Le micmac de noël (The French Edition of Christmas Switcheroo)

French
EDITION
LE MICMAC DE NOËL
Tuula Pere • Outi Rautkallio
W
ickWick

LE MICMAC DE NOËL

Le micmac de noël
Histoire de Tuula Pere
Illustrations de Outi Rautkallio
Mise en page de Peter Stone
Traduction française de Edith Girval
ISBN 978-952-357-370-3 (Hardcover)
ISBN 978-952-357-371-0 (Paperback)
ISBN 978-952-357-372-7 (ePub)
Première édition
Copyright © 2014-2021 Wickwick Ltd
Publié en 2021 par Wickwick Ltd
Helsinki, Finlande
Christmas Switcheroo, French Translation
Story by Tuula Pere
Illustrations by Outi Rautkallio
Layout by Peter Stone
French translation by Edith Girval
ISBN 978-952-357-370-3 (Hardcover)
ISBN 978-952-357-371-0 (Paperback)
ISBN 978-952-357-372-7 (ePub)
First edition
Copyright © 2014-2021 Wickwick Ltd
Published 2021 by Wickwick Ltd
Helsinki, Finland
Originally published in Finland by Wickwick Ltd in 2014
Finnish “Kummat lahjat”, ISBN 978-952-5878-13-4 (Hardcover)
English “Christmas Switcheroo”, ISBN 978-952-5878-22-6 (Hardcover)
All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted
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French
EDITION
LE MICMAC DE NOËL
Tuula Pere • Outi Rautkallio
W
ickWick
Children’s Books from the Heart
1

La famille Virkkula prenait noël très au sérieux.
Chez eux, les préparatifs commençaient avant
même que tombent les premières neiges. Maman,
en particulier, adorait noël. Elle passait tout l’été et
l’automne à faire pousser du feuillage et faire sécher
des baies dont elle faisait ensuite de splendides
décorations de noël.
« Je vais pouvoir faire de magnifiques
couronnes de noël », dit maman en étalant
tous ses trésors sur la table de la salle à
manger.
2

Le reste de la famille ne partageait pas son
enthousiasme pour les couronnes de noël. Il faut
dire qu’à partir d’octobre, la table de la salle à manger
était entièrement recouverte par les fournitures de
noël de maman.
Mais toute la famille aimait écouter des chants
de noël et manger des bonhommes de pain
d’épice avant même que les feuilles des arbres
ne commencent à
tomber.
3

4

De son côté, papa s’amusait à bricoler. Il avait
installé les lumières de noël, inventé un système
de chauffage pour le perchoir à oiseaux et réparé
l’elfe électrique qui fredonnait des chants de noël. Il
suffisait de taper dans les mains pour qu’il se mette à
chanter très fort en remuant dans tous les sens.
Papa achetait chaque année de nouvelles guirlandes
lumineuses, ajoutant ainsi à sa collection. Il passait
souvent des soirées entières à les arranger à sa
manière et à en changer les ampoules.
« J’espère vraiment que les plombs ne
vont pas sauter cette année » dit-il.
5

Papa décorait le toit de centaines de petites lumières clignotantes
de toutes les couleurs. Il couvrait le pommier de guirlandes
lumineuses, et accrochait à la boîte aux lettres des clochettes qui
tintinnabulaient à chaque fois que quelqu’un passait. Papa était
très fier de ses installations, et se pavanait dans toute la maison.
Vilma et son frère Veeti attendaient eux aussi noël avec impatience,
mais pour une autre raison : cela voulait dire le début de l’hiver, et
les premières neiges. Ils adoraient faire des toboggans et
des châteaux de neige. Mais ce n’était pas des châteaux
ordinaires : c’était de véritables forteresses ! Avec l’aide
de leurs amis, ils élevaient des murs, construisaient
des tours et creusaient des passages secrets. Le soir,
tous les petits maçons en herbe rentraient chez eux
avec l’estomac vide et les mains glacées dans leurs
moufles trempées.
6

7

Maman était très douée pour les activités
manuelles. Elle avait pris au moins une
douzaine de cours d’artisanat différents. Elle savait
tricoter, broder, faire du crochet, de la dentelle et du
patchwork. Cette année, maman décida de faire de
jolis couvre-bouteilles au crochet. Elle était sûre qu’ils
plairaient beaucoup à tout le monde. La table basse
était couverte de bobines de fil de toutes les couleurs.
« J’aime tellement noël », dit maman en poussant
un soupir de contentement, tout en continuant à
crocheter.
8

