COLLECT Belgique Mai 2022
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COLLECT
Mensuel ne paraît pas en janvier, en juillet ni en août - 6,95 € - P608061
N° 516 / MAI 2022
TWENTY
Entre Belle Epoque et Street Art
Jean-Michel Folon
La valeur d’une poétique
Bouffons et Clowns
Remède contre la morosité ?
EXPOSITION
Clavier
Virginaux, clavecins et orgues
peints aux XVIe et XVIIe siècles
26.03 – 26.06.2022
Musée Snijders&Rockox, Anvers
Musée Vleeshuis, Anvers
www.snijdersrockoxhuis.be – www.museumvleeshuis.be
© Jan Miense Molenaer, De virginaalspeelster, Amsterdam, Rijksmuseum
Joos van Winghe Allégorie de la Fama. Huile sur toile, 82 x 64 cm. Vente le 21 mai à Cologne
1798
VENTES AUX ENCHÈRES COLOGNE/BERLIN/BRUXELLES
7 mai Vente Prussienne (à Berlin)
11 mai Arts d’Afrique et d’Océanie (à Bruxelles)
9–21 mai Bijoux, Arts Décoratifs, Maîtres Anciens (à Cologne)
1 juin Photographie 1–2 juin Art Moderne, Art Contemporain (à Cologne)
11 juin Art Asiatique (à Cologne) 25 mai–16 juin Art Asiatique Online
Expositions à Bruxelles: Arts d’Afrique et d’Océanie 6–10 mai
Art Moderne, Art Contemporain, Art Asiatique 19–21 mai
6 rue du Grand Cerf — 1000 Bruxelles — T 02-514 05 86 — bruxelles@lempertz.com
Sommaire
46
EST. 1971 / mai 2022 - N°516
www.collectaaa.be
L’étoile montante
de Judith Leyster
Le marché de
l’Art précolombien
42
Les chandeliers
Des porteurs de lumière
54
SUIVEZ-NOUS ÉGALEMENT
SUR : @ARTMAGAZINECOLLECT
OURS
Administration,
Rédaction, Agenda
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Rédacteur en Chef
Christophe Dosogne
Rédaction
Els Bracke
Celine De Geest
Christophe Dosogne
Collaborateurs
Gilles Bechet
Laurent de Hemptinne
Thijs Demeulemeester
Gwenaëlle de Spa
Gwennaëlle Gribaumont
Elien Haentjens
Johan Frederik Hel Guedj
Diane Hennebert
Anne Hustache
Christine Vuegen
Traduction
Dynamics Translations
Didier Vanhede
Mise en pages
Renaldo Candreva
Freek Lukas
Impression
Graphius, Gand
Distribution
Librairies
AMP
La Poste
Abonnements
Pays d’Abonnements
Ambachtenlaan 21 - Unit 2A -
3001 Heverlee - Tél. 02/808.55.23
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En couverture
Sasha Frolova, Queen of Clowns, 2020, tirage
photographique, 42 x 29,7 cm. © de l’artiste /
The Clown Spirit / Belgian Gallery, Namur
Membre de l’Union des Editeurs
de la Presse Périodique
www.wemedia.be
Editeur responsable :
Patrick Snoeck, Begijnhoflaan 464G - 9000 Gand
Pour les auteurs d’art visuel et les photographes :
© CISAC / SABAM Belgium 2022
Portrait : © Silvie Bonne
Nulle partie de cette publication ne peut être reproduite
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autre manière que soit, sans l’autorisation écrite de
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lesquels n’engagent que leurs auteurs. COLLECT ne peut
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à l’annonceur. © Arts Antiques Auctions, Gand
Édito
Picasso, une star à la dérive…
Il y a longtemps que cela couvait… Monstre
sacré de l’art du XXe siècle, Pablo Picasso
(1881-1973) est depuis belle lurette
décrié par nombre de femmes pour sa
prétendue misogynie, et la manière peu
amène dont ils les a portraiturées. Pour
ses laudateurs, au contraire, les épouses
successives et les nombreuses maîtresses
du maître, mais aussi les femmes en
général, furent autant de muses lui ayant
inspiré la quintessence de son art, des expérimentations
cubistes des Demoiselles
d’Avignon (1906-1907), au portrait tourmenté
de Jacqueline (1961), en passant
par les horreurs de la guerre incarnées
dans Guernica (1937). Las, à l’heure de
MeToo, l’argument ne passe plus, comme
le rappelait L’Obs, dans son édition du
14 avril, dont l’analyse paraît sans appel.
S’intéressant d’abord au centre névralgique
mondial de la recherche picassienne,
son musée parisien, le constat de
l’hebdomadaire français est particulièrement
amer : le navire, sis en l’hôtel Salé,
est aujourd’hui en pleine dérive, les salles
sont vides et la billetterie de l’institution,
visitée à 60 % par les touristes avant la
pandémie, s’est effondrée. En cause, la
désaffection d’un public désormais plus
local, mais surtout une grande lassitude
conséquente à une surexposition des œuvres
du maître andalou, véritable Picassomania
dont le fruit juteux fut, en France,
pressé jusqu’aux pépins entre 2017 et
2019. Les commissaires d’exposition ont
de fait thématisé l’artiste « jusqu’au vertige
» : après Picasso, l’effervescence des
formes, accueillie ce printemps à la Cité
du Vin de Bordeaux (jusq. 28-08) et qui
s’intéresse au rapport de l’artiste au vin et
à l’alcool, à quand Les chemises de Picasso
ou Noël avec Picasso ? Peut-être en 2023,
année d’un jubilé qui s’annonce particulièrement
copieux pour commémorer,
comme il se doit, les 50 ans de la mort du
peintre ? De grâce, n’en jetez plus ! Or, s’il
est l’artiste le plus connu dans toutes les
couches de la société, particulièrement
parmi les moins cultivées, Picasso est
aussi de plus en plus victime d’un intense
dénigrement qui, comme souvent, est né
aux Etats-Unis, plus précisément dans
les milieux universitaires, où on le décrit
comme un « malade qui maltraitait les
femmes ». En France, les militantes féministes,
parmi les plus politisées, n’ont
pas tarder à enfoncer le clou, considérant
Picasso comme une « incarnation
de la masculinité toxique, du privilège
blanc, un misogyne absolu, pervers et
tourmenteur, violeur, pédocriminel,
raciste » et – crime suprême ! – grand
voleur de cet esthétique africaine qui
fit tant pour l’éclosion du cubisme et de
ses dérivés modernistes. Impardonnable
et particulièrement sensible, à l’heure
du mouvement Black Lives Matter, des
gender studies, des restitutions d’oeuvres
spoliées et des violences sexistes, singulièrement
à l’œuvre dans la conscience des
moins de 30 ans. Alors, Picasso, ce vieux
con ? Le purgatoire, en tout cas, semble
à peine débuter. Un comble, certain.e.s
venaient tout juste de découvrir son
existence…
Christophe Dosogne
RUBRIQUES
6 Up to date
10 Personalia
12 Musées
16 Paroles de galeristes : Newchild Gallery
17 Galeries
21 Paroles de galeristes : Uitstalling
22 L’artiste du mois : Shervin/e Sheikh Rezaei
24 Zoom : August Sander
82 Beaux-Livres
DOSSIERS
26 Jean-Michel Folon, la valeur d’une
poétique
30 TWENTY, de la Belle Epoque au Street Art
34 Bouffons et clowns, contre la morosité ?
40 Le trompe-l’œil selon
Christoffel Pierson
42 L’étoile montante de Judith Leyster
46 Le marché de l’Art précolombien
52 La nature par Tanabe Chikuunsai IV
54 A travers l’Histoire : le chandelier
58 Baranzate à Milan
62 Au rythme de Rachel Jones
VENTES
66 Focus International
70 La surprise du mois : Hendrick III
van Cleve chez Cornette
71 Ventes en Belgique
AGENDAS
90 Auction calendar
92 Fair calendar
93 Expo calendar
94 Gallery calendar
96 Bonnes adresses & Sites web
97 Petites annonces
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UP TO DATE
Signa temporum, ars temporis…
->
La librairie d’Artcurial, à Paris, entièrement rénovée. © Artcurial
->
Hassan Hajjaj, Mandisa Dumezweni, 2011, photographie encadrée.
© de l’artiste / Afropolitan
Le Parlement de la Communauté française
récompense, chaque année, un jeune
artiste francophone dans le domaine des
arts plastiques. Cette année, ce Prix sera
attribué à la peinture et au dessin. Les
dossiers doivent être envoyés avant le
vendredi 20 mai à 12 h au plus tard, à
l’adresse suivante : Parlement de la
Communauté française, Secrétariat du Prix
Jeunes Artistes, Rue Royale 72, 1000
Bruxelles. www.pfwb.be Pour rappel,
jusqu’au 26 juin se tient, à Anvers, en la
Maison Snijders & Rocko, l’exposition de
toiles représentant des instruments comme
le virginal, l’orgue et le clavecin, se mêlant à
de vrais instruments d’époque, à leur tour
ornés de diverses peintures. Cette exposition
fait suite à la reconstitution, en 2018,
d’un salon de musique inspiré de celui que
le bijoutier portugais Gaspar Duarte avait
installé dans sa demeure du Meir. La
métropole fut, de 1560 à 1660, la capitale
mondiale de la fabrication de clavecins et
certains des instruments peints sur les
tableaux de l’exposition sont d’origine
anversoise… www.snijdersrockoxhuis.be
De son côté, la maison Rubens annonçait
début avril l’acquisition de deux œuvres (un
tableau de Paul Bril et une sculpture
antique, le trapézophore), ayant un lien
remarquable avec l’histoire de la demeure
de Rubens. www.rubenshuis.be A Ittre,
c’est au musée Marthe Donas qu’il faut se
rendre pour contempler (jusq. 05-06, www.
museemarthedonas.be) l’exposition
consacrée à Jean Rets (1910-1998), qui
présente un riche aperçu du travail pictural
de l’artiste, mis en relation avec une
dimension d’une ampleur inédite de son
œuvre, celle des intégrations dans l’architecture
et l’espace urbain. Il est désormais
partout, au point que les esprits chagrins le
qualifient parfois de ‘‘poncif de la mode’’…
L’art contemporain africain sera au cœur
d’un important festival, à Bozar, Afropolitan
(du 26 au 29-05, www.bozar.be), placé sous
le titre de Woman Power. Cette cinquième
édition célébrera la force créatrice des
femmes artistes africaines et afro-descendantes,
mais aussi leurs combats pour
accroître leurs libertés et élargir leur champs
d’action. En outre, un nouveau lieu de
résidence, de travail et d’exposition, centré
sur la pratique artistique des artistes
émergents ou indépendants africains et
européens, ouvrait le 28 avril sur le site de La
Cambre, à bruxelles. L’endroit, intitulé
SAFFCA, est une initiative du collectionneur
belge Pierre Lombart. www.saffca.eu Il
vous reste jusqu’au 13 mai pour découvrir les
trésors coréens de Belgique (notamment
ceux, méconnus, des musées Art et Histoire),
exposés au Centre culturel coréen de
Bruxelles (4 rue de la Régence, www.
bruxelles.korean-culture.org) Alors qu’à
Stavelot, la Galerie Le Triangle Bleu vient
d’annoncer suspendre son activité jusqu’au
moins la fin du mois de mars 2023 (www.
trianglebleu.be), l’antenne bruxelloise de
Nino Mier se dédouble et ouvre un second
espace dans la même rue (41 rue Ernest
Allard, www.miergallery.com). A Charleroi,
le BPS22 fermera temporairement ses portes
(du 13-06 au 05-05-2023) afin d’entamer les
travaux de mise en conformité énergétique
du bâtiment. www.bps22.be Mai est le
mois du Kunstenfestivaldesarts (du 07 au
28-05) qui, trois semaines durant, invite les
artistes à redéfinir les mondes du théâtre, de
la danse et de la performance. www.kfda.be
C’est aussi le mois du traditionnel Parcours
d’Artistes de Saint-Gilles (du 06 au 15-05),
qui cette année aborde la thématique de la
transmission. www.parcoursdartistes.be
Après la maison Skinner, l’auctioneer
Bonhams annonçait fin mars l’acquisition de
Bruun Rasmussen, première salle de ventes
danoises, dont le siège est établi à Copenhague.
www.bruun-rasmussen.dk
L’année 2022 marque les 20 ans de la
création d’Artcurial. A cette occasion, le
rez-de-chaussée de l’hôtel Marcel Dassault,
à Paris, a été entièrement repensé afin d’y
créer une ambiance plus chaleureuse,
proche de celle d’un appartement privé et
de redistribuer les espaces et les activités.
www.artcurial.com Les 13, 14 et 15 mai, le
Syndicat National des Maison de Ventes
Volontaires françaises (SYMEV) organise la
seizième édition de ses Journées Nationales
de l’Expertise (Journées Marteau), à
l’intention du grand public, à Paris et en
6
UP TO DATE
Nadir, l’art
au château
->
Le pavillon dessiné par Oscar Niemeyer, au château La Coste. © WE ARE CONTENT(S), 2022 / photo :
Stéphane Aboudaram
régions. Programme des expertises : www.
symev.org Après des retards et des
reports, c’est en ce mois de mai que devrait
s’ouvrir, à Arles, la Fondation Lee Ufan (1936).
L’artiste coréen, représentant des mouvements
Mono Ha et Dansaekhwa, a investi
l’Hôtel Vernon, demeure privée construite
entre le XVIe et le XVIIIe siècle dans le centre
historique de la ville. www.myamo.com
Auteur de nombreux bâtiments officiels, le
Brésilien francophile Oscar Niemeyer
(1907-2012) aura signé son ultime œuvre
pour la France, au domaine viticole du
château La Coste, en Provence, pour lequel
l’architecte brésilien a conçu, à partir de 2010,
un pavillon inauguré ce printemps. Lové au
creux d’un coteau, le projet posthume
comprend, sur 500 m², un espace d’exposition
et un auditorium de 80 places. www.
chateau-la-coste.com De passage à
Venise, ne manquez pas la visite du palais
des Vieilles Procuraties (Procuratie Vecchie),
sur le côté nord de la place Saint-Marc. C’est
la première fois en 500 ans qu’elles sont
accessibles au public ! Entièrement rénové
sous l’égide de David Chipperfield, grâce au
mécénat de Generali, le bâtiment de style
vénéto-byzantin consacre son exposition
d’ouverture à Louise Nevelson (jusq. 11-09,
www.louisenevelsonvenice.com).
À un jet de pierre de Gand, se dresse
la forteresse de Laarne, un des
châteaux-forts les mieux conservés
du pays qui accueille une exposition
d’art contemporain présentant des
œuvres des artistes flamands les
plus en vue du moment : Francis
Alÿs, Thomas Bogaert, Michaël
Borremans, Dirk Braeckman, David
Claerbout, Berlinde De Bruyckere,
Wim Delvoye, Kris Martin, Daniël
Ost, Matthieu Ronsse, D.D.
Trans et Jan Van Imschoot. C’est à
l’artiste Kris Martin que l’on doit le
concept de cette exposition qui vise
à orienter le regard vers l’essentiel.
Pour Nadir, l’artiste a donc entrepris
de réunir la génération l’ayant
lui-même formé et influencé, tant
sur un plan artistique qu’amical. Kris
Martin officie ici comme initiateur
et inventeur d’un concept qui a fait
appel à la créativité de ses pairs,
avec certaines œuvres spécialement
inspirées par le lieu, son histoire, ses
légendes et sa singulière atmosphère.
Château de Laarne
www.nadir2022.be
jusq. 22-05
Un dessin de Michel-Ange
en vente à Paris
Un dessin de la jeunesse de Michel-Ange, probablement son premier nu connu,
inspiré des fresques de Masaccio à la chapelle Brancacci de Florence, est proposé chez
Christie’s à Paris le 18 mai, avec une estimation de 30 millions d’euros. Cette académie
musclée, déjà passée en vente à l’hôtel Drouot en 1907 (alors attribuée à l’école de
Michel-Ange), avait été identifiée en 2019 comme une œuvre autographe par Furio
Rinaldi, un spécialiste de Christie’s. Ce qui avait motivé son classement au titre de
trésor national pour permettre une éventuelle levée de fonds et son maintien sur le
territoire français. Cette œuvre précoce constitue un témoignage de première main
sur la pratique assidue, rapportée par Vasari, de relevés exécutés par Michel-Ange à
partir d’œuvres de Masaccio, dont seuls quatre dessins, sur trois feuilles conservées à
Munich, à Vienne et à Paris, sont connus. www.christies.com
->
Michel-Ange, Une Jeune homme nu (d’après Masaccio) et deux personnages derrière,
plume et deux nuances d’encre brune, 33 x 20 cm. Christie’s, Paris, 18-05. © Christie’s
Images ltd. - Est. 30.000.000 €
7
UP TO DATE
Quelques foires de mai
->
Jean Baptiste Greuze, Jeune femme en
deuil, sanguine, 40 x 32 cm. Courtesy Galerie
De Bayser / Salon Du Dessin
->
Laurids Gallée, Explosions in sky, 2021. © dee l’artiste / TABLEAU / COLLECTIBLE (MAIN) / photo :
Michael Rygaard
->
Nico Krijno, The Mesentery, 2018. © de l’artiste /
The Ravestijn Gallery / Art Rotterdam (Prospects)
Voici un mois bien rempli, côté foires et
salons, avec dans la capitale belge, le salon
COLLECTIBLE (du 20 au 22-05), qui
retrouve le bâtiment Vanderborght. Lors de
ce moment d’échanges et de dialogue, sont
présentées des pièces uniques et autres
éditions limitées de grands créateurs
internationaux ainsi que de jeunes talents,
souvent en première mondiale. La section
MAIN -présente des galeries en phase avec
les dernières tendances et innovations en
matière de design. Les lauréats de cette
année sont MANIERA (Bruxelles), Atelier
Ecru Gallery (Gand), Objects With Narratives
(Genève), Movimento Club (Londres),
TABLEAU (Copenhague) et Mia Karlova
Gallery (Amsterdam). La section BESPOKE
met en avant des designers indépendants
et célèbre vette fois les matériaux nobles. La
première collection de meubles de la
designer d’intérieur belge Victoria Maria
Geyer y sera présentée en avant-première.
www.collectible.design Le troisième
week-end de mai, on fait d’une pierre
quatre coup à Paris ! On y annonce la
Menart Fair (du 19 au 22-05), foire internationale
d’art moderne et contemporain du
Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, avec
des galeries de ces régions ainsi que
Nathalie Obadia, basée à Bruxelles et à
Paris. www.menart-fair.com Le même
week-end (du 19 au 22-05) se déroule pour
la première fois la Paris Print Fair. 19
exposants européens s’associent au sein du
réfectoire du Couvent des Cordeliers, près
de Montparnasse, pour la présentation
d’œuvres de grands maîtres comme Dürer
et Rembrandt, de créateurs modernes
comme Hans Hartung et d’artistes
contemporains comme Atsuko Ishii www.
parisprintfair.fr Enfin, le Salon du Dessin
et Drawing Now Art Fair fêteront tous deux
un anniversaire ce même week-end : soit,
respectivement, leurs 30 et 15 ans ! « A
l’heure où les grandes foires d’art contemporain
et les super-galeries anglo-saxonnes
affluent à Paris, nous sommes fiers que
deux organisations françaises parviennent à
mettre en place deux salons du dessin.
Ensemble, nous représentons une période
couvrant le XVIe jusqu’au XXIe siècle »,
indiquent les organisateurs de Drawing Now
Art Fair. Au total, 111 galeries feront de Paris la
capitale du dessin au Palais Brongniard et au
Carreau du Temple. www.drawingnowartfair.com
/ www.salondudessin.com Il y
aura également beaucoup à faire, à
Rotterdam, pour la Rotterdam Art Week
(du 18 au 22-05). D’abord à Art Rotterdam,
l’une des foires les plus importantes du nord
de l’Europe en matière d’art actuel, qui
propose un nouveau format pour la section
vidéo Projections et une expansion substantielle
de sa section Prospects consacrée à la
jeune création. Le programme off est
également des plus intéressants, avec
Rotterdam Photo, OBJECT, Jewel.Rotterdam,
TEC ART et de nombreuses expositions :
www.rotterdamartweek.info Enfin, si vous
êtes de passage à New York, la TEFAF s’y
déroule, du 6 au 10 mai, au Park Avenue
Armory (www.tefaf.com).
8
FONDÉ EN 1707
Jean Dubuffet, Vache, 1954, gouache et encre de chine sur papier, 49 x 50 cm
€ 180.000 – 280.000, vente 1 juin 2022
ART CONTEMPORAIN, ART MODERNE
JOAILLERIE, MONTRES
Ventes de prestige
Palais Dorotheum à Vienne
31 mai – 3 juin 2022
Dorotheum Bruxelles
Honorine d‘Ursel, +32 2 514 00 34
honorine.dursel@dorotheum.be
www.dorotheum.com
Palais Dorotheum Vienne | +43 1 515 60-570
Düsseldorf | Munich | Rome | Milano | Londres | Paris | Bruxelles | Prague | Genève
9
Têtes de l’Art
Andrew Fletcher
Nomination : Après 20 ans chez Sotheby’s
Londres, où il dirigeait depuis
2013 le département des tableaux de
maîtres anciens en Europe, le Britannique
Andrew Fletcher a rejoint la
maison concurrente, Christie’s, toujours
à Londres, pour y assurer la
même fonction, mais en tant que
responsable mondial. Diplômé en
histoire de l’art et en français à l’Université
de Bristol, il avait débuté sa
carrière en 2001 chez Christie’s Paris.
Officiant chez Sotheby’s de 2003 à
2021, ce spécialiste des premières
écoles néerlandaises et italiennes
s’est illustré dans le développement
du marché des maîtres anciens en
Asie et a contribué plus récemment
(pandémie oblige) au renforcement
des ventes en ligne.
Patrick
Demarchelier
In memoriam : Le photographe de
mode Patrick Demarchelier est décédé
le 31 mars à l’âge de 78 ans. Né
au Havre, connu pour ses clichés de
la princesse Diana, de Madonna, de
Beyonce, de Bella Hadid ou d’Angelina
Jolie, il avait fait l’objet d’une
exposition rétrospective en 2008, au
Petit Palais à Paris. Auteur de couvertures
de nombreux magazines
comme Vogue ou Harper’s Bazaar,
cité comme référence dans le film
Le diable s’habille en Prada, il avait
été accusé ces dernières années de
harcèlement sexuel par plusieurs
femmes.
© Getty Images
Budi Tek
In memoriam : Sa richesse venait
d’une entreprise d’élevage avicole,
Sierad Produce TBK, au chiffre
d’affaires annuel de l’ordre de 200
millions de dollars. Budi Tek, né à
Djakarta en 1957 et décédé le 18 mars
à Hong Kong après six ans de combat
contre le cancer du pancréas, a
connu une carrière assez météoritique
dans le monde de l’art, bâtissant
en un peu plus de 15 ans une
collection de près de 2000 œuvres,
une fondation, deux musées (le premier
dans sa ville natale en 2007, le
second à Shanghai en 2014) et conclu
des accords avec de grandes institutions
internationales (le LACMA de
Los Angeles et le Musée national du
Qatar). Le partenariat avec le LAC-
MA, négocié après avoir appris sa
maladie, visait à assurer la continuité
de sa collection d’art contemporain
chinois après son décès.
© Courtesy Yuz Foundation
Donald Baechler
In memoriam : Artiste américain et
figure montante du mouvement néoexpressionniste,
vivant à New York
depuis les années 1970, David Baechler
(1956) avait travaillé aux côtés
de Keith Haring, Jean-Michel Basquiat
et Kenny Scharf et incorporé
une imagerie enfantine, le Pop art
et une iconographie liée au commerce
dans ses peintures colorées.
Il décédait d’une crise cardiaque le
4 avril dernier.
© Getty Images / photo : Patrick
McMullan
Shesna
Lyra Conrado
Nomination : Après des expériences
dans l’atelier du sculpteur français
Xavier Veilhan, à la Galerie Perrotin
et à la Galerie Bailly, puis deux années
comme artist liaison de l’enseigne
bruxelloise Super Dakota, la Brésilienne
Shesna Lyra Conrado était
nommée début avril à la tête de la
galerie.
© Super Dakota
© Christie’s Images Ltd.
10
Francis Kéré
Gianni Jetzer
Nomination : Le Zurichois Gianni
Jetzer (1969), conservateur général
du Hirshhorn Museum and Sculpture
Garden à Washington (D. C.)
depuis 2014, était nommé fin mars
directeur du Kunstmuseum St. Gallen
(Suisse) où il succède à Roland
Wäspe, qui prendra sa retraite en
novembre prochain, après trente
années au sein de l’institution. Un
retour aux sources pour celui qui fut
un commissaire d’exposition prolifique,
notamment de la section bâloise
d’Art Unlimited.
© D. R.
Lauréat : Cette année encore, le Pritzker
Prize, considéré comme le Nobel
de l’architecture, s’affiche en phase
avec l’évolution du monde, en couronnant
l’activiste Diébédo Francis
Kéré. Pour cet Africain, né en 1965 à
Gando au Burkina-Faso, l’architecture
est d’abord pensée comme un outil
apte à favoriser le développement
des communautés humaines. Pour
ce faire, ce maître de l’approche vernaculaire,
rompu à utiliser les procédés
artisanaux et les matériaux
locaux tels l’argile, ne cesse de réinventer
les techniques traditionnelles.
© Spain's News
Marie Taevernier
Nomination : Depuis le début du
mois d’avril, après un parcours
dans la mode et la communication
de luxe, Marie Taevernier est
la nouvelle CEO du club d’affaires
privé bruxellois TheMerode. Projet
singulier, lieu de vie et espace dédié
aux relations humaines, porté par
Bruno Pani, CEO de l’agence Profirst,
le cercle a été entièrement relooké en
jouant la carte de la socialisation, de
l’apprentissage et du divertissement.
© photo : Isabel Castelyn
Ernest van Zuylen
Nomination : Détenteur d’un master
en gestion d’entreprise de la Louvain
School of Management, après
une expérience de trois ans au sein
d’Allyum, entreprise financière de
fusions et acquisitions, Ernest van
Zuylen faisait ses grands débuts dans
le marché de l’art, en intégrant en
mars dernier le bureau de représentation
bruxellois de la salle française
Aguttes. Il est chargé de coordonner
avec les spécialistes maison l’expertise
et la mise en vente à Paris des
biens confiés à la maison de ventes.
Richard Aronowitz
Nomination : Le 30 mars, Richard
Aronowitz rejoignait Christie’s afin
d’y diriger l’importante équipe de
restitution, qui travaille notamment
sur les spoliations d’œuvres par les
nazis. Basé à Londres, il avait passé
15 ans chez Sotheby›s, où il dirigeait
le département de restitution,
et était chargé d’établir des relations
avec les avocats spécialisés, les chercheurs,
les familles et les héritiers. Il
a également travaillé chez Bloomsbury
Auctions, à la Ben Uri Gallery
et a été chef de recherche au sein du
département d'art impressionniste
et moderne de Sotheby's. Il est l'auteur
de plusieurs romans et grand
connaisseur de l’expressionnisme
allemand.
© D. R.
© Aguttes
11
MUSÉES
Beyrouth.
Les temps
du design
jusq. 14-08
CID
Hornu
www.cid-grandhornu.be
Ricardo Brey:
Gap in the Clouds
du 20-05 au 28-08
Museum Hof van Busleyden
Malines
www.hofvanbusleyden.be
Depuis les années 2000, le Liban vit dans
une belle effervescence artistique dont le
design porte le témoignage. Ce segment
créatif cristallise le désir de s’emparer de
son destin et de son image en proposant
des objets à la croisée de multiples
héritages bien que conçus dans une réalité
complexe. Trois ensembles structurent
cette exposition : le premier se concentre
sur les années 1950 et 1970 alors qu’émerge
cette discipline, le second sur les années
1990 à aujourd’hui, qui voient son remarquable
épanouissement. Un troisième
volet est consacré au projet Minjara et à
sa philosophie, avec un insert d’un projet
mené sur place par le designer belge Bram
Kerkhofs. (ah)
Nada Debs, Pleated Secretaire, 2017 (détail). © de
l’artiste / photo : Mansour Dib
Natif de Cuba, Ricardo Brey (1955) vit en Belgique depuis 1990, après l’invitation de
Jan Hoet à participer à la Documenta IX de Kassel. Dans son travail, il s’inspire de
la richesse de la culture afro-cubaine, de ses souvenirs personnels et de mythes,
légendes et histoires. Cette exposition souhaite offrir un signe d’espoir en ces temps
troublés. En effet, les grandes problématiques qui ont secoué et secouent encore nos
sociétés, à savoir la pandémie de coronavirus, les protestations en faveur de l’égalité
raciale et l’égalité des genres, ont incité l’artiste à créer une série d’œuvres introspectives.
Certaines de celles-ci entrent directement en résonance avec les chefs-d’œuvre
du musée. Par ailleurs, de nouveaux travaux font référence au passé mais osent aussi
se tourner vers l’avenir comme cette série de boîtes fermées, dont l’ouverture s’impose
comme un rituel, suscitant surprise et émerveillement. (ah)
Ricardo Brey, Sapphire Fluid, 2021, technique mixte. © de l’artiste / photo : WeDocumentArt
Costa Lefkochir,
le cheminement d’une quête
du 06-05 au 07-08
La Boverie
Parc de la Boverie
Liège
www.laboverie.com
Originaire de Grèce, Costa Lefkochir vit en Belgique depuis les années 1970. Cette exposition
retrace 35 ans de son travail, soit celui mené depuis 1989. Non chronologique, le
parcours de l’exposition se focalise sur des œuvres significatives, dans leurs thématiques
et dans la permanence de la vision de l’artiste. De nombreuses peintures, dont de magnifiques
grands formats, mais aussi des sculptures, des encres et des installations livrent un
riche ensemble d’une pensée foncièrement humaniste. Plusieurs œuvres, émanant de
collections privées, n’ont jamais été présentées en institution muséale et l’artiste a aussi
créé quelques installations spécialement pour le lieu. Ce sera un pur bonheur de revoir
ses peintures aux accents lyriques des années 1980 et de découvrir ses réalisations les plus
récentes, qui témoignent toujours d’une quête spirituelle, désireuse de trouver la meilleure
adéquation entre un idéal de vie humaniste et une expression artistique personnelle. (ah)
Costa Lefkochir, Lettre à Dürkheim, 2020, acrylique
et élément sculptural sur carton marouflé sur châssis.
© de l’artiste / photo : Laura Lefkochir
12
MUSÉES
Pierres gravées.
La Collection Guy Ladrière
du 12-05 au 01-10
L’Ecole des Arts Joailliers
Paris
www.lecolevan
cleefarpels.com
Christa Ehrlich
Pionnière
du design
du 13-05 au 28-08
Musée De Lakenhal
Leyde
www.lakenhal.nl
La glyptique est un peu oubliée aujourd’hui. Pourtant, cet art de graver les
pierres en miniature a livré de véritables chefs-d’œuvre, comme le démontre
cette exposition qui en raconte l’histoire, de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle.
Intailles grecques et néoclassiques, camées antiques et médiévaux, petites
sculptures d’époque impériale, bagues-signets mérovingiennes, anneaux
épiscopaux sont réunis pour en évoquer toutes les facettes. Ces œuvres fascinantes,
qui exaltent la beauté de certaines pierres, sont issues de la collection
de Guy Ladrière, marchand spécialiste des arts premiers et de l’art médiéval,
qui réunit depuis des années les camées, intailles et bagues qui le séduisent
non pas pour leur valeur historique mais pour leur beauté. (ah)
Élisabeth Ière, Milan, fin du XVIe siècle, camée en agate des Grisons. Collection Guy Ladrière.
© photo : Didier Loire
L’artiste visuelle Christina Anna (Christa) Ehrlich
(1903-1995) devint célèbre en tant que créatrice de
bijoux, photographe et orfèvre. Dans le cadre de
sa formation à la Kunstgewerbeschule de Vienne
(1922-1925), elle suivit entre autres les cours de Josef
Hoffmann. Dans les décennies 1920 et 1930, elle se fit
connaître par sa remarquable et élégante argenterie
qui lui valut, en 1927, d’être envoyée aux Pays-Bas, à
la demande de Carel Begeer, en qualité de créatrice
d’argenterie pour intégrer la Zilverfabriek Voorschoten
(filiale des Entreprises royales néerlandaises de
métaux précieux qui fusionnaient en 1960 avec Van
Kempen & Begeer). Elle y créa, entre autres, des services
à thé géométriques au design épuré. La récente
découverte d’une partie de ses archives personnelles
a donné lieu à cette exposition. (eb)
Christa Ehrlich, Service à thé et café, 1928-1941, argent.
© Collection Zilvermuseum
Pharaon des deux terres
du 28-04 au 25-07
Le Louvre
Paris
www.louvre.fr
Egide à tête de lionne au nom du roi
de Boubastis et de Ranefer Osorkon IV,
Paris, musée du Louvre, département des
Antiquités égyptiennes. © Musée du Louvre
dist. RMN-Grand Palais / photo : Christian
Décamps
Cette exposition traite de la XXVe dynastie, qui régna sur l’Egypte du VIIIe siècle environ jusqu’en
655 avant notre ère. Appelée ‘‘kouchite’’ car ses pharaons sont issus du pays de Kouch (situé au
cœur du Soudan actuel), cette dynastie a contribué au renouvellement d’une belle production
artistique comme en témoignent quelques objets spectaculaires : des stèles et statues monumentales
en granit, des statuettes en bronze et en or, des amulettes, … Enfin, l’une des originalités de
cette exposition est la présentation des répliques des statues de Doukki Gel, découvertes en 2003,
telles qu’on peut les reconstituer au sortir de l’atelier des sculpteurs kouchites. C’est aussi l’occasion
de commémorer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion... (ah)
13
MUSÉES
Cornelia
Parker
du 18-05 au 16-10
Tate Britain
Londres
www.tate.org.uk
Utopia
du 14-05 au 02-10
Lille
www.lille3000.eu
Voici la première rétrospective majeure,
consacrée dans une institution muséale
anglaise à Cornelia Parker, considérée
comme l’une des plasticiennes britanniques
les plus appréciées actuellement.
La manière dont elle s’empare d’objets
du quotidien pour les transformer, les
assembler, questionne notre rapport
au monde. Ainsi, quelques grandes
thématiques de notre temps comme la
violence, l’écologie et les droits humains
sont au cœur de sa démarche. Comprenant
des films, dessins et photos,
le parcours réunit quelques travaux
devenus iconiques comme Thirty Pieces
of Silver (1988-1989), Cold Dark Matter:
An Exploded View (1991), ou encore son
installation immersive War Room (2015).
En outre, quelques travaux dialoguent
directement avec des œuvres historiques
conservées dans les salles de la collection
permanente. (ah)
Cornelia Parker, Perpetual Canon, 2004. © de
l’artiste
Après le succès de Lille capitale européenne 2004, Lille 3000 a été constitué afin de prolonger
le travail engagé. Pour cette sixième édition, l’événement se place sous le signe
d’Utopia, un néologisme grec formé par l’écrivain anglais Thomas More, qui désigne
habituellement un idéal inexistant ou inaccessible. À l’heure du changement climatique et
des enjeux environnementaux, la proposition s’intéresse aux liens qui unissent l’homme
aux vivants. Plutôt que de perpétuer la conception anthropocentriste du monde, elle se
concentre sur les visions d’artistes, d’inventeurs, de créateurs et de scientifiques qui interrogent
la hiérarchie entre les hommes et la nature. 35 expositions sont organisées dans la
ville de Lille et dans toute la région. Parmi les artistes convoqués, citons entre autres Joana
Vasconcelos, Bruno Novelli, Jean-François Fourtou, … (ah)
Bruno Novelli, Adhafera, 2011, 172 x 254 cm. Collection privée (Sao Paulo). © de l’artiste
Feminine power.
The divine of the demonic
du 19-05 au 25-09
British Museum
Londres
www.britishmuseum.org
Voilà une exposition fort ambitieuse qui se propose d’explorer comment la spiritualité
féminine s’est exprimée depuis les temps immémoriaux. Déesses, saintes et démones sont
ici réunies au travers d’objets issus de tous les continents : des estampes japonaises côtoient
des sculptures romaines, non loin d’amulettes égyptiennes et de la traduction contemporaine
en 3D de la déesse Kali par l’artiste Kaushik Ghosh. Afin d’approfondir le propos, les
conservateurs du British Museum ont sollicité la collaboration de personnes de référence
comme, entre autres, la psychothérapeute Leyla Hussein, l’auteure Mary Beard, ou l’avocate
spécialisée en droits humain Rabia Siddique. (ah)
John William Waterhouse, Circé offrant une coupe à Ulysse, 1891, huile sur toile. © Gallery Oldham
14
MUSÉES
François
Morellet
du 05-05 au 30-09
Chasse Spleen Centre
d’Art
Moulins-en-Médoc
www.chasse-spleen.com
Vive le pastel !
du 07-05 au 25-07
Alte Pinakothek
Munich
www.pinakothek.de
Figure majeure de l’abstraction géométrique
et précurseur de l’art minimal, François Morellet
(1926-2016) a exploré les possibilités de l’art
cinétique et la participation du spectateur dans
de nombreuses installations interactives. Cette
exposition met bien en évidence ces caractéristiques
en privilégiant un dialogue entre les
œuvres et les espaces du Centre d’art du Château
Chasse Spleen. Le parcours couvre toutes
les périodes créatives du peintre et sculpteur,
depuis 1950 aux années 2000. Le visiteur découvre
ainsi combien François Morellet a fondé
son travail sur des systèmes simples, introduisant
le hasard, qui visent à limiter au maximum la
subjectivité et les choix de l’artiste. Il s’est efforcé
de démanteler les hiérarchies traditionnelles, de
sortir le tableau de ses limites arbitraires, d’augmenter
ainsi son champ d’investigation, d’associer
l’angle et la courbe, l’ordre et le désordre,
l’artificiel et l’organique, la tension et la fluidité,
la contrainte et la fantaisie. (ah)
Le pastel fut particulièrement
prisé au XVIIIe
siècle, et plus spécialement
encore en
France. On se souvient
par exemple combien
Rosalba Carriera
(1675-1757) fut sollicitée
par toute la bourgeoisie
parisienne pour
réaliser des portraits
dans ce medium, lors
de son séjour dans la
capitale française. Des
œuvres de l’artiste
vénitienne sont évidemment
présentes
dans cette exposition
qui s’est donné pour
but d’explorer les
raisons du succès du
pastel à cette époque.
