2023 - CP - Exposition Diocese et Sterling Ruby 2023
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Communiqué de presse<br />
septembre <strong>2023</strong><br />
UN PATRIMOINE MÉCONNU<br />
LES TABLEAUX DU DIOCÈSE DE<br />
PARIS, XV E - XX E SIÈCLE<br />
DU 18 OCTOBRE<br />
AU 16 DÉCEMBRE <strong>2023</strong><br />
avec une sculpture de STERLING RUBY<br />
en partenariat avec la Galerie Gagosian<br />
COLLÈGE DES BERNARDINS<br />
20 rue de Poissy, Paris 5 e<br />
Ancienne Sacristie, Entrée gratuite<br />
CONTACTS PRESSE<br />
Opus 64 / Valérie Samuel<br />
Fedelm Cheguillaume<br />
f.cheguillaume@opus64.com<br />
Tel. 01 40 26 77 94<br />
http://www.opus64.com/
Du 18 octobre au 16 décembre <strong>2023</strong>, 14 œuvres<br />
issues des collections du Diocèse de Paris seront<br />
exposées dans la sacristie du Collège de Bernardins.<br />
C<strong>et</strong>te exposition s’inscrit dans le cadre des 15 ans du<br />
Collège des Bernardins <strong>et</strong> est l’occasion de découvrir<br />
la variété des collections diocésaines <strong>et</strong> les récentes<br />
avancées scientifiques autour de ce corpus.<br />
EXPOSITION UN PATRIMOINE MÉCONNU.<br />
TABLEAUX DU DIOCÈSE DE PARIS<br />
Paris compte 139 églises <strong>et</strong> chapelles catholiques. 85<br />
appartiennent à la ville de Paris, depuis les lois de 1905<br />
<strong>et</strong> 1907, établissant que tous les édifices catholiques<br />
devenaient propriété publique <strong>et</strong> étaient mis à la<br />
disposition des fidèles <strong>et</strong> des ministres du culte.<br />
Quant aux édifices postérieurs à la loi de 1905, ils sont<br />
la propriété des associations cultuelles ou diocésaines<br />
qui les ont construits. 75 églises ont été bâties au XX e<br />
siècle par Les Chantiers du Cardinal fondés en 1931<br />
par le Cardinal Jean Verdier, alors archevêque de<br />
Paris. Ces travaux ont joué un rôle considérable dans<br />
la recherche de plans <strong>et</strong> d’élévations audacieux, de<br />
matériaux de construction nouveaux <strong>et</strong> économiques<br />
<strong>et</strong> d’une décora- tion conçue dans sa globalité. Ces<br />
églises constituent aujourd’hui un répertoire précieux<br />
des recherches technologiques <strong>et</strong> esthétiques de la<br />
modernité.<br />
public a déjà pu les contempler dans leurs<br />
églises d’origine qu’il s’agisse de La Visitation<br />
espagnole à Saint-Hippolyte, de L’Exaltation<br />
de la Vierge de Paolo De Matteis à Saint-<br />
François-de-Sales ou de la Pi<strong>et</strong>à de Jean-<br />
Gabriel Domergue à Saint-Martin-des-Champs.<br />
D’autres ont figuré à des expositions : Sainte<br />
Thérèse d’Avila de François Gérard, au<br />
musée du P<strong>et</strong>it Palais, Le Repos pendant la<br />
fuite en Egypte de Domenico Piola à Gênes,<br />
Saint Thomas d’Aquin, lumière de l’Eglise<br />
à Toulouse <strong>et</strong> Paray-le-Monial. La plupart<br />
cependant sont exposés pour la première<br />
fois. Conservateurs, chercheurs <strong>et</strong> historiens<br />
d’art, français <strong>et</strong> étrangers, ont été sollicités<br />
pour les étudier <strong>et</strong> essayer de les replacer<br />
dans le contexte de leur création <strong>et</strong> de leur<br />
parcours historique.<br />
Commissaires : Nathalie Volle, déléguée<br />
adjointe de l’archevêque à la commission<br />
diocésaine d’art sacré <strong>et</strong> Caroline Morizot,<br />
responsable de la conservation <strong>et</strong> de<br />
l’inventaire, commission diocésaine d’art sacré.<br />
La propriété des obj<strong>et</strong>s mobiliers (obj<strong>et</strong>s d’art,<br />
orfèvrerie, tableaux, sculptures, paramentique, <strong>et</strong>c...)<br />
suit le même découpage légal : selon la date de leur<br />
entrée dans le patrimoine, ceux-ci appartiennent soit à<br />
