Haiti Liberte 29 Mai 2024
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Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
L’IMPÉRIALISME A NOMMÉ<br />
Akademi Kreyòl Ayisyen an<br />
(AKA) pèdi yon manm li :<br />
Pierre Michel Chéry<br />
Page 6<br />
SON PREMIER MINISTRE !<br />
Canaan Armed Group Kills<br />
Two U.S. Missionaries and<br />
their <strong>Haiti</strong>an Colleague<br />
near Bon Repos<br />
Page 9<br />
Haïti : une anatomie<br />
de l’invasion<br />
Page 7<br />
Voir page 3<br />
Le Conseil présidentiel de transition croupion n’a pas fait choix de Premier ministre, il a tout simplement exécuté<br />
l’ordre reçu de nommer Garry Conille à la Primature<br />
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE:<br />
PARAMILITAIRES NÉO-FASCISTES<br />
RENFORCENT LA RÉPRESSION<br />
Quelles sont les<br />
caractéristiques du<br />
socialisme chinois<br />
Page 10-11<br />
Voir page 4<br />
L’Ancien Ordre Dominicain (AOD) est un groupe paramilitaire néo-fasciste d’extrême droite. Il se décrit<br />
comme un mouvement nationaliste « créé pour l’expulsion des Haïtiens des villes dominicaines »<br />
Nouvelle<br />
Calédonie : Les<br />
indépendantistes<br />
exigent une<br />
solution négociée<br />
Page 17
Editorial<br />
Sursaut citoyen contre l’occupation de notre pays !<br />
Par Berthony Dupont<br />
L<br />
’histoire ne se répète jamais, mais elle se prolonge tout en<br />
s’actualisant. Présentement, ce qui se passe dans les rouages<br />
politiques de notre pays n’a rien d’étonnant, rien de nouveau<br />
sous le soleil d’Haïti peut-on dire. C’est la roue de l’histoire des<br />
puissances dominantes d’oppression et d’exploitation qui continue<br />
à tourner pour écraser le pays grâce à la collaboration massive,<br />
tacite et soumise des protagonistes de la classe politique<br />
traditionnelle au service du système capitaliste. Il n’y a rien de<br />
naturel ou de culturel quand pour servilement manœuvrer certains<br />
politiciens se métamorphosent en acteurs ou comédiens de<br />
seconde classe.<br />
Cette mise en scène inédite est belle et bien illustrée depuis<br />
que les pays impérialistes ont mis en scène 9 bouffons, caméléons<br />
authentiques pour jouer en commun le rôle de Président. Une<br />
action profondément viciée, erronée et honteuse, qui peut amener<br />
certains à soutenir des mouvements réactionnaires contre<br />
ceux que nous aimerions voir en œuvre dans notre pays.<br />
Vient de s’ajouter à cette grotesque mise en scène, qu’on<br />
a déjà du mal à digérer, l’annonce à la population d’un grand<br />
débat télévisé. La toile de fond de cette toute nouvelle pièce de<br />
théâtre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ayant pour<br />
acteurs principaux cinq autres saltimbanques : Fritz Bélizaire,<br />
Gary Conille, Paul Antoine Bien-Aimé, Alix Didier Fils-Aimé et<br />
Jean Rodolphe Joazil retenus en tant que finalistes pour le poste<br />
de Premier ministre est venue nous bafouer davantage. On peut<br />
être sûr, le point de départ de ce scénario ubuesque vient de loin.<br />
<strong>Mai</strong>s, l’ambassade américaine sur laquelle assurément se<br />
posent des soupçons de coups fourrés ou de la vente aux enchères<br />
du poste de Premier ministre, pour stopper ses valets au<br />
CPT, avait vite réagi par un tweet, le vendredi 24 mai en ces<br />
termes « Nous accueillons l’information selon laquelle le Conseil<br />
présidentiel de transition d’Haïti a entamé le processus de<br />
sélection d’un Premier ministre et nous attendons avec impatience<br />
un processus transparent qui permettra à Haïti d’avoir<br />
un Premier ministre et un gouvernement de transition sélectionnés<br />
sur la base du mérite technique et de l’impartialité.»<br />
Dominés par l’impérialisme néocolonial, les membres du CPT<br />
hésitaient et en fin de compte, ont fini par abandonner le déroulement<br />
de ce spectacle pour satisfaire la volonté de l’Oncle Sam<br />
qui, sans doute, a déjà son « Homme », son « Poulain », pour la<br />
Primature afin d’éviter tout dérapage incontrôlé.<br />
Ne sommes-nous pas maintenant des citoyens d’un pays<br />
humilié, déshonoré ? Ne nous arrive-t-il pas de nous poser des<br />
questions sur ce que nous sommes devenus ? Notre orgueil national<br />
n’est-il pas en berne ? Ne nous sentons donc pas une<br />
certaine inquiétude mêlée de honte et que ne nous demandons<br />
pas de quoi demain sera fait ? Quand l’impérialisme occidental<br />
est à la fois celui qui a provoqué la situation actuelle et celui qui<br />
prétend la résoudre, n’est-ce pas là une illusion ? Alors que tout<br />
ceci c’est l’aboutissement de plus d’un siècle de domination et de<br />
destruction impérialistes, piétinant le peuple haïtien aussi bien<br />
dans sa forme politique et économique que dans son contenu<br />
social ?<br />
Le grand dessein des impérialistes en Haïti est de renforcer<br />
le colonialisme et le néo-colonialisme et nous nous tromperions<br />
de la façon la plus bête, la plus cruelle, si nous devions considérer<br />
que leurs actions trompeuses sont distinctes et sans rapports entre<br />
elles. C’est là tous leurs intérêts. Aucune confiance ne peut<br />
être accordée au représentant de la classe capitaliste et à ses institutions<br />
internes ou externes. Reconquérir la démocratie exige<br />
d’aller à la racine du mal afin de finir avec cette politique au service<br />
d’une minorité de privilégiés et d’établir une politique pour<br />
la majorité du peuple. Cela suppose que l’on remplace le régime<br />
anti-démocratique et antisocial des profiteurs de la classe politique<br />
par un régime populaire authentiquement démocratique<br />
que seule l’action du peuple travailleur est à même d’imposer<br />
pour ouvrir la voie à un gouvernement au service de la majorité.<br />
Ce n’est pas avec l’impérialisme et consorts que des solutions<br />
viables seront trouvées. Si c’était le cas, on les aurait longtemps<br />
repérées. Au contraire, c’est sans eux et contre eux que<br />
nous devrions construire le pays et lutter constamment contre<br />
leur barbare système de domination et d’exploitation. La rupture<br />
avec Washington, Ottawa, Paris est une exigence. Elle doit être<br />
au centre de toute réponse haïtienne à cette impasse de type<br />
néocolonial inacceptable et ce, sous quelque forme que ce soit.<br />
Lutter pour un gouvernement sans influence de l’impérialisme,<br />
pour un gouvernement n’acceptant pas l’occupation<br />
d’une armée étrangère et sans pillage des ressources publiques<br />
par les multinationales capitalistes: telle est la ligne de conduite<br />
politique dans laquelle devrait s’inscrire tout citoyen honnête et<br />
conséquent de sorte que des changements urgents s’imposent<br />
contre la dégradation persistante des conditions de vie.<br />
Il est grand temps que les masses défavorisées s’organisent<br />
et se révoltent contre l’occupation en cours et qu’elles ne se laissent<br />
pas détourner du chemin qu’elles ont choisi et pour lequel<br />
elles doivent lutter jusqu’au bout. L’impérialiste et les capitalistes<br />
peuvent contrôler le pouvoir, les médias et l’armée d’occupation<br />
qu’ils préparent, mais ce sont des armes inutiles comparées à<br />
la puissance de l’unité des masses populaires, luttant collectivement<br />
pour un destin commun et historique.<br />
Le marxisme-léninisme nous enseigne que chaque peuple<br />
a droit à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance. Si<br />
nous restons inactifs devant cet élan destructif et criminel sans<br />
précédent de notre pays entraînant les actes et les événements les<br />
plus déshonorants pour notre histoire, cela signifierait que nous<br />
acceptons l’échec et que nous consumons notre propre ruine. Par<br />
conséquent, il n’y aura pas de voie de sortie du sous-développement<br />
chronique sans un sursaut citoyen pour renverser l’ordre<br />
impérialiste établi à l’échelle du pays. L’impérialisme doit être<br />
dénoncé, rejeté et combattu pour une Haïti de paix, de solidarité<br />
et de transformation sociale, socialiste et souveraine.<br />
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2 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
L’impérialisme a nommé son Premier ministre !<br />
Par Marie Laurette Numa<br />
Garry Conille et l’un de ses patrons Bill Clinton<br />
La transformation du Villa d’accueil<br />
en théâtre de verdure n’a<br />
pas eu lieu le mardi 28 mai, mais<br />
de toute façon, le Conseil Présidentiel<br />
de Transition formé entre autres<br />
de Fanmi Lavalas, de Pitit Desalin,<br />
du Phtk et du groupe Montana, ne<br />
pouvait pas masquer son vrai visage<br />
en tant que nouvelle marionnette<br />
authentique dépassant de milles<br />
coudées Ariel Henry. Il vient de le<br />
confirmer en reconduisant l’ancien<br />
poulain de Bill Clinton, le Premier<br />
ministre de l’impérialisme américain<br />
en la personne du Directeur régional<br />
de l’UNICEF pour l’Amérique latine<br />
et les Caraïbes, le Dr. Garry Conille à<br />
la primature.<br />
Il était clair pour le commun<br />
des mortels que le tweet du vendredi<br />
24 mai des États-Unis qui espéraient<br />
que le choix du Premier ministre<br />
serait fait « sur la base du mérite<br />
technique et de l’impartialité », illustrait<br />
déjà sur qui ils comptaient<br />
pour diriger la Primature. Le Conseil<br />
avec ses 9 laquais, indigènes de service,<br />
n’a pas montré la moindre résistance,<br />
il a suivi à la lettre le diktat<br />
du Département d’Etat américain. Il<br />
n’a pas fait choix, le conseil a tout<br />
simplement observé l’ordre reçu avec<br />
le simulacre de réunion avec les candidats.<br />
Aucun d’entre eux n’a eu le<br />
courage de dévoiler la vérité au peuple.<br />
Et sans aucun brin d’honnêteté<br />
et de pudeur, Edgard Leblanc, président<br />
du Conseil a écrit sur X. « Suite<br />
à des échanges au sein du Conseil<br />
présidentiel de Transition après les<br />
auditions des candidats retenus<br />
pour le poste de Premier Ministre, le<br />
Dr. Garry Conille est choisi par consensus<br />
pour diriger le gouvernement<br />
de la période de Transition ».<br />
Pour l’histoire, il faut bien citer<br />
les noms et l’appartenance politique<br />
de ces nouveaux Sudre Dartiguenave,<br />
par-dessus le marché ces<br />
Conzé, ces traîtres à la Nation qui au<br />
grand jour l’ont livrée, pieds et mains<br />
liés à ses ennemis de tous les temps,<br />
les puissances impérialistes.<br />
Il s’agit de Smith Augustin<br />
(ancien diplomate) délégué de RED/<br />
EDE/Compromis historique ; Louis<br />
Gérald Gilles (médecin et ancien<br />
sénateur Lavalas) Accord du 21<br />
décembre ; Fritz Alphonse Jean (ancien<br />
gouverneur de la banque centrale<br />
d’Haïti) Accord Montana ; Edgar<br />
Leblanc Fils (ancien président du<br />
Sénat) Collectif des partis politiques<br />
du 30 janvier, Laurent Saint-Cyr<br />
(entrepreneur) Secteur privé des affaires,<br />
Emmanuel Vertilaire (avocat)<br />
Pitit Desalin et Leslie Voltaire (ancien<br />
ministre et diplomate) Fanmi Lavalas.<br />
Le pasteur évangélique Frinel<br />
Joseph, Société civile et l’ancienne<br />
fonctionnaire de la Banque mondiale<br />
Régine Abraham REN n’ont pas eu<br />
le droit de vote mais cela n’a pas ôté<br />
leur complicité.<br />
Il faut bien signaler que ce<br />
Conseil présidentiel ne serait qu’une<br />
entité symbolique, mais le vrai chef<br />
opérationnel sera le Premier ministre<br />
comme il l’a été lors de la transition<br />
de 2004 avec le président issu de la<br />
cour de Cassation Boniface Alexandre<br />
et Paul Latortue nommés par les<br />
Etats-Unis.<br />
Le Conseil de transition a<br />
voté 6 contre 1 pour nommer Garry<br />
Conille au poste de Premier ministre.<br />
Laurent St-Cyr, représentant du<br />
secteur privé, était absent du vote<br />
sans doute. Ce secteur est terriblement<br />
déçu, puisqu’il avait fait trop<br />
de folles dépenses en arrosant les<br />
membres du CPT pour leur poulain<br />
Alix Didier Fils-Aimé. Ce candidat du<br />
secteur privé des Affaires, jouant les<br />
démocrates a tweeté à Conille : « Je<br />
présente mes sincères félicitations<br />
au Premier ministre désigné par le<br />
Conseil Présidentiel de la Transition,<br />
M. Garry Conille. Je reste, demeure<br />
un patriote, convaincu, Vive Haïti!<br />
»<br />
Garry Conille, pion patenté des<br />
Nations-Unies, va renforcer davantage<br />
le soutien international pour<br />
mettre le pays sous tutelle et c’est la<br />
raison pour laquelle on voulait se servir<br />
de lui. Alors qu’il a laissé le pays<br />
depuis plus de 10 ans, il fonctionnait<br />
dans les rouages internationaux.<br />
Voilà ce que nous ont offert les protagonistes<br />
du système avec leur slogan<br />
de solution haïtienne.<br />
L’autre fait à signaler, c’est<br />
la grande influence des Etats-Unis<br />
même au niveau des organisations<br />
populaires. L’une des organisations<br />
Conférence de presse de l’organisation populaire « Esclave Révolté ».<br />
L’ambassadeur américain Dennis<br />
Bruce Hankins<br />
Alix Didier Fils-Aimé<br />
qui militait assurément au nom de<br />
l’ambassade américain et encourageait<br />
les conseillers présidentiels<br />
à jeter leur dévolu sur le choix de<br />
Conille n’est autre que l’organisation<br />
populaire « Esclave Révolté ».<br />
Au cours d’une conférence de presse<br />
tenue le jeudi 23 mai dernier, cette<br />
organisation avait même garanti<br />
qu’avec Conille on aura des élections<br />
honnêtes, crédibles et transparentes<br />
dans le pays.<br />
Pour essayer de cacher leur coquinerie,<br />
deux notes tendancieuses<br />
ont été publiées le jour même du 28<br />
mai par Lavalas et Montana :<br />
« Pour aider le Conseil Présidentiel<br />
de la transition à la transparence<br />
et loin de la corruption, le<br />
parti Fanmi Lavalas demande de<br />
publier dans le journal Le Moniteur,<br />
le décret portant création de l’organisation<br />
et le mode de fonctionnement<br />
du conseil présidentiel et la<br />
résolution qui précise la majorité de<br />
5 sur 7, avant d’annoncer le nom du<br />
Premier ministre. »<br />
Même constat de celle de Montana,<br />
dans laquelle on pouvait lire<br />
les recommandations suivantes au<br />
Conseil Présidentiel de Transition:<br />
« - Publication précipitée de<br />
l’Accord du 3 avril dans Le Moniteur<br />
;<br />
- Publication du décret portant<br />
organisation et fonctionnement<br />
du Conseil dans Le Moniteur ;<br />
- Communication publique de<br />
la liste de tous les candidats et de<br />
la liste des critères et du mécanisme<br />
qui leur permettra d’accéder au<br />
choix de qui sera le Premier ministre<br />
parmi tous les candidats. »<br />
Ces deux notes nous ont toutefois<br />
beaucoup édifiés que la position<br />
prise par les représentants de ces<br />
deux courants pro-impérialistes au<br />
Conseil a été belle et bien planifiée<br />
par leurs organisations respectives.<br />
Que le peuple haïtien prenne<br />
note ! Et que les traîtres prennent<br />
garde ! Les crayons de l’histoire<br />
n’ont pas de gomme !<br />
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Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
3
A Travers <strong>Haiti</strong> et la République Dominicaine<br />
République Dominicaine : les paramilitaires néofascistes<br />
renforcent la répression<br />
Le mouvement paramilitaire s’inscrit en fait dans un schéma historique et<br />
régional plus large de violence, de censure et de menaces étatiques et les<br />
attaques non étatiques de droite contre les femmes noires et migrantes au<br />
cours du siècle dernier.<br />
Par Amarys Estrella<br />
«Veuillez signaler ce tweet! Et si<br />
vous disposez d’un espace à partager<br />
avec d’autres membres de votre cercle<br />
d’amis de confiance, demandez-leur<br />
de faire de même ». J’ai reçu ce SMS<br />
après que le groupe ultranationaliste<br />
dominicain Antigua Ordre Dominicain<br />
a publié un tweet dénonçant un couple<br />
homosexuel dans le pays. Au cours de<br />
la dernière décennie, je me suis habitué<br />
à ce type de demandes de soutien après<br />
que des groupes ultranationalistes ont<br />
appris l’existence d’un individu connu<br />
pour son activisme « en faveur des<br />
Haïtiens » ou « adhérant à l’idéologie<br />
du genre ». Les commentaires sur<br />
les messages offensants se remplissent<br />
rapidement de menaces de mort,<br />
d’épithètes racistes et xénophobes et<br />
d’accusations de trahison. Souvent,<br />
celles qui font l’objet d’une surveillance<br />
et d’une répression parce qu’elles sont<br />
identifiées dans les médias traditionnels<br />
et sociaux sont des femmes noires racialisées.<br />
L’Ancien Ordre Dominicain<br />
(AOD) est un groupe paramilitaire<br />
néo-fasciste d’extrême droite dont<br />
l’objectif est de protéger la République<br />
Dominicaine « à tout prix ». Les membres<br />
du mouvement portent des bottes<br />
En 2021, Ana María Belique, une dominicaine noire d’origine haïtienne, a<br />
publié le livre pour enfants : La poupée de Dieula.<br />
de combat noires et des uniformes militaires<br />
noirs estampés sur le bras du<br />
drapeau dominicain et des mots « Dieu,<br />
Patrie, Liberté ». Sur Facebook, où<br />
AOD compte plus de 77 000 abonnés, le<br />
groupe se décrit comme un mouvement<br />
nationaliste « créé pour l’expulsion des<br />
Haïtiens des villes dominicaines ». Au<br />
cours de la dernière décennie, les membres<br />
de l’ODA – souvent alors que la<br />
police nationale dominicaine détournait<br />
le regard – ont régulièrement perturbé<br />
les marches et les veillées organisées<br />
par des groupes féministes et antiracistes<br />
pour dénoncer les violations des<br />
droits humains contre les migrants<br />
noirs, les femmes et les communautés<br />
LGBTQIA+ haïtiennes et dominicaines.<br />
. Plus récemment, en octobre 2023,<br />
des membres de l’ODA ont menacé et<br />
harcelé les participants à une veillée de<br />
solidarité avec les Palestiniens à Saint-<br />
Domingue.<br />
Bien que les tactiques d’intimidation<br />
anti-haïtiennes, anti-Noires<br />
et homophobes de l’ODA puissent à<br />
première vue sembler être l’œuvre<br />
d’un groupe marginal, le mouvement<br />
paramilitaire s’inscrit en fait dans un<br />
schéma historique et régional plus large<br />
de violence, de censure et de menaces<br />
étatiques et les attaques non étatiques<br />
de droite contre les femmes noires et<br />
migrantes au cours du siècle dernier.<br />
Au cours des dernières décennies, la<br />
République dominicaine a connu un<br />
retrait des mouvements fascistes et de<br />
droite qui dépendent de plus en plus<br />
de la solidification de groupes paramilitaires<br />
néofascistes. Alors que les<br />
groupes paramilitaires étaient présents<br />
sous les régimes et dictatures de droite<br />
précédents, leur présence actuelle<br />
témoigne des nouveaux contours qui<br />
façonnent la répression contre toute<br />
personne considérée comme une menace<br />
à la souveraineté dominicaine.<br />
Alors que la République dominicaine<br />
se prépare aux élections présidentielles<br />
de <strong>2024</strong>, on s’attend à ce que le<br />
bouc émissaire d’Haïti, des migrants<br />
haïtiens et de leurs descendants augmente.<br />
Plus récemment, ces perturbations<br />
se sont étendues aux espaces éducatifs,<br />
où les inquiétudes concernant<br />
un livre pour enfants bilingue écrit en<br />
espagnol et en créole haïtien, ainsi que<br />
les faux récits sur la poésie érotique<br />
enseignée aux enfants, sont devenus<br />
des paratonnerres pour lesquels la<br />
droite appelle à l’interdiction de livres<br />
et le licenciement d’éducatrices féministes<br />
noires. Alors que les mouvements<br />
noirs, queer, féministes et antiracistes<br />
se mobilisent pour dénoncer la violence<br />
étatique et non étatique, les menaces et<br />
les perturbations de la part de groupes<br />
de droite comme l’ODA continueront.<br />
Poupées noires, histoires noires<br />
Poupée Dieula, Le livre, qui raconte<br />
l’histoire d’une fille à qui sa mère lui<br />
coud une poupée noire, faisait partie<br />
d’un projet plus vaste visant à permettre<br />
aux femmes et aux filles noires<br />
de se refléter dans la culture populaire.<br />
En 2019, Belique et d’autres membres<br />
du mouvement antiraciste Reconoci.<br />
do ont lancé Muñecas Negras RD, une<br />
initiative qui crée des poupées noires<br />
comme moyen de construire des espaces<br />
intimes de reconnaissance tout en<br />
générant des revenus pour les femmes<br />
marginalisées. Ce fut le début de ce<br />
que Belique appelait la pensée critique<br />
bateyero, une pensée et une pratique<br />
féministe noire née des expériences de<br />
femmes et de filles dominicaines noires<br />
d’origine haïtienne issues des communautés<br />
de canne à sucre connues sous<br />
le nom de bateyes.<br />
Les créateurs vivant dans les<br />
bateys – qui sont souvent confrontés<br />
à des opportunités d’emploi limitées<br />
en raison du refus de citoyenneté aux<br />
Dominicains d’origine haïtienne – fabriquent<br />
soigneusement chaque poupée à<br />
partir de tissus, de fils et de fibres (pour<br />
les cheveux) achetés localement. Alors<br />
que le premier lot a été acheté principalement<br />
par des personnes vivant en<br />
dehors de la République dominicaine,<br />
la génération suivante de poupées a été<br />
offerte aux enfants de la propre communauté<br />
des créateurs et vendue dans<br />
des espaces féministes dominicains.<br />
Muñecas Negras RD a offert<br />
un espace aux femmes dominicaines<br />
noires d’origine haïtienne pour parler<br />
de leurs expériences en matière de<br />
discrimination raciale et de genre. Comme<br />
l’expliquait l’une des fondatrices,<br />
Maribel Pierre : « les gens croient que<br />
lorsqu’ils vous appellent noir, ils vous<br />
offensent, sans savoir que lorsqu’ils<br />
vous appellent noir, ils vous rappellent<br />
d’où vous venez, qui vous êtes, qui<br />
sont vos ancêtres. » Ces sentiments,<br />
partagés par de nombreux créateurs<br />
qui ont participé à la fabrication des<br />
poupées, ont incité Belique à écrire La<br />
Poupée de Dieula. L’histoire est inspirée<br />
par l’une des filles batey qui se tenait<br />
souvent près de la fenêtre pour voir ce<br />
que les filles et les femmes plus âgées<br />
préparaient et discutaient.<br />
Après la sortie du livre, Belique<br />
et l’illustratrice et éditrice du livre, Michelle<br />
Ricardo de Proyecto AntiCanon,<br />
devaient apparaître à la Foire internationale<br />
du livre 2022 à Saint-Domingue.<br />
Sur les réseaux sociaux, l’AOD et ses<br />
partisans ultranationalistes ont rapidement<br />
commencé à présenter le livre de<br />
Belique comme un signe de l’haïtianisation<br />
de la société dominicaine.<br />
Ils ont noté que le livre était lu<br />
dans les écoles publiques et enseignait<br />
aux enfants le créole haïtien. Ils ont<br />
également menacé directement Belique<br />
et Ricardo et ont appelé au boycott de la<br />
présentation du livre à la foire, ce qui a<br />
conduit à l’annulation de l’événement.<br />
Au lieu de cela, Ricardo a lu un poème<br />
sur l’intimidation et les menaces, ce qui<br />
a conduit à davantage d’intimidation et<br />
de menaces sur les réseaux sociaux.<br />
La montée des groupes<br />
néofascistes et leur répression<br />
Des groupes tels que l’ODA soutiennent<br />
que la République dominicaine est une<br />
nation souveraine qui a le droit de se<br />
défendre contre les accusations de violations<br />
des droits de l’homme telles<br />
que le racisme, la xénophobie, l’homophobie<br />
ou la misogynie. Outre la<br />
récente attaque contre des manifestants<br />
solidaires palestiniens et la réaction<br />
violente contre la Poupée de Dieula,<br />
des groupes d’extrême droite ont lancé<br />
à plusieurs reprises des menaces et<br />
des attaques contre les défenseurs des<br />
droits de l’homme, interrompant des<br />
événements tels que des manifestations<br />
dénonçant l’apatridie, des spectacles<br />
artistiques anticoloniaux, des droits<br />
de l’homme, audiences de la commission<br />
et veillée suite au meurtre policier<br />
de George Floyd aux États-Unis. Si la<br />
plupart de ces événements ont eu lieu à<br />
Saint-Domingue, des groupes et des individus<br />
d’extrême droite ont également<br />
perturbé les panels éducatifs organisés<br />
à New York, où l’AOD est présente.<br />
Ces types de perturbations perpétrées<br />
par des groupes nationalistes<br />
autoproclamés se sont multipliés au<br />
cours de la dernière décennie. Amaury<br />
Rodríguez, auteur et traducteur<br />
dominicain dont les travaux mettent<br />
en lumière l’histoire dominicaine,<br />
caribéenne et latino-américaine, note :<br />
« Le recours aux forces répressives pour<br />
écraser la protestation sociale est devenu<br />
monnaie courante. » La présence<br />
de groupes paramilitaires néofascistes<br />
fait partie des nouveaux contours qui<br />
façonnent la répression contre toute<br />
personne considérée comme une menace<br />
pour les valeurs dominicaines. Pour<br />
les militants des droits humains qui<br />
documentent la manière dont les menaces<br />
qui surgissent dans le monde virtuel<br />
s’étendent aux espaces physiques,<br />
la prolifération de groupes nationalistes<br />
et fascistes sur les plateformes de médias<br />
sociaux comme Facebook est devenue<br />
de plus en plus inquiétante.<br />
En décembre 2016, lors d’une<br />
session de la Commission interaméricaine<br />
des droits de l’homme à Panama,<br />
plusieurs organisations dominicaines<br />
de défense des droits humains ont<br />
présenté un rapport sur les menaces<br />
croissantes de violence contre les<br />
défenseurs des droits humains, en particulier<br />
les membres des mouvements<br />
sociaux et des organisations qui s’expriment<br />
contre les politiques gouvernementales<br />
racistes et xénophobes. Le<br />
rapport détaille comment des groupes<br />
de droite s’identifiant comme nationalistes<br />
créaient des vidéos et des publications<br />
en ligne cherchant à dénoncer<br />
ce qu’ils appelaient de la propagande<br />
anti-dominicaine. Les membres de la<br />
délégation de la société civile dominicaine<br />
ont énuméré une série de tactiques<br />
d’intimidation, qu’ils ont placées dans<br />
le contexte d’une longue histoire de<br />
menaces et de violences physiques subies<br />
par les défenseurs des droits humains<br />
dans le pays. Ils ont également<br />
indiqué qu’ils avaient documenté et<br />
partagé leurs préoccupations avec les<br />
