Haiti Liberte 28 Septembre 2022
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Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
CARREFOUR REJOINT
LA MOBILISATION
Estrateji pou devlope
wout Ayiti yo
Page 6
Ex-U.S. Special Envoy
to Haiti Daniel Foote: Send
Special Forces to Haiti or
25,000 Troops
Page 9
Haïti au seuil d’une
nouvelle occupation ?
Page 7
Voir page 3
Plusieurs milliers de manifestants ont protesté le lundi 26 et mardi 27 septembre 2022 dans les rues de la commune
de Carrefour pour réclamer la démission du Premier ministre de facto Ariel Henry
TROIS JOURS DE GRÈVE
Le véritable
programme US
en Afrique c’est
l’hégémonie
Page 10
Voir page 3
Les deux premiers jours de cette grève ont été amplement respectés par la population, toutes les activités
dans la région métropolitaine de Port-au-Prince ont été paralysées
Royaume-Uni :
Les dockers de
Liverpool et de
Felixstowe unis
dans la grève
Page 17
Editorial
Pour une lutte populaire, sociale et
révolutionnaire !
Par Berthony Dupont
Deux classes se trouvent face à face dans le pays. L’une défendant les
privilèges et les intérêts des grandes puissances tout en ignorant les
aspirations profondes des masses populaires. Sa politique économique
néolibérale est faite de privatisations, plan d’ajustement imposé par
le FMI avec des objectifs clairs et bien définis: anéantir les conquêtes
démocratiques, activer l’inflation, réduire les salaires des ouvriers pour
permettre l’élévation des profits du patronat.
Cette classe recourt en permanence à une répression économique
sous toutes ses formes et est devenue la caractéristique essentielle du
pouvoir en place qui pourtant n’a aucune légitimité ni confiance populaire.
La réalité du pays devient cruauté quand le régime bourgeois
pourri ne vise qu’à appauvrir davantage les plus démunis, priver les
masses défavorisées de toute possibilité de vivre dignement afin d’enrichir
les nantis, au point que les inégalités sociales ont atteint des
niveaux intolérables pour la grande majorité de la population.
L’autre s’accrochant à un combat libérateur que mène le peuple
haïtien afin de déjouer toutes les manœuvres pouvant contribuer à
désorienter la lutte que mènent les masses exploitées, opprimées contre
leurs ennemis personnifiés par l’impérialisme et ses valets réactionnaires
locaux. Le sentiment de révolte qui gagne présentement en
ampleur est nourri non seulement par la hausse du prix des carburants
et le salaire stagnant des travailleurs, mais aussi par le complot concocté
des puissances impérialistes pour mettre le peuple le dos au mur,
devant un fait accompli et l’abandonner à son douloureux sort.
Il s’agit d’une profonde crise économique que traverse actuellement
le pays, avec son cortège d’affreuses misères et souffrances.
Les irresponsables dirigeants des appareils répressifs de l’Etat violent
quotidiennement les principes les plus élémentaires des droits des Haïtiens.
Le détonateur de cette puissante colère populaire à laquelle on
assiste depuis près d’un mois est en réaction à l’obstination du pouvoir
à maintenir la hausse le prix du carburant. Et dans une logique de
lutte de classe, le pouvoir a reçu tout naturellement la solidarité de
la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Ouest (CCIO), cette caste
patronale inféodée aux puissances capitalistes qui continue à bénéficier
de la rente pétrolière, de la corruption généralisée et du monopole des
licences d’importation.
Il est évident que le pouvoir temporaire n’a aucune motivation de
rompre avec le passé où l’arbitraire, la corruption et l’injustice sociale
ont été érigés en système de gouvernement pour faciliter l’exploitation
éhontée et le pillage organisé des richesses de l’Etat. Une petite
et infime minorité en profite, en use et en abuse, tandis que le peuple
continue de croupir dans la misère. Une politique rétrograde et machiavélique
qui a conduit aujourd’hui notre pays à la banqueroute totale
et ce dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale.
Cette politique abjecte qui bloque les énergies de notre peuple dans le
seul dessein de servir à jamais l’impérialisme international.
En conséquence, la lutte populaire a grandi et a attiré de nouvelles
couches de manifestants, tous, unis autour d’un objectif commun : exiger
d’Ariel Henry et son Accord de Musseau de quitter le pouvoir. Mais
on ne peut s’arrêter là, le plus important c’est de mettre en déroute ce
système. Il ne doit pas se régénérer autour d’une quelconque Transition
ou d’un transfert de pouvoir au sommet.
Le peuple doit éviter le piège du compromis avec une autre aile
de la classe dirigeante pro-impérialiste à travers l’Accord de Montana.
Il doit se concentrer sur une rupture totale et complète avec cette bourgeoisie
réformiste, élitiste et opportuniste qui a tout promis de sorte que
rien ne change.
En réalité, ce qui irrite tant les masses opprimées, c’est qu’en dépit
de la conspiration du silence et de la complicité de la classe politique sur
leur sort, la clique dominante tente jusqu’à présent d’être inébranlable
face au soulèvement populaire et veut gagner du temps par des discours
manipulateurs de l’opinion nationale et internationale, histoire de
continuer à planifier la misère et le sous-développement du pays. Tandis
que les médias dominants et les intellectuels au service des exploiteurs
diabolisent celles et ceux qui se rebellent. Ils les accusent de
gangs violents, de complotistes et de tout autre épithète négative pour
déstabiliser, voire arrêter la dynamique du soulèvement.
Outre les déclarations mensongères de Antonio Guterres, appuyées
par Gonzalez et répétées par Ariel Henry, il est clair que toutes les
institutions impérialistes se sentent menacées. Par conséquent, elles
jetteront tout leur poids dans la balance pour tirer parti de la situation
actuelle et éviter la chute de leur laquais. Ainsi, ce soulèvement
populaire, sans précédent sous un régime intérimaire, a même forcé
le Président des Etats-Unis Joe Biden à prendre position. A la Tribune
des Nations Unies, il s’est démasqué en injuriant le peuple haïtien en
déclarant : « Nous continuons de soutenir Haïti, notre voisin, qui fait
face à la violence de gangs alimentée par des facteurs politiques, et à
une immense crise humanitaire. »
Finalement, ce que les masses ouvrières en lutte pour un changement
fondamental doivent réaliser et comprendre, c’est que l’ennemi
n’est pas uniquement la bourgeoisie haïtienne que représente Ariel
Henry, mais aussi les puissances impérialistes qui sont le véritable fer
de lance de cette imposture. En ce sens, notre avenir dépendra de notre
capacité à résister et à organiser notre combat libérateur. Cela doit être
clair, seul le rapport de force fera reculer ces quatre entités : USA-Ariel-
ONU-OEA de leurs objectifs criminels à l’égard du peuple haïtien qu’ils
considèrent comme des bandits.
Nous exhortons, les artisans, ouvriers, travailleurs, paysans pauvres,
chômeurs, professeurs et étudiants : pour édifier un pays nouveau
avec des structures nouvelles, vous êtes les seuls à posséder les solutions
nécessaires pour sortir le pays du chaos et du carcan de l’anarchie,
pour que les droits du peuple haïtien soient enfin rétablis et consacrés.
Nous de Haïti Liberté, rien n’ébranlera notre foi totale dans notre
peuple héroïque. Nous renouvelons notre soutien à la lutte que mène
notre grand peuple, ce peuple travailleur contre l’exploitation et l’hégémonie
impérialiste afin d’accomplir notre libération nationale et de bâtir
la démocratie populaire et la souveraineté des classes laborieuses. La
dynamique révolutionnaire du mouvement de masse, entamée contre
les mauvaises conditions de vie et pour vaincre les plans d’austérité,
manque seulement d’un vrai Parti révolutionnaire de la classe ouvrière
pour l’accompagner et l’aider à prendre toutes les formes nécessaires.
Nous y arriverons !
Et qu’il en soit ainsi ! Pour une lutte populaire, sociale et révolutionnaire.
Vive la lutte du peuple haïtien pour sa souveraineté populaire
!
HAITI
1583 Albany Ave
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Tel: 718-421-0162
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2 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
A Travers Haiti
Trois jours de grève
La commune de Carrefour
rejoint la mobilisation
Le syndicaliste Méhu Changeux
Par Marie Laurette Numa
Des membres du Front Unifié des Transporteurs et des Travailleurs
d’Haïti (FUTRAH)
Le bâtiment de la Direction Départementale du Ministère de l’Économie
et des Finances a été incendié
Le Front Unifié des Transporteurs
et des Travailleurs d’Haïti (FU-
TRAH) avait appelé à trois jours de
grève du lundi 26 au mercredi 28
septembre 2022 pour protester non
seulement contre l’augmentation
brutale des prix du carburant mais
pour exiger aussi la démission du
Premier ministre Ariel Henry choisi
par le Core Group.
En effet, les deux premiers
jours de cette grève ont été amplement
respectés par la population qui
en un sens a paralysé toutes les activités
dans la région métropolitaine
de Port-au-Prince dont le transport et
le commerce.
Les rues de la capitale étaient
vides, quasiment désertes, avec la
présence de quelques motocyclettes,
le secteur informel fonctionnait nettement
au ralenti. Mais il faut le dire,
les banques, les bureaux de l’administration
publique et la plupart des
entreprises privées étaient restées
fermées.
Le syndicaliste Méhu Changeux,
président de l’Association des
propriétaires et chauffeurs d’Haïti
(APCH) a félicité les travailleurs
pour la réussite de ce mouvement
de grève. Selon lui « Le mot d’ordre
a été respecté à 90 pour cent dans
les villes de provinces et à 80 pour
cent dans l’Ouest. On ne compte pas
s’arrêter en chemin. Nous resterons
mobilisés jusqu’à ce que le gouvernement
dirigé par Ariel Henry entende
la raison. Notre objectif est
de forcer le gouvernement à revenir
sur sa décision d’ajuster à la hausse
les prix des produits pétroliers » Le
Nouvelliste 26-09-2022
« C’est un signe palpable que
les masses ouvrières ne peuvent plus
supporter cette condition de vie,
elles veulent que les choses changent
» a déclaré un ouvrier de la
Par Thomas Peralte
Mobilisation populaire dans la commune de Carrefour
Dans le cadre de la mobilisation populaire
contre la hausse des prix des
produits pétroliers et plus précisément
pour réclamer la démission du Premier
ministre de facto Ariel Henry, les habitants
de la commune de Carrefour ont
apporté leur contribution à la lutte.
En effet, à l’occasion du premier
jour de grève le lundi 26 septembre
2022, plusieurs milliers de Carrefourois,
sans doute les forces réactionnaires
vont les qualifier de bandits,
dont la majorité vient de Rivière Froide
munis de leurs pancartes et de branches
d’arbres, ont marché pacifiquement du
point de rassemblement jusqu’à Tabarre
pour se rendre devant l’ambassade des
Etats-Unis.
Tout au cours de la marche, les
manifestants n’ont jamais cessé de
lancer des slogans hostiles au pouvoir
et contre la hausse des prix des produits
de premières nécessités, la hausse du
taux de change de la gourde et la pénurie
de produits pétroliers.
Les manifestants, en ébullition
n’ont pas pardonné l’ancien député
Jacques Beauvil pour son silence complice
et qui s’était infiltré dans le défilé
populaire. Il a été contraint de laisser
la marche car selon les protestateurs,
c’était une marche des couches défavorisées,
des laissés pour compte, et
qu’en fait aucun politicien roulibeur ne
devrait utiliser cette lutte pour redorer
leur blason.
Plusieurs milliers de personnes
à Carrefour ont à nouveau manifesté
le mardi 27 septembre, toujours dans
l’optique de dénoncer l’augmentation
des prix des produits pétroliers et réclamer
la démission du premier ministre
Ariel Henry.
Une succursale de la Banque
Nationale de Crédit à Côte Plage 16 a
failli être vandalisée par les manifestants,
toutefois elle a été brutalement
saccagée ; la barrière principale du bâtiment
a été endommagée et quelques
vitres brisées.
sous-traitance à Haïti Liberté.
À Saint-Marc et à Petit-Goâve,
le mot d’ordre de grève a été aussi
respecté. Par ailleurs aux Gonaïves,
tôt dans la matinée du lundi, des
protestataires de la Cité de l’indépendance
ont incendié le bâtiment
logeant la Direction Départementale
du Ministère de l’Économie et des Finances
situé au centre-ville.
Il est évident que les deux premiers
jours de grève ont été suivis,
mais il reste à attendre le dernier
en l’occurrence le mercredi 28 septembre.
Cependant les syndicalistes
menacent de gagner les rues pour
demander la démission du chef du
gouvernement les 28 et 29 septembre
aux côtés des organisations politiques
et populaires, si leurs revendications
ne sont pas satisfaites.
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Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
3
A Travers Haiti
Les manifestations contre la crise politique et sociale
se poursuivent en Haïti alors que les puissances
impérialistes envisagent une intervention militaire
Des manifestants protestent contre la hausse des prix du carburant et
demandent la démission du premier ministre haïtien Ariel Henry, à Portau-Prince,
en Haïti, le lundi 19 septembre 2022
Par Alex Johnson
Les manifestations de masse se sont
intensifiées à travers Haïti après des
semaines de résistance aux conditions de
pauvreté et d’oppression auxquelles des
millions de personnes sont confrontées.
Ce mouvement s’accompagne d’une
opposition politique au premier ministre
Ariel Henry, largement perçu comme un
pion de l’élite dirigeante américaine et
dont les manifestants exigent l’éviction.
En réponse à certaines des plus grandes
manifestations de ces dernières années,
les médias internationaux et les gouvernements
impérialistes envisagent ou
demandent explicitement une intervention
militaire étrangère pour réprimer la
dissidence.
L’opposition à l’establishment
politique corrompu, au climat social intolérable
et à l’oppression impérialiste qui
dure depuis des décennies s’exprime par
des attaques ciblées contre des institutions
essentielles largement considérées
comme des bastions de la domination
néocoloniale sur la petite île.
Une banque locale de la commune
côtière de Léogâne, l’Unibank, était l’une
des nombreuses banques du pays que les
manifestants ont attaquées et partiellement
brûlées. Les manifestants ont peint
des graffitis sur le bâtiment indiquant «À
bas les États-Unis» et «À bas les États-
Unis et Ariel Henry». À Jérémie, une
commune de la région sud-est d’Haïti,
des manifestants ont été filmés en train
de brûler et de saccager les installations
d’une organisation non gouvernementale
(ONG), tandis que d’autres ONG dans le
pays signalent avoir été attaquées.
Les ONG ont fait l’objet d’un immense
mépris de la part de la population
à la suite du tremblement de terre dévastateur
de 2010. Des milliers d’ONG sont
venues gérer environ 80 % des services
publics de base du pays, apparemment
pour reconstruire les infrastructures et
fournir des emplois à long terme à la
population locale sans emploi. Au lieu de
cela, elles ont siphonné des millions de
dollars d’aide humanitaire qui sont restés
totalement introuvables, tandis que des
employés grassement payés ont profité
de la misère du pays.
D’autres exemples incluent des
incendies criminels à grande échelle, y
compris l’incendie de barricades à Portau-Prince
après qu’Henry ait qualifié les
manifestants de «gangs» financés par des
entreprises locales et des intérêts étrangers.
L’idée que les troubles en Haïti soient
avant tout le produit de la violence des
gangs plutôt que d’une inégalité sociale
déchaînée est répétée dans les cercles
dirigeants. Lors de son discours à l’Assemblée
générale des Nations Unies
mercredi, le secrétaire général de l’ONU,
António Guterres, a déclaré que les gangs
en Haïti «détruisaient les fondements
mêmes de la société».
António Guterres s’est joint au
président de la République dominicaine,
Luis Abinader, dont le gouvernement a
réclamé ces dernières semaines le retour
d’une force de «maintien de la paix» de
l’ONU comme la MINUSTAH, une occupation
militaire internationale dirigée par
le Brésil qui avait pour mission de réprimer
l’opposition dans les bidonvilles d’Haïti
après le renversement du président élu et
ancien prêtre Jean-Bertrand Aristide en
2004.
Le commentaire le plus cynique et
le plus hypocrite de l’Assemblée générale
est sans doute celui de Sébastien Carrière,
ambassadeur du Canada à Port-au-
Prince, qui a déclaré que «la communauté
internationale doit s’unir et soutenir
Haïti». Carrière a fait l’éloge de la police
haïtienne, déclarant qu’il avait «le plus
grand respect pour la [police] et le travail
qu’elle fait», et que ce qui manquait pour
résoudre la crise, c’était que «les acteurs
politiques se réunissent et fassent de leur
mieux pour parvenir à un accord inclusif
qui ne laisse personne derrière et remette
le pays sur la bonne voie».
Des vidéos largement diffusées
sur les médias sociaux ont réfuté cette
flatterie dégoûtante, documentant clairement
la même police haïtienne, formée
et armée par les différentes puissances
impérialistes, battant, mutilant et abattant
les manifestants au cours du dernier
mois. Le Canada a été un acteur complice
dans cette affaire, fournissant 42 millions
de dollars de financement pour les forces
de sécurité haïtiennes rien que cette année.
Les soi-disant «acteurs politiques»
cités par Carrière ont été triés sur le volet
par les puissances impérialistes ellesmêmes,
avant tout Henry, pour former
le gouvernement d’Haïti après l’assassinat
du président Jovenel Moïse en juillet
2021. Cela s’est fait par l’intermédiaire
du Core Group des ambassadeurs impérialistes
opérant en Haïti qui ont vu Henry
comme une figure de proue plus propice
à un régime fantoche que le président intérimaire
Claude Joseph.
Henry, qui n’a pas été élu, a été
soigneusement choisi en raison de son
passé politiquement criminel en tant
qu’agent du gouvernement américain,
qui remonte au début des années 2000,
lorsqu’il a dirigé le mouvement Convergence
démocratique (CD) qui a joué
un rôle essentiel dans le renversement
d’Aristide lors d’un coup d’État soutenu
par les États-Unis. Avant le coup d’État,
la CD a lancé des appels explicites aux
États-Unis en faveur d’une invasion et
de la restauration de l’armée haïtienne
violente qui a torturé et tué des milliers
de personnes dans les années 1990.
L’organisation d’Henry a fourni une
couverture politique aux escadrons de la
mort et aux anciens officiers de l’armée,
formés et financés par la CIA, qui allaient
procéder au renversement violent d’Aristide.
Avant de devenir premier ministre,
Henry a occupé des postes ministériels
sous les présidences des laquais américains
Michel Martelly et Moïse, le premier
ayant été installé en 2011 par des
élections frauduleuses orchestrées par
Hillary Clinton, avant de placer Moïse au
pouvoir en tant que successeur trié sur le
volet dans le cadre d’un autre processus
électoral totalement bidon.
Martelly et Moïse étaient tous
deux tristement célèbres pour leurs liens
avec l’élite économique rapace d’Haïti et
pour la répression policière brutale des
manifestants dans les bidonvilles d’Haïti.
Dans les derniers jours de son mandat,
Martelly s’est appuyé sur la police haïtienne
et la BOID (Brigade départementale
d’opérations et d’interventions), une
unité paramilitaire destinée à écraser
l’opposition à sa corruption endémique,
tandis que les Haïtiens mouraient de faim
avec des salaires de misère et des infrastructures
délabrées.
Tout récemment, un procès a été
intenté contre Martelly, selon lequel des
fonctionnaires haïtiens et des sociétés
multinationales auraient conspiré pour
fixer les prix des envois de fonds et des
appels téléphoniques des États-Unis vers
Haïti, détournant des millions de dollars
de fonds fiscaux vers des mains privées
au lieu de remplir le trésor public. La crise
politique insoluble d’Haïti a atteint son
paroxysme sous la présidence de Moïse,
qui a saccagé le corps législatif fédéral, le
système judiciaire et les gouvernements
locaux, et a défié la limite constitutionnelle
de son mandat dans le but d’instaurer
un régime dictatorial.
Des manifestations de grande
ampleur contre Moïse ont éclaté après
qu’une enquête criminelle a révélé que
Moïse et ses acolytes politiques ont
détourné des millions par le biais d’un
fonds de développement, le programme
PetroCaribe, subventionné par le Venezuela
et destiné à aider les Haïtiens à faible
revenu.
La résistance massive de la classe
ouvrière opprimée d’Haïti, qui est confrontée
à la surexploitation par les entreprises
américaines de vêtements et
autres, a donné lieu à une offensive de
propagande de la part des diplomates
et stratèges étrangers visant à faire des
gangs et des oligarques les responsables
des soulèvements. Juan Gonzalez, directeur
principal du Conseil national de
sécurité pour l’hémisphère occidental et
assistant spécial de Biden, a déclaré lors
d’une intervention lundi à la réunion de
l’Institut américain pour la paix, basé à
Washington DC, que l’instabilité d’Haïti
était financée par des personnes «qui ont
des manoirs dans différentes parties du
monde et qui paient pour que les gens
descendent dans la rue».