la ville, soit au diocèse.<br />
Créée en 1984 par le Cardinal Jean-Marie Lustiger,<br />
la Commission diocésaine d’Art Sacré (CDAS) : « est<br />
appelée à collaborer avec les responsables de la<br />
liturgie, de la musique <strong>et</strong> du temporel. Ses études<br />
doivent tendre non seulement à veiller à la meilleure<br />
utilisation possible de tout le patrimoine artistique<br />
affecté aux communautés ou possédé par elles, mais<br />
aussi à encourager la création artistique ». Elle a donc<br />
un rôle essentiel à jouer pour la sauvegarde <strong>et</strong> la mise<br />
en valeur de ce patrimoine, qu’il soit municipal ou<br />
diocésain.<br />
La base de données de la CDAS inventorie, pour<br />
l’instant, environ 10 000 obj<strong>et</strong>s appartenant au diocèse,<br />
conservés dans les églises, municipales ou non, ainsi<br />
que dans diffé- rents locaux diocésains. L’origine de<br />
ces obj<strong>et</strong>s est diverse : dépôts de paroisses ou de<br />
congrégations disparues, dons ou legs.<br />
L’étude de ce fonds est en cours. Il est constitué<br />
principalement d’orfèvrerie <strong>et</strong> de textiles : il pourrait<br />
constituer le noyau initial d’un musée qui r<strong>et</strong>racerait<br />
l’histoire riche <strong>et</strong> mouvementée du diocèse de Paris.<br />
Certains tableaux ne sont pas des inconnus : le
SCULPTURE BASIN THEOLOGY<br />
DE STERLING RUBY<br />
Le Collège des Bernardins présente en<br />
partenariat avec la galerie Gagosian le travail<br />
de <strong>Sterling</strong> <strong>Ruby</strong> en écho aux peintures sacrées<br />
du diocèse de Paris. Le plasticien californien<br />
qui utilise une large variété de médiums <strong>et</strong> de<br />
techniques différentes a choisi de présenter une<br />
œuvre en céramique issue d’une série de 2014<br />
qui évoque un questionnement théologique,<br />
la « Basin Theology ». Avec c<strong>et</strong>te « théologie<br />
du bassin », <strong>Sterling</strong> <strong>Ruby</strong> évoque le riche<br />
symbolisme chrétien du bassin en tant que vase<br />
purificateur, se référant à la fois à Ponce Pilate se<br />
lavant les mains de la condamnation de Jésus-<br />
Christ <strong>et</strong> à l’acte humble de Jésus d’utiliser un<br />
bassin pour laver les pieds de ses disciples. À<br />
travers les travaux de Basin Theology, <strong>Ruby</strong> – qui<br />
cite souvent l’influence durable de son éducation<br />
dans l’Amérique rurale dominée par la foi –<br />
applique une absolution purificatrice similaire à<br />
son approche artistique, perm<strong>et</strong>tant au processus<br />
de recuisson de transformer les déch<strong>et</strong>s en<br />
récipients biomorphiques ayant une vie propre.<br />
© Droits réservés<br />
BIOGRAPHIE STERLING RUBY<br />
<strong>Sterling</strong> <strong>Ruby</strong> est né en 1972 sur une base<br />
de l’armée de l’air américaine à Bitburg en<br />
Allemagne. Il vit <strong>et</strong> travaille à Los Angeles.<br />
Cultivant un formalisme éclectique à travers<br />
toutes sortes de médias, <strong>Sterling</strong> <strong>Ruby</strong> crée<br />
des sculptures en polyuréthane aux couleurs<br />
vives, des dessins, des collages, des céramiques<br />
abondamment vernies, des tableaux peints à<br />
l’aérosol <strong>et</strong> des vidéos. Oscillant entre solide<br />
<strong>et</strong> liquide, minimalisme <strong>et</strong> expressionisme,<br />
l’immaculé <strong>et</strong> le souillé, il se réfère autant<br />
aux rituels grand public que marginaux, à<br />
l’autobiographie <strong>et</strong> à l’histoire de l’art.<br />
les collections publiques du Museum of Modern Art,<br />
New York; Solomon R. Guggenheim Museum, New York;<br />
Whitney Museum of American Art, New York; Museum of<br />
Contemporary Art, Chicago; Museum of Contemporary Art,<br />