Un soir où la bonne odeur du pain d’épices flottait
dans la maison, les Virkkula se réunirent pour
faire une liste des cadeaux qui leur restaient à acheter.
« Il nous manque quatre cadeaux », dit papa. « Un
pour l’oncle Esko, un autre pour le cousin Saku, et un
pour la tante Terttu. Et il ne faut pas oublier celui de
votre marraine, Milja. »
« On va leur faire des cadeaux tellement chouettes
qu’ils ne vont pas en revenir ! » dit Vilma.
Veeti fit un grand sourire : « Oui ! ».
9

10

La famille commença par réfléchir au cadeau de l’oncle Esko.
Cela faisait si longtemps que l’oncle Esko étudiait les oiseaux
qu’il commençait à ressembler à une chouette. Et les motifs de sa
veste préférée ressemblaient à s’y méprendre au plumage d’une
chouette.
Maman disait souvent que l’oncle Esko était tellement tête en
l’air que ça lui arrivait d’oublier comment il s’appelait. Mais
les enfants ne la croyaient pas. Comment est-ce que ce serait
possible alors que l’oncle Esko se rappelait le nom de tous les
oiseaux – et qui plus est en latin !
L’oncle Esko était capable de reconnaître n’importe quel oiseau,
même les yeux fermés. Il connaissait le chant de chacun d’entre
eux.
« On n’a qu’à offrir un oiseau à Esko », dit Veeti.
« Pourquoi pas un perroquet ? », dit Vilma.
« Quelle bonne idée », dit maman. « Je suis certaine qu’Esko lui
apprendrait à parler ! »
11

La marraine des enfants, Milja, était la meilleure amie de maman.
Du moins, c’est ce qu’en avaient déduit les enfants parce que
maman était toujours au téléphone avec elle ! Les enfants avaient vu
des photos de maman et Milja quand elles étaient petites. Elles se
ressemblaient beaucoup à l’époque. Mais maintenant, elles étaient
très différentes.
Maman disait souvent que Milja était devenue une « artiste
plasticienne » alors qu’elle-même était devenue une « artiste de la
vie ». Milja avait des cheveux d’un noir de jais, avec une frange coupée
très droite, tandis que maman avait les cheveux roux et des boucles
qui partaient dans tous les sens.
12

Dans la maison de Milja, tout était noir et
blanc, et parfaitement rangé. La maison
des Virkkula, au contraire, était pleine de
couleurs, d’objets et de bruits. Milja disait
parfois que tout ce tohu-bohu lui faisait
tourner la tête.
« Qu’allons-nous bien pouvoir offrir à Milja
cette année ? » dit maman d’un air embêté.
« Elle a décrété qu’elle ne voulait pas un objet
de plus dans sa maison. »
« On n’a qu’à lui acheter une de ces blouses
de peintre qui ont plein de poches de
toutes les couleurs », suggéra papa. « Cela
fait au moins cinq ans qu’on ne lui en a
pas offert. »
13

« À qui le tour ? » demanda Veeti.
« Cherchons une idée de cadeau pour Saku »
répondit Vilma.
Vilma et Veeti trouvaient que leur cousin
était devenu un peu bizarre ces derniers
temps. Il ne voulait plus faire de châteaux
de neige avec eux, et il préférait rester tout
seul dans sa chambre, ses écouteurs sur
les oreilles, plutôt que de venir discuter
avec le reste de la famille.
14

« Ce n’est rien de grave. C’est juste que c’est devenu un
adolescent », avait dit maman à Vilma et Veeti pour les
rassurer.
Vilma et Veeti n’avaient pas très bien compris.
« Je ne veux jamais devenir un adolescent », avait décrété
Veeti. « Il n’est plus drôle du tout, Saku. »
« Ne t’inquiète pas. Ça lui passera », lui avait répondu maman.
« On n’a qu’à lui acheter une batterie électronique », lança
papa, tout content. « J’aurais adoré avoir ça comme cadeau
quand j’étais adolescent. »
15

