L'Essentiel Prépa n°63 - Septembre 2022
L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.
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SEPTEMBRE 2022 | N° 63
CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES
PORTRAIT
Thomas Froehlicher (Rennes SB)
ENTRETIENS
Delphine Manceau (Neoma BS)
Jean-François Fiorina
Nicolas Arnaud (Sigem)
DÉBAT
Après la pandémie,
les étudiants sont de retour
en France. Et après ?
SIGEM 2022:
les hiérarchies continuent
à évoluer
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE
SEPTEMBRE 2022 N° 63
2023 L’ANNÉE DE TOUS LES DANGERS
Alors que 2022 s’est finie sur une belle embellie dans le recrutement post
prépas des écoles avec un excellent taux de remplissage des écoles le
cru 2023 du Sigem s’annonce difficile. C’est simple, avec 1 300 élèves
manquant suite à la chute des inscriptions des élèves en classes préparatoires
ECG enregistrée en 2021, et sans doute autant de candidats,
c’est une bonne moitié des écoles qui devrait ne pas faire le plein. Voire
ne pas recruter du tout.
Pour pouvoir continuer à recruter, les écoles de deuxième moitié de classements
souhaiteraient donc une baisse collective de 5% du nombre de recrutés et un abandon
de la liste complémentaire. Ne voulant pas « acter un renoncement même partiel
au recrutement en classes préparatoires » les écoles du haut du panier se seraient
déjà prononcées défavorablement sur ce premier point et acteraient uniquement un
abandon de la liste complémentaire. La Conférence des directeurs des écoles françaises
de management (Cdefm) se prononcera à ce sujet début septembre pour que
les écoles fixent le niveau de leur recrutement fin septembre.
Alors qu’on attend les résultats des inscriptions 2023 en classes préparatoires ECG
c’est toute la filière qui s’interroge sur son avenir. L’Association des professeurs de
classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC) et la Conférence des
directeurs des écoles françaises de management (Cdefm) travaillent main dans la
main à relancer l’intérêt pour des classes préparatoires que la réforme du lycée puis
celle des classes préparatoires économiques et commerciales semble avoir affaibli.
En cause notamment un moindre intérêt des bacheliers pour les mathématiques avec
un taux d’abandon de la spécialité mathématiques en hausse régulière, notamment
chez les jeunes filles, qui obère le recrutement en classes préparatoires ECG.
Quel impact le retour des mathématiques dans le tronc commun, du moins pour les
volontaires qui n’auraient pas choisi la spécialité, aura-t-il sur les recrutements ? Il est
bien sur trop tôt pour le dire et personne ne sait si ce simple enseignement des mathématiques
pourrait suffire à ouvrir la porte des classes préparatoires ECG.
Le 14 octobre prochain les journées Continuum auront lieu au sein des locaux de
emlyon BS. L’occasion d’avancer sur tous ces sujets en réunissant professeurs
de l’APHEC, représentants des écoles, anciens élèves de classes préparatoires
devenus étudiants de ces mêmes écoles et proviseurs.
Sommaire
LES ESSENTIELS DU MOIS
4 • Directions des écoles : ça bouge !
6 • L’Edhec accélère le rythme
de ses transitions
7 • Trois parcours pour le PGE
de l’EM Strasbourg
9 • Concours des meilleurs oraux :
l’ESC Clermont toujours plébiscitée
10 • Une rentrée en mode DDRS
à l’EM Normandie
11 • Audencia fait sa rentrée sur le thème
de la complexité et des transitions
13 • Masters in Management :
le Financial Times livre
son classement 2022
PUBLI-INFORMATION
24 • A TBS Education, l’alternance,
c’est tendance !
ENTRETIENS
14 • Jean-François Fiorina: Ex-directeur
général adjoint de Grenoble EM
22 • Delphine Manceau: Directrice générale
de Neoma BS
DOSSIER
17 • Sigem 2022 : les hiérarchies continuent
à évoluer
PORTRAIT
26 • Thomas Froehlicher,
le « multi directeur »
DÉBAT
29 • Après la pandémie, les étudiants
sont de retour en France. Et après ?
Olivier Rollot, rédacteur en chef
ORollot
« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway
Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,
CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.
Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.
Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).
Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont
(f.boleduchomont@headway-advisory.com).
Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions
Photo de couverture : Neoma BS
PROGRAMME
GRANDE ÉCOLE
GRADE DE MASTER
Classement 2022 des écoles offrant
la meilleure expérience étudiante
7 e
CLASSEMENT
SIGEM
• Admission :
- Pré-master : prépa et Bac+2
- Master : Bac+3
• 5 parcours aux choix : international, engagement,
modulable, apprentissage, double-compétence
• Accès au semestre Gaïa : dédié au management de
la transition écologique et sociale
• Cours proposés 100 % en anglais
31
ÉCOLE
EUROPÉENNE
2 e e
AUDENCIA, UNE ÉCOLE À TAILLE
HUMAINE MEILLEURE POUR LE MONDE
• La double-compétence au cœur du parcours,
mêlant Management et Ingénierie / Luxe /
Sciences Politiques / Gaming / Arts / Cinéma /
Média / Droit etc.
• +200 Master 2 en France et à l’international
(+14 places)
POUR PLUS D’INFORMATIONS
Sylvie FROMAGEAU, Responsable Concours & Admissions
Tél. : 02 40 37 34 21 / sfromageau@audencia.com
grande-ecole.audencia.com
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Directions des écoles :
ça bouge !
Décidément les écoles de management
connaissent beaucoup de mouvement cet
été. Après le départ de Loïck Roche de la
direction de Grenoble EM annoncé le 22 juillet,
on apprenait le 30 août que Richard Soparnot
succédait à Françoise Roudier au poste de directeur
général de l’ESC Clermont Business School après un
vote du conseil d’administration en ce sens intervenu
mi-juillet dernier. Le lendemain, le 31 août, c’est Herbert
Castéran qui annonçait qu’il allait quitter la direction de
l’EM Strasbourg dans les prochaines semaines. Enfin
le 1 er septembre on apprenait la nomination de Fouziya
Bouzerda à la direction de Grenoble EM et le départ
concomitant du directeur général adjoint de l’école,
Jean-François Fiorina, qui prendra la direction de
l’Ipag début octobre.
Loïck Roche avait quant à lui quitté ses fonctions à la
direction de l’école le 22 août « d’un commun accord
avec la CCI » selon le communiqué publié. Après dix
années à la tête de GEM son départ « intervient dans
le cadre d’une réorganisation stratégique débutée il y a
quelques mois », expliquait alors la chambre de commerce
et d’industrie de Grenoble. Quant au départ de
Jean-François Fiorina quitte Grenoble
EM pour prendre la direction de l’Ipag
Fouziya Bouzerda
a succédé à
Loïck Roche le
1er septembre
Grenoble EM. Fouziya Bouzerda a pris la direction de
l’école grenobloise le 1er septembre. Avocate au barreau
de Lyon depuis 25 ans en droit des affaires publiques
et privées, elle a enseigné l’urbanisme à Lyon III et à
l’Institut du droit de l’Environnement mais n’a jamais
exercé de fonctions de direction dans un établissement
d’enseignement supérieur. Elle a présidé jusqu’en 2020
le SYTRAL, Syndicat des transports de l’agglomération
lyonnaise. Femme politique, elle a été adjointe au maire
de Gérard Collomb à la mairie de Lyon et dirige le Modem
du Rhône depuis 2020.
Jean-François Fiorina il survient alors que son poste
de directeur général adjoint avait tout bonnement été
supprimé par la CCI. Sollicité par de nombreuses écoles
il a finalement choisi de prendre la direction de l’Ipag
où il succède à Guillaume Bigot.
Cette double rupture à la tête de Grenoble EM s’effectue
avec en toile de fond un déficit chronique de
l’école depuis 2019 qui atteindrait 4,6 millions d’euros
cette année. De plus l’école s’est fait dépasser cette
année pour la première fois au Sigem par Neoma dans
les choix des élèves issus de classes préparatoires.
4
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
A l’EM Strasbourg c’est pour « convenance personnelle
» qu’Herbert Castéran annoncé son son départ
prochain. Le conseil d’administration de l’EM Strasbourg
avait renouvelé sa confiance à Herbert Castéran en
avril 2021 en le reconduisant dans ses fonctions de
directeur général de l’école pour une durée de 5 ans
à une très large majorité. On lui doit notamment la
triple accréditation de l’école. Petite désillusion en
juillet dernier où l’école n’a pas fait le plein d’élèves de
classes préparatoires.
Herbert Castéran va
bientôt quitter la direction
de l’EM Strasbourg
Richard Soparnot
A l’ESC Clermont Business School la transition
se fait en douceur comme le montre la photo des deux
directeurs réunis qui donneront bientôt une conférence
de presse commune. Richard Soparnot avait rejoint l’ESC
Clermont en septembre 2017 comme directeur académique
puis avait été nommé directeur général adjoint
en octobre 2020. Docteur de l’université d’Évry et HDR
de l’IAE de Rennes, professeur et chercheur en stratégie
d’entreprise, Richard Soparnot dispose de 20 ans
d’expérience dans le monde des Grandes écoles et a
exercé des responsabilités clés au sein de plusieurs
d’entre elles (notamment l’Essca de 2015 à 2017) avant
de rejoindre l’ESC Clermont BS.
Françoise Roudier avait pris la direction de l’école en
2013 et l’a depuis largement remise sur pied après la
cruelle désillusion de son entrée dans France Business
school. Après une carrière à l’ESC Clermont BS - dont
elle est également diplômée -, en tant que professeur de
marketing puis directeur académique et enfin directrice
générale, Françoise Roudier « conservera au sein de
l’École des missions spécifiques et créatrices de valeur
afin d’accompagner son développement ».
A Audencia Nicolas Arnaud se concentre sur le pilotage
du portefeuille des formations et fait évoluer la
direction du programme Grande Ecole d’Audencia avec
la nomination d’Alexandre Pourchet en tant que directeur
du programme Grande école. Il sera épaulé par Mickaël
Roux, professeur de marketing à l’école, qui devient
directeur adjoint du PGE, en charge des semestres
fondamentaux.Diplômé d’un Bachelor en finance de
l’Université d’Heriot-Watt (Ecosse), Alexandre Pourchet
a poursuivi sa formation avec l’obtention du master
«Politique Générale et Stratégie des Organisations de
l’Université Paris Dauphine-PSL)puis un double diplôme
Doctorat/PhD en finance de l’Université Paris Dauphine
et UQAM (Montréal, Canada). Il a également été amené
à travailler en fusion et acquisition au sein de la Royal
Bank of Scotland ainsi qu’en régulation financière au
sein de l’European Banking Authority. Avant de rejoindre
Audencia, il a notamment lancé et dirigé depuis 2016 un
MSc Corporate Finance et Investment Banking et pilotait
depuis 2020 le Programme Grande Ecole de BSB.
Essec. Vincenzo Vinzi a été reconduit à la Direction
générale de l’ESSEC pour un deuxième mandat qui
s’achèvera en 2027. Dans le même temps Emmanuelle
Le Nagarda été nommée directrice académique de la
Grande école de l’Essec et Aarti Ramaswamidirectrice
générale adjointe en charge des programmes.
5
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
L’Edhec accélère le rythme
de ses transitions
A mi-parcours de son plan stratégique 2025, l’Edhec entend aujourd’hui accélérer
le déploiement de ses projets dans les domaines clés de la recherche en finance
climatique, de l’innovation pédagogique et de l’entrepreneuriat responsable.