North Miami; Museum of Contemporary Art, Los Angeles;<br />
Los Angeles County Museum of Art; San Francisco Museum<br />
of Modern Art; Montreal Museum of Fine Arts; Tate, London;<br />
Centre Georges Pompidou, Paris; <strong>et</strong> Moderna Muse<strong>et</strong>,<br />
Stockholm.<br />
D’un point de vue intellectuel, les frontières<br />
l’intéressent: des territoires de gangs urbains<br />
délimités au graffiti, au classement de planètes<br />
<strong>et</strong> d’étoiles récemment découvertes. Dans son<br />
travail, <strong>Ruby</strong> examine les limites habituelles<br />
marquant les bords de la toile <strong>et</strong> soulignant<br />
les limites entre création, destruction <strong>et</strong><br />
renouvellement. Dans les peintures abstraites,<br />
les actes de dégradation évoluent en une<br />
sublimation picturale; tandis que les poêles à<br />
bois, les récipients en céramique contenant des<br />
éclats de poteries cassées ou ratées, <strong>et</strong> les soft<br />
sculptures évoquant des mâchoires <strong>et</strong> leurs crocs,<br />
transm<strong>et</strong>tent le potentiel brut de la sculpture.<br />
Décryptant les frontières qui divisent, protègent,<br />
isolent <strong>et</strong> promeuvent les cultures individuelles,<br />
<strong>Ruby</strong> continue de faire évoluer sa réflexion<br />
formelle <strong>et</strong> pourtant dissonante sur la réalité<br />
contemporaine. Ses oeuvres se trouvent dans<br />
© Benn<strong>et</strong> Perez
LISTE DES ŒUVRES<br />
L’Église triomphante, Paolo de Mattéis<br />
Vers 1715 - Saint-François-de-Sales<br />
160x235 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
Publiée par Pierre Curie en 2000, c<strong>et</strong>te toile est une des répliques autographes<br />
du décor de la coupole du Gesù Nuovo à Naples, peint par Paolo de Matteis<br />
(1662-1728) entre 1713 <strong>et</strong> 1715 . Elle s’inscrit dans un ensemble composé<br />
de deux autres tableaux : une esquisse conservée à Naples, <strong>et</strong> une autre<br />
réplique à Berlin proche de la version parisienne.<br />
Le suj<strong>et</strong>, très complexe, exalte l’Église triomphante au travers de la Vierge<br />
Immaculée <strong>et</strong> des figures <strong>et</strong> scènes de l’Ancien <strong>et</strong> du Nouveau Testament<br />
associées à des saints jésuites, nous rappelant le commanditaire de ce décor.<br />
Il s’agit manifestement d’une œuvre autographe, sans doute un ricordo<br />
: une reproduction peinte à la demande d’une clientèle friande de copies<br />
d’œuvres monumentales.<br />
Peintre de premier plan de la peinture napolitaine, Paolo de Matteis est aussi<br />
présent à Paris au début du XVIII e siècle. Les liens forts entr<strong>et</strong>enus par l’artiste<br />
<strong>et</strong> la France suffisent-ils à expliquer la présence de c<strong>et</strong>te œuvre dans c<strong>et</strong>te<br />
église parisienne ? En l’état actuel des connaissances, rien ne nous perm<strong>et</strong><br />
de l’affirmer. En revanche, un cartel placé sur le cadre nous précise que c<strong>et</strong>te<br />
toile a été donnée à la paroisse par Jacques Rouché, ancien directeur de<br />
l’Opéra de Paris, mécène <strong>et</strong> paroissien de Saint-François-de-Sales. Ce don<br />
fait en son nom <strong>et</strong> celui de son épouse, a sans doute eu lieu dans les années<br />
1940-1950, avant leurs morts respectives en 1955 <strong>et</strong> 1957.<br />
Sainte Catherine d’Alexandrie<br />
Nicolas Mignard<br />
1654 - Collections diocésaines<br />
166x128 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
R<strong>et</strong>rouvée il y a peu lors d’un récolement des collections<br />
diocésaines, c<strong>et</strong>te toile de Nicolas Mignard (1606-1668) provient<br />
de la chapelle de l’Infirmerie Marie-Thérèse, fondée par Céleste<br />
