syndicom magazine No.30
Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!
Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
syndicom
N o 30 juillet-août 2022
magazine
Notre
santé est
fragile
Annonce
Sommaire
4 Une fine équipe
5 Brèves
6 Du côté des employeurs
7 L’invitée
8 La santé au travail
15 Infographie
16 Au cœur de nos métiers
22 Non à AVS 21
25 Droit au but
26 Suggestions
27 1000 mots
28 Evènements
30 Tranches de vie
31 Mots croisés
32 syndicom social
Chers lecteurs, chères lectrices,
Le 10 juin, pour la première fois en 25 ans, la Conférence
internationale du travail tripartite a reconnu
un nouveau droit fondamental au travail ; le droit à
un environnement de travail sûr et sain. Il s’agit d’un
élément essentiel du nouveau contrat social que
nous réclamons en vue de garantir une reprise et
une résilience post COVID-19. Ce changement aura
un impact majeur sur la vie des travailleurs-euses.
Il permettra de responsabiliser les 187 gouvernements
des États membres de l’OIT en matière de
santé et de sécurité au travail. Il intégrera ces
aspects aux accords commerciaux, aux décisions
d’investissement et aux chaînes d’approvisionnement
mondiales, en particulier lorsque s’appliquera
aussi l’obligation de diligence raisonnable. En outre,
il donnera aux syndicats le pouvoir de mieux protéger
les travailleurs et travailleuses.
Les gouvernements sont se désormais engagés à
respecter les obligations et les droits énoncés dans
les conventions fondamentales, et nous attendons
leur ratification et mise en œuvre universelles. Il a
fallu à la Suisse trois ans seulement après la déclaration
originale de 1998 pour ratifier les trois autres
conventions fondamentales, et nous appelons à
prendre des mesures similaires de toute urgence.
Les travailleurs-euses suisses obtiendraient le droit
d’être consultés en matière de prévention et de refuser
un travail dangereux. Dans d’autres pays, tels
que le Bangladesh, il permettrait de mettre fin aux
incendies dans les usines, notamment la tragédie
du Rana Plaza en 2013 qui a entraîné de nombreux
décès, en majorité des femmes. C’est une avancée
historique. Les syndicats doivent saisir ces occasions
et agir afin de garantir que personne ne doive
mourir en gagnant simplement sa vie.
4
8
22
Owen Tudor, secrétaire général adjoint de la CSI
4
Une fine équipe
La délégation derrière la nouvelle
CCT chez Smood
De gauche à droite :
David Roth, secrétaire central du secteur
Logistique de syndicom à Berne,
a négocié la CCT de branche pour les
coursières et coursiers à vélo et
livreurs-euses de repas. Il connaît la
branche comme sa poche.
Davide Negri, chez Smood depuis 2019,
est coursier vélo à Zurich.
Kalin Atanasov, est coursier voiture
chez Smood depuis 2019 à Winterthour.
Michel Guillot, secrétaire régional de
syndicom à Genève, a été distributeur
pendant de longues années à La Poste.
Il collabore étroitement avec les
coursières et coursiers de différentes
entreprises.
Texte : Matthias Loosli
Photo : Patrick Gutenberg
« La CCT, une étape
importante qui développe
les droits du
personnel de Smood. »
« Les débuts ont été difficiles. Depuis
2018, nous n’étions en contact avec
Smood SA que par voie légale. Fin
2020, une collaboratrice RH et le secrétaire
central David Roth se retrouvaient
devant les autorités de conciliation
à Lucerne. Pour une fois,
Smood n’était pas représenté par un
avocat. David avait proposé que
Smood et syndicom se rencontrent
directement, plutôt que devant les
autorités de conciliation. Smood a
accepté. Lors de nos rencontres,
nous avons expliqué à Smood les
CCT existantes et nos besoins. Les
discussions ont été interrompues
entre novembre 2021 et mars 2022,
alors qu’un conflit de travail éclatait
en Romandie. Au centre du conflit :
des irrégularités dans la location de
services par l’entreprise SimplePay,
avec laquelle Smood collaborait dans
les cantons de Genève et Vaud. La
CCT de force obligatoire pour les
« temporaires » avait été négligée.
Après une conciliation restée sans
succès, les négociations pour une
CCT ont commencé. En tant que délégués
de nos collègues, syndiqué-e-s
chez syndicom, des échanges réguliers
avec elles-eux pendant les négociations
étaient importants. Michel
était en contact avec ses personnes
de confiance ou des organes du syndicat,
tels que le comité de branche
des coursières et coursiers à vélo et
des livreurs-euses de repas. Kalin et
Davide discutaient avec les collègues
sur place. Pour Davide, l’important
était un système de frais équitable et
compréhensible. Un salaire minimum
digne de ce nom l’était aussi.
Les 23 francs l’heure remplissent ce
critère. Avec un supplément de 5 %
pour le travail dominical – jour où il y
a beaucoup de travail – et une assurance
perte de salaire, des acquis
tangibles ont couronné le tout. Kalin
souhaitait travailler régulièrement,
pouvoir planifier ses tournus et pas
de périodes d’attende non payées.
Avec un nombre garanti d’heures de
travail, des tournus d’au moins deux
heures et la planification qu’il reçoit
14 jours à l’avance, la CCT lui donne
ces garanties. Par 324 voix contre 22,
les smoodistes ont approuvé la CCT
négociée. C’était une confirmation
pour nous. Elle entrera en vigueur en
octobre 2022. »
Brèves
Le Conseil de la presse est sauvé \ Elections chez UPC Sunrise \
Poste, signaux du Tessin \ Rapport de l’Observatoire sur la libre circulation
des personnes \ Assouplir les objectifs de vente de RéseauPostal \
Initiative pour des crèches abordables \ Boulots d’été
5
Le Conseil de la presse est
sauvé, pour l’instant
Rapport sur la libre circulation
des personnes
Agenda
Le Conseil de fondation a mis à disposition
du Conseil suisse de la presse la
somme de 100 000 francs. Ce financement
unique lui permet de poursuivre
ses activités d’autorégulation des médias
jusqu’à la fin de 2023. Une bouffée
d’air frais, malgré le rejet du paquet de
soutien aux médias en février dernier,
en attendant la recherche de fonds pour
une base financière durable.
Dix membres syndicom élu-e-s
chez UPC Sunrise
Parmi les nouveaux représentant-e-s du
personnel de Sunrise UPC, dix membres
de syndicom ont été élu-e-s. Il s’agit de
Alban Ahmeti, Alexander Drews, Beat
Isler, Bettina Huber, Matthias von
Strantz, Mariem Fiadjigbe, Peter Schneller,
Rudolf Lippuner, Stefano Lendaro et
Tayfun Aksoy. Chaleureuses félicitations
au nom de syndicom.
Stop aux emplois précaires
à la Poste
La pétition « Plus d’emplois précaires
à La Poste », lancée en avril au Tessin,
a déjà obtenu un premier résultat.
Les contrats à durée déterminée des
nouveaux employé-e-s (plus de 40 pour
la seule région de Lugano) qui n’étaient
pas conformes à la CCT ont été régularisés
et transformés en contrats à durée
indéterminée. La demande d’augmentation
des salaires des nouveaux embauchés
sera portée au niveau national,
tandis qu’un groupe de travail sera
constitué au Tessin dans le but de
trouver des solutions concrètes pour
augmenter le taux de travail, garantir
un emploi stable et le respect des droits
prévus par la CCT.
Les mesures d’accompagnement font
leurs preuves. Grâce aux contrôles et
aux amendes, les salaires suisses n’ont
jamais été mis sous pression à grande
échelle. Le dumping salarial reste
certes une réalité. Une entreprise sur
cinq reste bloquée par les contrôles, et
les formes de travail précaires que
sont le détachement et les séjours de
courte durée ont fortement augmenté.
C’est pourquoi la Suisse a besoin d’une
protection salariale. Telle est la position
de l’USS face au 18 e rapport de
l’Observatoire sur la libre circulation
des personnes.
Il faut assouplir les objectifs
de vente de RéseauPostal
La résolution RéseauPostal de syndicom
« stop à la manie des objectifs et
à la pression inadmissible à la vente »
montre ses premiers résultats : La
direction de PostNetz a reconnu les
lacunes et souhaite les corriger, selon
les déclarations faites lors de la
séance de la commission spécialisée
PN. Le syndicat reste attentif.
Petits boulots d’été ?
Les jeunes ont des droits
L’été est là, et avec lui les grandes vacances.
Pour de nombreux jeunes travailleurs-euses,
c’est le temps des petits
boulots qui permettront de se faire
un peu d’argent de poche. Lorsqu’on
occupe ce genre d’emploi, on est un-e
salarié-ée comme les autres. Et qui dit
salarié-e dit dispositions du droit du
travail, salaire décent et respect des
règles de la sécurité au travail. Plus
d’infos sur syndicom.ch/or9s3
Initiative pour des crèches
abordables
Les places dans les garderies sont trop
peu nombreuses, elles sont trop
chères et les conditions de travail de la
branche, et donc la qualité de l’encadrement,
sont trop mauvaises. Ces
trois problèmes peuvent être résolus
grâce à l’initiative pour les crèches.
Pour agir, n’attendez plus et signez
tout de suite !
Août
25.8.
Table ronde syndicom des
illustrateurs-trices
Rendez-vous pour une nouvelle table
ronde des illustrateurs-trices dans le
jardin de syndicom à Berne, Monbijou.
Un échange informel sur le thème
« Indépendant-e en tant qu’illustrateur-trice
». De 18h à 22h.
31.8.
Colloque juridique de l’USS
Les formes de travail mobiles et
flexibles telles que le home office ou le
télétravail en général soulèvent de
nombreuses questions juridiques.
Elles seront discutées lors du colloque
(également pour les non-juristes du
syndicat) à l’hôtel Bern à Berne.
Septembre
10.9.
Journée des indépendant-e-s
2022
« Vieillir en tant qu’indépendant-e ».
Voici le thème de la journée des indépendant-e-s
qui se tiendra à la Kulturhaus
Helferei de Zurich de 13h15 à
17h15 (en allemand).
12-25.9.
Elections comPlan Swisscom
Celles et ceux qui, chez Swisscom et
cablex, ne sont pas indifférent-e-s à la
retraite doivent participer à l’élection
du conseil de fondation de comPlan et
voter pour la liste de syndicom !
Octobre
1.10.
Journée romande
de la typographie
Rendez-vous dès 10h à UNI Global
Union à Nyon. Avec une exposition des
plus beaux livres de l’année écoulée.
Infos détaillées sur journeetypo.chUs
syndicom.ch/agenda
6 Du côté des
Gertrud Hierzer est vice-présidente HR région alpine (Suisse
employeurs
et Autriche) ainsi que membre du management Board chez
T-Sytems. Titulaire d’un master de Digital Engineer, d’une
formation de psychologue d’entreprise et d’un diplôme de
coach, elle travaille dans l’entreprise depuis 2012.
1
Quelles opportunités voyez-vous en
tant que Head HR Alpine pour
T-Systems Suisse et Autriche ces
prochaines années ?
Tout s’accélère, se numérise et doit
simultanément être plus rentable,
plus fluide, plus résistant aux défaillances
et plus performant. C’est une
grande opportunité : notre tâche principale
consiste actuellement à garder
les bons éléments, à les former et à
leur donner la liberté d’être créatifs
et innovants pour notre clientèle. Si
nous gardons cela à l’esprit, rien ne
peut nous arrêter.
2
Pourquoi faut-il des conventions
collectives de travail dans la branche
informatique ?
La convention collective apporte de la
fiabilité au personnel. En des temps
incertains, elle a valeur de signal tant
au sein de l’entreprise que vers l’extérieur
: nous formons un tout – aussi
en période défavorable. Rester stable
dans une vaste mer d’instabilités –
géopolitique, géoéconomique, en raison
de la forte vague d’innovations –
peut être un argument pour notre
entreprise. Une CCT bien négociée
contribue à la stabilité.
3
Lorsque le personnel peut participer
au développement de la CCT, quels
avantages en retire T-Systems ?
C’est toujours une bonne idée de
faire participer le personnel aux sujets
qui le concerne de près. C’est la
seule manière d’être dans l’air du
temps et de répondre aux besoins à
prendre en compte. Sans la participation
du personnel, la probabilité est
assez élevée que le résultat passe à
côté des attentes et qu’il ne soit pas
bien accepté.
4
Vous êtes responsable simultanément
de la Suisse et de l’Autriche.
Constatez- vous des différences dans
les cultures de partenariat social ?
Il en existe, du seul fait des différentes
législations. En Allemagne, les
droits de participation sont très différents
de ceux de l’Autriche ou de la
Suisse. J’ai fait les meilleures expériences
lorsque les partenaires sociaux
se concentrent sur un objectif
commun, à savoir que le succès économique
peut être obtenu uniquement
dans le cadre d’une unité saine.
C’est ce qui compte pour moi, et
moins les différences juridiques ou
de mentalité.
