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LUMIERES_N°47_JUIN_2024_Dossier Jeux Olympiques

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Lumières<br />

N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong><br />

Centre aquatique olympique à Saint-Denis (93)<br />

Architectes : VenhoevenCS architecture+urbanism<br />

et Ateliers 2/3/4<br />

Bureau d’études : Inex BET<br />

Solution éclairage : Gewiss<br />

Installateur : Phibor Entreprises<br />

DOSSIER<br />

<strong>Jeux</strong> <strong>Olympiques</strong> :<br />

lumières exemplaires<br />

Photographie par © Jad Sylla


Lumières<br />

N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong><br />

Centre aquatique olympique à Saint-Denis (93)<br />

Architecte : Atelier 2/3/4<br />

Bureau d’études : Inex BET<br />

Solution éclairage : Gewiss<br />

Installateur : Phibor Entreprises<br />

© Jad Sylla<br />

DOSSIER<br />

<strong>Jeux</strong> <strong>Olympiques</strong> :<br />

lumières exemplaires<br />

Éditorial<br />

Isabelle Arnaud<br />

rédactrice en chef<br />

Les JO en héritage<br />

Centre aquatique olympique à Saint-Denis (93)<br />

Architectes : VenhoevenCS architecture+urbanism<br />

et Ateliers 2/3/4<br />

Bureau d’études : Inex BET<br />

Solution éclairage : Gewiss<br />

Installateur : Phibor Entreprises<br />

Photographie par © Jad Sylla<br />

Directeur de la publication<br />

Jean Tillinac<br />

Édition 3e Médias<br />

17, rue de l’Amiral Hamelin<br />

75016 Paris<br />

www.filiere-3e.fr<br />

Rédactrice en chef<br />

Isabelle Arnaud<br />

Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80<br />

lumieres@filiere-3e.fr<br />

Publicité<br />

Sandrine de Montmorillon<br />

Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68<br />

sdm@filiere-3e.fr<br />

Ont collaboré à ce numéro :<br />

Alexandre Arène, Milan Guillou,<br />

Roger Narboni<br />

Abonnements<br />

Juliette Aguelon<br />

compta.3emedias@gmail.com<br />

Corrections<br />

Laurence Chabrun<br />

laurencechabrun@gmail.com<br />

Conception graphique et réalisation<br />

Planète Graphique Studio<br />

95, boulevard Berthier<br />

75017 Paris<br />

Impression et routage<br />

Imprimerie Chirat<br />

42540 Saint-Just-La-Pendue<br />

© 3e Médias, Paris.<br />

Reproduction interdite.<br />

Dépôt légal : juin <strong>2024</strong><br />

ISSN : 2259-3772<br />

Car c’est de cela qu’il s’agit : non pas de déploiement de nouvelles<br />

constructions – 95 % d’infrastructures sportives existantes ou temporaires –,<br />

il y en a très peu, mais surtout de rénovations en tous genres, et tous usages<br />

(éclairage compris) devrait-on dire, durables, recyclables, réutilisables. Créée<br />

en 2017, la Solideo, Société de livraison des ouvrages olympiques, a la charge de la<br />

livraison de l’ensemble des ouvrages pérennes réalisés dans le cadre des <strong>Jeux</strong>.<br />

Ce maître mot, héritage, est utilisé dans le contexte des jeux <strong>Olympiques</strong> pour désigner<br />

la période d’après JOP. Dans le langage courant, « héritage » désigne le patrimoine<br />

qu’une personne lègue, généralement à ses proches. C’est exactement l’esprit de tous<br />

les projets liés à l’événement, éclairage compris pour une fois, aurait-on envie d’ajouter.<br />

En effet, la lumière est non seulement omniprésente, qu’elle concerne les équipements<br />

sportifs ou les espaces publics, mais elle est faite pour durer, critère incontournable des<br />

cahiers des charges. Nombreuses sont les rénovations ou les conceptions d’éclairage<br />

qui ont pris part à ce vaste chantier : le manque de place nous a contraints à renoncer<br />

à publier beaucoup d’entre elles ; mais la pérennité de ces installations nous permettra,<br />

justement, de revenir sur ces projets exemplaires dans nos futures éditions.<br />

Exemplarité, un autre maître mot de ces JO. La Solideo affichait clairement les objectifs :<br />

« Réduire l’impact carbone sur tout le cycle de vie des bâtiments avec utilisation de<br />

matériaux biosourcés et de matériaux à faible impact carbone (comme le bois ou le<br />

béton bas carbone) ; réemploi et recyclage des matériaux de chantier et issus de la<br />

déconstruction, et recours aux énergies renouvelables. Garantir le confort urbain en<br />

prenant en compte le réchauffement climatique (sous le climat de 2050) et en garantissant<br />

un différentiel structurel d’a minima 6° par rapport aux températures extérieures. Favoriser<br />

le respect et la préservation de la biodiversité. » Autant l’agence ON pour le Cluster des<br />

Médias que Concepto pour le Village des athlètes, dont nous présentons le travail dans<br />

le dossier de cette édition, ont déployé des trésors d’ingéniosité et d’imagination pour<br />

proposer des lumières d’excellence environnementale et d’accessibilité universelle, mais<br />

aussi ludiques, confortables, dans le respect de la réglementation et de la biodiversité. Le<br />

tout, souvent dans des délais qui ne manquaient pas d’exemplarité non plus ! Chapeau<br />

bas. Ainsi, les deux sites ont été pensés pour devenir des quartiers vivants agréables,<br />

adaptés aux besoins de tous, tout en offrant un environnement préservé. À l’issue<br />

des <strong>Jeux</strong>, ce sont plus de 4 000 logements, des groupes scolaires, des crèches, des<br />

résidences étudiants qui seront aménagés rien que sur ces deux sites, avec près de<br />

20 hectares d’espaces verts.<br />

Mais il n’y a pas que Paris qui s’emploie à recevoir les épreuves olympiques, et outre le<br />

Centre aquatique olympique qui met en œuvre des lumières techniques et architecturales<br />

pour accompagner le plafond en bois ; nous avons suivi quelques rénovations opérées en<br />

dehors de la capitale, jusqu’à Marseille. Tout un programme.<br />

À propos de programme, l’interview croisée de Simon Joyeux, Rayflexion, et Johan<br />

Sustrac, Distylight, met en évidence les avancées que la programmation, liée à la gestion,<br />

a connues récemment, notamment dans les projets d’éclairage intérieur. Une deuxième<br />

révolution au cœur de la conception lumière.<br />

Toujours aussi passionnants, les témoignages d’experts de l’éclairage muséographique,<br />

qu’il s’agisse de conceptrices ou concepteurs lumière, ou de fabricants, qui s’expriment<br />

dans le Cahier technique au travers d’exemples qui donnent à voir les œuvres d’art tout<br />

en les préservant et en invitant à la visite, comme nous vous invitons à la lecture.<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 3


Lumières Sommaire<br />

18<br />

© DR © DR<br />

INTERVIEW CROISÉE<br />

06 La programmation lumière, une deuxième révolution<br />

Damien JOYEUX, directeur de Rayflexion<br />

Johan SUSTRAC, concepteur lumière,<br />

directeur de Distylight<br />

22<br />

ACTUALITÉS<br />

10 Fraudes aux CEE éclairage - Arnaque organisée à la<br />

rénovation énergétique ?<br />

11 Palmarès du Concours Lumières <strong>2024</strong><br />

12 Fermob, une santé de fer<br />

Photinus et Schréder unissent leurs forces<br />

13 Sylvania : un siècle d’innovations<br />

14 Emmanuel Gagnez, PDG de Sammode, élu au CA de LightingEurope<br />

L'ACE met en place un think tank<br />

Eclatec : plus de 90 ans d'expertise en éclairage public<br />

15 Galaed acquiert le groupe Proled<br />

Lunoo rejoint le groupe Lighting Developpement<br />

PROJETS<br />

18 Assemblée nationale, une façade sobre et dynamique<br />

Conception lumière : Christophe Canadell<br />

et Camila Le Bertre, NoctaBene<br />

22 Restaurant Come Prima à Annecy : délices en lumière<br />

Conception lumière : Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

ENTRETIEN<br />

16 Lucas GOY<br />

Concepteur lumière<br />

Directeur de l’agence<br />

les éclaireurs<br />

PERSPECTIVES<br />

26 EAS Solutions :<br />

« Plus d’intelligence…<br />

plus d’efficacité ! »<br />

Didier PETIT-BRISSON,<br />

PDG associé d’EAS Solutions<br />

© DR<br />

© Assemblée nationale 2023<br />

4 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Sommaire<br />

52<br />

29<br />

© Design de Lux <strong>2024</strong>/V. Muracciole<br />

DOSSIER<br />

29 <strong>Jeux</strong> <strong>Olympiques</strong> : lumières exemplaires<br />

30 La durabilité en héritage<br />

46 Enquête produits :<br />

Compétitifs et efficaces<br />

DESIGNER<br />

50 Stéphane KIEFER<br />

La lumière pour seconde vie<br />

SHOWROOM<br />

52 EUROPOLE : éclairage linéaire led fabriqué en France<br />

© Alexis Coussement.<br />

54<br />

CAHIER TECHNIQUE<br />

54 Musées : technologie et concept lumière<br />

50<br />

© Stéphane Kiefer<br />

PRODUITS<br />

62 Une promenade au cœur de Light+Building <strong>2024</strong>,<br />

par Roger Narboni, concepteur lummièree<br />

63 Imago, une marque de Chrysalis, présente Sélène<br />

Quadratube by Wilmotte, pour Sammode<br />

64 Nouveautés<br />

66 Index<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 5


Lumières Interview croisée<br />

La programmation lumière,<br />

une deuxième révolution<br />

Distylight est une agence de conception lumière créée par Johan Sustrac en 2009. Elle emploie<br />

aujourd’hui une dizaine de personnes aux profils éclectiques et curieux, qui développent une<br />

sensibilité à l’art sous toutes ses formes : architecture, sculpture, peinture, sans oublier le paysage<br />

et l’urbanisme. Une équipe forte de 15 ans d’expérience qui conçoit et met en lumière les espaces<br />

et les matières, les œuvres et les objets : près de 400 projets réalisés dans le monde. Une équipe<br />

à l’affût des nouveautés technologiques pour optimiser l’efficacité et l’empreinte énergétique, qui<br />

sait relever les défis techniques pour mieux servir l’esthétique, dans le respect de l’environnement.<br />

Distylight a ses bureaux rue de Braque, dans le 3 e arrondissement de Paris.<br />

Rayflexion est un bureau d’études spécialisé dans la gestion de l’éclairage et la programmation<br />

fondé par Damien Joyeux en 2020. Après avoir passé une dizaine d’années au sein d’une agence<br />

de conception lumière, il est devenu intégrateur lumière et accompagne les différents acteurs<br />

d’un projet d’éclairage, qu’il s’agisse de la maîtrise d’ouvrage, de la maîtrise d’œuvre, ou des<br />

concepteurs lumière, de la phase études jusqu’à la création de scénarios lumineux, tout en<br />

passant par l’accompagnement de l’installateur sur site. Rayflexion a pour objectif de trouver<br />

les solutions les plus adaptées, tant sur la partie matériel en effectuant une veille technologique<br />

permanente que sur le choix des protocoles les plus adaptés (DALI, DMX, Artnet, Casambi…) pour<br />

répondre au mieux aux besoins de l’utilisateur final et aux contraintes techniques. Les domaines<br />

d’application sont divers et peuvent aller de la mise en lumière architecturale extérieure à la<br />

gestion de l’éclairage intérieur dans les boutiques, en passant par la scénarisation de l’éclairage<br />

dans les restaurants.<br />

6 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Interview croisée<br />

© DR<br />

Damien JOYEUX<br />

Directeur de Rayflexion<br />

Johan SUSTRAC<br />

Concepteur lumière, directeur de Distylight<br />

© DR<br />

Vous montrez l’un et l’autre un intérêt particulier pour la gestion de l’éclairage.<br />

Pensez-vous qu’il s’agisse là d’une dimension incontournable de votre métier ?<br />

Damien Joyeux – Aujourd’hui, oui. J’ai été quelques années<br />

concepteur lumière au sein de l’agence Ponctuelle et j’ai<br />

pu constater que si l’arrivée de la led a favorisé la mise en<br />

œuvre d’éclairages dynamiques, elle a pris aussi de court<br />

certains acteurs qui n’ont pas eu le temps de se former aux<br />

nouvelles technologies qui font appel à des automatismes ou<br />

la programmation de scénarios. J’ai souvent remarqué que,<br />

même lorsque les outils étaient prescrits et même installés,<br />

ils restaient sans fonctionner correctement car personne ne<br />

savait les mettre en service. C’est à ce moment-là que j’ai<br />

décidé de passer de « l’autre côté de la barrière », de revenir<br />

à la partie technique en devenant intégrateur lumière et de<br />

créer Rayflexion. Connaissant bien le métier de concepteur<br />

lumière, c’est facile pour moi de les accompagner dans ce<br />

qu’ils ont envie de réaliser et, côtoyant les installateurs sur le<br />

terrain depuis longtemps, je suis en mesure de comprendre<br />

les difficultés qu’ils rencontrent. Avec Rayflexion, je parviens<br />

à créer ce lien entre concepteurs et installateurs, et fais en<br />

sorte qu’ils se comprennent ; comme un traducteur qui<br />

permet l’échange afin que le résultat soit le plus conforme<br />

possible à l’idée initiale du concepteur lumière. Inversement,<br />

ce dernier n’a pas toujours le temps d’appréhender les<br />

nouvelles technologies en matière de gestion technique ou<br />

de programmation ; c’est pour cette raison d’ailleurs que<br />

j’ai proposé à l’ACE (Association des concepteurs lumière<br />

et éclairagistes) de donner des formations à ces membres ;<br />

pour qu’ils soient un peu plus armés lorsqu’on leur objecte<br />

l’impossibilité de réaliser un concept lumière au prétexte<br />

que c’est compliqué.<br />

Johan Sustrac – Il est vrai que nous traversons une période de<br />

révolution où la technologie évolue à très grande vitesse,<br />

aussi bien en ce qui concerne le matériel d’éclairage que<br />

les systèmes de pilotage et les spécialités se sont affinées.<br />

Le recours à des bureaux d’études tels que Rayflexion a<br />

tendance à se généraliser, parfois parce que la maîtrise<br />

d’ouvrage ou la maîtrise d’œuvre elles-mêmes nous le<br />

demandent.<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 7


Lumières Interview croisée<br />

Doit-on parler de gestion ou bien de programmation ? Quelle distinction<br />

faites-vous ?<br />

Johan Sustrac – La programmation ne dépend pas entièrement<br />

de la conception lumière, elle vient d’un souhait du client.<br />

Elle peut être horaire, liée à des mouvements ; il s’agit de<br />

répondre à des besoins, à une image. La gestion comprend<br />

les éléments nécessaires à cette programmation comme des<br />

modes de pilotage au câblage, en passant par les drivers.<br />

D’où l’importance d’intégrer un concepteur lumière très<br />

tôt dans le projet afin de guider la maîtrise d’ouvrage. La<br />

programmation doit en effet être pensée en même temps<br />

que l’étude d’éclairage et c’est à nous, concepteurs lumière,<br />

de demander dès le départ à nos clients ce qu’ils veulent<br />

obtenir comme effets. C’est à nous qu’il incombe de nous<br />

livrer à une véritable enquête des besoins car, bien souvent,<br />

le maître d’ouvrage ne connaît même pas l’éventail des<br />

possibilités dont nous disposons, à condition, bien entendu,<br />

que l’on puisse les étudier, les choisir et les intégrer en temps<br />

et en heure dans le projet d’éclairage. Est-ce que l’on veut<br />

des scénarios fixes, en mouvement, juste des changements<br />

d’ambiances, des variations de couleurs ?<br />

Damien Joyeux – La programmation, c’est la finalité : on<br />

programme des scénarios d’éclairage après que tout a été<br />

mis en place, tandis que la gestion doit être envisagée en<br />

amont . Elle englobe tous les systèmes, c’est-à-dire la partie<br />

matériels et programmation et consiste à mettre en œuvre<br />

les produits (luminaires et drivers, interface DALI). La<br />

première question à se poser, c’est que veut-on faire avec<br />

l’éclairage : des effets dynamiques, des lumières statiques ?<br />

Est-ce que l’on veut appuyer sur un bouton ou passer par<br />

une application ? L’approche sera différente et ce ne seront<br />

pas les mêmes outils à mettre en place, les protocoles de<br />

commande ne seront pas les mêmes. Le maître mot est<br />

« anticiper », poser les bonnes questions dès le début de<br />

l’étude d’éclairage. Quand on parle d’éclairage dynamique,<br />

ce n’est pas un gros mot ! Notre rôle d’intégrateur lumière<br />

est d’étudier la gestion de l’éclairage afin de mieux la<br />

programmer lors de la mise en service.<br />

Existe-t-il des secteurs où la gestion de l’éclairage est plus facilement,<br />

plus fréquemment mise en place ?<br />

Damien Joyeux – La gestion de l’éclairage touche tous les<br />

domaines, mais elle est mise en œuvre différemment<br />

selon les effets que l’on veut obtenir. Par exemple, dans<br />

un restaurant, on ne mange pas sous la même lumière le<br />

midi que le soir, donc, bien évidemment, c’est un secteur<br />

de prédilection. Je me souviens du restaurant 39V dont on<br />

a parlé dans une édition antérieure de Lumières, on avait<br />

réglé l’intensité du flux lumineux à seulement 3 ou 4 %<br />

pour le soir ! Autre exemple, j’ai récemment programmé,<br />

pour la table du chef dans un restaurant gastronomique<br />

parisien, des scénarios lumière adaptés à chaque plat servi<br />

en fonction de son contenu. Les approches diffèrent selon<br />

les secteurs : elle est plutôt fonctionnelle dans les bureaux<br />

ou les musées pour des raisons d’économies d’énergie et de<br />

confort visuel ; artistique sur les façades de monuments ;<br />

esthétique dans les commerces et les restaurants afin de<br />

créer des ambiances dynamiques qui accompagnent les<br />

utilisateurs. La gestion peut aller du simple automatisme<br />

pour l’allumage ou l’extinction selon l’occupation des<br />

locaux, au changement de températures de couleur pour<br />

respecter le rythme circadien, en passant par des effets<br />

lumineux pixellisés sur une façade.<br />

Johan Sustrac – On vit avec la lumière naturelle qui évolue sans<br />

cesse au cours de la journée. Il est vrai que dans les boutiques<br />

et les hôtels-restaurants, les maîtres d’ouvrage et maîtres<br />

d’œuvre optent souvent pour de l’éclairage dynamique<br />

considéré comme vivant, par opposition à la lumière<br />

statique. La plupart du temps, l’option gestion dépend du<br />

budget et non du secteur d’activité ; en revanche, c’est une<br />

énorme plus-value, les hôteliers et les restaurateurs le savent<br />

bien. Mais, dans le tertiaire, la gestion se développe car les<br />

bureaux sont de plus en plus soumis aux exigences de labels<br />

qui mettent l’accent sur le confort et sur les économies<br />

d’énergie. La gestion de l’éclairage sert aussi à cela :<br />

réduire les consommations d’énergie tout en améliorant les<br />

conditions de travail. Tous ces labels poussent nos clients<br />

à investir dans la gestion, mais il ne s’agit pas des mêmes<br />

échelles selon les secteurs : un restaurant, c’est entre 200 m²<br />

à 400 m² en moyenne ; un projet de bureaux, c’est plutôt<br />

plusieurs milliers de mètres carrés !<br />

Tous les projets d’éclairage intègrent une forme ou une<br />

autre de gestion désormais ; en extérieur, les façades, les<br />

jardins, les places, sont presque toujours éclairés en lumière<br />

dynamique. On remarque aujourd’hui une transversalité<br />

de tous les systèmes : nous avons par exemple fait appel<br />

“La matière devient vivante<br />

grâce à la lumière dynamique !” Johan Sustrac<br />

8 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Interview croisée<br />

“Anticiper est le maître mot<br />

de la gestion de l’éclairage :<br />

elle doit être pensée en amont du projet.” Damien Joyeux<br />

à Dijon à la technique du mapping à laquelle nous avons<br />

ajouté des effets dynamiques pour la mise en lumière d’une<br />

façade. La matière devient ainsi vivante grâce à la lumière<br />

dynamique !<br />

À quel moment vos deux métiers, de concepteur lumière et d’intégrateur lumière,<br />

se rencontrent-ils ?<br />

Johan Sustrac – Nous proposons de la gestion dans toutes nos<br />

études mais cela ne veut pas dire que nos clients l’adoptent<br />

systématiquement. C’est à nous, concepteurs lumière,<br />

de nous montrer pédagogiques ; bien entendu, le budget<br />

peut représenter un frein car nos clients ne voient pas<br />

forcément l’intérêt économique immédiatement. Il nous<br />

arrive d’ailleurs de faire la programmation nous-mêmes<br />

pour cette raison, mais on essaie au maximum d’inclure<br />

la prestation d’un spécialiste comme Damien Joyeux. Sa<br />

présence lors des réglages achève de les convaincre : lorsque<br />

le client voit l’effet spectaculaire de la programmation, il<br />

est toujours conquis. Et pour le concepteur lumière, c’est<br />

extrêmement confortable de pouvoir ajuster les sources<br />

lumineuses au moment des réglages. L’intégrateur lumière<br />

est un véritable allié en termes de respect de la conception<br />

lumière et, par conséquent, nous fait gagner beaucoup<br />

de temps. Nous faisons en sorte de préparer les plans des<br />

scénarios, avec l’indication des groupements des luminaires<br />

afin de faciliter la définition des outils à mettre en place lors<br />

de la programmation.<br />

Damien Joyeux – C’est là que réside toute la difficulté de notre<br />

métier : le résultat n’est perceptible que lorsque le projet est<br />

mis en service, alors, pour que la programmation soit réussie,<br />

il faut la prévoir en amont, afin que les effets lumineux,<br />

ou tout simplement la gestion, soient efficaces. Il faut donc<br />

anticiper notre intervention pour la budgétiser et organiser<br />

l’interface entre les interlocuteurs, le client, l’installateur, le<br />

fabricant et le concepteur lumière. C’est ce dernier qui nous<br />

fait entrer dans le projet au moment où lui-même a avancé<br />

dans l’étude et défini une gestion de l’éclairage ; il sait qu’il<br />

aura besoin de notre intervention pour la programmer<br />

et surtout choisir les protocoles adaptés à la réalisation.<br />

C’est pour cela que je parle de deuxième révolution qui<br />

s’opère : le pilotage de l’éclairage se démocratise, il est<br />

de moins en moins réservé aux effets artistiques. Mais<br />

attention, je ne me substitue pas au concepteur lumière ;<br />

nous sommes complémentaires, chacun son métier ! Il nous<br />

arrive également d’être appelées par les fabricants qui ont<br />

par exemple beaucoup de leurs appareils installés mais pas<br />

seulement, et ils ne savent pas forcément comment faire<br />

fonctionner la gestion sur les luminaires d’autres marques,<br />

même s’il s’agit d’un protocole ouvert. Dans tous les cas,<br />

avant même de nous lancer dans la programmation, nous<br />

devons nous assurer que tout fonctionne correctement et<br />

que les connexions ont été bien faites.<br />

Comment voyez-vous l’évolution de la gestion de l’éclairage et plus particulièrement<br />

