient pour

la première fois un rôle central.

Après une série de surenchères

acharnées, l’œuvre s’adjugeait

57.150 euros. Quant à lui, Etienne

Elias enregistrait également un

record avec 20.320 euros déboursés

pour son œuvre Les Hippies.

Du côté des maîtres anciens, on

notait le panneau La Crucifixion

sur le Golgotha, triptyque daté

vers 1549-1550, attribué à Ambrosius

Benson (ca. 1490-1550). Un

collectionneur belge en devenait

l’heureux propriétaire après

72


JOURS D’EXPO

2 - 6 juin

VENTES

7 - 9 juin

HERE

COMES

THE

SUN

CLASSIC

VS.

MODERN ART

&

WORKS

ON PAPER

I II III IV

I Edward Portielje (1861-1949) € 3500 - 4500

II Frits Van den Berghe (1883-1939) € 18 000 - 24 000

III Ferdinand Schirren (1872-1944) € 500 - 700

IV Rene Magritte (1898-1967) € 1500 - 2000 LIVE.BERNAERTS.EU

HÔTEL DES VENTES BERNAERTS

Verlatstraat 18

2000 Anvers

www.bernaerts.be

Pièces exclusives

17 mai 2022

Art d’Asie

18 mai 2022

Willem Gerard Hofker

(1902-1981)

Bali, dec. 1940

100 x 75 cm

300.000 - 500.000 €

Jan Zoetelief Tromp

(1872-1947)

Chine, Transition

Hatcher Cargo

Maurits Cornelis Escher

(1898-1972)

Dordrecht, 1749

‘Admiraliteyt tot Rotterdam’

Cornelis Ouderogge - 1658

Exposition:

Vendredi 13 mai 13 à 17 h.

Samedi 14 mai 10 à 17 h.

Lundi 16 mai 10 à 17 h.

Mardi 17 mai 10 à 12 h.

Chine, Kangxi

Coll. Jhr. F. Beelaerts van Blokland (1872-1956)

middelburg amsterdam tel. +31(0)118 - 650 680 info@zeeuwsveilinghuis.nl www.zeeuwsveilinghuis.nl


Ventes

Belgique

8.500 €

Corbeille néoclassique soutenue par deux Grâces, fabrique

de porcelaine Frédéric Faber (1782-1844), Bruxelles. Vanderkindere,

15 & 16-03. © Vanderkindere

12.350 €

Henri de Toulouse-Lautrec, La Troupe de Mademoiselle

Églantine, 1896, lithographie en couleurs, 62,3 x 81 cm.

Cornette, 20-03. © Cornette

10.000 €

Fernand Toussaint, Jeune femme de

profil nue de dos, huile sur toile, 100 x

80 cm. Horta, 21 & 22-03. © Horta

avoir déboursé 104.140 euros.

On proposait, en outre, une collection

assez unique en faïence

de Delft qui générait une somme

assez importante. Mais, les regards

se tournaient surtout avec

intérêt vers l’impressionnante

sculpture de jardin d’Hercule,

œuvre de 1727, de la main de

l’artiste brugeois Hendrik Pulinx,

qui changeait de mains contre

88.900 euros. La section asiatique

répondait, elle aussi, aux attentes

avec notamment cet ensemble

de coraux chinois qui générait de

beaux résultats. Cette splendeur

s’adjugeait 83.820 euros, tandis

qu’un Bodhisattva Avalokiteshvara,

bronze de la période Ming,

obtenait 55.880 euros. Signalons

encore ce thangka à la gouache,

représentant le Panchen Lama,

adjugé 40.640 euros.

Antiquités

religieuses chez

Vanderkindere

Un rare lit d’enfant napolitain

séduisait le public lors de la

vente cataloguée des 15 et 16

mars chez Vanderkindere. Ce lit

du XVIIIe siècle, doté d’une centaine

d’ornements en terre cuite

polychrome représentant des

personnages et animaux, s’inscrit

dans une tradition napolitaine

médiévale toujours vivace. Ces

lits étaient d’abord réservés aux

églises, mais furent peu à peu

adoptés par les particuliers. Un

engouement qui suscita des

concours entre églises, communes,

bourgeois et aristocrates.

La couche était adjugée 68.000

euros (est. 10.000-15.000 euros).

Une rare croix du XVIe siècle,

en or jaune 18 carats, sertie

d’émail polychrome, trouvait

preneur contre 16.000 euros (est.

9.000-12.000 euros), tandis que

la statue en bronze d’une jeune

femme, intitulée La Source, du

sculpteur français Albert-Ernest

Carrier-Belleuse (1824-1887), un

des membres fondateurs de la

Société Nationale des Beaux-

Arts, quittait la salle contre 4.700

euros (est. 2.500-3.000 euros).

Enfin, une superbe corbeille

néoclassique, soutenue par

deux Grâces, de la fabrique de

porcelaine bruxelloise de Frédéric

Faber (1782-1844) s’adjugeait

8.500 euros (est. 1.500-2.000

euros).

Une collection

privée chez

Cornette

Cornette de Saint Cyr Bruxelles

vendait, le 20 mars, une collection

de meubles, de tableaux

anciens et contemporains,

d’objets scientifiques, de livres

anciens et autres œuvres d’art.

Le lot principal était un tableau

de Robert Combas (1957), intitulé

Pan dans ta gueule de Gaulois.

Estimé 60.000 à 80.000 euros, il

rapportait la coquette somme

de 107.449 euros. Le lendemain,

21 mars, une lithographie en

couleurs d’Henri de Toulouse-

Lautrec (1864-1901), intitulée La

Troupe de Mademoiselle Églantine

(1896), était vendue 12.350

euros (est. 10.000-12.000 euros),

tandis qu’une scène de chasse

du peintre anversois de natures

mortes Pieter Boel (1626-1674),

collaborateur de Charles Le Brun

dans le premier atelier de ce

‘‘peintre ordinaire’’ du roi Louis

XIV, était adjugée 17.550 euros

(est. 8.000-10.000 euros).

Bijoux chez Horta

La vente des 21 et 22 mars chez

Horta enregistrait des enchères

étonnantes du côté des bijoux.

Une bague en or blanc sertie

d’un saphir de Ceylan de +/-

21,85 carats était ainsi adjugée

90.000 euros. Côtés tableaux,

une Jeune femme de profil nue

de dos de Fernand Toussaint

(1873-1955), estimée 12.000-

15.000 euros, était emportée

10.000 euros, tandis qu’une

marine de Permeke (1886-1952),

estimée 3.500 à 8.000 euros,

s’adjugeait 5.000 euros. Le clou

de la vente était cependant un

bouddha chinois du XIXe siècle,

en bois et papier mâché. Malgré

une estimation, fixée entre 500 et

700 euros, un acheteur enthousiaste

en offrait 26.000 euros.

Art belge à

l’honneur chez BA

Auctions

Diverses pièces majeures, issues

de collections privées, faisaient

partie de la vente proposée par

BA Auctions le 22 mars. Deux

œuvres d’Emile Claus quittaient

ainsi la salle pour une belle

offre. D’abord un chef-d’œuvre

intitulé Le pommier, huile sur

toile issue directement de

l’atelier de l’artiste et appartenant

à un descendant de celui-ci,

s’adjugeait au prix marteau de

320.000 euros, tandis que La Lys

à Laethem-Saint-Martin sous la

neige générait 26.000 euros. Une

aquarelle intitulée Venise (1898)

de Théo Van Rysselberghe (1862-

1926) enregistrait, elle aussi, un

résultat excellent puisque frappée

11.500 euros. De son côté,

Georges Lemmen (1865-1916),

l’impressionniste de Schaarbeek

influencé par le précédent, était

représenté par quelques huiles

qui trouvaient gentiment acquéreur,

respectivement pour 5.000

et 6.200 euros. Citons encore

cette huile d’Anna Boch, intitulée

La promenade du dimanche,

provenant de la collection de

descendants de l’artiste, qui créait

la surprise grâce à une offre à

10.000 euros, tandis qu’une huile

cubiste de 1927 par Floris Jespers

engrangeait 14.000 euros. Parmi

les tableaux modernes et sculptures,

en provenance du parc

74


320.000 €

Emile Claus, Le pommier, huile sur toile, 90 x 120 cm. BA

Auctions, 22-03. © BA Auctions

23.000 €

Atelier de Lucas Cranach, Les Amours vénales, 34,5 x 25 cm

(chaque). Haynault, 28-03. © Haynault

22.000 €

Victor Vasarely, Saint Jean, 1948. Bernaerts,

du 29 au 31-03. © Bernaerts

d’un château de Courtrai, citons

deux œuvres emblématiques

d’Eugène Dodeigne (1923-2015),

une stèle en pierre de Soignies

et un torse de femme en marbre,

adjugés respectivement 11.000

et 26.000 euros. Enfin, Jacques

Moeschal (1913-2004) était

également bien représenté avec

ses sculptures Sur la colline et

Étoile à trois branches, chacune

obtenant un prix marteau de

7.000 euros.

Un Cranach chez

Haynault

La vente du 28 mars chez Haynault

portait essentiellement

sur une paire de panneaux de

l’atelier de Lucas Cranach, datés

vers 1535 et ayant pour thème

les ‘‘amours vénales’’. On y voit,

d’une part, une vieille femme

tentant de séduire un beau

jeune homme en lui donnant de

l’argent qu’elle a tiré de son porte-monnaie

et, d’autre part, une

jeune femme plongeant la main

dans le porte-monnaie d’un

vieillard qui la désire. Il est rare

que des panneaux de ce type se

côtoient. Ils furent donc naturellement

adjugés au prix marteau

de 23.000 euros. Un superbe vase

Daum Art nouveau, avec paysage

polychrome, était pour sa part

vendu 7.000 euros, tandis qu’un

personnage de profil de 1970

par Salvador Dalí, copie d’après

Raphaël, au graphite sur papier,

trouvait preneur à 5.000 euros.

Citons encore l’œuvre L’amour

vole le temps, monumentale

décoration de cheminée dans le

style Louis XVI composée d’une

horloge et de deux chandeliers

en bronze à patine dorée et noire

et de socles en marbre rouge,

signée de l’horloger du XVIIIe

siècle Ferdinand Berthoud. Elle

quittait la salle à 6.400 euros.

Modernes contre

classiques chez

Bernaerts

La maison Bernaerts mettait en

vente, le 29 mars, une toile de

l’artiste contemporain américain

Kenny Scharf (1958), estimée

8.000 à 12.000 euros. Cette œuvre

caricaturale trouvait preneur

à 22.000 euros. Citons aussi

celle du Franco-Hongrois Victor

Vasarely (1906-1997) réalisée

sur ardoise, avec un message à

son ami proche, le peintre Jean

Deyrolle, adjugée 14.000 euros,

conformément à l’estimation.

Quant à elle, une composition

abstraite du peintre flamand Felix

De Boeck (1898-1995) de 1920,

avec un paysage au dos, estimée

5.000 à 6.000 euros, séduisait un

collectionneur prêt à débourser

8.500 euros pour en faire

l’acquisition. Mais, la plus grande

surprise des ventes de printemps

organisées par Bernaerts se

déroulait le 30 mars, lorsqu’un

bureau anglais vers 1720, époque

Queen Anne, générait la somme

étonnante de 100.000 euros. Ce

bureau en loupe de noyer, avec

dessus en cuir, provenait de la

collection d’Axel Vervoordt et

VENTES AUX

ENCHÈRES

D'OBJETS D'ART

ET D'ANTIQUITÉS

JORDAENS SA

VENTES

LES MARDI 24 ET MERCREDI 25 MAI

À PARTIR DE 19H.

EXPOSITION

LES VENDREDI 20 ET SAMEDI 21 MAI

DE 10H À 17H.

Drabstraat 74 I 2640 Mortsel I info@jordaens.eu

03 449 44 30 I Catalogues et livestream: www.jordaens.eu

75


Ventes

Belgique

EST. 15.000-20.000 €

Francis Bacon, Study from the human

body, 1987, aquatinte en couleurs signée et

numérotée 64/90, 160 x 130 cm. Cornette

de Saint-Cyr, le 01-05. © Cornette

Superbe vase zoomorphe rituel, à libation,

avec bec allongé, de la région d’Amlash,

Iran, IIIe millénaire-VIIe siècle av. J.-C., céramique,

H. 25 cm. Native, 07-05. © Native

EST. 1.600-2.000 €

Simonet, Bruxelles, Service à café, argent 900. MonsAntic, 08-05.

