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syndicom magazine No.30

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 30 juillet-août 2022<br />

<strong>magazine</strong><br />

Notre<br />

santé est<br />

fragile


Annonce


Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invitée<br />

8 La santé au travail<br />

15 Infographie<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

22 Non à AVS 21<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Chers lecteurs, chères lectrices,<br />

Le 10 juin, pour la première fois en 25 ans, la Conférence<br />

internationale du travail tripartite a reconnu<br />

un nouveau droit fondamental au travail ; le droit à<br />

un environnement de travail sûr et sain. Il s’agit d’un<br />

élément essentiel du nouveau contrat social que<br />

nous réclamons en vue de garantir une reprise et<br />

une résilience post COVID-19. Ce changement aura<br />

un impact majeur sur la vie des travailleurs-euses.<br />

Il permettra de responsabiliser les 187 gouvernements<br />

des États membres de l’OIT en matière de<br />

santé et de sécurité au travail. Il intégrera ces<br />

aspects aux accords commerciaux, aux décisions<br />

d’investissement et aux chaînes d’approvisionnement<br />

mondiales, en particulier lorsque s’appliquera<br />

aussi l’obligation de diligence raisonnable. En outre,<br />

il donnera aux syndicats le pouvoir de mieux protéger<br />

les travailleurs et travailleuses.<br />

Les gouvernements sont se désormais engagés à<br />

respecter les obligations et les droits énoncés dans<br />

les conventions fondamentales, et nous attendons<br />

leur ratification et mise en œuvre universelles. Il a<br />

fallu à la Suisse trois ans seulement après la déclaration<br />

originale de 1998 pour ratifier les trois autres<br />

conventions fondamentales, et nous appelons à<br />

prendre des mesures similaires de toute urgence.<br />

Les travailleurs-euses suisses obtiendraient le droit<br />

d’être consultés en matière de prévention et de refuser<br />

un travail dangereux. Dans d’autres pays, tels<br />

que le Bangladesh, il permettrait de mettre fin aux<br />

incendies dans les usines, notamment la tragédie<br />

du Rana Plaza en 2013 qui a entraîné de nombreux<br />

décès, en majorité des femmes. C’est une avancée<br />

historique. Les syndicats doivent saisir ces occasions<br />

et agir afin de garantir que personne ne doive<br />

mourir en gagnant simplement sa vie.<br />

4<br />

8<br />

22<br />

Owen Tudor, secrétaire général adjoint de la CSI


4<br />

Une fine équipe<br />

La délégation derrière la nouvelle<br />

CCT chez Smood<br />

De gauche à droite :<br />

David Roth, secrétaire central du secteur<br />

Logistique de <strong>syndicom</strong> à Berne,<br />

a négocié la CCT de branche pour les<br />

coursières et coursiers à vélo et<br />

livreurs-euses de repas. Il connaît la<br />

branche comme sa poche.<br />

Davide Negri, chez Smood depuis 2019,<br />

est coursier vélo à Zurich.<br />

Kalin Atanasov, est coursier voiture<br />

chez Smood depuis 2019 à Winterthour.<br />

Michel Guillot, secrétaire régional de<br />

<strong>syndicom</strong> à Genève, a été distributeur<br />

pendant de longues années à La Poste.<br />

Il collabore étroitement avec les<br />

coursières et coursiers de différentes<br />

entreprises.<br />

Texte : Matthias Loosli<br />

Photo : Patrick Gutenberg<br />

« La CCT, une étape<br />

importante qui développe<br />

les droits du<br />

personnel de Smood. »<br />

« Les débuts ont été difficiles. Depuis<br />

2018, nous n’étions en contact avec<br />

Smood SA que par voie légale. Fin<br />

2020, une collaboratrice RH et le secrétaire<br />

central David Roth se retrouvaient<br />

devant les autorités de conciliation<br />

à Lucerne. Pour une fois,<br />

Smood n’était pas représenté par un<br />

avocat. David avait proposé que<br />

Smood et <strong>syndicom</strong> se rencontrent<br />

directement, plutôt que devant les<br />

autorités de conciliation. Smood a<br />

accepté. Lors de nos rencontres,<br />

nous avons expliqué à Smood les<br />

CCT existantes et nos besoins. Les<br />

discussions ont été interrompues<br />

entre novembre 2021 et mars 2022,<br />

alors qu’un conflit de travail éclatait<br />

en Romandie. Au centre du conflit :<br />

des irrégularités dans la location de<br />

services par l’entreprise SimplePay,<br />

avec laquelle Smood collaborait dans<br />

les cantons de Genève et Vaud. La<br />

CCT de force obligatoire pour les<br />

« temporaires » avait été négligée.<br />

Après une conciliation restée sans<br />

succès, les négociations pour une<br />

CCT ont commencé. En tant que délégués<br />

de nos collègues, syndiqué-e-s<br />

chez <strong>syndicom</strong>, des échanges réguliers<br />

avec elles-eux pendant les négociations<br />

étaient importants. Michel<br />

était en contact avec ses personnes<br />

de confiance ou des organes du syndicat,<br />

tels que le comité de branche<br />

des coursières et coursiers à vélo et<br />

des livreurs-euses de repas. Kalin et<br />

Davide discutaient avec les collègues<br />

sur place. Pour Davide, l’important<br />

était un système de frais équitable et<br />

compréhensible. Un salaire minimum<br />

digne de ce nom l’était aussi.<br />

Les 23 francs l’heure remplissent ce<br />

critère. Avec un supplément de 5 %<br />

pour le travail dominical – jour où il y<br />

a beaucoup de travail – et une assurance<br />

perte de salaire, des acquis<br />

tangibles ont couronné le tout. Kalin<br />

souhaitait travailler régulièrement,<br />

pouvoir planifier ses tournus et pas<br />

de périodes d’attende non payées.<br />

Avec un nombre garanti d’heures de<br />

travail, des tournus d’au moins deux<br />

heures et la planification qu’il reçoit<br />

14 jours à l’avance, la CCT lui donne<br />

ces garanties. Par 324 voix contre 22,<br />

les smoodistes ont approuvé la CCT<br />

négociée. C’était une confirmation<br />

pour nous. Elle entrera en vigueur en<br />

octobre 2022. »


Brèves<br />

Le Conseil de la presse est sauvé \ Elections chez UPC Sunrise \<br />

Poste, signaux du Tessin \ Rapport de l’Observatoire sur la libre circulation<br />

des personnes \ Assouplir les objectifs de vente de RéseauPostal \<br />

Initiative pour des crèches abordables \ Boulots d’été<br />

5<br />

Le Conseil de la presse est<br />

sauvé, pour l’instant<br />

Rapport sur la libre circulation<br />

des personnes<br />

Agenda<br />

Le Conseil de fondation a mis à disposition<br />

du Conseil suisse de la presse la<br />

somme de 100 000 francs. Ce financement<br />

unique lui permet de poursuivre<br />

ses activités d’autorégulation des médias<br />

jusqu’à la fin de 2023. Une bouffée<br />

d’air frais, malgré le rejet du paquet de<br />

soutien aux médias en février dernier,<br />

en attendant la recherche de fonds pour<br />

une base financière durable.<br />

Dix membres <strong>syndicom</strong> élu-e-s<br />

chez UPC Sunrise<br />

Parmi les nouveaux représentant-e-s du<br />

personnel de Sunrise UPC, dix membres<br />

de <strong>syndicom</strong> ont été élu-e-s. Il s’agit de<br />

Alban Ahmeti, Alexander Drews, Beat<br />

Isler, Bettina Huber, Matthias von<br />

Strantz, Mariem Fiadjigbe, Peter Schneller,<br />

Rudolf Lippuner, Stefano Lendaro et<br />

Tayfun Aksoy. Chaleureuses félicitations<br />

au nom de <strong>syndicom</strong>.<br />

Stop aux emplois précaires<br />

à la Poste<br />

La pétition « Plus d’emplois précaires<br />

à La Poste », lancée en avril au Tessin,<br />

a déjà obtenu un premier résultat.<br />

Les contrats à durée déterminée des<br />

nouveaux employé-e-s (plus de 40 pour<br />

la seule région de Lugano) qui n’étaient<br />

pas conformes à la CCT ont été régularisés<br />

et transformés en contrats à durée<br />

indéterminée. La demande d’augmentation<br />

des salaires des nouveaux embauchés<br />

sera portée au niveau national,<br />

tandis qu’un groupe de travail sera<br />

constitué au Tessin dans le but de<br />

trouver des solutions concrètes pour<br />

augmenter le taux de travail, garantir<br />

un emploi stable et le respect des droits<br />

prévus par la CCT.<br />

Les mesures d’accompagnement font<br />

leurs preuves. Grâce aux contrôles et<br />

aux amendes, les salaires suisses n’ont<br />

jamais été mis sous pression à grande<br />

échelle. Le dumping salarial reste<br />

certes une réalité. Une entreprise sur<br />

cinq reste bloquée par les contrôles, et<br />

les formes de travail précaires que<br />

sont le détachement et les séjours de<br />

courte durée ont fortement augmenté.<br />

C’est pourquoi la Suisse a besoin d’une<br />

protection salariale. Telle est la position<br />

de l’USS face au 18 e rapport de<br />

l’Observatoire sur la libre circulation<br />

des personnes.<br />

Il faut assouplir les objectifs<br />

de vente de RéseauPostal<br />

La résolution RéseauPostal de <strong>syndicom</strong><br />

« stop à la manie des objectifs et<br />

à la pression inadmissible à la vente »<br />

montre ses premiers résultats : La<br />

direction de PostNetz a reconnu les<br />

lacunes et souhaite les corriger, selon<br />

les déclarations faites lors de la<br />

séance de la commission spécialisée<br />

PN. Le syndicat reste attentif.<br />

Petits boulots d’été ?<br />

Les jeunes ont des droits<br />

L’été est là, et avec lui les grandes vacances.<br />

Pour de nombreux jeunes travailleurs-euses,<br />

c’est le temps des petits<br />

boulots qui permettront de se faire<br />

un peu d’argent de poche. Lorsqu’on<br />

occupe ce genre d’emploi, on est un-e<br />

salarié-ée comme les autres. Et qui dit<br />

salarié-e dit dispositions du droit du<br />

travail, salaire décent et respect des<br />

règles de la sécurité au travail. Plus<br />

d’infos sur <strong>syndicom</strong>.ch/or9s3<br />

Initiative pour des crèches<br />

abordables<br />

Les places dans les garderies sont trop<br />

peu nombreuses, elles sont trop<br />

chères et les conditions de travail de la<br />

branche, et donc la qualité de l’encadrement,<br />

sont trop mauvaises. Ces<br />

trois problèmes peuvent être résolus<br />

grâce à l’initiative pour les crèches.<br />

Pour agir, n’attendez plus et signez<br />

tout de suite !<br />

Août<br />

25.8.<br />

Table ronde <strong>syndicom</strong> des<br />

illustrateurs-trices<br />

Rendez-vous pour une nouvelle table<br />

ronde des illustrateurs-trices dans le<br />

jardin de <strong>syndicom</strong> à Berne, Monbijou.<br />

Un échange informel sur le thème<br />

« Indépendant-e en tant qu’illustrateur-trice<br />

». De 18h à 22h.<br />

31.8.<br />

Colloque juridique de l’USS<br />

Les formes de travail mobiles et<br />

flexibles telles que le home office ou le<br />

télétravail en général soulèvent de<br />

nombreuses questions juridiques.<br />

Elles seront discutées lors du colloque<br />

(également pour les non-juristes du<br />

syndicat) à l’hôtel Bern à Berne.<br />

Septembre<br />

10.9.<br />

Journée des indépendant-e-s<br />

2022<br />

« Vieillir en tant qu’indépendant-e ».<br />

Voici le thème de la journée des indépendant-e-s<br />

qui se tiendra à la Kulturhaus<br />

Helferei de Zurich de 13h15 à<br />

17h15 (en allemand).<br />

12-25.9.<br />

Elections comPlan Swisscom<br />

Celles et ceux qui, chez Swisscom et<br />

cablex, ne sont pas indifférent-e-s à la<br />

retraite doivent participer à l’élection<br />

du conseil de fondation de comPlan et<br />

voter pour la liste de <strong>syndicom</strong> !<br />

Octobre<br />

1.10.<br />

Journée romande<br />

de la typographie<br />

Rendez-vous dès 10h à UNI Global<br />

Union à Nyon. Avec une exposition des<br />

plus beaux livres de l’année écoulée.<br />

Infos détaillées sur journeetypo.chUs<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Gertrud Hierzer est vice-présidente HR région alpine (Suisse<br />

