LOJS187
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N°187 octobre 2023<br />
La commission d’enquête crispe le monde du sport<br />
Dans le collimateur de la commission parlementaire sur les violences dans le sport, les fédérations se défendent. David<br />
Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), monte au créneau.<br />
LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />
Sommaire<br />
’abord lancée dans<br />
l’indifférence générale<br />
il y a trois mois,<br />
la commission d’enquête parlementaire<br />
sur les dysfonctionnements<br />
dans les fédérations<br />
sportives irrite maintenant.<br />
Certains l’accusent de<br />
parti pris. David Lappartient a<br />
décidé de croiser le fer avec<br />
cette commission, initiée par<br />
la députée écologiste Sabrina<br />
Sebaihi (Hauts-de-Seine),<br />
rapporteure. Dans un courrier<br />
daté du 19 juillet révélé par<br />
Le Monde, et adressé à<br />
Sabrina Sebaihi, l’élu breton,<br />
également membre du CIO,<br />
se dit « étonné » de la description<br />
du monde sportif comme<br />
« un milieu terriblement<br />
opaque » par ladite commission.<br />
Evoquant lors des différentes<br />
auditions des « représentations<br />
caricaturales<br />
», le président du<br />
CNOSF dénonce des « accusations<br />
outrancières », et<br />
s’interroge sur les objectifs, «<br />
sur les finalités exactes » de la<br />
commission lancée à « 400<br />
jours de l’ouverture des JO<br />
de Paris ». « C’est un nouveau<br />
coup que vous portez au<br />
modèle sportif français », assène-t-il.<br />
Une attaque frontale<br />
qu’a peu goûtée la députée<br />
é c o l o g i s t e .<br />
« C’est très problématique<br />
que David Lappartient remette<br />
en cause le travail des<br />
parlementaires. C’est comme<br />
si l’image des JO était plus<br />
importante », s’insurge-t-elle.<br />
« C’est la première fois que le<br />
principe même d’une commission<br />
d’enquête est<br />
contesté, c’est plus que des<br />
lobbies qui se mettent en<br />
marche, je trouve ça totalement<br />
antidémocratique ».<br />
« Peut-être que cela dérange<br />
que l’on vienne toucher à un<br />
système mis en place depuis<br />
des années. Si la seule réponse<br />
c’est ‘’tout va bien<br />
dans le meilleur des mondes’’<br />
ou’’on a déjà mis en place des<br />
choses’’, cela ne va pas », appuie-t-elle.<br />
Depuis le lancement des travaux<br />
de cette commission, de<br />
nombreux témoignages sur<br />
des affaires de violences<br />
sexuelles dans le sport, mais<br />
aussi sur de graves problèmes<br />
de gouvernance ont été entendus.<br />
Selon Sabrina Sebaihi,<br />
tous ces témoignages<br />
concourent à dépeindre un<br />
monde sportif « vivant en<br />
vase clos ». Avec la présidente<br />
de la commission<br />
Béatrice Bellamy (Horizons,<br />
Vendée), elle a lancé le 13<br />
septembre dernier une plateforme<br />
de signalement des<br />
violences dans le sport baptisée<br />
« Balance ton sport ».<br />
Une initiative critiquée. La<br />
ministre des Sports et des<br />
jeux olympiques, Amélie<br />
Oudéa-Castéra, a réagi sur<br />
France Culture en soulignant<br />
« qu’une seule plate-forme »<br />
existait pour « recueillir les<br />
signalements en matière de<br />
violences, et notamment de<br />
violences à caractère sexiste,<br />
elle s’appelle Signal-Sports ».<br />
« Le lancement d’une nouvelle<br />
plateforme de signalement<br />
peut entraîner une<br />
confusion et une déperdition<br />
des signalements », regrette<br />
une source proche du mouvement<br />
sportif.<br />
Tribune<br />
Le travail inachevé du football roumain : L’institution de la succession sportive semble<br />
cartonner, mais nécessite une transposition nationale............................................................2<br />
La dernière randonnée de Jochen Fritzweiler (1940-2023), expert des accidents sportifs ...........4<br />
Chronique judiciaire<br />
Le risque judiciaire s’éloigne pour Paris 2024.................................................................................6<br />
La Métropole de Lille perd contre Eiffage.......................................................................................8<br />
Retrouvez l’ensemble des archives sur<br />
PRO.SPORT.FR<br />
Mise en place par le ministère<br />
des sports en 2020, cette cellule<br />
a reçu plus de 1.000 signalements<br />
selon la directrice<br />
des sports Fabienne<br />
Bourdais. Sabrina Sebaihi assure<br />
avoir déjà reçu une «<br />
centaine de témoi-gnages », «<br />
certains que les fédérations<br />
ne veulent pas entendre ».<br />
« La cellule Signal-Sports<br />
existe, mais les sportifs ne<br />
sont pas au courant », cinglet-elle.<br />
Le Monde fait également état<br />
d’un courrier envoyé par le<br />
président de la Fédération<br />
française de football (FFF)<br />
Philippe Diallo à la présidente<br />
de l’Assemblée nationale<br />
Yaël Braun-Pivet<br />
(Renaissance), pour se<br />
