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Présence - L'accompagnement spirituel de l'EERF dans les institutuions du canton de Fribourg

Brochure Aumôneries

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PRÉSENCE<br />

L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL DE L’EGLISE<br />

ÉVANGÉLIQUE RÉFORMÉE DANS LES<br />

INSTITUTIONS DU CANTON DE FRIBOURG


CHÈRE LECTRICE, CHER LECTEUR,<br />

L’aumônerie est indissociable <strong>de</strong> l’Eglise : la<br />

mission <strong>de</strong> l’évangile consiste notamment à<br />

épauler autrui, à l’écouter, à le réconforter et<br />

à l’encourager. Au sein <strong>de</strong> la paroisse, l’aumônerie<br />

est exercée par exemple lors <strong>de</strong> visites<br />

à domicile, mais également <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>,<br />

<strong>les</strong> hôpitaux, à l’université ou <strong>dans</strong> <strong>les</strong> établissements<br />

d’exécution <strong>de</strong>s peines et mesures.<br />

La présente brochure vous propose un tour<br />

d’horizon <strong>du</strong> travail fourni par <strong>les</strong> aumônières<br />

et aumôniers réformés <strong>dans</strong> <strong>les</strong> institutions<br />

<strong>du</strong> <strong>canton</strong> <strong>de</strong> <strong>Fribourg</strong>.<br />

La diversité <strong>de</strong> cette offre est remarquable.<br />

Dans le <strong>canton</strong> majoritairement catholique<br />

<strong>de</strong> <strong>Fribourg</strong>, l’Église évangélique réformée ne<br />

fait pas partie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s églises et elle ne<br />

dispose donc que <strong>de</strong> postes à faible pourcentage<br />

pour exercer l’aumônerie. La collaboration<br />

œcuménique en <strong>de</strong>vient donc d’autant<br />

plus importante. La plupart <strong>du</strong> temps, elle<br />

fonctionne parfaitement. Il y a <strong>de</strong> quoi être<br />

reconnaissant.<br />

Même si <strong>les</strong> aumôniers sont réformés, ils ne<br />

sont pas là uniquement pour <strong>les</strong> réformés.<br />

L’aumônerie <strong>dans</strong> <strong>les</strong> institutions représente<br />

aussi un service <strong>de</strong> l’Église au mon<strong>de</strong>, un<br />

signe <strong>du</strong> don <strong>de</strong> Dieu qui s’adresse, sans distinction,<br />

aussi bien à la patiente tamoule qu’à<br />

l’étudiant fribourgeois, à la rési<strong>de</strong>nte d’un<br />

EMS qu’au requérant d’asile.<br />

La collaboration avec l’institution est un élément<br />

essentiel à la qualité <strong>de</strong> l’aumônerie. À<br />

cet égard, l’évolution est réjouissante : <strong>les</strong> besoins<br />

<strong>spirituel</strong>s <strong>de</strong>s patientes et patients, <strong>de</strong>s<br />

rési<strong>de</strong>ntes et rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s EMS ou <strong>de</strong>s personnes<br />

en détention sont <strong>de</strong> plus en plus pris<br />

au sérieux. Dans la plupart <strong>de</strong>s institutions,<br />

l’aumônerie est très appréciée, et une collaboration<br />

interdisciplinaire a parfois été établie.<br />

Le fait que presque tous <strong>les</strong> aumôniers<br />

et aumônières ont désormais une formation<br />

complémentaire correspondante et suivent<br />

régulièrement <strong>de</strong>s formations continues est<br />

utile à cet égard.<br />

La présente brochure est un instantané. Dans<br />

quelques années, <strong>les</strong> postes seront occupés<br />

par d’autres personnes. Elle vise surtout à<br />

montrer qu’avec <strong>de</strong>s moyens relativement<br />

mo<strong>de</strong>stes, nous pouvons accomplir <strong>de</strong> très<br />

gran<strong>de</strong>s choses.<br />

Je vous souhaite une agréable lecture, riche<br />

en informations.<br />

Thérèse Chammartin, conseillère synodale,<br />

dicastère Aumônerie<br />

Où vous pouvez rencontrer <strong>de</strong>s aumônières et aumôniers<br />

<strong>de</strong> l‘Eglise évangélique réformée <strong>du</strong> <strong>canton</strong> <strong>de</strong> <strong>Fribourg</strong><br />

(liste pas exhaustive) :<br />

Hôpitaux HFR<br />

Centres <strong>de</strong> soins hospitaliers RFSM<br />

Eco<strong>les</strong> <strong>du</strong> cycle secondaire 2<br />

Institutions pour personnes handicapées<br />

Université<br />

Centres <strong>de</strong> détention<br />

CFA <strong>de</strong> la Gouglera<br />

EMS<br />

Photo: Patrick Pellegrini


L’AVENTURE DE LA RENCONTRE<br />

L‘aumônière Elsbeth von Känel en entretien avec une patiente.<br />

SANTÉ: HFR<br />

Hôpitaux fribourgeois<br />

· Lieux : <strong>Fribourg</strong>, Meyriez, Tavel, Riaz, Billens<br />

Photo: Margrit Seiler<br />

· Aumôniers : Daniel Nagy, Tania Guillaume,<br />

Christian Riniker, Elsbeth von Känel, Marianne Weymann<br />

Actuellement, cinq pasteures et pasteurs réformés<br />

interviennent sur <strong>les</strong> divers sites <strong>de</strong><br />

l’hôpital fribourgeois HFR : Daniel Nagy et<br />

Tania Guillaume à l’Hôpital <strong>canton</strong>al à <strong>Fribourg</strong>,<br />