employeurs<br />

et Autriche) ainsi que membre du management Board chez<br />

T-Sytems. Titulaire d’un master de Digital Engineer, d’une<br />

formation de psychologue d’entreprise et d’un diplôme de<br />

coach, elle travaille dans l’entreprise depuis 2012.<br />

1<br />

Quelles opportunités voyez-vous en<br />

tant que Head HR Alpine pour<br />

T-Systems Suisse et Autriche ces<br />

prochaines années ?<br />

Tout s’accélère, se numérise et doit<br />

simultanément être plus rentable,<br />

plus fluide, plus résistant aux défaillances<br />

et plus performant. C’est une<br />

grande opportunité : notre tâche principale<br />

consiste actuellement à garder<br />

les bons éléments, à les former et à<br />

leur donner la liberté d’être créatifs<br />

et innovants pour notre clientèle. Si<br />

nous gardons cela à l’esprit, rien ne<br />

peut nous arrêter.<br />

2<br />

Pourquoi faut-il des conventions<br />

collectives de travail dans la branche<br />

informatique ?<br />

La convention collective apporte de la<br />

fiabilité au personnel. En des temps<br />

incertains, elle a valeur de signal tant<br />

au sein de l’entreprise que vers l’extérieur<br />

: nous formons un tout – aussi<br />

en période défavorable. Rester stable<br />

dans une vaste mer d’instabilités –<br />

géopolitique, géoéconomique, en raison<br />

de la forte vague d’innovations –<br />

peut être un argument pour notre<br />

entreprise. Une CCT bien négociée<br />

contribue à la stabilité.<br />

3<br />

Lorsque le personnel peut participer<br />

au développement de la CCT, quels<br />

avantages en retire T-Systems ?<br />

C’est toujours une bonne idée de<br />

faire participer le personnel aux sujets<br />

qui le concerne de près. C’est la<br />

seule manière d’être dans l’air du<br />

temps et de répondre aux besoins à<br />

prendre en compte. Sans la participation<br />

du personnel, la probabilité est<br />

assez élevée que le résultat passe à<br />

côté des attentes et qu’il ne soit pas<br />

bien accepté.<br />

4<br />

Vous êtes responsable simultanément<br />

de la Suisse et de l’Autriche.<br />

Constatez- vous des différences dans<br />

les cultures de partenariat social ?<br />

Il en existe, du seul fait des différentes<br />

législations. En Allemagne, les<br />

droits de participation sont très différents<br />

de ceux de l’Autriche ou de la<br />

Suisse. J’ai fait les meilleures expériences<br />

lorsque les partenaires sociaux<br />

se concentrent sur un objectif<br />

commun, à savoir que le succès économique<br />

peut être obtenu uniquement<br />

dans le cadre d’une unité saine.<br />

C’est ce qui compte pour moi, et<br />

moins les différences juridiques ou<br />

de mentalité.<br />

5<br />

Que fait T-Systems pour attirer des<br />

talents féminins ?<br />

Nous investissons beaucoup dans la<br />

relève et gagnons quelques jeunes<br />

femmes dans l’entreprise grâce à<br />

notre programme d’apprentissage<br />

informatique. Il s’agit de les encourager<br />

et de les soutenir pour qu’elles<br />

restent parmi nous. Nous avons des<br />

programmes d’égalité femmeshommes<br />

pour supprimer les écarts de<br />

rémunération et le plafond de verre<br />

qui empêche les femmes de faire carrière.<br />

Nous fixons également des quotas<br />

pour certains postes de direction.<br />

6<br />

Est-ce que la pénurie de spécialistes<br />

dans la branche informatique est-elle<br />

un défi pour T-Systems ?<br />

Nous avons un avantage, car nous<br />

pouvons numériser et automatiser<br />

beaucoup de processus avec une relative<br />

facilité. Bien entendu, il faut du<br />

personnel pour le faire. Je crains que<br />

la situation ne s’améliore pas. On<br />

doit être créatifs pour trouver du personnel,<br />

le former et le garder. Aux<br />

RH, la donne a changé : par le passé,<br />

les collaborateurs-trices devaient<br />

postuler pour des jobs, aujourd’hui,<br />

ce sont les entreprises qui postulent<br />

auprès des gens. On en est là.<br />

Texte : Miriam Berger<br />

Photo : T-Systems


L’invitée<br />

Le travail (qu’il soit bien ou mal rémunéré)<br />

occupe une bonne partie de nos journées<br />

et une grande partie de notre vie adulte.<br />

Malheureusement, les maladies professionnelles,<br />

les accidents du travail ou les décès liés<br />

au travail sont encore trop nombreux et fréquents.<br />

L’OMS et de l’OIT indiquent qu’entre 2000<br />

et 2016, les maladies professionnelles représentaient<br />

81 % des décès liés au travail et les accidents<br />

du travail les 19 % restants. Les différences<br />

de genre ont une incidence sur les<br />

métiers exercés, les conditions de travail et la<br />

façon dont les personnes sont traitées. Ces<br />

différences se traduisent aussi par des risques<br />

pour la santé. Les tâches effectuées par les<br />

femmes sont souvent considérées, à tort,<br />

comme sûres et simples. Un grand nombre de<br />

femmes sont en contact avec des produits<br />

chimiques au travail, mais les effets sur leur<br />

santé de ces substances restent peu étudiés.<br />

Les personnes qui travaillent avec des contrats<br />

à durée déterminée ou qui ont de petites activités<br />

indépendantes mal protégées sont particulièrement<br />

vulnérables. Avec la précarité de l’emploi,<br />

les problèmes de santé, les dépressions ou<br />

la dépendance aux médicaments augmentent.<br />

Il est urgent d’intervenir par des mesures<br />

spécifiques de protection et de prévention qui<br />

tiennent compte de l’évolution du marché de<br />

l’emploi et des nouvelles formes de travail.<br />

Grâce à la session nationale des femmes, le Parlement<br />

s’emploie à promouvoir une médecine<br />

axée sur le genre, et le Conseil fédéral a décidé<br />

de ratifier la Convention n° 190 de l’OIT sur l’élimination<br />

de la violence et du harcèlement sur<br />

le lieu de travail. Parviendrons-nous à garantir<br />

une meilleure protection de la santé physique et<br />

psychique des travailleurs-euses atypiques ?<br />

La santé et la sécurité au travail doivent être<br />

une priorité nationale qu’il convient de promouvoir<br />

de concert avec tous, à commencer par les<br />

politiques.<br />

La santé au travail<br />

pour une société forte<br />

Marina Carobbio (56 ans) est conseillère<br />

aux Etats (PS/TI) depuis 2019. Auparavant,<br />

elle était conseillère nationale<br />

pendant douze ans. En 2018 et 2019,<br />

elle a été présidente du Conseil national.<br />

Elle est membre de la Commission de la<br />

sécurité sociale et de la santé publique,<br />

de la Commission de la science, de<br />

l’éducation et de la culture, de la Commission<br />

des finances et de la Délégation<br />

suisse au Conseil de l’Europe. Enfin,<br />

elle est présidente ou membre active<br />

de nombreuses associations dans les<br />

domaines de la santé, du social et de<br />

la coopération au développement.<br />

Voir www.marinacarobbio.ch<br />

7


Dossier<br />

10 L’éternelle bataille pour un lieu de travail sûr et sain<br />

12 Ce qui a changé depuis la pandémie<br />

13 Freelances et travail de plateforme, la loi n’est pas prête<br />

14 Un exemple concret : les travailleurs-euses de Cablex


9<br />

La santé<br />

d’abord


10 Dossier<br />

La parabole de l’éléphant<br />

On a longtemps cru avoir gagné la bataille<br />

pour la santé au travail. Erreur : elle vient de<br />

commencer.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

En novembre, lorsque les meilleures équipes du monde se<br />

retrouveront pour la Coupe du monde de football au Qatar,<br />

les footballeurs millionnaires joueront sur des cimetières.<br />

Car plus de 6500 travailleurs migrants venus d’Inde,<br />

du Pakistan, du Népal, de Bangladesh et du Sri Lanka sont<br />

décédés dans le riche petit émirat arabe du Golfe depuis<br />

que la FIFA lui a confié l’organisation de la Coupe du<br />

monde de football. La plupart d’entre eux travaillaient à la<br />

construction des sept nouveaux stades et des infrastructures<br />

gigantesques de la Coupe du monde. C’est ce qu’ont<br />

révélé les recherches du quotidien britannique The Guardian<br />

.<br />

Les causes des décès ont généralement été dissimulées<br />

comme étant « naturelles ». Beaucoup ont succombé<br />

à la chaleur, d’autres sont morts d’épuisement, de chutes<br />

accidentelles, de décharges électriques ou suite à l’explosion<br />

d’appareils de soudage, certains ont été écrasés par<br />

des charges, des machines et des échafaudages qui se sont<br />

effondrés. Sur beaucoup de chantiers, il n’y avait même<br />

pas de casques. Là où aucun syndicat ne veille à la sécurité<br />

des rapports de travail, le travail sur les chantiers tue. Désespérés<br />

par leurs conditions de travail esclavagistes, un<br />

nombre inconnu de travailleurs se sont suicidés.<br />

La mortalité massive occultée pour cet événement à<br />

paillettes rappelle ce que l’on a volontiers refoulé dans les<br />

Etats européens dotés d’une protection au travail bien développée,<br />

du moins jusqu’à l’épidémie du coronavirus : au<br />

travail, la mort ou la maladie nous guette souvent.<br />

La lutte pour la sécurité et la santé a été à l’origine du<br />

mouvement syndical, et les caisses solidaires des travailleurs<br />

contre les accidents ont été les pionnières de toutes<br />

les assurances sociales. Regagner son domicile en bonne<br />

santé après le travail tient de la gageure et est d’une actualité<br />

brûlante, comme le montre le rapport d’expérience de<br />

la secrétaire de <strong>syndicom</strong> Valentina Smajli (page 14). La<br />

sécurité au travail est un droit fondamental garanti à<br />

l’échelle mondiale depuis le dernier congrès de l’Organisation<br />

internationale du travail (OIT). Pourtant, au moment<br />

où nous produisons ce <strong>magazine</strong>, des milliers de travailleurs<br />

de la construction en Suisse vivent l’enfer de la<br />

canicule et de l’ozone – et cela tout en endurant des journées<br />

de travail extrêmement longues. Le syndicat Unia<br />

exige l’arrêt des travaux dès 35 degrés, mais les entreprises<br />

se braquent, la rentabilité prime. Or les chiffres de<br />

l’assurance-accidents suisse SUVA sont clairs : à partir de<br />

30 degrés, les accidents augmentent de 7 % dans le secteur<br />

de la construction et dans les transports publics. Cela représente<br />

des centaines de victimes qui pourraient être<br />

évitées, sans compter les autres conséquences comme le<br />

cancer de la peau. C’est un sujet explosif, car avec le réchauffement<br />

climatique, les situations météorologiques<br />

extrêmes deviennent la norme. Les travailleurs viennent<br />

de faire pression sur les entreprises à travers une manifestation<br />

d’envergure pour inscrire de meilleures réglementations<br />

sur la chaleur et les intempéries dans la CCT de la<br />

construction (CN).<br />

La chaleur n’est qu’un risque parmi tant d’autres. Les<br />

poisons, les produits chimiques dangereux, les nanoparticules,<br />

la poussière, les charges lourdes, le bruit, les machines<br />

mal utilisées font des ravages. Mais aussi le stress,<br />

les horaires de travail à rallonge, le travail en trois-huits et<br />

de nuit. Et les virus. Et la circulation. Pour 2019, l’Office<br />

fédéral des statistiques fait état de 280 000 accidents du<br />

travail. Sont particulièrement exposés, après les travailleurs<br />

du bâtiment, ceux de l’industrie, les conducteurs et<br />

coursières, les mécaniciennes et mécaniciens. Mais il<br />

n’existe guère de métiers sans risques importants pour la<br />

santé.<br />

De plus, la SUVA recense environ 3500 cas de maladies<br />

professionnelles. Ce chiffre est trompeur. Certains dommages<br />

à la santé subis au travail ne sont pas pris en considération.<br />

En partie parce qu’ils ne comptent pas officiellement<br />

comme maladies professionnelles. En partie<br />

parce qu’ils sont acceptés comme étant inévitables. Par<br />

exemple les maux de tête des ouvrières de l’horlogerie, qui<br />

les poussaient à tartiner leurs sandwichs d’analgésiques<br />

le matin (« sandwich Saridon »). L’arthrose dont souffrent<br />

à la fois le personnel soignant et certains paysans. Ou les<br />

conséquences du stress et les troubles du sommeil des<br />

conductrices et conducteurs de bus (comme le démontre<br />

une étude commune menée par trois syndicats, page 17).<br />

Et bien d’autres troubles psychosomatiques, jusqu’aux<br />

dépressions et burn-out.<br />

Une lutte sans merci est actuellement engagée entre<br />

les syndicats, les lobbies d’employeurs et les assurances<br />

pour la reconnaissance du burn-out. Il y a beaucoup en<br />

jeu : les absences dues à des problèmes psychiques ont<br />

plus que doublé depuis 2010. Or ce n’est que lorsque certains<br />

dommages à la santé sont reconnus officiellement<br />

comme maladies professionnelles que les syndicats<br />

peuvent inscrire une prévoyance efficace dans les conventions<br />

collectives de travail et si nécessaire dans la loi. Mais<br />

les employeurs et les assurances tentent souvent d’empêcher<br />

cette reconnaissance – car alors des indemnités, des<br />

prestations d’assurance et des investissements d’exploitation<br />

(comme des augmentations de personnel) sont exigibles.<br />

Rentrer chez<br />

soi du travail<br />

en bonne<br />

santé est un<br />

droit fondamental.


Une infection au COVID­19 sur le lieu de travail comptet­elle<br />

comme maladie professionnelle ? Un très grand<br />

nombre de personnes ont été infectées par le virus au travail.<br />

Mais la pratique de la SUVA et des assurances montre<br />

qu’une contamination au travail ne suffit pas. D’autres<br />

critères doivent être remplis. Ainsi, le risque de contracter<br />

le virus au travail doit être beaucoup plus élevé que dans<br />

la vie de tous les jours. Ce qui est difficile à prouver au cas<br />

par cas, par exemple pour les postières ou les coursiers.<br />

Les assurances et les employeurs préfèrent recourir à la<br />

parabole de l’éléphant : un politicien voit un homme au<br />

sol, un éléphant juché sur son torse. L’homme dit : « Aidezmoi,<br />

s’il vous plaît, je ne peux presque plus respirer. Dites<br />

à l’éléphant de descendre. » Et le politicien répond : « Je ne<br />

suis pas certain que l’éléphant soit le problème. Peut­être<br />

que vous fumez trop. L’éléphant n’est sans doute qu’un<br />

prétexte pour obtenir une prestation sociale. »<br />

Les patrons ont même allégué le tabagisme pour tenter<br />

d’expliquer le cancer de l’amiante, alors qu’ils avaient<br />

minimisé son rôle dans la pneumoconiose pendant des<br />

décennies. L’amiante est une énorme catastrophe industrielle.<br />

Cela fait 100 ans que l’on connaît la maladie pulmonaire<br />

de l’asbestose. Mais cette substance est bon marché<br />

et a des propriétés utiles. Depuis 1962, on sait que ses<br />

fibres provoquent également un cancer particulièrement<br />

mortel. Des dizaines de milliers de personnes y ont succombé.<br />

Mais les barons de l’amiante (industrie du ciment)<br />

ont bloqué son interdiction jusqu’en 1990. Ils ont<br />

dissimulé, dupé et n’ont admis que ce qui était déjà prouvé.<br />

L’interdiction de l’UE a suivi en 2005. Aujourd’hui,<br />

l’amiante tue près de 170 personnes uniquement en<br />

Suisse. Dans le monde entier, des centaines de milliers de<br />

personnes en sont victimes. Car sa production n’a pas été<br />

stoppée, mais simplement délocalisée dans des pays plus<br />

pauvres dotés de lois laxistes sur le travail et sur la protection<br />

de l’environnement (et où les syndicats sont faibles).<br />

Le capital a procédé de la même manière avec de nombreuses<br />

productions sensibles. Suite à la mondialisation<br />

néolibérale, les pays industrialisés d’Asie et d’Amérique<br />

latine, principalement, sont aujourd’hui confrontés à<br />

Des horaires de travail<br />

à rallonge sont mortels<br />

pour la santé et<br />

fatals pour la société.<br />

d’immenses problèmes de santé et à des catastrophes écologiques.<br />

L’Afrique, quant à elle, devient le dépotoir du<br />

monde. Des défis immenses pour les syndicats internationaux<br />

et l’OIT. Dans 113 pays sur 148 examinés chaque année<br />

par la Confédération syndicale internationale (CSI),<br />

les travailleurs sont exclus de toute protection syndicale,<br />

87 % des pays ont enfreint le droit fondamental à la grève.<br />

Pourtant, l’appétit du capital est inassouvi. Il s’attaque<br />

maintenant à la protection des travailleurs, gagnée de<br />

haute lutte, dans les pays riches. Son levier est la numérisation<br />

et le travail de plateforme. En Suisse aussi, la part<br />

d’employé­e­s « atypiques » augmente rapidement (les<br />

problème de l’indépendance fictive. La médecine du travail<br />

met déjà en garde contre de véritables épidémies de<br />

diabète, de maladies cardiovasculaires et de cancers si<br />

l’intention des parlementaires de droite visant à décloisonner<br />

le travail devait avoir du succès. Ils veulent autoriser<br />

jusqu’à 67 heures de travail par semaine, et durant 50<br />

à 60 jours par année 10 heures de travail par jour. Ainsi, le<br />

risque d’infarctus du myocarde et d’AVC augmenterait de<br />

moitié, l’espérance de vie diminuerait fortement. Après<br />

deux ans de télétravail, nous le savons : le décloisonnement<br />

du temps de travail, le stress numérique et la disponibilité<br />

24h sur 24 sont mortels pour la santé et fatals pour<br />

la société.<br />

La lutte pour la santé au travail vient de commencer.


