syndicom magazine No.31
Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!
Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!
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syndicom
N o 31 septembre-octobre 2022
magazine
Parlons
argent
sans plus
attendre
Annonce
Nous exigeons: des augmentations de
salaire pour tous, afin qu’il reste quelque
chose dans le porte-monnaie malgré
l’inflation et le choc des primes
des caisses maladie!
Sommaire
4 Une fine équipe
5 Brèves
6 Du côté des employeurs
7 L’invité
8 L’inflation décortiquée
16 Au cœur de nos métiers
22 Fonds climat
24 Multinationales
responsables
25 Droit au but
27 1000 mots
28 Evènements
30 Tranches de vie
31 Mots croisés
32 syndicom social
Chères lectrices, chers lecteurs,
De nombreuses personnes salariées en Suisse n’ont
plus obtenu d’augmentation salariale depuis belle
lurette. Il s’agit surtout de collaborateurs-trices
ayant une longue ancienneté, mais aussi de personnel
sans fonction de cadre. A quoi s’ajoute
aujourd’hui une inflation. Les prix et primes maladie
grimpent. Si les salaires ne sont pas enfin relevés,
il restera dès lors moins d’argent pour vivre.
D’ailleurs, l’argent est là pour des hausses de salaire.
L’économie suisse s’est remise de la crise du
coronavirus avec une rapidité impressionnante.
Les entreprises ont enregistré un très bon premier
semestre. Elles ont à nouveau bien pu remplir les
caisses. La conjoncture actuelle est elle aussi positive.
Selon un sondage réalisé par l’EPF à Zurich, la
plupart des entreprises indiquent être dans une
bonne situation commerciale. Et jamais autant de
main-d’œuvre n’a été recherchée depuis bien longtemps.
Les fédérations de l’USS revendiquent donc des
hausses de salaire de 4 à 5 %. Les augmentations
de salaire doivent si possible passer par des mesures
salariales générales. Sans augmentation
générale des salaires, un grand nombre de travailleurs-euses
ne seront pas suffisamment récompensé-e-s
financièrement. La revendication salariale
de l’USS s’articule en trois volets. D’abord, il
faut une compensation du renchérissement de 3 à
3,5 %, selon qu’on se réfère au renchérissement
annuel ou mensuel. Ensuite, les salaires réels
doivent progresser d’environ 1 % par an, sur la base
des gains de productivité. Enfin, un besoin de rattrapage
s’impose. Car l’évolution salariale des dernières
années est restée insuffisante pour beaucoup
de personnes à revenus ordinaires et faibles.
4
8
24
Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS
4
Une fine équipe
« Une CCT de force obligatoire est presque
une loi fédérale »
Simone Biland. Titulaire d’un diplôme
fédéral dans le secteur de l’hôtellerie-restauration,
elle y occupera différents
postes avant de rejoindre une
caisse de chômage puis le domaine
administratif et logistique. Elle travaille
depuis deux ans chez syndicom à
l’organe d’exécution CCT.
Sara Gerussi. Après un CFC d’employée
de commerce, elle a travaillé plusieurs
années chez Unia et sept ans pour la
caisse de chômage de syndicom.
Depuis 2019, elle est secrétaire spécialisée
à l’organe d’exécution CCT.
Pascal Kaegi. Avec une formation d’historien,
il a rejoint un syndicat en 2010,
où il a travaillé au recrutement des
membres et siégé dans des commissions
paritaires. Depuis 2017, il est
responsable du service d’exécution CCT
chez syndicom.
Daniel Mathys. Economiste NPO et
spécialiste des ressources humaines, il
a travaillé dès 2003 comme secrétaire
syndical, puis dans l’industrie pharmaceutique
et la construction. Depuis
2021, il fait partie de l’organe d’exécution
CCT syndicom où il développe le
domaine du contrôle des travailleurs et
travailleuses détaché-e-s.
Texte : Pascal Kaegi
Photo : Sandro Mahler
«Nous voulons dissuader
les récidivistes »
« Nous existons depuis 2017. Depuis
cette date, nous sommes le département
de syndicom qui connaît la
croissance la plus rapide. L’actuel
responsable de l’organe d’exécution
CCT a débuté à plein temps, sans
effectif en personnel. Aujourd’hui,
il nous faut déjà un équivalent de
quatre postes à plein temps.
La raison pour laquelle nous existons
est simple : la loi. Avec l’extension
en 2018 des deux conventions
collectives de travail pour la branche
infrastructure de réseau et la branche
des centres de contact et d’appel, le
travail de contrôle des deux CCT a
dû être largement élargi et professionnalisé
chez syndicom, comme
l’exige la loi.
Contrairement aux CCT d’entreprise
ou de branche, les CCT étendues
doivent – après leur entrée en
vigueur – être appliquées par toutes
les entreprises d’un secteur de façon
similaire à une loi fédérale. L’application
et le contrôle des dispositions
sont exigés en conséquence par la
Confédération.
Notre travail consiste avant tout à
contrôler si les entreprises assujetties
à l’une des CCT susmentionnées
respectent bien les conventions collectives
négociées. Sur la base des
informations disponibles, nous déterminons
la conformité ou
non-conformité des conventions et
élaborons des propositions visant à la
prise de décisions pour le contrôle.
Nous soumettons ces propositions à
la commission paritaire. C’est-à-dire
à l’organe composé de délégué-e-s de
syndicom et des associations patronales,
pour le compte duquel nous
effectuons tout le travail de contrôle.
Si des dérogations sont constatées,
la commission paritaire sanctionne
l’entreprise par une amende
conventionnelle – fixée proportionnellement
à la violation des conventions
–, qui est censée la dissuader de
récidiver dans le futur.
A l’heure actuelle, nous nous répartissons
nos tâches comme suit :
Sara et Simone sont – en collaboration
avec leur chef, Pascal – chacune
responsable d’une des deux conventions
collectives. Autrement dit, elles
établissent la plupart des rapports de
contrôle. Daniel s’occupe du contrôle
des prestataires étrangers dans les
deux branches. »
Brèves
Leak-Checker gratuit \ La Poste cherche des informaticien-ne-s au
Portugal \ Qui peut s’appeler « TX Group » ? \ Conseils de négociation pour
les journalistes \ Le CF veut porter atteinte à la protection des sources \
Uber Eats est un service postal \
5
Mes données ont-elles déjà
été hackées ou vendues ?
L’Institut Hasso Plattner, qui fait partie
de l’Université de Potsdam, a développé
un outil pour offrir plus de transparence
aux internautes : le service « HPI Identity
Leak Checker » vérifie si votre
adresse de courriel a été publiée en
ligne avec des données personnelles
telles que votre numéro de téléphone,
votre adresse ou votre date de naissance,
et si elle a fait l’objet de fuites de
données. La réponse est immédiatement
envoyée à l’adresse e-mail vérifiée.
Rendez-vous sur sec.hpi.de/ilc
pour tester la vôtre.
La Poste Suisse à Lisbonne
La Poste ne trouve plus suffisamment
de développeurs-euses informatiques
en Suisse et va donc ouvrir une filiale
au Portugal. syndicom exige la garantie
des droits syndicaux aussi à l’étranger.
En même temps, la place industrielle
suisse affaiblie a besoin de plus d’investissements
et de mesures en politique
de formation pour les professions MINT.
Car des filiales à l’étranger ne doivent
pas devenir la norme – précisément
dans le service public.
« TX » : David contre Goliath
Le 20 décembre 2019, le groupe de médias
Tamedia a fait enregistrer le nom TX
Group auprès de l’office du registre du
commerce de Zurich et porte depuis lors
ce nom. Mais un jour plus tôt, un fabricant
de panneaux solaires de Rapperswil
avait enregistré le même nom à
Saint-Gall. En 2021, cette entreprise a
fait valoir que le nom TX Group leur
revenait exclusivement. L’affaire est
maintenant portée devant le Tribunal
administratif fédéral. Il décidera qui
peut garder le nom. L’entreprise de
construction ou le groupe de médias.
Guide de négociation salariale
Les jeunes journalistes ont du mal à
discuter d’une augmentation de salaire,
d’un salaire d’embauche ou de
tarifs d’indépendant-e. Entre collègues,
c’est gênant de le faire, et très
désagréable de le demander à l’employeur
ou au client. Le petit guide de
conseils pour les négociations salariales
de syndicom et de l’association
Jeunes Journalistes Suisses apporte
une aide pratique. Celui-ci est disponible
dès à présent pour les membres
de la branche sur my.syndicom.ch.
Pas de journalisme sans
protection des sources !
Toute personne qui fournit à un journaliste
des informations confidentielles
auxquelles elle ne peut être associée
sans s’exposer à des préjudices est
une source. La protection des sources
est la garantie de la confidentialité par
l’organe de presse, analogue au secret
médical, et l’un des principes fondamentaux
du journalisme. Aucun service
de renseignement ne peut affaiblir la
protection des sources, placer les
journalistes sous surveillance, ni les
mettre sur écoute – comme le Conseil
fédéral le propose avec un projet de
révision de la loi sur les services de
renseignement. syndicom luttera pour
la liberté de la presse.
PostCom : Uber Eats est bel et
bien un service postal
La PostCom persiste et signe : un carton
à pizza est aussi un colis, et sa
distribution relève d’un service de livraison
postale qui tombe sous l’obligation
d’annonce de la loi sur la poste.
Uber, qui s’y était opposé, a fait recours
contre la décision de la PostCom
devant le Tribunal administratif fédéral.
Celui-ci a renvoyé l’affaire à la
PostCom, et cette dernière maintient
son jugement. Uber va-t-il déposer un
nouveau recours ? C’est en tout cas
juridiquement possible.
Agenda
Novembre
5.11
Conférence secteur Médias
Face à la situation préoccupante de
ses branches, le secteur Médias se réunit
une deuxième fois en cette année
2022 à Bienne. L’objectif étant de discuter
et décider des structures dont le
secteur a besoin pour mieux organiser
son travail et le rapport avec ses
membres. Inscriptions jusqu’au
23 octobre sur syndicom.ch/3ztyb
5-6.11
25 ans du Musée de la main
Le Musée de la main UNIL-CHUV célèbre
son 25e anniversaire lors de deux
journées festives. Au programme, des
rencontres et des expériences autour
de l’intelligence artificielle. Les mains
dans la cambouis numérique et les
méninges au défi. Informations utiles
sur museedelamain.ch
19.11
Faire face aux clichés genrés
Les femmes font face à de nombreux
défis dans la vie quotidienne, mais
aussi en politique. Les Vert-e-s s’engagent
pour supprimer ces obstacles
et vous propose un échange avec des
parlementaires au sujet de leurs expériences
en matière de discrimination,
de la manière dont elles l’ont gérée et
de ce qu’elles ont appris durant leur
mandat au Parlement. Toutes les infos
sur verts.ch/reseaureunion-nov22
Dès le 25.11
Journées contre les violences
à l’égard des femmes
La campagne des 16 Jours d’activisme
contre la violence basée sur le genre
est un événement international qui débute
le 25 novembre, date de la Journée
internationale pour l’élimination
de la violence à l’égard des femmes, et
se poursuit jusqu’au 10 décembre,
date de la Journée des droits humains.
Plusieurs événements sont organisés
en Suisse. Infos sur 16tage.ch
syndicom.ch/agenda
6 Du côté des
IMS, la filiale de La Poste dans le secteur immobilier, a conclu
employeurs
une nouvelle CCT qui entrera en vigueur en 2023. Nous en
avons parlé avec Anja Piller, partenaire commerciale RH et
membre de la direction d’IMS, et René Heiz, responsable
compensation et assurances sociales de La Poste.
1
La nouvelle CCT IMS a été négociée
pendant plusieurs mois. Comment
évaluez-vous les résultats ?
Nous sommes très satisfaits. La CCT
actuelle est déjà une convention progressiste
avec de très bonnes conditions.
Mais IMS souhaitait que la
nouvelle CCT renforce encore notre
attractivité en tant qu’employeur
moderne et génère une plus-value
pour nos collaborateurs-rices. Grâce
à l’excellent partenariat social entre
IMS et syndicom, une CCT attrayante
a pu être élaborée pour l’avenir.
2
Pensez-vous que ces négociations ont
pris en compte l’avis et les attentes
du personnel ?
Nous pensons y être parvenus. Nous
avons appris des conseillers-ères RH
et des représentant-e-s de la hiérarchie
quelles sont les principales
préoccupations des collaboratrices et
collaborateurs et où il est nécessaire
d’intervenir dans la CCT actuelle.
Au sein de la délégation, nous disposions
aussi de personnes de tous les
domaines de la direction qui sont très
proches du personnel et de ses besoins
3
Quelles sont les principales améliorations
de la nouvelle CCT ?
L’égalité et la conciliation de la vie
professionnelle et privée sont au premier
plan. Ainsi, la CCT comporte
des prestations très attractives pour
les futurs pères et futures mères,
mais aussi un droit à la déconnexion.
