Boxoffice Pro Maghreb – Spécial Ateliers de l’Atlas – 27 novembre 2023

Hors-série / 27 novembre 2023
FRANÇAIS & ENGLISH
MAGHREB

Hors-série / 27 novembre 2023
FRANÇAIS & ENGLISH
MAGHREB
. INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC
MEHDI BENSAID, MINISTRE
EN CHARGE DE LA CULTURE
AU MAROC, LE
CINÉMA EN PLEINE
EXPANSION
Un programme gouvernemental ambitieux, un
écosystème d’exploitants privés en plein boom avec
des solutions innovantes et des salles de cinémas de
nouvelle génération.

Bienvenue dans le monde captivant du cinéma au Maghreb. Ce
magazine, fruit de notre collaboration entre Boxoffice Company
et Global Cinema Maroc, est conçu pour vous immerger dans
l’actualité des salles de cinéma, des exploitants, de la distribution et
des dernières innovations du septième art.
Notre vision est de créer un espace où la passion du cinéma rencontre
la connaissance, où chaque page apporte un éclairage nouveau sur
les tendances, les défis et les opportunités qui redéfinissent le cinéma
dans notre région. Nous nous engageons à offrir une plateforme
d’échange et d’inspiration pour les cinéphiles, les professionnels du
secteur, tout en mettant un accent particulier sur les contributions
de tous les acteurs de cette industrie.
Ce numéro spécial lance le voyage pour une série mensuelle
passionnante. Chaque mois, nous vous invitons à un rendez-vous
unique pour explorer ensemble les facettes toujours renouvelées du
cinéma maghrébin. Ce hors série est le point de départ pour les
prochaines éditions, promettant des contenus riches et diversifiés
qui célèbrent notre cinéma local et régional.
Au plaisir de partager notre passion avec vous,
Julien Marcel et Hakim Chagraoui
JULIEN MARCEL
Directeur de la
publication
TANGUY COLON
Journaliste
MARION DELIQUE
Rédactrice en chef
La Rédaction
SLIM MRAD
Journaliste
AYSEGÜL ALGAN
Journaliste
PHILIPPE COSQUERIC
Infographiste
CÉCILE VARGOZ
Journaliste
. ACTUALITÉS / IN THE NEWS
Entretien avec Mohamed Mehdi Bensaid 8
. FIFM 2023 / RENCONTRES
Interview avec Rémi Bonhomme 12
Interview avec Hédi Zardi 14
Rencontre avec Benjamin Reyntjes 16
. DISTRIBUTION / DISTRIBUTION
Sudu Connexion, d’un continent à l’autre 19
État des lieux et perspectives de l’exploitation marocaine,
avec Mohamed Khouna 20
. EXPLOITATION / OPERATION
Megarama consolide ses assises au Maroc 22
Cinerji accélére son ambitieux développement 26
. ARCHITECTURE / ARCHITECTURE
Entrevue avec Nicolas Chican 30
. TECHNOLOGIE / TECHNOLOGY
Interview avec Adil Zerouali 34
Interview avec Pascal Mabille 36
. EXPLOITATION / OPERATION
Pathé Cinémas s’implante à Casablanca 38
L’ambitieuse rénovation de l’historique
Caméra de Meknès 40
Au Mauritania de Tanger, CinéAtlas s’apprête
à passer la troisième 42
Rencontre avec Malika Chaghal,
de la Cinémathèque de Tanger 44
Cinémadart, bouffée d’art et essai à Carthage 46
Des Agora pour décentraliser
la culture et le cinéma en Tunisie 48
À Alger, lancement réussi pour le TMV Garden City 50
est une publication de
N°ISSN FRANCE : 2740-3335
Boxoffice Pro est édité par THE BOXOFFICE COMPANY au capital de 2 075 620 €, c/o
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Base de données Films guillaume.martin@boxoffice.com
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Caroline Roux / caroline.roux@webedia-group.com
Maquette / Infographie
Philippe Cosqueric / philippe.cosqueric@boxoffice.com & Charlie Coulot
Réalisation de Boxoffice Maghreb (numéro zéro) : Global Cinéma Maroc sous
licence The Boxoffice Company
Dépôt Légal Maroc : à parution du N°1
N°ISSN Maroc : en cours
Maquette/ Révision : Story&Brands
Infographie : Mohamed Mhannaoui
Impression : Alpha Print
Distribution restreinte au FIFM 2023-Marrakech
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@boxofficefr
@Boxoffice_fr
Boxoffice Pro France

LES FILMS 26 et ses partenaires
vous souhaitent un excellent Festival International du Film de Marrakech.
Nous vous donnons rendez-vous dans tous les cinémas du Maghreb
pour toujours plus d’émotions partagées.
Wish, Asha et la bonne étoile
Actuellement au cinéma
Silent Night
Dès le 8 décembre
Les Inséparables
Dès le 13 décembre
Une équipe de rêve
Dès le 20 décembre
Vermines
Dès le 27 décembre
La planète des singes : Le nouveau royaume
En 2024
Retrouvez toutes nos sorties sur www.films26.com
MERCI !

FESTIVAL / FESTIVAL
PROGRAMMATION COMPLÈTE DU 20 E FESTIVAL
INTERNATIONAL DU FILM DE MARRAKECH
Compétition officielle
Banel & Adama de Ramata-Toulaye Sy
Bye Bye Tibériade de Lina Soualem
City of Wind de Lkhagvadulam Purev-Ochir
Disco Afrika : Une histoire malgache de
Luck Razanajaona
Dormitory (Yurt) de Nehir Tuna
Excursion d’Una Gunjak
La Mère de tous les mensonges d’Asmae
El Moudir
Les Meutes de Kamal Lazraq
Notre monde de Luàna Bajrami
The Other Son de Juan Sebastián Quebrada
Prison in the Andes de Felipe Carmona
Silent Roar de Johnny Barrington
Toll de Carolina Markowicz
Tuesday de Daina O. Pusič
Séances de Gala
Déserts de Faouzi Bensaïdi
[Ouverture du festival] Hit Man de Richard
Linklater
Limbo d’Ivan Sen
Making Of de Cédric Kahn
Memory de Michel Franco
Moi capitaine de Matteo Garrone
Winter Break (The Holdovers) d’Alexander
Payne
Séances spéciales
Animalia de Sofia Alaoui
Bâtiment 5 de Ladj Ly
La Bête de Bertrand Bonello
La Chimère d’Alice Rohrwacher
Chroniques de Téhéran (Terrestrial Verses)
d’Ali Asgari & Alireza Khatami
Europa de Sudabeh Mortezai
Explanation for Everything de Gábor Reisz
Goodbye Julia de Mohamed Kordofani
Green Border d’Agnieszka Hollan
Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan
Machtat de Sonia Ben Slama
Les Ordinaires (Behind the Mountains)
de Mohamed Ben Attia
The Promised Land de Nikolaj Arcel
Sarafina! de Darrel James Roodt [copie restaurée]
Sidonie au Japon d’Élise Girard
Simple comme Sylvain de Monia Chokri
Le 11 e continent
Between Revolutions de Vlad Petri
Beyrouth Fantôme de Ghassan Salhab
Casablanca d’Adriano Valerio
Coconut Head Generation d’Alain Kassanda
Les Dupes de Tewfik Saleh [copie restaurée]
Eureka de Lisandro Alonso
Foremost by Night de Víctor Iriarte
The Human Surge 3 d’Eduardo William
Little Girl Blue de Mona Achache
Mambar Pierrette de Rosine Mbakam
La Mariée de Myriam Birara
Or de vie de Boubacar Sangaré
Portraits fantômes de Kleber Mendonça Filho
Panorama du cinéma marocain
Indivision de Leïla Kilani
Mon père n’est pas mort d’Adil El Fadili
Mon souk du jeudi d’Izza Edery-Génini
Mora est là de Khalil Zairi
Moroccan Badass Girl de Hicham Lasri
Triple A de Jihane El Bahhar
Jeune public
Arrietty : Le petit monde des chapardeurs
de Hiromasa Yonebayashi
Le Chameau et le meunier d’Abdollah Alimorad
Dounia et la princesse d’Alep de Marya Zarif
& André Kadi
La Fille de son père d’Erwan Le Duc
Mica d’Ismaël Ferroukhi
Nina et le secret du hérisson d’Alain Gagnol
& Jean-Loup Felicioli
Place Jemaa El Fna
Dados d’Abdelouahed Mjahed
L’Éléphant bleu 2 de Marwan Hamed
Green Card de Hicham Regragui
Indiana Jones et le cadran de la destinée
de James Mangold
Pathaan de Siddharth Anand
Shine a Light de Martin Scorsese
Volubilis de Faouzi Bensaïdi
Voy! Voy! Voy! d’Omar Hilal
SÉLECTION DES 6 E ATELIERS DE L’ATLAS
Projets en développement
Amnesia de Dima Hamdan (Palestine)
Fléau (Plague) de Youssef Chebbi (Tunisie)
Il Padre Selvaggio de Sammy Baloji (RDC)
La nuit nous protège de Moumouni Sanou (Burkina Faso)
La Passion d’Aline de Rokhaya Marieme Balde (Sénégal)
La Rage (Rabies) de Sandra Tabet (Liban)
Les Fils de la louve d’Ismaël El Iraki (Maroc)
Mosi-Oa-Tunya de Khadar Ayderus Ahmed (Somalie)
Running with Beasts de Leila Basma (Liban)
Segura Para Mim O Tempo (Hold Time for Me) de Fradique (Angola)
The Camel Driving School de Halima Ouardiri (Maroc)
We Don’t Forget d’Adnane Baraka (Maroc)
Regards sur l’Atlas
La Fin de l’été de Hakim Mao (Maroc)
Les Oiseaux de Shehrazade de Sofia El Khyari (Maroc)
Out of School de Hind Bensari (Maroc)
Road Trip de Linda Qibaa (Maroc)
Films en tournage ou postproduction
Agora d’Ala Eddine Slim (Tunisie)
La Mer au loin de Saïd Hamich Benlarbi (Maroc)
Le Magma de Mia Bendrimia (Algérie)
Marie & Jolie d’Erige Sehiri (Tunisie)
Motherhood de Meryam Joobeur (Tunisie)
Perfumed with Mint de Muhammed Hamdy (Égypte)
The Village Next to Paradise de Mo Harawe (Somalie)
Atlas Film Showcase
Demba de Mamadou Dia (Sénégal)
Happy Lovers de Hicham Lasri (Maroc)
6 Maghreb / 27 novembre 2023

ACTUALITÉS / IN THE NEWS
ENTRETIEN AVEC
MOHAMED MEHDI BENSAID
Le ministère et le CCM étudient la
possibilité d’augmenter le montant
alloué aux productions nationales
En marge de la 20 ème édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM),
Mohamed Mehdi Bensaid, Ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du
Maroc revient sur les avancées du secteur du cinéma dans le royaume, son ambitieux
programme de 150 salles à déployer en priorité dans les petites et moyennes villes et de la
réforme que son département étudie pour dynamiser un secteur qui connait son âge d’or
Comment se porte globalement le secteur
du cinéma au Maroc ?
Globalement, le secteur du cinéma au Maroc connait
des avancées réelles de part une reconnaissance aujourd’hui
des productions marocaines au niveau étranger, par des prix
remportés par différents producteurs, réalisateurs ou autres,
ce qui démontre qu’il y a une qualité reconnue aujourd’hui
au niveau de la production marocaine. Bien sûr, c’est un
secteur qui reste à renforcer dans la mesure où l’objectif
principal du ministère est, c’est de permettre la mise en
place d’un écosystème et l’éclosion de davantage de moyens
pour davantage de productions de qualité, même au niveau
technique par rapport aux prix spéciaux ou autres qui
nécessitent parfois des moyens que n’ont pas forcément nos
productions marocaines. C’est tout le débat aujourd’hui,
et l’objectif du ministère c’est de permettre de ramener des
moyens de financement à nos productions marocaines, par
l’éclosion aussi de nouvelles salles de cinéma au Maroc et
bien sûr une réappropriation des salles de cinéma par les
Marocains et les Marocaines, c’est-à-dire une culture de
cinéma qui reviendrait par rapport à différents projets que
nous avons mis en place dont le plus important reste les
150 salles dans les centres culturels que nous avons sur
le Royaume.
Cette année le FIFM fête ses 20 ans. Quel est
votre message aux festivaliers ?
Effectivement, nous fêtons cette année les 20 ans du
festival de cinéma à Marrakech et bien sûr, c’est d’abord
une fête pour fêter le cinéma mondial, une manière pour
nos cinéastes marocains, producteurs ou autres de voir les
différentes expériences à l’international. C’est donc quelque
chose de bénéfique. Bien sûr, c’est aussi une manière de se
confronter à la réalité des évolutions du cinéma mondial.
Le festival connait aujourd’hui un essor incroyable, une
reconnaissance aussi de par la qualité des invités, des membres
du jury, heureux tout simplement de venir au festival. Donc,
bonne chance au festival pour l’avenir Inchaallah, pour qu’il
puisse jouer ce rôle pionnier pour le cinéma marocain.
Quel a été son apport pour le pays et pour
l’industrie locale du cinéma ?
Tout d’abord, comme je l’ai dit tout à l’heure, cet échange
d’expériences, c’est aussi la possibilité pour les producteurs,
réalisateurs, acteurs etc., de faire connaissance avec leurs
homologues internationaux. C’est donc aussi un réseautage
important pour nous, pour pouvoir exister dans les plus
grands festivals, à l’image des Oscars ou autres et donc
aujourd’hui, c’est une opportunité pour les cinéastes
marocains, pour l’écosystème marocain de s’améliorer et
d’exister à l’international.
Vous avez lancé un ambitieux programme
de 150 salles de cinéma polyvalentes. Où en
êtes-vous dans ce projet ?
Effectivement, nous avons lancé un programme de 150
salles de cinéma polyvalentes qui est en train de voir le jour.
Les 50 premières salles sont déjà prêtes à accueillir les
premières productions. Nous sommes uniquement aujourd’hui
dans une phase de gestion des salles, comment gérer les
salles, comment permettre à tout un chacun de présenter
ses productions. C’est vraiment le volet administratif et de
gestion que nous sommes en train de gérer actuellement.
Sachant que les pour les 50 salles, c’est pour novembre et
décembre, 50 autres salles pour janvier et enfin 50 en février
pour atteindre l’objectif des 150. L’objectif étant encore une
fois de mettre en place un écosystème qui permettra à nos
films d’être vus par le plus grand nombre de marocains et
marocaines, pour encourager la culture du cinéma, un lieu
démocratique où toutes les couches sociales sont là pour
évaluer, regarder, apprécier une œuvre esthétique et
cinématographique et surtout on a mis en place une politique
de pricing qui respecte aussi la poche des marocains et des
marocaines, avec un maximum de prix à 20 dirhams,
l’objectif étant de revenir au cinéma et donc d’encourager
la production nationale.
Comment se fera le déploiement en régions
et la gestion de ces salles ?
Le déploiement des 150 salles est essentiellement prévu
dans les petites et moyennes villes où il n’y a pas de salles
de cinéma privées. L’objectif pour nous n’est pas de concurrencer
le privé, mais au contraire d’accompagner l’investissement
déjà mis en place et de pousser vers davantage de culture
cinématographique avec une programmation, en partenariat
avec le CCM. C’est donc cette partie gestion que nous
menons actuellement avec des expériences pilotes qui
différeront peut-être d’une région à une autre, selon les
besoins, des coûts, de la disponibilité des ressources humaines.
Il y aura aussi des fonctionnalités à mettre en place avec les
cinéclubs et autres, des personnes qui s’intéressent au cinéma
afin de permettre une vraie programmation et une réanimation
culturelle autour du cinéma dans ces différentes salles.
Les Marocains ont
soif de voir leur
Histoire dans des
films historiques, des
héros marocains…
Avez-vous prévu une tarification spéciale
pour permettre une meilleure accessibilité du
grand public ?
Côté tarification, comme je l’ai signalé tout à l’heure,
elle est spéciale. Nous avons prévu un ticket à 20 dirhams
avec une réduction pour les jeunes via le « pass jeunes » à
15 dirhams, l’objectif étant, encore une fois de permettre à
tout un chacun d’aller au cinéma et de rencontrer ces œuvres
cinématographiques, ces productions marocaines, ces
réalisations, ces acteurs et actrices du Maroc sur tout
le territoire.
Quelle sera la place des films nationaux dans
la programmation de ce réseau ?
Dans un premier temps, il n’y aura que des productions
nationales. Ce sont des salles mises à la disposition des
producteurs et réalisateurs marocains avec bien sûr, ici et là
la possibilité d’organiser des semaines et des manifestations
cinématographiques à travers les partenariats que nous avons
au niveau international pour faire connaitre tel ou tel cinéma
étranger, cela en accord avec la volonté des régions et de
permettre à chaque salle de faire une programmation en plus
des productions nationales qui seront diffusées à plein temps.
Des projets privés se lancent aussi dans des
investissements importants. Qu’en pensezvous
? Comment vous les accompagnez dans la
réalisation de leurs projets ?
Dans projets dans les grandes villes, mais aussi dans les
villes moyennes et c’est en cela encourageant. Bien sûr, le
ministère, à travers le Centre cinématographique marocain
(CCM) qui accompagne ces investissements-là avec un
soutien qui est réel pour les salles de cinéma, pour la
numérisation et la mise en valeur, etc., et même pour essayer
de valoriser les cinémas existants, patrimoniaux, qui ont une
histoire dans un quartier donné. L’idée est d’essayer aussi de
les accompagner, de les soutenir, pour qu’ils puissent tout
simplement revoir le modèle économique et exister encore,
parce-que ces cinémas, ces mono-salles pour la plupart d’entre
eux ont une histoire avec une partie des citoyens marocains.
Comment le CCM pourrait encore mieux
soutenir les producteurs et réalisateurs au Maroc ?
Concernant la question, comment le CCM pourrait
encore mieux soutenir le cinéma et la production marocaine,
justement, le ministère et le CCM sont en train d’étudier la
possibilité d’augmenter le montant alloué aux productions
nationales et pour ça, on est en train de voir comment avoir
de nouveaux revenus pour le CCM. C’est des choses qui
sont dans le pipe, que nous sommes en train d’étudier.
L’objectif étant de s’ouvrir à de nouveaux genres de cinéma,
le cinéma historique, le cinéma pour enfants, le cinéma
animé aussi, qui nécessitent davantage de moyens et donc,
8 Maghreb / 27 novembre 2023

l’objectif étant aujourd’hui de trouver de nouvelles ressources
pour le CCM, c’est ce qui est à l’étude actuellement.
Que prévoyez-vous de concret dans votre
politique en faveur de la production locale ?
Le concret, c’est ce que je suis en train de dire actuellement.
Les études ont déjà démarré pour mettre en place tout
simplement des revenus nouveaux au CCM qui pourront
justement mettre en place cette volonté du ministère de voir
éclore de nouveaux genres de cinéma, en plus des 150 salles
de cinéma, donc : l’écosystème est en train d’évoluer. Je pense
que d’ici quelques années, on aura davantage de personnes
qui vont dans les salles de cinéma, un pricing adapté aux
Marocains et Marocaines, et une progression des productions
marocaines à travers de genres qui n’existent pas aujourd’hui.
Je l’ai dit tout à l’heure, les Marocains ont soif de voir leur
Histoire dans des films historique, des héros marocains, les
enfants ont aussi besoin de voir les animés marocains etc.
Et pourquoi pas faire demain des co-production sur des
histoires communes, des blockbusters communs avec d’autres
pays qui nous permettront de faire connaitre notre savoirfaire
à l’international.
Le Maroc continue-t-il d’être le pays d’accueil
des tournages étrangers ? Combien cette année ?
Un savoir-faire aussi qui a gagné en expertise par les
différentes productions internationales tournées au Maroc
depuis des années maintenant. D’ailleurs, depuis l’arrivée
de ce gouvernement, nous avons augmenté la « taxe rebate
» qui est passée de 20 à 30%, ce qui nous permet d’atteindre
le milliard en termes d’investissement au Maroc, ce qui
est une année exceptionnelle en termes de
tournages internationaux.
Sur le tournage de «Gladiator 2» au Maroc
Interview with
Mehdi Bensaid
On the sidelines of the 20th edition of the Marrakech International
Film Festival (FIFM), Mohamed Mehdi Bensaid, Minister of Youth,
Culture and Communication of Morocco, discusses the progress
of the cinema sector in the kingdom, its ambitious program of
150 rooms to be deployed as a priority in small and medium-sized
towns and the reform that his department is studying to boost a
sector which is experiencing its golden age
How is the cinema sector in Morocco doing overall?
Overall, the cinema sector in Morocco is experiencing real progress thanks to the
recognition today of Moroccan productions abroad, through prizes won by different
producers, directors or others, which demonstrates that there is a quality recognized
today. today at the level of Moroccan production. Of course, this is a sector that
remains to be strengthened to the extent that the main objective of the ministry is to
enable the establishment of an ecosystem and the emergence of more means for more
production of quality, even at the technical level in relation to special prices or others
which sometimes require resources that our Moroccan productions do not necessarily
have. This is the whole debate today, and the objective of the ministry is to allow us
to bring back means of financing to our Moroccan productions, also through the
emergence of new cinemas in Morocco and of course a reappropriation of cinemas
by Moroccans, that is to say a culture of cinema which would return in relation to
the various projects that we have put in place, the most important of which remains
the 150 cinemas in the cultural centers that we have on the kingdom.
This year the FIFM celebrates its 20th anniversary. What is your
message to festival-goers?
Indeed, this year we are celebrating the 20 th anniversary of the film festival in
Marrakech and of course, it is first and foremost a party to celebrate world cinema,
a way for our Moroccan filmmakers, producers or others to see the different experiences
there. So it’s something beneficial. Of course, it is also a way of confronting the reality
of developments in world cinema. The festival is now experiencing incredible growth,
recognition also due to the quality of the guests, the members of the jury, who are
simply happy to come to the festival. So, good luck to the festival for the future
Inshaallah, so that it can play this pioneering role for Moroccan cinema.
What was its contribution to the country and to the local film
industry?
First of all, as I said earlier, this exchange of experiences is also the possibility for
producers, directors, actors, etc., to get to know their international counterparts. It
is therefore also important networking for us, to be able to exist in the biggest festivals,
like the Oscars or others and therefore today, it is an opportunity for Moroccan
filmmakers, for the Moroccan ecosystem of improve and exist internationally.
You have launched an ambitious program of 150 multi-purpose
cinemas. Where are you in this project?
Indeed, we have launched a program of 150 multi-purpose cinemas which is now
seeing the light of day. The first 50 rooms are already ready to host the first productions.
Today we are only in a phase of managing the rooms, how to manage the rooms, how to
allow everyone to present their productions. This is really the administrative and management
aspect that we are currently managing. Knowing that for the 50 rooms, it is for
November and December, 50 other rooms for January and finally 50 in February to reach
the objective of 150. The objective being once again to set up an ecosystem which will
allow our films to be seen by the greatest number of Moroccans, to encourage the culture
of cinema, a democratic place where all social strata are there to evaluate, watch, appreciate
an aesthetic and cinematographic work and above all we have put in place places a pricing
policy which also respects the pockets of Moroccans, with a maximum price of 20 dirhams,
the objective being to return to cinema and therefore to encourage national production.
Maghreb / 27 novembre 2023
9

ACTUALITÉS / IN THE NEWS
How will the regional deployment and management of these
cinemas be carried out?
The deployment of 150 theaters is mainly planned in small and medium-sized
towns where there are no private cinemas. The objective for us is not to compete with
the private sector, but on the contrary to support the investment already put in place
and to push towards more cinematographic culture with programming, in partnership
with the CCM. It is therefore this management part that we are currently carrying
out with pilot experiments which will perhaps differ from one region to another,
depending on needs, costs and the availability of human resources. There will also be
functions to be put in place with film clubs and others, people who are interested in
cinema in order to allow real programming and cultural
resuscitation around cinema in these different rooms.
Have you planned special pricing to allow
better accessibility for the general public?
In terms of pricing, as I pointed out earlier, she is special.
We have provided a ticket for 20 dirhams with a reduction
for young people via the “youth pass” at 15 dirhams, the
objective being, once again, to allow everyone to go to the
cinema and encounter these cinematographic works, these
Moroccan productions, these achievements, these actors and
actresses from Morocco throughout the territory.
What will be the place of national films in the programming of
this network?
Initially, there will only be national productions. These are rooms made available
to Moroccan producers and directors with of course, here and there the possibility of
organizing weeks and cinematographic events through the partnerships that we have
at the international level to promote this or that foreign cinema, this in accordance
with the wishes of the regions and to allow each theater to produce programming in
addition to national productions which will be broadcast full time.
Private projects are also embarking on significant investments.
What do you think ? How do you support them in carrying out their
projects?
In projects in large cities, but also in medium-sized towns and this is encouraging.
Of course, the ministry, through the Moroccan Cinematographic Center (CCM)
which accompanies these investments with real support for cinemas, for digitization
and promotion, etc., and even to try to promote existing, heritage cinemas that have
The goal is to
allow everyone
to go to the
cinema
a history in a given neighborhood. The idea is to also try to accompany them, to
support them, so that they can simply review the economic model and still exist,
because these cinemas, these single-theaters for the majority of them have a history
with some Moroccan citizens.
How could the CCM even better support producers and directors
in Morocco?
Concerning the question, how the CCM could even better support Moroccan
cinema and production, precisely, the ministry and the CCM are studying the possibility
of increasing the amount allocated to national productions and for that, we are
in the process of to see how to have new income for the
CCM. These are things that are in the pipeline, that we are
currently studying. The objective being to open up to new
genres of cinema, historical cinema, children’s cinema,
animated cinema too, which require more resources and
therefore, the objective today being to find new resources
for CCM is what is currently being studied.
What concrete plans do you have in your policy
in favor of local production?
The concrete is what I am saying now. Studies have already
started to simply put in place new revenues at the CCM which will be able to put in
place this desire of the ministry to see the emergence of new genres of cinema, in
addition to the 150 cinemas, therefore: the ecosystem is in evolving. I think that
within a few years, we will have more people going to cinemas, pricing adapted to
Moroccans, and a progression of Moroccan productions through genres that do not
exist today. I said it earlier, Moroccans are thirsty to see their History in historical
films, Moroccan heroes, children also need to see Moroccan animated films etc. And
why not do co-production tomorrow on joint stories, joint blockbusters with other
countries which will allow us to make our know-how known internationally.
Does Morocco continue to be the host country for foreign filming?
How much this year?
A know-how which has also gained in expertise through the various international
productions filmed in Morocco for years now. Moreover, since the arrival of this
government, we have increased the “rebate tax” which went from 20 to 30%, which
allows us to reach one billion in terms of investment in Morocco, which is a exceptional
year in terms of international filming.
Willem Dafoe et Mads Mikkelsen au FIFM 2023
10 Maghreb / 27 novembre 2023