12 Dossier<br />

Le travail après le COVID-19,<br />

quels changements ?<br />

Une étude de l’Organisation internationale du<br />

travail fait la lumière sur la protection de la<br />

santé au travail après la période de pandémie.<br />

Texte : Federico Franchini<br />

La pandémie a été une période très difficile pour nous<br />

toutes et tous. Mais comme lors des crises précédentes,<br />

elle peut aussi être une source d’enseignement. Prenons<br />

par exemple le thème de la santé et de la sécurité au travail<br />

: la pandémie de COVID­19 permet de mieux comprendre<br />

comment prévenir à l’avenir la propagation de<br />

nouveaux virus ou maladies au travail. L’Organisation internationale<br />

du travail (OIT) a par exemple adopté récemment<br />

des directives techniques sur les risques biologiques.<br />

Car diverses lacunes normatives se sont fait jour<br />

avec le COVID­19. D’où la nécessité de commencer à développer<br />

des directives techniques dans ce domaine.<br />

A Genève, les spécialistes de l’OIT ont analysé ces dernières<br />

années, dans le cadre de diverses études, ce qui<br />

s’est passé pendant la pandémie et quelles leçons en tirer.<br />

Un premier aspect de ces analyses concerne la collaboration<br />

entre employé­e­s, employeurs et gouvernements.<br />

Comme l’explique Dafne Papandrea, auteure d’un nouveau<br />

rapport de l’OIT portant sur ce thème, « la collaboration<br />

entre les acteurs du monde du travail est essentielle<br />

pour garantir l’acceptation des mesures décidées et leur<br />

soutien par le personnel et les employeurs. Elles ont ainsi<br />

de meilleures chances d’être effectivement appliquées. »<br />

Pour le chercheuse scientifique, la crise a montré comment<br />

« des mesures imposées du haut vers le bas sont<br />

moins efficaces qu’un processus participatif ».<br />

Dans de nombreux pays, cette collaboration a contribué<br />

à l’adoption de dispositions législatives qui couvrent<br />

divers aspects. Elles incluent des mesures pour prévenir et<br />

combattre la propagation du COVID­19 au travail ainsi<br />

que des conventions sur le télétravail. Le travail à domicile<br />

est un nouvel aspect particulièrement intéressant : du<br />

jour au lendemain, beaucoup d’entre nous se sont retrouvés<br />

à travailler à domicile, tout en devant gérer le quotidien<br />

familial. « Au niveau international, il existe une<br />

obligation de protéger les employé­e­s au travail ou de garantir<br />

un lieu de travail salubre et sûr », explique Dafne<br />

Papandrea. « Mais le domicile est­il un lieu de travail ? En<br />

tant que spécialistes de l’OIT, en plus d’observer l’impact<br />

du télétravail sur la santé, la sécurité et le bien­être, nous<br />

avons également fourni des directives pratiques pour protéger<br />

et promouvoir la santé physique et mentale de celles<br />

et ceux qui travaillent à domicile. »<br />

La protection sociale, ou plutôt son importance,<br />

constitue un autre aspect important. Comme le souligne<br />

Dafne Papandrea, quiconque a travaillé pendant le CO­<br />

VID­19 dans l’économie informelle ou par l’intermédiaire<br />

de plateformes s’est retrouvé en mauvaise posture : « Les<br />

personnes malades qui étaient actives dans ce type d’économie<br />

souterraine n’ont pas pu cesser de travailler. Sans<br />

protection sociale, elles n’auraient rien gagné. Cette situation<br />

a contribué à la propagation du virus. Elle a mis en<br />

danger les travailleuses et travailleurs eux­mêmes, et la société<br />

dans son ensemble. Le pandémie a donc démontré<br />

l’importance de la protection sociale et la nécessité de son<br />

élargissement aux travailleuses et travailleurs de plateformes.<br />

»<br />

Le processus visant à fournir de meilleures garanties<br />

en matière de santé et de sécurité au travail a entre­temps<br />

avancé à l’échelle internationale. Récemment, la Conférence<br />

internationale du travail a inclus le droit à des conditions<br />

de travail sûres et salubres dans les principes et<br />

droits fondamentaux de l’Organisation internationale du<br />

travail. Cette décision « historique » signifie que tous les<br />

pays membres de l’OIT s’engagent à respecter et à promouvoir<br />

le droit fondamental à des conditions de travail<br />

sûres et salubres, indépendamment du fait qu’ils aient ou<br />

non ratifié les conventions ad hoc.


Dossier<br />

Une autonomie à découvert<br />

13<br />

Protéger la santé des indépendant-e-s et des<br />

travailleurs-euses de plateforme est un défi<br />

actuel majeur. Et surtout urgent.<br />

Texte : Mattia Lento<br />

En 1956, le jeune psychanalyste Herbert J. Freudenberger,<br />

un Allemand juif rescapé du nazisme, ouvre son propre cabinet<br />

à New York. Tout heureux, il commence à travailler<br />

sans pause – de huit heures du matin à six heures du soir.<br />

En soirée, il s’engage comme bénévole et aide des jeunes<br />

à sortir de leur addiction à la drogue. Freudenberger, qui<br />

est aussi marié et père de trois fils, déploie de toute évidence<br />

des trésors d’énergie et développe une grande passion<br />

pour son travail. Mais quelque chose se brise en lui<br />

après quelques années. Il se sent de plus en plus souvent<br />

épuisé, exténué, fatigué, résigné, voire déséquilibré. Peu à<br />

peu, il tombe dans un état d’épuisement total – tant physique<br />

que psychique. Il commence à en parler à des collègues<br />

et se met à écrire des articles. Pour tenter de décrire<br />

son état, il emploie pour la première fois en 1974 le terme<br />

de burn­out, auparavant utilisé dans le sport, et qui deviendra<br />

très populaire dans la psychologie et la médecine<br />

du travail.<br />

Freudenberger n’était pas seulement un fin observateur<br />

et un scientifique talentueux, mais aussi un travailleur<br />

indépendant. Hautement qualifié, bien situé professionnellement<br />

et probablement sans grands soucis<br />

d’argent, il n’en est pas moins demeuré un travailleur indépendant<br />

qui, pour une raison ou une autre, n’a plus<br />

réussi à équilibrer la charge de travail à accomplir et<br />

l’énergie disponible. Aujourd’hui, nous savons que le travail<br />

indépendant a explosé. Il est devenu un produit du<br />

système postcapitaliste, comme l’a écrit à plusieurs reprises<br />

l’économiste et philosophe Christian Marazzi.<br />

Travailler en freelance, c’est s’exposer au risque de<br />

tomber malade à cause d’un système économique et social<br />

instable qui offre peu de protection. L’activité de freelance<br />

ne relève pas toujours d’un choix et est souvent aussi<br />

synonyme de précarité. Comme l’ont démontré<br />

Francesco Giudici et Davide Morselli dans une étude récente<br />

basée sur les données des 20 dernières années du<br />

Panel suisse des ménages, la précarité est fortement corrélée<br />

au malaise psychique, avant tout à la dépression.<br />

Une maladie qui va souvent de pair avec le burn­out. La<br />

situation n’est pas plus rose pour les travailleuses et travailleurs<br />

de la gig economy, qui ne sont certes pas indépendants,<br />

mais traités comme tels. Cette catégorie professionnelle<br />

est non seulement fortement précarisée, mais<br />

aussi très souvent en situation d’isolement social et exposée<br />

à la surveillance des algorithmes. Elle souffre souvent<br />

d’un manque d’identité professionnelle et d’une absence<br />

de perspectives de carrière. Cela la prédestine à la dépression,<br />

la rend vulnérable aux troubles d’anxiété et du sommeil,<br />

et surtout au burn­out. Ce n’est probablement que<br />

dans quelques années que nous pourrons quantifier<br />

l’ampleur des dommages liés au travail de plateforme.<br />

La législation suisse du travail n’est pas préparée à ces<br />

nouveaux défis. Tout d’abord, relevons que le burn­out<br />

n’est pas encore diagnostiqué comme maladie. Mais il est<br />

défini comme un phénomène professionnel, dont les<br />

causes peuvent toutefois être multiples. C’est pourquoi,<br />

contrairement à d’autres pays européens, il ne compte pas<br />

comme une maladie professionnelle en Suisse. Anja Zyska<br />

Cherix, médecin­cheffe de la division médecine du travail<br />

de la SUVA, explique que « les maladies psychiques (par<br />

exemple, la dépression) ne peuvent être assimilées en<br />

Suisse à des maladies professionnelles que si le travail en<br />

est clairement la cause principale ».<br />

Considérer le burn­out comme une maladie modifierait<br />

la manière dont les assurances maladie traitent la<br />

chose. La question des assurances en général est un autre<br />

sujet brûlant pour le travail de plateforme et indépendant.<br />

Les travailleuses et travailleurs de plateformes doivent enfin<br />

bénéficier d’un statut d’employé­e, comme le Tribunal<br />

fédéral l’a clairement indiqué dans le cas des chauffeuses<br />

et chauffeurs d’Uber. En ce qui concerne les indépendant­e­s,<br />

il est important qu’elles et ils s’assurent contre<br />

les pertes de revenus temporaires dues à une maladie ou<br />

un accident. Une protection coûteuse que tout le monde<br />

ne peut malheureusement pas se permettre.


14<br />

Dossier<br />

La santé n’est pas tout, mais<br />

sans la santé tout n’est rien<br />

Comment un partenariat social fort entre le<br />

syndicat et les entreprises peut protéger la<br />

santé du personnel. L’exemple de cablex.<br />

Texte : Valentina Smajli, secrétaire syndicale<br />

La gestion de la santé en entreprise devrait aller de soi<br />

pour chaque entreprise – car elle paie doublement. Du<br />

point de vue économique, les avantages sont évidents : les<br />

absences pour cause de maladie sont coûteuses ! 3 % des<br />

coûts salariaux (règle générale) sont directement consacrés<br />

aux absences pour cause de maladie et d’accident.<br />

Mais ce n’est pas tout : en cas d’absences, l’employeur doit<br />

répartir le travail sur le personnel restant, ce qui augmente<br />

le risque de surcharge et de maladies ou d’accidents<br />

liés au stress. Un cercle vicieux !<br />

Les investissements dans une prévention judicieuse<br />

ne sont pas seulement positifs pour les salarié­e­s. Ils ménagent<br />

aussi les ressources humaines et financières limitées<br />

et augmentent la réputation et l’attractivité de l’entreprise.<br />

C’est pourquoi la gestion de la santé en entreprise<br />

devrait être une évidence aussi pour les employeurs –<br />

même si ce n’est pas encore partout le cas. Je m’engage en<br />

ce sens !<br />

Des visites de chantiers au travail de diplôme<br />

Dans le cadre de mes visites sur les chantiers de cablex, j’ai<br />

constaté à quel point le travail de tirage de câbles est pénible<br />

et usant pour le corps et la santé. Sur place, j’ai appris<br />

qu’il provoque des absences pour cause de maladie<br />

ou d’accident supérieures à la moyenne. En tant que représentante<br />

du personnel et en raison de mes origines ouvrières,<br />

cette situation m’a interpellée et m’a incitée à y<br />

consacrer mon travail de diplôme. Il poursuivait l’objectif<br />

de contribuer à l’amélioration de l’état de santé des collègues<br />

du génie civil et du tirage de câbles.<br />

Car la santé des travailleuses et travailleurs est une revendication<br />

centrale du syndicat ! Il est donc dans l’intérêt<br />

des partenaires sociaux de reconnaître les risques pour la<br />

santé et de les réduire en conséquence.<br />

Selon la loi sur le travail (LTr), l’employeur est tenu de<br />

protéger la santé de ses employé­e­s. Et le syndicat a le devoir<br />

de vérifier le respect de la LTr et d’intervenir au besoin.<br />

La question de savoir comment réduire les absences<br />

dues aux maladies et accidents pour le personnel de génie<br />

civil et de tirage de câbles est donc fondamentale tant<br />

pour l’entreprise cablex elle­même que pour le syndicat.<br />

L’objectif de mon travail de diplôme consistait à établir<br />

un catalogue d’idées pour des mesures visant à améliorer<br />

la situation sanitaire du personnel de tirage de<br />

câbles. Au moyen d’interviews, de sondages et d’analyses,<br />

j’ai étudié et recueilli les préoccupations du personnel au<br />

sujet de sa santé.<br />

« Les résultats de mon travail<br />

de diplôme figurent désormais<br />

dans la CCT cablex. » Valentina Smajli<br />

Petit travail, grand résultat<br />

Le traitement des données relatives à la santé, à la maladie<br />

et aux accidents est délicat pour les entreprises, lié à des<br />

risques de protection des données et d’atteinte à l’image.<br />

Ce travail de diplôme a donc inévitablement donné lieu à<br />

des discussions de clarification bienvenues, tant au sein<br />

de cablex que du syndicat. Ce n’est que grâce à la confiance<br />

déjà établie et à la disposition à coopérer des parties prenantes<br />

que je suis parvenue à établir le catalogue d’idées<br />

et, sur cette base, un programme de champs d’action en<br />

dix points pour cablex.<br />

J’ai pu le présenter aux décideurs et leur faire part des<br />

attentes qui en découlent pour une gestion de la santé en<br />

entreprise (GSE) efficace et complète : une combinaison<br />

de mesures comportementales et relationnelles.<br />

Pour une entreprise sociale et tournée vers l’avenir<br />

comme cablex, les avantages d’une GSE systématique en<br />

termes de santé et d’économie sont évidents. Les thèmes<br />

de la santé psychique et du stress vont gagner en importance<br />

et devraient être abordés de manière ciblée.<br />

Photos<br />

Pour aborder la thématique de la santé, la photographe et<br />

artiste Cécile Monnier a choisi l’image symbolique d’un<br />

bouquet de fleurs qui se déchire, s’altère, s’use et se fatigue,<br />

comme un-e travailleur-euse dont l’état de forme se dégrade.<br />

Photographe indépendante depuis 2016, Cécile Monnier<br />

enseigne à l’Eracom à Lausanne et à la HEAD à Genève. Elle a<br />

exposé ses œuvres dans plusieurs expositions collectives,<br />

à Arles, Vevey, Bâle et Zurich. En 2020, elle a remporté le prix<br />

VFG et l’année dernière, le Prix Enquête Photographique<br />

Fribourgeoise. Elle est membre du comité de Standard/<br />

Deluxe, un espace d’art indépendant à Lausanne, depuis<br />

2019.<br />

Pour découvrir ses travaux, rendez-vous sur le site internet<br />

cecilemonnier.com.