Nous avons aussi élargi l’article sur
l’égalité de traitement et ancré l’égalité
salariale dans la CCT. Et la fidélité
du personnel de longue date avec
au moins 20 ans de service sera désormais
récompensée par deux semaines
de vacances ou 3000 francs.
4
Le plan social exigé par syndicom a
été vivement discuté. Qu’est-ce qui a
finalement poussé IMS à entrer en
matière ?
Nous avons compris la revendication.
Pour nous aussi, il était et est du reste
toujours important d’accompagner et
de soutenir le mieux possible nos collaboratrices
et collaborateurs en cas
de perte d’emploi et de trouver des
solutions acceptables. Nous venons
de compléter l’ancien accord social
par des mesures de soutien et
sommes donc également convaincus
d’avoir réalisé un progrès significatif
pour notre personnel.
5
Quels sont les principaux défis et
travaux prévus pour le partenariat
social dans les mois à venir ?
Tout d’abord, il s’agit d’appliquer la
nouvelle CCT et de garantir son exécution.
Cela ne peut s’opérer qu’en
collaboration et sur la base d’un partenariat
social fort. Les prochaines
négociations salariales approchent.
Par ailleurs, notre objectif déclaré est
de discuter des questions d’actualité
dans le cadre des instances ordinaires
comme les commissions spécialisées,
mais aussi, si nécessaire,
lors de réunions supplémentaires et
de rester ainsi dans l’échange.
6
Le renchérissement touche de plein
fouet le pouvoir d’achat de vos
employé-e-s. Quelles solutions la
nouvelle CCT offre-t-elle dans ce
contexte ?
Nous avons inscrit dans la CCT un cycle
annuel de négociations salariales.
Nous sommes convaincus que, grâce
à cela et sur la base d’un bon partenariat
social, nous trouverons ainsi des
solutions raisonnables et économiquement
acceptables pour nos collaboratrices
et collaborateurs, même
dans les périodes difficiles.
Questions : Robin Moret
Photo : Sam Buchli
L’invité
Nous savons depuis 1995, date de
la découverte de 51 Pegasi b, ce que la sciencefiction
imaginait depuis très longtemps : il y a
là-haut des milliards de planètes qui tournent
autour d’autres étoiles. Que se passerait-il si une
forme de technologie, qui reste encore à
inventer, nous permettait de nous y rendre ?
Il y a sans doute autant de réponses qu’il existe
de destinations différentes.
Mais ces réponses soulèvent d’autres questions
: qui partirait, et pourquoi ? Personne ne
quitte sans espoir de retour son foyer, sa famille,
ses amis ou son mode de vie s’il n’a de terribles
raisons pour le faire. Mes romans ne racontent
pas une conquête, mais un exode. Mes personnages
ne sont pas des élu-e-s, mais des perdant-e-s.
Ils fuient une planète à l’agonie.
Dans cette dystopie, l’effondrement de notre
civilisation est bien sûr sociétal et écologique,
mais il est avant tout économique, parce que
l’économie est le lien entre l’exploitation des ressources
et la société qui résulte de la consommation
de ces ressources. Or, les économistes —
mais ils ne sont pas les seul-e-s — ont peu à peu
remplacé la réalité par leurs modèles.
Dans une économie qui a toujours un modèle
de retard, qui est de plus en plus dérégulée, l’inflation
n’est que la surface visible d’un terrifiant
iceberg. La disparition de ressources essentielles,
la recherche désespérée et violente de
solutions de remplacement amènent toujours
l’humanité aux mêmes solutions. Si nous avons
épuisé notre environnement, il faut nous déplacer
ailleurs. D’un coin de savane à un autre, nous
passerons peut-être d’une planète à une autre.
Mes romans montrent surtout que malgré de
trompeuses apparences, il n’existe nulle part
une « Terre B ». Et que loin de transformer ces
mondes pour les faire ressembler à notre planète
d’origine, ce sera à notre espèce de se
transformer pour s’y adapter. Cette nécessaire
humilité sera peut-être la clé de notre survie.
Non, la « Terre B »
n’existe pas
Bernard Fischli est né en 1958 à Lausanne.
Son enfance se déroule en pleine
course à l’espace, qui atteint un point
culminant lors d’une nuit blanche de
juillet 1969, devant le poste de télévision
familial. Peu de temps après, il découvre
« 2001, l’odyssée de l’espace »
d’Arthur C. Clarke. Puis, les années passant,
il assiste au triste repli de l’humanité
sur sa planète alors qu’il continue
à rêver de mondes lointains. Il obtient
une licence de Lettres en 1987, avec un
mémoire auquel il intègre une nouvelle
de science-fiction. Sa première publication
date de 1992, dans le cadre d’un
concours organisé par la Maison d’Ailleurs.
Depuis de nombreuses années,
il enseigne dans un collège des hauts
de Lausanne. Son cycle des Voyages
sans retour est publié chez Hélice Hélas,
à Vevey. Il comprend Esmeralda (2018),
Donoma (2019) et Océania (2020).
7
Dossier 10 Spirale profits-bénéfices, voilà la tempête parfaite ?
9
13 Plafonner les prix, taxer les bénéfices et augmenter les salaires
14 Salaires et renchérissement automatique
Nous devons
parler argent
10 Dossier
Le monde dans la spirale prix-profit
Pendant 30 ans, l’inflation n’a pas été un problème.
Mais la hausse actuelle des prix risque
d’appauvrir un grand nombre de personnes et
de les mettre en détresse. L’Europe est en
émoi. L’automne sera chaud.
Texte : Oliver Fahrni
Des grèves et protestations ont fait plier la nouvelle première
ministre britannique Liz Truss dès le deuxième jour
de son mandat : en totale contradiction avec son programme,
elle a dû mettre en place un plan de soutien étatique
de 150 milliards de livres pour éviter la révolte imminente.
En France, les salarié-e-s de dizaines d’entreprises
sont en grève pour obtenir la compensation du renchérissement.
Les syndicats mobilisent et la gauche appelle à
une marche nationale en octobre pour exiger la baisse du
coût de la vie. Le gouvernement de coalition allemand observe
avec inquiétude les manifestations contre la hausse
des prix et espère qu’elles ne déboucheront pas sur un
mouvement de gilets jaunes. En Italie, les prix de l’énergie
risquent de conduire 140 000 entreprises à fermer.
L’inflation est de retour. Elle atteint près de 10 % au
sein de l’UE, et la tendance est à la hausse. Un choc brutal.
Comparé à l’inflation aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne
et dans l’UE, le taux d’inflation de 3,5 % en Suisse (au mois
d’août) paraît relativement faible. Ce qui s’explique, d’une
part, par la « régulation » de certains prix dans notre pays,
qui sont soumis à un contrôle des pouvoirs publics –
comme le prix de l’électricité en « approvisionnement de
base ». D’autre part, le franc surévalué joue également un
rôle. La Suisse importe une grande partie de ses biens de
consommation. Alors qu’il y a peu, nous devions dépenser
115 francs pour un produit importé d’Allemagne qui coûte
100 euros, il ne vaut aujourd’hui plus que 97 francs en raison
de l’amélioration du taux de change. Mais l’avantage
disparaît rapidement : à l’avenir, à cause de l’inflation élevée
chez notre voisin, la marchandise allemande ne coûtera
plus 100, mais 115 euros.
A l’inverse, le franc fort comporte aussi des inconvénients
majeurs : il pèse sur l’industrie d’exportation suisse
(machines, montres, tourisme, etc.), qui assure plus d’un
tiers de notre bien-être.
Le véritable taux de l’inflation
Un taux d’inflation de 3,5 % devrait constituer en fait un
signal d’alarme. Premièrement, le chiffre induit en erreur.
En réalité, une inflation nettement plus élevée pèse sur les
ménages à bas et moyens revenus, donc sur la majorité
d’entre eux. Pour les salaires jusqu’à 4300 francs, l’inflation
est d’au moins 4,2 %, mais plutôt de l’ordre de 5 %.
Pourquoi ? Ces ménages doivent dépenser une part plus
élevée de leur revenu que les hauts revenus (dès 7000 francs
nets) pour le loyer, l’énergie, l’alimentation, les transports,
l’assurance maladie. Donc précisément pour les
choses indispensables qui sont devenues brusquement
plus chères.
Deuxièmement, les prix explosent justement pour les
besoins de base. L’assurance maladie coûtera en moyenne
6,6 % de plus. En 2023, le prix de l’électricité augmentera de
27 % – et même de 280 % dans certains domaines. Ce qui, à
son tour, renchérit de nombreux autres produits et services.
Bientôt la fin du mois tombera déjà au milieu du mois
parce que les intérêts grimpent. Les loyers prennent eux
aussi l’ascenseur. Bientôt les fins de mois difficiles arriveront
encore plus tôt. Aujourd’hui déjà, la pauvreté guette
1,3 million de personnes en Suisse. Elles risquent de tomber
dans la détresse, surtout les femmes élevant seules
leurs enfants, ainsi que les seniors ou les familles avec
plus d’un enfant. Pourtant, de nombreuses voix bourgeoises
trouvent scandaleux que l’Union syndicale suisse
exige une compensation du renchérissement de 4 à 5 %.
Selon une enquête réalisée au printemps par le Centre de
recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF de Zurich, les
entreprises ne consentiraient à augmenter les salaires
que de 1,6 % en 2022. Concrètement, ce serait un vol salarial.
Car lorsque les hausses de salaires sont inférieures au
renchérissement, elles équivalent de facto à une baisse
des salaires réels – le pouvoir d’achat des ménages fond
comme neige au soleil.
Sur le plan économique aussi, ce serait une pure folie
car la consommation des ménages stimule l’économie.
Dans ses dernières prévisions, le Secrétariat d’Etat à
l’économie table sur une hausse du produit intérieur brut
(PIB) de 2 %. Ce pronostic optimiste se base d’une part sur
les exportations (compromises), et d’autre part sur la demande
intérieure. La consommation des ménages doit
sauver la mise avec une hausse de 4 %. Si l’inflation n’est
toutefois pas compensée par une augmentation des salaires,
cette prévision restera lettre morte. D’autant
qu’une récession menace au plus tard en 2023. Donc : destruction
d’emplois, croissance du chômage et baisse supplémentaire
du pouvoir d’achat. Une spirale descendante.
Ce que les syndicats exigent constitue donc une revendication
minimale. Elle suffit tout juste à compenser l’inflation,
à condition que celle-ci ne flambe pas davantage,
ce que l’OCDE, la Banque mondiale et la BCE considèrent
comme tout à fait possible. Garantir les salaires réels et
augmenter à cet effet les salaires nominaux de 4 à 5 % est
juste, économiquement raisonnable et souvent facilement
réalisable, comme le prouvent les bénéfices juteux.
Jusque dans les années 1990, la plupart des CCT prévoyaient
une compensation automatique du renchérissement
(voir article page 14). Les syndicats l’ont imposée par
des luttes acharnées dans les années d’inflation après
1970. Dans d’autres pays capitalistes, les néolibéraux ont
eu plus de succès. On le voit dans la « quote-part salariale »
partout massivement réduite, qui indique quelle part de
la richesse produite revient à la main-d’œuvre et, inversement,
quelle part du gâteau rafle le capital. Ainsi, après les
contre-réformes adoptées par le gouvernement de l’ancien
chancelier Gerhard Schröder, l’Allemagne est devenue
un pays européen à bas salaires. En France, le salaire
minimum légal de 1329 euros nets pour un plein temps
Une compensation
s’impose sur le
plan économique
n’est souvent pas atteint. En Italie, 70 % des travailleuses-eurs
touchent 9 euros de l’heure ou moins et les salaires
ont chuté depuis 1990.
En Suisse, des syndicats actifs et les possibilités de recours
de la démocratie directe (référendums et initiatives)
ont empêché jusqu’à présent cette dégringolade. Pourtant,
chez nous aussi, la quote-part salariale a fondu, abstraction
faite des profiteurs qui s’octroient des bonus
dans les banques, les assurances et la chimie. Et les néolibéraux
continuent de faire pression sur les salaires. On l’a
vu très récemment avec l’exemple de la proposition émise
par l’autorité de régulation postale PostCom de fixer un
salaire minimum de 19 francs de l’heure – qui est inférieur
aux salaires minimaux les plus bas dans tous les cantons.
Un salaire de misère par rapport au niveau des prix suisses.
La fable de la spirale prix-salaires
54 % de l’inflation est
due à l’appât du gain
des entreprises.
Le projet des syndicats visant à amortir l’inflation sera
une entreprise ardue. Au cours des 30 dernières années,
les employeurs ont réussi à éliminer la compensation automatique
du renchérissement dans presque toutes les
CCT. Aujourd’hui, ils ressassent leur vieille rengaine, la
fable de la « spirale prix-salaires » selon laquelle la compensation
du renchérissement attiserait l’inflation –
comme les employeurs de l’industrie des machines et de
la métallurgie (Swissmem) le rabâchaient déjà au printemps.