Les œuvres d’autres
fameux spécialistes en
ce domaine donnent à
cette exposition toute
sa pertinence et son intérêt : Joseph Vivien, Maurice Quentin de La Tour et Jean-
Etienne Liotard. Ces pastels proviennent des collections de l’Alte Pinakothek, mais
aussi du Neues Schloss Schleisheim ainsi que de collections privées. (ah)
Patrice Schmidt Joseph Vivien, Charles, Duke of Berry (1686-1714), 1700, pastel sur papier, 100,5 x
81,5 cm. Staatsgalerie im Neuen Schloss Schleißheim. © Bayerische Staatsgemäldesammlungen,
Munich
François Morellet, Grands tiret 0°, 90 °, 1971. © Archives
Morellet
Lynette Yiadom-Boakye
jusq. 05-09
Mudam
Luxembourg
www.mudam.com
Fly In League With The Night est la première exposition d’envergure consacrée à l’artiste
britannique Lynette Yiadom-Boakye (1977). Travaillant à l’huile, sur toile ou sur lin brut,
elle développe depuis plus de vingt ans une peinture figurative mettant en scène des personnages
dans des décors délibérément énigmatiques, intemporels et souvent abstraits.
Par ailleurs auteure de textes en prose et de poésies, l’artiste confie : « Lorsque je peins,
il y a plein de choses que je fais ou auxquelles je pense et que je n’arrive pas à formuler
verbalement. Toute tentative d’explication est vouée à être, au mieux, superficielle, au
pire, totalement inexacte. » Aussi, nul cartel explicatif n’accompagne les tableaux. Au lieu
de cela, le spectateur est invité à les approcher tels qu’ils se présentent à lui. (ah)
Lynette Yiadom-Boakye, A passion like no Other,
2012. Collection Lonti Ebers. © de l’artiste
15
Paroles de galeristes #05.2021 — PART 1
Newchild Gallery
De l’anonymat
au succès à Anvers
Une galerie ouverte en pleine pandémie par
trois personnalités à l’histoire et à la nationalité
totalement différentes, cela ressemble à une
folle aventure ! Une aventure visiblement
couronnée de succès car, deux ans plus tard,
leur désir de montrer des talents internationaux
à Anvers n’a fait que s’amplifier.
Comment expliquer une telle
croissance ces deux dernières
années ? Quelle vision nouvelle
avez-vous acquise en tant
que galerie ?
Après des débuts dans des
conditions imprévues, c’est-àdire
une pandémie, nous avons
vite appris à faire preuve de
flexibilité tant dans la programmation
que dans le fonctionnement
quotidien de la galerie.
Nous avons compris, ces deux
dernières années, que la distance
n’a en fait plus aucune
importance. Les collectionneurs
du monde entier ont su trouver
notre galerie en dépit, ou peutêtre
en raison, de l’obligation
imposée à tous de se confiner
et de rester chez soi.
Des modifications
fondamentales se sont-elles
opérées ces deux dernières
années ? Votre visibilité s’estelle
rétrécie ou élargie ?
Nous n’avons pas apporté de
modifications fondamentales.
Notre vision et notre mission
en tant que galerie n’ont pas
changé. Nous nous tournons
vers des artistes prometteurs
et des valeurs moins établies
en Europe occidentale. Notre
galerie fait venir à Anvers des
artistes qui n’ont encore jamais
exposé en Belgique, voire en
Europe. Excellence technique et
histoires fortes constituent les
critères de notre sélection, de
même que l’élaboration d’une
œuvre cohérente et le sens de
l’innovation.
Comment décririez-vous la
relation de votre galerie avec
ses artistes ?
Newchild a été fondée par
Sarah Vanwelden (Belge,
historienne de l’art), Chandler
Noah (Américain, architecte)
et Diego Castano (Colombien,
artiste). Il s’agit donc d’une
galerie très hétérogène, internationale
et informelle. Ce qui
se traduit également dans nos
interactions avec les artistes.
Nous constituons, à la fois, un
interlocuteur de confiance et un
conseiller pour nos artistes, tout
en étant joignables et amicaux
dans nos communications.
Anvers possède-t-elle sa
propre scène artistique,
différente de celle de Bruxelles,
et comment celle-ci se profilet-elle
?
Tout à fait ! L’une des raisons
pour lesquelles nous avons
établi notre galerie à Anvers,
c’est justement à cause de la
réputation internationale de
la ville en tant que centre de
design, d’architecture et d’art.
Il y a, en Belgique, une énorme
concentration de collectionneurs
engagés qui contribuent
au dynamisme de la scène
artistique des différentes villes
belges.
Votre enseigne est-elle facile à
trouver ?
Nous collaborons avec un
groupe de collectionneurs
internationaux. Le monde s’est
fortement restreint, grâce à des
© photos : Piet Albert Goethals
« La Newchild est une galerie
très hétérogène, internationale
et informelle. »
canaux comme Instagram. Depuis
la pandémie, la confiance
des collectionneurs a également
considérablement augmenté
lorsqu’il s’agit d’acheter
des œuvres au départ d’une
photo ou d’une vidéo. Curieusement,
nous avons davantage
vendu la première année à
des clients internationaux qu’à
des collectionneurs locaux.
L’équilibre commence juste à
se rétablir.
Quelles sont vos sources
d’inspiration ?
Nous observons les galeries
ayant une vision très claire et
osant prendre des risques dans
leur programmation. Nous
sommes très satisfaits de pouvoir
organiser des expositions
collectives ‘‘curatées’’ et considérons
l’aspect organisationnel
comme primordial.
Quelles sont vos ambitions ?
Notre ambition est de pouvoir
présenter, à Anvers, un
programme varié et surprenant.
Nous souhaitons offrir au collectionneur
belge l’occasion de
découvrir des œuvres de talents
internationaux. Nous espérons,
bien entendu, dans le futur
pouvoir aussi porter notre vision
au niveau international, lors de
foires et autres salons.
L’Antwerp Art Weekend est
prévu fin mai. Qu’est-ce que
cela signifie pour vous ? Existet-il
une communauté ?
Notre première participation
à l’Antwerp Art Weekend a eu
lieu l’an dernier et nous avons
été surpris par le grand nombre
de visiteurs que nous avons
accueillis durant ces quatre
jours. C’est une merveilleuse
initiative, qui permet à nombre
d’amateurs d’art de franchir
le seuil d’une galerie et qui
contribue à créer un sentiment
de communauté entre les différents
galeristes.
Shivering trees, Curling flames
Alyina Zaidi (Delhi), Brittney
Leeanne Williams (Chicago) et
Madeleine Bialke (Brooklyn)
jusq. 11-06
Newchild Galery
Anvers
www.newchildgallery.com
Antwerp Art Weekend
du 26 au 29-05
www.antwerpartweekend.be
16
GALERIES
Antoine
Mortier
jusq. 01-07
Laurentin Gallery
Bruxelles
www.galerie-laurentin.com
Cerf, Cerf !
jusq. 29-05
L’Orangerie, espace d’art
contemporain
Bastogne
www.lorangerie-bastogne.be
Depuis quelques temps, la Galerie Laurentin assure
la représentation en exclusivité de l’estate d’Antoine
Mortier (1908-1999), contribuant à la promotion et à
la diffusion de son œuvre. De formation classique,
Antoine Mortier a fait le lien entre les mouvements
d’avant-garde étrangers, tels l’Action Painting ou l’Expressionnisme
abstrait, et la peinture belge. À la sortie
de la guerre, son œuvre a su dépasser un art national
figuratif et rassurant qui prédominait en Belgique, au
profit d’une peinture brossée à grands gestes. Figure
majeure de l’art moderne belge, il a été surnommé ‘‘le
peintre de l’absolu’’. Malgré diverses épreuves, rien
n’a jamais détourné cet artiste rigoureux de sa voie
de peintre et de sa ligne de recherches. À travers sa
peinture, il a sans cesse visé la grandeur, la pureté, la
force de l’âme et la force vitale. Ses œuvres peuvent
être admirées dans les musées belges, américains,
hollandais, français, japonais et brésiliens. (gg)
Antoine Mortier, Sans titre (fruits), 1969, huile sur toile, 54 x 73
cm. © Galerie Laurentin – Prix : entre 15.000 et 65.000 €
Animal mythique,
beau, fier et fort,
le cerf a tout pour
plaire. Il porte en lui
une grande charge
symbolique et fait
l’objet de nombreuses
représentations,
de l’art pariétal à
l’époque contemporaine.
Objet de tous
les fantasmes, présent
dans de nombreux
récits mythologiques
et religieux, cet animal
nocturne, mystérieux
et silencieux se
manifeste particulièrement
en période de
brame. « Je sculpte
des lièvres parce
qu’ils ont des choses
à dire qui m’intéressent»,
écrivait Barry
Flanagan. Les artistes
d’aujourd’hui peignent, sculptent, dessinent et photographient les cerfs
parce qu’ils ont des choses à dire qui les intéressent... Dans cette exposition,
trois sculpteurs, Stief Desmet, Myriam Hornard et François Lelong proposent,
dans leur travail respectif, ce qui sous-tend leur relation au cerf. Les peintres
Philibert Delécluse, Luc Doerflinger et Michael Dans peignent des cerfs parce
qu’ils ont aussi des choses à dire qui les intéressent. Le cerf est un animal à la
sexualité exacerbée en période de rut et de brame. Autres artistes exposés :
Didier Comes, Edmond Dauchot, Charles Freger, Jean Gaspar, René Hausman,
Claudie Hunzinger, Daniel Michiels, Gaëtan Nocq, Fernande Petitdemange et
Jean-Claude Servais. (gg)
Charles Fréger, Yokoshima, 2013-2015, photographie, 140 x 120 cm. © de l’artiste / L’Orangerie
My Hair, My Soul, My Freedom
du 07-05 au 09-07
Gallery Fifty One
Anvers
www.gallery51.com
Sandro Miller, Melody B. #1, Chicago, 2016,
impression pigmentaire d’archive, 50 x 60
cm. © de l’artiste / Courtesy Gallery Fifty
One, Anvers. – Prix : de 3.500 à 14.500 €
Pour sa série CROWNS, le célèbre photographe américain Sandro Miller a demandé à des
femmes noires de raconter une ‘‘histoire de cheveux’’ personnelle. Une styliste a réalisé une
coupe capable d’exprimer sa personnalité, sa créativité, sa liberté et sa force. L’arrière-plan
des portraits change en fonction de la singularité du modèle et de la coupe de cheveux. Cette
exposition présente la série en parallèle à des photos du Nigérian J.D. Okhai Ojeikere (1930-
2014), lequel participait en 2013 à la Biennale de Venise et en 2007 à la Documenta 12 de Kassel.
Ce dernier avait documenté la culture nigériane, à l’aide de gros plans sur des styles de coiffure
locaux et d’un inventaire de ces ‘‘sculptures d’un jour’’. Fifty One Too présente en même temps
des images inédites de Vivian Maier. A partir du 8 juin, Bozar consacrera une grande exposition
solo à cette photographe découverte peu après sa mort et aujourd’hui mondialement célèbre.
(cv)
17
GALERIES
Johan Muyle
jusq. 28-05
Belgian Gallery
Bruxelles
www.belgiangallery.com
Ariane
de Rosmorduc
du 12-05 au 25-06
Zedes Art Gallery
Bruxelles
www.zedesart-gallery.be
Johan Muyle (1956) est l’un des artistes belges les plus importants de sa génération.
Cette exposition dévoile le résultat d’un travail d’atelier qui a débuté en
mai 2021. Ces dernières installations sculpturales ont toutes pour dénominateur
commun l’utilisation comme point de départ de la statuaire historique. Une
démarche récente dans le travail de Johan Muyle, née de sa visite au musée Rodin.
Le fait d’y avoir vu certaines œuvres, dont les interventions du sculpteur sur
des vases étrusques, l’ont encouragé à poursuivre dans cette voie. Cette visite
l’a également conforté dans l’idée de produire de nouvelles œuvres avec pour
appui le travail de sculpteurs de la fin XIXe et du début du XXe siècles. Deux
des œuvres de l’exposition ont pour point de départ des plâtres de Constantin
Meunier. « Ces nouvelles propositions doivent être comprises comme des hommages
à certains de mes pairs. » Les œuvres sont hybrides, par la diversité des
sources des images utilisées, et allégoriques par la pensée qu’elles contiennent.
L’œuvre d’Erik Satie, et particulièrement Vexations (consistant dans la répétition
840 fois de suite du même motif musical), a accompagné la réalisation de ces
sculptures. (gg)
Johan Muyle, La restitution (détail), 2022. © de l’artiste / photo : Ethel Lilienfeld –
Prix : entre 4.000 et 60.000 €
Après avoir célébré les mystères et fantasmagories
d’un monde sous-marin imaginaire, Ariane de
Rosmorduc (1967) reprend plaisir à la terre ferme.
Tumbleweed est le titre de sa nouvelle exposition.
Les tumbleweeds, typiques des déserts de l’ouest
américain, sont des boules végétales touffues et
légères qui, une fois desséchées, se détachent de
leur racine et roulent au gré du vent. Les westerns
et les médias visuels ont conduit à une signification
symbolique de ces herbes mystérieuses qui
s’agitent et tournent sur elles-mêmes en toute
légèreté, dans des lieux désolés, vidés de leurs
occupants. Ariane de Rosmorduc ne perd pas le fil
quand il s’agit d’interpréter ce phénomène en une
métaphore contemporaine sur le sort d’une partie
de l’humanité. Cette migration végétale, l’artiste la
sublime par des nuances chromatiques très riches
et par un travail époustouflant de la matière. Ces
vibrations matière/couleur jouent dans l’espace de
la toile au point d’y insuffler le mouvement, provoquant
ainsi la fuite en avant du ‘‘virevoltant’’. (gg)
Ariane de Rosmorduc, Sans titre, 2021, technique mixte sur
toile, 120 x 170 cm. © de l’artiste / Courtesy Zedes Art Gallery
– Prix : entre 2.500 et 8.000 €
Bilal Bahir &
Lieven Decabooter
jusq. 29-05
Gallery Sofie Van den Bussche
Bruxelles
www.sofievandenbussche.be
Bilal Bahir, Young poet, 2021, technique
mixte sur papier, 33 x 25 cm. © de l’artiste /
Gallery Sofie Van den Bussche –
Prix : entre 1.500 et 8.500 €
La démarche de Bilal Bahir (1988) s’intéresse à la diversité des cultures dans une vaste perspective
chronologique. Il développe une dimension biographique et politique pour aboutir à
des cycles de dessins et d’esquisses au caractère onirique et poétique. Il pose la question de
l’état de guerre et de l’existence humaine à travers les nombreux changements de la société
irakienne, qu’ils soient culturels, politiques ou économiques. Les éléments picturaux expriment
le profond engagement de l’artiste face aux grandes questions de notre époque : la place de
l’individu au milieu des conflits et des changements qui secouent le monde et touchent l’être
humain au cœur de sa vie. Lieven Decabooter (1961) crée des compositions monumentales
dans lesquelles se succèdent divers motifs, styles de peinture et intrigues. Une manière précise
de peindre alterne avec des coups de pinceau rapides et impulsifs. L’effet est souvent écrasant
et nous confronte à un monde théâtral, surtout chargé d’une logique visuelle parfois absurde.
Des techniques de peinture très diverses se rencontrent sur une même toile et se superposent
les unes aux autres. (gg)
18
GALERIES
Bers Grandsinge
and friends
jusq. 20-05
La Maison
Commune
Bruxelles
www.culturesetpublics.be
Miguel Sbastida
jusq. 16-07
LMNO
Bruxelles
www.lmno.be
Bers Grandsinge,
né Jean-Pierre Bers
Mbalaka (1955), est
le premier artiste
congolais à s’installer
en Belgique en 1985
pour défendre l’art
contemporain de
son pays, sous les
conseils de Jean Michel
Basquiat. Bers
‘‘Grandsinge’’ suit
les cours de l’Académie
des Beaux-Arts
de Kinshasa avant de se lancer à la découverte
de nouveaux horizons, d’abord des pays africains
puis de New York. En 1985, lors d’une exposition
consacrée à Andy Warhol, il rencontre Jean-Michel
Basquiat et les autres peintres de la scène newyorkaise.
Une rencontre qui sera déterminante
dans l’orientation de son travail (c’est Basquiat
qui lui donnera le surnom de Bers Grandsinge).
Visionnaire, il compare ce voyage à une prospection
éclairante pour annoncer l’épanouissement
futur de l’art du Continent africain. À son retour,
il pose ses valises à Bruxelles et y est rapidement
découvert par la Galerie Hutse où il travaillera
jusqu’au décès de son fondateur. Sa pratique
explore différents domaines tels que la peinture, le
design textile, la photographie… (gg)
Bers Grandsinge, La Fin tragique d’une dictature, 1987, huile
et polyuréthane sur toile, 120 x 180 cm. © de l’artiste / La
Maison Commune – Prix : entre 15.000 et 25.000 €
Pour la première exposition personnelle de Miguel Sbastida (1989), LMNO
présente une série d’œuvres intitulée High Tide. La pierre angulaire de ce
projet est une performance réalisée en 2018 par l’artiste, dans laquelle il
tente de joindre ses forces à celles de l’océan afin de contribuer au processus
d’érosion d’une falaise. Une sorte d’association entre l’homme et son environnement,
la nature. La performance consistait à jeter des centaines de litres
d’eau de l’océan Atlantique contre des falaises, à l’aide d’un vase en verre.
Cette performance reproduit sensiblement les vagues qui viennent se briser
contre la roche à marée haute, d’où l’intitulé de la série. Dans l’espace de la
galerie, la performance fait l’objet d’une installation vidéo, de photographies
et d’une sculpture dessinée par l’artiste. Dans High Tide, celui-ci interroge les
frontières traditionnelles entre le vivant et l’inerte, l’humain et le non-humain,
le biologique et le géologique. Son travail s’efforce d’établir de façon poétique
de nouvelles perspectives vers un sentiment d’appartenance et d’association
avec l’organisme terrestre. (gg)
Miguel Sbastida, High Tide (waves) 12, 2018, impression digigraphique sur papier Hahnemühle
Baryté 315g, 41 x 61 cm, éd. 5 ex + 1 EA. © de l’artiste / LMNO - Prix : entre 1.500 et 7.000 €
Babette Goossens
du 06-05 au 04-06
The Palm Beach
Bruxelles
www.thepalmbeach.be
Née à Bruxelles en 1991, Babette Goossens entame en 2009 des études de peinture à
l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, achevées en 2014. En 2016, elle est lauréate
de la bourse Spes lui permettant de se rendre à Florence pour y apprendre l’histoire et la
technique de la fresque. « Par mon travail, je cherche à témoigner d’un métier et de ce qu’il
implique dans l’ouverture de notre regard. Je cherche un rapport au temps et à la poésie
du quotidien, un lieu mouvant d’où aborder le monde. Un engagement, enfin. L’art permet
d’instaurer le temps comme une persévérance, source de dialogue avec nos ancêtres :
comme l’ont fait, avant nous, d’autres artistes, poètes, observateurs et témoins du monde, en
posant la matière, nous posons le temps. Je veux prendre part à l’élaboration d’une pratique
toujours en évolution. La peinture est un art très ancien ; cette tradition et ce souffle
qui me lient à d’anciennes générations d’artistes, d’êtres humains, sont essentiels dans mes
recherches picturales. » Elle présente ici des dessins sur papier, complétés d’installations
vidéo. (gg)
Babette Goossens, Les endormis Romain II, s.d.,
huile et émulsion cellulosique sur toile sur carton,
24 x 30 cm. © de l’artiste / The Palm Beach
– Prix : entre 500 et 4.500 €
19
GALERIES
Jonathan Wateridge
jusq. 18-06
Nino Mier Gallery Brussels
Bruxelles
www.miergallery.com
Christine
Clinckx
du 26-05 au 25-06
Galerie ESD
Anvers
www.deviations.evasteynen.be
Les peintures de Jonathan
Wateridge sont des nonévénements
minutieusement
conçus et entièrement
fabriqués, qui ont les signes
extérieurs d’un événement
réel. Une partie importante
de son travail des dernières
années a consisté à reconfigurer
ou à refaire un scénario
donné ou une image
trouvée. Cela implique de
construire des décors à
grande échelle et d’utiliser
des interprètes pour jouer
des rôles, dans le contexte
du studio, afin de poser des
questions sur la façon dont
nous encadrons et comprenons
les notions de réel.
Son travail a d’abord utilisé
le réalisme pictural comme
cadre par défaut pour voir le
monde, limitant tout excès
de style pour souligner non seulement la qualité souvent éphémère, banale et
quotidienne des scènes représentées, mais aussi la nature de leur construction.
Plus récemment, il campe une utilisation plus lyrique de la peinture qui explore la
tension entre la dimension sociale de la figuration et les qualités plus formelles et
expressives de l’œuvre. (gg)
Jonathan Wateridge, Night Terrace, 2022, huile sur toile, 136 x 102 cm. © de l’artiste / Nino Mier
Gallery – Prix : entre 10.000 et 100.000 €
Il est possible
de qualifier de
souterrain l’art
de Christine
Clinckx (1969).
Elle a commencé
à surprendre le
public dans les
années 1990 avec
des installations
multimédias et
des performances.
La critique sociale
est omniprésente
chez cette
artiste activiste.
Abus de pouvoir, problèmes environnementaux,
violences guerrière, destin de femme ou de
réfugiés : l’engagement est total, plutôt viscéral et
à couches multiples. Son deuxième solo chez Eva
Steynen s’intitule Lover Boy, expression désignant
les proxénètes qui séduisent des petites filles
pour les exploiter par le biais de la prostitution ou
de la criminalité. Une photo lugubre montre des
jambes. Meurtries et obscures, mais séduisantes
et oniriques, tel un esprit ou un spectre. L’artiste l’a
prise avec une chambre noire de 1920 en utilisant
le procédé du collodion humide du XIXe siècle.
Cette nouvelle série fait partie d’un projet en
cours avec des photos de famille recadrées et des
images anonymes. Retour dans le passé et regard
implacable sur le présent. (cv)
Christine Clinckx, Lover Boy, 2019, photo sur métal. © de
l’artiste / Courtesy Galerie ESD, Anvers
Yulia Iosilzon
du 14-05 au 27-06
De Brock Gallery
Knokke
www.debrockgallery.com
Yulia Iosilzon, Cheshire Cat Smiles, 2021, peinture
à l’huile sur tissu transparent, 168 x 137 cm. © de
l’artiste / De Brock Gallery, Knokke – Prix : de
10.000 à 15.000 €
La De Brock Gallery ne recule devant rien pour son nouveau talent, Yulia Iosilzon (1992),
très vite repérée après sa formation artistique à Londres. Les expositions solo se sont succédées,
entre autres à New York, Londres et Stockholm. En Belgique, l’enseigne présentait
sa peinture en décembre dernier, dans le cadre de l’exposition solo Amanita Muscari, à
Art Antwerp. Vous avez bien lu, il s’agit de l’amanite tue-mouche, probablement le plus
célèbre champignon au monde, apparaissant dans les contes de fées et possédant des
propriétés hallucinogènes. Un tableau de fausses oronges, dont les lamelles sous le chapeau
font penser à des sourires béats ou du Chat de Cheshire, clin d’œil au chat souriant
d’Alice au Pays des Merveilles. Yulia Iosilzon peint des paysages oniriques sur du tissu
transparent. Là, tout n’est que fluidité et la figuration émerge de l’abstrait. L’artiste prépare
de nouveaux tableaux et céramiques pour l’ouverture du second espace de la Galerie De
Brock, dans la Strandstraat. (cv)
20
Uitstalling
Gallery
Que se passe-t-il
à Genk ?
Danny Weckx est, avec la Uitstalling
Gallery, un des précurseurs de la
renaissance artistique du Limbourg. Il
ouvrait, en avril, un troisième espace
d’exposition, The Kube, sur une
exposition de Koen Vanmechelen.
Kendell Geers et Zanele Muholi sont
également inscrits au programme. La
thématique sud-africaine, par laquelle
tout avait commencé, se poursuit donc.
Comment une galerie du
Limbourg a-t-elle pu s’attacher
à une thématique sudafricaine
?
« Cela a démarré en 2019 avec
deux salles d’exposition de
ma propre collection. L’art
sud-africain me fascine depuis
des années : il a une grande
profondeur émotionnelle,
souvent avec des références à
un contexte politique turbulent.
Lorsque j’ai souhaité
acquérir une grande œuvre du
Sud-Africain Anton Smit, j’ai
découvert qu’il était lié à une
galerie française. Leurs relations
s’étant détériorées, j’ai récupéré
toutes les sculptures qui
s’y trouvaient encore. Anton a
alors eu l’envie d’organiser une
exposition dans mon espace.
Je n’envisageais pas de devenir
galeriste, mais cela s’est fait
de fil en aiguille. Le thème de
l’Afrique du Sud nous distingue
des autres galeries, de ce que
vous voyez le plus souvent dans
les grandes capitales comme
Paris et Londres. »
Uitstalling Gallery possède
un emplacement unique, loin
des grands centres artistiques.
Pouvez-vous nous en dire plus
sur le choix de ce lieu ?
« Les choses ont beaucoup
bougé à Genk, avec C-Mine,
Siab ou les Ateliers Vonk. Koen
Vanmechelen a commencé
dans notre rue avec La Biomista,
puis nous l’avons rejoint. Il a
remarqué qu’il n’y avait pas encore
de galerie de niveau international
dans le Limbourg. Ce
qui était dommageable, car cela
poussait les artistes limbourgeois
vers Anvers ou Bruxelles.
J’aime opérer à partir de la
périphérie. L’Euregio Meuse-
Rhin constitue, en outre, un
emplacement stratégique, à
un jet de pierre des Pays-Bas
et de l’Allemagne. J’espère que
d’autres galeries suivront. Le
Limbourg était, à la fin du XIXe
siècle et au début du XXe, La
Mecque des peintres paysagistes,
mais a perdu cette position
tout comme Laethem-Saint-
Martin. J’essaie d’y remédier.
C’est un travail de pionnier,
mais au vu de l’immense
enthousiasme qu’elle suscite,
l’initiative paraît nécessaire. En
tant que galerie marchande,
nous ne recevons bien sûr aucun
subside, tous nos revenus
provenant de la vente. Nous ne
nous plaignons pas, car notre
tropisme sud-africain attire des
collectionneurs de Hong Kong,
de Francfort, du Canada, de
Finlande et de Suisse. »
Danny Weckx. © Uitstalling Gallery
« Le nouvel espace s'appelle Le
Kube, en référence au cube blanc,
mais avec le "k" de la perception
artistique. »
DANNY WECKX
En quoi le fonctionnement
d’Uitstalling se différencie-t-il
de celui d’autres galeries, plus
traditionnelles ?
« Je tente de suivre ma propre
voie, sans penser à ce que font
les autres galeries. Je me refuse
à faire venir ici des artistes
belges emblématiques, déjà
programmés partout ailleurs. Je
n’ai pas grand-chose à ajouter,
sinon que je préfère me tourner
vers l’international. Certains artistes
ont, selon moi, tendance
à s’accrocher un peu trop à un
contrat de galerie. Je ne conclus
pas tellement de contrats avec
les miens, le courant passe ou
pas. Quand un artiste se voit
offrir de nouvelles possibilités
à l’étranger, il faut le soutenir
et ne pas essayer de le retenir
à cause d’un contrat. A ce
propos, mon approche est très
pragmatique. »
Pouvez-vous nous en dire plus
sur le projet Uitgestald ?
« Il y a quelques mois, nous
avons lancé avec Kunst Zetter
un appel pour la réalisation
d’un livre sur les œuvres
d’artistes limbourgeois. Dans
l’ouvrage Uitgestald-1, nous
en avons réuni dix-huit ayant
un lien avec le Limbourg,
parmi lesquels Gideon Kiefer et
Gommaar Gilliams, qui expose
maintenant en solo à New York
à la De Buck Gallery. Nous nous
réjouissons que Koen Vanmechelen
parraine cette première
édition. »
Koen Vanmechelen:
Couveuse
Uitstalling Gallery
Genk
www.uitstalling.com
jusq. 26-06
Paroles de galeristes #05.2022 — PART 2
21
L’ARTISTE DU MOIS
Shervin/e Sheikh Rezaei
Dans cette série, COLLECT s’intéresse à la place occupée par les jeunes
artistes dans le monde contemporain. Pourquoi ont-ils choisi cette
voie, d’où leur vient leur inspiration et comment se positionnentils
? Ce mois-ci, c’est au tour de Shervin/e Sheikh Rezaei (1994) de
s’exprimer.
TEXTE : ELIEN HAENTJENS
PORTRAIT : GUY KOKKEN
Elle s’est donné un an pour peaufiner
sa pratique artistique. Neuf mois et
trois expositions plus tard, Shervin/e
Sheikh Rezaei s’exprime au passé
comme au futur : « Même si j’ai étudié les
mathématiques et les sciences, je passais
tout mon temps libre à l’Académie de
dessin et prenais des cours d’art dramatique.
Je rêvais d’être scénographe de
théâtre. J’ai donc choisi de faire des études
d’architecture à Saint-Luc. Les disciplines
artistiques, plus expérimentales, m’ont
d’abord attirée. J’ai eu la chance de pouvoir
réaliser quelques commandes durant mon
stage chez les architectes Jan De Vylder et
Inge Vinck qui m’ont poussée vers l’art. Ce
n’est peut-être pas le cheminement le plus
logique, mais ma formation architecturale
m’est utile maintenant que je travaille
davantage dans les arts plastiques. Cela
se ressent sans doute dans ma pratique
artistique. L’encadrement conceptuel
compte beaucoup pour moi et je vais à
chaque fois à l’essentiel. Il en résulte, dans
mes dessins, des lignes plutôt rigides qui
s’inspirent de grilles ou de statistiques mathématiques
et l’amour de la matérialité et
de la spatialité. J’ai récupéré des cadres de
fenêtres mises au rebut, dans le bâtiment
en face de mon atelier, pour réaliser une
série de dessins. Le caractère plus spatial
que je confère à mon œuvre porte celle-ci
à un niveau supérieur. Ce sentiment vient
peut-être de ma formation d’architecte. Un
dessin consiste en une étude préliminaire
qui continue à construire le rêve ultime.
L’architecture m’a appris à observer la réalité
et à chercher un équilibre entre logique
et intuition. C’est la raison pour laquelle je
me sens très attirée par les choses qui ne
sont pas aussi strictes et rationnelles. La
mer me fascine, de même que la vie qui
s’y cache. Le film Les amours de la pieuvre
(1965) a alimenté cette admiration de la
nature et m’a incitée à utiliser les algues.
Les formes organiques donnent à l’œuvre
un caractère à la fois élégant et terrifiant.
En intégrant ces plantes dans la structure
rigide d’un aquarium, fermé par un de mes
stricts dessins sur verre, j’ai tenté de contrôler
l’incontrôlable. J’ai découvert que la
nature ne se laisserait pas de sitôt enfermer
dans une boîte. »
ENTRE ÉMOTION ET RAISON
Cet équilibre entre émotion et raison
est un des traits de la personnalité de
Shervin/e Sheikh Rezaei. D’un côté, il y a
22
L’ARTISTE DU MOIS
« J’ai sous-estimé
l’impact mental
du statut d’artiste. »
ses racines et son éducation iraniennes,
de l’autre elle aime tenir les rênes : « Cela
tient peut-être à ma peur d’une perte de
contrôle. Si des choses comme la santé
sont difficiles à contrôler et si la femme n’a
pas son mot à dire dans maints aspects de
la société, il nous est possible de garder
le contrôle de notre vie dans d’autres
domaines. Il faut de l’entraînement pour
lâcher un peu plus de lest. Ou pour être un
peu plus punk, comme un ami l’a formulé,
ce que je suis en réalité. Je laisse donc peu
à peu les formes plus organiques empiéter
dans mes dessins plutôt rigides. Ou j’ouvre
mes pensées et sentiments aux spectateurs
via des fragments de textes autobiographiques.
Même si l’œuvre peut paraître
distante au premier abord, elle ne l’est pas.
De par leur immédiateté, mes dessins possèdent
une sorte de sincère fragilité. Une
installation qu’il faut penser avant de la
réaliser en devient vite plus distante. Il est
captivant de mêler réalité et fiction. C’est
une des raisons pour lesquelles j’aime le
cinéma, notamment celui de Jonas Mekas
Installation : Analyse 01.23- 08: Anaesthetised, 2021,
carton gris 3 mm, verre, eau, algues, paraffine
liquide, différentes tailles. © de l’artiste
Prix : 4.800 €
Images d’archive, oubli/əˈblivēən, 2022, crayon, marqueur, encre et impression sur papier encadré sous verre,
différentes tailles. © de l’artiste
Prix : 2.800 €
ou Chantal Akerman. Avec des sons, des
images et l’espace, ils entraînent les spectateurs
vers leur réalité personnelle. Le
langage rigide des formes de Sol Lewitt ou
Georges Vantongerloo, ou la matérialité
et la conceptualité dans l’œuvre de Dan
Graham me fascinent également. Je suis
sans cesse en quête du bon équilibre entre
raison et émotion. Même si je suis instruite
à l’occidentale et attachée aux principes
du modernisme, je m’inspire de l’œuvre
chaleureuse et personnelle d’une Lina Bo
Bardi ou de l’architecture ornementale du
Moyen-Orient. J’essaie d’intégrer ces différentes
sphères d’influence à une œuvre
plus universelle. Il me paraît plus intéressant
d’évoquer les sentiments humains et
les valeurs qui vont au-delà des frontières
culturelles. C’est peut-être la raison pour
laquelle je n’aime pas la nostalgie. Nous
devons aller de l’avant. Je désire m’ancrer
fermement dans la réalité contemporaine.
D’où ma prédilection pour divers supports.
C’est passionnant pour moi-même
et pour les spectateurs. » Ces derniers
mois, Shervin/e Sheikh Rezaei faisait ses
premiers pas dans le circuit d’expositions,
chez BLANCO et KIOSK à Gand, mais aussi
dans l’univers des galeries chez Valerie
Traan à Anvers : « C’est une expérience
captivante de découvrir peu à peu ces
univers. Comme je souhaite aussi me
donner le temps de continuer à évoluer, je
n’ai pas encore pris d’engagements fermes
avec une galerie. Il n’est pas question pour
moi de devenir un produit, je désire faire
ce qui me plaît dans l’espoir que d’autres
partageront mes sentiments et seront
attirés par mon œuvre. Malgré la satisfaction
d’avoir vendu des pièces et contribué
à leur diffusion, j’éprouve toujours des
difficultés à m’en séparer. J’aime bien
savoir chez qui elles se trouvent. J’ai sousestimé
l’impact mental du statut d’artiste.
L’œuvre et la personnalité fusionnent avant
même que nous en prenions conscience.
C’est angoissant pour soi-même comme
pour son entourage. Il s’agit de prendre
ses distances à temps. D’où mon désir de
collaborer avec des personnalités dans
d’autres disciplines afin d’avoir une autre
vision de moi et de mon œuvre. »
VISITER
Archive, images : oubli/e’blivē n
Valerie Traan Gallery
Anvers
jusq. 30-04
SURFER
www.valerietraan.be
www.shervinsheikhrezaei.com
23
ZOOM
August Sander
L’esprit d’un temps rêvé
La photographie documentaire,
sobre et nue, d’August Sander force
à s’accrocher à un regard qui, parfois,
en dit long. L’interprétation est
tentante, le photographe plaçant
ses modèles sous un jour subtil. Le
Centre Pompidou présente ses œuvres
dans le cadre d’une exposition
ayant pour sujet l’art et la culture de
la Nouvelle Objectivité allemande.
TEXTE : ELS BRACKE
Secrétaire à la Westdeutscher Rundfunk de Cologne, 1931, tirage original, épreuve gélatino argentique,
29 x 22 cm. © Die Photographische Sammlung / SK Stiftung Kultur – August Sander Archiv, Cologne /
Adagp, Paris, 2022
Fils de mineur, August Sander (1876-
1964) suit d’abord les traces de son
père en travaillant sur un terril à
Herford, en Allemagne. Il se prend
au jeu de la photographie lorsqu’il assiste
un photographe employé par l’exploitation
minière. Il parviendra ensuite, en
tant qu’assistant photographe copropriétaire
d’un studio et plus tard à son propre
compte, à concilier carrière artistique et
emploi rémunéré. En 1910, il déménage
à Cologne où il passe le reste de sa vie. Il
y rencontre d’importants artistes de sa
génération, appartenant à des cercles
avant-gardistes, à l’instar d’Otto Dix et de
Raoul Haussman. Ses idées progressistes
lui vaudront plus tard des ennuis sous le
régime nazi et pendant la guerre. Son fils
est arrêté en 1936 et mourra prisonnier,
en 1944, en raison de ses opinions politiques.
