06.09.2024 Vues

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amitié

freundschaft

HISTOIRE ET VISIONS AUTOUR DE

PLOBSHEIM ET DU KEMPFERHOF




Chères lectrices, chers lecteurs,

amitié

FREUNDSCHAFT

Les relations entre Français et Allemands ont longtemps été teintées de

haine et de discorde. Au 19e siècle, on a même fini par parler d’une « inimitié

héréditaire », comme si cette situation était vouée à perdurer éternellement.

Les conséquences furent dévastatrices pour les deux camps : les troupes

de Napoléon vinrent envahir l’Allemagne au début du 19 e siècle, puis les

Allemands annexèrent à leur tour l’Alsace et la Lorraine suite à la guerre de

1870/71. L’« inimitié héréditaire » fut en fin de compte l’une des raisons qui

mena aux catastrophes de la première et de la seconde guerre mondiale.

Il y a 60 ans, le 22 janvier 1963, le Traité de l’Élysée était signé entre la

République fédérale d’Allemagne et la République française pour marquer la

réconciliation des deux anciens ennemis héréditaires. Depuis, nos pays sont

liés par une solide amitié. Mais il nous faut constamment raviver la flamme de

cette amitié qui a été initiée à l’époque par le Chancelier Konrad Adenauer et le

Président de la République Charles de Gaulle, afin que jamais elle ne s’éteigne.

La région du Rhin supérieur recèle un gigantesque potentiel en ce sens, un

potentiel profitable à toute la population de part et d’autre de la frontière. Mon

grand-père Franz Mack a traversé le Rhin à la nage pour enfin rentrer chez lui,

après avoir connu la guerre et la captivité. Pourtant, jamais on ne prononça une

seule parole désobligeante à l’encontre de nos voisins de l’autre côté du fleuve

au sein de notre famille. Plus tard, après la fondation d’Europa-Park en 1975, les

Français devinrent des piliers essentiels de notre entreprise familiale, aussi bien

par le biais des nombreux collaborateurs français que par celui des millions de

visiteurs venus de France.

HISTOIRE ET VISIONS AUTOUR DE

PLOBSHEim ET DU KEMPFERHOF

Avec l’implantation d’un centre de développement multimédia à Plobsheim,

à proximité de Strasbourg, nous entamons désormais un nouveau chapitre.

Pour la première fois, notre famille a fondé un établissement en dehors de

l’Allemagne. La créativité se doit d’être dépourvue de frontières, tout comme

l’amitié franco-allemande d’ailleurs. La France est une source d’inspiration pour

nous. À Plobsheim, le savoir-vivre et la créativité française viendront s’allier

à merveille à la minutie allemande. Le présent ouvrage vient créer des ponts

entre le passé et l’avenir, entre la France et l’Allemagne, mais aussi entre les

idées et les relations qui ont toujours existé par-delà le Rhin, et qui perdureront

certainement à jamais.

Je vous souhaite une lecture à la fois inspirante et captivante.

michael MAck

1



L’histOire DU KemPFerhOF

MAGistral

Michael Mack

4

42 RENCONtre

Thomas Schadt

SOMMAIRE

AMITIÉ

Emmanuel Macron

ÉCriN DE VerDure

Entretien avec Pierre-Etienne Bindschedler

et Michael Mack

À LA CONQUÊte DE NOUVeauX HOriZONS

Transition numérique

UN DOmaiNE VINICOle EUROPÉEN

Ollwiller en Alsace

LE TANDEM FRANCO-ALLEMAND

Brigitte Klinkert

hollywOOD À Rust

Luc Besson

chaNCe

Michèle Leckler

L’eurOPE DU CINÉma

Fabian Gasmia

TECHNOLOGIE ET BONNES HISTOIRES

Pierre-Yves Jourdain

8

10

18

26

30

32

36

38

40

44 the oscar goes to

Gerd Nefzer

46 LE Plaisir DU GOLF POur TOus

Maylis Lamoure

48 POrte-BONheur

Jade Lagardère

54 USINE À RÊVes

La « Station F » à Paris

56 IMAGINatiON SANS FRONtières

Raymond E. Waydelich

58 ahoi heimat

Stefan Strumbel

60 AU FÉMININ

Pia Imbs et Jeanne Barseghian

64 AMBassaDriCE

Laurette Lourenço-Siefert

66 début

Mack One France

70 Chapitre I

Le village

Le premier château de plaine

Maria zur Aych – « Notre-Dame du Chêne »

Le second château

74 Chapitre II

Vers le changement de seigneurie

78 Chapitre III

La famille Dartein en Alsace

92 Chapitre IV

Le domaine devient le « Kempferhof »

98 Chapitre V

Les constructions au Kempferhof

124 Chapitre VI

La « maison de Dartein » et la « maison de Gail »

130 Chapitre Vii

Témoignages de la famille

136 Chapitre VIII

1990 : Le renouveau du Kempferhof

et la création du golf

2

3



MAGISTRAL

D

epuis 2018, Michael Mack exerce les fonctions de Consul Honoraire de

France à Fribourg-en-Brisgau et Tübingen, et se consacre à la consolidation

de l’amitié franco-allemande. Tradition, jeunesse, numérisation et

avenir sont les aspects primordiaux à ses yeux dans ce cadre. « Mon attention

se focalise avant tout sur la promotion de projets, d’innovations

et d’initiatives transfrontalières », annonçait l’associé-gérant d’Europa-Park en 2018,

et entre-temps, force est de constater qu’il a tenu parole, tant sur le plan pratique

qu’entrepreneurial. Dans la commune alsacienne de Plobsheim, à proximité de Strasbourg,

il a implanté un pôle dédié à la création, qui constitue la première filiale de

la famille Mack, propriétaire d’Europa-Park, à être située en dehors de l’Allemagne.

Dans cet entretien, Michael Mack en révèle les contours et les objectifs.

Mack One France est le laboratoire créatif de la famille Mack qui se développe

actuellement à Plobsheim. Que va-t-on générer ici ? Et y a-t-il de nouvelles étapes

prévues pour les prochaines années ?

Michael Mack — L’entreprise Mack One France, récemment fondée à Plobsheim en Alsace,

nous permet de regrouper aussi bien toutes les activités marketing et commerciales

pour le marché français qu’une partie des activités technologiques innovantes

de Mack Interactive au sein de son campus d’innovation. En raison de sa position stratégique,

Plobsheim nous permet d’établir un accès proximal aux talents de l’écosystème

d’innovation français. La commune est située à environ dix kilomètres au sud

de Strasbourg, qui dispose d’un arrêt TGV et d’un aéroport. La gare ICE d’Offenbourg

et notre site de Rust sont aussi tout proches. Notre famille fonde ici sa première filiale

en dehors de l’Allemagne.

Plobsheim permet dans le même temps d’établir une stratégie de croissance en direction

de Paris. Nous essayons par là d’élargir la zone d’attractivité de notre parc. De

plus, ce nouveau site confère un calme propice à la créativité, loin du quotidien parfois

tumultueux d’Europa-Park. Nous souhaitons étudier et développer de nouvelles

formes de divertissement. Nous sommes ouverts à toutes les innovations d’avenir.

Actuellement, nous nous focalisons par exemple sur la réalité virtuelle, VR-Coaster ou

encore Yullbe, mais aussi sur d’autres technologies. Notre équipe créative se consacre

au futur du divertissement et aux formes qu’il prendra. Il s’agit de développement,

mais aussi de recherches, pour voir ce qui fonctionne ou pas sur le marché.

La numérisation en général, les technologies de plateforme, la réalité virtuelle, la réalité

augmentée, l’intelligence artificielle et peut-être des choses dont nous ne connaissons

pas encore l’existence y jouent un rôle. À quoi ressemble le parc de loisirs du futur ?

C’est cela l’idée qui est derrière ce site de Plobsheim, à proximité de Strasbourg.

Qu’en est-il de la production de films ?

M. Mack — Naturellement, nous cherchons aussi à acquérir une meilleure compréhension

du financement cinématographique. Il faut savoir que Mack Animation à Hanovre

ou encore VR-Coaster à Kaiserslautern connaissent des difficultés à accéder

au marché français. Les films d’Holger Tappe n’ont pas été projetés en France, car il

est nécessaire de disposer d’une filiale française pour cela. Si l’on considère que le

taux de fréquentation des cinémas français était quatre fois plus important avant

michael MAck

QUEL SERA L’AVENIR DU

DIVERTISSEMENT ?

À QUOI RESSEMBLERONT

LES PARCS DE LOISIRS

DANS LES PROCHAINES

DÉCENNIES, ET QUELS

AMUSEMENTS ET

DISTRACTIONS ATTENDENT

L’HUMANITÉ DANS

LE NOUVEL UNIVERS

NUMÉRIQUE ?

VOILÀ LE GENRE DE

QUESTIONS AU CŒUR DES

ACTIVITÉS DE MACK NEXT,

UNE ENTREPRISE FONDÉE

PAR MICHAEL MACK.

4 NOUVELLE ÈRE MICHAEL MACK

NOUVELLE ÈRE MICHAEL MACK

5



SE RÉUNIR EST UN DÉBUT, RESTER

ENSEMBLE EST UN PROGRÈS, TRAVaiLLER

ENSEMBLE EST LA CLÉ DE LA RÉUSSitE

Henry Ford

la pandémie, on décèle un grand potentiel pour nous : d’un côté la coopération avec

des institutions françaises, également sur le plan du financement, et de l’autre avec

des organismes de distribution, afin d’être éventuellement en mesure de diffuser en

France le long métrage avec Ed et Edda Euromaus, que nous prévoyons de réaliser

dans le cadre du 50 e anniversaire.

Dites-nous en plus sur l’univers de la création numérique. S’agit-il là de films, de

numérisation dans les jeux vidéo, d’applications de réalité virtuelle, ou d’intelligence

artificielle ? Que fait-on dans un laboratoire créatif tourné vers l’avenir ?

M. Mack — Je crois qu’actuellement, on ne peut pas encore répondre à toutes ces

questions. Dans tous les cas, nous espérons que la proximité de Strasbourg nous

permettra d’accéder au réseau universitaire. Celui de Strasbourg n’est sans aucun

doute pas des moindres. Nous espérons que notre situation nous aidera à engranger

des talents que nous ne parvenons actuellement pas à attirer à Rust. Des talents

qui voient Rust en tant qu’entreprise de divertissement innovante. Pratiquement

tout le monde en Alsace a des souvenirs liés à Europa-Park, mais peu de personnes

connaissent les activités de Mack Animation, VR-Coaster, ou des innovations telles

qu’Eatrenalin. Ce n’est pas connu sur ce marché, et le fait d’être connu en Allemagne

ne signifie de loin pas que ce sera le cas en France. Si on établit un parallèle avec le

nombre de visiteurs, on voit clairement qu’on dénombre 20 % de Français, et 20 % de

Suisses. Vu la taille du pays et le nombre d’habitants, on se rend compte que le marché

français pourrait représenter bien plus. Il est clair que nous avons encore un gros

potentiel de développement commercial dans l’Hexagone. La proximité de la chaîne

TV Arte à Strasbourg joue aussi un rôle. Plobsheim est destiné à être un lieu permettant

de synthétiser autant que possible les innovations provenant des différentes

sociétés de la famille Mack, afin de les traiter de manière structurée. Le site doit aussi

fournir des prestations aux autres entreprises de notre groupe, où l’innovation pourrait

parfois faire défaut ou être mise de côté au quotidien.

Pourquoi mettre cela en place à Plobsheim, et pas à la maison-mère, à Europa-Park ?

M. Mack — Car c’est à la fois à l’extérieur du parc, tout en restant très proche du site

principal. Les collaborateurs de Plobsheim peuvent se rendre rapidement à Europa-Park,

et y passer du temps. Une bonne connaissance du produit à Rust est aussi

la clé du succès. Ils peuvent tout expérimenter à Rust, pas seulement les films 4D de

Mack Animation et le Magic Cinéma, mais aussi la technologie VR de Yullbe, ainsi

que Coastiality dans les attractions du parc. Les produits peuvent être pleinement

expérimentés, c’est notre banc d’essai : c’est ça, Europa-Park à l’heure des nouvelles

technologies. Il est essentiel de capter cette tendance au sein de notre parc de loisirs.

Il faut ajouter à cela le panachage linguistique entre le français et l’allemand, entre

une langue alémanique et une langue romane. À côté de la Suisse ou du Canada,

c’est ici l’une des rares régions dans le monde ou une langue anglo-saxonne / alémanique

côtoie de près une langue romane. Ce mélange linguistique et culturel offre

aussi nombre d’opportunités.

Dans cette mesure, c’est non seulement un cocktail parfait entre créativité et proximité

avec la maison-mère, mais cela ouvre aussi de nouveaux horizons, tant sur le

plan des potentielles ressources humaines issues de l’Université de Strasbourg que

celui du marché français en général.

Quel rôle joue ce pont entrepreneurial établi entre la France et l’Allemagne, aussi bien

du point de vue économique que pour la consolidation de l’idée européenne ?

M. Mack — Il joue un rôle essentiel, il est très important de se réunir et d’ajuster les

choses ensemble. Je répondrai avec un proverbe : « Se réunir est un début, rester ensemble

est un progrès, travailler ensemble est la clé de la réussite ». C’est une citation

d’Henry Ford. Elle résume parfaitement la situation.

Dans le même temps, on assiste à la création et à l’expansion d’un nouvel espace, où le

Rhin a depuis longtemps cessé d’être une frontière et où les échanges s’accentuent.

M. Mack — Pendant de nombreuses années, en tant que Badois, nous avons plus profité

de ce que l’Alsace et les Alsaciens avaient à offrir que l’inverse. De ce fait, il est

grand temps de rendre la pareille à cette région.

En amont du projet, beaucoup de voix critiques se sont élevées par rapport à l’implantation

de Mack One à Plobsheim. Comment les intérêts environnementaux ont-ils été

pris en compte dans le cadre de ce projet ?

M. Mack — À l’ère des réseaux sociaux, ce genre de voix a une résonnance amplifiée.

Mais nous avons non seulement impliqué le Conseil de l’Eurométropole, mais aussi

deux mairesses et deux maires autour de Strasbourg dans la conception du projet.

Nous avons fait tout notre possible, comme par exemple réaliser une étude environnementale

détaillée de plus de 900 pages. Il n’y a eu aucune contestation ou recours.

Cela montre bien que nous avons fait tout ce qu’il fallait pour travailler de manière

durable. Ainsi, on entend un tout autre son de cloche quand on discute avec les fédérations

régionales, les maires, ou encore les habitants de Plobsheim, par rapport à

celui relayé par ces voix critiques dans le cadre d’une petite manifestation. Les Alsaciens

sont, pour autant que je sache, très heureux que nous venions nous implanter

chez eux.

Le thème de la durabilité ne se réduit pas à un simple sceau ou label que l’on exhiberait,

mais s’applique aussi concrètement avec la Famille Mack. On le voit ici par

exemple avec une large utilisation du bois pour la construction du bâtiment, et une

intégration optimale de l’ensemble dans le paysage et la nature.

M. Mack — À Europa-Park, nous essayons aussi d’adopter une orientation durable.

Nous voulons que les générations futures puissent continuer à s’amuser comme les

générations actuelles.

En outre, nous avons trouvé une bonne méthode, et nous planifions de manière à

rendre possible une éventuelle expansion à Plobsheim, selon le succès que nous allons

rencontrer. Les opportunités sont là. Mais nous avancerons pas à pas, car c’est

également ainsi que nous avons procédé pour Europa-Park.

La proximité du réseau de transport français d’une part, et du réseau allemand d’autre

part, est également un atout majeur en faveur de Plobsheim.

M. Mack — On est à dix minutes de l’aéroport d’Entzheim, à 20 minutes de la gare TGV.

Plobsheim est ainsi à deux heures de Paris. Mais c’est effectivement parfait pour l’Allemagne

également. On est à 20 minutes de l’ICE, à Offenbourg. Plobsheim bénéficie

d’une situation idéale.

yULLBE

6

NOUVELLE ÈRE

MICHAEL MACK

NOUVELLE ÈRE

MICHAEL MACK

7



NOus AIMONS NOS Patries ET NOus AIMONS L’eurOPE

amitié

emmanuel MACRON

L

’Europe a besoin de l’amitié franco-allemande.

Emmanuel Macron réaffirme constamment

cette conviction depuis qu’il est devenu, à 39

ans en 2017, le plus jeune Président français

de tous les temps à poser ses valises à l’Élysée.

« Nous portons l’ambition commune d’une Europe plus

forte, plus souveraine, plus unie et plus démocratique »,

a-t-il par exemple déclaré lors de sa rencontre avec le

Chancelier Olaf Scholz en mai 2022. Il s’agissait de son

premier déplacement à l’étranger suite à sa réélection.

« Nous savons que nous devrons faire face à de grands

défis, comme par exemple la transition écologique et numérique,

mais aussi l’évolution de nos sociétés. »

MIRACLE HISTORIQUE

Dès 2019, le Président français avait souligné lors de la

signature du Traité d’Aix-la-Chapelle : « Dans ce monde

et cette Europe, l’Allemagne et la France doivent assumer

leurs responsabilités et montrer la voie. » L’amour de la

patrie et l’intégration européenne ne seraient aucunement

contradictoires. « Oui, nous aimons nos patries et

nous aimons l’Europe, parce que nous savons qu’elles

sont profondément, irrémédiablement inséparables. »

Avec le Traité d’Aix-la-Chapelle en 2019, la Chancelière Angela

Merkel et le Président Emmanuel Macron ont signé un

nouveau traité franco-allemand de coopération et d’intégration,

pratiquement soixante ans après le premier traité

qui scella la réconciliation franco-allemande, le célèbre

Traité de l’Élysée signé par Konrad Adenauer et le Général

de Gaulle. Cette réconciliation, désormais actée, est aujourd’hui

« une évidence et nous sous-estimons sans doute

parfois la puissance de ce miracle historique », a affirmé

Emmanuel Macron, tout en rappelant les siècles d’Histoire

douloureuse, au cours desquels les deux pays se sont livré

des guerres sanglantes. « Les conflits entre la France et l’Allemagne

ont mis le monde à feu et à sang, et il était de notre

devoir d’y mettre un terme définitif. C’est chose faite. »

L’EUROPE COMME BOUCLIER

Mais pour le Président, c’est la base qui doit permettre

non seulement d’approfondir l’amitié franco-allemande,

mais aussi l’amitié européenne : « Notre ambition commune,

désormais, doit être que l’Europe soit le bouclier

de nos peuples contre les nouveaux tumultes du monde.

C’est notre capacité à enfin expliquer, montrer et démontrer

que l’amitié entre l’Allemagne et la France, que nos

projets communs, que notre ambition pour l’Europe est

ce qui protège vraiment et ce qui permet vraiment de

construire nos destins librement choisis dans le monde

qui s’ouvre. »

LA FAMILLE MACK EST PIONNIÈRE

Le Président de la République française a souligné à

maintes reprises l’importance capitale

des échanges et des projets communs

entre les citoyens, les familles et les

entreprises de France et d’Allemagne.

La formidable amitié franco-allemande

est avant tout le fruit de la rencontre

des peuples. Emmanuel Macron clarifie :

« Sans l’axe franco-allemand, il ne peut

y avoir d’Europe. Et il n’y a pas d’alternative

à l’Europe. » Le Président de la République

poursuit : « Pour moi, les activités

du Consul Honoraire de France Michael

Mack sont tout à fait dans l’esprit du Traité

d’Aix-la-Chapelle sur la coopération et

l’intégration franco-allemande, et bien évidemment dans

l’esprit du Traité de l’Élysée de 1963. Nous avons besoin

de projets concrets, qui viendront consolider encore plus

l’amitié franco-allemande ». L’entreprise familiale Mack,

qui exploite le plus grand parc de loisirs d’Allemagne, fait

figure de pionnière pour de tels projets transfrontaliers.

L’implantation à Plobsheim en Alsace du laboratoire créatif

international Mack One France, dédié à la production

cinématographique et au développement numérique est

un signal important en ce sens. Ici s’opérera un rapprochement

de jeunes chercheurs et développeurs de talent

venus non seulement de France et d’Allemagne, mais aussi

de nombre d’autres nations.

EMMANUEL MACRON : « COMME VOUS, JE CROIS EN

L’EUROPE »

Dans une lettre à la famille Mack, le Président Macron

renchérit : « Comme vous, je crois en l’Europe. Et ce n’est

pas là un vœu pieu, mais plutôt un appel à poursuivre

la construction difficile mais indispensable d’un modèle

dont la pertinence, mais aussi les insuffisances, ont été

soulignées à plusieurs reprises ces dernières années. Le

projet européen n’est pas parachevé. Nous devons continuer

à avancer vers l’Europe de demain, une Europe plus

proche des citoyens, plus agile, plus coopérative, plus performante

et plus confiante dans sa capacité à relever les

défis du 21 e siècle. »

8 NOUVELLE ÈRE amitié

NOUVELLE ÈRE amitié

9



ÉCRIN DE

VERDURE

Le Kempferhof en Alsace fait partie des

plus beaux terrains de golf d’Europe.



J’adore les montagnes suisses. J’ai une petite station de ski, où Michael est déjà venu

me rendre visite avec sa femme et ses enfants. Quand j’étais petit, la commune làbas

offrait la même possibilité aux enfants. On pouvait skier, tout en étant encadré

par des moniteurs. Le sport nous a donné l’opportunité non seulement de garder la

forme, mais aussi de développer d’autres qualités comme le courage, le fairplay, le

respect, qui sont indispensables pour la vie en société. Et c’est cela que nous voulons

proposer aux enfants de Plobsheim avec notre offre d’accès au golf.

Il est donc très important

pour vous d’apporter votre

contribution à la société ?

P.E. Bindschedler — Oui, et il y a un autre aspect qui s’ajoute à cela : plus Strasbourg est

réputée, plus cela est valorisant pour les entreprises ici. Aussi sur le plan du recrutement.

Il faut que nous soyons attrayants pour les jeunes. Pour nos partenaires, la

valorisation de la localité est aussi essentielle. En 1840 / 1850, la cathédrale de Strasbourg

était le plus haut bâtiment du monde. En outre, l’université de Strasbourg était

très célèbre en Europe, à une époque où l’Europe dominait le monde. Avec tout cela,

on peut dire que nous avons une base de départ plutôt extraordinaire.

Quels sont les liens entre

les familles Mack et

Bindschedler ? Et les points

communs ?

Michael Mack — Pour commencer, nous sommes tous deux entrepreneurs, avec le

même esprit et la même manière d’aborder notre responsabilité envers nos collaborateurs.

Nous agissons tous deux aussi bien sur le plan régional qu’international.

Nous sommes très liés à notre région. En outre, nous avons anniversaire le même jour.

Quel est l’importance de

Strasbourg pour votre entreprise

Soprema ?

Et qu’en est-il du

Kempferhof ?

L

e Kempferhof Golf Resort, propriété de Pierre-Etienne Bindschedler, fait

partie des plus beaux terrains de golf d’Europe. Situé à quelques kilomètres

de Strasbourg, et à proximité du campus d’innovation de Mack One France,

il est largement plébiscité. Actuellement, le Golf Resort et le Château-Hôtel

attenant sont en cours d’extension et de modernisation. Dans cet entretien,

Pierre-Etienne Bindschedler et Michael Mack évoquent les enjeux autour du

Kempferhof et de l’implantation de la famille Mack en Alsace, ainsi que leurs visions

pour l’avenir.

Pierre-Etienne Bindschedler — Nous sommes intimement liés à notre environnement

proche. Beaucoup d’habitants de Strasbourg travaillent chez nous, de nombreux

cadres de Soprema viennent de Strasbourg. De ce fait, on entretient automatiquement

des liens étroits avec Strasbourg. Il est nécessaire de s’intégrer à la région, et

d’apporter notre soutien à sa culture.

Le Kempferhof est à neuf minutes du siège de Soprema. C’est un terrain superbe et

unique en son genre que j’ai trouvé ici. Personnellement, je ne joue pas au golf. Michael

Mack est un grand fan de golf. Mon but est de construire un hôtel et un restaurant

au cœur de cet écrin de verdure. C’était la seule et unique raison qui m’a poussé à

investir dans le terrain de golf du Kempferhof. Je l’ai acheté alors qu’il se trouvait dans

une situation financière difficile, le terrain n’était pas bien entretenu à l’époque. À

l’avenir, nous souhaitons proposer un type de golf qui s’intégrera en parfaite harmonie

avec la commune de Plobsheim.

Nous proposons par exemple aux enfants de Plobsheim de jouer au golf quatre

heures par semaine sous la supervision d’un entraîneur, le tout pour 50 euros par an.

Je pense que c’est important, car le golf a besoin d’une relève. Qui sait, peut-être que

nous permettrons au futur champion du monde de golf d’émerger.

P.E. Bindschedler — Et c’est très dommage, car je suis toujours invité, mais je ne peux

jamais venir.

M. Mack — Et c’est évidemment le même dilemme de mon côté. Nous avons aussi la

même manière de pratiquer la poignée de main, et de nous regarder dans les yeux.

Nous entretenons la tradition de l’entreprise familiale. Nous avons une échelle de

valeurs communes, la même idée de ce qu’est le travail en famille. Quand j’ai entendu

parler la première fois de la success-story de Pierre-Etienne Bindschedler, j’ai

été époustouflé. J’ai connu Pierre-Etienne comme quelqu’un qui souhaite pouvoir

rendre quelque chose à la région. Nos femmes et enfants entretiennent aussi une

étroite amitié. Il s’agit de bien plus que de simplement engranger des bénéfices. Nous

sommes convaincus que cette complicité perdurera encore de nombreuses années

dans les générations à venir.

P.E. Bindschedler — La famille Mack m’impressionne au travers de toutes ses actions

sociales, elle fait beaucoup pour sa région, et peut être fière de ce qu’elle accomplit.

La région, Colmar, l’Alsace, bénéficient d’Europa Park. Quand j’ai grandi en Suisse, je

connaissais mieux Europa-Park que Strasbourg. C’est un parc très célèbre. Les performances

et la fierté de la famille Mack sont extraordinaires. Quand on est fier de ce

qu’on accomplit, on est beaucoup plus performant. Et ça déteint aussi sur la jeune

génération. Ceci est également essentiel dans l’industrie. Sans courage et fierté, on

n’accomplit pas grand chose. J’ai un bon exemple à citer, à propos du sport français,

c’est typique. Quand un sportif connaît le succès dans une discipline, tout le monde

essaye de lui emboîter le pas pendant dix ans dans ce sport. Puis vient un autre, et

les activités sportives des Français se réorientent. Quand Jean-Claude Killy avait du

succès, tout le monde voulait être un skieur performant. Puis vinrent Alain Prost en

formule 1, Yannick Noah dans le tennis …tous ont eu d’ambitieux successeurs, qui ont

réussi à s’imposer. L’ambition, c’est la clé.

Pierre-Etienne

Bindschedler est

propriétaire et

PDG de l’entreprise

spécialisée en

matériaux de

construction

et d’isolation

Soprema à

Strasbourg, qui

compte parmi les

entreprises phares

en France avec 3,7

milliards d’euros de

chiffre d’affaires.

Les familles Mack

et Bindschedler

s’engagent toutes

deux dans les

domaines du

sport, de la culture

et des actions

sociales.

12

NOUVELLE ÈRE

PARTENARIAT

NOUVELLE ÈRE

PARTENARIAT

13



Certains imitent les gens qui ont du succès par jalousie aussi. Europa-Park, grâce à

son succès, a apporté une grande prospérité et des emplois à la région. C’est fantastique.

Ce parc a atteint un niveau sans égal.

M. Mack — Un ami entrepreneur m’a récemment parlé d’une phrase essentielle qu’il

tient de son père : les entrepreneurs apprennent des autres entrepreneurs. Cela veut

dire que l’on apprend l’un de l’autre, même si on vient de secteurs différents. Cet

échange en toute ouverture, avec une vision commune, c’est primordial. Je n’investirais

jamais dans une affaire sans avoir fait connaissance en personne avec l’entreprise

et ses dirigeants.

Depuis quand êtes-vous

en contact ?

P.E. Bindschedler — Depuis 2016, quand j’ai acheté le Kempferhof. Après avoir négocié

pendant 10 ans avec le précédent propriétaire.

Où percevez-vous des

synergies entre le Resort du

Kempferhof et le nouveau

siège de Mack One France ?

M. Mack — De nombreux Allemands ne connaissent pas le Kempferhof, bien qu’il soit

très proche de la frontière allemande. Je crois que grâce à Mack One France, nous attirerons

également de nombreux non-golfeurs ici. Grâce aux investissements de Monsieur

Bindschedler, nous n’aurons pas besoin d’autres grandes infrastructures comme

un hôtel à proximité, vu que le site en dispose. Nos collaborateurs peuvent manger

au Kempferhof, ils vont également y lier des amitiés et des contacts. Ensemble, nous

souhaitons valoriser ce site avec une approche qualitative. Le terrain de golf est d’ores

et déjà en excellent état, c’est l’un des meilleurs d’Europe. De plus, notre toit porte la

signature de Soprema. Nous sommes un bon client de Soprema.

Qu’en est-il de l’industrie

cinématographique ?

Vous avez même nommé

Roland et Michael Mack

membres d’honneur du club

de golf du Kempferhof…

M. Mack — Nous aimerions dénicher des talents ici qui ne viendraient peut-être pas en

Allemagne, à cause de la barrière de la langue.

P.E. Bindschedler — Je suis très heureux d’avoir Mack One France pour voisin. L’entreprise

attirera beaucoup de visiteurs, ainsi que de la main-d’œuvre. En outre, Mack

One France a l’opportunité de donner une certaine notoriété au site, grâce au cadre

idyllique. Si certains souhaitent travailler à New York, on ne pourra bien sûr pas rivaliser.

New York est et restera New York. Mais actuellement, les travailleurs sont plus

en quête de verdure. Si nous sommes bons dans nos affaires, chacun de notre côté,

nous pouvons nous aider réciproquement à devenir plus attractifs. En quelque sorte,

on peut comparer ça à la Silicon Valley. On y voit tant d’entreprises différentes, et

ensemble elles forment un grand tout. C’est la même idée ici. Les personnes créatives

viennent ici, et y découvrent un superbe terrain de golf et son Resort : une parfaite

symbiose.

P.E. Bindschedler — Oui, nous en sommes très fiers. Je dois encore afficher les certificats

dans l’entrée (rires). Michael m’a raconté que son père n’était pas venu ici depuis des

années. De ce fait, j’étais très fier d’apprendre qu’il est venu récemment. Il a joué au

golf d’ailleurs ?

M. Mack — Non, c’est ma prochaine grande mission : le faire jouer au golf.

P.E. Bindschedler — Il a joué au golf quand il était plus jeune ?

L’Alsace et le pays de Bade

forment un espace commun,

comment faire pour

encore mieux mutualiser les

points forts des deux côtés ?