plaindre de l’audition du journaliste<br />
influenceur Romain<br />
Molina, dénonçant des propos<br />
« mensongers et injurieux<br />
».<br />
« Il y a une montée en pression<br />
d’un milieu qui se crispe<br />
et redoute une mauvaise<br />
image. Cela ne nous empêchera<br />
pas de réaliser notre<br />
travail parlementaire de façon<br />
indépendante et transparente<br />
», assure la députée<br />
Béatrice Bellamy, membre de<br />
la majorité présidentielle. La<br />
commission doit achever ses<br />
travaux en fin d’année.<br />
L’Officiel juridique du sport<br />
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rédaction : David Tomaszek<br />
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Tribune<br />
N°187 La Lettre de l’Officiel juridique du sport septembre 2023<br />
Le travail inachevé du football roumain : L’institution<br />
de la succession sportive semble cartonner, mais<br />
nécessite une transposition nationale<br />
Inscrite au Code disciplinaire de la FIFA depuis 2017 (1), la notion de « succession sportive » fait parler d’elle<br />
principalement – mais pas exclusivement – au sein du football. Comme évoqué précédemment (2), elle implique des<br />
responsabilités pour un club établi après la dissolution légalement valide d’un autre club – avec ou sans faillite – si un<br />
certain nombre des critères matériels sportifs sont réunis. Ainsi, le successeur sportif peut-il être poursuivi, dans<br />
certains cas, notamment par des anciens employés (joueurs/athlètes, entraîneurs, etc.) ayant subi un préjudice lié, par<br />
exemple, à des salaires impayés. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) cependant, dans une sentence arbitrale rendue le<br />
25 mai 2023 (3), a rejeté une telle demande comme la Fédération roumaine de football (FRF) n’avait pas transposé la<br />
disposition de la FIFA dans son règlement disciplinaire national. Sans enjoindre la FRF de se mettre en ordre, le TAS<br />
a basé son rejet sur l’exigence d’une règle écrite et sans ambiguïté (« nulla poena sine lege scripta et certa »). Solution<br />
qui laisse une régner une certaine ambiguïté.<br />
Par Jacob Kornbeck<br />
LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />
epuis 2017, le Code<br />
disciplinaire de la<br />
FIFA – actuellement<br />
l’article 21 § 4 – permet de<br />
poursuivre le successeur dit<br />
« sportif » d’un club révolu<br />
qui ne respecte pas les engagements<br />
financiers pris par<br />
ce dernier (4). Le mécanisme<br />
s’applique même sans<br />
besoin de faute de sa part et<br />
même en l’absence de<br />
faillite. Bien qu’on puisse en<br />
penser ce qu’on veut – la<br />
compatibilité avec les principes<br />
des procédures de<br />
faillites est à confirmer, pays<br />
par pays – cette disposition<br />
fait partir de la totalité des règlements<br />
et décisions de la<br />
FIFA que les fédérations nationales<br />
sont obligées d’appliquer<br />
à travers leurs règlements<br />
nationaux (5) dans le<br />
cadre de la fameuse structure<br />
« pyramidale » (6). En 2022,<br />
le Tribunal fédéral suisse a<br />
rendu deux arrêts dans des<br />
affaires impliquant des clubs<br />
de football et des joueurs anciennement<br />
employés par<br />
ces derniers, réclamant des<br />
salaires impayés, etc. Dans<br />
les affaires « Youness<br />
Bengelloun » (7) et « Júlio<br />
César da Silva et Souza »<br />
(8), le TF a confirmé que<br />
cette nouvelle institution de<br />
droit privé n’est pas (forcément)<br />
contraire à l’ordre public.<br />
Or, la FRF ne s’est jamais<br />
dotée d’une disposition correspondant<br />
à l’article 21 § 4<br />
de la FIFA. C’est devant ces<br />
faits qu’il faut comprendre la<br />
sentence arbitrale rendue, le<br />
25 mai 2023 (9), par le TAS<br />
dans une affaire opposant un<br />
ancien entraîneur, M. Victor<br />
Piţurcă, à son ancien club<br />
ainsi qu’à la FRF. À l’origine<br />
du litige, l’allégation de nonrespect,<br />
voire de non-exécution<br />
d’une décision de la<br />
chambre nationale de résolution<br />
des litiges de la FRF, ancrée<br />
dans le droit national du<br />
travail, entre M. Piţurcă et<br />
son ancien employeur, le<br />
Fotbal Club U. Craiova S.A.,<br />
la décision de la chambre<br />
des litiges ayant été confirmée<br />
par un comité des appels.<br />
Naissance d’un club successeur<br />
après la faillite du<br />
Fotbal Club U. Craiova<br />
S.A.<br />
Le 10 mars 2011, la chambre<br />
des litiges avait condamné<br />
l’ancien club à payer à son<br />
ancien employé, la somme<br />
de € 6.968.893 (salaires impayés,<br />
frais d’établissement,<br />
dommages divers). Or, depuis<br />
sa relégation de la première<br />
à la deuxième ligue de<br />
la FRF à la fin de la saison<br />
2010-11, et après une période<br />
prolongée d’insolvabilité,<br />
c’est en 2014 que ce<br />
club-là a fait faillite, laquelle<br />
a entraîné sa désaffiliation de<br />
la FRF. Au moment de la<br />
procédure devant le CAS,<br />
l’ancien club se trouvait dans<br />