Sander est essentiellement connu
pour ses portraits et ses paysages, mais
en tant que photographe professionnel, il
24
ZOOM
Couple de peintres (Martha et Otto Dix), 1925-1926, tirage original, épreuve gélatinoargentique,
20,6 x 24,3 cm. © Die Photographische Sammlung / SK Stiftung Kultur – August
Sander Archiv, Cologne / Adagp, Paris, 2022
Else Schuler, Tristan Rémy, Franz Wilhelm Seiwert, Gerd Arntz. Intellectuels
du Prolétariat, ca. 1925, photographie, 26,9 x 21,4cm. © Die
Photographische Sammlung / SK Stiftung Kultur – August Sander
Archiv, Cologne / Adagp, Paris, 2022
immortalise tout : des objets aux travaux
publicitaires. S’inspirant de l’agitation de
la communauté artistique et intellectuelle,
il entreprend une tâche ambitieuse et
généreuse : la cartographie de la société
allemande de son temps, la République de
Weimar, démocratie naissante et chancelante
dans l’Allemagne de l’après Première
Guerre mondiale. Ce projet, Menschen
des 20. Jahrhunderts, constitue une sorte
d’encyclopédie dans laquelle chacun tient
sa place, de l’agriculteur au magistrat,
du vagabond au soldat, du handicapé
à l’homme politique et de l’acrobate au
groom. Avec ses photos, réalisées comme
photographe indépendant, il étoffe son
panorama en recherchant les thèmes et
catégories sociales manquant à son projet.
Il réalise des images documentaires
stylisées, dans lesquelles ses modèles sont
souvent rendus de manière frontale, dans
une certaine austérité, en leur appliquant
toutes les connaissances techniques du
travail en studio : poses groupées, éclairage
et composition contrôlés. Cette approche
est associée à la Neue Sachlichkeit ou Nouvelle
Objectivité allemande, période de lassitude
post-picturale où nombre d’artistes
se tournent vers la photographie pour son
aptitude à décrire le visible et à en rendre
toute l’objectivité.
ŒUVRE D’UNE VIE INACHEVÉE
En 1929, August Sander publie Antlitz der
Zeit, recueil de soixante portraits représentatifs
de l’esprit du temps, chacun
présentés avec son nom et illustrant une
fonction sociale. Les pauvres y côtoient les
riches, les handicapés trouvent leur place
aux côtés d’artistes. Cet ouvrage fait partie
de Menschen des 20. Jahrhunderts qui réunit
environ six cents professions réparties
en sept groupes. Son succès est immense,
même auprès des artistes de l’avant-garde.
Après la prise de pouvoir d’Hitler, August
Sander continue discrètement à travailler,
s’adaptant et se réorganisant. En raison de
la situation politique, il n’achèvera jamais
l’œuvre de sa vie. N’approuvant pas sa description
à la fois simple et généreuse de la
‘‘race allemande’’, les nazis la confisquent
en 1936 et détruisent les exemplaires
disponibles. Le fait qu’il ait, a posteriori,
réservé une place aux persécuteurs et aux
persécutés dans ses catégories et subdivisions
des Allemands du XXe siècle était
relativement méconnu jusqu’à ce jour. La
guerre force Sander à se retirer, à maquiller
ses négatifs et à se cacher. Il se consacre
ensuite à la photographie de paysages,
notamment dans la région de Cologne dévastée
par les bombardements alliés. Son
grand projet est donc demeuré inachevé.
Malgré l’accueil enthousiaste réservé à son
œuvre – il a exposé en 1956 au MoMA avec
Manuel Álvarez Bravo, Walker Evans et
Paul Strand –, August Sander n’est jamais
parvenu à développer une grande carrière.
La question se pose aussi de savoir si un
projet comme Menschen des 20. Jahrhunderts
était encore viable après la guerre,
compte tenu des changements sociaux qui
se sont succédés, notamment l’industrialisation,
la Guerre Froide et la scission de
l’Allemagne entre Est et Ouest. Son œuvre
constitue un ensemble cohérent d’images,
mais complexe dans son objectif : la distance
d’une étude sociologique, associée à
la proximité d’un portraitiste, mettant en
valeur une dimension collective au départ
d’un individu isolé.
VISITER
Allemagne / Années 1920 /
Nouvelle Objectivité / August Sander
Centre Pompidou
Paris
www.centrepompidou.fr
du 11-05 au 05-09
25
Jean-Michel Folon
La valeur
de la poésie
universelle
C’est un insigne honneur ! Plusieurs dizaines d’œuvres de l’artiste belge
Jean-Michel Folon font l’objet d’une importante exposition à Rome, au
cœur même des musées du Vatican. Accessible à l’ensemble des visiteurs
et visiteuses des palais pontificaux, elle est présentée dans plusieurs salles
qui bordent le chemin menant à la chapelle Sixtine. L’occasion de se
pencher sur la cote de cet artiste, dont le talent fut parfois décrié, mais qui
connaît une progression constante sur le marché.
TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE
Sans-titre, s. d., encre de couleur et encre de Chine. © Fondation Folon / ADAGP, Paris, 2022
Inédite, fruit de la collaboration entre
les musées du Vatican et la Fondation
Folon, l’exposition se veut rétrospective,
qui propose une sélection de 80 dessins
et aquarelles, depuis les œuvres militantes
de jeunesse jusqu’aux grandes aquarelles
des années 1980 et aux sculptures
emblématiques de sa dernière période,
perçues alors par la critique comme une
dérive un peu mercantile… Pourtant, ce
sont justement ces sculptures qui trouvent
aujourd’hui le plus grâce aux yeux des collectionneurs.
Alors qu’une estampe (63%
des adjudications) s’échange souvent pour
à peine quelques centaines d’euros, 2.000
au maximum, les dessins peuvent dépasser
les 20.000 euros, tandis que certaines
sculptures s’échangent largement au-delà
des 100.000 euros. Les premières sont
régulièrement des aquarelles, des aquatintes,
des eaux fortes et des sérigraphies, où
l’artiste se plaisait à réaliser des dégradés
ainsi qu’à schématiser des personnages
énigmatiques dans des décors simplifiés
symbolisant les grands questionnements
de l’après Mai 68. Le plus souvent des
aquarelles, les dessins de Folon illustrent
notamment les œuvres de Kafka ou de
Prévert, même si l’artiste mit également
son art au service de magazines tels que
The New Yorker et, on le sait moins, fut
à l’origine du premier logo de la marque
d’ordinateurs Apple. Comme pour ses
estampes, les aquarelles, aux personnages
en apesanteur, à l’air égaré, incarnent
l’esprit post-soixante-huitard d’un
monde empreint d’incertitudes. Exposés
26
Dialogue, 1975, aquarelle. © Fondation Folon / ADAGP, Paris, 2022
au MoMA de New York, ses dessins (19 %
des enchères) s’échangent à partir de 1.000
euros. Citons, entre autres, les 14.000 euros
frappés en mars dernier par la salle De
Vuyst de Lokeren pour un dessin aquarellé
de 1990, intitulé La Tempête, tandis qu’en
novembre 2018, Artcurial obtenait 22.000
euros pour La forêt (1970), meilleur résultat
d’enchères pour un dessin aquarellé.
Comme ses gravures, les aquarelles de Folon
sont peuplées de personnages en apesanteur,
le regard inexpressif, incarnation de l'esprit
post-Mai 68, dans un monde en proie aux
incertitudes.
DES BRONZES TRÈS COTÉS
Grand admirateur du bronze, les sculptures
de Folon en sont majoritairement
composées. Il s’agit d’œuvres figuratives,
profondément humanistes, imprégnées par
l’art conceptuel et qui prônent les droits
humains et l’urgence écologique. D’abord
pensées en bois ou en plâtre, ces sculptures
ont évidemment gagné en valeur avec
l’usage du bronze. La Belgique représente
près de la moitié (49,8 %) des enchères
pour l’artiste. Le record est ainsi détenu
par De Vuyst qui, en mars 2021, adjugeait
340.000 euros (légèrement en dessous de
l’estimation) un bronze à patine verte (éd.
2/5) intitulé La fontaine aux poissons (2005).
Selon l’Artprice Indicator®, la valeur actualisée
de cette œuvre serait aujourd’hui plus
proche des 260.000 euros au marteau. De
Vuyst obtenait en outre 130.000 euros, au
niveau de l’estimation basse, d’une grande
sculpture en bronze en forme de valise
creusée, intitulée Evasions (2002), enchère
réalisée en mai 2021. Notons encore les
150.000 euros générés par un Centaure
(1996), homme-cheval au personnage
caractéristique de l’art de Folon, à l’Hôtel
des ventes de Monte-Carlo, à Monaco. Rappelons
d’ailleurs, à ce propos, que la principauté
fut longtemps le lieu de résidence
de l’artiste qui y décédait. Evidemment,
ces résultats demeurent l’exception, la
majorité des lots proposés (des estampes)
s’échangeant entre 100 et 500 euros. Toutefois,
depuis le début du XXIe siècle, la valeur
des œuvres de Folon connaît une embellie
constante. Le site de référence Artprice
mentionne une progression de +230 % entre
2000 et 2021, avec une évolution des prix
de +13,4 % rien que pour l’année 2021.
27
Evasions, 2002, bronze à patine brune et rouge, éd. 8/8, 126,5 x 233 x 100 cm. De Vuyst, Lokeren, 15-05-2021. © De Vuyst - 130.000 €
La forêt, 1970, aquarelle sur papier, 70 x 95 cm. Artcurial, Paris, 24-11-2018. © Artcurial - 22.000 €
La Fontaine aux oiseaux, 2000, bronze, éd. 4/8, 165 x 140 x
101 cm. Artcurial, Paris, 31-05-2017. © Artcurial - 169.000 €
28
Les œuvres figuratives
en bronze sont de
nature nettement
humaniste, clairement
influencées par
l'art conceptuel,
et constituent
un chaleureux
plaidoyer pour les
droits de l'homme
et la conscience
écologique.
SUCCESS STORY
S’il semble aujourd’hui fort prisé, son
talent n’a pas toujours connu le même
succès. Fils d’un marchand de papier,
Jean-Michel Folon (1934-2005) apprend
très tôt le dessin, pratique qu’il perfectionne
à l’Académie de Braine-l’Alleud et à
l’ENSAV La Cambre, à Bruxelles. C’est là
qu’il s’imprègne de la ligne artistique défendue
par l’architecte moderniste Ludwig
Mies Van der Rohe, dont le ‘‘less is more’’
deviendra sa ligne de conduite. D’abord
versé dans l’illustration, il y campe des
personnages schématiques qu’il confronte
aux grandes réflexions sociétales de son
temps, en usant de bandes de couleurs
appliquées en dégradé. Dans les années
1960, les premiers dessins qu’il tente de
diffuser à Paris, où il s’est établi en 1955,
ne séduisent guère. Il décide donc de les
envoyer à New York, où son style unique
attire l’attention des éditorialistes du New
Yorker, d’Esquire et du magazine Time, qui
les diffusent à une large échelle. Dès 1969,
une première exposition est organisée
à la Lefebre Gallery, dirigée par le collectionneur
d’art français John Lefebre,
qui assure à New York une large diffusion
aux artistes européens. Mais, ce sont
les idéaux de l’après Mai 68 qui feront le
Deep Deep Trouble, 1987, aquarelle. © Fondation Folon / ADAGP, Paris, 202
succès de Folon et de son personnage au
chapeau et manteau bleu. Les années 1970
furent ainsi particulièrement fécondes
pour l’artiste, qui illustre alors La Métamorphose
de Kafka et l’intégrale de l’œuvre de
Jacques Prévert. Ses paysages oniriques,
teintés d’une poésie profonde, intense et
accessible, séduisent le grand public. Des
décorations murales lui sont ainsi confiées,
notamment à la Waterloo Station de
Londres et, pour l’inauguration du métro
bruxellois en 1976, à la station Montgomery
(Magic City, 1974), commande d’une
commission artistique alors présidée par
Emile Langui. Son engagement contre les
injustices, l’universalité de son discours
poétique, dont l’homme est la mesure,
pour un monde à l’écoute des différences,
pour les droits civiques et le respect
de l’environnement, contribuent encore
aujourd’hui au succès d’un art au message
universel et abordable.
VISITER
Folon. L’éthique de la poésie
Musées du Vatican
Rome
www.museivaticani.va
du 06-05 au 27-08
SURFER
www.fondationfolon.be
29
TWENTY
De la Belle Epoque au Street Art
Chaise de Renaat Braem, 1952. © Baewards
30
« En l’espace d’un
siècle, de grandes
évolutions et des styles
très différents se sont
succédés. »
LUC DARTE
Weingrill pour Fassano, paire de boucles d’oreilles, or 18 carats et lapis-lazuli. © The Old Treasury
L’équipe d’Antica Namur bouleverse
le calendrier des foires avec le
lancement de TWENTY. Pendant
cinq jours, tous les regards se
tournent vers l’art, le design et les
bijoux du XXe siècle. Un créneau
temporel non encore représenté in
extenso et qui pourrait bien attirer
un nouveau public.
TEXTE : CELINE DE GEEST
Les stigmates de deux années chaotiques
n’ont pas empêché l’organisateur
Luc Darte de prendre un
nouveau départ : « Nous avons souhaité
organiser une foire exceptionnelle en
Belgique, un événement thématique qui
se distingue de toutes les autres manifestations
plus traditionnelles. » TWENTY se
consacre au XXe siècle dans son ensemble
et englobe de nombreux styles : la Belle
Epoque, Art nouveau et Art déco, bien sûr,
mais aussi le fauvisme brabançon, l’école
de Laetem-Saint-Martin, le surréalisme,
le mouvement CoBrA, la Jeune Peinture
belge, l’abstraction et la période moderne,
y compris l’art conceptuel, l’art contemporain
et le street art. « Une période très
intéressante », résume Luc Darte. « En
l’espace d’un siècle, de grandes évolutions
et des styles très différents se sont succédés.
L’idée sous-jacente est d’offrir aux
visiteurs la possibilité de revoir ce qu’ils
connaissent peut-être par le biais de leurs
parents ou grands-parents afin de redécouvrir
l’esprit du XXe siècle. » Le profil du
visiteur nouveau, plus jeune, visé est celui
de la génération Y (née entre 1980 et 2000),
de plus en plus active dans ce segment de
marché.
NOUVEAU SALON, NOUVEAUX
CONTACTS
Le public aura beau être neuf, les marchands
d’art et de design n’en comptent
pas moins sur quelques valeurs sûres, soit
des galeries proposant une offre exclusive
du XXe siècle : « Nous avons recherché
de nouveaux participants, mais avons
aussi sollicité des marchands que nous
connaissions déjà et dont nous savions
qu’ils offrent un niveau de qualité élevé »,
explique Luc Darte. Une de ces vieilles
connaissances est Polyedre,galerie de
Boechout qui propose des antiquités et
du design vintage et est spécialisée dans
le mobilier et l’éclairage. Son propriétaire,
Henri Hermans, a de nombreuses raisons
d’envisager une première participation à
TWENTY : « Comme sur chaque salon,
l’objectif majeur est de nouer de nouveaux
contacts, la vente se déroulant ensuite
toute seule. Nous cherchons aussi à jauger
l’enthousiasme de nouveaux clients pour
ce nouveau salon, du premier au dernier
jour. Les échanges entre marchands de
qualité sont souvent enrichissants. Nous
attendons une nouvelle dynamique au
sein d’une organisation que nous connaissons
depuis longtemps, que les clients se
montrent curieux et furètent sur tous les
stands et que le salon trouve son unité
dans la beauté du XXe siècle. J’apporterai
moi-même des pièces de créateurs
connus, dont deux magnifiques fauteuils
Guy Vandenbranden, gouache, 1991. © Claeys Gallery
31
Ubald Klug pour De Sède, fauteuil Terrazza, 1973. © Polyèdre
Jozef Mees, Tableau monumental, 1962, huile sur
panneau. © Galerie Alain Hens
terrazza créés en 1973 par Ubald Klug pour
la marque suisse De Sède. » La Belgique
n’estpas le seul pays représenté, quelques
galeristes étrangers tentant aussi leur
chance à Bruxelles, telle Renée Claeys de
la Claeys Gallery, établie à Saint-Raphaël,
non loin de Saint-Tropez. Elle espère remporter
un immense succès et a soigneusement
sélectionné trente pièces pour
le salon. Ce n’est du reste pas un hasard
si de nombreux Belges figurent dans sa
sélection : « Nous avons choisi des œuvres
à l’huile du début du XXe siècle de peintres
comme Theo Van Rysselberghe, Emiel
Claus, Modest Huys, Lucien Frank, Alfons
Proost et Albert Saverys, des tableaux
surréalistes du milieu du XXe siècle par
Felix Labisse, Jan Verdoodt, Willi Rondas,
Raymond Coninckx et une exceptionnelle
huile de Marthe Donas. De la période
suivante, nous avons retenu des tableaux
abstraits et gouaches, avec une belle
collection de Pierre Alechinsky, André
Lanskoy, Maurice Wyckaert, Guy Van Den
Borre, Geer Van Velde et Plomteux. Sans
parler de quelques remarquables œuvres
sur papier de Paul Delvaux. De grands
noms donc, mais à des prix abordables,
entre 2.000 et 50.000 euros. »
« L’idée sousjacente
est d’offrir
aux visiteurs la
possibilité de revoir
ce qu’ils connaissent
peut-être par leurs
parents ou grandsparents.
»
LUC DARTE
CONNAISSEUR ET ACHETEUR
Pour gagner la confiance de ce nouveau
public, TWENTY a mis sur pied un comité
de 25 experts spécialisés et indépendants
pour contrôler les œuvres exposées
avant l’ouverture du salon. En outre, trois
conseillers experts y déambuleront en
permanence. Ils joueront un rôle informatif
et consultatif et délivreront le certificat
d’authenticité des pièces exposées. Parmi
ceux-ci figure Laure Dorchy, historienne
32
Thierry van Rijswijck, Poulain, ca.1930-1958. © Dille Art
de la joaillerie et experte indépendante en
bijoux et joaillerie ancienne. Elle propose
des cours sur l’histoire du bijou, procède
à des évaluations et accompagne les antiquaires
dans certains salons européens :
«En tant que courtier, j’aide les gens à
acheter des bijoux. J’essaie de trouver la
méthode la plus facile et la plus honnête
pour vendre, selon le type de bijoux ou
l’orfèvre. Je serai l’experte en bijoux de
TWENTY. Je n’interfèrerai pas dans les
prix et me concentrerai uniquement sur la
qualité ou l’origine du bijou, son histoire.
Je serai présente pour les acheteurs ayant
besoin de conseils. Je veillerai essentiellement
à ce que le bijou soit conforme à
la description et qu’il s’agisse d’or véritable.
Chaque bijou ''dans le style de'', sans
date, sera refusé. Imaginez un bijou de
style Art déco qui ressemble à s’y tromper
à un bijou Art déco, mais qui aurait
été fabriqué avant-hier en Thaïlande.
Cette pièce n’aura aucune chance d’être
retenue. » On trouvera des bijoux authentiques
du XXe siècle sur TWENTY, entre
autres chez Bernard Bouisset (FR), Andrée
Courdeau (FR), Sonia de Hauleville (BE),
Runway Vintage (BE) et The Old Treasury
(NL) ; du design chez Polyèdre (BE),
Galerie Wattteeu (BE), New Hope (BE) et
Zèbres (FR) ; des meubles Art déco et Art
nouveau chez Rosat (BE), Art déco 1925
(BE), Baewards (BE) ; des arts visuels chez
Didier Brouwers (BE), Claeys Gallery (BE),
Dille Art (NL), Collection by Sophie Derom
(BE). Environ cinquante exposants belges
et internationaux ont répondu à l’appel
pour cette première édition. Dans les
années à venir, une extension de l’événement
n’est pas exclue. Est-ce le début d’un
nouveau classique au calendrier ?
VISITER
TWENTY
Brussels Expo / Palais 3
www.twentyartfair.be
du 11 au 15-05
Piero Dorazio, Composition bleu, vert et rouge, 1961, aquarelle et crayon de papier noir sur papier, 38,7 x 57,5 cm. © Sophie Derom – Young Gallery
33
Santiago Ydañez, Sans Titre, 2020, acrylique sur papier, 42 x 29,7 cm. © de l’artiste / The Clown Spirit
Bouffons & Clowns
Antidotes à la morosité ?
Bien qu’identifiée et parfois
vivement incarnée, la figure du
clown est encore très souvent
taboue. Conscients des agitations
du monde et de ses prétentions
dérisoires, les artistes en usent
comme d’un contrepoison ou d’un
antidote au cirque des vanités.
A la fois dépossédé et euphorique,
risible et dangereux, repoussant et
pourtant nécessaire, personne ne
souhaite l’incarner véritablement.
Mais l’exposer, lui et ses tours,
ne revient-il pas à condamner sa
part la plus corrosive ? Plusieurs
accrochages, de Namur à Paris en
passant par Binche, lui font ces
temps-ci honneur, aux côtés de ses
comparses que sont le bouffon,
le Fou et le saltimbanque.
TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE
Traditionnellement, on use du jeu,
du rire, de la farce ou du canular
pour faire vaciller les ordres, les
normes et les figures établies. Par
le coup d’éclat médiatique, la provocation
dans l’espace public, l’exagération de situations,
le clown parvient à faire chanceler
le réel. « Au fond, ce dernier est aussi un
sage, trop conscient de notre finitude et de
notre irréductible impuissance », soulignent
les commissaires de l’exposition Le
Royaume des Clowns, présentée à Paris en
La Maison du Danemark. « Face au désarroi
terrestre, à l’horizon de la mort et des
Champs-Elysées, il nous donne la force
d’envisager l’existence sous des auspices
plus légers. » Le théologien danois Søren
Kierkegaard (1813-1855) prônait aussi cet
humour habité par l’idiotie comme vertu
salvatrice : « Ce rire, cette idiotie est donc
conjuratoire face à notre horizon commun,
car au royaume des humains, nous
finissons tous triviaux et nus comme
des asticots que l’on soit valet, clown ou
roi. » Au sein de l’exposition, qui postule
le clown comme une métaphore de la
dérision scandinave, plusieurs facettes
du personnage sont évoquées. Le clown
se grime sous des formes filmiques avec
l’ABC Cinema ou sous les traits de femmes
vengeresses. Il est noir et grinçant
chez le cinéaste Lars Von Trier, inquiète
et embarrasse dans les satires cruelles
d’Henrik Plenge Jakobsen. Pour la génération
contemporaine, c’est une figure
convoquée en chair et en os, faussement
Il est noir et grinçant
chez le cinéaste
Lars Von Trier,
inquiète et embarrasse
dans les satires
cruelles d’Henrik
Plenge Jakobsen.
naïf et grimaçant dans les peintures de
Magnus Andersen; narcissique et gonflé à
l’hélium chez Esben Weile Kjær ; sexuellement
ambigu dans la figure du Pinocchio
de Tora Schultz Larsen ; enfin il devient
alternativement artiste et spectateur dans
les performances de Christian Falsnaes.
Un postulat qui n’est pas sans rappeler
celui de l’artiste suisse Ugo Rondinone,
dont les clowns faisaient l’objet en 2016
d’une magistrale présentation au musée
Boijmans van Beuningen de Rotterdam. 45
d’entre eux décrivaient ainsi une journée
dans la vie d’un individu, révélant dans
cette installation grimaçante les différents
aspects de l’existence humaine. Prégnante
et facilement identifiable, la figure du
clown est très présente dans les collections
néerlandaises, du musée Van Gogh
au virtuel Circus Museum, en passant
par le Kröller Müller. Ce dernier conserve
35
Fabien Mérelle, Manège, 2016, silicone, mécanisme
de carrousel, textile, peinture, 100 x 18 x 12
cm socle en bois 40 x 40 x 100 cm. © de l’artiste /
The Clown Spirit
Armand François Joseph Henrion, Pierrot fumant une pipe, ca. 1930, huile sur toile, 17,8 x 14 cm. Christie’s,
Londres, 19-07-2017. © Christie’s Images Ltd. - 2.125 £ (2.420 €)
Le Fou tourne
en dérision ou
dénonce les vices de
l’Homme et les abus
d’un monde qui
tourne à l’envers.
un terrible Clown, représenté par l’artiste
hyperréaliste Charley Toorop (1891-1955)
devant les ruines de Rotterdam, métropole
quasiment anéantie en 1940 par l’armée
allemande. Antidote ou satyre de la folie
meurtrière d’un monde désaxé, la tradition
y remonte au début du XVIe siècle, avec
la fameuse figure du Fou riant (ca. 1500),
attribuée au peintre d’Amsterdam Jacob
Cornelisz van Oostanen (1470-1533).
D’ABORD ÉTAIT LE BOUFFON…
Si le substantif masculin clown, attesté
depuis la seconde moitié du XVIe siècle
(en français, dès le début du XIXe), est
emprunté à l’anglais, le mot viendrait du
germanique klönne, signifiant ‘‘homme
rustique, balourd’’. Par extension, il
va désigner un homme rustre, puis un
bouffon ou un fou, avant d’évoquer plus
spécifiquement, à partir du XVIIIe siècle,
un pantomime ou un personnage des arlequinades
et du cirque. Le musée international
du Carnaval et du Masque de Binche
s’intéresse justement à ces amuseurs
professionnels que furent les bouffons.
Depuis le Moyen Âge, ceux-ci occupent
une place de choix dans l’imaginaire occidental.
Fous du roi, clowns, valets, ils
prennent de nombreuses formes, mais
cherchent toujours à amuser en adoptant
une attitude plutôt subversive. Car, sous
ses airs de saltimbanque grotesque, le
bouffon est une figure indispensable à de
nombreuses représentations masquées.
Ce mot de ‘‘bouffon’’ apparaît, lui aussi,
au XVIe siècle et dérive du terme italien
buffare qui signifie ‘‘gonfler les joues’’, grimace
populaire consistant à remplir ses
joues d’air puis à expirer en émettant un
bruit grossier. À la Renaissance, le terme
va désigner celui qu’on connaissait aussi
sous le nom de ‘‘Fou du Roi’’. Amuseur
professionnel, ‘‘fou-sage’’, marginal, mais
aussi conseiller, le bouffon devient un personnage
ambigu, proche de la folie tout
en conservant une grande part d’équilibre
et de sagesse. Roi du Carnaval, souvent
masqué, le Fou s’autorise tout car, il est
vrai, parfois la Folie est plus sage que la
Sagesse… Aussi reconnaissable que le
clown, le bouffon s’arme fréquemment
d’un indispensable grelot qui l’empêche
de se déplacer en silence, d’une vessie de
porc remplie d’air qui évoque son absence
de substance, d’une queue de renard
illustrant sa duplicité ou sa perfidie, et
d’une saucisse dont la forme phallique incarne
les pulsions charnelles de l’homme
de passion et de lubricité qui ne peut se
36
maîtriser. Enfin son portrait-type, qui se
cristallise vers le XVe siècle, le coiffe d’un
coqueluchon aux excroissances grotesques
qui renvoient aux cornes du Diable
dont il serait parent… Dès le Moyen Âge,
sous couvert de sa prétendue folie, il est
le seul habilité à dire la vérité au souverain.
Parlant avec franchise et dérision, il
provoque rires et indignations. Oscillant
entre folie artificielle et sagesse supposée,
figure de proue de l’Humanisme qui choisit
pour thème de prédilection la Folie,
le Fou tourne en dérision ou dénonce les
vices de l’Homme et les abus d’un monde
qui tourne à l’envers. Abondamment illustré
par les graveurs d’Europe du Nord,
il continue de fasciner le monde contemporain
en ce qu’il permet toujours de
s’affranchir du sérieux des élites.
THÉÂTRE, CIRQUE ET CLOWNS
En Italie, au XVIe siècle, des valets
s’affirment à travers une série de personnages
de ce théâtre d’improvisation qu’est
la Commedia dell’arte. Parmi les plus
bouffonesques, Arlequin et Polichinelle
connaissent un immense succès. Affublé
d’une combinaison de losanges qu’il coud
lui-même, la tenue de l’Arlequin devient le
symbole de son ingéniosité diabolique et
incarne sa résistance face aux dominants.
La pantomime reprendra ce personnage
qui deviendra le moteur des Arlequinades
du XVIIIe siècle. Le clown, évoqué plus
avant, aussi appelé pitre ou paillasse, personnage
comique de l’univers du cirque,
présente la même filiation. Dérivant lui
aussi de la Commedia dell’arte, il apparaît
pour la première fois en Angleterre au
XVIIIe siècle, dans les cirques équestres.
Les directeurs de ces établissements, afin
d’étoffer leurs programmes, engageaient,
pour entrecouper les performances des
véritables cavaliers, des garçons de ferme
qui ne savaient pas monter à cheval. Installés
dans un rôle de serviteur benêt, ils
faisaient rire autant par leurs costumes de
paysans, contrastant avec les habits de lumière
des autres artistes, que par les postures
comiques qu’ils adoptaient, parfois à
leurs corps défendant. Ces clowns suivaient
le mouvement des numéros présentés,
en les caricaturant pour faire rire. Devenu
Abondamment illustrée par les graveurs
d’Europe du Nord, la figure du Fou continue
de fasciner le monde contemporain en ce
qu’elle permet toujours de s’affranchir du
sérieux des élites.
Marina Abramović, The Sad Clown, 2020, tirage pigmentaire en couleur, 29,7 x 29,7 cm.
© de l’artiste / Courtesy Marina Abramović Archives
Charlery Toorop, Clown devant les ruines de Rotterdam, 1940-1941, huile sur
toile, 150 x 110 cm. Otterlo, musée Kröller-Müller, inv. KM 101.426.
37
Par le coup d’éclat
médiatique,
la provocation
dans l’espace public,
l’exagération de
situations, le clown
parvient à faire
chanceler le réel.
bientôt maîtres de la piste, ils évoluèrent
pour devenir de moins en moins comiques.
Distingués, adoptant des vêtements
aux tissus nobles et de plus en plus lourds
avec l’emploi de paillettes, souvent blancs,
dotés du masque lunaire du Pierrot, ils
finirent par faire équipe avec l’Auguste. Ce
dernier, affublé d’un ridicule nez rouge et
d’immenses souliers, devint le personnage
comique par excellence, le clown servant
de faire-valoir dans une configuration qui
existe encore aujourd’hui. Même si, peu
à peu, parvenant à faire rire la salle sans
l’aide d’un auxiliaire, l’Auguste finit par
prendre son autonomie en s’imposant
comme vedette solitaire, il est celui que
l’on retrouve le plus souvent, parfois de
manière schizophrénique, dans les interprétations
plastiques contemporaines.
Dépressif, colérique, dégoûté, heureux,
amoureux, ou tout cela en même temps,
il s’appuie sur le public en lui montrant
ce qu’il ressent, cassant les barrages des
préjugés et des clichés qui les empêchent
de voir de leurs propres yeux.
DÉRIVES ET FASCINATION
CONTEMPORAINE
Personnage à la typologie forte, au fil
du XXe siècle, le clown a vu son image
détournée, entre l’archétype du triste
sire, forcé de faire rire, et une créature de
plus en plus maléfique qui, tel un nouvel
ogre, à l’instar du monstre protéiforme
du roman Ça (1986) de Stephen King,
utilise l’attrait qu’ils exerce sur les enfants
pour les tuer, les torturer ou même, dans
certains cas, les violer… Des dérives qui
ne sont pas sans provoquer une réelle
coulrophobie, mais parviennent aussi à
susciter une grande fascination. C’est le
cas de la curatrice Joanna De Vos. Arrièrepetite-fille
du directeur de cirque Frans
De Vos (1880-1936), elle propose à Namur
une double exposition, au Delta et à la
Belgian Gallery, présentant la vision du
clown dans l’œil d’artistes contemporains.
« L’artiste mélancolique, le clown
sérieux, l’artiste comique, le clown tragique,
l’artiste idiot, le clown subversif,
l’artiste réconfortant, tous ont le don de
transcender la banalité de la vie, de faire
voir, sentir, penser différemment leurs
semblables », souligne celle qui a convié
des artistes comme Carlos Aires, Kendell
Katie O’Hagan, Media Circus, 2019, huile sur toile, 40,6 x 30,5 cm. © de l’artiste / The Clown Spirit
Personnage à la
typologie forte, au
fil du XXe siècle, le
clown a vu son image
détournée, entre
l’archétype du triste
sire, forcé de faire
rire, et une créature
de plus en plus
maléfique.
38
Sasha Frolova, Queen of Clowns, 2020, tirage photographique, 42 x 29,7 cm.
© de l’artiste / The Clown Spirit
Dodi Espinosa, Saltimbanqui Profile, 2018, bronze et corde. © de l’artiste /
Courtesy Trampoline Gallery / The Clown Spirit
Geers, Marie-Jo Lafontaine, Johan Muyle,
Femmy Otten, Erwin Olaf ou Hans Op
de Beeck à réaliser un autoportrait en
clown. Leurs réactions furent nombreuses,
le clown, personnage qui met à mal
l’honorabilité bourgeoise et politique en
même temps qu’il représente un double
critique et comique, ayant clairement
touché une corde sensible, tant sur un
plan artistique que symbolique. Plus classique
et historique dans son approche,
le musée Rops se plonge en contrepoint
dans le XIXe siècle et met l’accent sur les
conditions de vie de ces artistes de rue
et des animaux qui les accompagnaient
dans leur voyage. Car, à l’instar de
Félicien Rops qui ne représentait pas les
feux de la rampe mais bien les coulisses
du monde du cirque, nombreux furent les
peintres qui donnèrent une vision sociale
de cet univers. Sans doute proche de celle
qui préoccupe nos contemporains…
VISITER
Le Royaume des Clowns
Le Bicolore – Maison du Danemark
Paris
www.maisondudanemark.dk
jusq. 08-05
Bouffons! Eloge de la Fou’losophie
Musée international du Carnaval et du
Masque
Binche
www.museedumasque.be
jusq. 11-09
LIRE
Coll., The Circus. 1870s-1950s, Taschen,
Cologne, 2016, ISBN 978-3-83655-666-8
The Circus We Are!
Musée Félicien Rops / Le Delta / TreMa
Namur
www.museerops.be
www.ledelta.be
www.museedesartsanciens.be
du 13-05 au 25-09
The Clown Spirit
Belgian Gallery
Namur
www.belgiangallery.com
du 13-05 au 10-09
SURFER
www.circusmuseum.nl
39
Christoffel Pierson, Niche avec matériel de fauconnerie, ca. 1660-1670, huile sur toile, 80,5 x 64,5 cm. Washington, National Gallery of Art, 2003.39.1.
40
Trompe-l’œil
Tranche de vie
Le peintre de l’âge d’or Christoffel
Pierson s’est attaqué, dans Niche
avec matériel de fauconnerie, à l’un
des thèmes les plus prisés dans
les arts plastiques, le trompe-l’œil.
L’artiste emprunte littéralement à la
vie réelle les accessoires de chasse
d’un fauconnier, espèrant nous faire
tomber dans son piège optique,
nous inciter à tendre en vain la
main en direction de l’équipement
illustré sur la toile.
TEXTE : CELINE DE GEEST
VISITER
Hyperréel. L’Art du Trompe-l’œil
Musée Thyssen-Bornemisza
Madrid
www.museothyssen.org
jusq. 22-05
Depuis l’Antiquité grecque, les
artistes s’emploient à créer
l’illusion de tridimensionnalité
grâce à toutes sortes d’artifices
optiques. L’objectif, à l’époque de la
Renaissance, du baroque, du romantisme,
y compris aujourd’hui, étant de tromper
le spectateur et de lui jeter de la poudre
aux yeux. Les premiers exemples de cette
pratique se trouvent dans la littérature
grecque. Une ancienne légende y évoque
un concours entre deux peintres célèbres.
L’un d’eux, Zeuxis (né vers 464 avant J.-C.),
avait peint une grappe de raisin si réaliste
que les oiseaux tentaient de s’en saisir.
Son rival, Parrhasius, lui demanda alors de
venir voir un de ses tableaux, caché derrière
des rideaux dans son atelier. Zeuxis
tenta en vain d’ouvrir les rideaux faisant
en réalité partie du tableau et son rival fut
donc proclamé vainqueur. Plus tard, les
artistes italiens de la Renaissance furent
également fascinés par la perspective
appliquée dans les fresques devant faire
paraître l’espace plus grand qu’en réalité.
Aux Pays-Bas, le trompe-l’œil devint au
XVIIe siècle un exercice populaire dans
l’art de la nature morte. Le peintre de La
Haye Christoffel Pierson (1631-1714) fut
l’un des premiers à se spécialiser dans les
trompe-l’œil d’équipement de chasse.
CULTURE DE LA CHASSE
Ce genre spécifique s’inspirait de la culture
de la chasse, florissante à l’époque. La
chasse était, au XVIIe siècle, un passetemps
auquel la noblesse d’Europe
s’adonnait volontiers. La fauconnerie en
particulier connaît alors son acmé, demeurant
réservée à l’aristocratie jusqu’en 1792.
Dans les Pays-Bas, La Haye, ville natale de
Pierson et lieu de résidence des princes
d’Orange, était un centre de chasse réputé.
Christoffel Pierson
fut l’un des premiers
artistes à se spécialiser
dans les trompel’œil
d’équipement
de chasse.