D’un point de vue économique, c’est une absurdité.
Dans de nombreux secteurs, ce ne sont pas les coûts de
production qui déterminent les prix, mais ce que l’on appelle
le « pricing power », donc le pouvoir des entreprises
de fixer le prix de leurs produits indépendamment des
coûts. Ce pouvoir n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui,
a récemment constaté la Banque des règlements internationaux
(BRI).
La fabrication d’un iPhone coûte, tout compris, moins
d’un tiers de son prix de vente, celle d’une Swatch moins
d’un cinquième de son prix. Et la part des salaires dans les
coûts de production ne cesse de diminuer dans de nombreux
secteurs (à l’exception des services aux personnes et
de la restauration). Dès lors, un petit calcul s’impose :
même si la part des coûts salariaux est de 20 %, une compensation
du renchérissement de 5 % augmente les coûts
de production d’à peine 1 petit pour cent, ce qui représente
tout au plus quelques pour mille du prix final. C’est
beaucoup moins que les coûts de financement. Or, à elle
seule, l’augmentation de la productivité du travail (c.-à-d.
la réduction des coûts unitaires) justifierait depuis longtemps
des augmentations de salaire réelles.
L’Institut de politique économique américain a constaté
que plus de la moitié de l’inflation (54 %) est due à l’appât
du gain croissant des entreprises, et 36 % aux difficultés
des chaînes d’approvisionnement mondiales. En
revanche, les coûts de la main-d’œuvre n’ont guère eu
d’impact.
Ce pouvoir de fixation des prix a des effets particulièrement
dévastateurs sur les matières premières, le pétrole,
le gaz et l’électricité, ainsi que sur les médicaments,
les assurances et les services bancaires. Une poignée de
groupes mondialisés dominent le marché dans ces domaines.
C’est pourquoi les prix y ont explosé – et avec eux
les profits. Six des neuf plus grandes entreprises suisses
en termes de chiffre d’affaires sont des négociants en matières
premières et en pétrole. Viennent s’y ajouter Nestlé,
Roche et Novartis. Au niveau mondial, la moitié des produits
agricoles importants comme les céréales sont négociés
en Suisse, ainsi que 35 % du pétrole et 60 % des métaux.
On trouve ici les profiteurs de guerre et les promoteurs
de l’inflation.
12 Dossier
La société zougoise Glencore, leader de notre pays en
termes de chiffre d’affaires, a augmenté son bénéfice de
846 % ( !) au premier semestre 2022. La multinationale de
matières premières était depuis longtemps déjà très rentable,
mais cela ne s’était encore jamais produit. Tous les
autres commerçants de matières premières enregistrent
aussi des bénéfices historiques. Les négociants en pétrole,
en gaz et en électricité cartonnent : Exxon, BP, Shell,
Total fêtent des superprofits, sans parler de la société
saoudienne Aramco. Même les banals fournisseurs
suisses d’électricité Axpo, Alpiq et Forces motrices bernoises
(FMB) – qui bénéficient d’une garantie implicite de
l’Etat, comme le montre le cas d’Axpo – engrangent des
bénéfices de plusieurs centaines de millions. Dans le secteur
pharmaceutique, l’ambiance est à la fête depuis le
COVID-19. Quant aux banques, elles font comme toujours
partie elles aussi du peloton de tête à l’ère de l’argent facile.
D’autres secteurs, comme l’industrie alimentaire, ne
veulent pas non plus laisser passer l’occasion et profitent
de la situation en surfant sur la vague de l’inflation.
Tout cela se traduit par des distributions de dividendes
gigantesques aux propriétaires et actionnaires. Cette année,
elles frôleront les 2 billions de dollars. Après 15 ans
de crise capitaliste permanente, la redistribution du bas
vers le haut s’accélère.
Mais d’où vient l’inflation ? Les faits sont sur la table :
quiconque ne peut plus payer ses factures est happé dans
une spirale prix-profit de plus en plus étourdissante.
On peut rejeter toute la faute sur la guerre d’agression de
Vladimir Poutine contre l’Ukraine, y compris la hausse extrême
des prix. Le Russe coupe progressivement le robinet
du gaz. Mais les prix avaient déjà flambé en été 2021, huit
mois avant le début de la guerre. Le monde vivait encore
dans une abondance de pétrole et de gaz. Or les groupes
énergétiques en ont réduit la quantité de manière artificielle
pour s’enrichir lors de la reprise post-covid. Des
flottes entières de pétroliers surchargés se sont alors retrouvées
en attente sur les mers du monde entier.
La crise que nous subissons profite au capital. Des fortunes
exorbitantes sont amassées et la main-d’œuvre est
mise au pas. Les capitaux se concentrent, les fusions et les
Nous sommes
victimes d’une spirale
prix-profit de plus en
plus étourdissante.
reprises se multiplient. En 2019, lorsque le manque d’investissements
et la guerre économique menée par les
Etats-Unis contre la Chine ont ébranlé le système, la pandémie
salvatrice du COVID-19 est arrivée. Le capital en a
profité pour faire de l’Etat le tiroir-caisse des grands
groupes. Et à l’ombre du lockdown et des chaînes d’approvisionnement
rompues, qui ont plongé de nombreuses
personnes dans la panique face aux pénuries d’approvisionnement,
des transporteurs maritimes comme la CMA
de Marseille sont devenus des géants rentables.
Même la crise écologique fait gagner les entreprises
dominantes. Actuellement, on parle de possibles pénuries
d’électricité. Les centrales nucléaires de France, qui
fournissent en électricité la moitié du continent, ne
peuvent plus livrer. En partie parce que des problèmes de
sécurité mettent à l’arrêt les réacteurs nucléaires vétustes.
Mais surtout parce que le réchauffement climatique et la
sécheresse empêchent le refroidissement de nombreuses
centrales nucléaires. La Norvège, l’autre grand exportateur
d’électricité, a dû réduire ses livraisons en raison de
la baisse du niveau d’eau dans les barrages et les rivières.
C’est une situation dramatique, mais une source de profits
spéculatifs pour les fournisseurs d’électricité : le prix
des livraisons est passé de 50 euros à jusqu’à 1700 euros
au premier trimestre 2022 sur le marché européen de
l’électricité dérégulé par le néolibéralisme. Merci à la catastrophe
climatique et à Poutine. Par conséquent, une
modeste compensation du renchérissement est le minimum
que les syndicats devraient imposer.
Dossier
Plafonner les prix et relever
les salaires
13
Des profits spéculatifs inouïs alimentent
l’inflation, et les banques centrales jouent un
jeu très dangereux. Que faire ?
Texte : Oliver Fahrni
Comment comprimer au mieux les salaires et détruire la
prospérité ? Comment provoquer un crash financier global
et aggraver au passage la catastrophe écologique ? En
suivant l’exemple actuel ! Ce que les banques centrales,
les entreprises et les gouvernements font (et omettent de
faire) actuellement apparaît comme la recette parfaite
pour un grand désastre.
Juste un exemple : l’entreprise énergétique Total a versé
précipitamment 260 millions d’euros de « dividendes
extraordinaires » en automne, peu avant qu’un impôt sur
les bénéfices de la crise ne vienne prélever les profits exceptionnels
exorbitants de la guerre, du gaz et du pétrole.
La direction de l’entreprise s’est vantée elle-même avec
aplomb de cette astuce. Parallèlement, Total se targue
d’être une entreprise énergétique verte. Or ses investissements
dans les énergies renouvelables en 2022 ne représentent
pas la moitié de ses dividendes versés aux riches.
Ce qui est fou, c’est qu’ils savent exactement où cela
conduit. Les économistes, la Banque mondiale, le Fonds
monétaire international et les grandes revues économiques
sont actuellement pris de panique. Ils alertent
chaque jour sur les conséquences de la « soif de profit malsaine
». Pour ajouter aussitôt : nous en voulons plus.
La Banque mondiale a démontré ces jours-ci que les
augmentations de taux d’intérêt des banques centrales
sont en passe de plonger l’économie dans une crise mondiale.
Mais les « banques des banques » annoncent de nouvelles
augmentations de taux, sous la pression de la Réserve
fédérale des Etats-Unis. Chaque crédit deviendra
ainsi plus cher et les investissements, par exemple dans
des techniques respectueuses du climat, seront étouffés.
Ils justifient la lutte contre l’inflation par la théorie selon
laquelle il y a trop d’argent en circulation. Ce qui accroît
la demande et fait grimper les prix. Ils appellent ce
phénomène la « surchauffe ». En réalité, l’économie mondiale
stagne. La masse monétaire a toutefois gonflé de manière
si vertigineuse depuis 15 ans qu’on ne peut même
plus la mesurer de manière raisonnable. Si la théorie de
l’argent était juste, nous serions en hyperinflation depuis
dix ans. Or tout dépend de qui dispose de ces masses
d’argent colossales – et de qui a le pouvoir de fixer les prix.
En vérité, les augmentations des taux d’intérêt profitent
uniquement au capital. Et à part le climat, seule la spéculation
est en « surchauffe ». Que faire ?
L’économiste Olivier Blanchard a récemment écrit que
la lutte contre l’inflation exigeait la destruction d’emplois.
Il a bien sûr omis d’ajouter : si nous ne changeons
pas les règles du jeu erronées. Il n’a pas mentionné qu’il
existe d’autres moyens ciblés de lutter contre l’inflation
motivée par le profit.
Le minimum, c’est une pleine compensation du renchérissement
sur les salaires, les rentes et les prestations
sociales. Du point de vue économique, c’est une nécessité
tout à fait réalisable. Il faut inscrire à nouveau une
compensation automatique du renchérissement dans les
CCT. Mais il est aussi nécessaire de plafonner les prix.
L’énergie et l’eau sont des biens communs. Ils doivent
être soustraits à la spéculation. L’approvisionnement de
base devrait être bon marché, mieux encore gratuit,
jusqu’à un certain niveau de consommation. Actuellement,
divers pays expérimentent des prix plafonds. Ce qui
est intolérable, ce sont des situations comme celles vécues
avec Axpo : le géant de l’énergie a réalisé un bénéfice
de centaines de millions de francs. Pendant que le Conseil
fédéral lui octroyait une garantie de plusieurs milliards de
francs, parce que l’entreprise s’est fourvoyée à la bourse
de l’énergie avec des opérations à terme. Il faut faire
marche arrière sur la libéralisation du marché de l’énergie.
L’UE devrait décréter un prix maximal pour le gaz et le
pétrole – avec la puissance d’achat de 450 millions de personnes,
les producteurs ne pourraient guère y déroger.
Les entreprises qui reçoivent un soutien de la Confédération
ne doivent pas être autorisées à verser des dividendes,
ni à licencier des personnes. Le fardeau de la crise
doit être réparti équitablement. Le financement du plafonnement
des prix et des mesures de sauvegarde des emplois
n’est pas un problème : il suffit de prélever un impôt
sur les bénéfices auprès des entreprises énergétiques,
comme c’est le cas en Italie, à hauteur de 25 %. Pour finir,
il est grand temps d’investir enfin les bénéfices dans une
offensive industrielle en faveur de la transition énergétique.
Les syndicats en ont conçu et calculé le programme.
Il y a 16 ans.
14
Dossier
L’inflation, cette grande absente
Les CCT et les mécanismes d’adaptation des
salaires à l’inflation en Suisse ; où en est-on ?
Texte : Mattia Lento
En Suisse, plus de 700 000 personnes vivent en situation
de pauvreté. Parmi elles, on trouve aussi les travailleuses
et travailleurs pauvres, les working poor. Selon l’Office fédéral
de la statistique, 8,2 % de la population active vivait
dans la pauvreté en 2020, soit plus de 300 000 personnes.
Avec les niveaux d’inflation actuels, le pourcentage de personnes
pauvres pourrait encore augmenter : de 8,5 à 9,3 %,
soit environ 80 000 personnes – selon une étude réalisée
par la Haute école spécialisée bernoise. Même si l’inflation
en Suisse est moins dramatique que la moyenne européenne
(+9,1 % en août), elle a désormais atteint 3,5 % et
devrait augmenter ces prochains mois. De plus en plus
souvent, un emploi risque de ne pas garantir une vie décente.
Le renchérissement est encore plus important pour
les personnes à faibles revenus : leurs dépenses se
concentrent en grande partie sur la consommation énergétique
et les denrées alimentaires – des catégories de
biens dont les prix ont augmenté bien plus que la moyenne.
Il n’est donc pas surprenant que l’Union syndicale suisse
ait exigé ces dernières semaines des augmentations de salaire
de 4 à 5 %. Compte tenu du contexte économique favorable,
il s’agit d’une revendication réaliste et surtout nécessaire
au vu des chiffres mentionnés ci-dessus.