de Chateaubriand à la fin des années 1810. En attestent les<br />
étiqu<strong>et</strong>tes au revers du cadre ainsi qu’une mention dans un<br />
ouvrage du chanoine Baurit, en 1970 « il y avait aussi, dit-on,<br />
un tableau peint par Mignard représentant Sainte Catherine.<br />
Qu’est-il devenu ? ».<br />
Aucune archive ne perm<strong>et</strong>, en l’état actuel des connaissances,<br />
d’en identifier le commanditaire <strong>et</strong> la destination. Une étiqu<strong>et</strong>te<br />
présente au revers du cadre précise qu’elle fut la propriété de<br />
la « famille de Chateaubriand ». Était-ce un don des époux<br />
Chateaubriand à l’Infirmerie ? Déplacée puis oubliée pendant<br />
des dizaines d’années, c<strong>et</strong>te toile n’avait jamais été identifiée<br />
dans le corpus du peintre.<br />
Les circonstances de sa commande restent en revanche encore<br />
mystérieuses. Nicolas Mignard (1606-1668), frère du célèbre<br />
Pierre Mignard, s’installe pendant une trentaine d’années à<br />
Avignon où se trouve la majeure partie de son œuvre peinte.<br />
C<strong>et</strong>te sainte Catherine est peinte au cours de c<strong>et</strong>te phase<br />
avignonnaise : on distingue sur le piédestal la date « 1654 », la<br />
signature de Nicolas Mignard <strong>et</strong> la mention « Avenione », qui<br />
pourrait indiquer que la toile était destinée à une clientèle nonavignonnaise.<br />
Sainte Catherine s’apparente aux œuvres que<br />
l’artiste copie à Rome où la triple leçon de l’antique, de Raphaël<br />
<strong>et</strong> du Carrache n’allait plus s’effacer.<br />
Restaurée à l’occasion de c<strong>et</strong>te exposition grâce au mécénat<br />
de Philippe Mendès, l’œuvre reprendra ensuite sa place dans la<br />
chapelle Sainte-Thérèse.<br />
Le Christ guérissant l’hémoroïsse<br />
Pierre-Jacques Cazes<br />
1706 - Notre-Dame de Paris<br />
101x80 cm<br />
© Cathédrale Notre-Dame de Paris<br />
C<strong>et</strong> épisode rarement représenté est tiré de l’Évangile selon saint Matthieu : une femme ayant<br />
des pertes de sang depuis douze ans s’approche du Christ au milieu de la foule, <strong>et</strong> touche son<br />
vêtement. Le moment choisi par le peintre est celui où, juste après, le Christ se r<strong>et</strong>ourne <strong>et</strong> lui<br />
dit « “Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix <strong>et</strong> sois guérie de ton infirmité ».<br />
C<strong>et</strong>te toile de p<strong>et</strong>ites dimensions est l’esquisse du May commandé à Pierre-Jacques Cazes<br />
(1676-1754) en 1705 par la confrérie de Sainte Anne <strong>et</strong> Saint Marcel (confrérie des orfèvres) à<br />
la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’économie de moyens <strong>et</strong> le style enlevé trahissent une<br />
exécution rapide, destinée à être présentée au chanoine Passart pour validation.<br />
Les orfèvres s’adressent à ce peintre d’histoire tout juste reçu à l’Académie, dont il manque<br />
toutes les sessions de l’année 1705 pour se consacrer à la réalisation du May aujourd’hui<br />
conservé au Musée des Beaux-Arts d’Arras, conscient de l’opportunité qui lui était donnée. Ce<br />
fut en eff<strong>et</strong> une commande décisive, qui lui permit de développer son atelier <strong>et</strong> sa clientèle.<br />
C<strong>et</strong>te esquisse a été ach<strong>et</strong>ée en 1986 sous une autre attribution par les collectionneurs Annie<br />
<strong>et</strong> Jean-Pierre Changeux ; ces derniers, suite à la publication en 2021 d’une monographie<br />
dédiée aux Mays de Notre-Dame, l’ont identifiée comme étant le document préparatoire du<br />
May de Pierre-Jacques Cazes, considéré jusqu’alors comme perdu. À c<strong>et</strong>te occasion, Annie <strong>et</strong><br />
Jean-Pierre Changeux en ont fait don à la cathédrale.
