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Essentiel du Sup - Hors série spécial n°500

L’Essentiel du Sup est une newsletter hebdomadaire d’information entièrement dédiée aux managers des établissements d’enseignement supérieur. Une newsletter qui vous guidera sur les bonnes pratiques et les innovations du secteur. Pourquoi s'abonner : - Une synthèse hebdomadaire conçue pour les décideurs de l’enseignement supérieur - Etre sensibilisé aux nouveautés, innovations et grandes tendances du marché - Un outils d’aide pour la prise de décision - Un abonnement unique pour plus de simplicité Pour plus d'information : https://headway-advisory.com/fr/l-essentiel-du-sup

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N° SPÉCIAL 500 | JUIN 2024<br />

PORTRAIT<br />

Dix portraits de ceux qui font<br />

l’enseignement supérieur<br />

RETROSPECTIVE<br />

De 2012 à 2023, douze ans<br />

d’enseignement supérieur<br />

ANALYSES<br />

Tout ce qui a changé dans<br />

l’enseignement supérieur en 500<br />

numéros de l’<strong>Essentiel</strong> <strong>du</strong> <strong>Sup</strong><br />

Numéro <strong>spécial</strong><br />

500


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ÉDITO + SOMMAIRE<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

500 NUMÉROS ET 12 ANS<br />

D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

Lorsque, le 16 novembre 2012, nous lancions le premier numéro<br />

de l’<strong>Essentiel</strong> <strong>du</strong> <strong>Sup</strong> au sein <strong>du</strong> cabinet HEADway Advisory<br />

qui fêtait alors sa première année, nous étions bien loin d’imaginer<br />

que, douze ans plus tard, nous en serions au 500ème<br />

numéro. Un anniversaire que nous avons voulu marquer en<br />

publiant un numéro <strong>spécial</strong> pour faire le point sur ces douze<br />

années à la rencontre de l’enseignement supérieur.<br />

Ces douze années ont été marquée par de grands bouleversement<br />

dans l’enseignement supérieur français. Challengées par<br />

des universités internationales plus puissantes dans les classements<br />

internationaux, les universités françaises ont entamé dans les années<br />

2000 une révolution copernicienne qui a d’abord débouché sur la création<br />

des PRES. Avec le retour de la gauche au pouvoir les PRES se sont<br />

transformés en Comue puis, sous le premier quinquennat d’Emmanuel<br />

Macron, ont vu le jour les établissements publics expérimentaux (EPE).<br />

A chaque fois une même logique, « Big is beautiful », mais des aménagements<br />

progressifs pour laisser plus d’autonomie aux établissements<br />

tout en laissant croitre des universités d’élite. Et les résultats sont là :<br />

Paris-Saclay, PSL ou encore Sorbonne Université ont largement grimpé<br />

dans les classements internationaux.<br />

La montée en puissance de l’enseignement supérieur privé est<br />

le deuxième grand phénomène de ces dernières années. Au<br />

cours de la décennie 2010-2020, la part <strong>du</strong> secteur privé dans l’enseignement<br />

supérieur est passée de 19,1% à 26,1% des effectifs globaux.<br />

Une croissance sans laquelle l’enseignement supérieur français aurait<br />

été à l’agonie mais qui a commencé à interroger en 2023 quand, soutenu<br />

par la croissance de l’apprentissage, l’enseignement supérieur privé<br />

lucratif a commencé à tailler des croupières aux acteurs plus traditionnels.<br />

Aujourd’hui le débat sur la création d’un label garantissant la qualité<br />

est encore reste sur la table.<br />

La dimension de plus en plus digitale de l’enseignement supérieur<br />

est le troisième phénomène le plus marquant. En douze ans l’enseignement<br />

supérieur est passé par les MOOC, le distanciel, le métavers et<br />

enfin aujourd’hui la montée en puissance des intelligences artificielle (IA). A<br />

chaque fois il a su s’adapter, parfois contraint par le Covid-19, parfois volontaire<br />

comme avec des IA qui offrent<br />

de passionnantes possibilités de développements<br />

aux professeurs comme aux<br />

étudiants. Mais là force est de constater<br />

que, si des efforts ont été faits, on reste<br />

bien loin des objectifs de financement<br />

nécessaires pour pro<strong>du</strong>ire un enseignement<br />

supérieur à la hauteur des enjeux.<br />

Là rien n’a changé pendant ces douze<br />

années dans l’enseignement supérieur…<br />

Olivier Rollot,<br />

rédacteur en chef<br />

Sommaire<br />

DOSSIER<br />

4 • 500 !<br />

7 • 2012 : la chute de la maison Sciences Po<br />

et de la LRU<br />

9 • 2013 au travers de<br />

10 personnalités marquantes<br />

13 • 2014 : vive les Comue !<br />

15 • 2015 : 15 personnalités qui ont marqué<br />

l’année<br />

19 • 2016 : l’année <strong>du</strong> bachelor<br />

22 • 2017 : les débats de la présidentielle<br />

25 • 2018 : les réformes <strong>du</strong> bac<br />

et de l’apprentissage<br />

28 • 2019 : bac une réforme qui interroge<br />

31 • 2020 : attention on ferme !<br />

34 • 2021 : retour sur les campus<br />

37 • 2022 : comment enseigner la transition<br />

écologique ?<br />

40 • 2023 : l’enseignement supérieur privé<br />

en question<br />

PORTRAIT<br />

43 • Ils font l’enseignement supérieur :<br />

10 portraits pour notre 500° numéro<br />

44 • Laurent Champaney,<br />

le mantra de la recherche appliquée<br />

48 • Vincenzo Esposito Vinzi : de Capri à Cergy<br />

52 • Alain Fuchs : chercheur manager,<br />

<strong>du</strong> CNRS à PSL<br />

56 • Alice Guilhon : sportive et universitaire<br />

60 • Isabelle Huault : l’évidence emlyon<br />

65 • Léon Laulusa, passion tennis<br />

et enseignement supérieur<br />

69 • Delphine Manceau, une surdouée<br />

à la pointe de l’innovation<br />

73 • Emmanuel Métais : un grand sportif<br />

aux commandes<br />

77 • El Mouhoub Mouhoud : une réussite<br />

exemplaire<br />

82 • Eloïc Peyrache, La passion de l’économie<br />

« L’<strong>Essentiel</strong> <strong>du</strong> sup » est une publication <strong>du</strong> groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole <strong>du</strong> Chomont<br />

(f.bole<strong>du</strong>chomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse<br />

Photo de couverture : Olivier Rollot


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

500 !<br />

Le 16 novembre 2012 nous lancions le premier<br />

numéro de l’<strong>Essentiel</strong> <strong>du</strong> <strong>Sup</strong>. Douze ans après<br />

c’est aujourd’hui 500 numéros.<br />

N°1<br />

Notre première « une » était consacrée à<br />

l’un des grands « marronniers » de l’enseignement<br />

supérieur : les palmarès des<br />

écoles de management.<br />

EN 2013 LA QUESTION DE<br />

L’APPRENTISSAGE<br />

Un an après en novembre 2013 nous parlions<br />

déjà d’une réforme de l’apprentissage<br />

sous le titre combien actuel de « Apprentissage<br />

: la réforme de tous les dangers ».<br />

L’autre sujet était la venue de Geneviève<br />

Fioraso devant les Grandes écoles réunie<br />

à Chimie ParisTech. Et comme aujourd’hui<br />

la tension était palpable au point que la<br />

ministre lâchait un « détendez-vous »<br />

qu’on a pu entendre ensuite de la bouche<br />

de Frédérique Vidal. La publication s’était<br />

bien étoffée : des trois pages<br />

<strong>du</strong> premier numéro on en était<br />

à huit pages un an après.<br />

EN 2014 TENSIONS<br />

AUTOUR DES COMUE<br />

En mai 2014 notre 67ème<br />

numéro titrait « Anti et pro<br />

Comue : l’affrontement<br />

continue ». Alors que les<br />

syndicats montaient au<br />

créneau contre elles les<br />

deux anciens conseillers à<br />

l’enseignement supérieur<br />

et à la recherche des deux derniers<br />

présidents, Bernard Belloc pour<br />

Nicolas Sarkozy et Jean-Yves Mérindol<br />

pour François Hollande, s’affrontaient<br />

à ce sujet par médias interposés. Vous<br />

avez dit « actuel » ? La personnalité de<br />

la semaine était Jérôme Rive à la tête <strong>du</strong><br />

réseau des IAE alors qu’on apprenait que<br />

Thomas Froehlicher prenait la direction<br />

d’une Kedge en mal de direction depuis le<br />

départ de Bernard Belletante. Le directeur<br />

général de Grenoble EM prenait<br />

quant à la lui la tête <strong>du</strong><br />

Chapitre des Grandes<br />

écoles de management.<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

EN 2016 « DU BONHEUR D’ÊTRE<br />

ÉTUDIANT »<br />

Notre 171 ème numéro <strong>du</strong> 10 novembre<br />

2016 s’intéresse à une thématique encore<br />

alors émergente dans l’enseignement<br />

supérieur : la satisfaction des étudiants.<br />

Depuis ce qu’on appelle « l’expérience<br />

étudiante » est devenue une priorité au<br />

point de sous-tendre toute la politique<br />

d’accueil des étudiants étrangers. Autre<br />

sujet à la une cette semaine :<br />

Donald Trump, les déboires de<br />

son université et une crainte<br />

qui s’est révélée juste : « que<br />

le nouveau président élu effraye<br />

les étudiants étrangers<br />

et encourage la discorde sur<br />

les campus comme l’anti- intellectualisme<br />

qui a été sa<br />

marque de fabrique ».<br />

EN 2015 DÉJÀ LE BACHELOR<br />

En mars 2015, après un numéro 100<br />

commémoratif, notre 101 ème édition était<br />

consacrée aux « enjeux <strong>du</strong> bachelor ».<br />

Un sujet plus que jamais d’actualité.<br />

Dans le même numéro Stéphan Bourcieu<br />

était la personnalité de la semaine<br />

en faisant de ce qui s’appelait encore le<br />

groupe ESC Dijon un EESC (établissement<br />

d’enseignement supérieur consulaire). A<br />

l’époque la Comue (communauté d’universités<br />

et d’établissements) Bourgogne<br />

Franche-Comté était lancée et nous<br />

interviewions le directeur de l’Ecole<br />

nationale de la magistrature qui triplait<br />

la taille de ses promotions. Du côté des<br />

écoles d’ingénieurs « l’Usine nouvelle »<br />

prêtait le flanc à la polémique avec une<br />

question bien mal placée sur la dimension<br />

internationale des écoles qui avait laissé<br />

la place à beaucoup d’interprétations.<br />

2017 : « MAIS COMMENT<br />

RÉFORMER LES<br />

COMUE ? »<br />

Le 30 juin 2017 notre 200ème<br />

posait une question en passe d’être résolue<br />

: « Mais comment réformer les<br />

Comue ? » La même semaine on apprenait<br />

qu’Emmanuel Métais avait la lourde tâche<br />

de succéder à l’inoxydable Olivier Oger<br />

– près de 29 ans de direction – à la tête<br />

de l’Edhec. Bruno Neil prenait de son<br />

côté la direction <strong>du</strong> groupe <strong>Sup</strong> de Co<br />

La Rochelle alors que Florence Dufour<br />

nous traçait le portrait de l’école qu’elle<br />

a fondée, l’EBI et<br />

Sébastien Tran<br />

de l’école qu’il<br />

rejoignait, l’EMLV.<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

EN 2018 UNE NOUVELLE<br />

MAQUETTE<br />

Le 9 novembre 2018 pour notre 257 ème<br />

numéro nous changeons de maquette et<br />

« Les écoles de management consulaires<br />

se réinventent ». Plus largement le Chapitre<br />

des écoles de management pense<br />

à faire évoluer les évaluations quand<br />

l’Etudiant publie son palmarès. Tout juste<br />

arrivé à la direction de l’EDC William Hurst<br />

explique « Notre ADN c’est l’esprit d’entreprendre<br />

».<br />

2020 : L’ANNÉE NOIRE<br />

En juillet 2020 nous nous posions la<br />

question essentielle de l’année Covid :<br />

« Comment l’enseignement supérieur vat-il<br />

résister à la crise post Covid-19 ? ». On<br />

a vu depuis que l’enseignement supérieur<br />

s’en est plutôt bien sorti avec même des<br />

années d’euphorie sur l’emploi des jeunes.<br />

Mais que 2020 fut difficile !<br />

2021 : L’APPRENTISSAGE<br />

MONTE EN PUISSANCE<br />

La réforme de l’apprentissage couplée<br />

aux effets des aides à l’emploi provoque<br />

en 2021 une montée en puissance de<br />

l’apprentissage dans l’enseignement<br />

supérieur comme<br />

nous le traitons en juillet 2021.<br />

Pour autant la question de<br />

son financement commence<br />

à poser problème.<br />

2019, L’ANNÉE DU NOUVEAU BAC<br />

Le 25 octobre 2019 ce sont les effets possibles<br />

<strong>du</strong> nouveau bac qui occupent tous<br />

les esprits alors que Laurent Champaney,<br />

directeur général des Arts et Métiers,<br />

prend la direction<br />

de la commission<br />

diversité de Paris<br />

Tech. Déjà président<br />

de la commission<br />

amont<br />

de la Conférence<br />

des Grandes<br />

écoles (CGE)<br />

on sent poindre<br />

l’ambition qui le<br />

portera à la<br />

présidence de<br />

la CGE en 2021.<br />

2022 : LES NOUVEAUX<br />

CAMPUS VOIENT<br />

LE JOUR<br />

En pleine euphorie immobilière<br />

l’enseignement supérieur – et<br />

singulièrement les écoles de<br />

management – construit moult<br />

nouveaux campus en cette année<br />

2022 comme nous le mettons<br />

en avant en octobre 2022 dans<br />

notre numéro 427.<br />

2023 : À DISTANCE MAIS<br />

PAS TROP<br />

Après des années de développement<br />

<strong>du</strong> distanciel post covid<br />

ses limites se sont fait sentir. La<br />

question de l’équilibre présentiel/<br />

distanciel se<br />

pose donc<br />

titrons nous<br />

en mai 2023.<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2012 : la chute de la maison<br />

Sciences Po et de la LRU<br />

Si un événement devait marquer 2012 c’était bien la<br />

publication d’un rapport sans concession de la Cour<br />

des Comptes sur Sciences Po. De son côté la ministre<br />

de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de<br />

l’Innovation, Geneviève Fioraso, s’attaquait à la LRU.<br />

En novembre 2012 la publication<br />

<strong>du</strong> rapport très critique<br />

de la Cour des Comptes sur<br />

Sciences Po Paris - « Sciences<br />

Po : une forte ambition, une<br />

gestion défaillante » - et la saisine par<br />

cette même cour de la Cour de discipline<br />

budgétaire et financière sont l’acte final<br />

d’une crise. Dans la foulée a ministre<br />

de l’Enseignement supérieur et de la<br />

Recherche, Geneviève Fioraso, décide<br />

de nommer un administrateur provisoire.<br />

En substance, elle indique que<br />

« les conditions ne sont pas réunies, dans<br />

un tel contexte, pour donner suite aux<br />

délibérations des deux conseils dirigeants<br />

de Sciences Po et pour procéder à la<br />

nomination d’un directeur ».<br />

Une succession qui a vite tourné à l’affrontement<br />

entre la ministre et Michel Pébereau,<br />

président de l’institut et possible<br />

successeur de Jean-Claude Casanova<br />

à la tête de la Fondation nationale des<br />

sciences politiques (FNSP), qui le gère. Si<br />

les deux personnalités ont tout de suite<br />

semblé entrer en confrontation, c’est<br />

bien Michel Pébereau qui a dû finir par<br />

accepter la nomination d’un administrateur<br />

provisoire, Jean Gaeremynck, à la<br />

place d’Hervé Crès, le candidat qui venait<br />

d’être intronisé. Reste que rien ne dit<br />

que le ministère parviendra maintenant<br />

à imposer un candidat. Ou qu’il le désire.<br />

Geneviève Fioraso insistait d’ailleurs<br />

pendant les Assises sur sa volonté de<br />

« ne pas nommer le directeur de Sciences<br />

Po, pas plus bien sûr que tout président<br />

d’université ». Décédé en avril 2012 à New<br />

York, Richard Descoings n’aura en tout<br />

cas pas assisté à l’hallali sur sa gestion<br />

très controversée.<br />

DES ASSISES POUR REMETTRE<br />

L’AUTONOMIE DES UNIVERSITÉS<br />

À PLAT<br />

2012 est également marquée par les<br />

coups contre la LRU (relative aux libertés<br />

et responsabilités des universités)<br />

avec l’organisation, en décembre, des<br />

Assises de l’enseignement supérieur et<br />

de la Recherche au Collège de France.<br />

Des assises essentiellement consacrées<br />

à université. A leur grand dam le nom<br />

« grande école » n’apparaît même pas<br />

dans les 121 propositions <strong>du</strong> comité de<br />

pilotage (dans la proposition 105 on parle<br />

d’« écoles d’enseignement supérieur »).<br />

Les 121 propositions issues des Assises<br />

de l’enseignement supérieur et de la<br />

Recherche vont être en 2013 au cœur<br />

<strong>du</strong> futur projet de loi sur l’enseignement<br />

supérieur et la recherche. Et si la thématique<br />

<strong>du</strong> rapprochement grandes écoles<br />

/ universités n’avait pas été très présente<br />

dans les Assises elle l’est dans les propositions.<br />

On peut ainsi lire (proposition<br />

96) que « les écoles seront naturellement<br />

encouragées à participer au processus<br />

de coopération, en prenant toutes les<br />

précautions pour conserver leurs points<br />

Geneviève Fioraso, ministre de<br />

l’Enseignement supérieur et de la<br />

Recherche puis secrétaire d’Etat dans<br />

le même périmètre de 2012 à 2016<br />

Gouvernance de l’X :<br />

le débat<br />

La gouvernance de l’École<br />

Polytechnique est aussi<br />

un large sujet de débats<br />

qui a vu les personnels se<br />

révolter contre les projets <strong>du</strong><br />

gouvernement en avril 2012.<br />

Marion Guillou, présidente<br />

<strong>du</strong> conseil d’administration<br />

de l’école, défend le passage<br />

de l’X au statut d’EPSCP<br />

(Établissement public à<br />

caractère scientifique, culturel<br />

et professionnel) afin de<br />

trouver un nouveau président<br />

à l’école d’ici l’été 2013.<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

forts et leurs identités ». Ce à quoi la<br />

Conférence des Grandes écoles répondait<br />

(par avance) dans un communiqué que<br />

« la diversité des établissements de l’ESR<br />

français (en termes de statuts, de taille,<br />

de tutelle, d’organisation…) constitue une<br />

richesse et une originalité dont il s’agit<br />

certes de favoriser les synergies et les<br />

coopérations, notamment entre Universités<br />

et Grandes écoles, mais en évitant<br />

les logiques purement administratives<br />

dominées par le « large is beautiful » et<br />

le modèle unique ».<br />

LES GRANDES MANŒUVRES<br />

DES ÉCOLES DE MANAGEMENT<br />

Création de Kedge et France Business<br />

School, rapprochement de l’EM Lyon<br />

et l’ESC Saint-Etienne, fusion en cours<br />

entre Rouen Business School et Reims<br />

Management School sous la houlette d’un<br />

directeur venu de l’étranger… 2012 a été<br />

riche en rapprochements entre les écoles<br />

de management. Histoire de définitivement<br />

couper les ailes aux méchantes rumeurs<br />

sur une santé financière que certains de<br />

ses concurrents « considèrent délicate »,<br />

Alice Guilhon, la directrice de Skema trace<br />

un bilan très positif de l’école née il y a<br />

trois ans de la fusion de l’ESC Lille et <strong>du</strong><br />

Ceram : chiffre d’affaires en hausse (de<br />

46 à 62 millions d’euros), ouverture de<br />

campus aux États-Unis et en Chine (et,<br />

en 2014, au Brésil), accréditation AACSB<br />

en cours, etc.<br />

Et pendant ce temps les grandes écoles<br />

consulaires espèrent bien obtenir la création<br />

d’un statut de « société par actions<br />

à but é<strong>du</strong>catif » (ou « société anonyme<br />

à but é<strong>du</strong>catif »)…<br />

DES ÉCOLE D’INGÉNIEURS<br />

SE RAPPROCHENT<br />

Sans donner lieu à des mouvements<br />

aussi importants que dans les écoles de<br />

management, de nombreux rapprochements<br />

entre écoles d’ingénieurs se sont<br />

décidés en 20122. Réunissant dix écoles<br />

Mines et Télécom (d’Albi à Paris) et autant<br />

d’associées (Enseeiht Toulouse, Esigelec<br />

Rouen, etc.) l’institut Mines-Télécom a<br />

ainsi vu le jour. Jusqu’alors constitué de<br />

l’Isae-Ensma et l’Isae-<strong>Sup</strong>areo et l’Ensma<br />

Poitiers, le groupe Isae a accueilli lui cette<br />

année l’Estaca et l’école d’officiers de<br />

l’armée de l’air. Trois écoles lilloises, HEI,<br />

l’Isa et l’Isen Lille, ont quant à elle elles<br />

créé le groupe groupe HEI-ISA-ISEN. Les<br />

deux Polytech marseillais ont fusionné<br />

dans le cadre de la fusion générale des<br />

universités marseillaises.<br />

Voiles noirs sur<br />

l’apprentissage<br />

Alors que le rapport Gallois<br />

préconise de doubler le<br />

nombre d’apprentis dans<br />

l’enseignement supérieur,<br />

nombreuses sont aujourd’hui<br />

les écoles à avoir des<br />

problèmes pour assurer<br />

le financement de leur<br />

dispositif. La raison ? Tout<br />

simplement une enveloppe<br />

globale qui ne grossit pas et<br />

est tout simplement divisée<br />

par le nombre d’apprentis.<br />

L’heure est aux<br />

économies !<br />

Universités « sous-dotées »<br />

dont la situation devient<br />

même « dangereuse pour<br />

remplir certaines missions »<br />

comme le dénonce Alain<br />

Beretz, président de<br />

l’université de Strasbourg,<br />

2012 est marquée par les<br />

économies sur la masse<br />

salariale des universités<br />

avec plus en plus de postes<br />

gelés faute de financement.<br />

L’enseignement supérieur<br />

privé est également marqué<br />

par la baisse des subventions<br />

de l’État aux grandes écoles<br />

privées associatives. En tout<br />

ce sont quelque 58 écoles de<br />

management et d’ingénieurs<br />

(Edhec, Isen, EPF, etc.) qui<br />

sont dans l’œil d’un cyclone<br />

qui pourrait les priver en<br />

tout d’une subvention de<br />

12,5 millions d’euros.<br />

ELLES/ILS ONT BOUGÉ EN 2012<br />

Les universités ont largement changé de<br />

tête en 2023 : seulement 26 des 81 présidents<br />

d’université élus avant 2012 sont restés<br />

cette année dans leurs fonctions. Parmi<br />

les plus emblématiques citons Bruno<br />

Sire (Toulouse 1), Jean Émile Gombert<br />

(Rennes 2), Khaled Bouabdallah (Saint-<br />

Etienne) ou encore Vincent Berger (Paris<br />

Diderot). Mais c’est plutôt les nouveaux<br />

présidents qui ont fait l’actualité comme<br />

à Toulouse où Bertrand Monthubert a délogé<br />

le président sortant.<br />

Une nouvelle génération prend la tête des<br />

écoles de management et le « Top 5 » des<br />

écoles a été profondément bouleversé avec<br />

Édouard Husson remplaçant Pascal Morand<br />

pendant que Philippe Courtier succédait<br />

à la direction de l’EM Lyon à Patrick<br />

Molle. Au-delà <strong>du</strong> groupe de tête on a<br />

également vu Arnaud Langlois-Meurinne<br />

passer la main à Rouen Business School<br />

et Pierre Dreux arriver à la tête <strong>du</strong> groupe<br />

ESC Toulouse<br />

Si on n’a pas assistés pas aux mêmes mouvements<br />

de grande ampleur dans les écoles<br />

d’ingénieurs que dans celles de management,<br />

l’année a quand même été marquée<br />

par deux successions de taille : Philippe<br />

Massé a pris la direction de la Commission<br />

des titres d’ingénieur et Yves Demay<br />

est passé de la direction de l’ENSTA ParisTech<br />

(Élisabeth Crépon lui a succédé)<br />

à celle de l’École Polytechnique. Alain<br />

Storck a lui pris la direction de l’UTC, dont<br />

il était administrateur provisoire. Prenant<br />

la direction <strong>du</strong> pôle Léonard de Vinci, le<br />

<strong>du</strong>o Pascal Brouaye Nelly Rouyrès a laissé<br />

la place à Laurent Hua à la tête de l’ECE.<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ENQUÊTE JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2013 au travers de<br />

10 personnalités marquantes<br />

2013 est une année cruciale pour l’enseignement<br />

supérieur avec l’entrée en vigueur<br />

de la loi Fioraso. Dix personnalités ont marqué<br />

les débats.<br />

2013 aura d’abord été marquée<br />

par le long débat précédant le<br />

vote de la loi sur l’enseignement<br />

supérieur et la recherche. Un<br />

débat suivi tout juste après par<br />

celui, encore en cours, sur la réforme<br />

de la formation professionnelle et de<br />

l’apprentissage. A suivi l’épisode – définitivement<br />

refermé ? – de la réforme <strong>du</strong><br />

temps de travail des profs de prépas. Le<br />

tout dans un contexte financier difficile<br />

aussi bien pour les universités que pour<br />

beaucoup de grandes écoles d’ingénieurs<br />

dont les subventions ou les dotations de<br />

l’État sont en baisse.<br />

Toujours en pointe dans les classements<br />

internationaux, les grandes écoles de<br />

management doivent elles en plus subir<br />

les difficultés de leurs chambres de<br />

commerce de tutelle. L’autre actualité<br />

brûlante de l’ensemble des établissements<br />

étant bien sûr leurs fusions ou leur<br />

rapprochement dans les communautés<br />

d’universités et d’établissements. Au<br />

total un monde en plein recomposition<br />

qui doit en plus résoudre la question des<br />

MOOCs – y aller ou pas ?- et affronter une<br />

concurrence internationale de plus en<br />

plus sévère. 2014 promet d’être encore<br />

une année passionnante ! Voici les dix<br />

qui ont le plus marqué 2013…<br />

1. GENEVIÈVE FIORASO<br />

Parce qu’elle a fait voter une loi qui porte<br />

sa marque, la ministre de l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche est sans<br />

contexte la personnalité de l’année de<br />

l’enseignement supérieur en 2013. Toujours<br />

souriante tout en étant souvent<br />

offensive envers ses prédécesseurs, elle<br />

a su faire preuve d’une grande habilité<br />

politique pour imposer une loi qui permet<br />

finalement de ne pas perdre les acquis<br />

de la LRU tout en en corrigeant certains<br />

effets pervers. Elle va en 2014 devoir imposer<br />

l’application loi à des universités en<br />

panne de moyens comme à des grandes<br />

écoles en mal de reconnaissance.<br />

2. JEAN-LOUP SALZMANN<br />

Si la personnalité de Geneviève Fioraso<br />

fait relativement l’unanimité en 2013, celle<br />

<strong>du</strong> président de la Conférence des présidents<br />

d’université est plus controversée.<br />

Beaucoup d’universités considèrent ainsi<br />

qu’il ne répond pas assez fortement aux<br />

« attaques » de la ministre. Sa réponse<br />

positive à la volonté de Geneviève Fioraso<br />

de former les présidents d’université à la<br />

gestion au sein de l’ENA a, par exemple,<br />

été mal vécue par beaucoup. Quant aux<br />

grandes écoles, elles se sont senties<br />

particulièrement stigmatisées par un<br />

entretien qu’il a donné au Monde et dans<br />

lequel il mettait en cause la qualité de leur<br />

enseignement. On est loin de l’entente qui<br />

régnait entre la CPU et la CGE <strong>du</strong> temps<br />

de Louis Vogel et Pierre Tapie…<br />

Qui veut la peau<br />

des prépas?<br />

Comme on pouvait<br />

s’y attendre la réforme<br />

programmée des horaires<br />

– et des rémunérations<br />

complémentaires – des<br />

enseignants de classes<br />

préparatoires les a précipités<br />

dans la rue fin 2013 S’ils ne<br />

contestent pas la nécessité<br />

de mieux reconnaître les<br />

mérites des professeurs<br />

enseignants en ZEP – l’un des<br />

objectifs de la réforme – ils<br />

refusent qu’on «déshabille<br />

Pierre pour habiller Paul».<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

3. PHILIPPE JAMET<br />

Élu en 2013 président de la Conférence<br />

des Grandes écoles (CGE), Philippe Jamet,<br />

52 ans, jusqu’ici directeur de l’École des<br />

Mines de Saint-Etienne, savait que son<br />

nouveau poste ne serait pas une partie<br />

de plaisir. Peu reçu au ministère de l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche<br />

– seuls la CPU et la Cdefi sont reconnus<br />

par la loi comme des interlocuteurs institutionnels–<br />

il a su profiter en novembre<br />

de la venue de Geneviève Fioraso à Chimie<br />

ParisTech pour s’imposer d’un « Madame<br />

la ministre, votre venue ici prouve que<br />

vous n’êtes pas la seule ministre des<br />

universités » qui fera date.<br />

4. CHRISTIAN LERMINIAUX<br />

Le président de la Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises d’ingénieurs<br />

(Cdefi) a été l’un des grands protagonistes<br />

de la mise en place d’une loi dans<br />

laquelle il s’est battu pied à pied pour<br />

faire respecter les intérêts des grandes<br />

écoles d’ingénieurs, publiques comme<br />

privées. A 56 ans, il dirige l’université<br />

de technologie de Troyes depuis 2004<br />

après un parcours à l’international dans<br />

les entreprises privées qui lui a permis<br />

de prendre conscience des enjeux que<br />

vont rencontrer des écoles qu’il représente<br />

depuis 2011. Fervent partisan de<br />

l’augmentation <strong>du</strong> nombre de diplômés<br />

dans les écoles d’ingénieurs – il en veut<br />

10 000 de plus – il va devoir en 2014<br />

maintenant devoir travailler la question<br />

des rapprochements dans le cadre des<br />

ComUE.<br />

5. EMMANUEL ZEMMOUR<br />

Alors qu’il vient de quitter ses fonctions<br />

à la direction de l’Unef pour se consacrer<br />

à la fin de ses études – il a 26 ans et étudie<br />

à l’ENS -, Emmanuel Zemmour aura<br />

pour longtemps marqué son syndicat<br />

de son empreinte. Forcément proche<br />

<strong>du</strong> conseiller de la ministre « Réussite<br />

étudiante, orientation, formation et insertion<br />

» et ancien président de l’Unef,<br />

Jean-Baptiste Prévost, il aura en effet<br />

largement contribué à mettre les questions<br />

de réussite étudiante au cœur de<br />

l’action ministérielle cette année. Pour<br />

autant, il ne semblait pas toujours en<br />

accord avec la politique pour le moins<br />

conciliante avec le gouvernement de son<br />

syndicat.Officiellement, et contrairement<br />

à ses grands prédécesseurs, il n’envisage<br />

pas de faire de politique à l’avenir.<br />

L’automne de<br />

l’autonomie pour<br />

l’enseignement<br />

supérieur ?<br />

En octobre 2013 une<br />

circulaire <strong>du</strong> ministère de<br />

l’Enseignement supérieur et<br />

de la Recherche soumettant<br />

les école d’ingénieurs à un<br />

accord de principe de la<br />

Dgesip avant la création<br />

de tout nouveau diplôme<br />

d’ingénieur ravive les<br />

inquiétudes des école<br />

d’ingénieurs quant à leur<br />

autonomie. Mais elles ne sont<br />

pas les seules à s’inquiéter<br />

aujourd’hui de voir l’État<br />

leur reprendre ce qu’il a à<br />

peine donné : les universités<br />

sont également perplexes<br />

quant à la volonté de leur<br />

tutelle de leur réimposer des<br />

contraintes dans le cadre des<br />

futures communautés, sans<br />

parler de collectivités locales<br />

de plus en plus désireuses<br />

d’influer sur leur politique.<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Faut-il créer des mastodontes de l’enseignement supérieur ?<br />

La fusion annoncée entre les universités<br />

Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Paris Descartes,<br />

Paris Diderot et Paris 13 provoque<br />

une levée de bouclier unanime des organisations<br />

syndicales dans les quatre universités.<br />

La création d’un ensemble regroupant<br />

plus de 100 000 étudiants a il est vrai de<br />

quoi inquiéter des personnels qui se demandent<br />

comment leurs UFR seront absorbés<br />

dans l’ensemble. La faculté de droit<br />

de Paris-Descartes sera-t-elle supprimée<br />

pour rejoindre celle de Villetaneuse ? Un<br />

choc des cultures à coup sûr. À contrario,<br />

la faculté de médecine de Villetaneuse sera-t-elle<br />

fon<strong>du</strong>e dans celle, beaucoup plus<br />

prestigieuse, de Descartes?<br />

Des questions comme celles-là, il s’en pose<br />

des centaines à Paris comme à Bordeaux,<br />

en Lorraine ou à Toulouse. Bien sûr tout le<br />

monde est d’accord pour admettre qu’une<br />

optimisation des moyens des universités<br />

est nécessaire mais n’est-t-on pas en train<br />

de recomposer de grands ensembles qu’on<br />

avait divisés après 1968 pour les rendre<br />

plus réactifs? Quand on sait qu’il n’y a que<br />

trois universités de plus de 100 000 étudiants<br />

dans le top 100 <strong>du</strong> classement de<br />

Shangaï est-il vraiment efficace de favoriser<br />

l’émergence de mastodontes dont la<br />

gestion centralisée sera forcément très difficile?<br />

À Aix-Marseille, le président Yvon<br />

Berland est en tout cas formel : il privilégie<br />

pour l’instant le développement de sa<br />

grande université à tout nouveau rapprochement<br />

et au développement, pourtant<br />

prévu par la loi, d’une communauté avec<br />

l’université d’Avignon. Lui sait déjà à quel<br />

point il est difficile de gérer un ensemble<br />

qui compte près de 65 000 étudiants et<br />

plus de 8 000 personnels…<br />

6. DOMINIQUE VERNAY<br />

Que serait aujourd’hui le campus Paris<br />

Saclay sans l’habileté de son président<br />

depuis 2011, Dominique Vernay ? A<br />

quelques jours de la création officielle<br />

de la grande université de Paris Saclay,<br />

l’ensemble de ses membres peut donner<br />

un large coup de chapeau à celui qui aura<br />

su les rassembler autour d’un projet<br />

commun et dépasser incompréhensions<br />

et bisbilles. Un grand ensemble équilibré<br />

entre universités, grandes écoles et<br />

recherche va voir le jour avec l‘ambition<br />

d’être rapidement classé entre la 10ème<br />

et la 20ème place des meilleures universités<br />

<strong>du</strong> monde. Âgé de 65 ans Dominique<br />

Vernay va maintenant devoir préparer<br />

sa succession. Ce qui ne sera pas une<br />

mince affaire…<br />

7. CATHERINE LESPINE<br />

La directrice générale <strong>du</strong> groupe Inseec a<br />

stupéfait la planète enseignement supérieur<br />

en vendant son groupe 200 millions<br />

d’euros au fonds d’investissement Apax<br />

Partners (jusqu’ici l’Inseec était la propriété<br />

de l’américain Career E<strong>du</strong>cation<br />

Corporation). Ces 200 millions sont en<br />

effet très largement supérieurs aux 120<br />

millions d’euros généralement atten<strong>du</strong>s et<br />

qui correspondaient au chiffre d’affaires<br />

<strong>du</strong> groupe. Ils paraissent aussi très élevés<br />

pour les associations que sont la plupart<br />

des écoles <strong>du</strong> groupe Inseec. C’est oublier<br />

que Catherine Lespine a réussi quelques<br />

coups de maître ces dernières années.<br />

La reprise de l’université de Monaco en<br />

2010 lui a permis de donner une image<br />

internationale en s’appuyant sur la notoriété<br />

de la Principauté. En 2012, elle<br />

rachetait l’ESC Chambéry et, pour la<br />

première fois, un groupe privé mettait<br />

la main sur une école consulaire. Âgée<br />

aujourd’hui de 52 ans, Catherine Lespine<br />

avait maintenant quelques années pour<br />

prouver à Apax Partners la pertinence<br />

de son investissement.<br />

8. JACQUES BIOT<br />

Le premier président exécutif de l’École<br />

Polytechnique n’aura pas eu droit à une<br />

période d’observation. Attaqué tout de<br />

MOOC : y aller ou pas ?<br />

Alors que la plupart des<br />

universités américaines<br />

se sont ruées sur les<br />

MOOC (massively open<br />

online courses), l’Ecole<br />

Polytechnique a choisi<br />

d’être la pionnière de<br />

l’enseignement supérieur<br />

en proposant à la rentrée<br />

des cours sur Coursera,<br />

d’autres préfèrent, comme<br />

Rémi Bachelet, professeur<br />

à Centrale Lille a créé le<br />

premier MOOC certificatif<br />

français consacré à la<br />

gestion de projet, la plateforme<br />

plus ouverte qu’est<br />

Canvas. Le Cavej, dont le<br />

MOOC sera consacré au<br />

droit des entreprises, va lui<br />

créer sa propre plate-forme:<br />

«Nous ne voulons pas nous<br />

sentir prisonniers d’une<br />

plate-forme américaine<br />

susceptible de vendre ensuite<br />

des cours à nos étudiants».<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

suite bille en tête par l’ancien président<br />

des anciens, Christian Gérondeau, puis en<br />

décembre par une Assemblée nationale<br />

qui ne comprend décidément pas que<br />

la réforme de la « pantoufle » - cette<br />

somme que doivent à leur école les anciens<br />

élèves de l’X qui n’entrent pas dans<br />

la fonction publique – ne soit toujours pas<br />

actée, il aura su faire preuve de calme<br />

et de ténacité pour s’imposer peu à peu.<br />

Âgé de 51 ans, lui-même polytechnicien,<br />

Jacques Biot était jusqu’ici président de<br />

l’École des Mines d’Alès et a effectué la<br />

plus grande partie de sa carrière dans le<br />

privé après un passage dans les cabinets<br />

ministériels jusqu’en 1985.<br />

9. ANNE FRAÏSSE<br />

En menaçant de fermer son antenne de<br />

Béziers si le gouvernement ne lui venait<br />

pas en aide, la présidente de l’université<br />

Montpellier 3 a alimenté un long combat<br />

avec sa ministre de tutelle jusqu’à la mi-décembre<br />

2023. Officiellement, les deux<br />

en sortent avec les honneurs mais nul<br />

doute que les traces des affrontements<br />

resteront longtemps présentes. D’autant<br />

que les sujets de discorde entre les deux<br />

femmes ne vont pas manquer en 2014 :<br />

présidente de la commission de la vie de<br />

l’étudiant et des questions sociales de la<br />

CPU, Anne Fraïsse, 54 ans, s’est en effet<br />

vue confier par Jean-Loup Salzmann la<br />

délicate question des masters. Un sujet<br />

dont la réforme est aujourd’hui le principal<br />

point d’achoppement entre la CPU et le<br />

ministère de l’Enseignement supérieur<br />

et de la Recherche.<br />

10. JEAN-PHILIPPE AMMEUX<br />

En obtenant coup sur coup les accréditations<br />

Equis (en 2012) puis AACSB (Association<br />

to Advance Collegiate Schools<br />

of Business) cette année, Jean-Philippe<br />

Ammeux a montré que la réussite de son<br />

école n’était pas seulement celle de classements,<br />

qui la mettaient régulièrement<br />

en avant, mais qu’elle était aussi reconnue<br />

ELLES/ILS ONT BOUGÉ EN 2013<br />

L’année 2013 a été marquée par un fort renouvellement<br />

des présidences d’université<br />

comme des directions de grandes écoles :<br />

l’École Polytechnique, Sciences Po, l’Essec<br />

ou encore l’EM Lyon ont changé de<br />

direction. Petit florilège.<br />

• Charline Avenel, 35 ans, Sciences Po Paris<br />

et ENA, a été nommée secrétaire générale<br />

de Sciences Po Paris.<br />

• Anne-Sophie Barthez, professeur de droit<br />

privé à l’université Cergy-Pontoise, a été<br />

élue présidente <strong>du</strong> PRES Université Paris<br />

Grand Ouest.<br />

• Sophie Bejean, ex-présidente de l’université<br />

de Bourgogne et <strong>du</strong> PRES<br />

Franche-Comté, a pris la direction des<br />

conseils d’administration de Campus<br />

France et <strong>du</strong> Cnous.<br />

• Hervé Biausser a pris la tête de <strong>Sup</strong>élec<br />

cet été afin d’y mener la fusion avec Centrale<br />

Paris qu’il dirigeait déjà.<br />

• Frank Bostyn a été nommé directeur général<br />

de la nouvelle école née de la fusion<br />

de Rouen Business School et Reims<br />

Management School.<br />

• Frank Bournois a quitté la présidence de<br />

la CEFDG (Commission d’évaluation<br />

des formations et diplômes de gestion).<br />

• Philippe Courtier, directeur général de<br />

l’EM Lyon, a quitté son poste pour «raisons<br />

personnelles».<br />

par les plus grands organismes d’accréditation<br />

internationaux. Logiquement,<br />

le Financial Times l’a accueillie à une<br />

excellente 24 ème place (devant Toulouse<br />

BS ou Audencia par exemple) dans son<br />

classement 2013 des meilleurs masters<br />

en management. Alors qu’il a maintenant<br />

58 ans et a effectué pratiquement toute<br />

sa carrière dans l’école dont il est diplômé,<br />

Jean-Philippe Ammeux peut aujourd’hui<br />

fièrement proclamer que son école a tout<br />

d’une grande.<br />

• Pierre Dreux a quitté la direction <strong>du</strong><br />

groupe ESC Toulouse après moins d’un<br />

an à sa tête.<br />

• Pierre-Yves Geoffard a été nommé directeur<br />

de PSE-Ecole d’économie de Paris.<br />

• Bruno Goubet prend la direction de<br />

l’École des Mines d’Alès.<br />

• Jean-Pierre Helfer a été nommé à la tête<br />

de l’IAE de Paris.<br />

• Jacques Igalens a pris la direction de Toulouse<br />

Business School.<br />

• Nathalie Loiseau a pris la direction de<br />

l’ENA.<br />

• Fréderic Mion (photo) a succédé à Richard<br />

Descoings à la direction de<br />

Sciences Po.<br />

• Jean Philippe Muller a été nommé directeur<br />

général de l’Université international<br />

de Monaco<br />

• Stephen Platt a succédé à Jean-Pierre Lahille<br />

à la tête de l’ESC Pau.<br />

• Jérôme Rive a été réélu directeur de<br />

l’IAE Lyon pour un second mandat de<br />

cinq ans.<br />

• Nicolas Sadirac a quitté la direction de<br />

l’Epitech en compagnie de deux de ses<br />

adjoints pour fonder 42, l’école d’Internet<br />

de Xavier Niel.<br />

• Pierre Tapie a quitté la direction de l’Essec<br />

pour créer une société de conseil en<br />

ingénierie et management de l’enseignement<br />

supérieur.<br />

• Anne-Lucie Wack a pris la direction de<br />

Montpellier <strong>Sup</strong>Agro.<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2014 : vive les Comue !<br />

