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360° magazine / novembre 2022

Numéro 218 | Vieillir LGBTIQ+

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derrière ma machine à coudre. Je m’habillais alors<br />

toujours en chemise-cravate, ce qui faisait tache au<br />

milieu des couturières. Le créateur me demande ce<br />

que je fais là, vêtu ainsi, ce à quoi je réponds : “ J’attends<br />

d’aller au studio. ”, et j’en profite pour montrer<br />

mes dessins. Dans le quart d’heure qui suit, je me<br />

retrouve au studio. J’y ai travaillé en tant qu’assistant<br />

pour Pierre Cardin. J’ai beaucoup appris à ses<br />

côtés durant deux ans. Je déjeunais avec lui une fois<br />

par semaine dans son bureau et je m’occupais des<br />

licences signées par la maison de couture. Mon rôle<br />

était de dessiner les lunettes ou les maillots de bain<br />

d’après la collection haute couture. »<br />

18 SOCIÉTÉ<br />

« GRIFFÉ OLIVIER CHABLOZ »<br />

Après avoir côtoyé son idole, le jeune Vaudois<br />

poursuit son aventure parisienne au<br />

cours de laquelle il rencontre son premier<br />

amour, Frédéric Botton, l’auteur compositeur<br />

de La grande Zoa, chanson culte de<br />

Régine : « Nous avons vécu ensemble dans<br />

un appartement du 16 e arrondissement, où il<br />

m’a fait mener une vie de jet-setter pendant<br />

une dizaine d’années. Je me souviens des<br />

bals, des grandes fêtes et des soirées au<br />

casino de Deauville ou de Monte Carlo »,<br />

détaille le créateur. Cette vie parisienne<br />

est notamment peuplée par Régine, pour<br />

laquelle il crée et réalise des modèles durant<br />

quelques mois, depuis l’atelier qu’elle<br />

fait installer pour lui dans son appartement<br />

parisien, mais aussi par d’autres grands<br />

noms du Tout-Paris de l’époque : « J’aimais<br />

organiser des dîners dans l’appartement du<br />

16 e . On y recevait Pierre Bergé, Yves Saint<br />

Laurent, Roland Petit, Jeanne Moreau et<br />

Barbara notamment. » Le designer évolue<br />

également auprès de Françoise Sagan et<br />

est invité régulièrement au manoir d’Equemauville<br />

où il fait la rencontre d’Helmut Berger,<br />

« juste après Les Damnés, à l’époque<br />

où on ne parlait que de lui et de Visconti»,<br />

raconte–t-il. Côté professionnel, Olivier<br />

Chabloz travaille pour Réal, « la maison qui a<br />

réalisé la robe en Vichy pour Brigitte Bardot<br />

et qui habillait les yéyés » et pour Hubert de<br />

Givenchy, une maison dans laquelle l’ambiance<br />

de travail est «austère».<br />

Le jeune créateur en vue commence à se faire une<br />

place dans le milieu de la mode et se voit proposer<br />

une collaboration avec Adige, qui vend alors des<br />

chaussures haut-de-gamme. Son rôle est de développer<br />

une ligne de prêt-à-porter « griffée Olivier<br />

Chabloz pour Adige », précise-t-il. C’est lors de cette<br />

collaboration qu’il crée un élément important de son<br />

esthétique, le talon de chaussure pyramide, un détail<br />

qui sera « largement copié par la concurrence »,<br />

s’amuse-t-il aujourd’hui. Son travail chez Adige rencontre<br />

un franc succès : « J’ai trouvé une boutique à<br />

l’Avenue Matignon et y ai installé mon studio. Mon<br />

nom ressortait régulièrement dans la presse, si bien<br />

qu’après trois ans j’ai été contacté par la maison Dora<br />

Herbst. Dans les années soixante, c’était elle qui faisait<br />

la mode à Ibiza. » Après plusieurs rencontres, le<br />

designer décide de quitter Adige pour Herbst, mais<br />

l’affaire tourne mal : « Le 7 janvier 1981, je reçois un<br />

téléphone à huit heures du matin pour me dire que<br />

tout est annulé. J’étais scotché sur mon lit, comme<br />

anesthésié, sous le choc. »<br />

« LE CARTON DE MA CARRIÈRE »<br />

Le Montreusien rentre au pays durant<br />

quelques semaines, avant de s’envoler<br />

pour les USA. « Je suis arrivé à New York<br />

comme j’étais arrivé en 1964 à Paris : je<br />

repartais de zéro. » Il pose ses valises au<br />

mythique Chelsea Hotel, où il vit durant un<br />

an : « J’avais la chambre du sculpteur Claes<br />

Oldenburg. L’ambiance était un peu pourrie,<br />

un peu glauque mais démentielle. » Sa carrière<br />

n’évolue pas comme il le souhaiterait,<br />

et Olivier Chabloz rentre au pays. Il s’y associe<br />

avec Betzy Capt, une amie d’enfance,<br />

et fait fabriquer en Inde ses créations. Ensuite,<br />

il s’installe durant sept ans à Zurich, où<br />

il travaille pour un fabricant de prêt-à-porter<br />

haut-de-gamme, la maison Algo, avant de<br />

vendre ses créations dans un magasin de<br />

robes de mariées à Genève. « Là-bas, j’ai<br />

fait le carton de ma carrière avec une tenue<br />

pour une des filles de la famille princière du<br />

Qatar. Elle voulait une robe spectaculaire.<br />

J’ai réalisé un modèle inspiré par Marie-Antoinette,<br />

couleurs or et blanc cassé avec<br />

une traîne de huit mètres en soie bordée<br />

de mille roses. »<br />

Côté vie privée, le designer nous confie avoir rencontré<br />

l’artiste plasticien Jean-Pascal Bongard en<br />

1975 : « J’ai su que c’était l’amour de ma vie. » Auprès<br />

de lui, il trouve une forme d’équilibre, alternant repos<br />

loin de l’agitation du monde créatif et vie artistique<br />

plus mondaine. « Si nous ne sommes pas un vieux<br />

couple, c’est grâce à notre créativité », dit-il, amusé.<br />

Interrogé sur ses prochains projets, l’artiste répond,<br />

lumineux : « Je crée tout le temps ! »<br />

SOUS-RUBRIQUE<br />

JEUDI 1 ER DÉCEMBRE <strong>2022</strong><br />

JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA<br />

–<br />

« POURQUOI DOIT-ON ENCORE PARLER<br />

DU VIH/SIDA EN <strong>2022</strong> ? »<br />

Matinée d’étude, Salle Communale du Faubourg,<br />

Rue des Terreaux-du-Temple 6, Genève<br />

7H30 - 14H00<br />

–<br />

EXPOSITION PHOTO<br />

« LES ARCHIVES DE PVA-GENÈVE »<br />

tout au long de la journée<br />

à la Salle Communale du Faubourg<br />

–<br />

CÉRÉMONIE INTERRELIGIEUSE<br />

Cathédrale Saint-Pierre<br />

18H30 – 19H30<br />

–<br />

MARCHE COMMÉMORATIVE<br />

de la Cathédrale Saint-Pierre<br />

à la Salle du Faubourg<br />

DÈS 19H30<br />

–<br />

DÎNER CONVIVIAL<br />

Salle Communale du Faubourg<br />

20H30<br />

PVA-GENÈVE A 30 ANS<br />

pvageneve.ch<br />

RUBRIQUE<br />

19

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