Favoriser la « finance verte ». Entièrement focalisé
sur la science et le climat, le centre de recherche
Edhec Risk Climate Institute prend le relais du Edhec
Risk Institute. « Le marché financier ne price pas assez
la climat et nous proposons justement de bien comprendre
l’impact du climat sur la finance », commente le
directeur général de l’Edhec, Emmanuel Métais. Soutenu
par un plan d’investissement de 20 millions d’euros
et le développement d’une équipe de 25 personnes à
horizon 5 ans, l’EDHEC-Risk Climate Impact Institute
se fixe pour ambition de « devenir une référence académique
incontournable pour les décideurs privés et
publics sur les questions à l’intersection de la finance
et du changement climatique ».
Des cours dédiés au développement durable.
Destiné aux 700 étudiants de première année du PGE,
le nouveau module Limites planétaires et modèles
économiques durables répond à un double objectif
: donner aux étudiants des clés de compréhension
factuelle sur les enjeux climatiques et énergétiques
tout en identifiant des outils concrets pour analyser les
modèles existants et « inventer des business models
plus durables ».
A partir de la première année de Master, les étudiants
suivent également des cours obligatoires tels que
Corporate Social Responsibility (filière Business Management)
ou From Climate Science to Climate Finance
(filière Financial Economics) et ont la possibilité de se
spécialiser avec le MSc Global and Sustainable Business
et le MSc in Climate Change & Sustainable Finance en
partenariat avec MINES ParisTech. Ils peuvent également
choisir de nouveaux électifs parmi lesquels Behavorial
Finance for sustainability ou encore Socially responsible
investing. Au total, le Programme Grande Ecole compte
20 cours dédiés au développement durable.
L’Edhec a également créé cette année les Sustainable
Impact Projects (SIP). Dotés du statut associatif et
conçus en référence aux 17 Objectifs de Développement
Durable de l’ONU, ils font partie intégrante du
parcours académique de l’EDHEC International BBA.
Lors de cette première édition, près de 1 000 étudiants
- sur les campus de Lille et de Nice - ont imaginé 193
projets en lien avec la santé, l’éducation, la réduction
des inégalités et l’environnement.
International : des projets dans les ONG. Le bilan
international de l’Edhec est tracé par son directeur,
Richard Perrin, pour lequel « il faut faire évoluer la
dimension internationale des écoles de management
françaises. La politique de partenariats atteint ses
limites dans un monde qui a tendance à se rétrécir
». Pour réfléchir à cette évolution, l’Edhec a interrogé
étudiants, professionnels, professeurs, etc. Elle
va maintenant créer les « Global Impact Programs ».
« Nous souhaiterions qu’une centaine de nos étudiants
puissent rejoindre des grandes ONG internationales
dans le cadre d’expériences projets », reprend le
directeur. Réalisés en 2ème année de BBA et entre le
M1 et le M2 dans le PGE, ces projets donneront lieu à
la délivrance d’UV.
Digital et métaverse. Notamment de par son accord
avec Imperial College en formation continue, l’Edhec a
largement pris le virage digital. Quid des métaverses ?
« Toutes les business schools impliquées dans notre
alliance ont des initiative dans le métavers mais personne
aujourd’hui ne sait ce que cela se sera », répond
Benoit Arnaud, le directeur des programmes de l’Edhec,
persuadé que « la classe virtuelle de demain sera en
3D. Le matériel n’est pas encore au point, les casques
virtuels sont trop lourds, mais la technologie nous le
permettra tôt ou tard ». Un Comex de l’Edhec aura
bientôt lieu dans le métaverse pour expérimenter.
Le MOCI publie son
Palmarès 2022 des
formations au commerce
international
Le 13ème Palmarès du Moci
des meilleurs diplômes
bac+2 à bac+6 en matière de
commerce et développement
internationaux des entreprises
est sorti dans son « Guide
2022 des formations
initiales et continues au
commerce international ».
Catégorie par catégorie
les vainqueurs sont :
Executive MBA et
MBA : Rennes School
of Business devant
l’ICN et le MBA Wine
& Spirits de BSB ;
Master of Science (MSc)
et Mastères spécialisés
(Bac +5) : MSc in
International Management
(MIEX) d’ICN (suivi de
deux autres MSc d’ICN) ;
Programme Grande École
(PGE) : le PGE de Rennes -
SB devant ceux de l’ICN
et de TBS Education ;
Masters des IAE &
Masters 2 universitaires
hors IAE (Bac +5) : exaequo,
Master International
Business realities de l’IAE
Lyon et Master European
Management Studies
d’EM Strasbourg;
6
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Trois parcours pour le PGE
de l’EM Strasbourg
A
partir de la rentrée 2022/23, chaque étudiant
intégrant le programme Grande école de l’EM
Strasbourg pourra opter, en deuxième année,
pour un parcours personnalisé afin de
« construire son cursus en fonction de ses objectifs
et de ses appétences » :
Le « parcours Engagé » permet de prendre des responsabilités
et de mener des projets dans les associations
de l’EM Strasbourg. La vie associative devient partie
intégrante du cursus et participe à l’obtention du diplôme.
Cette 2e année s’effectue sur site, en formation initiale
avec choix d’une majeure. En 3e année, la spécialisation
se déroule à l’étranger (pendant deux semestres
consécutifs) dans l’une des 230 universités partenaires
avec la possibilité de faire un double-diplôme.
Le « parcours Immersif » permet à 50 étudiants chaque
année de réaliser les deux dernières années du PGE
alternance. L’étudiant, salarié, a un contrat de 24 mois
durant lesquels l’intégralité des frais de scolarité est
prise en charge par l’entreprise. En 3e année, l’étudiant
opte pour une spécialisation ;
Le « parcours Flexibilité » permet d’allier l’immersion
d’un an à l’étranger et de terminer son cursus en al-
ternance ou en formation initiale à Strasbourg. La 2e
année se déroule à l’étranger dans l’une des universités
partenaires, avec choix d’une majeure. En 3e année,
retour à l’EM Strasbourg où l’étudiant effectue son
année de spécialisation en alternance ou en formation
initiale et/ou en double-diplôme, parmi une sélection
de 23 spécialisations différentes.
Pour approfondir l’expérience internationale, l’EM
Strasbourg lance le COIL (Collaborative Online International
Learning), des cours en ligne co-construits
par un enseignant-chercheur de l’EM Strasbourg en
collaboration avec un enseignant-chercheur d’universités
partenaires autour de thématiques spécifiques.
emlyon lance deux
nouveaux doubles
diplômes internationaux
A la rentrée 2022, emlyon
business school proposera
à ses étudiants deux
nouveaux doubles diplômes
internationaux. Le premier
avec l’université Mc Gill à
Montréal. Les cours auront
lieu le soir ou parfois en
journée le samedi. Les
étudiantes et les étudiants
pourront, en parallèle de
leurs cursus, effectuer
un stage ou travailler 20
heures par semaine pour
compléter leur expérience
internationale. Le second
accord de double diplôme
a été signé avec la Hong
Kong Baptist University
alors qu’un troisième est en
cours de finalisation avec
Baruch College (New York).
Par ailleurs, 6 nouveaux
certificats et semestres
d’échange académique seront
proposés aux étudiants
d’emlyon, dont l’un avec le
M.I.T. (Boston) et l’autre
avec Berkeley (Californie).
Enfin, 7 nouveaux accords
d’échange en cours, de
Hong-Kong à l’Uruguay,
dont pourront bénéficier
les étudiants entrant en
PGE en septembre 2022.
Audencia se transforme en Chine
Créé en 2016 en partenariat avec l’Université
de Shenzhen, le campus qu’Audencia
a installé dans la « Silicon Valley
chinoise » change de dimension. La
Shenzhen Audencia Business School
prend en effet le nom de Shenzhen Audencia
Financial Technology Institute
(SAFTI). Un nouveau nom qui entend
illustrer davantage les expertises enseignées
et les thématiques hybrides des trois
nouveaux Bachelors of Science (plutôt
que des Bachelors in Management, plus
adaptés au marché occidental) qui y seront
délivrés à partir de septembre prochain
» : les BSc Big Data Management
and Applications, BSc Blockchain and Information
Systems et BSc Financial Technology.
Ces trois nouveaux programmes
- ainsi que le Master of Science in Financial
Technology & Risk Control dispensé
depuis 2020 sur le campus - ont obtenu
l’accréditation chinoise.
Audencia vise un effectif minimum d’environ
260 étudiants dans ses trois nouveaux
programmes, soit 1040 étudiants
d’ici 4 ans, s’ajoutant aux étudiants du
programme MSc. Une croissance des
activités d’Audencia en Chine qui participe
aux objectifs de son plan stratégique
de l’école, qui ambitionne au total 2300
étudiants à l’étranger d’ici 2025, intégrant
ses activités en Afrique et en Amérique
du Sud.
7
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Concours des meilleurs oraux :
l’ESC Clermont toujours plébiscitée
A
l’heure où les « admisseurs » sont devenus
des salariés rémunérés selon les résultats
de leur école, c’est devenu un classement
remarqué. Chaque année Major Prépa livre
son Concours des meilleurs oraux en faisant voter
les candidats. Mais quel impact auront ces résultats
sur les admissions ? Cette année la victoire revient
pour la deuxième année consécutive à l’ESC Clermont
business school. Derrière le top 10 est composé de :
2ème l’ICN continue à progresser après sa 3ème
place de 2021 ;
3ème SCBS monte sur le podium alors qu’elle n’était
pas classée en 2021 ;
4ème BSB toujours dans les meilleures mais qui perd
des places d’année en année (2ème en 2021) et dans
laquelle la « bienveillance des jurés » est le critère le
mieux noté ;
5ème Neoma conserve la place acquise en 2021 ;
6ème Institut Mines Télécom (IMT) business school
signe une sacrée remontée après sa 22ème et dernière
place en 2021 ;
7ème TBS Education (9ème en 2021) jouait gros cette
année après une année 2021 où elle n’avait pas pourvu
toutes les places ouvertes ;
8ème Audencia se « démarque par sa bonne
ambiance » ;
9ème Edhec (8ème en 2021) ;
10ème EM Normandie (14ème en 2021).
La Fnege se penche
sur la transformation
digitale
Les écoles de management
ont besoin d’outils de
management permettant de
les accompagner dans la
priorisation des actions liées
à la transformation digitale
et éducative. Rédigé par
Imed Boughzala et Aurélie
Dudezert, professeurs à
Institut Mines-Télécom
Business School (IS Lab),
l’objet de l’Observatoire
de la transformation
digitale des écoles de
management, que publie la
Fnege (Fondation nationale
pour l’enseignement de la
gestion des entreprises), est
justement « d’accompagner
les écoles de Management
et les enseignants dans
leurs démarches de progrès
continu des pratiques
managériales (Continuous
Quality Improvement)
dans le nouveau contexte
de l’économie numérique
et collaborative ».