2014 a été une année cruciale pour tous les acteurs<br />

de l’enseignement supérieur avec la mise en<br />

place des Comue (communautés d’universités et<br />

d’établissements) mais aussi les effets de la réforme<br />

de la taxe d’apprentissage et <strong>du</strong> régime des stages.<br />

Bye bye les PRES voilà les<br />

Comue. Et lee moins que<br />

l’on puisse dire est que leur<br />

constitution a permis aux acteurs<br />

de l’enseignement supérieur<br />

de faire preuve de créativité. D’un<br />

côté d’immenses Comue (Bretagne-Pays<br />

de la Loire ou Lyon) de l’autre de petites<br />

comme Paris Sciences et Lettres<br />

ou Bourgogne Franche Comté. Face à<br />

face modèles « fédérateurs » accueillant<br />

tous les acteurs locaux, universités<br />

comme grandes écoles de tous statuts<br />

(Paris-Saclay ou Université fédérale de<br />

Toulouse) et « exclusifs » n’accueillant<br />

comme membres fondateurs que les<br />

établissements sous tutelle <strong>du</strong> MESR<br />

(Lille ou Bordeaux). Partout des ambitions<br />

cachées, des craintes inavouées, des<br />

personnels inquiets… Le titre <strong>du</strong> congrès<br />

2014 de la Conférence des Grandes écoles<br />

(CGE) est explicite : « Regroupements de<br />

site : à la recherche d’un équilibre entre<br />

uniformité et diversité ».<br />

CRÉATION DU HCÉRES<br />

La publication sur le site <strong>du</strong> ministère<br />

de l’Enseignement supérieur et de la<br />

Recherche <strong>du</strong> rapport ren<strong>du</strong> fin décembre<br />

2013 par Denis Pumain et Frédéric Dardel<br />

sur l’évaluation de la recherche et de<br />

l’enseignement supérieur marque l’entrée<br />

dans la dernière étape <strong>du</strong> processus<br />

de passage de l’Aeres au Hcéres (Haut<br />

conseil de l’évaluation de la recherche et<br />

de l’enseignement supérieur). Vilipendée,<br />

accusée de tous les maux, bouc émissaire<br />

idéal d’un monde de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche en mal de<br />

repères, l’Aeres n’aura donc vécu que<br />

sept ans.<br />

UNE STRATÉGIE POUR<br />

L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

Parce que décidément le gouvernement<br />

aime les commissions, Sophie Béjean et<br />

Bertrand Monthubert se sont vu confier<br />

fin 2013 une mission de concertation sur<br />

la stratégie nationale de l’enseignement<br />

supérieur (la «StraNES») qui a livré résultats<br />

au printemps 2014.<br />

UN NOUVEAU STATUT POUR LES<br />

ÉCOLES CONSULAIRES<br />

Face à la baisse programmée des moyens<br />

des CCI dont la plupart continuent plus<br />

ou moins à dépendre, les écoles de management<br />

doivent brutalement repenser<br />

leur modèle économique. S’y ajoute une<br />

réforme de la taxe d’apprentissage qui<br />

devrait encore les fragiliser. Trouver de<br />

nouveaux moyens grâce à la montée en<br />

puissance de leurs fondations et de la<br />

formation continue devient urgent. C’est<br />

dans ce cadre que le nouveau statut des<br />

écoles de management consulaires, les<br />

EESC (établissements d’enseignement<br />

supérieur consulaires), a été adopté fin<br />

décembre 2014.<br />

La CTI fête ses 80 ans<br />

Fondée en 1934, la<br />

Commission des titres<br />

d’ingénieur (CTI) fêtait<br />

en 2014 ses 80 ans.<br />

Umultirank voit le jour<br />

Le très atten<strong>du</strong> classement<br />

Umultirank promu par la<br />

Commission européenne<br />

pour concurrencer ceux<br />

de Shangaï ou <strong>du</strong> Times<br />

Higher E<strong>du</strong>cation a été<br />

mis en ligne en mai 2014<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

PASSION MOOC<br />

Le 16 janvier 2014 est lancée la plateforme<br />

française de MOOCs France université<br />

numérique. Un accomplissement pour<br />

ceux qui ont été les pionniers des MOOCs<br />

tout au long de 2013 et notamment dans<br />

la formation continue. Si les MOOCs<br />

s’adressent à tous, le succès <strong>du</strong> MOOC<br />

« Gestion de projet » de Rémi Bachelet<br />

l’avait d’abord démontré, celui <strong>du</strong> MOOC «<br />

Du manager au leader » <strong>du</strong> Cnam (14 000<br />

inscrits sur FUN) le démontre, ce sont<br />

d’abord les professionnels en activité<br />

qui s’inscrivent aujourd’hui.<br />

DE QUOI « PARIS SACLAY » EST-<br />

IL LE NOM ?<br />

Au début il y avait l’université Paris Sud<br />

Orsay, l’École polytechnique, l’ENS Cachan<br />

ou encore HEC puis est arrivée l’université<br />

Versailles Saint-Quentin et l’université<br />

d’Évry Val d’Essonne en tant que membre<br />

associé. Certes ces deux universités possèdent<br />

de bonnes facultés – notamment<br />

en médecine pour l’UVSQ - mais force<br />

est d’admettre qu’on parle plus souvent<br />

d’elles pour leurs difficultés que leur<br />

excellence. En deux ans, le projet initial<br />

d’une université Paris Saclay, chantre<br />

de l’« excellence à la française », semble<br />

donc s’être peu à peu transformé en<br />

projet d’aménagement territorial.<br />

ELLES/ILS ONT BOUGÉ EN 2014<br />

• Jacky Akoka a succédé seulement pendant<br />

six mois à Philippe Rivet à la direction<br />

de Télécom EM.<br />

• Andres Atenza quitte la direction de<br />

l’ISC.<br />

• François Balembois a été nommé directeur<br />

de l’école d’ingénieurs de l’Institut<br />

d’Optique.<br />

• Sylvie Bégin a été nommée directrice de<br />

l’École européenne de chimie, polymères<br />

et matériaux (ECPM) de Strasbourg. Elle<br />

est la première femme à occuper ce poste<br />

depuis la création de l’école en 1948. Elle<br />

y succède à Daniel Guillon.<br />

• Bernard Belletante a pris la direction de<br />

l’EM Lyon après douze ans passés à Euromed<br />

Marseille devenu Kedge.<br />

• François Bonvalet succède à Jacques<br />

Igalens à la direction de Toulouse Business<br />

School.<br />

• Céline Braconnier a été élue directrice<br />

de l’Institut d’études politiques de<br />

Saint-Germain-en-Laye.<br />

• Jean-Marie Castelain, 60 ans, a été<br />

nommé directeur de l’Insa Centre<br />

Val-de-Loire.<br />

• Christine Clerici a été élue présidente de<br />

l’université Paris Diderot.<br />

• Etienne Craye a pris la direction de<br />

l’Esigelec.<br />

• Renan Duthion a pris la direction de<br />

l’Ecole nationale de la statistique et de<br />

l’analyse de l’information.<br />

• Pierre Dreux a quitté la direction <strong>du</strong><br />

groupe ESC Pau après un an à sa tête.<br />

• Emmanuel Duflos a pris la direction de<br />

l’Ecole centrale de Lille et y succède à<br />

Etienne Craye.<br />

• Philippe Jamet prend la direction générale<br />

de l’Institut Mines Télécom où il succède<br />

à Jean-Claude Jeanneret.<br />

• Jean-Marcel Jammet a pris la direction<br />

de l’EDC et succède à Edgar Gnanou.<br />

• Marie-Christine Lemardeley quitte la direction<br />

de l’université Paris 3 pour entrer<br />

à la mairie de Paris où elle devient adjointe<br />

en charge des universités.<br />

• Pierre Koch prend la direction de l’université<br />

de technologie de Troyes où il succède<br />

à Christian Lerminiaux.<br />

• Olivier Lesbre a pris la direction de l’Isae<br />

et y succède à Olivier Fourure.<br />

• Jean-François Pinton prend la direction<br />

de l’ENS Lyon.<br />

• Stephen Platt a succédé à Pierre Dreux<br />

à la tête de l’ESC Pau.<br />

• Pascal Ray prend la direction de l’École<br />

nationale supérieure des mines de Saint-<br />

Étienne. Il succède à Philippe Jamet.<br />

• Philippe Rivet a pris la direction de l’Esdes<br />

où il succède à Christian Bérard, parti<br />

à la retraite.<br />

• Najat Vallaud-Belkacem (photo) a été<br />

nommée ministre de l’E<strong>du</strong>cation nationale<br />

en août 2014.<br />

L’université de Bordeaux va finalement<br />

réunir les universités Bordeaux 1, 2 et 4<br />

Université de Bordeaux<br />

DES STAGIAIRES MIEUX<br />

PROTÉGÉS<br />

L’Assemblée nationale a voté en 2014 un<br />

encadrement accru des stages.<br />

À côté des dispositions qu’on connaissait<br />

déjà, notamment sur la limitation <strong>du</strong><br />

nombre de stagiaires dans les entreprises<br />

ou la <strong>du</strong>rée des stages, ont été votés<br />

plusieurs nouveaux amendements qui<br />

prévoient notamment que la gratification,<br />

qui reste seulement obligatoire pour les<br />

seuls stages de plus deux mois, sera <strong>du</strong>e<br />

dès le premier jour.<br />

L’année des logos<br />

En quelques mois on a vu<br />

fleurir en 2014 les nouveaux<br />

logos (École polytechnique,<br />

Grenoble EM, université de<br />

Bordeaux, IAE France etc.)<br />

au fronton des établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

à un rythme inégalé. Des<br />

créations qui en annoncent<br />

beaucoup d’autres en cette<br />

année de fusions et de<br />

créations de Comue. Mais<br />

un logo ce n’est pas qu’une<br />

image, c’est aussi l’occasion<br />

de délivrer des messages et,<br />

pour les IAE, de changer<br />

même de nom en devenant<br />

des « écoles universitaires<br />

de management ».<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2015 : 15 personnalités<br />

qui ont marqué l’année<br />

2015 a vu beaucoup de changements à la tête<br />

de l’enseignement supérieur et de ses établissements.<br />

Les 15 personnalités qui ont fait 2015.<br />

Où va l’Ecole<br />

polytechnique ?<br />

Où va Paris-Saclay ?<br />

1. Thierry Mandon a été nommé en<br />

juin secrétaire d’État à l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche, porte en<br />

lui beaucoup de promesses. Celui qui fut<br />

rapporteur de son budget en 2012 mais<br />

surtout créateur, en 1998, et président<br />

jusqu’en 2014 <strong>du</strong> groupement d’intérêt<br />

public Genopole, « biocluster » dédié à<br />

la recherche en génomique, génétique<br />

et aux biotechnologies, connaît et apprécie<br />

le secteur qu’on lui a confié. Les<br />

100 millions d’euros qu’il a lui apporté<br />

cette année ont été ressentis comme un<br />

signal très positif (d’autant qu’il a parlé<br />

de « hors d’œuvre » en les invoquant !)<br />

mais pourra-t-il répondre aux attentes<br />

d’une communauté universitaire qui se<br />

sent peu écoutée ?<br />

2. Anne-Lucie Wack a été élue présidente<br />

de la Conférence des Grandes<br />

écoles, en juin et est la première femme<br />

à en prendre la tête. Directrice de Montpellier<br />

<strong>Sup</strong>Agro depuis 2013 elle est au<br />

fait de tous les enjeux de l’enseignement<br />

supérieur pour avoir été membre <strong>du</strong> comité<br />

de pilotage national des Assises de<br />

l’enseignement supérieur en 2012, puis de<br />

la Stratégie nationale de l’enseignement<br />

supérieur (StraNES). Elle entend se faire<br />

l’apôtre d’un enseignement supérieur<br />

reposant sur « ses deux pieds », grandes<br />

écoles et universités, sans opposition<br />

stérile.<br />

Les débats ont été houleux<br />

mais ont accouché le<br />

15 décembre 2015 d’un<br />

projet. Et d’un symbole :<br />

trois ministres et secrétaire<br />

d’Etat, Jean-Yves Le Drian<br />

(Défense et tutelle de<br />

l’Ecole), Emmanuel Macron<br />

(Economie) et Thierry<br />

Mandon (Enseignement<br />

supérieur et Recherche)<br />

se sont déplacés à l’Ecole<br />

polytechnique pour le<br />

présenter. Les écoles<br />

de Paris-Saclay (X,<br />

Centrale<strong>Sup</strong>élec, Ensta<br />

ParisTech, Agro ParisTech,<br />

Télécom ParisTech, Télécom<br />

Sud Paris, Ensae ParisTech,<br />

l’Institut d’optique, ENS<br />

Cachan) mais aussi proches<br />

(Mines ParisTech et Ponts<br />

ParisTech) voire plus<br />

lointaines (Isae, Ensta<br />

Bretagne et Télécom<br />

Bretagne) avaient maintenant<br />

jusqu’au 15 mars pour<br />

rendre un « schéma précis<br />

sur leur travail commun<br />

en matière de formation,<br />

recherche, international<br />

et entrepreneuriat ».<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Dure année pour<br />

les bac+5<br />

3. Sophie Béjean, présidente de la<br />

Stratégie nationale de l’enseignement supérieur<br />

(StraNES), a remis avec Bertrand<br />

Monthubert un rapport final dont la proposition<br />

de diplômer 60 % d’une classe<br />

d’âge dans l’enseignement supérieur<br />

a particulièrement été mise en avant.<br />

Le comité StraNES a été mandaté pour<br />

suivre la mise en œuvre de la stratégie,<br />

en « lien avec les acteurs et organisations<br />

représentatives ».<br />

5. Jean-Loup Salzmann, 60 ans, président<br />

de la Conférence des présidents<br />

d’université depuis 2012, a connu une<br />

année chahutée après sa réélection fin<br />

2014. Dans son université, Paris 13, il<br />

bien <strong>du</strong> mal à gérer un IUT bousculé par<br />

les querelles internes. Au sein de la CPU<br />

il tente de trouver un équilibre toujours<br />

difficile entre les tenants d’une ligne <strong>du</strong>re –<br />

représentés par Anne Fraïsse – et ceux qui<br />

préconisent la cogestion avec le ministère.<br />

Les conclusions de l’enquête<br />

annuelle de l’Apec sur<br />

l’emploi des jeunes sont<br />

particulièrement inquiétantes<br />

en 2015. Ainsi seulement<br />

62 % des jeunes diplômés<br />

de niveau bac +5 et plus<br />

de la promotion 2014 sont<br />

en poste moins d’un an<br />

après l’obtention de leur<br />

diplôme. C’est encore un<br />

recul de 1 point par rapport<br />

à la promotion précédente<br />

et de 10 points par rapport<br />

à 2010. En tout 28 % de<br />

l’ensemble des jeunes<br />

diplômés 2014 sont encore<br />

à la recherche d’un premier<br />

emploi moins d’un an après<br />

l’obtention de leur diplôme.<br />

Et ceux qui ont un emploi<br />

sont plus précaires : la part<br />

des CDI, même si elle reste<br />

majoritaire (50 %), est en<br />

baisse de 9 points, alors que<br />

celle des CDD a augmenté<br />

d’autant à 43 %. Le statut de<br />

cadre (57 %) est en baisse<br />

est de 5 points par rapport à<br />

la promotion précédente.<br />

4. Bertrand Monthubert a été nommé<br />

conseiller de Thierry Mandon pour la mise<br />

en application de la StraNES dont il était le<br />

rapporteur. Après avoir présidé l’université<br />

Toulouse 3 de 2012 à novembre 2015,<br />

il a aussi retrouvé la politique en Midi-Pyrénées<br />

Languedoc-Roussillon, où il a été<br />

en deuxième position sur la liste PS de<br />

Carole Delga.<br />

6. François Cansell, 57 ans, a été élu<br />

président de la Cdefi en février 2015 et y a<br />

succédé à Christian Lerminiaux. Directeur<br />

général de Bordeaux INP depuis 2009,<br />

déjà vice-président de la Cdefi depuis<br />

2013, cet ingénieur chimiste avait tout<br />

pour faire l’unanimité : un regard œcuménique<br />

sur les disciplines avec les huit<br />

écoles d’ingénieurs de l’INP, le soutien des<br />

autres INP, celui sans doute <strong>du</strong> MESR et<br />

enfin une personnalité ouverte. Depuis il a<br />

parfois donné l’impression d’osciller entre<br />

opposition ouverte au gouvernement<br />

et rapprochement opportun. La ligne<br />

rouge pour lui : une nouvelle ponction<br />

dans les fonds de roulement des écoles<br />

d’ingénieurs.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

7. Gilles Bloch a pris la présidence de<br />

l’Université Paris-Saclay en juin 2015<br />

bardé d’un CV à la hauteur des ambitions<br />

de son institution. Diplômé de l’École<br />

polytechnique, il fut en effet le premier<br />

directeur de la nouvelle Agence nationale<br />

de la recherche en 2005 puis, en 2006,<br />

directeur général de la recherche et de<br />

l’innovation au sein <strong>du</strong> ministère de l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche<br />

et, depuis 2009, directeur de la Direction<br />

des sciences <strong>du</strong> vivant <strong>du</strong> Commissariat<br />

à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.<br />

Charge à lui de remettre sur<br />

les rails un projet de plus en plus chahuté<br />

entre les ambitions des grandes écoles<br />

et ceux des universités membres.<br />

9. Peter Todd a succédé à Bernard Ramanantsoa à la tête d’HEC. Démissionnaire<br />

en avril 2014 <strong>du</strong> poste de doyen la faculté de management Desautels de<br />

l’université McGill de Montréal, qu’il avait profondément fait évoluer, Peter Todd<br />

va notamment devoir y implémenter le tout nouveau statut d’établissement<br />

d’enseignement supérieur consulaire (EESC)<br />

10. Jean-Marc Rapp, le président <strong>du</strong> jury des Idex-Isite, est la personnalité<br />

la plus scrutée de l’enseignement supérieur après une présélection de projets<br />

qui va déboucher en janvier 2016 sur une sélection finale. Professeur de droit<br />

à l’université de Lausanne, dont il a été le recteur de 1999 à 2006, président<br />

de la Conférence des Recteurs des Universités Suisses de 2002 à 2006, il<br />

a présidé l’Association européenne des universités de 2009 à 2011 avant de<br />

rejoindre le jury des Idex.<br />

8. François Germinet, président de<br />

l’université de Cergy-Pontoise (UCP),<br />

président <strong>du</strong> comité numérique de la<br />

CPU, est sans nul doute le président<br />

d’université qui a le plus marqué l’année.<br />

Après l’organisation sans faille d’un passionnant<br />

colloque de la CPU consacré aux<br />

enjeux de l’ère numérique, il a en effet<br />

remis un rapport très atten<strong>du</strong> sur « Le<br />

développement de la formation continue<br />

dans le supérieur ».<br />

11. Michel Cosnard a été nommé président <strong>du</strong> Hcéres (Haut conseil de<br />

l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) en novembre 2015.<br />

Il y succède à Didier Houssin qui présidait l’Aeres, puis le Hcéres, depuis 2011.<br />

Ingénieur de l’Ensimag de Grenoble (1975), titulaire d’un Master of sciences en<br />

mathématiques appliquées de l’Université Cornell, docteur d’État ès sciences<br />

mathématiques de l’Université de Grenoble (1983), Michel Cosnard a notant<br />

présidé aux destinées de l’Institut national de recherche en informatique et<br />

automatique (Inria) de 2006 à 2014.<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Quel poids pour<br />

les régions dans<br />

l’enseignement<br />

supérieur ?<br />

12. Yves Portelli a été nommé directeur<br />

général adjoint enseignement, recherche<br />

et formation de la CCI Paris Ile-de-France<br />

en novembre 2015. Il succède à Xavier<br />

Cornu à ce poste stratégique pour tout<br />

l’enseignement supérieur privé à but non<br />

lucratif. Directeur d’une des écoles de<br />

la chambre, Gobelins, l’école de l’image,<br />

depuis janvier 2014, Yves Portelli est<br />

un fin connaisseur des arcanes d’une<br />

maison qui l’emploi depuis 1992 et où il a<br />

notamment été responsable marketing de<br />

la formation continue puis des masters<br />

<strong>spécial</strong>isés d’ESCP Europe, adjoint au<br />

directeur de l’enseignement, directeur<br />

délégué de Novancia et directeur des<br />

relations internationales avant de prendre<br />

la direction de Gobelins.<br />

13. Laurent Mahieu, président de la<br />

Commission des titres d’ingénieur (CTI)<br />

depuis juin 2014, est en première ligne<br />

dans leurs besoins de transformation et<br />

fusions tout en regardant de pour près<br />

la montée en puissance des bachelors.<br />

Diplômé de l’École centrale de Lille en<br />

1980, il entre ensuite à la RATP et est élu<br />

CFDT depuis 1994 puis délégué syndical<br />

central de 1997 à 2003. Il choisit alors<br />

de se consacrer totalement au syndicalisme<br />

et intègre la CFDT Cadres dont il<br />

est secrétaire général adjoint de 2009 à<br />

2013. Il entre à la CTI en 2010 et en était<br />

auparavant vice-président.<br />

14. Jean-Michel Blanquer, le directeur<br />

général de l’Essec, a été la personnalité de<br />

l’enseignement supérieur le plus interrogée<br />

après les attentats <strong>du</strong> 13 novembre.<br />

En sa qualité d’ancien directeur général de<br />

l’enseignement scolaire au ministère de<br />

l’É<strong>du</strong>cation nationale il continue à porter<br />

un regard sur tout l’enseignement supérieur.<br />

Du côté de l’Essec, l’implantation à<br />

Singapour se profile sous les meilleurs<br />

auspices alors que l’école est redevenue<br />

excédentaire.<br />

15. Jean-Philippe Ammeux peut être<br />

fier de son action : la création <strong>du</strong> statut<br />

d’EESPIG (établissement d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général) doit<br />

beaucoup à son entregent. Pour encore<br />

mieux défendre les intérêts de ceux qui<br />

l’obtiennent, il a décidé cette année d’ouvrir<br />

la fédération qu’il préside, la Fesic, à<br />

tous les établissements d’enseignement<br />

supérieur sous statut EESPIG. Autre motif<br />

de satisfaction pour celui qui préside<br />

aux destinées de l’Iéseg depuis 2014 :<br />

il construit un bâtiment tout neuf aux<br />

portes de La Défense pour y réunir la<br />

plus grande partie de ses activités parisiennes<br />

en 2017.<br />

Avec l’entrée en vigueur de<br />

la loi « Notre » (Nouvelle<br />

organisation territoriale de la<br />

République), avec des régions<br />

d’autant plus puissantes<br />

qu’elles ne sont plus que<br />

treize, les établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

vont devoir apprendre à<br />

travailler différemment.<br />

En 2014 on estime<br />

l’investissement des régions<br />

dans l’enseignement<br />

supérieur à près de 1 milliard<br />

d’euros par an, bien loin<br />

donc des 23 milliards de<br />

l’Etat, mais 1 milliard qui<br />

permet souvent de combler<br />

des déficits et de maintenir<br />

en état des bâtiments.<br />

Depuis 2005 les schémas<br />

régionaux d’enseignement<br />

supérieur naissent ainsi peu<br />

à peu avec le but de « coconstruire<br />

une structuration<br />

de l’enseignement supérieur<br />

et de la recherche à l’échelle<br />

régionale ». On sait combien<br />

les présidents d’université<br />

comme les directeurs de<br />

grandes écoles se sont<br />

battus ces dernières années<br />

pour éviter que les régions<br />

leur dictent leur politique<br />

mais combien de temps<br />

pourront-ils encore résister ?<br />

« Aujourd›hui, nous<br />

craignons des arbitrages<br />

régionaux uniquement<br />

mus par des considérations<br />

régionales. Pour prendre<br />

une image un peu forte, si<br />

la région Midi-Pyrénées<br />

décidait de diminuer son<br />

soutien à l’aéronautique, elle<br />

porterait un coup sévère à<br />

une filière stratégique pour la<br />

France. Il faut donc s’efforcer<br />

de garder une vision<br />

nationale », confie ainsi<br />

Philippe Jamet, directeur<br />

général de l’Institut Mines<br />

Télécom, dont les écoles sont<br />

présentes dans sept régions.<br />

Et ceux qui ont un emploi<br />

sont plus précaires : la part<br />

des CDI, même si elle reste<br />

majoritaire (50 %), est en<br />

baisse de 9 points, alors que<br />

celle des CDD a augmenté<br />

d’autant à 43 %. Le statut de<br />

cadre (57 %) est en baisse<br />

est de 5 points par rapport à<br />

la promotion précédente.<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2016 : l’année<br />

<strong>du</strong> bachelor<br />

On n’a parlé que de lui en 2016. Lui le bachelor,<br />

ce diplôme « miracle » pour les grandes écoles<br />

de management en mal de relais de croissance<br />

dont s’emparent petit à petit les écoles<br />

d’ingénieurs.<br />

Diplôme à forte dimension<br />

internationale et à finalité<br />

professionnelle dès le bac<br />

tout en restant relativement<br />

généraliste, étape possible<br />

à bac+3 (ou bac+4) tout en permettant<br />

une poursuite d’études, le bachelor a<br />

su synthétiser les attentes des jeunes<br />

et de leurs familles. ESCP Europe ainsi<br />

place de grandes espérances dans le<br />

développement de son bachelor qui a<br />

ouvert à Londres en 2015 et verra le jour<br />

à Paris, Berlin, Madrid et Turin également<br />

à la prochaine rentrée. Et le bachelor est<br />

de moins en moins l’apanage des seules<br />

écoles de management depuis que, à la<br />

rentrée 2014, les Arts et Métiers ParisTech<br />

ont ainsi créé un bachelor en technologie<br />

ouvert aux bacheliers STI2D. Un an plus<br />

tard l’Ecole polytechnique envisageait à<br />

son tour de créer son bachelor qui verra<br />

finalement le jour en 2017. Mais tout au<br />

long de 2016 la Conférence des présidents<br />

d’université (CPU) sera offensive contre<br />

cette montée en puissance.<br />

LES IDEX CE N’EST PAS À VIE !<br />

C’est un véritable séisme qui s’abat en<br />

ce milieu d’année 2016 sur la Comue<br />

Université de Toulouse et l’Université<br />

Sorbonne Paris Cité. En leur retirant<br />

tout simplement leurs Idex, le jury international<br />

a démontré qu’on avait beau<br />

ESCP est implantée à Londres depuis 2004<br />

ESCP BS<br />

Classements : la<br />

France décroche<br />

On peut prétendre que le<br />

Classement de Shangaï se<br />

focalise trop sur l’excellence<br />

en recherche ou que le<br />

Top Universities de QS<br />

favorise les établissements<br />

anglo-saxons mais après la<br />

parution <strong>du</strong> troisième grand<br />

classement de l’année, celui<br />

de Times Higher E<strong>du</strong>cation<br />

(THE), le constat est net :<br />

les universités françaises<br />

décrochent quelle que soit la<br />

méthode employée en 2016.<br />

Dans ce dernier classement,<br />

un tiers perdent ai si des<br />

places et en particulier les<br />

trois leaders que sont l’Ecole<br />

normale supérieure Ulm,<br />

l’Ecole polytechnique et<br />

l’UPMC. En tout si ce sont<br />

toujours 27 universités<br />

françaises que classe le<br />

Times Higher E<strong>du</strong>cation,<br />

elles subissent la concurrence<br />

de plus en plus rude des<br />

universités asiatiques.<br />

Comment exporter<br />

notre enseignement<br />

supérieur ? Un<br />

rapport fait le point<br />

Ce ne sont pas moins de 600<br />

programmes enseignés à 37<br />

000 étudiants non français<br />

dans le monde que Bernard<br />

Ramanantsoa et son équipe<br />

de France Stratégie ont<br />

découvert pour leur rapport<br />

« L’enseignement supérieur<br />

français par-delà les<br />

frontières ». Leur principal<br />

constat : 70% des diplômes<br />

délivrés par la France le sont<br />

au niveau master et second<br />

cycle alors que les autres<br />

pays privilégient davantage<br />

le niveau bachelor (80%<br />

des diplômes en Allemagne<br />

par exemple). Autre<br />

constat : les établissements<br />

français mobilisent<br />

très peu la formation à<br />

distance dans le cadre de<br />

leur internationalisation,<br />

contrairement à d’autres<br />

pays : 44% des étudiants<br />

suivant une formation<br />

britannique à l’étranger le<br />

faisaient en ligne en 2014.<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

réunir la fine fleur des universités et des<br />

grandes écoles françaises on ne pouvait<br />

pas pour autant s’abstenir de respecter<br />

certaines des obligations auxquelles on<br />

s’était engagé. D’un côté le périmètre<br />

comme la gouvernance de l’Université<br />

de Toulouse avaient largement évolué<br />

depuis leur validation initiale par le jury.<br />

Quant à l’Idex de l’université Sorbonne<br />

Paris Cité, la faiblesse de sa gouvernance<br />

n’en finissait pas d’obérer sa viabilité. Le<br />

verdict <strong>du</strong> jury est en tout cas le même<br />

pour les deux : « L’objectif Idex est impossible<br />

à atteindre sans une dynamique<br />

toute nouvelle et des mesures de rupture<br />

». Autant de décisions qui auront<br />

été contestées toute l’année. L’Idex de<br />

l’université de Nice était-il vraiment meilleur<br />

que celui de Lille ? L’Idex de Toulouse<br />

ne méritait-il pas une période probatoire<br />

au même titre que PSL ou Paris-Saclay ?<br />

Et plus largement le jury peut-il vraiment<br />

« objectiver » ses choix au point de faire<br />

abstraction des réalités locales ?<br />

OBJECTIF FORMATION CONTINUE<br />

Le ministère de l’E<strong>du</strong>cation nationale,<br />

de l’enseignement supérieur et de la<br />

Recherche a lancé son « Réseau d’établissements<br />

pilotes pour le développement de<br />

la formation continue dans l’enseignement<br />

supérieur » pour mettre en œuvre des<br />

recommandations <strong>du</strong> rapport Germinet<br />

qui préconise notamment de s’appuyer<br />

sur la proximité avec la recherche, de<br />

connaître les coûts réels de l’activité de<br />

formation continue, de développer des<br />

mécanismes d’incitation au niveau des<br />

Comue et d’ouvrir la formation professionnelle<br />

à de nouveaux publics (bacheliers<br />

professionnels souhaitant démarrer<br />

une expérience professionnelle tout en<br />

ayant le projet de revenir plus tard dans<br />

l’enseignement supérieur, alumni, etc.).<br />

LES PRÉSIDENTS D’UNIVERSITÉS ÉLUS EN 2016<br />

Année électorale dans les universités 2016<br />

a vu élire ou réélire Joël Alexandre (Rouen<br />

Normandie), David Alis (Rennes 1), Mohamed<br />

Amara (Pau et des pays de l’Adour),<br />

Abdelhakim Artiba (Valenciennes et <strong>du</strong><br />

Hainaut-Cambrésis), Jean-Pierre Astruc<br />

(Paris 13), Jacques Bahi (Franche Comté),<br />

Mathias Bernard (Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand),<br />

Fabienne Blaise (Lille 3).<br />

Alain Bonnin (Bourgogne), Ary Bruand<br />

(Orléans), Jean-Christophe Camart (Lille<br />

1), Alain Célérier (Limoges), Jean Chambaz<br />

(Pierre et Marie Curie), Nicolas<br />

Chaillet (Comue Université Bourgogne<br />

Franche-Comté), Jacques Comby (Lyon<br />

3), Frédéric Dardel (Paris-Descartes), Jean-<br />

Luc Delpeuch a été élu à la présidence<br />

d’Hesam université, Pierre Denise (Caen),<br />

Nathalie Dompnier (Lumière Lyon 2),<br />

Lisa Dumasy (Grenoble-Alpes), Alain<br />

Eschalier (Auvergne), Rachid El Guerjouma<br />

(Mans), Frédéric Fleury (Claude Bernard<br />

Lyon 1), Matthieu Gallou (Bretagne<br />

occidentale), Christine Gangloff-Ziegler<br />

(Haute-Alsace), Guillaume Gellé (Reims<br />

Champagne Ardenne), François Germinet<br />

(Cergy-Pontoise), Patrick Gilli (Paul-Valéry<br />

Montpellier), Didier Guillemot (Versailles<br />

Saint-Quentin), Georges Haddad<br />

(Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Yves Jean<br />

Président de l’université Marne-<br />

La-Vallée, Gilles Roussel est<br />

élu président de la Conférence<br />

des présidents d’université<br />

(CPU) en décembre 2016<br />

(Poitiers), Barthélémy Jobert (Paris-Sorbonne),<br />

Olivier Laboux (Nantes), Daniel<br />

Lacroix (Jean-Jaurès de Toulouse), Patrick<br />

Levy (Comue Université Grenoble<br />

Alpes), Guillaume Leyte (Paris 2 Panthéon-Assas),<br />

Fabrice Lorente (Perpignan<br />

Via Domitia), Pasquale Mammone<br />

(Artois), Corinne Mascala (Toulouse Capitole),<br />

Jacques Meyer (Comue Université<br />

de Champagne), Olivier Montagne<br />

(Paris Est Créteil), Jean-Marc Ogier (La<br />

Rochelle), Pascal Olivard (Comue Université<br />

Bretagne Loire), Mohamed Ourak<br />

(Lille-Nord-de-France), Jean Peeters<br />

(Bretagne Sud), Philippe Raimbault (Comue<br />

Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées),<br />

Sylvie Retailleau (Paris Sud),<br />

Christian Roblédo (Angers), Paul-Marie<br />

Romani (Corse), Hassane Sadok (Littoral<br />

Côte d’opale), Philippe Tchamitchian<br />

(Comue Université Paris-Est), Denis Varaschin<br />

(Savoie-Mont-Blanc), Loïc Vaillant<br />

(Comue Léonard-de-Vinci), Hélène Vélasco-Graciet<br />

(Bordeaux-Montaigne), Philippe<br />

Vendrix (François-Rabelais -Tours),<br />

Frédérique Vidal (Nice Sophia Antipolis),<br />

Jean-Pierre Vinel (Toulouse III - Paul<br />

Sabatier)<br />

Université Gustave-Eiffel<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

SCIENCES PO BUSINESS<br />

SCHOOL<br />

En lançant son « école <strong>du</strong> management<br />

et de l’innovation », Sciences Po relance<br />

la compétition avec les écoles<br />

de management, françaises mais peutêtre<br />

surtout étrangères, pour attirer les<br />

meilleurs talents. Une petite « révolution<br />

culturelle » pour celle qui fut longtemps<br />

considérée comme l’écoles de formation<br />

des cadres de la fonction publique et<br />

une nouvelle concurrence à considérer<br />

pour les grandes écoles de management<br />

françaises. Pourtant en y regardant de<br />

près, on pourrait dire « rien de nouveau<br />

rue Saint-Guillaume » puisque son Ecole<br />

<strong>du</strong> management et de l’innovation ne fait<br />

finalement que regrouper dans une seule<br />

structure l’ensemble des masters liés au<br />

management et à l’innovation.<br />

ELLES/ILS ONT BOUGÉ EN 2016<br />

• Sophie Béjean a été nommée rectrice de<br />

l’académie de Strasbourg.<br />

• Gérard Blanchard a été élu vice-président<br />

enseignement supérieur et recherche de<br />

la région Aquitaine.<br />

• François Bouchet a été nommé directeur<br />

général de l’École polytechnique.<br />

• Delphine Blanc-Le Quilliec a été nommée<br />

déléguée générale de la FESIC.<br />

• Herbert Castéran, a été élu directeur de<br />

l’EM Strasbourg.<br />

• Myriam Comte a été nommée directrice<br />

de l’école d’ingénieur Polytech<br />

Paris-UPMC.<br />

• Rémy Challe a été nommé directeur de<br />

l’Inseec business school.<br />

• Yves Déloye a été élu directeur de<br />

Sciences po Bordeaux.<br />

• Olivier Duhamel a été élu président <strong>du</strong><br />

conseil d’administration de la Fondation<br />

nationale des sciences politiques (FNSP),<br />

• Louis Jouanny a été nommé directeur<br />

général <strong>du</strong> Groupe ESIEA.<br />

• Alain Joyeux a été élu président de<br />

l’Aphec, l’association des professeurs<br />

de prépas économiques.<br />

• Franck Jung, a été nommé directeur de<br />

l’École des Ingénieurs de la Ville de Paris<br />

• Olivier Maillard été nommé directeur<br />

de l’Esdes.<br />

• Delphine Manceau a été nommée directrice<br />

de l’ebs Paris.<br />

• Renaud Payre a été élu directeur de<br />

Sciences po Lyon.<br />

• Emeric Peyredieu <strong>du</strong> Charlat a été nommé<br />

directeur général d’Audencia Group.<br />

• François Rousseau a été nommé directeur<br />

de l’Ecole des Mines de Nancy.<br />

• Gilles Roussel (photo) été élu à la tête de<br />

la Conférence des présidents d’université.<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2017 : les débats<br />

de la présidentielle<br />

La montée en puissance des regroupements<br />

territoriaux est au cœur de toutes les stratégies<br />

depuis 2008. Après une année 2016 qui a vu<br />

la création des Comue 2017 n’aura pas permis<br />

de faire vraiment avancer les lignes.<br />

Parce qu’il fallait une carotte pour<br />

faire avancer les projets, les<br />

initiatives d’excellence (Idex)<br />

ont été lancées en 2010 pour<br />

pousser les établissements<br />

à l’époque membres de PRES (pôles de<br />

recherche et d’enseignement supérieur),<br />

devenus aujourd’hui des Comue, à travailler<br />

ensemble sur des projets communs.<br />

Six ans après, ces Idex auront à la fois<br />

permis de récompenser de beaux projets<br />

et montré toute la difficulté qu’avaient<br />

une très grande partie des universités<br />

comme des grandes écoles à travailler<br />

ensemble. Ce n’est pas par hasard si ce<br />

sont des projets d’universités fusionnées<br />

(Aix-Marseille, Strasbourg et, dans une<br />

moindre mesure, Bordeaux) ou de petites<br />

tailles (Nice), jugés « gouvernables », qui<br />

ont été choisis au détriment de « mastodontes<br />

» à la gouvernance compliquée<br />

comme celles de Toulouse ou Lille.<br />

QUELLE PLACE POUR LA<br />

FRANCE DANS LE MARCHÉ<br />

MONDIAL DE L’ÉDUCATION ?<br />

Alors que le programme Erasmus fête<br />

ses 30 ans, Campus France jette un<br />

froid en s’interrogeant sur une certaine<br />

perte de compétitivité de la France dans<br />

le monde. Selon un rapport sur la Mobilité<br />

des étudiants internationaux que vient<br />

de publier l’Unesco, alors que la mobilité<br />

étudiante mondiale a progressé de<br />

23 % entre 2009 et 2014, la part de la<br />

France a en effet progressé deux fois<br />

moins rapidement (+11,2 %). Résultat,<br />

elle recule d’une place et se place à la<br />

quatrième place des pays d’accueil des<br />

étudiants en mobilité (et premier non<br />

anglophone) derrière les États-Unis, le<br />

Royaume-Uni et maintenant l’Australie<br />

sur un « marché » qui compte aujourd’hui<br />

4,3 millions d’étudiants en mobilité, soit<br />

une progression de 72 % en dix ans.<br />

COMMENT S’ATTAQUER AU SOUS<br />

FINANCEMENT CHRONIQUE DE<br />

L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ?<br />

Avec 1,4 % de son PIB consacré à l’enseignement<br />

supérieur, la France est certes<br />

au niveau de la moyenne des pays de<br />

l’OCDE mais très loin des États-Unis<br />

(2,8 %), <strong>du</strong> Canada (2,5 %) ou de la Corée<br />

<strong>du</strong> Sud (2,3 %). Si ce sont plus de<br />

800 millions d’euros supplémentaires<br />

qui ont été affectés à l’enseignement<br />

supérieur dans son budget 2017, les<br />

universités et grandes écoles publiques<br />

ont largement eu le sentiment d’être oubliées<br />

depuis quatre ans alors qu’en 2016-<br />

2017, ce sont encore 42 000 étudiants<br />

supplémentaires (+2,8 %) qui ont rejoint<br />

les bancs des universités. Depuis 2000<br />

l’université française a en tout gagné près<br />

de 200 000 étudiants supplémentaires et<br />

l’ensemble de l’enseignement supérieur<br />

près de 400 000.<br />

La Cour des Comptes<br />

tacle Paris-Saclay<br />

Sous le titre « Le projet<br />

Paris-Saclay : le risque<br />

de dilution d’une grande<br />

ambition », la Cour des<br />

Comptes consacre un chapitre<br />

de son rapport annuel à la<br />

grande université <strong>du</strong> sud<br />

parisien. Elle constate que<br />

« deux visions de l’université<br />

Paris-Saclay s’opposent. D’un<br />

côté, celle visant à créer une<br />

université unifiée, portée<br />

par les anciens membres <strong>du</strong><br />

PRES Universud Paris et<br />

notamment par l’université<br />

Paris-Sud. De l’autre, celle<br />

poursuivie par la plupart des<br />

membres de l’ancien PRES<br />

Paris Tech, avec pour chef de<br />

file l’École polytechnique,<br />

qui craignent de diluer leur<br />

réputation d’excellence<br />

dans une université encore<br />

sans renommée et peu<br />

sélective ». Et d’analyser :<br />

« L’université Paris-Saclay<br />

se trouve donc confrontée<br />

à la logique divergente des<br />

deux modèles d’enseignement<br />

supérieur français ».<br />

La CPU contre Le Pen<br />

La Conférence des<br />

présidents d’université<br />

l’exprime clairement dans<br />

un communiqué avant les<br />

élections pérsidentielles :<br />

« Le programme présidentiel<br />

porté par Madame Le<br />

Pen est contraire à nos<br />

valeurs, comme chercheurs,<br />

comme enseignants,<br />

comme humanistes mais<br />

va également à l’encontre<br />

de notre vision de la<br />

société française et de<br />

nos propositions pour<br />

l’enseignement supérieur et<br />

la recherche, faisant craindre<br />

des menaces sur la place<br />

reconnue aux sciences ».<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Dans les années 2015-2020 l’Essec va peu à peu s’associer à l’université de Cergy<br />