autorités dominicaines, qui n’avaient<br />
pas répondu à leurs rapports. Depuis,<br />
En octobre 2023, des membres de l’ODA ont menacé et harcelé les<br />
participants à une veillée de solidarité avec les Palestiniens à Saint-<br />
Domingue.<br />
au moins un membre de la délégation<br />
a quitté le pays, inquiet pour elle-même<br />
et sa famille.<br />
Les groupes de la société civile<br />
ont continué d’attirer l’attention sur la<br />
violence généralisée d’extrême droite.<br />
En octobre 2022, les participants<br />
à une journée anticoloniale ont subi<br />
des agressions physiques de la part de<br />
l’ODA, qui avait appelé ses membres à<br />
interrompre l’événement. Depuis près<br />
de deux décennies, diverses organisations<br />
sociales participent chaque<br />
mois d’octobre à une série d’événements<br />
pour dénoncer les célébrations<br />
nationales qui glorifient Christophe<br />
Colomb, la colonisation et l’esclavage.<br />
Lors d’une conférence de presse après<br />
l’incident, les organisations de la société<br />
civile ont appelé le président Luis<br />
Abinader à exiger que des groupes<br />
comme l’AOD mettent fin à leurs menaces<br />
et à leurs attaques physiques.<br />
Malgré des plaintes formelles déposées<br />
auprès du bureau du procureur, il n’y a<br />
eu aucune enquête formelle ni réponse<br />
de la part de l’État.<br />
Une longue histoire de censure et<br />
de menaces<br />
Les menaces contre les défenseurs des<br />
droits humains, et en particulier contre<br />
les femmes noires, s’accompagnent<br />
d’une augmentation des politiques répressives<br />
qui répondent aux craintes<br />
que les organisations antiracistes et les<br />
prétendues idéologies de genre menacent<br />
l’harmonie raciale et les valeurs<br />
patriarcales en Amérique latine et dans<br />
les Caraïbes. Bien qu’il y ait eu une<br />
montée des mouvements conservateurs<br />
de droite dans tout l’hémisphère<br />
ces dernières années, la droite détient<br />
le pouvoir presque sans interruption<br />
en République dominicaine depuis près<br />
d’un siècle. Le moment actuel peut<br />
sembler différent, mais un retour sur<br />
le siècle passé révèle ce que beaucoup<br />
considèrent comme la continuation du<br />
Trujillismo.<br />
En 1930, le dictateur dominicain<br />
Rafael Leónidas Trujillo accède au<br />
pouvoir après un coup d’État militaire<br />
qu’il a contribué à mener contre le<br />
président Horacio Vásquez. Alors que<br />
l’anti-haïtien en République dominicaine<br />
est apparu avant la dictature de<br />
Trujillo, c’est pendant son mandat que<br />
le discours anti-haïtien a atteint son<br />
apogée et s’est transformé en violence<br />
génocidaire. Trujillo a orchestré le massacre<br />
haïtien de 1937 en ordonnant<br />
aux soldats et en recrutant des civils<br />
d’attaquer les Haïtiens, les Dominicains<br />
d’origine haïtienne et les Dominicains<br />
noirs le long de la frontière entre Haïti<br />
et la République dominicaine. À ce<br />
jour, le gouvernement dominicain ne<br />
s’est pas excusé publiquement pour ce<br />
suite à la page(16)<br />
4 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
Perspectives<br />
Washington : Marche contre le projet d’occupation d’Haïti par les<br />
troupes kenyanes<br />
Par Jocelyn Gay<br />
Le jeudi 23 mai <strong>2024</strong>, un groupe<br />
de citoyens concernés dirigé par<br />
l’organisation KOMOKODA, Komite<br />
Mobilizasyon Kont Diktati an Ayiti<br />
et parrainé par de nombreux autres<br />
groupes, s’est rendu à Washington DC<br />
pour une marche de protestation. Ils<br />
voulaient faire savoir au président Joe<br />
Biden et à sa chair à canon, le président<br />
du Kenya William Ruto, qu’ils<br />
étaient contre l’occupation d’Haïti par<br />
des troupes étrangères et également<br />
contre toute ingérence dans les affaires<br />
haïtiennes.<br />
Biden et Ruto se rencontraient<br />
lors d’une réception à la <strong>Mai</strong>son<br />
Blanche, apparemment pour consolider<br />
leur décision d’envoyer des troupes<br />
armées en Haïti. Leur prétexte invoqué<br />
est d’éliminer les « bandits »<br />
qui terrorisent le pays. Il est évident<br />
pour tout le monde que ces « bandits<br />
» sont bien armés par les États-Unis<br />
eux-mêmes pour empêcher les citoyens<br />
haïtiens de lutter pour leurs<br />
droits à une nourriture décente, un<br />
logement, une santé, un travail et une<br />
éducation. La CARICOM et les puissances<br />
coloniales habituelles alliées<br />
aux États-Unis soutiennent cet effort<br />
visant à occuper à nouveau Haïti.<br />
Les citoyens concernés, membres<br />
de nombreuses organisations,<br />
se sont rassemblés près de la <strong>Mai</strong>son<br />
blanche, puis du consulat du Kenya<br />
Manifestation haïtienne à<br />
Washington pour protester contre<br />
le projet d’occupation de Biden et<br />
Ruto en Haïti<br />
et du consulat d’Haïti pour délivrer<br />
leurs messages. Le contenu était clair<br />
: aucune occupation d’Haïti par des<br />
troupes étrangères. Cet état de fait n’a<br />
jamais résolu aucun problème dans le<br />
pays. Ces ingérences ont en revanche<br />
apporté davantage de violences (enlèvements,<br />
viols, etc.) et des maladies<br />
mortelles comme le choléra qui a tué<br />
des centaines de milliers d’Haïtiens<br />
et pour lequel le pays n’a jamais été<br />
indemnisé par sa source, les Nations<br />
Unies envoyées par les USA.<br />
Le message délivré par les manifestants<br />
a été très militant et a apparemment<br />
été bien accueilli par les<br />
citoyens de Washington DC et même<br />
par certains visiteurs de l’ambassade<br />
du Kenya.<br />
Haïti et son conflit social et religieux, la barrière Clinton a été<br />
fragmentée par des membres de gangs<br />
Par Emiro Vera Suárez<br />
L<br />
’heure de la triangulation<br />
est déjà trop tard. Les coordonnées<br />
politiques du pays constituent<br />
un cadre idéologique<br />
transposé dans le champ théorico-politique<br />
du Venezuela des<br />
XXe et XXIe siècles. C’est le<br />
même parti pris avec un nouvel<br />
ingrédient que sont les soidisant<br />
évangéliques, dont les<br />
pasteurs se sont alliés à l’univers<br />
de l’économie et de l’ombre pour<br />
s’allier à certains partis politiques<br />
en déclin dans la période<br />
1970-80.<br />
Au cours des quarante<br />
dernières années, le Venezuela<br />
s’est mobilisé dans des scénarios<br />
historiques. Bien sûr, l’idée<br />
des groupes économiques est de<br />
vendre du pétrole et de l’or, un<br />
business confié en coulisse aux<br />
gangs de corruption officiels qui<br />
composent leur environnement.<br />
L’injection de capitaux est<br />
étrangère, les mêmes groupes installés<br />
dans le pays ont envoyé<br />
des porte-parole et des négociateurs<br />
aux États-Unis et, avec<br />
les mouvements islamiques, ils<br />
ont réussi à contrôler certains<br />
domaines de l’économie et des<br />
comtés pour revendre le pétrole<br />
brut. Joe Biden a commis une<br />
multitude d’erreurs qui mettent<br />
en danger la stabilité financière<br />
et politique des États-Unis<br />
d’Amérique et fait partie du racket<br />
de la famille Obama-Clinton.<br />
C’est une mémoire qui rappelle<br />
Trotsky, c’est revivre le<br />
passé, toute une époque où les<br />
déclarations partisanes étaient<br />
fondamentales pour l’action de<br />
l’État.<br />
La dimension économique<br />
de la mondialisation a mis en<br />
évidence et prévalu le critère de<br />
sa multidimensionnalité ; dans<br />
cette perspective, les exigences<br />
sociales et l’approche politique<br />
doivent être analysées pour<br />
réaliser les diktats du marché.<br />
Ainsi, la puissance mondiale,<br />
représentée par les États-Unis<br />
d’Amérique, a perpétué les inégalités<br />
et les injustices sociales<br />
qui nous conduisent à des facteurs<br />
structurels basés sur les<br />
diktats de l’environnement commercial.<br />
Haïti est une île d’affrontements<br />
et sa réalité historique met<br />
en évidence les injustices du système,<br />
où sa population est mal<br />
préparée au travail et ses forces<br />
militantes ne disposent pas<br />
d’une unité pour assimiler les<br />
problèmes de développement.<br />
Il est nécessaire de mettre<br />
en place un contrôle interne<br />
plus intense dans la zone des<br />
Caraïbes, surtout maintenant,<br />
alors que les États-Unis veulent<br />
déjà intervenir dans l’État d’Essequibo,<br />
dont le territoire appartient<br />
au Venezuela. Le flirt de la<br />
Nouvelle Gauche avec les missions<br />
évangéliques et les milieux<br />
d’affaires nord-américains a<br />
laissé les villageois des Caraïbes<br />
et ceux du Nord ébranlés par la<br />
question de l’islam et de l’immigration<br />
en provenance du pays<br />
aztèque, le Mexique.<br />
Ce qui s’est passé en Haïti<br />
avec quelques jeunes missionnaires<br />
chrétiens indique qu’au<br />
cours de cette décennie, il a été<br />
difficile d’apporter une aide aux<br />
orphelins et aux groupes familiaux<br />
sans protection de l’État,<br />
en particulier aux frères britanniques,<br />
canadiens et nord-américains<br />
qui, depuis 1913, s’aventurent<br />
en Amérique latine et<br />
dans les Caraïbes.<br />
Les chrétiens évangéliques<br />
qui, à travers les Missions, effectuent<br />
un travail social, sont considérés<br />
comme des hérétiques.<br />
Être attaqué à plusieurs reprises<br />
par des gangs qui ont une conception<br />
fataliste, laissant une<br />
continuité historique de violence<br />
dans les villages.<br />
C’était Haïti dépouillée de<br />
son identité, de son nom. Ils n’y<br />
voient qu’un fétichisme technologique<br />
et le monde apparaît<br />
comme autiste. La continuité<br />
se détériore progressivement et<br />
les missions qui y sont établies<br />
doivent résister à la commercialisation<br />
des arts imposée par ces<br />
membres de gangs, qui ne sont<br />
autres que des mercenaires et<br />
des terroristes.<br />
Il faut être très précis, les<br />
assemblées évangéliques, connaissant<br />
le danger religieux que<br />
représente le communisme dans<br />
les îles des Caraïbes, sont difficiles<br />
à évangéliser, et les directeurs<br />
de missions, les anciens et<br />
les groupes familiaux ont créé<br />
une distance entre le peuple de<br />
Dieu lui-même. Les chapelles<br />
évangéliques complètement<br />
désolées, comme les maisons<br />
de mission pratiquement fermées<br />
avec un ou deux gardiens<br />
à cause de problèmes et de circonstances<br />
entre elles, alors que<br />
l’Évangile est une seule cause<br />
commune.<br />
L’Amérique latine et le<br />
bassin des Caraïbes ont absorbé<br />
une propagande malsaine<br />
qui promeut la haine et, en arrière-plan,<br />
le racisme fasciste.<br />
C’est une extrême droite et une<br />
ultra-gauche avec une bourgeoisie<br />
silencieuse qui donne un futur<br />
changement technologique<br />
qui a ses limites pour l’Occident.<br />
La question écologique et<br />
l’économie mondiale recoupent<br />
dans une large mesure celle de<br />
la profonde division financière<br />
de la société mondiale ; c’est un<br />
véritable parallèle entre riches et<br />
pauvres, blancs et noirs, christianisme<br />
et islam. Prospérité<br />
croissante pour les uns, pauvreté<br />
pour les autres. Il y a aussi une<br />
exclusion au sommet.<br />
Les programmes de volontariat<br />
sont actuellement difficiles<br />
à appliquer en raison de<br />
problèmes diplomatiques et du<br />
système de dollarisation. Les<br />
élites traditionnelles souhaitent<br />
maintenir de bas salaires dans<br />
le travail et le développement local.<br />
Ensuite, ils veulent collecter<br />
des impôts pour gagner plus,<br />
ces salaires. Par exemple, nous<br />
l’avons en Haïti, à Cuba, au Venezuela,<br />
en Espagne, en Norvège<br />
et en Irlande. Des pays qui soutiennent<br />
justement l’État palestinien<br />
et le Hamas.<br />
Aporrea 27 mai <strong>2024</strong><br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
5
Kwonik Kreyòl<br />
SPNH-17 mande<br />
revokasyon Elbe direktè<br />
jeneral Lapolis la<br />
Akademi Kreyòl Ayisyen an<br />
(AKA) pèdi yon manm li :<br />
Pierre Michel Chéry<br />
Sendika Polis Nasyonal<br />
Ayiti a (SPNH-17) kontinye<br />
ap mande revokasyon<br />
direktè jeneral Lapolis<br />
Ayiti a Frantz Elbe, pou<br />
move jesyon nan tèt enstitisyon<br />
an. Pandan yon<br />
Direktè jeneral Lapolis la Frantz Elbe<br />
konferans ki te dewoule jou<br />
madi 28 me <strong>2024</strong> la, Garry<br />
Jean-Baptiste, konseye<br />
SPNH-17, te mande pou<br />
yo fè yon komisyon ekspè<br />
nan kad verifikasyon anndan<br />
Lapolis la.<br />
Se samdi 25 me <strong>2024</strong> la, lengwis,<br />
womansye, enfòmatisyen, jesyonè<br />
ak akademisyen, sitwayen Pierre Michel<br />
Chery, ki se manm fondatè Akademi<br />
Kreyòl Ayisyen an mouri, apre<br />
yon long maladi. Li te genyen sèlman<br />
68 lane sou tèt li.<br />
Nan yon omaj AKA fè l, ou<br />
kapab li : « Se yon gwo pèt ki afekte<br />
nou tout. Se yon pèt non sèlman pou<br />
AKA men tou pou sosyete a anjeneral,<br />
jan pèsonaj la patisipe nan lavi piblik,<br />
kòm yon akademisyen, ekriven, pwofesè,<br />
oswa aktivis politik. »<br />
AKA envite tout sosyete a, pou<br />
ede l ranmase bèl eritaj literè vanyan<br />
gason sila a kite. Jou 25 me <strong>2024</strong>, se<br />
yon dat tris, yon dat malouk ki plonje<br />
Akademi Kreyòl Ayisyen (AKA) nan<br />
lapenn, yon dat ki pral rete tankou yon<br />
pwasenkant sou do Akademi Kreyòl la.<br />
Zèv li yo, sitou divès woman ak<br />
atik li jeneralman ekri an kreyòl, montre<br />
kijan Akademisyen an te rete kole<br />
ak kilti, tradisyon, idantite ak filozofi<br />
pèp ayisyen an. Tout zèv li yo se yon<br />
kèt, yon afimasyon, yon ranmase, yon<br />
vwayaj nan fenfon istwa peyi a. Li kite<br />
anpil liv tankou Bèbè Gòlgota, Eritye<br />
Vilokan, Senfoni Nago, Dogid Atisou,<br />
Peleren, elatriye….<br />
Bon vwayaj Pierre Michel Chéry !<br />
Pierre Michel Chéry<br />
Bikina Faso : Pwolongasyon manda<br />
Kapitèn Ibrahim Traoré pou senk<br />
lane ankò<br />
Manda Kapitèn Ibrahim Traoré<br />
nan tèt Bikina Faso pwolonje<br />
pou senkan. Diferan sektè nan<br />
peyi a pran desizyon sa a ansanm<br />
jou ki te samdi 25 me <strong>2024</strong> la<br />
apre 2 jou rankont. Yo fè yon bilan<br />
sou tranzisyon an, ki sou pouvwa<br />
a depi 2022, epi yo deside…<br />
Pou prezidan Ibrahim Traoré<br />
pase omwen senk ane ankò nan<br />
tèt tranzisyon an nan Bikina<br />
Faso. Diferan sektè peyi moun<br />
onèt yo te reyini pandan de jou<br />
pou fè bilan ekip ki sou pouvwa<br />
tranzisyon an epi yo deside fòk<br />
pwosesis la kontinye. Vrèmanvre,<br />
Samdi sa a, yo konfime pwolongasyon<br />
manda a jent militè a.<br />
Moun yo presize tou nan rapò<br />
reyinyon an depi kounye a chèf<br />
leta a rele tou Prezidan Faso ak<br />
Lidè siprèm lame a.<br />
Desizyon sa a pat fè tout<br />
moun plezi, gen anpil moun ki<br />
pa kontan paske pou yo 5 kan<br />
an twò piti pou Kapitèn lan. Tout<br />
manifestan ki te rasanble alantou<br />
syèj reyinyon pat sispann mande<br />
yon manda 10 zan pou kòmandan<br />
an.<br />
Ibrahim Traoré<br />
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6 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
Perspectives<br />
Haïti : une anatomie de l’invasion<br />
Par Jemima Pierre<br />
Les États-Unis sont derrière l’invasion<br />
et l’occupation militaires multinationales<br />
d’Haïti. Comment est-ce<br />
qu’on est arrivés ici?<br />
Alors que tous les regards sont<br />
tournés vers le génocide à Gaza,<br />
Haïti subit une invasion militaire<br />
étrangère à grande échelle. Au 16 mai,<br />
trente gros avions de transport ont atterri<br />
à l’aéroport international Toussaint<br />
Louverture, déchargeant 835<br />
tonnes de fret et de matériel militaire<br />
et transportant du personnel militaire<br />
et des sous-traitants. Au moins une<br />
centaine d’avions supplémentaires,<br />
certains appartenant à l’US Air Force,<br />
d’autres loués par le Département<br />
d’État américain, devraient arriver<br />
dans les prochains jours. Certaines<br />
sections de la capitale haïtienne, Portau-Prince,<br />
sont « désormais l’avantposte<br />
d’un contingent militaire international<br />
». Le Pentagone accorde<br />
des contrats lucratifs à des entreprises<br />
américaines pour la fourniture de<br />
matériels et de services destinés à<br />
soutenir l’occupation militaire. La chef<br />
du Commandement Sud des États-<br />
Unis (SOUTHCOM), dans son langage<br />
condescendant et raciste typique, a<br />
déjà annoncé que ses soldats prendraient<br />
le contrôle des ports d’Haïti. Sur<br />
Twitter, la journaliste/sténographe du<br />
département d’État américain Jacqueline<br />
Charles a publié une vidéo d’elle<br />
marchant librement dans l’aéroport<br />
vide Toussaint Louverture avec un<br />
contingent de responsables militaires<br />
et du département d’État américains.<br />
C’était comme si Haïti leur appartenait<br />
déjà.<br />
Et c’est peut-être déjà le cas. Les<br />
pauvres Haïtiens ont déjà commencé<br />
à subir les conséquences de cette nouvelle<br />
invasion. Par exemple, cette accumulation<br />
d’équipements militaires<br />
américains et de personnel étranger<br />
dans le pays – cette lente invasion<br />
étrangère – s’accompagne de la destruction<br />
de 350 à 400 maisons de certaines<br />
des personnes les plus pauvres<br />
de la capitale, Port-au-Prince parce<br />
qu’ils sont trop proches de l’aéroport.<br />
Vraisemblablement, les États-Unis<br />
insistent sur le fait que la destruction<br />
des biens et le déplacement des pauvres<br />
Haïtiens sont nécessaires pour «<br />
sécuriser » l’aéroport. L’objectif est de<br />
détruire 90 bâtiments supplémentaires<br />
à plusieurs étages, déplaçant ainsi de<br />
plus en plus de pauvres.<br />
Si l’ampleur de l’invasion d’Haïti<br />
est à couper le souffle, le sentiment<br />
de son caractère inévitable est décevant.<br />
Les médias, y compris Jacqueline<br />
Charles, le présentent comme un fait<br />
accompli, effaçant des archives l’histoire<br />
récente de l’ingérence impériale<br />
et de la crise qui a amené Haïti à ce<br />
point, tout en oubliant commodément<br />
le « chaos » et l’« anarchie » fabriqués<br />
de toutes pièces pour justifier<br />
une intervention en premier lieu. Il<br />
y a quelques semaines à peine, rappelons-le,<br />
l’aéroport international<br />
Toussaint Louverture aurait été fermé<br />
en raison de la « violence des gangs ».<br />
Même si ce discours sur la « violence<br />
des gangs » est désormais éclipsé par<br />
la célébration occidentale de l’invasion<br />
imminente, il a contribué à la fabrication<br />
d’un consensus autour d’un vieux<br />
cliché cohérent et raciste : le peuple<br />
haïtien ne peut pas se gouverner luimême<br />
et ne mérite pas la souveraineté.<br />
C’est peut-être la seule chose qui peut<br />
expliquer comment le monde a si facilement<br />
accepté l’invasion américaine<br />
d’Haïti sous la mascarade au visage<br />
noir d’un contingent de mercenaires<br />
noirs irresponsables venus d’Afrique<br />
et des Caraïbes. Comment est-ce qu’on<br />
est arrivés ici?<br />
Le secrétaire d’État Antony Blinken, à droite, rencontre le président kenyan William Ruto, à gauche, le jeudi 21<br />
septembre 2023, à New York. (Photo AP/Jason DeCrow, piscine)<br />
Invasion étrangère, occupation et<br />
création d’un « État en faillite »<br />
Comme je l’ai soutenu ailleurs, Haïti<br />
a officiellement perdu sa souveraineté<br />
nominale fin février 2004 à la suite<br />
d’un coup d’État mené par les États-<br />
Unis, la France et le Canada. Le coup<br />
d’État a ensuite été nettoyé par les<br />
Nations Unies qui, sous la direction<br />
des membres permanents du Conseil<br />
de sécurité de l’ONU, les États-Unis<br />
et la France, ont voté l’envoi d’une<br />
mission de « maintien de la paix » en<br />
Haïti dans le cadre d’un mandat du «<br />
chapitre 7 » qui permettait aux soldats<br />
étrangers d’utiliser pleinement leurs<br />
forces contre la population. L’occupation<br />
de l’ONU sous la MINUSTAH<br />
a été marquée par sa brutalité envers<br />
le peuple haïtien. Des civils ont été<br />
attaqués et assassinés. Les « Casques<br />
bleus » ont commis d’innombrables<br />
crimes sexuels. Les soldats de l’ONU<br />
ont également déversé des excréments<br />
humains dans les rivières utilisées<br />
pour l’eau potable, déclenchant une<br />
épidémie de choléra qui a tué entre 10<br />
000 et 40 000 personnes. Les États-<br />
Unis et la MINUSTAH ont également<br />
formé et militarisé la police et les forces<br />
de sécurité d’Haïti, réhabilitant et<br />
réintégrant souvent les membres voyous.<br />
Pour le peuple haïtien, l’occupation<br />
n’a signifié que la mort, la misère,<br />
la dégradation de l’environnement et<br />
un affront à notre dignité humaine.<br />
L’ONU n’a jamais été tenue pour responsable<br />
de ces crimes contre le peuple<br />
haïtien.<br />
L’occupation de 2004 a été solidifiée<br />
grâce à la création et à l’opérationnalisation<br />
du Core Group, les<br />
dirigeants coloniaux actuels d’Haïti.<br />
Certains affirment que cette occupation<br />
a officiellement pris fin en 2017<br />
avec le retrait officiel de la mission<br />
MINUSTAH. Pourtant l’ONU est restée<br />
en Haïti à travers un nouveau bureau<br />
avec un nouvel acronyme : BINUH,<br />
le Bureau intégré des Nations Unies<br />
en Haïti. A travers le Core Group et le<br />
BINUH, Haïti est actuellement dirigé<br />
par un groupe d’étrangers non haïtiens.<br />
Ce sont ces mêmes personnes<br />
qui sont responsables de la destruction<br />
de la démocratie haïtienne.<br />
Sous cette occupation étrangère<br />
qui dure depuis 20 ans, l’État d’Haïti<br />
a été complètement détruit. L’installation<br />
par les États-Unis de Michel Martelly<br />
(et de son « Parti Haïtien Tèt Kale<br />
» (PHTK) à la présidence du pays en<br />
2011 a été un autre coup porté à la<br />
souveraineté haïtienne. Martelly avait<br />
perdu le premier tour des élections et<br />
tous les membres du conseil électoral<br />
haïtien ont refusé pour ratifier formellement<br />
le vote. Tandis que la secrétaire<br />
d’État de Barack Obama, Hilary Clinton,<br />
se rendait en Haïti pour diriger les<br />
résultats des élections, l’Organisation<br />
des États américains (OEA), membre<br />
du Groupe central, était également de<br />
connivence dans cette atteinte flagrante<br />
à la démocratie haïtienne.<br />
Bien entendu, des élections<br />
démocratiques sous occupation militaire<br />
sont impossibles. C’est depuis<br />
l’installation Martelly/PHTK que<br />
nous constatons la perte totale même<br />
du vernis de la « démocratie » haïtienne<br />
que les États-Unis et l’Occident<br />
essayaient de présenter au monde.<br />
Le mandat de Martelly a été marqué<br />
par une corruption et une violence<br />
profondes (y compris l’armement de<br />
groupes pour terroriser les quartiers<br />
pauvres et le vol de milliards de dollars<br />
des fonds PetroCaribe), la tentative de<br />
vente des terres et des ressources haïtiennes<br />
à des étrangers et, surtout, la<br />
perturbation du cycle électoral en Haïti.<br />
Au moment de l’assassinat de son<br />
successeur (et protégé), Jovenel Moise<br />
(qui a également accédé au pouvoir<br />
grâce à des « élections » non démocratiques),<br />
il n’y avait pas eu d’élections<br />
régionales et locales en Haïti depuis<br />
2016. À la fin de leur mandat, les<br />
deux Martelly et Moïse gouvernaient<br />
par décret. Une fois que le Core Group<br />
a installé Ariel Henry comme Premier<br />
ministre de facto d’Haïti en juillet<br />
2021, les discussions sur les élections<br />
ont été mises en veilleuse. Les<br />
États-Unis et le Core Group n’ont pas<br />
encouragé Henry, leur gouvernement<br />
fantoche haïtien, à organiser des élections,<br />
préférant le maintenir au pouvoir<br />
le plus longtemps possible. Fin<br />
2023, les mandats des derniers élus<br />
haïtiens avaient expiré. Haïti n’a actuellement<br />
aucun élu ni aucun gouvernement<br />
légitime.<br />
C’est un point important. Toutes<br />
négociations et accords internationaux<br />
entrepris par un gouvernement fantoche<br />
illégitime sont, par définition,<br />
illégitimes. Cela inclut la demande<br />
d’invasion militaire d’Haïti, ostensiblement<br />
formulée par le gouvernement<br />
fantoche d’Ariel Henry, mais en réalité<br />
exigée par les États-Unis et le Core<br />
Group. Pour dire cela dans les termes<br />
les plus clairs possibles, l’invasion et<br />
l’occupation militaires actuelles d’Haïti<br />
sont illégales et illégitimes.<br />
« Un recours robuste à la force »<br />
ou la mission multinationale de<br />
soutien à la sécurité<br />
Le 2 octobre 2023, le Conseil de sécurité<br />
des Nations Unies (CSNU) a voté<br />
une résolution en faveur d’une mission<br />
multinationale de soutien à la<br />
sécurité (MSS) autorisant le déploiement<br />
d’une intervention militaire et<br />
policière étrangère en Haïti. Bien que<br />
le vote n’ait pas fait l’objet d’une<br />
approbation unanime en raison de<br />
l’abstention de deux membres permanents<br />
du CSNU (Russie et Chine),<br />
13 autres membres permanents et<br />
non permanents ont voté en faveur,<br />
dont 3 pays africains (Gabon, Ghana<br />
et Mozambique). Pourtant, l’administration<br />
américaine, les grands médias,<br />
ainsi que des personnalités telles que<br />
Linda Thomas-Greenfield, représentante<br />
américaine à l’ONU, ont salué<br />
le vote comme une victoire. En effet,<br />
bien qu’elle ait reçu la bénédiction du<br />
Conseil de sécurité de l’ONU, cette «<br />
mission de soutien à la sécurité » n’est<br />
pas une mission officielle de l’ONU.<br />
C’est la raison pour laquelle, plutôt<br />
que d’être financée par l’ONU, comme<br />
le sont les forces de « maintien de la<br />
paix » de l’ONU, la mission sera principalement<br />
financée par les États-Unis<br />
et d’autres pays volontaires. Jusqu’à<br />
présent, le Canada et la France ont<br />
fourni un certain financement (le Canada<br />
offrant, de manière absurde, 8<br />
millions de dollars pour que les forces<br />
kenyanes « apprennent le français » –<br />
une langue qui n’est pas parlée par la<br />
majorité des Haïtiens). Les États-Unis<br />
ont également réussi à convaincre les<br />
Bahamas, le Bangladesh, la Barbade,<br />
le Belize, le Bénin, le Tchad et la Jamaïque<br />
de participer. Il est évident et<br />
révélateur qu’aucune nation blanche<br />
n’envoie officiellement de troupes<br />