M. Mack — Non, jamais.

Et quand on repense à comment Pierre-Etienne Bindschedler en est venu au ski dans

sa jeunesse, j’espère que beaucoup d’enfants de Plobsheim se souviendront qu’ils

ont débuté leur carrière de golfeur ici, et qu’ils deviendront peut être champions

d’Europe, voire champions du monde à l’avenir.

P.E. Bindschedler — On constate les liens qui s’établissent entre les personnes parlant

la même langue. Ça renforce ces liens, mais en même temps, on a le contre-exemple

de l’Ukraine et de la Russie. Il y a des familles mixtes, et maintenant elles se font la

guerre. J’ai beaucoup voyagé, j’ai grandi dans les massifs suisses, et j’ai pu constater

qu’il y a de bonnes et mauvaises personnes partout. Il en va de notre responsabilité

d’empêcher de telles idioties. Ce genre d’acte a des conséquences dramatiques. On

peut dire qu’ici, autour du Rhin, nous avons une communauté, particulièrement dans

l’espace allant de la Forêt-Noire aux Vosges. Le Rhin est une frontière qui n’en est

pas une, car nous pouvons librement circuler et aller d’un côté à l’autre. Ça participe

aussi de ce lien entre les personnes. Mais je pense que les « vrais » Alsaciens, ceux

qui sont nés dans la région et parlent le dialecte, se sentent intrinsèquement liés aux

habitants du Bade-Wurtemberg voisin. Même langue, même dialecte. En Alsace, on

voit souvent flotter le drapeau historique de la région, et chez nous aussi, car nous en

sommes fiers. Je viens d’un petit village en Suisse, et on voit que chaque petit chalet

arbore le drapeau du canton. En Valais, c’est le drapeau à 13 étoiles. Les Valaisans sont

aussi fiers de leur région.

14

NOUVELLE ÈRE PARTENARIAT NOUVELLE ÈRE PARTENARIAT 15



On a parlé des langues

alémaniques, du suisse

allemand et du badois.

Quelles sont les opportunités

dans cette région sur le plan

de la culture, des potentiels

communs, de la technologie.

P.E. Bindschedler — L’essentiel, c’est de ne pas forcer les choses. La famille Mack peut

très bien construire une réalisation formidable entre Fribourg-en-Brisgau et Offenbourg,

puis embrayer sur une deuxième étape en Alsace. Mais le tout doit être dénué

de pression. Les personnes doivent toutes se sentir comme à bord d’un même bateau.

Et là, il en va de notre responsabilité.

M. Mack — L’important est aussi que cela ne se limite pas à une coopération entrepreneuriale.

Les liens entre la famille Bindschedler et la nôtre sont uniques en leur genre.

P.E. Bindschedler — Le trilinguisme (suisse allemand, français et allemand) nous permet

certainement aussi d’être dans le même état d’esprit. J’ai mes racines en Suisse, je vis

en Alsace, et j’adore Europa-Park…

M. Mack — Mon grand-père disait : « La meilleure manière d’apprendre la langue de ton

voisin, c’est sur l’oreiller aux côtés d’une belle femme ».

Tomi Ungerer disait cela également.

Qu’est ce qui vous fascine

à Europa-Park ?

P.E. Bindschedler — Mon exemple n’a pas à voir avec le parc en tant que tel. Récemment

j’ai organisé une rencontre avec 800 personnes. Où peut-on aller dans la région pour

mettre en œuvre ce genre de réunions ? À Europa-Park, car c’est un véritable pôle

d’attractions en tout genre. Ensuite, où vais-je tous les trimestres avec mes enfants ?

À Europa-Park ou Disney ? La grande différence, c’est ce sentiment de liberté à Europa-Park.

On ne se sent pas obligé d’acheter une peluche Mickey, on n’est pas obligé de

manger au restaurant… On a le choix ! C’est extraordinaire. Le divertissement est le

même... grands huit pour petits et grands, une grande dynamique, toujours de nouvelles

idées... mais cette liberté de choix qu’on a au parc est vraiment unique.

« L’ESSENtiEL, c’ESt de ne pas

FORCER les choses. »

Pierre-Etienne Bindschedler

Qu’est-ce qui vous

fascine au Kempferhof ?

M. Mack — C’est en lien avec ma jeunesse. Quand j’étais petit, mon père ne voulait

pas que mon frère Thomas et moi allions jouer au golf en Allemagne, car on le considérait

comme un sport de riches et de snobs. C’est pour cela qu’on a décidé de venir

ici. Et on y a trouvé cet excellent et magnifique terrain à Plobsheim. J’ai ainsi beaucoup

de souvenirs d’enfance ici, et j’ai aussi fait de la compétition. J’ai fait partie de

l’équipe amateur de Plobsheim. Ma mère me conduisait

ici, je m’entraînais, et pendant ce temps elle lisait un livre

dans la voiture. Ensuite, on passait par le supermarché

pour acheter de la baguette et du camembert. Ce sont

des souvenirs d’enfance. Des moments précieux, partagés

avec ma mère. Le calme qu’on trouve ici, cette mentalité

du laissez-faire, la joie de vivre... c’est complètement différent

de l’Allemagne. Les Allemands du Sud profitent de

la vie, c’est un fait, mais les Français portent ça à un autre

niveau. Ici, c’est un autre monde pour moi. Ici je ne suis pas

l’entrepreneur montré du doigt, comme en Allemagne, je

peux être simplement moi. Ce mélange de rigueur allemande

et de légèreté française, je pense que ça a de l’avenir

ici. Et avec Pierre-Etienne Bindschedler en tant qu’ami

à mes côtés, je pense que le Kempferhof perdurera pour

l’éternité, je l’espère.

Quels sont les travaux

prévus pour le Golf Resort

et l’hôtel du Kempferhof ?

Quelle est la vision à long

terme pour ce lieu magique

au cœur de la nature ?

P.E. Bindschedler — Nous allons investir beaucoup d’argent, et nous souhaitons proposer

la plus haute qualité dans un établissement au top niveau. En outre, nous espérons

attirer un grand nombre de visiteurs, certainement pas autant qu’Europa-Park,

mais si nous parvenons à accueillir des personnes habitant au-delà de la région, ce

sera déjà merveilleux. Nous avons un terrain de practice provisoire que nous allons

intégralement rénover. Aux côtés de la famille Mack, nous avons pris la décision d’investir

dans les meilleures technologies actuellement disponibles pour enseigner le

golf. Ça s’appelle le « TrackMan-Range ». Des radars permettent d’analyser le jeu et

les trajectoires de balle. Cette technologie est vraiment divertissante. En outre, nous

allons installer un système qui mesure les mouvements du corps. La posture est un

point décisif pour mener à la victoire. Le président de la fédération française de golf

est venu ici en hiver, il y a deux ans, pour voir comment nous procédions. Il a finalement

décidé d’employer cette méthode pour préparer les espoirs de l’équipe nationale.

On peut dire que nous étions un peu en avance sur ce plan.

16

NOUVELLE ÈRE

PARTENARIAT

NOUVELLE ÈRE

PARTENARIAT

17



À LA CONQUÊTE DE

NOUVEAUX

HORIZONS

COMMENT EUROPA-PARK S’EST ÉLEVÉ AU RANG D’ACTEUR

INTERNATIONAL INCONTOURNABLE DANS LES DOMAINES DE LA

NUMÉRISATION ET DU CINÉMA SOUS L’ÉGIDE DE MICHAEL MACK



C

’est impossible, ou bien ? Un monstre de l’espace

est monté à bord du train. Avec ses pattes

arachnoïdes, mais néanmoins imposantes, l’extraterrestre

se maintient de toutes ses forces,

jusqu’à arracher une cabine du train. Ce drôle

de duo finit par disparaître dans les confins de l’espace

intersidéral. Mais pas le temps d’y penser. Car comme

dans un vaisseau spatial, on est catapulté à travers l’infini.

Un virage serré et une descente raide plus tard, de

nouvelles scènes de science-fiction se déroulent sous les

yeux des passagers : planètes désertes, vaisseaux, créatures

effrayantes. Quiconque monte à bord du grand huit

en réalité virtuelle « Eurosat Coastality » à Europa-Park se

retrouve à la croisée de deux mondes : les déplacements

du grand huit sont bien réels, mais ce que les passagers

voient avec leur casque VR est une illusion bluffante de

réalité qui dure plusieurs minutes.

tastiques. Michael Mack est convaincu qu’il faut numériser

les expériences analogiques des parcs de loisirs et

entrer sur le marché médiatique.

« Pour faire partie des leaders mondiaux, la transition numérique

est une étape incontournable », déclare-t-il. Bien

sûr, le carrousel classique continuera d’exister, comme le

besoin intrinsèque de la montée d’adrénaline à bord d’un

grand huit bien réel. Mais si on veut prospérer, la numérisation

et les possibilités qui en découlent sont des facteurs

déterminants.

« C’est le modèle que l’on connaît du géant de la branche,

Disney », s’étonne le quotidien « Die Welt ». Mais dans un

schéma inverse. Car pendant que Disney utilise ses parcs

de loisirs comme un canal parmi d’autres pour décliner

les aventures de ses icônes cinématographiques, Michael

Mack fait appel aux médias numériques pour prolonger

l’expérience d’Europa-Park au-delà de ses limites physiques.

Le cinéma et Europa-Park ? « Les deux émerveillent

leur public, et sont générateurs d’émotions », déclare-t-il.

C’est donc en soi une combinaison parfaite.

LA FILIALE NÉE DANS UN GARAGE

Le fils aîné (né en 1978) du fondateur d’Europa-Park Roland

Mack se consacre depuis deux décennies à l’expansion

virtuelle d’Europa-Park. Et comme c’est le cas pour

nombre de visionnaires de notre époque, l’histoire commence

pour ainsi dire dans un garage. Au début, tout part

d’une invention du passé, que les jeunes d’aujourd’hui ne

connaissent guère que de nom : la cassette VHS. Lors du

passage au deuxième millénaire, Europa-Park proposait

à la vente un film d’entreprise d’une bonne demi-heure

sur VHS. Mais ces vidéocassettes étaient déjà un support

obsolète à cette époque. Quand les bandes magnétiques

furent remplacées par les DVD, Michael Mack détecta immédiatement

le potentiel : « Une chose était certaine, il

nous fallait absolument proposer du contenu sur DVD ».

Le nouveau film d’entreprise produit par ses soins intégrait

aussi pour la première fois de nombreux reportages

dans les coulisses du parc de loisirs, et fut un succès commercial.

C’est là qu’est née la filiale Mack Media en 2002.

« Nous avons commencé à travailler dans un garage »,

raconte Michael Mack. Il a aussi « détourné » du personnel

d’autres départements. Depuis ces débuts modestes,

Mack Media a bien évolué. Possédant désormais ses

LES PARCS DE LOISIRS SE NUMÉRISENT

De ces aventures spatiales virtuelles aux bracelets numériques

permettant d’attribuer une place aux visiteurs

dans les files d’attente : dans les parcs de loisirs du monde

entier, on ne trouve plus uniquement les expériences analogiques

des décennies passées, on mise de plus en plus

sur la numérisation. Et cette technologie ne s’applique

pas qu’aux seules attractions. C’est aussi et surtout par le

biais d’applications mobiles que les exploitants trouvent

de nouvelles opportunités pour mieux cibler la clientèle,

et pour assurer une fidélité pérenne à leurs marques. Il

y a encore dix ans, cette transition numérique des parcs

de loisirs était quasi impensable. Ce développement

avait besoin de personnes dotées d’imagination, de clairvoyance

et de courage : des visionnaires comme Michael

Mack. À la tête de la 8 e génération de l’entreprise familiale

Mack, aux 240 ans d’histoire, il a fondé plusieurs filiales et

a ainsi permis au groupe Europa-Park de devenir un pionnier

international des technologies de divertissement numériques

de pointe.

Sous l’égide de ce concepteur et instigateur de génie,

Europa-Park produit entre-temps des films pour le grand

écran, commercialise des attractions en réalité virtuelle

dans le monde entier, développe des applications et jeux,

ou crée ses propres personnages dont les aventures sont

d’ores et déjà déclinées au sein de séries de romans fanpropres

équipes de caméramans et studios, l’entreprise

prend en charge l’univers numérique d’Europa-Park. Elle

produit des spots publicitaires et films événementiels,

tourne des reportages, des interviews et des vidéos explicatives

pour les attractions, des vidéos pour la formation

du personnel, et crée des contenus pour diverses pages

Facebook et sa propre chaîne YouTube. Avec le film d’animation

« Le Secret du Château Balthasar 4D », la première

histoire avec les mascottes du parc Ed & Edda a été déclinée

sur grand écran en 2011.

« Depuis, MackMedia se consacre au développement de

marques et de storytellings avec un panel allant des événements

en direct à la production de films de cinéma »,

explique Michael Mack.

QUAND PARIS OUVRE LA VOIE DU CINÉMA

Pour entrer dans le monde du cinéma, un petit détour

par les studios d’une star mondiale fut nécessaire : ceux

du célèbre réalisateur français Luc Besson. En 2009, Michael

Mack se rendit à Paris pour rencontrer le cinéaste

et le convaincre de réaliser une attraction se basant sur

sa série de films d’animation « Arthur et les Minimoys ».

Et cela est mis en œuvre, les deux parties s’appréciant et

s’estimant mutuellement. La construction d’« Arthur - Au

Royaume des Minimoys » à Europa-Park s’étale alors sur

cinq ans. Mais Michael Mack maintient le cap : « Depuis

que j’ai découvert l’univers d’Arthur et des films d’animation,

je rêve de créer nos propres univers », se souvient-il.

Mais ce n’est pas avec Luc Besson que cela se fera, et c’est

là que le hasard entre en jeu. « Notre directeur commercial

de Hanovre m’a parlé d’une petite entreprise prospère

nommée Ambient Entertainment », raconte Michael

Mack. « Il m’a dit : pourquoi n’irions-nous pas frapper à

leur porte ? ». Fondée en 1999, la société Ambient Entertainment

avait, sous la houlette du directeur et co-fondateur

Holger Tappe, réalisé le tout premier film d’animation

entièrement conçu en Allemagne avec « Back to Gaya »

(Le Monde fabuleux de Gaya - 2004).

À côté des films d’animation, l’entreprise développait

aussi dans ses propres studios d’autres productions médiatiques

100 % numériques. Donc tout ce dont Michael

Mack avait besoin pour mettre en œuvre ses plans ambitieux.

« J’ai donc appelé cette entreprise de Hanovre », se souvient-il.

« Et quand Holger Tappe a décroché le combiné

et que je lui ai dit que j’étais un représentant d’Europa-Park…

il m’a interrompu avant que je ne puisse finir

ma phrase : ne me dites qu’une chose - que vous souhaitez

réaliser un film d’animation pour votre cinéma 4D ».

On découvrit alors que le producteur de films avait déjà

souvent fait étape à Europa-Park quand il se rendait en

Suisse pour skier. Le film d’animation en 4D sur « Ed et

Edda » constitua ainsi en 2011 la première coopération

entre Europa-Park et Ambient Entertainment. Et ce fut un

succès non seulement à Europa-Park, mais aussi au sein

des autres parcs où il fut projeté.

20

NOUVELLE ÈRE Vision NOUVELLE ÈRE Vision

21



COMME JAMES BOND

Avec Mack Media comme coproducteur, Ambient Entertainment

a ensuite entre autres réalisé le film d’animation

de 90 minutes « Happy Family », inspiré du best-seller

éponyme de David Safier. Cette aventure cinématographique

drôle et effrayante est sortie en 2017. L’organisme

d’évaluation des films et médias allemands (FBW) disait

à propos de ce film avec notamment Hape Kerkeling et

Oliver Kalkofe au doublage : « D’un niveau technique de

pointe, ce film d’animation comique allemand n’a pas à

rougir en comparaison aux références internationales en

la matière ». Le film d’animation a été à l’affiche des cinémas

du monde entier dans plus de 100 pays.

En 2017 également, le film pour le plus grand Flying Theater

d’Europe, « Voletarium » à Europa-Park, est né d’une

étroite collaboration entre les deux entreprises. Dans

un film époustouflant, les passagers décollent à bord

de nacelles pour survoler au plus près les plus beaux

monuments et sites naturels d’Europe. On découvre par

exemple l’archipel croate des Kornati vu d’en-haut. Les

passagers poursuivent leur voyage en rasant les falaises,

à travers un canyon, pour monter ensuite au sommet

du Mont Cervin, tout en contemplant des monuments

comme le Château de Neuschwanstein ou encore la ville

« Mack Rides et Europa-Park étaient pour moi les partenaires

rêvés, et par chance, Michael Mack a rendu possible

les premiers tests de casques VR à bord d’un grand huit »,

raconte Thomas Wagner. En partenariat avec Europa-Park,

l’entreprise « VR Coaster » a été fondée, et Thomas Wagner

en est l’actuel associé gérant. « À partir d’un petit

grand huit, on peut créer un véritable géant dans l’univers

virtuel. Quand par exemple, on fait une descente de

20 mètres dans le monde réel, on peut transformer ça en

pente de 80 mètres dans le pendant virtuel », déclare-t-il.

« Alpenexpress Coastiality est l’emblème par excellence

de la numérisation et de l’innovation dans notre secteur.

C’était un véritable travail de pionnier, et ça en valait la

peine, car cela nous a permis de créer une toute nouvelle

forme d’expérience client », souligne Michael Mack. « Je

suis très favorable aux partenariats. Pour fonder une activité,

il faut le bon équilibre entre la créativité et les perde

Venise. Dans la cité lacustre, le regard balaye les canaux,

les ponts et les dômes. « Obtenir une telle autorisation

de tournage, ça n’est pas donné à tout le monde »,

se souvient Holger Tappe. Avec des systèmes de caméra

de pointe, il a capturé les sensationnelles prises de vue,

en partie avec un hélicoptère. « Avant nous, ça faisait dix

ans qu’aucune équipe cinématographique n’avait filmé la

Place Saint Marc et le Grand Canal depuis un hélicoptère »,

explique le réalisateur. « C’était pour Casino Royale, le

premier film de James Bond avec Daniel Craig ». Ainsi,

grâce aux nouveaux moyens numériques, un film est devenu

une véritable attraction d’Europa-Park.

De cette coopération est née une nouvelle filiale : Mack

Animation. Cela permet de perfectionner les synergies et

de travailler encore plus efficacement, d’optimiser les potentiels

et de coopérer aussi de manière plus étroite avec

Mack Rides, l’usine de fabrication d’attractions de l’entreprise

basée à Waldkirch, pour la conception de manèges

à contenus médiatiques. L’entreprise basée à Hanovre,

avec Holger Tappe à la direction, a d’ores et déjà réalisé

un second long-métrage d’animation autour de « Happy

Family », qui a été un grand succès international comme

le premier volet.

Alpenexpress Coastiality

À TOUTE ALLURE À TRAVERS L’IMAGINAIRE

Mack Animation joue également un rôle déterminant

dans une autre branche initiée par Michael Mack : les attractions

en VR. Les visiteurs peuvent ainsi traverser des

univers virtuels à bord d’un véritable grand huit. Via un

casque de réalité virtuelle, les passagers sont plongés à

360° dans un univers imaginaire tout en profitant des

sensations réelles telles que la pénétration dans l’air,

les virages et la force centrifuge. Les bifurcations, les

descentes et les montées sont synchronisées à la perfection

avec les images virtuelles pendant la marche de

l’attraction. Des capteurs enregistrent le moindre mouvement

de la tête. L’impression de vitesse et les dimensions,

comme la hauteur ou la taille, sont imitées à s’y

méprendre et peuvent être amplifiées par les casques VR.

Les spécialistes du secteur parlent d’immersion, quand un

environnement virtuel est ressenti comme réel. En 2015,

« Alpenexpress Coastiality » à Europa-Park devint le tout

premier « VR-Coaster ». Mack Animation a réalisé plusieurs

films d’animation pour ce format, entre autres avec

les « Ottifants » du comédien allemand Otto Waalkes, qui

sont les compagnons amusants de l’une de ces aventures

immersives.

UN TRAVAIL DE PIONNIER

L’idée des VR-Coasters a d’abord germé dans l’esprit de

Thomas Wagner, Professeur de design virtuel à l’Université

de Kaiserslautern. Mais Michael Mack, Mack Rides et

Europa-Park ont largement contribué à ce que cette idée

se transcrive en une expérience réelle.

sonnes capables de construire un cadre administratif et

organisationnel autour de ce noyau ». Et cet équilibre est

présent au sein de « VR Coaster » : c’est l’entreprise leader

à l’échelle mondiale sur ce type d’attractions. Entretemps,

l’entreprise a équipé pas moins de 60 parcs de loisirs

autour du globe avec cette technologie VR.

Une nouvelle étape dans le développement de ce concept

VR est franchie dans le grand huit en réalité virtuelle « Eurosat

Coastiality » à Europa-Park. Ce manège a vu le jour

en 2018 au sein de la sphère entièrement rénovée d’Eurosat,

et constitue la première attraction « Roam & Ride »

du monde. Elle intègre une expérience continue en réalité

virtuelle de la file d’attente jusqu’à l’escapade à bord

du grand huit. Avant même de monter à bord du train,

les passagers enfilent le casque VR, et se retrouvent immédiatement

plongés au cœur de la réalité virtuelle. Les

visiteurs se rendent jusqu’à la gare, montent à bord du

train d’Eurosat Coastiality et profitent d’un tour à bord

du grand huit sans jamais retirer le casque VR entre les

étapes.

DE RUST À LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES

Les scènes que traversent les visiteurs sont une version 3D

de l’univers fantastique du blockbuster intergalactique

de Luc Besson « Valérian et la Cité des Mille Planètes ».

Grâce à la méthode de captage innovante, les passagers

vêtus du casque VR se voient les uns les autres dans l’espace

pré-show sous forme d’avatars numériques, ce qui

empêche les collisions. L’opérateur d’Europa-Park, qui

guide les visiteurs, est lui aussi représenté en tant que

personnage dans l’univers virtuel. « Dans Eurosat Coastiality,

la réalité virtuelle ne relève plus de l’isolement, mais

devient une expérience sociale commune », poursuit Michael

Mack.

Mais le grand huit « Eurosat Coastiality » ne marque en

fait que le début du développement d’expériences numériques

immersives. La prochaine étape s’appelle « Yullbe ».

Le nom est une abréviation de « You will be » (tu seras…).

Ainsi, les protagonistes deviennent de véritables acteurs

plongés au cœur d’aventures virtuelles. Pour l’observateur

extérieur, les joueurs semblent exécuter de drôles de

mouvements. Une femme s’engage la première, suivie de

ses coéquipiers en file indienne derrière elle. Mais pourquoi

donc ? Puis on tourne une manivelle, d’autres joueurs

pressent des boutons et des interrupteurs… étrange, mais

tout le groupe semble bien s’amuser, cela n’échappe pas

à l’observateur.

NOUVELLE ÈRE

Vision

23



« Maintenant, la porte, la porte ! », s’écrie soudainement

une joueuse, d’un ton empressé. Il se passe quelque

chose, mais quoi ? Car il n’y a aucune porte à cet endroit.

La pièce est pratiquement intégralement vide. Visiblement,

ils sont hors de danger, tous les participants rient

allègrement. Mais ce qui semble étrange à l’observateur,

fait pourtant sens pour les joueurs : de leur côté, ils sont

au beau milieu d’une expérience en réalité virtuelle.

UNE TECHNOLOGIE DIGNE D’HOLLYWOOD

Jusqu’à 120 caméras captent les mouvements à Yullbe,

et de puissants ordinateurs les transposent en temps

réel dans l’univers VR que les joueurs peuvent voir. Ils

deviennent de véritables acteurs dans ces univers, et

peuvent modifier activement le cours de l’histoire dans

laquelle ils se trouvent.

La technologie derrière tout cela se nomme « Motion

Capturing ». Elle est utilisée dans les films à succès hollywoodiens,

et permet de donner un rendu réel à des effets

numériques. La fiction et la réalité ne semblent plus

faire qu’une à Yullbe. En octobre 2020, le centre d’expériences

VR Yullbe a ouvert ses portes à Rust, à proximité

immédiate de l’hôtel « Krønasår » et de l’univers aquatique

Rulantica. Un grand nombre d’aventures virtuelles

sont entre-temps disponibles. Et cet univers de jeux

virtuels s’exporte bien au-delà des frontières du Resort.

Ainsi en 2022, une attraction Yullbe a été ouverte à Hambourg

en coopération avec le célèbre musée de modélisme

ferroviaire « Miniatur Wunderland », et une autre à

Mannheim. Yullbe a même déjà pris le large. En effet, les

passagers du navire de croisière « AIDAcosma », peuvent

vivre des aventures estampillées Yullbe dans une salle

dédiée pendant leur traversée.

Les initiatives de numérisation engagées par Michael

Mack se traduisent non seulement dans les attractions,

mais aussi dans les offres et services. Ainsi, on peut acheter

des billets via l’appli d’Europa-Park, et naviguer interactivement

à travers le parc. Et une autre nouveauté

technique est venue enrichir l’application du parc : la file

d’attente virtuelle. Afin d’éviter les attroupements importants

dans les files d’attente devant les attractions,

les visiteurs se placent dans une file virtuelle via l’application.

Dès que le tour du visiteur est arrivé, l’application

lui envoie une notification. « Notre département de développement

numérique a travaillé jour et nuit à la réalisation

de ces applications et fonctions », déclare Michael

Mack. « Il ne lui a fallu que quatre semaines, alors qu’en

temps normal, six mois à deux ans sont nécessaires ».

D’autres fonctions numériques sont déjà en cours de développement.

Afin de stimuler les processus créatifs, une nouvelle filiale

est venue s’ajouter au groupe d’entreprises en 2019 :

Mack Next. C’est une espèce de laboratoire d’idées pour

Europa-Park et les clients externes. Yullbe a par exemple

été coproduit et mis en œuvre par Mack Next. Des nouveaux

concepts de spectacle sont actuellement en cours

de développement au sein de la nouvelle structure. Tout

comme les nouveaux départements Mack Emotioneers

(visualisation d’idées et de concepts), Mack Magic (développement

d’univers interactifs et immersifs) et Mack

Services (gestion de projets au-delà des frontières de

l’entreprise), la filiale Mack Next a entre-temps été intégrée

sous le toit commun de l’entreprise Mack One.

À Plobsheim, près de Strasbourg, un nouveau site dédié

à toutes ces activités a été implanté. Europa-Park s’établit

ainsi pour la première fois en-dehors des frontières

de l’Allemagne pour s’installer en Alsace. « Là-bas, nous

disposons du calme nécessaire pour laisser libre cours

à notre créativité. Les nouvelles idées naissent plus facilement

à l’écart de l’effervescence du parc », analyse

Michael Mack. « En outre, nous mettons la diversité

européenne à contribution. Le nouveau site en France

comporte de nombreux avantages, dont les solutions

de financement optimales de la production cinématographique

dans l’Hexagone, la proximité du siège de la

chaîne TV Arte et les nombreux artistes talentueux qui

exercent dans le secteur en France ».

En outre, Michael Mack a récemment fondé la société de

production de films « 2112 Pictures », afin qu’Europa-Park

fasse un pas de plus dans le monde du cinéma. Elle est

implantée à proximité de l’université de cinéma de Ludwigsburg.

« Nous souhaitons profiter du savoir et des

idées des étudiants, des diplômés et des enseignants »,

explique Michael Mack. Par le biais de cette entreprise,

Michael Mack a déjà coproduit le long-métrage « Takeover

», avec Roman et Heiko Lochmann, plus connus sous

leur pseudonyme « Die Lochis ».

UNE VISION TRANSMÉDIATIQUE

Le mot-clé derrière toutes les initiatives de Michael Mack

est le terme « Storytelling » : la capacité de conter des

histoires palpitantes autour d’un produit, d’un service ou

d’une marque, et ainsi, dans le cas d’Europa-Park, instaurer

une relation avec les visiteurs qui perdure bien au-delà

du séjour sur place à Rust. C’est aussi là le rôle de la fédération

fictive « Adventure Club of Europe » (ACE). En outre,

l’univers aquatique Rulantica, qui a ouvert ses portes en

2019, se base sur une histoire fantastique qui a été déclinée

entre autres au sein d’une série de romans. Ainsi,

la conception de Rulantica et celle de l’hôtel « Krønasår »

sont toutes deux inspirées de l’univers fictif des livres.

Toutes ces mises en œuvre suivent parfaitement la ligne

directrice fixée par Michael Mack : « Adopter une vision

transmédiatique ! »

UN CHAMPION DU NUMÉRIQUE

Grâce à toutes les mesures initiées par Michael Mack dans

le vaste champ de la transition numérique, Europa-Park

fait désormais partie des « champions du numérique »

en Allemagne. Ceci est confirmé par une grande enquête

menée pour le compte du magazine « Focus Money ». Sur

une échelle de zéro à 100, Europa-Park obtient le nombre

maximal de points. Il est ainsi le grand gagnant dans le

secteur des parcs de loisirs. En outre, le magazine renommé

« Die Deutsche Wirtschaft » a récompensé Michael

Mack et son équipe en leur décernant le prix d’« Innovateur

de l’Année ». « Avec Mack Next, Michael Mack a

mené des projets innovants dans les domaines de la VR,

du cinéma, du branding et du storytelling pour créer des

solutions inédites au sein des secteurs des médias et du

divertissement. Ces projets viennent émerveiller non

seulement les spectateurs qui se rendent à Europa-Park

à Rust, mais aussi un public à une plus large échelle »,

ont souligné les membres du jury du plus grand prix du

public de l’économie allemande.

Voici deux

exemples des

nombreuses

activités

transmédiatiques :

dans l’attraction

Yullbe, les

participants sont

rétrécis en avatars

numériques

miniatures

dans le cadre

de l’expérience

VR « Miniatur

Wunderland –

La folle microaventure

», tandis

que les jeunes

stars allemandes

« Die Lochis » font

leurs premiers pas

sur grand écran

avec le soutien de

Michael Mack.

24

NOUVELLE ÈRE Vision NOUVELLE ÈRE Vision

25



UN DOmaiNE VINICOLE EUROPÉEN :

OLLWILLER

EN ALSACE



Thomas MAck

VINSFINS

crémant

RIESLING

R O S É

P I N O T

N O I R

L

e vin d’Ollwiller fait partie des joyaux du vignoble alsacien. Les origines

du « Château d’Ollwiller », situé à proximité de Mulhouse, remontent

au 13 e siècle. Et depuis cette époque, on y cultive aussi du vin. Le Comte

Dagobert de Waldner de Freundstein fit raser la forteresse d’origine

pour y faire construire un somptueux château. D’illustres personnages

de l’époque, comme le Roi Louis XV (1710-1774), y ont séjourné. En 1825, l’industriel

du textile Jacques-Gabriel Gros rachète le domaine et travaille à sa renommée. Cependant,

le château est détruit au cours de la première guerre mondiale, et entièrement

reconstruit. Ce domaine vinicole est considéré comme le deuxième plus

ancien de France. En 2020, la famille Mack fait l’acquisition du château ainsi que du

domaine vinicole traditionnel attenant.