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE MARRAKECH / RENCONTRES
INTERVIEW AVEC
RÉMI BONHOMME
Les 75 films présentés à
Marrakech sont le reflet
de nos enthousiasmes
Directeur artistique et directeur des Ateliers de
l’Atlas, Rémi Bonhomme revient pour Boxoffice
Pro Maghreb sur les choix qui ont guidé la riche
programmation de la 20 ème édition du Festival
International du Film de Marrakech (FIFM) après
un visionnage de 800 films pour en sélectionner
75 œuvres en provenance de 36 pays
Rémi Bonhomme
Comment définiriez-vous le cru et la
programmation 2023 ? Quels ont été les challenges
pour constituer cette sélection ?
Avec mon comité de sélection, nous avons visionné plus
de 800 films pour concevoir cette programmation riche de
75 oeuvres en provenance de 36 pays. La sélection de cette
édition est marquée par une représentation très forte du cinéma
africain, à travers 15 films marocains mais aussi des cinéastes
du Sénégal, de Madagascar, d’Afrique du Sud, du Rwanda,
du Nigeria ou du Burkina Faso. Ces 75 films sont le reflet de
nos enthousiasmes et de notre souhait qu’à travers ces œuvres,
le public puisse s’émouvoir, s’interroger, être bousculé, comme
autant de manières de mieux comprendre le monde.
Pour la compétition réservée aux premiers et seconds longs
métrages, nos choix ont été guidés par le désir de découvrir
des voix singulières aux univers déjà très affirmés. Les films
en lice pour l’Étoile d’or explorent plusieurs genres
cinématographiques, de la fable moderne au film noir en
passant par la farce politique et le documentaire, présent à
travers deux films : Bye Bye Tiberias de Lina Soualem et La
Mère de tous les mensonges d’Asmae el Moudir, deux récits
familiaux qui questionnent la transmission de la mémoire et
l’histoire d’un pays. Le documentaire est d’ailleurs un genre
très représenté cette année dans toutes les sections du festival.
Pour les séances de Gala qui sont les points d’orgue du
festival, nous avions à cœur de programmer des comédies car
le rire représente sans doute l’émotion la plus pure offerte par
le cinéma. Le ton sera donné dès l’ouverture avec Hit Man,
la comédie au rythme endiablé de Richard Linklater ; et se
prolongera avec Désert, le western burlesque de Faouzi Bensaïdi,
Winter Break (The Holdovers), la comédie tendre d’Alexander
Payne et Making Of, un film à la fois social et rempli d’humour
signé par Cédric Kahn. Les séances de Galas seront aussi
l’occasion de découvrir des interprétations mémorables : celles
de Seydou Sarr, récompensé du Prix Marcello Mastroianni à
la Mostra de Venise pour son rôle dans Moi Capitaine de
Matteo Garrone, de Simon Baker, qui apparaît métamorphosé
dans Limbo d’Ivan ou encore la prestation inoubliable de
Jessica Chastain, présidente du jury de cette édition, dans
Memory de Michel Franco.
Le programme des séances spéciales conjugue des films
de cinéastes passionnants (Nikolaj Arcel, Bertrand Bonello,
Monia Chokri, Agnieszka Holland, Ladj Ly et Alice Rohrwacher)
avec des œuvres signées par la nouvelle garde du cinéma
mondial comme Animalia, la fable fantastique et poétique de
Sofia Alaoui, Europa de Sudabeh Mortezai, ancienne lauréate
de l’Etoile d’Or ou Explanation for Everything de Gabor
Les films en lice
pour l’Etoile
d’or explorent
plusieurs genres
cinématographiques
Reisz, une réflexion captivante sur l’éducation.
A travers la section du 11 e Continent qui accueille des
films novateurs, nous avons conçu une programmation qui
ouvre un dialogue entre films contemporains et œuvres
classiques, entre cinéastes salués par la critique (Kleber
Mendonça Filho, Lisandro Alonso, Mona Achache) et une
nouvelle génération d’auteurs audacieux (Alain Kassanda,
Rosine Mbakam, Vlad Petri ou Teddy Williams). Enfin, le
Panorama du cinéma marocain nous permet de mettre à
l’honneur le cinéma national. Nous y présenterons notamment
en première mondiale Mora est là, le documentaire très
émouvant de Khalil Zairi et Moroccan Badass Girl, le film
pop et détonnant de Hicham Lasri.
Que peut avoir l’impact d’une nomination à
Marrakech pour les films ?
Les enjeux d’une sélection d’un film au festival de Marrakech
se situent à plusieurs niveaux. Pour les films marocains présentés
dans les différentes sections de la programmation, le festival
représente une rampe de lancement pour préparer une sortie
dans les salles marocaines. L’exposition au festival est l’opportunité
de bénéficier d’une couverture par la presse nationale très
présente à Marrakech. Ces dernières années, la filière de la
distribution s’est remarquablement structurée et développée
au Maghreb et au Moyen-Orient, permettant à un nombre
plus important de films indépendants d’accéder aux écrans.
Le processus de sélection des festivals du monde arabe se
déroule désormais en dialogue avec les distributeurs régionaux
dont nous prenons en compte les enjeux stratégiques ainsi
que les calendriers de sortie. Ces discussions concernent autant
des films aux sorties importantes sur plusieurs territoires que
celles, plus confidentielles, à l’échelle d’un pays. Concernant
les premiers et seconds films internationaux présentés en
compétition officielle, l’impact d’une sélection à Marrakech
se situe au niveau de l’exposition auprès de la presse et de
Interview with
Rémi Bonhomme
How would you define the 2023 vintage and
program? What were the challenges in putting
together this selection?
Together with my selection committee, we screened over 800
films to create this rich program of 75 works from 36 countries.
This year’s selection is marked by a very strong representation
of African cinema, with 15 Moroccan films, as well as works
by filmmakers from Senegal, Madagascar, South Africa, Rwanda,
Nigeria and Burkina Faso. These 75 films reflect our enthusiasm
and our wish that, through these works, audiences can be
moved, questioned and challenged, as ways of better understanding
the world.
For the competition reserved for first and second feature-length
films, our choices were guided by the desire to discover singular
voices with universes that were already very assertive. The films
in the running for the Étoile d’or explore a wide range of
cinematic genres, from modern fable to film noir, political
farce and documentary, as seen in two films: Bye Bye Tiberias
by Lina Soualem and La Mère de tous les mensonges by Asmae
el Moudir, two family stories that question the transmission
of memory and the history of a country. Documentary is a
genre strongly represented this year in all sections of the festival.
For the Gala screenings, which are the high points of the
festival, we were keen to program comedies, as laughter is
undoubtedly the purest emotion offered by cinema. The tone
will be set at the opening with Richard Linklater’s fast-paced
comedy Hit Man, and will continue with Faouzi Bensaïdi’s
slapstick western Désert, Alexander Payne’s tender comedy
Winter Break (The Holdovers) and Cédric Kahn’s humorous
social film Making Of. The Gala screenings will also feature
memorable performances from Seydou Sarr, winner of the
Marcello Mastroianni Prize at the Venice Film Festival for his
role in Matteo Garrone’s Moi Capitaine, Simon Baker, who
appears in a metamorphosis in Ivan’s Limbo, and the unforgettable
performance of Jessica Chastain, president of this
year’s jury, in Michel Franco’s Memory.
The program of special screenings combines films by exciting
filmmakers (Nikolaj Arcel, Bertrand Bonello, Monia Chokri,
Agnieszka Holland, Ladj Ly and Alice Rohrwacher) with works
by the new guard of world cinema, such as Animalia, Sofia
Alaoui’s fantastic and poetic fable, Europa by former Etoile
d’Or winner Sudabeh Mortezai, and Gabor Reisz’s Explanation
12 Maghreb / 27 novembre 2023

for Everything, a captivating reflection on education.
Through the 11 th Continent section, which welcomes innovative
films, we have designed a program that opens up a
dialogue between contemporary films and classic works,
between critically acclaimed filmmakers (Kleber Mendonça
Filho, Lisandro Alonso, Mona Achache) and a new generation
of daring auteurs (Alain Kassanda, Rosine Mbakam, Vlad
Petri or Teddy Williams). Last but not least, the Panorama
du cinéma marocain (Panorama of Moroccan Cinema) gives
us the opportunity to showcase national cinema. We’ll be
presenting the world premiere of Mora est là, Khalil Zairi’s
moving documentary, and Moroccan Badass Girl, Hicham
Lasri’s explosive pop film.
What impact does a Marrakech nomination
have on films?
The stakes involved in selecting a film for the Marrakech
Festival are severalfold. For Moroccan films presented in the
various sections of the program, the festival represents a
launching pad to prepare for release in Moroccan cinemas.
Exposure at the festival is an opportunity to benefit from
coverage by the national press, which has a strong presence
in Marrakech. In recent years, the distribution sector in the
Maghreb and the Middle East has become remarkably structured
and developed, enabling a greater number of independent
films to reach the screens. The selection process for festivals
in the Arab world now takes place in dialogue with regional
distributors, whose strategic stakes and release schedules we
take into account. These discussions concern films with major
From a global
perspective, the
Marrakesh festival
has developed its
own identity
releases in several territories, as well as more confidential
country-wide releases. For first and second international films
in the official competition, the impact of selection at Marrakech
is in terms of exposure to the press and the international
industry. The Marrakech Festival’s strength lies in placing
these new talents at the heart of its programming, giving them
a high profile thanks to the presence of prestigious juries. At
the 2022 edition, Emad Aleebrahim Dehkordi’s Chevalier
noir, awarded the Etoile d’or by Paolo Sorrentino, took full
advantage of this media exposure after a rather confidential
world premiere at the San Sebastian Festival. His international
distributor Indiesales and his French distributor Jour2fête
were able to take advantage of this second exposure window
offered by Marrakech to pursue their work.
How do you analyze the festival’s evolution
over the last few years?
Since its creation in 2001, the Marrakech Film Festival
has rapidly established its international credibility through
the quality of its organization, the rigor of its programming
and its ability to bring together, in a unique way, the biggest
names in world cinema, thanks to the passionate work of
Mélita Toscan du Plantier, who has created relationships of
trust with these personalities. Any festival must evolve to meet
the expectations of an industry in constant motion and an
audience whose practices are changing. In 2018, the festival
added a new professional program, Ateliers de l’Atlas, to meet
the need for Moroccan, Arab and African professionals to
meet, support and gain visibility. The festival has also added
l’industrie internationale. L’atout du Festival de Marrakech
est de placer ces nouveaux talents au cœur de sa programmation,
leur donnant ainsi une visibilité forte notamment grâce à la
présence de jurys prestigieux. Lors de l’édition 2022, Chevalier
noir de Emad Aleebrahim Dehkordi, récompensé de l’Etoile
d’or par Paolo Sorrentino, a pleinement bénéficié de cette
exposition médiatique après une première mondiale assez
confidentielle au Festival de San Sebastian. Son vendeur
international Indiesales et son distributeur français Jour2fête
ont pu s’appuyer sur cette deuxième fenêtre d’exposition
offerte par Marrakech pour poursuivre leur travail.
Comment analysez-vous l’évolution du festival
ces dernières années ?
Depuis sa création en 2001, le Festival de Marrakech a
très vite assis sa crédibilité à l’international par la qualité de
son organisation, l’exigence de sa programmation et sa
capacité de réunir, de manière unique, les plus grands noms
du cinéma mondial grâce au travail passionné de Mélita
Toscan du Plantier qui a créé des relations de confiance avec
ces personnalités. Tout festival se doit d’évoluer pour répondre
aux attentes d’une industrie en constant mouvement et d’un
public dont les pratiques évoluent. En 2018, le festival s’est
doté d’un nouveau programme professionnel, les Ateliers
de l’Atlas, afin de répondre au besoin de rencontre,
d’accompagnement et de visibilité des professionnels
marocains, arabes et africains. Le festival a également ajouté
de nouvelles sections à sa programmation pour diversifier
son public. Le 11 e Continent permet d’accueillir des œuvres
audacieuses présentées dans une salle récente, l’auditorium
du Musée Yves Saint-Laurent, qui offre la possibilité à un
public cinéphile de s’aventurer hors des sentiers battus en
venant à la rencontre de cinéastes novateurs. Le festival a
également développé son action envers le jeune public afin
de sensibiliser les spectateurs de demain. Cette année, ces
séances réuniront près de 8 000 enfants et adolescents, dont
certains feront l’expérience magique de la salle de cinéma
pour la première fois.
À long terme, que doit devenir le Festival de
Marrakech : un acteur régional majeur ou une
rampe de lancement pour le cinéma mondial qui
viendra aussi y faire des avant-premières inédites,
comme à Cannes ou Toronto ?
Le Festival de Marrakech est amené à tenir un rôle à la
new sections to its programming to diversify its audience.
In the long term, what should the Marrakech
Festival become: a major regional player, or a
launching pad for world cinema, which will also
come here to premiere new films, as in Cannes
or Toronto?
The Marrakech Film Festival is set to play a key role both
regionally and worldwide. Over the past few years, Moroccan,
Arab and African cinema has experienced a veritable boom,
illustrated by its high-profile presence at international festivals.
By hosting Middle Eastern, African and world premieres of
films from the region, the Marrakech Festival has become
one of the most visible and eagerly awaited platforms for
these filmmakers and their distributors.
From a global perspective, the Marrakech Festival has
developed its own identity as a unique meeting place for
young talent and the biggest names in cinema. This combination
of discovering new auteurs and celebrating the most
prestigious filmmakers and actors is one of the Festival’s
strengths, as it regularly leads to collaborations. Recently,
actress Vanessa Kirby decided to support the film Foudre in
the race for the Oscars, by taking on the role of executive
producer. She discovered Carmen Jaquier’s first film when
fois régional et mondial. Depuis quelques années, les cinémas
marocains, arabes et africains connaissent un véritable essor,
illustré par leur présence très remarquée dans les festivals
internationaux. En accueillant les premières Moyen-Orient
et Afrique ou mondiales de films de la région, le Festival de
Marrakech est devenu l’une des plateformes les plus visibles
et attendues pour ces cinéastes et leurs distributeurs.
D’un point de vue mondial, le Festival de Marrakech a
su développer son identité propre : celle d’un lieu de rencontre
unique entre des jeunes talents et les plus grands noms du
cinéma. Cette association de la découverte d’auteurs à la
célébration des cinéastes et comédiens les plus prestigieux est
l’une des forces du festival car elle aboutit régulièrement à des
collaborations. Récemment, la comédienne Vanessa Kirby a
décidé de soutenir le film Foudre dans la course aux Oscars,
en endossant le rôle de productrice exécutive. Elle avait
découvert le premier film de Carmen Jaquier lors de sa
présentation en compétition au Festival de Marrakech où elle
siégeait dans le jury.
Nous présentons régulièrement des premières mondiales
lorsque cela fait sens pour le film et pour le festival. C’est
notamment le cas cette année avec Disco Afrika : une
histoire malgache présenté en compétition officielle. Son
réalisateur Luck Razanajaona a étudié le cinéma à l’ESAV
et avait été soutenu par les Ateliers de l’Atlas pour ce
même projet. Il était évident, pour lui comme pour nous,
que son film débute sa vie en festival à Marrakech. Ces
dernières années, l’enjeu des premières mondiales s’est
déplacé face à la difficulté de lancer un film sur le marché.
Une seule sélection dans un festival, ne suffit désormais
pas toujours pour bénéficier d’une attention suffisante
de la presse et de l’industrie pour assurer la bonne
circulation d’un film à l’international. C’est d’autant
plus le cas, lorsqu’il s’agit de premières œuvres pour
lesquelles les vendeurs internationaux imaginent
régulièrement une stratégie basée sur une exposition du
film dans plusieurs manifestations. Le Festival de Marrakech
peut jouer un rôle décisif pour des films qui ont déjà eu
leur première mondiale, sans avoir bénéficié de toute
l’exposition médiatique ou professionnelle souhaitée.
Pour ces films, Marrakech offre une exposition
complémentaire intéressante grâce à une sélection très
resserrée qui bénéficie d’une attention médiatique forte
générée par la présence de personnalités parmi les plus
prestigieuses du cinéma mondial.
it was presented in competition at the Marrakech Film
Festival, where she sat on the jury.
We regularly present world premieres when it makes
sense for the film and the festival. Such is the case this year
with Disco Afrika: une histoire malgache, presented in
official competition. Its director Luck Razanajaona studied
cinema at ESAV and had been supported by Ateliers de
l’Atlas for the same project. It was as obvious to him as it
was to us that his film should begin its life at a festival in
Marrakech. In recent years, the stakes of world premieres
have shifted in the face of the difficulty of launching a film
on the market. A single selection at a festival is no longer
always enough to attract sufficient press and industry
attention to ensure a film’s international circulation. This
is all the more the case when it comes to first works, for
which international sellers regularly devise a strategy based
on exposing the film at several events. The Marrakech
Festival can play a decisive role for films that have already
had their world premiere, without having benefited from
all the desired media or professional exposure. For these
films, Marrakech offers interesting additional exposure
thanks to a very tight selection that benefits from strong
media attention generated by the presence of some of the
most prestigious personalities in world cinema.
Maghreb / 27 novembre 2023
13

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE MARRAKECH / RENCONTRES
INTERVIEW AVEC
HÉDI ZARDI
Les Ateliers de l’Atlas
présentent 16 projets
en développement, 9
films en postproduction
issus de 11 pays
Hédi Zardi
Regard sur les productions régionales, les
problématiques de diffusion, les
parrainages… Le responsable des Ateliers
de l’Atlas revient sur les enjeux qui
entourent ces rencontres professionnelles,
qui s’ouvrent le 27 novembre en marge du
festival de Marrakech
Pourquoi les Ateliers de l’Atlas ? Quel est leur rôle, comment et
pourquoi sont-ils nés ?
Les Ateliers de l’Atlas est le programme industrie de développement de talents
initié en 2018 par le Festival International du Film de Marrakech. Leur objectif est
d’accompagner l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes marocains,
arabes et africains et de créer un espace d’échanges entre professionnels internationaux
et talents régionaux. Les Ateliers émanent du désir d’être aux côtés des projets en
développement et films en postproduction de cinéastes résidents ou issus de la
diaspora du monde arabe ou du continent africain, qui développent ou réalisent
leur premier, deuxième ou troisième long métrage de fiction, de documentaire ou
d’animation. Il s’agit de leur offrir un écrin de qualité pour soutenir leur travail et
une caisse de résonnance internationale pour promouvoir leur talent.
Quels sont les enjeux de cette édition 2023, parrainée par Martin
Scorsese ?
Pour leur 6 e édition, les Ateliers de l’Atlas présentent 16 projets en développement,
9 films en postproduction issus de 11 pays, sélectionnés parmi 320 candidatures
reçues du continent africain et du monde arabe. Nous souhaitons maintenir la
qualité de notre accompagnement sur mesure pour les 25 projets et films accueillis.
Nous portons une attention toute particulière aux consultations organisées en
scénario, production, distribution, montage, musique et au Marché de Coproduction
Interview with
Hédi Zardi
Why Les Ateliers de l’Atlas? What is their role, how and why were
they created ?
Les Ateliers de l’Atlas is the industry talent development program initiated in
2018 by the Marrakech International Film Festival.Their aim is to support the
emergence of a new generation of Moroccan, Arab and African filmmakers and
create a space for exchanges between international professionals and regional talent.
The Ateliers stem from a desire to work alongside projects in development and
films in post-production by filmmakers living in or from the diaspora in the Arab
world or on the African continent, who are developing or directing their first,
second or third feature-length fiction, documentary or animation film. The aim is
to offer them a quality showcase to support their work, and an international sounding
board to promote their talent.
What are the challenges of this 2023 edition, sponsored by
Martin Scorsese?
For its 6 th edition, Ateliers de l’Atlas is presenting 16 projects in development
and 9 films in post-production from 11 countries, selected from 320 applications
received from the African continent and the Arab world. We aim to maintain the
quality of our customized support for the 25 projects and films we welcome. We
pay particular attention to the consultations organized for scriptwriting, production,
distribution, editing and music, as well as to the Co-Production Market, attended
by some 250 accredited international professionals. This year’s selection is characterized
by a diversity of film genres, reflecting the creativity of the region’s directors.
We welcome new talents with bold visions, as well as eagerly-awaited new projects
from filmmakers already making a name for themselves on the international scene.
This year’s event will be marked by the exceptional presence of Martin Scorsese,
who will take part in several sessions with the selected projects. A legendary director
and ardent defender of cinema, Martin Scorsese has been one of the world’s most
influential artists for over 40 years. A long-standing supporter of the Marrakech
Festival, in which he has participated 5 times, the American filmmaker will be on
hand to share his passion and cinephilia. In doing so, he will inaugurate a new
Marrakech Festival tradition of calling on a new major personalitý of world cinema
each year to sponsor the Workshops. Each class of winners will bear the name of
the personalitý who will have accompanied them. The class of 2023 will therefore
be called «the Martin Scorsese promotion.
Local production continues to grow: how can and should Les
Ateliers step up its support for projects ?
Les Ateliers is delighted to see the growth in local and regional production. It’s
a sign of the creative vitality of these regions and their film industries. We must
remain attentive and curious to the emergence of all this new talent. Quality will
always take precedence over quantity. We must remain as demanding as these talents,
with their unique visions and daring artistic gestures. It’s not a question of intensifying
support, but of remaining constant and relevant in the quality of our
intervention: offering the right and necessary support at the right time.
How do you view the challenges of North-South co-production?
South-South ?
The film industry is in a constant state of flux, and so are the various co-production
schemes that have to adapt. The challenges of co-production are reinvented
with each new project, each with its own specificity. There are no longer any
preconceived schemes, but rather the need to find the most realistic artistic and
financial solutions for each film. This new dynamic encourages local, regional,
continental and international collaborations. The involvement of new production
players in the production of Arab and African films will help boost production in
these territories.
How do you analyze the importance of professional meetings
(pitching, coaching, co-production sessions) in the production
schemes of African and Arab films?
International professional meetings have always paid close attention to African
and Arab film projects. What we’ve seen over the past ten years is the emergence
of professional meetings taking place in Arab countries and on the African continent.
These new platforms provide an additional forum for projects from these regions.
It’s very important to maintain these meetings, which are increasingly crucial for
the development, financing and circulation of films. They are invaluable moments
of exchange, where the project comes face to face with the reality of the industry.
14 Maghreb / 27 novembre 2023

