Corner Magazine #4
Au programme de ce numéro de Corner Magazine: - une interview exclusive de Kastriot Imeri juste avant le début de l'EURO M21 - Servette, la force tranquille. Retour sur la saison des Grenat et analyse d'un supporter - zoom complet sur les adversaires de l'équipe de Suisse durant l'EURO M21 - décryptage: le système de formation norvégien est une franche réussite! - l'Italie M21 vue par l'expert du football transalpin de blue Sport, Daniel Romano - la passion valaisanne pour le FC Sion racontée par ses plus fidèles supporters - de retour dans l'élite, Lausanne ne veut plus jouer l'ascenseur - rencontre avec le préparateur physique de Kastriot Imeri et de Gaël Clichy. Il nous livre les clés du succès
Au programme de ce numéro de Corner Magazine:
- une interview exclusive de Kastriot Imeri juste avant le début de l'EURO M21
- Servette, la force tranquille. Retour sur la saison des Grenat et analyse d'un supporter
- zoom complet sur les adversaires de l'équipe de Suisse durant l'EURO M21
- décryptage: le système de formation norvégien est une franche réussite!
- l'Italie M21 vue par l'expert du football transalpin de blue Sport, Daniel Romano
- la passion valaisanne pour le FC Sion racontée par ses plus fidèles supporters
- de retour dans l'élite, Lausanne ne veut plus jouer l'ascenseur
- rencontre avec le préparateur physique de Kastriot Imeri et de Gaël Clichy. Il nous livre les clés du succès
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CORNER<br />
KASTRIOT<br />
IMERI<br />
L'ambition légitime<br />
SERVETTE<br />
La force<br />
(presque) tranquille<br />
EURO<br />
ESPOIR<br />
Le groupe de la mort pour la Nati ?<br />
JUIN 2023 <strong>#4</strong>
L'ÉDITO'<br />
Une finale de Ligue des Champions<br />
aux premières loges<br />
Il y a des dates que l'on oublie pas.<br />
Ce samedi 10 juin 2023 est une date<br />
importante pour le football suisse,<br />
car elle marque un évènement: un<br />
joueur de l'équipe de Suisse,<br />
Manuel Akanji, a remporté la Ligue<br />
des Champions - sur le terrain qui<br />
plus est.<br />
Dans la microsphère de KMedia,<br />
cette victoire restera aussi dans les<br />
annales car ce fut l'occasion de<br />
vivre ce match dans les locaux de la<br />
chaîne football du pays, blue Sport.<br />
Entouré d'autres invités,<br />
notamment Jean-Pierre Nsame et<br />
Hiraç Yagan, la célébration de la<br />
pré-assist du Suisse fût belle.<br />
À l'heure où tout le monde salue la<br />
présence sur la pelouse de l'ancien<br />
joueur du FC Bâle, soulignons que,<br />
grâce à blue Sport, des milliers<br />
d'Helvètes se sont vus à Istanbul<br />
durant 90 minutes. Et qu'avec Alain<br />
Rohrbach et Bernard Challandes,<br />
Manuel Akanji n'était plus vraiment<br />
le seul Suisse sur le terrain.
SOMMAIRE<br />
KASTRIOT<br />
IMERI<br />
L'AMBITION<br />
LÉGITIME<br />
L'Euro espoir c'est maintenant !<br />
Zoom sur la Norvège et son système<br />
de formation innovant tout en<br />
gardant un oeil sur des Bleuets<br />
redoutables.<br />
Lausanne ne veut plus faire<br />
l'ascenseur !<br />
De retour à sa place, le club vaudois<br />
entend s'établir en Super League.<br />
On revient sur la saga du LS qui<br />
espère vivre une saison plus calme.<br />
SERVETTE<br />
LA FORCE<br />
TRANQUILLE<br />
Passion valaisanne !<br />
Il y a des cantons où la passion pour<br />
le club de la région est plus forte<br />
qu'ailleurs. C'est le cas du Valais qui<br />
fibre au rythme du FC Sion.<br />
Reportage au sein de ceux qui ne<br />
jurent que par l'équipe valaisanne.<br />
SUISSE-<br />
FRANCE<br />
PLUS QU'UN<br />
MATCH<br />
La Nati doit-elle se méfier de<br />
l'équipe d'Italie ? Daniel Romano<br />
décrypte les Azzurini sous tous les<br />
angles !<br />
C'est l'été !<br />
L'occasion pour certains<br />
footballeurs de partir en vacances,<br />
et pour d'autres de travailler en vue<br />
de la saison prochaine. Rencontre<br />
avec Ben, préparateur physique en<br />
Suisse, qui nous explique<br />
l'importance du travail spécifique.
RÉDACTION | Julien MORET Bastien FELLER<br />
Romain BLANCHARD Bénédict PERRET Téo NANIA<br />
PHOTOGRAPHIE | Maya CRETEGNY<br />
PRODUCTION | KMedia
RENCONTRE<br />
IMERI<br />
L’EURO 2024 EN<br />
ALLEMAGNE EST DANS<br />
UN COIN DE MA TÊTE !
BSC YB<br />
bientôt 23 ans – il les<br />
fêtera le 27 juin –,<br />
Kastriot Imeri est l’un<br />
des plus gros talents<br />
helvétiques. ÀFormé à Servette, le Genevois a pu<br />
connaitre les joies d’un transfert à<br />
YB l’été dernier. Deux titres ont été<br />
remportés par l’international suisse<br />
et ses coéquipiers lors de l’exercice<br />
qui vient de se terminer : le<br />
championnat et la coupe. Un doublé<br />
historique pour le club bernois (le<br />
troisième de son histoire) et pour le<br />
numéro 29 qui a pu remporter ses<br />
premiers trophées dans l’élite du<br />
football suisse. Le milieu a accepté<br />
de partager avec nous sa relation<br />
avec Xherdan Shaqiri, sa nouvelle<br />
vie dans la capitale, et ses rêves de<br />
Ligue des Champions.<br />
Photo: Young Boys<br />
NATI
Kastriot, tout d'abord, comment<br />
décrirais-tu ton style de jeu ?<br />
J'ai un style de jeu assez créatif avec<br />
toujours cette envie d'aller vers<br />
l'avant. Réaliser de beaux gestes,<br />
mais qui servent à quelque chose. Je<br />
suis quelqu’un de très créatif, cela<br />
me résume bien.<br />
Le football de rue en quelques<br />
mots…<br />
Exactement. Cela étant, je ne suis<br />
pas quelqu'un qui dribble<br />
énormément. Mais j’aime être<br />
créatif par une passe, par un geste<br />
auquel personne ne s'attend ou par<br />
un long ballon alors que je peux<br />
jouer court.<br />
Beaucoup te comparent à Xherdan<br />
Shaqiri, qu'est-ce tu en penses ?<br />
C’est sûr, sur quelques points, on se<br />
ressemble, comme être petits<br />
(rires). On a un petit peu le même<br />
style de jeu avec cette créativité,<br />
cette force pour casser des lignes,<br />
frapper de loin et marquer des buts.<br />
On a pas mal de points communs et<br />
forcément, cette comparaison me<br />
fait énormément plaisir. C'est un<br />
modèle pour moi. Il faisait partie<br />
des joueurs que je regardais quand<br />
j'étais plus jeune.<br />
J’aime être créatif par une<br />
passe ou par un geste<br />
auquel personne ne<br />
s'attend !<br />
Quand vous vous retrouvez en<br />
équipe Suisse, comment ça se<br />
passe ?<br />
C'est marrant, parce que je lui en ai<br />
parlé. Je lui ai dit qu’on me<br />
comparait à lui et il m’a dit : « Non,<br />
toi t'es plus fort ». C'est un super<br />
gars, je suis très heureux de<br />
pouvoir jouer avec lui.<br />
Il dit que tu es plus fort, tu en<br />
penses quoi toi ? (rires)<br />
Non, je ne suis pas plus fort. J'ai<br />
encore mon temps à faire. Il est<br />
passé par des très grands clubs. Si<br />
je peux avoir sa carrière, je serai<br />
très content. Mais je peux<br />
progresser, je peux devenir encore<br />
plus fort que ce que je suis<br />
maintenant.<br />
Tu as pu apprendre de lui lors de<br />
vos rencontres en équipe<br />
nationale?<br />
Oui, énormément. Quand il a le<br />
ballon, personne ne le voit, mais il<br />
est très calme. Il sait déjà ce qu'il va<br />
faire avec. J’essaie de m’en inspirer<br />
et de reproduire ça sur le terrain.<br />
Tu peux évoluer à plusieurs postes,<br />
est-ce que tu as une préférence ?<br />
Avec Young Boys, je joue sur le côté<br />
et en sélection, je joue dans l’axe.<br />
Ces deux postes me conviennent.<br />
Mais ma position préférée est dans<br />
le cœur du jeu. C’est là où je pense<br />
pouvoir aider le plus l'équipe et<br />
justement faire parler ma créativité,<br />
beaucoup plus que sur le côté. Mais<br />
je suis aussi très à l’aise à gauche et<br />
j’ai l’habitude d’occuper ce poste.
En ce qui concerne ton évolution<br />
dans le jeu. Que t’ont apporté tes<br />
coachs, Alain Geiger puis Raphaël<br />
Wicky ?<br />
Enormément d'expérience et de<br />
maturité, que ça soit sur le terrain<br />
ou dans la vie de tous les jours.<br />
Quand on veut devenir footballeur,<br />
on essaie de prendre chaque<br />
conseil. Aujourd'hui, je ne peux pas<br />
tous les citer, mais je sais que si je<br />
suis l’homme que je suis<br />
aujourd'hui, c'est spécialement<br />
grâce à ces entraîneurs-là. J'ai<br />
appris énormément de choses et ils<br />
m’ont beaucoup apporté.<br />
Tu as suivi Servette cette saison ?<br />
Bien sûr que j'ai suivi le club. Je suis<br />
très content pour eux, ils sont enfin<br />
là où ils doivent être. Comme je l'ai<br />
toujours dit, c'est une équipe qui<br />
mérite de jouer le haut du tableau<br />
et être là où elle est aujourd'hui.<br />
J'espère que Genève va se réveiller<br />
un petit peu parce que c'est triste<br />
d'aller dans un stade où il n’y a pas<br />
énormément de monde. Je sais que<br />
cela a toujours été comme ça à<br />
Genève : quand ça va bien, tout le<br />
monde va être là, et quand ça va<br />
mal, il y aura bien moins de monde.<br />
C'est un petit peu dommage, mais<br />
j'espère que l'année prochaine les<br />
gens se mobiliserons pour aider<br />
Servette. Mais ce n’est pas le seul<br />
club dans cette situation.<br />
Comment s'est passé ton transfert<br />
? Pourquoi avoir choisi YB et ne<br />
pas être parti à l’étranger comme<br />
le font beaucoup de jeunes ?<br />
Je suis quelqu'un qui aime faire les<br />
choses étape par étape. Je pars de<br />
Servette et je me dis que je peux<br />
encore apprendre en Suisse.<br />
Je peux devenir<br />
encore plus fort !<br />
Je voulais partir de la Suisse avec un<br />
bagage bien rempli. Quand je<br />
commence à avoir des propositions,<br />
je vois que j'ai encore quelque chose<br />
à faire en Super League. Young Boys<br />
me contacte, m’explique le projet,<br />
j'étais convaincu parce qu'ils m’ont<br />
proposé. Il y a vraiment quelque<br />
chose à faire dans le meilleur club<br />
suisse durant deux ou trois ans.<br />
Qu’est-ce que j’aurais à perdre ?<br />
Rien du tout. J’aurai 24-25 ans et je<br />
pourrais partir avec à l’étranger<br />
avec beaucoup d’expérience. À<br />
l’étranger, j’aurais un nom. Je peux<br />
progresser avec YB et c’est<br />
exactement ce que je fais.<br />
C'est une belle preuve de maturité,<br />
beaucoup partent tôt à l'étranger et<br />
se brûlent les ailes…<br />
Oui, je ne suis pas la personne qui<br />
va précipiter les choses. Ce n'est<br />
pas parce qu’un club vient avec une<br />
certaine somme d'argent que je vais<br />
partir. Ce n'est pas parce que c'est<br />
l'étranger que je vais y aller. Ce<br />
n'est pas pour les autres que je le<br />
ferais. Si je pars, c'est parce que je<br />
suis prêt à partir et que je suis<br />
surtout prêt à ne pas revenir en<br />
Suisse.<br />
Au-delà du fait que ce soit le plus<br />
grand club de Suisse, qu’est-ce qui<br />
t’a attiré ?<br />
Le fait qu’on me montre les choses<br />
comme ils l'ont fait. Ils sont venus<br />
avec un plan, ils m’ont montré ce<br />
qu’ils voulaient faire avec moi et<br />
m’ont dit que je pouvais faire<br />
progresser le club.
Au-delà de l’aspect sportif, je suis<br />
quelqu’un très proche de ma famille<br />
et Berne n’est pas loin. Partir à<br />
l’étranger aurait été plus compliqué<br />
de ce point de vue-là. Ici, nous<br />
sommes à 1h30 de route.<br />
Tu es le plus gros transfert de<br />
l’histoire d’YB en provenance d’un<br />
autre club suisse. Comment gèrestu<br />
ces chiffres et les attentes qui<br />
t’entourent ?<br />
Je ne vais pas mentir, je n'ai pas<br />
regardé les chiffres, je ne me suis<br />
pas tardé sur ça. Je suis au courant<br />
parce que l'on m'a dit, c'est tout. Je<br />
ne suis pas le mec qui va regarder<br />
combien ils me donnent, combien<br />
ils ont payé Servette, etc. Ce qui<br />
m’importe dans un transfert, c’est<br />
la progression. C'est ça le plus<br />
important. Bien sûr, il y a toujours<br />
une petite pression parce qu'il y a<br />
beaucoup de bruit autour d’un<br />
transfert et on lit certaines choses,<br />
comme cette étiquette, mais c'est<br />
une bonne pression. Ce n'est pas<br />
une pression négative et je sais que<br />
je suis beaucoup plus fort quand je<br />
joue avec de la pression.<br />
Donc tu préfères jouer dans un<br />
stade hostile qu'un stade calme ?<br />
Oui, bien sûr. Je préfère me faire<br />
insulter, que de rentrer dans un<br />
stade où il n’y a personne. Je pense<br />
que tous les joueurs diront la même<br />
chose : aller dans un stade plein, où<br />
il y a de l'ambiance, où le public<br />
crie, t’insultes même, c’est plus<br />
stimulant. Tous les stades en Suisse<br />
sont mouvementés, certains plus<br />
que d’autres. Cela commence à<br />
prendre et c’est positif.