pour cette mission.<br />
Ce qui est le plus significatif à<br />
propos de ce MSS, c’est que la résolution<br />
(Résolution 2699 du CSNU) a<br />
été adoptée en vertu du Chapitre 7 de<br />
la Charte des Nations Unies, un appel<br />
rare car un déploiement en vertu du<br />
Chapitre 7 est généralement destiné<br />
à un pays en guerre et permet l’utilisation<br />
d’armes mortelles contre la<br />
population. Nous devons nous arrêter<br />
ici pour nous demander pourquoi le<br />
Conseil de sécurité de l’ONU autoriserait<br />
un déploiement au titre du<br />
Chapitre 7 – autoriser un tel recours à<br />
la force – pour une mission explicitement<br />
non-ONU. En effet, Brian Concannon<br />
de l’Institut pour la justice et<br />
la démocratie en Haïti a soutenu que :<br />
… bien que le Conseil de sécurité<br />
ait approuvé la mission en octobre<br />
dernier, il n’a pas voulu y être associé.<br />
La résolution d’autorisation insistait<br />
sur le fait que la mission n’était pas<br />
une mission officielle de l’ONU, que<br />
l’organisation devrait en assumer la<br />
responsabilité car elle devrait recourir<br />
à un « usage trop brutal de la force »<br />
contre les Haïtiens.<br />
En effet, Haïti dispose d’une<br />
force d’invasion étrangère qui est libre<br />
d’utiliser une force « robuste » sur la<br />
population sans aucune responsabilité.<br />
Nous ne pouvons que souligner à quel<br />
point la mission de « maintien de la<br />
paix » de l’ONU de 2004 à 2017 a été<br />
violente, alors que les troupes étaient<br />
censées rendre des comptes à l’ONU.<br />
La responsabilité n’est pas clairement<br />
établie pour cette nouvelle invasion et<br />
occupation militaire. Et comme nous<br />
le savons, ce seront les pauvres Haïtiens<br />
qui subiront le poids d’une violence<br />
brutale et inexplicable perpétrée<br />
par des étrangers armés payés par les<br />
États-Unis et sanctionnés par l’ONU.<br />
L’appel à une nouvelle intervention<br />
n’est pas nouveau. Les États-<br />
Unis faisaient pression depuis 2021<br />
pour un renforcement de la présence<br />
militaire en Haïti afin de protéger le<br />
gouvernement fantoche du non-élu<br />
et impopulaire Ariel Henry. Au cours<br />
des trois dernières années, ils ont obtenu<br />
– et reçu – le soutien du secrétaire<br />
général de l’ONU, Antonio. Guterres,<br />
le Mexicain Manuel Lopez Obrador<br />
(ou AMLO), le chouchou de la gauche<br />
américaine qui a servi de « co-rédacteur<br />
» avec les États-Unis pour rédiger<br />
la résolution d’intervention, et<br />
le Brésilien Lula Da Silva, qui a fait<br />
pression pour une « réponse rapide<br />
» (c’est-à-dire une invasion militaire<br />
étrangère) en Haïti. Les États-Unis ne<br />
sont pas disposés à mettre leurs propres<br />
troupes sur le terrain. Au lieu de<br />
cela, elle s’est tournée d’abord vers le<br />
Canada, puis vers le Brésil, puis vers<br />
les pays de la Communauté des États<br />
d’Amérique latine et des Caraïbes<br />
(CELAC) et des Caraïbes (CARICOM),<br />
qui étaient tous réticents à diriger la<br />
mission, même s’ils soutenaient l’appel<br />
à une intervention militaire. .<br />
Le gouvernement kenyan a<br />
cependant sauté sur l’occasion pour<br />
« diriger » l’intervention avec 1000<br />
policiers. À la veille de la participation<br />
de leur police à l’invasion américaine<br />
d’Haïti, certains ont soutenu<br />
qu’il s’agissait là d’une expression<br />
du panafricanisme du Kenya. A cela,<br />
l’équipe Haïti-Amériques de l’Alliance<br />
Noire pour la Paix a répondu: «Une occupation<br />
d’Haïti par un pays africain<br />
n’est pas du panafricanisme, mais<br />
un impérialisme occidental à visage<br />
noir. »<br />
Le Kenya, nous l’avons appris<br />
maintenant, a été acheté grâce à l’assistance<br />
à la sécurité nationale promise<br />
par le Pentagone (qui comprenait<br />
une visite du secrétaire américain à<br />
la Défense, Lloyd Austin), à l’augmentation<br />
du financement du FMI, à<br />
300 millions de dollars pour ses soldats<br />
et, le plus flagrant, la promesse<br />
d’une visite d’État américaine. Cette<br />
visite d’État tant convoitée (fièrement<br />
vantée par les responsables néocoloniaux<br />
kenyans comme la première<br />
d’un chef d’État africain depuis 2008)<br />
devrait avoir lieu le 23 mai et doit<br />
coïncider, selon les responsables, avec<br />
la présence physique des forces kenyanes<br />
en Haïti.<br />
Il est curieux que, alors que<br />
nous voyons des avions et du personnel<br />
militaires américains atterrir en<br />
Haïti, alors que le directeur du SOUTH-<br />
COM se vante d’avoir acheminé des<br />
fournitures vers Haïti et que ses forces<br />
prennent le contrôle des ports d’Haïti,<br />
les médias occidentaux continuent de<br />
qualifier cette invasion militaire américaine<br />
d’invasion militaire américaine.<br />
« Mission de l’ONU dirigée par le<br />
Kenya. » L’idée selon laquelle il s’agit<br />
d’une mission de sécurité « dirigée par<br />
le Kenya » en Haïti est tout aussi douteuse<br />
que l’idée selon laquelle il s’agit<br />
d’une « mission de l’ONU ». Ce qui est<br />
également douteux, c’est la célébration<br />
– dans les médias occidentaux et<br />
dans les principaux cercles politiques<br />
caribéens – de « l’indépendance » et de<br />
la « bienveillance » des dirigeants de<br />
la CARICOM dans leurs relations avec<br />
Haïti.<br />
A suivre<br />
*Jemima Pierre est rédactrice et<br />
collaboratrice du Black Agenda Report,<br />
co-coordinatrice Haïti/Amériques<br />
de la Black Alliance for Peace et professeure<br />
d’études noires et d’anthropologie<br />
à l’UCLA.<br />
Black Agenda Report<br />
(BAR) 22 mai <strong>2024</strong><br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
7
Haïti, d’une Transition à l’Autre (122)<br />
Le feuilleton kenyan en Haïti !<br />
Le Président William Ruto en personne a fait le voyage dans la capitale<br />
américaine les 22, 23 et 24 mai <strong>2024</strong> en vue de rencontrer son employeur,<br />
Joe Biden, sous prétexte de célébrer les 60 ans de partenariat entre les<br />
peuples kenyan et américain.<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
(8 e partie)<br />
Les citoyens et patriotes haïtiens<br />
qui espéraient que le déploiement<br />
des troupes étrangères sur le sol national<br />
n’aurait pas lieu peuvent se<br />
faire une raison. Les 1000 policiers<br />
et soldats kenyans prévus par Nairobi<br />
pour la Mission Multinationale<br />
d’Appui à la Sécurité (MMAS) en<br />
Haïti frappent déjà aux portes de la<br />
capitale. Certains d’entre eux, y compris<br />
des milliers d’autres militaires de<br />
la coalition internationale, sont cantonnés,<br />
pour la plupart, à la Jamaïque<br />
depuis plusieurs semaines. Ils n’attendent<br />
que le feu vert de Washington,<br />
le maître d’œuvre de toute cette<br />
affaire de débarquement.<br />
Signe que le dossier s’accélère,<br />
même avec lenteur, l’arrivée à Portau-Prince<br />
depuis le lundi 20 mai<br />
<strong>2024</strong> d’une Délégation kenyane conduite<br />
par l’Inspecteur général adjoint,<br />
Noor Gabow, celui qui commandera<br />
cette fameuse mission militaire en<br />
Haïti. Certes, ce feuilleton kenyan<br />
est loin d’arriver à son épilogue<br />
compte tenu de l’enjeu politique et<br />
stratégique pour les américains dans<br />
cette partie des Caraïbes et pour le<br />
gouvernement du Kenya ne voulant<br />
prendre aucun risque sans être<br />
sûr et certain que Washington tiendra<br />
bien ses promesses financières à<br />
l’endroit de la République du Kenya,<br />
celle qui va être en première ligne. Ce<br />
déploiement rapporterait 15 milliards<br />
de dollars sur une période de 5 ans<br />
à ce pays de l’Est africain devenu<br />
un habitué des missions militaires<br />
internationales. D’ailleurs, pour s’en<br />
assurer, le Président William Ruto<br />
en personne a fait le voyage dans la<br />
capitale américaine les 22, 23 et 24<br />
mai <strong>2024</strong> en vue de rencontrer son<br />
employeur, Joe Biden, sous prétexte<br />
de célébrer les 60 ans de partenariat<br />
entre les peuples kényan et américain.<br />
En vérité, personne n’est dupe.<br />
On sait que le chef d’État kenyan<br />
est venu à Washington juste pour<br />
finaliser le contrat liant les deux<br />
gouvernements dans ce dossier de<br />
déploiement des troupes en Haïti<br />
et ensuite faire du shoping avec sa<br />
femme qui l’avait précédé deux jours<br />
auparavant à Atlanta. Ainsi, pour<br />
rester cohérent dans notre mission<br />
de vulgarisation de l’information sur<br />
ce feuilleton qui s’apprête à passer<br />
dans sa phase décisive et effective,<br />
nous reprenons la suite de cette chronique<br />
exactement là où nous l’avons<br />
arrêtée il y a cinq mois. Le vendredi<br />
6 octobre 2023, les dirigeants de<br />
l’Accord de Montana avaient fait<br />
connaître la position de cette structure<br />
politique collégiale sur la Résolution<br />
2699 des Nations-Unies sur<br />
Haïti. Par l’entremise d’une longue<br />
note de presse, ils se positionnaient<br />
clairement contre cette force non<br />
onusienne mais ayant la bénédiction<br />
de cette organisation internationale<br />
pour venir faire le Gendarme en Haïti.<br />
Si la Direction se prononçait sans<br />
aucune ambiguïté sur la venue des<br />
forces étrangères, les responsables<br />
de l’Accord de Montana n’oubliaient<br />
pas non plus de mettre en avant les<br />
responsabilités des autorités de la<br />
Transition, notamment, le rôle du<br />
Premier ministre Ariel Henry dans<br />
cette situation chaotique.<br />
Ils avaient pointé du doigt l’insécurité<br />
et les accointances, selon<br />
eux, du pouvoir avec certains gangs.<br />
« Comment une force multinationale<br />
armée non-onusienne peut-elle intervenir<br />
dans un pays en garantissant<br />
sa souveraineté et son intégrité ?<br />
La Résolution 2699 exprimée d’une<br />
manière inédite dans l’histoire des<br />
Nations-Unies est le résultat de tractations<br />
laborieuses et de compromis<br />
entre les puissances internationales.<br />
L’Accord de Montana relève que la<br />
séquestration du droit à l’autodétermination<br />
de la Nation haïtienne par<br />
certains acteurs dominants de l’international,<br />
en violation de la Charte<br />
même de l’ONU, a été l’objet de<br />
négociations diplomatiques qui ont<br />
abouti à l’engagement qui est pris de<br />
respecter la souveraineté, l’intégrité<br />
et l’unité territoriale de l’État et du<br />
peuple haïtien. L’Accord de Montana<br />
continue de croire que l’équipe<br />
au pouvoir qui n’a jamais rien fait<br />
pour freiner la descente aux enfers<br />
du pays ne jouit d’aucune crédibilité<br />
pour engager l’avenir de la Nation.<br />
L’insécurité, dans cette forme invivable,<br />
aggravée, est une construction<br />
politique permettant aux dirigeants<br />
actuels de perdurer au pouvoir et de<br />
prévenir toute velléité de la population<br />
d’exprimer ses revendications.<br />
Ce pouvoir en place ne pourra<br />
jamais se déprendre de ses accointances<br />
traditionnelles en vue de<br />
neutraliser les gangs de toute obédience,<br />
traquer leurs fournisseurs<br />
locaux et internationaux de tous<br />
bords, rassurer les acteurs politiques<br />
et conduire le pays vers des réformes<br />
préalables à des élections non contestées.<br />
Dans de telles conditions,<br />
comment ne pas douter des velléités<br />
de cette mission de combattre l’insécurité<br />
et de soulager la population,<br />
si elle accepte de collaborer avec<br />
ceux-là mêmes qui ont précipité le<br />
démantèlement des institutions étatiques,<br />
aggravé le chaos et provoqué<br />
la désespérance de la population »,<br />
soulignaient-ils dans leur note de<br />
presse du 6 octobre 2023. Fermons<br />
cette parenthèse avec les déclarations<br />
du responsable du Bureau des<br />
Avocats Internationaux en Haïti<br />
(BAI), Me Mario Joseph. Celui-ci a<br />
toujours défendu la position de son<br />
organisme des droits de l’homme qui<br />
est une position nationaliste et souverainiste<br />
pensant qu’il revient à la<br />
Communauté nationale de défendre<br />
son territoire. «Nous avons eu plusieurs<br />
déploiements qui n’ont été<br />
bénéfiques qu’aux étrangers.<br />
Pourquoi dépenser autant d’argent<br />
alors qu’il y a d’autres moyens<br />
pour rétablir la paix ? Nous avons les<br />
forces de l’ordre, pourquoi ne pas les<br />
former et les équiper afin qu’ils puissent<br />
remplir leur tâche valablement<br />
?» se questionnait le dirigeant du BAI,<br />
Me Mario Joseph. Dans ce feuilleton<br />
kenyan en Haïti, chaque jour apporte<br />
son lot de surprises et d’imprévus.<br />
C’est ainsi que le 9 octobre 2023, on<br />
avait appris qu’à Nairobi, la capitale<br />
du Kenya, le Président William Ruto<br />
était confronté à une plainte déposée<br />
devant la Haute cour de justice kenyane<br />
par l’opposition conduite par<br />
l’avocat et ancien candidat à la présidence,<br />
Ekuru Aukot, lui reprochant<br />
d’avoir pris l’initiative de déployer<br />
des forces militaires à l’extérieur du<br />
pays sans l’autorisation du Parlement.<br />
Celui-ci estimait que le déploiement<br />
était inconstitutionnel vu qu’il<br />
n’était autorisé par aucun Traité liant<br />
les deux Etats ni aucune loi du pays.<br />
Tandis qu’un autre leader de<br />
l’opposition, Raila Odinga, reprochait<br />
également au Président William Ruto<br />
le comportement de la police kenyane<br />
face aux opposants lors d’une manifestation<br />
anti-gouvernementale. Le<br />
Procureur de la Haute cour de justice,<br />
Enock Mwita, avait donné quelques<br />
jours, soit jusqu’au 24 octobre<br />
2023, à la présidence kenyane et<br />
au ministère des Affaires Etrangères<br />
pour normaliser auprès du Parlement<br />
leur requête de conduire une Mission<br />
multinationale en Haïti et aussi pour<br />
statuer sur la requête de l’opposition.<br />
En revanche, a fi n de démontrer que<br />
plus rien n’arrêtera le déploiement de<br />
cette force multinationale, le 12 octobre<br />
2023, c’est une Délégation des<br />
Nations-Unies qui était reçue à Portau-Prince<br />
par le Premier ministre de<br />
la Transition Ariel Henry.<br />
Conduite par le Sous-Secrétaire<br />
général de l’ONU, Miroslav Jenca,<br />
chargé de l’Europe, de l’Asie centrale<br />
et des Amériques au Département<br />
des affaires politiques et de la consolidation<br />
de la paix, ce qui est peut-être<br />
un peu trop pour un seul homme, la<br />
Délégation s’était entretenue avec<br />
les autorités haïtiennes sur plusieurs<br />
points, particulièrement sur le déroulement<br />
de la Mission internationale<br />
qui n’est pourtant pas une Mission<br />
des Nations-Unies comme indiqué<br />
dans la Résolution 2699. C’est sur<br />
le compte X de la Primature qu’on<br />
avait appris que « Le chef du gouvernement<br />
et la Délégation onusienne<br />
ont évalué l’évolution de la situation<br />
dans le pays à la veille du déploiement<br />
de la Mission Multinationale de<br />
support à la sécurité. Ils ont également<br />
discuté des préparatifs du côté<br />
haïtien pour accueillir la force internationale<br />
».<br />
Avec ce feuilleton kenyan,<br />
débuté dans le paysage politique haïtien<br />
depuis des mois, on avait beaucoup<br />
entendu, et ce n’était pas fini,<br />
puisque le 31 octobre 2023, c’est<br />
l’Expert indépendant de l’ONU sur<br />
la situation des droits de l’homme<br />
en Haïti, William O’Neill, qui avait<br />
apporté quelques clarifications sur la<br />
lenteur, selon certains, du déploiement<br />
des policiers kenyans et soldats<br />
de la coalition en Haïti. En visite officielle<br />
dans le pays dans le cadre de sa<br />
mission, William O’Neill avait profité<br />
pour rencontrer la presse curieuse de<br />
connaître son avis sur la situation<br />
sécuritaire et surtout de savoir s’il<br />
avait des informations sur le déroulement<br />
de la Mission dont il est un<br />
inconditionnel depuis longtemps.<br />
A l’hôtel Karibe où s’était<br />
déroulée la Conférence de presse,<br />
d’entrée de jeu, l’Expert indépendant<br />
sur la situation des droits de l’homme<br />
en Haïti de l’ONU avait annoncé<br />
que « Les Kényans sont en train<br />
de préparer leur mission. Je suis au<br />
courant de plusieurs rencontres de<br />
formation et d’information à Nairobi.<br />
Ils ont même fait venir des experts<br />
d’Haïti pour des briefings. Il faut attendre<br />
la décision de la Cour suprême<br />
du Kenya la semaine prochaine. Je<br />
sais qu’ici en Haïti il y a de l’impatience,<br />
mais les lignes bougent. Je<br />
suis confiant que la mission sera là<br />
dans très peu de temps. » Très bavard<br />
ce mardi 31 octobre 2023 dans une<br />
atmosphère glauque à Pétion-Ville,<br />
William O’Neill avait des informations<br />
et messages à faire passer à<br />
travers les médias haïtiens qui en redemandaient.<br />
A la question de savoir<br />
si les Kenyans ont une idée sur la<br />
manière dont ils seront accueillis<br />
par la population, O’Neill s’est livré<br />
comme s’il était en mission lui-même<br />
pour le compte du gouvernement<br />
kenyan. « J’ai déjà eu trois réunions<br />
avec les émissaires du Kenya auprès<br />
des Nations-Unies à New York. Je<br />
peux vous dire que ce sont des gens<br />
très sérieux. Ils ont posé beaucoup<br />
de questions sur Haïti. Ils ont reconnu<br />
que c’est nouveau pour eux.<br />
Ils veulent apprendre. Ils m’ont demandé<br />
de leur envoyer des rapports,<br />
des analyses sur la situation d’Haïti.<br />
Ils sont conscients de ce qui s’était<br />
passé lors des précédentes missions.<br />
Ils ne veulent pas répéter les erreurs<br />
du passé. Ils sont pour une approche<br />
multidimensionnelle au problème,<br />
car ils ne peuvent pas tout faire »<br />
a expliqué l’Expert indépendant sur<br />
la situation des droits de l’homme en<br />
Haïti. Celui qui était à sa deuxième<br />
visite officielle à Port-au-Prince et qui<br />
venait de passer plus d’une dizaine<br />
de jours dans le pays est intarissable<br />
sur la Mission Multinationale d’Appui<br />
à la Sécurité en Haïti (MMAS) et<br />
sur le rôle des différents acteurs pendant<br />
et après cette énième Mission<br />
des Nations-Unies en Haïti.<br />
William O’Neill prévient aussi<br />
que si les décideurs se contentent<br />
de privilégier uniquement la thématique<br />
sécuritaire, cette mission n’aura<br />
aucun effet positif pour les droits de<br />
l’homme en Haïti et pour l’homme<br />
haïtien en général. « Le déploiement<br />
imminent de cette mission dans des<br />
conditions strictes de respect et de<br />
protection des droits humains est<br />
nécessaire pour soulager les populations<br />
en proie à la souffrance. Il est<br />
néanmoins fondamental que cette<br />
mission anticipe et prenne la mesure<br />
des défis actuels pour réussir son objectif<br />
sur le long terme. Beaucoup de<br />
ces mesures doivent passer par un<br />
retour de la confiance de la population<br />
dans ses institutions. La mission<br />
va venir apporter un appui à la Police<br />
nationale d’Haïti afin que cette<br />
dernière établisse la sécurité.<br />
La mission sera nécessaire<br />
mais pas suffisante. Il faut avoir une<br />
approche de l’État, des agences des<br />
Nations-Unies, des organisations<br />
non gouvernementales, de tous les<br />
acteurs. Ensuite, avec la sécurité, il<br />
faudra faire face au problème de pauvreté,<br />
aborder le problème de l’éducation,<br />
de l’eau potable, du chômage,<br />
les problèmes structurels. La mission<br />
peut faire son travail, mais il restera<br />
beaucoup à faire. Si on se limite à la<br />
sécurité, à la mission, dans deux ou<br />
trois ans on aura la même situation<br />
qu’aujourd’hui » avait déclaré le 31<br />
octobre 2023, William O’Neill. Entre-temps,<br />
rien n’était fait de la part<br />
du gouvernement kenyan pour satisfaire<br />
l’opposition et la justice. De fait,<br />
à la date prévue, le Procureur de la<br />
Haute cour de justice a dû prolonger<br />
le délai au 9 novembre 2023 pour<br />
rendre son verdict définitif. Enock<br />
Mwita estimait que la « Requête de<br />
l’opposition soulevait des questions<br />
importantes pour le pays et l’intérêt<br />
du public qui requièrent d’être examinées<br />
en urgence. »<br />
Les autorités haïtiennes, pour<br />
leur part, se disaient confiantes sur<br />
la décision des instances constitutionnelles<br />
kenyanes relatives à ce<br />
recours des oppositions du Kenya.<br />
Première rangée : les membres du Conseil présidentiel de transition et<br />
l’inspecteur général adjoint de la Police kényane, Noor Gabow<br />
« Nous attendons que les instances<br />
légales et constitutionnelles se prononcent.<br />
Nous sommes très confiants<br />
et n’avons aucun doute sur<br />
la mise en œuvre des décisions du<br />
Conseil de sécurité. Il y aura entre-temps<br />
des missions d’exploration<br />
et de partage d’informations » laissait<br />
entendre dans la presse le ministre<br />
haïtien des Affaires Etrangères, Jean<br />
Victor Généus, le mercredi 8 novembre<br />
2023.<br />
Tout compte fait, le Chancelier<br />
avait raison finalement puisqu’après<br />
un débat passionné au Parlement<br />
kenyan le jeudi 16 novembre 2023,<br />
le gouvernement kenyan avait repris<br />
la main sur le dossier. D’après le<br />
journal The Standard du 16 novembre<br />
2023, sitôt après que la Haute<br />
cour de justice ait reporté le verdict<br />
final au 26 janvier <strong>2024</strong>, les parlementaires<br />
- Sénateurs et députés -<br />
ont voté majoritairement en faveur<br />
de l’envoi des troupes kenyanes en<br />
Haïti. En effet, selon un autre journal,<br />
Africa News qui avait rapporté<br />
les déclarations d’une responsable<br />
de l’Assemblée Nationale, « le Parlement<br />
du Kenya a approuvé la demande<br />
du gouvernement kenyan de<br />
déployer une force de mille hommes<br />
et femmes en Haïti. » D’après ce<br />
quotidien, c’est la Vice-Présidente de<br />
la Chambre des députés, Gladys Boo<br />
Shollei, qui confirmait que le camp<br />
du OUI l’avait remporté après un<br />
suite à la page(15)<br />
8 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
This week in <strong>Haiti</strong><br />
Canaan Armed Group Kills Two U.S. Missionaries and<br />
their <strong>Haiti</strong>an Colleague near Bon Repos<br />
Missionaries Davy and Natalie Lloyd and Judes Montis were killed<br />
“accidentally” by the very armed group which used to assure their<br />
security, due to a terrible misunderstanding.<br />
by Kim Ives and Angela Porterfield Pierre-Louis<br />
In what appears to have been<br />
a deadly misunderstanding, an<br />
armed group known by the name of<br />
its leader, “Jeff,” killed North American<br />
missionaries David Lloyd III<br />
(“Davy”), 24, and his wife Natalie<br />
Baker Lloyd, 21, along with a <strong>Haiti</strong>an<br />
administrator, Judes Montis, on<br />
the compound of Missions in <strong>Haiti</strong>,<br />
Inc. in the neighborhood of Lizon,<br />
near Bon Repos, on the northern<br />
outskirts of Port-au-Prince, on<br />
Thu., May 23.<br />
The evangelical Protestant<br />
“Missions in <strong>Haiti</strong>” runs a boarding<br />
school – “House of Compassion”<br />
– for 36 children, 18 boys and 18<br />
girls, according to the group’s website.<br />
The NGO, based in Claremont,<br />
Oklahoma, was founded by Lloyd’s<br />
parents, David and Alicia Lloyd, in<br />
2000.<br />
The young couple was killed<br />
in the elder Lloyd’s house on the<br />
compound, where they had taken<br />
refuge. In a grisly video which<br />
went viral on <strong>Haiti</strong>an social media<br />
groups, Davy’s body was apparently<br />
mutilated. Montis’ body was reportedly<br />
burned.<br />
According to Munib Bastien,<br />
the owner of a neighboring orphanage,<br />
Munib Foyer des Enfants, a<br />
group of thieves from along Route 9<br />
in Cité Soleil – informally known as<br />
the “Pier 6 gang,” with no affiliation<br />
to the Viv Ansanm (Live Together)<br />
armed group alliance which drove<br />
former Prime Minister Ariel Henry<br />
from power on Feb. <strong>29</strong> – attacked<br />
the “Missions in <strong>Haiti</strong>” compound,<br />
stealing vehicles, computers, furniture,<br />
and other equipment.<br />
“They took everything, so<br />
somebody inside called Jeff for<br />
help,” Bastien explained, since Jeff<br />
used to provide security to the “Missions<br />
in <strong>Haiti</strong>” compound, he said,<br />
given the inefficacy of the <strong>Haiti</strong>an<br />
National Police (PNH).<br />
According to Kessy Aniston,<br />
an art student at the University of<br />
<strong>Haiti</strong>, who lives nearby, “Jeff used<br />
to fight and kill members [of the<br />
Pier 6 gang] for their greedy thieving.”<br />
Jeff’s armed group is based in<br />
the sprawling, impoverished slums<br />
of Canaan and Jerusalem, which<br />
sprang up on the flood plains north<br />
of Port-au-Prince after <strong>Haiti</strong>’s Jan.<br />
12, 2010 earthquake. It is a part of<br />
the Viv Ansanm alliance.<br />
So the Pier 6 gang “came in<br />
and tied my son up and began looting<br />
the place,” explained Davy’s father<br />
in an interview with NewsNation.<br />
““The best I can figure is that<br />
[they were] just out for stuff... They<br />
know that the Kenyans are supposed<br />
to come in, and the gangs are<br />
supposed to be taken care of [i.e.<br />
disbanded], so they’re in the mind<br />
set now that ‘it’s almost over for us,<br />
let’s get all we can get and then go<br />
into hiding.’... I’m thinking – I can’t<br />
say it’s fact – that that might have<br />
been their reason. They knew we<br />
hadn’t been looted and had been<br />
left alone. So they came in to help<br />
themselves.”<br />
“They took our trucks and<br />
loaded them up and took off. My<br />
son was calling me and... telling me<br />
what had happened. He had been<br />
hit in the head with the but of [a]<br />
gun and was injured. I was trying<br />
to see if he needed to go to the hospital.<br />
And then he said, ‘Dad, something<br />
else is going down. They’re<br />
back... I gotta understand what’s<br />
going on, so I gotta go.’ And he<br />
hung up.”<br />
At this point, the fatal confusion<br />
occurred.<br />
Inside the compound, Davy<br />
apparently thought that the approaching<br />
armed men were the Pier<br />
6 gang returning, when, in fact,<br />
they were the reinforcement troops<br />
whom Jeff had sent to drive the<br />
thieves away.<br />
