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amitié
freundschaft
HISTOIRE ET VISIONS AUTOUR DE
PLOBSHEIM ET DU KEMPFERHOF
Chères lectrices, chers lecteurs,
amitié
FREUNDSCHAFT
Les relations entre Français et Allemands ont longtemps été teintées de
haine et de discorde. Au 19e siècle, on a même fini par parler d’une « inimitié
héréditaire », comme si cette situation était vouée à perdurer éternellement.
Les conséquences furent dévastatrices pour les deux camps : les troupes
de Napoléon vinrent envahir l’Allemagne au début du 19 e siècle, puis les
Allemands annexèrent à leur tour l’Alsace et la Lorraine suite à la guerre de
1870/71. L’« inimitié héréditaire » fut en fin de compte l’une des raisons qui
mena aux catastrophes de la première et de la seconde guerre mondiale.
Il y a 60 ans, le 22 janvier 1963, le Traité de l’Élysée était signé entre la
République fédérale d’Allemagne et la République française pour marquer la
réconciliation des deux anciens ennemis héréditaires. Depuis, nos pays sont
liés par une solide amitié. Mais il nous faut constamment raviver la flamme de
cette amitié qui a été initiée à l’époque par le Chancelier Konrad Adenauer et le
Président de la République Charles de Gaulle, afin que jamais elle ne s’éteigne.
La région du Rhin supérieur recèle un gigantesque potentiel en ce sens, un
potentiel profitable à toute la population de part et d’autre de la frontière. Mon
grand-père Franz Mack a traversé le Rhin à la nage pour enfin rentrer chez lui,
après avoir connu la guerre et la captivité. Pourtant, jamais on ne prononça une
seule parole désobligeante à l’encontre de nos voisins de l’autre côté du fleuve
au sein de notre famille. Plus tard, après la fondation d’Europa-Park en 1975, les
Français devinrent des piliers essentiels de notre entreprise familiale, aussi bien
par le biais des nombreux collaborateurs français que par celui des millions de
visiteurs venus de France.
HISTOIRE ET VISIONS AUTOUR DE
PLOBSHEim ET DU KEMPFERHOF
Avec l’implantation d’un centre de développement multimédia à Plobsheim,
à proximité de Strasbourg, nous entamons désormais un nouveau chapitre.
Pour la première fois, notre famille a fondé un établissement en dehors de
l’Allemagne. La créativité se doit d’être dépourvue de frontières, tout comme
l’amitié franco-allemande d’ailleurs. La France est une source d’inspiration pour
nous. À Plobsheim, le savoir-vivre et la créativité française viendront s’allier
à merveille à la minutie allemande. Le présent ouvrage vient créer des ponts
entre le passé et l’avenir, entre la France et l’Allemagne, mais aussi entre les
idées et les relations qui ont toujours existé par-delà le Rhin, et qui perdureront
certainement à jamais.
Je vous souhaite une lecture à la fois inspirante et captivante.
michael MAck
1
L’histOire DU KemPFerhOF
MAGistral
Michael Mack
4
42 RENCONtre
Thomas Schadt
SOMMAIRE
AMITIÉ
Emmanuel Macron
ÉCriN DE VerDure
Entretien avec Pierre-Etienne Bindschedler
et Michael Mack
À LA CONQUÊte DE NOUVeauX HOriZONS
Transition numérique
UN DOmaiNE VINICOle EUROPÉEN
Ollwiller en Alsace
LE TANDEM FRANCO-ALLEMAND
Brigitte Klinkert
hollywOOD À Rust
Luc Besson
chaNCe
Michèle Leckler
L’eurOPE DU CINÉma
Fabian Gasmia
TECHNOLOGIE ET BONNES HISTOIRES
Pierre-Yves Jourdain
8
10
18
26
30
32
36
38
40
44 the oscar goes to
Gerd Nefzer
46 LE Plaisir DU GOLF POur TOus
Maylis Lamoure
48 POrte-BONheur
Jade Lagardère
54 USINE À RÊVes
La « Station F » à Paris
56 IMAGINatiON SANS FRONtières
Raymond E. Waydelich
58 ahoi heimat
Stefan Strumbel
60 AU FÉMININ
Pia Imbs et Jeanne Barseghian
64 AMBassaDriCE
Laurette Lourenço-Siefert
66 début
Mack One France
70 Chapitre I
Le village
Le premier château de plaine
Maria zur Aych – « Notre-Dame du Chêne »
Le second château
74 Chapitre II
Vers le changement de seigneurie
78 Chapitre III
La famille Dartein en Alsace
92 Chapitre IV
Le domaine devient le « Kempferhof »
98 Chapitre V
Les constructions au Kempferhof
124 Chapitre VI
La « maison de Dartein » et la « maison de Gail »
130 Chapitre Vii
Témoignages de la famille
136 Chapitre VIII
1990 : Le renouveau du Kempferhof
et la création du golf
2
3
MAGISTRAL
D
epuis 2018, Michael Mack exerce les fonctions de Consul Honoraire de
France à Fribourg-en-Brisgau et Tübingen, et se consacre à la consolidation
de l’amitié franco-allemande. Tradition, jeunesse, numérisation et
avenir sont les aspects primordiaux à ses yeux dans ce cadre. « Mon attention
se focalise avant tout sur la promotion de projets, d’innovations
et d’initiatives transfrontalières », annonçait l’associé-gérant d’Europa-Park en 2018,
et entre-temps, force est de constater qu’il a tenu parole, tant sur le plan pratique
qu’entrepreneurial. Dans la commune alsacienne de Plobsheim, à proximité de Strasbourg,
il a implanté un pôle dédié à la création, qui constitue la première filiale de
la famille Mack, propriétaire d’Europa-Park, à être située en dehors de l’Allemagne.
Dans cet entretien, Michael Mack en révèle les contours et les objectifs.
Mack One France est le laboratoire créatif de la famille Mack qui se développe
actuellement à Plobsheim. Que va-t-on générer ici ? Et y a-t-il de nouvelles étapes
prévues pour les prochaines années ?
Michael Mack — L’entreprise Mack One France, récemment fondée à Plobsheim en Alsace,
nous permet de regrouper aussi bien toutes les activités marketing et commerciales
pour le marché français qu’une partie des activités technologiques innovantes
de Mack Interactive au sein de son campus d’innovation. En raison de sa position stratégique,
Plobsheim nous permet d’établir un accès proximal aux talents de l’écosystème
d’innovation français. La commune est située à environ dix kilomètres au sud
de Strasbourg, qui dispose d’un arrêt TGV et d’un aéroport. La gare ICE d’Offenbourg
et notre site de Rust sont aussi tout proches. Notre famille fonde ici sa première filiale
en dehors de l’Allemagne.
Plobsheim permet dans le même temps d’établir une stratégie de croissance en direction
de Paris. Nous essayons par là d’élargir la zone d’attractivité de notre parc. De
plus, ce nouveau site confère un calme propice à la créativité, loin du quotidien parfois
tumultueux d’Europa-Park. Nous souhaitons étudier et développer de nouvelles
formes de divertissement. Nous sommes ouverts à toutes les innovations d’avenir.
Actuellement, nous nous focalisons par exemple sur la réalité virtuelle, VR-Coaster ou
encore Yullbe, mais aussi sur d’autres technologies. Notre équipe créative se consacre
au futur du divertissement et aux formes qu’il prendra. Il s’agit de développement,
mais aussi de recherches, pour voir ce qui fonctionne ou pas sur le marché.
La numérisation en général, les technologies de plateforme, la réalité virtuelle, la réalité
augmentée, l’intelligence artificielle et peut-être des choses dont nous ne connaissons
pas encore l’existence y jouent un rôle. À quoi ressemble le parc de loisirs du futur ?
C’est cela l’idée qui est derrière ce site de Plobsheim, à proximité de Strasbourg.
Qu’en est-il de la production de films ?
M. Mack — Naturellement, nous cherchons aussi à acquérir une meilleure compréhension
du financement cinématographique. Il faut savoir que Mack Animation à Hanovre
ou encore VR-Coaster à Kaiserslautern connaissent des difficultés à accéder
au marché français. Les films d’Holger Tappe n’ont pas été projetés en France, car il
est nécessaire de disposer d’une filiale française pour cela. Si l’on considère que le
taux de fréquentation des cinémas français était quatre fois plus important avant
michael MAck
QUEL SERA L’AVENIR DU
DIVERTISSEMENT ?
À QUOI RESSEMBLERONT
LES PARCS DE LOISIRS
DANS LES PROCHAINES
DÉCENNIES, ET QUELS
AMUSEMENTS ET
DISTRACTIONS ATTENDENT
L’HUMANITÉ DANS
LE NOUVEL UNIVERS
NUMÉRIQUE ?
VOILÀ LE GENRE DE
QUESTIONS AU CŒUR DES
ACTIVITÉS DE MACK NEXT,
UNE ENTREPRISE FONDÉE
PAR MICHAEL MACK.
4 NOUVELLE ÈRE MICHAEL MACK
NOUVELLE ÈRE MICHAEL MACK
5
SE RÉUNIR EST UN DÉBUT, RESTER
ENSEMBLE EST UN PROGRÈS, TRAVaiLLER
ENSEMBLE EST LA CLÉ DE LA RÉUSSitE
Henry Ford
la pandémie, on décèle un grand potentiel pour nous : d’un côté la coopération avec
des institutions françaises, également sur le plan du financement, et de l’autre avec
des organismes de distribution, afin d’être éventuellement en mesure de diffuser en
France le long métrage avec Ed et Edda Euromaus, que nous prévoyons de réaliser
dans le cadre du 50 e anniversaire.
Dites-nous en plus sur l’univers de la création numérique. S’agit-il là de films, de
numérisation dans les jeux vidéo, d’applications de réalité virtuelle, ou d’intelligence
artificielle ? Que fait-on dans un laboratoire créatif tourné vers l’avenir ?
M. Mack — Je crois qu’actuellement, on ne peut pas encore répondre à toutes ces
questions. Dans tous les cas, nous espérons que la proximité de Strasbourg nous
permettra d’accéder au réseau universitaire. Celui de Strasbourg n’est sans aucun
doute pas des moindres. Nous espérons que notre situation nous aidera à engranger
des talents que nous ne parvenons actuellement pas à attirer à Rust. Des talents
qui voient Rust en tant qu’entreprise de divertissement innovante. Pratiquement
tout le monde en Alsace a des souvenirs liés à Europa-Park, mais peu de personnes
connaissent les activités de Mack Animation, VR-Coaster, ou des innovations telles
qu’Eatrenalin. Ce n’est pas connu sur ce marché, et le fait d’être connu en Allemagne
ne signifie de loin pas que ce sera le cas en France. Si on établit un parallèle avec le
nombre de visiteurs, on voit clairement qu’on dénombre 20 % de Français, et 20 % de
Suisses. Vu la taille du pays et le nombre d’habitants, on se rend compte que le marché
français pourrait représenter bien plus. Il est clair que nous avons encore un gros
potentiel de développement commercial dans l’Hexagone. La proximité de la chaîne
TV Arte à Strasbourg joue aussi un rôle. Plobsheim est destiné à être un lieu permettant
de synthétiser autant que possible les innovations provenant des différentes
sociétés de la famille Mack, afin de les traiter de manière structurée. Le site doit aussi
fournir des prestations aux autres entreprises de notre groupe, où l’innovation pourrait
parfois faire défaut ou être mise de côté au quotidien.
Pourquoi mettre cela en place à Plobsheim, et pas à la maison-mère, à Europa-Park ?
M. Mack — Car c’est à la fois à l’extérieur du parc, tout en restant très proche du site
principal. Les collaborateurs de Plobsheim peuvent se rendre rapidement à Europa-Park,
et y passer du temps. Une bonne connaissance du produit à Rust est aussi
la clé du succès. Ils peuvent tout expérimenter à Rust, pas seulement les films 4D de
Mack Animation et le Magic Cinéma, mais aussi la technologie VR de Yullbe, ainsi
que Coastiality dans les attractions du parc. Les produits peuvent être pleinement
expérimentés, c’est notre banc d’essai : c’est ça, Europa-Park à l’heure des nouvelles
technologies. Il est essentiel de capter cette tendance au sein de notre parc de loisirs.
Il faut ajouter à cela le panachage linguistique entre le français et l’allemand, entre
une langue alémanique et une langue romane. À côté de la Suisse ou du Canada,
c’est ici l’une des rares régions dans le monde ou une langue anglo-saxonne / alémanique
côtoie de près une langue romane. Ce mélange linguistique et culturel offre
aussi nombre d’opportunités.
Dans cette mesure, c’est non seulement un cocktail parfait entre créativité et proximité
avec la maison-mère, mais cela ouvre aussi de nouveaux horizons, tant sur le
plan des potentielles ressources humaines issues de l’Université de Strasbourg que
celui du marché français en général.
Quel rôle joue ce pont entrepreneurial établi entre la France et l’Allemagne, aussi bien
du point de vue économique que pour la consolidation de l’idée européenne ?
M. Mack — Il joue un rôle essentiel, il est très important de se réunir et d’ajuster les
choses ensemble. Je répondrai avec un proverbe : « Se réunir est un début, rester ensemble
est un progrès, travailler ensemble est la clé de la réussite ». C’est une citation
d’Henry Ford. Elle résume parfaitement la situation.
Dans le même temps, on assiste à la création et à l’expansion d’un nouvel espace, où le
Rhin a depuis longtemps cessé d’être une frontière et où les échanges s’accentuent.