© MonsAntic

était estimé 4.000 à 5.000 euros.

Au cours de la même vente, une

toile anonyme représentant un

Modèle dans l’atelier de l’artiste,

de la seconde moitié du XIXe

siècle surprenait l’audience en

s’adjugeant 18.000 euros, contre

une estimation de 800 à 1.200

euros. Le 31 mars, on dispersait

des œuvres sur papier, tel ce

dessin à l’encre de Chine de

Christian Dotremont (1922-1979),

œuvre de 1978, emporté au-delà

des attentes. Intitulé Printemps

prend le pain du temps..., estimé

entre 8.000 et 10.000 euros, il

rapportait 43.000 euros. Citons

encore ce dessin au fusain de

2015 par Rinus Van de Velde,

adjugé 22.000 euros (est. 14.000-

16.000 euros).

ON VENDRA

Art belge, moderne

et contemporain

chez Cornette

La maison de vente bruxelloise

Cornette de Saint Cyr organise, le

1er mai, la vente de la Collection

de Monsieur D., ensemble

privé d’art belge, moderne et

contemporain qui mêle différents

courants aussi bien belges

qu’internationaux avec un intérêt

particulier pour le mouvement

CoBrA et sa gestuelle énergique.

Les expressions artistiques

y sont diverses et témoignent

d’une certaine audace. Elle

est complétée par un très bel

ensemble d’estampes d’artistes

contemporains (Andy Warhol,

Anish Kapoor, Serge Poliakoff,

Frank Stella, Sol Lewitt ou encore

Georges Baselitz). Cette première

partie de la vacation est suivie

d’une vente d’éditions limitées,

variée et de qualité, qui met à

l’honneur le peintre inclassable à

la personnalité complexe, Francis

Bacon, à travers la présentation

d’estampes de grand format.

Ces pièces côtoient d’autres

lithographies, sérigraphies,

gravures sur bois et eaux fortes,

en édition limitée, portant les

signatures d’artistes tels que James

Ensor, Pablo Picasso, Sonia

Delaunay, Joan Miró, Salvador

Dalí, Yves Klein, Victor Vasarely,

Toko Shinoda, William Kentridge,

Max Beckman, Pierre Alechinsky,

Panamarenko et Banksy ; sans

oublier nos artistes nationaux,

tels que Jo Delahaut et Jean-

Michel Folon. La maison de

vente met en outre à l’honneur

les multiples, sous la formes de

sculptures de César, Arman ou

Hans Arp, des objets d’Yves Klein,

Roger Raveel, Bernar Venet,

ou encore un bel ensemble de

Miguel Berrocal.

La Collection

Colette Ghysels

pour Native

Depuis des décennies, Colette

Ghysels nous fait voyager entre

terre et mer, du Nord au Sud

et d’Est en Ouest. Ses centres

d’intérêt divers et sans frontières

nous conduisent des sables du

Sahara au cœur de la forêt équatoriale.

Ils nous mènent aussi

en Asie, de la Syrie au Japon, et

plus brièvement en Océanie et

dans les Amériques. Aux côtés

de son époux Jean-Pierre, elle a

réuni durant un demi-siècle un

bel ensemble d’objets ethnographiques

des cinq continents

qui font l’objet d’une importante

vente, orchestrée à Bruxelles

le 7 mai par la salle Native.

On y propose, entre autres, un

superbe vase rituel zoomorphe,

à libation, de la région d’Amlash

en Iran (entre le 1er millénaire et

le 7e siècle avant notre ère) ; un

vase japonais Ikebana Hanakago,

en bambou, réalisé en 1898 par

Tanabe Chikuunsai I (1877-1937)

et provenant du temple Kōfuku-ji

de Nara ; ainsi qu’une très belle

abaya d’homme, travail persan

de la région de Kashar, datant

de la seconde moitié du XIXe

siècle. Elle est en soie brodée

de fils d’or et d’argent. La vente

se complète d’objets provenant

d’une collection privée belge,

incluant une chaise à un seul

bras de l’Américano-japonais

George Nakashima, commande

de l’Ordre de Sainte-Hélène,

ainsi qu’une rare table d’appoint,

vers 1928, par Eugène Printz.

Varia pour

MonsAntic

Lors de sa vente publique du 8

mai, MonsAntic disperse plus de

500 lots dont une sculpture en

pierre de Soignies, Nu féminin

monogrammée AB pour Arnould

Beth (1930-2016) estimée entre

400 et 600 euros, une bague en

or jaune et blanc 18 carats sertie

de trois diamants taille ancienne

d’environ 1 carat chacun, estimée

entre 1.500 et 2.000 euros, un

service à café en argent 900 de

la maison bruxelloise Simonet,

incluant une cafetière, un sucrier,

un pot à lait et un plateau estimé

entre 1.600 et 2.000 euros, un

tableau gouaché, intitulé La

Lessive, monogrammé F.M.

pour Frans Masereel (1889-1972),

estimé entre 1.000 et 1.500 euros,

une montre-bracelet d’homme

par Ulysse Nardin, estimée entre

1.500 et 2.000 euros, une sculpture

en bronze à patine verte

représentant des Vautours sur

76


Léon Spilliaert

Pierre Alechinsky

VENTE AUX ENCHÈRES

ART CONTEMPORAIN,

MODERNE & MAÎTRES ANCIENS

Samedi 21 mai 2022 - 13 h & 19 h 30

Exposition : 11 au 18 mai - 10 h - 19 h

Désirez-vous vendre ?

Contactez Hervé Lescornez : +32 9 348 54 40

ou herve.lescornez@de-vuyst.com. Rendez-vous à domicile

Jean-Michel Folon

Hôtel de Ventes De Vuyst - Kerkstraat 22-54 - 9160 Lokeren (Belgique) - +32 9 348 54 40 - info@de-vuyst.com - www.de-vuyst.com

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Vente 31 mai 2022

www.LOECKX.be

INGELANDGAT 4 - GENT 09/223 37 93


Ventes

Belgique

EST. 5.000-10.000 €

Grande jardinière en faïence de Delft bleu et

blanc avec Vénus et Adonis, première moitié du

XVIIIe siècle. Rob Michiels, du 12 au 14-05.

© Rob Michiels

EST. 5.000-10.000 €

Andries Daniels (att.), Le mariage de

Joseph et Marie, dans un médaillon

ovale avec guirlande de fleurs, huile

sur toile. Rob Michiels, du 12 au 14-

05. © Rob Michiels

EST.

30.000-50.000 €

Walasse Ting, Sans

Titre. Ladies with Flowers,

peinture originale de très

grand format, exceptionnellement

bien conservée,

monogramme rouge de

l’artiste. ABACA, 14-05.

© ABACA

EST. 100.000-150.000 €

Rik Wouters, James Ensor, 1913. De

Vuyst, 21-05. © De Vuyst

un rocher (1900), signée Charles

Paillet (1871-1937), estimée entre

500 et 700 euros et d’autres bonnes

surprises.

L’art asiatique

chez Rob Michiels

Les temps forts de la vente cataloguée,

proposée les 12, 13 et 14

mai chez Rob Michiels, comprennent

une grande jardinière en

Delft bleu et blanc avec Vénus

et Adonis, datant de la première

moitié du XVIIIe siècle, dont

l’estimation est fixée entre 5.000

et 10.000 euros. Côté peinture,

on note une œuvre attribuée à

Andries Daniels (ca. 1580-1640),

Le mariage de Joseph et Marie,

présentée dans un médaillon

ovale avec guirlande de fleurs

(est. 5.000-10.000 euros), et une

Sainte Anne de l’Anversois Peter

van Lint (1609-1690), à la plume

et à l’encre brune sur papier (est.

4.000-8.000 euros). Notons aussi

une copie italienne de la Joconde

d’après Léonard de Vinci, datant

de 1839, estimée entre 6.000 et

12.000 euros. Parmi les arts décoratifs

chinois, un grand vase bleu

et blanc avec décor de Sept Sages

dans une forêt de bambous,

daté du règne de Qianlong, est

estimé entre 30.000 et 60.000

euros, mais aussi un paravent

en huit parties, en laque de

Coromandel, du XVIIIe ou XIXe

siècle (est. 4.000-8.000 euros), un

vase en forme de bouteille bleue

et blanche, avec quatre guerriers

d’époque Transition (est. 6.000-

12.000 euros), une paire de lions

bouddhistes à glaçure turquoise

et aubergine, avec monture de

chandelier en bronze doré de

marque Kangxi, œuvre du XIXe

siècle (est. 1.000-2.000 euros) et

un vase «dragon» wucai à couvercle

d’époque Transition (est.

2.000-4.000 euros).

Livres et œuvres

sur papier pour

ABACA

Créée tout récemment, la salle

de ventes bruxelloise ABACA,

située à Laeken, s’est spécialisée

dans les livres et œuvres sur

papier. Elle met en vente, le 14

mai, environ 600 lots en deux vacations.

Au menu livres d’Heures,

manuscrits, livres imprimés et/

ou illustrés du XVIe au XXe siècle,

reliures, photographies, autographes

ainsi que des œuvres

originales d’artistes tels que

Pierre Alechinsky, Jim Dine, René

Magritte, Roger Raveel, Walasse

Ting, Andy Warhol ou Tom Wesselmann.

Entre autres pièces

remarquables, citons l’édition

originale du premier cycle du

Clavier bien tempéré de Jean-

Sébastien Bach ; le Liber Veritatis

de Claude Gelée dit Le Lorrain,

relié par Derome le Jeune, en

maroquin rouge d’époque ou

Les Bucoliques de Virgile illustrés

par Jacques Villon, incluant deux

dessins originaux, dans une

reliure signée de Cretté.

La succession de la

Famille Taevernier

chez De Vuyst

Grâce à des contacts personnels

avec des artistes tels que Gustave

De Smet et Constant Permeke,

mais aussi avec des marchands

comme Paul van der Perre et la

Galerie Georges Giroux, August

Taevernier a pu constituer une

collection d’une qualité sans

précédent. Les bases de celles-ci

furent posées dès ses études,

lorsqu’il fit l’acquisition de

dessins et gravures de Jules De

Buycker et Dirk Baksteen. Il sema

ainsi la graine qui continuera à

pousser parmi les générations

suivantes de sa famille. Lors de

la vente aux enchères organisée

par De Vuyst, le 21 mai, une large

sélection d’œuvres du patrimoine

de la famille Taevernier sera

proposée. Au rang des œuvres

d’Henri Evenepoel figure un

tableau de sa période algérienne,

Nègre dansant (1898), ainsi que

de beaux dessins, une grande

Etude d’homme nu à l’huile (ca.

1894) et Le quai de Paris (1894).

Mais, une des œuvres les plus

impressionnantes de la vente

sera sans doute le volumineux

buste de James Ensor (1913) par

Rik Wouters. On proposera aussi

un lumineux Jour d’été sur la Lys

à Astène (1911) d’Emile Claus,

tandis que Façade avec glycines

(1912-1913) compose un charmant

tableau par Anna De Weert où

est représentée la façade colorée

de sa propre maison. De Gustave

De Smet, on trouvera, entre

autres, Tête de pêcheur (1918)

et Fille au nœud papillon rouge

(1940). Plusieurs aquarelles de

Léon Spilliaert, ainsi que deux

peintures à l’huile de sa main

seront également de la partie,

tandis que de Felix De Boeck,

on verra la peinture abstraite

La chute du papillon (ca. 1923),

peinte sur les deux côtés avec

Synthèse de vie (ca. 1929) au dos.

A noter pour finir quatre toiles

de Louis Van Lint, et des œuvres

d’Evelyne Axell, Roger Raveel,

Raoul De Keyser, Bram Bogart,

78


ABACA

Association Brussels Art & Culture Auctions

BOOKS & PRINTS

LIVE AUCTION : SATURDAY 14 MAY 2022

Session I : 9.30 A.M. / Session II : 2.00 P.M.

VIEWING : by appointment : 2 - 7 MAY

9 - 13 MAY : 10.00 A.M. - 6.00 P.M.

Contact : Armelle Gasquet

+32 468 46 51 28

info@abaca.auction

Live bidding

Online catalogue : www.abaca.auction (starting : 14 April 2022)

Printed catalogue available on request

325 Bld Emile Bockstael – 1020 Brussels – Belgium


Ventes

Belgique

EST. 14.000-18.000 €

Ben Storms, In Vein, 2015, pièce unique,

table et miroir, plateau en marbre et

revers en acier inoxydable poli miroir,

tréteaux en fonte patinée et cuir, 74 x 299

x 100 cm. Cornette, 23-05. © Cornette

EST. 50.000-60.000 €

Rembrandt Bugatti, Girafe, bronze à la cire

perdue, patine foncée, signé ‘‘R. Bugatti’’,

cachet de la fonderie A. Hébrard, numéroté 2,

titré sur le socle de marbre, 13,5 x 18 x 18 cm.