Supply chain :
SKEMA et le MIT s’associent
Kedge et l’ICN
réaccréditées Equis
SKEMA se rapproche du Massachusets
Institute of Technology, Center for
Transportation & Logistics (MIT CTL)
dans le cadre du programme Micromaster
MITx créé et délivré par l’université
américaine. Ce programme devient
ainsi un composant essentiel du
programme MSc « Global Supply Chain
& Procurement » de SKEMA. Visant une
cohorte de 75 à 80 participants, le Micro-
Master Supply Chain du MIT sera délivré
à partir de la rentrée 2022 aux étudiants
de SKEMA des Campus de Lille
et Suzhou en Chine et, en 2023, du campus
de Raleigh aux Etats-Unis. Il comporte
cinq cours en ligne qui couvrent les
fondamentaux de la gestion de la supply
chain. Ces cours en ligne asynchrones
dispensés par les formateurs du MIT se-
ront complétés par un enseignement synchrone
de quatre cours en durabilité, nouvelles
technologies (blockchain, big data,
IA), volatilité du marché et softs kills (leadership,
négociation et communication)
dispensés par les professeurs de SKE-
MA. Pour ce faire SKEMA a recruté 12
experts du secteur qui interviendront régulièrement
tout au long de l’année pour
témoigner de leur expérience.
KEDGE Business School vient d’obtenir pour la seconde
fois consécutive le renouvellement de son accréditation
EQUIS (EFMD Quality Improvement System)
pour la durée maximale de 5 ans. Les auditeurs EQUIS
ont notamment jugé remarquables l’apprentissage par
l’expérientiel, « alimenté par des liens très bien établis
avec la pratique » et des mesures innovantes visant à
stimuler le développement personnel des étudiants, parmi
eux la démarche Be-U pour accompagner les étudiants
dans le développement de leurs compétences
et la construction de leur employabilité, et la pédagogie
par l’action.
Même processus de réaccréditation à l’ICN où, comme
le souligne sa directrice générale, Florence Legros,
« le board de l’EFMD a mis en avant les points qui
font la force de l’école, en premier lieu son positionnement
stratégique sur la transdisciplinarité et l’intégration
réelle du récit de la pédagogie ATM dans les
programmes et la recherche ».
9
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Une rentrée en mode DDRS
à l’EM Normandie
Afin de « susciter l’engagement » de ses 2 400
nouveaux entrants, l’EM Normandie a choisi
de placer la rentrée sous le signe du développement
durable et de la responsabilité sociétale.
Encadrés par le service Equilibre et Inclusion, les
étudiants en charge de l’organisation de l’intégration
sont préparés et sensibilisés aux valeurs DD/RSE de
l’école telles la lutte contre le bizutage, la prévention
et la gestion des comportements à risques lors d’événements
festifs (GHB, alcool, drogues, …). Tous les
achats sont ainsi effectués dans le souci du respect
de l’environnement : goodies et sweats « Made in
France », éco-cups, …
Cette intégration est suivie d’une demi-journée de
Team Building « éco-concept » avec la construction
d’un pont dit « du développement durable ». Les
étudiants de toutes les promotions, de toutes nationalités
et de tous les campus réunis en équipes, auront
pour mission d’imaginer et de construire un pont
fait de matériaux recyclés.
Cette intégration a débuté le 30 août au Carré des
Docks du Havre en présence de tous les nouveaux
entrants qui ont étéaccueillis par Elian Pilvin, le directeur
général de l’école, en présence d’Edouard Philippe.
L’inclusivité au cœur
de la rentrée de Kedge
Pour « marquer le début de l’année académique
d’une conviction forte », Kedge
a décidé de placer la thématique de l’inclusivité
au cœur de la rentrée de ses nouveaux
étudiants. Le 30 août, plus de 3 000
nouveaux entrants sur les quatre campus
en France ont eu l’opportunité de découvrir
l’école via le prisme de la diversité
et de l’inclusivité. Conférences, journée
d’engagement citoyen avec Pro Bono
Lab et atelier avec Ticket for Change, simulation
ONU sur le thème des discriminations,
activités sportives et jeux de
piste inclusifs, exposition photos … autant
d’actions de sensibilisation. « Notre
objectif est de former des futurs managers
promoteurs de la diversité en conjuguant
approche académique et expérientielle et
en permettant à toutes et tous de pouvoir
apprendre et se développer au sein de la
communauté KEDGE en l’enrichissant de
sa singularité », explique Cédric Ghetty,
le directeur des programmes.
Parmi les temps forts de la rentrée inclusive,
sont proposés :
une session SimONU, simulation
de l’ONU sur la thématique des
discriminations ;
une journée dédiée à l’engagement citoyen
avec Pro Bono Lab ;
un atelier « Match du siècle « avec
Ticket for Change ;
la projection du film « Bigger than us
» en présence des acteurs du film, suivie
d’un temps d’échange ;
des conférences avec des partenaires
entreprises comme L’Oréal, Lacoste, autour
de l’inclusivité et de l’égalité des
chances, etc.
Skema met
la sociologie au menu
de son PGE
Aux trois modules qui constituent les enseignements
de « Grands Enjeux Contemporains » en première
année du Programme Grande Ecole de SKEMA
(économiques, géopolitiques et des transitions), s’ajoute
à la entrée 2022 un quatrième module dédié à la sociologie
dont les enseignements sont confiés à Philippe
Riutort. « Dans l’esprit de prise de recul et d’anticipation
qui anime nos modules Grands Enjeux, et SKE-
MA étant conceptrice de l’épreuve d’Economie, Sociologie
et Histoire au concours de la BCE, nous souhaitions
associer la sociologie à notre parcours, dès la 1ère année,
qui viendra en plus renforcer le continuum CPGE-PGE
pour les profils littéraires qui sont de plus en plus nombreux
à nous rejoindre », indiquent Denis Boissin, directeur
du Programme Grande Ecole et Patrice Houdayer,
vice-président en charge des Programmes, de l’International
et de la Vie étudiante.
Ce nouveau module est confié à Philippe Riutort, professeur
en classes préparatoires littéraires hypokhâgne
et khâgne au Lycée Henri IV depuis 2004. Diplômé de
Sciences Po Paris et agrégé de sciences économiques
et sociales, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence
en sociologie.
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Audencia fait sa rentrée sur le thème
de la complexité et des transitions
« Vous allez être les acteurs d’une grande transition
écologique et sociale ! Vous intégrez une ses étudiants au Palais des congrès de Nantes
Le directeur d’Audencia, Christophe Germain, accueille
école qui entend faire bouger les lignes dans
ces challenges avec notamment la création de
l’école Gaia. » Le directeur général d’Audencia, Christophe
Germain, accueillait ainsi comme chaque année
les 540 nouveaux étudiants d’Audencia le 5 septembre
au Palais des Congrès de Nantes. L’occasion également
pour les étudiants de première année de master de
faire la rentrée de l’école dédiée à l’environnement qu’a
créé cette année Audencia : Gaia.
Comment gérer la complexité ? Cette rentrée se
faisait sous le signe de la complexité avec une conférence
dont l’invité d’honneur était Pascal Boniface, fondateur
et directeur de l’Institut de Relations Internationales et
Stratégiques (IRIS), qui insiste : « Tout responsable doit
avoir des notions de géopolitique aujourd’hui. Il faut
se méfier d’une vision du monde trop simplifiée par
beaucoup de médias. Aucune zone géographique n’est
binaire. Il ne faut pas se contenter des apparences qui
sont généralement là pour masquer la réalité». Pour
résister lui-même à des biais dans ses conclusions,
Pascal Boniface insiste sur la nécessité de « penser
contre soi-même en ne refusant jamais le débat ». Pascal
Boniface entend justement présenter la pédagogie
de la géopolitique en publiant des livres accessibles.
L’IRIS est d’ailleurs le seul think tank à être également
un organisme de formation
Cette complexité est aujourd’hui autant politique qu’environnementale.
Voire les deux concomitamment comme
pour l’entreprise leader de la distribution du gaz en
France qu’est Engie face au double défi de la crise en
Ukraine et de la crise environnementale. Venue présenter
l’action d’Engie pour parvenir à une neutralité carbone
à l’horizon 2045, sa directrice stratégies, Charlotte
Roulé, explique ainsi comment Engie « bloque aujourd’hui
des projets qui ne sont pas en convergence avec ses
objectifs même s’ils apparaissent profitables ».
Cette notion de complexité nécessaire Hugo Travers,
créateur de la chaine HUGO DECRYPTE, la défend même
si les nouveaux supports ont tendance à simplifier le
sujet, comme sa chaîne TikTok devenue son principal
média : « Dès le début de TikTok je me suis dit que ce
serait bientôt une plateforme comme Facebook. Il fallait
juste nous adapter tout en gardant notre capacité à
produire du contenu d’information »
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Gaïa fait sa première rentrée. Ils étaient 191 étudiants
de master 1 du programme Grande école – un
quart de la promotion - à avoir choisi de dédier leur
prochain semestre aux enjeux du management de la
transition écologique et sociale au sein de Gaïa, l’école
de la transition écologique lancée en 2021 par Audencia.
Ils suivront ainsi 240 heures de cours en anglais,
répartis en 10 cours alignés avec les Objectifs de
Développement Durable des Nations Unies et l’Accord
de Paris sur le changement climatique. « J’ai choisi
de participer à ce semsetre parce que je voulais lier
management et écologie pour réaliser quelque chose
qui aille au-delà de la volonté de gagner de l’argent »,
confie Manon qui vient d’intégrer le programme Grande
école d’Audencia après une licence de langues et une
année de service civique.
La journée de rentrée, après la présentation du programme,
a été placée sous le signe de l’échange avec
des personnalités engagées depuis longtemps sur
ces questions, à l’image d’Agathe Duplessy et Juliette
Beriot, du Collectif pour un réveil écologique, ou encore
Walter Bouvais, fondateur d’Open Lande.
L’après-midi était quant à elle consacrée à une expérience
immersive appelée « La Marche du Temps ». Elle retrace
l›histoire de la planète et du vivant au travers d›une
marche de 4,6km, qui permet une reconnexion au vivant
: un atelier à la fois scientifique et méditatif. L›atelier
est animé des experts qui apportent des concepts,
chiffres, étapes clés et évènements majeurs de l›histoire
de la planète. « Il s’agit à la fois de reconnecter nos
étudiants à la nature et de créer de la cohésion dans
le groupe en les faisant se rencontrer et se parler »,
explique Adeline Ochs, la responsable du semestre.
(Photos : © Charlotte DEFARGES-AUDENCIA)
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Masters in Management :
le Financial Times livre son
classement 2022
Pas de grands bouleversements à noter dans l’édition
2022 du Classement des Masters in Management du
Financial Times dont l’université de Saint-Gallen garde
la tête devant HEC. Troisième la Rotterdam School of
Management vole sa place sur le podium à l’University
College Dublin alors que la London Business school
poursuit sa baisse en descendant à la septième place.
Onzième la Tsinghua University School of Economics
and Management progresse de neuf places et devance
une toute nouvelle business school entrante : la IBS
Moscw Renepa.
Côté françaises ESCP se classe cinquième (deux places
de gagnées) devant l’Essec et une emlyon qui fait une
spectaculaire progression en gagnant douze places
et en se classant 9 ème . Douzième l’Edhec perd trois
places mais la grande contre-performance de l’année
est pour Skema qui perd dix-neuf places et se retrouve
41 ème . Le master de Kedge n’est quant à lui pas classé.
Rennes SB fait son retour à la 49 ème place de même que
l’Essca (60 ème ) alors que l’Esdes et l’ESC Clermont font
leur entrée dans le classement (respectivement aux
81 ème et 93 ème places) amenant à 24 le nombre d’écoles
françaises classées.
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Jean-François Fiorina
EX-DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT DE GRENOBLE EM
« Grenoble EM a lancé une nouvelle organisation
que je n’ai pas trouvé pertinente »
C’est un tremblement de terre dans
l’univers des écoles de management
françaises. Celui qui incarne Grenoble
EM depuis plus de vingt ans la quitte fin
septembre. Jean-François Fiorina nous
explique les raisons de son départ.