L’artiste ne commença toutefois à peindre
des attributs de chasse qu’après son déménagement
à Gouda et sa reconnaissance
comme citoyen et bourgeois bénéficiant
de droits politiques et économiques. Il est
permis de penser qu’il s’inspira d’Anthonie
Leemans (1631-1673), son confrère et
concitoyen rendu célèbre par ses natures
mortes de chasse. Dans ses trompel’œil,
Christoffel Pierson souligne l’effet
tridimensionnel en usant d’éléments de
fauconnerie inscrits dans des cadres et des
niches illusoires. Dans l’œuvre qui nous
occupe, ces attributs s’articulent autour
d’une niche au cadre de bois, ménagée
dans un mur en stuc blanc. Un cor de
chasse s’appuie contre une petite volière,
tandis qu’un filet, une flèche et un arc sont
disposés sous elle. La volière est surmontée
d’un capuchon de faucon, reconnaissable
à ses plumes rouges. Le fauconnier
en couvrait la tête du rapace jusqu’à son
lâcher. On notera la présence de divers
types de sifflets accrochés à la volière,
ainsi que celle d’un sac et d’une corne à
poudre à gauche de la niche et, à droite,
d’une besace. Ce sont les contrastes saisissants
de lumière et d’ombre qui donnent
vie au tableau et font penser que la clarté
du jour inonde la scène.
41
L’étoile montante
de Judith Leyster
Beaucoup considèrent Judith
Leyster comme une élève de Frans
Hals. Sauf qu’elle n’a absolument
pas suivi de formation chez ce
grand maître. Il s’agit d’un des
nombreux malentendus et points
d’interrogation qui subsistent
dans la vie de cette peintre active
à Haarlem au XVIIe siècle. Elle
qui nous jette un regard confiant
du haut de son remarquable
autoportrait, qui était-elle ? Et
qu’a-t-elle laissé à la postérité ?
TEXTE : CELINE DE GEEST
Judith Leyster a en réalité appris les
bases du métier auprès de Frans
Pieterszoon De Grebber, artiste aussi
célèbre que Hals pour ses portraits
de groupe. Pieter Biesboer, conservateur
depuis 32 ans au Frans Hals Museum de
Haarlem, nous éclaire sur la formation
de la jeune artiste : « Maria, la fille De
Grebber, qui avait également suivi une
formation de peintre, a dirigé dans l’atelier
une jeune fille répondant au nom de Judith
Leyster. Au XVIIe siècle, les célibataires
distinguées ne pouvaient se présenter en
public sans chaperon. » Or, on peut sans
le moindre doute qualifier Judith Leyster
de femme distinguée. Son père était un
prospère marchand de textiles. Il investit
sa richesse dans une brasserie. « Ce fut
hélas un fiasco », précise Pieter Biesboer.
« Après cela, il se réfugia dans un
sanctuaire de Zélande. Judith demeura à
Haarlem, auprès de ses sœurs qui avaient
épousé des bourgeois aisés. Elle put enfin
ouvrir son propre atelier où elle dirigeait
également quelques apprentis. Quelques
mois plus tard, alors que l’un d’eux rejoignait
l’atelier de Frans Hals, sa mère exigea
le remboursement de l’apprentissage, ce
que Judith Leyster refusa car l’élève n’avait
pas respecté leur accord. » Cette anecdote
témoigne du sens des affaires de l’artiste. Il
ne pouvait d’ailleurs en être autrement, car
une artiste peintre ne pouvait alors compter
que sur elle-même. « Venant d’une
famille d’artistes, vous pouviez suivre
la trace de votre père », explique notre
interlocuteur. « Mais ce n’était pas le cas
« Judith Leyster
fut redécouverte
à la fin du XIXe
siècle par Cornelis
Hofstede de Groot. »
PIETER BIESBOER
de Judith Leyster. Sa famille n’était du reste
pas de Haarlem et y avait donc peu de relations.
Suite à la faillite du père, l’opprobre
avait rejailli sur sa parentèle. Elle dut donc
se battre contre tous ces obstacles. »
UN TABLEAU COMME
PROFESSION DE FOI
Son sens des affaires servit donc fort
opportunément Judith Leyster. Elle suivit
la mode de l’époque à Haarlem, en étudiant
les œuvres de Frans et Dirck Hals,
ainsi que celles de Jan Miense Molenaer
qu’elle finira par épouser. Devenue peu
à peu célèbre, elle fut admise en 1633
parmi la Guilde de Saint-Luc et put vendre
ses œuvres sans intermédiaire. Judith
Leyster fut ainsi l’une des deux femmes à
être admises dans cette guilde artistique
de Haarlem au XVIIe siècle. Comment
y est-elle parvenue ? Pieter Biesboer :
« Vous deviez prouver que vos tableaux
pouvaient se vendre, qu’ils avaient un
potentiel commercial. Peut-être a-t-elle
offert ses services à d’autres avant d’en
42
Autoportrait, ca. 1630, huile sur lin, 74,6 × 65,1 cm. Washington D.C., National Gallery of Art, inv. 1949.6.1.
devenir membre. Elle a pu être autorisée,
en échange de ses services, à accrocher ses
œuvres dans le vestibule d’autres peintres
et ainsi parvenir à les vendre. » Dès 1630,
avec son remarquable autoportrait, Judith
Leyster fournit des preuves irréfutables de
ses compétences. Elle s’y présente d’une
manière extrêmement audacieuse, tenant
une palette et des pinceaux, comme une
enseigne de ce qu’elle est et de ce dont
elle est capable. « Chacun sait ainsi à quoi
vous ressemblez, ce qui peut inspirer
confiance », souligne Pieter Biesboer. « La
peinture de genre sur le chevalet, le musicien,
tout cela est destiné à ses clients. Et
on découvre tout à coup qu’il est possible
de lui commander un portrait en bonne et
due forme. La réalisation presque grandeur
nature de certaines de ses premières
peintures de genre témoigne d’une grande
audace. Ce qui n’est pas une profession
de foi approximative, car toile et peinture
coûtent cher, tandis que la réalisation
prend également beaucoup de temps. Elle
43
Judith Leyster fut
l’une des deux
seules femmes à
être admises dans
la guilde artistique
de Haarlem au
XVIIe siècle.
dut avoir la garantie qu’elle pouvait vendre
ses œuvres. » Ses travaux ultérieurs rapetissent
et deviennent plus simples. A partir
de 1635, année où Judith Leyster épouse
Jan Miense Molenaer, il n’existe pratiquement
aucune œuvre connue. Après son
mariage, elle s’installe dans l’atelier de son
mari. Selon Pieter Biesboer, on retrouve
dans les œuvres de ce dernier le coup de
pinceau de Judith Leyster : « De temps à
autre, elle se manifeste encore, dans son tableau
d’une tulipe, par exemple. Elle a peutêtre
réalisé d’autres œuvres, mais celles-ci
se vendirent sous le nom de son mari. »
DÉS-ATTRIBUTIONS…
En résulte un corpus très restreint, pas
uniquement en raison de la courte période
d’activité de l’artiste, mais également suite
à la perte d’une partie de ses œuvres. Ce
qui, selon Pieter Biesboer, ne tient pas à la
grande similitude de celles-ci avec celles
d’autres maîtres de Haarlem, notamment
son propre époux Jan Miense Molenaer et
Dirck Hals : « Ils produisaient des tableaux
en masse, dont beaucoup étaient d’une
qualité médiocre. Vers la moitié du XVIIIe
siècle, ce genre de scènes du XVIIe passe
de mode. » Mais la question se pose de
savoir s’il existe des tableaux de Judith
Leyster qui, comme cela arriva souvent
par le passé aux œuvres d’artistes féminines,
ne lui sont pas encore attribués.
C’est peu probable, estime Pieter Biesboer.
Dans les années 1980, l’historienne de l’art
américaine Frima Fox Hofrichter suggéra
que Judith Leyster avait dû être une élève
de Frans Hals et lui attribua quelques
toiles qui semblaient de la main du grand
maître. Depuis lors, diverses œuvres sont
régulièrement rejetées sur base d’analyses
techniques : « Nous espérions attribuer un
Jeune homme à la cruche à Judith Leyster,
mais il est d’un copiste de Frans Hals, et
l’examen approfondi d’un petit Joueur de
rommelpot a confirmé qu’il provenait de
l’atelier de Hals. Précédemment, un Joueur
de luth avait également été rejeté. » L’affirmation
selon laquelle Judith Leyster fut
l’élève de Frans Hals paraît donc erronée.
Celui-ci ayant été un maître très sollicité,
certains peintres sont encore considérés
comme ses ‘‘apprentis’’. « Nous ne pensons
pas que Judith Leyster ait travaillé dans
son atelier. Elle a étudié de très près son
travail, mais sans en adopter la technique.
Sa peinture est épaisse et opaque, tandis
que Hals use d’une huile très légère et
transparente, comme s’il s’agissait d’aquarelle.
Dans les Deux enfants avec un chat,
Judith Leyster tente clairement de se
rapprocher de Hals, dont elle reprend les
modèles de composition. Elle agit de la
même façon avec les thèmes et modèles
de composition de Dirck Hals. Sa faiblesse
résidait clairement dans la conception de
compositions spatiales. »
Joyeuse Compagnie, ca. 1629, huile sur panneau, 74,4 × 62,9 cm. Londres et Maastricht, Collection Nortman.
‘‘LEY-STER’’
Ses plus grandes qualités résidaient ailleurs,
dans le choix de ses thèmes, par
exemple. Homme offrant de l’argent à une
femme (1631) représente une femme occupée
à coudre à la lumière d’une lampe.
Un homme sort de l’ombre, s’approche
et lui tend une main remplie de pièces.
Il porte un chapeau de fourrure et son
offre ne paraît guère honnête. La femme
s’est-elle laissée séduire par l’argent qu’il
44
Le premier Brabançon, fol. 29 ; in: Livre des tulipes,
1643, pointe d’argent et aquarelle sur vélin, signé
JL*, Haarlem, 38,2 × 27,2 cm. Haarlem, Frans Hals
Museum.
Homme offrant de l’argent à une femme, 1631, huile sur panneau, 30,8 cm × 24,2 cm. La Haye, Mauritshuis,
inv. 564.
Frans Hals ayant été un maître très sollicité,
certains peintres sont encore considérés
comme ses ‘‘apprentis’’.
1980. Elles ont été corrigées ces dernières
années, tout vient donc à point à qui sait
attendre. Il y aura sans doute après moi un
historien ou une historienne de l’art pour
encore faire avancer les connaissances sur
l’œuvre de cette grande artiste. »
lui offrait ? « C’est un dilemme typique des
femmes, au XVIIe siècle », admet Pieter
Biesboer. « Elles recevaient toutes sortes
de sollicitations et devaient faire des
choix ; une décision importante offrant
peu de garanties. Dans certains tableaux,
la femme se méprend sur les intentions de
l’homme. Judith Leyster adopte un tout
autre point de vue. » Le plus grand point
d’interrogation qui subsiste porte sur
l’existence d’œuvres de Judith Leyster et le
lieu où elles sont conservées. Tout grand
collectionneur aimerait en posséder. « Les
œuvres d’artistes féminines n’ont jamais
été aussi demandées alors que l’offre est
très restreinte », remarque Pieter Biesboer.
« Judith Leyster ne fut redécouverte qu’à
la fin du XIXe siècle par l’historien de l’art
et collectionneur néerlandais Cornelis
Hofstede de Groot qui identifia sa signature,
un J avec l’étoile dessinée de ‘‘Leyster’’.
Puis il y eut les attributions erronées
de Juriana Harms dans les années 1930
et de Frima Hofrichter dans les années
VISITER
Mauritshuis
La Haye
www.mauritshuis.nl
45
Art précolombien
Trésors du continent mystérieux
D’une diversité phénoménale,
les objets de l’art précolombien
continuent à fasciner un public de
niche. Dans un contexte délicat
de demandes de restitution de
la part des pays d’origine, son
marché reste stable et offre déjà
de très belles pièces pour des prix
abordables.
TEXTE : GILLES BECHET
Grand Dignitaire à l’Eventail, Mexique, culture Jalisco, 100 av. – 300 ap. J.-C., terre cuite peinte en rouge,
beige, noir et jaune, 51 x 30 x 22 cm. Courtesy Galerie Furstenberg / photo : Michel Gurfinkel
Ces civilisations comptent peutêtre
parmi les plus mystérieuses
du monde, car hormis les objets
on ne sait rien. Pas d’écrits qui
renseignent sur l’organisation sociale et
religieuse, ou sur les structures du pouvoir.
On peut contempler une statuette sans
savoir si c’est un chaman, une grande prêtresse,
un souverain ou un autre personnage
et être pourtant touché par la beauté
brute de l’objet. On dit, par facilité, art
précolombien pour couvrir en vérité une
énorme diversité de cultures dans l’espace
comme dans la chronologie. On a ainsi des
pièces qui datent de deux à trois millénaires
avant notre ère jusqu’à la conquête
espagnole, de la pointe sud de l’Argentine
au Nouveau-Mexique. De cet ensemble
aussi vaste se détachent les deux noms
qui reviennent le plus souvent, le Mexique
et le Pérou, les Aztèques et les Incas. « Ce
46
Masque funéraire représentant le visage d’Ai Apaec, Culture Mochica, 100 - 800 apr. J.-C., cuivre et coquillage de Strombus, 17,5 x 23,5 cm. © Musée Larco, Lima, Pérou
ne sont pas les pièces les plus archéologiquement
intéressantes, car ce sont des
cultures tardives. Il y a une grande méconnaissance
de ces civilisations. Il existe
aussi des objets très intéressants provenant
du Costa Rica, de l’Equateur ou du
Panama. Et certains pays, comme le Brésil
ou l’Argentine, ont été très peu fouillés »,
confie Jean-Christophe Argillet, directeur
de la Galerie Furstenberg.
UN MARCHÉ DE NICHE
L’art précolombien représente un marché
de niche où circulent des objets sortis de
terre il y a très longtemps pour rejoindre
des collections privées. « On se procure
les objets dans des collections du monde
entier, et ils repartent dans des collections
du monde entier, parfois jusqu’à Singapour,
Taiwan ou la Russie », poursuit le
galeriste. Les belles pièces peuvent être
acquises à des prix relativement abordables
si on compare avec l’art égyptien ou
l’art africain classique. « Un premier achat
pourrait se porter sur une petite déesse de
la fertilité en terre cuite de culture Tlatilco
du Mexique ou un vase étrier Mochica
du Pérou, dans une fourchette allant de
600 à 800 euros. Un amateur plus fortuné
peut commencer par un beau masque en
pierre de Teotihuacán au Mexique pour
un prix oscillant entre 40.000 et 70.000
euros. » La singularité de ces cultures leur
permet d’intégrer des collections non
archéologiques. Les stèles de la culture
Valdivia, par exemple, sont de plus en plus
demandées. Elles représentent, de façon
abstraite et géométrique, des personnages
qui convoquent de nombreuses références
de l’art moderne. Les belles pièces
tournent actuellement autour des 40.000
à 60.000 euros. C’est, comme toujours, la
« Cela fait quarante
ans que je suis expert
et je n’ai jamais dû
rendre un des objets
mis en vente. »
JACQUES BLAZY
rareté qui détermine le prix. Il en va ainsi
des objets de la civilisation Olmèque, très
recherchés mais très rares. Au sein d’une
même civilisation, les fourchettes de prix
sont très élastiques, pouvant passer de
quelques centaines d’euros à plusieurs
centaines de milliers suivant la qualité et
l’intérêt de l’objet.
47
48
Urne anthropomorphe, Zapotèque, Monte Albán,
Vallées Centrales de l’Oaxaca, Mexique, Monte
Alban III, Epoque Classique, 500 – 900 ap. J.-C.,
terre cuite grise, 21,5 x 14,5 cm. Courtesy Galerie
Serge Schoffel Art Premier
« Certaines maisons
de vente n’ont pas
toujours l’oeil ou
l’envie de faire appel
à des experts pour
analyser un objet. »
YANNICK DURAND
MARCHANDS ET MUSÉES
En Europe, on compte peu de marchands,
mais de très beaux musées. La Belgique,
plus particulièrement, n’a pas à rougir avec
la collection Paul et Dora Janssen-Arts
conservée au MAS d’Anvers et celle du
musée Art et Histoire, à Bruxelles. Dans la
capitale, la disparition du grand marchand
Emile Deletaille a laissé un vide. Quelques
galeries vendent des pièces d’art précolombien
aux côtés d’objets d’art premier ou
d’antiquités. C’est le cas de Serge Schoffel
qui a récemment exposé à Paris, dans le
cadre du salon Parcours des Mondes, un
ensemble de quatorze figurines en terre
cuite et en pierre issues de la culture
méconnue de Timoto-Cuita, au Venezuela.
Pour le galeriste, l’initiative, le travail et le
choix d’un tel sujet est la démonstration
de l’utilité du marchand d’art : « La profession
est aujourd’hui stigmatisée comme
participant à une spoliation généralisée,
mais on oublie que si les œuvres brillent
aujourd’hui dans les vitrines des musées et
ont suscité le développement de nombreuses
recherches donnant lieu à une littérature
prolifique, c’est grâce à la passion,
la grande curiosité, l’œil et l’instinct avertis
des marchands et des collectionneurs. »
Il faut dire que le marché de l’art précolombien
est confronté depuis plusieurs
dizaines d’années aux revendications des
pays d’origines qui réclament de manière
systématique le retour de tout patrimoine
mis en vente, ce qui pousse tous
les acteurs du marché à la plus grande
prudence.
TENSIONS ET REVENDICATIONS
En France, tout objet mis en vente doit
être consigné dans le registre de l’OCBC
(Office central de lutte contre le trafic
des biens culturels). Légalement, la pierre
angulaire est la convention de l’UNESCO
de 1970, mais aussi la date de sa ratification
qui, pour les Etats-Unis, est de 1983,
de 1994 pour la France et de 2003 pour la
Belgique. « Il faut prouver, par des publications
scientifiques ou des catalogues
d’exposition, que les objets sont sortis
de leur pays d’origine avant 1970. Et les
personnes qui achètent en vente publique
sont définitivement propriétaires de leur
pièces», assure Jacques Blazy, expert en art
Ornements d’oreilles avec mosaïque de l’oiseau-guerrier, Culture Mochica, 100 – 800 apr. J.-C., or, turquoise massive verte, turquoise, sodalite, nacre, coquille de
spondyle, 10 x 9,9 cm. © Musée Larco, Lima, Pérou
49
« On se procure des objets
issus de collections du
monde entier qui repartent
dans des collections du
monde entier, parfois
jusqu’à Singapour, à Taiwan
et en Russie. »
JEAN-CHRISTOPHE ARGILLET
précolombien, notamment pour les ventes
organisées par l’étude parisienne Binoche
et Giquello : « Cela fait quarante ans que
je suis expert et je n’ai jamais dû rendre un
des objets mis en vente. » La dispersion,
chez Sotheby’s en 2013, de la Collection
Barbier-Mueller a marqué les esprits en
exacerbant les tensions avec le Mexique et
le Pérou, pays particulièrement en pointe
dans les revendications de restitution. La
vente était exceptionnelle ; le collectionneur
suisse, qui avait prêté sa collection de
300 pièces à la municipalité de Barcelone
en 1997, avait souhaité s’en séparer après
que la ville catalane ait renoncé à l’acquérir.
Estimée à 15 millions d’euros, elle n’a
pas atteint la somme espérée et moins
de la moitié des lots trouvèrent preneur.
« C’est dommage, analyse Jacques Blazy,
mais ce n’est pas une catastrophe. Car, les
objets les plus exceptionnels ont tous trouvé
amateurs. » Parmi eux, il n’y avait pas de
musée américain, car suite aux protestations
dans la presse et de la part des deux
états sud-américains, le Gouvernement
fédéral a publié un décret empêchant les
musées d’acquérir des pièces précolombiennes.
On notera que, dans ce contexte
délicat, le musée du Quai Branly a lui aussi
renoncé à l’acquisition de nouvelles pièces
d’art précolombien.
Exceptionnel acrobate, Culture Olmèque, Mexique, Préclassique moyen, 900 – 400 av. J.-C., stéatite brune
à belle patine, 23 x 26 cm. Binoche et Giquello, Paris, 29-06-2021. © Binoche et Giquello
458.180 € (frais inclus)
Coiffe frontale avec félin et condors, Culture
Mochica, 100 – 800 apr. J.-C., or, 22,4 x 25,6 cm.
© Musée Larco, Lima, Pérou
50
« Si ces oeuvres
brillent aujourd’hui
dans les vitrines des
musées, c’est grâce à
la passion, la grande
curiosité, l’oeil et
l’instinct avertis des
marchands et des
collectionneurs. »
SERGE STOFFEL
Tête d’homme, Culture Aztèque, Mexique Central, Postclassique, 1325 – 1521 ap. J.-C., basalte gris et reste de
pigment rouge, H. 18,5 cm. Binoche et Giquello, Paris, 11-02-2022. © Binoche et Giquello
54.640 € (frais inclus)
DES COLLECTIONNEURS PLUS JEUNES
Du côté des collectionneurs, on assiste à
une évolution lente des profils, les collectionneurs
historiques disparaissant et ne
trouvant pas toujours d’héritiers pour partager
leur passion. Ceux qui réunissent des
ensembles de quarante à cinquante pièces
se font plus rares et on voit apparaître
des collectionneurs plus jeunes, qui vont
plutôt acquérir trois ou quatre très belles
pièces précolombiennes comme ponctuation
de leurs collections, entre un Hartung
ou un Soulages, une console Louis XVI
et un vase chinois. « Le voyage peut être
déclencheur d’un coup de foudre. Je vois
énormément de gens entrer dans ma gale-
rie après un voyage au Mexique, où ils ont
visité des sites et des musées et où cette
culture a commencé à leur parler», note
Jean-Christophe Argillet. Le nombre limité
des marchands et l’essor du commerce
en ligne favorisent les enchères. Aux
côtés des ventes de grandes collections,
on trouve aussi dans des maisons moins
cotées des objets précolombiens au hasard
d’une vente d’art premier. « Certaines
maisons de vente n’ont pas toujours l’œil
ou l’envie de faire appel à des experts pour
analyser un objet. J’ai vu, par exemple, un
chien Colima du Mexique, simplement
référencé comme ‘‘petit chien assis’’ »,
remarque Yannick Durand de la Galerie
1492. Malgré ces turbulences, l’art précolombien
demeure un marché stable, à l’abri
des spéculations et attirant des amateurs
passionnés séduits par des objets qui
n’ont souvent rien d’autre à offrir que leur
beauté intrinsèque et le témoignage d’une
des plus grandes cultures de ce monde.
VISITER
Machu Picchu et les trésors du Pérou
Cité de l’Architecture et du Patrimoine
Paris
www.expo-machupicchu.fr
jusq. 04-09
51
Tanabe
Chikuunsai IV
On pensait que les possibilités offertes par les matières naturelles
avaient déjà été exploitées bien au-delà de leurs limites. Il n’en est rien !
Sous la main de certains artistes, notamment Tanabe Chikuunsai IV, un
renouvellement tant esthétique que symbolique se poursuit, qui n’a de
cesse de surprendre.
TEXTE : GWENAELLE DE SPA
© de l'artiste / Courtesy Galerie Mingei, Paris / photo : D. R.
52
Dans cette perspective, l’artiste
japonais Tanabe Chikuunsai, quatrième
du nom, s’intéresse depuis
de nombreuses années au bambou,
plante ligneuse dont il explore inlassablement
les possibilités de tressage. Car le
bambou à la particularité d’être un matériau
à la fois souple et résistant qui peut être tissé,
plié ou même sculpté. Tanabe Chikuunsai IV
(1973) a choisi d’entremêler dans de savants
chevauchements cette ressource endémique
à l’Asie pour la transformer en produit hautement
esthétique et délicat. Cette démarche
se manifeste par le biais d’une réinterprétation
contemporaine des objets de vannerie
traditionnelle japonaise, mais aussi parfois
au travers d’installations monumentales.
Ainsi, en 2018, ce n’est sans aucun autre
support que la résistance des fines lamelles
de bambou minutieusement imbriquées les
unes dans les autres que les trois colonnes
qui composent l’œuvre Connexion s’élevaient
dans les hauteurs de la Grange aux Abeilles
du Domaine de Chaumont-sur-Loire, en
Touraine. A l’image de trois souches à la
base commune déployant leurs ramures
en un entremêlement ascendant, la forme
à la fois robuste et légère de cet ensemble
évoque aussi les tourbillons. Inspirée par le
«mouvement perpétuel de la Loire voisine»,
l’impression de mouvement et d’énergie qui
se dégage de l’œuvre est accentué par les
lamelles aux motifs striés de noir du bambou
tigré torachiku, une variété rare qui ne pousse
que sur l’île de Shikoku. Le motif aérien choisi
pour constituer le maillage de l’installation
laisse quant à lui filtrer la lumière et produit,
au fil de la journée, des motifs changeants
sur les murs du bâtiment
Connexion, 2018, vue de l’exposition au Domaine de Chaumont-sur-Loire.
© de l’artiste / Courtesy Galerie Mingei, Paris / photo : Tadayuki Minamoto
TRADITION ET MODERNITÉ
« Pour cette installation, j’ai utilisé un élément
de la Nature, le bambou, qui exprime
ici ce lien, cette connexion entre la Nature,
l’Homme et l’Histoire », explique l’artiste.
Dans cette œuvre, on peut ainsi lire l’éloge de
savoir-faire ancestraux que le père de Tanabe
Chikuunsai IV lui a transmis. Fort de son
apprentissage en beaux-arts à la Crafts High
School d’Osaka, puis en sculpture à l’Université
des Arts de Tokyo, on peut aussi voir
dans son travail la volonté de concilier tradition
et modernité. Par exemple, la conception
de la nature et de l’œuvre d’art n’est pas
la même en Occident et en Orient. Pour
l’artiste occidental, la création présuppose
une volonté d’intervention et de transformation
de la nature alors que l’artiste oriental
vise fréquemment une forme de respect
envers celle-ci, qui le conduit à un “réarrangement»
des choses comme du monde.
Partant, Tanabe Chkuunsai IV a pour habitude
de remployer pour d’autres projets le
matériau constitutif de ses installations. Ses
créations, dont cette œuvre imaginée pour le
Festival International des Jardins et la saison
d’art 2018, sont donc démontées à la fin de
leur exposition, si bien qu’il n’en subsiste que
le souvenir. Une mise en application tangible
des concepts de continuité et de renaissance
pour évoquer des liens avec l’espace qui
transcendent le temps. La particularité du
contexte historique du château de Chaumont-sur-Loire,
ancienne demeure royale,
ainsi que sa condition de centre d’art et de
nature ont largement influencé la création
de cette œuvre. Souhaitant témoigner du lien
fort existant ici entre Nature, Homme et Histoire,
mais aussi représenter les connexions
entre sa famille et lui-même, de même
qu’entre lui et le monde, Tanabe Chikuunsai
IV propose une œuvre oscillant entre intime
et universel. L’œuvre et les gestes de l’artiste
ont pour seule fonction de nous rendre
perméable à l’environnement, d’attiser notre
sensibilité et de nous placer dans un état de
fusion et de totale continuité avec la nature.
VISITER
Tanabe Chikuunsai IV
Galerie Mingei
Paris
www.mingei-arts-gallery.com
jusq. 28-05
53
Les chandeliers
Des porteurs de lumière
À deux, à trois ou à multiples bras,
les chandeliers furent, dans nos
demeures, les principaux véhicules
de la lumière avant l’arrivée du gaz,
puis de l’électricité. De bronze ou de
porcelaine, sobres ou sophistiqués,
ils adoptèrent tous les styles et
embrassèrent toutes les modes.
Aujourd’hui encore, les chandeliers
ont la cote, car rien n’est plus
apaisant que la douce lumière
irradiante de quelques bougies…
TEXTE : ANNE HUSTACHE
Le vie des noms est parfois erratique.
Bougeoir, flambeau sont les
ancêtres du chandelier. Ce mot de
‘‘chandelier’’, en tant qu’accessoire
portant des chandelles, n’est apparu qu’au
XIIIe siècle. A l’époque, et depuis longtemps,
le chandelier est un métier, celui
qu’exerce le fabricant de chandelles, mot
dont l’étymologie est issue du mot latin
candela. D’ailleurs un ‘‘candélabre’’ est un
support de grande taille, et à plusieurs
branches, destiné à recevoir les bougies,
les chandelles et les cierges. Chandeliers
et candélabres jouissent donc de la même
étymologie et, en somme, tout chandelier
est un candélabre à la restriction stricto
sensu qu’il est d’abord perçu comme « un
grand bougeoir pouvant recevoir une
ou plusieurs chandelles. » Les mots se
compliquent encore à l’époque moderne,
lorsque l’on se plaît à désigner par le terme
de chandelier ce qui est en fait un lustre,
soit un support de bougies, accroché au
plafond. Mais, finalement, cette abondance
de termes n’est-elle pas délicieuse
et justifiée ? Elle qui se rapporte à ces
indispensables accessoires de la maison,
sans qui, pendant des siècles, nous serions
restés dans la nuit et n’aurions pas connu
la magie du doux éclairage aux chandelles.
Divin éclairage
ca. 500–475 av. J.C.
Souvent représentés ensemble, tant en
Grèce à la même époque, qu’en Etrurie,
Hercule et Minerve sont fièrement juchés
au sommet de ce haut candélabre, dont la
forme est typique de l’Antiquité méditerranéenne.
Six éléments coulés à la cire perdue
ont été assemblés pour construire ce luminaire
qui comporte quatre bobèches. Les
Etrusques maîtrisaient particulièrement
bien les arts du feu et ils furent donc de remarquables
travailleurs du métal, un savoir
qu’ils transmirent d’ailleurs aux Romains,
comme en témoignent, par exemple, les
chandeliers de même silhouette retrouvés
dans les vestiges de Pompéï.
Candélabre étrusque, Italie, probablement Vulci,
bronze, H. 154,9 cm. New York, The Metropolitan
Museum of Art, inv. n° 61.11.3.
Terrasser l’ombre
ca. 1200-1250
Le Moyen Âge a beaucoup aimé décorer
ses objets domestiques d’animaux, qu’il
s’agisse de monstres ou de bêtes exotiques
comme l’éléphant et le lion. En témoignent
particulièrement les aquamaniles et les
pieds de chandelier. Le lion fut souvent
représenté, notamment en compagnie de
Samson. En effet, comme le relate le Livre
des Juges, le héros biblique Samson tua un
lion à mains nues, cet animal symbolisant
la force et le courage. Cette thématique
traversant toute l’histoire de l’art, offre
ici au dinandier l’occasion de révéler son
talent en soignant le rendu expressif de la
gueule et de la crinière de l’animal.
Chandelier avec Samson et le lion, probablement
Dinant (Belgique), cuivre doré, H. 27,8 cm. Bruxelles,
musées Art et Histoire, inv. n° 0A6937. © MRAH
54
L’originalité de
ce chandelier
sophistiqué réside
dans les deux anges
qui soutiennent
les bras de lumière
et les deux autres
qui soutiennent les
bobèches.
Anges de lumière
ca. 1666–1699
Les objets réalisés en Angleterre dans la
seconde moitié du XVIIe siècle, selon la
technique particulière du bronze émaillé,
sont rares et ceux qui, comme ce chandelier,
relèvent d’une même palette (blanc,
noir, vert et bleu) et d’un même style de
décor floral, étaient considérés comme
originaire du Surrey, au sud de Londres.
Récemment, ils furent réattribués à
Anthony Hatch, membre de la Armourers
and Braziers Company, et à son collaborateur
Stephen Pilchard. De fait, tous
deux avaient installé un four à émailler
le bronze dans le siège de la compagnie.
L’émail est ici disposés dans des niches
moulées dans le bronze. L’originalité de ce
délicat chandelier repose sur la présence,
à la fois, de deux anges tenant les deux
bras de part et d’autres du socle, et de deux
autres soutenant les bobèches.
Candélabre, Angleterre (Surrey), émail sur bronze,
H. 27,3 cm. New York, The Metropolitan Museum of
Art, don de Irwin Untermyer, inv. n° 64.101.1621.
Putto et fleurs
ca. 1759-1770
Parmi les centaines de figurines inventées
par la manufacture de porcelaine de
Chelsea, celle du putto a connu une faveur
particulière, d’autant qu’il est parfois
doté des ailes de cupidon. Divers motifs
concourent à rendre cet objet délicieusement
séduisant : les guirlandes de fleurs
roses et rouges qui parent le jeune garçon
et émergent de son panier, les draperies
aux couleurs similaires. Soutenant de ses
mains les deux bras du chandelier, le putto
adopte une pose spontanée et pleine de
vie, qui s’intègre adéquatement à un socle
de style rocaille. Cet objet n’était pas proposé
seul, l’institution possédant son pendant,
orné également d’un putto, petit frère
adoptant une autre pose, mais arborant les
mêmes bobèches sur un socle similaire.
Candélabre, Angleterre, Manufacture de Chelsea,
porcelaine, H. 26,7 cm. Londres, The Victoria &
Albert Museum, inv. N° 772-1877.
55
Transparence et couleurs
XVIIIe siècle
Pour inspirer les Lords
ca. 1846
La danse des demoiselles
milieu du XIXe siècle
Ce chandelier illustre à merveille l’excellence
de la fabrication du verre à Venise,
qui assura pendant des siècles à la Sérénissime
sa prédominance en le domaine.
Toute la structure centrale, les bras, les
bobèches, sont fabriqués dans ce cristallo
parfaitement transparent que les
maîtres verriers de Murano avaient été les
premiers à inventer. S’y rapportent divers
éléments, réalisés séparément avant d’être
assemblés, qui témoignent du goût des
Vénitiens pour les couleurs vives. Ils sont
décorés de fleurs rose tendre et de macarons
rouge vif, parfois en verre transparent,
parfois en version laiteuse, rehaussés de
quelques fleurs de deux bleus différents.
Chandelier, Italie, Venise (Murano), verre, H. 61,9
cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, inv.
n° 81.8.269a-gg.
Cet imposant chandelier fut dessiné par
le célèbre architecte du palais de Westminster
afin de décorer l’une de ses salles
prestigieuses, la Chambre des lords. Fidèle
au style néo-gothique, Augustus Pugin
prit pour modèle les grands chandeliers
d’église qui furent réalisés à la fin du
Moyen Âge, tant en Allemagne que dans
les Pays-Bas du Sud, à Dinant, et qu’il avait
découverts lors de ses nombreux voyages
sur le continent. Décoré de feuillages qui
témoignent de sa libre interprétation du
gothique, fabriqué avec soin et selon la
technologie de l’électrolyse, considérée
alors comme la plus novatrice, ce chandelier
fut acquis par le musée lors de la
fameuse Exposition universelle de 1851. Il
ne prit donc pas le chemin de la Chambre
des lords…
Augustus Pugin, Chandelier, Manufacture Hardman
and Co., Birmingham, bronze, H. 83,8 cm.
Londres, The Victoria and Albert Museum, inv. N°
2742-1851.
Les trois danseuses qui évoluent de
concert autour de la colonne centrale
de ce lourd chandelier semblent tout
autant de sympathiques musiciennes
tenant leur instrument à la mains, que des
muses antiques avec leur sein dénudé. Ne
seraient-elles pas une nouvelle incarnation
des trois Grâces, telles que Raphaël
les a peintes au début du XVIe siècle ? La
Renaissance est une source d’inspiration
sous le règne de Louis-Philippe (1830-
1848). La légèreté des figurines féminines
contraste assez singulièrement avec la
silhouette des bras de lumière, assez
lourde et servie par un décor sans grande
imagination.
Chandelier à dix branches, France, style Louis-Philippe,
bronze doré, H. 99 cm. Christie’s, New York,
20-10-2021. © Christie’s Images Ltd.
6.875 $ (5.915 €)
56
Retour vers la nature
2021
Mobile
1901
Ce chandelier n’offre-t-il pas un mélange fascinant de modernité et de classicisme ?
Une parfaite symétrie, une incomparable élégance, et pourtant une curieuse superposition
d’anneaux et de formes arrondies… Le regard s’attarde et attend la mise en
lumière. Si les bras peuvent s’ordonner dans un seul plan, il est aussi possible de les
faire pivoter sur la tige centrale, de manière à disposer d’un chandelier plus ample,
investissant l’espace. Bruno Paul fut un artiste d’avant-garde, participant avec ses
dessins au magazine d’art Jugend, comme à la revue satirique Simplicismus. Architecte
et décorateur, dès 1907, il sera membre du célèbre Deutsche Werkund. Avant
cela, il livre avec ce chandelier l’une des créations les plus abouties de son travail de
décorateur.
La société néerlandaise Pols Potten
insuffle depuis plusieurs années une note
d’humour à nos intérieurs. Le chandelier
Twiggy n’y déroge pas : en ces années de
réchauffement climatique et de détérioration
de la nature, il traduit la vivacité
primesautière d’un écureuil sautant de
branche en branche, celles-ci devenant
les bras de ce chandelier, au port à la fois
altier et naturel. Un accessoire aussi sympathique
de jour, qu’inspirant de nuit.
Studio Pols Potten, Twiggy, chandelier avec écureuil,
métal doré. © Pols Potten
Bruno Paul, Candélabre, Munich, bronze, H. 41 cm. Londres, The British Museum, inv. N° 1993,1012.5.
Surréaliste ou pas ?
1975
A première vue, ces chandeliers s’imposent comme la synthèse cubiste de deux corps
en mouvement. Ce qui ne correspond pas vraiment au délire illusionniste auquel Dalí
s’est longtemps adonné. Toutefois, ces œuvres datent de 1975, époque où l’artiste avait
été rejeté depuis longtemps de la sphère surréaliste. Lui-même d’ailleurs s’était engagé
dans un travail égotique, nourri de sa méthode ‘‘paranoïa-critique’’, termes forgés par
sa propre théorie. Ces intéressants chandeliers en portent la trace puisqu’ils incarnent
respectivement Castor et Pollux, les deux frères de la mythologie grecque dont l’un
renvoie à Dalí et l’autre à son frère aîné, disparu accidentellement quelques 9 mois
avant sa naissance. Un dessin préparatoire pour ces chandeliers, daté de 1974, réunit
d’ailleurs Castor et Pollux sous le soleil de Gala, épouse et muse de l’artiste.