Tout est allé très vite pour toi, en<br />
un peu plus d’un an, tu vis tes<br />
débuts à Rome avec l’équipe<br />
nationale A et tu pars pour YB.<br />
Comment vis-tu cela ?<br />
Quand il y a quelque chose de<br />
positif qui arrive, il faut surfer sur<br />
la vague. Je fais de belles choses<br />
avec Servette et j’aide un maximum<br />
l’équipe, je me montre, je suis<br />
appelé en équipe de Suisse et je<br />
reste dans le même mood. Je<br />
continue à travailler dur et le<br />
transfert arrive naturellement. J'ai<br />
discuté avec Servette, on a mis les<br />
choses sur la table et c'était le<br />
meilleur choix pour moi. Ils ne<br />
m'ont pas posé de problème parce<br />
qu’ils me faisaient confiance. J'ai<br />
surfé sur la vague et je me suis<br />
laissé aller.<br />
À ton arrivée à Berne, qu’est-ce qui<br />
t’impressionne le plus ?<br />
Si je compare à Servette, il y a plein<br />
de choses qui sont différentes, mais<br />
sur des détails. Pas des grandes<br />
choses où tu dis : « Ah ouais, ça<br />
change de fou ». À part bien sûr les<br />
trajets pour aller à l'entraînement<br />
(rires). C'est le seul truc qui m'a<br />
vraiment marqué. Un bain froid ?<br />
C’est la même chose dans les deux<br />
clubs. Un bain chaud ? Pareil. Des<br />
douches, une salle de musculation ?<br />
Idem. La différence se fait dans la<br />
façon avec laquelle on prépare tout<br />
ça. Ce sont les détails qui vont faire<br />
la différence. Je ne saurais même<br />
pas te dire quel détail, là sur le<br />
moment. Mais je sais que c’est ce<br />
qui fait que sur le terrain il y a une<br />
équipe qui possède, à chaque<br />
position, deux-trois joueurs qui<br />
pourraient être titulaires dans tous<br />
les clubs de Super League. La<br />
concurrence est énorme, mais très<br />
saine. Tout le monde peut être<br />
titulaire. C’est ce qui nous a permis<br />
de faire le doublé.<br />
Peux-tu expliquer la différence<br />
concernant les trajets pour aller à<br />
l’entraînement ?<br />
À Servette, on se change à la Praille,<br />
mais on s'entraîne à Balexert ou à<br />
Plan-les-Ouates et ici, à Berne, tu<br />
t’entraînes directement dans le<br />
stade. Tu t'échauffais à la Praille et<br />
après, tu devais prendre ta voiture<br />
pour aller à l’entraînement. C'est<br />
marrant, mais pour un joueur qui<br />
vient dans un nouveau club par<br />
exemple, c'est bizarre. C'est ça qui a<br />
été le plus gros changement. Mais<br />
c'est une expérience à vivre et je ne<br />
me suis jamais plaint. J'ai pu rentrer<br />
dans ma voiture complètement<br />
mouillé ou avec de la boue et je ne<br />
me suis jamais plaint.
Ça t’aide également à garder les<br />
pieds sur Terre et à te rappeler la<br />
simplicité du jeu…<br />
C'est ça, le football, c'est un jeu à la<br />
base. Cela me rappelle ce côté<br />
quartier. Quand c'est tout beau, tout<br />
rose, on sait très bien que parfois<br />
tout peut vite tourner. C'est vrai<br />
qu'avec Servette, malgré les trajets<br />
et quelques autres détails, nous<br />
avons fait de super saisons. Et on ne<br />
peut pas le nier, c'est quand même<br />
quelque chose qui pourrait agacer<br />
pas mal de joueurs.<br />
Comment se passent tes débuts à<br />
Berne ?<br />
Compliqués. Comme on le sait, un<br />
nouveau joueur, lorsqu’il arrive<br />
dans un nouveau club, il veut<br />
directement prouver. Je n’avais pas<br />
fait de préparation et ce n’était pas<br />
simple. Ensuite, il y a eu le fait de<br />
vivre seul, de prendre un<br />
appartement et de gérer la<br />
paperasse tout seul. Franchement,<br />
c'était compliqué, mais j’ai su faire<br />
la part des choses, car quand tu es<br />
dans un mauvais moment et que tu<br />
commences à trop réfléchir, à te<br />
mettre trop de pression, cela va<br />
t’impacter sur le terrain. J'essaie<br />
justement de trouver le bon<br />
équilibre et ça m'a pris, je pense, six<br />
mois. Mais aujourd’hui, c’est<br />
derrière moi. Je me sens super bien,<br />
les coéquipiers et le staff m'ont<br />
super bien accueilli. Ils m'ont<br />
directement mis dans la famille YB.<br />
Est-ce que le penalty que tu<br />
manques à Anderlecht pour ton<br />
premier match te met un doute ?<br />
Non, pas de doute. Quand un joueur<br />
loupe un penalty, il se forge. Mais<br />
c'est vrai que sur cette situation, ça<br />
m'a fait quelque chose parce que je<br />
venais d’arriver dans le groupe.<br />
J’aime tirer et marquer des<br />
penaltys, mais je n’étais pas prêt. Au<br />
final, cela a peut-être été une bonne<br />
pression pour me booster, prouver<br />
et m’excuser pour ce penalty<br />
manqué.<br />
Au niveau de l’équipe, cette<br />
élimination a-t-elle fait mal ?<br />
Oui, parce qu’YB est habitué à jouer<br />
tous les trois jours et nous voulions<br />
faire quelque chose dans cette<br />
compétition. Nous nous sommes<br />
vite concentrés sur le championnat,<br />
sur la Coupe de Suisse et nous<br />
avons pu réaliser le doublé.<br />
Et en voyant le parcours<br />
d’Anderlecht ou du FC Bâle, il y a<br />
des regrets…<br />
Oui, il y aurait eu quelque chose à<br />
faire. C'est le football, parfois, c’est<br />
dur. Il faut passer par des moments<br />
difficiles pour progresser.<br />
Le 6 novembre 2022, tu reviens à la<br />
Praille avec le maillot d’YB. Qu’estce<br />
que cela t’a procuré comme<br />
émotions ?<br />
Je ne suis pas quelqu'un qui montre<br />
ses émotions, que ça soit dans la vie<br />
de tous les jours ou sur le terrain.<br />
Mais c'est vrai que ça m'a fait<br />
quelque chose parce que c'est mon<br />
premier club pro et c'est le club de<br />
ma ville. Il y a plein de choses qui<br />
rentrent en ligne de compte. Il y<br />
avait toute ma famille et mes amis<br />
dans le stade. Même pour eux,<br />
c'était bizarre de me voir pour la<br />
première fois au stade de la Praille<br />
avec le maillot d'une autre équipe.<br />
Mais j'étais super content et<br />
heureux d'être revenu. Je n'ai<br />
malheureusement joué que 45<br />
minutes, parce que je me suis<br />
blessé.
Et le 22 avril, tu marques contre<br />
Servette lors du 6-1 à Berne…<br />
Quand je suis sur le terrain, je ne<br />
regarde pas qui est en face de moi.<br />
Même si dans dix ans, je joue contre<br />
mon frère, je ne vais pas calculer.<br />
Contre Servette, j’ai eu l’occasion<br />
de marquer et je l’ai fait. Cela étant,<br />
ça m'a fait un petit quelque chose<br />
de marquer contre mon ancien<br />
club. Mais c'est comme ça, il faut<br />
marquer, il faut gagner. J'étais<br />
content parce que ça faisait<br />
longtemps que je n'avais pas<br />
marqué.<br />
Ça vous permet de vous charrier<br />
après le match…<br />
Oui bien sûr. J'ai grandi avec eux, ils<br />
m'ont appris beaucoup de choses et<br />
quand ils me voient marquer, ils<br />
m'écrivent tout le temps sur<br />
Instagram ou sur WhatsApp. J'ai<br />
encore un contact avec presque<br />
tout le monde. Rodelin, Bedia,<br />
Vouilloz, Antunes, Omeragic, tous<br />
les jeunes, et même les nouveaux<br />
qui sont arrivés : Fofana, Diallo.<br />
Donc bien sûr qu’après, dans le<br />
tunnel, on rigolait et on se charriait<br />
un peu. Après ce match-là, j'ai eu<br />
une interview avec BlueSport ou la<br />
RTS et ils me posent cette question.<br />
J’ai répondu la même chose : celui<br />
qui est en face de moi, c'est mon «<br />
ennemi » et si je dois marquer<br />
quatre fois, je le ferai. Je me suis fait<br />
un petit peu insulter sur les<br />
réseaux. C’est le football. Ce n'est<br />
pas parce que c'est ton ancien club<br />
que tu dois faire des cadeaux. Si je<br />
peux aider Servette en dehors du<br />
football, je le ferai.<br />
Tu es allé à Berne pour gagner des<br />
titres, quels ont été tes sentiments<br />
lorsque vous avez officialisé le titre<br />
de champion de Suisse après la<br />
victoire 5-1 face à Lucerne le 30<br />
avril dernier ?<br />
Quand tu es tout jeune, vers 10 ans,<br />
que tu commences à faire des<br />
tournois et que tu gagnes une<br />
coupe, tu es aux anges. C’était<br />
exactement le même sentiment.<br />
J’avais gagné un titre avec Servette<br />
en Challenge League, mais là, c’était<br />
différent. Comme tu l’as dit, je suis<br />
Après mon but<br />
contre Servette, je<br />
me suis fait un<br />
peu insulter sur<br />
les réseaux<br />
sociaux<br />
allé là-bas pour remporter le plus<br />
de titres possibles. Je suis très<br />
content pour moi, pour ma famille<br />
et pour l'équipe. Ce sont des<br />
moments qu'il faut vivre. J'en souris<br />
encore parce que je n'arrive pas à<br />
trouver les bons mots. Les trophées<br />
sont la récompense de tous les<br />
sacrifices que tu fais. Il faut le vivre<br />
pour comprendre.<br />
Comment as-tu vécu le fait d’être<br />
vu comme le remplaçant de Fabian<br />
Rieder ?<br />
Je ne suis pas son remplaçant, je ne<br />
suis le remplaçant de personne. On<br />
nous compare parce qu'on a cette<br />
pâte, cette créativité et cette folie.<br />
On peut nous comparer, mais je ne<br />
suis pas son remplaçant. J'ai une
super entente avec lui, c'est un<br />
super type qui a des qualités. Pour<br />
le moment, on m’a fait jouer sur le<br />
côté gauche, où je suis excentré,<br />
mais aussi dans l'axe et je me sens<br />
super bien. L'année prochaine, on<br />
verra qui va arriver au club et qui va<br />
partir. Je pourrai peut-être avoir<br />
ma position en tant que numéro 10.<br />
Qu’est-ce que cette saison t'a<br />
apporté sur le terrain ?<br />
J’ai amélioré mon jeu défensif. J'ai<br />
toujours voulu travailler cet aspect<br />
et c’est vrai qu’on dit toujours que<br />
les Suisses-allemands ont plus de<br />
hargne, de volonté dans les duels<br />
pour prendre le dessus. J’apprends<br />
ça. À Servette, il y a bien sûr une<br />
concurrence, mais en Suisse<br />
alémanique, c'est différent. En<br />
Suisse romande, il y a cette envie<br />
d'être meilleur que l'autre, mais elle<br />
n’est pas aussi pointue. Ici, tout le<br />
monde veut être le meilleur, mais<br />
toujours de façon saine. Cela ne va<br />
pas nuire à l’équipe. C'est là où j'ai<br />
aussi progressé : dans la mentalité à<br />
adopter. Vouloir toujours plus. Je<br />
suis désormais en mesure de<br />
récupérer plus de ballons, et<br />
physiquement je suis plus fort. J’ai<br />
hâte d’être vraiment libéré pour<br />
que les gens voient ma progression.<br />
La saison prochaine, tu te sentirais<br />
prêt à prendre un rôle de leader<br />
sur le terrain ?<br />
Bien sûr. Je l'ai fait à Servette et en<br />
équipe de Suisse M21. C'est mon<br />
caractère. Même si je ne suis pas le<br />
meilleur sur le terrain, je vais<br />
pouvoir encourager quelqu'un.<br />
L'année prochaine, je pense que je<br />
vais davantage avoir ce rôle de<br />
leader par rapport à cette année.<br />
venais d’arriver dans le groupe.<br />
J’aime tirer et marquer des<br />
penaltys, mais je n’étais pas prêt. Au<br />
final, cela a peut-être été une bonne<br />
pression pour me booster, prouver<br />
et m’excuser pour ce penalty<br />
manqué.<br />
Au niveau de l’équipe, cette<br />
élimination a-t-elle fait mal ?<br />
Oui, parce qu’YB est habitué à jouer<br />
tous les trois jours et nous voulions<br />
faire quelque chose dans cette<br />
compétition. Nous nous sommes<br />
vite concentrés sur le championnat,<br />
sur la Coupe de Suisse et nous<br />
avons pu réaliser le doublé.<br />
Et en voyant le parcours<br />
d’Anderlecht ou du FC Bâle, il y a<br />
des regrets…<br />
Oui, il y aurait eu quelque chose à<br />
faire. C'est le football, parfois, c’est<br />
dur. Il faut passer par des moments<br />
difficiles pour progresser.<br />
Le 6 novembre 2022, tu reviens à la<br />
Praille avec le maillot d’YB. Qu’estce<br />
que cela t’a procuré comme<br />
émotions ?<br />
Je ne suis pas quelqu'un qui montre<br />
ses émotions, que ça soit dans la vie<br />
de tous les jours ou sur le terrain.<br />
Mais c'est vrai que ça m'a fait<br />
quelque chose parce que c'est mon<br />
premier club pro et c'est le club de<br />
ma ville. Il y a plein de choses qui<br />
rentrent en ligne de compte. Il y<br />
avait toute ma famille et mes amis<br />
dans le stade. Même pour eux,<br />
c'était bizarre de me voir pour la<br />
première fois au stade de la Praille<br />
avec le maillot d'une autre équipe.<br />
Mais j'étais super content et<br />
heureux d'être revenu. Je n'ai<br />
malheureusement joué que 45<br />
minutes, parce que je me suis<br />
blessé.