Disparition de<br />

Philippe Mandry<br />

L’HEURE EST AUX FUSIONS : BIG<br />

EST-IL TOUJOURS BEAUTIFUL ?<br />

Sous la pression <strong>du</strong> jury des Idex, qui ne<br />

semble jurer que par la constitution de<br />

grands ensembles à la gouvernance solide,<br />

les mouvements de fusion dans l’enseignement<br />

supérieur français repartent<br />

de plus belle en 2017. Après l’adoption <strong>du</strong><br />

principe de la fusion par les universités<br />

Sorbonne Nouvelle (Paris 3), Paris-Descartes<br />

(Paris 5) et Paris-Diderot (Paris 7)<br />

début janvier de fut au tour le 20 janvier<br />

des conseils d’administration des universités<br />

Paris-Sorbonne et Pierre-et-Marie<br />

Curie (UPMC) de décider de fusionner pour<br />

devenir Sorbonne Université au 1er janvier<br />

2018. Les écoles d’ingénieurs ne sont<br />

pas en reste avec plusieurs fusions en<br />

cours dans les écoles de l’Institut Mines<br />

Télécom (IMT) alors que le mouvement<br />

n’est peut-être que suspen<strong>du</strong> au sein<br />

des écoles de management. En revanche<br />

Paris 1 Panthéon‐Sorbonne, l’ENA et<br />

ESCP Europe quittent heSam Université.<br />

COMMENT FAIRE DE LA FRANCE<br />

UNE « SOCIÉTÉ APPRENANTE » ?<br />

Le tocsin a été sonné par de nombreux<br />

responsables des organismes de recherche<br />

et des universités : la recherche<br />

française souffre d’un sous-financement<br />

qui devient préjudiciable pour l’avenir<br />

même <strong>du</strong> pays. Le « Livre blanc de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche »,<br />

remis en janvier au gouvernement par<br />

Bertrand Monthubert, demande que la<br />

France fasse progresser à 3 % de son<br />

PIB ses dépenses de recherche (contre<br />

2,23 % aujourd’hui) et à 2 % celles de l’enseignement<br />

supérieur (1,4 % aujourd’hui).<br />

Pour y parvenir, il faudrait augmenter les<br />

dépenses de l’État d’environ 10 milliards<br />

d’euros par an dans les 10 ans.<br />

LA SÉLECTION NON…<br />

DES « ATTENDUS »<br />

Il y aura bien finalement une sélection à<br />

l’entrée à l’université en 2018. Pas généralisée<br />

certes mais elle aura bien lieu<br />

dans certaines filières « en tension » où<br />

ne seront acceptés que les candidats<br />

possédant les « atten<strong>du</strong>s » nécessaires.<br />

Mais chut personne ne le dit au sein <strong>du</strong><br />

gouvernement… éléments de langage ont<br />

toute leur importance et décidément les<br />

« prérequis » ne passaient pas dans les<br />

oreilles des organisations étudiantes. Va<br />

donc pour des « atten<strong>du</strong>s » qui seront<br />

demandés à l’entrée de chaque licence.<br />

APB EST MORT, VIVE<br />

PARCOURSUP !<br />

Il fallait bien un bouc-émissaire à tous les<br />

errements de la rentrée universitaire – à<br />

Université Gustave-Eiffel<br />

Rédacteur en chef de<br />

l’Etudiant depuis 1991<br />

Philippe Mandry s’est éteint<br />

le 22 août 2017 dernier à<br />

l’âge de 60 ans. A l’époque<br />

en formation d’architecture<br />

il avait intégré l’entreprise en<br />

1980 comme « vérificateur »<br />

avant de superviser les<br />

travaux qui allaient permettre<br />

à l’Etudiant de s’installer près<br />

de la Bastille, rue <strong>du</strong> Chemin-<br />

Vert, en 1984. Il pouvait<br />

ainsi dire « Je travaille chez<br />

moi ! » au sein des anciens<br />

locaux de l’Etudiant dont<br />

il intégrait la rédaction<br />

l’année suivante. Créateur<br />

de la « Lettre de l’étudiant »,<br />

nommé rédacteur en chef<br />

<strong>du</strong> magazine « l’Etudiant »<br />

en 1991, c’était surtout un<br />

homme généreux, attentif aux<br />

autres, un grand voyageur à<br />

la culture incomparable. Un<br />

ami qui manque terriblement<br />

à tous ceux qui le côtoyaient<br />

au sein de la grande famille<br />

de l’Etudiant depuis 37 ans.<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

la fermeture <strong>du</strong> site APB il restait encore<br />

3 729 bacheliers sans orientation - et<br />

ce fut admission-postbac. « Les trois<br />

derniers mois ont mis en évidence toutes<br />

les limites de notre procé<strong>du</strong>re d’accès à<br />

l’enseignement supérieur qui s’identifie,<br />

désormais, dans l’esprit de tous, à la<br />

plate-forme APB », analysait ainsi Frédérique<br />

Vidal à l’occasion de sa conférence<br />

de presse de rentrée. Le même jour, la<br />

Commission nationale de l’informatique<br />

et des libertés (CNIL) enfonçait le clou<br />

en demandant au MESRI de « cesser<br />

de prendre des décisions concernant<br />

des personnes sur le seul fondement<br />

d’un algorithme et fasse preuve de plus<br />

de transparence ». En novembre 2017<br />

naissait Parcoursup.<br />

Les locaux de l’ENS Cachan devenue<br />

ENS Paris-Saclay en 2014<br />

ENS Paris-Saclay<br />

ELLES/ILS ONT BOUGE EN 2017<br />

• Olivier Aptel a quitté la direction de<br />

Rennes SB pour prendre la direction<br />

l’Université Internationale de Rabat<br />

• Dieudonné Abboud a été nommé directeur<br />

général de l’ISEP<br />

• Jean Audouard fait son retour à la direction<br />

de l’ESCE où il succède à Jérôme<br />

Caby<br />

• Samir Ayoub a été nommé directeur de<br />

l’Essca où il succède à Catherine Leblanc<br />

• Philippe Baptiste a été nommé directeur<br />

<strong>du</strong> cabinet de la ministre de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation<br />

• Anne-Sophie Barthez a été nommée<br />

conseillère formation auprès de Frédérique<br />

Vidal<br />

• Pierre Benech a été nommé administrateur<br />

général de Grenoble INP<br />

• Mathias Bernard a été élu président de<br />

l’université Clermont-Auvergne<br />

• Pierre Biscourp a été nommé directeur<br />

de l’Ensae ParisTech<br />

• Patrick Capolsini a été élu président de<br />

l’université de la Polynésie française<br />

• Laurent Champaney a nommé à la direction<br />

générale d’Arts et Métiers<br />

• Thierry Coulhon a été nommé conseiller<br />

enseignement supérieur et recherche<br />

d’Emmanuel Macron<br />

• Philippe Courtier a succédé à Alain<br />

Storck à la direction de l’Université de<br />

technologie de Compiègne<br />

• Carole Drucker-Godard été nommée à<br />

la présidence de la CEFDG<br />

• Laurent Espine prend la tête <strong>du</strong> Réseau<br />

Idrac om il succède à Jean Charroin<br />

• Vincenzo Esposito Vinzi a succédé<br />

à Jean- Blanquer, devenu ministre de<br />

l’E<strong>du</strong>cation nationale, à la direction de<br />

l’Essec BS<br />

• Alain Fuchs a été élu à la présidence<br />

de PSL<br />

• Gilles Halbout a été élu président de<br />

la Comue Languedoc-Roussillon<br />

Universités<br />

• Eustase Janky a été élu président de<br />

l’Université des Antilles<br />

• Narendra Jussien prend la direction des<br />

Mines d’Albi<br />

• Delphine Manceau est nommée directrice<br />

de Neoma BS<br />

• Pierre Mathiot va piloter l’épineux dossier<br />

de la réforme <strong>du</strong> bac.<br />

• José Milano a été nommé directeur général<br />

de Kedge Business School<br />

• Bruno Neil a été nommé directeur <strong>du</strong><br />

Groupe <strong>Sup</strong> de Co La Rochelle<br />

• Thierry Occre a été nommé directeur<br />

de l’ISEN Lille<br />

• Pascal Pinot a été nommé directeur de<br />

l’Ensta Bretagne<br />

• Brigitte Plateau prend le poste de directrice<br />

générale de l’enseignement supérieur<br />

et de l’insertion professionnelle<br />

• Jean-Louis Roch a été nommé directeur<br />

de l’Ensimag<br />

• Lamia Rouai a été nommée directrice<br />

générale de l’EBS Paris<br />

• Alain-Louis Schmitt a été nommé directeur<br />

d’IMT Lille Douai.<br />

• Sébastien Tran prend la direction de<br />

l’EMLV<br />

• Frédérique Vidal est nommée ministre<br />

de l’Enseignement supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation par le premier<br />

gouvernement d’Emmanuel Macron.<br />

C’est une double première : un président<br />

d’université, qui plus est une présidente<br />

(Nice Sophie Antipolis) accède ainsi aux<br />

responsabilités<br />

Frédérique Vidal entame en 2017 un séjour<br />

de cinq ans au ministère de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2018 : les réformes<br />

<strong>du</strong> bac et de l’apprentissage<br />

Deux grandes réformes ont marqué l’année<br />

2018 : celles <strong>du</strong> bac et de l’apprentissage.<br />

Toutes deux ont eu depuis des effets majeurs<br />

sur l’enseignement supérieur.<br />

Promulguée le 5 septembre<br />

2018 la loi Pour la liberté de<br />

choisir son avenir professionnel<br />

a provoqué bien des<br />

débats, bien des revirements.<br />

Si c’est le passage des responsabilités<br />

des régions aux branches professionnelles<br />

qui a provoqué les débats les plus<br />

enflammés, les changements majeurs<br />

pour les organismes de formation sont,<br />

d’une part et comme pour les contrats<br />

de professionnalisation, le financement<br />

au contrat et non plus par Centre de<br />

formation d’apprentis (CFA), de l’autre<br />

la possibilité pour tout organisme de<br />

formation d’ouvrir un CFA sous réserve<br />

d’obtenir la certification prévue par la loi.<br />

Une véritable ouverture à la concurrence.<br />

Mais la question qui taraude le plus les<br />

établissements d’enseignement supérieur<br />

est celle <strong>du</strong> « coût-contrat » : à quel montant<br />

seront valorisés par l’organismes en<br />

charge <strong>du</strong> sujet qui va être créé, France<br />

Compétences, les formations qu’ils délivrent<br />

?<br />

sa campagne présidentielle, le passage<br />

<strong>du</strong> bac va être largement simplifié. Il reposera<br />

sur un contrôle continu composé<br />

de partiels et des notes de 1 re et terminale<br />

(40 % de la note finale) puis sur quatre<br />

épreuves finales : le français en fin de<br />

1re et, en fin de terminale, deux épreuves<br />

de <strong>spécial</strong>ité (disciplines « majeures »<br />

choisies en 1re), une épreuve universelle<br />

de philosophie et surtout une épreuve<br />

orale de 30 minutes.<br />

Mais c’est surtout la suppression des<br />

<strong>série</strong>s <strong>du</strong> bac général (elles sont maintenues<br />

pour le bac technologique) qui<br />

s’annonce comme un « big bang » auquel<br />

BAC : UNE VRAIE RÉFORME !<br />

En nommant son ex-collègue de Sciences<br />

Po Lille à la tête d’une commission chargée<br />

d’étudier la réforme <strong>du</strong> bac (généralistes<br />

et technologiques), Jean-Michel Blanquer<br />

savait que les propositions de Pierre<br />

Mathiot ne seraient pas tièdes. Comme s’y<br />

était engagé Emmanuel Macron pendant<br />

Lors de son congrès annuel à Dijon la<br />

Conférence des présidents d’université (CPU)<br />

se passionne pour l’Europe des universités<br />

France Universités<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

les syndicats avaient bien cru pouvoir<br />

s’opposer. Constituées dorénavant d’un<br />

tronc commun les classes de première<br />

et terminale donneront lieu au choix de<br />

« discipline de <strong>spécial</strong>ité » à partir de la<br />

première.<br />

LES EPE (ÉTABLISSEMENTS<br />

PUBLIC EXPÉRIMENTAUX)<br />

VOIENT LE JOUR<br />

Le 13 décembre 2018 parait enfin la très<br />

atten<strong>du</strong>e ordonnance relative à « l’expérimentation<br />

de nouvelles formes de<br />

rapprochement, de regroupement ou de<br />

fusion des établissements d’enseignement<br />

supérieur et de recherche ». L’article 52<br />

de la loi n° 2018-727 <strong>du</strong> 10 août 2018<br />

(« Pour un Etat au service d’une société<br />

de confiance ») permet en effet au gouvernement<br />

de donner aux établissements<br />

d’enseignement supérieur la possibilité<br />

d’expérimenter de nouveaux modes<br />

d’organisation et de fonctionnement,<br />

de nouvelles modalités de coordination<br />

territoriale et de nouveaux modes d’intégration<br />

sous la forme d’un établissement<br />

public à caractère scientifique, culturel<br />

et professionnel (EPSCP). Ce dernier<br />

pouvant regrouper plusieurs établissements<br />

d’enseignement supérieur et de<br />

recherche qui peuvent conserver ou non<br />

leur personnalité morale pendant tout<br />

ou partie de l’expérimentation, fixée au<br />

maximum à dix ans.<br />

COMMENT VA FONCTIONNER<br />

PARCOURSUP ?<br />

La loi « Orientation et réussite des étudiants<br />

» pose autant de questions qu’elle<br />

en résout. Reste d’abord à considérer<br />

comment les professeurs de lycée d’un<br />

côté, les responsables de formation<br />

des universités de l’autre, vont pouvoir<br />

examiner la masse de dossiers qui<br />

s’annonce. « A ce stade Parcoursup<br />

a conservé le « moteur » d’APB ce qui<br />

permet à nos équipes de retrouver leurs<br />

automatismes. Les élèves et parents<br />

qui y ont déjà eu recours retrouveront<br />

Mais comment les élèves vont-ils s’orienter avec<br />

le nouveau bac s’interrogent professeurs et parents ?<br />

l’ergonomie d’APB, avec toujours de nombreux<br />

points d’amélioration possibles.<br />

Maintenant il reste des points techniques<br />

à valider pour rendre acceptable par tous<br />

l’utilisation de l’application », commente<br />

le président de la Conférence des présidents<br />

d’université, Gilles Roussel. « La<br />

plupart des dossiers seront relativement<br />

faciles à traiter. Là où nous allons passer<br />

<strong>du</strong> temps c’est par exemple pour juger<br />

les dossiers de candidats qui veulent<br />

intégrer des filières pour lesquelles ils<br />

montrent des faiblesses », assure sa<br />

vice-présidente, Fabienne Blaise. La<br />

question des « dispositifs d’accompagnement<br />

pédagogique » ou <strong>du</strong> « parcours<br />

de formation personnalisé » que la loi<br />

prévoit pour ces publics reste sans doute<br />

O. R<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

le plus gros écueil à sa bonne application<br />

tant les universités semblent aujourd’hui<br />

encore largement démunies.<br />

PARCOURSUP OU L’ÉLOGE DE<br />

L’ATTENTE<br />

C’est un grand soupir de soulagement<br />

qu’ont poussé les équipes de Parcoursup<br />

mardi matin en voyant que le nombre de<br />

candidats sans proposition avait brutalement<br />

chuté à un peu plus de 260 000<br />

une fois la première semaine de choix<br />

achevée et les candidats admis ayant fait<br />

connaître leur choix. Mais quelle fut longue<br />

cette première semaine de Parcoursup.<br />

Dans un monde d’immédiateté l’algorithme<br />

à détentes multiples de Parcoursup se<br />

révèle en effet une sorte d’éloge de la<br />

lenteur. Des candidats multi-admis y<br />

prennent le temps de la réflexion pendant<br />

que leurs camarades moins bien servis<br />

attendent qu’arrivent enfin le Godot des<br />

admissions. On leur avait promis qu’un<br />

Parcoursup étincelant allait effacer les<br />

affres <strong>du</strong> tirage au sort d’APB, ils ont<br />

finalement à se lever chaque matin dans<br />

la crainte de ne toujours voir aucun de<br />

leurs vœux exaucés.<br />

30 ANS APRÈS BOLOGNE :<br />

COMMENT BÂTIR<br />

DES « UNIVERSITÉS<br />

EUROPÉENNES » ?<br />

En 1978 l’ensemble des ministres de<br />

l’E<strong>du</strong>cation et de l’Enseignement supérieur<br />

européens lançaient ce qu’on<br />

va appeler le Processus de Bologne.<br />

En septembre 2017 Emmanuel Macron<br />

allait plus loin en évoquant la création<br />

d’universités européennes à La Sorbonne.<br />

En 2018 le colloque annuel de la<br />

Conférence des présidents d’université<br />

était consacré à L’Europe des Universités.<br />

L’idée d’« université européenne » a en<br />

effet vite provoqué l’enthousiasme dans<br />

les universités françaises. Mais quel est<br />

le modèle ? Élitiste avec pas plus de trois<br />

ou quatre grands réseaux européens,<br />

un peu sur le modèle de l’University of<br />

California ? Ou ouvert à tous ? « C’est<br />

vraiment la notion de circulation de l’information<br />

et de la recherche propre à faire<br />

de l’Europe un espace naturel pour les<br />

étudiants qui con<strong>du</strong>it notre réflexion avec<br />

l’Union européenne », définit la ministre de<br />

l’Enseignement supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation, Frédérique Vidal. Les<br />

étudiants devront pouvoir démarrer leur<br />

cursus dans à un endroit, le poursuivre<br />

dans un autre sans demander d’équivalence<br />

pour obtenir non pas quatre ou cinq<br />

diplômes mais un diplôme européen. Le<br />

tout sans « modèle unique », insiste la<br />

ministre qui n’en définit pas moins qu’il<br />

y aura un « modèle pour toute l’Europe<br />

avec une certaine autonomie ».<br />

ELLES/ILS ONT BOUGE EN 2018<br />

• Tamym Abdessemed a été nommé à la<br />

direction de l’Isit<br />

• Sébastien Chantelot a été nommé directeur<br />

de La Rochelle Business School)<br />

• Jean-Luc Dubois-Randé a été élu président<br />

de l’UPEC<br />

• Lise Dumasy et Patrick Levy ont échangé<br />

leurs postes pour devenir respectivement<br />

président de la Comue Université<br />

Grenoble Alpes et de l’Université Grenoble<br />

Alpes<br />

• Emmanuelle Garnier a été élue présidente<br />

de l’université Toulouse Jean-Jaurès<br />

• Alice Guilhon a été élue à la tête <strong>du</strong> Chapitre<br />

des Grandes écoles de management<br />

de la Conférence des grandes écoles<br />

• Eric Labaye (photo) est nommé président<br />

de l’Ecole polytechnique.<br />

• Stéphanie Lavigne a été nommée directrice<br />

générale adjointe de Toulouse BS.<br />

• Christian Lerminiaux a été élu président<br />

de ParisTech<br />

• Romain Laffont a été nommé directeur<br />

de Polytech<br />

• Antoine Petit a été nommé à la tête <strong>du</strong><br />

CNRS<br />

• Arnaud Poitou a été recon<strong>du</strong>it à la tête<br />

de Centrale Nantes<br />

• Sylvie Retailleau est élue présidente de la<br />

ComUE Université Paris-Saclay<br />

• Christian Varinard est élu directeur général<br />

de l’IAE Lyon<br />

En 2018 Eric Labaye prend la présidence de<br />

l’Ecole polytechnique pour un seul mandat<br />

Ecole polytechnique<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2019 : bac une réforme<br />

qui interroge<br />

En 2019 ce sont les effets possibles <strong>du</strong> nombre<br />

bac qui occupent beaucoup alors les esprits.<br />

Dans les universités et les Grande écoles,<br />

oubliés les PRES, décimées les Comue, l’heure<br />

est aux « regroupements »<br />

En ouvrant de larges choix de<br />

<strong>spécial</strong>ités en première et terminale,<br />

la réforme <strong>du</strong> lycée va<br />

inciter les élèves à construire<br />

leur propre parcours. En choisissant<br />

parmi trois <strong>spécial</strong>ités en première<br />

et deux en terminale parmi « arts », « langues,<br />

littératures et cultures étrangères »,<br />

« mathématiques » ou encore « numérique<br />

et sciences informatiques » ils vont peu à<br />

peu se construire un parcours singulier.<br />

Et forcément impactant pour leur avenir.<br />

Le ministère de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation a beau<br />

insister pour que ces choix ne soient<br />

pas déterminants - et faire signer une<br />

Charte pour les perspectives d’orientation<br />

vers l’enseignement supérieur<br />

en ce sens à ses principaux acteurs -,<br />

personne n’imagine en effet qu’on puisse<br />

oublier les mathématiques pendant deux<br />

ans et ensuite choisir des études dans<br />

lesquelles les mathématiques jouent un<br />

rôle important avec de bonnes chances<br />

de réussite.<br />

Les directeurs d’IUT sont ceux qui sont<br />

allés le plus loin dans la démarche : pour<br />

chacun de leurs DUT ils ont défini en ce<br />

début d’année quels étaient les enseignements<br />

de <strong>spécial</strong>ité « très adapté »,<br />

« adapté » et « complémentaire ». Comme<br />

eux l’ensemble des filières réfléchit à<br />

informer les futurs bacheliers sans pour<br />

autant les enfermer dans un seul choix<br />

de <strong>spécial</strong>ités. Casse-tête en vue face<br />

à des lycéens – et à leurs parents – qui<br />

attendent des réponses précises… Et<br />

finalement ce sont 70 % des élèves de<br />

seconde qui ont choisi la <strong>spécial</strong>ité « Mathématiques<br />

» de première selon les<br />

chiffres partiels divulgués par le ministère<br />

de l’E<strong>du</strong>cation. Les deux autres <strong>spécial</strong>ités<br />

les plus demandées sont également très<br />

classiques puisqu’il s’agit des sciences<br />

de la vie et de la Terre (52,2 %) et de la<br />

physique-chimie (un peu plus de 50 %).<br />

En 2019 Jean-Michel Blanquer, ministre de l’E<strong>du</strong>cation nationale,<br />

vient à la rencontre des professeurs de classes préparatoires économiques<br />

et commerciales sur le campus rouennais de Neoma<br />

O. R<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

LES PRÉPAS S’INTERROGENT<br />

APRÈS LE RÉFORME DU BAC<br />

Des prépas BCPST qui risquent d’avoir<br />

<strong>du</strong> mal à recruter assez d’élèves ayant<br />

choisi la <strong>spécial</strong>ité SVT en terminale,<br />

des prépas scientifiques auxquelles on<br />

demande de ne pas forcément recruter<br />

en fonction de leurs propres intitulés<br />

mais surtout des prépas EC dont la<br />

dichotomie ESC-ECE perd son sens à<br />

l’heure de la fin des filières ES/L/S, les<br />

classes préparatoires s’interrogent sur<br />

leur avenir. Devrait voir naître une prépa<br />

EC avec des options : soit mathématiques<br />

à un niveau élevé et géopolitique, soit<br />

mathématiques à un niveau modéré et<br />

ESH (économie, sociologie et histoire <strong>du</strong><br />

monde contemporain). « Vous êtes tout<br />

ce que j’aime » : Jean-Michel Blanquer<br />

réconforte en juin les professeurs de<br />

classes préparatoires. Pour la première<br />

fois un ministre de l’E<strong>du</strong>cation s’est ren<strong>du</strong><br />

au congrès de l’APHEC (Association des<br />

professeurs des classes préparatoires<br />

économiques et commerciales). C’était<br />

sur le campus de Neoma à Rouen.<br />

L’HEURE EST AUX<br />

« REGROUPEMENTS »<br />

Le MESRI a fait le choix de « permettre<br />

à chacun d’exprimer pleinement sa signature,<br />

d’affirmer sa stratégie et son<br />

identité », explique la ministre de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche<br />

et de l’Innovation Frédérique Vidal. A<br />

Cergy-Pontoise l’université et une école<br />

d’ingénieurs, l’Eisti, finalisent la création<br />

d’une « université cible » qui devrait voir<br />

le jour en septembre 2019 sous la forme<br />

d’u, « grand établissement ». Début 2019<br />

les présidents des quatre universités de<br />

l’Occitanie Est (Perpignan, Montpellier,<br />

Paul-Valéry Montpellier 3 et Nîmes) ont<br />

quant à eux exprimé leur volonté de sortir<br />

de la Comue Languedoc-Roussillon afin<br />

de « travailler à un rapprochement de<br />

leurs établissements dans un cadre moins<br />

rigide » et de s’écarter d’un modèle des<br />

Comue « largement obsolète à l’échelle<br />

<strong>du</strong> pays tout entier ». La gigantesque et<br />

ingouvernable Comue Université Bretagne<br />

Loire est au bord de la dissolution. A<br />

Paris, après le temps <strong>du</strong> divorce, vient<br />

le temps des familles recomposées. Les<br />

dirigeants des établissements membres<br />

de l’Université Paris-Saclay se sont ainsi<br />

donné pour objectif d’avoir construit, au<br />

1 er janvier 2020, leur université. Même<br />

dispositions <strong>du</strong> côté de l’Ecole polytechnique<br />

et de son Institut polytechnique de<br />

Paris qui agrège quatre Grandes écoles<br />

d’ingénieur autour d’elle. Plus HEC avec<br />

un statut d’association.<br />

FRÉDÉRIQUE VIDAL MET LES<br />

GRANDES ÉCOLES AU DÉFI DE LA<br />

DIVERSITÉ SOCIALE<br />

Dans la foulée de celle qui se consacre<br />

à la réforme de l’ENA, le MESRI lance<br />

un groupe de réflexion sur l’ouverture<br />

sociale au sein des Grandes écoles. Et<br />

pas n’importe lesquelles ! Ce sont en effet<br />

les directeurs des « top Grandes écoles »<br />

des ENS, de l’Ecole polytechnique, HEC,<br />

Essec et ESCP Europe sous la coordination<br />

de la chambre de commerce<br />

et d’in<strong>du</strong>strie Paris-Ile-de- France, qui<br />

doivent faire des propositions d’ici six<br />

mois. Frédérique Vidal rappelle quelques<br />

chiffres : si plus de la moitié des Grandes<br />

En 2019 l’université de Cergy Pontoise<br />

acte sa transformation en CY Paris-Cergy<br />

Université qui verra le jour le 1 er janvier 2020<br />

L’impact<br />

environnemental devient<br />

un sujet majeur<br />

En publiant la en 2019 son<br />

premier University Impact<br />

Rankings, le Times Higher<br />

E<strong>du</strong>cation a montré la voie<br />

à une nouvelle forme de<br />

classements. Au lieu de<br />

s’appuyer sur des critères<br />

purement académiques ou<br />

de réussite sociale ce grand<br />

média de l’enseignement<br />

supérieur a décidé de<br />

prendre en compte le respect<br />

par les établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

de 11 des Sustainable<br />

Development Goals définis<br />

par l’ONU. Le tout dans<br />

le même esprit que les<br />

étudiants signataires <strong>du</strong><br />

Manifeste étudiant pour<br />

un un réveil écologique.<br />

CY Paris-Cergy Université<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

écoles accueillent au moins 30 % de<br />

boursiers (les écoles d’ingénieurs 23,8 %<br />

et les écoles de commerce 14 %) avec<br />

38 % de boursiers dans l’enseignement<br />

supérieur, « la plupart des grandes écoles<br />

sont encore loin <strong>du</strong> compte ».<br />

NAISSANCE DU BUT<br />

Après les Grande écoles c’est au tour des<br />

instituts universitaires de technologie de<br />

s’emparer <strong>du</strong> bachelor pour en faire le<br />

« bachelor universitaire de technologie<br />

en s’appuyant sur la création prochaine<br />

d’un « grade de licence ». Les BUT reprendront<br />

les 24 <strong>spécial</strong>ités de DUT « qui<br />

tiennent lieu de mention, et s’appuient<br />

sur des programmes nationaux (avec<br />

2/3 cadrage national et 1/3 adaptation<br />

locale). Sélectifs ils n’en doivent pas moins<br />

accueillir au moins 50 % de bacheliers<br />

technologiques et assurer la réussite<br />

d’au moins 70 % d’entre eux. »<br />

ELLES/ILS ONT BOUGE EN 2019<br />

• Radjesvarane Alexandre a été nommé<br />

directeur général de l’Eisti<br />

• Régine André-Obrecht est élue présidente<br />

de l’Université Toulouse III – Paul<br />

Sabatier<br />

• Olivier Artus a été nommé recteur de<br />

l’UCLy (Université catholique de Lyon).<br />

• Jean-François Balaudé a été élu à la présidence<br />

<strong>du</strong> Campus Condorcet<br />

• Anne-Sophie Barthez (photo) est nommée<br />

à la Direction générale de l’enseignement<br />

supérieur et de l’insertion<br />

professionnelle <strong>du</strong> ministère de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et<br />

de l’Innovation.<br />

• Romuald Boné a été nommé à la tête de<br />

l’Insa Strasbourg.<br />

• Khaled Bouabdallah a été réélu à la présidence<br />

de la COMUE Université de Lyon.<br />

• Christine Clerici a été élue présidente<br />

de la toute nouvelle Université de Paris.<br />

• Nicolas Castoldi devient directeur de cabinet<br />

de Frédérique Vidal.<br />

• Tawhid Chtioui prend la direction de<br />

emlyon BS<br />

• Patrick Curmi a été réélu à la présidence<br />

de l’université d’Évry.<br />

• Sandra Démoulin prend la présidence<br />

de l’Arces.<br />

• Carole Deumié a été nommée directrice<br />

de l’École centrale de Marseille.<br />

• Bruno Ducasse a été nommé directeur<br />

général de Montpellier Business School.<br />

• Jacques Fayolle est élu président de la<br />

Cdefi.<br />

• Frédéric Fotia<strong>du</strong> est nommée directeur<br />

de l’Insa Lyon.<br />

• Nicolas Glady a a pris la direction de Télécom<br />

Paris<br />

• Odile Gauthier prend la tête de l’Institut<br />

Mines Télécom.<br />

• Jean-Christophe Hauguel a été nommé<br />

directeur de l’ISC Paris.<br />

• Stéphane Lardy a été nommé directeur<br />

général de l’agence France Compétences.<br />

• Stéphanie Lavigne a été nommée directrice<br />

générale de TBS.<br />

• Pierre Mathiot redevient directeur de<br />

Sciences Po Lille.<br />

• José Milano est nommée directeur général<br />

délégué <strong>du</strong> groupe Inseec U<br />

• Jean-Luc Neyraut a été nommé directeur<br />

général adjoint en charge de l’Enseignement,<br />

de la Recherche et de la Formation<br />

de la CCI Paris Ile-de-France<br />

• Caroline Pascal a été nommée cheffe de<br />

l’IGAENR (Inspection générale de l’administration<br />

de l’é<strong>du</strong>cation nationale et<br />

de la recherche).<br />

• Elian Pilvin prend la direction de l’EM<br />

Normandie.<br />

• Yves Portelli est nommé directeur général<br />

<strong>du</strong> tout nouvel Opco des Services financiers<br />

et conseil Atlas<br />

• Xavier Py a été élu président de l’Université<br />

de Perpignan Via Domitia.<br />

• Pascale Rus a été nommée directrice générale<br />

exécutive <strong>du</strong> Groupe IGS.<br />

• Alain Sarfati a été élu président de l’Université<br />

Paris-Sud.<br />

• Anne-Lucie Wack a été réélue présidente<br />

de la Conférence des Grandes écoles<br />

pour un troisième mandat de deux ans.<br />

En 2019 Anne-Sophie Barthez prend<br />

la tête de la Dgesip pour cinq ans<br />

MESR<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2020 : attention on ferme !<br />

Le 20 mars l’enseignement supérieur comme<br />

le monde entier annonçait sa fermeture.<br />

Un monde tout en distanciel voyait subitement le jour…<br />

Stupéfaction : aux Etats-Unis<br />

les universités ferment leurs<br />

campus les unes après les<br />

autres et rapatrient leurs<br />

étudiants partis à l’étranger<br />

sous la pression <strong>du</strong> Coronavirus. A partir<br />

<strong>du</strong> 23 mars les cours de la Harvard BS ne<br />

seront ainsi dispensés qu’en ligne. Même<br />

chose à Stanford, Columbia ou Princeton<br />

pour ne citer que les plus prestigieuses.<br />

En France l’université de Corte est fermée<br />

depuis le 9 mars. Depuis Rennes SB et<br />

Grenoble EM – qui n’ont à ce jour recensé<br />

aucun cas avéré de Covid-19 sur leurs<br />

campus - ont elles aussi franchi le pas.<br />

A Paris c’est après que ce soit déclaré<br />

un cas avéré que le site Tolbiac de<br />

Paris 1 est fermé depuis le 12 mars. De<br />

son côté Sciences Po autorise depuis le<br />

11 mars ses étudiants à ne plus se rendre<br />

en cours. Pendant la semaine <strong>du</strong> 16 au<br />

20 mars Grandes écoles et universités<br />

ont travaillé pour rendre l’enseignement<br />

à distance opérationnel dès le 23 mars.<br />

En restant chez eux autant que faire se<br />

peut. Aix-Marseille Université demandait<br />

par exemple le 15 mars à l’ensemble de<br />

ses étudiants et personnels de ne pas se<br />

rendre au bureau jusqu’à nouvel ordre.<br />

Si dès le 11 mai universités et Grandes<br />

écoles pouvaient ouvrir leurs campus à<br />

leurs personnels, la rentrée des étudiants<br />

dans l’enseignement supérieur, hors premières<br />

années des classes préparatoires<br />

et BTS, ne se fera bien qu’à la rentrée.<br />

QUAND LES CAMPUS SE<br />

DIGITALISENT<br />

En 2020 si les concours postbac sont<br />

quasiment totalement ré<strong>du</strong>its à l’examen<br />

des dossiers sur Parcoursup, s’il en est<br />

de même an admissions sur titre, les<br />

concours menant aux Grandes écoles<br />

post prépas comme les PACES et les ECN<br />

pour les études médicales conservent<br />

bien des écrits. Les oraux sont de leur<br />

côté supprimés. A l’exception de l’Ecole<br />

polytechnique.<br />

Le distanciel s’est imposé comme la solution<br />

à la propagation de l’épidémie de la<br />

Covid-19 dans l’enseignement supérieur.<br />

Zoom, Teams, Blackboard mais aussi des<br />

solutions dédiées comme à l’Essec sont<br />

devenues le quotidien des étudiants. Mais<br />

le numérique n’apporte pas uniquement<br />

au travail à distance : il irrigue dorénavant<br />

tout un enseignement dont les modalités<br />

« Une gestion qui n’est<br />

pas à la hauteur des<br />

ambitions de l’École » :<br />

la Cour des Comptes<br />

dresse un rapport<br />

sans concession<br />

Le rapport annuel de<br />

la Cour des Comptes<br />

consacre un chapitre entier<br />

à l’Ecole polytechnique.<br />

En résumé ça va mal ! :<br />

« Le modèle historique de<br />

l’École polytechnique a<br />

progressivement per<strong>du</strong> de<br />

sa cohérence interne. Dans<br />

le même temps, afin de<br />

faire face à la compétition<br />

internationale, elle a entamé<br />

une mutation stratégique,<br />

dont la pertinence reste à<br />

démontrer alors même que<br />

la mise en place d’IP Paris<br />

implique un changement<br />

d’échelle. Cette ambition<br />

paraît déconnectée de<br />

la situation financière<br />

préoccupante de l’École et<br />

des insuffisances constatées<br />

dans sa gestion. »<br />

Grenoble EM sera l’une des écoles<br />

pionnières <strong>du</strong> distanciel en 2020<br />

Grenoble EM<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Quels pays européens<br />

investissent le plus dans<br />

leurs universités ?<br />

Grenoble EM<br />

Sur les 34 différents systèmes<br />

d’enseignement supérieur<br />

en Europe 18 ont bénéficié<br />

en dix ans (de 2009 à<br />

2018) d’une hausse de leurs<br />

financements mais seulement<br />

huit avec une croissance<br />

supérieure à celle des<br />

inscriptions d’étudiants selon<br />

l’analyse de l’Association<br />

européenne des universités<br />

(EUA) dans l’édition 2020<br />

de son « Observatoire des<br />

financements publics ». Le<br />

Luxembourg est le champion<br />

de l’investissement dans son<br />

enseignement supérieur avec<br />

plus qu’un doublement en<br />

dix ans (+ 116%) devant la<br />

Turquie (+ 61%). Derrière<br />

l’Allemagne, la Norvège<br />

et la Suisse ont connu une<br />

hausse supérieure à 30 %<br />

alors que la France et les<br />

Pays-Bas sont restés stables.<br />

Quant à l’Angleterre, la<br />

diminution de 60 % <strong>du</strong><br />

financement public direct est<br />

compensée le développement<br />

<strong>du</strong> financement public alloué<br />

aux prêts aux étudiants.<br />

pédagogiques sont en profonde mutation.<br />

Et, après bien des tergiversations il a bien<br />

fallu se rendre à l’évidence : la rentrée<br />

2020 se fait bien cette année masquée,<br />

seul moyen d’éviter une trop grande<br />

dispersion <strong>du</strong> virus et… une possible fermeture<br />

des locaux. Qui surviendra bien…<br />

« Les universités pourront reprendre les<br />

cours, avec une présence physique de<br />

tous les élèves, deux semaines après le<br />

20 janvier 2021, date de réouverture pour<br />

tous les lycéens », a annoncé Emmanuel<br />

Macron le 24 novembre.<br />

2,7 MILLIONS D’ÉTUDIANTS<br />

En 2018-2019, l’essor <strong>du</strong> nombre d’étudiants<br />

a été de 2,1 % (soit 56 300 étudiants)<br />

pour atteindre les 2,7 millions<br />

d’inscriptions (hors inscriptions simultanées<br />

en licence et en CPGE) selon une<br />

étude de la DEPP publiée début 2020.<br />

Une tendance qui est en particulier <strong>du</strong>e<br />

à l’afflux des bacheliers de 2018, lié au<br />

LES PRÉSIDENTS D’UNIVERSITÉ ÉLUS EN 2020<br />

Année électorale dans les universités 2016<br />

a vu élire ou réélire :<br />

Lamri Adoui (Caen Normandie), David<br />

Alis (Rennes), Yvan Auguet (Perpignan),<br />

Mohammed Benlahsen (Picardie Jules<br />

Verne), Eric Berton (Aix-Marseille Université),<br />

Stéphane Braconnier (Paris 2<br />

Panthéon-Assas), Laurent Bordes (Pau<br />

et des Pays de l’Adour), Jean-Marc Broto<br />

(Toulouse III Paul Sabatier), Alain Bui<br />

(UVSQ), Eric Carpano (Jean Moulin Lyon<br />

3), Virginie Dupont (Bretagne Sud)n Dominique<br />

Federici (Corse), Frédéric Fleury<br />

(Claude Bernard Lyon 1), Christophe Fouqueré<br />

(Sorbonne Paris Nord), Anne Fraïsse<br />

(Montpellier 3 Paul Valéry), Alain Fuchs<br />

(Université PSL), Philippe Galez (Savoie<br />

Mont Blanc) , Guillaume Gellé (Reims),<br />

Philippe Gervais-Lambony (Paris-Nanterre),<br />

Arnaud Giacometti (Tours), Hugues<br />

Kenfack (Toulouse 1 Capitole), Pedro<br />

Lages Dos Santos (Le Havre Normandie),<br />

Yassine Lakhnech (Université Grenoble<br />

Alpes), Lionel Larré (Bordeaux Montaigne),<br />

Virginie Laval (Poitiers), Pasquale<br />

Mammone (Artois), Philippe Raimbault<br />

(Université fédérale de Toulouse), Sylvie<br />

Retailleau (Paris-Saclay), Hassane Sadok<br />

(Littoral-Côte d’Opale), Michel Terré (Hésam<br />

Université), Vincent Thomas (Bourgogne),<br />

Manuel Tunon de Lara (présidence<br />

de la Conférence des présidents d’université),<br />

Macha Woronoff (Franche-Comté).<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

boom démographique de l’an 2000. En<br />

cinq ans l’enseignement supérieur aura<br />

ainsi accueilli 219 800 étudiants supplémentaires.<br />

L’augmentation concerne<br />

toutes les formations à l’exception des<br />

classes préparatoires aux grandes écoles<br />

dont les effectifs baissent de 1,6 % en<br />

un an. Dans ce contexte très porteur<br />

l’enseignement supérieur privé performe :<br />

depuis 20 ans, les inscriptions dans<br />

l’enseignement privé ont doublé tandis<br />

qu’elles n’ont augmenté que de 14 % dans<br />

le secteur public.<br />

APPRENTISSAGE : LE BIG BANG !<br />

Avec une hausse de 16 % des entrées<br />

en 2019 - 353 000 nouveaux contrats<br />

en 2019 contre 302 000 en 2018 - le<br />

contrat d’apprentissage connaît un succès<br />

croissant. Au 31 décembre 2019, il y<br />

avait ainsi 485 800 apprentis en France.<br />

Un succès qu’il va falloir gérer : ce 31 janvier<br />

les 11 opérateurs de compétences,<br />

les OPCO, ont pris le relais des régions<br />

dans le financement de l’apprentissage.<br />

Non sans douleur puisque de nombreux<br />

contrats sont encore « orphelins » - on<br />

ne sait pas à quel OPCO ils se rattachent<br />

– ou difficiles à traiter, notamment quand<br />

l’apprenti a abandonné son entreprise en<br />

cours de route.<br />

Avec le Covid la perspective de voir des<br />

dizaines de milliers de jeunes contraints<br />

d’arrêter leurs études faute de financement<br />

a amené l’Etat à proposer un<br />

nouveau dispositif d’aide à l’embauche<br />

d’un apprenti. Les entreprises pourront<br />

ainsi recevoir 5 000 à 8 000 € de prime<br />

par an et par jeune embauché en contrat<br />

d’apprentissage.<br />

ELLES/ILS ONT BOUGÉ EN 2020<br />

• Jean-Baptiste Avrillier prend la direction<br />

de Centrale Nantes.<br />

• Pierre Benech a été recon<strong>du</strong>it dans ses<br />

fonctions d’administrateur général de<br />

Grenoble INP.<br />

• Mathias Emmerich a été nommé président<br />

exécutif <strong>du</strong> groupe INSEEC U.<br />

• Christophe Boisseau a été nommé directeur<br />

général de l’ESCE.<br />

• Hugues Brunet a été nommé délégué général<br />

de la Conférence des grandes écoles<br />

• Thierry Coulhon a été nommé président<br />

<strong>du</strong> Hcéres.<br />

• Elisabeth Crépon (photo) a été réélue à la<br />

présidence de la Commission des titres<br />

d’ingénieurs.<br />

• François Dellacherie a été nommé directeur<br />

de Télécom SudParis<br />

• Martin Hirsch a été nommé président <strong>du</strong><br />

Comité stratégique « Diversité sociale<br />

dans l’enseignement supérieur »<br />

• Isabelle Huault prend la présidence <strong>du</strong><br />

directoire et la direction générale de<br />

l’emlyon business school.<br />

• Thomas Jeanjean a été nommé directeur<br />

général adjoint de la Chambre de<br />

commerce et d’in<strong>du</strong>strie de région Paris<br />

Ile-de-France, en charge de l’E<strong>du</strong>cation.<br />

• Armel de La Bourdonnaye a été nommé<br />

directeur de l’Insa Hauts-de-France.`<br />

• Christian Lerminiaux a été recon<strong>du</strong>it à<br />

la direction de Chimie ParisTech-PSL.<br />

• Rostane Mehdi a été recon<strong>du</strong>it à la direction<br />

de Sciences Po Aix.<br />

• Abdellatif Miraoui a pris la direction de<br />

l’Insa Rennes.<br />

• Alexandre de Navailles a été nommé directeur<br />

général de Kedge BS.<br />

• José Milano a été nommé directeur général<br />

<strong>du</strong> Groupe INSEEC U.<br />

• Hervé Penan a été réélu directeur de Toulouse<br />

School of Management<br />

• Christian Roblédo a été réélu à la tête de<br />

l’Université d’Angers.<br />

• Benoit Roig a été réélu président de l’université<br />

de Nîmes<br />

• Patrick Scauflaire prend la direction de<br />

l’université catholique de Lille.<br />

• Ali Saïb a été nommé directeur de cabinet<br />

de Frédérique Vidal.<br />

• Peter Todd a démissionné de ses fonctions<br />

de directeur général et dean d’HEC<br />

• Catherine Xuereb a été élue présidente<br />

de Toulouse INP<br />

Elisabeth Crépon est réélue à la tête de la<br />

Commission des titres d’ingénieur (CTI) en 2020<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2021 : retour sur les campus<br />