Le vignoble du « Château d’Ollwiller » s’étend sur une superficie de 25 hectares avec

une exposition sud-sud est, ce qui assure un ensoleillement optimal. La finesse du

sol de ce terroir garantit des vins aromatiques de très grande qualité. Avec leurs

collaborateurs, Thomas Mack et le maître de chai Mathieu Kauffmann veulent aller

vers encore plus de qualité. « Nous misons d’abord sur le Riesling, le Crémant et le

Rosé, peut-être aussi le vin rouge par la suite », déclare Thomas Mack. « Nous voulons

intégrer le top dix des Riesling Grand Cru en Alsace ». Mathieu Kauffmann voit

encore plus loin : « Mon objectif est de parvenir à un Crémant de très haute qualité

à Ollwiller, même si on n’est pas en Champagne ». Et le maître de chai déclare avoir

toujours atteint ses objectifs.

Thomas Mack : « J’ai tout de suite dit que c’était avant tout un projet vinicole. Nous

voulons produire un vin d’exception. Dans l’histoire de notre région, il y a tant de

liens qui se sont créés de part et d’autre du Rhin. À Europa-Park, nous vivons cet

esprit franco-allemand au quotidien depuis toujours. C’était donc une occasion rêvée.

Une famille d’entrepreneurs alsaciens de longue tradition transmet le domaine

vinicole après 195 ans à une famille d’entrepreneurs badois. C’est merveilleux ! Chacun

y trouve son compte, c’est parfait. Les réactions étaient très positives dans la

région, nous avons été accueillis à bras ouverts, car tout le monde ressentait que

nous allions mettre du cœur à l’ouvrage. C’est un superbe projet familial, qui profitera

aussi aux générations suivantes. Cela va durer quelques années avant que

nous n’obtenions le premier vin d’exception, mais nous n’en sommes qu’au début.

Nous avons une vision à long terme Actuellement, la vente de raisin nous permet

à peine de couvrir les dépenses courantes. Ce n’est pas un projet d’investissement,

notre but est d’obtenir une qualité irréprochable. Ollwiller est un projet franco-allemand

qui vient gommer les frontières ».

POUR LES

GÉN ÉR ATIONS

FUTURES

« C’est aussi ainsi que

nous voyons les choses

pour nos visiteurs à Europa-Park.

C’est une vision

moderne de la durabilité.

Nous espérons que de

nombreuses générations

en profiteront. Nous

souhaitons contribuer

au développement de ce

merveilleux domaine sur

le long terme, tant pour

notre famille que pour

l’ensemble de la région.

À l’avenir, nous pourrons

aussi certainement y organiser

des événements.

C’était en tout cas une

heureuse circonstance

qui nous a permis de

faire l’acquisition du domaine

vinicole d’Ollwiller.

Pendant la pandémie

de coronavirus, nous

n’aurions assurément

pas sauté le pas ».

28

NOUVELLE ÈRE ART DE VIVRE NOUVELLE ÈRE ART DE VIVRE 29



LE TANDEM

FRANCO-ALLEmaND

BRIGITTE KLINKERT

La famille Mack, propriétaire

d’Europa-Park, a implanté

une nouvelle filiale dédiée

au développement créatif et

numérique à Plobsheim en

Alsace, qu’en pensez-vous ?

Voyez-vous l’Alsace comme

un territoire propice aux

entreprises créatives ?

Vous cultivez l’amitié

franco-allemande

quasiment depuis le

berceau. Votre grand-père

Joseph Rey était maire

de Colmar, et l’un des

précurseurs de cette amitié.

Qu’avez-vous appris de votre

grand-père ?

Brigitte Klinkert — C’est une bonne initiative ! Entre la famille Mack et l’Alsace, c’est

une longue histoire. Je me souviens qu’à l’époque mon grand-père Joseph Rey m’a

emmené assister à une rencontre avec Franz Mack, quand j’étais plus jeune. Nous

avons pris de l’altitude à bord de l’une des attractions, l’Euro-Tower, et à l’époque il a

déclaré, alors qu’il regardait au loin vers l’Alsace, que de là-haut, il ne voyait aucune

frontière entre l’Alsace et le pays de Bade.

Nous partageons encore cette conviction de nos jours, et je suis heureuse de voir

la famille Mack investir des deux côtés du Rhin. Nous avons les moyens de travailler

ensemble pour réaliser de beaux projets, en particulier des projets innovants.

Je suis convaincue que nombre de synergies peuvent émerger entre les différents

pôles d’attraction du Rhin supérieur, et l’implantation de ce nouveau site en est un

exemple concret !

B. Klinkert — Bien évidemment ! L’ Alsace est une terre d’innovation et de créativité.

Nous pouvons compter sur un écosystème favorable composé d’artistes, d’agences

web et de communication, de maisons d’édition, et ainsi de suite, mais aussi d’entreprises

des domaines de l’informatique et du développement. Nous sommes un

territoire attractif pour l’industrie, mais aussi pour l’ensemble du secteur culturel

ainsi que pour les nouvelles technologies.

B. Klinkert — Depuis ma plus tendre enfance, j’ai été sensibilisée à l’importance capitale

de l’amitié franco-allemande par mon grand-père Joseph Rey, qui fut maire de

Colmar de 1947 à 1977. Il m’a transmis ses valeurs humanistes ainsi que sa passion

pour l’engagement public. J’ai passé mon enfance, puis ma jeunesse à le suivre, et à

vivre le quotidien d’un élu municipal pendant l’après-guerre. Il m’a fait comprendre

l’importance de la paix, et de la coopération avec nos voisins allemands. Aux yeux de

mon grand-père, il était impératif que l’Alsace, suite à la seconde guerre mondiale,

soit un acteur de premier rang de la réconciliation et de la fraternité franco-allemande.

Il était convaincu que l’Europe et la paix ne pouvaient se construire que sur

les bases d’un couple franco-allemand solide. C’est pourquoi il s’est engagé dans les

années 50 en faveur du rétablissement des relations entre les personnes des deux

côtés du Rhin, en particulier en organisant des rencontres de maires. Je suis devenue

conseillère municipale de Colmar en 1983, et j’ai été élue conseillère générale du

Haut-Rhin en 1994 à l’âge de 37 ans.

La politicienne française

Brigitte Klinkert est Coprésidente

du Bureau de

l’Assemblée parlementaire

franco-allemande, qui

réunit 50 députés de

l’Assemblée Nationale et

50 députés du Bundestag

allemand dans le but

de renforcer l’amitié

franco-allemande par le

biais d’initiatives et de

propositions communes.

Brigitte Klinkert, née en

1956 à Colmar, a été de

2020 à 2022 Ministre

déléguée à l’Insertion,

et exerce actuellement

à l’Assemblée Nationale

en tant que députée de

la 1 ère circonscription du

Haut-Rhin.

TOut UN ÉCOsystème DE LA COmmuNICatiON À L’INFOrmatiQue :

« L’alsaCE EST UNE TERRE D’INNOVatiON ET DE CRÉatiVitÉ »

Sur quels points devonsnous

encore travailler et

nous améliorer sur le plan de

l’amitié franco-allemande ?

B. Klinkert — D’un point de vue politique, nous devons continuer à éliminer les tracas

quotidiens qui compliquent la vie de nos concitoyens au niveau transfrontalier. Nous

devons mettre en œuvre des projets de structuration et de coopération qui nous permettront

de continuer à progresser vers un espace de vie commun et intégré. Sur

le plan national, l’Allemagne et la France doivent continuer à avancer main dans la

main, afin de relever en tant qu’Européens unis les défis de notre époque : la transition

écologique et énergétique, l’industrie de l’avenir, la défense de nos modèles

et de nos valeurs démocratiques au regard de l’enjeu posé par la guerre en Ukraine.

Je souhaite que nous ayons la curiosité et l’envie de nous ouvrir à nos voisins, afin

que le tandem franco-allemand ne reste pas qu’au stade de projet politique, mais

devienne aussi un projet de société que chacune et chacun puisse mettre en œuvre

au quotidien.

NOUVELLE ÈRE

AMITIÉ

31



hollywood

À rust

M

ichael Mack a déjà tenté plusieurs fois de rencontrer Luc Besson. Il s’est

rendu à Paris rien que pour ça. Toutefois, sans avoir pris rendez-vous…

Mais comment aurait-il pu en convenir un ? L’associé-gérant d’Europa-Park

se présente tout simplement dans les bureaux du réalisateur

mondialement célèbre, situés au centre de la capitale, avec pour seul

bagage l’idée d’une coopération inédite.

Mais à chaque fois, les employés l’éconduisent poliment, mais fermement. Selon eux,

Luc Besson est absent. Michael Mack est sur le point de repartir pour l’Allemagne,

quand soudain il croise une silhouette trapue, affublée d’une barbe de trois jours

dans les couloirs de l’immeuble : Luc Besson. Michael Mack s’adresse à lui sans hésiter.

Non, il ne connaît pas Europa-Park. Mais cet Allemand inconnu lui explique alors

dans un français parfait que dans le parc de loisirs de sa famille, on cultive l’idée européenne

au quotidien, qu’un quart du personnel vient de France, et que la culture de

pas moins de 15 pays européens peut y être découverte en une seule journée.

ARTHUR EST EN SA MAISON

Le célèbre cinéaste français, qui a réalisé des films comme « Léon » ou « Le Cinquième

Élément », est fasciné par ce récit. Depuis 2009, Luc Besson et Michael Mack sont

en contact permanent. Entre-temps, la rencontre impromptue dans les couloirs d’un

immeuble de bureaux parisien a débouché non seulement sur une amitié, mais

aussi sur un partenariat franco-allemand totalement inédit. Quelques années plus

tard, Luc Besson souhaite la bienvenue aux 170 journalistes présents dans la salle du

« Magic Cinéma 4D » à Europa-Park. En 2014, le producteur de films à succès fait le

déplacement dans la province badoise de Rust pour inaugurer « son » parc de loisirs.

« Arthur a désormais sa maison », se réjouit-il. Dans la trilogie du cinéaste « Arthur

et les Minimoys », un jeune garçon passe du monde réel à un monde fantastique, se

lie d’amitié avec des lutins et combat des personnes cupides à leurs côtés. En 2006, le

premier volet sort au cinéma, puis deux autres films d’animation suivront autour des

aventures de ces êtres miniatures. En Allemagne, l’histoire n’est pas très connue, mais

en France, Arthur est un succès absolu : les films ont fait plus de 13 millions d’entrées

dans les cinémas français.

Ainsi, le manège thématique « ARTHUR », inspiré de la saga fantastique de Luc Besson,

a vu le jour à Europa-Park. Conçue par Mack Rides, c’est la plus grande attraction

indoor de l’histoire d’Europa-Park. Avec un grand nombre de détails, elle fascine les

visiteurs par son parcours de grand huit où les passagers montent à bord de nacelles

rotatives suspendues aux rails pour flotter à travers l’univers magique d’Arthur.

luc besson

Né en 1959 à Paris, Luc

Besson est le fils de deux

instructeurs de plongée

qui exercent dans toute

la zone méditerranéenne.

Depuis sa plus tendre

enfance, il se destine à

devenir delphinologue.

Ce rêve se brise

néanmoins suite à un

sévère accident de

plongée à l’âge de 17

ans, qui l’empêchera

définitivement de

poursuivre cette activité.

Le plan B de Luc Besson

sera le cinéma, avec

l’immense succès qu’on

lui connaît : il fait une

carrière ascendante en

tant que réalisateur,

producteur et scénariste.

Avec « Le Grand Bleu »,

l’autodidacte a signé

son premier succès à

l’échelle internationale.

Et de nombreux

autres sommets

cinématographiques

suivirent, comme « Léon »

avec Jean Reno ou

« Le Cinquième Élément »

avec Bruce Willis.

32

NOUVELLE ÈRE

IMAGINATION



La reproduction dans la réalité du Royaume des Minimoys se trouve dans un hall indoor

de 3 500 m 2 , niché sous une coupole gigantesque de 15 mètres de hauteur. Pour

les plus d’un million de visiteurs français qui se rendent au parc chaque année, cette

attraction est un passage obligé à chaque visite. Luc Besson a été émerveillé par sa

mise en œuvre : « C’était vraiment une expérience sans précédent, je n’étais jamais

monté à bord d’un tel manège avant, mais je suis vraiment époustouflé. Le grand

respect mutuel et l’amitié qui nous lient ont été les clefs de cette réussite : c’est ce qui

a tout rendu possible ».

LES VISITEURS DEVIENNENT DES AVATARS DE VALÉRIAN

Peu après, le réalisateur s’est lancé dans une nouvelle aventure cinématographique :

« Valérian et la Cité des Mille Planètes ». Cette épopée intergalactique est inspirée

d’un classique de la BD française. À la clef, le film européen avec le plus gros budget

de tous les temps. « Valérian a été une étape majeure dans ma carrière », souligne

Luc Besson. Quand il était enfant, il adorait déjà cette série de BD de science-fiction

avec les deux agents spatiaux et un peu spéciaux. Peu après la première, c’est un

Michael Mack tout aussi convaincu qui contacte à nouveau son ami français : « Il

faut qu’on entreprenne quelque chose en commun », évoque-t-il. Luc Besson lui dit

oui immédiatement, sans même savoir quelle attraction sera concernée cette fois-ci.

Ainsi suivra la nouvelle étape de ce partenariat franco-allemand créatif. Une étape

résolument futuriste, qui soulignera encore plus les aspirations communes et transfrontalières

des deux entrepreneurs.

« NORMALEMENT,

JE NE MONTE

JamaiS À BORD

DES GRANDS HUit »

Luc Besson

Dans le cadre de la rénovation intégrale du quartier français et de la restructuration

du grand huit Eurosat, le grand huit VR « Eurosat Coastiality » voit le jour. Les

passagers sont plongés au cœur de l’univers du blockbuster Valérian. Les passagers,

équipés d’un casque VR, se retrouvent catapultés au beau milieu de l’action de l’épopée

intergalactique pendant 8 minutes. La nouveauté mondiale de cette expérience

unique en son genre est que l’expérience démarre dès la file d’attente, dès que l’on

revêt le casque VR : cette innovation se nomme « Roam & Ride ». Durant le pré-show,

et pendant qu’ils filent à toute allure dans la sphère d’Eurosat comme à travers l’espace,

les passagers deviennent des avatars et partent à la rencontre des personnages

du film de science-fiction de Luc Besson. Dans le cadre de l’inauguration en 2018, le

cinéaste est de nouveau présent à Rust, cette fois accompagné de sa famille. Michael

Mack le convainc même de faire une chose qu’il n’a jamais osée auparavant : monter

à bord d’un grand huit à haute vitesse. « Normalement, je ne monte jamais à bord des

grands huit », a déclaré Luc Besson avant son tour à bord d’« Eurosat Coastiality ». Et

malgré son enthousiasme face au résultat, il ajouta ensuite :

« Ce grand huit qui nous plonge dans l’univers de Valérian tout en enchaînant les

virages serrés restera le seul dans lequel je serai monté dans ma vie ».

« QUI AURAIT PU CROIRE ÇA ? »

La technologie utilisée dans Valérian, qui permet de se mouvoir librement dans

une pièce, a été entre-temps développée par Michael Mack et ses équipes au sein

de Yullbe. Ainsi, les protagonistes deviennent de véritables acteurs plongés au cœur

d’aventures virtuelles. Valérian fait aussi partie des aventures VR disponibles au

sein de Yullbe. Les participantes et participants enfilent leur combinaison spatiale

et entrent dans la « Cité des Mille Planètes », où ils peuvent traverser les murs à la

vitesse de la lumière comme dans le film grâce à leur tenue spéciale. L’issue d’une

quête époustouflante à la recherche d’une créature qui peut décider à elle seule du

destin de l’univers tout entier est entre leurs mains. Michael Mack s’exprime ainsi à

propos des plus de dix ans d’amitié et de la coopération avec Luc Besson : « L’univers

de Valérian, avec son voyage spatio-temporel et ses origines françaises, correspond

parfaitement à Europa-Park. Qui aurait pu croire, il y a quelques années, qu’ici à Rust

on déclinerait un film hollywoodien dans l’une de nos expériences Coastiality et au

sein de Yullbe ». Et dire que tout a commencé avec une rencontre fortuite dans les

couloirs d’un immeuble parisien.

NOUVELLE ÈRE

IMAGINATION

35



Michèle Leckler

chaNCE

Quelle est l’importance du

Golf Resort du Kempferhof

pour la commune de

Plobsheim ?

Comment voyez-vous

l’implantation de Mack One

France à Plobsheim ?

Quelles sont vos attentes

par rapport à l’entreprise

Mack à Plobsheim ?

Quel est le ressenti de vos

administrés par rapport

à l’implantation de cette

entreprise créative ?

Michèle Leckler — Le Golf Resort Kempferhof contribue sans aucun doute au rayonnement

de la commune et à son image. Son extraordinaire environnement naturel

ainsi que la qualité du parcours et de ses équipements sont reconnus à l’échelle internationale.

Le Resort a aussi contribué à créer des emplois dans la commune, son

restaurant est accessible à tous et profite particulièrement aux femmes et hommes

d’affaires à Plobsheim.

M. Leckler — L’implantation de Mack One France est une chance pour notre commune.

Car il s’agit là d’un projet qui s’accompagne d’une dynamique qui va de pair avec les

objectifs de développement que nous nous sommes fixé. La conception et la production

d’expériences en 4D ou en réalité virtuelle nous permet ainsi d’accueillir un

secteur économique innovant et à la pointe de la technologie. En outre, Mack One

France contribue également au développement et à la consolidation de la coopération

transfrontalière. Le projet va également permettre de mettre en avant l’environnement

extraordinaire autour du Kempferhof. Plobsheim en profitera également.

M. Leckler — Nous apprécions grandement le travail de co-construction qui s’est mis

en place dès le départ avec l’équipe de l’entreprise Mack, pour aboutir ensemble à

un projet qui se fond parfaitement dans son environnement. L’équipe démontre sa

volonté d’entretenir de bonnes relations avec tous les acteurs de la région, et de s’intégrer

pleinement dans la vie de la commune. Pour la construction, elle a fait appel à

des entreprises locales. C’est ainsi que nous souhaitons aussi coopérer à l’avenir, avec

un grand respect mutuel.

M. Leckler — Dès les premières annonces par rapport à cette implantation, nos citoyens

ont réservé un accueil très positif à ce projet, et y ont apporté leur soutien

dans une grande majorité, tout comme les élus locaux. Les membres du conseil

municipal l’ont même voté à l’unanimité.

Michèle Leckler

est maire de

Plobsheim depuis

2020. Dans cet

entretien, elle donne

son appréciation

par rapport à

l’implantation du

nouveau site de Mack

One France dans sa

commune.

APPreNDRE EN COOPÉraNT

Plobsheim a connu une

histoire mouvementée, et

a été occupée plusieurs fois

par les Allemands. Quelle

est votre vision de l’amitié

franco-allemande ?

M. Leckler — La commune de Plobsheim est située au cœur du bassin rhénan, au

bord du Rhin et à proximité immédiate du pont Pflimlin. Elle a toujours entretenu

d’étroites relations par-delà le Rhin, en particulier avec la commune de Neuried-Altenheim.

Actuellement, nous sommes en train d’élaborer un jumelage, afin de rendre

officielles les relations historiques qui existent depuis plus de cent ans entre nos deux

communes. De nombreux Plobsheimois travaillent aussi de l’autre côté de la frontière,

et beaucoup y font leurs achats. Les échanges sont de fait quotidiens. Et afin de

consolider nos relations avec l’Allemagne, nous offrons également la possibilité à nos

écoliers de suivre un cursus bilingue franco-allemand. La coopération transfrontalière

et les valeurs européennes sont au cœur de notre action communale.

NOUVELLE ÈRE

PLOBSHEIM

37



fabian GAsmia

L’EUROPE DU CINéma

L’Académie franco-allemande du cinéma a été fondée en 2001 sur l’initiative des chefs

d’État de l’époque, à savoir le Chancelier Gerhard Schröder et le Président Jacques

Chirac. Elle est placée sous la tutelle du Centre National de la Cinématographie (CNC)

et de la Déléguée du Gouvernement fédéral allemand à la culture et aux médias

(BKM), actuellement en la personne de Claudia Roth.

L’académie est une plateforme de coopération et s’entend comme un réseau de

cinéastes français et allemands, dont ont fait partie entre autres Volker Schlöndorff

et Jeanne Moreau. Il s’agit d’initiatives et de propositions visant à renforcer la

coopération franco-allemande en matière de politique cinématographique. Dans

cet entretien, le producteur cinématographique Fabian Gasmia, vice-président de

l’Académie franco-allemande du cinéma, parle du développement de l’industrie du

cinéma en France et en Allemagne, de l’Alsace en tant que région cinématographique

et d’Europa-Park en tant que producteur de films.

Comment se développe

l’industrie du cinéma en

France et en Allemagne ?

Quel est la teneur de ce

développement en Alsace ?

Quel rôle joue l’industrie du

cinéma dans les relations

franco-allemandes ?

À l’époque, des stars allemandes

telles que Romy Schneider ou

Curd Jürgens faisaient aussi

carrière dans le cinéma français.

Qu’en est-il de ce type d’échanges

sur le grand écran de nos jours ?

Comment les cinéastes

français voient-ils l’amitié

et la coopération francoallemande

? Y a-t-il des

particularités sur ce plan ?

Avec son entreprise Mack One

France, Michael Mack élabore un

centre créatif dédié au développement

de projets multimédia

à proximité de Strasbourg. Comment

évaluez-vous les activités

cinématographiques émanant

d’un parc de loisirs ?

Fabian Gasmia — Depuis la fondation de l’Académie franco-allemande, l’industrie du cinéma

a radicalement changé. Les volumes de production ont augmenté de manière

exponentielle des deux côtés du Rhin. Après une montée en flèche des productions

cinématographiques jusqu’en 2015, on voit actuellement une augmentation des séries

et films produits pour Netflix et Amazon par exemple. Les films de cinéma stagnent à

un haut niveau. Le nombre de coproductions franco-allemandes est un indicateur essentiel

en ce sens. En l’an 2000, on en comptait à peine deux à trois par an, désormais

on réalise annuellement entre 18 et 20 coproductions entre la France et l’Allemagne.

F. Gasmia — L’Alsace n’est pas un territoire classique sur le plan médiatique et cinématographique.

Depuis 2015 néanmoins, la région est de plus en plus dans le champ de

vision de l’industrie internationale du cinéma. L’un des piliers fondamentaux de cette

perception est le rendez-vous de la coproduction rhénane, qui se tient tous les ans

depuis 2015, et qui s’adresse en premier lieu aux secteurs de l’image en Alsace et au

Bade-Wurtemberg.

F. Gasmia — L’industrie du cinéma est un moteur essentiel pour les relations franco-allemandes.

À côté du poids économique, il y a aussi un centre de formation, l’atelier Ludwigsburg-Paris,

qui se consacre à la formation des talents émergents du cinéma en France et

en Allemagne sous la houlette de grands noms internationaux. Dans ce cadre, les réseaux

Alumni jouent un rôle majeur, car les relations entre diplômés permettent un échange

essentiel des deux côtés du Rhin. En raison de la prédominance des deux marchés cinématographiques

en Europe, les initiatives portées conjointement par la France et l’Allemagne

ont toujours de bonnes chances de s’imposer de facto comme un référentiel.

F. Gasmia — Aujourd’hui encore, il y a des stars qui sont plébiscitées dans les deux pays.

À titre personnel, j’en ai tiré bénéfice plusieurs fois. Ainsi, Isabelle Huppert a largement

contribué à ce que le film « L’Avenir », dont j’ai assuré la production, soit un grand succès

au box-office allemand, en plus d’avoir remporté l’Ours d’argent du meilleur réalisateur.

Une autre de mes productions, « Un Profil pour Deux », a largement bénéficié du rôle

principal incarné par Pierre Richard.

F. Gasmia — La coopération avec l’Allemagne est bien plus qu’une simple relation d’affaires

pour nombre de cinéastes français. Le grand nombre de coproductions a fait

naître des amitiés étroites entre les équipes. Dans mon cercle proche, je compte au

moins 20 couples franco-allemands dans le monde du cinéma. En outre, les Français témoignent

d’un grand respect envers la culture cinématographique allemande : de Fritz

Lang à Romy Schneider, Fassbinder, Wenders, et en passant par des cinéastes contemporains

comme Maren Ade et Christian Petzold, tous sont tenus en haute estime par

nos voisins français.

F. Gasmia — Disney a été un pionnier en la matière à l’échelle internationale, et a démontré

que les parcs de loisirs peuvent également se distinguer grâce à des marques solides

issues de films d’animation. Je pense donc que cette nouvelle étape est une perspective

durable et judicieuse. En outre, les films d’animation bénéficient d’un rayonnement international

et d’une communauté de fans pérenne. Le meilleur moyen de compenser le

principal inconvénient des films d’animation, à savoir les coûts de production très élevés,

est de faire appel à des partenaires entreprenants comme Monsieur Mack, qui assureront

la mise en œuvre de marques performantes.

Le producteur

cinématographique

originaire d’Hambourg

(né en 1977), a déjà

tourné des films avec

des stars comme

Kristen Stewart,

Zach Galifianakis

et Pierre Richard.

« Nous sommes

intéressés par les films

intelligents » a déclaré

F. Gasmia, lors de la

fondation en 2018 de

l’entreprise « Seven

Elephants GmbH » aux

côtés des réalisateurs

Erik Schmitt,

Julia von Heinz et

David Wnendt.

Dernièrement il a

produit entre autres

le film « Iron Box »

de la réalisatrice Julia

von Heinz, dans lequel

une femme d’affaires

newyorkaise à qui

tout réussi, Ruth,

décide de retourner

en Pologne pour se

confronter au passé

de sa famille, qui a

échappé de justesse

à son extermination

par les nazis. Parmi ses

productions les plus

célèbres, on trouve

« L’Avenir » (Ours

d’argent à la Berlinale

de 2016) et « Personal

Shopper » (Prix de

la mise en scène au

Festival de Cannes

2016).

NOUVELLE ÈRE

CINÉMA

39



TECHNOLOGIE ET

BONNES HISTOIRES

Pierre-Yves Jourdain

L

a légendaire école supérieure de cinéma « La Fémis » a formé plus de 600

professionnels du petit et du grand écran au cours des 20 dernières années.

Pierre-Yves Jourdain, de l’école La Fémis, parle des avantages de la coopération

internationale dans l’industrie du cinéma, et explique pourquoi la réalité

virtuelle (VR) ne doit pas se reposer uniquement sur les progrès technologiques

pour son développement.

Vous dirigez côté français l’Atelier

Ludwigsburg-Paris, qui propose

une formation d’une année aux

producteurs/trices et distributeurs/trices

en devenir dans les

domaines du cinéma européen et

international. Quel est l’impact

du programme ?

Pierre-Yves Jourdain — L’impact du programme est

très conséquent. Le but est de créer un vivier de

professionnels de l’industrie du cinéma qui sauront

penser et travailler à l’international dès le financement

du film. Les diplômés du programme

ont déjà été partie prenante dans des films qui ont

remporté de hautes distinctions, comme la Palme

d’Or ou le Grand Prix du jury du Festival de Cannes,

ou encore des Césars.

Qu’est ce qui contribue à

la haute qualité de la formation

franco-allemande ?

Avec Mack One France, Michael Mack

met en place un campus d’innovation

en Alsace pour le développement de

projets multimédia, et est d’ores et

déjà un acteur de l’industrie du cinéma

avec plusieurs films d’animation à son

actif. Comment évaluez-vous de telles

activités émanant d’un parc de loisirs ?

Avec les possibilités numériques

actuelles, que peut-on encore

attendre des films d’animation à

l’avenir ?

P.Y. Jourdain — Depuis la fondation de l’Atelier en 2001, la formation a connu

des avancées décisives. Depuis 2002, chaque promotion réalise une série de

courts-métrages en coproduction avec les chaînes TV Arte et SWR, l’académie

du cinéma du Bade-Wurtemberg et La Fémis. En outre, la fédération d’alumni

« Atelier Network » promeut la coopération active entre les élèves, et le partenariat

avec la « National Film and Television School » de Londres ainsi que l’ouverture

des candidatures au-delà de la France et de l’Allemagne viennent valoriser et donner

un côté encore plus international à la formation de l’Atelier Ludwigsburg-Paris.

P.Y. Jourdain — À première vue, on pourrait penser qu’un parc de loisirs est aux antipodes

d’une académie du cinéma. Mais avec la dimension européenne, autour

de l’axe franco-allemand, des synergies émergeront certainement avec l’Atelier

Ludwigsburg-Paris. Certains de nos élèves se consacrent aussi aux productions

incluant de la réalité virtuelle, entre autres pour des musées.

P.Y. Jourdain — Les outils numériques vont devenir plus simples à appréhender

avec le temps, ils vont en quelque sorte se « démocratiser ». Si encore plus de

personnes les pratiquent, la qualité technique des animations devrait augmenter.

Néanmoins, la technologie devrait toujours être au service d’une bonne

histoire ou d’un bon scénario. C’est à cette condition que les outils numériques

permettront d’élargir la créativité encore plus qu’auparavant.

Pierre-Yves Jourdain

est directeur du

département

« Production » à

l’école supérieure du

cinéma « La Fémis »

à Paris, qui forme

la future élite du

cinéma français. Dans

le même temps, le

producteur parisien

dirige le programme

« Atelier Ludwigsburg-Paris

» côté

français.

LA TECHNOLOGie DEVrait TOUJOurs Être AU SERVICE

D’UNE BONNE HISTOire OU D’UN BON SCÉNariO

NOUVELLE ÈRE

CRÉATIVITÉ

41



thomas schadt

Comment évolue le

partenariat stratégique

entre Mack One et

l’académie du film du Bade-

Wurtemberg ?

Europa-Park s’est déjà

mué dans le rôle du

producteur cinématographique

avec « Happy Family ».

Comment évaluez-vous de

telles activités émanant d’un

parc de loisirs ?

Quel rôle joue l’industrie

du cinéma dans les relations

franco-allemandes ?

Comment peut-elle

contribuer à renforcer

l’amitié franco-allemande ?

RENCONTRE

Thomas Schadt — De notre point de vue, la coopération avec Mack One, qui intègre

aussi la remise d’un « Pitching-Award » dans le cadre de l’événement « Screen.Time

International », est sur la bonne voie. Le partenariat est très bénéfique en particulier

pour notre institut d’animation et ses étudiants, ainsi que pour le département de

recherche et développement. Mack One et l’académie du film sont tous deux acteurs

majeurs des innovations dans les domaines de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée,

ainsi que pour les projets à 360°. Il nous faudra continuer à mettre l’accent

sur ce point commun à l’avenir. Le Bade-Wurtemberg a fait une avancée spectaculaire

pour s’imposer en tant que territoire médiatique. Dans le domaine de l’animation,

le Land occupe désormais les premiers rangs.