At that point, Davy (or somebody<br />
in the compound) began<br />
shooting and killed one of Jeff’s soldiers.<br />
Davy “took his gun and fired<br />
on them, and they shot back,” explained<br />
Bastien. “So it was confusing.”<br />
Jeff’s troops “thought they<br />
had been lured into a trap” by the<br />
Pier 6 gang, explained Aniston.<br />
Further enraged by their comrade’s<br />
death, Jeff’s soldiers “went into full<br />
attack mode,” according to the elder<br />
Lloyd’s account on the “Missions in<br />
<strong>Haiti</strong>” Facebook page, shooting out<br />
the windows of the house in a withering<br />
barrage of bullets.<br />
Meanwhile, David Lloyd senior,<br />
who had left <strong>Haiti</strong> just the day<br />
before, was trying to negotiate with<br />
The impoverished slum of Canaan, which sprang up as a squatters’ city after the 2010 earthquake, is home to<br />
the armed group known as “Jeff.”<br />
Davy Lloyd, then age 14, and Judes Montis with doves in <strong>Haiti</strong> in a 2014 photograph.<br />
Jeff to call off the attack. “I was trying<br />
to buy [their passage] to leave.<br />
I said I’ll get your money in there...<br />
tomorrow. Just leave, stand down.<br />
We thought that was a process that<br />
was working. I was told that the<br />
shooting... had been ordered to be<br />
stopped... But later I found out that<br />
the shooting continued. So they<br />
either were not listening to Jeff, or<br />
Jeff never made the call for them to<br />
stand down.”<br />
“That’s how... [the three missionaries]<br />
died accidentally,” Bastien<br />
concluded.<br />
The mutilation of Davy and<br />
the burning of Montis may have<br />
resulted from the anger Jeff’s soldiers<br />
harbored after the death in<br />
their ranks and the long fire-fight,<br />
presumably with Davy and Montis,<br />
holed up in the Lloyd’s home.<br />
“We had great respect from<br />
[Jeff’s] gang and were told that<br />
we didn’t have to worry about<br />
stuff,” the elder Lloyd ruefully told<br />
NewsNation.<br />
Davy had grown up in <strong>Haiti</strong><br />
and had been kidnapped in 2005 at<br />
the age of five by kidnappers disguised<br />
as police officers.<br />
Grist for Intervention<br />
The tragic killing has rocketed <strong>Haiti</strong><br />
back into the headlines of mainstream<br />
media, fueling the calls for<br />
foreign military intervention.<br />
“The administration of United<br />
States President Joe Biden has<br />
called for the rapid deployment of<br />
a Kenyan-led security force to <strong>Haiti</strong><br />
following the killing of three missionaries<br />
working with a U.S. group<br />
in the violence-hit Caribbean country,”<br />
reported Al Jazeera on May 24.<br />
Natalie was the daughter of<br />
Republican Missouri State Senator<br />
Ben Baker, who tweeted about<br />
receiving a call with condolences<br />
from Donald Trump.<br />
Congressional Republicans<br />
have been blocking release of $300<br />
million which the Biden administration<br />
wants to pay for the Multinational<br />
Security Support (MSS)<br />
mission, which Kenyan troops putatively<br />
lead.<br />
On May 23, President Biden<br />
held a much ballyhooed state dinner<br />
for Kenyan President William Ruto<br />
at the White House. The ceremony<br />
was supposed to be timed with an<br />
initial deployment of 200 Kenyan<br />
police into <strong>Haiti</strong>, but instead Ruto<br />
announced that the cops would not<br />
be sent to <strong>Haiti</strong> for another three<br />
weeks. Apparently, the base which<br />
U.S. contractors are building to<br />
house them is only 70% complete,<br />
and funding is still held up.<br />
Meanwhile, in Washington on<br />
May 23, some <strong>Haiti</strong>an expatriates<br />
organized a picket line to denounce<br />
the U.S.-organized troop deployment.<br />
“Kenya’s government pledged<br />
1,000 officers to lead an international<br />
security force last July, but<br />
the initiative has been tied up in<br />
court challenges and Kenya has<br />
asked to be paid up-front,” Reuters<br />
reported two month ago.<br />
“Given the long history of<br />
U.S. involvement in <strong>Haiti</strong> with few<br />
successful results, the administration<br />
owes Congress a lot more details<br />
in a more timely manner before<br />
it gets more funding,” Republican<br />
congressional leaders said in a joint<br />
statement in March.<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
9
QUELLES SONT LES CARACTÉRIS<br />
Par Rémy Herrera<br />
Selon le gouvernement chinois, certaines<br />
caractéristiques empruntées<br />
au capitalisme peuvent être utilisées<br />
« avant de traverser le pont » dans<br />
la transition socialiste vers le communisme.<br />
Aux yeux de l’Occident, le « marxisme<br />
en Chine » et le « socialisme<br />
aux caractéristiques chinoises » ne sont<br />
rien d’autre que le discours de la propagande<br />
officielle chinoise, et ils ont<br />
essayé de qualifier la Chine de « capitalisme<br />
d’État ». Il s’agit là d’une incompréhension<br />
totale de la Chine par<br />
l’Occident, non seulement parce que la<br />
Chine, avec ces concepts, a accompli de<br />
grandes réalisations, mais aussi parce<br />
qu’elle respecte la culture, les intérêts<br />
et les préoccupations des autres pays et<br />
qu’elle a apporté d’importantes contributions<br />
au maintien de la paix dans le<br />
monde. Son extraordinaire développement<br />
économique et social est le plus<br />
rapide et le plus impressionnant de<br />
l’histoire de l’humanité au cours des<br />
dernières décennies. Ce développement<br />
stable et à long terme est le résultat du<br />
leadership du parti communiste chinois<br />
et de son choix d’une voie de développement<br />
qui lui convient.<br />
Il convient ici de parler du « miracle<br />
chinois », qui a fait couler beaucoup<br />
d’encre. Au cours des dernières décennies,<br />
le produit intérieur brut (PIB) de<br />
la Chine a connu une croissance rapide<br />
et de nombreuses personnes utilisent<br />
le mot « miracle » pour décrire ce<br />
phénomène. Il ne s’agit pas d’un miracle<br />
inattendu, mais du résultat d’une<br />
planification minutieuse, d’une mise en<br />
œuvre patiente et efficace des stratégies<br />
de développement par l’ensemble du<br />
pays et les gouvernements successifs<br />
dirigés par le parti communiste chinois.<br />
Dans le monde universitaire et<br />
dans les grands médias, nous pouvons<br />
voir ou entendre presque partout l’opinion<br />
selon laquelle l’essor économique<br />
de la Chine est entièrement dû à sa<br />
politique d’ouverture à la mondialisation.<br />
Il s’agit d’une demi-vérité, car<br />
il faut garder à l’esprit que les efforts<br />
et les réalisations de l’ère Mao Zedong<br />
ont rendu possible la croissance<br />
économique rapide d’aujourd’hui et<br />
que, dans le même temps, la politique<br />
d’ouverture de la Chine a toujours fait<br />
l’objet d’une gestion gouvernementale<br />
stricte ; ce n’est que dans ces conditions<br />
que la politique d’ouverture de la Chine<br />
et son corollaire, la remarquable réussite<br />
économique, ont été possibles.<br />
À long terme, la raison pour<br />
laquelle cette politique d’ouverture de<br />
la mondialisation peut avoir un impact<br />
aussi positif sur la Chine est qu’elle s’inscrit<br />
pleinement dans une stratégie de<br />
développement cohérente et qu’elle est<br />
subordonnée à la nécessité de répondre<br />
aux objectifs et aux besoins de développement<br />
nationaux.<br />
Il faut bien comprendre que si le<br />
Le peuple chinois et l’ancien dirigeant communiste Mao Zedong<br />
parti communiste chinois n’avait pas<br />
formulé une telle stratégie de développement,<br />
si le peuple chinois n’avait<br />
pas fait tout son possible pour mettre<br />
en œuvre cette stratégie de développement<br />
et si le PCC n’avait pas intégré<br />
la Chine dans le système capitaliste<br />
mondial, l’économie chinoise et même<br />
la Chine elle-même n’auraient pas pu<br />
échapper à un destin de destruction totale,<br />
comme cela a été le cas pour de<br />
nombreux pays du Sud et de l’Est de la<br />
planète. Un point fondamental doit être<br />
rappelé : pendant plus d’un siècle avant<br />
la victoire de la révolution chinoise en<br />
octobre 1949, pour le peuple chinois,<br />
« l’ouverture » a toujours évoqué des<br />
images de capitulation, de destruction,<br />
d’exploitation, d’humiliation, de décadence<br />
et de chaos.<br />
La stratégie de développement<br />
mise en œuvre par le gouvernement<br />
chinois a été couronnée de succès et<br />
a eu de nombreux effets positifs sur la<br />
population. Cela contraste fortement<br />
avec l’échec des politiques économiques<br />
néolibérales, qui ont un impact profond<br />
sur l’économie, la société et la vie.<br />
Même les aspects moraux et autres ont<br />
eu un impact désastreux sur les travailleurs<br />
des pays occidentaux.<br />
Un exemple concret peut être<br />
donné. L’avantage des entreprises<br />
d’État chinoises est qu’elles sont gérées<br />
différemment des sociétés internationales<br />
occidentales, qui sont cotées en<br />
bourse et fonctionnent selon la logique<br />
de la valeur actionnariale, de l’appréciation<br />
des actions et du retour rapide<br />
sur investissement, ce qui les oblige à<br />
évincer une multitude de sous-traitants<br />
nationaux et étrangers et à verser un<br />
maximum de dividendes aux actionnaires.<br />
<strong>Mai</strong>s les entreprises d’État chinoises<br />
ne font pas cela. Si elles le font,<br />
elles nuiront aux intérêts des petites<br />
et moyennes entreprises locales et<br />
porteront même atteinte à la structure<br />
industrielle de l’ensemble du pays.<br />
L’objectif de la plupart des grandes<br />
entreprises d’État chinoises n’est pas<br />
d’enrichir les actionnaires privés, mais<br />
de donner la priorité à l’investissement<br />
productif et au service à la clientèle.<br />
En fin de compte, les entreprises<br />
d’État chinoises ne se soucient pas du<br />
fait que leurs bénéfices soient inférieurs<br />
à ceux de leurs concurrents occidentaux,<br />
tant qu’elles servent des intérêts<br />
stratégiques nationaux ou supérieurs à<br />
plus long terme, tels que la stimulation<br />
du développement économique local,<br />
plutôt que la simple réalisation de bénéfices<br />
immédiats.<br />
La Chine ne considère pas sa<br />
stratégie de développement comme un<br />
« modèle » et ne cherche pas à exporter<br />
ou à imposer sa propre stratégie de<br />
développement. Elle estime simplement<br />
que les différentes nations du monde<br />
ont des expériences et des leçons qui<br />
valent la peine d’être apprises, mais<br />
qu’elles ont aussi leurs propres conditions<br />
sociales, historiques et culturelles<br />
et qu’elles doivent décider elles-mêmes<br />
de leurs objectifs et de leurs méthodes<br />
de développement. Cette vision est très<br />
différente de celle de l’Occident, qui<br />
veut que tous les pays du monde suivent<br />
son modèle de développement.<br />
Cela signifie que le marxisme n’a<br />
pas encore été scientifiquement vaincu.<br />
Je ne pense pas que le marxisme ait<br />
de véritables rivaux aujourd’hui. Nous<br />
vivons dans un monde dans lequel le<br />
système capitaliste domine toujours, et<br />
bien que cette situation ait connu des<br />
changements significatifs qui méritent<br />
d’être expliqués, il est indéniable que le<br />
marxisme est toujours d’actualité.<br />
Malgré les nombreuses attaques<br />
dont il a fait l’objet depuis sa création,<br />
malgré les affirmations répétées selon<br />
lesquelles il est obsolète, le marxisme<br />
est durable, résistant ou, pourrait-on<br />
dire, « indestructible ». Lorsque les<br />
gens réfléchissent à la manière de<br />
créer un monde meilleur, ils utilisent<br />
toujours le marxisme comme principal<br />
point de référence théorique. Bien que<br />
le marxisme ait souvent été dogmatisé,<br />
et malgré l’effondrement désastreux<br />
de l’Union soviétique, le marxisme<br />
conserve aujourd’hui son essence. Il<br />
reste une référence irremplaçable pour<br />
ceux qui luttent pour le socialisme. Il<br />
n’est donc pas surprenant qu’il reste<br />
une référence théorique importante en<br />
Chine.<br />
Combinaison du confucianisme, du<br />
taoïsme et du marxisme<br />
Ce que je veux dire, c’est que la stratégie<br />
de développement de la Chine s’inspire<br />
de la pensée traditionnelle chinoise et<br />
combine les courants philosophiques<br />
traditionnels chinois tels que le confucianisme<br />
et le taoïsme avec le marxisme<br />
pour en faire un marxisme chinois<br />
contemporain. Nous devons comprendre<br />
que cette théorie est étroitement<br />
liée à une analyse empirique pratique.<br />
Tout cela permet à la Chine d’avoir des<br />
visions uniques et des solutions appropriées<br />
pour faire face aux défis actuels<br />
et aux nombreuses contradictions qui<br />
en découlent.<br />
Le socialisme chinois du nouvel<br />
âge est patient, persistant, concret,<br />
pragmatique et efficace. En même<br />
temps, il n’est pas dualiste, c’est-àdire<br />
qu’il évalue les situations et les<br />
choses selon des principes absolus de<br />
bien et de mal, sans nuances ni états<br />
intermédiaires ; il est basé sur le long<br />
terme et n’a pas peur des contradictions<br />
et des oppositions (telles que celles<br />
liées à l’initiative individuelle ou à l’esprit<br />
d’entreprise) qui sont considérées<br />
comme complémentaires et potentielles<br />
plutôt que comme des exclusions<br />
et des substitutions. L’une des leçons<br />
que nous pouvons tirer de la sinisation<br />
du marxisme est la recherche de<br />
l’harmonie entre les contraires. Le discours<br />
politique chinois met l’accent sur<br />
« l’harmonie sociale » et la « stabilité<br />
» en tant que valeurs fondamentales,<br />
et recherche le « compromis » et le «<br />
consensus » comme moyens de les atteindre.<br />
De nombreux concepts du marxisme<br />
chinois sont différents du concept<br />
de « lutte des classes » du marxisme occidental,<br />
qui est souvent considéré avec<br />
suspicion comme une caractéristique<br />
des régimes conservateurs. Ignorer ces<br />
concepts, c’est oublier leur signification<br />
particulière dans la pensée chinoise, à<br />
savoir « l’unité des contraires » et la<br />
« dialectique positive ». Ces concepts<br />
impliquent qu’il existe un équilibre dynamique<br />
entre l’intérêt individuel et les<br />
besoins sociaux, entre les intérêts personnels<br />
et les intérêts collectifs, et entre<br />
les besoins et les exigences morales.<br />
En résumé, on peut dire que<br />
depuis l’époque de Mao Zedong, les<br />
Chinois croient en une forme de progrès<br />
basée sur un développement en spirale<br />
qui tend à aplanir et à atténuer les contradictions.<br />
Dans ce contexte, le socialisme<br />
n’est plus un plan parfait, mais un<br />
processus de construction continue.<br />
C’était déjà le cas presque dès le<br />
début de la révolution chinoise d’octobre<br />
1949. La Chine a immédiatement<br />
introduit le modèle économique de type<br />
soviétique et l’a maintenu pendant plusieurs<br />
années. Cependant, elle a abandonné<br />
ce modèle dans les années 1960.<br />
Après avoir rejoint le Conseil d’assistance<br />
économique mutuelle (CAME ou<br />
COMECON) en 1950, la Chine s’en est<br />
retirée en 1961 et a décidé de formuler<br />
de manière indépendante sa propre<br />
stratégie de développement. Elle y est<br />
parvenue plus efficacement que l’Union<br />
soviétique ou les pays d’Europe centrale<br />
et orientale.<br />
De 1978 à 1982, la Chine a été<br />
confrontée à une série de problèmes<br />
économiques reflétant la transition<br />
post-Mao et les difficultés à mettre en<br />
œuvre les réformes structurelles de la «<br />
réforme et de l’ouverture ». En particulier<br />
au cours de la période 1985-1986,<br />
la Chine a introduit une réforme fiscale<br />
en 1984, qui a constitué l’un des tournants<br />
vers l’économie de marché.<br />
Ensuite, lors de l’effondrement<br />
de l’Union soviétique, la Chine a<br />
mené une très brève expérience avec<br />
le néolibéralisme, mais l’a rapidement<br />
abandonnée. Le résultat de cette expérience<br />
a été une crise économique<br />
soudaine et grave, accompagnée d’une<br />
explosion de la corruption. Depuis<br />
lors, le gouvernement central chinois<br />
a vigoureusement combattu la corruption<br />
et a obtenu certains résultats.<br />
Heureusement, la Chine a rejeté l’option<br />
néolibérale et s’est accrochée au<br />
socialisme, qui apporte aujourd’hui la<br />
prospérité à la grande majorité du peuple<br />
chinois.<br />
Les préjugés des marxistes<br />
occidentaux<br />
Dans le débat entre écrivains marxistes<br />
occidentaux, la grande majorité<br />
des auteurs pensent que la Chine est<br />
une économie capitaliste. Par exemple,<br />
David Harvey a déclaré qu’il pensait<br />
que l’économie chinoise était un<br />
« néolibéralisme avec des caractéristiques<br />
chinoises ». Depuis la réforme<br />
et l’ouverture en 1978, le système<br />
économique de marché de la Chine<br />
comprend de plus en plus d’éléments<br />
néolibéraux et fonctionne dans un<br />
cadre de contrôle centralisé. Je l’ai considéré<br />
comme très autoritaire. <strong>Mai</strong>s je<br />
ne suis pas d’accord avec lui.<br />
D’autres analysent les<br />
conséquences de l’intégration de la<br />
Chine dans le système économique<br />
mondial en soutenant que ce n’est pas<br />
tant une opportunité pour la Chine de<br />
réorienter le capitalisme mondial, mais<br />
plutôt que la Chine joue simplement un<br />
rôle « supplémentaire » comme le Japon<br />
l’a fait par le passé, en fournissant aux<br />
États-Unis les flux de capitaux nécessaires<br />
pour maintenir leur hégémonie<br />
mondiale. Ceci, à son tour, conduira<br />
à la tendance de la Chine à ouvrir les<br />
marchés financiers et à éliminer les outils<br />
de contrôle des flux de capitaux, ce<br />
qui, en fin de compte, affaiblira la base<br />
de pouvoir du parti communiste chinois.<br />
Ils se trompent.<br />
D’autres, chinois et étrangers<br />
(moins nombreux mais tout aussi importants),<br />
affirment que le système<br />
politique et économique actuel de la<br />
Chine est équivalent ou proche du «<br />
capitalisme d’État » et qu’il laisse un<br />
héritage aux possibilités plus vastes<br />
pour l’avenir.<br />
En ce qui me concerne, je pense<br />
que le système chinois actuel contient<br />
encore les éléments de base du<br />
socialisme. L’explication de la nature<br />
de ce système est compatible avec le<br />
socialisme de marché, qui repose toujours<br />
sur une distinction claire avec le<br />
capitalisme. Bien que la Chine compte<br />
de nombreux milliardaires, il est impossible<br />
de décrire le système chinois<br />
comme un système capitaliste. Il faut<br />
l’appeler socialisme de marché ou socialisme<br />
avec marché. Lorsque les Chinois<br />
parlent de socialisme avec des caractéristiques<br />
chinoises, nous devons les<br />
prendre au sérieux. Ce n’est pas de la<br />
propagande, c’est la réalité, leur réalité.<br />
Il convient de noter qu’au<br />
niveau monétaire et financier, le gouvernement<br />
chinois est non seulement<br />
capable de répondre aux forces des<br />
marchés financiers, mais aussi de construire<br />
une « grande muraille monétaire<br />
» pour défendre sa propre monnaie. Ils<br />
ont mis l’argent au service du développement.<br />
Une planification stratégique<br />
solide est une caractéristique distinctive<br />
de la voie socialiste. Sa technologie de<br />
planification stratégique est plus souple,<br />
plus moderne, plus adaptable aux<br />
besoins actuels et donc plus efficace.<br />
Le contrôle par l’État de la monnaie et<br />
de toutes les grandes banques est une<br />
condition sine qua non, tout comme la<br />
surveillance étroite des activités des institutions<br />
financières et de la conduite<br />
des entreprises étrangères dans le pays.<br />
En Chine, c’est l’État qui contrôle le<br />
capitalisme, et non l’inverse. Du moins<br />
jusqu’à présent.<br />
L’héritage de Deng Xiaoping<br />
En août 1977, le 11e congrès national<br />
du PCC se tient ; fin 1978, les réformes<br />
économiques sont avancées et<br />
Deng Xiaoping arrive au pouvoir. L’idée<br />
n’était pas d’abandonner le socialisme,<br />
mais de trouver des moyens de sortir<br />
la grande majorité du peuple chinois<br />
de la pauvreté et de permettre au pays<br />
d’atteindre une « société modérément<br />
prospère ». Depuis l’arrivée au pouvoir<br />
du président Xi Jinping, la stratégie<br />
de développement socialiste a été<br />
mise en œuvre et l’orientation politique<br />
générale du pays s’est davantage<br />
tournée vers les classes les moins riches<br />
et les régions sous-développées.<br />
La difficulté de comprendre le «<br />
socialisme chinois » provient du refus<br />
de ses dirigeants de l’interpréter comme<br />
une « pauvreté généralisée » ou<br />
une « pauvreté commune ». Ce que les<br />
dirigeants du Parti communiste chinois<br />
ont tenté et réussi à faire, c’est<br />
de sortir le peuple chinois de la pauvreté<br />
à l’époque de Mao Zedong et<br />
d’amener la Chine au niveau d’une «<br />
société modérément prospère » à l’époque<br />
de Deng Xiaoping. Depuis, dans<br />
la continuité de la logique de la révolution,<br />
leur volonté est de permettre à<br />
la grande majorité de la population de<br />
vivre une vie prospère, d’acheter des<br />
biens de consommation variés. Ne faiton<br />
pas ainsi d’une pierre deux coups,<br />
en démontrant que le socialisme peut et<br />
doit vaincre le capitalisme ?<br />
On entend souvent dire que la<br />
croissance rapide du produit intérieur<br />
brut (PIB) de l’économie chinoise est<br />
due à la mise en œuvre du capitalisme<br />
en Chine depuis 1978. Cette affirmation<br />
est erronée. Bien au contraire. La raison<br />
pour laquelle l’économie chinoise croît<br />
rapidement est que, sous la direction du<br />
PCC, le gouvernement chinois a réussi à<br />
empêcher le capitalisme de contrôler le<br />
pays et a procédé à une redistribution à<br />
grande échelle des richesses dans l’ensemble<br />
de la société.<br />
Ceux qui prétendent que le système<br />
chinois est capitaliste (ce que je<br />
ne crois pas) et que la croissance rapide<br />
de la Chine n’a commencé qu’en 1978<br />
se trompent. En effet, à l’époque de<br />
Mao Zedong, la croissance économique<br />
de la Chine était déjà très, très élevée,<br />
bien plus élevée que celle d’autres pays<br />
ayant mis en œuvre des économies<br />
planifiées, et même plus élevée que<br />
10 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
TIQUES DU SOCIALISME CHINOIS<br />
Ce que les dirigeants du Parti communiste chinois ont tenté et réussi à faire, c’est de sortir le peuple chinois de<br />
la pauvreté et d’amener la Chine au niveau d’une « société modérément prospère »<br />
La Chine n’a pas l’intention de remplacer<br />
les États-Unis en tant que puissance<br />
hégémonique mondiale. Elle n’en a ni<br />
l’idée ni la volonté. En revanche, il est<br />
clair que la Chine encourage la construction<br />
d’un monde multipolaire au<br />
lieu de continuer à maintenir un monde<br />
unipolaire dominé par les États-Unis.<br />
Les dirigeants chinois recherchent la<br />
paix universelle et l’équilibre dans les<br />
relations internationales, mais il est<br />
clair qu’ils défendront la souveraineté<br />
de la Chine et ne succomberont pas à la<br />
domination étrangère.<br />
En ce qui concerne la guerre<br />
commerciale entre la Chine et les États-<br />
Unis, il convient de noter que depuis<br />
1978, à condition que le volume des<br />
échanges entre les deux pays soit égal,<br />
la Chine a consacré plus de temps de<br />
travail au commerce sino-américain<br />
que les États-Unis. L’échange de valeurs<br />
entre les deux pays a été inégal :<br />
il a davantage profité aux États-Unis,<br />
bien que l’excédent commercial bilatéral<br />
de la Chine n’ait cessé de croître<br />
au cours de la dernière décennie. Lorsque<br />
l’avantage des États-Unis a commencé<br />
à diminuer, en 2018, c’est à ce<br />
moment-là que l’administration Trump<br />
a déclenché la guerre commerciale.<br />
C’est là que la Chine a réalisé que<br />
les deux piliers de la domination américaine<br />
sur le système capitaliste mondial<br />
sont l’armée et la monnaie. C’est<br />
pourquoi la Chine a établi des alliances<br />
stratégiques telles que l’Organisation de<br />
coopération de Shanghai et a participé<br />
activement à des alliances économiques<br />
telles que les BRICS. Les deux piliers,<br />
militaire et monétaire, sont interdépendants<br />
et fragiles. C’est pour cette raison<br />
que la Chine a lancé une série d’initiatives<br />
audacieuses et novatrices.<br />
Par exemple, la Chine remet en<br />
question l’ordre existant sur le marché<br />
du pétrole. La Chine est le plus grand<br />
importateur de pétrole au monde.<br />
Depuis 2018, la Chine a décidé de<br />
promouvoir les contrats à terme sur le<br />
pétrole libellés en RMB sur le Shanghai<br />
International Energy Trading Centre et<br />
d’autoriser les investisseurs étrangers à<br />
y entrer. Cette décision vise à concurrencer<br />
le Brent de Londres et le West<br />
Texas Intermediate de New York. Ces<br />
deux marchés ont précédemment établi<br />
la norme pour les prix du pétrole brut<br />
et les contrats à terme sur les matières<br />
premières à Wall Street et n’ont jamais<br />
été confrontés à une concurrence<br />
suite à la page(15)<br />
celle de nombreux pays industrialisés mixte est le seul moyen de développer brut (PIB) par habitant reste faible. Ce<br />
occidentaux. Les dirigeants occidentaux<br />
la productivité nationale et d’amélior-<br />
processus sera long, difficile et plein de<br />
veulent cacher ce fait parce qu’ils er autant que possible le niveau de contradictions et de risques. Toutefois,<br />
ne peuvent pas admettre que les pays développement. L’utilisation de tous il convient de souligner que ce système<br />
socialistes peuvent réussir, et surtout les moyens, y compris l’attraction des présente encore de nombreuses caractéristiques<br />
mieux que les pays capitalistes. investissements étrangers et l’introduction<br />
qui diffèrent clairement du<br />
Je dois dire que l’objectif du PCC<br />
de technologies avancées, ne vise capitalisme, et ces caractéristiques aid-<br />
n’est pas de tout contrôler économiquement,<br />