M. Mack — Pendant de nombreuses années, en tant que Badois, nous avons plus profité
de ce que l’Alsace et les Alsaciens avaient à offrir que l’inverse. De ce fait, il est
grand temps de rendre la pareille à cette région.
En amont du projet, beaucoup de voix critiques se sont élevées par rapport à l’implantation
de Mack One à Plobsheim. Comment les intérêts environnementaux ont-ils été
pris en compte dans le cadre de ce projet ?
M. Mack — À l’ère des réseaux sociaux, ce genre de voix a une résonnance amplifiée.
Mais nous avons non seulement impliqué le Conseil de l’Eurométropole, mais aussi
deux mairesses et deux maires autour de Strasbourg dans la conception du projet.
Nous avons fait tout notre possible, comme par exemple réaliser une étude environnementale
détaillée de plus de 900 pages. Il n’y a eu aucune contestation ou recours.
Cela montre bien que nous avons fait tout ce qu’il fallait pour travailler de manière
durable. Ainsi, on entend un tout autre son de cloche quand on discute avec les fédérations
régionales, les maires, ou encore les habitants de Plobsheim, par rapport à
celui relayé par ces voix critiques dans le cadre d’une petite manifestation. Les Alsaciens
sont, pour autant que je sache, très heureux que nous venions nous implanter
chez eux.
Le thème de la durabilité ne se réduit pas à un simple sceau ou label que l’on exhiberait,
mais s’applique aussi concrètement avec la Famille Mack. On le voit ici par
exemple avec une large utilisation du bois pour la construction du bâtiment, et une
intégration optimale de l’ensemble dans le paysage et la nature.
M. Mack — À Europa-Park, nous essayons aussi d’adopter une orientation durable.
Nous voulons que les générations futures puissent continuer à s’amuser comme les
générations actuelles.
En outre, nous avons trouvé une bonne méthode, et nous planifions de manière à
rendre possible une éventuelle expansion à Plobsheim, selon le succès que nous allons
rencontrer. Les opportunités sont là. Mais nous avancerons pas à pas, car c’est
également ainsi que nous avons procédé pour Europa-Park.
La proximité du réseau de transport français d’une part, et du réseau allemand d’autre
part, est également un atout majeur en faveur de Plobsheim.
M. Mack — On est à dix minutes de l’aéroport d’Entzheim, à 20 minutes de la gare TGV.
Plobsheim est ainsi à deux heures de Paris. Mais c’est effectivement parfait pour l’Allemagne
également. On est à 20 minutes de l’ICE, à Offenbourg. Plobsheim bénéficie
d’une situation idéale.
yULLBE
6
NOUVELLE ÈRE
MICHAEL MACK
NOUVELLE ÈRE
MICHAEL MACK
7
NOus AIMONS NOS Patries ET NOus AIMONS L’eurOPE
amitié
emmanuel MACRON
L
’Europe a besoin de l’amitié franco-allemande.
Emmanuel Macron réaffirme constamment
cette conviction depuis qu’il est devenu, à 39
ans en 2017, le plus jeune Président français
de tous les temps à poser ses valises à l’Élysée.
« Nous portons l’ambition commune d’une Europe plus
forte, plus souveraine, plus unie et plus démocratique »,
a-t-il par exemple déclaré lors de sa rencontre avec le
Chancelier Olaf Scholz en mai 2022. Il s’agissait de son
premier déplacement à l’étranger suite à sa réélection.
« Nous savons que nous devrons faire face à de grands
défis, comme par exemple la transition écologique et numérique,
mais aussi l’évolution de nos sociétés. »
MIRACLE HISTORIQUE
Dès 2019, le Président français avait souligné lors de la
signature du Traité d’Aix-la-Chapelle : « Dans ce monde
et cette Europe, l’Allemagne et la France doivent assumer
leurs responsabilités et montrer la voie. » L’amour de la
patrie et l’intégration européenne ne seraient aucunement
contradictoires. « Oui, nous aimons nos patries et
nous aimons l’Europe, parce que nous savons qu’elles
sont profondément, irrémédiablement inséparables. »
Avec le Traité d’Aix-la-Chapelle en 2019, la Chancelière Angela
Merkel et le Président Emmanuel Macron ont signé un
nouveau traité franco-allemand de coopération et d’intégration,
pratiquement soixante ans après le premier traité
qui scella la réconciliation franco-allemande, le célèbre
Traité de l’Élysée signé par Konrad Adenauer et le Général
de Gaulle. Cette réconciliation, désormais actée, est aujourd’hui
« une évidence et nous sous-estimons sans doute
parfois la puissance de ce miracle historique », a affirmé
Emmanuel Macron, tout en rappelant les siècles d’Histoire
douloureuse, au cours desquels les deux pays se sont livré
des guerres sanglantes. « Les conflits entre la France et l’Allemagne
ont mis le monde à feu et à sang, et il était de notre
devoir d’y mettre un terme définitif. C’est chose faite. »
L’EUROPE COMME BOUCLIER
Mais pour le Président, c’est la base qui doit permettre
non seulement d’approfondir l’amitié franco-allemande,
mais aussi l’amitié européenne : « Notre ambition commune,
désormais, doit être que l’Europe soit le bouclier
de nos peuples contre les nouveaux tumultes du monde.
C’est notre capacité à enfin expliquer, montrer et démontrer
que l’amitié entre l’Allemagne et la France, que nos
projets communs, que notre ambition pour l’Europe est
ce qui protège vraiment et ce qui permet vraiment de
construire nos destins librement choisis dans le monde
qui s’ouvre. »
LA FAMILLE MACK EST PIONNIÈRE
Le Président de la République française a souligné à
maintes reprises l’importance capitale
des échanges et des projets communs
entre les citoyens, les familles et les
entreprises de France et d’Allemagne.
La formidable amitié franco-allemande
est avant tout le fruit de la rencontre
des peuples. Emmanuel Macron clarifie :
« Sans l’axe franco-allemand, il ne peut
y avoir d’Europe. Et il n’y a pas d’alternative
à l’Europe. » Le Président de la République
poursuit : « Pour moi, les activités
du Consul Honoraire de France Michael
Mack sont tout à fait dans l’esprit du Traité
d’Aix-la-Chapelle sur la coopération et
l’intégration franco-allemande, et bien évidemment dans
l’esprit du Traité de l’Élysée de 1963. Nous avons besoin
de projets concrets, qui viendront consolider encore plus
l’amitié franco-allemande ». L’entreprise familiale Mack,
qui exploite le plus grand parc de loisirs d’Allemagne, fait
figure de pionnière pour de tels projets transfrontaliers.
L’implantation à Plobsheim en Alsace du laboratoire créatif
international Mack One France, dédié à la production
cinématographique et au développement numérique est
un signal important en ce sens. Ici s’opérera un rapprochement
de jeunes chercheurs et développeurs de talent
venus non seulement de France et d’Allemagne, mais aussi
de nombre d’autres nations.
EMMANUEL MACRON : « COMME VOUS, JE CROIS EN
L’EUROPE »
Dans une lettre à la famille Mack, le Président Macron
renchérit : « Comme vous, je crois en l’Europe. Et ce n’est
pas là un vœu pieu, mais plutôt un appel à poursuivre
la construction difficile mais indispensable d’un modèle
dont la pertinence, mais aussi les insuffisances, ont été
soulignées à plusieurs reprises ces dernières années. Le
projet européen n’est pas parachevé. Nous devons continuer
à avancer vers l’Europe de demain, une Europe plus
proche des citoyens, plus agile, plus coopérative, plus performante
et plus confiante dans sa capacité à relever les
défis du 21 e siècle. »
8 NOUVELLE ÈRE amitié
NOUVELLE ÈRE amitié
9
ÉCRIN DE
VERDURE
Le Kempferhof en Alsace fait partie des
plus beaux terrains de golf d’Europe.
J’adore les montagnes suisses. J’ai une petite station de ski, où Michael est déjà venu
me rendre visite avec sa femme et ses enfants. Quand j’étais petit, la commune làbas
offrait la même possibilité aux enfants. On pouvait skier, tout en étant encadré
par des moniteurs. Le sport nous a donné l’opportunité non seulement de garder la
forme, mais aussi de développer d’autres qualités comme le courage, le fairplay, le
respect, qui sont indispensables pour la vie en société. Et c’est cela que nous voulons
proposer aux enfants de Plobsheim avec notre offre d’accès au golf.
Il est donc très important
pour vous d’apporter votre
contribution à la société ?
P.E. Bindschedler — Oui, et il y a un autre aspect qui s’ajoute à cela : plus Strasbourg est
réputée, plus cela est valorisant pour les entreprises ici. Aussi sur le plan du recrutement.
Il faut que nous soyons attrayants pour les jeunes. Pour nos partenaires, la
valorisation de la localité est aussi essentielle. En 1840 / 1850, la cathédrale de Strasbourg
était le plus haut bâtiment du monde. En outre, l’université de Strasbourg était
très célèbre en Europe, à une époque où l’Europe dominait le monde. Avec tout cela,
on peut dire que nous avons une base de départ plutôt extraordinaire.
Quels sont les liens entre
les familles Mack et
Bindschedler ? Et les points
communs ?
Michael Mack — Pour commencer, nous sommes tous deux entrepreneurs, avec le
même esprit et la même manière d’aborder notre responsabilité envers nos collaborateurs.
Nous agissons tous deux aussi bien sur le plan régional qu’international.
Nous sommes très liés à notre région. En outre, nous avons anniversaire le même jour.
Quel est l’importance de
Strasbourg pour votre entreprise
Soprema ?
Et qu’en est-il du
Kempferhof ?
L
e Kempferhof Golf Resort, propriété de Pierre-Etienne Bindschedler, fait
partie des plus beaux terrains de golf d’Europe. Situé à quelques kilomètres
de Strasbourg, et à proximité du campus d’innovation de Mack One France,
il est largement plébiscité. Actuellement, le Golf Resort et le Château-Hôtel
attenant sont en cours d’extension et de modernisation. Dans cet entretien,
Pierre-Etienne Bindschedler et Michael Mack évoquent les enjeux autour du
Kempferhof et de l’implantation de la famille Mack en Alsace, ainsi que leurs visions
pour l’avenir.
Pierre-Etienne Bindschedler — Nous sommes intimement liés à notre environnement
proche. Beaucoup d’habitants de Strasbourg travaillent chez nous, de nombreux
cadres de Soprema viennent de Strasbourg. De ce fait, on entretient automatiquement
des liens étroits avec Strasbourg. Il est nécessaire de s’intégrer à la région, et
d’apporter notre soutien à sa culture.
Le Kempferhof est à neuf minutes du siège de Soprema. C’est un terrain superbe et
unique en son genre que j’ai trouvé ici. Personnellement, je ne joue pas au golf. Michael
Mack est un grand fan de golf. Mon but est de construire un hôtel et un restaurant
au cœur de cet écrin de verdure. C’était la seule et unique raison qui m’a poussé à
investir dans le terrain de golf du Kempferhof. Je l’ai acheté alors qu’il se trouvait dans
une situation financière difficile, le terrain n’était pas bien entretenu à l’époque. À
l’avenir, nous souhaitons proposer un type de golf qui s’intégrera en parfaite harmonie
avec la commune de Plobsheim.
Nous proposons par exemple aux enfants de Plobsheim de jouer au golf quatre
heures par semaine sous la supervision d’un entraîneur, le tout pour 50 euros par an.
Je pense que c’est important, car le golf a besoin d’une relève. Qui sait, peut-être que
nous permettrons au futur champion du monde de golf d’émerger.
P.E. Bindschedler — Et c’est très dommage, car je suis toujours invité, mais je ne peux
jamais venir.
M. Mack — Et c’est évidemment le même dilemme de mon côté. Nous avons aussi la
même manière de pratiquer la poignée de main, et de nous regarder dans les yeux.
Nous entretenons la tradition de l’entreprise familiale. Nous avons une échelle de
valeurs communes, la même idée de ce qu’est le travail en famille. Quand j’ai entendu
parler la première fois de la success-story de Pierre-Etienne Bindschedler, j’ai
été époustouflé. J’ai connu Pierre-Etienne comme quelqu’un qui souhaite pouvoir
rendre quelque chose à la région. Nos femmes et enfants entretiennent aussi une
étroite amitié. Il s’agit de bien plus que de simplement engranger des bénéfices. Nous
sommes convaincus que cette complicité perdurera encore de nombreuses années
dans les générations à venir.
P.E. Bindschedler — La famille Mack m’impressionne au travers de toutes ses actions
sociales, elle fait beaucoup pour sa région, et peut être fière de ce qu’elle accomplit.
La région, Colmar, l’Alsace, bénéficient d’Europa Park. Quand j’ai grandi en Suisse, je
connaissais mieux Europa-Park que Strasbourg. C’est un parc très célèbre. Les performances
et la fierté de la famille Mack sont extraordinaires. Quand on est fier de ce
qu’on accomplit, on est beaucoup plus performant. Et ça déteint aussi sur la jeune
génération. Ceci est également essentiel dans l’industrie. Sans courage et fierté, on
n’accomplit pas grand chose. J’ai un bon exemple à citer, à propos du sport français,
c’est typique. Quand un sportif connaît le succès dans une discipline, tout le monde
essaye de lui emboîter le pas pendant dix ans dans ce sport. Puis vient un autre, et
les activités sportives des Français se réorientent. Quand Jean-Claude Killy avait du
succès, tout le monde voulait être un skieur performant. Puis vinrent Alain Prost en
formule 1, Yannick Noah dans le tennis …tous ont eu d’ambitieux successeurs, qui ont
réussi à s’imposer. L’ambition, c’est la clé.