T. Schadt — Dans les dernières années, l’offre cinématographique s’est diversifiée surtout

par le biais de productions émanant de services de streaming, comme Netflix

ou Amazon. Si Europa-Park vient apporter des nuances professionnelles de la sorte à

cette offre, je ne peux que m’en réjouir. Dans le contexte de la situation difficile dans

laquelle la pandémie de coronavirus a laissé les cinémas, la palette d’offres doit être

plus diversifiée que jamais.

T. Schadt — La formidable amitié entre la France et l’Allemagne vient former l’une des

alliances les plus fortes de la planète. Elle était et reste peut-être le garant le plus

essentiel d’une Europe stable et unie. Pour conserver ce lien, il est nécessaire, particulièrement

en ces temps troubles, d’entretenir des relations sur tous les plans, aussi

bien politiques qu’économiques ou culturels. L’industrie du cinéma fait bien évidemment

partie de l’équation.

T. Schadt — Pour l’académie du film, l’Atelier Ludwigsburg-Paris, qui s’est établi en

2000 à Ludwigsburg, est une institution de premier ordre. L’Atelier propose une formation

continue d’un an pour les productrices et producteurs de film en devenir, ainsi

que pour les futurs distributeurs et distributrices, en coopération avec l’école supérieure

française du cinéma La Fémis à Paris. Ici, nous sommes témoins au quotidien

de la naissance de nouveaux partenariats, sous l’égide de l’amitié franco-allemande

transposée sur un plan concret. Il n’y a rien de meilleur pour contrer durablement les

préjugés que les rencontres véritables.

Né en 1957 à

Nuremberg, Thomas

Schadt travaille en tant

que documentariste,

caméraman,

producteur et

photographe. Parmi ses

films les plus célèbres,

on peut citer « Der

Autobahnkrieg » (1991),

« Der Kandidat » (1998),

« Berlin: Sinfonie einer

Großstadt » (2002)

et « Amok in der

Schule » (2004). Il a

été récompensé par

les prix « Deutschen

Fernsehpreis » et

« Grimme-Preis ».

En 2000, T. Schadt a

été nommé professeur

de l’académie du film

du Bade-Wurtemberg,

dont il est devenu le

directeur artistique en

2005.

DEPuis Plus DE 30 ANS, L’ACADÉmie DU Film DU BADE-wurtemBerG À LUDwiGSBurG

Fait Partie Des ÉCOles DE CINÉma LES Plus RENOmmÉes D’allemaGNE.

DEPuis 2020, ELLE A CONClu UN ParteNariat STRATÉGIQue AVEC MACK NEXT.

Michael Mack met en place

un campus créatif dédié au

développement de projets

multimédia à Plobsheim,

à proximité de Strasbourg.

Comment accueillez-vous

cette initiative ?

T. Schadt — En tant que Consul Honoraire de France, Michael Mack est bien évidemment

prédestiné pour ce genre d’initiatives, vu que l’amitié franco-allemande lui

tient à cœur depuis toujours. Je suis certain que ce projet sera couronné de succès,

et que cela viendra renforcer le partenariat entre les deux pays. Vu que je suis un Européen

convaincu, et que je me sens personnellement lié à Michael Mack également

sur ce point, je suis prêt à lui apporter mon soutien sur ce plan dans la mesure du

possible.

NOUVELLE ÈRE

CRÉATIVITÉ

43



Gerd Nefzer

the oscar

goes to

N

ous partons à la rencontre de Gerd Nefzer à Europa-Park. Cet homme sympathique, originaire d’un petit

village autour de Schwäbisch Hall, a le rire franc, parle à tous ceux qu’il croise, sans jamais adopter le

costume de la star. Il est l’un des rares Allemands à avoir remporté un Oscar, et déclare sans détour qu’il

a parfois du mal à y croire, lui qui a commencé sa carrière par une formation d’agriculteur et de technicien

agricole.

Et pourtant elle est bien là aujourd’hui : au centre de la table trône la statuette dorée que Gerd Nefzer ne quitte

pas des yeux. 34 centimètres de haut, 3,9 kilogrammes, en alliage métallique massif, et plaquée d’or 24 carats :

l’Oscar. Sur son socle, le nom de Gerd Nefzer est gravé. Il a remporté son premier Oscar aux côtés de John Nelson,

Paul Lambert et Richard R. Hoover pour les meilleurs effets visuels dans « Blade Runner 2049 ». C’était en 2018, et il

remporte un nouveau trophée en 2022. G. Nefzer confesse : « J’ai la chair de poule à chaque fois que je repense au

moment de la remise du prix ».

Monsieur Nefzer, comment

expliqueriez-vous à un

béotien ce que sont les

effets spéciaux dans un

film ?

Qu’est ce qui vous rend

meilleur que vos concurrents

aux USA par exemple ?

C’est ce que votre histoire

nous enseigne : aux

hommes de bonne volonté,

rien n’est impossible ?

Quel regard portez-vous sur

Europa-Park ?

Gerd Nefzer — Les effets spéciaux (physical effects) ne sont pas des effets générés

par ordinateur (visual effects), mais qui sont tournés « physiquement » devant

la caméra. On confond malheureusement souvent les deux. Nous, on s’occupe

principalement des effets météorologiques (par ex. vent, pluie, neige, brouillard),

des effets mécaniques (simulateurs de vol, mouvements, etc.), des effets pyrotechniques

(tirs, explosions … ainsi de suite) et de tous les accessoires cassables

(cloison, vitres, bouteilles, etc.).

G. Nefzer — C’est difficile à dire. Les vertus souabes m’ont certainement aidé à me

démarquer : économie, minutie, application (« schaffe und net schwätze » - parler

moins, travailler plus), ou encore la franchise.

G. Nefzer — Étant simplement titulaire d’un apprentissage en agriculture, je ne

peux qu’être d’accord avec cette maxime. Mais j’ai dû travailler dur pour emprunter

la voie qui m’a mené dans l’industrie internationale du cinéma, et m’imposer

en tant que superviseur des effets spéciaux.

G. Nefzer — J’ai été très impressionné par ce que Michael Mack, la famille Mack

et toutes leurs équipes ont mis sur pied ici. C’est surtout le souci du détail m’a

fasciné. Avant, je n’étais pas conscient de l’énorme savoir-faire technique qui se

cache derrière tous ces manèges et attractions.

« PARLER MOINS,

TRAVAILLER PLUS »

Nefzer SPECIAL

EFFECTS

Voici ce que déclare Gerd

Nefzer à propos de son

entreprise : « Avec plus de

50 ans d’expérience dans

l’industrie du cinéma, notre

objectif, notre vision est de

transposer l’imagination

dans la réalité. Créer des

effets spéciaux physiques,

des pages du scénario

jusqu’à l’intrigue sur l’écran,

au cœur du cadre et de

l’histoire. Nous sommes fiers

d’assurer à chaque fois des

effets physiques de qualité

qui font la satisfaction des

réalisateurs et producteurs

tout en restant dans le

budget annoncé.

Sécurité, efficacité et

fiabilité sont des facteurs

essentiels pour le travail de

Nefzer Special Effects. Notre

siège est situé aux Studios

de Babelsberg. De l’Europe

à l’Asie, de l’Afrique à l’Inde,

de la Russie à la Grande-

Bretagne, nous avons déjà

travaillé dans le monde

entier ».

www.nefzer.com

44

NOUVELLE ÈRE

hollywood



Maylis Lamoure

LE PLaiSIR DU

GOLF POUR TOUS

Q

ualifier le Kempferhof Golf Resort, situé à seulement 15 minutes de Strasbourg,

de lieu idyllique serait un euphémisme. L’architecte américain Robert

von Haage (1927-2010), qui a conçu pas moins de 250 terrains de golf

de par le monde, en a dessiné le parcours ouvert en 1990. À quelques pas du

Rhin, il a métamorphosé des prés et champs alsaciens en un paysage mystique

intégrant des chênes, hêtres et peupliers centenaires. De ce fait, le Kempferhof

est considéré comme l’un des dix plus beaux terrains de golf en Europe.

Mais quel effet cela fait-il de jouer dans ce paradis naturel ? L’espoir du golf Maylis

Lamoure nous le révèle dans cet entretien. Elle fait partie de l’équipe de France espoir

qui a remporté le championnat d’Europe féminin des moins de 18 ans en 2022.

Maylis Lamoure

fait partie des plus

grands espoirs

du golf féminin

français. La jeune

femme de 18 ans a

intégré l’académie

du golf du

Kempferhof en 2021.

« Je m’y entraîne

dix heures par

semaine, et le reste

du temps, je le passe

chez mes parents

à Aix-en-Provence

ou en compétition

dans le cadre de

divers tournois. C’est

intense, mais j’aime

ça », déclare-t-elle.

Avez-vous déjà joué au

Kempferhof ?

Et que pensez-vous du

complexe ?

Quelles sont les particularités

du parcours pour vous ?

Comment trouvez-vous le

paysage, et quel effet a-t-il sur

les golfeurs ?

À quoi doivent prêter

attention les golfeurs

occasionnels pour réussir leur

parcours sur le Kempferhof ?

Maylis Lamoure — Oui, je m’y entraîne régulièrement, et je participe aux tournois organisés

par le club de golf du Kempferhof.

M. Lamoure — Le Kempferhof compte parmi les meilleurs terrains d’entraînement en

France, il propose un parcours très agréable, avec une faune et une flore d’exception.

L’accueil est toujours chaleureux, et les collaboratrices et collaborateurs sont très aimables.

Le staff d’entraîneurs, composé de golfeurs professionnels, et le directeur

Arnaud Abbas, qui est aussi pro, contribuent également à la bonne atmosphère.

M. Lamoure — L’intégralité du terrain est toujours bien entretenue, le parcours n’est pas

long en soi, mais très exigeant.

M. Lamoure — La nature luxuriante et idyllique offre un spectacle fantastique qui

contribue à accroître les performances. Ça favorise la concentration du golfeur, quand

il veut s’entraîner au calme, sans le tumulte permanent d’une ville autour du terrain

de golf.

M. Lamoure — Vu que le terrain est toujours très bien entretenu, il peut paraître

plus simple qu’il ne l’est réellement. Les roughs (hautes herbes) peuvent se révéler

compliqués, il vaut mieux les éviter. L’emplacement des drapeaux et les nombreux

obstacles autour des greens, comme les bunkers ou les obstacles d’eau, peuvent rapidement

se transformer en pièges difficiles à évaluer. Mais tous les joueurs éprouveront

du plaisir à effectuer le parcours du Kempferhof, quel que soit leur niveau !

« LA Nature LUXuriaNte ET IDylliQue OFFre UN SPECtaCle FANtastiQue

Qui CONtriBue À ACCROÎtre LES PerFOrmaNCes »



RENCONtre AVEC JADE LAGarDère / EUROPA-Park A CRÉÉ UNE EXPÉrieNCE SPECtaCulaire

EN RÉalitÉ Virtuelle SUR LA Base DE LA SÉrie DE BD « AMBer Blake » NÉE SOus LA Plume

DE LA TOP-MODèle RÉsiDANT À Paris / LE ParteNariat A ÉTÉ SIGNÉ EN ALSACE

PORTE-BONHEUR

Jade Lagardère

Jade Lagardère est

une top-modèle belge

et une autrice de

bandes-dessinées. En

2013, elle a épousé

l’entrepreneur français

Arnaud Lagardère, avec

qui elle a trois enfants.

La nouvelle attraction

d’Europa-Park « Amber

Blake : Opération

Dragonfly » est inspirée

de sa série de BD sur la

super-héroïne Amber

Blake, qui combat

le crime organisé à

l’échelle internationale.

Amber Blake est

aussi déclinée sous

forme d’expérience

VR embarquée

dans le grand huit

« Alpenexpress

Coastiality ». Les

passagers peuvent

ainsi se lancer dans

une course-poursuite

en scooter des mers à

travers le fleuve Kallang

River et la Marinay Bay

de Singapour. L’Express

des Alpes « Enzian »

a été construit en

1984. C’est le premier

grand huit du parc.

En septembre 2015, il

est devenu le premier

grand huit VR du

monde.



C

’est une mannequin, mais ses talents vont bien au-delà de sa beauté : la

top-modèle Jade Lagardère est mère de trois enfants, épouse de l’homme

d’affaires Arnaud Lagardère, présentatrice et très engagée dans des actions

humanitaires et sociales. Elle est aussi la créatrice d’Amber Blake, une série

de BD qui connaît un grand succès, particulièrement en France. Elle raconte

l’histoire d’une héroïne forte, qui doit se défaire d’un lourd passé pour ensuite aller

combattre de puissants criminels internationaux et leurs méfaits, en particulier tout

ce qui est lié au trafic d’êtres humains à l’échelle planétaire.

J. Lagardère écrit les scénarios des histoires de l’agente secrète, traduites dans nombre

de langues, dont l’allemand. Ces aventures haletantes et pleines d’action, de suspense

et d’intrigues élaborées sont ensuite retranscrites sur papier par le dessinateur américain

Butch Guice, qui dessine entre autres « Captain America » pour le géant de la

BD Marvel. Il a dessiné Amber Blake en s’inspirant des traits de Jade Lagardère. Avec

son héroïne de BD, J. Lagardère décline également l’une de ses préoccupations sociétales

: « Le crime organisé me choque et me révolte depuis toujours », souligne-t-elle.

LES VISITEURS DU PARC AUX TROUSSES DES CRIMINELS

En outre, Amber Blake a permis de générer un partenariat entre la top-modèle autrice

de BD et Europa-Park. Michael Mack a découvert les BD de Jade Lagardère lors de

l’un de ses nombreux séjours en France, entre autres dans le cadre de sa fonction de

Consul Honoraire de France. Cela a débouché sur la création de l’expérience « Amber

Blake : Opération Dragonfly » pour l’attraction en réalité virtuelle Yullbe, initiée par

Michael Mack. Ce thriller en 3D de 30 minutes transpose l’univers des BD d’Amber

Blake dans une aventure interactive, où les visiteurs d’Europa-Park sont comme plongés

au cœur d’un film d’espionnage à la James Bond. Équipés d’une veste vibrante, de

capteurs de mains et de pieds, d’un casque VR ainsi que d’autres éléments haptiques,

ils deviennent les acteurs d’aventures VR, doivent accomplir des missions et résoudre

des énigmes. À Singapour, ils se lancent, aux côtés d’Amber Blake, aux trousses du

criminel le plus dangereux du monde, un personnage-clé du crime organisé. Que ce

soit le trafic d’armes, de drogues ou d’êtres humains, le mystérieux « Blue Dragon »

semble tremper dans toutes sortes de commerces litigieux. Sa véritable identité

semble néanmoins rester une énigme que même Interpol n’a pas encore réussi à résoudre.

Maintenant, c’est aux joueurs de prendre l’affaire en main. Avec l’aide d’Amber

Blake, il vont tenter de démasquer le « Blue Dragon ».

UNE TECHNOLOGIE DE POINTE POUR DONNER VIE À L’HÉROÏNE DE BD

C’est une technologie inspirée du cinéma qui permet ce transfert dans la réalité virtuelle,

en transposant des mouvements réels, et en les synchronisant avec l’univers

virtuel. On appelle cela la « Motion Capture », ou capture de mouvement. Dans ce

cadre, un acteur revêt une combinaison intégrale truffée de capteurs qui enregistrent

le moindre mouvement et le transmettent à un ordinateur, qui les retranscrit sur un

avatar numérique. La technologie de la « Motion Capture » est utilisée dans presque

tous les films à succès hollywoodiens, et permet de donner un rendu réel à des effets

numériques. « Yullbe démontre que nous pouvons créer des expériences numériques

palpitantes et entraînantes. C’est sensationnel », souligne Michael Mack. Avec des

offres comme l’expérience VR Amber Blake, M. Mack cherche aussi à cibler stratégiquement

le marché multimédia français et international. « Pour l’intégralité d’Europa-Park

Resort et pour ma famille, l’Europe est depuis toujours une valeur clé. Ceci est

également valable toutes nos histoires : aussi bien pour celles qui existent déjà que

pour celle que nous raconterons à l’avenir ».

Jade Lagardère

teste l’équipement

technique pour la

mise en œuvre de son

thriller d’espionnage

Amber Blake sous

forme d’expérience

Yullbe.

50

NOUVELLE ÈRE

HÉROïNE de bande dessinée



C’est au Golf-Resort du Kempferhof en Alsace que la coopération

entre Jade Lagardère et Europa-Park a été actée.

Les partenaires ont apposé leurs signatures sur un menu

du « Kempferhof - Golf et Château-Hôtel ». Cette coopération

donnera aussi lieu à l’avenir à des contributions créatives

de la part des filiales créées par Michael Mack, Mack

Animation et Mack One France. « Kick-off Amber Blake »

peut-on lire, rédigé à la main par les participants au dîner.

Dans un entretien exclusif, Jade Lagardère donne ses

impressions sur ce partenariat et un aperçu de son quotidien.

Vous faites preuve d’engagement pour venir en aide aux

enfants malades, et avez pris part aux activités de SOS Villages

d’Enfants au Maroc. Pourquoi la protection de l’enfance

est-elle si essentielle à vos yeux ?

Jade Lagardère — J’adore les enfants depuis mon plus jeune

âge, et j’ai toujours eu la fibre maternelle. Nous étions

sept dans ma famille, cinq enfants, trois grands frères,

et une petite sœur qui est arrivée quand j’avais à peine 8

ans. À cet âge-là, je voulais déjà m’occuper d’elle, lui donner

le biberon, changer ses couches. Je la considérais déjà

comme mon premier bébé. À l’âge de 15 ans, j’ai effectué

une mission humanitaire avec SOS Villages d’Enfants qui

m’a profondément marquée. C’était à la fois très enrichissant,

et très dur. Voir tous ces enfants abandonnés dans

les orphelinats, ça m’a retourné l’estomac. Je me suis juré

de leur venir en aide autant que je pourrais. Amber Blake

m’a été inspirée par tous ces moments forts en émotions

dans ma vie. Je voulais créer un personnage fort, qui tient

le coup malgré tout ce qu’il a vécu, et qui ne souhaite

qu’une chose : créer un monde plus juste, et venir en aide

aux plus faibles.

Que représente la coopération avec la famille Mack et Michael

Mack en particulier pour vous ?

J. Lagardère — Je privilégie toujours les entreprises familiales,

où la culture d’entreprise est transmise des parents

aux enfants. Elles sont en général plus unies, et

plus vaillantes. Cette coopération me tient à cœur. J’ai

tout de suite adoré Michael Mack, tant sur le plan professionnel

qu’amical. C’est une personne merveilleuse

au grand cœur. Il est talentueux, passionné, travailleur,

et c’est avant tout un visionnaire. J’étais très émue qu’il

succombe au charme d’Amber, et qu’il ait tant cru en mon

personnage.

Amber Blake et Europa-Park viennent former une combinaison

prospère. Comment évalueriez-vous ce partenariat ?

J. Lagardère — Extraordinairement constructif. Et le meilleur

est à venir. C’est incroyablement plaisant de travailler

en coopération avec les équipes d’Europa-Park. Ces sont

toutes des personnes talentueuses, passionnées et professionnelles.

Que vous évoquent Plobsheim et le Golf-Resort du Kempferhof

?

J. Lagardère — C’est un lieu qui restera gravé dans mon

cœur à jamais. Je le considère comme mon porte-bonheur,

car c’est là que j’ai rencontré Michael Mack et son

équipe. C’est ici que tout a commencé. Le 29 avril 2021.

Qu’est ce qui vous plaît le plus à Europa-Park ?

J. Lagardère — J’aime l’atmosphère, j’aime le côté chaleureux

et familial. Tout le monde est heureux et sourit, les

attractions, les spectacles, tout est incroyable. Les hôtels

sont merveilleux, le service est impeccable et soigné. Et

les plats sont excellents dans tous les restaurants. Je n’ai

malheureusement pas encore eu l’occasion de venir avec

mes enfants, mais dès que j’aurai l’opportunité pendant

les vacances, je viendrai. C’est un endroit à voir absolument.

Auriez-vous à un adage à nous partager qui vous a aidé à

emprunter la voie du succès ?

J. Lagardère — Ne jamais abandonner et toujours croire en

soi. La patience et la persévérance sont les clés du succès.

Jade Lagardère avec

Michael (au milieu) et

Thomas Mack à Europa-

Park : « C’est un endroit

à voir absolument »,

renchérit la top-modèle.

UNE COOPÉratiON NÉE SUR UN MENU



station f

USINE À RÊVES

C

’est comme une usine à rêves : pas pour le cinéma, mais pour l’économie.

Dans le 13 e arrondissement de Paris, le calme est de mise. Mais si l’on s’aventure

rue Eugène Freyssinet, à proximité de la Seine, on tombe sur un bâtiment

étonnant, qui grouille de vie : la « Station F ». Le plus grand campus de

start-ups a été construit là sur 34 000 m 2 , dans une ancienne gare de fret,

par l’homme d’affaires et milliardaire français Xavier Niel. Depuis 2017, de jeunes entreprises

y travaillent sur l’économie de demain. Avec une focalisation sur les projets

numériques, elles travaillent à leur décollage avec des idées novatrices, et trouvent

tout ce dont elles ont besoin pour lancer leur activités grâce à des dizaines de services

à prix réduit, tels que l’accès à des imprimantes 3D ou à des découpeuses laser, et à

plus de 600 ateliers et réunions d’information par an.

« C’EST ÇA, ÊTRE ENTREPRENEUR »

« Ce qui vous réunit ici, c’est que vous ne voulez pas qu’on écrive votre vie à votre

place », a déclaré le Président Emmanuel Macron en s’adressant aux jeunes entrepreneurs

lors de l’inauguration. « C’est ça, être entrepreneur ! ». Le campus d’innovation

intègre plus de 1000 emplois, des salles de réunion et un amphithéâtre. Plus de

30 programmes permettent d’accompagner les jeunes entrepreneurs. Près de 1000

start-ups exercent sur place pour développer leurs idées.

À côté de la zone « Create », où le travail sur l’avenir est effectué, la gigantesque halle

d’acier, de verre et de béton propose aussi les zones ouvertes au public « Share » et

« Chill ». On y trouve entre autres le plus grand restaurant d’Europe, « La Felicità », avec

pas moins de 1000 places, cinq cuisines, trois bars et un supermarché alimentaire.

Dans le hall d’accueil, les visiteurs peuvent contempler une sculpture monumentale

de Jeff Koons baptisée « Play Doh ». L’espace de restauration et de relaxation, où

tout le monde est le bienvenu, doit aussi empêcher que les créateurs innovants de la

« Station F » ne s’isolent dans leurs « bulles de savoirs ».

UN AXE TECHNOLOGIQUE PARIS-PLOBSHEIM ?

Déjà plus de 5000 start-ups sont passées par cet « incubateur de jeunes entreprises »

pour se lancer sur le marché. De grandes entreprises comme Microsoft ou L’Oréal

proposent leurs propres programmes d’accompagnement dans la « Station F ». Et

les initiatives ne sont pas uniquement originaires de Paris et sa banlieue. Les entrepreneurs

viennent aussi bien d’Amérique du Nord que de Chine, du Maroc, de

Corée, d’Inde, d’Italie, de Grande-Bretagne ou d’Allemagne. La « Station F » s’ouvre

au monde entier. L’entreprise familiale Mack pourrait aussi bientôt faire partie des

partenaires du gigantesque campus d’innovation. Des discussions sont de longue

date en cours pour une coopération entre Mack One France à Plobsheim et la

« Station F » à Paris. L’objectif : la création d’un axe technologique Paris-Plobsheim.

L’abréviation « PP » est actuellement attribuée au service de paiement en ligne

PayPal, ou à la locution « Pastor Pastorum » (le serviteur des serviteurs), qui fait

référence au pape. Mais à l’avenir, l’abréviation « PP » pourrait prendre une toute

nouvelle signification.

PRÈS DE MILLE START-

UPS TROUVENT TOUT CE

QUI EST INDISPENSABLE

À LA RÉALISATION DE

LEURS IDÉES DANS LA

« STATION F » - L’ABRÉ-

VIATION « PP » POUR-

RAIT BIENTÔT PRENDRE

UNE NOUVELLE SIGNIFI-

CATION INNOVANTE

Station F : ce campus de start-ups fondé dans une ancienne halle de fret ferroviaire

à Paris est la plus grande pépinière d’entreprises du monde.

54

NOUVELLE ÈRE

INNNOVATION

NOUVELLE ÈRE

INNOVATION

55



Raymond E. Waydelich

R

aymond-Émile Waydelich est un original doublé d’un Alsacien pur jus : attaché

à sa région, il déborde d’humour, d’inventivité et fait preuve d’une

imagination sans bornes. Il est un artiste respecté, un conteur talentueux,

et le rayonnement de son œuvre est international, preuve en sont les nombreuses

expositions en France, Allemagne, Suisse, Suède, aux USA, en Amérique

du Sud et au Japon. Raymond E. Waydelich a participé à la biennale de Venise,

a présenté son art à la documenta de Kassel et l’une de ses œuvres est exposée à la

Galerie des Offices de Florence. Son cœur appartient à sa région natale, qui s’étend

des deux côtés du Rhin : Raymond E. Waydelich est le symbole même de l’amitié franco-allemande

vécue au quotidien. Il adore le territoire du Rhin supérieur, il ne connaît

plus aucune frontière, et a autant d’amis en Forêt-Noire qu’en Alsace : « Le vin et la

bonne chère nous rassemblent. Que serait la vie sans ces petits bonheurs ? »

Né à Strasbourg en 1938, l’artiste est un ami de longue date d’Europa-Park : « Europa-Park

a apporté une incroyable contribution à l’Europe et à l’amitié franco-allemande.

Tant de personnes issues de différentes nations s’y rencontrent, et apprennent

à connaître la culture de l’autre de manière ludique. C’est vraiment essentiel. Car

l’amitié doit impérativement passer par le contact humain ».

LA GLORIETTE DE HEIDI

Dans l’enceinte du Kempferhof

trône une œuvre marquante de

Raymond E. Waydelich intitulée :

« La Gloriette de Heidi ». C’est une

grande installation faite d’acier et

d’autres matériaux en hommage au

propriétaire du Kempferhof, Pierre-

Etienne Bindschedler, qui est originaire

de Suisse. Raymond E. Waydelich s’est

procuré une grande pierre granitique

suisse pour concevoir cette œuvre,

et a abordé divers thèmes comme

les montagnes, l’eau, les truites, les

oiseaux, un pilote et son avion, les

hiboux et les girouettes, le tout dans le

style de la Belle Époque.

UNE TROUVAILLE DE MARCHÉ AUX PUCES FORMATRICE POUR L’ARTISTE

Raymond E. Waydelich a eu une vie bien remplie : en 1959, il a parcouru l’Afrique du

Nord en Jeep en tant que photographe de guerre de l’armée française au cours de la

guerre d’Algérie. Après avoir étudié les arts appliqués à Strasbourg et Paris, Raymond

E. Waydelich a entamé son travail d’artiste dans les années 60. En 1973, alors âgé

de 35 ans, il fait une trouvaille : au hasard d’un marché aux puces, le collectionneur

met la main sur le journal d’une couturière du siècle précédent. Depuis, les vies de

Raymond E. Waydelich et Lydia Jacob, c’est ainsi que se nomme la couturière, sont

intimement et indissociablement liées. Ainsi, il lui a créé un arbre généalogique, a

reconstitué un entourage familial fictif, et lui a même trouvé un fidèle compagnon,

le chien empaillé d’une dame résidant à Metz. Et il a signé ses dessins, sculptures,

objets et assemblages non seulement de son nom, Waydelich, mais apposait aussi la

signature de Lydia Jacob. Leur pacte, qui consistait en une aide mutuelle à accéder à

la célébrité, se concrétise rapidement. L’Alsacien connaît alors une ascension fulgurante,

qui lui permettra d’exposer ses œuvres aussi bien à New York qu’à Paris.

Ses œuvres participent à un travail de « mémoire ». Il appelle ce concept « archéologie

du futur », et pose une question pertinente : « Que restera-t-il de nous dans

2 000 ans ? » À Kassel, Lyon et Strasbourg, il a scellé des objets du quotidien dans des

capsules temporelles pour les générations futures.

Au cours de l’hiver 2011, Raymond E. Waydelich a fait le bonheur des visiteurs d’Europa-Park

dans le cadre d’une grande exposition intitulée « Mobilité ».

IMAGINatiON SANS

FRONTIÈRES

NOUVELLE ÈRE

ART

57



L

e phare de l’hôtel « Bell Rock » à Europa-Park trône fièrement à 35 mètres de

hauteur au cœur de la vallée rhénane. Et quelqu’un d’autre a pris de la hauteur,

afin d’agencer l’une des six suites du « Bell Rock » avec une signature bien

à lui : Stefan Strumbel. « What the fuck is Heimat ? » : c’est la question sur

laquelle l’artiste se penche depuis des années. Et c’est un thème qu’il aborde

également dans « sa » suite au « Bell Rock » : il l’a baptisée « Ahoi Heimat » (ohé ma

patrie), et elle accueille ses résidents dans un style pour le moins inattendu par rapport

aux termes employés. La pièce se découvre dans des tonalités rose pastel, agrémentées

d’éléments en jaune fluorescent. Des inscriptions comme « ahoi », « I love » et « holy »

viennent orner les murs, le lit est en forme de cœur. « L’un des ingrédients essentiels de

la « Heimat » (patrie, région d’origine), c’est l’amour », souligne l’artiste.

Les pendules à coucou en pop-art, les jeunes femmes de la Forêt-Noire aux allures rebelles

et les madones coiffées d’un « Bollenhut » (chapeau à pompons) sont des motifs

emblématiques de S. Strumbel. Il a ainsi contribué au rayonnement international de la

Forêt-Noire avec sa réinterprétation de l’iconographie traditionnelle. Dans sa jeunesse,

il a été condamné pour des graffitis illégaux. Puis l’icône de la mode Karl Lagerfeld a

acheté l’une de ses pendules à coucou loufoques, et S. Strumbel est devenu une popstar.

Le « New York Times » lui a même consacré un bel article.

Entre-temps, il aborde aussi de nouveaux thèmes en tant que scénographe, tout en restant

fidèle à sa région d’origine, le Pays de Bade, la Forêt-Noire. Il vit toujours à Offenbourg,

où il est né en 1979. Mais la région de l’autre côté du Rhin est aussi une source

d’inspiration pour lui.

L’artiste s’exprime à ce sujet dans l’entretien suivant.

Quelle est votre vision de l’amitié franco-allemande ?