La saison prochaine, vous jouerez<br />
le barrage de la Ligue des<br />
Champions, j’imagine que c’est un<br />
rêve pour toi…<br />
Oui, bien sûr. Je ne suis pas<br />
quelqu'un qui regarde tous les<br />
matchs de foot, je ne suis pas un fou<br />
de la télé. Mais ce que les gens<br />
regardent, c’est l’Euro, la Coupe du<br />
Monde et la Ligue des Champions.<br />
Ce sont les compétitions que tu<br />
regardes même si tu n'es pas<br />
footballeur, même si tu n'aimes pas<br />
le foot. C'est un rêve depuis tout<br />
petit. Plusieurs fois, quand on était<br />
au quartier et qu’on jouait dans les<br />
petits terrains comme celui qui est<br />
à côté (ndlr nous sommes chez lui à<br />
Meyrin), on mettait la musique de la<br />
Ligue des Champions. J'ai envie de<br />
vivre ce moment.<br />
Tu as le sourire rien que d’en<br />
parler…<br />
Tout repasse dans ma tête. Souvent,<br />
à l'école, quand on me demandait<br />
d'imiter quelqu'un ou d'imiter<br />
quelque chose, j’imitais un joueur<br />
qui soulève le trophée. Tout cela me<br />
fait sourire et me fait rêver.<br />
Dans quels stades aimerais-tu<br />
jouer et marquer ?<br />
Je dirais Bernabéu (Real Madrid),<br />
Camp Nou (FC Barcelone), Etihad<br />
(Manchester City), tous les grands<br />
stades. Tu écoutes la musique de la<br />
Ligue des Champions dans leur<br />
stade, tu marques et tu rentres en<br />
avion tout content (rires).<br />
Il y a l’Euro M21 qui va bientôt<br />
commencer, qu’est-ce que tu<br />
attends de ce tournoi ?<br />
Je n'attends pas quelque chose de<br />
spécial. C’est juste un kiff ! Je vais<br />
aller là-bas, me donner à 100% pour<br />
l'équipe, me donner à 100% pour<br />
moi-même et vivre un moment<br />
inoubliable. C'est mon deuxième<br />
Euro. Je l'avais fait il y a deux ans. Je<br />
vais tout faire pour passer les<br />
poules et aller en phase à<br />
élimination directe.<br />
Surtout que votre liste est très<br />
belle…<br />
Quand tu regardes l'équipe, tu te<br />
dis « comment peuvent-ils se<br />
manquer ? ». Mais la France dit<br />
sûrement pareil pour son équipe,<br />
l’Italie et la Norvège également. Ce<br />
que je sais, c'est que tous les<br />
joueurs qui sont dans cette liste<br />
jouent en club. Ce qui n'était pas le<br />
cas avec la génération 98-99, il y a<br />
deux ans. Presque personne ne<br />
jouait et malgré cela, on a battu<br />
l’Angleterre et fait un bon résultat<br />
contre la Croatie. Cette année, tout<br />
le monde joue, marque, prouve et<br />
c’est très positif. Je me dis qu’il y a<br />
quelque chose à faire et il faudra<br />
saisir cette chance, car je ne pense<br />
pas qu’il y aura d’autres générations<br />
comme la nôtre.<br />
Au-delà du temps de jeu que tu as<br />
évoqué, qu’est-ce qui fait la force<br />
de cette équipe ?<br />
Je pense qu'on a réussi à créer des<br />
liens comme les liens que tu crées<br />
dans un club. On est vraiment une<br />
famille, on sait comment l'autre<br />
joue, on sait pourquoi on est là. Les<br />
coéquipiers connaissent les galères<br />
de chacun. C'est ça qui fait notre<br />
force.<br />
Vous êtes un trio offensif romand<br />
avec Dan Ndoye et Zeki Amdouni,<br />
quelle est ton entente avec eux ?<br />
Elle est super bonne. Je connais<br />
Zeki depuis longtemps et Dan<br />
également, car on a joué ensemble<br />
en sélection. On a une super
tout le monde. Je vais être<br />
pointilleux sur cet aspect. Je veux<br />
rappeler qu’on peut avoir une place<br />
pour les JO en allant chercher la<br />
demi-finale. Tout le monde est au<br />
courant, mais j’aime le rappeler.<br />
Vous êtes déjà plusieurs à avoir<br />
joués avec les A (Fabian Rieder,<br />
Ardon Jashari, Dan Ndoye, Becir<br />
Omeragic, Leonidas Stergiou et<br />
Kastriot Imeri), que pouvez-vous<br />
apporter à ce groupe ?<br />
L'expérience. Tout le monde en a,<br />
mais c'est vrai que quand tu touches<br />
aux A, je pense que tu gagnes une<br />
maturité en plus. Tu vois comment<br />
les autres parlent avant les matchs,<br />
à la mi-temps, après les matchs,<br />
aux entrainements, au repas et tu<br />
essayes de mettre tout ça en œuvre<br />
avec les M21 pour les rapprocher le<br />
plus possible des A.<br />
relation que ce soit sur le terrain ou<br />
en dehors.<br />
En 2013, la génération Xhaka,<br />
Sommer et Shaqiri était arrivée en<br />
finale, on vous en parle ?<br />
Oui, ils nous en parlent et nous<br />
disent que ça fait longtemps. Mais il<br />
ne faut pas qu'on se mette une<br />
pression négative. Si ça peut aider à<br />
créer une pression positive, pas de<br />
problème. Si on compare les deux<br />
générations, quand j'écoute parler<br />
de cette époque, je me dis qu’il n’y a<br />
rien qui change. Ils ont fait les 400<br />
coups ensemble, comme nous. Sur<br />
le terrain, ils étaient contents<br />
quand ils jouaient ensemble, nous<br />
aussi. Il n’y a pas trop de choses qui<br />
changent donc, il y a peut-être<br />
quelque chose à faire. Comme je<br />
suis un leader dans cette équipe, il<br />
faut que je le fasse comprendre à<br />
Quelles sont tes attentes pour la<br />
saison prochaine ?<br />
L’Euro 2024 en Allemagne est dans<br />
un coin de ma tête, même dans un<br />
gros coin. J'ai pensé à la Coupe du<br />
Monde aussi, je ne vais pas mentir,<br />
mais avec la préparation que j'ai eu,<br />
c'était un petit peu compliqué de<br />
rêver d'avoir une place. J'aimerais<br />
faire quelque chose avec Young<br />
Boys en Champions League. Mais le<br />
plus important, c'est que je sois à<br />
100% et épanouis sur le terrain.<br />
Pourquoi ? Pas spécialement pour<br />
moi, mais pour ma famille et mes<br />
amis qui viennent voir les matchs et<br />
bien sûr pour l'équipe. Quand on<br />
connaît Kastriot à 100%, on sait qu'il<br />
peut faire des trucs de fou et c’est là<br />
que j'aide le plus l'équipe. C'est le<br />
plus important pour moi.
Formé à<br />
2022-<br />
Servette FC<br />
Young Boys<br />
27.06.2000<br />
Genève<br />
181<br />
matchs<br />
28<br />
buts
SERVETTE<br />
LA FORCE (PRESQUE)<br />
TRANQUILLE
l’orée de cette saison<br />
2022-2023, une nuée<br />
d’éléments<br />
perturbateurs planaient<br />
Àsur le Servette FC :<br />
des restructurations en profondeur<br />
dans l’organigramme du club, un<br />
départ d’Alain Geiger quasi-acté et<br />
un mercato poussif. Une situation<br />
qui aurait déstabilisé toutes les<br />
équipes romandes. Pourtant, le club<br />
du bout du lac sort d’un exercice<br />
qui dépasse ses attentes, avec une<br />
deuxième place et un record de<br />
points depuis la dernière montée.<br />
Retour sur une saison plus que<br />
réussie.<br />
Grandes manœuvres en<br />
coulisses et un entraîneur en fin<br />
de cycle<br />
Mai 2022. Servette vient de conclure<br />
une saison 2021-2022 assez terne,<br />
ponctuée d’une 6ème place en<br />
championnat. Moins bien que les<br />
deux saisons précédentes… S’il n’a<br />
jamais été mis en danger de<br />
relégation, le club grenat n’a pas<br />
non plus suscité l’enthousiasme,<br />
faisant preuve de beaucoup<br />
d’inconstance dans ses résultats.<br />
Philippe Senderos, directeur sportif<br />
de l’époque, l’admet sans détour<br />
dans une interview donnée à la<br />
Tribune de Genève : « J’aspire à être<br />
le plus compétitif possible, on doit être<br />
plus régulier. » L’impression qui<br />
découle est celle d’un club arrivé en<br />
fin de cycle, après trois années en<br />
Super League.<br />
Au lendemain de cet entretien,<br />
coup d’éclat dans la maison grenat :<br />
Pascal Besnard, président du club,<br />
claque la porte, avant d’être suivi<br />
quelques mois plus tard par<br />
Richard Feuz, directeur général.<br />
Les raisons invoquées portent sur<br />
des divergences profondes sur le<br />
projet sportif. Didier Fischer,<br />
président de la Fondation 1890,<br />
reprend le poste ad intérim.<br />
À l’été 2022, le trio d’hommes forts<br />
à la tête du Servette FC est alors<br />
composé de Didier Fischer, Phillipe<br />
Senderos et Alain Geiger. La<br />
situation de l’entraîneur interpelle<br />
alors. Bien qu’il ait fait monter et<br />
stabilisé le club en Super League (ce<br />
qui était loin d’être acquis si l’on<br />
regarde les vingt dernières années),<br />
ses dirigeants rechignent à lui<br />
proposer une prolongation de<br />
contrat. Ainsi, beaucoup<br />
d’interrogations entourent encore<br />
le projet sportif. Faut-il donner une<br />
nouvelle impulsion au club en<br />
engageant un nouvel entraîneur ?<br />
L’hypothèse d’une suite de la<br />
collaboration sera définitivement<br />
enterrée au mois de mars 2023, avec<br />
l’annonce de l’arrivée de René<br />
Weiler à compter de la saison<br />
prochaine.<br />
Mercato d’hiver et licenciement<br />
du directeur sportif<br />
En février 2023 et alors que le<br />
mercato de mi-saison vient de se<br />
clôturer, Servette est à nouveau<br />
secoué par un départ abrupt dans<br />
sa direction sportive : Phillipe<br />
Senderos annonce quitter ses<br />
fonctions de directeur sportif,<br />
faisant mention d’une séparation<br />
d’un commun accord. Le<br />
communiqué publié quelques<br />
heures par le club dément toutefois<br />
son ex-employé : « Le Servette FC<br />
1890 SA a mis fin à la relation de<br />
travail qui le liait à Philippe Senderos<br />
ce matin. » La direction a donc bel<br />
et bien licencié son directeur<br />
sportif, quelques mois après l’avoir<br />
conforté dans son poste.
La nouvelle surprend les<br />
observateurs, surtout qu’elle<br />
intervient juste après<br />
l’officialisation du retour de Kevin<br />
Mbabu. Didier Fischer expliquera la<br />
décision est motivée par une<br />
nouvelle structuration du club :<br />
«(cette décision) vient de la volonté<br />
du conseil d’administration du club<br />
d’apporter des changements à<br />
l’organisation sportive. Nous ne<br />
voulons plus du modèle de direction<br />
sportive incarnée par une seule<br />
personne. Nous privilégions une<br />
commission sportive plus large, qui<br />
intègre également des représentants<br />
de la première équipe et de l’académie<br />
pour participer à la prise de<br />
décision.»<br />
Un mercato long et laborieux<br />
Il n’y pas que dans l’organisation du<br />
club que les grandes manœuvres<br />
ont lieu. À l’orée de la saison, il est<br />
acté que Kastriot Imeri va quitter le<br />
club. Celui-ci vient de vivre sa<br />
meilleure saison sous le maillot<br />
grenat, avec onze buts marqués. Il a<br />
surtout pris une autre dimension,<br />
puisqu’il est désormais<br />
international suisse. Il continuera<br />
sa progression sous d’autres cieux<br />
et des pistes sont notamment<br />
évoquées en Italie, en Allemagne et<br />
en France, ainsi qu’à Bruges. Alors<br />
que la direction sportive étudie les<br />
offres et négocie le prix maximum,<br />
elle doit engager des joueurs pour<br />
remplacer son joyau et renforcer<br />
l’effectif en attaque et en défense.<br />
Problème : le club a besoin de<br />
liquidités et il est impossible<br />
d’avancer concrètement sur les<br />
nouvelles recrues. La décision est<br />
prise d’écarter Imeri de l’effectif.<br />
Voici Servette diminué<br />
sportivement pour les premiers<br />
matchs de la saison.<br />
Les « grenat » feront malgré tout un<br />
très bon début de championnat,<br />
prenant douze points lors des six<br />
premiers matchs. Après de longues<br />
semaines d’incertitudes, Imeri<br />
partira finalement dans les derniers<br />
jours d’août aux Young Boys ;<br />
Servette annoncera dans la foulée<br />
les arrivées de Dereck Kutesa et<br />
Enzo Crivelli.<br />
Pour une saison toutefois<br />
largement réussie<br />
Alors que l’on pouvait craindre que<br />
ces changements en coulisses<br />
déstabiliseraient les joueurs «<br />
grenat », c’est presque tout le<br />
contraire qui s’est passé. À l’heure<br />
de tirer le bilan de la saison passée,<br />
le constat est sans appel : Servette a<br />
réalisé un excellent exercice, avec<br />
son meilleur classement et le<br />
meilleur nombre de points depuis<br />
son retour en Super League. Plus<br />
important encore, l’équipe a fait des<br />
réels progrès dans le jeu, en<br />
améliorant notamment sa<br />
production offensive et sa défense.<br />
Le manque de constance de l’équipe<br />
dans ses résultats, grand problème<br />
des saisons précédentes, semble<br />
être de l’histoire ancienne.<br />
L’élimination douloureuse à la<br />
maison aux portes de la finale en<br />
Coupe de Suisse, qui aurait pu<br />
déstabiliser l’équipe, a eu pour effet<br />
de souder l’équipe pour le sprint<br />
final. Un léger engouement<br />
populaire s’est enfin ressenti en<br />
tribunes. Si l’affluence reste à<br />
désirer, elle s’améliore, avec une<br />
moyenne à plus de 8'000<br />
personnes (environ 1'000 de plus<br />
que la saison dernière). Il faut<br />
remonter à la saison 2011-2012 pour<br />
trouver un chiffre plus élevé.
Le chemin passera peut-être par<br />
une participation à une phase de<br />
groupe européenne, qui<br />
rapporterait plusieurs millions dans<br />
les caisses du club, et permettrait<br />
de créer un engouement autour du<br />
nouveau projet. Il sera, en tout cas,<br />
assurément conditionné par<br />
l’intégration plus régulière de<br />
jeunes joueurs dans le onze de base,<br />
Genève possédant probablement le<br />
plus grand vivier de talents du pays.<br />
Un mercato long et laborieux<br />
Outre un certain succès sportif,<br />
Servette a su capitaliser sur la vente<br />
de certains de ses jeunes éléments.<br />
En plus du départ d’Imeri, les<br />
ventes des très jeunes Rogerio<br />
Nyakossi et Diogo Monteiro, cédés<br />
respectivement à l’Olympique de<br />
Marseille et Leeds, ont rapporté de<br />
belles indemnités.<br />
Des défis à envisager avec<br />
sérénité<br />
La nouvelle structure, inspirée de<br />
ce qui se fait dans des clubs à<br />
succès comme YB ou Saint-Gall, et<br />
axée autour d’une commission<br />
sportive élargie, doit permettre à<br />
Servette de passer un nouveau<br />
palier.<br />
À René Weiler de trouver un<br />
équilibre pour stabiliser l’équipe<br />
dans le haut du tableau, tout en<br />
donnant plus régulièrement leur<br />
chance à des jeunes joueurs. Un vrai<br />
travail d’équilibriste, qui se<br />
construira probablement avec<br />
Hussayn Touati, auteur de belles<br />
prestations lors des dernières<br />
journées de championnat.<br />
L'interview<br />
Pour essayer de comprendre les<br />
éléments qui ont permis à Servette<br />
de réaliser cette belle saison, nous<br />
nous sommes entretenus avec<br />
Lucas Araujo du site Servettiens.ch.<br />
L’occasion également de<br />
commencer à réfléchir à l’avenir.<br />
Comment expliquer la belle saison<br />
du Servette, malgré ces<br />
bouleversements importants et<br />
soudains qu’il y a eu en coulisses et<br />
qui auraient pu déstabiliser<br />
l’équipe ?<br />
Ce qui fait la différence entre le<br />
Servette d’avant et le Servette<br />
d’aujourd’hui, c’est qu’il y a une<br />
réelle distinction entre le sportif et<br />
l’administration. Les changements<br />
qui ont eu lieu ont probablement
été discutés et prévus à l’avance<br />
pour ne pas impacter le côté<br />
sportif. Assez logiquement, le cycle<br />
tourne et les choses changent<br />
naturellement : les ambitions du<br />
club grandisse et la gestion s’y<br />
adapte. La Fondation bâtit un bon<br />
projet et cela se ressent petit à<br />
petit. Cette deuxième place<br />
démontre l’évolution d’un club<br />
seulement promu depuis 2019.<br />
Seulement l’avenir nous dira si ces<br />
changements seront bénéfiques ou<br />
non.<br />
Que penser des déclarations du<br />
nouveau président, Thierry<br />
Regenass, qui a affirmé récemment<br />
«viser le titre d’ici trois à cinq<br />
ans»?<br />
Ces déclarations montrent<br />
l’ambition du club et de sa<br />
direction. Cela ne sera évidemment<br />
pas facile de gagner le titre, mais en<br />
construisant des bases solides, les<br />
ambitions suivent. Si Servette n’est<br />
pas champion dans les cinq ans,<br />
mais se hisse régulièrement dans le<br />
top de la Super League, cela sera<br />
déjà un grand pas pour la stabilité<br />
du club. Le titre serait plus une<br />
consécration qu’autre chose. De<br />
notre point de vue, cette<br />
déclaration est vue comme une<br />
motivation et une ambition de faire<br />
grandir le club. On ne peut que s’en<br />
réjouir !<br />
Et peut donc faire de meilleurs<br />
transferts. Si Servette arrive à jouer<br />
l’Europe, la renommée augmentera<br />
et il sera plus facile d’attirer des<br />
joueurs de meilleur calibre.<br />
Un chemin qui passe également<br />
par une meilleure intégration des<br />
jeunes talents ?<br />
Au vu du niveau de l’académie, mise<br />
sur la jeunesse peut être une bonne<br />
chose. La réserve vient de monter<br />
en Promotion League, ce qui leur<br />
permettra de se confronter à un<br />
meilleur niveau. Attention toutefois<br />
à ne pas les intégrer trop vite et<br />
trop à la fois. L’ancienne direction,<br />
malgré les critiques, a renforcé<br />
l’académie. À la nouvelle<br />
maintenant de consolider la<br />
formation, garder les talents et les<br />
faire grandir dans le club. Pour la<br />
prochaine saison, il faudra trouver<br />
un équilibre entre stabilité en<br />
championnat, l’intégration des<br />
jeunes et un bon mercato.<br />
Est-ce que le changement de<br />
direction va s’accompagner d’un<br />
changement de politique sportive,<br />
avec plus d'ambition dans les<br />
transferts ?<br />
Le club grandit en relation avec ses<br />
moyens, ce qui implique que plus il<br />
est régulier, plus il a d’argent.
