360° magazine / octobre-novembre 2023
Numéro 227
Numéro 227
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<strong>360°</strong> N˚227<br />
Oct. - Nov. <strong>2023</strong><br />
ADELSON<br />
CARLOS<br />
DANSE ÉMERGENTE
Parlons de nos sentiments,<br />
de nos soucis et de nos souhaits.<br />
Découvre l’amitié de<br />
Marlin & Iky sur drgay.ch/talk<br />
Rédaction en chef<br />
Robin Corminboeuf<br />
robin.corminboeuf@360.ch<br />
Rédaction textes<br />
AstralAl, Aline Alzetta-Tatone,<br />
Camille Béziane,Robin Corminboeuf,<br />
Edmée Cuttat, Soën Dällenbach,<br />
Aymeric Dallinge, Laure Dasinieres,<br />
Arnaud Gallay, Princesse GenderFuck,<br />
Greta Gratos, Pauline Guex, Dr. Hazbi,<br />
Celia Hofmann, Tal Madesta,<br />
Ferdinando Miranda, Monokini, Payot,<br />
Inès Piguet, Vagin Pirate, Manon Pulver,<br />
Léon Salin, Catherine Vidmer<br />
Photo<br />
vm.ee, France 5, Strange Animal<br />
Entertainment, Behind The Velvet<br />
Rope TV, Stolen Besos Maya,<br />
Bøwie Creators, El Deseo, Andreas<br />
Eggler, Hillman Grad, Saint Laurent,<br />
Christiane Nill, Fenn Paider, Aline<br />
Paley, Charlotte Passera, Magnolia<br />
Pictures, Les Films du Poisson,<br />
Couch Potatoe Pictures, Irina Pop,<br />
Emma Seligman, Gage Skidmore,<br />
Chloe Wasp<br />
Illustration<br />
Amina Belkasmi, Balmer Hählen,<br />
Corentin Nallamoutou, Monokini<br />
Couverture<br />
Photo : Dan Nieders, Bøwie creators<br />
Design : Balmer Hählen<br />
Corrections<br />
Robin Corminboeuf<br />
Arnaud Gallay<br />
Graphisme<br />
Balmer Hählen<br />
Typographies<br />
Newglyph, Swiss Typefaces,<br />
Dinamo, Optimo<br />
Publicité<br />
Philippe Scandolera<br />
pub@360.ch<br />
Christina Kipshoven<br />
christina@mannschaft.com<br />
Jérémy Uberto<br />
marketing@360.ch<br />
Abonnement<br />
abo@360.ch<br />
Expédition<br />
André, Laurentiù, Giovanni et Jérôme<br />
Éditeur<br />
Association Presse 360<br />
Impression<br />
Appi, Gland<br />
360 <br />
36, rue de la Navigation<br />
CP 2217 - CH-1211 Genève 2<br />
Tél. 022 741 00 70<br />
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TOUTE REPRODUCTION EST STRICTEMENT<br />
INTERDITE POUR TOUS LES PAYS, SAUF AU-<br />
TORISATION ÉCRITE DE 360 .<br />
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DANS TOUS LES LIEUX PARTENAIRES<br />
LGBTIQ+ ET FRIENDLY DE SUISSE ROMANDE.<br />
360 EST UN MAGAZINE INDÉPENDANT<br />
DONT LE CONTENU RÉDACTIONNEL NE<br />
REFLÈTE PAS NÉCESSAIREMENT LES POSI-<br />
TIONS DE L’ASSOCIATION 360.<br />
Sommaire N°227<br />
OUVERTURE<br />
Édito<br />
Honte, ad nauseam<br />
p. 5<br />
News<br />
L’aQtu<br />
p. 6<br />
25 ans<br />
Manon Pulver<br />
p. 8 - 9<br />
SOCIÉTÉ<br />
Savoirs<br />
We Are Everywhere<br />
p. 10 - 11<br />
Suicide<br />
Faire face<br />
p. 12 - 14<br />
Spiritualité<br />
Religion<br />
p. 16 - 18<br />
Chroniques<br />
Dr. Hazbi et Princesse GenderFuck<br />
p. 20<br />
CULTURE<br />
Danse<br />
Adelson Carlos<br />
p. 22 - 26<br />
Vagin Pirate<br />
Les pépites d’<strong>octobre</strong> et <strong>novembre</strong><br />
p. 29 - 30<br />
Musée<br />
Le Mah au queeroscope<br />
p. 32<br />
Relecture<br />
Petites annonces<br />
p. 36 - 39<br />
Théâtre<br />
Emeric Cheseaux<br />
p. 40 - 42<br />
Cinema<br />
Everybody’s Perfect<br />
p. 44 - 46<br />
Livres<br />
Ouvrages queer<br />
p. 49 - 50<br />
Identités<br />
Butch<br />
p. 52 - 53<br />
Chroniques<br />
Greta Gratos et Léon Salin<br />
p. 55 - 56<br />
Association<br />
Ekivock<br />
p. 58 - 59<br />
Chroniques<br />
Dr·e Goudou et Aymeric Dallinge<br />
p. 60<br />
CLÔTURE<br />
L’oracul du mois<br />
Harcèle.ment<br />
p. 63<br />
Horoscope<br />
La tête dans les étoiles<br />
p. 64 - 65<br />
Queer’stionnaire de Proust<br />
Victoire Tuaillon<br />
p. 66
2.—8.<br />
11.<strong>2023</strong><br />
N.27<br />
HONTE,<br />
AD NAUSEAM<br />
PAR ROBIN CORMINBOEUF<br />
RÉDACTEUR EN CHEF<br />
© Christiane Nill<br />
LGBTIAQ+-FILM-<br />
FESTIVAL BERN<br />
FESTIVAL<br />
DE FILMS LGBTIAQ+<br />
DE BERNE<br />
QUEER<br />
SICHT.CH<br />
PARTY<br />
3.11.<strong>2023</strong><br />
DACHSTOCK<br />
REITSCHULE<br />
BERN<br />
« Sa main sur ma cuisse. Je fixe la télé, mais je ne regarde<br />
pas le film. J’ai honte. Je trouve tout ça ridicule. C’est moi<br />
qui devrais avoir la main sur sa cuisse. Et lui il devrait<br />
être une fille qui se met du vernis rouge en ricanant.<br />
C’est comme ça que devait se passer toute ma vie. »<br />
Dans La prochaine fois que tu mordras la poussière,<br />
véritable phénomène de cette rentrée littéraire,<br />
Panayotis Pascot nous emmène dans les méandres<br />
douloureux de la découverte de sa sexualité. Le jeune<br />
acteur et humoriste de 25 ans nous avait déjà marqué<br />
avec son « presque » coming out (comme l’avait titré<br />
nos collègues de Têtu·) dans son précédent stand-up.<br />
Son livre aborde également son difficile rapport au<br />
père et à la dépression qui le ronge. Sale triade.<br />
Il y a dix ans, on découvrait dans En finir avec<br />
Eddy Bellegueule d’Edouard Louis un monde<br />
prolétaire violent et crasse d’homophobie.<br />
Un ouvrage qui a certainement marqué une<br />
grande partie des mecs gais de ma génération.<br />
À sa suite, Panayotis Pascot. Mais lui vient<br />
d’une famille bien plus privilégiée. Son père,<br />
Philippe Pascot, est écrivain et homme politique<br />
et le jeune homme évolue déjà dans le<br />
milieu médiatique parisien alors qu’il n’est pas<br />
encore majeur. On le découvre comme chroniqueur<br />
dans l’émission Le Petit Journal, il n’a<br />
que 17 ans ! Louis, Pascot fils, deux trajectoires<br />
différentes et pourtant, dans le récit de ces<br />
hommes, le même rapport à la honte et à la<br />
culpabilité face à sa sexualité, et les exemples<br />
sont nombreux en littérature. Pourquoi ?<br />
ÉDITO<br />
« Au commencement, il y a l’injure. » écrit Didier<br />
Eribon en 1999 dans son formidable Réflexion sur<br />
la question gay. Et si une clé de compréhension de<br />
cette honte quasi structurelle face à la sexualité gaie<br />
se trouvait là ?<br />
L’insulte ultime lorsqu’on est un garçon : « pédé ».<br />
Quatre lettres qui révèlent à elles seules ce qu’il ne<br />
faut absolument pas être, l’antithèse de l’homme.<br />
Son pendant féminin ? « pute », et non pas lesbienne<br />
– même si l’insulte fonctionne salement bien également.<br />
Aux hommes, l’interdiction d’être pénétré,<br />
« dispose de ta sexualité autant que tu veux, mais de<br />
la bonne manière, soit conquérant du corps féminin »<br />
nous souffle l’injure. Aux femmes, « réserve ta sexualité,<br />
ne soit pas dispendieuse, fais la rare » dit-elle.<br />
La pute et le pédé, deux figures repoussoirs<br />
qui rythment la manière dont on élève nos<br />
enfants dans cette société, qui dessinent<br />
la manière dont on les forge (ou ne les forge<br />
pas). Je dessine à grands traits bien sûr, je<br />
généralise et pourtant ce système semble<br />
toujours si présent.<br />
Alors comment changer ces figures-là, quelles figures<br />
repoussoirs non discriminantes créer, si le<br />
présupposé c’est que l’on se constitue sur des modèles<br />
auxquels on s’identifie et sur d’autres desquels<br />
on se distancie ? Qu’inventer comme personnages<br />
pour que le prochain succès de la rentrée littéraire<br />
qui émane d’un homme gai ne soit pas une énième<br />
histoire de honte, de dépression et de figure paternelle<br />
rugueuse ?<br />
5
© vm.ee<br />
L’AQTU<br />
ÇA VA MIEUX<br />
EN LE DISANT<br />
Interviewé à la radio début septembre, le Premier ministre<br />
d'Andorre depuis 2019, Xavier Espot Zamora,<br />
a abordé le thème de son orientation sexuelle pour la<br />
première fois, tout en assurant ne s'être jamais caché<br />
aux 80'000 concitoyens de la principauté. « Si cela<br />
peut aider les enfants, jeunes ou ados qui traversent<br />
un moment difficile de voir qu'indépendamment de<br />
son orientation sexuelle on peut prospérer et atteindre<br />
les plus hautes fonction, alors je suis content<br />
de le faire mon coming-out. » L'Europe compte ainsi<br />
quatre chefs de gouvernement (avec l'Irlande,<br />
le Luxembourg et la Serbie) et même un président<br />
(Lettonie) ouvertement gais ou lesbiennes – tous de<br />
droite d'ailleurs.<br />
UN MINIMUM D'ÉGALITÉ<br />
C'est une demi-victoire pour les personnes gaies<br />
et lesbiennes de Hong Kong. La Cour suprême de<br />
ce territoire chinois a ouvert la voie à l'instauration<br />
d'unions civiles. Cette demande était portée par un<br />
militant pro-démocratie actuellement emprisonné,<br />
Jimmy Sham. Le Parlement a deux ans pour légiférer,<br />
mais vu l'emprise de Pékin, les individus LGBTIQ+<br />
attendent de voir.<br />
6 NEWS<br />
À VOS RISQUES<br />
ET PÉRILS<br />
Les avertissements de voyage sont d'ordinaire<br />
réservés à des zones d'instabilité ou de guerre.<br />
Le Canada en a émis un le mois dernier pour les<br />
États-Unis, avec qui il partage son unique frontière<br />
terrestre. En cause, les centaines de lois et projets<br />
de lois homophobes et transphobes introduits<br />
à l'échelle des États. « J'encouragerais les gens à<br />
faire attention à où iels se rendent et quelles sont<br />
les lois locales. Et s'iels ne doivent pas absolument<br />
s'y rendre, qu'iels aillent ailleurs ! » a commenté<br />
Helene Kennedy, directrice de l'ONG Egale Canada.<br />
VISIBILITÉ ACCRUE<br />
SUR ÉCRANS<br />
Le nombre de films de Hollywood comprenant des figures<br />
LGBTIQ+ a atteint un nouveau record en 2022,<br />
selon le lobby anti-discrimation Glaad. C'était le cas<br />
de 100 productions sur les 350 sorties par les dix<br />
principaux studios. On y dénombrait 292 personnages<br />
LGBTIQ+, avec encore une nette surreprésentation<br />
d'hommes blancs. Le Glaad constate aussi<br />
une faible présence dans certains genres, comme<br />
l'action et la science-fiction (16%), alors que des figures<br />
queer sont dans les scénarios de presque une<br />
comédie sur deux (46%).<br />
LE DÉLIRE DU MOIS<br />
CHASSE<br />
AUX ALIAS<br />
Porte ouverte aux fraudes, propagation de « l'idéologie<br />
contre nature de fluidité des genres », charge<br />
de travail supplémentaire pour les profs... ce sont<br />
quelques-uns de motifs invoqués par l'extrême<br />
droite italienne pour mettre fin à la pratique permettant<br />
aux étudiant·e·x·s trans* et non binaires<br />
d'utiliser leur nom d'usage à l'école ou à l'uni. Elle<br />
est admise par de nombreux établissements de<br />
Lombardie. Un nouvel exemple du détricotage<br />
des maigres droits conquis par les personnes<br />
LGBTIQ+ italiennes, après l'offensive du gouvernement<br />
d'extrême droite, ce printemps, contre les<br />
municipalités accordant une reconnaissance aux<br />
familles arc-en-ciel.<br />
En <strong>octobre</strong>,<br />
la Ville de Genève<br />
et ses partenaires<br />
célèbrent le mois<br />
de l’histoire<br />
LGBTIQ+<br />
Programme sur<br />
www.geneve.ch/memoires-lgbtiq<br />
www.geneve.ch/lgbt<br />
Photo : David Wagnières – Graphisme : Chatty Ecoffey
À l’occasion des 25 ans de <strong>360°</strong>, nous<br />
donnons la parole aux personnes qui ont<br />
occupé le poste de rédac’ chef. C’est au<br />
tour de Manon Pulver d’envoyer sa lettre<br />
d’amour au <strong>magazine</strong> queer romand.<br />
nuit excentriques, a succédé le business de la night, moins sincère et mystérieux, plus<br />
mercantile et clinquant. La musique change comme les drogues et les préoccupations. Quand<br />
tu arrives, cher Mag (tes autres red en chef le racontent très bien) la fête s’est déplacée<br />
dans des squats, des lieux plus alternatifs et culturels, et tes Fêtes deviennent<br />
des rendez-vous incontournables.<br />
Pourtant il me semble bien que c’est à cette époque que la planète LGBTIQ+ change<br />
de saison, ses jours rallongent et ses nuits prennent moins de place, on vit<br />
davantage dans la lumière et moins sous les sunlights, on veut désormais moins<br />
sortir le soir que sortir du placard.<br />
© Irina Popa<br />
À l’époque de ta naissance il n’est donc plus question de tolérance, on revendique désormais<br />
des droits, et même bientôt l’égalité des droits. Ton caractère épouse bien celui de<br />
8<br />
Cher Mag,<br />
<br />
Lorsque ton actuel réd en chef, Robin Corminboeuf, m’a contactée pour me demander<br />
si je souhaitais te faire une petite bafouille pour marquer le coup de ton quart<br />
de siècle, j’ai pensé trouver un petit angle original pour te souhaiter comme<br />
il se doit de poursuivre encore longtemps cette succession de mutations dont tu<br />
as le secret, cette faculté de muter qui est peut-être le secret de l’éternelle<br />
jeunesse, probablement en tout cas celui de l’inoxydable curiosité du présent<br />
qui est la tienne – parce que tenir 25 ans dans le paysage dévasté de la presse<br />
romande, ça relève d’un tel tour de force que tu devrais songer à vendre des<br />
grigris de longue vie à ton effigie.<br />
Or, voilà que mon petit angle original, après avoir feuilleté des pages et des pages de<br />
tes anciens numéros, s’est progressivement effrité, et je n’avais plus qu’une accablante<br />
banalité en tête, elle tient en quatre mots : comme le temps passe.<br />
Oui, mon cher mag, c’est bien une vague de nostalgie, ou plutôt un vertige, qui<br />
s’est abattu sur mes fringantes intentions rédactionnelles. Comme le temps passe.<br />
Celui écoulé depuis ta naissance, en 1998, mais aussi celui d’avant. Car si ta<br />
venue au monde marquait le début d’une époque aujourd’hui révolue, elle signait<br />
aussi la fin d’une autre, aujourd’hui oubliée.<br />
À ta naissance vois-tu, j’ai la petite trentaine, je dis au revoir à ma prime jeunesse et<br />
bonjour à ma jeunesse tout court. À ce moment-là de mes souvenirs, le milieu gai genevois<br />
prend le virage de la fin de siècle, toujours festif et turbulent, mais moins clandestin.<br />
Il gagne en fierté, devient plus mixte et plus alternatif, il conserve son légendaire sens<br />
de l’humour mais milite davantage, les esprits s’ouvrent mais la route vers l’égalité des<br />
droits est encore longue.<br />
Pas évident de rendre compte du temps d’avant ta naissance, pas facile de capter<br />
la couleur du temps une fois qu’il a passé. Les souvenirs c’est forcément subjectif,<br />
une affaire d’atmosphère comme dirait Arletty, et comment raconter une<br />
atmosphère ? De ce temps d’avant toi, on retrouve des bribes dans des films, des<br />
livres, des musiques, des photos. Si ma mémoire est bonne, on ne se retrouve dans<br />
aucun journal ni revue, si ce ne sont quelques fanzines confidentielles.<br />
Avant que tu existes, toi et ta jumelle astrale <strong>360°</strong> Fever, je me souviens que la plupart<br />
des personnes gaies, lesbiennes, trans* et autres non encore identifiées que j’ai croisés<br />
dans ce temps-là vivaient plutôt leurs journées dans l’invisibilité, et c’est à la nuit<br />
tombée qu’iels tombaient le masque, la nuit était leur royaume.<br />
Tu sais, avant toi on se voyait dans des bars et des discothèques ou autres lieux<br />
« branchés ». Moins connectée et sans smartphone, la Fête n’était pas que d’un<br />
soir, on dansait sur de vraies pistes de danse et on ne prenait pas sa boisson<br />
sur le dancefloor.<br />
Oui, cher Mag, à ta naissance, la vie de nuit, qu’elle soit homo ou hétéro, commence à<br />
changer. Au monde de la nuit, né dans les années 60-70 et animé par de vrais oiseaux de<br />
25 ANS<br />
25 ANS<br />
cette nouvelle et saine exigence d’une communauté qui s’élargit et se nuance de teintes<br />
de plus en plus diversifiées: toujours insolent et farceur, audacieux, tu t’avances aussi<br />
clairement sur le terrain politique, culturel et sociologique, et tes marraines et parrains<br />
te veulent ainsi, large de vue et d’esprit, mixte et sans préjugés. Même si toutes les<br />
lettres de l’acronyme n’occupent pas forcément toujours le même espace dans tes pages, et<br />
sous nos yeux comme dans tes colonnes, le temps passe, le monde change et nous avec lui.<br />
Lorsque, en 2010, je te pilote pour un an, tu as déjà 13 ans d’existence. Le temps<br />
des squats est révolu, l’ère numérique a commencé à envahir nos vies et changer<br />
en profondeur nos modes de communication, probablement nos façons de penser, de<br />
vivre, et sans doute d’aimer et même de rire.<br />
Davantage de reconnaissance et de visibilité facilitent nos vies, même si elles nous exposent<br />
davantage. Nos ordinateurs ne cessent de rapetisser, les réseaux sociaux de nous<br />
éparpiller, le mag vient de traverser et traverse encore des moments financiers difficiles<br />
mais il ne sombre pas.<br />
En cette année 2010 on commence à parler de mariage, mais c’est encore alors<br />
presque un anagramme de mirage. La communauté LGBT+ (on en est là à cette époque)<br />
est encore un peu divisée sur la nécessité de ce combat. Personnellement je le<br />
soutiens par solidarité, pas encore par conviction. Ma neutralité va basculer deux<br />
ans plus tard, quand la France va montrer un visage effrayant durant presque un<br />
an. Le temps a passé, mais je n’oublie ce qu’on a alors vu surgir, je n’oublie<br />
pas les mots de haine balancés, inattendus, hallucinants – Frigide Barjot, humoriste,<br />
qui se mue en égérie réactionnaire, on ne croyait pas cela possible. Avec<br />
d’autres, nous prendrons plusieurs fois le train pour nous solidariser avec les<br />
manifestants et manifestantes françaises, et ma conviction nouvelle va se muer<br />
en certitude. Je n’oublierai pas la noblesse des propos de Christiane Taubira,<br />
lorsqu’elle défend vent debout sa loi, et qui finira par sortir de cette boue la<br />
tête haute. La loi Taubira, qui ouvre le mariage aux couples de même sexe est<br />
promulguée le 17 mai 2013.<br />
Le temps passe, même si parfois en Suisse, il le fait plus lentement qu’ailleurs. Au fil<br />
des pages d’archives des années suivantes, on verra les Helvètes se hâter lentement vers<br />
cette année 2021 où le peuple dira, enfin, oui.<br />
Après être passés de la nuit au jour, après être sortis du placard, nous voici<br />
donc entrés en légitimité. Tout n’est pas gagné pour autant, il y a encore tant<br />
à faire, il y a encore tant à dire. Moi-même je ne t’ai pas dit le quart de ce<br />
qui m’est venu à l’esprit en faisant défiler des octets de mémoire associative.<br />
Cher mag, avant toi le temps passait tout autant, mais depuis toi on a gagné un<br />
miroir, un savoir, une mémoire, et c’est tellement mieux pour vivre son histoire.<br />
Heureux anniversaire, cher Mag, et longue vie à toi!<br />
ANNIVERSAIRE<br />
9
WE ARE<br />
EVERYWHERE<br />
Quelle place pour les minorités sexuelles et de genre dans l’espace<br />
urbain genevois ? C’est à cette question, entre autres, que tenteront<br />
de répondre les participant·e·x·s à la journée d’études « Traces<br />
queer dans la ville » organisée au CMCSS en conclusion d'un projet<br />
de recherche.<br />
Par Ferdinando Miranda et Pauline Guex<br />