Olivier Rollot : Vous avez décidé de quitter
Grenoble EM, ce sera fin septembre, pour
prendre la direction de l’Ipag un mois plus
tard. Qu’est-ce qui vous a motivé dans ce
transfert après 22 années passées au sein
de l’école grenobloise ?
Jean-François Fiorina : Grenoble EM a lancé une
nouvelle organisation que je n’ai pas trouvé pertinente.
Au-delà de ces réserves, même si mes missions restaient
identiques, le directeur général de l’époque a supprimé
mon statut de je perdais mon statut de directeur général
adjoint. J’ai demandé à rencontrer l’actionnaire qui a
confirmé cette décision. Jouissant d’un certain crédit
à l’extérieur j’ai alors reçu diverses sollicitations. J’ai
alors pensé que c’était le moment de partir pour moi
sachant que je ne voulais pas que ce soit à un poste
similaire dans une école concurrente ni un poste de
gestionnaire. Je n’avais d’intérêt que pour des projets
de création, de développement ou de redynamisation
d’école. Parmi les propositions que j’ai reçues j’ai choisi
de prendre la direction de l’Ipag.
O. R : Qu’est-ce que ces années passées à
Grenoble EM vont particulièrement vous
permettre de réaliser à l’Ipag ?
J-F. F :Je suis particulièrement fier de toute la politique
de double diplôme que j’y ai réalisée. Grenoble EM en a été
précurseur et c’est une solution d’avenir dans le postbac.
Il y a aussi toute la dimension accréditations internationales
sans oublier l’international.
Je peux également rajouter les accréditations, à la fois
pour l’école mais aussi en tant que mentor ou membre
de peer review team (PRT) ainsi que mes engagements
pour la communauté des Grandes Ecoles (CDEFM, CGE
par exemple).
Mais attention : l’Ipag ne sera pas une copie de GEM. Je
vais, avec l’ensemble des équipes, des étudiants, alumnis et
partenaires, y ouvrir une nouvelle page en nous appuyant
sur le lien entre la terminale et l’enseignement supérieur.
Nous capitaliserons notamment sur la dimension géopolitique
qu’a déjà pris l’école (j’ai découvert avec beaucoup
de satisfaction qu’il y avait un track géopolitique en 1ère
année du programme Grande école). La géopolitique est
devenue une compétence indispensable pour tout leader
d’entreprise qui rejoint d’ailleurs le thème de « l’école du
futur » auquel je suis très attaché.
J’ai passé 22 ans à GEM et je la quitte sans acrimonie ni
colère pour un beau challenge. Je tiens à préciser que
ce départ ni pas directement lié à celui de Loïck Roche
ou l’arrivée de la nouvelle directrice générale et que j’ai
présenté ma démission à Philippe Streif, Président de
GEM le 27 juillet. Nous avions convenu de garder cette
info confidentielle jusqu’à la rentrée.
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
SEPTEMBRE 2022 N° 63
O. R : Vous connaissiez bien l’Ipag avant
qu’on vous propose ce poste ?
J-F. F : Je vais vous révéler une anecdote. Encore
consultant il y a une trentaine d’années je faisais des
interventions qui m’amenaient à Paris à la Société de
l’industrie nationale, située à l’époque tout près de
l’Ipag place Saint-Germain-des-Prés. Je passais donc
souvent devant les bâtiments de l’Ipag que je trouvais
formidablement bien placés au centre de Paris. Depuis
j’ai visité tous les campus de France sauf un. Celui de
l’Ipag justement. En résumé j’avais l’image d’une école
atypique, au très bon niveau en recherche et très bien
située boulevard Saint-Germain.
A Grenoble avec GEM
comme demain à
Paris avec l’Ipag Jean-
François Fiorina est
au cœur des villes.
O. R : Quel directeur serez-vous ? Votre
prédécesseur, Guillaume Bigot, était autant
devenu, voire plus, un commentateur
politique qu’un directeur d’école.
J-F. F : Chaque directeur a son style. Je serai un
directeur à temps plein qui valorisera l’école et ses
différents acteurs au travers notamment des réseaux
sociaux (entre autres !) avec bien évidemment toujours
autant de passion et d’enthousiasme.
GEM
Le grand hall de Grenoble EM qui a reçu il y a
quelques semaines l’assemblée générale de l’Aphec
O. R : Vous avez déjà réfléchi à quelles
seraient vos priorités à la tête de l’Ipag ?
J-F. F : Il est trop tôt pour livrer un projet. Aujourd’hui
je commence à découvrir énormément d’informations
sur l’école. Il y a énormément d’activités qui se passent
dans cette école, une vie étudiante très intense. Il faut
aussi s’appuyer sur le nouveau campus de Beaugrenelle
et un campus niçois en pleine ascension. Et bien sûr
valoriser une recherche très dynamique qui s’appuie
sur des chaires qui traitent de sujets au cœur des problématiques
actuelles comme par exemple l’entreprise
inclusive ou le made in France.
GEM
O. R : Vous passez d’une école
essentiellement post prépas à une école
postbac. Qu’est-ce que cela change ?
J-F. F : Le marché des étudiants postbac est en plein
essor. Nous devons très vite faire savoir ce que nous
faisons pour Parcoursup qui ouvre fin décembre. Comme
toutes les écoles nous devons nous adapter à un flux
moins nombreux d’élèves de terminale au bon niveau
en mathématiques. Il faut peut-être travailler sur des
parcours différents avec des formations différentes
selon ces élèves. Au-delà d’une simple remise à niveau.
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Grenoble EM est
pionnière dans
l’utilisation des
serious games
GEM
O. R : L’Ipag a une épée de Damoclès audessus
de sa tête : la Cefdg (Commission
d’évaluation des formations et diplômes de
gestion) n’a accordé le grade master au
programme Grande école de l’Ipag que pour
un an. C’est inédit. Cela ne vous inquiète pas
trop ?
J-F. F : C’est un défi supplémentaire. Le dossier corrigé
va bientôt être présenté devant la commission.
Même si l’audition se déroule avant ma prise de poste
officielle, je serai présent pour écouter les remarques
et m’engager à en tenir compte.
O. R : Le financement des contrats
d’apprentissage est aujourd’hui un sujet
délicat. L’apprentissage est-il un enjeu
important pour l’Ipag ?
J-F. F : L’Ipag a un nombre important d’apprentis (chiffre
que je ne soupçonnais pas) et se pose donc toujours la
question du coût contrat et du différentiel de prise en
charge par les entreprises. Vont-elles continuer à le
faire alors que les coûts sont transparents et qu’elles
peuvent négocier avec les écoles en fonction des
effectifs qu’elles reçoivent. Les écoles doivent monter
des formations dans les secteurs en tension si elles
veulent avoir un meilleur rapport de force. On peut
aussi imaginer que dans l’avenir les CFA (centres de
formation d’apprentis), que les établissements ont très
largement créé ces dernières années, se rapprochent
avec des CFA communs à certains secteurs.
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Sigem 2022 : les hiérarchies
continuent à évoluer
En dépassant Grenoble EM dans le recrutement d’élèves
issus de classes préparatoires, Neoma a démontré
une progression constante depuis cinq ans. Ailleurs
les hiérarchies apparues en 2021 subsistent et l’Edhec
renforce même sa domination sur emlyon.
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
SEPTEMBRE 2022 N° 63
C’est le baromètre de la santé des écoles
de management : chaque année elles se
classent en fonction des préférences des
élèves de classes préparatoires dans
le cadre du Sigem. Si HEC bat de toute
éternité ses concurrents il suffit qu’un
élève de plus que l’année précédente
fasse finalement le choix de l’Essec ou de
l’ENS Paris-Saclay pour que les conversations
s’en saisissent. Alors que pendant
longtemps la hiérarchie des écoles a
été immuable, la conquête en 2021 de
la quatrième place par l’Edhec au détriment
de emlyon a provoqué un séisme
dans la capitale des Gaules. De même
en 2021 Skema a recruté plus d’élèves
qu’Audencia dans le match qu’elles se
livrent et que Skema espérait plus nettement
remporter pour se rapprocher
de emlyon. Cette année Neoma prend le
pas sur Grenoble EM.
UN TAUX DE REMPLISSAGE
EN HAUSSE
Premier constat : si le nombre de candidats
est en baisse (9 875 contre 9 959 en
2021) le taux de remplissage de l’édition
2022 du Sigem grimpe de près de deux
points de 97,8% contre 95,8% en 2021
et 94,3% en 2019. En tout ce sont 7644
élèves qui ont été affectés soit 122 de
plus qu’en 2021 (7 538 en 2020, 7 515 en
2019 et jusqu’à 7 574 en 2018). Deuxième
constat : le nombre d’écoles qui ne font
pas le plein descend à huit (y compris
l’Ensae) quand elles étaient onze en 2021
(contre huit en 2020 et 2018 et dix en
2019). Résultat : le nombre de places
vacantes baisse à 255 contre 388 en
2021 en ajoutant les places disponibles
dans les écoles (237 en 2020, 451 places
en 2019 et 325 en 2018).
Le « classement
Sigem » 2022
1 HEC Paris
2 Essec
3 ESCP
4 Edhec
5 emlyon
6 Skema Business School
7 Audencia
8 Neoma (+1)
9 Grenoble EM (-1)
10 Kedge
11 TBS Education
12 Rennes SB
13 Montpellier BS
14 BSB
15 ICN
16 Institut Mines-Télécom BS
17 Excelia Business
School (+1)
18 EM Strasbourg (-1)
19 EM Normandie
20 ISC Paris (+1)
21 Inseec Grande École (-1)
22 ESC Clermont
23 SCBS
24 Brest Business School
Tableau des recoupements par école
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER SEPTEMBRE 2022 N° 63
LES HUIT ÉCOLES SONT, DANS
L’ORDRE DE NON-REMPLISSAGE :
• l’Institut Mines Télécom (IMT) business
school voit 88 places rester vacantes
contre 59 en 2021 (alors que l’école a
réduit de 20 le nombre de places) soit un
taux de remplissage de seulement 45% ;
SCBS qui ne recrute plus que 10 élèves
et termine donc avec 45 places libres (41
en 2021) et un taux de remplissage de
seulement 18% qui augure mal de ses
possibilités de recruter en 2023 ;
• EM Strasbourg, à laquelle il manque
38 élèves en admission sur les classes
préparatoires EC quand ils n’étaient que
quatre à faire défaut en 2021 (après
avoir fait le plein en 2020 mais pas en
2019) mais aussi six autres en BEL-B/L ;
ESC Clermont qui subit un déficit structurel
de 31 élèves (ils étaient également
28 à manquer en 2021, 30 en 2020 et
34 en 2019) ;
• Brest business school à laquelle il
manque 24 élèves et en recrute seulement
six quand elle était montée à 15 en 2021,
c’est dire si la mécanique vertueuse qui
semblait d’être enclenché est maintenant
grippée avec un taux de remplissage de
seulement 20% ;
• Inseec Grande école à laquelle il manque
certes 12 élèves mais s’étaient 59 places
qui étaient vacantes en 2021 pour le même
nombre de places ouvertes ;
• l’EM Normandie (neuf places manquantes
contre 22 en 2021 mais neuf places de
moins proposées en 2022) :
• l’Ensae (deux places)
2022 : L’ANNÉE DE NEOMA
Si 2020 avait été l’année de l’Edhec - qu’on
savait avoir dépassé emlyon dans le choix
des préparationnaires sans que cela soit
officiel -, et 2021 l’année d’une Skema qui
dépassait Audencia et prenait ainsi la 6 ème
place du « Classement Sigem », 2022
est l’année de Neoma qui dépasse pour
la première fois Grenoble EM. « Notre
école a mis en place ces dernières
années plusieurs avancées décisives,
notamment sur le terrain de l’innovation
pédagogique et de l’international », analyse
Delphine Manceau, la directrice générale
de Neoma. « Ce résultat très positif
s’inscrit dans la lignée de cette montée
en puissance. Il représente une véritable
marque d’adhésion des candidats à nos
partis pris stratégiques et aux évolutions
apportées au Programme Grande Ecole ».