Pierre-Etienne
Bindschedler est
propriétaire et
PDG de l’entreprise
spécialisée en
matériaux de
construction
et d’isolation
Soprema à
Strasbourg, qui
compte parmi les
entreprises phares
en France avec 3,7
milliards d’euros de
chiffre d’affaires.
Les familles Mack
et Bindschedler
s’engagent toutes
deux dans les
domaines du
sport, de la culture
et des actions
sociales.
12
NOUVELLE ÈRE
PARTENARIAT
NOUVELLE ÈRE
PARTENARIAT
13
Certains imitent les gens qui ont du succès par jalousie aussi. Europa-Park, grâce à
son succès, a apporté une grande prospérité et des emplois à la région. C’est fantastique.
Ce parc a atteint un niveau sans égal.
M. Mack — Un ami entrepreneur m’a récemment parlé d’une phrase essentielle qu’il
tient de son père : les entrepreneurs apprennent des autres entrepreneurs. Cela veut
dire que l’on apprend l’un de l’autre, même si on vient de secteurs différents. Cet
échange en toute ouverture, avec une vision commune, c’est primordial. Je n’investirais
jamais dans une affaire sans avoir fait connaissance en personne avec l’entreprise
et ses dirigeants.
Depuis quand êtes-vous
en contact ?
P.E. Bindschedler — Depuis 2016, quand j’ai acheté le Kempferhof. Après avoir négocié
pendant 10 ans avec le précédent propriétaire.
Où percevez-vous des
synergies entre le Resort du
Kempferhof et le nouveau
siège de Mack One France ?
M. Mack — De nombreux Allemands ne connaissent pas le Kempferhof, bien qu’il soit
très proche de la frontière allemande. Je crois que grâce à Mack One France, nous attirerons
également de nombreux non-golfeurs ici. Grâce aux investissements de Monsieur
Bindschedler, nous n’aurons pas besoin d’autres grandes infrastructures comme
un hôtel à proximité, vu que le site en dispose. Nos collaborateurs peuvent manger
au Kempferhof, ils vont également y lier des amitiés et des contacts. Ensemble, nous
souhaitons valoriser ce site avec une approche qualitative. Le terrain de golf est d’ores
et déjà en excellent état, c’est l’un des meilleurs d’Europe. De plus, notre toit porte la
signature de Soprema. Nous sommes un bon client de Soprema.
Qu’en est-il de l’industrie
cinématographique ?
Vous avez même nommé
Roland et Michael Mack
membres d’honneur du club
de golf du Kempferhof…
M. Mack — Nous aimerions dénicher des talents ici qui ne viendraient peut-être pas en
Allemagne, à cause de la barrière de la langue.
P.E. Bindschedler — Je suis très heureux d’avoir Mack One France pour voisin. L’entreprise
attirera beaucoup de visiteurs, ainsi que de la main-d’œuvre. En outre, Mack
One France a l’opportunité de donner une certaine notoriété au site, grâce au cadre
idyllique. Si certains souhaitent travailler à New York, on ne pourra bien sûr pas rivaliser.
New York est et restera New York. Mais actuellement, les travailleurs sont plus
en quête de verdure. Si nous sommes bons dans nos affaires, chacun de notre côté,
nous pouvons nous aider réciproquement à devenir plus attractifs. En quelque sorte,
on peut comparer ça à la Silicon Valley. On y voit tant d’entreprises différentes, et
ensemble elles forment un grand tout. C’est la même idée ici. Les personnes créatives
viennent ici, et y découvrent un superbe terrain de golf et son Resort : une parfaite
symbiose.
P.E. Bindschedler — Oui, nous en sommes très fiers. Je dois encore afficher les certificats
dans l’entrée (rires). Michael m’a raconté que son père n’était pas venu ici depuis des
années. De ce fait, j’étais très fier d’apprendre qu’il est venu récemment. Il a joué au
golf d’ailleurs ?
M. Mack — Non, c’est ma prochaine grande mission : le faire jouer au golf.
P.E. Bindschedler — Il a joué au golf quand il était plus jeune ?
L’Alsace et le pays de Bade
forment un espace commun,
comment faire pour
encore mieux mutualiser les
points forts des deux côtés ?
M. Mack — Non, jamais.
Et quand on repense à comment Pierre-Etienne Bindschedler en est venu au ski dans
sa jeunesse, j’espère que beaucoup d’enfants de Plobsheim se souviendront qu’ils
ont débuté leur carrière de golfeur ici, et qu’ils deviendront peut être champions
d’Europe, voire champions du monde à l’avenir.
P.E. Bindschedler — On constate les liens qui s’établissent entre les personnes parlant
la même langue. Ça renforce ces liens, mais en même temps, on a le contre-exemple
de l’Ukraine et de la Russie. Il y a des familles mixtes, et maintenant elles se font la
guerre. J’ai beaucoup voyagé, j’ai grandi dans les massifs suisses, et j’ai pu constater
qu’il y a de bonnes et mauvaises personnes partout. Il en va de notre responsabilité
d’empêcher de telles idioties. Ce genre d’acte a des conséquences dramatiques. On
peut dire qu’ici, autour du Rhin, nous avons une communauté, particulièrement dans
l’espace allant de la Forêt-Noire aux Vosges. Le Rhin est une frontière qui n’en est
pas une, car nous pouvons librement circuler et aller d’un côté à l’autre. Ça participe
aussi de ce lien entre les personnes. Mais je pense que les « vrais » Alsaciens, ceux
qui sont nés dans la région et parlent le dialecte, se sentent intrinsèquement liés aux
habitants du Bade-Wurtemberg voisin. Même langue, même dialecte. En Alsace, on
voit souvent flotter le drapeau historique de la région, et chez nous aussi, car nous en
sommes fiers. Je viens d’un petit village en Suisse, et on voit que chaque petit chalet
arbore le drapeau du canton. En Valais, c’est le drapeau à 13 étoiles. Les Valaisans sont
aussi fiers de leur région.
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NOUVELLE ÈRE PARTENARIAT NOUVELLE ÈRE PARTENARIAT 15
On a parlé des langues
alémaniques, du suisse
allemand et du badois.
Quelles sont les opportunités
dans cette région sur le plan
de la culture, des potentiels
communs, de la technologie.
P.E. Bindschedler — L’essentiel, c’est de ne pas forcer les choses. La famille Mack peut
très bien construire une réalisation formidable entre Fribourg-en-Brisgau et Offenbourg,
puis embrayer sur une deuxième étape en Alsace. Mais le tout doit être dénué
de pression. Les personnes doivent toutes se sentir comme à bord d’un même bateau.
Et là, il en va de notre responsabilité.
M. Mack — L’important est aussi que cela ne se limite pas à une coopération entrepreneuriale.
Les liens entre la famille Bindschedler et la nôtre sont uniques en leur genre.
P.E. Bindschedler — Le trilinguisme (suisse allemand, français et allemand) nous permet
certainement aussi d’être dans le même état d’esprit. J’ai mes racines en Suisse, je vis
en Alsace, et j’adore Europa-Park…
M. Mack — Mon grand-père disait : « La meilleure manière d’apprendre la langue de ton
voisin, c’est sur l’oreiller aux côtés d’une belle femme ».
Tomi Ungerer disait cela également.
Qu’est ce qui vous fascine
à Europa-Park ?
P.E. Bindschedler — Mon exemple n’a pas à voir avec le parc en tant que tel. Récemment
j’ai organisé une rencontre avec 800 personnes. Où peut-on aller dans la région pour
mettre en œuvre ce genre de réunions ? À Europa-Park, car c’est un véritable pôle
d’attractions en tout genre. Ensuite, où vais-je tous les trimestres avec mes enfants ?
À Europa-Park ou Disney ? La grande différence, c’est ce sentiment de liberté à Europa-Park.
On ne se sent pas obligé d’acheter une peluche Mickey, on n’est pas obligé de
manger au restaurant… On a le choix ! C’est extraordinaire. Le divertissement est le
même... grands huit pour petits et grands, une grande dynamique, toujours de nouvelles
idées... mais cette liberté de choix qu’on a au parc est vraiment unique.
« L’ESSENtiEL, c’ESt de ne pas
FORCER les choses. »
Pierre-Etienne Bindschedler
Qu’est-ce qui vous
fascine au Kempferhof ?
M. Mack — C’est en lien avec ma jeunesse. Quand j’étais petit, mon père ne voulait
pas que mon frère Thomas et moi allions jouer au golf en Allemagne, car on le considérait
comme un sport de riches et de snobs. C’est pour cela qu’on a décidé de venir
ici. Et on y a trouvé cet excellent et magnifique terrain à Plobsheim. J’ai ainsi beaucoup
de souvenirs d’enfance ici, et j’ai aussi fait de la compétition. J’ai fait partie de
l’équipe amateur de Plobsheim. Ma mère me conduisait
ici, je m’entraînais, et pendant ce temps elle lisait un livre
dans la voiture. Ensuite, on passait par le supermarché
pour acheter de la baguette et du camembert. Ce sont
des souvenirs d’enfance. Des moments précieux, partagés
avec ma mère. Le calme qu’on trouve ici, cette mentalité
du laissez-faire, la joie de vivre... c’est complètement différent
de l’Allemagne. Les Allemands du Sud profitent de
la vie, c’est un fait, mais les Français portent ça à un autre
niveau. Ici, c’est un autre monde pour moi. Ici je ne suis pas
l’entrepreneur montré du doigt, comme en Allemagne, je
peux être simplement moi. Ce mélange de rigueur allemande
et de légèreté française, je pense que ça a de l’avenir
ici. Et avec Pierre-Etienne Bindschedler en tant qu’ami
à mes côtés, je pense que le Kempferhof perdurera pour
l’éternité, je l’espère.
Quels sont les travaux
prévus pour le Golf Resort
et l’hôtel du Kempferhof ?
Quelle est la vision à long
terme pour ce lieu magique
au cœur de la nature ?
P.E. Bindschedler — Nous allons investir beaucoup d’argent, et nous souhaitons proposer
la plus haute qualité dans un établissement au top niveau. En outre, nous espérons
attirer un grand nombre de visiteurs, certainement pas autant qu’Europa-Park,
mais si nous parvenons à accueillir des personnes habitant au-delà de la région, ce
sera déjà merveilleux. Nous avons un terrain de practice provisoire que nous allons
intégralement rénover. Aux côtés de la famille Mack, nous avons pris la décision d’investir
dans les meilleures technologies actuellement disponibles pour enseigner le
golf. Ça s’appelle le « TrackMan-Range ». Des radars permettent d’analyser le jeu et
les trajectoires de balle. Cette technologie est vraiment divertissante. En outre, nous
allons installer un système qui mesure les mouvements du corps. La posture est un
point décisif pour mener à la victoire. Le président de la fédération française de golf
est venu ici en hiver, il y a deux ans, pour voir comment nous procédions. Il a finalement
décidé d’employer cette méthode pour préparer les espoirs de l’équipe nationale.
On peut dire que nous étions un peu en avance sur ce plan.
16
NOUVELLE ÈRE
PARTENARIAT
NOUVELLE ÈRE
PARTENARIAT
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À LA CONQUÊTE DE
NOUVEAUX
HORIZONS
COMMENT EUROPA-PARK S’EST ÉLEVÉ AU RANG D’ACTEUR
INTERNATIONAL INCONTOURNABLE DANS LES DOMAINES DE LA
NUMÉRISATION ET DU CINÉMA SOUS L’ÉGIDE DE MICHAEL MACK
C
’est impossible, ou bien ? Un monstre de l’espace
est monté à bord du train. Avec ses pattes
arachnoïdes, mais néanmoins imposantes, l’extraterrestre
se maintient de toutes ses forces,
jusqu’à arracher une cabine du train. Ce drôle
de duo finit par disparaître dans les confins de l’espace
intersidéral. Mais pas le temps d’y penser. Car comme
dans un vaisseau spatial, on est catapulté à travers l’infini.
Un virage serré et une descente raide plus tard, de
nouvelles scènes de science-fiction se déroulent sous les
yeux des passagers : planètes désertes, vaisseaux, créatures
effrayantes. Quiconque monte à bord du grand huit
en réalité virtuelle « Eurosat Coastality » à Europa-Park se
retrouve à la croisée de deux mondes : les déplacements
du grand huit sont bien réels, mais ce que les passagers
voient avec leur casque VR est une illusion bluffante de
réalité qui dure plusieurs minutes.
tastiques. Michael Mack est convaincu qu’il faut numériser
les expériences analogiques des parcs de loisirs et
entrer sur le marché médiatique.
« Pour faire partie des leaders mondiaux, la transition numérique
est une étape incontournable », déclare-t-il. Bien
sûr, le carrousel classique continuera d’exister, comme le
besoin intrinsèque de la montée d’adrénaline à bord d’un
grand huit bien réel. Mais si on veut prospérer, la numérisation
et les possibilités qui en découlent sont des facteurs
déterminants.
« C’est le modèle que l’on connaît du géant de la branche,
Disney », s’étonne le quotidien « Die Welt ». Mais dans un
schéma inverse. Car pendant que Disney utilise ses parcs
de loisirs comme un canal parmi d’autres pour décliner
les aventures de ses icônes cinématographiques, Michael
Mack fait appel aux médias numériques pour prolonger
l’expérience d’Europa-Park au-delà de ses limites physiques.
Le cinéma et Europa-Park ? « Les deux émerveillent
leur public, et sont générateurs d’émotions », déclare-t-il.