Le Washington Post, propriété
de Jeff Bezos, un intermédiaire de propagande
pour l’armée et les agences de
renseignement américaines, claironne
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une fois de plus une autre intervention
de style colonial en Haïti. Les rédacteurs
du Post ont repris leurs commentaires
d’un éditorial de l’année dernière après
l’assassinat de Moïse, appelant à des
«bottes sur le terrain» ou à une autre intervention
militaire violente. Ils se plaignent
de «l’absence d’action musclée de la
part d’acteurs extérieurs» et affirment que
«soutenir le premier ministre [Henry]»
est une erreur. L’éditorial du Post insiste
sur le fait qu’en dehors d’une expédition
étrangère sur l’île et d’une force extérieure,
toute décision politique en Haïti
est une «abdication de responsabilité».
En plus de faire un faux amalgame
entre le carnage violent actuellement perpétré
par des groupes comme le G9 et sa
famille et les véritables expressions de la
colère populaire contre la pauvreté et la
répression politique, l’éditorial du Post
passe entièrement sous silence le fait que
le désastre social et la guerre des gangs
sont le résultat des actions de Henry et de
ses prédécesseurs qui ont reçu le soutien
total des administrations démocrates et
républicaines.
Un grand journal américain qui
appelle à la reprise de la domination directe
de style colonial sur Haïti a des
implications effrayantes, car il rappelle
l’occupation d’Haïti par les Marines
américains pendant deux décennies
après l’assassinat du président Jean Vilbrun
Guillaume Sam. Cette occupation
a marqué le début de plus d’un siècle de
pillage impérialiste, au cours duquel des
centaines de milliers de personnes ont été
tuées sous la dictature des Duvalier, les
juntes militaires soutenues par les États-
Unis et une opération militaire de l’ONU
qui a duré 13 ans. Les agences de renseignement
américaines et les fonctionnaires
du département d’État ont financé
les escadrons de la mort qui ont assassiné
sans retenue dans les bidonvilles d’Haïti.
C’est ce siècle de domination impérialiste
qui a cimenté un héritage de conditions
économiques épouvantables dont la crise
actuelle est issue.
Henry et d’autres hauts responsables
du gouvernement plaident également
en faveur d’une intervention internationale
dans le cadre des conflits
politiques insolubles qui font rage dans le
pays. Le ministre des Affaires étrangères,
Jean Victor Généus, a déclaré samedi aux
délégués de l’ONU à New York qu’Haïti
était confronté à une crise sociopolitique
et économique aux multiples facettes,
exacerbée par la terreur des gangs, et
qu’elle ne pouvait «être résolue qu’avec
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le soutien efficace de nos partenaires».
Généus a cité les propres mots de Henry,
affirmant que le premier ministre n’avait
«aucun désir de rester au pouvoir plus
longtemps que nécessaire» et a lancé un
appel aux patrons étrangers du régime
pour faciliter une coalition électorale.
Une partie de l’élite dirigeante haïtienne
se tourne vers des moyens toujours
plus violents pour produire les conditions
du renversement de Henry afin
de consolider le contrôle des secteurs les
plus rentables d’Haïti.
Lors de l’Assemblée générale,
Biden a émis de fades platitudes, professant
son intention de «se tenir aux côtés
de notre voisin haïtien confronté à la violence
des gangs alimentée par la politique
et à une énorme crise humaine», sans
prendre aucune décision politique à long
terme pour résoudre la crise.
Bien que l’administration Biden
n’ait pas dévoilé de plans d’intervention
immédiats, les États-Unis ont maintenu
leurs politiques anti-immigrants criminelles
qui ont placé les migrants haïtiens
dans des conditions équivalentes à la
torture, tout en continuant à expulser
les réfugiés en masse sans aucune considération
de leurs demandes d’asile. Un
nouveau rapport d’Amnesty International
documente les mauvais traitements
discriminatoires et dégradants infligés
aux demandeurs d’asile haïtiens qui ont
accompagné les expulsions massives
dans le cadre de la politique du Titre 42
de l’ère Trump que Biden a poursuivie.
Quelle que soit la coloration de tout
régime politique qui émerge de la crise,
que ce soit la prolongation du règne de
Henry ou le bricolage d’une coalition
incluant ses opposants politiques, ce
qui est certain, c’est que les États-Unis
et l’impérialisme mondial arrangeront
une alliance fractionnelle aussi cupide et
corrompue que tous les autres gouvernements
qui ont suivi le coup d’État de
2004. Les mensonges égocentriques sur
le «soutien» apporté à Haïti ne visent pas
à garantir la démocratie, mais à faciliter
un nouveau cycle d’élections frauduleuses
comme toutes celles qui ont eu lieu
depuis l’installation de Martelly.
Pour mettre fin à la calamité sociale
à laquelle elles font face, les masses
haïtiennes doivent lancer une lutte politique
indépendante dirigée par la classe
ouvrière, à la tête des masses opprimées
et dans l’unité la plus étroite avec leurs
frères et sœurs de classe au niveau international.
Les conditions auxquelles sont
confrontés les Haïtiens sont loin d’être
des expériences isolées, puisque des protestations
et des grèves contre la vie insupportable
créée par le capitalisme éclatent
au Sri Lanka, aux États-Unis et dans
le monde entier. Ce qui est nécessaire est
une base unifiée pour un mouvement de
la classe ouvrière internationale luttant
pour le socialisme.
Wsws 26 septembre 2022
4 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti/République Dominicaine
L’hypocrisie d’Abinader démasquée par la
communauté dominicaine d’origine haïtienne
Des citoyens dominicains privés de nationalité dominicaine parce qu’ils
sont d’origine haïtienne
Concernant le mandat de deux ans
de Luis Abinader, la communauté
dominicaine d’origine haïtienne lui a
adressé une lettre ouverte comparant
le discours du président en 2013, lorsqu’il
s’est opposé au jugement 168-
13 qui a retiré la nationalité à des
centaines de milliers de Dominicains
d’origine haïtienne, avec la réalité de
son gouvernement, où il a maintenu
et intensifié une politique de ségrégation
raciale et de violation du droit
fondamental à la nationalité.
À l’occasion du neuvième anniversaire
de ladite condamnation
aujourd’hui, La Voz de los Trabajadores
reproduit la lettre complète
dans laquelle l’hypocrisie d’Abinader
et de son gouvernement raciste est
évidente.
Président Luis Abinader
Le 16 août a marqué deux ans depuis
le début de votre gouvernement. Malheureusement,
pour la communauté
dominicaine d’origine haïtienne
privée de nationalité par l’arrêt TC
168-13, il n’y a eu aucun changement
pour surmonter l’héritage de
discrimination et de marginalisation
laissé par les gouvernements précédents.
Au cours de ces deux années,
la ségrégation raciale s’est poursuivie
dans laquelle nous avons moins de
droits que le reste du peuple dominicain,
et notre situation s’est aggravée
du fait que nous souffrons d’arrestations
arbitraires par la police et les
agents de l’immigration.
En quoi il y a eu un changement
important, c’est dans son discours
et sa position. Pour voir ce que
l’Abinader d’hier dirait à l’Abinader
d’aujourd’hui, il suffit de lire son
discours lors de l’acte intitulé « Solidarity
Hug », dans l’Aula Magna de
l’UASD, un acte de solidarité avec les
personnes d’origine haïtienne. Vous
devez vous en souvenir. C’était le 5
décembre 2013, un peu plus de deux
mois s’étaient écoulés depuis la condamnation
168-13. Voilà ce que vous
aviez dit en ce temps-là:
Luis Abinader
« Nous vivons un moment dramatique.
Le pays semble avoir abandonné
le gouvernement de la raison
pour le gouvernement des émotions.
Les sentiments débordés sont de
mauvais conseillers, les grands
drames de l’humanité ont été le résultat
d’émotions incontrôlées. La
pire des émotions est la peur. La peur
recouvre la géographie spirituelle de
nombre de nos concitoyens. Les pays
effrayés, comme les individus, deviennent
souvent hostiles, et cette hostilité,
je dois le dire avec tristesse et
honte, blesse de nombreux Dominicains.
C’est le temps des responsabilités,
il n’y a pas de place pour des
positions ambiguës, ou la dignité
des personnes est défendue ou contre
elle.
Le penseur et philosophe
français (Tzvetan) Todorov a fait
une description, aujourd’hui opportune,
de la différence entre pays barbares
et pays civilisés : Les barbares
sont ceux qui considèrent que les autres,
parce qu’ils ne leur ressemblent
pas, appartiennent à une humanité
inférieure... Être civilisé, c’est être
capable de reconnaître pleinement
l’humanité des autres, même s’ils ont
des visages différents.
Des décisions injustes et non
civilisées retirent le droit à la nationalité
à des Dominicains aux visages
différents. Aujourd’hui, nous
sommes venus leur montrer notre
solidarité, nous le faisons parce que
nous pourrions être l’un d’entre eux.
Comme beaucoup d’autres milliers de
Dominicains, je suis un descendant
d’immigrants, mon histoire personnelle
est similaire à celle de beaucoup
de personnes touchées. Les Abinaders,
comme beaucoup d’autres, sont
venus au pays fuyant l’intolérance
politique et religieuse et les difficultés
économiques d’une région dévastée
par les guerres. Le premier Abinader
est arrivé ici comme les autres jeunes
qui ont suivi les histoires de grandes
opportunités qui leur sont venues de
parents ou d’amis qui avaient voyagé
de ce côté du monde à la recherche
de liberté et de moyens de subsistance…
Tous les immigrés européens
et asiatiques qui sont venus dans les
Amériques au XIXe siècle à la recherche
de fortune, ils n’apportaient que
les vêtements qu’ils portaient.
Les conditions de vie de ces
premiers immigrants lorsqu’ils sont
arrivés ici n’étaient pas différentes
de ce que nous voyons des immigrants
d’aujourd’hui. El Eco del
pueblo à Santiago rapporte qu’en
1884 les Arabes portaient des vêtements
inappropriés, travaillant dur
dans la seule option pour rejoindre
le marché du travail, qui était de
travailler dans les rues, comme vendeurs
ambulants... Ceux-là, les vendeurs
ambulants vivaient jour après
jour avec ce qu’ils portaient et pendant
des années entassés dans des
maisons en si mauvais état qu’elles
ont failli s’effondrer. L’historien
Jaime de Jesús Domínguez raconte
qu’en 1910, quelque 47 Arabes
vivaient ensemble dans une seule
maison, dans une grande pauvreté.
Pendant deux décennies, ce style
a été maintenu, mais cette activité
de colporteur a permis à la communauté
arabe de dominer le commerce,
Greater Brooklyn
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du moins dans les principales villes,
et aujourd’hui, ils sont le tronc des
familles qui contribuent beaucoup à
la société dominicaine.
Je suis dans la vie politique
parce que je veux garantir à tous les
Dominicains l’égalité devant la loi.
Un pays civilisé ne devrait tolérer
aucune forme de discrimination. La
constitution et les lois sont de leur
côté, les accords internationaux
signés par le pays nous obligent à respecter
leurs droits. Vous n’êtes pas
seuls, comptez sur moi, comptez sur
nous tous, comptez sur vos compatriotes
de bonne volonté, nous resterons
à vos côtés jusqu’à ce que la peur
disparaisse de l’esprit de beaucoup et
que nous redevenions la République
dominicaine, qui est vraiment un
pays uni et solidaire pour toujours ».
Président Abinader, c’est maintenant
vraiment le moment de la responsabilité.
Il vous appartient maintenant
de mettre fin à la violation
des droits humains des Dominicains
d’origine haïtienne. Allez-vous maintenir
en vigueur la politique que vous
avez vous-même définie comme “pas
très civilisée”, consistant à nous refuser
la nationalité et l’égalité des
droits ? Vous positionnerez-vous en
faveur de la dignité des personnes ou
continuerez-vous à la violer ?
Allez-vous dissiper la peur infondée
des immigrants haïtiens et
de leurs enfants et petits-enfants
dominicains, qui alimente la haine et
JOBS
la discrimination racistes, ou continuerez-vous
à nous stigmatiser comme
un fardeau pour l’État et une prétendue
menace à la souveraineté, nous
persécutant même dans les écoles et
les hôpitaux ? ? Continuerez-vous à
priver les Dominicains d’origine haïtienne
des opportunités qu’avaient les
enfants et petits-enfants d’immigrés
d’Europe et du Moyen-Orient, comme
vous, de participer pleinement à
la vie sociale, économique et politique
du pays ? Allez-vous prendre des
mesures concrètes pour “civiliser” la
Une manifestation de l’organisation de Dominicains d’origine haïtienne :
Reconoci.do
République dominicaine dans le sens
d’éliminer définitivement la discrimination
raciale ?
Vous devez connaître le proverbe
arabe qui nous rappelle qu’il y a
quatre choses qui ne peuvent être
défaites : la balle tirée, la parole prononcée,
le temps passé et l’occasion
manquée. Les mots que vous avez
prononcés ne peuvent être effacés,
pas plus que les années qui se sont
écoulées depuis 2013, y compris les
deux années de votre gouvernement.
Ne perdez pas l’occasion de corriger la
grande injustice que l’État dominicain
a commise contre nous les dominicains
et dominicaines d’origine haïtienne.
Reconocido 3 septembre 2022
Mouvement socialiste
des travailleurs de la
République dominicaine
23 septembre 2022
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Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
5
Kwonik Kreyòl
Estrateji pou devlope wout Ayiti
Emmanuel W. Védrine
Wout an jeneral enpòtan pou
ede anpil nan devlopman
yon peyi. Yo fasilite kominikasyon,
biznis, vwayaj, transpòtasyon,
sikilasyon touris, e tout sa ki ka akselere
aktivite ekonomik peyi sa a.
Nan kad wout, nou ka di Ayiti se
yon peyi vyèy si n ap konpare l ak
Repiblik Dominikèn (repiblik vwazin)
ki gen bèl wout ki fasilite pwen
enpòtan nou mansyone yo. Li enposib
pou n ta pale de devlopman
Ayiti, epi pou n ta kite enfrastrikti
enpòtan sa a dèyè — youn ki esansyèl
pou akselere aktivite ekonomik
yon peyi.
Lè n ap gade Ayiti, youn nan
gwo pwoblèm nou genyen ki kole
peyi sa a, ki fè l pa devlope, se
wout. — Sistèm wout ki pa devlope
fason nou wè sa lòt kote. E nou
kapab pran egzanp repiblik vwazin
nan lè n gade modèl wout (kòman
yo ye, e kòman sa ede trapde pou
sòti nan yon zòn ale nan yon lòt,
kòman sa kapab ede nan aktivite
ekonomik, e kòman sa kapab ede
tou pou bloke egzòd riral).
Sètadi, moun ki soti nan
komin natif yo pa bezwen kite l pou
al dèyè lavi miyò nan Pòtoprens. Lè
kapital sa a boure ak moun, yo oblije
pati al lòt kote (pa egzanp nan
repiblik vwazin nan, pran kanntè
pou eseye ateri Bahamas, Miyami
(Etazini), e lòt kote nan Dyaspora
Ayisyen an.
Sèjousi se Chili anpil jèn Ayisyen
ale, aprè Brezil. Nan kesyon
wout la, li enpòtan pou n mansyone
konstriksyon pon ki dwe fèt kote ki
nesesè, e sou rivyè*. Rivyè sa yo
dwe fouye dekwa pou pa gaye lè yo
desann oubyen debòde lè yo gonfle.
Sa ka koze anpil dega. Pa egzanp
y ale ak bèt, jaden, moun bare
lòt bò dlo (akoz pon ki pa genyen
pou travèse), elèv pa ka al lekòl...
Donk tout aktivite ekonomik bloke.
Men yon fwa ta gen gran wout
(otowout) oubyen haywe ki konekte
tout depatman (jewografik) yo
pa egzanp, wout atravè komin yo
ki konekte seksyon kominal yo,
oubyen seksyon riral, konsa aktivite
ekonomik kab fèt trapde lè jou
mache nan diferan komin.
Li enpòtan pou n mansyone
jou mache (kòm aktivite ekonomik
enpòtan), yon komin kapab al nan
mache ka yon lòt (selon jou mache
chak komin), nan seksyon riral,
oubyen yon komin ki touprè, yon
komin vwazin (avwazinant), kote
kapab gen aktivite ekonomik, e aktivite
touristik o nivo nasyonal an
menm tan tou. Sètadi, Ayisyen k
ap soti nan yon komin al fè touris
nan lòt, e tou o nivo touristik entènasyonal,
k ap antre soti lòt peyi
vin vizite Ayiti.
Donk san wout, nou pa ka fè
sa. San wout, Ayiti p ap ka reyèlman
rive atenn yon nivo devlopman.
Nan tout bagay, gen estrateji.
Konsa, nou kapab konseye lidè ki
alatèt yo k ap pran desizyon, estrateji
pou fè wout yo. Ki kèk nan
estrateji sa yo?
Ebyen nou kapab site kote ki
trè danjre yo pou ta gen yon lis kisa
pou yo fè. Pa egzanp, pou elaji yo,
kote ki gen falèz (pou elaji yo dekwa
pou veyikil pa fè aksidan, epi
yo ka sikile nòmalman. Gen kote
ki gen twou kote yo ka plante pyebwa
ladan yo, e bwa sa yo kapab
itilize pou fè planch (pi devan).
Pami bwa sa yo, nou ka mansyone
kajou (swietenia mahogony), gayak
(guaiacum officinale) pou fè
planch, mèb, e lòt pyebwa tou yo
kapab pran an konsiderasyon ki
kapab itilize pou fè planch.
Non sèlman li enpòtan pou
elaji kote sa yo, men yon fwa twou
sa yo bouche, machin p ap patinen;
yo p ap chavire. Aprè sa, nou ka
pale de falèz, wout ki apik pa egzanp.
Tout moun tande pale de Mòn
Kabrit. Gen lòt kote tou ki trè apik
Ayiti ki bezwen aplani (pou vin pi
plat) e pou elaji tou.
Gen kote ki gen ravin pa
egzanp, ki koze dega lè lapli tonbe.
Ravin sa yo ka ale ak tè, e bèt
moun. Yo kapab fouye e betonnen
ravin sa yo pou ba yo direksyon
pou y al tonbe dirèkteman nan baraj
pou ede ak irigasyon. Tout sa kapab
sèvi kòm fason pou ede kannale
dlo. Sa ka ede kreye lak atifisyèl tou
pou fè pisikilti, ki ka kreye aktivite
ekonomik pou lapèch kote moun
yo kapab viv de sa tou atravè yon
baraj pa egzanp.
Nou pran Mòn* Piliboro pa
egzanp, se yon wout trè danjre
pou moun ki pral nan nò (ki sot
nan sant oubyen Pòtoprens ki pral
Okap). Donk, li ta sipoze elaji. Non
sèlman li apik, men tou li gen falèz
lè de bò.
Nou gen wout Jakmèl la ki fèt
Wout Nasyonal nimewo 2
an zigzag pa egzanp ki trè danjre.
Okontrè, te gen siy ladan epòk diktati
Jean-Claude Duvalier ki make:
«La route vous tue, la route vous
blesse, la route est dangereuse.
Conduisez avec prudence!» (Wout
la ap touye w, wout la ap blese w,
wout la danjre. Kondi ak pridans!).
Pou kisa kounyeya wout sa a pa
kapab elaji olye pou vin avèk siy sa
yo, lè n konnen travay ki pou fèt yo
pa fèt pou evite?
Gen kote tou, lè w rive nan
yon koub, ou pa wè machin k ap vin
sou ou a, oubyen anfas ou. Donk
enjenyè, moun k ap trase wout yo
tankou apantè, tout moun k ap travay
yo ta sipoze byen mezire wout
la a distans avèk lonnvi pa egzanp
pou make l (menm jan sa fèt Etazini),
kote gen moun ki kenbe jalon,
lòt moun k ap make wout la pou wè
kote yo ye a (si yo wè nòmalman),
yon fason pou elaji l.
Lè w rive nan yon koub, se pa
lè sa a pou gen sipriz, epi pou yon
machin vin fas a fas avèk ou pou
fè kolizyon tèt a tèt epi tout moun
mouri. Nou gen tout pwoblèm sa
yo Ayiti, an tèm estrateji woutye
(woutyè). Li enpòtan kòman wout
yo dwe fèt. Kote ki trè danjre ki dwe
repare ou amelyore yo. Kote etwat
yo dwe elaji. Kote ki gen falèz dwe
bare, oubyen elaji.
Tout bagay sa yo dwe fèt.
Wout ki aplani (nan zòn apla), ki
pa koze pwoblèm kapab fèt annaprè.
Lòt bagay ankò ki esansyèl
se asfal. Lefèt ke asfal la koute lajan,
yon fwa wout la elaji ase (pa
egzanp, espesyalman nan pwovens)
ebyen asfal la ka ale o milye.
Sètadi, lè gen lajan disponib (si pa t
gen sifizamman), tanzantan asfal la
Wout Okap pou ale Labadi
gen dwa touche de bò wout la, pase
pa gen twòp trafik an pwovens.
Donk yon fwa asfal la ale o
milye wout la, lòt veyikil k ap vin
an fas la pa egzanp kapab toujou
kouri sou kote. Veyikil sa a p
ap gen pwoblèm lè l kapab wè lòt
anfas li... Epi, tanzantan, wout la
kapab elaji kote plis asfal kapab
ajoute.