IL ÉTAIT UNE FOIS<br />
SERVETTE<br />
CHAMPION<br />
1998<br />
La saison 1998/99 restera à jamais<br />
gravée dans les annales du Servette<br />
FC. Cette équipe a non seulement<br />
conquis le titre de champion de<br />
Suisse, mais elle a également laissé<br />
un héritage de passion, de<br />
détermination et de succès. Les<br />
joueurs du Servette ont prouvé<br />
qu'avec un mélange de jeunes<br />
talents prometteurs et de joueurs<br />
expérimentés, rien n'est impossible.<br />
Cette victoire demeure un symbole<br />
du dernier âge d’or du club<br />
genevois. Décryptage en décalage.<br />
Les talents du coin:<br />
À cette époque, le centre de<br />
formation du club produit déjà un<br />
certain nombre de talents. Ils sont<br />
trois à écumer du temps de jeu et<br />
un à montrer le bout de son nez,<br />
alors âgé de 16 ans. Carlos Varela et<br />
Lionel Pizzinat séviront par la suite<br />
sur les différentes pelouses du<br />
championnat de Suisse alors que<br />
Patrick Müller, lui, aura une<br />
magnifique carrière internationale.<br />
Plus jeune joueur de l’effectif,<br />
Thierno Bah, connaîtra notamment<br />
les trois clubs romands, Servette,<br />
Lausanne et Xamax.<br />
La colonie de l’Est:<br />
L’Est est clairement une mode à<br />
l’époque dans le championnat de<br />
Suisse. Servette ne fait pas office<br />
d’exception à la règle et dispose de<br />
sa petite colonie. Entre le latéral<br />
gauche Potocianu, le milieu de<br />
terrain Razaniauskas, l’attaquant<br />
slovène Siljak et surtout l’ailier<br />
tonitruant bulgare Martin Petrov, le<br />
club a le bon dosage pour aller<br />
décrocher son 17ème titre.
L’African Power:<br />
Ils n’ont pas forcément marqué les<br />
esprits ou l’histoire du club, mais ils<br />
y étaient ! Le Nigérian Patrick<br />
Eseosa ainsi que les anciens<br />
internationaux togolais Tadjou<br />
Salou et Lantame Ouadja ont été<br />
sacré champion. Bon, pour la<br />
régularité des performances, il<br />
faudra repasser. Les supporters<br />
pourront se consoler avec Wilson<br />
Oruma quelques années plus tard.<br />
Le sosie d’une future star:<br />
Non, Samir Nasri n’a jamais évolué<br />
sous les couleurs grenat. Pourtant,<br />
pour ceux qui jettent un œil aux<br />
photos d’Elvir Melunovic, le doute<br />
s’installe. Formé à Aarau, il<br />
rejoindra Servette pour deux<br />
saisons avant de s’envoler pour<br />
Marseille. Euh non, non, un autre<br />
club bleu et blanc. Grasshopper.<br />
Décidément !
EURO ESPOIR<br />
PLUS<br />
MAT
QU'UN<br />
H
« Je ne vois pas comment les<br />
Français peuvent perdre ce<br />
match, à moins que les Bleus<br />
restent coincés dans<br />
l’ascenseur, avant de partir. »<br />
Déclarait Reymond Domenech et<br />
son air narquois avant le huitième<br />
de finale de l’Euro 2021. Ce n’est<br />
que le quart des propos arrogants<br />
lâchés sur le plateau de L’Équipe 21<br />
par les journalistes français. Des<br />
propos sensiblement égaux à ceux<br />
de Daniel Riolo à l’encontre de la<br />
Nati et du FC Bâle et qui trahissent<br />
la mentalité de la France par<br />
rapport à la Suisse. Cela ouvre le<br />
débat sur les similitudes, les<br />
différences et les enjeux qu’il y a<br />
entre la France et la Suisse<br />
Romande. Car c’est bien plus<br />
qu’une simple opposition sur le<br />
rectangle vert, c’est une rivalité aux<br />
multiples facettes.<br />
572 kilomètres de frontières, plus de<br />
200'000 frontaliers quotidiens et<br />
une langue commune. Deux pays<br />
qui paraissent à la fois si proches,<br />
mais qui sont en fait si lointains.<br />
Deux cultures et plusieurs<br />
mentalités qui enrichissent chaque<br />
jour cette relation entre « frouzes »<br />
et « P’tits Suisses ». Des surnoms<br />
plus que répandus de nos jours, qui<br />
qualifient d’un côté la France - qui<br />
pourrait jouer le rôle du grand frère<br />
au vu de sa circonférence ou de sa<br />
population nettement supérieure -<br />
et de l’autre, le petit frère neutre et<br />
discret. Deux peuples partagés<br />
entre certains qui collaborent tous<br />
les jours, et d’autres qui ne peuvent<br />
pas se voir. Deux nationalités qui<br />
rassemblent si bien qu’elles<br />
divisent. La Suisse Romande<br />
désigne la France comme son rival,<br />
là où les Tessinois citeraient plutôt<br />
l’Italie et les Suisse-alémaniques<br />
l’Allemagne. Une relation qui peut<br />
parfois paraître tumultueuse, tant<br />
médiatiquement que socialement<br />
parlant, bien que cela nous arrange<br />
de partir en vacances sur la côte<br />
d’Azur et qu’il plaît à bon nombre<br />
de Français de venir travailler en<br />
Suisse. Ces points de vue reflètent<br />
l’opinion générale, bien qu’il ne soit<br />
pas possible de coller telle ou telle<br />
étiquette à un peuple tout entier.<br />
Côté Helvétique, une<br />
rivalité s’est créée à<br />
l’égard des Bleus<br />
France Télévision<br />
Nous le savons désormais, les<br />
journalistes français ne donnent<br />
pas beaucoup de crédit à notre<br />
football. Mais cette arrogance et<br />
ignorance trahissent une mentalité<br />
répandue dans l’hexagone. Il n’est<br />
par ailleurs pas anodin que la<br />
population française eu déjà été<br />
élue population la plus arrogante<br />
d’Europe. « Côté Helvétique, une<br />
rivalité s’est créée à l’égard des Bleus<br />
» titrait France Télévisions, mais<br />
cette rivalité est déjà présente<br />
depuis longtemps et n’est pas<br />
(entièrement) en rapport avec le<br />
football. En effet, lorsque l’on parle<br />
avec des supporters français, ces<br />
derniers voient davantage l’Espagne<br />
et l’Italie comme des rivaux. Mais si<br />
l’on creuse, bien que notre Suisse<br />
Romande soit encore floue pour<br />
certains, nous sommes perçus
comme riches, sérieux, vendeurs de<br />
fromages ou de montres au-delà de<br />
l’aspect sportif. Ces différents<br />
points de vue ne datent pas d’hier,<br />
mais sont encore d’actualité. Et<br />
c’est peut-être un léger complexe<br />
d’infériorité par rapport à la qualité<br />
de vie et à l’aspect politique qui ont<br />
depuis (toujours) créé cette forme<br />
de compétition dans l’Hexagone.<br />
Certains Français accusent les<br />
Suisses Romands de faire preuve de<br />
racisme « anti-français » lorsqu’il<br />
s’agit de débat concernant le monde<br />
du travail notamment. Des termes<br />
forts, qui démontrent que cette<br />
concurrence n’est pas née dans le<br />
tunnel de l’Arena National à<br />
Bucarest. Est-ce vraiment une<br />
question de racisme ? Pas vraiment.<br />
Si certains s’adonnent à qualifier un<br />
léger ras-le-bol du voisin, d’autres<br />
y voient de simples chambrages<br />
presque enfantins. Difficile d'en<br />
faire une généralité. Toutefois,<br />
nombreux sont ceux qui ne veulent<br />
pas se « rabaisser » à notre Suisse<br />
(en termes de football), en ne la<br />
considérant pas comme un<br />
adversaire de même calibre. En<br />
revanche, sur le plan social et le<br />
cadre de vie, beaucoup de nos<br />
voisins tricolores ne cachent pas<br />
leur fascination pour notre pays qui<br />
semble « bien huilé, et ça à tous les<br />
niveaux ».<br />
Si proche, mais si loin<br />
Côté Suisse, il faut l’avouer, nous ne<br />
sommes pas non plus toujours bien<br />
veillant à l’égard du peuple français.<br />
« Flemmards, grandes gueules » ou<br />
encore « pleurnichards et chauvins<br />
» sont les adjectifs que l’on retrouve<br />
le plus souvent lorsqu’il s’agit de
décrire nos voisins. Eux, nous décrivent<br />
comme trop sérieux, et nous les décrivons<br />
comme trop laxistes, et c’est peut-être le<br />
point qui vient confirmer cette<br />
incompatibilité franco-suisse. Certains<br />
Helvètes, pour des raisons professionnelles,<br />
perçoivent les Français comme des<br />
menaces pour leurs postes de travail et de<br />
là est aussi née une certaine forme<br />
d’intolérance. Et puis, il y a toujours eu<br />
cette « guéguerre » de la langue, que nous<br />
cherchons à nous approprier, bien qu’on<br />
l’appelle « le français ». C’est donc une<br />
compétition au sens large, faites de<br />
plusieurs paramètres qui ne peuvent<br />
seulement se résumer au football. Mais la<br />
grande médiatisation de ce dernier a<br />
certainement donné un nouveau tournant à<br />
cette rivalité, tant dans la presse romande<br />
que chez nos voisins. Le sport en général<br />
n’a que rarement connu autant de visibilité<br />
dans les divers quotidiens suisses qu’au<br />
lendemain de la victoire face à la France.<br />
Pendant longtemps, le football était l’un des<br />
domaines dans lequel la France était<br />
(quasiment) certaine d’être meilleure que la<br />
Suisse, mais cela semble s’être équilibré<br />
petit à petit lors de la dernière décennie. Et<br />
les Suisses n’ont pas manqué une telle<br />
occasion de chambrer leur adversaire au<br />
lendemain (et même plus) de la<br />
dernière confrontation. Cela rappelle<br />
l’importance de battre son voisin pour<br />
ne pas passer une mauvaise journée,<br />
voir une mauvaise semaine au boulot.<br />
« On s’aime bien, mails il ne faut pas<br />
pousser ! »<br />
Certains Suisses apprécient bien la<br />
France pour sa culture et sa<br />
gastronomie et ne s’en cachent pas.<br />
Mais l’on constate que cela se limite<br />
plus à un séjour chez le voisin qu’à<br />
une vie dans l’hexagone. Cela étant,
nous ne sommes pas les seuls à<br />
avoir de tels propos sur nos chers<br />
voisins. En effet, les Belges et de<br />
nombreux résidants d’Europe<br />
partagent notre avis de manière<br />
générale. De quoi se dire que nous<br />
sommes peut-être simplement<br />
objectifs ? Un élément qui pourrait<br />
paraître anodin, mais qui démontre<br />
une certaine « distance » avec la<br />
France est le fait que la plupart des<br />
pays d’Europe ont célébré la<br />
victoire de l’Argentine (ou plutôt la<br />
défaite des Français) en décembre<br />
dernier. Mais ce n’est pas tout, et<br />
encore dans cette rivalité et ce<br />
perpétuel chambrage, le célèbre<br />
titre « Ramenez la Coupe à la<br />
maison » (Vegedream, plus de 400<br />
millions d’écoute sur Spotify) est<br />
devenu le titre numéro 1 dans le<br />
classement Spotify Suisse à l’été<br />
2021. Comme quoi, qui aime bien<br />
châtie bien.<br />
Sur le terrain, la France est<br />
toujours devant<br />
Sur le gazon, une forme de rivalité<br />
commence à se créer entre l’effectif<br />
multi-stars de Didier Deschamps,<br />
et le groupe (enfin) respecté de<br />
Murat Yakin. Depuis 2000, les deux<br />
nations se sont rencontrées 8 fois,<br />
dont 5 fois en compétition<br />
internationale. L’avantage est plutôt<br />
dans le camp tricolore, qui compte<br />
2 victoires et 4 matchs nuls pour<br />
une défaite. Mais depuis bientôt 10<br />
ans, Didier Deschamps ne trouve<br />
plus la formule pour battre la<br />
Suisse. Un (triste) match nul en<br />
2016, dont beaucoup retiendront la<br />
polémique Puma autour des<br />
maillots fragile de la Nati plutôt que<br />
l’aspect sportif, et une inoubliable<br />
qualification en quart lors du<br />
dernier Euro sont les traces les plus<br />
récentes de cette « rivalité ».<br />
Rivalité entre guillemets, car si l’on<br />
est honnête, la France a de quoi ne<br />
pas nous considérer comme un<br />
rival footballistiquement parlant.<br />
Tant au niveau des trophées<br />
soulevés que des victoires en<br />
confrontation directe, nous ne<br />
sommes pas en capacité de<br />
rivaliser. Mais on sait qu’en Suisse,<br />
une victoire face au voisin en vaut<br />
peut-être deux ou trois de l’autre<br />
côté de la frontière. En guise de<br />
preuve, et considérant le scénario,<br />
notre pays a fêté la dernière victoire<br />
face aux Français comme si nous<br />
avions remporté le tournoi luimême.<br />
Un comportement qui n’a<br />
pas été grandement apprécié par le<br />
peuple bleu blanc rouge, mais qui<br />
avait une telle saveur de revanche<br />
au sein de notre pays après la<br />
claque 5-2 reçue en 2014 au Brésil.<br />
Peut-être plus que de revanche,<br />
c’était le sentiment « d’exploit » qui<br />
prédominait. En effet, l’inégalité<br />
des effectifs, tant en termes de<br />
qualité que de valeur marchande,<br />
n’était pas sans rappeler le géant<br />
Français à côté de son petit et<br />
méconnu voisin. Effectivement,<br />
l’effectif tricolore était évalué à plus<br />
de 4 fois la valeur de l’équipe de<br />
Suisse, pour un total de 1,14<br />
milliard. Toutefois, la réalité du<br />
terrain est toute autre et les Suisses<br />
ont su montrer un visage qui n’est<br />
pas commun à la perception de<br />
notre pays. De la hargne, du jeu<br />
dur, du sang et des larmes que le<br />
monde entier a vu. Peu nombreux<br />
sont ceux qui auraient misé sur<br />
Silvan Widmer face à Kylian<br />
Mbappé, au même titre qu’aucun<br />
(ou presque) d’entre nous voyait<br />
Gavranovic comme le sauveur du<br />
pays. Une prestation qui force le<br />
respect et qui a ravivé, ou plutôt<br />
allumé, la flamme de cette rivalité<br />
aux multiples facettes.
Au fil des matchs, un autre combat<br />
à distance entre Yann Sommer et<br />
Killian Mbappé s’est développé. En<br />
effet, le gardien suisse a ensuite à<br />
plusieurs reprises écœuré le public<br />
français (et le joyau n°7 du PSG) lors<br />
des deux confrontations entre<br />
bavarois et parisiens ce printemps.<br />
De quoi remettre de l’huile sur le<br />
feu entre amis, mais surtout de<br />
démontrer aux médias français que<br />
nos joueurs aussi ont le cran<br />
d’évoluer dans ce genre de match.<br />
Une notion qui n’était pas<br />
forcément acquise par toutes et<br />
tous, Twitter en est la preuve.<br />
Le prochain affrontement entre les<br />
deux pays sera celui des Rougets et<br />
des Bleuets le 28 juin prochain en<br />
Roumanie, dans le cadre de l’Euro<br />
M21. Un match qui, d’ici-là, sera<br />
peut-être décisif pour la suite du<br />
tournoi. Quoiqu’il en soit, les jeunes<br />
représentants de notre pays savent<br />
qu’ils joueront « plus qu’un match »<br />
et qu’une victoire, même chez les<br />
M21, resterait une victoire de<br />
prestige. Là aussi, les effectifs<br />
pourraient sembler démesurés.<br />
L’équipe de France espoir totalise<br />
une valeur marchande de 430<br />
millions, soit deux fois plus que<br />
l’équipe A de la Nati. Des chiffres<br />
exorbitants que nos Rougets sont<br />
prêts à combattre pour réitérer<br />
l’exploit de 2019 (Victoire 3-1 lors<br />
des qualifications pour l’Euro M21).<br />
Cette rivalité franco-suisse ne peut<br />
donc se résumer au football, elle<br />
comprend bien plus qu’un (simple)<br />
sport et continuera de faire<br />
débattre pendant des décennies.