pas à abandonner le socialisme, mais ent à réaliser le potentiel du socialisme<br />
mais d’avoir un contrôle poli-<br />
à améliorer les conditions de vie de la et l’idéal du socialisme. C’est pourquoi<br />
tique global ; les deux ne sont pas la population et à approfondir continuellement<br />
je recommande de prendre au sérieux<br />
même chose. Les dirigeants chinois ont<br />
le processus de transition du les discours des dirigeants politiques du<br />
déclaré à maintes reprises qu’encourager<br />
socialisme au communisme.<br />
pays.<br />
la coexistence d’activités publiques La Chine est encore un pays en<br />
et privées dans le cadre d’un système développement et son produit intérieur Construire un monde multipolaire<br />
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Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
11
Perspectives<br />
Mali, Burkina, Niger et Sénégal des expériences<br />
souverainistes complémentaires<br />
De gauche à droite : Ibrahim Traore (Burkina Faso), Assimi Goïta (Mali) et<br />
AbdourahamaneTchiani (Niger)<br />
Par Diagne Fodé Roland<br />
Les chantres du néocolonialisme<br />
françafricain, eurafricain et usafricain<br />
s’évertuent à opposer le souverainisme<br />
sénégalais issu des urnes et celui<br />
issu du parachèvement militaire des<br />
luttes des peuples du Mali, du Burkina<br />
Faso et du Niger. Leur doxa doctrinaire<br />
dans le sillage de leurs maîtres impérialistes<br />
est l’apologie décontextualisée de<br />
la « démocratie des urnes » tout comme<br />
la « démocratie multipartite » est<br />
érigée comme l’unique critère opposable<br />
aux démocraties populaires socialistes<br />
cubaine, vietnamienne, chinoise et<br />
coréenne. Leur credo permanent est «<br />
régime démocratique » versus « régime<br />
autoritaire » même si le monde entier<br />
voit de plus en plus la supercherie du<br />
double standard permanent et que la<br />
chimère opposant systématiquement<br />
« les institutions fortes et les hommes<br />
forts » laisse voir la réalité scandaleuse<br />
des Etats hors la loi dans les pays<br />
impérialistes, les pays dépendants et les<br />
néocolonies.<br />
En effet l’histoire montre que la<br />
« démocratie » capitaliste engendre en<br />
temps de crise le fascisme, c’est-à-dire<br />
que la forme démocratique cède la place<br />
en temps de crise à la forme terroriste de<br />
la dictature de classe du capital.<br />
Forme démocratique ou fasciste<br />
sont les moyens institutionnels (la superstructure)<br />
pour préserver coûte que<br />
coûte la propriété privée des moyens de<br />
productions et d’échanges sous le capitalisme<br />
en particulier à son stade suprême<br />
l’impérialisme dont la caractéristique<br />
tendancielle selon Lénine est « la<br />
réaction sur toute la ligne ».<br />
Aux USA, dans les pays de<br />
l’UE, on assiste à la manifestation de<br />
cette tendance réactionnaire avec la<br />
fascisation des pouvoirs libéraux, sociaux<br />
libéraux, écologistes faisant le<br />
lit électoral des partis fascistes qui y<br />
redressent partout la tête. La fascisation<br />
se manifeste par l’islamophobie, la<br />
négrophobie, la romophobie, les nombreux<br />
assassinats racistes policiers, les<br />
interdictions arbitraires des manifestations<br />
de solidarité avec la Palestine, la<br />
criminalisation de l’anti-sionisme, les<br />
atteintes liberticides au droit de grève,<br />
la soumission de plus en plus flagrante<br />
des pouvoirs législatif et judiciaire au<br />
pouvoir exécutif, l’économie de guerre<br />
et les guerres, etc.<br />
Le néocolonialisme, qui n’est<br />
qu’un capitalisme sous développé<br />
dépendant, ne fait que répercuter ces<br />
caractéristiques anti-démocratiques inhérentes<br />
à la dictature de classe de la<br />
bourgeoisie sous la forme multipartite<br />
ou militariste comme l’Afrique l’a connu<br />
avec les coups d’états françafricains<br />
post-1960. Les seules exceptions dans<br />
cette période furent les coups d’État<br />
souverainistes de Thomas Sankara et<br />
jusqu’à un certain point de Jerry Rawlings.<br />
Mali, Burkina, Niger renouent avec<br />
le souverainisme Sankariste<br />
Sankara disait fort justement qu’un «<br />
militaire sans conscience politique est<br />
un criminel en puissance ». Est-on au<br />
Mali, Burkina, Niger en présence d’un<br />
retour au retour des putschs des Eyadéma<br />
assassin de Olympio, Mobutu assassin<br />
de Lumumba, Moussa Traoré<br />
assassin de Modibo, etc ? Ou avonsnous<br />
plutôt affaire au retour des coups<br />
d’états souverainistes types Sankara ou<br />
Rawlings ?<br />
Pour éviter le piège doctrinaire<br />
libéral bourgeois néocolonial opposant<br />
systématiquement et par principe coups<br />
d’états et urnes, il est indispensable de<br />
prendre en compte les facteurs suivants<br />
: - le rapport réel des forces atteint par<br />
les luttes populaires contre les pouvoirs<br />
néocoloniaux, le contexte et les objectifs<br />
pour lesquels la fraction du peuple dans<br />
l’armée est intervenue.<br />
Au Mali, Burkina, Niger, les<br />
peuples se sont insurgés contre la «<br />
démocratie multipartite » des corrupteurs<br />
et des corrompus engendrée par<br />
le prétendu « vent de la démocratie »<br />
vendu par l’impérialisme françafricain,<br />
eurafricain et usafricain dans les années<br />
90 contre les putschistes militaristes<br />
qu’ils avaient soutenu dans la période<br />
précédente pour renverser les pouvoirs<br />
souverainistes (Olympio, Modibo, Lumumba,<br />
etc) qui avaient été portés au<br />
pouvoir lors de la première phase de la<br />
lutte indépendantiste en Afrique.<br />
La « démocratie multipartite » et<br />
« l’individualisme technocratique » devenaient<br />
ainsi les deux mamelles principales<br />
de l’intégration des gouvernances<br />
libérales néocoloniales dans la mondialisation<br />
libérale pilotée par le Fond<br />
Monétaire Internationale, la Banque<br />
Mondiale et l’OMC.<br />
Le « there is no alternativ » au<br />
libéralisme était la pensée unique sous<br />
le vernis de la « démocratie multipartite<br />
» devenue des « démocratures » qui<br />
affament le peuple et enrichissent en<br />
milliards de francs cfa des bureaucraties<br />
d’États néocoloniales.<br />
Le chemin le plus court pour<br />
devenir milliardaire est d’être ministre<br />
ou PDG des multiples agences parapubliques<br />
pendant que les secteurs<br />
stratégiques (eau, électricité, télécoms,<br />
ports, chemins de fer, aviation, le foncier,<br />
les mines, etc) étaient bradés aux<br />
privés surtout impérialistes par suite de<br />
la dévaluation du franc cfa.<br />
Ces politiques libérales livraient<br />
les économies nationales aux privés<br />
étrangers au nom de la « croissance<br />
du PIB » tout en interdisant les recrutements<br />
dans la fonction publique<br />
finirent par conduire aux tragédies de<br />
l’émigration piroguière meurtrière et<br />
aux sans papiers traqués et surexploités<br />
par l’économie souterraine des pays de<br />
l’UE, des USA, du Canada, etc.<br />
Vient se surajouter l’insécurité<br />
permanente provoquée par le djihado-terrorisme<br />
dans le Sahel à partir de<br />
la destruction criminelle de la Libye.<br />
Cette infestation du Mali, du Burkina,<br />
du Niger est consécutive de la stratégie<br />
US/UE/Otanienne des « guerres de<br />
religions, des cultures, des civilisations<br />
» n’ayant d’autres objectifs réels que la<br />
mainmise des firmes capitalistes impérialistes<br />
sur les richesses du sol et du sous<br />
sol africain.<br />
« Démocratures » et insécurité<br />
djihado-terroriste ont été le terreau des<br />
révoltes populaires au Mali, Burkina,<br />
Niger et de la découverte puis la prise de<br />
conscience dans ces peuples et la fraction<br />
nationaliste des armées de ces pays<br />
de la duplicité des impérialistes faisant<br />
semblant de soutenir les États néocoloniaux<br />
tout en étant complices des terroristes<br />
séparatistes comme l’a révélé au<br />
grand jour le refus par l’armée française<br />
que l’armée malienne entre dans Kidal.<br />
Les luttes populaires ont renversé<br />
au Burkina l’assassin de Sankara, cidevant<br />
dictateur de la « démocratie multipartite<br />
». Ce fut le cas au Mali d’ ATT,<br />
puis IBK et au Niger de Bazoum. Tous<br />
ces « présidents élus démocratiquement<br />
» par la fraude ont été chassés du pouvoir<br />
de la « démocrature » après avoir<br />
réprimé de façon sanglante la résistance<br />
populaire. Les militaires de terrain qui<br />
ont défendu au quotidien l’intégrité<br />
territoriale, l’unité nationale contre l’insécurité<br />
endémique du terrorisme et la<br />
duplicité des impérialistes ont décidé de<br />
parachever la volonté populaire en renversant<br />
les apatrides.<br />
Ces régimes militaires de transition<br />
se sont fixés comme tâche principale<br />
de rétablir l’intégrité et l’unité territoriale<br />
et nationale contre les menées<br />
spoliatrices des impérialistes et contre<br />
la servilité de l’UEMOA/CEDEAO. Ce<br />
faisant, ils ont été amenés à forger leur<br />
union panafricaine sur le plan militaire,<br />
puis œuvrent maintenant à le prolonger<br />
sur les plans politique et économique<br />
tout en développant une coopération<br />
souveraine avec les BRICS+ contre<br />
l’hégémonisme prédateur séculaire de<br />
l’impérialisme françafricain, eurafricain,<br />
usafricain.<br />
Après deux alternances libérales, le<br />
Sénégal s’oriente vers l’alternative<br />
souverainiste<br />
Par deux fois l’espérance de changement<br />
au Sénégal a été déçue, de surcroît<br />
avec, comme au Mali et au Burkina, des<br />
trahisons de la gauche révolutionnaire<br />
communiste qui a jeté le bébé souverainiste<br />
avec l’eau du bain de la participation<br />
à des pouvoirs sociaux libéraux<br />
(PS) et libéraux (PDS, APR/BBY). Les<br />
renégats de la gauche communiste considérant<br />
que « le mouvement est tout, le<br />
but n’est rien » ont tout simplement jeté<br />
aux orties l’enseignement suivant de<br />
Engels : « Après la victoire commune,<br />
on pourrait nous offrir quelques sièges<br />
au nouveau gouvernement - mais<br />
toujours en minorité. Cela est le plus<br />
grand danger. Après février 1848, les<br />
démocrates socialistes français (...) ont<br />
commis la faute d’accepter des sièges<br />
pareils. Minorité au gouvernement des<br />
républicains purs, ils ont partagé volontairement<br />
la responsabilité de toutes<br />
les infamies votées et commises par la<br />
majorité, de toutes les trahisons de la<br />
classe ouvrière à l’intérieur. Et pendant<br />
que tout cela se passait, la classe ouvrière<br />
était paralysée par la présence<br />
au gouvernement de ces messieurs,<br />
qui prétendaient l’y représenter » (La<br />
révolution italienne à venir et le Parti<br />
Socialiste – P.486). C’est là que réside la<br />
source de cette scandaleuse absence du<br />
mouvement syndical dans la lutte qui<br />
a débouché au Sénégal sur la victoire<br />
électorale du camp souverainiste.<br />
La nature ayant horreur du vide,<br />
la jeunesse souverainiste désillusionnée<br />
par l’immensité de la mal-gouvernance<br />
et ayant marre de risquer sa vie<br />
dans l’émigration piroguière meurtrière<br />
a rempli le vide politique contre la «<br />
démocrature multipartite » des corrupteurs<br />
et des corrompus comme au Mali,<br />
Burkina, Niger et bientôt dans les autres<br />
pays d’Afrique.<br />
Ayant gagné l’hégémonie culturelle<br />
du souverainisme dans la jeunesse,<br />
puis dans le peuple, l’offre politique<br />
patriotique avec un parti-front<br />
rassemblant les courants souverainistes<br />
libéral, conservateur et révolutionnaire<br />
dans Pastef/Les Patriotes et doté des<br />
leaders charismatiques comme Sonko,<br />
Diomaye, Guy Marius, etc est devenue<br />
majoritaire dans le pays.<br />
Le camp souverainiste est entré<br />
en résistance contre les complots, embastillements,<br />
tortures, assassinats de<br />
l’État hors la loi de Macky/APR/BBY<br />
rejoints un moment par le PDS et d’autres<br />
concurrents transfuges avant que<br />
le peuple ne le fasse triompher dans les<br />
urnes.<br />
La différence entre la victoire du<br />
souverainisme au Mali, Burkina, Niger<br />
et le Sénégal réside dans les formes<br />
d’accès au pouvoir déterminées par les<br />
trajectoires historiques distinctes. Dans<br />
les trois premiers pays, les coups d’État<br />
françafricains ont favorisé une tradition<br />
d’intervention des militaires dans<br />
les conflits politiques qui ont ouvert la<br />
voie à des contre-exemples souverainistes<br />
types Sankara et/ou Rawlings. Au<br />
Sénégal, le seul coup d’État fut civil,<br />
celui de LS Senghor contre Mamadou<br />
Dia en 1962 sans intervention directe<br />
de l’armée. Dans tous nos pays, les alternances<br />
néocoloniales ont montré que<br />
changer les hommes au pouvoir soumis<br />
aux diktats libéraux du FMI, de la Banque<br />
Mondiale, ce n’est ni changer de<br />
politique, donc la vie des populations, ni<br />
retrouver notre indépendance nationale.<br />
Le nécessaire panafricanisme des<br />
transitions militaires et élections<br />
souverainistes<br />
Les trajectoires et formes différentes ne<br />
doivent pas nous cacher le lien dialectique<br />
entre « mouvement et but » dans<br />
la quête du souverainisme dans cette<br />
seconde phase de libération nationale<br />
et panafricaine. Les expériences en<br />
cours fraient des chemins reflétant tout<br />
simplement des histoires nationales<br />
spécifiques à chacun des pays. Il n’y a<br />
pas et ne peut y avoir de modèle unique<br />
par lequel chaque pays doit passer.<br />
Les formes nationales dans lesquelles<br />
s’expriment les lois des processus de<br />
transformations révolutionnaires sont<br />
incontournables conformément aux lois<br />
du matérialisme dialectique. Pour comprendre<br />
cela il faut comme l’enseignement<br />
le matérialisme dialectique séparé<br />
« l’apparent de l’essence » selon la juste<br />
expression de Lénine. L’apparent ici<br />
réside dans les formes nationales propres,<br />
l’essence est dans l’option souverainiste<br />
de chaque expérience en cours<br />
manifestant la tendance historique actuelle<br />
de la lutte du monde du travail et<br />
des peuples contre la « mondialisation »<br />
libéral du capitalisme impérialiste.<br />
Les expériences de l’AES et du<br />
Sénégal vont devoir converger en<br />
fonction de l’avancée de la consolidation<br />
du souverainisme dans chacun<br />
des pays. En effet, dans chacun d’eux,<br />
le nouveau pouvoir souverainiste de<br />
transition militaire ou élu a hérité d’un<br />
État néocolonial qui perdure depuis des<br />
De gauche à droite : le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier<br />
ministre Ousmane Sonko<br />
décennies. L’assainissement progressif<br />
de l’appareil d’État néocolonial, la lutte<br />
contre la bourgeoisie bureaucratique<br />
compradore et la force des habitudes<br />
serviles pro-impérialistes, la pénétration<br />
peu à peu de l’esprit du « don de soi »<br />
souverainiste et l’exemplarité, l’éthique,<br />
la morale dans la gouvernance des responsables<br />
seront des facteurs importants<br />
pour la consolidation du souverainisme<br />
d’État.<br />
Au Mali, Burkina, Niger, la transition<br />
militaire peut et doit relever le<br />
défi d’associer les vraies forces vives<br />
politiques, syndicales, associatives et<br />
populaires souverainistes du pays dans<br />
le cadre des politiques d’union nationale<br />
démocratique des nationalités<br />
composant le peuple tout en poursuivant<br />
la lutte armée sans concession contre<br />
l’insécurité djihado-terroriste et les<br />
manigances des impérialistes. Le nécessaire<br />
passage de la transition militaire à<br />
l’élection civile doit assurer la poursuite<br />
et la transmission de l’expérience souverainiste<br />
en cours. Une recomposition<br />
politique est à l’horizon portée par la<br />
jeunesse, y compris au sein de la fraction<br />
de la gauche qui n’a pas trahi son<br />
engagement révolutionnaire.<br />
Au Sénégal, la consolidation du<br />
souverainisme passe par le congrès du<br />
parti-front Pastef/Les Patriotes avant<br />
et pour préparer les législatives pendant<br />
que se poursuivent les audits de<br />
la gestion calamiteuse voleuse du pouvoir<br />
néocolonial déchu. Le Congrès de<br />
Pastef/Les Patriotes doit à la fois concrétiser<br />
du sommet à la base les fusions<br />
annoncées, dépasser la nature provisoire<br />
des organes, structures, responsables<br />
du parti pour le mettre en rang de<br />
bataille pour gagner les législatives puis<br />
les locales. Le parti doit être la cheville<br />
ouvrière de la poursuite de la mobilisation<br />
du peuple pour préparer l’inévitable<br />
bras de fer avec les impérialistes au moment<br />
de la concrétisation du souverainisme<br />
économique.<br />
Pastef/Les Patriotes et les Organisations<br />
de la Société Civile (OSC)<br />
souverainistes doivent continuer leur<br />
travail de liaison avec les masses populaires<br />
pour contrer la propagande néocoloniale<br />
et impérialiste qui fera tout pour<br />
faire échouer l’expérience en cours.<br />
Il n’y a donc aucune raison<br />
sérieuse d’opposer les expériences<br />
souverainistes nationales en cours et<br />
celles à venir qui épouseront toutes<br />
des formes nationales spécifiques mais<br />
s’orientent nécessairement, si elles<br />
veulent tenir les promesses indépendantistes,<br />
vers l’union panafricaine des<br />
pays souverains d’Afrique sans et contre<br />
les bourgeoisies compradores valets<br />
de l’impérialisme sur fond d’avènement<br />
du monde multilatéral versus le monde<br />
unilatéral sous hégémonie de l’impérialisme<br />
US/UE/Otan.<br />
Refaisons revivre le chemin de<br />
fer Dakar/Bamako pour retrouver la<br />
voie de la Fédération du Mali et de la<br />
fondation du RDA au congrès d’octobre<br />
1946 à Bamako sabotées par le néocolonialisme<br />
françafricain.<br />
Diagne Fodé Roland 05 <strong>Mai</strong> 24<br />
12 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
Perspectives<br />
Sonko enterre le Sénégal néocolonial Néolibéralisme contre<br />
démocratie<br />
Ousmane Sonko et Jean-Luc Mélenchon en conférence à l’UCAD<br />
Par Saïd Bouamama<br />
En invitant Jean-Luc Mélenchon à<br />
Dakar, Ousmane Sonko a fait coup<br />
double. D’une part, rappeler au locataire<br />
pétainiste de l’Elysée, Emmanuel<br />
Macron, son soutien à la<br />
dérive dictatoriale de Macky Sall qui<br />
a, entre autres, interdit le parti de<br />
Sonko et fait du futur Premier ministre<br />
un prisonnier politique. D’autre<br />
part, donner un peu d’air anticolonialiste<br />
au leader de La France Insoumise<br />
(LFI) dont les ténors sont<br />
chaque jour diabolisés par l’État<br />
français et ses médias « israélo-embarqués<br />
», notamment pour leur inflexible<br />
opposition au génocide perpétré<br />
à Gaza par l’État colonial et<br />
d’apartheid. (I’A)<br />
Le 16 mai dernier, le nouveau<br />
premier ministre sénégalais, Ousmane<br />
Sonko, a tenu une conférence<br />
conjointe avec Jean-Luc Mélenchon<br />
devant les étudiants de l’Université<br />
Cheik Anta Diop de Dakar.<br />
Au cours de celle-ci, il a précisé<br />
qu’il s’exprimait en tant que dirigeant<br />
de son parti, le PASTEF et non en<br />
tant que Premier ministre. Cette précision<br />
lui a permis d’exposer le fond<br />
de sa pensée politique et stratégique,<br />
au-delà des prudences diplomatiques<br />
liées à sa fonction officielle.<br />
A bien des égards, cette intervention<br />
confirme un changement<br />
d’époque en Afrique de l’Ouest avec<br />
l’émergence d’une nouvelle génération<br />
anticoloniale.<br />
Discours souverainiste et<br />
panafricaniste<br />
Le premier trait marquant de l’intervention<br />
du nouveau premier ministre<br />
sénégalais est le refus de la langue de<br />
bois et de l’amnésie. Ousmane Sonko<br />
rappelle ainsi que le gouvernement<br />
français et de nombreux gouvernements<br />
européens ont soutenu, totalement<br />
et jusqu’au bout, l’ancien<br />
chef de l’État sénégalais, Macky Sall,<br />
en dépit de la violation à plusieurs<br />
reprises de la Constitution, de la répression<br />
meurtrière de l’opposition<br />
et des manifestations publiques, de<br />
l’interdiction du parti d’opposition<br />
Pastef, de l’arrestation de nombreux<br />
cadres de ce parti dont Sonko luimême.<br />
Rappelant ces faits, il précise<br />
: « Vous n’avez jamais entendu le<br />
gouvernement français dénoncer ce<br />
qui s’est passé. Emmanuel Macron<br />
a accueilli et félicité son homologue<br />
sénégalais au pire moment de la<br />
répression. C’est de fait une incitation<br />
à la répression, une incitation<br />
à la persécution et à l’exécution de<br />
Sénégalais qui n’avaient commis<br />
d’autres crimes que d’avoir un projet<br />
politique. Beaucoup de gouvernants<br />
français s’accommodaient mal de<br />
notre discours souverainiste, ce qui<br />
explique le silence approbateur face<br />
à la répression contre notre parti<br />
politique. Beaucoup de gouvernements<br />
européens sont restés dans un<br />
mutisme approbateur ».<br />
Abordant la question de son<br />
analyse de l’Alliance des États du<br />
Sahel, Ousmane Sonko a dénoncé les<br />
tentatives de division entre les trois<br />
États de l’AES et le Sénégal. Depuis<br />
plusieurs semaines en effet une campagne<br />
visant à opposer ces deux<br />
expériences de ruptures avec l’ordre<br />
néocolonial en présentant les premiers<br />
comme dictatoriaux et le second<br />
comme démocratique se développent<br />
dans de nombreux médias européens.<br />
Répondant à ces tentatives de<br />
division, le chef du gouvernement<br />
sénégalais explique : « Nous ne<br />
lâcherons pas nos frères du Sahel et<br />
nous ferons tout pour raffermir les<br />
liens et leur apporter notre solidarité.<br />
Ceux qui aujourd’hui condamnent<br />
des régimes présentés comme des régimes<br />
militaires ou dictatoriaux sont<br />
pourtant enclin à aller vers d’autres<br />
régimes qui ne sont pas démocratiques<br />
lorsqu’il s’agit de négocier du<br />
pétrole ou des marchés. […] Certes,<br />
il y a eu des coups d’État et personne<br />
n’encourage la commission de coups<br />
d’État mais je refuse de faire partie<br />
de ceux qui analysent les symptômes<br />
et refusent d’analyser les causes<br />
réelles de ces coups d’État ».<br />
Se penchant sur les liens<br />
économiques entre l’Europe en<br />
général et la France en particulier,<br />
d’une part, et le Sénégal, d’autre<br />
part, le Premier ministre sénégalais<br />
a dénoncé leurs dimensions léonines<br />
et de spoliation : « Jusque-là, nous<br />
avons surtout observés des relations<br />
léonines au profit de l’Europe et de<br />
la France, assises sur des schémas<br />
historiques de spoliation ». Logiquement<br />
Ousmane Sonko appelle à modifier<br />
ces relations vers un rapport<br />
basé « sur la justice, le dialogue et le<br />
respect mutuel ».<br />
Sortir (enfin) du Franc CFA<br />
Les deux sujets sur lesquels le premier<br />
ministre sénégalais était attendus<br />
révèle une volonté de changement<br />
toute aussi importante. Il s’agit en effet<br />
de la sortie éventuelle de la monnaie<br />
coloniale qu’est le Franc CFA et<br />
de la présence des troupes françaises<br />
sur le territoire sénégalais.<br />
Sur la question monétaire, Ousmane<br />
Sonko a réaffirmé sa volonté<br />
de s’atteler à une réforme monétaire<br />
globale sans laquelle a-t-il rappelé<br />
aucune souveraineté réelle n’est possible.<br />
Cette réforme monétaire doit,<br />
selon le premier ministre, remettre en<br />
cause le franc CFA : « La monnaie,<br />
tout autant que l’impôt, est un puissant<br />
levier économique et un instrument<br />
de souveraineté […]. On ne<br />
peut pas imaginer une seconde que<br />
la France puisse avoir une monnaie<br />
qui ne lui appartient pas véritablement.<br />
Aucun État digne de ce nom<br />
ne doit sous-traiter sa monnaie […].<br />
Nous nous acheminons sûrement<br />
vers ces réformes ».<br />
Prenant l’Histoire à témoin,<br />
Ousmane Sonko rappelle que Charles<br />
De Gaulle lui-même s’était, à juste titre,<br />
opposé, en 1944, à la monnaie<br />
proposée par les Etats-Unis pour la<br />
France, appelée alors « billet drapeau<br />
». Analysant les effets économiques<br />
du Franc CFA, l’orateur a précisé<br />
que l’arrimage sur l’Euro affaiblissait<br />
de manière permanente l’économie<br />
sénégalaise : « Presqu’aucun pays<br />
africain ne peut s’endetter en devises<br />
locales. Et cela doit cesser parce que<br />
nous en subissons les contrecoups.<br />
Nous voulons une monnaie flexible,<br />
arrimée à au moins deux devises, à<br />
même d’amortir les chocs exogènes<br />
et de renforcer notre compétitivité à<br />
l’exportation ».<br />
Cette réforme monétaire d’ensemble<br />
doit cependant se construire<br />
sur des bases solides afin de limiter<br />
les effets négatifs immédiats de sortie<br />
du franc CFA. L’existence d’une<br />
balance commerciale excédentaire est<br />
ainsi une condition importante de la<br />
réussite de la nouvelle monnaie. De<br />
même la perspective que cette monnaie<br />
puisse être une monnaie sous-régionale<br />
en commun avec les États de<br />
l’Alliance des États du Sahel renforce<br />
sa viabilité économique.<br />
Bases militaires étrangères non<br />
gratta<br />
Le second sujet crucial, sur lequel le<br />
gouvernement français attendait ce<br />
premier discours d’Ousmane Sonko<br />
depuis sa prise de fonction, est celui<br />
de la présence militaire française au<br />
Sénégal. Sur ce point également la<br />
volonté de changement est manifeste<br />
: « Quelles sont les raisons pour<br />
lesquelles la France multiplie ses bases<br />
militaires au Sénégal. Pourquoi<br />
cette faveur ? Plus de soixante ans<br />
après nos indépendances, nous devons<br />
nous interroger sur les raisons<br />
pour lesquelles l’armée française par<br />
exemple bénéficie toujours de plusieurs<br />
bases militaires dans nos pays,<br />
et sur l’impact de cette présence sur<br />
notre souveraineté nationale et notre<br />
autonomie stratégique » interroge le<br />
premier ministre.<br />
Pour ensuite rappeler la volonté<br />
du Sénégal de disposer lui-même de<br />
ces bases et de ne plus sous-traiter<br />
sa politique de défense à un État<br />
étranger : « Je réitère ici la volonté<br />
du Sénégal de disposer de lui-même,<br />
laquelle volonté est incompatible<br />
avec la présence durable de bases<br />