éunissant près de 250 professionnels internationaux accrédités. La sélection se
caractérise cette année par une diversité de genres cinématographiques à l’image de
la créativité des réalisateurs et réalisatrices de la région. Nous accueillons de nouveau
talents aux visions audacieuses aussi bien que les nouveaux projets attendus de
cinéastes déjà remarqués sur la scène internationale.
Cette édition sera marquée par la présence exceptionnelle de Martin Scorsese
qui prendra part à plusieurs sessions avec les porteurs de projets sélectionnés.
Réalisateur de légende, ardent défenseur du cinéma, Martin Scorsese est, depuis
plus de 40 ans, l’un des artistes les plus influents au monde. Soutien de longue date
du Festival de Marrakech auquel il a participé à 5 reprises, le cinéaste américain
sera présent pour partager sa passion et sa cinéphilie. Il inaugurera ainsi une nouvelle
tradition du Festival de Marrakech qui consistera à faire appel chaque année à une
nouvelle grande personnalité du cinéma mondial pour parrainer les Ateliers. Chaque
promotion de lauréats portera le nom de la personnalité qui l’aura accompagnée.
Celle de 2023 s’appellera donc « la promotion Martin Scorsese ».
d’or du meilleur documentaire), Les Meutes de Kamal Lazraq (Un Certain Regard
- Prix du Jury), Inshallah a Boy de Amjad Al Rasheed (Semaine de la Critique - Prix
Fondation Gan à la Distribution) et Déserts de Faouzi Bensaïdi (Quinzaine des
Cinéastes).
Quid du nouveau Atlas Distribution Award ? À quoi sert-il, à qui
est-il destiné et sur la base de quels critères ?
Atlas Distribution Awards, nouvellement lancé par le Festival International du
Film de Marrakech, vise à soutenir la distribution de films au Maroc, dans le monde
arabe et en Afrique. Destiné aux films de cinéastes résidant dans ces régions et
sélectionnés pour le festival, ce projet encourage des stratégies de distribution
novatrices. Le soutien financier vise à dépasser les méthodes traditionnelles, favorisant
la collaboration régionale et la diversification du public. Les distributeurs seront
évalués sur la cohérence budgétaire, la pertinence de la stratégie et l’innovation.
L’initiative souligne le rôle du cinéma dans le dialogue entre les peuples, s’appuyant
sur l’expertise des distributeurs et leur transparence dans le processus.
En cinq éditions, les Ateliers de
l’Atlas ont accompagné 111 projets
et films, dont 48 projets et films
marocains
La production locale ne cesse de croître : comment les Ateliers
peuvent et doivent-ils intensifier l’accompagnement des projets ?
Les Ateliers se réjouissent de voir croitre la production locale et régionale. C’est
le signe de la vitalité créatrice de ces régions et de ses industries cinématographiques.
Nous devons rester attentif et curieux à l’émergence de tous ces nouveaux talents.
La qualité primera toujours sur la quantité. Nous devons rester aussi exigeants que
ces talents aux visions uniques et aux gestes artistiques audacieux. Il n’est pas question
d’intensifier l’accompagnement mais de rester constant et pertinent dans la qualité
de notre intervention : proposer un accompagnement juste et nécessaire au
bon moment.
Quel œil portez-vous sur les enjeux de coproduction Nord-Sud
? Sud-Sud ?
L’industrie cinématographique est en perpétuelle mutation ainsi que les différents
schémas de coproductions qui doivent s’adapter. Les enjeux de coproductions se
réinventent à chaque projet qui porte en lui sa spécificité. Il n’y a plus de schémas
préconçus mais la nécessité de trouver les solutions artistiques et financières les plus
réalistes et les plus adaptés à chaque film. Cette nouvelle dynamique encourage les
collaborations locales, régionales, continentales et internationales. L’implication de
nouveaux acteurs de la production dans la production des films arabes et africains
participera à l’augmentation de la production dans ces territoires.
Comment analysez-vous l’importance que peuvent avoir les
rencontres professionnelles (sessions de pitching, coaching, de
coproduction) dans les schémas de production des films africains
et arabes ?
Les rencontres professionnelles internationales ont toujours porté un regard
attentif sur les projets de films africains et arabes. Ce qu’on observe depuis plus de
dix ans c’est l’émergence de rencontres professionnelles qui ont lieu dans les pays
arabes et le continent Africain. Ces nouvelles plateformes offrent un espace de
parole supplémentaire aux porteurs de projets de ces régions. Il est très important
de maintenir ces rendez-vous de plus en plus cruciaux pour le développement, le
financement et la circulation des films. Ce sont des moments d’échanges précieux
où le projet vient s’inscrire et se confronter à la réalité de l’industrie. La production
d’un film est intrinsèquement liée aux dialogues, aux échanges, aux découvertes,
aux rencontres. Le cinéma est une entreprise d’équipe qui requière des espaces
d’échanges et des temps de développement. Les rencontres professionnelles sont
conçues pour accompagner cette étape.
Quel regard portez-vous sur les enjeux de diffusion des films qui
passent par les Ateliers ?
En cinq éditions, les Ateliers de l’Atlas ont accompagné 111 projets et films,
dont 48 projets et films marocains. Ces dernières années, plusieurs films soutenus
par les Ateliers de l’Atlas ont été sélectionnés et primés dans les plus grands festivals
internationaux, confirmant ainsi leur rôle d’incubateur et de plateforme incontournable
de la région. Lors du dernier Festival de Cannes, quatre films ayant bénéficié du
soutien des Ateliers étaient présents dans différentes sections : La Mère de tous les
mensonges d’Asmae El Moudir (Un Certain Regard - Prix de la Mise en scène, Œil
Happy lovers - Hicham Lasri
The production of a film is intrinsically linked to dialogues, exchanges, discoveries
and encounters. Filmmaking is a team endeavor that requires time for exchange
and development. The professional meetings are designed to accompany this stage.
How do you see the challenges of distributing films that come
through the Ateliers?
In five editions, Ateliers de l’Atlas has supported 111 projects and films, including
48 Moroccan projects and films. In recent years, several films supported by Les
Ateliers de l’Atlas have been selected and awarded prizes at major international
festivals, confirming their role as a key incubator and platform in the region. At
the last Cannes Film Festival, four films supported by Les Ateliers were present in
various sections: La Mère de tous les mensonges by Asmae El Moudir (Un Certain
Regard - Prix de la Mise en scène, Œil d’or du meilleur documentaire), Les Meutes
by Kamal Lazraq (Un Certain Regard - Prix du Jury), Inshallah a Boy by Amjad
Al Rasheed (Semaine de la Critique - Prix Fondation Gan à la Distribution) and
Déserts by Faouzi Bensaïdi (Quinzaine des Cinéastes).
What about the new Atlas Distribution Award? What is it for, who
is it aimed at and what are its criteria?
Atlas Distribution Awards, newly launched by the Marrakech International Film
Festival, aims to support film distribution in Morocco, the Arab world and Africa.
Aimed at films by filmmakers residing in these regions and selected for the festival, the
project encourages innovative distribution strategies. Financial support aims to go
beyond traditional methods, encouraging regional collaboration and audience diversification.
Distributors will be assessed on budgetary consistency, strategic relevance
and innovation. The initiative underlines the role of cinema in the dialogue between
peoples, relying on distributors’ expertise and transparency in the process.
Maghreb / 27 novembre 2023
15

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE MARRAKECH / RENCONTRES
RENCONTRE AVEC
BENJAMIN REYNTJES
Ce serait une grande erreur
de croire que toutes les
cinématographies africaines
s’expriment de la même manière
Le troisième anniversaire de Pathé BC Afrique co-fondée
par la maison Pathé et les producteurs Wassim Beji (WY
Productions) et Jean-François Camilleri (Echo Studio)
coïncide avec le cap des 2 millions d’entrées réalisées sur
17 pays d’Afrique francophone. Bilan et perspectives
avec son directeur général, Benjamin Reyntjes
Trois ans après sa création, où en est Pathé BC
Afrique dans son accompagnement des marchés
cinématographiques africains ?
Sur les 2 millions de billets que nos films ont écoulés
depuis octobre 2020, un million l’ont été sur l’année 2023.
Cela témoigne à la fois de la grande vitalité des marchés
africains et de notre capacité à adapter nos plans de sortie
aux spécificités de chaque territoire, nécessaire au vu de la
grande diversité de notre line-up, composé de blockbusters
américains, de cinéma français et de productions locales.
Nous jonglons entre distribuer des films porteurs et porter
des films locaux plus fragiles.
Les marchés africains reposent quasi exclusivement sur
le cinéma américain et, de manière épisodique, sur des
surperformances de productions nationales, en particulier
au Maroc, en Tunisie, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Le
paysage de la production africaine est d’une très grande
richesse ; les succès, moins nombreux.
Sur les trois années d’exercice de Pathé BC Afrique, nous
avons accompagné la réouverture des salles dans un marché
sinistré par la crise sanitaire, su nous imposer comme un
distributeur de taille, multiplié les partenariats avec les
exploitants et d’autres distributeurs sur le continent, et
accompagné des films et des auteurs dès l’étape de leur
production.
Justement, vous accompagnez
depuis ses débuts le premier long
métrage de Ramata Toulaye-Sy,
Banel & Adama, en compétition
à Marrakech. Qu’est-ce qui
vous a intéressé dans le film et
comment se passe sa sortie ?
De manière générale, l’investissement
en amont dans les productions locales
représente un très grand risque dans ce
marché. Les minimums garantis que nous
apportons sont en réalité plus symboliques
qu’autre chose ; ils permettent surtout aux
producteurs de prétendre à d’autres guichets de
financement. Nous optons davantage pour un
Benjamin Reyntjes
Interview with
Benjamin
Reyntjes
The third anniversary of the structure cofounded
by Pathé and producers Wassim
Beji (WY Productions) and Jean-François
Camilleri (Echo Studio) coincides with the
milestone of 2 million tickets sold in 17
French-speaking African countries. Benjamin
Reyntjes, Pathé's Managing Director, gives
us an overview and outlook.
Three years after its creation, where does
Pathé BC Afrique stand in its support for African
film markets?
Of the 2 million tickets our films have sold since October
2020, one million were sold in 2023. This demonstrates
both the vitality of African markets and our ability to adapt
our release plans to the specific characteristics of each
territory, which is necessary given the wide diversity of our
line-up, which includes American blockbusters, French
films and local productions. We juggle between distributing
promising films and supporting more fragile local films.
African markets rely almost exclusively on American
films and, from time to time, on the outperformance of
national productions, particularly in Morocco, Tunisia,
Senegal and Côte d’Ivoire. The African production landscape
is extremely rich, with fewer successes.
In the three years that Pathé BC Africa has been in
business, we have supported the reopening of cinemas in
a market devastated by the health crisis, established ourselves
as a major distributor, increased the number of partnerships
with exhibitors and other distributors on the continent,
and supported films and authors right from the production
stage.
You’ve been involved with Ramata Toulaye-
Sy’s first feature film, Banel & Adama, in
competition at Marrakech, from the very
beginning. What interested you in the film and
how is its release going?
Generally speaking, upstream investment in local
productions represents a very high risk in this market. The
minimum guarantees that we provide are in reality more
symbolic than anything else; above all, they enable producers
to apply for other funding windows. We prefer to advance
the publishing and communication costs of films.
We decided to support Banel & Adama for a number
of reasons: firstly, because we have believed in Ramata
Toulaye-Sy’s cinema and her proposal, ever since her short
film Astel, presented at Fespaco in Ouagadougou in 2021.
We knew that her first feature would have undeniable
aesthetic qualities - hence its selection at Cannes
and Marrakech.
But the reality of the Senegalese market, where Banel
& Adama has naturally recorded the vast majority of its
5,000 admissions in sub-Saharan Africa since its release on
6 October, is that it is not yet mature enough for such
cinematic offerings, because its audience is too young.
Banel & Adama is probably too far ahead of its market:
from a distributor’s point of view, it would have been perfect
in five years’ time, when Senegalese cinemas will be more
mature. Despite this, we supported the film because we
believe that distributors have a responsibility to help broaden
audiences. Proposals like Banel & Adama help to recruit
new audiences, precisely in a market that is ultra-dominated
by American blockbusters.The film will be released in
North Africa on 6 December, this time in bigger markets,
16 Maghreb / 27 novembre 2023

Banel & Adama - Film de Ramata-Toulaye Sy
avancement des frais d’édition et
de communication des films.
Nous avons décidé d’accompagner
Banel & Adama pour
plusieurs raisons : d’abord, parce
que nous avons cru dans le cinéma
et la proposition de Ramata
Toulaye-Sy, depuis son court
métrage Astel, présenté au Fespaco,
à Ouagadougou, en 2021. Nous
savions que son premier long
présenterait des qualités esthétiques
indéniables – d’où ses sélections
à Cannes et Marrakech.
Mais la réalité du marché sénégalais, où Banel & Adama
a naturellement enregistré la grande majorité de ses 5 000
entrées sur l’Afrique subsaharienne depuis sa sortie le 6
octobre, est qu’il n’est pas encore assez mûr pour de telles
propositions cinématographiques, car son public est trop
jeune. Banel & Adama est probablement trop en avance sur
son marché : d’un point de vue de distributeur, il aurait été
parfait dans cinq ans, quand l’exploitation sénégalaise sera
plus mature. Malgré tout, nous avons accompagné le film
parce que nous pensons justement qu’il en relève de la
responsabilité des distributeurs de participer à l’élargissement
des publics. Les propositions comme Banel & Adama
permettent de recruter de nouveaux spectateurs, justement
dans un marché ultra-dominé par les blockbusters américains.
Le film sort au Maghreb le 6 décembre prochain, cette
fois dans des marchés plus costauds, avec des salles de cinéma
aux lignes éditoriales plus définies. Donc logiquement, nous
L’investissement
en amont dans les
productions locales
représente un très
grand risque dans ce
marché
nous adresserons en particulier
aux cinémas art et essai, comme
Cinémadart à Tunis. À mesure
que se développent les marchés et
qu’ouvrent de nouvelles salles, il
faudra adapter nos plans de sortie,
en fonction des lignes éditoriales
de chacune.
Aux Ateliers de l’Atlas,
vous portez le projet
de Meryam Joobeur,
Motherhood, présenté
dans la section “Films en
tournage ou en postproduction”. Comment
appréhendez-vous sa sortie ?
À quelques différences de taille près, notre approche de
Motherhood est sensiblement similaire à celle de Banel &
Adama : un véritable coup de cœur pour une auteure et son
projet, qui s’inscrit également dans la continuité d’un court
métrage très remarqué [Motherhood de Meryam Joobeur
faisait partie des cinq nommés pour l’Oscar du meilleur
court métrage en 2020, ndlr.].
En revanche, de son volume de production à sa sensibilité
plus cinéphile, le marché tunisien est beaucoup plus
à même de recevoir des propositions “auteur”. Nous pouvons
espérer 50 000 entrées sur la seule Tunisie pour Motherhood
; et avec davantage de certitudes quant au retour sur investissement,
le minimum garanti était nettement supérieur.
Nous nous posons désormais la question de la capacité
du film à sortir de ses frontières, dans un contexte
with cinemas that have more clearly defined editorial lines.
So, logically, we’ll be targeting arthouse cinemas in particular,
like Cinémadart in Tunis. As markets develop and new
cinemas open, we will have to adapt our release plans to
suit the editorial lines of each one.
At Les Ateliers de l’Atlas, you are responsible
for Meryam Joobeur’s project Motherhood,
presented in the «Films in shooting or postproduction»
section. How do you feel about
its release?
Apart from a few minor differences, our approach to
Motherhood is very similar to that of Banel & Adama:
a genuine love affair with an author and her project,
which also follows on from a highly acclaimed short film
[Meryam Joobeur’s Brotherhood was one of the five
nominees for the Oscar for Best Short Film in 2020,
editor’s note].
On the other hand, because of its volume of production
and its more cinephile sensibility, the Tunisian market is
much more capable of receiving ‘auteur’ proposals. We
can expect 50,000 admissions for Motherhood in Tunisia
alone, and with more certainty about the return on
investment, the minimum guaranteed was much higher.
We are now asking ourselves whether the film will be
able to travel beyond its borders, in a context where
African cinema - and even North African cinema - travels
very poorly from one country to another, within the same
geographical region. It would be a big mistake to believe
that all African cinema expresses itself in the same way;
by the same token, we could decide to release the film
only in Tunisia, for example.
Maghreb / 27 novembre 2023
17

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE MARRAKECH / RENCONTRES
Finally, the third film you are presenting at
this 20th edition of the festival is the eagerly
awaited Moi, capitaine, by director Matteo
Garrone. How did you come up with such a
topical title for the continent?
Moi, capitaine, du réalisateur Matteo Garrone
où les cinémas africains – et même les cinémas maghrébins
– voyagent très mal d’un pays à l’autre, au sein d’une
même région géographique. Ce serait une grande erreur
de croire que toutes les cinématographies africaines
s’expriment de la même manière ; dans la même logique,
nous pourrions décider de ne sortir le film qu’en Tunisie,
par exemple.
Enfin, le troisième film que vous présentez
au cours de cette 20 e édition du festival est
le très attendu Moi, capitaine, du réalisateur
Matteo Garrone. Comment sortir un titre aussi
empreint d’actualité sur le continent ?
Encore une fois, c’est un film qui participe à notre
responsabilité de nous adresser à un public toujours plus
large. C’est une prouesse esthétique comme narrative,
que nous devons accompagner à travers tout un travail
de sensibilisation, au Sénégal en particulier, où le récit
commence. Nous comptons nous rapprocher des ONG
et des associations, organiser des séances spéciales au sein
d’institutions, voire mettre en place des projections
itinérantes en dehors de Dakar.
En l’occurrence, notre principal comparable est
Tirailleurs de Mathieu Vadepied, qui avait franchi le cap
des 30 000 entrées l’an dernier. Mais encore une fois, il
est difficile de véritablement se projeter sur la carrière
du film au vu de la constante mutation du parc de salles,
au Sénégal comme ailleurs. Et même s’ils ne sont pas les
premiers publics destinataires du film, l’ouverture des
Pathé Casablanca et Abidjan pourront également lui
donner de la respiration.
African
markets rely
almost exclusively
on American
cinema
Once again, it’s a film that reflects our responsibility
to reach out to an ever-wider audience. It’s an aesthetic
as well as a narrative feat, and we need to support it with
a whole range of awareness-raising activities, particularly
in Senegal, where the story begins. We plan to get closer
to NGOs and associations, organise special screenings
in institutions, and even set up touring screenings
outside Dakar.
In this case, our main comparable is Mathieu Vadepied’s
Tirailleurs, which sold over 30,000 tickets last year. But
once again, it’s difficult to really project the film’s career
given the constant changes in the number of cinemas
in Senegal and elsewhere. And even if they are not the
film’s primary target audience, the opening of Pathé
Casablanca and Pathé Abidjan could also give it some
breathing space.
© Pathé BC Afrique
Motherhood de Meryam Joobeur
18 Maghreb / 27 novembre 2023

DISTRIBUTION / DISTRIBUTION
SUDU CONNEXION, D’UN CONTINENT À L’AUTRE
Augure - Film de Baloji et Marc Zinga
Société de distribution et de ventes internationales spécialisée dans les productions
panafricaines, Sudu Connexion se veut le point de jonction « entre les créateurs du continent d’un
côté, et les diffuseurs de l’autre », des mots de sa fondatrice Claire Diao
Les cinématographies africaines font
partie de celles « qui bénéficient d’une
circulation internationale des plus limitées.
Mais à la différence d’autres, ce sont celles
qui en ont le plus besoin », explique la
distributrice franco-burkinabè, par ailleurs
journaliste et programmatrice. Dans
l’optique de « changer la vision de l’Afrique,
en Europe, en Amérique et même en Afrique
», l’élaboration par Sudu Connexion des
stratégies festivalières passe généralement
par des projections sur les trois continents,
avec un accent porté sur les festivals
africains – Marrakech, Ouagadougou,
Carthage, Durban... « Qu’ils soient reconnus
ou non à l’international, les cinéastes africains
ressentent toujours une émotion particulière
lorsqu’ils sont reconnus sur le
continent », affirme celle qui a, entre
autres, accompagné les premiers films
d’Alice Diop, Ladj Ly, Omar El Zohairy
(grand prix à la Semaine de la critique
2021 pour Plumes) ou encore Baloji.
Sudu Connexion est d’ailleurs le distributeur
sur le continent africain d’Augure
(Omen), le premier long métrage de l’artiste
belgo-congolais – prix de la Nouvelle
Voix à Un Certain Regard –, sorti en
République démocratique du Congo le
20 octobre dernier. « Et pour la sortie du
film dans d’autres pays, aussi bien francophones
qu’anglophones, nous comptons nous
appuyer sur les multiples casquettes de Baloji,
afin d’événementialiser au maximum. »
Fondée en 2016, la société implantée
en région parisienne s’apprête par ailleurs
à organiser une levée de fonds, « parce que
le cinéma est avant tout une industrie
commerciale, ce que l’on dissocie trop souvent
du cinéma africain. Encore aujourd’hui,
des cinéastes doivent s’improviser producteurs,
voire distributeurs de leurs propres films,
alors que l’Afrique a tout autant besoin
d’investissement, de visibilité et de professionnalisme.
»
Sudu Connexion,
from one continent to
another
Sudu Connexion is an international sales and distribution
company specializing in pan-African productions. In the
words of founder Claire Diao, its aim is to act as a bridge
"between the continent's creators on the one hand, and
distributors on the other"
African films are among those "that
benefit from the most limited international
circulation. But unlike others, they are
the ones that need it the most," explains
the Franco-Burkinabè distributor, journalist
and programmer. With a view to "changing
the vision of Africa, in Europe, America
and even in Africa", Sudu Connexion's
festival strategies generally involve screenings
on all three continents, with an
emphasis on African festivals - Marrakech,
Ouagadougou, Carthage, Durban...
"Whether they are recognized internationally
or not, African filmmakers always
feel a particular emotion when they are
recognized on the continent", asserts the
woman who, among others, accompanied
the first films of Alice Diop, Ladj Ly, Omar
El Zohairy (grand prix at Critics' Week
2021 for Plumes) and Baloji.
Sudu Connexion is also the African distributor
for Augure (Omen), the Belgian-Congolese
artist's first feature film - awarded the New
Voice prize at Un Certain Regard - released in
the Democratic Republic of Congo on October
20. "And for the film's release in other countries,
both French-speaking and English-speaking,
we plan to draw on Baloji's multiple hats, in
order to eventualize as much as possible."
Founded in 2016, the Paris-area-based
company is also preparing to organize a
fundraising event, "because cinema is first
and foremost a commercial industry,
something that is too often dissociated from
African cinema. Even today, filmmakers
have to improvise as producers or even
distributors of their own films, whereas
Africa needs investment, visibility and professionalism
just as much."
Dans le film «Augure» de Baloji, Koffi (Marc Zinga)
vient présenter sa compagne Alice (Lucie Debay) à sa
famille au Congo.
Maghreb / 27 novembre 2023
19

DISTRIBUTION / DISTRIBUTION
ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES DE L’EXPLOITATION
MAROCAINE, AVEC MOHAMED KHOUNA
©Boxoffice Pro
Nommé en juin dernier président de la Commission d’aide à la numérisation, à la
modernisation et à la création des salles de cinéma du Centre cinématographique
marocain (CCM), Mohamed Khouna était notre invité.
Mohamed Khouna
Le fonds d’aide du CCM
attribué à trois cinémas
Réunie lundi 25 septembre, la Commission a
décidé d’attribuer 1,5 million de dirhams
(140 000 €) au Megarama Casablanca, plus grand
cinéma du pays, pour la modernisation de sa
salle 10 (sur 14 au total).
Deux cinémas reçoivent une aide à la numérisation
d’une valeur de 1 million de dirhams
(92 000 €) chacun, « pour leur équipement en
projection laser », nous précise Mohamed
Khouna : le cinéma Rif, où opère la Cinémathèque
de Tanger, ainsi que le CinéAtlas
d’El Jadida.
Enfin, la Commission a convenu d’accorder la
deuxième tranche de l’aide à la modernisation au
cinéma Dawliz de Meknès, où a rouvert le
Caméra au printemps 2023.
La prochaine réunion de la Commission se
tiendra en décembre prochain.
« Accompagner la réouverture des salles historiques
marocaines, à l’heure de l’arrivée de nouveaux gros acteurs
sur le marché » : tel est le mot d’ordre de la Commission
présidée par Mohamed Khouna, qui a tenu sa première
réunion le 25 septembre dernier, à Rabat. « Nous avons
recensé 288 cinémas fermés à travers le pays, parmi lesquels
80 sont amenés à être détruits au vu de leur état. Aujourd’hui,
nous disposons d’un budget conséquent, équivalent à 1,7
million d’euros pour 2023, pour permettre les réouvertures,
mais encore faut-il que leurs héritiers en aient la volonté. »
Car fermées pour la plupart entre les années 2000 et
le début des années 2010, entre propagation du piratage
et passage au numérique hors de portée, ces salles
doivent aujourd’hui se remettre aux normes et régulariser
leur situation administrative, « à l’instar du cinéma
Caméra de Meknès ».
Parmi les critères d’attribution des subventions, « la
billetterie informatisée est devenue indispensable pour
assurer la transparence des entrées et des recettes, désormais
une priorité du CCM, en particulier pour rassurer les
ayants droits », explique celui qui est également distributeur
dans le Royaume, où il a fondé Film Event
Consulting. « Le piratage a longtemps été le fléau du
cinéma au Maroc, qui pourrait être endigué davantage
avec le développement du parc cinématographique. On
peut difficilement empêcher quelqu’un qui habite Kénitra
ou Ouarzazate, deux villes qui ne comptent aucun cinéma,
de recourir au piratage. »
Plus globalement, Mohamed Khouna affirme « la
véritable volonté politique, qui anime le ministère de la
Culture et le CCM, de réinvestir dans le cinéma ». Reste
que l’exploitation marocaine doit encore faire face à
de nombreux défis, parallèlement à son développement.
« L’arrivée réjouissante sur le marché de Pathé et Cinerji,
aux côtés de Megarama et CinéAtlas, contribuera à la
formation d’un personnel exploitant indispensable » à la
professionnalisation du secteur. « L’éducation aux images
constitue une priorité » tant la population cinématographique
est jeune. Enfin, « garantir un prix du billet
accessible », à l’heure où il est en constante augmentation
[voir ci-dessous], « est impératif », compte tenu du niveau
de vie dans le pays : une concertation est d’ailleurs en
cours avec tous les acteurs concernés sur une opération
promotionnelle, à l’image de la Fête du Cinéma française,
tandis que les cinémas de quartier seront fortement
incités à proposer des tarifs abordables pour toutes les
franges de la population.
Emission à voir ou revoir
sur notre chaîne YouTube
Current state and outlook for Moroccan
cinema exhibition, with Mohamed Khouna
Last June, Mohamed Khouna was appointed Chairman of the Commission d'aide à la
numérisation, à la modernisation et à la création des salles de cinéma of the Centre
cinématographique marocain (CCM).
CCM aid fund awarded to
three cinemas
Meeting on Monday September 25, the
Commission decided to award 1.5 million
dirhams (€140,000) to Megarama Casablanca,
the country's largest cinema, for the modernization
of its auditorium 10 (out of a total of 14).
Two cinemas will receive digitization aid worth
1 million dirhams (€92,000) each, "for their laser
projection equipment", explains Mohamed
Khouna: the Rif cinema, where the Cinémathèque
de Tanger operates, and the CinéAtlas in
El Jadida.
Finally, the Commission agreed to grant the
second instalment of modernization aid to the
Dawliz cinema in Meknes, where the Caméra
reopened in spring 2023.
The next Commission meeting will be held
in December.
"The Commission, chaired by Mohamed Khouna,
held its first meeting in Rabat on September 25. "We
have counted 288 closed cinemas across the country,
80 of which are due to be destroyed due to their
condition. Today, we have a substantial budget,
equivalent to 1.7 million euros for 2023, to enable
the cinemas to be reopened, but their heirs still need
to have the will to do so." Closed for the most part
between 2000 and the early 2010s, between the spread
of piracy and the out-of-reach transition to digital,
these cinemas now need to bring themselves up to
standard and regularize their administrative situation,
"following the example of the Caméra cinema
in Meknes".
Among the criteria for awarding subsidies, "computerized
ticketing has become essential to ensure
transparency of admissions and takings, now a priority
for the CCM, in particular to reassure rights holders",
explains the man who is also a distributor in the
Kingdom, where he founded Film Event Consulting.
"Piracy has long been the scourge of cinema in Morocco,
and could be further curbed with the development
of the cinema stock. It's hard to prevent someone
living in Kénitra or Ouarzazate, two towns with no
cinemas, from resorting to piracy."
More generally, Mohamed Khouna affirms "the
genuine political will, which drives the Ministry of
Culture and the CCM, to reinvest in cinema".
Nevertheless, the Moroccan exhibition sector still faces
a number of challenges as it continues to develop.
"The welcome arrival on the market of Pathé and
Cinerji, alongside Megarama and CinéAtlas, will
contribute to the training of exhibitors who are essential
to the professionalization of the sector. "Image education
is also a priority, given the young age of the cinema-going
population. Finally, "guaranteeing affordable ticket
prices", at a time when ticket prices are rising steadily
[see below], "is imperative", given the country's standard
of living: discussions are currently underway with all
stakeholders on a promotional operation along the
lines of the French Fête du Cinéma, while local cinemas
will be strongly encouraged to offer affordable rates
for all sections of the population.
20 Maghreb / 27 novembre 2023