16

Il manquait encore le cadeau de la tante Terttu. Ce
n’était pas une mince affaire. Elle avait des idées
très arrêtées sur tout, et elle ne se privait pas de les
partager.
« Tu ne changeras donc jamais ! » lui avait un jour
dit papa, en colère. « Tu es têtue jusqu’au bout de tes
boucles ! »
Heureusement, leur brouille avait été de courte durée.
Au fond, papa et la tante Terttu s’entendaient très bien.
Elle affirmait souvent que la machine à café et le lavelinge
était les deux plus belles inventions de tous les
temps, et personne n’aurait pu la faire changer d’avis.
Alors papa savait bien qu’il ne parviendrait jamais à
lui faire apprécier ses propres appareils et inventions.
« Je suis sûre qu’un fer à friser lui plairait beaucoup, »
dit maman. « Ça lui permettrait de faire ses boucles
en un rien de temps. »
17

Il était temps d’aller faire les courses. Papa accrocha
la remorque à la voiture.
Maman se mit à rire. « Nous n’avons pas besoin de
la remorque ! » dit-elle. « Nous n’avons que quatre
cadeaux à acheter ! »
« Ce matin, j’ai vu une annonce pour un abri de voiture
chauffant. Je me suis dit que ce serait un merveilleux
cadeau pour toute la famille », expliqua papa.
18

Les enfants échangèrent un regard et éclatèrent
de rire. Il n’y avait que papa pour avoir une
idée pareille ! pensèrent-ils. L’an dernier, le cadeau
de noël de toute la famille était une machine à eau
automatique pour le sauna. Elle était tombée en
panne à la première utilisation. Ils avaient tous dû
sortir du sauna en courant parce que la machine
s’était emballée et n’arrêtait plus de jeter de l’eau sur
les pierres brûlantes.
19

20

La ville était bruissante de monde. On aurait
dit que tout le monde avait décidé d’aller
faire ses courses de noël au même moment. Le
parking était plein.
Papa tourna et retourna à la recherche d’une
place assez grande pour garer la voiture et sa
remorque. Il en avait des gouttes de sueur qui
tombaient du front ! Mais il parvint enfin à se
garer, et la famille se dirigea vers les magasins.
Papa et maman décidèrent d’aller faire leurs
achats dans un grand magasin, pendant que les
enfants allaient se promener dans la grand-rue
et flâner dans le marché de noël.
21

22

Dans la grand-rue, il y avait un petit café qui
vendait le plus délicieux chocolat chaud qu’on
puisse imaginer. Les enfants se régalèrent d’en boire
une tasse tout en salivant sur les pâtisseries qui
étaient exposées dans un joli présentoir en verre.
« Quand tu auras essuyé la moustache de chocolat que
tu as sur le visage, on pourra aller à la bibliothèque »,
dit Vilma à Veeti.
23

Les enfants adoraient aller à la bibliothèque. Il y
avait toujours des livres fabuleux dans la section
dédiée aux enfants.
Mais pour une fois, ils n’empruntèrent pas de livres.
La bibliothèque proposait un atelier de fabrication
de décorations de noël, et en un rien de temps, Veeti
et Vilma fabriquèrent de jolies étoiles en papier
qu’ils allaient pouvoir accrocher aux fenêtres de leur
maison.
24

« On n’a qu’à rester un peu ici », murmura Vilma.
C’était tellement calme dans la bibliothèque ! Elle se
sentait heureuse.
Veeti acquiesça. « On est tellement bien, ici, à l’abri
de la foule et de tous ces gens en train de faire leurs
courses ! »
« Dommage que papa et maman soit trop occupés
pour en profiter », dit Vilma en poussant un soupir.
25

Au fur et à mesure que noël approchait, on sentait la tension monter chez les
Virkkula. Trois fournées entières de pain d’épice avaient déjà brûlé, et les
bougies faites maison de maman étaient toutes tordues et d’une couleur bizarre.
Maman commençait à être vraiment stressée. « Comment est-ce que je vais
arriver à tout finir à temps ? » gémit-elle. « Il me faut encore emballer les cadeaux
et les envoyer à tout le monde ».
« On peut t’aider ! » s’exclamèrent les enfants.
26