de la programmation dans les années à venir ?<br />

Damien Joyeux – On assiste déjà à de nouveaux développements,<br />

comme alimenter des luminaires et apporter la commande<br />

en même temps depuis un câble RJ45. Et derrière, ce<br />

n’est que de l’infrastructure réseau avec des switch PoE<br />

(power over Ethernet). Ce ne sont que les débuts de la<br />

programmation en éclairage, d’autres développements<br />

sont à venir. Notamment, les outils sans fil s’imposent dans<br />

la gestion, avec des protocoles ouverts, surtout avec des<br />

systèmes utilisant une énergie d’émission faible et fiable. Ces<br />

solutions permettent de rendre plus flexible une installation<br />

et de limiter l’utilisation de cuivre.<br />

Johan Sustrac – Je pense que l’arrivée de la led a fait basculer<br />

l’éclairage dans un domaine proche de l’informatique via<br />

les composants électroniques. Il y a de grandes chances que<br />

ça se généralise, un peu comme les chargeurs de téléphone,<br />

et que tous ces éléments qui le composent aujourd’hui<br />

s’interconnectent de façon systématique. Les liens entre les<br />

différents secteurs vont sans doute se multiplier, comme<br />

entre le chauffage, ou la climatisation et l’éclairage… Tant<br />

qu’il y aura une mouvance technologique, il y aura une<br />

évolution de nos métiers, concepteur et intégrateur lumière.<br />

Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 9


Lumières Actualités<br />

Fraudes aux CEE éclairage<br />

Arnaque organisée à la rénovation énergétique ?<br />

Les certificats d’économies d’énergie (CEE)<br />

sont un dispositif destiné à favoriser la<br />

transition énergétique et sont attribués par les<br />

services du ministère chargé de l’énergie. Ils<br />

peuvent donner lieu à des financements de<br />

la part de fournisseurs d’énergie pour des travaux<br />

de rénovation permettant la baisse de la<br />

consommation d’énergie. Mais ce système a<br />

depuis quelque temps donné lieu à certaines<br />

dérives.<br />

Début 2020, le Syndicat de l’éclairage dénonçait<br />

les mécanismes de fraudes aux CEE<br />

dans le secteur de l’éclairage professionnel,<br />

intérieur ou extérieur, public comme privé.<br />

En mai 2021, une « Mise en garde » est<br />

publiée, qui associe la FNCCR, l’Association<br />

française de l’éclairage et le Syndicat de<br />

l’éclairage au sujet de luminaires gratuits supposés<br />

conformes.<br />

En 2023, la MICAF, Mission interministérielle<br />

de coordination anti-fraude aux aides<br />

publiques, qui regroupe l’ensemble des administrations<br />

et les services d’enquête judiciaires<br />

spécialisés, reçoit mission de détecter<br />

et poursuivre les fraudes à la rénovation énergétique.<br />

Suite à de nombreux signalements, un<br />

arrêté du 22 février <strong>2024</strong> renforce les<br />

contrôles sur les travaux réalisés au titre de la<br />

fiche CEE RES-EC-104 « Rénovation d’éclairage<br />

extérieur » qui date de 2014. Ces travaux<br />

doivent être vérifiés sur place et ceux avérés<br />

non conformes verront leur aide financière<br />

annulée. Parallèlement, la DGEC a décidé de<br />

réviser en urgence la fiche RES-EC-104.<br />

Face aux dérives constatées, la FNCCR, le<br />

Serce, l’AFE, l’AITF et le Syndicat de l’éclairage<br />

viennent de publier un guide dont<br />

l’objectif est de faire prendre conscience aux<br />

élus et responsables techniques de leurs<br />

responsabilités vis-à-vis du code des marchés<br />

publics, des enjeux environnementaux,<br />

et des conséquences de leurs choix sur le<br />

développement économique et social des<br />

territoires. Car ni l’efficacité ni la durabilité<br />

des éclairages ne sont le but véritable de ces<br />

sociétés, qui se présentent pourtant abusivement<br />

comme spécialistes en efficacité<br />

énergétique. La plupart du temps, il s’agit<br />

d’importateurs de produits à bas coût, sans<br />

marque, aux données techniques douteuses<br />

quant à l’efficacité annoncée, la maintenabilité,<br />

la durée de vie, et presque toujours<br />

non vérifiables, voire non vérifiées. Leur accompagnement<br />

après-vente est également<br />

questionnable, tout comme leur respect du<br />

code des marchés publics ou des dernières<br />

normes. Ces sociétés sont avant tout des<br />

10 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong><br />

agrégateurs, pour le compte d’obligés CEE<br />

peu scrupuleux sur la manière, sans compétence<br />

spécifique en éclairage, ni même, plus<br />

globalement, en efficacité énergétique. Les<br />

conséquences ne sont pas anodines : des<br />

« rénovations » inefficaces, des économies<br />

très limitées voire inexistantes, et un impact<br />

négatif inévitable sur les coûts de maintenance<br />

et de remise aux normes. La contribution<br />

effective de tels projets à la transition<br />

environnementale paraît très incertaine.<br />

Les entreprises du Syndicat s’engagent<br />

résolument, depuis des décennies, sur des<br />

notions de qualité de produit et de service<br />

auprès des clients pour proposer des solutions<br />

d’éclairage durables, fiables, efficaces<br />

et conformes aux réglementations.<br />

Les éléments qui doivent vous alerter<br />

L’achat responsable est celui où le donneur<br />

d’ordre dispose d’informations précises et<br />

fiables sur ses fournisseurs et les produits<br />

proposés. Voici quelques signaux, déjà rencontrés,<br />

qui doivent éveiller sa méfiance et<br />

attirer son extrême vigilance face à des offres<br />

anormalement basses et séduisantes. L’accumulation<br />

de ces signaux doit constituer un<br />

faisceau d’indices suffisant pour les écarter.<br />

1. Le fournisseur se présente comme « Spécialiste<br />

de la rénovation énergétique ».<br />

2. Le fournisseur se recommande du gouvernement<br />

ou d’organismes en charge de<br />

la transition énergétique (vérifier la véracité<br />

des propos auprès des autorités (DGCCRF,<br />

DGEC…).<br />

3. Il n’y a pas de catalogue, mais seulement<br />

une offre de hublots, une de réglettes<br />

étanches et une de projecteurs ou de luminaires<br />

d’éclairage public basique, tous proposés<br />

gratuitement ou presque, et aucune<br />

offre de système de pilotage automatique de<br />

l’éclairage pour l’allumage, la gradation ou<br />

l’extinction.<br />

4. Le fournisseur propose un bon de commande<br />

où le client n’a plus qu’à indiquer le<br />

nombre de luminaires gratuits (« sans reste<br />

à charge ») qu’il souhaite. En contrepartie,<br />

le client doit signer une attestation stipulant<br />

qu’il s’engage à installer ces luminaires dans<br />

l’année.<br />

5. Le fournisseur annonce que le coût du<br />

produit est pris en charge par un fournisseur<br />

d’énergie ou par les certificats d’économies<br />

d’énergie.<br />

6. Le fournisseur est incapable de fournir<br />

des fiches techniques détaillées relatives aux<br />

produits, en français (cf. Charte led).<br />

7. Le fournisseur ne peut pas présenter<br />

d’informations techniques précises, et en<br />

particulier celles exigées par le règlement<br />

européen 2019/2020 sur l’écoconception<br />

des sources lumineuses ou par l’arrêté de<br />

décembre 2018 relatif aux nuisances lumineuses<br />

(puissance électrique, flux lumineux,<br />

température de couleur, IRC…).<br />

8. Il n’y a pas de possibilité de remplacer les<br />

sources lumineuses ni le driver (auxiliaire<br />

d’alimentation), et aucune information sur la<br />

disponibilité de pièces détachées dans des<br />

délais raisonnables n’est indiquée.<br />

9. Le fournisseur parle essentiellement de<br />

certificats d’économies d’énergie mais reste<br />

muet quant à l’étude du projet d’éclairage<br />

(niveaux d’éclairement ou de luminance,<br />

maîtrise de l’éblouissement, calculs selon la<br />

norme EN 13201…).<br />

10. Le fournisseur n’a pas ou peu d’employés<br />

en France.<br />

11. Il n’y a pas de nom du dirigeant, ni d’aucun<br />

responsable sur les sites ou documents.<br />

12. Il n’y a aucune adresse physique en<br />

France.<br />

13. Le fournisseur ne publie pas ses comptes<br />

(vérifier sur le site bilan.com, société.com ou<br />

autres) et l’activité officiellement déclarée de<br />

l’entreprise sur ces sites a peu de rapport<br />

avec la fourniture de matériel d’éclairage.<br />

14. Il n’y a pas de références précises d’installations<br />

d’éclairage réussies en France.<br />

15. Les documents sont émaillés de fautes<br />

d’orthographe.<br />

16. Le fournisseur n’a pas de numéro d’identifiant<br />

unique (IDU) prouvant qu’il est adhérent<br />

d’un éco-organisme chargé d’organiser<br />

la collecte et le retraitement de ses produits<br />

en fin de vie (vérification sur le site www.<br />

syderep.ademe.fr).<br />

17. Les documents du fournisseur abondent<br />

en superlatifs auto-louangeurs.<br />

18. Le fournisseur met en avant une récompense<br />

ou une distinction qui lui aurait été<br />

décernée, et s’affiche en compagnie d’autorités<br />

et autres personnages officiels, comme<br />

argument de respectabilité, notoriété, ou<br />

supposée reconnaissance de qualité.<br />

19. Le produit est présenté comme une invention<br />

qui révolutionne le monde de l’éclairage<br />

ou celui de la gestion automatique de<br />

la lumière.<br />

20. Le fournisseur n’est membre d’aucune<br />

association professionnelle reconnue pour<br />

ses engagements pour la qualité (AFE,<br />

Syndicat de l’éclairage, SERCE, CAPEB,<br />

FFIE, etc.). n


Lumières Actualités<br />

Palmarès Concours Lumières <strong>2024</strong><br />

Le jury du Concours Lumières <strong>2024</strong>, présidé<br />

par Guy Geoffroy, maire de Combs-la-<br />

Ville et président de l’association les Éco<br />

Maires, a délibéré le 16 mai et a décerné les<br />

prix suivants.<br />

1 er prix – Le Grand Rex – Paris (75)<br />

grand soin a été apporté à l’intégration des<br />

équipements disposés sur le bâtiment et le<br />

choix s’est porté sur le réemploi d’installations<br />

existantes (armoires électriques complétées<br />

plutôt que reconstruites) ainsi que le<br />

recyclage de certains équipements auprès<br />

d’entreprises spécialisées.<br />

2 e prix – Ville de Romans-sur-Isère (26)<br />

– La tour Jacquemart<br />

la flèche s’éteint et un éclairage plus modéré<br />

accompagne le bonhomme Jacquemart et la<br />

cloche. Seuls le baromètre et les 4 cadrans<br />

d’horloge restent éclairés.<br />

Le module de programmation définit 8 zones,<br />

en fonction des sonneries. Un calage sur<br />

impulsion permet de programmer la mise<br />

en lumière en fonction des mouvements de<br />

l’automate.<br />

3 e prix – Ville de Boulogne-sur-Mer (62) –<br />

Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception<br />

© Nicolas Thomas<br />

Architecte : Atelier PNG – Conception lumière :<br />

Studio Vicarini – Installateurs : Eiffage Energie<br />

Systèmes – Programmation : Rayflexion –<br />

Fabricants : Actif Signal, Lumen Pulse,<br />

Girard Sudron.<br />

Construit en 1932 dans le style Art déco, le<br />

cinéma le Grand Rex est un édifice emblématique<br />

de Paris. À l’occasion de son 90e<br />

anniversaire, les propriétaires ont décidé de<br />

restaurer sa façade et ses toitures, inscrites<br />

aux Monuments historiques depuis 1981,<br />

afin d’en restituer l’architecture originelle, et<br />

de le mettre en lumière. Confiés à l’atelier<br />

d’architecture PNG, les travaux de restauration<br />

sont valorisés par la mise en lumière<br />

conçue par le Studio Vicarini. Celle-ci révèle<br />

le monument, en le parant d’un éclairage qui<br />

s’adapte en fonction de la programmation ou<br />

des événements. Les bas-reliefs en staff, au<br />

motif de lentilles de Fresnel, ont été réinterprétés<br />

comme un motif d’apparat. Dorés le<br />

jour, ils semblent illuminés de l’intérieur une<br />

fois la nuit tombée. La mise en lumière souligne<br />

élégamment la volumétrie des surfaces<br />

et des lignes en faisant rayonner la façade.<br />

Elle se module en dégradé, dans un crescendo<br />

lumineux jusqu’à l’enseigne sommitale<br />

restaurée. Techniquement, la gradation<br />

des lampes leds à un niveau très faible (5 à<br />

10 %) permet de réduire la consommation<br />

d’énergie, de même que la programmation et<br />

l’automatisation de l’extinction des façades<br />

et des enseignes, programmée à 23 h 45. Un<br />

© Ville de Romans Emma Sammiez<br />

Architectes : Élisabeth Polzella, architecte DPLG,<br />

Bruno Merlin, architecte du patrimoine –<br />

Conception lumière : Gilles Chatard, conseil<br />

en éclairage – Installateur : SBTP Piron –<br />

Fabricants : LEC, Schreder, Crouzet.<br />

La tour Jacquemart, érigée au Moyen Âge,<br />

est située en cœur de ville, entourée de<br />

places et de nombreux commerces. À l’occasion<br />

d’une restauration d’ensemble accompagnée<br />

d’une requalification de ses abords<br />

immédiats, la municipalité a décidé de doter<br />

cet édifice d’un éclairage dynamique. Surmontée<br />

d’une flèche abritant un carillon de<br />

19 cloches, la tour accueille depuis le XV e siècle<br />

un bonhomme Jacquemart qui frappe à heure<br />

régulière une cloche de plus de deux tonnes.<br />

Le scénario se décompose en trois temps :<br />

au crépuscule, les façades sont éclairées en<br />

contre-plongée, laissant la partie supérieure<br />

dans une semi-obscurité. Au sommet, le bonhomme<br />

Jacquemart et la cloche sont légèrement<br />

éclairés, tandis que des projecteurs<br />

compacts illuminent plus intensément la toiture,<br />

en cuivre étamé ; lorsque le bonhomme<br />

Jacquemart entre en action pour sonner les<br />

heures, l’intensité de la mise en lumière des<br />

façades et de la flèche s’estompe, les baies<br />

s’éteignent, et la valorisation lumineuse de<br />

l’ensemble campanaire s’intensifie ; aux alentours<br />

de minuit, l’éclairage des façades et de<br />

© Matthieu Tatoud<br />

Conception lumière : Citeos Boulogne-sur-Mer –<br />

Installateurs : Citeos Boulogne-sur-Mer, Citeos<br />

Ingénierie Nord – Fabricants : Philips Colors<br />

Kinetics.<br />

Au cœur de Boulogne-sur-Mer, la basilique<br />

Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception<br />

se démarque par son dôme imposant,<br />

surmonté d’une statue de la Vierge. L’édifice<br />

a été récemment entièrement restauré.<br />

Le parti pris a été d’alléger l’architecture et<br />

de souligner les axes verticaux. Tout a été<br />

conçu pour apporter au lieu un sentiment<br />

de grandeur et de majestuosité. Un résultat<br />

rendu possible grâce à l’utilisation de différentes<br />

températures de couleur, les tons<br />

chauds étant privilégiés. La modernisation<br />

de l’installation a permis de réduire la puissance<br />

installée de 20 %, grâce à des projecteurs<br />

leds basse consommation (pour passer<br />

à une puissance installée de 12 300 W à<br />

9 700 W). Chaque projecteur a été minutieusement<br />

inspecté afin d’étudier son réemploi.<br />

Près de 40 % des projecteurs leds existants<br />

ont ainsi été réinstallés pour éclairer la façade,<br />

qui ne bénéficiait jusqu’à présent d’aucune<br />

mise en lumière. L’extinction lumineuse<br />

est synchronisée avec les cycles naturels de<br />

façon à éviter toute perturbation des habitats<br />

aviaires. Les nouveaux projecteurs leds<br />

RGBW permettent également d’ajouter une<br />

dimension dynamique et colorée à la mise en<br />

lumière du monument à certaines occasions.<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 11


Lumières Actualités<br />

Fermob : une santé de fer<br />

© Jean-Pierre Lemoine<br />

Bernard et Baptiste Reybier, président et directeur<br />

général de Fermob.<br />

Depuis la re-création de l’entreprise en<br />

1989 par son actuel président Bernard<br />

Reybier, Fermob a mis toute son énergie<br />

pour imaginer de nouvelles solutions au<br />

service de la durabilité de ses produits, à<br />

la fois en mettant en place une production<br />

responsable, et en faisant en sorte que ses<br />

produits aient la vie la plus longue possible.<br />

Éco-conception, création de ses propres indices<br />

de réparabilité et de recyclabilité, mise<br />

en place du réseau re-paint : les chantiers se<br />

sont multipliés au fil des années.<br />

« Nous travaillons pour des consommateurs<br />

exigeants et responsables, et faisons tout pour<br />

être nous-mêmes exemplaires et promouvoir<br />

notre responsabilité collective, explique Bernard<br />

Reybier. C’est une position qui nous<br />

définit depuis longtemps et pour longtemps,<br />

à laquelle nous ajoutons notre joie de vivre ! »<br />

Depuis 1992, l’entreprise, en collaboration<br />

avec les designers, fait de<br />

l’éco-conception un préalable à la<br />

création de tout nouveau produit.<br />

Cette démarche consiste à prendre<br />

en compte l’impact du produit pendant<br />

tout son cycle de vie, jusqu’à son<br />

démantèlement et son recyclage.<br />

Fermob fait en sorte de réduire<br />

l’impact de ses activités en termes<br />

de consommations énergétiques et<br />

émissions carbone, sur sa consommation<br />

d’eau, sur la qualité de l’air, sur<br />

la biodiversité. Ainsi, dès 1998, pour<br />

économiser l’énergie, l’entreprise a réduit de<br />

10 °C la température du four de sa chaîne de<br />

peinture, et mis en œuvre en 2010 un système<br />

de récupération de la chaleur de ce<br />

four pour chauffer les ateliers. En 2012, les<br />

usines de Thoissey et Anneyron ont fait l’objet<br />

d’un transfert de leur éclairage vers une<br />

technologie led beaucoup moins énergivore.<br />

En 2023, des panneaux photovoltaïques ont<br />

été installés sur le toit de l’usine de Thoissey,<br />

qui permettent de couvrir 21 % de ses<br />

besoins énergétiques.<br />

À noter que le Centre du Design de Rhénaniedu-Nord-Westphalie<br />

(Allemagne) a décerné le<br />

Red Dot Awards au Studio Design de Fermob,<br />

pour le luminaire OTO, récompensant ainsi un<br />

processus de création interne qui a abouti à<br />

cette lampe à poser sans fil, originale, que ses<br />

allures de totem très graphiques situent entre<br />

le produit lumineux et l’objet décoratif. Les<br />

deux diffuseurs sont orientables indépendamment<br />

à 360°, et fournissent un éclairage sur<br />

mesure. Tour à tour lampe de bureau, lampe<br />

© Fermob<br />

de chevet ou spot décoratif grâce à la boucle<br />

qui permet de la suspendre tête en bas, la<br />

lampe OTO offre un flux de 400 lm, modulable<br />

grâce à son interrupteur tactile qui permet<br />

de faire varier la température du blanc chaud<br />

(3 000 K) au blanc froid (6 000 K), et l’intensité<br />

de la lumière de 10 à 100 %. Pour la recharger,<br />

il suffit d’utiliser le câble magnet de Fermob,<br />

un système de recharge magnétique très facile<br />

d’utilisation. n<br />

Photinus et Schréder unissent leurs forces<br />

Photinus, fournisseur européen de solutions<br />

d’éclairage solaire de premier<br />

plan, a conclu un accord pour l’acquisition<br />

d’une participation de 49 % par Schréder,<br />

dans le but d’accélérer le développement<br />

des solutions solaires intelligentes et<br />

connectées.<br />

Photinus et Schréder s’associent pour former<br />

une alliance innovante visant à booster<br />

l’adoption des énergies renouvelables à<br />

l’échelle mondiale. Le marché de l’éclairage<br />

solaire, en pleine expansion grâce à une demande<br />

en augmentation constante, s’étend<br />

au-delà des zones isolées dépourvues de<br />

connexion au réseau électrique, atteignant<br />

également des villes et villages qui envisagent<br />

de remplacer les anciennes installations<br />

électriques par des solutions solaires<br />

hors réseau, plus écologiques. Ce partenariat<br />

a pour but de proposer des systèmes d’éclairage<br />

à faible empreinte carbone, contribuant<br />

à créer des espaces nocturnes sécurisés,<br />

agréables et durables pour les communautés<br />

à travers le monde.<br />

« Le groupe Schréder est fermement convaincu<br />

que l’éclairage solaire peut aider les villes<br />

et les collectivités à réduire leur empreinte<br />

carbone. L’acquisition d’une participation<br />

dans Photinus est une occasion unique de<br />

renforcer notre position en tant qu’entreprise<br />

d’éclairage extérieur durable, en offrant à nos<br />

clients les meilleures technologies basées sur<br />

les énergies renouvelables », déclare Werner<br />

De Wolf, CEO de Schréder.<br />

« Photinus adopte une approche très intéressante<br />

de l’innovation, de la modularité et de<br />

la flexibilité dans le cadre du développement<br />

de sa gamme de produits d’éclairage solaire.<br />

Ses collaborateurs sont très proches de leurs<br />

clients et veillent à leur fournir des solutions<br />

sur mesure qui répondent à leurs besoins<br />

spécifiques. Leur démarche commerciale<br />

s’inscrit parfaitement dans la culture de vente<br />

de Schréder. Combinée à leur savoir-faire et à<br />

leurs références clients, elle fait de Photinus<br />

un centre d’excellence en matière d’éclairage<br />

solaire parfait pour Schréder et ses clients »,<br />

explique Philippe Felten, Chief Commercial<br />

Officer de Schréder.<br />

Ensemble, les deux entreprises offriront au<br />

marché une gamme complète et attractive<br />

de produits et services afin de répondre à<br />

un large éventail d’exigences, en matière de<br />

taille et de performance, et de soutenir tous<br />

les clients et partenaires dans divers projets.<br />

« Rejoindre Schréder représente une opportunité<br />

exceptionnelle de développer notre<br />

réseau commercial international et d’atteindre<br />

notre ambition de devenir le leader mondial<br />

en matière de solutions d’éclairage solaire.<br />

Nous voulons tirer parti de notre expérience<br />

pour transformer les idées visionnaires en<br />

solutions d’éclairage solaire pour les clients<br />

de Schréder et de Photinus », ajoute Martin<br />

Kessler, CEO de Photinus. n<br />

12 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Actualités<br />

Sylvania : un siècle d’innovations !<br />

Sophie Marcelle,<br />

directrice marketing<br />

France & EMEA,<br />

Sylvania Group<br />

La marque Sylvania a des origines assez<br />

modestes et a su se diversifier au cours<br />

du dernier siècle. Faisant partie des dinosaures<br />

de l’industrie de l’éclairage, Sylvania<br />

a poursuivi sa croissance en suivant l’évolution<br />

des technologies, en améliorant les<br />

solutions que l’on apporte, qu’il s’agisse de<br />

nos produits, de nos systèmes, de gestion de<br />

l’éclairage et des services.<br />

Nous avons souhaité raconter l’histoire de la<br />

marque aussi bien en interne qu’à l’extérieur<br />

de l’entreprise et surtout, célébrer ce siècle<br />

d’existence avec les collaborateurs de Sylvania<br />

à qui nous avons donné la parole au<br />

sein de vidéos disponibles sur notre site et<br />

qui montrent que nous sommes tous fiers<br />

d’appartenir à cette grande famille.<br />

En préparant cette campagne de communication,<br />

nous sommes allés chercher les<br />

origines de la marque bien entendu, jusqu’à<br />

son nom. Sylvania vient de Silvanus, dieu romain<br />

des forêts, lui-même issu du latin silva,<br />

« bois ». La marque est née en Pennsylvanie,<br />

région d’Amérique du Nord<br />

qui abrite une diversité spectaculaire<br />

de chênes, dont les<br />

racines se retrouvent dans le<br />

logo original de Sylvania, dont<br />

la lettre « S » est représentée<br />

sur les nervures d’une feuille de chêne. Il<br />

était, bien sûr, illustré en vert – une couleur<br />

qui s’est maintenue jusqu’à nos jours pour<br />

représenter la marque Sylvania.<br />

En 1924, apparaît le premier produit, une<br />

lampe TSF, de la marque Sylvania dont le<br />

nom s'impose et s'inscrit dans la durée. Les<br />

décennies qui suivent ne sont que la répétition<br />

de recherche et d’innovations accomplies<br />

par des hommes et des femmes qui<br />

développent l’activité de la société.<br />

“Sylvania a toujours<br />

été un leader<br />

de l’éclairage !”<br />

Ainsi, en 1938, Sylvania fabrique son premier<br />

tube fluorescent. À partir de 1945, une femme,<br />

le Dr Martha J.B. Thomas se distingue par son<br />

ingéniosité. Elle a déposé 24 brevets pour<br />

l’amélioration de la technologie et la fabrication<br />

de l’éclairage. L’une de ses plus importantes<br />

contributions a été la mise au point<br />

d’un revêtement en poudre de phosphore<br />

blanc pour les tubes fluorescents, créant une<br />

lumière beaucoup plus proche de la lumière<br />

du jour, et d’un traitement à base de phosphore<br />

qui augmente la luminosité des lampes<br />

à mercure de 10 % !<br />

Au fil des années, les créations ou rachats<br />

d’entreprises (comme Lumiance et Concord)<br />

se multiplient, venant grossir les rangs des<br />

salariés du groupe et les bureaux, ainsi que<br />

les usines qui se déploient un peu partout<br />

dans le monde, notamment en Europe et en<br />

Amérique du Sud.<br />

Aujourd’hui, Sylvania poursuit ses innovations<br />

en mettant l’accent sur le bien-être, le développement<br />

durable, les économies d’énergie.<br />

Le groupe emploie 1 200 personnes, dont<br />

250 en France au sein de son siège social<br />

de Gennevilliers (92), de sa plateforme logistique<br />

du Plessis-Belleville (60) et de son site<br />

de production de Saint-Étienne (42), et est<br />

présent dans plus de 50 pays avec une force<br />

de vente, des centres d’innovation ou encore<br />

des centres de production et des plateformes<br />

logistiques.<br />

L’avenir de notre groupe repose sur la digitalisation<br />

et les services, Sylvania continuera à<br />

rebondir et à accompagner les changements<br />

comme elle a toujours su le faire !<br />

Les frères Poor,<br />

fondateurs de<br />

l'entreprise Sylvania<br />

1924. La lampe<br />

TSF : premier<br />

produit Sylvania<br />

1938 - Sylvania Miralume<br />

Premier fabricant de<br />

lampes et luminaires<br />

fluorescents au monde<br />

1942. Publicité<br />

pour tube<br />

fluorescent<br />

1945. – La « boîte à œufs » :<br />

un emballage amélioré et<br />

recyclable en avance sur son<br />

temps<br />

1961. Lampe dichroïque à faisceau<br />

froid<br />

1966. Première lampe aux iodures<br />

métalliques à haute efficacité<br />

1987. Usine de Saint-Étienne, France<br />

1989. Mini Lynx, la<br />

plus petite lampe<br />

fluocompacte<br />

1996. Lampe à<br />

réflecteur à culot<br />

GU10<br />

2014. Toledo Retro, la<br />

première lampe led à<br />

filament commercialisée<br />

en Europe<br />

2021. Solution Human Centric<br />

Lighting qui recrée le cycle<br />

de la lumière naturelle<br />

2022. Downlight<br />

Concord Equinox, lauréat<br />

du Red Dot 2023<br />

<strong>2024</strong>. L’efficacité basée sur<br />

les données<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 13


Lumières Actualités<br />

Emmanuel Gagnez, PDG de Sammode,<br />

élu au CA de LightingEurope<br />

LightingEurope élit Emmanuel Gagnez au<br />

conseil d’administration.<br />

Emmanuel Gagnez, qui représente le Syndicat<br />

de l’éclairage contribuera à la mission de<br />

LightingEurope grâce à ses connaissances<br />

approfondies et à son expérience de l’industrie.<br />

Il succède à Julien Arnal (président<br />

du Syndicat de l’éclairage) dans ce rôle clé.<br />

Diplômé d’un MBA d’HEC Paris, Emmanuel<br />

Gagnez a une formation en stratégie, management<br />

et opérations.<br />

Après plusieurs années passées au sein de<br />

cabinets de conseil internationaux, il a rejoint<br />

la société Sammode en 2003, spécialisée dans<br />

l’éclairage technique pour l’industrie, les infrastructures<br />

et l’architecture. Tout au long de sa<br />

carrière au sein de Sammode, il a occupé des<br />

fonctions clés, puis a succédé à son père en<br />

2009, en prenant les rênes de l’entreprise.<br />

En plus de ses responsabilités au sein de<br />

Sammode, Emmanuel Gagnez est trésorier<br />

et premier vice-président du Syndicat de<br />

l’éclairage. Il est également engagé dans diverses<br />

organisations de soutien à l’industrie<br />

française.<br />

LightingEurope est persuadé que l’expertise<br />

et les idées d’Emmanuel Gagnez seront inestimables<br />

alors que l’organisme poursuit ses<br />

efforts pour façonner l’avenir de l’éclairage<br />

en Europe. n<br />

L’ACE met en place<br />

un think tank<br />

Association des concepteurs lumière<br />

et éclairagistes a constitué un<br />

L’<br />

groupe de réflexion « À quoi ressemblera<br />

l’éclairage public demain ? », composé<br />

de dix concepteurs lumière : Lionel Bessières<br />

(Quartiers Lumières), Soizick Bihen<br />

(agence Soizick Bihen), Sara Castagné<br />

(Concepto), Caterina Colle (clairdelune),<br />

Rozenn Le Couillard (Noctiluca), Roger<br />

Narboni, François Migeon (8’18’’), Vincent<br />

Thiesson (agence ON), Timothé Toury,<br />

Charles Vicarini (Studio Vicarini). Le think tank<br />

travaillera sur la prospective, la recherche,<br />

portant sur les thèmes suivants : l’intelligence<br />

artificielle, l’urbanisme, les nouvelles mobilités,<br />

la bio-conception lumière, la santé et le<br />

bien-être, l’obscurité, la dimension politique<br />

de l’éclairage public, la nouvelle génération<br />

des décideurs, la participation des citoyens, la<br />

notion des vivants (lumière pour les humains<br />

et la biodiversité). n<br />

Eclatec : plus de 90 ans d’expertise en éclairage public<br />

Née en 1927, l’entreprise nancéienne<br />

affiche une double compétence : la maîtrise<br />

de la photométrie et une forte réactivité<br />

dans le développement de solutions mécaniques<br />

fiables. Le site de Nancy rassemble<br />

toutes les forces de création, à savoir le laboratoire<br />

de recherche, les bureaux de développement<br />

des produits et toutes les unités de<br />

production. « Le site principal est basé à Maxéville<br />

(54), précise Fabrice Juszczak, directeur<br />

marketing. Nous avons également une unité<br />

dans les Vosges, une autre petite usine près<br />

de Toul (54). » Eclatec dispose de 16 agences<br />

commerciales sur le territoire français.<br />

Dès la fin des années 1980, Eclatec commence<br />

une longue collaboration avec des<br />

designers de renom, notamment Jean-Michel<br />

Wilmotte qui a créé les produits Rochelongue<br />

et Luna, Marc Aurel qui a signé le<br />

produit Clip. « Il est important d’associer le<br />

beau et l’élégant à une technologie de pointe,<br />

ajoute Fabrice Juszczak. En 2005, Eclatec<br />

figure parmi les tout premiers fabricants à<br />

se lancer dans la technologie led et se rapproche,<br />

dans le même temps, de GHM, formant<br />

ainsi un grand groupe français d’éclairage<br />

public, pour offrir une gamme complète<br />

de matériels d’éclairage (mâts, crosses et lanternes)<br />

et de mobilier urbain. Dans tous nos<br />

développements, nous cherchons sans cesse<br />

à améliorer les performances de nos produits<br />

mais pas seulement. Nous œuvrons pour que<br />

nos solutions répondent à tous les critères<br />

nécessaires à un éclairage de qualité, que ce<br />

soit en milieu rural ou en centre-ville, incluant<br />

des systèmes de gestion de l’éclairage public<br />

afin de préparer la ville de demain. »<br />

Ainsi, dans la perspective de contribuer à la<br />

fois à l’effort collectif de sobriété et au bienêtre<br />

des citoyens, la marque propose une<br />

fonctionnalité appelée « veilleuse ». Cette innovation<br />

technologique permet à un groupe<br />

de luminaires de restituer un éclairage résiduel,<br />

équivalent au clair de lune, apportant<br />

un environnement sécurisé aux usagers qui<br />

circulent de nuit dans l’espace public. Cela<br />

génère une consommation électrique très<br />

faible, de l’ordre de 3 W par luminaire, représentant<br />

moins de deux euros supplémentaires<br />

sur la facture annuelle en comparaison<br />

d’une extinction complète de 23 h à 5 h.<br />

Aujourd’hui, Eclatec fait partie du groupe<br />

Agora Makers, qui se concentre sur la<br />

conception et la fabrication de mobilier et<br />

d’éclairage urbains et comprend également<br />

GHM (fabricant de candélabres et de statuaires<br />

en fonte), Nexiode, acteur majeur<br />

dans le développement de solutions d’éclairage<br />

urbain intelligentes et connectées (voir<br />

Lumières N° 46) offrant des fonctionnalités<br />

avancées telles que la gestion à distance,<br />

la surveillance en temps réel et l’éclairage<br />

dynamique, Metalec, Metalco, Bellitalia,<br />

CityDesign et My Equilibria, qui unissent<br />

leurs forces pour redéfinir l’espace public.<br />

En 2021, Eclatec a intégré la French Fab.<br />

Lancée en octobre 2017 par Bruno Le Maire,<br />

ministre de l’Économie, des Finances et de<br />

la Souveraineté industrielle et numérique, la<br />

French Fab incarne les entreprises, acteurs<br />

économiques, institutions et sites industriels<br />

situés en France qui se reconnaissent dans la<br />

volonté de développer l’industrie française. n<br />

14 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Actualités<br />

Galaed acquiert<br />

le groupe Proled<br />

Le groupe Galaed, acteur majeur dans le domaine de l’éclairage led<br />

en Europe, vient d’acquérir Proled, un industriel de premier plan de<br />

l’éclairage led en Allemagne, Belgique et Autriche. Cette opération stratégique<br />

renforce la position de Galaed sur les marchés européens de<br />

l’éclairage B2B et lui permet d’atteindre un chiffre d’affaires consolidé de<br />