La santé et sécurité au travail<br />

en chiffres, ici et ailleurs<br />

La sécurité et la santé au travail sont des composantes essentielles du travail décent.<br />

Les conditions physiques et les exigences mentales du lieu de travail déterminent<br />

dans une large mesure les conditions des travailleurs-euses. Les accidents<br />

du travail ont un coût humain, social et économique important, que nous devrions<br />

nous efforcer d’éliminer en veillant à ce que tous les lieux de travail soient sûrs.<br />

Garantir la santé et sécurité au travail en Europe ?<br />

Le chemin est encore long<br />

88 %<br />

620 milliards<br />

Une grande partie des travailleurs-euses de l’UE connaissent des problèmes<br />

de stress au travail. En Suisse notamment (voir ci-dessous).<br />

La somme que l’économie européenne perd par an<br />

rien qu’en raison de la dépression liée au travail.<br />

L’épuisement des travailleurs et<br />

travailleuses suisses grimpe<br />

Pourcentage de personnes actives par degré<br />

d’épuisement et année d’enquête.<br />

24,0 %<br />

25,4 %<br />

28,7 %<br />

60 %<br />

Pas moins de 60 % de l’ensemble des journées de<br />

travail perdues peuvent être attribuées au stress et<br />

aux risques psychosociaux liés au travail.<br />

2014<br />

2016<br />

2020<br />

Passablement ou trés épuisées<br />

Source : EndStress.EU<br />

Source : Promotion Santé Suisse<br />

La discrimination en entreprise<br />

est monnaie courante<br />

Selon la dernière étude de l’OFS, plus d’une<br />

femme sur cinq est victime de discrimination ou<br />

violence au travail.<br />

21,1 %<br />

des femmes sont<br />

victimes de<br />

discrimination ou<br />

violence au travail.<br />

17,5 pour les<br />

hommes.<br />

Le stress touche des millions d’employé-e-s en Suisse<br />

Depuis 2014, Promotion Santé Suisse analyse régulièrement des indicateurs sur le stress<br />

lié au travail et sur ses liens avec la santé et la productivité des personnes actives en<br />

Suisse. Les résultats de la dernière enquête, en 2020, sont alarmants.<br />

Zone favorable:<br />

ces personnes ont plus de ressources que<br />

de contraintes.<br />

Zone sensible:<br />

ces personnes ont en moyenne à peu près<br />

autant de ressources que de contraintes.<br />

Zone critique:<br />

ces personnes doivent faire face à plus de<br />

contraintes que ne le leur permettent les<br />

ressources dont elles disposent.<br />

29,6 %<br />

45,5 %<br />

Total<br />

5,1 millions<br />

de personnes<br />

actives*<br />

24,9 %<br />

Source : OFS<br />

Source : Promotion Santé Suisse<br />

*Source: nombre de personnes actives OFS Q1/2020<br />

Les accidents de travail sont fréquents partout dans le monde<br />

3003<br />

7,5<br />

Mexique<br />

Accidents du<br />

travail pour<br />

100’000 travailleurs-euses<br />

en une<br />

année (selon les<br />

dernières données<br />

disponibles)<br />

non mortels<br />

mortels<br />

900<br />

5,3<br />

USA<br />

3142<br />

3,1<br />

Chili<br />

5200<br />

0,5<br />

Hollande<br />

3160<br />

Royaume-Uni<br />

2,6<br />

France<br />

760<br />

0,8<br />

1811<br />

1,0<br />

Allemagne<br />

10,7<br />

670<br />

Egypte<br />

1904<br />

1,3<br />

Suisse<br />

1,2 965<br />

Israël<br />

899<br />

1,6<br />

Australie<br />

208<br />

2,0<br />

Japon<br />

Plus de 300 millions<br />

de travailleurs-euses<br />

consulté-e-s dans<br />

142 pays ont déclaré<br />

qu’ils estimaient ne<br />

pas pouvoir signaler<br />

les problèmes de<br />

sécurité à leurs<br />

employeurs sans<br />

risquer d’être<br />

pénalisé-e-s<br />

Source : ILOSTAT


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Les inégalités après le COVID-19<br />

Selon une récente étude d’impact, la crise du COVID-19 a<br />

aggravé les inégalités entre les genres. Il est temps d’agir.<br />

Grâce aux mesures étatiques, les emplois<br />

ont pu être préservés, mais dans<br />

le même temps, les inégalités persistantes<br />

entre les genres se sont renforcées.<br />

C’est la conclusion d’une étude<br />

d’impact du Bureau BASS parue fin<br />

mai, qui, à la demande de la Commission<br />

fédérale pour les questions féminines,<br />

a analysé les effets de la crise du<br />

COVID-19 sur l’emploi et les revenus<br />

en fonction des genres.<br />

Les mesures telles que la fermeture<br />

des crèches et des écoles ou le<br />

télétravail obligatoire ont eu des<br />

conséquences similaires sur les<br />

femmes et les hommes, tout comme<br />

dans d’autres pays : elles ont renforcé<br />

le partage traditionnel du travail. En<br />

particulier durant la première période<br />

du confinement, les femmes ont non<br />

seulement assumé la majeure partie<br />

des tâches supplémentaires de prise<br />

en charge, mais aussi davantage réduit<br />

leur taux d’occupation que les<br />

hommes.<br />

Selon l’étude, la situation s’est particulièrement<br />

aggravée pour les ménages<br />

à bas revenus, qui ont dû faire<br />

face à des pertes de revenus. Ce phénomène<br />

a touché avant tout des femmes,<br />

des mères, des familles monoparentales<br />

et des femmes très peu qualifiées.<br />

Il en ressort que les femmes sont<br />

plus nombreuses à vivre dans des ménages<br />

pauvres. Lorsque le taux de<br />

chômage relatif aux deux genres a<br />

culminé en janvier 2021, la différence<br />

entre les genres était plus marquée.<br />

L’étude révèle également de<br />

grandes différences entre les divers<br />

groupes de femmes. Les perdantes de<br />

la crise ont avant tout été les femmes<br />

avec de bas revenus, un statut de séjour<br />

précaire, celles issues de la migration<br />

ou avec des taux d’occupation<br />

bas. D’une part dans le secteur de l’hôtellerie<br />

et de la restauration, probablement<br />

en raison des rapports de travail<br />

irréguliers et souvent payés à l’heure<br />

qui ont été les premiers à disparaître.<br />

D’autre part, le personnel des ménages<br />

privés a été totalement exclu des<br />

aides Covid. Ces personnes n’ont reçu<br />

aucun soutien, mais ont été simplement<br />

renvoyées à l’assurance-chômage.<br />

Par ailleurs, les indépendant-e-s<br />

n’atteignant pas un revenu minimum<br />

prédéfini ont été exclu-e-s des aides<br />

Covid. L’étude suggère qu’il s’agissait<br />

souvent de femmes qui géraient un<br />

salon de coiffure ou un institut de<br />

beauté à temps partiel.<br />

Faute de données, l’étude n’a pas<br />

pu examiner la répartition entre les<br />

genres des indemnités pour réduction<br />

de l’horaire de travail : on ignore donc<br />

combien d’argent ont reçu les femmes<br />

et combien en ont reçu les hommes.<br />

Cela complique également la prise de<br />

mesures ad hoc dans le futur.<br />

Parmi les principales conclusions<br />

et recommandations de la Commission<br />

pour les questions féminines figurent<br />

donc la collecte et l’analyse de<br />

données genrées, un meilleur soutien<br />

aux femmes en situation précaire, de<br />

meilleures possibilités de prise en<br />

charge des enfants à travers les crèches<br />

ou les écoles à horaire continu pour<br />

que les femmes puissent travailler à<br />

des taux plus élevés. Par ailleurs, une<br />

meilleure protection salariale et des<br />

conditions-cadres pour le télétravail<br />

sont essentielles. Autant de revendications<br />

que <strong>syndicom</strong> a déjà formulées à<br />

plusieurs reprises pour des conditions<br />

de travail équitables et l’égalité des<br />

droits.<br />

Patrizia Mordini<br />

Tous les détails<br />

de l’étude<br />

Les femmes, qui supportent la charge des soins, sont les perdantes de la crise du Covid-19, selon une étude du bureau BASS. (© Keystone-ATS)


« Les pressions financières du secteur des transports publics<br />

sont répercutées sur le personnel du bus. » Manuel Wyss<br />

17<br />

Santé alarmante sur les routes<br />

Pour la première fois, les trois principaux syndicats du service<br />

public collaborent pour analyser l’état de santé des conducteurs<br />

et condutrices de bus en Suisse.<br />

Stress dans la circulation routière, responsabilité<br />

de préserver des vies humaines,<br />

horaires de travail exigeants :<br />

les conductrices et les conducteurs de<br />

bus sont en permanence soumis à de<br />

fortes pressions. En 2010 et 2018, le<br />

syndicat SEV avait déjà réalisé deux<br />

enquêtes sur la santé des conductrices<br />

et conducteurs de bus. Cette année,<br />

les trois syndicats de l’USS en charge<br />

du secteur des transports publics – le<br />

SEV, <strong>syndicom</strong> et le SSP – collaborent<br />

Bonne planification, moins de<br />

stress<br />

<strong>syndicom</strong> se trouve sur la bonne<br />

voie chez CarPostal : la nouvelle<br />

CCT améliore la planification des<br />

affectations du personnel roulant.<br />

De concert avec les personnes de<br />

confiance et les commissions du<br />

personnel (CoPe), <strong>syndicom</strong> veille à<br />

une application concrète de la planification<br />

annuelle, en surveillant<br />

également la planification mensuelle<br />

et à court terme, ainsi que la<br />

nouvelle possibilité de bloquer des<br />

services ou des journées entières.<br />

L’importance des contrôles concernant<br />

l’application de la LDT et de la<br />

CCT ressort clairement de l’étude.<br />

Par ailleurs, le syndicat sera aussi attentif<br />

aux aspects ergonomiques.<br />

pour la première fois à une troisième<br />

étude approfondie dans la branche.<br />

Cette collaboration agrandit considérablement<br />

le cercle des personnes<br />

sondées. Au printemps 2022, 4000<br />

conductrices et conducteurs ont été<br />

contactés par écrit, plus de 900 ont<br />

participé au sondage, dont pas moins<br />

de 187 chez CarPostal.<br />

L’évaluation de l’étude par Unisanté,<br />

le centre universitaire de santé publique<br />

à Lausanne, constitue aussi<br />

une nouveauté. Les résultats sont alarmants<br />

: la moitié des personnes interrogées<br />

ressentent des douleurs persistantes<br />

aux épaules ou à la nuque (57 %),<br />

des douleurs dorsales (50 %) et une fatigue<br />

accrue (50 %). Plus d’un-e sondé-e<br />

sur trois souffre de troubles du<br />

sommeil (43 %), de stress (42 %), d’irritabilité<br />

(36 %) et de maux de tête (33 %).<br />

Certains troubles varient en fonction<br />

des années de service et on remarque<br />

des différences claires entre les<br />

femmes et les hommes.<br />

Dans la partie ergonomique du<br />

sondage, les participantes et participants<br />

ont été priés d’évaluer l’importance<br />

des différents éléments de leur<br />

environnement de travail. Le siège<br />

conducteur est clairement l’aspect le<br />

plus important. Suivent le réglage et<br />

l’agencement des éléments de commande<br />

ainsi que la climatisation.<br />

La santé des conducteurs-rices sous la loupe.<br />

(© Keystone-ATS)<br />

L’étude donne aussi un aperçu de<br />

la manière dont les conductrices et<br />

conducteurs ont vécu la crise du coronavirus.<br />

En 2021, plus de 40 % des personnes<br />

interrogées ont subi les effets<br />

de la pandémie sur leur travail et leur<br />

santé, car leur période de repos a été<br />

par exemple réduite ou parce qu’elles<br />

ont dû remplacer au pied levé des collègues.<br />

Selon elles, leur employeur a<br />

géré globalement la crise sanitaire de<br />

manière seulement « suffisante ».<br />

Ces importants problèmes de santé<br />

montrent que les pressions financières<br />

auxquelles est confronté le secteur<br />

des transports publics dans son<br />

ensemble sont répercutées sur le personnel.<br />

Dès lors, il est donc important<br />

qu’Unisanté projette de mener maintenant<br />

une étude de cohorte à long<br />

terme auprès des conductrices et<br />

conducteurs de bus avec le soutien des<br />

trois syndicats alliés.<br />

Manuel Wyss<br />

Toutes les informations<br />

sur l’étude<br />

Les négociations CCT<br />

approchent chez<br />

cablex<br />

Dos Santos Lima-Matteo Teresa,<br />

secrétaire centrale TIC<br />

<strong>syndicom</strong> a réalisé un sondage auprès<br />

du personnel de cablex sur les négociations<br />

CCT à venir. La CCT actuelle<br />

est valable jusqu’à fin 2022. Et les revendications<br />

centrales sont claires :<br />

plus de trajets payés, transparence salariale,<br />

plus de vacances et une augmentation<br />

du congé maternité et paternité.<br />

Une autre revendication concerne<br />

le développement de la retraite anticipée<br />

avec perception de la rente de<br />

vieillesse. Car beaucoup de travailleurs<br />

et travailleuses exercent un métier<br />

physique pénible et travaillent<br />

par tous les temps. On leur doit notre<br />

connexion Internet. Autrement dit, ils<br />

ou elles assurent que la transmission<br />

par le réseau du producteur à l’utilisateur<br />

final fonctionne parfaitement.<br />

Par ailleurs, ils ou elles entretiennent<br />

les réseaux de télécommunication, les<br />

lignes électriques et les systèmes de<br />

caténaires pour les transports publics.<br />

Une autre revendication du personnel<br />

de cablex concerne le développement<br />

des possibilités de formation<br />

et de perfectionnement pour toutes<br />

les catégories d’âge. Cette revendication<br />

devrait trouver une oreille attentive,<br />

car la branche de l’infrastructure<br />

de réseau souffre d’une grave pénurie<br />

de spécialistes.<br />

Lors d’une séance du comité d’entreprise<br />

et de la conférence d’entreprise<br />

subséquente du 27 juin dernier,<br />

les revendications ont à nouveau été<br />

discutées en détail et validées par l’assemblée.<br />

La prochaine étape consistera<br />

à remettre le catalogue des revendications<br />

à cablex. Les négociations<br />

devraient débuter à l’automne 2022.