la phase de liquidation de la<br />
procédure de faillite, ce qui<br />
n’a pas empêché l’établissement<br />
d’un nouveau club, en<br />
date du 14 août 2018, sous le<br />
nom de U Craiova 1948 SA.<br />
Vite affilié à la FRF, ce nouveau<br />
club a eu la permission<br />
d’intégrer d’abord sa troisième<br />
ligue (la plus basse).<br />
Que le nouveau club soit le<br />
successeur sportif de l’ancien,<br />
n’a été remis en cause<br />
par aucune partie.<br />
C’est ainsi que l’ancien entraîneur<br />
a soumis une demande<br />
en date du 24 février<br />
2022 au comité disciplinaire<br />
de la FRF, exigeant que le<br />
nouveau club soit sanctionné<br />
pour non-respect et non-exécution<br />
de la décision de la<br />
chambre des litiges du 10<br />
mars 2011. Le comité, dans<br />
sa décision du 14 octobre<br />
2020, a rejeté la demande<br />
comme infondée, pour motif<br />
que le règlement disciplinaire<br />
de la FRF n’incluait<br />
aucune disposition correspondant<br />
à l’article 21 § 4 du<br />
Code disciplinaire de la<br />
FIFA. Un appel a été rejeté<br />
Jacob Kornbeck est fonctionnaire européen. Il enseigne à l'Université allemande du Sport de Cologne<br />
(management du sport) ainsi qu’à l’Université de Lille (droit du sport). Les opinions exprimées sont<br />
strictement personnelles et ne sauraient aucunement engager les institutions de l'Union européenne.<br />
2
Tribune<br />
N°187 La Lettre de l’Officiel juridique du sport septembre 2023<br />
par la chambre des appels de<br />
la FRF, le 12 août 2021, sans<br />
analyse des faits, constatant<br />
que l’entraîneur était le<br />
créancier de l’ancien mais<br />
pas du nouveau club. À part<br />
la question de savoir si le<br />
nouveau club pouvait être<br />
poursuivi ou non, le TAS a<br />
dû décider si l’article 85 du<br />
règlement FRF avait été<br />
violé. Le TAS a rejeté la demande<br />
de l’entraîneur et<br />
confirmé la décision de la<br />
chambre des appels de la<br />
FRF du 12 août 2021.<br />
La décision du TAS a de<br />
quoi surprendre, car il n’a<br />
pas voulu exclure que le<br />
nouveau club puisse être<br />
tenu responsable conformément<br />
au Code FIFA, considérant<br />
toutefois comme « un<br />
facteur de complication »<br />
l’absence de disposition similaire<br />
inscrite au règlement<br />
FRF. Cela étant, il a conclu<br />
que cette absence ou « omission<br />
» (11) compromettrait<br />
l’exigence d’une règle écrite<br />
et sans ambiguïté (« nulla<br />
poena sine lege scripta et<br />
certa ») (12). Ayant consulté<br />
le dictionnaire américain<br />
Merriam-Webster sur le vrai<br />
sens du terme « omission »<br />
pour déduire qu’il impliquerait<br />
soit une négligence soit<br />
un travail inachevé (13), il<br />
conclut à un choix délibéré<br />
de la FRF plutôt qu’à une<br />
omission (14). Occasion<br />
pour le TAS de citer sa jurisprudence<br />
« Skënderbeu »,<br />
pourtant assez vague (15).<br />
En somme, bien que l’article<br />
21 § 4 soit définitivement<br />
inscrit au Code disciplinaire<br />
de la FIFA, alors que le<br />
Tribunal fédéral suisse ne<br />
s’oppose aucunement à l’application<br />
de cette règle (dont<br />
on peut penser ce qu’on<br />
veut), alors que les fédérations<br />
nationales sont tenues<br />
de respecter – et de faire respecter<br />
– les règlements et décisions<br />
de la FIFA (16), le<br />
TAS a accepté le fait que la<br />
FRF ne se soit jamais dotée<br />
d’une telle disposition. Or,<br />
accepter ce choix n’est guère<br />
compatible avec l’architecture<br />
pyramidale pourtant réputée<br />
essentielle pour le<br />
sport (17).<br />
Si la FRF et le nouveau club<br />
ont pu se tirer d’affaire, ils<br />
ont peut-être intérêt dorénavant<br />
à montrer patte blanche.<br />
Pour le TAS, la question paraît<br />
claire malgré la nontransposition<br />
de l’article 21 §<br />
4 par la FRF. Toutefois, il<br />
n’est pas dépourvu d’intérêt<br />
– académique ou pratique –<br />
de constater que le Tribunal<br />
d’arbitrage au Basketball<br />
(TAB) a développé une approche<br />
légèrement plus<br />
flexible (18). Dans sa sentence<br />
arbitrale « Ionikos<br />
Nikaias Basketball Club » en<br />
date du 26 juin 2021, il a<br />
condamné le club au paiement<br />
d’entre $ 12.000 et $<br />
15.000 (dollars US) à quatre<br />
anciens joueurs (salaires et<br />
bonus impayés, impôts<br />
grecs) (19). L’idée de la succession<br />
sportive semble<br />
donc convaincre, aussi en<br />
dehors du football. Si le<br />
fonctionnement pyramidal<br />
de l’autorégulation du sport<br />
représente la dorsale du système<br />
sportif, on a du mal à<br />
voir quel motif pourrait justifier<br />
le choix délibéré, attribué<br />
à la FRF, de ne pas appliquer<br />
l’article 21 § 4 dans<br />
le contexte national, d’autant<br />
moins que la notion de succession<br />
sportive ne gêne par<br />
le Tribunal fédéral suisse<br />
(20).<br />
LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />
1 Art. 21 § 4 du Code disciplinaire 2019 (cf. Manuel juridique de la FIFA 2022, https://digitalhub.fifa.com/m/469bb4d043dc77c5/original/FIFA-LEGAL-HANDBOOK-<br />
EDITION-SEPTEMBRE-2022.pdf), p. 186.<br />
2 J. Kornbeck, Succession sportive et créances des joueurs : ordre public et sécurité juridique d’un concept « transcendant » les entités légales. LOJS n° 183 (2023), pp. 6-7.<br />
3 CAS 2021/A/8331. Victor Piţurcă v Romanian Football Federation & U Craiova 1948 SA. Lausanne, 25 April 2023. https://www.tascas.org/fileadmin/user_upload/CAS_Award_2021-A-8331.pdf<br />
4 Art. 21 § 4 Code disciplinaire 2019 FIFA (op.cit.).<br />
5 Cf. Art. 14 (Obligations des associations membres) des Statuts de la FIFA (cf. Manuel juridique de la FIFA 2022) (op.cit.), pp. 1135-1136) : « Les associations membres ont<br />
les obligations suivantes : […] d’amener leurs propres membres à respecter les Statuts, règlements, directives et décisions des organes de la FIFA ; »<br />
6 Historiquement, Le Rapport d'Helsinki sur le Sport de la Commission européenne, 10.12.1999. COM(1999) 644 final, § 4.2.3. (Le niveau des organisations sportives). – Plus<br />
récemment, la Résolution du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres, réunis au sein du Conseil, sur les principales caractéristiques d’un modèle<br />
européen du sport. JO C 501, 13.12.2021, pp. 1–7, §§ 8, 22, 30, 37.<br />
7 TF suisse, 01.04.2022, affaire 4A_616/2021. A et B contre FIFA. Appel contre la sentence arbitrale du TAS, CAS 2020/A/6941, 10.11.2021.<br />
https://jusmundi.com/en/document/pdf/decision/de-youness-bengelloun-v-federation-internationale-de-football-association-fifa-pfc-cska-sofia-urteil-des-bundesgerichts-4a-616-<br />
2021-friday-1st-april-2022<br />
8 TF suisse, 01.11.2022, affaire 4A_246/2022. A., SA contre B et FIFA, arbitrage international en matière de sport. Recours contre la sentence arbitrale du TAS, 26.04.2022<br />
(CAS 2020/A/7543). https://www.bger.ch/ext/eurospider/live/de/php/aza/http/index.php?highlight_docid=aza://01-11-2022-4A_246-<br />
2022&lang=de&zoom=&type=show_document<br />
9 CAS 2021/A/8331 « Victor Piţurcă » (op.cit.).<br />
10 Ibid., § 143. “While the Sole Arbitrator finds that it is not per se impossible to hold the Club liable for a violation of Article 85 RFF Disciplinary Code through the indirect<br />
application of the FIFA Disciplinary Code, it is certainly a complicating factor that there is no direct legal basis in the RFF Disciplinary Code to hold one legal entity liable for a<br />
debt incurred by another legal entity.”<br />
11 Ibid., §§ 142, 146-149, 154.<br />
12 Ibid., § 144. “Indeed, in order to sanction someone a clear legal basis is required: nulla poena sine lege scripta et certa. This legal maxim is applied in CAS jurisprudence,<br />
although sometimes a distinction is made between the application thereof in criminal law and in a disciplinary context.”<br />
13 Ibid., § 149 : “An “omission” is defined by the Merriam-Webster online dictionary as “something neglected or left undone”.”<br />
14 Ibid., § 154 : “There are no indications that the lack of provisions introducing the concept of sporting succession in the RFF Disciplinary Regulations is the result of omissions<br />
by the RFF. […] Since the RFF has not included any provision on sporting succession, it must be considered as a deliberate choice of the RFF not to introduce the concept of<br />
sporting succession, which falls within the discretion afforded to it by FIFA, rather than an omission.”<br />
15 CAS 2017/A/5272 KF Skënderbeu v. Albanian Football Association (AFA), 13 April 2018, https://jurisprudence.tas-cas.org/Shared%20Documents/5272.pdf, § 62 : “In the<br />
view of the Panel it suffices that the misconduct covered by the respective rule and the sanction applicable to such misconduct be determinable by interpretation”.<br />
16 Cf. Art. 14 (Obligations des associations membres) des Statuts de la FIFA (cf. Manuel juridique de la FIFA 2020) (op.cit.), pp. 1135-1136: « Les associations membres ont les<br />
obligations suivantes : a) observer en tout temps les Statuts, règlements, directives et décisions des organes de la FIFA ainsi que celles du Tribunal Arbitral du Sport (TAS) prises<br />
en appel sur la base de l’art. 56, al. 1 des Statuts de la FIFA ; […] d) amener leurs propres membres à respecter les Statuts, règlements, directives et décisions des organes de la<br />
FIFA ; […] »<br />
17 Rapport d'Helsinki, COM(1999) 644 final (op.cit.) ; Résolution du Conseil de 2021 (op.cit.).<br />
18 N. Effori, Sporting Succession In Basketball: FIBA Applies Great Flexibility In Determining Sporting Successor, 16 June 2023,<br />
https://www.lawinsport.com/topics/item/sporting-succession-in-basketball-fiba-applies-great-flexibility-in-determining-sporting-successor<br />
19 Basketball Arbitral Tribunal (BAT), 25.06.2021, 1549/20 (Arnett, Simpson Jr., Callahan, Mobley v/ Ionikos Nikaias Basketball Club),<br />