Salvador Dalí, Candélabres Castor & Pollux, bronze chromé, dim. 26 x 18 x 11 cm. Whright Auctions,
Chicago, 27-02-2014. © Wright Auctions - 2.500 $ (1.830 €)
57
Poésie d’un cadre
post-apocalyptique
Avec Baranzate Ateliers, Lionel
Jadot, Zaventem Ateliers et
quelques galeries et créateurs
amis préparent l’un des plus
intéressants projets du prochain
salon du meuble de Milan.
Ils œuvrent ainsi à la promotion
du design de collection.
TEXTE : ELIEN HAENTJENS
Studio KRJST, Vénus, 2021, divers types de textiles, éd. 3 + EA, 200 x 200 cm. © des artistes
Lors du dernier Fuorisalone, organisé
en septembre 2021, événement qui
regroupe les activités périphériques
du Salone del Mobile, Zaventem Ateliers
participait pour la première fois avec
une exposition collective. A cette occasion,
Alessandra Necchi découvrait le collectif
belge : « Dans les années 1930, sa famille a
construit la Villa Necchi désormais ouverte
au public, et dans les années 1950, une
grande usine à Baranzate, en dehors de
Milan. Soucieuse d’offrir un avenir intéressant
à ce lieu, elle fut immédiatement interpellée
par l’histoire de Zaventem Ateliers »,
explique le créateur et promoteur Lionel
Jadot. « Après le salon, nous avons visité
l’usine abandonnée qui, jadis, produisait
en série des machines à coudre. Comme
elle souhaitait offrir un avenir créatif à ces
bâtiments, Alessandra nous a proposé de le
faire revivre. En échange, nous organiserons
lors du prochain salon une grande exposition
et toutes sortes d’événements tels que
dj-sets, danse contemporaine et dîners.
Nous souhaitons faire revivre cet endroit.
58
Studio Elémentaires, White Night #1, 2021, tube en
verre et acrylique, aluminium, DEL 360°, éléments
imprimés en 3D, moteur, éd. lim. de 8, 15 x 50 centimètres.
© des artistes
Pierre-Emmanuel Vandeputte, Abacus, 2020, table en acier revêtu de poudre et bois, 180 x 75 x 80 cm et
Pausa, 2016, tabouret en chêne massif, H. 45, 65 ou 80 cm. © de l’artiste / photo : Stefania Zanetti
Nous avons, par exemple, conclu un accord
avec un restaurant voisin qui fournira des
repas. Nous désirons recréer l’ambiance bon
enfant de Zaventem à Baranzate. » À noter,
l’intégration dans le projet de quelques
sans-abris, qui ont élu domicile dans une
partie des 10 000 m² du bâtiment. Lionel
Jadot : « Ils nous aident à tout organiser et
à préparer l’espace pour la venue du public.
Il en résulte une dynamique intéressante,
tandis que le projet prend une dimension
sociale. » En contrepartie, Baranzate offre
des salles d’exposition en centre-ville, un
cadre brut pour présenter des pièces : « La
lumière du Nord, qui pénètre par d’impressionnants
sheds, mais aussi la patine de
l’ancienne construction industrielle sont
particulièrement belles. Les plantes qui, au
fil des années, ont poussé dans les bâtiments,
confèrent à cette exposition une
dimension post-apocalyptique. En réunissant
des designers, artistes et artisans,
nous montrons ce à quoi un intérieur peut
ressembler en 2022. Grâce à ce bâtiment, le
passé ne tombe pas dans l’oubli. »
Baranzate offre, en contrepartie, des salles
d’exposition élégantes en centre-ville,
un cadre brut pour présenter des pièces.
LAMPES THÉÂTRALES
Les Français de Studio Élémentaires
compteront parmi les dix-sept résidents
de Zaventem Ateliers à montrer leurs
œuvres à Milan. Gauthier Haziza et Apolline
Couverchel ont fait connaissance lors
de leur formation à l’Ecole de Théâtre de
Lyon. Pendant que l’un étudiait un concept
d’éclairage, l’autre suivait des cours en scénographie
: « Nous avons d’abord travaillé
dans le théâtre, mais manquions de liberté
créative. Notre amour du mouvement et
notre approche interdisciplinaire ont été
inspirés par ce contexte. Nos objets de
design revêtent un caractère très performatif
» A Baranzate, Studio Élémentaires
présente une installation sur base de la
lampe System (2020). Dans une ample rotation
à 360 degrés, la lumière s’éteint peu à
peu en illustrant la transition entre le jour et
la nuit. « Avec notre installation poétique,
nous souhaitons faire réfléchir les visiteurs
à notre relation au temps et les inviter à
se détendre dans la foule du salon. Dans
nos objets, nous associons des éléments
high-tech à une finition artisanale et le
design au théâtre. Plus qu’un simple produit
fonctionnel, nous souhaitons créer une
expérience qui sollicite plusieurs sens et
apporte un peu de magie et de poésie dans
un living-room. La beauté se trouve dans la
coexistence entre lumière et mouvement. »
59
Lionel Jadot. © D. R.
Lionel Jadot, Lost Highway, 2021, métal, macadam, 100 x 62 x 70 cm. © de l’artiste / Everyday Gallery / photo :
Seppe Elewaut
« En réunissant
designers, artistes
et artisans, nous
montrons ce à quoi
un intérieur peut
ressembler en 2022. »
LIONEL JADOT
Quelques anciens résidents ont également
renoué des liens avec Zaventem Ateliers, à
l’instar de la designer portugaise Bela Silva :
« Je n’ai pas pu demeurer dans l’atelier pour
des raisons pratiques, mais je fais toujours
partie de la famille Zaventem. C’est la
raison pour laquelle j’ai volontiers rejoint
l’équipe de Baranzate. » Elle présente deux
nouvelles collections : une série de grands
carreaux organiques en céramique, à poser
sur le mur, et des tabourets : « J’utilise
comme toujours la céramique, mais aussi
pour la première fois la pierre. Ces deux
séries sont parfaitement compatibles sur le
plan du langage formel. »
INSTALLATION IMMERSIVE
Lionel Jadot a également invité quelques
galeries amies. Everyday Gallery, qui possède
aussi l’espace de résidence Alpha à
Zaventem Ateliers, montrera des pièces
de Serban Ionescu, Schimmel & Schweikle
et Lionel Jadot lui-même. Boris Devis :
« Lionel propose une suite à sa chaise Lost
Highway, lancée à Design Miami. Il y a
intégré les éléments d’une rue brisée qui
semblent presque flotter sur la construction
métallique. À Milan, il montera toute
une salle à manger dans ce langage formel.
En outre, le Roumain Serban Ionescu
présentera une armoire modulaire et le
duo Schimmel & Schweikle une version
salon de sa Blown-up chair (2018), devenue
entre-temps emblématique. Notre galerie
travaille surtout avec des créateurs ayant
un discours artistique personnel dont
dérivent leurs pièces. Il importe peu qu’ils
aient une expérience en design ou en art.
Leurs créations possèdent souvent des
qualités sculpturales, parfois fonctionnelles.
D’où notre expression d’art fonctionnel.
Elles s’inscrivent dans l’histoire
de l’art et aident ainsi à élargir le spectre
du design. » L’Anversoise Modern Shapes
Gallery se rendra pour la première fois à
Milan. Son instigateur, Michaël Francken,
nous dévoile les raisons de ce déplacement
: « Pendant le Fuorisalone, nous
lancerons une nouvelle activité. Sous le
dénominateur de Modern Shapes Editions,
nous proposerons des éditions limitées
d’objets en bois artisanaux. Cela représente
un défi pour les artistes de notre
galerie que de traduire leur langage formel
en un nouveau matériau, à la fois chaud et
tactile. Cela leur donne aussi l’occasion de
produire des œuvres à plus grande échelle,
d’étendre leur notoriété et d’avoir plus
de temps pour créer. Le Canadien David
Umemoto mettra aussi le cap sur Milan.
Au départ de ses sculptures en béton
d’inspiration architecturale, il a inventé
des éléments modulaires, combinables de
diverses manières. » Cette activité devrait
permettre à la Modern Shapes Gallery de
se profiler davantage au niveau international
et de toucher un plus large public.
Michaël Francken : « Beaucoup sont
en phase avec le langage formel de nos
artistes, mais comme il s’agit en général de
pièces uniques, nécessitant beaucoup de
travail, tout le monde ne peut se permettre
d’en faire l’acquisition. La solution, ce sont
les éditions. » Quant à elle, la Galerie Philia
Internationale présente pour la première
fois le design de collection de Studiopepe.
60
La toute première
présentation en
design de collection
de Studiopepe
est attendue avec
impatience.
Un début attendu avec impatience, car les
Milanais Arianna Lelli Mami et Chiara Di
Pinto organisaient ces dernières années
l’une des plus sensationnelles expositions
du Fuorisalone. En une installation
immersive de 220 m², appelée The Temple,
Studiopepe présentera des pièces sculpturales,
dont des chaises monolithiques, une
console, un miroir, des lampes et objets.
Cette collection découle de leur intérêt
pour l’anthropologie et les artefacts culturels.
Elle s’inspire des dimensions circulaires
de lieux sacrés comme Stonehenge,
mais aussi de l’œuvre de Constantin
Brancusi, Isamu Noguchi et Le Corbusier.
Studiopepe questionne ainsi la notion de
sainteté dans un cadre anthropologique
et historique et la manière dont les objets
et meubles ont, au fil du temps, revêtu une
dimension symbolique.
Zaventem Ateliers, Blend, 2021, surplus de production des ateliers et matériau composite jesmonite, 40 x 38 x
40 cm, éd. 100 (par couleur). © des artistes / photo : Stefania Zanetti
VISITER
Schimmel & Schweikle, Blown-up Chair, 2018, impression 3D par robot, plastique polypropylène recyclé,
revêtement PU dur, 80 x 88 x 72 cm. © des artistes
Baranzate Ateliers
du 06 au 12-06
Fuorisalone / Salone del Mobile
Milan
www.baranzateateliers.com
61
Au rythme
de Rachel Jones
Une nouvelle étoile brille au
firmament de l’art : Rachel Jones.
Ces derniers mois, elle a connu une
ascension fulgurante. COLLECT
s’est penché, aux côtés d’experts
de Bonhams, sur le récent record
mondial de l’artiste et souhaité
connaître ce qui motive les
collectionneurs.
TEXTE : ELS BRACKE
Lors de la vente d’art d’après-guerre et
contemporain organisée à Londres
par Bonhams, le 24 mars dernier,
l’œuvre Spliced Structure (2019) de
Rachel Jones, estimée 40.000 à 60.000 livres
sterling, créait la surprise en s’adjugeant
910.750 livres sterling (1.094.000 euros),
frais inclus. Il s’agissait du deuxième montant
le plus élevé de la soirée, propulsant
l’artiste au rang des grosses pointures
comme Fernando Botero ou Frank Auerbach.
Seules deux des ses œuvres étaient
jusqu’alors passées en vente, ce qui est tout
à fait normal pour une artiste aussi jeune
(elle est née en 1991). Le 2 mars, Sotheby’s
London adjugeait A Slow Teething (2020)
pour 617.400 livres sterling (741.000 euros).
Mais, en dehors de ces montants élevés,
l’ascension rapide de Rachel Jones n’a pas
manqué de retenir l’attention. Elle achevait
des études à la Glasgow School of Art en
2015, avant de fréquenter les Royal Academy
Schools de Londres, de 2016 à 2019.
Dès 2018, elle était repérée et participait
à d’intéressantes expositions collectives,
tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne.
On l’a vit, entre autres, dans The
Artist Dining Room | Faith Ringgold chez
Guest Projects à Londres, et dans Red
Shaped Mouths à la Chinati Foundation,
au Texas, en 2019. Un an plus tard, elle
signait avec la Galerie Thaddaeus Ropac.
Son premier solo londonien, SMIIIILLL-
LEEE (décembre 2021-janvier 2022) se
déroulait à guichets fermés ! L’artiste participait
également à l’exposition Mixing It
L’œuvre de Rachel
Jones présente
beaucoup de couleurs,
de lignes impétueuses
et, a priori, des
formes abstraites et
fantaisistes disposées
en patchwork.
Up: Painting Today, largement acclamée,
organisée fin 2021 à la Hayward Gallery
de Londres. Cette exposition collective
incluait quelques-uns des jeunes artistes
les plus prometteurs de cette génération,
dont Issy Wood, Oscar Murillo, Kudzanai-
Violet Hwami, Lisa Brice et Allison Katz,
mais aussi un vétéran comme Peter Doig.
La Chisenhale Gallery présente à l’heure
actuelle say cheeeeese, premier show institutionnel
qui permet à Rachel Jones de
conforter sa position en tant que peintre
parmi les plus remarquables actuellement
sur la scène internationale. Cette
exposition s’accompagne d’une publication
unique, la première sur l’artiste. Tous
s’accordent à le dire, Rachel Jones excelle !
Elle s’est singularisée par sa technique, son
style, son langage et son message, mais
aussi par sa manière originale de présenter
62
Spliced Structure (7), 2019, signé et daté, crayon à la cire et pastel sur toile, 190,3 x 250,3 cm. Bonhams, Londres, 24-03-2022. © Bonhams - 910.750 £ (1.094.000 €)
63
© photo : Adama Jalloh
C’est un art qui
donne envie de vivre
avec, de le contempler,
des toiles qui donnent
envie de les voir
accrochées en
permanence autour
de soi au lieu de
les entasser dans
un entrepôt.
des œuvres non traditionnelles à un public
varié, qui frappe par sa jeunesse et ses
origines. Jouant avec les opinions traditionnelles
au sujet de la peinture, elle n’use
ni de formats rectangulaires ni de cadres
sophistiqués, ses toiles étant souvent
flasques et polymorphes. L’artiste défie
aussi toutes les règles en matière d’accrochage
en collant ses œuvres directement
sur les murs ou en les laissant traîner par
terre. Pour son exposition à la Chisenhale
Gallery, elle a demandé à ouvrir les six
fenêtres de l’espace, doté d’un éclairage
artificiel depuis les années 1980, afin d’y
laisser entrer la lumière du jour. Elle a en
outre placé d’immenses autocollants sur
les portes extérieures du bâtiment, afin
d’inviter les passants et d’expliquer au
moyen de textes l’influence des images et
de la musique sur ses œuvres.
NOUVEAU ET CONTEMPORAIN
Rachel Jones use de craies grasses et de
pastel à l’huile pour réaliser ses œuvres
sur toile et papier. Une technique, selon
elle, plus rapide et précise que la peinture
à l’huile et le pinceau, qui dégage une
énergie dynamique et directe, car elle lui
permet de voir chaque ligne et chaque
trait tracés par sa main. La composition,
la rapidité d’exécution et ses couleurs, certaines
chaudes, d’autres froides, suggèrent
la quête d’une réaction émotionnelle. L’artiste
souhaite, selon ses propres termes,
laisser le spectateur ‘‘toucher avec ses
yeux’’. Mais que voit-on dans ses œuvres?
Beaucoup de couleur, des lignes impétueuses
et, a priori, des formes abstraites
et fantaisistes disposées en patchwork. Les
titres de ses deux expositions personnelles,
SMIIIILLLLEEEE et say cheeeeese, sont
suffisamment éloquents. Ses créations les
plus récentes, dont certaines mesurent
plus de sept mètres de large, mais qui
peuvent aussi avoir le format d’une page
A4, montrent des dents et des bouches,
organe sensoriel lourd de sens. Il y a là,
par exemple, une métaphore visuelle d’un
critère utilisé jadis pour mesurer la condition
physique des esclaves. Les couleurs
se réfèrent aux pierres précieuses dont
certains créateurs de mode et musiciens
64
noirs ornent leurs dents. Chanter, flirter,
rire, faire des grimaces, manger, vomir, on
expérimente l’œuvre dans la bouche du
narrateur d’une histoire neuve et contemporaine
; les sentiments profonds se
projettent à l’extérieur, en une explosion
de couleurs et de textures. Pourquoi les
collectionneurs se bousculent-ils pour voir
ses œuvres et pourquoi sa première exposition
s’est-elle ainsi déroulée à guichets
fermés ? Christine de Schaetzen, Bonhams
Belgique, et Cassi Young, responsable Modern
& Contemporary Art chez Bonhams
Londres, s’accordent à dire que le montant
obtenu en vente pour une artiste aussi
jeune est tout à fait exceptionnel : « Divers
facteurs sont entrés en ligne de compte.
L’intérêt pour la vente fut mondial, tant
en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis
où Rachel Jones a déjà exposé, mais les
collectionneurs d’Europe et surtout d’Asie
se sont rués sur Internet et le téléphone
pour acquérir ses œuvres. Qui plus est,
leur estimation basse était attractive pour
les acheteurs, tandis que sa production
relativement modeste a considérablement
allongé la liste d’attente chez Thaddeus
Ropac. » Bien entendu, la tendance dominante
où les artistes femmes et de couleur
s’engagent en faveur du Black Lives Matter
a joué un immense rôle. Sa récente participation
à Mixing It Up: Painting Today, dans
la célèbre Haywarth Gallery, tapait dans
le mille. Mais, c’est surtout à son œuvre
vibrante et passionnelle que l’artiste doit
ce vibrant succès. Un art qui donne envie
de vivre avec, de le contempler, des toiles
qui donnent envie de les voir accrochées
en permanence autour de soi et non stockée
dans un entrepôt.
CONSEIL AUX ACQUÉREURS
Nul ne peut encore prédire l’évolution de
ses prix après ce record mondial : « La
vente du 24 mars a démontré que Rachel
Jones avait le vent en poupe. On peut
seulement supposer que son marché
continuera d’être florissant tant qu’elle
remportera du succès », précisent Christine
de Schaetzen et Cassi Young. « L’intérêt
pour ses œuvres était déjà manifeste
avant la vente, mais rien ne dit que lors
d’une vente future les enchérisseurs se
disputeront pour en faire l’acquisition. On
a clairement constaté ici que les collectionneurs
étaient prêts à investir beaucoup
pour s’en emparer. » Nombre d’entre
eux recherchent des œuvres uniques et
intéressantes. Comment s’y prennent-ils
L’artiste joue avec les opinions traditionnelles
au sujet de la peinture en ne choisissant ni
formats rectangulaires ni cadres sophistiqués,
ses toiles étant souvent flasques et
polymorphes. Elle défie aussi toutes les règles
en matière d’accrochage.
pour repérer de pareilles perles ? Christine
de Schaetzen et Cassi Young : « Avant de
l’inclure dans une collection, il est crucial
de bien examiner l’œuvre ou l’artiste en
question. Il est également sage de se
renseigner sur l’état actuel du marché
international, ainsi que sur les expositions
et les ventes. Les artistes géniaux,
établis et émergents ne manquent pas,
mais qui s’intéresse au marché de l’art
contemporain ferait bien de commencer
par surveiller les petites enseignes et les
expositions à venir. » En attendant la suite
des événements, il est urgent de découvrir
l’univers de Rachel Jones.
Say cheeeeese, 2021. © de l’artiste / Courtesy Chisenhale Gallery
SURFER
www.bonhams.com
Thaddaeus Ropac Gallery
www.ropac.net
VISITER
Rachel Jones — say cheeeeese
Chisenhale Gallery
London
www.chisenhale.org.uk
j. 12-06
65
Focus
International
288.000 €
Ecole flamande, Portrait d’un homme,
XVe siècle, huile sur panneau transféré
sur toile (?), 52,3 x 35,5 cm. La Suite
Subastas, Barcelone, 03-03. © La Suite
Subastas
14.400.000 zł (3.071.000 €)
Pierre Paul Rubens, Portrait de femme, 1620-
1625, huile sur toile. Desa Unicum, Varsovie,
17-03. © Desa Unicum
55.900 €
Max Ingrand, Lampadaire, ca. 1959, commande
spéciale, éd. Fontana Arte, noyer laqué, laiton
niquelé, verre sablé, 170 x 60 x 35 cm. Piasa, Paris,
23-03. © Piasa
ON A VENDU
Un mystérieux
tableau flamand à
Barcelone
Le portrait d’un homme flamand
du XVe siècle faisait l’objet d’une
longue bataille d’enchères à
Barcelone, le 3 mars dernier, lors
d’une vente organisée par la salle
La Suite Subastas. Simplement
décrite comme ’’École flamande
du XVe au XVIe siècle, dans le
goût de la Renaissance italienne’’,
le tableau était catalogué comme
‘‘huile, probablement sur papier, et
appliquée sur panneau’’, l’annonce
précisant également qu’il provenait
d’une ‘‘distinguée collection
privée’’. Dès l’annonce de la vente,
des sources bien informées eurent
tôt fait de rapprocher l’œuvre d’un
portrait apparemment identique,
attribué au peintre de Louvain Dirk
Bouts (ca. 1415-1475) dans le catalogue
des peintures flamandes,
compilé à Bruxelles par l’Institut
Royal du Patrimoine Artistique
(IRPA). On y trouve même comme
provenance la Collection Spiridon
de Rome, constituée par Georges
Spiridon, notamment grâce à ses
achats effectués lors des ventes
des collections du Cardinal Fesch,
échelonnées entre 1841 et 1845,
et dispersée à Amsterdam en
1928. Dans le catalogue de cette
dernière, l’œuvre était associée à
un portrait féminin. Un marchand
européen, ayant pu l’examiner,
confiait à nos confrères de The Antiques
Trade Gazette, sa certitude
d’avoir eu entre les mains, non pas
une copie du XIXe siècle comme
évoqué par la salle barcelonaise,
mais bien un original du XVe siècle,
précisant qu’il s’agissait en fait
d’une huile sur panneau transférée
sur toile, pratique de restauration
jadis très répandue. Fait curieux, les
deux portraits d’homme connus
de Dirk Bouts, l’un à la National
Gallery de Londres, l’autre au
Metropolitan Museum of Art de
New York, portent également un
bonnet de feutre rouge… Est-ce
ce qui a décidé les enchérisseurs,
essentiellement des marchands, à
pulvériser les estimations, établies
entre 8.000 et 12.000 euros, pour
finalement porter l’adjudication à
288.000 euros (hors frais) ? Plutôt
cher pour une croûte du XIXe
siècle… En revanche, si c’est un
original de Bouts, la culbute promet
d’être juteuse. La partie la plus
passionnante du travail d’expertise
vient juste de commencer !
Tabac pour la
Collection André
Mourgues chez
Sotheby’s
Le 17 mars, chez Sotheby’s Paris,
le marché rendait un vibrant
hommage au goût éclectique
et visionnaire qui fut celui
d’Alexandre Iolas, en acquérant
la totalité des lots provenant de
la collection André Mourgues,
compagnon pendant plus de
25 ans du mythique galeriste,
bien au-dessus de leur estimation
haute. Les acheteurs furent
particulièrement sensibles à la
provenance et à la fraîcheur de
cet ensemble, la vente générant
pas loin de 10 millions d’euros,
au triple de l’estimation. Des prix
remarquables y étaient obtenus
pour les artistes de la scène moderne
contemporaine tels que
René Magritte, Max Ernst, Victor
Brauner ou encore Claude Lalanne,
mais aussi pour les antiquités
grecques et égyptiennes dont
Alexandre Iolas et André Mourgues
aimaient s’entourer. Après
le record en peinture obtenu à
Londres, René Magritte générait
à nouveau un record d’enchères
à Paris pour une œuvre sur papier.
Disputé par 9 enchérisseurs,
Le Viol (1951), dessin subversif et
révolutionnaire de qualité muséale,
triplait son estimation haute,
à 1 million d’euros (est. 200.000-
300.000 euros). La version initiale
de cette œuvre, une huile sur
toile, avait été peinte en 1934. Elle
reprend tous les grands thèmes
de Magritte et du Surréalisme
et devient une œuvre d’art
provocatrice qui sera utilisée à
de nombreuses reprises comme
reproduction dont, en 1934, pour
la couverture de l’ouvrage majeur
d’André Breton, Qu’est-ce que
le Surréalisme ? Magritte en fera
ensuite diverses versions dont
celle-ci, à ce jour l’unique Viol au
crayon sur papier aussi abouti.
Un Rubens fait
des étincelles à
Varsovie
Le soir du 17 mars, le Tout-
Varsovie bruissait de la vente
d’un portrait de Rubens pour
le montant le plus cher jamais
donné à une œuvre d’art aux
enchères en Pologne. Ce Portrait
de femme, exécuté par l’artiste
vers 1620-1625, avait fait partie
de la collection de Sir Peter Lely,
mais avait disparu des cimaises
depuis 1965. Mis en vente par
un citoyen britannique, c’était
aussi le premier Rubens à passer
en vente dans le pays. Proposé
par la maison d’enchères Desa
Unicum, il était adjugé 14,4
millions de zlotys (3,07 millions
d’euros), largement en deçà des
estimations. Exécuté à Anvers
avec la participation de l’atelier
du maître, il pourrait représenter,
selon les experts, un portrait de
la première épouse du peintre,
Isabella Brant, un membre de
la famille des bijoutiers Duarte,
alors voisins de Rubens, ou
encore un membre de la Cour
d’Espagne.
66
513.330 CHF (500.000 €)
Jean Ramon le Jeune dit le Maître
des Privilèges de Gand, bordures
attribuées à Jacquemart Pilavaine,
Livre d’heures en latin et français,
manuscrit enluminé sur parchemin
(18 grandes miniatures à mi-page),
23,2 x 15,5 cm (feuillets). Beurret &
Bailly. Widmer Auktionen, Bâle, 23-
03. © Widmer Auktionen
693.000 $ (631.000 €)
Flacon à priser, Chine, Pékin, dynastie
Qing, époque Qianlong, verre émaillé
de famille rose et or ciselé, marque de la
manufacture impériale. Christie’s, New
York, 24-03. © Christie’s Images Ltd.
239.400 £ (287.000 €)
James Ensor, L’Entrée du Christ à Bruxelles le Mardi Gras en 1889, 1898, impression
fine et coloriée à la main par l’artiste. Christie’s, Londres, 25-03. © Christie’s
Images Ltd.
Beaux résultats
pour du design
chez Piasa
Grâce aux excellents résultats de
ses ventes en design, organisées
le 23 mars à Paris, la salle Piasa
affirme un peu plus sa position et
sa dynamique de premier plan sur
le marché du design international.
Si la vente Max Ingrand rencontrait
un joli succès, de très beaux scores
étaient également obtenus par
les designers Gio Ponti, Angelo
Lelii, Gino Sarfatti, ou encore Carlo
Mollino pour la vente de design
italien. Au total, celle-ci générait
pas moins de 2,6 millions d’euros.
Parmi les meilleures enchères,
signalons les 55.900 euros donnés
à une commande spéciale, éditée
par Fontana arte, d’un rarissime
lampadaire dessiné par Max
Ingrand vers 1959. Quant à lui, le
Modèle 2227 du même, suspension
en laiton, verre et aluminium
laqué, créée vers 1960, obtenait
32.500 euros, près du double des
estimations (12.000-18.000 euros).
Un livre d’heures
hennuyer enchante
Bâle
C’est un Maître des Privilèges de
Gand et de Flandre au faîte de
son art qui se manifeste au fil des
pages de ce manuscrit remarquablement
conservé, certainement
antérieur à 1460, proposé à la
vente le 23 mars par Beurret &
Bailly. Widmer Auktionen, à Bâle.
Les derniers mystères autour de
l’homme derrière ce pseudonyme
furent levés par les historiens de
l’art Dominique Vanwijnsberghe
et Erik Verroken : leurs recherches
ont permis de découvrir le nom de
Jean Ramont le Jeune, enlumineur
actif à Gand et à Tournai au
XVe siècle. Il tenait son nom du
manuscrit qu’il exécuta vers 1453
pour le duc de Bourgogne, celui
des Statuts et privilèges de Gand
et de Flandre, possession de la
Bibliothèque nationale de Vienne
en Autriche. Stylistiquement,
ses compositions mais aussi sa
palette et sa compréhension de la
perspective sont encore solidement
ancrées dans la production
antérieure de la première moitié
du XVe siècle, ce qui le distingue
aisément de ses contemporains.
Toutefois, il possède un vrai sens
de la couleur. Le commanditaire
est, hélas, inconnu, le manuscrit
étant exempt de toute armoirie.
Mais l’ouvrage, marqué du sceau
du luxe, a de toute évidence circulé
dans le milieu aristocratique montois,
puis en France puisqu’il hérita,
au XVIIe siècle, d’une superbe
reliure française en maroquin olive
sur les ais d’origine. Jusqu’en 1967,
il se trouvait dans la bibliothèque
de Belœil, château des princes
de Ligne. Ce livre d’heures est
d’autant plus exceptionnel qu’une
seconde main y a été identifiée :
les miniatures sont toutes inscrites
dans des bordures richement
enluminées, attribuées au scribe,
décorateur et relieur Jacquemart
Pilavaine, actif à Mons. De nombreux
éléments liturgiques témoignent
également de cette origine
montoise, avec un calendrier qui
comprend un certain nombre de
saints honorés localement, dont
sainte Waudru, patronne de la cité
du Doudou. Proposé contre une
estimation de 400.000 à 600.000
francs suisses, ce superbe ouvrage
à quatre mains était finalement
emportée contre 513.330 francs
(500.000 euros).
Un rarissime flacon
chinois à priser
chez Christie’s
A la fin du mois de mars, une
grande semaine de ventes en art
asiatique était organisée par Christie’s
New York, parmi lesquelles on
notait, le 24, la dispersion de la collection
de flacons à priser chinois
de Rachelle R. Holden. Celle-ci
générait pas moins de 2,25 millions
de dollars (2,05 millions d’euros).
On y notait, au rang des meilleures
enchères, les 693.000 dollars
(631.000 euros) donnés à un rare
et somptueux flacon à priser daté
du règne de l’empereur Qianlong
(1736-1795), portant la marque de
la manufacture impériale de Pékin.
Extrêmement rare, cet élégant
objet en verre émaillé au ravissant
décor de fleurs et papillon, de
famille rose, s’orne d’un superbe
couvercle en or ciselé.
Record du monde
pour Ensor chez
Christie’s
La demande pour les œuvres
d’Andy Warhol observée lors de
la vente en ligne d’estampes et
multiples organisée par Christie’s
London, le 25 mars, souligne
l’attrait mondial pour les œuvres
de l’artiste, dans toutes les gammes
de prix. Un tirage de Mick
Jagger (1975) était ainsi vendu pour
151.200 livres sterling (181.000 euros),
plus du triple de son estimation
haute, un record d’enchères
pour l’artiste. La vente réalisait un
total combiné de 4,8 millions de
livres sterling (5,7 millions d’euros),
et son plus haut prix, également
un record du monde pour l’artiste,
était atteint par une œuvre de
James Ensor, L’entrée du Christ à
Bruxelles le Mardi Gras en 1889
(1898), adjugée 239.400 livres
sterling (287.000 euros). Il s’agit
de la plus importante gravure de
James Ensor représentant le Christ
en tant que messie socialiste laïc.
Cette impression, fine et abondamment
colorée à la main, est
dédicacée à Charles Polydore de
Mont (1857-1931), écrivain, poète et
critique d’art, et premier directeur
du Musée royal des Beaux-Arts
67
Focus
International
46.250 €
Jan Fris, Vanité, 1666, toile, signée et datée, 11,5
x 87 cm. Briscadieu, Bordeaux, 26-03.
© Briscadieu
12.571 €
Plaque de dévotion avec Vierge à l’Enfant (Marie
de Zoeterwoude), Utrecht, seconde moitié du
XVe siècle, terre de pipe estampée, patinée et
polychrome, 40,5 x 20,7 cm. Tessier & Sarrou et
Associés OVV, Paris, 01-04. © Tessier & Sarrou
Est. 200.000.000-300.000.000 $
(183.000.000-275.000.000 €)
Andy Warhol, Shot Sage Blue Marilyn, 1964, acrylique et
sérigraphie sur toile, 101,6 x 101,6 cm. Christie’s, New York,
09-05. © Christie’s Images Ltd.
d’Anvers. Outre les résultats
exceptionnels obtenus par Andy
Warhol, le Pop Art connaissait
d’autres temps forts, notamment
Forms in Space (1985) de Roy Lichtenstein,
adjugé plus du double de
l’estimation (113.400 livres sterling /
136.000 euros).
Belle vanité
hollandaise à
Bordeaux
De Jan Fris (ca 1627-1672), maître
hollandais des vanités, on ne
connaît que peu de compositions,
une quinzaine à peine étant
aujourd’hui répertoriées. La toile
que proposait, le 26 mars, l’étude
Briscadieu de Bordeaux, suivant
une expertise du Cabinet Turquin,
vient compléter en beauté
ce mince corpus, et pouvait
donc prétendre à 46.250 euros,
d’autant plus qu’elle affiche une
signature et une date à droite,
‘‘J Fris 1666’’. Autour d’un crâne
et d’un humérus, l’artiste a placé
les symboles de la fuite irréversible
du temps et de la fragilité
de la vie (sablier, bougie, verre),
ainsi que ceux de la connaissance
et de la richesse (globe terrestre,
tapis). Quant à la vanité du
paraître, elle est représentée par
un casque emplumé, élément
original que l’on retrouve dans
trois autres tableaux de Fris.
Une plaque de
dévotion d’Utrecht
à Drouot
Si aujourd’hui ces plaques de
dévotion sont peu nombreuses, à
l’époque de leur création, dans la
seconde moitié du XVe siècle, elles
étaient répandues et réalisées dans
des ateliers spécialisés d’Utrecht.
Exécutées dans des moules, puis
patinées, elles recevaient une attention
particulière quant à leur
qualité d’exécution alors même
qu’elles étaient destinées à un
usage domestique, et parfois employées
comme ex-voto dans des
chapelles. La Vierge est ici représentée
avec l’Enfant sur un socle,
dans un encadrement simulant un
intérieur étroit, un texte de louanges
les entourant, qui désigne par
divers qualificatifs Marie et le Christ,
renvoyant à la méditation et à la
prière personnelles. Le musée du
couvent Sainte-Catherine d’Utrecht
conserve un modèle identique.
Rappelons que la terre de pipe,
nom ancien d’une argile plastique
ou d’un kaolin, tire son nom de
l’objet lié au tabac, qu’elle servait à
produire, et que les Hollandais eurent
longtemps la réputation d’être
les seuls à savoir préparer et d’en
posséder les meilleures carrières.
Proposé à Drouot, le 1er avril, par
l’étude Tessier & Sarrou et Associés,
cet objet estimé entre 6.000 et
8.000 euros quittait la salle contre
12.571 euros (frais inclus).
Beau prix pour un
Bruegel à Zurich
« Sans cette composition, le
développement artistique des générations
d’artistes suivantes, tels
Hendrick Avercamp (1585-1634),
Esaias Van der Velde (1587-1630) ou
encore Aert Van der Neer (1603-
1677), aurait été impensable »,
précisait la Gazette Drouot dans
son édition du 25 mars dernier
(n°12). Pierre Bruegel le Jeune
signait une œuvre décisive pour
le paysage d’hiver et sa diffusion
avec ce fameux Paysage d’hiver
avec piège à oiseaux, qui fut l’un
des plus populaires du XVIIe siècle.
L’ensemble est directement inspiré
du père, Pierre Bruegel l’Ancien
(ca 1525-1569), et son Paysage
d’hiver avec patineurs et trappe
aux oiseaux (1565), aujourd’hui aux
Musées royaux des Beaux-Arts de
Belgique à Bruxelles. C’est grâce
aux nombreuses déclinaisons
exécutées par son fils et l’atelier
Bruegel (127 recensées) que cette
composition acquit une si grande
popularité. Une version datée de
1601, fort comparable à celle du
Kunsthistorisches de Vienne, était
proposée par la salle Koller de
Zurich, le 1er avril. Depuis plusieurs
générations au sein d’une collection
privée luxembourgeoise, cet
exemplaire avait été estimé entre
800 mille et 1,2 millions de francs
suisses. Car, s’ils ont été nombreux
à avoir quitté l’atelier du peintre,
les exemplaires en circulation sont
rarissimes. C’est donc fort logiquement
qu’il s’envolait à 1.615.000
francs suisses (1.580.000 euros).
ON VENDRA
Une Marilyn
de Warhol chez
Christie’s
Pléthore d’œuvres importantes,
en art moderne, d’après-guerre et
contemporain, sont au menu des
grandes ventes organisées en ce
mois de mai à New York, notamment
au sein des collections de
Thomas & Doris Ammann ou de
Anne H. Bass. De la première, on
notera chez Christie’s, le 9 mai, une
version exceptionnelle, précoce
et particulièrement réaliste de la
fameuse Marilyn d’Andy Warhol.
Datée de 1964, cette Shot Sage
Blue Marilyn est estimée pour la
somme faramineuse de 200 à
300 millions de dollars (183 à 275
millions d’euros). De la seconde,
proposée le 12 mai toujours chez
Christie’s New York, on retiendra
une exceptionnelle paire de
Rothko, mais aussi des œuvres
signées Degas, Monet, Balthus,
Morris Louis ou Vilhelm Hammershøi.
Le 17 mai, Sotheby’s New
York mettra en vente une Femme
nue couchée (portrait de Marie-
68
1.000.000-1.500.000 €
Titien, La Madeleine pénitente, huile sur toile, 115
x 96,7 cm. Dorotheum, Vienne, 11-05.
© Dorotheum
Est. 20.000.000-30.000.000 $
(18.000.000-27.500.000 €)
The Rock, diamant blanc D-Z de 228,31 carats.
Christie’s, Genève, le 11-05. © Christie’s Images Ltd.