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« C’est une avancée importante dans la régulation de la<br />

branche de la distribution. » David Roth<br />

L’autorité de régulation passe à<br />

côté de la réalité économique<br />

La Commission fédérale de La Poste met en consultation un<br />

salaire horaire minimal de 19 francs. Pour <strong>syndicom</strong>, cette proposition<br />

en deçà du salaire minimal en Suisse est inacceptable.<br />

La PostCom fixe les normes minimales de travail de la branche. (© Keystone-ATS)<br />

La Commission fédérale de la poste a<br />

pour tâche de fixer des standards minimaux<br />

pour les conditions de travail<br />

dans le domaine des services postaux.<br />

Ces standards minimaux doivent permettre<br />

d’éviter que la concurrence<br />

souhaitée dans le secteur des services<br />

postaux se joue au détriment des salaires<br />

et des conditions de travail. Afin<br />

de remplir ce mandat, la PostCom doit<br />

se tourner vers la réalité.<br />

Or l’autorité de régulation bafoue<br />

son mandat avec sa dernière proposition<br />

visant à fixer le salaire minimum<br />

à 19 francs par heure. Le salaire minimum<br />

le plus bas en Suisse sera appliqué<br />

à partir de 2023 dans le canton du<br />

Tessin – il est de 19.50 francs. La<br />

PostCom méconnaît cette réalité avec<br />

les 19 francs qu’elle propose. Les<br />

19 francs sont très éloignés des salaires<br />

effectifs versés dans le domaine<br />

de la distribution de colis et courrier.<br />

<strong>syndicom</strong> attend que d’importantes<br />

améliorations soient apportées au salaire<br />

minimum après la consultation.<br />

Il faut une segmentation<br />

Il est par ailleurs important de distinguer<br />

aussi entre les différents groupes<br />

professionnels. Les activités ressortant<br />

de la logistique de la distribution<br />

ne peuvent pas toutes être mises dans<br />

le même sac. C’est pourquoi les représentations<br />

des employeurs et des employé-e-s<br />

au sein du groupe d’experts<br />

s’étaient mises d’accord pour que les<br />

salaires minimaux soient segmentés<br />

par catégories professionnelles. Il est<br />

dès lors incompréhensible que l’autorité<br />

de régulation n’ait pas intégré ce<br />

consensus dans la révision de la loi.<br />

Il est évident qu’il faut maintenant<br />

des solutions en partenariat social. La<br />

branche de la distribution négocie actuellement<br />

une convention collective<br />

de travail, dans laquelle de telles questions<br />

doivent trouver une réponse.<br />

<strong>syndicom</strong> intégrera les attentes et les<br />

points de vue des employé-e-s dans le<br />

débat qui vient d’être lancé.<br />

<strong>syndicom</strong><br />

CCT Smood, un pas en<br />

avant pour la branche<br />

de la distribution<br />

David Roth, secrétaire central secteur Logistique<br />

Considérons d’abord les faits bruts : les<br />

firmes qui fournissent des services de<br />

livraison pour des tiers sont des entreprise<br />

de logistique. Pour autant qu’elles<br />

distribuent des lettres ou des colis,<br />

elles sont soumises à la loi sur la poste.<br />

La Poste suisse, propriété de l’Etat, ne<br />

fait pas exception, comme tous les<br />

autres services de livraison privés :<br />

selon la loi sur la poste, les colis ont<br />

une épaisseur de plus de 2 cm et pèsent<br />

jusqu’à 30 kg. Peu importe qu’ils<br />

contiennent des vêtements, des produits<br />

cosmétiques ou des denrées alimentaires.<br />

Que celles-ci soient cuites<br />

ou crues ne fait pas non plus de différence.<br />

La loi sur la poste s’applique<br />

aussi à la livraison de nourriture.<br />

Ce n’est pas important, car la livraison<br />

de nourriture constitue souvent<br />

le point de départ de la chaîne<br />

logistique. Les livraisons pour les restaurants<br />

génèrent un volume important,<br />

mais peu de marge. Viennent ensuite<br />

des livraisons plus spécialisées<br />

avec une marge plus élevée. Ainsi, la<br />

livraison de repas est de plus en plus<br />

concurrencée par les services postaux<br />

traditionnels.<br />

<strong>syndicom</strong> en a pris conscience très<br />

tôt et a donc ajouté dans la CCT des<br />

coursiers-ères à vélo une catégorie<br />

pour les livreuses et livreurs de repas.<br />

L’assujettissement à une CCT de <strong>syndicom</strong><br />

procure des avantages considérables<br />

au personnel coursier. Alors<br />

que les employées et employés de restaurants<br />

peuvent aussi être occupés<br />

pour quelques minutes seulement,<br />

toutes les CCT de <strong>syndicom</strong> prévoient<br />

une durée minimale d’affectation de<br />

deux à trois heures. Les salaires sont<br />

également plus élevés dans la plupart<br />

des cas.<br />

Depuis 2018, <strong>syndicom</strong> a en outre<br />

réclamé de meilleures conditions de<br />

travail chez Smood et a pu conclure<br />

une CCT en mai 2022. C’est une avancée<br />

importante dans la régulation de<br />

la branche de la distribution.


« <strong>syndicom</strong> encourage ses membres à s’affilier à ProLitteris<br />

et faire valoir leurs droits sur leurs productions.» Melina Schröter<br />

19<br />

Professionnel-le-s des médias :<br />

réclamez vos droits d’auteurs !<br />

La société de gestion ProLitteris reverse à ses membres<br />

les droits d’auteurs de leurs productions journalistiques.<br />

Encore faut-il les déclarer.<br />

Remise du prix ProLitteris à Ekaterina Glikman et Federico Franchini. (© ProLitteris - Philip Kübler)<br />

Pris dans le rythme trépidant de l’actualité,<br />

cela fait partie des choses que<br />

les professionnel-le-s des médias<br />

ignorent, oublient ou dont ils ratent la<br />

date butoir année après année. Mais<br />

chaque production journalistique,<br />

texte ou image, peut être déclarée à<br />

ProLitteris afin de pouvoir percevoir<br />

les droits d’auteur. Toute œuvre, imprimée<br />

ou numérique, peut être enregistrée,<br />

que son auteur-e soit salarié-e<br />

ou freelance. La source de cette redevance<br />

vient des tarifs négociés avec les<br />

associations d’utilisateurs-trices et<br />

approuvés par une commission fédérale<br />

d’arbitrage.<br />

Il existe tout de même une différence<br />

au niveau de l’enregistrement<br />

selon le format de la production journalistique.<br />

Les textes ou les images<br />

imprimés sont déclarés directement<br />

par leur auteur-e auprès de ProLitteris.<br />

Dans le cas de ce qui est publié en<br />

ligne, c’est l’éditeur qui doit communiquer<br />

à ProLitteris les chiffres de diffusion<br />

obtenus grâce à un système de<br />

comptage qui recense les productions<br />

journalistiques. Ensuite, les auteur-e-s<br />

perçoivent ce qui leur est dû. A condition<br />

évidemment d’être membre de<br />

ProLitteris, ce qui est gratuit. Il est<br />

donc essentiel pour les professionnel-le-s<br />

des médias qui travaillent<br />

pour un ou plusieurs médias en ligne<br />

de s’assurer que leur employeur a installé<br />

un logiciel de comptage et transmet<br />

les données.<br />

<strong>syndicom</strong> encourage vivement ses<br />

membres à s’affilier à ProLitteris et à<br />

faire valoir leurs droits sur leurs productions.<br />

Outre les droits d’auteurs,<br />

les membres de la société ont la possibilité<br />

en cas de maladie, d’accident ou<br />

de bouleversement dans le cadre professionnel<br />

de solliciter une aide d’urgence<br />

auprès de la fondation sociale.<br />

Enfin, chaque année, la société de<br />

gestion remet un prix récompensant<br />

une prestation exceptionnelle dans un<br />

de ses domaines d’activité. Cette année,<br />

c’est la journaliste russe établie<br />

en Suisse Ekaterina Glikman, rédactrice<br />

adjointe de Novaïa Gazeta Europe,<br />

qui a reçu le prix principal. Il lui<br />

revenait de désigner le gagnant du prix<br />

d’encouragement. <strong>syndicom</strong> est fier<br />

qu’elle ait choisi Federico Franchini,<br />

journaliste tessinois et membre du comité<br />

de branche presse.<br />

Melina Schröter<br />

Renseignez-vous plus en<br />

détail directement sur le site de<br />

ProLitteris.<br />

Plus de gratitude pour<br />

le personnel ATS<br />

Stephanie Vonarburg, responsable du Secteur<br />

Médias et vice-presidente<br />

A l’ATS, certaines choses se passent de<br />

nouveau mal. La direction de l’entreprise<br />

se permet des entorses au personnel.<br />

Le conflit a commencé autour<br />

du nouveau règlement du personnel :<br />

pas moins de 50 employé-e-s perdent<br />

en moyenne plus de cinq jours de vacances<br />

et de compensation, les délais<br />

de résiliation sont raccourcis pour les<br />

collègues les plus âgé-e-s, l’obligation<br />

d’annonce est durcie pour les activités<br />

accessoires et l’engagement bénévole.<br />

La commission du personnel et les<br />

collaborateurs-trices qui avaient critiqué<br />

les détériorations et la manière<br />

d’agir subissent des pressions. Les<br />

nouveaux contrats ont été imposés<br />

prétendument « à l’amiable », mais<br />

dans les faits sous la menace de<br />

congés. Le mécontentement bouillonne<br />

aussi pour d’autres raisons.<br />

Depuis des décennies, les salaires<br />

stagnent. Des ancien-ne-s membres<br />

du personnel de Keystone sont classé-e-s<br />

à un échelon salarial trop bas<br />

depuis la fusion il y a quatre ans. La<br />

communication interne est opaque et<br />

inquiète. <strong>syndicom</strong> soutient le personnel<br />

et sa commission du personnel<br />

dans la mise en œuvre de ses revendications<br />

: traitement sur un pied d’égalité,<br />

compensation du renchérissement<br />

et perspectives salariales. Les<br />

entreprises de médias qui méprisent<br />

leur personnel font fausse route.<br />

Keystone-ATS fournit une partie du<br />

service public médiatique, c’est pourquoi<br />

l’entreprise reçoit 4 millions de<br />

subventions fédérales. Cela oblige à<br />

une meilleure gestion de l’entreprise !


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Si nous étions plus uni-e-s, les éditeurs n’auraient pas le<br />

dessus, parce que là dehors il n’y aurait pas la file. » Marco Cagnotti<br />

Que vaut mon travail ?<br />

Un journaliste freelance dénonce les pratiques salariales en<br />

vigueur dans la branche des médias.<br />

L’absence de CCT détériore les conditions salariales dans les médias. (© Keystone-ATS)<br />

Un menuisier. Un restaurateur. Un architecte.<br />

Une journaliste freelance.<br />

Qu’ont-ils en commun ? Ils sont tous<br />

indépendants. Que n’ont-ils pas en<br />

commun ? La décision concernant la<br />

valeur de leur travail. Les trois premiers<br />

prennent eux-mêmes cette décision.<br />

Certains se conforment au tarif<br />

défini pour leur catégorie professionnelle.<br />

Mais il s’agit de celui de leur<br />

catégorie professionnelle. D’autres,<br />

en revanche, fixent eux-mêmes le prix<br />

de leurs produits ou de leurs services.<br />

La quatrième n’a pas voix au chapitre<br />

: le prix de l’article ou de la contribution<br />

radiophonique, c’est le client<br />

qui le fixe, à savoir l’éditeur. Comme si<br />

au restaurant, au moment de payer<br />

l’addition, vous décidez que les pâtes<br />

à la carbonara, le tiramisu et le vin ne<br />

valent que 11 francs. Et le restaurateur<br />

ne dirait rien : c’est votre prix, celui<br />

qu’il doit accepter. Cela vous semble<br />

absurde ? Ça l’est. Et pourtant, ça<br />

fonctionne ainsi dans le journalisme :<br />

c’est toujours l’éditeur qui décide<br />

combien est payé un collaborateur externe.<br />

Y a-t-il une marge de négociation<br />

? Non : c’est marche ou crève. Autrement<br />

dit : « Il y a la file dehors. Si ça<br />

ne vous convient pas, nous trouvons<br />

quelqu’un d’autre. » Alors si vous avez<br />

besoin d’un travail, vous faites bonne<br />

mine à mauvais jeu.<br />

J’ai travaillé pour le Corriere del Ticino<br />

de 1998 à 2012. Je m’occupais de<br />

la rubrique scientifique. Au début, je<br />

recevais 550 francs par page de travail<br />

rédactionnel. Puis le lectorat a diminué,<br />

la publicité a reculé et nos tarifs<br />

ont été revus à la baisse. Finalement,<br />

une page ne valait plus que 250 francs.<br />

Le travail, lui, n’avait pas changé, alors<br />

que le coût de la vie avait augmenté.<br />

Marche ou crève. Qui sait comment<br />

auraient réagi les collègues au bénéfice<br />

d’un contrat fixe en s’entendant<br />

dire : « Rien n’y fait. Dès le mois prochain,<br />

50 % de salaire en moins. »<br />

Mais nous sommes aussi coupables.<br />

Sans une CCT ni tarifs minimaux,<br />

nous acceptons ce qu’on nous<br />

propose. Si nous étions plus uni-e-s,<br />

les éditeurs n’auraient pas le dessus,<br />

parce que là dehors il n’y aurait pas la<br />

file. Pourtant, il y a toujours quelques<br />

jeunes gens disposés à travailler pour<br />

pas grand-chose pour se faire un nom.<br />

Mais pas moi. J’ai suffisamment<br />

d’expérience. Je sais que je suis bon<br />

dans mon travail. A mon âge, je n’ai<br />

plus envie de toujours devoir prendre<br />

n’importe quel mandat. Désormais, ça<br />

m’est égal. D’ailleurs, je sais que je<br />

suis privilégié : j’ai un autre travail<br />

pour vivre dignement.<br />

En ce qui concerne la valeur de<br />

mon travail, je décide désormais moimême<br />

: 180 francs de l’heure. C’est<br />

beaucoup ? Regardons les tarifs des<br />

avocat-e-s et des architectes et le prix<br />

d’une heure de travail intellectuel par<br />

un professionnel compétent et expérimenté.<br />

C’est pourquoi, lorsqu’un éditeur<br />

m’appelle, je le lui dis d’emblée :<br />

mon travail coûte tant. C’est en ordre ?<br />

Ok, Autrement, non, merci. Un autre<br />

fera l’affaire, il vous coûtera sûrement<br />

moins cher, mais le résultat sera peutêtre<br />

aussi moins bon. Tout comme les<br />

restaurants ordinaires coûtent moins<br />

cher que les restaurants étoilés. ABE.<br />

Marco Cagnotti<br />

Sécurité et santé :<br />

pas juste un vœu pieux<br />

Daniel Hügli, secrétaire central secteur TIC<br />

Lors de la Conférence internationale<br />

du travail en juin dernier à Genève, la<br />

Suisse a participé aux négociations<br />

sur l’inclusion des conditions de travail<br />

sûres et salubres dans le cadre<br />

des principes et droits fondamentaux<br />

de l’Organisation internationale du<br />

travail (OIT). A cette occasion, elle a<br />

présenté une résolution relative à ce<br />

thème, qui a été adoptée. Ainsi, une<br />

nouvelle catégorie de droits internationaux<br />

du travail est créée, en sus des<br />

droits actuels concernant la liberté<br />

d’association et les négociations collectives,<br />

ainsi que l’élimination du travail<br />

forcé, du travail des enfants et des<br />

discriminations. C’est positif, à condition<br />

que les représentants de la Confédération,<br />

des employeurs et des syndicats<br />

approuvent ces nouveaux droits.<br />

Il reste toutefois encore un long<br />

chemin jusqu’à leur mise en œuvre,<br />

comme le montrent les chiffres suivants<br />

: selon le dernier recensement<br />

de l’OIT, la Suisse compte 95 254 accidents<br />

du travail non mortels par année.<br />

Sur une proportion de 100 000 travailleurs-euses,<br />

notre pays se classe au<br />

12 e rang des nations avec le plus d’accidents<br />

au travail. La Suisse n’a pas ratifié<br />

la Convention OIT n° 155 sur la sécurité<br />

et la santé des travailleurs-euses<br />

de 1981 et n’a donc jusqu’à présent<br />

pas eu à rendre de comptes ni à la communauté<br />

internationale ni aux partenaires<br />

sociaux. Si le Conseil fédéral a<br />

vraiment l’intention de prendre des<br />

mesures efficaces, il est tenu de présenter<br />

sans délai les conventions correspondantes<br />

pour ratification.