NATI M21<br />
Keller<br />
Ammeter<br />
Saipi<br />
Blum<br />
Récent vainqueur de<br />
la Coupe de Suisse<br />
face à son concurrent<br />
direct, Saipi, Keller<br />
est le gardien le plus<br />
talentueux de la<br />
sélection.<br />
Né à New York, le<br />
gardien du FC Wil<br />
devra jouer le rôle de<br />
numéro 3 durant le<br />
tournoi.<br />
Il sort d'une bonne<br />
saison de Super<br />
League, mais voit de<br />
sacrés talents venir<br />
sur sa route. Pas sûr<br />
que Rahmen lui<br />
assure la place de<br />
titulaire.<br />
La révélation du<br />
championnat de<br />
Suisse au poste de<br />
latéral droit sera<br />
peut-être amené à<br />
évoluer à gauche<br />
durant l'Euro.<br />
Burch<br />
Amenda<br />
Omeragic<br />
Kronig<br />
Sa très bonne saison<br />
devrait lui permettre<br />
d'être une valeur sûre<br />
de l'équipe malgré<br />
l'avènement du joyau<br />
d'YB, Amenda.<br />
Les parallèles avec<br />
Akanji sont fortes.<br />
Une progression<br />
fulgurante qui fait de<br />
lui un - désormais -<br />
titulaire indiscutable<br />
dans le meilleur club<br />
suisse.<br />
Libéré mentalement<br />
par l'annonce de son<br />
transfert à<br />
Montpellier, il aura<br />
l'occasion de<br />
confirmer sa montée<br />
en puissance durant<br />
l'Euro.<br />
Parfois arrière<br />
gauche par le passé, il<br />
a retrouvé sa place<br />
dans l'axe de la<br />
défense d'Aarau cette<br />
saison. Performant,<br />
mais la concurrence<br />
est forte.<br />
Muller<br />
Stergiou<br />
Von Moos<br />
Vouilloz<br />
Un des meilleurs<br />
défenseurs de<br />
Challenge League<br />
depuis plusieurs<br />
saisons. Il va vivre<br />
l'Euro sur le banc et<br />
espérer voir la Super<br />
League cet été.<br />
Le capitaine de la<br />
sélection sera le<br />
patron de la défense.<br />
Un bon Euro peut<br />
faire bouger les<br />
choses cet été.<br />
Salzburg est à l'affût.<br />
Quand il est épargné<br />
par les blessures,<br />
l'attaquant saintgallois<br />
est<br />
extrêmement<br />
intéressant. Il aura<br />
une carte à jouer à<br />
l'Euro.<br />
Une valeur sûre à<br />
Servette qui est<br />
amené à briller sous<br />
d'autres cieux. Une<br />
bonne solution de<br />
remplacement pour<br />
Rahmen.
Bares<br />
Amdouni<br />
Di Giusto<br />
Imeri<br />
Il a retrouvé des<br />
couleurs grâce à son<br />
prêt à Thoune. Cela<br />
semble un peu juste<br />
pour jouer les<br />
premiers rôles<br />
durant l'Euro.<br />
Rien ne semble<br />
pouvoir arrêter Zeki<br />
Amdouni. Auteur<br />
d'une deuxième<br />
partie de saison<br />
dantesque à Bâle,<br />
c'est l'atout numéro<br />
un de la Nati.<br />
6 buts et 3 passes<br />
décisives à<br />
Winterthur est une<br />
performance. Un<br />
profil intéressant<br />
pour Rahmen qui<br />
peut en surprendre<br />
plus d'un.<br />
Un doublé et une<br />
montée en puissance<br />
depuis janvier. Imeri<br />
est un leader de cette<br />
équipe et doit le<br />
montrer durant<br />
l'Euro. Il est attendu.<br />
Sohm<br />
Stojilkovic<br />
Jashari<br />
Ndoye<br />
Un profil unique dans<br />
l'effectif M21 qui se<br />
montre toujours<br />
régulier. Courtisé,<br />
l'Euro peut lui<br />
permettre de partir<br />
de Parme pour plus<br />
d'ambition.<br />
Son choix de quitter<br />
la navire valaisan cet<br />
hiver s'est avéré<br />
payant. Un attaquant<br />
qui peut se montrer à<br />
l'Euro avant de<br />
goûter à la<br />
Bundesliga.<br />
Was für ein Crack !<br />
Jashari doit briller de<br />
toute sa classe durant<br />
l'Euro. Il aura un rôle<br />
clé dans cette équipe<br />
pour dicter le rythme<br />
du jeu de la Nati.<br />
Un des joueurs<br />
offensifs les plus<br />
réguliers de la Nati<br />
M21. Ndoye est,<br />
physiquement, audessus<br />
des joueurs de<br />
son âge. Un Euro<br />
pour briller.<br />
Males<br />
Krasniqi<br />
Rieder<br />
Rahmen<br />
Cette saison, il y a eu<br />
de l'excellent Males et<br />
du moins bon.<br />
Difficile de lui définir<br />
un poste type. Ce qui<br />
complique son<br />
utilisation. Il reste<br />
une arme décisive.<br />
Un joueur intéressant<br />
tant dans la<br />
technique que<br />
l'intelligence de jeu.<br />
Un cran en dessous<br />
de ses concurrents,<br />
mais capable de se<br />
mettre à niveau.<br />
Il y aura énormément<br />
d'attentes autour de<br />
lui. Rieder est l'un des<br />
joyaux du football<br />
suisse. Il doit mener<br />
cette équipe au<br />
succès avant de partir<br />
à l'étranger.<br />
Il a tout à prouver<br />
durant cet Euro.<br />
Successeur du très<br />
apprécié Lustrinelli,<br />
les attentes autour de<br />
son équipe sont très<br />
fortes.
EURO ESPOIR
L'ITALIE À LA<br />
RECHERCHE<br />
URGENTE D'UN<br />
COLLECTIF
Daniel Romano<br />
Commentateur / Présentateur<br />
blue Sport<br />
Il y a des noms, du talent et un certain potentiel.<br />
Mais les Azzurrini doivent avant tout devenir une<br />
équipe pour aller chercher un premier sacre<br />
européen depuis 19 ans.<br />
Demandez à n’importe quel Italien<br />
de vous donner le nom d’un seul<br />
joueur qui a permis à l’Italie de<br />
gagner l’Euro en 2021. Il en sera<br />
incapable. Parce que c’est le groupe<br />
tout entier qui avait triomphé. Un<br />
groupe pas très expérimenté sur la<br />
scène internationale, emmené par<br />
quelques leaders qui sont sortis du<br />
bois à tour de rôle, comme si<br />
chacun avait choisi son moment<br />
pour montrer la voie au reste de<br />
l’équipe.<br />
Moise Kean pas intéressé<br />
Réussir ce qu’a fait Roberto Mancini<br />
il y a deux ans. C’est la mission très<br />
délicate de Paolo Nicolato<br />
aujourd’hui. Le Mister est conscient<br />
de cette urgence, au moment de<br />
dévoiler sa liste au centre<br />
d’entraînement de Tirrenia, à une<br />
centaine de kilomètres de Florence:<br />
« Nous devons réussir à devenir une<br />
équipe en très peu de temps, affirmet-il<br />
sur le site de la Fédération<br />
italienne. Dans ce genre de tournoi, la<br />
cohésion est fondamentale. Au-delà<br />
de la valeur et du potentiel de mes<br />
joueurs, j’ai gardé seulement ceux qui<br />
avaient vraiment envie d’être là ». Le<br />
tacle pour Moise Kean est évident<br />
dans cette déclaration. Les médias<br />
italiens affirment que l’attaquant de<br />
la Juventus a signifié son désintérêt<br />
pour cette compétition à son coach.<br />
Tuttosport parle d’une attitude<br />
blasée de la part du joueur.<br />
L’explication officielle, elle, évoque<br />
une « indisponibilité », sans entrer<br />
dans les détails.<br />
No Tonali, no party<br />
Le cas Kean archivé, parlons de<br />
ceux qui seront là. Au milieu,<br />
Sandro Tonali est assurément l’un<br />
des joueurs les plus expérimentés<br />
du cadre. Les téléspectateurs de<br />
blue Sport ont notamment pu le<br />
remarquer en Serie A et en<br />
Champions League cette saison,<br />
avec un rôle toujours plus<br />
prépondérant à l’AC Milan. Souvent<br />
convoqué par Mancini avec les A,<br />
l’ancien de Brescia sera l’une des<br />
valeurs ajoutées de cette équipe. Il a<br />
un rapport particulier avec<br />
Nicolato, qui l’a lancé avec les M18<br />
italiens autrefois. « Nous n’avons<br />
jamais perdu contact, révèle<br />
l’entraîneur de 56 ans. Sandro m’a<br />
toujours offert sa reconnaissance et sa<br />
disponibilité. Je suis heureux de<br />
pouvoir compter sur lui ». Tonali<br />
c’est à la fois l’architecte et le<br />
moteur de cette équipe.
C’est par lui que transiteront tous<br />
les ballons. C’est lui qui ira gratter<br />
le cuir et qui assurera les<br />
transitions entre la défense et<br />
l’attaque. Tonali c’est l’élégance et<br />
l’efficacité. C’est souvent l’homme<br />
de la dernière passe. C’est un pied<br />
droit extraordinaire sur balles<br />
arrêtées. C’est aussi une certaine<br />
carence sur le plan athlétique qu’il<br />
compense avec sa technique fine.<br />
Un Jashari ou un Rieder pourraient<br />
lui poser des problèmes. Autres<br />
milieux de Serie A très attendus,<br />
Edoardo Bove, auteur d’une belle<br />
campagne d’Europa League avec la<br />
Roma et Fabio Miretti, joyau de la<br />
Juventus qui s’inspire chaque jour<br />
de son idole, Kevin de Bruyne. On<br />
lui souhaite la même trajectoire que<br />
le Belge, récent vainqueur de la<br />
Champions League avec City.<br />
Une défense sensible<br />
Autre valeur ajoutée, Giorgio<br />
Scalvini, qui a tout de même fini la<br />
saison sur les rotules avec l’Atalanta<br />
avec quelques prestations que je<br />
jugerais de moyennes. Le point<br />
faible de cette Nazionale M21 se<br />
situe évidemment en défense<br />
centrale. Il manque du monde. Il<br />
manque de la sérénité. Il manque de<br />
la personnalité. Il manque un<br />
patron. Vainqueur du championnat<br />
d’Italie avec la Primavera de<br />
l’Atalanta en 2021, Scalvini devra<br />
jouer ce rôle et profiter de ce<br />
tournoi pour convaincre Mancini de<br />
le convoquer à nouveau avec les A à<br />
l’avenir. Sur les côtés, les Azzurrini<br />
sont blindés, avec plusieurs<br />
solutions dont Raoul Bellanova,<br />
finaliste de la Champions League<br />
avec l’Inter.<br />
Avis de recherche<br />
Pas besoin de suivre attentivement<br />
l’équipe d’Italie pour savoir qu’il<br />
existe un manque évident de<br />
numéro 9 en attaque. Le problème,<br />
à mon avis, c’est qu’on a passé trop<br />
de temps à se demander<br />
«pourquoi» ou « comment » c’était<br />
possible au lieu de se mettre<br />
activement à sa recherche. La<br />
vérité, c’est que pour le moment, il<br />
n’existe pas.<br />
Les tifosi sont réduits à voir évoluer<br />
deux styles de faux 9. Le premier<br />
profil : celui d’un milieu qui joue<br />
devant, comme le faisaient si bien le<br />
Barça et l’Espagne à une époque. Le<br />
second profil, un 9 au rabais, parce<br />
qu’il n’y a pas mieux. Dans cette<br />
équipe des M21, le nom qu’on essaie<br />
de nous vendre est celui de Pietro<br />
Pellegri, 22 ans. D’accord.<br />
N’empêche qu’il faut se fier à un<br />
centre-avant qui n’a marqué que 2<br />
buts en 18 matches de championnat<br />
avec le Torino cette saison.<br />
Au moment de son transfert du<br />
Genoa à Monaco pour 20 millions<br />
en 2018, je vous avoue que je m’étais<br />
étranglé avec l’amaretto qui<br />
accompagnait mon espresso<br />
macchiato. La suite, c’est plusieurs<br />
pépins physiques, un prêt au Milan,<br />
puis au Torino avant que le club<br />
grenat - où bosse le père de<br />
l’attaquant - ne l’achète pour à<br />
peine plus de 4 millions. « Pietro est<br />
un attaquant très fort, assure<br />
Nicolato. Il conjugue des qualités<br />
physiques et techniques. Il a mûri, il<br />
se donne de la peine. Les blessures<br />
l’ont empêché de trouver une certaine<br />
continuité ».
Autre solution pour le coach, mon<br />
coup de cœur en Italie cette saison :<br />
Lorenzo Colombo, prêté par l’AC<br />
Milan à Lecce. Quelles<br />
performances pour une première<br />
saison dans l’élite de la part de celui<br />
que je considère comme le<br />
successeur d’Olivier Giroud. Le club<br />
lombard a d’ailleurs bien fait les<br />
choses : si Lecce active son option<br />
d’achat à 2,5 millions, les rossoneri<br />
ont glissé dans le contrat, une<br />
FC Zurich a envie et besoin de<br />
donner une tournure plus positive à<br />
sa saison délicate en club. Un atout<br />
majeur de cette équipe sur le côté<br />
gauche grâce à son dynamisme, sa<br />
vitesse de percussion et son côté<br />
imprévisible.<br />
Remonter sur le toit de l’Europe<br />
À la tête des Azzurrini depuis l’été<br />
2019, Nicolato s’apprête à disputer<br />
son quatrième tournoi avec une<br />
autorisation de recompra,<br />
autrement dit, le rachat de leur<br />
propre joueur à 3,5 millions.<br />
L’arme fatale<br />
Enfin, un peu à la surprise générale,<br />
Wilfried Gnonto vient se greffer au<br />
groupe après sa participation à la<br />
Nations League avec les A de<br />
Roberto Mancini. Relégué en<br />
deuxième division anglaise avec<br />
Leeds, l’ancien attaquant du<br />
équipe de jeunes. Il a rarement<br />
déçu, avec une médaille d’argent à<br />
l’Euro M19, une demi-finale de<br />
Coupe du monde avec les M20 et un<br />
quart de finale d’un Mondial avec<br />
les M21.<br />
Invaincue en phase de<br />
qualifications avec respectivement 5<br />
et 6 points d’avance sur l’Irlande et<br />
la Suède, l’Italie a une histoire très<br />
particulière avec l’Euro M21.