Christian Riniker à Meyriez, Elsbeth<br />

von Känel à Tavel et Marianne Weymann à<br />

Riaz et Billens. À Riaz, Billens et Meyriez, en<br />

accord avec leurs collègues catholiques, <strong>les</strong><br />

aumôniers peuvent rendre visite <strong>de</strong>puis un<br />

certain temps déjà à tous <strong>les</strong> patients d’un<br />

service et pas uniquement aux patients réformés.<br />

A l’Hôpital <strong>canton</strong>al, on vient seulement<br />

<strong>de</strong> commencer avec cette pratique. Daniel<br />

Nagy estime que la nouvelle répartition est<br />

judicieuse : « Si nous nous rendons toujours<br />

<strong>dans</strong> le même service, le personnel hospitalier<br />

nous connaît mieux », dit-il.<br />

La plupart <strong>de</strong>s patientes et patients se réjouissent<br />

<strong>de</strong> la visite, même s’ils n’ont pas<br />

« besoin » d’un entretien. Ce d’autant plus<br />

lorsqu’ils savent que la pasteure ne vient pas<br />

leur faire la morale ni ne veut <strong>les</strong> convertir.<br />

« Avec vous, je peux parler tout à fait normalement<br />

», a une fois confié un patient à Elsbeth<br />

von Känel, surprise. La confession est<br />

alors secondaire. La réaction <strong>de</strong> la plupart<br />

<strong>de</strong>s patients : « De toute façon, c’est le même<br />

Dieu. » Et si un collègue catholique est vraiment<br />

souhaité, alors la pasteure ou le pasteur<br />

lui transmet la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

La mission à proprement parler est la même<br />

<strong>dans</strong> tous <strong>les</strong> hôpitaux : il s’agit d’abord d’être<br />

à l’écoute. Certains patients veulent expliquer<br />

pourquoi ils se retrouvent à l’hôpital.<br />

D’autres se font <strong>du</strong> souci pour leurs proches<br />

ou redoutent le départ prochain en EMS.<br />

La mort est aussi un thème récurrent. L’aumônière<br />

tente alors <strong>de</strong> découvrir si <strong>de</strong>s éléments<br />

<strong>spirituel</strong>s pourraient être bénéfiques,<br />

une prière, un texte biblique ou un chant. Il<br />

faut en discuter, affirme Elsbeth von Känel.<br />

« D’eux-mêmes, <strong>les</strong> gens n’en viennent généralement<br />

pas à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une prière. Mais<br />

si on la leur propose, <strong>de</strong>ux tiers d’entre eux<br />

sont pour. »<br />

La tâche <strong>de</strong> l’aumônerie est compliquée par<br />

le fait qu’il faut toujours trouver une petite<br />

plage temporelle à lui consacrer <strong>dans</strong> la routine<br />

hospitalière. La matinée est marquée<br />

par <strong>les</strong> soins et la visite médicale, l’aprèsmidi<br />

étant dévolu à la venue <strong>de</strong>s proches et<br />

amis. Il serait parfois souhaitable que le personnel<br />

soignant soit mieux informé <strong>de</strong> ce<br />

que propose l’aumônerie. Malgré tout, <strong>les</strong> aumônières<br />

et aumôniers exercent leur activité<br />

avec grand plaisir. Pour eux, <strong>les</strong> rencontres<br />

nombreuses et variées sont un bénéfice inestimable.<br />

« Chaque rencontre est une nouvelle<br />

aventure », avance Daniel Nagy.<br />

Une tâche particulière est assumée par<br />

Tania Guillaume, qui travaille en soins palliatifs.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s<br />

tâches actuel<strong>les</strong> avec ses collègues, elle<br />

n’accompagne pas <strong>de</strong>s personnes mala<strong>de</strong>s,<br />

mais <strong>de</strong>s proches après un décès. Quelque<br />

temps plus tard, elle leur propose un entretien.<br />

Lorsque <strong>les</strong> personnes en<strong>de</strong>uillées<br />

peinent à trouver <strong>les</strong> mots, Tania fait preuve<br />

<strong>de</strong> créativité : el<strong>les</strong> peuvent créer <strong>de</strong>s cartes<br />

SoulCollage® ou tenir un journal <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil<br />

qu’el<strong>les</strong> ramèneront chez el<strong>les</strong>. « El<strong>les</strong> ont<br />

ainsi leur propre outil pour pouvoir continuer<br />

leur <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> manière autonome », explique<br />

Tania Guillaume.