« Le travail à domicile pendant la pandémie a aussi changé le<br />

regard porté sur le travail au bureau. » Miriam Berger<br />

21<br />

Google rappelle ses équipes en<br />

présentiel<br />

« Return to Office » post-pandémie ? Oui, mais une certaine<br />

flexibilité doit rester dans les mains des travailleurs et<br />

travailleuses.<br />

Les Zooglers (travailleurs-euses de Google à Zurich) retournent au bureau. (© Keystone-ATS)<br />

Début juin, Google a ramené son personnel<br />

dans ses murs. Pour les employé-e-s<br />

de Google à Zurich, cela a signifié<br />

de réintégrer leurs bureaux à<br />

l’Europaallee et à la Brandschenkestrasse.<br />

Le CEO de Google Sundar Pichai<br />

a laissé entendre que le Return to<br />

Office (RTO) est une bonne occasion<br />

pour repenser la manière dont nous<br />

travaillons. Un groupe de membres de<br />

<strong>syndicom</strong> chez Google a également réfléchi<br />

à la question et pris le prétexte<br />

du RTO pour sonder leurs collègues<br />

sur la nouvelle façon de travailler. Car<br />

Google choisit pour la nouvelle normalité<br />

un mélange hybride de jours de<br />

bureau fixes et de jours de travail à<br />

domicile facultatifs.<br />

La flexibilité du lieu de travail est<br />

LE sujet du nouveau monde du travail,<br />

avec ses risques et ses opportunités.<br />

D’une part, le personnel économise le<br />

trajet au travail et peut davantage flexibiliser<br />

son temps de travail. Pour le<br />

travail concentré et productif, le travail<br />

à domicile semble plus approprié.<br />

Il permet une plus grande latitude en<br />

matière d’horaires de travail et de<br />

temps de travail planifiables et aménageables,<br />

qui sont compatibles avec<br />

la vie privée. D’autre part, le travail<br />

mobile et numérique implique une<br />

intensification du travail et un décloisonnement<br />

progressif du temps de<br />

travail. Le personnel travaille à des<br />

horaires atypiques, fournit plus de travail<br />

non rémunéré, les réunions sont<br />

prévues sans pauses, et on exige du<br />

personnel d’être joignable en permanence.<br />

Une personne sur deux écourte<br />

ses pauses en télétravail, selon une<br />

étude de la Confédération allemande<br />

des syndicats. Cela a des conséquences<br />

fatales pour la santé du personnel,<br />

qui dispose de moins de temps<br />

pour récupérer ou qui peine à se déconnecter.<br />

Chez Google aussi, il y a des adeptes<br />

et des réfractaires du télétravail. Le<br />

travail à domicile pendant la pandémie<br />

a aussi changé le regard porté sur<br />

le travail au bureau. <strong>syndicom</strong> reste en<br />

contact avec son groupe d’associé-e-s<br />

chez Google et approfondit des thèmes<br />

comme le manque de flexibilité dans<br />

le choix du modèle de travail, la peur<br />

des infections (COVID-19), les surfaces<br />

de bureaux insuffisantes et le<br />

retour dans des bureaux bondés.<br />

L’important, et pas seulement pour<br />

Google : le personnel doit avoir son<br />

mot à dire concernant une possible<br />

augmentation de la flexibilité. Il est<br />

essentiel d’associer le personnel et les<br />

représentations du personnel à l’établissement<br />

et à la révision des règlements<br />

et des règles.<br />

Miriam Berger<br />

«Journée des indépendant-e-s<br />

» : vieillir<br />

comme freelance<br />

Chaque année, <strong>syndicom</strong> invite ses affilié-e-s<br />

indépendant-e-s de la branche<br />

Presse à une rencontre. Le 10 septembre<br />

prochain, nous discuterons<br />

des questions relatives à la prévoyance<br />

vieillesse. Pas simple lorsqu’on est<br />

freelance. Qu’en est-il des mandats ?<br />

De la caisse de pension et du 3e pilier ?<br />

Que se passe-t-il lorsqu’on se met à son<br />

compte après avoir travaillé 20 ans<br />

dans des rédactions ? Y a-t-il un avenir<br />

dans le journalisme indépendant ?<br />

Comment le syndicat peut-il aider ?<br />

Nous discuterons de ces questions<br />

d’actualité et d’autres. Sur un marché<br />

en rapide mutation, des opportunités<br />

intéressantes pourraient aussi se présenter<br />

dans notre pays doté d’une prévoyance<br />

vieillesse complexe. Klara<br />

Obermüller, grande dame du journalisme<br />

suisse, ouvrira la journée. A plus<br />

de 80 ans, elle publie encore et nous<br />

parlera des inconvénients et des avantages<br />

de cette activité indépendante.<br />

Suivront les échanges. Les expérimenté-e-s<br />

Bettina Büsser, Simon Koechlin,<br />

Martin Müller et Rolf Neeser donneront<br />

un aperçu de leur longue activité<br />

et de leur transition réussie vers l’indépendance<br />

et le marché concurrentiel<br />

des photographes de presse indépendants.<br />

L’événement est ouvert à toutes<br />

et tous. Les jeunes journalistes s’interrogent<br />

sur leur avenir dans la branche<br />

et sur la question du vieillissement<br />

dans la profession. Une bonne préparation<br />

de la vieillesse permet de la vivre<br />

comme un moment libérateur. La<br />

« Journée des indépendant-e-s » aura<br />

lieu le 10 septembre de 13h15 à 17h15<br />

à la Kulturhaus Helferei à Zurich ; elle<br />

sera suivie d’un apéro. La participation<br />

est gratuite pour les affilié-e-s de <strong>syndicom</strong>.<br />

Le programme et l’inscription<br />

sont ici : <strong>syndicom</strong>.ch/tdf22 (l’événement<br />

se déroule en allemand).<br />

Dominik Fitze


22 Politique<br />

Pourquoi nous devons<br />

stopper le projet « AVS 21 »<br />

La bataille historique pour une retraite avec une rente digne<br />

pour toutes et tous trouve son origine dans le mouvement syndical.<br />

Lors de la grève générale de 1918, l’AVS a été une revendication<br />

centrale, et depuis son introduction en 1947, elle a besoin<br />

de notre protection. Le projet de démantèlement « AVS 21 »<br />

doit être stoppé. Romi Hofer, responsable de la communication<br />

à <strong>syndicom</strong>, a rencontré Gabriela Medici, experte des rentes à<br />

l’USS, et Patrizia Mordini, responsable de l’égalité à <strong>syndicom</strong>,<br />