Est. 150.000-200.000 €
Charlotte Perriand, Bibliothèque à plots, prototype,
1986, sapin brut, tôle d’aluminium, plots éclairants,173
x 173 x 33cm. Christie’s, Paris, 25-05. © Christie’s Images
Limited 2022 / photo : Anna Buklovska
Thérèse Walter), peinte par Picasso
en 1932 et estimée 60 millions
de dollars (55,2 millions d’euros),
tandis que Phillips proposera, le 18
mai, une œuvre séminale de Jean-
Michel Basquiat, Untitled (1982),
en provenance de la collection de
Yusaka Maezawa et qu’on estime
à plus de 70 millions de dollars (64
millions d’euros).
Un Titien disparu
resurgit au
Dorotheum
Un tableau disparu du peintre
Titien, récemment redécouvert,
constitue l’un des temps forts de
la vente de tableaux de maîtres
anciens organisée par Dorotheum,
à Vienne, le 11 mai. Cette œuvre,
représentant une Madeleine
pénitente, fit autrefois partie des
célèbres collections de la reine
Christine de Suède (1629-1689),
du régent de France Philippe, duc
d’Orléans (1674-1723), et très probablement
de l’empereur germanique
Rodolphe II. Apparaissant
sur le marché pour la première
fois depuis plus de 150 ans, cette
œuvre fait partie des sujets les
plus populaires de Titien et le
plus fréquemment demandé. Sa
redécouverte a révélé une œuvre
d’une qualité extraordinaire et
qui constitue un ajout important
à l’œuvre du Titien. On l’estime
donc très normalement entre 1 et
1,5 million d’euros.
Le plus gros
diamant blanc est
pour Christie’s
Surnommée The Rock, la pierre
extraite et polie en Afrique du Sud
il y a plus de 20 ans, est le plus
grand diamant poire blanc D-Z
jamais classé par l’Institut américain
de gemmologie (GIA). Après
un tour du monde qui l’a menée à
Dubaï, Taipei et New York, elle est
proposée à la vente par Christie’s
à Genève, le 11 mai. « Le Moyen-
Orient a toujours apprécié les
bijoux et pierres précieuses de
grande valeur », souligne Rahul
Kadakia, responsable international
de la joaillerie chez Christie’s.
« Nous avons pensé qu’il était bien
de dévoiler le diamant dans une
région où il y a énormément de
grands collectionneurs de pierres
précieuses. » Le caillou, calibrant
228,31 carats, a été estimé entre 20
et 30 millions de dollars (18 à 27,5
millions d’euros).
Fans de sneakers,
tous chez Millon !
Le 15 mai, la maison de vente
Millon, en partenariat avec Loving
Sneakers, lance à Paris la première
vente aux enchères publique
exclusivement dédiée à la sneaker,
actuel accessoire incontournable
du streetwear. Éditions limitées,
collab’ exclusives ou paires cultes,
au total ce sont près de 200 modèles
iconiques à l’état neuf qui sont
soumis aux feux des enchères. Des
Yeezy aux Air Max, en passant par
les Air Force One ou encore les Jordan,
l’apogée de la basket, atteinte
ces dix dernières années, défile
sous le marteau d’Alexandre Millon.
Avec des estimations débutant
à 200 euros et allant pour certaines
paires jusqu’à plusieurs milliers
d’euros, cette vente fait la part
belle aux modèles emblématiques
et/ou limités de la célèbre marque
américaine à la virgule.
Perriand by
Perriand chez
Christie’s
À l’occasion de sa vente en design,
le 25 mai prochain, Christie’s Paris
proposera aux collectionneurs un
rare ensemble issu du mobilier
personnel de Charlotte Perriand.
Récemment célébrée lors d’une
grande rétrospective à la Fondation
Louis Vuitton, cette créatrice
visionnaire incarne le mouvement
vers la modernité du XXe siècle et
demeure l’une des rares femmes
designer acclamées internationalement.
Le produit de cette vente
financera les efforts des Archives
Perriand pour conserver, pérenniser
et diffuser au plus grand nombre
le travail de Charlotte Perriand,
en harmonie avec sa vision et son
approche. Les pièces de cette
collection, que Charlotte Perriand
a destinées à son propre usage,
retracent les étapes cruciales du
développement de ses principaux
concepts à travers des pièces
uniques et prototypes inédits.
Sans nul doute l’un des ensembles
les plus importants de Charlotte
Perriand proposé aux enchères, la
quinzaine de pièces présentée aux
collectionneurs quitte pour la première
fois l’appartement familial
situé rue de Las-Cases, qui sera sa
demeure jusqu’en 1970 et son atelier
jusqu’à la fin de sa carrière. La
vente présentera, entre autres, une
rare paire d’imposantes potences
métalliques datées de 1938 (est.
120.000-180.000 euros chacune).
On ne connaît que cinq exemplaires
de ce système d’éclairage
iconique imaginé par Charlotte
Perriand. L’emblématique bibliothèque
à plots (est. 150.000-
200.000 euros), sera l’un des
lots phares de la vente et illustre
toute la modernité de l’esprit de
Charlotte Perriand. Cette pièce
dynamique, alternant vides et
pleins, joue avec les couleurs et
l’asymétrie. A la manière d’un
totem, elle synthétise l’approche
de la créatrice qui lie esthétisme
et fonctionnalité, au cœur de ses
recherches sur les modules de
rangement. Ce modèle unique
avec deux plots éclairants, utilisé
comme cloison entre le salon et le
bureau de son appartement, est
le prototype qui servira de modèle
pour la bibliothèque Plurima, éditée
ultérieurement par Cassina.
69
52.000 €
La surprise du mois
Peintre, dessinateur et créateur
d’estampes, actif à la Renaissance,
l’Anversois Hendrik III van Cleve
(1525-ca. 1590) est connu pour ses
vues topographiques, notamment de
Rome et du Vatican, ainsi que pour ses paysages
imaginaires. Si l’artiste s’est rendu
en Italie, on ne sait exactement quand,
même s’il y réalisa de nombreux dessins
de vues de montagne, de bâtiments et de
paysages urbains qu’il utilisera plus tard
dans ses œuvres. Disparaissant des radars
entre 1557 et 1582, on le retrouve dans sa
ville natale en 1585, où il demeure jusqu’à
son décès, devenu riche et influent. Sa
production personnelle qui comprend un
hiatus de trente ans mais est authentifiée
par le monogramme HVC, compte notamment
une série de paysages avec la tour
de Babel et des vues de Rome, réalisées
d’après des relevés in situ. Traditionnellement,
un grand nombre de représentations
de la construction de la tour de Babel lui
ont été attribuées, même si seules trois
représentations peuvent l'être de manière
plus ou moins ferme. La plupart d’entre
elles sont donc aujourd’hui données à des
peintres flamands anonymes, désignés
collectivement comme ‘‘Groupe Hendrik III
van Cleve’’, sans doute actifs à Anvers entre
1580 et 1600, auxquels on attribue une cinquantaine
d’œuvres. C’est l’une d’elle que
proposait, le 20 mars, l’antenne bruxelloise
de Cornette de Saint Cyr, lors de la dispersion
du contenu d’une collection privée.
Conforme aux représentations, caractéristiques
de la main de l’artiste, de cette
histoire tirée du Livre de la Genèse (Gn 11,
1-9), l’œuvre présente en son centre une
tour dont la structure en forme de cône et
l’allée pivotant en spirale vers le sommet,
sont caractéristiques des représentations
nombreuses de ce thème depuis le Moyen
Âge, même si l’ornementation architecturale
se réfère clairement à la Renaissance.
Estimée 15.000 à 20.000 euros, elle est
caractéristique de l’intérêt du maniérisme –
mouvement auquel se rattache Hendrik III
van Cleve – pour la création de panoramas
de villes imaginaires. Ceci s’exprime dans
la représentation d’un méli-mélo de styles
architecturaux flamands et d’éléments classiques
tels que aqueducs, demi-colonnes,
palais, arcs de triomphe, arcs circulaires et
autres sculptures. Ce qui intrigue toutefois
ici, c’est la représentation à l’avant-plan
d’une scène d’exécution publique par pendaison…
Cela rend le prix obtenu d’autant
plus surprenant, 52.000 euros (hors frais) !
Hendrick III van Cleve, La tour de Babel, n. d., huile
sur panneau parqueté, 53,1 x 7, cm. Cornette de
Saint-Cyr, Bruxelles, 20-03. © Cornette
70
Ventes
Belgique
Collect-1/2pQ-mai.qxp_320 7/04/22 11:01 Page1
VENTE PUBLIQUE
MA. 17 & ME. 18 MAI
à 18h30
28.380 €
Paire de vases carrés, Chine, qianjiang
cai, XIXe-XXe siècle, décor de paysages
et immortels. Coronari Auctions,
du 09 au 11-03. © Coronari Auctions
640.000 €
Gustave De Smet, Le bateau de plaisance,
1915. De Vuyst, 12-03.
© De Vuyst
ON A VENDU
Vente de préprintemps
chez
Coronari Auctions
La première vente de l’année
pour Coronari Auctions se
déroulait du 9 au 11 mars, et la
salle gantoise surprenait grâce
à plusieurs bons résultats. Dans
le domaine de l’art asiatique, un
impressionnant brûle-parfum
chinois en bronze, avec dragons
et perles flamboyantes, marque
et période Qianlong, suscitait
d’emblée l’intérêt en s’adjugeant
plus de 216.000 euros (lire dans
notre édition d’avril). Quant à
eux, une paire de vases carrés
chinois qianjiang cai, à décor
de paysages et d’immortels
suscitaient également beaucoup
d’intérêt et atteignaient finalement
28.380 euros. Plusieurs
vases du XIXe siècle obtenaient,
par ailleurs, des résultats
bien supérieurs aux attentes,
tel ce vase de famille rose, orné
d’oiseaux parmi des branches
fleuries et de marque Qianlong
(7.095 euros) et deux vases céladon
bleu et blanc, à décor floral,
qui généraient plus de 15.000
euros. Une peinture chinoise
Qing, représentant un paysage
de montagne avec chevaux,
chèvres et personnages, obtenait
également un bon résultat (9.275
euros), tout comme une figurine
en blanc de Chine de Guanyin,
adjugée plus de 12.000 euros.
La seconde partie de la vente
était consacrée à l’art européen
et islamique, et là aussi, les
bons résultats se succédaient
rapidement. Du côté des maîtres
anciens, un paysage d’hiver
flamand du XVIe siècle avec patineurs,
une Adoration des Mages
allemande du XVIe siècle et une
Anna et Joachim visitant Marie
et Jésus par le peintre allemand
Hermann tom Ring (1521-1596)
étaient respectivement emportés
près de 16.000, 40.800 et plus
de 49.000 euros. Dans la section
contemporaine, la série de sept
pièces Sans l’écorce de Pierre
Alechinsky (1927) changeait, elle
aussi, de mains contre 15.300
euros. Ces résultats promettent
beaucoup pour les prochaines
ventes, à commencer par celle
de la Collection Paul De Grande,
en juin.
Top enchères
chez De Vuyst
De Vuyst enregistrait des résultats
inédits, le 12 mars dernier :
sept œuvres se vendaient pour
un montant supérieur à 100.000
euros et quarante dépassaient
les 25.000 euros. L’offre incluait,
en particulier, quelques chefsd’œuvre
de l’expressionisme
belge. Ainsi de Jean Brusselmans,
qui attirait les regards avec
Dilbeek (1929) s’adjugeant 55.440
euros, Jeune femme assise (1946)
emportée 36.960 euros et Jeune
femme au chapeau rouge (1941),
"Buste de Suzon" en bronze à patine brune dorée
Signé Rodin et portant la marque en creux de la Compagnie
des Bronzes de Bruxelles. Ecole française. H.:+/-31,5cm.
Huile sur toile "Elégante à la lecture devant le ruisseau aux canards"
Signé en bas à droite Ev. Carpentier. Ecole belge. Dim.:+/-54,5x73,3cm.
EXPOSITION
13, 14 ET 15 MAI DE 10 HA18 H
HOTEL DE VENTES VANDERKINDERE S.A.
CHAUSSÉE D’ALSEMBERG 685-687-1180 BRUXELLES
PARKING PRIVÉ • TÉL. 02 344 54 46
info@vanderkindere.com
w w w . v a n d e r k i n d e r e . c o m
71
Ventes
Belgique
12.000 €
Andy Warhol, Photographies cousues, 1987.
Damien Voglaire, 12-03. © Voglaire
21.877 €
Abel Grimmer, Le repas et le repos des moissonneurs, huile
sur panneau de chêne. Soudant, 13-03. © Soudant
104.140 €
Ambrosius Benson (att.), Triptyque de la Crucifixion,
avec à gauche, le portrait de Jean de
Cruyninghe et Jacqueline de Bourgogne et à
droite, des membres de la famille Van Der Hulst,
Bruges, ca. 1549-1550, 182 x 88 cm (ouvert), 122 x
88 cm (fermé). Carlo Bonte, du 15 au 17-03.
© Carlo Bonte
payée 43.860 euros. Quant à elle,
La moisson (1932) de Constant
Permeke rapportait 115.700 euros.
Quelques tableaux d’Edgard
Tytgat enregistraient également
quelques beaux résultats : notons
ainsi Les vieillards tragiques,
œuvre cruciale de 1924 chargée
de symboles en une composition
narrative caractéristique, laquelle
changeait de mains contre
170.800 euros, soit le montant le
plus élevé jamais enregistré pour
une œuvre de l’artiste. Gustave
De Smet était l’une des vedettes
de la vente, avec ce magnifique
tableau intitulé Le bateau de
plaisance (1925), dont la composition
magistrale, les couleurs
splendides et une histoire riche
faisaient un chef-d’œuvre. L’offre
finale, soit 640.000 euros, était
obtenue en ligne et constitue
un record mondial aux enchères
pour l'artiste. Venons-en au Jugement
de Pâris (1949), magnifique
dessin à l’encre de Chine de
Paul Delvaux, dilemme onirique
et mystérieux avec beautés dans
un cadre antique, du pur Delvaux.
L’œuvre, qui avait suscité
un immense intérêt au préalable,
générait finalement 218.100 euros.
De son côté, un exemplaire
de la sculpture mondialement
célèbre, LOVE de Robert Indiana,
une icône du Pop art, enregistrait
le résultat phénoménal de
275.000 euros. D’autres artistes
américains attiraient également
l’attention. Citons aussi la
sérigraphie Mildred Scheel (1980)
d’Andy Warhol qui rapportait
10.000 euros, tandis que les
sculptures de Jean-Michel Folon
séduisaient également le public
(lire par ailleurs). La somme de
96.500 euros était déboursée
pour l’homme en bronze intitulé
La légèreté de l’être (2005) et on
obtenait 54.180 euros pour les
serre-livres Lire (2003). Enfin,
Pierre Alechinsky suscitait un
vif intérêt lors de cette vente
qui dispersait une série de ses
œuvres, gravures et peintures
sur toile ou papier. La somme
de 192.500 euros était donnée à
L’invention de la brouette (1974),
œuvre réalisée par Alechinsky
dans l’atelier de son ami Bengt
Lindström à Sundsvall (Suède).
Warhol chez
Damien Voglaire
Quatre Photographies cousues
d’Andy Warhol constituaient
l’un des lots phares proposés le
12 mars chez Damien Voglaire
(anciennement Ferraton), à
Bruxelles. Ces photographies
ronéotypées faisaient partie de
la dernière exposition à laquelle
l’artiste a participé de son vivant,
en 1987. Il s’agit de pièces rares
et uniques, datées et signées.
Elles se vendaient 12.000 euros,
conformément à leur estimation.
Une grande gouache (1964) de
Gérard Schneider rapportait,
quant à elle, 3.500 euros, tandis
que deux œuvres monochromes
de Francis Dusepulchre changeaient
de mains contre 1.500 et
1.600 euros, et qu’un immense
et beau tableau d’Emile Salkin,
Camion jaune (1975), quittait
la salle contre 13.000 euros.
Une magnifique huile d’André
Beullens, Lignes d’or XIX (1967),
retenait l’attention et générait
2.800 euros. La vente incluait pas
moins de cinq tableaux d’Yves
Zurstrassen, dont un de 1985
vendu 4.000 euros et un autre de
1991 emporté 8.500 euros. Pour
sa part, une gouache de Zoran
Music obtenait 1.900 euros ; à
noter enfin deux tableaux de Robert
Giron, Au café (1923) vendu
1.900 euros et Nu sortant du bain
qui quittait la salle contre 2.100
euros. L’œuvre de Robert Giron,
peintre inconnu et peu productif,
fut diffusée pendant une courte
période. Avec son ami Paul Delvaux,
il exposa à la Galerie Robert
Giroux en 1923, puis à la Galerie
Royale en 1925. Les deux artistes
se sont retrouvés tous les lundis,
pendant dix ans, pour comparer
leurs œuvres avant que Robert
Giron ne devienne directeur du
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
La famille Peltzer
chez Soudant
Lors de la vente du 13 mars chez
Soudant à Gerpinnes, 400 lots
étaient adjugés, notamment au
sein de la succession de Jacques
Peltzer, fils de la comtesse
Hélène de Breteuil et du célèbre
industriel George Peltzer. Une
œuvre du peintre brabançon
Abel Grimmer (1570-1618 ou 1619),
intitulée Le repas et le repos des
moissonneurs, générait une offre
à 21.877 euros (est. 8.000-12.000
euros). Un vase soleil de 98 cm
de haut en terre vernissée et
émaillée, avec support en fer, de
Jean Lurçat (1892-1966), artiste
français connu pour son rôle
dans le renouveau de la tapisserie
contemporaine, s’adjugeait
10.002 euros (est. 3.000-4.000
euros). Enfin, Les armes de la
nuit, tableau du peintre belge
Jean Ransy (1910-1991), artiste
largement considéré comme surréaliste,
trouvait preneur à 5.002
euros (est. 4.000-6.000 euros).
Ensor chez
Carlo Bonte
La vente de pré-printemps
organisée par Carlo Bonte réservait
plusieurs surprises, dont
un record pour une gravure de
James Ensor de 1896, La Mort
poursuivant la troupe des humains,
où un squelette tient pour
la première fois un rôle central.
Après une série de surenchères
acharnées, l’œuvre s’adjugeait
57.150 euros. Quant à lui, Etienne
Elias enregistrait également un
record avec 20.320 euros déboursés
pour son œuvre Les Hippies.
Du côté des maîtres anciens, on
notait le panneau La Crucifixion
sur le Golgotha, triptyque daté
vers 1549-1550, attribué à Ambrosius
Benson (ca. 1490-1550). Un
collectionneur belge en devenait
l’heureux propriétaire après
72
JOURS D’EXPO
2 - 6 juin
VENTES
7 - 9 juin
HERE
COMES
THE
SUN
CLASSIC
VS.
MODERN ART
&
WORKS
ON PAPER
I II III IV
I Edward Portielje (1861-1949) € 3500 - 4500
II Frits Van den Berghe (1883-1939) € 18 000 - 24 000
III Ferdinand Schirren (1872-1944) € 500 - 700
IV Rene Magritte (1898-1967) € 1500 - 2000 LIVE.BERNAERTS.EU
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17 mai 2022
Art d’Asie
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Willem Gerard Hofker
(1902-1981)
Bali, dec. 1940
100 x 75 cm
300.000 - 500.000 €
Jan Zoetelief Tromp
(1872-1947)
Chine, Transition
Hatcher Cargo
Maurits Cornelis Escher
(1898-1972)
Dordrecht, 1749
‘Admiraliteyt tot Rotterdam’
Cornelis Ouderogge - 1658
Exposition:
Vendredi 13 mai 13 à 17 h.
Samedi 14 mai 10 à 17 h.
Lundi 16 mai 10 à 17 h.
Mardi 17 mai 10 à 12 h.
Chine, Kangxi
Coll. Jhr. F. Beelaerts van Blokland (1872-1956)
middelburg amsterdam tel. +31(0)118 - 650 680 info@zeeuwsveilinghuis.nl www.zeeuwsveilinghuis.nl
Ventes
Belgique
8.500 €
Corbeille néoclassique soutenue par deux Grâces, fabrique
de porcelaine Frédéric Faber (1782-1844), Bruxelles. Vanderkindere,
15 & 16-03. © Vanderkindere
12.350 €
Henri de Toulouse-Lautrec, La Troupe de Mademoiselle
Églantine, 1896, lithographie en couleurs, 62,3 x 81 cm.
Cornette, 20-03. © Cornette
10.000 €
Fernand Toussaint, Jeune femme de
profil nue de dos, huile sur toile, 100 x
80 cm. Horta, 21 & 22-03. © Horta
avoir déboursé 104.140 euros.
On proposait, en outre, une collection
assez unique en faïence
de Delft qui générait une somme
assez importante. Mais, les regards
se tournaient surtout avec
intérêt vers l’impressionnante
sculpture de jardin d’Hercule,
œuvre de 1727, de la main de
l’artiste brugeois Hendrik Pulinx,
qui changeait de mains contre
88.900 euros. La section asiatique
répondait, elle aussi, aux attentes
avec notamment cet ensemble
de coraux chinois qui générait de
beaux résultats. Cette splendeur
s’adjugeait 83.820 euros, tandis
qu’un Bodhisattva Avalokiteshvara,
bronze de la période Ming,
obtenait 55.880 euros. Signalons
encore ce thangka à la gouache,
représentant le Panchen Lama,
adjugé 40.640 euros.
Antiquités
religieuses chez
Vanderkindere
Un rare lit d’enfant napolitain
séduisait le public lors de la
vente cataloguée des 15 et 16
mars chez Vanderkindere. Ce lit
du XVIIIe siècle, doté d’une centaine
d’ornements en terre cuite
polychrome représentant des
personnages et animaux, s’inscrit
dans une tradition napolitaine
médiévale toujours vivace. Ces
lits étaient d’abord réservés aux
églises, mais furent peu à peu
adoptés par les particuliers. Un
engouement qui suscita des
concours entre églises, communes,
bourgeois et aristocrates.
La couche était adjugée 68.000
euros (est. 10.000-15.000 euros).
Une rare croix du XVIe siècle,
en or jaune 18 carats, sertie
d’émail polychrome, trouvait
preneur contre 16.000 euros (est.
9.000-12.000 euros), tandis que
la statue en bronze d’une jeune
femme, intitulée La Source, du
sculpteur français Albert-Ernest
Carrier-Belleuse (1824-1887), un
des membres fondateurs de la
Société Nationale des Beaux-
Arts, quittait la salle contre 4.700
euros (est. 2.500-3.000 euros).
Enfin, une superbe corbeille
néoclassique, soutenue par
deux Grâces, de la fabrique de
porcelaine bruxelloise de Frédéric
Faber (1782-1844) s’adjugeait
8.500 euros (est. 1.500-2.000
euros).
Une collection
privée chez
Cornette
Cornette de Saint Cyr Bruxelles
vendait, le 20 mars, une collection
de meubles, de tableaux
anciens et contemporains,
d’objets scientifiques, de livres
anciens et autres œuvres d’art.
Le lot principal était un tableau
de Robert Combas (1957), intitulé
Pan dans ta gueule de Gaulois.
Estimé 60.000 à 80.000 euros, il
rapportait la coquette somme
de 107.449 euros. Le lendemain,
21 mars, une lithographie en
couleurs d’Henri de Toulouse-
Lautrec (1864-1901), intitulée La
Troupe de Mademoiselle Églantine
(1896), était vendue 12.350
euros (est. 10.000-12.000 euros),
tandis qu’une scène de chasse
du peintre anversois de natures
mortes Pieter Boel (1626-1674),
collaborateur de Charles Le Brun
dans le premier atelier de ce
‘‘peintre ordinaire’’ du roi Louis
XIV, était adjugée 17.550 euros
(est. 8.000-10.000 euros).
Bijoux chez Horta
La vente des 21 et 22 mars chez
Horta enregistrait des enchères
étonnantes du côté des bijoux.
Une bague en or blanc sertie
d’un saphir de Ceylan de +/-
21,85 carats était ainsi adjugée
90.000 euros. Côtés tableaux,
une Jeune femme de profil nue
de dos de Fernand Toussaint
(1873-1955), estimée 12.000-
15.000 euros, était emportée
10.000 euros, tandis qu’une
marine de Permeke (1886-1952),
estimée 3.500 à 8.000 euros,
s’adjugeait 5.000 euros. Le clou
de la vente était cependant un
bouddha chinois du XIXe siècle,
en bois et papier mâché. Malgré
une estimation, fixée entre 500 et
700 euros, un acheteur enthousiaste
en offrait 26.000 euros.
Art belge à
l’honneur chez BA
Auctions
Diverses pièces majeures, issues
de collections privées, faisaient
partie de la vente proposée par
BA Auctions le 22 mars. Deux
œuvres d’Emile Claus quittaient
ainsi la salle pour une belle
offre. D’abord un chef-d’œuvre
intitulé Le pommier, huile sur
toile issue directement de
l’atelier de l’artiste et appartenant
à un descendant de celui-ci,
s’adjugeait au prix marteau de
320.000 euros, tandis que La Lys
à Laethem-Saint-Martin sous la
neige générait 26.000 euros. Une
aquarelle intitulée Venise (1898)
de Théo Van Rysselberghe (1862-
1926) enregistrait, elle aussi, un
résultat excellent puisque frappée
11.500 euros. De son côté,
Georges Lemmen (1865-1916),
l’impressionniste de Schaarbeek
influencé par le précédent, était
représenté par quelques huiles
qui trouvaient gentiment acquéreur,
respectivement pour 5.000
et 6.200 euros. Citons encore
cette huile d’Anna Boch, intitulée
La promenade du dimanche,
provenant de la collection de
descendants de l’artiste, qui créait
la surprise grâce à une offre à
10.000 euros, tandis qu’une huile
cubiste de 1927 par Floris Jespers
engrangeait 14.000 euros. Parmi
les tableaux modernes et sculptures,
en provenance du parc
74
320.000 €
Emile Claus, Le pommier, huile sur toile, 90 x 120 cm. BA
Auctions, 22-03. © BA Auctions
23.000 €
Atelier de Lucas Cranach, Les Amours vénales, 34,5 x 25 cm
(chaque). Haynault, 28-03. © Haynault
22.000 €
Victor Vasarely, Saint Jean, 1948. Bernaerts,
du 29 au 31-03. © Bernaerts
d’un château de Courtrai, citons
deux œuvres emblématiques
d’Eugène Dodeigne (1923-2015),
une stèle en pierre de Soignies
et un torse de femme en marbre,
adjugés respectivement 11.000
et 26.000 euros. Enfin, Jacques
Moeschal (1913-2004) était
également bien représenté avec
ses sculptures Sur la colline et
Étoile à trois branches, chacune
obtenant un prix marteau de
7.000 euros.
Un Cranach chez
Haynault
La vente du 28 mars chez Haynault
portait essentiellement
sur une paire de panneaux de
l’atelier de Lucas Cranach, datés
vers 1535 et ayant pour thème
les ‘‘amours vénales’’. On y voit,
d’une part, une vieille femme
tentant de séduire un beau
jeune homme en lui donnant de
l’argent qu’elle a tiré de son porte-monnaie
et, d’autre part, une
jeune femme plongeant la main
dans le porte-monnaie d’un
vieillard qui la désire. Il est rare
que des panneaux de ce type se
côtoient. Ils furent donc naturellement
adjugés au prix marteau
de 23.000 euros. Un superbe vase
Daum Art nouveau, avec paysage
polychrome, était pour sa part
vendu 7.000 euros, tandis qu’un
personnage de profil de 1970
par Salvador Dalí, copie d’après
Raphaël, au graphite sur papier,
trouvait preneur à 5.000 euros.
Citons encore l’œuvre L’amour
vole le temps, monumentale
décoration de cheminée dans le
style Louis XVI composée d’une
horloge et de deux chandeliers
en bronze à patine dorée et noire
et de socles en marbre rouge,
signée de l’horloger du XVIIIe
siècle Ferdinand Berthoud. Elle
quittait la salle à 6.400 euros.
Modernes contre
classiques chez
Bernaerts
La maison Bernaerts mettait en
vente, le 29 mars, une toile de
l’artiste contemporain américain
Kenny Scharf (1958), estimée
8.000 à 12.000 euros. Cette œuvre
caricaturale trouvait preneur
à 22.000 euros. Citons aussi
celle du Franco-Hongrois Victor
Vasarely (1906-1997) réalisée
sur ardoise, avec un message à
son ami proche, le peintre Jean
Deyrolle, adjugée 14.000 euros,
conformément à l’estimation.
Quant à elle, une composition
abstraite du peintre flamand Felix
De Boeck (1898-1995) de 1920,
avec un paysage au dos, estimée
5.000 à 6.000 euros, séduisait un
collectionneur prêt à débourser
8.500 euros pour en faire
l’acquisition. Mais, la plus grande
surprise des ventes de printemps
organisées par Bernaerts se
déroulait le 30 mars, lorsqu’un
bureau anglais vers 1720, époque
Queen Anne, générait la somme
étonnante de 100.000 euros. Ce
bureau en loupe de noyer, avec
dessus en cuir, provenait de la
collection d’Axel Vervoordt et
VENTES AUX
ENCHÈRES
D'OBJETS D'ART
ET D'ANTIQUITÉS
JORDAENS SA
VENTES
LES MARDI 24 ET MERCREDI 25 MAI
À PARTIR DE 19H.
EXPOSITION
LES VENDREDI 20 ET SAMEDI 21 MAI
DE 10H À 17H.
Drabstraat 74 I 2640 Mortsel I info@jordaens.eu
03 449 44 30 I Catalogues et livestream: www.jordaens.eu
75
Ventes
Belgique
EST. 15.000-20.000 €
Francis Bacon, Study from the human
body, 1987, aquatinte en couleurs signée et
numérotée 64/90, 160 x 130 cm. Cornette
de Saint-Cyr, le 01-05. © Cornette
Superbe vase zoomorphe rituel, à libation,
avec bec allongé, de la région d’Amlash,
Iran, IIIe millénaire-VIIe siècle av. J.-C., céramique,
H. 25 cm. Native, 07-05. © Native
EST. 1.600-2.000 €
Simonet, Bruxelles, Service à café, argent 900. MonsAntic, 08-05.
© MonsAntic
était estimé 4.000 à 5.000 euros.
Au cours de la même vente, une
toile anonyme représentant un
Modèle dans l’atelier de l’artiste,
de la seconde moitié du XIXe
siècle surprenait l’audience en
s’adjugeant 18.000 euros, contre
une estimation de 800 à 1.200
euros. Le 31 mars, on dispersait
des œuvres sur papier, tel ce
dessin à l’encre de Chine de
Christian Dotremont (1922-1979),
œuvre de 1978, emporté au-delà
des attentes. Intitulé Printemps
prend le pain du temps..., estimé
entre 8.000 et 10.000 euros, il
rapportait 43.000 euros. Citons
encore ce dessin au fusain de
2015 par Rinus Van de Velde,
adjugé 22.000 euros (est. 14.000-
16.000 euros).
ON VENDRA
Art belge, moderne
et contemporain
chez Cornette
La maison de vente bruxelloise
Cornette de Saint Cyr organise, le
1er mai, la vente de la Collection
de Monsieur D., ensemble
privé d’art belge, moderne et
contemporain qui mêle différents
courants aussi bien belges
qu’internationaux avec un intérêt
particulier pour le mouvement
CoBrA et sa gestuelle énergique.
Les expressions artistiques
y sont diverses et témoignent
d’une certaine audace. Elle
est complétée par un très bel
ensemble d’estampes d’artistes
contemporains (Andy Warhol,
Anish Kapoor, Serge Poliakoff,
Frank Stella, Sol Lewitt ou encore
Georges Baselitz). Cette première
partie de la vacation est suivie
d’une vente d’éditions limitées,
variée et de qualité, qui met à
l’honneur le peintre inclassable à
la personnalité complexe, Francis
Bacon, à travers la présentation
d’estampes de grand format.
Ces pièces côtoient d’autres
lithographies, sérigraphies,
gravures sur bois et eaux fortes,
en édition limitée, portant les
signatures d’artistes tels que James
Ensor, Pablo Picasso, Sonia
Delaunay, Joan Miró, Salvador
Dalí, Yves Klein, Victor Vasarely,
Toko Shinoda, William Kentridge,
Max Beckman, Pierre Alechinsky,
Panamarenko et Banksy ; sans
oublier nos artistes nationaux,
tels que Jo Delahaut et Jean-
Michel Folon. La maison de
vente met en outre à l’honneur
les multiples, sous la formes de
sculptures de César, Arman ou
Hans Arp, des objets d’Yves Klein,
Roger Raveel, Bernar Venet,
ou encore un bel ensemble de
Miguel Berrocal.
La Collection
Colette Ghysels
pour Native
Depuis des décennies, Colette
Ghysels nous fait voyager entre
terre et mer, du Nord au Sud
et d’Est en Ouest. Ses centres
d’intérêt divers et sans frontières
nous conduisent des sables du
Sahara au cœur de la forêt équatoriale.
Ils nous mènent aussi
en Asie, de la Syrie au Japon, et
plus brièvement en Océanie et
dans les Amériques. Aux côtés
de son époux Jean-Pierre, elle a
réuni durant un demi-siècle un
bel ensemble d’objets ethnographiques
des cinq continents
qui font l’objet d’une importante
vente, orchestrée à Bruxelles
le 7 mai par la salle Native.
On y propose, entre autres, un
superbe vase rituel zoomorphe,
à libation, de la région d’Amlash
en Iran (entre le 1er millénaire et
le 7e siècle avant notre ère) ; un
vase japonais Ikebana Hanakago,
en bambou, réalisé en 1898 par
Tanabe Chikuunsai I (1877-1937)
et provenant du temple Kōfuku-ji
de Nara ; ainsi qu’une très belle
abaya d’homme, travail persan
de la région de Kashar, datant
de la seconde moitié du XIXe
siècle. Elle est en soie brodée
de fils d’or et d’argent. La vente
se complète d’objets provenant
d’une collection privée belge,
incluant une chaise à un seul
bras de l’Américano-japonais
George Nakashima, commande
de l’Ordre de Sainte-Hélène,
ainsi qu’une rare table d’appoint,
vers 1928, par Eugène Printz.
Varia pour
MonsAntic
Lors de sa vente publique du 8
mai, MonsAntic disperse plus de
500 lots dont une sculpture en
pierre de Soignies, Nu féminin
monogrammée AB pour Arnould
Beth (1930-2016) estimée entre
400 et 600 euros, une bague en
or jaune et blanc 18 carats sertie
de trois diamants taille ancienne
d’environ 1 carat chacun, estimée
entre 1.500 et 2.000 euros, un
service à café en argent 900 de
la maison bruxelloise Simonet,
incluant une cafetière, un sucrier,
un pot à lait et un plateau estimé
entre 1.600 et 2.000 euros, un
tableau gouaché, intitulé La
Lessive, monogrammé F.M.
pour Frans Masereel (1889-1972),
estimé entre 1.000 et 1.500 euros,
une montre-bracelet d’homme
par Ulysse Nardin, estimée entre
1.500 et 2.000 euros, une sculpture
en bronze à patine verte
représentant des Vautours sur
76
Léon Spilliaert
Pierre Alechinsky
VENTE AUX ENCHÈRES
ART CONTEMPORAIN,
MODERNE & MAÎTRES ANCIENS
Samedi 21 mai 2022 - 13 h & 19 h 30
Exposition : 11 au 18 mai - 10 h - 19 h
Désirez-vous vendre ?
Contactez Hervé Lescornez : +32 9 348 54 40
ou herve.lescornez@de-vuyst.com. Rendez-vous à domicile
Jean-Michel Folon
Hôtel de Ventes De Vuyst - Kerkstraat 22-54 - 9160 Lokeren (Belgique) - +32 9 348 54 40 - info@de-vuyst.com - www.de-vuyst.com
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Vente 31 mai 2022
www.LOECKX.be
INGELANDGAT 4 - GENT 09/223 37 93
Ventes
Belgique
EST. 5.000-10.000 €
Grande jardinière en faïence de Delft bleu et
blanc avec Vénus et Adonis, première moitié du
XVIIIe siècle. Rob Michiels, du 12 au 14-05.
© Rob Michiels
EST. 5.000-10.000 €
Andries Daniels (att.), Le mariage de
Joseph et Marie, dans un médaillon
ovale avec guirlande de fleurs, huile
sur toile. Rob Michiels, du 12 au 14-
05. © Rob Michiels
EST.
30.000-50.000 €
Walasse Ting, Sans
Titre. Ladies with Flowers,
peinture originale de très
grand format, exceptionnellement
bien conservée,
monogramme rouge de
l’artiste. ABACA, 14-05.
© ABACA
EST. 100.000-150.000 €
Rik Wouters, James Ensor, 1913. De
Vuyst, 21-05. © De Vuyst
un rocher (1900), signée Charles
Paillet (1871-1937), estimée entre
500 et 700 euros et d’autres bonnes
surprises.
L’art asiatique
chez Rob Michiels
Les temps forts de la vente cataloguée,
proposée les 12, 13 et 14
mai chez Rob Michiels, comprennent
une grande jardinière en
Delft bleu et blanc avec Vénus
et Adonis, datant de la première
moitié du XVIIIe siècle, dont
l’estimation est fixée entre 5.000
et 10.000 euros. Côté peinture,
on note une œuvre attribuée à
Andries Daniels (ca. 1580-1640),
Le mariage de Joseph et Marie,
présentée dans un médaillon
ovale avec guirlande de fleurs
(est. 5.000-10.000 euros), et une
Sainte Anne de l’Anversois Peter
van Lint (1609-1690), à la plume
et à l’encre brune sur papier (est.