Gen kote tou ki dwe betonnen.
Pa egzanp, an n di yon seri
kote ki glise (tèlke nan pant e wout
ki apik). Non sèlman yo dwe kraze
yon pati mòn nan, men tou grate
kote ki ta apik oubyen kote veyikil
ka patinen dekwa pou kenbe kawotchou
yo (oubyen jwenn grip) lè y
ap monte oubyen desann.
Sa rive lè lapli tonbe, kote
l glise e sa ka koze aksidan. Nou
wè ke l enpòtan pou nou te fè ti
pale sa a sou wout, e n ap mande
tout moun ki li atik sa a oubyen ki
tande vokal la (atravè ribrik nou,
«Edike Ayisyen Ayiti, e Ayisyen
nan Dyaspora», pou ta pataje l ak
lis kontak yo dekwa pou mesaj
la rive nan zòrèy tout lidè kouwè
majistra, depite, senatè, prezidan
e tout moun ki eli e ki okipe yon
pòs lidèchip pou konnen enpòtans
wout an Ayiti.
An rezime, san volonte politik
e vizyon pou devlopman Ayiti,
nou pa kapab gen yon peyi devlope
san pran devlopman wout an konsiderasyon,
kote moun kapab rete
nan komin e seksyon riral yo soti
pou devlope aktivite ekonomik.
Yon fwa yo kreye wout epi yo byen
jere, moun p ap bezwen vin konble
(nan) Pòtoprens dèyè aktivite
ekonomik, yo kapab fè tou nan
komin yo soti.
6 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Perspectives
Haïti au seuil d’une nouvelle
occupation ?
La situation actuelle
dans le pays est critique
C’est la « pacification violente » du pays tentée par la MINUSTAH qui a
contribué au scénario actuel
Par Lautaro Rivara*
Le dernier communiqué du Secrétariat
général de l’Organisation des États
américains (OEA) sur Haïti sera sans
doute à l’avenir un cas d’école, en raison
de la force avec laquelle l’organisation
dresse un bilan dévastateur des 20
dernières années d’« interventionnisme
humanitaire », le considérant comme «
l’un des échecs les plus graves et les plus
patents de la communauté internationale
». En outre, selon l’OEA, c’est au cours
de ces « 20 dernières années de stratégie
politique erronée », et sous l’égide de la «
communauté internationale » elle-même,
qu’ont « germé » les « bandes criminelles
qui assiègent aujourd’hui le pays ».
Des résultats désastreux
Mais ce qui est curieux, c’est que, partant
d’un diagnostic essentiellement correct,
Luis Almagro, dans une interview
au Miami Herald, a défendu la nécessité
de réoccuper le pays, un territoire
par lequel sont passées une douzaine
de missions civiles, policières, militaires
et politiques au cours des 30 dernières
années, avec des résultats désastreux, si
l’on considère les scandales de violence
sexuelle systématique commise par les
troupes d’occupation ; les massacres
répétés commis dans les quartiers populaires
; et l’introduction de l’épidémie
de choléra qui a causé la mort de 9 000
personnes et en a contaminé près de 800
000, comme l’a reconnu lui-même l’ancien
secrétaire général des Nations unies
Ban Ki-moon.
Le renouvellement de l’interventionnisme
est à présent justifié par le
désastre sécuritaire complet que vit la
nation haïtienne. Divers analystes citent
l’assassinat de Jovenel Moïse en juillet
dernier comme le début de cette spirale
de violence. Cependant, quelle que soit la
variable que nous prenons (la circulation
des armes, le nombre de gangs, leur capacité
opérationnelle et leur contrôle territorial,
les enlèvements, la perpétration
de massacres, de meurtres et de viols, le
nombre de personnes déplacées, etc.),
nous verrons qu’il s’agit d’une tendance
à plus long terme qui a commencé à se
consolider avec l’arrivée au pouvoir du
PHTK en 2010, un parti toujours au
pouvoir qui a déjà placé trois chefs d’État
et/ou de gouvernement successifs : Michel
Martelly, Moïse lui-même, et maintenant
Ariel Henry. Ce n’est pas avec le
retrait des troupes de la MINUSTAH que
ces dangereuses tendances sécuritaires
ont commencé à se manifester, mais plusieurs
années auparavant, ensuite approfondies
par l’occupation elle-même.
Des chars de la force d’occupation et de répression : la MINUSTAH
Paramilitarisme
Comme le démontre l’étude du paramilitarisme
et du crime organisé, ces
phénomènes sociaux trouvent leur terreau
le plus propice dans le vide généré
par différents facteurs : par la faiblesse
ou l’effondrement des capacités de l’État,
par des crises économiques aiguës, par
des phénomènes de guerre civile, par
des occupations ou des conflits guerriers
internationaux, par la survenue de
catastrophes humanitaires, etc. En d’autres
termes, par tout ce qui brise, affaiblit
ou rétracte le tissu social, étatique et/ou
communautaire. Un tissu qui, en Haïti,
en raison de sa longue histoire anticoloniale
et des caractéristiques absolument
intrinsèque de sa société, a eu historiquement
une unité et une résilience particulières.
Mais c’est la « pacification violente
» du pays tentée par la MINUSTAH qui
a contribué au scénario actuel. Cela est
dû à plusieurs facteurs : le processus de
substitution des capacités de l’État opéré
par « l’occupation sans fin » ; l’affaiblissement
de la société civile haïtienne
grâce à l’action indiscriminée de plus
de 12 000 organisations non gouvernementales
qui rivalisent entre elles,
démobilisent et capturent les ressources
humaines locales, surtout depuis le
post-séisme de 2010 ; par les politiques
économiques néolibérales qui, depuis les
années 80, ont détruit les dernières traces
de la capacité industrielle, agro-industrielle
et agricole du pays, générant des
phénomènes tels que l’exode rural et la
surpopulation urbaine, et augmentant la
pauvreté et le chômage ; et surtout par
le processus de répression sélective dans
certains des bidonvilles populaires de la
zone métropolitaine de Port-au-Prince,
qui ont créé le vide terrifiant que les
groupes criminels et paramilitaires sont
venus combler.
Armes de la Floride
Quelques remarques sont à faire sur
l’origine de ce phénomène. 1) Ni Haïti ni
son voisin, la République dominicaine,
ne produisent d’armes d’aucune sorte,
leur origine est donc nécessairement
étrangère. 2) Les États-Unis sont le principal
producteur et exportateur d’armes
et de munitions — ainsi que le plus
proche — avec 36 % du marché mondial,
un chiffre qui a augmenté au cours
de la dernière décennie. 3) Dans tous les
cas connus à ce jour, les armes ont été
Luis Almagro, dans une interview
au Miami Herald, a défendu la
nécessité de réoccuper Haïti
introduites clandestinement par les aéroports
ou des terminaux portuaires depuis
le sud de la Floride. Et ce, malgré le fait
que le pays est soumis à un embargo sur
les armes depuis 1991, partiellement assoupli
en 2006.
La Commission nationale pour le
désarmement, le démantèlement et la
réintégration a estimé en 2019 qu’environ
500 000 armes illégales étaient en
circulation dans le pays, une estimation
qui, malheureusement, a été largement
dépassée ces dernières années. Le premier
moyen évident de couper la spirale
de la violence à la racine serait de contrôler
et d’empêcher ce flux qui, chaque
jour, met des armes de gros calibre entre
les mains de jeunes issus des populations
les plus démunies de la zone métropolitaine,
aujourd’hui un territoire pratiquement
assiégé par les bandes criminelles.
Compte tenu de la croisade interventionniste
de l’OEA, de la fin prochaine
du mandat du Bureau intégré
des Nations unies en Haïti (BINUH) et
des débats ouverts aux États-Unis sur
ce qu’ils doivent faire de leur allié inconfortable
dans le Bassin des Caraïbes,
des concepts tels que la « responsabilité
de protéger », le « principe de non-indifférence
» et d’autres genres de récits
interventionnistes inventés dans l’ère
de l’après-guerre froide commenceront à
résonner de plus en plus. Ceux-ci nient
ou cherchent à suspendre les piliers juridiques
de l’ordre international depuis
la constitution de l’ONU : les droits à la
souveraineté et à l’autodétermination
des nations.
Élections
Le problème de sécurité d’Haïti a des
dimensions spécifiquement policières et
opérationnelles. Mais dans sa dimension
politique plus large, le contrôle territorial
du pays ne pourra jamais être repris sans
un processus électoral qui permettrait la
restauration du pouvoir politique à une
autorité légitime, considérant que des
élections n’ont pas eu lieu dans le pays
depuis six ans, et que les pouvoirs judiciaire
et législatif ont été pratiquement
démantelés, tandis que les services d’éducation
et de santé ont été suspendus ou
gravement affaiblis. Le report continu
des élections ne fera qu’affaiblir davantage
l’État et sa classe politique, sapant
ainsi leur capacité de manœuvre.
En outre, les politiques de choc
économique telles que l’augmentation
de 100 % des prix du carburant récemment
décrétée ne seront pas seulement
Laurenel Louis
Le dirigeant de la Confédération
des travailleurs des secteurs public
et privé (CTSP) d’Haïti, organisation
membre du CLATE, a évoqué la
nouvelle vague de protestations dans
le pays, après la décision du gouvernement
d’augmenter les prix du carburant.
La population réclame la démission
du Premier ministre Ariel Henry.
La crise politique, sociale et
économique en Haïti s’est intensifiée
la semaine dernière lorsque le gouvernement,
dirigé par le Premier ministre
Ariel Henry, a doublé le prix de l’essence
et augmenté le prix du diesel de
près de 90 %, déclenchant des manifestations
massives dans tout le pays. « Le
gouvernement haïtien, sous la pression
du Fonds monétaire international, a
supprimé la subvention de l’État à l’essence,
un produit stratégique et transversal,
et a augmenté son prix deux
fois en un an », a expliqué Laurenel
Louis.
« La première fois, c’était en
décembre 2021, lorsque le gallon d’essence
est monté à 250 gourdes (environ
2 dollars). Depuis près de trois
mois, la situation est encore plus critique.
Le gouvernement a provoqué
une pénurie de ce produit essentiel,
afin d’éliminer la subvention et de
vendre un gallon d’essence jusqu’à
570 gourdes (environ 4,85 $) et un
gallon de diesel jusqu’à 630 gourdes
(environ 5,30 $). », a informé le syndicaliste.
Louis a déclaré que « la population
n’accepte pas cette décision officielle
du gouvernement et demande sa
démission sans condition ». Il a ajouté
: « Il y a un soulèvement général de la
population dans tout le pays. Il y a des
scènes de pillage. Il y a la répression
policière. Il y a beaucoup de morts.
La population est dans la rue tous les
jours ».
Enfin, il a précisé que « ce n’est
plus une question d’essence : la seule
demande est la démission d’Ariel Henry,
chef du gouvernement ».
Clate Press / Résumé latino-américain,
26 septembre 2022
un coup de grâce pour une large majorité
des classes populaires qui luttent
pour survivre, mais elles donneront
également de plus en plus d’oxygène à
l’expansion et au contrôle territorial des
bandes armées, approfondissant, peutêtre
de manière irréversible, la paramilitarisation
du pays.
*Lautaro Rivara, Sociologue, doctorant
en histoire à l’UNLP ; boursier et
chercheur à l’IdIHCS/CONICET.
Source : Pagina|12
Traduction : Venesol
21 septembre 2022
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Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
7
Haïti, d’une Transition à l’Autre (37)
André Michel, apprenti sorcier ou provocateur !
Par Catherine Charlemagne
Depuis bientôt un mois, la République
brûle ! Les manifestations
populaires enregistrées à travers
le pays ne sont ni manipulées ni
téléguidées. Elles sont le témoignage
de l’échec avéré non seulement de la
Transition post-Jovenel Moise, mais
surtout de l’échec d’une politique :
celle du gouvernement présidé par
le Premier ministre a.i Dr Ariel Henry
depuis plus de 14 mois. Or, il
se trouve que le pouvoir en place,
dominé par ce qu’on appelle l’ancienne
opposition, détient tous les
rouages des institutions. On l’a déjà
dit mille fois, hormis les régimes dictatoriaux,
jamais un pouvoir en Haïti
n’a eu autant de liberté pour agir à
sa convenance. Inutile ici de refaire
la liste des institutions dysfonctionnelles.
Et pour cause. Elles n’existent
tout simplement plus. Même
l’apprenti sorcier ou provocateur,
Me André Michel du SDP, le reconnaît
: « Nous sommes dans la crise
politique la plus difficile de l’histoire
des trente dernières années. C’est la
première fois que nous faisons face
à une crise politique dans le pays
où toutes les institutions sont dysfonctionnelles.
Autrefois, des institutions
comme la Cour de cassation, le Parlement,
restaient debout même durant
les crises. Aujourd’hui, toutes
les institutions sont à genoux...
Seule une branche de l’Exécutif est
fonctionnelle ; le gouvernement
ayant à sa tête le Premier ministre
qui est le chef de l’Administration
publique. Aucune autre institution
n’est fonctionnelle. C’est pour cela
André Michel
que je souhaite dire aux autres acteurs
politiques, aux acteurs de la
Société civile, qu’il y a une nécessité
de prendre la voie du dialogue » a-t-il
dit sur radio Magik9 le 13 septembre
2022. Effectivement, un homme,
un seul peut décider quand il veut,
comme il veut de la politique sécuritaire,
sociale et économique qu’il
entend appliquer pour les 12 millions
d’haïtiens. Si nous ne sommes pas
encore dans un régime dictatorial, on
aimerait bien que quelqu’un nous définisse
ce que c’est la dictature. Pourtant,
rien, absolument rien ne fonctionne.
Ne marche dans cette contrée
qui semble condamnée à être la risée
du monde.
On l’a bien vu et le pays assiste
à un déferlement de brutalité
et même de morts de la part des
forces de police à chaque fois que
les citoyens tentent non pas de provoquer
une révolution ou même de
renverser la table, mais seulement
André Michel reçoit un accueil en héros lors de la marche du 30
septembre 2013 à Port-au-Prince
de réclamer un peu de compréhension,
de compassion et d’humanité
auprès des décideurs autoproclamés.
Puisqu’aucun citoyen haïtien ne leur
a donné mandat. Si les haïtiens dans
leurs mouvements de revendications
réclament la fin de la vie chère, la
baisse du coût des produits pétroliers
et au passage la fin de cette dictature
qui ne dit pas son nom, en sollicitant
le départ de ce Premier ministre
totalement insensible à leur sort, ils
sont persuadés de leur bon droit.
Pourtant, il semble que certains
parmi les alliés du Premier ministre
veulent leur enlever ce droit acquis
si chèrement depuis 1986 en leur
faisant peur. Or, malgré les menaces,
les mises en garde et autres intimidations
des profiteurs du régime
de facto, les manifestations contre
l’augmentation des prix du carburant
(essence) continuent pour la plus
belle partout dans le pays.
C’est le chaos auquel vient se
greffer une paralysie totale du territoire
avec l’opération « pays lock ».
Même l’ONU et les principales représentations
diplomatiques en Haïti
plient bagages. Y compris, d’ailleurs,
une partie du personnel de l’ambassade
des USA à Port-au-Prince.
C’est dire que l’inquiétude est à son
paroxysme. Du Cap-Haïtien à Jérémie
en passant par les Gonaïves, les
Cayes, Hinche ou Miragoâne, le cri
est unanime : on n’en peut plus. A la
capitale et sa périphérie, toujours à la
pointe des contestations pour être le
centre névralgique des Pouvoirs politiques,
économiques et culturelles,
mais surtout où la population subit
et ressent plus fortement le poids de
cette cherté de la vie, les habitants
sont vent debout quasiment 24h sur
24 depuis un mois. Première victime
de la hausse des prix compte
tenu qu’elle est condamnée à se déplacer
soit en transport en commun
soit en taxi-motos, la population de
la région métropolitaine de Port-au-
Prince, comme de coutume, paie un
lourd tribut durant les manifestations
populaires de ces dernières semaines.
Mais, en dépit de ces pertes en
vie humaine et des dégâts collatéraux
qui sont les conséquences directes de
l’échec de la politique du gouvernement,
des dirigeants de l’ex-opposition
aujourd’hui au pouvoir et vivant
apparemment sur une autre planète
puisqu’ils profitent à vue d’œil de
leur proximité avec les richesses de
l’Etat, ne trouvent rien de moins à
faire que de les intimider. En effet, le
mardi 13 septembre 2022, on imagine
qu’on n’était pas le seul à être
sidéré d’entendre sur radio Magik9
dans l’émission Panel Magik l’un
des plus surprenants politiciens haïtiens
de cette décennie, s’agissant de
Me André Michel chef incontesté du
SDP (Secteur Démocratique et Populaire)
justifiant la décision du régime
d’augmenter les prix du carburant.
L’homme fort du régime de facto
conduit par le Premier ministre Ariel
Henry, Me André Michel, ne cesse
de surprendre de plus en plus non
seulement tous les observateurs politiques
locaux et étrangers mais aussi
son propre camp politique. Il ne fait
pas de doute, Me André Michel est
un pur produit du système politique
haïtien, ce qui n’est pas vraiment un
compliment en le disant. Celui qu’on
peut sans hésiter qualifier de l’un des
tombeurs du feu Président Jovenel
Moïse surprend par son attitude.
Il s’adapte aux conjonctures
politiques de ce pays comme un enfant
qui vient de naitre connaît immédiatement
l’odeur de sa maman.
Opposant intransigeant au Mouvement
puis au Parti Fanmi Lavalas
de l’ancien Président Jean-Bertrand
Aristide, il a poursuivi sans transition
sa politique de déstabilisation
gouvernementale contre tous les régimes
jusqu’à ce qu’il découvre enfin
le luxe et les délices du pouvoir
avec sa nouvelle égérie Ariel Henry.
De Jean-Bertrand Aristide au régime
dit PHTK mené d’abord par l’ex-Président
Michel Martelly et ensuite par
le Président Jovenel Moïse jusqu’au
magnicide du mois de juillet 2021,
Me André Michel est de toutes les
oppositions. Se faisant passer pour
l’avocat du peuple depuis des années,
André Michel occupe l’intégralité
du paysage politique haïtien.
Omniprésent et extrémiste, il colonise
la scène sociopolitique du pays.
Toujours dans une opposition intégrale
et sans concession, jamais il
n’a laissé le temps aux régimes précédents
de s’épanouir et de prendre
forme afin qu’ils puissent mener une
quelconque politique.
Aujourd’hui, ce qui frappe
en premier lieu c’est l’intégration et
l’adaptation si naturelle de André Michel
à un régime, certes, qu’il a plus
au moins couvé discrètement. Mais,
pour quelqu’un autoproclamé défenseur
du peuple et de la démocratie,
cela continue d’étonner plus d’un,
dans la mesure où ce régime qu’il
chérit tant est le pire que le pays ait
connu depuis la chute des Duvalier
et des régimes militaires éphémères
post-dictatoriaux. On n’en revient
pas de la métamorphose du leader du
Secteur Démocratique et Populaire
passant de chef d’opposition radicale
à celui de défenseur intransigeant
d’un pouvoir impopulaire honni de la
quasi-totalité de la population. Pire,
André Michel emploie aujourd’hui
les mêmes méthodes qu’il utilisait
du temps qu’il ferraillait dans une
opposition carrée en menaçant ses
adversaires de la pire sentence pour
défendre un pouvoir sans aucune
légitimité ayant été installé par la
seule volonté de la Communauté internationale,
en l’occurrence le Core
Group.
Quel ne fut pas notre étonnement
d’entendre dire par cet homme
de loi devenu défenseur des causes
perdues que personne ne pourra renverser
Ariel Henry du pouvoir. Et
que le seul moyen de le remplacer
est d’accepter d’aller aux élections.
D’après le chef du SDP, il n’y a aucun
autre moyen de le faire. « (…)
Je veux dire aux acteurs politiques,
de la Société civile qui n’ont pas encore
compris que le dialogue est la
seule option, que ce sont eux qui, en
quelque sorte, font que M. Ariel Henry
reste le plus longtemps possible au
pouvoir. Tant que nous n’entamons
pas un processus de dialogue pour
trouver un consensus pour rétablir la
sécurité dans le pays afin d’organiser
les élections, pour rendre les institutions
opérationnelles, faire la passation
du pouvoir à des autorités élues,
Ariel Henry restera au pouvoir (…) »
a avancé sans rire Me André Michel
sur Magik9 le 13 septembre 2022.
On croit rêver et franchement nous
sommes persuadés qu’on n’était pas
le seul dans cette situation.
André Michel, hier le chantre
de la démocratie et partisan tous
azimuts de la mobilisation populaire
contre tous les pouvoirs établis en
Haïti se fait aujourd’hui l’avocat de
l’impossible. Bien sûr qu’on serait
tout à fait d’accord avec l’avocat si,
il n’y a pas si longtemps, il n’était
pas le farouche pourfendeur de tous
les dirigeants qui avaient au moins
un minimum de légitimité au Palais
national, en tout cas, reconnus
constitutionnellement par un mandat
fixe et aussi soutenus par une partie
de la population même minime.