EXPLOITATION / OPERATION
MEGARAMA CONSOLIDE SES
ASSISES AU MAROC
Megarama Casablanca, le plus grand cinéma du Maroc
Circuit leader de
l’exploitation dans le
Royaume, le français
Megarama entreprend
une vaste rénovation de
ses principaux sites, à
l’aube de nouvelles
ouvertures. Un point sur
l’exercice 2022-2023 avec
Cyril Audineau, directeur
des opérations
marocaines du circuit
Il est, de loin, le moteur de la fréquentation cinématographique
marocaine, générant à lui seul 35 % des
entrées annuelles du pays : le Megarama de Casablanca,
14 écrans et quelque 3 600 fauteuils sur le boulevard de
la Corniche, ferme temporairement ses salles une à une
pour les rénover. « Nous sommes déjà passés intégralement
au laser il y a quelques années et, depuis, nous changeons
tout – les fauteuils, les écrans, le hall… », nous expliquait
Cyril Audineau en juin dernier, quelques semaines avant
l’ouverture de la nouvelle salle 4D e-motion, pile pour
la sortie de la première partie Mission Impossible: Dead
Reckoning. Il s’agit de la troisième du circuit français,
après Annecy et Bordeaux, dans ce cinéma que l’exploitant
espère « revenir au million d’entrées annuelles », un
cap « qu’il avait l’habitude d’atteindre il y a quelques années,
avant la propagation du piratage ». Avec 546 000 entrées
en 2022, le Megarama de Casablanca est sur le point de
retrouver, en 2023, sa fréquentation de 2019 (680 000),
des chiffres naturellement supérieurs à ceux de 2021
(240 000) mais aussi 2018 (524 000), quoique inférieurs
à 2017 (709 000).
Deuxième cinéma du circuit marocain et en fréquentation
et en nombre de salles, le multiplexe de Rabat,
ouvert en 2019, s’apprête quant à lui à accueillir une
salle Imax dès début 2024. « Avec 11 salles, c’est l’un de
nos cinémas les plus dynamiques, en particulier grâce au
centre commercial auquel il est adossé » : comme à Casablanca,
les 367 000 entrées comptabilisées en 2022
proviennent majoritairement de familles issues de la
classe moyenne.
Megarama Casablanca, le plus grand cinéma du Maroc
22 Maghreb / 27 novembre 2023

Megarama consolidates
its position in Morocco
France's Megarama, the Kingdom's leading operating circuit,
is undertaking a vast renovation of its main sites, on the eve of
new openings. An update on fiscal 2022 and the outlook for
2023 from the circuit's Moroccan operations manager
Complexe de cinéma Megarama Marrakech
À l’inverse, à Marrakech, les 135 000 billets vendus
sont pour beaucoup le fruit de la population touristique
de la ville. Le site de neuf écrans, qui comporte par
ailleurs une salle Horizon – le label premium du groupe
– de 1 300 places, a connu une baisse de 29 % de sa
fréquentation par rapport à 2019, et se prépare également
à des travaux de modernisation prévus pour cette année.
L’offre cinématographique de la ville impériale,
peuplée d’un million d’habitants, s’apprête par ailleurs
à être complétée par la réouverture, sous enseigne
Megarama, du cinéma Rif. « C’est un établissement de
trois salles historique à Marrakech, implanté dans les
quartiers populaires de la ville et fermé depuis de nombreuses
années. Nous en avons fait l’acquisition à mon arrivée
l’année dernière », explique Cyril Audineau, « et bien qu’il
soit entièrement à réhabiliter, nous envisageons de le rouvrir
dès 2024. »
Avec ce nouveau cinéma, le circuit compte reproduire
à Marrakech son implantation à Tanger, où cohabitent
un multiplexe de 8 écrans (qui a également enregistré
quelque 91 000 tickets l’année dernière), et un complexe
de trois écrans de centre-ville, le Goya (20 000 entrées).
« Nous essayons de travailler une programmation plus axée
auteur, avec beaucoup de VO et de films espagnols », Tanger
abritant entre 10 et 20 000 expatriés ibériques.
Le sixième cinéma du groupe, trois écrans à Fès, a
quant à lui généré plus de 63 000 entrées en 2022. De
fait, il représente la seule offre cinématographique de
la ville de 1,5 million d’habitants, tout comme ce sera
le cas à Agadir, aujourd’hui dépourvue de cinéma et où
le circuit de Jean-Pierre Lemoine en construit un de
1 000 fauteuils et cinq salles (dont l’une d’au moins
400 places).
« Nous avons accumulé du retard sur ce chantier en raison
du Covid, d’autant plus qu’il sera également implanté dans
un centre commercial, lui aussi en construction. Nous
attendons la livraison du gros œuvre d’ici la fin d’année,
pour une ouverture en 2024 aussi. »
Au total, ce sont plus de 1,2 million d’entrées qui
ont été enregistrées en 2022 dans les six établissements
marocains de Megarama, qui visent désormais 1,4
million au moins en 2023, notamment par le biais de
films marocains, distribués dans le pays par Megarama-même
– une particularité par rapport aux activités
françaises et espagnoles du groupe, exercée depuis une
vingtaine d’années. « Notre line-up est autant composé de
films hollywoodiens et français que de productions locales,
essentiellement des comédies peu destinées à l’exportation
et qui fonctionnent particulièrement bien ici. Naturellement,
nous ne les programmons pas seulement dans nos établissements
mais aussi dans tous les cinémas qui le souhaitent.
Nous avons également importé la logique d’avant-premières
en présence des équipes du film, comme cette année avec
Jouj [“deux” en dialecte marocain, ndlr.]. »
It is by far the driving force behind Moroccan
cinema attendance, generating 35% of the country's
annual admissions: Casablanca's Megarama, with 14
screens and some 3,600 seats on the boulevard de la
Corniche, is temporarily closing its screens one by one
to renovate them. "We've already gone completely laser
a few years ago, and since then we've been changing
everything - the seats, the screens... We're now about
to complete the renovation of the lobby," explains Cyril
Audineau, who is also looking forward to the opening
of the new 4D e-motion cinema. This will be the third
on the French circuit, after Annecy and Bordeaux, with
the aim of "opening it in time for Indiana Jones and
the Dial of Destiny [June 28]. At this stage, all the
equipment has arrived in Morocco and should be
installed in the next few weeks."
The exhibitor hopes to "get back to the million
admissions a year mark for this cinema", a milestone
"it used to reach a few years ago, before the spread of
piracy". With 670,000 admissions in 2022, Casablanca's
Megarama has almost regained its 2019 attendance
(680,000), figures naturally higher than those of 2021
(240,000) but also 2018 (524,000), albeit lower than
2017 (709,000).
Complexe de cinéma Megarama Marrakech
The second-largest cinema on the Moroccan circuit
in terms of both attendance and number of screens,
the Rabat multiplex, which opened in 2019, is preparing
to welcome an Imax theater in early 2024. "With 11
screens, it's one of our most dynamic cinemas, thanks
in particular to the shopping mall to which it backs
onto": as in Casablanca, the 400,000 admissions
expected by 2022 are mainly from middle-class
families.
In Marrakech, on the other hand, the 220,000
tickets sold are largely from the city's tourist population.
The nine-screen site, which also features a 1,300-seat
Horizon cinema - the group's premium label - has seen
a 16% increase in attendance compared to 2019, and
is also preparing for modernization work planned for
this year.
The cinema offering in the imperial city of one
million inhabitants is also set to be completed by the
reopening, under the Megarama banner, of the Rif
cinema. "It's a historic three-screen establishment in
Marrakech, located in the city's working-class districts
and closed for many years. We acquired it when I
arrived last year," explains Cyril Audineau, "and although
Maghreb / 27 novembre 2023
23

EXPLOITATION / OPERATION
it needs to be completely refurbished, we plan to reopen
it as early as 2024."
With this new cinema, the circuit intends to reproduce
in Marrakech its presence in Tangier, where an
8-screen multiplex (which also recorded some 200,000
tickets last year), and a three-screen downtown complex,
the Goya (40,000 admissions), coexist. "We're trying
to work on a more auteur-oriented program, with a
lot of VO and Spanish films", as Tangier is home to
between 10 and 20,000 Iberian expatriates.
Megarama Casablanca, le plus grand cinéma du Maroc
Par ailleurs, « la politique tarifaire de Megarama,
parti- culièrement avantageuse pour les -26 ans qui
bénéficient d’un tarif à 45 dirhams (4,10 €, contre un
plein tarif à 70 dirhams, soit 6,40€), permet au prix
moyen de la place en 2022 de pointer à 54 dirhams (5
€) », poursuit Cyril Audineau. Les cartes illimitées,
nominatives, ont été lancées dans le réseau marocain
de Megarama fin juin, comme en France, et permettent
aux spectateurs de visionner jusqu’à trois films par jour.
Elles prennent la forme d’un abonnement annuel, avec
quatre formules : une simple au tarif de 1 800 dirhams/
an (165 €) ; une pour les -26 ans, à 1 440 dirhams/an
(130 €) ; une Duo, à 3 000 dirhams/an (275 €) ; et
Megarama Casablanca, le plus grand cinéma du Maroc
une Techno, à 2600 dirhams/an (240€).
Une démarche qui permet au groupe de Jean-Pierre
Lemoine de se démarquer de son nouveau rival, Pathé
Cinémas, qui débarque dans le Royaume cette année à
Casablanca et en 2025 à Rabat et qui n’a pas lancé de
formules illimitées dans ces cinémas tunisiens et sénégalais,
seulement des cartes d’abonnement de 5 places. « L’arrivée
de Pathé ne peut qu’être bénéfique pour le secteur, quand
bien même nous serons en concurrence. Si des agglomérations
françaises comme Toulouse ou Montpellier peuvent héberger
plusieurs multiplexes, il n’y a pas de raison que ça ne soit pas
le cas pour des métropoles comme Casablanca et Rabat. »
The group's sixth cinema, with three screens in Fez,
generated almost 60,000 admissions in 2022. In fact,
it represents the only cinema offering in the city of 1.5
million inhabitants, just as it will be in Agadir, which
currently has no cinema and where Jean-Pierre Lemoine's
circuit is building one with 1,000 seats and five screens
(including one with at least 400 seats). "We're behind
schedule on this project because of Covid, especially
as it will also be located in a shopping center, which is
also under construction. We expect delivery of the shell
by the end of the year, for an opening in 2024 as well."
In total, some 1.2 million admissions were recorded
in 2022 at Megarama's six Moroccan establishments,
which are now aiming for 1.4 million in 2023. "In five
months, we're already up to 500,000," enthuses the
country manager, thanks in particular to Moroccan
films, distributed in the In total, some 1.2 million
admissions were recorded in 2022 at Megarama’s six
Moroccan establishments, which are now aiming for
1.4 million in 2023. «In five months, we’re already up
to 500,000,» enthuses the country manager, thanks in
particular to Moroccan films, distributed in the country
by Megarama itself - a distinctive feature compared
with the group's French and Spanish activities, which
have been in operation for some twenty years. "Our
line-up is made up as much of Hollywood and French
films as it is of local productions, mainly comedies that
are not intended for export, but which work particularly
well here. Naturally, we program them not only in our
own establishments, but also in any cinemas that wish
to do so. We have also imported the logic of previews
in the presence of the film teams, as we did recently
with Jouj ["two" in Moroccan dialect, editor's note],
released on May 3."
In addition, "Megarama's pricing policy, which
is particularly advantageous for under-26s who
benefit from a 45 dirham (€4.10) rate, compared
with a full rate of 70 dirham (€6.40), means that
the average ticket price in 2022 will be 54 dirham
(€5)", continues Cyril Audineau, on the eve of the
launch, at the end of June as in France, of unlimited
cards. Nominative, they will enable spectators to
watch up to three films a day, and will take the form
of an annual subscription, with four formulas: a
simple one at 1,800 dirhams/year (€165); one for
under-26s, at 1,440 dirhams/year (€130); a Duo, at
3,000 dirhams/year (€275); and a Techno, at 2,600
dirhams/year (€240).
This approach sets Jean-Pierre Lemoine's group
apart from its new rival, Pathé Cinémas, which is
due to arrive in the Kingdom this year in Casablanca
and in 2025 in Rabat - and which has not launched
unlimited formulas in these Tunisian and Senegalese
cinemas, only 5-seat passes. "Pathé's arrival can only
be beneficial for the sector, even though we'll be in
competition. If French cities like Toulouse or
Montpellier can host several multiplexes, there's no
reason why this shouldn't be the case for metropolises
like Casablanca and Rabat."
24 Maghreb / 27 novembre 2023

Nice
leader italien
de porte
automatique
Nice
BIGOU
Nice Morocco
BIGOU Mohamed
CEO & Founder - Nice Morocco
Lauro BUORO
Président - Nice Group
Roberto GRIFFA
CEO - Nice Group
www.niceforyou.com 05 22 86 04 00

EXPLOITATION / OPERATION
CINERJI ACCÉLÈRE SON AMBITIEUX
DÉVELOPPEMENT
Sous la direction de Hakim Chagraoui,
Cinerji, une nouvelle marque dans le
secteur du cinéma, a annoncé l’ouverture
de ses cinq premiers sites lors d’une
keynote tenue cet été à Casablanca
Cette initiative novatrice, qui vise à ouvrir 150 salles de cinéma au cours des
prochaines années, est conçue pour transformer la sortie au cinéma en une
expérience immersive, alliant innovation, confort et accessibilité. Cinerji, dédiée
à la redynamisation du paysage cinématographique marocain, aspire à offrir un
divertissement de qualité et à rendre cette expérience plus accessible et agréable
pour tous les cinéphiles marocains, marquant ainsi un tournant significatif dans
le divertissement national.
Le premier à entrer en lice sera le Cinerji Ville Verte, implanté dans le quartier
résidentiel éponyme, comptera quant à lui six salles, toutes « Boutique »,
pour une capacité totale de 160 places. « Situé dans un quartier relativement
aisé, ce nouveau cinéma est adossé à un centre commercial qui devrait ouvrir
en même temps », explique l’exploitant, qui précise par ailleurs que la tarification
standard pour tous les Cinerji de Casablanca sera à partir de 60 dirhams
(soit 5,6€).
Le Cinerji Morocco Mall ouvrira quant à lui dès le mois de janvier. L’ancien
mono-écran Imax – 400 fauteuils au sein d’un igloo métallique ouvert au début
des années 2000 – est fermé depuis son acquisition par le nouveau circuit, en
juin 2023. Au programme : la transformation de la grande salle en une salle
Ōma de 380 places et huit balcons, sous la supervision de l’architecte Pierre
Chican à l’origine du nouveau format premium (qui devrait d’abord voir le jour
à Mougins, dans les Alpes-Maritimes françaises) et l’adjonction de trois nouvelles
salles « Boutique ». Importé du Royaume-Uni, ce concept propose des jauges
maximales de 60 spectateurs, tous installés dans des fauteuils et canapés de salon,
« l’idée étant de créer de l’intimité dans la salle. Ces nouvelles expériences cinéma
n’ont pas pour premier objectif d’attirer les spectateurs, mais bien de faire en
Cinerji is stepping up its
ambitious expansion in
Morocco
Hakim Chagraoui
Premium, proximity, hybridity: these will be the key words of
the 'first 100% Moroccan circuit,' which first
6 sites have been unveiled by its CEO Hakim Chagraoui
during a keynote held this summer in Casablanca
Under the leadership of Hakim Chagraoui, Cinerji, a new brand in the cinema
sector, announced the opening of its first five sites at a keynote event held this
summer in Casablanca. This innovative initiative, which aims to open 150 cinemas
over the next few years, is designed to transform going to the cinema into an
immersive experience, combining innovation, comfort and accessibility. Dedicated
to revitalising the Moroccan cinema landscape, Cinerji aims to offer quality entertainment
and make the experience more accessible and enjoyable for all Moroccan
cinema-goers, marking a significant turning point in national entertainment.
The first to enter the fray will be the Cinerji Ville Verte, located in the residential
district of the same name, which will have six cinemas, all Boutique, with a
total capacity of 160. «Located in a relatively affluent neighbourhood, this new
cinema is backed by a shopping centre due to open at the same time», explains the
operator, who also points out that the standard ticket price for all Cinerji cinemas
in Casablanca will start at 60 dirhams (€5.6).
The Cinerji Morocco Mall, from January. The former Imax mono-screen - 400
seats in a metal igloo opened in the early 2000s - has been closed since it was
acquired by the new circuit in June 2023. On the agenda: the transformation of
the large auditorium into a 380-seat Ōma auditorium with eight balconies, under
26 Maghreb / 27 novembre 2023

Concept de la salle Ōma au sein du Cinerji Morocco Mall
sorte qu’ils reviennent : c’est essentiel dans un contexte
de développement et de dynamisation de la fréquentation
», argumente Hakim Chagraoui, qui implantera
par ailleurs des espaces de restauration « Cinerji Coffee
» dans l’ensemble des nouveaux sites. Au total, les
quatre salles du Cinerji Morocco Mall auront une
capacité de quelque 560 places,
soit la moitié du Cinerji « 25
Square » située à Dar Bouazza,
ou « Darb » pour les Casaouis.
Situé dans un quartier résidentiel
en bord de mer, ce
nouveau complexe de cinq
écrans et 1022 places comportera
également une salle « Live
», habilitée à accueillir concerts,
spectacles et autres conférences.
« Empreintes du savoir-faire
événementiel et audiovisuel du groupe, les salles Live
de Cinerji permettront aux professionnels du spectacle
vivant de disposer de l’ensemble des équipements
techniques et scéniques (son, éclairage, etc) nécessaires
à leurs événements », le but étant « d’éviter aux organisateurs
de perdre une journée entière d’installation:
les équipes pourront arriver 2 heures avant le début de
la manifestation ». Ces salles « Live », dont les fauteuils
seront rétractables (doublant ainsi la capacité d’accueil),
Cinerji compte
redynamiser
le paysage
cinématographique
marocain
ne sont pas tout à fait à louer : en contrepartie, Cinerji
se réservera 30% de la recette billetterie, sans minimum
garanti – et pourra, surtout, assurer ses séances cinéma
habituelles le reste de la journée.
L’ouverture prochaine de Cinerji Kenitra marque
un tournant significatif dans
le paysage cinématographique
de la ville. Avec ses 5 salles
modernes et une capacité totale
de 700 places, ce nouveau
complexe promet de revitaliser
la scène cinématographique
locale. Cela représente un renouveau
pour Kenitra, une ville où
les salles de cinéma avaient
fermé leurs portes depuis longtemps.
Cet établissement offrira
non seulement un espace de
divertissement de qualité mais aussi une opportunité
de redécouvrir le cinéma dans un cadre innovant
et accueillant.
Encore plus au sud, le Cinerji Agadir Kitea Mall
prévoit d’ouvrir ses portes avec 6 salles, totalisant 683
fauteuils. Parmi ces salles, une sera dédiée aux événements
« Live » et une autre équipée de sièges inclinables
pour une expérience cinématographique optimale.
the supervision of the architect Pierre Chican behind
the new premium format (which should first see the
light of day in Mougins, in the French Alpes-Maritimes)
and the addition of three new «Boutique» auditoriums.
Imported from the UK, this concept offers a maximum
capacity of 60 spectators, all seated in armchairs and
sofas, «the idea being to create intimacy in the auditorium.
The primary aim of these new cinema experiences is not
to attract spectators, but to keep them coming back:
that’s essential in a context of developing and boosting
attendance», argues Hakim Chagraoui, who will also be
setting up «Cinerji Coffee» catering outlets at all the
new sites. In total, the four cinemas at Cinerji Morocco
Mall will have a capacity of some 560 seats...
... half the capacity of Cinerji ‘25 square’ in Dar
Bouazza, or ‘Darb’ to the locals. Located in a residential
area by the sea, this new five-screen, 1,022-seat complex
will also include a ‘Live’ room for concerts, shows and
conferences. «Drawing on the Group’s event and audiovisual
expertise, Cinerji’s Live rooms will provide live
performance professionals with all the technical and
scenic equipment (sound, lighting, etc.) they need for
their events», the aim being «to avoid organisers losing
an entire day setting up: teams will be able to arrive 2
hours before the start of the event». These Live rooms,
whose seats will be retractable (doubling the capacity),
are not exactly for hire: in return, Cinerji will retain
Salle Cinerji Boutique
Maghreb / 27 novembre 2023
27

Copy right : Hakim Joundy
Cinerji, a significant
turning point in national
entertainment
30% of the ticket sales, with no guaranteed minimum - and, above all, will be able
to hold its usual cinema screenings for the rest of the day.
The forthcoming opening of Cinerji Kenitra marks a significant turning point
in the city’s cinematic landscape. With its 5 modern cinemas and a total capacity
of 700, this new complex promises to revitalise the local film scene. It represents a
revival for Kenitra, a city where cinemas had long since closed their doors. The new
cinema will not only provide a high-quality entertainment space, but also an
opportunity to rediscover cinema in an innovative and welcoming setting.
Mr Hakim Chagraoui
Even further south, the Cinerji Agadir Kitea Mall plans to open its doors with
six cinemas, totalling 683 seats. One of these cinemas will be dedicated to live
events, while another will be equipped with reclining seats for the ultimate cinematic
experience.
Ouverture prochaine du Cinerji Morocco Mall
28 Maghreb / 27 novembre 2023