Et le résultat est sans appel : 335
candidats ont finalement choisi Neoma
plutôt que GEM quand 120 ont fait le choix
contraire. En 2021 le match s’était soldé
sur une courte victoire de GEM : 160 à 151.
Avec 770 candidats intégrés, Neoma est
cette année encore l’école recrutant le
plus grand nombre de préparationnaires
Neoma revient ainsi au rang qu’occupaient
régulièrement l’ESC Rouen / Rouen BS et
l’ESC Reims / Reims MS avant la fusion
qui a conduit à la création de Neoma.
Mais pour autant le fossé se creuse avec
Skema : cette année 367 admis à Neoma
ont préféré l’école lillo-niçoise contre 353
en 2021 et 28 ont fait le choix contraire
contre 46 en 2021.
Du côté des autres écoles du top 10 la
hiérarchie établie en 2021 se confirme :
toujours plus au pinacle HEC ne perd
encore une fois cette année qu’un candidat
(au profit de l’ENS Paris-Saclay)
quand ils étaient deux en 2021 (un pour
l’Essec, un pour l’Ensae) ;
l’Essec et ESCP suivent comme d’habitude
et toujours au profit de l’école de Cergy :
317 la préférèrent in fine quand seulement
14 optent pour ESCP ;
l’Edhec enfonce le coin avec emlyon :
cette année seulement 35 candidats
ont choisi cette dernière quand 334
ont fait le choix contraire (en 2021 le
match s’était soldé par un 325 à 88 alors
qu’en 2019 ils n’étaient encore que 112 à
préférer l’Edhec à emlyon). Alors l’Edhec
peut-elle un jour challenger l’Essec et
ESCP après avoir renversé emlyon ?
Les deux parisiennes peuvent en tout
cas constater que, s’il est loin d’y avoir
un match, elles n’en perdent pas moins
respectivement un et cinq candidats qui
préfèrent finalement l’Edhec. ;
L’Institut Mines Télécom (IMT)
business school assume
« Nous avions anticipé un non-remplissage.
Ces résultats sont la conséquence
d’une politique délibérée de l’école de
renforcer notre sélectivité en remontant
significativement sa barre d’admissibilité, ses
exigences lors des entretiens d’admissions
ainsi que sa barre d’admission ». Le directeur
général, de l’Institut Mines Télécom (IMT)
business school assume un résultat encore
plus négatif qu’en 2021 : 88 places restent
vacantes contre 59 en 2021 (alors que l’école
a réduit de 20 le nombre de places) soit
un taux de remplissage de seulement
45%. « Si on analyse le pourcentage de
candidats qui ont été déclarés admissibles
par chaque école (sélectivité aux écrits),
nous voyons que IMT-BS se situe dans
les mêmes taux de sélectivité que Skema,
Audencia, Grenoble, Neoma et Toulouse »,
reprend le directeur pour lequel, « dans
un marché des CPGE en baisse sensible
depuis 2-3 ans, avec une baisse à la fois du
nombre de préparationnaires, du nombre
de candidats BCE, mais aussi du nombre
de présents aux écrits, notre stratégie
est de ne pas céder aux impératifs de
remplissage et à la tentation d’un nivellement
par le bas de notre recrutement ».
Et de conclure : « La singularité de notre
école, qui propose un brassage et une mixité
uniques, sur un même campus et dans
toutes les dimensions de la vie étudiante,
avec les étudiants ingénieurs de notre école
jumelle Télécom SudParis exige le maintien
d’un niveau académique élevé. Dans notre
stratégie 2027, nous allons renforcer ce
brassage et ce mélange. Nous devons
donc nous maintenir avec un bon niveau
d’étudiants à l’entrée, quitte à intégrer moins
de classes prépa d’année en année ».
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
SEPTEMBRE 2022 N° 63
« Le taux de remplissage des écoles est historique »
Le Sigem 2022 a particulièrement bien fonctionné. L’analyse de son
président et directeur des programmes d’Audencia, Nicolas Arnaud.
QUELLES CONCLUSIONS TIREZ-
VOUS DES RÉSULTATS DU SIGEM
2022 ?
Nous pouvons nous féliciter d’un taux
de remplissage historiquement haut - le
plus haut des six dernières années – à
97,75% contre 95,7% en 2021. Nous
avons même plus d’inscrits cette année
qu’en 2021 et même en 2019 alors que
nous avions moins d’amissibles, environ
280, qu’en 2021.
Si on met de côté l’Ensae et HEC, qui
laisse toujours des places vacantes,
seulement sept écoles ne remplissent
pas toutes les places qu’elles avaient ouvertes
contre onze en 2021. Alors qu’elles
avaient encore des places vacances en
2021, Excelia, l’ISC et TBS Education font
le plein cette année. Si elle ne pourvoit
pas toutes les places proposées, l’Inseec
n’en progresse pas moins. En proportion
de leurs places ouvertes ce sont l’EM
Strasbourg et l’Institut Mines Télécom
(IMT) business school qui souffrent le
plus cette année.
COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS
CES BONS RÉSULTATS ?
Fort du bilan 2021 nous avions décidé de
communiquer en amont sur la procédure
Sigem. Dès qu’ils postulaient à la BCE ou
à Ecricome les candidats recevaient des
informations. Ainsi nous n’avons eu que
très peu de candidats qui découvraient le
processus en fin de cycle et ont fait appel
à la hot line. Nous pouvons collectivement
nous en féliciter.
Mais d’autres éléments entrent en ligne de
compte. Et d’abord la réforme du bac et
des classes préparatoires économiques
et commerciales générales (ECG) qui
n’incitait pas les candidats à cuber.
Autre élément à prendre en compte :
la suppression de l’acompte pour les
boursiers qui a conduit 85 boursiers
complémentaires à s’inscrire. Des inscrits
qu’on retrouve dans les affectés.
2023 S’ANNONCE BEAUCOUP
MOINS BIEN AVEC UNE BAISSE
PROGRAMMÉE DES CANDIDATS.
COMMENT LE SIGEM S’Y
PRÉPARE-T-IL ?
Sur la base des estimations il manquerait
15% de candidats en 2023. Si les chiffres
sont très positifs cette année il restera
des places vacances si les écoles ne
font pas évoluer le nombre de places
proposées en fonction du nombre de
candidats. Mais ce n’est pas dans la
responsabilité du Sigem. En revanche
il est dans la responsabilité du Sigem
d’avoir des taux de conversion plus élevés.
Nous pouvons nous réjouir de cette
bonne campagne tout en étant conscients
des difficultés potentielles de l’année
prochaine. C’est aux directions générales
de prendre les décisions pour que les
taux de remplissage restent dans des
proportions importantes. Pour le bien
du Sigem il faut conserver un taux de
remplissage élevé.
ET RAPPELONS-LE LE SIGEM NE
PRODUIT PAS DE CLASSEMENT.
Merci de le rappeler. Le fameux
« Classement Sigem » n’est qu’une
interprétation de la presse des résultats
que nous livrons. Ce n’est pas un
classement produit par le Sigem.
L’historique du Sigem
Les désistements croisés
jusqu’en 2014 sont compilés
sur le site http://bloom6.
free.fr/archives12.html.
20
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER
SEPTEMBRE 2022 N° 63
En 1992 c’est à Sup de Co Bordeaux qu’est
pour la deuxième fois organisé un congrès de
l’APHEC dans les locaux d’une école.
Tableau récapitulatif par école
Skema s’impose à la 6ème place et plie
le match avec Audencia par 326 à 106
(en 2021 si 268 admis à Audencia avaient
finalement opté pour Skema ils étaient
190 à faire le choix contraire). Skema
s’impose également en termes de nombre
de candidats : 8141 contre 7909 en 2021.
Skema peut-elle s’imposer un jour face à
emlyon ? Cette année 14 candidats ont
fait ce choix contre 325 qui ont opté pour
l’école lyonnaise. En 2021 ils n’étaient que
huit à choisir finalement Skema.
En s’appuyant comme en 2021 sur un
nombre record de de candidats classés
(près de 3 900 pour un rang du dernier
affecté à 2 500 quand elle était montée
à un peu plus de 2 600 en 2021) Kedge
assure sa 10 ème place.
En dehors du renouveau toujours plus
affiché de Neoma le « classement Sigem »
2022 bouge peu avec un rang de gagné pour
Excelia vis-à-vis de l’EM Strasbourg et de
l’ISC vis-à-vis de l’Inseec Grande école.
Olivier Rollot
21
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Delphine Manceau
DIRECTRICE GÉNÉRALE DE NEOMA BS
« Neuf ans après la fusion, Neoma a su capitaliser sur
ses atouts et s’imposer comme une école pionnière »
2022 c’est l’année de Neoma.
L’école atteint cette année
son meilleur classement dans le choix
des préparationnaires. Sa directrice
générale, Delphine Manceau,
revient avec nous sur la dynamique
qu’elle porte pour son école depuis
maintenant cinq ans.
Olivier Rollot : Cette année, pour la première
fois depuis la fusion de Rouen BS et Reims
MS dont elle est issue, Neoma a dépassé
Grenoble EM dans les choix des élèves issus
de classes préparatoires. Neoma atteint
ainsi la 8ème place du « Classement Sigem ».
Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Delphine Manceau : C’est une belle reconnaissance
de la stratégie de l’école qui se traduit cette année dans
les décisions des élèves de classes préparatoires. Nous
avons fait évoluer notre Programme Grande école en y
intégrant des enseignements autour de la géopolitique
et de la transition écologique et sociale, mais aussi la
possibilité d’obtenir des certifications professionnelles
et, systématiquement, un double diplôme de MSc en
dernière année. Neuf ans après la fusion, Neoma a
su capitaliser sur ses atouts et s’imposer comme une
école pionnière en matière d’innovation pédagogique,
notamment avec son campus virtuel.
Plus largement, notre stratégie nous a permis de renforcer
notre recherche et notre internationalisation.
Aujourd’hui, Neoma compte près de 400 partenaires
internationaux bénéficiant des meilleures accréditations.
Une internationalisation qui irrigue l’ensemble du
parcours étudiant, jusqu’à l’entrepreneuriat. Je pense
notamment au programme Global Incubator qui permet
à nos étudiants d’intégrer l’incubateur d’un partenaire
académique et ainsi de continuer à l’international le
projet de création d’entreprise initié à NEOMA.
O. R : Le travail de vos « admisseurs » a été
reconnu !
D. M : Notre accueil admissibles a été excellent. Il a
d’ailleurs été classé à la cinquième place du classement
de Major Prépa, et même au premier rang des écoles
du top 10. C’est très important pour les admissibles
de pouvoir échanger avec les étudiants de l’Ecole. J’ai
été vraiment frappée par l’enthousiasme et l’énergie
de nos admisseurs qui s’engagent pour proposer de
nombreuses activités et de magnifiques spectacles. Ils
sont ainsi pleinement contributifs au projet de l’école.