« Pendant que tu fais les maisons de pain d’épice, nous, on peut
emballer les cadeaux », dit Veeti.
Vilma acquiesça. « On les emballera avec beaucoup de soin, et on
prendra notre plus belle plume pour faire les étiquettes. »
Maman poussa un soupir de soulagement. « Merci, les enfants. Voici
les étiquettes où vous devez écrire les adresses, et les cadeaux sont là.
Faites bien attention. »
27

Les enfants emballèrent tous les cadeaux dans du
joli papier coloré. Il ne manquait plus qu’à mettre
les étiquettes avec les adresses. Mais tout à coup,
maman passa en trombe à côté des enfants, un bol
de glaçage à la main. Sans le faire exprès, elle marcha
sur les étiquettes, qui se retrouvèrent toutes abîmées.
« Oh non ! » s’écria maman. « Vos
belles étiquettes ! »
« Ne t’inquiète pas, maman »,
dit Vilma.
« On va arranger ça en deux
minutes », ajouta Veeti. « Ce
n’est rien. »
28

Les enfants se remirent au travail. Ils réécrivirent
toutes les étiquettes, et les collèrent sur les
paquets. Ils s’étaient dépêchés pour éviter que maman
ne se tracasse encore plus.
Un peu plus tard, papa vint jeter un œil sur les colis.
« Pour l’oncle Esko, Milja, Saku, et la tante Terttu »,
lut-il à voix haute. Il fit un grand sourire aux enfants.
« Vous avez fait du bon travail. Demain, nous irons à
la poste ensemble. »
29

L
’oncle Esko avait passé toute la matinée assis à
lire un gros livre sur les oiseaux. Il était tellement
perdu dans ses pensées qu’il sursauta quand la
sonnette de la porte d’entrée retentit.
« Quoi ? Comment ? Qu’est-ce qui se passe ? Oh, c’est
seulement la sonnette », marmonna l’oncle Esko.
30

L
’oncle Esko avait une patience infinie quand il
s’agissait d’observer les oiseaux, mais il n’en avait
aucune quand il s’agissait d’ouvrir un cadeau !
« Un petit paquet plat. Hmmm… Intéressant, c’est
peut-être un livre sur les oiseaux », pensa-t-il. Il finit
d’ouvrir le paquet. « Qu’est-ce que c’est que ça ? »
C’était une blouse de peintre qui avait plus d’une
dizaine de poches de toutes les couleurs.
Il regarda la blouse attentivement. Puis il se mit
à sourire. « Cette blouse va m’être très utile ! Avec
toutes ces poches je vais enfin avoir un endroit
où ranger mes jumelles et toutes mes affaires. Je
ne passerai plus mon temps à chercher mes clefs
et mes lunettes. Quel merveilleux cadeau ! »
31

32

Milja venait de terminer son petit déjeuner. C’était un petit
déjeuner très sain : une pomme et du muesli. Elle rangea
immédiatement la cuisine, et elle se dirigea vers son chevalet. Une
grande toile blanche y était posée, n’attendant que ses coups de
pinceaux.
Elle savait exactement ce qu’elle allait peindre. Elle repoussa sa longue
frange qui lui tombait sur le visage, et elle ferma les yeux.
« Je vois une large ligne noire en bas, et deux lignes plus fines en haut.
Et entre les deux, un disque rouge aplati. »
Mais elle entendit quelqu’un frapper à la porte. C’était le facteur qui
lui apportait un colis. Milja décida d’ouvrir immédiatement le petit
paquet rectangulaire, puisque, de toute façon, elle avait déjà été
interrompue dans sa séance de peinture.
Milja observa le cadeau, intriguée. « Quel étrange cadeau ! Je me
demande ce qui leur est passé par la tête », dit-elle en sortant le fer à
friser de sa boîte. « Tiens, je n’ai qu’à l’essayer sur ma frange. Peut-être
que ça m’évitera d’avoir les cheveux dans les yeux quand je peins. »
Une demi-heure plus tard, Milja regardait sa chevelure toute bouclée
dans le miroir de l’entrée. Elle opina de la tête, satisfaite de sa nouvelle
coiffure.
33