ARCHITECTURE / ARCHITECTURE
ENTREVUE AVEC
NICOLAS CHICAN
Le concept Ōma donne aussi
la possibilité de privatiser
un balcon, et donc proposer
des offres de totale intimité
Architecte français spécialisé dans le design et la
réalisation de salles de cinéma et de théâtre depuis
plus de 35 ans, Pierre Chican est à l’origine d’un
certain nombre d’innovations que son fils, Nicolas,
co-fondateur du concept premium Ōma, expose.
Au Maroc, Omâ Cinéma signe un partenariat avec
l’exploitant Cinerji
Pouvez-vous nous expliquer le concept révolutionnaire du cinéma Ōma
et en quoi il se distingue des cinémas traditionnels ?
Le concept Ōma a été créé par Pierre Chican qui est un architecte français spécialisé dans
la réalisation et le design de salles de cinéma et de théâtre depuis plus de 35 ans maintenant.
L’idée de Pierre est venue du fait que les salles de cinéma n’ont pas évolué dans leur agencement
et dans la manière dont les spectateurs sont disposés en face de l’écran depuis plus de 40 ans.
Cette conception traditionnelle des salles comporte des rangées de sièges en face d’un écran,
avec une pente de gradinage plus ou moins forte, entre 20 et 25 degrés.
Pierre voulait proposer une innovation architecturale dans les salles de cinéma. La première
idée était d’augmenter cette pente de gradinage, ce qui ne fut pas possible, en raison des
normes internationales d’accessibilité. Donc, puisqu’il a beaucoup influencé par les théâtres
à l’italienne et les salles d’opéra où on retrouve des balcons, il a ensuite eu l’idée de diviser le
gradinage qu’on retrouve dans les salles de cinéma en plusieurs, plusieurs balcons, ce qui
permet d’apporter plus d’immersion au spectateur et d’utiliser la totalité de la hauteur de l’écran.
D’un point de vue architectural, le concept se décline en plusieurs aspects. Le premier,
c’est que tous les spectateurs rentrent par l’arrière de la salle et arrivent par conséquent sur
différents niveaux, avec une entrée unique et indépendante par balcon. Chaque balcon dispose
d’un nombre limité de sièges, soit entre 15 et 18 sièges.
En quoi le design unique d’Ōma enrichit-il l’expérience cinématographique
pour les spectateurs ?
Déjà, avec un nombre aussi limité de sièges avec seulement trois rangées, on a ce sentiment
d’intimité qui est très agréable. Par ailleurs, comme les spectateurs entrent et sortent par
l’arrière de la salle, on a aussi aucune perturbation visuelle entre le spectateur et l’écran. En
fait, on ne voit vraiment que l’écran et un noir complet autour tout au long de la séance.
En plus, le concept Ōma permet d’utiliser la totalité de la hauteur de l’écran. D’une part,
cette conception permet de reculer le premier rang par rapport à l’écran pour leur donner une
meilleure visibilité. En fait, dans les salles de cinéma, les premiers rangs ne sont pas très
populaires puisqu’ils sont un peu trop proches de l’écran ce qui crée du déconfort chez le
spectateur. Pareillement, le concept Ōma vient rapprocher les derniers rangs par rapport à
une configuration classique et donc permettre vraiment le même degré d’immersion.
Avec le concept ŌMA, on vient en fait concentrer tous les spectateurs dans ce qu’on appelle
dans une salle de cinéma, la zone de visibilité optimale. On arrive en fait à ce que tous les
spectateurs aient quasiment la même expérience avec ce système de balcon, et c’est pour cela
que nous disons qu’avec ŌMA « every seat is the best seat in the house ».
Une dernière particularité est qu’on libère de l’espace à l’arrière, permettant du coup d’avoir
les accès pour les loges, mais pour les balcons. Par conséquent il y a la possibilité d’offrir des
services de food andbeverages, et installer un bar, un restaurant ou un lounge dans ces espaces,
à l’arrière qui du coup seront uniquement dédiés à la salle, ou même permettre à chaque
cabine accès à ses propres services en matière de restauration.
C’est une possibilité, bien sûr, mais c’est au client, c’est à Cinerji en l’occurrence, de
décider ce qu’ils ont envie de faire à l’arrière de la salle. Mais en tout cas il y a de la place
libérée par le fait qu’on augmente la pente de gradinage, et peut servir à offrir aux spectateurs
différents services.
Nicolas et Pierre Chican, co-fondateurs d’Ōma Cinéma
Quels sont les avantages de la structure verticalement empilée d’Ōma
pour les exploitants de cinéma ?
Pour l’exploitant, des loges dont les accès sont indépendants permettent énormément de
flexibilité sur l’exploitation de ces balcons. C’est à dire que dans une même salle Ōma, on
pourrait avoir des balcons VIP avec des services VIP et d’autres balcons avec un confort plus
standard. Donc en fait, au lieu d’avoir dans un multiplexe plusieurs salles où on va avoir une
salle très luxueuse et une salle plus standard, là on peut combiner dans une même salle différents
niveaux de confort et de service.
De plus, comme il s’agit d’un concept créé par des architectes, on est capable de
l’intégrer dans des espaces déjà existants et adapter ce système de balcon à quasiment
Nicolas Chican
tous les projets, à condition qu’ils disposent d’un minimum de hauteur de 7 mètres.
C’est d’ailleurs le cas pour la salle Cinerji à Casablanca, où on a des salles qui peuvent
aller jusqu’à jusqu’à 350 ou 400 sièges et qui peuvent commencer avec des loges très
VIP, avec 50, 100 sièges. C’est vraiment à l’exploitant de choisir et l’architecture de
la salle n’impacte pas du tout le côté technique.
Le concept Ōma donne aussi la possibilité de privatiser un balcon, et donc proposer des
offres destinées aux familles, des groupes d’amis ou même des entreprises qui ont envie de
privatiser pour eux seuls un balcon entier pour pouvoir être en totale intimité. Ça peut être
très intéressant du point où il y a également la possibilité de faire du service à la place sans
avoir à déranger toute une rangée de sièges comme ce serait le cas dans une salle de cinéma.
Comment la collaboration avec Cinerji s’intègre-t-elle dans le
développement et la mise en œuvre du concept Ōma ?
Alors, il faudra revenir un peu sur l’historique. Il y a un an à peu près, a vu paraître
un article de Hakim Chagraoui qui mentionnait son ambition de révolutionner l’industrie
du cinéma à travers l’exploitation au Maroc. J’ai tout de suite contacté Hakim puisque
Pierre a une grosse affinité avec le Maroc et le Maghreb en général et nous nous sommes
tout de suite intéressé à ce que faisait Cinerji. Nous nous sommes tout de suite très bien
entendu, vu que nos deux entreprises sont très ambitieuses et nous adhérons complètement
au discours Cinerji sur le côté premium, mais aussi sur le côté proximité, qui est très
important. Nous aimons aussi beaucoup les boutiques cinéma qu’est en train de développer
Cinerji dans chacun de ses projets.
Par conséquent, nous avons senti que nous avons une vision commune et nous avons
vraiment envie de développer le concept Ōma à l’intérieur du réseau Cinerji. Nous avons
donc signé un partenariat qui couvre la salle Ōma, et nous sommes très fiers de pouvoir du
coup amener dans un premier temps cette salle Ōma à Casablanca avec Cinerji. Il y a une
volonté, bien sûr, comme Cinerji est également en plein essor, et qu’au Maroc il y a un besoin
d’avoir plus de salles. Nous imaginons que si cette première salle marche et que les retours
sont très positifs que nous aurons la place de pouvoir mettre d’autres salles Ōma dans d’autres
villes du Maroc.
Mais notre partenariat ne s’arrête pas là, car il est important de rappeler que Pierre
30 Maghreb / 27 novembre 2023

Interview with
Nicolas Chican
Can you explain to us the revolutionary concept of Ōma cinema and
how it differs from traditional cinemas?
The Ōma concept was created by Pierre Chican who is a French architect specializing
in the creation and design of cinemas and theaters for over 35 years now. Pierre’s idea came
from the fact that cinemas have not evolved in their layout and in the way in which
spectators are positioned in front of the screen for more than 40 years. This traditional
room design features rows of seats facing a screen, with a gradient of varying degrees,
between 20 and 25 degrees.
Chican, en tant qu’architecte, réalise aussi les projets de complexe cinématographique
pour Cinerji dans d’autres villes. Donc c’est un partenariat qui est global et qui n’est pas
limité aux salles Ōma.
Comment envisagez-vous que le concept d’Ōma influencera l’avenir de
l’industrie cinématographique ?
Cette innovation nous tient beaucoup à cœur avec parce c’est un peu la vision qu’on a,
nous, sur l’avenir de l’exploitation cinématographique. Les salles de cinéma n’avaient pas
évolué dans leur architecture depuis plus de 40 ans. Elles ont par contre évolué en termes de
technologie. On a l’impression que les innovations ces dernières 20 années se sont concentrées
sur la technologie, avec des écrans de plus en plus performants, des projecteurs de plus en plus
performants, des systèmes sonores plus immersifs, etc ..
Et donc avec Ōma, on veut montrer que l’architecture est aussi très importante, voire
même peut être plus importante dans le sens où avec l’arrivée du streaming, les spectateurs
ont la possibilité maintenant d’avoir chez eux des Dolby Atmos, des écran 4K ou encore des
super vidéoprojecteurs et donc en fait le rattrapage technologique est très rapide, alors que
l’architecture, on est sur un créneau qui est complètement différent.
Il y a aussi le fait qu’en innovant sur l’architecture, on est sur quelque chose de visible directement
par le spectateur. Ça c’est aussi très important, puisqu’on n’a pas besoin de leur expliquer
ce qui change. Quand les spectateurs rentrent cette salle, ils vont tout de suite comprendre qu’ils
sont dans une salle différente. Donc je trouve qu’innover dans l’architecture, c’est quelque chose
d’intéressant puisque c’est quelque chose qui ne sera pas, disons, concurrençable vis-à-vis de
l’expérience domestique. Et ça pour moi, c’est quelque chose qui est important puisque les
spectateurs vont tout de suite comprendre qu’ils sont dans un univers qui est différent.
Comment envisagez-vous l’expansion de ce concept au Maroc et
potentiellement en Afrique ?
De toute façon, tout projet qui voit le jour, que ce soit en Asie, en France ou en Afrique,
est intéressant et apporte du nouveau pour notre développement. La sortie officielle au public,
est prévue pour mars 2024. Il y aura une ouverture en février qui sera pour les professionnels,
dont bien-sûr Cinerji qui sera invité à découvrir en avant-première cette première salle Ōma
en France. Et puis nous comptons aussi marquer un grand coup pour le Festival de Cannes
et organiser plusieurs événements.
Pour le Maroc, chaque projet sera très différent puisque le concept sera adapté à
des espaces spécifiques. La grande nouveauté de cette salle à Casablanca, c’est que
nous sommes arrivés à trouver une solution pour intégrer le système de son Atmos
qui a été validé par Dolby. Ce sera la première salle Atmos et Ōma Atmo et HŌma,
où on réunit vraiment l’architecture Ōma avec un système son qui est considéré comme
le meilleur au monde en termes d’immersion.
Donc nous sommes très excités de pouvoir faire cette collaboration pour réaliser une salle
qui va être à la pointe de la technologie et de l’architecture, ce qui permettra sans doute à
d’autres exploitants, en Afrique notamment, de pouvoir se projeter sur ce type de collaboration.
Pierre wanted to propose an architectural innovation in cinemas. The first idea was to
increase this grading slope, which was not possible due to international accessibility
standards. So, since he was greatly influenced by Italian theaters and opera halls where
there are balconies, he then had the idea of dividing the tiering found in cinemas into
several, several balconies, which makes it possible to provide more immersion to the viewer
and to use the entire height of the screen.
From an architectural point of view, the concept comes in several aspects. The first is
that all spectators enter from the back of the room and therefore arrive on different levels,
with a single and independent entrance via balcony. Each balcony has a limited number
of seats, between 15 and 18 seats.
How does Ōma’s unique design enrich the cinematic experience for
viewers?
Already, with such a limited number of seats with only three rows, we have this feeling
of intimacy which is very pleasant. Furthermore, as spectators enter and exit from the
back of the room, there is also no visual disturbance between the spectator and the screen.
In fact, we really only see the screen and a complete black around it throughout the session.
In addition, the Ōma concept allows you to use the entire height of the screen. On
the one hand, this design allows the front row to be moved back from the screen to give
them better visibility. In fact, in cinemas, the front rows are not very popular since they
are a little too close to the screen which creates discomfort for the spectator. Likewise, the
Ōma concept brings the last rows closer to a classic configuration and therefore really
allows the same degree of immersion.
With the Ōma concept, we actually concentrate all the spectators in what we call in
a cinema, the optimal visibility zone. In fact, we manage to ensure that all spectators have
almost the same experience with this balcony system, and that is why we say that with
Ōma “every seat is the best seat in the house”.
A final feature is that we free up space at the rear, allowing access to the dressing rooms,
but also to the balconies. Therefore there is the possibility of offering food and beverage
services, and installing a bar, a restaurant or a lounge in these spaces, at the rear which will
therefore be solely dedicated to the room, or even allow each cabin access to its own
catering services.
It’s a possibility, of course, but it’s up to the customer, Cinerji in this case, to decide
what they want to do at the back of the room. But in any case there is space freed up by
the fact that the grading slope is increased, and can be used to offer spectators different
services.
What are the advantages of Ōma’s vertically stacked structure for
cinema operators?
For the operator, boxes with independent access allow a lot of flexibility in the use of
these balconies. This means that in the same Ōma room, we could have VIP balconies
Maghreb / 27 novembre 2023
31

with VIP services and other balconies with more standard
comfort. So in fact, instead of having several rooms in a
multiplex where we will have a very luxurious room and a
more standard room, we can combine different levels of
comfort and service in the same room.
In addition, as it is a concept created by architects, we
are able to integrate it into already existing spaces and adapt
this balcony system to almost any project, provided that they
have a minimum height of 7 meters. This is also the case for
the Cinerji hall in Casablanca, where we have rooms which
can go up to 350 or 400 seats and which can start with very
VIP boxes, with 50, 100 seats. It’s really up to the operator
to choose and the architecture of the room does not impact
the technical side at all.
The Ōma concept also gives the possibility of privatization
er a balcony, and therefore offer offers aimed at families,
groups of friends or even companies who want to privatize
an entire balcony for themselves to be able to have complete
privacy. This can be very interesting since there is also the
possibility of providing service instead of having to disturb
an entire row of seats as would be the case in a cinema.
How does the collaboration with Cinerji fit
into the development and implementation of
the Ōma concept?
So, we will have to go back a little to the history. About
a year ago, an article by Hakim Chagraoui appeared which
mentioned his ambition to revolutionize the cinema industry
through exhibition in Morocco. I immediately contacted
Hakim since Pierre has a strong affinity with Morocco and
the Maghreb in general and we were immediately interested
in what Cinerji was doing. We immediately got along very
well, given that our two companies are very ambitious and
we completely adhere to the Cinerji discourse on the premium
side, but also on the proximity side, which is very important.
We also really like the cinema boutiques that Cinerji is
developing in each of its projects.
Therefore, we felt that we have a common vision and we
really want to develop the Ōma concept within the Cinerji
network. We have therefore signed a partnership which covers
the Ōma hall, and we are very proud to be able to initially
bring this Ōma hall to Casablanca with Cinerji. There is a
desire, of course, as Cinerji is also booming, and in Morocco
there is a need to have more theaters. We imagine that if this
first room works and the feedback is very positive that we
will have room to put other Ōma rooms in other cities
in Morocco.
For Morocco, each
project will be very
different since the
concept will be
adapted to specific
spaces
But our partnership does not stop there, because it is
important to remember that Pierre Chican, as an architect,
also carries out cinema complex projects for Cinerji in other
cities. So it’s a partnership that is global and not limited to
Ōma theaters.
How do you see Ōma’s concept influencing
the future of the film industry?
This innovation is very close to our hearts because it is a
bit of the vision we have on the future of cinematographic
exploitation. Cinema halls had not evolved in their architecture
for more than 40 years. However, they have evolved in terms
of technology. We have the impression that innovations over
the last 20 years have focused on technology, with increasingly
efficient screens, increasingly efficient projectors, more
immersive sound systems, etc.
And so with Ōma, we want to show that architecture is
also very important, or even perhaps more important in the
sense that with the arrival of streaming, spectators now have
the possibility of having Dolby Atmos, 4K screen or even
super video projectors and therefore in fact the technological
catch-up is very rapid, whereas architecture, we are in a niche
which is completely different.
There is also the fact that by innovating in architecture,
we are on something directly visible to the viewer. That’s also
very important, since we don’t need to explain to them what’s
changing. When spectators enter this room, they will immediately
understand that they are in a different room. So I find
that innovating in architecture is something interesting since
it is something that will not be, let’s say, competitive with
the domestic experience. And that for me is something that
is important since the spectators will immediately understand
that they are in a universe that is different.
How do you envisage the expansion of this
concept in Morocco and potentially in Africa?
In any case, any project that sees the light of day, whether
in Asia, France or Africa, is interesting and brings new things
to our development. The official release to the public is
planned for March 2024. There will be an opening in February
which will be for professionals, including of course Cinerji
who will be invited to preview this first Ōma room in France.
And then we also intend to make a big splash for the Cannes
Film Festival and organize several events.
For Morocco, each project will be very different since the
concept will be adapted to specific spaces. The great novelty
of this room in Casablanca is that we managed to find a
solution to integrate the Atmos sound system which was
validated by Dolby. This will be the first Atmos and Ōma
Atmo and HŌma room, where we truly bring together Ōma
architecture with a sound system that is considered the best
in the world in terms of immersion.
So we are very excited to be able to make this collaboration
to create a room that will be at the cutting edge of technology
and architecture, which will undoubtedly allow other operators,
in Africa in particular, to be able to project themselves onto
this type of collaboration.
Nicolas et Pierre Chican, co-fondateurs d’Ōma cinéma
32 Maghreb / 27 novembre 2023

TECHNOLOGIE / TECHNOLOGY
INTERVIEW AVEC ADIL ZEROUALI
Les projecteurs de cinéma de la série
CineLife + de Christie sont équipés
d’une électronique ultrarapide et d’un
éclairage réel qui offrent des expériences
cinématographiques exceptionnelles
Interview with
Adil Zerouali
Can you introduce us to Christie and tell
us about your role in innovating cinema
projectors?
With over 65 years of cinema heritage, Christie
debuted the world’s first cathode ray tube (CRT) projector
in 1980 and became the world’s largest producer of
35mm/ 70mm film projectors. Christie then spearheaded
the digital projection era in the 2000s. In fact, Christie
was the first projection manufacturer to win two Academy
Awards for Technical Achievements. As the pioneer of
RGB pure laser projection, Christie installed and
commissioned the world’s first commercial high brightness
4K RGB pure laser projection system at Shanghai Film
Art Center in 2014. Today, thousands of exhibitors
worldwide have installed Christie projectors, including
Cinerji cinemas in Morocco, with partner
Global Entertainment.
Adil Zerouali
Directeur des ventes chez Christie, premier fabricant de
projecteurs à remporter deux Academy Awards pour ses
réalisations techniques, Adil Zerouali explique pourquoi la
marque qu’il représente est plébiscitée par des milliers
d’exploitants dans le monde entier. Au Maroc, Christie équipe les
nouveaux cinémas Cinerji avec le partenaire Global Entertainment,
mais aussi les 150 salles du ministère en charge de la Culture
Pouvez-vous nous présenter Christie et
nous parler de votre rôle dans l’innovation
des projecteurs de cinéma ?
Avec plus de 65 ans d’héritage cinématographique,
Christie a lancé le premier projecteur à tube cathodique
(CRT) au monde en 1980 et est devenu le plus grand
producteur mondial de projecteurs de films 35 mm/70
mm. Christie a ensuite été le fer de lance de l’ère de la
projection numérique dans les années 2000. En fait, Christie
a été le premier fabricant de projecteurs à remporter deux
Academy Awards pour ses réalisations techniques. En tant
que pionnier de la projection laser pure RVB, Christie a
installé et mis en service le premier système commercial
de projection laser pure RVB 4K à haute luminosité au
Shanghai Film Art Center en 2014. Aujourd’hui, des
milliers d’exploitants dans le monde entier ont installé des
projecteurs Christie, y compris les cinémas Cinerji au
Maroc, avec le partenaire Global Entertainment.
Comment est née la collaboration entre
Christie et Cinerji, et quelles sont les valeurs
communes qui ont rendu ce partenariat
possible ?
Christie mène depuis longtemps des activités au Maroc,
initialement par l’intermédiaire de partenaires et
d’organisations basés en dehors du Maroc. En recherchant
plus de structure et d’indépendance au Maroc, avec Global
Entertainment, Christie a accepté de fournir un enseignement,
une formation et un soutien aux équipes locales de Cinerji
pour les aider à fournir des solutions complètes aux chaînes
de cinéma.
Quels sont les aspects uniques des
projecteurs Christie qui les rendent idéaux
pour les salles de cinéma Cinerji ?
Le Maroc ayant une longue tradition de consommation
de films, les spectateurs sont exigeants et s’attendent à une
expérience cinématographique riche et diversifiée. Christie
jouit d’une solide réputation en tant que fabricant de
solutions cinématographiques qui dépassent les niveaux
de luminosité standard et qui sont fiables et évolutives, ce
qui les rend attrayantes pour les exploitants et les spectateurs.
Christie plays
a key role in
equipping 150
cinemas for the
Ministry of Culture
How did the collaboration between Christie
and Cinerji come about, and what shared
values made this partnership possible?
Christie has a long-standing history of conducting
business in Morocco, initially through partners and
organizations based outside of Morocco. In looking for
more structure and independence within Morocco,
together with Global Entertainment, Christie agreed it
would provide education, training and support to local
Cinerji teams to help deliver complete solutions to the
cinema chains.
What unique aspects of Christie projectors
make them ideal for Cinerji cinema halls?
Since Morocco has a long history of film consumption,
moviegoers are discerning and expect a cinematic experience
that is rich and diverse. Christie has a strong
reputation as a manufacturer of cinema solutions that
exceed standard brightness levels, and are reliable and
future-proof, making them attractive to exhibitors and
moviegoers alike.
Christie is known for cutting-edge
technology. Could you explain how Christie
projectors stand out in terms of image quality
and performance?
No other projector on the market matches the
brightness, quality, and operational efficiency of Christie
projectors with Real|Laser - taking audiences to new
worlds of color and contrast. With a choice of 2K or 4K
34 Maghreb / 27 novembre 2023

Christie est réputée pour sa technologie de
pointe. Pouvez-vous nous expliquer en quoi les
projecteurs Christie se distinguent en termes de
qualité d’image et de performances ?
Aucun autre projecteur sur le marché n’égale la luminosité,
la qualité et l’efficacité opérationnelle des projecteurs
Christie avec Real|Laser, qui emmènent le public dans
de nouveaux univers de couleurs et de contrastes. Avec un
choix de résolution 2K ou 4K, tous les projecteurs de
cinéma sont compatibles 3D et offrent plus de 95 % de
l’espace colorimétrique Rec 2020.
Comment la technologie de Christie amélioret-elle
l’expérience cinématographique des
spectateurs ?
Les projecteurs de cinéma de la série CineLife + de
Christie sont équipés d’une électronique ultrarapide et
d’un éclairage réel qui offrent des expériences
cinématographiques exceptionnelles avec des images vives
et réalistes et des couleurs et des contrastes qui atteignent
de nouveaux niveaux.
Quel impact attendez-vous de la
collaboration entre Christie et Cinerji sur le
marché marocain du cinéma ?
Cette initiative aura un impact considérable sur les
productions locales, car les réalisateurs et les cinéastes
locaux disposeront d’écrans pour montrer l’art qu’ils ont
créé et dans l’environnement pour lequel il a été conçu.
Quelles sont les prochaines innovations
de Christie dans le domaine des projecteurs
de cinéma ?
Aucun autre projecteur
sur le marché n’égale
la luminosité, la
qualité et l’efficacité
opérationnelle des
projecteurs Christie
L’année prochaine, Christie lancera une nouvelle
source lumineuse à semi-conducteurs plus abordable
pour le marché des petits écrans. Ces nouveaux projecteurs
2K auront une luminosité comprise entre 6 000 et 11
000 lumens. Ils ont été conçus pour être plus silencieux,
plus faciles à entretenir et plus efficaces dans l’ensemble.
Ces projecteurs fonctionneront avec le nouveau Christie
IMB-S4 et seront rétrocompatibles avec les IMB de
série 2 de tiers.
Pouvez-vous nous faire part de projets ou
d’extensions futurs ?
Christie a toujours de nombreux projets en cours.
Outre le cinéma, elle a des projets dans les secteurs de
l’éducation et des arts.
Comment voyez-vous l’évolution de
l’industrie cinématographique et quel rôle
Christie joue-t-elle dans cette évolution ?
Christie cherchera toujours à apporter de l’innovation
dans l’industrie lorsque cela s’avère judicieux. Que cette
innovation prenne la forme de nouveaux produits ou
d’améliorations de produits existants. Alors que les coûts
énergétiques continuent d’augmenter dans notre paysage
mondial, nous nous efforçons de créer des projecteurs
plus efficaces sur l’ensemble de notre gamme, du cinéma
de luxe aux projecteurs PLF à la luminosité la plus élevée,
ce qui contribue à réduire les coûts d’exploitation globaux.
Nous élargissons également les fonctionnalités de nos
outils et simplifions le fonctionnement de nos projecteurs,
notamment avec Mystique Cinema pour l’alignement
automatique et la correction des couleurs, Hawkeye pour
un étalonnage rapide et simple du système en un seul
clic lors de l’installation, et le contrôle de la luminosité
et du point blanc LiteLOC amélioré à l’aide d’un seul
curseur. Nous pensons qu’au fur et à mesure que la
technologie progresse, les produits devraient être plus
faciles à utiliser et à entretenir, et fonctionner de manière
beaucoup plus efficace que leurs prédécesseurs.
Christie joue un rôle clé dans l’équipement
de 150 salles de cinéma pour le ministère de
la Culture et de la Communication et de 150
salles pour les projets de Cinerji. Pouvez-vous
nous en dire plus sur ce projet majeur et sur
la contribution spécifique de Christie à cette
initiative ?
L’impact des plus de 150 cinémas et salles qui soutiennent
le secteur des arts et de la culture signifie que nous créons
un terrain de jeu pour les jeunes talents locaux afin qu’ils
puissent montrer leur travail sur des écrans et un son de
qualité dans toute la région.
resolution, all cinema projectors are 3D capable and deliver greater than 95% of the
Rec 2020 color space.
How does Christie’s technology enhance the cinematic experience
for audiences?
Christie’s CineLife + Series cinema projectors are equipped with ultrafast electronics
and Real|Illumination which offer exceptional moviegoing experiences with vivid and
lifelike imagery and color and contrast that reach new levels.
What impact do you expect the collaboration between Christie
and Cinerji to have on the Moroccan cinema market?
Christie: This will impact hugely on local productions, as local directors and
filmmakers will have screens to show the art they created and in the environment they
were intended for.
What are the upcoming innovations at Christie in the field of
cinema projectors?
Christie will introduce a new, more affordable solid-state light source for the smaller
screen market next year. These new 2K projectors will range from 6,000 to 11,000
lumens in brightness. They have been designed to be quieter, more serviceable, and
more efficient overall. These projectors will work with the new Christie IMB-S4 and
be backward compatible with third party Series 2 IMBs.
Are there any future projects or expansions that you can share
with us?
Christie always has many projects on the go at any one time. In addition to cinema,
it has projects in the education and arts sectors.
How do you see the evolution of the cinema industry, and what
role does Christie play in this evolution?
Christie will always look to bring innovation into the industry where it makes
sense. Whether that innovation comes in the form of new products, or improvements
to existing products. As energy costs continue to rise in our global landscape, we strive
to create more efficient projectors across our entire range from boutique cinema to
the highest brightness PLF projectors that help to bring down overall costs of operation.
We’re also expanding the functionality of our toolsets and simplifying the operation
of our projectors such as with Mystique Cinema for auto-alignment and color correction,
Hawkeye for quick and simple single-click system calibrations during setup, and
single slider enhanced LiteLOC brightness and white point control. We believe that
Des projecteurs Christie
as technology advances, products should be easier to use, easier to service, and can
operate at much greater efficiency than their predecessors.
Christie plays a key role in outfitting 150 cinema halls for the Ministry
of Culture and Communication and 150 halls for Cinerji projects.
Could you tell us more about this major project and Christie’s specific
contribution to this initiative?
The impact of the 150-plus cinemas and halls that support the arts and culture
sector means we are creating a playing field for local young talent to be able to show
their work on quality screens and audio throughout the region.
Maghreb / 27 novembre 2023
35