Stefan Strumbel — Particulièrement en ces temps troubles, l’amitié m’évoque les choses

suivantes : fiabilité, confiance mutuelle, et un vivre-ensemble dans la paix et l’harmonie.

Et cela vaut bien évidemment pour l’amitié transfrontalière que nous entretenons

avec nos voisins français.

stefan Strumbel

Stefan Strumbel (né

en 1979, vit entre

Offenbourg et Berlin) :

le quotidien « Die

Welt » a qualifié

Stefan Strumbel

d’« Andy Warhol

des pendules à

coucou ». L’artiste

contemporain n’a

jamais étudié les arts

académiques, mais il

connaît pourtant un

succès international.

Dans ses peintures,

objets, sculptures et

vastes installations, S.

Strumbel vient créer

un monde imaginaire

qui est le miroir de

notre réalité sociétale.

stefanstrumbel.de

ahoi

heimat

Vous habitez Offenbourg, à proximité immédiate de la France : comment voyez-vous le

pays voisin.

S. Strumbel — J’ai moi-même connu les postes de douane en activité, c’est pour cela que

je savoure d’autant plus la liberté actuelle. Pour moi, la proximité de la France offre une

qualité de vie sans pareille, et cela ne se limite pas à la nature ou la gastronomie, mais

intègre aussi tout un peuple qui nous est très lié. Quand j’ai envie d’aller faire un tour

dans une métropole en famille, Strasbourg est une destination de choix, et grâce au

TGV c’est désormais à quelques encâblures de Paris.

Vous y trouvez également de l’inspiration pour votre art ?

S. Strumbel — Mon leitmotiv « Heimat » est sans frontières, et la dichotomie entre la

nature et l’urbain a toujours été l’un des terreaux de mon inspiration. J’ai eu l’immense

honneur de faire encore une exposition commune avec Tomi Ungerer à Fribourg-en-Brisgau,

et j’entretiens une amitié de longue date avec Raymond E. Waydelich.

Quel est votre avis sur le fait que l’entreprise familiale Mack, qui est ancrée dans le Pays de

Bade depuis 250 ans, s’implante désormais également en France ?

S. Strumbel — C’est la concrétisation de l’amitié franco-allemande.

RESPECT !

58

NOUVELLE ÈRE

heimat



AU FÉMININ

STRASBOURG SE

DÉCLINE AU FÉMININ :

DEPUIS 2020, JEANNE

BARSEGHIAN EST

MAIRE DE LA CAPITALE

EUROPÉENNE ET LA

MÊME ANNÉE, PIA IMBS

A ÉTÉ ÉLUE PRÉSIDENTE

DE L’EUROMÉTROPOLE

DE STRASBOURG. DANS

UNE INTERVIEW CROISÉE,

ELLES PARLENT DE

STRASBOURG ET DU RHIN

SUPÉRIEUR EN TANT QUE

MOTEUR DE L’EUROPE,

DES OPPORTUNITÉS DE LA

TRANSITION NUMÉRIQUE

ET DE LEUR POINT DU VUE

SUR MACK ONE FRANCE À

PLOBSHEIM

pia imbs

Jeanne Barseghian

60

NOUVELLE ÈRE

AU FÉMININ

NOUVELLE ÈRE

AU FÉMININ

61



Jeanne Barseghian

Autre exemple des excellentes relations

entre la famille Mack et la France : pour

le tournage final du film destiné au

Voletarium, le plus grand « Flying Theater »

d’Europe, Europa-Park a reçu à Strasbourg

l’autorisation de survoler le Parlement

européen. On voit sur l’hélicoptère une

caméra spéciale haute résolution.

pia imbs

La formation,

ainsi que les défis

environnementaux,

sociaux et

démocratiques, tels

sont les sujets au cœur

du mandat qu’occupe

la femme politique

écologiste depuis juillet

2020. Elle a été élue

maire de Strasbourg à

l’âge de 39 ans. Jeanne

Barseghian a vu le jour

à Paris dans une famille

française d’origine

arménienne. L’arrièregrand-père

de la juriste

était l’intellectuel et

homme politique Sarkis

Barseghian, assassiné

au cours du génocide

arménien. Le conjoint

de Jeanne Barseghian

est allemand.

Le traité de l’Elysée célèbre son 60 e anniversaire en 2023.

Comment percevez-vous aujourd’hui les relations franco-allemandes

et l’Europe ?

Pia Imbs — Le traité de l’Elysée est le texte fondateur de

l’amitié franco-allemande et il consolide notre identité

en tant que métropole transrhénane. Depuis lors, nos

deux nations vivent une amitié qui a donné une véritable

impulsion pour le rapprochement des peuples

européens. Actuellement, avec une Europe secouée par

des crises successives, cette amitié est plus que jamais

un réel moteur au service de tous les Européens. Nous

rassemblons ici les conditions idéales pour mettre en

œuvre les innovations qui relèveront les défis actuels et

futurs.

Jeanne Barseghian — Strasbourg est le symbole de la paix

et la ville des rapprochements. Nous avons la chance de

nous situer au cœur des relations franco-allemandes, de

les vivre au quotidien et de les entretenir. Mais le couple

franco-allemand doit aussi continuer à jouer un rôle de

premier plan en Europe et d’assumer ses responsabilités,

alors que notre mode de vie démocratique et notre

cohabitation ont été mis à rude épreuve, notamment

avec cette guerre effroyable qui fait rage en Ukraine.

Pour concrétiser cette Europe forte et unie, dont nous

avons tous si urgemment besoin, le dialogue et la collaboration

entre les instances au niveau local et les pays

voisins doivent être renforcés. L’Europe se construit avec

des petits comme avec des grands gestes.

Comment se manifeste concrètement la cohabitation

transfrontalière ?

J. Barseghian — Elle se vit au quotidien pour les habitantes

et habitants de notre région commune. Cela signifie par

exemple de prendre le tram pour passer dans un autre

pays. Les relations entre nos collectivités locales deviennent

également de plus en plus étroites. La convention

de coopération Strasbourg-Kehl signée en 2021 a

instauré un dialogue direct et institutionnalisé entre les

deux villes. La collaboration transfrontalière se développe

au travers de nombreux projets dans les domaines de

la santé, de la culture et de l’utilisation mutuelle de nos

équipements. Nous serons bientôt reliés par un caloduc

sous le Rhin ! Il transportera la chaleur fatale d’une aciérie

allemande jusqu’à Strasbourg pour fournir du chauffage

et de l’eau chaude à 8 000 foyers. Ce projet, unique en Europe

et mis en place suite à la création de la société d’économie

mixte transfrontalière « Calorie Kehl-Strasbourg »

(SEM Calorie), est un exemple remarquable de l’ingéniosité

dont nous sommes capables afin de concrétiser la

transition écologique dans notre région.

P. Imbs — Les frontières s’effacent au profit de grands projets

structurants tels que la « Passerelle des deux Rives ».

La nouvelle SEM Calorie permet d’enrichir notre mix

énergétique local. Ce partenariat entre l’Eurométropole

de Strasbourg, la ville de Kehl, la région Grand Est

et le Land du Bade-Wurtemberg accroît la proportion

d’énergies renouvelables dans les réseaux de chaleur et

remplit les objectifs de décarbonation et de diminution

de la précarité énergétique. Je souhaite également évoquer

le projet « Deux Rives », avec le développement de

quatre nouveaux quartiers de Strasbourg qui s’étendent

jusqu’en Allemagne. Cela nous rapproche encore plus

de Kehl, avec la réhabilitation d’anciennes friches portuaires

qui deviendront un véritable secteur dans lequel

il fait bon vivre. Ce projet bénéficiera autant aux habitants

de Strasbourg qu’à ceux de Kehl.

Selon vous, quel rôle devrait jouer la région du Rhin supérieur

en Europe ?

J. Barseghian — Je pense que nous donnons un élan à l’Europe.

Nous avons ici une bonne vue d’ensemble des effets

frontière qui doivent être éliminés de toute urgence

dans de nombreux domaines. Cette connaissance précise

des problèmes, combinée à notre capacité à partager et

à tester, nous donne une longueur d’avance. Aujourd’hui,

la frontière reste un obstacle, par exemple lorsque l’on

voyage en train. Le train est la meilleure alternative au

transport routier et aérien. Il faut seulement investir et

se libérer des œillères des frontières nationales. Je suis

très engagée sur ce sujet. Une amélioration des liaisons

entre les villes du bassin rhénan aurait un effet positif

sur l’ensemble du réseau européen.

P. Imbs — Pour renforcer la dynamique de la collaboration

transfrontalière, nous disposons d’un instrument très

intéressant : il s’agit du collectif « Grand Est-Europe »

pour la représentation collective des intérêts des acteurs

publics de la région Grand Est auprès des institutions

européennes. Il permet un véritable espace de dialogue

qui permet aux acteurs régionaux de concrétiser leurs

projets européens. Nous devons toutefois encore le

renforcer afin d’accompagner la transition dans les domaines

de l’environnement, de l’énergie, de l’industrie

et du numérique. Mais dès maintenant, la collaboration

transfrontalière nous confirme que l’Eurométropole et

la ville de Strasbourg occupent une place tout à fait particulière

et que le bassin rhénan incarne un réel moteur

au niveau européen.

Dans quelle mesure le numérique représente-t-il une opportunité

pour votre région, mais également pour la collaboration

franco-allemande ?

P. Imbs — Les technologies numériques et les nouvelles

technologies de l’information domineront probablement

dans un futur proche toutes les branches et tous les aspects

de notre vie. Avec des possibilités quasi illimitées,

la transition numérique nous fait de grandes promesses.

La 5G optimisera notamment le cadencement des transports

en commun ou améliorera les soins médicaux. La

transition numérique sera également au cœur de Mack

One France, le campus d’innovation pour le divertissement

numérique, qui sera fondé à Plobsheim, sur les

bords du Rhin. Nous saluons cette implantation et nous

savons que nous pouvons compter sur l’entreprise Mack

pour mener ce projet de manière exemplaire, notamment

en matière de protection de la biodiversité et de

développement durable.

J. Barseghian — Le numérique est un formidable instrument

démocratique. Il nous permet, en tant que collectivité

locale, de recueillir les opinions et souhaits

des habitants relatifs à nos projets et de développer

une politique commune sur mesure. Nous sommes

toutefois conscients que ces instruments peuvent exclure

celles et ceux qui ne sont pas familiarisés avec les

nouvelles technologies et qui n’ont pas les moyens de

s’équiper. La fracture numérique est une réalité, et nous

proposons aux personnes de nombreuses autres possibilités

de s’exprimer, par exemple lors d’ateliers ou via

des questionnaires papier. Internet est un instrument

génial, mais c’est un instrument qu’il faut apprendre à

utiliser pour comprendre ses avantages et prévenir ses

dérives.

Pia Imbs est née en

1960 et a grandi à

Holtzheim, village

limitrophe de

Strasbourg et qui

compte aujourd’hui

3 700 habitants.

L’économiste sans

étiquette vit toujours

à Holtzheim dont

elle est devenue

maire en 2014. En

juillet 2020, elle a

été élue Présidente

de l’Eurométropole

de Strasbourg.

L’Eurométropole

est une forme

de coopération

intercommunale de

la ville de Strasbourg

et de 32 communes

alentour.

Les compétences des

conseillers sont très

vastes. Aucun trottoir

ni place de marché

de Strasbourg ou des

communes adjacentes

ne peut être rénové

ou remodelé sans

l’accord du conseil

de l’Eurométropole.

Aucune entreprise

ne peut non plus

s’implanter dans

une commune sans

son approbation.

L’Eurométropole

possède en outre

des compétences

sur les questions

transfrontalières.

62

NOUVELLE ÈRE

AU FÉMININ

NOUVELLE ÈRE

AU FÉMININ

63



Laurette Lourenço-Siefert

Laurette Lourenço-

Siefert travaillait en

tant que journaliste

quand elle a fait la

connaissance de

Franz et Roland Mack

pour la première fois

en 1976. « J’ai fait la

rencontre d’un duo

père-fils très soudé.

Le fils, Roland, m’a

fait une visite guidée

du nouveau et petit

parc du château, et

m’a tout expliqué. Le

père acquiesçait, et

soulignait certains

points. J’étais très

enthousiasmée par

tout cela, et j’étais

persuadée que ce

serait aussi le cas

de mes lectrices et

lecteurs en Alsace et

en Lorraine.

» En 1990, elle prend

la direction du

« bureau en France »

d’Europa-Park

nouvellement fondé à

Strasbourg, et en tant

que représentante

d’Europa-Park, elle a

depuis convaincu des

milliers de Français

d’aller visiter le parc

de loisirs allemand en

organisant un large

éventail d’opérations.

N

ous sommes au commencement d’Europa-Park, le parc de loisirs est encore

source de scepticisme à l’époque. Des gros titres comme « Le spectre de

la faillite plane au-dessus de Rust » ou encore « Qu’adviendra t-il après la

ruine de l’activité touristique ? » faisaient partie des premières réactions de

la presse par rapport à l’idée de la construction d’un parc de loisirs à Rust,

au cœur du Pays de Bade, par la famille Mack. Les chiffres d’affluence donnent néanmoins

raison à Franz et Roland Mack : 250 000 visiteurs passent les grilles du parc

en 1975, un an plus tard ils sont 700 000, en 1978 la barre du million de visiteurs est

franchie pour la première fois.

La journaliste française Laurette Lourenço-Siefert fait aussi partie des premiers visiteurs.

Elle est immédiatement séduite. « J’ai cru en Europa-Park dès mon premier

article en 1976 dans le magazine TV régional « Est Télé Flash ». J’ai été convaincue

par le parc, la famille Mack, et le concept européen », se souvient-elle. Une amitié

transfrontalière inédite s’est alors forgée : « Année après année, j’ai continué à écrire

des articles sur le parc, je me suis mise à organiser des jeux-concours, et j’invitais

aussi des groupes à visiter Europa-Park, par exemple des personnes en situation de

handicap ». Laurette Lourenço-Siefert crée ainsi des ponts entre la France et le parc :

« Tout comme moi, nos lecteurs on rapidement été séduits par le parc, et ont alors

commencé à se rendre à Rust ».

UNE IDÉE VISIONNAIRE

Après ces débuts prometteurs, le « bureau en France » d’Europa-Park, situé à Strasbourg,

est mis en place en 1990. « Quand la parution de « Est Télé Flash » a cessé suite

à une vente, et que mon poste de rédactrice en chef a été supprimé, j’ai eu l’idée

d’élaborer ce projet en concertation avec Franz, Roland et Jürgen Mack ». Laurette

Lourenço-Siefert est ainsi devenue l’ambassadrice d’Europa-Park en France. L’objectif :

faire connaître le parc aux Français, donner des informations en français, gommer les

frontières, et présenter le parc par exemple sur les salons. « C’était une idée visionnaire

à l’époque. Le parc Disney français n’existait pas encore, et on ne trouvait que

de petits parcs de loisirs en France ».

Actuellement, plus d’un million de visiteurs français viennent au parc chaque année.

Depuis 1999, il existe même une ligne de bus officielle de la région « Grand

Est » à destination de Rust. Et désormais, le TGV s’arrête quotidiennement à la gare

« Ringsheim / Europa-Park ». « Mes compatriotes apprécient le concept d’entreprise

familiale », explique L. Lourenço-Siefert à propos de l’enthousiasme des Français. « Il

est plutôt rare de voir une entreprise familiale atteindre un tel niveau en France. Ils

sont également émerveillés par la haute qualité des attractions et spectacles, par

la propreté du parc, par les détails dans l’architecture ainsi que par les nouveautés

constantes ». Laurette Lourenço-Siefert va prendre sa retraite, mais elle ne s’inquiète

pas une seule seconde pour l’avenir de la relation particulière entre la famille Mack et

la France : « La famille Mack a toujours cru en la France. De notre point de vue, le parc

n’est jamais statique, il est en constante évolution, et proposera toujours la même

qualité sur le plan de l’innovation ».

AMBASSADRICE

POURQUOI LES FRANÇAIS AIMENT-ILS

AUTANT EUROPA-PARK ?

LAURETTE LOURENÇO-SIEFERT DÉTIENT

UNE PARTIE DE LA RÉPONSE

« MES COMPatriOtes APPRÉCieNT LE CONCEPT D’ENtrePrise Familiale »

64

NOUVELLE ÈRE

STRASBOURG



E

ntre Strasbourg et Colmar, le Grand Ried d’Alsace

s’étend entre prairies, forêts et bosquets, tel

un paradis naturel enchanteur. Le nouveau campus

d’innovation de Mack One France s’intègre

naturellement et durablement dans ce paysage

idyllique. Ainsi, la charpente et les façades du bâtiment

sont à 80 % en bois, le matériau renouvelable par excellence.

L’architecture semble se fondre la nature, en parfaite symbiose

avec son environnement. Les teintes et la hauteur

du bâtiment contribuent également à cette harmonie.

« Nous avons effectué des plantations sur le site de manière

à ce que la flore environnante reste intacte et que

la faune puisse trouver de quoi se nourrir tout au long

de l’année », explique Thomas Renner-Boh, directeur de

la gestion des infrastructures d’Europa-Park. « Des ruches

ont été mises en place, et des fleurs et herbes sauvages

ont été plantées ».

La technologie du bâtiment est également durable. Le

chauffage et la climatisation sont assurés en grande

partie par une pompe à chaleur géothermique. Et des

panneaux photovoltaïques contribuent à l’alimentation

électrique du site. De nombreuses rivières et ruisseaux

serpentent à travers le Grand Ried. Grâce à des cours d’eau

artificiels, le site de Mack One vient offrir un complément

bénéfique aux ressources naturelles. « Nous avons généré

des étendues d’eau supplémentaires, qui apportent également

une plus-value à la faune et à la flore », souligne

Thomas Renner-Boh.

début

LE SITE DE MACK ONE FRANCE S’INTÈGRE NATURELLEMENT

ET DURABLEMENT DANS SON ENVIRONNEMENT

NOUVELLE ÈRE ARCHITECTURE 67



Les reflets du temps

Plobsheim et l’Alsace – les lieux où la France et l’Allemagne tissent des liens

L’histoire du

Kempferhof

T

antôt française, tantôt allemande :

l’Alsace est intimement liée à l’Histoire

des deux pays. Elle a souvent été

le théâtre de combats acharnés. Mais

l’Alsace a aussi toujours été la porte

ouverte vers l’amitié entre la France et l’Allemagne.

Sa culture, sa science et son économie rayonnent bien

au-delà de la plaine du Rhin supérieur. C’est à Strasbourg

que Johannes Gutenberg introduisit l’imprimerie

et que le premier hebdomadaire sortit de la presse.

Frédéric Auguste Bartholdi, originaire de Colmar, réalisa

la Statue de la Liberté et Ettore Bugatti construisit en

Alsace des voitures devenues mythiques.

Au cœur de l’Europe, les habitants perçoivent de plus

en plus le pays de Bade et l’Alsace comme un espace de

vie commun. Les défis actuels et futurs sont désormais

plus faciles à relever ensemble.

« L’unité européenne est comme un vaccin contre la

guerre », considérait le célèbre auteur et dessinateur

Tomi Ungerer, qui œuvrait pour la réconciliation et

la coopération entre l’Allemagne et la France. Il faut

connaître l’histoire pour comprendre le présent et être

en mesure de façonner l’avenir.

Les facettes de l’Histoire franco-allemande

À Plobsheim, non loin de Strasbourg, la famille d’entrepreneurs

allemands Mack a implanté son premier

site en dehors de l’Allemagne. À proximité immédiate

s’étend l’un des plus beaux terrains de golf d’Europe.

Un site luxueux avec un golf de premier rang et un

hôtel-restaurant haut de gamme, le tout niché dans un

fantastique écrin de nature : ainsi se définit le Kempferhof

situé à Plobsheim.

Difficile d’imaginer que cette luxueuse demeure était

autrefois une ferme dont le nom fait référence à la

famille Kempfer, originaire de Strasbourg et ancienne

propriétaire des lieux. Il est toutefois bien plus lié au

nom d’une autre famille, les Dartein originaires du Périgord,

qui avaient acquis une grande renommée au 18 e

siècle en tant que directeurs de la Fonderie Royale de

Strasbourg. C’est le baron Jules de Dartein qui construisit

à la fin du 19 e siècle, sur la propriété héritée de son

père, le Kempferhof et travailla à conférer au domaine

agricole, tout au long de sa vie, un aspect représentatif

et tout à fait original.

L’histoire de la propriété, qui débute toutefois bien

plus tôt, est liée à celle du village et de l’Alsace avec

ses nombreux changements de pouvoir entre la France

et l’Allemagne. Plobsheim fut longtemps un village

de pêcheurs sur les bords du Rhin, avant d’être complètement

séparée du fleuve depuis un demi-siècle.

Malgré sa situation isolée, le Kempferhof offrit à des

générations de Plobsheimois renommée et prospérité.

Avec ses nombreuses facettes, le Kempferhof reflète

également les évolutions de part et d’autre du Rhin.

Découvrez son histoire.

PROPOS RECUEILLIS

ET RÉDIGÉS

PAR RENÉ DEIBER

68 historie name kapitel historie name kapitel

69



Blasons des

familles nobles

Heimburg von

Plobsheim,

Mosung et

Zum Treubel.

Première grange dîmière à l’emplacement de

l’ancienne tuilerie seigneuriale, plus tard tuilerie

Kapp. (B.N.U.S.)

Chapitre I

Le village

Le premier château de plaine

Maria zur Aych –

« Notre-Dame du Chêne »

Le second château

Le village

Plobsheim est situé à 15 km au sud

de Strasbourg, sur l’ancienne chaussée

de Strasbourg la reliant à Bâle.

Le village est mentionné la première

fois en 778, à l’occasion de la fondation

de l’abbaye du village voisin

d’Eschau. L’évêque de Strasbourg

Remigius, dans son testament,

lègue à l’abbaye un terrain situé

sur les terres de Plobsheim, appelé

Bladbolshaime.

Au Moyen Âge, Plobsheim était un

petit hameau de quelques maisons

d’agriculteurs et de pêcheurs, et

était traversé par plusieurs cours

d’eau issus des bras de l’Ill et du

Rhin, appelés Giessen. L’endroit se

composait alternativement de terres

grasses, de marais, de roselières et

de forêts alluviales.

Le fleuve au large cours était

franchissable d’île en île en de

nombreux endroits peu profonds, il

n’y avait aucun pont. La population

était d’origine alémanique, vivant

principalement de la pêche et de la

culture des lopins de terre, sous le

servage de seigneurs et maîtres de

Plobsheim appartenant à la Chevalerie

d’Empire de Basse-Alsace et qui

s’appelaient notamment Heimburg

von Plobsheim, Mosung, ou encore

Zum Treubel.

Dans cette région rhénane était

également pratiqué l’orpaillage,

activité annexe très appréciée, qui se

perpétua jusqu’au 19 e siècle. Au 20 e

siècle, une famille portait d’ailleurs

encore nom de « Goldwaschers »

(orpailleurs).

Entre Plobsheim et la Thumenau

s’étendait le domaine du Himmery

(Himmelreich, domaine du ciel). Du

temps des Celtes, cet endroit formait

le bois sacré au centre duquel se

trouvait le lieu du sacrifice druidique

près d’un vieux chêne. Avec

le christianisme, le lieu fut converti

en centre chrétien de prière pour le

village, les croyants venant de tous

les environs.

Une image de Marie posée sur le

chêne donna le nom Maria zur Aych.

Plus tard, au 15 e siècle, on construisit

la chapelle Notre-Dame du Chêne,

qui donna lieu à un culte considéré

comme le plus ancien pèlerinage

marial d’Alsace. Il se peut que la

première grange dîmière du site se

soit trouvée sur le terrain de l’ancienne

tuilerie seigneuriale, plus tard

tuilerie Kapp.

70

HISTOIRE

Chapitre I

HISTOIRE

Chapitre I

71



En 1416, Sigismond de Luxembourg

(1368-1437), empereur du Saint-

Empire romain germanique, donna

le village en gage à Johann Zorn

von Eckerich. La famille, qui avait

par ailleurs fourni de nombreux

Stettmeister (maires) à Strasbourg,

prit à partir de ce moment-là le nom

de Zorn von Plobsheim.

Le village resta lié à la famille Zorn

pendant plus de deux siècles.

En 1427, les Zorn cédèrent leurs

droits patronaux sur l’église aux

Rathsamhausen, seigneurs de

Wibolsheim, qui firent construire

le chœur et la sacristie de l’actuelle

église.

Le premier château

de plaine

Une famille noble, les Heimburg

de Plobsheim, fut probablement

à l’origine de la construction du

château aux lignes sobres qui se

trouvait au bord de la route de

Strasbourg, avec des tours aux

angles et des douves.

C’est à cet emplacement, appelé

Ackergarten, qu’au début du 20 e

siècle Jules de Dartein construisit

la villa désormais connue sous le

nom de « maison de Gail » (voir

chapitre VI).

Maria zur Aych –

Notre-Dame Du Chêne

En 1454, Adam Zorn fit construire la

chapelle Notre-Dame du Chêne, au

sud du village. Comme le raconte

la légende représentée sur les

vitraux de la chapelle, cette dernière

fut construite à la suite d’un vœu

du chevalier Zorn : l’évêque de

Strasbourg avait appelé sa noblesse

à participer à la guerre contre

les Armagnacs, et au cours d’une

bataille, le chevalier Zorn fut en

grand danger de mort. Il promit

à Marie, s’il avait la vie sauve, de

faire construire une chapelle en son

honneur.

Adam Zorn fut épargné, et la guerre

terminée, il rentra sain et sauf dans

sa famille. Mais les mois passèrent

et il oublia sa promesse.

Un jour, allant chasser près du

vieux chêne, il banda son arc, prêt

à décocher une flèche sur une

colombe perchée dans l’arbre. À sa

grande surprise, près de l’oiseau lui

apparut l’image de la Vierge Marie,

tout auréolée de gloire, lui adressant

un regard austère pour lui rappeler

sa promesse non tenue. Adam

Zorn tomba à genoux et promit de

s’acquitter enfin de sa promesse.

En 1562, pendant la Réforme, les Zorn

adoptèrent la religion luthérienne, et

tous les habitants du village durent

faire de même. Un premier pasteur

luthérien, Hieronymus Düppel,

s’installa à Plobsheim en 1577.

Le second château

Vers la fin du 16 e siècle, les Zorn

remplacèrent le vieux château

par un nouveau château de style

Renaissance, à quelques centaines

de mètres de l’ancien, toujours au

bord de la chaussée de Strasbourg

à Bâle. Ce bâtiment Renaissance de

plan rectangulaire, flanqué d’un oriel

sur l’angle nord-est, est percé d’une

canonnière au rez-de-chaussée avec

des pignons élevés, amortis par des

boules.

Dessin à la

plume de

Pierre Nuss,

comportant

le blason avec

les trèfles de

Plobsheim et

l’étoile des

Zorn

Zorn von Eckerich,

Rathsamhausen,

Böcklin von Böcklinsau

(B.N.U.S. d’après Lehr et

Neuenstein)

Le château des Zorn dans les années 1950 (coll. R. Deiber)

Statue originale de

Notre Dame du Chêne

72 HISTOIRE Chapitre I (Maria zur Aych)

HISTOIRE Chapitre I

(photo R. Deiber)

73



Copie de

l’acte de

donation par

Louis XIV du

village de

Plobsheim en

1684

(A.D.B.R.)

Blaons des familles

Güntzer et Kempfer

Chapitre II

Maison à Illkirch dans

laquelle fut signée, par

les délégués de la ville,

la capitulation de la ville

libre de Strasbourg le

30 septembre 1681

(carte postale coll. R. Deiber)

Vers le changement

de seigneurie

Vers le changement de

seigneurie

La guerre de Trente Ans (1618-1648)

eut pour Plobsheim de graves

conséquences : à la fin de ce conflit,

le village était dévasté, la population

fortement décimée. En 1648,

par la signature du traité de Westphalie,

Louis XIV obtint l’Alsace, à

l’exception des dix villes formant la

Décapole, dont Strasbourg.

Mais le roi de France ne se satisfaisait

pas de cette situation et n’eut

de cesse de chercher à posséder la

totalité de ces villes et principalement

Strasbourg, ce qui lui aurait

permis d’avoir un accès vers l’Empire

allemand en passant sur le pont du

Rhin. À l’été 1681, il rassembla

30 000 soldats près d’Illkirch.

Le 28 septembre, le pont du Rhin fut

occupé, et la ville encerclée le 29.

À Illkirch, Louvois, ministre d’État,

reçut une délégation du Magistrat

et lui ordonna de se rendre avant

le 30 à sept heures du matin, faute

de quoi la ville serait bombardée. Le

Magistrat décida alors de se rendre.

Dans cette reddition, signée à Illkirch

le même jour, Louis XIV laissait à

Strasbourg sa Constitution et la

liberté de culte de ses habitants.

La cathédrale devait toutefois être

rendue au culte catholique.

La reddition de la ville de Strasbourg

fut facilitée par les deux notables

Christophe Güntzer et Jean Nicolas

Kempfer : pour les en remercier,

Louis XIV leur offrit en 1684 le

village de Plobsheim en copropriété.

Les deux beaux-frères (ils avaient

épousé les deux sœurs Agnès et

Marguerite Wencker) se convertirent

rapidement au catholicisme, leurs

femmes restant quant à elles fidèles

au protestantisme.

À Plobsheim, les choses changèrent

rapidement. Les nouveaux seigneurs

chassèrent de façon brutale la veuve

de Röder, née Zorn, avec ses enfants

en bas âge, du château où elle

résidait.

74 HISTOIRE Chapitre II

HISTOIRE Chapitre II 75



En 1687, Christophe Güntzer et Jean

Nicolas Kempfer firent poser un

cartouche en grès sculpté avec leurs

blasons et leurs initiales au-dessus

du four de la tuilerie. Ce cartouche

est aujourd’hui inséré dans le mur

nord de la maison d’habitation de

l’ancienne tuilerie.

Gravure

représentant

Jean Nicolas

Kempfer

(B.N.U.S.)

Dans les années 1688 et 1689, les

nouveaux seigneurs firent dresser

un livre terrier de l’intégralité des

maisons, fermes et terres du village.

De ces relevés ressortirent les noms

des propriétaires, les superficies et

les loyers à payer annuellement. La

famille Kempfer possédait 257 acres,

la famille Güntzer 381 acres.

Jean Nicolas Kempfer habita le

château des Zorn avec sa famille.

Son beau-frère continua à résider à

Strasbourg et décéda le 11 décembre

1695. Dans la rue de l’Église, ses

héritiers construisirent le manoir

Güntzer en 1705.

Ce furent les descendants de troisième

génération des deux notables

Christophe Güntzer et Jean Nicolas

Kempfer qui subirent les changements

infligés par la Révolution : les

nobles furent considérés comme

suspects, poursuivis et arrêtés.