https://www.fiba.basketball/en/Module/85132837-66aa-4ff3-a063-8cdfe44ea14d/a7455955-431a-440a-bd31-7ae6a6dee870<br />
20 TF suisse, 01.04.2022, affaire 4A_616/2021 « Youness Bengelloun » (op.cit.) et TF suisse, 01.11.2022, affaire 4A_246/2022 « Júlio César da Silva et Souza » (op.cit.).<br />
3
Tribune<br />
N°187 La Lettre de l’Officiel juridique du sport septembre 2023<br />
La dernière randonnée de Jochen Fritzweiler (1940-<br />
2023), expert des accidents sportifs<br />
Le nestor du droit du sport allemand s’est éteint, victime d’un accident fatal de sport de montagne. Un beau jour d’été,<br />
plus précisément le 13 juillet 2023, Jochen Fritzweiler était en train de faire une randonnée dans les Alpes du<br />
Chiemgau, en Bavière. Né le 10 août 1940, il a failli célébrer ses 83 ans. Juriste, avocat, randonneur, skieur, auteur, ce<br />
Bavarois avait du caractère et il fût l’un de piliers du droit du sport, tant pour les pays germanophones qu’au niveau<br />
international, ayant servi comme président d’ISLA (International Sports Lawyers’ Association).<br />
Par Jacob Kornbeck<br />
LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />
our Michael Barnier,<br />
ancien négociateur européen<br />
du « Brexit » et<br />
auteur d’un ouvrage à ce sujet<br />
(1), « une randonnée ça<br />
peut toujours être dangereux<br />
et puis il faut toujours regarder<br />
le sommet » (2). Les<br />
sports de montagne, Jochen<br />
Fritzweiler s’y connaissait<br />
pourtant, et quant aux accidents<br />
sportifs, il leur avait<br />
consacré la première thèse<br />
juridique allemande (et peutêtre<br />
la première thèse de<br />
droit du sport soutenue en<br />
langue allemande). Il était<br />
« l’un des pères fondateurs »<br />
de cette discipline (3).<br />
Comme nous renseigne son<br />
confrère et coauteur Me<br />
Thomas Summerer (l’avocat<br />
de Claudia Pechstein, notamment),<br />
c’est en 1978 que<br />
Fritzweiler a soutenu la<br />
sienne, sur la responsabilité<br />
civile en lien avec les accidents<br />
sportifs (4).<br />
Thématique qu’il a déclinée<br />
en responsabilité des sportifs,<br />
des organisateurs d’événements,<br />
des enseignants et<br />
moniteurs, des établissements<br />
scolaires et d’entraînement,<br />
ainsi que des sociétés<br />
propriétaires de téléskis<br />
et de téléphériques, pour<br />
conclure avec un chapitre<br />
consacré à l’établissement<br />
de preuves dans les procès<br />
civils. Lors de la création<br />
d’un « cercle de<br />
Constance », forme embryonnaire<br />
de l’actuelle association<br />
allemande de droit<br />
du sport (Deutsche<br />
Vereinigung für Sportrecht)<br />
(DVSR), en 1982,<br />
Fritzweiler fût de la partie,<br />
bien sûr. Et lorsque l’association<br />
a lancé la revue<br />
« Sport & Recht (SpuRt) »,<br />
dont l’année 2023 est la<br />
30ème, Fritzweiler a été l’un<br />
des initiateurs. De cette revue,<br />
il assurait la direction<br />
pendant 23 ans. Avocat de<br />
renom spécialisé en droit du<br />
travail et du sport, il avait<br />
établi son cabinet à<br />
Burghausen, ville médiévale<br />
pittoresque située à la frontière<br />
germano-autrichienne.<br />
Avec le confrère Summerer<br />
et le Professeur Bernd<br />
Pfister, il a été coauteur d’un<br />
manuel monumental dit « de<br />
la pratique » du droit du<br />
sport. Fondé en 1988, son<br />
édition actuelle est la quatrième<br />
(2020) et compte 838<br />
pages, avec une mise en<br />
pages typiquement allemande,<br />
une police des plus<br />
petites et impression sur<br />
« papier bible » (5).<br />
Fritzweiler y a signé les chapitres<br />
traitant les questions<br />
de droit constitutionnel, administratif,<br />
du travail et –<br />
bien sûr – la responsabilité<br />
civile. Cofondateur d’ISLA<br />
en 2003, il a été son président<br />
jusqu’en 2020. Après<br />
avoir finalement cédé son<br />
cabinet, il a servi comme arbitre<br />
au tribunal allemand<br />
d’arbitrage sportif<br />
(Deutsches Sportschiedsgericht<br />
der DIS), comme<br />
président au tribunal arbitral<br />
de la fédération allemande<br />
de sport automobile et, à la<br />
Fédération internationale de<br />
Luge (FIL), comme commissaire<br />
à l’éthique. Il a toujours<br />
profité d’une excellente<br />
santé et d’une bonne<br />
forme, pratiquant le golf, le<br />
tennis et le ski, exerçant<br />
comme moniteur de ski. Peu<br />
de temps avant sa mort, il<br />
avait confié à Me Summerer<br />
que l’âge ne jouait pour lui<br />
aucun rôle vu que sa maman<br />
(d’origine autrichienne)<br />
avait atteint cent ans (6).<br />
Sans avoir travaillé étroitement<br />
avec le défunt, je le<br />
connaissais pourtant depuis<br />
mes années à l’Unité Sport<br />
de la Commission européenne<br />
(2001-14), avec son<br />
accent bavarois facilement<br />
reconnaissable. Mon exemplaire<br />
de l’édition 2020 du<br />
manuel, il me l’a offert suite<br />
à une série d’appels téléphoniques<br />
qui peuvent avoir eu<br />
lieu en 2021 ou en 2022.<br />