5
Que fait T-Systems pour attirer des
talents féminins ?
Nous investissons beaucoup dans la
relève et gagnons quelques jeunes
femmes dans l’entreprise grâce à
notre programme d’apprentissage
informatique. Il s’agit de les encourager
et de les soutenir pour qu’elles
restent parmi nous. Nous avons des
programmes d’égalité femmeshommes
pour supprimer les écarts de
rémunération et le plafond de verre
qui empêche les femmes de faire carrière.
Nous fixons également des quotas
pour certains postes de direction.
6
Est-ce que la pénurie de spécialistes
dans la branche informatique est-elle
un défi pour T-Systems ?
Nous avons un avantage, car nous
pouvons numériser et automatiser
beaucoup de processus avec une relative
facilité. Bien entendu, il faut du
personnel pour le faire. Je crains que
la situation ne s’améliore pas. On
doit être créatifs pour trouver du personnel,
le former et le garder. Aux
RH, la donne a changé : par le passé,
les collaborateurs-trices devaient
postuler pour des jobs, aujourd’hui,
ce sont les entreprises qui postulent
auprès des gens. On en est là.
Texte : Miriam Berger
Photo : T-Systems
L’invitée
Le travail (qu’il soit bien ou mal rémunéré)
occupe une bonne partie de nos journées
et une grande partie de notre vie adulte.
Malheureusement, les maladies professionnelles,
les accidents du travail ou les décès liés
au travail sont encore trop nombreux et fréquents.
L’OMS et de l’OIT indiquent qu’entre 2000
et 2016, les maladies professionnelles représentaient
81 % des décès liés au travail et les accidents
du travail les 19 % restants. Les différences
de genre ont une incidence sur les
métiers exercés, les conditions de travail et la
façon dont les personnes sont traitées. Ces
différences se traduisent aussi par des risques
pour la santé. Les tâches effectuées par les
femmes sont souvent considérées, à tort,
comme sûres et simples. Un grand nombre de
femmes sont en contact avec des produits
chimiques au travail, mais les effets sur leur
santé de ces substances restent peu étudiés.
Les personnes qui travaillent avec des contrats
à durée déterminée ou qui ont de petites activités
indépendantes mal protégées sont particulièrement
vulnérables. Avec la précarité de l’emploi,
les problèmes de santé, les dépressions ou
la dépendance aux médicaments augmentent.
Il est urgent d’intervenir par des mesures
spécifiques de protection et de prévention qui
tiennent compte de l’évolution du marché de
l’emploi et des nouvelles formes de travail.
Grâce à la session nationale des femmes, le Parlement
s’emploie à promouvoir une médecine
axée sur le genre, et le Conseil fédéral a décidé
de ratifier la Convention n° 190 de l’OIT sur l’élimination
de la violence et du harcèlement sur
le lieu de travail. Parviendrons-nous à garantir
une meilleure protection de la santé physique et
psychique des travailleurs-euses atypiques ?
La santé et la sécurité au travail doivent être
une priorité nationale qu’il convient de promouvoir
de concert avec tous, à commencer par les
politiques.
La santé au travail
pour une société forte
Marina Carobbio (56 ans) est conseillère
aux Etats (PS/TI) depuis 2019. Auparavant,
elle était conseillère nationale
pendant douze ans. En 2018 et 2019,
elle a été présidente du Conseil national.
Elle est membre de la Commission de la
sécurité sociale et de la santé publique,
de la Commission de la science, de
l’éducation et de la culture, de la Commission
des finances et de la Délégation
suisse au Conseil de l’Europe. Enfin,
elle est présidente ou membre active
de nombreuses associations dans les
domaines de la santé, du social et de
la coopération au développement.
Voir www.marinacarobbio.ch
7
Dossier
10 L’éternelle bataille pour un lieu de travail sûr et sain
12 Ce qui a changé depuis la pandémie
13 Freelances et travail de plateforme, la loi n’est pas prête
14 Un exemple concret : les travailleurs-euses de Cablex
9
La santé
d’abord
10 Dossier
La parabole de l’éléphant
On a longtemps cru avoir gagné la bataille
pour la santé au travail. Erreur : elle vient de
commencer.
Texte : Oliver Fahrni
En novembre, lorsque les meilleures équipes du monde se
retrouveront pour la Coupe du monde de football au Qatar,
les footballeurs millionnaires joueront sur des cimetières.
Car plus de 6500 travailleurs migrants venus d’Inde,
du Pakistan, du Népal, de Bangladesh et du Sri Lanka sont
décédés dans le riche petit émirat arabe du Golfe depuis
que la FIFA lui a confié l’organisation de la Coupe du
monde de football. La plupart d’entre eux travaillaient à la
construction des sept nouveaux stades et des infrastructures
gigantesques de la Coupe du monde. C’est ce qu’ont
révélé les recherches du quotidien britannique The Guardian
.
Les causes des décès ont généralement été dissimulées
comme étant « naturelles ». Beaucoup ont succombé
à la chaleur, d’autres sont morts d’épuisement, de chutes
accidentelles, de décharges électriques ou suite à l’explosion
d’appareils de soudage, certains ont été écrasés par
des charges, des machines et des échafaudages qui se sont
effondrés. Sur beaucoup de chantiers, il n’y avait même
pas de casques. Là où aucun syndicat ne veille à la sécurité
des rapports de travail, le travail sur les chantiers tue. Désespérés
par leurs conditions de travail esclavagistes, un
nombre inconnu de travailleurs se sont suicidés.
La mortalité massive occultée pour cet événement à
paillettes rappelle ce que l’on a volontiers refoulé dans les
Etats européens dotés d’une protection au travail bien développée,
du moins jusqu’à l’épidémie du coronavirus : au
travail, la mort ou la maladie nous guette souvent.
La lutte pour la sécurité et la santé a été à l’origine du
mouvement syndical, et les caisses solidaires des travailleurs
contre les accidents ont été les pionnières de toutes
les assurances sociales. Regagner son domicile en bonne
santé après le travail tient de la gageure et est d’une actualité
brûlante, comme le montre le rapport d’expérience de
la secrétaire de syndicom Valentina Smajli (page 14). La
sécurité au travail est un droit fondamental garanti à
l’échelle mondiale depuis le dernier congrès de l’Organisation
internationale du travail (OIT). Pourtant, au moment
où nous produisons ce magazine, des milliers de travailleurs
de la construction en Suisse vivent l’enfer de la
canicule et de l’ozone – et cela tout en endurant des journées
de travail extrêmement longues. Le syndicat Unia
exige l’arrêt des travaux dès 35 degrés, mais les entreprises
se braquent, la rentabilité prime. Or les chiffres de
l’assurance-accidents suisse SUVA sont clairs : à partir de
30 degrés, les accidents augmentent de 7 % dans le secteur
de la construction et dans les transports publics. Cela représente
des centaines de victimes qui pourraient être
évitées, sans compter les autres conséquences comme le
cancer de la peau. C’est un sujet explosif, car avec le réchauffement
climatique, les situations météorologiques
extrêmes deviennent la norme. Les travailleurs viennent
de faire pression sur les entreprises à travers une manifestation
d’envergure pour inscrire de meilleures réglementations
sur la chaleur et les intempéries dans la CCT de la
construction (CN).
La chaleur n’est qu’un risque parmi tant d’autres. Les
poisons, les produits chimiques dangereux, les nanoparticules,
la poussière, les charges lourdes, le bruit, les machines
mal utilisées font des ravages. Mais aussi le stress,
les horaires de travail à rallonge, le travail en trois-huits et
de nuit. Et les virus. Et la circulation. Pour 2019, l’Office
fédéral des statistiques fait état de 280 000 accidents du
travail. Sont particulièrement exposés, après les travailleurs
du bâtiment, ceux de l’industrie, les conducteurs et
coursières, les mécaniciennes et mécaniciens. Mais il
n’existe guère de métiers sans risques importants pour la
santé.
De plus, la SUVA recense environ 3500 cas de maladies
professionnelles. Ce chiffre est trompeur. Certains dommages
à la santé subis au travail ne sont pas pris en considération.
En partie parce qu’ils ne comptent pas officiellement
comme maladies professionnelles. En partie
parce qu’ils sont acceptés comme étant inévitables. Par
exemple les maux de tête des ouvrières de l’horlogerie, qui
les poussaient à tartiner leurs sandwichs d’analgésiques
le matin (« sandwich Saridon »). L’arthrose dont souffrent
à la fois le personnel soignant et certains paysans. Ou les
conséquences du stress et les troubles du sommeil des
conductrices et conducteurs de bus (comme le démontre
une étude commune menée par trois syndicats, page 17).
Et bien d’autres troubles psychosomatiques, jusqu’aux
dépressions et burn-out.
Une lutte sans merci est actuellement engagée entre
les syndicats, les lobbies d’employeurs et les assurances
pour la reconnaissance du burn-out. Il y a beaucoup en
jeu : les absences dues à des problèmes psychiques ont
plus que doublé depuis 2010. Or ce n’est que lorsque certains
dommages à la santé sont reconnus officiellement
comme maladies professionnelles que les syndicats
peuvent inscrire une prévoyance efficace dans les conventions
collectives de travail et si nécessaire dans la loi. Mais
les employeurs et les assurances tentent souvent d’empêcher
cette reconnaissance – car alors des indemnités, des
prestations d’assurance et des investissements d’exploitation
(comme des augmentations de personnel) sont exigibles.
Rentrer chez
soi du travail
en bonne
santé est un
droit fondamental.
Une infection au COVID19 sur le lieu de travail comptetelle
comme maladie professionnelle ? Un très grand
nombre de personnes ont été infectées par le virus au travail.
Mais la pratique de la SUVA et des assurances montre
qu’une contamination au travail ne suffit pas. D’autres
critères doivent être remplis. Ainsi, le risque de contracter
le virus au travail doit être beaucoup plus élevé que dans
la vie de tous les jours. Ce qui est difficile à prouver au cas
par cas, par exemple pour les postières ou les coursiers.
Les assurances et les employeurs préfèrent recourir à la
parabole de l’éléphant : un politicien voit un homme au
sol, un éléphant juché sur son torse. L’homme dit : « Aidezmoi,
s’il vous plaît, je ne peux presque plus respirer. Dites
à l’éléphant de descendre. » Et le politicien répond : « Je ne
suis pas certain que l’éléphant soit le problème. Peutêtre
que vous fumez trop. L’éléphant n’est sans doute qu’un
prétexte pour obtenir une prestation sociale. »
Les patrons ont même allégué le tabagisme pour tenter
d’expliquer le cancer de l’amiante, alors qu’ils avaient
minimisé son rôle dans la pneumoconiose pendant des
décennies. L’amiante est une énorme catastrophe industrielle.
Cela fait 100 ans que l’on connaît la maladie pulmonaire
de l’asbestose. Mais cette substance est bon marché
et a des propriétés utiles. Depuis 1962, on sait que ses
fibres provoquent également un cancer particulièrement
mortel. Des dizaines de milliers de personnes y ont succombé.
Mais les barons de l’amiante (industrie du ciment)
ont bloqué son interdiction jusqu’en 1990. Ils ont
dissimulé, dupé et n’ont admis que ce qui était déjà prouvé.
L’interdiction de l’UE a suivi en 2005. Aujourd’hui,
l’amiante tue près de 170 personnes uniquement en
Suisse. Dans le monde entier, des centaines de milliers de
personnes en sont victimes. Car sa production n’a pas été
stoppée, mais simplement délocalisée dans des pays plus
pauvres dotés de lois laxistes sur le travail et sur la protection
de l’environnement (et où les syndicats sont faibles).
Le capital a procédé de la même manière avec de nombreuses
productions sensibles. Suite à la mondialisation
néolibérale, les pays industrialisés d’Asie et d’Amérique
latine, principalement, sont aujourd’hui confrontés à
Des horaires de travail
à rallonge sont mortels
pour la santé et
fatals pour la société.
d’immenses problèmes de santé et à des catastrophes écologiques.
L’Afrique, quant à elle, devient le dépotoir du
monde. Des défis immenses pour les syndicats internationaux
et l’OIT. Dans 113 pays sur 148 examinés chaque année
par la Confédération syndicale internationale (CSI),
les travailleurs sont exclus de toute protection syndicale,
87 % des pays ont enfreint le droit fondamental à la grève.
Pourtant, l’appétit du capital est inassouvi. Il s’attaque
maintenant à la protection des travailleurs, gagnée de
haute lutte, dans les pays riches. Son levier est la numérisation
et le travail de plateforme. En Suisse aussi, la part
d’employées « atypiques » augmente rapidement (les
problème de l’indépendance fictive. La médecine du travail
met déjà en garde contre de véritables épidémies de
diabète, de maladies cardiovasculaires et de cancers si
l’intention des parlementaires de droite visant à décloisonner
le travail devait avoir du succès. Ils veulent autoriser
jusqu’à 67 heures de travail par semaine, et durant 50
à 60 jours par année 10 heures de travail par jour. Ainsi, le
risque d’infarctus du myocarde et d’AVC augmenterait de
moitié, l’espérance de vie diminuerait fortement. Après
deux ans de télétravail, nous le savons : le décloisonnement
du temps de travail, le stress numérique et la disponibilité
24h sur 24 sont mortels pour la santé et fatals pour
la société.
