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École de filles
En quittant le village de MONTCEAU, sur la route qui va vers RUY, un bâtiment
imposant de trois niveaux planté en bordure à droite de cette route est bien visible avec son
inscription :
ÉCOLE COMMUNALE
DE
FILLES
La façade principale présente des fenêtres
à meneaux, à moulures en cavet (1) et
bases buticulaires (2).
(1) Moulures en creux
(2) base carrée
Ses maçonneries sont en pierre et ses
façades sont enduites avec des vestiges de
décors peints.
Le bâtiment est
présent sur le
cadastre de 1833
(de couleur bleue
pour les bâtiments
publics), avec des
emprises plus
importantes et des
dépendances
aujourd'hui
disparues.
La partie principale du bâtiment est une
toiture à croupes (3) avec lignes de coyau
(4) et la couverture en tuiles écaille
(3) la croupe est la partie du toit qui, côté du pignon,
est un triangle et sur l'autre façade un trapèze.
(4) partie inférieure de la toiture où la pente est moins
raide que la partie supérieure (toit dauphinois).
[En 2027, la cloche de l’école était
toujours en place – Collection Les
GODAS]
[Un puits est implanté à l'est de la cour
près du portail. - Collection Les GODAS]
Le préau est face à l’école et
comporte un décor en trompe
l’œil sur le mur Nord (fausse
fenêtre fermée par des volets.)
Le préau n’a été construit qu’en 1899 pour un montant de 687 francs et 80 centimes
Un secours de 300 francs a été accordé par la commission départementale pour cette
construction.
Que savons-nous sur ce bâtiment ?
Avant de devenir une école
publique, cette maison
bourgeoise était la propriété
d’une riche famille de
MONTCEAU que nous
connaissons dès le début du
17eme siècle : la famille
ROYBON.
Au début du 17eme siècle
Alexandre ROYBON était un
riche propriétaire de biens à
MONTCEAU (nous avons
recensé plus de 8 maisons et
de nombreuses terres et forêts
sur le parcellaire de 1676).
Son arrière petite fille
Françoise ROYBON était
mariée (sous le régime de la
séparation des biens) à
Claude BOUVEROT en 1794
et avait comme métier :
« rentière ».
C’est cette dernière qui à sa
mort en 1829 légua à la
commune de MONTCEAU
cette bâtisse.
[Testament de Françoise ROYBON – Archives Départementales de l'Isère]
Françoise ROYBON a fait un testament le 11 février 1829 (un mois avant son décès),
déposé chez Me ROJON, notaire à SAINT CHEF. Le testament précise que Françoise
ROYBON est détenue dans son lit pour cause de maladie corporelle, mais néanmoins
saine d’esprit……
Par ce testament elle lègue :
(1) 500 F à chacune de ses deux nièces
(2) 600 F à ses petits neveux ainsi qu’une petite parcelle de vignes
(3) 100 F à deux personnes de MONTCEAU
(4) 200 F à son mari (séparé de biens de son épouse)
(5) 300 F à la fabrique de l’Église
(6) 50 F aux pauvres du diocèse
(7) A sa domestique elle lègue : une terre labourable, son mobilier, une rente annuelle
de 12 doubles boisseaux de froment, d’un hl de vin, de 100 fagots de bois
(8) 100 F pour les messes dites pour le repos de son âme
[Testament de Françoise ROYBON – Archives Départementales de l'Isère]
Enfin elle lègue à la commune de MONTCEAU tous ses autres biens meubles et
immeubles à condition qu’ils soient employés à ériger à perpétuité une maison
d’éducation qui sera dirigée par des filles qui serviront d’institutrices pour les enfants
pauvres de l’un et l’autre sexe de la paroisse.
Entendu que cette maison soit dirigée à la forme d’un établissement public de commune
de ce genre.
Cette maison servira aussi de logement pour les institutrices et une chambre sera réservée
pour sa domestique.
En 1829, il faut saluer cette volonté avant-gardiste de Françoise ROYBON pour
l’instruction des enfants du petit village rural de MONTCEAU !
Avant la révolution, la moitié des hommes et seulement le quart des femmes savaient
signer de leur nom et les lieux où on apprend à lire, écrire et compter, restaient des
initiatives privées.
Il a fallu attendre les premières lois GUISOT en 1833 qui imposèrent une école pour les
garçons dans les communes des plus de 500 habitants.
Mais ce n'est qu'en 1850, que la loi FALLOUX oblige les communes de plus de 800
habitants à ouvrir une école publique de filles.
Le Maire de la commune réuni son conseil municipal le 15 mai 1829 sur les quatre heures
du soir et l’informe d’un testament reçu par Me ROJON, notaire à Saint Chef par lequel
Françoise ROYBON lègue à la commune cette maison pour en faire une école :
[Délibération du CM de MONTCEAU 1829 – Archives Municipales]
Le maire est autorisé par son conseil pour demander au gouvernement l’acceptation cette
donation.
Ce n’est qu’en 1831 que l’ordonnance du roi LOUIS PHILIPPE autorise la commune de
MONTCEAUx à accepter ce legs estimé à 4736 francs :