C’est un grand ouf de soulagement que pousse petit à petit<br />

l’enseignement supérieur en actant le retour des étudiants<br />

sur les campus. S’il a fait ses preuves techniquement,<br />

le distanciel n’a pas convaincu de son efficacité<br />

pédagogique.<br />

Début 2021 les étudiants reviennent<br />

à pas modérés sur<br />

les campus. Cette reprise<br />

est partielle. Ce sont d’abord<br />

les publics prioritaires, les<br />

étudiants les plus fragiles en risque de<br />

décrochage massif, les néo-bacheliers,<br />

les étudiants étrangers et les étudiants<br />

en situation de handicap qui font leur<br />

retour. Pour tous il est temps. Depuis<br />

plusieurs semaines de nombreux présidents<br />

d’université tiraient la sonnette<br />

d’alarme : les étudiants souffrent d’être<br />

exclus de la vie universitaire et si plus<br />

de 75 % des étudiants sont satisfaits<br />

des dispositifs de travail à distance,<br />

son prolongement dans la <strong>du</strong>rée est<br />

difficilement envisageable. Plus largement<br />

va bientôt se poser la question de<br />

l’organisation des concours d’entrée<br />

dans les Grandes écoles. En postbac<br />

la disparition des écrits « classiques »<br />

est actée et l’étude de dossier prend<br />

largement le relais.<br />

des transformations qu’il pensait ne pouvoir<br />

accomplir qu’en plusieurs années. La<br />

montée en puissance <strong>du</strong> numérique était<br />

déjà au cœur des stratégies des écoles,<br />

avant de s’imposer ces derniers mois et<br />

de façon radicale, à marche forcée en<br />

raison de la crise <strong>du</strong> Covid et notamment<br />

<strong>du</strong> premier confinement.<br />

COMMENT FINANCER LA<br />

MONTÉE EN PUISSANCE DE<br />

L’APPRENTISSAGE ?<br />

On le pressentait : la réforme de l’apprentissage<br />

devait tôt ou tard achopper sur<br />

la question de son financement. Ce qu’on<br />

ignorait c’est que ce serait plus tôt que<br />

tard. Associée à la prime à l’embauche<br />

des jeunes la réforme aurait en effet,<br />

selon des chiffres provisoires, con<strong>du</strong>it<br />

à une hausse de 19 % de la signature de<br />

Concours : Sciences<br />

Po fait sa révolution<br />

La réforme tant discutée<br />

des admissions en première<br />

année à Sciences Po entre en<br />

vigueur en 2021. Finies les<br />

épreuves classiques, place à<br />

un recrutement très largement<br />

sur dossier tout en conservant<br />

un oral. « Nous voulons<br />

déconstruire le portrait de<br />

l’étudiant idéal de Sciences<br />

Po. C’est tout l’enjeu de la<br />

construction de cette nouvelle<br />

procé<strong>du</strong>re d’évaluation »<br />

explique Bénédicte Durand,<br />

la directrice de la formation,<br />

pour laquelle cette réforme<br />

doit permettre à Sciences<br />

Po de recevoir 30 % de<br />

boursiers dès 2021 (25 à<br />

27 % aujourd’hui) et surtout<br />

15 % d’étudiants issus de la<br />

procé<strong>du</strong>re CEP (Conventions<br />

E<strong>du</strong>cation Prioritaire en<br />

2023), soit la moitié des<br />

boursiers puisque la voie CEP<br />

sera réservée aux boursiers.<br />

DISTANCIEL / PRÉSENTIEL : LA<br />

NOUVELLE RÉALITÉ<br />

C’est le « new normal » et il est parti pour<br />

<strong>du</strong>rer. Avec la pandémie un nouvel enseignement<br />

supérieur voit le jour constitué<br />

de nouvelles briques numériques. Plus<br />

souple, plus résilient il s’impose à tous.<br />

Car la révolution entamée cette année<br />

est en fait largement une évolution de<br />

pratiques pédagogiques qui entraient<br />

peu à peu dans les mœurs. En 2020-<br />

2021, l’enseignement supérieur a en<br />

quelque sorte réalisé en quelques mois<br />

Neoma BS<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

nouveaux contrats d’apprentissage en<br />

2020 pour atteindre le chiffre record de<br />

420 000. Résultat : dès novembre 2020<br />

le ministère <strong>du</strong> Travail semblait tenté de<br />

s’attaquer au financement d’un apprentissage<br />

dans l’enseignement supérieur qu’il<br />

ne porte pas forcément dans son cœur.<br />

DE LA FIÈVRE DU BACHELOR AU<br />

GRAAL DU GRADE<br />

Finalement la Commission des titres<br />

d’ingénieur (CTI) aura été la plus ouverte<br />

que la Cefdg (Commission d’évaluation des<br />

formations et diplômes de gestion) pour<br />

remettre aux établissements ce fameux<br />

« grade de licence » tant atten<strong>du</strong>. 17 des<br />

33 dossiers que la CTI administrait ont<br />

en effet été reçus quand la Cefdg en a<br />

retoqué 20 sur 35 (retoqué signifiant<br />

aussi bien « négatif » que « réservé » en<br />

leur promettant de se revoir dans un an).<br />

NAISSANCE DE LA CDEFM,<br />

LES ÉCOLES DE MANAGEMENT<br />

AFFIRMENT LEUR<br />

INDÉPENDANCE<br />

Elles en parlaient depuis longtemps : les<br />

écoles de management transforment leur<br />

Chapitre au sein de la Conférence des<br />

Grandes écoles (CGE) en conférence<br />

propre. : la Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises de management.<br />

Sa présidence est logiquement assurée<br />

par la présidente de l’actuel Chapitre<br />

et directrice générale de Skema, Alice<br />

Guilhon qui confie : « La création de cette<br />

conférence permet d’établir une équité<br />

de représentation et de gouvernance<br />

entre écoles de management et écoles<br />

d’ingénieurs. Nous restons bien enten<strong>du</strong><br />

membres de la CGE tout comme les écoles<br />

d’ingénieurs et souhaitons remercier<br />

à cette occasion sa présidente et son<br />

délégué général qui ont permis ces dernières<br />

années à nos écoles d’être plus<br />

présentes et plus écoutées au sein des<br />

débats de l’ESR. »<br />

Sigem 2021 : ça bouge !<br />

Sa victoire n’avait pas pu<br />

être déclarée en 2020 faute<br />

de publication des résultats.<br />

Cette année l’Edhec peut<br />

enfin proclamer qu’elle a<br />

dépassé emlyon dans les<br />

choix des préparationnaires.<br />

Derrière l’autre école qui<br />

exulte est Skema : elle a<br />

dépassé Audencia BS. Bonne<br />

nouvelle également pour BSB<br />

qui fait le plein cette année<br />

après son petit trou d’air de<br />

2020 et gagne même une<br />

place au classement Sigem.<br />

Mais la palme revient à<br />

l’ICN : 15 e elle en gagne trois<br />

en deux ans. Sigem 2021 :<br />

ce qu’il faut en retenir…<br />

David Venier – Université Lyon 3<br />

CHOIX DES SPÉCIALITÉS :<br />

LES CHOIX DE LA PREMIÈRE<br />

COHORTE DU NOUVEAU BAC<br />

À la rentrée 2020, les élèves de terminale<br />

ont sélectionné pour la première<br />

fois deux enseignements de <strong>spécial</strong>ité<br />

parmi les trois suivis en première. La<br />

doublette la plus fréquente en terminale<br />

est la très classique « mathématiques,<br />

physique-chimie » issue pour<br />

moitié de la triplette « mathématiques,<br />

physique-chimie, SVT ». C’est aussi la<br />

doublette avec la plus importante surreprésentation<br />

d’élèves d’origine sociale<br />

très favorisée. La deuxième doublette<br />

la plus fréquente est « histoire-géographie,<br />

géopolitique et sciences politiques<br />

(HGGSP), SES » où quatre élèves sur<br />

dix avaient choisi les mathématiques<br />

en troisième enseignement de <strong>spécial</strong>ité<br />

en première. Les enseignements<br />

de <strong>spécial</strong>ité artistiques sont les moins<br />

fréquemment abandonnés, avec les SES,<br />

entre la première et la terminale. Enfin<br />

les mathématiques sont conservées en<br />

35


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

enseignement de <strong>spécial</strong>ité par 60 % des<br />

élèves, principalement par les garçons et<br />

les élèves d’origine sociale très favorisée.<br />

MOINS D’EMPLOIS MAIS PAS<br />

BIEN MOINS PAYÉS : LES<br />

DIPLÔMÉS DES GRANDES<br />

ÉCOLES FACE À LA CRISE<br />

17,7 % de la promotion 2020 des diplômés<br />

des Grandes écoles est encore en<br />

recherche d’emploi quand ils n’étaient<br />

que 10,2 % dans le même cas en 2019.<br />

Mais le niveau de salaire ne baisse lui<br />

que de 0,7 %. Si la crise est là elle est<br />

moins brutale qu’en 2008 par exemple.<br />

La part des diplômés de la promotion<br />

sortante en recherche d’emploi varie<br />

en effet fortement d’une année à l’autre,<br />

entre 9 et 20 % sur la période 2005-2021.<br />

Les violences sexistes et sexuelles (VSS)<br />

sur le devant de la scène<br />

L’onde de choc des révélations de l’ampleur<br />

des violences sexuelles et sexistes<br />

(VSS) dans l’enseignement supérieur<br />

marque l’année 2021. Les caractéristiques<br />

sont partout les mêmes : entre soi dans<br />

des résidences universitaires, poids des<br />

associations, omerta et, dans le cas de<br />

la plupart des école d’ingénieurs, une<br />

disproportion flagrante entre le nombre<br />

des étudiants hommes et femmes. Et<br />

partout il ne faut pas dire que rien n’a<br />

été fait ces dernières années pour lutter<br />

contre le VSS. Au contraire. A l’université<br />

d’Orléans la cellule de lutte contre les<br />

violences sexistes et sexuelles (CLVSS)<br />

forme ainsi face aux violences sexistes<br />

et sexuelles tout autant qu’elle écoute,<br />

aide, oriente et accompagne les membres<br />

de la communauté universitaire victimes<br />

ou témoins de violences sexistes ou<br />

sexuelles. A l’EM Normandie, les étudiants<br />

ambassadeurs « relais-campus »<br />

et les membres des associations sont<br />

formés afin de repérer et éviter les comportements<br />

à risques sur les campus,<br />

en entreprise (stage et alternance), en<br />

expatriation et lors de soirées.<br />

ELLES/ILS ONT BOUGE EN 2021<br />

• Thomas Allanic a été nommé directeur<br />

général de l’Inseec Grande école.<br />

• Philippe Augé a été réélu président de<br />

l’Université de Montpellier.<br />

• Carine Bernault a été élue présidente<br />

de la toute nouvelle Nantes Université.<br />

• Régis Bordet été élu président de l’université<br />

de Lille<br />

• Laurence Bertrand Dorléac a été choisie<br />

pour prendre la présidence de la<br />

FNSP (Fondation nationale des sciences<br />

politiques)<br />

• Eric Blond a été élu président de l’université<br />

d’Orléans.<br />

• Frank Bostyn a été nommé directeur<br />

de l’EBS.<br />

• Laurent Buisson a été nommé à la direction<br />

d’AgroParisTech.<br />

• Herbert Castéran a été recon<strong>du</strong>it dans ses<br />

fonctions de directeur général de l’EM<br />

Strasbourg.<br />

• Laurent Champaney a été élu président<br />

de la Conférence des Grandes écoles.<br />

• Sophie Commereuc a été nommée à la<br />

tête de Clermont Auvergne INP.<br />

• Michel Deneken a été réélu à la présidence<br />

de l’Université de Strasbourg.<br />

• Nathalie Dompnier a été réélue présidente<br />

de l’université Lyon 2.<br />

• Nathalie Drach-Temam a été élue présidente<br />

de Sorbonne Université.<br />

• Jean-Michel Durepaire a été nommé directeur<br />

de l’Estaca.<br />

• Claire Giry a été nommé directrice générale<br />

de la recherche et de l’innovation<br />

<strong>du</strong> ministère de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation<br />

• Mathilde Gollety a été élue présidente<br />

de la Cefdg (Commission d’évaluation<br />

des formations et diplômes de gestion).<br />

• Isabelle Klock-Fontanille a été élue présidente<br />

de l’université de Limoges.<br />

• Éric Lamarque a été réélu président<br />

d’IAE France et recon<strong>du</strong>it à la direction<br />

de l’IAE Paris Sorbonne Business School<br />

• Maryvonne Le Brignonen a été nommée<br />

à la tête de l’Institut national <strong>du</strong> service<br />

public, qui succédera à l’ENA le 1 er janvier<br />

2022.<br />

• Pascal Leroux a été élu président de l’université<br />

<strong>du</strong> Mans.<br />

HEC Paris<br />

• Lionel Luquin a été nommé directeur<br />

d’IMT Mines Albi<br />

• Frédéric Mion démissionne de son poste<br />

de directeur de Sciences Po suite à l’affaire<br />

Duhamel.<br />

• Frédéric Miranville a été réélu président<br />

de l’Université de La Réunion.<br />

• Pierre-Alain Muller a été élu président<br />

de l’Université de Haute-Alsace (UHA)<br />

• Christine Neau-Le<strong>du</strong>c a été élue<br />

présidente de l’université Paris 1<br />

Panthéon-Sorbonne.<br />

• Jean-Marc Ogier a été réélu le 12 janvier<br />

président de l’Université de La Rochelle.<br />

• Eloïc Peyrache (photo) a été nommé directeur<br />

général et dean d’HEC Paris.<br />

• Florent Pigeon a été élu président de<br />

l’Université Jean Monnet Saint-Étienne<br />

• Antonin Ricard a été élu directeur de<br />

l’IAE Aix-Marseille.<br />

• Christine Rivalan Guégo a été élue présidente<br />

de l’université Rennes 2<br />

• Gilles Roussel a été élu président de<br />

l’Université Gustave Eiffel.<br />

• François Stephan a été nommé directeur<br />

général de l’ECE.<br />

• Hélène Surrel a été élue directrice générale<br />

de Sciences Po Lyon<br />

• Frédéric Thivet a été nommé directeur<br />

général de l’EIGSI.<br />

• Assia Tria a été nommée directrice<br />

d’IMT Mines Alès.<br />

• Mathias Vicherat est nommé directeur<br />

de Sciences Po.<br />

Début 2021 Eloïc Peyrache prend<br />

la direction de HEC Paris<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2022 : comment<br />

enseigner la transition<br />

écologique ?<br />

Même si des frayeurs ont encore eu lieu en début<br />

d’année la crise <strong>du</strong> Covid-19 est dépassée en 2022.<br />

Alors que les questions d’enseignement supérieur<br />

n’ont guère été au centre de la campagne présidentielle<br />

on assiste enfin à une prise de conscience de la nécessité<br />

d’enseigner la transition écologique<br />

La publication <strong>du</strong> rapport <strong>du</strong><br />

paléoclimatologue Jean Jouzel<br />

« Sensibiliser et former aux enjeux<br />

de la Transition écologique<br />

et <strong>du</strong> Développement <strong>du</strong>rable<br />

dans l’Enseignement supérieur » marque<br />

une nouvelle étape dans la stratégie d’enseignement<br />

de la transition écologique<br />

dans l’enseignement supérieur.<br />

L’objectif est de « faire en sorte que<br />

chacun dispose des connaissances et<br />

de compétences à même de lui permettre<br />

d’agir pour la transition écologique en tant<br />

que citoyen et en tant que professionnel ».<br />

Pour ce faire, la commission estime que la<br />

« voie la plus adaptée est de généraliser<br />

l’approche par les compétences ».<br />

Tout en « respectant l’autonomie des<br />

établissements et la liberté académique »,<br />

le rapport Jouzel préconise que la transition<br />

écologique fasse « partie intégrante<br />

des parcours de formation ». Peu après<br />

la sortie étudiants d’Agro ParisTech dénonçant<br />

leur enseignement, leur appel à<br />

se détourner de jobs « destructeurs »,<br />

auxquels « AgroParisTech forme chaque<br />

année des centaines d’ingénieurs » a provoqué<br />

une onde de choc dans les écoles<br />

LES EPE ÇA MARCHE !<br />

Après les PRES, après les Comue les<br />

universités expérimentales (ou établissements<br />

expérimentaux, EPE) ou Comue tout<br />

aussi expérimentales semblent résoudre<br />

la quadrature <strong>du</strong> cercle en permettant<br />

aux universités et aux Grande écoles – <strong>du</strong><br />

moins d’ingénieurs – de cohabiter dans<br />

des structures suffisamment souples pour<br />

permettre à chacune de s’épanouir tout<br />

en conservant une certaine autonomie.<br />

Certes l’Université expérimentale de Paris<br />

apprenait qu’elle allait devoir abandonner<br />

son nom. Une fâcheuse erreur juridique<br />

et de communication mais qui ne remet<br />

pas en cause le projet. Plus fâcheuse<br />

est la situation à Toulouse où plusieurs<br />

projets concurrents se heurtent avec<br />

d’un côté une Comue expérimentale, de<br />

l’autre un EPE. A Paris enfin une toute<br />

nouvelle université nait autour d’une université<br />

Paris 2 Panthéon-Assas jusqu’ici<br />

réticente à toute alliance. Déjà certains<br />

EPE sortent en tout cas de la période<br />

d’expérimentation – qui pouvait <strong>du</strong>rer<br />

de deux à six ans jusqu’en 2018 – telle<br />

PSL qui a demandé à ne plus être dans<br />

cette période après seulement deux ans.<br />

Élection présidentielle :<br />

l’enseignement<br />

supérieur s’est engagé<br />

Face à une possible<br />

victoire de Marine Le Pen<br />

à l’élection présidentielle,<br />

l’enseignement supérieur<br />

s’engage largement à soutenir<br />

Emmanuel Macron. France<br />

Universités appelle ainsi à<br />

« combattre l’extrémisme<br />

que porte la candidature de<br />

Marine Le Pen et à voter<br />

pour Emmanuel Macron »<br />

quand la Cdefi « fait part<br />

de son désaccord profond<br />

avec le projet de société<br />

porté par le Rassemblement<br />

national et sa candidate et<br />

appelle à en tirer toutes les<br />

conséquences lors <strong>du</strong> vote<br />

<strong>du</strong> 24 avril prochain ».<br />

37


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Le campus virtuel de Neoma lui a permis de traverser la crise Covid<br />

Invasion de<br />

l’Ukraine : que peut<br />

faire l’enseignement<br />

supérieur ?<br />

L’ANNÉE DES NOUVEAUX<br />

CAMPUS<br />

Après des confinements qui ont mis en<br />

avant leur pouvoir d’attraction auprès<br />

des étudiants, 2022 est placée sous le<br />

signe des nouveaux campus. Inaugurés,<br />

comme celui de l’EM Normandie à Paris<br />

ou de Sciences Po, en construction, en<br />

projet, les bâtiments sortent de terre<br />

ou s’apprêtent à le faire. Ainsi le groupe<br />

OMNES E<strong>du</strong>cation a installé à la rentrée<br />

2022 trois de ses écoles - ESCE, HEIP et<br />

l’IFG Executive E<strong>du</strong>cation -, à La Défense<br />

sur 13 500 m². Le groupe Galileo compte<br />

bien quant à lui s’implanter en 2024 au<br />

cœur <strong>du</strong> quartier étudiant historique de<br />

Paris, rue Claude-Bernard dans les locaux<br />

qui étaient occupés par Agro ParisTech<br />

sur 20 000m 2 . L’enseignement supérieur<br />

profite ainsi d’un environnement financier<br />

particulièrement favorable, avec des<br />

taux d’intérêt très bas qui permettent<br />

de financer les projets.<br />

COMMENT FAIRE RIMER<br />

MÉTAVERS ET ENSEIGNEMENT<br />

SUPÉRIEUR<br />

Une école et un premier site dédiés à<br />

l’enseignement et au développement <strong>du</strong><br />

métavers dans l’enseignement supérieur<br />

sont nés cette année et les responsables<br />

de l’enseignement supérieur s’interrogent<br />

sur l’impact qu’auront les métavers sur<br />

leur activité. Le métavers déjà fait ! peuton<br />

répliquer chez Neoma qui a monté en<br />

2020 sur campus virtuel. Partie intégrante<br />

de la plateforme Laval Virtual World, le<br />

campus virtuel de NEOMA rassemble les<br />

espaces et les usages traditionnels d’un<br />

campus physique. L’objectif ? Permettre<br />

aux étudiants munis de leurs avatars –<br />

qui restent très proches de la réalité,<br />

on ne se déguise pas ici en dinosaures<br />

ou en Wonder Woman - l’interaction au<br />

sein d’un vrai campus pour garantir une<br />

expérience académique et étudiante la<br />

plus riche et complète possible, même<br />

à distance.<br />

COMMENT FINANCER LA<br />

MONTÉE EN PUISSANCE DE<br />

L’APPRENTISSAGE ?<br />

L’enseignement supérieur attendait avec<br />

une certaine inquiétude les décisions qui<br />

ont été prises mi juin 2022 par le conseil<br />

d’administration de France Compétences<br />

quant au financement de l’apprentissage.<br />

Plombé par un déficit est de plus en plus<br />

abyssal, que vient de l’analyser la Cour<br />

des Comptes, l’organisme se doit en effet<br />

de réagir. Les crédits alloués aux organismes<br />

de formation vont finalement être<br />

ré<strong>du</strong>its de 10% : la moitié le 1 er septembre<br />

2022 l’autre moitié 1er avril 2023. Cette<br />

baisse des financements résulte d’une<br />

étude <strong>du</strong> coût de chaque formation qui<br />

vont donc être plus ou moins touchés<br />

selon les cas. Une décision qui devrait<br />

permettre d’économiser jusqu’à 800<br />

millions d’euros par an, très loin donc<br />

<strong>du</strong> déficit de France Compétences en<br />

2021, qui était de 3,3 milliards d’euros<br />

mais n’est pas entièrement dû au coût<br />

de l’apprentissage.<br />

Neoma BS<br />

Alors que l’université<br />

ukrainienne de Kharkiv a été<br />

partiellement détruite par les<br />

frappes russes, la question<br />

est dans toutes les têtes :<br />

comment l’enseignement<br />

supérieur doit-il réagir<br />

face à l’invasion russe de<br />

l’Ukraine ? Le ministère de<br />

l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de<br />

l’Innovation (MESRI) a<br />

partiellement tranché :<br />

dans une circulaire<br />

de février 2022, il indique<br />

que les établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

doivent « suspendre les<br />

nouvelles coopérations<br />

bilatérales et les<br />

manifestations scientifiques<br />

avec la Russie sauf exception<br />

dûment justifiée et validée ».<br />

38


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

INFLATION, COÛT DE L’ÉNERGIE :<br />

L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PRIS À LA GORGE<br />

Comme l’ensemble des entreprises et<br />

des administrations, les établissements<br />

d’enseignement supérieur sont pris au<br />

dépourvus par l’explosion <strong>du</strong> coût de<br />

l’énergie. L’université de Strasbourg a<br />

ainsi budgété un doublement de sa facture<br />

énergétique qui passerait en 2023 de 10 à<br />

20 millions d’euros. A l’Insa Lyon on évoque<br />

un surcoût énergétique de 3,8 millions,<br />

de 5 millions à l’université Gustave-Eiffel<br />

ou encore aux alentours d’un million à<br />

l’Essec ou Neoma. Couplée à une inflation<br />

galopante cette hausse met en péril l’économie<br />

de tout le secteur mêmes si, pour<br />

le public, la ministre de l’enseignement<br />

supérieur, Sylvie Retailleau, promet que<br />

« la question des coûts de l’énergie va<br />

être traitée au cas par cas pour chaque<br />

établissement qui seront accompagnés,<br />

notamment les plus fragiles et ne doivent<br />

pas choisir entre emploi et postes ». Elle<br />

n’en demandera pas moins « des efforts<br />

exceptionnels aux établissements ». Ces<br />

mêmes établissements qui s’interrogent<br />

sur la capacité de l’État à trouver les<br />

centaines de millions d’euros nécessaires<br />

alors que la revalorisation <strong>du</strong> point d’indice<br />

des fonctionnaires -« entièrement<br />

compensée en 2023 » selon la ministre<br />

-, ne peut pas faire oublier d’autres ajustements<br />

en fonction de l’inflation.<br />

Les plans <strong>du</strong> futur campus de emlyon<br />

BS sont révélés en 2022<br />

emlyon BS<br />

ELLES/ILS ONT BOUGE EN 2022<br />

• Erik Anspach a été nommé directeur général<br />

de GOBELINS l’école de l’image.<br />

• Aline Aubertin prend la direction de<br />

l’Isep.<br />

• Faroudja Bouchentouf a été nommée directrice<br />

de l’ICD.<br />

• Hélène Boulanger a été élue présidente<br />

de l’Université de Lorraine.<br />

• Fouziya Bouzerda a été nommée directrice<br />

de Grenoble EM.<br />

• Stéphane Braconnier a été élu président<br />

<strong>du</strong> nouvel établissement expérimental<br />

Université Paris-Panthéon-Assas.<br />

• Anthony Briant a été nommé à la direction<br />

de l’École nationale des ponts<br />

et chaussées.<br />

• Nathalie Carrasco a été nommée présidente<br />

de l’École normale supérieure<br />

Paris-Saclay.<br />

• Yann Chamaillard a été nommé directeur<br />

de l’INSA Centre Val de Loire.<br />

• Laurent Champaney a été recon<strong>du</strong>it à la<br />

direction générale des Arts et Métiers.<br />

• Frank Debouck a été élu à sa présidence<br />

de la Comue Université de Lyon.<br />

• Michel Deneken a été élu président de<br />

l’association des universités de recherche<br />

Udice.<br />

• Jean-Luc Dubois-Randé a été réélu président<br />

de l’université Paris-Est Créteil.<br />

• Virginie Dupont a été élue vice-présidente<br />

de France Universités.<br />

• Céline Fasulo a été nommée directrice de<br />

l’École Centrale Lille.<br />

• Jacques Fayolle a été nommé directeur<br />

de Mines Saint-Etienne.<br />

• Bénédicte Fauvarque-Cosson a été nommée<br />

administratrice générale <strong>du</strong> Conservatoire<br />

national des arts et métiers<br />

• Jean-François Fiorina a été nommé directeur<br />

général de l’Ipag mais décédera<br />

malheureusement peu après.<br />

• Guillaume Gellé a été élu président de<br />

France Universités.<br />

• Olivier Ginez a été nommé directeur de<br />

cabinet de Sylvie Retailleau.<br />

• Michel Geoffroy, 48 ans, a été élu président<br />

de l’Université des Antilles.<br />

• Carole Grandjean a été nommée ministre<br />

déléguée chargée de l’Enseignement et<br />

de la Formation professionnels<br />

• Christophe Gravier a été élu directeur de<br />

Télécom Saint-Étienne.<br />

• Loïc Harriet a été nommé directeur général<br />

<strong>du</strong> groupe formation de la CCI Pau<br />

Béarn – ESC Pau Business School &<br />

CNPC Sport Business Campus<br />

• Donatienne Hissard a été nommée directrice<br />

générale de Campus France.<br />

• Claire Rossi a été nommée directrice<br />

de l’université de technologie de<br />

Compiègne,<br />

• Romain Huret a été élu président de<br />

l’EHESS.<br />

• Estelle Iacona a été élue à la présidence<br />

de l’université Paris-Saclay.<br />

• Christophe Lerouge a été nommé directeur<br />

d’IMT Atlantique<br />

• Dean Lewis a élu président de l’université<br />

de Bordeaux puis vice-président de<br />

France Universités.<br />

• Stéphane de Miollis a été nommé directeur<br />

général <strong>du</strong> groupe IGS.<br />

• Laurent Péridy a été nommé recteur de<br />

l’Université catholique de l’Ouest<br />

• Antoine Petit a été recon<strong>du</strong>it à la présidence<br />

<strong>du</strong> CNRS.<br />

• Vivien Quéma a été nommé directeur<br />

de l’Ensimag.<br />

• Sylvie Retailleau (photo) a été nommée<br />

ministre de l’Enseignement supérieur et<br />

de la Recherche.<br />

• Caroline Roussel a pris la direction de<br />

l’Iéseg.<br />

• Alain-Louis Schmitt a été recon<strong>du</strong>it dans<br />

ses fonctions de directeur de l’IMT (Institut<br />

Mines Telecom) Lille Douai.<br />

• Richard Soparnot a été nommé directeur<br />

général de l’ESC Clermont Business<br />

School.<br />

• Loïck Roche a été nommé directeur général<br />

adjoint et directeur académique <strong>du</strong><br />

Groupe IGS<br />

• Sébastien Tran a été nommé directeur général<br />

<strong>du</strong> Pôle Léonard de Vinci.<br />

• Gilles Vandecaveye a été nommé directeur<br />

général de l’Icam.<br />

• Sonia Wanner a été nommée directrice<br />

de l’Eseo.<br />

• Frédéric Worms a été nommé directeur<br />

l’ENS Paris-PSL.<br />

• Pierre-Paul Zalio a été élu président de<br />

l’établissement public campus Condorcet,<br />

En 2022 Sylvie Retailleau échange son<br />

costume de présidente d’université contre<br />

celui de ministre de l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche<br />

39


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

2023 : l’enseignement<br />

supérieur privé<br />

en question<br />

Toute l’année 2023 aura été marquée par les débats<br />

sur l’enseignement supérieur privé et notamment celui<br />

à but lucratif opposé aux établissements d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général (EESPIG).<br />

Un débat toujours en cours…<br />

Au cours de la décennie 2010-<br />

2020, la part <strong>du</strong> secteur<br />

privé dans l’enseignement<br />

supérieur est passée de 19,1<br />

% à 26,1 % des effectifs globaux<br />

soit 767 000 étudiants. Mais alors<br />

qu’on attendait les résultats de la mission<br />

lancée par la DGESIP (Direction générale<br />

de l’enseignement supérieur et de l’insertion<br />

professionnelle) sur l’enseignement<br />

supérieur supérieur privé lucratif, de plus<br />

en plus de voix se faisaient entendre en<br />

2023 pour demander plus de transparence.<br />

Boosté par le développement de<br />

l’apprentissage le développement de l’enseignement<br />

supérieur privé lucratif est au<br />

centre des débats avec la seule question<br />

qui vaille : le retour sur investissement<br />

des étudiants est-il à la hauteur de leur<br />

investissement comme de celui de la<br />

nation ? Fin mars 2023 lors de la journée<br />

célébrant les 30 ans de l’UGEI (Union des<br />

grandes écoles indépendantes) la Dgesip,<br />

Anne-Sophie Barthez, a voulu rassurer<br />

les acteurs privés en insistant sur le fait<br />

que la « nature des établissements ne<br />

devrait pas être prise en compte pour<br />

juger de la qualité de leurs formations »<br />

tout en insistant qu’il faut « aussi être<br />

extrêmement sévère avec les officines,<br />

c’est honteux, c’est illégal et ça sacrifie<br />

professionnellement et académiquement<br />

des jeunes ».<br />

L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

FRANÇAIS DE NOUVEAU À LA<br />

CONQUÊTE DU MONDE<br />

En 2023 l’EM Normandie inaugure son<br />

campus à Dubaï, TBS E<strong>du</strong>cation un nouveau<br />

campus à Barcelone où elle a doublé<br />

ses capacités, le réseau d’écoles d’ingénieurs<br />

Icam s’implante dans le monde<br />

entier, emlyon s’étend en Inde, après la<br />

crise Covid l’enseignement supérieur<br />

français repart en 2023 à la conquête <strong>du</strong><br />

monde. Avec la volonté aussi de former<br />

sur place des étudiants locaux ce en qquoi<br />

la pandémie a précipité le mouvement. Et<br />

si l’EM Normandie se développe en propre<br />

à Dubaï, la plupart des implantations de<br />

campus se font avec des partenaires<br />

locaux. Ou des réseaux d’universités pour<br />

l’Icam avec des universités jésuites. Mais<br />

un autre modèle est possible : celui de la<br />

franchise. Sur ce modèle l’école de mode<br />

Esmod est présente dans 13 pays, dont<br />

Dubaï. Dans l’hôtellerie Vatel possède 55<br />

campus dont plus de 30 pays.<br />

La Conférence des<br />

Grandes écoles<br />

fête ses 50 ans<br />

« Les Grande écoles sont le<br />

creuset de l’excellence pour<br />

former les cadres de demain.<br />

Elles portent la recherche et<br />

l’innovation sans sacrifier<br />

une vision de long terme<br />

et plus fondamentale »,<br />

est venue exprimer Sylvie<br />

Retailleau, ministre de<br />

l’Enseignement supérieur et<br />

la Recherche, lors <strong>du</strong> congrès<br />

anniversaire de la Conférence<br />

des Grandes écoles. « Malgré<br />

nos efforts de la perception<br />

des Grandes écoles reste<br />

floue. On entend encore<br />

souvent l’impression que les<br />

Grandes écoles ont pour but<br />

de gagner de l’argent et nous<br />

devons expliquer que nous<br />

avons toutes une mission de<br />

service public, surtout aux<br />

nouveaux parlementaires »,<br />

n’en regrette pas moins<br />

son président, Laurent<br />

Champaney.<br />

40


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

LES ÉCOLES D’INGÉNIEURS<br />

À L’HEURE DES TRANSITIONS<br />

Après l’Institut Mines Télécom (IMT) en<br />

décembre ce sont deux écoles d’ingénieurs<br />

(Estaca et IMT Nord Europe) qui<br />

ont présenté le 2 février leurs nouvelles<br />

stratégies. En se définissant comme<br />

« l’école des transitions » JUNIA va encore<br />

plus loin. Leur point commun : un<br />

repositionnement sur les transitions<br />

environnementale et sociétale. Un repositionnement<br />

très fort quand on se<br />

souvient qu’en 2020 le rapport <strong>du</strong> think<br />

tank des Arts et Métiers « Quels ingénieurs<br />

pour l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> futur ? » évoquait<br />

certes « un monde complexe » mais ne<br />

proposait aucun chapitre consacré au<br />

développement <strong>du</strong>rable. En moins de trois<br />

ans le regard des ingénieurs aura ainsi<br />

profondément évolué. Sans doute parce<br />

que, comme on l’explique <strong>du</strong> côté de IMT<br />

Nord Europe, les étudiants « affirment de<br />

plus en plus une quête de sens dans leur<br />

métier futur et accordent désormais une<br />

importance particulière aux formations<br />

à forte dimension environnementale ».<br />

En 2023 la Conférence des Grandes<br />

écoles (CGE) fête ses 50 ans à la Cité<br />

internationale universitaire de Paris<br />

LES CLASSE PRÉPARATOIRES<br />

S’INTERROGENT SUR LEUR<br />

AVENIR<br />

« Les effectifs en classes préparatoires<br />

aux grandes écoles de nouveau en baisse<br />

à la rentrée 2022-2023 » titre le SIES<br />

dans une note qui établit que la baisse<br />

<strong>du</strong> nombre d’élèves est, pour la deuxième<br />

année consécutive, de 2,6%. L’inquiétude<br />

est surtout palpable <strong>du</strong> côté des classe<br />

préparatoires économiques et commerciales,<br />

particulièrement impactées<br />

en 2021 avec une baisse de 13% des<br />

nouveaux élèves. Un projet de réforme<br />

envisagé pour la rentrée 2024 y soulève<br />

la colère des professeurs alors que la<br />

fermeture de dizaines de classes est<br />

envisagée au vu de la baisse des effectifs.<br />

ET CHATGPT VINT TOUT<br />

DISRUPTER<br />

A peine la question <strong>du</strong> distanciel parvenue<br />

à un certaine maturité, les espérances<br />

des métavers repoussées aux calendes<br />

grecques, l’enseignement supérieur s’est<br />

vu confronté à un défi bien plus puissant<br />

début 2023 avec l’arrivée de ChatGPT<br />

et des différents outils d’Intelligence<br />

artificielle (IA). Un ChatGPT qui offre une<br />

sorte de miroir inversé à l’enseignement<br />

supérieur dans sa mission essentielle :<br />

Que vaut la pro<strong>du</strong>ction de connaissance<br />

quand une IA pro<strong>du</strong>it cette connais-<br />

O. R<br />

Recherche ingénieurs<br />

désespérément<br />

« Formez-en plus ! » enjoint<br />

le ministre de l’Économie,<br />

Bruno Lemaire, à des<br />

écoles d’ingénieurs qui le<br />

demandent depuis 20 ans<br />

mais s’interrogent : où est<br />

le vivier qui va permettre<br />

de diplômer 10 000 voire<br />

plus d’ingénieurs chaque<br />

année ? L’enquête annuelle de<br />

l’Observatoire des ingénieurs<br />

et scientifiques menée par<br />

IESF le confirme : la France<br />

a plus que jamais besoin<br />

d’ingénieurs. S’il y a eu cette<br />

année une augmentation<br />

de presque 3% en un an<br />

<strong>du</strong> nombre d’ingénieurs en<br />

France (de 1 191 000 fin 2021<br />

à 1 225 000 fin 2022), le taux<br />

de chômage des ingénieurs<br />

reste significativement<br />

faible à 2,7%.<br />

41


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DOSSIER JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Des étudiants de l’EM Normandie sur le<br />

campus qu’elle inaugure à Dubaï en 2023<br />

sance ? Certes ChatGPT ne pro<strong>du</strong>it que<br />

des contenus écrits relativement basiques<br />

– avec encore pas mal d’erreurs au milieu<br />

d’excellentes démonstrations - mais c’est<br />

ceux qu’on demande essentiellement<br />

au lycée et encore largement dans les<br />

premières années de l’enseignement<br />

supérieur. « Plutôt que de le fuir, l’ignorer<br />

et considérer que les élèves feront de<br />

même, les institutions d’enseignement<br />

doivent rapidement s’emparer de l’outil<br />

au risque de se faire dépasser, déborder.<br />

D’autant plus que l’outil peut aussi<br />

présenter de gros avantages pour les<br />

enseignants et peut être mis au service<br />

de l’apprentissage si nous l’utilisons judicieusement<br />

», suggère alors Stéphane<br />

Justeau, doyen associé à la pédagogie<br />

de l’Essca.<br />

EM Normandie<br />

ELLES/ILS ONT BOUGE EN 2023<br />

• Tamym Abdessemed est nommé<br />

dean d’Excelia Business School et directeur<br />

général adjoint d’Excelia.<br />

• David Alis a été élu président de la nouvelle<br />

Université de Rennes.<br />

• Benoît Aubert a été nommé directeur<br />

général de l’ESLSCA Business School.<br />

• Dominique Baillargeat, directrice de<br />

3iL Ingénieurs, a été élue vice-présidente<br />

de la Cdefi<br />

• Clémence Bernard a été nommée directrice<br />

de l’EBI.<br />

• Romuald Boné, directeur de l’INSA<br />

Strasbourg, a été élu vice-président de<br />

la Cdefi.<br />

• Vincent Bouhier a été élu président de<br />

l’université d’Évry Paris-Saclay.<br />

• Adilson Borges a été nommé directeur<br />

général et doyen de Rennes SB.<br />

• Mourad Boukhalfa, directeur de l’INSA<br />

Rouen Normandie, a pris la présidence<br />

<strong>du</strong> groupe Insa.<br />

• Frank Bournois (photo) prend la direction<br />

de la China Europe International<br />

Business School, la CEIBS.<br />

• Herbert Castéran prend la direction de<br />

l’Institut Mines Télécom business school.<br />

• Rémy Challe a été nommé directeur général<br />

<strong>du</strong> groupe TALIS.<br />

• Marie-Christine Chalus a été élue directrice<br />

générale de iaelyon School of<br />

Management<br />

• Laura Chaubard a été nommée présidente<br />

par intérim <strong>du</strong> conseil d’administration<br />

de l’Ecole polytechnique.<br />

• Ronan Congar a été élu président de<br />

la Comue Normandie université.<br />

• Thierry Coulhon a été nommé président<br />

par intérim <strong>du</strong> conseil d’administration<br />

de l’Institut polytechnique de Paris.<br />

• Cécile Delolme, directrice de l’ENTPE<br />

a été élue vice-présidente de la Cdefi.<br />

• Emmanuel Duflos a été nommé directeur<br />

de l’EPF et élu président de la Cdefi.<br />

• Guillaume Ferrante a été nommé directeur<br />

délégué de l’ESCE.<br />

• Vincent Gouëset a été élu président de<br />

Rennes 2.<br />

• Guillaume Garnotel prend la direction<br />

INSEEC Grande École<br />

• Emmanuelle Garnier a été réélue à la<br />

tête de l’université Toulouse Jean Jaurès.<br />

• Christian Gollier a été élu directeur de<br />

Toulouse School of Economics.<br />

• Édouard Kaminski a été élu président<br />

de l’université Paris Cité.<br />

Hugues Kenfack a été élu président de<br />

l’université Toulouse Capitole<br />

• Léon Laulusa a été nommé directeur général<br />

de ESCP<br />

• Xavier Leroux a été réélu président de<br />

l’Université de Toulon.<br />

• Georges Linarès a été élu à la présidence<br />

d’Avignon université.<br />

• Olivier Maillard a pris la direction de<br />

l’Ipag.<br />

• Vincent Mangematin a été nommé directeur<br />

de l’Esdes.<br />

• Thomas Maurer a été nommé directeur<br />

de Centrale Lille.<br />

• Évelyne Mauret a été nommée directrice<br />

de Grenoble INP – Pagora.<br />

• Babak Mehmanpazir a été élu directeur<br />

général de l’EM Strasbourg Business.<br />

• José Milano a été nommé président exécutif<br />

<strong>du</strong> groupe OMNES E<strong>du</strong>cation.<br />

• François Moog a été nommé recteur de<br />

l’Institut catholique de Toulouse.<br />

• Laure Morel, directrice de l’ENSGSI, a<br />

été élue vice-présidente de la Cdefi.<br />

• Daniel Mouchard a été élu président de<br />

l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.<br />

• Pascal Olivard a été élu président de<br />

l’Université de Bretagne occidentale.<br />

• Naomi Peres est nommée directrice <strong>du</strong><br />

cabinet de la ministre de l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche<br />