140 millions d’euros.<br />

Le groupe Galaed, présent en France et en Angleterre où il opère les<br />

marques Miidex Lighting, Electra, Europole, Hoplights et Aurora Lighting,<br />

voit dans cet achat une opportunité d’étendre sa présence et de poursuivre<br />

sa stratégie d’expansion à travers l’Europe.<br />

Le groupe Proled est présent en Allemagne, en Belgique et en Autriche<br />

où il opère les marques Proled, Uni-Bright et mawa, complétant ainsi l’empreinte<br />

géographique et le portefeuille produit du groupe Galaed sur ses<br />

marchés clés.<br />

Sébastien Bonneville, président de Galaed, déclare : « Nous sommes<br />

convaincus que l’expertise combinée de Galaed et de Proled nous permettra<br />

de proposer des solutions toujours plus innovantes et adaptées<br />

aux besoins de nos clients, tout en nous ouvrant les portes de nouveaux<br />

marchés. »<br />

Pour Patrick Slechten, CEO du groupe Proled, « l’intégration au sein du<br />

groupe Galaed ouvre de nouvelles perspectives pour notre groupe et renforce<br />

notre engagement envers l’innovation et la qualité de nos produits,<br />

nos capacités de production, la recherche et le développement, ainsi que<br />

notre présence commerciale en Europe. Le groupe Proled continuera<br />

d’opérer sous ses marques au sein du groupe Galaed ». n<br />

Lunoo rejoint<br />

Lighting Developpement<br />

L<br />

ighting Developpement annonce l’acquisition des sociétés Lunoo BV<br />

(Belgique), qui devient Lunoo Lighting Solutions, et Lunoo GmbH (Allemagne).<br />

Fort de 25 années d’expérience, le fabricant d’éclairage belge Lunoo développe<br />

une gamme conséquente de produits. Grâce à son positionnement<br />

haut de gamme et à un soutien commercial solide dans les secteurs du<br />

retail, de la restauration et du tertiaire, Lunoo a su se forger une image<br />

reconnue en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas. L’intégration de Lunoo<br />

Lighting Solutions s’inscrit parfaitement dans la stratégie du groupe,<br />

permettant une mise en œuvre rapide des synergies commerciales et<br />

industrielles.<br />

Cette acquisition renforce la présence de Lighting Développement dans<br />

le segment du luminaire fonctionnel, portant son chiffre d’affaires annuel<br />

à plus de 55 millions d’euros et confirme son empreinte géographique à<br />

l’échelle européenne.<br />

L’arrivée de Lunoo, avec son bureau d’études et son atelier d’assemblage<br />

local, renforce les dimensions écoconception, recyclabilité-circularité et<br />

proximité industrielle du groupe. Les clients historiques des sociétés du<br />

groupe ainsi que ceux de Lunoo vont pouvoir bénéficier d’un portefeuille<br />

de produits élargi et d’un service amélioré.<br />

Lighting Developpement regroupe les marques : Lébénoïd, Integratech,<br />

Sunlux, Specilux, et désormais Lunoo. n<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 15


Lumières Entretien<br />

Lucas GOY<br />

Concepteur lumière<br />

Directeur de l’agence<br />

les éclaireurs<br />

L’éclairage : un art appliqué<br />

Scientifique et artiste, Lucas Goy a embrassé la carrière de concepteur lumière<br />

à peine diplômé des Beaux-Arts. S’intéressant autant à l’ingénierie qu’à la<br />

créativité, il met en pratique, au cœur de ses projets, sa vision de la mise en<br />

lumière qu’il explique comme la concrétisation de ses idées ou « l’éclairage,<br />

un art appliqué ».<br />

Parcours• • •<br />

Lucas Goy est titulaire d’un diplôme national<br />

supérieur d’expression plastique (DNSEP) et<br />

d’un diplôme national d’art (DNA) mention<br />

design d’espace, à l’École nationale des<br />

Beaux-Arts de Lyon.<br />

Il se forme à la lumière via l’Association<br />

européenne des concepteurs lumière (ELDA)<br />

et l’Association des concepteurs lumière<br />

professionnels (PLDA) à Lyon et à Winterthur.<br />

De 2004 à 2008, il travaille comme<br />

concepteur lumière indépendant. Outre<br />

ses projets, il collabore en sous-traitance<br />

avec différents concepteurs, leur apportant<br />

expertise et créativité.<br />

Lucas Goy fonde en 2008 la société de<br />

conception et ingénierie les éclaireurs qu’il<br />

dirige depuis lors.<br />

Il est membre actif de l’Association<br />

française des concepteurs lumière et<br />

éclairagistes (ACE).<br />

www.leseclaireurs.net<br />

Vous êtes concepteur lumière depuis toujours<br />

et dirigez aujourd’hui une agence de quinze<br />

personnes. Qu’est-ce qui vous a conduit à ce<br />

métier ?<br />

Titulaire d’un bac S avec mention, j’étais<br />

destiné, et poussé devrais-je dire, à faire des<br />

études scientifiques ; au lieu de cela, j’ai choisi<br />

de suivre un parcours artistique à l’École<br />

nationale des Beaux-Arts à Lyon. Finalement,<br />

ma formation résume bien mon métier avec<br />

cette alternance d’une discipline qui peut<br />

aller jusqu’à l’artistique et qui retourne à<br />

l’ingénierie, à la science, à la géométrie, aux<br />

mathématiques. Pour moi, l’éclairage, c’est un<br />

art appliqué, au sens strict ; c’est-à-dire que<br />

c’est à la fois quelque chose qui tend vers l’art<br />

et qui s’inscrit dans une ingénierie, fonctionne<br />

sur un réseau électrique. J’aime bien ce grand<br />

écart, cette faculté de passer dans le réel les<br />

idées qui vous viennent ; en ayant connaissance<br />

des processus de fabrication qui permettent<br />

d’aller jusqu’au bout de l’idée que l’on a.<br />

Lorsque j’étais à l’École des Beaux-Arts à Lyon,<br />

j’ai effectué des stages au sein de l’ELDA+ :<br />

on bénéficiait de matériels incroyables et<br />

pendant une semaine, on travaillait la lumière,<br />

vraiment concrètement, avec des projecteurs,<br />

des câbles, on faisait des essais. Et c’est ça qui<br />

m’a séduit : pouvoir concrétiser les idées de<br />

lumière que j’avais en tête. En fin d’études, j’ai<br />

convaincu le maire de Lagorce, en Ardèche,<br />

où habitait ma mère, de renoncer aux travaux<br />

de voirie qui allaient détruire la biodiversité et<br />

l’environnement du village et de les remplacer<br />

par un projet qui s’inspirait d’une œuvre de la<br />

plasticienne Élisabeth Ballet. J’ai pris une année<br />

sabbatique pour redessiner le paysage et définir<br />

un projet d’éclairage, et j’ai procédé aux essais<br />

avec l’aide du CAUE (Conseil d’architecture,<br />

d’urbanisme et de l’environnement). On<br />

l’a soumis à la direction départementale de<br />

l’environnement qui l’a accepté ! L’éclairage est<br />

toujours en place, même si des choses ont un<br />

peu vieilli.<br />

C’est important pour vous de lier créativité<br />

et ingénierie ?<br />

Oui, dans mon parcours et dans le travail de<br />

l’agence, il y a toujours une part de recherche<br />

et développement, de nouveaux procédés.<br />

Ainsi, l’invention se glisse dans nos projets<br />

dans des petites choses très subtiles mais ce<br />

sont des grands pas en avant. C’est pour cette<br />

raison que d’une manière générale, je n’ai pas<br />

l’impression d’avoir une écriture spécifique. Je<br />

pense que c’est le design et le contexte qui nous<br />

16 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Entretien<br />

1 2<br />

© So Dupontrenoux<br />

© Nadir Djama<br />

1. Saint-Chamond<br />

Novacieries.<br />

2. La Grande Poste<br />

d'Alger, Algérie.<br />

guident et nous conduisent à des inventions qui sont présentes<br />

dans chacun de nos projets. Le premier bâtiment sur lequel<br />

j’ai travaillé m’a été confié par le cabinet d’architecture<br />

Patriarche pour éclairer Le Phare à Chambéry, une salle<br />

multifonctionnelle de 6 000 places qui accueille des concerts,<br />

des spectacles et des manifestations sportives. Cela concernait<br />

l’espace d’accueil du public, l’atrium, le proscenium qui fait le<br />

tour de la salle, les circulations extérieures. C’était le premier<br />

projet que j’ai programmé en DMX ! La conception lumière,<br />

c’est beaucoup de travail, cela ne peut pas s’improviser. On<br />

peut avoir les plus belles idées au monde mais si on ne sait<br />

pas faire d’études photométriques, on ne peut pas avancer.<br />

C’est aussi un métier de technicien que le nôtre. Notre<br />

équipe a capitalisé un certain nombre de savoir-faire très<br />

importants, par exemple interpréter correctement les règles<br />

d’accessibilité PMR, comprendre les normes, connaître les<br />

textes règlementaires ; ce n’est qu’en maîtrisant les contraintes<br />

que l’on peut le mieux s’en affranchir, s’en libérer.<br />

Comment choisissez-vous vos projets ?<br />

Nous travaillons aussi bien en intérieur qu’en extérieur et à<br />

toutes les échelles, des petites vitrines jusqu’aux master plans.<br />

Nous aimons bien aller sur tout le spectre de la conception<br />

lumière. Depuis le début, nous intervenons beaucoup à<br />

l’étranger, grâce notamment à l’OMA (Office for Metropolitan<br />

Architecture), l’agence d’architecture hollandaise de Rem<br />

Koolhaas qui nous a apporté de très beaux projets tels que la<br />

fondation Prada à Milan, le Garage Center for Contemporary<br />

Art, à Moscou, le Blox, un bâtiment situé en bordure du canal<br />

Inderhavn à Copenhague, et bien d’autres projets. Ce qui nous<br />

a permis de passer entre les gouttes lors d’élections en France,<br />

où on reste un peu bloqué pendant les campagnes électorales.<br />

Puis, j’ai adhéré à l’ACE puis à IALD (certifié lighting designer)<br />

pour élargir encore notre champ d’application. Et nous<br />

avons cherché à affirmer notre éthique de travail, via un code<br />

exigeant et rigoureux que nous demandons à nos partenaires,<br />

fabricants et fournisseurs de signer pour chacun de nos projets.<br />

Cette charte les engage à travailler dans le respect des droits<br />

humains, du droit du travail, de la propriété intellectuelle, des<br />

normes environnementales, de non-exploitation des enfants…<br />

Pour nous, ce code marque nettement une évolution dans notre<br />

façon de travailler.<br />

Quels autres développements ont marqué votre parcours ?<br />

Nous travaillons sur les économies d’énergie (depuis<br />

longtemps déjà) avec tous les labels auxquels nous<br />

devons nous conformer, et de plus en plus sur des sujets<br />

environnementaux. Nous étudions le sdal et le scal [schéma<br />

directeur et schéma de cohérence d’aménagement lumière,<br />

ndlr] de Rennes avec Virginie Voué de Luminescence,<br />

pour créer une trame sombre à plusieurs échelles, ce qui<br />

est devenu un sujet important de la conception lumière.<br />

Nous intervenons de plus en plus dans le domaine<br />

muséographique, notamment dans des pays du Moyen-<br />

Orient où nous avons réalisé la Biennale des arts islamiques<br />

à Jeddah, la Biennale d’art contemporain à Riyad, en Arabie<br />

saoudite. Une autre évolution de notre travail concerne la<br />

programmation en DMX. On est monté en compétence<br />

dans ce domaine. En 2019, déjà, nous avons mis en lumière<br />

la Grande Poste d’Alger, conçue par les architectes français<br />

Jules Voinot et Marius Toudoire, véritable référence au<br />

centre de la capitale, par un éclairage dynamique à led piloté<br />

en DMX, afin de l’adapter à l’intense activité qui rythme<br />

cet espace névralgique. Plus récemment, nous avons réalisé<br />

la mise en lumière, la scénographie et l’architecture du<br />

réseau de la corniche d’Agadir, au Maroc, pilotée sur plus<br />

de 4 km, et 10 armoires, ce qui a permis une économie de<br />

80 % des consommations par rapport à l’existant. L’enjeu<br />

consistait aussi à créer un éclairage adaptable à divers<br />

événements. Enfin, je souhaiterais évoquer notre travail<br />

en BIM, surtout en ce qui concerne des grands bâtiments<br />

comme le siège d’Axel Springer (OMA), qui incarne au cœur<br />

de Berlin l’ambition du plus important groupe de presse<br />

allemand : muter vers les médias numériques ; le CHU de<br />

Pointe-à-Pitre… Nous avons cette compétence en interne<br />

que l’on associe à des projets d’éclairage naturel. J’ai pour<br />

ma part suivi une formation Développement durable et<br />

qualité environnementale du bâti, qui traite aussi bien de<br />

lumière naturelle, d’acoustique, d’isolation, de qualité des<br />

matériaux. Il est nécessaire d’intégrer, si c’est possible, la<br />

dimension lumière naturelle dans toutes nos études BIM.<br />

Et demain, vers quoi tendra la conception lumière<br />

selon vous ?<br />

Je crois qu’elle va s’intégrer dans un nuage de services et être<br />

en interface avec de nombreux paramètres. Aujourd’hui,<br />

l’éclairage est à cheval sur les questions d’énergie, de santé,<br />

de connectivité, de sécurité et il est sans cesse interfacé<br />

avec des tonnes d’autres sujets, qu’il s’agisse d’intérieur ou<br />

d’extérieur. Je pense que l’on s’oriente vers des conceptions<br />

de plus en plus complexes et sophistiquées, avec de<br />

l’ingénierie, mais qui devront rester simples dans leur<br />

perception. n<br />

Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 17


Lumières Projets<br />

© Assemblée nationale 2023<br />

Maîtrise d’ouvrage<br />

Assemblée nationale<br />

Maître d'œuvre<br />

Assemblée nationale<br />

Architectes<br />

Marie-Danièle Pessard et<br />

Gabrielle Boulanger<br />

Conception lumière<br />

Christophe Canadell et<br />

Camila Le Bertre, NoctaBene<br />

Solutions éclairage<br />

LEC, Opticalight<br />

Installateurs<br />

Eiffage et Soliled<br />

ASSEMBLÉE NATIONALE :<br />

UNE FAÇADE SOBRE<br />

ET DYNAMIQUE<br />

Dans une démarche de sobriété énergétique, l’Assemblée nationale a procédé à<br />

la rénovation de la façade du palais Bourbon afin de réduire les consommations<br />

et de bénéficier d’un éclairage dynamique adapté aux besoins.<br />

© Nocta Bene<br />

Le palais Bourbon, situé sur le quai d’Orsay<br />

dans le 7 e arrondissement de Paris, en face<br />

du pont de la Concorde et de la place du<br />

même nom, abrite depuis 1879 l’Assemblée nationale<br />

française. Le bâtiment fut édifié de 1722 à<br />

1728, quatre architectes se succédèrent : Giardini,<br />

Pierre Cailleteau dit « Lassurance », tous deux prématurément<br />

décédés, puis Jean Aubert et Jacques<br />

V Gabriel qui termina les travaux en 1728. Le<br />

palais rappelait par son style le Grand Trianon et<br />

fut considéré au XVIII e siècle comme le plus grand<br />

ornement de la ville après les maisons royales.<br />

Le fronton actuel représente la France, drapée à<br />

l’antique, debout devant son trône, accompagnée<br />

de la Force et de la Justice, appelant l’élite à la<br />

confection des lois, œuvre de Jean-Pierre Cortot.<br />

Les quatre statues au pied de l’escalier sont celles<br />

de quatre grands commis de l’État symbolisant<br />

les fonctions du législateur et l’organisation de<br />

l’administration : Maximilien de Sully (le réformateur)<br />

par Pierre Nicolas Beauvallet, Jean-Baptiste<br />

Colbert (l’organisateur de l’économie) par<br />

Jacques-Edme Dumont, Henri François d’Aguesseau<br />

(l’unificateur du droit et de la jurisprudence)<br />

18 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Projets<br />

© Assemblée nationale 2023<br />

s Les concepteurs Lumière de Nocta<br />

Bene ont redonné aux colonnes cette<br />

élévation majestueuse et permis de<br />

reformer les volumes de la façade.<br />

Le fronton actuel représente la France,<br />

drapée à l’antique, accompagnée de la<br />

Force et de la Justice, œuvre de Jean-<br />

Pierre Cortot.<br />

s<br />

© Assemblée nationale 2023<br />

par Jean-Joseph Foucou et Michel de L’Hospital<br />

(le conciliateur) par Louis Pierre Deseine.<br />

La symbolique du fronton est également héritée<br />

de la mythologie gréco-romaine : l’escalier est<br />

flanqué de part et d’autre de deux statues, une<br />

d’Athéna (déesse de la sagesse associée à la démocratie<br />

athénienne) par Philippe-Laurent Roland et<br />

pris sur le modèle de la Giustiniani Minerva du<br />

temple de Minerve Medica conservée au musée<br />

du Vatican, et une de Thémis (titanide symbolisant<br />

la justice, portant dans sa main gauche une<br />

balance) par Jean-Antoine Houdon. Deux basreliefs<br />

ornent chaque côté de la façade, commandés<br />

en 1837, et représentent, à droite, Prométhée<br />

animant les Arts (architecture, sculpture, peinture,<br />

musique et poésie) par François Rude et à gauche<br />

l’Instruction publique (Minerve ou Athéna enseignant<br />

l’alphabet à de jeunes enfants, entourée des<br />

neuf muses et des représentants de l’enseignement<br />

religieux) par James Pradier.<br />

Une lumière qui adoucit la façade<br />

L’Assemblée nationale a lancé un appel d’offres<br />

pour refaire la mise en lumière de la façade<br />

du palais Bourbon qui ne répondait plus aux<br />

besoins actuels du maître d’ouvrage ni aux critères<br />

d’économie de consommation. Camila<br />

Le Bertre, conceptrice lumière, NoctaBene, explique :<br />

« L’idée était de proposer un concept d’éclairage<br />

pérenne et modulable qui puisse s’adapter à différents<br />

événements et notamment, reproduire le<br />

drapeau tricolore. Nous souhaitions trancher avec<br />

le vidéomapping existant et créer un éclairage plus<br />

élégant, plus sobre et davantage en accord avec<br />

l’architecture. L’équipe projet était composée de<br />

deux ingénieurs et deux architectes. Gabrielle<br />

Boulanger n’étant pas restée jusqu’à la fin du<br />

projet, les travaux ont été suivis uniquement par<br />

Marie-Danièle Pessard. Tout le projet a été conçu<br />

à l’aide de projecteurs LEC, une gamme de matériels<br />

assez large qui nous a permis de faire tout ce<br />

qu’on voulait. »<br />

Ainsi, les concepteurs lumière ont positionné les<br />

luminaires entre les colonnes pour retrouver cette<br />

élévation majestueuse et reformer les volumes<br />

de toute la façade. « Nous avons placé les projecteurs<br />

devant l’emmarchement et derrière les<br />

statues d’Athéna et de Thémis, poursuit Camila<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 19


Lumières Projets<br />

Un éclairage événementiel composé de<br />

15 scénarios permet de jouer sur les<br />

couleurs et de mettre à l’honneur tel ou<br />

tel pays : en haut le drapeau français, en<br />

bas le bleu européen.<br />

© Assemblée nationale 2023<br />

Le Bertre, afin de créer un<br />

voile lumineux pour atténuer<br />

les contre-plongées assez<br />

importantes des encastrés de<br />

sol et d’adoucir et de réchauffer<br />

l’ensemble avec du 2 700<br />

K. Ce qui a permis aussi de<br />

révéler les façades latérales<br />

que l’on distinguait mal<br />

auparavant. »<br />

Sculpter les éléments<br />

architecturaux<br />

Les projecteurs à découpe<br />

ont été orientés de façon à<br />

créer des ombres qui redessinent les personnages<br />

du fronton. Les bas-reliefs des façades latérales<br />

sont traités avec des projecteurs classiques. « Les<br />

encastrés de sol sont équipés de deux plateaux<br />

avec angles serrés pour nous permettre de traiter<br />

toute la hauteur des colonnes, précise Camila<br />

Le Bertre. Les deux plateaux sont en 3 000 K.<br />

Derrière les colonnes, des réglettes RGBW offrent<br />

la possibilité de créer un éclairage événementiel<br />

avec des optiques assez larges. »<br />

Les hauts-reliefs du fronton sont soulignés par des<br />

projecteurs à gobos, placés derrière les statues des<br />

législateurs, qui découpent l’ensemble des personnages<br />

pour simuler un éclairage zénithal.<br />

Athéna, Thémis et les quatre législateurs sont<br />

éclairés selon le même principe : des petits projecteurs<br />

sont installés de chaque côté du personnage,<br />

en pied des statues, pour leur redonner un peu de<br />

présence, « même si elles conservent une partie<br />

dans la pénombre, commente Camila Le Bertre, car<br />

© Assemblée nationale 2023<br />

il était impossible, compte tenu de leurs dimensions,<br />

de les mettre complètement en valeur sans<br />

risquer de créer des nuisances lumineuses ».<br />

Pour le drapeau, les éclairagistes ont fait appel à<br />

des projecteurs à angle serré dans un blanc froid<br />

de 4 000 K.<br />

Un éclairage événementiel<br />

Soliled, Eiffage et NoctaBene ont travaillé<br />

ensemble pour créer un éclairage événementiel qui<br />

comprend 15 scénarios permettant de jouer sur<br />

les couleurs et mettre tel ou tel pays à l’honneur.<br />

Ainsi, la façade peut, selon l’événement, passer<br />

du bleu, blanc, rouge en lumières verticales, par<br />

exemple lorsque les députés siègent la nuit, au<br />

bleu européen. L’équipe technique permanente de<br />

l’Assemblée nationale a toute latitude pour modifier<br />

les séquences. n<br />

Isabelle Arnaud<br />

20 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Projets<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

Maîtrise d’ouvrage<br />

Restaurant Come Prima,<br />

Vincenzo Bonaffini, Annecy (74)<br />

Architecte<br />

Jean-Louis Meyer<br />

Conception lumière<br />

LS-Concept<br />

Électricien<br />

Pettini<br />

Solution éclairage<br />

Arkos, iGuzzini, Loupi,<br />

Modular, PUK<br />

COME PRIMA À ANNECY :<br />

DÉLICES EN LUMIÈRE<br />

Thierry Jacquot, après plus de 25 ans d’expérience au sein de bureaux<br />

d’études de fabricants de matériel d’éclairage, crée Lights & Scenari Concept<br />

en 2018 et met son savoir-faire au service des maîtres d’ouvrage, maîtres<br />

d’œuvre, installateurs, pour définir des projets lumière adaptés à leurs<br />

demandes comme pour le restaurant Come Prima.<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

Le maître d’ouvrage, Vincenzo Bonaffini, n’en<br />

est pas à son premier restaurant. En effet,<br />

l’homme d’affaires a déjà racheté une dizaine<br />

d’établissements pour les rénover. Avec Come Prima<br />

– « Comme au début », en italien, est le titre d’une<br />

chanson écrite par Mario Panzeri sur une musique<br />

de Vincenzo Di Paola et Sandro Taccani, interprétée,<br />

entre autres, par Dalida, dont un portrait orne<br />

une des parois de la salle –, c’est comme un retour<br />

aux sources. Situé à Annecy, avenue d’Aix-les-Bains,<br />

dans le quartier de Seynod, le restaurant dont la<br />

gérance a été confiée à Sébastien Bourbon propose<br />

des spécialités italiennes et siciliennes, dans un décor<br />

chic et chaleureux. Vincenzo Bonaffini souhaitait des<br />

mises en lumière différenciées pour accompagner les<br />

espaces créés par l’architecte Jean-Louis Meyer : un<br />

bar, une salle sous une verrière, une pergola, dans un<br />

décor rouge flamboyant et bois.<br />

« C’est l’entreprise Pettini Électricité qui a pris<br />

contact avec moi, commente Thierry Jacquot.<br />

Nous avions travaillé ensemble plusieurs fois et<br />

elle a intégré la prestation projet d’éclairage au<br />

budget global d’électricité. Ensuite, elle m’a mis<br />

en contact avec le maître d’ouvrage et le maître<br />

d’œuvre qui m’ont expliqué chacun leurs attentes<br />

en termes de mise en lumière. »<br />

22 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Projets<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

Un avant-projet en 3D<br />

Le principe de base de l’avant-projet élaboré par<br />

Thierry Jacquot repose sur une bonne répartition<br />

de la lumière, quel que soit l’espace considéré, et<br />

une programmation adaptée à chaque espace.<br />

« Pour l’ambiance générale du restaurant, explique<br />

Thierry Jacquot, je souhaitais que les clients bénéficient<br />

d’une lumière chaleureuse sans qu’ils n’en<br />

perçoivent l’origine. J’ai donc opté pour des luminaires<br />

leds compacts et discrets en termes de design<br />

et sans éblouissement : il s’agit d’encastrés équipés<br />

de réflecteurs noirs et dotés d’un UGR 1 10, avec un<br />

bon contrôle des luminances. Je propose systématiquement<br />

mes avant-projets en 3D, ce qui permet<br />

au maître d’ouvrage et à l’architecte de se faire une<br />

bonne représentation de la mise en lumière définitive<br />

et de valider aisément le choix des luminaires,<br />

ou éventuellement de demander des adaptations. »<br />

Des suspensions sphériques noires descendent audessus<br />

du bar pour éclairer le comptoir tandis que<br />

des micro-projecteurs (1 cm de diamètre et 2 cm<br />

de long) ont été orientés sur les bouteilles à l’arrière.<br />

Le comptoir lui-même est rétro-éclairé par<br />

un ruban led en sous-face.<br />

Les panneaux décoratifs verticaux bénéficient,<br />

quant à eux, d’un éclairage réalisé à l’aide de wallwashers.<br />

Les tons sont chauds : le rouge se marie avec le<br />

doré qui s’harmonise avec le bois. Afin de conserver<br />

cette atmosphère, tous les luminaires affichent<br />

une température de couleur de 2 700 K, accompagnée<br />

d’un indice de rendu des couleurs de 90<br />

(R9 supérieur à 80) qui met en valeur les matériaux<br />

et le contenu des assiettes.<br />

1. L’UGR (Unified Glare Rating) est une formule unifiée<br />

d’évaluation de l’éblouissement définie par le rapport<br />

technique de la CIE 117-1995. Les valeurs d’UGR inférieures<br />

à 13 correspondent à un éblouissement négligeable, et supérieures<br />

à 28, à un éblouissement intolérable. Plus un UGR est faible,<br />

moins l’éblouissement est important. La norme NF EN 12 464-1<br />

préconise un UGR entre 16 et 19 pour un bureau.<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 23