Prenant goût au pouvoir qu’il a eu
par procuration, le dirigeant du SDP
se croit vraiment au timon des affaires
à travers un Premier ministre
de facto que la population, celle-là
même qui a fait sa fortune politique
durant les années passées, ne reconnait
pas. Aujourd’hui, non seulement
le leader du SDP change totalement
de vocabulaire en menaçant
ceux qui pensent se mettre en travers
du chemin de son champion qui est
à la Primature, André Michel emploie
également un langage qui en dit long
sur sa détermination à conserver le
pouvoir.
Ce comportement de soldat
intrépide pousse aussi à s’interroger
sur le rôle de certains dans l’arrivée
de cette équipe au pouvoir. Voilà il y
a à peine une année qu’un chef de
l’Etat en fonction a été assassiné justement
parce qu’il rêva de terminer
son mandat constitutionnel. Ne pouvant
attendre l’échéance prévue par
De gauche à droite : André Michel, Youri Latortue et Nènèl Cassy
la Constitution, les oligarques économiques
et politiques, impatients de
prendre le pouvoir et de s’installer
à la tête du pays, ont tout naturellement
écourté ledit mandat. Il se
trouve que les premiers vrais bénéficiaires
de ce crime politique sont les
radicaux qui avaient prédit ce sort
funeste au Président s’il ne se démet
pas de ses pouvoirs. Dans le contexte
des mouvements sociaux à travers le
pays réclamant le départ du Premier
ministre a.i, par provocation ou par
mise en garde à ceux qui tenteraient
de pousser son protégé vers la sortie,
Me André Michel revient à une formulation
ressemblant étrangement
à cet épisode malheureux et criminel
dans l’histoire récente d’Haïti en déclarant,
lors de son passage à l’émission
Panel Magik de Magik9, (…)
« Ariel Henry est au pouvoir, il n’y a
aucun mécanisme pour le remplacer.
Comment peut-on remplacer
un Premier ministre alors qu’il n’y a
aucune institution debout ? Il n’y a
que deux mécanismes pour le remplacer
: l’organisation des élections
et une autre cause biologique, la
mort (…) ». Autrement dit, soit les
autres protagonistes ou Accords acceptent
les propositions du Premier
ministre a.i et cautionnent donc l’organisation
des élections quelles que
soient les conditions sécuritaires du
pays. Ou Ariel Henry demeure ad
vitam aeternam à la Primature et
au Palais national jusqu’à ce que le
Core Group le chasse ou soit, dans le
cas extrême, qu’il subisse le sort du
feu Président Jovenel Moïse, c’est-àdire
qu’on l’assassine ou qu’il meure
de mort naturelle. Sinon, personne,
même pas le peuple, ne pourrait le
contraindre à abandonner la Villa
d’Accueil s’il ne décidait de quitter le
pouvoir de son plein gré. Qui a
parlé de Transition de rupture en Haïti
? Voire du retour à la démocratie !
C.C
8 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
This week in Haiti
Ex-U.S. Special Envoy to Haiti Daniel Foote: Send Special
Forces to Haiti or 25,000 Troops
Ex-special envoy to Haiti Daniel Foote at a Sep. 19 rally in Washington,
DC: “I proposed sending a company or so of U.S. special forces to train an
anti-gang task force within the Haitian National Police.”
by Dan Cohen
As the Haitian government teeters
on the brink of collapse amid a
popular uprising, ex-U.S. Special Envoy
to Haiti Daniel Foote insists the
U.S. must either send special forces to
train a Haitian National Police SWAT
unit or invade with 25,000 soldiers at
an “imminent” date.
On Sep. 19, activists gathered
outside the White House to commemorate
one year since the mass deportation
of Haitian asylum seekers in Del
Rio, Texas.
The commemoration came as
a popular uprising in Haiti entered its
third week, sparked by International
Monetary Fund-imposed fuel price
hikes amid spiraling inflation and a
state of total insecurity.
“We will have to readjust the
price of gas,” Interim Prime Minister
Ariel Henry told Haitians in a televised
speech on Sep. 11, seeking to avoid
blame. “I know there are people who
will try to heat up your heads, tell you
to take to the streets so that gas does
not come back to its normal price… Violence
has no place. Violence won’t get
us anywhere. I put out a call for calm
to everyone.”
The U.S. and its junior partners,
however, have sought to shift blame
for the unrest onto local economic interests
and so-called “gangs.”
On Sep. 21, U.S. President Joe
Biden told the United Nations General
Assembly (UNGA): “We continue
to stand with our neighbor in Haiti as
it faces political-fueled gang violence,
and an enormous human crisis, and
we call on the world to do the same,”
adding that, “we have more to do.”
“If you look at the protests that
are taking place as a result of the end
of fuel subsidies, they are financed by
economic actors,” top Biden advisor
and National Security Council Director
Juan Gonzales commented.
In attendance at the White
House protest was former U.S. Special
Envoy for Haiti Daniel Foote, who
warned that if Washington does not
train a Haitian National Police unit to
Two young men bring fresh tires to a burning barricade in Port-au-Prince
on Sep. 16, 2022. Photo: Haïti Liberté
crush Haiti’s so-called “gangs,” it will
launch a full scale invasion.
“The U.S. has two choices: either
reinforce the police now, probably
using military trainers, so send a company
of special forces trainers to teach
the police and set up an anti-gang task
force, or send 25,000 troops at some
undetermined but imminent period in
the future,” Foote declared.
Foote resigned from his post in
September 2021, citing the inhumane
treatment of Haitians at the border as
the breaking point.
“I realized I could no longer have
the positive impact and push Haiti towards
where it needs to go in my role
as special envoy because of the guy in
that building right there,” he told the
crowd, pointing at the White House.
The resignation earned him
praise from prominent intellectuals
including filmmaker Raoul Peck, who
called Foote’s congressional testimony
“shattering and redemptive,” saying
that it “restored some measure of honor
to decades of shameless American
intervention.”
Since his resignation, Foote has
been vocally opposed to continued
U.S. support for Haitian Interim Prime
Minister Ariel Henry, who remains in
office despite being implicated in the
July 2021 assassination of President
Jovenel Moïse.
Rather than withdrawing support
for Henry, Washington has sought
to unite him with his principal rival, a
coalition of traditional political parties
and dozens of so-called civil society
groups, known as the Montana Accord.
Described as a “Haitian-led” alternative
to Henry, the Montana coalition
proposes a two-year transitional
government leading to elections.
This Accord is headed by Magali
Comeau Denis, who, like Ariel Henry,
was a key figure in the 2004 U.S.-orchestrated
coup d’état against President
Jean-Bertrand Aristide as well as
Culture Minister of the de facto regime
set up after the ouster.
So far, the Biden administration’s
attempts to unite the two coalitions
have proven unsuccessful.
Despite Henry’s ongoing premiership,
the Montana Accord is increasingly
favored by Washington,
with Assistant Secretary of State for
Western Hemisphere Affairs Brian
Nichols publicly endorsing it.
As the uprising has rocked Henry’s
government, the U.S. establishment’s
flagship foreign policy think
tank, The Council on Foreign Relations
(CFR), published a strategy paper endorsing
the Montana Accord as “the
most credible Haitian plan on the table,”
saying “the United States should
still help Haitians initiate its implementation.”
Early in 2022, as the Biden administration
pressured the Montana
group to compromise with Ariel Henry,
the accord fractured.
The Movement of Haitian Liberty
and Equality for Fraternity (MO-
LEGHAF) pulled out, accusing Montana
of partaking in “an international
plot” and saying “we’re not going to
facilitate the work of the imperialists.”
The Lavalas Family party of former
President Aristide quietly followed
suit.
As these members have broken
off, Foote and the liberal establishment
have promoted the accord as the ideal
partner for the United States and its
institutions.
“They need somebody whom the
international community, the IMF, the
donors, can trust and work with and
the Haitian people can trust and work
with to improve their lives and move
towards choosing their own leaders,”
he explained.
While Foote advises who should
lead Haiti, he is careful to project the
opposite. When MintPress News asked
if the Montana Accord is a mechanism
to arrive at such leadership, he replied:
“Let’s not call it that because then
I’m offering preference for one group
or another. A consensus, let’s call it.
And the Montana Group, last Oct. 31,
I think, of 2021, signed a consensus
agreement and broadened it significantly
by January to the point that
80% plus of the actors in Haiti, everyone
that wanted in, was in on it. And
that’s adequate consensus.”
Canadian Prime Minister Justin
Trudeau speaks similarly. “We cannot
continue to see external elements, no
matter how well meaning, try to determine
the future of Haiti,” he said at a
press conference.
However, the very same day,
while leading discussion of a Haiti advisory
group on the UNGA’s sidelines,
Trudeau listed several foreign powers
who he insists will be involved in Haiti’s
future. “Regional partners like CAR-
ICOM and global partners like Canada,
the U.S., France, the European Union,
and others have an extremely important
role to play as well,” he said.
The primary objective for Foote,
Washington, and its partners is to
eliminate the so-called gangs.
“The gangs went from [former
president Jean Bertrand] Aristide’s
guys that he would pay to go out on
the streets to raise hell and get things
done, [and] have developed into very
sophisticated, heavily armed criminal
organizations at this point in time,”
Foote said.
Despite the criminal acts of
groups like the 400 Mawazo, which
kidnapped American and Canadian
missionaries last year, the U.S.’s
top target is its rival – a federation of
armed groups known as the “Revolutionary
Forces of the G9 Family and
Allies, Mess with One, You Mess with
All” or G9.
“The G9 coalition, they were a
year ago at least, the best organized
and the best funded,” Foote said.
This coalition, which calls for social
revolution, is led by former police
officer Jimmy “Barbecue” Cherizier.
The U.S. government, through
the National Endowment for Democracy
(NED), has accused Cherizier of
committing a series of massacres but
presented no evidence, qualifying its
charges as “alleged.”
Nonetheless, Cherizier is the
only so-called gang leader in Haiti under
U.S. Magnitsky sanctions.
Cherizier has gained support
over the past two years as his calls for
revolution have resonated amid ever
worsening conditions.
Foote, in Haiti’s largest daily
newspaper warned Haitians to not listen
to Cherizier, calling him a “criminal”
that must be “hunted down.”
“The issue is they have no natural
predator in Haiti,” Foote lamented.
“The police can’t take them on. They
can’t compete with the gangs; they’re
outmanned, outgunned, and everything.”
Cherizier has taken center stage
in the ongoing uprising, blocking the
country’s largest fuel terminal, and
clashing with the Haitian National Police
(PNH). (The G9 previously blocked
the terminal in October and November
2021 in a bid to unseat Henry,
but eventually called a “truce” which
last several months.) Leading human
rights figure, Pierre Espérance, head
of the NED-funded Haitian National
Network for Defense of Human Rights
(RNDDH), claimed that Cherizier is
Jimmy “Barbecue” Cherizier, leader
of the Revolutionary Forces of the
G9 Family and Allies: “We are the
movement!... Haitian people, stand
behind your barricades.”
actually stamping out protests on behalf
of Ariel Henry, though offering no
proof for his allegation.
Cherizier, manning a barricade
outside the Varreux fuel terminal, addressed
the Haitian people and the besieged
prime minister.
“Ariel Henry, get ready for
what’s coming,” Cherizier said, brandishing
a rifle. “This time, we will run
over your legs. You can continue to
give the little hungry thieving politicians
money, continue to give hungry,
greedy journalists money, who say
that we are getting money to destroy
the movement. We are the movement!
The Revolutionary Forces of the G9
Family and Allies, we are the movement!
Ariel is on our ass. Haitian people,
stand behind your barricades!”
As special envoy, Foote advocated
U.S. deployment of special forces to
train a PNH unit to take out so-called
“gang leaders” like Cherizier.
“Did you ever propose any kind
of military intervention to Haiti?” CBS’
Margaret Brennan asked Foote last fall.
“I proposed sending a company
or so of U.S. special forces to train an
anti-gang task force within the Haitian
U.S. National Security Council director Juan Gonzalez: “Just leaving it up
to Haitians to solve their problems is a line that I think ignores a really,
really concerning and deteriorating situation inside the country.”
National Police. So you’re talking about
30, 60 people,” Foote responded.
As Haiti spirals out of control
under Henry, United Nations Secretary
General Antonio Guterres and Haitian
Foreign Minister Jean Généus make
similar proposals.
“The proposition I put on the
table is that we must have an international
program of support for the
training and equipping of the police,”
Guterres said, “but it will be
suite à la page(17)
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
9
C’EST L’HÉ
LE VÉRITABLE PROGRA
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken présente la nouvelle
stratégie africaine de Washington à l’Université de Pretoria
Par Pepe Escobar *
Oubliez le développement. Le principal
intérêt de Washington en Afrique
aujourd’hui est de garder les Chinois
et les Russes à l’écart.
Dans un environnement rationnel,
la 77e session de l’Assemblée
Générale des Nations Unies (AGNU)
devrait discuter de l’allègement des
tribulations du Sud, en particulier de
l’Afrique.
Ce ne sera pas le cas. Comme
un cerf pris dans les phares géopolitiques,
le Secrétaire Général des Nations
Unies, Antonio Guterres, a émis
des platitudes sur un sombre « hiver
de mécontentement mondial », alors
même que les prophètes de malheur
impériaux critiquaient la « crise de foi
» de l’ONU et fustigeaient la « guerre
non provoquée » déclenchée par la
Russie.
Bien sûr, le génocide au ralenti
des résidents russophones du Donbass
pendant huit ans ne sera jamais
reconnu comme une provocation.
M. Guterres a parlé de l’Afghanistan,
« où l’économie est en ruine
et où les droits de l’homme sont
bafoués » - mais il n’a pas osé offrir
de contexte. En Libye, « les divisions
continuent de mettre en péril le pays
» - là encore, aucun contexte. Sans
parler de l’Irak, où « les tensions
actuelles menacent la stabilité en
cours ».
L’Afrique compte 54 Nations
membres de l’ONU. Toute réunion
de l’AGNU vraiment représentative
devrait placer les problèmes de l’Afrique
au premier plan. Une fois de
plus, ce n’est pas le cas. Il revient
donc aux dirigeants africains d’offrir
ce contexte indispensable en dehors
du bâtiment de l’ONU à New York.
Seul membre africain du G20,
le Président sud-africain Cyril Ramaphosa
a récemment exhorté les États-
Unis à ne pas « punir » l’ensemble du
continent en obligeant les Nations à
diaboliser ou à sanctionner la Russie.
L’introduction par Washington d’une
législation baptisée « Countering Malign
Russian Activities in AfricaAct »
(loi sur la lutte contre les activités
malignes de la Russie en Afrique),
dit-il, « nuira à l’Afrique et marginalisera
le continent ».
L’Afrique du Sud est membre
des BRICS - un concept qui est un
anathème dans le Beltway[la Nouvelle
Route de la Soie] - et adopte une
politique de non-alignement entre les
puissances mondiales. Une version
émergente du 21e siècle du Mouvement
des non-alignés (MNA) des années
1960 se renforce dans le Sud de
la planète, et notamment en Afrique,
au grand dam des États-Unis et de
leurs laquais.
Toujours à l’AGNU, António
Guterres a invoqué la crise mondiale
des engrais - là encore, sans contexte.
La diplomatie russe a souligné à
plusieurs reprises que Moscou était
prêt à exporter 30 millions de tonnes
de céréales et plus de 20 millions de
tonnes d’engrais d’ici à la fin 2022.
Ce que l’Occident ne dit pas, c’est que
seule l’importation d’engrais vers
l’UE est « autorisée », alors que le
transit vers l’Afrique ne l’est pas.
M. Guterres a déclaré qu’il essayait
de persuader les dirigeants de
l’UE de lever les sanctions sur les
exportations d’engrais russes, qui
John Bolton, en décembre 2018, à la Heritage Foundation : les États-
Unis en Afrique n’ont rien à voir avec le soutien à la démocratie et au
développement durable. Il s’agit de contrer la Russie et la Chine
affectent directement le paiement des
cargaisons et les assurances maritimes.
La société russe Uralchem, par
exemple, a même proposé de fournir
gratuitement des engrais à l’Afrique.
Pourtant, du point de vue des
États-Unis et de leurs vassaux de
l’UE, la seule chose qui compte est
de contrer la Russie et la Chine en
Afrique. Le président du Sénégal,
MackySall, a fait remarquer que cette
politique laissait « un goût amer ».
« Nous vous interdisons de
construire votre pipeline »
La situation empire. Le Parlement
Européen, largement inefficace, veut
maintenant arrêter la construction de
l’oléoduc d’Afrique de l’Est (EACOP),
long de 1 445 km, qui relie l’Ouganda
à la Tanzanie, en invoquant
de vagues violations des droits de
l’homme et des menaces environnementales,
et en « conseillant » aux
pays membres d’abandonner purement
et simplement le projet.
L’Ouganda compte sur plus de
6 milliards de barils de pétrole pour
soutenir un boom de l’emploi et faire
enfin passer le pays au statut de
pays à revenu intermédiaire. Il revenait
au vice-président du Parlement
ougandais, Thomas Tayebwa, De
présenter un contexte indispensable
: « Il est imprudent de dire que les
projets pétroliers de l’Ouganda vont
aggraver le changement climatique,
pourtant c’est un fait que le bloc de
l’UE avec seulement 10 % de la population
mondiale est responsable de
25 % des émissions mondiales, et
l’Afrique avec 20 % de la population
mondiale est responsable de 3
% des émissions. L’UE et les autres
pays occidentaux sont historiquement
responsables du changement
climatique. Qui donc devrait arrêter
ou ralentir le développement des ressources
naturelles ? Certainement
pas l’Afrique ou l’Ouganda ».
Le Parlement européen est en
outre une marionnette fidèle du lobby
des biocarburants. Il a refusé de
modifier une loi qui aurait mis fin à
l’utilisation de cultures vivrières pour
la production de carburant, ce qui aurait
contribué à ce que le Programme
alimentaire des Nations Unies a décrit
comme « une urgence mondiale
d’une ampleur sans précédent ». Pas
moins de 350 millions de personnes
sont au bord de la famine en Afrique.
Au lieu de cela, la notion «
d’aide » du G7 à l’Afrique est cristallisée
dans le projet Build Back Better
World (B3W) dirigé par les États-Unis
- la tentative anémique de Washington
de contrer l’ambitieuse initiative
Belt and Road (BRI) de Pékin - qui
se concentre sur « le climat, la santé
et la sécurité sanitaire, la technologie
numérique et l’équité et l’égalité entre
les sexes », selon la Maison Blanche.
Les questions pratiques d’infrastructure
et de développement durable,
qui sont au cœur du plan de la Chine,
sont tout simplement ignorées par le
B3W.
Initialement, quelques projets
« prometteurs » ont été identifiés par
une délégation étasunienne en déplacement
au Sénégal et au Ghana.
Des sources diplomatiques sénégalaises
ont depuis confirmé que ces
projets n’ont absolument rien à voir
avec la construction d’infrastructures.
Comme on pouvait s’y attendre,
le B3W a fait long feu. Après
tout, le projet dirigé par les États-
Unis n’était guère plus qu’un gadget
de relations publiques visant à saper
les Chinois, avec un effet négligeable
sur la réduction des plus de 40 000
milliards de dollars d’infrastructures
à construire dans le Sud d’ici 2035.
Avec un YALI, vous voyagerez
Les initiatives impériales
en Afrique - hormis le
Commandement de l’Armée
des Etats-Unis pour l’Afrique
(AFRICOM), qui équivaut à une
militarisation brute du continent
- nous amènent au cas curieux
de la YALI (Young African
Leaders Initiative), largement
présentée par l’axe Washington-
New York comme la politique «
la plus innovante » des années
Obama.
Lancé en 2010, la YALI a été conçu
pour « donner les moyens d’agir à la
nouvelle génération de dirigeants africains
» - un euphémisme pour les
éduquer (ou leur laver le cerveau) à la
manière US. Le mécanisme est simple
: il s’agit d’investir sur des centaines
de jeunes leaders africains potentiels
et de les faire venir dans des universités
des Etats-Unis pour une courte
« formation » de six semaines sur «
les affaires, le leadership civil, l’entrepreneuriat
et la gestion publique
». Puis, quatre jours à Washington
pour rencontrer des « dirigeants de
l’administration » et une séance de
photos avec Obama.
Le projet, coordonné par les
Ambassades US en Afrique, s’adressait
à des jeunes hommes et femmes
originaires des 49 pays d’Afrique
subsaharienne - y compris ceux
soumis à des sanctions étasuniennes,
comme le Soudan, l’Érythrée et le
Zimbabwe - maîtrisant l’anglais et
s’engageant à retourner en Afrique.
Au cours des premières années, près
de 80 % d’entre eux n’avaient jamais
mis les pieds aux États-Unis et plus
de 50 % avaient grandi en dehors des
grandes villes.
Puis, lors d’un discours prononcé
en 2013 en Afrique du Sud,
Obama a annoncé la création de la
Washington Fellowship, rebaptisée
par la suite Mandela-Washington
Fellowship (MWF).
