13.10.2022 Views

syndicom magazine No.31

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

syndicom

N o 31 septembre-octobre 2022

magazine

Parlons

argent

sans plus

attendre


Annonce

Nous exigeons: des augmentations de

salaire pour tous, afin qu’il reste quelque

chose dans le porte-monnaie malgré

l’inflation et le choc des primes

des caisses maladie!


Sommaire

4 Une fine équipe

5 Brèves

6 Du côté des employeurs

7 L’invité

8 L’inflation décortiquée

16 Au cœur de nos métiers

22 Fonds climat

24 Multinationales

responsables

25 Droit au but

27 1000 mots

28 Evènements

30 Tranches de vie

31 Mots croisés

32 syndicom social

Chères lectrices, chers lecteurs,

De nombreuses personnes salariées en Suisse n’ont

plus obtenu d’augmentation salariale depuis belle

lurette. Il s’agit surtout de collaborateurs-trices

ayant une longue ancienneté, mais aussi de personnel

sans fonction de cadre. A quoi s’ajoute

aujourd’hui une inflation. Les prix et primes maladie

grimpent. Si les salaires ne sont pas enfin relevés,

il restera dès lors moins d’argent pour vivre.

D’ailleurs, l’argent est là pour des hausses de salaire.

L’économie suisse s’est remise de la crise du

coronavirus avec une rapidité impressionnante.

Les entreprises ont enregistré un très bon premier

semestre. Elles ont à nouveau bien pu remplir les

caisses. La conjoncture actuelle est elle aussi positive.

Selon un sondage réalisé par l’EPF à Zurich, la

plupart des entreprises indiquent être dans une

bonne situation commerciale. Et jamais autant de

main-d’œuvre n’a été recherchée depuis bien longtemps.

Les fédérations de l’USS revendiquent donc des

hausses de salaire de 4 à 5 %. Les augmentations

de salaire doivent si possible passer par des mesures

salariales générales. Sans augmentation

générale des salaires, un grand nombre de travailleurs-euses

ne seront pas suffisamment récompensé-e-s

financièrement. La revendication salariale

de l’USS s’articule en trois volets. D’abord, il

faut une compensation du renchérissement de 3 à

3,5 %, selon qu’on se réfère au renchérissement

annuel ou mensuel. Ensuite, les salaires réels

doivent progresser d’environ 1 % par an, sur la base

des gains de productivité. Enfin, un besoin de rattrapage

s’impose. Car l’évolution salariale des dernières

années est restée insuffisante pour beaucoup

de personnes à revenus ordinaires et faibles.

4

8

24

Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS


4

Une fine équipe

« Une CCT de force obligatoire est presque

une loi fédérale »

Simone Biland. Titulaire d’un diplôme

fédéral dans le secteur de l’hôtellerie-restauration,

elle y occupera différents

postes avant de rejoindre une

caisse de chômage puis le domaine

administratif et logistique. Elle travaille

depuis deux ans chez syndicom à

l’organe d’exécution CCT.

Sara Gerussi. Après un CFC d’employée

de commerce, elle a travaillé plusieurs

années chez Unia et sept ans pour la

caisse de chômage de syndicom.

Depuis 2019, elle est secrétaire spécialisée

à l’organe d’exécution CCT.

Pascal Kaegi. Avec une formation d’historien,

il a rejoint un syndicat en 2010,

où il a travaillé au recrutement des

membres et siégé dans des commissions

paritaires. Depuis 2017, il est

responsable du service d’exécution CCT

chez syndicom.

Daniel Mathys. Economiste NPO et

spécialiste des ressources humaines, il

a travaillé dès 2003 comme secrétaire

syndical, puis dans l’industrie pharmaceutique

et la construction. Depuis

2021, il fait partie de l’organe d’exécution

CCT syndicom où il développe le

domaine du contrôle des travailleurs et

travailleuses détaché-e-s.

Texte : Pascal Kaegi

Photo : Sandro Mahler

«Nous voulons dissuader

les récidivistes »

« Nous existons depuis 2017. Depuis

cette date, nous sommes le département

de syndicom qui connaît la

croissance la plus rapide. L’actuel

responsable de l’organe d’exécution

CCT a débuté à plein temps, sans

effectif en personnel. Aujourd’hui,

il nous faut déjà un équivalent de

quatre postes à plein temps.

La raison pour laquelle nous existons

est simple : la loi. Avec l’extension

en 2018 des deux conventions

collectives de travail pour la branche

infrastructure de réseau et la branche

des centres de contact et d’appel, le

travail de contrôle des deux CCT a

dû être largement élargi et professionnalisé

chez syndicom, comme

l’exige la loi.

Contrairement aux CCT d’entreprise

ou de branche, les CCT étendues

doivent – après leur entrée en

vigueur – être appliquées par toutes

les entreprises d’un secteur de façon

similaire à une loi fédérale. L’application

et le contrôle des dispositions

sont exigés en conséquence par la

Confédération.

Notre travail consiste avant tout à

contrôler si les entreprises assujetties

à l’une des CCT susmentionnées

respectent bien les conventions collectives

négociées. Sur la base des

informations disponibles, nous déterminons

la conformité ou

non-conformité des conventions et

élaborons des propositions visant à la

prise de décisions pour le contrôle.

Nous soumettons ces propositions à

la commission paritaire. C’est-à-dire

à l’organe composé de délégué-e-s de

syndicom et des associations patronales,

pour le compte duquel nous

effectuons tout le travail de contrôle.

Si des dérogations sont constatées,

la commission paritaire sanctionne

l’entreprise par une amende

conventionnelle – fixée proportionnellement

à la violation des conventions

–, qui est censée la dissuader de

récidiver dans le futur.

A l’heure actuelle, nous nous répartissons

nos tâches comme suit :

Sara et Simone sont – en collaboration

avec leur chef, Pascal – chacune

responsable d’une des deux conventions

collectives. Autrement dit, elles

établissent la plupart des rapports de

contrôle. Daniel s’occupe du contrôle

des prestataires étrangers dans les

deux branches. »


Brèves

Leak-Checker gratuit \ La Poste cherche des informaticien-ne-s au

Portugal \ Qui peut s’appeler « TX Group » ? \ Conseils de négociation pour

les journalistes \ Le CF veut porter atteinte à la protection des sources \

Uber Eats est un service postal \

5

Mes données ont-elles déjà

été hackées ou vendues ?

L’Institut Hasso Plattner, qui fait partie

de l’Université de Potsdam, a développé

un outil pour offrir plus de transparence

aux internautes : le service « HPI Identity

Leak Checker » vérifie si votre

adresse de courriel a été publiée en

ligne avec des données personnelles

telles que votre numéro de téléphone,

votre adresse ou votre date de naissance,

et si elle a fait l’objet de fuites de

données. La réponse est immédiatement

envoyée à l’adresse e-mail vérifiée.

Rendez-vous sur sec.hpi.de/ilc

pour tester la vôtre.

La Poste Suisse à Lisbonne

La Poste ne trouve plus suffisamment

de développeurs-euses informatiques

en Suisse et va donc ouvrir une filiale

au Portugal. syndicom exige la garantie

des droits syndicaux aussi à l’étranger.

En même temps, la place industrielle

suisse affaiblie a besoin de plus d’investissements

et de mesures en politique

de formation pour les professions MINT.

Car des filiales à l’étranger ne doivent

pas devenir la norme – précisément

dans le service public.

« TX » : David contre Goliath

Le 20 décembre 2019, le groupe de médias

Tamedia a fait enregistrer le nom TX

Group auprès de l’office du registre du

commerce de Zurich et porte depuis lors

ce nom. Mais un jour plus tôt, un fabricant

de panneaux solaires de Rapperswil

avait enregistré le même nom à

Saint-Gall. En 2021, cette entreprise a

fait valoir que le nom TX Group leur

revenait exclusivement. L’affaire est

maintenant portée devant le Tribunal

administratif fédéral. Il décidera qui

peut garder le nom. L’entreprise de

construction ou le groupe de médias.

Guide de négociation salariale

Les jeunes journalistes ont du mal à

discuter d’une augmentation de salaire,

d’un salaire d’embauche ou de

tarifs d’indépendant-e. Entre collègues,

c’est gênant de le faire, et très

désagréable de le demander à l’employeur

ou au client. Le petit guide de

conseils pour les négociations salariales

de syndicom et de l’association

Jeunes Journalistes Suisses apporte

une aide pratique. Celui-ci est disponible

dès à présent pour les membres

de la branche sur my.syndicom.ch.

Pas de journalisme sans

protection des sources !

Toute personne qui fournit à un journaliste

des informations confidentielles

auxquelles elle ne peut être associée

sans s’exposer à des préjudices est

une source. La protection des sources

est la garantie de la confidentialité par

l’organe de presse, analogue au secret

médical, et l’un des principes fondamentaux

du journalisme. Aucun service

de renseignement ne peut affaiblir la

protection des sources, placer les

journalistes sous surveillance, ni les

mettre sur écoute – comme le Conseil

fédéral le propose avec un projet de

révision de la loi sur les services de

renseignement. syndicom luttera pour

la liberté de la presse.

PostCom : Uber Eats est bel et

bien un service postal

La PostCom persiste et signe : un carton

à pizza est aussi un colis, et sa

distribution relève d’un service de livraison

postale qui tombe sous l’obligation

d’annonce de la loi sur la poste.

Uber, qui s’y était opposé, a fait recours

contre la décision de la PostCom

devant le Tribunal administratif fédéral.

Celui-ci a renvoyé l’affaire à la

PostCom, et cette dernière maintient

son jugement. Uber va-t-il déposer un

nouveau recours ? C’est en tout cas

juridiquement possible.

Agenda

Novembre

5.11

Conférence secteur Médias

Face à la situation préoccupante de

ses branches, le secteur Médias se réunit

une deuxième fois en cette année

2022 à Bienne. L’objectif étant de discuter

et décider des structures dont le

secteur a besoin pour mieux organiser

son travail et le rapport avec ses

membres. Inscriptions jusqu’au

23 octobre sur syndicom.ch/3ztyb

5-6.11

25 ans du Musée de la main

Le Musée de la main UNIL-CHUV célèbre

son 25e anniversaire lors de deux

journées festives. Au programme, des

rencontres et des expériences autour

de l’intelligence artificielle. Les mains

dans la cambouis numérique et les

méninges au défi. Informations utiles

sur museedelamain.ch

19.11

Faire face aux clichés genrés

Les femmes font face à de nombreux

défis dans la vie quotidienne, mais

aussi en politique. Les Vert-e-s s’engagent

pour supprimer ces obstacles

et vous propose un échange avec des

parlementaires au sujet de leurs expériences

en matière de discrimination,

de la manière dont elles l’ont gérée et

de ce qu’elles ont appris durant leur

mandat au Parlement. Toutes les infos

sur verts.ch/reseaureunion-nov22

Dès le 25.11

Journées contre les violences

à l’égard des femmes

La campagne des 16 Jours d’activisme

contre la violence basée sur le genre

est un événement international qui débute

le 25 novembre, date de la Journée

internationale pour l’élimination

de la violence à l’égard des femmes, et

se poursuit jusqu’au 10 décembre,

date de la Journée des droits humains.

Plusieurs événements sont organisés

en Suisse. Infos sur 16tage.ch

syndicom.ch/agenda


6 Du côté des

IMS, la filiale de La Poste dans le secteur immobilier, a conclu

employeurs

une nouvelle CCT qui entrera en vigueur en 2023. Nous en

avons parlé avec Anja Piller, partenaire commerciale RH et

membre de la direction d’IMS, et René Heiz, responsable

compensation et assurances sociales de La Poste.

1

La nouvelle CCT IMS a été négociée

pendant plusieurs mois. Comment

évaluez-vous les résultats ?

Nous sommes très satisfaits. La CCT

actuelle est déjà une convention progressiste

avec de très bonnes conditions.

Mais IMS souhaitait que la

nouvelle CCT renforce encore notre

attractivité en tant qu’employeur

moderne et génère une plus-value

pour nos collaborateurs-rices. Grâce

à l’excellent partenariat social entre

IMS et syndicom, une CCT attrayante

a pu être élaborée pour l’avenir.

2

Pensez-vous que ces négociations ont

pris en compte l’avis et les attentes

du personnel ?

Nous pensons y être parvenus. Nous

avons appris des conseillers-ères RH

et des représentant-e-s de la hiérarchie

quelles sont les principales

préoccupations des collaboratrices et

collaborateurs et où il est nécessaire

d’intervenir dans la CCT actuelle.

Au sein de la délégation, nous disposions

aussi de personnes de tous les

domaines de la direction qui sont très

proches du personnel et de ses besoins

3

Quelles sont les principales améliorations

de la nouvelle CCT ?

L’égalité et la conciliation de la vie

professionnelle et privée sont au premier

plan. Ainsi, la CCT comporte

des prestations très attractives pour

les futurs pères et futures mères,

mais aussi un droit à la déconnexion.

Nous avons aussi élargi l’article sur

l’égalité de traitement et ancré l’égalité

salariale dans la CCT. Et la fidélité

du personnel de longue date avec

au moins 20 ans de service sera désormais

récompensée par deux semaines

de vacances ou 3000 francs.