Lumières Projets<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

Dessiner des faisceaux sur la façade<br />

Sur la terrasse, les lettres de l’enseigne du restaurant<br />

« C et P » s’entrelacent dans une lumière<br />

blanche sur fond bleu foncé, le tout apposé sur le<br />

mur rouge. « La réalisation de l’éclairage extérieur<br />

est l’illustration du travail collaboratif entre l’architecte,<br />

le maître d’ouvrage et notre agence, poursuit<br />

Thierry Jacquot. Jean-Louis Meyer voulait obtenir<br />

un effet faisceau sur le mur, et Vincenzo Bonaffini<br />

craignait que le logo du restaurant ne ressorte pas<br />

assez ou que les tables ne soient pas assez éclairées.<br />

Encore une fois, la simulation en 3D s’est montrée<br />

efficace et a su convaincre. Je dois dire que la différence<br />

entre la simulation et la photo de l’installation<br />

réalisée est à peine perceptible. » Les projecteurs<br />

de petites dimensions (4 cm de diamètre) sont<br />

encastrés dans le plafond de la pergola et orientés<br />

sur la façade, et dessinent les faisceaux de lumière<br />

sans nuire à l’enseigne lumineuse.<br />

Par ailleurs, des encastrés de sol soulignent la<br />

structure métallique et de verre qui ferme la terrasse<br />

et mettent en valeur la végétation qui agrémente<br />

cet espace.<br />

Une programmation en fonction<br />

des heures de la journée<br />

« Dans les restaurants, il n’est pas rare qu’on ait<br />

besoin de plus de lumière, paradoxalement, indique<br />

Thierry Jacquot, pour être vu de l’extérieur : les<br />

clients doivent pouvoir capter l’atmosphère du restaurant<br />

d’un seul coup d’œil ; alors que le soir, on<br />

peut baisser l’intensité lumineuse afin de créer une<br />

ambiance douce et plus chaleureuse. Nous avons<br />

donc défini une programmation pour tous les luminaires<br />

en les regroupant par zone. »<br />

Les séquences lumineuses sont également programmées<br />

par groupe. Par exemple, des suspensions<br />

de verre ont été ajoutées pour compléter le<br />

décor et éclairer les « mange-debout » ; comme les<br />

lampes dont elles sont munies procurent un flux<br />

important, l’équipe de LS-Concept les a dotées<br />

d’un système DALI qui permet d’obtenir, par une<br />

programmation, un niveau d’éclairage sur les<br />

tables hautes, homogène avec le reste de la mise<br />

en lumière.<br />

La gestion de l’éclairage s’effectue à partir d’une<br />

tablette ou d’une commande murale et peut appeler<br />

les séquences préprogrammées du midi ou du<br />

soir ou encore les scénarios personnalisés. n<br />

© Thierry Jacquot, LS-Concept<br />

Isabelle Arnaud<br />

24 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Perspectives<br />

EAS Solutions :<br />

« Plus d’intelligence…<br />

plus d’efficacité ! »<br />

Didier PETIT-BRISSON<br />

PDG associé d’EAS Solutions<br />

Après avoir travaillé deux ans dans la conversion d’énergie, et<br />

plus de 21 ans dans la distribution de composants électroniques,<br />

Didier Petit-Brisson quitte l’entreprise où il occupe le poste de<br />

responsable France, et crée sa propre société d’éclairage leds,<br />

à Bordeaux. Neuf mois après, il recrute deux commerciaux<br />

et remporte un marché auprès de l’enseigne McDonald’s pour<br />

l’éclairage de leurs boucliers d’angle en bois. EAS Solutions<br />

(pour Énergies Alternatives & Solaires) a aujourd’hui ses<br />

bureaux à Pompignac (33), et également une zone de stockage<br />

et une zone d’assemblage où travaillent six personnes.<br />

Quinze ans après sa création, comment EAS Solutions a-t-elle évolué ?<br />

L’entreprise a suivi l’évolution de la led, si l’on peut dire. Nous<br />

sommes partis du domaine des commerces, pour passer aux secteurs<br />

de l’industrie et du tertiaire. Nous nous sommes focalisés sur les marchés<br />

les plus énergivores pour leur apporter des économies, de la fiabilité<br />

et des produits adaptés à leur environnement. Il y a une douzaine<br />

d’années, nous avons signé des partenariats avec les marques<br />

Digital Lumens, Innolumis et, depuis huit ans, Dialight, fabricants de<br />

produits qui entrent parfaitement dans l’adéquation de ce que nous<br />

recherchons. À la demande de nos clients, nous avons également entrepris<br />

la fabrication de projecteurs étanches pour l’extérieur, notamment<br />

la gamme Xion, pour laquelle nous avons signé un accord de<br />

co-branding avec Osram pour les puces leds. Autre évolution, nous<br />

nous sommes aperçus que les tubes leds du marché n’étaient pas cohérents<br />

ni performants ; nous avons alors développé des linéaires dans<br />

lesquels nous avons intégré un plateau leds. Aujourd’hui, nous ne les<br />

fabriquons plus, au même titre que les dalles leds, et faisons appel à<br />

un partenaire italien, mais nous choisissons nos leds et nos drivers (de<br />

la marque Tridonic principalement) afin d’assurer une durée de vie de<br />

100 000 heures à nos produits.<br />

© DR<br />

Quels sont les produits que EAS Solutions fabrique aujourd’hui ?<br />

Nous produisons des luminaires pour l’industrie et le tertiaire en partant<br />

de critères de performances, de consommation, de durée de vie,<br />

d’environnement et de fonctionnement. Compte tenu de ces critères et<br />

aussi du fait que nous fabriquons en France, il va sans dire que nous<br />

privilégions la qualité, la réparabilité, la traçabilité et la disponibilité<br />

de nos produits et de leurs composants. Bien entendu, cela suppose<br />

de travailler en bonne intelligence avec tous nos partenaires et d’être<br />

très réactif. Ainsi, peu avant le confinement lié au Covid, nous avons<br />

été alertés sur les délais d’approvisionnement, ce qui annonçait un<br />

risque de pénurie des composants. Nous avons immédiatement anticipé<br />

et passé des commandes de composants stratégiques, de petits<br />

26 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Perspectives<br />

“Nous développons et fabriquons<br />

nos propres mécanique, plasturgie<br />

et cartes électroniques.”<br />

semi-conducteurs et de plusieurs millions de leds afin<br />

de nous assurer la continuité de notre activité. Nous<br />

avons pu ainsi fournir nos clients de l’agroalimentaire<br />

qui avaient besoin de ces produits. Nous avons même<br />

augmenté notre chiffre d’affaires en 2020 ! Comme<br />

nos sous-traitants étaient tous en France, nous avons<br />

continué à livrer nos clients. Afin d’être réactifs et innovants,<br />

nous développons et fabriquons nos propres<br />

mécanique, plasturgie, et cartes électroniques. Nous<br />

avons investi plus de 400 000 € en recherche et développement<br />

sur deux ans pour être encore plus performants<br />

et autonomes.<br />

C’est ainsi que vous avez déployé votre propre<br />

système intelligent, le Smart Facility Mist ?<br />

Exactement. Nous tenions à développer notre propre<br />

système d’intelligence fonctionnant en radio afin de<br />

simplifier toute la mise en place du processus. Il s’agit<br />

d’un protocole ouvert qui permet de commander des<br />

luminaires en DALI (marché européen), en 0-10 volts<br />

(marché américain, principalement), PWM (Pulse<br />

Width Modulation : modulation de largeur d’impulsion)<br />

et aussi des systèmes en ON/OFF capables<br />

de commander des contacteurs de puissance pour<br />

éteindre et allumer n’importe quel produit. Associée à<br />

cela, une interface cloud permet de se connecter pour<br />

paramétrer le système. Aujourd’hui, cette solution est<br />

complètement opérationnelle. Plus de 2 000 nœuds<br />

de connexion ont été déployés, commandant plus de<br />

4 000 éclairages et capteurs. Notre solution est entièrement<br />

évolutive ; elle s’adresse au tertiaire et à l’industrie<br />

(à l’intérieur et à l’extérieur). En ajoutant de<br />

l’intelligence aux points lumineux qui nous entourent,<br />

nous créons un nouveau réseau de communication<br />

qui permet de se raccorder par radio à de nombreux<br />

capteurs (occupation, température, CO 2<br />

, humidité…).<br />

Ainsi, dans une chambre froide, le capteur mesure la<br />

température et envoie une alarme dès que le niveau<br />

descend en dessous d’un certain seuil. Ou encore dans<br />

une salle de réunion, des capteurs déclenchent l’éclairage<br />

et mesurent le taux de CO 2<br />

, envoyant un signal<br />

dès que le niveau dépasse le seuil programmé. Notre<br />

système Mist peut répondre à une multitude d’applications<br />

en restant autonome sans être connecté au cloud,<br />

offrant ainsi une grande souplesse de configuration.<br />

Aujourd’hui, vous affrontez donc le marché<br />

en toute sérénité ?<br />

Complètement. Le monde de « l’intelligence » dans l’industrie<br />

n’est pas simple : il faut avoir une réelle expertise.<br />

En quinze ans, nous avons équipé plus de 1 000 clients<br />

et permis d’économiser 138 millions de kilowattheures<br />

et 48 680 tonnes de CO 2<br />

. Nous apportons une économie<br />

d’énergie allant de 80 à 95 % suivant les applications,<br />

un éclairage de qualité et un accompagnement clé en<br />

main. Nous allons même jusqu’à fabriquer des modules<br />

sur mesure afin de permettre à nos clients de conserver<br />

leurs structures existantes, tout en faisant évoluer leur<br />

éclairage. Comme nos aides viennent de la région Nouvelle-Aquitaine,<br />

nous faisons appel à des partenaires qui<br />

fabriquent dans notre région, ou en France, car il est<br />

normal que l’argent de la collectivité serve à faire travailler<br />

des acteurs régionaux. Notre chiffre d’affaires, de<br />

3 millions d’euros, ne cesse de croître, et nous réfléchissons<br />

à faire entrer de nouveaux partenaires et actionnaires.<br />

Aujourd’hui, les professionnels tiennent compte<br />

des décrets tertiaire et BACS, mais la rénovation de<br />

l’éclairage est souvent délaissée au profit d’autres investissements,<br />

alors qu’un éclairage intelligent de qualité<br />

diminue la fatigue au travail, réduit drastiquement la<br />

consommation d’énergie, et fait partie d’une politique<br />

RSE. L’éclairage est un point essentiel de notre bienêtre<br />

et un levier non négligeable d’amélioration du BFR<br />

(besoin en fonds de roulement).<br />

Comment voyez-vous l’éclairage de demain ?<br />

L’éclairage suit l’évolution des comportements de la<br />

société. À savoir, l’usage plutôt que la possession. Notre<br />

offre locative d’éclairage sur 5 ans, avec un coût de location<br />

du matériel d’éclairage inférieur à celui de l’économie<br />

d’énergie réalisée, va dans ce sens. La location préserve les<br />

ressources financières, les liquidités et l’équilibre du bilan<br />

de l’entreprise. Au terme des 5 ans du contrat, la société<br />

peut racheter à EAS Solutions l’installation. L’innovation<br />

fait partie de notre ADN. Nous développons une offre à<br />

tiroirs, avec des sous-ensembles de produits que nous assemblons<br />

et installons en France, mais aussi en Suisse, en<br />

Belgique, au Portugal. EAS Solutions continue à investir<br />

dans la recherche pour apporter toujours plus d’intelligence<br />

et d’efficacité énergétique à ses produits. n<br />

Propos recueillis par Isabelle Arnaud<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 27


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

<strong>Jeux</strong> <strong>Olympiques</strong> :<br />

lumières exemplaires<br />

<strong>Dossier</strong> réalisé par Isabelle Arnaud<br />

Dans les pas des athlètes<br />

Conception lumière Concepto : Maëlle Tertrais<br />

(cheffe de projet), Sara Castagné (directrice de<br />

projet), Mélina Votadoro (assistance technique),<br />

Tamara Redjem (assistance graphique),<br />

Maxime Brunois et Laurent Dove (réglages lumière)<br />

© Design de Lux <strong>2024</strong>/V. Muracciole<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 29


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

© Julien Falsimagne<br />

Parc sportif du Bourget - Mandataire : OGI - BET : SCE - Bureau d’études environnement : Zefco - Paysagistes : d’ici là - Écologie Urbaine : Urban-Ecoscop - BET BIM : Bim-Tech<br />

- Conception lumière : agence ON Vincent Thiesson, directeur de projet lumière, Olivier Peronny, responsable de projet lumière, Erika Huet, adjointe de projet lumière - Matériels<br />

d’éclairage : mâts sportifs : TMC + Ewo - mâts piétonniers : Technilum + Comatelec Schréder - mâts voirie : Valmont + Schréder<br />

<strong>Jeux</strong> <strong>Olympiques</strong> :<br />

la durabilité en héritage<br />

Nombreux ont été les concepteurs lumière sollicités pour travailler sur des espaces<br />

publics des jeux <strong>Olympiques</strong>. Nous en avons interrogé deux, Sara Castagné, directrice<br />

de Concepto et Vincent Thiesson, directeur de l’agence ON, qui nous ont confié<br />

comment contraintes et liberté se sont mêlées au cœur de ces réalisations ; et comment il<br />

y est souvent question de trame noire au sein de mises en lum++ière au service de l’être<br />

humain. Nous reviendrons, dans de futures éditions de Lumières, pour aborder d’autres<br />

projets qui s’inscrivent tous dans une démarche d’éclairages vertueux et respectueux<br />

de la biodiversité. Quant aux équipements sportifs, dont certains sont décrits ici, ils<br />

racontent l’histoire de dispositifs efficaces et gérés pour des installations durables.<br />

30 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

Mail Finot<br />

Maîtrise d’ouvrage : Solideo<br />

Maîtrise d’œuvre : Egis mandataire BET mandataire -<br />

Agence Ter paysagistes - Concepto, conception lumière -<br />

Zefco & Urban Eco BE environnemental - Studio 5.5<br />

Conception lumière Concepto : Maëlle Tertrais (cheffe de projet),<br />

Sara Castagné (directrice de projet), Mélina Votadoro (assistance<br />

technique), Tamara Redjem (assistance graphique),<br />

Maxime Brunois et Laurent Dove (réglages lumière)<br />

Gestion de l’éclairage/Programmation : Lumières Utiles<br />

Bureau d’études : Ingérop<br />

Entreprises éclairage : Satelec-Fayat et Bouygues Energie Services<br />

Solutions éclairage : Aubrilam, Chrysalis, Derksen, Led Puck,<br />

Lumteam, Santa&Cole, Valmont<br />

© Design de Lux <strong>2024</strong>/V. Muracciole<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 31