Il est toujours en cours. En
2022, le MWF devrait être accordé
à 700 « jeunes leaders exceptionnels
d’Afrique subsaharienne », qui suivent
des « Leadership Institutes » dans
près de 40 universités étasuniennes,
avant leur court passage à Washington.
Après quoi, ils seront prêts pour
un « engagement à long terme entre
les États-Unis et l’Afrique ».
Et tout cela pour des clopinettes,
puisque le MWF a été présenté
avec enthousiasme par l’establishment
démocrate comme étant rentable
: 24 000 dollars par boursier,
payés par les universities étasuniennes
participantes ainsi que par Coca-Cola,
IBM, MasterCard Foundation,
Microsoft, Intel, McKinsey, GE
et Procter & Gamble.
Et cela ne s’est pas arrêté à
MWF. L’USAID est allé plus loin et
a investi plus de 38 millions de dollars
- plus 10 millions de dollars de la
Fondation MasterCard - pour mettre
en place quatre centres régionaux de
leadership (RLC) en Afrique du Sud,
au Kenya, au Ghana et au Sénégal.
Ces centres ont formé, à distance et
en classe, au moins 3 500 « futurs
dirigeants » par an.
Il n’est pas étonnant que la
Brookings Institution se soit extasié
sur tant de « rentabilité » lorsqu’il
s’agit d’investir « dans l’avenir de
l’Afrique » et pour que les États-Unis
« restent compétitifs » en Afrique. Le
YALI est certainement plus présentable
que l’AFRICOM.
Quelques exemples de réussite
ne semblent cependant pas rivaliser
avec le flux constant de footballeurs
africains qui font un tabac en Europe
- et réinvestissent ensuite la plupart
de leurs bénéfices dans leur pays. Les
années Trump ont vu une réduction
du financement de YALI - de 19 millions
de dollars en 2017 à environ 5
millions de dollars.
Tant de dirigeants à « former ».
Comme on pouvait s’y attendre, la
Maison Blanche de Joe Biden a recommencé
à faire du YALI. Prenez
cet attaché de presse des Etats-Unis
au Nigéria qui décrit clairement l’accent
mis actuellement sur « l’éducation
aux médias et à l’information »,
indispensable pour lutter contre la «
propagation de la désinformation »,
notamment « dans les mois précédant
l’élection présidentielle nationale ».
Les États-Unis, dans le cadre
de l’initiative YALI, ont donc « formé
1 000 jeunes Nigérians à reconnaître
les signes de désinformation en ligne
et dans les médias ». Et maintenant,
la suite est constituée d’ateliers de «
formation des formateurs », « enseignant
à 40 journalistes, créateurs de
contenu et militants (dont la moitié
seront des femmes) de Yobe, Borno,
Adamawa, Zamfara et Katsina, comment
identifier, enquêter et signaler
la désinformation ». Facebook, à qui
le FBI a ordonné de censurer les faits
10 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
MME US EN AFRIQUE
GÉMONIE
Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres
Lancé en 2010, la YALI a été conçu pour « donner les moyens d’agir à la
nouvelle génération de dirigeants africains » - un euphémisme pour les
éduquer (ou leur laver le cerveau) à la manière US
« gênants », susceptibles de modifier
les élections, ne fait pas partie du
programme.
YALI est le visage doux et Instagrammé
de l’AFRICOM. Les États-
Unis ont participé au renversement
de plusieurs gouvernements africains
au cours des deux dernières décennies,
avec des troupes formées sous
l’AFRICOM, obsédé par le secret. Il
n’y a eu aucun audit sérieux du Pentagone
sur l’armement des « partenaires
» locaux de l’AFRICOM. Pour
ce que nous en savons - comme en
Syrie et en Libye - l’armée US pourrait
être en train d’armer encore plus
de terroristes.
Et comme on pouvait s’y attendre,
tout cela est bipartisan. Le
néo-con enragé et ancien conseiller à
la sécurité nationale de Trump, John
Bolton, en décembre 2018, à la HeritageFoundation
, a été on ne peut
plus clair : les États-Unis en Afrique
n’ont rien à voir avec le soutien à la
démocratie et au développement durable.
Il s’agit de contrer la Russie et
la Chine.
Lorsqu’elle a appris que Pékin
envisageait de construire une base
navale en Guinée Equatoriale, pays
riche en pétrole, la Maison-Blanche
de M. Biden a envoyé des émissaires
à Malabo, la capitale, pour convaincre
le gouvernement de cesser ses activités.
En vain.
En revanche, le Ministre des
Affaires Etrangères russe, Sergei Lavrov,
a été reçu comme une superstar
lors de sa récente tournée en Afrique,
où l’on estime que les prix mondiaux
des denrées alimentaires et le drame
des engrais sont une conséquence
directe des sanctions occidentales
contre la Russie. Le dirigeant ougandais
Yoweri Museveni est allé droit au
but en déclarant : « Comment pouvons-nous
être contre quelqu’un qui
ne nous a jamais fait de mal ? »
Du 13 au 15 décembre, la Maison-Blanche
prévoit d’organiser à
Washington un grand sommet des dirigeants
étasuniens et africains pour
discuter principalement de la sécurité
alimentaire et du changement climatique
- parallèlement aux éternelles
conférences sur la démocratie et les
droits de l’homme. La plupart des
dirigeants ne seront pas vraiment
impressionnés par cette nouvelle
démonstration de « l’engagement
durable des États-Unis d’Amérique
envers l’Afrique ». Eh bien, il y a toujours
YALI. Tant de jeunes dirigeants
à endoctriner, en si peu de temps.
* Pepe Escobar est un journaliste
brésilien de l’Asia Times et
d’Al-Jazeera. Pepe Escobar est aussi
l’auteur de : « Globalistan : How
the Globalized World is Dissolving
into Liquid War » (Nimble Books,
2007) ; « Red Zone Blues : a snapshot
of Baghdad during the surge »
; « Obama does Globalistan » (Nimble
Books, 2009), Empire of Chaos
(Nimble Books, 2014), et 2030 en
format Kindi. Vous pouvez le suivre
sur Facebook. - @RealPepeEscobar
The Cradle September 21 2022
Traduit de l’anglais pour El
Correo de la Diaspora par :
Estelle et Carlos Debiasi
El Correo de la Diaspora
24 septembre 2022
One time use only. Cannot be used in conjunction with any other coupon or offer.
Coupon offer good until December 31, 2022. Valid for any new
service except subscription fees. Must mention coupon at time of sale.
Fè Depatman Afè Kominote a
(Department of Community
Affairs) konnen kisa w bezwen
kòm asistans nan de (2) fason:
1. Ranpli Sondaj Enskripsyon pou
Asistans apre Siklòn Ida.
bit.ly/IdaSurveyDCA
2. Analize Plan Aksyon pou asistans
Eta a pwopoze a epi bay kòmantè w.
https://www.nj.gov/dca/ddrm/
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
11
Perspectives
Les menaces occidentales pour les peuples d’Abya
Yala à l’ère de la multipolarité
Par Jorge Capelán
Nous vivons une époque véritablement
historique dans le monde : celle
de l’effondrement du plus grand empire
que l’humanité ait jamais connu. L’Occident
(les États-Unis, l’Europe et quelques
autres alliés) exerce toujours un pouvoir
considérable, mais dans la pratique, le
monde est désormais multipolaire à bien
des égards. Quels défis cette situation
pose-t-elle à nos peuples d’Abya Yala ?
Les signes de la fin de l’unipolarité
imposée par l’Occident après l’effondrement
de l’Union soviétique en 1990 se
manifestent aujourd’hui par l’échec retentissant
des sanctions contre la Russie
à la suite de la guerre en Ukraine, par
la poussée croissante des BRICS, par le
développement de la Chine, etc.
Ce qui s’effondre en fait, ce n’est
pas seulement l’empire américain, mais
aussi toute la civilisation qui s’est construite
dans le sillage de la colonisation
européenne du monde.
Face à la perte de leur hégémonie,
l’élite de l’élite occidentale cherche une
sorte d’échappatoire qui lui permettra
de maintenir ses privilèges, ceux des
0,00001% de la population mondiale.
L’agenda est facile à comprendre pour
quiconque se soucie de lire les publications
du Forum économique mondial et
peut voir les éléments communs dans
les déclarations disparates des dirigeants
politiques américains, qu’ils soient
démocrates ou “trumpistes” : neutraliser
la Chine et la Russie, veiller à ce que l’Europe
ne devienne jamais un concurrent
sérieux et détruire chaque État souverain
afin d’imposer la dictature directe de
leurs multinationales sur tout ce qui vit
sur terre.
Le capitalisme actuel, laissé à la
merci des grands monopoles financiarisés
qui le contrôlent, n’est capable de produire
que de la spéculation, une concentration
encore plus grande des richesses
et, bien sûr, des guerres. La tendance à
la baisse du taux de profit du capital ne
motive pas ces monopoles à investir de
manière productive.
Seuls les États dotés de politiques
de développement à moyen et long terme
sont en mesure d’obliger le capital à produire,
ou de démocratiser la propriété, afin
que puisse se développer l’économie réelle
qui produit de véritables biens et services
tangibles et non de simples marques ou
produits marketing.
Ce que les élites occidentales cherchent,
c’est à “remeubler” le monde en
fonction de leurs intérêts minoritaires
microscopiques, et pour y parvenir, elles
doivent détruire la capacité des peuples à
décider de leur propre destin. Ils veulent
se débarrasser de la majeure partie de
l’humanité, qui, selon eux, consomme
trop de ressources, et laisser la terre comme
un terrain de chasse privé pour les super-riches.
Certains rêvent d’envoyer des
colons à la conquête d’autres planètes,
tandis que d’autres souhaitent télécharger
leur esprit et leur âme sur un serveur internet
et vivre ainsi éternellement.
Au nom d’un modernisme matérialiste,
les élites occidentales veulent
détruire tous les acquis de l’humanité et
les remplacer par leur vision du “progrès”,
très éloignée des êtres humains et de leurs
besoins, mais très proche des mécanismes
des machines.
Au-delà de la destruction des souverainetés
étatiques, l’agenda impérial
cherche à détruire les souverainetés culturelles
et sociales, ainsi que la subjectivité
des personnes. Ils veulent l’être interchangeable
ultime, ils veulent un être
matérialiste et sans âme, ils veulent le
simple consommateur et non le producteur,
et pour cela ils mettent en place une
politique corrosive pour contrer la multipolarité
émergente.
La multipolarité, contrairement
à l’agenda occidental, signifie plusieurs
pôles de civilisations diverses, avec des
façons différentes de comprendre le
monde mais avec une volonté commune
de vivre ensemble dans cette maison
commune qu’est la Terre Mère. Chacun
de ces pôles représente une lutte de civilisation
historique des peuples dans
différentes régions du monde. La multipolarité
signifie à la fois la préservation
des racines culturelles et existentielles, et
la construction de nouvelles façons d’être
dans et avec le monde.
À Abya Yala, nous avons une
tâche civilisatrice héroïque à accomplir,
celle que nous ont léguée Tupac Katari,
Bolívar, Sandino, El Che, Fidel et Chávez.*
Nous ne sommes pas des Européens,
ni des “fils d’Espagne”, même
si nous parlons des langues ibériques
ou européennes. Nous sommes destinés
à retrouver nos racines indigènes, africaines
et européennes (parmi beaucoup
d’autres) afin de construire un présent
et un avenir de dignité. Notre projet civilisateur
n’est ni asiatique, ni slave, ni
anglo-saxon, ni européen, ni africain, ni
arabe : c’est Abya Yala, le nom de la terre
vivante du peuple Cuna avant l’arrivée de
Christophe Colomb, et non l’Amérique de
l’Italien Amerigo Vespucci, qui a dessiné
les premières cartes de notre région.
Nos peuples n’ont jamais cessé
de se battre. Ce dernier point est particulièrement
vrai pour la dernière décennie,
lorsque l’empire a déclenché une
contre-offensive pour neutraliser les
avancées réalisées par nos peuples après
le triomphe de la révolution bolivarienne
au Venezuela en 1998. Les journées de
lutte de peuples comme ceux du Chili,
de l’Équateur et de la Colombie contre
les régimes néolibéraux dans leurs pays
respectifs ont été mémorables, tout comme
la victoire électorale d’Andrés Manuel
López Obrador au Mexique, au point que
dans de nombreux endroits, on a commencé
à parler d’une véritable “marée
rose” en Amérique latine. Nous pensons
qu’il ne faut pas être trop optimiste. Alors
que l’empire est affaibli, les faiblesses
dans notre propre camp sont tout à fait
évidentes.
La crise civilisationnelle que le
monde traverse nous touche tous, au sein
d’un même pays, d’une même organisation
ou d’un même mouvement, voire
au niveau d’une même famille ou d’un
même individu.
La constante idéologique la plus
importante de la contre-offensive impériale
est son objectif de semer la confusion
et le sectarisme parmi toutes les forces qui
s’opposent à l’unipolarité occidentale. Si,
après l’attaque des tours jumelles le 11
septembre 2001, ils ont institué la “guerre
contre le terrorisme” et instillé des préjugés
contre les musulmans et les habitants du
Moyen-Orient dans le monde entier, tout
en diabolisant des pays comme la Syrie
et l’Iran, ils veulent aujourd’hui que nous
choisissions notre camp dans une guerre
entre les soi-disant démocrates (sociaux)
“progressistes” et les “néonazis”, dans le
style des supposés partisans de Donald
Trump ou de Jair Bolsonaro.
Que se passe-t-il aujourd’hui ?
Nous devons comprendre que l’empire
occidental, dans son état de sénilité, ne
produit pas d’idéologie, mais qu’il s’empare
de questions pertinentes pour le peuple
afin de le subvertir. Tout au long de
l’histoire des États-Unis, de grands magnats
comme Rockefeller, Ford, Carnegie,
Soros, Pierre Omydiar (eBay) et d’autres
ont investi des milliers de milliards de dollars
dans toutes sortes de fondations et
de groupes de réflexion pour manipuler
le peuple, mais il n’y a pas de nouvelles
idées.
Ils ont changé le scénario de “soit
vous êtes avec nous, soit vous êtes avec
Ben Laden” à “soit vous êtes avec nous,
soit vous êtes avec les fascistes de Trump”
: D’un côté, les “fascistes”, et de l’autre,
les “socialistes-mondialistes-totalitaires”.
Il s’agit d’images qui ne correspondent
pas tout à fait à la réalité, des zones d’ombre
avec lesquelles ils veulent que nous
nous tressions pour saigner à mort avec
nos amis, nos parents, nos voisins, nos
collègues de travail, nos peuples et nos
pays.
Le danger pour les peuples du
monde est de supposer que ces caricatures
expriment réellement leurs intérêts
et d’accepter de prendre parti dans une
guerre destinée à les détruire, au nord
comme au sud.
Biden et Trump ont des points
fondamentaux en commun : la Destinée
manifeste, la croyance en l’exceptionnalisme
de l’Amérique et la proximité de l’argent.
Aucun d’entre eux n’ira à l’encontre
des diktats de l’État profond, des banques,
de l’industrie de l’armement ou de
l’une des quelques familles oligarchiques
qui contrôlent les États-Unis.
Le centre du pouvoir aux États-
Unis est financier-militaire et son agenda
stratégique est mondialiste. L’épouvantail
pour le mettre en œuvre est “le
fasciste Trump” (ou Bolsonaro, ou toute
autre variante locale), mais l’orientation
générale est toujours la même.
Cet agenda est facile à voir pour
quiconque prend la peine de lire les publications
du Forum économique mondial :
la dictature directe des multinationales sur
tout ce qui vit sur terre. Au-delà des belles
paroles (pour certains), ce qu’ils cherchent,
c’est à détruire l’économie mondiale
et à monopoliser les débris restants par
des moyens dictatoriaux, tant au Nord
qu’au Sud : une dictature médiévale de
haute technologie, tout simplement.
Sur le plan économique, les “progressistes”
(sociaux-démocrates) des
États-Unis et d’Europe recommandent des
variantes de la théorie monétaire moderne,
qui consiste à imprimer de l’argent
sans support productif pour (soi-disant)
combattre le chômage, créer des emplois
et relancer l’économie. Leurs propositions
sont souvent considérées comme progressistes,
par exemple les promesses de
“revenus de base universels”, notamment
par rapport aux propositions des partisans
“fascistes” du “Trump fou”, qui ne consistent
qu’à baisser les impôts, de préférence
ceux des riches, à gauche comme à droite.
Ce que ni les “progressistes” ni les
“fascistes” occidentaux n’aiment faire,
c’est remettre en question le sacro-saint
système capitaliste, démocratiser l’économie,
redistribuer les terres et encore moins
les richesses.
Dans le domaine économique, les
mesures des uns et des autres ne font
qu’accentuer la dépendance financière,
économique et technologique de nos peuples
et de nos pays, qui ne disposent pas
de monnaies de réserve internationales
comme le dollar ou l’euro.
Alors que les “progressistes” parlent
sans cesse du danger du changement
climatique et proposent même un “new
deal vert” (un programme d’investissement
public “vert” similaire au New Deal
de Roosevelt contre la Grande Dépression
dans les années 1930), les “fascistes”
nient toute menace d’effondrement
écologique et proposent de continuer à
utiliser les combustibles fossiles, l’énergie
nucléaire, etc. Dans cette cacophonie
entre “progressistes” et “fascistes” occidentaux,
les voix de la majorité de l’humanité
qui posent le problème de la crise
écologique en termes de justice climatique
sont noyées.
L’Occident a fondé son développement
sur l’exploitation impitoyable
de l’espace de dioxyde de carbone de la
planète. C’est maintenant aux pays occidentaux
de se serrer la ceinture et de permettre
aux pays de la périphérie, notamment
les plus pauvres, de se développer.
Les “accords verts” des progressistes
occidentaux sont inapplicables
parce qu’ils coûtent d’énormes quantités
de dioxyde de carbone dans la production
d’équipements tels que les panneaux
solaires, les parcs éoliens et les
voitures électriques. Les propositions de
culture à grande échelle de céréales pour
la production de biocarburants sont une
chimère et l’utilisation massive de cultures
génétiquement modifiées dans l’alimentation
constitue une menace pour la
biodiversité. Ces propositions ne sont que
des tentatives pour prolonger la durée de
vie du capitalisme occidental en finançant
publiquement les monopoles capitalistes
privés en Occident.
D’autre part, les propositions négationnistes
du changement climatique sont
un suicide pour nos peuples, notamment
parce que les conséquences du changement
climatique se font sentir depuis
longtemps. La crise écologique est réelle,
avec des modèles de pêche et d’agriculture
totalement non durables, basés sur
la destruction des économies paysannes à
travers la planète.
Ce dont nos peuples ont besoin,
ce sont des réponses qui prennent en
compte tous les aspects du problème,
qui garantissent le développement sans
perdre de vue la Terre Mère en tant que
sujet de droits, en combinant la recherche
scientifique et les technologies les plus
avancées avec les connaissances ancestrales,
la sagesse et les pratiques des
peuples.
Les “progressistes” prétendent être
les champions des droits des femmes et de
la diversité sexuelle, mais la vérité est que
ces droits, surtout en Occident, semblent
Notre projet civilisateur n’est ni asiatique, ni slave, ni anglo-saxon,
ni européen, ni africain, ni arabe : c’est Abya Yala, le nom de la terre
vivante du peuple Cuna avant l’arrivée de Christophe Colomb, et non
l’Amérique de l’Italien Amerigo Vespucci, qui a dessiné les premières
cartes de notre région.
avoir une tendance à la baisse par bonds.
Les “fascistes”, pour leur part, prétendent
être les champions des droits de la famille,
bien qu’ils considèrent comme acquis que
la famille qu’ils prétendent défendre est
d’un type très particulier, selon leurs propres
préférences.
Ce qui s’est réellement produit au
cours des dernières décennies, c’est une
appropriation par l’Occident de la lutte
pour les droits des femmes et de la diversité
sexuelle en faveur d’un programme
universitaire postmoderne qui réduit
tout au langage et à un individualisme
forcené.
Les réformes linguistiques ne
font guère progresser les droits réels
des femmes à contrôler leurs conditions
de vie, notamment matérielles, et
suite à la page(16)
12 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Devoir de Mémoire
La Russie ne félicitera pas la CIA pour son jubilé
de diamant
Allen Dulles, ayant pris le poste
de directeur de la CIA, a apporté
de l’agressivité et un manque
de moralité aux activités du
renseignement américain afin
d’atteindre des objectifs.
Par M. K. BHADRAKUMAR
Dans la revue russe Natsionalnaya Oborona
(Défense nationale), le chef du
renseignement extérieur russe, Sergey
Naryshkin, a écrit un essai passionnant
sur le 75e anniversaire de la Central Intelligence
Agency, qui tombe ce dimanche
18 septembre 2022. C’est un geste
inhabituel, surtout en pleine guerre hybride
en Ukraine.
Probablement, cela sert-il un objectif
? Très certainement, il sert à rappeler
au peuple russe et aux étrangers que rien
n’a été oublié, rien n’a été pardonné.
Le titre de l’essai – 75 bougies
sur le gâteau de la CIA – est quelque
peu trompeur, car la remarque finale de
Naryshkin est la suivante : « Il n’y aura
pas de félicitations ni de souhaits d’anniversaire.