Le cousin Saku était en train de se morfondre dans
sa chambre. Il poussa un grognement mécontent
quand sa mère frappa à sa porte. Il ne lui dit même
pas merci pour le grand paquet et l’enveloppe qu’elle
déposa devant lui.
« Je n’ai aucune envie d’ouvrir ce cadeau », marmonna
Saku. « Les Virkkula m’offrent toujours des trucs de
bébé. » Il attrapa l’enveloppe. « Au moins, j’espère qu’il
y a de l’argent là-dedans. »
34

Non, ce n’était pas de l’argent. L’enveloppe
contenait une carte-cadeau de l’animalerie :
c’était un bon pour un perroquet.
Surpris, Saku regarda le gros paquet et enleva
l’emballage. C’était une immense cage à oiseaux !
« Où cours-tu comme ça ? » lui demanda sa mère en
le voyant filer à toute vitesse. Mais il était trop pressé
pour lui répondre. Il avait hâte d’arriver au magasin
d’oiseaux.
C’est trop cool ! pensait Saku. Je vais avoir un perroquet.
Mes amis vont être trop jaloux !
35

36

La tante Terttu regardait l’énorme colis des Virkkula d’un
air énervé.
« Quel manque de savoir vivre que d’offrir des cadeaux
aussi encombrants », grommela-t-elle. « Je ne sais même pas
comment je vais ouvrir ça. Et qu’est-ce que je suis censée faire
de cet immense carton et de tout ce papier-bulle ? »
Mais en voyant le cadeau, la tante Terttu fut tellement surprise
que pour la première fois de sa vie, elle resta sans voix. Elle
plongea la main dans le grand carton, et en sortit une par une
toutes les pièces d’une… batterie électronique !
Peu de temps après, la batterie trônait au beau milieu de son
salon. Il ne restait plus qu’à la brancher.
« Comment les Virkkula ont-ils deviné ce dont je rêvais
secrètement depuis des années ? » s’exclama la tante Terttu,
stupéfiée. « Cela fait soixante-dix ans que je meurs d’envie
de jouer de la batterie, mais je n’aurais jamais osé l’avouer à
personne. »
La tante Terttu mit les écouteurs sur ses oreilles et se mit
à taper sur les caisses et les cymbales. Elle passa la journée
entière à jouer de la batterie. À la fin de la journée, elle sentit
que ses épaules qui étaient d’habitude toutes nouées étaient
maintenant complètement détendues, et à force de jouer sur
des rythmes fous, elle avait les boucles toutes défaites.
« Quel fantastique cadeau », dit Terttu. « Je vais immédiatement
appeler les Virkkula pour les remercier. »
37

Maman raccrocha le téléphone. Elle était rouge comme une
tomate.
« Vous ne devinerez jamais ce qui est arrivé », dit-elle d’une voix
atterrée. « La tante Terttu a reçu la batterie par erreur – et elle est
ravie ! »
« Ne me dis pas que Saku a reçu le fer à friser de tante Terttu ! »
s’exclama Veeti.
Les Virkkula s’empressèrent de téléphoner à la maman de Saku, qui
leur révéla l’étendue du micmac. La maman de Saku leur raconta
qu’il avait passé toute la soirée dans sa chambre à parler avec son
perroquet !
« Saku a même ri ! » s’exclama-t-elle.
Mais maman avait toujours l’air contrariée.
« Il n’y a aucune raison de s’inquiéter », lui dit
papa d’un ton rassurant. « Terttu et Saku
sont enchantés de leur cadeau. »
« Je me demande ce que Milja
et Esko vont penser de leur
cadeau », murmura maman.
Elle se passa la main sur le
front. « Ça me donne mal à la
tête rien que d’y penser ! »
38

39

Maman alla se réfugier sur le canapé et s’enfonça
sous une couverture. Elle refusa de répondre
au téléphone tout le reste de la journée, alors même
que Milja n’arrêtait pas de l’appeler pour la remercier
de lui avoir offert le fer à friser.
Papa écouta Milja lui décrire avec enthousiasme sa
nouvelle coiffure. « Milja a aussi décidé de changer
radicalement le style de ses peintures. » raconta-t-il à
maman. « Elle dit qu’il y aura plein de lignes ondulées
dans son prochain tableau ! »
« Mais il y a encore l’oncle Esko. Je n’imagine pas une
seconde que la blouse de peintre puisse lui plaire », dit
maman, la tête toujours cachée sous la couverture.
« Appelle-le, s’il te plait. »
40