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

© Design de Lux <strong>2024</strong>/V. Muracciole<br />

© Design de Lux <strong>2024</strong>/V. Muracciole<br />

Dans les pas des athlètes.<br />

Village olympique. Mise en lumière<br />

réalisée par l’agence de<br />

conception lumière Concepto.<br />

Dans le cadre des jeux <strong>Olympiques</strong> et Paralympiques<br />

de Paris <strong>2024</strong>, le village des<br />

athlètes accueillera environ 15000 sportifs<br />

et accompagnants pendant un mois. D’une<br />

superficie de 51 ha, le village est à cheval sur<br />

les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen et<br />

L’Île-Saint-Denis. Ce quartier porte de fortes<br />

ambitions : végétalisation des espaces publics<br />

à hauteur de 7 ha, maîtrise du bilan carbone,<br />

prise en compte du réemploi et des matériaux<br />

biosourcés pour l’ensemble du mobilier urbain,<br />

stratégie d’accessibilité universelle, réversibilité<br />

des espaces publics en « héritage » après les jeux<br />

<strong>Olympiques</strong> et Paralympiques <strong>2024</strong> (JOP) .<br />

Le programme de la Solideo (Société de livraison<br />

des ouvrages olympiques) comprenait<br />

une très forte exigence environnementale et<br />

d’exemplarité en termes de bilan carbone, avec<br />

à la clé de nombreuses innovations. Le message<br />

environnemental concernait la végétalisation<br />

de la ville, la préservation de la biodiversité,<br />

l’utilisation de matériaux biosourcés et le réemploi.<br />

Dans ce contexte, pour éclairer certains des<br />

espaces publics du village olympique, Concepto<br />

a fait le choix du réemploi : par exemple,<br />

l’agence a imaginé deux grandes familles de<br />

mâts d’éclairage issus d’une fabrication 100 %<br />

française. Il s’agit d’une part, de mâts en bois<br />

(Aubrilam) lamellé collé (voir page 33 de cette<br />

édition), en pin provenant de forêts autogérées<br />

et à la coupe limitée. Sur ces supports<br />

bois sont fixées des crosses tubulaires issues<br />

d’anciens échafaudages ; et d’autre part, de<br />

mâts (Valmont) entièrement issus du réemploi,<br />

« surcyclés », posés dans les années 2000 et<br />

aujourd’hui remplacés. Un usinage léger a juste<br />

été nécessaire afin de vérifier leur galvanisation<br />

et d’assembler le fût à la crosse.<br />

« Nous sommes donc partis du cahier des<br />

charges de la Solideo et sommes même allés<br />

plus loin, commente Sara Castagné, conceptrice<br />

lumière et directrice de Concepto, notamment<br />

en cherchant des alternatives au métal,<br />

en ayant recours au réemploi et au surcyclage,<br />

afin de réduire l’empreinte carbone de l’installation,<br />

en tenant compte de la biodiversité<br />

dans la définition de nos éclairages, tout en<br />

restant inclusifs pour l’accueil du public, des<br />

athlètes, et des personnes à mobilité réduite.<br />

Quand bien même tout cela faisait partie des<br />

demandes initiales, il a fallu parfois nous battre<br />

afin de faire accepter nos choix, car nos interlocuteurs<br />

ne sont pas encore habitués à voir<br />

l’humain et “l’héritage” au centre d’un projet<br />

d’éclairage ! »<br />

Un projet lumière qui repose<br />

sur une trame noire<br />

Mais Concepto a su convaincre par son expertise,<br />

surtout qu’au même moment, l’agence livrait<br />

un sdal (schéma directeur d’aménagement<br />

lumière) à Plaine Commune, établissement<br />

public territorial (EPT) créé en 2016, situé<br />

dans le département de la Seine-Saint-Denis, et<br />

qui comprend neuf communes, dont celles de<br />

Saint-Denis et de Saint-Ouen.<br />

• • • Suite p. 34<br />

32 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

© Design de Lux <strong>2024</strong> / V. Muracciole<br />

© Design de Lux <strong>2024</strong> / V. Muracciole<br />

Concepto et Aubrilam :<br />

pour un village olympique durable<br />

Le village olympique est réparti sur<br />

3 communes : Saint-Denis, Saint-Ouensur-Seine<br />

et L’Île-Saint-Denis, et accueillera<br />

14 500 athlètes et leur staff pendant les jeux<br />

<strong>Olympiques</strong>, et 9 000 athlètes et leur staff pendant<br />

les jeux Paralympiques. Après les <strong>Jeux</strong>, dès 2025,<br />

le quartier comportera :<br />

- 52 hectares, soit 70 terrains de football ;<br />

- plus de 2 800 nouveaux logements dont<br />

2 000 logements familiaux et 800 logements en<br />

résidence ;<br />

- une résidence étudiante et un hôtel ;<br />

- 2 nouveaux groupes scolaires ;<br />

- 6 hectares d’espaces verts dont un parc public<br />

en cœur de quartier et des espaces végétalisés,<br />

réservés aux piétons et aux mobilités douces ;<br />

- 120 000 m² d’activités, bureaux et services<br />

pouvant recevoir 6 000 salariés ;<br />

- 3 200 m² de commerces de proximité.<br />

Pour éclairer ces espaces, Aubrilam a fourni des<br />

mâts bois carrés avec embases en acier. Tous<br />

les appareillages sont logés en pied de mât, ce<br />

qui facilite la maintenance. Le mât a été dessiné<br />

par l’agence de conception lumière Concepto qui,<br />

après étude d’éclairage, a montré que, comme<br />

le site était très arboré, il était nécessaire de<br />

déporter la lumière et de limiter les hauteurs<br />

à 6 m. « Le réemploi était imposé, explique<br />

Sébastien Boyer, directeur commercial France,<br />

Aubrilam. Deux conseillers sont intervenus : un<br />

designer, le studio 5.5, et Cycle Up, conseil en<br />

études et réemploi, sur l’ensemble du projet.<br />

Quand ils ont commencé à travailler sur ce qu’avait<br />

défini Concepto, ils ont pensé à utiliser des tubes<br />

d’échafaudage en guise de crosses. Ce qu’on<br />

trouvait intéressant, c’est de donner une nouvelle<br />

vie à un produit qui n’était pas à l’origine destiné à<br />

cet usage. »<br />

Cependant, il fallait identifier et qualifier ces<br />

tubes, et proposer un prototype. « Nous avons<br />

procédé à un tri, poursuit Sébastien Boyer, selon<br />

nos exigences : un tube rectiligne, de diamètre,<br />

longueur, et épaisseur précis, sans enduit ni<br />

peinture ni rouille, avec une galvanisation restante<br />

permettant de garantir une certaine durabilité. Il<br />

nous fallait transformer les tubes pour pouvoir fixer<br />

les luminaires aux mâts. Cela impliquait du perçage<br />

et de la découpe, de l’assemblage par visserie. » Il<br />

existe différentes configurations de luminaires avec<br />

des crosses supportant plusieurs luminaires, ou des<br />

projecteurs à gobos pour mise en valeur.<br />

Aubrilam a dû calculer l’impact carbone du<br />

réemploi de la crosse. « En fait, selon Cycle Up,<br />

la fabrication d’une pièce en acier galvanisé a un<br />

impact carbone de 2,21 kg de CO 2<br />

eq/kg.<br />

Le réemploi a donc permis sur nos produits<br />

d’économiser environ 5,7 tonnes de CO 2<br />

. Il est<br />

impossible d’être garant à 100 % de la longévité<br />

© Design de Lux <strong>2024</strong> / V. Muracciole<br />

d’un produit qu’on n’a pas fabriqué et qui a déjà<br />

eu plusieurs cycles d’exploitation. Pour autant,<br />

la sélection et les modifications opérées sur les<br />

tubes confèrent à ces crosses une durée de vie<br />

structurelle d’au moins vingt ans. Nos designers<br />

ont été au service de l’environnement ; ils ont<br />

conçu les pièces d’interface dans cette logique-là :<br />

comment va-t-on intégrer la crosse, la rendre fiable<br />

mécaniquement, masquer la visserie et obtenir<br />

un résultat le plus esthétique possible ? C’est une<br />

expérience inédite dans le cadre d’une application<br />

exceptionnelle. »<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 33


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

Les lampadephories<br />

de la rampe olympique<br />

proposée par Concepto.<br />

• • • Suite de la p. 32<br />

Le récit nocturne du village des athlètes repose<br />

sur la notion de trame noire, qui permet de<br />

définir des zones de sauvegarde de l’obscurité,<br />

dans un espace urbain traversé par des personnes<br />

qui ne sont pas prêtes à cheminer dans<br />

le « le noir ». L’objectif de cette démarche de<br />

trame noire consiste à créer un éclairage réversible,<br />

à concevoir des atmosphères nocturnes<br />

de proximité et à accompagner les différentes<br />

mobilités. Elle accompagne la renaturation<br />

des espaces publics et l’équilibre recherché<br />

entre lumière et obscurité répond à un cahier<br />

des charges technique précis (spectre lumineux,<br />

intensité…). « Ce récit permet d’offrir les<br />

conditions de préservation de la biodiversité<br />

nocturne (faune et flore), explique Sara Castagné,<br />

mais aussi un bien-vivre au quotidien pour<br />

les futurs habitants (en phase héritage) et des<br />

conditions d’usages actifs, festifs et conviviaux.<br />

Nous avons donc recherché des solutions qui<br />

trouvent l’adhésion des services techniques de<br />

Plaine Commune. » Notamment, utiliser des<br />

éléments constructifs pour intégrer les luminaires,<br />

dans des rampes, des garde-corps, des<br />

emmarchements comme dans le mail Finot,<br />

une longue pente douce, constituée d’un large<br />

escalier et d’une rampe PMR, bordée d’arbres<br />

et de plantations importantes qui ne pouvaient<br />

pas être éclairés par des mâts.<br />

Cette trame noire joue sur les temporalités<br />

de la lumière qui suit les saisons. Concepto<br />

a découpé l’année en deux périodes : « Human<br />

friendly (respectueuse de l’être humain)<br />

concerne l’hiver, précise Sara Castagné, entre<br />

octobre et mars ; il fait nuit tôt, donc on a un<br />

peu plus de liberté pour éclairer car la question<br />

de la biodiversité est moins cruciale, contrairement<br />

à l’autre période, Biodiversity friendly<br />

(dans le respect de la biodiversité), qui court de<br />

début mars jusqu’à fin septembre. Avec cette<br />

réciprocité, on répond aux besoins de tout le<br />

monde. » Concrètement, cette différenciation<br />

est réalisée grâce à une programmation qui<br />

fait varier la température de couleur selon la<br />

période : 2 200 K de mars à octobre avec des<br />

niveaux lumineux assez bas, et 3 000 K en<br />

hiver avec une intensité plus élevée. Dans les<br />

deux périodes, le cœur de nuit reste en 2 200 K.<br />

Dans les pas des athlètes…<br />

« La trame noire propose une forme de poésie de<br />

la nuit, poursuit Sara Castagné, car une mise en<br />

lumière délicate et bien conçue peut permettre<br />

de limiter l’éclairage sans ressentir pour autant<br />

une privation de lumière, c’est le cas de la place<br />

Ampère… Certains espaces laissent la vue sur<br />

de grands paysages nocturnes et des ambiances<br />

plus spectaculaires avec une scénographie lumineuse<br />

dont la vocation est d’accompagner, et de<br />

rappeler l’histoire du site en <strong>2024</strong> qui a accueilli<br />

les plus grands sportifs du monde. Le médium<br />

lumière permet d’évoquer, de raconter et d’animer<br />

quelques lieux emblématiques comme la<br />

place Ampère : Dans les pas des athlètes. Cette<br />

scénographie lumineuse ludique est destinée à<br />

tous les petits et grands enfants ! »<br />

Les 40 projections de gobos au sol rappellent<br />

la mobilité des corps et les épreuves des JO : on<br />

y retrouve un ballon, une piste de course, et un<br />

peu partout les pas des athlètes.<br />

Lampadephories !<br />

Au pied de la halle Maxwell, la rampe hélicoïdale<br />

propose un parcours confortable et accessible de<br />

100 m de long et 3 m de large, sur près de 12 m<br />

de dénivelé, pour rejoindre la partie basse de la<br />

• • • Suite p. 37<br />

© Concepto<br />

© Design de Lux <strong>2024</strong>/V. Muracciole<br />

34 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

Sylvania Group renforce la stratégie<br />

de Paris La Défense Arena<br />

© Arthur Pequin<br />

© Arthur Pequin<br />

Dans le cadre des jeux <strong>Olympiques</strong> et<br />

Paralympiques de Paris <strong>2024</strong>, Paris La<br />

Défense Arena sera l’enceinte d’accueil<br />

des épreuves de natation olympiques, des finales<br />

de water-polo, puis des épreuves de natation<br />

paralympiques.<br />

Ce sont pas moins de 178 épreuves de natation<br />

qui se disputeront dans deux bassins de<br />

50 mètres de long, qui permettront à plus de<br />

17 000 personnes en simultané de profiter<br />

pleinement de la compétition dans les meilleures<br />

conditions possibles.<br />

Au printemps dernier, Paris La Défense Arena<br />

a enclenché la troisième étape de son plan de<br />

sobriété énergétique : l’investissement dans des<br />

solutions moins énergivores, à commencer par la<br />

rénovation partielle de son installation d’éclairage<br />

avec des luminaires leds de Sylvania.<br />

L’électricité représentant la principale source de<br />

consommation d’énergie du site, agir<br />

sur ce poste en remplaçant les anciens luminaires<br />

fluorescents (2 x 58 W pour les étanches et<br />

2 x 26 W pour les downlights) situés dans les<br />

parties attenantes à la salle par des solutions<br />

leds s’est imposé comme un levier efficace et<br />

rapide à activer.<br />

À l’issue d’un appel d’offres lancé fin 2022, Paris<br />

La Défense Arena a retenu Sylvania pour réaliser<br />

ce projet. « Leur offre clé en main tant d’un point<br />

de vue technique, de par la qualité des luminaires<br />

proposés, qu’opérationnel (fourniture, pose) et en<br />

gestion de projet avec un interlocuteur unique,<br />

représentait pour nous une réelle plus-value »<br />

explique Pierre Sallé, responsable RSE du site.<br />

De fin avril à début juillet 2023, une équipe de<br />

10 personnes en moyenne de l’entreprise Bentin<br />

était mobilisée pour effectuer le changement des<br />

luminaires au niveau :<br />

• du grill technique, outil spectaculaire et<br />

indispensable aux scénographies des plus<br />

grosses productions. La mise en œuvre de<br />

337 boîtiers étanches en polycarbonate Start<br />

Waterproof de 1 200 mm, équipés chacun<br />

de 2 tubes ToLEDo T8, a constitué une véritable<br />

prouesse technique pour l’installateur qui se<br />

trouvait alors à près de 40 m de hauteur. D’une<br />

puissance unitaire de 19,5 W (39 W par appareil<br />

soit près de 3 fois moins énergivores que les<br />

anciens fluos), les 670 tubes ToLEDo T8 ont été<br />

revêtus de gaines bleues, conformément à la<br />

volonté de Paris La Défense Arena d’atténuer leur<br />

flux lumineux (2 000 lm) ;<br />

• du parking, avec la dépose/pose selon la même<br />

implantation, de luminaires étanches Resisto<br />

avec détection de présence à hyperfréquence.<br />

« En associant la nouvelle technologie led, une<br />

puissance de 36 W au lieu de 2 x 58 W et une<br />

simple gestion d’éclairage déportée, ce sera<br />

l’une des parties les plus parlantes en termes<br />

d’économies d’énergie », indique Thomas de<br />

Oliveira, ingénieur commercial, Sylvania Group ;<br />

• des coursives grand public attenantes à la<br />

salle qui abritent les points de restauration<br />

et le merchandising. Là encore, le luminaire<br />

led Resisto a été choisi car, outre sa facilité<br />

d’installation et son évolution possible dans le<br />

temps, il répondait à la demande de Paris<br />

La Défense Arena en termes de rendu<br />

(4 000 K, IRC 80), d’efficacité lumineuse<br />

(137 lm/W), de résistance (IK08) et d’étanchéité<br />

(IP66). Le gestionnaire du site a également<br />

apprécié les recommandations de Sylvania<br />

© Arthur Pequin<br />

© Arthur Pequin<br />

d’harmoniser le nombre de références de<br />

luminaires sur site afin de lui simplifier la<br />

maintenance ;<br />

• des 8 salons VIP, des 100 loges et de leurs<br />

espaces de circulation avec l’installation de<br />

2 964 Start downlights 25 W en lieu et place des<br />

modèles fluos qui, avec le ballast, consommaient<br />

60 W par appareil.<br />

Au total, plus de 5 400 luminaires dont 2 104 Resisto<br />

pilotés par la GTB du site ont été fournis par<br />

Sylvania et posés par l’entreprise Bentin.<br />

« D’après les simulations que nous avons réalisées,<br />

nous estimons idéalement qu’au bout de deux<br />

ans et demi nous ne serons pas loin du ROI, et ce,<br />

d’autant plus compte tenu de l’augmentation du<br />

niveau de notre activité liée aux jeux <strong>Olympiques</strong><br />

<strong>2024</strong> et aux nombreux événements prévus sur les<br />

prochaines années. Avec un taux d’utilisation de la<br />

salle en nette hausse, l’économie va vite se faire<br />

ressentir », souligne Pierre Sallé.<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 35


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

© Michel Djaoui<br />

© Michel Djaoui<br />

Thorn : Stade Geoffroy-Guichard<br />

Le stade Geoffroy-Guichard (fondateur des<br />

magasins Casino), situé à Saint-Étienne, a été<br />

inauguré le 13 septembre 1931. Surnommé<br />

le « Chaudron », le stade a accueilli des rencontres<br />

de l’Euro de football 1984 et la Coupe du monde<br />

de football 1998, mais aussi la Coupe du monde<br />

de rugby 2007. La dernière rénovation, qui a fait<br />

du stade un site à la fois mythique, moderne et<br />

fonctionnel, a été réalisée pour l’accueil de<br />

l’Euro 2016 et a donné au stade une plus grande<br />

capacité d’accueil ainsi que des accès plus modernes.<br />

Lors des jeux <strong>Olympiques</strong>, le « Chaudron »<br />

accueillera six matchs de foot masculins et<br />

féminins. Pour l’événement, le stade a connu<br />

d’importantes rénovations, notamment de<br />

l’éclairage du stade, ainsi que des structures<br />

métalliques et des passerelles, nécessaires à la<br />

circulation du personnel pour les opérations de<br />

maintenance.<br />

Ces travaux de modernisation ont été confiés à<br />

l'agence de conception lumière Cobalt qui a réalisé<br />

l’étude éclairage, SPIE CityNetworks a fourni<br />

des plans BIM (Building Information Modeling,<br />

une technologie de conception en 3D) et installé<br />

252 projecteurs Thorn Altis pour l’éclairage de<br />

l’aire de jeu et 60 projecteurs RGBW, permettant<br />

de créer des effets de couleur dynamique, avec la<br />

mise en œuvre d’une gestion DMX2 pour piloter les<br />

éclairages dans les moindres détails.<br />

Tous les projecteurs sont équipés de volets,<br />

pour couper les flux afin d’éviter l’éblouissement<br />

des spectateurs, et ont été installés avec un<br />

espacement identique de 120 cm entre chaque<br />

projecteur. Ils délivrent jusqu’à 256 klm avec<br />

d’excellentes propriétés thermiques, une résistance<br />

exceptionnelle aux agressions environnementales,<br />

une résistance au vent minimale.<br />

© Michel Djaoui<br />

Maître d’ouvrage : SEM (Saint-Étienne Métropole)<br />

Conception lumière : Cobalt, Pierre-Philippe Garde<br />

Installateur : Dousson Spie Serpollet Group<br />

36 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


• • • Suite de la p. 34<br />

place olympique et les berges de Seine. Conçue<br />

comme un objet architectural, cette rampe répond<br />

aux ambitions d’accessibilité universelle de la<br />

Solideo. Concepto a intégré 878 points lumineux<br />

(le nombre d’épreuves olympiques) aux couleurs<br />

d’une flamme, pour éclairer le cheminement PMR.<br />

Elle a appelé ces petites lampes des « lampadephories<br />

», mot qui désignait aussi les petites flammes<br />

lors de la fête des flambeaux, dans la Grèce antique.<br />

Les Athéniens nommaient « lampadophorie » cette<br />

fête qui se célébrait trois fois par an : d’abord en<br />

l’honneur de Minerve, puis en l’honneur de Prométhée,<br />

et enfin en celui de Vulcain. Des coureurs<br />

s’élançaient dans une carrière, tenant en main un<br />

flambeau allumé qu’ils se transmettaient.<br />

« Nous avons doté la rampe de plusieurs scénarios<br />

préprogrammés, indique la conceptrice lumière, la<br />

rampe change de couleur : en début de nuit, elle<br />

est en 3 000 K, puis devient un peu plus orangée<br />

en cœur de nuit. La mise en lumière est ainsi rythmée<br />

par différentes séquences le premier quart<br />

d’heure de chaque heure, comme la tour Eiffel :<br />

par exemple, la lumière avance, ou elle scintille ;<br />

pendant les JO, elle s’animera à la première heure<br />

de la nuit. Chaque point lumineux de la rampe<br />

est équipé d’un capteur NFC qui permettra, en<br />

période héritage, via un QR code, de se connecter<br />

à une appli sur son smartphone qui rappellera les<br />

gagnants des différentes épreuves olympiques. »<br />

Le Cluster des Médias, un projet<br />

qui répond aux besoins du territoire<br />

D’une superficie de 70 ha, la ZAC du Cluster des<br />

Médias, aménagée par la Solideo, s’étend sur<br />

les communes du Bourget, Dugny et La Courneuve<br />

en Seine-Saint-Denis. Développée avec<br />

les collectivités concernées, elle tisse des liens<br />

entre les centres de vie de ce territoire qui était<br />

jusqu’à ce jour morcelé. Durant l’été <strong>2024</strong>, le<br />

Cluster des Médias vibrera au rythme des jeux<br />

<strong>Olympiques</strong> et Paralympiques avec l’accueil<br />

des journalistes et techniciens du monde entier<br />

et du site de compétition d’escalade. Après les<br />

JO, les habitants et usagers bénéficieront d’un<br />

nouveau quartier durable et confortable.<br />

Dès l’origine, comme pour les projets liés aux<br />

jeux <strong>Olympiques</strong>, la Solideo a fait du maintien,<br />

voire de l’enrichissement de la biodiversité une<br />

priorité, pour soutenir le développement de<br />

l’écosystème existant et préserver les espèces<br />

protégées présentes sur le site. L’objectif est de<br />

permettre à la biodiversité dans son ensemble de<br />

regagner des espaces, démontrant ainsi que la<br />

ville et ses usages sont compatibles avec celle-ci.<br />

• • • Suite p. 40<br />

Lumières <strong>Dossier</strong><br />

L’héritage des JOP est proposé sous la forme<br />

d’une lumière symbolique dont l’effet lumineux<br />

est issu des anneaux olympiques. Cette lumière<br />

graphique et texturée marque les espaces<br />

singuliers tels que les entrées des parcs, les<br />

lieux de vie nocturne.<br />

© Julien Falsimagne<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 37


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

Photographie par © Jad Sylla<br />

Gewiss éclaire<br />

le Centre aquatique olympique<br />

de Saint-Denis<br />

Maître d’ouvrage et concessionnaire : La Métropole du Grand Paris -<br />

Simbala<br />

Concepteur et constructeur : Bouygues Bâtiment Île-de-France<br />

Architectes : VenhoevenCS architecture+urbanism, Ateliers 2/3/4<br />

Bureau d’études : Inex BET<br />

Installateur : Phibor Entreprises<br />

La construction du Centre aquatique olympique<br />

(CAO) répond à cinq enjeux majeurs :<br />

- permettre l’organisation de manifestations<br />

d’ampleurs nationale et internationale ;<br />

- faciliter l’accès à la nage et l’apprentissage<br />

de la natation ;<br />

- tenir un haut niveau d’exemplarité<br />

environnementale ;<br />

- être un équipement de référence au service des<br />

athlètes de haut niveau ;<br />

- développer des activités sportives destinées aux<br />

métropolitains et inciter à la pratique sportive.<br />

Le CAO présente un toit concave : une<br />

spectaculaire construction en bois, légère et fine,<br />

s’étendant sur plus de 90 mètres, qui permet de<br />

réduire le volume d’air à climatiser. Il sert d’abri,<br />

filtre la lumière, récupère les eaux de pluie,<br />

intègre les réseaux techniques et accueille l’une<br />

des plus grandes toitures solaires urbaines<br />

de France (près de 5 000 m² de panneaux<br />

photovoltaïques sur 10 000 m² de toiture).<br />

90 % de l’énergie dont le CAO a besoin<br />

sont renouvelables ou de récupération.<br />

Le Centre aquatique olympique comprend<br />

un bassin de natation, de 70 m permettant de<br />

multiples configurations, un bassin de plongeon,<br />

qui accueilleront les qualifications de water-polo et<br />

les épreuves de plongeon et de natation artistique,<br />

ainsi qu’un bassin d’apprentissage de 25 m et un<br />

bassin aqualudique. Le grand bassin comporte une<br />

passerelle (horizontale et verticale) amovible qui<br />

permet de diviser le bassin de façon qu’il puisse<br />

être utilisé en phase héritage.<br />

« Nous avons fourni les solutions éclairage pour<br />

l’ensemble des bassins ainsi que pour les tribunes<br />

qui peuvent recevoir jusqu’à 5 000 places assises,<br />

dont la moitié sont des gradins escamotables et<br />

seront démontés après les épreuves olympiques et<br />

paralympiques », explique François-Xavier Ravel,<br />

ingénieur commercial chez Gewiss.<br />

La charpente bois du toit de forme concave est<br />

constituée de 91 catènes (poutres) d’une portée de<br />

90 m, les plus longues du monde, crée un plafond<br />

à la forme fluide et dynamique unique qui s’adapte<br />

aux volumes nécessaires, optimise les matériaux,<br />

magnifie le bois et capte la lumière naturelle.<br />

« Un des défis pour Gewiss, poursuit François-Xavier<br />

Ravel, consistait à trouver une astuce afin d’épouser<br />

Photographie par © Jad Sylla<br />

38 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

Photographie par © Jad Sylla<br />

Photographie par © Jad Sylla<br />

Un des défis concernait la difficulté<br />

à obtenir une uniformité (supérieure<br />

à 0,7) des niveaux d’éclairement<br />

(2 000 lux), des températures<br />

de couleur (5 700 K), d’indices<br />

de rendus des couleurs (90),<br />

à la fois sur les plans horizontaux<br />

et verticaux.<br />

Photographie par © Jad Sylla<br />

cette vague gigantesque, voire de la souligner. Pour ce<br />

faire, nous avons réalisé l’étude d’éclairage en fonction<br />

de cette déclivité, ce qui s’est révélé assez complexe<br />

car il n’y avait pas la même altimétrie partout et nous<br />

devions positionner les luminaires de façon à obtenir le<br />

même effet graphique au plafond tout en assurant un<br />

éclairage homogène à la surface de l’eau. »<br />

Un autre défi reposait sur la difficulté à obtenir<br />

une uniformité (supérieure à 0,7) des niveaux<br />

d’éclairement (2 000 lux), des températures de<br />

couleur (5 700 K), d’indices de rendu des couleurs<br />

(90), sur les plans horizontaux et verticaux, face aux<br />

plongeoirs.<br />

« Troisième défi, la gradation. En effet, les<br />

luminaires sont tous contrôlables un par un, et<br />

Gewiss devait fournir des projecteurs fonctionnant<br />

en DALI, compatibles avec le système de pilotage<br />

(Schneider) choisi, précise François-Xavier Ravel.<br />

Les niveaux requis pour les JO ne sont évidemment<br />

pas les mêmes pour les loisirs, l’entraînement<br />

ou même les compétitions régionales ; donc,<br />

l’éclairage sera constamment adapté aux usages<br />

des bassins. »<br />

Pour le bassin, Gewiss a opté pour un seul modèle<br />

d’appareil doté de quatre optiques différentes :<br />

deux optiques asymétriques (à faisceaux extensif<br />

ou intensif) et deux symétriques (à faisceaux<br />

extensif ou intensif).<br />

Les luminaires sont installés entre 12 et 16 m<br />

de hauteur. « Nous avons installé le driver à<br />

l’intérieur du chemin de câble qui est de la couleur<br />

du corps du luminaire, de cette façon, ils sont<br />

invisibles depuis les gradins, détaille François-<br />

Xavier Ravel. 132 luminaires (SmartPro 2.0,<br />

4 modules) sont répartis symétriquement de part<br />

et d’autre du bassin. Par ailleurs, nous avons fourni<br />

150 projecteurs (SmartPro 1 module) non gradables<br />

dirigés exclusivement sur les gradins. Trois optiques<br />

au choix selon la zone de gradins à éclairer. »<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 39


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

© Julien Falsimagne<br />

© Julien Falsimagne<br />

© Julien Falsimagne<br />

Parc sportif du Bourget. Après les JO,<br />

les habitants et usagers bénéficieront d’un<br />

nouveau quartier durable et confortable.<br />

Conception lumière : Agence ON<br />

• • • Suite de la p. 37<br />

Pour y parvenir, le<br />

projet a été appréhendé<br />

dans sa totalité<br />

à travers un diagnostic<br />

écologique qui tient<br />

compte de l’ensemble<br />

des espaces du sol au<br />

bâti.<br />

Pendant les <strong>Jeux</strong> de<br />

Paris <strong>2024</strong>, Le Bourget<br />

accueillera plus de<br />

6 000 spectateurs pour<br />

les épreuves d’escalade.<br />

Entièrement rénové à<br />

cette occasion, le parc<br />

des Sports a été agrandi et mieux relié au quartier<br />

qui l’entoure.<br />

Au-delà de la compétition, les jeux <strong>Olympiques</strong><br />

et Paralympiques représentent surtout un formidable<br />

accélérateur de développement pour<br />

la ville du Bourget, radicalement transformée.<br />

Les Bourgetines et les Bourgetins bénéficieront<br />

en effet d’un héritage pérenne avec un cadre de<br />

vie plus agréable, des équipements scolaires et<br />

sportifs de qualité, diversifiés et rénovés, des<br />

espaces verts étoffés et une mobilité facilitée.<br />

Une quinzaine d’équipements sportifs dont<br />

une piste d’athlétisme, deux terrains de football<br />

mais aussi un nouveau gymnase, intégrant<br />

des murs d’escalade, ou encore un boulodrome<br />

intérieur et extérieur, ont été construits ou<br />

rénovés à l’occasion du réaménagement du<br />

parc. Deux nouvelles écoles complètent le parc<br />

du Bourget, qui est agrandi de 4 ha au total.<br />

C’est dans ce contexte que l’agence de conception<br />

lumière a été mandatée pour créer des<br />

éclairages publics pérennes, durables, et vertueux.<br />

Accessibilité universelle<br />

excellence environnementale<br />

Pour Vincent Thiesson, concepteur lumière et<br />

directeur de l’agence ON, « ces objectifs fixés<br />

par la Solideo constituent les deux enjeux majeurs<br />

que nous devions mettre en connexion.<br />

Pour cela, nous avons défini une lumière juste,<br />

spatialement et au plus près des usages, avec<br />

des ambiances nocturnes sécuritaires et confortables<br />

tout en privilégiant des temps dans la pénombre<br />

pour ne pas impacter la biodiversité ».<br />

Comment rendre ces deux éléments compatibles<br />

? Comment faire varier les tonalités de<br />

lumière, offrir des niveaux suffisants pour<br />

tous les publics, mettre en œuvre une gestion<br />

de l’éclairage ? Autant de questions auxquelles<br />

le projet d’éclairage devait répondre. « Le premier<br />

postulat est la mise en place d’une lumière<br />

universelle dans les zones accessibles au public,<br />

explique Vincent Thiesson, compatible avec<br />

les enjeux environnementaux qui induisent des<br />

programmations, des variations, des modulations<br />

des niveaux d’éclairement en lien avec les<br />

usages réels et les temps de la nuit. » Car, de<br />

fait, la réponse se trouve dans la temporalité de<br />

la lumière. Ainsi, durant les premières heures<br />

de la nuit, l’éclairage répond aux exigences de<br />

l’accessibilité avec des niveaux d’éclairement<br />

réglementaires à 20 lux moyen.<br />

• • • Suite p. 42<br />

40 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

• • • Suite de la p. 40<br />

En cœur de nuit lorsque l’espace public est moins<br />

fréquenté, les niveaux d’éclairement sont abaissés,<br />

mais pas éteints, pour ne pas gêner la faune et la<br />

flore par des allumages et des extinctions intempestives,<br />

justement. « Le territoire reste cependant<br />

accessible à tout moment, ajoute Vincent Thiesson,<br />

grâce à des détecteurs de présence qui permettent<br />

de rehausser l’intensité et de revenir aux<br />

niveaux d’éclairement réglementaires. Les espaces<br />

publics en connexion avec la ville sont éclairés en<br />

blanc 3 000 K, de même que les cheminements<br />

paysagers du parc des Sports en début de soirée<br />

et tend progressivement vers 2 200 K en cœur de<br />

nuit, teinte plus chaude et moins impactante sur<br />

la biodiversité. » Ces modulations sont rendues<br />

possibles par la mise en place d’une télégestion<br />

généralisée à l’ensemble du Cluster. Ainsi, tous les<br />

appareils d’éclairage sont commandés à distance,<br />

tant en termes d’horaires d’allumage et d’extinction<br />

qu’en termes d’intensité lumineuse et de température<br />

de couleur.<br />

En cas de fermeture de certains espaces (notamment<br />

le parc des Sports), l’éclairage est éteint et<br />

connecté au poste de police pour un déclenchement<br />

manuel et centralisé.<br />

Supports amovibles et interchangeables<br />

Plusieurs types de mâts ont été utilisés, certains<br />

ont été conservés, d’autres ont été choisis<br />

pour s’inscrire dans la continuité de l’existant.<br />

L’équipe de Vincent Thiesson a également<br />

dessiné un mât de section carrée de 6 à 10 m<br />

équipé de cornières en U et qui sert à la fois<br />

de support à l’éclairage et aux autres services<br />

(vidéosurveillance, haut-parleurs, détection de<br />

présence, etc.).<br />

« En réponse à la problématique de temporalité<br />

des saisons (pré-JOP, JOP puis héritage) et<br />

d’évolutivité des usages, nous avons conçu la<br />

cornière amovible et interchangeable. Ce système<br />

offre une grande flexibilité de redéploiement<br />

de la cornière et ses projecteurs sur un<br />

autre support selon l’évolution des besoins. »<br />

Ainsi, il est possible d’ajouter ou de supprimer<br />

des projecteurs, changer les hauteurs, remplacer<br />

les filtres de couleur par exemple sur les<br />

projecteurs des espaces ludiques.<br />

Les terrains de football (existants), quant à<br />

eux, ont été éclairés selon les exigences de la<br />

Fédération française de football.<br />

• • • Suite p. 43<br />

Éclairage des bâtiments<br />

du stade Yves-du-Manoir par Clareo<br />

Mandataire du groupement<br />

de conception-réalisation : Léon Grosse<br />

Celnikier & Grabli Architectes et Olgga Architectes<br />

Installateur : Bentin<br />

Conçu par l’architecte Louis Faure-Dujarric,<br />

le stade départemental Yves-du-Manoir de<br />

Colombes (92) fut l’enceinte majeure de<br />

la VIII e Olympiade en 1924, s’y sont notamment<br />

déroulées la cérémonie d’ouverture et les épreuves<br />

d’athlétisme. Il est le seul lieu qui connaît, en <strong>2024</strong>,<br />

les deuxièmes <strong>Jeux</strong> de son histoire, en accueillant<br />

les épreuves de hockey sur gazon.<br />

Deux nouveaux bâtiments ont été construits<br />

et accueilleront, après les <strong>Jeux</strong>, la Fédération<br />

française de hockey, la Ligue Île-de-France, le<br />

comité départemental de hockey et, à terme, un<br />

club résident. Le deuxième bâtiment sera dédié au<br />

football et au rugby.<br />

« Nous sommes intervenus à la demande de<br />

l’installateur, commente Pierre-Emmanuel Kiehl,<br />

technico-commercial, Clareo, qui recherchait<br />

des solutions pour répondre à l’étude d’éclairage<br />

déjà réalisée. Nous avons proposé nos luminaires<br />

Tubuleds basse luminance dont la lentille,<br />

légèrement en retrait, limite l’éblouissement. »<br />

Les Tubuleds offrent une efficacité de 130 lm/W,<br />

avec un indice de protection IP69 et une résistance<br />

aux chocs IK10. Ils ont été installés en appliques<br />

dans les escaliers, en saillie dans les circulations<br />

et les vestiaires. L’éclairage de ces derniers a été<br />

complété par des downlights encastrés.<br />

Tous les luminaires fournis ont une température de<br />

couleur de 4 000 K.<br />

Au premier et deuxième étages, l’éclairage des<br />

bureaux et des espaces destinés à une activité<br />

sportive, comme les salles de musculation, a été<br />

réalisé à l’aide de lignes lumineuses en DALI,<br />

fabriquées sur mesure car un IRC supérieur à 90<br />

était demandé.<br />

« Lorsqu’on arrive près des bâtiments, on passe<br />

sous un auvent doté d’un plafond en bois, précise<br />

Pierre-Emmanuel Kiehl. Afin de conserver la<br />

géométrie et la teinte chaude de cet élément<br />

architectural, nous avons inséré des bandes de<br />

rubans leds entre les lamelles de bois. L’effet est<br />

saisissant : la lumière semble émaner du bois<br />

lui-même ! »<br />

Clareo a fourni 1 500 points lumineux pour<br />

l’ensemble des espaces techniques, bureaux et<br />

circulations des deux bâtiments.<br />

42 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

Lumières de Marseille<br />

Même s’il s’agit de « Paris <strong>2024</strong> », il faut savoir<br />

que nombreuses sont les villes qui vont accueillir<br />

des épreuves des JO, et pas seulement en Îlede-France.<br />

Il en va ainsi de la cité phocéenne<br />

dont la marina et la rade Sud seront le théâtre<br />

des compétitions de 10 disciplines de voile réunissant<br />

330 athlètes de 40 nations. La création<br />

de la Marina olympique comprend la rénovation<br />

du stade nautique du Roucas Blanc (créé<br />

à la fin des années 70) et l’aménagement de la<br />

partie Nord du parc balnéaire du Prado. Plus<br />

de 7 000 m² de bâtiments ont été construits ;<br />

17 000 m² d’extérieurs et 6 ha de bassin ont été<br />

réaménagés.<br />

Disano a fourni des luminaires qui éclairent les<br />

voies d’accès à la Marina ainsi que les espaces<br />

publics et au plan d’eau. Trois types de luminaires,<br />

tous équipés en DALI afin de pouvoir<br />

gérer l’éclairage d’événements particuliers, répondaient<br />

à ces exigences : 23 Ischia (5 463 lm)<br />

disposés sur des mâts de 4 m de haut sur le parvis<br />

; 106 Mini Giovi installés à 6 ou 4 m pour<br />

éclairer les circulations routières et les parkings<br />

; 22 projecteurs Rodio et 13 micro-Rodio<br />

placés sur des mâts de grande hauteur dédiés<br />

aux espaces de mise à l’eau (entre les bâtiments<br />

et les plans d’eau) et aux entrées des hangars.<br />

Sébastien Venuat, responsable commercial<br />

pour les départements des Bouches-du-Rhône<br />

et du Vaucluse, et responsable prescription Méditerranée<br />

Disano, explique : « Le cahier des<br />

charges demandait une température de couleur<br />

de 2 700 K et la programmation de l’abaissement<br />

de l’intensité lumineuse aux heures<br />

creuses de la nuit, solution que nous appelons<br />

© Sébastien Venuat, Disano<br />

• • • Suite p. 44<br />

Maître d’ouvrage : ville de Marseille<br />

Architecte : Rougerie + Tangram<br />

et Carta Associé<br />

Constructeur : Vinci construction<br />

Installateur : SCAE (Société corse<br />

d’applications des énergies)<br />

Solution éclairage : Disano<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 43