Elle est l’équipe la plus titrée dans<br />
cette compétition en compagnie de<br />
l’Espagne avec 5 sacres. Le dernier<br />
remonte à 2004 avec des joueurs<br />
comme Gilardino ou De Rossi,<br />
champions du Monde deux ans plus<br />
tard en Allemagne avec les A.<br />
Il y a 19 ans, la victoire finale avait<br />
aussi permis à l’Italie d’inscrire une<br />
équipe aux Jeux olympiques<br />
d’Athènes en 2004 avec une<br />
médaille de bronze à la clé. Gagner<br />
ce tournoi, pour l’Italie, c’est aussi<br />
s’assurer une place à Paris l’an<br />
prochain et disputer des JO pour la<br />
première fois depuis 15 ans.<br />
Je suis l’équipe d’Italie depuis<br />
plusieurs décennies. J’ai rarement<br />
vu une Squadra Azzurra entre-deux.<br />
La Nazionale c’est toujours noir ou<br />
blanc, tout ou rien. En fait, c’est<br />
comme les chocolats dans la boîte<br />
de Forrest Gump : on ne sait jamais<br />
à quoi s’attendre ou sur quoi on va<br />
tomber. Je vous propose de le<br />
découvrir ensemble dans quelques<br />
jours. Bon Euro à vous. Et que le<br />
meilleur gagne.<br />
Je m’étais étranglé<br />
avec l’amaretto qui<br />
accompagnait mon<br />
espresso macchiato<br />
À propos du transfert de<br />
Pellegri à Monaco (20 Mio)
ZOOM<br />
L'ESSOR<br />
DU FOOTBALL<br />
NORVÉGIEN
Adversaire de l’équipe de<br />
Suisse M21, la Norvège<br />
connaît une véritable<br />
renaissance sur la scène<br />
du football<br />
européen. Longtemps considérée<br />
comme une nation en devenir, le<br />
pays nordique a su se forger une<br />
réputation solide grâce au succès de<br />
certaines de ses individualités. En<br />
combinant une approche novatrice<br />
de la formation des jeunes talents<br />
avec une vision stratégique axée sur<br />
l'excellence, la Norvège a réussi à<br />
s'imposer comme un acteur<br />
compétitif au niveau international.<br />
Si l'on remonte quelques décennies<br />
en arrière, la Norvège n'était pas<br />
forcément considérée comme une<br />
nation majeure du football<br />
européen. Cependant, au fil des<br />
années, le pays a progressivement<br />
développé un système de formation<br />
qui a commencé à porter ses fruits.<br />
Des joueurs emblématiques tels que<br />
Ole Gunnar Solskjær et John Arne<br />
Riise ont ouvert la voie, montrant<br />
au monde entier que la Norvège<br />
avait du potentiel à revendre.<br />
Ces dernières années, le football<br />
norvégien a connu une ascension<br />
fulgurante. Les équipes<br />
norvégiennes, tant au niveau<br />
national qu'au niveau des clubs, ont<br />
redoré leur blason par leur jeu<br />
dynamique et offensif. L'équipe<br />
nationale norvégienne a vu naitre<br />
un certain nombre de talents qui<br />
pousse l’équipe sur le premier plan<br />
de la scène internationale.<br />
En parallèle, les clubs norvégiens<br />
n'ont pas été en reste dans cette<br />
évolution positive. Des équipes<br />
telles que le Rosenborg BK et le<br />
Molde FK ont réalisé de solides<br />
performances en compétitions<br />
européennes, en défiant des<br />
adversaires réputés et en obtenant<br />
des résultats. Ces succès ont<br />
contribué à renforcer la réputation<br />
du football norvégien et à attirer<br />
l'attention des observateurs<br />
internationaux.<br />
Un système de formation<br />
novateur<br />
L'une des clés du succès de la<br />
Norvège réside dans son système de<br />
formation des jeunes talents. En<br />
mettant l'accent sur le<br />
développement holistique des<br />
joueurs dès leur plus jeune âge, la<br />
Norvège a su créer un vivier de<br />
talents prometteurs. Les clubs<br />
professionnels, les académies de<br />
jeunes et la Fédération norvégienne<br />
de football ont travaillé main dans<br />
la main pour offrir aux jeunes<br />
joueurs les meilleures conditions<br />
pour se développer et atteindre leur<br />
plein potentiel. Egil Olsen, ancien<br />
sélectionneur de l'équipe nationale<br />
norvégienne, a déclaré : "La Norvège<br />
a réalisé un travail extraordinaire<br />
dans la formation des jeunes joueurs<br />
ces dernières années. Nous avons<br />
adopté une approche holistique qui<br />
met l'accent sur le développement des<br />
compétences techniques, tactiques et<br />
mentales des joueurs, ce qui a permis<br />
d'élever le niveau global du football<br />
norvégien."
Cette approche consiste à prendre<br />
en compte tous les aspects du<br />
développement, tant sur le plan<br />
technique, tactique, physique que<br />
mental. D’un point de vue physique,<br />
les jeunes joueurs norvégiens sont<br />
encouragés à pratiquer diverses<br />
activités physiques pour améliorer<br />
leur condition physique, leur<br />
agilité, leur vitesse et leur<br />
puissance. Cela leur permet de<br />
développer un profil athlétique<br />
solide qui favorise leurs<br />
performances sur le terrain.<br />
Mentalement, l’accent est mis sur la<br />
résilience, la confiance en soi, la<br />
concentration et la gestion du<br />
stress. Cela les aide à faire face aux<br />
défis et aux pressions du football de<br />
haut niveau.<br />
La Norvège a le vent en poupe<br />
La croissance exponentielle du<br />
football norvégien peut être<br />
illustrée par des chiffres<br />
impressionnants. Selon les données<br />
récentes, le nombre de joueurs<br />
norvégiens évoluant dans les cinq<br />
meilleures ligues européennes a<br />
triplé au cours des dix dernières<br />
années. De plus, le taux de réussite<br />
des jeunes joueurs norvégiens<br />
passant professionnel est<br />
remarquable, avec une moyenne de<br />
près de 80% de réussite sur les dix<br />
dernières années.<br />
L'un des aspects clés du succès de<br />
la Norvège dans la formation des<br />
jeunes talents est la détection<br />
précoce des joueurs prometteurs.<br />
Les clubs norvégiens ont mis en<br />
place un réseau de scouts bien<br />
développé, qui identifie les jeunes<br />
joueurs talentueux dès leur plus<br />
jeune âge.<br />
Ces talents sont ensuite intégrés<br />
dans des académies de jeunes où ils<br />
bénéficient d'une formation<br />
professionnelle de haut niveau et<br />
d'un encadrement adapté à leur<br />
développement.<br />
Par ailleurs, l’investissement massif<br />
de la Fédération norvégienne de<br />
football dans la formation des<br />
entraîneurs favorise l'adoption de<br />
méthodes modernes<br />
d'entraînement et de<br />
développement des jeunes joueurs.<br />
De plus, la NFF travaille en étroite<br />
collaboration avec les clubs<br />
professionnels pour promouvoir la<br />
progression des jeunes talents et<br />
faciliter leur transition vers le<br />
football senior.<br />
Mais ce n’est pas tout. La<br />
Norwegian Premier League<br />
(Eliteserien) joue également un rôle<br />
essentiel dans le développement<br />
des jeunes joueurs. Les clubs de<br />
première division ont l'obligation<br />
de consacrer un pourcentage de<br />
leur budget aux académies de<br />
jeunes, aidant ainsi la formation<br />
continue des talents locaux. Cette<br />
mesure incitative a permis<br />
d'accroître considérablement les<br />
ressources allouées à la formation<br />
des jeunes et de favoriser leur<br />
progression.<br />
C’est ainsi que l’Europe a connu des<br />
talents tels que Martin Odegaard,<br />
Erling Haaland ou encore<br />
Mohammed Elyounoussi.<br />
Aujourd’hui à Arsenal, Martin<br />
Odegaard fut le premier « crack » à<br />
dimension internationale de cette<br />
nouvelle génération norvégienne.
Le dernier prodige en date,<br />
Erling Haaland, a brillé de mille<br />
feux tout au long de l'année<br />
2023, s'imposant comme l'une<br />
des sensations les plus<br />
fulgurantes du sport roi. Avec<br />
ses performances<br />
exceptionnelles et ses<br />
statistiques impressionnantes,<br />
Haaland a captivé les foules et a<br />
écrit son nom en lettres d'or<br />
dans l'histoire récente du<br />
football. Passé par les espoirs,<br />
c’est désormais le maillot de<br />
l'équipe nationale norvégienne<br />
A qu'Haaland a porté fièrement.<br />
Son impact immédiat a été<br />
ressenti et l’attaquant de<br />
Manchester City compte 21 buts<br />
en 23 sélections.<br />
L’ancien sélectionneur de l'équipe<br />
nationale norvégienne, Lars<br />
Lagerbäck, a précisé il y a plusieurs<br />
années : "Martin Odegaard est un<br />
joueur extrêmement talentueux et<br />
mature pour son âge. Sa vision du<br />
jeu, sa créativité et sa capacité à<br />
prendre des décisions rapides en font<br />
l'un des joueurs les plus excitants de<br />
sa génération."<br />
Une créativité et une technique<br />
nouvelle pour un joueur norvégien,<br />
mais qui se retrouve chez d’autres<br />
jeunes issus de cette génération.<br />
Notamment, l’ancien bâlois<br />
Mohammed Elyounoussi. Après<br />
avoir fait les beaux jours du FCB, le<br />
dribbleur évolue désormais en<br />
Premier League, à Southampton.<br />
Mais au-delà des chiffres, le<br />
Viking d’un mètre 95 a<br />
également captivé les<br />
spectateurs par sa personnalité<br />
charismatique et sa<br />
détermination sans faille. Une<br />
image qui fait de lui la nouvelle<br />
star du ballon rond et qui se<br />
couple parfaitement avec<br />
l’éthique de travail mise en<br />
place par la Fédération<br />
norvégienne, il y a de cela<br />
quelques années.<br />
C’est désormais une nouvelle<br />
génération qui va tout donner<br />
pour faire briller le drapeau<br />
norvégien. Portée par un<br />
collectif, la sélection<br />
norvégienne sera difficile à<br />
manœuvrer pour les hommes<br />
de Patrick Rahmen.
L’effectif du sélectionneur, Leif<br />
Gunnar Smerud, n’a pas vraiment<br />
de star affirmée pour le moment.<br />
Battue deux fois 3-0 contre les<br />
Pays-Bas et le Portugal en mars<br />
dernier, la Norvège reste malgré<br />
tout, sur le papier, la plus petite<br />
équipe du groupe D composé de la<br />
Nati, de la France et de l’Italie. L’un<br />
des talents le plus excitant de cette<br />
génération évolue à l’étranger, à<br />
Manchester City. Cette année, il a<br />
brillé en deuxième équipe. Il s’agit<br />
d’Oscar Bobb, 19 ans, auteur de 6<br />
buts et 16 passes décisives en<br />
Premier League 2. Toutefois, le<br />
jeune joueur n’a pas été sélectionné<br />
par son coach. Les espoirs de la<br />
sélection norvégienne reposeront<br />
donc sur le nouveau joueur du<br />
Benfica, Andreas Schjelderup. Le<br />
petit gaucher a un style<br />
relativement similaire à Martin<br />
Odegaard et son entente avec le<br />
grand attaquant du Celta Vigo,<br />
Jorgen Larsen, peut être<br />
intéressante. Assez pour<br />
surprendre ses adversaires et sortir<br />
de son groupe ? Réponse dans<br />
quelques jours.
EURO ESPOIR<br />
IL FAUDRA<br />
SE MÉFIER
DES<br />
BLEUS
Mohamed Simakan<br />
Arrivé à Leipzig en 2021 en<br />
provenance de Strasbourg, Mohamed<br />
Simakan s'est imposé au sein du club<br />
allemand. Défenseur central<br />
reconverti en latéral droit, la<br />
puissance du français est son point<br />
fort.<br />
Pierre Kalulu<br />
Formé à l'Olympique Lyonnais, le<br />
frère d'Aldo Kalulu (ancien joueur du<br />
FC Bâle) est désormais un joueur<br />
régulier de l'AC Milan. Pierre Kalulu<br />
était relativement proche des Bleus et<br />
voit l'Euro comme une opportunité de<br />
le prouver à Didier Deschamps.<br />
Loic Badé<br />
À Lens, il était considéré comme l'un<br />
des meilleurs talents à son poste en<br />
France. Son transfert à Rennes a<br />
freiné sa progression. Contre toute<br />
attente, le défenseur central revit à<br />
Séville et vient de remporter l'Europa<br />
League.
Manu Koné<br />
Le saut de Toulouse au Borussia<br />
Möchengladbach a été pleinement<br />
géré par Manu Koné. Il est désormais<br />
l'un des plus prometteurs milieu de<br />
terrain de Bundesliga. Sa puissance<br />
physique ainsi que son volume de jeu<br />
sont des précieux atouts.<br />
Enzo Le Fée<br />
Une vraie touche technique au sein du<br />
milieu de terrain français. Enzo Le<br />
Fée avait un lien avec la Suisse,<br />
puisqu'il était sous la coupole de<br />
l'agence de Philipp Degen, SBE<br />
Management. Ce n'est plus le cas, et<br />
cela aura pour conséquence de voir<br />
son transfert à Dortmund être avorté.<br />
Khéphren Thuram<br />
Il a goûté récemment à l'Équipe de<br />
France et cela démontre le potentiel<br />
qu'on lui prête. Discret lors de la<br />
double confrontation Bâle-Nice, le fils<br />
de Lilian Thuram a toutefois<br />
démontré des qualités techniques<br />
indéniables.
Amine Gouiri<br />
23 ans et 15 buts en Ligue 1 cette<br />
saison. Des chiffres qui font rêver plus<br />
d'un joueur de son âge. L'Euro est<br />
l'occasion pour mettre de côté le<br />
débat sur le futur choix de sélection<br />
de l'attaquant du Stade Rennais.<br />
Courtisé par l'Algérie, il pourrait ne<br />
jamais voir les Bleus.<br />
Rayan Cherki<br />
Le plus adulés et critiqués des joueurs<br />
de cette sélection. L'arrivée de<br />
Laurent Blanc à Lyon a, semble-t-il,<br />
transformé ce talent brut comparé à<br />
Hatem Ben Arfa. Certains experts<br />
trouvent toujours qu'il en fait trop et<br />
que son individualisme est sa<br />
principale faiblesse. Il va donner du<br />
boulot à la défense suisse.<br />
Amine Adli<br />
Formé à Toulouse, il commence<br />
vraiment à s'éclater au Bayer<br />
Leverkusen. Gerardo Seoane en disait<br />
le plus grand bien lorsqu'il entrainait<br />
le club allemand. Il lui manque encore<br />
un peu d'efficacité pour prendre une<br />
nouvelle dimension.
C'EST L'ÉTÉ<br />
'est l'été ! Les vacances à<br />
la mer pour la plupart<br />
des footballeurs qui<br />
décompressent après<br />
une saison haute en Cintensité. Mais pour un sportif de<br />
haut niveau, la pause estivale est<br />
aussi un moyen de se préparer pour<br />
la saison prochaine en entamant<br />
une première esquisse de travail<br />
spécifique qui permettra au<br />
footballeur d'éviter les blessures et<br />
être plus performant.<br />
Si une bonne partie du travail<br />
s'effectue en club, les plus assidus<br />
couplent cela par un travail<br />
spécifique avec un préparateur<br />
physique personnel. Cette tendance<br />
s'accentue d'année en année et<br />
devient presque une mode ou un<br />
incontournable pour devenir le<br />
meilleur.<br />
En pré-saison, la préparation<br />
physique et plus particulièrement la<br />
musculation et le renforcement<br />
musculaire, sont un passage obligé.<br />
Axée notamment sur le<br />
développement et l’optimisation<br />
des nombreuses qualités physiques<br />
inhérentes au football (endurance,<br />
puissance, explosivité, vitesse,<br />
coordination, etc), l’organisation de<br />
cette période est rythmée par une<br />
problématique: la contrainte de<br />
temps.<br />
La méthode qu'applique Ben,<br />
préparateur physique reconnu en<br />
Suisse, est celle d'un sergent de fer.<br />
Ceux qui travaillent avec lui ne se<br />
blessent que rarement et ont une<br />
endurance importante dans l'effort.<br />
Nous avons rencontré celui qui<br />
façonne la condition physique de<br />
joueurs comme Imeri. Il nous<br />
explique ses méthodes et nous<br />
donne quelques indices sur la<br />
recette du succès.