4

Le plan social exigé par syndicom a

été vivement discuté. Qu’est-ce qui a

finalement poussé IMS à entrer en

matière ?

Nous avons compris la revendication.

Pour nous aussi, il était et est du reste

toujours important d’accompagner et

de soutenir le mieux possible nos collaboratrices

et collaborateurs en cas

de perte d’emploi et de trouver des

solutions acceptables. Nous venons

de compléter l’ancien accord social

par des mesures de soutien et

sommes donc également convaincus

d’avoir réalisé un progrès significatif

pour notre personnel.

5

Quels sont les principaux défis et

travaux prévus pour le partenariat

social dans les mois à venir ?

Tout d’abord, il s’agit d’appliquer la

nouvelle CCT et de garantir son exécution.

Cela ne peut s’opérer qu’en

collaboration et sur la base d’un partenariat

social fort. Les prochaines

négociations salariales approchent.

Par ailleurs, notre objectif déclaré est

de discuter des questions d’actualité

dans le cadre des instances ordinaires

comme les commissions spécialisées,

mais aussi, si nécessaire,

lors de réunions supplémentaires et

de rester ainsi dans l’échange.

6

Le renchérissement touche de plein

fouet le pouvoir d’achat de vos

employé-e-s. Quelles solutions la

nouvelle CCT offre-t-elle dans ce

contexte ?

Nous avons inscrit dans la CCT un cycle

annuel de négociations salariales.

Nous sommes convaincus que, grâce

à cela et sur la base d’un bon partenariat

social, nous trouverons ainsi des

solutions raisonnables et économiquement

acceptables pour nos collaboratrices

et collaborateurs, même

dans les périodes difficiles.

Questions : Robin Moret

Photo : Sam Buchli


L’invité

Nous savons depuis 1995, date de

la découverte de 51 Pegasi b, ce que la sciencefiction

imaginait depuis très longtemps : il y a

là-haut des milliards de planètes qui tournent

autour d’autres étoiles. Que se passerait-il si une

forme de technologie, qui reste encore à

inventer, nous permettait de nous y rendre ?

Il y a sans doute autant de réponses qu’il existe

de destinations différentes.

Mais ces réponses soulèvent d’autres questions

: qui partirait, et pourquoi ? Personne ne

quitte sans espoir de retour son foyer, sa famille,

ses amis ou son mode de vie s’il n’a de terribles

raisons pour le faire. Mes romans ne racontent

pas une conquête, mais un exode. Mes personnages

ne sont pas des élu-e-s, mais des perdant-e-s.

Ils fuient une planète à l’agonie.

Dans cette dystopie, l’effondrement de notre

civilisation est bien sûr sociétal et écologique,

mais il est avant tout économique, parce que

l’économie est le lien entre l’exploitation des ressources

et la société qui résulte de la consommation

de ces ressources. Or, les économistes —

mais ils ne sont pas les seul-e-s — ont peu à peu

remplacé la réalité par leurs modèles.

Dans une économie qui a toujours un modèle

de retard, qui est de plus en plus dérégulée, l’inflation

n’est que la surface visible d’un terrifiant

iceberg. La disparition de ressources essentielles,

la recherche désespérée et violente de

solutions de remplacement amènent toujours

l’humanité aux mêmes solutions. Si nous avons

épuisé notre environnement, il faut nous déplacer

ailleurs. D’un coin de savane à un autre, nous

passerons peut-être d’une planète à une autre.

Mes romans montrent surtout que malgré de

trompeuses apparences, il n’existe nulle part

une « Terre B ». Et que loin de transformer ces

mondes pour les faire ressembler à notre planète

d’origine, ce sera à notre espèce de se

transformer pour s’y adapter. Cette nécessaire

humilité sera peut-être la clé de notre survie.

Non, la « Terre B »

n’existe pas

Bernard Fischli est né en 1958 à Lausanne.

Son enfance se déroule en pleine

course à l’espace, qui atteint un point

culminant lors d’une nuit blanche de

juillet 1969, devant le poste de télévision

familial. Peu de temps après, il découvre

« 2001, l’odyssée de l’espace »

d’Arthur C. Clarke. Puis, les années passant,

il assiste au triste repli de l’humanité

sur sa planète alors qu’il continue

à rêver de mondes lointains. Il obtient

une licence de Lettres en 1987, avec un

mémoire auquel il intègre une nouvelle

de science-fiction. Sa première publication

date de 1992, dans le cadre d’un

concours organisé par la Maison d’Ailleurs.

Depuis de nombreuses années,

il enseigne dans un collège des hauts

de Lausanne. Son cycle des Voyages

sans retour est publié chez Hélice Hélas,

à Vevey. Il comprend Esmeralda (2018),

Donoma (2019) et Océania (2020).

7


Dossier 10 Spirale profits-bénéfices, voilà la tempête parfaite ?

9

13 Plafonner les prix, taxer les bénéfices et augmenter les salaires

14 Salaires et renchérissement automatique

Nous devons

parler argent


10 Dossier

Le monde dans la spirale prix-profit

Pendant 30 ans, l’inflation n’a pas été un problème.

Mais la hausse actuelle des prix risque

d’appauvrir un grand nombre de personnes et

de les mettre en détresse. L’Europe est en

émoi. L’automne sera chaud.

Texte : Oliver Fahrni

Des grèves et protestations ont fait plier la nouvelle première

ministre britannique Liz Truss dès le deuxième jour

de son mandat : en totale contradiction avec son programme,

elle a dû mettre en place un plan de soutien étatique

de 150 milliards de livres pour éviter la révolte imminente.

En France, les salarié-e-s de dizaines d’entreprises

sont en grève pour obtenir la compensation du renchérissement.

Les syndicats mobilisent et la gauche appelle à

une marche nationale en octobre pour exiger la baisse du

coût de la vie. Le gouvernement de coalition allemand observe

avec inquiétude les manifestations contre la hausse

des prix et espère qu’elles ne déboucheront pas sur un

mouvement de gilets jaunes. En Italie, les prix de l’énergie

risquent de conduire 140 000 entreprises à fermer.

L’inflation est de retour. Elle atteint près de 10 % au

sein de l’UE, et la tendance est à la hausse. Un choc brutal.

Comparé à l’inflation aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne

et dans l’UE, le taux d’inflation de 3,5 % en Suisse (au mois

d’août) paraît relativement faible. Ce qui s’explique, d’une

part, par la « régulation » de certains prix dans notre pays,

qui sont soumis à un contrôle des pouvoirs publics –

comme le prix de l’électricité en « approvisionnement de

base ». D’autre part, le franc surévalué joue également un

rôle. La Suisse importe une grande partie de ses biens de

consommation. Alors qu’il y a peu, nous devions dépenser

115 francs pour un produit importé d’Allemagne qui coûte

100 euros, il ne vaut aujourd’hui plus que 97 francs en raison

de l’amélioration du taux de change. Mais l’avantage

disparaît rapidement : à l’avenir, à cause de l’inflation élevée

chez notre voisin, la marchandise allemande ne coûtera

plus 100, mais 115 euros.

A l’inverse, le franc fort comporte aussi des inconvénients

majeurs : il pèse sur l’industrie d’exportation suisse

(machines, montres, tourisme, etc.), qui assure plus d’un

tiers de notre bien-être.

Le véritable taux de l’inflation

Un taux d’inflation de 3,5 % devrait constituer en fait un

signal d’alarme. Premièrement, le chiffre induit en erreur.

En réalité, une inflation nettement plus élevée pèse sur les

ménages à bas et moyens revenus, donc sur la majorité

d’entre eux. Pour les salaires jusqu’à 4300 francs, l’inflation

est d’au moins 4,2 %, mais plutôt de l’ordre de 5 %.

Pourquoi ? Ces ménages doivent dépenser une part plus

élevée de leur revenu que les hauts revenus (dès 7000 francs

nets) pour le loyer, l’énergie, l’alimentation, les transports,

l’assurance maladie. Donc précisément pour les

choses indispensables qui sont devenues brusquement

plus chères.

Deuxièmement, les prix explosent justement pour les

besoins de base. L’assurance maladie coûtera en moyenne

6,6 % de plus. En 2023, le prix de l’électricité augmentera de

27 % – et même de 280 % dans certains domaines. Ce qui, à

son tour, renchérit de nombreux autres produits et services.

Bientôt la fin du mois tombera déjà au milieu du mois

parce que les intérêts grimpent. Les loyers prennent eux

aussi l’ascenseur. Bientôt les fins de mois difficiles arriveront

encore plus tôt. Aujourd’hui déjà, la pauvreté guette

1,3 million de personnes en Suisse. Elles risquent de tomber

dans la détresse, surtout les femmes élevant seules

leurs enfants, ainsi que les seniors ou les familles avec

plus d’un enfant. Pourtant, de nombreuses voix bourgeoises

trouvent scandaleux que l’Union syndicale suisse

exige une compensation du renchérissement de 4 à 5 %.

Selon une enquête réalisée au printemps par le Centre de

recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF de Zurich, les

entreprises ne consentiraient à augmenter les salaires

que de 1,6 % en 2022. Concrètement, ce serait un vol salarial.

Car lorsque les hausses de salaires sont inférieures au

renchérissement, elles équivalent de facto à une baisse

des salaires réels – le pouvoir d’achat des ménages fond

comme neige au soleil.

Sur le plan économique aussi, ce serait une pure folie

car la consommation des ménages stimule l’économie.

Dans ses dernières prévisions, le Secrétariat d’Etat à

l’économie table sur une hausse du produit intérieur brut

(PIB) de 2 %. Ce pronostic optimiste se base d’une part sur

les exportations (compromises), et d’autre part sur la demande

intérieure. La consommation des ménages doit

sauver la mise avec une hausse de 4 %. Si l’inflation n’est

toutefois pas compensée par une augmentation des salaires,

cette prévision restera lettre morte. D’autant

qu’une récession menace au plus tard en 2023. Donc : destruction

d’emplois, croissance du chômage et baisse supplémentaire

du pouvoir d’achat. Une spirale descendante.

Ce que les syndicats exigent constitue donc une revendication

minimale. Elle suffit tout juste à compenser l’inflation,

à condition que celle-ci ne flambe pas davantage,

ce que l’OCDE, la Banque mondiale et la BCE considèrent

comme tout à fait possible. Garantir les salaires réels et

augmenter à cet effet les salaires nominaux de 4 à 5 % est

juste, économiquement raisonnable et souvent facilement

réalisable, comme le prouvent les bénéfices juteux.

Jusque dans les années 1990, la plupart des CCT prévoyaient

une compensation automatique du renchérissement

(voir article page 14). Les syndicats l’ont imposée par

des luttes acharnées dans les années d’inflation après

1970. Dans d’autres pays capitalistes, les néolibéraux ont

eu plus de succès. On le voit dans la « quote-part salariale »

partout massivement réduite, qui indique quelle part de

la richesse produite revient à la main-d’œuvre et, inversement,

quelle part du gâteau rafle le capital. Ainsi, après les

contre-réformes adoptées par le gouvernement de l’ancien

chancelier Gerhard Schröder, l’Allemagne est devenue

un pays européen à bas salaires. En France, le salaire

minimum légal de 1329 euros nets pour un plein temps

Une compensation

s’impose sur le

plan économique


n’est souvent pas atteint. En Italie, 70 % des travailleuses-eurs

touchent 9 euros de l’heure ou moins et les salaires

ont chuté depuis 1990.

En Suisse, des syndicats actifs et les possibilités de recours

de la démocratie directe (référendums et initiatives)

ont empêché jusqu’à présent cette dégringolade. Pourtant,

chez nous aussi, la quote-part salariale a fondu, abstraction

faite des profiteurs qui s’octroient des bonus

dans les banques, les assurances et la chimie. Et les néolibéraux

continuent de faire pression sur les salaires. On l’a

vu très récemment avec l’exemple de la proposition émise

par l’autorité de régulation postale PostCom de fixer un

salaire minimum de 19 francs de l’heure – qui est inférieur

aux salaires minimaux les plus bas dans tous les cantons.

Un salaire de misère par rapport au niveau des prix suisses.

La fable de la spirale prix-salaires

54 % de l’inflation est

due à l’appât du gain

des entreprises.

Le projet des syndicats visant à amortir l’inflation sera

une entreprise ardue. Au cours des 30 dernières années,

les employeurs ont réussi à éliminer la compensation automatique

du renchérissement dans presque toutes les

CCT. Aujourd’hui, ils ressassent leur vieille rengaine, la

fable de la « spirale prix-salaires » selon laquelle la compensation

du renchérissement attiserait l’inflation –

comme les employeurs de l’industrie des machines et de

la métallurgie (Swissmem) le rabâchaient déjà au printemps.

D’un point de vue économique, c’est une absurdité.

Dans de nombreux secteurs, ce ne sont pas les coûts de

production qui déterminent les prix, mais ce que l’on appelle

le « pricing power », donc le pouvoir des entreprises

de fixer le prix de leurs produits indépendamment des

coûts. Ce pouvoir n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui,

a récemment constaté la Banque des règlements internationaux

(BRI).