J’en garde le souvenir d’un<br />
homme hors du commun,<br />
très attaché à ses Alpes, et je<br />
ne peux m’empêcher de<br />
penser que Barnier le<br />
Savoyard et Fritzweiler le<br />
Bavarois auraient pu avoir<br />
des échanges remarquables<br />
sur maints aspects juridiques<br />
des sports de montagnes<br />
auxquels Barnier tient autant<br />
que Fritzweiler y tenait. En<br />
effet, si Barnier est désormais<br />
connu pour avoir défendu<br />
bec et ongles – et avec<br />
succès – l’intégrité du marché<br />
unique et les normes qui<br />
le constituent et qui le soustendent,<br />
dans un passé loin-<br />
Jacob Kornbeck au Puy-de-Dôme, en octobre 2022 … étant monté en train à crémaillère, plutôt qu’à<br />
pied.<br />
4
Tribune<br />
N°187 La Lettre de l’Officiel juridique du sport septembre 2023<br />
LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />
tain il s’est d’ailleurs battu<br />
pour les intérêts économiques<br />
des guides de montagnes<br />
savoyards. C’est ainsi<br />
qu’en 1999, le sénateur savoyard<br />
avait posé une question<br />
à la ministre du Sport,<br />
relative au risque de concurrence<br />
déloyale de la part de<br />
guides venant d’autres États<br />
membres communautaires<br />
(7). Parmi les opportunités<br />
manquées – le Professeur<br />
Jan F. Orth, actuellement directeur<br />
de la SpuRt, mentionne<br />
que Fritzweiler voulait<br />
lui apprendre à skier (8)<br />
– je compterais celle d’un<br />
échange entre MM. Barnier<br />
et Fritzweiler, sur les randonnées<br />
et les risques qui<br />
leur sont inhérents. Car si le<br />
métier a perdu un grand<br />
confrère, la haute montagne<br />
a perdu un fils de premier<br />
rang. Les dangers, il en était<br />
conscient comme personne<br />
d’autre car il en était un expert<br />
éminent. Comme<br />
Barnier le prône, il aura toujours<br />
regardé le sommet. On<br />
soupçonne qu’il peut l’avoir<br />
fait justement au moment de<br />
l’accident fatal.<br />
1 M. Barnier, La grande illusion. Journal intime du Brexit (2016-2020). Gallimard (2021).<br />
2 L. Lamnaouer, Michel Barnier publie son "journal secret du Brexit". 7 mai 2021. https://london.frenchmorning.com/michel-barnier-publie-son-journal-secret-du-brexit/ : «<br />
Michel Barnier a confié au micro de la matinale de la radio française que son expérience de la randonnée lui a permis de garder son calme pendant toute la période de négociation.<br />
En bon Savoyard, a-t-il expliqué, “j’ai l’habitude des grandes randonnées en montagne, de faire attention aux marches. Une randonnée ça peut toujours être dangereux et puis il<br />
faut toujours regarder le sommet, car cela aide de lever les yeux de voir quelque chose à l’horizon”. »<br />
3 T. Summerer, In memoriam Jochen Fritzweiler. Zeitschrift für Sport & Recht (SpuRt) 2023, p. 346.<br />
4 J. Fritzweiler, Die Haftung des Sportlers bei Sportunfällen, Thèse, Univ. Bonn, 1976.<br />
5 J. Fritzweiler, B. Pfister, T. Summerer, Praxishandbuch Sportrecht. 4., Auflage. Munich, Beck 2020.<br />
6 T. Summerer, In memoriam (op.cit.).<br />
7 Concurrence dans les métiers sportifs des titulaires de brevets fédéraux vis-à-vis des titulaires d'un diplôme d'État. Question écrite n°17199. 11e législature. JO Sénat,<br />
17/06/1999, p. 2021. https://www.senat.fr/questions/base/1999/qSEQ990617199.html<br />
8 J.F. Orth, Adieu Jochen, Zeitschrift für Sport & Recht (SpuRt) 2023, p. 345.<br />
5
Chronique judiciaire<br />
N°187 La Lettre de l’Officiel juridique du sport septembre 2023<br />
LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />
Le risque judiciaire s’éloigne pour<br />
Paris 2024<br />
À la tête du parquet national financier (PNF), Jean-François Bohnert, annonce sur<br />
RTL que les enquêtes visant Paris 2024 n’ont pas révélé à ce jour de « faits<br />
gravissimes de corruption ou de trafic d’influence ».<br />
nterrogé sur RTL, Jean-<br />
François Bohnert annonce<br />
que les enquêtes<br />
lancées en juillet dernier<br />
n’ont pas révélé « à ce<br />
stade, d’éléments pouvant<br />
conduire vers des faits gravissimes<br />
de corruption ou<br />
de trafic d’influence ».<br />
« Les thématiques sur lesquelles<br />
nous travaillons<br />
sont principalement des infractions<br />
formelles, des<br />
questions de favoritisme,<br />
de prises illégales d’intérêt.<br />
C’est la façon dont certains<br />
contrats ont été distribués,<br />
des arrangements,<br />
c’est du fonctionnement de<br />
l’entre-soi que l’on est en<br />
train de démêler », détaille<br />
Jean-François Bohnert. Pas<br />
de quoi provoquer des<br />
gardes à vues, selon lui.<br />
Une affaire qui fait tache<br />
« Notre objectif est de permettre<br />
un événement serein<br />
[…] d’une fête universelle.<br />
Il ne nous appartient pas<br />
de déranger cet événement-là,<br />
c’est pourquoi<br />
nous avons travaillé en<br />
amont », poursuit le procureur,<br />
soulignant que les perquisitions<br />
sont « intervenues<br />
plus d’un an avant le<br />