institutions publiques sont de plus en plus soumises<br />
à une injonction d'inclusivité et de progressisme. À<br />
ce propos, la Dre Karine Duplan indique que cette<br />
recherche a permis « d'explorer la façon dont le<br />
vocabulaire de l'inclusion est utilisé en lien avec<br />
la ville ou l'urbain et les enjeux qui en découlent.<br />
L’étude montre comment la frontière entre actions<br />
militantes et actions institutionnelles demande à<br />
être complexifiée en pensant des formes possibles<br />
d'engagement et de queerisation des modes de gouvernance,<br />
depuis l'intérieur ».<br />
Cette recherche genevoise rend aussi<br />
compte des actions que les personnes mettent en<br />
place à l'échelle individuelle, des actions souvent<br />
discrètes comme de petits signes vestimentaires<br />
ou corporels, des traces, qui permettent une queerisation<br />
diffuse des espaces, parfois même à l'insu<br />
d'autres personnes, mais qui comptent justement<br />
dans le sentiment d'appartenance qu'on peut développer<br />
dans l'espace urbain.<br />
JOURNÉE D'ÉTUDES<br />
En lien direct avec la recherche « WE ARE EVERY-<br />
WHERE », la journée d’études « Traces queer dans<br />
la ville » du 16 <strong>novembre</strong> rassemble un vaste panel<br />
d'interventions traitant de la dimension spatiale de<br />
la citoyenneté en lien avec le genre et la sexualité.<br />
Aux côtés des conférences données par Alison<br />
Bain et Julie Podmore, deux chercheuses éminentes<br />
dans le domaine de la recherche urbaine et des<br />
géographies des sexualités, se tiendra également<br />
une table ronde réunissant des acteur·ice·x·s des<br />
milieux institutionnels et communautaires afin<br />
de discuter des rapports entre art, activisme et<br />
politique queer dans la ville. De plus, une session<br />
dédiée mettra à l'honneur la jeune recherche en<br />
géographies des sexualités à l'UNIGE, permettant<br />
de témoigner de l’importance du renouvellement<br />
de ces questions par la nouvelle génération.<br />
Quel accès a-t-on à l'espace public lorsqu'on est une<br />
personne s’identifiant aux minorités sexuelles et<br />
de genre ? Quelles expériences de discriminations y<br />
rencontre-t-on éventuellement, et quelles stratégies<br />
met-on en place pour y faire face ? Quel rôle jouent<br />
les collectifs communautaires dans le soutien aux<br />
personnes LGBTIQ+ ? Quelles actions mènent les<br />
institutions en la matière ?<br />
En plaçant le genre et la sexualité comme<br />
éléments fondamentaux de la structuration des<br />
espaces du quotidien, à partir d’une analyse de la<br />
Ville de Genève et son contexte géographique limitrophe,<br />
la recherche « WE ARE EVERYWHERE, revendications<br />
et réappropriations de l'espace et de la<br />
citoyenneté par les minorités sexuelles et de genre<br />
en contexte de ville néolibérale », sous la direction<br />
de la Dre Karine Duplan, géographe à l’Université de<br />
Genève (UNIGE), s'est intéressée aux modalités de<br />
construction d'une ville plus inclusive à l'égard des<br />
personnes et communautés de la diversité sexuelle<br />
et de genre. Une journée d’études clôturera cette<br />
recherche, le jeudi 16 <strong>novembre</strong> <strong>2023</strong>.<br />
S’étalant sur une période de deux années<br />
(2021-<strong>2023</strong>), cette enquête ethnographique a bénéficié<br />
d’un soutien du Centre Maurice Chalumeau en<br />
sciences des sexualités de l’UNIGE (CMCSS). Elle<br />
a consisté en une récolte de données sur ce qu'il<br />
se passe en ville pour les personnes LGBTIQ+, que<br />
ce soit dans la vie de tous les jours ou lors d'évènements<br />
spécifiques. En plus des observations<br />
menées dans différents lieux, des interviews ont<br />
été faites auprès de personnes œuvrant pour l'avancement<br />
des droits LGBTIQ+ au niveau communautaire<br />
ou institutionnel dans la Ville et le Canton de<br />
Genève, ainsi qu’auprès de personnes se définissant<br />
comme LGBTIQ+ qui ont souhaité partager<br />
leurs expériences. Ces récits ont été analysés en<br />
lien avec une littérature spécialisée traitant de ces<br />
questions, et parallèlement avec d’autres données<br />
permettant de renseigner le contexte spécifiquement<br />
genevois, notamment quant au cadre juridique<br />
et légal existant, ou aux actions des différent·e·x·s<br />
acteur·ice·x·s impliqué·e·x·s.<br />
QUELLES TRACES QUEER<br />
EN VILLE DE GENÈVE ?<br />
Il existe une grande diversité de collectifs à destination<br />
des personnes et communautés LGBTIQ+ à<br />
Genève. À partir d'exemples choisis, cette recherche<br />
rend compte de la manière dont chacune de ces organisations<br />
peut s'appuyer de manière différenciée<br />
sur des répertoires d'actions qui vont de manifestations<br />
soutenues par des financements institutionnels,<br />
comme le cas emblématique de la Pride, à des<br />
prises d'espace plus radicales, voire illégales.<br />
Aux côtés des actions les plus visibles,<br />
nombre de ces collectifs jouent également le rôle<br />
d’espaces qu’on pourrait qualifier de « refuge », en ce<br />
qu'ils permettent de se retrouver entre personnes<br />
partageant une identification en-dehors des normes<br />
hégémoniques de sexe et de genre. En cela, ces<br />
espaces peuvent également opérer comme lieux<br />
de formation identitaire et citoyenne.<br />
Les collectivités publiques – telles que la<br />
Ville, le Canton, l’Université, etc. – sont très investies<br />
dans le soutien aux communautés LGBTIQ+.<br />
La question qui peut alors se poser – dans le cas<br />
précis des institutions – est de savoir comment le<br />
soutien donné demeure « authentique », alors que les<br />
ET LES SUITES…<br />
Les résultats de la recherche « WE ARE EVERY-<br />
WHERE » comprennent un nombre important de<br />
données qui attendent encore des approfondissements,<br />
notamment en articulant davantage les<br />
enjeux liés au genre et à la sexualité avec les questions<br />
de race, culture, ethnicité, migration, etc. Pour<br />
ce faire, la Dre Karine Duplan souligne : « Travailler<br />
sur un tel sujet relève pour moi d'un engagement<br />
en faveur d'une meilleure justice sociale en contribuant<br />
à rendre visible les enjeux liés à ces questions.<br />
» Elle ajoute que ce type de problématique<br />
permet, « sur le plan académique, de faire avancer<br />
les recherches en la matière, sur un sujet qui longtemps<br />
n'a pas été considéré comme un sujet scientifique<br />
légitime ; sur le plan social, de rendre compte<br />
de réalités plurielles dont bon nombre de personnes<br />
non concernées (même si elles se disent en faveur<br />
de l'avancement des droits LGBTIQ+) ne sont pas<br />
conscientes ; et enfin, sur le plan politique, d’axer<br />
sur la visibilisation de ces enjeux afin de rendre<br />
leur prise en considération incontournable. »<br />
Traces queer<br />
dans la ville<br />
Conférences<br />
et table ronde<br />
16 NOVEMBRE <strong>2023</strong> | 9H-21H<br />
CENTRE MAURICE CHALUMEAU EN SCIENCES<br />
DES SEXUALITÉS DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE<br />
Campus Battelle – Bâtiment A<br />
7, Route de Drize – 1227 Carouge<br />
unige.ch/cmcss<br />
FACULTÉ DES SCIENCES DE LA SOCIÉTÉ<br />
DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE<br />
ET ENVIRONNEMENT<br />
Illustration © Corentin Nallamoutou<br />
Illustration de l'affiche © Corentin Nallamoutou<br />
10 SOCIÉTÉ<br />
SAVOIRS SAVOIRS SOCIÉTÉ<br />
11
COMMENT<br />
FAIRE<br />
VIOLENT ET IMPRÉVISIBLE, LE SUICIDE PROVOQUE<br />
UNE ONDE DE CHOC DANS L’ENTOURAGE DE LA<br />
PERSONNE DÉCÉDÉE. ENTRE RESSOURCES INDIVIDUELLES,<br />
COLLECTIVES ET PROFESSIONNELLES, QUELS SONT LES<br />
COMPORTEMENTS À ADOPTER POUR SURMONTER CE DRAME ?<br />
PAR LAURE DASINIERES<br />
FACE<br />
AU<br />
SUICIDE<br />
D’UN·E·X<br />
PROCHE<br />
?<br />
« En 2020, notre groupe d’ami·e·x·s a été endeuillé par<br />
trois fois. Trois suicides. Le dernier, ça a été<br />
celui de Doona*. Ça a été une période vraiment<br />
dure et souvent, je me dis que j’aurais<br />
pu compter dans la liste des disparu·e·x·s. Je<br />
suis passé entre les gouttes je ne sais trop<br />
comment. Sans doute le groupe m’a beaucoup<br />
aidé, tout comme le militantisme et la<br />
colère que nous avons pu exprimer. Mais,<br />
aujourd’hui encore, lorsque quelque chose<br />
de chouette m’arrive, je me dis “ il faut que je<br />
lui raconte ” avant de me souvenir que c'est<br />
pas possible. » Des témoignages comme<br />
celui de Thomas (le prénom a été modifié)<br />
notre communauté en compte de nombreux<br />
car c’est malheureusement un fait: les personnes<br />
LGBTIQ+ comptent parmi les plus<br />
exposées au risque de suicide. Sombre<br />
corollaire: nous risquons davantage d’être<br />
confronté·e·x·s au suicide de nos ami·e·x·s,<br />
amant·e·x et adelphes que le reste de la population.<br />
Dès lors, comment faire face quand<br />
un drame survient ? Comment pouvons-nous<br />
individuellement et collectivement nous relever<br />
après le cataclysme provoqué par le<br />
suicide d’un être cher ?<br />
ACCUEILLIR TOUTES<br />
LES ÉMOTIONS ET LES PARTAGER<br />
« Le suicide, puisque c’est un acte auto-agressif, est<br />
quelque chose d’extrêmement violent et<br />
cette violence, ainsi que le caractère imprédictible<br />
de l’acte heurte fortement les<br />
personnes autour, tant et si bien qu’il est<br />
difficile d’en faire le tour avec des “ bons ”<br />
sentiments », explique le docteur Paco<br />
Prada, médecin adjoint agrégé au Service<br />
de psychiatrie de liaison et d’intervention de<br />
crise des Hôpitaux universitaires de Genève.<br />
De fait, la culpabilité ou la recherche d’une<br />
culpabilité, la colère ou encore la peur sont<br />
monnaie courante chez les proches d’une<br />
personne suicidée. « En plus des sentiments<br />
de perte et de manque, le suicide convoque<br />
des affects avec lesquels il est difficile de se<br />
démener et nous pousse dans nos derniers<br />
retranchements », poursuit le psychiatre.<br />
« Lorsque mon frère s’est suicidé, j’ai éprouvé beaucoup<br />
de colère. Je lui en voulais du bordel<br />
à gérer qu’il laissait aux vivant·e·x·s. Mais<br />
j’avais honte de ces sentiments et je les ai<br />
tus alors que j’aurais sans doute dû les exprimer<br />
», raconte Paul-Henri, dont le frère<br />
s’est donné la mort il y a dix ans. En effet,<br />
Alexandra Spiess, thérapeute systémique et<br />
de famille et responsable d’As’trame Genève<br />
signale : « Il ne faut pas se censurer dans le<br />
vécu émotionnel : on se fait du mal lorsque<br />
l’on garde les choses enfouies » .<br />
Elle poursuit : « Même s’il faut composer avec les émotions<br />
de chacun·e·s, la communauté peut être<br />
une ressource pour se réconforter. Il est important<br />
d’accueillir toutes les émotions, de<br />
les normaliser, sans les juger mais en s’interrogeant<br />
sur elles. Chaque personne fait face<br />
au suicide d’un·e·x proche d’une manière qui<br />
lui est propre, en fonction de son parcours<br />
de vie singulier.Cet événement dramatique<br />
peut en effet réactiver d’autres traumatismes,<br />
d’autres pertes, d’autres événements qui ont<br />
pu susciter de la tristesse, de la peur, de la<br />
colère, de la culpabilité, etc. Il n’y a donc pas<br />
de généralité concernant la manière dont cela<br />
peut résonner en chacun·e·x. »<br />
Alors, même si Paco Prada invite les personnes endeuillées<br />
par un suicide à faire le bilan avec<br />
un·e·x psychologue, le groupe d’ami·e·x·s<br />
et la famille choisie doivent être pensés<br />
comme des espaces bienveillants où exprimer<br />
ses ressentis sans peur d’être jugé·e·x.<br />
12<br />
SOCIÉTÉ<br />
SUICIDE<br />
SUICIDE<br />
SOCIÉTÉ<br />
13
14<br />
ÉVITER L’« EFFET WERTHER »<br />
Sophia Perez, responsable campagne et bénévoles<br />
au sein de Stop Suicide à Genève suggère :<br />
« ll faut profiter d’être dans un groupe et une<br />
communauté où le care et l’entraide sont<br />
d’ores et déjà de mise pour adopter de bons<br />
réflexes. » Et, parmi ces bons réflexes, tous<br />
ceux qui permettent d’éviter une contagion<br />
suicidaire aussi appelée « effet Werther ». En<br />
effet, il est démontré que le risque de suicide<br />
augmente significativement dans l’entourage<br />
d’une personne suicidée, le plus souvent<br />
par des mécanismes d’identification. Là<br />
encore, il faut parler et éviter le repli sur soi :<br />
« Au sein d’un groupe d’ami·e·x·s, se relier<br />
aux autres permet d’éviter un éventuel effet<br />
de contagion, car la crise suicidaire est faite<br />
de beaucoup de solitude. Il faut pouvoir ouvrir<br />
le dialogue : ce qui est le plus risqué, c’est<br />
sans doute le silence, la non-élaboration ».<br />
Dans le même sens, il importe d’éviter de faire comme<br />
si le suicide n’avait pas existé. Si c’est un<br />
réflexe de protection basé sur l’a priori erroné<br />
que parler de suicide fait naître des<br />
idées suicidaires, cela entretient le préjugé<br />
selon lequel éprouver une envie de mourir<br />
devrait rester secret. Dans l’espace de dialogue<br />
ouvert, si des personnes évoquent<br />
des pensées suicidaires, il faudra trouver<br />
un juste équilibre – sans dramatiser ni banaliser<br />
– pour accueillir leur parole et savoir, le<br />
cas échéant, les orienter vers des supports<br />
professionnels comme le 147 pour les jeunes<br />
ou le 143 pour les adultes, ainsi que vers les<br />
services d’accompagnement et d’urgences<br />
psychiatriques.<br />
Par ailleurs, il est crucial de démonter les chaînes<br />
de causalités erronées : on ne se suicide<br />
pas parce que l’on est queer. Le suicide est<br />
causé par une accumulation de facteurs<br />
qui augmentent la vulnérabilité à certains<br />
problèmes (comme des antécédents traumatiques)<br />
et par d’autres qui déclenchent<br />
ou précipitent le passage à l’acte (troubles<br />
et souffrance psychiques, consommation<br />
de substances, facteurs de stress). « Il est<br />
dangereux de réduire le passage à l’acte à<br />
la question de l’identité sexuelle, sexuée ou<br />
de genre de la personne » signale Alexandra<br />
Spiess, qui conseille de rappeler et de se<br />
rappeler que de nombreux facteurs entrent<br />
en ligne de compte. « Il s’agit d’épaissir le<br />
récit, de contextualiser, d’étoffer la vie et<br />
la fin de vie de la personne afin de pouvoir<br />
construire pour soi un récit acceptable »,<br />
insiste la thérapeute. On prendra garde,<br />
toutefois, à ne pas décortiquer tous les messages<br />
postés par la personne suicidée sur les<br />
réseaux sociaux. Ceux-ci pourraient être, à<br />
posteriori, compris comme des messages de<br />
détresse auxquels on n’a pas su répondre, ce<br />
qui ne servirait qu’à renforcer un sentiment<br />
de culpabilité inutile et délétère.<br />
Enfin, il s’agit également de ne pas romantiser le suicide.<br />
« Ce n’est pas une idée politique ou philosophique<br />
mais bien le fruit d’un trouble et d’une<br />
grande souffrance », souligne Paco Prada.<br />
LA FORCE DES RITUELS<br />
La communauté, c’est aussi un espace pour apprivoiser<br />
la perte et faire le chemin du deuil. « Il est<br />
bon de mettre en place des rituels qui sont<br />
autant de moments, avec un début ou une fin<br />
durant lesquels on s’offre la possibilité de se<br />
relier à celui ou celle qui n’est plus là. Il peut<br />
bien sûr s’agir des funérailles mais aussi de<br />
rituels personnels, comme allumer une bougie,<br />
ou collectifs, comme faire un repas, une<br />
marche, etc. » explique Alexandra Spiess.<br />
Ceci est d’autant plus vrai que la famille de la<br />
personne décédée peut parfois, par nécessité<br />
de trouver des coupables, désigner les<br />
ami·e·x·s comme responsables de sa mort<br />
et alors les mettre à l’écart notamment pour<br />
les funérailles.<br />
Tous ces rituels permettent d’instaurer un rapport<br />
apaisé à la mort et à la personne décédée,<br />
qui continuera de vivre en celleux qui se<br />
souviennent d’elle. « La mort est certes la<br />
fin de la vie, mais pas la fin de la relation »,<br />
rappelle Alexandra Spiess. « Il s’agit alors<br />
d’intérioriser cette relation, de la mettre à<br />
l’intérieur de soi. C’est se souvenir, c’est se<br />
demander ce que l’autre nous a apporté, ce<br />
qui nous a rendu plus riche mais aussi ce que<br />
l’on a apporté à l’autre. »<br />
« Je suis triste que Lucie n'ait jamais connu la·e vrai·x<br />
moi, fièrement non-binairex, avec sa jolie<br />
barbe et son nouveau prénom. Mais au<br />
moins, j'ai pu croiser la route de cet ange, et<br />
pour ça, je m'estime incroyablement chanceuxse<br />
», confie Jess, dont la meilleure amie<br />
s’est suicidée lorsque tous·tes·x deux étaient<br />
au lycée.<br />
*Doona était une jeune femme trans qui s’est donné<br />
la mort en 2020 à Montpellier. Son suicide a été à<br />
l’époque très médiatisée, car les services d’aide aux<br />
étudiants auraient failli à leur mission d’accompagnement<br />
et la jeune femme était menacée d’expulsion.<br />
SOCIÉTÉ<br />
SUICIDE<br />
IMAGE : MARC ASEKHAME<br />
Rendez-vous<br />
avec<br />
le légendaire<br />
William<br />
Christie<br />
Ariodante_1 Ariodante_2<br />
Le tango<br />
s'empare<br />
de l'opéra<br />
María de<br />
Buenos Aires<br />
Maria de Buenos Aires_1 Maria de Buenos Aires_2 Maria de Buenos Air<br />
DÈS CHF 17.—<br />
Valses<br />
viennoises<br />
revisitées<br />
pour<br />
les fêtes<br />
Opéra-tango<br />
Feux<br />
d'artifice<br />
baroque<br />
Le retour<br />
de Daniele<br />
Finzi Pasca<br />
à l'opéra<br />
Tarantino<br />
et<br />
James Bond<br />
à l'opéra<br />
d'Ástor Piazzolla<br />
Le Chevalier à la Rose_1 Le Chevalier à la Rose_2 Le Chevalie<br />
27 <strong>octobre</strong> au 5 <strong>novembre</strong> <strong>2023</strong><br />
Larmes<br />
acides<br />
au Congo<br />
Esprit<br />
de résilience<br />
en RDC<br />
Justice_1 Justice_2<br />
GTG.CH<br />
Entre rêve<br />
et réalité<br />
magique<br />
Les val<br />
déconst<br />
de Str<br />
Le<br />
d'u
« LA FOI,<br />
C’EST<br />
UNE<br />
CHOSE<br />
À SOI, ET<br />
PERSONNE<br />
NE<br />
PEUT<br />
NOUS<br />
L’EN-<br />
LEVER »<br />
Les institutions religieuses ne sont pas bien vues dans les milieux<br />
queer, traumatisés par la somme de violences que ces premières<br />
leur ont infligées. La spiritualité est-elle compatible avec les identités<br />
LGBTIQ+ ? Rencontre avec quatre personnes queer qui se<br />
sont réconciliées avec leur foi.<br />
C’est un affrontement politique qui dure depuis<br />
plusieurs décennies entre les institutions religieuses<br />
et les communautés LGBTIQ+. Dans nos<br />
contrées, lors des débats au sujet du mariage pour<br />
tous·tes·x, la Conférence des évêques suisses avait<br />
exprimé son alignement sur la doctrine du Vatican<br />
en choisissant de s’opposer à l’ouverture de ce<br />
droit, invoquant l’intérêt supérieur de l’enfant et la<br />
complémentarité entre les hommes et les femmes.<br />
Depuis, l’autorité pontificale multiplie les prises de<br />