La fabrication d’un iPhone coûte, tout compris, moins

d’un tiers de son prix de vente, celle d’une Swatch moins

d’un cinquième de son prix. Et la part des salaires dans les

coûts de production ne cesse de diminuer dans de nombreux

secteurs (à l’exception des services aux personnes et

de la restauration). Dès lors, un petit calcul s’impose :

même si la part des coûts salariaux est de 20 %, une compensation

du renchérissement de 5 % augmente les coûts

de production d’à peine 1 petit pour cent, ce qui représente

tout au plus quelques pour mille du prix final. C’est

beaucoup moins que les coûts de financement. Or, à elle

seule, l’augmentation de la productivité du travail (c.-à-d.

la réduction des coûts unitaires) justifierait depuis longtemps

des augmentations de salaire réelles.

L’Institut de politique économique américain a constaté

que plus de la moitié de l’inflation (54 %) est due à l’appât

du gain croissant des entreprises, et 36 % aux difficultés

des chaînes d’approvisionnement mondiales. En

revanche, les coûts de la main-d’œuvre n’ont guère eu

d’impact.

Ce pouvoir de fixation des prix a des effets particulièrement

dévastateurs sur les matières premières, le pétrole,

le gaz et l’électricité, ainsi que sur les médicaments,

les assurances et les services bancaires. Une poignée de

groupes mondialisés dominent le marché dans ces domaines.

C’est pourquoi les prix y ont explosé – et avec eux

les profits. Six des neuf plus grandes entreprises suisses

en termes de chiffre d’affaires sont des négociants en matières

premières et en pétrole. Viennent s’y ajouter Nestlé,

Roche et Novartis. Au niveau mondial, la moitié des produits

agricoles importants comme les céréales sont négociés

en Suisse, ainsi que 35 % du pétrole et 60 % des métaux.

On trouve ici les profiteurs de guerre et les promoteurs

de l’inflation.


12 Dossier

La société zougoise Glencore, leader de notre pays en

termes de chiffre d’affaires, a augmenté son bénéfice de

846 % ( !) au premier semestre 2022. La multinationale de

matières premières était depuis longtemps déjà très rentable,

mais cela ne s’était encore jamais produit. Tous les

autres commerçants de matières premières enregistrent

aussi des bénéfices historiques. Les négociants en pétrole,

en gaz et en électricité cartonnent : Exxon, BP, Shell,

Total fêtent des superprofits, sans parler de la société

saoudienne Aramco. Même les banals fournisseurs

suisses d’électricité Axpo, Alpiq et Forces motrices bernoises

(FMB) – qui bénéficient d’une garantie implicite de

l’Etat, comme le montre le cas d’Axpo – engrangent des

bénéfices de plusieurs centaines de millions. Dans le secteur

pharmaceutique, l’ambiance est à la fête depuis le

COVID-19. Quant aux banques, elles font comme toujours

partie elles aussi du peloton de tête à l’ère de l’argent facile.

D’autres secteurs, comme l’industrie alimentaire, ne

veulent pas non plus laisser passer l’occasion et profitent

de la situation en surfant sur la vague de l’inflation.

Tout cela se traduit par des distributions de dividendes

gigantesques aux propriétaires et actionnaires. Cette année,

elles frôleront les 2 billions de dollars. Après 15 ans

de crise capitaliste permanente, la redistribution du bas

vers le haut s’accélère.

Mais d’où vient l’inflation ? Les faits sont sur la table :

quiconque ne peut plus payer ses factures est happé dans

une spirale prix-profit de plus en plus étourdissante.

On peut rejeter toute la faute sur la guerre d’agression de

Vladimir Poutine contre l’Ukraine, y compris la hausse extrême

des prix. Le Russe coupe progressivement le robinet

du gaz. Mais les prix avaient déjà flambé en été 2021, huit

mois avant le début de la guerre. Le monde vivait encore

dans une abondance de pétrole et de gaz. Or les groupes

énergétiques en ont réduit la quantité de manière artificielle

pour s’enrichir lors de la reprise post-covid. Des

flottes entières de pétroliers surchargés se sont alors retrouvées

en attente sur les mers du monde entier.

La crise que nous subissons profite au capital. Des fortunes

exorbitantes sont amassées et la main-d’œuvre est

mise au pas. Les capitaux se concentrent, les fusions et les

Nous sommes

victimes d’une spirale

prix-profit de plus en

plus étourdissante.

reprises se multiplient. En 2019, lorsque le manque d’investissements

et la guerre économique menée par les

Etats-Unis contre la Chine ont ébranlé le système, la pandémie

salvatrice du COVID-19 est arrivée. Le capital en a

profité pour faire de l’Etat le tiroir-caisse des grands

groupes. Et à l’ombre du lockdown et des chaînes d’approvisionnement

rompues, qui ont plongé de nombreuses

personnes dans la panique face aux pénuries d’approvisionnement,

des transporteurs maritimes comme la CMA

de Marseille sont devenus des géants rentables.

Même la crise écologique fait gagner les entreprises

dominantes. Actuellement, on parle de possibles pénuries

d’électricité. Les centrales nucléaires de France, qui

fournissent en électricité la moitié du continent, ne

peuvent plus livrer. En partie parce que des problèmes de

sécurité mettent à l’arrêt les réacteurs nucléaires vétustes.

Mais surtout parce que le réchauffement climatique et la

sécheresse empêchent le refroidissement de nombreuses

centrales nucléaires. La Norvège, l’autre grand exportateur

d’électricité, a dû réduire ses livraisons en raison de

la baisse du niveau d’eau dans les barrages et les rivières.

C’est une situation dramatique, mais une source de profits

spéculatifs pour les fournisseurs d’électricité : le prix

des livraisons est passé de 50 euros à jusqu’à 1700 euros

au premier trimestre 2022 sur le marché européen de

l’électricité dérégulé par le néolibéralisme. Merci à la catastrophe

climatique et à Poutine. Par conséquent, une

modeste compensation du renchérissement est le minimum

que les syndicats devraient imposer.


Dossier

Plafonner les prix et relever

les salaires

13

Des profits spéculatifs inouïs alimentent

l’inflation, et les banques centrales jouent un

jeu très dangereux. Que faire ?

Texte : Oliver Fahrni

Comment comprimer au mieux les salaires et détruire la

prospérité ? Comment provoquer un crash financier global

et aggraver au passage la catastrophe écologique ? En

suivant l’exemple actuel ! Ce que les banques centrales,

les entreprises et les gouvernements font (et omettent de

faire) actuellement apparaît comme la recette parfaite

pour un grand désastre.

Juste un exemple : l’entreprise énergétique Total a versé

précipitamment 260 millions d’euros de « dividendes

extraordinaires » en automne, peu avant qu’un impôt sur

les bénéfices de la crise ne vienne prélever les profits exceptionnels

exorbitants de la guerre, du gaz et du pétrole.

La direction de l’entreprise s’est vantée elle-même avec

aplomb de cette astuce. Parallèlement, Total se targue

d’être une entreprise énergétique verte. Or ses investissements

dans les énergies renouvelables en 2022 ne représentent

pas la moitié de ses dividendes versés aux riches.

Ce qui est fou, c’est qu’ils savent exactement où cela

conduit. Les économistes, la Banque mondiale, le Fonds

monétaire international et les grandes revues économiques

sont actuellement pris de panique. Ils alertent

chaque jour sur les conséquences de la « soif de profit malsaine

». Pour ajouter aussitôt : nous en voulons plus.

La Banque mondiale a démontré ces jours-ci que les

augmentations de taux d’intérêt des banques centrales

sont en passe de plonger l’économie dans une crise mondiale.

Mais les « banques des banques » annoncent de nouvelles

augmentations de taux, sous la pression de la Réserve

fédérale des Etats-Unis. Chaque crédit deviendra

ainsi plus cher et les investissements, par exemple dans

des techniques respectueuses du climat, seront étouffés.

Ils justifient la lutte contre l’inflation par la théorie selon

laquelle il y a trop d’argent en circulation. Ce qui accroît

la demande et fait grimper les prix. Ils appellent ce

phénomène la « surchauffe ». En réalité, l’économie mondiale

stagne. La masse monétaire a toutefois gonflé de manière

si vertigineuse depuis 15 ans qu’on ne peut même

plus la mesurer de manière raisonnable. Si la théorie de

l’argent était juste, nous serions en hyperinflation depuis

dix ans. Or tout dépend de qui dispose de ces masses

d’argent colossales – et de qui a le pouvoir de fixer les prix.

En vérité, les augmentations des taux d’intérêt profitent

uniquement au capital. Et à part le climat, seule la spéculation

est en « surchauffe ». Que faire ?

L’économiste Olivier Blanchard a récemment écrit que

la lutte contre l’inflation exigeait la destruction d’emplois.

Il a bien sûr omis d’ajouter : si nous ne changeons

pas les règles du jeu erronées. Il n’a pas mentionné qu’il

existe d’autres moyens ciblés de lutter contre l’inflation

motivée par le profit.

Le minimum, c’est une pleine compensation du renchérissement

sur les salaires, les rentes et les prestations

sociales. Du point de vue économique, c’est une nécessité

tout à fait réalisable. Il faut inscrire à nouveau une

compensation automatique du renchérissement dans les

CCT. Mais il est aussi nécessaire de plafonner les prix.

L’énergie et l’eau sont des biens communs. Ils doivent

être soustraits à la spéculation. L’approvisionnement de

base devrait être bon marché, mieux encore gratuit,

jusqu’à un certain niveau de consommation. Actuellement,

divers pays expérimentent des prix plafonds. Ce qui

est intolérable, ce sont des situations comme celles vécues

avec Axpo : le géant de l’énergie a réalisé un bénéfice

de centaines de millions de francs. Pendant que le Conseil

fédéral lui octroyait une garantie de plusieurs milliards de

francs, parce que l’entreprise s’est fourvoyée à la bourse

de l’énergie avec des opérations à terme. Il faut faire

marche arrière sur la libéralisation du marché de l’énergie.

L’UE devrait décréter un prix maximal pour le gaz et le

pétrole – avec la puissance d’achat de 450 millions de personnes,

les producteurs ne pourraient guère y déroger.

Les entreprises qui reçoivent un soutien de la Confédération

ne doivent pas être autorisées à verser des dividendes,

ni à licencier des personnes. Le fardeau de la crise

doit être réparti équitablement. Le financement du plafonnement

des prix et des mesures de sauvegarde des emplois

n’est pas un problème : il suffit de prélever un impôt

sur les bénéfices auprès des entreprises énergétiques,

comme c’est le cas en Italie, à hauteur de 25 %. Pour finir,

il est grand temps d’investir enfin les bénéfices dans une

offensive industrielle en faveur de la transition énergétique.

Les syndicats en ont conçu et calculé le programme.

Il y a 16 ans.


14

Dossier

L’inflation, cette grande absente

Les CCT et les mécanismes d’adaptation des

salaires à l’inflation en Suisse ; où en est-on ?

Texte : Mattia Lento

En Suisse, plus de 700 000 personnes vivent en situation

de pauvreté. Parmi elles, on trouve aussi les travailleuses

et travailleurs pauvres, les working poor. Selon l’Office fédéral

de la statistique, 8,2 % de la population active vivait

dans la pauvreté en 2020, soit plus de 300 000 personnes.

Avec les niveaux d’inflation actuels, le pourcentage de personnes

pauvres pourrait encore augmenter : de 8,5 à 9,3 %,

soit environ 80 000 personnes – selon une étude réalisée

par la Haute école spécialisée bernoise. Même si l’inflation

en Suisse est moins dramatique que la moyenne européenne

(+9,1 % en août), elle a désormais atteint 3,5 % et

devrait augmenter ces prochains mois. De plus en plus

souvent, un emploi risque de ne pas garantir une vie décente.

Le renchérissement est encore plus important pour

les personnes à faibles revenus : leurs dépenses se

concentrent en grande partie sur la consommation énergétique

et les denrées alimentaires – des catégories de

biens dont les prix ont augmenté bien plus que la moyenne.

Il n’est donc pas surprenant que l’Union syndicale suisse

ait exigé ces dernières semaines des augmentations de salaire

de 4 à 5 %. Compte tenu du contexte économique favorable,

il s’agit d’une revendication réaliste et surtout nécessaire

au vu des chiffres mentionnés ci-dessus.

Peu de clauses de renchérissement au sein des CCT

Si nous vivions dans la Suisse de l’après-guerre, les salarié-e-s

pourraient compter sur les mécanismes d’adaptation

des salaires au taux d’inflation ancrés dans de nombreuses

conventions collectives de travail. Dans les années

50, la compensation du renchérissement a été inscrite

pour la première fois dans les CCT. Jusqu’aux années

1990, cette part n’a cessé d’augmenter. Encore en 1991,

deux tiers des CCT suisses renfermaient des clauses de

renchérissement, comme le montre une étude de Daniel

Oesch de 2001. Un quart des CCT suisses prévoyaient

même des mécanismes d’adaptation automatique des salaires

à l’inflation. Une protection qui a pratiquement disparu

de toutes les CCT en très peu d’années : en 1996, le

pourcentage de CCT comportant des clauses de renchérissement

s’est effondré à 0,3 %. Que s’est-il passé pendant

ces années cruciales ?