Pour les Güntzer, la mère et la fille

étaient sur la liste des suspects et

furent bannies dès 1792. Jean Baptiste

Güntzer émigra en Allemagne,

ses possessions furent saisies et

vendues.

Dans la famille Kempfer, la mère

fut jetée en prison avec ses filles. En

1810, après le décès de la veuve, les

biens de la famille furent partagés

en lots entre l’État, la commune de

Plobsheim et les filles Kempfer. À

Plobsheim, Anne Victoire de Boistel

obtint le château des Zorn ainsi que

d’autres terres et bois, dont les terres

situées dans le Kling, qui devinrent

plus tard le domaine du Kempferhof.

On reconnaît à gauche le

blason de Christophe Güntzer,

à droite celui de Jean Nicolas

Kempfer. La date de 1687

apparaît dans les angles

inférieurs

(photo R. Deiber)

"Le châtelet Güntzerschloss"

construit en 1705

(coll. R. Deiber)

Extrait du livre terrier, archives catholiques de

Plobsheim (photo R. Deiber)

76 HISTOIRE Chapitre II

HISTOIRE Chapitre II 77



Jean Baptiste de Dartein

(1719-1781)

Arrière-grand-père de Jules de

Dartein

Chapitre III

La famille Dartein

en Alsace

Le commissaire des fontes, issu

d’une famille originaire de Tayac

dans le Périgord, était le fils de

Pierre Dartein et de Marie Pécharry.

Il travailla successivement dans les

fonderies de la marine à Toulon

et Ruelle, en Angoumois, avant de

s’établir en Alsace en 1761 ou 1762

comme commissaire général des

fontes de l’artillerie à Strasbourg.

Les services rendus par sa famille

pendant plus de 150 ans dans les

fonderies royales et son mérite

personnel furent récompensés par

Louis XVI, en 1778, par des lettres de

noblesse et, deux ans après, par la

croix de Saint-Michel.

Ayant renouvelé précédemment

l’artillerie pontificale, Jean Baptiste

de Dartein reçut aussi du Saint-Siège

la décoration de l’Éperon d’or avec

le titre de comte romain. Le canton

de Soleure lui décerna également

une médaille d’honneur en 1776.

Il mourut à Strasbourg le 20 avril

1781, et fut inhumé dans le cimetière

aujourd’hui disparu de Saint-Pierrele-Jeune.

De son mariage avec Anne Geneviève

Colmont en 1745 naquirent

trois fils. Sa veuve, morte en 1788, fut

enterrée dans le chœur de l’église de

Thanvillé.

Jean Felix de Dartein (1747-1788)

et Jean Hermine de Dartein

(1763-1809)

En tant que fils aîné, Jean Félix

succéda en 1781 à son père comme

commissaire général des fontes de

l’artillerie de Strasbourg et acquit

en 1786 la baronnie de Thanvillé.

Le benjamin Jean Hermine, né à

Strasbourg en 1763, fut capitaine au

régiment des Hussards Chamborant

et mourut célibataire à Strasbourg

en 1809.

Jean Baptiste de Dartein (1719-1781)

Jean Baptiste de

Dartein (1719-1781)

(coll. particulière)

Les biographies des membres de la famille Dartein ci-après sont adaptées du Dictionnaire

de biographie des hommes célèbres de l’Alsace d’Édouard Sitzmann, tome 1.

78 HISTOIRE Chapitre III

HISTOIRE Chapitre III 79



Le château

de Kolbsheim

au 19 e siècle

(dessin de Julius

Naeher, 1905)

Possessions de la famille Dartein

Charles Mathieu Sylvestre de

Dartein (1749-1814)

Grand-père de Jules de Dartein

Seul fils de Jean Baptiste ayant

eu des enfants, il naquit à Toulon

en 1749. Reçu avocat au Conseil

souverain d’Alsace, il revêtit aussi la

dignité de préteur royal de Sélestat

de 1779 à 1790 et fut membre de

l’assemblée provinciale d’Alsace en

1787. Cette même année, il épousa à

Colmar Rosalie de Salomon, fille du

receveur général des Domaines et

Bois de la Couronne et nièce du second

président du Conseil souverain.

À la mort de son frère aîné, Charles

Mathieu Sylvestre racheta la baronnie

de Thanvillé à sa belle-sœur et

accéda à la direction de la fonderie

royale de Strasbourg en 1790.

Ses fonctions le sauvèrent pendant

le règne de la Terreur, car même la

République avait besoin de canons.

L’ancien commissaire général publia

successivement des « Observations

sur les fontes des bouches à feu »

en 1806 et un « Traité élémentaire

sur les procédés en usage dans les

fonderies pour la fabrication des

bouches à feu » en 1810. Charles Mathieu

Sylvestre de Dartein fit partie

du Conseil général du Bas-Rhin et du

Conseil de Préfecture. La mort prématurée

de deux de ses fils, Charles

Hermine et Gustave, hâta sa fin.

Charles Mathieu Sylvestre

de Dartein et Françoise

Rosalie de Dartein, née de

Salomon (1761-1841).

Médaillons gravés par

Gilles-Louis Chrétien

(1754-1811), inventeur du

physionotrace, appareil

qui facilita la gravure des

portraits

(coll. particulière)

Hôtel de Dartein,

rue des Charpentiers

à Strasbourg

(coll. particulière)

Le château de Kolbsheim

En 1801, Charles Mathieu Sylvestre

de Dartein racheta aux héritiers du

général autrichien Falkenhayn la

terre et le château de Kolbsheim,

à une quinzaine de kilomètres de

Strasbourg.

La tombe de Charles Mathieu

Sylvestre de Dartein

Charles Mathieu Sylvestre de Dartein

mourut le 24 octobre 1814 dans son

château de Kolbsheim.

Six enfants étaient nés de son

mariage :

1. 1788, Adélaïde, qui épousa en 1810

le général baron de Castex ✝ 1856

2. 1789, Charles Hermine, ✝ 1814

3. 1792, Gustave, ✝ 1812

4. 1796, Félix, ✝ 1866

5 et 6. 1799, Théodore, ✝ 1884,

et un jumeau qui mourut au bout de

quelques instants.

Le château de

Thanvillé (dessin

de Jules de

Dartein, 1859)

(coll. particulière)

L’Hôtel de Dartein

(Ancien hôtel de Christine de Saxe)

En 1807, Charles Mathieu Sylvestre

de Dartein acheta l’ancien Böckelshof

ayant appartenu à la princesse

Christine de Saxe, et situé au 17 rue

des Charpentiers à Strasbourg.

Le château de Thanvillé

Vers 1800, Charles Mathieu Sylvestre

de Dartein fit refaire la toiture du

château de Thanvillé, qu’il avait

racheté après le décès de son frère

Jean Félix en 1788.

Le château du Bernstein

Le château du Bernstein sur les

hauteurs de Dambach-la-Ville, l’un

des plus anciens châteaux d’Alsace

et dont la première mention

remonte au 11 e siècle, changea

plusieurs fois de propriétaire au

cours du 15 e siècle, et fut déserté

par les évêques strasbourgeois

à la fin du 16 e siècle. Il fut pillé

par les Suédois en 1632, puis en

partie démantelé à la Révolution.

Il fut acheté en 1822 par Félix de

Dartein avec la forêt domaniale

qui l’entourait. La maison du garde

fut restaurée et servit pendant

de longues années de maison de

vacances à Félix, à sa femme et à

leurs enfants avant la revente de

l’ensemble en 1861.

80 HISTOIRE Chapitre III

HISTOIRE

Chapitre III

81



La famille Félix de Dartein en 1865

En haut, de gauche à droite : Virginie, Jules, Félix, Gustave et Charles.

En bas, de gauche à droite : Cécile, Émilie, Henri et Marie.

Extrait du journal de Cécile de Dartein, publié par Jean N. D. Escande

(coll. particulière)

82 HISTOIRE Chapitre III

HISTOIRE Chapitre III 83



Les parents de

Jules de Dartein

Félix de Dartein

Né à Strasbourg le 16 juin 1796, il fut

reçu avocat à la Cour Royale de Paris

en 1817 et aida sa mère dans la gestion

de ses propriétés de Thanvillé et

de Kolbsheim. Sous-préfet de Lavaur

(Tarn) en 1826 puis de Sarrebourg

(Moselle) en 1829, il acheta 46 hectares

de forêts à Plobsheim en 1837,

et agrandit ce domaine au fil des ans

par des échanges et des achats. Ensuite

Conseiller Général du Bas-Rhin

dans le canton de Villé, il se retira

définitivement de la vie politique

après le coup d’État de Louis-Napoléon

Bonaparte en décembre 1851 et

se consacra dès lors à des travaux

historiques et agronomiques.

Aquarelle de

Félix de Dartein

(coll. particulière)

Aquarelle d’Émilie

de Dartein, née

Hamart

(coll. particulière)

Emilie Hamart

Fille d’un colonel d’artillerie issu

d’une famille bretonne établie en

Lorraine au 18 e siècle, elle épousa

Félix de Dartein en 1835 ; décédée à

Strasbourg en 1882, elle repose au

cimetière de Thanvillé, aux côtés

de son mari, mort aux eaux de

Kreuznach (Allemagne), où le médecin

l’avait envoyé en cure.

84 HISTOIRE Chapitre III

HISTOIRE Chapitre III 85



Les enfants de Félix de Dartein

1) Charles de Dartein (1836-1882)

Entré à Saint-Cyr à 17 ans, il en sortit sous-lieutenant en 1855, fit la campagne

d’Italie en 1859 sous Napoléon III et fut nommé lieutenant après la bataille

de Magenta. En 1861, il épousa Caroline Palle, née en 1841. Après la défaite

de Sedan en 1870 durant la guerre franco-allemande, il fut interné à

Magdebourg. Une fois libéré, il quitta la France pour l’Algérie et reçut la croix

de Chevalier de la Légion d’honneur en 1880. Inventeur d’un révolver à hélice

et auteur d’articles dans des revues militaires, il décéda à Marseille en 1882,

à l’âge de 46 ans, d’une laryngite aiguë qu’il avait contractée en Algérie. Il

repose au cimetière de Thanvillé auprès de ses parents.

De son mariage naquirent :

1. 1868, Félix : marié en 1903 à Berthe Espinasse, il eut d’elle une fille, Isaure

(née en 1904), qui épousa en 1928 à Lyon Roger de Montalembert de Cers ;

leur fille Henriette, née en 1929, épousa en décembre 1947 Philippe de

Gaulle, fils du général. Félix, décédé en 1947, repose à Lyon.

2. 1879, Élisabeth : née à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), elle

décéda à Plobsheim en 1937 et fut inhumée à Thanvillé.

3. 1881, Louis : né à Médéa (Algérie), il fut curé de Colroy-la-Roche de 1919

à 1923, puis précepteur du comte de Paris et publia avant la Seconde

Guerre mondiale plusieurs biographies de ses ancêtres, consultables en

ligne (gallica.fr). Décédé à Strasbourg en 1949, il repose à Thanvillé.

2) Gustave de Dartein (1837-1913)

Il fit des études juridiques à Strasbourg, devenant avocat en 1857. Après trois

années passées à Paris, il en revint docteur en droit en 1862, mais entra au

Grand séminaire de Strasbourg en 1865, et fut ordonné prêtre en 1868. Après

avoir fait partie des quatre sténographes français du concile du Vatican

(1869-1870), il fut aumônier des Francs-Tireurs du Haut-Rhin (1870-1871). De

1871 à 1873, il fut secrétaire particulier de Monseigneur Raess, l’évêque de

Strasbourg, puis professeur d’histoire au Petit Séminaire de Strasbourg et à la

Maison des Étudiants (École Saint-Sigisbert) à Nancy de 1874 à 1883. Lorsque

ses protégés, à leur majorité, eurent tous opté pour la France, il devint moine

bénédictin en 1901 et consacra ses dernières années à enseigner le droit

canonique avant de décéder en 1913 à l’abbaye de Chèvetogne, en Belgique,

et d’être inhumé dans le cimetière du village.

3) Jules de Dartein (1839-1928)

Devenu ingénieur des Arts et Manufactures à sa sortie de Centrale en 1862, il

travailla d’abord à la Compagnie des Chemins de Fer du réseau Paris-Orléans,

mais quitta rapidement cet emploi pour revenir en Alsace où il seconda

son père malade. Ce dernier avait acheté en 1837 à Plobsheim des terres

cultivables et des forêts provenant en grande partie de la famille Kempfer. De

1863 à sa mort en 1928, il se consacra à leur exploitation en copropriété avec

Henri, son plus jeune frère.

4) Marie de Dartein, épouse de Charles de Gail (1841-1926)

Née au Neuhof, dans la banlieue de Strasbourg où son père possédait alors

une propriété, elle épousa en 1867 le baron Charles de Gail, de Mulhausen.

De ce mariage naquirent :

1. 1868, Marie-Antoinette (✝ en 1912), religieuse

2. 1869, Cécile (✝ 1947), mariée à Maurice Barthélemy

3. 1874, Henri, (✝ 1945), inhumé au cimetière de Plobsheim

4. 1878, Martha (✝ en 1928), restée célibataire

5. 1879, Jeanne (✝ 1881)

6. 1882, André (✝ en 1945)

5) Virginie de Dartein, épouse Zurcher (1842-1905)

Elle épousa en 1872 Alfred Zurcher, manufacturier à Cernay (Haut-Rhin).

De ce mariage naquirent :

1. 1877, Étienne (✝ en 1924)

2. 1879, Anne-Marie, (✝ en 1958)

3. 1881, Gustave (✝ 1897).

6) Henri de Dartein (1846-1912)

Né à Strasbourg, il fut reçu avocat en 1870, mais n’exerça jamais. Il fut

successivement conseiller de préfecture à Belfort (en 1871) et à Lons-le-

Saunier (en 1878) ; révoqué en 1879, il se maria la même année à Longwy

(Meurthe-et-Moselle) avec Marie Legendre dont il eut 11 enfants.

De ce mariage naquirent :

1. 1880, Marie-Thérèse (✝ en 1913), sans postérité

2. 1882, Jean (✝ en 1886 d’une méningite et inhumé au Kempferhof)

3. 1883, Françoise, devenue Madame Georges de Hédouville en 1905

(✝ 1972), avec postérité

4. 1884, Louise (✝ en 1901), sans postérité

5. 1885, un garçon mort-né

6. 1887, Jeanne, mariée en 1912 à Raymond de Puisieux

7. 1889, Monique (✝ en 1972), sans postérité

8. 1891, Joseph (✝ en 1952), resté célibataire

9. 1893, Katharina (✝ 1942), religieuse

10. 1895, Marguerite-Marie (✝ en 1979), restée célibataire

11. 1897, Charles, mort-né

7) Cécile de Dartein (1848-1913)

Pendant le siège de Strasbourg de 1870, Cécile tint un journal pour sa sœur

Marie.

Sur l’aquarelle ci-contre, peinte en 1873, elle était âgée de 25 ans ; elle ne se

maria pas et s’occupa de sa mère et de ses nombreux neveux et nièces.

Les portraits 1 à 6 proviennent de la photo de famille de Félix de Dartein de 1865. Portrait n° 7 : collection particulière.

86 HISTOIRE Chapitre III

HISTOIRE Chapitre III 87



Vignette inédite de

la bande dessinée

réalisée par Jules de

Dartein à l’âge de 15 ans

(coll. particulière)

Le voyage de Jules de Strasbourg

à Dambach en 854

Nous connaissons ce voyage par l’historien Jean N.

D. Escande, qui le révéla en 1982 dans un article de

l’Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de

Dambach-la-Ville.Barr.Obernai (n° 16) :

À l’âge de 15 ans, Jules de Dartein traduisit en bande

dessinée un voyage de Strasbourg à Dambach en 1854,

à l’occasion de vacances qu’il allait passer au château

du Bernstein.

Il ne dit pas quelle route suivit la diligence, mais il

fallut deux jours pleins pour faire une cinquantaine

de kilomètres, avec bien des péripéties !

Les Souvenirs de Françoise de Dartein, nièce de

Jules, nous apprennent que ce dernier « était

remarquablement doué pour le dessin, comme toute

sa famille, du reste ». Ses dessins à la plume avaient un

cachet tout particulier. Il avait son trait et ses sujets à

lui, et se plaisait à offrir à ses visiteurs des souvenirs

dessinés de leur séjour au Kempferhof.

En réalité, de sa jeunesse à un âge très avancé, Jules de

Dartein aima s’adonner au dessin ; la bande dessinée

reproduite sur les pages suivantes peut même être

complétée par une vignette inédite.

88 HISTOIRE Chapitre III HISTOIRE Chapitre III 89



90 HISTOIRE Chapitre III HISTOIRE Chapitre III

91



Chapitre IV

Le domaine devient le

« Kempferhof »

La dernière habitante du château

Renaissance des Zorn-Kempfer,

Madame de Boistel, décéda en

1831. Son héritière, la marquise de

Rancy, proposa à la commune de

Plobsheim d’acheter le château, ce

qui fut fait en 1836 pour la somme

de 25 000 francs. Le bâtiment devint

l’école communale, avec une partie

catholique et l’autre protestante.

En 1837, Félix de Dartein eut

l’opportunité d’acheter à la

marquise de Rancy les terres et

forêts provenant de la succession

des Kempfer, un ensemble de 46

hectares situés au lieu-dit Kling.

C’est là que son fils Jules créa le

Kempferhof, nom donné en souvenir

des anciens propriétaires, la famille

Kempfer issue de la noblesse

strasbourgeoise.

1866: Jules et Henri de Dartein,

copropriétaires des terres de

Plobsheim

Décédé en 1866, Félix de Dartein

légua le Kempferhof à ses deux fils

Jules et Henri, alors respectivement

âgés de 27 et de 20 ans.

Jeune ingénieur des Arts et

Manufactures, Jules avait regagné

l’Alsace en 1863. Il s’occupa pendant

quelque temps de machines

hydrauliques dans l’intention de

procurer des moyens d’irrigation

pour une partie des terres de

Plobsheim.

Henri, juriste de formation, entra

dans l’administration en 1871

et, après son mariage en 1879

avec Marie Legendre, s’installa

en Lorraine, d’abord à Longwy,

ville natale de son épouse, puis à

Nancy. Une de ses filles, Françoise,

épousa le baron Georges de

Hédouville et rédigea à partir de

1946 des souvenirs de son enfance

mentionnant aussi bien Jules

qu’Henri de Dartein.

Jules de Dartein

à 24 ans

(coll. particulière)

Henri de Dartein,

à 24 ans, en tenue

de franc-tireur

du Haut-Rhin, en

criméenne trouée

et fusil chassepot

(coll. particulière)

Le domaine devient le

« Kempferhof »

Dessin (anonyme) illustrant

le début du discours

prononcé au commencement

du banquet nuptial par l’abbé

Charles de Hombourg, curé

de Lièpvre, ancien directeur

du collège libre de St.

Arbogast (doc. B.N.F. / Gallica)

Les dates du 11 novembre

1861 et celle du 11 novembre

1867 correspondent

respectivement au mariage

de Charles, l’aîné de la fratrie,

et de leur sœur Marie.

Mariage de Jules de Dartein

Jules de Dartein se maria le 11

novembre 1868 avec Anne Marie

Stricker, fille d’un teinturier de

Sainte-Marie-aux-Mines. Tout en

gardant à Strasbourg un pied-àterre

dans la maison familiale rue

des Charpentiers, il augmenta

progressivement son exploitation

en achetant en commun avec son

beau-frère, Alfred Zurcher, des terres

au lieu-dit Schafsteg, uniquement

accessibles par un gué.

Anne Marie

Stricker, date

indéterminée

(coll. particulière)

Carte de 1908, en allemand

Le cercle rouge indique la situation du Kempferhof, entre le village et le

Rhin, et l’ovale vert désigne les terres de la Schafsteg, achetées par la

92 histoire Chapitre IV

suite. La correction du Rhin a été réalisée à partir de 1840 (coll. R. Deiber).

HISTOIRE Chapitre IV 93



Les projets d’église de

Jules de Dartein

Première version :

Sur l’île de la Schafsteg vivait à la fin

du 18 e siècle un fermier, Jacob Heller,

en location auprès de la famille

Kempfer. Cette cense (ferme isolée),

dont l’accès n’était possible que par

barque, était signalée sur la carte

de Cassini, mais fut emportée par

une crue du Rhin au 19 e siècle. Jules

de Dartein venait souvent y chasser,

une maisonnette y ayant été

construite comme abri de chasse.

Le rachat de la chapelle

« Notre-Dame du Chêne »

par Félix de Dartein

En 1937, en reconnaissance de ce

don, une plaque commémorative

en grès fut apposée sur l’abri des

pèlerins : le blason des Dartein y est

associé à celui des Zorn, constructeurs

de la chapelle.

Détail de la cense

de Schafsteg

(Carte géométrique de

la France, dite « Carte de

Cassini »)

Plaque réalisée en 1937 par

Pierre Nuss de Strasbourg,

sculpteur, architecte, dessinateur

et fervent admirateur

de la chapelle Notre-Dame

du Chêne

(photo R. Deiber)

Les blasons Zorn et Dartein

côte à côte dans les racines

du chêne de Notre-Dame du

Chêne

(les couleurs des émaux ne correspondent

pas à celles généralement

utilisées pour les blasons des deux

familles)

Tout comme son père, Jules de

Dartein apporta sa contribution

au village. Après la capitulation

de Strasbourg en 1681 et le

rétablissement du culte catholique

à Plobsheim, le simultanéisme

avec la religion protestante s’était

lentement mis en place, et depuis

1776, un curé était installé dans le

nouveau presbytère. Mais le partage

de l’église n’étant pas toujours

facile à vivre pour les deux parties,

les catholiques de Plobsheim

réfléchirent à partir de 1886 à la

construction d’une église pour eux

seuls. Jules de Dartein, propriétaire

du Meyerhof (le terrain du premier

château fort médiéval), fit réaliser

entre 1889 et 1890 trois différents

projets d’église à implanter sur

son terrain. L’architecte aurait dû

être Heinrich de Barr, comme le

montrent les archives de la paroisse

catholique.

Deuxième version :

En 1866, Félix de Dartein, déjà très

malade, apprit que la paroisse catholique

de Plobsheim devait dépenser

la somme de 2 000 francs pour le

rachat de la chapelle Notre-Dame

du Chêne, et fit envoyer la moitié de

cette somme au conseil de fabrique.

(Archives catholiques de Plobsheim)

94 HISTOIRE Chapitre IV histoire Chapitre IV

95



Troisième version :

Le constructeur de ponts

Ingénieur de formation, Jules de

Dartein savait utiliser la technique

moderne du béton armé dès la fin

du 19 e siècle.

Il fit construire à ses propres

frais le chemin qui traversait son

domaine en se dirigeant vers l’est

et la forêt du Rhin. Jules de Dartein

fit également construire le petit

pont pour franchir le cours d’eau

qui traversait son terrain. Ces

aménagements rendaient de grands

services aux habitants de la ferme

Schneider Michel et à tous ceux qui

devaient se rendre dans la forêt du

Rhin pour y travailler.

Le pont du Lirsand

Cette troisième version fut la

bonne. Le projet se montait à

33 000 marks ; la paroisse

catholique disposait d’une somme

de 4 000 marks et Jules de

Dartein en promit 16 000. Le reste

manquant ne parut pas impossible

à trouver. Finalement, il fut décidé

de construire une nouvelle église

non pas pour les catholiques,

mais pour les protestants, sur un

terrain fourni par les catholiques

au croisement de la rue principale

(actuelle rue du Général Leclerc) et

la rue de l’Église. La construction

de cette église fut confiée aux

architectes Haug et Brion, et elle fut

inaugurée le 14 août 1898.

Jules de Dartein participa à la

restauration de l’église catholique.

L’ancienne église étant rendue

aux seuls catholiques, il fallut

faire de nombreux travaux et

aménagements. La petite cloche

Saint-Jean, aujourd’hui toujours

en place, ainsi que la cloche

moyenne, furent achetées grâce

au parrainage de Jules de Dartein.

Ce fut encore lui qui offrit la

statue de Jésus. En reconnaissance

de ses dons considérables, on

installa pour sa famille deux bancs

d’honneur, dont il exécuta luimême

les sculptures.

Nouvelle église protestante

de 1898 : dessin d’un avantprojet

publié dans

Süddeutsche Bauzeitung

(coll. R. Deiber)

Avant-projet pour la

construction de la sacristie

à l’église catholique

(paroisse catholique de Plobsheim)

Pour arriver sur la digue des Hautes

Eaux, il fallait traverser un petit

cours d’eau qui longeait cette digue.

La commune de Plobsheim y avait

construit en 1854 un pont qui,

devenu vétuste, dut être refait.

C’est encore Jules de Dartein qui

le reconstruisit en 1899 avec la

technique moderne du béton.

Le blason de Plobsheim au-dessus

de la voûte côté nord, surmonté

de la date 1854, rappelle le premier

pont. Côté sud est apposé son

propre blason, en clef de voûte, le

D de Dartein, et le dard, entrelacés,

surmontés de la date 1899. Ces deux

blasons sont des moulages de béton

modernes.

(Photos R. Deiber)

96 histoire Chapitre IV

HISTOIRE Chapitre IV 97



Les constructions au

Kempferhof

Sur le domaine de 46 hectares

acheté par Félix de Dartein en

1837, il n’y avait au départ aucune

construction.

Le domaine servait à la chasse

pour la famille, et à cet effet, une

petite maison avait été construite

près du Mühlgiessen pour servir

d’abri. Après le décès de son père,

petit à petit, Jules de Dartein

aménagea les lieux, les agrandissant

et les modifiant, toujours selon

ses propres plans. En plus de 60

ans fut constitué l’extraordinaire

ensemble de constructions que l’on

connaît aujourd’hui sous le nom de

Kempferhof.

Chapitre V

Les constructions au

Kempferhof

En l’absence d’éléments écrits, c’est

grâce à des dessins et photos que

l’on peut connaître l’évolution des

constructions au Kempferhof.

1873 : la maison d’habitation

est terminée

Sur le dessin ci-contre, il manque

encore la tour de trois étages vers

le sud-ouest, le grand salon vers le

nord-ouest, les bâtiments agricoles

et la chapelle.

Ce dessin montre la maison telle

qu’elle se présentait au départ.

Par ailleurs, on aperçoit, accolé à

la maison, un appentis qui servit

de bâtiment agricole et qui fut

agrandi par la suite. Il y a également

une autre petite construction

probablement à usage agricole ou

bien servant de logement de service.

Dessin de Jules de Dartein daté de 1873 (coll. particulière)

98 histoire Chapitre V

HISTOIRE Chapitre V 99



Photo de la

maison prise

après 1883 avec

la chapelle à

droite

(coll. particulière)

1884 : inauguration de

la chapelle

La photo ci-dessous montre la

maison avec la chapelle terminée,

inaugurée en 1884. La tour, quant à

elle, n’est pas encore construite.

On peut aussi observer que les

façades des murs du deuxième

étage, pignon et murs gouttereaux,

étaient bardés de planches de bois

verticales. Plus tard, ce bardage

en bois fut remplacé par des

maçonneries de brique. Des fenêtres

y furent également intégrées.

Les toitures du Kempferhof

Les toitures du Kempferhof montrent la complexité des constructions après

les transformations successives de la première maison remontant à 1873

(marquée par les pointillés) : la tour fut accolée au centre du pignon de la

maison avec un bâtiment de liaison entre les deux, et la façade nord-ouest

de la maison fut flanquée de deux bâtiments sur deux étages avec pignons,

séparés d’un espace en retrait. Par la suite, sans qu’on sache précisément en

quelle année, fut encore rajouté le bâtiment du grand salon avec le passage

de liaison percé dans le bas d’une ouverture cochère permettant le passage

des calèches.

1894 : la tour de trois étages

Le 30 janvier 1894, Fernand de

Dartein écrivit à son cousin Henri une

lettre dans laquelle il mentionna la

tour : « Je suis bien loin d’approuver

le plan de la maison de Jules, y lit-on ;

mais je dois déclarer que la tour

en est charmante ». Quatre ans et

demi plus tard, Fernand de Dartein

peignit l’aquarelle ci-contre (coll.

particulière).

C’est globalement la même vue

qu’on retrouve sur une carte envoyée

en 1900 par Henri de Gail (neveu de

Jules) à sa tante Anne Marie.

Verso de la

carte datée du

16 mars 1900

(coll. R. Deiber)

Plan dessiné d’après Google Earth pro (R. Deiber)

100 HISTOIRE Chapitre V

101



Les bâtiments

aujourd’hui

Le bâtiment le plus haut du

Kempferhof est cette tour de trois

étages. Selon la légende, Jules de

Dartein l’aurait fait rehausser d’un

étage afin de pouvoir apercevoir le

mont Sainte-Odile sur les hauteurs

des Vosges.

Ci-dessous : à gauche, la terrasse

du restaurant devant un ancien

bâtiment agricole ; à droite, la

partie de la maison avec, à l’étage,

le « grand salon » dans lequel

Jules et Anne Marie de Dartein

avaient fait placer deux fauteuils

d’où ils pouvaient, par temps clair,

apercevoir la flèche de la cathédrale

de Strasbourg et, le soir, écouter la

« Zehnerglock ».

En haut : à gauche, la

maison ; l’allée mène

vers la sortie de la

ferme, en direction

de la porte cochère.

À gauche : angle sudouest

du bâtiment

du « grand salon » :

une échauguette en

encorbellement avec

une arcature aveugle

décore cette façade.

À droite : côté sud,

passage entre

la maison et le

bâtiment du « grand

salon », donnant

l’impression d’un

poste de garde

surmontant un pont

levis, en fait une

porte cochère.

Les flèches / dards

ajourés des blasons

de part et d’autre

de la fenêtre

géminée rappellent

les meurtrières du

Moyen Âge.

102 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 103



En haut : grand motif

sculpté en haut-relief

décorant la poutre

faîtière. Dans le bas du

motif, un dard à deux

pointes, probable

allusion à la double

appartenance du

Kempferhof entre

Jules et Henri de

Dartein. Les tuiles de

rives sont en terre

cuite moulurée.

En bas : façade nordouest

du bâtiment de

la « grande chambre »

(photos R. Deiber)

En haut : porte

cochère à l’entrée de

la ferme ; à gauche, la

porte de service.

En bas : derrière le

portail, on trouve à

gauche le logement

du concierge et

les bâtiments

agricoles aujourd’hui

transformés en

chambres d’hôtel et

en restaurant.

104 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 105



Dessins

réalisés

par Jules

de Dartein

en 1915

(coll.

particulière)

Photos

récentes

(R. Deiber)

Près de 30 années

de travaux

La tour de trois étages, terminée

en 1894, fut l’une des dernières

constructions de Jules de Dartein qui

rajouta à son sommet, sur le bout de

la poutre faîtière, un blason portant

la date 1869. Juste au-dessous se

trouve un monogramme avec les

lettres J et D entrelacées.