Peu de clauses de renchérissement au sein des CCT
Si nous vivions dans la Suisse de l’après-guerre, les salarié-e-s
pourraient compter sur les mécanismes d’adaptation
des salaires au taux d’inflation ancrés dans de nombreuses
conventions collectives de travail. Dans les années
50, la compensation du renchérissement a été inscrite
pour la première fois dans les CCT. Jusqu’aux années
1990, cette part n’a cessé d’augmenter. Encore en 1991,
deux tiers des CCT suisses renfermaient des clauses de
renchérissement, comme le montre une étude de Daniel
Oesch de 2001. Un quart des CCT suisses prévoyaient
même des mécanismes d’adaptation automatique des salaires
à l’inflation. Une protection qui a pratiquement disparu
de toutes les CCT en très peu d’années : en 1996, le
pourcentage de CCT comportant des clauses de renchérissement
s’est effondré à 0,3 %. Que s’est-il passé pendant
ces années cruciales ?
Dans les années 1990, la vague néolibérale anglo-américaine
a également déferlé en Suisse. Et pour diverses raisons,
les syndicats ont alors peiné à imposer la compensation
du renchérissement dans les CCT. Les CCT ont
elles-mêmes été remises en question par les employeurs,
si bien que les organisations syndicales ont dû concéder
des compromis. Par ailleurs, une grave récession a marqué
ces années. Les travailleuses et travailleurs se sont davantage
préoccupé-e-s de préserver leur emploi et leur
pouvoir d’achat. La récession a fait baisser le coût de la vie,
et donc amenuisé l’importance d’adapter les salaires à
l’inflation. Celle-ci est ainsi devenue à ce jour la grande
absente des CCT. Il n’y a pratiquement plus de conventions
collectives de travail avec une compensation intégrale
du renchérissement.
Dans certains secteurs, une infime part des CCT prévoit
encore des ajustements, mais ceux-ci sont limités. Aussi
dans le domaine TIC, « le coût de la vie est un des critères
prévus par la CCT », comme l’affirme Daniel Hügli, responsable
de ce secteur pour syndicom. Selon Matteo Antonini,
responsable secteur Logistique, « le coût de la vie
constitue l’un des éléments des négociations salariales
menées avec la Poste Suisse ». La question de l’adaptation
des salaires à l’inflation est revenue dans le débat. Pour les
économistes rattachés à l’école libérale, il s’agit de mesures
anachroniques. L’économiste Sergio Rossi ne partage
toutefois pas cet avis : « Les salaires nominaux devraient
être indexés sur l’inflation pour préserver le
pouvoir d’achat des salarié-e-s. Cela permettrait de réduire
le risque de récession économique dû à une demande insuffisante
sur le marché des produits. Cette indexation,
cependant, ne devrait intervenir que si les entreprises disposent
de marges bénéficiaires suffisantes pour leur permettre
d’augmenter les salaires de la main-d’œuvre. »
Illustrations
Le dossier spécial syndicom
sur les revendications salariales
Reto Crameri est un illustrateur, originaire de Berne, basé
depuis 20 ans à Genève. Actuellement, il finalise son premier
album jeunesse « Alula » qui sera publié au printemps prochain
au Kunstanstifter Verlag. Des dessins à l’encre et des
céramiques avec des illustrations de l’album ont été présentés
dans le cadre de l’exposition Bolo Klub au Fumetto Festival
de cette année. Son livre précédent « Les notes du
concierge », autopublié en 2018, avait reçu la bourse d’aide à
l’illustration du livre du Canton et de la Ville de Genève.
Pour le magazine syndicom, dont il est membre, Reto
Crameri a proposé une série d’illustrations vives et éloquentes
visant à imager la crise qui secoue les travailleurs
et travailleuses en Suisse.
Découvrez son travail sur retocrameri.com.
La crise sociale à venir
Hausse des prix, baisse des salaires réels, profits gigantesques pour les actionnaires: la crise combinée
climat, Covid et Ukraine aggrave les inégalités et plonge de nombreuses familles suisses dans la
détresse. Seuls des contrôles des prix et des augmentations massives de salaires peuvent l’empêcher.
Où l’inflation galope
Durant trois décennies, l’inflation dans
les pays riches paraissait appartenir au
passé. Partout, la stabilité des prix
constituait un objectif central de la
politique économique. La BCE situe le
taux idéal d’inflation à 2%. Lors de la
reprise post-Covid, les prix ont subitement
commencé à grimper de manière
surprenante.
Hollande
Grande-Bretagne 9,9%
France 6,6%
Espagne
10,5%
Allemagne
13,7%
8,8%
9,1%
Suisse
3,5%
11,2%
Estonie
25,2%
Russie
16,7%
Turquie
80%
Source: Seco, OCDE, BCE (chiffres août 2022, comparaison avec août 2021)
L’inflation augmente les inégalités
La hausse des prix touche plus fortement les
bas revenus. Pour les personnes les plus mal
payées, l’inflation ne s’élève pas à 3,5% comme
le prétend la statistique, mais à 4,2%. Les bas
revenus perdent davantage de pouvoir d’achat
que les revenus plus élevés. La raison: les
ménages à bas revenus doivent dépenser une
plus grande part de leur revenu pour le loyer,
l’énergie et l’alimentation – or ce sont justement
ces prix qui ont le plus fortement augmenté.
4,2%
3,8%
3,9%
3,7%
3,6%
3,5%
3,5%
3,3%
3,3%
3,1%
Bas revenus Moyens revenus Hauts revenus
Source: OFS, Hans Baumann dans work
Source: Elcom, EEX
27%
d’augmentation
des prix de
l’électricité en
2023
L’électricité sous tension
C’est une valeur moyenne, certains fournisseurs
d’électricité ne prévoient aucune
augmentation, alors que d’autres majorent
leurs prix de plus de 250%. Pour en savoir
plus sur les prix de l’électricité en 2023
dans sa commune, consultez le site
prix-electricite.elcom.admin.ch. Les grands
producteurs d’électricité Axpo, Alpiq et FMB
augmentent leurs prix, bien qu’ils aient
réalisé des bénéfices de plusieurs centaines
de millions de francs et s’attendent à des
profits encore plus juteux pour 2022.
L’électricité fait l’objet
de spéculations
depuis la dérégulation
néolibérale en
Europe: au cours de
l’été 2022, le prix
pour les livraisons
2023 a augmenté
entre-temps de
3400%
Big pétrole – Big gaz
Explosion des profits de certaines compagnies pétrolières et gazières.
2 e trimestre 2021 2 e trimestre 2022
17,9 Mrd.
11,6 Mrd. 11,5 Mrd.
9,3 Mrd.
4,7 Mrd.
5,5 Mrd.
5,7 Mrd.
3,1 Mrd.
3,1 Mrd.
3,5 Mrd.
Exxon Chevron Shell BP Total
Des entreprises avares
Dans une enquête du
Centre de recherches
conjoncturelles de
l’ETH de Zurich, les
entreprises ont indiqué
qu’elles prévoyaient
des ajustements
salariaux de seulement
1,6% en moyenne pour
2022. Ce qui équivaudrait
à des baisses
massives des salaires
réels.
1,6%
Source: Financial Times
16
Au cœur de
nos métiers
Créer un climat de dialogue
syndicom a récemment publié une nouvelle fiche d’information
sur le sexisme dans les rédactions. Il est temps d’agir !
De plus en plus de femmes dans les rédactions font état de harcèlement au travail. (© syndicom / Adobe Stock)
Près de trois ans après #MediaToo et
la grève nationale des femmes de
2019, deux ans après la lettre ouverte
des rédactrices de Tamedia et quelques
mois après le scandale autour du
rédacteur en chef de Bild, Julian
Reichelt – qui a finalement dû quitter
l’entreprise de médias en raison de ses
nombreuses relations avec des collègues
femmes qui lui étaient subordonnées
–, il semble que peu de choses ont
changé dans le climat souvent misogyne,
sexiste et agressif de nombreuses
rédactions. Des femmes ne
cessent de signaler des remarques
déplacées, des attouchements non
désirés ou, comme dans le cas de Julian
Reichelt, des abus de pouvoir.
Le harcèlement est monnaie courante
Sarah Serafini, rédactrice chez Watson.ch
et l’une des initiatrices de la
grève des femmes de 2019, situe le problème
du sexisme dans la branche des
médias à plusieurs niveaux : « D’une
part, les femmes sont moins nombreuses
dans les rédactions, surtout
dans les étages de la direction. Il peut
être plus difficile de s’imposer si, en
tant que femme, tu es seule à une réunion
avec des hommes. Un climat
sexiste risque plus facilement de s’instaurer,
et les remarques stupides,
voire le harcèlement sont plutôt monnaie
courante. »
Des chiffres inquiétants qui appellent
à l’action immédiate
Selon une étude du SECO de 2008,
28 % des femmes en Suisse, tous secteurs
confondus, ont indiqué avoir été
victimes de harcèlement au travail. Un
sondage non représentatif réalisé par
Tamedia en 2019 fait pourtant état de
53 % parmi les 458 professionnelles
des médias interrogées. Celles-ci sont
particulièrement à risque à l’entrée
dans la profession. Environ trois
quarts des sondées ont déclaré avoir
été confrontées au harcèlement à
moins de 35 ans, la moitié même à
moins de 30 ans.
Ces chiffres ne surprennent pas
Sarah Serafini. Un autre facteur est
que les femmes journalistes sont
beaucoup plus exposées dans leur
travail que de nombreuses autres catégories
professionnelles : « Les journalistes
femmes se déplacent beaucoup
et souvent seules. Lors d’interviews ou
de reportages, des propos ou comportements
sexistes peuvent également
survenir. » Et : « Il n’est pas rare que les
femmes soient moins prises au sérieux
par leur vis-à-vis », ajoute-t-elle.
En effet, selon l’enquête de Tamedia
citée plus haut, 40 % des professionnelles
des médias interrogées ont évoqué
des agressions de la part de personnes
extérieures, par exemple de
personnes interviewées pour le cadre
d’un article.
Tolérance zéro exigée
« Je ne pense pas qu’on puisse totalement
protéger les femmes qui vont sur
le terrain. Mais il est indispensable de
créer un climat où les incidents
peuvent être thématisés à l’externe et
à l’interne », souligne Sarah Serafini.
Elle estime qu’il est primordial de
vivre une culture d’entreprise qui affiche
la tolérance zéro au sexisme.
Mais cela ne suffit pas : « Il faut des
centres de contact ou des personnes
de confiance et un personnel formé
qui réagisse avec sensibilité. En particulier
les personnes qui occupent des
fonctions de direction ont besoin
d’une formation professionnelle
continue pour affronter le sexisme. »
Et parce que ce problème touche
de nombreuses femmes aussi en dehors
des rédactions, nous vous rappellons
que la campagne internationale
des 16 Jours d’activisme contre la violence
basée sur le genre débutera le 25
novembre. Plusieurs événements sont
organisés en Suisse (16tage.ch).
Natalia Widla
Pour lire la fiche d’information
de syndicom
« La solidarité des employé-e-s à Fribourg a permis d’améliorer
le quotidien des collègues de toute la Suisse. » Nicolas Irus
17
Ou quand la solidarité porte
ses fruits
Une mobilisation des employé-e-s du Contact Center de Fribourg
a permis d’identifier des failles de management au niveau
national. Notamment quant à l’application de la CCT. Les démarches
entamées avec la direction sont encourageantes.
Les employé-e-s des Contact Centers ont pu être entendu-e-s grâce au partenariat social. (© Keystone-ATS)
Nous sommes début février 2022. Une
militante du Contact Center de Fribourg
fait remonter au syndicat un
certain ras-le-bol général suite au déploiement
d’un programme d’écoute
des appels. Le climat de travail semble
tendu. Le personnel manque et pour
traiter les cas en attente, les minutes
sont comptées. « Immédiatement, les
collègues nous ont parlé de la pression
qu’ils ressentaient et de l’atmosphère
générale de surveillance. Au fil des discussions
nous avons compris que le
problème était aussi celui de la planification
des heures de travail et notamment
des heures supplémentaires
», nous dit Nicolas Irus,
secrétaire régional secteur logistique.
Planification claire exigée
Au cœur du problème se trouve donc le
modèle de temps de travail et la gestion
des heures supplémentaires : sur
une journée de 8 heures et 24 minutes
de travail, ces 24 minutes sont prévues
pour la mise en route du système, aux
imprévus et autres petites tâches inhérentes
à une journée de travail. Le management
y ajoutera la gestion des cas
en attente. Résultat ? Des heures supplémentaires
qui s’accumulent – certaines
réalisées le samedi.