Car il ne peut y avoir de compromis
dans l’évaluation de son rôle (de
La CIA a fait de nombreuses
tentatives d’assassinat sur Fidel
Castro, mais elles ont toutes été
déjouées par les forces de sécurité
cubaines. En 1975, une commission
du Sénat américain a recensé huit
tentatives d’assassinat de Fidel
Castro par des agents de la CIA
entre 1960 et 1965.
la CIA) dans l’histoire et de ses « mérites
» pour l’humanité ».
L’essai de Naryshkin sera étudié
de près par les services de renseignement
occidentaux à la recherche de
tout « indice ». En effet, quels sont ses
messages ? Naryshkin et le président
Vladimir Poutine se connaissent depuis
40 ans. Naryshkin venait d’être diplômé
de l’une des institutions les plus prestigieuses
de Moscou, l’École supérieure
Felix Dzerzhinsky du KGB, et Poutine
travaillait déjà dans le département du
renseignement extérieur du KGB de Leningrad
lorsqu’ils se sont croisés dans les
couloirs de la Grande Maison (comme
on appelait le siège régional du KGB à
Leningrad).
Il n’est pas surprenant que Naryshkin
parle de la CIA avec une familiarité
facile. Comme il le dit lui-même, « la
CIA a été créée au début de l’ère de la
Sergei NARYSHKIN Directeur du
Service de renseignement extérieur
de la Fédération de Russie
Siège de la Central Intelligence Agency des États-Unis. Langley, Virginie, siège de la Central Intelligence Agency
des États-Unis. Langley, Virginie.
guerre froide afin de mener des activités
de renseignement dans le monde entier
comme outil pour contrer l’existence et
le renforcement du rôle de l’URSS dans
le monde, la formation d’un bloc d’États
socialistes et la montée du mouvement
de libération nationale en Afrique, en
Asie et en Amérique du Sud ».
Il est néanmoins amusant de
constater que la CIA a commencé par
un échec colossal en matière de renseignement
lorsqu’elle a prédit, le 20 septembre
1949, que la première bombe
atomique soviétique apparaîtrait à la mi-
1953, alors qu’en réalité, 22 jours avant
la publication de cette prévision, l’Union
soviétique avait déjà effectué son premier
essai d’un engin nucléaire.
La CIA était une fois de plus
désemparée lorsque Poutine a annoncé
en mars 2018, lors d’un discours devant
le Parlement russe, que la Russie avait
développé un nouveau système de missiles
hypersoniques, qui « sera pratiquement
invulnérable. » Les responsables
et analystes américains ont été pris de
court. La CIA a l’habitude de se tromper
sur la Russie, y compris sur l’effondrement
de l’Union soviétique.
Mais la CIA a également connu
des succès – par exemple, le renversement
du premier ministre iranien
démocratiquement élu, Mohammed
Mossadegh, en 1951, après sa décision
de nationaliser les champs pétrolifères
iraniens. Dans les années 1950, la CIA
s’était déjà transformée en un « monstre
multidisciplinaire », puisqu’en plus des
activités de renseignement traditionnelles,
elle était également « chargée de
suivre et de supprimer tout processus
politique, économique et militaire dans
toutes les parties de la planète qui pourrait
menacer l’hégémonie mondiale des
États-Unis et de leurs alliés. » Naryshkin
attribue le mérite de cette métamorphose
à Allen Dulles. Dulles a introduit
« l’agressivité et le manque de moralité
dans les activités » de la CIA. Il était justement
l’homme de la situation, ayant été
chef de station de l’OSS (prédécesseur
de la CIA) à Berne en 1942-1945, qui
avait des relations clandestines avec les
nazis dans le dos de l’allié soviétique des
États-Unis.
Naryshkin nous fait découvrir la
chronique des « coups d’État, des interventions
militaires directes, des provocations
de toutes sortes, des assassinats
de politiciens répréhensibles, de la
terreur, du sabotage, de la corruption »
de la CIA et de toutes ces activités de
cape et d’épée, qui ont amené le président
Lyndon Johnson à condamner
l’agence en la qualifiant de « satanée
corporation du meurtre ». Comme dans
la scène du fantôme de Banquo à la table
du banquet de Macbeth dans la pièce de
Shakespeare, les victimes apparaissent –
Patrice Lumumba, Salvador Allende …
Il y a des références effrayantes à
la pratique de la CIA consistant à utiliser
la technologie de propagation du cancer
pour éliminer les dirigeants latino-américains
« répréhensibles » – Kirchner en
Argentine (cancer de la thyroïde), Lugo
au Paraguay (lymphome), Lula da Silva
au Brésil (cancer du larynx) et D. Dilma
Rousseff (lymphome) – et, bien sûr,
Hugo Chavez au Venezuela (cancer de la
trachée). Selon Naryshkin, « En 1955, la
CIA a tenté d’éliminer le premier ministre
chinois Zhou Enlai, perçu par les Américains
comme « un fanatique maniaque
cherchant à s’emparer du monde », mais
a échoué lamentablement. Des agents
font exploser l’avion à bord duquel Zhou
devait se rendre à une conférence de
dirigeants asiatiques et africains en Indonésie
». Dulles élabore alors un plan
pour empoisonner Zhou, mais renonce
à le faire de peur que l’implication de la
CIA ne soit révélée !
En 1975, une commission du
Sénat américain a découvert et confirmé
l’implication de la CIA dans des assassinats
sous contrat et des coups d’État.
Elle a recensé huit cas de tentatives d’assassinat
de Fidel Castro par des agents
et des mercenaires de la CIA au cours de
la seule période 1960-1965. La Havane
a ensuite révélé le décompte complet :
de 1959 à 1990, la CIA a planifié 634
tentatives d’assassinat sur Fidel. Pour
citer Naryshkin, « Avec une persistance
maniaque, les agents de la CIA ont
développé des moyens tout simplement
exotiques pour éliminer le Comandante.
Ils ont essayé de le tuer avec l’aide de
pilotes suicidaires, d’agents parachutistes,
d’agents recrutés dans le cercle
intérieur, en bombardant des voitures
et des yachts depuis des navires, des
bateaux et des saboteurs subversifs, à
l’aide d’équipements de plongée avec
un bacille tuberculeux apporté là, de
cigares empoisonnés, de pilules empoisonnées
pour la nourriture et bien plus
encore. »
« La CIA a utilisé toutes les opportunités
pour infliger un maximum de
dommages à l’Union soviétique, y compris
des dommages économiques. Le directeur
de la CIA, W. Casey, s’est adressé
personnellement au roi d’Arabie saoudite
et l’a persuadé d’augmenter fortement
la production de pétrole, ce qui a
entraîné une chute de près de trois fois
des prix mondiaux des principales ressources
d’exportation de l’URSS. Pour le
budget de l’Union soviétique, il s’agissait
d’une perte énorme, qui a sérieusement
influencé la suite des événements
politiques en URSS. »
Naryshkin jette un regard fascinant
sur la saga de l’Ukraine au cours de
la période 1948-1949, lorsque la CIA « a
activement utilisé l’expérience des services
spéciaux d’Hitler pour lancer des
actions subversives contre l’URSS avec
des recrues dans les camps de déplacés
d’Europe de l’Est, dont un quart de
million d’Ukrainiens ». « Presque tous
les dirigeants et hauts fonctionnaires
des nationalistes ukrainiens étaient
liés d’une manière ou d’une autre à la
coopération avec les nazis et étaient
donc complètement contrôlés » par la
CIA et les services secrets britanniques.
En novembre 1950, le chef du bureau
de coordination des politiques de la CIA,
Frank Wisner, se vante que la CIA est
capable de déployer jusqu’à 100 000
nationalistes ukrainiens en cas de guerre
avec l’Union soviétique.
L’incident de l’U2 – l’abattage de
l’avion espion de la CIA – dans l’Oural le
1er mai 1960 a été dramatique. Washington
a accusé l’URSS d’avoir détruit
un avion scientifique et un pilote scientifique,
mais a été profondément embarrassé
lorsque Moscou a présenté aux
médias non seulement l’épave de l’avion
et le matériel d’espionnage, « mais
aussi le pilote vivant Francis Gary Powers,
qui a franchement raconté ce qu’il
faisait dans le ciel de l’URSS et sur les
instructions de qui ».
D’autre part, le coup de maître
d’un Boeing sud-coréen pénétrant dans
l’espace aérien soviétique et abattu en
1983 a fourni juste la « base de propagande
» au président Reagan « pour annoncer
une nouvelle « croisade contre le
communisme ». La politique de détente a
été mise de côté, et un nouveau cycle de
la course aux armements a commencé. »
La réflexion finale de Naryshkin
est calme et posée, sans aucune trace
d’hyperbole : « L’évaluation de l’efficacité
de tout service spécial est toujours
relative. La Central Intelligence
Agency américaine, qui entre dans sa
76e année d’existence, a été et reste
un exécuteur zélé de la volonté des cercles
dirigeants de son pays. Malgré les
changements significatifs qui s’opèrent,
ils continuent à s’imaginer comme le
seul hégémon dans le monde unipolaire.
L’organisation est un service de renseignement,
comme son nom l’indique,
mais dont l’objectif sensible est de mener
des actions subversives contre des
États souverains. »
Les moudjahidines afghans ont été formés à l’utilisation au combat
des MANPADS Stinger contre l’aviation soviétique sous la direction
d’instructeurs de la CIA.
Pour les Indiens, la CIA est devenue
une créature bénigne, qui n’est plus
crainte. Avoir des liens avec la CIA ne
porte aucun stigmate parmi les élites
indiennes. Elles considèrent la « phobie
de la CIA » comme un héritage de l’ère
Indira Gandhi. Et ils prospèrent en tant
que chroniqueurs, groupes de réflexion
et faiseurs d’opinion. L’essai de Naryshkin
nous rappelle que l’histoire n’est pas
terminée et qu’elle ne le sera jamais.
Indian Punchline
15 septembre 2022
Afrique-Asie 16 septembre 2022
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
13
Perspectives
Le parti pris des médias occidentaux favorise la guerre
d’Israël contre la Palestine
Un titre de l’article de la BBC paru le 16 août 2022, Les enfants de Gaza sont habitués à la
mort et aux bombardements…
Par RAMZY BAROUD
Outre les armes et le soutien
politique de l’Occident, un
courant sans fin de désinformation
et de représentation
erronée dans les médias permet
les guerres meurtrières
d’Israël contre Gaza.
Si les grands médias américains
et occidentaux restent
biaisés en faveur d’Israël, ils
se présentent souvent comme
une tierce partie neutre. Or,
la réalité est clairement différente.
Citons l’exemple de l’article
publié le 6 août 2022 par
le journal New York Times
au sujet de la guerre la plus
récente contre les Gazaouis,
Les combats entre Israël et
Gaza s’intensifient après deux
jours. Ce reportage reflète la
couverture médiatique occidentale
classique du conflit
israélo-palestinien, mais avec
une touche propre au NYT.
En effet, le rédacteur
parvient à faire entendre un
langage nuancé au lecteur non
informé pour relater des faits
opposant deux camps égaux.
Cette équivalence morale
trompeuse constitue l’un des
plus importants angles morts
intellectuels des journalistes
occidentaux. S’ils ne défendent
pas ouvertement le discours
d’Israël sur la sécurité et
le droit à la défense, ils créent
de faux parallèles entre Palestiniens
et Israéliens, en prétendant
qu’un colonisateur militaire
et une nation colonisée
détiennent des droits et des
responsabilités comparables.
De toute évidence, cette
logique ne vaut pas pour la
guerre opposant la Russie à
l’Ukraine. Pour le NYT et tous
les grands médias occidentaux,
il n’existe aucun doute
sur l’identité des opprimés et
des oppresseurs dans ce combat
sanglant.
L’Occident a toujours
considéré les « militants palestiniens«
et « terroristes«
comme un camp méprisable.
Selon le raisonnement de leur
couverture médiatique, Israël
ne déclenche pas de guerres
injustifiées contre les Palestiniens,
et n’est pas un colonisateur
militaire impénitent ni
un régime raciste d’apartheid.
Ce discours ne peut être tenu
que par les médias marginaux
« radicaux« et « de gauche«
, mais jamais par les grands
médias.
La brève introduction
de l’article du NYT traite de
l’alourdissement du bilan des
victimes. Cependant, dans
un premier temps, elle omet
de mentionner que parmi les
20 Palestiniens tués figurent
des enfants. Au contraire,
elle souligne que les attaques
israéliennes ont tué un chef
militant.
Dans le deuxième paragraphe
de l’article, le rédacteur
révèle que six enfants ont perdu
la vie à la suite des attaques
israéliennes. Puis, il précise
immédiatement, et sans commencer
une nouvelle phrase
que « selon Israël, des militants
dissimulant des armes
dans des zones résidentielles
ont provoqué la tuerie de certains
civils« . En outre, des
roquettes palestiniennes « mal
tirées« en ont tué d’autres.
Le 16 août, l’armée israélienne
a finalement admis
qu’elle était à l’origine des
frappes qui ont causé la mort
de 5 jeunes Palestiniens à Jabaliya.
Il importe peu que le
NYT en ait fait état ou non.
Le mal est fait, et telle était
l’intention d’Israël depuis le
départ.
Le titre de l’article de la
BBC paru le 16 août 2022, Les
enfants de Gaza sont habitués
à la mort et aux bombardements,
ne désigne pas immédiatement
les responsables
de ces attaques meurtrières.
Les porte-parole militaires
israéliens, comme nous le
découvrirons plus tard, seraient
d’accord avec une telle
déclaration, bien qu’ils rejettent
toujours la faute sur les
terroristes palestiniens.
La journaliste annonce
finalement qu’une petite fille,
Layan, a été tuée dans une
frappe israélienne, tout en
nuançant soigneusement son
langage afin de minimiser la
responsabilité de ses meurtriers
israéliens. La fillette, lit-on,
se rendait à la plage avec sa
famille lorsque leur tuk-tuk est
passé près d’un camp militaire
dirigé par l’organisation armée
du Jihad islamique palestinien,
qui, à ce moment précis (…) a
été visée par des tirs israéliens.
L’auteure de l’article ne prend
pas la peine d’expliquer comment
elle est parvenue à la
conclusion que la famille
n’était pas la cible de ces attaques.
Cette narration laisse
transparaître que l’intention
d’Israël n’était pas de tuer
Layan, et logiquement, aucun
des 17 autres enfants assassinés
pendant les trois jours
de guerre contre Gaza. D’ailleurs,
selon la BBC, Israël a
essayé de sauver la petite fille.
Hélas, une semaine de traitement
dans un hôpital israélien
n’a pas pu lui sauver la vie.
Parallèlement, des
politiciens israéliens se sont
ouvertement exprimés sur le
fait de supprimer les enfants
palestiniens. C’est le cas de
l’ancienne ministre israélienne
de la Justice Ayelet Shaked
qui a avancé : les mères palestiniennes
mettent au monde
des ‘petits serpents’. Malgré
de tels discours, le reportage
de la BBC, ainsi que d’autres
reportages sur la dernière
guerre, n’en ont jamais fait
mention. Au lieu de cela, la
journaliste cite le Premier ministre
israélien Yair Lapid qui a
déclaré : la mort de civils innocents,
en particulier d’enfants,
est déchirante. En fait, Lapid
a donné l’ordre de lancer la
dernière guerre contre Gaza,
qui a causé 49 morts palestiniens.
Même un reportage d’intérêt
humain sur le meurtre
d’un enfant palestinien a évité,
d’une manière ou d’une autre,
de choisir des mots qui pourraient
désigner Israël comme
responsable du massacre
sans pitié d’une petite fille.
En outre, la BBC s’est également
efforcée de présenter
Israël sous un jour positif, en
se contentant de rapporter la
déclaration de l’armée d’occupation
selon laquelle elle était
dévastée par la mort de Layan
et celle de tous les civils.
Le NYT et la BBC ont été
sélectionnés dans le cadre de
cet article non pas parce qu’ils
représentent les pires exemples
de partialité des médias
occidentaux, mais plutôt pour
être souvent présentés comme
des médias libéraux, voire progressistes.
Leur couverture est
cependant révélatrice d’une
crise permanente du journalisme
occidental, notamment
en ce qui concerne la Palestine.
À ce propos, des livres
ont été rédigés, et des organisations
de la société civile
ont été créées pour amener les
médias occidentaux à rendre
des comptes. De surcroît, de
nombreuses réunions de comités
de rédaction ont été tenues
afin d’exercer une certaine
pression sur les rédacteurs en
chef occidentaux, en vain.
Désespérés par les récits
pro-israéliens immuables, certains
défenseurs des droits de
l’homme pro-palestiniens affirment
souvent qu’il existe de
plus grandes marges au sein
des grands médias israéliens
qu’aux États-Unis, par exemple.
Cette observation se révèle
également inexacte.
La conception erronée
de médias israéliens prétendument
davantage neutres
découle directement de l’incapacité
à influencer la couverture
médiatique occidentale
de la Palestine et d’Israël.
Cette fausse notion est souvent
soutenue sous prétexte
qu’un journal israélien, tel que
Haaretz, accorde des espaces
de discussion libres aux voix
critiques, comme celles des
journalistes israéliens Gideon
Levy et Amira Hass.
Or, la propagande israélienne,
l’une des plus puissantes
et des plus sophistiquées au
monde, peut difficilement être
pondérée par des chroniques
ponctuelles de quelques journalistes
dissidents.
En outre, le journal
Haaretz fait souvent figure
d’exemple de journalisme
relativement juste, essentiellement
en raison de l’absence
d’alternative. Le Times
of Israel, le Jerusalem Post et
d’autres médias israéliens de
droite sont exemplaires en termes
d’insensibilité, de manque
d’objectivité et d’interprétation
erronée des faits.
Les partis pris pro-israéliens
présents dans les
médias occidentaux se répercutent
souvent sur la presse
pro-palestinienne au Moyen-Orient
et dans le reste du
monde, en particulier ceux qui
relatent les informations en
anglais et en français.
Étant donné que de
nombreux journaux et plateformes
en ligne font appel à
des agences de presse occidentales,
ils adoptent, souvent
par inadvertance, le même
langage que celui utilisé dans
les sources d’information occidentales.
Ainsi, ils décrivent
les résistants ou les combattants
palestiniens comme des
militants, l’armée d’occupation
israélienne comme les
Forces de défense israéliennes
et la guerre israélienne contre
Gaza comme des flambées de
violence.
Dans son ensemble, ce
langage interprète de manière
erronée la lutte palestinienne
pour la liberté en la réduisant
à des actes de violence aléatoires
dans un conflit interminable
où des civils innocents,
comme Layan, sont pris entre
deux feux.
Outre les armes et le
soutien politique de l’Occident,
un courant sans fin de désinformation
et de représentation
erronée dans les médias permet
les guerres meurtrières
d’Israël contre Gaza. Alors que
le colonisateur a assassiné des
milliers de civils palestiniens
ces dernières années, les médias
occidentaux persistent à
défendre Israël comme si rien
n’avait changé.
Common Dreams
August 26, 2022
Traduit de l’anglais par K.
Amara
Investig’Action 23
septembre 2022
14 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Perspectives
Soulèvement national révolutionnaire
de la jeunesse iranienne
L’USAID et les poches avides
de la contre-révolution
Des troubles ont été signalés dans au moins 145 villes des 31 provinces
du pays, dont 16 universités, le dimanche 25 septembre.
Par Esaias Yavari
Les manifestations en Iran, déclenchées
par le meurtre d’une
jeune femme kurde, Mahsa Amini,
se sont maintenant étendues
à au moins 140 villes dans toutes
les provinces du pays. Elles se sont
transformées en un soulèvement
national, incomparable à tout autre
mouvement précédent dans l’histoire
de la République islamique.
Le régime a répondu par une
répression dure. Il a fermé l’accès à
Internet et mobilisé la quasi-totalité
de ses forces de sécurité : la police,
les unités anti-insurrectionnelles,
la Garde révolutionnaire [lire : contre-révolutionnaire]
et les paramilitaires
bassidjis. Ces forces du régime
tirent de plus en plus ouvertement
sur la foule, et plus de 100 morts
ont déjà été confirmés. Le nombre
réel est probablement trois à cinq fois
plus élevé, et des centaines d’autres
personnes ont été arrêtées ou blessées.
En réponse, les manifestants
ont commencé à se défendre. Jeudi,
à Téhéran, des manifestants armés
de bâtons et de tiges métalliques
ont repoussé les forces de sécurité,
avant de prendre d’assaut le bureau
du procureur général, obligeant les
fonctionnaires et les forces de sécurité
à fuir dans la panique. À Qeshm,
comme dans de nombreuses autres
villes, dans la nuit de jeudi à vendredi,
des manifestants ont pris d’assaut
le bureau de l’imam du vendredi et
l’ont incendié, un manifestant s’exclamant
: « Vous avez torturé le peuple
pendant 40 ans – voilà le résultat.
»
Les manifestations les plus
combatives se déroulent à Téhéran
et dans les banlieues environnantes,
bien que ces zones soient confrontées
à la répression la plus dure, avec une
sérieuse campagne d’arrestation des
étudiants révolutionnaires. Cela n’a
fait qu’enhardir les manifestants.
