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derrière ma machine à coudre. Je m’habillais alors<br />
toujours en chemise-cravate, ce qui faisait tache au<br />
milieu des couturières. Le créateur me demande ce<br />
que je fais là, vêtu ainsi, ce à quoi je réponds : “ J’attends<br />
d’aller au studio. ”, et j’en profite pour montrer<br />
mes dessins. Dans le quart d’heure qui suit, je me<br />
retrouve au studio. J’y ai travaillé en tant qu’assistant<br />
pour Pierre Cardin. J’ai beaucoup appris à ses<br />
côtés durant deux ans. Je déjeunais avec lui une fois<br />
par semaine dans son bureau et je m’occupais des<br />
licences signées par la maison de couture. Mon rôle<br />
était de dessiner les lunettes ou les maillots de bain<br />
d’après la collection haute couture. »<br />
18 SOCIÉTÉ<br />
« GRIFFÉ OLIVIER CHABLOZ »<br />
Après avoir côtoyé son idole, le jeune Vaudois<br />
poursuit son aventure parisienne au<br />
cours de laquelle il rencontre son premier<br />
amour, Frédéric Botton, l’auteur compositeur<br />
de La grande Zoa, chanson culte de<br />
Régine : « Nous avons vécu ensemble dans<br />
un appartement du 16 e arrondissement, où il<br />
m’a fait mener une vie de jet-setter pendant<br />
une dizaine d’années. Je me souviens des<br />
bals, des grandes fêtes et des soirées au<br />
casino de Deauville ou de Monte Carlo »,<br />
détaille le créateur. Cette vie parisienne<br />
est notamment peuplée par Régine, pour<br />
laquelle il crée et réalise des modèles durant<br />
quelques mois, depuis l’atelier qu’elle<br />
fait installer pour lui dans son appartement<br />
parisien, mais aussi par d’autres grands<br />
noms du Tout-Paris de l’époque : « J’aimais<br />
organiser des dîners dans l’appartement du<br />
16 e . On y recevait Pierre Bergé, Yves Saint<br />
Laurent, Roland Petit, Jeanne Moreau et<br />
Barbara notamment. » Le designer évolue<br />
également auprès de Françoise Sagan et<br />
est invité régulièrement au manoir d’Equemauville<br />
où il fait la rencontre d’Helmut Berger,<br />
« juste après Les Damnés, à l’époque<br />
où on ne parlait que de lui et de Visconti»,<br />
raconte–t-il. Côté professionnel, Olivier<br />
Chabloz travaille pour Réal, « la maison qui a<br />
réalisé la robe en Vichy pour Brigitte Bardot<br />
et qui habillait les yéyés » et pour Hubert de<br />
Givenchy, une maison dans laquelle l’ambiance<br />
de travail est «austère».<br />
Le jeune créateur en vue commence à se faire une<br />
place dans le milieu de la mode et se voit proposer<br />
une collaboration avec Adige, qui vend alors des<br />
chaussures haut-de-gamme. Son rôle est de développer<br />
une ligne de prêt-à-porter « griffée Olivier<br />
Chabloz pour Adige », précise-t-il. C’est lors de cette<br />
collaboration qu’il crée un élément important de son<br />
esthétique, le talon de chaussure pyramide, un détail<br />
qui sera « largement copié par la concurrence »,<br />
s’amuse-t-il aujourd’hui. Son travail chez Adige rencontre<br />
un franc succès : « J’ai trouvé une boutique à<br />
l’Avenue Matignon et y ai installé mon studio. Mon<br />
nom ressortait régulièrement dans la presse, si bien<br />
qu’après trois ans j’ai été contacté par la maison Dora<br />
Herbst. Dans les années soixante, c’était elle qui faisait<br />
la mode à Ibiza. » Après plusieurs rencontres, le<br />
designer décide de quitter Adige pour Herbst, mais<br />
l’affaire tourne mal : « Le 7 janvier 1981, je reçois un<br />
téléphone à huit heures du matin pour me dire que<br />
tout est annulé. J’étais scotché sur mon lit, comme<br />
anesthésié, sous le choc. »<br />
« LE CARTON DE MA CARRIÈRE »<br />
Le Montreusien rentre au pays durant<br />
quelques semaines, avant de s’envoler<br />
pour les USA. « Je suis arrivé à New York<br />
comme j’étais arrivé en 1964 à Paris : je<br />
repartais de zéro. » Il pose ses valises au<br />
mythique Chelsea Hotel, où il vit durant un<br />
an : « J’avais la chambre du sculpteur Claes<br />
Oldenburg. L’ambiance était un peu pourrie,<br />
un peu glauque mais démentielle. » Sa carrière<br />
n’évolue pas comme il le souhaiterait,<br />
et Olivier Chabloz rentre au pays. Il s’y associe<br />
avec Betzy Capt, une amie d’enfance,<br />
et fait fabriquer en Inde ses créations. Ensuite,<br />
il s’installe durant sept ans à Zurich, où<br />
il travaille pour un fabricant de prêt-à-porter<br />
haut-de-gamme, la maison Algo, avant de<br />
vendre ses créations dans un magasin de<br />
robes de mariées à Genève. « Là-bas, j’ai<br />
fait le carton de ma carrière avec une tenue<br />
pour une des filles de la famille princière du<br />
Qatar. Elle voulait une robe spectaculaire.<br />
J’ai réalisé un modèle inspiré par Marie-Antoinette,<br />
couleurs or et blanc cassé avec<br />
une traîne de huit mètres en soie bordée<br />
de mille roses. »<br />
Côté vie privée, le designer nous confie avoir rencontré<br />
l’artiste plasticien Jean-Pascal Bongard en<br />
1975 : « J’ai su que c’était l’amour de ma vie. » Auprès<br />
de lui, il trouve une forme d’équilibre, alternant repos<br />
loin de l’agitation du monde créatif et vie artistique<br />
plus mondaine. « Si nous ne sommes pas un vieux<br />
couple, c’est grâce à notre créativité », dit-il, amusé.<br />
Interrogé sur ses prochains projets, l’artiste répond,<br />
lumineux : « Je crée tout le temps ! »<br />
SOUS-RUBRIQUE<br />
JEUDI 1 ER DÉCEMBRE <strong>2022</strong><br />
JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA<br />
–<br />
« POURQUOI DOIT-ON ENCORE PARLER<br />
DU VIH/SIDA EN <strong>2022</strong> ? »<br />
Matinée d’étude, Salle Communale du Faubourg,<br />
Rue des Terreaux-du-Temple 6, Genève<br />
7H30 - 14H00<br />
–<br />
EXPOSITION PHOTO<br />
« LES ARCHIVES DE PVA-GENÈVE »<br />
tout au long de la journée<br />
à la Salle Communale du Faubourg<br />
–<br />
CÉRÉMONIE INTERRELIGIEUSE<br />
Cathédrale Saint-Pierre<br />
18H30 – 19H30<br />
–<br />
MARCHE COMMÉMORATIVE<br />
de la Cathédrale Saint-Pierre<br />
à la Salle du Faubourg<br />
DÈS 19H30<br />
–<br />
DÎNER CONVIVIAL<br />
Salle Communale du Faubourg<br />
20H30<br />
PVA-GENÈVE A 30 ANS<br />
pvageneve.ch<br />
RUBRIQUE<br />
19