La lutte pour la santé au travail vient de commencer.
12 Dossier
Le travail après le COVID-19,
quels changements ?
Une étude de l’Organisation internationale du
travail fait la lumière sur la protection de la
santé au travail après la période de pandémie.
Texte : Federico Franchini
La pandémie a été une période très difficile pour nous
toutes et tous. Mais comme lors des crises précédentes,
elle peut aussi être une source d’enseignement. Prenons
par exemple le thème de la santé et de la sécurité au travail
: la pandémie de COVID19 permet de mieux comprendre
comment prévenir à l’avenir la propagation de
nouveaux virus ou maladies au travail. L’Organisation internationale
du travail (OIT) a par exemple adopté récemment
des directives techniques sur les risques biologiques.
Car diverses lacunes normatives se sont fait jour
avec le COVID19. D’où la nécessité de commencer à développer
des directives techniques dans ce domaine.
A Genève, les spécialistes de l’OIT ont analysé ces dernières
années, dans le cadre de diverses études, ce qui
s’est passé pendant la pandémie et quelles leçons en tirer.
Un premier aspect de ces analyses concerne la collaboration
entre employées, employeurs et gouvernements.
Comme l’explique Dafne Papandrea, auteure d’un nouveau
rapport de l’OIT portant sur ce thème, « la collaboration
entre les acteurs du monde du travail est essentielle
pour garantir l’acceptation des mesures décidées et leur
soutien par le personnel et les employeurs. Elles ont ainsi
de meilleures chances d’être effectivement appliquées. »
Pour le chercheuse scientifique, la crise a montré comment
« des mesures imposées du haut vers le bas sont
moins efficaces qu’un processus participatif ».
Dans de nombreux pays, cette collaboration a contribué
à l’adoption de dispositions législatives qui couvrent
divers aspects. Elles incluent des mesures pour prévenir et
combattre la propagation du COVID19 au travail ainsi
que des conventions sur le télétravail. Le travail à domicile
est un nouvel aspect particulièrement intéressant : du
jour au lendemain, beaucoup d’entre nous se sont retrouvés
à travailler à domicile, tout en devant gérer le quotidien
familial. « Au niveau international, il existe une
obligation de protéger les employées au travail ou de garantir
un lieu de travail salubre et sûr », explique Dafne
Papandrea. « Mais le domicile estil un lieu de travail ? En
tant que spécialistes de l’OIT, en plus d’observer l’impact
du télétravail sur la santé, la sécurité et le bienêtre, nous
avons également fourni des directives pratiques pour protéger
et promouvoir la santé physique et mentale de celles
et ceux qui travaillent à domicile. »
La protection sociale, ou plutôt son importance,
constitue un autre aspect important. Comme le souligne
Dafne Papandrea, quiconque a travaillé pendant le CO
VID19 dans l’économie informelle ou par l’intermédiaire
de plateformes s’est retrouvé en mauvaise posture : « Les
personnes malades qui étaient actives dans ce type d’économie
souterraine n’ont pas pu cesser de travailler. Sans
protection sociale, elles n’auraient rien gagné. Cette situation
a contribué à la propagation du virus. Elle a mis en
danger les travailleuses et travailleurs euxmêmes, et la société
dans son ensemble. Le pandémie a donc démontré
l’importance de la protection sociale et la nécessité de son
élargissement aux travailleuses et travailleurs de plateformes.
»
Le processus visant à fournir de meilleures garanties
en matière de santé et de sécurité au travail a entretemps
avancé à l’échelle internationale. Récemment, la Conférence
internationale du travail a inclus le droit à des conditions
de travail sûres et salubres dans les principes et
droits fondamentaux de l’Organisation internationale du
travail. Cette décision « historique » signifie que tous les
pays membres de l’OIT s’engagent à respecter et à promouvoir
le droit fondamental à des conditions de travail
sûres et salubres, indépendamment du fait qu’ils aient ou
non ratifié les conventions ad hoc.
Dossier
Une autonomie à découvert
13
Protéger la santé des indépendant-e-s et des
travailleurs-euses de plateforme est un défi
actuel majeur. Et surtout urgent.
Texte : Mattia Lento
En 1956, le jeune psychanalyste Herbert J. Freudenberger,
un Allemand juif rescapé du nazisme, ouvre son propre cabinet
à New York. Tout heureux, il commence à travailler
sans pause – de huit heures du matin à six heures du soir.
En soirée, il s’engage comme bénévole et aide des jeunes
à sortir de leur addiction à la drogue. Freudenberger, qui
est aussi marié et père de trois fils, déploie de toute évidence
des trésors d’énergie et développe une grande passion
pour son travail. Mais quelque chose se brise en lui
après quelques années. Il se sent de plus en plus souvent
épuisé, exténué, fatigué, résigné, voire déséquilibré. Peu à
peu, il tombe dans un état d’épuisement total – tant physique
que psychique. Il commence à en parler à des collègues
et se met à écrire des articles. Pour tenter de décrire
son état, il emploie pour la première fois en 1974 le terme
de burnout, auparavant utilisé dans le sport, et qui deviendra
très populaire dans la psychologie et la médecine
du travail.
Freudenberger n’était pas seulement un fin observateur
et un scientifique talentueux, mais aussi un travailleur
indépendant. Hautement qualifié, bien situé professionnellement
et probablement sans grands soucis
d’argent, il n’en est pas moins demeuré un travailleur indépendant
qui, pour une raison ou une autre, n’a plus
réussi à équilibrer la charge de travail à accomplir et
l’énergie disponible. Aujourd’hui, nous savons que le travail
indépendant a explosé. Il est devenu un produit du
système postcapitaliste, comme l’a écrit à plusieurs reprises
l’économiste et philosophe Christian Marazzi.
Travailler en freelance, c’est s’exposer au risque de
tomber malade à cause d’un système économique et social
instable qui offre peu de protection. L’activité de freelance
ne relève pas toujours d’un choix et est souvent aussi
synonyme de précarité. Comme l’ont démontré
Francesco Giudici et Davide Morselli dans une étude récente
basée sur les données des 20 dernières années du
Panel suisse des ménages, la précarité est fortement corrélée
au malaise psychique, avant tout à la dépression.
Une maladie qui va souvent de pair avec le burnout. La
situation n’est pas plus rose pour les travailleuses et travailleurs
de la gig economy, qui ne sont certes pas indépendants,
mais traités comme tels. Cette catégorie professionnelle
est non seulement fortement précarisée, mais
aussi très souvent en situation d’isolement social et exposée
à la surveillance des algorithmes. Elle souffre souvent
d’un manque d’identité professionnelle et d’une absence
de perspectives de carrière. Cela la prédestine à la dépression,
la rend vulnérable aux troubles d’anxiété et du sommeil,
et surtout au burnout. Ce n’est probablement que
dans quelques années que nous pourrons quantifier
l’ampleur des dommages liés au travail de plateforme.
La législation suisse du travail n’est pas préparée à ces
nouveaux défis. Tout d’abord, relevons que le burnout
n’est pas encore diagnostiqué comme maladie. Mais il est
défini comme un phénomène professionnel, dont les
causes peuvent toutefois être multiples. C’est pourquoi,
contrairement à d’autres pays européens, il ne compte pas
comme une maladie professionnelle en Suisse. Anja Zyska
Cherix, médecincheffe de la division médecine du travail
de la SUVA, explique que « les maladies psychiques (par
exemple, la dépression) ne peuvent être assimilées en
Suisse à des maladies professionnelles que si le travail en
est clairement la cause principale ».
Considérer le burnout comme une maladie modifierait
la manière dont les assurances maladie traitent la
chose. La question des assurances en général est un autre
sujet brûlant pour le travail de plateforme et indépendant.
Les travailleuses et travailleurs de plateformes doivent enfin
bénéficier d’un statut d’employée, comme le Tribunal
fédéral l’a clairement indiqué dans le cas des chauffeuses
et chauffeurs d’Uber. En ce qui concerne les indépendantes,
il est important qu’elles et ils s’assurent contre
les pertes de revenus temporaires dues à une maladie ou
un accident. Une protection coûteuse que tout le monde
ne peut malheureusement pas se permettre.
14
Dossier
La santé n’est pas tout, mais
sans la santé tout n’est rien
Comment un partenariat social fort entre le
syndicat et les entreprises peut protéger la
santé du personnel. L’exemple de cablex.
Texte : Valentina Smajli, secrétaire syndicale
La gestion de la santé en entreprise devrait aller de soi
pour chaque entreprise – car elle paie doublement. Du
point de vue économique, les avantages sont évidents : les
absences pour cause de maladie sont coûteuses ! 3 % des
coûts salariaux (règle générale) sont directement consacrés
aux absences pour cause de maladie et d’accident.
Mais ce n’est pas tout : en cas d’absences, l’employeur doit
répartir le travail sur le personnel restant, ce qui augmente
le risque de surcharge et de maladies ou d’accidents
liés au stress. Un cercle vicieux !
Les investissements dans une prévention judicieuse
ne sont pas seulement positifs pour les salariées. Ils ménagent
aussi les ressources humaines et financières limitées
et augmentent la réputation et l’attractivité de l’entreprise.
C’est pourquoi la gestion de la santé en entreprise
devrait être une évidence aussi pour les employeurs –
même si ce n’est pas encore partout le cas. Je m’engage en
ce sens !
Des visites de chantiers au travail de diplôme
Dans le cadre de mes visites sur les chantiers de cablex, j’ai
constaté à quel point le travail de tirage de câbles est pénible
et usant pour le corps et la santé. Sur place, j’ai appris
qu’il provoque des absences pour cause de maladie
ou d’accident supérieures à la moyenne. En tant que représentante
du personnel et en raison de mes origines ouvrières,
cette situation m’a interpellée et m’a incitée à y
consacrer mon travail de diplôme. Il poursuivait l’objectif
de contribuer à l’amélioration de l’état de santé des collègues
du génie civil et du tirage de câbles.
Car la santé des travailleuses et travailleurs est une revendication
centrale du syndicat ! Il est donc dans l’intérêt
des partenaires sociaux de reconnaître les risques pour la
santé et de les réduire en conséquence.
Selon la loi sur le travail (LTr), l’employeur est tenu de
protéger la santé de ses employées. Et le syndicat a le devoir
de vérifier le respect de la LTr et d’intervenir au besoin.
La question de savoir comment réduire les absences
dues aux maladies et accidents pour le personnel de génie
civil et de tirage de câbles est donc fondamentale tant
pour l’entreprise cablex ellemême que pour le syndicat.
L’objectif de mon travail de diplôme consistait à établir
un catalogue d’idées pour des mesures visant à améliorer
la situation sanitaire du personnel de tirage de
câbles. Au moyen d’interviews, de sondages et d’analyses,
j’ai étudié et recueilli les préoccupations du personnel au
sujet de sa santé.
« Les résultats de mon travail
de diplôme figurent désormais
dans la CCT cablex. » Valentina Smajli
Petit travail, grand résultat
Le traitement des données relatives à la santé, à la maladie
et aux accidents est délicat pour les entreprises, lié à des
risques de protection des données et d’atteinte à l’image.
Ce travail de diplôme a donc inévitablement donné lieu à
des discussions de clarification bienvenues, tant au sein
de cablex que du syndicat. Ce n’est que grâce à la confiance
déjà établie et à la disposition à coopérer des parties prenantes
que je suis parvenue à établir le catalogue d’idées
et, sur cette base, un programme de champs d’action en
dix points pour cablex.
J’ai pu le présenter aux décideurs et leur faire part des
attentes qui en découlent pour une gestion de la santé en
entreprise (GSE) efficace et complète : une combinaison
de mesures comportementales et relationnelles.
Pour une entreprise sociale et tournée vers l’avenir
comme cablex, les avantages d’une GSE systématique en
termes de santé et d’économie sont évidents. Les thèmes
de la santé psychique et du stress vont gagner en importance
et devraient être abordés de manière ciblée.
Photos
Pour aborder la thématique de la santé, la photographe et
artiste Cécile Monnier a choisi l’image symbolique d’un
bouquet de fleurs qui se déchire, s’altère, s’use et se fatigue,
comme un-e travailleur-euse dont l’état de forme se dégrade.
Photographe indépendante depuis 2016, Cécile Monnier
enseigne à l’Eracom à Lausanne et à la HEAD à Genève. Elle a
exposé ses œuvres dans plusieurs expositions collectives,
à Arles, Vevey, Bâle et Zurich. En 2020, elle a remporté le prix
VFG et l’année dernière, le Prix Enquête Photographique
Fribourgeoise. Elle est membre du comité de Standard/
Deluxe, un espace d’art indépendant à Lausanne, depuis
2019.