Or, la CCT Poste prévoit justement
un modèle de temps de travail qui impose
de planifier clairement les heures
supplémentaires. La planification y
est faite de manière mensuelle, et
toute modification passée 14 jours
après la publication du planning nécessite
l’accord du personnel. Il est apparu
que la CCT était mal appliquée
dans chacun des Contact Centers de
Suisse. « Si les Contact Centers veulent
appliquer un modèle spécial, cela doit
passer par la discussion avec syndicom
dans le cadre de la négociation de
la CC T », rappelle Nicolas Irus. Grâce à
un échange au niveau national, le modèle
de planification du temps du travail
prévu dans la CCT sera désormais
appliqué à partir du 1 er octobre.
Le ciel s’éclaircit
La forte solidarité des employé-e-s à
Fribourg a donc permis d’améliorer le
quotidien des collègues de toute la
Suisse. Au fil des discussions avec la
direction, un dialogue de bonne qualité
s’est installé. Aujourd’hui, celle-ci
s’est engagée à faire face aux problèmes,
notamment à celui du sous-effectif.
Une commission du personnel
s’apprête également à voir le jour pour
permettre d’aborder les problèmes et
trouver des solutions dans un climat
apaisé. A Fribourg, comme partout ailleurs,
la mobilisation a une fois de
plus payé !
Robin Moret
Regards tournés vers
l’avenir
Dos Santos Lima-Matteo Teresa,
secrétaire centrale TIC
Les préparatifs des négociations sur la
convention collective de la branche
des centres de contact et d’appel vont
bon train. Les négociations CCT débuteront
au printemps 2023. Dans le courant
des semaines à venir, un sondage
sera notamment réalisé auprès du personnel
engagé dans les entreprises
dotées aujourd’hui d’une CCT. Les
thèmes principaux abordés toucheront
aux salaires, au temps de travail et
à la protection des travailleurs et travailleuses.
La branche souffre notamment
d’une pénurie de spécialistes, et
les entreprises recherchent activement
du personnel qualifié. Les employeurs
doivent améliorer les conditions
de travail existantes et en
proposer de plus attrayantes pour
combler ce manque de main-d’œuvre.
Raison pour laquelle il convient entre
autres d’améliorer les suppléments de
salaire, mais également de réduire le
temps de travail ainsi que d’ajuster
l’assurance d’indemnités journalières
en cas de maladie. Ces éléments seront
au centre des négociations. La
convention collective de travail actuelle
a été déclarée de force obligatoire
par le Conseil fédéral et est valable
jusqu’à fin 2023 pour les 3500
employé-e-s de la branche des centres
de contact et d’appel.
18
Le monde
du travail
«Nombre de distributeurs-rices ont indiqué que les longues
journées de travail forment un problème majeur. » Urs Zbinden
Un salaire décent pour une
charge de travail décente
Une enquête de syndicom a analysé la structure des salaires
chez les sous-traitants de KEP & Mail. Les résultats laissent
apparaître des conditions de travail problématiques.
Les horaires de travail chez les sous-traitants de la branche KEP & Mail posent problème. (© Keystone-ATS)
Les salaires restent un sujet délicat en
Suisse : ils relèvent de la sphère privée.
Or, sur l’îlot de cherté qu’est la Suisse,
beaucoup d’aspects dépendent des salaires
depuis que le coût de la vie a augmenté.
Pour les syndicats, il est donc
important de connaître le niveau des
rémunérations afin de négocier des
salaires appropriés.
Dans la branche de la logistique,
les négociations sur une CCT ont débuté
en 2021. Les salaires occupent
une place importante dans ces négociations.
A première vue, la transparence
semble prévaloir dans la
branche. L’autorité de régulation
PostCom a analysé la situation dans le
cadre d’une étude publiée en juin
concernant les conditions de travail
usuelles pratiquées dans la branche.
Dans la catégorie « distribution et
prise en charge des envois avec contact
avec la clientèle », les salaires oscillent
entre 4749 et 6474 francs. Mais il y a un
hic : l’analyse ne prend pas en considération
les entreprises de sous-traitance
qui jouent un rôle essentiel dans
des sociétés comme DPD et DHL. Or
pour la négociation du salaire minimum,
il est décisif de savoir si le niveau
de salaire des sous-traitants correspond
à celui du salaire minimum
de 3500 francs défini par la PostCom
ou si les sous-traitants se situent plutôt
dans la fourchette salariale indiquée
dans l’étude.
Pour combler cette lacune de
connaissances, syndicom a réalisé un
sondage. Les résultats ont permis de
réfuter le mythe, régulièrement avancé
par les employeurs, selon lequel les
salaires chez les sous-traitants se situeraient
aux alentours de 3500 francs.
Même si les salaires n’atteignent pas
tout à fait le niveau de l’étude PostCom,
ils oscillent entre 4000 et 4300 francs
chez DPD et entre 4300 et 4600 francs
chez DHL. Nous parlons donc toujours
ici de bas salaires par rapport à
d’autres branches. Néanmoins, la discussion
sur les salaires minimums
doit clairement s’orienter sur le cadre
salarial de l’étude PostCom, et non sur
le salaire minimum PostCom de 3500
francs. Les nombreuses discussions
menées avec les distributeurs-rices
dans les dépôts ont aussi révélé un
autre aspect : un-e employé-e d’une
entreprise de sous-traitance peut
certes gagner parfois jusqu’à 4500
francs. Mais si 50 à 60 heures par semaine
doivent être travaillées pour y
parvenir, la valeur de ce salaire diminue
massivement. Avec l’augmentation
des volumes de colis à l’automne,
la question des longues journées de
travail deviendra encore plus pressante.
Urs Zbinden
La PostCom méconnaît
la réalité économique
Matteo Antonini, responsable du secteur
Logistique et membre du comité directeur
Les nouvelles exigences minimales –
valables dès 2023 –, que l’autorité de
surveillance PostCom a mises en
consultation, constituent un danger
pour les conditions de travail du domaine
de la logistique postale. Une
fois de plus, la PostCom propose le
salaire minimum le plus bas de Suisse
et perpétue ainsi son triste record. En
réalité, les 19 francs qui devront être
appliqués à partir de juillet 2023
sont – après correction de l’inflation
(2018-2022) – encore plus bas que les
18.27 francs actuellement en vigueur.
Avec un salaire de référence aussi
bas, qui ignore la diversité évidente
des professions postales et de ses salarié-e-s
– en termes de compétences et
d’exigences –, la PostCom entérine
des modèles de travail qui favorisent
la sous-traitance et la précarité. Sans
compter les dommages d’image. Prétendre
qu’un salaire de 19 francs dans
la distribution est correct et qu’il respecte
la loi envoie un mauvais signal,
alors qu’une pénurie de personnel
guette tous les secteurs. syndicom a
mis en garde la PostCom.
En tant que syndicat, nous devons
nous concentrer sur les CCT et veiller
à étendre les salaires plus élevés pour
protéger le personnel. Ce parcours,
engagé par syndicom depuis de nombreuses
années et concrétisé par les
négociations sectorielles initiées fin
2021, est la voie à suivre. Aussi parce
qu’elle permettra d’introduire les
contrôles nécessaires sur un marché
de l’emploi de plus en plus fragmenté,
qui est également devenu attrayant
pour les multinationales telles
qu’Amazon et Uber.
« L’objectif de la rencontre est de nous faire connaître auprès
des employé-e-s. » Adriano Troiano
19
Le festival des grillades syndicom
Une fin d’après-midi à Ostermundigen devant le centre logistique
de La Poste, un événement inhabituel : saucisses, pain et
moutarde. Bienvenue aux grillades de syndicom.
Ce moment de détente convivial est aussi le cadre d’échanges passionants. (© syndicom)
Depuis plusieurs années, l’équipe de
syndicom à Berne organise des barbecues.
« C’est une chance de pouvoir bavarder
longuement avec les employé-e-s
dans une atmosphère
décontractée. Et c’est agréable de le
faire en savourant une saucisse », plaisante
Adriano Troiano, le responsable
du secrétariat de Berne et Haut-Valais.
« Nous planifions en été deux visites
par semaine, sauf pendant les vacances.
Une trentaine de rencontres
prennent place de l’Emmental à
l’Oberland bernois, et de Bienne
jusque dans le Haut-Valais. » Pendant
qu’il parle, les employé-e-s de La Poste
arrivent en grand nombre. Beaucoup
portent encore leur uniforme, ils
viennent de terminer leur service. Poignées
de mains, rires, bavardages. On
parle de foot et de vacances. On sent
que les gens éprouvent du plaisir à se
revoir après la pandémie.
Au grill, les saucisses rôtissent
sous l’œil expert de Marco With,
vice-président de la section bernoise
du personnel de La Poste et membre
de la CoPe PostLogistics d’Ostermundigen.
Tous se mettent en file.
« Nos membres attendent avec impatience
nos visites et se réjouissent
qu’on organise des grillades pour
eux », explique Adriano Troiano.
« L’objectif de la rencontre est de nous
faire connaître auprès des employé-e-s.
Nous distribuons des tracts,
nous emmenons une présentation
PowerPoint sur papier qui montre nos
campagnes et les problèmes actuels.
Nous encourageons la discussion et
faisons la connaissance de nouveaux
membres potentiels. Nous tenons une
liste pour contacter ultérieurement
les personnes intéressées. Et nous recrutons
au moins un membre par barbecue,
sur place. »
Il est important que les employé-e-s
se réunissent, échangent et parlent de
leurs conditions de travail. Il y a différents
horaires de travail, beaucoup
font des pauses en plein air. C’est dans
ces moments-là que les gens font
connaissance. Et ils font de la publicité
pour syndicom. « Aujourd’hui, je
viens d’entendre un employé de La
Poste dire qu’il trouve positif que syndicom
soit si présent, je pense que
notre festival de grillades y contribue
», complète Adriano Troiano. Pendant
ce temps, les premières notes de
la chanson « We are the Champions »
de Queen s’échappent des hautparleurs
installés pour l’occasion. Et
les gens chantent et sourient !
Giovanni Valerio
Il est temps d’augmenter
les salaires
Angelo Zanetti, secrétaire central secteur Médias
Dans les entreprises de médias, les
augmentations de salaire sont (très)
rares depuis des années, voire des décennies,
les entreprises refusant systématiquement
les négociations salariales.
Et ceci quelle que soit la
situation conjoncturelle. Durant les
dix dernières années de renchérissement
modéré, les salaires réels des
employés ont stagné pendant que les
honoraires des free-lances et les salaires
d’entrée des jeunes professionnels
des médias chutaient.
Aujourd’hui, en pleine période
d’inflation brutale et inquiétante, la
branche risque de perdre son attractivité
de manière irréfutable. Certaines
rédactions parlent notamment de pénurie
de personnel qualifié et de sérieux
problèmes de recrutement de la
relève. Il est grand temps de réagir et
revendiquer collectivement des adaptations
salariales pour les employé-e-s
actuel-le-s et futur-e-s ! syndicom met
donc à disposition des CoPe des rédactions
des recommandations et un argumentaire
complet.
Mais ces conseils s’adressent également
à nos collègues de la branche
de l ‘industrie graphique. Comme
pour des millions de travailleurs-euses
suisses, la situation économique rend
les augmentations salariales indipensables
dans la branche. D‘autant plus
que les salaires stagnent depuis des
années et que les entreprises ont là
aussi des difficultés à recruter. Des négociations
sont prévues en ce sens.
Quant aux collègues employé-e-s
des librairies, ils-elles peuvent compter
sur une compensation automatique
des salaires en fonction de l’inflation,
prévue dans la CCT (maximum
2 % des salaires minimums). Un pas
dans la bonne direction qui doit appeler
à d’autres mesures plus fortes !
syndicom va ainsi poursuivre son
travail au côté de ses membres et au
sein de ses secteurs pour garantir
toutes les adaptations salariales nécessaires
face à une situation économique
préoccupante.
20
Le monde
du travail
« Un grand pas vers des droits résolument égaux pour le
personnel d’IMS au sein de La Poste. » Manuel Wyss
Le « toit jaune » abrite un peu
plus de monde
Le long chemin vers la nouvelle CCT IMS a abouti fin août avec
succès. Les regards sont désormais tournés vers l’avenir.
Six mois de négociations ont été nécessaires à l’élaboration de la nouvelle CCT IMS. (© Keystone-ATS)
Poste Immobilier Management et Services
SA, ou IMS, est le prestataire de
La Poste pour tout ce qui concerne la
gestion de biens immobiliers. Près de
1000 employé-e-s gèrent plus de
2000 objets dans toute la Suisse. IMS
regroupe ainsi des professions diverses
dans la technique des bâtiments,
le nettoyage ou la gestion immobilière.
Ces employés seront désormais
couverts par une nouvelle CCT à partir
de janvier 2023, alors que l’actuelle
convention s’arrêtait fin 2022. Mais le
travail préliminaire a été long. Dès le
début de l’année, syndicom a mené
une enquête auprès de ses membres
sur les exigences liées à une nouvelle
convention. Les préoccupations les
plus fréquentes ? Plus de protection
contre le licenciement et un véritable
plan social, ainsi que de meilleurs
salaires. Les évaluations ont révélé un
long catalogue de revendications et un
fort potentiel d’amélioration.