Dans les années 1990, la vague néolibérale anglo-américaine

a également déferlé en Suisse. Et pour diverses raisons,

les syndicats ont alors peiné à imposer la compensation

du renchérissement dans les CCT. Les CCT ont

elles-mêmes été remises en question par les employeurs,

si bien que les organisations syndicales ont dû concéder

des compromis. Par ailleurs, une grave récession a marqué

ces années. Les travailleuses et travailleurs se sont davantage

préoccupé-e-s de préserver leur emploi et leur

pouvoir d’achat. La récession a fait baisser le coût de la vie,

et donc amenuisé l’importance d’adapter les salaires à

l’inflation. Celle-ci est ainsi devenue à ce jour la grande

absente des CCT. Il n’y a pratiquement plus de conventions

collectives de travail avec une compensation intégrale

du renchérissement.

Dans certains secteurs, une infime part des CCT prévoit

encore des ajustements, mais ceux-ci sont limités. Aussi

dans le domaine TIC, « le coût de la vie est un des critères

prévus par la CCT », comme l’affirme Daniel Hügli, responsable

de ce secteur pour syndicom. Selon Matteo Antonini,

responsable secteur Logistique, « le coût de la vie

constitue l’un des éléments des négociations salariales

menées avec la Poste Suisse ». La question de l’adaptation

des salaires à l’inflation est revenue dans le débat. Pour les

économistes rattachés à l’école libérale, il s’agit de mesures

anachroniques. L’économiste Sergio Rossi ne partage

toutefois pas cet avis : « Les salaires nominaux devraient

être indexés sur l’inflation pour préserver le

pouvoir d’achat des salarié-e-s. Cela permettrait de réduire

le risque de récession économique dû à une demande insuffisante

sur le marché des produits. Cette indexation,

cependant, ne devrait intervenir que si les entreprises disposent

de marges bénéficiaires suffisantes pour leur permettre

d’augmenter les salaires de la main-d’œuvre. »

Illustrations

Le dossier spécial syndicom

sur les revendications salariales

Reto Crameri est un illustrateur, originaire de Berne, basé

depuis 20 ans à Genève. Actuellement, il finalise son premier

album jeunesse « Alula » qui sera publié au printemps prochain

au Kunstanstifter Verlag. Des dessins à l’encre et des

céramiques avec des illustrations de l’album ont été présentés

dans le cadre de l’exposition Bolo Klub au Fumetto Festival

de cette année. Son livre précédent « Les notes du

concierge », autopublié en 2018, avait reçu la bourse d’aide à

l’illustration du livre du Canton et de la Ville de Genève.

Pour le magazine syndicom, dont il est membre, Reto

Crameri a proposé une série d’illustrations vives et éloquentes

visant à imager la crise qui secoue les travailleurs

et travailleuses en Suisse.

Découvrez son travail sur retocrameri.com.


La crise sociale à venir

Hausse des prix, baisse des salaires réels, profits gigantesques pour les actionnaires: la crise combinée

climat, Covid et Ukraine aggrave les inégalités et plonge de nombreuses familles suisses dans la

détresse. Seuls des contrôles des prix et des augmentations massives de salaires peuvent l’empêcher.

Où l’inflation galope

Durant trois décennies, l’inflation dans

les pays riches paraissait appartenir au

passé. Partout, la stabilité des prix

constituait un objectif central de la

politique économique. La BCE situe le

taux idéal d’inflation à 2%. Lors de la

reprise post-Covid, les prix ont subitement

commencé à grimper de manière

surprenante.

Hollande

Grande-Bretagne 9,9%

France 6,6%

Espagne

10,5%

Allemagne

13,7%

8,8%

9,1%

Suisse

3,5%

11,2%

Estonie

25,2%

Russie

16,7%

Turquie

80%

Source: Seco, OCDE, BCE (chiffres août 2022, comparaison avec août 2021)

L’inflation augmente les inégalités

La hausse des prix touche plus fortement les

bas revenus. Pour les personnes les plus mal

payées, l’inflation ne s’élève pas à 3,5% comme

le prétend la statistique, mais à 4,2%. Les bas

revenus perdent davantage de pouvoir d’achat

que les revenus plus élevés. La raison: les

ménages à bas revenus doivent dépenser une

plus grande part de leur revenu pour le loyer,

l’énergie et l’alimentation – or ce sont justement

ces prix qui ont le plus fortement augmenté.

4,2%

3,8%

3,9%

3,7%

3,6%

3,5%

3,5%

3,3%

3,3%

3,1%

Bas revenus Moyens revenus Hauts revenus

Source: OFS, Hans Baumann dans work

Source: Elcom, EEX

27%

d’augmentation

des prix de

l’électricité en

2023

L’électricité sous tension

C’est une valeur moyenne, certains fournisseurs

d’électricité ne prévoient aucune

augmentation, alors que d’autres majorent

leurs prix de plus de 250%. Pour en savoir

plus sur les prix de l’électricité en 2023

dans sa commune, consultez le site

prix-electricite.elcom.admin.ch. Les grands

producteurs d’électricité Axpo, Alpiq et FMB

augmentent leurs prix, bien qu’ils aient

réalisé des bénéfices de plusieurs centaines

de millions de francs et s’attendent à des

profits encore plus juteux pour 2022.

L’électricité fait l’objet

de spéculations

depuis la dérégulation

néolibérale en

Europe: au cours de

l’été 2022, le prix

pour les livraisons

2023 a augmenté

entre-temps de

3400%

Big pétrole – Big gaz

Explosion des profits de certaines compagnies pétrolières et gazières.

2 e trimestre 2021 2 e trimestre 2022

17,9 Mrd.

11,6 Mrd. 11,5 Mrd.

9,3 Mrd.

4,7 Mrd.

5,5 Mrd.

5,7 Mrd.

3,1 Mrd.

3,1 Mrd.

3,5 Mrd.

Exxon Chevron Shell BP Total

Des entreprises avares

Dans une enquête du

Centre de recherches

conjoncturelles de

l’ETH de Zurich, les

entreprises ont indiqué

qu’elles prévoyaient

des ajustements

salariaux de seulement

1,6% en moyenne pour

2022. Ce qui équivaudrait

à des baisses

massives des salaires

réels.

1,6%

Source: Financial Times


16

Au cœur de

nos métiers

Créer un climat de dialogue

syndicom a récemment publié une nouvelle fiche d’information

sur le sexisme dans les rédactions. Il est temps d’agir !

De plus en plus de femmes dans les rédactions font état de harcèlement au travail. (© syndicom / Adobe Stock)

Près de trois ans après #MediaToo et

la grève nationale des femmes de

2019, deux ans après la lettre ouverte

des rédactrices de Tamedia et quelques

mois après le scandale autour du

rédacteur en chef de Bild, Julian

Reichelt – qui a finalement dû quitter

l’entreprise de médias en raison de ses

nombreuses relations avec des collègues

femmes qui lui étaient subordonnées

–, il semble que peu de choses ont

changé dans le climat souvent misogyne,

sexiste et agressif de nombreuses

rédactions. Des femmes ne

cessent de signaler des remarques

déplacées, des attouchements non

désirés ou, comme dans le cas de Julian

Reichelt, des abus de pouvoir.

Le harcèlement est monnaie courante

Sarah Serafini, rédactrice chez Watson.ch

et l’une des initiatrices de la

grève des femmes de 2019, situe le problème

du sexisme dans la branche des

médias à plusieurs niveaux : « D’une

part, les femmes sont moins nombreuses

dans les rédactions, surtout

dans les étages de la direction. Il peut

être plus difficile de s’imposer si, en

tant que femme, tu es seule à une réunion

avec des hommes. Un climat

sexiste risque plus facilement de s’instaurer,

et les remarques stupides,

voire le harcèlement sont plutôt monnaie

courante. »

Des chiffres inquiétants qui appellent

à l’action immédiate

Selon une étude du SECO de 2008,

28 % des femmes en Suisse, tous secteurs

confondus, ont indiqué avoir été

victimes de harcèlement au travail. Un

sondage non représentatif réalisé par

Tamedia en 2019 fait pourtant état de

53 % parmi les 458 professionnelles

des médias interrogées. Celles-ci sont

particulièrement à risque à l’entrée

dans la profession. Environ trois

quarts des sondées ont déclaré avoir

été confrontées au harcèlement à

moins de 35 ans, la moitié même à

moins de 30 ans.

Ces chiffres ne surprennent pas

Sarah Serafini. Un autre facteur est

que les femmes journalistes sont

beaucoup plus exposées dans leur

travail que de nombreuses autres catégories

professionnelles : « Les journalistes

femmes se déplacent beaucoup

et souvent seules. Lors d’interviews ou

de reportages, des propos ou comportements

sexistes peuvent également

survenir. » Et : « Il n’est pas rare que les

femmes soient moins prises au sérieux

par leur vis-à-vis », ajoute-t-elle.

En effet, selon l’enquête de Tamedia

citée plus haut, 40 % des professionnelles

des médias interrogées ont évoqué

des agressions de la part de personnes

extérieures, par exemple de

personnes interviewées pour le cadre

d’un article.

Tolérance zéro exigée

« Je ne pense pas qu’on puisse totalement

protéger les femmes qui vont sur

le terrain. Mais il est indispensable de

créer un climat où les incidents

peuvent être thématisés à l’externe et

à l’interne », souligne Sarah Serafini.

Elle estime qu’il est primordial de

vivre une culture d’entreprise qui affiche

la tolérance zéro au sexisme.

Mais cela ne suffit pas : « Il faut des

centres de contact ou des personnes

de confiance et un personnel formé

qui réagisse avec sensibilité. En particulier

les personnes qui occupent des

fonctions de direction ont besoin

d’une formation professionnelle

continue pour affronter le sexisme. »

Et parce que ce problème touche

de nombreuses femmes aussi en dehors

des rédactions, nous vous rappellons

que la campagne internationale

des 16 Jours d’activisme contre la violence

basée sur le genre débutera le 25

novembre. Plusieurs événements sont

organisés en Suisse (16tage.ch).

Natalia Widla

Pour lire la fiche d’information

de syndicom


« La solidarité des employé-e-s à Fribourg a permis d’améliorer

le quotidien des collègues de toute la Suisse. » Nicolas Irus

17

Ou quand la solidarité porte

ses fruits

Une mobilisation des employé-e-s du Contact Center de Fribourg

a permis d’identifier des failles de management au niveau

national. Notamment quant à l’application de la CCT. Les démarches

entamées avec la direction sont encourageantes.

Les employé-e-s des Contact Centers ont pu être entendu-e-s grâce au partenariat social. (© Keystone-ATS)

Nous sommes début février 2022. Une

militante du Contact Center de Fribourg

fait remonter au syndicat un

certain ras-le-bol général suite au déploiement

d’un programme d’écoute

des appels. Le climat de travail semble

tendu. Le personnel manque et pour

traiter les cas en attente, les minutes

sont comptées. « Immédiatement, les

collègues nous ont parlé de la pression

qu’ils ressentaient et de l’atmosphère

générale de surveillance. Au fil des discussions

nous avons compris que le

problème était aussi celui de la planification

des heures de travail et notamment

des heures supplémentaires

», nous dit Nicolas Irus,

secrétaire régional secteur logistique.

Planification claire exigée

Au cœur du problème se trouve donc le

modèle de temps de travail et la gestion

des heures supplémentaires : sur

une journée de 8 heures et 24 minutes

de travail, ces 24 minutes sont prévues

pour la mise en route du système, aux

imprévus et autres petites tâches inhérentes

à une journée de travail. Le management

y ajoutera la gestion des cas

en attente. Résultat ? Des heures supplémentaires

qui s’accumulent – certaines

réalisées le samedi.

Or, la CCT Poste prévoit justement

un modèle de temps de travail qui impose

de planifier clairement les heures

supplémentaires. La planification y

est faite de manière mensuelle, et

toute modification passée 14 jours

après la publication du planning nécessite

l’accord du personnel. Il est apparu

que la CCT était mal appliquée

dans chacun des Contact Centers de

Suisse. « Si les Contact Centers veulent

appliquer un modèle spécial, cela doit

passer par la discussion avec syndicom

dans le cadre de la négociation de

la CC T », rappelle Nicolas Irus. Grâce à

un échange au niveau national, le modèle

de planification du temps du travail

prévu dans la CCT sera désormais

appliqué à partir du 1 er octobre.

Le ciel s’éclaircit

La forte solidarité des employé-e-s à

Fribourg a donc permis d’améliorer le

quotidien des collègues de toute la

Suisse. Au fil des discussions avec la

direction, un dialogue de bonne qualité

s’est installé. Aujourd’hui, celle-ci

s’est engagée à faire face aux problèmes,

notamment à celui du sous-effectif.

Une commission du personnel

s’apprête également à voir le jour pour

permettre d’aborder les problèmes et

trouver des solutions dans un climat

apaisé. A Fribourg, comme partout ailleurs,

la mobilisation a une fois de

plus payé !