positions contradictoires : en 2019, le Vatican publiait<br />
un texte intitulé Il les créa homme et femme,<br />
visant à lutter contre ce qu’il appelle la « théorie<br />
du genre ». En 2022, le Pape François recevait un<br />
groupe de personnes trans* et appelait à leur accueil<br />
dans les communautés. Il déclarait en janvier<br />
que « l’homosexualité [n’était] pas un crime mais<br />
un péché ». Le traitement des personnes LGBTIQ+<br />
au sein de l’institution catholique demeure marqué<br />
par les traumatismes, comme le racontent Jean-<br />
Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre dans le<br />
livre-enquête Dieu est amour (Flammarion, 2019),<br />
une infiltration au sein de groupes traditionalistes<br />
pratiquant les thérapies de conversion sur les personnes<br />
concernées. Un positionnement ambivalent<br />
qui se retrouve dans les trois grands monothéismes,<br />
actant pour beaucoup la rupture entre leur pratique<br />
spirituelle et leur identité queer.<br />
Il n’est pas forcément plus simple d’être une<br />
personnes religieuse au sein des communautés<br />
queer. « L’islamophobie y est éloquente », explique<br />
Jamal, créateur de Jins Podcast, qui raconte<br />
les sexualités des personnes queer arabes et/ou musulmanes.<br />
« Elle vient de la fétichisation sexuelle,<br />
mais aussi des préjugés qu’on peut avoir sur la sexualité<br />
d’une personne qui porte le foulard, sur le fait que<br />
les hommes musulmans sont forcément actifs… Il y<br />
a aussi des dynamiques homonationalistes, selon<br />
Par Tal Madesta<br />
lesquelles il n’y a qu’une seule manière d’être gai<br />
ou trans* selon des critères définis par l’Occident :<br />
il faut faire son coming-out, se libérer sexuellement,<br />
sans compter que l’islam est forcément associé<br />
à la répression des identités queer. Chez les<br />
personnes queer, comme partout, il y a des votants<br />
d’extrême-droite », déroule-t-il.<br />
NE PAS ABANDONNER LE TERRAIN<br />
Astrid de Chassey, membre de la collective<br />
québécoise féministe catholique Oh My<br />
Goddess !, raconte pour sa part : « Dans les communautés<br />
militantes, il y a un discrédit assez généralisé<br />
envers le catholicisme. Quand je parle de la collective,<br />
il m’est plus facile de revendiquer notre féminisme<br />
que notre catholicisme, car celui-ci est souvent<br />
utilisé à des fins identitaires par des personnes<br />
dont on ne partage pas du tout la position. Mais en<br />
même temps, on n’a pas envie de leur abandonner<br />
des termes qui importent. » Un malaise généralisé<br />
qui s’explique aisément pour Adrian Stiefel, fondateur<br />
de l’Antenne LGBTI Genève, à la fois bureau<br />
cantonal de l’Église protestante de Genève pour les<br />
questions LGBTIQ+ et association de prévention de<br />
l’homophobie et de la transphobie dans les milieux<br />
religieux : « Eu égard aux discriminations dont les<br />
autorités religieuses se sont rendues coupables, il<br />
y a souvent un rejet épidermique de la spiritualité<br />
institutionnalisée. » Pourtant, il insiste : « En tant que<br />
personnes queer, on a droit à la spiritualité qui nous<br />
convient. Vivre une spiritualité n’est pas un devoir,<br />
mais c’est une question d’égalité des droits. » Adrian<br />
vient d’un milieu évangélique fondamentaliste qui<br />
condamne l’homosexualité. « Je me suis battu toute<br />
ma jeunesse contre mes désirs. Je suis passé par<br />
les prétendues thérapies de conversion. À 24 ans,<br />
j’ai vécu une rupture complète avec l’Église et avec<br />
mon passé. J’ai alors assumé mon homosexualité. Il<br />
16 SOCIÉTÉ<br />
RELIGION<br />
RELIGION<br />
SOCIÉTÉ<br />
17
m’a fallu faire un chemin de près de quinze ans pour<br />
me réconcilier avec la foi », détaille-t-il.<br />
DES PONTS ENTRE IDENTITÉ<br />
RELIGIEUSE ET QUEERNESS<br />
De fait, malgré les violences infligées aux<br />
personnes queer dans leur communauté<br />
religieuse et la méfiance des communautés<br />
LGBTIQ+ à l’égard des instutitions, de nombreuses<br />
personnalités et initiatives émergent afin de recréer<br />
des ponts jusqu’alors brisés entre identité religieuse<br />
et queerness. Cela passe parfois par l’investissement<br />
de positions clés au sein des institutions. C’est<br />
la voie qu’a emprunté Josué Ferreira, rabbin trans*<br />
exerçant dans une synagogue de Montpellier et<br />
enseignant à l’École rabbinique de Paris. Affilié au<br />
mouvement du judaïsme libéral, il a à cœur d’investir<br />
l’accueil des personnes queer au sein de sa<br />
synagogue, en « les recevant sans distinction » et en<br />
laissant ouverte la possibilité de « parler de problématiques<br />
relatives à leur identité LGBTIQ+ ». Josué<br />
Ferreira intervient également dans des associations<br />
juives de personnes concernées pour «faire<br />
des sessions d’étude sur la Torah centrées sur des<br />
thématiques LGBTIQ+». Dans cette perspective,<br />
les personnes concernées s’emparent progressivement<br />
des espaces religieux afin de reprendre la<br />
place qui leur a été arrachée.<br />
L’antenne LGBTI de l’Église protestante de<br />
Genève en est un autre bon exemple, la<br />
structure organisant « deux rencontres mensuelles,<br />
un échange thématique pour parler d’un sujet lié<br />
aux identités LGBTIQ+ et à la spiritualité et une rencontre<br />
plus récréative pour que les personnes de la<br />
communauté puissent se retrouver ». L’antenne propose<br />
par ailleurs une ligne téléphonique d’entraide<br />
pour les personnes qui ont besoin d’être écoutées.<br />
Tous insistent sur une dimension centrale de<br />
la réappropriation du fait religieux lorsqu’on<br />
est queer : la relecture des textes sous un prisme<br />
critique qui ne condamne pas leur existence. C’est<br />
ce qu’explique Jamal, prenant l’exemple de l’histoire<br />
du peuple de Lot, racontée dans le Coran : « Environ<br />
70 fois y est mentionnée la question de ce que tout<br />
le monde a appelé homosexualité. Mais ce terme<br />
en tant que tel n’existe pas dans le Coran. L’enjeu<br />
moral soulevé dans le récit du peuple de Lot, c’est le<br />
péché de la violation. Au lieu de ramener l'accusation<br />
au refus de l'hospitalité aux jeunes étrangers, au<br />
brigandage, on a accusé l'homosexualité ». Jamal<br />
évoque par ailleurs des études qu’il a menées avec<br />
des imams queer et/ou progressistes, mettant en<br />
lumière la présence dans le texte de figures qu’on<br />
considérerait aujourd’hui comme des femmes trans*,<br />
les mukhannathun, et comme des hommes trans*,<br />
les moustarjilate. Josué Ferreira abonde en ce sens :<br />
« Les personnes queer ont parfois entendu toute leur<br />
enfance des discours homophobes ou transphobes<br />
justifiés par la lecture de textes religieux. En les réinterprétant<br />
différemment, ces arguments peuvent<br />
être démontés facilement. On peut avoir une spiritualité<br />
et une autre approche des textes. Ce n’est<br />
pas incompatible ».<br />
C’est aussi le travail que propose la collective<br />
Oh My Goddess !, lequel multiplie les initiatives<br />
: le podcast Bonne Nouv·elle, qui relit les Évangiles<br />
sous un prisme féministe, des traductions modernes<br />
de textes religieux pour « donner des choses nouvelles<br />
à entendre », et enfin un livre, Dieu·e (Éditions de l’Atelier,<br />
<strong>2023</strong>), qui invite à repenser le christianisme à la lumière<br />
des questions féministes et de genre... Astrid de<br />
Chassey en est certaine : se réapproprier le message<br />
religieux, c’est déjà lutter. « Je pense à mon prof de philosophie<br />
fétiche à la faculté jésuite de Paris. Selon lui,<br />
l’Église catholique existerait pour transmettre quelque<br />
chose qu’elle n’a pas compris. Quand je lui ai demandé<br />
ce que ça commandait comme rapport à l’Église, il a<br />
répondu : de la transgression ».<br />
REMETTRE L’INTIME<br />
AU CŒUR DU DÉBAT<br />
Progressivement, les ponts se créent et les<br />
mains se tendent. « Au début, je ressentais<br />
beaucoup de méfiance, se souvient Adrian<br />
Stiefel. Du côté de l’Église, on me voyait comme<br />
un militant gai qui venait faire du lobbying au sein<br />
de l’Église, avec tous les stéréotypes que ça suscite,<br />
et de l’autre côté, le secteur associatif craignait<br />
une volonté prosélyte de ramener des personnes<br />
LGBTIQ+ à l’Église. D’un côté comme de<br />
l’autre, cette méfiance s’est levée avec le temps,<br />
cela s’est fait au fil des collaborations, en apprenant<br />
à se faire confiance. ». Astrid de Chassey, quant à<br />
elle, insiste sur l’hétérogénéité des mouvements catholiques<br />
et sur la revalorisation d’autres points de<br />
vue, lesquels sont la preuve d’« une tradition vivante<br />
et complexe », s’incarnant aussi dans des « écoles<br />
catholiques plus progressistes et plus à l’aise avec<br />
les avancées contemporaines sur les questions de<br />
genre et de sexualité ».<br />
Finalement, tous·tes·x s’accordent sur une<br />
chose : l’importance de remettre la question<br />
du sens et de l’intime au cœur du débat afin de<br />
pouvoir réconcilier les deux facettes de son identité.<br />
« La question de la foi, c’est avant tout celle du sens.<br />
La théologie, c’est l’étude du sens de la vie ! » défend<br />
Astrid de Chassey. Jamal la rejoint : « L’identité, c’est<br />
comme la foi, c’est une chose à soi. On ne peut pas<br />
nous l’enlever. Il n’y a pas de Monsieur Islam qui peut<br />
définir ce qu’est pour moi la religion. » Sans attendre<br />
ni les changements de mentalité ni l’inclusion effective<br />
des personnes LGBTIQ+ dans les lieux de culte<br />
et dans les textes saints, la révolution religieuse<br />
queer est déjà en marche.<br />
18 SOCIÉTÉ RELIGION<br />
IMAGE : MARC ASEKHAME<br />
Éléments<br />
BOLÉRO / FAUN / NOETIC<br />
Ballet du Grand Théâtre de Genève<br />
DÈS CHF 17.—<br />
Chorégraphies de<br />
Exceptionnel<br />
festival<br />
de Belcanto<br />
Trilogie_1<br />
Scénographie<br />
de Marina<br />
Abramović<br />
Éléments_1<br />
Errance<br />
initiatique<br />
avec Damien<br />
Jalet<br />
Planet [wanderer]_1<br />
Sidi Larbi Cherkaoui<br />
et Damien Jalet<br />
18 au 22 <strong>novembre</strong> <strong>2023</strong><br />
Le Ballet<br />
rencontre<br />
La Plage<br />
Outsider_1<br />
GTG.CH<br />
ro<br />
l
L’humeur de Dr. Hazbi<br />
La deuxième fois, j’y ai vu l’injonction patriarcale de<br />
surtout ne pas vouloir déranger. La troisième fois,<br />
je suis immédiatement propulsé dans un métavers<br />
conçu par mon ancien prof de microéconomie.<br />
Chaque geste, chaque acte a une motivation économique.<br />
Le prêt, le don et l’aide sont extrêmement<br />
rares. On ne les trouve que dans certaines quêtes<br />
secondaires. Peut-être qu’on les intégrera dans les<br />
quêtes principales dans la version 9 prévue pour<br />
2042, qui sait.<br />
#92 : Nivellement par le bas, ruissellement vers<br />
le haut, glissement à droite.<br />
UNE D’CES COUCHES !<br />
Dr. Hazbi œuvre dans l’enseignement universitaire,<br />
l’économie, l’art et la politique. Son téléphone est<br />
bourré de réflexions qu'iel s'empresse de retranscrire,<br />
couche par couche.<br />
Couche #91 : En descendant du train, une dame<br />
avec le bras dans le plâtre me demande si je peux<br />
l’aider avec sa valise. Je lui dis oui et elle répète<br />
trois fois « Mais seulement si vous avez le temps et<br />
l’envie ». La première fois, j’y ai vu de la politesse.<br />
#93 : Une des règles d’or des entreprises suisses<br />
en matière de diversité c’est de bien gérer ce que<br />
j’appelle la limite de l’humanité. Il faut inclure les<br />
personnes qui sont minorisées, mais au-delà d’un<br />
certain point, cumuler les identités marginalisées<br />
nous range du côté des aliens qu’on préfère ne pas<br />
devoir côtoyer quotidiennement. Femme autochtone<br />
cishet et valide ? Bienvenue ! Homme racisé<br />
avec un handicap visible ? Nein danke !<br />
#94 : Poster des stories sur WhatsApp >>>> poster<br />
des stories sur Insta.<br />
Princesse GenderFuck<br />
LE JOURNAL D’UNE PRINCESSE<br />
Au prisme de sa culture québécoise, de ses activités<br />
militantes et artistiques, Princesse GenderFuck<br />
vous partage ses histoires entre son pays d’accueil,<br />
la Suisse, et son pays d’origine, le Canada.<br />
Me voilà de retour en Suisse après une année au<br />
Canada à étudier les trajectoires LGBTIQ+ et nos<br />
besoins en soins infirmiers. Lors de cette année,<br />
je vous ai partagé mes réflexions sur la famille:<br />
une structure oppressive, mais également un canal<br />
qui va directement au cœur. Je vous ai parlé<br />
de mélancolie, évoquant les ruptures comme des<br />
déchirements, plutôt que des coupures, laissant<br />
ainsi émerger des morceaux d’histoire qui viennent<br />
éblouir nos pensées lorsqu’on s’y attend le moins.<br />
J’ai abordé l’ignorance, plus particulièrement son<br />
pouvoir lorqu’elle est utilisée dans nos hôpitaux et<br />
nos médias, pour limiter l’émancipation et l’agentivité<br />
queer. J’ai critiqué les politiques identitaires,<br />
cette obligation hétérosexuelle d’avoir une éthique<br />
qui finalement exclut toutes les alternatives que<br />
nous n’avons pas encore imprimées. Je vous ai partagé<br />
l’art du drag et sa capacité de créer, transgresser<br />
et célébrer pour guérir. Guérir de ce cistème. Je<br />
vous ai parlé de tous ces débats entourant l’art du<br />
drag, prouvant qu’il fait peur de voir danser avec<br />
une perruque et des paillettes, car cela ne fait que<br />
nous rappeler les chaînes que nous avons aux chevilles.<br />
Je suis revenue en Suisse avec ce désir de<br />
faire fondre ces chaînes et d’en faire des boucles<br />
d’oreille. D’ailleurs on se voit le 11 <strong>octobre</strong> à l’UNIL<br />
pour OUT OF THE BOX ? !<br />
20 SOCIÉTÉ<br />
L'HUMEUR DE
À l’aube de sa sixième saison au ballet du Grand Théâtre de Genève,<br />
rencontre avec le danseur brésilien Adelson Carlos,<br />
qui se confie sur son parcours tumultueux vers l’acceptation.<br />
Par Celia Hofmann<br />
ADELSON<br />
CARLOS,<br />
ÉCRIRE SON<br />
PROPRE SCRIPT<br />
22<br />
CULTURE<br />
DANSE<br />
La lumière se rallume brusquement et nous extirpe<br />
de l’atmosphère bleue féerique créée par l'équipe<br />
artistique de Bøwie Creators. Adelson, se relève gracieusement,<br />
se change en un tour de main et me salue<br />
chaleureusement. Seules quelques paillettes sur son<br />
visage lumineux témoignent de la séance photo durant<br />
notre échange. Un café à la main, nous nous installons<br />
dehors, devant le Grand Théâtre, profitant ainsi de<br />
l’air frais de la matinée. Rayonnant et débordant d’une<br />
énergie tranquille du haut de ses 27 ans, il nous parle<br />
de son histoire et de sa vie genevoise.<br />
GRANDIR SANS SCRIPT<br />
« Lorsque je vois mes collègues danseur·euse·x·s<br />
du ballet du Grand Théâtre de<br />
Genève, je ne vois pas de genre, je vois seulement<br />
des corps unis par la danse. » Pourtant,<br />
Adelson reconnaît que le chemin a été long<br />
et sinueux pour en arriver là. Il évoque son enfance<br />
dans une favela de Salvador de Bahia<br />
au Brésil et raconte la manière dont la danse<br />
est devenue à la fois passion et échappatoire<br />
lors d’un épisode dépressif de sa mère. Il avait<br />
six ans. Il accède alors à des cours de danse<br />
par le biais d’une amie dans le cadre d’un programme<br />
d’une église locale qui distribue aussi<br />
des repas. Plus tard, il intègre la prestigieuse<br />
école de danse Bolshoi no Brasil de Joinville<br />
à l’âge de neuf ans et y étudie jusqu’à son diplôme,<br />
à dix-huit ans.<br />
Ces années d’études de danse classique selon la<br />
méthode russe marqueront durant des années sa<br />
conception des rapports de genre et de la sexualité.<br />
L’enseignement y véhicule des normes strictes<br />
qui poussent Adelson à performer une masculinité<br />
conforme au script hétéronormatif tout en refoulant<br />
une large partie de son identité. « L’hétérosexualité<br />
est basée sur un script. Celui-ci n’est certes pas idéal,<br />
DANSE<br />
CULTURE<br />
mais grandir sans ce script peut s’avérer être un vrai<br />
cauchemar. » Outre l’homophobie véhiculée à travers<br />
l’enseignement, Adelson évoque sa honte d’étudier<br />
grâce à une bourse, tandis que beaucoup de ses<br />
pairs viennent de milieux aisés. Il déplore également<br />
le manque de représentation de personnes racisées<br />
dans le monde de la danse à cette époque.<br />
ÉCHAPPÉE BELLE<br />
Adelson découvre la Cinevox Junior Company<br />
basée à Schaffhouse lors d’un festival<br />
à Joinville et se lie d’amitié avec l’un des danseurs,<br />
brésilien lui aussi. Dès lors, il se lance<br />
le défi de rejoindre la compagnie en Suisse.<br />
Comme il n’a pas les moyens d’acheter un billet<br />
d’avion pour la Suisse, il négocie durant des<br />
mois avec plusieurs compagnies aériennes<br />
afin d’obtenir un aller simple gratuit pour l’Europe.<br />
Parallèlement, il organise une récolte de<br />
fonds sur internet afin de financer son arrivée<br />
en Suisse. Une compagnie aérienne répond<br />
finalement à sa demande par la positive et lui<br />
offre de voyager en stand-by, c’est-à-dire<br />
qu’il pourra prendre l’avion dès qu’une place<br />
sera libre sur un vol vers la Suisse.<br />
Après trois jours d’attente à l’aéroport de São Paulo,<br />
deux escales à Porto puis Lisbonne, Adelson arrive à<br />
Zurich en plein hiver, sans connaître d’autre langue que<br />
le portugais ni avoir de connexion internet. Une fois de<br />
plus, sa fibre sociale le guide et il parvient à retrouver<br />
son ami de la compagnie grâce à l’aide d’une des<br />
passagères de son vol. Coup d’audace, il se présente<br />
à la compagnie en prétendant avoir rendez-vous pour<br />
une audition… or il n’a jamais fixé de rendez-vous ! Il<br />
parvient néanmoins à auditionner pour la compagnie<br />
quelques jours après son arrivée et est immédiatement<br />
engagé. Un an et demi plus tard, il débute au<br />
ballet du Grand Théâtre de Genève…<br />
23
24 CULTURE<br />
DANSE DANSE<br />
CULTURE<br />
25
Adelson constate que sa vie a beaucoup<br />
changé depuis son arrivée en Suisse. Ce<br />
nouveau chapitre helvétique lui a permis<br />
de progressivement affirmer toutes les<br />
facettes de son identité et d’avoir le courage<br />
de dire d’où il venait. « Un jour, un ami<br />
m’a conseillé d’arrêter d’aller aux auditions<br />
avec du vernis à ongles rose, faute de quoi<br />
je ne décrocherai jamais aucun rôle selon<br />
lui. Plus tard, Philippe Cohen (ancien<br />
directeur du ballet du Grand Théâtre de<br />
Genève) me dira que c’est justement pour<br />
mes qualités propres qu’il m’a choisi et non<br />
pour jouer le rôle de quelqu’un d’autre. »<br />
Parmi les changements positifs, il cite les costumes<br />
« couleur chair » du ballet du Grand Théâtre : « Ici pas<br />
besoin de porter des costumes trop clairs qui ne correspondent<br />