L’HUILE SUR LA CHAÎNE DE VÉLO<br />

Une chapelle <strong>du</strong> 17e siècle fait partie <strong>de</strong> l‘hôpital <strong>de</strong> Marsens.<br />

SANTÉ: FNPG<br />

Photo: Marianne Weymann<br />

Certains lieux suscitent encore et toujours<br />

la crainte – c’est le cas <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> traitement<br />

stationnaire <strong>du</strong> Réseau fribourgeois<br />

<strong>de</strong> santé mentale à Marsens et Villars-sur-<br />

Glâne. De l’intérieur, la vision est cependant<br />

bien différente : « Je rencontre <strong>de</strong>s personnes<br />

merveilleuses ici », affirme la pasteure<br />

Marianne Weymann, aumônière réformée<br />

en ces lieux. La psychiatrie est un domaine<br />

où le besoin en accompagnement <strong>spirituel</strong><br />

est très particulier. Une maladie psychique<br />

force <strong>les</strong> personnes concernées à se poser<br />

<strong>de</strong>s questions que nous préférons refouler<br />

au quotidien : Qui suis-je réellement ? Quel<br />

est le sens <strong>de</strong> tout cela ? Comment poursuivre<br />

ma vie ?<br />

« La faça<strong>de</strong> que l’on affiche sur Instagram,<br />

l’image <strong>de</strong> nous que nous dévoilons en<br />

temps normal, est ici fissurée », avance Marianne<br />

Weymann. Ce qui se cache <strong>de</strong>rrière<br />

nous concerne tous, que l’on soit mala<strong>de</strong> ou<br />

en bonne santé : la finitu<strong>de</strong> et le caractère<br />

limité <strong>de</strong> notre vie terrestre, le fait que ni la<br />

santé ni le succès ne sont garantis. L’aumônière<br />

essaie <strong>de</strong> transmettre l’idée que nous<br />

sommes certes obligés <strong>de</strong> vivre avec nos<br />

fail<strong>les</strong>, mais que nous pouvons le faire. Et<br />

aussi l’idée que la valeur d’un être humain<br />

ne dépend pas <strong>de</strong> sa pro<strong>du</strong>ctivité, <strong>de</strong> son<br />

fonctionnement <strong>dans</strong> la société, mais <strong>de</strong><br />

l’amour inconditionnel <strong>de</strong> Dieu. Qu’il nous<br />

accor<strong>de</strong> toujours et en toutes circonstances<br />

le pardon, et nous promet un possible nouveau<br />

départ.<br />

L’aumônière est reconnaissante pour l’estime<br />

qui lui est témoignée. Elle fut par exemple<br />

profondément émue par un patient qui<br />

lui déclara : « Tu es comme l’huile sur la chaîne<br />

<strong>de</strong> vélo. C’est à moi <strong>de</strong> pédaler, mais avec<br />

une chaîne bien huilée, c’est plus facile. »<br />

Réseau fribourgeois <strong>de</strong> santé mentale<br />

· Lieux : Marsens, Villars-sur-Glâne<br />

· Aumônière: Marianne Weymann<br />

Photo: RFSM


OUVRIR LE REGARD SUR LE MONDE<br />

ÉDUCATION : AUMÔNERIE DANS LES<br />

ÉCOLES SUPÉRIEURES<br />

École <strong>du</strong> <strong>de</strong>gré secondaire supérieur<br />

· Lieux : <strong>Fribourg</strong>, Bulle<br />

· Aumônière : Estelle Zbin<strong>de</strong>n<br />

Photos: Estelle Zbin<strong>de</strong>n<br />

Estelle Zbin<strong>de</strong>n, pasteure, n’a pas d’heures <strong>de</strong><br />

bureau. L’aumônerie <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cinq éco<strong>les</strong> <strong>du</strong><br />

<strong>de</strong>gré secondaire supérieur que compte le<br />

<strong>canton</strong> est effectuée par projets. Mais pour<br />

cela, il faut d’abord faire connaître <strong>les</strong> offres.<br />

« Dans le quotidien scolaire ordinaire, nous<br />

passons vite au second plan », affirme Estelle<br />

Zbin<strong>de</strong>n. « Nous » désigne ici, hormis Estelle<br />

Zbin<strong>de</strong>n, cinq collègues catholiques avec <strong>les</strong>quels<br />

elle travaille en étroite collaboration,<br />

après s’être réparti <strong>les</strong> différentes éco<strong>les</strong>. Au<br />

début <strong>de</strong> l’année scolaire, une présentation<br />

est donnée et un stand invite <strong>les</strong> jeunes à réfléchir<br />

<strong>de</strong> manière ludique à leur parcours<br />

<strong>de</strong> vie, par exemple. D’autres moments forts<br />

<strong>de</strong> l’année comprennent une fête <strong>de</strong> Noël<br />

œcuménique <strong>dans</strong> chaque école, et bien sûr<br />

le camp d’hiver au Simplon, pour lequel <strong>les</strong><br />

élèves peuvent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un congé à leur<br />

établissement scolaire. Il est alors question<br />

<strong>de</strong> ski, <strong>de</strong> snowboard et <strong>de</strong> randonnée en raquettes<br />

à neige, sans oublier <strong>de</strong>s discussions<br />

sur <strong>de</strong>s sujets et réflexions choisis au préalable.<br />

Chaque année, entre 25 et 30 jeunes,<br />

qu’ils soient réformés, catholiques ou musulmans,<br />

y participent.<br />

La discussion est aussi ouverte au cours <strong>de</strong>s<br />

semaines <strong>de</strong> projets, pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’aumônerie<br />

propose régulièrement <strong>de</strong>s thèmes, par<br />

exemple « Mission (im)possible » ou : « Comment<br />

abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong>s réfugiés ? »<br />

pour ce <strong>de</strong>rnier thème, <strong>les</strong> participantes et<br />

participants ont rencontré <strong>de</strong>s réfugiés, leur<br />

ont posé <strong>de</strong>s questions et ont dégusté un repas<br />

préparé par eux. « Il s’agit avant tout <strong>de</strong><br />

rencontres », précise Estelle Zbin<strong>de</strong>n. Cela<br />

permet aux jeunes <strong>de</strong> quitter une fois leur<br />

cocon douillet et <strong>de</strong> voir un autre aspect <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong> que l’école, la famille et leur portable.<br />