Il semble que par la date de 1869,

Jules de Dartein ait voulu remémorer

le début des constructions au

Kempferhof, interrompues par la

guerre franco-prussienne de 1870. La

situation était devenue précaire pour

tous les habitants d’Alsace et de

Moselle dont la nationalité changea,

car de français, ils devinrent

allemands par le traité de Francfort

du 10 mai 1871. Pour beaucoup, ce fut

l’heure du choix : partir en laissant

tout sur place ou rester et composer

avec les nouveaux maîtres. Jules

de Dartein, pour ne pas perdre sa

propriété, accepta à contrecœur de

devenir allemand, même s’il restait

français de cœur ; c’est alors qu’il se

résolut à construire sa maison, qui

fut terminée en 1873, ainsi qu’on le

voit sur son dessin.

Le sommet de la

tour de trois étages

Modifications aux bâtiments du Kempferhof

Comparez les images de gauche

et de droite : quelles sont les

différences ?

Réponses :

Au-dessus du passage entre la

maison et la « grande chambre »

figure aujourd’hui une rehausse

avec une double fenêtre, et le toit

de la « salle du trône » est percé

d’un chien-assis. De plus, dans le

bâtiment de droite, au-dessus des

bandes lombardes, le toit, qui était

plat au niveau de la gouttière, a

été rehaussé par un pignon. Ces

modifications furent effectuées

en 1998 lors de la transformation

du Kempferhof en hôtel afin

d’augmenter le nombre de chambres

disponibles. Une autre modification

importante apparaît : entre la tour

et la maison à sa gauche immédiate,

il y avait un bâtiment d’un étage qui

n’existe plus. À son emplacement

sont visibles des briques rouges qui

étaient donc à l’origine à l’intérieur

du bâtiment. Il est probable que ce

bâtiment ait disparu lors de la dernière

guerre, au moment de l’occupation du

Kempferhof par le « Herr Direktor » de

la Sucrerie d’Erstein.

106 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 107



Essai de datation des

constructions

À l’entrée de la chapelle figurent

cimentées dans le sol trois dates et

une flèche pointée vers l’autel. On

peut penser que la date de 1873 est

celle de la fin de la construction de la

maison, celle de 1883 correspondant

à la fin de la construction de la

chapelle. Un document récemment

découvert dans les archives

familiales précise exactement

les dates de construction : les

travaux allèrent de 1882 à 1883, et

l’inauguration officielle eut lieu en

1884.

Mais pourquoi la date de 1675 ? À

ce moment-là, il n’y avait aucune

construction sur le site, les Zorn

étaient les seigneurs du village. Il

y a peut-être une explication liée

à l’espièglerie de Jules de Dartein

qui, comme toute sa famille, était

profondément patriote. En 1870,

la France perdit la guerre contre la

Prusse. L’Alsace et la Moselle furent

cédées aux vainqueurs, devenant

donc allemandes, et ce, pour une

longue période (jusqu’en 1918). Ce

fut, pour beaucoup, une humiliation

difficile à vivre.

Jules de Dartein aurait voulu

rappeler que le 5 janvier 1675, deux

siècles plus tôt, le maréchal Turenne,

commandant l’armée de Louis

XIV, avait battu les Impériaux à

Turckheim. Les armées de Frédéric-

Guillaume, électeur de Brandebourg,

avaient dû se replier de l’autre côté

du Rhin. C’était une victoire de la

France sur l’Allemagne.

L’évocation de cette date, scellée

dans le ciment de sa chapelle,

pourrait bien être un clin d’œil

malicieux de Jules de Dartein :

en faisant ce pied-de-nez aux

autorités allemandes, il montrait de

manière discrète son patriotisme.

À Turckheim, dans le Haut-Rhin,

c’est par l’Obertor (porte du Haut),

que le maréchal Turenne et son

armée attaquèrent les Impériaux,

leur reprenant la ville. C’est à cet

endroit que fut érigé un obélisque

commémorant cette victoire.

Une autre explication pour la

date de 1675 pourrait être que

cette année-là, Jésus au Sacré-

Cœur apparut à Marguerite Marie

Alacoque, religieuse à Paray-le-

Monial. Or, c’est après un pèlerinage

dans cette ville que Jules et Marie de

Dartein consacrèrent leur chapelle

du Kempferhof au Sacré-Cœur de

Jésus.

Obélisque en souvenir de la

victoire de Turenne

La chapelle du Kempferhof

C’est après son pèlerinage à Paray-le-Monial

que Jules de Dartein dessina les plans de cette

chapelle de style roman avec des bandes

lombardes et des arcs en plein cintre. La mise en

œuvre des briques roses, simple et artistique à la

fois, donne un cachet particulier d’humilité, tout

en obtenant l’effet esthétique recherché.

Le chœur de la chapelle est orienté sud-est, à

l’extérieur de plan basilical en forme de U. Les

murs de la nef sont percés d’oculi, les bas-côtés

fermés d’arcatures aveugles.

Vue du côté nord-est.

Vue du côté sud-ouest ; on aperçoit

sur le toit un clocheton de pierre.

Brouillon de la lettre adressée le 1 er

septembre 1882 par Jules de Dartein à

l’évêque de Strasbourg : par cette lettre,

Jules de Dartein demande l’autorisation de

construire une chapelle au Kempferhof

(coll. particulière)

108 HISTOIRE Chapitre V

historie

name kapitel

109



Les attributs du

Sacré-Cœur

Les éléments de décoration de

cette chapelle dédiée au Sacré-

Cœur sont visibles à l’extérieur

de la chapelle. En levant les yeux

au-dessus de la porte d’entrée,

on peut voir la couronne d’épines

représentée par une guirlande

de briques imbriquées. Selon

François-Régis de Gail, c’est Jules

de Dartein qui plaça lui-même ces

briques.

Dans le mur au-dessus de la porte,

un vitrail en forme de cœur éclaire

l’entrée, et juste au-dessus, sur

le faîte du toit, une croix en grès

est entourée de flammes. Tous

ces éléments représentent la

symbolique relative au culte du

Sacré-Cœur.

À l’intérieur de la chapelle

L’autel en bois peint en blanc comporte un tabernacle entouré de

deux statuettes et de candélabres ornés de fleurs. Sur l’autel se

trouve la statue de Jésus au Sacré-Cœur. Il est accompagné d’une

statuette de St Joseph à gauche et d’une statuette de Ste Marie-

Madeleine à droite.

Dans le bas de l’autel, au centre, sont dessinés sur six tables de loi les

textes des douze promesses de Jésus aux dévots de son Sacré-Cœur :

1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires à leur état.

2. Je mettrai la paix dans leurs familles.

3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.

4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.

5. Je répandrai d’abondantes bénédictions sur toutes leurs

entreprises.

6. les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l’océan

infini de la miséricorde.

7. les âmes tièdes deviendront ferventes.

8. les âmes ferventes s’élèveront à une grande perfection.

9. Je bénirai les maisons où l’image de mon Sacré Cœur sera

exposée et honorée.

10. Je donnerai à ceux qui travaillent au salut des âmes le talent de

toucher les cœurs les plus endurcis.

11. les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom

écrit dans mon Cœur, où il ne sera jamais effacé.

12. Je promets, dans l’excès de la miséricorde de mon Cœur,

que mon amour tout-puissant accordera à tous ceux qui

communieront le premier vendredi du mois, neuf mois de suite,

la grâce de la pénitence finale. Ils ne mourront point dans ma

disgrâce, ni sans recevoir les Sacrements, et mon Cœur se rendra

leur asile assuré à cette dernière heure.

Les murs de la nef sont percés en bas

d’ouvertures circulaires destinées à

recevoir les quatorze panneaux des

stations du Chemin de Croix. Les

cadres sont malheureusement vides.

Y avait-il des panneaux à l’origine ?

Dans le haut de chaque travée

est percé un oculus en forme de

marguerite, de couleur rose dans le

chœur et bleue dans la nef. Peut-être

Jules de Dartein voulut-il symboliser

la pureté à travers le rose, et la

sagesse ou l’élévation de l’âme à

travers le bleu.

De part et d’autre de la nef sont

disposés des bancs placés en arc de

cercle vers l’autel.

C’est le baron lui-même qui réalisa

les sculptures (des marguerites

sculptées) de ces bancs en bois de

chêne. Le côté droit était réservé à

Jules de Dartein, le côté gauche à

son épouse.

À l’arrière de la chapelle, une tribune

est aménagée à l’étage. Elle est

accessible par un escalier à la droite

de l’entrée.

Un confessionnal se trouve à l’entrée

gauche du déambulatoire : il a gardé

sa cloison en bois percée d’une grille.

110 HISTOIRE Chapitre V

HISTOIRE

Chapitre V

111



Les tombes de la famille de Jules de Dartein

Dans le déambulatoire sont placées les tombes des membres de la famille de Jules

de Dartein ainsi que sa propre sépulture. Sur neuf plaques en marbre noir ou blanc,

on lit les noms des personnes inhumées ainsi que ceux d’autres membres de la

famille enterrés ailleurs sur une plaque commémorative.

Marie Anne Stricker

Jules de Dartein

Plaque de Jean de Dartein (neveu de Jules de Dartein)

Plaque à la mémoire des grands-parents paternels de Jules de

Dartein, de ses parents et de son frère Charles

Plaque d’Édouard

Hamart de

Parpigné et de

son épouse,

Adélaïde de

Kloeckler

(oncle et tante

maternels de

Jules de Dartein)

Plaque de

Cécile de

Dartein (sœur

benjamine

de Jules de

Dartein)

Plaque de Marie Anne Élisabeth Osmont

(belle-mère de Jules de Dartein)

Plaque de Charles François Stricker

(beau-père de Jules de Dartein)

Plaques de Jules de Dartein et de son épouse Anne Marie

Plaque de Marie Madeleine Louise Élisabeth Stricker

(belle-sœur de Jules de Dartein)

112 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 113



Diabétique, l’épouse de Jules

de Dartein ne lui donna pas

d’enfants. Dès 1896, son

mari envoya des nouvelles

inquiétantes à son frère Henri :

« Marie était bien faible et bien

abattue, les sœurs étaient fort

effrayées de son état ; comme

dans la dernière semaine passée

chez nous, l’appétit était presque

nul et l’estomac ne conservait

guère que les aliments à la glace,

les mains étaient gonflées et

les doigts raidis par moments ;

heureusement que la cause du

mal était toujours principalement

rhumatismale et que le diabète

n’a pas augmenté ; c’est pour cela

que, dès la reprise de l’appétit

et la diminution d’enflure

des membres supérieurs,

l’amélioration a été rapide… »

Un des cousins rapporte dans

une lettre : « L’âge arrive et a

progressivement raison de sa

forte constitution. […] On va

encore le voir, mais il n’a plus

de parents auprès de lui, ses

forces déclinent, et il s’abat dans

sa chambre comme un vieux

chêne. Transporté à Strasbourg

dans une clinique, il s’y trouve

malheureux. Ses neveux de

Gail le ramènent dans son cher

Kempferhof où il végète encore

quelques jours avant de rendre

sa belle âme à Dieu. »

Jules de Dartein décéda en 1928.

Quand Marie de Dartein décéda

le 21 août 1902 à l’âge de 59 ans,

Jules de Dartein la fit embaumer,

et son cercueil de verre était

encore visible au début de la

Première Guerre mondiale.

En mémoire de

Jules de Dartein

et d’Anne Marie

Stricker

(coll. particulière)

114 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 115



Bénédiction de la chapelle du Kempferhof

(Acte manuscrit rédigé par Jules de Dartein)

« Sous le Pontificat de Sa Sainteté Léon Xiii,

Sa Grandeur André Raess étant Évêque de Strasbourg

Sa Grandeur P. P. Stumpf, Évêque de Césaropolis, Coadjuteur-Administrateur dudit Diocèse,

Sa Révérence Fortuné Fraering étant Curé de Plobsheim :

Jules Édouard de Dartein et son épouse Anne Marie Charlotte Stricker, ayant participé au

grand pèlerinage Français du 20 Juin 1873 à Paray-le-Monial et y ayant appris la nécessité

de vénérer l’Amour de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le symbole Sacré de Son Cœur,

confirmés dans ces sentiments par les paroles de S. S. Pie IX en 1875 à l’anniversaire deux

fois séculaire du jour où la Bienheureuse Marguerite Marie Alacoque a reçu la mission de

répandre l’image & le Culte de ce Sacré Cœur de Notre Seigneur, ont élevé sur leur domaine

du Kempferhof (près Plobsheim), en 1882 et 1883, une chapelle en l’honneur du Sacré Cœur

de Notre Seigneur, pour lui consacrer (avec leur propriété) leurs propres cœurs et ceux de

leurs Parents et amis, ainsi que tout le village de Plobsheim et l’Alsace qui le renferme.

Les travaux de construction de cette chapelle ont été exécutés avec l’aide de :

Mutschler Louis, Maître-charpentier & surveillant général ; ainsi que des briquetiers Falck ;

Wilm Frédéric & Georges ;

Wittling Georges, Schwentzel Jacques, Fuchs Georges dit le Marin, Rudolf Jean dit Faist,

Faist Augustin Père et Fils, Ohlung Joseph & Henck Simon ;

& des Charpentiers Mutschler Ignace, Boenapfel Louis & Heller Georges ; & du Menuisier

Bitschy Louis ; tous de Plobsheim

Avec le concours des cimenteurs Italiens : Perino Major, de Castelazo (Province de Biella) ;

Molinari Guiseppe, de Concordia (près Venise) & Pensa Antonio, de Casino (près Côme) ;

& du Sculpteur Gachon, de Villé ; du Tailleur de pierre Hielemann Guillaume, de Thanvillé ;

& du Maître-Serrurier Kroffig ; du Maître-Menuisier Jacobi ; du Maître-Plâtrier Voltz ; du

Peintre Mondoré & des Peintres-Verriers Ott Frères ; tous de Strasbourg

Avec les tuiles fournies par Gilardoni frères, d’Altkirch

& la chaux (hydraulique) des tuileries de Goetz (Blaesheim) ; de Grinner & Neinlist (Eschau) ;

de Vve Kapp (Plobsheim)

Après l’achèvement des derniers travaux en Janvier 1884, M. l’Abbé Étienne Frey, Professeur

au Grand Séminaire de Strasbourg, délégué par Mgr l’Administrateur du Diocèse de

Strasbourg, en présence de M. le Curé de Plobsheim, a procédé à la Bénédiction de cette

chapelle.

En foi de quoi ont signé, ce jour 7 Février 1884, avec lesdits Révérends Ét. Frey & F. Fraering,

Jules de Dartein & son épouse Anne Marie Stricker »

(coll. particulière)

116 histoire Chapitre V

HISTOIRE Chapitre V 117



Les blasons des Dartein au Kempferhof

Jules de Dartein avait un sens profond de son appartenance à une lignée

d’aristocrates qui avaient marqué l’histoire de France et celle d’Alsace depuis

plus d’un siècle. Le blason de sa famille comportait un canon et deux dards.

Lors de la création du Kempferhof, ce dernier symbole fut mis sur toutes les

constructions.

Armoiries de la

famille Dartein

(B.N.S.U. / Lehr)

Sur la tourelle

de gauche, le

blason des Dartein.

À droite,

l’année de la

construction

(photos R. Deiber)

« De gueules au chevron d’argent, accosté en chef de deux fers de flèche d’argent,

surmontés chacun d’une couronne à cinq perles d’or,

et en pointe d’un canon d’or sur son affût du même »

(Descriptif dans Siebmacher, Elsaesser Adel, 1871)

Jules de Dartein voulut marquer

l’entrée de la ferme par l’installation

de deux tourelles cimentées servant

de support à deux battants de

portail en fer forgé. L’escalier dans

une de ces tourelles creuses donne

accès au petit barrage réglant le

débit du cours d’eau passant en

dessous.

Ces blasons furent réalisés selon

une méthode nouvelle de moulage

dans du béton. Jules de Dartein

utilisa beaucoup cette technique et

ce nouveau matériau : le sable et le

gravier nécessaires au mortier et au

béton étaient extraits des gravières

qu’on trouvait sur place.

118 histoire Chapitre V

HISTOIRE Chapitre V 119



Passage entre

la tour et le

bâtiment de

la « grande

chambre » au

sud-ouest :

flèches dans

des blasons en

grès.

Les dards

se trouvent

aussi sur les

jambages

extérieurs des

fenêtres et

dans les volets

pliants (image

de droite)

… ou encore

dans le haut

des lambris

entourant les

bâtiments

agricoles.

Fenêtre côté

nord-ouest

de la tour :

lion tenant

le dard la

pointe en

haut.

Un fantôme dans le

château ?

Selon le personnel hôtelier, il

se produirait des phénomènes

étranges dans les chambres de la

tour, au deuxième et au troisième

étage. D’après leurs témoignages,

on entendrait une voix de femme

fredonnant des berceuses, ainsi que

la voix d’un enfant assez gai en train

de s’amuser. Il y aurait aussi des

manifestations bizarres de baignoire

remplie d’eau alors que le robinet est

resté fermé, d’ampoules électriques

qui s’allument et s’éteignent, d’un

aspirateur qui s’arrête tout seul. Une

employée raconte qu’elle a senti un

jour une poussée dans son dos en

descendant l’escalier.

On dit enfin qu’un enfant serait

mort par accident dans la maison et

que la mère se sentirait coupable de

son décès… Bien entendu, ces récits

n’ont aucun fondement scientifique.

En tout cas, concernant Anne Marie

Stricker, on sait qu’à cause du

diabète qui l’emporta à l’âge de 59

ans, elle n’eut jamais d’enfant.

L’enfant censé être mort au

Kempferhof serait-il alors celui d’une

employée de Jules de Dartein ?

Dans la chapelle, parmi les membres

de la famille de Jules de Dartein qui

y reposent, il y a certes un garçon de

quatre ans, mais qui décéda à Nancy

le 22 mai 1886 d’une méningite. Il ne

peut donc pas s’agir de l’enfant qui

serait mort au Kempferhof.

Jean de Dartein,

l’enfant

inhumé au

Kempferhof

(coll. particulière)

120 histoire Chapitre V

HISTOIRE Chapitre V 121



Les chambres de la tour

On trouve aujourd’hui dans la tour

deux chambres d’hôtel de catégorie

luxe, l’une au deuxième, l’autre au

troisième étage.

Les chambres de la

« suite présidentielle »

C’est dans cette pièce que Jules de

Dartein avait fait installer sur une

estrade près de la grande fenêtre

deux fauteuils pour son épouse et

pour lui : de là, ils pouvaient entendre

la « Zehnerglock » de la cathédrale

de Strasbourg.

La « salle du trône »

C’est la plus haute chambre de l’aile

nord-ouest ; elle est équipée d’un

banc-observatoire (le « trône ») auquel

on accède par un petit escalier : de là,

par l’œil-de-bœuf et par temps clair,

on pouvait apercevoir la pointe de la

flèche de la cathédrale de Strasbourg,

aujourd’hui cachée par la végétation.

Les deux

fauteuils dans

la grande

chambre située

dans l’aile

nord-ouest.

Le bancobservatoire

(à gauche).

Vue extérieure de

l’aile nord-ouest.

On aperçoit

l’oculus et les

deux fenêtres

visibles de

l’intérieur sur

les deux autres

photos de cette

page.

Deux vues de la

chambre carrée

au troisième

étage de la

tour.

La salle de séminaires

Les lambris et

portes sont

d’origine, en

bois du pays

(chêne et

frêne).

Situé au-dessus des anciennes

écuries (aujourd’hui le restaurant),

l’ancien grenier à foin et séchoir

à tabac est devenu une grande

salle de réunion. Sous la charpente

originelle subsiste la griffe du

monte-charge mécanique qui

servait à rentrer le foin.

122 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 123



Une nouvelle église

À la fin du 19 e siècle, la maison du

Kempferhof, les bâtiments agricoles

ainsi que le logement du concierge

et la chapelle étaient terminés.

Dès 1866, dans le village, la paroisse

catholique réfléchissait à la

construction d’une nouvelle église,

l’ancienne étant en partage simultané

avec la paroisse protestante. Sur

le terrain de l’Ackergarten, propriété

de Jules de Dartein, il n’y avait aucune

construction à part, peut-être,

quelques traces enfouies de l’ancien

château médiéval.

Dans un document manuscrit du 7 juin 1890, Jules de Dartein écrivit :

Chapitre VI

La « maison de Dartein »

et la « maison de Gail »

« Ce jardin, renfermant les derniers vestiges du Château des Zorn de Plobsheim détruit dans la guerre de Trente Ans,

après avoir passé par les mains des familles de Kempfer, de Boistel, de Rancy, de Ste Seine et de Musey, est aujourd’hui

la propriété de J. de D., qui offre gratuitement à la fabrique de Plobsheim l’emplacement désirable pour

la Construction de l’Église Catholique.

Avantages :

Inconvénients :

Proximité de l’École & Éloignement de l’Église à abandonner aux Protestants (2 e avantage barré

dans le texte original)

situation suffisamment centrale

entrée facile, en dehors de la Route (embarrassée actuellement par la circulation du Tramway)

tranquillité par l’éloignement des auberges, le voisinage d’un cours d’eau et l’entourage d’un

grand jardin

Éloignement du Presbytère Catholique : à corriger par l’échange du Presbytère actuel contre un

nouveau à établir sur même jardin Ackergarten »

(coll. particulière)

124 histoire Chapitre VI

HISTOIRE Chapitre VI 125



L’abbé Louis de Dartein

Jules de Dartein était décidé à aider

la paroisse catholique de Plobsheim

en offrant l’emplacement pour la

nouvelle église sur le terrain appelé

Ackergarten ou Meyergarten, dont il

était propriétaire. Il offrit également

l’emplacement pour le nouveau

presbytère tout à côté.

Une décision fut finalement prise :

les protestants construisirent une

nouvelle église pour eux, sur le

Finkengarten, terrain fourni par la

paroisse catholique. La nouvelle

église protestante fut inaugurée en

1898.

En rouge, l’emplacement

prévu de l’église au sud du

terrain de l’Ackergarten, en

face de la rue Boistel.

(archives catholiques)

Neveu de Jules de Dartein, l’abbé

Louis de Dartein naquit le 15 janvier

1881 à Médéa en Algérie, fils de

Charles de Dartein (frère de Jules)

et de Caroline Palle. Ordonné prêtre

le 1er août 1908, il était docteur en

philosophie et théologie.

Aumônier militaire pendant la

Première Guerre mondiale, il fut

blessé deux fois et était titulaire de

la croix de Guerre 1914-1918 avec 5

citations.

Après avoir été chapelain-économe

à Saint-Louis-des-Français à Rome,

il devint curé de campagne et

administra la paroisse de Colroy-la-

Roche (Bas-Rhin).

En 1930, il s’installa dans la grande

maison que Jules de Dartein avait

commencé à construire et la termina

pour la rendre habitable ; royaliste

légitimiste, il décora son bureau

aux armes du comte de Paris. Il était

accompagné de sa sœur Élisabeth

qui fut sa gouvernante bien que

souvent malade et en fauteuil, et

avait aussi un valet de chambre et

une servante.

Louis de Dartein

en 1906

(coll. particulière)

Sur le terrain de l’Ackergarten, Jules

de Dartein commença à construire la

grande maison de maître longtemps

appelée « maison de Dartein », et qui

devait en fait être le presbytère de

la nouvelle église. Or, la construction

de cette nouvelle église ne s’étant

pas réalisée, la maison resta inachevée

pendant plusieurs années.

À Plobsheim,

Louis de Dartein

et sa sœur

Élisabeth

(coll. particulière)

Dessin de la maison

de l’Ackergarten en

1920 par Jules de

Dartein, alors âgé

de 83 ans. Cette

maison devait être

le presbytère de

la nouvelle église

catholique.

(coll. particulière)

126 HISTOIRE Chapitre VI

HISTOIRE

Chapitre VI

127



L’abbé de Dartein rallia la France

Libre dès le début de la guerre

en septembre 1940. Il rencontra

le général de Gaulle à Londres et

devint l’aumônier des Forces Navales

de la France Libre. Il fut en poste

à Portsmouth à bord du cuirassé

Courbet d’octobre 1940 à avril 1941,

puis à Marine Pointe-Noire au Congo.

Affecté en mai 1943 à la base de

chasseurs de Cowes, il participa

aux sorties en mer des chasseurs

malgré son grand âge. Il fut ensuite

démobilisé le 18 juillet 1945. Cette

année-là, l’aumônier (honoraire)

de la marine de Dartein fut aussi

fait officier de la Légion d’honneur.

Il revint à Plobsheim en 1945 et se

réinstalla dans sa maison qui avait

été réquisitionnée et occupée par les

nazis.

Tombes

familiales au

cimetière de

Thanvillé

(photo R. Deiber)

Les vitraux dans

la chapelle Notre-

Dame du Chêne

(photos R. Deiber)

En 1946, Louis de Dartein offrit deux

vitraux à la chapelle Notre-Dame du

Chêne ; sortis des ateliers Ott Frères

à Strasbourg, ils se trouvent près de

la tribune. Celui de gauche évoque

le père de Jules de Dartein, le baron

Félix de Dartein, qui avait fait un don

pour le rachat de la chapelle, et celui

de droite représente le blason de la

famille Dartein.

Décédé des suites de problèmes

cardiaques le 6 novembre 1949 à

Strasbourg à l’âge de 68 ans, Louis de

Dartein fut inhumé au cimetière de

Thanvillé (Bas-Rhin), dont son arrièregrand-père

avait possédé le château.

Par testament, l’abbé Louis de Dartein

avait légué sa maison aux Petites

Sœurs des Pauvres. C’est un parent de

la famille, le colonel Bertrand de Gail,

un cousin, qui la racheta avant de

partir pour l’Indochine au début des

années 1950. À partir de ce momentlà,

les habitants de Plobsheim prirent

l’habitude de l’appeler « maison de

Gail ». À sa retraite, le colonel de Gail

revendit la maison à la commune de

Plobsheim en 1993.

La « maison

de Dartein » –

« maison de

Gail »

(photo R. Deiber)

128 histoire Chapitre VI

HISTOIRE Chapitre VI 129



Chapitre VII

Témoignages de

la famille

Témoignages de la

famille

En avril 2017, j’eus l’agréable surprise

de recevoir de la part d’Angélique

Dubuisson, arrière-arrière-petite-fille

d’Henri de Dartein, une lettre et une

liasse de papiers dactylographiés.

Deux ans auparavant, j’avais écrit

à son père, l’historien Jean N. D.

Escande, pour lui demander des

renseignements sur le Kempferhof ;

malade, Jean N. D. Escande décéda

en 2016, et c’est donc à Angélique, sa

fille, que nous devons de connaître

ces souvenirs consignés par Jules de

Dartein de 1908 à 1922.

Nous avons en outre eu la chance de

trouver un bon portrait du bâtisseur

du Kempferhof dans les souvenirs

de sa nièce, Françoise de Hédouville,

fille de son frère Henri :

« C’était un homme très doux,

très pacifique, silencieux, un

brin original. Nous l’aimions

beaucoup. Il avait la passion

de la truelle. Il bâtit la maison

d’habitation près de la ferme

appelée le Kempferhof, à quinze

kilomètres de Strasbourg,

et y retoucha sans cesse. Ses

inventions n’étaient pas toujours

heureuses quant au confort et à

la commodité modernes, mais

sa maison était hospitalière et

sa table très soignée. Il soigna sa

femme avec un dévouement, une

délicatesse et une patience que

j’admirais tout en le plaignant,

me faisant à la vue de ce ménage

une idée plutôt pénible de ce

mariage…

D’après les trois gros livres

de comptes conservés pour

les propriétés des Dartein à

Plobsheim, c’est en 1866 que

Jules prit l’exploitation du

Kempferhof pour lui-même et

son frère Henri, exploitation

qu’il continua jusqu’en 1928,

c’est-à-dire pendant 62 ans.

Il n’est donc que juste que son

nom soit resté attaché à ce coin

de terre qu’il contribua tant

à développer et même à bâtir,

car la demeure du Kempferhof,

dans ce qu’elle a d’indiscutable,

est l’œuvre de Jules de Dartein,

bien datée de la fin du 19e siècle

et qui, comme telle, mériterait

un classement. »

Jean N. D. Escande et

son épouse Christine

(née de Hédouville),

entourés par leur gendre,

Frank Dubuisson, et

leur fille, Angélique

Dubuisson-Escande

(Source : http://www.ladepeche.fr/article/2010/06/19/

858265-escoussens-angelique-dubuisson-signe-son-livre.

html)

130 HISTOIRE Chapitre Vii HISTOIRE Chapitre Vii

131



Menant une vie de propriétaire

terrien, Jules de Dartein accumula

des renseignements dans ses registres

divers. Il rédigea également des

notes personnelles à la fin de chaque

année sous le titre « Observations

pour l’exercice… », particulièrement

intéressantes pour la période de la

Grande Guerre. Jules, à 75 ans, vit seul

au Kempferhof avec ses domestiques.

Son habitation est envahie par une

compagnie allemande dont les

officiers logent chez lui. Les soldats,

occupent un poste de garde à l’entrée

du jardin et prennent part aux tâches

quotidiennes.

Le 22 novembre 1918, l’un de ces

soldats réservistes, Georges Gruber,

devenu entre-temps garde-chasse,

avait été victime d’un mystérieux

accident de chasse au cours d’une

battue au Kempferhof. Le procès qui

suivit cet accident finit par s’enliser et

ne vit jamais de conclusion.

Jules de Dartein mena pendant plus

de quatre ans une dure existence.

Il ne pouvait que très difficilement

circuler en dehors de chez lui, et

obtenait avec beaucoup de peine

l’autorisation d’aller voir à Strasbourg,

pourtant très proche, sa sœur

la baronne de Gail, victime d’un

accident.

« La seule fois que je suis allé à

Plobsheim chez mon grand-oncle

Jules », raconte mon beau-père, M.

Jacques de Hédouville, « c’était aux

vacances de Noël 1923 ou 1924, avec

mon frère Jean – nous avions une

quinzaine d’années. Il faisait un froid

de canard, nous avions changé de

train à Strasbourg pour prendre le

petit train jusqu’à Plobsheim, et là on

était venu nous chercher en voiture

à cheval ; c’était notre oncle de Gail,

il me semble. L’oncle Jules nous

attendait seul dans son petit bureau,

assis au coin du feu, sans autre

lumière que celle des flammes :

c’était à l’époque un vieillard coiffé

d’une calotte grecque noire, avec une

barbe blanche. La maison n’avait pas

l’électricité, mais par contre la salle

à manger était bien chauffée, les lits

très bons et le repas excellent. Cela

faisait déjà antique, ce genre de vie,

à l’époque. J’avais toujours entendu

dire que le Kempferhof était une

maison bizarre, que l’oncle en avait

dessiné soigneusement tous les plans :

je ne m’attendais certes pas à les

avoir un jour en ma possession… Tout

le monde aimait bien l’oncle, mais

on riait un peu de ses manies. Il avait

Marie Adélaïde de Dartein, veuve depuis

1888 du baron Charles Antoine de Gail de

Mulhausen, dont elle eut six enfants

(documents d’Arnaud de Gail)

par exemple fait installer dans le parc

un petit chemin de fer Decauville

tiré par des chevaux pour exploiter

sa propriété. Il en avait d’abord fait

tirer du sable, puis avait même fait

installer un wagon pour voyageurs –

des enfants en général, ravis de jouer

au petit train. On voit déjà ce petit

train sur une photo d’époque 1900.