Il a ensuite fallu sept tours de négociation
entre février et début juin
jusqu’à ce que la nouvelle CCT d’entreprise
IMS soit prête à être signée.
Dans le cadre de conférences organisées
fin août, les membres de syndicom
ont approuvé les propositions. A
juste titre, car la nouvelle CCT apporte
de nombreuses améliorations.
La protection contre les licenciements
est élargie et il y a désormais un
plan social spécifique pour IMS. Il se
base en grande partie sur le plan social
de La Poste. Il est possible de prendre
une retraite anticipée à partir de 62
ans. Ou encore, le personnel intérimaire
dispose d’un droit à un contrat
de travail, acquis désormais à partir
d’une mission de 16 mois chez IMS.
Tous les salaires minimaux sont
nettement augmentés. Dans l’échelon
de fonction du personnel de nettoyage,
de 50 à 400 francs selon la région
salariale. Dans toutes les autres
fonctions, de 1 %. Une prime de fidélité
a été introduite à partir de 20 ans de
service. Elle s’élève désormais à deux
semaines de vacances ou 3000 francs
tous les cinq ans. Ce ne sont là que
quelques éléments des améliorations
de la nouvelle CCT.
Tout comme la CCT d’entreprise
de La Poste, dont elle se rapproche, la
CCT IMS est désormais assujettie à
la CCT dite faîtière, qui règle les relations
entre les parties signataires et
définit donc les droits syndicaux. Elle
traite notamment des négociations salariales
ou des mécanismes visant à résoudre
les conflits. Avec les avancées
sociopolitiques de la nouvelle CCT, il
s’agit d’un grand pas vers des droits résolument
égaux pour le personnel
d’IMS au sein de La Poste.
Manuel Wyss
Les détails de la nouvelle
CCT valable dès janvier 2023
Une grève des femmes
de grande envergure
Patrizia Mordini, responsable de l’égalité et
membre du comité directeur
Le 14 juin 2023, la grève des femmes
sera un événement majeur ! Parce que
la Suisse n’avance pas en matière
d’égalité. Et parce que la politique et
les employeurs remettent une fois de
plus aux calendes grecques les droits
des femmes inscrits dans la Constitution.
Le congrès des femmes de l’USS
a donc décidé en novembre dernier
qu’une nouvelle vague violette – visible
et audible – devra déferler sur la
Suisse. Comme en 1991 et 2019.
L’assemblée des délégué-e-s de
syndicom du 18 juin 2022 s’est prononcée
avec enthousiasme pour la
participation à la grève et la mise à disposition
d’un budget adéquat.
Conjointement avec les unions syndicales
et plusieurs collectifs de grève
des femmes de diverses régions, nous
allons planifier des manifestations
publiques dans différentes villes.
Chez syndicom, la force de la grève des
femmes sera exploitée pour promouvoir
l’égalité. Pour ce faire, des actions
d’entreprise sont prévues dans des
branches sélectionnées. Les revendications
concernant l’égalité – plus de
temps pour la prise en charge de
proches et les tâches familiales, rentes
équitables et égalité salariale ainsi
que tolérance zéro face aux agressions
sexuelles au travail – occuperont le devant
de la scène. Tout comme les améliorations
que nous avons obtenues
ces dernières années lors des négociations
CCT. Ensemble, nous pourrons
œuvrer au succès de la grève des
femmes ! Nous recherchons donc déjà
des personnes de confiance qui souhaitent
s’impliquer – inscris-toi sous
gleichstellung@syndicom.ch !
« La commission conseille les membres de toutes les régions
linguistiques, indépendamment de la branche. » Franz Schori
21
La dolce vita à la retraite ?
Loin de là. La plupart des seniors sont en pleine forme et
veulent faire plus que profiter de la vie. syndicom exploite ce
potentiel de plusieurs manières. Et la tendance est à la hausse.
L’expérience des retraité-e-s se met au service des travailleurs-euses et du syndicat. (© Keystone-ATS)
Le 27 avril 2017, dix employé-e-s de
Swisscom se retrouvent à Olten pour
participer à un atelier intitulé
« Echange d’expériences 58+ ». Ils et
elles y discutent des possibilités
d’améliorer le potentiel des membres
seniors de syndicom. Des idées sont
débattues, approfondies, rejetées ou
poursuivies. Avec un effet durable.
En été 2017, Hansruedi Schläppi
commence en effet à donner des
conseils en matière de retraite aux
membres syndicom chez Swisscom.
De là naît un service de consultations
en retraite de syndicom, au départ seulement
pour les membres de Swisscom
en Suisse alémanique. Aujourd’hui,
cinq ans plus tard, la commission spécialisée
syndicom compte dix consultant-e-s
en retraite et conseille les
membres de toutes les régions linguistiques,
branches et employeurs.
Fin 2018, l’expert en communication
Mark Herbst propose au secteur
TIC de faire appel à des personnes retraitées
pour recruter de nouveaux
membres. Lors des premiers ateliers,
nous nous rendons rapidement
compte que le recrutement est difficile,
car les retraité-e-s n’ont plus accès
au lieu de travail. Nous nous tournons
alors vers la fidélisation des
membres. Ainsi, depuis plus de deux
ans, la nouvelle organisation Plus
mène avec succès des entretiens de
« win back », de feed-back et de fidélisation
des membres.
Les entretiens de « win back » ont
permis de récupérer des dizaines de
membres qui voulaient quitter syndicom.
Après 18 mois d’adhésion, nous
menons des entretiens de feed-back
avec les membres afin de savoir s’ils
ou elles se sentent bien chez syndicom.
Les entretiens de fidélisation
sont, eux, conduits par les membres
de l’organisation Plus avec des adhérent-e-s
qui ont plus de 58 ans. Depuis
peu, le comité directeur de syndicom a
décidé d’étendre ces entretiens du
secteur TIC à l’ensemble des membres.
D’autres opportunités de s’engager
s’offrent aux seniors lors d’actions
de distribution de tracts. Aujourd’hui,
Thomas Burger, l’actuel président des
Retraité-e-s de syndicom travaille avec
enthousiasme au développement de
nouvelles formes de participation
pour les membres seniors de syndicom,
par exemple via la création d’un
groupe de travail de politique sociale.
N’hésitez pas à rejoindre le mouvement
à participation@syndicom.ch !
Franz Schori
5G – l’humain et la
technologie
Lorsque de nouvelles technologies
émergent, elles suscitent souvent des
peurs. Il n’en va pas autrement pour la
5 e génération de téléphonie mobile.
Nous réagissons tous différemment à
Daniel Hügli, secrétaire central secteur TIC
l’exposition au rayonnement non ionisant
(RNI) des antennes – même
lorsque le rayonnement est bien inférieur
aux valeurs limites internationales
censées protéger contre les atteintes
à la santé.
Mandaté par l’Office fédéral de
l’environnement, le premier rapport
annuel sur les mesures RNI a été
publié. Les résultats montrent que les
intensités de champ mesurées ont
atteint au maximum 15 % de la valeur
limite dans les zones accessibles au
public. Dans la grande majorité des
cas, elles se situent bien en dessous,
notamment dans les appartements
d’habitation privés.
Une raison pour expliquer la stabilité
des valeurs malgré l’augmentation
du trafic de données pourrait résider
dans les technologies d’émission : la
4G et la 5G sont plus efficaces, car la
puissance d’émission s’adapte aux
besoins du moment. Les antennes 5G
adaptatives émettent en outre un
rayonnement ciblé sur l’appareil
mobile. Notre téléphone portable est
ainsi la principale source d’exposition
aux rayonnements électromagnétiques.
Et plus la densité d’antennes
est grande, moins le téléphone cellulaire
émet de rayonnement.
Grâce à la 5G, il sera possible à
l’avenir de réduire l’empreinte carbone
directement dans l’infrastructure
de réseau, mais aussi indirectement
avec des applications économes
en énergie, comme le montre une
étude de l’Université de Zurich et de
l’Empa. A cet effet, les entreprises de
téléphonie mobile doivent toutefois
investir davantage dans la recherche,
le monitoring et la sensibilisation à la
5G. Cela vaut également pour la Confédération
qui est en même temps appelée
à enfin débloquer le déploiement
de la 5G, en collaboration avec les
communes et les cantons.
22 Politique
Green New Deal pour le
climat, l’avenir et l’emploi
Le climat est-il en train d’être évincé du débat politique,
remplacé par la guerre, la crise énergétique et l’inflation ?
Tous sont étroitement liés, nous rappelle Margot Chauderna,
coprésidente des Jeunes Vert-e-s suisses. Nous l’avons rencontrée
pour parler de deux nouvelles initiatives soutenues par le
PS, les Vert-e-s et les syndicats : la première crée un fonds pour
le climat afin de soutenir la transition énergétique. La seconde
intègre la protection du cadre de vie dans les objectifs constitutionnels.
Texte : Federico Franchini
Image : Keystone-ATS
Madame Chauderna, les promoteurs
de l’initiative souhaitent investir
des milliards de francs chaque
année pour la transition énergétique.
Où trouver l’argent ?
L’initiative prévoit que la Confédération
investisse 0,5 à 1 % de son
Produit intérieur brut (PIB), soit 3,5
à 7 milliards de francs, dans le tournant
écologique. Comme on veut
que ce financement soit pris en
charge par l’Etat mais qu’on veut le
faire de la manière la plus socialement
acceptable possible, on ne
veut pas une nouvelle taxe. Il s’agit
donc de prendre l’argent que la
Confédération a déjà et de l’investir
dans la lutte contre le réchauffement
climatique et la sauvegarde de
la biodiversité. D’autres secteurs
bien plus néfastes bénéficient de
sommes d’argent plus importantes.
Que voulez-vous faire exactement
avec cet argent ?
Nous souhaitons entre autres accélérer
l’assainissement du parc immobilier,
favoriser les programmes
d’économies d’énergie, investir
dans les installations qui produisent
de l’énergie renouvelable et
développer les transports publics.
La double crise du climat et de la
biodiversité s’aggrave de jour en
jour, elle menace notre santé et
celle de la planète. Il faut donc agir
rapidement. Notre initiative a pour
but d’accorder à la protection du climat
et de la biodiversité les fonds
nécessaires pour financer le plus rapidement
possible la transition vers
une société décarbonisée. Les mesures
prises jusqu’ici ne permettront
même pas à la Suisse d’atteindre
son objectif de zéro
émission nette d’ici 2050. Et nous
sommes à des années-lumière de répondre
à l’engagement que la
Confédération a pris en ratifiant
l’Accord de Paris sur le climat : apporter
une contribution juste à l’objectif
de 1,5° C. Nous sommes très
Décarboniser la
société et l’économie
comme
mission publique
« Le but de cette initiative ? Inscrire dans la
Constitution que la protection de notre environnement
doit devenir le cadre de notre économie
et de notre société. Avec cette initiative, nous
voulons faire de la protection de l’environnement
une première priorité. »
23
Margot Chauderna, coprésidente des Jeunes Vert·e·s suisses
en retard et pour atteindre ces buts,
il faut agir rapidement et avec des
moyens financiers conséquents.
Le lancement de l’initiative tombe
dans un contexte de crise énergétique.
Est-ce que c’est le bon moment
? Ou craignez-vous que les
gens pensent plutôt à chauffer leurs
maisons qu’à sauver la planète ?
Ces deux sujets sont étroitement
liés ! Notre consommation d’énergies
fossiles non seulement aggrave
le réchauffement climatique et l’effondrement
de la biodiversité, mais
met en danger la paix, les droits humains
et la démocratie, en encourageant
l’esprit belliqueux et le maintien
au pouvoir de régimes
autoritaires. Ceci a aussi des répercussions
matérielles sur notre vie.
La situation actuelle de crise énergétique
alimentée par l’offensive
militaire de la Russie contre
l’Ukraine le montre très bien. En
voulant décupler le développement
des énergies renouvelables, modérer
notre consommation en énergie
et décarboner, cette initiative renforce
notre autonomie vis-à-vis du
pétrole et du gaz – et donc vis-à-vis
d’Etats autocratiques comme la
Russie. Elle assure ainsi notre approvisionnement.
Je pense donc que
c’est, au contraire, le bon moment :
ce qu’il se passe en Ukraine est un
argument pour la transition énergétique
et pour l’abandon des énergies
fossiles. Les citoyennes et les citoyens
s’intéressent plus que jamais
aux pompes à chaleur ou aux panneaux
solaires. Avec les bons investissements,
nous pouvons limiter
les risques de pénurie pour la prochaine
décennie tout en réduisant
nos émissions de CO 2
.
Ce nouveau fonds pour le climat
aura aussi un impact sur les emplois
en Suisse ?