Les jeunes sont d’ailleurs très intéressés par<br />

cette approche. Et ils veulent aussi s’engager.<br />

Ainsi, un élève <strong>du</strong> Collège St-Michel a fondé<br />

une association pour ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> femmes enceintes<br />

en Afrique.<br />

Il va <strong>de</strong> soi qu’une ou un élève peut aussi<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un entretien indivi<strong>du</strong>el avec l’aumônière.<br />

Mais cela arrive plutôt rarement.<br />

Une nouvelle mission se profile après plusieurs<br />

suici<strong>de</strong>s <strong>dans</strong> un collège : l’aumônerie<br />

a été priée d’ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> élèves et le corps enseignant<br />

à gérer ces événements tragiques.<br />

« Dans plusieurs éco<strong>les</strong>, le souhait a été exprimé<br />

que nous assumions dorénavant <strong>de</strong>s<br />

tâches semblab<strong>les</strong> à cel<strong>les</strong> d’une Care Team »,<br />

explique Estelle Zbin<strong>de</strong>n. « Lentement mais<br />

sûrement, nous commençons à être perçus<br />

comme un service qui n’est pas seulement là<br />

pour amener un peu <strong>de</strong> religion à l’école. »


CONTRE LA CHARGE MENTALE ET<br />

LE STRESS DES EXAMENS<br />

Créativité estudiantine.<br />

Photos: Tania Guillaume<br />

ÉDUCATION : AUMÔNERIE À L‘UNIVERSITÉ<br />

La vie estudiantine insouciante appartient<br />

au passé. Aujourd’hui, <strong>les</strong> attentes envers <strong>les</strong><br />

étudiants sont très élevées : apprendre, présenter<br />

un séminaire, collecter <strong>les</strong> crédits, rédiger<br />

<strong>de</strong>s candidatures pour un stage, éventuellement<br />

gagner un peu d’argent en parallèle.<br />

Voilà qui peut être une véritable source<br />

<strong>de</strong> stress. Il est par conséquent indispensable<br />

<strong>de</strong> se ménager <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> calme,<br />

d’apaisement et d’exercer le lâcher-prise.<br />

C’est exactement ce que propose la pasteure<br />

Tania Guillaume, aumônière réformée<br />

à l’université, trois jours par semaine à midi.<br />

Le mardi, il y a méditation en mouvement<br />

(shibashi). « À l’université, on est <strong>de</strong> toute<br />

façon assis en permanence », précise l’aumônière,<br />

« le mouvement est donc bienvenu.<br />

» Le cours a été lancé à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s participants, et il attire toujours une<br />

cinquantaine <strong>de</strong> personnes. Tania Guillaume<br />

propose aussi d’apprendre la méditation<br />

consciente, la méditation assise ou<br />

<strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> gestion <strong>du</strong> stress. Les<br />

échanges <strong>spirituel</strong>s ont lieu sous forme créative,<br />

par exemple avec <strong>les</strong> offres « SpiriBubble<br />

», « Bible Art » ou « Se centrer grâce à la peinture<br />

». Au cours d’entretiens indivi<strong>du</strong>els, <strong>les</strong><br />

étudiants ou <strong>les</strong> employés <strong>de</strong> l’université<br />

peuvent faire la lumière sur leurs objectifs et<br />

sur le chemin à parcourir pour <strong>les</strong> atteindre,<br />

ou « calmer le flot <strong>de</strong>s pensées <strong>dans</strong> leur tête »<br />

au moyen <strong>de</strong> techniques <strong>de</strong> relaxation, explique<br />

Tania Guillaume. L’offre est volontiers<br />

sollicitée. Elle est en effet plus facilement<br />

abordable que la consultation chez un psychothérapeute.<br />

De plus, on peut s’aventurer<br />

ici sur un sujet qui n’est pas souvent abordé<br />

au cours d’une psychothérapie : on ose parler<br />

<strong>de</strong> foi. Tania Guillaume a ainsi véritablement<br />

un rôle d’aumônière : « pour moi, il ne s’agit<br />

pas seulement <strong>de</strong> psychisme. Je m’occupe<br />

<strong>de</strong> l’âme, qui n’entre sinon que peu en ligne<br />

<strong>de</strong> compte. » L’objectif est toujours le même :<br />

« que <strong>les</strong> personnes puissent être comme<br />

Dieu a prévu qu’el<strong>les</strong> soient. »<br />

· Lieu : <strong>Fribourg</strong><br />

· Aumônière : Tania Guillaume


« CE N’ÉTAIT PAS MOI, C’ÉTAIT DIEU »<br />

L’aumônier Willy Niklaus.<br />

AUMÔNERIE POUR LES PERSONNES<br />

AVEC UN HANDICAP<br />

· Lieux : diverses institutions <strong>dans</strong> le <strong>canton</strong><br />