Le Christ portant sa croix, Maestro dagli occhi ammiccanti<br />
Vers 1475 - Collections diocésaines<br />
40x29 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
Le maître « des yeux qui clignent » est un nom de convention désignant l’auteur d’un groupe<br />
d’œuvres actif autour de Ferrare entre 1450 <strong>et</strong> 1475. Ce nom plutôt original est attribué par<br />
Roberto Longhi dans les années 1930 qui identifie la main de ce maître dans des figures d’un<br />
cycle de fresques au Palais Schifanoia à Ferrare ; les visages y sont caractérisés par leurs sourires<br />
espiègles <strong>et</strong> des yeux mi-clos soulignés par quelques rides sur la tempe.<br />
Sollicitée dans le cadre du récolement des collections par la Commission Diocésaine d’Art Sacré,<br />
Chiara Guerzi a authentifié ce p<strong>et</strong>it panneau de bois comme étant partie intégrante du corpus de<br />
ce maître ferrarais. Une composition très sobre, resserrée autour de la figure du Christ portant sa<br />
croix, livre une représentation très intimiste de c<strong>et</strong>te scène de la Passion. De p<strong>et</strong>ites dimensions,<br />
ce panneau était manifestement destiné à un usage de dévotion privée.<br />
Si le Christ ne porte pas le sourire emblématique du peintre, la facture du visage est néanmoins<br />
très proche de l’œuvre la plus connue de ce maître : une Vierge à l’Enfant déclinée à de multiples<br />
reprises. On y r<strong>et</strong>rouve une carnation très marquée <strong>et</strong> surtout la même manière de peindre les<br />
yeux, ici injectés de sang.<br />
Chiara Guerzi a r<strong>et</strong>rouvé la trace de ce panneau dans une collection ferraraise au XVIII e siècle,<br />
dont une copie inversée est aujourd’hui conservée au Palais épiscopal de Linz. Sa trace semblait<br />
perdue après 1933, date à laquelle il est exposé temporairement à Ferrare ; 90 ans plus tard, il<br />
r<strong>et</strong>rouve la lumière dans la sacristie médiévale des Bernardins.<br />
Sainte Famille à l’Enfant endormi, anonyme<br />
Fin du XVIe siècle - Collections diocésaines<br />
124x110 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
C<strong>et</strong>te Sainte Famille constitue un exemple caractéristique de la production de tableaux de<br />
dévotion au tournant des XVIe <strong>et</strong> XVIIe siècles, dont les modèles les plus appréciés faisaient<br />
l’obj<strong>et</strong> d’une multitude de répliques qui alimentaient un vaste marché à l’échelle européenne.<br />
C<strong>et</strong>te composition est connue par deux autres répliques légèrement différentes : au musée<br />
Bernard-d’Agesci de Niort, <strong>et</strong> une autre passée sur le marché de l’art dans les années 1950 <strong>et</strong><br />
connue uniquement grâce à une photographie. Elles procèdent toutes d’un même prototype,<br />
peint ou gravé, qui n’a pas encore été identifié : Vladimir Nestorov en place l’origine dans<br />
l’orbite nordique. Le pan de voile blanc r<strong>et</strong>ombant en fins tuyaux sur le visage de la Vierge est<br />