Robin Moret

Regards tournés vers

l’avenir

Dos Santos Lima-Matteo Teresa,

secrétaire centrale TIC

Les préparatifs des négociations sur la

convention collective de la branche

des centres de contact et d’appel vont

bon train. Les négociations CCT débuteront

au printemps 2023. Dans le courant

des semaines à venir, un sondage

sera notamment réalisé auprès du personnel

engagé dans les entreprises

dotées aujourd’hui d’une CCT. Les

thèmes principaux abordés toucheront

aux salaires, au temps de travail et

à la protection des travailleurs et travailleuses.

La branche souffre notamment

d’une pénurie de spécialistes, et

les entreprises recherchent activement

du personnel qualifié. Les employeurs

doivent améliorer les conditions

de travail existantes et en

proposer de plus attrayantes pour

combler ce manque de main-d’œuvre.

Raison pour laquelle il convient entre

autres d’améliorer les suppléments de

salaire, mais également de réduire le

temps de travail ainsi que d’ajuster

l’assurance d’indemnités journalières

en cas de maladie. Ces éléments seront

au centre des négociations. La

convention collective de travail actuelle

a été déclarée de force obligatoire

par le Conseil fédéral et est valable

jusqu’à fin 2023 pour les 3500

employé-e-s de la branche des centres

de contact et d’appel.


18

Le monde

du travail

«Nombre de distributeurs-rices ont indiqué que les longues

journées de travail forment un problème majeur. » Urs Zbinden

Un salaire décent pour une

charge de travail décente

Une enquête de syndicom a analysé la structure des salaires

chez les sous-traitants de KEP & Mail. Les résultats laissent

apparaître des conditions de travail problématiques.

Les horaires de travail chez les sous-traitants de la branche KEP & Mail posent problème. (© Keystone-ATS)

Les salaires restent un sujet délicat en

Suisse : ils relèvent de la sphère privée.

Or, sur l’îlot de cherté qu’est la Suisse,

beaucoup d’aspects dépendent des salaires

depuis que le coût de la vie a augmenté.

Pour les syndicats, il est donc

important de connaître le niveau des

rémunérations afin de négocier des

salaires appropriés.

Dans la branche de la logistique,

les négociations sur une CCT ont débuté

en 2021. Les salaires occupent

une place importante dans ces négociations.

A première vue, la transparence

semble prévaloir dans la

branche. L’autorité de régulation

PostCom a analysé la situation dans le

cadre d’une étude publiée en juin

concernant les conditions de travail

usuelles pratiquées dans la branche.

Dans la catégorie « distribution et

prise en charge des envois avec contact

avec la clientèle », les salaires oscillent

entre 4749 et 6474 francs. Mais il y a un

hic : l’analyse ne prend pas en considération

les entreprises de sous-traitance

qui jouent un rôle essentiel dans

des sociétés comme DPD et DHL. Or

pour la négociation du salaire minimum,

il est décisif de savoir si le niveau

de salaire des sous-traitants correspond

à celui du salaire minimum

de 3500 francs défini par la PostCom

ou si les sous-traitants se situent plutôt

dans la fourchette salariale indiquée

dans l’étude.

Pour combler cette lacune de

connaissances, syndicom a réalisé un

sondage. Les résultats ont permis de

réfuter le mythe, régulièrement avancé

par les employeurs, selon lequel les

salaires chez les sous-traitants se situeraient

aux alentours de 3500 francs.

Même si les salaires n’atteignent pas

tout à fait le niveau de l’étude PostCom,

ils oscillent entre 4000 et 4300 francs

chez DPD et entre 4300 et 4600 francs

chez DHL. Nous parlons donc toujours

ici de bas salaires par rapport à

d’autres branches. Néanmoins, la discussion

sur les salaires minimums

doit clairement s’orienter sur le cadre

salarial de l’étude PostCom, et non sur

le salaire minimum PostCom de 3500

francs. Les nombreuses discussions

menées avec les distributeurs-rices

dans les dépôts ont aussi révélé un

autre aspect : un-e employé-e d’une

entreprise de sous-traitance peut

certes gagner parfois jusqu’à 4500

francs. Mais si 50 à 60 heures par semaine

doivent être travaillées pour y

parvenir, la valeur de ce salaire diminue

massivement. Avec l’augmentation

des volumes de colis à l’automne,

la question des longues journées de

travail deviendra encore plus pressante.

Urs Zbinden

La PostCom méconnaît

la réalité économique

Matteo Antonini, responsable du secteur

Logistique et membre du comité directeur

Les nouvelles exigences minimales –

valables dès 2023 –, que l’autorité de

surveillance PostCom a mises en

consultation, constituent un danger

pour les conditions de travail du domaine

de la logistique postale. Une

fois de plus, la PostCom propose le

salaire minimum le plus bas de Suisse

et perpétue ainsi son triste record. En

réalité, les 19 francs qui devront être

appliqués à partir de juillet 2023

sont – après correction de l’inflation

(2018-2022) – encore plus bas que les

18.27 francs actuellement en vigueur.

Avec un salaire de référence aussi

bas, qui ignore la diversité évidente

des professions postales et de ses salarié-e-s

– en termes de compétences et

d’exigences –, la PostCom entérine

des modèles de travail qui favorisent

la sous-traitance et la précarité. Sans

compter les dommages d’image. Prétendre

qu’un salaire de 19 francs dans

la distribution est correct et qu’il respecte

la loi envoie un mauvais signal,

alors qu’une pénurie de personnel

guette tous les secteurs. syndicom a

mis en garde la PostCom.

En tant que syndicat, nous devons

nous concentrer sur les CCT et veiller

à étendre les salaires plus élevés pour

protéger le personnel. Ce parcours,

engagé par syndicom depuis de nombreuses

années et concrétisé par les

négociations sectorielles initiées fin

2021, est la voie à suivre. Aussi parce

qu’elle permettra d’introduire les

contrôles nécessaires sur un marché

de l’emploi de plus en plus fragmenté,

qui est également devenu attrayant

pour les multinationales telles

qu’Amazon et Uber.


« L’objectif de la rencontre est de nous faire connaître auprès

des employé-e-s. » Adriano Troiano

19

Le festival des grillades syndicom

Une fin d’après-midi à Ostermundigen devant le centre logistique

de La Poste, un événement inhabituel : saucisses, pain et

moutarde. Bienvenue aux grillades de syndicom.

Ce moment de détente convivial est aussi le cadre d’échanges passionants. (© syndicom)

Depuis plusieurs années, l’équipe de

syndicom à Berne organise des barbecues.

« C’est une chance de pouvoir bavarder

longuement avec les employé-e-s

dans une atmosphère

décontractée. Et c’est agréable de le

faire en savourant une saucisse », plaisante

Adriano Troiano, le responsable

du secrétariat de Berne et Haut-Valais.

« Nous planifions en été deux visites

par semaine, sauf pendant les vacances.

Une trentaine de rencontres

prennent place de l’Emmental à

l’Oberland bernois, et de Bienne

jusque dans le Haut-Valais. » Pendant

qu’il parle, les employé-e-s de La Poste

arrivent en grand nombre. Beaucoup

portent encore leur uniforme, ils

viennent de terminer leur service. Poignées

de mains, rires, bavardages. On

parle de foot et de vacances. On sent

que les gens éprouvent du plaisir à se

revoir après la pandémie.

Au grill, les saucisses rôtissent

sous l’œil expert de Marco With,

vice-président de la section bernoise

du personnel de La Poste et membre

de la CoPe PostLogistics d’Ostermundigen.

Tous se mettent en file.

« Nos membres attendent avec impatience

nos visites et se réjouissent

qu’on organise des grillades pour

eux », explique Adriano Troiano.

« L’objectif de la rencontre est de nous

faire connaître auprès des employé-e-s.

Nous distribuons des tracts,

nous emmenons une présentation

PowerPoint sur papier qui montre nos

campagnes et les problèmes actuels.

Nous encourageons la discussion et

faisons la connaissance de nouveaux

membres potentiels. Nous tenons une

liste pour contacter ultérieurement

les personnes intéressées. Et nous recrutons

au moins un membre par barbecue,

sur place. »

Il est important que les employé-e-s

se réunissent, échangent et parlent de

leurs conditions de travail. Il y a différents

horaires de travail, beaucoup

font des pauses en plein air. C’est dans

ces moments-là que les gens font

connaissance. Et ils font de la publicité

pour syndicom. « Aujourd’hui, je

viens d’entendre un employé de La

Poste dire qu’il trouve positif que syndicom

soit si présent, je pense que

notre festival de grillades y contribue

», complète Adriano Troiano. Pendant

ce temps, les premières notes de

la chanson « We are the Champions »

de Queen s’échappent des hautparleurs

installés pour l’occasion. Et

les gens chantent et sourient !

Giovanni Valerio

Il est temps d’augmenter

les salaires

Angelo Zanetti, secrétaire central secteur Médias

Dans les entreprises de médias, les

augmentations de salaire sont (très)

rares depuis des années, voire des décennies,

les entreprises refusant systématiquement

les négociations salariales.

Et ceci quelle que soit la

situation conjoncturelle. Durant les

dix dernières années de renchérissement

modéré, les salaires réels des

employés ont stagné pendant que les

honoraires des free-lances et les salaires

d’entrée des jeunes professionnels

des médias chutaient.

Aujourd’hui, en pleine période

d’inflation brutale et inquiétante, la

branche risque de perdre son attractivité

de manière irréfutable. Certaines

rédactions parlent notamment de pénurie

de personnel qualifié et de sérieux

problèmes de recrutement de la

relève. Il est grand temps de réagir et

revendiquer collectivement des adaptations

salariales pour les employé-e-s

actuel-le-s et futur-e-s ! syndicom met

donc à disposition des CoPe des rédactions

des recommandations et un argumentaire

complet.

Mais ces conseils s’adressent également

à nos collègues de la branche

de l ‘industrie graphique. Comme

pour des millions de travailleurs-euses

suisses, la situation économique rend

les augmentations salariales indipensables

dans la branche. D‘autant plus

que les salaires stagnent depuis des

années et que les entreprises ont là

aussi des difficultés à recruter. Des négociations

sont prévues en ce sens.

Quant aux collègues employé-e-s

des librairies, ils-elles peuvent compter

sur une compensation automatique

des salaires en fonction de l’inflation,

prévue dans la CCT (maximum

2 % des salaires minimums). Un pas

dans la bonne direction qui doit appeler

à d’autres mesures plus fortes !

syndicom va ainsi poursuivre son

travail au côté de ses membres et au

sein de ses secteurs pour garantir

toutes les adaptations salariales nécessaires

face à une situation économique

préoccupante.


20

Le monde

du travail

« Un grand pas vers des droits résolument égaux pour le

personnel d’IMS au sein de La Poste. » Manuel Wyss

Le « toit jaune » abrite un peu

plus de monde

Le long chemin vers la nouvelle CCT IMS a abouti fin août avec

succès. Les regards sont désormais tournés vers l’avenir.

Six mois de négociations ont été nécessaires à l’élaboration de la nouvelle CCT IMS. (© Keystone-ATS)

Poste Immobilier Management et Services

SA, ou IMS, est le prestataire de

La Poste pour tout ce qui concerne la

gestion de biens immobiliers. Près de

1000 employé-e-s gèrent plus de

2000 objets dans toute la Suisse. IMS

regroupe ainsi des professions diverses

dans la technique des bâtiments,

le nettoyage ou la gestion immobilière.

Ces employés seront désormais

couverts par une nouvelle CCT à partir

de janvier 2023, alors que l’actuelle

convention s’arrêtait fin 2022. Mais le

travail préliminaire a été long. Dès le

début de l’année, syndicom a mené

une enquête auprès de ses membres

sur les exigences liées à une nouvelle

convention. Les préoccupations les

plus fréquentes ? Plus de protection

contre le licenciement et un véritable

plan social, ainsi que de meilleurs

salaires. Les évaluations ont révélé un

long catalogue de revendications et un

fort potentiel d’amélioration.

Il a ensuite fallu sept tours de négociation

entre février et début juin

jusqu’à ce que la nouvelle CCT d’entreprise

IMS soit prête à être signée.

Dans le cadre de conférences organisées

fin août, les membres de syndicom

ont approuvé les propositions. A

juste titre, car la nouvelle CCT apporte

de nombreuses améliorations.

La protection contre les licenciements

est élargie et il y a désormais un

plan social spécifique pour IMS. Il se

base en grande partie sur le plan social

de La Poste. Il est possible de prendre

une retraite anticipée à partir de 62

ans. Ou encore, le personnel intérimaire

dispose d’un droit à un contrat

de travail, acquis désormais à partir

d’une mission de 16 mois chez IMS.

Tous les salaires minimaux sont

nettement augmentés. Dans l’échelon

de fonction du personnel de nettoyage,

de 50 à 400 francs selon la région

salariale. Dans toutes les autres

fonctions, de 1 %. Une prime de fidélité

a été introduite à partir de 20 ans de

service. Elle s’élève désormais à deux

semaines de vacances ou 3000 francs

tous les cinq ans. Ce ne sont là que

quelques éléments des améliorations

de la nouvelle CCT.