Pour découvrir ses travaux, rendez-vous sur le site internet
cecilemonnier.com.
La santé et sécurité au travail
en chiffres, ici et ailleurs
La sécurité et la santé au travail sont des composantes essentielles du travail décent.
Les conditions physiques et les exigences mentales du lieu de travail déterminent
dans une large mesure les conditions des travailleurs-euses. Les accidents
du travail ont un coût humain, social et économique important, que nous devrions
nous efforcer d’éliminer en veillant à ce que tous les lieux de travail soient sûrs.
Garantir la santé et sécurité au travail en Europe ?
Le chemin est encore long
88 %
620 milliards
Une grande partie des travailleurs-euses de l’UE connaissent des problèmes
de stress au travail. En Suisse notamment (voir ci-dessous).
La somme que l’économie européenne perd par an
rien qu’en raison de la dépression liée au travail.
L’épuisement des travailleurs et
travailleuses suisses grimpe
Pourcentage de personnes actives par degré
d’épuisement et année d’enquête.
24,0 %
25,4 %
28,7 %
60 %
Pas moins de 60 % de l’ensemble des journées de
travail perdues peuvent être attribuées au stress et
aux risques psychosociaux liés au travail.
2014
2016
2020
Passablement ou trés épuisées
Source : EndStress.EU
Source : Promotion Santé Suisse
La discrimination en entreprise
est monnaie courante
Selon la dernière étude de l’OFS, plus d’une
femme sur cinq est victime de discrimination ou
violence au travail.
21,1 %
des femmes sont
victimes de
discrimination ou
violence au travail.
17,5 pour les
hommes.
Le stress touche des millions d’employé-e-s en Suisse
Depuis 2014, Promotion Santé Suisse analyse régulièrement des indicateurs sur le stress
lié au travail et sur ses liens avec la santé et la productivité des personnes actives en
Suisse. Les résultats de la dernière enquête, en 2020, sont alarmants.
Zone favorable:
ces personnes ont plus de ressources que
de contraintes.
Zone sensible:
ces personnes ont en moyenne à peu près
autant de ressources que de contraintes.
Zone critique:
ces personnes doivent faire face à plus de
contraintes que ne le leur permettent les
ressources dont elles disposent.
29,6 %
45,5 %
Total
5,1 millions
de personnes
actives*
24,9 %
Source : OFS
Source : Promotion Santé Suisse
*Source: nombre de personnes actives OFS Q1/2020
Les accidents de travail sont fréquents partout dans le monde
3003
7,5
Mexique
Accidents du
travail pour
100’000 travailleurs-euses
en une
année (selon les
dernières données
disponibles)
non mortels
mortels
900
5,3
USA
3142
3,1
Chili
5200
0,5
Hollande
3160
Royaume-Uni
2,6
France
760
0,8
1811
1,0
Allemagne
10,7
670
Egypte
1904
1,3
Suisse
1,2 965
Israël
899
1,6
Australie
208
2,0
Japon
Plus de 300 millions
de travailleurs-euses
consulté-e-s dans
142 pays ont déclaré
qu’ils estimaient ne
pas pouvoir signaler
les problèmes de
sécurité à leurs
employeurs sans
risquer d’être
pénalisé-e-s
Source : ILOSTAT
16
Au cœur de
nos métiers
Les inégalités après le COVID-19
Selon une récente étude d’impact, la crise du COVID-19 a
aggravé les inégalités entre les genres. Il est temps d’agir.
Grâce aux mesures étatiques, les emplois
ont pu être préservés, mais dans
le même temps, les inégalités persistantes
entre les genres se sont renforcées.
C’est la conclusion d’une étude
d’impact du Bureau BASS parue fin
mai, qui, à la demande de la Commission
fédérale pour les questions féminines,
a analysé les effets de la crise du
COVID-19 sur l’emploi et les revenus
en fonction des genres.
Les mesures telles que la fermeture
des crèches et des écoles ou le
télétravail obligatoire ont eu des
conséquences similaires sur les
femmes et les hommes, tout comme
dans d’autres pays : elles ont renforcé
le partage traditionnel du travail. En
particulier durant la première période
du confinement, les femmes ont non
seulement assumé la majeure partie
des tâches supplémentaires de prise
en charge, mais aussi davantage réduit
leur taux d’occupation que les
hommes.
Selon l’étude, la situation s’est particulièrement
aggravée pour les ménages
à bas revenus, qui ont dû faire
face à des pertes de revenus. Ce phénomène
a touché avant tout des femmes,
des mères, des familles monoparentales
et des femmes très peu qualifiées.
Il en ressort que les femmes sont
plus nombreuses à vivre dans des ménages
pauvres. Lorsque le taux de
chômage relatif aux deux genres a
culminé en janvier 2021, la différence
entre les genres était plus marquée.
L’étude révèle également de
grandes différences entre les divers
groupes de femmes. Les perdantes de
la crise ont avant tout été les femmes
avec de bas revenus, un statut de séjour
précaire, celles issues de la migration
ou avec des taux d’occupation
bas. D’une part dans le secteur de l’hôtellerie
et de la restauration, probablement
en raison des rapports de travail
irréguliers et souvent payés à l’heure
qui ont été les premiers à disparaître.
D’autre part, le personnel des ménages
privés a été totalement exclu des
aides Covid. Ces personnes n’ont reçu
aucun soutien, mais ont été simplement
renvoyées à l’assurance-chômage.
Par ailleurs, les indépendant-e-s
n’atteignant pas un revenu minimum
prédéfini ont été exclu-e-s des aides
Covid. L’étude suggère qu’il s’agissait
souvent de femmes qui géraient un
salon de coiffure ou un institut de
beauté à temps partiel.
Faute de données, l’étude n’a pas
pu examiner la répartition entre les
genres des indemnités pour réduction
de l’horaire de travail : on ignore donc
combien d’argent ont reçu les femmes
et combien en ont reçu les hommes.
Cela complique également la prise de
mesures ad hoc dans le futur.
Parmi les principales conclusions
et recommandations de la Commission
pour les questions féminines figurent
donc la collecte et l’analyse de
données genrées, un meilleur soutien
aux femmes en situation précaire, de
meilleures possibilités de prise en
charge des enfants à travers les crèches
ou les écoles à horaire continu pour
que les femmes puissent travailler à
des taux plus élevés. Par ailleurs, une
meilleure protection salariale et des
conditions-cadres pour le télétravail
sont essentielles. Autant de revendications
que syndicom a déjà formulées à
plusieurs reprises pour des conditions
de travail équitables et l’égalité des
droits.
Patrizia Mordini
Tous les détails
de l’étude
Les femmes, qui supportent la charge des soins, sont les perdantes de la crise du Covid-19, selon une étude du bureau BASS. (© Keystone-ATS)
« Les pressions financières du secteur des transports publics
sont répercutées sur le personnel du bus. » Manuel Wyss
17
Santé alarmante sur les routes
Pour la première fois, les trois principaux syndicats du service
public collaborent pour analyser l’état de santé des conducteurs
et condutrices de bus en Suisse.
Stress dans la circulation routière, responsabilité
de préserver des vies humaines,
horaires de travail exigeants :
les conductrices et les conducteurs de
bus sont en permanence soumis à de
fortes pressions. En 2010 et 2018, le
syndicat SEV avait déjà réalisé deux
enquêtes sur la santé des conductrices
et conducteurs de bus. Cette année,
les trois syndicats de l’USS en charge
du secteur des transports publics – le
SEV, syndicom et le SSP – collaborent
Bonne planification, moins de
stress
syndicom se trouve sur la bonne
voie chez CarPostal : la nouvelle
CCT améliore la planification des
affectations du personnel roulant.
De concert avec les personnes de
confiance et les commissions du
personnel (CoPe), syndicom veille à
une application concrète de la planification
annuelle, en surveillant
également la planification mensuelle
et à court terme, ainsi que la
nouvelle possibilité de bloquer des
services ou des journées entières.
L’importance des contrôles concernant
l’application de la LDT et de la
CCT ressort clairement de l’étude.
Par ailleurs, le syndicat sera aussi attentif
aux aspects ergonomiques.
pour la première fois à une troisième
étude approfondie dans la branche.
Cette collaboration agrandit considérablement
le cercle des personnes
sondées. Au printemps 2022, 4000
conductrices et conducteurs ont été
contactés par écrit, plus de 900 ont
participé au sondage, dont pas moins
de 187 chez CarPostal.
L’évaluation de l’étude par Unisanté,
le centre universitaire de santé publique
à Lausanne, constitue aussi
une nouveauté. Les résultats sont alarmants
: la moitié des personnes interrogées
ressentent des douleurs persistantes
aux épaules ou à la nuque (57 %),
des douleurs dorsales (50 %) et une fatigue
accrue (50 %). Plus d’un-e sondé-e
sur trois souffre de troubles du
sommeil (43 %), de stress (42 %), d’irritabilité
(36 %) et de maux de tête (33 %).
Certains troubles varient en fonction
des années de service et on remarque
des différences claires entre les
femmes et les hommes.
Dans la partie ergonomique du
sondage, les participantes et participants
ont été priés d’évaluer l’importance
des différents éléments de leur
environnement de travail. Le siège
conducteur est clairement l’aspect le
plus important. Suivent le réglage et
l’agencement des éléments de commande
ainsi que la climatisation.
La santé des conducteurs-rices sous la loupe.
(© Keystone-ATS)
L’étude donne aussi un aperçu de
la manière dont les conductrices et
conducteurs ont vécu la crise du coronavirus.
En 2021, plus de 40 % des personnes
interrogées ont subi les effets
de la pandémie sur leur travail et leur
santé, car leur période de repos a été
par exemple réduite ou parce qu’elles
ont dû remplacer au pied levé des collègues.
Selon elles, leur employeur a
géré globalement la crise sanitaire de
manière seulement « suffisante ».
Ces importants problèmes de santé
montrent que les pressions financières
auxquelles est confronté le secteur
des transports publics dans son
ensemble sont répercutées sur le personnel.
Dès lors, il est donc important
qu’Unisanté projette de mener maintenant
une étude de cohorte à long
terme auprès des conductrices et
conducteurs de bus avec le soutien des
trois syndicats alliés.
Manuel Wyss
Toutes les informations
sur l’étude
Les négociations CCT
approchent chez
cablex
Dos Santos Lima-Matteo Teresa,
secrétaire centrale TIC
syndicom a réalisé un sondage auprès
du personnel de cablex sur les négociations
CCT à venir. La CCT actuelle
est valable jusqu’à fin 2022. Et les revendications
centrales sont claires :
plus de trajets payés, transparence salariale,
plus de vacances et une augmentation
du congé maternité et paternité.
Une autre revendication concerne
le développement de la retraite anticipée
avec perception de la rente de
vieillesse. Car beaucoup de travailleurs
et travailleuses exercent un métier
physique pénible et travaillent
par tous les temps. On leur doit notre
connexion Internet. Autrement dit, ils
ou elles assurent que la transmission
par le réseau du producteur à l’utilisateur
final fonctionne parfaitement.
Par ailleurs, ils ou elles entretiennent
les réseaux de télécommunication, les
lignes électriques et les systèmes de
caténaires pour les transports publics.
Une autre revendication du personnel
de cablex concerne le développement
des possibilités de formation
et de perfectionnement pour toutes
les catégories d’âge. Cette revendication
devrait trouver une oreille attentive,
car la branche de l’infrastructure
de réseau souffre d’une grave pénurie
de spécialistes.
Lors d’une séance du comité d’entreprise
et de la conférence d’entreprise
subséquente du 27 juin dernier,
les revendications ont à nouveau été
discutées en détail et validées par l’assemblée.
La prochaine étape consistera
à remettre le catalogue des revendications
à cablex. Les négociations
devraient débuter à l’automne 2022.
18
Le monde
du travail
« C’est une avancée importante dans la régulation de la
branche de la distribution. » David Roth
L’autorité de régulation passe à
côté de la réalité économique
La Commission fédérale de La Poste met en consultation un
salaire horaire minimal de 19 francs. Pour syndicom, cette proposition
en deçà du salaire minimal en Suisse est inacceptable.
La PostCom fixe les normes minimales de travail de la branche. (© Keystone-ATS)
La Commission fédérale de la poste a
pour tâche de fixer des standards minimaux
pour les conditions de travail
dans le domaine des services postaux.
Ces standards minimaux doivent permettre
d’éviter que la concurrence
souhaitée dans le secteur des services
postaux se joue au détriment des salaires
et des conditions de travail. Afin
de remplir ce mandat, la PostCom doit
se tourner vers la réalité.