• Julien Renoult a pris la tête <strong>du</strong> groupe<br />

YSchools.<br />

• Romain Soubeyran a été renouvelé à la<br />

direction de de Centrale<strong>Sup</strong>élec.<br />

• Michael Toplis a été élu président de<br />

l’Université de Toulouse.<br />

• Francisco Veloso a été nommé doyen<br />

de l’INSEAD.<br />

• Laurent Yon a été élu président de l’université<br />

de Rouen Normandie.<br />

Frank Bournois quitte la direction de l’ESCP<br />

en 2023 pour s’envoler vers la China Europe<br />

International Business School, la CEIBS.<br />

42


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAITS JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Ils font l’enseignement<br />

supérieur : 10 portraits<br />

pour notre 500° numéro<br />

Chaque année nous publions dans l’<strong>Essentiel</strong> <strong>du</strong> <strong>Sup</strong><br />

plus de cinquante entretiens et portraits. Nous vous<br />

proposons dans les pages suivantes de retrouver dix<br />

portraits particulièrement emblématiques de ceux qui<br />

font l’enseignement supérieur. Vous pouvez retrouver<br />

tous nos portraits sur le blog de l’<strong>Essentiel</strong> <strong>du</strong> <strong>Sup</strong> avec<br />

les liens suivants :<br />

Laurent Champaney<br />

(Arts et Métiers<br />

et CGE)<br />

Vincenzo Esposito Vinzi<br />

(Essec)<br />

Alain Fuchs<br />

(PSL)<br />

Alice Guilhon<br />

(Cdefm et Skema)<br />

Isabelle Huault<br />

(emlyon)<br />

Léon Laulusa<br />

(ESCP)<br />

Delphine Manceau<br />

(Neoma)<br />

Emmanuel Métais<br />

(Edhec)<br />

El Mouhoub Mouhoud<br />

(Paris-Dauphine)<br />

Eloïc Peyrache<br />

(HEC Paris)<br />

43


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Arts et Métiers<br />

LAURENT<br />

CHAMPANEY<br />

Président de la<br />

Conférence des<br />

Grandes écoles<br />

(CGE) et directeur<br />

des Arts et Métiers<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Laurent Champaney,<br />

le mantra de la recherche appliquée<br />

Comment se forge un<br />

destin ? Pour Laurent<br />

Champaney le déclic<br />

qui change une vie<br />

s’est pro<strong>du</strong>it en<br />

seconde : « Je n’étais<br />

pas particulièrement<br />

bon élève, au point<br />

que mes parents<br />

avaient envisagé<br />

de m’inscrire<br />

dans l’école<br />

professionnelle<br />

d’EDF. J’ai finalement<br />

choisi une seconde<br />

technique. Mes<br />

rencontres avec<br />

l’acier, la matière,<br />

l’usinage, la fonderie,<br />

m’ont donné envie<br />

de comprendre et<br />

une vraie passion<br />

pour les sciences et<br />

les technologies ».<br />

Une passion qui l’a<br />

amené à la direction<br />

des Arts et Métiers<br />

puis à la présidence<br />

de la Conférence<br />

des Grandes<br />

écoles (CGE).<br />

Une présidence à<br />

laquelle il souhaite<br />

aujourd’hui briguer<br />

un deuxième mandat<br />

à l’occasion <strong>du</strong><br />

renouvellement de<br />

ses instances en<br />

juin 2023.<br />

L’entrée dans la carrière<br />

universitaire<br />

Laurent Champaney poursuit donc<br />

ses études en filière E (remplacée en<br />

1995 par la filière S options sciences<br />

de l’ingénieur) puis par une classe<br />

préparatoire à Angers – sa ville de<br />

naissance – avant d’obtenir un DEA<br />

en mécanique des structures de<br />

l’université Pierre et Marie Curie<br />

(aujourd’hui Sorbonne Université) et<br />

d’intégrer l’ENS Cachan (devenue ENS<br />

Paris-Saclay) : « J’aurais pu entrer aux<br />

Arts et Métiers après ma prépa mais<br />

je pensais déjà à enseigner, à donner<br />

envie aux autres de comprendre le<br />

monde et de le changer. Et être payé<br />

me donnait également une certaine<br />

indépendance ». Et s’il poursuit sa<br />

route universitaire en obtenant une<br />

agrégation puis en doctorat avec<br />

« Une nouvelle approche mo<strong>du</strong>laire<br />

pour l’analyse d’assemblages de<br />

structures tridimensionnelles »<br />

c’est toujours avec une vision très<br />

opérationnelle : « Ce qui me passionne<br />

c’est la recherche appliquée. J’aime<br />

réaliser des choses, bricoler. Je<br />

n’ai jamais vraiment été intéressé<br />

par la partie publication <strong>du</strong> métier<br />

d’enseignant-chercheur ni pas les<br />

congrès ».<br />

Son premier poste d’enseignant<br />

sera en 1996 de PRAG à l’Université<br />

Versailles Saint-Quentin où il<br />

deviendra ensuite maître de<br />

conférence jusqu’en 2005. Il y<br />

rencontre l’une des femmes qui vont<br />

marquer sa carrière, Raymonde<br />

Drouot, la directrice <strong>du</strong> département<br />

de mécanique : « J’ai toujours eu<br />

des mentors femmes comme Marie<br />

Reynier, qui a été ma professeure<br />

à Cachan avant de diriger les Arts<br />

et Métiers puis d’être conseillère <strong>du</strong><br />

Premier ministre, Edouard Philippe, ou<br />

Claire Dupas qui me confie la direction<br />

<strong>du</strong> département de génie mécanique<br />

de l’ENS Cachan ». Il y passera sept<br />

ans avant de rejoindre les Arts et<br />

Métiers en 2012.<br />

L’expérience américaine<br />

Sept années ponctuées par un<br />

passage d’un an aux Etats-Unis.<br />

En 2009 Laurent Champaney est<br />

professeur invité à l’université de<br />

Californie à Los Angeles, la très<br />

fameuse UCLA, avec une disponibilité<br />

d’un an : « C’était un projet de<br />

recherche qui n’a pas vu le jour. J’ai<br />

finalement beaucoup enseigné à<br />

des étudiants de troisième année de<br />

bachelor ». Installé à Santa Monica, il y<br />

retrouve un environnement américain<br />

44


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Arts et Métiers<br />

qu’il connaissait déjà bien pour y avoir<br />

souvent voyagé avec ses parents<br />

dans le cadre d’échanges de maison :<br />

« Mais je n’étais pas pour autant<br />

totalement fluent. J’ai passé beaucoup<br />

de temps à améliorer mon anglais.<br />

Cela a été une superbe expérience<br />

professionnelle ». Aujourd’hui encore il<br />

voyage beaucoup pour « comprendre<br />

les autres ».<br />

Professeur aux Etats-Unis il y<br />

apprécie beaucoup la dynamique,<br />

la fierté d’être étudiant comme<br />

enseignant : « On y retrouve à la fois<br />

un profond respect <strong>du</strong> professeur<br />

et une certaine proximité. Après<br />

l’examen final j’ai eu beaucoup de<br />

remerciements de mes étudiants, un<br />

peu comme en classe préparatoire<br />

à l’agrégation à l’ENS ». Il y est en<br />

revanche « surpris <strong>du</strong> caractère<br />

très académique des formations<br />

d’ingénieur » : « Il n’y avait qu’un seul<br />

TP et il consistait, pour des raisons<br />

de sécurité, à seulement regarder un<br />

technicien utiliser une machine ».<br />

De plus les étudiants sont « très<br />

passifs, même en doctorat » : « C’est<br />

aussi pour cela que nos doctorants<br />

sont très appréciés : ils ont une<br />

vraie réflexion ». Aujourd’hui il dit<br />

encore à ses étudiants combien cette<br />

expérience a été « formidable » mais<br />

qu’il ne « faut pas réaliser son PhD<br />

là-bas ».<br />

Déjà père de deux enfants, Laurent<br />

Champaney découvre également ce<br />

qu’est le système é<strong>du</strong>catif américain :<br />

« Au lycée tout le monde est ensemble<br />

et les professeurs donnent de la fierté<br />

à tout le monde. C’est très agile avec<br />

des professeurs hyper investis ».<br />

Son arrivée aux Arts et Métiers<br />

en 2012<br />

Après trois autres années passées à<br />

l’UVSQ, Laurent Champaney accepte<br />

en 2012 le poste de directeur général<br />

adjoint des Arts et Métiers que lui<br />

conseille de prendre Marie Reynier ?<br />

Arrivé en même temps que le nouveau<br />

directeur, Laurent Carraro, il prendra<br />

sa suite à la direction générale de<br />

l’école en 2017 quand ce dernier<br />

décide de partir après un premier<br />

mandat et lui « tend la perche » pour<br />

lui succéder :« Je ne me sentais pas<br />

encore prêt, je pensais plutôt à la<br />

direction d’une plus petite école, j’avais<br />

déjà répon<strong>du</strong> à une candidature pour<br />

un poste de directeur général adjoint<br />

à Centrale<strong>Sup</strong>élec mais à attendre le<br />

bon moment on ne fait jamais rien ! »<br />

Et très tôt Laurent Champaney a su<br />

se rendre utile. Président <strong>du</strong> BDE de<br />

l’ENS, directeur <strong>du</strong> département de<br />

génie mécanique de l’ENS Cachan,<br />

vice-président de jurys d’agrégation,<br />

président de la Conférence des<br />

Grandes écoles (CGE) depuis<br />

2021, il enchaine les postes et les<br />

responsabilités.<br />

De ses cinq années aux côtés de<br />

Laurent Carraro, parfois difficiles<br />

tant l’opposition entre celui-ci et la<br />

puissante association des anciens fut<br />

frontale, il conserve le souvenir de<br />

« sa capacité à innover » : « Il a mis<br />

l’école dans une bonne dynamique<br />

avec le changement de statut et le<br />

passage à un établissement unique<br />

des huit campus de l’école ». Pendant<br />

ces années Laurent Champaney aura<br />

notamment été à la base de la création<br />

<strong>du</strong> bachelor des Arts et Métiers,<br />

l’un des tous premiers à voir le jour<br />

dans une école d’ingénieurs, et <strong>du</strong><br />

développement de l’apprentissage<br />

qui concerne aujourd’hui 1 000 de ses<br />

6 000 étudiants.<br />

45


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Deux mandats à la tête des Arts<br />

et Métiers<br />

Pendant son premier mandat Laurent<br />

Champaney aura ouvert de nombreux<br />

dossiers comme la filialisation des<br />

activités de formation continue, la<br />

restructuration de la pédagogie,<br />

la dynamisation de la recherche<br />

et surtout le retour à une situation<br />

financière saine. Mais en 2022 devaitil<br />

postuler un deuxième mandat ?<br />

« Je me suis posé la question.<br />

J’avais indiqué que je ne ferai pas de<br />

deuxième mandat, qu’après dix ans il<br />

fallait que je pense à changer. Peutêtre<br />

à repartir à l’étranger. Mais le<br />

Covid avait repoussé la conclusion de<br />

nombreux dossiers. Je voulais encore<br />

renouveler la dimension métiers de<br />

l’école, notamment en y ajoutant une<br />

couche digitale, pour réaffirmer notre<br />

identité et réancrer l’école sur ses<br />

fondamentaux, lui donner une fierté.<br />

Il faut également inscrire l’école dans<br />

une politique RSE plus affirmée. J’ai<br />

décidé de rester. »<br />

Cette dimension numérique passe<br />

par le développement d’une Evolutive<br />

Learning Factory, une sorte<br />

d’« usine école évolutive » : « Avec le<br />

développement de l’apprentissage,<br />

il s’agit de transformer notre outil<br />

pratique de formation pour former<br />

plus d’étudiants ». Mais encore faut-il<br />

trouver des moyens comme c’est le<br />

cas pour certains laboratoires de<br />

l’école qui n’ont pas de financement<br />

récurrent tout en demandant des<br />

investissements importants en termes<br />

d’équipements. La solution : « Aller<br />

chercher des financements pour la<br />

formation comme nous le faisons pour<br />

la recherche. Il ne faut pas toujours<br />

tout attendre de l’Etat ». Seulement il<br />

ne faut pas non plus que l’Etat mette<br />

Aux Arts et Métiers l’enseignement passe d’abord par l’expérientiel<br />

des bâtons dans les roues de l’école<br />

comme il l’a fait en bloquant une très<br />

mesurée augmentation des droits de<br />

scolarité en 2021 : « Nous envisagions<br />

une augmentation de 1900€ par an<br />

pour les 80 % de nos élèves qui ne<br />

sont pas boursiers, soit un total de<br />

2 500 € par an qui nous aurait permis<br />

de dégager chaque année deux<br />

millions d’euros supplémentaires sur<br />

un budget total de 130 millions avec<br />

nos filiales. Une hausse qui nous aurait<br />

mis au même niveau que la plupart<br />

des écoles qui nous précèdent dans<br />

les classements. Mais nous avons<br />

rencontré l’opposition d’un certain<br />

nombre d’étudiants et d’alumni qui<br />

mettaient en avant des questions<br />

d’ascenseur social ».<br />

Le modèle des Arts et Métiers et<br />

des Grandes écoles<br />

Arts et Métiers c’est 11 implantations,<br />

huit campus et trois sites dans toute<br />

la France. Un modèle multisite qui<br />

rapproche l’école des collectivités, un<br />

modèle de formation avec beaucoup<br />

d’équipements qui lui donnent de la<br />

valeur mais… pas toujours assez<br />

de moyens pour se développer :<br />

« Nous sommes persuadés d’être le<br />

modèle utile pour l’in<strong>du</strong>strie. Ce que<br />

nous demandons à l’Etat ce n’est<br />

pas de l’argent mais de l’agilité ».<br />

Un exemple : son corps professoral<br />

spécifique, recruté après une<br />

première carrière dans l’in<strong>du</strong>strie,<br />

est en voie de s’éteindre : « Le plus<br />

jeune a aujourd’hui 53 ans alors que<br />

nous avons besoin de ce type de<br />

profil qui n’entre pas dans les grilles<br />

de la fonction publique ». Pour y<br />

Arts et Métiers<br />

46


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Arts et Métiers<br />

Un laboratoire de lasers des Arts et Métiers<br />

remédier l’école fait participer des<br />

enseignants payés par sa filiale<br />

aux enseignements : « Nous avons<br />

besoin de ces enseignants moins<br />

académiques pour délivrer des<br />

cours en formation initiale mais aussi<br />

en apprentissage et en formation<br />

continue ».<br />

A la présidence de la Conférence<br />

des Grandes écoles depuis 2021,<br />

Laurent Champaney y a découvert<br />

d’autres modèles, qui l’ont « aidé à<br />

trouver d’autres façons de faire ».<br />

« Il ne faut pas hésiter à ouvrir plus<br />

de partenariats public – privé comme<br />

à CY Cergy Paris Université ou à<br />

l’université Gustave Eiffel qui se sont<br />

toutes deux rapprochées d’école<br />

d’ingénieurs privées », prône-t-il. A la<br />

CGE il vit une expérience qui « profite<br />

à l’école en termes de visibilité » tout<br />

en lui permettant de faire avancer<br />

les dossiers des Grandes écoles :<br />

« Nous faisons beaucoup de lobbying<br />

parlementaire. Un aspect sur lequel<br />

nous ne communiquons sans doute<br />

pas assez ».<br />

Les « jumeaux numériques »<br />

des Arts et Métiers<br />

« Vous vous déplacez avec<br />

votre GPS : Google Map<br />

est un jumeau <strong>du</strong> système<br />

routier connecté au réel qui<br />

envoie des informations<br />

pour affiner les calculs<br />

et proposer un meilleur<br />

itinéraire. » C’est ainsi que<br />

Laurent Champaney explique<br />

ce que sont les jumeaux<br />

numériques qui envahissent<br />

aujourd’hui tous les secteurs<br />

et pour le développement<br />

desquels son école a reçu<br />

des financements. Son JENII<br />

(Jumeaux d’Enseignement<br />

Numériques Immersifs et<br />

Interactifs) bénéficie en effet<br />

<strong>du</strong> plus important budget<br />

de l’appel à manifestations<br />

d’intérêt « Démonstrateurs<br />

Numériques dans<br />

l’Enseignement<br />

<strong>Sup</strong>érieur » (DemoES).<br />

« Aujourd’hui quand les<br />

avions sont inspectés<br />

visuellement, les<br />

informations sont envoyées<br />

à leur jumeau numérique.<br />

Un bâtiment neuf possède<br />

son jumeau numérique »,<br />

reprend le directeur. Ces<br />

jumeaux peuvent également<br />

être très réels comme quand<br />

un golfeur est modélisé<br />

en laboratoire pour lui<br />

permettre d’améliorer ses<br />

mouvements tout en évitant<br />

de se blesser : « Avec JENII<br />

nous développons une<br />

pédagogie qui utilise la<br />

technologie des jumeaux<br />

numériques et permet ainsi<br />

de simuler des actions,<br />

dont certaines seraient<br />

dangereuses à mettre en<br />

œuvre réellement ».<br />

47


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

VINCENZO<br />

ESPOSITO<br />

VINZI<br />

Directeur général<br />

de Essec BS<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Vincenzo Esposito Vinzi :<br />

de Capri à Cergy<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Comment<br />

naît-on à Capri,<br />

dans l’un des plus<br />

prestigieux sites de<br />

la planète, devienton<br />

professeur<br />

de statistique à<br />

Naples et finalement<br />

directeur de<br />

l’une des plus<br />

prestigieuses<br />

business schools<br />

françaises ? Sans<br />

doute parce que, à<br />

l’âge de 17 ans, on<br />

obtient une bourse<br />

pour partir étudier<br />

aux États-Unis. Ce<br />

destin c’est celui <strong>du</strong><br />

directeur de l’Essec,<br />

Vincenzo Esposito<br />

Vinzi : « En 1987 je<br />

suis sélectionné par<br />

les ministères des<br />

Affaires étrangères<br />

et de l’E<strong>du</strong>cation<br />

italiens pour<br />

recevoir une bourse.<br />

Je peux ainsi partir<br />

suivre une année<br />

complète d’études<br />

dans une high school<br />

américaine ».<br />

L’EXPÉRIENCE AMÉRICAINE<br />

Parmi ses atouts pour décrocher<br />

cette bourse : avoir toujours vécu<br />

dans un environnement international.<br />

Après avoir travaillé plusieurs années<br />

aux États-Unis, au Canada, en Suisse<br />

et en Allemagne, son père est en effet<br />

revenu à Capri à la fin des années<br />

1950. Parlant aussi bien anglais que<br />

français, allemand et espagnol, il va<br />

alors participer à la création d’un<br />

hôtel auquel il contribue pendant<br />

plus de cinquante ans. « Jusqu’à la fin<br />

des années cinquante, il y avait peu<br />

d’hôtels à Capri. C’est alors que l’île<br />

s’ouvre au tourisme international, et<br />

plus seulement aux princes et grandes<br />

dynasties in<strong>du</strong>strielles qui ont fait sa<br />

réputation. »<br />

Dès sa prime enfance Vincenzo<br />

Esposito - il prendra en plus le nom<br />

de Vinzi après le décès de sa mère<br />

en 2002 pour perpétuer le nom d’une<br />

famille qui allait disparaître sinon –<br />

parle donc très bien anglais : « Enfin,<br />

je croyais parler très bien anglais mais<br />

je me suis vite ren<strong>du</strong> compte qu’avec<br />

les accents j’étais vite un peu per<strong>du</strong><br />

quand je suis arrivé aux États-Unis ».<br />

Pour autant, il ne prendra jamais de<br />

cours de langue aux États-Unis : « J’ai<br />

toujours appris par immersion ».<br />

Fils unique, le voilà dans une famille<br />

américaine de six enfants dans<br />

laquelle il « s’intègre très bien ».<br />

Élevé dans l’un des lieux les plus<br />

touristiques au monde, le voilà dans un<br />

petit village de Caroline <strong>du</strong> Nord dont<br />

il sera diplômé de la West Caldwell<br />

High School. À une époque où il n’y<br />

a pas d’Internet, où les voyages en<br />

avion coûtent encore très chers, le<br />

téléphone transatlantique aussi. Une<br />

époque où s’expatrier pendant un an<br />

si loin de chez soi est une expérience<br />

sans commune mesure avec ce qu’on<br />

connaît aujourd’hui. « J’ai parfois vécu<br />

des moments difficiles. À 17 ans on<br />

a besoin de pouvoir se tourner vers<br />

quelqu’un. Mais là j’ai dû apprendre<br />

à faire des choix personnels tout<br />

seul. J’y ai acquis un vrai sens des<br />

responsabilités. »<br />

CAPRI, L’ÎLE DE TOUS LES<br />

SUPERLATIFS<br />

Mais revenons à Capri, l’île de tous les<br />

superlatifs, but final <strong>du</strong> « Grand Tour<br />

européen » que se devait de faire tout<br />

jeune bien né aux XIX e siècle, demeure<br />

de l’empereur Tibère et villégiature des<br />

grands de ce monde, un petit coin de<br />

paradis au large de Naples. Vincenzo<br />

Esposito Vinzi y passe une enfance<br />

48


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

heureuse et studieuse : « J’ai toujours<br />

aimé les études. L’été ma mère me<br />

faisait travailler dans un hôtel pour<br />

que je comprenne la différence qu’il<br />

y a entre étudier et travailler. Cela<br />

m’a permis de développer un sens <strong>du</strong><br />

service qui est dans l’ADN de Capri ». Il<br />

y revient tous les étés dans la maison<br />

qu’il y a conservée.<br />

Revenu en Italie, Vincenzo Esposito<br />

Vinzi cherche sa voie : « J’avais un profil<br />

scientifique mais je ne voulais pas<br />

travailler dans les sciences abstraites.<br />

Je voulais avoir un impact ». Et c’est<br />

à Capri que son destin va se révéler :<br />

terre de congrès internationaux,<br />

l’île reçoit en 1988 une conférence<br />

consacrée à l’analyse des données<br />

liées à l’in<strong>du</strong>strie. « J’ai découvert<br />

les statistiques qui m’ont tout de<br />

suite passionné et j’ai commencé à<br />

les étudier à la faculté d’économie et<br />

de gestion de l’université de Naples<br />

“Federico II”. »<br />

Au sein de l’Université Federico II de<br />

Naples il obtiendra successivement<br />

son master en économie et gestion<br />

de l’entreprise en 1993, un doctorat<br />

en statistique et informatique en 1997<br />

avant d’y être nommé professeur.<br />

« C’est là que j’ai commencé à nouer<br />

des relations avec la France au<br />

travers de l’analyse des données<br />

multivariés, un domaine dans lequel<br />

l’école française était très renommée<br />

au même titre que l’école de Naples. »<br />

Il perçoit également les limites d’une<br />

école française qui se refuse alors à<br />

publier ses recherches en anglais.<br />

LA DÉCOUVERTE DE LA FRANCE<br />

La France, Vincenzo Esposito Vinzi<br />

va la découvrir dans les années<br />

2000. Pendant sept ans il y est<br />

invité comme professeur visitant,<br />

notamment au sein <strong>du</strong> MBA de HEC,<br />

qui s’appelle alors l’ISA, mais aussi de<br />

l’Essec. En 2006, l’Essec recherche<br />

justement à embaucher un professeur<br />

de statistiques. « Nous attendions<br />

alors notre premier enfant. Avec<br />

mon épouse - elle aussi originaire de<br />

Capri, comme nous l’avons découvert<br />

après notre rencontre ! -, professeur<br />

de littérature, nous prenons la<br />

décision de déménager en France. »<br />

En juillet 2020 il obtient la nationalité<br />

française. « Aujourd’hui je me sens<br />

chez moi en France. J’en apprécie<br />

l’esprit cartésien tout en ayant le<br />

sentiment d’y apporter un esprit un<br />

peu décoiffant, ma créativité, mon<br />

goût pour l’expérimentation. »<br />

Sa décision de s’installer en France<br />

est d’abord motivée par son intérêt<br />

pour les Grandes écoles. « La<br />

dimension académique avec un esprit<br />

entrepreneurial, c’est l’idéal. Je voyais<br />

bien que le modèle des Grandes<br />

écoles françaises correspondait à ma<br />

personnalité. Je sentais que je pouvais<br />

m’y épanouir et avoir de l’impact. Mes<br />

méthodes statistiques répondaient<br />

aux besoins des in<strong>du</strong>striels. » Ses<br />

recherches l’amènent à entrer en<br />

contact avec des entreprises de<br />

la chimie ou à évaluer l’impact des<br />

politiques publiques.<br />

Essec BS<br />

49


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

CHERCHEUR AVANT TOUT<br />

Apprécié de ses collègues, Vincenzo<br />

Esposito Vinzi est élu doyen de la<br />

faculté de l’Essec en 2011 puis,<br />

successivement, président <strong>du</strong><br />

Conseil européen de l’Association<br />

internationale pour la statistique et<br />

l’informatique (IASC) et président de la<br />

Société internationale de la statistique<br />

pour l’in<strong>du</strong>strie et le business (ISBIS)<br />

entre 2012 et 2015.<br />

Autant de postes dans lesquels il<br />

défend la recherche. « J’ai continué à<br />

publier dans des revues de recherche<br />

jusqu’à mon élection comme<br />

doyen. Sans recherche il n’y a pas<br />

d’innovation, sans innovation il n’y a<br />

pas de progrès. Dans les business<br />

schools la recherche fait partie<br />

de l’impact, et même la recherche<br />

fondamentale. La révolution digitale<br />

que nous connaissons est le résultat<br />

d’équations dont personne ne pouvait<br />

prévoir la portée. »<br />

DIRECTEUR DE L’ESSEC<br />

Le 17 mai 2017 le directeur de l’Essec,<br />

Jean-Michel Blanquer, est nommé<br />

ministre de l’E<strong>du</strong>cation nationale. Il<br />

démissionne immédiatement. Il ne<br />

le sait pas encore mais le destin de<br />

Vincenzo Esposito Vinzi vient de<br />

basculer de nouveau : « Je ne savais<br />

pas que je ferai l’intérim. D’autant<br />

que je m’apprêtais à partir pour<br />

une année sabbatique aux États-<br />

Unis après mon second mandat de<br />

doyen ». Les instances de tutelle de<br />

l’Essec, la chambre de commerce<br />

et d’in<strong>du</strong>strie Paris Île-de-France et<br />

l’Institut catholique de Paris, ainsi<br />

que les Alumni, ne lui en demandent<br />

pas moins d’assurer l’intérim de la<br />

direction dans l’attente de la sélection<br />

d’un successeur. Il accepte. Se prend<br />

au jeu. Fin juillet il postule et envoie<br />

son projet pour l’école au comité de<br />

sélection, bien conscient pourtant que<br />

« l’Essec n’avait jusqu’ici jamais eu de<br />

directeur général international ni issu<br />

de son corps professoral ». Son projet<br />

n’en emporte pas moins l’adhésion<br />

et, fin décembre 2017, le voici nommé<br />

directeur général.<br />

Cinq ans après, il ne peut donc<br />

que se féliciter d’être à la tête<br />

d’une école ancrée au sein de<br />

l’écosystème dynamique d’une ville,<br />

Cergy, dont l’université est l’une<br />

des plus dynamiques de France.<br />

« Avec le président de CY Cergy<br />

Paris Université nous construisons<br />

un projet commun avec un esprit<br />

de challenger », se félicite-t-il tout<br />

en rappelant qu’à « Singapour et<br />

au Maroc aussi nous sommes en<br />

interaction avec les acteurs de la<br />

région. Nous ne sommes pas une<br />

école hors sol ! »<br />

UN NOUVEAU MODÈLE<br />

ÉCONOMIQUE<br />

Des défis Vincenzo Esposito Vinzi a<br />

dû en relever depuis son arrivée à la<br />

tête de l’Essec. Le premier, et pas des<br />

moindres, étant de changer de modèle<br />

économique avec une ré<strong>du</strong>ction<br />

drastique des fonds publics alloués<br />

aux écoles de management, qui<br />

disparaissent totalement en 2022. Les<br />

financements de son école, Vincenzo<br />

Esposito Vinzi va les chercher auprès<br />

des entreprises avec lesquelles il a<br />

créé 25 chaires, dont six pendant la<br />

crise sanitaire. La formation continue<br />

représente quant à elle un cinquième<br />

de son chiffre d’affaires. « C’est un<br />

sujet clé pour les temps à venir. Nous<br />

avons besoin de nous réinventer. Le<br />

digital nous permet d’aller vers de<br />

nouveaux marchés jusqu’ici inconnus.<br />

Par ailleurs, les entreprises sont<br />

demandeuses de formats de formation<br />

plus courts, plus <strong>spécial</strong>isés, délivrés<br />

de façon fréquente. Il faut acquérir<br />

jeune un état d’esprit qui nous donne<br />

la possibilité de toujours apprendre à<br />

Essec BS<br />

50


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Essec BS<br />

nous réinventer. »<br />

Des évolutions d’autant plus<br />

nécessaires que la concurrence à<br />

laquelle sont soumises les business<br />

schools devient multiforme. À côté<br />

des grands concurrents classiques<br />

se développent des cabinets de<br />

conseil, de pure players Internet ou<br />

encore des EdTech qui ne prennent<br />

en charge qu’une partie de la chaîne<br />

de pro<strong>du</strong>ction, par exemple le<br />

recrutement des étudiants.<br />

DES ÉVOLUTIONS ACADÉMIQUES<br />

Vincenzo Esposito Vinzi en est<br />

particulièrement fier : « En dépit de la<br />

crise sanitaire nous avons pu mettre<br />

en œuvre une stratégie innovante.<br />

Je crois en particulier beaucoup au<br />

décloisonnement des disciplines.<br />

Il faut aller en profondeur tout en<br />

créant des liens entre les disciplines.<br />

Les leaders doivent avoir une vision<br />

holistique. »<br />

Et si la crise sanitaire a eu des effets<br />

négatifs pour les étudiants, elle<br />

leur « servira dans les conditions<br />

de contrainte très fortes qu’ils vont<br />

rencontrer dans le monde <strong>du</strong> travail. À<br />

un moment nous donnions des cours<br />

en digital simultanément dans trois<br />

zones horaires différentes. Certains<br />

travaillaient au milieu de la nuit ».<br />

Aujourd’hui si tous les étudiants sont<br />

revenus en présentiel il faut, plus que<br />

jamais, que ce soit pour une « plusvalue,<br />

une partie des cours peut être<br />

suivie en amont à distance ».<br />

Avec Together, un des trois piliers<br />

de sa stratégie RISE, l’Essec entend<br />

également être en pointe dans la<br />

transition environnementale et<br />

sociétale : « L’approche de l’Essec<br />

c’est de former 100 % des étudiants<br />

aux questions de transition avec une<br />

approche transversale qui irrigue les<br />

cours fondamentaux ».<br />

Quant à son style de management,<br />

il le veut résolument ancré dans la<br />

co-construction : « Toutes les équipes<br />

doivent être à bord pour faire avancer<br />

cette très belle école. J’apprécie tout<br />

particulièrement d’organiser des<br />

ateliers avec l’ensemble des membres<br />

<strong>du</strong> Comex, des directions et des<br />

parties prenantes. Tout le monde doit<br />

être acteur des transformations ».<br />

Dont les étudiants dont il essaye de<br />

rester proche et accessible dans les<br />

couloirs de son école : « Je reste un<br />

enseignant-chercheur. C’est ma raison<br />

d’être ».<br />

51


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

ALAIN FUCHS<br />

Président de PSL<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Alain Fuchs :<br />