Tout comme la CCT d’entreprise

de La Poste, dont elle se rapproche, la

CCT IMS est désormais assujettie à

la CCT dite faîtière, qui règle les relations

entre les parties signataires et

définit donc les droits syndicaux. Elle

traite notamment des négociations salariales

ou des mécanismes visant à résoudre

les conflits. Avec les avancées

sociopolitiques de la nouvelle CCT, il

s’agit d’un grand pas vers des droits résolument

égaux pour le personnel

d’IMS au sein de La Poste.

Manuel Wyss

Les détails de la nouvelle

CCT valable dès janvier 2023

Une grève des femmes

de grande envergure

Patrizia Mordini, responsable de l’égalité et

membre du comité directeur

Le 14 juin 2023, la grève des femmes

sera un événement majeur ! Parce que

la Suisse n’avance pas en matière

d’égalité. Et parce que la politique et

les employeurs remettent une fois de

plus aux calendes grecques les droits

des femmes inscrits dans la Constitution.

Le congrès des femmes de l’USS

a donc décidé en novembre dernier

qu’une nouvelle vague violette – visible

et audible – devra déferler sur la

Suisse. Comme en 1991 et 2019.

L’assemblée des délégué-e-s de

syndicom du 18 juin 2022 s’est prononcée

avec enthousiasme pour la

participation à la grève et la mise à disposition

d’un budget adéquat.

Conjointement avec les unions syndicales

et plusieurs collectifs de grève

des femmes de diverses régions, nous

allons planifier des manifestations

publiques dans différentes villes.

Chez syndicom, la force de la grève des

femmes sera exploitée pour promouvoir

l’égalité. Pour ce faire, des actions

d’entreprise sont prévues dans des

branches sélectionnées. Les revendications

concernant l’égalité – plus de

temps pour la prise en charge de

proches et les tâches familiales, rentes

équitables et égalité salariale ainsi

que tolérance zéro face aux agressions

sexuelles au travail – occuperont le devant

de la scène. Tout comme les améliorations

que nous avons obtenues

ces dernières années lors des négociations

CCT. Ensemble, nous pourrons

œuvrer au succès de la grève des

femmes ! Nous recherchons donc déjà

des personnes de confiance qui souhaitent

s’impliquer – inscris-toi sous

gleichstellung@syndicom.ch !


« La commission conseille les membres de toutes les régions

linguistiques, indépendamment de la branche. » Franz Schori

21

La dolce vita à la retraite ?

Loin de là. La plupart des seniors sont en pleine forme et

veulent faire plus que profiter de la vie. syndicom exploite ce

potentiel de plusieurs manières. Et la tendance est à la hausse.

L’expérience des retraité-e-s se met au service des travailleurs-euses et du syndicat. (© Keystone-ATS)

Le 27 avril 2017, dix employé-e-s de

Swisscom se retrouvent à Olten pour

participer à un atelier intitulé

« Echange d’expériences 58+ ». Ils et

elles y discutent des possibilités

d’améliorer le potentiel des membres

seniors de syndicom. Des idées sont

débattues, approfondies, rejetées ou

poursuivies. Avec un effet durable.

En été 2017, Hansruedi Schläppi

commence en effet à donner des

conseils en matière de retraite aux

membres syndicom chez Swisscom.

De là naît un service de consultations

en retraite de syndicom, au départ seulement

pour les membres de Swisscom

en Suisse alémanique. Aujourd’hui,

cinq ans plus tard, la commission spécialisée

syndicom compte dix consultant-e-s

en retraite et conseille les

membres de toutes les régions linguistiques,

branches et employeurs.

Fin 2018, l’expert en communication

Mark Herbst propose au secteur

TIC de faire appel à des personnes retraitées

pour recruter de nouveaux

membres. Lors des premiers ateliers,

nous nous rendons rapidement

compte que le recrutement est difficile,

car les retraité-e-s n’ont plus accès

au lieu de travail. Nous nous tournons

alors vers la fidélisation des

membres. Ainsi, depuis plus de deux

ans, la nouvelle organisation Plus

mène avec succès des entretiens de

« win back », de feed-back et de fidélisation

des membres.

Les entretiens de « win back » ont

permis de récupérer des dizaines de

membres qui voulaient quitter syndicom.

Après 18 mois d’adhésion, nous

menons des entretiens de feed-back

avec les membres afin de savoir s’ils

ou elles se sentent bien chez syndicom.

Les entretiens de fidélisation

sont, eux, conduits par les membres

de l’organisation Plus avec des adhérent-e-s

qui ont plus de 58 ans. Depuis

peu, le comité directeur de syndicom a

décidé d’étendre ces entretiens du

secteur TIC à l’ensemble des membres.

D’autres opportunités de s’engager

s’offrent aux seniors lors d’actions

de distribution de tracts. Aujourd’hui,

Thomas Burger, l’actuel président des

Retraité-e-s de syndicom travaille avec

enthousiasme au développement de

nouvelles formes de participation

pour les membres seniors de syndicom,

par exemple via la création d’un

groupe de travail de politique sociale.

N’hésitez pas à rejoindre le mouvement

à participation@syndicom.ch !

Franz Schori

5G – l’humain et la

technologie

Lorsque de nouvelles technologies

émergent, elles suscitent souvent des

peurs. Il n’en va pas autrement pour la

5 e génération de téléphonie mobile.

Nous réagissons tous différemment à

Daniel Hügli, secrétaire central secteur TIC

l’exposition au rayonnement non ionisant

(RNI) des antennes – même

lorsque le rayonnement est bien inférieur

aux valeurs limites internationales

censées protéger contre les atteintes

à la santé.

Mandaté par l’Office fédéral de

l’environnement, le premier rapport

annuel sur les mesures RNI a été

publié. Les résultats montrent que les

intensités de champ mesurées ont

atteint au maximum 15 % de la valeur

limite dans les zones accessibles au

public. Dans la grande majorité des

cas, elles se situent bien en dessous,

notamment dans les appartements

d’habitation privés.

Une raison pour expliquer la stabilité

des valeurs malgré l’augmentation

du trafic de données pourrait résider

dans les technologies d’émission : la

4G et la 5G sont plus efficaces, car la

puissance d’émission s’adapte aux

besoins du moment. Les antennes 5G

adaptatives émettent en outre un

rayonnement ciblé sur l’appareil

mobile. Notre téléphone portable est

ainsi la principale source d’exposition

aux rayonnements électromagnétiques.

Et plus la densité d’antennes

est grande, moins le téléphone cellulaire

émet de rayonnement.

Grâce à la 5G, il sera possible à

l’avenir de réduire l’empreinte carbone

directement dans l’infrastructure

de réseau, mais aussi indirectement

avec des applications économes

en énergie, comme le montre une

étude de l’Université de Zurich et de

l’Empa. A cet effet, les entreprises de

téléphonie mobile doivent toutefois

investir davantage dans la recherche,

le monitoring et la sensibilisation à la

5G. Cela vaut également pour la Confédération

qui est en même temps appelée

à enfin débloquer le déploiement

de la 5G, en collaboration avec les

communes et les cantons.


22 Politique

Green New Deal pour le

climat, l’avenir et l’emploi

Le climat est-il en train d’être évincé du débat politique,

remplacé par la guerre, la crise énergétique et l’inflation ?

Tous sont étroitement liés, nous rappelle Margot Chauderna,

coprésidente des Jeunes Vert-e-s suisses. Nous l’avons rencontrée

pour parler de deux nouvelles initiatives soutenues par le

PS, les Vert-e-s et les syndicats : la première crée un fonds pour

le climat afin de soutenir la transition énergétique. La seconde

intègre la protection du cadre de vie dans les objectifs constitutionnels.

Texte : Federico Franchini

Image : Keystone-ATS

Madame Chauderna, les promoteurs

de l’initiative souhaitent investir

des milliards de francs chaque

année pour la transition énergétique.

Où trouver l’argent ?

L’initiative prévoit que la Confédération

investisse 0,5 à 1 % de son

Produit intérieur brut (PIB), soit 3,5

à 7 milliards de francs, dans le tournant

écologique. Comme on veut

que ce financement soit pris en

charge par l’Etat mais qu’on veut le

faire de la manière la plus socialement

acceptable possible, on ne

veut pas une nouvelle taxe. Il s’agit

donc de prendre l’argent que la

Confédération a déjà et de l’investir

dans la lutte contre le réchauffement

climatique et la sauvegarde de

la biodiversité. D’autres secteurs

bien plus néfastes bénéficient de

sommes d’argent plus importantes.

Que voulez-vous faire exactement

avec cet argent ?

Nous souhaitons entre autres accélérer

l’assainissement du parc immobilier,

favoriser les programmes

d’économies d’énergie, investir

dans les installations qui produisent

de l’énergie renouvelable et

développer les transports publics.

La double crise du climat et de la

biodiversité s’aggrave de jour en

jour, elle menace notre santé et

celle de la planète. Il faut donc agir

rapidement. Notre initiative a pour

but d’accorder à la protection du climat

et de la biodiversité les fonds

nécessaires pour financer le plus rapidement

possible la transition vers

une société décarbonisée. Les mesures

prises jusqu’ici ne permettront

même pas à la Suisse d’atteindre

son objectif de zéro

émission nette d’ici 2050. Et nous

sommes à des années-lumière de répondre

à l’engagement que la

Confédération a pris en ratifiant

l’Accord de Paris sur le climat : apporter

une contribution juste à l’objectif

de 1,5° C. Nous sommes très

Décarboniser la

société et l’économie

comme

mission publique


« Le but de cette initiative ? Inscrire dans la

Constitution que la protection de notre environnement

doit devenir le cadre de notre économie

et de notre société. Avec cette initiative, nous

voulons faire de la protection de l’environnement

une première priorité. »

23

Margot Chauderna, coprésidente des Jeunes Vert·e·s suisses

en retard et pour atteindre ces buts,

il faut agir rapidement et avec des

moyens financiers conséquents.

Le lancement de l’initiative tombe

dans un contexte de crise énergétique.

Est-ce que c’est le bon moment

? Ou craignez-vous que les

gens pensent plutôt à chauffer leurs

maisons qu’à sauver la planète ?

Ces deux sujets sont étroitement

liés ! Notre consommation d’énergies

fossiles non seulement aggrave

le réchauffement climatique et l’effondrement

de la biodiversité, mais

met en danger la paix, les droits humains

et la démocratie, en encourageant

l’esprit belliqueux et le maintien

au pouvoir de régimes

autoritaires. Ceci a aussi des répercussions

matérielles sur notre vie.

La situation actuelle de crise énergétique

alimentée par l’offensive

militaire de la Russie contre

l’Ukraine le montre très bien. En

voulant décupler le développement

des énergies renouvelables, modérer

notre consommation en énergie

et décarboner, cette initiative renforce

notre autonomie vis-à-vis du

pétrole et du gaz – et donc vis-à-vis

d’Etats autocratiques comme la

Russie. Elle assure ainsi notre approvisionnement.

Je pense donc que

c’est, au contraire, le bon moment :

ce qu’il se passe en Ukraine est un

argument pour la transition énergétique

et pour l’abandon des énergies

fossiles. Les citoyennes et les citoyens

s’intéressent plus que jamais

aux pompes à chaleur ou aux panneaux

solaires. Avec les bons investissements,

nous pouvons limiter

les risques de pénurie pour la prochaine

décennie tout en réduisant

nos émissions de CO 2

.

Ce nouveau fonds pour le climat

aura aussi un impact sur les emplois

en Suisse ?

Oui ! Dans le texte de l’initiative, on

mentionne de concevoir formations

et reconversions pour les emplois de

demain. Il faut former des gens aux

nouveaux métiers dont nous aurons

besoin pour décarboner l’économie.

Nous sommes en

retard sur les

objectifs de

l’Accord de Paris.

L’énergie solaire par exemple est

une priorité et nous manquons de

bras pour la pose de panneaux. C’est

donc clair qu’en investissant dans

ces secteurs, il y a aura des répercussions

positives sur l’emploi. Un impact

positif sera aussi posé par le

fait qu’en favorisant une meilleure

indépendance énergétique, on pourra

rapatrier des milliards de francs

que la Suisse paye chaque année

pour importer des énergies fossiles

depuis des pays problématiques. Au

lieu donc de fourrager des autocraties,

on créera des emplois intéressants

en Suisse. C’est pour ça que

l’Union syndicale suisse est en première

ligne avec les Vert-e-s et le

Parti socialiste.

Un autre aspect important de cette

démarche est le fait de remettre

l’Etat au centre de la lutte contre le

changement climatique. Quel sera

le rôle du service public ?

Grâce à ce fond pour le climat, investir

pour décarboniser la société

et l’économie sera une mission publique.

Alors qu’en Suisse il est

évident qu’une formation, des infrastructures

et une couverture sanitaire

de base sont des missions étatiques

– et font donc partie du

service public – on lésine face au

défi du siècle, la double crise du climat

et de la biodiversité. Cette initiative

reconnaît que lutter contre le

réchauffement du climat et renforcer

la biodiversité est tout aussi essentiel

que la couverture sanitaire

ou la formation pour la prospérité

de notre société. Elle entend en faire

une mission publique, conçue et financée

de manière socialement

équitable, au lieu d’être reportée sur

les individus.