· Aumôniers : Willy Niklaus, Fabienne Weiler<br />

12<br />

Photo: Ellena Aldo<br />

Deux personnes assument l’aumônerie réformée<br />

auprès <strong>de</strong>s personnes en situation <strong>de</strong><br />

handicap mental <strong>dans</strong> le <strong>canton</strong> : La diacre Fabienne<br />

Weiler pour <strong>les</strong> francophones, et le pasteur<br />

Willy Niklaus pour <strong>les</strong> germanophones. De<br />

plus, Willy Niklaus donne l’enseignement religieux<br />

à l’établissement é<strong>du</strong>catif spécialisé <strong>du</strong><br />

<strong>canton</strong> « Les Buissonnets ». Au début <strong>de</strong> l’heure<br />

d’enseignement, chaque élève est salué personnellement,<br />

par exemple avec une comptine<br />

qui lui est dédiée. Chaque enfant allume<br />

ensuite une bougie et peut exprimer ce qu’il a<br />

sur le cœur et ce qu’il souhaite, que ce soit une<br />

prière, un chant ou simplement un moment<br />

<strong>de</strong> calme. Lors <strong>de</strong> l’enseignement, il est important<br />

<strong>de</strong> rester <strong>dans</strong> le concret. Si par exemple<br />

la question porte sur le règne <strong>de</strong> Dieu <strong>dans</strong> le<br />

Notre Père, <strong>les</strong> enfants peuvent se construire<br />

leur propre petit royaume avec <strong>de</strong>s cailloux,<br />

<strong>de</strong>s plumes ou <strong>de</strong>s coquillages. Et Willy Niklaus<br />

d’ajouter à ce propos, à titre d’exemple : « Dans<br />

le Royaume <strong>de</strong> Jésus, on vit en paix. On ne se<br />

dispute pas <strong>les</strong> uns avec <strong>les</strong> autres. »<br />

Le contact avec <strong>les</strong> enfants n’est pas toujours<br />

facile. Pour certains, c’est trop : ils per<strong>de</strong>nt leur<br />

calme ou ne participent pas. « Dans un groupe<br />

composé uniquement d’autistes, je ne peux<br />

jamais savoir ce qu’il va se passer », poursuit<br />

Willy Niklaus. « C’est d’autant plus beau, lorsqu’il<br />

y a une réaction, un sourire. C’est toujours très<br />

émouvant. »<br />

Dans <strong>les</strong> institutions pour a<strong>du</strong>ltes, <strong>de</strong>s rituels<br />

ou « animations <strong>spirituel</strong><strong>les</strong> » ont lieu régulièrement.<br />

Les cinq sens sont ici sollicités, avec <strong>de</strong>s<br />

chants, <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s gestes ou un jeu <strong>de</strong> domino<br />

multicolore, qui est présent toute l’année.<br />

« Certains rési<strong>de</strong>nts d’EMS ne peuvent pas parler<br />

», déclare Fabienne Weiler. Et malgré cela,<br />

ils sont ravis d’être là. « Ce que je dis n’a pas<br />

tant d’importance. Ce qui compte, c’est comment<br />

je le dis. Les personnes écoutent, même<br />

si el<strong>les</strong> ne comprennent pas. » Le fait d’allumer<br />

la bougie marque le début <strong>du</strong> moment <strong>de</strong> la<br />

prière. « À qui veux-tu penser maintenant ? »,<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> alors Fabienne Weiler. Il s’agit souvent<br />

<strong>de</strong> la mère, <strong>du</strong> père ou <strong>de</strong>s frères et sœurs.<br />

« Ils sont alors tellement absorbés par la prière,<br />

que cela en <strong>de</strong>vient presque palpable », précise<br />

Fabienne Weiler.<br />

Il est parfois compliqué d’évaluer ce que <strong>les</strong> participants<br />

en retirent, surtout lorsqu’ils peuvent<br />

à peine s’exprimer pour donner un retour. Mais<br />

ici aussi, l’exception confirme la règle : par<br />

exemple lorsqu’une patiente lour<strong>de</strong>ment handicapée<br />

s’est spontanément agenouillée à <strong>de</strong>ux<br />

reprises lors d’un rituel <strong>de</strong> prière. « Quelque<br />

chose l’a touchée », explique Fabienne Weiler.<br />

« Mais nous ne saurons jamais ce que c’était. En<br />

tous <strong>les</strong> cas, ce n’était pas moi, c’était quelque<br />

chose <strong>de</strong> plus grand. C’était Dieu. »<br />

Tant Fabienne Weiler que Willy Niklaus apprécient<br />

le caractère direct et franc <strong>de</strong> leurs<br />

patients. « Qu’ils se réjouissent ou s’énervent,<br />

tout est plus intense. Le filtre social n’est pas<br />

là », ajoute Willy Niklaus. Et Fabienne Weiler<br />

d’ajouter : « Je ne peux pas me cacher<br />

avec eux. Si je n’ai pas trop la forme, ils le<br />

remarquent tout <strong>de</strong> suite et me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

ce qui se passe. »<br />

Deux à trois fois par année, un service religieux<br />

est organisé en collaboration avec une paroisse<br />

réformée ou catholique. À cette occasion, le<br />

fait que <strong>les</strong> personnes en situation <strong>de</strong> handicap<br />

sont <strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>urs extraordinaires<br />