chercheur manager, <strong>du</strong> CNRS à PSL<br />

Chercheur renommé,<br />

président <strong>du</strong> CNRS<br />

puis de PSL, le destin<br />

d’Alain Fuchs est<br />

hors <strong>du</strong> commun.<br />

Mais comment<br />

ce jeune étudiant<br />

suisse est-il arrivé<br />

au plus haut niveau<br />

de la recherche et<br />

de l’enseignement<br />

supérieur français ?<br />

Son portrait.<br />

Comment se forge un destin ? Pour<br />

Alain Fuchs c’est tout simplement<br />

le choix de faire ou non des études<br />

qui se pose lorsqu’il revient en 1970<br />

habiter en Suisse, à Lausanne où il<br />

est né, après avoir suivi ses parents<br />

en Afrique pendant près de dix ans.<br />

Son père, programmeur analyste,<br />

y installait des ordinateurs, les<br />

premiers à l’époque, dans des grandes<br />

compagnies et administrations.<br />

« J’avais suivi un parcours scolaire un<br />

peu chaotique en suivant mon père<br />

dans ses différentes affectations, au<br />

Zaïre, en Afrique <strong>du</strong> Sud et en Côte<br />

d’Ivoire. Jusqu’à Abidjan où j’avais<br />

surtout passé <strong>du</strong> temps sur la plage<br />

tout en étant un bon élève. Mais à<br />

mon retour en Suisse j’avais un gros<br />

problème pour intégrer une terminale :<br />

je ne parlais pas un mot allemand,<br />

ce qui est obligatoire en Suisse, et<br />

je manquais furieusement d’envie de<br />

rattraper huit ans d’enseignement ! »<br />

A ce moment Alain Fuchs se met à<br />

gagner sa vie, sa famille ayant connu<br />

quelques revers de fortune : « J’ai<br />

fait plein de petits boulots, dans la<br />

boulangerie in<strong>du</strong>strielle la nuit, à la<br />

poste à charger et décharger des<br />

sacs de courrier, au service immobilier<br />

de la ville de Lausanne pour faire<br />

des déménagements. J’aurais pu<br />

commencer à travailler mais je me<br />

suis vite convaincu que faire des<br />

études me convenait mieux ». Et il en<br />

profite pour dévorer les livres de la<br />

bibliothèque municipale pour « se faire<br />

une culture ».<br />

C’est à ce moment-là que sa mère<br />

trouve la solution. Il est possible<br />

de passer un concours d’entrée à<br />

l’École polytechnique fédérale de<br />

Lausanne (EPFL) sans avoir forcément<br />

l’équivalent suisse <strong>du</strong> bac, la maturité.<br />

Il suffit pour cela de s’inscrire en<br />

auditeur libre à une préparation<br />

en mathématiques, cinq jours par<br />

semaine à haute dose. « Le niveau en<br />

mathématiques était très élevé et j’ai<br />

eu un mal fou à suivre. Mes résultats<br />

étaient épouvantables mais je me<br />

suis accroché et j’ai travaillé tout l’été<br />

pour passer le concours où il n’y avait<br />

qu’une langue étrangère à maîtriser.<br />

Et je choisis l’anglais que j’avais appris<br />

à Johannesburg. En fait j’ai fait ces<br />

études parce que je n’avais pas fait<br />

d’allemand à l’école ! »<br />

52


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Les années EPFL<br />

Le concours d’entrée à l’EPFL n’étant<br />

finalement pas si difficile avec un<br />

niveau en mathématiques moins élevé<br />

qu’en classe préparatoire, Alain Fuchs<br />

y entre sans problème. Il y retrouve<br />

le professeur de mathématiques<br />

qui l’avait fait tant souffrir mais n’en<br />

est pas moins impressionné par ses<br />

qualités : « Il voulait à tout prix que je<br />

m’inscrive en génie civil, une matière<br />

plébiscitée en Suisse et qui lui semblait<br />

correspondre aux ambitions que je<br />

pouvais avoir. Mais je suis plus tenté<br />

par la chimie dans la mesure où il<br />

n’y avait pas de biologie à l’EPFL à<br />

l’époque ».<br />

Ce sera donc la chimie. Sans passion<br />

excessive au début : « C’était de la<br />

chimie de base, des manipulations,<br />

des expériences et cela ne me plaisait<br />

pas beaucoup. Mais c’était beaucoup<br />

mieux qu’être déménageur ou<br />

boulanger la nuit. Et comme je n’avais<br />

pas encore fait beaucoup d’efforts<br />

intellectuels, j’en avais encore sous la<br />

semelle ! ».<br />

Il va finalement adorer les années<br />

passées à l’EPFL, la vie étudiante et<br />

surtout la possibilité de « construire<br />

quelque chose de stable » après<br />

toutes ces années à « bourlinguer<br />

dans toute l’Afrique sans jamais<br />

pouvoir me faire des amis plus d’un<br />

an ». En Suisse il bénéficie de bourses<br />

très généreuses <strong>du</strong> Canton de Vaud.<br />

Pour autant la vie finit par l’ennuyer.<br />

Notamment par sa rigidité. « Avec<br />

toute une bande d’amis étudiants nous<br />

avions organisé une manifestation<br />

pour demander la baisse des prix<br />

des billets de cinéma. Nous sommes<br />

dans les années post 68 et nous nous<br />

étions inspirés de « Sous les pavés la<br />

plage » pour demander « Enlever les<br />

montagnes pour qu’on voie la mer ».<br />

C’était peut-être la seule manifestation<br />

qui n’ait jamais eu lieu à Lausanne et<br />

tout de suite la police a déployé un<br />

arsenal anti-émeutes hallucinant ».<br />

Les premières années<br />

d’un chercheur<br />

Nous sommes en 1975, Alain Fuchs est<br />

maintenant ingénieur chimiste diplômé<br />

de l’EPFL mais veut absolument venir à<br />

Paris. Il décide donc de poursuivre ses<br />

études par un doctorat à l’université<br />

Paris-Sud à Orsay (aujourd’hui<br />

Paris-Saclay). Il y passera ensuite<br />

six années passionnantes comme<br />

maître assistant. Mais six années<br />

« précaires » : « N’étant pas encore<br />

français je ne pouvais être que maître<br />

assistant associé. Un poste très<br />

précaire mais je ne m’en souciais<br />

pas, persuadé qu’avec mon diplôme<br />

d’ingénieur je trouverai toujours un<br />

emploi ». En 1984, enfin français<br />

depuis un an, il embarque pour un<br />

séjour de postdoc à l’université<br />

d’Edinburgh : « J’y ai appris à<br />

réaliser des calculs de modélisation<br />

moléculaire. C’était très novateur<br />

à l’époque dans ma discipline (la<br />

chimie-physique) et cela a lancé ma<br />

carrière de chercheur en simulation<br />

moléculaire. Des expériences de<br />

pensée sur ordinateur pour décrire<br />

la trajectoire de chaque molécule, la<br />

visualiser et comparer les résultats <strong>du</strong><br />

calcul à la réalité expérimentale par le<br />

moyen d’outils statistiques ».<br />

Après près de deux ans en Ecosse,<br />

Alain Fuchs revient en 1986 à Orsay.<br />

La « passion des sciences » et<br />

53


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

d’une recherche qui passe par un<br />

« tâtonnement lent » désormais bien<br />

chevillée au corps : « Je n’avais pas<br />

une vocation de chercheur au départ<br />

mais j’ai vite trouvé passionnant de<br />

rendre rationnel ce qui peut paraitre<br />

à première vue irrationnel. Je ne suis<br />

pas rationaliste à tout prix. Je suis<br />

adepte des savoirs. Souvenez-vous<br />

quand Barack Obama dit « It’s not<br />

cool to not know what you’re talking<br />

about » en se référant à Donald<br />

Trump ! ». C’est mon état d’esprit<br />

d’essayer toujours de comprendre<br />

et je suis très fier de la devise de<br />

l’Université PSL : « Sapere Aude »,<br />

« Ose savoir ». Nous sommes poussés<br />

à avancer par nos ignorances. » Et de<br />

citer deux grands chercheurs : Charles<br />

Darwin (« Un chercheur est un aveugle<br />

qui, dans une pièce sombre, cherche<br />

un chat noir qui n’y est pas ») et Marie<br />

Curie (« On ne s’intéresse qu’à ce qu’on<br />

ne sait pas »).<br />

Manager des sciences<br />

Alain Fuchs passera en tout près<br />

de vingt ans à Orsay dans un<br />

laboratoire mixte avec le CNRS.<br />

Nommé professeur en 1995, il monte<br />

à Orsay en 2000 un laboratoire de<br />

chimie-physique autour d’un nouvel<br />

équipement : un centre de cinétique<br />

rapide et de radiolyse pulsée, en<br />

regroupant trois laboratoires existants<br />

sur le campus. « C’est le début de<br />

mes fonctions de management<br />

impliquant même la responsabilité<br />

de la construction d’un nouveau<br />

bâtiment. Mais toujours en faisant<br />

de la recherche et en enseignant car<br />

c’est notre métier de base, et il faut<br />

toujours se demander ce qui est utile<br />

pour l’exercer. ». Alain Fuchs enseigne<br />

Mines Paris fait partie des écoles d’ingénieurs prestigieuses de PSL<br />

d’ailleurs toujours aujourd’hui au sein<br />

de l’Université PSL dans la licence<br />

Sciences pour un monde <strong>du</strong>rable.<br />

Cette première expérience de<br />

management réussie, une nouvelle<br />

opportunité de carrière se présente en<br />

2005, celle de diriger l’école de Chimie<br />

de Paris : « L’école était rattachée à<br />

l’université Pierre et Marie Curie avec<br />

des relations alors difficiles. J’avais de<br />

bonnes relations avec tous les acteurs<br />

de l’écosystème et on m’a proposé<br />

le poste pour y ramener la paix ». A<br />

deux pas <strong>du</strong> Panthéon, les locaux, qui<br />

ont accueilli des chimistes célèbres<br />

(Charles Friedel, Henri Moissan<br />

premier prix Nobel de chimie français),<br />

sont dans un assez mauvais état et<br />

la question se posera longtemps de<br />

déménager l’école sur le campus de<br />

Jussieu, voire en dehors de Paris. Des<br />

travaux de maintenance permettront<br />

de l’y faire rester. Aujourd’hui Chimie<br />

Paris fait partie de PSL.<br />

Le CNRS, un sacré défi<br />

En 2010 un des plus grands défis pour<br />

un scientifique français s’ouvre à Alain<br />

Fuchs. Le directeur de cabinet de la<br />

ministre de l’Enseignement supérieur<br />

et de la Recherche Valérie Pécresse,<br />

lui propose en effet de faire partie<br />

de la short list des prétendants à la<br />

direction <strong>du</strong> CNRS : « Je n’étais pas<br />

particulièrement emballé puis je me<br />

suis pris au jeu avec le changement<br />

de statut <strong>du</strong> CNRS qui sortait d’une<br />

période compliquée ». Son premier<br />

mandat de quatre ans, Alain Fuchs va<br />

notamment le consacrer à rapprocher<br />

le CNRS des universités avec le<br />

lancement <strong>du</strong> programme Idex : « Je<br />

ne regrette pas ce premier mandat<br />

S. Boda Mines Paris<br />

54


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

avec le soutien fort <strong>du</strong> CNRS aux<br />

candidatures IDEX sur le territoire,<br />

et les choix à opérer en matière<br />

de grands instruments (fallait-il<br />

par exemple poursuivre un projet<br />

comme Virgo le détecteur d’ondes<br />

gravitationnelles géant construit en<br />

Italie ? L’histoire a montré que l’on a eu<br />

raison de le faire ! ».<br />

Non si Alain Fuchs a des regrets,<br />

ils concernent plutôt son deuxième<br />

mandat : « Après 2008 le contexte<br />

n’était pas favorable financièrement<br />

mais on pouvait attendre de la<br />

présidence de François Hollande<br />

qu’elle soit plus claire et affirmée en<br />

faveur de la recherche. Au contraire<br />

nous avons dû accepter des coupes<br />

régulières dans les budgets pourtant<br />

votés, nous battre pour maintenir les<br />

emplois et constater que le soutien<br />

aux grands instruments devenait de<br />

plus en plus difficile ».<br />

Au final Alain Fuchs constate : « J’ai<br />

passé dix années formidables au<br />

CNRS comme chercheur. Il n’y<br />

aurait pas de science française<br />

aujourd’hui sans le CNRS mais la<br />

structure s’est rigidifiée ce qui rend<br />

le CNRS aujourd’hui plus difficilement<br />

réformable ». Un problème majeur<br />

dans la mesure où, dans le même<br />

temps, le paysage universitaire<br />

a profondément évolué, avec<br />

l’émergence de véritables universités<br />

de recherche. « Il n’est pas possible<br />

que le CNRS n’évolue pas lui aussi !<br />

Le modèle des unités mixtes de<br />

recherche (UMR) a atteint ses limites.<br />

Les universités qui sortent <strong>du</strong> lot<br />

devraient pouvoir gérer leurs UMR ».<br />

PSL : l’université d’un nouveau<br />

type<br />

En 2017, tout juste avant la fin de son<br />

second mandat au CNRS, Alain Fuchs<br />

prend la présidence d’une université<br />

née progressivement pendant la<br />

décennie 2010-2020, Paris Sciences<br />

et Lettres (PSL), en réunissant des<br />

établissements de premier ordre<br />

dans une structure à même de lui<br />

donner un impact international. Au<br />

sein de PSL se trouvent en effet des<br />

membres fondateurs tels l’ENS Paris,<br />

Paris-Dauphine, Mines Paris, l’ESPCI<br />

Paris, l’Observatoire de Paris ou<br />

encore l’Ecole des Chartes… Avec des<br />

membres associés comme l’Institut<br />

Curie, et des partenaires comme<br />

l’Ecole nationale supérieure des<br />

Arts Décoratifs ou l’Ecole nationale<br />

supérieure d’architecture Paris-<br />

Malaquais.<br />

Un aéropage qui n’était pas inconnu<br />

d’Alain Fuchs, membre <strong>du</strong> conseil<br />

d’administration de PSL : « J’avais<br />

bien suivi le projet que je trouvais<br />

passionnant : la création d’une<br />

université d’un nouveau type,<br />

sur un modèle humboldtien, et<br />

entièrement sélective. Une université<br />

vraiment pluridisciplinaire avec<br />

des enseignements au plus près<br />

de la recherche et des disciplines<br />

qui se parlent. Une université<br />

qui a aujourd’hui une renommée<br />

internationale, dont le modèle se<br />

rapproche de celui de grandes<br />

universités internationales. »<br />

Et également une institution qui<br />

dépasse enfin le clivage universités<br />

/ grandes écoles : « Comme Paris-<br />

Saclay, PSL comprend des écoles<br />

Paris-Dauphine<br />

d’ingénieurs. Tous les diplômes sont<br />

PSL et opérés par les composantes,<br />

y compris les écoles d’ingénieurs. On<br />

démontre que les écoles d’ingénieurs<br />

ont une place majeure dans de telles<br />

universités <strong>du</strong> XXIe siècle. Je suis très<br />

fier d’avoir contribué à ce résultat.<br />

Je pense que les établissements<br />

qui refusent ce mouvement de fond<br />

finiront par disparaitre ».<br />

Une seule université, mais quelle université,<br />

Paris-Dauphine, est membre de PSL.<br />

55


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

ALICE<br />

GUILHON<br />

Directrice générale<br />

de Skema BS<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Alice Guilhon : sportive<br />

et universitaire<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Parfois<br />

sur une terrible<br />

désillusion. Nous<br />

sommes en 1983.<br />

Alice Guilhon a 16<br />

ans et un destin<br />

de championne de<br />

tennis entre ses<br />

mains. « J’entamais<br />

une carrière de de<br />

professionnelle sur<br />

les circuits quand<br />

j’ai fait un choc<br />

anaphylactique.<br />

Deux jours dans le<br />

coma. Quand je me<br />

réveille à l’hôpital,<br />

mes dix raquettes<br />

posées près de<br />

mon lit, la première<br />

chose que me dit le<br />

médecin qui vient me<br />

voir c’est : « Le tennis<br />

de haut niveau c’est<br />

fini pour vous ». »<br />

Alice Guilhon a<br />

des rhumatismes<br />

articulaires,<br />

son corps l’a<br />

« littéralement lâché<br />

et on n’a jamais pu<br />

établir exactement<br />

pourquoi ».<br />

Sa passion pour le tennis a démarré<br />

quatre années plus tôt. Elle habite<br />

alors en Tunisie où son père,<br />

professeur d’Université, a été nommé<br />

après avoir obtenu son agrégation :<br />

« Tout de suite mon professeur de<br />

tennis nous a dit que j’étais douée. Je<br />

me mets d’abord à jouer deux heures<br />

tous les soirs après les cours. Je joue<br />

de mieux en mieux. Revenue vivre à<br />

Aix-en-Provence, un professeur de<br />

tennis très connu, qui avait formé la<br />

plus grande championne française<br />

François Dürr, me remarque ».<br />

Pendant quatre ans Alice Guilhon<br />

va donc s’entrainer à Marseille, des<br />

heures chaque jour, accompagnée<br />

par sa mère qui tient absolument à ce<br />

qu’elle reste habiter dans sa famille<br />

à Aix. Seulement à l’époque on se<br />

soucie assez peu de la nutrition ou<br />

de l’équilibre physique des athlètes.<br />

Ils sont poussés à fond. Et craquent<br />

parfois : « J’étais en surdosage.<br />

L’esprit ne lâche pas, le corps si ».<br />

RETOUR À LA VIE « NORMALE »<br />

Après des années de compétition,<br />

de cours à distance avec le Cned,<br />

Alice Guilhon retourne donc à la<br />

vie « normale », celle de tous les<br />

jeunes de son âge, au lycée : « Je<br />

me sentais totalement déconnectée.<br />

Je n’étais pas allée dans une soirée<br />

depuis trois ans. Je n’avais pas<br />

d’amis en dehors <strong>du</strong> circuit et mes<br />

professeurs. Je rencontrais d’un seul<br />

coup des jeunes qui n’étaient pas<br />

<strong>du</strong> tout dans le combat permanent,<br />

comme je l’étais depuis des années en<br />

compétition. ». Mais parce qu’elle doit<br />

bien se faire une raison, parce que<br />

dans sa famille « on ne se plaint pas<br />

sur son sort », Alice Guilhon décide<br />

d’un tout autre avenir que celui qu’elle<br />

s’était promis : « Je décide de devenir<br />

professeur. Comme mon père qui était<br />

professeur de sciences économiques<br />

à l’université d’Aix-Marseille ».<br />

Le tennis, elle ne l’abandonne pas pour<br />

autant pas tout à fait. Elle donne des<br />

cours pour « gagner un peu sa vie »<br />

et participe à de petits tournois où<br />

elle s’impose facilement. Aujourd’hui<br />

encore elle fait régulièrement <strong>du</strong><br />

sport mais, le « dos vrillé » par la<br />

compétition préfère la natation au<br />

footing. De la compétition elle garde<br />

cette notion de performance qui<br />

l’accompagne toujours aujourd’hui.<br />

MAÎTRE DE CONFÉRENCES À<br />

AIX-MARSEILLE 2<br />

Toute sa formidable énergie, Alice<br />

56


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

© Skema BS<br />

Guilhon va maintenant la placer dans<br />

ses études. Après sa maîtrise, parce<br />

qu’elle en a un peu assez d’être la<br />

« fille <strong>du</strong> professeur Guilhon », elle<br />

décide de suivre son DEA (l’actuel<br />

master) à Montpellier. Un DEA qu’elle<br />

choisit de faire en gestion, et non<br />

plus en économie, ce qui « était assez<br />

mal vu ». Ayant obtenu une bourse<br />

d’allocataire de recherche, elle part<br />

au Québec. À 25 ans, elle finit une<br />

thèse, qui ne lui aura pris qu’un an<br />

et demi, sur l’Etude la relation entre<br />

le changement organisationnel et<br />

l’investissement intellectuel dans les<br />

PME.<br />

Maître de conférences, mère d’une<br />

petite fille qui fait elle aussi sa thèse<br />

désormais, la voilà propulsée dans<br />

Le 10 mars 2020, Alice reçoit, des mains <strong>du</strong><br />

ministre de l’ESRI Frédérique Vidal, l’insigne<br />

d’Officier dans l’ordre national <strong>du</strong> mérite « qui<br />

couronne un parcours académique et un engagement<br />

entrepreneurial exemplaires » selon la ministre.<br />

la carrière dont son père rêvait tant<br />

pour elle. Mais la désillusion est<br />

là. « À Aix je m’ennuyais. Je voulais<br />

retourner à Nice, berceau familial.<br />

J’écrivais toute la journée des articles<br />

de recherche pour passer le temps. »<br />

Pour « s’occuper » elle s’inscrit en<br />

1994, elle a 27 ans, à l’Institut national<br />

des hautes études de la sécurité et de<br />

la justice (INHESJ), où elle « rencontre<br />

des personnalités incroyables », dont<br />

son second mari. Pendant ses années<br />

à l’université, elle obtient également<br />

son l’Habilitation à Diriger des<br />

Recherches (HDR) en 1998.<br />

Alice Guilhon se passionne alors pour<br />

l’intelligence économique et suivra,<br />

en 2004, les cours de l’Institut des<br />

hautes études de défense nationale<br />

(IHEDN) en tant qu’auditrice dans cette<br />

<strong>spécial</strong>ité. La ministre de l’Intérieur<br />

de l’époque, Michèle Alliot-Marie, la<br />

nomme alors au Conseil économique<br />

de sécurité : « J’y ai beaucoup travaillé<br />

sur les questions de défense de la<br />

France et participé à l’écriture d’un<br />

référentiel d’intelligence économique<br />

avec Alain Juillet ». Elle est également<br />

co-autrice d’un livre sur le sujet chez<br />

Pearson.<br />

L’AVENTURE DU CERAM<br />

Nous sommes maintenant en 2000.<br />

Alice Guilhon s’ennuie toujours<br />

autant à l’université. Elle décide alors<br />

d’accepter un poste de doyen de la<br />

recherche au Ceram et enfin de retour<br />

à Nice, l’école qui deviendra plus tard<br />

Skema en fusionnant avec l’ESC Lille. À<br />

l’époque le Ceram est une toute jeune<br />

école, créée en 1980, dont elle n’avait<br />

d’ailleurs « jamais enten<strong>du</strong> parler » :<br />

« Je ne savais même pas ce qu’était<br />

une école de commerce. J’avais<br />

été élevé dans un environnement<br />

purement universitaire. Pour mon père<br />

il était invraisemblable de travailler<br />

dans une école de commerce car<br />

l’environnement scientifique n’était<br />

« pas à la hauteur » et il tente de me<br />

dissuader ».<br />

Sa décision est pourtant prise. Elle<br />

va intégrer cette toute jeune école<br />

placée au milieu d’une technopole,<br />

très internationale avec déjà des MSc<br />

dispensés en anglais, dont certains<br />

étudiants sont « brillantissimes ». Une<br />

« petite HEC <strong>du</strong> Sud » d’ailleurs créée<br />

sous la double égide des chambres<br />

de commerce et d’in<strong>du</strong>strie de Paris<br />

et Nice. « J’y mets toute mon énergie.<br />

Je deviens successivement directrice<br />

57


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

de la faculté, des programmes puis<br />

directrice déléguée. Je me bats pour<br />

obtenir l’accréditation Equis. » En 2007<br />

c’est fait et la voici également nommée<br />

directrice générale <strong>du</strong> Ceram.<br />

EN ROUTE POUR SKEMA<br />

La toute nouvelle directrice générale<br />

<strong>du</strong> Ceram pointe vite la limite de<br />

son école : le manque de moyens<br />

et d’envergure. Entrée au board de<br />

l’EFMD (European Foundation For<br />

Management Development) elle<br />

découvre le fonctionnement d’une des<br />

business schools les plus renommées<br />

dans le monde, l’IMD et discutant<br />

avec Peter Lorange, et fait un arrêt<br />

sur image plus global sur le secteur.<br />

Sa conclusion : « Parce qu’il n’existe<br />

pas d’équivalent à des multinationales<br />

comme Microsoft dans l’enseignement<br />

supérieur, parce qu’il y a de plus en<br />

plus d’étudiants internationaux, il faut<br />

au Ceram un projet disruptif et global.<br />

Pour cela nous avons besoin de<br />

moyens, nous allons donc fusionner<br />

avec une autre école ».<br />

Seulement un autre acteur local a<br />

la même idée. Bernard Belletante,<br />

le directeur d’Euromed Marseille,<br />

qui deviendra Kedge, révèle à Alice<br />

Guilhon que leurs chambres de<br />

commerce respectives veulent les<br />

voir fusionner. « Je vais tout de suite<br />

rencontrer notre CCI pour lui proposer<br />

un autre projet. Je venais de faire<br />

l’audit de l’ESC Lille, qui vivait une fin<br />

de règne, et je propose une autre<br />

fusion. Et surtout d’aller plus loin qu’un<br />

projet de fusion régional qui ne voyait<br />

que par le prisme de l’Hexagone »,<br />

se souvient la directrice. Trois mois<br />

plus tard la décision est actée : la<br />

fusion donnera en 2009 naissance<br />

à Skema. « Nous fusionnons tout,<br />

Décembre 2019, visite <strong>du</strong> vice-ministre chinois de l’é<strong>du</strong>cation sur le<br />

campus de SKEMA à Sophia Antipolis, M. Xuejun Tian, en compagnie<br />

de Bernard Belloc, conseiller stratégique de SKEMA<br />

les programmes, les professeurs,<br />

les alumni. Et nous nous présentons<br />

bientôt devant la Cefdg (Commission<br />

d’évaluation des formations et<br />

diplômes de gestion) avec un seul<br />

programme pour deux campus. Ce qui<br />

surprend beaucoup à l’époque. »<br />

Il lui faut surtout gérer des<br />

personnels, un peu déboussolés.<br />

Alice Guilhon s’installe donc plus près<br />

de Lille, à Paris, et établit de « très<br />

bons rapports avec les partenaires<br />

sociaux ». Pour autant le premier<br />

baromètre social se révèle mauvais<br />

en 2009. « Je tenais absolument à<br />

le publier pour montrer comment<br />

nous allions progresser. Aujourd’hui<br />

nous sommes à 85 % de taux de<br />

satisfaction. »<br />

Fan de Marvel et DC Comics<br />

Depuis son adolescence une troisième<br />

passion irrigue la vie d’Alice Guilhon. Elle<br />

collectionne toutes les revues de super<br />

héros de Marvel et DC Comics dont<br />

elle possède aujourd’hui des milliers<br />

d’exemplaires. « J’ai tous les exemplaires<br />

Et pourquoi ce nom de Skema ?<br />

« L’agence Nomen nous a fait 150<br />

propositions de noms et nous avons<br />

choisi Skema pour la notion de<br />

knowledge. » Skema signifie d’ailleurs<br />

également School of Knowledge<br />

Economy and Management.<br />

UN PROJET INTERNATIONAL<br />

Quelques semaines avant la naissance<br />

de Skema naissait son premier<br />

campus international. Le Ceram<br />

s’installe en effet en Chine, à Suzhou,<br />

dès début 2009. En septembre 2010<br />

c’est à Raleigh, sur la côte Est des<br />

États-Unis, que Skema inaugure<br />

son campus américain - « Sans<br />

être présent aux États-Unis, on ne<br />

de Strange depuis plus de 30 ans. J’adore<br />

les X-Men, <strong>Sup</strong>erman, Spiderman, etc. »<br />

Mais elle n’en lit pas moins d’autres livres<br />

plus classiques : « Avec mes parents, mais<br />

aussi ma fille aussi nous lisons toujours<br />

en permanence quatre ou cinq livres ».<br />

© Skema BS<br />

58


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

programmes y sont américains et nos<br />

étudiants peuvent y obtenir un OPT<br />

pour rester y travailler une année. »<br />

© Skema BS<br />

Eté 2021, lors <strong>du</strong> SKEMA Gra<strong>du</strong>ation Show, Alice et Patrice Houdayer<br />

entourant la mascotte de l’école : « Leon The Skameleon »<br />

peut pas prétendre construire une<br />

marque mondiale » - où elle reçoit<br />

aujourd’hui 1 500 étudiants. Suivront<br />

Belo Horizonte, au Brésil, en 2015 – là<br />

aussi Skema reçoit 1 500 étudiants<br />

aujourd’hui comme à Suzhou et Nankin<br />

- et Le Cap, en Afrique <strong>du</strong> Sud en 2019.<br />

Autant de campus qui acquièrent peu<br />

à peu leur autonomie financière. Tout<br />

en s’appuyant sur le modèle de la<br />

business school à la française. « Avec<br />

ses stages, sa mobilité internationale,<br />

c’est un modèle hyper performant<br />

comme le montrent d’ailleurs tous les<br />

classements. »<br />

Et si Skema n’y a pas de campus, elle<br />

n’en pas moins également présente<br />

au Canada, à Montréal pour être<br />

précis, où elle a créé son laboratoire<br />

d’Intelligence artificielle (IA). « Avec<br />

une équipe de 20 professeurs, au sein<br />

d’un écosystème unique au monde,<br />

nous y créons des programmes et des<br />

outils pédagogiques qui seront utilisés<br />

sur tous nos campus. » Et à Raleigh<br />

tout un pan de la business school est<br />

maintenant consacré à l’Intelligence<br />

artificielle (IA). « Il faut toujours être<br />

à l’avant-garde, sur le cutting edge,<br />

et cela est passé pour nous par la<br />

fusion, la mondialisation et maintenant<br />

l’hybridation. »<br />

Et maintenant ? « Nous pensons à<br />

l’Inde, à l’Australie, à la Russie mais<br />

aussi à l’Europe. Pourquoi pas nous<br />

implanter en Italie ? » En Espagne<br />

Skema a déjà créé un double diplôme<br />

à Barcelone. « Nous voulons être<br />

une marque mondiale qui forme des<br />

citoyens <strong>du</strong> monde. En Chine nous<br />

sommes peu à peu devenus une école<br />

chinoise. Aux États-Unis aussi il nous<br />

faut un peu plus d’étudiants pour<br />

obtenir une reconnaissance nationale<br />

qui est en marche. Pour autant les<br />

Fédérer les énergies<br />

En 2020 Alice Guilhon se lance dans un<br />

nouveau projet : la création de la Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises de<br />

management (Cdefm) comme il y avait déjà<br />

une Cdefi (Conférence des directeurs des<br />

écoles françaises d’ingénieurs). Le Chapitre<br />

des écoles de management de la Conférence<br />

SON AUTRE PASSION : LA<br />

MUSIQUE<br />

Avec le tennis, une autre passion<br />

accompagne Alice Guilhon dès sa<br />

jeunesse : la musique. Longtemps elle<br />

suivra des cours de flute traversière<br />

au Conservatoire d’Aix. « J’aurais rêvé<br />

de devenir chef d’orchestre. » Et dans<br />

la musique, sa passion c’est l’opéra. À<br />

12 ans son idole, celle dont elle tapisse<br />

les murs de sa chambre d’affiches,<br />

s’appelle Placido Domingo, le plus<br />

célèbre ténor des années 1980 à 2010.<br />

Elle suit même ses déplacements dans<br />

le monde jour après jour.<br />

Sa passion aurait même pu l’amener<br />

plus loin - « Je me suis remise à<br />

chanter à 20 ans. C’était trop tard<br />

pour me lancer dans une carrière »<br />

- au point qu’elle connaît par cœur<br />

tous les livrets des opéras de Verdi et<br />

Puccini : « Le « Turandot » de Puccini<br />

est sans doute l’opéra qui me donne<br />

le plus d’énergie le week-end quand je<br />

suis chez moi ».<br />

des Grandes écoles (CGE) disparait donc<br />

au profit d’une association dédiée. « Nous<br />

ne l’avons absolument pas fait dans le dos<br />

de la Conférence des Grandes écoles. Nous<br />

avions besoin d’une institution qui représente<br />

les Grandes écoles de management. »<br />

59


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

DÉCEMBRE 2021 N° 55<br />

ISABELLE<br />

HUAULT<br />

Présidente<br />

<strong>du</strong> directoire<br />

et directrice<br />

générale d’emlyon<br />

business school<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Isabelle Huault : l’évidence emlyon<br />

Un destin, c’est<br />

une suite de choix.<br />

Dont certains sont<br />

décisifs. Nous<br />

sommes en 1990.<br />

Tout juste diplômée<br />

de la majeure<br />

finance de l’ESC<br />

Lyon, à la sortie<br />

d’un stage dans une<br />

entreprise de capital<br />

risk lyonnaise,<br />

Siparex, Isabelle<br />

Huault a le choix<br />

entre la voie royale<br />

<strong>du</strong> conseil - chez<br />

Arthur Andersen,<br />

à l’époque l’un des<br />

cinq géants de<br />

l’audit et <strong>du</strong> conseil<br />

-, et une poursuite<br />

d’études. La future<br />

directrice d’emlyon<br />

s’interroge : « J’ai<br />

décidé de poursuivre<br />

mes études en DEA à<br />

Lyon 3. J’y ai pris le<br />

goût de la recherche<br />

et j’ai enchainé par<br />

un doctorat ». Trente<br />

ans après, elle fera<br />

son retour à emlyon<br />

pour en prendre la<br />

direction : « C’était<br />

important pour moi<br />

de rejoindre mon<br />

alma mater ».<br />

En classe préparatoire au lycée<br />

Ampère de Lyon<br />

Isabelle Huault n’a pas fait que ses<br />

études à Lyon. Elle y est née, y a<br />

habité toute son enfance – tout près à<br />

Villeurbanne - et y a suivi ses études.<br />

« J’étais une bonne élève mais pas<br />

excellente en mathématiques. Alors<br />

que mes parents auraient préféré<br />

que j’entre en maths sup je choisis<br />

donc d’intégrer une prépa HEC. Je ne<br />

savais pas trop ce que je voulais faire,<br />

mais j’avais de l’appétence pour les<br />

disciplines enseignées. »<br />

Entrée en 1985 en classe préparatoire<br />

au lycée Ampère de Lyon, Isabelle<br />

Huault va y vivre une première<br />

année difficile : « J’étais au fond <strong>du</strong><br />

classement, je travaillais tout le<br />

week-end pour préparer des khôlles<br />

où j’échouais. On m’avait prévenu que<br />

ce serait difficile mais je pensais être<br />

l’exception ».<br />

À la Toussaint, elle envisage de tout<br />

60


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

DÉCEMBRE 2021 N° 55<br />

abandonner mais ses parents la<br />

poussent à s’accrocher. Fille unique<br />

d’un couple de la classe moyenne,<br />

dont aucun n’a obtenu le bac, elle est<br />

en effet très soutenue par une famille<br />

où « le savoir est très valorisé ».<br />

Résultat : à la fin de cette année<br />

de prépa – à l’époque les classes<br />

préparatoires HEC ne <strong>du</strong>rent qu’un<br />

an – Isabelle Huault peut intégrer<br />

quelques bonnes écoles mais préfère<br />

redoubler. « J’ai bien fait car l’année<br />

suivante j’étais admissible à HEC. Tout<br />

en ayant eu une mauvaise note aux<br />

écrits de l’Essec. Le concours d’HEC<br />

était plus ouvert sur les humanités et<br />

la philosophie. »<br />

De ses deux années en classe<br />

préparatoire, Isabelle Huault conserve<br />

le souvenir d’excellents professeurs.<br />

En particulier d’un professeur de<br />

philosophie et culture générale,<br />

qui l’a beaucoup soutenue : « La<br />

première année, quand il distribuait<br />

Les étudiants de emlyon en mode projet<br />

les copies en commençant par les<br />

meilleures, j’étais toujours dans les<br />

cinq dernières. Mais l’année suivante<br />

j’ai plusieurs fois été major en philo.<br />

Rien n’est impossible si on s’en donne<br />

la peine ! »<br />

Étudiante à l’ESC Lyon<br />

Comme beaucoup d’étudiants de<br />

classes préparatoires, Isabelle<br />

Huault ne sait pas forcément à quoi<br />

s’attendre pour la suite : « Je ne savais<br />

pas trop ce qu’était une école de<br />

commerce. Sans parler de l’entreprise<br />

que je ne connaissais que par le<br />

prisme de mon père. Seule comptait<br />

à l’époque la réussite à un beau<br />

concours ! »<br />

Cet intérêt pour la compétition<br />

académique, Isabelle Huault avait déjà<br />

pu le mesurer en terminale : « J’ai été<br />

lauréate d’un concours d’éloquence<br />

national à Paris. Ma professeure de<br />

lettres m’avait inscrite ainsi que deux<br />

autres élèves dont elle pressentait le<br />

potentiel ». Pour l’emporter, elle cite<br />

les réussites de chefs d’entreprise<br />

emblématiques des années quatrevingt.<br />

Et ramène une coupe chez<br />

elle ! : « Pour quelqu’un comme moi qui<br />

n’était pas très sûre d’elle, cela permet<br />

d’acquérir un peu d’assurance. »<br />

Deux ans après cette coupe, Isabelle<br />

Huault intègre emlyon : « J’aurais<br />

aimé quitter la région, mes parents,<br />

vivre sur la résidence <strong>du</strong> campus<br />

mais les chambres étaient réservées<br />

aux étudiants des autres régions ».<br />

Si elle ne s’intègre pas tout de suite<br />

aussi bien qu’elle le souhaiterait, elle<br />

n’en profite pas moins de la proximité<br />

qui s’établit facilement entre tous<br />

les étudiants dans des promotions<br />

qui ne dépassent pas alors les 200<br />

étudiants, dont 180 issus de classes<br />

préparatoires.<br />

Pourtant Isabelle Huault est déçue<br />

par l’enseignement qu’elle reçoit :<br />

« On nous avait beaucoup irrigués<br />

sur le plan académique en classe<br />

préparatoire et là tout devenait assez<br />

plat. Beaucoup de pratique, des<br />

savoirs faire et parfois des recettes<br />

à appliquer. Heureusement cela a<br />

beaucoup changé depuis dans les<br />

écoles, avec l’ouverture au monde et<br />

l’arrivée de corps professoraux de<br />

haut niveau ».<br />

emlyon BS<br />

L’enseignement n’étant pas à la<br />

hauteur de ses attentes, Isabelle<br />

Huault se passionne pour la vie<br />

associative. Et se présente même<br />

sur une liste pour animer la junior<br />

entreprise : « C’était une belle<br />

campagne. Cela m’a permis de me<br />

faire beaucoup d’amis et m’a appris<br />

à travailler en groupe ». Militante<br />

61


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

DÉCEMBRE 2021 N° 55<br />

Le sport pour maintenir son équilibre<br />

Cyclisme, jogging, fitness, ski de piste<br />

ou de randonnée l’hiver, Isabelle Huault<br />

pratique de nombreux sports toute l’année.<br />

« Une nécessité pour entretenir son<br />

en<strong>du</strong>rance. Les agendas sont chargés, il<br />

faut être en forme sur tous les plans. Le<br />

sport est pour moi un moyen d’entretenir<br />

un équilibre entre une vie professionnelle<br />

active et personnelle. La forme physique<br />

est en effet une composante significative<br />

des fonctions de direction et une pratique<br />

sportive régulière permet à l’évidence de<br />

depuis quelque temps à Amnesty<br />

International, elle intègre l’association<br />

humanitaire Odyssée (aujourd’hui<br />

Solidari-terre), qui vient d’être<br />

créée, et participe à une mission<br />

en Pologne, alors encore sous<br />

l’emprise soviétique. « L’engagement<br />

humanitaire, dans la RSE, n’était pas<br />

<strong>du</strong> tout valorisé à l’époque. Nous<br />

sommes dans les années quatre-vingt,<br />

à l’époque de l’entreprise glorifiée, le<br />

management se doit d’être au service<br />

de l’entreprise et pas forcément de<br />

toute la société. » A contrario Isabelle<br />

Huault mettra ensuite cette volonté<br />

de s’engager dans le management au<br />

service de la société au cœur de sa<br />

vie professionnelle et de ses travaux<br />

de recherche.<br />

L’entrée dans la carrière<br />

Pendant son DEA (diplôme d’études<br />

approfondies, l’ancêtre des masters)<br />

en sciences de gestion, commun<br />

à l’ESC Lyon et à l’IAE (Institut<br />

d’Administration des Entreprises)<br />

de l’université Lyon 3, Isabelle<br />

Huault « découvre son goût pour la<br />

recherche ». Elle y fait également<br />

décompresser. Cette activité est d’une<br />

certaine façon inscrite dans mon agenda,<br />

c’est une question d’organisation qui n’est<br />

pas insurmontable et reflète une volonté et<br />

des priorités. » Quand elle était étudiante<br />

à l’ESC Lyon, Isabelle Huault appréciait<br />

particulièrement les sports collectifs<br />

- notamment le volley en compétition<br />

universitaire - qui « reposent sur des<br />

valeurs qui me semblent importantes :<br />

exigence, persévérance, émulation, respect<br />

d’autrui, goût <strong>du</strong> collectif, solidarité… »<br />

des rencontres avec d’autres futurs<br />

responsables de l’enseignement<br />

supérieur. Le futur directeur par<br />

intérim d’emlyon, Tugrul Atamer, y est<br />

son professeur et le futur directeur<br />

de ESCP, Frank Bournois, y enseigne<br />

également.<br />

Un univers dans lequel elle<br />

s’épanouit : « J’ai eu la révélation d’un<br />

environnement où on interroge les<br />

concepts et c’est tout naturellement<br />

que j’ai poursuivi par une thèse ». Mais<br />

comme elle tient absolument que son<br />

travail soit au plus près des faits en<br />

entreprise, c’est une thèse CIFRE,<br />

toujours à Lyon 3, qu’elle prépare<br />

chez PSA Peugeot-Citroën à Paris<br />

sur le thème « Multinationalisation<br />

des grandes entreprises implantées<br />

en France et gestion des cadres :<br />

spécificité <strong>du</strong> contexte européen ? ».<br />

Même si elle se rend compte à ce<br />

moment-là qu’une « thèse CIFRE n’est<br />

pas le meilleur moyen d’entrer dans<br />

une carrière académique », ses trois<br />

années de thèse la poussent, l’ont<br />

convaincue qu’elle avait toute sa place<br />

à l’université.<br />

En 1994 Isabelle Huault prend donc<br />

son premier poste en tant que maître<br />

de conférences en sciences de<br />

gestion (MSG) à l’Université Versailles-<br />

Saint Quentin (UVSQ). Reçue à<br />

l’agrégation <strong>du</strong> supérieur en 1999,<br />

elle est alors nommée professeure<br />

à l’université Paris 12 Val de Marne,<br />

à Créteil, face à des étudiants de<br />

première année pas toujours faciles :<br />

« Je me suis retrouvée devant des<br />

grands amphis un peu difficiles<br />

parfois. À la fois face à des étudiants<br />

à très haut potentiel, qu’on a envie de<br />

faire progresser, mais aussi face à<br />

d’autres qui ne sont absolument pas à<br />

leur place ».<br />

Trois ans plus tard, en 2002, elle<br />

entre dans une université de premier<br />

rang, Paris 2 Panthéon-Assas, et, en<br />

2005, saisit l’opportunité d’entrer à<br />

Paris-Dauphine, une université qui se<br />

distingue dans le paysage français.<br />

Jusqu’à la présidence<br />

« Paris-Dauphine est en effet une<br />

université hybride, si on y trouve des<br />

figures historiques de sciences de<br />

gestion, elle est aussi excellente en<br />

mathématiques ou en économie. Une<br />

large part de son financement repose<br />

sur ses ressources propres. Cela<br />

caractérise bien mon parcours : à la<br />

fois dans la recherche et proche <strong>du</strong><br />

monde socio-économique. » Isabelle<br />

Huault va passer quinze ans au sein<br />

de Paris-Dauphine et y franchir tous<br />

les échelons au cours d’un parcours<br />

très marqué par la recherche. D’abord<br />

directrice de l’école doctorale de<br />

gestion, elle va diriger l’Unité Mixte<br />

de Recherche (UMR CNRS) Dauphine<br />

Recherches en Management tout en<br />

étant vice-présidente de la section<br />

62


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

DÉCEMBRE 2021 N° 55<br />

emlyon BS<br />

Emlyon va inaugurer en 2024 un campus qui fera date en plein cœur de Lyon<br />

gestion <strong>du</strong> CNU (Conseil national des<br />

universités). En 2015, le président<br />

de l’époque, Laurent Batsch, la<br />

nomme vice-présidente chargée<br />

de la gestion des enseignantschercheurs.<br />

En décembre 2016, elle<br />

est élue présidente. « Compte tenu<br />

des résultats obtenus par mes listes<br />

dans les différents collèges, il n’y avait<br />

pas d’autre candidat à l’élection à la<br />

présidence. Ces bons scores tiennent<br />

sans doute à ma légitimité acquise<br />

en ayant su rassembler, participé au<br />

Comex de l’université et en m’étant<br />

intéressée à d’autres périmètres. »<br />

En 2020, nul ne doutait vraiment<br />

de sa réélection et Isabelle Huault<br />

se prépare à faire campagne pour<br />

un second mandat : « Au moment<br />

<strong>du</strong> début <strong>du</strong> premier confinement,<br />

j’avais commencé à écrire mon bilan<br />

et mon programme pour les élections<br />

de novembre 2020 » - quand la<br />

possibilité de prendre la direction<br />

d’emlyon se présente. Un cabinet de<br />

recrutement l’approche, des collègues<br />

la contactent. « Cela me surprend<br />

un petit peu car la porosité entre les<br />

universités et les grandes écoles n’est<br />

pas très forte. Il y a beaucoup de<br />

regards caricaturaux d’un côté comme<br />

de l’autre. Mais, notamment parce que<br />

je suis lyonnaise, je creuse le sujet. »<br />

Retour dans son « alma mater »<br />

Isabelle Huault n’a jamais coupé les<br />

ponts avec son « alma mater ». Elle<br />

avait présidé le jury d’intégration et de<br />

diplomation d’emlyon et fut membre<br />

de son conseil d’administration :<br />

« Je connais très bien la Faculté que<br />

je sais être de très haut niveau ».<br />

Elle ne méconnait pas non plus les<br />

turbulences dans lesquelles l’école est<br />

plongée. Son changement de statut,<br />

emlyon est désormais une entreprise<br />

privée, a fait couler beaucoup d’encre.<br />

Nommé en avril 2019 son directeur<br />

général, Tawhid Chtioui, a quitté l’école<br />

début 2020. Enfin la <strong>du</strong>rée de son<br />

habilitation à délivrer le titre de master<br />

pour son diplôme grande école a été<br />

ré<strong>du</strong>ite de cinq à trois ans.<br />

Pas de quoi décourager Isabelle<br />

Huault : « Je pensais pouvoir<br />

apporter de la sérénité avec un<br />

profil académique. De plus j’avais la<br />

63


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

DÉCEMBRE 2021 N° 55<br />

certitude que les fondamentaux de<br />

l’école étaient toujours là. Il fallait<br />

lutter contre les propos erronés<br />

tenus sur l’école et reconstituer une<br />

équipe managériale. » Son expérience<br />

à la tête de Paris-Dauphine lui<br />

permet de comprendre rapidement<br />

les attentes des équipes. « Je n’ai<br />

pas changé de métier, ni d’identité<br />

professionnelle, en passant de l’une<br />

à l’autre ! Les fondamentaux sont<br />

identiques. Les différences résident<br />

dans la gouvernance et dans le modèle<br />

économique. Sur ce dernier point,<br />

Dauphine est une université hybride :<br />

50 % des ressources de Dauphine-<br />

PSL lui sont propres et Paris-<br />

Dauphine est à la fois membre de la<br />

Conférence des Grandes Écoles (CGE)<br />

et de la Conférence des Présidents<br />

d’Université (CPU). »<br />

Depuis un an et deux mois qu’elle<br />

dirige emlyon, beaucoup de dossiers<br />

ont avancé. Pour réaffirmer sa<br />

mission d’intérêt général, emlyon est<br />

ainsi devenue une société à mission.<br />

« C’est un projet très structurant et<br />

fédérateur qui a été engagé dès mon<br />

arrivée à la direction de l’école. C’est<br />

le fruit d’une démarche participative<br />

qui nous a permis d’aboutir à la<br />

formulation de notre raison d’être<br />

associée à des objectifs sociaux<br />

et environnementaux clairement<br />

définis. »<br />

emlyon BS<br />

Le learning hub <strong>du</strong> campus stéphanois de emlyon<br />

Surtout la construction de son futur<br />

campus a été lancée en octobre 2021.<br />

En 2023 les étudiants feront leur<br />

entrée dans ce qui sera le premier<br />

campus d’une école de management<br />

construit <strong>spécial</strong>ement pour elle<br />

depuis celui de l’Edhec en 2010.<br />

« C’est un projet emblématique à tous<br />

les points de vue, à la fois un levier<br />

extraordinaire pour notre attractivité<br />

internationale et un très beau geste<br />

architectural au centre de Lyon. »<br />

Fini donc le lointain campus d’Ecully<br />

pour un projet qui a largement évolué<br />

depuis l’arrivée d’Isabelle Huault :<br />

« Nous avons revu la copie pour en<br />

faire un vrai espace d’apprentissage.<br />

Le Hub Gerland est devenu l’Agora des<br />

transformations. Ce sera un campus<br />

connecté et <strong>du</strong>rable, dans le respect<br />

des normes environnementales<br />

les plus exigeantes. Nous voulons<br />

également en faire un lieu ouvert vers<br />

les entreprises, les associations,<br />

les partenaires académiques.<br />

Toutes celles et ceux intéressés<br />

par nos activités – incubateur,<br />

accélérateur, maker’slab, conférences<br />

scientifiques…– seront les<br />

bienvenus. » Isabelle Huault imprime<br />

peu à peu sa marque sur emlyon.<br />

64


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

LÉON<br />

LAULUSA<br />

directeur général<br />

de ESCP<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Léon Laulusa, passion tennis<br />