pour évoquer les conséquences néfastes du projet.<br />

Image : Katja Leudolph<br />

Pourquoi les syndicats doivent-ils<br />

unir leurs forces dans la campagne<br />

de votation contre la réforme des<br />

rentes « AVS 21 » ?<br />

Gabriela Medici : Ce projet va dans<br />

la mauvaise direction, il veut affaiblir<br />

l’AVS au lieu de la consolider.<br />

L’AVS est un acquis hautement solidaire<br />

et durable qu’il convient de<br />

préserver par tous les moyens. Avec<br />

la votation du 25 septembre, nous<br />

nous trouvons à la croisée des chemins.<br />

Si la réforme est acceptée,<br />

l’augmentation de l’âge de la retraite<br />

des femmes ne sera que le<br />

début. Le relèvement de l’âge de la<br />

retraite pour toutes et tous à 67 ans<br />

est déjà programmé. C’est un processus<br />

insidieux vers une privatisation<br />

et une désolidarisation de la<br />

prévoyance vieillesse.<br />

Patrizia Mordini : A propos des<br />

femmes : elles touchent déjà des<br />

rentes inférieures d’un tiers à celles<br />

des hommes. Or elles peuvent<br />

compter presque uniquement sur<br />

l’AVS. Cette lacune au niveau des<br />

rentes reflète la répartition inégale<br />

des opportunités de rémunération.<br />

Les femmes s’orientent souvent vers<br />

des professions pénibles et à la fois<br />

plus mal payées. De même, ce sont<br />

avant tout les femmes qui s’occupent<br />

des enfants et de proches<br />

malades. C’est pourquoi elles travaillent<br />

plus souvent à temps partiel,<br />

ce qui entraîne aussi des revenus<br />

plus bas. Un relèvement de l’âge<br />

de la retraite des femmes doit encore<br />

permettre de réaliser des économies<br />

sur leur dos. Les femmes<br />

devraient alors essuyer des pertes de<br />

rentes de 1200 francs par année,<br />

pour autant qu’elles travaillent<br />

jusqu’à 65 ans.<br />

Gabriela Medici : Absolument.<br />

Les femmes supportent ici la plus<br />

grande charge. Mais les couples<br />

sont tout autant concernés. Aujourd’hui,<br />

ils ont une rente AVS plafonnée.<br />

Avec la réforme AVS 21, ils<br />

subiront eux aussi une réduction.<br />

Sans oublier qu’avec l’AVS 21, la<br />

TVA sera encore relevée. Si l’on<br />

ajoute le choc des primes d’assurance<br />

maladie à l’automne et le renchérissement,<br />

les personnes et les<br />

familles à faibles revenus seront fortement<br />

mises sous pression, surtout<br />

si les salaires ne suivent pas.<br />

Qu’est-ce que cela signifie concrètement<br />

pour nos membres ?<br />

Patrizia Mordini : Un grand nombre<br />

de nos membres ont un travail physique<br />

astreignant. Dans leur cas,<br />

c’est déjà aujourd’hui un défi de travailler<br />

jusqu’à l’âge de la retraite<br />

sans problèmes de santé. Une retraite<br />

anticipée est pour beaucoup<br />

hors de question en raison du revenu.<br />

Un âge de départ à la retraite<br />

plus élevé serait fatal pour eux.<br />

Gabriela Medici : Le taux de chômage<br />

n’est nulle part aussi élevé<br />

que parmi les plus de 60 ans. En<br />

d’autres termes, lorsque la retraite<br />

anticipée n’entre pas en ligne de<br />

compte – un changement d’emploi<br />

n’est généralement pas une option<br />

pour ces personnes. Le deuxième<br />

pilier ne peut du reste pas combler<br />

cette lacune, et inutile de mentionner<br />

le troisième pilier. Seul 10 % de<br />

la population peut payer les cotisations<br />

maximales au pilier 3a.<br />

Patrizia Mordini : Le démantèlement<br />

projeté de l’AVS concerne également<br />

un grand nombre de nos<br />

membres indépendants. Pour eux<br />

aussi, le deuxième pilier ne fonctionne<br />

en général pas et une AVS<br />

stable est donc essentielle.<br />

Le problème ne réside donc pas<br />

dans l’AVS, mais dans le deuxième<br />

pilier...<br />

Gabriela Medici : Exactement, la<br />

grande lacune des rentes explose<br />

dans le 2 e pilier. Dans l’AVS, l’écart<br />

entre les femmes et les hommes est


« Si la réforme est acceptée, le relèvement de l’âge de la<br />

retraite pour toutes et tous à 67 ans est déjà programmé. »<br />

23<br />

de 3 %. Dans les caisses de pension,<br />

il est de 63 %. Le problème relatif à<br />

la lacune de prévoyance vieillesse<br />

des femmes doit toutefois aussi être<br />

pris en compte dans l’AVS, car près<br />

d’un tiers des femmes actives ne<br />

sont même pas affiliées à une caisse<br />

de pension. Et dans le 2 e pilier,<br />

beaucoup de temps s’écoule jusqu’à<br />

ce qu’une mesure mène à des rentes<br />

plus élevées. Un affaiblissement de<br />

l’AVS n’est tout simplement pas<br />

concevable dans ce contexte.<br />

La propagande pour « AVS 21 » affirme<br />

que l’AVS n’est pas un système<br />

stable et que son financement ne<br />

serait pas assuré.<br />

Patrizia Mordini : C’est tout simplement<br />

faux, et le camp bourgeois le<br />

rabâche depuis des années ! L’AVS<br />

est assurée pour les dix prochaines<br />

années et présente des chiffres<br />

noirs. Elle est solide et équitable.<br />

Gabriela Medici : L’histoire des faux<br />

pronostics sur l’AVS est presque<br />

aussi ancienne que l’AVS ellemême.<br />

Rien que l’année dernière,<br />

celle-ci a généré dans les faits un excédent<br />

de 2,5 milliards de francs.<br />

L’AVS est une tâche de l’Etat et est<br />

inscrite en tant que telle dans la<br />

Constitution. L’AVS ne peut pas<br />

faire faillite – rien que du point de<br />

vue juridique, ce n’est pas possible.<br />

La jeunesse d’aujourd’hui est-elle<br />

donc assurée de toucher une rente<br />

AVS ?<br />

Gabriela Medici : Oui ! Et pour les<br />

jeunes, une AVS forte est particulièrement<br />

importante. Car ils-elles<br />

paient beaucoup moins pour leur<br />

rente via l’AVS que s’ils devaient<br />

subvenir seuls à leur prévoyance<br />

vieillesse via leur troisième pilier.<br />

Pour une personne de 20 ans avec<br />

un revenu moyen, nous parlons ici<br />

d’une différence de presque un<br />

quart de million ! Pour les familles,<br />

l’avantage AVS est encore plus élevé<br />

avec pas moins de 400 000 francs.<br />

Vous voulez rompre une lance pour<br />

l’AVS…<br />

Gabriela Medici : En effet (elle rit).<br />

L’AVS est un projet d’avenir. Dans<br />

l’AVS, il n’y a pas de conflit générationnel.<br />

L’AVS est incroyablement<br />

solidaire. Cela signifie concrètement<br />

que 92 % de la population reçoit<br />

plus de l’AVS qu’elle ne cotise.<br />

Cela tient au fait que les cotisations<br />

ne sont pas plafonnées sur les bonus<br />

de plusieurs millions, qui représentent<br />

les 8 % restants. Un autre<br />

avantage de la répartition solidaire<br />

est que le travail non payé de care<br />

est reconnu dans l’AVS. Peu importe<br />

que ce soit l’homme ou la femme<br />

qui s’occupe des enfants, peu importe<br />

que l’on cotise étant jeune,<br />

âgé, un homme ou une femme.<br />

La solidité de l’AVS est uniquement<br />

due au fait que tout le monde – y<br />

compris les managers – participe à<br />

son financement. Raison pour laquelle<br />

l’objectif de l’AVS est si important<br />

et doit enfin être réalisé<br />

avec des rentes qui assurent à chacun-e<br />

le minimum vital.<br />

Pour terminer : quel argument de<br />

café du commerce ne pouvez-vous<br />

plus entendre ?<br />

Patrizia Mordini : L’argument selon<br />

lequel l’harmonisation de l’âge de la<br />

retraite relève de l’égalité des droits<br />

et que nous devrions donc la saluer.<br />

Cela m’agace particulièrement. L’argument<br />

de l’égalité de traitement<br />

est tout simplement cynique. Les<br />

femmes touchent toujours des salaires<br />

plus bas, un tiers de rente en<br />

moins et devraient maintenant encore<br />

financer l’AVS.<br />

Gabriela Medici : Ce qui me fâche<br />

vraiment, c’est que l’on discute de<br />

la prévoyance vieillesse en faisant<br />

complètement abstraction du montant<br />

de la rente. Or ce qui est déterminant<br />

pour le départ à la retraite,<br />

c’est aujourd’hui non pas l’âge fixé<br />

par la loi, mais le montant de la<br />

rente. Les personnes qui doivent<br />

travailler jusqu’à l’âge ordinaire de<br />

la retraite parce qu’elles ne peuvent<br />

pas se permettre une retraite anticipée<br />

ont une rente beaucoup plus<br />

basse que les personnes qui partent<br />

plus tôt à la retraite. Ainsi, les<br />

hommes qui doivent travailler<br />

jusqu’à 65 ans reçoivent aujourd’hui<br />

moins de 1800 francs de la caisse de<br />

pension. En revanche, les hommes<br />

qui peuvent prendre leur retraite à<br />

60 ans touchent plus du double, soit<br />

près de 4000 francs de la caisse de<br />

pension. Les retraites anticipées<br />

font l’objet de statistiques par<br />

branches. Et la branche qui prend<br />

sa retraite le plus tôt est celle des assurances<br />

et de la finance. Ceux qui<br />

publient des études et affirment que<br />

nous devons travailler plus longtemps<br />

et économiser davantage sont<br />

donc précisément ceux qui partent<br />

si possible plus tôt à la retraite.<br />

Pourquoi voter<br />

NON ?<br />

Cinq raisons de voter NON à<br />

la modification de la loi AVS<br />

et sur le financement de<br />

l’AVS par l’augmentation de<br />

la TVA le 25 septembre !<br />

NON à cette étrange forme d’égalité<br />

La réforme de l’AVS est réalisée sur<br />

le dos des femmes qui devraient travailler<br />

jusqu’à 65 au lieu de 64 ans.<br />

NON à 26 000 francs en moins<br />

Les femmes touchent déjà un tiers<br />

de moins à la retraite que les<br />

hommes. Avec AVS 21, on veut économiser<br />

7 milliards sur leur dos<br />

rien qu’au cours des dix prochaines<br />

années. Les femmes perdront une<br />

année de rente AVS, soit environ 26<br />

000 francs.<br />

NON à la flexibilisation hypocrite !<br />

La réforme prévoit un départ à la<br />

carte de l’âge de la retraite entre<br />

62/63 et 70 ans. Aujourd’hui pourtant,<br />

une fois atteint l’âge de la retraite,<br />

les personnes touchant de<br />

bas salaires ou celles qui ont dû interrompre<br />

leur activité professionnelle<br />

sont contraintes de continuer<br />

à travailler. Parce que leur rente AVS<br />

ne suffit pas pour en vivre.<br />

NON à la retraite à 67 ans !<br />

La réforme de l’AVS remplace l’âge<br />

légal de la retraite par un « âge de référence<br />

», qui peut facilement être<br />

repoussé. La retraite flexible ouvre<br />

grand la porte à une augmentation<br />

de l’âge de la retraite pour toutes et<br />

tous.<br />

NON à un impôt antisocial !<br />

Afin de financer partiellement l’AVS,<br />

une augmentation de la TVA est prévue.<br />

Il s’agit d’un impôt antisocial<br />

qui pèse avant tout sur les couches<br />

les plus pauvres de la population,<br />

car elles paient le même taux que<br />

les riches.


24 Politique<br />

« La productivité est misogyne. »<br />

Auteure et conférencière sur<br />

le « futur du travail et du management<br />

», Laetitia Vitaud<br />

livre une critique féministe<br />

de la productivité, un indicateur<br />

qui ignore le travail invisible<br />

et gratuit des femmes.<br />

Texte : Muriel Raemy<br />

Vous avez publié « En finir avec la<br />

productivité – Critique féministe<br />

d’une notion phare de l’économie et<br />

du travail » aux Editions Payot, en<br />

avril dernier. Qu’est-ce qu’est la<br />

productivité ?<br />

La productivité correspond à un ratio,<br />

une fraction. Par exemple : le<br />

nombre de voitures qui sortent<br />

d’une usine à la fin de journée, sur<br />

le nombre de travailleurs et travailleuses<br />

présent-e-s. Cela donne un<br />

chiffre clair, d’où l’illusion d’une information<br />

indiscutable. Mais en réalité,<br />

il est difficile d’isoler un seul<br />

facteur de production, c’est très artificiel<br />

et ça ignore l’essentiel.<br />

C’est-à-dire ?<br />

Mesurer la productivité dans le<br />

monde industriel ou le monde agricole<br />

marche assez bien. Mais comment<br />

évaluer la connaissance, le<br />

soin, le bien-être, les relations, les<br />

conséquences sur l’environnement,<br />

sur le dynamisme urbain, sur le tissu<br />

social ? Par définition, la productivité<br />

ignore l’influence des activités<br />

les unes sur les autres, les externalités<br />

et finalement tout ce qui fait le<br />

sel d’une économie. La même critique<br />

est faite de longue date au PIB,<br />

or ces deux indicateurs définissent<br />

la bonne santé ou non d’une économie.<br />

D’un point de vue économique,<br />

mon attaque contre la productivité<br />

repose sur son caractère très limité,<br />

voire carrément faux.<br />

Les femmes sont<br />

invisibilisées<br />

dans l’économie<br />

industrielle.<br />

Votre critique est avant tout<br />

féministe.<br />

Oui, avec l’économie industrielle, la<br />

production est confiée à l’homme,<br />

en dehors du foyer, tandis que la<br />

reproduction de la force de travail<br />

(c’est-à-dire s’occuper des enfants,<br />

du dîner et de la gamelle du travailleur,<br />

prendre soin de sa maison pendant<br />

qu’il travaille, etc.) incombe à<br />

la femme. Enfermée à la maison, on<br />

considère que c’est au salaire du<br />

mari de couvrir l’ensemble des besoins<br />

de la famille, tandis que ses<br />

tâches à elle (indispensables pourtant<br />

à la production !) ne sont pas<br />

rémunérées. Leur travail ne fait pas<br />

partie de l’économie marchande.<br />

Les femmes sont invisibilisées.<br />

Au XX e siècle, les tâches dites<br />

de « reproduction » ont pour beaucoup<br />

intégré la sphère marchande :<br />

la préparation des déjeuners le midi<br />

dans les cantines, le soin des personnes<br />

âgées à la maison, l’éducation<br />

des enfants, etc. Ces métiers<br />

sont encore essentiellement féminins,<br />

et nettement dévalorisés. Les<br />

économistes qualifient de « faiblement<br />

productifs » tous ces métiers<br />

majoritairement occupés par des<br />

femmes ! A bien des égards, la productivité<br />

est misogyne !<br />

La productivité aurait pu être une<br />

bonne chose, non ? Produire plus<br />

avec moins : nous aurions dû gagner<br />

en temps pour nos loisirs, pour<br />

s’occuper des autres, justement.<br />

On pensait que le temps de travail<br />

se réduirait, et c’est ce qu’on a vu<br />

d’ailleurs entre la fin du XIX e siècle<br />

et les années 1990 : les gens ont pu<br />

avoir des loisirs, partir en vacances,<br />

etc. Sauf que la baisse du temps de<br />

travail s’est arrêtée. On a gagné en<br />

productivité mais les travailleurs-euses<br />

les plus productifs-ves<br />

ont continué à travailler toujours<br />

plus, particulièrement dans certains<br />

postes prestigieux, certains domaines<br />

comme la finance, la tech,<br />

etc. En parallèle, celles et ceux réputé-e-s<br />

moins productifs-ves (dont<br />

beaucoup de femmes, et de travailleurs<br />

et travailleuses précaires) se<br />

sont vu offrir des payes faibles et des<br />

temps partiels : en somme, le travail<br />

n’est simplement pas bien partagé.<br />

Pour vous procurer l’ouvrage<br />

de Laetitia Vitaud


Droit au but !<br />

25<br />

Cher service juridique,<br />

Je travaille comme journaliste dans une<br />

grande entreprise de médias. Mon collègue<br />

de travail fait souvent des remarques à caractère<br />

sexuel sur ma tenue vestimentaire,<br />

parfois aussi devant d’autres collègues.<br />

Lorsque je lui en parle, il m’explique que ce<br />

sont des compliments que je comprends<br />

mal. Cette situation me met mal à l’aise.<br />

Que puis-je faire ?<br />

Si mon employeur refuse d’intervenir,<br />

comment procéder ? Ai-je à craindre d’être<br />

licenciée ?<br />

Comment puis-je procéder contre mon<br />

collègue ? En fin de compte, il m’a traitée<br />

de manière humiliante.<br />

L’art. 4 de la loi sur l’égalité (LEg) interdit le harcèlement<br />

sexuel sur le lieu de travail. Cela inclut tout comportement<br />

importun de caractère sexuel par des mots, des gestes ou<br />

des faits, qui porte atteinte à la dignité des collègues sur le<br />

lieu de travail, y compris les blagues sexistes. Il n’existe<br />

pas de compliments mal compris, l’intention n’est pas décisive.<br />

Si la remarque sexiste est importune à tes yeux, elle<br />

s’apparente à du harcèlement sexuel. Sans tarder, tu dois<br />

expliquer oralement avec détermination à ton collègue<br />

que tu ne tolères pas son comportement. S’il n’arrête pas,<br />

demande-lui d’arrêter par écrit, prends note des actes de<br />

harcèlement commis, puis informes le-la spécialiste compétent-e<br />

de ton entreprise ou ta/ton responsable hiérarchique.<br />

L’employeur est tenu d’intervenir. Cherche aussi à<br />

savoir s’il existe dans ton entreprise une procédure appropriée.<br />

Si aucune solution ne peut être trouvée, il est possible<br />

de saisir, gratuitement, l’office cantonal de conciliation.<br />

S’il n’intervient pas, tu peux intenter une action en justice.<br />

Le tribunal peut ordonner de faire cesser la discrimination<br />

ou condamner l’employeur à te verser une indemnité.<br />

Si ton employeur résilie le rapport de travail parce<br />

que tu fais valoir un droit au sens de la LEg, tu peux intenter<br />

une action en justice pour obtenir une indemnité pour<br />

résiliation abusive. Il faut aussi de tenir compte de la protection<br />

contre le licenciement (6 mois). Malheureusement,<br />

une résiliation abusive déploie des effets juridiques<br />

et met un terme aux rapports de travail. Dans la procédure<br />

en matière d’égalité, aucun frais de procédure n’est perçu,<br />

mais des dépens peuvent être alloués aux parties lésées.<br />

Ton syndicat te propose un soutien juridique et couvre les<br />

frais dans le cadre de l’assistance juridique professionnelle.<br />

En parallèle à la procédure en matière d’égalité, tu peux<br />

déposer une plainte pénale contre la personne incriminée,<br />

s’il est question de harcèlement sexuel « par des<br />

paroles grossières » au sens de l’art. 198 du Code pénal.<br />

Selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, la plainte<br />

pénale doit être appréciée compte tenu des circonstances<br />

propres au cas d’espèce et du contexte et doit être clairement<br />

reconnaissable par un observateur objectif. Les déclarations<br />

de collègues de travail peuvent être utiles à cet<br />

égard. La plainte pénale doit être déposée dans un délai<br />

de trois mois à compter du dernier harcèlement.<br />

Toutes les rubriques<br />

Droit au But


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

© Vevey Images<br />

© Graphisme : Teo Schifferli<br />

Nos cours estivaux<br />

Nos cours de formation continue<br />

ont aussi lieu cet été ! Alors, n’hésitez<br />

pas et inscrivez­vous tout de<br />

suite. Voici un petit aperçu de nos<br />

divers cours proposés jusqu’en<br />

automne :<br />

Qui gouverne en Suisse ? Comprendre<br />

les enjeux politiques<br />

1.9–2.9.2022<br />

Chexbres, Hôtel Préalpina<br />

Ce cours permet de mieux comprendre,<br />

sur la base des thèmes de<br />

l’actualité, le fonctionnement de la<br />

démocratie suisse, de mettre en<br />

lumière les positions syndicales et<br />

d’expliquer les possibilités d’agir au<br />

niveau politique.<br />

Approfondissement du droit des<br />

assurances sociales et du droit des<br />

étrangers<br />

5.9–7.9.2022<br />

Berne, Hôtel Berne<br />

Ce module traite plus en profondeur<br />

les thèmes du droit des assurances<br />

sociales, de la protection des données<br />

et de la surveillance. Mais aussi<br />

les spécificités du droit et des assurances<br />

sociales pour les étrangers/<br />

ères.<br />

Gestion des situations difficiles<br />

12.9–13.9.2022<br />

Ste­Croix, Hôtel de France<br />

Dans leurs tâches au quotidien, les<br />

membres des commissions du personnel<br />

doivent parfois accompagner<br />

et conseiller leurs collègues de travail<br />

placé­e­s dans des situations<br />

difficiles.<br />

Les membres de <strong>syndicom</strong> bénéficient<br />

d’un cours gratuit par an. Les<br />

frais de voyage en train, les repas et<br />

éventuellement l’hébergement sont<br />

pris en charge. Des prix avantageux<br />

sont appliqués pour la participation<br />

à plusieurs cours.<br />

Robin Moret<br />

Images Vevey 2022<br />

Reconnue de pure utilité publique,<br />

la Fondation Vevey ville d’images<br />

contribue à la promotion et au développement<br />

culturel de la région<br />

dans le domaine des arts visuels, à<br />

travers la valorisation du concept<br />

« Vevey ville d’images ». Les Autorités<br />

politiques ont créé ce concept dans<br />

les années 1990 pour mettre en lumière<br />

le nombre important d’entreprises<br />

et d’institutions liées à<br />

l’image et à la communication visuelle<br />

qui œuvrent sur la Riviera<br />

vaudoise.<br />

Pour cette nouvelle édition, du<br />

3 au 25 septembre, Images Vevey<br />

célèbre la vie ensemble. Pour sa huitième<br />

édition, la plus importante<br />

biennale d’arts visuels de Suisse est<br />

de retour avec son concept unique :<br />

des expositions et installations photographiques<br />

réalisées sur mesure<br />

en plein air et en intérieur, à découvrir<br />

gratuitement et exclusivement<br />

dans toute la ville de Vevey.<br />

Il faut de tout pour faire un<br />

monde ! En réunissant plus de<br />

45 artistes de 20 pays, du 3 au<br />

25 septembre, la biennale Images<br />

Vevey se veut créatrice de liens.<br />

Le temps est aux retrouvailles et à<br />

l’union, malgré un contexte international<br />

incertain. Notre rapport<br />

aux autres et à notre environnement,<br />

l’importance et la fragilité du<br />

lien social et familial, les joies et les<br />

peines lorsque le collectif et l’individu<br />

coexistent : autant de sujets que<br />

l’édition 2022 du Festival se réjouit<br />

d’aborder sous le thème : Together.<br />

La vie ensemble.<br />

Images Vevey<br />

Livres d’artistes suisses<br />

Avec l’ouvrage « Schweizer Künstlerbücher<br />

– Livres d’artistes suisses –<br />

Libri d’artista svizzeri – Swiss artists’<br />

books », la Bibliothèque nationale<br />

suisse publie aux éditions Walther<br />

und Franz König une vue d’ensemble<br />

proposant une perspective<br />

critique sur le livre d’artiste suisse.<br />

Celle et ceux qui s’intéressent à l’art<br />

le connaissent rarement, et pour<br />

cause : il se caractérise par son hermétisme<br />

relatif. Le livre d’artiste est<br />

devenu une sorte d’icône artistique<br />

et un objet culte de l’histoire de l’art<br />

et des bibliothèques. Si le livre en<br />

général est l’un des vecteurs les plus<br />

fonctionnels et les plus libres – souvent<br />

l’un des plus abordables aussi –<br />

de l’histoire de la culture, quel rôle<br />

joue exactement le livre d’artiste ?<br />

L’éditrice et auteure Susanne<br />

Bieri s’est fondée sur l’une des collections<br />

de livres d’artistes la plus<br />

fournie du pays, celle de la Bibliothèque<br />

nationale suisse, pour se<br />

pencher sur le livre d’artiste suisse<br />

dans le contexte international. Pour<br />

ce faire, elle a réalisé 112 entretiens,<br />

posé 450 questions et reçu bien plus<br />

de réponses encore, car elles ont<br />

elles­mêmes donné lieu à quelque<br />

650 annotations, associations<br />

d’idées et autres anecdotes. Avec cet<br />

ouvrage, il existe désormais un<br />

catalogue unique en son genre –<br />

véritable encyclopédie – du livre<br />

d’artiste.<br />

Bibliothèque nationale<br />

Le catalogue des cours est disponible<br />

sur movendo.ch.<br />

Toutes les infos du festival sont sur<br />

images.ch.<br />

Le livre sera présenté<br />

le 25 août à la MAMCO à Genève.


