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SEIBOU TRAORÉ<br />
Le président Alassane Ouattara<br />
lors de l’inauguration du stade<br />
olympique d’Ébimpé,<br />
à Abidjan, le 3 octobre 2020.<br />
C’est véritablement devenu une tradition<br />
ivoirienne. Construire, bâtir, dessiner<br />
et redessiner la physionomie du<br />
pays, lancer des ponts et des routes,<br />
et monter des immeubles vers le ciel… Ici, en<br />
Côte d’Ivoire, l’ambition, c’est aussi de « transformer<br />
le terrain ». À l’indépendance, le pays est marqué<br />
par l’empreinte de l’économie coloniale, avec comme<br />
seules véritables infrastructures les comptoirs sur<br />
la côte, dont la ville de Grand-Bassam, et le fameux<br />
train Abidjan-Bobo-Dioulasso. Abidjan d’ailleurs<br />
existe à peine. On est loin de la future métropole<br />
de 5 millions d’habitants, qui deviendra l’une des<br />
portes de l’Afrique. L’ère du premier président,<br />
Félix Houphouët-Boigny, sera celle d’une véritable<br />
« construction » du pays, avec l’émergence du<br />
Plateau, ce quartier d’affaires emblématique,<br />
des premiers immeubles iconiques, comme l’hôtel<br />
Ivoire, ou des tours de la cité administrative.<br />
Avec le développement de la culture du cacao,<br />
le pays s’enrichit, le « Vieux » se lance dans la<br />
« création » de Yamoussoukro comme capitale,<br />
avec la fameuse basilique, œuvre de l’architecte<br />
Pierre Fakhoury, né à Dabou, dont le travail<br />
tout au long des décennies à venir marquera lui<br />
aussi le territoire. Les années Houphouët sont<br />
celles de la naissance de la fameuse DCGTx<br />
(Direction et contrôle des grands travaux), dirigée<br />
par Antoine Cesareo, presque un personnage de<br />
roman. Les années Bédié seront celle du Bureau<br />
national d’études techniques et de développement<br />
(BNETD), dirigé un temps par Tidjane Thiam. Celles<br />
également de la naissance du concept de l’Éléphant,<br />
avec les 12 grands travaux, largement inachevés,<br />
mais dont un certain nombre seront repris par<br />
ses successeurs. Les années Gbagbo sont celles de<br />
la confusion et d’une quasi-guerre civile. L’arrivée du<br />
président Alassane Ouattara, en mai 2011, entraîne<br />
une vigoureuse relance de l’investissement dans les<br />
infrastructures. Il s’agit tout d’abord de réhabiliter<br />
un système à genoux, au lendemain de la grave<br />
crise électorale de novembre 2010, de remettre<br />
littéralement en marche l’eau et électricité. Puis<br />
de retrouver le niveau après vingt ans de stagnation,<br />
de doper la croissance par l’investissement public.<br />
Sur un plan stratégique, l’objectif d’ADO et de<br />
son équipe va être d’accentuer la compétitivité du<br />
pays, en le dotant d’un backbone, de « l’armature »<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>431</strong>-<strong>432</strong> – AOÛT-SEPTEMBRE 2022 49