<strong>de</strong>vient alors évi<strong>de</strong>nt. Leurs représentations<br />

théâtra<strong>les</strong>, leurs gestes, leurs <strong>dans</strong>es sont plus<br />

authentiques, laissent une impression plus<br />

forte. Cela touche. En faire l’expérience, c’est<br />

vouloir la renouveler. La prédication tient peutêtre<br />

en quelques phrases seulement, mais <strong>les</strong><br />

personnes affirment : « C’était vraiment super !<br />

Et pour une fois, nous avons tout compris. »<br />

Certaines communes germanophones organisent<br />

trois fois par année une disco pour <strong>les</strong><br />

personnes avec ou sans handicap. Le répertoire<br />

est composé essentiellement <strong>de</strong> tubes populaires,<br />

et l’ambiance est merveilleuse, précise<br />

Willy Niklaus : « Certaines personnes ne quittent<br />

pas la piste <strong>de</strong> <strong>dans</strong>e. »


« AVEC MOI, ON PEUT PARLER DE TOUT »<br />

L’aumônier Urs Schmidli avec un détenu.<br />

Photo: Jean-Clau<strong>de</strong> Gadamer<br />

AUMÔNERIE POUR LES PERSONNES EN PRISON<br />

Établissement <strong>de</strong> détention fribourgeois<br />

· Lieux : <strong>Fribourg</strong>, Bellechasse<br />

· Aumôniers : Urs Schmidli, Andreas Hess<br />

Regar<strong>de</strong>r droit <strong>dans</strong> la caméra. Ouverture <strong>de</strong><br />

porte. Fermeture <strong>de</strong> porte. Traverser la cour.<br />

Ouverture <strong>de</strong> porte. Fermeture <strong>de</strong> porte. Aller<br />

au guichet <strong>de</strong> l’accueil. Remettre le portable.<br />

Ouverture <strong>de</strong> porte. Fermeture <strong>de</strong> porte. Voilà<br />

le déroulement typique d’une visite <strong>du</strong><br />

pasteur Urs Schmidli à l’établissement <strong>de</strong> détention<br />

provisoire fribourgeois. Une fois par<br />

semaine, il y passe un après-midi, qui est en<br />

général bien occupé. Trois ou quatre détenus<br />

s’inscrivent régulièrement sur la liste, et <strong>les</strong><br />

entretiens <strong>du</strong>rent souvent une bonne heure,<br />

voire plus. Les conditions sont particulièrement<br />

<strong>du</strong>res en détention provisoire : 23 heures<br />

en cellule, une heure <strong>de</strong> promena<strong>de</strong> <strong>dans</strong> la<br />

cour, pas <strong>de</strong> contact avec l’extérieur. Mais le<br />

pire, c’est l’attente : <strong>les</strong> choses n’avancent pas.<br />

Quand se passera-t-il enfin quelque chose ?<br />

Quand aura enfin lieu le procès ? Urs Schmidli<br />

est ouvert à tous ceux qui se présentent à lui.<br />

Que ce soit un détenu qui cherche simplement<br />

un peu <strong>de</strong> distraction <strong>dans</strong> sa monotonie carcérale.<br />

Ou un détenu qui doit exprimer sa frustration,<br />

qui est en détresse psychologique. Ou<br />

encore un détenu qui aimerait lire la Bible ou<br />

le Coran ou qui veut prier. « Ce moment est<br />

toujours très intense », déclare Urs Schmidli.<br />

« Les détenus se sentent transportés au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la discussion. » Là où la situation <strong>de</strong>vient<br />

difficile, c’est lorsqu’un détenu ne parle pas<br />

français, ni anglais. Ou lorsqu’il est <strong>dans</strong> une<br />

telle souffrance psychologique qu’il aurait plutôt<br />

besoin d’une thérapie que d’un entretien<br />

d’aumônerie. Malgré ces limites imposées Urs<br />

Schmidli aime son travail, car il a le sentiment<br />

d’être utile. Un détenu lui a dit un jour : « Ce<br />

que vous faites ici est très important. »<br />

Urs Schmidli estime aussi précieux <strong>de</strong> pouvoir<br />

ainsi porter un regard sur <strong>de</strong>s « pans <strong>de</strong><br />

la société sous l’angle et <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s<br />

personnes directement concernées. Sinon, je<br />

n’en aurais jamais l’opportunité », affirme-t-il.<br />

Il en va un peu autrement pour le pasteur<br />

Andreas Hess, qui exerce l’aumônerie réformée<br />

aux Établissements <strong>de</strong> Bellechasse à un<br />

taux d’occupation <strong>de</strong> 10%. Ici, quelque 200<br />

détenus <strong>de</strong> 50 nationalités différentes purgent<br />

leur peine. Ils ont davantage <strong>de</strong> libertés<br />

qu’en détention provisoire, et Andreas Hess<br />

peut leur rendre visite <strong>dans</strong> leur cellule sans<br />

<strong>de</strong>voir s’annoncer au préalable. Pour nombre<br />

<strong>de</strong> détenus, l’aumônier est leur seul contact<br />

avec le mon<strong>de</strong> extérieur. Ceux qui purgent <strong>de</strong><br />

longues peines souhaitent recevoir une visite<br />

régulière. Il s’agit souvent <strong>de</strong> Suisses, alors que<br />

pour <strong>les</strong> peines plus courtes, la part <strong>de</strong> ressortissants<br />