Vendredi, en plein jour, des manifestants
ont brûlé des images de l’ayatollah
Khamenei devant sa propre
maison. En réponse à la dure répression,
l’utilisation de cocktails molotovs
est devenue monnaie courante
à Téhéran.
Le fouet de la réaction
Dès le début de ce mouvement, le
régime a été presque complètement
dépassé. Nous l’avons vu dans la
ville kurde de Sandanj, où le régime
a déclaré la loi martiale et réprimé le
mouvement dans la nuit de mercredi
à jeudi, mais où des foules de jeunes
ont commencé à envahir les rues le
jeudi soir, brisant toutes les barrières
de contrôle de la foule et repoussant
les forces de sécurité.
À Téhéran et dans ses environs,
les manifestations sont dispersées,
avant de reprendre dans un
autre quartier de la ville. Le régime
est incapable de suivre le rythme
d’une jeunesse de plus en plus combative.
Nous avons observé ce même
schéma général dans tout l’Iran, où
la répression du régime ne fait que
déclencher des manifestations dans
un autre quartier de la même ville,
parfois en quelques heures, parfois
presque immédiatement.
Incapable d’affronter directement
les manifestants, le régime a
été contraint de déguiser ses forces
de sécurité en vêtements civils. Cette
stratégie a toutefois eu l’effet inverse
de celui escompté, puisque les manifestants
libèrent les personnes arrêtées
par les agents de sécurité en
civil, entourent ces derniers et les
tabassent.
Même l’arrestation de manifestants
connus à leur domicile devient
difficile. À Anzali, par exemple, les
forces de sécurité ont tenté d’arrêter
des jeunes à leur domicile familial,
mais les parents et voisins les ont
jetés hors du bâtiment.
Tout comme les manifestations
de jeunes en 1978, prélude à
la révolution iranienne de 1979, les
funérailles des personnes tuées par
les forces de sécurité se sont transformées
en manifestations, avec des
discours appelant à la chute du régime.
Chaque affrontement, chaque
arrestation et chaque martyr n’ont
fait qu’ajouter du carburant à la rage
des masses. En une seule journée, de
mercredi à jeudi, les manifestations
se sont étendues à 50 villes supplémentaires.
À l’heure actuelle, il n’y a
plus de grande ville où le mouvement
n’est pas présent, ce qui signifie qu’il
ne lui reste à s’étendre qu’aux petites
villes et villages!
Le mouvement ne doit pas
être vaincu : pour une grève
générale!
Une période de soulèvements et de
grèves et manifestations à répétition
est en cours en Iran depuis
2018, mais le mouvement actuel est
plus important par son ampleur et
son caractère combatif que tous les
soulèvements précédents. L’occupation
et l’incendie de bâtiments officiels,
alors que les forces de sécurité
sont débordées dans presque toutes
les grandes villes, constituent un
saut qualitatif par rapport à tout ce
qui a été vu précédemment. Ce sont
les mêmes méthodes que celles observées
lors du prélude à la révolution
iranienne de 1979.
Malgré l’humeur combative des
jeunes à l’avant-garde, si ce mouvement
reste isolé, le régime gagnera
du terrain au fil du temps dans une
lutte prolongée et sanglante, qui
pourrait prendre des jours, voire des
semaines. Seule la classe ouvrière, en
raison de son rôle dans la production,
est capable de paralyser la société, de
stopper le régime dans son élan et de
l’empêcher de faire régner la terreur
nécessaire au maintien de son pouvoir.
Alors que de nombreuses organisations
indépendantes de travailleurs
qui se sont formées au cours
de la dernière période de lutte ont fait
des déclarations de solidarité avec les
manifestations, malheureusement,
seul le syndicat des chauffeurs d’autobus
de Téhéran a jusqu’à présent
appelé à une grève générale.
Le régime n’a rien d’autre à offrir
aux masses que les pires formes
d’oppression, de pauvreté et de terreur.
Il ne reste donc qu’une seule
voie à suivre pour la classe ouvrière
iranienne : une lutte politique sans
relâche contre la République islamique.
Le temps des simples déclarations
de solidarité est révolu depuis
Par Raul Antonio Capote
Le 3 novembre 1961 fut créée
l’Agence des États-Unis pour le
développement international (US-
AID), censée aider au développement
économique et social de l’Amérique
latine.
Mais en réalité, les fonds gérés
par cette organisation ont été utilisés
pour la répression contre des pays, des
organisations, des mouvements ou des
personnes ayant des idées de gauche
ou tout simplement progressistes.
Contre Cuba, l’USAID, ainsi que
la NED, ont servi de façade aux actions
de la CIA, et de canal pour les fonds
destinés à financer la contre-révolution.
Le site Cuba Money Project, créé
par la journaliste étasunienne Tracey
Eaton, cite des données obtenues
auprès du programme Foreign Aid Explorer
de l’USAID, qui indiquent que le
montant destiné aux programmes de
subversion contre Cuba depuis 1990
s’élève à 261 395 214 dollars.
Depuis l’arrivée de Donald Trump
à la Maison Blanche le 20 janvier 2017,
l’USAID a investi près de 50 millions de
longtemps. La situation actuelle
n’exige rien de moins qu’une grève
générale pour renverser la République
islamique pourrie!
Les organisations ouvrières
doivent immédiatement lancer le
mot d’ordre de grève générale dans
tous les secteurs de l’économie. Elles
doivent appeler à la formation de
conseils de quartier, d’école et d’industrie
pour donner un caractère organisé
au leadership de cette lutte,
un système qui doit être généralisé à
VIENT DE PARAÎTRE : LES CAPSULES DESSALINIENNES
Les haïtiens curieux et intéressés à mieux comprendre
Dessalines, cet homme fascinant, conséquent, et exceptionnel
de l’humanité noire, peuvent se procurer, au prix de $45. (+ les
frais postaux si nécessaires) « Les capsules dessaliniennes »
du professeur retraité Raymond Wainwright en téléphonant au
no 1-450-933-5451 ou 718-421-0162
Ce livre concis campe le fondateur, à l’aide de 1804 capsules
émaillées de poèmes adaptés, de citations appropriées et de
significatifs documents authentiques.
Bonne Lecture
dollars pour « changer le système politique
» à Cuba.
Récemment, John Barsa, l’administrateur
intérimaire de l’USAID,
a rejoint la campagne anti-cubaine de
l’ONG contre-révolutionnaire Observatorio
Cubano de Derechos Humanos
(Observatoire cubain des droits de
l’Homme), basée à Madrid, qui reçoit
250 000 dollars par an de la NED et
127 000 dollars de l’USAID.
Ces deux organisations, façades
de la CIA, distribuent 410 000 dollars
par an au média ADN Cuba, et
-220 000 dollars au Diario de Cuba et
à Cubanet, respectivement ; une véritable
danse de millions pour tenter
de renverser la Révolution cubaine,
l’argent des contribuables étasuniens
étant destiné à tomber, pour l’essentiel,
dans les poches avides de la mafia
cubano-américaine de Miami et de
ses sbires, mais, comme l’a souligné le
président Miguel Diaz-Canel, Ceux qui
persistent à écrire l’épitaphe de cette
Révolution triomphante resteront encore
une fois sur leur faim.
Granma 8 septembre 2022
tout le pays.
Face à un tel mouvement de
masse organisé, la République islamique
serait complètement impuissante
et rapidement renversée.
À bas la République islamique!
À bas le capitalisme!
Le mouvement se dirige vers une
épreuve de force décisive avec le
régime, qui se jouera dans les prochains
jours.
suite à la page(18)
Joel H. Poliard
M.D., M.P.H.
Family and Community
Medicine
Public health and Pediatrics
5000 N.E. Second Ave,
Miami FL, 33137
tel. (305) 751-1105
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
15
Suite de la page (12)
contribuent plutôt à idéologiser davantage
le débat et à diviser les secteurs
populaires au lieu de favoriser de larges
alliances contre la violence.
Jusqu’à il y a environ 20 ans, la
différence entre le sexe biologique (les
différences chromosomiques entre les
sexes) et le genre en tant que “construction
sociale” (ce que chaque société
définit comme appartenant au masculin,
au féminin, etc.), c’est-à-dire une
construction historique de significations
par de grands groupes sociaux, était
généralement acceptée.
Actuellement, dans le débat public,
le genre est compris comme une essence
identitaire définie par chaque individu
de manière “subjective” ; en outre,
il semble que le sexe n’existe plus mais
le “genre” conçu de manière subjective.
Au-delà du droit de chaque personne
majeure à transformer son corps comme
elle le souhaite, ce débat “trans” a
eu des effets extrêmement pernicieux,
tant pour les femmes que pour les enfants,
en confondant tous les termes de
l’identité.
Les femmes, qui ont travaillé si
dur (même de façon précaire) pour obtenir
un certain nombre de droits, sont
maintenant désignées, avec les hommes,
comme faisant partie du “problème”
et accusées d’être “hétéronormatives”
simplement pour avoir défendu
leur identité de femmes.
L’inclusion du changement de
sexe en tant que service dans le modèle
de santé publique est quelque chose
de très étrange dans de larges secteurs
d’Abya Yala qui luttent encore pour
l’accès aux soins de santé les plus élémentaires,
mais pas seulement. En tant
qu’alternative individuelle, la “chirurgie
transgenre” n’est pas très réaliste pour
la grande majorité des transsexuels car
il s’agit d’une intervention très douloureuse,
dangereuse, irréversible et coûteuse
qui n’entraîne pas un véritable
changement de sexe.
De même, avec l’excuse du débat
sur les “trans”, des générations d’enfants
qui avaient déjà été agressivement
sexualisés par toute l’industrie médiatique
multinationale sont sexualisés
depuis l’Occident, ce qui crée de graves
problèmes d’identité pour les enfants, les
obligeant presque à choisir leur “identité
sexuelle” dès leur plus jeune âge alors
qu’ils n’ont même pas la moindre idée
de ce que cela signifie.
Il est évident que l’ensemble de
ce programme divise fortement et suscite
un rejet généralisé dans les secteurs
populaires. Tout conservatisme n’est
pas réactionnaire, surtout s’il tend à préserver
des valeurs, des conceptions et
des pratiques qui ont permis aux gens
de résister à l’oppression pendant des
centaines d’années.
Pour de larges secteurs populaires
d’Abya Yala, indépendamment de leur
profession de foi, la vie a une valeur en
soi, c’est pourquoi ils s’opposent avec
ferveur à l’avortement. Cette position
doit être respectée.
D’autre part, ceux qui critiquent le
programme “trans” des “progressistes”
tombent souvent dans la position opposée,
qui consiste à nier l’oppression et
la violence de genre de la part de nombreux
hommes, à nier la discrimination
à l’égard des femmes et des minorités
sexuelles, et même, dans certains cas,
à défendre la maltraitance des enfants. Il
s’agit évidemment d’un retour en arrière
intolérable, surtout dans une région du
monde où les femmes n’acceptent tout
simplement plus l’oppression sexiste.
Le Nicaragua a été critiqué dans
certains cercles pour le cours que le
pays, sous la direction du Comandante
Daniel Ortega et de la camarade Rosario
Murillo, a pris sur des questions telles
que l’avortement, mais la vérité est que
peu de pays à Abya Yala ont fait plus de
progrès en termes de droits des femmes,
de diversité sexuelle et de droits des enfants
grâce au dialogue et au consensus
entre les secteurs populaires.
Les priorités imposées par les
ONG “genre” de l’empire se heurtent
souvent aux véritables priorités des
femmes, qui réclament un réel accès à la
santé, un réel pouvoir économique, une
représentation politique, la protection de
la justice et le respect de leurs valeurs.
Un autre front que les “progressistes”
impériaux ont essayé de manipuler
pour diviser les gens est celui
du racisme, de l’antiracisme et des
identités des peuples. Encore une fois,
ces problèmes sont réels, tant au Nord
qu’au Sud, et ne sont pas des inventions
impériales.
L’Occident en tant que centre de
pouvoir impérial doit tout au génocide de
peuples entiers et à l’établissement d’un
ordre raciste universel avec son nombril
comme centre du monde. Cependant,
l’antiracisme brandi comme un étendard
par les sociaux-démocrates impériaux
ne vise pas à rendre justice à ces questions,
mais au contraire à empêcher les
peuples de trouver des alternatives politiques
efficaces qui les amèneraient à
devenir des sujets de l’histoire.
Aucune des figures de proue de
l’antiracisme du XXe siècle, de Ho Chi
Minh ou Sandino à Franz Fanon, Martin
Luther King ou Malcolm X, n’a pu comprendre
ce que beaucoup appellent aujourd’hui
“antiracisme”, un antiracisme
qui n’est pas solidaire des peuples attaqués
par l’impérialisme, et qui semble
plus intéressé à abattre des statues ou
à mener des guerres de symboles qu’à
contribuer à l’avènement d’un monde
multipolaire et à mettre fin à l’unipolarité
occidentale, véritable origine du racisme
sur terre.
Les antiracistes des pays du Nord
qui comprennent la nécessité de lutter
contre l’empire sont malheureusement
minoritaires. Par exemple, on constate
que la majorité des antiracistes occidentaux
avalent sans mot dire la propagande
anti-russe et slavophobe occidentale.
Ce qui domine la conscience
médiatique promue par l’Occident est un
antiracisme libéral, fondé sur des attitudes
individuelles et la promesse qu’un
jour “tout le monde” aura sa place au
soleil de l’empire néolibéral. Ce qui existe,
ce n’est pas une lutte pour gagner
des droits, mais une guérilla perpétuelle
pour maintenir vivante la querelle entre
les bons progressistes qui luttent contre
les “discriminations” et les mauvais
fascistes qui se disent “discriminés” par
tant d’antiracisme. Malheureusement,
ce sont souvent les pauvres des deux
côtés qui sont confrontés et qui subissent
les véritables conséquences.
La cacophonie idéologique criminelle
de l’empire est un piège mortel :
si nos mouvements commencent à considérer
la moitié de la population comme
“fasciste”, c’est le signe que la perspective
de la lutte pour l’hégémonie est
abandonnée et que le danger de tomber
dans les guerres sectaires de l’Occident
est à nos portes.
Les exemples du Chili et de l’Argentine
illustrent des tendances dangereuses
et destructrices à la polarisation
au sein d’Abya Yala en raison de
cette guerre psychologique impériale.
Au Chili, la défaite du “oui” lors
du plébiscite constitutionnel du 4 septembre,
où 85% de l’électorat (un record
historique) a rejeté catégoriquement le
projet de constitution élaboré par l’Assemblée
constituante, montre la grave
division qui existe. Non seulement il
y avait une “majorité silencieuse” qui
soutenait la droite, mais il y avait aussi
un million d’électeurs qui, deux ans plus
tôt, s’étaient exprimés en faveur d’une
Assemblée constituante et qui, cette année,
ont rejeté le document élaboré par
celle-ci.
La cause de la défaite ne réside
pas seulement dans la campagne agressive
de désinformation de la droite, mais
aussi dans la tendance à transformer un
document qui devrait être une déclaration
de principes et un cadre de coexistence
en une boîte à souhaits des organisations
participantes, dans un contexte
où l’on savait déjà qu’il y avait des idées
très conflictuelles au niveau social sur
un certain nombre de questions.
D’un point de vue régional, il
est très contestable qu’il ait été inclus
que, dans ses relations internationales,
le Chili s’engage à “la promotion et au
respect des droits de l’homme (etc.)”
dans d’autres pays, en particulier dans
la région, ce qui constitue une rupture
avec les accords de la CELAC dans le
sens du respect de la souveraineté et
de la non-ingérence dans les affaires
intérieures d’autres pays. Il serait très
dangereux qu’un pays d’Abya Yala
veuille s’ériger en juge moral du reste de
la région, à l’instar des gouvernements
occidentaux et de leur réseau d’ONG
toxiques.
L’Argentine traverse actuellement
une grave crise, avec une longue campagne
de haine dans les médias de droite
et des tentatives d’assassinat contre la
vice-présidente Cristina Fernández, ainsi
qu’une polarisation croissante, aggravée
par une crise interne sur la direction du
processus.
Cette polarisation se produit dans
un contexte de grande frustration, non
seulement dans les secteurs moyens,
face aux résultats économiques désastreux
de l’administration néolibérale
de Mauricio Macri, qui a endetté le pays
à des niveaux records, et face aux effets
de la pandémie, qui ont entraîné
des coûts énormes pour l’État. L’un des
rares domaines dans lesquels la coalition
progressiste au pouvoir a réussi à
progresser est la question de l’égalité
entre les sexes, certes avec beaucoup de
soutien de la part de certains secteurs de
la population, notamment en ce qui concerne
la violence à l’égard des femmes,
mais aussi avec beaucoup de rejet, par
exemple sur des questions telles que
l’avortement.
Sur le plan politique, le président
Alberto Fernández dit un jour qu’il veut
resserrer les liens avec la Russie et le
lendemain il vote avec l’Occident sur
l’Ukraine ; un jour il dit qu’il veut diriger
la CELAC et le lendemain il se soumet
aux ordres américains de détourner un
avion vénézuélien avec tout son équipage,
et le jour suivant il se rend à
Washington pour demander une aide
économique.
Tant au Chili qu’en Argentine, les
gouvernements influencés par le progressisme
d’inspiration occidentale vacillent
entre l’engagement en faveur d’un
monde “Notre Amérique” et multipolaire
et les diktats occidentaux, récoltant encore
plus de frustrations et ouvrant la
voie à des contradictions qui se règlent
violemment dans la rue.
En Colombie, dont le nouveau
président Gustavo Petro a commencé
son mandat par une série de mesures
qui ont suscité une grande attente, tant
à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières,
pour surprendre avec la proposition
qu’il a faite début septembre
au général Laura L. Richardson, commandant
du Commandement Sud des
États-Unis, de créer une force militaire
conjointe afin de “protéger l’Amazonie
de situations d’urgence telles que les incendies
de forêt”.
Il est vrai que la Colombie est un
pays militairement occupé par les États-
Unis, avec plusieurs bases sur son territoire,
et qu’elle a également l’honneur
douteux d’être un “partenaire mondial”
de l’OTAN, mais le simple fait de laisser
les bottes des Marines opérer officiellement
en Amazonie est quelque chose
qui dépasse les frontières nationales
pour devenir une menace directe pour le
Pérou, l’Équateur, la Bolivie, le Venezuela
et le Brésil, sans parler de l’ensemble
d’Abya Yala.
La visite de M. Richardson en Colombie
s’inscrivait dans le cadre d’une
tournée dans plusieurs pays de la région
dans le but exprès de contrer l’influence
de la Chine et de la Russie, et de promouvoir
l’isolement, notamment, du
Nicaragua, de Cuba et du Venezuela. Ce
type de pression diplomatico-militaire
fait partie de l’arsenal impérial visant à
subvertir la volonté de nos peuples. Il
n’est pas exclu que l’empire occidental
cherche à déclencher une ou plusieurs
guerres entre pays frères de la région
sous le prétexte des feux de l’Amazone,
de la triple frontière du lithium, du trafic
de drogue ou de toute autre chose.
L’autre arsenal impérial est constitué
d’une véritable armée d’ONG
occidentales utilisant des thèmes
variés comme couverture (genre, environnement,
travail des jeunes, peuples
indigènes, etc.) afin de coopter les
mouvements populaires d’Abya Yala.
De même, toutes les fondations sociales-démocrates
d’Amérique du Nord
et d’Europe allouent des fonds à l’aide
politique, mais l’objectif de cette aide est
totalement subordonné à la stratégie de
l’OTAN et n’a rien à voir avec ceux de
nos peuples. Enfin, tout un attirail similaire
est mobilisé par l’Occident pour
influencer nos peuples “de droite” afin
d’enflammer et de diviser notre région.
Les mouvements socio-politiques
d’Abya Yala doivent réfléchir en profondeur
aux points que nous avons soulevés
et étudier les stratégies de l’empire
afin de les identifier et de les combattre
dans chacun de leurs processus. L’Occident
s’effondre, mais il conserve un
pouvoir destructeur pour longtemps encore.
Vision Sandinista
20 septembre 2022
Traduction Bernard Tornare
23 Septembre 2022
*Ndlr.
Assurément, les peuples d’Abya
Yala aussi bien que tous les peuples
du monde victimes des impérialismes
et épris de liberté et de souveraineté
savent gré à l’auteur, Jorge Capelán,
d’avoir dénoncé haut et fort les « menaces
occidentales [dirigées contre eux] à
l’ère de la multipolarité ». Sans doute,
dans la perspective des nations indigènes
d’Amérique, leur choix, vers
1992, d’utiliser Abya Yala pour désigner
cette immense portion de terre ancestrale
qui est leur est louable, plutôt que
de continuer à utiliser le mot Amérique
choisi par un certain Amerigo Vespucci
bien que ce nom ait été utilisé, semblet-il,
pour la première fois en 1507 par
le cosmologiste et cartographe allemand
Martin Waldseemüller, précisément en
l’honneur de Vespucci, explorateur florentin
(Enciclopedia Latinoamericana).