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

• • • Suite de la p. 43<br />

“minuit virtuel” chez Disano. La Ville de Marseille<br />

souhaitait également que les luminaires<br />

aient reçu un traitement spécifique bord de<br />

mer, à savoir une peinture additionnelle pour<br />

résister à la corrosion due au sel. »<br />

La piste BMX de Saint-Quentin-en-Yvelines<br />

réaménagée<br />

Construite en même temps que le vélodrome<br />

national, la piste de BMX en elle-même a été<br />

re-designée et spécialement aménagée pour<br />

Paris <strong>2024</strong>. Elle a la particularité d’être entièrement<br />

couverte, et accessible au public et à<br />

tous les niveaux de pratique. Le BMX est un<br />

sport physique, technique et très spectaculaire.<br />

Les coureurs cyclistes s’élancent d’une butte<br />

de 8 mètres de hauteur sur une piste de 400 m<br />

de long, et peuvent atteindre les 60 km/h.<br />

L’épreuve se caractérise par deux catégories<br />

de disciplines : une section « race » dans<br />

laquelle les pratiquants font la course et un pôle<br />

« freestyle » à travers lequel les cyclistes produisent<br />

des figures exceptionnelles.<br />

Si les installations pour accueillir les JO,<br />

comme les tribunes, sont aménagées temporairement,<br />

la piste de BMX continuera d’accueillir<br />

du public de tous âges et de tous niveaux après<br />

les épreuves olympiques. Le nouvel éclairage<br />

devait donc être conçu pour durer et assurer<br />

des niveaux d’éclairement pour les compétitions.<br />

« Nous avons choisi le Smart 4, explique<br />

François-Xavier Ravel, ingénieur commercial<br />

chez Gewiss, qui comprend deux optiques, une<br />

de 60° et une autre de 90°, et procure un éclairement<br />

de 800 lux sur la piste. La structure<br />

couvrante n’était pas adaptée pour accueillir<br />

des luminaires, donc nous avons créé une patte<br />

en métal horizontale spéciale pour accrocher la<br />

lyre des appareils sur les poutrelles. »<br />

En tout, 256 projecteurs, dotés d’une température<br />

de couleur de 4 000 K, ont été installés. n<br />

Piste de BMX à Saint-Quentin-en-Yvelines<br />

Bureau d’études : Inex BET<br />

Architecte : Ateliers 2/3/4<br />

Installateur : Phibor Entreprises<br />

Solutions éclairage : Gewiss<br />

Photographie par © Jad Sylla Photographie par © Jad Sylla<br />

44 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

LUMIÈRES N° 46 - MARS <strong>2024</strong> - 45


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

Enquête produits<br />

Compétitifs et efficaces<br />

Conçus pour durer, pour résister aux chocs, à la poussière, à la<br />

pénétration de l’eau, les appareils dédiés aux terrains de sport<br />

et à leurs environnements présentent des efficacités supérieures<br />

à 130 lm/W, ils atteignent même 160 lm/W. Robustes, solides,<br />

ils s’installent au sol, sur des grils techniques, en saillie en<br />

intérieur, sur des mâts à l’extérieur. Ils se programment et se<br />

commandent facilement pour s’adapter aux événements festifs qu’ils<br />

accompagnent souvent.<br />

© Lébénoïd<br />

Uboat Ho de Lébénoïd<br />

Destiné aux environnements où un éclairage homogène et robuste<br />

est requis, ce luminaire est équipé de puces leds SMD2835 d’une<br />

efficacité allant jusqu’à 150 lm/W et doté d’un driver de qualité<br />

externe et facilement remplaçable. Il est fourni avec un support de<br />

montage orientable pour montage plafond et mural et une boîte de<br />

connexion préassemblée avec deux presse-étoupes M20 pour une<br />

connexion en ligne facile et rapide. Garantie standard 5 ans, durée<br />

de vie 50 000 heures (L80B20).<br />

www.lebenoid.fr<br />

© Signify<br />

ArenaVision LED gen 3.5 de Philips<br />

Cette solution d’éclairage des terrains de sport par led<br />

prend en charge les normes de diffusion télévisuelle les plus<br />

récentes. Conçus exclusivement pour les applications sportives<br />

et les infrastructures polyvalentes, ces projecteurs offrent<br />

plusieurs flux (jusqu’à 227 920 lm), une gestion thermique<br />

efficace et une très longue durée de vie. Combiné à des<br />

applications de contrôle, comme le système de gestion Interact<br />

Sports, ce projecteur peut simplifier la mise en œuvre du bon<br />

éclairage en planifiant ou en effectuant des réglages en temps<br />

réel, et peut être utilisé pour la création de jeux de lumière<br />

personnalisés avant, pendant et après l’événement principal.<br />

www.signify.com/fr-fr<br />

Floodlight Arena de Ledvance<br />

Grâce à son système d’écran réflecteur dédié disponible en différentes tailles, ce<br />

projecteur limite de manière optimale la lumière diffuse en intérieur et en extérieur, de<br />

la classe 3 pour les sports populaires aux exigences de la télévision. Il comprend : un<br />

boîtier en aluminium anodisé moulé sous pression pour un comportement thermique<br />

optimisé ; un réflecteur métallique de haute qualité, sans interférence de couleur ;<br />

un écran réflecteur en acier inoxydable en option pour minimiser la lumière parasite et<br />

l’éblouissement, 0 % ULOR. Il est disponible en version solo, duo, quattro.<br />

Garantie de 5 ans.<br />

www.ledvance.com<br />

46 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong><br />

© Ledvance


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

© Sylvania Group<br />

SportsBay<br />

de Sylvania<br />

Cette gamme de luminaires<br />

polyvalents et robustes à haute efficacité<br />

bénéficie d’un montage facile et flexible. Les<br />

luminaires peuvent être installés en saillie ou en suspension.<br />

Dans les installations sportives, les appareils sont susceptibles<br />

d’être endommagés. Ces luminaires sont donc conçus pour éviter<br />

l’usure mécanique grâce à leur corps durable et léger en tôle d’acier<br />

et à leurs optiques en polycarbonate. Cette conception garantit la<br />

résistance aux impacts de balles et de ballons. Résistant aux chocs<br />

(IK10) et certifié anti-ballon conformément à la norme VDE 0710-12.<br />

www.sylvania-lighting.com<br />

La marina Olympique, Marseille. © Sébastien Venuat, Disano<br />

Mini Giovi de Disano<br />

Cette lanterne incarne l’apogée de la dernière génération<br />

de luminaires destinés à l’éclairage public, spécialement<br />

conçus pour s’adapter aux nouvelles sources lumineuses<br />

et aux systèmes de gradation innovants. Son corps en<br />

aluminium moulé sous pression affiche un profil bas,<br />

minimisant ainsi l’exposition au vent. Le luminaire est<br />

équipé d’ailettes de refroidissement, conçues pour dissiper<br />

efficacement la chaleur et optimiser le fonctionnement des<br />

leds. Il offre un flux de plus de 130 lm/W en 3 000 K.<br />

www.disano.frr<br />

Indu Flood de Comatelec Schréder<br />

Avec différentes puissances et une gamme de distributions<br />

lumineuses asymétriques ainsi qu’une résistance élevée<br />

aux chocs et aux infiltrations d’eau et de poussière, ce<br />

luminaire est une solution efficace, polyvalente et robuste<br />

pour les gestionnaires de sites à la recherche d’un retour<br />

sur investissement optimisé avec un faible coût total de<br />

propriété. Cette gamme de projecteurs peut être contrôlée<br />

via une interface DALI 2.0 ou 1-10V et, en option, peut<br />

également être équipée d’un capteur de mouvement/<br />

luminosité pour les scénarios d’éclairage à la demande. Les<br />

luminaires peuvent être utilisés à l’intérieur et à l’extérieur,<br />

en éclairage direct ou indirect. IP66, IK09.<br />

fr.schreder.com<br />

Skatepark de Grammont (34) © Michel Djaoui<br />

Stade Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne (42) © Michel Djaoui<br />

Altis de Thorn<br />

La dernière version de ce luminaire optimise la conception d’éclairage et<br />

réduit le nombre de projecteurs, grâce aux optiques de précision mixables<br />

et aux modules leds inclinables. Délivrant jusqu’à 256 000 lm, ce projecteur<br />

est puissant, flexible et simple à installer. Il convient à tous les terrains de<br />

sport et aux larges espaces, avec le choix entre plusieurs températures<br />

de couleur et IRC. Il existe également en version avec changement<br />

de couleur dynamique pour l’évènementiel. Son fonctionnement sans<br />

scintillement offre des ralentis de haute qualité pour la diffusion TV HD. La<br />

platine d’alimentation s’installe à l’arrière du projecteur, dans un mât ou à<br />

distance jusqu’à 200 m. Ses solutions de gestion associées optimisent les<br />

économies d’énergie et apportent plus de flexibilité avec différents niveaux<br />

d’éclairement (compétition, entraînement, entretien, etc.).<br />

www.thornlighting.fr<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 47


Lumières <strong>Dossier</strong><br />

ESHL-L 0860599 de Ridi<br />

Ce luminaire pour l’intérieur à grille de défilement offre une émission symétrique à faisceau<br />

extrêmement large, en lumière directe. Il génère un flux lumineux de référence de<br />

23 280 lm en température de couleur de lumière 4 000 K. Le flux est réglable en continu.<br />

La durée de vie élevée des leds permet une utilisation prolongée avec une qualité<br />

d’éclairage constante. Tolérance chromatique < 3 SDCM. Indice de protection IP40. Préparé<br />

pour le montage dans différents systèmes de plafond avec le jeu de fixation correspondant<br />

(accessoires).<br />

www.ridi.de/fr<br />

© Ridi<br />

Floodlight MultiRay de Clareo<br />

Doté d’une efficacité lumineuse jusqu’à 160 lm/W, ce projecteur propose<br />

six puissances en trois températures de couleur (3 000 K, 4 000 K, 5 000 K)<br />

et présente un ULOR de 2 % en 3 000 K. Il offre une étanchéité IP66 et une<br />

résistance aux chocs IK08 (voire IK10 avec grille de protection). Traitement anti-<br />

UV et résistant aux milieux salins. Durée de vie 100 000 heures (L80/B10).<br />

wwww.clareolighting.com<br />

© Clareo<br />

Smart Pro 2.0 de Gewiss<br />

Ce projecteur led intérieur et extérieur haute puissance, adapté à l’éclairage de larges surfaces et des<br />

installations sportives, s’installe au mur, au plafond ou au sol. Le corps est en aluminium coulé sous pression,<br />

avec dissipateur thermique passif intégré, polyester poudré avec passivation trivalente. Il est disponible<br />

avec neuf types d’optiques différents, trois températures de couleur (3 000 K, 4 000 K ou 5 700 K) et trois<br />

IRC : 70, 80, 90. Conçu pour résister aux surtensions jusqu’à 5 kV (mode RCCB) et 10 kV (mode commun),<br />

aux variations de température de -30 °C à +50 °C, à la pénétration de l’eau et de la poussière (indice de<br />

protection IP66) et aux impacts (IK08).<br />

www.gewiss.com<br />

© Gewiss<br />

© Trilux<br />

Ln Plus de Trilux<br />

Ce projecteur a été conçu pour supporter l’action du<br />

vent selon la norme EN 1991 (Eurocode), la valeur de base<br />

maximale de la vitesse de référence du vent étant de 30 m/s. Il<br />

offre une intensité lumineuse de 140 lm/W avec une température de<br />

couleur de 4 000 K, et un IRC supérieur à 70. Il présente une répartition semiextensive<br />

asymétrique des intensités lumineuses. Il présente une résistance aux chocs<br />

IK08 et un indice de protection IP66.<br />

www.trilux.com<br />

48 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Designer<br />

© Stéphane Kiefer<br />

Stéphane Kiefer<br />

Journaliste dans la presse sportive pendant 25 ans, Stéphane Kiefer a réalisé un virage professionnel<br />

en 2020 en suivant un CAP Ébénisterie. Il se lance ensuite dans la fabrication artisanale de lampes,<br />

en utilisant des objets anciens chinés dont il détourne l’usage. Ses luminaires rétro sont d’abord<br />

présentés à son réseau d’amateurs, puis sur les réseaux sociaux. Il crée en 2022 son entreprise de<br />

fabrication de luminaires artisanaux Lumière de l’Atelier et son site de vente en ligne. Stéphane<br />

Kiefer est un autodidacte, qu’il s’agisse de l’assemblage ou du travail du métal. C’est également un<br />

puriste, capable de rechercher, de poncer et de lustrer à la main des heures durant les différentes<br />

pièces qui constituent ses lampes, et pousse la logique jusqu’à la recherche de la bonne vis, puisée<br />

dans son stock de visserie d’époque, pour parfaire ses créations.<br />

La lumière<br />

pour seconde vie<br />

Comment se déroule la création d’un luminaire ?<br />

Les objets anciens, que je trouve dans des vide-greniers, des<br />

brocantes, ou via mon réseau de collectionneurs, servent de<br />

base à mon travail. C’est en les trouvant et en les voyant que<br />

les idées me viennent. Mon objectif est de réutiliser des objets<br />

en mauvais état ou endommagés. Il faut ensuite que je cherche<br />

les objets qui puissent s’y associer, notamment les abat-jours ou<br />

les bras. Je suis parfois bloqué plusieurs mois sur une lampe,<br />

car je ne parviens pas à trouver l’ensemble des éléments que je<br />

souhaite intégrer. Il m’arrive de créer sur commande. Dans ce<br />

cas, selon les demandes, mon idée se dessine dans mon esprit<br />

et je fais des croquis. Certains clients ont un objet ancien qu’ils<br />

veulent transformer en lampe, dans ce cas je récupère cet objet,<br />

je le travaille pour sublimer son aspect et je trouve les accessoires<br />

que je peux y associer. Parfois, il m’arrive d’avoir des demandes<br />

spécifiques. Dans ce cas les clients m’aiguillent vers l’objet<br />

qu’ils recherchent, je leur envoie des photos des objets dont<br />

je dispose dans mon atelier et on en discute. J’ai mes limites,<br />

notamment sur les matériaux utilisés, car je refuse d’intégrer<br />

des pièces en plastique. Nous discutons également du choix<br />

de l’assemblage mécanique et je leur explique ce que je peux<br />

faire, mes recommandations esthétiques et techniques. Il faut<br />

plusieurs mois pour trouver l’objet, les composants et réaliser<br />

l’assemblage. Il m’arrive de réaliser entre 10 et 15 lampes en<br />

même temps.<br />

Pouvez-vous nous expliquer les processus<br />

de fabrication de vos lampes ?<br />

J’utilise un outillage minime et l’ensemble de mon travail est<br />

fait à la main. Pour le ceintrage des tubes, je réalise les courbes<br />

manuellement, en tordant le métal, pour arriver au résultat<br />

souhaité. L’ensemble des éléments qui constituent mes lampes<br />

sont poncés ou polis, car il s’agit d’anciens objets peints ou<br />

rouillés. Je fais bien attention<br />

à conserver la patine,<br />

l’ensemble de ce travail est<br />

donc réalisé manuellement<br />

avec des brosses métalliques<br />

ou de la paille de fer.<br />

Mes lampes sont ensuite<br />

assemblées et pour cela<br />

j’utilise exclusivement des<br />

vis et des boulons, jamais<br />

de colle, pour pouvoir<br />

démonter l’objet au besoin.<br />

Je passe ensuite au vernissage. Le choix du vernis dépend du métal<br />

et de la demande des clients, mais j’applique la plupart du temps<br />

une cire naturelle en plusieurs couches. Si la pièce est très rouillée,<br />

j’utilise des vernis protecteurs. Pour l’alimentation, j’intègre du<br />

câble prémonté classique noir avec interrupteur et avec ou sans<br />

terre et des douilles E27 standard, afin que les clients puissent<br />

choisir l’ampoule qui leur convient.<br />

© Stéphane Kiefer<br />

Quelle est votre démarche en faisant<br />

revivre ces objets anciens ?<br />

Pour chaque objet qui compose mes lampes, j’effectue des recherches<br />

pour connaître son histoire, son époque et sa fonction. Il m’est<br />

impossible de créer les lampes si je ne sais pas à quoi sert un objet.<br />

Mon objectif est de redonner une seconde vie à ces objets oubliés<br />

et de raconter une histoire à l’acheteur. Chacune de mes lampes est<br />

une pièce unique et j’aime beaucoup cette idée. Je ne conçois pas les<br />

séries et je n’aime pas reproduire les mêmes choses plusieurs fois.<br />

J’aime également l’idée de récupérer et de réemployer des objets<br />

anciens et d’éviter de consommer.<br />

Rubrique réalisée par Alexandre Arène<br />

50 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Designer<br />

© Stéphane Kiefer<br />

© Stéphane Kiefer<br />

© Stéphane Kiefer<br />

© Stéphane Kiefer<br />

© Stéphane Kiefer<br />

© Stéphane Kiefer<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 51


Lumières Showroom<br />

EUROPOLE :<br />

éclairage linéaire led fabriqué en France<br />

Créé en 1989, Europole fabrique en France des solutions d’éclairage led sur mesure. Au départ spécialisée dans la<br />

fabrication de transformateurs ferromagnétiques et électroniques, Europole a basculé sa production vers l’éclairage led,<br />

puis s’est diversifiée au fil des années pour proposer désormais une gamme complète décorative, intégrant des linéaires<br />

leds sur mesure, des plafonniers, des suspensions, des encastrés de sols et des appliques. Le fabricant propose aujourd’hui<br />

des solutions pour les cafés, hôtels et restaurants. Le showroom, mis à jour en septembre 2023, est situé à l’entrée<br />

principale de l’entreprise, dans son siège à Ternay, près de Lyon. Le site abrite également le bureau d’études et l’atelier de<br />

fabrication. Dans le showroom, l’accent est mis sur les différentes gammes d’éclairage linéaire, pour souligner les capacités<br />

d’adaptabilité du fabricant. Solène Rouleau, responsable marketing produit & technique, assure la visite.<br />

© Freddie Barbera<br />

Gamme Shark<br />

« Shark est une gamme de linéaires leds adaptés<br />

aux environnements extrêmes. »<br />

Europole dispose, dans son atelier, de machines pour encapsuler des bandeaux leds et capables de résiner<br />

10 m d’un seul tenant, avec différentes finitions : souple, rigide ou translucide. La gamme Shark peut<br />

répondre à un large éventail de contraintes mécaniques, avec une plage de températures de fonctionnement<br />

de – 1 à 60 °C, une résistance à l’abrasion et au passage répété pour s’intégrer dans les sols, aux détergents,<br />

désinfectants et eaux chlorées pour les piscines… Les clients peuvent également choisir<br />

les caractéristiques de la source, qu’il s’agisse de la température de couleur ou d’une<br />

coloration RGB, la puissance, le flux lumineux, le câblage ou du le pilotage. Cette<br />

gamme est exclusivement réalisée sur mesure, selon les contraintes mécaniques, les choix<br />

esthétiques et les longueurs de coupes demandées.<br />

Gamme Varianta_Sielo<br />

« Le système d’éclairage Sielo est un assemblage en trois dimensions<br />

de modules à trois branches, déclinable à l’infini. »<br />

Cette gamme est constituée de modules à trois branches, qu’il est possible de multiplier pour donner de l’envergure à la<br />

suspension. Sur la photo, le luminaire est composé de quatre modules de trois branches, mais il est possible d’ajouter le<br />

nombre de modules souhaité. Cette solution est réalisée exclusivement sur mesure, avec deux choix de profils, tubulaires ou<br />

carrés, et plusieurs choix de finitions, de longueurs des branches, de températures de couleur et la possibilité d’intégrer une<br />

variation de l’éclairage. Chaque luminaire peut donc être une pièce unique ; la seule limite est la créativité.<br />

52 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Showroom<br />

Gamme Varianta_Geometrika<br />

« Geometrika repose sur un principe de formes<br />

géométriques en deux dimensions, créées et assemblées<br />

selon les choix des clients. »<br />

Reposant sur un principe d’assemblage similaire à Sielo, Geometrika reproduit des<br />

formes géométriques adaptées au lieu qui les accueillera. Les clients ont le choix<br />

de la forme, du nombre de formes et de leurs tailles, mais aussi de la typologie du<br />

profil : section ronde ou carrée, fine ou épaisse, orientation de l’éclairage… Pour la<br />

source, la puissance, le flux, les températures de couleur, ou encore le pilotage en<br />

DALI ou Triac sont à la demande. Le bureau d’études d’Europole les accompagne<br />

pour la conception et l’atelier se charge de la fabrication.<br />

© Freddie Barbera<br />

2 1<br />

Segment Hospitality : Takos et Obra<br />

« Europole se réoriente sur le segment hôtels, cafés,<br />

restaurants, en proposant notamment des appliques<br />

et des suspensions au design plus audacieux. »<br />

Les produits dédiés aux cafés, hôtels et restaurants se caractérisent par leur finesse, leur<br />

robustesse, les matériaux nobles qui les composent et le soin apporté aux finitions. L’applique<br />

murale Takos (photo 1) est IP65, pour une intégration extérieure en bord de mer. Elle est<br />

orientable à 360 degrés sur son axe. L’applique est disponible en finition blanc sablé, noir sablé,<br />

ou gris anthracite. La suspension Obra (photo 2) est issue du même travail de recherche sur les<br />

matières et le design, avec des finitions et un éclairage qualitatif. Son IRC est de 90 et sa durée de<br />

vie nominale élevée (L80/B10) en font une solution aisée pour une maintenance optimisée. Obra<br />

existe en trois diamètres (40, 60 et 90 cm) et en finition blanc mat, noir mat, ou laiton brossé.<br />

© Freddie Barbera<br />

Sur mesure et fabriqué en France<br />

« Europole accompagne ses clients grâce à une équipe<br />

de développement produits, un bureau d’études<br />

et une fabrication sur site. »<br />

Europole<br />

19, avenue ZAC de Chassagne<br />

69360 Ternay<br />

Tél. : 04 72 49 80 49<br />

Web : www.europole.net<br />

Pour concevoir les produits, les prescripteurs en interne<br />

analysent les besoins et relayent les informations à l’équipe<br />

de développement produit. Le bureau d’études se charge<br />

des plans et du chiffrage. Europole propose également dans<br />

certains cas de réaliser la mise en service pour un rendu<br />

« tel que dessiné », ou de créer des prototypes 3D avant<br />

fabrication en atelier. Europole se montre très attentif à<br />

sa responsabilité sociétale, et conçoit des produits plus<br />

écoresponsables, en utilisant des sources remplaçables, des<br />

matières recyclées, des résines et composants végétaux et se<br />

fournit chez des entreprises européennes. La fabrication sur<br />

mesure évite également de couper des sections standard et<br />

permet d’utiliser le juste nécessaire.<br />

© Freddie Barbera<br />

Rubrique réalisée par Alexande Arène<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 53


Lumières Cahier technique<br />

Musées : technologie<br />

et concept lumière<br />

<strong>Dossier</strong> réalisé par Isabelle Arnaud<br />

© Alexis Coussement.<br />

Institut Giacometti - 5, rue Victor Schœlcher 75014 Paris<br />

Catherine Grenier, directrice de la Fondation Giacometti et présidente de l’Institut Giacometti<br />