et enseignement supérieur<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Pour<br />

le futur directeur<br />

général de ESCP<br />

Business School,<br />

Léon Laulusa, tout<br />

se joue le 1 er janvier<br />

1976. D’origine sinolaotienne<br />

il vient<br />

de fuir avec ses<br />

parents le nouveau<br />

régime qui a pris<br />

le pouvoir en 1975<br />

au Laos après une<br />

longue guerre civile.<br />

Avec le soutien de la<br />

Croix Rouge, il arrive<br />

en France, à Paris<br />

en centre d’accueil<br />

puis va à Metz. Il a<br />

huit ans. Sa vie vient<br />

de se transformer<br />

totalement.<br />

« Alors qu’ils étaient entrepreneurs<br />

au Laos, mes parents deviennent<br />

ouvriers. Mon père est d’abord<br />

ouvrier technique chez Renault puis<br />

gardien de nuit et ma mère travaille<br />

chez General Motors puis Suchard<br />

avant que des amis ne leur prêtent<br />

assez pour monter une petite<br />

bijouterie », se souvient Léon Laulusa,<br />

« reconnaissant à la France et à l’école<br />

républicaine ». Alors qu’initialement<br />

c’était plutôt aux Etats-Unis que sa<br />

famille comptait se rendre : « Mon<br />

frère et ma sœur étaient partis à Hong<br />

Kong pour apprendre l’anglais, et sans<br />

doute auraient-ils ensuite continué<br />

leur vie aux Etats-Unis. C’était en tout<br />

cas le projet de mon père influencé<br />

par nos amis partis aux Etats Unis.<br />

Mais pas celui de ma mère qui voulait<br />

aller en France. J’ai donc pu bénéficier<br />

de l’excellence à la française ».<br />

Ce sera la France pour le jeune Léon<br />

qui ne parle à l’époque pas un mot de<br />

français - seulement « merci » - et<br />

répond donc « merci » à tout ce que lui<br />

disent les employés de la Croix Rouge :<br />

« Je découvrais tout. Je n’avais jamais<br />

vu de neige. Jamais coupé de steak.<br />

Je me souviens aussi de la première<br />

fois que j’ai mangé un yaourt. Je<br />

pensais que c’était une glace et j’ai été<br />

très surpris. C’est à cette occasion<br />

que je me suis dit qu’il allait vraiment<br />

falloir tout réapprendre pour vivre en<br />

France. Et mes parents me disent :<br />

« Maintenant c’est ton pays ! » ».<br />

Une rapide intégration<br />

A Luang Prabang, la capitale royale<br />

<strong>du</strong> Laos, Léon Laulusa était scolarisé<br />

dans une école bilingue, mandarin<br />

et laotien, dans la continuité de<br />

l’é<strong>du</strong>cation reçue de la part de ses<br />

grands-parents chinois. Le niveau en<br />

mathématiques y était excellent, ce qui<br />

favorisera sa très rapide intégration à<br />

l’école. Très vite naturalisé Français,<br />

excellent élève, souvent premier de<br />

sa classe, Léon Laulusa s’approprie<br />

très vite la culture française, le tout en<br />

travaillant longtemps en plus pendant<br />

ses loisirs. L’été, son premier emploi<br />

fut dans une usine de nettoyage<br />

de nappes de restaurant : « J’y ai<br />

découvert un taylorisme très proche<br />

des « Temps modernes » de Charlot.<br />

Je me suis tout de suite dit que je<br />

ne ferai jamais ça plus tard. » L’été<br />

suivant, il sera chef de rang dans un<br />

restaurant, l’Entrecôte aux Halles,<br />

puis guichetier à la Caisse d’Épargne.<br />

L’occasion pour lui d’apprendre à<br />

65


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

travailler avec des personnes plus<br />

âgées et « à ne pas se tromper en<br />

donnant de l’argent ».<br />

Au lycée obtient son bac C<br />

(scientifique) sans savoir trop quoi<br />

faire après : « Ma moyenne était<br />

bonne mais pas excellente à force de<br />

faire de petits boulots le week-end.<br />

La proviseure me dit donc qu’une<br />

prépa HEC est une « utopie pour<br />

moi » ». Il a ensuite beaucoup étudié<br />

pour montrer qu’elle avait tort. Ce<br />

sera donc l’université avec un DUT<br />

GEA (gestion des entreprises et<br />

des administrations) puis un MSTCF<br />

(master des sciences et techniques<br />

comptables et financières) à La<br />

Sorbonne, un Master Administration<br />

des Entreprises à l’IAE de Paris,<br />

un Diplôme d’Expertise Comptable<br />

(DEC), un DEA (diplôme d’études<br />

approfondies), puis une thèse à Paris-<br />

Dauphine et enfin une HDR (habilitation<br />

à diriger des recherches).<br />

Du conseil au professorat<br />

Après son MSTCF et l’IAE de Paris,<br />

Léon Laulusa devient très rapidement<br />

chef de mission dans le cabinet d’audit<br />

et de conseils BDO Marque et Gendrot,<br />

devenu par la suite Deloitte : « J’ai<br />

été nommé chef de mission après<br />

seulement neuf mois quand il faut<br />

normalement trois à cinq ans. J’étais<br />

efficace en connaissant toutes les<br />

règles comptables et fiscales grâce<br />

ma MSTCF et en réalisant ma mission<br />

avec excellence, diligence et célérité.<br />

On m’appelait même « M. Francis<br />

Lefebvre » tant je maitrisais bien<br />

chaque article. De plus, je savais faire<br />

<strong>du</strong> développement commercial ».<br />

Mais il lui semblait manquer un<br />

élément pour être légitime dans<br />

son poste. Il se lance donc un<br />

DEA puis embraye sur une thèse à<br />

Paris-Dauphine sous la direction<br />

<strong>du</strong> professeur Yvon Pesqueux,<br />

rejoignant ainsi son frère et sa sœur<br />

également titulaires d’un doctorat<br />

ESCP BS<br />

dans des disciplines scientifiques.<br />

Jeune thésard, Léon Laulusa a alors<br />

l’opportunité de donner ses premières<br />

vacations à HEC. Nous sommes en<br />

1996 et ses débuts ne sont pas faciles<br />

- « Je termine en 50 minutes mon<br />

cours d’une heure et demie » - mais<br />

trois ans plus tard, il rejoint ESCP<br />

en tant que vacataire et en donne<br />

rapidement jusqu’à 150 heures par an<br />

avec « de très bonnes évaluations de<br />

ses élèves ». Entretemps, il a quitté<br />

BDO <strong>du</strong>rant sa thèse doctorale en<br />

convention CIFRE et il devient manager<br />

en développement international dans<br />

un cabinet en stratégie. Il réintègre<br />

ensuite BDO devenu Deloitte à la suite<br />

de leur fusion. En 2005, après son<br />

doctorat en science de gestion et avec<br />

l’accord <strong>du</strong> cabinet, ESCP lui propose<br />

de devenir professeur-assistant<br />

permanent à temps partiel alors<br />

qu’il exerçait en activité principale la<br />

fonction d’Associé dans la pratique<br />

Audit puis Consulting chez Deloitte.<br />

Le conseil ou le professorat ? Un<br />

jour il va lui falloir choisir. En 2009,<br />

c’est l’année <strong>du</strong> choix ! C’est décidé :<br />

ce sera le professorat : « Chez<br />

Deloitte, j’accompagnais des clients<br />

prestigieux en finance tant en France<br />

qu’à l’international, c’était également la<br />

grande époque de mise en place des<br />

ERP, cela me passionnait mais mon<br />

cœur me disait de devenir professeur<br />

à plein temps à ESCP. Et je l’ai écouté<br />

tout en gardant d’excellentes relations<br />

avec Deloitte ».<br />

Et si au passage il n’hésite pas à<br />

diviser son salaire par trois, c’est<br />

parce qu’il trouve l’école absolument<br />

« formidable » : « Son potentiel<br />

est unique et je m’y suis vraiment<br />

retrouvé. J’avais envie de servir la<br />

66


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

société et d’accompagner les élèves<br />

comme quand j’avais été professeur<br />

de tennis. Faire progresser les jeunes<br />

c’est toute la noblesse de l’é<strong>du</strong>cation ».<br />

Il y enseigne depuis la comptabilité<br />

financière, le contrôle de gestion, le<br />

management pratiqué en Chine et le<br />

leadership.<br />

L’itinéraire d’un futur directeur<br />

Devenu professeur associé à temps<br />

plein à ESCP en 2009, Léon Laulusa<br />

franchira rapidement les étapes. Dès<br />

cette première année le directeur de<br />

l’époque, Pascal Morand, lui demande<br />

de s’occuper des relations avec la<br />

Chine, en relation avec une thèse<br />

consacrée aux entreprises asiatiques :<br />

« Je côtoyais les grandes universités<br />

chinoises pour signer des conventions<br />

académiques et développer des<br />

partenariats. Cette dimension<br />

internationale me passionne et en 2013<br />

je suis nommé directeur académique<br />

adjoint chargé <strong>du</strong> développement<br />

international puis directeur des<br />

relations internationales ».<br />

Depuis 2013, il aura successivement été<br />

directeur académique et des relations<br />

internationales depuis 2017, directeur<br />

général adjoint chargé des affaires<br />

académiques et internationales en 2018<br />

et directeur général délégué depuis<br />

le 1 er janvier 2022 avant de prendre,<br />

en janvier 2023, la direction de ESCP<br />

par intérim suite au départ de Frank<br />

Bournois. En mai 2023 il devient enfin<br />

directeur général de ESCP - « Frank<br />

Bournois m’aura accompagné tout<br />

au long de ces étapes, tout comme le<br />

président de l’école, Philippe Houzé »<br />

- tout en ayant conscience des atouts<br />

que lui a apporté son propre parcours :<br />

ESCP BS<br />

L’ESCP c’est six campus en Europe (ici Berlin) qu’il faut gérer<br />

de Paris tout en déléguant largement aux acteurs locaux<br />

« Ces dernières années nous avons<br />

vécu beaucoup de crises dans le<br />

monde et j’ai le sentiment que le<br />

parcours atypique que j’ai vécu m’a<br />

appris à gérer ma vie avec philosophie<br />

et de manière résiliente ».<br />

Retour au Laos, passion pour<br />

Confucius<br />

Le Laos, Léon Laulusa n’y reviendra<br />

que 40 ans après. En 2016. Surpris<br />

de constater que le Palais Royal, dont<br />

il habitait tout près, était « beaucoup<br />

plus petit que dans son souvenir ».<br />

Une enfance au Laos dont il garde de<br />

nombreux autres souvenirs : « Enfant,<br />

je passais beaucoup de temps avec<br />

les bonzes. J’adorais apprendre leur<br />

philosophie - leur respect <strong>du</strong> cycle<br />

de la nature notamment - ou les voir<br />

réaliser des tours de magie ». Il se<br />

souvient également de journées passées<br />

en short et chemisette que « nous<br />

enlevions pour prendre les douches<br />

chaudes de la pluie et nager dans le<br />

Mékong ».<br />

C’est aussi en souvenir de ses racines<br />

qu’il se passionne pour la pensée<br />

de Confucius au point de consacrer<br />

sa thèse à L’Influence des valeurs<br />

confucéennes <strong>du</strong>rant le processus<br />

de contrôle organisationnel au sein<br />

des entreprises chinoises en Asie.<br />

« Max Weber s’interrogeait sur<br />

l’absence de l’éthique protestante en<br />

Asie et sur les freins que cela pouvait<br />

représenter pour son développement.<br />

Le confucianisme est-il un frein au<br />

développement ? Ma conclusion,<br />

très rationnelle de par ma formation<br />

d’expert-comptable est que non.<br />

Ni une accélération », analyse Léon<br />

Laulusa. Pour parvenir à cette<br />

67


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

conclusion, il visite 79 entreprises<br />

en Chine, une dizaine à Singapour, à<br />

Taïwan et en Thaïlande, un pays dans<br />

lequel il s’interroge également sur<br />

l’influence <strong>du</strong> bouddhisme : « Partout<br />

je m’interroge. Comment quantifier,<br />

mesurer les valeurs. Comment<br />

influencent-elles le reporting, la<br />

perception, comment crée-t-on une<br />

confiance qui n’est pas universelle ? »<br />

De ces voyages il ramène à chaque<br />

fois une trentaine de kilos de<br />

photocopies, négociant avec les<br />

compagnies aériennes pour ne pas<br />

payer de suppléments, qu’il relira<br />

une fois revenu en France. Cumulant<br />

emploi et thèse, il lui faudra huit ans<br />

pour la finaliser.<br />

Les défis d’un directeur<br />

Devenu directeur général de ESCP<br />

Léon Laulusa va notamment impulser<br />

la vision de l’Ecole, piloter sa stratégie<br />

et maintenant gérer la rénovation<br />

<strong>du</strong> campus historique de ESCP à<br />

Paris. Un chantier de 150 millions<br />

d’euros, dont 110 financés par la CCI<br />

Paris Ile-de-France, qui va <strong>du</strong>rer<br />

quatre ans et permettra à l’école<br />

d’emménager dans un campus vertical<br />

unique écologique et innovateur avec<br />

des locaux entièrement rénovés et<br />

innovants. Pendant ces quatre ans,<br />

l’école sera hébergée dans d’autres<br />

locaux que la CCI a fait rénover porte<br />

de Champerret : « Nos étudiants<br />

y auront beaucoup d’espaces de<br />

convivialité et également de salles de<br />

classe bien connectées ». Un second<br />

immeuble est loué pour recevoir une<br />

partie des personnels tout près de<br />

là, alors que ESCP possède toujours<br />

également un campus à côté de la<br />

gare Montparnasse.<br />

Sa passion pour le tennis<br />

La passion de jeunesse de Léon Laulusa,<br />

c’est le tennis. En compagnie d’autres<br />

bons jeunes joueurs français comme lui,<br />

à partir de 1983 et pendant trois ans, il<br />

devient donc ramasseur de balles pendant<br />

le tournoi de Roland-Garros. Il y admire<br />

et cotoie Ivan Lendl, John McEnroe, Mats<br />

Wilander et surtout Yannick Noah : « Je me<br />

souviens qu’il m’avait dit de m’appuyer sur<br />

mes points forts et c’est ce que j’ai toujours<br />

fait, dans le tennis comme à l’école. »<br />

Être ramasseur de balles à Roland-Garros,<br />

c’est aussi « apprendre la résilience quand<br />

il faut passer dix heures par jour sur un<br />

court dans le soleil et apprendre à diriger et<br />

encourager une équipe », souligne le futur<br />

directeur, déjà devenu à l’époque capitaine<br />

de son équipe des ramasseurs de balles<br />

puis capitaine de toutes les équipes. Et<br />

même une année vainqueur <strong>du</strong> tournoi de<br />

tennis, qui oppose tous les ramasseurs de<br />

balle à la fin de Roland-Garros, après en<br />

Mais ESCP, c’est bien sûr également<br />

cinq campus dans toute l’Europe<br />

et donc un rôle très particulier<br />

pour son directeur général, qui va<br />

passer environ 55 jours par an sur<br />

ces implantations pour les conseils<br />

d’administration locaux, rencontrer<br />

ses collègues et ses élèves. Et parfois<br />

gérer également des questions<br />

immobilières : « Nous aurons bientôt<br />

un nouveau campus à Turin alors que<br />

Londres et Berlin s’étendent. Mais ce<br />

sont des sujets que nos directeurs<br />

locaux gèrent très bien ». Pour assurer<br />

cette gouvernance Léon Laulusa<br />

vient de s’entourer d’une nouvelle<br />

équipe de direction multiculturelle<br />

avec la Suisse-Allemande Véronique<br />

Tran, directrice générale adjointe en<br />

charge de l’Executive e<strong>du</strong>cation et des<br />

relations entreprises, le Thaïlandais<br />

Pramuan Bunkanwanicha doyen <strong>du</strong><br />

corps professoral, l’Italien, Francesco<br />

avoir été deux fois finaliste sous le regard<br />

<strong>du</strong> grand arbitre de l’époque, le célèbre<br />

Jacques Dorfmann : « Je n’étais ni le plus<br />

fort ni le plus grand. Ma force c’était ma<br />

capacité tactique à lire le jeu de l’adversaire.<br />

Je scrutais leurs points forts et faibles au<br />

début <strong>du</strong> match. Mais mes parents n’étaient<br />

pas d’accord pour que je poursuive dans<br />

cette voie, jugeant que c’était une carrière<br />

qui ne <strong>du</strong>rait pas ». De plus, le capitaine<br />

de l’équipe de France de Coupe Davis<br />

de l’époque, Jean-Paul Loth, lui explique<br />

qu’à moins « de réaliser une performance<br />

incroyable et d’avoir un physique hors<br />

norme il a peu de chance de réussir ». Ce<br />

ne sera donc pas le tennis qui rythmera<br />

toute la vie. Celui qui devait manquer trois<br />

semaines de cours chaque année pour être<br />

à Roland-Garros va donc se consacrer<br />

pleinement à ses études, tout en continuant<br />

longtemps à donner des cours de tennis.<br />

Rattalino, directeur général adjoint<br />

des affaires académiques et de<br />

l’expérience étudiante ou encore<br />

le Britannique Simon Mercado,<br />

directeur général adjoint en charge<br />

<strong>du</strong> développement international, des<br />

partenariats et des accréditations.<br />

« Être international c’est l’ADN<br />

de ESCP avec aujourd’hui 65 %<br />

d’étudiants internationaux venus<br />

de 133 pays pour 35 % d’étudiants<br />

français », rappelle le directeur qui<br />

présidait également un European<br />

Teaching Learning Committee chargé<br />

d’harmoniser le contenu des cours<br />

dans toute l’Europe : « ESCP est une<br />

école pan-européenne reconnue<br />

localement comme le proclame<br />

les portraits que nous affichons<br />

aujourd’hui sur nos campus sur le<br />

thème « United in Diversity » ».<br />

68


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

DELPHINE<br />

MANCEAU<br />

Directrice générale<br />

de NEOMA BS<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Delphine Manceau, une surdouée<br />

à la pointe de l’innovation<br />

Nous sommes en<br />

octobre 1986. Une<br />

toute nouvelle<br />

préparationnaire<br />

scientifique <strong>du</strong> lycée<br />

Louis-Le-Grand à<br />

Paris sent que cette<br />

prépa ne lui convient<br />

pas. « J’étais déjà<br />

élève au lycée<br />

Louis-Le-Grand<br />

avant le bac et j’avais<br />

choisi la prépa<br />

scientifique comme<br />

une évidence. Mais<br />

je ne me sentais<br />

pas de faire des<br />

mathématiques<br />

et de la physique<br />

à haute dose. La<br />

culture générale,<br />

l’histoire-géo me<br />

manquaient. »<br />

Delphine Manceau<br />

a 16 ans. Élève<br />

précoce, elle a<br />

obtenu son bac à 15<br />

ans.<br />

Son destin va changer « Cela s’est<br />

fait tout simplement, le proviseur<br />

m’a immédiatement inscrite en<br />

classe préparatoire économique et<br />

commerciale. J’ai juste dû chercher<br />

mes affaires et changer de classe au<br />

milieu de la matinée. » Suivront l’ESCP,<br />

un doctorat à HEC, un post doctorat<br />

à Wharton, un poste de professeur<br />

à l’ESCP, la direction de son PGE et<br />

de ses différents programmes, la<br />

création de l’Institut pour l’innovation<br />

et la compétitivité, la direction de<br />

l’EBS et celle enfin de NEOMA. Mais<br />

que se serait-il passé si Delphine<br />

Manceau n’avait pas ce jour-là<br />

monté l’étage qui con<strong>du</strong>it au bureau<br />

<strong>du</strong> Proviseur de Louis-Le-Grand ?<br />

« Difficile à dire mais en tout cas je<br />

me suis tout de suite sentie à l’aise en<br />

classe préparatoire EC. A l’ESCP, j’ai<br />

particulièrement apprécié les cours<br />

de management public qui m’ont bien<br />

préparée à la gestion d’une école et<br />

aux relations avec les collectivités<br />

locales. A la direction de NEOMA, je<br />

réponds à une mission de service<br />

public. »<br />

De ESCP à Wharton<br />

Rien ne prédisposait la jeune<br />

préparationnaire à cette carrière.<br />

« Ma mère était tra<strong>du</strong>ctrice de romans<br />

et professeure d’anglais. Mon père<br />

dirigeait un cinéma Art et Essai et<br />

était <strong>spécial</strong>iste <strong>du</strong> cinéma d’Europe<br />

de l’Est. » Personne ne savait donc<br />

vraiment ce qu’était une école de<br />

commerce dans la famille, mais<br />

personne n’était contre non plus et le<br />

passage en prépa EC se déroule bien.<br />

Reçue à l’ESCP à 17 ans, voilà Delphine<br />

Manceau diplômée à 20 ans. « Et<br />

comme j’avais l’air d’en avoir quinze<br />

– au point que certaines entreprises<br />

ne m’ont pas prise en stage car<br />

j’avais vraiment l’air trop jeune - je me<br />

suis dit que j’aurai tout avantage à<br />

poursuivre en doctorat. » Son sujet de<br />

thèse : les pré-annonces de nouveaux<br />

pro<strong>du</strong>its. Comprenez les annonces<br />

par des entreprises <strong>du</strong> lancement<br />

futur de tel ou tel modèle ou jeu vidéo.<br />

« Une pratique étrange puisqu’elle<br />

informe les concurrents des projets<br />

d’innovation de l’entreprise. Mais il<br />

peut s’agir de mettre sur orbite un<br />

modèle ou d’imposer une norme<br />

69


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

technologique, voire de dissuader<br />

un concurrent de se lancer, quitte<br />

même à ne jamais lancer le pro<strong>du</strong>it. »<br />

L’occasion de goûter de près à son<br />

futur métier puisque, pendant ses<br />

années de thèse à HEC, Delphine<br />

Manceau est également assistante<br />

pédagogique et de recherche et<br />

commence à enseigner. Et elle<br />

poursuit dans cette voie. A 26 ans, elle<br />

décide de franchir l’Atlantique. Et pas<br />

pour n’importe quelle business school.<br />

Pour l’une des toutes meilleures :<br />

Wharton à Philadelphie. « Deux des<br />

trois grands <strong>spécial</strong>istes de mon sujet<br />

de thèse s’y trouvaient à ce momentlà.<br />

Une formidable expérience de<br />

travail avec eux tout autant qu’avec<br />

les autres doctorants en marketing<br />

mais aussi l’ensemble des doctorants<br />

internationaux. » Et pendant un an,<br />

la vie au centre d’une ville historique<br />

où elle se fait quantités d’amis futurs<br />

professeurs.<br />

Ses 18 années passées à ESCP<br />

Pour autant, l’idée ne lui vient pas<br />

de rester aux États-Unis. A 27<br />

ans Delphine Manceau revient en<br />

France pour devenir professeure de<br />

marketing à l’ESCP, l’école où elle avait<br />

été étudiante. Puis la voilà responsable<br />

de la majeure marketing. Et là nouvel<br />

appel <strong>du</strong> destin : on lui propose de<br />

prendre en charge la version française<br />

d’un livre majeur que tout étudiant en<br />

gestion se doit d’avoir lu, Marketing<br />

Management, la « bible <strong>du</strong> marketing »<br />

de Philip Kotler, qu’elle publie toujours<br />

aujourd’hui.<br />

En tout, Delphine Manceau restera<br />

18 ans à l’ESCP. En 2005, la voilà<br />

directrice académique chargée<br />

<strong>du</strong> pilotage de l’ensemble des<br />

programmes diplômants sur les 5<br />

campus. « C’était le moment de la<br />

mise en application <strong>du</strong> processus<br />

de Bologne et <strong>du</strong> LMD au niveau<br />

Delphine Manceau et Alain Joyeux reçoivent Jean-Michel Blanquer au congrès de l’APHEC en 2019<br />

© Neoma BS<br />

© Neoma BS<br />

européen, et travailler dans une<br />

Ecole avec 5 campus en Europe m’a<br />

donné un regard privilégié sur cette<br />

évolution majeure de l’enseignement<br />

supérieur ». Cinq ans plus tard, elle<br />

fonde l’Institut pour l’innovation et la<br />

compétitivité. « Je voulais évoluer<br />

et l’occasion s’en est trouvée quand<br />

Christine Lagarde, alors Ministre<br />

de l’Economie, a demandé à Pascal<br />

Morand, à l’époque directeur général<br />

de l’ESCP, un rapport sur l’innovation<br />

puis a été la marraine de l’Institut.<br />

Nous avons alors promu une vision<br />

large de l’innovation, pas seulement<br />

liée à la R&D mais aussi aux usages,<br />

au design, aux modèles économiques.<br />

De même nous avons voulu montrer<br />

que des in<strong>du</strong>stries peuvent être<br />

innovantes au-delà des brevets. »<br />

L’institut est un Think Tank à la<br />

rencontre entre le monde académique,<br />

les entreprises et les pouvoirs<br />

70


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Delphine Manceau en 2008 avec ses équipes de ESCP<br />

School. « C’était aller dans le « vrai<br />

privé » et dans une école dont<br />

j’appréciais le caractère innovant et<br />

entrepreneurial. » Mais les choses<br />

se compliquent quand le président<br />

de Laureate France informe Delphine<br />

Manceau que son groupe sera<br />

bientôt racheté. « J’avais tellement<br />

muri ma décision que j’ai décidé<br />

d’y aller, sans savoir qui serait le<br />

nouvel acquéreur. » Nous sommes en<br />

mars 2016, le groupe Inseec rachètera<br />

le groupe Laureate France en juillet.<br />

« J’ai mis en œuvre tout un travail<br />

sur le positionnement de l’EBS, sa<br />

restructuration et l’obtention des<br />

accréditations. Ce fut court, 18 mois à<br />

peine, mais intense. ».<br />

publics. Delphine Manceau rentre ainsi<br />

dans le groupe d’experts auprès <strong>du</strong><br />

Commissaire européen à la recherche<br />

et à l’innovation.<br />

A la suite des relations privilégiées<br />

liées avec les entreprises, tout au<br />

long de nombreuses auditions et<br />

présentations de ses contributions<br />

sur l’innovation, Delphine Manceau<br />

prend son dernier poste au sein<br />

de l’ESCP : celui de directrice de la<br />

division corporate Europe en charge<br />

des partenariats entreprises, de<br />

l’Executive E<strong>du</strong>cation et notamment<br />

de l’Executive MBA. C’est alors que<br />

la nécessité de changer d’Ecole lui<br />

semble de plus en plus évidente. « Non<br />

pas que je me sentais mal à l’ESCP<br />

mais je sentais que c’était maintenant<br />

ou jamais qu’il fallait quitter le nid. »<br />

Elle avait en effet déjà renoncé à un<br />

poste prestigieux. « Aurais-je dû<br />

accepter la direction des programmes<br />

d’executive e<strong>du</strong>cation de Judge<br />

Business School, à Cambridge ? »<br />

Alors en poste à l’ESCP, elle ne<br />

franchit pas le pas « parce que c’était<br />

trop compliqué au plan familial ».<br />

Elle avait pourtant réussi les étapes<br />

et rencontré des personnalités<br />

scientifiques mais aussi les membres<br />

de la haute société britannique qui<br />

composent le conseil d’administration<br />

de l’école. « C’était fascinant. A la fois<br />

comme lieu intellectuel et comme<br />

potentiel d’innovation ce qui reste ma<br />

passion. »<br />

Un choix judicieux<br />

Nous voilà en 2016. Delphine Manceau<br />

se voit proposer un nouveau<br />

challenge : prendre la direction d’une<br />

petite école de commerce, privée,<br />

membre d’un grand groupe américain,<br />

Laureate : l’EBS European Business<br />

© ESCP<br />

Son travail y est tellement salué<br />

qu’il attire le regard des recruteurs<br />

de l’enseignement supérieur, à la<br />

recherche de la perle rare capable<br />

de relancer NEOMA après la période<br />

de fusion. « En juillet 2017 on m’a<br />

proposé le poste et dès septembre<br />

j’y étais. » Pendant trois mois la toute<br />

nouvelle directrice va écouter ses<br />

équipes. « En résumé la fusion était<br />

réussie, la réorganisation faite, le<br />

modèle économique robuste, mais il<br />

fallait donner une identité à l’école qui<br />

dépasse la simple fusion entre Reims<br />

et Rouen. Il fallait donner <strong>du</strong> sens ! »<br />

En s’appuyant notamment sur son<br />

expertise en marketing, Delphine<br />

Manceau s’est employée depuis<br />

quatre ans à créer ce projet commun.<br />

Aujourd’hui, s’appuyant notamment<br />

sur la remontée dans les classements<br />

– qui a « recréé de la fierté » -, sur le<br />

sentiment d’appartenance et les traits<br />

distinctifs de l’Ecole, elle poursuit le<br />

développement et la progression de<br />

l’Ecole. Mais elle a surtout dû gérer<br />

71


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

la crise <strong>du</strong> Covid depuis plus d’un<br />

an. « En cette rentrée nous avons le<br />

bonheur de voir nos étudiants revenir<br />

sur nos campus. C’est une rentrée<br />

très chargée en émotion. Notamment<br />

pour les étudiants de deuxième année<br />

qui accueillent les premières années<br />

comme eux n’ont pas pu l’être. » La<br />

crise, NEOMA l’a affrontée avec l’atout<br />

d’une transformation digitale bien<br />

avancée avec plusieurs réalisations<br />

telles que le campus virtuel ou les<br />

cas en réalité virtuelle. « De même,<br />

nous avions créé il y a trois ans un<br />

service wellness qui a pu soutenir<br />

nos étudiants, et particulièrement<br />

nos étudiants internationaux. » Et<br />

maintenant ? « Nous travaillons sur le<br />

projet pédagogique de demain avec<br />

tout ce que nous avons testé et appris<br />

autour de l’enseignement à distance. »<br />

En compagnie <strong>du</strong> président de NEOMA,<br />

Michel-Edouard Leclerc, et <strong>du</strong> maire<br />

<strong>du</strong> XIII ème arrondissement de Paris, Jérôme Coumet,<br />

Delphine Manceau pose la première pierre<br />

<strong>du</strong> futur campus de NEOMA à Paris en 2019<br />

© Neoma BS<br />

Ses grandes dates<br />

Sa formation<br />

1986-1987 : classe préparatoire<br />

EC à Louis-Le-Grand<br />

1987-1990 : ESCP<br />

1992-1996 : Doctorat à HEC Paris<br />

1996-1997 : Senior fellow à Wharton<br />

2003 : HDR (habilitation à diriger les<br />

recherches) à l’université Grenoble Alpes<br />

Sa carrière<br />

1993-1996 : Assistante<br />

pédagogique à HEC Paris<br />

1997-2016 : professeur puis directrice<br />

académique, fondatrice et directrice<br />

de l’Institut pour l’Innovation et la<br />

compétitivité et directrice division<br />

Corporate Europe à ESCP<br />

2016-2017 : Directrice générale de l’EBS<br />

Depuis 2017 : Directrice générale<br />

de NEOMA business school<br />

Ses engagements<br />

Depuis 2021 : membre <strong>du</strong> conseil<br />

d’administration de la Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises<br />

de management (Cdefm)<br />

Depuis 2019 : vice-présidente de la<br />

Commission amont et trésorière de la<br />

Conférence des Grandes écoles (CGE)<br />

Depuis 2019 : Membre <strong>du</strong> Equis Committee<br />

2018-2020 : Présidente de l’European<br />

Advisory Council de l’AACCSB International<br />

72


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

EMMANUEL<br />

MÉTAIS<br />

Directeur général<br />

de l’Edhec BS<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Emmanuel Métais : un grand<br />

sportif aux commandes<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Pour<br />

le grand sportif<br />

qu’était Emmanuel<br />

Métais la vocation<br />

de l’enseignement<br />

de la gestion a été<br />

tardive. Certes il<br />

envisageait déjà<br />

d’être professeur,<br />

mais d’é<strong>du</strong>cation<br />

physique, à l’issue<br />

d’études de Sciences<br />

et techniques des<br />

activités physiques<br />

et sportives (STAPS)<br />

qui le passionnaient<br />

quand il a changé<br />

d’objectif. « Je<br />

faisais beaucoup de<br />

sport, notamment<br />

de hockey sur glace,<br />

et cela m’avait paru<br />

logique de m’engager<br />

dans la filière STAPS<br />

pour passer le<br />

CAPEPS et devenir<br />

professeur de<br />

sport », se souvient<br />

le directeur de<br />

l’Edhec, finalement<br />

convaincu par<br />

un professeur<br />

de l’université de<br />

Strasbourg, le<br />

sociologue Bernard<br />

Michon, de se lancer<br />

dans une toute autre<br />

voie.<br />

CHAMPION DE HOCKEY SUR<br />

GLACE<br />

L’histoire d’Emmanuel Métais c’est<br />

d’abord celle d’un grand sportif.<br />

Originaire d’Epinal, enfant « turbulent »<br />

ayant besoin d’un cadre, ses parents<br />

- elle institutrice, lui expert-comptable<br />

-, l’inscrivent dès ses 5 ans en cours<br />

de hockey sur glace. Il en fera à très<br />

haut niveau jusqu’à ses 32 ans et la<br />

naissance de sa première fille : « Je<br />

ne pouvais concevoir de le pratiquer<br />

comme un loisir, alors que j’avais été<br />

champion de France avec Epinal puis<br />

joué à Strasbourg en Nationale 1 ».<br />

Une vie de sportif qui l’occupe toute<br />

la semaine pour les entrainements<br />

et les week-ends pour des matchs<br />

dans toute la France : « Nous allions à<br />

l’époque également jouer en Allemagne<br />

où nous rencontrions, sur les bases<br />

militaires, des joueurs américains<br />

et canadiens. Cela me permettait<br />

d’être plongé dans un environnement<br />

international sans aller bien loin ». Il<br />

côtoie également de nombreux joueurs<br />

des pays de l’Est dans lesquels le<br />

hockey est le sport national.<br />

Surtout Emmanuel Métais apprend<br />

les notions de solidarité propres aux<br />

sports collectif de contact : « On<br />

dépend les uns des autres. Il faut avoir<br />

une capacité à renoncer à un peu de<br />

soi-même pour le bien de l’équipe.<br />

Je repère d’ailleurs vite ceux qui ont<br />

pratiqué des sports collectifs ». De<br />

plus le hockey est un défi permanent<br />

pour les joueurs, la composition de<br />

l’équipe change constamment pendant<br />

le match en fonction de la volonté <strong>du</strong><br />

coach. Et un sport très physique !<br />

« Tout est très codifié, il n’y a pas de<br />

violence dangereuse. C’est d’ailleurs<br />

le seul sport où on va en prison si on<br />

transgresse les règles », rassure le<br />

directeur, qui joua longtemps ailier<br />

droit, un poste où on marque des<br />

buts : « Dans une équipe il y a ceux<br />

qui marquent des buts mais aussi<br />

ceux qui leur permettent de le faire ».<br />

Aujourd’hui encore il regarde de<br />

nombreux matchs comme lors des<br />

derniers jeux Olympiques d’hiver de<br />

Pékin.<br />

STAPS, SOCIOLOGIE ET<br />

FINALEMENT GESTION<br />

Très logiquement Emmanuel Métais<br />

conjugue sa passion pour le hockey<br />

avec des études en STAPS une fois<br />

son bac en poche. Au bout de deux<br />

ans d’études le sociologue Bernard<br />

Michon lui donnera le goût de la<br />

recherche. D’abord en sociologie à<br />

Strasbourg – il écrira son mémoire de<br />

73


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

DEA (diplôme d’études approfondies,<br />

l’actuel master) sur le « phénomène<br />

sportif » - puis en doctorat de gestion<br />

dans le programme doctoral de<br />

l’Essec. Soutenue à l’IAE d’Aix-en-<br />

Provence sa thèse porte alors sur les<br />

stratégies de rupture, appliquées par<br />

les entreprises qui changent les règles<br />

<strong>du</strong> jeu. Un domaine qu’il suivra toute<br />

sa vie professionnelle et investiguera<br />

avec des collègues comme Bertrand<br />

Moingeon et Pierre-Xavier Meschi.<br />

Son directeur de thèse n’est autre<br />

que Maurice Saïas, qui compte parmi<br />

les professeurs de stratégie les plus<br />

reconnus dans le monde. « Il m’a<br />

expliqué que Michael Porter était<br />

dépassé et qu’il fallait comprendre<br />

d’autres modèles stratégiques au<br />

moment où les entreprises japonaises<br />

changeaient les règles <strong>du</strong> jeu. Il me<br />

disait de ne pas « perdre mon temps<br />

avec les vieux modèles ». Je me<br />

souviens que j’ai travaillé sur des<br />

sujets qui paraissaient abscons à<br />

d’autres professeurs qui ont travaillé<br />

dessus cinq ans après. » Maurice<br />

Saïas lui apporté également « l’idée<br />

que le recherche doit avoir un impact<br />

sur les entreprises ».<br />

Après y avoir obtenu sa thèse en 1997,<br />

c’est également au sein de l’IAE d’Aixen-Provence<br />

qu’Emmanuel Métais<br />

obtiendra son HDR (habilitation à<br />

diriger les recherches).<br />

LE TOURNANT DE L’AACSB<br />

Tout en rédigeant sa thèse, Emmanuel<br />

Métais entre en 1995 à l’Edhec pour<br />

y enseigner. Ce qu’il fera pendant de<br />

nombreuses années dans le domaine<br />

de la stratégie. C’est là que le destin va<br />

de nouveau croiser son chemin. « Le<br />

deuxième tournant de ma vie a lieu en<br />

2002 quand le directeur de l’époque,<br />

Olivier Oger, me demande de prendre<br />

en charge le processus d’accréditation<br />

AACSB (Association to Advance<br />

Collegiate Schools of Business) de<br />

l’école. Je refuse deux fois puis, à<br />

sa troisième demande, je me sens<br />

un peu obligé d’accepter. Alors que<br />

je voulais uniquement enseigner et<br />

que je n’aurais jamais imaginé diriger<br />

un programme et encore moins une<br />

école ! », se souvient celui qui sera<br />

nommé directeur de l’Edhec quinze<br />

ans plus tard.<br />

Mais revenons en 2002. Si aujourd’hui<br />

être accrédité AACSB est totalement<br />

entré dans les mœurs, l’Edhec est<br />

parmi les premières à se frotter<br />

aux experts américains. « Il fallait<br />

comprendre leur système de<br />

pensée et faire entrer l’Edhec dans<br />

le processus. C’était magique de se<br />

sentir utile en faisant collectivement<br />

bouger les équipes. » Aujourd’hui<br />

encore le certificat de cette première<br />

accréditation est encadrée dans son<br />

bureau au côté d’un palet de hockey<br />

ou encore <strong>du</strong> prix qu’il avait reçu de la<br />

fondation Edhec pour un livre tiré de<br />

sa thèse.<br />

Edhec BS<br />

74


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

DU MBA À LA GRANDE ÉCOLE<br />

Après avoir pris la responsabilité<br />

d’un département, Emmanuel Métais<br />

va bientôt prendre celle de tout<br />

un programme. En 2004 l’Edhec a<br />

racheté Theseus, un organisme de<br />

formation créé par France Télécom<br />

pour y former des ingénieurs télécom<br />

venus <strong>du</strong> monde entier. « Je quitte<br />

Lille après y avoir passé dix ans<br />

pour m’installer à Nice et relancer un<br />

organisme qui semblait bien mal parti<br />

avec une fusion difficile entre ses<br />

équipes et les nôtres. » La première<br />

année seulement 11 élèves sont<br />

finalement recrutés mais ses équipes<br />

parviennent à relancer le programme.<br />

Ils seront bientôt 30 élèves puis 50<br />

chaque année à venir y suivre un<br />

MBA. « C’était une vie professionnelle<br />

fantastique avec très peu de<br />

contraintes. Il fallait juste rester dans<br />

les préconisations de l’organisme<br />

accréditeur, l’Amba. Sinon on peut<br />

constamment innover. Par exemple<br />

nous avons décidé de donner des<br />

cours de philosophie aux élèves. »<br />

Pendant dix ans, Emmanuel Métais<br />

va donc développer l’activité MBA<br />

de l’Edhec comme une « aventure<br />

entrepreneuriale » qui lui « donne<br />

goût au management » : « Le MBA<br />

est un marqueur essentiel pour<br />

toute business school sur la scène<br />

internationale. Il faut absolument<br />

entrer dans le top 100 <strong>du</strong> Financial<br />

Times et de The Economist pour être<br />

visible ».<br />

La réussite est là. Logiquement en<br />

2015 Olivier Oger lui propose de<br />

passer à l’étape supérieure pour une<br />

école de management française : son<br />

programme Grande école. Il hésite.<br />

Pas très longtemps : « Diriger le PGE<br />

c’était revenir dans un système très<br />

Les locaux de l’EDHEC à Nice<br />

formaté quand j’étais très libre avec<br />

le MBA. Mais au bout de quelques<br />

jours de réflexion je me suis dit qu’il<br />

fallait accepter car c’est forcément le<br />

programme phare de l’école. J’ai donc<br />

commencé à réfléchir à comment<br />

innover, sur des thèmes comme<br />

le digital ou l’international, afin de<br />

renforcer le programme alors que la<br />

finance nous avait donné une vraie<br />

visibilité mais en occultant un peu tout<br />

le reste ».<br />

La vente de Scientific Beta<br />

En 2020 c’est un coup de tonnerre qui va<br />

marquer le monde des business schools.<br />

L’Edhec vend sa filiale <strong>spécial</strong>isée dans les<br />

indices financiers, Scientific Beta, pour<br />

200 millions d’euros ! Le fruit d’un long travail<br />

qui fait de la recherche de l’Edhec une source<br />

de revenus. « Nous avons tout d’abord<br />

construit il y a vingt ans un pôle d’excellence,<br />

dans le domaine de la recherche sur les<br />

risques financiers : EDHEC-Risk Institute.<br />

Progressivement, ce centre a acquis une<br />

réputation mondiale. En 2012, dans la lignée<br />

de ce succès, nous avons créé Scientific<br />

Beta, pour commercialiser, sur la base de<br />

nos recherches, des indices financiers<br />

2017 : LA DIRECTION DE L’EDHEC<br />

Deux ans plus tard Olivier Oger revient<br />

une nouvelle fois vers lui. Directeur<br />

emblématique depuis près de 30 ans<br />

de l’école, il va passer la main. Il lui<br />

propose de réfléchir à sa succession.<br />

Mais rien n’est fait car des candidats<br />

externes, dont certains avec un<br />

CV impressionnant, se présentent<br />

également. La discussion <strong>du</strong>rera<br />

longtemps avant que, le 1 er août 2017,<br />

utilisés par des investisseurs partout dans<br />

le monde », rappelle Emmanuel Métais. En<br />

2020, le fonds de dotation EDHEC cède<br />

Scientific Beta à la bourse de Singapour<br />

tout en conservant 7 % <strong>du</strong> capital.<br />

Aujourd’hui l’Edhec entend bien repro<strong>du</strong>ire<br />

une structure <strong>du</strong> même type, cette fois-ci<br />

consacrée aux infrastructures avec sa<br />

nouvelle filiale, Scientific Infra. Son centre<br />

de recherche à Singapour travaille sur de<br />

grandes bases de données composées<br />

de plus de 1 000 projets d’infrastructure,<br />

pour pro<strong>du</strong>ire des indices qui sont ven<strong>du</strong>s<br />

aux investisseurs pour guider leurs choix.<br />

EDHEC BS<br />

75


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Les locaux de l’EDHEC à Lille<br />