4.000-8.000 euros). Notons aussi
une copie italienne de la Joconde
d’après Léonard de Vinci, datant
de 1839, estimée entre 6.000 et
12.000 euros. Parmi les arts décoratifs
chinois, un grand vase bleu
et blanc avec décor de Sept Sages
dans une forêt de bambous,
daté du règne de Qianlong, est
estimé entre 30.000 et 60.000
euros, mais aussi un paravent
en huit parties, en laque de
Coromandel, du XVIIIe ou XIXe
siècle (est. 4.000-8.000 euros), un
vase en forme de bouteille bleue
et blanche, avec quatre guerriers
d’époque Transition (est. 6.000-
12.000 euros), une paire de lions
bouddhistes à glaçure turquoise
et aubergine, avec monture de
chandelier en bronze doré de
marque Kangxi, œuvre du XIXe
siècle (est. 1.000-2.000 euros) et
un vase «dragon» wucai à couvercle
d’époque Transition (est.
2.000-4.000 euros).
Livres et œuvres
sur papier pour
ABACA
Créée tout récemment, la salle
de ventes bruxelloise ABACA,
située à Laeken, s’est spécialisée
dans les livres et œuvres sur
papier. Elle met en vente, le 14
mai, environ 600 lots en deux vacations.
Au menu livres d’Heures,
manuscrits, livres imprimés et/
ou illustrés du XVIe au XXe siècle,
reliures, photographies, autographes
ainsi que des œuvres
originales d’artistes tels que
Pierre Alechinsky, Jim Dine, René
Magritte, Roger Raveel, Walasse
Ting, Andy Warhol ou Tom Wesselmann.
Entre autres pièces
remarquables, citons l’édition
originale du premier cycle du
Clavier bien tempéré de Jean-
Sébastien Bach ; le Liber Veritatis
de Claude Gelée dit Le Lorrain,
relié par Derome le Jeune, en
maroquin rouge d’époque ou
Les Bucoliques de Virgile illustrés
par Jacques Villon, incluant deux
dessins originaux, dans une
reliure signée de Cretté.
La succession de la
Famille Taevernier
chez De Vuyst
Grâce à des contacts personnels
avec des artistes tels que Gustave
De Smet et Constant Permeke,
mais aussi avec des marchands
comme Paul van der Perre et la
Galerie Georges Giroux, August
Taevernier a pu constituer une
collection d’une qualité sans
précédent. Les bases de celles-ci
furent posées dès ses études,
lorsqu’il fit l’acquisition de
dessins et gravures de Jules De
Buycker et Dirk Baksteen. Il sema
ainsi la graine qui continuera à
pousser parmi les générations
suivantes de sa famille. Lors de
la vente aux enchères organisée
par De Vuyst, le 21 mai, une large
sélection d’œuvres du patrimoine
de la famille Taevernier sera
proposée. Au rang des œuvres
d’Henri Evenepoel figure un
tableau de sa période algérienne,
Nègre dansant (1898), ainsi que
de beaux dessins, une grande
Etude d’homme nu à l’huile (ca.
1894) et Le quai de Paris (1894).
Mais, une des œuvres les plus
impressionnantes de la vente
sera sans doute le volumineux
buste de James Ensor (1913) par
Rik Wouters. On proposera aussi
un lumineux Jour d’été sur la Lys
à Astène (1911) d’Emile Claus,
tandis que Façade avec glycines
(1912-1913) compose un charmant
tableau par Anna De Weert où
est représentée la façade colorée
de sa propre maison. De Gustave
De Smet, on trouvera, entre
autres, Tête de pêcheur (1918)
et Fille au nœud papillon rouge
(1940). Plusieurs aquarelles de
Léon Spilliaert, ainsi que deux
peintures à l’huile de sa main
seront également de la partie,
tandis que de Felix De Boeck,
on verra la peinture abstraite
La chute du papillon (ca. 1923),
peinte sur les deux côtés avec
Synthèse de vie (ca. 1929) au dos.
A noter pour finir quatre toiles
de Louis Van Lint, et des œuvres
d’Evelyne Axell, Roger Raveel,
Raoul De Keyser, Bram Bogart,
78
ABACA
Association Brussels Art & Culture Auctions
BOOKS & PRINTS
LIVE AUCTION : SATURDAY 14 MAY 2022
Session I : 9.30 A.M. / Session II : 2.00 P.M.
VIEWING : by appointment : 2 - 7 MAY
9 - 13 MAY : 10.00 A.M. - 6.00 P.M.
Contact : Armelle Gasquet
+32 468 46 51 28
info@abaca.auction
Live bidding
Online catalogue : www.abaca.auction (starting : 14 April 2022)
Printed catalogue available on request
325 Bld Emile Bockstael – 1020 Brussels – Belgium
Ventes
Belgique
EST. 14.000-18.000 €
Ben Storms, In Vein, 2015, pièce unique,
table et miroir, plateau en marbre et
revers en acier inoxydable poli miroir,
tréteaux en fonte patinée et cuir, 74 x 299
x 100 cm. Cornette, 23-05. © Cornette
EST. 50.000-60.000 €
Rembrandt Bugatti, Girafe, bronze à la cire
perdue, patine foncée, signé ‘‘R. Bugatti’’,
cachet de la fonderie A. Hébrard, numéroté 2,
titré sur le socle de marbre, 13,5 x 18 x 18 cm.
Horta, 23 & 24-05. © Horta
EST. 1.000 €
Vase et coupes de la collection Val Saint-Lambert, marqués. Jordaens, 24 &
25-05. © Jordaens
Olivier Strebelle, Lynn Chadwick,
Pablo Atchugarry, Jean-Michel
Folon, Koen van den Broek, Rinus
Van de Velde, Hans Op de Beeck
et Walter Swennen.
Design des XXe et
XXIe siècles chez
Cornette
En marge du salon COLLECTIBLE
dont elle est partenaire, la salle
de ventes Cornette de Saint-Cyr
organisera, le 23 mai à Bruxelles,
une vente en design des XXe
et XXIe siècles, qui présentera
du mobilier, des objets et des
luminaires retraçant le XXe siècle
et mettant en scène les grands
noms du design international et
belge ainsi qu’une sélection de
design contemporain, sous la
houlette de Jean-François Declercq.
Elle fera également la part
belle aux ‘‘designers – architectes’’
avec des œuvres importantes
et historiques comme, entre autres,
des brise-soleils ou façades
de placard de Jean Prouvé, des
volets du Corbusier, des portes de
Charlotte Perriand ; un important
ensemble de mobilier constructiviste
de bureau et salle à manger
de Huib Hoste, architecte belge
d’avant-guerre ; ou encore des
micros-architectures et pièces
artistiques. Parmi les lots phares
on épinglera une collection de
meubles de salle à manger de
Pierre Chapo, dont une table et
quatre chaises estimées entre
9.000 et 12.000 euros, une grande
console de Charlotte Perriand estimée
12.000 à 15.000 euros ; une
chauffeuse et son repose-pieds,
modèle Alta d’Oscar Niemeyer, en
laine bouclette et acier, estimée
entre 9.000 et 12.000 euros ; une
rare lampe à poser en bois laqué
de Marcel Wolfers, estimée 7.000
à 9.000 euros ; une importante
table de salle à manger ‘‘grain
de poivre’’, de trois mètres de
longueur, par Ado Chale, estimée
entre 30.000 et 40.000 euros,
ou une table de salon, modèle
Copeau, estimée entre 16.000
et 20.000 euros, de même que
du mobilier brésilien dont une
table de salle à manger, modèle
Guanabara de Jorge Zalszupin,
estimée 10.000 à 15.000 euros,
une iconique suspension Septima
de Poul Henningsen, estimée
15.000 à 20.000 euros, ou encore
du mobilier de Poul Kjaerholm
dont une table de salle à manger
en marbre et bois estimée 10.000
à 15.000 euros, ainsi que les sept
chaises qui l’accompagnent
(est. 18.000-25.000 euros) et un
iconique lit de repos en cuir,
estimé 20.000 à 30.000 euros.
Dans la sélection contemporaine
on pointera une paire de console
de Pol Quadens, estimée 8.000 à
10.000 euros ; une belle et grande
table de Ben Storms en marbre et
acier poli miroir (est. 14.000-18.000
euros) ou une maquette en béton
de Mattia Listowski (est. 4.000-
6.000 euros).
Un Rembrandt
Bugatti chez Horta
Quelques très beaux lots seront
à prendre, les 23 et 24 mai,
en la salle bruxelloise Horta.
Parmi les bijoux, on signale
une importante bague en or
jaune agrémentée d’un diamant
solitaire, taille brillant de ± 6,33
carats, avec certificat, estimée
entre 55.000 et 58.000 euros. Du
côté des tableaux et des bronzes,
rien moins qu’une belle girafe
s’abreuvant, sculpture en bronze
à patine foncée signée Rembrandt
Bugatti, dont l’estimation
est fixée entre 50.000 et 60.000
euros. A prendre également,
ces Coquillages (1911), technique
mixte sur papier de Léon Spilliaert,
estimés 12.000 à 15.000
euros, mais aussi, du même, ces
Potagers dans la ville, Ostende
(1921), huile sur toile qu’on
attend entre 10.000 et 12.000
euros. Un troisième Spillaert sera
proposé, Arbre solitaire, hiver
(1917), technique mixte sur papier
estimée 6.000 à 8.000 euros.
Signalons encore des Moutons
et poule à l’intérieur de l’étable
par Eugène Verboeckhoven (est.
10.000-15.000 euros) et ce pastel
sur papier intitulé Les amies par
André Lhote (est. 8.000-10.000
euros). A ces deux jours de vente
succédera un troisième consacré,
le 25 mai, aux vins fins, Petrus,
Château Haut-Brion, Château
Lafite Rothschild et autres Clos
de Tart ou Sassicaia
Val Saint-Lambert
chez Jordaens
Les 24 et 25 mai, Jordaens disperse
des pièces d'une énorme
collection du Val Saint Lambert,
dont une partie a été vendue en
avril et une autre le sera probablement
en juin. En jetant un
coup d’œil au catalogue du Val
Saint-Lambert lui-même, il apparaît
qu'on y demande pas moins
de 19.950 euros pour un vase
haut de 60 cm. Chez Jordaens,
tout partira au plus offrant et les
principaux lots devraient atteindre
environ 1.000 euros chaque. Outre
80
Paire de vases, Canton, Chine, XIXe siècle, porcelaine, H.
90 cm. Millon, 25-05. © Millon
Collection d’œuvres bouddhistes, Tibet, Népal et Chine. Loeckx, 31-05. © Loeckx
le Val Saint-Lambert, Jordaens
proposera également des lots de
valeur provenant de distingués
propriétaires. Il est également
devenu une tradition d’offrir
trois cents lots online only (jusq.
23-05).
Deux ventes sinon
rien chez Millon
La salle Millon Belgique annonce
pour mai, deux ventes cataloguées,
programmées les 24 et 25
du mois. La première concerne
les bijoux et montres, et son
lot-phare est une pièce émaillée
entourée de diamants de la fin
du XVIIIe siècle, travail de memorabilia
vers 1885. La seconde,
consacrée aux arts d’Asie, inclura
entre autres une paire de grands
vases chinois en porcelaine de
Canton, datés du XIXe siècle.
en art bouddhique du Tibet, du
Népal et de la Chine, composé
principalement de sculptures.
Ensuite, une vaste collection de
céramiques de Boch, soit plus de
150 pièces, dont quelques rares
pièces signées Charles Catteau
(1880-1966), céramiste et designer
de style Art déco, aux couleurs
très singulières. En outre,
la salle proposera une grande
collection d’art religieux incluant
une belle sélection d’icônes.
L’un des points forts en est un
paysage du XVIIe siècle, attribué
à Alexander Keirincx (1600-1652),
maître de la Guilde de Saint-Luc
d’Anvers. Parmi les pièces exceptionnelles,
figurent également
une belle statue en bronze doré
figurant Didon et Énée, œuvre du
sculpteur français Jean-Baptiste
Germain (1841-1910).
PAYS INVITÉ
LA
CORÉE
DU
SUD
대
한
민
국
-
Art bouddhiste
chez Loeckx
Lors de la prochaine vente de
la salle gantoise Loeckx, le 31
mai, d’importantes collections
seront proposées. Tout d’abord,
un ensemble de grande qualité
8 EXPOSITIONS INTERNATIONALES,
STAGES, JOURNÉE DES FAMILLES,
CONFÉRENCES, ....
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81
Beaux-Livres
André Butzer
Opérant une fusion entre
expressionnisme européen et
culture populaire américaine,
André Butzer (1973) inaugurait sa
trajectoire créative en combinant
les extrêmes artistiques et politiques
du XXe siècle. Riche d’un
large éventail d’influences, parmi
lesquelles Friedrich Hölderlin,
Edvard Munch, Walt Disney et
Henry Ford, il a élaboré un univers
fictif qui gravite autour de la
planète NASAHEIM. Une colonie
habitée par les ‘‘Siemens libres’’,
sortes de grosses têtes joviales
aux grands yeux, incarnations
des idéaux utopistes et de la
pensée économique qui engendra
le consumérisme de masse.
L’artiste s’est également autorisé
des projections romantiques en
invoquant la figure du Wanderer,
affrontant le passé politique
de son pays par le prisme de la
honte. Cet univers confère aux
toiles une profondeur thématique,
ses personnages sont des
protagonistes en peinture qui
font la ronde autour de la Maison
N, où vivent toutes les couleurs,
dans ce style que l’artiste qualifie
alors d’‘‘expressionnisme de
science-fiction’’.
Hans Werner Holzwarth,
André Butzer,
Taschen, Cologne, 2021,
ISBN 978-3-836-58933-8
Tout l’impressionnisme
!
Ce coffret réunit l’essentiel de ce
qui constitue l’impressionnisme,
ce courant né en France autour
des années 1870, qui revêtit des
formes multiples aussi bien par
la variété de ses sujets que par
l’hétérogénéité des peintres qu’il
a rassemblés. Monet, Renoir,
Caillebotte, Cassatt, Degas,
Morisot, Pissarro… autant de
fortes personnalités artistiques
qui s’exprimèrent et se retrouvèrent
le plus souvent autour
d’une même célébration de la
modernité et du goût du plein
air, du dessin pris sur le vif et des
couleurs vibrantes. Accompagné
d’un livret explicatif, ce coffret
déploie en format accordéon
cinquante-cinq œuvres majeures,
évoquant au plus près
l’un des mouvements les plus
importants et les plus renommés
de l’histoire de l’art mondial.
Valérie Mettais,
L’impressionnisme,
Hazan, coffret L’Essentiel,
Paris, 2022
ISBN 978-2-75411-247-5
Design graphique
à la belge
Au départ d’une multiplicité de
perspectives, ce livre offre un panorama
collaboratif de l’histoire
du graphisme belge, avec entre
autres sujets des essais sur le
design de polices de caractères,
la colonisation et les relations de
travail. Ses contributeurs sont
des historiens, des designers
en exercice, des enseignants et
des témoignages de première
main. Par ce biais, la graphiste
Sara De Bondt s’intéresse aux
fondements de la conception
graphique en Belgique dans
les années 1960 et 1970, pan de
l’histoire encore peu exploré
jusqu’à présent. Elle y analyse
comment mieux comprendre
les aspects contemporains du
design graphique, tels que
l’hybridité et la paternité, dans
une perspective historique. Aux
côtés de centaines d’illustrations
inédites telles que affiches, signalétique,
typographie, design
de livres, logos et photographies
d’archives, l'ouvrage contient des
entretiens avec Sophie Alouf-
Bertot, Rob Buytaert, Boudewijn
Delaere, Paul Ibou et Herman
Lampaert.
Sara De Bondt (dir.),
Off The Grid. Histories of Belgian
graphic design,
Occasional Papers, 2022
ISBN 978-0-99547-308-9
Sur la route
des chefferies
du Cameroun
Ce catalogue d’exposition met
en valeur 300 trésors conservés
par les chefs et lignages familiaux
sélectionnés pour évoquer
l’art vivant et dynamique des
Grassfields, vaste étendue de
hauts plateaux située dans
l’ouest du Cameroun. L'ouvrage
est divisé en trois grandes parties
richement illustrées, tant par
des images d'objets que par des
photographies documentaires.
La première partie présente la
société bamiléké dans laquelle
politique, religion et organisation
sociale sont intrinsèquement
liées en une cosmogonie
complexe. La deuxième partie
évoque les rapports entre art et
pouvoir, à travers le rôle du chef
et de la reine, véritable duo, pilier
social, économique et politique
du royaume. On évoque aussi les
artistes au service du chef : l’art
de la sculpture sur bois, les extraordinaires
réalisations en perles
de verre, la production textile
et d’autres formes d’expression
encouragés sur plusieurs siècles
par les commandes royales.
Enfin, la troisième partie évoque
les autres forces politiques, celles
des sociétés secrètes, à travers
les masques et autres attributs.
Coll., Sur la route des chefferies du
Cameroun. Du visible
à l’invisible,
Skira, Paris, 2022,
ISBN 978-2-37074-182-0
82
Disque astronomique de Nebra, ca. 1600 - 1560 av. J.-C. © State Office for Heritage Management and
Archaeology Saxony-Anhalt / photo : Juraj Lipták
60
Wat koopt het Museum
Portefeuille van Elsene
Jonge antiekhandelaars
Nieuwe garde is strijdvaardig
JUNI 2021
NR. 507 € 5,90 Nederlandstalige editie
Gedrukte kunst
Technieken op een rijtje
Collectible
Design walhala
Kunst aan zet
Kunst kopen op lening
Maria van Oosterwyck
Stilleven gesublimeerd
Jean-Henri Riesener
18e-eeuwse top meubilair
Booming kunst
Vrouwen uit Afrikaanse diaspora
Période encore largement
méconnue, les deux millénaires
qui précédèrent l’apparition de
l’écriture en Europe recèlent de
nombreuses pièces largement
abordables, ainsi que quelques
trésors.
TEXTE : GILLES BECHET
’âge du bronze européen peut sans
doute être considéré comme le
premier âge d’or du continent. Cette
période qui s’étend de 2700 à 800
avant l’ère commune a vu se développer
des populations réputées frustres qui
nous ont pourtant laissé des objets d’une
grande qualité et d’un grand raffinement
d’exécution. En l’absence d’écriture, on dispose
de peu d’éléments pour comprendre
leur organisation sociale, politique et
culturelle. Et ce que l’on ne connaît pas
laisse souvent place aux fantasmes nourris
par les récits fondateurs des Etats-nations.
Un des nombreux paradoxes sur cette
période plein d’inconnues, c’est la finesse
d’exécution atteinte par des artisans qui
vivaient généralement dans des hameaux
d’une petite dizaine d’habitations. Malgré
cela, les échanges étaient nombreux. La
similitude des objets retrouvés sur des
zones souvent fort éloignées indique que
des forgerons voyageaient pour partager
leurs techniques et que comme l’étain
et le cuivre nécessaire pour former le
bronze n’étaient pas disponibles partout,
les échanges commerciaux devaient être
nombreux. La quantité d’armes retrouvées
nous laisse penser que le guerrier incarnait
une des fonctions centrales de ces
sociétés. Une des particularités de l’âge du
bronze, c’est la multiplication des dépôts
non funéraires qui rassemblent des objets
métalliques, armes, bijoux ou objets de
cérémonie sans que l’on en connaisse la finalité
exacte. Certains ont parlé de dépôts
de fondeurs, de marchands ou de dépôts
votifs. C’est cette dernière hypothèse qui
aujourd’hui est généralement retenue.
Même si elle n’est pas entièrement satisfaisante
puisqu’elle ne permet pas d’expliquer
la variabilité importante de ceux-ci.
BEAUCOUP D’OBJETS EN CIRCULATION
Les antiquités représentent un marché
de niche et la période protohistorique,
qui n’a pas l’aura des antiquités grecques,
romaines ou égyptiennes, intéresse des
collectionneurs passionnés initiés par une
lecture, l’enthousiasme d’un professeur
d’histoire ou la visite d’une exposition.
« L’âge du bronze correspond au début
de la production en série. Il n’est pas rare
de voir dans certains dépôts 500 à 800
Berlin Gold Hat, ca. 1000 – 800 av. J.-C. Berlin, Neues
Museum. © bpk - Photo Agency / Museum für Vor- und
Frühgeschichte, Staatliche Museen zu Berlin
Bronze twin horse–snake hybrid from hoard, 1200–1000 BC. Kallerup, Thy, Jutland, Denmark. National Museum
of Denmark/Ofret Museum. CC-BY-SA, Søren Greve, National Museum of Denmark
exemplaires d’une même hache », note
ainsi Daniel Lebeurrier, expert en antiquités
depuis vingt-cinq ans et fondateur
de la Galerie Gilgamesh à Paris. C’est ce
qui explique qu’il y a beaucoup d’objets en
circulation dans des prix relativement raisonnables.
On trouvera une belle épée ou
une lame de hache pour environ 150 euros.
Des maisons de vente françaises comme
Aguttes ou Millon organisent régulièrement
des ventes de collections d’antiquités
préhistoriques. La France et la Belgique
regorgent d’objets de l’âge du bronze et,
pour des raisons culturelles, les collectionneurs
ont tendance à acheter ‘‘local’’.
Si l’intérêt pour les objets de l’âge du
bronze est d’abord européen, on verra aux
Etats-Unis des descendants d’immigrés
danois s’intéresser aux haches de pierre
polie fréquentes au Danemark. « Ce sont
des collections très liées à la typologie.
On collectionnera les haches ou les épées
d’époques et de provenances différents. Il
y a beaucoup d’échanges entre collectionneurs
qui ne passent pas nécessairement
par les salles de vente ou les galeries. »
Les belles pièces qui attirent les collectionneurs
ne sont pas rares car le bronze
de cette période est généralement très
stable et de belle qualité. Pour ce qui est
des objets exceptionnels, c’est autre chose.
Certaines pièces peuvent présenter un
intérêt purement archéologique sans rien
avoir de tape-à-l’œil ou de spectaculaire
qui suscitera la convoitise du plus grand
nombre. Quand les pièces réunissent les
deux qualités, elles finissent la plupart
du temps dans un musée. C’est le cas de
quelques unes de celles présentées cet
hiver au British Museum dans l’exposition
The world of Stonehenge.
61
Eclats de l’âge
du bronze
L
Un des nombreux paradoxes de cette période
pleine d'inconnues est la finesse d'exécution
atteinte par des artisans qui vivaient
généralement dans des hameaux d'une petite
dizaine d'habitations.
MAANDBLAD verschijnt niet in januari, juli en augustus - € 5,90 - Nr. 507 - P608061
Un an de plaisir à la lecture !
9 numéros pour 49,50 €
ou 25 € sur tablette
www.collectaaa.be
La bande dessinée
Bien dans sa bulle
Régulièrement, les enchères de
planches ou dessins d’auteurs
de bande dessinée battent des
records en salle de vente. Au delà
de ces grands classiques et de
quelques modernes bien cotés, il
s’agit d’un marché assez stable de
collectionneurs passionnés.
TEXTE : GILLES BECHET
Todd McFarlane, The Amazing Spider-Man, #328, dessin original de couverture, Marvel, 1990. Heritage
Auctions, Dallas, 26-07-2012. © Heritage Auctions - 657.250 $ (536.000 €)
Plus que toute autre collection, la
bande dessinée titille la fibre de la
nostalgie. Celui ou celle qui achète
une planche de BD s’empare d’un
morceau d’enfance. C’est aussi, sans doute,
un marqueur de l’âge adulte. Etre capable
d’acquérir l’original d’un récit qui faisait
rêver le petit garçon ou la petite fille est
comme la récompense du parcours accompli.
Et cela, même si depuis les années
1970, déjà avec Pilote, Métal Hurlant et
autres A Suivre, la BD était entrée dans un
âge adulte. La BD est certes le Neuvième
Art, mais encore mineur pour certains. Et
puis aussi, la BD est, pour une très large
partie de sa production, un art de masse,
un art populaire. Pour faire la part des
choses entre un produit de consommation
omniprésent et la valeur artistique
de ses originaux, il faut le filtre et le vernis
du temps, dont ont à présent bénéficié
les grands classiques de l’école francobelge
que sont les Franquin, Will, Uderzo,
Jacobs, Jacques Martin, Jean Graton. Et
Hergé, bien sûr.
84
« La bande dessinée
est le seul art où
des pièces muséales
se trouvent
encore chez des
collectionneurs. »
ALAIN HUBERTY
UNE OFFRE TRÈS FERMÉE
La BD demeure un marché de niche.
« Lorsque j’ai commencé ma galerie en
1986, on le qualifiait de marché de bulle.
Même avec l’arrivée de nouveaux acheteurs,
cela n’a pas changé. On est peu à s’en
occuper, mais cela marche bien », se réjouit
Thierry Goossens, expert en planches
et dessins originaux chez Millon. En
quinze ans, le groupe qui se pose comme
un des acteurs incontournables du marché
du Neuvième Art en France et en Belgique,
recense 60 millions d’euros adjugés
et plus de trente records. Sa dernière vente
annuelle, en mars 2022, a totalisé 920.000
euros et 96 % de lots vendus. « C’est
un marché qui évolue bien et qui peut
atteindre des prix extraordinaires pour les
pièces exceptionnelles. Le plus compliqué,
c’est de trouver des belles pièces, pas de les
vendre », précise Arnaud de Partz, directeur-général
de Millon Belgique. Quand
on aborde le marché de la BD, il y a Hergé
et puis les autres. Ainsi, le dessin à l’encre
de Chine réalisé pour la couverture initiale
de l’album de Tintin, Le Lotus Bleu (1936),
était adjugé 2,6 millions d’euros en janvier
2021 lors d’une vente chez Artcurial, un
record absolu pour la BD franco-belge qui
s’explique par la rareté des pièces disponibles
ainsi que par le statut de l’auteur du
reporter à la houppe. « C’est un marché
très sélectif, où les grands auteurs sont
les plus demandés et certains lots partent
Frank Frazetta, Egyptian Queen, 1969, peinture originale. Heritage Auctions, Dallas, 16-05-2019. © Heritage
Auctions 5.400.000 $ (4.820.000 €) – record mondial
plus vite que d’autres », note Eric Leroy, expert
chez Artcurial. Les belles pièces sont
rares. Pour une planche de Franquin, si on
a de la chance, il faudra débourser entre
40.000 et 100.000 euros, pour un planche
d’Uderzo entre 150.000 et 200.000 euros,
pour Asterix ou encore Enki Bilal, le mieux
côté des auteurs vivants, entre 50.000
et 100.000 euros la planche. La bande
dessinée est un marché où l’offre est très
fermée. De nombreuses œuvres sont protégées
par des fondations qui verrouillent
la sortie des planches, comme pour Hergé,
E. P. Jacobs ou Jean Graton. Pour d’autres, il
s’agit des ayant-droits, comme dans le cas
de Franquin, Morris ou Peyo. Toutefois,
des trésors peuvent toujours apparaître
sur le marché lorsque des collections sont
mises en vente. « La bande dessinée est le
seul art où des pièces muséales se trouvent
encore chez des collectionneurs. Il y a une
vingtaine d’années, les musées ne s’y intéressaient
pas encore», observe ainsi Alain
Huberty de la Galerie Huberty & Breyne.
MATURITÉ ET DIVERSIFICATION
Aujourd’hui, la bande dessinée est devenue
plus mature. C’est un acteur majeur de l’édition,
il y a des musées, des fondations et des
expositions. Ce ne sont plus des histoires
pour enfants qu’on lisait parfois en cachette.
« Il y a vingt ans, toutes les planches d’un
même auteur valaient la même chose.
Aujourd’hui, suivant qu’il y a de l’action ou
des dialogues, si le personnage principal
apparaît ou non, elles n’auront pas la même
cote. Et quand un auteur vend pour la première
fois, il a intérêt à ce que cela se vende
85
« Le plus compliqué,
c’est de trouver
des belles pièces,
pas de les vendre. »
ARNAUD DE PARTZ
entre ces deux mondes : « Il y a quelques
années, j’ai organisé une rencontre entre
Wim Delvoye et François Schuiten pour
leur proposer une collaboration. C’était assez
amusant de constater qu’ils avaient tous
deux des désirs en miroir. Delvoye, qui était
connu des collectionneurs pointus, aurait
aimé être plus populaire, alors que Schuiten
avait la popularité mais cherchait quelque
part une reconnaissance de l’élite. »
Christophe Chaboute, Yellow Cab, , encre de couleur sur papier pour la couverture de l'album Vents
d'Ouest, 2021, 40 x 28,9 cm. © Huberty & Breyne. - Est. 2.000-4.000 €
bien et donc à ne pas placer la barre trop
haut pour pouvoir évoluer par la suite. »
Chaque expert vous le dira, certains auteurs
n’ont pas la cote qu’ils méritent. Pour
Eric Leroy, ce sera Corto Maltese, Hausman
pour Thierry Goossens, et pour Eric
Verhoest, de la Galerie Champaka, ce seront
les planches historiques de Philippe Druillet.
« Tout dépend souvent de la manière
dont les ayant-droits ont géré le patrimoine
de l’auteur », relève ce dernier. A côté des
planches, il y a aussi les albums dont le
prix d’une première édition peut varier de
1.000 à 20.000 euros suivant l’état. Pour être
présents sur d’autres secteurs du marché,
les auteurs contemporains cherchent à se
diversifier. Les amateurs pourront ainsi acquérir
des peintures d’Enki Bilal, de Druillet
ou de Loustal, ou un fusain de Tardi. On a
aussi vu se multiplier les éditions tournées
vers le marché des galeries, avec des cases
agrandies, tirées sur toile ou plexiglas, de
Ric Hochet ou Michel Vaillant. Le profil du
collectionneur évolue peu et le noyau reste
le même. Il s’agit de passionnés qui, pour la
BD franco-belge, sont encore essentiellement
issus du monde francophone, même
si cela commence un peu à changer. Il s’agit
généralement aussi de collectionneurs
très monomaniaques. Ainsi, rares sont les
collectionneurs d’art contemporain qui
intègrent des planches ou des dessins d’auteurs
de BD dans leurs collections. Il s’agit
de deux marchés assez hermétiques, au
grand regret d’Alain Huberty qui a multiplié
les tentatives afin de créer des passerelles
MARCHÉ US
De l’autre côté de l’Atlantique, les comics
sont depuis longtemps un des piliers de la
culture populaire. Au pays de Marvel et de
DC Comics, le marché est également en
plein boom. En janvier 2022, une planche de
Spiderman de 1984, dessinée par Mike Zeck,
était adjugée pour 3,36 millions de dollars
(3 millions d’euros). « C’était une planche
iconique, car c’est la première fois que Spiderman
adopte le fameux costume noir qui
conduira à l’émergence du personnage de
Venom », précise Olivier Delflas. Ce Belge
est le directeur international du département
International Comic Art & Anime et
expert pour la BD internationale, notamment
franco-belge, de la maison de vente
Heritage Auctions, fondée à Dallas dans
les années 1970. Couvrant pas moins de
quarante départements, Heritage Auctions
est le leader mondial du marché des ‘‘Collectibles’’,
dont les planches originales et les
US Comics. Les enchères se déroulent à un
rythme hebdomadaire et exclusivement en
ligne. La particularité de la maison, c’est de
commencer sans prix de réserve, au prix de
1 dollar. Pendant les 20 jours qui précèdent
la vente, les amateurs peuvent consulter le
86
catalogue en ligne jusqu’au jour de l’enchère
que se tient en live, avec un commissairepriseur.
« Durant cette période, ils ont
l’occasion de tomber amoureux de la pièce
qu’ils convoitent et éventuellement de se
constituer un bas de laine pour enchérir.
» Dans ces conditions, l’écart entre
la première offre et le prix de vente peut
être très important. On a pu ainsi voir une
illustration de Moebius passer de 10.000 à
118.750 dollars (108.000 euros), marquant
un nouveau record mondial en mars 2022,
ou une illustration de Tintin passer de
40.500 à 93.750 dollars. « Outre qu’il est très
difficile d’évaluer un prix pour une pièce,
dans un marché en constante évolution,
certainement depuis l’apparition du coronavirus,
le prix de réserve constitue un frein
psychologique qui empêche la plupart des
personnes de poser une grosse enchère de
départ. » Traditionnellement, il y a toujours
eu plus d’Européens qui achetaient des
planches de comics que d’Américains achetant
du franco-belge, mais avec 1,5 millions
de clients répartis sur 195 pays, Heritage
Auctions affirme être en mesure de changer
la donne. « La bande dessinée reste
assez méconnue sur le marché américain,
mais aujourd’hui la culture franco-belge
arrive dans des grandes villes comme
New York, Los Angeles ou Dallas. Il y a des
marques d’intérêt évidentes, c’est ainsi
qu’on me pose beaucoup de questions
sur le Festival d’Angoulême, par exemple,
qui est complètement différent des
conventions comics auxquelles le public
américain est habitué. Et aujourd’hui, les
originaux premium de la BD franco-belge
partent huit fois sur dix aux USA.» Alors
que les mangas sont, depuis une dizaine
d’années, les champions incontestés
des ventes de BD, les planches de bande
dessinée japonaise n’apparaissent pour
ainsi dire jamais en salle de vente ou en
galerie. Ce paradoxe peut s’expliquer par
plusieurs facteurs. D’abord, dans le monde
du manga, l’éditeur reste généralement
propriétaire des planches. En outre, socialement,
c’est très mal vu. Si un auteur vend
ses planches, c’est qu’il a besoin d’argent.
Lorsqu’on y ajoute les fortes taxations
pour la vente d’œuvres d’art à l’étranger, on
comprend mieux pourquoi des planches
de One Piece, de Naruto ou de Dragon Ball
ne sont pas encore passées sous le marteau.
Mais ce n’est sans doute qu’une question de
temps. En 20 ans, le marché a connu une
évolution constante. Ceux qui ont acheté
des planches il y a 20 ans ont ainsi fait une
très belle affaire, le prix des grands auteurs
ayant été multipliés par 20 ou 30. Certains
grands noms continueront leur progression,
mais sans doute pas dans les mêmes
proportions. La BD restera dans sa bulle et
très heureuse d’y être.
SURFER
www.artcurial.com
www.millon.com
www.ha.com
VISITER
Bulles de Louvre
Centre belge de la Bande dessinée
Bruxelles
www.cbbd.be
jusq. 11-09
Hergé (Georges Remi dit), Bienvenue sur la Lune Mr. Armstrong ! Welcome !, encre de Chine, écoline et aquarelle
pour un dessin représentant Tintin, Milou, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol accueillant Neil
Armstrong de la mission Apollo XI sur la Lune, 26 × 30 cm. Artcurial, Paris, 20-11-2021. © Artcurial
573.000 € (frais inclus)
Action Comics, #1, Rocket Copy, Washington DC,
1938, copie scellée CGC FN 6.0, pages blanches.
Heritage Auctions, Dallas, 13-01-2022. © Heritage
Auctions - 3.180.000 $ (2.774.000 €), record mondial
87
Marchands d’art et
loi anti-blanchiment
Où en est-on ?
Conformément à la directive
européenne, l’arrêté royal du 29
septembre 2021 relatif à l’inscription
des marchands d’art, salles de
ventes, organisateurs de foires et
salons, et entrepôts spécialisés,
auprès du SPF Economie, afin
d’accentuer la lutte contre le
blanchiment, entrait en vigueur
le 23 octobre dernier. Alors qu’un
récent rapport américain minimise
les risques de blanchiment sur
le marché de l’art, comment ces
nouvelles contraintes affectent-elles
ses acteurs ? Le galeriste bruxellois
Didier Claes, Vice-Président de la
BRAFA et membre de la ROCAD,
spécialiste de l’art africain, nous
éclaire.
Comme le précisait début mars
La Gazette Drouot, forte d’un
rapport officiel américain plutôt
mesuré sur les risques qu’il présente
en matière de blanchiment, la Confédération
internationale des négociants
en œuvres d’art (CINOA) appelait à une
« réévaluation » des mesures de contrôle
du marché de l’art en Europe. Dans cet
appel, qui a reçu le soutien de l’Association
internationale des antiquaires (IADAA)
et de Drouot Patrimoine, la confédération,
qui représente cinq mille marchands
et maisons de ventes dans vingt pays,
réclame notamment que « les règles
anti-blanchiment ne soient pas étendues
comme prévu au marché de l’art ». De fait,
la Commission européenne a décidé de
soumettre à ces contrôles toute transaction
de bien culturel à partir de 10.000
euros, quel que soit l’intervenant, une
mesure que le rapport américain considère
comme inadaptée, mais que la Belgique
s’est empressée de transcrire dans sa
législation (voir les implications concrètes
via https://bit.ly/3JnczPN). Ce, alors que
les acteurs du marché de l’art n’ont guère
été consultés dans les changements de
politique les concernant et que l’on est
en droit de douter du sérieux des études
d’impact ayant présidé à la mise en œuvre
de la directive européenne. La CINOA
maintient ainsi que l’Europe se serait laissée
gagner par un arsenal propagandiste,
assorti de nouvelles sensationnalistes d’un
dévoiement du marché – comme vient
encore de le faire l’hebdomadaire Paris
Match Belgique dans son édition du 7 avril
dernier – pour fonder des stratégies qui
s’avèrent inefficaces et, au final, dommageables
au patrimoine culturel.
« Ces quelques règles
supplémentaires
augmentent le degré
de vigilance et
de travail mais ont
aussi la particularité
de rassurer notre
clientèle. »
DIDIER CLAES
FANTASME ET RÉALITÉ
Daté de février, poursuit La Gazette Drouot,
le rapport du Trésor américain n’exonère
pas pour autant le marché de l’art de toute
turpitude. Exemples à l’appui, il reconnaît
que l’explosion de ce négoce ces dernières
années fournit « une opportunité pour la
dissimulation d’opérations illégales. (…)
La valeur élevée de ces marchandises,
la tradition d’opacité du marché de l’art,
l’instabilité de la fixation des prix et son
caractère subjectif, la facilité de transport
de certaines œuvres à travers les frontières,
la difficulté pour les autorités de retracer
ces mouvements et d’évaluer les œuvres,
le recours à une multiplicité d’intermédiaires
(marchands, consultants, décorateurs,
sociétés écrans, …) et l’anonymat
de leurs clients » constituent autant de
facteurs de dérives. Le Trésor prend quand
même acte que, sans y être forcés par la loi,
« nombre d’acteurs du marché recueillent
spontanément des informations » sur « la
provenance de l’objet ainsi que l’identifica-
88
Didier Claes. © Courtesy Didier Claes Gallery / photo : Michel Figuet
tion du vendeur et sa fiabilité ». Un point
que Didier Claes confirme : « La majorité
des marchands étaient déjà inscrits à la
Banque-Carrefour des Entreprises, donc
l’arrêté royal ne change pas grand-chose.