Heureusement, maman avait tort. L’oncle Esko
était on ne peut plus heureux de sa nouvelle
blouse et de sa multitude de poches. « Pourquoi n’aije
pas pensé plus tôt à m’acheter une blouse comme
ça ? » dit-il à papa. « Je n’égarerai plus jamais mes
affaires, maintenant ! »
Il tapota la poche rouge de la blouse, dans laquelle il
avait rangé ses jumelles. Dès qu’il aurait fini de parler
avec papa au téléphone, il irait observer les oiseaux
qui venaient se poser sur la mangeoire qu’il leur avait
installée.
41

La veille de noël fut difficile. Les éclairages de noël
de papa n’arrêtaient pas de s’éteindre sans raison.
Maman, une serviette humide sur le front, refusait de
sortir de son lit.
« Les choses ne devaient pas se passer comme ça »,
geignait maman. « C’était censé être un noël parfait ! »
42

Les enfants voyaient bien que leurs parents n’étaient pas dans leur assiette.
« Il est temps que nous prenions les choses en main, Veeti », dit Vilma.
Veeti acquiesça : « Allons-y, au travail ! »
Les enfants se ruèrent dans la cuisine et passèrent en revue les placards et le
frigo. Ils étaient pleins à craquer, mais les enfants ne savaient pas comment faire
un repas de noël.
« Si seulement on savait cuisiner une dinde de noël », dit Veeti. Vilma décida
d’appeler Milja et la tante Terttu. Peut-être qu’elles sauraient les aider.
43

Le jour de noël, Veeti et Vilma se levèrent de bonne heure. Ils
avaient hâte d’ouvrir leurs cadeaux, mais ils savaient qu’ils
devaient attendre encore un peu. Avant cela, ils avaient beaucoup
de choses à faire.
De drôles de bruits montaient du rez-de-chaussée. Ils passèrent à
pas de loup devant la chambre de leurs parents et entrèrent dans la
cuisine. Leur plan avait marché ! Une délicieuse odeur de dinde de
noël emplissait la pièce.
44

La tante Terttu leur sourit. « La dinde est dans le four », dit-elle.
« Elle sera prête à temps pour le dîner. »
« Nous avons aussi fait des petits pains », dit Milja, en leur montrant
une corbeille à pain.
« Que peut-on faire pour vous aider ? » dit Veeti.
Milja et la tante Terttu donnèrent des instructions aux enfants,
et ils se mirent immédiatement au travail : ils épluchèrent des
légumes, nettoyèrent l’argenterie et mirent la table.
45

Toujours en robe de chambre, maman
entra dans la cuisine sur la pointe des
pieds. Son visage s’illumina quand elle vit la
magie de noël qu’avaient réussi à créer ses
petits aides cuisiniers.
46

47

Ce soir-là, quand tout le monde eut
ouvert ses cadeaux et dégusté le
délicieux repas de noël, les enfants
demandèrent à tout le monde de venir
regarder par la fenêtre. Ils avaient préparé
une surprise pour toute la famille : ils
avaient installé plein de lanternes
de différentes tailles dans des
arbres et les haies du jardin.
« Qu’est-ce que c’est beau ! »
s’exclama maman.
« Magnifique ! » renchérit papa,
en faisant un câlin aux enfants.
Maman entonna tout
doucement un chant de noël,
et bientôt tout le monde se
mit à chanter avec elle.
Ce n’était pas grave que les
lumières de noël de papa ne
marchent pas bien. Cette
année encore, la famille
Virkkula avait passé un
noël parfait.
48

49

La famille Virkkula adore noël – surtout maman, qui
commence les préparatifs dès le début de l’automne. Parfois,
elle veut tellement bien faire qu’elle est épuisée avant même
qu’arrive noël !
Papa aime surtout décorer le jardin avec des tonnes de guirlandes
lumineuses qui émerveillent tout le voisinage. Mais presque
chaque année, il fait sauter les fusibles avec ses installations !
Les Virkkula se dépêchent d’acheter les derniers cadeaux. Mais
cette année, les choses ne se passent pas tout à fait comme
prévu. Noël sera-t-il réussi malgré tous ces problèmes
de dernière minute ?
wickwick.fi