C’est une expérience très marquante pour les étudiants
admisseurs qui en parlent encore des années plus
tard. Ces quinze jours au rythme des concours, cette
expérience collective avec des spectacles chaque jour,
des barbecues chaque soir, ils s’en souviennent toute
leur vie ! Se rendant compte que certains candidats
revenaient voir leur spectacle, nos admisseurs en ont
même créé un second pour que celui de l’après-midi
soit différent du matin !
Neoma dévoile son
futur campus à Reims
Neoma inaugurera son
nouveau campus à Reims à
la rentrée 2025. 109 millions
d’euros sont investis pour
construire un campus qui
pourra accueillir 4 700
étudiants sur un site d’une
surface de 35 000 m².
Propriétaire de ce nouveau
campus, NEOMA portera
l’investissement de cette
opération immobilière
estimée à 109 millions
d’euros. Le projet sera
principalement financé par
fonds propres et par emprunt.
Il bénéficiera de subventions
des collectivités locales. La
communauté urbaine du
Grand Reims a déjà acté
sa participation à hauteur
de 10 millions d’euros.
Neoma
22
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN
SEPTEMBRE 2022 N° 63
O. R : Il y a maintenant cinq ans que vous
avez pris la direction de Neoma. Comment
le paysage des écoles de management a-t-il
évolué pendant ces cinq ans ?
D. M : Toutes les écoles ont progressé durant ces cinq
années. Etre au 8 ème rang du Sigem aujourd’hui, ce n’est
pas exactement la même chose qu’être au 8 ème rang il y
a cinq ans. Il y a beaucoup d’émulation entre les écoles
françaises et c’est très stimulant. Mais il va falloir encore
progresser avec un environnement en profondes
mutations. Début 2023, Neoma présentera un nouveau
plan stratégique pour se donner un nouvel élan.
O. R : Êtes-vous inquiet de l’évolution des
effectifs en classes préparatoires ECG ?
D. M : Nous avons constaté en 2021 une forte baisse
du nombre de nouveaux préparationnaires. Est-ce
ponctuel ou durable ? Quel impact auront les réformes
du bac sur le moyen terme ? Comment l’attractivité de
la prépa va-t-elle évoluer ? Nous anticipons en tous
cas un Sigem 2023 difficile. Nous devrions maintenir
le même nombre de places ouvertes au concours en
supprimant la marge de cinq candidats que nous retenons
d’habitude pour prendre en compte les reçus
qui préfèrent finalement cuber.
O. R : Mais comment remédier à cette
relative désaffection ?
D. M : Pour relancer la filière, nous travaillons conjointement
entre la Conférence des directeurs des écoles
françaises de management (Cdefm) et l’Association des
professeurs de classes préparatoires économiques et
commerciales (APHEC). Ensemble nous voulons mieux
expliquer aux lycéens ce qu’est une classe préparatoire
et ce qu’elle apporte. Quand on évoque les classes
préparatoires, on se focalise trop sur le concours en
sous-estimant la richesse des contenus autour de
matières très variées.
Comme c’est le cas dans des cursus offerts dans
beaucoup d’autres pays, les classes préparatoires
permettent de se former aux matières fondamentales
avant d’entrer dans les disciplines spécifiques à la gestion.
Leur richesse c’est aussi leur multidisciplinarité,
combinant géopolitique, humanités, mathématiques,
langues... Il faut aussi expliquer tout ce qu’apportent
les khôlles dans les capacités d’expression orales.
Et lutter contre les idées reçues bien souvent véhiculées
autour de comportements individualistes en
classes préparatoires, alors qu’on y est au contraire
très solidaire, avec des professeurs très impliqués et
bienveillants. En classes préparatoires on construit des
« honnêtes hommes et femmes » aptes à s’adapter à
un monde en mutation rapide. Les fondamentaux que
l’on y apprend restent pour la vie au-delà des mutations
technologiques et de l’évolution des métiers.
Le futur campus de
Neoma à Reims
23
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN SEPTEMBRE 2022 N° 63
O. R : Que répondez-vous à ceux qui estiment
que les bachelors des écoles concurrencent
les classes préparatoires ?
D. M : Ce ne sont pas les mêmes étudiants qui sont
intéressés. Dans les bachelors, les étudiants veulent
se préparer à des métiers, plonger dans le monde du
travail. En classes préparatoires, les élèves veulent
d’abord approfondir leurs connaissances, leur compréhension
du monde et des matières fondamentales,
avant d’enchaîner ensuite sur un enseignement plus
appliqué.
O. R : Quel impact peut avoir l’inflation sur
l’évolution de vos frais de scolarité ?
D. M : NEOMA veille attentivement à maintenir l’accessibilité
des études au sein de son programme Grande
Ecole. Dans le contexte actuel, nous sommes contraints
de prendre en compte l’inflation de nos coûts, notamment
la facture énergétique qui augmente considérablement
en cette rentrée. Aujourd’hui un étudiant de Neoma
connait ses frais de scolarité pour les 3 ou 4 ans de
son cursus. Si l’inflation continue, nous réfléchirons à
une régulation de ces frais.
O. R : Êtes-vous rassuré par les décisions
de France Compétences sur les coûts
contrat de vos apprentis ?
D. M : Après les annonces récentes, nous allons regarder
en détail et branche par branche les impacts
financiers sur les dispositifs d’apprentissage. Je suis
particulièrement attachée à l’apprentissage qui, au-delà
d’être une voie professionnalisante ayant déjà très
largement fait ses preuves, reste également un vrai
levier d’ouverture sociale.
O. R : Nouveau campus à Paris, futur
nouveau campus à Reims, rénovation à
Rouen, Neoma repense aujourd’hui la totalité
de ses campus. Où en êtes-vous ?
D. M : Nous avons inauguré en septembre 2021 notre
nouveau campus parisien et nous travaillons maintenant
sur le projet de Reims pour 2025. Tout comme notre
nouveau site parisien, ce campus au cœur de Reims
s’impose comme une nouvelle étape dans le développement
de l’Ecole. Il sera construit le long du canal,
dans le quartier de Port Colbert qui est engagé dans
un grand projet de transformation de l’espace urbain.
Nous serons en face de l’Ecole supérieure d’art et
de design (Esad) de Reims et entourés de nombreux
logements et espaces de vie. En tout, nos bâtiments
y occuperont 35 000 m2 contre 26 000 aujourd’hui.
O. R : Avec quelles ambitions nouvelles
construit-on aujourd’hui des campus ?
D. M : Nous concevons des lieux qui correspondent
aux pédagogies et à l’expérience étudiante de demain,
avec des espaces importants pour la vie étudiante,
le co-working, beaucoup d’hybridations entre les
disciplines, etc. Aujourd’hui les salles de cours sont
modulables, les chaises ne sont plus fixées au sol. C’est
passionnant car nous devons imaginer comment on
enseignera dans vingt ans. Le temps d’un bâtiment est
un temps long et il faut s’interroger sur tous les espaces.
Le tout en respectant les critères environnementaux
les plus exigeants.
O. R : Comment vos diplômés se placent-ils
sur le marché du travail ces années
post Covid ?
D. M : Le marché du travail est très bon et nos diplômés
en bénéficient. Leur seul souci est de réussir leur
intégration dans des entreprises qui travaillent encore
largement en télétravail. Ce n’est pas facile de démarrer
un nouveau job à distance. Beaucoup de relations sont
informelles et on n’interagit pas uniquement avec son
manager et ses collègues directs. Le café du matin,
la bienveillance des collègues pour les nouveaux arrivants
sont des éléments très importants. Un vrai
enjeu d’intégration qui se traduit ensuite par la fidélité
à l’entreprise. Nos jeunes diplômés piaffent de venir
travailler en présentiel.
Des étudiants de Neoma
Rouen discutent devant
des capsules destinées
à se concentrer
24
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN SEPTEMBRE 2022 N° 63
Neoma a aujourd’hui
400 établissements
partenaires dans le monde
O. R : Où en sont les échanges internationaux
d’étudiants, dont on sait combien ils ont été
impactés négativement par la pandémie ?
D. M : Ils repartent très bien. En 2021-2022, avec un
effet de rattrapage, un nombre record de nos étudiants,
pas moins de 2 500, sont partis étudier à l’international.
Beaucoup moins en Asie du fait notamment de
la fermeture de la Chine et du Japon, mais beaucoup
plus en Europe, aux Etats-Unis ou dans les pays d’Asie
restés ouverts comme la Corée du Sud. Pour cela nous
signons de nouveaux partenariats : 50 accords signés
en un an pour atteindre les 400 partenaires que nous
avons aujourd’hui.
NEOMA a toujours défendu un parti-pris immersif très
fort à l’international. Nous privilégions le départ de nos
étudiants en petits groupes dans une université du
pays. Pas plus de cinq étudiants dans chaque université
partenaire pour bien s’imprégner de la façon dont
on enseigne dans chaque pays, se mélanger avec les
étudiants locaux, s’intégrer véritablement à la culture
locale. De plus, c’est important de pouvoir indiquer
le nom de l’université locale sur son CV. Un semestre
passé au sein de la KAIST en Corée, de la Bocconi à
Milan ou d’IIM Bangalore en Inde, cela peut vraiment
faire la différence si on cherche ensuite un stage ou
un emploi dans le pays.
O. R : L’hybridation des savoirs est
au cœur des développements de
l’enseignement supérieur. Qu’est-ce que cela
représente pour Neoma ?
D. M : Les échanges vers d’autres disciplines sont
une richesse pour les étudiants tout en répondant à
une vraie attente des entreprises. Aujourd’hui il faut
maîtriser les datas et les techs pour faire du marketing
par exemple. Le seul souci c’est que les systèmes de
reconnaissance des diplômes ont encore du mal à
suivre ce mouvement d’hybridation et restent fortement
structurés par discipline.
S’il y a aujourd’hui beaucoup d’hybridation entre le
management et les ingénieurs, ce n’est pas la seule
approche multidisciplinaire possible. Nous avons ainsi
signé un partenariat de double diplôme en géopolitique
avec l’IRIS. Et c’est pertinent de travailler avec les
Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) pour développer
les biotechnologies et travailler sur la transition climatique.
Nous dispensons ainsi un Mastère Spécialisé
conjoint avec AgroParisTech, intitulé Masternova, qui
permet d’acquérir une double compétence en sciences
du vivant et en management.
Un campus virtuel
Le métavers déjà fait ! peuton
dire chez Neoma qui a
monté en 2020 sur campus
virtuel et remporté pour
sa création le prix « Best
Innovation Strategy 2022 »
de l’AMBA (Association
of Masters of Business
Administration). Partie
intégrante de la plateforme
Laval Virtual World, le
campus virtuel de NEOMA
rassemble les espaces et
les usages traditionnels
d’un campus physique.
L’objectif ? Permettre aux
étudiants munis de leurs
avatars – qui restent très
proches de la réalité, on
ne se déguise pas ici en
dinosaures ou en Wonder
Woman - l’interaction au
sein d’un vrai campus pour
garantir une expérience
académique et étudiante
la plus riche et complète
possible, même à distance.
25
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT
SEPTEMBRE 2022 N° 63
THOMAS
FROEHLICHER
Directeur général
de Rennes SB
Comment se forge un destin ?