Parallèlement, les jeunes Verts

lancent aussi l’initiative pour la

responsabilité environnementale.

De quoi s’agit-il ?

Le but de cette initiative est d’inscrire

dans la Constitution que la

protection de notre environnement

doit devenir le cadre de notre économie

et de notre société. Avec cette

initiative, nous voulons inscrire la

protection de l’environnement en

tant que première priorité. De ce

fait, la Suisse doit produire et importer

de manière à préserver les

bases nécessaires à la vie (et ainsi

protéger nos moyens de subsistance).

Concrètement, cela signifie

que l’impact environnemental de la

Suisse doit être réduit d’ici dix ans

de manière à respecter les ressources

de la Terre.

Le débat sur le climat semble être

un peu sorti de l’agenda politique.

Est-ce que ces deux initiatives sont

destinées à replacer ce sujet fondamental

au centre des débats avant

les prochaines élections fédérales ?

Oui ! Le climat a été un sujet important

des dernières élections fédérales

et la situation est si grave qu’il

devrait aussi peser sur les prochaines.

La Suisse ressent de plus

en plus l’impact du réchauffement

climatique : en été, canicules, sécheresses

et intempéries se succèdent,

les glaciers fondent : en hiver, la

neige se fait rare. Pourtant, je pense

que le refus de la loi sur le CO 2

a un

peu ralenti la dynamique du Parlement.

Ensuite, la guerre en Ukraine

et la crise énergétique ont relégué

ces questions au second plan. Avec

ces deux initiatives, on devra sensibiliser

les gens aux risques engendrés

par la dépendance aux énergies

fossiles et, bien sûr, remettre l’environnement

au centre de la prochaine

campagne électorale nationale.

Signez maintenant l’initiative

pour un fonds climat !


24 Politique

La Suisse doit faire face à

sa propre responsabilité

La Suisse est à la traîne en matière de responsabilité des entreprises.

Deux ans après la votation sur les multinationales responsables,

la coalition derrière ce projet lance une pétition

d’envergure pour qu’une loi forte et efficace puisse enfin voir le

jour, chez nous aussi. Car, pendant que l’Europe travaille sur

une nouvelle loi sur la responsabilité des multinationales à

l’échelle européenne, le contre-projet à l’initiative entré en vigueur

début 2022 en Suisse ne ressemble qu’à un exercice alibi.

Texte : Robin Moret

Image : Keystone-ATS

Depuis trop longtemps, les multinationales

suisses sont régulièrement

impliquées dans des violations des

droits humains ou des pollutions

environnementales. Alors que les

pays voisins et l’UE sont en train

d’adopter des lois efficaces pour y

remédier, la Suisse pourrait bien devenir

le seul pays sans responsabilité

des multinationales. Dans ce

contexte, la coalition pour des multinationales

responsables a lancé en

août dernier une pétition pour une

loi efficace en exigeant du Conseil

fédéral qu’il tienne ses promesses

émises lors de la campagne de votation.

Il s’agit en premier lieu d’y faire

figurer un devoir de diligence raisonnable

en matière de droits humains

et de protection de l’environnement

basé sur les risques et

conforme aux standards internationaux

(en particulier les Principes directeurs

de l’ONU relatifs aux entreprises

et aux droits humains et les

Principes directeurs de l’OCDE à

l’intention des entreprises multinationales).

Deuxièmement, la loi devra

contenir la création d’une autorité

de surveillance indépendante dotée

Avec la nouvelle loi

européenne, la

Suisse n’a plus

d’excuse.

de compétences étendues, sur le

modèle du projet de directive de

l’UE.

Finalement, il est également

nécessaire qu’elle intègre une responsabilité

civile adaptée au droit

suisse pour les dommages relevant

des droits humains ou de l’environnement

qui auraient pu être évités

par une diligence appropriée.

Inspirée par l’Allemagne, la

Norvège et la France qui disposent

d’une loi effficace en la matière, la

Commission européenne a présenté

un projet de directive en début d’année,

qui va en partie plus loin que

l’initiative pour des multinationales

responsables qui a été soumise en

votation en Suisse fin 2020 : la responsabilité

civile s’étend aux fournisseurs

et une autorité de surveillance

pourra infliger de lourdes

amendes en cas d’infraction. De

plus, les multinationales devront

montrer qu’elles respectent les

objectifs de l’Accord de Paris sur le

climat.

Prise de conscience en Suisse

Pour rappel, la votation de novembre

2020 avait vu l’initiative populaire

« Pour des entreprises responsables

» rejetée à une majorité

des cantons, alors que 50,7 % des

votant-e-s avaient dit « oui ». La

double majorité était nécessaire.

Aujourd’hui, selon un récent sondage

publié par l’institut Demoscope,

plus d’un tiers de celles et

ceux qui ont voté non il y a deux ans

ont changé d’avis au vu des développements

européens.

La coalition compte bien profiter

de cet élan pour envoyer un message

clair au Conseil fédéral et au

Parlement, et aller au-delà du

contre-projet alibi. Elle s’est fixé

l’objectif de récolter 100 000 signatures

en 100 jours, à savoir jusqu’au

27 novembre.

Pour signer la pétition

sans plus attendre


Droit au but !

25

Cher service juridique,

Depuis quelques mois, les prix des carburants,

de l’électricité, du gaz et de certaines

denrées alimentaires augmentent. Et comme

chaque année, il faut à nouveau s’attendre à

une hausse des primes des caisses maladie.

Or, depuis 2020, nous n’avons obtenu ni compensation

du renchérissement ni augmentation

réelle des salaires dans l’entreprise. Cela

est principalement dû aux mesures COVID-19

et au chômage partiel qui en a résulté pendant

plusieurs mois. Je crains donc que l’employeur

invoque la crise ambiante pour ne

même pas accorder une compensation du

renchérissement. Quelles sont mes possibilités

pour imposer une augmentation de salaire

? Je travaille dans l’industrie graphique,

qui est régie par le contrat collectif de travail.

Que prévoit le contrat collectif de travail de

l’industrie graphique ?

Il n’y a pas de représentation du personnel

dans notre entreprise. Jusqu’à présent,

l’employeur ne s’est pas non plus exprimé sur

le sujet. Ces dernières années, nous avons

simplement reçu à la fin de l’année une

information interne concernant les salaires.

Que puis-je faire pour thématiser et exiger

une augmentation de salaire ?

La réponse du service juridique :

L’employeur paie au travailleur le salaire convenu,

usuel ou fixé par un contrat type de travail ou par une

convention collective (art. 322 al. 1 CO). Le salaire peut

être négocié librement entre l’employeur et l’employé-e,

mais il ne doit pas enfreindre les dispositions

de la loi, d’une convention collective de travail ou d’un

contrat type de travail. L’employeur n’est donc pas

tenu par la loi d’adapter annuellement ou régulièrement

le salaire au renchérissement ou d’accorder une

augmentation du salaire réel. Dans une convention

collective de travail, il est possible de convenir de meilleures

dispositions en faveur des travailleuses et travailleurs.

Par exemple, une convention collective de

travail peut stipuler d’accorder la compensation annuelle

du renchérissement ou des salaires minimaux.

Le contrat collectif de travail de l’industrie graphique

stipule, d’une part, des salaires minimaux à respecter

et, d’autre part, l’obligation de négocier une fois par

an avec la représentation du personnel compétente les

modifications générales de salaire. Si une entreprise

ne dispose pas de représentation du personnel, alors

la négociation salariale doit être menée directement

avec le personnel. Il n’existe toutefois aucune obligation

d’accorder une hausse salariale chaque année ou

de façon régulière.

Ensemble, on obtient toujours plus. Tu n’es pas la

seule personne à être concernée par ce sujet, tes collègues

le sont aussi. Rédigez ensemble une lettre à l’intention

de l’employeur et formulez-y la revendication

salariale. Soumettez cette revendication salariale à la

direction en lui demandant d’organiser une réunion

d’entreprise afin de discuter et de négocier ce sujet. Tu

peux aussi demander une augmentation salariale sur

une base individuelle. A cet effet, il suffit que tu

prennes contact avec ton ou ta responsable hiérarchique

direct-e et lui demandes un entretien. Mais une

démarche collective est toujours préférable, car l’employeur

voit qu’il ne s’agit pas d’un besoin individuel,

mais d’une demande émanant de la plupart des travailleuses

et travailleurs. Si vous avez des questions ou

souhaitez un soutien, syndicom vous conseille et vous

assiste volontiers dans la procédure collective et individuelle.

Toutes les rubriques

Droit au but !


26 Loisirs

Suggestions

© Louie Media

Formation continue à la carte

En tant que membre syndicom, vous

bénéficiez chaque année d’un cours

gratuit au sein de l’institut de formation

des syndicats Movendo. Les

frais de voyage en train, les repas et

éventuellement l’hébergement sont

pris en charge. Vous n’en avez pas

encore bénéficié ? Voici trois cours

qui pourraient vous intéresser :

Ma relation au changement –

Le gérer et y faire face

27-28 octobre 2022 à Morges

Notre vie est faite de changements.

Au niveau professionnel ou privé, ils

peuvent être facteurs de stress et

déstabilisants. Cette formation vous

permet de comprendre les enjeux

liés aux changements et de pouvoir y

faire face grâce à des outils pratiques.

Rester en santé malgré des horaires

de travail irréguliers

31 octobre 2022 à Morges

Les horaires de travail irréguliers

peuvent avoir des répercussions

négatives sur notre santé. Pour en

limiter les effets, les entreprises

doivent respecter les fondements légaux

en la matière. Mais travailleurs

et travailleuses peuvent aussi se protéger

par des comportements appropriés.

Parler en public : le débat

7 novembre 2022 à Lausanne

Vous souhaitez participer activement

à un débat et convaincre votre

auditoire. Cette journée attirera

votre attention sur la manière de

promouvoir votre point de vue,

l’importance de vous adapter à votre

public et d’intervenir à bon escient.

N’hésitez pas à vous inscrire sans

plus attendre !

Movendo

Travail en cours

Depuis plus de deux ans, le podcast

« Travail en cours » explore les bouleversements

du travail et sa place

dans nos vies. Diffusés chaque jeudi,

les épisodes décortiquent les

thématiques actuelles autour du

monde du travail, des bullshit jobs

aux reconversions professionnelles

ou aux questions de santé au travail.

La rédaction de syndicom vous propose

une sélection d’épisodes à

écouter en toute liberté (et gratuitement)

sur les plateformes audio habituelles.

Les managers doivent-ils s’ouvrir

aux émotions de leurs équipes ?

Voyez la scène : votre chef-fe, en réunion,

vous accoste en vous disant :

« Ah d’ailleurs, il faudra avancer le

rendu du dossier mardi au lieu de

vendredi, il y a eu du changement. »

Ça propulse vos neurones à toute

vitesse et intérieurement, vous criez

vraiment très fort. Mais en apparence,

vous restez impassible, et

vous hochez la tête. Que faire de ce

grand cri intérieur ? L’exprimer sans

filtre, ou le réprimer totalement ?

Comment trouver le métier fait

pour vous ?

Depuis la crise sanitaire, les bilans

de compétences explosent : leur

nombre a augmenté considérablement

ces dernières années. Alors

est-ce que c’est une solution miracle

pour réussir à s’orienter professionnellement,

et enfin trouver sa voie ?

Comment réussir à déconnecter

pendant vos vacances ?

Tout est dans le titre !

Scannez le code QR ci-dessous pour

retrouver ces épisodes et découvrir

ce podcast.

Robin Moret

Les souris du Palais fédéral

© OSL

Le professeur d’histoire de Melissa

a préparé ses élèves à visiter le Palais

fédéral. Il leur a expliqué les

procédures qui s’y déroulent et la

manière dont les citoyen-ne-s

peuvent prendre part à la vie politique.

Le grand jour est enfin arrivé !

Melissa, qui emmène partout sa

souris Lune, la cache dans la poche

de sa veste. Mais Lune s’échappe

justement au Palais fédéral ! Melissa

part à sa recherche. Ce faisant, elle

découvre un monde qu’elle ne

connaissait pas et s’immerge dans

la politique suisse.

A travers ce récit d’aventures

richement illustré de Valentine Zubler,

les jeunes lectrices et lecteurs

apprendront comment fonctionne

un système politique unique en son

genre, celui de la Suisse. L’occasion

d’acquérir des notions telles que

parlementaires de milice et d’en savoir

plus sur la rémunération des

membres du conseil. Totalement en

phase avec l’actualité, l’ouvrage

aborde également des questions

telles que la représentation appropriée

des femmes en politique. La

postface a été rédigée par Philippe

Schwab, secrétaire général de l’Assemblée

fédérale, et Christoph

Stutz, responsable de l’éducation

politique au Parlement suisse.