De même, nos clients belges comme
internationaux étaient déjà au fait de ces
impératifs, même si certains très importants
collectionneurs connus et reconnus
restent récalcitrants quant au partage de
leurs documents d’identité. En revanche,
ils communiquent volontiers les statuts
de société, par exemple. En amont, nous
effectuons un travail de recherche avec les
outils à notre disposition et tenons compte
d’informations qui nous sont fournies pour
établir si la transaction présente un risque
ou non. Nous n’avons jamais été confrontés
à une personnalité à risque ! » Pour ce
qui est de l’opacité et de la sacro-sainte
discrétion qui permettrait au négoce d’art,
et de luxe en général, de prospérer, Didier
Claes botte en touche : « Cette sacro-sainte
discrétion est un fantasme ! Aujourd’hui,
le marché de l’art est contrôlé comme tous
les autres domaines. A ce titre, les banques
jouent le premier rôle, car elles possèdent
des outils dont les marchands ne disposent
pas. En fait, ces quelques règles
supplémentaires augmentent le degré de
vigilance et de travail mais ont aussi la particularité
de rassurer notre clientèle. »
IMPOSSIBLE ENTENTE ?
La seule pierre d’achoppement serait peutêtre,
paradoxalement, les rapports avec
l’administration fiscale belge, notamment
la Cellule de Traitement des Informations
Financières (CTIF) et le SPF Economie qui,
pour l’heure, ne semblent pas vraiment les
interlocuteurs les plus pertinents. Didier
Claes : « C’est compliqué pour l’administration
belge qui ne sait pas encore
vraiment comment agir et est parfois prise
de court tant les choses évoluent vite. Le
SPF Economie a pour mission de protéger
le consommateur et d’assainir le marché.
On peut parfois critiquer à raison ses
méthodes, mais je suis certain que lorsque
ce service sera rodé, les interactions avec
les acteurs du marché de l’art seront
bénéfiques. » De fait, le rapport du Trésor
américain précité, s’il minimise les risques
de financement du terrorisme à l’encontre
du marché de l’art, encourage le secteur
privé à trouver les moyens d’un partage
d’informations sur la clientèle, permettant
de répertorier les sociétés et les personnes
à risque ; et l’Etat à renforcer la formation
dans ce domaine des agents des douanes,
de la police judiciaire et des agents du fisc.
Cela suffira-t-il pour réconcilier les deux
parties ? Didier Claes : « Effectivement, ce
rapport édifie une réalité sur le fantasme
lié au financement du terrorisme par le
marché de l’art. En Belgique, les services de
contrôle de l’Etat voudraient faire porter
aux marchands la charge d’une mission
qu’ils n’arrivent pas à mener à bout, tout
en sachant pertinemment que nous ne
disposons pas des outils nécessaires. Or,
il ne faudrait pas entrer dans une spirale
psychotique qui aurait pour conséquence
de faire fuir les acteurs du marché de l’art.
Cela aurait pour résultat de faire bénéficier
les capitales voisines d’un marché porteur,
tant fiscalement que culturellement. »
SURFER
www.rocad.be
www.economie.fgov.be
www.didierclaes.com
89
Auction calendar
MAY / JUNE 2022
Belgium
MAY
30-2 DVC
klassieke kunst en antiek,
modern, hedendaags, design
GENT
1 Cornette de Saint Cyr
Collection de Monsieur D et à
divers BRUSSEL
3 Berg van Barmhartigheid
Juwelen BRUSSEL
6 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
7 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
7 Native Auctions
Collecties BRUSSEL
7-8 Maison Jules
Kunst, antiek en design GENT
7-9 Bernaerts
Here comes the sun
ANTWERPEN
8-9 Monsantic
Art & Antiques BERGEN
10 Berg van Barmhartigheid
Juwelen, muziekinstrumenten
en stripverhalen
BRUSSEL
10 Vanderkindere
Vente Bourgeoise UKKEL
12-14 Rob Michiels Auctions
Rond de wereld BRUGGE
13 Maison des Huissiers
de Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
14 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
16-21 Rops
Art & Antiques NAMEN
17 Berg van Barmhartigheid
Juwelen BRUSSEL
17-18 Vanderkindere
Art & Antiques UKKEL
20 Maison des Huissiers
de Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
21 De Vuyst
Hedendaagse, moderne en
oude meesters LOKEREN
21 Berg van Barmhartigheid
Speciale veiling BRUSSEL
21 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
23 Cornette de Saint Cyr
Design des Xxe et XXIe
Siècles BRUSSEL
23 Millon
Cave d’amateurs (Drouot)
PARIS
23-24 Galerie Moderne
Art & Antiques BRUSSEL
23-24 Horta
Art & Antiques BRUSSEL
24-25 Jordaens
Art & Antiques MORTSEL
28 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
30-31 Elysée Liège
Art & Antiques LUIK
31 Berg van Barmhartigheid
Juwelen BRUSSEL
31 Campo & Campo
Klassieke veiling ANTWERPEN
31 Loeckx
Kunst en keramiek GENT
JUNE
3 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
4 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
4-5 Cnock
Juwelen en oldtimers KNOKKE
7 Antenor
Antenor IV BRUSSEL
7 Berg van Barmhartigheid
Juwelen en fietsen BRUSSEL
7-8 Galerie Athena
Kunst en antiek BRUSSEL
8 Antenor
Juwelen BRUSSEL
9 Legia Auction
Grand Classique BERTRÉE
10 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
11 Morel de Westgaver
Boeken, prenten,
ansichtkaarten BRUSSEL
11 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
The Netherlands
MAY
30/4-1 Korst Van der Hoeff
Inboedel en curiosa DEN
BOSCH
1-4 Botterweg
Voorjaarsveiling AMSTERDAM
2-16 Notarishuis Arnhem
Voorjaarsveiling kunst en
antiek ARNHEM
4-18 De Zwaan
Kunst en antiek
AMSTERDAM
9-12 Medusa
Kunst en antiek ONLINE
10-11 Burgersdijk en Niermans
Boeken en prenten LEIDEN
14 Veilinghuis Bouwman
Vintage toys BRUMMEN
16 Hessink’s Veilingen
Asian Decorative Art Auction
ZWOLLE
16 Venduhuis Rotterdam
Design ROTTERDAM
17 Venduhuis Rotterdam
Kunst en antiek ROTTERDAM
17 Veilinghuis De Jager
Kunst en antiek GOES
17-18 Zeeuws veilinghuis
Aziatica/Indonesian art
MIDDELBURG
17-20 Bubb Kuyper
Boeken, prenten, tekeningen
en schilderijen ONLINE
17-31 Venduehuis Den Haag
Moderne en contemporaine
kunst
18 Venduehuis Den Haag
Old masters, 19th century &
early modern art DEN HAAG
18-19 Veilinghuis De Jager
Aziatica GOES
19 Venduehuis Den Haag
Old masters, 19th century &
early modern art
DEN HAAG
23-24 Van Zadelhoff Veilingen
Kunst en antiek HILVERSUM
30-31 Adams Amsterdam
Auction
Kunst AMSTERDAM
JUNE
1-2 De Ruiter
Sieraden, horiloges en zilver
KLAASWAAL
France
MAY
1 Aguttes
Un premier Mai à Cassel
CASSEL
1 Osenat
Les Intérieurs de Versailles
VERSAILLES
2 May Associés
Mobilier & objets d’art
ROUBAIX
2 Pierre Bergé
Art moderne & Contemporain
PARIS
3 Nice Enchères
Vente listée NICE
4 Artcurial
Bibliothèque Maurice
Houdayer PARIS
5 Coutau Begarie
Vente Classique: tableaux,
objets d’Art (Drouot) PARIS
5 Tessier & Sarrou et Associés
Tableaux, mobilier & objets
d’art (Drouot) PARIS
5 Lucien Paris
Collection de Madame V
NOGENT
5 Thierry de Maigret
Vente Classique: tableaux,
objets d’Art, mobilier, tapis
(Drouot) PARIS
6 Ader
Orfèvrerie & Art de la table
(Drouot) PARIS
6 Gros & Delettrez
Bijoux anciens et modernes
(Drouot) PARIS
6 Oger - Blanchet
Importants Bijoux dont Van
Cleef & Arpels (Drouot) PARIS
6 Thierry Lannon
Tableaux modernes PARIS
9 May Associés
Livres & Manuscrits ROUBAIX
10 Aguttes
Collection Michel Siméon
AGUTTES NEUILLY
10 Tajan
Mobilier et Objets d’Art PARIS
10 Drouot Estimations
Classique (Drouot)
PARIS
10 Art Rémy Le Fur
Vente Classique (Drouot)
PARIS
10 Cannes Enchères
Vente Courante CANNES
11 Piasa
Africa + Modern and
Contemporary Art PARIS
11 Aguttes
Mobilier & Objets d’Art
(Drouot) AGUTTES NEUILLY
11 Libert Damien
Vente Cataloguée (Drouot)
PARIS
11 Vilanfray & Associés
Art Contemporain & Design
(Drouot)
PARIS
11 Siboni
Matriel de Boulangerie PARIS
11 Pierre Bergé
Mobilier du XVIIIe siècle au
Design PARIS
12 Pierre Bergé
Bibliotheque Pierre Collin
PARIS
12 Ader
Collection Particulière PARIS
12 Boisgirard Antonini
Bijoux, mode & Accessoires
NICE
12 Artcurial
Spring Sale PARIS
12 Lynda Trouvé
Orient (Drouot) PARIS
12 Alde
Reliures PARIS
14 Cornette de Saint Cyr
Bandes Dessinées BRUSSEL
13 Ader
Art de l’Islam et de l’Inde, Art
Impressionniste PARIS
13 De Baecque & Associés
Collections Focillon
Baltrusaitis (Drouot) PARIS
13 Ferri & Associés
Art Populaire et cu (Drouot)
PARIS
13 Binoche et Giquello
Collection A.S. Labarthe
Livres Modernes et
Autographes (Drouot) PARIS
13 Pescheteau-Badin
Faïences Européennes
Collections Particulieres
(Drouot) PARIS
14 Rouillac
Collection Arsicaud de Coiffes
Tourangelles
NOIZAY
14 Strasbourg Enchères
Belle Déco & Mobilier
STRASBOURG
16 Artcurial
Archéologie, Arts d’Orient &
Art Précolombien PARIS
17 Nice Enchères
Vente Arts Decoratifs du Xxe
NICE
17 Artcurial
Les Amérindiens vus par les
Européens 1800-1960 PARIS
17 Lynda Trouvé
Ecrin de Mme T. (Drouot)
PARIS
17 Nouvelle Etude
Tableaux Mobilier Objets
d’Art (Drouot) PARIS
17 L’Huillier & Associés
Bijoux & Orfèvrerie (Drouot)
PARIS
90
Grotesteenweg
Anno 1897
17 Gros & Delettrez
Atelier Claire Pichaud
(Drouot) PARIS
17 Aguttes
Lettres Manuscrites &
Autographes (Drouot)
AGUTTES NEUILLY
17 Tajan
Arts d’Orient PARIS
17 May Associés
Luxe ROUBAIX
17 Boisgirard Antonini
Art & Deco NICE
18 Cannes Enchères
Bijoux anciens & Modernes
CANNES
18 Azures Enchères
Collection de Tableaux
CANNES
19 Artcurial
Collection Maurice Houdayer
PARIS
19 Piasa
American Design PARIS
19 Lucien Paris
L’Entier Contenu d’Un
Appartement Parisien NOGENT
19 Alde
Litérature PARIS
19 Tessier & Sarrou
et Associés
Madame Sort ses Griffes
(Drouot) PARIS
19-22 Cornette de Saint Cyr
Menart Fair PARIS
20 Tessier & Sarrou et
Associés
Dessins et Tableaux, mobilier
et objets d’art (Drouot)
PARIS
20 Thierry de Maigret
Dessins Anciens, Vitraux,
Icônes PARIS
20 Pierre Bergé
Collection Bertolini PARIS
20 Ader
Dessins Anciens (Drouot)
PARIS
20 Art Rémy Le Fur
Univers Napoléon III (Drouot)
PARIS
20 Gros & Delettrez
Bijoux Anciens & Modernes
(Drouot) PARIS
20 Millon
Instruments d’Ecriture Stylos
de Collection (Drouot)
PARIS
21 Rouillac
Atelier du Sculpteur Elsa
Genèse NOIZAY
21 Mercier Art
Art du Xxe LILLE
22 Siboni
Tableaux, Bijoux,
Argenterie, Objets d’art
PARIS
23-24 Ader
Affiches PARIS
24 Nice Enchères
Vente de bijoux NICE
24 Artcurial
Art Déco/ Design PARIS
24 L’Huillier & Associés
Vente de Hifi (Drouot) PARIS
24 Tajan
Arts Impressionniste et
Moderne PARIS
24 Gros & Delettrez
Hermès (Drouot) PARIS
24 Daguerre
Collections Privées (Drouot)
PARIS
24-25 Ader
Arts Décoratifs du XVIe au
XIXe Siècle (Drouot)
PARIS
25 Artcurial
Design Scandinave PARIS
25 Tajan
Art Contemporain PARIS
26 Alde
Manuscrits & Autographes
PARIS
28 Osenat
Mobilier & Objets d’Art
FONTAINEBLEAU
28 Artcurial
Un Printemps Marocain PARIS
28 Cannes Enchères
Mode, vintage
CANNES
29 Osenat
Les Intérieurs de Versailles
VERSAILLES
30 May Associés
Mobilier & Objets d’Art
ROUBAIX
30 Cornette de Saint Cyr
Chanel Vintage PARIS
31 Thierry de Maigret
Vente Classique PARIS
31 Tessier & Sarrou et Associés
Marine & Voyage (Drouot)
PARIS
31 Edric Caudron
Vente & Bijoux (Drouot) PARIS
31 Aguttes
Arts d’Asie AGUTTES NEUILLY
31 Artcurial
Un Printemps Marocain PARIS
31 Boisgirard Antonini
Arts d’Asie (Drouot)
PARIS
Vente d’art classique et d’antiquités 31 mai à 14h
Exposition : 26 – 29/05/2022 de 10h à 18h
Catalogue en ligne: www.campocampo.be
Grotesteenweg 19-21 - 2600 Anvers-Berchem - Tél 03 218 47 77 - guy@campocampo.be
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Chsée de St-Job n° 638 - 1180 Bxl Tel : 02/372 92 19 - salledeventesaintjob@gmail.com
H: 161 cm
Dim : 183 x 183 cm
Auction calendar
MAY / JUNE 2022
31 Ader
Arts Décoratifs du XVIe au
XIXe Siècle (Drouot)
PARIS
JUNE
1 Piasa
Modern and Contemporary
Art PARIS
1 Osenat
Les Intérieurs de Versailles
VERSAILLES
1 Daguerre
Un appartement Rue des
Belles Feuilles PARIS
2 Aguttes
Peintres d’Asie AGUTTES
NEUILLY
2 Cornette de Saint Cyr
Bibliothèque d’un Grand
Amateur PARIS
2 Pierre Bergé
Bijoux & Orfevrerie PARIS
2 Lucien Paris
Fonds de Maisons NOGENT
3 Aguttes
Violons & Archets AGUTTES
NEUILLY
3 L’Huillier & Associés
Mobiliers & Objets d’Art
(Drouot) PARIS
3 Beaussant Lefèvre
& Associés
Art Impressionniste et
Moderne (Drouot)
PARIS
3 Craït + Müller
Sculptures (Drouot) PARIS
3 Ader
Arts Décoratifs et Sculptures
du Xxe Siècle (Drouot) PARIS
5 Osenat
Art de l’Europe de l’Est
VERSAILLES
6 May Associés
Arts d’Asie ROUBAIX
7 Cannes Enchères
Vente Courante CANNES
8 Artcurial
Art d’Asie, Post-War
& Contemporain,
Impressionniste & Moderne
PARIS
8 Thierry de Maigret
Art Asiatique et céramiques
Européennes (Drouot) PARIS
9 De Baecque et Associés
Bijoux Montres Orfevrerie
(Drouot) PARIS
9 Gros & Delettrez
Arts décoratifs (Drouot)
PARIS
9 Alde
Livres anciens et du XIXe
siecle PARIS
9 Piasa
Liaigre, Contemporary Design
PARIS
United Kingdom
MAY
28-13 Christie’s
Efie Gallery x Christie’s
LONDON
2-10 Sotheby’s
The Samurai LONDON
3-12 Sotheby’s
Picasso ceramics LONDON
6-12 Sotheby’s
From Japan With Love LONDON
6-17 Sotheby’s
STYLE London
LONDON
9-10 Bonhams
Asian Art (Knightsbridge)
LONDON
11 Sotheby’s
Important Chinese Art
LONDON
11 Sotheby’s
Important Chinese Art
LONDON
11 Phillips
Wired: online LONDON
12 Phillips
Design LONDON
12 Bonhams
Fine Chinese & Japanese Art
(New Bond)
LONDON
13-19 Sotheby’s
Photographs LONDON
18 Sotheby’s
The Library of Henry Rogers
LONDON
18 Bonhams
Picassomania (New Bond)
LONDON
24 Bonhams
Modern & Contemporary Art
(New Bond) LONDON
25 Phillips
Photographs LONDON
25 Bonhams
Antique Arms and Armour
(Knightsbridge) LONDON
25 Christie’s
The Collection of Sir
Nicholas Goodison
LONDON
26 Bonhams
Rifles (Knightsbridge)
LONDON
27 Christie’s
Private Collection LONDON
Germany
MAY
7 Lempertz
Preußen KÖLN
7 Lempertz
Berlin Salon BERLIN
7-14 Schloss Ahlden
Grosse Kunstauktion
AHLDEN
10 Quittenbaum
Lalique Only, Jugendstil I
MÜNCHEN
11 Quittenbaum
Jugendstil II MÜNCHEN
13-14 Fischer
Antiquitäten & Kunst
HEILBRONN
16-20 Hermann Historica
Präsenzauktion MÜNCHEN
17-18 Nagel Auktionen
Antiquitäten & Kunst
STUTTGART
20 Lempertz
Bedeutende Mörser der
Sammlung Schwarzach IV
KÖLN
21 Auction Partners
Auktion BERLIN
28 Ruetten
Antiquitäten & Kunst
MÜNCHEN
30 Ketterer
Wertvolle Bücher HAMBURG
JUNE
30 Ketterer
Zeitgenössische Kunst
MÜNCHEN
Fair calendar
MAY / JUNE 2022
Belgium
MAY
28-1/5_
Brussels
ART BRUSSELS
28-1/5 Brussels
SOLO PROJECT
11-15 Brussels
TWENTY
14-12/6 Andenne
CERAMIC ART ANDENNE
20-22 Brussels
COLLECTIBLE
HUNTENKUNST
20-22 Rotterdam
OBJECT ROTTERDAM
20-22 Rotterdam
ROTTERDAM PHOTO
20-22 Rotterdam
TEC ART ROTTERDAM
20-22 Rotterdam
JEWEL.ROTTERDAM
JUNE
12 Waspil
VERZAMELAARSBEURS VOOR
TRIBALE KUNST EN CULTUUR
26-29 Saint-Briac-sur-mer
SALOND DU DESSINET DE
L’EDITION
Germany
MAY
28-1/5 Stuttgart
KUNST & ANTIQUITÄTEN TAGE
Austria
MAY
Italy
MAY
23-1/5 Assisi
ASSISI ANTIQUARIATO
28-1/5 Milano
MILAN IMAGE ART FAIR
Portugal
MAY
30-8/5 Lisboa
LAAF
The Netherlands
MAY
19-22 Rotterdam
ART ROTTERDAM
20-22 Ulft
France
MAY
19-22 Paris
PARIS PRINT FAIR
19-22 Paris
MENART FAIR PARIS
23-1/5_WIEN
WIKAM
United Kingdom
MAY
4-8 London
SPRING FAIR
USA
MAY
6-10 New York
TEFAF NEW YORK
Museum calendar
MAY / JUNE 2022
Belgium
ANTWERPEN
DIVA
△ DIVA: Work in Progress
t/m 27-11
FOMU
△ Bertien Van Manen -
Diana Markosian
t/m 28-08
M HKA
△ Mash Up - Anthea
Hamilton
t/m 15-05
BINCHE
Musée du Carnaval et
du Masque
△ Bouffons!
j. 11-09
BRUGGE
Musea Brugge
△ Verhalen uit de
ondergrond. Brugge in
het jaar 1000.
t/m 27-10-2023
BRUSSELS
Art et marges musée
△ Haute tension
j. 16-06
Atomium
△ View from my
window
j. 29-05-2023
Autoworld Museum
△ 1,2,3,4 Cars &Rock’n
Roll
j. 26-06
Bozar
△ Un centenaire pour le
Palais des Beaux-Arts
j. 21-07
Centrale
△ Alien - Oussama Tabti
j. 18-09
△ Deeply, Madly - Helen
Anna Flanagan
j. 18-09
△ This is what you came
for. Els Dietvorst
j. 18-09
Centre Albert Marinus
△ Projet Ommegang
19-05 au 07-09
Centre Culturel
Coréen
△ Trésors coréens
en Belgique (re)
découverts
j. 13-05
Centre d’art de
Rouge-Cloître
△ Baudouin Deville
j. 15-05
Charles Riva Collection
△ Entre chien et loup
j. 09-07
CIVA
△ Sick Architecture
06-05 au 28-08
△ Expo: le logis-floréal -
un project coopératif
j. 26-06
Design Museum
Brussels
△ Charlotte Perriand.
Comment voulonsnous
vivre? Politique du
photomontage
j. 28-08
Fondation A
△ Belleville - Thomas
Boivin
j. 26-06
ISELP
△ New Horizons in Painting
j. 28-05
Jewish Museum of
Belgium
△ Sol Lewitt. Wall Drawings,
Works on paper, Structures
(1968-2002)
j. 31-07
KBR & MIM
△ Toots 100. The Sound
of a Belgian Legend
j. 31-08
Maison de l’Histoire
européenne
△ Quand les murs parlent!
j. 13-11
Mima
△ Mima reload
j. 29-05
Musée de la bande
dessinée
△ Bulles de Louvre -
vingt auteurs de Bande
Dessinée propose de
découvrir le Louvre
j. 11-09
Musee Mode et
Dentelle
△ Brussels Touch
j. 22-05
Musées royaux des
Beaux-Arts
△ Christian Dotremont,
Peintre de L’écriture
j. 07-08
△ Marat assassiné
j. 07-08
△ Voyage au-dèla de
l’illusion - Omar BA
j. 07-08
△ Optics and Duration -
Tanya GOEL
j. 07-08
Museum Kunst &
Geschiedenis
△ Shin Hanga - Nieuwe
prenten van Japan 1900-
1960
14-10 t/m 15-01-2023
△ Before Time Began
t/m 29-05
Villa Empain
△ Portrait of a Lady
j. 04-09
△ Michel Polak
j. 21-08
CHARLEROI
BPS22
△ Teen Spirit
j. 22-05
Musée de la
Photographie
Charleroi
△ Michel Vanden
Eeckhoudt
j. 15-05
△ Soleil Noir - Gaëlle
Henkens et Roger Job
j. 15-05
△ Arbres-Troncs - Zoé
Van der Haegen
j. 15-05
△ Melanie De Biasio
j. 15-05
△ Danielle Rombaut
j. 15-05
EUPEN
Museum für
Zeitgenössische Kunst
△ Kristina Benjocki
j. 05-06
△ Reinhard Doubrawa
j. 29-05
GEEL
The Phoebus
Foundation
△ ZOT van DIMPNA. Een
wereld vol passie, lief en
rebellie
t/m 28-08
GENT
Museum Dr. Guislain
△ Circonstances. Fernand
Deligny
t/m 29-05
S.M.A.K.
△ POPART van Warhol
tot Panamarenko Uit de
Collectie Matthys-Colle
& S.M.A.K.
t/m 08-05
HASSELT
Cultuurcentrum
Hasselt
△ En toch is ook de nacht
niet uitzichtloos zolang
er sneeuw ligt
t/m 22-05
△ Genre ZERO - Diana Herz
t/m 22-05
△ Self-Portraits, Dated,
Untitled - Mies Cosemans
& Joke Timmermans
t/m 22-05
Z33
△ Please do touch - Lore
Langendries
13-05 t/m 15-08
△ Same Same but
Different - BC architects
& studies & materials
t/m 07-08
HORNU
CID Grand Hornu
△ Bricks beyond Walls
j. 05-06
△ Beirut. Eras of design
j. 14-08
MACS
△ Gaillard & Claude. A
Certain Decade
j. 18-09
△ Cruising Bye - Aline
Bouvy
j. 18-09
ITTRE
Musée Marthe Donas
△ Jean Rets. Un
constructeur inattendu
j. 05-06
KNOKKE-HEIST
Cultuurcentrum
Scharpoord
△ Foto Knokke-Heist
- Frieke Janssens &
Servaas Van Belle
t/m 12-06
LA HULPE
Fondation Folon
△ Tomi Ungerer. Enfant
terrible
j. 26-06
LA LOUVIÈRE
Centre de la gravure
et de l’Image
imprimée
△ Denicolai & Provoost.
La stagione dell’amore
j. 24-07
△ Eleni Kamma. Qui
Who Etes Are Vous les
Louviérvoix ?
j. 24-07
△ Delphine Deguislage.
Archetype Canon
j. 24-07
LA LOUVIÈRE
Keramis - Centre de
la Céramique de la
Fédération Wallonie-
Bruxelles (asbl)
△ Les collections de
Verviers à Keramis
j. 28-08
LEUVEN
Museum M
△ Prendre le temps
t/m 23-04-2023
△ Dry Culture Wet
Culture - Wael Shawky
t/m 28-08
LIÈGE
Maison des Métiers
d’Art
△ Upcycling - Recycler
avec style
j. 25-06
Trinkhall Museum
△ Des lieux pour exister
j. 05-03-2023
△ Des visages et des
lieux. Pedro Ribeiro
j. 11-09
MALDEGEM
Sint-Annakasteel
△ Johan Rotsaert
t/m 02-05
MECHELEN
Kazerne Dossin
△ Universal Human
Rights. Why they matter
t/m 11-12
MONS
Beaux-Arts Mons
△ Anto-Carte. De terre
et de ciel
j. 21-08
△ Souviens-toi -
Emelyne Duval
j. 29-05
MORLANWELZ
Musée Royal de
Mariemont
△ La Chine au féminin.
Une aventure moderne
j. 23-10
OOSTENDE
Mu.Zee
△ België-Argentinië.
Trans-Atlantische
modernismen, 1910-1958
t/m 12-06
PUURS-SINT-AMANDS
Emile Verhaeren
Museum
△ La Ville abandannée -
Koen Broucke
t/m 22-05
SINT-MARTENS LATEM
Museum Dhondt-
Dhaenens
△ Blindsight – Manon
de Boer in dialoog met
Latifa Laâbissi en Laszlo
Umbreit
t/m 22-05
△ Time, and time again
– Werk uit de collectie
Vermeire-Notebaert
t/m 22-05
△ Yvan Derwéduwé -
Antichambre
t/m 22-05
△ untitled 2018 (the infinite
dimensions of smallness) -
Rirkrit Tiravanija
t/m 31-05
SINT-NIKLAAS
Mercatormuseum
△ Kaarten aan de wand
- (Her)ontdek oldschool
platen en kaarten
t/m 01-05
SINT-PIETERS-
WOLUWE
Museum van de
Boekkunsten en de
Boekband
△ Touching, Moving,
Reading Books
j. 22-05
SOUMAGNE
La galerie de Wégimont
△ Déambulations au cœur
du Comptoir d’estampes
- Barzin, Dacos, Corbisier,
Pace et quelques autres
j. 08-05
TOURNAI
Musée des Beaux-
Arts de Tournai
△ Toute une histoire, regard
sur les collections #3
j. 02-2023
△ Open Field - Raffaella
Crispino
j. 15-05
TAMAT
△ Asia E
j. 29-05
93
Gallery calendar
MAY / JUNE 2022
Belgium
AALST
Netwerk Aalst
△ Rewinding
Internationalism
t/m 01-05
ANTWERPEN
Annie Gentils Gallery
△ Current Affairs - Marc
Vanderleen
t/m 15-05
Coppejans Gallery
△ O₂ - Riki Mijling, solo
exhibition
t/m 21-05
Galerie De Zwarte
Panter
△ Tomorrow is an other
day - Fred Bervoets
t/m 26-06
△ Voorwoordelijk -
Michel Buylen
t/m 26-06
Office Baroque
△ Chambres d’Amis: Ikea
t/m 30-06
Tim Van Laere Gallery
△ Jonathan Meese -
Self Portraits and Nudes
(Gesamtkunstwerk)
t/m 14-05
BEERSEL
LKFF
△ Hanneke Beaumont.
The quiet between
j. 30-06
BONHEIDEN
Art Depot Gallery
△ April ontluikt, en bam …
daar komt de kleur - JAS
t/m 08-05
BRUSSELS
Almine Rech Brussels
△ More - Brian Calvin
j. 28-05
△ The Wall: Peter Peri
‘Night is also a sun’
j. 28-05
ArtContest
△ Connexion #1
j. 30-06
Association du
Patrimoine artistique
△ La révolte de la
couleur. Le Fauvisme
belge 1904-1918
j. 07-05
Atelier 34zéro
△ Marek Kus
j. 13-06
Atomium
△ View from my window
j. 29-05-2023
△ Olivier Mosset
j. 14-05
△ The Last Cowboy
Songs - Olivier Mosset
j. 14-05
Belgian Gallery
△ A Bocca Chiusa - Johan
Muyle
j. 28-05
Bruno Matthys
Gallery
△ Trublions - Petra Werlé,
Michel Vranckx
j. 28-05
Brussels Expo
△ Antoine de Saint-
Exupéry. Le Petit
Prince parmi les Hommes
j. 30-06
CLEARING
△ Neïl Beloufa. Pandemic
Pandemonium
j. 15-05
Contretype
△ Hernie & Plume -
Katherine Longly
j. 22-05
△ Retour à La Louvière -
Pauline Vanden Neste
j. 22-05
△ D’ici là - Jérôme
Hubert
j. 22-05
Dauwens & Beernaert
Gallery
△ 1 x 4 = 5 - Loïc Van
Zeebroek, Toon
Boeckmans, Isa De Leener,
Charlotte Vandenbroucke
j. 01-05
Deodato Arte - Brussels
△ Editions - Mr. Brainwash
j. 24-06
Esther Verhaeghe Art
Concepts
△ Idomes - Sébastien
Pauwels
j. 14-05
Fondation Thalie
△ Inner Bodies - Kiki Smith
j. 01-05
Galerie ABC
△ Quentin Smolders
j. 07-05
Galerie Alice
△ Bye Bye Bye, go away
green - Jean Julien
j. 21-05
△ Nicholas Julien
j. 21-05
Galerie DYS
△ Stil Leven. Natures
silencieuses
j. 29-05
Galerie Emile Dujat
△ Light my Fire. Atelier
Haute Cuisine & J.-M. De
Pelsemaeker
j. 15-05
Galerie Faider
△ Échos de lumière -
Guy Leclercq
j. 14-05
Galerie Horta
△ Frida Khalo - The life of
an icon
j. 14-05
Galerie La Forest
Divonne
△ L’Oeuvre au coprs. Un
rencontre ente les arts et
le goût
19-05 au 18-06
△ Singularités -
Catherine François
j. 15-05
Galerie Martine Ehmer
△ Transition - Rose Madone
j. 22-05
Galerie Nathalie Obadia
△ The Traveler Walking
On Tiptoes - Guillaume
Leblon
19-05 au 09-07
△ Foolhardy Boarding A
Lost State of Mind - Joris
Van de Moortel
j. 07-05
Gallery Sofie Van den
Bussche
△ Inescapable - Bilal
Bahir, Lieven Decabooter
j. 29-05
Grand-Place
△ Pop Masters
j. 29-05
HANGAR- Photo Art
Center
△ Trance’n’dance - Isabel
Muñoz
j. 18-06
△ Louise Bourgeois:
Intimate Portrait - Jean-
François Jaussaud
j. 18-06
Horst
△ The Act of Breathing
12-05 au 31-07
Huberty & Breyne
△ Olivier Ledroit
j. 14-05
Jan Mot
△ Each Moment Presents
What Happens - Johanna
Billing
j. 21-05
KULT XL
△ Hypnagogie -
Robberto & Milena Atzori
j. 22-05
La Patinoire Royale -
Galerie Valérie Bach
△ Self-Play - Hannah De
Corte
j. 28-05
△ Au gré de ses
“déplacements” -
Marthe Wéry
j. 07-05
△ Illimités - Sahar Saâdaoui
j.07-05
La Verrière
△ Tactiques du rêve
augmenté - Exposition
collective
j. 25-06
Le Botanique - Galerie
△ Portrait of a landscape -
Pierre-Philippe Hofmann
j. 08-05
Le salon d’art
△ arbo-naissance -
Simon Outers
j. 14-05
L’Enfant Sauvage
△ Matthieu Marre.
Seules les pierres sont
innocentes
j. 21-05
Maison Commune à
Ixelles
△ Bers Grandsinge &
Friends. Avis de recherche
j. 20-05
Marie-Laure Fleisch
△ Unbroken Landscape -
Alice Cattaneo
j. 11-06
Meessen De Clercq
△ Sparrow Song - José
María Sicilia
j. 14-05
Melissa Ansel
△ Devenir l’estran -
Alexane Sanchez, Hadrien
Loumaye, Julia Renaudot
j. 08-05
Rodolphe Janssen
△ Sky Gardens - Jason
Saager
j. 28-05
Rossicontemporary
△ Matrix Verbatim -
Charlotte Flamand
j. 07-05
Spazio Nobile Gallery
△ Serendipity - Kiki van
Eijk & Joost van Bleisjwijk,
Duo show
17-05 au 04-09
△ Arbre de Vie - Bela
Silva & Vera Vermeersch,
duo show
j. 15-05
Zedes Art Gallery
△ Tumbleweed - Ariane
de Rosmorduc
12-05 au 25-06
FLÉMALLE
La Châtaigneraie -
Centre wallon d’Art
contemporain
△ Nôtre – photographier
l’intime
21-05 au 10-07
La Châtaigneraie -
Centre wallon d’Art
contemporain
△ Paréidolies - en quête
de formes
j. 08-05
GRIMBERGEN
Cultuurcentrum
Strombeek
△ Open Source - Noah
Latif Lamp
t/m 01-05
HASSELT
Z33
△ Charging Myths -
On-Trade-Off
t/m 21-08
KNOKKE-HEIST
Baronian
△ Eric Poitevin
j. 04-06
△ Origin and Presence -
Max Frintrop
t/m 15-05
Galerie Ronny
Van de Velde
△ Jean-Jacques Gailliard
(1890-1976) in the Twenties
t/m 29-05
Muruani Mercier
△ Memories we share -
Cornelius Annor
t/m 04-05
Stephane Simoens
Contemporary fine art
△ Colour Shaping Form
- Machteld Rullens,
Masaaki Yamada
t/m 17-05
VCRB Gallery
△ isarithms of life -
Matthias Verginer
t/m 22-05
KORTRIJK
Be-Part
△ Black Sun - Ruben
Bellinkx
t/m 05-06
LIÈGE
Europaexpo - Gare
de Liège Guillemins
△ I LOVE JAPAN
j. 31-08
LIÈGE
Galerie Christine Colon
△ Julien Allègre & Sergio
Moscona
j. 08-05
Les Brasseurs Art
Contemporain
△ Evan a stopped clock
is right two times a day
- Jan Duerinck, Bram
Van Breda, Gerlinde Van
Puymbroeck
j. 21-05
△ La déchirure du même
- Alexane Sanchez
j. 21-05
LINKEBEEK
Huize Lismonde
△ Gaandeweg - Anne
Marie Finné
t/m 22-05
LOUVAIN-LA-NEUVE
Espace 001
△ Emmanuel Kervyn
j. 22-05
OOSTEEKLO
Galerie William Wauters
△ Wim Biewenga
t/m 15-05
△ Christian Verhelst
t/m 15-05
STAVE (METTET)
Pépinière Ortie-
Culture
△ Arts Emulsions de Namur
j. 29-05
TERVUREN
Spazio Nobile At Home
△ Inner Landscapes
j. 29-05
WAREGEM
Be-Part
△ Hips don’t lie -
Hadassah Emmerich
t/m 22-05
WIJNEGEM
Axel Vervoordt
△ Shiro Tsujimura
t/m 07-05
△ Shen Chen
t/m 07-05
△ Chaos & Order -
Group exhibition
t/m 21-05
94
Un constructeur inattendu
Jusqu’au 5 juin 2022
Jean Rets (1910-1998) a manifesté très tôt le goût de la recherche
purement plastique, mettant au point un répertoire de signes,
de formes et de couleurs qu’il mêle dans des compositions inventives.
Sa production picturale est mise en relation avec une dimension
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d’art, bijoux et vins’
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Antiekveilingen
Schattingen en expertises
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PICTURA b.v.b.a.
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(Dir. Cécile La Pipe,
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T.09/223.37.93
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