Thomas Froehlicher,
le « multi directeur »
De l’ICN à Rennes
SB en passant par
HEC Liège et Kedge,
Thomas Froehlicher
a enchainé les
postes de doyen et
de directeur d’école
depuis plus de vingt
ans. Une longévité
exceptionnelle qui
démarre en 2001
quand il fait partie
des 17 « survivants »
du concours de
l’agrégation. Après
une thèse en
sciences de gestion
soutenue en 1996
sur « Éléments sur
le management
des coopérations
interentreprises,
une contribution à
l›analyse : en termes
de configurations
relationnelles »,
le voilà nommé
professeur à
Mines Nancy où il
prend rapidement
la direction de
la formation de
l’ingénieur civil.
Helsinki qui est au croisement du
management, de l’ingénierie et des
sciences, des Arts et du Design»,
se souvient Thomas Froehlicher
auquel les trois directeurs demandent
de concevoir la première offre
pédagogique. En 2001 naissent les
Ateliers Artem, première illustration de
ce travail hybride au cœur du projet
Artem.
L’ICN PREND SON
INDÉPENDANCE
L’année 2001 est également marquée
par l’entrée de l’ICN dans le système
d’affectation des candidats issus
de classes préparatoires dans les
écoles de management, le Sigem.
« Il faut alors se rendre à l’évidence.
L’attractivité de l’ICN est obérée. »
Thomas Froehlicher est alors nommé
directeur général adjoint de l’ICN avec
notamment le défi de faire sortir l’ICN
du giron de l’université de Nancy 2 et
de créer de nouveaux statuts. Ce sera
fait dès 2002 et c’est fort logiquement
qu’il prend alors la direction générale
de l’école : « Je n’avais que 35 ans et
j’étais passé en deux ans du statut
de professeur qui ne pensait qu’à la
recherche à directeur au cœur du
projet Artem ».
Après un mandat de quatre ans à
la tête de l’ICN, Thomas Froehlicher
ne souhaite pas être renouvelé et
préfère devenir délégué général
d’Artem. Un poste qu’il occupera deux
ans et lui permettra de travail de
travailler avec Louis Schweitzer. De
2006 à 2008, l’ex-patron de Renault
occupe en effet la présidence du
conseil d’administration des Mines de
Nancy et se consacre largement au
développement d’Artem.
DE L’ÉCOLE DE COMMERCE
AU DOCTORAT
Pour se lancer dans l’aventure Artem,
Thomas Froehlicher a quitté un petit
village à côté de Saverne, où il s’était
« réfugié » pour écrire une thèse et
« méditer dans la forêt ». Une passion
pour les arbres qui ne l’a jamais
quitté et trouve ses ferments dans
son enfance par très loin d’Annecy,
à Haguenau, puis ses années lycée à
Metz suivant un père, directeur à la
BNP, germanophone, souvent muté
de part et d’autre du Rhin. Après
un bac C – scientifique, il entre à
l’IECS (l’actuelle EM Strasbourg) et
une licence de sociologie au s
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT SEPTEMBRE 2022 N° 63
entreprise à laquelle je consacrais
tout mon temps. A tel point que je suis
resté une année de plus pour obtenir
mon diplôme. Je n’avais pratiquement
par ouvert un livre pendant un an !
S’il est passionné par la vie des
entreprises c’est dans les études
qu’il va s’épanouir : « J’avais entendu
parler de la possibilité de devenir
enseignant-chercheur en management
ou en sciences de gestion et je m’y
suis consacré ». Il enchaine donc
après son diplôme de l’IECS, qui
donnait à l’époque un titre d’ingénieur
commercial de l’université de droit
de Strasbourg, par un DEA (diplôme
d’études approfondies) en sciences
de gestion à Louis-Pasteur. En 1996
il présente enfin à Nancy 2 son
doctorat intitulé Éléments sur le
management des coopérations
interentreprises, une contribution
à l’analyse : en termes de
C’est à l’ICN que Thomas
Froehlicher a fait ses
armes de directeur
d’école de management.
configurations relationnelles. Mais
n’oublions pas auparavant un passage
par l’université de Bradford dans le
cadre d’un échange Erasmus. Il fera
même partie de son équipe de rugby
(sa grande passion, lire l’encadré) et
disputera ainsi des matchs dans toute
l’Angleterre : « C’est très structurant
pour apprendre l’anglais avec tous les
accents possibles ! »
DE FUSION EN FUSION : HEC
LIÈGE PUIS KEDGE
En 2008 Thomas Froehlicher se
lance dans un projet que très peu
de Français ont réalisé : diriger
un établissement d’enseignement
supérieur à l’étranger. C’est en
Belgique, à HEC Liège, business school
qu’il est embauché au poste de doyen
et directeur général : « HEC Liège et le
département d’économie et de gestion
venaient de fusionner avec succès.
Les deux doyens voulaient recruter
quelqu’un d’extérieur pour réussir
totalement leur projet. J’ai vraiment
compris tout l’intérêt qu’il y a à faire
partie dans une université, surtout en
l’occurrence qu’elle laissait toute son
de l’autonomie à sa business school ».
Une business school universitaire de
premier ordre qui est aujourd’hui la
seule doublement accréditée AACSB
et Equis en Belgique.
A la tête de HEC Liège pendant six
ans – deux mandats - , Thomas
Froehlicher démontre des capacités
de rassemblement des équipes qui
vont, nous sommes en 2014, très
favorablement impressionner la
présidence d’une autre école tout
juste née il y a un an de la fusion
de Bordeaux EM et Euromed :
Kedge. « Bernard Belletante vient
d’annoncer son départ et un cabinet
de recrutement me propose le
poste. Le défi est de faire travailler
ensemble des métropoles qui ne
sont pas culturellement proches et
au corps professoral assez large. Il
fallait également rassurer des parties
prenantes souvent pessimistes,
notamment à Marseille où on craignait
que la pente naturelle des étudiants
les attire plutôt à Bordeaux », se
souvient Thomas Froehlicher, qui,
après bien des hésitations, s’installera
finalement à Marseille : « Pour un
directeur général c’est une expérience
passionnante de créer du lien, en
France et jusqu’à Shanghai pour y
développer un campus ». Il y sera
également largement accaparé par les
questions juridiques : Euromed était
en effet déjà une association quand
BEM était encore un service de la
chambre de commerce et d’industrie.
Après trois années « passionnantes »,
après avoir considérablement
développé la recherche, après
le départ du président de l’école,
François Pierson, il quittera Kedge :
« C’était un investissement humain
très intense dont je ne voyais pas
toujours la finalité à plus long terme
dans mon parcours. Il était temps de
changer d’orientation et de retrouver
une vie personnelle plus riche ».
SA RENCONTRE
AVEC RENNES SB
Après son départ de Kedge, Thomas
Froehlicher postule d’abord aux
Pays-Bas, à l’université de Maastricht
notamment, quand il apprend le départ
d’Olivier Aptel de la direction de Rennes
SB. Il succédera à l’emblématique
directeur de l’école rennaise en
décembre 2017. « J’avais été séduit par le
modèle de Rennes SB lors d’un audit pour
27
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT
SEPTEMBRE 2022 N° 63
l’EFMD ». Des audits qu’il réalise depuis
20 ans : « Ils permettent d’en apprendre
énormément pour sa propre école mais
c’est aussi un défi permanent de dire à
des écoles comment être meilleures ».
Alors qu’il trouve à Rennes un
environnement international de
premier plan, il va s’appliquer à en
développer la culture académique :
« Rennes SB était en croissance
depuis trente ans. Nous dévions
à la fois en consolider les acquis
et assurer la poursuite de cette
croissance. L’école s’était par
exemple un peu trop reposée sur les
étudiants chinois – jusqu’à 60% des
effectifs avant mon arrivée ! – et il
fallait s’ouvrir plus largement pour
ne pas se retrouver face à un vrai
problème stratégique ». Aujourd’hui
les étudiants viennent de plus en
plus d’Amérique latine, d’Inde, d’Asie
au sens large et d’Afrique de l’Est.
Sans oublier des Américains plutôt
issus de community colleges. En 2021
Thomas Froehlicher aura également
installé son école à Paris : « Il nous a
fallu trouver un chemin. Aujourd’hui
nous entrons dans la définition d’un
nouveau plan stratégique avec de la
maturité comme l’atteste un réseau de
près de 25000 alumni ».
Thomas Froehlicher a
présidé pendant trois
ans aux destinées de
Kedge (ici le campus
de Bordeaux)
Sport et musique
Deux passions animent depuis toujours
Thomas Froehlicher : celles du rugby et de
la musique. Dès ses 7 ans il joue au rugby à
Haguenau, une ville qui compte beaucoup
d’enfants de militaires venus souvent du
Sud-Ouest de la France dont une bonne
partie sont fans de rugby et – nous sommes
en 1974 - d’un certain Jean-Pierre Rives
alors idole du sport français. « Je joue
dans l’équipe minime d’Alsace-Lorraine
et nous tenons le choc face à Toulouse. A
Metz jusqu’en junior je joue contre la stade
français. Mais voilà j’étais à la fois trop
petit pour continuer à jouer en troisième
ligne et trop myope – je jouais les yeux
plein de boue – pour aller plus loin. »
Comme d’autres grands sportifs qu’on
trouve à la tête d’écoles de management, il
considère le rugby comme un « modèle pour
comprendre les relations sociales, au même
titre que la sociologie ». Toujours passionné
il aime « regarder les matches sans regarder
la balle pour regarder les mouvements des
autres joueurs », toute une « dynamique
collective complexe » qui le fascine : « En
tant que pilier, poste auquel je jouais en
Angleterre, on peut jouer tout un match
sans toucher la balle tout en jouant un rôle
décisif. Certains doivent être invisibles ! »
L’autre grande passion qui anime Thomas
Froehlicher est la musique : « Pendant douze
ans j’ai étudié la clarinette auConservatoire
National de Strasbourg puis à Metz. J’ai
arrêté de jouer en seconde car je n’avais
pas le talent d’un clarinettiste de haut vol
dans une voie hyper élitiste où même un
premier prix de conservatoire ne donne
aucune garantie sur une carrière ». S’il a
vendu peu après sa clarinette, une fameuse
Buffet-Crampon, il aimerait s’y remettre
un jour : « J‘ai déjà essayé mais c’est très
difficile. J’aurais au moins aimé continuer
à jouer dans l’orchestre folklorique de
mon village quand j’étais gamin et qui
m’amusait beaucoup mais le conservatoire
ne le permettait plus. Convivialité ou
excellence, il avait fallu choisir. Dommage »
Le célèbre hall aux
palmiers de Rennes SB
que Thomas Froehlicher
dirige aujourd’hui
28
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Après la pandémie,
les étudiants sont de retour
en France. Et après ?
Le paysage de la mobilité étudiante a subi en seulement deux ans trois
crises majeures : Covid, Brexit et aujourd’hui la guerre en Ukraine. Si leurs
conséquences à moyen et long terme restent encore difficile à analyser – au niveau
mondial l’Unesco ne publie que les chiffres de 2019 -, les experts de Campus France
en tirent déjà quelques conséquences immédiates ou probable.
Dans l’édition 2022 de ses
Chiffres clés les experts de
Campus France raopellent
notamment que le Brexit a
provoqué une hausse des frais d’inscription
au Royaume-Uni pour les étudiants
communautaires, qui se détournent du
pays, ce qui est pour l’instant compensé
par un nombre plus important d’étudiants
asiatiques dans le pays. De son côtgé
la guerre en Ukraine pourrait avoir un
impact sur la place de la Russie, qui figurait
en 2019 au 5 e rang des pays d’accueil,
mais aussi peser sur les flux d’étudiants
du continent africain, présents en
nombre sur le territoire ukrainien avant
la guerre. De même face au Covid, l’isolement
durable du premier pays d’origine,
la Chine, va constituer un phénomène décisif
notamment pour les pays dépendant
le plus de cette mobilité, comme l’Australie.