Une expansion sélective<br />

A l’horizon 2025 l’Edhec<br />

envisage une croissance de<br />

1,5 % <strong>du</strong> nombre d’étudiants<br />

par an pour atteindre<br />

les 10 500 étudiants et<br />

un chiffre d’affaires de<br />

170 millions d’euros.<br />

Surmonter la crise Covid<br />

Comme les autres<br />

responsables de<br />

l’enseignement supérieur son<br />

défi a été de surmonter la<br />

crise Covid en 2020 : « Cela<br />

a été une mise à l’épreuve<br />

qui révèle les capacités à se<br />

dépasser. Récent directeur<br />

général j’ai dû passer<br />

temporairement d’un style<br />

très participatif à un mode<br />

décisionnel forcément<br />

très rapide et directif ».<br />

EDHEC BS<br />

Emmanuel Métais soit nommé à la<br />

direction : « Je n’ai pas de mandat<br />

limité en temps aujourd’hui. Je peux<br />

aussi bien être encore là dans dix ans<br />

que partir avant. Mais naturellement<br />

ca me permet de projeter l’école dans<br />

le très long terme, le tout avec une<br />

équipe très expérimentée ».<br />

Le virage de l’école vers les questions<br />

de soutenabilité porte sa marque avec<br />

une stratégie 2020-2025 « EDHEC<br />

for Future Generations » qui marque<br />

la volonté de l’école de mettre ses<br />

programmes et sa recherche au<br />

service de grandes causes sociétales.<br />

« Des alumni me demandent parfois<br />

si nous serons toujours une business<br />

school à l’issue de ce plan. Oui, mais<br />

ce que nous entendons promouvoir<br />

c’est le développement d’un modèle<br />

économique soutenable. » Sociologue, il<br />

a lui-même travaillé sur la question de la<br />

performance sociétale des entreprises :<br />

« La responsabilité des Grandes écoles<br />

est de permettre une transformation<br />

de la société à grande échelle. Notre<br />

chance est que les entreprises sont<br />

demandeuses et que les jeunes peuvent<br />

les changer de l’intérieur ».<br />

Olivier Rollot<br />

EDHEC BS<br />

Apprendre le violoncelle<br />

à plus de 40 ans<br />

Depuis dix ans Emmanuel Métais s’est<br />

engagé dans l’apprentissage <strong>du</strong> violoncelle :<br />

« Ma fille prenait des cours et son professeur<br />

nous engageait à la soutenir. Résultat : je me<br />

suis moi-même mis à prendre des cours. »<br />

L’instrument le passionne : « Il demande une<br />

concentration absolue. Il y a 100 manières<br />

de pro<strong>du</strong>ire un do sur un violoncelle ».<br />

Comme la notion même d’apprentissage :<br />

« Etre un grand débutant à 40 ans est une<br />

expérience passionnante. C’est comme<br />

apprendre une nouvelle langue ! »<br />

76


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

EL MOUHOUB<br />

MOUHOUD<br />

Président de<br />

l’université<br />

Dauphine-PSL<br />

El<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Mouhoub Mouhoud :<br />

une réussite exemplaire<br />

Il a dix ans lorsqu’il<br />

arrive en France<br />

pour rejoindre son<br />

père qui avait quitté<br />

l’Algérie, comme tant<br />

d’autres, quelques<br />

années après<br />

l’indépendance, pour<br />

trouver un travail<br />

et permettre à ses<br />

enfants d’avoir une<br />

bonne é<strong>du</strong>cation. El<br />

Mouhoub Mouhoud<br />

est né en Algérie,<br />

dans un village de<br />

Kabylie, où la valeur<br />

première était le<br />

savoir.<br />

« Dès mon plus jeune âge je savais que<br />

le savoir et la transmission étaient la<br />

priorité aux yeux de mes parents, qui<br />

n’avaient pas eu la chance d’accéder<br />

à l’école, absente dans les zones<br />

rurales <strong>du</strong>rant la période coloniale »,<br />

se souvient le président de l’Université<br />

Paris Dauphine - PSL. Et de citer<br />

l’ethnologue Germaine Tillion dans son<br />

livre « Algérie 1957 » : « les colons ont<br />

brillé par leur absence ! ». Il admire avec<br />

émotion son père qui, après son travail<br />

chez Renault, suivait des cours tous<br />

les soirs <strong>du</strong>rant trois ans pour obtenir<br />

son certificat d’études avant de faire<br />

venir ses enfants près de lui, et être en<br />

mesure de lire leurs bulletins scolaires.<br />

A l’âge de six ans, scolarisé à Alger à<br />

l’occasion d’une première émigration,<br />

il savait lire, écrire et compter après<br />

avoir reçu l’enseignement d’un oncle<br />

« qui avait seulement cinq ans de plus<br />

que nous et jouait à nous donner des<br />

cours ». Il fallait aussi jongler entre trois<br />

langues, l’Amazigh (Kabyle) à la maison,<br />

l’arabe dialectal à l’extérieur entre les<br />

enfants et l’arabe littéral à l’école avant<br />

de découvrir le Français.<br />

Au début des années 1970, arrivé en<br />

plein milieu d’année dans la région<br />

parisienne, El Mouhoub Mouhoud entre<br />

en CM1 : « Les préjugés <strong>du</strong> Directeur de<br />

l’école sont tels qu’on me place au fond<br />

de la classe alors que j’étais bon élève<br />

en Algérie… ». « Mais ce fut aussi ma<br />

chance puisque je me retrouvai assis<br />

à côté d’un camarade, fils d’immigrés<br />

néerlandais, qui me donne les codes<br />

de l’école ». Et surtout il l’aide à bien<br />

parler français. Doué, EL Mouhoub<br />

Mouhoud se perfectionne vite : « Au<br />

retour des vacances d’été je maitrisais<br />

complétement le Français ».<br />

Son père lui achète un dictionnaire<br />

Larousse, qu’il « lit entièrement », puis<br />

un ami de son père lui déniche des<br />

collections entières de livres, livrés<br />

par cartons. « J’ai commencé par lire<br />

les romans de la Comtesse de Ségur.<br />

Heureusement plus tard mon père a<br />

également reçu la collection complète<br />

des œuvres de Jules Verne. Puis Jack<br />

London, etc. ». Autant de livres qu’il<br />

partageait avec ses sœurs dans un<br />

foyer où on dine tous les soirs à 19<br />

h « pour se parler, dixit le père » et<br />

où le goût de l’effort est enseigné :<br />

« Il faut travailler pour découvrir ses<br />

passions ! ».<br />

77


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

nous ne connaissions que l’université<br />

et le doctorat ». Il y réussit un excellent<br />

cursus à l’université de Paris I Sorbonne,<br />

de la première année au doctorat<br />

en passant par un DEA d’économie<br />

internationale (diplôme d’études<br />

approfondies, l’ancêtre des masters) en<br />

même temps que des études à l’INALCO :<br />

« Nous étions une jeunesse optimiste,<br />

persuadés que la vie serait toujours<br />

meilleure ». S’il hésite un moment<br />

à entrer à Sciences Po c’est très<br />

logiquement qu’il poursuit son cursus en<br />

doctorat. « C’est à ce moment-là que je<br />

commence à me demander comment je<br />

vais pouvoir publier dans des revues de<br />

recherche avec un nom aussi compliqué<br />

que le mien ! », s’exclame-t-il.<br />

DU LYCÉE AU DOCTORAT<br />

Au lycée Guillaume Budé de Limeil<br />

Brévannes dans le Val de Marne, El<br />

Mouhoub Mouhoud a la chance de<br />

rencontrer une professeure agrégée de<br />

lettres, Jeanine Garson, qui lui apprend<br />

à aimer la culture, le théâtre, la poésie :<br />

« Une période exceptionnelle avec des<br />

enseignants dévoués qui repéraient<br />

vos potentiels et vous guidaient sur les<br />

chemins à prendre ». Par « passion pour<br />

l’économie », il choisit la terminale B (ES)<br />

après une seconde et une première<br />

scientifiques : « Je voulais comprendre<br />

le monde, les inégalités entre les gens<br />

mais aussi entre les pays. Pourquoi<br />

certains pays sont plus développés que<br />

d’autres… »<br />

Son bac en poche El Mouhoub Mouhoud<br />

entre à l’université, à Paris 1 Panthéon-<br />

Sorbonne : « Je n’avais pas l’idée d’entrer<br />

en classe préparatoire. Comme objectif<br />

Sans bourse de recherche car non<br />

encore naturalisé français à ce momentlà<br />

(il faudra attendre 1992 pour autoriser<br />

l’accès des doctorants de nationalité<br />

étrangère), il a la chance d’être recruté<br />

comme chercheur par un institut de<br />

recherches économiques et sociales<br />

(IRES) : « J’ai pu vraiment m’y consacrer<br />

à écrire ma thèse effectuée toujours à<br />

l’université de Paris 1 ». Très en phase<br />

avec les préoccupations actuelles, sa<br />

thèse, pionnière, porte sur les effets <strong>du</strong><br />

changement technique sur la dynamique<br />

des avantages comparatifs et la<br />

fragmentation internationale des chaines<br />

de valeur : « J’ai essayé de comprendre<br />

comment un pays perd peu à peu ses<br />

avantages comparatifs mais peut<br />

aussi les récupérer, les reconquérir,<br />

par l’innovation technologique et les<br />

transformations techniques. Les<br />

relocalisations sont alors possibles<br />

grâce à l’avance technologique ».<br />

78


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

DE L’ENTRÉE DANS LA CARRIÈRE<br />

À DAUPHINE<br />

Docteur en sciences économique,<br />

titulaire d’une HDR (habilitation à diriger<br />

les recherches) puis agrégé en sciences<br />

économiques, El Mouhoub Mouhoud<br />

va occuper son premier poste, à<br />

l’université Paris 1 où il devient maître<br />

de conférence pour enseigner dans la<br />

nouvelle université d’Évry, nouvellement<br />

crée sous la tutelle de Paris 1. Après le<br />

concours d’agrégation d’économie où il<br />

est reçu en 1994, il devient professeur<br />

des universités à l’université de<br />

Bretagne Occidentale avant de revenir<br />

très vite à Evry. L’année suivante,<br />

parallèlement, il entre comme Conseiller<br />

scientifique au Commissariat général<br />

<strong>du</strong> plan, le futur France Stratégies.<br />

« Mes compétences sur les questions<br />

in<strong>du</strong>strielles avaient convaincu le<br />

Commissaire au plan, Jean-Baptiste de<br />

Foucault et j’y ai passé plus de dix ans. »<br />

Une période au cours de laquelle il sera<br />

successivement professeur à Evry, et<br />

Paris 13 Villetaneuse où il crée et dirige<br />

le centre d’économie et laboratoire<br />

CNRS de Paris Nord pendant 8 ans.<br />

« En 2006 enfin je pose mes valises<br />

à Dauphine. Je suis à la fois triste de<br />

quitter Paris 13 et heureux d’y diriger<br />

la mention de master « Affaires<br />

Internationales et Développement » et le<br />

Master 212 Affaires Internationales. »<br />

El Mouhoub Mouhoud s’intéresse<br />

également aux programmes<br />

économiques des candidats aux<br />

présidentielles et signera l’appel des<br />

économistes de soutien à François<br />

Hollande : « Je suis extrêmement<br />

reconnaissant à mes parents pour<br />

ce qu’ils ont fait, leur exemplarité. Je<br />

conserve au fond de moi cette volonté<br />

de contribuer à ré<strong>du</strong>ire les inégalités<br />

sociales ». Et s’il travaille beaucoup c’est<br />

qu’il considère avoir la chance d’être<br />

« payé à réfléchir » : « Je fais un métier<br />

formidable. C’est ce que je répondais à<br />

mes enfants quand ils me demandaient<br />

« pourquoi je travaillais tout le temps,<br />

même tard la nuit ? ».<br />

CHERCHEUR RECONNU<br />

DANS LE MONDE<br />

Avec d’autres collègues économistes<br />

El Mouhoub Mouhoud continue toutes<br />

ces années à publier des articles sur les<br />

questions économiques internationales,<br />

les effets de la mondialisation, la<br />

compétitivité in<strong>du</strong>strielle des territoires,<br />

les chocs de délocalisation qu’ils<br />

subissent : « les politiques publiques<br />

interviennent après ces chocs et c’est<br />

trop tard. La mobilité <strong>du</strong> travail interrégionale<br />

et internationale est simple<br />

pour les plus qualifiés, qui possèdent<br />

des réseaux internationaux, mais la<br />

mobilité des personnes moins qualifiées<br />

est très faible ».<br />

Ses travaux, comme ceux qu’il mène sur<br />

les relations euro-méditerranéennes,<br />

sont reconnus dans le monde entier.<br />

Depuis 2000, El Mouhoub Mouhoud<br />

aura ainsi été professeur visitant à<br />

National Seoul University, université de<br />

Fudan (Shanghai), New School for Social<br />

Research de New York, Université<br />

nationale de Bogota, Université<br />

de Princeton, … : « Un enseignantchercheur<br />

qui pro<strong>du</strong>it de la recherche<br />

de qualité est forcément mondialisé.<br />

Il faut absolument se confronter à<br />

ses pairs au-delà des frontières<br />

françaises ». Très internationale,<br />

l’Université Paris Dauphine-PSL<br />

favorise la mobilité internationale de<br />

ses étudiants (75 % des étudiants de<br />

License font un semestre en mobilité<br />

à l’étranger), de ses doctorants et<br />

post doctorants et de ses enseignants<br />

chercheurs. Le campus de Dauphine<br />

à Londres, qui vient d’être accrédité<br />

par l’Office for students à égalité<br />

avec les établissements britanniques<br />

79


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

d’enseignement supérieur, permet<br />

d’amplifier l’attractivité des étudiants<br />

de tous les continents directement vers<br />

ce campus. Sa stratégie est aussi de<br />

faire <strong>du</strong> campus de Dauphine à Tunis un<br />

hub de mobilité régionale avec l’Afrique<br />

subsaharienne et entre l’Est et le Sud de<br />

la Méditerranée.<br />

Une mondialisation que l’invasion russe<br />

en Ukraine est venue percuter : « Nous<br />

avons tout de suite condamné l’invasion<br />

et suspen<strong>du</strong> nos accords avec les<br />

universités russes ». De plus Dauphine<br />

prend totalement en charge des<br />

dizaines d’étudiants ukrainiens pour leur<br />

permettre d’accéder aux formations<br />

dès la rentrée 2022 mais aussi de les<br />

accueillir dans le cadre <strong>du</strong> diplôme<br />

d’université « Passerelles » mis en place<br />

il y a quelques années. « Nous activons<br />

également les dispositifs <strong>du</strong> programme<br />

PAUSE (*) pour favoriser la venue de<br />

professeurs et de doctorants ukrainiens<br />

comme nous le faisons de tous les pays<br />

en guerre. »<br />

LA PRISE PROGRESSIVE DE<br />

RESPONSABILITÉS<br />

Si El Mouhoub Mouhoud a été élu à la<br />

tête de son université en 2020, c’est<br />

après y avoir progressivement pris<br />

de plus en plus de responsabilités.<br />

D’abord celle <strong>du</strong> master Affaires<br />

internationales et Développement, qu’il<br />

a développé en créant sept parcours<br />

différents qui vont de la logistique aux<br />

affaires internationales en passant<br />

par le développement <strong>du</strong>rable. « En<br />

2012 j’ai co-créé le master Conflict<br />

Transformation and Peace Studies<br />

en y faisant travailler ensemble des<br />

informaticiens comme des logisticiens<br />

ou encore des <strong>spécial</strong>istes en science<br />

politique. Avoir autant de laboratoires de<br />

recherche dans toutes ces disciplines<br />

c’est la grande chance de Dauphine. ».<br />

Plus que jamais d’actualité, ce master<br />

vise à « former à la prévention de la<br />

violence, la construction de la paix, la<br />

gestion des situations critiques et la<br />

résolution des conflits ». Adepte de<br />

l’hybridation des compétences, plus<br />

exactement d’une bi-<strong>spécial</strong>isation des<br />

compétences, sans les diluer dans<br />

une pluridisciplinarité superficielle. El<br />

Mouhoub Mouhoud entend ainsi former<br />

des étudiants « maîtrisant à la fois les<br />

data et les recherches opérationnelles<br />

et les fondamentaux des relations<br />

internationales, de droit et de sciences<br />

humaines pour élaborer des schémas<br />

de recherche internationale ».<br />

Cette créativité pédagogique l’amène<br />

à devenir vice-président en charge<br />

des enseignants-chercheur dans<br />

l’équipe de la présidente Isabelle<br />

Huault. Le départ de cette dernière<br />

pour la direction de l’emlyon business<br />

school le prend un temps de court :<br />

« Je pensais effectuer un seul mandat<br />

de VP et j’envisageais ensuite d’entrer<br />

en délégation au CNRS et d’aller<br />

beaucoup à Princeton ». Sollicité par<br />

ses collègues, il décide finalement de se<br />

présenter à la présidence de l’Université<br />

Paris Dauphine - PSL où sa liste et<br />

son programme « Demain Dauphine »<br />

sont largement élus avec 75 % des<br />

voix et une participation record de<br />

96 % : « Pour diriger une université de<br />

recherche comme Dauphine, il faut<br />

être reconnu comme enseignantchercheur<br />

». Et un programme : « Nous<br />

avons adopté une stratégie offensive en<br />

nous projetant à 2030 pour construire<br />

l’université dont nous rêvons ». Fier<br />

de diriger une université à la pointe en<br />

termes de recherche et de formation<br />

(plus de 9 étudiants sur 10 sont en<br />

emploi dans un délai de deux semaines<br />

selon la dernière enquête CGE) le point<br />

clé de sa stratégie réside dans l’offre<br />

de doubles compétences, de la Licence<br />

au Doctorat en interne mais aussi grâce<br />

aux liens intenses qu’il a commencé à<br />

tisser avec les autres établissements<br />

80


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

En 2022, Paris-Dauphine entreprend<br />

des travaux qui vont largement<br />

transformer son bâtiment d’ici 2027<br />

comme le montre cette maquette<br />

Paris-Dauphine PSL<br />

de PSL. « Je suis convaincu par exemple<br />

que le monde socio-économique aurait<br />

tout à gagner à bénéficier de diplômés<br />

formés à une double compétence<br />

comme ceux qui suivront la double<br />

Licence de Dauphine en Intelligence<br />

artificielle et en sciences des<br />

organisations qui s’ouvre à la rentrée<br />

2022 ou encore le projet de double<br />

master ingénieur/managers entre l’école<br />

des Mines et Dauphine au sein de PSL. ».<br />

Dauphine vient de lancer des doctorats<br />

bi-disciplinaires, avec la création ex<br />

nihilo de quatre thèses binômées,<br />

qui associent deux doctorantes ou<br />

doctorants travaillant sur un même sujet<br />

et un directeur de thèse, chacun dans<br />

sa discipline, dans le cadre d’une chaire,<br />

en l’occurrence le Cercle Numérique.<br />

Une innovation extrêmement fertilisante<br />

pour la recherche et le croisement des<br />

savoirs, le risque de la pluridisciplinarité<br />

étant porté par l’institution et non par le<br />

doctorant.<br />

Plus généralement, El Mouhoub<br />

Mouhoud plaide pour que « La France<br />

investisse encore plus massivement<br />

dans la recherche, sur les deux cœurs<br />

<strong>du</strong> réacteur des universités : c’est-à-dire<br />

la formation des étudiants d’une part,<br />

et la rémunération des enseignantschercheurs<br />

d’autre part. Les écarts de<br />

rémunération sont de un à trois avec<br />

la Suisse, le Royaume Uni et d’autres<br />

pays européens, sans parler des Etats-<br />

Unis ». Si la Loi de la programmation de<br />

la recherche présente des avancées<br />

notables, il faut davantage investir dans<br />

ce cœur de l’université et pas seulement<br />

à côté ».<br />

Il insiste également sur la nécessité<br />

d’augmenter la dotation des étudiants :<br />

« Nous vivons toujours une situation<br />

de sous-investissement massif dans<br />

l’enseignement supérieur. Or les travaux<br />

des économistes montrent à quel point<br />

c’est un investissement rentable ! »<br />

(*) Le programme PAUSE permet<br />

l’accueil de scientifiques et d’artistes<br />

en exil dans des établissements<br />

d’enseignement supérieur et/ou de<br />

recherche et des institutions culturelles<br />

en France<br />

81


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

ELOÏC<br />

PEYRACHE,<br />

Directeur général<br />

de HEC Paris<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Eloïc Peyrache,<br />

La passion de l’économie<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Pour<br />

le futur directeur<br />

général de HEC Paris<br />

tout se joue en deux<br />

fois. A la naissance<br />

– à Bombay où son<br />

père est diplomate<br />

-, puis huit ans plus<br />

tard quand il part<br />

habiter au Japon<br />

avec sa famille.<br />

Il parle anglais<br />

avant le français, il<br />

apprend le japonais,<br />

son destin sera<br />

d’être international<br />

et aujourd’hui de<br />

« faire d’HEC une<br />

marque réellement<br />

mondiale ».<br />

Les trois premières années de sa<br />

vie, Eloïc Peyrache va les passer en<br />

Inde où son père est diplomate et sa<br />

mère travaille pour des entreprises<br />

in<strong>du</strong>strielles françaises. Il doit<br />

d’ailleurs à cette naissance en Inde<br />

son deuxième prénom, Anil : « vent<br />

doux » en sanscrit. Eloïc-Anil vit<br />

en famille à Bombay jusqu’à que sa<br />

mère décide qu’elle a également une<br />

carrière à suivre : « Elle ne voulait pas<br />

suivre mon père aux quatre coins <strong>du</strong><br />

monde en changeant d’affectation tous<br />

les trois ans. Il a donc démissionné<br />

<strong>du</strong> corps diplomatique pour, plus tard<br />

monter son entreprise de conseil,<br />

pendant qu’elle a réalisé une très belle<br />

carrière chez France Télécom puis<br />

Orange. Elle fut même la première<br />

femme à siéger au comité de direction<br />

d’Orange ».<br />

Les années japonaises<br />

Alors âgé de trois ans, Eloïc Peyrache<br />

rentre en France. Nous sommes en<br />

1978, il ne parle qu’anglais et apprend<br />

le français tout en découvrant la<br />

France. Cinq ans passent avant que<br />

ses parents ne s’envolent vers une<br />

autre destination. Ce sera le Japon où<br />

son père ouvre le bureau de l’Ademe<br />

(Agence de la transition écologique)<br />

et sa mère celui de France Télécom :<br />

« Au lycée français de Tokyo j’étais<br />

entouré d’étudiants venus <strong>du</strong> monde<br />

entier, Néerlandais, Espagnols,<br />

Africains, etc. tous francophones<br />

dans cet extraordinaire lieu de « soft<br />

power » que sont nos lycées français<br />

partout dans le monde ». Il y apprend<br />

tout naturellement le japonais et se<br />

sent toujours aujourd’hui au Japon<br />

« comme à la maison » tout en gardant<br />

le contact avec certains de ses amis<br />

de l’époque.<br />

Près de trente-cinq ans plus tard il<br />

devra y affronter un sacré défi. Le<br />

président de la célèbre université<br />

Hitotsubashi de Tokyo lui demande<br />

de prononcer un discours pour sa<br />

rentrée : « J’ai travaillé pendant des<br />

semaines sur ce discours et m’assurer<br />

de bien maîtriser toutes les formules<br />

de politesse si importantes au Japon.<br />

Tout ça pour que le président me<br />

demande de le prononcer en anglais,<br />

pour faire plus international. Au final<br />

je l’ai quand même prononcé aux deux<br />

tiers en japonais pour la grande joie<br />

des étudiants ».<br />

82


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

xxxxx<br />

et gestion, avant de partir pour l’École<br />

d’économie de Toulouse (TSE) : « En<br />

arrivant à Toulouse je me suis un<br />

peu demandé ce que je faisais là<br />

après avoir habité si loin de la France<br />

toute une partie de ma jeunesse. Au<br />

bout de trois jours j’ai adoré vivre à<br />

Toulouse entouré d’autres thésards<br />

qui venaient <strong>du</strong> monde entier.<br />

L’international, encore et toujours ».<br />

A TSE il obtiendra un DEA (diplôme<br />

d’études approfondies) d’économie<br />

mathématique et d’économétrie,<br />

logiquement suivi par un doctorat<br />

d’économie obtenu en 2003 et<br />

consacré aux Essais sur la théorie<br />

économique des signaux : applications<br />

aux marchés <strong>du</strong> travail et de la<br />

certification : « Je suis passionné par<br />

l’économie et j’ai adoré ces années<br />

à TSE. Suivre des cours dans un lieu<br />

aussi vibrant intellectuellement et<br />

aussi international, c’était formidable ».<br />

D’autant qu’il aura également<br />

l’opportunité, pendant son doctorat,<br />

de passer six mois à Northwestern<br />

tout proche de Chicago, pour y<br />

rejoindre son directeur de thèse, et<br />

un an à Barcelone dans le cadre d’un<br />

projet européen.<br />

Cap sur l’ENS<br />

Eloïc Peyrache rentre de nouveau<br />

en France pour ses quinze ans. Sa<br />

famille s’installe à L’Haÿ-les-Roses<br />

où il découvre un lycée où il n’y a pas<br />

seulement deux classes par niveau et<br />

600 élèves en tout, comme au lycée<br />

français de Tokyo, mais dix classes<br />

de 40 élèves pour chaque année. Bon<br />

élève il obtiendra son bac C tout en<br />

se consacrant à sa passion, le sport,<br />

et notamment le judo qu’il a beaucoup<br />

pratiqué au Japon : « J’étais ceinture<br />

noire au Japon et j’ai continué à faire<br />

de la compétition en France tout en<br />

pratiquant de nombreux sport dont le<br />

tennis. A l’époque j’étais persuadé que<br />

ma carrière se ferait autour <strong>du</strong> sport<br />

sans en choisir un en particulier car<br />

j’avais peur de m’ennuyer un jour ».<br />

Mais finalement les études l’emportent<br />

sur le sport. Eloïc Peyrache entre<br />

en classe préparatoire puis à l’ENS<br />

Paris-Saclay (à l’époque à Cachan), où<br />

il obtient son agrégation d’économie<br />

Devenir professeur<br />

A partir de son entrée à l’ENS Eloïc<br />

Peyrache se destine au professorat :<br />

« Mon père, dont j’admire beaucoup<br />

le côté entrepreneur, m’a demandé<br />

si je voulais un jour reprendre son<br />

entreprise. Mais j’étais parti dans une<br />

autre voie et je me suis senti plus attiré<br />

par le monde académique. Plus jeune,<br />

je me voyais déjà devenir entraineur ou<br />

professeur de sport ». Cette carrière<br />

académique il la débute en enseignant<br />

à l’université de Toulouse et par un an<br />

83


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

en postdoc au Centre de recherche<br />

en économie et statistique (CREST).<br />

Après son doctorat, il lui fallait en effet<br />

rentrer à Paris pour que sa femme,<br />

neurologue, qui l’avait suivi à Toulouse<br />

finisse son internat de médecine à<br />

Paris : « Je ne me suis pas posé la<br />

question d’aller aux Etats-Unis ou<br />

ailleurs. Ma femme suivait son clinicat<br />

et il était évident qu’on devait faire en<br />

sorte qu’elle ait également sa propre<br />

carrière ».<br />

Nous sommes en 2003, Eloïc<br />

Peyrache est recruté au département<br />

d’économie d’HEC. Cinq ans plus tard,<br />

il obtient sa « tenure ». « J’ai adoré<br />

enseigner et je regrette aujourd’hui<br />

de ne pas avoir conservé un cours<br />

quand, en 2009 je suis devenu<br />

directeur délégué d’HEC en charge <strong>du</strong><br />

programme Grande école ».<br />

Auparavant il aura créé l’incubateur<br />

HEC en 2007 en compagnie de<br />

deux étudiants très impliqués :<br />

Victor Lugger, le fondateur de Big<br />

Mamma, et Grégoire de Lasterye,<br />

aujourd’hui maire de Palaiseau.<br />

Avec le directeur de l’incubateur de<br />

l’époque, ils œuvrent à créer une plus<br />

forte dynamique entrepreneuriale<br />

sur le campus. Une créativité qui va<br />

devenir la marque de fabrique <strong>du</strong> futur<br />

directeur général.<br />

Des postes de direction<br />

Le premier poste de direction d’Eloïc<br />

Peyrache sera celui de directeur<br />

académique <strong>du</strong> programme CEMS en<br />

2006, réseau qui réunit les meilleurs<br />

business schools européenne et un<br />

certain nombre de business schools<br />

de premier plan dans le reste monde.<br />

En 2009, à peine fini le temps de sa<br />

« période probatoire de 6 ans » et<br />

L’ESCP c’est six campus en Europe (ici Berlin) qu’il faut gérer<br />

de Paris tout en déléguant largement aux acteurs locaux<br />

après le départ <strong>du</strong> doyen associé<br />

<strong>du</strong> programme Grande école, Hervé<br />

Crès, pour Sciences Po, il est élu<br />

Directeur Délégué d’HEC en charge<br />

<strong>du</strong> programme Grande Ecole. « Le<br />

directeur général de l’époque, Bernard<br />

Ramanantsoa, va m’encourager alors<br />

que d’autres me trouvent trop jeune<br />

à 31 ans pour occuper le poste. »<br />

Ce <strong>du</strong>o avec Bernard Ramanantsoa,<br />

directeur emblématique d’HEC de 1995<br />

à 2015, va être au cœur des succès<br />

de l’école : « C’était un beau <strong>du</strong>o, nous<br />

n’étions pas toujours d’accord mais<br />

étions totalement en confiance ».<br />

Un an plus tard, en 2010, les<br />

responsabilités d’Eloïc Peyrache<br />

sont éten<strong>du</strong>es à l’ensemble des<br />

programmes pré-expérience : « J’ai<br />

toujours eu la conviction très forte<br />

que tous les programmes <strong>du</strong> groupe<br />

devaient porter la marque HEC ».<br />

84


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT<br />

JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Porté par sa propre expérience, il<br />

accentue alors l’internationalisation<br />

de l’école : « En 10 ans, nous sommes<br />

passés de 80 étudiants internationaux<br />

dans le PGE à 300, les MS sont<br />

devenus des MSc, les majeurs <strong>du</strong> PGE<br />

sont enseignés en anglais ».<br />

Pendant ses mandats à la tête <strong>du</strong><br />

PGE, Eloïc Peyrache va également<br />

pousser l’innovation pédagogique en<br />

développant des académies - pour<br />

que les élèves aient d’incroyables<br />

expériences de terrain dans différents<br />

environnements professionnels, des<br />

services des urgences, au cinéma en<br />

passant par les médias -, ou encore des<br />

certificats HEC avec des entreprises<br />

comme Kering, Danone ou le Crédit<br />

Agricole pour proposer aux étudiants<br />

d’obtenir des <strong>spécial</strong>ités sectorielles :<br />

« Deux mois de plus pour comprendre<br />

en profondeur un secteur plutôt<br />

que de s’y consacrer pendant toute<br />

une majeure alors que l’activité d’un<br />

secteur est sujette à des variations ».<br />

Il est également très fier de la montée en<br />

puissance de l’entrepreneuriat à HEC, et<br />

notamment de l’incubateur qui compte<br />

aujourd’hui 300 entreprises et a généré<br />

25 % des licornes français. Le centre<br />

d’entrepreneuriat a même essaimé dans<br />

le domaine de la Tech et dans celui des<br />

entreprises sociales et solidaires.<br />

Directeur d’HEC<br />

De 2015 à 2020 un nouveau directeur<br />

général préside aux destinées<br />

d’HEC, Peter Todd. Gardant la même<br />

confiance que son prédécesseur<br />

pour Eloïc Peyrache il va finalement<br />

lui laisser la place 5 ans plus tard.<br />

En 2020, Peter Todd décide en effet<br />

de quitter HEC pour des raisons<br />

personnelles. En janvier 2021, Eloïc<br />

Les fameux films des cérémonies de remise des diplômes<br />

HEC ce n’est pas que l’excellence. C’est aussi<br />

l’humour comme le prouvent depuis près<br />

de 15 ans les petits films diffusés lors des<br />

remises des diplômes. Une idée… d’Eloïc<br />

Peyrache : « Avant mon élection le doyen <strong>du</strong><br />

PGE parlait lors de la remise des prix après<br />

le discours, très philosophique, de Bernard<br />

Ramanantsoa. Ensuite l’invité terminait par<br />

un discours sur sa vie. Je me demandais<br />

bien quoi dire d’intéressant. En 2006, avec<br />

un groupe d’élèves de l’école, nous avions<br />

réalisé un lip<strong>du</strong>b – ces petits films pendant<br />

lesquels on passe d’un personnage à l’autre<br />

en plan séquence – qui avait eu un succès<br />

mondial et engagé plein d’autres étudiants à<br />

en faire autant. Je leur ai ensuite demandé<br />

de faire un film pour chaque promotion. Et<br />

c’est devenu un moment incontournable<br />

de la cérémonie de sortie d’HEC ! »<br />

Peyrache lui succède avec la volonté<br />

de « mettre son institution au service<br />

de la société ». La recherche est au<br />

cœur de ce projet avec l’engagement<br />

incroyable de tous nos professeurs<br />

mais également par la montée en<br />

puissance des centres d’excellence<br />

tels que celui en intelligence<br />

artificielle (Hi ! Paris), qu’HEC a<br />

monté avec l’Ecole polytechnique<br />

et dont l’ambition est de devenir<br />

un des grands acteurs mondiaux<br />

<strong>du</strong> domaine, celui en Innovation &<br />

Entrepreneurship ou encore l’Institut<br />

Society & Organizations au confluent<br />

des grands défis de société et de<br />

la vie des organisations. « Il faut<br />

faire démultiplier l’impact d’HEC et<br />

j’y consacre toute mon énergie »<br />

proclame le directeur qui pousse<br />

également ses chercheurs à être<br />

« plus visibles socialement pour avoir<br />

plus d’impact sur le monde ».<br />

L’idée est lancée. Les deux directeurs<br />

successifs de l’école, Bernard Ramanantsoa<br />

puis Peter Todd, jouent le jeu – il faut voir<br />

le premier, un bandeau sur l’œil, sauver le<br />

monde en 2013 ou le second en Yoda en<br />

7 –et, forcément pour conclure, la diffusion<br />

des « Lacs <strong>du</strong> Connemara », la chanson<br />

de Michel Sardou qui clôt rituellement les<br />

soirées d’HEC. En 2023 c’est un autre artiste<br />

qui fait le buzz lors de la cérémonie de remise<br />

des diplômes en Executive E<strong>du</strong>cation :<br />

tout juste diplômé le chanteur des Magic<br />

System, Salif Traoré, chante sur scène. De<br />

quoi donner des idées à Eloïc Peyrache ?<br />

« Nous devons en tout cas trouver un jour<br />

un nouveau concept mais les étudiants<br />

aiment tellement nos films, qui sont tellement<br />

atten<strong>du</strong>s, que cela ne va pas être simple… »<br />

À regarder sur la chaine YouTube de HEC :<br />

https://www.youtube.com/user/hecparis<br />

Eloïc Peyrache vient également de<br />

faire évoluer son programme Grande<br />

école avec le concours inestimable<br />

de Yann Algan, venu de Sciences Po<br />

et qui occupe aujourd’hui le poste de<br />

doyen associé des programmes préexpérience.<br />

Le recrutement d’HEC en<br />

France passe toujours essentiellement<br />

pour lui par les classes préparatoires.<br />

Un modèle qu’il défend ardemment :<br />

« Les classes préparatoires sont<br />

un modèle équilibré qui permet de<br />

se former aux arts libéraux, à la<br />

géopolitique, aux mathématiques, aux<br />

langues étrangères en développant<br />

un superbe projet intellectuel.<br />

Avec près de 30 % de boursiers,<br />

elles constituent également un<br />

fantastique ascenseur social. Sans<br />

parler <strong>du</strong> dévouement total de leurs<br />

professeurs ».<br />

85


L’ESSENTIEL DU SUP ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PORTRAIT JUIN 2024 N° SPÉCIAL 500<br />

Acteur mondial<br />

Si HEC n’a plus guère de concurrents<br />

en France – cette année encore aucun<br />

des étudiants reçus à HEC après une<br />

classe préparatoire n’a finalement opté<br />

pour une autre école de management,<br />

un score dont « même Harvard ne<br />

peut se vanter » – la concurrence<br />

est aujourd’hui internationale. « Je<br />

préfère parler de coopétition avec<br />

de grandes institutions, comme la<br />

London Business School ou l’Insead,<br />

dont nous sommes partenaires »,<br />

insiste Eloïc Peyrache qui a monté<br />

l’initiative Business schools for Climate<br />

Leadership avec ces deux écoles mais<br />

aussi la Cambridge Judge Business<br />

School, l’IE Business School ou encore<br />

la Saïd Business School d’Oxford.<br />

Autant d’écoles avec lesquelles il<br />

entend bien « coopérer sur le terreau<br />

de l’é<strong>du</strong>cation » tout en étant bien<br />

conscient de la « nécessité de se<br />

remettre tout le temps en cause face<br />

à des concurrents qui ont souvent<br />

beaucoup plus de moyens ».<br />

Objectif : égalité des chances<br />

Si un sujet importe tout particulièrement<br />

à d’Eloïc Peyrache c’est celui de l’égalité<br />

des chances : « Quel impact nous avons en<br />

tant qu’institution leader sur la vie des uns<br />

et des autres ? Comment transformonsnous<br />

des destins ? En tant qu’institution<br />

non-profit qui doit tout réinvestir comment<br />

pouvons-nous travailler sur l’ascenseur<br />

social ? » De ces questions vont naitre de<br />

nombreuses initiatives. Ce sera le concours<br />

d’éloquence eloquentia@HEC ouvert à<br />

tous les élèves de première et terminale,<br />

mais essentiellement issus de quartiers<br />

prioritaires de la politique de la ville (QPV).<br />

Les finalistes sont hébergés une semaine<br />

sur le campus d’HEC pour y suivre des cours<br />

avant une grande finale, cette année à La<br />

Cigale. Ce sera un programme important<br />

de bourses aux étudiants CROUS, dès la<br />

classe préparatoire. Mais en 2022, HEC se<br />

sent prêt à porter cette ambition au-delà<br />

des frontières. L’Ecole lance le programme<br />

HEC imagine attribuant notamment des<br />

bourses aux étudiants issus de pays en<br />

guerre (Afghanistan, Syrie, Ukraine…), PACT<br />

Afrique soutenant les meilleurs talents de<br />

l’Afrique de l’ouest ou encore un programme<br />

dédié aux étudiants libanais. La Fondation<br />

HEC et l’ensemble des donateurs jouent<br />

des rôles décisifs dans cette ambition.<br />

L’é<strong>du</strong>cation est bien enten<strong>du</strong> au cœur de<br />

l’ascenseur social. C’est également le cas de<br />

l’entrepreneuriat. HEC Stand Up s’adresse<br />

ainsi à des femmes, là aussi issues des QPV,<br />

qui veulent créer leur entreprise et suivent<br />

un programme gratuit de dix semaines pour<br />

concrétiser leur projet. Cela a débuté avec<br />

30 femmes à la cité des 4 000. Ce sera<br />

plus de 300 femmes certifiées en 2022.<br />

Une vue <strong>du</strong> campus d’HEC à Jouy-en-Josas<br />

HEC Paris<br />

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