C’est donc en soi une combinaison parfaite.
LA FILIALE NÉE DANS UN GARAGE
Le fils aîné (né en 1978) du fondateur d’Europa-Park Roland
Mack se consacre depuis deux décennies à l’expansion
virtuelle d’Europa-Park. Et comme c’est le cas pour
nombre de visionnaires de notre époque, l’histoire commence
pour ainsi dire dans un garage. Au début, tout part
d’une invention du passé, que les jeunes d’aujourd’hui ne
connaissent guère que de nom : la cassette VHS. Lors du
passage au deuxième millénaire, Europa-Park proposait
à la vente un film d’entreprise d’une bonne demi-heure
sur VHS. Mais ces vidéocassettes étaient déjà un support
obsolète à cette époque. Quand les bandes magnétiques
furent remplacées par les DVD, Michael Mack détecta immédiatement
le potentiel : « Une chose était certaine, il
nous fallait absolument proposer du contenu sur DVD ».
Le nouveau film d’entreprise produit par ses soins intégrait
aussi pour la première fois de nombreux reportages
dans les coulisses du parc de loisirs, et fut un succès commercial.
C’est là qu’est née la filiale Mack Media en 2002.
« Nous avons commencé à travailler dans un garage »,
raconte Michael Mack. Il a aussi « détourné » du personnel
d’autres départements. Depuis ces débuts modestes,
Mack Media a bien évolué. Possédant désormais ses
LES PARCS DE LOISIRS SE NUMÉRISENT
De ces aventures spatiales virtuelles aux bracelets numériques
permettant d’attribuer une place aux visiteurs
dans les files d’attente : dans les parcs de loisirs du monde
entier, on ne trouve plus uniquement les expériences analogiques
des décennies passées, on mise de plus en plus
sur la numérisation. Et cette technologie ne s’applique
pas qu’aux seules attractions. C’est aussi et surtout par le
biais d’applications mobiles que les exploitants trouvent
de nouvelles opportunités pour mieux cibler la clientèle,
et pour assurer une fidélité pérenne à leurs marques. Il
y a encore dix ans, cette transition numérique des parcs
de loisirs était quasi impensable. Ce développement
avait besoin de personnes dotées d’imagination, de clairvoyance
et de courage : des visionnaires comme Michael
Mack. À la tête de la 8 e génération de l’entreprise familiale
Mack, aux 240 ans d’histoire, il a fondé plusieurs filiales et
a ainsi permis au groupe Europa-Park de devenir un pionnier
international des technologies de divertissement numériques
de pointe.
Sous l’égide de ce concepteur et instigateur de génie,
Europa-Park produit entre-temps des films pour le grand
écran, commercialise des attractions en réalité virtuelle
dans le monde entier, développe des applications et jeux,
ou crée ses propres personnages dont les aventures sont
d’ores et déjà déclinées au sein de séries de romans fanpropres
équipes de caméramans et studios, l’entreprise
prend en charge l’univers numérique d’Europa-Park. Elle
produit des spots publicitaires et films événementiels,
tourne des reportages, des interviews et des vidéos explicatives
pour les attractions, des vidéos pour la formation
du personnel, et crée des contenus pour diverses pages
Facebook et sa propre chaîne YouTube. Avec le film d’animation
« Le Secret du Château Balthasar 4D », la première
histoire avec les mascottes du parc Ed & Edda a été déclinée
sur grand écran en 2011.
« Depuis, MackMedia se consacre au développement de
marques et de storytellings avec un panel allant des événements
en direct à la production de films de cinéma »,
explique Michael Mack.
QUAND PARIS OUVRE LA VOIE DU CINÉMA
Pour entrer dans le monde du cinéma, un petit détour
par les studios d’une star mondiale fut nécessaire : ceux
du célèbre réalisateur français Luc Besson. En 2009, Michael
Mack se rendit à Paris pour rencontrer le cinéaste
et le convaincre de réaliser une attraction se basant sur
sa série de films d’animation « Arthur et les Minimoys ».
Et cela est mis en œuvre, les deux parties s’appréciant et
s’estimant mutuellement. La construction d’« Arthur - Au
Royaume des Minimoys » à Europa-Park s’étale alors sur
cinq ans. Mais Michael Mack maintient le cap : « Depuis
que j’ai découvert l’univers d’Arthur et des films d’animation,
je rêve de créer nos propres univers », se souvient-il.
Mais ce n’est pas avec Luc Besson que cela se fera, et c’est
là que le hasard entre en jeu. « Notre directeur commercial
de Hanovre m’a parlé d’une petite entreprise prospère
nommée Ambient Entertainment », raconte Michael
Mack. « Il m’a dit : pourquoi n’irions-nous pas frapper à
leur porte ? ». Fondée en 1999, la société Ambient Entertainment
avait, sous la houlette du directeur et co-fondateur
Holger Tappe, réalisé le tout premier film d’animation
entièrement conçu en Allemagne avec « Back to Gaya »
(Le Monde fabuleux de Gaya - 2004).
À côté des films d’animation, l’entreprise développait
aussi dans ses propres studios d’autres productions médiatiques
100 % numériques. Donc tout ce dont Michael
Mack avait besoin pour mettre en œuvre ses plans ambitieux.
« J’ai donc appelé cette entreprise de Hanovre », se souvient-il.
« Et quand Holger Tappe a décroché le combiné
et que je lui ai dit que j’étais un représentant d’Europa-Park…
il m’a interrompu avant que je ne puisse finir
ma phrase : ne me dites qu’une chose - que vous souhaitez
réaliser un film d’animation pour votre cinéma 4D ».
On découvrit alors que le producteur de films avait déjà
souvent fait étape à Europa-Park quand il se rendait en
Suisse pour skier. Le film d’animation en 4D sur « Ed et
Edda » constitua ainsi en 2011 la première coopération
entre Europa-Park et Ambient Entertainment. Et ce fut un
succès non seulement à Europa-Park, mais aussi au sein
des autres parcs où il fut projeté.
20
NOUVELLE ÈRE Vision NOUVELLE ÈRE Vision
21
COMME JAMES BOND
Avec Mack Media comme coproducteur, Ambient Entertainment
a ensuite entre autres réalisé le film d’animation
de 90 minutes « Happy Family », inspiré du best-seller
éponyme de David Safier. Cette aventure cinématographique
drôle et effrayante est sortie en 2017. L’organisme
d’évaluation des films et médias allemands (FBW) disait
à propos de ce film avec notamment Hape Kerkeling et
Oliver Kalkofe au doublage : « D’un niveau technique de
pointe, ce film d’animation comique allemand n’a pas à
rougir en comparaison aux références internationales en
la matière ». Le film d’animation a été à l’affiche des cinémas
du monde entier dans plus de 100 pays.
En 2017 également, le film pour le plus grand Flying Theater
d’Europe, « Voletarium » à Europa-Park, est né d’une
étroite collaboration entre les deux entreprises. Dans
un film époustouflant, les passagers décollent à bord
de nacelles pour survoler au plus près les plus beaux
monuments et sites naturels d’Europe. On découvre par
exemple l’archipel croate des Kornati vu d’en-haut. Les
passagers poursuivent leur voyage en rasant les falaises,
à travers un canyon, pour monter ensuite au sommet
du Mont Cervin, tout en contemplant des monuments
comme le Château de Neuschwanstein ou encore la ville
« Mack Rides et Europa-Park étaient pour moi les partenaires
rêvés, et par chance, Michael Mack a rendu possible
les premiers tests de casques VR à bord d’un grand huit »,
raconte Thomas Wagner. En partenariat avec Europa-Park,
l’entreprise « VR Coaster » a été fondée, et Thomas Wagner
en est l’actuel associé gérant. « À partir d’un petit
grand huit, on peut créer un véritable géant dans l’univers
virtuel. Quand par exemple, on fait une descente de
20 mètres dans le monde réel, on peut transformer ça en
pente de 80 mètres dans le pendant virtuel », déclare-t-il.
« Alpenexpress Coastiality est l’emblème par excellence
de la numérisation et de l’innovation dans notre secteur.
C’était un véritable travail de pionnier, et ça en valait la
peine, car cela nous a permis de créer une toute nouvelle
forme d’expérience client », souligne Michael Mack. « Je
suis très favorable aux partenariats. Pour fonder une activité,
il faut le bon équilibre entre la créativité et les perde
Venise. Dans la cité lacustre, le regard balaye les canaux,
les ponts et les dômes. « Obtenir une telle autorisation
de tournage, ça n’est pas donné à tout le monde »,
se souvient Holger Tappe. Avec des systèmes de caméra
de pointe, il a capturé les sensationnelles prises de vue,
en partie avec un hélicoptère. « Avant nous, ça faisait dix
ans qu’aucune équipe cinématographique n’avait filmé la
Place Saint Marc et le Grand Canal depuis un hélicoptère »,
explique le réalisateur. « C’était pour Casino Royale, le
premier film de James Bond avec Daniel Craig ». Ainsi,
grâce aux nouveaux moyens numériques, un film est devenu
une véritable attraction d’Europa-Park.
De cette coopération est née une nouvelle filiale : Mack
Animation. Cela permet de perfectionner les synergies et
de travailler encore plus efficacement, d’optimiser les potentiels
et de coopérer aussi de manière plus étroite avec
Mack Rides, l’usine de fabrication d’attractions de l’entreprise
basée à Waldkirch, pour la conception de manèges
à contenus médiatiques. L’entreprise basée à Hanovre,
avec Holger Tappe à la direction, a d’ores et déjà réalisé
un second long-métrage d’animation autour de « Happy
Family », qui a été un grand succès international comme
le premier volet.
Alpenexpress Coastiality
À TOUTE ALLURE À TRAVERS L’IMAGINAIRE
Mack Animation joue également un rôle déterminant
dans une autre branche initiée par Michael Mack : les attractions
en VR. Les visiteurs peuvent ainsi traverser des
univers virtuels à bord d’un véritable grand huit. Via un
casque de réalité virtuelle, les passagers sont plongés à
360° dans un univers imaginaire tout en profitant des
sensations réelles telles que la pénétration dans l’air,
les virages et la force centrifuge. Les bifurcations, les
descentes et les montées sont synchronisées à la perfection
avec les images virtuelles pendant la marche de
l’attraction. Des capteurs enregistrent le moindre mouvement
de la tête. L’impression de vitesse et les dimensions,
comme la hauteur ou la taille, sont imitées à s’y
méprendre et peuvent être amplifiées par les casques VR.
Les spécialistes du secteur parlent d’immersion, quand un
environnement virtuel est ressenti comme réel. En 2015,
« Alpenexpress Coastiality » à Europa-Park devint le tout
premier « VR-Coaster ». Mack Animation a réalisé plusieurs
films d’animation pour ce format, entre autres avec
les « Ottifants » du comédien allemand Otto Waalkes, qui
sont les compagnons amusants de l’une de ces aventures
immersives.
UN TRAVAIL DE PIONNIER
L’idée des VR-Coasters a d’abord germé dans l’esprit de
Thomas Wagner, Professeur de design virtuel à l’Université
de Kaiserslautern. Mais Michael Mack, Mack Rides et
Europa-Park ont largement contribué à ce que cette idée
se transcrive en une expérience réelle.
sonnes capables de construire un cadre administratif et
organisationnel autour de ce noyau ». Et cet équilibre est
présent au sein de « VR Coaster » : c’est l’entreprise leader
à l’échelle mondiale sur ce type d’attractions. Entretemps,
l’entreprise a équipé pas moins de 60 parcs de loisirs
autour du globe avec cette technologie VR.
Une nouvelle étape dans le développement de ce concept
VR est franchie dans le grand huit en réalité virtuelle « Eurosat
Coastiality » à Europa-Park. Ce manège a vu le jour
en 2018 au sein de la sphère entièrement rénovée d’Eurosat,
et constitue la première attraction « Roam & Ride »
du monde. Elle intègre une expérience continue en réalité
virtuelle de la file d’attente jusqu’à l’escapade à bord
du grand huit. Avant même de monter à bord du train,
les passagers enfilent le casque VR, et se retrouvent immédiatement
plongés au cœur de la réalité virtuelle. Les
visiteurs se rendent jusqu’à la gare, montent à bord du
train d’Eurosat Coastiality et profitent d’un tour à bord
du grand huit sans jamais retirer le casque VR entre les
étapes.
DE RUST À LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES
Les scènes que traversent les visiteurs sont une version 3D
de l’univers fantastique du blockbuster intergalactique
de Luc Besson « Valérian et la Cité des Mille Planètes ».
Grâce à la méthode de captage innovante, les passagers
vêtus du casque VR se voient les uns les autres dans l’espace
pré-show sous forme d’avatars numériques, ce qui
empêche les collisions. L’opérateur d’Europa-Park, qui
guide les visiteurs, est lui aussi représenté en tant que
personnage dans l’univers virtuel. « Dans Eurosat Coastiality,
la réalité virtuelle ne relève plus de l’isolement, mais
devient une expérience sociale commune », poursuit Michael
Mack.
Mais le grand huit « Eurosat Coastiality » ne marque en
fait que le début du développement d’expériences numériques
immersives. La prochaine étape s’appelle « Yullbe ».
Le nom est une abréviation de « You will be » (tu seras…).
Ainsi, les protagonistes deviennent de véritables acteurs
plongés au cœur d’aventures virtuelles. Pour l’observateur
extérieur, les joueurs semblent exécuter de drôles de
mouvements. Une femme s’engage la première, suivie de
ses coéquipiers en file indienne derrière elle. Mais pourquoi
donc ? Puis on tourne une manivelle, d’autres joueurs
pressent des boutons et des interrupteurs… étrange, mais
tout le groupe semble bien s’amuser, cela n’échappe pas
à l’observateur.