pas à notre couleur de peau, les couleurs<br />
sont automatiquement adaptées ». Ayant grandi sans<br />
représentations, il salue aussi la présence croissante<br />
de personnes racisées dans le monde de la danse.<br />
« Des chorégraphes comme Sidi Larbi Cherkaoui (directeur<br />
actuel du ballet du Grand Théâtre de Genève)<br />
valorisent profondément la diversité et ça se ressent. »<br />
Hors des murs de l’institution, c’est aussi la<br />
communauté queer genevoise qui lui permet<br />
d’être accepté et de s’accepter tel qu’il<br />
est. Malgré les barrières qu’ont pu représenter<br />
la langue et les tournées fréquentes<br />
de la compagnie, le danseur s’y sent désormais<br />
pleinement intégré et y compte de<br />
nombreux·ses ami·e·x·s. Il tient également à<br />
créer des ponts entre le milieu institutionnel<br />
et alternatif. « Des évènements tels que le<br />
bal queer “ Late Night Extravaganza ”, organisé<br />
par le festival Antigel dans les murs<br />
du Grand Théâtre de Genève, montrent que<br />
l’institution s’ouvre progressivement à la<br />
communauté queer. » Il invite régulièrement<br />
ses ami·e·x·s de la communauté aux représentations<br />
du ballet afin de renforcer cette<br />
tendance.<br />
DEMAIN PEUT-ÊTRE<br />
Aujourd’hui, le danseur revient sur son parcours<br />
avec du recul, de la sérénité et une<br />
bonne dose d’humour. Il exprime sa gratitude<br />
envers les personnes qui l’ont aidé et<br />
note que beaucoup de choses ont changé<br />
pour le mieux, notamment la représentation<br />
des personnes racisées dans le milieu de la<br />
danse classique. Il reconnaît néanmoins qu’il<br />
reste encore un long chemin à faire et souhaite<br />
que chacun·e·x prenne conscience de<br />
ses privilèges et s’informe. Enfin, il insiste<br />
sur l’importance de la bienveillance indépendamment<br />
du milieu. « Sois toi-même tant que<br />
tu ne blesses personne », glisse-t-il malicieux<br />
en guise de conclusion à notre entretien.<br />
DANSE<br />
DIVE<br />
Beaver Dam<br />
Company,<br />
Edouard Hue<br />
Vendredi 3<br />
& samedi 4<br />
<strong>novembre</strong><br />
20h<br />
ÉLÉPHANT<br />
C ie O<br />
Vendredi 10<br />
<strong>novembre</strong><br />
20h<br />
WOUAH !<br />
C ie Nicole Seiler<br />
Dimanche 26<br />
<strong>novembre</strong><br />
11h & 16h<br />
Dès 4 ans<br />
OMBRES AU TABLEAU<br />
26<br />
Même s’il dit se sentir moins discriminé en<br />
Suisse que jadis au Brésil, Adelson constate<br />
que son expérience ici n’est pas toute rose<br />
non plus. Il raconte avoir été récemment<br />
confronté à des propos racistes très directs<br />
lors d’un date à Genève. Il remarque par ailleurs<br />
que l’internalisation des discriminations<br />
reste un problème majeur à surmonter. « J’ai<br />
réalisé grâce à une amie à quel point j’avais<br />
internalisé l’homophobie sans m’en rendre<br />
compte. Il m’a fallu du temps pour déconstruire<br />
ces croyances. »<br />
Suivez Adelson sur son compte instagram :<br />
@ade.carlos<br />
Équipe créative de BØWIE qui a réalisé le shooting<br />
Direction artistique : Naïma Stark<br />
Post Production :<br />
Tessa Roy<br />
Stylisme :<br />
La Peau De Pêche<br />
Photographie :<br />
Nieders Dan<br />
CULTURE<br />
DANSE<br />
Photo © Geoffrey Serguier
Gay, Bi, ou Trans :<br />
Checkpoint Vaud<br />
Rue Saint-Pierre 2 | 1003 Lausanne<br />
021 631 01 76 | checkpoint@profa.ch<br />
Le lieu privilégié<br />
pour faire le point<br />
sur votre santé.<br />
Checkpoint Genève<br />
Rue du Grand-Pré 9 | 1202 Genève<br />
022 906 40 30 | geneve@mycheckpoint.ch<br />
mycheckpoint.ch<br />
LES PÉPITES<br />
D’OCTOBRE<br />
ET NOVEMBRE<br />
Vagin Pirate est un compte Instagram lesbien romand qui s’engage à amplifier les messages des communautés<br />
marginalisées. Notre Vagin est un vagin mental, c’est un totem au féminisme queer, anti-terf et intersectionnel.<br />
Pour commencer l’automne et s’assurer de le traverser avec le plus de douceur<br />
possible, nous vous avons préparé un petit contenu hybride. Pour ce menu cinq<br />
plats on vous propose, de la musique indie et geek, un film déjanté, deux bouquins<br />
muy lesbiens, une série-docu à streamer en un dimanche. On n’oublie quand<br />
même pas de sortir se promener, l’automne c’est beau avec le soleil et c’est<br />
surtout la période la plus propice pour rencontrer<br />
une gouine à chien en flanelle ! Des hugs si ça vous dit !<br />
VOTE QUEER,<br />
VOTE PS !<br />
© Stolen Besos Maya<br />
BOYISH<br />
Boyish est un groupe d’indie-rock formé par India Shore et Claire Altendahl,<br />
qu’on a découvert grâce à ce merveilleux featuring avec la chanteuse King<br />
Princess sorti cet été, Kill Your Pain. La chanson, imprégnée de tendresse,<br />
décrit le sentiment d’insouciance qui surgit lorsque l'on plonge la tête la<br />
première dans une relation vouée à l'échec. (Lol, qui fait ça ? Les lesbiennes ?)<br />
Cette chanson trouve sa place sur l’EP Little Demon Boy sur lequel<br />
le duo explore une variété de sujets queeros contemporains. Ça parle codépendance<br />
avec Split Up, des attentes de la société avec Girls Are Mean<br />
ou encore de ce besoin incessant de validation avec Doomscroller, le tout,<br />
savamment enrobé dans de magnifiques accords de guitare planants.<br />
VOTE-QUEER.CH<br />
© Bottoms d'Emma Seligman<br />
VAGIN PIRATE<br />
BOTTOMS<br />
Bottoms, c’est apparemment la «hilarious teen sex comedy» de la rentrée.<br />
Enfin, c’est en tout cas ce que nous disent les médias américains, car au<br />
moment d’écrire ces lignes, on n’a pas encore mis la main sur un stream<br />
pour pouvoir le voir. Mais bon, le pitch a l’air si déjanté et fun qu’on ne<br />
peut pas l’ignorer.<br />
Le film suit deux ados, PJ and Josie, meilleures amies lesbiennes<br />
(et vierges) qui n’ont pas la cote dans leur lycée. Jusqu'au jour où, sur un<br />
gros malentendu, elles se retrouvent à créer un club d’autodéfense afin de<br />
se rapprocher des pom-pom girls sur lesquelles elles ont un gros crush. En<br />
regardant la bande-annonce, le chaos a l’air de régner et il y a aussi la chanson<br />
Trophy de Charli XCX. Du coup, nous on signe direct.<br />
CULTURE 29
© Fenn Paider<br />
DJ_DAVE<br />
Il nous aura fallu 15 secondes pour être accro à DJ_Dave quand on a<br />
écouté la chanson Castle. Alors, imaginez le brainfreeze qui a paralysé<br />
nos petits cerveaux de geekos quand on a compris qu’en plus de faire<br />
de la super musique, DJ_Dave produit et crée sa musique en codant.<br />
On vous explique : DJ_Dave fait partie de la mouvance Algorave,<br />
une algorave étant une soirée ou la musique est générée par des algorithmes<br />
écrits en live par les musicien·ne·x·s. Les shows d’algorave sont<br />
donc des performances où la musique se crée au fil des lignes de code,<br />
souvent affichées derrière la personne qui performe. Ces algorithmes<br />
peuvent aussi servir à la génération de visuels animés aussi créés en live.<br />
La particularité de DJ_Dave, c’est qu’elle incorpore toute une dimension<br />
pop à ce processus souvent essentiellement electro. On vous invite<br />
à filer écouter son nouvel EP, Intercell qui s’écoute sans fin. La vibe est bien<br />
sûr très digitale, mais aussi hyper mélodique, ça fait penser à du early Grimes<br />
passé dans une moulinette Hyper Pop minimal. Gros crush sur le single Array.<br />
© Nevada d'Imogen Binnie<br />
© France 5<br />
30<br />
IMOGEN BINNIE<br />
Belle surprise pour la rentrée littéraire <strong>2023</strong>… Il aura fallu patienter dix<br />
ans pour que le roman culte d’Imogen Binnie soit traduit en français, mais<br />
le voilà enfin disponible depuis fin août chez Gallimard ! Nevada c’est le<br />
récit de Maria Griffiths, jeune femme trans un peu paumée vivant à New<br />
York. Après avoir perdu sa copine, son job et un peu le goût de la vie, elle<br />
décide de prendre la route, direction l’Ouest, afin de tenter de trouver un<br />
nouveau sens à son existence. Maria nous embarque dans son road trip<br />
teinté de punchlines dont elle a le secret. Elle nous parle de ses galères et<br />
partage ses réflexions sur son parcours de femme trans. De l’autre côté<br />
de l’atlantique, Nevada est souvent présenté comme le premier romain<br />
publié par une femme trans dans la littérature moderne, cette info, dure à<br />
vérifier, ne comptant sûrement pas toutes les personnes invisibilisées ou<br />
oubliées qui l’ont précédée. Par ailleurs, cet ouvrage est aussi le premier<br />
roman de Imogen Binnie, cependant, ne vous attendez pas à avoir le récit<br />
d’une transition, l’autrice a souhaité s’émanciper du regard cisnormatif<br />
en n'abordant pas ce sujet.<br />
Petite cerise sur le cheese-cake, c’est Anna Wanda Gogusey qui<br />
signe l’illustration de cette version française réussie !<br />
LES VOYAGES DE NICKY<br />
À peine la saison 2 de Drag Race France terminée, nous retrouvons la<br />
touchante et charismatique Nicky Doll dans un nouveau format.<br />
Les voyages de Nicky, sur France 5, vous emmèneront à la rencontre<br />
de communautés LGBTIQ+ du monde entier. Dans cette série documentaire,<br />
Karl Sanchez (la personne qui incarne Nicky Doll), nous fera<br />
voyager au Mexique, en Inde, au Japon ou encore en Grèce. Dans son périple,<br />
Karl nous invite à rencontrer différentes communautés afin d’en apprendre<br />
plus sur les questions queer, le rapport au genre et afin de célébrer l’importance<br />
de ces sociétés parallèles. Karl partira aussi à la rencontre de drag<br />
queens locales et performera en tant que Nicky à leur côté. Des voyages<br />
aussi divertissants que touchants, à consommer sans modération.<br />
CULTURE<br />
VAGIN PIRATE<br />
NP-CH-HVU-ADVT-230006/02.23<br />
Christopher est à la recherche de celle<br />
qui manque encore à sa jungle.<br />
TU ES<br />
UNIQUE<br />
TOUT COMME TA THÉRAPIE<br />
CONTRE LE VIH<br />
Quelle que soit la thérapie que tu choisis, discute<br />
avec ton médecin de ce qui te convient.
LE MUSÉE DERRIÈRE<br />
DES LUNETTES ROSES<br />
PUBLICITÉ<br />
Un nouvel afterwork du MAH, le 5 <strong>octobre</strong> à<br />
Genève, promet son lot de surprises et de découvertes,<br />
notamment en faisant dialoguer<br />
les œuvres de l'institution avec les archives<br />
de la communauté LGBTIQ+. Par Inès Piguet<br />
© Musée d’art et d’histoire de la Ville<br />
Quel meilleur endroit pour<br />
célébrer et valoriser les récits et l’héritage<br />
queer qu'un musée ? Le jeudi<br />
5 <strong>octobre</strong>, le vénérable Musée d'art<br />
et d'histoire (MAH) de Genève prendra<br />
en charge cette ambition sous<br />
la forme d'un afterwork prolongé,<br />
de 18h à 22h. Grâce à la complicité<br />
du collectif Notre histoire compte,<br />
du Service Agenda 21-Ville durable<br />
de la Ville de Genève, de la Maison<br />
de l’Histoire et de l’association lesbienne<br />
et féministe Lestime, le public<br />
découvrira les collections du musée<br />
sous de toutes nouvelles perspectives,<br />
« passées au queeroscope ».<br />
Chacun·e·x pourra discuter, apprendre,<br />
s’interroger mais également<br />
redécouvrir l’histoire genevoise sous<br />
un prisme différent.<br />
BOUDOIR ET SÉRIGRAPHIE<br />
Les œuvres seront notamment<br />
présentées en dialogue<br />
avec l'histoire de la communauté<br />
LGBTIQ+. Ainsi durant l'événement,<br />
les archives du mouvement feront<br />
32<br />
irruption dans le MAH. Entre autres<br />
surprises, on y trouvera un boudoir<br />
où consulter certains documents de<br />
Lestime. On pourra aussi s'essayer<br />
à la sérigraphie, dans un atelier de<br />
T-shirts pour y reproduire des éléments<br />
d’archive « hors normes ».<br />
Carolina Topini, coprésidente<br />
de Lestime, explique que cet<br />
évènement marquera la «première<br />
étape» d’un projet de valorisation,<br />
de sensibilisation et de renforcement<br />
de la visibilité de l’histoire des<br />
mouvements LGBTIQ+ et féministes.<br />
Théorique, pédagogique mais avant<br />
tout ludique et rythmique, cet événement<br />
sera ponctué par les slams<br />
poétiques de l’artiste Klimte, les lectures<br />
de récits d’Amazones ou encore<br />
les sets musicaux animés de DJ<br />
LAP-Animal Parlant.<br />
Afterwork #31, Le MAH au queeroscope,<br />
jeudi 5 <strong>octobre</strong> dès 18h<br />
au Musée d'art et d'histoire de<br />
Genève, rue Charles-Galland 2.<br />
Tous publics. Prix libres.<br />
Plus d'infos sur mahmah.ch<br />
CULTURE
PAPRIKA, DRAGQUEEN<br />
VOTE<br />
POUR UN PARLEMENT<br />
LGBTIQ-FRIENDLY !<br />
LE 22 OCTOBRE ONT LIEU LES ÉLECTIONS FÉDÉRALES. ELLES DÉ-<br />
TERMINERONT SI DE NOUVEAUX PROGRÈS SERONT POSSIBLES EN<br />
POLITIQUE AU COURS DES QUATRE ANNÉES À VENIR. IL EST DONC<br />
IMPORTANT QUE TU T’INFORMES CORRECTEMENT SUR LES PARTIS ET<br />
LES CANDIDATEXS QUI REPRÉSENTENT RÉELLEMENT TES INTÉRÊTS.<br />
NOUS AVONS ANALYSÉ LES VOTES SUR LES QUESTIONS LGBTIQ+ AU<br />
COURS DE LA DERNIÈRE LÉGISLATURE - TU TROUVERAS TOUT SUR<br />
VOTEPINK.CH. ALORS VOTE ET FAIS VOTER AUTOUR DE TOI !<br />
Communiqué<br />
Rédaction : Gaé Colussi, responsable Suisse romande, Pink Cross<br />
LA DROITE A SES<br />
CONTES DE FÉES<br />
NOUS AVONS LES FAITS<br />
VOTE<br />
.CH<br />
LES ÉLECTIONS ONT LIEU LE 22 OCTOBRE<br />
CONSEIL DES ÉTATS<br />
Au cours des quatre dernières années,<br />
le Conseil des États a régulièrement<br />
refusé nos revendications,<br />
et il risque de devenir encore plus<br />
conservateur aux prochaines élections.<br />
Tu peux empêcher cela en<br />
votant pour les bonnes personnes !<br />
Pour t’aider, nous avons analysé les<br />
votes des quatre dernières années,<br />
et demandé à à touxtes les candidatexs<br />
de clarifier leur position sur<br />
certaines questions LGBTIQ+. Sur<br />
votepink.ch tu trouveras toutes les<br />
analyses pour faire le bon choix !<br />
CONSEIL NATIONAL<br />
Pour les élections au Conseil national,<br />
ce sont les partis qui comptent :<br />
la répartition des sièges dépend<br />
des voix accordées à chaque parti.<br />
Les voix données aux candidat-e-xs<br />
viennent seulement ensuite, pour<br />
choisir qui est élu-e-x au sein d’une<br />
liste.<br />
Nous avons analysé les votes des<br />
différents partis au Conseil national<br />
au cours de la dernière législature.<br />
Et le résultat est très clair :<br />
– Les Vert-e-s, le PS et les<br />
Vert’libéraux nous soutiennent<br />
systématiquement.<br />
• Le PLR et Le Centre votent tantôt<br />
en notre faveur, tantôt contre<br />
nous.<br />
• L’UDC et le PEV votent quasi-systématiquement<br />
contre nos<br />
droits.<br />
Certains votes ont recueilli un large<br />
soutien (mariage pour toutes et<br />
tous, interdiction des thérapies de<br />
conversion), mais d’autres ont été<br />
plus disputés :<br />
– La reconnaissance de tous les<br />
enfants dès leur naissance (p.<br />
ex. pour le don de sperme privé<br />
ou les procédures à l’étranger)<br />
a été acceptée par le Conseil<br />
national grâce aux voix des Verte-s,<br />
du PS et des Vert’libéraux,<br />
contre la majorité du Centre (9<br />
oui contre 15 non), du PLR (10<br />
oui contre 15 non) et tout l’UDC<br />
(49 non). Le Conseil des États,<br />
dominé par le Centre et le PLR,<br />
a ensuite rejeté le projet.<br />
– Le plan d’action national contre<br />
les crimes de haine a été adopté<br />
par le Conseil national en juin<br />
2022 avec les votes du du PS,<br />
des Vert-e-s, des Vert’libéraux<br />
et du Centre, contre la majorité<br />
du PLR (8 oui contre 12 non) et<br />
l’UDC (48 non).<br />
LGBTQ + RATING CONSEIL<br />
NATIONAL<br />
PS, 100 %<br />
LES VERT·E·S, 100 %<br />
PVL, 100 %<br />
PLR, 58 %<br />
LE CENTRE, 40 %<br />
PEV, 23 %<br />
UDC, 9 %
De la fin des années 1970 à l'avènement du web, la petite annonce<br />
dans la presse homosexuelle et friendly a été un mode privilégié<br />
de rencontres « hors milieu », comme on disait alors. Des trésors<br />
d'archives qui se redécouvrent avec émotion.<br />
Par Arnaud Gallay<br />
Petites<br />
annonces,<br />
grandes<br />
espérances<br />
Les rencontres homosexuelles, ça remonte à la nuit<br />
des temps. Leur histoire, longtemps cachée, se retrouve<br />
par bribes dans la littérature, parfois dans les<br />
écrits policiers et judiciaires, mais aussi dans ces<br />
textes plus modestes, où le désir se conjugue à la<br />
première personne : les petites annonces. Pour les<br />
générations WhatsApp, Snapchat et Grindr, ce médium<br />
peut paraître aussi rudimentaire et hasardeux<br />
que la bouteille à la mer. Quelques lignes imprimées<br />
où décrire la personne idéale tout en essayant de faire<br />
son propre portrait, puis l'attente du courrier que le<br />
journal ferait suivre.<br />
Né au XIX e siècle sous forme d'offres matrimoniales,<br />
la petite annonce ne se décline<br />
en version homo, en France, que dans les<br />
années 1970. Les « JH cherche JH » et « JF<br />
cherche JF » se glissent dans les colonnes<br />
de la presse post-soixante-huitarde : Actuel<br />
puis Libération et son mythique supplément<br />
Sandwich. Le philosophe Roland Barthes s'y<br />
régale. « On a l'impression de lire vraiment<br />
une sorte de roman éclaté, en touches, en<br />
départ d'incidents, en départs d'aventures.<br />
Les Petites Annonces, c'est du roman, mais<br />
du roman en étoile », écrit-il en 1980.<br />
...lit-on dans le tout jeune Gai Pied, premier <strong>magazine</strong><br />
gai à large diffusion. Sortant dans les kiosques en<br />
1979, il se lance aussitôt dans les « P.A. ». La rubrique<br />
ne cessera de prendre de l'ampleur. Il faut dire que<br />
c'est un bon filon quand les annonces sont payantes<br />
et, dans tous les cas, un puissant produit d'appel. En<br />
février 1982, Gai Pied sort ainsi un numéro spécial :<br />
« 1000 petites annonces », lit-on en énormes lettres<br />
sur la couverture. On se l'arrache, même si tout le<br />
monde n'est pas persuadé de l'authenticité de certains<br />
des messages, à commencer par le fondateur<br />
du <strong>magazine</strong>, Jean Le Bitoux, quelque peu dépassé<br />
par la dérive commerciale de son titre, comme il le<br />
racontera plus tard.<br />
La chaste et un peu provinciale Suisse romande<br />
s'y met. Dans L'Hebdo, les petites<br />
annonces de rencontres apparaissent timidement<br />
début avril 1985, illustrées d'un<br />
dessin de tango ambigu où une madame en<br />
bas résilles renverse un monsieur en jeans<br />
moulant. Délibérément ou par naïveté, beaucoup<br />
d'annonces ne précisent pas le sexe<br />
de la personne recherchée. Il faut attendre<br />
un bon mois avant d'y trouver la première<br />
annonce clairement homo.<br />
Toi à qui j'ai offert une cigarette<br />
menthol, c'était au sauna<br />
mercredi 24 mai. Tu m'as parlé<br />
de tes études de comptabilité.<br />
Tu habites Clamart. Je t'ai<br />
laissé filer, 5 minutes après<br />
ma tête était pleine de toi.<br />
J'ai tant envie de te revoir.<br />
Gai, 43 ans, plutôt mec<br />
et sportif. En a ras le bol<br />
du ghetto et autres promenades...<br />
Souhaite rencontrer<br />