Or l’autorité de régulation bafoue
son mandat avec sa dernière proposition
visant à fixer le salaire minimum
à 19 francs par heure. Le salaire minimum
le plus bas en Suisse sera appliqué
à partir de 2023 dans le canton du
Tessin – il est de 19.50 francs. La
PostCom méconnaît cette réalité avec
les 19 francs qu’elle propose. Les
19 francs sont très éloignés des salaires
effectifs versés dans le domaine
de la distribution de colis et courrier.
syndicom attend que d’importantes
améliorations soient apportées au salaire
minimum après la consultation.
Il faut une segmentation
Il est par ailleurs important de distinguer
aussi entre les différents groupes
professionnels. Les activités ressortant
de la logistique de la distribution
ne peuvent pas toutes être mises dans
le même sac. C’est pourquoi les représentations
des employeurs et des employé-e-s
au sein du groupe d’experts
s’étaient mises d’accord pour que les
salaires minimaux soient segmentés
par catégories professionnelles. Il est
dès lors incompréhensible que l’autorité
de régulation n’ait pas intégré ce
consensus dans la révision de la loi.
Il est évident qu’il faut maintenant
des solutions en partenariat social. La
branche de la distribution négocie actuellement
une convention collective
de travail, dans laquelle de telles questions
doivent trouver une réponse.
syndicom intégrera les attentes et les
points de vue des employé-e-s dans le
débat qui vient d’être lancé.
syndicom
CCT Smood, un pas en
avant pour la branche
de la distribution
David Roth, secrétaire central secteur Logistique
Considérons d’abord les faits bruts : les
firmes qui fournissent des services de
livraison pour des tiers sont des entreprise
de logistique. Pour autant qu’elles
distribuent des lettres ou des colis,
elles sont soumises à la loi sur la poste.
La Poste suisse, propriété de l’Etat, ne
fait pas exception, comme tous les
autres services de livraison privés :
selon la loi sur la poste, les colis ont
une épaisseur de plus de 2 cm et pèsent
jusqu’à 30 kg. Peu importe qu’ils
contiennent des vêtements, des produits
cosmétiques ou des denrées alimentaires.
Que celles-ci soient cuites
ou crues ne fait pas non plus de différence.
La loi sur la poste s’applique
aussi à la livraison de nourriture.
Ce n’est pas important, car la livraison
de nourriture constitue souvent
le point de départ de la chaîne
logistique. Les livraisons pour les restaurants
génèrent un volume important,
mais peu de marge. Viennent ensuite
des livraisons plus spécialisées
avec une marge plus élevée. Ainsi, la
livraison de repas est de plus en plus
concurrencée par les services postaux
traditionnels.
syndicom en a pris conscience très
tôt et a donc ajouté dans la CCT des
coursiers-ères à vélo une catégorie
pour les livreuses et livreurs de repas.
L’assujettissement à une CCT de syndicom
procure des avantages considérables
au personnel coursier. Alors
que les employées et employés de restaurants
peuvent aussi être occupés
pour quelques minutes seulement,
toutes les CCT de syndicom prévoient
une durée minimale d’affectation de
deux à trois heures. Les salaires sont
également plus élevés dans la plupart
des cas.
Depuis 2018, syndicom a en outre
réclamé de meilleures conditions de
travail chez Smood et a pu conclure
une CCT en mai 2022. C’est une avancée
importante dans la régulation de
la branche de la distribution.
« syndicom encourage ses membres à s’affilier à ProLitteris
et faire valoir leurs droits sur leurs productions.» Melina Schröter
19
Professionnel-le-s des médias :
réclamez vos droits d’auteurs !
La société de gestion ProLitteris reverse à ses membres
les droits d’auteurs de leurs productions journalistiques.
Encore faut-il les déclarer.
Remise du prix ProLitteris à Ekaterina Glikman et Federico Franchini. (© ProLitteris - Philip Kübler)
Pris dans le rythme trépidant de l’actualité,
cela fait partie des choses que
les professionnel-le-s des médias
ignorent, oublient ou dont ils ratent la
date butoir année après année. Mais
chaque production journalistique,
texte ou image, peut être déclarée à
ProLitteris afin de pouvoir percevoir
les droits d’auteur. Toute œuvre, imprimée
ou numérique, peut être enregistrée,
que son auteur-e soit salarié-e
ou freelance. La source de cette redevance
vient des tarifs négociés avec les
associations d’utilisateurs-trices et
approuvés par une commission fédérale
d’arbitrage.
Il existe tout de même une différence
au niveau de l’enregistrement
selon le format de la production journalistique.
Les textes ou les images
imprimés sont déclarés directement
par leur auteur-e auprès de ProLitteris.
Dans le cas de ce qui est publié en
ligne, c’est l’éditeur qui doit communiquer
à ProLitteris les chiffres de diffusion
obtenus grâce à un système de
comptage qui recense les productions
journalistiques. Ensuite, les auteur-e-s
perçoivent ce qui leur est dû. A condition
évidemment d’être membre de
ProLitteris, ce qui est gratuit. Il est
donc essentiel pour les professionnel-le-s
des médias qui travaillent
pour un ou plusieurs médias en ligne
de s’assurer que leur employeur a installé
un logiciel de comptage et transmet
les données.
syndicom encourage vivement ses
membres à s’affilier à ProLitteris et à
faire valoir leurs droits sur leurs productions.
Outre les droits d’auteurs,
les membres de la société ont la possibilité
en cas de maladie, d’accident ou
de bouleversement dans le cadre professionnel
de solliciter une aide d’urgence
auprès de la fondation sociale.
Enfin, chaque année, la société de
gestion remet un prix récompensant
une prestation exceptionnelle dans un
de ses domaines d’activité. Cette année,
c’est la journaliste russe établie
en Suisse Ekaterina Glikman, rédactrice
adjointe de Novaïa Gazeta Europe,
qui a reçu le prix principal. Il lui
revenait de désigner le gagnant du prix
d’encouragement. syndicom est fier
qu’elle ait choisi Federico Franchini,
journaliste tessinois et membre du comité
de branche presse.
Melina Schröter
Renseignez-vous plus en
détail directement sur le site de
ProLitteris.
Plus de gratitude pour
le personnel ATS
Stephanie Vonarburg, responsable du Secteur
Médias et vice-presidente
A l’ATS, certaines choses se passent de
nouveau mal. La direction de l’entreprise
se permet des entorses au personnel.
Le conflit a commencé autour
du nouveau règlement du personnel :
pas moins de 50 employé-e-s perdent
en moyenne plus de cinq jours de vacances
et de compensation, les délais
de résiliation sont raccourcis pour les
collègues les plus âgé-e-s, l’obligation
d’annonce est durcie pour les activités
accessoires et l’engagement bénévole.
La commission du personnel et les
collaborateurs-trices qui avaient critiqué
les détériorations et la manière
d’agir subissent des pressions. Les
nouveaux contrats ont été imposés
prétendument « à l’amiable », mais
dans les faits sous la menace de
congés. Le mécontentement bouillonne
aussi pour d’autres raisons.
Depuis des décennies, les salaires
stagnent. Des ancien-ne-s membres
du personnel de Keystone sont classé-e-s
à un échelon salarial trop bas
depuis la fusion il y a quatre ans. La
communication interne est opaque et
inquiète. syndicom soutient le personnel
et sa commission du personnel
dans la mise en œuvre de ses revendications
: traitement sur un pied d’égalité,
compensation du renchérissement
et perspectives salariales. Les
entreprises de médias qui méprisent
leur personnel font fausse route.
Keystone-ATS fournit une partie du
service public médiatique, c’est pourquoi
l’entreprise reçoit 4 millions de
subventions fédérales. Cela oblige à
une meilleure gestion de l’entreprise !
20
Le monde
du travail
« Si nous étions plus uni-e-s, les éditeurs n’auraient pas le
dessus, parce que là dehors il n’y aurait pas la file. » Marco Cagnotti
Que vaut mon travail ?
Un journaliste freelance dénonce les pratiques salariales en
vigueur dans la branche des médias.
L’absence de CCT détériore les conditions salariales dans les médias. (© Keystone-ATS)
Un menuisier. Un restaurateur. Un architecte.
Une journaliste freelance.
Qu’ont-ils en commun ? Ils sont tous
indépendants. Que n’ont-ils pas en
commun ? La décision concernant la
valeur de leur travail. Les trois premiers
prennent eux-mêmes cette décision.
Certains se conforment au tarif
défini pour leur catégorie professionnelle.
Mais il s’agit de celui de leur
catégorie professionnelle. D’autres,
en revanche, fixent eux-mêmes le prix
de leurs produits ou de leurs services.
La quatrième n’a pas voix au chapitre
: le prix de l’article ou de la contribution
radiophonique, c’est le client
qui le fixe, à savoir l’éditeur. Comme si
au restaurant, au moment de payer
l’addition, vous décidez que les pâtes
à la carbonara, le tiramisu et le vin ne
valent que 11 francs. Et le restaurateur
ne dirait rien : c’est votre prix, celui
qu’il doit accepter. Cela vous semble
absurde ? Ça l’est. Et pourtant, ça
fonctionne ainsi dans le journalisme :
c’est toujours l’éditeur qui décide
combien est payé un collaborateur externe.
Y a-t-il une marge de négociation
? Non : c’est marche ou crève. Autrement
dit : « Il y a la file dehors. Si ça
ne vous convient pas, nous trouvons
quelqu’un d’autre. » Alors si vous avez
besoin d’un travail, vous faites bonne
mine à mauvais jeu.
J’ai travaillé pour le Corriere del Ticino
de 1998 à 2012. Je m’occupais de
la rubrique scientifique. Au début, je
recevais 550 francs par page de travail
rédactionnel. Puis le lectorat a diminué,
la publicité a reculé et nos tarifs
ont été revus à la baisse. Finalement,
une page ne valait plus que 250 francs.
Le travail, lui, n’avait pas changé, alors
que le coût de la vie avait augmenté.
Marche ou crève. Qui sait comment
auraient réagi les collègues au bénéfice
d’un contrat fixe en s’entendant
dire : « Rien n’y fait. Dès le mois prochain,
50 % de salaire en moins. »
Mais nous sommes aussi coupables.
Sans une CCT ni tarifs minimaux,
nous acceptons ce qu’on nous
propose. Si nous étions plus uni-e-s,
les éditeurs n’auraient pas le dessus,
parce que là dehors il n’y aurait pas la
file. Pourtant, il y a toujours quelques
jeunes gens disposés à travailler pour
pas grand-chose pour se faire un nom.
Mais pas moi. J’ai suffisamment
d’expérience. Je sais que je suis bon
dans mon travail. A mon âge, je n’ai
plus envie de toujours devoir prendre
n’importe quel mandat. Désormais, ça
m’est égal. D’ailleurs, je sais que je
suis privilégié : j’ai un autre travail
pour vivre dignement.
En ce qui concerne la valeur de
mon travail, je décide désormais moimême
: 180 francs de l’heure. C’est
beaucoup ? Regardons les tarifs des
avocat-e-s et des architectes et le prix
d’une heure de travail intellectuel par
un professionnel compétent et expérimenté.
C’est pourquoi, lorsqu’un éditeur
m’appelle, je le lui dis d’emblée :
mon travail coûte tant. C’est en ordre ?
Ok, Autrement, non, merci. Un autre
fera l’affaire, il vous coûtera sûrement
moins cher, mais le résultat sera peutêtre
aussi moins bon. Tout comme les
restaurants ordinaires coûtent moins
cher que les restaurants étoilés. ABE.
Marco Cagnotti
Sécurité et santé :
pas juste un vœu pieux
Daniel Hügli, secrétaire central secteur TIC
Lors de la Conférence internationale
du travail en juin dernier à Genève, la
Suisse a participé aux négociations
sur l’inclusion des conditions de travail
sûres et salubres dans le cadre
des principes et droits fondamentaux
de l’Organisation internationale du
travail (OIT). A cette occasion, elle a
présenté une résolution relative à ce
thème, qui a été adoptée. Ainsi, une
nouvelle catégorie de droits internationaux
du travail est créée, en sus des
droits actuels concernant la liberté
d’association et les négociations collectives,
ainsi que l’élimination du travail
forcé, du travail des enfants et des
discriminations. C’est positif, à condition
que les représentants de la Confédération,
des employeurs et des syndicats
approuvent ces nouveaux droits.
Il reste toutefois encore un long
chemin jusqu’à leur mise en œuvre,
comme le montrent les chiffres suivants
: selon le dernier recensement
de l’OIT, la Suisse compte 95 254 accidents
du travail non mortels par année.
Sur une proportion de 100 000 travailleurs-euses,
notre pays se classe au
12 e rang des nations avec le plus d’accidents
au travail. La Suisse n’a pas ratifié
la Convention OIT n° 155 sur la sécurité
et la santé des travailleurs-euses
de 1981 et n’a donc jusqu’à présent
pas eu à rendre de comptes ni à la communauté
internationale ni aux partenaires
sociaux. Si le Conseil fédéral a
vraiment l’intention de prendre des
mesures efficaces, il est tenu de présenter
sans délai les conventions correspondantes
pour ratification.