étrangers est plus importante, précise<br />

Andreas Hess. Il rend visite à certains d’entre<br />

eux chaque semaine, même si ce n’est parfois<br />

que pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment ça va. Avec<br />

lui, on peut parler <strong>de</strong> tout, même <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier<br />

match <strong>de</strong> football. « De nombreux détenus<br />

sont heureux lorsqu’une personne <strong>de</strong> l’extérieur<br />

vient <strong>les</strong> voir, avec laquelle ils peuvent<br />

discuter <strong>de</strong> la vie normale hors <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> la<br />

prison », souligne Andreas Hess. Il en va toutefois<br />

aussi souvent <strong>de</strong> situations <strong>de</strong> crise, d’un<br />

décès <strong>dans</strong> la famille ou <strong>du</strong> sentiment <strong>de</strong> déception<br />

après le rejet d’un recours. Nombre <strong>de</strong><br />

détenus se montrent reconnaissants lorsqu’on<br />

leur propose une prière. Pour <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s fêtes,<br />

une célébration œcuménique est organisée,<br />

à laquelle Andreas Hess participe.


« JE N’AI NI ARGENT, NI OR »<br />

AUMÔNERIE AU CENTRE D‘ASILE GOUGLERA<br />

Centre fédéral pour requérants d’asile sans tâches<br />

procé<strong>du</strong>ra<strong>les</strong> (CFA)<br />

· Lieu : Giffers<br />

· Aumônier : Andreas Hess<br />

Photo: Andreas Hess<br />

Le jour pointe à peine son nez lorsque le pasteur<br />

Andreas Hess se rend au centre fédéral<br />

pour requérants d’asile (CFA) sans tâches<br />

procé<strong>du</strong>ra<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Gouglera. L’aumônerie se<br />

trouve juste à côté <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong> repas, ainsi<br />

<strong>les</strong> requérants d’asile remarquent la présence<br />

<strong>de</strong> l’aumônier en allant prendre leur petit<br />

déjeuner déjà. À la Gouglera, on rencontre<br />

<strong>de</strong>s personnes venues <strong>de</strong>s quatre coins <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong>. Sur le plan linguistique, c’est un défi<br />

<strong>de</strong> taille pour l’aumônier, car lorsque l’allemand,<br />

le français, l’anglais ou l’italien ne suffisent<br />

pas, il doit se saisir <strong>de</strong> son portable pour<br />

utiliser un tra<strong>du</strong>cteur automatique. Presque<br />

tous <strong>les</strong> requérants d’asile emportent <strong>de</strong> leur<br />

pays d’origine <strong>de</strong>s expériences traumatiques,<br />

comme la guerre, la violence ou la pauvreté,<br />

ou encore cel<strong>les</strong> qu’ils ont vécues lors <strong>de</strong> leur<br />

périple <strong>de</strong> plusieurs mois à travers la Méditerranée<br />

ou la route <strong>de</strong>s Balkans, alors qu’ils<br />

étaient livrés aux passeurs et autres criminels.<br />

Et pourtant ces personnes n’ont pas le droit<br />

à l’asile en Suisse. Au contraire : el<strong>les</strong> sont à<br />

la Gouglera car el<strong>les</strong> doivent quitter la Suisse<br />

au plus vite. Le plus souvent, el<strong>les</strong> doivent<br />

retourner <strong>dans</strong> le pays <strong>dans</strong> lequel el<strong>les</strong> ont<br />

<strong>de</strong>mandé l’asile pour la première fois, conformément<br />

au règlement <strong>de</strong> la « procé<strong>du</strong>re Dublin<br />

». Et selon <strong>les</strong> normes européennes en<br />

matière d’asile, la pauvreté et la violence sociale<br />

ne sont pas un motif indivi<strong>du</strong>el d’asile.<br />

Il s’agit d’un défi pour l’aumônier qui doit<br />

ici encore plus qu’ailleurs faire la distinction<br />

entre ses valeurs personnel<strong>les</strong> et cel<strong>les</strong> liées<br />

à son rôle. « En voyant ces personnes, j’aimerais<br />

faire quelque chose, ai<strong>de</strong>r, avoir plus<br />

d’influence », dit-il. « En tant que citoyen, je<br />

peux considérer que la politique d’asile est<br />

un échec. En tant qu’aumônier, je suis un<br />

rouage <strong>du</strong> système et je dois en respecter<br />

<strong>les</strong> règ<strong>les</strong>. »<br />

Mais Andreas Hess ne peut répondre au<br />

souhait <strong>de</strong>s requérants d’asile <strong>de</strong> rester en<br />

Suisse. Mais que l’aumônier pourrait-il faire<br />

d’autre ? Pourquoi est-il donc payé ? Andreas<br />

Hess cite ici, à titre d’exemple, le récit tiré <strong>de</strong>s<br />

Actes <strong>de</strong>s Apôtres (3:1-10) : près <strong>de</strong> la porte<br />