En scrutant tes réseaux sociaux,<br />
j’ai vu que tu travaillais notamment<br />
avec Gaël Clichy, Kastriot Imeri,<br />
Philippe Senderos et notamment<br />
Felix Mambimbi. Comment es-tu<br />
arrivé dans le football en tant que<br />
préparateur physique ?<br />
J’ai un parcours assez atypique.<br />
J’étais dans le football au niveau<br />
semi-pro en France et je suis arrivé<br />
à un niveau de ma carrière où je<br />
n’évoluais plus. Concrètement, ce<br />
ne sont pas les blessures qui m'ont<br />
écarté des terrains. J'ai alors fait un<br />
choix de reconversion très tôt, à 23<br />
ans, parce que ma carrière ne<br />
prenait pas l'élan voulu. Dans ma<br />
tête, c’était très clair : je voulais me<br />
lancer dans la préparation<br />
physique. Donc j’ai très vite passé<br />
mes diplômes en Suisse, et après<br />
chaque année, je me suis<br />
perfectionné en Angleterre et à<br />
Paris.<br />
J’ai tout de suite voulu faire du<br />
spécifique, même si, à l’époque,<br />
j’avais la possibilité d’intégrer des<br />
structures de clubs<br />
professionnelles. Mais cela n’a<br />
jamais été « mon kiff ». Je voulais<br />
être indépendant et surtout avoir le<br />
joueur en direct.<br />
Comment se faire un nom en<br />
indépendant – dans un milieu très<br />
fermé qui plus est - sans passer<br />
par des structures<br />
professionnelles?<br />
J’ai eu la chance de croiser les<br />
bonnes personnes comme Antonio<br />
Pintus (Real Madrid) ou Fabien<br />
Richard, un préparateur physique<br />
très connu. Il était le préparateur<br />
spécifique de Yaya Touré et<br />
s’occupe encore aujourd’hui de<br />
Riyad Mahrez. Cela m’a ouvert des<br />
portes. En plus, ce secteur d’activité<br />
était en plein essor il y a 10 ans.<br />
Pourquoi avoir être spécifique sur<br />
la prévention de blessures ?<br />
Je suis établi à Genève et je<br />
constatais que beaucoup<br />
d’Académies n’étaient pas prêtes<br />
sur cette spécificité. La charge de<br />
travail entre les équipes jeunes et la<br />
première équipe en Suisse était<br />
trop importante. Cela engendrait<br />
des blessures. C’est vraiment<br />
quelque chose de spécifique à la<br />
Suisse, car en France, ce<br />
phénomène n’était pas forcément<br />
présent. C’était un bon créneau, car<br />
j’ai vite pu travailler avec des jeunes<br />
ici.<br />
Donc les jeunes avec qui tu as<br />
commencé étaient dans des<br />
structures comme Servette, Young<br />
Boys ou Lausanne ?<br />
Oui, pour la Suisse. En Europe, j’ai<br />
eu plus de facilité à travailler tout<br />
de suite avec des joueurs<br />
professionnels en faisant marcher<br />
mon réseau. C’est forcément un<br />
tout autre travail.<br />
Avec combien de joueurs<br />
travailles-tu ?<br />
J’ai une volonté de vouloir me<br />
concentrer sur une petite équipe.<br />
Actuellement, je travaille avec 8<br />
joueurs.<br />
Et cela représente un gros<br />
pourcentage de ton travail ?<br />
Oui, car il y a un travail de l’ombre<br />
avec la programmation, le suivi, la<br />
collaboration et les échanges avec<br />
certains clubs, les déplacements,<br />
etc. Cela prend vite du temps.<br />
Comment se passe l’intégration<br />
d’un nouveau joueur dans ton<br />
environnement de travail ?<br />
Tout d’abord, il y a toute la partie<br />
testing pour voir un peu où le
joueur se situe. Cela peut prendre<br />
facilement deux semaines. Je vais<br />
également analyser son poste, sa<br />
charge de travail au sein de son<br />
club, son temps de jeu, son<br />
historique de blessure et son<br />
mental, car l’aspect psychologique<br />
est très important. Il y a un vrai<br />
dialogue à instaurer et un lien de<br />
confiance à développer entre le<br />
joueur et moi. À la suite de cela, on<br />
peut commencer le programme à<br />
proprement parler.<br />
Sur combien de temps est basée ta<br />
relation de travail avec le joueur ?<br />
Généralement, je travaille sur une<br />
saison minimum.<br />
Cette analyse te donne finalement<br />
des indices sur ses faiblesses et sa<br />
résistance ?<br />
Tout à fait, et chaque détail à son<br />
importance. C’est pour ça que le<br />
dialogue est important. Nous<br />
parlons vraiment de tout, même des<br />
dents, car cela peut avoir un impact<br />
sur les blessures. Tout est lié, son<br />
hygiène de vie forcément, mais<br />
également sa vie privée, son état<br />
d’esprit, sa motivation. On ne va pas<br />
forcément entrer dans le détail,<br />
mais c’est important de se faire une<br />
idée pour sécuriser certains points<br />
et surtout l’aider à être performant.<br />
Un joueur en forme peut être<br />
performant. Un joueur en méforme<br />
ne le sera pas. Le gain de<br />
performance se fait par le travail<br />
additionnel et des détails, tous les<br />
grands champions le disent<br />
fréquemment.<br />
Tu parles de travail parallèle et<br />
c'est bien de le préciser. Ton<br />
apport est vraiment sur du travail<br />
spécifique en plus du travail<br />
effectué en club. Il faut une vraie<br />
détermination.<br />
Bien sûr, c'est ce qui est le plus<br />
important. Beaucoup d'agents me<br />
sollicitent, mais j’ai toujours un a<br />
priori si la demande ne vient pas du<br />
joueur directement.
Comment se passe la relation avec<br />
un joueur évoluant à l’étranger ?<br />
Je me déplace pour les séances<br />
spécifiques, mais également pour<br />
voir des matchs afin d’avoir une v<br />
ision précise du joueur durant 90<br />
minutes. Dans certains cas, je peux<br />
mettre un coach local sur le coup.<br />
C'est, par exemple, le cas avec<br />
Younes Belhanda qui joue en<br />
Turquie.<br />
C’est combien d’heures<br />
hebdomadaires ce travail<br />
spécifique pour un joueur ?<br />
Tout dépend, mais je dirai que c’est<br />
plutôt mensuel. Cela dépend<br />
toutefois des championnats et de la<br />
coupe d’Europe. Le statut du joueur<br />
également, car un titulaire a besoin<br />
de plus de récupération qu’un<br />
remplaçant. C’est dans l’analyse de<br />
la charge que l’on va pouvoir<br />
calibrer le tout. Il faut surtout éviter<br />
une surcharge de travail. C’est pour<br />
cela que l’on profite de moment de<br />
creux, et de la pré saison pour<br />
travailler. En club, les<br />
entrainements sont souvent<br />
planifiés le matin et peu de clubs<br />
double, donc généralement l’aprèsmidi<br />
est libre. J’en profite pour fixer<br />
les rendez-vous à ce moment.<br />
Au niveau des clubs, comment<br />
réagissent-ils lorsqu’ils<br />
apprennent qu’un joueur fait du<br />
spécifique avec un coach externe ?<br />
Certains clubs aiment, d’autres<br />
moins. Il y a des clubs vraiment,<br />
vraiment très pointilleux.<br />
C’est-à-dire ? Tu n’as pas carte<br />
blanche ?<br />
Ils sont méfiants, ils n’aiment pas<br />
trop. Mais il faut savoir que c’est un<br />
investissement personnel du<br />
joueur, financièrement également.<br />
De nos jours, il n’y a pas de secret,<br />
de plus en plus de joueurs vont<br />
dans cette direction. Je peux donner<br />
l'exemple de Karim Benzema où on<br />
voit sa progression depuis qu’il a un<br />
préparateur personnel.
Cristiano Ronaldo en a toujours eu<br />
un. Tous les grands joueurs optent<br />
pour cette solution qui te permet<br />
d’être plus performant.<br />
Selon toi, au bout d'un moment<br />
pour atteindre le top niveau, c’est<br />
une obligation ?<br />
Oui, tu es obligé. Je suis persuadé à<br />
200% que c’est le travail additionnel<br />
qui fait la différence. Il faut aussi<br />
prendre en compte la démarche. Le<br />
joueur qui l’a fait se met dans une<br />
phase, une mentalité de travail<br />
supplémentaire qui va finalement<br />
lui permettre d’être plus fort, d’être<br />
prêt dans les duels, d’être<br />
physiquement plus fort dans les<br />
moments faibles et d’être là<br />
mentalement. Être capable de<br />
souffrir plus que les autres.<br />
avait beaucoup préparateurs<br />
physiques. Cela change tout !<br />
En Suisse, les charges de travail<br />
sont-elles suffisantes ?<br />
Tout d’abord, il y a une différence<br />
entre les clubs romands et suissesallemands.<br />
Nous parlions de la<br />
réticence de certains clubs, elle se<br />
fait moins sentir en Suisse<br />
allemande. Les Romands pensent<br />
que les charges de travail sont<br />
bonnes, mais le discours des<br />
joueurs n’est pas le même. À la fin<br />
de l’entrainement, ils en veulent<br />
encore.<br />
En début d’interview, tu indiques<br />
avoir travaillé avec des jeunes de<br />
centre de formation. L’axe de<br />
travail est-il différent ?<br />
Plus on travaille, plus on<br />
connait son corps, on le<br />
maitrise et on a confiance<br />
en nos capacités.<br />
Et les clubs, n’ont-ils pas les<br />
moyens d’effectuer ce travail<br />
supplémentaire ?<br />
C’est une question d’ordre<br />
financier. Les clubs ont<br />
généralement un ou deux<br />
préparateurs pour un groupe de 25-<br />
30 joueurs. Tu ne peux pas faire de<br />
spécifique comme ça. Les joueurs<br />
sont moins encadrés et ce n’est pas<br />
ce qu’il recherche. Ils aiment se<br />
sentir entourés. À Manchester City,<br />
Gaël Clichy m’expliquait qu’il y<br />
Oui, la phase d’adolescence fait<br />
qu’ils ont beaucoup d’irrégularités<br />
sur pas mal de points. Ils sont dans<br />
une phase de croissance et n’ont<br />
pas la même maturité qu’un joueur<br />
professionnel. Même si certains<br />
sont très engagés, il y a également<br />
une notion de temps à prendre en<br />
compte.
À cet âge, il y a aussi le risque de<br />
vouloir tout, tout de suite.<br />
Comment on gère cela ?<br />
C’est simple, le mot vite n’existe<br />
pas. Pour avoir des résultats, il faut<br />
du temps. Si le jeune fait du<br />
spécifique très tôt, nous allons plus<br />
travailler sur des aspects<br />
techniques, de coordination<br />
visuelle, de la motricité, etc.<br />
L’aspect athlétique viendra plus<br />
tard, en son temps.<br />
Et l’aspect mental ?<br />
Également, là l’idée est de sortir le<br />
jeune de sa zone de confort. Le<br />
pousser à se surpasser. Le gainage à<br />
ce petit jeu est très intéressant, car<br />
il vient titiller la résistance. C’est<br />
quelque chose de très important.<br />
De manière générale, comment<br />
fait-on progresser un joueur ?<br />
Notre philosophie est axée sur le<br />
fait d’augmenter les performances<br />
du joueur, ses acquis, ses forces<br />
plutôt que ses faiblesses. En<br />
travaillant ses forces, on va pousser<br />
ses faiblesses vers le haut. Alors<br />
bien sûr, à 13 ans, on peut travailler<br />
sur les points faibles. Mais au<br />
niveau pro, c’est différent. Nous<br />
n’avons pas le temps. Si je travaille<br />
avec un joueur qui court vite, je vais<br />
le pousser à être encore plus<br />
rapide, plus explosif. Le potentiel<br />
d’amélioration le plus important est<br />
là.<br />
Tu travailles avec Kastriot Imeri<br />
qui va débuter l’Euro M21. Tu peux<br />
nous dire quelques mots sur lui ?<br />
Kastriot, c’est un travailleur. À<br />
l’époque où il n’avait pas beaucoup<br />
de temps de jeu à Servette, il a<br />
décidé de<br />
changer beaucoup de choses dans<br />
son hygiène de vie. C’est ce qui lui a<br />
permis d’être où il est aujourd’hui<br />
dans un grand club comme Young<br />
Boys. Le travail de l’ombre qu’il<br />
effectue paie et je suis très content<br />
pour lui. Je lui tire mon chapeau,<br />
car, à ce jour, il est une référence<br />
pour les jeunes du Servette. Tout<br />
n’a pas toujours été facile pour lui<br />
et à force de travail, il est champion<br />
de Suisse.<br />
C’est vrai que par apport à d’autres<br />
joueurs de son âge, Kastriot a une<br />
vraie dimension athlétique…<br />
Il a beaucoup changé, beaucoup<br />
mûrit. Durant la Coupe du Monde,<br />
nous étions ensemble à travailler, à<br />
se tenir prêt sur l’entraineur faisait<br />
appel à lui. Il aurait pu prendre des<br />
vacances comme d’autres joueurs,<br />
mais non, il a voulu travailler.<br />
Au niveau de ses capacités, il en est<br />
où ?<br />
Il a encore une grosse marge de<br />
progression ! Il a beaucoup de<br />
choses à accomplir et ce côté<br />
athlétique, que tu mets en avant, il<br />
peut encore le développer.<br />
Aux footballeurs qui nous lisent,<br />
quel est le mot de la fin ?<br />
Pour être le plus performant<br />
possible, il faut vraiment mettre<br />
l’accent sur son hygiène de vie, le<br />
sommeil, la nutrition et le travail en<br />
parallèle. Plus on travaille, plus on<br />
connait son corps, on le maitrise et<br />
on a confiance en nos capacités.