Horta, 23 & 24-05. © Horta

EST. 1.000 €

Vase et coupes de la collection Val Saint-Lambert, marqués. Jordaens, 24 &

25-05. © Jordaens

Olivier Strebelle, Lynn Chadwick,

Pablo Atchugarry, Jean-Michel

Folon, Koen van den Broek, Rinus

Van de Velde, Hans Op de Beeck

et Walter Swennen.

Design des XXe et

XXIe siècles chez

Cornette

En marge du salon COLLECTIBLE

dont elle est partenaire, la salle

de ventes Cornette de Saint-Cyr

organisera, le 23 mai à Bruxelles,

une vente en design des XXe

et XXIe siècles, qui présentera

du mobilier, des objets et des

luminaires retraçant le XXe siècle

et mettant en scène les grands

noms du design international et

belge ainsi qu’une sélection de

design contemporain, sous la

houlette de Jean-François Declercq.

Elle fera également la part

belle aux ‘‘designers – architectes’’

avec des œuvres importantes

et historiques comme, entre autres,

des brise-soleils ou façades

de placard de Jean Prouvé, des

volets du Corbusier, des portes de

Charlotte Perriand ; un important

ensemble de mobilier constructiviste

de bureau et salle à manger

de Huib Hoste, architecte belge

d’avant-guerre ; ou encore des

micros-architectures et pièces

artistiques. Parmi les lots phares

on épinglera une collection de

meubles de salle à manger de

Pierre Chapo, dont une table et

quatre chaises estimées entre

9.000 et 12.000 euros, une grande

console de Charlotte Perriand estimée

12.000 à 15.000 euros ; une

chauffeuse et son repose-pieds,

modèle Alta d’Oscar Niemeyer, en

laine bouclette et acier, estimée

entre 9.000 et 12.000 euros ; une

rare lampe à poser en bois laqué

de Marcel Wolfers, estimée 7.000

à 9.000 euros ; une importante

table de salle à manger ‘‘grain

de poivre’’, de trois mètres de

longueur, par Ado Chale, estimée

entre 30.000 et 40.000 euros,

ou une table de salon, modèle

Copeau, estimée entre 16.000

et 20.000 euros, de même que

du mobilier brésilien dont une

table de salle à manger, modèle

Guanabara de Jorge Zalszupin,

estimée 10.000 à 15.000 euros,

une iconique suspension Septima

de Poul Henningsen, estimée

15.000 à 20.000 euros, ou encore

du mobilier de Poul Kjaerholm

dont une table de salle à manger

en marbre et bois estimée 10.000

à 15.000 euros, ainsi que les sept

chaises qui l’accompagnent

(est. 18.000-25.000 euros) et un

iconique lit de repos en cuir,

estimé 20.000 à 30.000 euros.

Dans la sélection contemporaine

on pointera une paire de console

de Pol Quadens, estimée 8.000 à

10.000 euros ; une belle et grande

table de Ben Storms en marbre et

acier poli miroir (est. 14.000-18.000

euros) ou une maquette en béton

de Mattia Listowski (est. 4.000-

6.000 euros).

Un Rembrandt

Bugatti chez Horta

Quelques très beaux lots seront

à prendre, les 23 et 24 mai,

en la salle bruxelloise Horta.

Parmi les bijoux, on signale

une importante bague en or

jaune agrémentée d’un diamant

solitaire, taille brillant de ± 6,33

carats, avec certificat, estimée

entre 55.000 et 58.000 euros. Du

côté des tableaux et des bronzes,

rien moins qu’une belle girafe

s’abreuvant, sculpture en bronze

à patine foncée signée Rembrandt

Bugatti, dont l’estimation

est fixée entre 50.000 et 60.000

euros. A prendre également,

ces Coquillages (1911), technique

mixte sur papier de Léon Spilliaert,

estimés 12.000 à 15.000

euros, mais aussi, du même, ces

Potagers dans la ville, Ostende

(1921), huile sur toile qu’on

attend entre 10.000 et 12.000

euros. Un troisième Spillaert sera

proposé, Arbre solitaire, hiver

(1917), technique mixte sur papier

estimée 6.000 à 8.000 euros.

Signalons encore des Moutons

et poule à l’intérieur de l’étable

par Eugène Verboeckhoven (est.

10.000-15.000 euros) et ce pastel

sur papier intitulé Les amies par

André Lhote (est. 8.000-10.000

euros). A ces deux jours de vente

succédera un troisième consacré,

le 25 mai, aux vins fins, Petrus,

Château Haut-Brion, Château

Lafite Rothschild et autres Clos

de Tart ou Sassicaia

Val Saint-Lambert

chez Jordaens

Les 24 et 25 mai, Jordaens disperse

des pièces d'une énorme

collection du Val Saint Lambert,

dont une partie a été vendue en

avril et une autre le sera probablement

en juin. En jetant un

coup d’œil au catalogue du Val

Saint-Lambert lui-même, il apparaît

qu'on y demande pas moins

de 19.950 euros pour un vase

haut de 60 cm. Chez Jordaens,

tout partira au plus offrant et les

principaux lots devraient atteindre

environ 1.000 euros chaque. Outre

80


Paire de vases, Canton, Chine, XIXe siècle, porcelaine, H.

90 cm. Millon, 25-05. © Millon

Collection d’œuvres bouddhistes, Tibet, Népal et Chine. Loeckx, 31-05. © Loeckx

le Val Saint-Lambert, Jordaens

proposera également des lots de

valeur provenant de distingués

propriétaires. Il est également

devenu une tradition d’offrir

trois cents lots online only (jusq.

23-05).

Deux ventes sinon

rien chez Millon

La salle Millon Belgique annonce

pour mai, deux ventes cataloguées,

programmées les 24 et 25

du mois. La première concerne

les bijoux et montres, et son

lot-phare est une pièce émaillée

entourée de diamants de la fin

du XVIIIe siècle, travail de memorabilia

vers 1885. La seconde,

consacrée aux arts d’Asie, inclura

entre autres une paire de grands

vases chinois en porcelaine de

Canton, datés du XIXe siècle.

en art bouddhique du Tibet, du

Népal et de la Chine, composé

principalement de sculptures.

Ensuite, une vaste collection de

céramiques de Boch, soit plus de

150 pièces, dont quelques rares

pièces signées Charles Catteau

(1880-1966), céramiste et designer

de style Art déco, aux couleurs

très singulières. En outre,

la salle proposera une grande

collection d’art religieux incluant

une belle sélection d’icônes.

L’un des points forts en est un

paysage du XVIIe siècle, attribué

à Alexander Keirincx (1600-1652),

maître de la Guilde de Saint-Luc

d’Anvers. Parmi les pièces exceptionnelles,

figurent également

une belle statue en bronze doré

figurant Didon et Énée, œuvre du

sculpteur français Jean-Baptiste

Germain (1841-1910).

PAYS INVITÉ

LA

CORÉE

DU

SUD





-

Art bouddhiste

chez Loeckx

Lors de la prochaine vente de

la salle gantoise Loeckx, le 31

mai, d’importantes collections

seront proposées. Tout d’abord,

un ensemble de grande qualité

8 EXPOSITIONS INTERNATIONALES,

STAGES, JOURNÉE DES FAMILLES,

CONFÉRENCES, ....

WWW.CERAMICARTANDENNE.BE

81


Beaux-Livres

André Butzer

Opérant une fusion entre

expressionnisme européen et

culture populaire américaine,

André Butzer (1973) inaugurait sa

trajectoire créative en combinant

les extrêmes artistiques et politiques

du XXe siècle. Riche d’un

large éventail d’influences, parmi

lesquelles Friedrich Hölderlin,

Edvard Munch, Walt Disney et

Henry Ford, il a élaboré un univers

fictif qui gravite autour de la

planète NASAHEIM. Une colonie

habitée par les ‘‘Siemens libres’’,

sortes de grosses têtes joviales

aux grands yeux, incarnations

des idéaux utopistes et de la

pensée économique qui engendra

le consumérisme de masse.

L’artiste s’est également autorisé

des projections romantiques en

invoquant la figure du Wanderer,

affrontant le passé politique

de son pays par le prisme de la

honte. Cet univers confère aux

toiles une profondeur thématique,

ses personnages sont des

protagonistes en peinture qui

font la ronde autour de la Maison

N, où vivent toutes les couleurs,

dans ce style que l’artiste qualifie

alors d’‘‘expressionnisme de

science-fiction’’.

Hans Werner Holzwarth,

André Butzer,

Taschen, Cologne, 2021,

ISBN 978-3-836-58933-8

Tout l’impressionnisme

!

Ce coffret réunit l’essentiel de ce

qui constitue l’impressionnisme,

ce courant né en France autour

des années 1870, qui revêtit des

formes multiples aussi bien par

la variété de ses sujets que par

l’hétérogénéité des peintres qu’il

a rassemblés. Monet, Renoir,

Caillebotte, Cassatt, Degas,

Morisot, Pissarro… autant de

fortes personnalités artistiques

qui s’exprimèrent et se retrouvèrent

le plus souvent autour

d’une même célébration de la

modernité et du goût du plein

air, du dessin pris sur le vif et des

couleurs vibrantes. Accompagné

d’un livret explicatif, ce coffret

déploie en format accordéon

cinquante-cinq œuvres majeures,

évoquant au plus près

l’un des mouvements les plus

importants et les plus renommés

de l’histoire de l’art mondial.

Valérie Mettais,

L’impressionnisme,

Hazan, coffret L’Essentiel,

Paris, 2022

ISBN 978-2-75411-247-5

Design graphique

à la belge

Au départ d’une multiplicité de

perspectives, ce livre offre un panorama

collaboratif de l’histoire

du graphisme belge, avec entre

autres sujets des essais sur le

design de polices de caractères,

la colonisation et les relations de

travail. Ses contributeurs sont

des historiens, des designers

en exercice, des enseignants et

des témoignages de première

main. Par ce biais, la graphiste

Sara De Bondt s’intéresse aux

fondements de la conception

graphique en Belgique dans

les années 1960 et 1970, pan de

l’histoire encore peu exploré

jusqu’à présent. Elle y analyse

comment mieux comprendre

les aspects contemporains du

design graphique, tels que

l’hybridité et la paternité, dans

une perspective historique. Aux

côtés de centaines d’illustrations

inédites telles que affiches, signalétique,

typographie, design

de livres, logos et photographies

d’archives, l'ouvrage contient des

entretiens avec Sophie Alouf-

Bertot, Rob Buytaert, Boudewijn

Delaere, Paul Ibou et Herman

Lampaert.

Sara De Bondt (dir.),

Off The Grid. Histories of Belgian

graphic design,

Occasional Papers, 2022

ISBN 978-0-99547-308-9

Sur la route

des chefferies

du Cameroun

Ce catalogue d’exposition met

en valeur 300 trésors conservés

par les chefs et lignages familiaux

sélectionnés pour évoquer

l’art vivant et dynamique des

Grassfields, vaste étendue de

hauts plateaux située dans

l’ouest du Cameroun. L'ouvrage

est divisé en trois grandes parties

richement illustrées, tant par

des images d'objets que par des

photographies documentaires.

La première partie présente la

société bamiléké dans laquelle

politique, religion et organisation

sociale sont intrinsèquement

liées en une cosmogonie

complexe. La deuxième partie

évoque les rapports entre art et

pouvoir, à travers le rôle du chef

et de la reine, véritable duo, pilier

social, économique et politique

du royaume. On évoque aussi les

artistes au service du chef : l’art

de la sculpture sur bois, les extraordinaires

réalisations en perles

de verre, la production textile

et d’autres formes d’expression

encouragés sur plusieurs siècles

par les commandes royales.

Enfin, la troisième partie évoque

les autres forces politiques, celles

des sociétés secrètes, à travers

les masques et autres attributs.