NOUVELLE ÈRE
Vision
23
« Maintenant, la porte, la porte ! », s’écrie soudainement
une joueuse, d’un ton empressé. Il se passe quelque
chose, mais quoi ? Car il n’y a aucune porte à cet endroit.
La pièce est pratiquement intégralement vide. Visiblement,
ils sont hors de danger, tous les participants rient
allègrement. Mais ce qui semble étrange à l’observateur,
fait pourtant sens pour les joueurs : de leur côté, ils sont
au beau milieu d’une expérience en réalité virtuelle.
UNE TECHNOLOGIE DIGNE D’HOLLYWOOD
Jusqu’à 120 caméras captent les mouvements à Yullbe,
et de puissants ordinateurs les transposent en temps
réel dans l’univers VR que les joueurs peuvent voir. Ils
deviennent de véritables acteurs dans ces univers, et
peuvent modifier activement le cours de l’histoire dans
laquelle ils se trouvent.
La technologie derrière tout cela se nomme « Motion
Capturing ». Elle est utilisée dans les films à succès hollywoodiens,
et permet de donner un rendu réel à des effets
numériques. La fiction et la réalité ne semblent plus
faire qu’une à Yullbe. En octobre 2020, le centre d’expériences
VR Yullbe a ouvert ses portes à Rust, à proximité
immédiate de l’hôtel « Krønasår » et de l’univers aquatique
Rulantica. Un grand nombre d’aventures virtuelles
sont entre-temps disponibles. Et cet univers de jeux
virtuels s’exporte bien au-delà des frontières du Resort.
Ainsi en 2022, une attraction Yullbe a été ouverte à Hambourg
en coopération avec le célèbre musée de modélisme
ferroviaire « Miniatur Wunderland », et une autre à
Mannheim. Yullbe a même déjà pris le large. En effet, les
passagers du navire de croisière « AIDAcosma », peuvent
vivre des aventures estampillées Yullbe dans une salle
dédiée pendant leur traversée.
Les initiatives de numérisation engagées par Michael
Mack se traduisent non seulement dans les attractions,
mais aussi dans les offres et services. Ainsi, on peut acheter
des billets via l’appli d’Europa-Park, et naviguer interactivement
à travers le parc. Et une autre nouveauté
technique est venue enrichir l’application du parc : la file
d’attente virtuelle. Afin d’éviter les attroupements importants
dans les files d’attente devant les attractions,
les visiteurs se placent dans une file virtuelle via l’application.
Dès que le tour du visiteur est arrivé, l’application
lui envoie une notification. « Notre département de développement
numérique a travaillé jour et nuit à la réalisation
de ces applications et fonctions », déclare Michael
Mack. « Il ne lui a fallu que quatre semaines, alors qu’en
temps normal, six mois à deux ans sont nécessaires ».
D’autres fonctions numériques sont déjà en cours de développement.
Afin de stimuler les processus créatifs, une nouvelle filiale
est venue s’ajouter au groupe d’entreprises en 2019 :
Mack Next. C’est une espèce de laboratoire d’idées pour
Europa-Park et les clients externes. Yullbe a par exemple
été coproduit et mis en œuvre par Mack Next. Des nouveaux
concepts de spectacle sont actuellement en cours
de développement au sein de la nouvelle structure. Tout
comme les nouveaux départements Mack Emotioneers
(visualisation d’idées et de concepts), Mack Magic (développement
d’univers interactifs et immersifs) et Mack
Services (gestion de projets au-delà des frontières de
l’entreprise), la filiale Mack Next a entre-temps été intégrée
sous le toit commun de l’entreprise Mack One.
À Plobsheim, près de Strasbourg, un nouveau site dédié
à toutes ces activités a été implanté. Europa-Park s’établit
ainsi pour la première fois en-dehors des frontières
de l’Allemagne pour s’installer en Alsace. « Là-bas, nous
disposons du calme nécessaire pour laisser libre cours
à notre créativité. Les nouvelles idées naissent plus facilement
à l’écart de l’effervescence du parc », analyse
Michael Mack. « En outre, nous mettons la diversité
européenne à contribution. Le nouveau site en France
comporte de nombreux avantages, dont les solutions
de financement optimales de la production cinématographique
dans l’Hexagone, la proximité du siège de la
chaîne TV Arte et les nombreux artistes talentueux qui
exercent dans le secteur en France ».
En outre, Michael Mack a récemment fondé la société de
production de films « 2112 Pictures », afin qu’Europa-Park
fasse un pas de plus dans le monde du cinéma. Elle est
implantée à proximité de l’université de cinéma de Ludwigsburg.
« Nous souhaitons profiter du savoir et des
idées des étudiants, des diplômés et des enseignants »,
explique Michael Mack. Par le biais de cette entreprise,
Michael Mack a déjà coproduit le long-métrage « Takeover
», avec Roman et Heiko Lochmann, plus connus sous
leur pseudonyme « Die Lochis ».
UNE VISION TRANSMÉDIATIQUE
Le mot-clé derrière toutes les initiatives de Michael Mack
est le terme « Storytelling » : la capacité de conter des
histoires palpitantes autour d’un produit, d’un service ou
d’une marque, et ainsi, dans le cas d’Europa-Park, instaurer
une relation avec les visiteurs qui perdure bien au-delà
du séjour sur place à Rust. C’est aussi là le rôle de la fédération
fictive « Adventure Club of Europe » (ACE). En outre,
l’univers aquatique Rulantica, qui a ouvert ses portes en
2019, se base sur une histoire fantastique qui a été déclinée
entre autres au sein d’une série de romans. Ainsi,
la conception de Rulantica et celle de l’hôtel « Krønasår »
sont toutes deux inspirées de l’univers fictif des livres.
Toutes ces mises en œuvre suivent parfaitement la ligne
directrice fixée par Michael Mack : « Adopter une vision
transmédiatique ! »
UN CHAMPION DU NUMÉRIQUE
Grâce à toutes les mesures initiées par Michael Mack dans
le vaste champ de la transition numérique, Europa-Park
fait désormais partie des « champions du numérique »
en Allemagne. Ceci est confirmé par une grande enquête
menée pour le compte du magazine « Focus Money ». Sur
une échelle de zéro à 100, Europa-Park obtient le nombre
maximal de points. Il est ainsi le grand gagnant dans le
secteur des parcs de loisirs. En outre, le magazine renommé
« Die Deutsche Wirtschaft » a récompensé Michael
Mack et son équipe en leur décernant le prix d’« Innovateur
de l’Année ». « Avec Mack Next, Michael Mack a
mené des projets innovants dans les domaines de la VR,
du cinéma, du branding et du storytelling pour créer des
solutions inédites au sein des secteurs des médias et du
divertissement. Ces projets viennent émerveiller non
seulement les spectateurs qui se rendent à Europa-Park
à Rust, mais aussi un public à une plus large échelle »,
ont souligné les membres du jury du plus grand prix du
public de l’économie allemande.
Voici deux
exemples des
nombreuses
activités
transmédiatiques :
dans l’attraction
Yullbe, les
participants sont
rétrécis en avatars
numériques
miniatures
dans le cadre
de l’expérience
VR « Miniatur
Wunderland –
La folle microaventure
», tandis
que les jeunes
stars allemandes
« Die Lochis » font
leurs premiers pas
sur grand écran
avec le soutien de
Michael Mack.
24
NOUVELLE ÈRE Vision NOUVELLE ÈRE Vision
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UN DOmaiNE VINICOLE EUROPÉEN :
OLLWILLER
EN ALSACE
Thomas MAck
VINSFINS
crémant
RIESLING
R O S É
P I N O T
N O I R
L
e vin d’Ollwiller fait partie des joyaux du vignoble alsacien. Les origines
du « Château d’Ollwiller », situé à proximité de Mulhouse, remontent
au 13 e siècle. Et depuis cette époque, on y cultive aussi du vin. Le Comte
Dagobert de Waldner de Freundstein fit raser la forteresse d’origine
pour y faire construire un somptueux château. D’illustres personnages
de l’époque, comme le Roi Louis XV (1710-1774), y ont séjourné. En 1825, l’industriel
du textile Jacques-Gabriel Gros rachète le domaine et travaille à sa renommée. Cependant,
le château est détruit au cours de la première guerre mondiale, et entièrement
reconstruit. Ce domaine vinicole est considéré comme le deuxième plus
ancien de France. En 2020, la famille Mack fait l’acquisition du château ainsi que du
domaine vinicole traditionnel attenant.
Le vignoble du « Château d’Ollwiller » s’étend sur une superficie de 25 hectares avec
une exposition sud-sud est, ce qui assure un ensoleillement optimal. La finesse du
sol de ce terroir garantit des vins aromatiques de très grande qualité. Avec leurs
collaborateurs, Thomas Mack et le maître de chai Mathieu Kauffmann veulent aller
vers encore plus de qualité. « Nous misons d’abord sur le Riesling, le Crémant et le
Rosé, peut-être aussi le vin rouge par la suite », déclare Thomas Mack. « Nous voulons
intégrer le top dix des Riesling Grand Cru en Alsace ». Mathieu Kauffmann voit
encore plus loin : « Mon objectif est de parvenir à un Crémant de très haute qualité
à Ollwiller, même si on n’est pas en Champagne ». Et le maître de chai déclare avoir
toujours atteint ses objectifs.
Thomas Mack : « J’ai tout de suite dit que c’était avant tout un projet vinicole. Nous
voulons produire un vin d’exception. Dans l’histoire de notre région, il y a tant de
liens qui se sont créés de part et d’autre du Rhin. À Europa-Park, nous vivons cet
esprit franco-allemand au quotidien depuis toujours. C’était donc une occasion rêvée.
Une famille d’entrepreneurs alsaciens de longue tradition transmet le domaine
vinicole après 195 ans à une famille d’entrepreneurs badois. C’est merveilleux ! Chacun
y trouve son compte, c’est parfait. Les réactions étaient très positives dans la
région, nous avons été accueillis à bras ouverts, car tout le monde ressentait que
nous allions mettre du cœur à l’ouvrage. C’est un superbe projet familial, qui profitera
aussi aux générations suivantes. Cela va durer quelques années avant que
nous n’obtenions le premier vin d’exception, mais nous n’en sommes qu’au début.
Nous avons une vision à long terme Actuellement, la vente de raisin nous permet
à peine de couvrir les dépenses courantes. Ce n’est pas un projet d’investissement,
notre but est d’obtenir une qualité irréprochable. Ollwiller est un projet franco-allemand
qui vient gommer les frontières ».
POUR LES
GÉN ÉR ATIONS
FUTURES
« C’est aussi ainsi que
nous voyons les choses
pour nos visiteurs à Europa-Park.
C’est une vision
moderne de la durabilité.
Nous espérons que de
nombreuses générations
en profiteront. Nous
souhaitons contribuer
au développement de ce
merveilleux domaine sur
le long terme, tant pour
notre famille que pour
l’ensemble de la région.
À l’avenir, nous pourrons
aussi certainement y organiser
des événements.
C’était en tout cas une
heureuse circonstance
qui nous a permis de
faire l’acquisition du domaine
vinicole d’Ollwiller.
Pendant la pandémie
de coronavirus, nous
n’aurions assurément
pas sauté le pas ».
28
NOUVELLE ÈRE ART DE VIVRE NOUVELLE ÈRE ART DE VIVRE 29
LE TANDEM
FRANCO-ALLEmaND
BRIGITTE KLINKERT
La famille Mack, propriétaire
d’Europa-Park, a implanté
une nouvelle filiale dédiée
au développement créatif et
numérique à Plobsheim en
Alsace, qu’en pensez-vous ?
Voyez-vous l’Alsace comme
un territoire propice aux
entreprises créatives ?
Vous cultivez l’amitié
franco-allemande
quasiment depuis le
berceau. Votre grand-père
Joseph Rey était maire
de Colmar, et l’un des
précurseurs de cette amitié.
Qu’avez-vous appris de votre
grand-père ?
Brigitte Klinkert — C’est une bonne initiative ! Entre la famille Mack et l’Alsace, c’est
une longue histoire. Je me souviens qu’à l’époque mon grand-père Joseph Rey m’a
emmené assister à une rencontre avec Franz Mack, quand j’étais plus jeune. Nous
avons pris de l’altitude à bord de l’une des attractions, l’Euro-Tower, et à l’époque il a
déclaré, alors qu’il regardait au loin vers l’Alsace, que de là-haut, il ne voyait aucune
frontière entre l’Alsace et le pays de Bade.
Nous partageons encore cette conviction de nos jours, et je suis heureuse de voir
la famille Mack investir des deux côtés du Rhin. Nous avons les moyens de travailler
ensemble pour réaliser de beaux projets, en particulier des projets innovants.
Je suis convaincue que nombre de synergies peuvent émerger entre les différents
pôles d’attraction du Rhin supérieur, et l’implantation de ce nouveau site en est un
exemple concret !
B. Klinkert — Bien évidemment ! L’ Alsace est une terre d’innovation et de créativité.
Nous pouvons compter sur un écosystème favorable composé d’artistes, d’agences
web et de communication, de maisons d’édition, et ainsi de suite, mais aussi d’entreprises
des domaines de l’informatique et du développement. Nous sommes un
territoire attractif pour l’industrie, mais aussi pour l’ensemble du secteur culturel
ainsi que pour les nouvelles technologies.