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements 50 000 : elles ont été nombreuses à descendre dans la rue le 14 juin pour la grève<br />

des femmes, pour réclamer l’égalité et aussi pour dire NON à la réforme de<br />

l’AVS21. Les délégué-e-s de <strong>syndicom</strong>, lors de l’assemblée du 18 juin à Berne, ont<br />

également décidé de dire NON au démantèlement de l’AVS.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5


1. La grève des femmes 2022 a eu lieu le 14 juin. (© Marc Wegmüller)<br />

2. La grève des femmes, ici à la Zytglogge à Berne. (© Marc Wegmüller)<br />

3. Le 14 juin, 50 000 personnes ont fait grève dans toute la Suisse pour<br />

réclamer plus d’égalité. (© Marc Wegmüller)<br />

4. A l’occasion de la grève des femmes 2022, <strong>syndicom</strong> a organisé<br />

différentes actions dans les entreprises, ici avec le personnel de MS<br />

Direct à St-Gall. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

5. Et ici chez Swisscom à la Pfingstweidstrasse à Zurich. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

6. Le comité directeur de <strong>syndicom</strong> à l’assemblée des délégué-e-es du<br />

18 juin 2022 au Bierhübeli à Berne : Daniel Hügli, Matteo Antonini,<br />

Daniel Münger, Stefanie Vonarburg et Patrizia Mordini (de g. à d.).<br />

(© Bruno Dias - <strong>syndicom</strong>)<br />

7. Bavardages et sourires parmi les délégué-e-s (Mariem Fiadjigbe et<br />

Janice Matthes). (© Bruno Dias - <strong>syndicom</strong>)<br />

8. L’exposé de Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS. (© B.D. - <strong>syndicom</strong>)<br />

9. L’intervention d’Augustin Mukamba-Moyo, du Groupe d’intérêt sur<br />

les migrations. (© Bruno Dias - <strong>syndicom</strong>)<br />

10. La salle comble de l’assemblée des délégué-e-s 2022. (© Bruno Dias - <strong>syndicom</strong>)<br />

6<br />

7<br />

9<br />

8<br />

10


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

Dialogue et transparence pour renforcer<br />

la confiance mutuelle<br />

Andrea Zampieri est né au Tessin (Tesserete),<br />

où il a aussi grandi. A 20 ans,<br />

il effectue divers séjours linguistiques<br />

en Angleterre, puis déménage à Genève,<br />

où il trouve un emploi à la caisse<br />

suisse de compensation (AVS/AI).<br />

Après une parenthèse de dix mois en<br />

Australie, il retourne à Genève et<br />

commence à travailler pour Swisscom<br />

comme conseiller de vente dans les<br />

shops de l’entreprise. Père de deux<br />

enfants, il est passionné de foot et de<br />

musique (du post-punk à la musique<br />

électronique).<br />

Texte : Maria Giuditta Valorani<br />

Photo : Sandro Mahler<br />

« En tant que syndicaliste<br />

actif, je cherche<br />

sans cesse à faire entendre<br />

les besoins et,<br />

ou, les préoccupations<br />

de mes collègues. »<br />

« Sensible, idéaliste et conciliant, je<br />

cherche en permanence à trouver des<br />

réponses et solutions positives. Je<br />

travaille au shop Swisscom de Lugano<br />

et je suis délégué syndical de <strong>syndicom</strong>.<br />

Je me suis intéressé très tard<br />

au syndicat. Au début, je ne connaissais<br />

pas bien le monde des syndicats<br />

et je les trouvais plutôt inutiles. Au fil<br />

du temps et avec les expériences acquises,<br />

mon intérêt a grandi et j’ai<br />

compris que les syndicats sont le<br />

meilleur moyen de lutter, de trouver<br />

une écoute et d’obtenir quelque<br />

chose.<br />

Lorsque je suis revenu au Tessin<br />

après plusieurs années, j’ai eu l’occasion<br />

de faire la connaissance du secrétaire<br />

régional de <strong>syndicom</strong> Nicola<br />

Morellato. J’ai alors compris l’importance<br />

que revêt une meilleure<br />

connaissance des droits et obligations<br />

dans le monde du travail.<br />

Je suis donc devenu le porteparole<br />

des shops Swisscom et la personne<br />

de référence du syndicat pour<br />

faire connaître les réalités et la dynamique<br />

particulière de ce secteur<br />

( diverse de celle des autres domaines<br />

de Swisscom, comme l’informatique<br />

et l’administration, etc.).<br />

J’ai donc fonctionné comme trait<br />

d’union entre les collègues du shop<br />

et <strong>syndicom</strong> et cherché à jouer le rôle<br />

de médiateur dans différentes situations<br />

pour trouver de bonnes solutions.<br />

En tant que syndicaliste actif,<br />

je cherche sans cesse à faire entendre<br />

les besoins et, ou, les préoccupations<br />

de mes collègues.<br />

Animé par un fort désir de me<br />

rendre utile, je suis devenu au fil du<br />

temps un membre de plus en plus actif,<br />

en mesure d’influencer la donne<br />

et de clarifier le flou. Je suis particulièrement<br />

intéressé à mettre en lumière<br />

les zones d’ombre et à analyser<br />

les divers droits et les possibilités de<br />

fluctuation en général au sein d’une<br />

entreprise leader et innovante<br />

comme Swisscom.<br />

Une chose à laquelle je tiens particulièrement,<br />

très importante dans<br />

le rôle que je joue, consiste à mener<br />

sans cesse un dialogue constructif, à<br />

renforcer la transparence pour améliorer<br />

la relation de confiance entre<br />

le personnel et le management. Il<br />

m’importe d’œuvrer sans relâche à<br />

l’amélioration des rapports entre les<br />

deux parties.<br />

A mes yeux, il serait souhaitable<br />

d’augmenter le taux de syndicalisation<br />

chez Swisscom afin de créer un<br />

bon environnement de travail et plus<br />

de sérénité pour élever ainsi<br />

Swisscom au rang de « great place to<br />

work in Switzerland ».<br />

Enfin, je pense que toute situation<br />

peut et doit être affrontée avec<br />

sérénité et intelligence, mais aussi<br />

avec une juste dose d’humour. »


Impressum<br />

Rédaction : Robin Moret et Giovanni Valerio<br />

(co-responsables), Rieke Krüger et Lydia Schebesta<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser et<br />

Gabriele Alleva<br />

Dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Layout, correction, impression : Stämpfli Kommunikation<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),<br />

Fr. 50.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par année.<br />

Le numéro 30 paraîtra le 14 octobre 2022.<br />

31<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

2 7<br />

II<br />

III<br />

6<br />

IV<br />

V<br />

5<br />

VI<br />

VII<br />

9 3<br />

1<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

8<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

Horizontalement : I. Rapportent. Vrai. II.<br />

Soustraire. Au-delà du périphérique. Touche<br />

l'oreille ou l'orteil. III. Papiers glacés. Option.<br />

Bisque. IV. Déodorant. Propriétés. Stimulant.<br />

V. Casier. Anneau. Inclus. VI. Spécialiste.<br />

Description intérieure. Dégage. VII. Petit<br />

patron. Ancienne principauté suisse. Comique<br />

romain. VIII. Sujet. Chute. IX. Premier<br />

domicile. Entre deux absences. Cœur brûlant.<br />

X. Passage obligé des beaux-arts. Congé<br />

payé.<br />

4<br />

10<br />

Verticalement : 1. Rêveur. 2. Mis KO. Clé. 3.<br />

Roi du Rift. Marque de propriété. 4. Sur le<br />

pont. Sous le pont. 5. Es. Pas cadeaux. 6.<br />

Morceaux. Mal notés. 7. Voient la faïence. 8.<br />

Longs moments. Plante à fleurs jaunes. 9.<br />

Entre-deux. Farcit. 10. Sur la touche. 11.<br />

Conclusions féminines. Bidon. 12. Fraie à<br />

Stockholm. Râpât. 13. Foot à Milan. Conduit<br />

enflammé. 14. Credo du pécheur. 15. Glande.<br />

C'est un pic.<br />

Mots croisés<br />

Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

bon de notre partenaire REKA. Prière<br />

d’envoyer votre solution (le mot mystère<br />

seulement) jusqu’au 8 septembre<br />

par e-mail à admin@<strong>syndicom</strong>.ch ou par<br />

courrier à Rédaction <strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse<br />

33, case postale, 3001 Berne.<br />

Une seule participation possible par<br />

membre.<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

dernier numéro était « MOBILISATION ».<br />

Le gagnant est Madame Elisabeth Vouillamoz<br />

à Sion. Elle recevra une pièce en<br />

argent de notre partenaire la banque<br />

Cler.<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

Annonce<br />

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32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

AD de <strong>syndicom</strong> 18.6.2022<br />

Exceptionnellement, on a dansé et<br />

fait la fête au Bierhübeli de Berne,<br />

mais pas à l’assemblée ordinaire<br />

annuelle des délégués de #<strong>syndicom</strong>,<br />

où l’on a beaucoup débattu et<br />

voté. Nous avons posé les jalons pour l’année<br />

à venir et approuvé le budget et les comptes<br />

annuels. A l’avenir aussi, nous nous engagerons<br />

pour plus de justice salariale, des CCT<br />

fortes et une réduction du temps de travail.<br />

« Ne touchez pas à nos rentes ! » 3.7.2022<br />

C’est ce que dit Yannick Vyaahpooree,<br />

ICT System Manager III chez Swisscom.<br />

Le 25 septembre 2022, nous voterons sur<br />

le paquet « AVS 21 » et nous disons 2× non !<br />

Engage-toi toi aussi avec une prise de<br />

position contre le projet de démantèlement<br />

et assure nos rentes.<br />

Davantage d’actions durables exigées/Solidar Suisse 6.7.2022<br />

La plateforme Agenda 2030 estime que la Suisse n’est pas sur<br />

la bonne voie pour un monde durable. Elle demande au<br />

Conseil fédéral de réduire de moitié la pauvreté et de protéger<br />

le climat et les droits humains, ainsi que de responsabiliser la<br />

place financière.<br />

Percée historique en matière de santé et de sécurité<br />

au travail/Solidar Suisse<br />

13.6.2022<br />

Lors de sa 110 e conférence, l’Organisation internationale<br />

du travail (OIT) a pris la décision d’inclure le droit à un<br />

environnement de travail sûr et sain dans la Déclaration de l’OIT<br />

relative aux principes et droits fondamentaux au travail.<br />

Le Salvador connaît une crise des droits de l’homme/<br />

Amnesty International 2.7.2022<br />

Fin mars, des violations massives des droits humains<br />

ont eu lieu au Salvador depuis l’instauration de l’état<br />

d’urgence. Au moins 18 personnes sont mortes sous la<br />

garde de l’Etat.<br />

Trois raisons de signer l’initiative sur les crèches<br />

1. Parce que les places de crèche manquent et que<br />

cela met en danger l’égalité.<br />

2. Parce que les crèches sont trop chères. L’initiative<br />

veut que personne ne doive y consacrer plus de 10 %<br />

de son revenu.<br />

3. Parce que l’initiative encourage la formation et le<br />

perfectionnement des personnes qui s’occupent<br />

des enfants.<br />

TikTok, des drogues numériques pour les plus jeunes ?<br />

1.7.2022<br />

Une nouvelle drogue brûle les esprits les plus fragiles,<br />

ceux des jeunes : c’est TikTok. C’est ce qu’affirme le blogueur<br />

américain Isaiah McCall, fondateur de Medium.<br />

La poste de St-François doit rester 29.6.2022<br />

Action aujourd’hui devant l’office de Poste de<br />

Saint-François au centre ville de Lausanne,<br />

menacé de fermeture à cause du propriétaire<br />

du bâtiment... Nous ne lâcherons pas !<br />

Pegasus au tribunal 20.6.2022<br />

Le scandale Pegasus, qui a éclaté au début<br />

du mois de juillet, sera jugé par les<br />

tribunaux français. Le Tribunal de Paris a<br />

accepté la plainte contre NSO Group, le<br />

producteur du logiciel qui permet la surveillance<br />

illégale des téléphones portables.<br />

Un juge d’instruction sera bientôt<br />

désigné pour s’occuper de cette affaire,<br />

qui concerne notre vie privée à tous.<br />

Liberté pour Assange 22.6.2022<br />

<strong>syndicom</strong> se joint à l’appel initié<br />

par le Geneva Press Club et regroupant<br />

médias, journalistes et<br />

syndicats de six pays, afin d’exiger la libération<br />

de Julian Assange. La liberté de la presse,<br />

passe par la protection des lanceurs d’alerte.<br />

https://twitter.com/<strong>syndicom</strong><br />

L’essor rapide d’Uber 10.7.2022<br />

Grâce au journal The Guardian et à un consortium de<br />

journalistes d’investigation, plus de 124 000 documents<br />

internes d’Uber ont été découverts, entre 2013 et 2017,<br />

montrant comment Uber a cherché des soutiens en courtisant<br />

(plus ou moins discrètement) des dirigeants politiques,<br />

des milliardaires, des représentants des médias.<br />

Suivez-nous sur les<br />

réseaux sociaux !

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