Coll., Sur la route des chefferies du

Cameroun. Du visible

à l’invisible,

Skira, Paris, 2022,

ISBN 978-2-37074-182-0

82


Disque astronomique de Nebra, ca. 1600 - 1560 av. J.-C. © State Office for Heritage Management and

Archaeology Saxony-Anhalt / photo : Juraj Lipták

60

Wat koopt het Museum

Portefeuille van Elsene

Jonge antiekhandelaars

Nieuwe garde is strijdvaardig

JUNI 2021

NR. 507 € 5,90 Nederlandstalige editie

Gedrukte kunst

Technieken op een rijtje

Collectible

Design walhala

Kunst aan zet

Kunst kopen op lening

Maria van Oosterwyck

Stilleven gesublimeerd

Jean-Henri Riesener

18e-eeuwse top meubilair

Booming kunst

Vrouwen uit Afrikaanse diaspora

Période encore largement

méconnue, les deux millénaires

qui précédèrent l’apparition de

l’écriture en Europe recèlent de

nombreuses pièces largement

abordables, ainsi que quelques

trésors.

TEXTE : GILLES BECHET

’âge du bronze européen peut sans

doute être considéré comme le

premier âge d’or du continent. Cette

période qui s’étend de 2700 à 800

avant l’ère commune a vu se développer

des populations réputées frustres qui

nous ont pourtant laissé des objets d’une

grande qualité et d’un grand raffinement

d’exécution. En l’absence d’écriture, on dispose

de peu d’éléments pour comprendre

leur organisation sociale, politique et

culturelle. Et ce que l’on ne connaît pas

laisse souvent place aux fantasmes nourris

par les récits fondateurs des Etats-nations.

Un des nombreux paradoxes sur cette

période plein d’inconnues, c’est la finesse

d’exécution atteinte par des artisans qui

vivaient généralement dans des hameaux

d’une petite dizaine d’habitations. Malgré

cela, les échanges étaient nombreux. La

similitude des objets retrouvés sur des

zones souvent fort éloignées indique que

des forgerons voyageaient pour partager

leurs techniques et que comme l’étain

et le cuivre nécessaire pour former le

bronze n’étaient pas disponibles partout,

les échanges commerciaux devaient être

nombreux. La quantité d’armes retrouvées

nous laisse penser que le guerrier incarnait

une des fonctions centrales de ces

sociétés. Une des particularités de l’âge du

bronze, c’est la multiplication des dépôts

non funéraires qui rassemblent des objets

métalliques, armes, bijoux ou objets de

cérémonie sans que l’on en connaisse la finalité

exacte. Certains ont parlé de dépôts

de fondeurs, de marchands ou de dépôts

votifs. C’est cette dernière hypothèse qui

aujourd’hui est généralement retenue.

Même si elle n’est pas entièrement satisfaisante

puisqu’elle ne permet pas d’expliquer

la variabilité importante de ceux-ci.

BEAUCOUP D’OBJETS EN CIRCULATION

Les antiquités représentent un marché

de niche et la période protohistorique,

qui n’a pas l’aura des antiquités grecques,

romaines ou égyptiennes, intéresse des

collectionneurs passionnés initiés par une

lecture, l’enthousiasme d’un professeur

d’histoire ou la visite d’une exposition.

« L’âge du bronze correspond au début

de la production en série. Il n’est pas rare

de voir dans certains dépôts 500 à 800

Berlin Gold Hat, ca. 1000 – 800 av. J.-C. Berlin, Neues

Museum. © bpk - Photo Agency / Museum für Vor- und

Frühgeschichte, Staatliche Museen zu Berlin

Bronze twin horse–snake hybrid from hoard, 1200–1000 BC. Kallerup, Thy, Jutland, Denmark. National Museum

of Denmark/Ofret Museum. CC-BY-SA, Søren Greve, National Museum of Denmark

exemplaires d’une même hache », note

ainsi Daniel Lebeurrier, expert en antiquités

depuis vingt-cinq ans et fondateur

de la Galerie Gilgamesh à Paris. C’est ce

qui explique qu’il y a beaucoup d’objets en

circulation dans des prix relativement raisonnables.

On trouvera une belle épée ou

une lame de hache pour environ 150 euros.

Des maisons de vente françaises comme

Aguttes ou Millon organisent régulièrement

des ventes de collections d’antiquités

préhistoriques. La France et la Belgique

regorgent d’objets de l’âge du bronze et,

pour des raisons culturelles, les collectionneurs

ont tendance à acheter ‘‘local’’.

Si l’intérêt pour les objets de l’âge du

bronze est d’abord européen, on verra aux

Etats-Unis des descendants d’immigrés

danois s’intéresser aux haches de pierre

polie fréquentes au Danemark. « Ce sont

des collections très liées à la typologie.

On collectionnera les haches ou les épées

d’époques et de provenances différents. Il

y a beaucoup d’échanges entre collectionneurs

qui ne passent pas nécessairement

par les salles de vente ou les galeries. »

Les belles pièces qui attirent les collectionneurs

ne sont pas rares car le bronze

de cette période est généralement très

stable et de belle qualité. Pour ce qui est

des objets exceptionnels, c’est autre chose.

Certaines pièces peuvent présenter un

intérêt purement archéologique sans rien

avoir de tape-à-l’œil ou de spectaculaire

qui suscitera la convoitise du plus grand

nombre. Quand les pièces réunissent les

deux qualités, elles finissent la plupart

du temps dans un musée. C’est le cas de

quelques unes de celles présentées cet

hiver au British Museum dans l’exposition

The world of Stonehenge.

61

Eclats de l’âge

du bronze

L

Un des nombreux paradoxes de cette période

pleine d'inconnues est la finesse d'exécution

atteinte par des artisans qui vivaient

généralement dans des hameaux d'une petite

dizaine d'habitations.

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Un an de plaisir à la lecture !

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La bande dessinée

Bien dans sa bulle

Régulièrement, les enchères de

planches ou dessins d’auteurs

de bande dessinée battent des

records en salle de vente. Au delà

de ces grands classiques et de

quelques modernes bien cotés, il

s’agit d’un marché assez stable de

collectionneurs passionnés.

TEXTE : GILLES BECHET

Todd McFarlane, The Amazing Spider-Man, #328, dessin original de couverture, Marvel, 1990. Heritage

Auctions, Dallas, 26-07-2012. © Heritage Auctions - 657.250 $ (536.000 €)

Plus que toute autre collection, la

bande dessinée titille la fibre de la

nostalgie. Celui ou celle qui achète

une planche de BD s’empare d’un

morceau d’enfance. C’est aussi, sans doute,

un marqueur de l’âge adulte. Etre capable

d’acquérir l’original d’un récit qui faisait

rêver le petit garçon ou la petite fille est

comme la récompense du parcours accompli.

Et cela, même si depuis les années

1970, déjà avec Pilote, Métal Hurlant et

autres A Suivre, la BD était entrée dans un

âge adulte. La BD est certes le Neuvième

Art, mais encore mineur pour certains. Et

puis aussi, la BD est, pour une très large

partie de sa production, un art de masse,

un art populaire. Pour faire la part des

choses entre un produit de consommation

omniprésent et la valeur artistique

de ses originaux, il faut le filtre et le vernis

du temps, dont ont à présent bénéficié

les grands classiques de l’école francobelge

que sont les Franquin, Will, Uderzo,

Jacobs, Jacques Martin, Jean Graton. Et

Hergé, bien sûr.

84


« La bande dessinée

est le seul art où

des pièces muséales

se trouvent

encore chez des

collectionneurs. »

ALAIN HUBERTY

UNE OFFRE TRÈS FERMÉE

La BD demeure un marché de niche.

« Lorsque j’ai commencé ma galerie en

1986, on le qualifiait de marché de bulle.

Même avec l’arrivée de nouveaux acheteurs,

cela n’a pas changé. On est peu à s’en

occuper, mais cela marche bien », se réjouit

Thierry Goossens, expert en planches

et dessins originaux chez Millon. En

quinze ans, le groupe qui se pose comme

un des acteurs incontournables du marché

du Neuvième Art en France et en Belgique,

recense 60 millions d’euros adjugés

et plus de trente records. Sa dernière vente

annuelle, en mars 2022, a totalisé 920.000

euros et 96 % de lots vendus. « C’est

un marché qui évolue bien et qui peut

atteindre des prix extraordinaires pour les

pièces exceptionnelles. Le plus compliqué,

c’est de trouver des belles pièces, pas de les

vendre », précise Arnaud de Partz, directeur-général

de Millon Belgique. Quand

on aborde le marché de la BD, il y a Hergé

et puis les autres. Ainsi, le dessin à l’encre

de Chine réalisé pour la couverture initiale

de l’album de Tintin, Le Lotus Bleu (1936),

était adjugé 2,6 millions d’euros en janvier

2021 lors d’une vente chez Artcurial, un

record absolu pour la BD franco-belge qui

s’explique par la rareté des pièces disponibles

ainsi que par le statut de l’auteur du

reporter à la houppe. « C’est un marché

très sélectif, où les grands auteurs sont

les plus demandés et certains lots partent

Frank Frazetta, Egyptian Queen, 1969, peinture originale. Heritage Auctions, Dallas, 16-05-2019. © Heritage

Auctions 5.400.000 $ (4.820.000 €) – record mondial

plus vite que d’autres », note Eric Leroy, expert

chez Artcurial. Les belles pièces sont

rares. Pour une planche de Franquin, si on

a de la chance, il faudra débourser entre

40.000 et 100.000 euros, pour un planche

d’Uderzo entre 150.000 et 200.000 euros,

pour Asterix ou encore Enki Bilal, le mieux

côté des auteurs vivants, entre 50.000

et 100.000 euros la planche. La bande

dessinée est un marché où l’offre est très

fermée. De nombreuses œuvres sont protégées

par des fondations qui verrouillent

la sortie des planches, comme pour Hergé,

E. P. Jacobs ou Jean Graton. Pour d’autres, il

s’agit des ayant-droits, comme dans le cas

de Franquin, Morris ou Peyo. Toutefois,

des trésors peuvent toujours apparaître

sur le marché lorsque des collections sont

mises en vente. « La bande dessinée est le

seul art où des pièces muséales se trouvent

encore chez des collectionneurs. Il y a une

vingtaine d’années, les musées ne s’y intéressaient

pas encore», observe ainsi Alain

Huberty de la Galerie Huberty & Breyne.

MATURITÉ ET DIVERSIFICATION

Aujourd’hui, la bande dessinée est devenue

plus mature. C’est un acteur majeur de l’édition,

il y a des musées, des fondations et des

expositions. Ce ne sont plus des histoires

pour enfants qu’on lisait parfois en cachette.

« Il y a vingt ans, toutes les planches d’un

même auteur valaient la même chose.

Aujourd’hui, suivant qu’il y a de l’action ou

des dialogues, si le personnage principal

apparaît ou non, elles n’auront pas la même

cote. Et quand un auteur vend pour la première

fois, il a intérêt à ce que cela se vende

85


« Le plus compliqué,

c’est de trouver

des belles pièces,

pas de les vendre. »

ARNAUD DE PARTZ

entre ces deux mondes : « Il y a quelques

années, j’ai organisé une rencontre entre

Wim Delvoye et François Schuiten pour

leur proposer une collaboration. C’était assez

amusant de constater qu’ils avaient tous

deux des désirs en miroir. Delvoye, qui était

connu des collectionneurs pointus, aurait

aimé être plus populaire, alors que Schuiten

avait la popularité mais cherchait quelque

part une reconnaissance de l’élite. »

Christophe Chaboute, Yellow Cab, , encre de couleur sur papier pour la couverture de l'album Vents

d'Ouest, 2021, 40 x 28,9 cm. © Huberty & Breyne. - Est. 2.000-4.000 €

bien et donc à ne pas placer la barre trop

haut pour pouvoir évoluer par la suite. »

Chaque expert vous le dira, certains auteurs

n’ont pas la cote qu’ils méritent. Pour

Eric Leroy, ce sera Corto Maltese, Hausman

pour Thierry Goossens, et pour Eric

Verhoest, de la Galerie Champaka, ce seront

les planches historiques de Philippe Druillet.