ami 30 - 45 ans pour sorties,<br />
vidéo et spectacles. Si tu<br />
as un look viril et sympa, tu<br />
peux me contacter. Salut.<br />
36<br />
RELECTURE<br />
PETITES ANNONCES<br />
PETITES ANNONCES<br />
RELECTURE<br />
37
« Ras le bol du ghetto » : voilà qui aurait sans doute attiré<br />
H., à l'époque tout jeune étudiant de la banlieue lausannoise.<br />
« Pour moi c'était impossible de sortir dans les<br />
bars ou les saunas », raconte-t-il aujourd'hui. En quête<br />
d'un copain, il avait répondu à pas mal de petites annonces<br />
de L'Hebdo et en avait fait publier quelquesunes,<br />
à la fin des années 1980. « Je n'étais pas attiré<br />
par les homos tels que je les voyais, alors j'essayais de<br />
chercher par la marge. Et alors de la marge, j'en ai eu ! »<br />
Il raconte des rencontres déroutantes, comme ce « JH »<br />
fou de trains électriques et d'horaires CFF qui l'avait accueilli<br />
dans l'appart familial sous le regard de sa maman.<br />
H. avait ouvert une boîte postale à la poste<br />
d'une commune voisine pour recevoir son<br />
courrier en toute discrétion, des lettres souvent<br />
très élaborées. « Elles étaient manuscrites,<br />
parfois de deux ou trois pages recto<br />
verso, la recherche était sincère. » S'y ajoutaient<br />
des poèmes ou encore des cassettes<br />
avec de la musique. Un peu trop fleur bleue<br />
à son goût. « Je suppose que ce qu'ils voulaient,<br />
c'était montrer leur vie intérieure. » Et<br />
des clichés, du portrait photomaton jusqu'au<br />
nu audacieux. « Il y avait une lettre avec une<br />
photo du mec sur un bateau, un sticker collé<br />
à la place du maillot de bain. C'était marqué<br />
'Cette photo est ridicule peut-être, mais si<br />
tu as envie de voir ce qu'il y a sous le sticker,<br />
c'est toi qui décides'. C'était interactif. » En<br />
l'occurrence, l'autocollant cachait une belle<br />
érection. Pas mal, rigole H, pour un mec qui<br />
se disait timide !<br />
L'excitation télégraphique des P.A. et les délices épistolaires<br />
qui s'ensuivent valent parfois bien plus qu'un<br />
plan cul. « Quand on fait l'amour à un corps dévêtu. on<br />
ne peut jamais aller au-delà, l'extase est proche de<br />
la déception, alors qu'il y a un climat très sexué, une<br />
manière de bander à distance qui me plaît par correspondance<br />
», raconte un certain « Micky », rencontré<br />
par Jean-Luc Hennig pour une de ses chroniques<br />
dans Gai Pied ( réunies dans l'inénarrable recueil Mes<br />
rendez-vous, en 2005 ), au milieu des années 1980.<br />
La même année 1985 où L'Hebdo se met au<br />
tango, Dialogai-Info publie ses premiers numéros,<br />
avec une rubrique joliment intitulée<br />
Gaitapan. Très soft au début, on y vend une<br />
machine à café, un micro-ordinateur Sinclair<br />
« merdique », un lave-linge, car « marre des<br />
lessives à voile et à vapeur ». Des messages<br />
codés ? Peut-être, car on nous avertit que<br />
les textes peuvent être modifiés « afin de<br />
satisfaire à la réglementation des bonnes<br />
mœurs ». André, qui s’occupait de les recopier<br />
à l’époque, dément toute censure. « Moi<br />
ce qui m’amusait, raconte–t-il, c’est les annonces<br />
du genre “ JH la cinquantaine paraissant<br />
moins cherche ami pour la vie avec<br />
grosse queue ”. Ils mélangeaient vraiment<br />
tout ! » Mais ça marche : une annonce reçoit<br />
en moyenne une douzaine de réponses.<br />
À la fin de la décennie, Dialogai-Info compte déjà une<br />
cinquantaine d'annonces sur quatre pages. On se lâche<br />
dans l'édition de Noël 1989...<br />
Gourmand ! Garçon 31 ans docile, cherche<br />
mec baraqué ou bien foutu pour se nourrir<br />
le cul. Brun typé, vrai mâle 30/40 ans.<br />
Macho welcome car salope très hot. Du<br />
muscle, de la queue, j'en veux. Genève et<br />
France voisine. Joindre album-photos.<br />
Ce que l'on trouve dans la presse lesbienne<br />
de l'époque est moins cru. De 1983 à 2012,<br />
Lesbia Magazine fait aussi paraître des annonces.<br />
Cela fait même l'essentiel de son<br />
succès, comme le confie avec un brin de résignation<br />
une de ses anciennes rédactrices<br />
en cheffe, Catherine Gonnard, interviewée<br />
par la chercheuse Jade Almeida en 2015.<br />
Leur particularité est d'être, comme dans<br />
Libé, truffées de « N.D.C. », pour « note de<br />
la claviste ». « Dépouiller les lettres, retaper<br />
les petites annonces, puisqu’on était avec<br />
les machines à écrire à l’époque, c'était pas<br />
folichon, se souvient Catherine Gonnard. Le<br />
truc qui faisait que j’avais toujours des tas de<br />
filles qui voulaient le faire, c’était les notes<br />
de la claviste, ça leur donnait une espèce de<br />
plaisir ! Tu peux même pas t’imaginer ! »<br />
Toi, la fille qui me manque tant,<br />
tu as entre 20 et 35 ans, cheveux<br />
courts (N.D.C. : raté j’ai des<br />
couettes !) Emmène-moi vers<br />
de nouveaux horizons. J’ai de<br />
l’amour à revendre, donne-moi<br />
« ton prix » (N.D.C. : cher ! Oh, très<br />
cher !). Bi, droguées, femmes mariées,<br />
s’abstenir. Célibataires et<br />
déçues, à votre plume.<br />
Bisous à toutes.<br />
Parfois, rarement, les destins des lesbiennes et des<br />
gais cherchent à se croiser dans des mariages blancs.<br />
Comme la petite annonce, dans Dialogai-Info, de cette<br />
femme lesbienne cherchant à épouser un employé de<br />
compagnie aérienne pour « partager des avantages<br />
mutuels ». On y trouvera aussi bientôt les premiers<br />
projets de coparentalité ou de don de sperme pour<br />
des fécondations artisanales.<br />
Finalement, il n'y a pas que de l'amour et du<br />
sexe dans ces « récits du présent qui projettent<br />
un avenir », comme les résume Philippe<br />
Artières dans Miettes, ouvrage consacré à<br />
l'âge d'or des P.A. de Libé. D'autres fois, c'est<br />
l'urgence qui s'exprime, celle de trouver un<br />
boulot ou un soutien financier pas forcément<br />
reluisant, d'un remède à la solitude insondable,<br />
d'un visa pour quitter l'Afrique. Et l'urgence<br />
du sida, bien sûr, en filigrane.<br />
SUR BORDEAUX, VITE JE MEURS.<br />
UN VRAI MEC 25/35 ANS POUR PLUS<br />
ET MIEUX QUE LA BAISE.<br />
NICOLAS AU (16) 56 47 26 55.<br />
La révolution d'internet, au milieu des années 1990,<br />
précédée par le Minitel en France (qui se souvient du<br />
Videotex en Suisse ?) une décennie plus tôt, vont ringardiser<br />
ce type de rencontres épistolaires au profit<br />
de dialogues impatients sur des messageries, bientôt<br />
illustrés de photos numériques échangées en temps<br />
réel. Et qui s'évanouissent aussi en temps réel. Pourtant,<br />
il y avait sans doute quelques beaux poèmes dans<br />
ces profils Citegay, Gayvox, GayRomeo, désormais<br />
consumés dans l'enfer des data centers. Au moins,<br />
les P.A. restent captives de nos archives, avec leurs<br />
petits morceaux d'idéal suspendus dans le temps.<br />
PUBLICITÉ<br />
Le conseil immobilier<br />
«Comment les<br />
stores pare-soleil<br />
sont-ils assurés?»<br />
La tempête et la grêle peuvent endommager<br />
les stores pare-soleil. Comme il s’agit d’événements<br />
naturels, c’est l’assurance bâtiment<br />
cantonale qui prend les frais en charge. Mais<br />
attention aux détails: la loi définit clairement<br />
les dommages naturels et les franchises sont<br />
réglementées avec précision. Les vents violents<br />
ne sont par exemple considérés comme des<br />
tempêtes et donc des événements naturels qu’à<br />
partir d’une vitesse de 75 km/h. Vérifiez les<br />
conditions cantonales, car les stores pare-soleil<br />
ou les volets roulants ne sont pas toujours des<br />
éléments de bâtiment assurés. Si les stores ne<br />
sont pas inclus dans l’assurance bâtiment, une<br />
assurance complémentaire offre la protection<br />
nécessaire et peut inclure d’autres risques tels<br />
que le vandalisme.<br />
«Vérifiez les conditions<br />
cantonales.»<br />
Le mieux est qu’aucun dommage ne survienne.<br />
Une alerte météo sur le téléphone portable<br />
prévient des vents violents et des tempêtes. S’il<br />
se passe malgré tout quelque chose, prenez<br />
des photos probantes et déclarez rapidement le<br />
sinistre à votre assurance. Plus d’informations<br />
sur le logement en propriété:<br />
helvetia.ch/immoworld<br />
Plus de<br />
conseils et<br />
d’informations.<br />
38<br />
RELECTURE PETITES ANNONCES PETITES ANNONCES<br />
RELECTURE<br />
39
EMERIC CHESEAUX<br />
ET LES MOTS<br />
VALAISANS<br />
Le jeune comédien romand présentera du 7 au 12 <strong>novembre</strong><br />
une nouvelle mouture de sa pièce La révérence au Théâtre des<br />
Halles à Sierre. Rencontre avec un artiste à qui l’on promet une<br />
belle carrière.<br />
Par Robin<br />
Corminboeuf<br />
© Aline Paley<br />
Au commencement, il y a une rencontre fortuite avec le<br />
théâtre pour le jeune Emeric alors qu’il étudie au collège<br />
des Creusets, à Sion. C’est quasiment une révélation, et elle<br />
pousse le Saillonin, après cinq ans dans la troupe scolaire, à<br />
s’engager dans une formation qu’il débute au Conservatoire<br />
de Genève avant de rejoindre La Manufacture de Lausanne.<br />
La révérence, c’est justement le spectacle de sortie d’études<br />
qu’il présente pour la première fois face à ses collègues de<br />
la Haute École des Arts de la Scène de Lausanne, en 2022.<br />
Seul sur scène, avec à peine quelques accessoires, l’artiste de<br />
25 ans incarne les figures qui ont peuplé ses jeunes années<br />
valaisannes. Extrait :<br />
Un vocabulaire rural, des inflexions locales et<br />
des mots de patois qui raisonnent rarement<br />
dans les salles de théâtres. Le comédien nous<br />
détaille sa démarche: « J’ai travaillé sur le langage<br />
pour dire que la langue de mon enfance,<br />
la langue d’où je viens peut avoir une portée<br />
artistique. J’ai enregistré les personnes de<br />
mon entourage et ainsi récolté des mots, des<br />
expressions singulières. De là, j’ai pu faire des<br />
monologues et à travers le langage utilisé, identifier<br />
les mots récurrents, les obsessions de ces<br />
personnes pour en dresser de vrais portraits. »<br />
Cette réappropriation de son héritage culturel émerge d'ailleurs<br />
lors d’une visite de la Manufacture avec son père et sa<br />
mère, quand une de ses camarades de classe française ne<br />
comprend pas tout ce que les parents de l’étudiant valaisan<br />
disent. « Ça m’a marqué et je me suis dit qu’il fallait que j’en<br />
fasse quelque chose, de ces mots » se souvient-il, amusé.<br />
UNE MÉTAPHORE POUR D’AUTRES ALTÉRITÉS<br />
Des études dans les villes romandes donc, mais<br />
une attache à sa région d’enfance qu’il ne renie<br />
pas : « Ce spectacle parle de l’adolescence, de ce<br />
besoin de s’affirmer, de comment on se construit.<br />
J’avais besoin, comme beaucoup, de m’affirmer<br />
dans l’opposition. Partir, ça m’a permis de revenir,<br />
en prenant ce que je souhaite de mon héritage<br />
et du lieu. Maintenant le Valais, c’est un<br />
lieu de ressourcement. » Une vie entre ville et<br />
campagne qui nourrit le travail du jeune artiste<br />
et qu’il partage avec ses collègues : « Très vite,<br />
quand je suis arrivé à la Manufacture, j'avais envie<br />
de réunir ces deux mondes. J’ai emmené ma<br />
classe en Valais, pour que les gens comprennent<br />
d’où je venais, et en même temps j’avais besoin de<br />
« Asetate, Emeric. Qu’ess’tu fais maintenant<br />
comme métier ? […] Mais, mô, t’aurais bien vu<br />
là, grand comme tu es, avec un beau costume :<br />
professeur des écoles au village, don ? Parce<br />
que tô tu sais assez hein, tô tu sais, monstre<br />
que ti. Pourquoi tu veux pas rester ici, hein ?»<br />
montrer le théâtre aux gens de mon enfance, pour<br />
qu’ils ne se sentent pas exclus de ce monde-là .»<br />
Le seul en scène proposé parle justement de cette distinction<br />
ville/campagne et du choix de faire de sa passion<br />
un métier, utilisant l’annonce de cette décision<br />
professionnelle comme métaphore à d’autres altérités :<br />
« J’avais envie de parler de la différence de manière générale,<br />
et pour moi parler de ce coming out professionnel<br />
auprès de ma famille, c’était une façon de parler de<br />
mon coming out sentimental et sexuel. Il y a une forme<br />
de pudeur par rapport à ceci de la part de mon entourage,<br />
même si ça a été bien accepté. » Une fierté affichée jeune,<br />
donc, tout en étant évoquée<br />
de manière évasive<br />
par ses proches. Emeric<br />
détaille : « Ça passait<br />
tout le temps par des<br />
phrases comme “ Tu as<br />
tout le temps froid ” ou<br />
“ Tu parles pas comme<br />
nous ”. Autant de remarques<br />
détournées<br />
pour parler de ma différence, parce qu’on n’a pas les clés<br />
pour l’aborder autrement. Finalement ce coming out professionnel<br />
c’est ceci également, on dit “ Tu es un théâtreux ”<br />
alors que le nœud de la discussion se trouve ailleurs. »<br />
UNE GRAND-MÈRE ENTRE RIRES ET LARMES<br />
Quand on lui demande la manière dont le spectacle<br />
a été reçu dans les différents lieux où il a<br />
été présenté, Emeric répond, enthousiaste : « À<br />
Fribourg et en Valais, cantons ruraux et catholiques,<br />
il y a une double réception : les gens se<br />
reconnaissent et sont accueillants du fait qu’on<br />
parle d’eux, avec leurs mots. Et en même temps,<br />
mon point de vue sur les choses peut heurter.<br />
Typiquement, le personnage de la grand-mère<br />
fait beaucoup réagir, avec une partie du public<br />
mort de rire et une partie qui pleure d’émotion.<br />
C’est vraiment quelque chose que j’aime, quand on<br />
ne sait pas trop où ça peut partir. » Suivant le public,<br />
une lecture différente de La révérence est faite<br />
donc. Une occasion en or pour déconstruire les<br />
stéréotypes citadins sur la campagne : « À Genève,<br />
quand on ne connaît pas le milieu valaisan, on<br />
parle de caricature, alors que pour les gens de mon<br />
entourage ce n’est pas du tout le cas. Ce mélange<br />
de publics est émouvant pour moi, ce sont les deux<br />
mondes dont je fais partie que j’arrive à réunir.<br />
C’est à quelque part mon but. »<br />
Lorsqu’il évoque les inspirations pour son travail, Emeric<br />
Cheseaux nomme Annie Ernaux, ou encore Zouc, tout en<br />
réussissant à distinguer clairement les éléments de filiation<br />
et ceux vis-à-vis desquels il s’est détaché : « Ernaux a<br />
influencé tout le départ de ce projet : se fixer sur le langage,<br />
travailler à partir de ça. De manière générale, j’avais envie<br />
de parler de mon parcours, mais plus que ça encore, j’avais<br />
40<br />
CULTURE<br />
THÉÂTRE<br />
THÉÂTRE<br />
CULTURE<br />
41
envie de parler de mon entourage. » Un travail sur et avec<br />
les gens du cru, donc, que le comédien fraîchement diplômé<br />
offre sans faux-semblant ni condescendance.<br />
Ce point de vue singulier fait mouche, et c’est<br />
ainsi que le directeur du Théâtre des Halles de<br />
Sierre, Julien Jacquerioz, propose une résidence<br />
de trois semaines au jeune acteur. L’objectif est<br />
clair : offrir une nouvelle mouture de La révérence.<br />
Interrogé sur cette version remaniée qu’il<br />
s’apprête à mettre en scène, le comédien nous<br />
confie : « Le spectacle fonctionne dans sa forme<br />
actuelle. Mon objectif est de continuer dans la<br />
même ligne, représenter sur scène des personnages<br />
que je n’ai pas encore exploré, comme<br />
par exemple mon frère. On retrouvera aussi mes<br />
amies, ce sera un moyen d’aborder la sexualité<br />
des adolescents. Ça sera l’occasion aussi de<br />
montrer un garçon qui a un lien intime avec les<br />
filles, comme elles peuvent l’avoir entre elles<br />
habituellement. » Une version nouvelle qui sera<br />
présentée pour la première fois à Sierre et qu’on<br />
trépigne déjà de pouvoir découvrir.<br />
© Andreas Eggler<br />
SAMEDI 21 OCTOBRE <strong>2023</strong><br />
22 H – 05 H<br />
25 ans des trois soeurs<br />
PITOËFF / COMMUNALE DE<br />
PLAINPALAIS, GENÈVE<br />
© Andreas Eggler<br />
Vous<br />
reprendrez<br />
bien un peu<br />
de botox ?<br />
La révérence<br />
Théâtre des Halles, Sierre<br />
Du 7 au 12 <strong>novembre</strong><br />
Plus d’infos sur theatre-leshalles.ch<br />
42<br />
CULTURE<br />
THÉÂTRE<br />
Chantal La Nuit<br />
(Garçon Sauvage)<br />
LuLúxpo<br />
(Love Is Power ! Paradise Children Records)<br />
Rag<br />
Greta Gratos (Marraine)<br />
Rocco S. (Visuels)<br />
52, rue de Carouge, Genève<br />
Entrée CHF : 15.- avant minuit et membres 360 / 20.- après minuit<br />
Soirée de soutien à l’Association 360<br />
instagram : 360_fever_officiel – www.facebook.com/360Fever – www.360fever.ch<br />
HOSTING :<br />
Coco<br />
Frenesy<br />
Chantal La Nuit
AVEC<br />
Pour sa dixième édition, le festival genevois propose un programme<br />
riche de 28 longs métrages et 36 courts. Le tout sur fond de tables<br />
rondes, de rencontres et bien sûr de fêtes. Par Edmée Cuttat<br />
EVERYBODY’S<br />
PERFECT,<br />
LE MONDE EST<br />
QUEER<br />
44<br />
Little Richard<br />
© Magnolia Pictures<br />
Kokomo City © Couch Potatoe Pictures, Hillman Grad<br />
Unique en Suisse romande, il a vu le jour en 2010 et<br />
fête cette année sa dixième édition. Dès le 6 <strong>octobre</strong><br />
et pendant dix jours, Everybody’s Perfect va faire vibrer<br />
Genève au rythme de la culture LGBTIQ+. Basé<br />
sur l’ouverture et l’inclusion, s’adressant à tous les<br />
publics, le festival a évolué au fil des ans, passant à<br />
une cadence annuelle depuis que Sylvie Cachin en<br />
a pris les commandes, en 2018.<br />
La directrice artistique a vu augmenter la<br />
fréquentation, le financement, la reconnaissance<br />
des partenaires, la collaboration<br />
avec les distributeur·rice·x·s et les autres<br />
festivals en Europe et aux États-Unis. Elle<br />
note également un changement de ton<br />
et de contenu : « Au début, beaucoup de<br />
films mettaient le doigt sur la souffrance,<br />
la lutte, les droits humains ou sur la difficulté<br />
du coming out, ce dont ils ne parlent<br />
plus aujourd’hui. Je tente de sélectionner<br />
des œuvres avec une énergie positive. J’en<br />
vois l’effet sur les gens, qui se sentent plus<br />
concernés, plus valorisés. Le festival offre<br />
également une visibilité plus grande de<br />
la communauté, dont découle une forme<br />
de banalisation du queer en général. Cela<br />
donne de la force aux artistes locaux. »<br />
DES FILMS DES CINQ CONTINENTS<br />
C’est ce que veut prouver la programmation<br />
éclectique de cette édition <strong>2023</strong>,<br />
avec 28 longs métrages divisés en quatre<br />
parties, mêlant fictions de tous genres et<br />
documentaires. Ils proviennent de Chine,<br />
de Russie, d’Australie, d’Afrique, des États-<br />
Unis, des Philippines, du Brésil, d’Argentine,<br />
de France, d’Espagne, d’Allemagne,<br />
d’Angleterre et de Suisse. Sans oublier<br />
le nombre impressionnant de courts métrages,<br />
36, dont le curieux western de Pedro<br />
Almodovar Strange Way of Life.<br />
ORLANDO OUVRE LE CHAPITRE TRANS JOY<br />