un motif récurent chez les peintres du nord, que l’on r<strong>et</strong>rouve en France chez Martin Frémin<strong>et</strong><br />
<strong>et</strong> Georges Lallemant.<br />
Ce tableau parisien surprend par sa qualité inégale, entre le traitement méticuleux du visage<br />
de la Vierge, <strong>et</strong> celui beaucoup plus simplifié des drapés de son manteau, dont les plis<br />
semblent parfois mal compris, trahissant l’œuvre d’un copiste.<br />
La présence des trois copies en France est-elle une coïncidence ? L’activité de peintres<br />
originaires des Pays-Bas est un phénomène général sur tout le territoire français : réputés<br />
pour leur travail minutieux, ils étaient fréquemment sollicités pour des travaux très divers.<br />
C<strong>et</strong>te Sainte Famille à l’Enfant endormi souligne le succès de ces compositions conçues par<br />
des peintres nordiques <strong>et</strong> les nombreuses copies qui étaient proposées à une clientèle plutôt<br />
aisée, ce qui suggère ici le format honorable de l’œuvre <strong>et</strong> son haut degré d’exécution.<br />
Visitation, anonyme espagnol<br />
Début du XVIIe siècle - Saint-Hippolyte<br />
205x195 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
La première trace qui atteste de la présence de ce panneau dans<br />
l’église Saint-Hippolyte se situe en 1923, à l’occasion des travaux<br />
d’agrandissement, l’œuvre doit être déplacée <strong>et</strong> conservée dans<br />
la sacristie. On peut penser qu’elle fut donnée à la paroisse dès<br />
sa fondation en 1910.<br />
Expertisé comme étant une œuvre italienne de la fin du XVIe<br />
siècle, ce panneau est aujourd’hui redécouvert grâce au<br />
programme d’identification des peintures ibériques dans les<br />
col- lections publiques en France (INHA). Il serait le fruit du travail<br />
d’un artiste espagnol, familier du foyer de l’Escurial au début<br />
du XVIIe siècle, dans le sillon d’Eugenio Cajes. C<strong>et</strong>te intuition<br />
est confirmée par la publication de l’étiqu<strong>et</strong>te qui se trouvait au<br />
dos du tableau, transcrite dans le bull<strong>et</strong>in paroissial : le panneau<br />
proviendrait d’une église d’Avila.<br />
Sa structure en arc de triomphe, agencée comme un r<strong>et</strong>able aux<br />
multiples compartiments, évoque le grand r<strong>et</strong>able du monastère<br />
de l’Escurial, commandé par Philippe II en 1579. Le peintre y<br />
place la représentation de la Visitation à laquelle assiste Zacharie<br />
<strong>et</strong> une femme en arrière plan, encadrés par Salomé portant le<br />
chef de saint Jean-Baptiste, sainte Catherine d’Alexandrie <strong>et</strong> les<br />
saints Pierre <strong>et</strong> Paul. La présence d’armoiries est trompeuse : il<br />
s’agit seulement d’ornements fantaisistes.<br />
La construction de l’église <strong>et</strong> son ornementation ont été<br />
possibles grâce à la générosité de nombreux donateurs. C’est<br />
sans doute par leur biais que ce panneau est arrivé dans la<br />
paroisse, où il se trouve toujours.