Oui ! Dans le texte de l’initiative, on
mentionne de concevoir formations
et reconversions pour les emplois de
demain. Il faut former des gens aux
nouveaux métiers dont nous aurons
besoin pour décarboner l’économie.
Nous sommes en
retard sur les
objectifs de
l’Accord de Paris.
L’énergie solaire par exemple est
une priorité et nous manquons de
bras pour la pose de panneaux. C’est
donc clair qu’en investissant dans
ces secteurs, il y a aura des répercussions
positives sur l’emploi. Un impact
positif sera aussi posé par le
fait qu’en favorisant une meilleure
indépendance énergétique, on pourra
rapatrier des milliards de francs
que la Suisse paye chaque année
pour importer des énergies fossiles
depuis des pays problématiques. Au
lieu donc de fourrager des autocraties,
on créera des emplois intéressants
en Suisse. C’est pour ça que
l’Union syndicale suisse est en première
ligne avec les Vert-e-s et le
Parti socialiste.
Un autre aspect important de cette
démarche est le fait de remettre
l’Etat au centre de la lutte contre le
changement climatique. Quel sera
le rôle du service public ?
Grâce à ce fond pour le climat, investir
pour décarboniser la société
et l’économie sera une mission publique.
Alors qu’en Suisse il est
évident qu’une formation, des infrastructures
et une couverture sanitaire
de base sont des missions étatiques
– et font donc partie du
service public – on lésine face au
défi du siècle, la double crise du climat
et de la biodiversité. Cette initiative
reconnaît que lutter contre le
réchauffement du climat et renforcer
la biodiversité est tout aussi essentiel
que la couverture sanitaire
ou la formation pour la prospérité
de notre société. Elle entend en faire
une mission publique, conçue et financée
de manière socialement
équitable, au lieu d’être reportée sur
les individus.
Parallèlement, les jeunes Verts
lancent aussi l’initiative pour la
responsabilité environnementale.
De quoi s’agit-il ?
Le but de cette initiative est d’inscrire
dans la Constitution que la
protection de notre environnement
doit devenir le cadre de notre économie
et de notre société. Avec cette
initiative, nous voulons inscrire la
protection de l’environnement en
tant que première priorité. De ce
fait, la Suisse doit produire et importer
de manière à préserver les
bases nécessaires à la vie (et ainsi
protéger nos moyens de subsistance).
Concrètement, cela signifie
que l’impact environnemental de la
Suisse doit être réduit d’ici dix ans
de manière à respecter les ressources
de la Terre.
Le débat sur le climat semble être
un peu sorti de l’agenda politique.
Est-ce que ces deux initiatives sont
destinées à replacer ce sujet fondamental
au centre des débats avant
les prochaines élections fédérales ?
Oui ! Le climat a été un sujet important
des dernières élections fédérales
et la situation est si grave qu’il
devrait aussi peser sur les prochaines.
La Suisse ressent de plus
en plus l’impact du réchauffement
climatique : en été, canicules, sécheresses
et intempéries se succèdent,
les glaciers fondent : en hiver, la
neige se fait rare. Pourtant, je pense
que le refus de la loi sur le CO 2
a un
peu ralenti la dynamique du Parlement.
Ensuite, la guerre en Ukraine
et la crise énergétique ont relégué
ces questions au second plan. Avec
ces deux initiatives, on devra sensibiliser
les gens aux risques engendrés
par la dépendance aux énergies
fossiles et, bien sûr, remettre l’environnement
au centre de la prochaine
campagne électorale nationale.
Signez maintenant l’initiative
pour un fonds climat !
24 Politique
La Suisse doit faire face à
sa propre responsabilité
La Suisse est à la traîne en matière de responsabilité des entreprises.
Deux ans après la votation sur les multinationales responsables,
la coalition derrière ce projet lance une pétition
d’envergure pour qu’une loi forte et efficace puisse enfin voir le
jour, chez nous aussi. Car, pendant que l’Europe travaille sur
une nouvelle loi sur la responsabilité des multinationales à
l’échelle européenne, le contre-projet à l’initiative entré en vigueur
début 2022 en Suisse ne ressemble qu’à un exercice alibi.
Texte : Robin Moret
Image : Keystone-ATS
Depuis trop longtemps, les multinationales
suisses sont régulièrement
impliquées dans des violations des
droits humains ou des pollutions
environnementales. Alors que les
pays voisins et l’UE sont en train
d’adopter des lois efficaces pour y
remédier, la Suisse pourrait bien devenir
le seul pays sans responsabilité
des multinationales. Dans ce
contexte, la coalition pour des multinationales
responsables a lancé en
août dernier une pétition pour une
loi efficace en exigeant du Conseil
fédéral qu’il tienne ses promesses
émises lors de la campagne de votation.
Il s’agit en premier lieu d’y faire
figurer un devoir de diligence raisonnable
en matière de droits humains
et de protection de l’environnement
basé sur les risques et
conforme aux standards internationaux
(en particulier les Principes directeurs
de l’ONU relatifs aux entreprises
et aux droits humains et les
Principes directeurs de l’OCDE à
l’intention des entreprises multinationales).
Deuxièmement, la loi devra
contenir la création d’une autorité
de surveillance indépendante dotée
Avec la nouvelle loi
européenne, la
Suisse n’a plus
d’excuse.
de compétences étendues, sur le
modèle du projet de directive de
l’UE.
Finalement, il est également
nécessaire qu’elle intègre une responsabilité
civile adaptée au droit
suisse pour les dommages relevant
des droits humains ou de l’environnement
qui auraient pu être évités
par une diligence appropriée.
Inspirée par l’Allemagne, la
Norvège et la France qui disposent
d’une loi effficace en la matière, la
Commission européenne a présenté
un projet de directive en début d’année,
qui va en partie plus loin que
l’initiative pour des multinationales
responsables qui a été soumise en
votation en Suisse fin 2020 : la responsabilité
civile s’étend aux fournisseurs
et une autorité de surveillance
pourra infliger de lourdes
amendes en cas d’infraction. De
plus, les multinationales devront
montrer qu’elles respectent les
objectifs de l’Accord de Paris sur le
climat.
Prise de conscience en Suisse
Pour rappel, la votation de novembre
2020 avait vu l’initiative populaire
« Pour des entreprises responsables
» rejetée à une majorité
des cantons, alors que 50,7 % des
votant-e-s avaient dit « oui ». La
double majorité était nécessaire.
Aujourd’hui, selon un récent sondage
publié par l’institut Demoscope,
plus d’un tiers de celles et
ceux qui ont voté non il y a deux ans
ont changé d’avis au vu des développements
européens.
La coalition compte bien profiter
de cet élan pour envoyer un message
clair au Conseil fédéral et au
Parlement, et aller au-delà du
contre-projet alibi. Elle s’est fixé
l’objectif de récolter 100 000 signatures
en 100 jours, à savoir jusqu’au
27 novembre.
Pour signer la pétition
sans plus attendre
Droit au but !
25
Cher service juridique,
Depuis quelques mois, les prix des carburants,
de l’électricité, du gaz et de certaines
denrées alimentaires augmentent. Et comme
chaque année, il faut à nouveau s’attendre à
une hausse des primes des caisses maladie.
Or, depuis 2020, nous n’avons obtenu ni compensation
du renchérissement ni augmentation
réelle des salaires dans l’entreprise. Cela
est principalement dû aux mesures COVID-19
et au chômage partiel qui en a résulté pendant
plusieurs mois. Je crains donc que l’employeur
invoque la crise ambiante pour ne
même pas accorder une compensation du
renchérissement. Quelles sont mes possibilités
pour imposer une augmentation de salaire
? Je travaille dans l’industrie graphique,
qui est régie par le contrat collectif de travail.
Que prévoit le contrat collectif de travail de
l’industrie graphique ?
Il n’y a pas de représentation du personnel
dans notre entreprise. Jusqu’à présent,
l’employeur ne s’est pas non plus exprimé sur
le sujet. Ces dernières années, nous avons
simplement reçu à la fin de l’année une
information interne concernant les salaires.
Que puis-je faire pour thématiser et exiger
une augmentation de salaire ?
La réponse du service juridique :
L’employeur paie au travailleur le salaire convenu,
usuel ou fixé par un contrat type de travail ou par une
convention collective (art. 322 al. 1 CO). Le salaire peut
être négocié librement entre l’employeur et l’employé-e,
mais il ne doit pas enfreindre les dispositions
de la loi, d’une convention collective de travail ou d’un
contrat type de travail. L’employeur n’est donc pas
tenu par la loi d’adapter annuellement ou régulièrement
le salaire au renchérissement ou d’accorder une
augmentation du salaire réel. Dans une convention
collective de travail, il est possible de convenir de meilleures
dispositions en faveur des travailleuses et travailleurs.
Par exemple, une convention collective de
travail peut stipuler d’accorder la compensation annuelle
du renchérissement ou des salaires minimaux.
Le contrat collectif de travail de l’industrie graphique
stipule, d’une part, des salaires minimaux à respecter
et, d’autre part, l’obligation de négocier une fois par
an avec la représentation du personnel compétente les
modifications générales de salaire. Si une entreprise
ne dispose pas de représentation du personnel, alors
la négociation salariale doit être menée directement
avec le personnel. Il n’existe toutefois aucune obligation
d’accorder une hausse salariale chaque année ou
de façon régulière.
Ensemble, on obtient toujours plus. Tu n’es pas la
seule personne à être concernée par ce sujet, tes collègues
le sont aussi. Rédigez ensemble une lettre à l’intention
de l’employeur et formulez-y la revendication
salariale. Soumettez cette revendication salariale à la
direction en lui demandant d’organiser une réunion
d’entreprise afin de discuter et de négocier ce sujet. Tu
peux aussi demander une augmentation salariale sur
une base individuelle. A cet effet, il suffit que tu
prennes contact avec ton ou ta responsable hiérarchique
direct-e et lui demandes un entretien. Mais une
démarche collective est toujours préférable, car l’employeur
voit qu’il ne s’agit pas d’un besoin individuel,
mais d’une demande émanant de la plupart des travailleuses
et travailleurs. Si vous avez des questions ou
souhaitez un soutien, syndicom vous conseille et vous
assiste volontiers dans la procédure collective et individuelle.
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26 Loisirs
Suggestions
© Louie Media
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bénéficiez chaque année d’un cours
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peuvent avoir des répercussions
négatives sur notre santé. Pour en
limiter les effets, les entreprises
doivent respecter les fondements légaux
en la matière. Mais travailleurs
et travailleuses peuvent aussi se protéger
par des comportements appropriés.
Parler en public : le débat
7 novembre 2022 à Lausanne
Vous souhaitez participer activement
à un débat et convaincre votre
auditoire. Cette journée attirera
votre attention sur la manière de
promouvoir votre point de vue,
l’importance de vous adapter à votre
public et d’intervenir à bon escient.
N’hésitez pas à vous inscrire sans
plus attendre !
Movendo
Travail en cours
Depuis plus de deux ans, le podcast
« Travail en cours » explore les bouleversements
du travail et sa place
dans nos vies. Diffusés chaque jeudi,
les épisodes décortiquent les
thématiques actuelles autour du
monde du travail, des bullshit jobs
aux reconversions professionnelles
ou aux questions de santé au travail.
La rédaction de syndicom vous propose
une sélection d’épisodes à
écouter en toute liberté (et gratuitement)
sur les plateformes audio habituelles.
Les managers doivent-ils s’ouvrir
aux émotions de leurs équipes ?
Voyez la scène : votre chef-fe, en réunion,
vous accoste en vous disant :
« Ah d’ailleurs, il faudra avancer le
rendu du dossier mardi au lieu de
vendredi, il y a eu du changement. »
Ça propulse vos neurones à toute
vitesse et intérieurement, vous criez
vraiment très fort. Mais en apparence,
vous restez impassible, et
vous hochez la tête. Que faire de ce
grand cri intérieur ? L’exprimer sans
filtre, ou le réprimer totalement ?
Comment trouver le métier fait
pour vous ?
Depuis la crise sanitaire, les bilans
de compétences explosent : leur
nombre a augmenté considérablement
ces dernières années. Alors
est-ce que c’est une solution miracle
pour réussir à s’orienter professionnellement,
et enfin trouver sa voie ?
Comment réussir à déconnecter
pendant vos vacances ?
Tout est dans le titre !
Scannez le code QR ci-dessous pour
retrouver ces épisodes et découvrir
ce podcast.
Robin Moret
Les souris du Palais fédéral
© OSL
Le professeur d’histoire de Melissa
a préparé ses élèves à visiter le Palais
fédéral. Il leur a expliqué les
procédures qui s’y déroulent et la
manière dont les citoyen-ne-s
peuvent prendre part à la vie politique.
Le grand jour est enfin arrivé !