démarrage des Jeux ».<br />
Avant de conclure : « C’est<br />
bien le signe que nous prenons<br />
les choses très sérieusement<br />
sur le fond mais en<br />
respectant aussi ce bel événement.<br />
»<br />
Le 20 juin dernier, les enquêteurs<br />
du PNF ont perquisitionné<br />
le siège de Paris<br />
2024, de la Société de livraison<br />
des ouvrages olympiques<br />
(Solideo) ainsi que<br />
les domiciles de deux anciens<br />
dirigeants de la société<br />
de marketing sportif<br />
Keneo, Étienne Thobois et<br />
Édouard Donnelly, aujourd’hui<br />
directeur général et<br />
directeur exécutif des opérations<br />
de Paris 2024. Le<br />
siège de Keneo a également<br />
été perquisitionné le<br />
lendemain.<br />
Si ce volet semble se refermer,<br />
une plainte est toujours<br />
en cours pour favoritisme<br />
et trafic d’influence à<br />
l’encontre de Michaël<br />
Aloïsio, le directeur général<br />
délégué du Comité d’organisation<br />
des Jeux olympiques<br />
et paralympiques<br />
(Cojo) de Paris 2024 (voir<br />
encadré).<br />
Le parquet national financier (PNF) ouvre une enquête pour vérifier les accusations de favoritisme<br />
à l’encontre du directeur général délégué du Comité d’organisation des Jeux olympiques et<br />
paralympiques (Cojop), Michaël Aloïsio, indique une source judiciaire, confirmant une information<br />
de l’Équipe. Les magistrats du PNF se penchent sur les éléments rapportés dans la plainte, déposée<br />
fin août pour favoritisme et trafic d’influence par Sébastien Chesbeuf, un ex-salarié du Cojop avec<br />
lequel il est en conflit, aujourd’hui consultant pour l’organisation d’événements sportifs.<br />
Sébastien Chesbeuf dénonce les conditions d’attribution d’un marché public émis en 2023 par la<br />
région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) pour constituer son dossier de précandidature pour les<br />
JO d’hiver 2030. Il accuse Michaël Aloïsio d’avoir favorisé une autre agence fondée par un actuel<br />
cadre de Paris 2024. Alors qu’il travaillait comme consultant auprès de la société événementielle de<br />
marketing sportif Keneo, Sébastien Chesbeuf assure que Michaël Aloïsio est intervenu auprès du<br />
cabinet du président de la région Paca, Renaud Muselier, pour la dissuader de travailler avec eux et<br />
favoriser la société RNK, une entreprise cofondée fin 2020 par Édouard Donnelly. Ce dernier a<br />
quitté la société en novembre 2022 lors de son entrée au Cojop comme directeur exécutif des<br />
opérations, suscitant des soupçons de conflits d’intérêts.<br />
En bref<br />
En bref<br />
Un consultant et une<br />
avocate mis en examen dans le<br />
cadre de l’attribution<br />
controversée du Mondial<br />
2022. Les investigations sur<br />
l’attribution controversée du<br />
Mondial 2022 au Qatar<br />
continuent. Le consultant Jean-<br />
Charles Brisard et son exépouse,<br />
l’avocate Géraldine<br />
Lesieur. Tous deux étaient<br />
jusqu'alors sous le statut plus<br />
favorable de témoins assistés.<br />
Depuis 2019, des juges<br />
d’instruction parisiens cherchent<br />
à savoir si le vote de Michel<br />
Platini, à l’époque président de<br />
l’UEFA, en faveur de<br />
l’attribution à l’émirat de<br />
l’organisation de la Coupe du<br />
monde en 2022, a été obtenu en<br />
échange de contreparties. Les<br />
magistrats s’intéressent aussi au<br />
rôle de l’ancien président de la<br />
Confédération océanienne de<br />
football (OFC) Reynald<br />
Temarii, alors défendu par Me<br />
Géraldine Lesieur et conseillé<br />
par Jean-Charles Brisard,<br />
également président du Centre<br />
d’analyse du terrorisme (CAT).<br />
Le jour du vote, le 2 décembre<br />
2010, Reynald Temarii ne<br />
pouvait plus siéger au comité<br />
exécutif car il avait été suspendu<br />
un an par la Fédération<br />
internationale de football (FIFA)<br />
le 17 novembre 2010 pour<br />
infraction au code d’éthique<br />
après des articles du Sunday<br />
Times. L’OFC devait donc<br />
désigner un remplaçant qui<br />
aurait accordé sa voix à<br />
l’Australie au premier tour de<br />
scrutin puis, en cas d’échec, aux<br />
États-Unis, principaux rivaux du<br />
Qatar. Mais Reynald Temarii a<br />
fait appel de sa suspension dans<br />
la nuit du 30 novembre au 1er<br />
décembre. Ainsi, selon les<br />
statuts de la FIFA, il privait<br />
l’OFC d’un représentant lors du<br />
vote. Le 2 décembre 2010, le<br />
Qatar l’a emporté devant les<br />
États-Unis.<br />
Les drones de loisir interdits de survol des installations des compétitions sportives. Dans la lignée des mesures de sécurisation de<br />
la Coupe du monde de rugby, le ministère de l’Intérieur a étendu les périmètres interdits de survol par les drones de loisir ou commerciaux.<br />
Les installations concernées sont : les stades du Mondial ; les villages rugby des villes hôtes (fan zones retransmettant en direct les matches<br />
de la compétition) et les terrains d’entraînement des 20 équipes de rugby engagées dans la compétition.<br />