TECHNOLOGIE / TECHNOLOGY
Interview with
Pascal Mabille
Business development director of Kelonik
Cinema sound (KCS) for the EMEA, Asia
and Americas regions, Pascal Mabille
presents his brand’s sound solutions that
improve the overall experience of
moviegoers within a cinema
Could you introduce us to the Kelonik Cinema
Sound (KCS) brand, as well as your speakers,
today considered among the most efficient and
innovative in the cinema field ?
The Kelonik company, a company created in 1983, has
extensive experience almost exclusively dedicated to the cinema
sector. Our main commitment has been to offer our customers
the best products and the best services at all times. That’s why
when we developed KCS loudspeakers in the 1990s, we
equipped them with the most advanced features and capabilities
on the market at the time, so that they were properly sized
for rooms movies. Our objective was to have, with the service
experience that we had, efficient and quality equipment.
Then, we became one of the pioneers in immersive sound,
collaborating with the Spanish company IMM Sound, which
created immersive sound long before Dolby Atmos. We were
the first company to create in-ceiling speakers that fit the
technology developed for that company, something we
continued to do when Dolby bought that company and
created Dolby Atmos.
Hakim Chagraoui (Cinerji) et Pascal Mabille (KCS)
INTERVIEW AVEC
PASCAL MABILLE
Le marché marocain connaît actuellement
une vague de modernisation sans
précédent et offre une opportunité unique
aux nouvelles salles de se doter des
dernières avancées technologiques
Directeur de développement commercial de Kelonik Cinema sound
(KCS) pour les régions EMEA, Asie et Amériques, Pascal Mabille présente
les solutions de sa marque en matière de sonorisation qui améliorent
l’expérience globale des cinéphiles au sein d’une salle de cinéma
Pourriez-vous nous présenter la marque
Kelonik Cinema Sound (KCS), ainsi que de
vos enceintes, aujourd’hui considérées parmi
les plus performantes et innovantes dans le
domaine du cinéma ?
La société Kelonik, une société créé en 1983, dispose
d’une vaste expérience quasiment exclusivement dédiée au
secteur du cinéma. Notre principal engagement ça a été
d’offrir à nos clients les meilleurs produits et les meilleurs
services en tout temps. C’est pour cela que lorsque nous
avons développé dans les années 1990 les enceintes KCS,
nous les avons dotées des fonctionnalités et capacités les
plus avancées sur le marché à l’époque, de façon à ce qu’elles
soient correctement dimensionnées pour les salles de cinéma.
Notre objectif était d’avoir, avec l’expérience de services
que nous avions, du matériel performant et de qualité.
Ensuite, nous sommes devenus l’un des précurseurs sur
le son immersif, en collaborant avec la société espagnole
IMM Sound, qui a créé le son immersif bien avant Dolby
Atmos. Nous avons été la première entreprise à créer des
enceintes de plafond adaptées à la technologie développée
pour cette société, chose que nous avons continué à faire
lorsque Dolby a racheté cette société et a créé Dolby Atmos.
Nous avons donc toujours été au cœur du développement
We have therefore always been at the heart of development
and today, we have around 300 Dolby Atmos rooms which
are equipped with KCS speakers out of a total of 6,000 movie
theaters around the world.
How do KCS solutions improve the overall
cinema experience for moviegoers?
Before talking about the viewer, we provide the integrator,
who will also bring his installation touch, with an engineering
service specialized in the definition and precise selection of the
speakers best suited to each project. Already at this level, we
carry out technical studies for the Atmos rooms, provide plans
of the theater to be equipped and provide the best proposals.
On another level, it should be noted that the cinema sector
has, since the Covid-19 pandemic, been in a perpetual dynamic
of innovation both on a technical level and in terms of
improving the experience offered to the spectator. Cinemas
are today in search of innovation and therefore in recent years
we have seen many rooms arriving on cinema chains equipped
with immersive sound, LED panels on the sides which provide
total immersion, automated seats and adjustable, screens on
the sides, catering services… We attest to unparalleled levels
of comfort never seen before.
All these improvements allow the viewer to benefit from
a very different and new cinematic experience compared to
what has been offered until now. As Kelonik, we bring our
Unlike more mature
markets, in Morocco,
there is today a strong
demand for new
cinemas
36 Maghreb / 27 novembre 2023

et aujourd’hui, nous somme sur environ 300 salles Dolby
Atmos qui sont équipées en enceintes KCS sur un total de
6 000 salles dans le monde.
Comment les solutions de KCS améliorentelles
l’expérience globale des cinéphiles au sein
d’une salle de cinéma ?
Avant de parler du spectateur, nous apportons à
l’intégrateur, qui lui aussi va apporter sa touche d’installation,
un service d’ingénierie spécialisé dans la définition et la
sélection précise des enceintes les mieux adaptées à chaque
projet. A ce niveau déjà, nous réalisons les études techniques
pour les salles Atmos, fournissons des plans de la salle à
équiper et apportons les meilleures propositions.
Sur un autre niveau, il faut noter que le secteur du
cinéma est, depuis la pandémie du Covid-19, en perpétuelle
dynamique d’innovation aussi bien sur le plan technique
qu’en termes d’amélioration de l’expérience offerte au
spectateur. Les salles de cinéma sont aujourd’hui en quête
d’innovation et donc depuis quelques années on voit
beaucoup arriver sur des chaînes de cinéma des salles dotées
de son immersif, de panneaux LED sur les côtés qui
procurent une immersion totale, des fauteuils automatisées
et ajustables, des écrans sur les côtés, des services de
restauration … Nous attestons à des niveaux de confort
inégalés et jamais vus auparavant.
Toutes ces améliorations permettent au spectateur de
pouvoir bénéficier d’une expérience cinématographique
bien différente et nouvelle par rapport à ce qui était proposé
jusqu’à présent. En tant que Kelonik, nous apportons notre
expertise non seulement en matière de sonorisation, mais
Environ 300 salles
Dolby Atmos
sont équipées en
enceintes KCS
aussi pour garantir une intégration fidèle au design de la
salle sans entraver ses autres spécificités. Dans ce sens-là
nous essayons d’apporter toute notre expérience sur ces
nouvelles innovations, et donc apporter notre pierre à cet
édifice qu’est une expérience cinématographique unique.
En considérant l’évolution rapide de la
technologie cinématographique, quelles
tendances majeures KCS anticipe-t-elle
et comment vous préparez-vous à ces
changements ?
Comme je disais tout à l’heure, nous sommes au plus
proches de nos clients, intégrateurs mais aussi spectateurs,
de façon à pouvoir leur apporter la meilleure expérience
possible, notamment en ce qui concerne la partie sonore.
En outre, il y a des innovations et des produits qu’on
essaie de développer pour toujours améliorer la qualité.
Là, par exemple, nous sommes en train de développer
une nouvelle enceinte que nous espérons pouvoir sortir
à la mi-2024. Ce sera une enceinte de dix pouces qui
permettra de sonoriser les salles avec des spécificités et
des accroches différentes.
De manière générale, c’est en termes de notre expertise
que nous continuons à développer nos services de
dimensionnement des enceintes, et c’est ainsi que nous
arrivons à donner la meilleure expérience aux clients.
Passons maintenant au marché marocain.
Parlez-nous de votre collaboration avec Cinerji
au Maroc ?
Nous avons commencé notre collaboration avec Cinerji
en juin 2022. Personnellement, j’étais déjà en contact
avec Hakim Chagraoui depuis février 2022, car nous
collaborions sur un projet du ministère de la Culture,
mais c’est en juin 2022 qu’on a commencé vraiment à
discuter du projet Cinerji. Durant toute cette période,
nous avons développé des relations tant sur le plan
professionnel que personnel pour présenter des solutions
de qualité et en particulier pour la sonorisation de la
nouvelle salle Cinerji Oma qui nécessite une étude
vraiment approfondie pour garantir une sonorisation
adéquate et spécifique à chaque balcon de celle-ci.
Les salles Oma, ayant la spécificité d’avoir des balcons
à différents niveaux la sonorisation de chaque balcon, leur
sonorisation doit être correctement étudiée et donc on a
essayé d’apporter des solutions pour la salle entière et pour
chaque balcon. En parallèle, M. Chagraoui souhaite
également doter d’autres salles plus petites de solutions
Dolby Atmos et donc nous offrons là aussi notre expertise
en vue d’équiper ces salles des enceintes spécifiquement
développées pour les salles Atmos s’intègrent parfaitement
dans le design de ces salles.
L’idée c’est qu’il s’agisse de produits KCS ou de Dolby
Atmos, nous apportons des solutions d’intégration sonore
adaptées aux spécificités de chaque salle et sur mesure pour
que l’installation sonore soit au point de la technologie
tout en tenant compte des particularités de chaque projet
pour garantir une expérience sonore optimale.
Enfin, ce que je trouve vraiment intéressant sur le marché
marocain, c’est que c’est un marché qui connaît actuellement
une vague de modernisation sans précédent et qui offre
une opportunité unique à ces nouvelles salles de se doter
des dernières avancées technologiques et garantir un confort
inégalé au public. Contrairement à des marchés plus matures
comme la France ou l’Europe dans sa globalité, où on
retrouve beaucoup de salles de cinéma vieillissantes qui ne
sont pas toutes modernisées, au Maroc, il y existe aujourd’hui
une forte demande pour de nouvelles salles de cinéma
nouvelles. Par conséquent, et c’est ce qui est unique en soi
à mon avis, toutes ces salles qui vont ouvrir seront dotées
d’une technologie, d’un confort et d’une qualité de 2023.
C’est vraiment une chance pour le marché marocain d’avoir
des salles dans le futur qui soient les plus à même d’offrir
à la population marocaine les expérience cinématographiques
les plus avancées.
expertise not only in sound systems, but also to guarantee
faithful integration into the design of the room without
hindering its other specificities. In this sense we try to bring
all our experience to these new innovations, and therefore
make our contribution to this building which is a unique
cinematographic experience.
Considering the rapid evolution of film
technology, what major trends is KCS anticipating
and how are you preparing for these changes?
As I said earlier, we are as close as possible to our customers,
integrators but also spectators, so as to be able to provide them
with the best possible experience, particularly with regard to
the sound part.
In addition, there are innovations and products that we
are trying to develop to always improve quality. There, for
example, we are in the process of developing a new speaker
that we hope to be able to release in mid-2024. It will be a
ten-inch speaker which will allow the rooms to sound with
different specifications and hooks.
Generally speaking, it is in terms of our expertise that we
continue to develop our speaker sizing services, and this is
how we manage to give the best experience to customers.
Now let’s move on to the Moroccan market.
Tell us about your collaboration with Cinerji
in Morocco.
We started our collaboration with Cinerji in June 2022.
Personally, I was already in contact with Hakim Chagraoui
since February 2022, because we were collaborating on a
project from the Ministry of Culture, but it was in June 2022
that we started really to discuss the Cinerji project. Throughout
this period, we have developed relationships both professionally
and personally to present solutions, in particular for the sound
system of the new Cinerji Oma room which requires a truly
in-depth study to guarantee adequate and specific sound
system for each balcony therein.
The Oma theaters having the specificity of having balconies
at different levels, the sound system for each balcony, their
sound system must be correctly studied and therefore we tried
to provide solutions for the entire room and for each balcony.
At the same time, Mr. Chagraoui also wishes to equip other
smaller rooms with Dolby Atmos solutions and therefore here
too we offer our expertise with a view to equipping these
rooms with speakers specifically developed for Atmos rooms
which integrate perfectly into the design of these theaters.
The idea is that whether it is KCS or Dolby Atmos
products, we provide sound integration solutions adapted to
the specificities of each room and tailor-made so that the
sound installation is at the cutting edge of technology, taking
into account the particularities of each project to guarantee
an optimal sound experience.
Finally, what I find really interesting about the Moroccan
market is that it is a market which is currently experiencing
an unprecedented wave of modernization and which offers a
unique opportunity to these new cinemas to equip themselves
with the latest technological advances and guarantee unparalleled
comfort to the public. Unlike more mature markets
like France or Europe as a whole, where there are many aging
cinemas which are not all modernized, in Morocco, there is
today a strong demand for new cinemas. cinema news.
Consequently, and this is what is unique in itself in my opinion,
all these movie theaters which will open will be equipped with
technology, comfort and quality of 2023. It is really an
opportunity for the Moroccan market to have theaters in the
future that are best able to offer the Moroccan population
the most advanced cinematographic experiences.
Maghreb / 27 novembre 2023
37

EXPLOITATION / OPERATION
PATHÉ CINÉMAS S’IMPLANTE
À CASABLANCA
Pathé Casablanca - ouverture prochaine
Après la Tunisie et le Sénégal, et avant la Côte
d’Ivoire, le groupe français s’apprête à ouvrir, le 20
décembre prochain, son premier cinéma au Maroc.
Rencontre avec Hanane Tiattabin, directrice
d’exploitation, et Frédéric Godfroid, directeur des
opérations Afrique de Pathé
Le Pathé Californie Casablanca prendra ses marques au sein du Californie Mall,
du géant de la grande distribution Marjane, pile à temps pour la sortie d’Aquaman
et le Royaume perdu. Sur une surface de plus de 10 000 m², 1 150 fauteuils seront
répartis dans huit salles, dont une Imax, une 4DX – la première du type sur le continent
– et une VIP (sièges full recliner à l’assise extra large, salon privé). Avec, comme
premier objectif, « une fréquentation entre 500 000 et 600 000 entrées en première
année », précise Frédéric Godfroid, pour commencer à amortir l’investissement de
plus de 11 millions d’euros. « La coque du cinéma nous a été livrée avec un retard lié
à la crise sanitaire. Hormis l’équipement cinéma, pour lequel nous avons travaillé avec
les collaborateurs habituels des cinémas Pathé, nous avons entièrement fait appel à des
entreprises marocaines. Nous sommes désormais en discussion avec le CCM pour l’aide à
la création de salles.
Comme dans les Pathé de Tunisie et de Sénégal, le site casaoui proposera des
cartes 5 places, « ainsi que 3h de parking gratuit, un véritable luxe à Casablanca ». La
tarification précise reste encore à définir, sachant qu’elle « s’articulera avec celle en
vigueur dans les autres multiplexes du pays, en tenant compte des technologies de nouvelle
génération ». Par ailleurs, le Pathé Casablanca se démarquera des autres circuits du
Royaume par l’absence d’une programmation de spectacles vivants : « Notre cœur de
métier est le cinéma, sur lequel se concentreront tous nos efforts. Côté son, l’acoustique
n’est pas la même dans une salle de cinéma et une de spectacle. Côté projection, nos écrans
vont de mur à mur, sans estrade, pour toujours plus d’immersion de nos spectateurs dans
les films », souligne Hanane Tiattabin, qui ajoute que la programmation fera la part
belle aux productions marocaines (qui, en 2022, représentaient 36 % de part de
marché dans le pays, derrière les 46 % des films américains). « La programmation et
Pathé Cinémas sets up
in Casablanca
After Tunisia and Senegal, and before Côte d'Ivoire, the
French group is preparing to open its first cinema in Morocco
on December 20. Interview with Hanane Tiattabin, Director
of Operations, and Frédéric Godfroid, Pathé's Director of
African Operations
Pathé Californie Casablanca will take up residence in the California Mall, owned
by retail giant Marjane, just in time for the release of Aquaman and the Lost Kingdom.
Over an area of more than 10,000 m², 1,150 seats will be distributed across eight
theaters, including an Imax, a 4DX - the first of its kind on the continent - and a
VIP (full recliner seats with extra-wide seating, private lounge). The first target is
"between 500,000 and 600,000 admissions in the first year", explains Frédéric
Godfroid, to start recouping the investment of over 11 million euros. "The cinema
shell was delivered to us with a delay due to the health crisis. Apart from the cinema
equipment, for which we worked with the usual Pathé staff, we used Moroccan
companies for the entire project. We are now in discussions with the CCM for
assistance in setting up cinemas.
Like the Pathés in Tunisia and Senegal, the Casablanca site will offer 5-seat passes,
"as well as 3 hours' free parking, a real luxury in Casablanca". Pricing details have yet
to be worked out, but "will be in line with those of the country's other multiplexes,
taking into account new-generation technologies". In addition, Pathé Casablanca
will stand out from other circuits in the Kingdom by the absence of live entertainment
programming: "Our core business is cinema, on which we will concentrate all our
efforts. In terms of sound, acoustics are not the same in a cinema as they are in an
entertainment venue. In terms of projection, our screens are wall-to-wall, without a
stage, so that our viewers are always more immersed in the films", stresses Hanane
Tiattabin, adding that the programming will give pride of place to Moroccan productions
(which, in 2022, represented 36% of the market share in the country, behind
38 Maghreb / 27 novembre 2023

les succès ne sont finalement jamais dictés par l’exploitant ou le distributeur – c’est toujours
le public qui les choisit, et nous resterons à son écoute. »
À 32 ans, la jeune directrice d’exploitation du futur cinéma a auparavant vécu
mille vies au sein de la maison Pathé, qu’elle a intégré il y a 12 ans « à l’époque où je
faisais le ménage au Pathé Vaise (Lyon) pour financer mes études de droit, de 6 à 9h du
matin. Des collègues m’ont ensuite encouragée à postuler au poste d’agente de cinéma, puis
j’ai suivi plusieurs formations, gravi les échelons, devenu animatrice, directrice adjointe
et enfin responsable d’exploitation », progressivement dans les Pathé du Mans, Parnasse
et Beaugrenelle. Elle devient formatrice en 2017 et, un an plus tard, est envoyée en
Tunisie pour former les équipes du Pathé Tunis City, la première aventure africaine
de l’enseigne au coq. Elle prendra ensuite les rênes du Pathé Sousse, à son ouverture
en 2019, avec la volonté, exprimée auprès de Frédéric Godfroid, de diriger le premier
multiplexe Pathé du Maroc, son pays d’origine. « Ils ont tenu leur promesse », glisse
celle qui supervise désormais une trentaine de personnes (en équivalent temps plein),
« et ça prouve que Pathé, c’est aussi et surtout des carrières et des aventures humaines ».
À quelques semaines de l’ouverture du Pathé Casablanca, Frédéric Godfroid et la
direction du groupe finalisent également celle du Pathé Abidjan, leur premier cinéma
en Côte d’Ivoire, qui sera donc le quatrième pays africain où sera présent le circuit
de Jérôme Seydoux. Attendu pour « tout début 2024 », l’établissement comptera 1
100 fauteuils répartis dans six salles (dont deux VIP). Et un an plus tard, en 2025,
devrait être inauguré un deuxième site marocain, le Pathé Rabat, pour lequel le groupe
attend la livraison du gros œuvre, toujours par Marjane. Après ces ouvertures, Frédéric
Godfroid affirme que l’heure sera « à la stabilisation des fondations » pour Pathé
Cinémas, « qui se doit désormais d’apprendre les habitudes de chaque public, de répondre
aux envies des spectateurs dans les quatre pays, et de ne pas se précipiter dans de nouveaux
projets sur le continent ».
Au Sénégal, plus d’un an après son ouverture, en octobre 2022, le Pathé Dakar
témoigne déjà « d’une grande vitalité, liée à un fort engouement pour le cinéma sénégalais
» et ses périphéries – à l’image de Tirailleurs de Mathieu Vadepied, partiellement
en langue peul et deuxième succès de l’année dans l’établissement de sept écrans,
derrière Barbie et devant Avatar : La Voie de l’eau.
En Tunisie, « 2023 est une très bonne année » dans les multiplexes du circuit (Tunis
City et Azur City en banlieue de la capitale, Mall of Sousse dans la troisième ville du
pays) qui ont généré, tous les trois, quelque 1,4 million d’entrées depuis janvier. Le
pays représente le cas typique d’un « agrandissement de la part du gâteau pour tous les
acteurs du secteur cinématographique, puisque les multiplexes Pathé ont tout simplement
triplé la fréquentation annuelle en Tunisie, sans grignoter sur celle des autres cinémas ».
Alors que le Pathé Tunis City a désormais atteint sa vitesse de croisière, « Sousse et
Azur City sont toujours en croissance, notamment du fait du contexte sanitaire de leur
ouverture [respectivement fin 2019 et 2021, ndlr.] ». Un boom du secteur de l’exploitation
qui « bénéficie à l’ensemble de l’industrie cinématographique tunisienne, avec
une remontée des recettes qui a permis la reprise de la distribution et la dynamisation de
la production ». À l’heure où les travaux se terminent, que les productions nationales
gagnent en volume et ambition, et que la grève des scénaristes et acteurs américains
touche à sa fin, le ciel africain semble se dégager pour Pathé Cinémas.
the 46% of American films). "Programming and successes are never ultimately dictated
by the exhibitor or distributor - it's always the audience that chooses them, and we'll
remain attentive to them."
At 32, the young operations manager of the future cinema has lived a thousand
lives at Pathé, which she joined 12 years ago "when I was cleaning at Pathé Vaise
(Lyon) to finance my law studies, from 6 to 9 in the morning. Colleagues then
encouraged me to apply for the position of cinema agent, then I took several training
courses, climbed the ranks, became an animator, assistant manager and finally operations
manager", progressively in Pathé du Mans, Parnasse and Beaugrenelle. She
became a trainer in 2017 and, a year later, was sent to Tunisia to train the teams at
Pathé Tunis City, the rooster brand's first African venture. She will then take the reins
at Pathé Sousse, when it opens in 2019, with the desire, expressed to Frédéric Godfroid,
to run the first Pathé multiplex in Morocco, her home country. "They kept their
promise," says the woman who now supervises some 30 people (full-time equivalent),
"and that proves that Pathé is also, and above all, about careers and human
adventures.
A few weeks before the opening of Pathé Casablanca, Frédéric Godfroid and the
group's management are also finalizing the opening of Pathé Abidjan, their first
cinema in Côte d'Ivoire, which will be the fourth African country where Jérôme
Seydoux's circuit will be present. Expected to open in "early 2024", the establishment
will have 1,100 seats in six screens (including two VIPs). And a year later, in 2025,
a second Moroccan site should be inaugurated, the Pathé Rabat, for which the group
is awaiting delivery of the shell work, again by Marjane. After these openings, Frédéric
Godfroid asserts that it will be time to "stabilize the foundations" for Pathé Cinémas,
"which must now learn the habits of each audience, respond to the desires of spectators
in the four countries, and not rush into new projects on the continent".
In Senegal, more than a year after its opening in October 2022, Pathé Dakar is
already showing "great vitality, linked to a strong craze for Senegalese cinema" and
its peripheries - as in the case of Mathieu Vadepied's Tirailleurs, partly in the Fulani
language and the second biggest hit of the year in the seven-screen establishment,
behind Barbie and ahead of Avatar: The Way of Water.
In Tunisia, "2023 is a very good year" for the circuit's multiplexes (Tunis City and
Azur City on the outskirts of the capital, Mall of Sousse in the country's third largest
city), all three of which have generated some 1.4 million admissions since January.
The country represents a typical case of "a bigger piece of the pie for all players in the
cinema sector, since Pathé multiplexes have quite simply tripled annual attendance in
Tunisia, without eating into that of other cinemas". While Pathé Tunis City has now
reached cruising speed, "Sousse and Azur City are still growing, not least because of
the sanitary conditions surrounding their opening [late 2019 and 2021 respectively,
editor's note]". A boom in the exhibition sector that "benefits the Tunisian film industry
as a whole, with an upturn in revenues that has led to a recovery in distribution and
a revitalization of production". As the construction work draws to a close, domestic
productions gain in volume and ambition, and the strike by American scriptwriters
and actors draws to a close, the African skies seem to be clearing for Pathé Cinémas.
Chantier du Pathé de California Mall à Casablanca
Maghreb / 27 novembre 2023
39

EXPLOITATION / OPERATION
L’AMBITIEUSE RÉNOVATION DE
L’HISTORIQUE CAMÉRA DE MEKNÈS
Sous l’impulsion des habitants de Meknès et des distributeurs marocains, Jamal Tazi, propriétaire du cinéma
historique de la ville impériale marocaine, a entrepris de grands travaux de réhabilitation et de
modernisation de son établissement
©Cinéma Caméra
L’historique cinéma Caméra de Meknès
Sa réouverture a eu lieu le 13 mai, avec la projection-événement de la comédie
marocaine Dados, en présence de l’équipe du film. Un événement pour célébrer « une
vieille dame qui renaît de ses cendres », alors que le cinéma Caméra sort de la première
des trois phases de réhabilitation prévues, qui a consisté en la remise en état du
bâtiment, de la façade et de la salle de 650 places, ainsi qu’en l’équipement en numérique.
Dans un premier temps, il s’agit « d’un écran et un projecteur de seconde main »,
admet Jamal Tazi. « Nous allons fonctionner, pendant nos six premiers mois environ, avec
un matériel en très bon état qui nous vient d’Europe, en attendant de nous fournir en
projection de dernier cri, vers la fin de l’année » – une mise à niveau qui constituera la
deuxième phase de l’aménagement.
Dans les prochaines années, la troisième étape se concentrera sur la restauration, par
une équipe d’experts, de la fresque murale de 80 m², peinte par Marcel Couderc à
l’ouverture du Caméra, en 1938 : un témoin des 85 années d’histoire du cinéma, implanté
au cœur de Meknès. Fondé par une famille française, les Sandeau, le cinéma est racheté
par Alami Tazi au début des années 60. Ce dernier construit au même moment le cinéma
Rif, un deuxième mono-écran de 1 000 fauteuils, devenu complexe culturel, dans la
nouvelle ville. Le Caméra, le Rif et deux autres salles de Meknès restent gérées et
programmées par Marius Sandeau, jusqu’à sa mort au début des années 1990, avant
que le Maroc ne connaisse « une crise absolue du cinéma. Le piratage s’est développé à vitesse
grand V dans le pays, avec une certaine complaisance des publics cinéphiles, au détriment des
salles de cinéma qui tombaient de plus en plus en désuétude », déplore Jamal Tazi, également
magnat de l’industrie du textile. « Les disques gravés illégalement étaient, jusqu’à peu,
monnaie courante dans les pays du Maghreb. Nous avons tenu avec nos projecteurs 35mm
jusqu’à ce que l’offre des films en argentique se soit naturellement tarie. Le Caméra est sous
perfusion financière depuis une quinzaine d’années maintenant, mais, au vu de la mobilisation
de la communauté cinéphile et de distributeurs comme Film Event, nous avons décidé
début 2023 de rénover et rouvrir. Sans eux, nous aurions peut-être cédé aux nombreuses offres
de promoteurs immobiliers, qui voulaient en faire des bureaux ou un centre commercial. »
Et parce qu’il s’agit d’abord d’une affaire de famille et d’héritage, la réhabilitation du
Caméra, qui a coûté à Jamal Tazi entre 2 et 3 millions de dirhams (180 000 - 270 000 €),
ambitionne de « mettre du neuf dans du vieux » : les 650 sièges, dont 400 à l’orchestre et
The historic Cinéma
Caméra unveils an
ambitious renovation
Spurred on by Meknes population and Moroccan
distributors, Jamal Tazi, owner of the historic institution of
the imperial city, has undertaken a major rehabilitation
and modernization
L’historique cinéma Caméra de Meknès
40 Maghreb / 27 novembre 2023