Au sein de ce riche menu, on retiendra plus particulièrement<br />
un chapitre intitulé « Trans Joy » composé<br />
de trois œuvres où les cinéastes s’emparent de leurs<br />
vécus. À commencer par Orlando, ma biographie<br />
politique, de Paul B. Preciado, projeté en ouverture<br />
du festival. Pour son premier passage derrière la<br />
caméra, l’auteur s’inspire du roman éponyme de<br />
Virginia Woolf. Publié en 1928, l'œuvre évoque les<br />
aventures d’un noble anglais. Né garçon, il se réveille<br />
un beau matin femme au milieu du récit. Près<br />
d’un siècle plus tard, Preciado envoie une lettre à<br />
la célèbre écrivaine pour lui apprendre qu’Orlando<br />
est devenu une réalité. Il livre un témoignage poétique,<br />
drôle, inventif, montrant toutes les possibilités<br />
d’exister dans un univers contemporain en mutation.<br />
Kokomo City nous invite, lui, à découvrir<br />
le monde et le quotidien de travailleuses<br />
du sexe, particuièrement vulnérables, des<br />
femmes trans* noires. Ce premier documentaire<br />
en noir et blanc de D Smith, elle-même<br />
femme trans* afro-américaine, navigue<br />
sans misérabilisme entre les témoignages<br />
bouleversants et les propos percutants de<br />
quatre protagonistes.<br />
De New<br />
York à Atlanta,<br />
elles se confient<br />
Petit bémol. En mai dernier à Cannes, la représentation<br />
moindre des thématiques LGBTIQ+ dans les<br />
diverses sections par rapport à 2022 avait laissé<br />
craindre une baisse de la production dans le domaine,<br />
faute de soutien suffisant. Pour Sylvie Cachin,<br />
qui a invité le créateur de la Queer Palm, Franck<br />
Finance-Madureira et le programmateur du Teddy<br />
Award berlinois, Bartholomew Sammut, à en débattre<br />
(le 10 <strong>octobre</strong>), il n’y a certes pas eu de hausse spectaculaire,<br />
« mais l’offre ne s’est pas réduite. Elle est<br />
45<br />
devenue plus qualitative, impliquant davantage de<br />
personnes désireuses de raconter leur histoire. En<br />
tout cas, je n’ai pas eu de peine à trouver des films !»<br />
CINÉMA CINÉMA<br />
CULTURE
sans fausse pudeur et à visage découvert<br />
en dépit des dangers encourus. À l’image<br />
de leurs clients, souvent des hommes cisgenres<br />
mariés, qui expliquent avec franchise<br />
leur attirance pour ces femmes.<br />
De son côté, le réalisateur trans serbo-chilien Vuk-<br />
Lungulov-Klotz propose Mutt (24 heures à New York,<br />
en français). Cette comédie dramatique prometteuse<br />
et émouvante suit Fena, ado latino-américain en<br />
pleine transition. En l’espace de 24 heures à New<br />
York, il va croiser son ex-amoureux, sa demi-sœur<br />
de 13 ans et son père chilien, puis il va tenter de<br />
faire la paix avec son passé et son présent. Tout en<br />
montrant les difficultés du personnage face aux<br />
aléas du quotidien, Mutt explore ses relations avec<br />
son entourage au fil d’un scénario bien documenté.<br />
DE BLUE JEAN À LITTLE RICHARD<br />
Parmi les points forts de la sélection, Blue Jean de<br />
Georgia Oakley. Militant sous haute tension, le film<br />
nous plonge dans la Grande-Bretagne de Margaret<br />
Thatcher avec le portrait de Jean, professeure d’éducation<br />
physique. Nous sommes en 1988, l’année où le<br />
gouvernement de la Dame de fer promulgue une loi<br />
interdisant la « promotion » de l’homosexualité dans<br />
le système éducatif. Des manifestations s’étendent<br />
dans le pays alors que Jean cache son homosexualité<br />
de peur d’être renvoyée.<br />
Ambiance électrique garantie en clôture<br />
du festival, avec Little Richard: I Am<br />
Everything, le documentaire musical de<br />
l’Américaine Lisa Cortés. Icône rock qui<br />
a inspiré les plus grands, de Presley aux<br />
Beatles, Little Richard est effectivement<br />
tout : Noir, chrétien et ouvertement gay à<br />
une époque où cela ne se disait pas.<br />
Orlando, ma biographie politique © Les Films du Poisson<br />
Strange Way of Life © El Deseo, Saint Laurent<br />
Leadership gay<br />
pour les élections<br />
nationales<br />
BÂLE-VILLE<br />
BERNE<br />
Johannes Sieber<br />
Canton: Bâle-Ville<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Parti vert’libéral<br />
Liste n°10<br />
Roger Nyffenegger<br />
Canton: Berne<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Parti vert’libéral<br />
Liste n°16<br />
Stephan Schärli<br />
Canton: Lucerne<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Le Centre<br />
Liste n°3<br />
BERNE<br />
BERNE<br />
Bernehard Pulver<br />
Canton: Berne<br />
Candidat pour: Conseil des États<br />
Parti: Les VERT-E-S<br />
Liste –<br />
Geo Taglioni<br />
Canton: Berne<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Parti vert’libéral<br />
Liste n°17<br />
Marco Denoth<br />
Canton: Zurich<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Parti socialiste<br />
Liste n°2<br />
BERNE<br />
LUCERNE<br />
LUCERNE ZURICH ZURICH<br />
Dyami Häfliger<br />
Canton: Berne<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Parti vert’libéral<br />
Liste n°15<br />
Stefan A. Dettwiler<br />
Canton: Lucerne<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Les Libéraux-Radicaux<br />
Liste n°34<br />
Martin Naef<br />
Canton: Zurich<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Parti socialiste<br />
Liste n°27<br />
ON DISCUTE ET ON S’AMUSE<br />
ZURICH<br />
ZURICH<br />
ZURICH<br />
À découvrir, enfin, des œuvres importantes sur l’intersexuation,<br />
longtemps considérée comme une<br />
anomalie à soigner ou représentée tel un mythe par<br />
les arts et la littérature. La thématique donnera lieu à<br />
une table ronde. Le public aura également droit à des<br />
rencontres suivant les projections. Elle se dérouleront<br />
en présentiel ou en visiconférence à l’image de<br />
la masterclass de Manuela Kay, pionnière et figure<br />
incontournable de la scène queer berlinoise depuis<br />
les années 1980.<br />
Et bien sûr, pas de festival sans fiesta, en<br />
ouverture à La Gravière, et en clôture à La<br />
Paillette. Entre deux, des verrées, la Fête<br />
46<br />
lesbienne, queer, féministe,<br />
ainsi que l’invasion des Bains<br />
de l’Est, avec jacuzzi, sauna,<br />
tapas, DJ et performances.<br />
Genève, du 6 au 15 <strong>octobre</strong>,<br />
Maison des arts du Grütli.<br />
Plus d’infos :<br />
everybodysperfect.ch<br />
Mutt © Strange Animal Entertainment<br />
VAUD<br />
Hans-Peter Portmann<br />
Canton: Zurich<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
(jusqu’à présent)<br />
Parti: Les Libéraux-Radicaux<br />
Liste n°5<br />
Matthieu Carrel<br />
Canton: Vaud<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Les Libéraux-Radicaux<br />
Liste n°9<br />
Markus Reck<br />
Canton: Zurich<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Parti vert’libéral<br />
Liste n°30<br />
Maximilien Szabo<br />
Soutenez par votre<br />
vote les candidats queer<br />
qui s’engagent pour<br />
les questions LGBTIQ !<br />
Canton: Zurich<br />
Candidat pour: Conseil National<br />
Parti: Les Libéraux-Radicaux<br />
Liste n°5<br />
CULTURE<br />
CINÉMA<br />
network, Postfach, 8031 Zurich | sekretriat@network.ch | www.network.ch
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indépendante<br />
et militante !<br />
LES OUVRAGES<br />
QUEER<br />
Chaque mois, Payot Libraire met en avant des livres queer.<br />
Au programme de ce numéro, l’équipe de Fribourg vous propose<br />
cinq titres à dévorer cet automne.<br />
ALBUM<br />
CASA SUSANNA,<br />
SABELLE BONNET/SUSAN STRICKER, TEXTUEL<br />
Transvestia est une revue américaine clandestine qui, de<br />
1959 à 1968, regroupa photos, écrits et dessins réalisés<br />
par et pour les travesties. Un terme qui n’est plus utilisé de<br />
nos jours, mais qui était le seul existant, à l’époque, pour<br />
définir ces hommes qui s’habillaient en femme, quelle<br />
que soit par ailleurs leur orientation. C’est dans la maison<br />
de campagne de sa femme que Susanna, elle-même<br />
travestie, accueillait ses amies à bras ouvert. L’espace de<br />
quelques jours, dans une ambiance bienveillante, elles<br />
pouvaient vivre pleinement leur identité de femme. Une<br />
parenthèse bienvenue lorsque que l’on sait que, dans les<br />
États-Unis de la guerre froide, la population vit dans une<br />
constante paranoïa contre tout ce qui n'incarne pas l’idéal<br />
américain... Cette peur de voir leur vie s’écrouler rendait<br />
leur complicité encore plus forte, et l’importance de Casa<br />
Susanna encore plus grande. Un magnifique ouvrage de<br />
photographies de travesties, à l’époque où les discussions<br />
sur l’identité de genre n’existaient pas – ou du moins pas<br />
publiquement et qui prolonge le magnifique documentaire<br />
de Sébastien Lifshitz. (A.S.)<br />
boutique.360.ch<br />
ROMAN<br />
DRAG,<br />
JOHANN ZARCA, GRASSET<br />
Tony a absolument tout du petit délinquant : l’attitude,<br />
le langage, la gueule, et il le cultive. Comment se peut-il<br />
alors qu’il soit aussi Reine Nita, diva de la nuit, grande<br />
distributrice d’amour et de regards bienveillants ? Le<br />
nouveau roman coup de poing de Johann Zarca, l’auteur<br />
du merveilleux Chems – toujours aussi dur, mais<br />
aujourd’hui encore tellement nécessaire – traite brillamment<br />
de l’acceptation de soi, et des autres. Et des<br />
rôles que, tous·tes·x, on joue au quotidien sans même<br />
s’en rendre compte... (B.T.)<br />
LIVRES<br />
CULTURE<br />
49
ROMAN<br />
HÊTRE POURPRE,<br />
KIM DE L’HORIZON, JULLIARD<br />
<strong>2023</strong><br />
Lorsque sa grand-mère commence à perdre la mémoire,<br />
Kim tente de combler les silences en invoquant ses souvenirs<br />
d'enfance, dans une remémoration d'une infinie et<br />
terrible tendresse. S'ouvre alors une tourbillonnante quête<br />
familiale sur les figures féminines qui constituent sa lignée<br />
maternelle: un arbre généalogique de sorcières entretenant<br />
un puissant lien avec la nature, de femmes subversives en<br />
recherche permanente de liberté, parmi lesquelles Kim<br />
se crée une place. Prodigieux roman de formation du XXI e<br />
siècle, récit de libération – des traumatismes familiaux, de<br />
l'identité de genre et de classe – Hêtre pourpre invente sa<br />
propre langue magique pour dire l'indicible. Bruissant de<br />
corps et de formes diverses, ce premier roman, lauréat des<br />
Prix du livre allemand et Prix suisse du livre, est un feu de<br />
joie qui embrase tout sur son passage.<br />
BD<br />
LA REVANCHE D’UN BLOND,<br />
ROBBIE COUCH, DE SAXUS<br />
Blaine Bowers est un lycéen avec une âme d'artiste<br />
adepte de la peinture murale. Il vit entouré d'une famille<br />
aimante et d'amis formidables. À l'occasion du premier<br />
anniversaire de sa relation avec son petit ami Joey, il est<br />
persuadé que celui-ci va l'inviter pour les vacances de<br />
printemps. Mais il lui annonce... leur rupture ! Joey lui reproche<br />
d'être trop immature, maladroit... et pas assez<br />
sérieux, en somme d'être un adolescent ordinaire. Un<br />
véritable choc pour Blaine, d'autant que Joey s'affiche<br />
rapidement avec son nouveau copain, Zach. Blaine décide<br />
alors de devenir tout ce que son ex lui reproche de ne pas<br />
être, de lui prouver qu'il peut être « sérieux ». Il entreprend<br />
alors de briguer la présidence du conseil des élèves face<br />
à son rival Zach dans l'espoir de reconquérir Joey.<br />
JEUNES ADULTES<br />
LA GRÂCE DU MOMENT,<br />
JULIETTE MORAUD, ACTES SUD JEUNESSE<br />
Il y a six mois, la vie d'Achille, 17 ans, a vacillé. Sa mère<br />
est morte brutalement. Depuis, il cohabite avec un père<br />
inconsolable, sans pouvoir lui parler. Achille essaie de<br />
continuer à vivre le plus normalement possible entre<br />
ses amis, le lycée dont il sèche les cours, les soirées,<br />
la musique, la colère et la tristesse. Et puis un jour, il y<br />
a Nicolas. C'est le frère de sa meilleure amie. Nicolas<br />
est aussi solaire qu'Achille est angoissé. Nicolas c'est<br />
l'inconnu et la découverte du désir. Achille va se laisser<br />
entraîner avec lui dans une histoire d'amour, qui le fait<br />
passer par tous les états, incertitude, peur, jalousie, libération...<br />
Un premier roman qui renouvelle le genre de<br />
la romance et sait captiver son lecteur.<br />
50 CULTURE<br />
LIVRES<br />
Le Grütli Centre<br />
Le Grütli de production<br />
Le Grütli et<br />
Le Grütli de diffusion<br />
Le Grütli des Arts vivants<br />
Oscar Gómez Mata<br />
Cie L’Alakran<br />
10-22 <strong>octobre</strong><br />
Général-Dufour 16<br />
CH-1204 Genève<br />
w w w. grutli.ch<br />
Réservations :<br />
+41 (0)22 888 44 88<br />
reservation@grutli.ch
utch<br />
Par<br />
Catherine Vidmer<br />
Être<br />
en <strong>2023</strong><br />
Cheveux courts, corpulence imposante, blouson<br />
en cuir et jean Levi’s… Que deviennent les illustres<br />
garçonnes de la communauté des femmes* qui aiment<br />
les femmes* ? <strong>360°</strong> rouvre le dossier butch.<br />
Lena Waithe © Gage Skidmore<br />
Lea Delaria © Behind The Velvet Rope TV<br />
Historiquement, la butch est la compagne désignée<br />
de la fem, qui forment ensemble un couple aux rôles<br />
différenciés sur la base du modèle homme/femme.<br />
Entre les années 1940 et 1960, l’apparence butch<br />
était intimement liée à une stratégie de survie dans<br />
l’espace public et à l’appartenance à une collecti-<br />
vité saphique. Depuis, l’acquisition de droits pour<br />
les femmes et les personnes LGBTIQ+ a ouvert un<br />
champ des possibles, qui a permis aux femmes*<br />
saphiques de ne plus se tenir à des rôles fixes.<br />
Aujourd’hui, la butchness a perdu de sa dimension<br />
collective et s’apparente davantage<br />
à une sensibilité individuelle. Quand je pense aux<br />
personnalités butchs et studs (femmes* saphiques masculines<br />
et racisées) les plus populaires, j’ai à l’esprit la<br />
mythique Lea Delaria et son tatouage « daddy » sur son<br />
avant-bras gauche, Abby McEnany, Hannah Gadsby, Lena<br />
Waithe et, plus récemment, Mal et Aussie du show Netflix<br />
The Ultimatum: Queer Love. À mon âge, Max (prénom<br />
modifié) n’avait jamais vu de butchs de sa vie. Mais des<br />
modèles, elle en avait : « Mes références à moi, c’était<br />
Bruce Willis et Sean Connery. » La petite cinquantaine,<br />
coupe en brosse, silhouette assez fine mais musclée,<br />
t-shirt et jean retroussés, une ceinture à grosse boucle,<br />
des boots en cuir couleur cognac, Max me raconte le<br />
moment où elle a découvert le milieu butch/fem aux<br />
États-Unis, au cours d’un voyage dans l’Oregon : « Je<br />
suis rentrée dedans comme un poisson dans l’eau. Là,<br />
je me suis dit : “ C’est ça ”, dans ma façon de penser, dans<br />
ma façon de vivre, dans ma façon de m’habiller, dans<br />
ma gestuelle, dans tout. » Dans cette plongée en immersion<br />
dans la communauté butch/fem, Max réalise<br />
qu’elle est lesbienne : « J’ai fait mon coming out super<br />
tard, à 28 ans. J’avais déjà des doutes, et là j’ai compris. »<br />
Masculinité plurielle :<br />
butch et transidentité<br />
« Les butchs sont en voie de disparition. »<br />
Cette idée a fait son chemin dans la communauté<br />
saphique depuis une dizaine d’années. Une des<br />
hypothèses concernant le déclin numérique des butchs<br />
suggère que ce phénomène ne serait pas seulement lié<br />
à la désuétude du terme, mais aussi à l’augmentation du<br />
nombre de transitions. Le rapport à l’existence trans* et<br />
les modalités d’accès à un traitement hormonal et à la<br />
chirurgie de réassignation sexuelle ont beaucoup évolué<br />
ces dernières années. Max s’est récemment posé la<br />
question de la transition : « C’est sûr qu’il y a 25 ans en<br />
arrière, on n’en parlait pas. » Elle me raconte qu’au début<br />
des années 2000 encore, on vivait sa transidentité en<br />
portant un gode-ceinture et qu’«on se contentait de<br />
ça». La question de savoir si quelque chose d’autre était<br />
possible ne se posait pas. «Si j’étais jeune aujourd’hui,<br />
je pense que je ferais une transition», conclut-elle.<br />
Quand, dans ma grande naïveté, je parle de<br />
l’image de la butch comme d’un stéréotype<br />
positif et inspirant au sein de la communauté LGBTIQ+,<br />
dû aux rôles pionniers que les butchs et les studs ont<br />
joué dans les luttes passées, Max me rétorque : « J’ai<br />
plutôt l’impression que c’est un peu péjoratif. La butch<br />
est souvent associée à la personne qui prend la place<br />
de l’homme dans le couple, donc qui dirige tout, etc.<br />
Suivant qui, quand il ou elle dit “ butch ”, je sens que<br />
cette personne veut dire derrière : “ l’oppression de<br />
la femme par la femme” . »<br />
Les butchs et les studs sont encore aujourd’hui<br />
les cibles de mépris et de haine.<br />
Il n’est pas rare, qu’iels soient étiquetée·x·s comme<br />
menaces envers le reste de la population féminine,<br />
y compris au sein même de la communauté.<br />
« J’arrive à la soirée [de l’association saphique] et là,<br />
il y a une fille qui refuse de me faire la bise. Elle ne<br />
m’a pas adressé la parole de la soirée et a éloigné<br />
sa copine de moi tout le temps. Je trouve qu’hélas<br />
souvent dans des lieux comme ça, c’est un peu ce<br />
qui ressort… » Cette situation vécue par Max m’a<br />
cruellement fait penser à une vidéo sur TikTok qui<br />
m’avait marquée, l’an dernier. Elle s’inscrivait dans<br />
une série discutant à tort et à travers de la soi-disant<br />
masculinité toxique des butchs et studs, et mettait<br />
en scène une jeune fille protégeant sa copine agrippée<br />
à elle d’une « menace butch » hors-champ. Le<br />
texte de la vidéo résumait : « Quand les hey mamas<br />
lesbiennes s'en prennent aux baby gays au bar ».<br />
Parodies pas toujours<br />
bienveillantes<br />
Le surnom de « hey mama » tire son origine<br />
d’un TikTok diffusé en début d’année 2020.<br />
Dans ce thirst trap (autrement dit une vidéo sexy<br />
qui donne l’eau à la bouche), de jeunes lesbiennes<br />
butchs disent à tour de rôle « hey mamas » en s’adressant<br />
à leur public fem. Rencontrant un important succès,<br />
les dérivés de ce tiktok se sont multipliés. Mais<br />
ces vidéos ont aussi rapidement été parodiées par<br />
d’autres membres de la communauté saphique, un<br />
grand nombre d’utilisatrice·x·s jugeant les hey mamas<br />
ringardes et embarrassantes (« cringe »). Dans la série<br />
des parodies « classiques », une tiktokeuse connue a<br />
présenté le soir d’Halloween son super costume d’hey<br />
mama, évoquant une figure cartoonesque. Au travers<br />
de parodies ou de commentaires assassins, ce sont<br />
des milliers d’utilisatrice·x·s qui ont exprimé des propos<br />
lesbophobes, jonglant entre jugements physiques<br />
et rejet d’une expression non féminine du désir.<br />
Max n’a pas eu vent de ce trend, mais fait<br />
remarquer qu’être butch est quelque chose<br />
de plus en plus incompris à l’intérieur de la communauté<br />
: « Je trouve qu’actuellement les tendances sont<br />