militaires étrangères au Sénégal ».<br />
L’ensemble de ces précisions<br />
et rappels politiques des positions<br />
antérieures du leader sénégalais s’est<br />
en outre déroulé dans le cadre d’une<br />
décision symbolique, lourde de significations.<br />
Depuis l’indépendance en effet,<br />
tous les présidents sénégalais ont<br />
donné la primeur de la première visite<br />
officielle après les scrutins présidentiels<br />
au chef de l’état français. Non<br />
seulement cela n’est plus le cas mais<br />
en invitant Jean-Luc Mélenchon,<br />
symbole de la principale force d’opposition<br />
à Macron, le premier ministre<br />
sénégalais réaffirme fortement<br />
sa volonté de mettre fin au Sénégal<br />
néocolonial.<br />
Procès médiatique en<br />
homophobie<br />
Malgré l’importance stratégique de<br />
ces prises de positions et rappels, de<br />
nombreux titres de presse ont centrés<br />
leurs compte-rendu sur un seul aspect<br />
de la position d’Ousmane Sonko,<br />
celle concernant les droits des homosexuels.<br />
Sur cette question, le premier<br />
ministre sénégalais a ainsi déclaré :<br />
« Les velléités extérieures de nous<br />
imposer l’importation de modes de<br />
vie et de pensée contraires à nos<br />
valeurs risquent de constituer un<br />
nouveau casus belli. Je respecte le<br />
fait que ce débat soit érigé en débat<br />
prioritaire au sein des opinions occidentales<br />
mais au Sénégal ce débat<br />
soulève énormément de tensions et<br />
Par Emir Sader<br />
Quand Javier Milei, le plus extrême<br />
des néolibéraux, revendique le mot<br />
« libertaire », il s’approprie un dérivé<br />
du mot « liberté ».<br />
Le libéralisme est destiné à promouvoir,<br />
selon ses propres termes, la<br />
libération de l’oppression de l’État, qui<br />
n’était pas une solution, mais un problème.<br />
En faisant coïncider la liberté et<br />
le marché, on fait coïncider l’État avec<br />
l’oppression. Une société sans Etat–ou<br />
un état minimal–serait la meilleure expression<br />
d’une société fondée sur la<br />
liberté.<br />
Libertaire, un mot qui devrait exprimer<br />
la lutte pour la liberté, finit par<br />
exprimer la lutte pour la domination du<br />
marché et des grands monopoles qui<br />
contrôlent le marché.<br />
En cherchant la marchandisation<br />
générale de la société, le néolibéralisme<br />
attaque directement les droits des gens.<br />
Il promeut le pouvoir des patrons aux<br />
dépens des droits des personnes qui les<br />
transforment en citoyens.<br />
La marchandisation des relations<br />
sociales cherche à tout transformer en<br />
marchandise. Elle désintègre la société,<br />
l’État, fragmente toutes les relations<br />
sociales en transformant tous en<br />
marchandise. Transformer des droits<br />
en marchandises avec un prix qu’on<br />
peut acheter et vendre.<br />
À travers ce mécanisme, le<br />
néolibéralisme, corrode la démocratie<br />
et l’État de droit en fragment la société<br />
et l’État, de façon absolue et en isolant<br />
les individus les uns des autres.<br />
On suppose que les sociétés<br />
dans lesquelles va prévalent<br />
d’incompréhensions tant elle met<br />
face à face des cultures, des civilisations<br />
et des systèmes politiques à la<br />
vision diamétralement opposée. Le<br />
phénomène dont je viens de parler<br />
n’est pas accepté, il est toléré. Le plus<br />
grand danger que peuvent encourir<br />
les membres de ces communautés<br />
c’est la propagande qu’on veut nous<br />
imposer. Nous avons dépassé l’époque<br />
où les Africains pouvaient se<br />
faire manipuler par quelque peuple,<br />
quelque régime que ce soit ».<br />
Comme on peut l’entendre ce<br />
qui est condamné ici, c’est l’instrumentalisation<br />
politique de la question<br />
LGBT à des fins politiques d’ingérence.<br />
Cela a suffit pour que cette<br />
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les marchandises sont les plus libres,<br />
les plus démocratiques et les plus libertaires.<br />
<strong>Mai</strong>s, en réalité, ce sont les<br />
sociétés les plus inégales, avec le taux<br />
d’exclusion sociale le plus important,<br />
avec le plus de violence et de répression.<br />
Une société comme Cuba, qui est<br />
la plus solidaire de toutes, est la société<br />
dans laquelle il y a le plus de droits et le<br />
moins d’exclusion sociale–même avec<br />
toutes les difficultés dont elle souffre<br />
aujourd’hui–, une société avec le taux<br />
de violence le plus faible du monde.<br />
C’est une société anti-néolibérale.<br />
Une société comme la société<br />
nord-américaine est probablement la<br />
société du monde dans laquelle il y<br />
a le plus d’inégalités entre riches et<br />
pauvres, entre richesse et pauvreté, la<br />
plus violente de toute avec la quantité<br />
d’armes disséminées dans toute la société<br />
la plus importante. C’est une société<br />
néolibérale dans son essence.<br />
En ce qui concerne la démocratie,<br />
plus de droits consacrés, moins de<br />
néolibéralisme. Plus de néolibéralisme,<br />
moins de démocratie, moins de droits.<br />
La meilleure façon de lutter contre<br />
le néolibéralisme est d’affirmer la<br />
démocratie dans la société avec des<br />
droits qui touchent tout le monde et garantis<br />
par l’État. La meilleure façon de<br />
lutter pour le libéralisme est d’affaiblir<br />
l’État, de détruire les droits des gens,<br />
d’affirmer l’individualité en tant que<br />
valeur absolue.<br />
Ou démocratie ou néolibéralisme.<br />
Ou néolibéralisme ou démocratie.<br />
Résumé latino-américain,<br />
23 mai <strong>2024</strong>.<br />
Traduction Françoise Lopez<br />
Bolivar Infos 24 <strong>Mai</strong> <strong>2024</strong><br />
question occulte presqu’entièrement<br />
les autres questions essentielles que<br />
sont celles des liens néocoloniaux, de<br />
la sortie du franc CFA, de la solidarité<br />
avec l’Alliance des États du Sahel,<br />
du départ des troupes françaises du<br />
Sénégal, etc.<br />
Un nouveau vent anticolonial<br />
souffle réellement en Afrique de<br />
l’Ouest du Niger au Mali en passant<br />
par le Burkina Faso et le Sénégal. S’il<br />
est encore trop tôt pour savoir s’il<br />
sera en mesure de résister aux futures<br />
ingérences prévisibles, ce vent est<br />
néanmoins porteur d’espoirs populaires<br />
énormes.<br />
Investig’Action 23 mai <strong>2024</strong><br />
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Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
13
Perspectives<br />
« Pas de génocide à Gaza »:<br />
Biden s’emporte contre la CPI<br />
Contrairement aux allégations de la Cour internationale de justice<br />
(CIJ) contre Israël, ce qui se passe n’est pas un génocide. Nous<br />
récusons ces allégations », a déclaré M. Biden lors d’un discours à la<br />
<strong>Mai</strong>son Blanche.<br />
Par The Cradle<br />
Le président américain a reproché à la CPI de<br />
mettre sur un pied d’égalité les responsables<br />
israéliens et les dirigeants du Hamas, également<br />
accusés de crimes de guerre par la Cour<br />
de La Haye.<br />
Le président américain Joe Biden a fustigé le<br />
20 mai la décision de la CPI de demander<br />
des mandats d’arrêt contre le Premier ministre<br />
israélien Benjamin Netanyahu et son ministre<br />
de la Défense, la qualifiant de “scandaleuse”<br />
et niant le génocide perpétré par Israël dans<br />
la bande de Gaza. « Contrairement aux allégations<br />
de la Cour internationale de justice<br />
(CIJ) contre Israël, ce qui se passe n’est pas un<br />
génocide. Nous récusons ces allégations », a<br />
déclaré M. Biden lors d’un discours à la <strong>Mai</strong>son<br />
Blanche. « La demande du procureur de la CPI<br />
de délivrer des mandats d’arrêt contre des dirigeants<br />
israéliens est scandaleuse. »<br />
Joe Biden a vivement critiqué le procureur<br />
de la CPI, Karim Khan, pour avoir assimilé<br />
la conduite des ministres israéliens à celle des<br />
dirigeants du Hamas, Yahya Sinwar, Mohammed<br />
Deif et Ismail Haniyeh – qui, aux côtés du<br />
Premier ministre et du chef de la défense, ont<br />
été accusés de crimes de guerre. « Je vais être<br />
très clair : quoi que ce procureur puisse laisser<br />
entendre, il n’y a pas d’équivalence – aucune<br />
– entre Israël et le<br />
Hamas. Nous nous<br />
tiendrons toujours<br />
aux côtés d’Israël<br />
face aux menaces<br />
qui pèsent sur sa<br />
sécurité », a ajouté<br />
le président.<br />
Le secrétaire<br />
d’État américain<br />
Anthony Blinken a<br />
également déclaré<br />
dans un communiqué<br />
que la décision de la<br />
CPI était “honteuse”.<br />
Il a ajouté que, bien<br />
qu’Israël ne soit pas<br />
membre de la CPI, il<br />
est prêt à coopérer<br />
avec le procureur de<br />
la CPI.<br />
Selon M.<br />
Blinken, le personnel<br />
de M. Khan devait se<br />
rendre en Israël lundi.<br />
Deux fonctionnaires<br />
israéliens ont déclaré<br />
à Axios que les États-<br />
Unis et le Royaume-Uni<br />
avaient aidé<br />
à organiser la visite<br />
et que Netanyahu<br />
avait accepté pour<br />
la première fois de<br />
collaborer avec le<br />
bureau du procureur<br />
et de lui permettre<br />
d’entrer dans des<br />
zones spécifiques de<br />
la bande de Gaza.<br />
Blinken a<br />
ajouté que malgré la<br />
visite prévue, l’équipe<br />
de M. Khan a informé Israël qu’elle ne<br />
prendrait pas ce vol, ce qui, selon le secrétaire<br />
d’État « remet en question la légitimité et la<br />
crédibilité de cette enquête ».<br />
Des fonctionnaires américains et israéliens<br />
ont déclaré à Axios que la décision de<br />
demander des mandats d’arrêt avait “sapé” les<br />
récentes discussions en coulisses entre Khan,<br />
les États-Unis et Israël pour discuter de l’enquête.<br />
Cette nouvelle intervient alors que les législateurs<br />
américains ont menacé la CPI de sanctions<br />
si des mandats d’arrêt étaient délivrés à<br />
l’encontre de dirigeants israéliens. « Ciblez<br />
Israël et nous vous ciblerons » ont dit les<br />
sénateurs à Khan dans une lettre très ferme au<br />
début du mois, ajoutant qu’ils « sanctionneront<br />
vos collaborateurs et associés, et vous interdiront,<br />
ainsi qu’à vos familles, l’accès aux<br />
États-Unis ».<br />
Le 20 mai, M. Netanyahu a qualifié cette<br />
décision d’ « outrage moral aux proportions<br />
historiques » et a déclaré qu’elle entacherait<br />
de façon permanente la réputation de la CPI.<br />
Le premier ministre a ajouté que ces mandats<br />
équivalaient à comparer l’ancien président<br />
américain George Bush à Oussama ben Laden<br />
après les attentats du 11 septembre 2001.<br />
The Cradle 21 mai <strong>2024</strong><br />
Arrêt sur info — 21 mai <strong>2024</strong><br />
Bernie Sanders : « Gaza<br />
pourrait devenir le Vietnam<br />
de Joe Biden »<br />
Par Sharon Zhabg<br />
Le sénateur Bernie Sanders s’exprime lors<br />
d’une conférence de presse au Capitole,<br />
le 8 octobre 2021, à Washington. Anna<br />
Moneymaker / Getty Images<br />
« Biden se met dans une situation où il s’est<br />
aliéné non seulement les jeunes, mais aussi une<br />
grande partie de la base Démocrate. »<br />
Le président Joe Biden a prononcé jeudi un discours<br />
glacial demandant aux étudiants manifestants<br />
en faveur de la Palestine de se calmer. Le<br />
sénateur Bernie Sanders (Indépendant-Vermont) a<br />
averti que le président risquait de se mettre à dos<br />
une grande partie de sa propre base alors qu’il est<br />
confronté à une situation qui fait écho aux manifestations<br />
massives de 1968 pour protester contre<br />
la guerre du Viêtnam.<br />
Affirmant que les étudiants pro-palestiniens<br />
de l’université de Columbia et de plus de 100 autres<br />
campus du pays manifestent pour des « raisons<br />
légitimes », le sénateur a déclaré que Biden<br />
se dressait contre sa propre base politique, et en<br />
fait, à la majorité du pays en continuant de soutenir<br />
l’assaut génocidaire d’Israël contre Gaza. «<br />
Lorsque j’étais jeune, j’ai participé à des manifestations<br />
en faveur des droits civiques. J’ai été<br />
arrêté alors que j’occupais le bureau de l’administration<br />
de l’université de Chicago, parce qu’il y<br />
avait du racisme et de la ségrégation à l’époque<br />
», a déclaré Sanders lors d’une interview accordée<br />
à Christiane Amanpour sur CNN. « La vérité, c’est<br />
que s’il n’y avait pas eu de protestations, de sitin<br />
et de manifestations, nous n’aurions pas fait<br />
les progrès que nous avons accomplis dans ce<br />
pays. »<br />
Il a poursuivi en critiquant, de manière indirecte<br />
semble-t-il, les propos tenus jeudi par Biden<br />
qui fustigeait les étudiants en raison de leur contestation.<br />
Dans un bref discours destiné aux manifestants,<br />
Biden a déclaré : « La dissidence ne doit<br />
jamais conduire au désordre » et « l’ordre doit<br />
prévaloir » sur les manifestations visant à perturber<br />
la vie normale pour exiger la fin du génocide<br />
de Gaza. Ce discours a été prononcé après une<br />
semaine de violente répression policière des manifestations,<br />
entraînant l’hospitalisation de dizaines<br />
d’étudiants à travers le pays pour leur soutien aux<br />
droits des Palestiniens.<br />
« Le droit à la dissidence, le droit de manifester,<br />
c’est exactement ce que prévoit le Premier<br />
amendement de la Constitution des États-Unis<br />
», a déclaré Sanders. « C’est ce qui fait que nous<br />
sommes un pays libre. Être un pays libre signifie<br />
que si quelqu’un sort et manifeste, vous n’êtes<br />
pas obligé d’être d’accord avec lui. Il en a le droit.<br />
C’est la différence entre autocratie, dictature et<br />
un pays libre. »<br />
Il a ajouté que cette situation constituait un<br />
test crucial pour Biden, de la même manière que<br />
les révoltes contre la guerre du Viêtnam en 1968<br />
avaient constitué un test pour les responsables<br />
politiques. À l’époque, le mouvement anti-guerre<br />
avait suivi le président Lyndon B. Johnson lors<br />
de ses déplacements de campagne – de la même<br />
manière que les défenseurs des droits des Palestiniens<br />
protestent aujourd’hui contre Biden et son<br />
administration lors d’événements publics – en raison<br />
de l’escalade de la guerre, et Johnson avait fini<br />
par abandonner sa campagne de réélection.<br />
« En termes de campagne, on pourrait bien<br />
vivre le Vietnam de Biden, a déclaré Sanders.<br />
Lyndon Johnson, à bien des égards, a été un très,<br />
très bon président, qui a proposé des lois importantes<br />
sur le plan intérieur. Il a choisi de ne pas<br />
se présenter en 68 en raison de l’opposition à ses<br />
positions concernant le Viêtnam. »<br />
« Je crains fort que le président Biden ne<br />
se mette dans une position où il s’est aliéné non<br />
seulement les jeunes, mais aussi une grande partie<br />
de la base du parti démocrate, en raison de ses<br />
opinions sur Israël, a poursuivi le sénateur. J’espère<br />
vraiment que, d’un point de vue politique et<br />
moral, le président cessera de donner un chèque<br />
en blanc au Premier ministre israélien Benjamin<br />
Netanyahou. Et j’espère qu’ils comprendront que<br />
d’un point de vue politique, cela n’a pas été utile,<br />
bien au contraire. »<br />
Les défenseurs des droits des Palestiniens<br />
affirment depuis longtemps que Biden met en péril<br />
sa propre présidence en soutenant le génocide à<br />
Gaza, qui a tué ou blessé au moins 5 % de la population<br />
de Gaza jusqu’à présent et menace la vie de<br />
centaines de milliers d’autres personnes.<br />
Les sondages montrent que l’opinion publique<br />
a spectaculairement basculé en défaveur<br />
d’Israël depuis octobre, alors que les forces israéliennes<br />
ont tué plus de 34 000 Palestiniens en utilisant<br />
intensivement des armes américaines. Selon<br />
une enquête Gallup publiée le mois dernier, seuls<br />
18 % des Démocrates approuvent le siège israélien<br />
de Gaza et 75 % le désapprouvent.<br />
Les jeunes électeurs, en particulier, sont opposés<br />
au massacre conduit par Israël. Un sondage<br />
réalisé en janvier a révélé qu’une majorité de personnes<br />
âgées de 18 à <strong>29</strong> ans estiment qu’Israël<br />
commet un génocide à Gaza, 24 % seulement<br />
étant d’un avis contraire. Le désaccord quant à la<br />
politique américaine au Moyen-Orient a éloigné<br />
les électeurs de Biden, contribuant à la chute de sa<br />
cote de popularité auprès des jeunes électeurs dans<br />
le contexte de l’agression.<br />
*Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et<br />
ses sujets de prédilection sont la politique, le climat<br />
et l’emploi. Avant de rejoindre Truthout, Sharon<br />
a écrit des articles pour Pacific Standard, The<br />
New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en<br />
études environnementales. On peut la suivre sur<br />
Twitter : @zhang_sharon.<br />
Truthout, Sharon Zhang, 03-05-<strong>2024</strong><br />
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises<br />
Afrique Asie 26 mai <strong>2024</strong><br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal après examen, le Ministère public entendu, maintient<br />
le défaut octroyé contre la partie défenderesse à l'audience<br />
précitée, pour le profit déclare fondée ladite action.<br />
Admet en conséquence le divorce de la dame Nadia Michel avec<br />
son époux Frantz Pierre pour incompatibilité de caractères aux<br />
torts exclusifs de l'époux. Prononce la dissolution des liens<br />
matrimoniaux existant entre lesdits époux; Ordonne à l'Officier<br />
de l'Etat Civil de Port-au-Prince, Section sud de transcrire sur les<br />
registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un<br />
extrait sera inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la<br />
capitale sous peine de dommages-intérêts envers les tiers s'il y<br />
échet. Commet l'huissier Canal GABRIEL du siège pour la<br />
signification de ce jugement; compense les dépens.<br />
Me. Jacques ST PREUX A.v.-<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal, après en avoir délibéré conformément à la loi, jugeant à charge d'appel,<br />
maintient le défaut requis et octroyé contre le sieur Frantz<br />
NEPTUNE à l’audience du mercredi 04 Octobre 2023: Dit et déclare illégale l’occupation du<br />
sieur Frantz NEPTUNE de la propriété du sieur Lyonel VALME sise à Delmas 75, Puits-Blain,<br />
angle des Rues Grand-Anse et Emile Roumer. Ordonne la réintégration immédiate du<br />
requérant dans sa possession ; Accorde, sur le chef de l'expulsion, l’exécution provisoire<br />
sans caution, nonobstant appel et pourvoi en cassation; Commet l'huissier Jowel CIUS de ce<br />
siège, pour la signification du présent jugement ; Compense les dépens.<br />
Ainsi jugé et prononcé par nous, Me. Joseph Jean ALBERIC, juge à l'audience extraordinaire,<br />
civile et publique du mardi vingt-six décembre deux mille vingt-trois (2023): An<br />
220ème de L’Indépendance, avec l'assistance de la Greffière Me Gina S. ST-THOMAS.<br />
Il est ordonné à tous Huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux<br />
Officiers de la Force Publique d'y tenir la main; aux autres Officiers d’y prêter main forte<br />
lorsqu'ils en seront légalement requis.<br />
En foi de quoi, la minute du présent jugement est signée du juge et de la Greffière.<br />
Ainsi signée: Me. Joseph Jean ALBERIC, Juge. Me. GinaS. ST THOMAS, Grefière.<br />
DEL Pour Expédition Conforme Collationée:<br />
Me. Gins, ST-THOMAS<br />
Greffière<br />
PAR CES MOTIFS<br />
Le Tribunal, après examen sur les conclusions conformes du Ministère<br />
public, maintient le défaut octroyé contre la défenderesse et pour le profit<br />
ainsi déclare fondée ladite action. Admet le divorce du sieur Steve Jean<br />
Gilles d'avec son épouse Roseline Dieujuste pour injures graves et<br />
publiques. Prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre<br />
eux. Ordonne à l'officier de l'état civil de Camp-Coq d'inscrire dans ses<br />
registres le dispositif du Jugement dont un extrait serait inséré dans l'un<br />
des Journaux s'éditant à la Capitale sous peine de dommages-intérêts<br />
envers les tiers s'il y échet. Commet l'huissier même de ce Tribunal pour la<br />
signification de ce Jugement. Compense les dépens<br />
Ainsi Jugé et prononcé par nous, Me Harold Chery , Juge au Tribunal du<br />
Cap-Haïtien en audience ordinaire civile et publique du Jeudi huit Juin<br />
deux mille vingt-trois , en présence de Me Hervé C Hyppolite , Substitut<br />
Commissaire du Gouvernement et avec l'assistance de Me Joseph Louis,<br />
Greffier du siège<br />
Il est ordonné......etc......<br />
En foi de quoi .....etc.....<br />
AVIS DE DIVORCE<br />
Il est porté à la connaissance de tout un chacun, que<br />
le tribunal de première instance de Port-au-Prince<br />
après examens sur les conclusions du Ministère<br />
public, a rendu en audience publique en ses attributions<br />
civiles, le jugement de divorce de la dame Betty<br />
SAINRISME contre son époux Walky DUBUISSON<br />
pour cause injures graves et publiques aux torts<br />
exclusifs de l'épouse, lequel jugement a été prononcé<br />
en date du Mercredi (10) dix <strong>Mai</strong> (2023) deux mille<br />
vingt-trois<br />
Pour le cabinet<br />
Me Marc Henry ADAM. Av<br />
14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
Suite de la page (8)<br />
Deuxième à partir de la gauche, l’inspecteur général adjoint, Noor Gabow,<br />
celui qui commandera cette fameuse mission militaire en Haïti<br />
très vif débat et un vote. » Lors du débat<br />
au Parlement, le gouvernement,<br />
à travers le ministre de l’Intérieur,<br />
avait finalement apporté quelques<br />
éclaircissements sur le déploiement de<br />
quelque 1000 hommes et le financement<br />
de la mission multinationale.<br />
«Nous avons convenu que les ressources<br />
pour cette mission seront organisées<br />
et mobilisées parmi les États<br />
membres de l’ONU.<br />
Si toutes les ressources ne sont<br />
pas mobilisées et mises à disposition,<br />
nos troupes ne quitteront pas le pays.<br />
Le budget global de la mission est fixé<br />
à 600 millions de dollars, qui serviront<br />
à préparer les forces, à supporter<br />
les coûts de transport, les indemnités<br />
de communication, les indemnités<br />
générales et à couvrir le retour de la<br />
force au pays. Nos troupes ne quitteront<br />
pas le pays à moins que nos<br />
ressources ne soient mises à profit.<br />
Nous déploierons les officiers une fois<br />
que tout l’équipement sera déployé<br />
en Haïti. Nous avons également<br />
déjà dépensé une partie de l’argent<br />
en formation, mais cela sera remboursé<br />
par le Conseil de Sécurité des<br />
Nations-Unies. Le Kenya dépensera<br />
plus de 230 millions de dollars pour le<br />
déploiement de 1000 officiers sur une<br />
période d’un an. Ce budget servira à<br />
la formation, au soutien administratif,<br />
au transport, à l’achat d’équipement<br />
technique, d’équipement général et à<br />
l’achat d’armes, des munitions et du<br />
matériel anti-émeute » avait précisé<br />
le ministre de l’Intérieur du Kenya,<br />
Kithure Kindiki, les mercredi 8 et jeudi<br />
9 novembre 2023 devant une Commission<br />
parlementaire conjointe de<br />
l’Assemblée Nationale et du Sénat du<br />
Kenya.<br />
Au cours de cette audience, le<br />
Ministre était accompagné de l’Inspecteur<br />
général en chef de la Police,<br />
Japhet Koom. Celui-ci, dans sa plaidoirie<br />
devant les députés et sénateurs,<br />
eut à déclarer « Nous avons soigneusement<br />
choisi ces officiers, les avons<br />
interrogés, vérifié leur aptitude médicale<br />
et nous sommes convaincus<br />
qu’ils sont parfaitement préparés pour<br />
la mission à venir. Je veux exhorter le<br />
Parlement à nous autoriser à déployer<br />
des officiers en Haïti, car ce qui se<br />
passe en Haïti ne peut plus continuer.<br />
Les violations des droits de l’homme<br />
qui y sont perpétrées ne peuvent être<br />
tolérées » dixit ce haut responsable de<br />
la police kenyane a rapporté le journal<br />
Nations Africa dans son édition du<br />
10 novembre 2023. Lors de l’audition<br />
devant le Congrès kenyan, les deux<br />
hauts fonctionnaires de l’État ont été<br />
interrogés sur bien d’autres aspects<br />
concernant cette expédition. Ainsi, les<br />
parlementaires ont demandé au gouvernement<br />
kenyan, entre autres, un<br />
« Rapport sur la mission effectuée par<br />
une Délégation de haut fonctionnaire<br />
en Haïti en août 2023, et sur toutes<br />
missions effectuées avant et pendant<br />
toute la durée de la Mission multinationale<br />
».<br />
D’autre part, les sénateurs et<br />
députés exigeaient un « Package d’assurance<br />
bien défini pour les policiers<br />
qui seront déployés en Haïti. Une indemnisation<br />
pour leurs familles en<br />
cas de décès ou de blessure pouvant<br />
mettre hors d’état de travailler les policiers<br />
considérés comme soutiens de famille<br />
et que l’argent des contribuables<br />
ne sera dépensé pour cette mission<br />
». Pendant ce temps, de ce côté-ci de<br />
l’Atlantique, l’Organisation des États<br />
Américains (OEA) continue de faire<br />
pression sur ses États membres en<br />
sollicitant leur participation à toutes<br />
missions pouvant aider à satisfaire<br />
la demande des autorités de Port-au-<br />
Prince. En effet, malgré le vote de la<br />
Résolution 2699 du Conseil de sécurité<br />
du mois d’octobre 2023, le moins<br />
que l’on puisse dire, c’est à pas de<br />
tortues que les choses avancent.<br />
Si du côté Kenyan le gouvernement<br />
finit par avoir le feu vert du<br />
Parlement, même si la justice fait<br />
traîner le dossier, du côté Occidental,<br />
le maître d’œuvre de la Mission Multinationale<br />
d’Appui à la Sécurité en Haïti<br />
(MMAS), l’on ne peut dire que les<br />
acteurs, les décideurs se pressent au<br />
portillon pour secourir les Haïtiens, en<br />
comparaison de l’intérêt qu’ils portent<br />
et les moyens logistiques et financiers<br />
qu’ils déploient en faveur des pays<br />
comme Ukraine, Israël. Constatant<br />
que Haïti risquerait de faire les frais ou<br />
est en passe de tomber dans l’oubli sur<br />
l’échiquier dans ce combat idéologique<br />
et géopolitique, l’organisation hémisphérique,<br />
à travers son Conseil permanent,<br />
avait relancé le dossier sous<br />
la forme d’une Résolution adoptée en<br />
date du 17 novembre 2023.<br />
« Le Conseil permanent de<br />
l’OEA a décidé de continuer à exhorter<br />
les États membres et les observateurs<br />
permanents à redoubler<br />
d’efforts pour privilégier, intégrer,<br />
faciliter, fournir et coordonner une<br />