Cependant, l’auteur, pourfendeur
d’un capitalisme humanicide, noble
défenseur des peuples opprimés et de
leur avenir doit se rappeler que toutes
les Antilles, originellement formées de «
nations indigènes », font solidairement
partie de Abya Yala. À ce titre, Haïti occupe
un rang particulier, transcendant et
historique dans l’univers antillais pour
avoir été la première et la seule nation
d’esclaves à proclamer la liberté, après
avoir combattu et vaincu le colonialisme
français et un cruel régime d’esclavage à
Saint-Domingue qui allait devenir Haïti.
Dans cette perspective d’une «
tâche civilisatrice héroïque à accomplir
», l’évocation, méritée, de la mémoire
de Tupac Katari, Bolívar, Sandino, El
Che, Fidel et Chávez devrait aussi comporter
celle de l’immensément héroïque
Jean-Jacques Dessalines, ancien esclave
qui s’est haussé à la hauteur d’un redoutable
et victorieux chef révolutionnaire,
a défait l’armée d’un arrogant
Bonaparte esclavagiste et, surtout, s’est
fait père de LIBERTÉ pour tous en Haïti
et, bien sûr, dans Abya Yala.
Pour les afro-descendants, pour
les descendants des peuples indigènes,
pour l’universalité de la notion de liberté,
il faut, sans désemparer, rappeler
le rôle éminemment souverain de Jean
Jacques Dessalines dans l’émancipation
et la liberté d’un peuple asservi,
celui de Saint-Domingue devenu Haïti,
et des autres peuples opprimés d’Abya
Yala. De ne pas le faire, c’est continuer,
même involontairement, à contribuer à
l’effacement de la contribution de Dessalines
au plus grand service qu’il ait
rendu à l’humanité : proclamer la liberté
une pour tous.
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16 Haiti Liberté/Haitian Times
Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
A Travers le monde
Royaume-Uni : Les dockers de Liverpool
et de Felixstowe unis dans la grève
Par Nick Clark
Piquet de grève à l’entrée du port de Liverpool le 21 septembre
Les grèves des dockers de Liverpool
et de Felixstowe [premier port
d’Angleterre pour les containers], dans
le Suffolk, ont montré leur force pour
mettre un terme aux activités du port
à partir de ce mardi 27 septembre. Les
travailleurs des deux quais – qui sont
membres du syndicat Unite – font
grève pour les salaires et organisent
des piquets de grève massifs. Ils savent
qu’ils peuvent gagner.
De grandes mobilisations ont
permis aux grévistes de Liverpool
d’entamer leur deuxième semaine de
grève plus confiante que jamais, avec
des marches et des slogans «les dockers
unis ne seront jamais vaincus».
Les deux secteurs (Liverpool et Felixstowe)
de travailleurs se battent après
que leurs patrons leur ont proposé une
augmentation de salaire de 7%. Face
à une inflation supérieure à 12%, cela
représente une baisse de salaire de 5%
en termes réels. A Liverpool, ils ont mis
en place des piquets de grève permanents
depuis le mardi 20 septembre,
avec une participation massive quotidienne.
Des dizaines de personnes, parfois
des centaines, s’alignent dans les
rues à l’entrée principale du port, avec
des feux [pour se réchauffer], des barbecues
et de la musique mise à fond.
D’autres encore se tiennent sur un
rond-point voisin, appelant des passants
à soutenir les grévistes. Tous se
rassemblent de temps en temps pour
marcher jusqu’à la porte du port et
revenir, en scandant «Fuck the Tories».
«Notre détermination est toujours
aussi forte que lorsque nous avons
commencé – nous sommes ici pour la
durée de la lutte et il faudra plus que
le mauvais temps pour entamer notre
moral», a déclaré Paul Turkington,
représentant d’Unite. «Nous avons
beaucoup de gars en colère, et c’est
pourquoi nous sommes ici 24 heures
sur 24. Nous ferons tout ce qui est
en notre pouvoir pour que cela aboutisse.»
«Ça a été comme ça toute la semaine,
tous les jours, 24 heures sur
24, 7 jours sur 7», a dit John, un autre
gréviste. «Ça nous a tous rapprochés.
Beaucoup d’entre nous travaillent
habituellement dans des équipes différentes;
alors nous retrouver tous sur
le piquet de grève ici a été une bonne
chose.» Il ajoute: «Nous avons reçu
également beaucoup de soutien local.»
«Chaque jour, quelqu’un est
venu nous soutenir. La solidarité est le
mot clé.» Paul Turkington dit que des
habitants du voisinage ont rendu visite
au piquet de grève avec de la nourriture
et des chocolats. Et les conducteurs de
camion ne cessent de donner des coups
de klaxon solidaires. «Sur le piquet de
grève, nous avons fait signe aux fourgons
et aux gars qui entrent dans le
port pour les sensibiliser à la situation»,
a-t-il déclaré. «Ces conducteurs
de camions entrent et sortent tout le
temps – ils nous connaissent.»
Des militants pour le climat se
sont également rendus sur les piquets
de grève vendredi 23 septembre avec
une banderole indiquant «Les militants
pour le climat soutiennent les
grévistes». Ils ont défilé autour du pi-
Bolivie: Luis Arce rejette les
propositions du FMI
quet de grève en scandant «justice climatique-justice
pour les dockers».
Les dockers leur ont réservé un
accueil fantastique et un représentant
d’Unite les a remerciés et leur a demandé
de revenir. Les travailleurs de
Felixstowe ont rejoint l’action ce mardi
27 septembre, défiant les intimidations
et les menaces implicites de la part des
grands patrons.
Le PDG du port de Felixstowe,
Clemence Cheng, a déclaré au East Anglian
Daily Times que les travailleurs
«ont peur d’être intimidés [par les syndicalistes
grévistes!] s’ils se présentent
les jours de grève». Il a également
écrit aux travailleurs au début du mois
de septembre pour les mettre en garde:
«Réfléchissez bien à ce que vous
espérez obtenir en faisant grève. Pensez
à votre avenir, à l’avenir du port
et de la communauté locale lorsque
vous prenez votre décision.» Mais les
travailleurs savent aussi qu’ils ont le
Le président de la Bolivie
Luis Arce
Le président bolivien Luis Arce a décliné
vendredi les recommandations
du FMI visant à réorienter l’économie
de son pays et il a réaffirmé l’indépendance
et l’efficacité du modèle
économique suivi par son gouvernement.
« Notre ‘modèle économique,
social, communautaire et productif’
est souverain et continue de démontrer
son succès dans la réduction des
inégalités sociales et économiques
», a-t-il dit sur les réseaux sociaux. «
C’est pourquoi nous n’acceptons pas les
propositions du FMI, qui seraient préjudiciables
au peuple, en particulier à la
classe ouvrière », a ajouté le président
Arce.
Dans un rapport publié jeudi,
le FMI a recommandé à la Bolivie
de réévaluer la parité entre sa devise
nationale, le boliviano, et le dollar
nord-américain, qui est resté la même
depuis 2011, ainsi que les subventions
gouvernementales au carburant et à
certains secteurs économiques.
Le ministre bolivien de l’Economie
et des Finances, Marcelo Montenegro,
a déclaré jeudi que ces recommandations
du FMI concernant les
subventions étaient contradictoires et
que son gouvernement n’avait pas l’intention
de les suivre.
Il a qualifié les formules du FMI
de dépassées, affirmant qu’elles avaient
été appliquées les décennies passées
par des gouvernements néolibéraux,
mais qu’elles n’étaient plus viables aujourd’hui,
notamment en Bolivie.
La stabilité du taux de change est
due à la force du boliviano, a assuré le
ministre bolivien de l’Économie et des
Finances, soulignant que chaque pays
devait définir et appliquer sa propre
politique économique et financière de
façon souveraine, sans être influencé
par le FMI.
Radio Havana Cuba (RHC) 16
Septembre 2022
pouvoir de gagner – surtout lorsqu’ils
agissent ensemble.
Les grévistes de Liverpool devaient
mettre fin à leur action lundi prochain.
La grève à Felixstowe se poursuit
jusqu’à mercredi prochain. «Dès
que Felixstowe est dans le mouvement,
ce sera un événement marquant»,
a déclaré Paul. «En effet, les ports de
Liverpool et de Felixstowe représentent
environ 65% du trafic quotidien
de conteneurs pour l’ensemble du
Royaume-Uni – cela aura un effet
massif. Personne ne remarque quand
les patrons disparaissent, mais cela se
verra très vite quand les travailleurs
disparaissent des quais.»
Socialist Worker
27 septembre 2022
Traduction rédaction
A l’Encontre
27 septembre 2022
Suite de la page (9)
necessary to have in this perspective
a robust force capable of putting an
end to the action of the gangs.”
“The national police is able to
carry out its work but it needs robust
assistance from our partners,
and it needs adequate training on
the ground with aid from the international
community,” Généus told
the UNGA, speaking in place of Ariel
Henry.
Other political forces are calling
for an international force to do the
job. Following meetings with U.S.
Vice President Kamala Harris and
other top officials, the Dominican
Republic has sent troops to its border
and called for an international invasion
of Haiti.
“The crisis that overflows the
borders of Haiti is a threat to the national
security of the Dominican Republic,”
President Luis Abinader told
the Organization of American States’
Permanent Council.
“We met not only with Nancy
Pelosi, but with Senator Charles
Schumer of New York, and we also
touched on this topic when me met
with the [Senate] Foreign Relations
Committee Chair Senator Bob Menendez
of New Jersey, and also with
when we met with USAID Director
Samantha Power,” he later said in
an interview with Noticias SIN. “I
believe all that’s left is to coordinate
the means... Now we [CARICOM and
Dominican Republic] have the same
opinion, it has to be a ‘special force’
that pacifies that country.”
“It must be focused, we have
repeated numerous times, in the
immediate peacekeeping, a robust
force is necessary that is capable of
recuperating peace and bringing an
end to the violence unleashed by the
armed groups,” Dominican Foreign
Minister Roberto Alvarez told the
UNGA.
U.S.-led aid to the PNH has
been extensive. From 2010 to 2020,
Washington pumped in $312 million
for weapons and training. In 2021,
the White House and State Department
sent a combined $20 million.
In July 2022, the State Department
bolstered the SWAT training program
with a $48 million package.
The United Nations has sent
another $28 million, and Canada
$12 million.
While the U.S. reinforces Haitian
police, they have sought to cut
off unauthorized arms trafficking,
intercepting shipments smuggled
through ports and making arrests.
The Biden administration is
pressing the UN Security Council
to enact its own sanctions against
Cherizier and those whom it alleges
are arms traffickers.
But Haiti is awash with weapons,
and the PNH is an anemic
force. Although they have attacked
G9 neighborhoods and arrested
and killed multiple leaders, the police
have been unable to crush this
neighborhood federation.
State Department officials have
publicly said that a U.S.-led training
program, working with France, Brazil
and Canada, is underway.
On Jul. 30, Mike Stokes, a
State Department police trainer in
Haiti, complained in a Facebook
post that “Only U.S. politicians could
think sending eight instructors down
here could make a difference. Haiti
needs military action if it wants true
change.”
But Foote says the Biden administration
is reluctant to ramp up
U.S. involvement with Ariel Henry
in office.
“It’s a critical step, and the
appetite is... very reticent to work
and jump in with both feet with Ariel
Henry despite the fact that he is
U.S.-anointed,” Foote said.
With Washington conscious of
popular sentiment in Haiti against
foreign interference, the Montana
Accord’s image as “Haitian-led” is
critical to imperial designs.
A switch from Henry to the
Montana Accord would create credibility
for more U.S. involvement.
The CFR notes that “for the United
States, working in greater partnership
with such organizations… could
help restore Haitian confidence.”
Montana Accord founding
member Ted St. Dic wrote on Sep. 7
that “to give this process a fighting
chance of success, the United States
should use creative and aggressive
tactics to intercept criminal activity
in Haiti.”
While “Haitian-led” is a
useful slogan for public consumption,
U.S. policymakers seek to lead
from behind.
“I also think just leaving
it up to Haitians to solve their problems
is a line that I think ignores a
really really concerning and deteriorating
situation inside the country,”
commented Juan Gonzales.
“I’ve heard your answers
about your overall goal of a Haitian-led
democratic process,” Sen.
Bob Menendez (D-NJ) said to Todd
Robinson, Assistant Secretary for
the Bureau of International Narcotics
and Law Enforcement Affairs (INL).
“I share that, but what is our initiative
to try to create some semblance
of security?”
“We at INL are working
very closely with the Haitian National
Police, the new director general,
we are going to send advisors,” said
Robinson replied.
However, in the UN Security
Council, Russia and China voted
to shorten the U.S. police advisor
mandate, prompting Washington to
look for a way around international
bodies.
“Why do you think Russia
and China stop this? Because
they want total unrest in the hemisphere…
Authoritarianism.” Menendez
concluded, “At some point we
have to think about how to circumvent
that.”
suite à la page(18)
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Vol 16 # 13 • Du 28 Septembre au 4 Octobre 2022
Haiti Liberté/Haitian Times
17
Suite de la page (17)
methods also include “psychological out to do but there’s no sustainability
operations and information operations
there whatsoever,” Foote said.
Suite de la page (15)
engagements.”
While Foote and administra-
Washington has done just that. A The GFA and Montana Accord
tion officials disagree on tactics, they
2019 law called the Global Fragility
work in conjunction. The CFR agree that U.S. intervention is the
Act (GFA) has created a framework summarizes the U.S. strategy as “a answer.
for U.S. intervention. The GFA aims more targeted form of international “The other has been to try to
to strengthen U.S. control of socalled
assistance through the Global Fra-
strengthen the Haitian National Po-
“fragile states” as part of the gility Act, with Haitians playing the lice so that an international presence
2017 National Security Strategy’s principal role.”
is not necessary – that is challenging
focus on great power competition. It If the U.S. doesn’t turn to the and a long term undertaking,” Gonzales
is a joint State Department, USAID, Montana Accord and the GFA to carry
said.
and Defense Department program
out its military objectives along-
Regardless of whether Ariel
that would direct the U.S. military side the PNH, Foote says an invasion
Henry remains in power or the Mon-
to “play a critical role in facilitating
of Haiti – the fourth in a century tana Accord replaces him, the U.S. is
basic public order and build the capacity
– is guaranteed.
locked and loaded, with options for
of foreign security forces.” “Train the police, give the po-
all scenarios.
U.S. troops would operate “through lice their capacity back, or we’re going
small-footprint, coordinated, partner-focused
to have to send 25,000 troops
activities” – similar to in a combat stabilization mission,
Daniel Foote’s formula. Pentagon which will accomplish what it sets
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Quelle que soit l’issue du soulèvement
actuel, les masses, et en particulier la
jeunesse, se réapproprient les traditions
révolutionnaires du mouvement ouvrier
iranien. De nombreuses universités
ont un groupe d’étudiants révolutionnaires,
inspiré des organisations communistes
d’avant 1979. Nombre de ces
groupes se sont montrés résolus dans
les manifestations en cours, mais leur
tâche est plus grande que cela.
La jeunesse iranienne révolutionnaire,
inspirée par les idées du marxisme,
doit devenir la section la plus déterminée
du mouvement en cours, en
lançant systématiquement des appels à
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Mais elle doit aussi expliquer patiemment
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légalisation des syndicats indépendants
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générations futures qu’avec l’abolition
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Les gangsters capitalistes iraniens
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Discours à l’ONU du Mali
A Travers le monde
Intervention du Colonel Abdoulaye Maiga, Premier ministre Malien par
intérim à l’Assemblée Générale de l’ONU/ excellent!
Par Diagne Fodé Roland
Un tournant majeur dans l’affrontement
entre souverainisme et néocolonialisme
en Afrique
Le discours du Mali à l’ONU de ce
24 septembre 2022, lendemain
du 22 septembre date anniversaire de
l’indépendance du Mali, restera dans
l’histoire comme un tournant majeur
dans la confrontation montante entre
néocolonialisme et souverainisme
en Afrique. Dès septembre 2016,
nous écrivions que la « Françafrique
craque » de la Côte d’Ivoire, Gabon,
Centrafrique, Tchad et Mali. Et avant
en 2006, nous annoncions la nécessaire
« sortie progressive des années
contre-révolutionnaires 80/90 ».
Ces prévisions politiques n’ont rien
de mystiques ; elles émanent de
l’analyse que nous faisions de l’aggravation
de la crise du capitalisme
impérialiste, de la fin progressive
des illusions sur le diktat totalitaire
impérialiste de la pensée unique
libérale synthétisée par Margaret
Thatcher avec la formule « there is
no alternative », des premières victoires
électorales des anti-libéraux
et anti-impérialistes en Amérique
du Sud et de l’inévitable montée en
puissance économique, scientifique,
technologique, culturelle et militaire
des pays rescapés du camp socialiste
(Chine, Vietnam, Corée du Nord,
Cuba), de la Russie et de l’Inde bourgeoise,
des Brics, etc.
A la surprise de beaucoup,
le Mali souverainiste a saisi l’ONU
contre les agissements illégaux et la
duplicité des impérialistes français en
demandant d’y exposer les preuves
qu’il détient sur les infractions à sa
souveraineté nationale, a expulsé
l’armée française de son territoire,
a rejeté l’interdit français d’accès à
l’armée et à l’administration malienne
à Kidal, a démasqué les accointances
françaises avec des fanatiques djihado-terroristes
que l’ex-ministre
français social-démocrate, Laurent
Fabius, louait sans scrupules disant
que « Al Nostra fait du bon boulot en
Syrie », a dénoncé l’inféodation néocoloniale
des sanctions de l’UEMOA/
CEDEAO à la Françafrique.
Le Mali vient clairement de signifier
à :
- la CEDEAO « qu’il existe un
principe de subsidiarité, d’ailleurs
aux contours flous, entre la CE-
DEAO et les Nations Unies et non un
principe de mimétisme. Également,
il est important de lui préciser que
le Secrétaire Général des Nations
Unies n’est pas un Chef d’Etat et le
Président en exercice de la CEDEAO
n’est pas un fonctionnaire. Par
conséquent, il serait indiqué qu’il ne
banalise pas la CEDEAO ».
- l’ONU qu’«il nous faut reconnaître
que près de 10 ans après
son établissement, les objectifs pour
lesquels la MINUSMA a été déployée
au Mali ne sont pas atteints. Et ce,
en dépit des nombreuses résolutions
du Conseil de sécurité. C’est
pourquoi, le Gouvernement du
Mali réitère sa demande, maintes
fois exprimée, d’un changement de
paradigme, d’une adaptation de la
MINUSMA à l’environnement dans
lequel elle est déployée et d’une meilleure
articulation de cette mission
avec les autorités maliennes ».
- Macron, le président français,
que « Les autorités françaises profondément
anti-françaises pour
avoir renié les valeurs morales universelles
et trahi le lourd héritage
humaniste des philosophes des lumières,
se sont transformées en une
junte au service de l’obscurantisme.
Obscurantisme de la junte française
nostalgique de pratique néocoloniale,
condescendante, paternaliste
et revancharde, qui a commandité
et prémédité des sanctions inédites,
illégales, illégitimes et inhumaines
de la CEDEAO et de l’UEMOA contre
le Mali ».
- Macron : «Obscurantisme de
la junte française qui s’est rendue
coupable d’instrumentalisation des
différends ethniques, en oubliant
si vite sa responsabilité dans le
génocide contre les Tutsis au Rwanda,
coupable également de tenter
désespérément de diviser les maliens
enfants d’une même famille. Enfin,
obscurantisme de la junte française,
qui a violé l’espace aérien malien en
y faisant voler des vecteurs aériens
tels que des drones, des hélicoptères
militaires et des avions de chasse,
plus d’une cinquantaine de fois, en
apportant des renseignements, des
armes et munitions aux groupes terroristes
».
- Macron et au Secrétaire
général de l’ONU : « Eu égard à la
gravité des faits commis par la junte
française, le Mali dans sa lettre en
date du 15 août 2022, a demandé
la tenue d’une réunion d’urgence
du Conseil de Sécurité des Nations
Unies. Cette réunion a pour objet de
permettre au Mali de présenter les
éléments de preuve en sa possession,
démontrant que l’armée française a
agressé en de maintes reprises, mon
pays, en violant, de manière répétitive
et fréquente l’espace aérien malien,
sans autorisation des autorités
maliennes et parfois en falsifiant
des documents de vol. Plus grave,
Monsieur le Président, le Mali sera
en mesure de prouver que la junte
française a fourni des renseignements
et des armes à des groupes
terroristes ».
L’opposition grandissante entre
camps néocolonial et patriotique
panafricain dans tous les pays africains
prend au Mali la forme de la
résistance du régime de transition du
Mali à l’agressivité des prédateurs
impérialistes de la Françafrique, de
l’eurafrique et de l’usafrique alors
qu’ailleurs elle prend la forme de
partis- fronts électoraux regroupant
les représentants des classes sociales
bourgeoisies, petites-bourgeoises
et les classes laborieuses souverainistes.
L’Afrique est en marche pour
rejoindre le concert du multilatéralisme
adossé à la souveraineté nationale
contre l’unilatéralisme prédateur
néocolonial.
Fernent 24 septembre 2022
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