au lissage. Tu ne peux pas ressembler à un garçon,<br />
parce qu’après, tu rentres dans le stéréotype et nuis<br />
à la cause. »<br />
Alors que les butchs n’ont plus à subir les<br />
mêmes discriminations que par le passé, elles<br />
ne bénéficient plus non plus de la même solidarité<br />
au sein de la communauté saphique. À l’heure où de<br />
nouvelles formes de masculinité sont revendiquées<br />
au grand jour, les butchs subissent le poids d’un<br />
long et lourd passé, qui leur confère le reproche de<br />
l’inactualité de leur identité. La liberté acquise avec le<br />
temps leur a pourtant permis de s’extraire de carcans.<br />
On peut être aujourd’hui butch et bi, butch et trans*,<br />
butch et bottom et même butch et aimer les butchs.<br />
Malgré ces possibles, Max pense que les butchs ont<br />
fait leur temps et qu’« il n'y en aura plus d’ici une dizaine<br />
d’années ». Cette pensée ne l’abat pas pour<br />
autant. Fidèle à elle-même, elle prend la chose avec<br />
philosophie : « On trouvera bien autre chose ! »<br />
52<br />
CULTURE<br />
BUTCH<br />
BUTCH<br />
CULTURE<br />
53
1ER DÉCEMBRE <strong>2023</strong><br />
JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA<br />
PROCRASTINATION<br />
Accueil<br />
Du Lundi au Jeudi<br />
de 14h00 à 18h00<br />
Repas convivial<br />
Les Lundis à 19h30<br />
à PVA-Genève<br />
Peinture thérapeutique<br />
Les Mardis de 14h30 à 16h30<br />
à PVA-Genève<br />
Atelier tricot<br />
Les Jeudis de 14h30 à 17h30<br />
à PVA-Genève<br />
Service social<br />
Les Jeudis de 14h00 à 17h00<br />
sans RDV à PVA-Genève<br />
La Journée mondiale de lutte contre<br />
le sida vise à rappeler l’importance<br />
de cette pandémie dans le monde.<br />
À l’occasion de cette journée, PVA-<br />
Genève vous donne rendez-vous<br />
à 18h30 à l’Église Catholique<br />
Romaine Saint Joseph aux Eaux<br />
Vives où aura lieu la Cérémonie<br />
Interreligieuse. Ce sera un temps<br />
de mémoire pour se souvenir de<br />
toutes celles et tous ceux qui ont<br />
disparu. Cette célébration rassemblera<br />
des représentant.e.s<br />
religieu.x.ses des communautés protestante,<br />
catholique romaine, catholique<br />
chrétienne, juive, musulmane,<br />
bouddhiste, hindouiste et bahá’íe.<br />
Une marche de commémoration<br />
laïque ainsi qu’un moment convivial<br />
suivront.<br />
Rue des Pâquis 35, 1201 Genève - 5ème étage<br />
+41 22 732 44 45 - secretariat@pvageneve.ch - www.pvageneve.ch<br />
Restez informé.e.s!<br />
Découvrez nos NEWS<br />
en scannant le QR-code :<br />
Photo: Ivan P. Matthieu<br />
C’est quand ?<br />
C’est le samedi<br />
4 <strong>novembre</strong><br />
<strong>2023</strong><br />
à 13h<br />
C’est où ?<br />
C’est à<br />
l’Association<br />
Dialogai<br />
Rue du Levant 5<br />
1201 Genève<br />
Création d’un nouveau groupe de soutien<br />
L’Association 360 va créer un nouveau groupe de soutien<br />
Ce groupe va accueillir :<br />
●<br />
Les personnes à mobilité réduite.<br />
●<br />
Les personnes neuroatypiques/<br />
neurodivergentes.<br />
●<br />
Les personnes avec<br />
une déficience intellectuelle.<br />
Il est important de pouvoir parler :<br />
●<br />
D’orientation affective.<br />
●<br />
D’orientation sexuelle.<br />
●<br />
D’identité de genre.<br />
L’identité de genre c’est de se dire :<br />
●<br />
« Je suis un homme. »<br />
●<br />
« Je suis une femme. »<br />
●<br />
« Je suis les deux. »<br />
●<br />
« Je ne suis pas homme.<br />
Je ne suis pas femme.<br />
Je suis moi. »<br />
Contact<br />
Vous avez des questions ?<br />
Vous pouvez contacter Marjorie Horta<br />
E-mail : marjorie@association360.ch<br />
Téléphone : 078 746 75 91<br />
Il est aussi important de rencontrer des personnes :<br />
●<br />
Pour discuter.<br />
●<br />
Pour passer un bon moment.<br />
La première rencontre de ce groupe<br />
est le 4 <strong>novembre</strong>.<br />
Mais il va y avoir des rencontres toute l’année.<br />
Pendant la première rencontre du 4 <strong>novembre</strong><br />
Je vais pouvoir dire :<br />
●<br />
Quelle activité je veux faire la prochaine fois.<br />
●<br />
L’horaire que je préfère pour la rencontre.<br />
Le temps qui court, le temps qui passe, qui si l'on n'y prend garde<br />
remplit tout notre espace, nous projetant hors de nous-mêmes,<br />
nous laissant hors d'haleine, pantois·e·x. Impérieuse, obsédante,<br />
l'idée se fait alarme, instille en nos esprits d'étranges sentiments,<br />
faisant vibrer la fibre coupable, nous privant des plaisirs de l'instant<br />
présent et de la nonchalance. Procrastination.<br />
En moi parfois, la voix acidulée du lapin d'Alice se fait<br />
entendre, pressante. Oui, je t'entends, je sais, j'en suis<br />
consciente : oui, je suis en retard. Non, ce n'est nullement<br />
de l'indifférence. Juste une incapacité momentanée<br />
de me mouvoir. Pas paralysée, non ; immobile,<br />
comme suspendue, flottant en une bulle indistincte<br />
où plus rien ne peut, ne veut, se formuler. Je pourrais<br />
certes à l'action me forcer mais quelque chose en moi<br />
résiste, refuse les injonctions de la réalité. Est-ce une<br />
rébellion face à la sensation de trop-plein que produit<br />
périodiquement sur moi le Monde ? Je ne saurais vraiment<br />
répondre, mais il est vrai que parfois, plutôt que<br />
de perdre pied dans un océan pour moi bien trop tourmenté,<br />
je n'ai d'autre alternative que me laisser flotter<br />
FRAGRANCES<br />
Par Greta Gratos<br />
SOCIÉTÉ<br />
sans résistance aucune jusqu'à ce que le courant exerce<br />
en mon esprit moins de violence et que je puisse, sans<br />
risquer la noyade, regagner la rive pour reprendre le<br />
cours de mon active existence et de mes engagements<br />
respecter les échéances. Alors, en attendant, je n'ai<br />
qu'un seul refuge : le sommeil, ou plutôt la somnolence<br />
dans laquelle, à l'instar du loir en sa théière, je cherche à<br />
faire le vide en une léthargie réparatrice, réconfortante.<br />
En cette étrange exil sans but ni destination, dont je ne<br />
veux ni ne peux connaître la durée, je reprends peu à<br />
peu les forces qui me sont nécessaires pour vous rejoindre<br />
et à nouveau marcher sereine à vos côtés, vous<br />
qui peut-être et à votre manière traversez également<br />
de telles errances.<br />
55
L’humeur de Léon Salin<br />
BRAS DE FER ŒDIPIEN<br />
Léon est un homme transgenre romand. Il tient les<br />
comptes Instagram et TikTok @salinleon dans lesquels<br />
il lutte pour une représentation positive des<br />
personnes transgenres.<br />
Dans cette chronique, je continue de discuter avec<br />
Julien. Un homme cisgenre, hétéro, avec qui je partage<br />
certaines de mes pensées. Il est fictif, sans être<br />
irréel. Julien ça pourrait être toi, moi et/ou nous.<br />
Cher Julien, tu ne vas pas en croire tes oreilles. Lors<br />
du traditionnel repas de famille du dimanche soir,<br />
mon paternel, un homme d’une carrure forte et virile,<br />
me charrie en me proposant un bras de fer. Il me demande,<br />
« Tu penses que tu me bats maintenant ? »<br />
D’un rire jaune, je réponds qu’évidemment je ne le<br />
bats pas. Il me semble inimaginable que moi, je le<br />
batte lui. C’est encore trop tôt dans ma transition,<br />
je n’ai pas encore atteint ma masse musculaire finale,<br />
me dis-je pour me rassurer. Mais je pratique<br />
tout de même des heures innombrables de sport<br />
chaque semaine. Bon, je décide de me prêter au jeu<br />
et j’accepte le défi œdipien : vais-je vaincre le père ?<br />
Paume contre paume, coudes collés à la<br />
table, yeux rivés l’un sur l’autre, le combat débute.<br />
L’impensable arrive, je suis en possession d’une force<br />
supérieure que celle que je combats. Enjoué et acclamé<br />
par la foule – c’est-à-dire ma mère – j’enfonce<br />
la main de mon paternel dans le bois de la table.<br />
Incroyable, je ressors vainqueur. Une grande<br />
fierté s’empare de moi. Mes deux parents me fixent<br />
avec des yeux écarquillés. « Comment est-ce possible<br />
? » s’exclament-ils. Cette fierté est vite remplacée<br />
par une triste dysphorie. L’étonnement surdimensionné<br />
de mes proches provient de leur intime<br />
croyance que je reste une femme, et qu’une femme,<br />
ça me bat pas son père au bras de fer.<br />
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Focus LGBTIQ+<br />
PREMIERS SECOURS<br />
EN SANTÉ MENTALE<br />
Les personnes LGBTIQ+ sont<br />
susceptibles d’être touchées<br />
par des problèmes de santé<br />
mentale. Que faire lorsque vous<br />
remarquez qu’une personne souffre<br />
psychologiquement ? Il est important<br />
de reconnaître et de réagir face<br />
aux difficultés de vos proches et<br />
collègues. Plus on attend, plus les<br />
problèmes s’aggravent.<br />
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01.11.<strong>2023</strong>, 06.11.<strong>2023</strong>, 08.11.<strong>2023</strong>,<br />
13.11.<strong>2023</strong>, 15.11.<strong>2023</strong>, 20.11.<strong>2023</strong>,<br />
22.11.<strong>2023</strong>,<br />
A l’issue de votre formation, vous<br />
recevrez une attestation de<br />
secouriste en santé mentale délivrée<br />
par ensa et une attestation sur les<br />
spécificités LGBTIQ+ délivrée par<br />
Dialogai.<br />
J’ai une<br />
J’ai des rapports avec des mecs depuis<br />
seulement 2-3 ans. Le plus souvent c’est<br />
juste des branlettes et des pipes. C’est<br />
rarement allé plus loin. Comme ils ont mon<br />
âge (la vingtaine), je me demande si j’ai pris<br />
un risque pour le VIH.<br />
Le VIH ne fait pas de discrimination selon<br />
l’âge. Il se transmet lors de pénétrations<br />
(anales ou vaginales) sans protection<br />
(préservatif ou PrEP) avec un·x·e partenaire<br />
dont le statut VIH est inconnu ou incertain.<br />
Cela semble être ton cas et probablement<br />
celui de certain·x·e·s de tes partenaires.<br />
Je te recommande donc de faire un<br />
dépistage du VIH ainsi que des autres<br />
IST majeures qui sont plus fréquentes, se<br />
transmettent plus facilement (y compris par<br />
fellation et masturbation mutuelle) et restent<br />
souvent sans symptômes.<br />
Ensuite, c’est à chacun·x·e de choisir et<br />
d’appliquer une stratégie efficace pour<br />
réduire son risque de contracter/transmettre<br />
le VIH. Pour trouver celle qui te convient, tu<br />
peux trouver toutes les informations sur le<br />
Safer Sex sur drgay.ch.<br />
Je n’ai pas beaucoup de rapports mais je<br />
dois avouer que je n’utilise pas toujours de<br />
préservatif. Je ne sais pas si cela vaut la<br />
peine que je prenne la PrEP.<br />
Lire la réponse :<br />
question !<br />
Tu peux tout nous demander.<br />
drgay.ch<br />
Inscription et<br />
infos sur le site<br />
de ensa
Identités<br />
à large<br />
spectre<br />
Par Soën Dällenbach<br />
En tant qu’une des ambassadrices<br />
de la non-binarité<br />
en Suisse romande, l'association<br />
Ekivock fête ses<br />
trois ans. Rencontre avec<br />
trois de ses fondateur·ice·x·s.<br />
Derrière les rubalises, la gare et ses commerces ferment<br />
avec une certaine agitation policière: des supporters<br />
de foot vont passer par ici. Impression un peu<br />
surréaliste de se retrouver dans le café, au calme,<br />
au milieu des tintements de verres. C'est là que je<br />
retrouve Liam et Mael, puis Raphaëlle, membres du<br />
comité d'Ekivock. Mael raconte la genèse de cette<br />
jeune association non binaire de Suisse romande, à<br />
commencer par la première rencontre, fin août 2020.<br />
Liam se souvient de la découverte d'une atmosphère<br />
bienveillante. Il s’était senti immédiatement très à<br />
l’aise : « Il n’y avait rien, la visibilité des personnes<br />
non binaires était quelque chose de nouveau. Le fait<br />
qu’il y ait ce type d’événement public m’a donné l’envie<br />
de pousser ce genre d’action. »<br />
Pour Raphaëlle, la participation à Ekivock<br />
s’est enchaînée avec son parcours de transition.<br />
« Certaines personnes ont parfois de<br />
la peine à comprendre que je sois une personne<br />
non binaire, en dépit de mon pronom<br />
(elle), de mon parcours médicalisé MtF et<br />
du fait que j’affiche largement du féminin.<br />
Le spectre de cette non-binarité est tellement<br />
vaste dans les différentes identités<br />
qu’on peut y trouver, qu'effectivement, on<br />
peut afficher et se ressentir majoritairement<br />
dans le féminin mais quand même<br />
être non binaire. Mon féminin a été emmuré<br />
en moi pendant 45 ans, je pense qu’il a<br />
largement besoin d’être là. Peut-être que<br />
quand il aura suffisamment vécu au grand<br />
jour, il va se tempérer un petit peu... Peutêtre<br />
qu’à 90 ans je me retrouverai un peu<br />
plus au milieu, je n’en sais rien. J’ai cette<br />
porte ouverte là. » Petit moment de flottement,<br />
je remarque qu’une lointaine musique<br />
eighties enveloppe nos voix. Se laisser une<br />
porte ouverte. Des mots qui résonnent en<br />
moi, qui me suis identifié très longtemps<br />
comme personne non binaire pour ensuite<br />
transitionner vers le genre masculin.<br />
Invitation au Palais fédéral<br />
Fédérer un groupe au temps du Covid n’a pas été<br />
chose facile, il a fallu faire quelques réunions à distance<br />
et même une « visio-clette », mais cela n’a pas<br />
influé sur l’envie de continuer l’aventure associative.<br />
Les groupes de parole ont vu le jour, puis des conférences<br />
et des événements, souvent à l'invitation de<br />
groupes désireux d'en savoir plus sur la non-binarité.<br />
En avril dernier, Ekivock a été invité au Palais fédéral<br />
pour intervenir lors d'une séance de la Commission<br />
des affaires juridiques du Conseil national consacrée<br />
à la question d’un troisième genre ou à celle<br />
de la suppression du genre dans l’administration.<br />
La majorité de la population n’étant pas très<br />
à jour quant aux questions de genre sortant<br />
du cadre binaire, Ekivock s'attache surtout<br />
– pour l'instant – à sensibiliser, à informer<br />
et à créer une place dans l’espace public autour<br />
de la non-binarité. C'est dans cet esprit<br />
que l'association a créé (dans le cadre du<br />
festival Spielact à Genève) un jeu de plateau<br />
qui a rencontré un certain succès, Bon chic<br />
bon genre. Au fil d’une centaine de cartes<br />
interactives, les joueur·se·x·s font face à<br />
des situations réelles, comme « Ton binder<br />
est trop serré, passe un tour pour respirer »,<br />
iels doivent énoncer un maximum d'identités<br />
de genre ou encore faire deviner en<br />
mimant la pratique du tucking. Ekivock fabrique<br />
également à la main des pin’s pronoms<br />
et accords qu’elle distribue lors de<br />
ses activités. Raphaëlle, qui est aussi responsable<br />
de Transgender Network (TGNS)<br />
en Suisse romande, soutient la thèse d’un<br />
équilibre entre les groupes activistes et les<br />
groupes plus « tempérés », permettant de<br />
concilier les courants revendicatifs et ceux<br />
plus conservateurs de la société.<br />
« La majeure partie de la population est discriminée<br />
sur son physique, son genre, son orientation<br />
sexuelle, etc. rappelle Raphaëlle. Si seulement<br />
toutes ces personnes pouvaient se mettre ensemble<br />
et dire '' OK, ça marche plus, il faut changer quelque<br />
chose '', cela donnerait un impact et un changement<br />
beaucoup important que lorsque chaque domaine<br />
précis revendique sa propre discrimination. » Mael<br />
a une jolie formule pour résumer cette idée de collaboration<br />
: nous sommes tous·tes·x un ensemble de<br />
« mille et une pattes ». J’aime cette analogie qui fait<br />
référence à notre multiplicité et notre puissance<br />
collective. Notre rencontre prend fin sur quelques<br />
échanges de références de films. Les sons qui nous<br />
ont entouré·e·x·s durant ces quelques heures ne sont<br />
plus qu’une fine rumeur dans cette gare où le flux<br />
des voyageur·se·x·s a repris.<br />
Le groupe de parole d’Ekivock est ouvert à toute<br />
personne s'identifiant dans le spectre de la non-binarité<br />
ou en questionnement, chaque premier mercredi<br />
du mois dès 19h45 dans les locaux de VoGay.<br />
Plus d'infos sur ekivock.ch<br />
À Genève, l’association Trajectoires non-binaires<br />
propose également des moments de rencontres<br />
et de soutien en mixité choisie. Plus d’infos sur<br />
Instagram : @trajectoires_non_binaires<br />
PUBLICITÉ<br />
58 ASSOCIATIF<br />
NON-BINAIRE
© Charlotte Passera<br />
Dr·e Goudou<br />
QUESTION SEXO POUR LES PERSONNES À VULVES<br />
J’ai essayé le massage de la yoni, ça m’a plu, et maintenant<br />
j’aimerais bien explorer le tantrisme.<br />
Ravi·e·x de lire que tu as aimé cette pratique ! Le tantrisme<br />
est un art ancestral mêlant culture indienne et<br />
pratiques du Kâma Sûtra dont l’objectif est d’éveiller<br />
notre sensualité, notre spiritualité et d’atteindre<br />
des sommets (bon, peut-être pas le Mont Pèlerin)<br />
de plaisir intime à travers la variation des énergies<br />
qui nous traversent. Le massage tantrique peut se<br />
pratiquer de différentes manières, sexuelles ou non.<br />
L’humeur d’Aymeric Dallinge<br />
À NOS AMOURS<br />
Aymeric Dallinge s’amuse des mots et crée des ambiances<br />
saisies dans l’instant.<br />
À nos amours inachevées,<br />
Leurs promesses qui ne sont devenues que poussières,<br />
Leurs rêves restés dans le sac du marchand de sable,<br />
Leurs instants qui demeureront souvenirs,<br />
Leurs caresses et leurs mots oubliés par le temps.<br />
À nos amours inavouées,<br />
Tapies dans l’ombre de notre esprit,<br />
Hormis le fait d’avoir du temps devant soi (à éviter<br />
avant la visite des parents), l’un des éléments centraux<br />
dans le tantrisme est la respiration. Sollicitée<br />
de manière consciente, elle permet de réveiller des<br />
énergies comme la Kundalini, qui se trouve en bas<br />
du dos. Lorsque tu inspires, imagine que ton sexe<br />
est le point d’accès à une puissante énergie qui se<br />
diffuse lentement dans tout ton corps. Pour t’aider<br />
à la localiser, tu peux aussi contracter légèrement<br />
ton périnée au moment de l’inspiration. Assis·e·x en<br />
duo et en tailleur (de préférence nu·e·x, mais sans<br />
obligation) face à face, vous pouvez commencer par<br />
prendre conscience du rythme de vos respirations.<br />
Peu à peu, vous pouvez les réguler pour qu’elles<br />
soient synchronisées. Ensuite, vous pouvez réunir<br />
l’une de vos paumes de main et imaginer que l’énergie<br />
circule entre vous. Une fois cette osmose réussie,<br />
il sera possible de prolonger le toucher, voire d’initier<br />
un massage dont nous parlerons plus en détail dans<br />
une prochaine rubrique (on se réjouit déjà). Nous vous<br />
souhaitons une très belle ascension.<br />
Camille Beziane, spécialiste en santé sexuelle,<br />
responsable de l’association les Klamydia’s<br />
Aline Alzetta-Tatone, sexologue, co-fondatrice du<br />
Refuge-Neuchâtel<br />
Palpitantes sous la retenue,<br />
Nouées dans nos gorges muettes,<br />
Si fortes et pourtant silencieuses.<br />
À nos amours d’été,<br />
Passionnées de chaleur humaine,<br />