assistance à Haïti et à encourager<br />
les États membres et les observateurs<br />
permanents, comme énoncé dans la<br />
Résolution AG/RES 3007 (LIII-O/23),<br />
à apporter leurs contributions, en<br />
fonction de leurs possibilités, par le<br />
biais de la Mission multinationale<br />
d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti,<br />
en fournissant du personnel, des<br />
équipements, de la formation et les<br />
ressources financières et logistiques<br />
nécessaires, ainsi que des contributions<br />
au Fonds multilatéral d’affectation<br />
spéciale des Nations-Unies<br />
pour Haïti, tout comme au Groupe de<br />
coordination de l’aide internationale,<br />
y compris mais sans s’y limiter, une<br />
aide et des efforts visant à renforcer<br />
les capacités de la Police nationale<br />
d’Haïti (PNH).<br />
Le Conseil permanent encourage<br />
toutes les parties prenantes<br />
politiques en Haïti à participer à un<br />
dialogue et aux processus de négociation<br />
constructifs visant à parvenir<br />
à un cadre mutuellement acceptable<br />
pour le partage du pouvoir afin de<br />
renforcer la légitimité de toutes les<br />
initiatives en cours entreprises en<br />
appui au développement démocratique<br />
et au relèvement d’Haïti. Le<br />
Conseil permanent de l’OEA charge le<br />
Secrétariat général par l’intermédiaire<br />
du Secrétariat au renforcement<br />
de la démocratie et du Secrétariat<br />
aux questions continentales, en coordination<br />
avec d’autres secrétariats<br />
et entités pertinents de l’OEA, et du<br />
Bureau de l’OEA en Haïti, de travailler<br />
en coordination et en collaboration<br />
avec le Groupe de personnalités éminentes<br />
de la CARICOM.<br />
Le Conseil permanent de l’OEA<br />
demande à ces Secrétariats de compléter<br />
leurs efforts en matière de<br />
médiation du dialogue, de construction<br />
d’un consensus politique et de<br />
préparation des élections retardées,<br />
par la mise en place d’une mission<br />
conjointe OEA-CARICOM de renforcement<br />
électoral et démocratique. Le<br />
Conseil permanent de l’OEA demande<br />
aussi de faciliter la fourniture d’une<br />
assistance concernant les aspects infrastructurels,<br />
juridiques, sécuritaires<br />
et techniques de la préparation<br />
d’élections inclusives, libres, justes et<br />
crédibles, ainsi que d’une Transition<br />
démocratique en Haïti, aussitôt que<br />
les conditions le permettent » disait<br />
cette Résolution. (A suivre)<br />
CC<br />
Suite de la page (11)<br />
substantielle.<br />
Dans ce contexte, la Chine et<br />
la Russie ont décidé de lancer une<br />
nouvelle monnaie alternative mondiale<br />
appelée « pétrole-yuan-or », qui<br />
devrait remplacer le dollar américain.<br />
Il s’agit d’un projet monétaire mondial<br />
basé sur le pétrole et rattaché à l’or.<br />
C’est un exploit que Washington ne<br />
peut pas réaliser. Aujourd’hui, d’autres<br />
pays règlent également leurs transactions<br />
de pétrole brut en yuans.<br />
En effet, l’avantage de la Chine<br />
ne réside pas seulement dans son taux<br />
de croissance du PIB plus élevé, mais<br />
aussi dans le fait qu’elle devance les<br />
États-Unis et qu’elle est le plus grand<br />
producteur et acheteur d’or au monde,<br />
la Russie arrivant en troisième position.<br />
On constate que la coopération<br />
Chine-Russie a formé une force de dissuasion<br />
militaire fiable, économiquement<br />
dynamique et capable de contrer<br />
les États-Unis.<br />
En 2018, Pékin a pris l’initiative<br />
de promouvoir le mécanisme<br />
d’échange « pétrole-yuan-or » dans<br />
la bourse mondiale de l’énergie. Par la<br />
suite, le mécanisme « métal-yuan-or »<br />
a été mis en œuvre. La Chine a proposé<br />
d’échanger les yuans reçus contre de<br />
l’or pour les approvisionnements en<br />
pétrole et les achats de métaux. Ces<br />
événements auront un impact significatif<br />
sur le système mondial.<br />
Le rôle international de la Chine<br />
Parallèlement, la Chine joue un rôle de<br />
plus en plus actif et important dans la<br />
résolution des conflits internationaux<br />
existants. Nous pouvons observer la<br />
médiation active de la Chine dans la<br />
guerre menée par les États-Unis en<br />
Ukraine entre l’OTAN et la Russie, et<br />
dans la guerre israélo-palestinienne<br />
soutenue par les États-Unis et l’UE.<br />
Il n’y a pas si longtemps, la<br />
Chine a appelé le Pakistan et l’Iran<br />
au calme et à la retenue afin d’éviter<br />
l’éclatement d’un conflit. Nous pouvons<br />
considérer la Chine comme un<br />
représentant des pays du Sud qui recherchent<br />
une voie de développement<br />
plutôt qu’une voie de guerre. C’est<br />
pourquoi il est important d’analyser<br />
attentivement ce que la Chine veut et<br />
ce qu’elle veut.<br />
La stratégie internationale de la<br />
Chine repose sur quatre principes :<br />
1) le respect de la souveraineté<br />
et de l’intégrité territoriale ;<br />
2) la non-agression mutuelle ;<br />
3) la non-ingérence dans les affaires<br />
intérieures de l’autre partie ;<br />
4) l’égalité et le bénéfice mutuel.<br />
Nous devons reconnaître que les<br />
déclarations de la Chine sur le maintien<br />
de la paix et la promotion de la<br />
résolution pacifique des conflits existants<br />
sont respectées. La Chine n’a<br />
jamais poursuivi de politique d’expansion<br />
coloniale dans l’histoire moderne.<br />
Aujourd’hui, la Chine ne veut pas<br />
recréer l’atmosphère de la « guerre<br />
froide », car cela va à l’encontre de sa<br />
philosophie de maintien de la paix entre<br />
les nations.<br />
La Chine s’oppose à toutes les<br />
alliances militaires et n’en a jamais<br />
rejoint aucune, pas même contre l’«<br />
État islamique ». La Chine n’a pas<br />
établi de bases militaires à l’étranger,<br />
mais seulement une base à Djibouti,<br />
que la Chine qualifie d’« installation<br />
de soutien logistique » située dans des<br />
eaux sensibles. Cela contraste fortement<br />
avec les puissances occidentales,<br />
en particulier les États-Unis, qui ont<br />
l’habitude d’inciter à des coups d’État<br />
et à des interventions militaires dans<br />
d’autres pays. La « coopération » est le<br />
mot clé de la politique chinoise, et c’est<br />
aussi le sens propre du principe de priorité<br />
au développement et au bénéfice<br />
mutuel.<br />
Le complexe militaro-industriel<br />
joue un rôle essentiel dans l’économie<br />
américaine, mais il est de plus<br />
en plus préoccupant. À l’intérieur du<br />
pays, le complexe militaro-industriel<br />
est de moins en moins respectueux<br />
de ce qu’on appelle la « démocratie »<br />
; à l’étranger, il ne respecte presque<br />
jamais vraiment la « démocratie », ce<br />
qui représente une menace pour les<br />
valeurs démocratiques dont l’Occident<br />
s’enorgueillit.<br />
Les dépenses militaires des<br />
États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN<br />
représentent plus de la moitié des<br />
dépenses militaires totales dans le<br />
monde. Les Etats-Unis sont actuellement<br />
en crise économique et dans<br />
une situation difficile qui va progressivement<br />
pousser le monde entier à la<br />
guerre. Ils ont de plus en plus exprimé<br />
leur désir de déplacer les nouveaux<br />
conflits vers l’Extrême-Orient, en particulier<br />
vers Taïwan.<br />
La Chine doit résister aux provocations<br />
américaines et éviter la guerre,<br />
mais elle doit en même temps défendre<br />
ses propres intérêts et son territoire.<br />
La réunification reste donc la priorité<br />
absolue de la Chine. Le gouvernement<br />
américain intensifie la course aux<br />
armements qui a déjà mis l’Union<br />
soviétique à genoux. Toutefois, cette<br />
dangereuse compétition ne suffit plus<br />
à affecter une Chine dotée d’une économie<br />
saine et d’une dissuasion suffisante.<br />
Le plus important est de prendre<br />
conscience que le capitalisme, entré<br />
dans une crise systémique, ne peut<br />
plus trouver de solutions aux problèmes<br />
dans une logique de maximisation<br />
des profits immédiats et devient<br />
de plus en plus dangereux. Entre les<br />
faillites d’entreprises, le chômage de<br />
masse, les krachs boursiers et l’instabilité<br />
bancaire, la probabilité d’une<br />
aggravation de la crise systémique du<br />
capital est aujourd’hui extrêmement<br />
élevée. Depuis la crise économique de<br />
2008, les États-Unis n’ont pratiquement<br />
pas entrepris de réformes. Toutes<br />
les conditions sont réunies et les contradictions<br />
du système capitalistique<br />
vont s’accentuer. La question la plus<br />
urgente aujourd’hui est de mettre fin<br />
à la pratique consistant à « organiser »<br />
le système mondial par la guerre sous<br />
la direction des États-Unis. La défense<br />
de la paix est une priorité absolue et<br />
nous devons donc placer la machine<br />
de guerre des oligarques financiers<br />
sous contrôle public et démocratique.<br />
C’est l’origine du plan de la<br />
grande route de la soie. « One Belt »<br />
fait référence à la route de la soie terrestre<br />
et « One Road » à la route de<br />
la soie maritime, qui ont toutes deux<br />
été partiellement mises en œuvre. Les<br />
pays asiatiques sont particulièrement<br />
intéressés par cette coopération, car<br />
les voisins proches et lointains de la<br />
Chine, tels que les pays du Moyen-Orient,<br />
ne disposent pas d’investissements<br />
suffisants pour se développer.<br />
La Chine voit également les avantages<br />
de l’initiative « la Ceinture et la Route<br />
» pour stimuler le développement de<br />
ses provinces occidentales. En effet,<br />
par rapport aux provinces côtières<br />
orientales de la Chine, le développement<br />
des provinces occidentales est<br />
relativement à la traîne. Les pays africains<br />
sont par ailleurs intéressants,<br />
car ils sont les plus touchés par le «<br />
sous-développement ». On ne peut pas<br />
dire que cette coopération soit parfaite<br />
puisqu’elle se concentre sur la fourniture<br />
de matières premières. <strong>Mai</strong>s pour<br />
les pays africains, il est très important<br />
que la Chine fournisse des infrastructures,<br />
construise des hôpitaux et des<br />
routes en échange de la fourniture de<br />
matières premières.<br />
La route de la soie menait à<br />
l’Europe, ce qui a suscité du ressentiment<br />
parce qu’elle venait d’un concurrent<br />
stratégique. Si les économies<br />
européennes sont, en principe, capables<br />
de se développer par elles-mêmes<br />
et disposent d’investissements suffisants,<br />
pourquoi certaines d’entre elles<br />
accueillent-elles si favorablement les<br />
investissements chinois ? Les raisons<br />
sont évidentes : les pays européens en<br />
crise économique, voire en récession,<br />
victimes des politiques néolibérales<br />
d’austérité, de réduction de la dette<br />
et de privatisation de l’UE, sont prêts<br />
à vendre leurs actifs au plus offrant<br />
et considèrent les investissements<br />
chinois comme un moyen de développement<br />
en soi. La Chine a investi<br />
massivement en dehors de l’UE, en<br />
particulier dans les Balkans. Il n’est<br />
donc pas surprenant que 17 pays<br />
d’Europe de l’Est et du Sud, dont 11<br />
États membres de l’UE, aient rejoint<br />
l’initiative de la route de la soie.<br />
La route de la soie ne se limitera<br />
pas à l’Eurasie et à l’Afrique. La<br />
coopération avec les pays d’Amérique<br />
latine et des Caraïbes, en particulier<br />
avec les pays les plus pauvres de la<br />
région, a beaucoup progressé. L’aide<br />
au développement provient principalement<br />
du Fonds de la route de la soie,<br />
un fonds souverain, et de prêts à taux<br />
préférentiels accordés par des banques<br />
publiques.<br />
Cependant, la Chine ne veut<br />
pas être le seul financeur de ce projet,<br />
mais souhaite impliquer tous les pays<br />
qui ont les moyens de participer à ces<br />
prêts. Parce que ces prêts, contrairement<br />
à ceux accordés par la Banque<br />
mondiale ou le Fonds monétaire international,<br />
n’imposent pas de conditions<br />
politiques et économiques aux pays<br />
qu’ils financent, ces prêts deviendront<br />
la base du développement rapide des<br />
pays financés.<br />
C’est pourquoi a été créée la<br />
Banque asiatique d’investissement<br />
dans les infrastructures qui compte<br />
aujourd’hui près d’une centaine de<br />
membres. La France, l’Allemagne et le<br />
Royaume-Uni sont membres de l’AIIB,<br />
mais pas les États-Unis, probablement<br />
parce qu’ils ne peuvent pas contrôler<br />
la banque de la même manière qu’ils<br />
contrôlent le FMI et la Banque mondiale,<br />
tandis que la Chine, qui est le<br />
principal actionnaire de la banque, a<br />
clairement fait savoir qu’elle ne cherchait<br />
pas à obtenir un droit de veto,<br />
comme le font les États-Unis.<br />
En bref, la Route de la soie a<br />
connu un développement énorme<br />
en quelques années seulement : d’ici<br />
septembre 2023, la Chine aura signé<br />
plus de 230 documents de coopération<br />
pour la construction conjointe de la «<br />
Ceinture et la Route » avec plus de 150<br />
pays et plus de 30 organisations internationales.<br />
La Chine devrait préciser que<br />
l’initiative « la Ceinture et la Route »<br />
vise à exclure tous les facteurs politiques.<br />
Il s’agit d’une initiative « ouverte<br />
à tous les pays » qui n’a d’autre<br />
objectif que le développement<br />
commun. Il y aura également des<br />
partenariats axés sur la coopération<br />
économique et la construction de zones<br />
commerciales multilatérales, comme le<br />
partenariat économique global régional,<br />
qui créera la plus grande zone de<br />
libre-échange du monde, couvrant 3<br />
milliards de résidents et représentant<br />
30 % du PIB mondial. Dans ce partenariat,<br />
l’hégémonie américaine sera<br />
remise en cause car les échanges et les<br />
investissements ne se feront plus en<br />
dollars, mais en monnaies nationales.<br />
Enfin, il faut reconnaître<br />
que le capitalisme lui-même est devenu<br />
insoutenable. Il est évident que ce<br />
système, essentiellement dédié à l’accumulation<br />
infinie et illimitée, est incompatible<br />
avec la terre finie. Le capitalisme<br />
détruit toute forme d’harmonie<br />
sociale par sa logique de création d’inégalités<br />
toujours plus grandes. La<br />
Chine prétend se développer en contrôlant<br />
la dynamique du capitalisme.<br />
<strong>Mai</strong>s aujourd’hui, cette dynamique<br />
doit être limitée. Le « socialisme de<br />
marché » chinois doit progressivement<br />
se débarrasser du capitalisme<br />
avant de pouvoir réellement trouver<br />
une autre voie de développement pour<br />
l’humanité. Tel est le véritable objectif,<br />
et il est encore plus clair aujourd’hui<br />
que, selon le gouvernement chinois,<br />
certaines caractéristiques empruntées<br />
au capitalisme peuvent être utilisées<br />
« avant de traverser le pont » dans la<br />
transition socialiste vers le communisme.<br />
*Rémy Herrera est un économiste,<br />
professeur à l’Université Panthion-Sorbonne<br />
et chercheur au Centre<br />
national de la recherche scientifique<br />
(CNRS).<br />
La Haine 28 <strong>Mai</strong> <strong>2024</strong><br />
Traduction Bernard Tornare<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
15
Suite de la page (4)<br />
massacre de plus de 17 000 noirs.<br />
Trujillo est également responsable de<br />
l’assassinat, en 1960, des sœurs Mirabal,<br />
qui participaient au Mouvement<br />
révolutionnaire du 14 juin contre sa<br />
dictature. L’assassinat des sœurs Mirabal<br />
en a fait des symboles de la résistance<br />
populaire et féministe.<br />
En 1961, Trujillo a été assassiné<br />
et des troubles politiques ont suivi<br />
jusqu’à l’élection du démocrate libéral<br />
Juan Bosch Gaviño, qui a pris ses<br />
fonctions sous le Parti révolutionnaire<br />
dominicain (PRD) en 1963. Cependant,<br />
le gouvernement de Bosch a pris<br />
fin sept mois plus tard. Il a été renversé<br />
lors d’un coup d’État par des généraux<br />
militaires sympathisants du régime de<br />
Trujillo, préoccupés par le soutien radical<br />
de Bosch aux droits du travail et<br />
aux pauvres. L’exil de Bosch fut suivi<br />
de nouveaux troubles et de l’occupation<br />
du pays par les États-Unis en<br />
1965. Bosch se présenta à nouveau à<br />
la présidence en 1966 contre l’ancien<br />
président fantoche de Trujillo, Joaquín<br />
Balaguer Ricardo, qui, pendant les 30<br />
années suivantes, restera au pouvoir à<br />
tous les frais. La présidence de Balaguer<br />
entre 1966 et 1978 est connue sous<br />
le nom de « Les douze années », car on<br />
estime que plus de 1 200 personnes<br />
ont été assassinées par le groupe paramilitaire<br />
de Balaguer, connu sous le<br />
nom de La Banda Colorá. Balaguer<br />
revient au pouvoir en 1986.<br />
Balaguer représentait la continuation<br />
du Trujillismo à travers une<br />
rhétorique anti-haïtienne. Sous son<br />
gouvernement, les migrants haïtiens<br />
et leurs descendants ont été confrontés<br />
à des tactiques racistes et répressives,<br />
jusqu’à ce qu’il quitte finalement ses<br />
fonctions, mais à contrecœur, en<br />
1996. Lors des élections de cette année-là,<br />
le soutien de Balaguer au candidat<br />
présidentiel vainqueur Leonel<br />
Fernández Reyna, du Parti de libération<br />
dominicain (PLD) , à propos d’un<br />
dominicain noir d’origine haïtienne,<br />
José Francisco Peña Gómez, a ouvert<br />
la voie aux politiques racistes, misogynes<br />
et xénophobes actuelles dans le<br />
pays. Tout au long de ce siècle de politiques<br />
répressives et de violence, les<br />
femmes noires ont continuellement été<br />
au centre des mouvements de résistance,<br />
depuis la lutte pour la réforme<br />
agraire qui a conduit à la mort de la dirigeante<br />
révolutionnaire Mama Tingó<br />
en 1974 ; aux campagnes de défense<br />
des droits humains contre l’anti-haïtien<br />
et contre la noirceur menées par<br />
la défunte militante Sonia Pierre ; à la<br />
récente organisation de mouvements<br />
de jeunesse antiracistes, féministes et<br />
queer.<br />
Nouveau parti politique, mêmes<br />
politiques de droite<br />
En <strong>2024</strong>, la République Dominicaine<br />
votera aux élections présidentielles.<br />
Depuis quatre ans, le pays est dirigé<br />
par le président Abinader du Parti<br />
révolutionnaire moderne (PRM). Lorsque<br />
le PRM a pris le pouvoir pour la<br />
première fois en 2020, beaucoup ont<br />
salué le changement après 16 années<br />
consécutives de règne du PLD. En<br />
2010, le LDP a supervisé une réforme<br />
constitutionnelle conservatrice qui<br />
a introduit une interdiction totale de<br />
l’avortement et du mariage homosexuel<br />
et a mis fin au droit de naissance<br />
des enfants d’immigrés sans papiers.<br />
En outre, pendant que le PLD était au<br />
pouvoir présidentiel, en 2013, la Cour<br />
constitutionnelle a rendu l’arrêt 168-<br />
13, un arrêt flagrant qui a retiré rétroactivement<br />
plus de quatre générations<br />
de Dominicains noirs d’origine haïtienne<br />
de leur citoyenneté dominicaine.<br />
À cette époque, Abinader, déjà<br />
impliqué dans la politique et descendant<br />
d’immigrés libanais, avait participé<br />
à un événement appelé « Câlins<br />
solidaires », dénonçant la sentence.<br />
Après l’échec de la candidature présidentielle<br />
en 2016, l’élection d’Abinader<br />
en 2020 a donné beaucoup d’espoir,<br />
car des personnalités bien connues de<br />
la société civile dominicaine ont rejoint<br />
le PRM en tant que représentants dans<br />
différents ministères et bureaux gouvernementaux.<br />
Cependant, comme le<br />
souligne Rodríguez : « Ce nouveau<br />
gouvernement s’est avéré être tout<br />
le contraire de ce qu’Abinader avait<br />
promis aux jeunes électeurs, aux<br />
femmes et aux progressistes pendant<br />
sa campagne présidentielle. » Une<br />
fois au pouvoir, Abinader a retiré son<br />
masque, une façade libérale, retirant<br />
son soutien initial à l’avortement et<br />
utilisant un langage xénophobe et<br />
raciste anti-haïtien pour inculquer la<br />
haine et les préjugés raciaux contre les<br />
immigrants haïtiens et les Dominicains<br />
d’origine haïtienne. Selon Rodríguez,<br />
le gouvernement d’Abinader a<br />
adopté « une continuité de politiques<br />
réactionnaires visant à marginaliser<br />
davantage les travailleurs haïtiens et<br />
leurs familles en République dominicaine.<br />
» En fait, le gouvernement<br />
d’Abinader est doublement réactionnaire,<br />
car il intègre des lois racistes<br />
anti-haïtiennes et la violence fasciste<br />
dans son répertoire de contrôle social<br />
et de restructuration néolibérale.<br />
À l’instar de la droite croissante<br />
dans d’autres régions d’Amérique<br />
latine, le gouvernement dominicain<br />
actuel porte également atteinte aux<br />
droits des personnes, attisant les sentiments<br />
anti-immigrés et diffusant<br />
des discours diffamant la dignité des<br />
femmes, des personnes LGBTQIA+<br />
et des migrants. Abinader continue<br />
de pratiquer la vieille tactique consistant<br />
à faire des migrants haïtiens et<br />
de leurs descendants les boucs émissaires<br />
des maux du pays. Il a favorisé<br />
la construction d’un mur le long de la<br />
frontière entre Haïti et la République<br />
dominicaine et, en septembre 2023,<br />
son administration a complètement<br />
fermé la frontière en réponse au développement<br />
d’un canal d’irrigation du<br />
côté haïtien de la rivière Masacre.<br />
Abinader a fait valoir que la construction<br />
de ce canal était préjudiciable à<br />
l’environnement dominicain et, dans<br />
une démonstration de force, a stationné<br />
des militaires dominicains le long<br />
de la frontière, empêchant la circulation<br />
des personnes et des marchandises.<br />
Comme le soutient Rodríguez<br />
: « La rhétorique raciste et le chauvinisme<br />
d’Abinader, grandement<br />
amplifiés par les médias dominicains<br />
traditionnels, ont créé un climat dangereux<br />
pour les personnes de couleur<br />
en général, y compris les Dominicains<br />
noirs, les immigrants haïtiens, les<br />
Dominicains d’origine haïtienne, ainsi<br />
que les militants, les journalistes<br />
indépendants ; éducateurs, travailleurs<br />
culturels, intellectuels progressistes<br />
et de gauche. Sous le gouvernement<br />
Abinader, l’État dominicain<br />
s’oriente vers la mise en place d’un<br />
système d’apartheid qui séparera davantage<br />
les personnes d’origine haïtienne,<br />
qu’elles soient ou non nées dans<br />
le pays. »<br />
Abinader a également continué<br />
à utiliser des décrets pour autoriser<br />
le profilage racial et l’expulsion<br />
des travailleurs migrants haïtiens et<br />
de leurs descendants. Parmi les personnes<br />
visées par l’expulsion figurent<br />
des migrantes haïtiennes enceintes,<br />
une pratique alimentée par la crainte<br />
que les femmes migrantes s’emparent<br />
des hôpitaux publics et mettent à<br />
rude épreuve les ressources limitées.<br />
En septembre 2021, les autorités<br />
dominicaines ont limité l’accès des<br />
femmes migrantes au système de<br />
santé publique aux cas d’urgence et<br />
ont commencé à refuser l’entrée en<br />
République dominicaine à toute migrante<br />
enceinte au-delà de six mois<br />
de gestation. Alors que les réseaux<br />
médiatiques regorgeaient de vidéos<br />
et d’histoires de femmes enceintes ou<br />
de mères de nouveau-nés escortées<br />
hors des hôpitaux et détenues par des<br />
agents d’immigration, le Centre d’observation<br />
et de développement des<br />
migrations, basé dans les Caraïbes, à<br />
Saint-Domingue, connu sous le nom<br />
d’OBMICA, a dénoncé que « les opérations<br />
contre les femmes enceintes<br />
constituent une violation sans précédent<br />
du droit fondamental à la santé,<br />
à l’égalité des sexes, à la protection<br />
de la maternité et aux droits des<br />
enfants et des adolescents, ont été<br />
définies comme la chasse aux femmes<br />
ou les actes de violence obstétricale<br />
à grande échelle, par les spécialistes<br />
dominicains en matière de genre<br />
Le gouvernement d’Abinader<br />
a adopté « une continuité de<br />
politiques réactionnaires visant<br />
à marginaliser davantage<br />
les travailleurs haïtiens et<br />
leurs familles en République<br />
dominicaine. »<br />
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Edith Febles ». Selon les<br />
propres décomptes du gouvernement<br />
dominicain, les autorités ont expulsé<br />
près de 800 femmes haïtiennes enceintes<br />
entre novembre 2021 et avril<br />
2022, ce qui a suscité la condamnation<br />
des experts des Nations Unies.<br />
Selon Amelia Hintzen, les<br />
craintes d’une augmentation du nombre<br />
de Dominicains d’origine haïtienne<br />
étaient évidentes et documentées dès<br />
1969, lorsque le sous-secrétaire de la<br />
Direction générale de l’immigration a<br />
écrit un mémorandum au président<br />
Balaguer de l’époque sur le « grave<br />
problème » de l’immigration. « Le<br />
grand nombre de ressortissants haïtiens<br />
qui ont envahi passivement,<br />
pourrait-on dire massivement, notre<br />
territoire ». À compter de la date de<br />
ce mémorandum, il faudrait encore<br />
35 ans aux autorités pour intenter<br />
une action en justice afin de priver les<br />
enfants de migrants haïtiens de leur<br />
nationalité dominicaine. En 2004,<br />
les législateurs ont approuvé la loi<br />
générale sur la migration 285-04, qui<br />
réglementait l’entrée et l’emploi des<br />
étrangers dans le pays. Il cherchait<br />
également à mettre fin au jus soli, le<br />
droit à la terre ou à la citoyenneté de<br />
naissance garanti par la constitution<br />
dominicaine de l’époque, en élargissant<br />
sa définition de « en transit ».<br />
Selon la loi 285-04, tous les enfants<br />
nés de « mères étrangères » doivent<br />
recevoir un certificat de naissance vivante<br />
rose, par opposition à un certificat<br />
blanc pour les citoyens légaux.<br />
Les nouveau-nés sont ensuite inscrits<br />
dans un livre communément appelé «<br />
le livre des étrangers ».<br />
La Constitution de 2010 a<br />
consacré ces pratiques en redéfinissant<br />
la nationalité dominicaine. Il note<br />
ensuite qu’au moins un parent doit<br />
être un ressortissant dominicain pour<br />
qu’un enfant soit reconnu comme<br />
ressortissant dominicain. Cependant,<br />
dans la pratique, le personnel administratif<br />
de l’hôpital dispose d’un grand<br />