« Tout dépend souvent de la manière

dont les ayant-droits ont géré le patrimoine

de l’auteur », relève ce dernier. A côté des

planches, il y a aussi les albums dont le

prix d’une première édition peut varier de

1.000 à 20.000 euros suivant l’état. Pour être

présents sur d’autres secteurs du marché,

les auteurs contemporains cherchent à se

diversifier. Les amateurs pourront ainsi acquérir

des peintures d’Enki Bilal, de Druillet

ou de Loustal, ou un fusain de Tardi. On a

aussi vu se multiplier les éditions tournées

vers le marché des galeries, avec des cases

agrandies, tirées sur toile ou plexiglas, de

Ric Hochet ou Michel Vaillant. Le profil du

collectionneur évolue peu et le noyau reste

le même. Il s’agit de passionnés qui, pour la

BD franco-belge, sont encore essentiellement

issus du monde francophone, même

si cela commence un peu à changer. Il s’agit

généralement aussi de collectionneurs

très monomaniaques. Ainsi, rares sont les

collectionneurs d’art contemporain qui

intègrent des planches ou des dessins d’auteurs

de BD dans leurs collections. Il s’agit

de deux marchés assez hermétiques, au

grand regret d’Alain Huberty qui a multiplié

les tentatives afin de créer des passerelles

MARCHÉ US

De l’autre côté de l’Atlantique, les comics

sont depuis longtemps un des piliers de la

culture populaire. Au pays de Marvel et de

DC Comics, le marché est également en

plein boom. En janvier 2022, une planche de

Spiderman de 1984, dessinée par Mike Zeck,

était adjugée pour 3,36 millions de dollars

(3 millions d’euros). « C’était une planche

iconique, car c’est la première fois que Spiderman

adopte le fameux costume noir qui

conduira à l’émergence du personnage de

Venom », précise Olivier Delflas. Ce Belge

est le directeur international du département

International Comic Art & Anime et

expert pour la BD internationale, notamment

franco-belge, de la maison de vente

Heritage Auctions, fondée à Dallas dans

les années 1970. Couvrant pas moins de

quarante départements, Heritage Auctions

est le leader mondial du marché des ‘‘Collectibles’’,

dont les planches originales et les

US Comics. Les enchères se déroulent à un

rythme hebdomadaire et exclusivement en

ligne. La particularité de la maison, c’est de

commencer sans prix de réserve, au prix de

1 dollar. Pendant les 20 jours qui précèdent

la vente, les amateurs peuvent consulter le

86


catalogue en ligne jusqu’au jour de l’enchère

que se tient en live, avec un commissairepriseur.

« Durant cette période, ils ont

l’occasion de tomber amoureux de la pièce

qu’ils convoitent et éventuellement de se

constituer un bas de laine pour enchérir.

» Dans ces conditions, l’écart entre

la première offre et le prix de vente peut

être très important. On a pu ainsi voir une

illustration de Moebius passer de 10.000 à

118.750 dollars (108.000 euros), marquant

un nouveau record mondial en mars 2022,

ou une illustration de Tintin passer de

40.500 à 93.750 dollars. « Outre qu’il est très

difficile d’évaluer un prix pour une pièce,

dans un marché en constante évolution,

certainement depuis l’apparition du coronavirus,

le prix de réserve constitue un frein

psychologique qui empêche la plupart des

personnes de poser une grosse enchère de

départ. » Traditionnellement, il y a toujours

eu plus d’Européens qui achetaient des

planches de comics que d’Américains achetant

du franco-belge, mais avec 1,5 millions

de clients répartis sur 195 pays, Heritage

Auctions affirme être en mesure de changer

la donne. « La bande dessinée reste

assez méconnue sur le marché américain,

mais aujourd’hui la culture franco-belge

arrive dans des grandes villes comme

New York, Los Angeles ou Dallas. Il y a des

marques d’intérêt évidentes, c’est ainsi

qu’on me pose beaucoup de questions

sur le Festival d’Angoulême, par exemple,

qui est complètement différent des

conventions comics auxquelles le public

américain est habitué. Et aujourd’hui, les

originaux premium de la BD franco-belge

partent huit fois sur dix aux USA.» Alors

que les mangas sont, depuis une dizaine

d’années, les champions incontestés

des ventes de BD, les planches de bande

dessinée japonaise n’apparaissent pour

ainsi dire jamais en salle de vente ou en

galerie. Ce paradoxe peut s’expliquer par

plusieurs facteurs. D’abord, dans le monde

du manga, l’éditeur reste généralement

propriétaire des planches. En outre, socialement,

c’est très mal vu. Si un auteur vend

ses planches, c’est qu’il a besoin d’argent.

Lorsqu’on y ajoute les fortes taxations

pour la vente d’œuvres d’art à l’étranger, on

comprend mieux pourquoi des planches

de One Piece, de Naruto ou de Dragon Ball

ne sont pas encore passées sous le marteau.

Mais ce n’est sans doute qu’une question de

temps. En 20 ans, le marché a connu une

évolution constante. Ceux qui ont acheté

des planches il y a 20 ans ont ainsi fait une

très belle affaire, le prix des grands auteurs

ayant été multipliés par 20 ou 30. Certains

grands noms continueront leur progression,

mais sans doute pas dans les mêmes

proportions. La BD restera dans sa bulle et

très heureuse d’y être.

SURFER

www.artcurial.com

www.millon.com

www.ha.com

VISITER

Bulles de Louvre

Centre belge de la Bande dessinée

Bruxelles

www.cbbd.be

jusq. 11-09

Hergé (Georges Remi dit), Bienvenue sur la Lune Mr. Armstrong ! Welcome !, encre de Chine, écoline et aquarelle

pour un dessin représentant Tintin, Milou, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol accueillant Neil

Armstrong de la mission Apollo XI sur la Lune, 26 × 30 cm. Artcurial, Paris, 20-11-2021. © Artcurial

573.000 € (frais inclus)

Action Comics, #1, Rocket Copy, Washington DC,

1938, copie scellée CGC FN 6.0, pages blanches.

Heritage Auctions, Dallas, 13-01-2022. © Heritage

Auctions - 3.180.000 $ (2.774.000 €), record mondial

87


Marchands d’art et

loi anti-blanchiment

Où en est-on ?

Conformément à la directive

européenne, l’arrêté royal du 29

septembre 2021 relatif à l’inscription

des marchands d’art, salles de

ventes, organisateurs de foires et

salons, et entrepôts spécialisés,

auprès du SPF Economie, afin

d’accentuer la lutte contre le

blanchiment, entrait en vigueur

le 23 octobre dernier. Alors qu’un

récent rapport américain minimise

les risques de blanchiment sur

le marché de l’art, comment ces

nouvelles contraintes affectent-elles

ses acteurs ? Le galeriste bruxellois

Didier Claes, Vice-Président de la

BRAFA et membre de la ROCAD,

spécialiste de l’art africain, nous

éclaire.

Comme le précisait début mars

La Gazette Drouot, forte d’un

rapport officiel américain plutôt

mesuré sur les risques qu’il présente

en matière de blanchiment, la Confédération

internationale des négociants

en œuvres d’art (CINOA) appelait à une

« réévaluation » des mesures de contrôle

du marché de l’art en Europe. Dans cet

appel, qui a reçu le soutien de l’Association

internationale des antiquaires (IADAA)

et de Drouot Patrimoine, la confédération,

qui représente cinq mille marchands

et maisons de ventes dans vingt pays,

réclame notamment que « les règles

anti-blanchiment ne soient pas étendues

comme prévu au marché de l’art ». De fait,

la Commission européenne a décidé de

soumettre à ces contrôles toute transaction

de bien culturel à partir de 10.000

euros, quel que soit l’intervenant, une

mesure que le rapport américain considère

comme inadaptée, mais que la Belgique

s’est empressée de transcrire dans sa

législation (voir les implications concrètes

via https://bit.ly/3JnczPN). Ce, alors que

les acteurs du marché de l’art n’ont guère

été consultés dans les changements de

politique les concernant et que l’on est

en droit de douter du sérieux des études

d’impact ayant présidé à la mise en œuvre

de la directive européenne. La CINOA

maintient ainsi que l’Europe se serait laissée

gagner par un arsenal propagandiste,

assorti de nouvelles sensationnalistes d’un

dévoiement du marché – comme vient

encore de le faire l’hebdomadaire Paris

Match Belgique dans son édition du 7 avril

dernier – pour fonder des stratégies qui

s’avèrent inefficaces et, au final, dommageables

au patrimoine culturel.

« Ces quelques règles

supplémentaires

augmentent le degré

de vigilance et

de travail mais ont

aussi la particularité

de rassurer notre

clientèle. »

DIDIER CLAES

FANTASME ET RÉALITÉ

Daté de février, poursuit La Gazette Drouot,

le rapport du Trésor américain n’exonère

pas pour autant le marché de l’art de toute

turpitude. Exemples à l’appui, il reconnaît

que l’explosion de ce négoce ces dernières

années fournit « une opportunité pour la

dissimulation d’opérations illégales. (…)

La valeur élevée de ces marchandises,

la tradition d’opacité du marché de l’art,

l’instabilité de la fixation des prix et son

caractère subjectif, la facilité de transport

de certaines œuvres à travers les frontières,

la difficulté pour les autorités de retracer

ces mouvements et d’évaluer les œuvres,

le recours à une multiplicité d’intermédiaires

(marchands, consultants, décorateurs,

sociétés écrans, …) et l’anonymat

de leurs clients » constituent autant de

facteurs de dérives. Le Trésor prend quand

même acte que, sans y être forcés par la loi,

« nombre d’acteurs du marché recueillent

spontanément des informations » sur « la

provenance de l’objet ainsi que l’identifica-

88


Didier Claes. © Courtesy Didier Claes Gallery / photo : Michel Figuet

tion du vendeur et sa fiabilité ». Un point

que Didier Claes confirme : « La majorité

des marchands étaient déjà inscrits à la

Banque-Carrefour des Entreprises, donc

l’arrêté royal ne change pas grand-chose.

De même, nos clients belges comme

internationaux étaient déjà au fait de ces

impératifs, même si certains très importants

collectionneurs connus et reconnus

restent récalcitrants quant au partage de

leurs documents d’identité. En revanche,

ils communiquent volontiers les statuts

de société, par exemple. En amont, nous

effectuons un travail de recherche avec les

outils à notre disposition et tenons compte

d’informations qui nous sont fournies pour

établir si la transaction présente un risque

ou non. Nous n’avons jamais été confrontés

à une personnalité à risque ! » Pour ce

qui est de l’opacité et de la sacro-sainte

discrétion qui permettrait au négoce d’art,

et de luxe en général, de prospérer, Didier

Claes botte en touche : « Cette sacro-sainte

discrétion est un fantasme ! Aujourd’hui,

le marché de l’art est contrôlé comme tous

les autres domaines. A ce titre, les banques

jouent le premier rôle, car elles possèdent

des outils dont les marchands ne disposent

pas. En fait, ces quelques règles

supplémentaires augmentent le degré de

vigilance et de travail mais ont aussi la particularité

de rassurer notre clientèle. »

IMPOSSIBLE ENTENTE ?

La seule pierre d’achoppement serait peutêtre,

paradoxalement, les rapports avec

l’administration fiscale belge, notamment

la Cellule de Traitement des Informations

Financières (CTIF) et le SPF Economie qui,

pour l’heure, ne semblent pas vraiment les

interlocuteurs les plus pertinents. Didier

Claes : « C’est compliqué pour l’administration

belge qui ne sait pas encore

vraiment comment agir et est parfois prise

de court tant les choses évoluent vite. Le

SPF Economie a pour mission de protéger

le consommateur et d’assainir le marché.

On peut parfois critiquer à raison ses

méthodes, mais je suis certain que lorsque

ce service sera rodé, les interactions avec

les acteurs du marché de l’art seront

bénéfiques. » De fait, le rapport du Trésor

américain précité, s’il minimise les risques

de financement du terrorisme à l’encontre

du marché de l’art, encourage le secteur

privé à trouver les moyens d’un partage

d’informations sur la clientèle, permettant

de répertorier les sociétés et les personnes

à risque ; et l’Etat à renforcer la formation

dans ce domaine des agents des douanes,

de la police judiciaire et des agents du fisc.

Cela suffira-t-il pour réconcilier les deux

parties ? Didier Claes : « Effectivement, ce

rapport édifie une réalité sur le fantasme

lié au financement du terrorisme par le

marché de l’art. En Belgique, les services de

contrôle de l’Etat voudraient faire porter

aux marchands la charge d’une mission

qu’ils n’arrivent pas à mener à bout, tout

en sachant pertinemment que nous ne

disposons pas des outils nécessaires. Or,

il ne faudrait pas entrer dans une spirale

psychotique qui aurait pour conséquence

de faire fuir les acteurs du marché de l’art.