Sainte Thérèse d’Avila, François Gérard<br />
1828 - Chapelle Sainte-Thérèse<br />
230x135 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
C<strong>et</strong>te toile de François Gérard fut destinée, dès sa commande, à orner les<br />
murs de la chapelle de l’Infirmerie Marie-Thérèse, œuvre de charité fondée<br />
en 1819 par Céleste de Chateau- briand <strong>et</strong> placée sous le patronage de la<br />
duchesse d’Angoulême, accueillant les prêtres souffrants <strong>et</strong> les « dames de<br />
condition » en difficulté depuis la Révolution.<br />
Par l’intermédiaire de Juli<strong>et</strong>te Récamier, Céleste de Chateaubriand<br />
sollicite François Gérard afin de peintre une effigie de sainte Thérèse<br />
d’Avila, patronne de la chapelle de l’Infirmerie. L’œuvre est prête en 1828 :<br />
la sainte y est représentée adossée à une colonne, un genou à terre, priant<br />
les mains jointes : le suj<strong>et</strong>, très sobre, est toutefois frappant par l’intensité<br />
de son regard.<br />
Le tableau ne sera pas directement accroché dans la chapelle, suite à<br />
la parution d’un article dans Le Globe, en 1828. Le journal informe ses<br />
lecteurs qu’un des meilleurs tableaux du peintre, c<strong>et</strong>te sainte Thérèse que<br />
le critique a pu admirer avec d’autres dans l’atelier de l’artiste, ne fera<br />
pas l’obj<strong>et</strong> d’une exposition publique. C<strong>et</strong>te annonce, reprise par plusieurs<br />
journaux, fait rapidement enfler la rumeur <strong>et</strong> provoque des récriminations.<br />
« La désolation fut pendant un jour dans tous les salons de la capitale. C’est<br />
un vol qu’on nous fait disait-on partout ; si un grand homme appartient à<br />
l’univers entier, les ouvrages d’un grand homme appartiennent à tout le<br />
monde ; de quel droit M. Gérard nous dérobe-t-il notre bien ? »<br />
L’œuvre est finalement exposée au Salon pour un laps de temps très court<br />
à la fin du Salon en mars 1828, puis accrochée dans la chapelle dans la<br />
niche prévue à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>. L’œuvre suscite l’enthousiasme du public comme<br />
de la critique, sensible à c<strong>et</strong>te représentation intimiste mais fervente de<br />
Sainte Thérèse, <strong>et</strong> devient une nouvelle icône de l’imagerie religieuse.<br />
Ascension, maître(s) de Morata Vers 1475<br />
Collections diocésaines<br />
81 x 66 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
Repos de la Sainte Famille<br />
pendant la Fuite en Egypte, Domenico Piola<br />
Vers 1670<br />
Chapelle Sainte-Thérèse / Paris<br />
165x133 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS
Saint Jean Duns Scot, anonyme valencien<br />
Fin XVIIe siècle—début XVIII e siècle Collections diocésaines<br />
145 x 70 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
Saint François d’Assise<br />
anonyme XIXe siècle<br />
Collections diocésaines<br />
60 x 50 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
Saint Thomas d’Aquin<br />
Vers 1750<br />
Collections diocésaines<br />
98x83 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
Saint Jean l’Evangéliste<br />
Maurice Denis 1917<br />
Collections diocésaines<br />
62,5x43 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS<br />
Pi<strong>et</strong>à, Jean-Gabriel Domergue<br />
1914 - Saint-Martin-des-Champs / Paris<br />
165x133 cm<br />
© Diocèse de Paris / CDAS
Le Collège des Bernardins<br />
Espace de liberté, proj<strong>et</strong> à vocation universelle où chacun est<br />
invité à se fortifier pour construire un avenir respectueux de<br />
l’homme, le Collège des Bernardins conjugue enracinement<br />
dans l’Ecriture <strong>et</strong> ouverture sur le monde.<br />
Interdisciplinarité, dialogue entre experts <strong>et</strong> théologiens,<br />
rencontre entre chercheurs, praticiens <strong>et</strong> artistes forgent sa<br />
singularité.<br />
Collège des Bernardins<br />
20 rue de Poissy - 75005 Paris<br />
Tél. 01 53 10 74 44<br />
www.collegedesbernardins.fr<br />
Contacts presse<br />
Collège des Bernardins<br />
Nathalie Moysan<br />
nathalie.moysan@collegedesbernardins.fr<br />
Opus 64<br />
Fédelm Cheguillaume<br />
f.cheguillaume@opus64.com<br />
Tel. 01 40 26 77 94