« Le travail à domicile pendant la pandémie a aussi changé le
regard porté sur le travail au bureau. » Miriam Berger
21
Google rappelle ses équipes en
présentiel
« Return to Office » post-pandémie ? Oui, mais une certaine
flexibilité doit rester dans les mains des travailleurs et
travailleuses.
Les Zooglers (travailleurs-euses de Google à Zurich) retournent au bureau. (© Keystone-ATS)
Début juin, Google a ramené son personnel
dans ses murs. Pour les employé-e-s
de Google à Zurich, cela a signifié
de réintégrer leurs bureaux à
l’Europaallee et à la Brandschenkestrasse.
Le CEO de Google Sundar Pichai
a laissé entendre que le Return to
Office (RTO) est une bonne occasion
pour repenser la manière dont nous
travaillons. Un groupe de membres de
syndicom chez Google a également réfléchi
à la question et pris le prétexte
du RTO pour sonder leurs collègues
sur la nouvelle façon de travailler. Car
Google choisit pour la nouvelle normalité
un mélange hybride de jours de
bureau fixes et de jours de travail à
domicile facultatifs.
La flexibilité du lieu de travail est
LE sujet du nouveau monde du travail,
avec ses risques et ses opportunités.
D’une part, le personnel économise le
trajet au travail et peut davantage flexibiliser
son temps de travail. Pour le
travail concentré et productif, le travail
à domicile semble plus approprié.
Il permet une plus grande latitude en
matière d’horaires de travail et de
temps de travail planifiables et aménageables,
qui sont compatibles avec
la vie privée. D’autre part, le travail
mobile et numérique implique une
intensification du travail et un décloisonnement
progressif du temps de
travail. Le personnel travaille à des
horaires atypiques, fournit plus de travail
non rémunéré, les réunions sont
prévues sans pauses, et on exige du
personnel d’être joignable en permanence.
Une personne sur deux écourte
ses pauses en télétravail, selon une
étude de la Confédération allemande
des syndicats. Cela a des conséquences
fatales pour la santé du personnel,
qui dispose de moins de temps
pour récupérer ou qui peine à se déconnecter.
Chez Google aussi, il y a des adeptes
et des réfractaires du télétravail. Le
travail à domicile pendant la pandémie
a aussi changé le regard porté sur
le travail au bureau. syndicom reste en
contact avec son groupe d’associé-e-s
chez Google et approfondit des thèmes
comme le manque de flexibilité dans
le choix du modèle de travail, la peur
des infections (COVID-19), les surfaces
de bureaux insuffisantes et le
retour dans des bureaux bondés.
L’important, et pas seulement pour
Google : le personnel doit avoir son
mot à dire concernant une possible
augmentation de la flexibilité. Il est
essentiel d’associer le personnel et les
représentations du personnel à l’établissement
et à la révision des règlements
et des règles.
Miriam Berger
«Journée des indépendant-e-s
» : vieillir
comme freelance
Chaque année, syndicom invite ses affilié-e-s
indépendant-e-s de la branche
Presse à une rencontre. Le 10 septembre
prochain, nous discuterons
des questions relatives à la prévoyance
vieillesse. Pas simple lorsqu’on est
freelance. Qu’en est-il des mandats ?
De la caisse de pension et du 3e pilier ?
Que se passe-t-il lorsqu’on se met à son
compte après avoir travaillé 20 ans
dans des rédactions ? Y a-t-il un avenir
dans le journalisme indépendant ?
Comment le syndicat peut-il aider ?
Nous discuterons de ces questions
d’actualité et d’autres. Sur un marché
en rapide mutation, des opportunités
intéressantes pourraient aussi se présenter
dans notre pays doté d’une prévoyance
vieillesse complexe. Klara
Obermüller, grande dame du journalisme
suisse, ouvrira la journée. A plus
de 80 ans, elle publie encore et nous
parlera des inconvénients et des avantages
de cette activité indépendante.
Suivront les échanges. Les expérimenté-e-s
Bettina Büsser, Simon Koechlin,
Martin Müller et Rolf Neeser donneront
un aperçu de leur longue activité
et de leur transition réussie vers l’indépendance
et le marché concurrentiel
des photographes de presse indépendants.
L’événement est ouvert à toutes
et tous. Les jeunes journalistes s’interrogent
sur leur avenir dans la branche
et sur la question du vieillissement
dans la profession. Une bonne préparation
de la vieillesse permet de la vivre
comme un moment libérateur. La
« Journée des indépendant-e-s » aura
lieu le 10 septembre de 13h15 à 17h15
à la Kulturhaus Helferei à Zurich ; elle
sera suivie d’un apéro. La participation
est gratuite pour les affilié-e-s de syndicom.
Le programme et l’inscription
sont ici : syndicom.ch/tdf22 (l’événement
se déroule en allemand).
Dominik Fitze
22 Politique
Pourquoi nous devons
stopper le projet « AVS 21 »
La bataille historique pour une retraite avec une rente digne
pour toutes et tous trouve son origine dans le mouvement syndical.
Lors de la grève générale de 1918, l’AVS a été une revendication
centrale, et depuis son introduction en 1947, elle a besoin
de notre protection. Le projet de démantèlement « AVS 21 »
doit être stoppé. Romi Hofer, responsable de la communication
à syndicom, a rencontré Gabriela Medici, experte des rentes à
l’USS, et Patrizia Mordini, responsable de l’égalité à syndicom,
pour évoquer les conséquences néfastes du projet.
Image : Katja Leudolph
Pourquoi les syndicats doivent-ils
unir leurs forces dans la campagne
de votation contre la réforme des
rentes « AVS 21 » ?
Gabriela Medici : Ce projet va dans
la mauvaise direction, il veut affaiblir
l’AVS au lieu de la consolider.
L’AVS est un acquis hautement solidaire
et durable qu’il convient de
préserver par tous les moyens. Avec
la votation du 25 septembre, nous
nous trouvons à la croisée des chemins.
Si la réforme est acceptée,
l’augmentation de l’âge de la retraite
des femmes ne sera que le
début. Le relèvement de l’âge de la
retraite pour toutes et tous à 67 ans
est déjà programmé. C’est un processus
insidieux vers une privatisation
et une désolidarisation de la
prévoyance vieillesse.
Patrizia Mordini : A propos des
femmes : elles touchent déjà des
rentes inférieures d’un tiers à celles
des hommes. Or elles peuvent
compter presque uniquement sur
l’AVS. Cette lacune au niveau des
rentes reflète la répartition inégale
des opportunités de rémunération.
Les femmes s’orientent souvent vers
des professions pénibles et à la fois
plus mal payées. De même, ce sont
avant tout les femmes qui s’occupent
des enfants et de proches
malades. C’est pourquoi elles travaillent
plus souvent à temps partiel,
ce qui entraîne aussi des revenus
plus bas. Un relèvement de l’âge
de la retraite des femmes doit encore
permettre de réaliser des économies
sur leur dos. Les femmes
devraient alors essuyer des pertes de
rentes de 1200 francs par année,
pour autant qu’elles travaillent
jusqu’à 65 ans.
Gabriela Medici : Absolument.
Les femmes supportent ici la plus
grande charge. Mais les couples
sont tout autant concernés. Aujourd’hui,
ils ont une rente AVS plafonnée.
Avec la réforme AVS 21, ils
subiront eux aussi une réduction.
Sans oublier qu’avec l’AVS 21, la
TVA sera encore relevée. Si l’on
ajoute le choc des primes d’assurance
maladie à l’automne et le renchérissement,
les personnes et les
familles à faibles revenus seront fortement
mises sous pression, surtout
si les salaires ne suivent pas.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement
pour nos membres ?
Patrizia Mordini : Un grand nombre
de nos membres ont un travail physique
astreignant. Dans leur cas,
c’est déjà aujourd’hui un défi de travailler
jusqu’à l’âge de la retraite
sans problèmes de santé. Une retraite
anticipée est pour beaucoup
hors de question en raison du revenu.
Un âge de départ à la retraite
plus élevé serait fatal pour eux.
Gabriela Medici : Le taux de chômage
n’est nulle part aussi élevé
que parmi les plus de 60 ans. En
d’autres termes, lorsque la retraite
anticipée n’entre pas en ligne de
compte – un changement d’emploi
n’est généralement pas une option
pour ces personnes. Le deuxième
pilier ne peut du reste pas combler
cette lacune, et inutile de mentionner
le troisième pilier. Seul 10 % de
la population peut payer les cotisations
maximales au pilier 3a.
Patrizia Mordini : Le démantèlement
projeté de l’AVS concerne également
un grand nombre de nos
membres indépendants. Pour eux
aussi, le deuxième pilier ne fonctionne
en général pas et une AVS
stable est donc essentielle.
Le problème ne réside donc pas
dans l’AVS, mais dans le deuxième
pilier...
Gabriela Medici : Exactement, la
grande lacune des rentes explose
dans le 2 e pilier. Dans l’AVS, l’écart
entre les femmes et les hommes est
« Si la réforme est acceptée, le relèvement de l’âge de la
retraite pour toutes et tous à 67 ans est déjà programmé. »
23
de 3 %. Dans les caisses de pension,
il est de 63 %. Le problème relatif à
la lacune de prévoyance vieillesse
des femmes doit toutefois aussi être
pris en compte dans l’AVS, car près
d’un tiers des femmes actives ne
sont même pas affiliées à une caisse
de pension. Et dans le 2 e pilier,
beaucoup de temps s’écoule jusqu’à
ce qu’une mesure mène à des rentes
plus élevées. Un affaiblissement de
l’AVS n’est tout simplement pas
concevable dans ce contexte.
La propagande pour « AVS 21 » affirme
que l’AVS n’est pas un système
stable et que son financement ne
serait pas assuré.
Patrizia Mordini : C’est tout simplement
faux, et le camp bourgeois le
rabâche depuis des années ! L’AVS
est assurée pour les dix prochaines
années et présente des chiffres
noirs. Elle est solide et équitable.
Gabriela Medici : L’histoire des faux
pronostics sur l’AVS est presque
aussi ancienne que l’AVS ellemême.
Rien que l’année dernière,
celle-ci a généré dans les faits un excédent
de 2,5 milliards de francs.
L’AVS est une tâche de l’Etat et est
inscrite en tant que telle dans la
Constitution. L’AVS ne peut pas
faire faillite – rien que du point de
vue juridique, ce n’est pas possible.
La jeunesse d’aujourd’hui est-elle
donc assurée de toucher une rente
AVS ?
Gabriela Medici : Oui ! Et pour les
jeunes, une AVS forte est particulièrement
importante. Car ils-elles
paient beaucoup moins pour leur
rente via l’AVS que s’ils devaient
subvenir seuls à leur prévoyance
vieillesse via leur troisième pilier.
Pour une personne de 20 ans avec
un revenu moyen, nous parlons ici
d’une différence de presque un
quart de million ! Pour les familles,
l’avantage AVS est encore plus élevé
avec pas moins de 400 000 francs.
Vous voulez rompre une lance pour
l’AVS…
Gabriela Medici : En effet (elle rit).
L’AVS est un projet d’avenir. Dans
l’AVS, il n’y a pas de conflit générationnel.
L’AVS est incroyablement
solidaire. Cela signifie concrètement
que 92 % de la population reçoit
plus de l’AVS qu’elle ne cotise.
Cela tient au fait que les cotisations
ne sont pas plafonnées sur les bonus
de plusieurs millions, qui représentent
les 8 % restants. Un autre
avantage de la répartition solidaire
est que le travail non payé de care
est reconnu dans l’AVS. Peu importe
que ce soit l’homme ou la femme
qui s’occupe des enfants, peu importe
que l’on cotise étant jeune,
âgé, un homme ou une femme.
La solidité de l’AVS est uniquement
due au fait que tout le monde – y
compris les managers – participe à
son financement. Raison pour laquelle
l’objectif de l’AVS est si important
et doit enfin être réalisé
avec des rentes qui assurent à chacun-e
le minimum vital.
Pour terminer : quel argument de
café du commerce ne pouvez-vous
plus entendre ?
Patrizia Mordini : L’argument selon
lequel l’harmonisation de l’âge de la
retraite relève de l’égalité des droits
et que nous devrions donc la saluer.
Cela m’agace particulièrement. L’argument
de l’égalité de traitement
est tout simplement cynique. Les
femmes touchent toujours des salaires
plus bas, un tiers de rente en
moins et devraient maintenant encore
financer l’AVS.