Enfin la fermeture de l’Australie
durant la pandémie pourrait aussi affecter
la montée en puissance du pays, passé
2e au niveau mondial avant la pandémie.
Un contexte difficile dans lequel la
France semble plutôt bien se comporter
« Après la pandémie, les étudiants sont
de retour en France » affirme même
Campus France qui constate que ce soit
face à la pandémie de Covid-19 ou aux
conséquences de la guerre en Ukraine,
la France a pu « s’affirmer au cours de
ces deux dernières années comme un
pays ouvert et accueillant ». Cette ouverture
aux étudiants étrangers durant
la pandémie a permis de stabiliser leur
nombre en 2020-2021 (-1%). La diminution
du nombre de visas accordée pour
études en 2020 (-17%) a été résorbée
par une augmentation en 2021 (+25%),
« augurant un retour massif des étudiants
internationaux vers la France ». Le
nombre de visas accordés en 2021 est ainsi
supérieur à celui d’avant la pandémie.
Les Grandes écoles
françaises tirent leur
épingle du jeu
Après une augmentation continue du
nombre d’étudiants étrangers en France
(+70% sur 20 ans et +28% de 2009 à
2019), les effectifs ont baissé pour la première
fois entre 2019 et 2020, dans le
contexte de pandémie. Avec 365 000 étudiants
étrangers en France en 2020-2021,
cette baisse de 1% reste particulièrement
contenue par rapport à d’autres grands
pays d’accueil. Les écoles d’ingénieurs
Évolution du nombre de visas accordés
par zone d’origine des étudiants
et de management et poursuivent même
la hausse des inscriptions des étudiants
internationaux pendant cette période. Un
sujet particulièrement crucial pour ces
dernières. « Les inscriptions des étudiants
chinois continuent et nous recevons de
plus en plus d’étudiants d’autres parties
du monde », constate ainsi le directeur général
de Kedge, Alexandre de Navailles,
qui va implanter son école en Inde.
Les écoles de management françaises
semblent donc avoir surmonté ce qui pouvait
s’apparenter à une « addiction » aux
étudiants chinois en s’ouvrant plus largement
sur le monde comme le constate
également le directeur des relations internationales
de l’Edhec, Richard Perrin
le constate : « Nous sommes revenus
aux chiffres d’étudiants internationaux
29
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT
SEPTEMBRE 2022 N° 63
de 2019. Mais le marché chinois est de
plus en plus complexe avec sans doute
une volonté du gouvernement chinois de
conserver ses talents et de développer
ses business schools. Résultat, parmi
nos 30% d’étudiants internationaux nous
recevons de plus en plus d’Européens et
aussi d’Américains. Une recomposition
est en cours vers l’Inde avec un jeu de
vase communicant entre les étudiants
chinois et indiens ». Sa conclusion :
« Nous sommes au début d’une nouvelle
période. Et alors que la France perd des
parts de marchés, ses business schools
se tiennent bien ».
L’Afrique en ligne de mire
Avec une croissance exponentielle du
nombre de ses étudiants, l’Afrique est
également en ligne de mire. « Nous
savons que l’Afrique est un territoire
d’opportunités et un relais de croissance
pour nos établissements si nous
identifions le bon modèle pédagogique
et économique », rappelle le directeur
général de l’EPF, Jean-Michel Nicolle,
qui y a « développé une forte culture de
coopération et de formation à distance
avec les établissements d’Afrique
subsaharienne francophone ». Philippe
Oster, le directeur des affaires internationales
d’HEC, se projette également vers
le continent africain dans Challenges :
« Les étudiants africains représentent
8 % des effectifs de nos programmes
diplômants. Nous voulons doubler ce
chiffre pour atteindre 16%, l’équivalent
de la zone Asie-Pacifique et de l’Europe
hors France ».
Sur cinq ans, les zones de provenance des
étudiants internationaux qui progressent
le plus sont aussi celles qui forment le traditionnel
trio de tête : Afrique du Nord –
Moyen-Orient (+24%), Afrique subsaharienne
(+41%), et Europe (+11%).
En revanche, la France peine à attirer
en mobilité les étudiants asiatiques avec
une chute de 40% du nombre de visas
qui leur ont été attribués entre 2019 et
2021. Si en proportion le Japon (-60%)
et la Corée du Sud (-54%) sont les deux
pays qui connaissent les baisses les plus
importantes, le nombre de visas accordés
chute plus lourdement encore en valeur
en Chine (-3 579) et en Inde (-1 028).
Répartition des étudiants étrangers en France par type de mobilité
Top 25 des pays d’origine des étudiants étrangers en France (2020-2021)
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT
SEPTEMBRE 2022 N° 63
Quelle part pour les
étudiants européens ?
Près d’un quart des étudiants provient
d’Europe (24%) et leur nombre progresse
modérément (+11% en cinq ans). Une
évolution qui cache d’importantes disparités
: si les étudiants italiens, espagnols
et portugais sont en nombre fortement
croissant (respectivement +47%,
+32% et +52%), les contingents de certains
pays européens stagnent comme
ceux de la Belgique, de la Grèce et du
Luxembourg (respectivement +6%, 0% et
+2%), et d’autres connaissent des baisses
significatives comme l’Allemagne, la
Pologne ou la Bulgarie (respectivement
-18%, -17% et -34%). Le Royaume-
Uni (-9%) voit également ses effectifs
diminuer et se retrouve à la 30e position
(contre 20e pays d’origine en 2015).
Enfin, le nombre d’étudiants venant des
Amériques reste stable sur cinq ans
(+0,2%) : il a baissé en Amérique du Nord
(-28%), mais a augmenté pour l’Amérique
centrale (+30%) et stagné pour l’Amérique
du Sud (+2%).
Les internationaux plus
nombreux dans les
sciences fondamentales
Si 15% des inscrits à l’université sont
étrangers, on constate des proportions
plus importantes dans certaines disciplines
comme les sciences fondamentales
(23%), les sciences économiques (19%) et
les langues (19%). Les sciences fondamentales
sont particulièrement prisées, avec
un quart des effectifs et une croissance
sur cinq ans supérieure à la moyenne
(+23% contre +7% sur l’ensemble). Les
étudiants étrangers choisissent également
les sciences économiques et de gestion (à
16%, bien qu’en baisse de 1% des effectifs),
les sciences humaines et sociales (à
12% des étudiants étrangers) et le droit et
la science politique (à 11%), pour ce qui
est des principaux champs disciplinaires.
La tendance observée sur cinq ans
est celle d’un renforcement des disciplines
scientifiques (+20% entre 2015
et 2020), tandis que tous les autres
champs disciplinaires progressent peu
sur la même période (+4% pour la santé,
+3% pour le droit, +1% pour l’économie
et +0,3% pour les humanités).
Avec 40% de doctorants étrangers, le niveau
doctoral est particulièrement internationalisé
: la France est même le 3 e pays
d’accueil de doctorants étrangers, derrière
les États-Unis et le Royaume-Uni,
au sein de l’OCDE. 40% des doctorants
en France sont ainsi étrangers.
Les étudiants français
plus mobiles
Les étudiants français partent davantage
en mobilité à l’étranger (+26% en cinq
ans) faisant de la France désormais le
5 ème pays d’origine des étudiants mobiles,
L’optimisme prévaut
pour 2022
Pour 2022 la plateforme
Études en France, qui
permet aux candidats ayant
besoin d’un visa de postuler
à une mobilité, donne une
indication du nombre de
candidats. Si le nombre de
dossiers de candidatures
créés sur la plateforme en
2022 diminue de 9% par
rapport à 2021, le nombre de
candidatures envoyées aux
services de coopération et
d’action culturelle (SCAC),
qui sont en charge de
l’instruction des dossiers, sont
eux en augmentation de 14%).
En revanche, il continue de
diminuer en Asie et ce pour la
troisième année consécutive.
Au sein de l’Europe
continentale on observe
une diminution du nombre
de candidatures envoyées,
principalement en provenance
de Russie, avec deux fois
moins de candidatures
que l’année précédente.
Répartition des étudiants étrangers à l’université par discipline
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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT
SEPTEMBRE 2022 N° 63
avec une majorité de mobilités au niveau
licence ou équivalent (58%).
Le Canada est la première destination
pour la deuxième année consécutive
: il en accueille 17 523 en 2019
(+39% depuis 2014). En revanche les
États-Unis accueillent chaque année de
moins en moins de Français (-20% depuis
2014) et stagnent à 6 311 en 2019.
Ils passent ainsi de la 2e à la 7e place des
pays d’accueil entre 2010 et 2019,
La mobilité étudiante
en Europe
En 2019 près d’un étudiant sur deux en
mobilité dans le monde vient en Europe
(46%) où neuf étudiants européens sur dix
partent en mobilité diplômante restent en
Europe. La France est la quatrième destination
des étudiants internationaux sur le
continent après le Royaume-Uni, l’Allemagne
et la Russie (qui attire à 75% des
étudiants originaires de la Communauté
des États Indépendants).
Affectées par la crise sanitaire en 2020,
les mobilités étudiantes Erasmus+ ont
vu leur nombre diminuer pour l’année
universitaire 2019-2020 (-7%), concernant
tout de même 313 534 étudiants et
stagiaires. Alors que l’Espagne est toujours
largement en tête, la France est devenue
en 2019-2020 le deuxième pays de
destination, dépassant l’Allemagne et le
Royaume-Uni
6 millions d’étudiants
internationaux en 2019
Pour la première fois en 2019, le nombre
d’étudiants en mobilité dans le monde
avait dépassé les six millions (+35% en
cinq ans). La première zone d’origine
des étudiants en mobilité diplômante
était cette année-là l’Asie-Océanie, représentant
45% des étudiants mobiles,
portée par les départs à l’étranger des
Chinois (+36% sur cinq ans) et des Indiens
(+114%). La forte croissance du
nombre d’étudiants mobiles en provenance
du Vietnam (+112%) et du Népal
(+163%) a également contribué à un renforcement
du poids de la zone dans la mobilité
mondiale. L’Europe reste la deuxième
zone d’origine (27% des étudiants
en mobilité), les Français et Allemands
en formant les deux premiers contingents.
Le classement des pays d’accueil a évolué
en 2019 par rapport à l’année précédente.
Grâce à une croissance dynamique
des effectifs accueillis (+15% sur un an),
l’Australie est devenue le deuxième pays
d’accueil de la mobilité, dépassant le
Royaume-Uni qui continuait d’accueillir
plus d’étudiants, mais à un rythme
moins rapide (+8%). La France, malgré
une augmentation du nombre d’internationaux
accueillis en 2019 (+7%), perd
également une place et devient la 7e destination
des étudiants en mobilité diplômante,
dépassée par le Canada. Elle est
suivie de près par les Émirats arabes unis,
qui connaissent une croissance fulgurante
grâce à un élargissement du périmètre de
collecte des données. Ils ont ainsi dépassé
la Chine qui occupait le 8e rang l’année
précédente.
Il s’agit là d’un panorama antérieur à la
pandémie de Covid-19 alors que la baisse
de la mobilité depuis la Chine, premier
pays d’origine, dans un contexte de cloisonnement
prolongé du pays, annonce une
« recomposition durable des mobilités
étudiantes » selon Campus France.
Sébastien Gémon
Top 25 des destinations des étudiants français
en mobilité diplômante
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