Melissa, qui emmène partout sa
souris Lune, la cache dans la poche
de sa veste. Mais Lune s’échappe
justement au Palais fédéral ! Melissa
part à sa recherche. Ce faisant, elle
découvre un monde qu’elle ne
connaissait pas et s’immerge dans
la politique suisse.
A travers ce récit d’aventures
richement illustré de Valentine Zubler,
les jeunes lectrices et lecteurs
apprendront comment fonctionne
un système politique unique en son
genre, celui de la Suisse. L’occasion
d’acquérir des notions telles que
parlementaires de milice et d’en savoir
plus sur la rémunération des
membres du conseil. Totalement en
phase avec l’actualité, l’ouvrage
aborde également des questions
telles que la représentation appropriée
des femmes en politique. La
postface a été rédigée par Philippe
Schwab, secrétaire général de l’Assemblée
fédérale, et Christoph
Stutz, responsable de l’éducation
politique au Parlement suisse.
Œuvre Suisse
des Lectures
pour la Jeunesse
Tous les cours Movendo sont disponibles
sur movendo.ch/fr/ereignis
« Travail en cours » diffusé
chaque jeudi sur toutes les
plateformes audio
Pour vous procurer
le livre
1000 mots
Ruedi Widmer
27
28 Evènements Manifestations contre AVS21 \ La déception et la colère des femmes après le
résultat de la votation \ Championnat suisse de coursiers et coursières à vélo \
Journée des indépendant-e-s
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1-2. La déception et la colère des femmes au lendemain du résultat de la votation AVS21 (© syndicom / Patrizia Mordini)
3-5. Un extrait des dizaines de manifestations contre l’AVS21 sur différents lieux de travail dans toute la Suisse (© syndicom)
6. Azra Ganic, secrétaire régionale ICT de la région de Zurich, visite des entreprises du secteur Fulfillment. (© syndicom)
7. Les gagnants du concours syndicom au Championnat suisse des coursiers-ères à vélo du 23 au 25 septembre (© syndicom / Peter Spichtig)
8. Klara Obermüller, la « grande dame » du journalisme suisse, lors de la Journée des indépendant-e-s le 10 septembre à Zurich (© syndicom)
9. Peter Spichtig, responsable de la région Nord-Ouest et Suisse centrale, au Championnat suisse des coursiers-ères à vélo (© syndicom)
10. Le groupe d’intérêt migration à Zurich lors de la course contre le racisme le 18 septembre (© Idris Djelid)
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30
Tranches
de vie
« Je m’investis toujours un peu plus.
Et je cherche des sujets intéressants. »
Fatima Lee est née en 1960. Elle a étudié
le droit au Maroc et vit en Suisse
depuis 36 ans. Mariée à un Zurichois,
elle a deux enfants adultes et travaille
dans la branche télécom. Membre du
PS et affiliée depuis 2010 à syndicom,
elle préside le GI Migration du canton
de Zurich. Depuis 2017, elle copréside
également la commission des migrations
(avec Augustin Makumba).
Fatima se ressource lors d’excursions
avec son mari. Et une fois par année,
elle tire la prise – pendant les
vacances sans télévision ni téléphone,
« là, je peux décrocher. »
« Donner et recevoir », telle est
la devise de Fatima en ce qui concerne
son engagement syndical.
Texte : Suleika Baumgartner
Image : Patrick Gutenberg
Le GI Migration est là
pour toutes et tous
Le groupe d’intérêt (GI) Migration de
syndicom ne s’occupe pas que des
préoccupations des personnes issues
de l’immigration, ni ne se focalise
uniquement sur les questions du travail.
« Nous voulons influencer les développements
de la société dans son
ensemble », déclare la coprésidente
Fatima Lee. A 7 ans déjà, Fatima participe
avec son père et son frère à sa
première manifestation. C’était le
1 er mai 1967. Le travail syndical fait
partie de son ADN. Plus tard, en
Suisse, la juriste devient d’abord
membre du Parti socialiste (PS).
Lorsqu’elle a voulu motiver une collègue
à s’impliquer au PS, cette dernière
a laissé entendre que syndicom
défendait ses intérêts en
matière de questions sociétales tout
aussi bien, voire mieux que le PS. Et,
ainsi, Fatima Lee a adhéré au syndicat
fin 2010. Les thèmes qui lui
tiennent à cœur sont les droits des
femmes, l’élimination de la discrimination
envers les étrangers-ères,
l’amélioration de la situation des migrant-e-s
dans le monde du travail.
Le GI intervient aussi lors de débats
sur les votations : il a combattu l’interdiction
de la burqa et le renforcement
de la loi sur les mesures policières
de lutte contre le terrorisme
(loi antiterroriste). Sur ce dernier
sujet, le GI a organisé un podium
public avec la participation d’intervenant-e-s
externes. « Pendant les deux
dernières années COVID, notre GI
s’est montré très actif », souligne Fatima.
« Surtout l’augmentation de la
pauvreté nous a occupés. » La syndicaliste
pense que l’engagement politique
de syndicom a permis de gagner
de nouveaux membres pendant
la pandémie. Au niveau cantonal, il
n’existe plus qu’à Zurich un GI, présidé
par Fatima Lee. « En 2016, le GI
Migration regroupait uniquement
deux personnes actives, moi-même
et mon secrétaire », se rappelle-t-elle.
Entre-temps, nous sommes douze, et
il arrive que d’autres personnes
viennent se joindre à nous et
amènent leurs idées : « Si une personne
travaille dans le canton de
Zurich sans y habiter, elle peut aussi
s’impliquer. » Le GI Migration de
Zurich grandit donc. Mais quel est le
secret de Fatima ? Fatima, une
femme filiforme à l’air énergique et
concentré, réfléchit. « Je m’investis
toujours un peu plus. Et je cherche
des sujets qui intéressent les gens. »
Les membres savent en outre qu’elle
est toujours joignable – elle utilise
tous les canaux, aussi les réseaux sociaux.
Son bagage juridique lui permet
d’apporter son aide sur des
questions concrètes. « Il ne suffit pas
d’indiquer les services officiels de
conseil aux heures de bureau du syndicat
», dit-elle. Elle a de toute évidence
réussi à construire une relation
personnelle avec les membres :
« Nous sommes comme une famille. »
Pendant la pandémie, les rencontres
en ligne sont devenues importantes :
« Beaucoup de personnes se sentaient
très seules. Nous étions là
pour elles. Cela a renforcé notre
groupe. »
Toutes les infos
sur le GI Migration
Impressum
Rédaction : Robin Moret et Giovanni Valerio
(coresponsables), Rieke Krüger et Lydia Schebesta
Courriel : redaction@syndicom.ch
Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser et
Gabriele Alleva
Dessins de portrait : Katja Leudolph
Layout, correction, impression : Stämpfli Kommunikation
Changements d’adresse : syndicom, gestion
des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,
3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17
Annonces : priska.zuercher@syndicom.ch
Commande d’abonnements : info@syndicom.ch
Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation
de membre. Non-membres : Fr. 35.– (Suisse),
Fr. 50.– (étranger)
Editeur : syndicom – syndicat des médias
et de la communication, Monbijoustr. 33,
case postale, 3001 Berne
Le magazine syndicom paraît six fois par année.
Le numéro 32 paraîtra le 9 décembre 2022.
31
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
I
5 1
II
8
III
7
IV
V
2
VI
VII
9 6
VIII
4
IX
X
Mot mystère :
DÉFINITIONS
3
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Horizontalement : I. Rafraîchissement. II.
Tube princier. Haute portée. III. Sans illusion.
Potentiellement. IV. Deux sesterces. Basique.
Foudre. V. Tas d'états. Lésé. Râperas. VI.
Ballon d'or 2021. Encore et encore ! Soulagé.
VII. Possessif. Tartuffe ne saurait le voir. Petit
enseignement religieux. Rapproche du titre.
VIII. De l'Engadine au Danube. Mariée ou pas,
à Londres. Cousine de son enfant. Lui. IX.
Soustraira. Ranger. X. Mauvais. En usage.
Verticalement : 1. Argument de riche. 2.
Décodée. Pénible. 3. Cheminerai. Voilier. 4.
Grandes marées. Big boss égyptien. 5. Fait.
Théologiens. 6. Plateaux nord-africains. 7.
Dieu solaire. Cycle. Interpellation. 8.
Éméchés. Exclut. 9. Tombeur de dames. Mais
encore. Capitale du coltan. 10. Les phrases ou
les bêtes peuvent l'être. 11. Sorte d'adresse.
Âge. Tableau célèbre. 12. Plafonds de la
République. Irrigue même le désert. 13.
Candides. Genré. 14. Cilice. 15. Tout se joue
sans les bras.
Mots croisés
Le-la gagnant-e, dont le nom paraîtra
dans le prochain magazine, recevra une
pièce en argent de notre partenaire la
banque Cler. Prière d’envoyer votre
solution (le mot mystère seulement)
jusqu’au 4 novembre par e-mail à
admin@syndicom.ch ou par courrier à
Rédaction syndicom, Monbijoustrasse
33, case postale, 3001 Berne.
Une seule participation possible par
membre.
Le gagnant du dernier mots croisés
La solution du mots croisés du
dernier numéro était « PRÉVENTION ».
Le gagnant est Madame Claudine
Galliker -Blanc à Missy. Elle recevra
un bon de notre partenaire REKA.
Chaleureuses félicitations !
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32 Interactifs
syndicom social
Les énergies renouvelables créent des postes de
travail 8.9.2022
Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie
(AIE), près de 40 millions de personnes dans le monde
exécutent des tâches liées aux énergies propres.
Cette part représente 56 % de l’emploi dans ce secteur.
Cela signifie que les postes de travail dans les énergies
renouvelables sont pour la première fois plus nombreux
que ceux liés au transport, à la production et à la
consommation de combustibles fossiles.
Hausse des primes maladie 26.9.2022
Comme les nouvelles primes ont été
annoncées le 27 septembre, voici un
petit rappel pour trouver les mots justes : tout
comme les loyers, les primes maladie n’« augmentent
» pas. Elles sont augmentées. L’augmentation
du coût de la vie n’est pas une loi naturelle.
@WidlaNatalia
Grève chez Amazon en Allemagne 14.9.2022
Le personnel d’Amazon à Winsen a fait grève pour obtenir
de meilleurs salaires et conditions de travail.
Amazon s’oppose depuis longtemps aux revendications
du syndicat ver.di visant à négocier une CCT.
Soutien au personnel d’Apple 25.8.2022
Les employé-e-s d’Apple en Australie et partout
dans le monde disposent du plein soutien du mouvement
syndical mondial pour se défendre contre
les stratégies de mauvaise foi. @Mathias_UNI
La technologie contre la violence 20.8.2022
La spin-off d’allianceF, Tech against Violence, a lancé
#withyou contre #relationstoxiques & #violencedomestique
! Grâce à #withyou, tu découvriras les différentes
formes de violence et sauras où trouver de l’aide.
Consulte le site et parles-en autour de toi : with-you.ch
Lutter contre les violences en ligne 1.9.2022
La violence en ligne constitue une menace permanente
pour les journalistes et entraîne de
graves conséquences sur la liberté de la presse,
comme l’autocensure. Ces violences concernent
en particulier les femmes. C’est pourquoi l’International
Women’s Media Foundation a publié un
guide contre les violences en ligne.
Retraite du comité de la branche Presse 21.9.2022
Je suis nouvelle dans le groupe, mais je vais tout de
suite faire un shout out pour ce syndicat solide qui
fait un travail précieux pour nous les journalistes.
Allez @syndicom_fr et merci pour l’invitation
@dan_faulhaber.
UNI Global et H&M au Pérou – accord historique 8.9.2022
Un syndicat péruvien, membre d’UNI Global, a signé une
convention collective avec H&M, le géant de l’habillement.
C’est la première du genre au Pérou.
Trop, c’est trop 15.6.2022
Le rapport annuel de l’Institut Reuters
d’Oxford sur la consommation de l’information
en ligne dans le monde montre
que 38 % de la population l’évite délibérément, tandis
que 43 % se plaignent d’être submergés d’informations
au point d’en être saturés. Sans un filtre pour les
sélectionner, en avoir trop revient à ne rien assimiler.
Airbnb à Lucerne, ça suffit ! 19.8.2022
En ville, les prestataires professionnels
d’Airbnb continuent à transformer allégrement
les logements. Nous avons déposé
l’initiative « Wohnraum schützen – Airbnb regulieren
» visant à protéger le logement en régulant
Airbnb. L’exécutif de la ville de Lucerne a fait une
contre-proposition qui sacrifierait des centaines de
logements supplémentaires à Airbnb. C’est exclu.
Nous devons tous nous impliquer pour l’empêcher.
Désillusion après AVS21 25.9.2022
« Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les
femmes et hommes de Suisse alémanique
votent en faveur de pareilles inepties #avs
#avs21 #avs21non #65cesttoujoursnon @avs21non. »
Suivez-nous sur les
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