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360° magazine / novembre 2022

Numéro 218 | Vieillir LGBTIQ+

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l’aQtu<br />

« Voulons-nous vraiment que des perversions<br />

qui mènent à la dégradation et à l’extinction<br />

soient imposées à nos enfants dès la maternelle<br />

? Qu’on leur martèle qu’il y a supposément<br />

des genres variés et qu’on leur offre<br />

des opérations de changement de sexe ? [...]<br />

Pour nous tout cela est inacceptable. Nous<br />

avons un futur différent. Le nôtre. »<br />

a lancé Vladimir Poutine le 30 septembre, devant la foule célébrant l'« historique » (hem, hem) annexion<br />

de quatre régions ukrainiennes. Neuf ans après la loi sur la « propagande homosexuelle » qui a<br />

étouffé toute affirmation LGBTIQ+ en Russie, la haine est devenue un ressort fondamental pour justifier<br />

la fuite en avant d'un régime de plus en plus isolé et déserté.<br />

LA SLOVAQUIE SOUS LE CHOC<br />

Le 12 octobre, le Tepláreň s’est ajouté à la liste des lieux queer<br />

visés par la haine aveugle. Un jeune homme de 19 ans, fils<br />

d’un ancien candidat du petit parti d’extrême droite Vlast, a ouvert<br />

le feu sur la terrasse du bar populaire de Bratislava, abattant froidement<br />

deux étudiants, Juraj et Matúš, qui y buvaient l’apéro. L’assaillant,<br />

retrouvé suicidé le lendemain, avait posté plusieurs messages<br />

antisémites et anti-LGBTIQ+ sur les réseaux sociaux et laissé un long<br />

« manifeste » citant notamment le Norvégien Anders Breivik, auteur<br />

de la tuerie d’Utøya. « La haine distillée par une minorité, alimentée par<br />

des déclarations stupides et irresponsables de politiciens, a coûté la<br />

vie à des innocents », a écrit la présidente slovaque Zuzana Čaputová.<br />

© Leïla Wolf<br />

MARIAGE À DISTANCE<br />

Un vide juridique a permis à plus de 200 couples chinois de s’unir par visioconférence... dans le<br />

très conservateur État américain de l’Utah. Michael Foley, un officiant assermenté, témoigne dans<br />

The Guardian qu’il a désormais l’habitude de se lever à 3h du matin et de s’asseoir devant son<br />

écran pour célébrer des unions de l’autre côté du Pacifique (et se recoucher aussitôt). Le comté<br />

où il officie n’a pas de loi qui empêche d’enregistrer des unions de personnes non-résidentes. Les<br />

contrats n’ont aucune valeur en Chine continentale, où les revendications LGBTIQ+ sont réduites<br />

au silence, mais ils sont reconnus à Hongkong et ailleurs.<br />

LE DÉLIRE DU MOIS :<br />

ALERTE AU TRAFIC D’ORGANES TRANS !<br />

Une mère de famille de Floride a déclenché des opérations<br />

de recherche à l’échelle nationale pour son fils de 20 ans<br />

atteint d’autisme, disparu du domicile familial début juillet. Persuadée<br />

qu’il avait été enlevé par un réseau de trafic d’organes, elle avait suggéré<br />

à la police que des jeunes trans* avec lesquel·le·x·s son garçon<br />

« vulnérable » chattait sur le Net convoitaient… son appareil génital.<br />

Finalement, les enquêteur·rice·x·s ont retrouvé le jeune homme dans<br />

un appartement de Chicago, parfaitement heureux loin de sa maman.<br />

Il l’avait quittée de son propre chef, non sans lui avoir laissé une lettre<br />

lui expliquant qu’il était temps qu’il vole de ses propres ailes. Un message<br />

dont la maman s’est bien gardée de parler à la police, raconte le<br />

Miami Herald, relayé par Them. Pour le site LGBTIQ+ américain, cette<br />

histoire aberrante illustre la paranoïa entourant la question trans*<br />

en Floride. Le gouverneur Ron DeSantis (à qui on prédit un destin de<br />

candidat à la Maison-Blanche) en a fait un de ses cibles favorites, mettant<br />

en garde contre des docteurs qui «castrent» les jeunes garçons.<br />

© Twitter/@Erikahilton<br />

EN ATTENDANT MELONI...<br />

La dernière Pride de l’année en Italie a aussi été une première.<br />

Jamais nos voisins du Val d’Aoste n’avaient célébré de<br />

marche des fiertés. Selon gay.it, 4000 personnes ont défilé dans les<br />

rues du chef-lieu de la région transalpine le 8 octobre, le double de la<br />

participation escomptée. Elles ont notamment brandi des pancartes<br />

mettant en garde la coalition menée par Giorgia Meloni et son parti<br />

post-fasciste, laquelle s’apprêtait à gouverner la Péninsule. Qu’elle<br />

le sache: les LGBTIQ+ sont bien décidés à défendre leurs droits.<br />

VLADIMIR LUXURIA, PREMIÈRE FEMME TRANS* A AVOIR ÉTÉ ÉLUE<br />

DÉPUTÉE AU PARLEMENT ITALIEN, LORS DE LA GAY PRIDE D’AOSTE.<br />

© Philippe Christin<br />

BIENVENUE<br />

AU CLUB<br />

La Slovénie est devenue, le 4 octobre,<br />

le premier pays d’Europe<br />

de l’Est à voter les mêmes droits<br />

pour les couples de même sexe.<br />

Il aura fallu pour cela que la Cour<br />

constitutionnelle torde le bras au<br />

Parlement. Mais avant que le mariage<br />

égalitaire entre en vigueur, les<br />

conservateurs et les Églises pourraient<br />

encore exiger un référendum.<br />

En 2015, 63 % des Slovènes<br />

avaient rejeté cette réforme dans<br />

un contexte d’abstention massive.<br />

© DR<br />

ARC-EN-CIEL POUR DALTONIENS<br />

Ça partait sans doute d’une bonne intention…À l’approche du<br />

Mondial de foot au Qatar, un obscur groupe de travail de l’UEFA a<br />

dessiné un brassard « contre la discrimination et pour la diversité », destiné<br />

aux capitaines des équipes européennes (dont la Suisse). Sauf qu’il est<br />

accompagné d’un bizarre cœur « bariolé de couleurs aléatoires », s’étonne<br />

Queer.de. Manifestement, les pontes du foot européen n’assument pas<br />

vraiment d’arborer l’arc-en-ciel dans le très homophobe émirat pour cette<br />

compétition controversée. S’il fallait une raison de plus de la boycotter...<br />

PIONNIÈRES<br />

Il était temps. Lors des élections<br />

du 2 octobre, les Brésilien·ne·x·s<br />

ont enfin ouvert les portes de<br />

leur Congrès à des personnes<br />

trans* – ou travesti, selon l’appellation<br />

locale, qui désigne une frange<br />

hypermarginalisée au sein même<br />

de la communauté LGBTIQ+. Erika<br />

Hilton (photo), candidate noire<br />

de gauche à São Paulo, a fait campagne<br />

pour le droit à l’éducation et<br />

au logement social. « Il est temps<br />

de quitter les trottoirs, les prisons,<br />

les coins à crack et la prostitution,<br />

pour réfléchir aux politiques publiques<br />

et à la législation », a-t-elle<br />

déclaré. Elle et sa consœur centriste<br />

Duda Salabert, brillamment<br />

élue au Minas Gerais, ont été les<br />

cibles de menaces de mort durant<br />

la campagne extrêmement tendue.

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