Gabriela Medici : Ce qui me fâche
vraiment, c’est que l’on discute de
la prévoyance vieillesse en faisant
complètement abstraction du montant
de la rente. Or ce qui est déterminant
pour le départ à la retraite,
c’est aujourd’hui non pas l’âge fixé
par la loi, mais le montant de la
rente. Les personnes qui doivent
travailler jusqu’à l’âge ordinaire de
la retraite parce qu’elles ne peuvent
pas se permettre une retraite anticipée
ont une rente beaucoup plus
basse que les personnes qui partent
plus tôt à la retraite. Ainsi, les
hommes qui doivent travailler
jusqu’à 65 ans reçoivent aujourd’hui
moins de 1800 francs de la caisse de
pension. En revanche, les hommes
qui peuvent prendre leur retraite à
60 ans touchent plus du double, soit
près de 4000 francs de la caisse de
pension. Les retraites anticipées
font l’objet de statistiques par
branches. Et la branche qui prend
sa retraite le plus tôt est celle des assurances
et de la finance. Ceux qui
publient des études et affirment que
nous devons travailler plus longtemps
et économiser davantage sont
donc précisément ceux qui partent
si possible plus tôt à la retraite.
Pourquoi voter
NON ?
Cinq raisons de voter NON à
la modification de la loi AVS
et sur le financement de
l’AVS par l’augmentation de
la TVA le 25 septembre !
NON à cette étrange forme d’égalité
La réforme de l’AVS est réalisée sur
le dos des femmes qui devraient travailler
jusqu’à 65 au lieu de 64 ans.
NON à 26 000 francs en moins
Les femmes touchent déjà un tiers
de moins à la retraite que les
hommes. Avec AVS 21, on veut économiser
7 milliards sur leur dos
rien qu’au cours des dix prochaines
années. Les femmes perdront une
année de rente AVS, soit environ 26
000 francs.
NON à la flexibilisation hypocrite !
La réforme prévoit un départ à la
carte de l’âge de la retraite entre
62/63 et 70 ans. Aujourd’hui pourtant,
une fois atteint l’âge de la retraite,
les personnes touchant de
bas salaires ou celles qui ont dû interrompre
leur activité professionnelle
sont contraintes de continuer
à travailler. Parce que leur rente AVS
ne suffit pas pour en vivre.
NON à la retraite à 67 ans !
La réforme de l’AVS remplace l’âge
légal de la retraite par un « âge de référence
», qui peut facilement être
repoussé. La retraite flexible ouvre
grand la porte à une augmentation
de l’âge de la retraite pour toutes et
tous.
NON à un impôt antisocial !
Afin de financer partiellement l’AVS,
une augmentation de la TVA est prévue.
Il s’agit d’un impôt antisocial
qui pèse avant tout sur les couches
les plus pauvres de la population,
car elles paient le même taux que
les riches.
24 Politique
« La productivité est misogyne. »
Auteure et conférencière sur
le « futur du travail et du management
», Laetitia Vitaud
livre une critique féministe
de la productivité, un indicateur
qui ignore le travail invisible
et gratuit des femmes.
Texte : Muriel Raemy
Vous avez publié « En finir avec la
productivité – Critique féministe
d’une notion phare de l’économie et
du travail » aux Editions Payot, en
avril dernier. Qu’est-ce qu’est la
productivité ?
La productivité correspond à un ratio,
une fraction. Par exemple : le
nombre de voitures qui sortent
d’une usine à la fin de journée, sur
le nombre de travailleurs et travailleuses
présent-e-s. Cela donne un
chiffre clair, d’où l’illusion d’une information
indiscutable. Mais en réalité,
il est difficile d’isoler un seul
facteur de production, c’est très artificiel
et ça ignore l’essentiel.
C’est-à-dire ?
Mesurer la productivité dans le
monde industriel ou le monde agricole
marche assez bien. Mais comment
évaluer la connaissance, le
soin, le bien-être, les relations, les
conséquences sur l’environnement,
sur le dynamisme urbain, sur le tissu
social ? Par définition, la productivité
ignore l’influence des activités
les unes sur les autres, les externalités
et finalement tout ce qui fait le
sel d’une économie. La même critique
est faite de longue date au PIB,
or ces deux indicateurs définissent
la bonne santé ou non d’une économie.
D’un point de vue économique,
mon attaque contre la productivité
repose sur son caractère très limité,
voire carrément faux.
Les femmes sont
invisibilisées
dans l’économie
industrielle.
Votre critique est avant tout
féministe.
Oui, avec l’économie industrielle, la
production est confiée à l’homme,
en dehors du foyer, tandis que la
reproduction de la force de travail
(c’est-à-dire s’occuper des enfants,
du dîner et de la gamelle du travailleur,
prendre soin de sa maison pendant
qu’il travaille, etc.) incombe à
la femme. Enfermée à la maison, on
considère que c’est au salaire du
mari de couvrir l’ensemble des besoins
de la famille, tandis que ses
tâches à elle (indispensables pourtant
à la production !) ne sont pas
rémunérées. Leur travail ne fait pas
partie de l’économie marchande.
Les femmes sont invisibilisées.
Au XX e siècle, les tâches dites
de « reproduction » ont pour beaucoup
intégré la sphère marchande :
la préparation des déjeuners le midi
dans les cantines, le soin des personnes
âgées à la maison, l’éducation
des enfants, etc. Ces métiers
sont encore essentiellement féminins,
et nettement dévalorisés. Les
économistes qualifient de « faiblement
productifs » tous ces métiers
majoritairement occupés par des
femmes ! A bien des égards, la productivité
est misogyne !
La productivité aurait pu être une
bonne chose, non ? Produire plus
avec moins : nous aurions dû gagner
en temps pour nos loisirs, pour
s’occuper des autres, justement.
On pensait que le temps de travail
se réduirait, et c’est ce qu’on a vu
d’ailleurs entre la fin du XIX e siècle
et les années 1990 : les gens ont pu
avoir des loisirs, partir en vacances,
etc. Sauf que la baisse du temps de
travail s’est arrêtée. On a gagné en
productivité mais les travailleurs-euses
les plus productifs-ves
ont continué à travailler toujours
plus, particulièrement dans certains
postes prestigieux, certains domaines
comme la finance, la tech,
etc. En parallèle, celles et ceux réputé-e-s
moins productifs-ves (dont
beaucoup de femmes, et de travailleurs
et travailleuses précaires) se
sont vu offrir des payes faibles et des
temps partiels : en somme, le travail
n’est simplement pas bien partagé.
Pour vous procurer l’ouvrage
de Laetitia Vitaud
Droit au but !
25
Cher service juridique,
Je travaille comme journaliste dans une
grande entreprise de médias. Mon collègue
de travail fait souvent des remarques à caractère
sexuel sur ma tenue vestimentaire,
parfois aussi devant d’autres collègues.
Lorsque je lui en parle, il m’explique que ce
sont des compliments que je comprends
mal. Cette situation me met mal à l’aise.
Que puis-je faire ?
Si mon employeur refuse d’intervenir,
comment procéder ? Ai-je à craindre d’être
licenciée ?
Comment puis-je procéder contre mon
collègue ? En fin de compte, il m’a traitée
de manière humiliante.
L’art. 4 de la loi sur l’égalité (LEg) interdit le harcèlement
sexuel sur le lieu de travail. Cela inclut tout comportement
importun de caractère sexuel par des mots, des gestes ou
des faits, qui porte atteinte à la dignité des collègues sur le
lieu de travail, y compris les blagues sexistes. Il n’existe
pas de compliments mal compris, l’intention n’est pas décisive.
Si la remarque sexiste est importune à tes yeux, elle
s’apparente à du harcèlement sexuel. Sans tarder, tu dois
expliquer oralement avec détermination à ton collègue
que tu ne tolères pas son comportement. S’il n’arrête pas,
demande-lui d’arrêter par écrit, prends note des actes de
harcèlement commis, puis informes le-la spécialiste compétent-e
de ton entreprise ou ta/ton responsable hiérarchique.
L’employeur est tenu d’intervenir. Cherche aussi à
savoir s’il existe dans ton entreprise une procédure appropriée.
Si aucune solution ne peut être trouvée, il est possible
de saisir, gratuitement, l’office cantonal de conciliation.
S’il n’intervient pas, tu peux intenter une action en justice.
Le tribunal peut ordonner de faire cesser la discrimination
ou condamner l’employeur à te verser une indemnité.
Si ton employeur résilie le rapport de travail parce
que tu fais valoir un droit au sens de la LEg, tu peux intenter
une action en justice pour obtenir une indemnité pour
résiliation abusive. Il faut aussi de tenir compte de la protection
contre le licenciement (6 mois). Malheureusement,
une résiliation abusive déploie des effets juridiques
et met un terme aux rapports de travail. Dans la procédure
en matière d’égalité, aucun frais de procédure n’est perçu,
mais des dépens peuvent être alloués aux parties lésées.
Ton syndicat te propose un soutien juridique et couvre les
frais dans le cadre de l’assistance juridique professionnelle.
En parallèle à la procédure en matière d’égalité, tu peux
déposer une plainte pénale contre la personne incriminée,
s’il est question de harcèlement sexuel « par des
paroles grossières » au sens de l’art. 198 du Code pénal.
Selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, la plainte
pénale doit être appréciée compte tenu des circonstances
propres au cas d’espèce et du contexte et doit être clairement
reconnaissable par un observateur objectif. Les déclarations
de collègues de travail peuvent être utiles à cet
égard. La plainte pénale doit être déposée dans un délai
de trois mois à compter du dernier harcèlement.
Toutes les rubriques
Droit au But
26 Loisirs
Suggestions
© Vevey Images
© Graphisme : Teo Schifferli
Nos cours estivaux
Nos cours de formation continue
ont aussi lieu cet été ! Alors, n’hésitez
pas et inscrivezvous tout de
suite. Voici un petit aperçu de nos
divers cours proposés jusqu’en
automne :
Qui gouverne en Suisse ? Comprendre
les enjeux politiques
1.9–2.9.2022
Chexbres, Hôtel Préalpina
Ce cours permet de mieux comprendre,
sur la base des thèmes de
l’actualité, le fonctionnement de la
démocratie suisse, de mettre en
lumière les positions syndicales et
d’expliquer les possibilités d’agir au
niveau politique.
Approfondissement du droit des
assurances sociales et du droit des
étrangers
5.9–7.9.2022
Berne, Hôtel Berne
Ce module traite plus en profondeur
les thèmes du droit des assurances
sociales, de la protection des données
et de la surveillance. Mais aussi
les spécificités du droit et des assurances
sociales pour les étrangers/
ères.
Gestion des situations difficiles
12.9–13.9.2022
SteCroix, Hôtel de France
Dans leurs tâches au quotidien, les
membres des commissions du personnel
doivent parfois accompagner
et conseiller leurs collègues de travail
placées dans des situations
difficiles.
Les membres de syndicom bénéficient
d’un cours gratuit par an. Les
frais de voyage en train, les repas et
éventuellement l’hébergement sont
pris en charge. Des prix avantageux
sont appliqués pour la participation
à plusieurs cours.
Robin Moret
Images Vevey 2022
Reconnue de pure utilité publique,
la Fondation Vevey ville d’images
contribue à la promotion et au développement
culturel de la région
dans le domaine des arts visuels, à
travers la valorisation du concept
« Vevey ville d’images ». Les Autorités
politiques ont créé ce concept dans
les années 1990 pour mettre en lumière
le nombre important d’entreprises
et d’institutions liées à
l’image et à la communication visuelle
qui œuvrent sur la Riviera
vaudoise.
Pour cette nouvelle édition, du
3 au 25 septembre, Images Vevey
célèbre la vie ensemble. Pour sa huitième
édition, la plus importante
biennale d’arts visuels de Suisse est
de retour avec son concept unique :
des expositions et installations photographiques
réalisées sur mesure
en plein air et en intérieur, à découvrir
gratuitement et exclusivement
dans toute la ville de Vevey.
Il faut de tout pour faire un
monde ! En réunissant plus de
45 artistes de 20 pays, du 3 au
25 septembre, la biennale Images
Vevey se veut créatrice de liens.
Le temps est aux retrouvailles et à
l’union, malgré un contexte international
incertain. Notre rapport
aux autres et à notre environnement,
l’importance et la fragilité du
lien social et familial, les joies et les
peines lorsque le collectif et l’individu
coexistent : autant de sujets que
l’édition 2022 du Festival se réjouit
d’aborder sous le thème : Together.
La vie ensemble.
Images Vevey
Livres d’artistes suisses
Avec l’ouvrage « Schweizer Künstlerbücher
– Livres d’artistes suisses –
Libri d’artista svizzeri – Swiss artists’
books », la Bibliothèque nationale
suisse publie aux éditions Walther
und Franz König une vue d’ensemble
proposant une perspective
critique sur le livre d’artiste suisse.
Celle et ceux qui s’intéressent à l’art
le connaissent rarement, et pour
cause : il se caractérise par son hermétisme
relatif. Le livre d’artiste est
devenu une sorte d’icône artistique
et un objet culte de l’histoire de l’art
et des bibliothèques. Si le livre en
général est l’un des vecteurs les plus
fonctionnels et les plus libres – souvent
l’un des plus abordables aussi –
de l’histoire de la culture, quel rôle
joue exactement le livre d’artiste ?