6
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Chronique judiciaire<br />
N°187 La Lettre de l’Officiel juridique du sport septembre 2023<br />
La Métropole de Lille perd contre Eiffage<br />
La MEL (Métropole Européenne de Lille ) a été condamnée à verser pas moins de 28,5 M€ à Elisa, l’entreprise en<br />
charge de la construction et de la gestion du stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d’Ascq (Nord).<br />
LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />
n août 2012, l’équipement,<br />
construit<br />
dans l’optique de<br />
l’Euro 2016 de football,<br />
était inauguré en grande<br />
pompe. Lille et sa métropole<br />
se dotaient d’un outil<br />
moderne et modulaire pour<br />
accueillir des rencontres de<br />
football avec le LOSC,<br />
mais aussi des matchs de<br />
basket-ball et de tennis,<br />
ainsi que des grands<br />
concerts. Sauf que depuis<br />
2017, la Métropole<br />
Européenne de Lille (MEL)<br />
et Elisa, filiale d’Eiffage,<br />
s’affrontent devant les tribunaux.<br />
En cause, le surcoût<br />
du chantier que le<br />
constructeur a dû prendre à<br />
sa charge. Un surcoût estimé<br />
à 132 M€, soit 45% de<br />
plus que le coût initial. Elisa<br />
reproche à la métropole européenne<br />
de Lille de lui<br />
avoir imposé à tort des pénalités<br />
financières.<br />
La MEL estime que le<br />
constructeur a sous-estimé<br />
le chantier, alors que pour la<br />
filiale du géant du BTP,<br />
c’est la lenteur administrative<br />
et les demandes de report<br />
des anti stades qui ont<br />
fait exploser la note. De<br />
plus, Elisa pointe du doigt<br />
le contrat la liant à la MEL<br />
pour une durée de 31 ans<br />
(voir encadré). Ce dernier<br />
ne rapporte pas assez pour<br />
que le projet soit rentable.<br />
Fin de partie ?<br />
Devant le tribunal administratif<br />
de Lille, en première<br />
instance, Elisa a gagné son<br />
premier bras de fer, puisque<br />
la MEL a été condamnée à<br />
verser 28,5 M€ au constructeur.<br />
Initialement, la filiale<br />
d’Eiffage réclamait pas<br />
moins de 150 M€, avant de<br />
ramener ses prétentions à<br />
49 M€. En juillet dernier, le<br />
rapporteur public estimait<br />
qu’Elisa était en droit d’attendre<br />
de la MEL une indemnisation<br />
de l’ordre de<br />
29,25 M€ sur l’ensemble de<br />
ses demandes, hors intérêts.<br />
Dans sa décision, le tribunal<br />
estime que les retards dans la<br />
livraison sont avant tout dus<br />
à la MEL, ainsi qu’à un recours<br />
juridique contre le permis<br />
de construire délivré tardivement<br />
par les services de<br />
la MEL. D’où la condamnation<br />
de la collectivité à rembourser<br />
4,3 M€ de pénalités<br />
de retard injustifiées. Le tribunal<br />
a aussi retoqué la<br />
MEL pour avoir imposé au<br />
constructeur du stade<br />
9,5 M€ d’indemnités pour<br />
divers défauts constatés. Le<br />
tribunal a refusé en revanche<br />
d’indemniser la société à raison<br />
de l’exécution de travaux<br />
supplémentaires divers,<br />
qui correspondent,<br />
« soit à des modifications<br />
que devait opérer le<br />
constructeur pour que le<br />
stade soit livré dans les<br />
règles de l’art, soit à l’exécution<br />
de travaux que la métropole<br />
n’avait pas demandés<br />
». Ces travaux concernent<br />
en particulier des modifications<br />
des capacités d’accueil<br />
de l’auditorium et de la<br />
tribune télescopique Nord<br />
ainsi que les ouvrages annexes<br />
au stade. Le tribunal a<br />
également refusé de revoir le<br />
calcul de la redevance versée<br />
par la MEL au constructeur<br />
et tenir compte de ces<br />
travaux supplémentaires.<br />
Un contrat sur 31 ans<br />
PRO.SPORT.FR<br />
Mais il a donné raison à<br />
Elisa sur un autre point. Le<br />
tribunal remet en cause le<br />
mode de calcul « retenu unilatéralement<br />
par la métropole<br />
pour calculer la redevance<br />
due au titre de la<br />
maintenance et de l’exploitation<br />
du stade ». Le<br />
manque à gagner en résultant<br />
pour la société, que la<br />
MEL devra lui rembourser,<br />
« s’élève à 9.506.186 € pour<br />
la période courant du 17<br />
août 2012 au 31 décembre<br />
2022 ». Il reste maintenant à<br />
la MEL de faire appel.<br />
En 2008, la communauté d’agglomération de Lille vote la<br />
construction d’un nouveau stade. Plusieurs propositions sont sur la<br />
table portées par Bouygues, Vinci et Eiffage. C’est cette dernière<br />
société qui est retenue, avec un projet à 314 M€ lors de la signature.<br />
La communauté urbaine finance la construction avec un partenariat<br />
public privé (PPP) : la conception et la construction du stade sont<br />
confiées à la filiale d’Eiffage intitulée Elisa. En échange, la MEL<br />
paye une redevance annuelle, et deviendra propriétaire du bâtiment<br />
une fois les fonds remboursés, à l’issue du contrat soit en 2043.<br />
8<br />
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