The Cinéma Caméra reopened on May 13, with a special screening of the Moroccan
comedy Dados, in the presence of the film's cast and crew. An event to celebrate “an old
lady rising from the ashes”, as the cinema finished the first of three planned rehabilitation
phases: refurbishing the building, the facade and the 650-seat auditorium, and installing
digital equipment – "a second-hand screen and projector to begin with", indicates Jamal
Tazi. “For now, we are operating with an equipment imported from Europe, that is in very
good condition, and we plan on acquiring state-of-the-art projection equipment towards the
end of the year” – which will constitute the second phase of the project.
L’historique cinéma Caméra de Meknès
250 légèrement inclinables au balcon, restent inchangés, tandis que les loges, situées en
hauteur, peuvent être privatisées. Les deux projecteurs argentiques Cinemeccanica, « de
véritables Rolls Royce », restent opérationnels pour des séances spéciales, bien que la
nouvelle programmation du cinéma sera généraliste, pour s’adresser aussi bien aux
familles qu’à un public étudiant, qui bénéficiera d’un tarif préférentiel de 20 dirhams
(1,80 €) – Meknès abritant l’Université Moulay-Ismaïl, fréquentée par 80 000 universitaires.
La place standard coûte quant à elle 30 dirhams en orchestre (2,70 €), et entre
45 et 50 dirhams en balcon (4-4,50 €).
Over the next few years, the third stage will focus on the restoration, by a team of
experts, of the 80m² mural painted by Marcel Couderc, back when the Caméra opened
in 1938: a testimony to the 85-year history of the cinema, located in the heart of Meknes.
Founded by a French family, the Sandeau, the cinema was purchased by Alami Tazi in
the early 1960s. In the same timeline, he built the Rif cinema, a second 1,000-seat
single-screen cinema and cultural complex, outside the old town. The Caméra, the Rif
and two other cinemas in Meknes were managed and programmed by Marius Sandeau,
until his death in the early 1990s, and before Morocco experienced "an crisis of cinema.
Piracy developed at breakneck speed in the country, with a certain complacency on the part
of cinephiles and to the detriment of cinemas, that were falling further and further into
disuse," laments Jamal Tazi, also a textile industry magnate. "Until recently, illegally
burned discs were commonplace in the Maghreb countries. We held out with our 35mm
projectors until the supply of silver film naturally dried up. The Caméra has been on a
financial drip for some fifteen years now, but in view of the mobilization of the cinephile
community and distributors like Film Event, we decided in early 2023 to renovate and
reopen. Without them, we might have given in to the many offers from property developers,
who wanted to turn it into offices or a shopping center."
And because it's first and foremost a family affair and a legacy, the rehabilitation of
the Caméra, which cost Jamal Tazi between 2 and 3 million dirhams (€180,000 -
270,000), aims to "put something new into something old": the 650 seats, including
400 in the orchestra and 250 slightly reclining in the balcony, remain unchanged, while
the boxes, located high up, can be privatized. The two Cinemeccanica silver projectors,
"real Rolls Royces", remain operational for special screenings, although the cinema's
new programming will be general, aimed at both families and students, who will benefit
from a preferential rate of 20 dirhams (€1.80) - Meknes is home to the Moulay-Ismaïl
University, attended by 80,000 university students. Standard seats cost 30 dirhams in
orchestra (€2.70), and between 45 and 50 dirhams in balcony (€4-4.50).
Maghreb / 27 novembre 2023
41

EXPLOITATION / OPERATION
Le nouveau Cinéatlas de Tanger
AU MAURITANIA DE TANGER, CINÉATLAS
S’APPRÊTE À PASSER LA TROISIÈME
Les travaux du nouveau CinéAtlas Mauritania, réhabilitant un cinéma mythique de la
troisième ville du Maroc, ont repris début septembre. Rencontre avec le directeur du
circuit Pierre-François Bernet, également distributeur dans le pays
« Il ne laisse personne indifférent », confie Pierre-François Bernet
au sujet du Mauritania, qu’il a visité pour la première fois en
2016, au cours de son étude de marché pour son circuit CinéAtlas.
Son acquisition de l’un des cinémas historiques de Tanger est
actée trois ans plus tard, en 2019, avec l’ambition de « reproduire
la transformation réussie que nous avions menée au Colisée de Rabat,
pour rendre au Mauritania sa gloire d’antan ». L’enjeu est de
métamorphoser ce qui était autrefois un immense mono-écran
en un complexe moderne de 5 salles – le plus grand cinéma du
circuit –, « avec une attention particulière portée à la conservation
et la valorisation de l’architecture du bâtiment », propre au nord
du Maroc, où se laisse entrevoir l’influence ibérique. En effet,
depuis 2016, le Mauritania est inscrit au patrimoine matériel
national ; une classification qui a naturellement imposé un cahier
des charges à sa rénovation, « menée par des architectes tangérois
passionnés par l’histoire de leur ville », sous la supervision d’Oumkeltoum
El Ouazzani. « Nous rafraîchissons la façade du cinéma
et son enseigne métallique iconique à l’identique », détaille Pierre-François
Bernet, « et nous conservons tout le marbre, qui donne tout son
charme au cinéma : nous en avons même rajouté ».
À l’exception de l’équipement cinéma (fauteuils et projection),
en provenance d’Europe, « l’ensemble de nos prestataires pour le
gros œuvre, le revêtement et les finitions sont marocains », indique
le directeur du circuit, à qui le permis de construire n’a été délivré
qu’en décembre 2021… pour une demande effectuée début
2020. « La crise sanitaire est évidemment passée par là, avec son lot
de complications financières, la mise à l’arrêt des institutions et la
crise de la fréquentation. » Mais depuis la réouverture des cinémas
au Maroc en 2022 et la reprise globale de la fréquentation – dont
le succès retentissant de Barbie, que CinéAtlas a distribué dans
le Royaume –, la holding a repris des couleurs et a pu réinvestir
dans son projet tangérois, dont le chantier a redémarré en
septembre 2023.
Ainsi, le budget total du CinéAtlas Tanger Mauritania,
dont l’ouverture est désormais prévue pour le printemps 2024,
s’élève à 20 millions de dirhams [près d’1,9 M €], financé
entre fonds propres, crédit auprès d’une banque française, et
des subventions du Centre cinématographique marocain, à
hauteur de 2,8 M de dirhams [260 000 €]. À terme, le cinéma,
d’une superficie de près de 1 000 m² au sol, sera également
financé par le restaurant de gastronomie française qui lui sera
adossé, et par le club de jazz, prévu au troisième et dernier
étage du complexe, à la place de l’immense cabine de projection.
« La tradition du jazz au Maroc, et précisément à Tanger,
est longue », notamment du fait de sa localisation géographique,
à l’antipode des États-Unis, de l’autre côté de l’Atlantique.
« Chaque année se tient ici le festival Tanjazz, et pour l’anecdote,
le pianiste et compositeur américain Randy Weston se produisait
chaque fois… au Mauritania. Dans notre volonté de valoriser
le patrimoine de cet édifice et de tout Tanger, il nous est paru
comme une évidence d’ouvrir un jazz club ici même. »
De quoi également influencer la programmation du
cinéma, « qui fera la part belle aux événements festifs et au
cinéma de patrimoine, en plus des sorties nationales ». Le
Mauritania « sera indéniablement le plus arthouse et vintage
Le cinéma sera
également financé
par le restaurant
de gastronomie
française qui lui sera
adossé, et par le club
de jazz
des CinéAtlas », indique son exploitant, dans une métropole
de 2 millions d’habitants où l’offre cinématographique est
relativement riche : il s'additionnera ainsi à la Cinémathèque
de Tanger, au récemment rénové Cine Alcazar, et aux deux
Megarama. Tous se rejoignent par ailleurs sur l’importance
des films espagnols dans leur programmation, Pierre-François
Bernet confirmant « la nécessité, d’ici notre ouverture, d’être
fourni en versions espagnoles des blockbusters ».
En attendant, le circuit fête en ce mois d’octobre le premier
anniversaire de son site d’El Jadida (au sud de Casablanca), dont
les trois salles ont totalisé quelque 53 000 entrées. « Le public
jadidien est complètement différent de celui des grandes villes. Il est
plus friand de films marocains et arabes, à l’image de la comédie
Trente Melyoun, qui continue de drainer du monde bien qu’elle
soit sortie en février 2020. Les gros blockbusters fonctionnent bien
également, comme Avatar, Barbie et Oppenheimer, mais les
propositions plus auteur, même les séances événementielles organisées
par l’Institut français, rencontrent moins de succès. » Comme il y
a un an, l’objectif reste d’acquérir plus de notoriété dans la ville
de 220 000 habitants, « notamment auprès des nombreuses universités.
Nous réfléchissons à des partenariats avec leurs bureaux des
étudiants, nous travaillons ensemble pour identifier les freins à la
fréquentation, comme la problématique des transports », explique
Pierre-François Bernet, qui espère y « fidéliser le public comme
dans notre cinéma de Rabat », le CinéAtlas Colisée.
Enfin, le circuit s’apprête également à reprendre les travaux
de son nouveau cinéma de Casablanca, situé au sein du centre
commercial Anfa Mall, pour une ouverture espérée entre mai
et juin 2024. Et pour propulser ses deux prochains sites, l’exploitant-distributeur
compte bien s’appuyer sur la sortie de Dune :
Deuxième Partie, en mars, dont il est le distributeur marocain :
« Warner nous a fait confiance tout le long, et ça a payé. Nous
réfléchissons déjà à son lancement, en espérant en dévoiler davantage
dans les semaines à venir. »
42 Maghreb / 27 novembre 2023

Le nouveau Cinéatlas de Tanger
At Mauritania Tanger, CinéAtlas prepares to
move into third generation
Work began again in early September on the new CinéAtlas Mauritania, refurbishing a legendary
cinema in Morocco's third-largest city. An interview with circuit manager Pierre-François Bernet, who
is also a distributor in the country
"It leaves no one indifferent," confides Pierre-François Bernet about Le Mauritania,
which he first visited in 2016, during his market research for his CinéAtlas circuit.
His acquisition of one of Tangier's historic cinemas was finalized three years later, in
2019, with the ambition of "reproducing the successful transformation we carried
out at the Colisée in Rabat, to return the Mauritania to its former glory". The challenge
is to transform what was once a huge single-screen cinema into a modern 5-screen
complex - the largest cinema on the circuit - "with particular attention paid to preserving
and enhancing the building's architecture", typical of northern Morocco, where
the Iberian influence can be glimpsed. In fact, since 2016, the Mauritania has been
listed as part of the country's tangible heritage; a classification that naturally imposed
specifications on its renovation, "carried out by architects from Tangiers who are
passionate about the history of their city", under the supervision of Oumkeltoum El
Ouazzani. "We're refreshing the cinema's facade and iconic metal sign to match the
original," explains Pierre-François Bernet, "and we're keeping all the marble, which
gives the cinema its charm: we've even added some.
With the exception of the cinema equipment (seats and projection), sourced from
Europe, "all our contractors for structural work, cladding and finishing are Moroccan",
says the circuit manager, whose building permit was not issued until December 2021...
for an application made in early 2020. "The health crisis obviously passed through,
with its share of financial complications, the shutdown of institutions and the crisis
in attendance." But since the reopening of cinemas in Morocco in 2022 and the
overall upturn in attendance - including the resounding success of Barbie, which
CinéAtlas distributed in the Kingdom -, the holding company has recovered and has
been able to reinvest in its Tangier project, for which work restarted in September 2023.
The total budget for CinéAtlas Tanger Mauritania, now scheduled to open in
spring 2024, is 20 million dirhams [almost €1.9 million], financed by a combination
of equity capital, a loan from a French bank, and subsidies from the Moroccan Film
Centre to the tune of 2.8 million dirhams [€260,000]. Eventually, the cinema, with
a floor area of almost 1,000 m², will also be financed by the adjoining French gastronomy
restaurant, and by the jazz club, planned for the third and top floor of the
complex, in place of the huge projection booth. "Morocco, and Tangier in particular,
has a long tradition of jazz", not least because of its geographical location on the other
side of the Atlantic from the United States. "Every year, the Tanjazz festival is held
here, and for the anecdote, the American pianist and composer Randy Weston
performed every time... at Mauritania. As part of our drive to enhance the heritage
of this building and of Tangier as a whole, it seemed only natural to open a jazz club
right here.”
This will also influence the cinema's programming, "which will give pride of
place to festive events and heritage cinema, in addition to national releases". The
Mauritania "will undeniably be the most arthouse and vintage of the CinéAtlas",
says its operator, in a metropolis of 2 million inhabitants where the cinema offer
is relatively rich: it will join the Cinémathèque de Tanger, the recently renovated
Cine Alcazar, and the two Megarama cinemas. They all agree on the importance
of Spanish films in their programming, with Pierre-François Bernet confirming
"the need, by the time we open, to be supplied with Spanish versions of
blockbusters".
Meanwhile, in October, the circuit celebrates the first anniversary of its El Jadida
site (south of Casablanca), whose three cinemas totalled some 53,000 admissions.
"Jadida audiences are completely different from those in the big cities. They're more
The Mauritania will undeniably be
the most arthouse and vintage of
the CinéAtlas
fond of Moroccan and Arab films, like the comedy Trente Melyoun, which continues
to draw crowds even though it was released in February 2020. The big blockbusters
are also doing well, like Avatar, Barbie and Oppenheimer, but the more auteur
offerings, even the event screenings organized by the Institut français, are less
successful." As was the case a year ago, the aim remains to gain greater notoriety
in the city of 220,000 inhabitants, "particularly among the many universities. We're
thinking about partnerships with their student offices, and we're working together
to identify the obstacles to attendance, such as the problem of transport", explains
Pierre-François Bernet, who hopes to "build audience loyalty there, as we have in
our Rabat cinema", the CinéAtlas Colisée.
Finally, the circuit is also preparing to resume work on its new Casablanca
cinema, located in the Anfa Mall shopping center, for a hoped-for opening between
May and June 2024. And to propel its next two sites, the operator-distributor is
counting on the release of Dune: Part II in March, for which it is the Moroccan
distributor: "Warner trusted us all along, and it paid off. We're already thinking
about its launch, hoping to unveil more in the coming weeks."
Maghreb / 27 novembre 2023
43

EXPLOITATION / OPERATION
©Cinémathèque de Tanger
La Cinémathèque de Tanger
RENCONTRE AVEC MALIKA CHAGHAL,
DE LA CINÉMATHÈQUE DE TANGER
Haut-lieu de culture rayonnant sur tout le Maroc, la
Cinémathèque de Tanger place l’éducation à
l’image, le cinéma d’auteur et la patrimonialisation
des films au cœur de son fonctionnement.
Rencontre avec sa vice-présidente
C’est au sein des murs du mythique cinéma Rif, construit en 1937, racheté en 2005
par l’artiste-photographe marocaine Yto Barrada et rénové par l’architecte français Jean-
Marc Lalo, que s’installe deux ans plus tard la Cinémathèque de Tanger, qui fête cette
année son 15 e anniversaire. « Tout en lui rajoutant une deuxième salle, il était primordial,
pour le collectif d’artistes à l’initiative du projet, de conserver l’architecture du lieu », explique
celle qui en a été la déléguée générale de 2012 à 2022 avant d’en assurer la vice-présidence,
Malika Chaghal. « J’ai rejoint l’équipe de la Cinémathèque pour prendre part à sa mission
première : la diversification des publics. Il fallait développer tout un travail de médiation
culturelle qui, jusque-là, n’existait pas au Maroc ». Un travail que la vice-présidente avait
auparavant mené au Galilée, à Argenteuil, et à L’Étoile, à La Courneuve, deux cinémas
dont elle a été successivement la directrice pendant cinq ans.
Ainsi, elle s’inspire des dispositifs français “École et cinéma”, “Collège au cinéma”
et “Lycéens et apprentis au cinéma” pour développer des projets d’éducation à l’image,
en partenariat avec des lycées publics de Tanger et des associations de jeunes actives sur
44 Maghreb / 27 novembre 2023

le terrain. « Nous allons chercher les publics éloignés de la culture, dans les quartiers excentrés,
et nous les ramenons au cinéma. Ils y découvrent des films de tous genres et toutes nationalités,
en version originale. Nous présentons les œuvres, concevons des livrets pédagogiques et d’autres
outils à disposition de leurs encadrants. »
Des activités qui ont un coût d’autant plus important qu’elles sont toutes gratuites
pour le public, dans un pays où elles ne sont que très peu subventionnées. « Notre modèle
économique repose en grande partie sur les partenariats que nous mettons en place avec les
acteurs impliqués dans le projet, que ce soit avec les distributeurs de films, les organismes
comme l’Institut français ou Cervantes, ou encore la société de transport urbain Alsa, dont
nous accueillons les enfants du personnel en échange de l’affrètement de bus. » La Cinémathèque
de Tanger dispose également d’un café, dont la terrasse donne sur le Grand Socco,
la place historique de la ville, et d’une boutique où sont vendus affiches de films ou
t-shirts à l’effigie du cinéma, et dont les recettes participent au financement des activités.
La programmation du lieu repose intégralement sur du cinéma d’auteur, soit « de
l’art et essai porteur » comme Asteroid City ou Le Bleu du caftan, soit des films sans
exploitation commerciale dans le Royaume, projetés avec visas culturels et négociés
Le cinémathèque de Tanger
directement auprès des ayants-droits internationaux. « Nous essayons généralement de
passer par des intermédiaires comme l’Institut français, le Goethe Institut, voire même les
services culturels des ambassades pour baisser les coûts de location. » Les films sont tantôt
sous-titrés en français, en anglais et même en espagnol, « ce qui nous permet de nous
adresser à toutes les franges de la population de Tanger, une ville internationale dont les liens
avec la France et l’Espagne sont historiques, dans un pays où les jeunes générations sont de
plus en plus anglophones », explique Malika Chaghal.
Enfin, la Cinémathèque de Tanger doit en toute logique son nom à ses activités de
collecte, de conservation et de valorisation de films, en particulier amateurs, du Maroc
et de tout le monde arabe. « Nous sommes une cinémathèque entièrement associative,
l’équivalent d’une cinémathèque régionale en France, et nous venons en complément de la
Cinémathèque marocaine » nationale, hébergée dans les locaux du Centre cinématographique
marocain (CCM) à Rabat.
Quant à l’état de la diffusion cinématographique au Maroc, la vice-présidente
reste « optimiste : l’évolution du secteur depuis 2012 est flagrante, et la multiplication de
projets aussi prometteurs que les 150 salles du ministère de la Culture à l’horizon 2024
ne peut qu’insuffler une dynamique positive ». Mais les défis restent immenses pour
ramener les publics en salles et faire vivre les films, « une tâche qui nécessite en urgence
la formation de médiateurs culturels, de programmateurs, d’animateurs de salles », explique
Malika Chaghal, épaulée depuis juillet 2023 par Hicham Falah, fondateur du Festival
international de documentaire d’Agadir (FIDADOC) et désormais délégué général
de la Cinémathèque de Tanger.
Meeting with Malika
Chaghal, Cinémathèque
de Tanger
The Cinémathèque de Tanger is a major cultural center in
Morocco, with image education, auteur cinema and film
heritage at the heart of its operations. Interview with its
vice-president
Two years later, the Cinémathèque de Tanger, which celebrates its 15 th anniversary this year,
was established within the walls of the legendary Rif cinema, built in 1937, bought in 2005 by
Moroccan artist-photographer Yto Barrada and renovated by French architect Jean-Marc Lalo.
"While adding a second room, it was essential for the artists' collective behind the project to
preserve the architecture of the venue," explains Malika Chaghal, who was the general delegate
from 2012 to 2022 before becoming vice-president. "I joined the Cinémathèque team to take
part in its primary mission: diversifying audiences. We had to develop a whole range of cultural
mediation activities, which until then had not existed in Morocco". The vice-president had
previously worked at Galilée, in Argenteuil, and L'Étoile, in La Courneuve, two cinemas where
she was successively director for five years.
Inspired by the French "École et cinéma", "Collège au cinéma" and "Lycéens et apprentis
au cinéma" programs, the company has developed image education projects in partnership with
public high schools in Tangier and local youth associations. "We seek out audiences far removed
from culture, in outlying neighborhoods, and bring them back to the cinema. There, they
discover films of all genres and nationalities, in their original version. We present the works,
design educational booklets and other tools for their supervisors.
These activities are all the more costly as they are all free to the public, in a country where
they receive very little subsidy. "Our economic model is largely based on the partnerships we
set up with the players involved in the project, whether with film distributors, organizations
such as the French Institute or Cervantes, or the urban transport company Alsa, whose staff's
children we welcome in exchange for chartering buses." The Cinémathèque de Tanger also has
a café, whose terrace overlooks the Grand Socco, the city's historic square, and a store where
film posters and T-shirts bearing the cinema's logo are sold, the proceeds from which help to
finance its activities.
The venue's programming is based entirely on arthouse cinema, either "art house" such as
Asteroid City or Le Bleu du caftan, or films with no commercial release in the Kingdom, screened
with cultural visas and negotiated directly with international rights holders. "We generally try
to go through intermediaries such as the French Institute, the Goethe Institute, or even the
cultural services of embassies to keep rental costs down. The films are sometimes subtitled in
French, English and even Spanish, "which enables us to appeal to all sections of the population
of Tangier, an international city with historic links with France and Spain, in a country where
the younger generations are increasingly English-speaking", explains Malika Chaghal.
Finally, the Cinémathèque de Tanger owes its name to its activities in collecting, preserving
and promoting films, particularly amateur films, from Morocco and the entire Arab world. We
are an entirely associative film library, the equivalent of a regional film library in France, and we
complement the national "Cinémathèque marocaine", housed in the premises of the Centre
cinématographique marocain (CCM) in Rabat.
As for the state of film distribution in Morocco, the vice-president remains "optimistic: the
sector's evolution since 2012 is flagrant, and the multiplication of projects as promising as the
Ministry of Culture's 150 cinemas by 2024 can only instill a positive dynamic". But the challenges
of bringing audiences back to cinemas and bringing films to life remain immense, "a task that
urgently requires the training of cultural mediators, programmers and cinema animators",
explains Malika Chaghal, who has been supported since July 2023 by Hicham Falah, founder
of the Agadir International Documentary Festival (FIDADOC) and now General Delegate of
the Cinémathèque de Tanger.
Le cinémathèque de Tanger
Maghreb / 27 novembre 2023
45