<strong>du</strong> temple, un homme infirme <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

l’aumône. Pierre lui dit : « Je n’ai ni argent,<br />

ni or, mais ce que j’ai, je te le donne ». Pierre<br />

prend l’homme par la main droite pour l’ai<strong>de</strong>r<br />

à se lever. Il en va <strong>de</strong> même pour l’aumônerie<br />

à la Gouglera : Andreas Hess n’a ni argent, ni<br />

or, il ne peut rien « faire » pour que ces personnes<br />

puissent rester en Suisse. Mais il peut<br />

<strong>les</strong> écouter, leur redonner un peu <strong>de</strong> dignité,<br />

leur proposer un lien avec la foi, quelle<br />

qu’elle soit, prier et <strong>les</strong> bénir. Dans l’espoir<br />

que « <strong>les</strong> requérants, <strong>dans</strong> leur parcours, emportent<br />

avec eux cette image : là-bas, <strong>dans</strong><br />

ce centre, quelqu’un m’a écouté au nom <strong>de</strong>s<br />

Églises chrétiennes. Quelqu’un m’a considéré<br />

et m’a pris au sérieux. Quelqu’un m’a pris<br />

la main. »


EMS DE LA BROYE : ENSEMBLE SUR LE CHEMIN<br />

AUMÔNERIE POUR PERSONNES ÂGÉES<br />

· Lieux : Estavayer-le-Lac, Domdidier, Montagny-la-Ville,<br />

Gletterens<br />

· Aumônière : Liliane Himbaza<br />

Photo: Pixabay<br />

La plupart <strong>de</strong>s EMS <strong>du</strong> <strong>canton</strong> <strong>de</strong> <strong>Fribourg</strong><br />

sont pris en charge, en matière d’aumônerie,<br />

par <strong>de</strong>s pasteurs ou diacres <strong>de</strong> la paroisse<br />

concernée. Le district <strong>de</strong> la Broye fait exception<br />

: un accord entre <strong>les</strong> communes politiques<br />

et <strong>les</strong> paroisses <strong>de</strong> la région garantit<br />

l’aumônerie réformée et catholique <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

quatre EMS que compte ce district fribourgeois.<br />

Cela correspond à un poste à 30% pour<br />

l’aumônerie réformée.<br />

La détentrice actuelle <strong>du</strong> poste, la pasteure<br />

Liliane Himbaza, s’en réjouit : « Quand j’étais<br />

encore pasteure <strong>de</strong> paroisse, j’avais peu <strong>de</strong><br />

temps pour <strong>les</strong> EMS. Désormais, j’ai nettement<br />

plus <strong>de</strong> possibilités », explique-t-elle.<br />

Liliane Himbaza rend surtout visite aux rési<strong>de</strong>nts<br />

réformés. Elle offre une oreille attentive<br />

et un accompagnement sur le plan <strong>spirituel</strong><br />

ou humain en général. Les questions<br />

en suspens, la recherche <strong>de</strong> sens, la peine et<br />

la joie sont ici partagées <strong>de</strong> manière ouverte<br />

et simple. Pour <strong>les</strong> rési<strong>de</strong>ntes ou rési<strong>de</strong>nts qui<br />

le souhaitent, elle a un texte biblique ou une<br />

prière sous la main. Parfois, elle chante. « La<br />

musique ouvre d’autres espaces que la parole<br />

», déclare-t-elle. Il est ainsi encore possible<br />

d’établir un contact avec <strong>de</strong>s personnes<br />

qui, sinon, ne sont plus en mesure <strong>de</strong> communiquer.<br />

Outre <strong>de</strong>s visites indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s services<br />

religieux sont régulièrement organisés <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> EMS, tout comme <strong>de</strong>s célébrations œcuméniques<br />

et <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> parole, au sein<br />

<strong>de</strong>squels <strong>les</strong> rési<strong>de</strong>ntes et rési<strong>de</strong>nts peuvent<br />

échanger autour d’un sujet prédéfini. Ces<br />

groupes connaissent un grand succès. À<br />

Estavayer, une vingtaine <strong>de</strong> personnes y<br />

prennent part à chaque fois. Les rituels<br />

d’adieu aux personnes décédées, intro<strong>du</strong>its<br />

récemment, sont aussi appréciés : une bougie,<br />

un texte apaisant, un chant, une photo<br />

ou un objet cher à la personne disparue –<br />

une fois, il s’agissait d’un train électrique –<br />

<strong>de</strong>s souvenirs <strong>de</strong> la vie vécue sont uti<strong>les</strong> pour<br />

<strong>les</strong> personnes qui ne peuvent souvent plus se<br />

rendre d’el<strong>les</strong>-mêmes aux funérail<strong>les</strong>.<br />

Tout cela ne serait guère possible sans la collaboration,<br />

réjouissante en tout point, avec le<br />

personnel chargé <strong>de</strong>s soins et <strong>de</strong> l’animation.<br />

« L’aumônerie peut ainsi s’ancrer comme un<br />

élément <strong>de</strong> la vie <strong>du</strong> foyer », explique Liliane<br />

Himbaza.


De gauche à droite: Elsbeth von Känel, Estelle Zbin<strong>de</strong>n, Christian Riniker,<br />

Marianne Weymann, Andreas Hess, Urs Schmidli, Daniel Nagy, Willy Niklaus, Liliane Himbaza.<br />

Pas sur la photo: Tania Guillaume, Fabienne Weiler.<br />

Photo: Therese Chammartin<br />

IMPRESSUM<br />

Editeur:<br />

Textes:<br />

Mise en page:<br />

Tra<strong>du</strong>ction:<br />

Photos page<br />

<strong>de</strong> couverture:<br />

EERF<br />

Marianne Weymann<br />

QuadroArt, Morat<br />

Apostroph Group, Berne<br />

Marianne Weymann/Pfarrbriefservice

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