B. Klinkert — Depuis ma plus tendre enfance, j’ai été sensibilisée à l’importance capitale
de l’amitié franco-allemande par mon grand-père Joseph Rey, qui fut maire de
Colmar de 1947 à 1977. Il m’a transmis ses valeurs humanistes ainsi que sa passion
pour l’engagement public. J’ai passé mon enfance, puis ma jeunesse à le suivre, et à
vivre le quotidien d’un élu municipal pendant l’après-guerre. Il m’a fait comprendre
l’importance de la paix, et de la coopération avec nos voisins allemands. Aux yeux de
mon grand-père, il était impératif que l’Alsace, suite à la seconde guerre mondiale,
soit un acteur de premier rang de la réconciliation et de la fraternité franco-allemande.
Il était convaincu que l’Europe et la paix ne pouvaient se construire que sur
les bases d’un couple franco-allemand solide. C’est pourquoi il s’est engagé dans les
années 50 en faveur du rétablissement des relations entre les personnes des deux
côtés du Rhin, en particulier en organisant des rencontres de maires. Je suis devenue
conseillère municipale de Colmar en 1983, et j’ai été élue conseillère générale du
Haut-Rhin en 1994 à l’âge de 37 ans.
La politicienne française
Brigitte Klinkert est Coprésidente
du Bureau de
l’Assemblée parlementaire
franco-allemande, qui
réunit 50 députés de
l’Assemblée Nationale et
50 députés du Bundestag
allemand dans le but
de renforcer l’amitié
franco-allemande par le
biais d’initiatives et de
propositions communes.
Brigitte Klinkert, née en
1956 à Colmar, a été de
2020 à 2022 Ministre
déléguée à l’Insertion,
et exerce actuellement
à l’Assemblée Nationale
en tant que députée de
la 1 ère circonscription du
Haut-Rhin.
TOut UN ÉCOsystème DE LA COmmuNICatiON À L’INFOrmatiQue :
« L’alsaCE EST UNE TERRE D’INNOVatiON ET DE CRÉatiVitÉ »
Sur quels points devonsnous
encore travailler et
nous améliorer sur le plan de
l’amitié franco-allemande ?
B. Klinkert — D’un point de vue politique, nous devons continuer à éliminer les tracas
quotidiens qui compliquent la vie de nos concitoyens au niveau transfrontalier. Nous
devons mettre en œuvre des projets de structuration et de coopération qui nous permettront
de continuer à progresser vers un espace de vie commun et intégré. Sur
le plan national, l’Allemagne et la France doivent continuer à avancer main dans la
main, afin de relever en tant qu’Européens unis les défis de notre époque : la transition
écologique et énergétique, l’industrie de l’avenir, la défense de nos modèles
et de nos valeurs démocratiques au regard de l’enjeu posé par la guerre en Ukraine.
Je souhaite que nous ayons la curiosité et l’envie de nous ouvrir à nos voisins, afin
que le tandem franco-allemand ne reste pas qu’au stade de projet politique, mais
devienne aussi un projet de société que chacune et chacun puisse mettre en œuvre
au quotidien.
NOUVELLE ÈRE
AMITIÉ
31
hollywood
À rust
M
ichael Mack a déjà tenté plusieurs fois de rencontrer Luc Besson. Il s’est
rendu à Paris rien que pour ça. Toutefois, sans avoir pris rendez-vous…
Mais comment aurait-il pu en convenir un ? L’associé-gérant d’Europa-Park
se présente tout simplement dans les bureaux du réalisateur
mondialement célèbre, situés au centre de la capitale, avec pour seul
bagage l’idée d’une coopération inédite.
Mais à chaque fois, les employés l’éconduisent poliment, mais fermement. Selon eux,
Luc Besson est absent. Michael Mack est sur le point de repartir pour l’Allemagne,
quand soudain il croise une silhouette trapue, affublée d’une barbe de trois jours
dans les couloirs de l’immeuble : Luc Besson. Michael Mack s’adresse à lui sans hésiter.
Non, il ne connaît pas Europa-Park. Mais cet Allemand inconnu lui explique alors
dans un français parfait que dans le parc de loisirs de sa famille, on cultive l’idée européenne
au quotidien, qu’un quart du personnel vient de France, et que la culture de
pas moins de 15 pays européens peut y être découverte en une seule journée.
ARTHUR EST EN SA MAISON
Le célèbre cinéaste français, qui a réalisé des films comme « Léon » ou « Le Cinquième
Élément », est fasciné par ce récit. Depuis 2009, Luc Besson et Michael Mack sont
en contact permanent. Entre-temps, la rencontre impromptue dans les couloirs d’un
immeuble de bureaux parisien a débouché non seulement sur une amitié, mais
aussi sur un partenariat franco-allemand totalement inédit. Quelques années plus
tard, Luc Besson souhaite la bienvenue aux 170 journalistes présents dans la salle du
« Magic Cinéma 4D » à Europa-Park. En 2014, le producteur de films à succès fait le
déplacement dans la province badoise de Rust pour inaugurer « son » parc de loisirs.
« Arthur a désormais sa maison », se réjouit-il. Dans la trilogie du cinéaste « Arthur
et les Minimoys », un jeune garçon passe du monde réel à un monde fantastique, se
lie d’amitié avec des lutins et combat des personnes cupides à leurs côtés. En 2006, le
premier volet sort au cinéma, puis deux autres films d’animation suivront autour des
aventures de ces êtres miniatures. En Allemagne, l’histoire n’est pas très connue, mais
en France, Arthur est un succès absolu : les films ont fait plus de 13 millions d’entrées
dans les cinémas français.
Ainsi, le manège thématique « ARTHUR », inspiré de la saga fantastique de Luc Besson,
a vu le jour à Europa-Park. Conçue par Mack Rides, c’est la plus grande attraction
indoor de l’histoire d’Europa-Park. Avec un grand nombre de détails, elle fascine les
visiteurs par son parcours de grand huit où les passagers montent à bord de nacelles
rotatives suspendues aux rails pour flotter à travers l’univers magique d’Arthur.
luc besson
Né en 1959 à Paris, Luc
Besson est le fils de deux
instructeurs de plongée
qui exercent dans toute
la zone méditerranéenne.
Depuis sa plus tendre
enfance, il se destine à
devenir delphinologue.
Ce rêve se brise
néanmoins suite à un
sévère accident de
plongée à l’âge de 17
ans, qui l’empêchera
définitivement de
poursuivre cette activité.
Le plan B de Luc Besson
sera le cinéma, avec
l’immense succès qu’on
lui connaît : il fait une
carrière ascendante en
tant que réalisateur,
producteur et scénariste.
Avec « Le Grand Bleu »,
l’autodidacte a signé
son premier succès à
l’échelle internationale.
Et de nombreux
autres sommets
cinématographiques
suivirent, comme « Léon »
avec Jean Reno ou
« Le Cinquième Élément »
avec Bruce Willis.
32
NOUVELLE ÈRE
IMAGINATION
La reproduction dans la réalité du Royaume des Minimoys se trouve dans un hall indoor
de 3 500 m 2 , niché sous une coupole gigantesque de 15 mètres de hauteur. Pour
les plus d’un million de visiteurs français qui se rendent au parc chaque année, cette
attraction est un passage obligé à chaque visite. Luc Besson a été émerveillé par sa
mise en œuvre : « C’était vraiment une expérience sans précédent, je n’étais jamais
monté à bord d’un tel manège avant, mais je suis vraiment époustouflé. Le grand
respect mutuel et l’amitié qui nous lient ont été les clefs de cette réussite : c’est ce qui
a tout rendu possible ».
LES VISITEURS DEVIENNENT DES AVATARS DE VALÉRIAN
Peu après, le réalisateur s’est lancé dans une nouvelle aventure cinématographique :
« Valérian et la Cité des Mille Planètes ». Cette épopée intergalactique est inspirée
d’un classique de la BD française. À la clef, le film européen avec le plus gros budget
de tous les temps. « Valérian a été une étape majeure dans ma carrière », souligne
Luc Besson. Quand il était enfant, il adorait déjà cette série de BD de science-fiction
avec les deux agents spatiaux et un peu spéciaux. Peu après la première, c’est un
Michael Mack tout aussi convaincu qui contacte à nouveau son ami français : « Il
faut qu’on entreprenne quelque chose en commun », évoque-t-il. Luc Besson lui dit
oui immédiatement, sans même savoir quelle attraction sera concernée cette fois-ci.
Ainsi suivra la nouvelle étape de ce partenariat franco-allemand créatif. Une étape
résolument futuriste, qui soulignera encore plus les aspirations communes et transfrontalières
des deux entrepreneurs.
« NORMALEMENT,
JE NE MONTE
JamaiS À BORD
DES GRANDS HUit »
Luc Besson
Dans le cadre de la rénovation intégrale du quartier français et de la restructuration
du grand huit Eurosat, le grand huit VR « Eurosat Coastiality » voit le jour. Les
passagers sont plongés au cœur de l’univers du blockbuster Valérian. Les passagers,
équipés d’un casque VR, se retrouvent catapultés au beau milieu de l’action de l’épopée
intergalactique pendant 8 minutes. La nouveauté mondiale de cette expérience
unique en son genre est que l’expérience démarre dès la file d’attente, dès que l’on
revêt le casque VR : cette innovation se nomme « Roam & Ride ». Durant le pré-show,
et pendant qu’ils filent à toute allure dans la sphère d’Eurosat comme à travers l’espace,
les passagers deviennent des avatars et partent à la rencontre des personnages
du film de science-fiction de Luc Besson. Dans le cadre de l’inauguration en 2018, le
cinéaste est de nouveau présent à Rust, cette fois accompagné de sa famille. Michael
Mack le convainc même de faire une chose qu’il n’a jamais osée auparavant : monter
à bord d’un grand huit à haute vitesse. « Normalement, je ne monte jamais à bord des
grands huit », a déclaré Luc Besson avant son tour à bord d’« Eurosat Coastiality ». Et
malgré son enthousiasme face au résultat, il ajouta ensuite :
« Ce grand huit qui nous plonge dans l’univers de Valérian tout en enchaînant les
virages serrés restera le seul dans lequel je serai monté dans ma vie ».
« QUI AURAIT PU CROIRE ÇA ? »
La technologie utilisée dans Valérian, qui permet de se mouvoir librement dans
une pièce, a été entre-temps développée par Michael Mack et ses équipes au sein
de Yullbe. Ainsi, les protagonistes deviennent de véritables acteurs plongés au cœur
d’aventures virtuelles. Valérian fait aussi partie des aventures VR disponibles au
sein de Yullbe. Les participantes et participants enfilent leur combinaison spatiale
et entrent dans la « Cité des Mille Planètes », où ils peuvent traverser les murs à la
vitesse de la lumière comme dans le film grâce à leur tenue spéciale. L’issue d’une
quête époustouflante à la recherche d’une créature qui peut décider à elle seule du
destin de l’univers tout entier est entre leurs mains. Michael Mack s’exprime ainsi à
propos des plus de dix ans d’amitié et de la coopération avec Luc Besson : « L’univers
de Valérian, avec son voyage spatio-temporel et ses origines françaises, correspond
parfaitement à Europa-Park. Qui aurait pu croire, il y a quelques années, qu’ici à Rust
on déclinerait un film hollywoodien dans l’une de nos expériences Coastiality et au
sein de Yullbe ». Et dire que tout a commencé avec une rencontre fortuite dans les
couloirs d’un immeuble parisien.
NOUVELLE ÈRE
IMAGINATION
35
Michèle Leckler
chaNCE
Quelle est l’importance du
Golf Resort du Kempferhof
pour la commune de
Plobsheim ?
Comment voyez-vous
l’implantation de Mack One
France à Plobsheim ?
Quelles sont vos attentes
par rapport à l’entreprise
Mack à Plobsheim ?
Quel est le ressenti de vos
administrés par rapport
à l’implantation de cette
entreprise créative ?
Michèle Leckler — Le Golf Resort Kempferhof contribue sans aucun doute au rayonnement
de la commune et à son image. Son extraordinaire environnement naturel
ainsi que la qualité du parcours et de ses équipements sont reconnus à l’échelle internationale.
Le Resort a aussi contribué à créer des emplois dans la commune, son
restaurant est accessible à tous et profite particulièrement aux femmes et hommes
d’affaires à Plobsheim.
M. Leckler — L’implantation de Mack One France est une chance pour notre commune.
Car il s’agit là d’un projet qui s’accompagne d’une dynamique qui va de pair avec les
objectifs de développement que nous nous sommes fixé. La conception et la production
d’expériences en 4D ou en réalité virtuelle nous permet ainsi d’accueillir un
secteur économique innovant et à la pointe de la technologie. En outre, Mack One
France contribue également au développement et à la consolidation de la coopération
transfrontalière. Le projet va également permettre de mettre en avant l’environnement
extraordinaire autour du Kempferhof. Plobsheim en profitera également.
M. Leckler — Nous apprécions grandement le travail de co-construction qui s’est mis
en place dès le départ avec l’équipe de l’entreprise Mack, pour aboutir ensemble à
un projet qui se fond parfaitement dans son environnement. L’équipe démontre sa
volonté d’entretenir de bonnes relations avec tous les acteurs de la région, et de s’intégrer
pleinement dans la vie de la commune. Pour la construction, elle a fait appel à
des entreprises locales. C’est ainsi que nous souhaitons aussi coopérer à l’avenir, avec
un grand respect mutuel.