Pascal Grasso, architecte – Pierre-Antoine Gatier, architecte ACMH associé<br />

Conception lumière : Alexis Coussement, Atelier de Conception Lumière<br />

54 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Cahier technique<br />

Multiples et complexes, les enjeux de<br />

l’éclairage muséographique reposent<br />

sur des principes qui peuvent sembler<br />

contradictoires : mettre en valeur et protéger<br />

les œuvres, donner à voir mais limiter les temps<br />

d’exposition, assurer le confort du public tout<br />

au long de sa visite. Pour répondre aux nombreuses<br />

questions que soulève l’ambitieux projet<br />

d’éclairer un musée, nous avons interrogé<br />

deux concepteurs lumière et quatre fabricants<br />

dont les savoir-faire et les expertises se croisent<br />

et se complètent. Bien entendu, nombreux sont<br />

les experts qui auraient pu eux aussi apporter<br />

leur expertise, mais nos colonnes (papier) ne<br />

suffiraient pas pour recueillir tous ces témoignages.<br />

Spécialisé dans l’éclairage muséographique<br />

et patrimonial depuis les années 2000, Alexis<br />

Coussement (agence ACL) a réalisé l’éclairage<br />

de musées tels que Cluny, Carnavalet à<br />

Paris, le musée du Gévaudan à Mende et bien<br />

d’autres encore. Le concepteur lumière répond<br />

toujours avec un scénographe, un graphiste, à<br />

un programme qui a été établi par le musée,<br />

par le muséographe – à ne pas confondre avec<br />

le scénographe qui, lui, va dessiner les espaces<br />

alors que le muséographe va plutôt mettre en<br />

séquences un propos, un découpage et suivre<br />

la contextualisation du projet. « Nous sommes<br />

souvent au croisement de deux missions,<br />

explique-t-il : valoriser et montrer les collections,<br />

d’une part, préserver et conserver les<br />

collections, d’autre part. Il faut accueillir les<br />

collections et présenter avec le plus de justesse<br />

possible, des œuvres et des objets dans un espace<br />

muséographique, en articulant et mettant<br />

en évidence le propos scientifique. Cela ne se<br />

fait pas sans prendre en compte les éléments<br />

historiques et patrimoniaux du musée, les éléments<br />

architecturaux (est-ce une rénovation,<br />

une création ?), les dimensions, les volumes,<br />

les classements de sensibilité à la lumière<br />

(norme 16163), la diversité des œuvres. »<br />

L’approche lumineuse<br />

en lien avec la scénographie<br />

La lumière du jour peut être un atout mais aussi<br />

une catastrophe, il faut savoir la maîtriser,<br />

« et c’est à nous d’alerter les architectes lorsque<br />

cela est possible, poursuit Alexis Coussement.<br />

Nous devons tenir compte des normes (EN12-<br />

464, les normes énergétiques et normes d’accessibilité),<br />

respecter les questions de sécurité,<br />

par exemple il peut être nécessaire d’installer<br />

les œuvres dans les vitrines, ce qui peut poser<br />

des problèmes de reflets. Ainsi, nous définissons<br />

l’approche lumineuse en lien étroit avec<br />

la scénographie et l’architecture. » Pour Alexis<br />

Coussement, le travail s’effectue en équipe :<br />

la scénographie raconte le propos de la collection,<br />

définit les espaces, les couleurs, les<br />

points de vue, les agencements de vitrines, les<br />

mises en regard des objets, jusqu’à la dramaturgie,<br />

et la théâtralisation des collections.<br />

Dans le même temps, le projet d’éclairage<br />

doit prendre en compte le confort visuel et<br />

l’accessibilité pour un public très varié : avec<br />

le contrôle de l’éblouissement, l’absence de<br />

reflets, des niveaux lumineux contraints aussi<br />

bien en termes de hauteur de l’œil (par rapport<br />

aux enfants, aux personnes en fauteuil)<br />

que d’acuité (et de déficience visuelle), pour la<br />

vision de l’œuvre que pour la lecture des cartels.<br />

Et Alexis Coussement d’ajouter : « On est<br />

partagé entre l’envie de voir à l’extérieur et de<br />

laisser entrer la lumière du jour, la nécessité de<br />

préserver les œuvres, la tentation de scénariser,<br />

dramatiser. Comment créer les contrastes,<br />

jouer sur les puissances lumineuses entre les<br />

objets et les espaces ; accompagner la médiation<br />

? » En amont, le conservateur et le concepteur<br />

lumière échangent, afin de raconter ou de<br />

mettre en valeur par la lumière ; elle suit le fil<br />

conducteur de la scénographie : est-ce chronologique,<br />

thématique ? Enfin, la donnée la plus<br />

importante pour la préservation des œuvres<br />

repose sur la notion de temps d’exposition qui<br />

s’exprime en lux.heures.<br />

Valoriser en préservant<br />

Le Centre de recherche et de restauration des<br />

Musées de France préconise à l’heure actuelle<br />

une exposition de 15 000 lux.heures par an<br />

pour les objets sensibles. « Mais il faut savoir,<br />

précise Alexis Coussement, que les dentelles en<br />

lin doivent être éclairées à plus de 50 lux, sinon<br />

elles jaunissent ! Pour les expositions permanentes,<br />

cela pose un problème car les œuvres<br />

peuvent atteindre ce niveau très rapidement. Il<br />

y a donc dans ces musées des stratégies de rotation<br />

des œuvres, d’art graphique ou de textiles.<br />

De plus, les objets vont répondre différemment<br />

à la façon dont on va les valoriser par la lumière.<br />

Souvent, l’image de l’objet va nous permettre<br />

d’anticiper mais c’est au réglage et lors<br />

des essais qu’on finalise la mise en lumière. »<br />

Musée de Gévaudan, à Mende (48).<br />

Conception lumière : ACL.<br />

Musée de Cluny, Paris. Conception lumière : ACL.<br />

© Alexis Coussement.<br />

© Alexis Coussement.<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 55


Lumières Cahier technique<br />

Il n’est pas interdit de jouer sur les différents<br />

éclairages et Alexis Coussement ne s’en prive<br />

pas : au musée d’Art moderne de Paris, il a mis<br />

en place, dans une même salle, un éclairage<br />

général et un autre de théâtralisation, avec des<br />

teintes froides pour le premier et des teintes<br />

chaudes pour le second. Autre exemple : les<br />

vitraux au musée de Cluny étaient précédemment<br />

dans une salle à part, complètement<br />

noire, et rétroéclairés. Lors de la rénovation, le<br />

scénographe Adrien Gardère n’a pas séparé les<br />

vitraux des autres objets de la même époque ou<br />

de la même thématique, et l’éclairage est totalement<br />

différent.<br />

« Je peux donner un autre exemple où l’éclairage<br />

s’est vraiment adapté à l’objet. Nous<br />

travaillons sur des stèles archéologiques avec<br />

des gravures mais celles-ci ont été découvertes<br />

après les objets eux-mêmes. On a testé l’éclairage<br />

pour chacune des stèles, et défini l’angle<br />

sous lequel il fallait que la lumière arrive : par le<br />

dessus, par les côtés. Dans ce cas, on construit<br />

vraiment la mise en lumière de l’objet. »<br />

Entre magie et sorcellerie<br />

Une des difficultés de la mise en lumière<br />

consiste à supprimer, voire limiter tout reflet,<br />

qu’il soit dû aux vitrines, aux objets euxmêmes,<br />

ou encore aux fenêtres. Non seulement<br />

il faut éviter les reflets mais aussi la création<br />

d’ombres, par exemple généréées par le visiteur<br />

lui-même. « Il y a aussi tout un travail sur<br />

la mise en valeur des matières, rappelle Alexis<br />

Coussement. C’est là qu’il faut qu’on utilise<br />

toute la magie, toute la sorcellerie de l’éclairage<br />

! La lumière qui se déplace dans le vide ne<br />

produit rien, on ne la voit pas, on ne la voit que<br />

lorsqu’elle touche un objet ; elle va donc avoir<br />

énormément d’interactions avec les différentes<br />

matières : minérales, végétales, organiques,<br />

papier, marbre, pierre, plâtre.<br />

Il faut à la fois maîtriser ces interactions et s’en<br />

servir pour comprendre les volumes et mettre<br />

en valeur les sculptures, par exemple. Nous<br />

nous devons aussi de respecter les couleurs et<br />

donc de faire appel à des IRC très élevés et de<br />

choisir des températures de couleur en adéquation<br />

avec les objets et la collection. »<br />

Enjeux écologiques et économiques<br />

Les musées n’échappent pas à la règle : il faut<br />

baisser la facture d’électricité et utiliser des<br />

matières recyclées. « Au musée de Cluny, raconte<br />

le concepteur lumière, la solution mise<br />

en place a permis de remanufacturer des luminaires<br />

existants et ainsi, de convertir en leds<br />

une bonne partie du musée. On s’est appuyé<br />

sur une grande variété d’espaces que le visiteur<br />

rencontre au long du parcours, des salles avec<br />

une grande hauteur sous plafond, d’autres très<br />

étroites : on a essayé de rendre justice à chaque<br />

œuvre, que chaque objet soit magnifié et éclairé,<br />

un par un. En éclairage muséographique,<br />

on fait vraiment de la haute couture, du surmesure.<br />

On a éclairé le musée Méliès à la cinémathèque<br />

française, dont beaucoup d’objets<br />

jouent avec la lumière frontale.<br />

La lumière y raconte une histoire par son effet<br />

brut sur les objets et les espaces, mais également<br />

par son évolution dans le temps, voire<br />

son interactivité avec les visiteurs qui peuvent<br />

jouer avec, “manipuler” l’éclairage. »<br />

Analyser la typologie des œuvres<br />

Stéphanie Daniel, conceptrice lumière, en est<br />

convaincue elle aussi : en plus de bien connaître<br />

l’environnement du musée, il est nécessaire de<br />

comprendre le parcours scénographique et<br />

d’analyser la typologie des œuvres. C’est exactement<br />

ce qu’elle a fait pour imaginer le nouvel<br />

éclairage du Centre spatial Guyanais situé<br />

à l’intérieur du Centre national d’études spatiales.<br />

Inauguré en 1996, il a subi une complète<br />

rénovation : les objectifs de la structure ont été<br />

repensés pour en faire un centre d’interprétation,<br />

un lieu qui favorise la compréhension du<br />

CSG et met en valeur ses missions. L’ossature<br />

du bâtiment actuel, avec sa forme caractéristique<br />

en octogone, a été conservée, mais à l’intérieur,<br />

l’espace a été complètement restructuré<br />

pour permettre la création de nouvelles zones<br />

d’exposition sur trois niveaux. La rénovation<br />

du musée est portée par le CNES, assisté de<br />

la Semeccel de Toulouse. Le groupement Présence<br />

est chargé de la maîtrise d’œuvre, qui<br />

comprend deux volets : les travaux d’aménagement<br />

sur le bâtiment et la rénovation du parcours<br />

muséographique avec la participation de<br />

Stéphanie Daniel, chargée de la conception lumière.<br />

L’espace central, appelé « la clairière des<br />

lanceurs » qui mesure environ 10 m de haut,<br />

accueillera des maquettes de fusées et un show<br />

multimédia et lumineux (en DMX) adapté au<br />

film qui sera projeté.<br />

Stéphanie Daniel a conçu deux effets de lumière<br />

avec des projecteurs intégrés à la structure métallique<br />

: l’un destiné à éclairer les maquettes<br />

et les cartels en dessous, et un éclairage destiné<br />

aux circulations.<br />

Tout autour de ce noyau sont aménagées des<br />

salles d’exposition rondes, métalliques, ouvertes<br />

sur la clairière sur deux niveaux. Des<br />

rails en croix sont intégrés aux plafonds des<br />

salles et recevront les luminaires pour l’éclai-<br />

Musée de l’Espace à Kourou, Guyane.<br />

Conception lumière : Stéphanie Daniel.<br />

Simulation du futur musée.<br />

La clairière des lanceurs sera éclairée<br />

par des projecteurs disposés au-dessus<br />

des maquettes des fusées.<br />

© Présence<br />

© Stéphanie Daniel<br />

56 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Cahier technique<br />

rage général. Par ailleurs, un tube lumineux<br />

différent et des rubans leds un peu « satellitaires<br />

» permettront d’obtenir une ambiance<br />

dans chaque îlot. « Il fallait s’inscrire dans l’architecture<br />

hors du commun du centre spatial et<br />

être très proche des thèmes abordés. Pour cela,<br />

j’ai utilisé des luminaires à gobos qui projetteront<br />

des images satellitaires sur les fusées. »<br />

Un éclairage dynamique<br />

pour redonner à voir<br />

La démarche n’était pas si différente, finalement,<br />

lorsque la conceptrice lumière s’est<br />

emparée de la rénovation de l’éclairage intérieur<br />

du château d’Azay-le-Rideau. Bâti sous<br />

le règne de François I er par Gilles Berthelot,<br />

financier du roi, le château d’Azay-le-Rideau<br />

présente une subtile alliance de traditions françaises<br />

et de décors innovants venus d’Italie.<br />

Devenu une icône du nouvel art de bâtir du<br />

Val de Loire au XVI e siècle, il est aujourd’hui<br />

considéré comme l’un des fleurons de l’architecture<br />

de la première Renaissance française.<br />

Enthousiasmée par le succès des soirées lumineuses<br />

extérieures, Nathalie Muratet, cheffe<br />

du secteur culturel, château d’Azay-le-Rideau,<br />

a demandé à Stéphanie Daniel de moderniser<br />

l’éclairage intérieur du château, en restant dans<br />

un budget très serré. La conceptrice lumière a<br />

eu l’idée d’intégrer dans chaque luminaire une<br />

carte Casambi permettant de les piloter. Deux<br />

scénarios ont été créés et programmés à heures<br />

fixes : jour et nuit avec moins d’intensité, un<br />

peu intimiste dans une ambiance chaleureuse.<br />

Les scénarios peuvent être modifiés par le<br />

régisseur du musée à partir d’un ordinateur.<br />

D’autres salles vont être équipées cette année.<br />

Stéphanie Daniel est aussi intervenue, avec des<br />

solutions Erco, sur l’éclairage de la fresque La<br />

Fée Électricité, de Raoul Dufy, au musée d’Art<br />

moderne de Paris. La fresque déploie l’histoire<br />

de l’électricité et de ses applications, depuis<br />

les premières observations jusqu’aux réalisations<br />

techniques les plus modernes. Le tableau<br />

est formé de 250 panneaux en contreplaqué<br />

mesurant chacun 2 m de hauteur sur 1,20 m<br />

de largeur. L’éclairage a été renouvelé en utilisant<br />

des projecteurs leds qui permettent un<br />

niveau plus intense et uniforme sur les 600 m²<br />

de l’œuvre et ses 10 m de haut. Ce changement<br />

d’éclairage a permis une économie d’énergie de<br />

près de 15 %. Grâce à la programmation de<br />

10 scénarios différents, les médiateurs peuvent<br />

faire un focus sur telle et telle partie. Tandis<br />

que l’ensemble de la fresque reste éclairé uniformément,<br />

chaque médiateur peut choisir, à<br />

partir de sa tablette, de baisser l’intensité de la<br />

zone environnant le détail mis particulièrement<br />

La Fée Électricité de Raoul Dufy au musée d’Art moderne de Paris - Conception lumière : Agence Stéphanie Daniel -<br />

Installateur : MDA Lumière - Matériel d’éclairage : Erco.<br />

en lumière et sur lequel il souhaite donner des<br />

explications précises. Trois autres scénarios<br />

sont proposés pour les privatisations.<br />

Technologie et souplesse<br />

Pour Matthew Cobham, directeur du développement<br />

des marchés internationaux, Erco,<br />

membre de l’ICOM, « c’est ainsi qu’il faut<br />

considérer l’éclairage des musées : penser que<br />

l’on cherche à donner à voir au plus grand<br />

nombre en cherchant l’équilibre entre l’expérience<br />

muséale et la préservation des œuvres,<br />

car il y a conflit entre les deux. Et n’est pas<br />

la même pour tous : les groupes scolaires ne<br />

regardent pas un tableau comme les personnes<br />

âgées ou comme les académiques qui veulent<br />

étudier une œuvre ».<br />

L’essentiel réside dans une lumière qui répond<br />

aux attentes de l’observateur, fût-il conservateur,<br />

scénographe, scolaire, personne âgée…<br />

Le Caravage a révolutionné l’art de la peinture<br />

par son utilisation unique de l’ombre et<br />

de la lumière, les jeux d’ombre et de lumière ne<br />

sont pas seulement sa signature, ils attirent le<br />

regard. « On croit savoir qu’il aimait peindre<br />

sous la lumière naturelle, souligne Matthew<br />

ERCO GmbH Photographie © DESIGN DE LUX/Vincent Muracciole <strong>2024</strong>. ERCO GmbH Photographie © DESIGN DE LUX/Vincent Muracciole <strong>2024</strong>.<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 57


Lumières Cahier technique<br />

Cobham, mais doit-on pour autant éclairer ses<br />

tableaux avec un éclairage similaire ? » Rembrandt<br />

est célèbre pour ses clairs-obscurs, une<br />

technique qui crée un contraste frappant entre<br />

la lumière et l’ombre. La question est : doiton<br />

éclairer les œuvres des peintres de la même<br />

façon qu’ils s’éclairaient eux-mêmes lorsqu’ils<br />

peignaient, ou doit-on éclairer les peintures<br />

pour donner à voir aux visiteurs ?<br />

Selon Matthew Cobham, « la lumière joue un<br />

double rôle : elle a un pouvoir d’attraction vers<br />

le musée lui-même et permet aussi de raconter<br />

l’histoire d’une toile. Quant à vouloir recréer<br />

la lumière existante lorsque l’artiste a peint<br />

l’œuvre, je crois que c’est impossible, car on<br />

ne regarde pas une œuvre dans les conditions<br />

où l’artiste l’a peinte. Notre rôle à nous, fabricants,<br />

c’est de proposer des outils avec le plus<br />

de souplesse possible pour réaliser cet éclairage.<br />

Cette souplesse permet de s’adapter aux<br />

différentes expositions, les œuvres ont parfois<br />

une rotation très rapide et il faut que tous les<br />

outils d’éclairage soient disponibles ».<br />

Matthew Cobham insiste sur la souplesse des<br />

solutions mises à disposition des concepteurs<br />

lumière. « Il est entendu qu’un IRC élevé<br />

convient le mieux pour éclairer un tableau,<br />

mais nous avons réalisé des tests à l’aveugle<br />

avec des IRC différents et avons été surpris de<br />

constater que parfois, les visiteurs préféraient<br />

des IRC moins élevés. Je pense qu’il ne faut<br />

pas forcément s’arrêter à la théorie, mais aussi<br />

prendre en compte le ressenti des visiteurs et<br />

essayer, de façon générale, de proposer des<br />

produits qui offrent le plus de choix et surtout<br />

de souplesse possibles. »<br />

Ainsi, Erco propose, au sein d’un même produit,<br />

plusieurs températures de couleur ; il est<br />

possible de changer les lentilles, les plages de<br />

flux sont très larges afin de couvrir le plus<br />

grand nombre de besoins dans une même salle<br />

(œuvres, cartels, ménages, circulations, etc.).<br />

« De plus, poursuit Matthew Cobham, nos<br />

appareils présentent une valeur SDCM (Standard<br />

Deviation of Colour Matching) de 1,5. »<br />

La valeur SDCM décrit, au moyen des ellipses<br />

définies par MacAdam, la cohérence chromatique<br />

(variation de la localisation chromatique)<br />

des sources lumineuses. Plus la valeur SDCM<br />

est petite, plus l’écart possible de la couleur de<br />

lumière par rapport aux coordonnées de couleur<br />

spécifiées dans les caractéristiques techniques<br />

de la source lumineuse est faible. Toutes<br />

les leds qui se trouvent dans l’aire délimitée par<br />

la première ellipse sont perçues par l’observateur<br />

comme étant identiques quant à leur localisation<br />

chromatique (SDCM = 1).<br />

Les leds qui se trouvent dans la zone délimitée<br />

par la deuxième ellipse et également, sous cer-<br />

taines conditions, dans celle correspondant à<br />

la troisième ellipse, sont perçues comme étant<br />

très similaires. C’est à partir de SDCM = 4 que<br />

les différences sont perçues.<br />

Le pilotage de l’éclairage est aussi un outil important<br />

qui permet de s’adapter au musée. Par<br />

exemple, l’extension du musée Matisse à Nice<br />

et les travaux conçus par l’architecte Jean-<br />

François Bodin ont été l’occasion d’actualiser<br />

la façon dont la lumière est pilotée dans tous<br />

les espaces. Depuis 2017, l’éclairage est passé<br />

à des appareils leds, combinés à des systèmes<br />

de pilotage pour gérer l’éclairement. L’entrée<br />

des visiteurs est située dans l’extension, sous<br />

le rez-de-chaussée, et c’est en face de la billetterie<br />

qu’est exposée Fleurs et fruits, de 4,10 x<br />

8,7 m. Malgré l’omniprésence de l’œuvre, lors<br />

de l’achat de leurs billets, nombreux étaient<br />

les visiteurs qui passaient devant sans y prêter<br />

attention. C’est l’une des raisons pour lesquelles<br />

l’idée est venue d’utiliser le Tunable<br />

White et une lumière dynamique en choisissant<br />

le spectre intéressant pour cette œuvre, afin de<br />

raconter son histoire, d’attirer l’attention des<br />

visiteurs et de réduire le temps d’exposition<br />

cumulé à la lumière. « Nous avons un devoir<br />

de mise en valeur des œuvres et nous devons les<br />

protéger pour les générations futures », affirme<br />

Matthew Cobham.<br />

Des solutions dédiées aux musées<br />

Cyril Jaquillard, chef de produits, Sylvania<br />

Group, adhère également à cette idée et explique<br />

comment la marque Concord a développé<br />

des gammes dédiées à l’éclairage muséographique<br />

comme le Beacon, projecteur sur<br />

rail, orientable, qui se décline en sept modèles.<br />

Sans cesse mise à jour, la gamme, cette année,<br />

va connaître un complet renouveau avec des<br />

versions lancées dans les prochains mois.<br />

« L’éclairage joue un rôle clé dans tous les espaces<br />

d’exposition, explique Cyril Jaquillard,<br />

et notre bureau de recherche et développement<br />

s’est attaché à étudier les besoins des musées<br />

afin que l’éclairage permette de modifier l’ambiance<br />

du lieu, attire le regard sur des œuvres<br />

particulières, guide le visiteur dans son parcours,<br />

de l’entrée jusqu’à la sortie. L’éclairage<br />

d’espaces de musées ou de galeries doit mettre<br />

en lumière et souligner la texture, la couleur<br />

et la forme des pièces exposées, qu’il s’agisse<br />

d’objets historiques, d’œuvres d’art moderne,<br />

de tableaux ou de sculptures. »<br />

Les gammes Beacon se déclinent en plusieurs<br />

tailles (de 80 et à 114 mm pour les diamètres)<br />

pour couvrir des besoins très larges et répondre<br />

à des spécificités techniques ou des usages.<br />

« Après presque vingt ans d’existence, le<br />

Beacon fait peau neuve avec des caractéristiques<br />

améliorées, poursuit Cyril Jaquillard.<br />

Son efficacité lumineuse atteint presque 130 W/<br />

lm et un IRC supérieur à 97 en standard sur<br />

l’ensemble de la gamme. Fabriqué en Europe<br />

(Angleterre), il présente une durée de vie de<br />

90 000 heures en L90. »<br />

Il offre une température de couleur ajustable de<br />

1 800 K à 6 500 K. Grâce à la variété d’angles<br />

de faisceau disponibles, l’optique de Beacon<br />

est réglable de 8° jusqu’à 60°, les concepteurs<br />

et les conservateurs peuvent créer l’effet<br />

désiré, qu’il s’agisse de mettre l’accent sur un<br />

petit objet posé sur un socle ou d’illuminer une<br />

sculpture.<br />

« Beacon est proposé dans des versions DALI,<br />

poursuit Cyril Jaquillard, et avec un potentiomètre<br />

intégré qui permet de jouer sur le flux<br />

du projecteur, ainsi que des versions dotées de<br />

la technologie de gestion SylSmart StandAlone<br />

qui utilise le protocole Casambi, permettant<br />

de travailler des scènes, des groupes de projecteurs,<br />

des éclairages dynamiques. »<br />

L’esthétique de Beacon a été entièrement revue,<br />

avec désormais un transformateur et un adaptateur<br />

intégrés dans le corps du produit et des<br />

corps aluminium en blanc ou noir (les composants<br />

sont tous de la même couleur).<br />

Le Círculo de Bellas Artes de Madrid<br />

« Même si nous améliorons sans cesse les<br />

performances de nos gammes, indique Cyril<br />

Jaquillard, nous restons très flexibles dans nos<br />

études d’éclairage muséographiques, à l’instar<br />

du CBA de Madrid qui a fait appel à Sylvania<br />

pour éclairer la coupole centrale de la salle de<br />

bal, l’antichambre “Fuentecilla” (appelée ainsi<br />

en raison de sa fontaine centrale) et les salles<br />

d’exposition Picasso et Goya. »<br />

L’éclairage de la coupole a été le projet le plus<br />

récent. Divisé en huit segments, il est décoré<br />

dans des tons clairs qui apportent luminosité<br />

et ornementation des volumes. L’objectif était<br />

de baigner de lumière l’ensemble de la coupole<br />

et de mettre en valeur la structure, d’accentuer<br />

les couleurs et de transmettre de la profondeur,<br />

puisque le cercle central ne pouvait pas être vu.<br />

Seize projecteurs Pixo ont été installés, sélectionnés<br />

pour leur longue durée de vie, et leurs<br />

optiques. Dans la Fuentecilla, l’installation de<br />

projecteurs Ludospot 111 avec leur accessoire<br />

de montage en surface a permis d’uniformiser<br />

l’éclairage de la pièce, qui était auparavant assez<br />

sombre, et de mettre en valeur ses couleurs<br />

dorées. Seules 13 unités ont suffi pour atteindre<br />

les objectifs demandés par le CBA.<br />

Dans les salles Picasso ou Goya, la gamme de<br />

projecteurs Beacon a été choisie, avec trois<br />

versions différentes, une Wall Washer, la XL<br />

pour un faisceau élargi et sa version Muse II.<br />

58 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Cahier technique<br />

© Sylvania Group<br />

© Sylvania Group<br />

© Sylvania Group<br />

© Sylvania Group<br />

Ces produits ont permis d’ajuster et de réguler<br />

l’éclairage des salles, en soulignant les œuvres à<br />

mettre en valeur par l’ouverture ou la fermeture<br />

du faisceau lumineux, en structurant les espaces<br />

et en offrant une expérience de visite parfaitement<br />

adéquate.<br />

Les produits ont été modifiés avec une puce pour<br />

transmettre la lumière chaude demandée par le<br />

CBA, et leur IRC 97 permet une parfaite retransmission<br />

des couleurs, importante dans toute exposition.<br />

La gradation produit par produit a été<br />

effectuée pour obtenir la combinaison parfaite des<br />

espaces.<br />

Précis, exigeant, qualitatif,<br />

contrôlé et contrôlable<br />

Ce sont en ces termes que Vincent Loppé directeur<br />

technique, iGuzzini France, définit l’éclairage muséographique,<br />

termes auxquels il ajoute : discret<br />

et sur mesure.<br />

« Commençons par la précision, annonce-t-il : elle<br />

passe par la fabrication d’optiques professionnelles,<br />

c’est-à-dire que nous allons développer les<br />

optiques autour de leds qui existent sur le marché,<br />

que l’on va choisir les meilleures leds en fonction<br />

de notre besoin et de l’application, avec un<br />

IRC 97 par exemple. Le choix des leds va aussi<br />

porter sur le SDCM, égal à 2, chez iGuzzini, car<br />

il est indispensable de bénéficier d’une stabilité de<br />

la qualité de la led tout au long de la durée de vie<br />

des luminaires. »<br />

Pourquoi contrôlé et contrôlable ? La réponse<br />

est simple : on ne peut pas dépasser une certaine<br />

quantité de lux par an, en fonction des types<br />

des matériaux plus fragiles que d’autres. « Par<br />

exemple, détaille Vincent Loppé, pour une œuvre<br />

qui n’est pas particulièrement sensible, on peut<br />

éclairer à 36 000 lux par an. Soit on fait 50 lux<br />

pendant 3 mois à raison de 8 heures par jour, soit<br />

25 lux pendant 4 heures par jour sur 12 mois. »<br />

Selon Vincent Loppé, il est important d’aborder le<br />

projet d’éclairage différemment selon qu’il s’agit<br />

d’exposition permanente ou temporaire. « On<br />

a tendance à penser, remarque-t-il, que l’éclairage<br />

muséographique est seulement de l’éclairage<br />

d’accentuation, mais c’est une idée reçue. En effet,<br />

on a souvent recours aux Wall Washers pour des<br />

expositions temporaires (les œuvres sont variées<br />

Círculo de Bellas Artes de Madrid.<br />

L’éclairage de la coupole de la salle de bal a<br />

été réalisé à l’aide de seize projecteurs Pixo de<br />

Sylvania. Les projecteurs Ludostop III éclairent<br />

la salle Fuentecilla tandis que les Muse de<br />

la marque Concord ont été disposés dans les<br />

salles Picasso et Goya.<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 59


Lumières Cahier technique<br />

© iGuzzini<br />

© iGuzzini<br />

The Gilbert & George Centre, Londres. Architecte(s) : SIRS Architects - Concepteur(s) lumière : Arup - Solution éclairage : iGuzzini.<br />