Œuvre Suisse

des Lectures

pour la Jeunesse

Tous les cours Movendo sont disponibles

sur movendo.ch/fr/ereignis

« Travail en cours » diffusé

chaque jeudi sur toutes les

plateformes audio

Pour vous procurer

le livre


1000 mots

Ruedi Widmer

27


28 Evènements Manifestations contre AVS21 \ La déception et la colère des femmes après le

résultat de la votation \ Championnat suisse de coursiers et coursières à vélo \

Journée des indépendant-e-s

1

2

4

3

6

5


1-2. La déception et la colère des femmes au lendemain du résultat de la votation AVS21 (© syndicom / Patrizia Mordini)

3-5. Un extrait des dizaines de manifestations contre l’AVS21 sur différents lieux de travail dans toute la Suisse (© syndicom)

6. Azra Ganic, secrétaire régionale ICT de la région de Zurich, visite des entreprises du secteur Fulfillment. (© syndicom)

7. Les gagnants du concours syndicom au Championnat suisse des coursiers-ères à vélo du 23 au 25 septembre (© syndicom / Peter Spichtig)

8. Klara Obermüller, la « grande dame » du journalisme suisse, lors de la Journée des indépendant-e-s le 10 septembre à Zurich (© syndicom)

9. Peter Spichtig, responsable de la région Nord-Ouest et Suisse centrale, au Championnat suisse des coursiers-ères à vélo (© syndicom)

10. Le groupe d’intérêt migration à Zurich lors de la course contre le racisme le 18 septembre (© Idris Djelid)

7

8

9

10

Annonce

Passez maintenant à la KPT et profitez

En tant que membre de syndicom,

vous et les membres de votre

famille bénéficiez de nombreux

avantages auprès de la caissemaladie

KPT:

Rabais collectif: Vous bénéficiez

d’un rabais de 10 % sur les assurances

complémentaires des soins

et de 5 % sur les assurances hospitalières.

Encore plus d’économies:

La KPT vous accorde un rabais de

fidélité de 6,7 % en cas de conclusion

d’une assurance des soins ou

d’une assurance des frais d’hospitalisation

pour une durée de trois

ans.

Jusqu’à 600 francs d’ActivePlus:

Avec les assurances complémentaires

hospitalisation et soins

Comfort, vous bénéficiez chaque

année d’un montant allant jusqu’à

600 francs pour un comportement

sain et préventif. La KPT paie des

participations à votre abonnement

fitness, vos conseils nutritionnels

et bien d’autres encore.

Avons-nous éveillé votre

intérêt? N’hésitez pas à nous

contacter pour des conseils

personnels (kollektiv@kpt.ch /

058 310 91 11) ou établissez

directement votre offre sur

kpt.ch/syndicom.


30

Tranches

de vie

« Je m’investis toujours un peu plus.

Et je cherche des sujets intéressants. »

Fatima Lee est née en 1960. Elle a étudié

le droit au Maroc et vit en Suisse

depuis 36 ans. Mariée à un Zurichois,

elle a deux enfants adultes et travaille

dans la branche télécom. Membre du

PS et affiliée depuis 2010 à syndicom,

elle préside le GI Migration du canton

de Zurich. Depuis 2017, elle copréside

également la commission des migrations

(avec Augustin Makumba).

Fatima se ressource lors d’excursions

avec son mari. Et une fois par année,

elle tire la prise – pendant les

vacances sans télévision ni téléphone,

« là, je peux décrocher. »

« Donner et recevoir », telle est

la devise de Fatima en ce qui concerne

son engagement syndical.

Texte : Suleika Baumgartner

Image : Patrick Gutenberg

Le GI Migration est là

pour toutes et tous

Le groupe d’intérêt (GI) Migration de

syndicom ne s’occupe pas que des

préoccupations des personnes issues

de l’immigration, ni ne se focalise

uniquement sur les questions du travail.

« Nous voulons influencer les développements

de la société dans son

ensemble », déclare la coprésidente

Fatima Lee. A 7 ans déjà, Fatima participe

avec son père et son frère à sa

première manifestation. C’était le

1 er mai 1967. Le travail syndical fait

partie de son ADN. Plus tard, en

Suisse, la juriste devient d’abord

membre du Parti socialiste (PS).

Lorsqu’elle a voulu motiver une collègue

à s’impliquer au PS, cette dernière

a laissé entendre que syndicom

défendait ses intérêts en

matière de questions sociétales tout

aussi bien, voire mieux que le PS. Et,

ainsi, Fatima Lee a adhéré au syndicat

fin 2010. Les thèmes qui lui

tiennent à cœur sont les droits des

femmes, l’élimination de la discrimination

envers les étrangers-ères,

l’amélioration de la situation des migrant-e-s

dans le monde du travail.

Le GI intervient aussi lors de débats

sur les votations : il a combattu l’interdiction

de la burqa et le renforcement

de la loi sur les mesures policières

de lutte contre le terrorisme

(loi antiterroriste). Sur ce dernier

sujet, le GI a organisé un podium

public avec la participation d’intervenant-e-s

externes. « Pendant les deux

dernières années COVID, notre GI

s’est montré très actif », souligne Fatima.

« Surtout l’augmentation de la

pauvreté nous a occupés. » La syndicaliste

pense que l’engagement politique

de syndicom a permis de gagner

de nouveaux membres pendant

la pandémie. Au niveau cantonal, il

n’existe plus qu’à Zurich un GI, présidé

par Fatima Lee. « En 2016, le GI

Migration regroupait uniquement

deux personnes actives, moi-même

et mon secrétaire », se rappelle-t-elle.

Entre-temps, nous sommes douze, et

il arrive que d’autres personnes

viennent se joindre à nous et

amènent leurs idées : « Si une personne

travaille dans le canton de

Zurich sans y habiter, elle peut aussi

s’impliquer. » Le GI Migration de

Zurich grandit donc. Mais quel est le

secret de Fatima ? Fatima, une

femme filiforme à l’air énergique et

concentré, réfléchit. « Je m’investis

toujours un peu plus. Et je cherche

des sujets qui intéressent les gens. »

Les membres savent en outre qu’elle

est toujours joignable – elle utilise

tous les canaux, aussi les réseaux sociaux.

Son bagage juridique lui permet

d’apporter son aide sur des

questions concrètes. « Il ne suffit pas

d’indiquer les services officiels de

conseil aux heures de bureau du syndicat

», dit-elle. Elle a de toute évidence

réussi à construire une relation

personnelle avec les membres :

« Nous sommes comme une famille. »

Pendant la pandémie, les rencontres

en ligne sont devenues importantes :

« Beaucoup de personnes se sentaient

très seules. Nous étions là

pour elles. Cela a renforcé notre

groupe. »

Toutes les infos

sur le GI Migration


Impressum

Rédaction : Robin Moret et Giovanni Valerio

(coresponsables), Rieke Krüger et Lydia Schebesta

Courriel : redaction@syndicom.ch

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser et

Gabriele Alleva

Dessins de portrait : Katja Leudolph

Layout, correction, impression : Stämpfli Kommunikation

Changements d’adresse : syndicom, gestion

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17

Annonces : priska.zuercher@syndicom.ch

Commande d’abonnements : info@syndicom.ch

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation

de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),

Fr. 50.– (étranger)

Editeur : syndicom – syndicat des médias

et de la communication, Monbijoustr. 33,

case postale, 3001 Berne

Le magazine syndicom paraît six fois par année.

Le numéro 32 paraîtra le 9 décembre 2022.

31

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

I

5 1

II

8

III

7

IV

V

2

VI

VII

9 6

VIII

4

IX

X

Mot mystère :

DÉFINITIONS

3

1 2 3 4 5 6 7 8 9

Horizontalement : I. Rafraîchissement. II.

Tube princier. Haute portée. III. Sans illusion.

Potentiellement. IV. Deux sesterces. Basique.

Foudre. V. Tas d'états. Lésé. Râperas. VI.

Ballon d'or 2021. Encore et encore ! Soulagé.

VII. Possessif. Tartuffe ne saurait le voir. Petit

enseignement religieux. Rapproche du titre.

VIII. De l'Engadine au Danube. Mariée ou pas,

à Londres. Cousine de son enfant. Lui. IX.

Soustraira. Ranger. X. Mauvais. En usage.

Verticalement : 1. Argument de riche. 2.

Décodée. Pénible. 3. Cheminerai. Voilier. 4.

Grandes marées. Big boss égyptien. 5. Fait.

Théologiens. 6. Plateaux nord-africains. 7.

Dieu solaire. Cycle. Interpellation. 8.

Éméchés. Exclut. 9. Tombeur de dames. Mais

encore. Capitale du coltan. 10. Les phrases ou

les bêtes peuvent l'être. 11. Sorte d'adresse.

Âge. Tableau célèbre. 12. Plafonds de la

République. Irrigue même le désert. 13.

Candides. Genré. 14. Cilice. 15. Tout se joue

sans les bras.

Mots croisés

Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra

dans le prochain magazine, recevra une

pièce en argent de notre partenaire la

banque Cler. Prière d’envoyer votre

solution (le mot mystère seulement)

jusqu’au 4 novembre par e-mail à

admin@syndicom.ch ou par courrier à

Rédaction syndicom, Monbijoustrasse

33, case postale, 3001 Berne.

Une seule participation possible par

membre.

Le gagnant du dernier mots croisés

La solution du mots croisés du

dernier numéro était « PRÉVENTION ».

Le gagnant est Madame Claudine

Galliker -Blanc à Missy. Elle recevra

un bon de notre partenaire REKA.

Chaleureuses félicitations !

Annonce

Offre spéciale

Demandez votre carte AgipPLUS

RABAIS : - 4,5 cts/litre d’essence SP et Diesel

Taxe annuelle CHF 10.- offerte

Frais mensuels de facturation CHF 2.50 offerts

Commandez votre demande de carte à notre secrétariat

+41 (0)58 817 18 18 - @syndicom.ch


32 Interactifs

syndicom social

Les énergies renouvelables créent des postes de

travail 8.9.2022

Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie

(AIE), près de 40 millions de personnes dans le monde

exécutent des tâches liées aux énergies propres.

Cette part représente 56 % de l’emploi dans ce secteur.

Cela signifie que les postes de travail dans les énergies

renouvelables sont pour la première fois plus nombreux

que ceux liés au transport, à la production et à la

consommation de combustibles fossiles.

Hausse des primes maladie 26.9.2022

Comme les nouvelles primes ont été

annoncées le 27 septembre, voici un

petit rappel pour trouver les mots justes : tout

comme les loyers, les primes maladie n’« augmentent

» pas. Elles sont augmentées. L’augmentation

du coût de la vie n’est pas une loi naturelle.

@WidlaNatalia

Grève chez Amazon en Allemagne 14.9.2022

Le personnel d’Amazon à Winsen a fait grève pour obtenir

de meilleurs salaires et conditions de travail.

Amazon s’oppose depuis longtemps aux revendications

du syndicat ver.di visant à négocier une CCT.

Soutien au personnel d’Apple 25.8.2022

Les employé-e-s d’Apple en Australie et partout

dans le monde disposent du plein soutien du mouvement

syndical mondial pour se défendre contre

les stratégies de mauvaise foi. @Mathias_UNI

La technologie contre la violence 20.8.2022

La spin-off d’allianceF, Tech against Violence, a lancé

#withyou contre #relationstoxiques & #violencedomestique

! Grâce à #withyou, tu découvriras les différentes

formes de violence et sauras où trouver de l’aide.

Consulte le site et parles-en autour de toi : with-you.ch

Lutter contre les violences en ligne 1.9.2022

La violence en ligne constitue une menace permanente

pour les journalistes et entraîne de

graves conséquences sur la liberté de la presse,

comme l’autocensure. Ces violences concernent

en particulier les femmes. C’est pourquoi l’International

Women’s Media Foundation a publié un

guide contre les violences en ligne.

Retraite du comité de la branche Presse 21.9.2022

Je suis nouvelle dans le groupe, mais je vais tout de

suite faire un shout out pour ce syndicat solide qui

fait un travail précieux pour nous les journalistes.

Allez @syndicom_fr et merci pour l’invitation

@dan_faulhaber.

UNI Global et H&M au Pérou – accord historique 8.9.2022

Un syndicat péruvien, membre d’UNI Global, a signé une

convention collective avec H&M, le géant de l’habillement.

C’est la première du genre au Pérou.

Trop, c’est trop 15.6.2022

Le rapport annuel de l’Institut Reuters

d’Oxford sur la consommation de l’information

en ligne dans le monde montre

que 38 % de la population l’évite délibérément, tandis

que 43 % se plaignent d’être submergés d’informations

au point d’en être saturés. Sans un filtre pour les

sélectionner, en avoir trop revient à ne rien assimiler.

Airbnb à Lucerne, ça suffit ! 19.8.2022

En ville, les prestataires professionnels

d’Airbnb continuent à transformer allégrement

les logements. Nous avons déposé

l’initiative « Wohnraum schützen – Airbnb regulieren

» visant à protéger le logement en régulant

Airbnb. L’exécutif de la ville de Lucerne a fait une

contre-proposition qui sacrifierait des centaines de

logements supplémentaires à Airbnb. C’est exclu.

Nous devons tous nous impliquer pour l’empêcher.

Désillusion après AVS21 25.9.2022

« Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les

femmes et hommes de Suisse alémanique

votent en faveur de pareilles inepties #avs

#avs21 #avs21non #65cesttoujoursnon @avs21non. »

Suivez-nous sur les

réseaux sociaux !

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!