Cela aurait pour résultat de faire bénéficier

les capitales voisines d’un marché porteur,

tant fiscalement que culturellement. »

SURFER

www.rocad.be

www.economie.fgov.be

www.didierclaes.com

89


Auction calendar

MAY / JUNE 2022

Belgium

MAY

30-2 DVC

klassieke kunst en antiek,

modern, hedendaags, design

GENT

1 Cornette de Saint Cyr

Collection de Monsieur D et à

divers BRUSSEL

3 Berg van Barmhartigheid

Juwelen BRUSSEL

6 Maison des Huissiers de

Justice

Deurwaarderstukken BRUSSEL

7 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

7 Native Auctions

Collecties BRUSSEL

7-8 Maison Jules

Kunst, antiek en design GENT

7-9 Bernaerts

Here comes the sun

ANTWERPEN

8-9 Monsantic

Art & Antiques BERGEN

10 Berg van Barmhartigheid

Juwelen, muziekinstrumenten

en stripverhalen

BRUSSEL

10 Vanderkindere

Vente Bourgeoise UKKEL

12-14 Rob Michiels Auctions

Rond de wereld BRUGGE

13 Maison des Huissiers

de Justice

Deurwaarderstukken BRUSSEL

14 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

16-21 Rops

Art & Antiques NAMEN

17 Berg van Barmhartigheid

Juwelen BRUSSEL

17-18 Vanderkindere

Art & Antiques UKKEL

20 Maison des Huissiers

de Justice

Deurwaarderstukken BRUSSEL

21 De Vuyst

Hedendaagse, moderne en

oude meesters LOKEREN

21 Berg van Barmhartigheid

Speciale veiling BRUSSEL

21 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

23 Cornette de Saint Cyr

Design des Xxe et XXIe

Siècles BRUSSEL

23 Millon

Cave d’amateurs (Drouot)

PARIS

23-24 Galerie Moderne

Art & Antiques BRUSSEL

23-24 Horta

Art & Antiques BRUSSEL

24-25 Jordaens

Art & Antiques MORTSEL

28 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

30-31 Elysée Liège

Art & Antiques LUIK

31 Berg van Barmhartigheid

Juwelen BRUSSEL

31 Campo & Campo

Klassieke veiling ANTWERPEN

31 Loeckx

Kunst en keramiek GENT

JUNE

3 Maison des Huissiers de

Justice

Deurwaarderstukken BRUSSEL

4 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

4-5 Cnock

Juwelen en oldtimers KNOKKE

7 Antenor

Antenor IV BRUSSEL

7 Berg van Barmhartigheid

Juwelen en fietsen BRUSSEL

7-8 Galerie Athena

Kunst en antiek BRUSSEL

8 Antenor

Juwelen BRUSSEL

9 Legia Auction

Grand Classique BERTRÉE

10 Maison des Huissiers de

Justice

Deurwaarderstukken BRUSSEL

11 Morel de Westgaver

Boeken, prenten,

ansichtkaarten BRUSSEL

11 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

The Netherlands

MAY

30/4-1 Korst Van der Hoeff

Inboedel en curiosa DEN

BOSCH

1-4 Botterweg

Voorjaarsveiling AMSTERDAM

2-16 Notarishuis Arnhem

Voorjaarsveiling kunst en

antiek ARNHEM

4-18 De Zwaan

Kunst en antiek

AMSTERDAM

9-12 Medusa

Kunst en antiek ONLINE

10-11 Burgersdijk en Niermans

Boeken en prenten LEIDEN

14 Veilinghuis Bouwman

Vintage toys BRUMMEN

16 Hessink’s Veilingen

Asian Decorative Art Auction

ZWOLLE

16 Venduhuis Rotterdam

Design ROTTERDAM

17 Venduhuis Rotterdam

Kunst en antiek ROTTERDAM

17 Veilinghuis De Jager

Kunst en antiek GOES

17-18 Zeeuws veilinghuis

Aziatica/Indonesian art

MIDDELBURG

17-20 Bubb Kuyper

Boeken, prenten, tekeningen

en schilderijen ONLINE

17-31 Venduehuis Den Haag

Moderne en contemporaine

kunst

18 Venduehuis Den Haag

Old masters, 19th century &

early modern art DEN HAAG

18-19 Veilinghuis De Jager

Aziatica GOES

19 Venduehuis Den Haag

Old masters, 19th century &

early modern art

DEN HAAG

23-24 Van Zadelhoff Veilingen

Kunst en antiek HILVERSUM

30-31 Adams Amsterdam

Auction

Kunst AMSTERDAM

JUNE

1-2 De Ruiter

Sieraden, horiloges en zilver

KLAASWAAL

France

MAY

1 Aguttes

Un premier Mai à Cassel

CASSEL

1 Osenat

Les Intérieurs de Versailles

VERSAILLES

2 May Associés

Mobilier & objets d’art

ROUBAIX

2 Pierre Bergé

Art moderne & Contemporain

PARIS

3 Nice Enchères

Vente listée NICE

4 Artcurial

Bibliothèque Maurice

Houdayer PARIS

5 Coutau Begarie

Vente Classique: tableaux,

objets d’Art (Drouot) PARIS

5 Tessier & Sarrou et Associés

Tableaux, mobilier & objets

d’art (Drouot) PARIS

5 Lucien Paris

Collection de Madame V

NOGENT

5 Thierry de Maigret

Vente Classique: tableaux,

objets d’Art, mobilier, tapis

(Drouot) PARIS

6 Ader

Orfèvrerie & Art de la table

(Drouot) PARIS

6 Gros & Delettrez

Bijoux anciens et modernes

(Drouot) PARIS

6 Oger - Blanchet

Importants Bijoux dont Van

Cleef & Arpels (Drouot) PARIS

6 Thierry Lannon

Tableaux modernes PARIS

9 May Associés

Livres & Manuscrits ROUBAIX

10 Aguttes

Collection Michel Siméon

AGUTTES NEUILLY

10 Tajan

Mobilier et Objets d’Art PARIS

10 Drouot Estimations

Classique (Drouot)

PARIS

10 Art Rémy Le Fur

Vente Classique (Drouot)

PARIS

10 Cannes Enchères

Vente Courante CANNES

11 Piasa

Africa + Modern and

Contemporary Art PARIS

11 Aguttes

Mobilier & Objets d’Art

(Drouot) AGUTTES NEUILLY

11 Libert Damien

Vente Cataloguée (Drouot)

PARIS

11 Vilanfray & Associés

Art Contemporain & Design

(Drouot)

PARIS

11 Siboni

Matriel de Boulangerie PARIS

11 Pierre Bergé

Mobilier du XVIIIe siècle au

Design PARIS

12 Pierre Bergé

Bibliotheque Pierre Collin

PARIS

12 Ader

Collection Particulière PARIS

12 Boisgirard Antonini

Bijoux, mode & Accessoires

NICE

12 Artcurial

Spring Sale PARIS

12 Lynda Trouvé

Orient (Drouot) PARIS

12 Alde

Reliures PARIS

14 Cornette de Saint Cyr

Bandes Dessinées BRUSSEL

13 Ader

Art de l’Islam et de l’Inde, Art

Impressionniste PARIS

13 De Baecque & Associés

Collections Focillon

Baltrusaitis (Drouot) PARIS

13 Ferri & Associés

Art Populaire et cu (Drouot)

PARIS

13 Binoche et Giquello

Collection A.S. Labarthe

Livres Modernes et

Autographes (Drouot) PARIS

13 Pescheteau-Badin

Faïences Européennes

Collections Particulieres

(Drouot) PARIS

14 Rouillac

Collection Arsicaud de Coiffes

Tourangelles

NOIZAY

14 Strasbourg Enchères

Belle Déco & Mobilier

STRASBOURG

16 Artcurial

Archéologie, Arts d’Orient &

Art Précolombien PARIS

17 Nice Enchères

Vente Arts Decoratifs du Xxe

NICE

17 Artcurial

Les Amérindiens vus par les

Européens 1800-1960 PARIS

17 Lynda Trouvé

Ecrin de Mme T. (Drouot)

PARIS

17 Nouvelle Etude

Tableaux Mobilier Objets

d’Art (Drouot) PARIS

17 L’Huillier & Associés

Bijoux & Orfèvrerie (Drouot)

PARIS

90


Grotesteenweg

Anno 1897

17 Gros & Delettrez

Atelier Claire Pichaud

(Drouot) PARIS

17 Aguttes

Lettres Manuscrites &

Autographes (Drouot)

AGUTTES NEUILLY

17 Tajan

Arts d’Orient PARIS

17 May Associés

Luxe ROUBAIX

17 Boisgirard Antonini

Art & Deco NICE

18 Cannes Enchères

Bijoux anciens & Modernes

CANNES

18 Azures Enchères

Collection de Tableaux

CANNES

19 Artcurial

Collection Maurice Houdayer

PARIS

19 Piasa

American Design PARIS

19 Lucien Paris

L’Entier Contenu d’Un

Appartement Parisien NOGENT

19 Alde

Litérature PARIS

19 Tessier & Sarrou

et Associés

Madame Sort ses Griffes

(Drouot) PARIS

19-22 Cornette de Saint Cyr

Menart Fair PARIS

20 Tessier & Sarrou et

Associés

Dessins et Tableaux, mobilier

et objets d’art (Drouot)

PARIS

20 Thierry de Maigret

Dessins Anciens, Vitraux,

Icônes PARIS

20 Pierre Bergé

Collection Bertolini PARIS

20 Ader

Dessins Anciens (Drouot)

PARIS

20 Art Rémy Le Fur

Univers Napoléon III (Drouot)

PARIS

20 Gros & Delettrez

Bijoux Anciens & Modernes

(Drouot) PARIS

20 Millon

Instruments d’Ecriture Stylos

de Collection (Drouot)

PARIS

21 Rouillac

Atelier du Sculpteur Elsa

Genèse NOIZAY

21 Mercier Art

Art du Xxe LILLE

22 Siboni

Tableaux, Bijoux,

Argenterie, Objets d’art

PARIS

23-24 Ader

Affiches PARIS

24 Nice Enchères

Vente de bijoux NICE

24 Artcurial

Art Déco/ Design PARIS

24 L’Huillier & Associés

Vente de Hifi (Drouot) PARIS

24 Tajan

Arts Impressionniste et

Moderne PARIS

24 Gros & Delettrez

Hermès (Drouot) PARIS

24 Daguerre

Collections Privées (Drouot)

PARIS

24-25 Ader

Arts Décoratifs du XVIe au

XIXe Siècle (Drouot)

PARIS

25 Artcurial

Design Scandinave PARIS

25 Tajan

Art Contemporain PARIS

26 Alde

Manuscrits & Autographes

PARIS

28 Osenat

Mobilier & Objets d’Art

FONTAINEBLEAU

28 Artcurial

Un Printemps Marocain PARIS

28 Cannes Enchères

Mode, vintage

CANNES

29 Osenat

Les Intérieurs de Versailles

VERSAILLES

30 May Associés

Mobilier & Objets d’Art

ROUBAIX

30 Cornette de Saint Cyr

Chanel Vintage PARIS

31 Thierry de Maigret

Vente Classique PARIS

31 Tessier & Sarrou et Associés

Marine & Voyage (Drouot)

PARIS

31 Edric Caudron

Vente & Bijoux (Drouot) PARIS

31 Aguttes

Arts d’Asie AGUTTES NEUILLY

31 Artcurial

Un Printemps Marocain PARIS

31 Boisgirard Antonini

Arts d’Asie (Drouot)

PARIS

Vente d’art classique et d’antiquités 31 mai à 14h

Exposition : 26 – 29/05/2022 de 10h à 18h

Catalogue en ligne: www.campocampo.be

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H: 161 cm

Dim : 183 x 183 cm


Auction calendar

MAY / JUNE 2022

31 Ader

Arts Décoratifs du XVIe au

XIXe Siècle (Drouot)

PARIS

JUNE

1 Piasa

Modern and Contemporary

Art PARIS

1 Osenat

Les Intérieurs de Versailles

VERSAILLES

1 Daguerre

Un appartement Rue des

Belles Feuilles PARIS

2 Aguttes

Peintres d’Asie AGUTTES

NEUILLY

2 Cornette de Saint Cyr

Bibliothèque d’un Grand

Amateur PARIS

2 Pierre Bergé

Bijoux & Orfevrerie PARIS

2 Lucien Paris

Fonds de Maisons NOGENT

3 Aguttes

Violons & Archets AGUTTES

NEUILLY

3 L’Huillier & Associés

Mobiliers & Objets d’Art

(Drouot) PARIS

3 Beaussant Lefèvre

& Associés

Art Impressionniste et

Moderne (Drouot)