EXPLOITATION / OPERATION
CINÉMADART, BOUFFÉE D’ART
ET ESSAI À CARTHAGE
Les défis de l’exploitation cinématographique en Tunisie sont colossaux ; ceux rencontrés par les rares salles
art et essai, encore plus. Rencontre avec l’un des exploitants qui tentent, avec son associée Amel Saadallah,
de donner du souffle au cinéma d’auteur dans le pays, à deux pas des ruines carthaginoises
©CinéMadart
Centre culturel de Carthage
C’est en janvier 2012, au sein du centre culturel municipal Mad’art fondé par la femme
de théâtre Raja Ben Ammar, que voit le jour la salle Cinémadart, fondée par Amel
Saadallah et Kaïs Zaied, époux et associés. « L’idée nous est venue après notre expérience de
cinéclub universitaire, que nous animions avec des amis. La diffusion du cinéma indépendant
en Tunisie nous est apparue et comme une vocation et comme une nécessité, et nous voulions
investir un lieu, une salle déjà aménagée, comme celle du Mad’art. » Ni une ni deux, d’anciens
exploitants – qui exploitaient le cinéma AfricArt, en centre-ville de Tunis – leur
prêtent un projecteur 35mm qui, après deux ans de loyaux services, finit remplacé par
un lecteur Blu-ray le temps que le Ministère de la Culture verse sa subvention pour l’aide
à la numérisation (à hauteur de 50 %) ; tandis qu’est signé le bail avec la municipalité
de Carthage, propriétaire des murs. Mais assez rapidement, l’offre auteur disponible
dans le pays s’est avérée trop faible pour permettre la diversité de films souhaitée au
départ du projet, à une époque qui comptait seulement deux distributeurs réellement
actifs (Ciné 7 ème Art, toujours en activité, et Arts Distribution, qui ne l’est plus). D’où
la création, dès 2013 par Amel Saadallah, Kaïs Zaied et un troisième associé, Mohamed
Frini, d’un nouvel acteur de poids dans le paysage cinématographique tunisien : Hakka
Distribution, spécialisé dans le cinéma indépendant tunisien, arabe et international.
Dès lors, Cinémadart se pérennise autour de trois axes majeurs : la première étant
naturellement la programmation commerciale de films d’auteur mais aussi de quelques
blockbusters français et américains, « à des fins de viabilité économique, bien qu’en réalité,
ils ne fonctionnent pas du tout chez nous, tant ils ne s’adressent pas à notre public cible, les
cinéphiles avertis qui regardent notamment les films en VOSTFR. » Par ailleurs, « grâce à
une offre de films de plus en plus diverse ces dernières années, nous voyons affluer de nouveaux
publics, beaucoup plus occasionnels. C’était le cas avec Dachra, le premier film d’horreur
tunisien, qui avait cartonné en 2019 [quelque 300 000 entrées, ndlr.] et qui attiré en salles
plein d’adolescents. C’était le cas plus tôt cette année aussi avec Demain sera mieux, une
comédie qui nous a permis de nous adresser aux habitants des quartiers limitrophes plus
Cinémadart, a breath
of arthouse cinema in
Carthage
The challenges facing cinema exhibition in Tunisia are
colossal, and those faced by the few art house cinemas even
greater. Here we meet one of the exhibitors who, with his
partner Amel Saadallah, is trying to breathe new life into
arthouse cinema in the country, just a stone's throw from the
ruins of Carthage
It was in January 2012, within the Mad'art municipal cultural center founded by
theaterwoman Raja Ben Ammar, that the Cinémadart cinema was born, founded by
Amel Saadallah and Kaïs Zaied, husband and wife partners. "The idea came to us after
our experience of running a university film club with friends. The distribution of
independent cinema in Tunisia seemed to us both a vocation and a necessity, and we
wanted to invest in a venue, a room that was already equipped, like the one at Mad'art."
In no time at all, former exhibitors - who ran the AfricArt cinema in downtown Tunis
- lent them a 35mm projector which, after two years of loyal service, was replaced by
a Blu-ray player when the Ministry of Culture paid its 50% subsidy for digitization,
and a lease was signed with the municipality of Carthage, which owned the premises.
But fairly quickly, the auteur offer available in the country proved too weak to allow
the diversity of films desired at the start of the project, at a time when there were only
two really active distributors (Ciné 7 ème Art, still in business, and Arts Distribution,
which is no longer). Hence the creation in 2013 by Amel Saadallah, Kaïs Zaied and
a third partner, Mohamed Frini, of a new major player on the Tunisian film scene:
46 Maghreb / 27 novembre 2023

populaires », le cinéma étant situé à mi-chemin sur une route qui relie ces quartiers à la
banlieue plus huppée de Carthage, Sidi Bou Saïd et La Marsa. « Cinémadart est avant
tout un cinéma de proximité, qui travaille à la fidélisation des spectateurs grâce à un plein
tarif abordable de 8 dinars [2,35 €] et dont la mission première est de défendre les films
indépendants, les rendre rentables. »
Un objectif plusieurs fois atteint avant la pandémie, surtout avec les films tunisiens,
mais qui relève aujourd’hui d’un mirage. « Certes, 2019 était une année record pour nous »,
explique Kaïs Zaied, « nous avions atteint 60 000 entrées annuelles. En 2022, nous en avons
comptabilisées 16 000 – un résultat plus ou moins similaire que lors de notre ouverture en
2012. Tous les films qui sortent depuis l’année dernière font le tiers de leur potentiel pré-pandémie,
même les films d’auteur tunisiens autour desquels il y a un engouement : Sous les
figues, Ashkal… » L’exploitant analyse pourtant que les multiplexes Pathé, les seuls de
ce calibre en Tunisie, ont quant à eux atteint leurs objectifs de fréquentations, « ce qui
est, en somme, assez réjouissant pour tout notre secteur. Pathé a su reposer sur les centres
commerciaux auxquels ses cinémas sont adossés pour reprendre des couleurs, tandis que chez
nous, le seul produit d’appel reste le film. »
Les deux autres axes de programmation du mono-écran de 220 fauteuils sont l’accueil
du cinéclub Cinéfils, « où des équipes de film, des critiques, des professionnels ou encore des
professeurs viennent échanger avec le public après les projections » – comme lors du dernier
cycle organisé, “Regards de Palestine”, en écho aux événements du Proche-Orient –,
ainsi que celui de manifestations culturelles importantes, comme les Journées cinématographiques
de Carthage, bien qu’elles aient été annulées en 2023. « Il y a encore une
très forte culture de l’événementiel en Tunisie. Durant les JCC, les séances affichent complet
et nous sommes souvent amenés à refuser du monde, mais pour le même film une semaine
après, l’affluence est beaucoup plus faible. » Autre enjeu : les périodes de ramadan et de
canicule – l’été tunisien dépassant quotidiennement les 40°C –, durant lesquelles « nous
réduisons considérablement le nombre de séances, seulement une à deux par jour, quand nous
en assurons quatre à cinq habituellement. »
Hakka Distribution, specializing in independent Tunisian, Arab and international cinema.
From then on, Cinémadart's strategy has been to focus on three main areas: the first
being, of course, the commercial programming of films d'auteur, as well as a few French
and American blockbusters, "for the sake of economic viability, although in reality, they
don't work for us at all, since they don't appeal to our target audience of discerning cinephiles
who watch films in VOSTFR. This week's line-up includes the Tunisian-Palestinian
film Alam by Firas Khoury, released on May 17 (August 30 in France by JHR), Wes
Anderson's Asteroid City, and the SND-produced animation Miraculous. What's more,
"thanks to an increasingly diverse range of films in recent years, we're seeing an influx of
new, much more casual audiences. This was the case with Dachra, the first Tunisian horror
film, which was a big hit in 2019 [some 300,000 admissions, editor's note] and attracted
a lot of teenagers to theaters. The same is true today with Demain sera mieux, a popular
comedy that has enabled us to reach out to the inhabitants of the more popular neighboring
districts", as the cinema is located halfway along a road that links these districts to the
more upmarket suburbs of Carthage, Sidi Bou Saïd and La Marsa. "Cinémadart is first
and foremost a local cinema, which works to build audience loyalty thanks to an affordable
full price of 8 dinars [€2.35] and whose primary mission is to defend independent films,
making them profitable."
Cinémadart fait par ailleurs partie de la Cicae et du réseau NAAS (Network of Arab
Alternative Screens), réseau de cinémas art et essai dans le monde arabe, « avec qui nous
mutualisons et partageons des expériences, des campagnes de communication et même des
coûts de programmation. Cela nous permet de gagner en crédibilité et en reconnaissance
internationale, notamment pour aller chercher des financements », explique Kaïs Zaied, qui
faisait cette année partie du jury des Prix des cinémas art et essai, organisé par l’Afcae
(Association française des cinémas d’art et essai), lors du Festival de Cannes.
Centre culturel de Carthage
This goal was achieved several times before the pandemic, especially with Tunisian
films, but is now a mirage. «Admittedly, 2019 was a record year for us», explains Kaïs Zaied,
«we had reached 60,000 annual admissions. In 2022, we recorded 16,000 - more or less
the same result as when we opened in 2012. All the films released since last year are doing
a third of their pre-pandemic potential, even the Tunisian auteur films around which there’s
a craze: Sous les figues, Ashkal... A lot of hope rests on Les Filles d’Olfa, due for release in
autumn.» However, the operator notes that the Pathé multiplexes, the only ones of their
kind in Tunisia, have met their attendance targets, «which is a good thing for our sector as
a whole. Pathé has been able to rely on the shopping malls to which its cinemas are attached
to regain color, whereas for us, the only loss leader is the film.»
The 220-seat single-screen cinema’s other two main programming axes are the Cinéclub
Cinéfils, «where film crews, critics, professionals and teachers come to talk with the public
after screenings» - as was the case for the most recent cycle, «Récits d’Algérie» - and major
cultural events, such as the Journées cinématographiques de Carthage. «There’s still a very
strong culture of events in Tunisia. During the JCC, screenings are sold out and we often
have to turn people away, but for the same film a week later, attendance is much lower.»
Another challenge is the Ramadan and heatwave periods - the Tunisian summer exceeds
40°C daily - during which «we considerably reduce the number of screenings, down to one
or two a day, compared with our usual four to five.»
Centre culturel de Carthage
Cinémadart is also a member of Cicae and NAAS (Network of Arab Alternative Screens),
a network of arthouse cinemas in the Arab world, «with whom we pool and share experience,
communication campaigns and even programming costs. This gives us greater credibility
and international recognition, particularly when it comes to seeking funding,» explains
Kaïs Zaied, who this year sat on the jury for the Prix des cinémas art et essai, organized by
Afcae during the Cannes Film Festival.
Maghreb / 27 novembre 2023
47

EXPLOITATION / OPERATION
DES AGORA POUR DÉCENTRALISER LA
CULTURE ET LE CINÉMA EN TUNISIE
L’espace culturel L’Agora de Tunisie
« Un espace culturel de
proximité dans chacun des 24
gouvernorats de la Tunisie » :
voilà l’ambition du réseau de
proximité L’Agora, selon sa
directrice Ghofrane Heraghi,
déjà implanté à La Marsa et,
depuis juillet 2022, à Midoun,
sur l’île de Djerba. Prochaines
étapes : Gabès, à l’horizon
2024, et Le Kef, pour 2025
À Djerba, la salle de 122 fauteuils, implantée dans
un centre commercial, répond à un constat affligeant :
« Cela fait 30 ans qu’il n’y avait aucun cinéma sur l’île »,
déclare Ghofrane Heraghi, dont le projet n’en a pas,
pour autant, été plus facile à monter. « Aucune étude sur
les industries culturelles et créatives n’est réalisée en Tunisie.
Il n’y a aucun véritable moyen de peser les opportunités de
développement, à part mener sa propre étude. » Celle de
L’Agora sur l’écosystème djerbien, un territoire de quelque
500 km 2 particulièrement éclaté car sans réel réseau de
transport, a révélé le besoin des 160 000 habitants de
l’île en « espaces familiaux de qualité », auquel le cinéma
tente de répondre.
Et les familles sont au rendez-vous : les projections
jeune public (comme Pattie et la colère de Poséidon ou
Ernest et Célestine) sont les séances qui rencontrent le
plus de succès. Enfants et pré-ados représentent le cœur
de cible du cinéma, qui propose des projections scolaires
à destination des établissements de la région. « Nous
contactons régulièrement écoles, collèges et lycées pour leur
présenter notre catalogue de films et leurs dossiers pédagogiques
d’accompagnement, pour les encourager à amener leurs
élèves et débattre », autour de Zarafa, Vaillante, Marcher
sur l’eau ou encore Rebel, pour parler racisme, écologie
ou égalité des genres… Sans compter les ateliers artistiques
que propose le lieu, ou encore le dispositif “La Ruche
du cinéma”, qui fait découvrir les métiers de l’exploitation
aux plus petits.
Pour autant, l’absence jusqu’ici d’offre culturelle sur
l’île et, plus généralement, en dehors des grandes métropoles
tunisiennes, n’équivaut pas nécessairement à une
demande accrue et une forte affluence des publics.
« L’essentiel de notre travail consiste à réintégrer le cinéma
et la culture dans les habitudes de la population, et notre
programmation se doit d’aller en ce sens », affirme Ghofrane
Heraghi. Alors qu’à La Marsa, par exemple, productions
françaises, films d’auteur américains ou retransmissions
de ballets russes trouvent leurs publics, à Djerba, région
plus conservatrice, « blockbusters hollywoodiens et films
égyptiens » enchantent davantage. Le cinéma tunisien
occupe également une belle place dans la programmation
du mono-écran, notamment lors des projections gratuites
des “jeudis du cinéma”.
La programmation hors-cinéma reste, dans l’ensemble,
compliquée à gérer, et pour cause : l’éloignement de
Djerba de la capitale tunisienne, à 7 heures de route.
L’aéroport international représente en cela un « atout »
pour faire venir artistes peintres (une nouvelle exposition
tous les trois mois à L’Agora) et musiciens, notamment
l’été, durant lequel des live sessions sont organisées chaque
vendredi. Une programmation mouvante donc, à l’heure
où L’Agora, qui repose sur du mécénat privé, se cherche
encore un modèle économique rentable pour pallier ses
lourds investissements, en plus de son café littéraire et
son espace de coworking. La politique tarifaire – 14 dinars
plein tarif (4 €), 10 dinars (3 €) enfants et étudiants –,
relativement élevée par rapport au niveau de vie, ne
parvient pas encore à équilibrer les dépenses du cinéma,
tandis que « l’État, qui a longtemps promis de favoriser le
développement économique et culturel des régions intérieures
du pays, ne fait rien », déplore Ghofrane Heraghi.
S’étalant sur une quinzaine d’années a minima, le
projet d’ouvrir une Agora dans tous les gouvernorats du
pays, « dirigée par des équipes locales » pour « promouvoir
et offrir une exposition aux activités culturelles régionales »,
reste porté par le dynamisme du site de La Marsa, dont
le directeur Mohamed Ali Okbi cherche constamment
à « innover la programmation ». Ouverte fin 2014, la salle
de 101 places accueille elle aussi concerts, spectacles,
one-man-shows, conférences, expositions, ciné-clubs et
festivals (dont son propre “Vues sur les arts”), en plus
des quatre à cinq films programmés chaque semaine,
pour réaliser entre 80 et 110 000 entrées annuelles (avant
la crise sanitaire), et dont 80 % sont générées par le
cinéma. Un succès qu’il espère calquer non seulement
dans le reste de la Tunisie, mais aussi à l’étranger, « au
Moyen-Orient ou sur le continent africain ».
48 Maghreb / 27 novembre 2023

Agoras to decentralize culture
and cinema in Tunisia
The L'Agora local network has begun its roll-out with the
opening, in July 2022, of its second cultural space, on the
island of Djerba
"A local cultural space in each of Tunisia's 24 governorates": this is the ambition
of the L'Agora project, according to its director Ghofrane Heraghi, already launched
in La Marsa (Tunis) and, since July 14, 2022, in Midoun, on the island of Djerba,
in the south of the country. Next stop: Gabès, also in the south, "within a year and
a half", and Le Kef, in the east, "within two years".
In Djerba, the new 122-seat cinema, located in a shopping mall, is the result of
a distressing observation: "There hasn't been a cinema on the island for 30 years",
says Ghofrane Heraghi, whose project was no easier to set up. "There are no studies
on cultural and creative industries in Tunisia. There's no real way of weighing up
development opportunities, apart from carrying out one's own study." L'Agora's
study of the Djerbian ecosystem, a territory of some 500 km2 that is particularly
fragmented because it has no real transport network, revealed the need of the island's
160,000 inhabitants for "quality family spaces", which the cinema is trying to meet.
And families are a big hit: of the 20,000 tickets sold since the opening of the
cultural center, which also hosts concerts and plays, the young-audience screenings
(such as Pattie et la colère de Poséidon and Ernest et Célestine, currently showing)
are the most successful. Children and pre-teens represent the cinema's core target
audience, and it also offers school screenings for local establishments. "We regularly
contact schools, middle schools and high schools to present our catalog of films and
their accompanying educational packs, to encourage them to bring their pupils
along and debate", around films such as Zarafa, Vaillante, Marcher sur l'eau or
Rebel, to talk about racism, ecology or gender equality... Not to mention the artistic
workshops offered by the venue, or the "La Ruche du cinéma" scheme, which
introduces the youngest visitors to the world of cinema exhibition.
However, the absence of cultural offerings on the island and, more generally,
outside Tunisia's major metropolises, does not necessarily equate to increased demand
and crowds. "The essence of our work is to reintegrate cinema and culture into
people's habits, and our programming must be geared towards this," asserts Ghofrane
Heraghi. While in La Marsa, for example, French productions, American films
d'auteur and Russian ballet retransmissions find their audiences, in Djerba, a more
conservative region, "Hollywood blockbusters and Egyptian films" are more enchanting.
Tunisian cinema also features prominently in the mono-screen's programming,
L’espace culturel L’Agora de Tunisie
notably during the free "Cinema Thursdays" screenings with, this week, Walid
Tayaa's Fataria, a tribute to actress Rim Hamrouni, who died on February 19.
In March, the Agora is also set to host the Sicca Jazz music festival, co-founded
by the same Ghofrane Heraghi. But non-theatrical programming remains, on the
whole, complicated to manage, and for good reason: Djerba's remoteness from the
Tunisian capital, a 7-hour drive away. The international airport is an "asset" for
bringing in painters (a new exhibition every three months at L'Agora) and musicians,
especially in summer, when live sessions are organized every Friday. L'Agora, which
relies on private sponsorship, is still looking for a profitable business model to offset
its heavy investments, in addition to its literary café and coworking space. The
cinema's pricing policy - 14 dinars full price (€4), 10 dinars (€3) for children and
students - is relatively high in relation to the standard of living, and still fails to
balance the cinema's expenses, while "the State, which has long promised to promote
the economic and cultural development of the country's inland regions, is doing
nothing", laments Ghofrane Heraghi.
Spread over a minimum of fifteen years, the project to open an Agora in every
governorate, "run by local teams" to "promote and offer exposure to regional cultural
activities", remains driven by the dynamism of the La Marsa site, whose director
Mohamed Ali Okbi is constantly seeking to "innovate the programming". Opened
at the end of 2014, the 101-seat venue also hosts concerts, shows, one-man shows,
conferences, exhibitions, film clubs and festivals (including its own "Vues sur les
arts"), in addition to the four to five films programmed each week, to achieve between
80 and 110,000 annual admissions (before the health crisis), 80% of which are
generated by cinema. A success he hopes to emulate not only in the rest of Tunisia,
but also abroad, "in the Middle East or on the African continent": in Morocco, for
example, where an Agora is already being planned in the capital, Rabat.
L’espace culturel L’Agora de Tunisie
Maghreb / 27 novembre 2023
49

EXPLOITATION / OPERATION
TMV Garden City à Alger
À ALGER, LANCEMENT RÉUSSI
POUR LE TMV GARDEN CITY
Le nouveau cinéma de 3 salles,
qui a ouvert ses portes le 14 août
dans un centre commercial de la
capitale algérienne, n’est que le
deuxième complexe
cinématographique à ouvrir dans
le pays. Rencontre avec son
exploitant Riad Aït Aoudia
« Nous avons voulu mettre à profit notre expertise en
communication et en audiovisuel pour nous lancer dans l’exploitation
cinématographique, notamment pour participer à
la diversification des sources de financement de la création
algérienne. » Telle est l’ambition de Riad Aït Aoudia, dont
le complexe de 3 salles et 380 fauteuils (240 80 et 60) a
ouvert cet été, au lendemain de l’interdiction de Barbie en
Algérie. Même si la troisième (et plus petite) salle n’est pas
encore terminée (d’un retard dans la livraison de matériel),
cela n’a pas empêché le TMV Garden City d’atteindre les
10 000 tickets « dès le 31 août, puis d’enregistrer un mois de
septembre autour des 15 000 entrées. Le mois d’octobre a été
mou [période de rentrée des classes en Algérie, ndlr.], mais
le 1 er novembre férié [commémoration de la guerre d’indépendance]
a été notre meilleur jour de vente, avec 1 000
entrées », indique le néo-exploitant.
En effet, Riad Aït Aoudia fait de la transparence dans
la remontée des recettes son fer de lance, et avec elle, celle
de la collecte de données sur les habitudes des spectateurs
algériens : « De manière générale, la collecte de data nous est
cruciale pour plusieurs raisons : apprendre à connaître nos
publics, dans la mesure où l’exploitation cinématographique
algérienne est encore peu développée ; élaborer des stratégies de
contenus audiovisuels pour la télévision ; permettre à nos
partenaires et nos annonceurs de mieux saisir les tendances
populaires. » Des annonceurs, à l’instar de l’opérateur mobile
Ooredoo, sans qui le projet n'aurait d’ailleurs pas pu se faire.
TMV a également profité de la récente loi sur l’investissement,
particulièrement incitative, grâce aux exonérations
de TVA et des frais de douane.
Implanté au cœur du Garden City, centre commercial
et fleuron architectural du quartier résidentiel de Chéraga
à Alger, le TMV atteint désormais sa vitesse de croisière,
notamment grâce à des films comme La Dernière Reine, ou
50 Maghreb / 27 novembre 2023

A successful launch for
TMV Garden City in Algiers
The new 3-screen cinema, which opened on August 14 in a
shopping mall in the Algerian capital, is only the second
cinema complex in the country. Meet with its operator Riad
Aït Aoudia
"We wanted to make the most of our expertise in communications and the
audiovisual sector to get into the cinema business, in particular to help diversify
sources of funding for Algerian creative talent. Such is the ambition of Riad Aït
Aoudia, whose 3-screen, 380-seat complex (240/80/60) opened this summer, the
day after Barbie was banned in Algeria and without its third (and smallest) screen,
due to a delay in the delivery of equipment. But this didn't stop it from selling
10,000 tickets "by August 31, followed by a September with around 15,000 admissions.
October was sluggish [back-to-school period in Algeria, editor's note], but
the November 1st holiday [commemorating the war of independence] was our best
sales day, with 1,000 admissions", says the new operator...
TMV Garden City à Alger
d’autres plus horrifiques, plébiscités par les spectateurs, notamment en VO. « Avec l’ouverture
de notre troisième salle prévue pour décembre, nous espérons diversifier l’offre en productions
tunisiennes, égyptiennes ou encore indiennes », des nationalités de films qui sont ressorties
lors des différentes études de marché menées par le groupe de communication MediAlgeria,
dont Riad Aït Aoudia est également le directeur.
L’exploitant affiche de grandes ambitions pour son complexe – où le tarif standard est
de 900 dinars algériens (6 €) –, avec un objectif de 200 000 entrées au terme d’une année
d’exploitation (en août 2024 donc). Pour le début de l’année prochaine, il est prévu de
mettre en place la vente à distance et en bornes automatiques, à côté du deuxième point
de confiserie récemment ouvert, « pour fluidifier l’entrée du cinéma ». À plus long terme,
Riad Aït Aoudia réfléchit à un circuit TMV : « Le marché algérien a la capacité de décupler
d’ici 3 à 4 ans, si nous parvenons à offrir le meilleur à nos spectateurs et à prendre conscience
de la responsabilité sociale que représente le cinéma. C’est seulement ainsi que nous parviendrons
à contrer le piratage », une pratique qui gangrène encore profondément les industries
maghrébines. « D’ici quelques mois, nous nous pencherons sur les opportunités dans l’ouest
d’Alger, mais aussi à Constantine et dans le sud du pays », affirme l’exploitant, qui glisse par
ailleurs être « en discussion avec Imax pour notre nouveau projet ».
... who, moreover, has made revenue transparency his spearhead: "Generally
speaking, data collection is crucial to us for several reasons: to get to know our
audiences, insofar as Algerian film exhibition is still underdeveloped; to develop
audiovisual content strategies for television; to enable our partners and advertisers
to better grasp popular trends." Advertisers such as mobile operator Ooredoo,
without whom the project would not have been possible. TMV has also benefited
from the recent investment law, which is particularly encouraging, thanks to
exemptions from VAT and customs duties.
Located in the heart of Garden City, a shopping mall and architectural jewel in
the residential district of Chéraga in Algiers, TMV has now reached cruising speed,
thanks in particular to films such as The Last Queen, and other more horrific films,
which have proved popular with viewers, especially in VO. "With the opening of
our third cinema, scheduled for December, we hope to diversify our offer with
Tunisian, Egyptian and Indian productions", nationalities that have come to the
fore in the various market studies carried out by the MediAlgeria communications
group, of which Riad Aït Aoudia is also director.
TMV Garden City à Alger
TMV Garden City à Alger
The operator has high ambitions for his complex - where the standard rate is
900 Algerian dinars (€6) - with a target of 200,000 admissions by the end of the
first year of operation (August 2024). For the beginning of next year, the plan is
to introduce remote sales and kiosk sales, next to the recently opened second
confectionery outlet, "to make the cinema entrance more fluid". In the longer term,
Riad Aït Aoudia is thinking about a TMV circuit: "The Algerian market has the
capacity to grow tenfold in the next 3 to 4 years, if we manage to offer the best to
our spectators and become aware of the social responsibility that cinema represents.
That's the only way we'll be able to counter piracy," a practice that is still deeply
rooted in the Maghreb industries. "In a few months' time, we'll be looking at
opportunities in western Algiers, Constantine and the south of the country", says
the operator, who adds that he is "in discussions with Imax for our new project".
Maghreb / 27 novembre 2023
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TOUTE L’ACTUALITÉ DE L’EXPLOITATION,
LA DISTRIBUTION ET LES TECHNOLOGIES
CINÉMA AU MAGHREB
Boxoffice Pro et The Boxoffice
Company témoignent leur soutien
au Maroc
Suite au tragique tremblement de terre survenu le 8 septembre dans la région d’Al
Haouz, au Maroc, Boxoffice Pro et The Boxoffice Company tiennent à exprimer leur
soutien et présenter leurs condoléances aux familles des victimes.
Nos pensées vont également à nos partenaires marocains, le Centre cinématographique
marocain et le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication.
Boxoffice Pro and The Boxoffice
Company show their support for
Morocco
Following the tragic earthquake in the Al Haouz region of Morocco on September
8, Boxoffice Pro and The Boxoffice Company would like to express their support and
condolences to the families of the victims.
Our thoughts are also with our Moroccan partners, the Moroccan Cinematographic
Centre and the Ministry of Youth, Culture and Communication.