M. Leckler — Dès les premières annonces par rapport à cette implantation, nos citoyens
ont réservé un accueil très positif à ce projet, et y ont apporté leur soutien
dans une grande majorité, tout comme les élus locaux. Les membres du conseil
municipal l’ont même voté à l’unanimité.
Michèle Leckler
est maire de
Plobsheim depuis
2020. Dans cet
entretien, elle donne
son appréciation
par rapport à
l’implantation du
nouveau site de Mack
One France dans sa
commune.
APPreNDRE EN COOPÉraNT
Plobsheim a connu une
histoire mouvementée, et
a été occupée plusieurs fois
par les Allemands. Quelle
est votre vision de l’amitié
franco-allemande ?
M. Leckler — La commune de Plobsheim est située au cœur du bassin rhénan, au
bord du Rhin et à proximité immédiate du pont Pflimlin. Elle a toujours entretenu
d’étroites relations par-delà le Rhin, en particulier avec la commune de Neuried-Altenheim.
Actuellement, nous sommes en train d’élaborer un jumelage, afin de rendre
officielles les relations historiques qui existent depuis plus de cent ans entre nos deux
communes. De nombreux Plobsheimois travaillent aussi de l’autre côté de la frontière,
et beaucoup y font leurs achats. Les échanges sont de fait quotidiens. Et afin de
consolider nos relations avec l’Allemagne, nous offrons également la possibilité à nos
écoliers de suivre un cursus bilingue franco-allemand. La coopération transfrontalière
et les valeurs européennes sont au cœur de notre action communale.
NOUVELLE ÈRE
PLOBSHEIM
37
fabian GAsmia
L’EUROPE DU CINéma
L’Académie franco-allemande du cinéma a été fondée en 2001 sur l’initiative des chefs
d’État de l’époque, à savoir le Chancelier Gerhard Schröder et le Président Jacques
Chirac. Elle est placée sous la tutelle du Centre National de la Cinématographie (CNC)
et de la Déléguée du Gouvernement fédéral allemand à la culture et aux médias
(BKM), actuellement en la personne de Claudia Roth.
L’académie est une plateforme de coopération et s’entend comme un réseau de
cinéastes français et allemands, dont ont fait partie entre autres Volker Schlöndorff
et Jeanne Moreau. Il s’agit d’initiatives et de propositions visant à renforcer la
coopération franco-allemande en matière de politique cinématographique. Dans
cet entretien, le producteur cinématographique Fabian Gasmia, vice-président de
l’Académie franco-allemande du cinéma, parle du développement de l’industrie du
cinéma en France et en Allemagne, de l’Alsace en tant que région cinématographique
et d’Europa-Park en tant que producteur de films.
Comment se développe
l’industrie du cinéma en
France et en Allemagne ?
Quel est la teneur de ce
développement en Alsace ?
Quel rôle joue l’industrie du
cinéma dans les relations
franco-allemandes ?
À l’époque, des stars allemandes
telles que Romy Schneider ou
Curd Jürgens faisaient aussi
carrière dans le cinéma français.
Qu’en est-il de ce type d’échanges
sur le grand écran de nos jours ?
Comment les cinéastes
français voient-ils l’amitié
et la coopération francoallemande
? Y a-t-il des
particularités sur ce plan ?
Avec son entreprise Mack One
France, Michael Mack élabore un
centre créatif dédié au développement
de projets multimédia
à proximité de Strasbourg. Comment
évaluez-vous les activités
cinématographiques émanant
d’un parc de loisirs ?
Fabian Gasmia — Depuis la fondation de l’Académie franco-allemande, l’industrie du cinéma
a radicalement changé. Les volumes de production ont augmenté de manière
exponentielle des deux côtés du Rhin. Après une montée en flèche des productions
cinématographiques jusqu’en 2015, on voit actuellement une augmentation des séries
et films produits pour Netflix et Amazon par exemple. Les films de cinéma stagnent à
un haut niveau. Le nombre de coproductions franco-allemandes est un indicateur essentiel
en ce sens. En l’an 2000, on en comptait à peine deux à trois par an, désormais
on réalise annuellement entre 18 et 20 coproductions entre la France et l’Allemagne.
F. Gasmia — L’Alsace n’est pas un territoire classique sur le plan médiatique et cinématographique.
Depuis 2015 néanmoins, la région est de plus en plus dans le champ de
vision de l’industrie internationale du cinéma. L’un des piliers fondamentaux de cette
perception est le rendez-vous de la coproduction rhénane, qui se tient tous les ans
depuis 2015, et qui s’adresse en premier lieu aux secteurs de l’image en Alsace et au
Bade-Wurtemberg.
F. Gasmia — L’industrie du cinéma est un moteur essentiel pour les relations franco-allemandes.
À côté du poids économique, il y a aussi un centre de formation, l’atelier Ludwigsburg-Paris,
qui se consacre à la formation des talents émergents du cinéma en France et
en Allemagne sous la houlette de grands noms internationaux. Dans ce cadre, les réseaux
Alumni jouent un rôle majeur, car les relations entre diplômés permettent un échange
essentiel des deux côtés du Rhin. En raison de la prédominance des deux marchés cinématographiques
en Europe, les initiatives portées conjointement par la France et l’Allemagne
ont toujours de bonnes chances de s’imposer de facto comme un référentiel.
F. Gasmia — Aujourd’hui encore, il y a des stars qui sont plébiscitées dans les deux pays.
À titre personnel, j’en ai tiré bénéfice plusieurs fois. Ainsi, Isabelle Huppert a largement
contribué à ce que le film « L’Avenir », dont j’ai assuré la production, soit un grand succès
au box-office allemand, en plus d’avoir remporté l’Ours d’argent du meilleur réalisateur.
Une autre de mes productions, « Un Profil pour Deux », a largement bénéficié du rôle
principal incarné par Pierre Richard.
F. Gasmia — La coopération avec l’Allemagne est bien plus qu’une simple relation d’affaires
pour nombre de cinéastes français. Le grand nombre de coproductions a fait
naître des amitiés étroites entre les équipes. Dans mon cercle proche, je compte au
moins 20 couples franco-allemands dans le monde du cinéma. En outre, les Français témoignent
d’un grand respect envers la culture cinématographique allemande : de Fritz
Lang à Romy Schneider, Fassbinder, Wenders, et en passant par des cinéastes contemporains
comme Maren Ade et Christian Petzold, tous sont tenus en haute estime par
nos voisins français.
F. Gasmia — Disney a été un pionnier en la matière à l’échelle internationale, et a démontré
que les parcs de loisirs peuvent également se distinguer grâce à des marques solides
issues de films d’animation. Je pense donc que cette nouvelle étape est une perspective
durable et judicieuse. En outre, les films d’animation bénéficient d’un rayonnement international
et d’une communauté de fans pérenne. Le meilleur moyen de compenser le
principal inconvénient des films d’animation, à savoir les coûts de production très élevés,
est de faire appel à des partenaires entreprenants comme Monsieur Mack, qui assureront
la mise en œuvre de marques performantes.
Le producteur
cinématographique
originaire d’Hambourg
(né en 1977), a déjà
tourné des films avec
des stars comme
Kristen Stewart,
Zach Galifianakis
et Pierre Richard.
« Nous sommes
intéressés par les films
intelligents » a déclaré
F. Gasmia, lors de la
fondation en 2018 de
l’entreprise « Seven
Elephants GmbH » aux
côtés des réalisateurs
Erik Schmitt,
Julia von Heinz et
David Wnendt.
Dernièrement il a
produit entre autres
le film « Iron Box »
de la réalisatrice Julia
von Heinz, dans lequel
une femme d’affaires
newyorkaise à qui
tout réussi, Ruth,
décide de retourner
en Pologne pour se
confronter au passé
de sa famille, qui a
échappé de justesse
à son extermination
par les nazis. Parmi ses
productions les plus
célèbres, on trouve
« L’Avenir » (Ours
d’argent à la Berlinale
de 2016) et « Personal
Shopper » (Prix de
la mise en scène au
Festival de Cannes
2016).
NOUVELLE ÈRE
CINÉMA
39
TECHNOLOGIE ET
BONNES HISTOIRES
Pierre-Yves Jourdain
L
a légendaire école supérieure de cinéma « La Fémis » a formé plus de 600
professionnels du petit et du grand écran au cours des 20 dernières années.
Pierre-Yves Jourdain, de l’école La Fémis, parle des avantages de la coopération
internationale dans l’industrie du cinéma, et explique pourquoi la réalité
virtuelle (VR) ne doit pas se reposer uniquement sur les progrès technologiques
pour son développement.
Vous dirigez côté français l’Atelier
Ludwigsburg-Paris, qui propose
une formation d’une année aux
producteurs/trices et distributeurs/trices
en devenir dans les
domaines du cinéma européen et
international. Quel est l’impact
du programme ?
Pierre-Yves Jourdain — L’impact du programme est
très conséquent. Le but est de créer un vivier de
professionnels de l’industrie du cinéma qui sauront
penser et travailler à l’international dès le financement
du film. Les diplômés du programme
ont déjà été partie prenante dans des films qui ont
remporté de hautes distinctions, comme la Palme
d’Or ou le Grand Prix du jury du Festival de Cannes,
ou encore des Césars.
Qu’est ce qui contribue à
la haute qualité de la formation
franco-allemande ?
Avec Mack One France, Michael Mack
met en place un campus d’innovation
en Alsace pour le développement de
projets multimédia, et est d’ores et
déjà un acteur de l’industrie du cinéma
avec plusieurs films d’animation à son
actif. Comment évaluez-vous de telles
activités émanant d’un parc de loisirs ?
Avec les possibilités numériques
actuelles, que peut-on encore
attendre des films d’animation à
l’avenir ?
P.Y. Jourdain — Depuis la fondation de l’Atelier en 2001, la formation a connu
des avancées décisives. Depuis 2002, chaque promotion réalise une série de
courts-métrages en coproduction avec les chaînes TV Arte et SWR, l’académie
du cinéma du Bade-Wurtemberg et La Fémis. En outre, la fédération d’alumni
« Atelier Network » promeut la coopération active entre les élèves, et le partenariat
avec la « National Film and Television School » de Londres ainsi que l’ouverture
des candidatures au-delà de la France et de l’Allemagne viennent valoriser et donner
un côté encore plus international à la formation de l’Atelier Ludwigsburg-Paris.
P.Y. Jourdain — À première vue, on pourrait penser qu’un parc de loisirs est aux antipodes
d’une académie du cinéma. Mais avec la dimension européenne, autour
de l’axe franco-allemand, des synergies émergeront certainement avec l’Atelier
Ludwigsburg-Paris. Certains de nos élèves se consacrent aussi aux productions
incluant de la réalité virtuelle, entre autres pour des musées.
P.Y. Jourdain — Les outils numériques vont devenir plus simples à appréhender
avec le temps, ils vont en quelque sorte se « démocratiser ». Si encore plus de
personnes les pratiquent, la qualité technique des animations devrait augmenter.
Néanmoins, la technologie devrait toujours être au service d’une bonne
histoire ou d’un bon scénario. C’est à cette condition que les outils numériques
permettront d’élargir la créativité encore plus qu’auparavant.
Pierre-Yves Jourdain
est directeur du
département
« Production » à
l’école supérieure du
cinéma « La Fémis »
à Paris, qui forme
la future élite du
cinéma français. Dans
le même temps, le
producteur parisien
dirige le programme
« Atelier Ludwigsburg-Paris
» côté
français.
LA TECHNOLOGie DEVrait TOUJOurs Être AU SERVICE
D’UNE BONNE HISTOire OU D’UN BON SCÉNariO
NOUVELLE ÈRE
CRÉATIVITÉ
41
thomas schadt
Comment évolue le
partenariat stratégique
entre Mack One et
l’académie du film du Bade-
Wurtemberg ?
Europa-Park s’est déjà
mué dans le rôle du
producteur cinématographique
avec « Happy Family ».
Comment évaluez-vous de
telles activités émanant d’un
parc de loisirs ?
Quel rôle joue l’industrie
du cinéma dans les relations
franco-allemandes ?
Comment peut-elle
contribuer à renforcer
l’amitié franco-allemande ?
RENCONTRE
Thomas Schadt — De notre point de vue, la coopération avec Mack One, qui intègre
aussi la remise d’un « Pitching-Award » dans le cadre de l’événement « Screen.Time
International », est sur la bonne voie. Le partenariat est très bénéfique en particulier
pour notre institut d’animation et ses étudiants, ainsi que pour le département de
recherche et développement. Mack One et l’académie du film sont tous deux acteurs
majeurs des innovations dans les domaines de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée,
ainsi que pour les projets à 360°. Il nous faudra continuer à mettre l’accent
sur ce point commun à l’avenir. Le Bade-Wurtemberg a fait une avancée spectaculaire
pour s’imposer en tant que territoire médiatique. Dans le domaine de l’animation,
le Land occupe désormais les premiers rangs.
T. Schadt — Dans les dernières années, l’offre cinématographique s’est diversifiée surtout
par le biais de productions émanant de services de streaming, comme Netflix
ou Amazon. Si Europa-Park vient apporter des nuances professionnelles de la sorte à
cette offre, je ne peux que m’en réjouir. Dans le contexte de la situation difficile dans
laquelle la pandémie de coronavirus a laissé les cinémas, la palette d’offres doit être
plus diversifiée que jamais.