Dans sa vie, un<br />
homme peut<br />
changer de femme,<br />
de parti politique ou<br />
de religion, mais il<br />
ne change pas de<br />
club de football<br />
LA PASSION<br />
VALAISANNE<br />
Cette citation, du<br />
journaliste uruguayen<br />
Eduardo Galeano,<br />
résume bien la situation<br />
d'un supporter de<br />
football tout au long de sa vie et de<br />
son rapport avec son club de cœur.<br />
Ce sport est devenu viral, presque<br />
l'égal d'une religion dans certains<br />
pays.<br />
Chez nous, le football occupe<br />
également une place – très –<br />
importante dans la vie de nombreux<br />
jeunes et moins jeunes. Au-delà du<br />
simple fait de soutenir ses couleurs,<br />
le fan se distingue également par sa<br />
loyauté dans les bons, comme dans<br />
les mauvais moments. Cette saison,<br />
le peuple valaisan en est un bon<br />
exemple et peut témoigner de ce<br />
phénomène. Déchaînés par un<br />
mercato estival très prometteur,
Une fin d’exercice<br />
cauchemardesque<br />
puisque les Valaisans ont<br />
enchaîné sept défaites<br />
(cinq en championnat et<br />
deux lors du barrage face<br />
au SLO) et 20 buts<br />
encaissés pour 4 inscrits.<br />
Les temps sont durs donc,<br />
mais nombreux sont les<br />
fidèles supporters qui ne<br />
lâchent pas l’équipe et qui<br />
continuent de<br />
l’encourager.<br />
Mais comment expliquer<br />
cette passion qui ne<br />
semble pas pouvoir<br />
s'atténuer avec le temps<br />
ou les résultats? Nous<br />
avons posé la question à<br />
plusieurs supporters<br />
sédunois qui ont accepté<br />
de nous expliquer ce qui<br />
rend cette relation avec le<br />
club si particulière.<br />
Benoît a 36 ans et est fan<br />
du FC Sion « depuis ses<br />
premiers pas ». Il explique<br />
cette passion pour le club<br />
par le fait « qu’il est le seul<br />
professionnel du Valais ». Il<br />
est vrai qu’en étant la<br />
seule entité du canton,<br />
l’équipe fédère celui-ci,<br />
propage un sentiment<br />
d’appartenance fort et est<br />
par conséquence très<br />
encré culturellement. «<br />
C’est une passion qui se<br />
transmet de génération en<br />
génération, explique-t-il.<br />
Cela fait du FC Sion un<br />
symbole de fierté pour tous<br />
les Valaisans ».<br />
Cette transmission, Fabrice, 23 ans,<br />
nous en a également fait part. « Toute<br />
ma famille est valaisanne. J’ai donc été<br />
baigné dedans depuis tout petit et j’ai reçu<br />
cette fibre rouge et blanche ».<br />
Un choix logique donc et qui en dit long<br />
sur la ferveur footballistique qui<br />
caractérise la région. « Tout le monde va<br />
au stade au moins une fois durant la<br />
saison. Même ceux qui ne sont pas<br />
forcément fan de football aiment s’y<br />
rendre, pour l’atmosphère et pour le fait<br />
qu’il se passe toujours quelque chose avec<br />
cette équipe. En Super League ou en<br />
Challenge League, même si on a une<br />
préférence pour la première, c’est<br />
pratiquement comme un devoir. Chaque<br />
Valaisan naît avec une part du FC Sion<br />
en lui (rires). »
Mais comment s’est développée<br />
cette si grande fierté ? Fabrice a la<br />
réponse : « Le Valais est un grand<br />
canton par la taille, mais petit du fait<br />
de sa population. De plus, nous avons<br />
un peu le sentiment d’être à part en<br />
termes de mentalité. Donc les grandes<br />
saisons de la fin du siècle dernier,<br />
additionné aux finales de coupes ont<br />
permis de créer un lien unique entre<br />
nos parents, grands-parents et le<br />
club. Cela nous a ensuite été partagé.<br />
C’était une fierté pour ces générations<br />
de voir leur petit club, sans grands<br />
moyens, réussir au niveau suisse. »<br />
Pour rappel, le club présidé par<br />
Christian Constantin compte deux<br />
championnats et treize coupes à<br />
son palmarès.<br />
Oui, mais voilà. Ces périodes de<br />
succès et de titres sont désormais<br />
révolues et le club a lutté cette<br />
saison – comme lors des exercices<br />
précédents – pour ne pas être<br />
relégué en deuxième division. Et<br />
c’est souvent lors des moments les<br />
plus durs que l’on se rend compte<br />
réellement de l’appartenance et de<br />
l’attachement que l’on peut avoir<br />
pour un club. « Le FC Sion occupe<br />
une place très importante dans ma<br />
vie, lance Thierry, 17 ans et fans de<br />
toujours. Je suis un supporter fidèle,<br />
qui vient chanter au Gradin Nord à<br />
tous les matches. Je pense qu’il est<br />
important de montrer aux joueurs<br />
que nous sommes derrière eux malgré<br />
les moments difficiles. » Et c’est ce<br />
qui a été fait lors du barrage face au<br />
SLO. Surtout lors du match retour à<br />
Lausanne. Malgré le résultat de la<br />
première manche (défaite 0-2 à<br />
Sion),<br />
quelques 1'500 supporters valaisans<br />
ont fait le déplacement long de 98<br />
kilomètres et ont bruyamment<br />
encouragé leurs joueurs jusqu’au<br />
bout.<br />
De son côté, Jean-Luc vit désormais<br />
au Chili. Mais ce ne sont pas les<br />
milliers de kilomètres qui le<br />
séparent de Tourbillon qui vont<br />
l’empêcher de supporter son<br />
équipe et, surtout, de faire part de<br />
son avis sur sa gestion. Ainsi, au<br />
lendemain de la claque 5-0 reçue à<br />
Genève mi-mai, après avoir fait<br />
part de ses glorieux souvenirs, le<br />
sexagénaire a tenu à faire part de<br />
son mécontentement dans une<br />
lettre postée sur Twitter et<br />
adressée à Christian Constantin. «<br />
Aujourd’hui, je te dis merci. Merci<br />
pour tout ce que tu as fait pour le FC<br />
Sion. Sans toi, nous n’aurions<br />
certainement pas eu la moitié des<br />
moments de joies et de satisfactions.<br />
Mais maintenant, il est arrivé l’heure<br />
de passer à autre chose. […] Force est<br />
de constater que tu es désormais<br />
hors-sujet. » Un cri du cœur qui en<br />
dit long sur l’attachement et<br />
l’amour que les gens peuvent porter<br />
pour ces couleurs.
La création d’un collectif de<br />
supporter, au début du mois de<br />
mai, en est également un très bon<br />
exemple. Horrifiés par la situation<br />
du club et par les sorties de leur<br />
président qui indique que le club<br />
n’évoluera plus à un niveau<br />
professionnel dans un an, plus de<br />
1'200 personnes ont adhéré au<br />
mouvement en 24 petites heures.<br />
Son objectif ? « Aider à trouver des<br />
solutions », « maintenir les FC Sion<br />
en mains valaisannes » et « assurer<br />
une meilleure intégration des<br />
supporters dans la vie du club ».<br />
Avec la quatrième relégation de son<br />
histoire après celles de 1969, 1999 et<br />
2002, le club valaisan ne doit pas<br />
voir le verre complètement vide. En<br />
effet, il doit y voir l’opportunité de<br />
reconstruire et de créer une base<br />
solide pour les prochaines années.<br />
Le FC Zürich doit jouer le rôle<br />
d’exemple. Relégué en 2016, le club<br />
zurichois est rapidement remonté<br />
et a terminé à une place<br />
qualificative pour une Coupe<br />
d’Europe la saison suivante. Il a<br />
même connu les joies d’un titre de<br />
champion suisse lors de l’exercice<br />
2021/2022. Alors, oui, vivre une<br />
relégation est terrible pour un club<br />
et ses supporters, mais comme on<br />
dit : il faut parfois reculer pour<br />
mieux sauter.<br />
Chaque Valaisan<br />
naît avec une part<br />
du FC Sion en lui !
LAUSANNE<br />
NE VEUT PLUS FAIRE<br />
L'ASCENSEUR
À la faveur de son match nul contre le FC Aarau au<br />
Brügglifield (2-2), le Lausanne-Sport est officiellement<br />
promu en Super League, une année seulement après sa<br />
relégation. Une première étape atteinte pour un club qui<br />
entend désormais (enfin) s'établir durablement dans l'élite<br />
du football helvétique.<br />
Au terme d'un championnat<br />
de Challenge League très<br />
disputé jusqu'au dernier<br />
souffle, Lausanne-Sport aura<br />
finalement réussi à s'en sortir<br />
pour fêter une promotion en<br />
première division. Alors, oui,<br />
ce LS n'a pas toujours été<br />
flamboyant et n'a pas dominé<br />
le championnat comme cela<br />
aurait pu être attendu l'été<br />
dernier. En témoigne la<br />
deuxième place au classement<br />
final, derrière Yverdon Sport,<br />
qui a pourtant un budget bien<br />
moindre par rapport au plus<br />
gros budget de la Challenge<br />
League. Mais même si la<br />
manière n'a pas toujours été<br />
au rendez-vous, l'objectif est<br />
atteint.<br />
L'essentiel est tout autre pour<br />
Lausanne, qui se devait de<br />
rejoindre la Super League au<br />
plus vite afin de pouvoir enfin<br />
lancer le projet annoncé par<br />
Ineos il y a plus de cinq ans<br />
déjà. L'objectif au moment du<br />
rachat par le propriétaire<br />
britannique était d'être parmi<br />
les trois ou quatre premiers<br />
dans les trois, quatre ou cinq<br />
prochaines années. Deux
elégations plus tard, le projet a<br />
pris du retard. Alors, la remontée<br />
lausannoise se devait d'être<br />
immédiate afin de ne pas perdre<br />
une saison supplémentaire.<br />
Ineos et Lausanne, historique<br />
d'une débâcle (non) annoncée<br />
Alors que le groupe britannique<br />
rêve de plus en plus grand, en<br />
voulant notamment racheter un<br />
club anglais (Manchester United ?),<br />
le LS sert de base de lancement<br />
dans la logique imaginée par Ineos.<br />
Il y a deux saisons, Dan Ndoye était<br />
le premier joueur à pouvoir<br />
rejoindre l'OGC Nice, autre club<br />
satellite de la future (probable)<br />
galaxie du géant de la pétrochimie.<br />
L'objectif pour la multinationale est<br />
de permettre à d'autres joueurs de<br />
suivre ce chemin facilité. Mais pour<br />
ce faire, le club des rives du Léman<br />
doit pouvoir s'établir durablement<br />
dans l'élite du football helvétique,<br />
afin de permettre à un vrai projet<br />
de naître. L'inauguration du<br />
nouveau stade de la Tuilière en<br />
novembre 2020 aurait dû être un<br />
point de départ, il n'en aura rien<br />
été.<br />
Car oui, depuis le rachat en<br />
novembre 2017, rien ne se passe<br />
comme prévu dans la capitale<br />
olympique. Installé à la 6e place du<br />
championnat au moment du rachat,<br />
le LS s'effondrera en deuxième<br />
partie de saison et se verra relégué<br />
en Challenge League à la fin de la<br />
saison 2017-2018. Il faudra attendre<br />
deux ans avant de revoir le LS dans<br />
l'élite du football suisse, lors de<br />
l'exercice 2020-2021, que Lausanne<br />
conclura à une honorable sixième<br />
place, à seulement quatre points<br />
d'un podium synonyme d'Europe.<br />
Mais une fois n'est pas coutume,<br />
Lausanne ne parvient pas à trouver<br />
de la constance et à se maintenir. À<br />
l'été 2022, le LS est relégué, encore<br />
une fois, dans l'antichambre du<br />
football helvétique à la fin d'une<br />
saison cauchemardesque terminée<br />
à 18 points (!) du maintien.<br />
Nommons le sportif comme<br />
première cause de cette<br />
inconstance, car il n'en a été que<br />
trop peu question en évoquant le<br />
projet du Lausanne-Sport sous la<br />
tutelle d'Ineos. En cause, des<br />
campagnes de recrutement (trop)<br />
mal gérées. Le LS perd<br />
constamment ses meilleurs joueurs,<br />
comme tous les clubs du<br />
championnat suisse, mais est<br />
incapable de les remplacer. À l'été<br />
de la montée en 2020, le LS perd<br />
notamment Andi Zeqiri et Dan<br />
Ndoye, deux cadres de la<br />
promotion. Leurs remplaçants,<br />
Evann Guessand, Lucas Da Cunha<br />
ou encore Pedro Brazão, se révèlent<br />
être des joueurs intéressants. Le<br />
problème ? Tous ont signé au LS<br />
sous forme de prêt. Parmi les<br />
signatures de l'été 2020, seuls<br />
Trazié Thomas et Armel Zohouri<br />
seront encore bleus et blancs l'été<br />
suivant.<br />
Un manque de stabilité dans le<br />
recrutement qui fera énormément<br />
de mal à Lausanne. En plus de ces<br />
noms, le LS perd à l'été 2021 Moritz<br />
Jenz, Noah Loosli, Per-Egil Flo et<br />
Nikola Boranijasevic, quatre cadres<br />
de leur défense qui ne seront, une<br />
fois de plus, pas ou mal remplacés.<br />
Sans compter le départ de Cameron<br />
Puertas qui quittera le club six mois<br />
plus tard.
Les bons coups du LS sur les deux<br />
dernières saisons du club en Super<br />
League se comptent aisément sur<br />
les doigts d'une main : Zeki<br />
Amdouni, Hicham Mahou, Toichi<br />
Suzuki et Mory Diaw.<br />
Tout compte fait, depuis le rachat,<br />
le LS a dépensé 6,7 millions sur le<br />
marché des transferts et en a<br />
encaissé 14,2 millions, soit une<br />
plus-value de 7,5 millions pour le<br />
club vaudois. Le tout, sans prendre<br />
en compte le transfert de Dan<br />
Ndoye vers l'OGN Nice (montant<br />
non communiqué) ni la part de la<br />
probable future vente de Zeki<br />
Amdouni cet été. Ces chiffres<br />
démontrent la marge disponible<br />
pour effectuer un recrutement de<br />
qualité et créer une équipe<br />
compétitive pour la saison à venir.<br />
Le mercato estival qui arrive devra<br />
donc impérativement permettre au<br />
LS de progresser, tout en<br />
conservant les meilleurs joueurs de<br />
la saison en cours. Les deux<br />
meilleurs coups de ces dernières<br />
saisons, Brighton Labeau et Zeki<br />
Amdouni, ont été réalisés en<br />
recrutant localement ; pourquoi ne<br />
pas renouveler l'expérience et<br />
investir dans l'un des nombreux<br />
joueurs prometteurs ayant affronté<br />
le LS cette saison en Challenge<br />
League ? Citons par exemple<br />
Shkelqim Vladi et Valon Fazliu<br />
(Aarau), Teddy Okou (Stade<br />
Lausanne Ouchy) ou encore Gabriel<br />
Kyeremateng (Thoune).<br />
La deuxième cause de cette<br />
inconstance est inexorablement<br />
extrasportive.<br />
Le feuilleton autour du directeur<br />
sportif Souleymane Cissé de l'année<br />
dernière en est l'image. Un<br />
organigramme qui connaît trop peu<br />
le football suisse a coûté cher au LS.<br />
À titre d'exemple de cette<br />
méconnaissance, prenons le choix<br />
de l'entraîneur effectué pour la<br />
reprise de janvier 2022 par<br />
Lausanne et Lucerne, les deux clubs<br />
alors en lutte pour le maintien. Les<br />
Lucernois opteront pour Mario<br />
Frick, tandis que les Lausannois<br />
choisiront Alain Casanova. Le<br />
premier est encore aujourd'hui à la<br />
tête du club lucernois, qui disputera<br />
les qualifications pour la Ligue<br />
Europa Conférence la saison<br />
prochaine, tandis que le second a<br />
été limogé six mois après son<br />
arrivée à la tête du club lausannois.<br />
Encore aujourd'hui, l'organisation<br />
lausannoise n'est pas digne d'un<br />
club de Super League. Sans<br />
directeur technique ni directeur<br />
sportif, Ludovic Magnin se retrouve<br />
avec de multiples casquettes à<br />
porter. Pour assurer une bonne<br />
transition entre la deuxième et la<br />
première division, Leen Hemskerk<br />
et Vincent Steinmann,<br />
respectivement président et viceprésident,<br />
seraient bien inspirés de<br />
nommer une personne en charge<br />
du recrutement afin de permettre à<br />
l'entraîneur de la première équipe<br />
de se concentrer uniquement sur<br />
l'aspect sportif.<br />
Se tourner vers le futur Maintenant<br />
que le LS est officiellement de<br />
retour dans l'élite, que faire pour<br />
réussir à construire ce fameux<br />
projet conquérant et cohérent à
court, moyen et long terme ? «<br />
Investir », promet le président Leen<br />
Heemskerk. Un gros budget devrait<br />
être mis à disposition afin de<br />
réaliser un mercato digne d'un club<br />
de l'élite. Un bon gardien numéro<br />
un sera certainement la priorité du<br />
club, tant Castella a pu montrer ses<br />
limites cette saison. Spiegel, lui, n'a<br />
pas réellement convaincu lors de la<br />
blessure de son concurrent en<br />
début de saison.<br />
Si un objectif a bien été atteint<br />
depuis le rachat d'Ineos, c'est celui<br />
de l'utilisation de l'excellente<br />
formation vaudoise. Des joueurs<br />
tels que Bryan Okoh, Cameron<br />
Puertas, Isaac Schmidt ou encore<br />
Dan Ndoye sont issus du centre de<br />
formation du LS depuis cinq ans.<br />
Tout cela sans oublier les Andi<br />
Zeqiri ou Jordan Lotomba qui ont<br />
commencé au LS alors que le club<br />
était encore entre les mains d'Alain<br />
Joseph. Les bonnes performances<br />
d'Alvyn Sanches et les quelques<br />
apparitions de Mayka Okuka cette<br />
saison doivent encourager le club<br />
lausannois à poursuivre dans cette<br />
voie.<br />
Alors qu'Ineos se lance dans<br />
l'inconnu avec son projet niçois,<br />
notamment en raison des récentes<br />
affaires qui agitent le club phocéen,<br />
le Lausanne-Sport doit continuer<br />
son petit bonhomme de chemin,<br />
loin de toute polémique. Les<br />
objectifs iront crescendo ; le<br />
maintien lors de la saison 2023/24 et<br />
pourquoi pas une place dans les
cinq premiers dès la saison<br />
suivante? Toutes les cartes, et<br />
surtout l'argent, sont entre les<br />
mains d'Ineos pour construire un<br />
projet cohérent.<br />
Photo: Lausanne-Sport