et de plusieurs formes et tailles) ou de projecteurs<br />

sur rails orientables pour les adapter (en<br />

ajouter ou en enlever, par exemple). Nous nous<br />

devons de proposer des solutions avec une<br />

large profondeur de gammes. » Un seul projecteur<br />

doit offrir de multiples possibilités : un<br />

choix d’optiques, différents types de faisceaux,<br />

serrés ou larges, des températures de couleur<br />

différentes (3 000 K ou 4 000 K ou 2 700 K et<br />

la possibilité de faire varier). Une nouvelle température<br />

de couleur est apparue sur le marché<br />

européen, c’est le 3 500 K, surtout pour l’art<br />

contemporain (avec IRC de 97).<br />

« Il est intéressant que la gamme de projecteurs<br />

standards comprenne aussi des cadreurs,<br />

constate Vincent Loppé, indispensables à l’éclairage<br />

des tableaux. iGuzzini a développé un nouveau<br />

produit beamer avec effet de zoom : entre<br />

15° et 50° d’ouverture ; ce qui offre au conservateur<br />

une grande souplesse de réglage. »<br />

L’éclairage doit être contrôlable, non pas tant<br />

pour réaliser des économies d’énergie (même<br />

si dans un musée la question des consommations<br />

est cruciale), mais surtout pour gérer la<br />

lumière : soit avec une gestion en DALI avec<br />

une programmation en amont ; soit à l’aide<br />

de gradations manuelles que les conservateurs<br />

préfèrent, selon Vincent Loppé, car ils peuvent<br />

affiner la scénographie. Ce qui est encore plus<br />

vrai dans les galeries, où les mêmes techniques<br />

d’éclairage sont utilisées, mais à des échelles<br />

beaucoup plus réduites<br />

L’intelligence des services<br />

L’accès à des services intelligents est très simple,<br />

par exemple avec la technologie beacon, qui<br />

consiste à positionner des petits modules sur<br />

les luminaires, qui permettent d’obtenir via<br />

un téléphone portable des informations sur<br />

l’œuvre. Elle offre aussi la possibilité d’obtenir<br />

des relevés de durée d’occupation devant<br />

certaines œuvres (pour ajuster l’éclairage par<br />

exemple). Le fabricant propose aussi un nouveau<br />

système qui permet de changer le réfracteur<br />

et de modifier la distribution lumineuse,<br />

on peut passer d’un 16° à 30° ou 40° d’ouverture<br />

(système push & go). Il est intégré dans<br />

le modèle Palco et dans les nouvelles gammes.<br />

« La miniaturisation des appareils devient un<br />

gage de respect de l’environnement : moins de<br />

matières utilisées, souligne Vincent Loppé. Un<br />

très bon exemple est le musée des Arts décoratifs<br />

à Paris, dans la galerie des bijoux, où la<br />

fibre optique a été remplacée par de tout petits<br />

appareils leds. Parfois, il ne faut pas hésiter à<br />

assombrir les espaces afin de mieux les mettre<br />

en valeur par la lumière artificielle. »<br />

Enfin, Vincent Loppé revient sur le réglage définitif<br />

des faisceaux, qui doit se faire seulement<br />

lorsqu’on a pris connaissance des objets exposés,<br />

de leur forme, matière et couleur.<br />

« Il faut aussi éclairer les ateliers de restauration<br />

des œuvres, rappelle-t-il. Ce sont des<br />

espaces souvent oubliés dans les cahiers des<br />

charges : on préconise un éclairement général<br />

Galerie des bijoux au musée des Arts décoratifs, Paris.<br />

Concepteur(s) lumière : Voyons Voir - Agencement : Roberto<br />

Ostinelli & Partners – Matériel d’éclairage : iGuzzini.<br />

© Didier Boy De La Tour<br />

de 200 ou 300 lux accompagné d’un éclairage<br />

d’appoint que les restaurateurs se procurent<br />

eux-mêmes. »<br />

iGuzzini propose également des projecteurs<br />

comme le Palco qui se déclinent pour l’extérieur,<br />

offrant une unité de produits.<br />

Allier bien-être, perception<br />

et protection de l’art<br />

Tobias Jonk a étudié la décoration d’intérieur,<br />

l’architecture et la conception centrée sur<br />

l’homme. Actuellement basé à Lemgo, en Allemagne,<br />

où Zumtobel produit tous ses luminaires,<br />

il est responsable du développement de<br />

l’application art et culture. À ce titre, il s’entretient<br />

avec les institutions pour comprendre les<br />

besoins de demain et développer des solutions<br />

adaptées. En outre, il dirige le département<br />

marketing de l’art et de la culture.<br />

Pour Tobias Jonk, trois choses sont essentielles<br />

dans l’éclairage des musées : le bien-être des<br />

visiteurs, la perception de l’art et la protection<br />

de l’art. « Pour moi, le musée a quatre<br />

missions, explique-t-il, collecter, préserver,<br />

rechercher et communiquer. Tout ce que nous<br />

faisons est destiné aux personnes, l’humain.<br />

Nous pouvons contribuer à remplir les trois<br />

derniers points. La lumière étant un rayonnement,<br />

elle modifie la matière sur laquelle elle<br />

brille. Cela peut prendre des siècles, ou seulement<br />

quelques heures comme une brûlure<br />

de soleil, mais la lumière change la matière.<br />

Depuis 14 ans, nous menons des recherches<br />

sur la prévention des dommages sur les œuvres<br />

d’art. Nous avons beaucoup appris et développé<br />

un spectre spécial avec moins de radiation,<br />

mais toujours des IRC élevés. Le développement<br />

durable n’est pas seulement une question<br />

d’économies d’énergie, c’est aussi et surtout<br />

une question de préservation de l’art pour les<br />

générations futures. »<br />

60 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Cahier technique<br />

Zumtobel a développé pour la Fondation Beyeler<br />

(Suisse) une solution d’éclairage sur mesure qui,<br />

grâce à l’optique zoom, permet pour la première fois<br />

de diriger idéalement l’éclairage d’accentuation sur<br />

des objets de petite et de grande tailles.<br />

Aishti Foundation Beyrouth.<br />

Solution éclairage : Zumtobel<br />

© Zumtobel<br />

© Zumtobel / Photo : Faruk Pinjo<br />

Pour Tobias Jonk, il existe trois niveaux<br />

d’éclairage : l’éclairage direct comme le soleil,<br />

l’éclairage global qui vient du ciel et l’éclairage<br />

périmétrique, qui est la réflexion de la lumière<br />

vers le haut des deux premiers. C’est dans ce<br />

scénario que l’œil humain voit le mieux, car il<br />

a grandi dans ces conditions pendant des millions<br />

d’années. « Alors, pourquoi ne pas utiliser<br />

ce scénario d’éclairage pour la perception<br />

de l’art, interroge Tobias Jonk. Une fenêtre<br />

de ciel artificiel représente le ciel, le lèche-mur<br />

apporte l’éclairage périphérique et le projecteur<br />

est la lumière directe du soleil. Avec une<br />

composition fine des niveaux d’éclairement et<br />

de bons contrastes, il est même possible que<br />

la lumière ressentie paraisse encore plus puis-<br />

sante. Cela permet d’économiser de l’énergie<br />

et de préserver l’art ! Bien sûr, chaque matière<br />

a son propre seuil et réagit différemment aux<br />

radiations, comme le montre notre livre blanc<br />

sur l’Arlequin, de Picasso, sur notre site. »<br />

La technologie au service<br />

de la conservation<br />

En jouant sur le temps d’exposition, l’intensité<br />

et le spectre, il est possible d’optimiser la perception<br />

par différents angles d’éclairage.<br />

Tobias Jonk explique que la durée peut être<br />

contrôlée par des capteurs connectés qui<br />

mesurent la luminosité et la présence ; ou en<br />

éteignant l’ensemble de l’éclairage lorsque personne<br />

n’est présent. Si les capteurs sont connectés<br />

les uns aux autres, la lumière s’allume dans<br />

la salle d’exposition lorsque le visiteur arrive<br />

dans une salle, de sorte qu’il n’a jamais l’impression<br />

de pénétrer dans un espace sombre.<br />

« Nous pouvons aussi agir sur le spectre, poursuit<br />

Tobias Jonk. Nous avons appris à optimiser<br />

la perception des couleurs avec un IRC<br />

élevé, ce qui signifie un spectre plein de toutes<br />

les couleurs, mais aussi à réduire l’intensité au<br />

minimum. C’est ainsi que nous avons réalisé<br />

nos premiers essais avec des leds dotées d’un<br />

IRC 97 et un très faible éclairement qui permet<br />

de prolonger la durée d’exposition jusqu’à<br />

44 000 heures, ce qui représente environ 12 ans<br />

d’exposition, avant qu’une remise à neuf ne<br />

soit nécessaire. » n<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 61


Lumières Produits<br />

Une promenade au cœur de Light + Building <strong>2024</strong><br />

Par Roger Narboni, concepteur lumière<br />

Ça y est ! Light + Building <strong>2024</strong> a repris ses marques post-Covid avec un retour aux dates classiques, une importante fréquentation et la<br />

réapparition des pays asiatiques (exposants et visiteurs), avec quand même l’absence notable et volontaire de quelques grands noms du monde<br />

de l’éclairage et d’autres moins connus pour cause de réductions budgétaires et de choix de communication. Mais le constat général des<br />

visiteurs pour cette édition a été celui d’une absence de révolution conceptuelle ou d’innovation technologique majeure, ainsi que d’invention<br />

esthétique. Il faut dire que nous sommes toutes et tous, et toute l’année, abreuvés d’informations par les fabricants, via les réseaux sociaux, les<br />

sites internet, les newsletters et les présentations particulières ou publiques, ce qui déflore de fait toute éventuelle surprise ou découverte.<br />

Alors que retenir de cette édition <strong>2024</strong> ?<br />

Eh oui, la distinction intérieur/extérieur existe toujours, même si de nombreux<br />

exposants combinent et présentent des produits d’éclairage extérieur et intérieur<br />

dans le Hall 3, supposément consacré aux éclairages décoratifs d’intérieur. L’éclairage<br />

extérieur était principalement regroupé dans les Halls 4 et 5.<br />

L’éclairage extérieur<br />

L’offre d’alimentation solaire avait littéralement envahi le Hall 4.0. Avec, hélas, une<br />

affligeante banalité esthétique des panneaux photovoltaïques et de leurs accroches,<br />

malgré une timide apparition des « peaux » photovoltaïques, fixées directement sur<br />

les supports.<br />

Pour le reste, tous les luminaires de voirie se ressemblent toujours autant, quel que<br />

soit le fabricant, et ils sont tous bien sûr de teinte gris foncé.<br />

Les candélabres piétonniers, autrefois décoratifs, sont aussi devenus très sobres,<br />

sans aucun effet lumineux annexe, tant la peur de la pollution lumineuse et les<br />

injonctions des biologistes et des écologues semblent avoir gagné, au grand<br />

détriment des ambiances nocturnes piétonnes et du lien social à créer une fois la<br />

nuit tombée.<br />

Heureusement, des salons nocturnes, des structures lumineuses nouvelles, des<br />

bornes basses, des mobiliers lumineux et des lampes portatives autonomes<br />

couplées à l’éclairage public, sont venus égayer cette monotonie urbaine et nous<br />

apporter quelques lueurs d’espoir pour nos nuits du futur qui, avec le réchauffement<br />

climatique en cours, vont redevenir essentielles.<br />

Les projecteurs destinés aux éclairages architecturaux ou sportifs atteignent<br />

dorénavant des dimensions incroyables (qui rappellent celles des anciens projecteurs<br />

équipés de lampes à décharge de forte puissance aujourd’hui disparus) avec des<br />

leds de très grande puissance,<br />

et équipés d’optiques de formes<br />

et de tailles impressionnantes, et<br />

pour certains, de dispositifs antiéblouissement<br />

qui sont enfin les<br />

bienvenus.<br />

Les appareils encastrés de sol<br />

sont aussi présents sur le salon<br />

et ils essaient d’être vertueux, en<br />

cadrant au mieux les surfaces<br />

verticales à illuminer.<br />

Le bois prend ses marques avec<br />

des propositions de supports<br />

qui intègrent dorénavant des<br />

luminaires leds.<br />

Le discours sur l’intelligence des<br />

Stand Groupe Ragni<br />

éclairages et le pilotage s’est<br />

enfin banalisé. Cependant, l’interactivité n’est toujours pas à l’ordre du jour.<br />

L’offre des tonalités de lumière s’est démultipliée pour répondre aux enjeux de<br />

biodiversité.<br />

En revanche, la quête et la recherche d’obscurité en ville ne sont pas encore<br />

devenues un leitmotiv, un slogan, une ambition ou un enjeu pour les fabricants, alors<br />

qu’il y aurait tant à faire.<br />

© Light+Building. Photo Pietro Sutera<br />

L’éclairage intérieur<br />

C’est principalement dans le Hall 3, qui a la chance d’avoir un plafond peint en noir<br />

et d’être sans aucun éclairage naturel, que l’on pouvait découvrir de très nombreux<br />

stands de fabricants d’éclairages intérieurs à la décoration très théâtrale.<br />

C’est dans ces offres multiples que l’on peut enfin voir et apprécier un peu de design,<br />

de la création artistique et des effets lumineux originaux.<br />

De nombreux luminaires suspendus ou en appliques déployaient dans l’espace des<br />

graphismes et des formes lumineuses étonnantes, grâce aux performances et aux<br />

possibilités des rubans leds.<br />

Les ombres portées, les effets lumineux, créés au travers de filtres et de matériaux<br />

© Light+Building. Photo Pietro Sutera<br />

Stand iGuzzini<br />

transparents ou translucides, enjolivent les luminaires et les lampadaires décoratifs.<br />

La tendance des lampes de table autonomes (sans fil), proposées par un nombre<br />

grandissant de fabricants, avec différents choix de tonalités de lumière, semble aussi<br />

un marqueur de cette édition <strong>2024</strong>.<br />

À noter aussi, la présence de suspensions mobiles motorisées, surprenantes et du<br />

plus bel effet.<br />

Les gammes de projecteurs intérieurs, notamment ceux destinés à la muséographie<br />

et aux vitrines, se sont étoffées, et les microprojecteurs leds refont un retour en force<br />

avec des puissances moins limitées qu’il y a une dizaine d’années.<br />

Dans le domaine de l’éclairage intérieur aussi, l’heure est, pour beaucoup de<br />

fabricants, aux matériaux naturels ou biosourcés, et aux possibilités annoncées de<br />

réparation et de recyclage, même si le recyclage des leds qui progresse n’est pas<br />

encore mis en avant dans les présentations.<br />

L’économie circulaire fait ainsi une percée encore timide dans le monde de l’éclairage.<br />

Alors, attendons L + B 2026 pour voir ce que nous réservera l’avenir, et en espérant<br />

des ambitions plus créatives et des approches décomplexées des fabricants…<br />

Et pour ceux qui veulent découvrir en images Light + Building <strong>2024</strong>, voir l’excellente<br />

vidéo de 75 minutes réalisée par l’ACE et disponible gratuitement sur YouTube.<br />

62 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Produits<br />

Imago présente Sélène<br />

d’une pause à la contemplation du ciel étoilé, ou du paysage nocturne ; l’ambiance<br />

convivialité : de teintes plus ludiques, favorise la mise en commun des Sélène pour<br />

des instants de partage.<br />

Chaque Sélène dispose d’un éclairage en 2 700 K, dirigé vers le sol, qu’on peut<br />

activer selon les besoins.<br />

Le dôme lumineux de la lampe n’est pas homogène. La lumière émise est répartie<br />

différemment en termes d’intensité et de couleurs présentes, différentes formes de<br />

dôme sont proposées. La conception de la lampe inclut un faisceau plus directif,<br />

utile pour mieux visualiser le sol ou pour pointer un obstacle ou un objet. Dans<br />

des moments de pause, il est possible de moduler brièvement l’effet lumineux<br />

et sa coloration, d’assembler deux lampes pour créer un nouvel objet lumineux,<br />

additionner leur halo. Une paupière, accessoire optionnel, facile à fixer, permet de<br />

modifier la distribution du flux lumineux en masquant partiellement la lumière émise,<br />

l’éblouissement est ainsi limité lorsqu’on se pose.<br />

© Chrysalis<br />

© Chrysalis<br />

Fruit d’une collaboration entre Roger Narboni, concepteur lumière, Gaia Lemmens,<br />

designer et Imago (une marque de Chrysalis), le système Sélène découle d’un<br />

long processus de réflexion autour des mobilités douces, des effets de l’éclairage<br />

sur la faune, de l’impact environnemental (lors de la fabrication) des produits, de<br />

l’extinction et ses conséquences en termes d’exclusion, de la diminution des niveaux<br />

d’éclairement, de l’évolutivité des usages. De ces observations est né le concept de<br />

lampe autonome portative rechargeable. Il rend les promeneurs, les citadins et les<br />

usagers libres et acteurs de leurs nuits en toute sobriété. Il permet de contrebalancer<br />

l’extinction croissante des éclairages publics, participer au lien social nocturne,<br />

d’accompagner des usages diversifiés, de respecter la biodiversité, limiter la<br />

consommation énergétique, et il redonne de la souplesse aux déplacements.<br />

Les Sélène sont disponibles en deux versions, en lumière blanche 2 200 K, ou avec<br />

une lumière colorée qui propose trois ambiances préprogrammées et gradables :<br />

lumière blanche, la gradation permet de gérer les contrastes et de s’adapter aux<br />

différents environnements lumineux : l’ambiance promenade, de couleurs chaudes<br />

orange abricot, minimise l’impact sur la biodiversité, est davantage destinée à la<br />

déambulation ; l’ambiance « nuit poétique », de couleur bleu-vert, est appropriée lors<br />

© Chrysalis<br />

Le socle de recharge émet également un balisage lumineux, dirigé vers le sol.<br />

Chaque lampe portative est sécurisée, identifiable et géolocalisable.<br />

www.chrysaliseclairage.com<br />

Quadratube by Wilmotte pour Sammode<br />

L’architecte et designer Jean-Michel Wilmotte<br />

réinterprète la célèbre lampe tubulaire<br />

Sammode pour donner naissance à un<br />

nouveau luminaire doté d’un design carré :<br />

« Une recherche raffinée a été menée quant<br />

aux types de perforations des réflecteurs et<br />

des grilles de défilement<br />

anti-éblouissement » ,<br />

commente-t-il.<br />

Pour Emmanuel Gagnez,<br />

© Morgane Le Gall<br />

PDG de Sammode, « tous les<br />

éléments structurels originels du tube Sammode demeurent. Jean-<br />

Michel Wilmotte réussit l’exploit de conserver notre identité tout en<br />

proposant un luminaire entièrement nouveau ».<br />

Il se décline en suspension avec réflecteur et perforations<br />

« Persienne » ou à grille de défilement et perforations « Couture »<br />

en 1 316 mm (L) x 122 mm (H) x 171 mm (P) ou 1 616 mm (L)<br />

x 122 mm (H) x 171 mm (P). Il propose 4 teintes : Silver, Champagne,<br />

Copper, Petrol.<br />

En appliques, il existe en deux modèles :<br />

- Série L, applique W3 à grille microperforée et applique W4 à grille de défilement en<br />

680 mm (H) x 120 mm (L) x 104 mm (P) ;<br />

- Série S, applique W1 à grille microperforée, et applique W2 à grille de défilement en<br />

300 mm (H) x 120 mm (L) x 92 mmv (P).<br />

Chacune des séries offre plusieurs finitions : Noir, Silver, Champagne, Copper, Petrol.<br />

www.sammode.com<br />

© Morgane Le Gall<br />

© Morgane Le Gall<br />

© Morgane Le Gall<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 63


Lumières Produits<br />

ALAMBICCO<br />

ARTEMIDE<br />

Les éléments qui composent le diffuseur de cette<br />

suspension réfractent la lumière. La structure centrale<br />

en aluminium extrudé, qui supporte des circuits<br />

leds sur les quatre faces, est le cœur technologique<br />

autour duquel se développent les différents niveaux.<br />

Le premier est un cylindre de verre dont la section<br />

intérieure est moletée afin de briser la vision des<br />

composants, ce qui rend les leds non éblouissantes.<br />

Viennent ensuite des diffuseurs enrichis par un travail<br />

artisanal selon la technique du balloton. Le luminaire<br />

est conçu dans deux versions, horizontale et verticale,<br />

en deux longueurs.<br />

www.artemide.com<br />

OPTEC NEW<br />

ERCO<br />

Ces projecteurs s’orientent de façon intuitive et se<br />

positionnent en toute flexibilité – selon la version sur<br />

rail conducteur Erco classique ou sur Minirail 48 V.<br />

Conçus en différentes tailles et options de répartition<br />

de lumière (plus de 10), ils couvrent un large spectre<br />

d’utilisation. C’est le premier projecteur à avoir été<br />

développé et testé selon la nouvelle norme d’usine<br />

Écodesign pour une durée de vie de 75 000 h.<br />

Couleurs de lumière : 2 700 K IRC92, 3 000 K IRC92,<br />

3 000 K IRC97, 3 500 K IRC92, 4 000 K IRC82, 4 000 K<br />

IRC92, Tunable White.<br />

www.erco.com/fr<br />

LIGHT SHED LINEN<br />

IGUZZINI<br />

Cette suspension est réalisée en composé de<br />

fibres de lin, un matériau d’origine biologique, que<br />

la technologie rend résistant, donc durable. Des<br />

capteurs sont intégrés pour optimiser l’équilibre entre<br />

lumière naturelle et lumière artificielle. Confort visuel,<br />

haute efficacité et le système Tunable White pour<br />

recréer la dynamique lumineuse dont nous avons<br />

besoin. Enfin, l’optimisation de l’empreinte carbone et<br />

de l’empreinte eau, dans l’optique d’une production<br />

de plus en plus durable.<br />

www.iguzzini.com<br />

NEPTUNE<br />

NEKO LIGHTING<br />

Dédié à l’extérieur, ce luminaire a été traité<br />

spécifiquement pour supporter les conditions en bord<br />

de mer et offre un indice de protection IP67. Il est<br />

possible de l’installer sur étrier ou sur patère avec<br />

sortie électrique sur le côté ou encore sur piquet. Il<br />

propose des angles étroits souvent très recherchés<br />

comme 8° ou 10°, et le tout en quatre tailles, donc<br />

quatre puissances. Avec un nid d’abeille et UGR < 19.<br />

Système DALI en option.<br />

www.nekolighting.com/fr<br />

PURELIGHT<br />

RIDI/SPECTRAL<br />

Issue de la gamme Spectral d’éclairage intérieur,<br />

cette suspension est conçue pour offrir une lumière<br />

diffuse agréable, tout en respectant les valeurs<br />

d’éblouissement requises pour les postes de travail<br />

sur écran. Elle présente une efficacité lumineuse de<br />

143 lm/W et une durée de vie de 50 000 heures (L80)<br />

à 25 °C. Elle offre par ailleurs une émission directe<br />

et indirecte avec gradation séparée. Contrôle de<br />

l’éblouissement conforme aux normes pour les postes<br />

de travail sur écran. UGR < 19.<br />

www.spectral.de/fr<br />

TRIONA<br />

RZB<br />

À l’origine disponible uniquement en rond, cette<br />

gamme de luminaires suspendus, en saillie et<br />

encastrés, existe désormais en forme carrée et<br />

rectangulaire. La spécificité du nouveau modèle, de<br />

567 à 1 560 mm de long, réside dans ses angles<br />

arrondis qui lui confèrent un design épuré. Il offre<br />

des flux lumineux allant de 4 000 lm à 19 000 lm,<br />

en éclairage direct ou direct/indirect et équipé soit<br />

en DALI soit en Casambi. Il est disponible en version<br />

avec UGR ≤ 19 et se décline en version Tunable White<br />

pour des applications HCL.<br />

www.rzb.de/fr<br />

64 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>


Lumières Produits<br />

BULKHEAD<br />

LEDVANCE<br />

Grâce à sa construction robuste et à son indice de protection élevé (IK10/IP65),<br />

ce luminaire conçu pour montage en saillie, avec ou sans détecteur de présence,<br />

est une solution idéale pour l’éclairage des couloirs, des halls, des cages<br />

d’escalier ou encore des zones d’entrée.<br />

Il peut aussi convenir pour une utilisation en extérieur. Ses sélecteurs de<br />

puissance à 4 niveaux (Power select), de températures de couleur (3 000 K ou<br />

4 000 K) et la possibilité de remplacer la source lumineuse et l’alimentation le<br />

rendent très efficace, flexible et pratique.<br />

Il est également disponible en version DALI et permet de réaliser jusqu’à<br />

65 % d’économies d’énergie par rapport aux anciennes lampes fluorescentes<br />

compactes. Il est aussi éligible au certificat d’économie d’énergie (CEE).<br />

www.ledvance.fr<br />

OPTOTRONIC DEXAL G2<br />

INVENTRONICS<br />

Que ce soit pour faire du Tunable White, de l’éclairage en top de mât ou avec crosse,<br />

de piloter séparément plusieurs modules leds indépendamment, ces nouveaux drivers<br />

certifiés D4i et conçus pour l’éclairage extérieur permettent désormais de n’avoir plus<br />

qu’un seul driver pour toutes ces fonctionnalités (2 canaux de sortie indépendants).<br />

Utilisable aussi bien en mode 2xDT6 (doubles canaux – blanc, couleur…) qu’en 1xDT8<br />

Tunable White, cette nouvelle gamme se décline en 40 W et 75 W.<br />

Garantis 8 ans, ces drivers disposent de toutes les dernières fonctionnalités : le<br />

classique 24 V, les books DALI 251 à 253, mais aussi des protections contre les<br />

surtensions 10 kV, un courant d’appel géré pour un grand nombre de produits sur un<br />

disjoncteur, ou encore plus de 100 000 cycles ON/OFF.<br />

La fonction AstroDIM est maintenant capable de modifier la température de couleur en<br />

plus du flux sur toute la nuit, de façon autonome.<br />

www.inventronicsglobal.com<br />

LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong> - 65


Lumières Index<br />

ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS<br />

ANNONCEURS<br />

ACE...................................... www.ace-fr.org.............................................................. 14<br />

ACL...................................... www.acl.fr.......................................................... 54, 55, 56<br />

Agence ON........................... www.agence-on.com................................... 30, 37, 40, 42<br />

Agence stéphanie Daniel...... agencestephaniedaniel.com..................................... 56, 57<br />

Agence TER.......................... www.agenceter.com...................................................... 31<br />

Agora-Makers...................... www.agora-makers.com/fr............................................ 14<br />

Artemide.............................. www.artemide.com........................................................ 64<br />

Aubrilam.............................. www.aubrilam.com/fr........................................ 30, 31, 33<br />

Chrysalis.............................. www.chrysaliseclairage.com.................................... 31, 63<br />

Clareo Lighting..................... www.clareolighting.com................................................. 48<br />

Concepto.............................. www.concepto.fr.................................... 29, 31, 32, 33, 34<br />

Distylight.............................. www.distylight.com...............................................6, 7, 8, 9<br />

Disano.................................. www.disano.it/it/home................................................... 47<br />

EAS Solutions....................... www.eas-solutions.fr............................................... 26, 27<br />

Eclatec................................. www.eclatec.com/fr....................................................... 14<br />

Erco...................................... www.erco.com/fr/.............................................. 57, 58, 64<br />

Europole............................... www.europole.net.................................................... 52, 53<br />

Fermob................................. www.fermob.com/fr....................................................... 12<br />

Galaed.................................. www.galaed.com........................................................... 15<br />

Gewiss................................. www.gewiss.com/fr/fr.................................. 38, 39, 44, 48<br />

iGuzzini................................ www.iguzzini.com.............................................. 59, 60, 64<br />

Inventronics.......................... www.inventronicsglobal.com......................................... 65<br />

LEC...................................... www.lec.fr................................................................ 11, 18<br />

Lébénoïd.............................. www.lebenoid.fr............................................................. 46<br />

Ledvance............................. www.ledvance.fr...................................................... 46, 65<br />

les éclaireurs........................ www.leseclaireurs.net.............................................. 16, 17<br />

Lighting Developpement...... www.lightingdev.group................................................... 15<br />

LS-Concept.......................... www.ls-concept.net........................................... 22, 23, 24<br />

Lunoo................................... lunoo.eu/fr...................................................................... 15<br />

Nexiode................................ www.nexiode.com/fr...................................................... 14<br />

Noctabene............................ www.noctabene.com......................................... 18, 19, 20<br />

Philips.................................. www.lighting.philips.fr................................................... 11<br />

Proled................................... www.proled.com/en-DE................................................. 15<br />

Quartiers Lumières............... www.quartierslumieres.com.......................................... 14<br />

Ridi....................................... www.ridi.de/fr.......................................................... 48, 64<br />

Rayflexion............................ www.rayflexion.fr..................................................6, 7, 8, 9<br />

RZB...................................... www.rzb.de/fr................................................................ 64<br />

Sammode............................. www.sammode.com................................................ 14, 63<br />

Schréder.............................. www.fr.schreder.com/fr................................ 11, 12, 30, 47<br />

SERCE.................................. www.serce.fr.................................................................. 11<br />

Studio Vicarini...................... www.vicarini.com/studio................................................ 11<br />

Sylvania Group..................... www.sylvania-lighting.com/fr-fr................... 13, 35, 47, 58<br />

Syndicat de l'éclairage......... www.syndicat-eclairage.com......................................... 10<br />

Technilum............................ www.technilum.com...................................................... 30<br />

Thorn Lighting...................... www.thornlighting.fr/fr-fr......................................... 36, 47<br />

Trilux.................................... www.trilux.com/fr.......................................................... 48<br />

Zumtobel.............................. www.zumtobel.com/fr-fr.......................................... 60, 61<br />

FERMOB............................... www.fermob.com/fr............................................... 2 e couv.<br />

RZB...................................... www.rzb.de/fr........................................................ 3 e couv.<br />

SYLVANIA GROUP................. www.sylvania-lighting.com/fr-fr............................. 4 e couv.<br />

ARCHITECT@WORK............. https://www.architectatwork.fr/..................................... 25<br />

CITEL.................................... www.citel.fr/fr................................................................ 37<br />

COMASIA.............................. www.comasia.com.hk.................................................... 65<br />

DISANO................................ www.disano.it/it/home................................................... 43<br />

INVENTRONICS..................... www.inventronicsglobal.com......................................... 15<br />

LEBENOID............................ www.lebenoid.fr............................................................. 49<br />

LEDVANCE............................ www.ledvance.fr............................................................ 41<br />

PERFORMANCE IN LIGHTING...www.performanceinlighting.com/ww/en........................ 45<br />

SALON DES MAIRES............. www.salondesmaires.com............................................. 28<br />

SIMI...................................... www.salonsimi.com....................................................... 21<br />

SALONS<br />

ARCHITECT@WORK<br />

23 & 24 octobre <strong>2024</strong><br />

La Grande Halle de La Villette, Paris<br />

Ce salon, qui présente conférences et produits, est<br />

exclusivement réservé aux architectes.<br />

www.architectatwork.fr<br />

EQUIPHOTEL<br />

3-7 novembre <strong>2024</strong><br />

Le Dôme de Paris - Palais des Sports<br />

Paris Porte de Versailles<br />

Le salon international de référence pour les professionnels<br />

de l’hospitality : hôtellerie, restauration, collectivités.<br />

www.equiphotel.com<br />

IBS<br />

13 & 14 novembre <strong>2024</strong><br />

Paris Porte de Versailles - Pavillon 2.2<br />

Le salon de la performance des bâtiments tertiaires,<br />

industriels et collectifs.<br />

www.ibs-event.com<br />

SALON DES MAIRES<br />

19-21 novembre<br />

Porte de Versailles, Paris<br />

Le salon des maires et des collectivités éclaire les territoires<br />

autour des enjeux auxquels ils sont confrontés. C’est un<br />

espace de rencontres, d’échanges et de partage qui propose<br />

des solutions adaptées aux besoins de chacun<br />

www.salondesmaires.com<br />

SIMI<br />

10-12 décembre <strong>2024</strong><br />

Palais des Congrès Paris<br />

Le SIMI est le rendez-vous incontournable de l’industrie<br />

immobilière française. 3 jours d’exposition, de conférences<br />

et de remises de prix réunissant tous les acteurs du secteur.<br />

Une plateforme unique pour s’informer, échanger et saisir les<br />

opportunités du marché.<br />

www.salon.simi.com<br />

66 - LUMIÈRES N° 47 - <strong>JUIN</strong> <strong>2024</strong>

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