Puis il avait fait placer partout des

dards, armes parlantes des Dartein,

fait construire un petit pont sur

le Mühlgiessen avec un fortin de

chaque côté et des escaliers pour

l’embarcadère. Dans la chapelle,

pour lui-même et pour toute sa

famille, il a fait élever des tombeauxniches

; il y repose d’ailleurs avec sa

femme. Pour la demeure, il avait des

attentions bien à lui : il avait prévu

par exemple dans une tour une sorte

d’observatoire pour que Gustave,

son frère bénédictin, puisse dire son

bréviaire en contemplant (par temps

clair !) la cathédrale de Strasbourg.

Plobsheim, c’est un paysage boisé

de boqueteaux et de cours d’eau,

l’Illwasser et le Mühlgiessen, des eaux

presque dormantes ; l’été, les chasses

étaient renommées pour leurs

moustiques ».

Les dernières volontés et le testament

de Jules de Dartein

Suite aux décès successifs de ses frères et sœurs, Jules de

Dartein rédigea, le 17 octobre 1917, le testament suivant :

« Je suis vieux et je sens mes forces diminuer rapidement :

la mort et la guerre m’ont isolé presque complètement […]

La guerre a fortement compromis ma fortune et réduit mon

héritage : pour mesures militaires, on a rasé une belle partie de

ma forêt de Plobsheim et anéanti ma ferme de Klein Leberau

(Markirch), sans aucune garantie d’indemnité ; pour mes

quelques valeurs mobilières, tout est incertain et à peu près

sans produit actuel.

Mes immeubles de Plobsheim, tant ceux qui sont ma propriété

entière que ceux indivis avec d’autres Parents, reviendront à

ma sœur [Marie de Dartein, veuve de Gail] : je lui recommande

spécialement le Gut Kempferhof ; elle y exercera, comme

moi, le droit d’habitation et de gérance entière pour toutes

parties indivises à Plobsheim (sans autre devoir que celui

d’entretien de la maison de maître et l’avance des fonds

d’exploitation et de roulement) ; elle aura de plus l’usage et le

droit d’inhumation dans la chapelle construite pour ma femme

et sa famille. Cette chapelle du Sacré-Cœur, semi-publique,

autorisée par l’Administration Supérieure, restera d’ailleurs

confiée aux soins et à la surveillance du curé catholique de

Plobsheim, qui devra toucher une indemnité de 50 marks par

an, à charge de célébrer au moins deux fois par an la Sainte

Messe dans ladite chapelle, pour moi et ma famille.

Devant Dieu Tout-Puissant, de Qui j’espère Pardon et

Miséricorde, j’adresse mes humbles regrets à tous ceux qui ont

eu à se plaindre de moi et je demande des prières à tous mes

amis. Ma place est réservée dans la chapelle du Kempferhof, à

côté de la tombe de ma femme : si la guerre ne s’y oppose pas,

c’est là que l’on me déposera ».

J. de Dartein

Photo des rails

de la voie ferrée

installée par Jules

132 HISTOIRE Chapitre Vii de Dartein.

133



Henri Charles

André de Gail

(1874-1945)

et Marie-Louise

de Baillon

(1892-1976)

(coll. particulière)

François-Régis de Gail (1926-2014) nous

parle de ses souvenirs de famille. Par

son père, Henri de Gail (1874-1945), il

était le petit-fils de Marie de Dartein

(1841-1926), sœur de Jules de Dartein, et

de son mari Charles de Gail (1834-1888).

Cet entretien eut lieu chez François-Régis

de Gail, à Strasbourg-Meinau, le 18

décembre 2012. Enregistré avec son accord,

voici son précieux témoignage, qui

éclaire le Kempferhof « de l’intérieur ».

Entretien avec

François-Régis de Gail

En 1822, Félix de Dartein avait acheté

le château du Bernstein, au-dessus

de Dambach-la-Ville, et les forêts

environnantes, mais ne les a pas

gardées car leur exploitation était

trop difficile. En 1837, il a également

acheté un lot de terres à Plobsheim.

À son décès en 1866, son fils, Jules de

Dartein, a fondé le Kempferhof. Dans

sa chapelle, Jules de Dartein a luimême

placé toutes les pierres qui représentent

la couronne d’épines. La

chapelle a été dédiée au Sacré-Cœur

de Jésus dont les symboles sont visibles

à l’extérieur : croix enflammée,

couronne d’épines et vitrail en forme

de cœur.

Sorti ingénieur de l’École centrale,

il avait fait mettre des rails et des

wagonnets pour transporter le gravier

extrait des étangs du Kempferhof.

Ce gravier lui servait à faire du

béton, matériau nouveau à l’époque

pour ses constructions et les nombreux

ponts qu’il a construits ou

améliorés et dont les Plobsheimois

ont profité. Il y avait aussi des rails

qui allaient jusqu’à la scierie Antoni

Cécile de Gail, une des sœurs

d’Henri, était mariée depuis 1896 à

Maurice Barthélemy, originaire de

Saales. Maurice avait reçu en dot la

forêt du Bernstein, naguère propriépour

y faire débiter les gros chênes

de son domaine.

Au Kempferhof, il y a une grande

pièce qu’on appelait la grande

chambre. Dans cette pièce, il y avait

deux fauteuils installés pour son

épouse Anne Marie et pour luimême.

C’est de là qu’ils pouvaient

apercevoir la pointe de la flèche de

la cathédrale et le soir, ils pouvaient

entendre la « Nàchtglock » ou « Zehnerglock

» (cloche de dix heures), qui

sonne l’heure du couvre-feu depuis

1786.

Je venais à Plobsheim dans les années

34-35, j’avais huit, dix ans, mais

ce n’était plus habité, il n’y avait

personne. Mon cousin Jean Barthélemy

(1903-1983) y a habité peut-être

pendant deux ans, mais sa femme

ne s’y plaisait pas et il est reparti.

Le Kempferhof était sous bail

emphytéotique pour 90 ans ; c’est

Michel de Hédouville, prêtre et chanoine

à Nancy (1915-2006), qui était

chargé des négociations.

Mon père était considéré comme

le fils de Jules de Dartein, lui et ma

tante Anne Marie n’avaient pas

d’enfants.

cupait du domaine en même temps

que de la ferme de Mulhausen. En

1945, la maison de Mulhausen a

été bombardée, et c’est pour cela

que nous sommes venus habiter au

Kempferhof. Comme c’est mon père

qui s’occupait des forêts et des terres

de Plobsheim, son cousin Joseph de

Dartein et sa cousine Françoise de

Hédouville l’ont invité à habiter au

Kempferhof, comme c’est aussi lui

qui s’en occupait. Le Kempferhof

était sous bail pendant presque

90 ans. Pendant la guerre, c’est le

directeur de la Sucrerie d’Erstein,

Gunstett, qui y a habité. Lorsqu’il est

reparti, il avait emporté quasiment

tous les meubles. J’ai habité pendant

cinq ans au Kempferhof et avant,

c’était mon père qui s’occupait de

toute la forêt, de la propriété et de

ses dix ânes. Je n’ai pas connu le bâtisseur,

Jules de Dartein qui est mort

lorsque j’avais deux ans. Il est monté

sur une échelle pour cueillir des cerises,

il est tombé et s’est cassé le col

du fémur ; il est mort quelque temps

après, en 1928. Plobsheim a toujours

été pour moi un paradis.

Nous sommes arrivés au Kempferhof

le 25 septembre 1945. Le 30 novembre,

jour de la Saint-André, mon

père est allé sur la tombe de son

jeune frère qui était mort le jour de

notre déménagement. À son retour,

par un brouillard épouvantable, il

s’est dirigé à pied vers le Kempferhof,

et après le restaurant du Moulin, en

passant près du Mühlgiessen, il est

passé à côté du pont, est tombé et

s’est noyé dans la rivière. Il faisait

- 10° et on l’a retrouvé une semaine

plus tard.

Mon père était enterré à la chapelle

du Kempferhof de 1945 à 1976. C’est

moi qui l’ai fait enlever pour le transférer

au cimetière de Plobsheim, à

la demande de ma mère, à son côté

(Marie-Louise de Baillon, 1892-1976),

puisqu’il n’y avait plus de place au

Kempferhof.

La suite de l’histoire

du Kempferhof

Après le décès de son bâtisseur

en 1928, le Kempferhof resta vide

pendant un certain temps. De 1934

à 1935, seule habitait au Kempferhof

la famille de Louis Koller, l’ancien

cocher de Jules de Dartein. Née deux

ans après Jules, sa sœur Marie avait

épousé le baron Charles de Gail,

originaire de Mulhausen (près de

Pfaffenhoffen), où ils possédaient

un domaine fermier, et déjà du

vivant de Jules de Dartein, leur fils,

Henri de Gail, venait régulièrement à

Plobsheim pour gérer le Kempferhof,

en collaboration avec Louis Koller.

Jules et son frère Henri avaient la

propriété ensemble, de même que

les terres au-delà des Sept Écluses, la

Schafsteg. Plus tard, Jules de Dartein

avait tout repris à son compte.

C’est la famille de Hédouville, mes

cousins, qui a conclu le bail avec la

société qui a fait le golf. Après la

mort de Jules de Dartein en 1928, le

Kempferhof n’était pratiquement

pas habité. C’est mon père qui s’octé

de Félix de Dartein. Il la revendit

en 1898 pour financer l’achat du

Rauschenbourg, situé sur la commune

d’Ingwiller. Maurice Barthélemy

et Cécile de Gail s’installèrent

ensuite près de Dieuze, au château

d’Alteville. On comprend donc que

Jean Barthélemy (1903-1983), un de

leurs fils, ait poursuivi la tradition

familiale d’exploitant forestier et

agricole : il habita quelques années

au Kempferhof pour en gérer le

domaine forestier. Au moment de

la Seconde Guerre mondiale, la

propriété fut réquisitionnée par les

Allemands et habitée par Gunstett,

le directeur de la Sucrerie d’Erstein.

Il y fit installer le chauffage central,

mais repartit outre-Rhin dès 1945…

non sans s’être servi en mobilier

provenant du Kempferhof.

Pendant le conflit, la maison des Gail

à Mulhausen fut très endommagée ;

en attendant sa remise en état, la

famille d’Henri de Gail vint s’installer

au Kempferhof. Mais le 30 novembre

1945, en regagnant le Kempferhof à

pied et de nuit, Henri de Gail passa

à côté du pont du Mühlgiessen, y

tomba par un épais brouillard et se

noya. Retrouvé une semaine plus

tard seulement, il fut inhumé dans

la chapelle du Kempferhof. Il fut

transféré plus tard au cimetière du

village.

François Régis de Gail, son fils,

continua à habiter au Kempferhof

pendant cinq ans avant d’acheter

une maison dans le village.

En 1948, Jeanne Koller (fille de Louis

Koller, décédé en 1969) épousa Paul

Sprauel, originaire d’Eschau, et le

couple s’installa dans le logement

de fonction à l’entrée de la partie

habitation du Kempferhof.

134 HISTOIRE Chapitre Vii HISTOIRE Chapitre Vii 135



Claude Bieth, créateur du

golf du Kempferhof, raconte :

Je suis arrivé au Kempferhof comme

locataire de la maison en juillet 1977 ;

j’ai encore le bail que j’avais signé

avec le curé de Hédouville. J’y ai

habité une douzaine d’années avant

de racheter la propriété qui était à

vendre.

Claude Bieth

(coll. particulière)

Chapitre VIII

1990 :

Le renouveau du Kempferhof

et la création du golf

À l’époque, je venais de créer une

société qui s’occupait de génétique

en collaboration avec un laboratoire

de la faculté de médecine, et

ils m’avaient logé, avec les gens

que j’avais embauchés à Illkirch, en

attendant qu’on me construise un

bâtiment sur le Parc d’Innovation

d’Illkirch. Le sénateur Daniel Hoeffel

dirigeait le Parc d’Innovation et il

voulait absolument que j’installe

mes laboratoires là-bas. Mais cela

traînait en longueur et j’ai demandé

à mon agent immobilier, qui était un

ami, de se renseigner auprès de la

famille héritière de Jules de Dartein

(les Hédouville, qui me louaient la

maison au Kempferhof), s’ils ne

voulaient pas me vendre un peu de

terrain : ainsi, je pourrais construire

mes laboratoires au Kempferhof et

loger mon personnel.

Finalement la famille était disposée

à vendre, non pas une partie, mais

l’ensemble du Kempferhof. Un peu

surpris, j’ai répondu que toute la propriété

pour moi, c’était un peu trop !

Je ne voulais pas m’embêter avec les

agriculteurs, les fermages et tout

cela, et on a laissé tomber.

Mais une idée a commencé à germer

dans mon esprit. Un ami qui était

golfeur me dit : « Mais il faut faire un

golf ! Dans la région, il n’y a que le

golf de Strasbourg et il y a une liste

d’attente très longue. Ne t’en fais

pas, pour le financement, tu trouveras

facilement ».

et acheté le domaine du Kempferhof

avec un groupe de partenaires : je

possédais 50 % des parts.

J’ai alors commencé à me renseigner

sur les golfs et les meilleurs architectes.

Comme j’avais une filiale aux

États-Unis, j’y allais souvent ; c’est le

pays des golfs, et c’est là que j’ai rencontré

le fameux Robert Van Hagge,

architecte américain, qui est tombé

amoureux du site. Il avait déjà réalisé

plusieurs golfs en France, notamment

le golf Les Bordes du baron

Bich près d’Orléans. Je l’ai rencontré,

on a sympathisé, et Van Hagge

m’avait fait un prix très intéressant :

il cherchait une tête de pont pour

aller travailler en Allemagne où il y

avait de gros projets de golf qui ne

se réalisèrent pas au final.

Donc, le Kempferhof, on l’a fait ! Et

puis, c’est devenu un parcours qui a

acquis ses lettres de noblesse dans

le monde du golf en Europe.

En 2014, mes partenaires ont vendu

leurs parts à M. Bindschedler, PDG

de Soprema. En 2015, je lui ai également

cédé mes parts.

Aujourd’hui, c’est avec un grand

intérêt que je suis les activités de

la famille Mack à Plobsheim. C’est

par le biais du Kempferhof que j’ai

fait la connaissance de Roland et

Michael Mack, que j’admire beaucoup.

Nous avons par exemple

organisé ensemble un tournoi de

golf avec des sportifs renommés

et des spectacles. Ce succès est

surtout dû à l’environnement de la

famille Mack et à l’efficacité de leurs

collaborateurs. La nouvelle implantation

de la famille Mack à proximité

du Kempferhof est de mon point de

vue une grande chance. Je souhaite

de tout cœur à la famille Mack la

bienvenue ainsi qu’un grand succès

entrepreneurial.

L’architecte

Robert Van

Hagge lors de la

création du golf

(photo Claude

Bieth)

En 1990, c’est par l’intermédiaire de

Christian Christophe, agent immobilier

représentant les intérêts de la famille

de Hédouville, que j’ai négocié

136 HISTOIRE Chapitre Viii

HISTOIRE

Chapitre Viii

137



2018 : le Kempferhof,

aujourd’hui et demain

Charles Bindschedler,

responsable du golf raconte :

En 1908, mon arrière-arrièregrand-père

Charles Geisen fonda la

société de produits et revêtements

d’étanchéité Mammouth qui devint

par la suite Soprema. Pourquoi

Mammouth ? Dans la même année,

en 1908, on a trouvé en Sibérie un

mammouth parfaitement conservé

dans du bitume.

En 1992, mon père a racheté la

Soprema à son grand-père et 26 ans

plus tard la société réalise presque

3 milliards de chiffre d’affaire avec

plus de 7 000 salariés avec des implantations

industrielles et commerciales

dans de nombreux pays.

En 1995, mon père tombe sous le

charme du Kempferhof ; il y voit un

intérêt certain : il y a un hôtel pour

loger ses collaborateurs et ses clients

venus des quatre coins du monde, il

y a trois salles de séminaires et tout

cela à 10 minutes du siège de Soprema

et dans un cadre exceptionnel.

C’est aussi en 1995 que Pierre

Etienne Bindschedler devint membre

du Kempferhof et entama des

négociations avec le propriétaire de

l’époque, Claude Bieth. Nous l’avons

racheté en 2015. Par rapport à ce

qu’il y avait avant, nous laissons la

barrière ouverte en permanence,

l’accès doit rester ouvert à tous.

Le Kempferhof, c’était déjà un parcours

magnifique, mais nous avons

investi plus de 2 millions d’euros.

Pour l’arrosage, nous sommes passés

de 400 à 1 200 arroseurs, en 9 mois

plus de 60 km de tuyaux ont été

enterrés sous le Kempferhof ! Toutes

les anciennes conduites d’eau ont

été déviées. Au niveau du parcours,

on a énormément élagué pour

permettre au soleil de percer et on

va replanter de nouvelles essences

(érables, bouleaux, etc.). Nous avons

ouvert le restaurant toute l’année

alors qu’avant, c’était ouvert trois,

quatre mois, juste pour la saison.

Nous avons aussi trois salles de

séminaire ouvertes toute l’année, un

hôtel de 26 chambres ouvert également

toute l’année.

Des technologies venues des

États-Unis

Afin de pouvoir jouer au golf toute

l’année, nous allons construire un

nouveau bâtiment qui aura environ

300 m 2 , les ouvertures du practice

seront harmonisées avec les autres

bâtiments. Au Kempferhof, il y a

quelque chose de merveilleux :

ce sont toutes ces ouvertures

arrondies, portes, fenêtres. Dans la

réalisation de ce nouveau bâtiment,

je souhaite réellement qu’il y ait une

harmonisation de l’architecture au

sein de notre propriété.

Dans ce bâtiment il y aura des

plaques de force au sol avec des traceurs

de balles, des capteurs 3D sur

le corps, des caméras pour analyser

les swings. On pourra reproduire

le Kempferhof en simulateur 3D, et

avec la qualité des images, on pourra

s’y croire ; malheureusement, on

marchera sur de l’herbe synthétique.

Il y aura un matelas pneumatique

qui fera bouger les pentes avec des

vérins et avec toute cette technologie,

on pourra savoir par exemple

Charles Bindschedler

L’architecte Robert Van Hagge (1927-

2010) a laissé lui aussi ses imprespourquoi

vous avez raté votre coup.

Avec beaucoup d’entraînement

bien sûr, vous obtiendrez un swing

parfait. Il y aura également un petit

parcours de 3 trous pour l’entraînement

qui sera ouvert à tous et

on va intégrer tout cela dans cette

académie.

Vers une académie de golf

Sur le long terme, on voudrait

créer une université pour former

de nouveaux professeurs de golf

et pour former également de

nouveaux jardiniers. Il n’y a pas

beaucoup d’écoles qui forment

dans ce domaine. Moi, ce que je leur

propose, c’est d’avoir un diplôme de

professeur de golf, et à côté de cela

qu’ils puissent s’entraîner pour des

compétitions. Donc il y aura un petit

internat intégré dans une structure

du golf. On a l’intention de faire

rentrer le Kempferhof dans un projet

sportif. Le golf, c’est comme le foot :

il y a des équipes et des clubs et on

joue pour son classement. Donc,

depuis six mois, nous sommes en

train de monter une académie pour

former les bons joueurs. On a aussi

fait venir un nouveau responsable

sportif, Laurent Cabale, qui est le

coach du n° 1 français ; avec Laurent,

nous allons rentrer dans tout ce qui

est enseignement technologique.

On a créé une équipe élite amateur

qui va représenter le Kempferhof.

Dans un championnat de golf, il y a

4 divisions pour les hommes et une

promotion. Alors, on va commencer

en promotion et mon rêve est

d’arriver en championnat de France

ligue 1 et peut-être même gagner

le championnat de France d’ici cinq

ans, pourquoi pas ? Moi, je veux

plutôt former de jeunes joueurs qui

auront un fort sentiment d’appartenance

au Kempferhof.

Des projets de développement

hôtelier

On a prévu des travaux sur l’aile

moderne du château : cette enfilade

de chambres d’hôtel peu gracieuse

sera rasée pour prendre le style du

château en reprenant ces briques

et ces voûtes aux ouvertures ; par

contre, il y aura des toits plats, mais

végétalisés et un spa sera intégré

dans ce bâtiment.

Nous voulons faire du Kempferhof

un hôtel 5 étoiles. Dans le château,

pour être aux normes, il nous faut

un ascenseur ; le problème est de

trouver l’endroit le plus approprié

sans toucher aux installations les

plus sensibles patrimonialement

comme l’escalier en bois, la tour ou

bien la « grande chambre ». Dans les

chambres, la décoration intérieure

sera refaite.

Développement durable

On est en train de voir pour ouvrir le

golf aux enfants de manière gratuite

peut-être deux, trois fois par an pour

des initiations. Au niveau de l’emploi,

on est passé de 20 à 40 employés.

Au niveau de l’agriculture, on recycle

l’eau, notre circuit d’arrosage

est presque en circuit fermé. On

réintroduit des espèces comme des

canards, des cygnes, etc.

Pour le golf, on veut être parmi les

plus beaux golfs d’Europe et être

parmi l’élite du golf européen. On

a fait venir un des meilleurs coachs

au niveau français, voire européen,

les meilleurs joueurs viendront s’entraîner

ici, on va créer de l’activité

et le Kempferhof sera au centre du

monde golfique.

Entre hier et demain

Redonnons la parole à Jules de

Dartein, qui a laissé, quelques

mois avant sa mort, des consignes

précises quant à l’entretien des bois

entourant sa maison :

« Pour les domaines forestiers

spécialement, il est indispensable

que le futur propriétaire apprenne à

connaître, à aimer et à gérer la forêt

et les terres qui lui sont destinées ; il

faut une connaissance intime entre

un propriétaire et ses champs et

tous les arbres (fruitiers et forestiers).

Ne confondons pas propriétés

et marchands de biens : ces derniers

ne sont pas dignes d’être appelés

propriétaires.

Un vrai propriétaire a, devant Dieu,

des droits mais aussi des devoirs à

l’égard de ses aides, de ses voisins et

de la société. Il faut connaître cela et

y penser sa vie durant, mais il faut

connaître parfaitement et aimer

ce que l’on doit gérer pour le bien

véritable de tous ».

sions devant le site du Kempferhof

dont il allait faire un golf :

« Je fus immédiatement frappé par

la sensation de mystère, l’ambiance

particulière que dégageait cette propriété.

Brouillard et brume s’étaient

abattus sur les champs et les bois

qui s’étendaient et se confondaient

au loin, offrant à la vue un paysage

composite. J’étais enivré par cette

atmosphère éthérée qui me rappelait

tous ces paysages fabuleux des

régions côtières des États-Unis, sur

les îles de Géorgie et des Carolines,

ou encore certains terrains de golf

absolument magnifiques, situés

en Écosse, au bord de l’océan. J’ai

compris qu’il était de notre ressort

d’en faire un chef-d’œuvre qui soit

reconnu et apprécié dans l’Europe

tout entière ».

Jules de Dartein apprécierait-il que

« l’Europe tout entière » vienne jouer

au golf chez lui ? Cela l’amuserait incontestablement,

et nul doute qu’il

serait heureux de voir sa fantastique

maison et sa propriété sauvées,

entretenues et aimées.

138 HISTOIRE Chapitre Viii HISTOIRE Chapitre Viii

139



Remerciements

(par ordre alphabétique)

Lina Bapst

Elle m’a transmis les précieux

souvenirs qu’elle avait gardés des

discussions de nos grands-parents, le

soir sur le banc devant leur maison,

quand ils parlaient du Kempferhof.

C’est Lina qui possède la photo

de Jules et Henri de Dartein assis

devant Georges Fuchs, notre arrièregrand-père

commun, ainsi que le

diplôme d’honneur qu’il avait reçu.

Claude Bieth

Locataire de la maison du Kempferhof

pendant une douzaine d’années

avant d’acheter et de créer le golf

du Kempferhof, il a bien voulu me

raconter la genèse de la transformation

du domaine de Jules de

Dartein en l’un des plus beaux golfs

d’Europe.

Charles Bindschedler

Nouveau responsable du Kempferhof,

il m’a relaté les changements

qui ont déjà été apportés au

domaine, ainsi que les projets et innovations

qui le seront encore pour

les prochains temps. Grâce à lui, j’ai

eu libre accès, en véritable privilégié,

à toutes les pièces de la maison, du

château et de la chapelle.

Angélique Dubuisson-Escande

Arrière-arrière-petite-fille d’Henri de

Dartein, c’est elle qui m’a aimablement

envoyé, en avril 2017, plusieurs

documents dactylographiés par son

père, l’historien Jean N. D. Escande,

qui n’avait pas pu me les faire parvenir

en raison de sa santé défaillante.

Arnaud de Gail

En 2012, il m’a reçu à son domicile

pour me parler de la famille de Gail,

alliée aux Dartein, et m’a communiqué

les portraits de ses grands-parents

paternels Charles Antoine de

Gail et Marie Adélaïde de Dartein,

son épouse.

François-Régis de Gail

Il m’a accueilli chez lui à Strasbourg-Meinau

le 18 décembre 2012

pour me livrer les souvenirs qu’il

avait de ses parents et du Kempferhof,

et m’avait autorisé à l’enregistrer

avec un dictaphone. J’avais été

touché de son prêt des médaillons

représentant Charles Mathieu

Sylvestre de Dartein et Françoise

Rosalie de Salomon que j’ai ainsi pu

photographier.

Jean-Paul Heiser

Président du Conseil de fabrique

de Plobsheim à l’époque de mes

recherches, il m’a donné accès à la

consultation des archives catholiques,

ce qui m’a permis de consulter

le livre terrier de 1688/1689 et de

connaître les projets d’une nouvelle

église que Jules de Dartein voulait

faire construire.

Richard Hirschner

Directeur général de Super U « Les

Halles d’Eschau », il me soutient

de manière indéfectible depuis des

années.

Ernest Huber

Il m’a apporté de nombreux renseignements

sur Antoine Huber,

son arrière-grand-père, qui a été le

gérant du domaine du Kempferhof

et le cocher de Jules de Dartein

jusqu’en 1898, année de son décès.

Son grand-père, Toni Huber, a grandi

au Kempferhof au 19 e siècle avec ses

frères et sœurs.

Michel Schreiber

La rencontre avec Michel Schreiber

a été pour moi décisive en ce qui

concerne le livre sur le Kempferhof.

Ce sont ses encouragements qui

m’ont décidé à écrire cette histoire. Il

travaille depuis plus de trois ans sur

la biographie de la famille Dartein et

prépare un livre important à ce sujet.

Intéressé par cette famille depuis

longtemps, Michel m’a fait bénéficier

de sa science généalogique

et m’a communiqué de nombreux

détails historiques ainsi que des illustrations

inédites dont a bénéficié

cet ouvrage, et qui sont aujourd’hui

conservées par plusieurs descen-

dants de Jean Baptiste de Dartein,

venu s’installer en Alsace au début

des années 1760.

À tous, j’exprime mes très sincères

remerciements.

L’auteur : René Deiber

Artisan maître-sculpteur sur bois

ornemaniste à Plobsheim, M.O.F.

(Meilleur Ouvrier de France) en

1965, j’ai formé une demi-douzaine

de jeunes au métier. Je suis retraité

depuis 2000.

Je suis président d’honneur de la

corporation des sculpteurs sur bois

du Bas-Rhin, président d’honneur de

la F.R.E.M.A.A. (Fédération RÉgionale

des Métiers d’Art d’Alsace) et je fus

expert judiciaire en ébénisterie près

la Cour d’Appel de Colmar de 1997 à

2009.

Passionné d’histoire locale, j’ai suivi

pendant six saisons des cours de

paléographie allemande afin de

pouvoir consulter les anciens textes

allemands des archives. En 2002, j’ai

créé l’association pour le patrimoine

Le Giessen de Plobsheim, qui comptait

200 membres à l’époque de ma

démission en 2015.

140 HISTOIRE Chapitre Viii

HISTOIRE Chapitre Viii 141



MENTIONS LÉGALES

ÉDITEUR :

Mack One France, Michael Mack

Idee :

Michael Mack, Dr. Moritz Feninger

CRÉATION / CONCEPT / DESIGN :

Matthias Lange, Sabine Ostholt, Horst Koppelstätter

RÉDACTION / AUTEURS / RELECTURE :

Horst Koppelstätter (directeur de rédaction),

Christoph Ertz, Stefan Tolksdorf

La famille Mack lors de la fête de fin de travaux du nouveau site d'innovation Mack One France à Plobsheim en Alsace.

PRODUCTEUR :

Koppelstätter Media GmbH, Bergstraße 38,

76547 Sinzheim / Baden-Baden - Allemagne

www.koppelstaetter-media.de

COORDINATION :

Beate Zehe

AUTEUR PARTIE HISTORIQUE :

René Deiber

IMPRESSION :

www.bk-offset.de

NOUS PARTAGEONS NON SEULEMENT LE RHIN,

MAIS AUSSI ET SURTOUT UNE MERVEILLEUSE AMITIÉ.

LE TANDEM FRANCO-ALLEMAND EST

INDISPENSABLE POUR ASSURER UN

AVENIR SEREIN À L’EUROPE.

michael mack

CONSUL HONORAIRE DE FRANCE POUR FRIBOURG ET TÜBINGEN

PHotos :

Mack One France, Koppelstätter Media, Plobsheim,

shutterstock_Frederic Legrand – COMEO, Kempferhof

France, Vincent Muller, Michael Bode, MackNext

GmbH & Co. KG, Jacky LEY, Eric Tran-Quang, seven_

elephants, Filmakademie-Baden-Wuerttemberg_Roland_Moench,

HaasimStudio.de, Stefan Strumbel/

Stefan Armbruster, Pascal Bastien, Jérôme Dorkel,

AMBER BLAKE 2022 © MackNeXT, Station F, Patrick

Tourneboeuf, Lucquet architectes associes, David

Haffen / La Fémis

DROITS D’IMAGES PARTIE HISTORIQUE :

Mack One France

TRADUCTION FR :

Aurélien Albrecht, Marie Holder

Albrecht Translation Services

68000 Colmar

Tous les droits relevant de la conception et du

contenu (à l’exception de la partie historique) sont

détenus par Koppelstätter Media GmbH.



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