PARIS

3 Craït + Müller

Sculptures (Drouot) PARIS

3 Ader

Arts Décoratifs et Sculptures

du Xxe Siècle (Drouot) PARIS

5 Osenat

Art de l’Europe de l’Est

VERSAILLES

6 May Associés

Arts d’Asie ROUBAIX

7 Cannes Enchères

Vente Courante CANNES

8 Artcurial

Art d’Asie, Post-War

& Contemporain,

Impressionniste & Moderne

PARIS

8 Thierry de Maigret

Art Asiatique et céramiques

Européennes (Drouot) PARIS

9 De Baecque et Associés

Bijoux Montres Orfevrerie

(Drouot) PARIS

9 Gros & Delettrez

Arts décoratifs (Drouot)

PARIS

9 Alde

Livres anciens et du XIXe

siecle PARIS

9 Piasa

Liaigre, Contemporary Design

PARIS

United Kingdom

MAY

28-13 Christie’s

Efie Gallery x Christie’s

LONDON

2-10 Sotheby’s

The Samurai LONDON

3-12 Sotheby’s

Picasso ceramics LONDON

6-12 Sotheby’s

From Japan With Love LONDON

6-17 Sotheby’s

STYLE London

LONDON

9-10 Bonhams

Asian Art (Knightsbridge)

LONDON

11 Sotheby’s

Important Chinese Art

LONDON

11 Sotheby’s

Important Chinese Art

LONDON

11 Phillips

Wired: online LONDON

12 Phillips

Design LONDON

12 Bonhams

Fine Chinese & Japanese Art

(New Bond)

LONDON

13-19 Sotheby’s

Photographs LONDON

18 Sotheby’s

The Library of Henry Rogers

LONDON

18 Bonhams

Picassomania (New Bond)

LONDON

24 Bonhams

Modern & Contemporary Art

(New Bond) LONDON

25 Phillips

Photographs LONDON

25 Bonhams

Antique Arms and Armour

(Knightsbridge) LONDON

25 Christie’s

The Collection of Sir

Nicholas Goodison

LONDON

26 Bonhams

Rifles (Knightsbridge)

LONDON

27 Christie’s

Private Collection LONDON

Germany

MAY

7 Lempertz

Preußen KÖLN

7 Lempertz

Berlin Salon BERLIN

7-14 Schloss Ahlden

Grosse Kunstauktion

AHLDEN

10 Quittenbaum

Lalique Only, Jugendstil I

MÜNCHEN

11 Quittenbaum

Jugendstil II MÜNCHEN

13-14 Fischer

Antiquitäten & Kunst

HEILBRONN

16-20 Hermann Historica

Präsenzauktion MÜNCHEN

17-18 Nagel Auktionen

Antiquitäten & Kunst

STUTTGART

20 Lempertz

Bedeutende Mörser der

Sammlung Schwarzach IV

KÖLN

21 Auction Partners

Auktion BERLIN

28 Ruetten

Antiquitäten & Kunst

MÜNCHEN

30 Ketterer

Wertvolle Bücher HAMBURG

JUNE

30 Ketterer

Zeitgenössische Kunst

MÜNCHEN

Fair calendar

MAY / JUNE 2022

Belgium

MAY

28-1/5_

Brussels

ART BRUSSELS

28-1/5 Brussels

SOLO PROJECT

11-15 Brussels

TWENTY

14-12/6 Andenne

CERAMIC ART ANDENNE

20-22 Brussels

COLLECTIBLE

HUNTENKUNST

20-22 Rotterdam

OBJECT ROTTERDAM

20-22 Rotterdam

ROTTERDAM PHOTO

20-22 Rotterdam

TEC ART ROTTERDAM

20-22 Rotterdam

JEWEL.ROTTERDAM

JUNE

12 Waspil

VERZAMELAARSBEURS VOOR

TRIBALE KUNST EN CULTUUR

26-29 Saint-Briac-sur-mer

SALOND DU DESSINET DE

L’EDITION

Germany

MAY

28-1/5 Stuttgart

KUNST & ANTIQUITÄTEN TAGE

Austria

MAY

Italy

MAY

23-1/5 Assisi

ASSISI ANTIQUARIATO

28-1/5 Milano

MILAN IMAGE ART FAIR

Portugal

MAY

30-8/5 Lisboa

LAAF

The Netherlands

MAY

19-22 Rotterdam

ART ROTTERDAM

20-22 Ulft

France

MAY

19-22 Paris

PARIS PRINT FAIR

19-22 Paris

MENART FAIR PARIS

23-1/5_WIEN

WIKAM

United Kingdom

MAY

4-8 London

SPRING FAIR

USA

MAY

6-10 New York

TEFAF NEW YORK


Museum calendar

MAY / JUNE 2022

Belgium

ANTWERPEN

DIVA

△ DIVA: Work in Progress

t/m 27-11

FOMU

△ Bertien Van Manen -

Diana Markosian

t/m 28-08

M HKA

△ Mash Up - Anthea

Hamilton

t/m 15-05

BINCHE

Musée du Carnaval et

du Masque

△ Bouffons!

j. 11-09

BRUGGE

Musea Brugge

△ Verhalen uit de

ondergrond. Brugge in

het jaar 1000.

t/m 27-10-2023

BRUSSELS

Art et marges musée

△ Haute tension

j. 16-06

Atomium

△ View from my

window

j. 29-05-2023

Autoworld Museum

△ 1,2,3,4 Cars &Rock’n

Roll

j. 26-06

Bozar

△ Un centenaire pour le

Palais des Beaux-Arts

j. 21-07

Centrale

△ Alien - Oussama Tabti

j. 18-09

△ Deeply, Madly - Helen

Anna Flanagan

j. 18-09

△ This is what you came

for. Els Dietvorst

j. 18-09

Centre Albert Marinus

△ Projet Ommegang

19-05 au 07-09

Centre Culturel

Coréen

△ Trésors coréens

en Belgique (re)

découverts

j. 13-05

Centre d’art de

Rouge-Cloître

△ Baudouin Deville

j. 15-05

Charles Riva Collection

△ Entre chien et loup

j. 09-07

CIVA

△ Sick Architecture

06-05 au 28-08

△ Expo: le logis-floréal -

un project coopératif

j. 26-06

Design Museum

Brussels

△ Charlotte Perriand.

Comment voulonsnous

vivre? Politique du

photomontage

j. 28-08

Fondation A

△ Belleville - Thomas

Boivin

j. 26-06

ISELP

△ New Horizons in Painting

j. 28-05

Jewish Museum of

Belgium

△ Sol Lewitt. Wall Drawings,

Works on paper, Structures

(1968-2002)

j. 31-07

KBR & MIM

△ Toots 100. The Sound

of a Belgian Legend

j. 31-08

Maison de l’Histoire

européenne

△ Quand les murs parlent!

j. 13-11

Mima

△ Mima reload

j. 29-05

Musée de la bande

dessinée

△ Bulles de Louvre -

vingt auteurs de Bande

Dessinée propose de

découvrir le Louvre

j. 11-09

Musee Mode et

Dentelle

△ Brussels Touch

j. 22-05

Musées royaux des

Beaux-Arts

△ Christian Dotremont,

Peintre de L’écriture

j. 07-08

△ Marat assassiné

j. 07-08

△ Voyage au-dèla de

l’illusion - Omar BA

j. 07-08

△ Optics and Duration -

Tanya GOEL

j. 07-08

Museum Kunst &

Geschiedenis

△ Shin Hanga - Nieuwe

prenten van Japan 1900-

1960

14-10 t/m 15-01-2023

△ Before Time Began

t/m 29-05

Villa Empain

△ Portrait of a Lady

j. 04-09

△ Michel Polak

j. 21-08

CHARLEROI

BPS22

△ Teen Spirit

j. 22-05

Musée de la

Photographie

Charleroi

△ Michel Vanden

Eeckhoudt

j. 15-05

△ Soleil Noir - Gaëlle

Henkens et Roger Job

j. 15-05

△ Arbres-Troncs - Zoé

Van der Haegen

j. 15-05

△ Melanie De Biasio

j. 15-05

△ Danielle Rombaut

j. 15-05

EUPEN

Museum für

Zeitgenössische Kunst

△ Kristina Benjocki

j. 05-06

△ Reinhard Doubrawa

j. 29-05

GEEL

The Phoebus

Foundation

△ ZOT van DIMPNA. Een

wereld vol passie, lief en

rebellie

t/m 28-08

GENT

Museum Dr. Guislain

△ Circonstances. Fernand

Deligny

t/m 29-05

S.M.A.K.

△ POPART van Warhol

tot Panamarenko Uit de

Collectie Matthys-Colle

& S.M.A.K.

t/m 08-05

HASSELT

Cultuurcentrum

Hasselt

△ En toch is ook de nacht

niet uitzichtloos zolang

er sneeuw ligt

t/m 22-05

△ Genre ZERO - Diana Herz

t/m 22-05

△ Self-Portraits, Dated,

Untitled - Mies Cosemans

& Joke Timmermans

t/m 22-05

Z33

△ Please do touch - Lore

Langendries

13-05 t/m 15-08

△ Same Same but

Different - BC architects

& studies & materials

t/m 07-08

HORNU

CID Grand Hornu

△ Bricks beyond Walls

j. 05-06

△ Beirut. Eras of design

j. 14-08

MACS

△ Gaillard & Claude. A

Certain Decade

j. 18-09

△ Cruising Bye - Aline

Bouvy

j. 18-09

ITTRE

Musée Marthe Donas

△ Jean Rets. Un

constructeur inattendu

j. 05-06

KNOKKE-HEIST

Cultuurcentrum

Scharpoord

△ Foto Knokke-Heist

- Frieke Janssens &

Servaas Van Belle

t/m 12-06

LA HULPE

Fondation Folon

△ Tomi Ungerer. Enfant

terrible

j. 26-06

LA LOUVIÈRE

Centre de la gravure

et de l’Image

imprimée

△ Denicolai & Provoost.

La stagione dell’amore

j. 24-07

△ Eleni Kamma. Qui

Who Etes Are Vous les

Louviérvoix ?

j. 24-07

△ Delphine Deguislage.

Archetype Canon

j. 24-07

LA LOUVIÈRE

Keramis - Centre de

la Céramique de la

Fédération Wallonie-

Bruxelles (asbl)

△ Les collections de

Verviers à Keramis

j. 28-08

LEUVEN

Museum M

△ Prendre le temps

t/m 23-04-2023

△ Dry Culture Wet

Culture - Wael Shawky

t/m 28-08

LIÈGE

Maison des Métiers

d’Art

△ Upcycling - Recycler

avec style

j. 25-06

Trinkhall Museum

△ Des lieux pour exister

j. 05-03-2023

△ Des visages et des

lieux. Pedro Ribeiro

j. 11-09

MALDEGEM

Sint-Annakasteel

△ Johan Rotsaert

t/m 02-05

MECHELEN

Kazerne Dossin

△ Universal Human

Rights. Why they matter

t/m 11-12

MONS

Beaux-Arts Mons

△ Anto-Carte. De terre

et de ciel

j. 21-08

△ Souviens-toi -

Emelyne Duval

j. 29-05

MORLANWELZ

Musée Royal de

Mariemont

△ La Chine au féminin.

Une aventure moderne

j. 23-10

OOSTENDE

Mu.Zee

△ België-Argentinië.

Trans-Atlantische

modernismen, 1910-1958

t/m 12-06

PUURS-SINT-AMANDS

Emile Verhaeren

Museum

△ La Ville abandannée -

Koen Broucke

t/m 22-05

SINT-MARTENS LATEM

Museum Dhondt-

Dhaenens

△ Blindsight – Manon

de Boer in dialoog met

Latifa Laâbissi en Laszlo

Umbreit

t/m 22-05

△ Time, and time again

– Werk uit de collectie

Vermeire-Notebaert

t/m 22-05

△ Yvan Derwéduwé -

Antichambre

t/m 22-05

△ untitled 2018 (the infinite

dimensions of smallness) -

Rirkrit Tiravanija

t/m 31-05

SINT-NIKLAAS

Mercatormuseum

△ Kaarten aan de wand

- (Her)ontdek oldschool

platen en kaarten

t/m 01-05

SINT-PIETERS-

WOLUWE

Museum van de

Boekkunsten en de

Boekband

△ Touching, Moving,

Reading Books

j. 22-05

SOUMAGNE

La galerie de Wégimont

△ Déambulations au cœur

du Comptoir d’estampes

- Barzin, Dacos, Corbisier,

Pace et quelques autres

j. 08-05

TOURNAI

Musée des Beaux-

Arts de Tournai

△ Toute une histoire, regard

sur les collections #3

j. 02-2023

△ Open Field - Raffaella

Crispino

j. 15-05

TAMAT

△ Asia E

j. 29-05

93


Gallery calendar

MAY / JUNE 2022

Belgium

AALST

Netwerk Aalst

△ Rewinding

Internationalism

t/m 01-05

ANTWERPEN

Annie Gentils Gallery

△ Current Affairs - Marc

Vanderleen

t/m 15-05

Coppejans Gallery

△ O₂ - Riki Mijling, solo

exhibition

t/m 21-05

Galerie De Zwarte

Panter

△ Tomorrow is an other

day - Fred Bervoets

t/m 26-06

△ Voorwoordelijk -

Michel Buylen

t/m 26-06

Office Baroque

△ Chambres d’Amis: Ikea

t/m 30-06

Tim Van Laere Gallery

△ Jonathan Meese -

Self Portraits and Nudes

(Gesamtkunstwerk)

t/m 14-05

BEERSEL

LKFF

△ Hanneke Beaumont.