À se contempler jusqu’au coucher du soleil,<br />
Celles qui ne verront pas passer l’hiver,<br />
Échouées sur des plages paradisiaques.<br />
À nos amours vaincues,<br />
Lorsque la colère remplace les mots doux,<br />
Lorsque l’absence couvre les matins câlins,<br />
Lorsque les silences animent les repas,<br />
Lorsque la fatigue habite les cœurs.<br />
À nos amours sincères,<br />
Bravant le temps et les courants de la vie,<br />
Inébranlables face aux épreuves,<br />
Indéfectibles depuis les premiers jours,<br />
Unies jusque dans la mort.<br />
L’amour, c’est la vie,<br />
La vie, c’est la mort.<br />
Aimons encore,<br />
Aimons plus fort.<br />
JEUDI 5 OCTOBRE<br />
LE MAH AU QUEERSCOPE<br />
Et bien plus encore sur<br />
www.lestime.ch<br />
Agenda<br />
Le « MAH au Queerscope » est un événement qui vise<br />
à susciter une réflexion sur le potentiel queer des<br />
musées et de leurs collections tout en proposant un<br />
moment convivial autour des œuvres exposées au<br />
Musée d’Art et d’Histoire de Genève (MAH). Organisé<br />
conjointement par le MAH, le Service Agenda 21 – Ville<br />
durable de la Ville de Genève, l’Association Lestime,<br />
le collectif Notre Histoire compte et la Maison de l’histoire,<br />
il s’inscrit dans le cadre du « Mois de l’histoire<br />
LGBTIQ+ ». 16h – 22h I Musée d’art et d’histoire, Genève<br />
DIMANCHE 29 OCTOBRE<br />
GROUPE DE LECTURE TRANS*<br />
Chaque dernier dimanche du mois, Erin, membre<br />
du comité de Lestime, vous accueille au local<br />
pour partager un après-midi de lecture.<br />
15h – 18h | Mixité choisie : Mixité choisie: femmes,<br />
lesbiennes, personnes trans, non binaires, intersexes<br />
VENDREDI 3 NOVEMBRE<br />
SOIRÉE HALLOWEEN<br />
« Carte blanche à Céline » Pour Halloween, Lestime<br />
se transforme en Maison du grand frisson. Sorcières,<br />
magiciennes et autres zombies bienvenues.<br />
Dès 18h30 I Mixité choisie : Mixité choisie: femmes,<br />
lesbiennes, personnes trans, non binaires, intersexes<br />
Devenez membre<br />
en vous inscrivant sur notre site<br />
Faire un don : CCP 17-177538-7<br />
Lestime, communauté lesbienne<br />
5, rue de l‘Industrie | 1201 Genève | Tél. 022 797 27 14<br />
info@lestime.ch | www.lestime.ch<br />
Les prochaines<br />
rencontres des groupes<br />
Groupe Trans*<br />
◗ Mercredis 4 et 18 <strong>octobre</strong> et mercredis 1er et 15<br />
<strong>novembre</strong> Groupe de rencontre et de discussion de 19h<br />
à 21h30 au local de 360.<br />
◗ Lundi 20 <strong>novembre</strong> : Journée du Souvenir Trans* (TDOR).<br />
Infos de la journée suivent sur le site.<br />
◗ Infos, conseils et entretiens<br />
w :association360/trans<br />
e : trans@association360.ch, t : 078 322 34 60<br />
Pôle Familles LGBTQ+<br />
◗ Jeudi 19 <strong>octobre</strong> de 19h à 21h : Réunion infos, discussions<br />
et partages au local de 360.<br />
◗ Infos, conseils et entretiens : association360.ch/<br />
homoparents, familleslgbtq@association360.ch<br />
t : 079 236 03 58<br />
Groupe Tamalou<br />
◗ Vendredi 6 <strong>octobre</strong>, Journée Internationale des<br />
personnes âgées de 19h à 22h30 à Lestime : apéritif de<br />
bienvenue + repas + cinéma !<br />
◗ Pour les sorties d’<strong>octobre</strong>-<strong>novembre</strong>, suivez le programme<br />
des Tamalou sur leur Facebook : https://www.<br />
facebook.com/<br />
◗ Tous les mardis dès 17h30 : rencontre conviviale en<br />
ville ! Pour intégrer le groupe WhatsApp : envoyer un<br />
courriel à andr.lauper@yahoo.com<br />
◗ Renseignements et inscription : t : 022 741 00 70<br />
Groupe les Babayagas<br />
◗ Vendredi 6 <strong>octobre</strong>, Journée Internationale des<br />
personnes âgées de 19h à 22h30 à Lestime : apéritif de<br />
bienvenue + repas + cinéma !<br />
◗ Mercredis 11 <strong>octobre</strong> et 8 <strong>novembre</strong> dès 19h, Brunch<br />
canadien et rencontre mensuelle au local !<br />
◗ Restez en contact avec les membres des Babayagas<br />
grâce à son groupe WhatsApp ! Pour participer, appeler<br />
Christine au + 41 79 544 94 30 ou adresser un courriel à<br />
babayagas@association360.ch<br />
◗ Infos, conseils et entretiens t : 079 544 94 30<br />
Groupe BiPan+<br />
◗ Vendredis 20 <strong>octobre</strong> et 17 <strong>novembre</strong> dès 20h, réunion<br />
conviviale mensuelle au local de 360 !<br />
◗ Infos, conseils et entretiens<br />
e : bipanplus@association360.ch, t : 079 632 70 48<br />
LGBTIQ+ International Group<br />
◗ Vendredis 13 <strong>octobre</strong> et 10 <strong>novembre</strong> de 19h à 23h30 :<br />
monthly pot-luck dinner – buffet canadien mensuel,<br />
dans nos locaux (Rue de la Navigation 36, 1201 Genève)<br />
◗ Vendredi 27 <strong>octobre</strong> au Phare & Vendredi 24 <strong>novembre</strong><br />
au Nathan : monthly after work mensuel de 18h à 21h<br />
◗ Plus d’infos : 079 773 60 08<br />
En <strong>2023</strong>, la coti c’est toujours la vie ! Soutenez<br />
l’association 360 : cotisation annuelle de CHF 55.- ou 100.-<br />
pour les couples ! IBAN CH50 0900 0000 1759 6500 6<br />
Service Juridique<br />
Je 9h – 13h et 14h – 18h<br />
Ve 9h – 13h<br />
« Uniquement sur<br />
rendez-vous »<br />
juri@360.ch<br />
022 731 42 13<br />
Permanence Trans<br />
au 078 322 34 60<br />
du lu au ve, 10h à 12h et<br />
14h à 17h30<br />
Infos, conseils et<br />
entretien sur RDV<br />
Perm. d’accueil au local<br />
Ma au Ve 14h – 18h<br />
Association 360 | 022 741 00 70 | association360@360.ch<br />
Rue de la Navigation 36 | 1201 Genève<br />
IBAN CH50 0900 0000 1759 6500 6<br />
60 CULTURE<br />
CHRONIQUES<br />
Lestime_an_360_oct_<strong>2023</strong>_OK.indd 1 13.09.23 11:31
L’ORACLE DU MOIS<br />
HARCÈLE.MENT<br />
POLITIQUE DE QUALITÉ<br />
Gouverner un pays efficacement en s’appuyant sur des bases solides.<br />
DU 1 e AU 9 OCTOBRE<br />
DU 1 AU 8 OCTOBRE<br />
2<br />
septembre<br />
18<br />
mars<br />
Paternalisme bien tempéré.<br />
INDIGNATION<br />
Surtout que rien ne change - gouverné<br />
Tout fout l’camp !<br />
sous la casquette de la tradition, un pays<br />
Heureusement que les réseaux sociaux<br />
reste stable et sa politique efficacement<br />
existent pour offrir une tribune où on peut<br />
protégée des influences novatrices<br />
exprimer sa précieuse opinion<br />
et par trop idéalistes.<br />
sur le relâchement des mœurs.<br />
DU 10 AU 16 OCTOBRE<br />
DU 9 AU 15 OCTOBRE<br />
Information subtilement anxiogène.<br />
PUNITION<br />
Afin de garder la population dans une<br />
Faut qu’ça sorte !<br />
dynamique de groupe maîtrisable,<br />
En quelques formules bien senties,<br />
distiller à intervalles réguliers des marches<br />
on déverse sur ces indésirables<br />
à suivre opaques permet de garder sous<br />
notre juste colère. La calomnie<br />
contrôle tout mouvement de rébellion<br />
au service de la vérité.<br />
inopportun.<br />
3<br />
juin<br />
Parlons de nos sentiments,<br />
de nos soucis et de nos souhaits.<br />
Découvre l’amitié de<br />
Laurent & Kelly sur drgay.ch/talk<br />
@shop.monokini.ch<br />
DU 16 AU 22 OCTOBRE<br />
SATISFACTION<br />
DU 17 AU 23 OCTOBRE<br />
Une<br />
Esprit<br />
bonne<br />
de clocher<br />
chose de<br />
progressiste.<br />
faite !<br />
A<br />
Les<br />
grand<br />
débats<br />
renfort<br />
dans<br />
de<br />
l’hémicycle<br />
trolling, on a<br />
fleurent<br />
cloué<br />
leur<br />
bon<br />
sale<br />
les valeurs<br />
bec à ces<br />
et le<br />
divas,<br />
bon<br />
à<br />
sens<br />
ces<br />
terriens.<br />
trublions,<br />
à<br />
La<br />
ces<br />
campagne<br />
apaches,<br />
intime<br />
à ces énergumènes 21<br />
aux développements<br />
qui<br />
de société<br />
ne cherchent<br />
un rythme<br />
qu’à saper<br />
de juillet croisière<br />
la société<br />
qui<br />
…<br />
permet d’atténuer 21 aisément les urgences.<br />
juillet<br />
28<br />
avril<br />
DU 23 AU 31 OCTOBRE<br />
DU<br />
PERFECTION<br />
24 AU 31 OCTOBRE<br />
28<br />
avril<br />
L’immobilisme<br />
C’est comme ça<br />
dynamique.<br />
et pas autrement !<br />
Lorsque<br />
Un papa<br />
la<br />
/ une<br />
situation<br />
maman.<br />
politique devient brûlante<br />
et<br />
Un<br />
nauséabonde,<br />
chef / une secrétaire.<br />
s’attabler résolument autour<br />
d’un<br />
Un maître<br />
plat national<br />
/ un esclave.<br />
communautaire fait fondre<br />
toutes<br />
On change<br />
les dissensions<br />
pas une équipe<br />
dans<br />
qui<br />
la bonne<br />
gagne.<br />
humeur.<br />
La fondue est l’opium du peuple.
Horoscope<br />
À l’heure de la saison Balance/Scorpion<br />
des charmes, des magies, des<br />
mutations, des verdicts et des renaissances,<br />
quelle créature fantastique<br />
sera ton guide dans l’obscurité clinquante<br />
?<br />
VERSEAU<br />
21 JAN – 18 FÉV<br />
POISSONS<br />
19 FÉV – 20 MARS<br />
BÉLIER<br />
21 MARS – 20 AVRIL<br />
TAUREAU<br />
21 AVRIL – 20 MAI<br />
Par AstrAl<br />
BALANCE<br />
23 SEP – 22 OCT<br />
Ta chanson du mois :<br />
Magic, November Növelet<br />
SCORPION<br />
23 OCT – 22 NOV<br />
Ta chanson du mois :<br />
Bienvenue en Enfer, Hante<br />
Balance, te voilà sirène. Pas celle à nageoire, celle à<br />
plume, guetteuse et gardienne, consciente de ce<br />
qui doit être préservé et de ce qu’il faut défendre de<br />
ses baisers doux ou coupants, de ses serres aussi<br />
majestueux que précis. Choisis bien qui tu manipuleras<br />
de ton chant. À Halloween : entame une<br />
danse qui laissera ton corps s’exprimer totalement<br />
dans son individualité jusqu’à transcender<br />
douleur et plaisir.<br />
Scorpion, te voilà Lilith. Mars conjoint au Soleil,<br />
Pluton retournant direct et <strong>novembre</strong> approchant,<br />
je te vois couronné·e·x, tantôt l’insoumise rejetée,<br />
tantôt reine des enfers, toujours l’influenceuse des<br />
ombres douces ou vengeresses. Assume ta puissance<br />
en toute bienveillance et sagesse, mais ne<br />
gaspille pas ce temps précieux, ne te concentre<br />
que sur l’important. À Halloween : sois leader, impose,<br />
décide, ensorcèle.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Psychiatric,<br />
Mylène Farmer<br />
Verseau, te voilà zombie.<br />
Tu as des buts, tu ne<br />
veux pas les perdre de<br />
vue, tu veux foncer. Tu es<br />
animé·e·x d’une énergie<br />
d’ailleurs, et ton électricité<br />
te confère la capacité<br />
de vivre aussi vite et intensément<br />
que tes idées.<br />
Attention dans ta course<br />
à ne pas avaler n’importe<br />
quoi, car au fond tu le<br />
sais, tu es aussi vivant·e·x<br />
que les autres, et donc<br />
vulnérable. À Halloween :<br />
Avoue à quelqu’un·e·x<br />
tes désirs cachés.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Improvisations,<br />
Sòley<br />
Poissons, te voilà licorne.<br />
J’ai presque envie de<br />
t’encourager à faire ce<br />
que tu sais bien faire,<br />
dédaigner la réalité pour<br />
imaginer d’autres univers,<br />
développer ta spiritualité,<br />
et être une insaisissable<br />
source d’amour pour ton<br />
entourage. À une condition<br />
: connecte-toi à<br />
tes tripes, et apprends<br />
à jouir de la solitude.<br />
À Halloween : crée un<br />
filtre pour purifier les<br />
eaux empoisonnées<br />
et écrire de nouveaux<br />
souvenirs.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Kill All Predators,<br />
Banshee<br />
Bélier, te voilà Banshee.<br />
Si tu n’as pas toujours<br />
bonne réputation, tu sens<br />
et tu sais quand quelque<br />
chose doit mourir, doit<br />
partir, et tu n’as pas peur,<br />
alors tu sais passer des<br />
intuitions aux actions.<br />
Ta force réside dans ton<br />
amour, ton optimisme<br />
et ta capacité à réunir.<br />
Jolie fée ou apeurante<br />
sorcière, quoiqu’il en<br />
soit, tu cries et frappes.<br />
À Halloween : révèle<br />
la vérité sans avoir peur<br />
de ce qui en mourrait.<br />
Ta chanson du mois :<br />
What’s a Girl to Do,<br />
Bat for Lashes<br />
Taureau, te voilà vampire.<br />
Pas étranger·e·x à la<br />
patience, à la lenteur, ni<br />
aux refuges en intérieurs<br />
criards et confortables,<br />
tu t’obstineras peut-être<br />
avec une précision et<br />
une méthodologie plus<br />
aiguisées que d’habitude<br />
depuis le fond de<br />
ton bureau ou de ton<br />
cœur. Résiste aux envies<br />
de dramatiser, mais<br />
magnifie tes émotions.<br />
À Halloween : attention,<br />
si tu déclares ton amour,<br />
il se pourrait qu’il dure<br />
toujours.<br />
SAGITTAIRE<br />
23 NOV – 21 DÉC<br />
CAPRICORNE<br />
22 DÉC – 20 JAN<br />
GÉMEAUX<br />
21 MAI – 21 JUIN<br />
CANCER<br />
22 JUIN – 22 JUIL<br />
LION<br />
23 JUIL – 22 AOÛT<br />
VIERGE<br />
23 AOÛ – 22 SEP<br />
Collages : Amina Belkasmi<br />
Ta chanson du mois :<br />
Dancing on Your Grave,<br />
Pixel Grip<br />
Sagittaire, te voilà Freyja,<br />
la première des Valkyries.<br />
C’est contre vent glacial<br />
que tu chevaucheras cet<br />
automne avec harmonie,<br />
prêt·e·x à mettre à mort<br />
tout ce qui n’est pas nécessaire,<br />
déterminé·e·x<br />
à faire triompher le beau,<br />
le faisant fructifier, et ne<br />
nourrissant que tes guerriers<br />
aptes à t’emmener<br />
vers tes vraies ambitions.<br />
À Halloween : invente-toi,<br />
dans le noir, un nouveau<br />
rituel de désintoxication<br />
par la folie.<br />
Ta chanson du mois :<br />
The Others,<br />
Rendez Vous<br />
Capricorne, te voilà<br />
Jörmungand. Tel le gigantesque<br />
serpent aquatique<br />
qui entoure la terre en attendant<br />
l’occasion de la<br />
faire valser sous ses ondulations<br />
tsunamesques,<br />
tranquillement tu récoltes,<br />
tu sèmes, tu prépares,<br />
tu sers, tu attends. Ta<br />
puissance est dans la<br />
longueur, la lenteur, la<br />
structure. Sur toi, tant peut<br />
reposer – lorsque tu<br />
n’es pas en mode chaos.<br />
À Halloween : honore<br />
tes amitiés par une<br />
ronde flamboyante.<br />
Ta chanson du mois :<br />
A Little Death To Laugh,<br />
Cold Cave<br />
Gémeaux, te voilà poltergeist.<br />
Ton éparpillage<br />
sera charmant et<br />
pertinent si tu le veux,<br />
et ton esprit frappeur<br />
frappera fort si tu le laisses<br />
puiser ses idées dans<br />
les tréfonds de ton ventre.<br />
Ébruite ce que les autres<br />
n’entendent pas et désordonne<br />
ce qui mérite<br />
d’être remué. L’obscurité<br />
a besoin de ton humour.<br />
À Halloween : fabrique-toi<br />
une potion contre les<br />
ennuis quotidiens banals<br />
qui empêchent la magie<br />
d’exister.<br />
Ta chanson du mois :<br />
I’m the Wolf Man,<br />
Round Robin<br />
Cancer, te voilà loupgarou.<br />
Prédateur lunaire<br />
et masqué, c’est entre<br />
simplicité, forestialité et<br />
ancrage que tu nourriras<br />
ta musculature corporelle<br />
et émotionnelle,<br />
prêt·e·x à laisser briller<br />
ton pelage, tes pupilles<br />
et tes crocs en hurlements<br />
et coups de dents<br />
passionnés, intenses et<br />
justes aux moments que<br />
tu sentiras propices.<br />
À Halloween : berceuse,<br />
sérénade ou opéra, vocalise<br />
mélodieusement<br />
ce qui doit être dit.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Prey/Hunter,<br />
Minuit Machine<br />
Lion, te voilà wendigo.<br />
Il semblerait que je t’ai<br />
attribué ici la plus sombre<br />
et triste créature de cet<br />
horoscope. Mais je sais<br />
que tu sais mettre de la<br />
lumière en tout, alors je<br />
m’y suis risqué en toute<br />
confiance. Le wendigo<br />
hante l’hiver après avoir<br />
mangé la chair de sa<br />
propre espèce. Seraistu<br />
encore plus fort·e·x<br />
si tu parlais la bouche<br />
pleine (d’inconnu) ? À<br />
Halloween : organise un<br />
banquet aux mets ensorcelés<br />
sans mensonge.<br />
Ta chanson du mois :<br />
Cooper Lake,<br />
Chyldren<br />
Vierge, te voilà elfe.<br />
Que ce soit en forêt de<br />
conifères ou en forêt<br />
de béton citadine, le ciel<br />
te confère cet automne<br />
charme, éloquence<br />
et des oreilles pointues<br />
aux aguets de tous les<br />
secrets, des plus merveilleux<br />
aux plus mesquins.<br />
Protège-toi et les<br />
autres des promesses<br />
illusoires et ne confonds<br />
pas séduction et vanité.<br />
À Halloween : lâche tes<br />
analyses et baigne-toi<br />
dans le poison qui te sert<br />
alors aussi d’antidote.<br />
64 HOROSCOPE<br />
LA TÊTE DANS LES ÉTOILES LA TÊTE DANS LES ÉTOILES<br />
HOROSCOPE<br />
65
MON RÊVE DE BONHEUR :<br />
UNE COMMUNAUTÉ AUTOGÉRÉE !<br />
Journaliste, autrice, animatrice<br />
de deux podcasts féministes à<br />
succès, Victoire Tuaillon travaille<br />
d’arrache-pied pour faire advenir<br />
la révolution de l’intime. Ses<br />
armes : le dialogue…et l’amour !<br />
Propos recueillis par<br />
Tal Madesta<br />
LA QUALITÉ QUE JE PRÉFÈRE<br />
CHEZ UN HOMME<br />
Sa grâce<br />
© Chloe Waso<br />
LA QUALITÉ QUE JE PRÉFÈRE<br />
CHEZ UNE FEMME<br />
Sa virilité<br />
LE PRINCIPAL TRAIT DE MON CARACTÈRE<br />
La générosité, m’a-t-on dit un jour. C’était une soirée<br />
dans mon petit studio, la musique s’est arrêtée brusquement,<br />
alors pour nous occuper, une amie a dit :<br />
on fait tous·tes·x un compliment à la personne qui se<br />
trouve à notre gauche (on devrait toujours faire ça).<br />
dilles et les décore avec des pétales et des baies pour<br />
séduire les femelles. Ça lui prend des semaines, et<br />
elles viennent y faire un tour avant de s’envoler si elles<br />
jugent que ce n’est pas assez joli.<br />
CE QUE J’APPRÉCIE LE PLUS<br />
CHEZ MES AMI·E·X·S<br />
Ielles sont capables de me recadrer vigoureusement.<br />
Une amie à qui je racontais une embrouille avec une<br />
écrivaine, à qui j’avais écrit quelque chose d'assez méchant,<br />
m’a ordonné de lui envoyer une lettre d’excuse.<br />
Ce que j’ai fait.<br />
MON RÊVE DE BONHEUR<br />
Une communauté autogérée dans un château ou un couvent<br />
qui servirait de bâtiment commun, autour duquel on<br />
aurait chacun·e·x un espace de vie indépendant. Il y aurait<br />
des animaux, un potager, on ne cesserait d’apprendre<br />
les un·e·x·s des autres, les enfants y seraient heureux,<br />
on développerait d’exceptionnelles compétences de<br />
résolution de conflits et de démocratie concrète.<br />
MON OCCUPATION PRÉFÉRÉE<br />
Faire des plannings et des listes afin de garder du<br />
temps pour ce qui compte : dormir, bien manger, faire<br />
du sport, méditer, savourer la présence des gens que<br />
j’aime, m’informer, lire et voir des films.<br />
LE PAYS OÙ JE DÉSIRERAIS VIVRE<br />
La France en mieux.<br />
MES HÉRO·ÏNE·X·S DANS LA VIE RÉELLE<br />
Les activistes iranien·ne·x·s du mouvement Femme,<br />
vie, liberté: ces lycéen·ne·x·s qui risquent leur vie en<br />
sortant manifester dans la rue, ces journalistes emprisonné·e·x·s<br />
pendant des mois et toutes les personnes<br />
qui les aident.<br />
L’OISEAU QUE JE PRÉFÈRE<br />
Le Vogelkop Bowerbird en Papouasie Nouvelle-<br />
Guinée, qui construit des huttes immenses en brin-<br />
66<br />
MA DEVISE FAVORITE<br />
Toutes les choses ont une fin, sauf les saucisses qui<br />
en ont deux.<br />
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