pouvoir discrétionnaire pour déterminer<br />
si une mère recevra un bulletin de<br />
vote blanc ou rose, en fonction de sa<br />
perception de la race et de l’origine<br />
ethnique de la mère. Grâce aux politiques<br />
de l’État dominicain et aux protestations<br />
continues des ultranationalistes,<br />
toute personne perçue comme<br />
une femme haïtienne et ses enfants<br />
deviennent une menace pour la nation<br />
dominicaine.<br />
Résistance : des lueurs d’espoir<br />
Fin 2023, une campagne de diffamation<br />
contre Lauristely Peña Solano,<br />
co-fondatrice avec Michelle Ricardo<br />
du projet AntiCanon qui a publié La<br />
Poupée de Dieula, a conduit à l’expulsion<br />
de Peña Solano de l’école où elle<br />
enseignait. Elle était accusée d’avoir<br />
assigné des lectures de poésie « inappropriées<br />
» à ses élèves. La militante<br />
féministe et avocate Susi Pola estime<br />
que la campagne de diffamation en<br />
ligne menée par l’extrême droite contre<br />
Peña Solano était basée sur « la<br />
peur et la résistance au changement<br />
dans le conservatisme hégémonique »<br />
de la part du secteur d’extrême droite<br />
préoccupé par son « idéologie de genre<br />
». Dans une lettre ouverte aux familles<br />
des écoles, Peña Solano souligne<br />
qu’elle est harcelée depuis de nombreuses<br />
années par des acteurs d’extrême<br />
droite et leur « armée de robots<br />
». Ces attaques étaient basées sur ses<br />
autres projets communautaires et de<br />
droits humains.<br />
Peña Solano n’est que l’une<br />
des dernières d’une longue lignée de<br />
femmes noires et racialisées en République<br />
dominicaine qui ont fait<br />
l’objet de campagnes de diffamation<br />
en ligne et de menaces de violence.<br />
Dans une lettre ouverte, elle s’adresse<br />
directement aux parents : « C’est très<br />
confortable de vouloir clarifier ses intentions<br />
de ne pas nuire à l’école et à<br />
son directeur, alors qu’ils ont clairement<br />
tout fait pour me nuire, tout<br />
cela au nom des bonnes mœurs et de<br />
la bonne moralité. , je vous rappelle<br />
que les inquisiteurs, les dictateurs et<br />
les fascistes ont utilisé la même excuse<br />
tout au long de l’histoire. »<br />
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Comme le souligne Rodríguez,<br />
l’extrême droite ne se tourne<br />
pas seulement vers d’autres espaces<br />
d’Amérique latine et des Caraïbes,<br />
mais elle s’engage également activement<br />
avec des partis politiques d’extrême<br />
droite au-delà de l’hémisphère,<br />
comme Vox en Espagne. « L’émergence<br />
du parti d’extrême droite et<br />
xénophobe Vox en Espagne a créé de<br />
nombreuses opportunités de réseautage<br />
entre les politiciens dominicains<br />
de centre-droit et d’extrême droite et<br />
les droitiers européens », explique Rodríguez.<br />
Parmi ces liens, citons les rencontres<br />
entre un représentant de Vox<br />
et le député dominicain Omar Fernández,<br />
fils de l’ancien président Fernández<br />
et membre du parti de centre-droit<br />
Fuerza del Pueblo. Ces rencontres sont<br />
assez révélatrices de la mentalité des<br />
politiciens conservateurs dominicains,<br />
qui ont l’audace de penser que ce n’est<br />
pas grave de rencontrer ou d’établir<br />
des liens politiques avec des politiciens<br />
xénophobes et néofascistes qui s’attaquent<br />
aux communautés immigrées<br />
en Espagne, y compris celles d’origine<br />
dominicaine.<br />
Pourtant, Rodríguez est clair :<br />
« Repousser les fascistes est possible<br />
». Il souligne l’importance d’une<br />
« gauche forte construite sur la base<br />
de l’unité, de la démocratie et de la<br />
clarté politique, c’est-à-dire une<br />
gauche qui ait une perspective anti-impérialiste<br />
et fermement engagée<br />
dans la lutte contre tous les systèmes<br />
d’oppression et d’exploitation » y<br />
compris le racisme et la dénationalisation<br />
des Dominicains d’origine haïtienne,<br />
le sexisme, l’homophobie et la<br />
transphobie. Rodríguez souligne les<br />
leçons importantes apprises au cours<br />
du mouvement de gauche apparu<br />
dans les années 1960, qui contribuent<br />
à l’internationalisme et à l’anti-impérialisme<br />
de groupes tels que le Mouvement<br />
Socialiste des Travailleurs (MST)<br />
et la myriade de mouvements antiracistes,<br />
féministes et queer collectifs qui<br />
continuent de faire face à la vague actuelle<br />
de néo-fascisme.<br />
Ces efforts prennent différentes<br />
formes. À mesure que Muñecas Negras<br />
RD se développe dans différents<br />
bateyes de la République dominicaine,<br />
par exemple, ils cherchent à créer un<br />
espace pour mettre en valeur le travail<br />
des femmes noires au sein de<br />
leurs propres communautés, passées<br />
et présentes. Elles parlent de l’importance<br />
de reconnaître le travail de<br />
leurs mères et grands-mères en tant<br />
que sages-femmes dans un contexte<br />
où les femmes noires se voient refuser<br />
l’accès à l’accouchement dans les<br />
hôpitaux. Comme l’explique l’auteur<br />
et activiste Belique : « Chez Muñecas<br />
Negras, nous essayons de briser tous<br />
les stéréotypes sociaux, raciaux et de<br />
genre qui nous représentent comme<br />
inférieurs. En travaillant avec des<br />
filles, des adolescents et des jeunes,<br />
nous enseignons que la noirceur est<br />
belle, qu’elle a de la valeur et que nous<br />
sommes capables de créer de belles<br />
choses ». Muñecas Negras RD et les<br />
livres bilingues comme La Poupée de<br />
Dieula de Belique représentent une<br />
menace pour les idéologies conservatrices<br />
des groupes néofascistes. Ils<br />
fournissent également des lueurs d’espoir<br />
pour résister à cette itération la<br />
plus récente et la plus dangereuse de<br />
l’extrême droite.<br />
*Amablys Estrella est professeur<br />
adjoint d’anthropologie et<br />
professeur affilié au Centre d’études<br />
africaines et afro-américaines de l’Université<br />
Rice. Il est également membre<br />
fondateur du collectif Todos Somos<br />
Dominicos. Cet article a été publié en<br />
anglais dans le numéro du printemps<br />
<strong>2024</strong> du magazine trimestriel NACLA<br />
Report et en espagnol sur le site Nacla.<br />
org. Traduction de Stéphanie Holguín.<br />
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16 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
A Travers le monde<br />
Les étudiants juifs qui s’opposent au génocide de<br />
Gaza, un contre-pied puissant à l’antisémitisme<br />
Nouvelle Calédonie : Les<br />
indépendantistes exigent une<br />
solution négociée<br />
Des membres du groupe Jewish Voice for Peace et des alliés se rassemblent en faveur d’un cessez-le-feu dans le<br />
conflit actuel entre Israël et le groupe palestinien Hamas, lors d’une manifestation à Détroit, Michigan, États-<br />
Unis, le 7 novembre 2023. Photo par Dieu-Nalio Chery<br />
Par John V. Walsh*<br />
Biden, les mégadonateurs et les médias<br />
attisent l’antisémitisme en assimilant<br />
Israël au judaïsme.<br />
Les nombreux étudiants juifs dans les<br />
campements du campus, ainsi que<br />
d’autres juifs protestant contre la phase<br />
Gaza du génocide palestinien, méritent<br />
les plus grands éloges pour de nombreuses<br />
raisons. L’une d’entre elles est<br />
que, par leurs actes, ils s’opposent à ce<br />
qui pourrait autrement se transformer<br />
en une vague d’antisémitisme.<br />
Le portrait des campements que<br />
l’on trouve dans la plupart des médias<br />
et lors des auditions du Congrès est un<br />
chaudron bouillonnant de haine antijuive<br />
et de bigoterie. Joe Biden s’est<br />
joint au chœur, qualifiant les actions<br />
des étudiants pour s’opposer au génocide<br />
d’Israël de « manifestations antisémites<br />
» ! Cette accusation est fausse<br />
et constitue une diffamation des manifestations<br />
et un moyen facile de les rejeter.<br />
Elle est dangereuse car elle délégitime<br />
un mouvement qui peut contribuer<br />
à arrêter un génocide. <strong>Mai</strong>s il est également<br />
dangereux à un autre égard, car il<br />
augmente la possibilité d’une véritable<br />
vague de réactions antisémites.<br />
Commençons par le massacre<br />
des habitants de Gaza, qui n’est que la<br />
dernière phase d’un long et lent génocide<br />
du peuple palestinien qui a commencé<br />
avec la Nakba de 1948, l’expulsion<br />
forcée de 750 000 Palestiniens<br />
de leurs maisons, accompagnée d’une<br />
campagne de terreur et d’atrocités.<br />
La Nakba et le nettoyage ethnique<br />
des Palestiniens de la Palestine<br />
historique, alias le Grand Israël, au<br />
cours des 76 années qui ont suivi, ont<br />
été largement occultés. En revanche,<br />
comme cela a été largement remarqué,<br />
le massacre actuel à Gaza est très visible<br />
sur les médias alternatifs et sur l’internet.<br />
Les plus de 35 000 morts, dont<br />
une majorité de femmes et d’enfants, et<br />
les décombres fumants et bombardés<br />
qui étaient autrefois des villes, des<br />
écoles, des mosquées, des églises, des<br />
hôpitaux, des maisons et même des<br />
cimetières sont là pour que le monde<br />
entier puisse les voir.<br />
L’administration Biden a fourni<br />
les armes nécessaires à ce génocide.<br />
Et puisque les contribuables américains<br />
paient la facture des bombes, les<br />
citoyens américains ont le droit et la<br />
responsabilité d’élever la voix pour s’y<br />
opposer. Et c’est précisément ce que les<br />
étudiants ont fait.<br />
Ceux qui s’opposent aux manifestations,<br />
qu’il s’agisse de membres<br />
du Congrès, d’experts, de l’AIPAC ou<br />
de Joe Biden, nous disent que les manifestations<br />
sont antisémites. Comment<br />
justifient-ils cette étiquette ? Parce que,<br />
disent-ils, Israël et la juiverie sont une<br />
seule et même chose, et que condamner<br />
les politiques et les actions d’Israël revient<br />
à condamner tous les juifs. Déclarer<br />
que l’antisionisme équivaut à de l’antisémitisme<br />
est une autre façon de dire<br />
la même chose. <strong>Mai</strong>s cette assimilation<br />
des Juifs et d’Israël n’est pas seulement<br />
fausse, elle se retournera contre nous.<br />
Pourquoi ? Parce que l’acceptation de<br />
cette fausse équation peut facilement<br />
conduire à blâmer tous les Juifs pour les<br />
atrocités commises par l’État d’Israël.<br />
Ce qui, à son tour, peut engendrer une<br />
grande haine des Juifs dans le monde.<br />
Ceux qui assimilent la juiverie et<br />
Israël l’ont-ils compris ? Se soucient-ils<br />
du fait que leur point de vue peut conduire<br />
à une vague d’antisémitisme ?<br />
Les membres du Congrès qui débitent<br />
ce point de vue lors d’auditions publiques<br />
connaissent-ils les conséquences<br />
de leurs actes ? Genocide Joe en a-t-il la<br />
moindre idée ?<br />
Des organisations juives telles<br />
que Jewish Voice for Peace, IfNotNow<br />
et d’autres participent aux manifestations<br />
et figurent souvent parmi les meneurs.<br />
De hauts fonctionnaires juifs du<br />
Le Front de libération nationale<br />
kanak et socialiste (FNLKS), principale<br />
organisation indépendantiste de<br />
Nouvelle-Calédonie, a appelé ce mercredi<br />
au calme sur le territoire et plaidé<br />
pour une solution politique afin d’accéder<br />
à l’indépendance.<br />
« Cette crise ne peut avoir une<br />
réponse politique » qu’à travers un accord<br />
qui lance « une dernière étape de<br />
programmation d’accès à l’indépendance<br />
», a indiqué l’organisation.<br />
De même, le Front a exhorté les<br />
personnes mobilisées à conserver la<br />
sérénité pour que la population, notamment<br />
les plus fragiles, puisse reprendre<br />
sa vie quotidienne “en toute confiance<br />
et sécurité”. Il a toutefois mis en<br />
garde l’État français sur « les modalités<br />
d’intervention » des forces de l’ordre et<br />
affirmé qu’elles ne toléreront « aucun<br />
excès ou débordement » si elles agissaient<br />
« en dehors du cadre légal ».<br />
Mardi soir, des manifestants<br />
ont érigé de nouvelles barricades face<br />
aux renforts de la police française<br />
préparant l’arrivée du président Emmanuel<br />
Macron ce jeudi 23 mai, après<br />
les pires troubles qu’ait connus l’île du<br />
Pacifique.<br />
Ces actions ont lieu en rejet de<br />
la réforme constitutionnelle approuvée<br />
par l’Assemblée nationale française<br />
qui permettra aux nouveaux résidents<br />
pro-français de voter sur ce territoire,<br />
mais les indigènes la rejettent.<br />
A compter de cette loi, les personnes<br />
résidant dans les lieux depuis<br />
au moins dix ans pourront voter.<br />
Selon les indépendantistes aborigènes<br />
« Kanak », cette modification<br />
leur nuit, car elle favorise les intérêts<br />
de la deuxième communauté de l’archipel,<br />
celle des « Caldoches », en<br />
faveur de l’unité avec la France.<br />
TéléSUR 22 mai <strong>2024</strong><br />
ministère de l’intérieur et de l’agence<br />
de renseignement du Pentagone ont<br />
démissionné pour protester contre le<br />
soutien de l’administration Biden au<br />
génocide israélien. Tous deux ont invoqué<br />
leur héritage juif pour justifier leur<br />
démission. Et il y en a certainement<br />
beaucoup d’autres qui pensent la même<br />
chose mais qui, pour toutes sortes de<br />
raisons, ne démissionnent pas. Face à<br />
cela, comment est-il possible de dire<br />
que l’opposition aux politiques de l’administration<br />
Biden est antisémite ?<br />
Lorsque nous voyons le gouvernement<br />
sioniste d’Israël perpétrer<br />
un génocide au vu et au su du monde<br />
entier, nous devons en conclure que le<br />
gouvernement d’Israël se soucie moins<br />
des Juifs que du projet sioniste. Et cela<br />
pourrait bien être la réfutation la plus<br />
décisive de l’équation entre Israël et la<br />
communauté juive.<br />
Enfin, ceux qui crient à l’antisémitisme<br />
quand il n’y en a pas et<br />
qui utilisent cette accusation à des fins<br />
politiques immédiates, minimisent la<br />
souffrance causée par le véritable antisémitisme.<br />
Et comme l’enfant qui crie<br />
au loup, ils rendent impuissantes les<br />
mises en garde contre le véritable antisémitisme<br />
lorsqu’il se présente.<br />
*John V. Walsh écrit sur les questions<br />
de guerre, de paix, d’empire et de<br />
soins de santé pour Antiwar.com, Consortium<br />
News, DissidentVoice.org, The<br />
Unz Review et d’autres publications. Il<br />
vit actuellement dans l’East Bay et était<br />
jusqu’à récemment professeur de physiologie<br />
et de neuroscience cellulaire à<br />
l’école de médecine du Massachusetts.<br />
John V. Walsh est joignable à l’adresse<br />
john.endwar@gmail.com.<br />
Joh, V. Walsh 26 mai, <strong>2024</strong><br />
Traduit par Brahim Madaci<br />
Le Mossad a menacé l’ancienne procureure de la CPI pour obtenir l’abandon<br />
des procédures contre Israël<br />
L’ancien chef du Mossad Yossi Cohen a menacé la procureure en chef de la<br />
CPI Fatou Bensouda pour avoir enquêté sur les crimes de guerre commis<br />
par Israël.<br />
Dans un article publié mardi 28 mai,<br />
The Guardian a rapporté que l’ancien<br />
chef du Mossad, Yossi Cohen, s’était<br />
livré à « des menaces et à des intimidations<br />
» lors d’une série de réunions<br />
secrètes avec Fatou Bensouda, faisant<br />
pression sur elle pour qu’elle abandonne<br />
une enquête contre les dirigeants du<br />
régime d’occupation pour des crimes de<br />
guerre.<br />
L<br />
’enquête a culminé la semaine<br />
dernière lorsque le successeur de<br />
Bensouda, Karim Khan, a annoncé qu’il<br />
cherchait à obtenir un mandat d’arrêt<br />
contre le Premier ministre israélien Benjamin<br />
Netanyahu et son ministre des<br />
Affaires militaires Yoav Gallant, en raison<br />
de la guerre génocidaire menée par<br />
le régime sioniste dans la bande de Gaza<br />
assiégée.<br />
Khan a déclaré qu’il avait des «<br />
motifs raisonnables » de croire que Netanyahu<br />
et Gallant portaient une « re-<br />
sponsabilité pénale » pour « crimes de<br />
guerre et crimes contre l’humanité ». Selon<br />
le quotidien britannique, des contacts<br />
secrets de Cohen avec Bensouda ont eu<br />
lieu entre 2017 et 2021, lorsque la procureure<br />
en chef de la CPI de l’époque a<br />
finalement lancé une enquête sur les<br />
crimes de guerre et les crimes contre l’humanité<br />
commis par le régime de Tel-Aviv.<br />
Citant des responsables israéliens<br />
et de la CPI sous l’anonymat, le rapport<br />
ajoute que Cohen, qui était chef du Mossad<br />
de 2016 à 2021, a eu des communications<br />
fréquentes et de plus en plus<br />
menaçantes avec Bensouda, qui équivalaient<br />
à du « harcèlement ».<br />
Des sources israéliennes ont déclaré<br />
à The Guardian que Cohen avait<br />
agi « à un niveau élevé » comme un «<br />
messager non officiel » de Netanyahu essayant<br />
de compromettre Bensouda ou de<br />
l’amener à se conformer aux exigences<br />
de Tel-Aviv.<br />
« Vous devriez nous aider et nous<br />
laisser prendre soin de vous. Vous ne<br />
voulez pas vous lancer dans des activités<br />
qui pourraient compromettre votre<br />
sécurité ou celle de votre famille », aurait<br />
déclaré Cohen à Bensouda, selon des<br />
sources.<br />
La campagne barbare d’Israël à<br />
Gaza a commencé début octobre. Elle a<br />
chassé de leur foyer près de 80 % des 2,3<br />
millions d’habitants de la bande de Gaza.<br />
La sauvagerie du régime a causé<br />
des destructions considérables dans la<br />
bande côtière. Jusqu’à présent, le régime<br />
de Tel-Aviv a tué au moins 36 096<br />
Gazaouis, pour la plupart des femmes,<br />
des enfants et des adolescents, alors que<br />
79 852 autres ont été blessés.<br />
PressTV 28 <strong>Mai</strong> <strong>2024</strong><br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong><br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
17
Venezuela : Le président Maduro félicite la communauté africaine<br />
Le président du Venezuela, Nicolas Maduro commémore avec des femmes<br />
africaines, la Journée mondiale de l’Afrique et de la fondation de l’Union<br />
africaine<br />
Le président de la République<br />
bolivarienne du<br />
Venezuela, Nicolas Maduro,<br />
a félicité ce samedi les peuples<br />
qui composent les pays<br />
africains, en commémoration<br />
de la Journée mondiale<br />
de l’Afrique et de la fondation,<br />
il y a 61 ans, de l’Union<br />
africaine.<br />
Le message a été publié<br />
par le président vénézuélien<br />
via son compte sur le réseau<br />
social X. En commémoration<br />
des 61 ans de la fondation<br />
de l’AfricanUnion et<br />
de la Journée mondiale de<br />
l’Afrique, nous honorons la<br />
lutte de nos frères et sœurs,<br />
pour leur libération et le droit<br />
à une vie digne. Fidèles à<br />
l’histoire et à la culture du<br />
Venezuela, nous réaffirmons<br />
la force des liens...<br />
Le gouvernement du<br />
Venezuela a renforcé ses<br />
liens ces dernières années<br />
avec les pays africains, à<br />
travers la signature de nombreux<br />
accords de coopération<br />
dans les domaines<br />
énergétique, commercial et<br />
culturel, en tenant compte<br />
de l’importance de l’héritage<br />
africain dans la culture<br />
vénézuélienne.<br />
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MISCELLANEOUS<br />
18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>
L’exécution au ralenti de Julian Assange se poursuit<br />
Par Chris Hedges<br />
La décision de la Haute Cour de<br />
Londres autorisant Julian Assange<br />
à faire appel de l’ordre<br />
d’extradition le laisse croupir<br />
dans une prison de haute sécurité,<br />
dans un état de santé précaire.<br />
C’est là tout l’enjeu.<br />
La décision de la Haute Cour<br />
de Londres d’accorder à Julian<br />
Assange le droit de faire appel de<br />
l’ordre d’extradition vers les États-<br />
Unis pourrait s’avérer une victoire<br />
à la Pyrrhus. Cela ne signifie pas<br />
que Julian échappera à l’extradition.<br />
Cela ne signifie pas que le<br />
tribunal a jugé, comme il se doit,<br />
qu’il est un journaliste dont le seul<br />
« crime » a été de fournir au public<br />
des preuves des crimes de guerre<br />
et des mensonges du gouvernement<br />
américain. Cela ne signifie<br />
pas qu’il sera libéré de la prison de<br />
haute sécurité HMS Belmarsh où,<br />
comme l’a dit Nils Melzer, le rapporteur<br />
spécial des Nations unies<br />
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Dessin de M. Fish<br />
sur la torture, après avoir rendu<br />
visite à Julian, il subissait une «<br />
exécution au ralenti ».<br />
Cela ne signifie pas que le<br />
journalisme soit moins menacé.<br />
Les rédacteurs en chef et les éditeurs<br />
de cinq médias internationaux<br />
– le New York Times, le<br />
Guardian, Le Monde, El Pais et<br />
DER SPIEGEL – qui ont publié des<br />
articles basés sur des documents<br />
divulgués par WikiLeaks, ont demandé<br />
instamment que les accusations<br />
portées par les États-Unis<br />
soient abandonnées et que M. Julian<br />
soit libéré. Aucun de ces dirigeants<br />
de médias n’a été accusé<br />
d’espionnage. Cela n’enlève rien<br />
au stratagème ridicule du gouvernement<br />
américain consistant à extrader<br />
un citoyen australien dont<br />
la publication n’est pas basée aux<br />
États-Unis et à l’inculper en vertu<br />
de la loi sur l’espionnage (Espionage<br />
Act). Cette décision s’inscrit<br />
dans le cadre d’une longue farce<br />
à la Dickens qui se moque des<br />
concepts les plus élémentaires du<br />
droit à un procès équitable. Cette<br />
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décision est fondée sur le fait que<br />
le gouvernement américain n’a<br />
pas donné suffisamment de garanties<br />
que Julian bénéficierait<br />
des mêmes protections du premier<br />
amendement que celles accordées<br />
à un citoyen américain, s’il était<br />
jugé. La procédure d’appel est un<br />
obstacle juridique de plus dans la<br />
persécution d’un journaliste qui<br />
devrait non seulement être libre,<br />
mais être fêté et honoré comme le<br />
plus courageux de notre génération.<br />
Oui, il peut faire appel. <strong>Mai</strong>s<br />
cela signifie une autre année,<br />
peut-être plus, dans des conditions<br />
de détention difficiles, alors que sa<br />
santé physique et psychologique<br />
se détériore. Il a passé plus de<br />
cinq ans au HMS Belmarsh sans<br />
être inculpé. Il a passé sept ans à<br />
l’ambassade d’Équateur parce que<br />
les gouvernements britannique<br />
et suédois ont refusé de garantir<br />
qu’il ne serait pas extradé vers les<br />
États-Unis, même s’il a accepté<br />
de retourner en Suède pour contribuer<br />
à une enquête préliminaire<br />
qui a finalement été abandonnée.<br />
Le lynchage judiciaire de Julian<br />
n’a jamais été une question de<br />
justice. La pléthore d’irrégularités<br />
juridiques, notamment l’enregistrement<br />
de ses réunions avec ses<br />
avocats par la société de sécurité<br />
espagnole UC Global à l’ambassade<br />
pour le compte de la CIA,<br />
aurait dû à elle seule entraîner le<br />
rejet de l’affaire, car elle éviscère<br />
le secret professionnel de l’avocat.<br />
Les États-Unis ont inculpé<br />
Julian de 17 actes relevant de la loi<br />
sur l’espionnage (Espionage Act)<br />
et d’un chef d’accusation d’utilisation<br />
abusive d’un ordinateur, pour<br />
une conspiration présumée visant<br />
à prendre possession d’informations<br />
relatives à la défense nationale<br />
et à les publier. S’il est reconnu<br />
coupable de tous ces chefs<br />
d’accusation, il risque 175 ans de<br />
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prison aux États-Unis.<br />
La demande d’extradition est<br />
fondée sur la publication en 2010<br />
par WikiLeaks des journaux de<br />
guerre de l’Irak et de l’Afghanistan<br />
– des centaines de milliers<br />
de documents classifiés, divulgués<br />
sur le site par Chelsea Manning,<br />
alors analyste du renseignement<br />
de l’armée, qui ont révélé de nombreux<br />
crimes de guerre américains,<br />
notamment des images vidéo<br />
de l’abattage de deux journalistes<br />
de Reuters et de dix autres civils<br />
non armés dans la vidéo Collateral<br />
Murder, la torture systématique de<br />
prisonniers irakiens, la dissimulation<br />
de milliers de morts civiles<br />
et le meurtre de près de 700 civils<br />
qui s’étaient approchés trop près<br />
des postes de contrôle américains.<br />
En février, les avocats de Julian<br />
ont présenté neuf motifs distincts<br />
pour un éventuel appel.<br />
Une audience de deux jours<br />
en mars, à laquelle j’ai assisté,<br />
était la dernière chance pour Julian<br />
de demander un appel de la décision<br />
d’extradition prise en 2022<br />
par la ministre britannique de l’intérieur<br />
de l’époque, Priti Patel, et<br />
de bon nombre des décisions du<br />
juge de district Baraitser en 2021.<br />
Les deux juges de la Haute<br />
Cour, Dame Victoria Sharp et le<br />
juge Jeremy Johnson, ont rejeté en<br />
mars la plupart des motifs d’appel<br />
de Julian. Ses avocats soutenaient<br />
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États-Unis interdit l’extradition<br />
pour des délits politiques, que la<br />
demande d’extradition a été faite<br />
dans le but de le poursuivre pour<br />
ses opinions politiques, que l’extradition<br />
équivaudrait à une application<br />
rétroactive de la loi – car<br />
il n’était pas prévisible qu’une loi<br />
sur l’espionnage vieille d’un siècle<br />
soit utilisée contre un éditeur<br />
étranger – et qu’il ne bénéficierait<br />
pas d’un procès équitable dans le<br />
district Est de Virginie. Les juges<br />
ont également refusé d’entendre<br />
de nouvelles preuves selon<br />
lesquelles la CIA aurait comploté<br />
pour kidnapper et assassiner Julian,<br />
concluant – à la fois de<br />
manière perverse et incorrecte –<br />
que la CIA n’avait envisagé ces<br />
options que parce qu’elle pensait<br />
que Julian avait l’intention de fuir<br />
en Russie.<br />
<strong>Mai</strong>s les deux juges ont déterminé<br />
lundi qu’il était « défendable<br />
» qu’un tribunal américain<br />
n’accorde pas à Julian la protection<br />
du premier amendement, violant<br />
ainsi ses droits à la liberté d’expression<br />
tels qu’ils sont consacrés<br />
par la Convention européenne des<br />
droits de l’homme.<br />
Chris Hedges<br />
Traduit par Brahim Madaci<br />
Afrique Asie 23 mai <strong>2024</strong><br />
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Vol 17 # 48 •Du <strong>29</strong> <strong>Mai</strong> au 4 Juin <strong>2024</strong>