L’éditrice et auteure Susanne
Bieri s’est fondée sur l’une des collections
de livres d’artistes la plus
fournie du pays, celle de la Bibliothèque
nationale suisse, pour se
pencher sur le livre d’artiste suisse
dans le contexte international. Pour
ce faire, elle a réalisé 112 entretiens,
posé 450 questions et reçu bien plus
de réponses encore, car elles ont
ellesmêmes donné lieu à quelque
650 annotations, associations
d’idées et autres anecdotes. Avec cet
ouvrage, il existe désormais un
catalogue unique en son genre –
véritable encyclopédie – du livre
d’artiste.
Bibliothèque nationale
Le catalogue des cours est disponible
sur movendo.ch.
Toutes les infos du festival sont sur
images.ch.
Le livre sera présenté
le 25 août à la MAMCO à Genève.
1000 mots
Ruedi Widmer
27
28 Evènements 50 000 : elles ont été nombreuses à descendre dans la rue le 14 juin pour la grève
des femmes, pour réclamer l’égalité et aussi pour dire NON à la réforme de
l’AVS21. Les délégué-e-s de syndicom, lors de l’assemblée du 18 juin à Berne, ont
également décidé de dire NON au démantèlement de l’AVS.
1
2
3
4
5
1. La grève des femmes 2022 a eu lieu le 14 juin. (© Marc Wegmüller)
2. La grève des femmes, ici à la Zytglogge à Berne. (© Marc Wegmüller)
3. Le 14 juin, 50 000 personnes ont fait grève dans toute la Suisse pour
réclamer plus d’égalité. (© Marc Wegmüller)
4. A l’occasion de la grève des femmes 2022, syndicom a organisé
différentes actions dans les entreprises, ici avec le personnel de MS
Direct à St-Gall. (© syndicom)
5. Et ici chez Swisscom à la Pfingstweidstrasse à Zurich. (© syndicom)
6. Le comité directeur de syndicom à l’assemblée des délégué-e-es du
18 juin 2022 au Bierhübeli à Berne : Daniel Hügli, Matteo Antonini,
Daniel Münger, Stefanie Vonarburg et Patrizia Mordini (de g. à d.).
(© Bruno Dias - syndicom)
7. Bavardages et sourires parmi les délégué-e-s (Mariem Fiadjigbe et
Janice Matthes). (© Bruno Dias - syndicom)
8. L’exposé de Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS. (© B.D. - syndicom)
9. L’intervention d’Augustin Mukamba-Moyo, du Groupe d’intérêt sur
les migrations. (© Bruno Dias - syndicom)
10. La salle comble de l’assemblée des délégué-e-s 2022. (© Bruno Dias - syndicom)
6
7
9
8
10
30
Tranches
de vie
Dialogue et transparence pour renforcer
la confiance mutuelle
Andrea Zampieri est né au Tessin (Tesserete),
où il a aussi grandi. A 20 ans,
il effectue divers séjours linguistiques
en Angleterre, puis déménage à Genève,
où il trouve un emploi à la caisse
suisse de compensation (AVS/AI).
Après une parenthèse de dix mois en
Australie, il retourne à Genève et
commence à travailler pour Swisscom
comme conseiller de vente dans les
shops de l’entreprise. Père de deux
enfants, il est passionné de foot et de
musique (du post-punk à la musique
électronique).
Texte : Maria Giuditta Valorani
Photo : Sandro Mahler
« En tant que syndicaliste
actif, je cherche
sans cesse à faire entendre
les besoins et,
ou, les préoccupations
de mes collègues. »
« Sensible, idéaliste et conciliant, je
cherche en permanence à trouver des
réponses et solutions positives. Je
travaille au shop Swisscom de Lugano
et je suis délégué syndical de syndicom.
Je me suis intéressé très tard
au syndicat. Au début, je ne connaissais
pas bien le monde des syndicats
et je les trouvais plutôt inutiles. Au fil
du temps et avec les expériences acquises,
mon intérêt a grandi et j’ai
compris que les syndicats sont le
meilleur moyen de lutter, de trouver
une écoute et d’obtenir quelque
chose.
Lorsque je suis revenu au Tessin
après plusieurs années, j’ai eu l’occasion
de faire la connaissance du secrétaire
régional de syndicom Nicola
Morellato. J’ai alors compris l’importance
que revêt une meilleure
connaissance des droits et obligations
dans le monde du travail.
Je suis donc devenu le porteparole
des shops Swisscom et la personne
de référence du syndicat pour
faire connaître les réalités et la dynamique
particulière de ce secteur
( diverse de celle des autres domaines
de Swisscom, comme l’informatique
et l’administration, etc.).
J’ai donc fonctionné comme trait
d’union entre les collègues du shop
et syndicom et cherché à jouer le rôle
de médiateur dans différentes situations
pour trouver de bonnes solutions.
En tant que syndicaliste actif,
je cherche sans cesse à faire entendre
les besoins et, ou, les préoccupations
de mes collègues.
Animé par un fort désir de me
rendre utile, je suis devenu au fil du
temps un membre de plus en plus actif,
en mesure d’influencer la donne
et de clarifier le flou. Je suis particulièrement
intéressé à mettre en lumière
les zones d’ombre et à analyser
les divers droits et les possibilités de
fluctuation en général au sein d’une
entreprise leader et innovante
comme Swisscom.
Une chose à laquelle je tiens particulièrement,
très importante dans
le rôle que je joue, consiste à mener
sans cesse un dialogue constructif, à
renforcer la transparence pour améliorer
la relation de confiance entre
le personnel et le management. Il
m’importe d’œuvrer sans relâche à
l’amélioration des rapports entre les
deux parties.
A mes yeux, il serait souhaitable
d’augmenter le taux de syndicalisation
chez Swisscom afin de créer un
bon environnement de travail et plus
de sérénité pour élever ainsi
Swisscom au rang de « great place to
work in Switzerland ».
Enfin, je pense que toute situation
peut et doit être affrontée avec
sérénité et intelligence, mais aussi
avec une juste dose d’humour. »
Impressum
Rédaction : Robin Moret et Giovanni Valerio
(co-responsables), Rieke Krüger et Lydia Schebesta
Courriel : redaction@syndicom.ch
Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser et
Gabriele Alleva
Dessins de portrait : Katja Leudolph
Layout, correction, impression : Stämpfli Kommunikation
Changements d’adresse : syndicom, gestion
des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,
3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17
Annonces : priska.zuercher@syndicom.ch
Commande d’abonnements : info@syndicom.ch
Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation
de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),
Fr. 50.– (étranger)
Editeur : syndicom – syndicat des médias
et de la communication, Monbijoustr. 33,
case postale, 3001 Berne
Le magazine syndicom paraît six fois par année.
Le numéro 30 paraîtra le 14 octobre 2022.
31
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
I
2 7
II
III
6
IV
V
5
VI
VII
9 3
1
VIII
IX
X
Mot mystère :
DÉFINITIONS
8
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Horizontalement : I. Rapportent. Vrai. II.
Soustraire. Au-delà du périphérique. Touche
l'oreille ou l'orteil. III. Papiers glacés. Option.
Bisque. IV. Déodorant. Propriétés. Stimulant.
V. Casier. Anneau. Inclus. VI. Spécialiste.
Description intérieure. Dégage. VII. Petit
patron. Ancienne principauté suisse. Comique
romain. VIII. Sujet. Chute. IX. Premier
domicile. Entre deux absences. Cœur brûlant.
X. Passage obligé des beaux-arts. Congé
payé.
4
10
Verticalement : 1. Rêveur. 2. Mis KO. Clé. 3.
Roi du Rift. Marque de propriété. 4. Sur le
pont. Sous le pont. 5. Es. Pas cadeaux. 6.
Morceaux. Mal notés. 7. Voient la faïence. 8.
Longs moments. Plante à fleurs jaunes. 9.
Entre-deux. Farcit. 10. Sur la touche. 11.
Conclusions féminines. Bidon. 12. Fraie à
Stockholm. Râpât. 13. Foot à Milan. Conduit
enflammé. 14. Credo du pécheur. 15. Glande.
C'est un pic.
Mots croisés
Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra
dans le prochain magazine, recevra un
bon de notre partenaire REKA. Prière
d’envoyer votre solution (le mot mystère
seulement) jusqu’au 8 septembre
par e-mail à admin@syndicom.ch ou par
courrier à Rédaction syndicom, Monbijoustrasse
33, case postale, 3001 Berne.
Une seule participation possible par
membre.
Le gagnant du dernier mots croisés
La solution du mots croisés du
dernier numéro était « MOBILISATION ».
Le gagnant est Madame Elisabeth Vouillamoz
à Sion. Elle recevra une pièce en
argent de notre partenaire la banque
Cler.
Chaleureuses félicitations !
Annonce
Vacances et loisirs – monstrueusement
avantageux.
Reka-Pay : avec
7% de rabais chez
syndicom
Plus d’extras pour votre budget :
avec Reka-Pay, vous pouvez payer
vos billets de transports publics et
de remontées mécaniques, vos notes
d’hôtel et de restaurant, vos pleins
aux stations-service (AVIA, BP et
Coop Pronto), et bien plus encore !
reka.ch
REKA, POUR ENCORE PLUS.
32 Interactifs
syndicom social
AD de syndicom 18.6.2022
Exceptionnellement, on a dansé et
fait la fête au Bierhübeli de Berne,
mais pas à l’assemblée ordinaire
annuelle des délégués de #syndicom,
où l’on a beaucoup débattu et
voté. Nous avons posé les jalons pour l’année
à venir et approuvé le budget et les comptes
annuels. A l’avenir aussi, nous nous engagerons
pour plus de justice salariale, des CCT
fortes et une réduction du temps de travail.
« Ne touchez pas à nos rentes ! » 3.7.2022
C’est ce que dit Yannick Vyaahpooree,
ICT System Manager III chez Swisscom.
Le 25 septembre 2022, nous voterons sur
le paquet « AVS 21 » et nous disons 2× non !
Engage-toi toi aussi avec une prise de
position contre le projet de démantèlement
et assure nos rentes.
Davantage d’actions durables exigées/Solidar Suisse 6.7.2022
La plateforme Agenda 2030 estime que la Suisse n’est pas sur
la bonne voie pour un monde durable. Elle demande au
Conseil fédéral de réduire de moitié la pauvreté et de protéger
le climat et les droits humains, ainsi que de responsabiliser la
place financière.
Percée historique en matière de santé et de sécurité
au travail/Solidar Suisse
13.6.2022
Lors de sa 110 e conférence, l’Organisation internationale
du travail (OIT) a pris la décision d’inclure le droit à un
environnement de travail sûr et sain dans la Déclaration de l’OIT
relative aux principes et droits fondamentaux au travail.
Le Salvador connaît une crise des droits de l’homme/
Amnesty International 2.7.2022
Fin mars, des violations massives des droits humains
ont eu lieu au Salvador depuis l’instauration de l’état
d’urgence. Au moins 18 personnes sont mortes sous la
garde de l’Etat.
Trois raisons de signer l’initiative sur les crèches
1. Parce que les places de crèche manquent et que
cela met en danger l’égalité.
2. Parce que les crèches sont trop chères. L’initiative
veut que personne ne doive y consacrer plus de 10 %
de son revenu.
3. Parce que l’initiative encourage la formation et le
perfectionnement des personnes qui s’occupent
des enfants.
TikTok, des drogues numériques pour les plus jeunes ?
1.7.2022
Une nouvelle drogue brûle les esprits les plus fragiles,
ceux des jeunes : c’est TikTok. C’est ce qu’affirme le blogueur
américain Isaiah McCall, fondateur de Medium.
La poste de St-François doit rester 29.6.2022
Action aujourd’hui devant l’office de Poste de
Saint-François au centre ville de Lausanne,
menacé de fermeture à cause du propriétaire
du bâtiment... Nous ne lâcherons pas !
Pegasus au tribunal 20.6.2022
Le scandale Pegasus, qui a éclaté au début
du mois de juillet, sera jugé par les
tribunaux français. Le Tribunal de Paris a
accepté la plainte contre NSO Group, le
producteur du logiciel qui permet la surveillance
illégale des téléphones portables.
Un juge d’instruction sera bientôt
désigné pour s’occuper de cette affaire,
qui concerne notre vie privée à tous.
Liberté pour Assange 22.6.2022
syndicom se joint à l’appel initié
par le Geneva Press Club et regroupant
médias, journalistes et
syndicats de six pays, afin d’exiger la libération
de Julian Assange. La liberté de la presse,
passe par la protection des lanceurs d’alerte.
https://twitter.com/syndicom
L’essor rapide d’Uber 10.7.2022
Grâce au journal The Guardian et à un consortium de
journalistes d’investigation, plus de 124 000 documents
internes d’Uber ont été découverts, entre 2013 et 2017,
montrant comment Uber a cherché des soutiens en courtisant
(plus ou moins discrètement) des dirigeants politiques,
des milliardaires, des représentants des médias.
Suivez-nous sur les
réseaux sociaux !