The quiet between

j. 30-06

BONHEIDEN

Art Depot Gallery

△ April ontluikt, en bam …

daar komt de kleur - JAS

t/m 08-05

BRUSSELS

Almine Rech Brussels

△ More - Brian Calvin

j. 28-05

△ The Wall: Peter Peri

‘Night is also a sun’

j. 28-05

ArtContest

△ Connexion #1

j. 30-06

Association du

Patrimoine artistique

△ La révolte de la

couleur. Le Fauvisme

belge 1904-1918

j. 07-05

Atelier 34zéro

△ Marek Kus

j. 13-06

Atomium

△ View from my window

j. 29-05-2023

△ Olivier Mosset

j. 14-05

△ The Last Cowboy

Songs - Olivier Mosset

j. 14-05

Belgian Gallery

△ A Bocca Chiusa - Johan

Muyle

j. 28-05

Bruno Matthys

Gallery

△ Trublions - Petra Werlé,

Michel Vranckx

j. 28-05

Brussels Expo

△ Antoine de Saint-

Exupéry. Le Petit

Prince parmi les Hommes

j. 30-06

CLEARING

△ Neïl Beloufa. Pandemic

Pandemonium

j. 15-05

Contretype

△ Hernie & Plume -

Katherine Longly

j. 22-05

△ Retour à La Louvière -

Pauline Vanden Neste

j. 22-05

△ D’ici là - Jérôme

Hubert

j. 22-05

Dauwens & Beernaert

Gallery

△ 1 x 4 = 5 - Loïc Van

Zeebroek, Toon

Boeckmans, Isa De Leener,

Charlotte Vandenbroucke

j. 01-05

Deodato Arte - Brussels

△ Editions - Mr. Brainwash

j. 24-06

Esther Verhaeghe Art

Concepts

△ Idomes - Sébastien

Pauwels

j. 14-05

Fondation Thalie

△ Inner Bodies - Kiki Smith

j. 01-05

Galerie ABC

△ Quentin Smolders

j. 07-05

Galerie Alice

△ Bye Bye Bye, go away

green - Jean Julien

j. 21-05

△ Nicholas Julien

j. 21-05

Galerie DYS

△ Stil Leven. Natures

silencieuses

j. 29-05

Galerie Emile Dujat

△ Light my Fire. Atelier

Haute Cuisine & J.-M. De

Pelsemaeker

j. 15-05

Galerie Faider

△ Échos de lumière -

Guy Leclercq

j. 14-05

Galerie Horta

△ Frida Khalo - The life of

an icon

j. 14-05

Galerie La Forest

Divonne

△ L’Oeuvre au coprs. Un

rencontre ente les arts et

le goût

19-05 au 18-06

△ Singularités -

Catherine François

j. 15-05

Galerie Martine Ehmer

△ Transition - Rose Madone

j. 22-05

Galerie Nathalie Obadia

△ The Traveler Walking

On Tiptoes - Guillaume

Leblon

19-05 au 09-07

△ Foolhardy Boarding A

Lost State of Mind - Joris

Van de Moortel

j. 07-05

Gallery Sofie Van den

Bussche

△ Inescapable - Bilal

Bahir, Lieven Decabooter

j. 29-05

Grand-Place

△ Pop Masters

j. 29-05

HANGAR- Photo Art

Center

△ Trance’n’dance - Isabel

Muñoz

j. 18-06

△ Louise Bourgeois:

Intimate Portrait - Jean-

François Jaussaud

j. 18-06

Horst

△ The Act of Breathing

12-05 au 31-07

Huberty & Breyne

△ Olivier Ledroit

j. 14-05

Jan Mot

△ Each Moment Presents

What Happens - Johanna

Billing

j. 21-05

KULT XL

△ Hypnagogie -

Robberto & Milena Atzori

j. 22-05

La Patinoire Royale -

Galerie Valérie Bach

△ Self-Play - Hannah De

Corte

j. 28-05

△ Au gré de ses

“déplacements” -

Marthe Wéry

j. 07-05

△ Illimités - Sahar Saâdaoui

j.07-05

La Verrière

△ Tactiques du rêve

augmenté - Exposition

collective

j. 25-06

Le Botanique - Galerie

△ Portrait of a landscape -

Pierre-Philippe Hofmann

j. 08-05

Le salon d’art

△ arbo-naissance -

Simon Outers

j. 14-05

L’Enfant Sauvage

△ Matthieu Marre.

Seules les pierres sont

innocentes

j. 21-05

Maison Commune à

Ixelles

△ Bers Grandsinge &

Friends. Avis de recherche

j. 20-05

Marie-Laure Fleisch

△ Unbroken Landscape -

Alice Cattaneo

j. 11-06

Meessen De Clercq

△ Sparrow Song - José

María Sicilia

j. 14-05

Melissa Ansel

△ Devenir l’estran -

Alexane Sanchez, Hadrien

Loumaye, Julia Renaudot

j. 08-05

Rodolphe Janssen

△ Sky Gardens - Jason

Saager

j. 28-05

Rossicontemporary

△ Matrix Verbatim -

Charlotte Flamand

j. 07-05

Spazio Nobile Gallery

△ Serendipity - Kiki van

Eijk & Joost van Bleisjwijk,

Duo show

17-05 au 04-09

△ Arbre de Vie - Bela

Silva & Vera Vermeersch,

duo show

j. 15-05

Zedes Art Gallery

△ Tumbleweed - Ariane

de Rosmorduc

12-05 au 25-06

FLÉMALLE

La Châtaigneraie -

Centre wallon d’Art

contemporain

△ Nôtre – photographier

l’intime

21-05 au 10-07

La Châtaigneraie -

Centre wallon d’Art

contemporain

△ Paréidolies - en quête

de formes

j. 08-05

GRIMBERGEN

Cultuurcentrum

Strombeek

△ Open Source - Noah

Latif Lamp

t/m 01-05

HASSELT

Z33

△ Charging Myths -

On-Trade-Off

t/m 21-08

KNOKKE-HEIST

Baronian

△ Eric Poitevin

j. 04-06

△ Origin and Presence -

Max Frintrop

t/m 15-05

Galerie Ronny

Van de Velde

△ Jean-Jacques Gailliard

(1890-1976) in the Twenties

t/m 29-05

Muruani Mercier

△ Memories we share -

Cornelius Annor

t/m 04-05

Stephane Simoens

Contemporary fine art

△ Colour Shaping Form

- Machteld Rullens,

Masaaki Yamada

t/m 17-05

VCRB Gallery

△ isarithms of life -

Matthias Verginer

t/m 22-05

KORTRIJK

Be-Part

△ Black Sun - Ruben

Bellinkx

t/m 05-06

LIÈGE

Europaexpo - Gare

de Liège Guillemins

△ I LOVE JAPAN

j. 31-08

LIÈGE

Galerie Christine Colon

△ Julien Allègre & Sergio

Moscona

j. 08-05

Les Brasseurs Art

Contemporain

△ Evan a stopped clock

is right two times a day

- Jan Duerinck, Bram

Van Breda, Gerlinde Van

Puymbroeck

j. 21-05

△ La déchirure du même

- Alexane Sanchez

j. 21-05

LINKEBEEK

Huize Lismonde

△ Gaandeweg - Anne

Marie Finné

t/m 22-05

LOUVAIN-LA-NEUVE

Espace 001

△ Emmanuel Kervyn

j. 22-05

OOSTEEKLO

Galerie William Wauters

△ Wim Biewenga

t/m 15-05

△ Christian Verhelst

t/m 15-05

STAVE (METTET)

Pépinière Ortie-

Culture

△ Arts Emulsions de Namur

j. 29-05

TERVUREN

Spazio Nobile At Home

△ Inner Landscapes

j. 29-05

WAREGEM

Be-Part

△ Hips don’t lie -

Hadassah Emmerich

t/m 22-05

WIJNEGEM

Axel Vervoordt

△ Shiro Tsujimura

t/m 07-05

△ Shen Chen

t/m 07-05

△ Chaos & Order -

Group exhibition

t/m 21-05

94


Un constructeur inattendu

Jusqu’au 5 juin 2022

Jean Rets (1910-1998) a manifesté très tôt le goût de la recherche

purement plastique, mettant au point un répertoire de signes,

de formes et de couleurs qu’il mêle dans des compositions inventives.

Sa production picturale est mise en relation avec une dimension

d’une ampleur inédite de son œuvre, celle des intégrations dans

l’architecture et l’espace urbain.

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issus de collections publiques et privées.

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Dimanches de 11 > 17 h

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antiekveilingen schattingen

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e-mail: dvc@dvc.be

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Drabstraat 74 - 2640 Mortsel

T.03/449.44.30

e-mail: info@jordaens.eu

www.jordaens.eu

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8000 Brugge

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oude kaarten,

atlassen, grafiek en schilderijen.

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Godts)

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Brussel

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www.salledeventesdubeguinage.be

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(dir. Rodolphe de

Maleingreau d’Hembise)

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Brussel / Rue du Grand Cerf

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Roodebeek (1030)

T.02/741.60.60

F.02/741.60.70

www.horta.be

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d’art, bijoux et vins’

Brussels Art Auctions

Dir. Ph Serck & Is. Maenaut

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Zandlopersstraat 10 - 9030

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www.dvc.be

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Antiekveilingen

Schattingen en expertises

voor nalatenschappen en

verzekeringen

Galerie en Veilingzaal

PICTURA b.v.b.a.

Brusselsesteenweg 656

9050 Gentbrugge

T.0475/74.49.25

henk.vervondel@telenet.be

www.pictura.be

LOECKX

auctioneers Belgium

(Dir. Cécile La Pipe,

Peter en Natan Loeckx)

Ingelandgat 4

T.09/223.37.93

F.09/233.76.71

www.loeckx.be

info@loeckx.be

International art & antiques

auctions. Expertises

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Hôtel des Ventes Elysée

(Dir. Fairon)

Boulevard Cuivre et Zinc 28

T.04/221.09.09

F. 04/221.15.05

www.ventes-elysee.be

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d’art, Vintage, Maroquinerie,

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9h00 à 12h00 et de 13h00 à

17h00. Fermé le mercredi

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& Vincent de Lange)

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4280 Hannut

Tél. : 019/63.55.59

0495/87.99.01 - 0475/27.73.87

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d’Antiquités, tapis, mobiliers,

bijoux, tableaux, Art d’Asie,…

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Librairie LHomme

(Dir. David Lhomme)

Rue des Carmes 9

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T.04/344.91.70 - F.04/341.39.19

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gratuites tous les vendredi

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Pascale Philips)

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Avenue d’Ecolys 2, 5020

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à domicile sur rendez-vous

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de 9h à 12h, sauf les lundis

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(Dir. Benoît Legros)

Rue Peltzer de Clermont 41

4800 Verviers

T. 087/33.01.00 - F.087.30.19.00

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dewilde@ieper.be - Tél. 057/23.94.50).

Toutes les informations seront traitées

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catalogue monographique. Merci de

contacter son neveu Paul Gonze par

email : paul.gonze@gmail.com ou par

téléphone tél. : 0484/59.71.01

Cherche : Oeuvres (tableaux, dessins)

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belge Albert Dupuis (1923-2010) pour

une prochaine exposition et catalogue

au Musée Charlier. Contact :

Michèle Schoonjans de la fondation

F.A.D. - Tél. : 0478/71.62.96 ou courriel

michele@micheleschoonjans.be /

fondation.albert.dupuis.2010@gmail.

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Renseignements : 09 216 20 20 ou collect@ips.be

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Fine Art

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