T. Schadt — La formidable amitié entre la France et l’Allemagne vient former l’une des
alliances les plus fortes de la planète. Elle était et reste peut-être le garant le plus
essentiel d’une Europe stable et unie. Pour conserver ce lien, il est nécessaire, particulièrement
en ces temps troubles, d’entretenir des relations sur tous les plans, aussi
bien politiques qu’économiques ou culturels. L’industrie du cinéma fait bien évidemment
partie de l’équation.
T. Schadt — Pour l’académie du film, l’Atelier Ludwigsburg-Paris, qui s’est établi en
2000 à Ludwigsburg, est une institution de premier ordre. L’Atelier propose une formation
continue d’un an pour les productrices et producteurs de film en devenir, ainsi
que pour les futurs distributeurs et distributrices, en coopération avec l’école supérieure
française du cinéma La Fémis à Paris. Ici, nous sommes témoins au quotidien
de la naissance de nouveaux partenariats, sous l’égide de l’amitié franco-allemande
transposée sur un plan concret. Il n’y a rien de meilleur pour contrer durablement les
préjugés que les rencontres véritables.
Né en 1957 à
Nuremberg, Thomas
Schadt travaille en tant
que documentariste,
caméraman,
producteur et
photographe. Parmi ses
films les plus célèbres,
on peut citer « Der
Autobahnkrieg » (1991),
« Der Kandidat » (1998),
« Berlin: Sinfonie einer
Großstadt » (2002)
et « Amok in der
Schule » (2004). Il a
été récompensé par
les prix « Deutschen
Fernsehpreis » et
« Grimme-Preis ».
En 2000, T. Schadt a
été nommé professeur
de l’académie du film
du Bade-Wurtemberg,
dont il est devenu le
directeur artistique en
2005.
DEPuis Plus DE 30 ANS, L’ACADÉmie DU Film DU BADE-wurtemBerG À LUDwiGSBurG
Fait Partie Des ÉCOles DE CINÉma LES Plus RENOmmÉes D’allemaGNE.
DEPuis 2020, ELLE A CONClu UN ParteNariat STRATÉGIQue AVEC MACK NEXT.
Michael Mack met en place
un campus créatif dédié au
développement de projets
multimédia à Plobsheim,
à proximité de Strasbourg.
Comment accueillez-vous
cette initiative ?
T. Schadt — En tant que Consul Honoraire de France, Michael Mack est bien évidemment
prédestiné pour ce genre d’initiatives, vu que l’amitié franco-allemande lui
tient à cœur depuis toujours. Je suis certain que ce projet sera couronné de succès,
et que cela viendra renforcer le partenariat entre les deux pays. Vu que je suis un Européen
convaincu, et que je me sens personnellement lié à Michael Mack également
sur ce point, je suis prêt à lui apporter mon soutien sur ce plan dans la mesure du
possible.
NOUVELLE ÈRE
CRÉATIVITÉ
43
Gerd Nefzer
the oscar
goes to
N
ous partons à la rencontre de Gerd Nefzer à Europa-Park. Cet homme sympathique, originaire d’un petit
village autour de Schwäbisch Hall, a le rire franc, parle à tous ceux qu’il croise, sans jamais adopter le
costume de la star. Il est l’un des rares Allemands à avoir remporté un Oscar, et déclare sans détour qu’il
a parfois du mal à y croire, lui qui a commencé sa carrière par une formation d’agriculteur et de technicien
agricole.
Et pourtant elle est bien là aujourd’hui : au centre de la table trône la statuette dorée que Gerd Nefzer ne quitte
pas des yeux. 34 centimètres de haut, 3,9 kilogrammes, en alliage métallique massif, et plaquée d’or 24 carats :
l’Oscar. Sur son socle, le nom de Gerd Nefzer est gravé. Il a remporté son premier Oscar aux côtés de John Nelson,
Paul Lambert et Richard R. Hoover pour les meilleurs effets visuels dans « Blade Runner 2049 ». C’était en 2018, et il
remporte un nouveau trophée en 2022. G. Nefzer confesse : « J’ai la chair de poule à chaque fois que je repense au
moment de la remise du prix ».
Monsieur Nefzer, comment
expliqueriez-vous à un
béotien ce que sont les
effets spéciaux dans un
film ?
Qu’est ce qui vous rend
meilleur que vos concurrents
aux USA par exemple ?
C’est ce que votre histoire
nous enseigne : aux
hommes de bonne volonté,
rien n’est impossible ?
Quel regard portez-vous sur
Europa-Park ?
Gerd Nefzer — Les effets spéciaux (physical effects) ne sont pas des effets générés
par ordinateur (visual effects), mais qui sont tournés « physiquement » devant
la caméra. On confond malheureusement souvent les deux. Nous, on s’occupe
principalement des effets météorologiques (par ex. vent, pluie, neige, brouillard),
des effets mécaniques (simulateurs de vol, mouvements, etc.), des effets pyrotechniques
(tirs, explosions … ainsi de suite) et de tous les accessoires cassables
(cloison, vitres, bouteilles, etc.).
G. Nefzer — C’est difficile à dire. Les vertus souabes m’ont certainement aidé à me
démarquer : économie, minutie, application (« schaffe und net schwätze » - parler
moins, travailler plus), ou encore la franchise.
G. Nefzer — Étant simplement titulaire d’un apprentissage en agriculture, je ne
peux qu’être d’accord avec cette maxime. Mais j’ai dû travailler dur pour emprunter
la voie qui m’a mené dans l’industrie internationale du cinéma, et m’imposer
en tant que superviseur des effets spéciaux.
G. Nefzer — J’ai été très impressionné par ce que Michael Mack, la famille Mack
et toutes leurs équipes ont mis sur pied ici. C’est surtout le souci du détail m’a
fasciné. Avant, je n’étais pas conscient de l’énorme savoir-faire technique qui se
cache derrière tous ces manèges et attractions.
« PARLER MOINS,
TRAVAILLER PLUS »
Nefzer SPECIAL
EFFECTS
Voici ce que déclare Gerd
Nefzer à propos de son
entreprise : « Avec plus de
50 ans d’expérience dans
l’industrie du cinéma, notre
objectif, notre vision est de
transposer l’imagination
dans la réalité. Créer des
effets spéciaux physiques,
des pages du scénario
jusqu’à l’intrigue sur l’écran,
au cœur du cadre et de
l’histoire. Nous sommes fiers
d’assurer à chaque fois des
effets physiques de qualité
qui font la satisfaction des
réalisateurs et producteurs
tout en restant dans le
budget annoncé.
Sécurité, efficacité et
fiabilité sont des facteurs
essentiels pour le travail de
Nefzer Special Effects. Notre
siège est situé aux Studios
de Babelsberg. De l’Europe
à l’Asie, de l’Afrique à l’Inde,
de la Russie à la Grande-
Bretagne, nous avons déjà
travaillé dans le monde
entier ».
www.nefzer.com
44
NOUVELLE ÈRE
hollywood
Maylis Lamoure
LE PLaiSIR DU
GOLF POUR TOUS
Q
ualifier le Kempferhof Golf Resort, situé à seulement 15 minutes de Strasbourg,
de lieu idyllique serait un euphémisme. L’architecte américain Robert
von Haage (1927-2010), qui a conçu pas moins de 250 terrains de golf
de par le monde, en a dessiné le parcours ouvert en 1990. À quelques pas du
Rhin, il a métamorphosé des prés et champs alsaciens en un paysage mystique
intégrant des chênes, hêtres et peupliers centenaires. De ce fait, le Kempferhof
est considéré comme l’un des dix plus beaux terrains de golf en Europe.
Mais quel effet cela fait-il de jouer dans ce paradis naturel ? L’espoir du golf Maylis
Lamoure nous le révèle dans cet entretien. Elle fait partie de l’équipe de France espoir
qui a remporté le championnat d’Europe féminin des moins de 18 ans en 2022.
Maylis Lamoure
fait partie des plus
grands espoirs
du golf féminin
français. La jeune
femme de 18 ans a
intégré l’académie
du golf du
Kempferhof en 2021.
« Je m’y entraîne
dix heures par
semaine, et le reste
du temps, je le passe
chez mes parents
à Aix-en-Provence
ou en compétition
dans le cadre de
divers tournois. C’est
intense, mais j’aime
ça », déclare-t-elle.
Avez-vous déjà joué au
Kempferhof ?
Et que pensez-vous du
complexe ?
Quelles sont les particularités
du parcours pour vous ?
Comment trouvez-vous le
paysage, et quel effet a-t-il sur
les golfeurs ?
À quoi doivent prêter
attention les golfeurs
occasionnels pour réussir leur
parcours sur le Kempferhof ?
Maylis Lamoure — Oui, je m’y entraîne régulièrement, et je participe aux tournois organisés
par le club de golf du Kempferhof.
M. Lamoure — Le Kempferhof compte parmi les meilleurs terrains d’entraînement en
France, il propose un parcours très agréable, avec une faune et une flore d’exception.
L’accueil est toujours chaleureux, et les collaboratrices et collaborateurs sont très aimables.
Le staff d’entraîneurs, composé de golfeurs professionnels, et le directeur
Arnaud Abbas, qui est aussi pro, contribuent également à la bonne atmosphère.
M. Lamoure — L’intégralité du terrain est toujours bien entretenue, le parcours n’est pas
long en soi, mais très exigeant.
M. Lamoure — La nature luxuriante et idyllique offre un spectacle fantastique qui
contribue à accroître les performances. Ça favorise la concentration du golfeur, quand
il veut s’entraîner au calme, sans le tumulte permanent d’une ville autour du terrain
de golf.
M. Lamoure — Vu que le terrain est toujours très bien entretenu, il peut paraître
plus simple qu’il ne l’est réellement. Les roughs (hautes herbes) peuvent se révéler
compliqués, il vaut mieux les éviter. L’emplacement des drapeaux et les nombreux
obstacles autour des greens, comme les bunkers ou les obstacles d’eau, peuvent rapidement
se transformer en pièges difficiles à évaluer. Mais tous les joueurs éprouveront
du plaisir à effectuer le parcours du Kempferhof, quel que soit leur niveau !
« LA Nature LUXuriaNte ET IDylliQue OFFre UN SPECtaCle FANtastiQue
Qui CONtriBue À ACCROÎtre LES PerFOrmaNCes »
RENCONtre AVEC JADE LAGarDère / EUROPA-Park A CRÉÉ UNE EXPÉrieNCE SPECtaCulaire
EN RÉalitÉ Virtuelle SUR LA Base DE LA SÉrie DE BD « AMBer Blake » NÉE SOus LA Plume
DE LA TOP-MODèle RÉsiDANT À Paris / LE ParteNariat A ÉTÉ SIGNÉ EN ALSACE
PORTE-BONHEUR
Jade Lagardère
Jade Lagardère est
une top-modèle belge
et une autrice de
bandes-dessinées. En
2013, elle a épousé
l’entrepreneur français
Arnaud Lagardère, avec
qui elle a trois enfants.
La nouvelle attraction
d’Europa-Park « Amber
Blake : Opération
Dragonfly » est inspirée
de sa série de BD sur la
super-héroïne Amber
Blake, qui combat
le crime organisé à
l’échelle internationale.
Amber Blake est
aussi déclinée sous
forme d’expérience
VR embarquée
dans le grand huit
« Alpenexpress
Coastiality ». Les
passagers peuvent
ainsi se lancer dans
une course-poursuite
en scooter des mers à
travers le fleuve Kallang
River et la Marinay Bay
de Singapour. L’Express
des Alpes « Enzian »
a été construit en
1984. C’est le premier
grand huit du parc.
En septembre 2015, il
est devenu le premier
grand huit VR du
monde.
C
’est une mannequin, mais ses talents vont bien au-delà de sa beauté : la
top-modèle Jade Lagardère est mère de trois enfants, épouse de l’homme
d’affaires Arnaud Lagardère, présentatrice et très engagée dans des actions
humanitaires et sociales. Elle est aussi la créatrice d’Amber Blake, une série
de BD qui connaît un grand succès, particulièrement en France. Elle raconte
l’histoire d’une héroïne forte, qui doit se défaire d’un lourd passé pour ensuite aller
combattre de puissants criminels internationaux et leurs méfaits, en particulier tout
ce qui est lié au trafic d’êtres humains à l’échelle planétaire.
J. Lagardère écrit les scénarios des histoires de l’agente secrète, traduites dans nombre
de langues, dont l’allemand. Ces aventures haletantes et pleines d’action, de suspense
et d’intrigues élaborées sont ensuite retranscrites sur papier par le dessinateur américain
Butch Guice, qui dessine entre autres « Captain America » pour le géant de la
BD Marvel. Il a dessiné Amber Blake en s’inspirant des traits de Jade Lagardère. Avec
son héroïne de BD, J. Lagardère décline également l’une de ses préoccupations sociétales
: « Le crime organisé me choque et me révolte depuis toujours », souligne-t-elle.
LES VISITEURS DU PARC AUX TROUSSES DES CRIMINELS
En outre, Amber Blake a permis de générer un partenariat entre la top-modèle autrice
de BD et Europa-Park. Michael Mack a découvert les BD de Jade Lagardère lors de
l’un de ses nombreux séjours en France, entre autres dans le cadre de sa fonction de
Consul Honoraire de France. Cela a débouché sur la création de l’expérience « Amber
Blake : Opération Dragonfly » pour l’attraction en réalité virtuelle Yullbe, initiée par
Michael Mack. Ce thriller en 3D de 30 minutes transpose l’univers des BD d’Amber
Blake dans une aventure interactive, où les visiteurs d’Europa-Park sont comme plongés
au cœur d’un film d’espionnage à la James Bond. Équipés d’une veste vibrante, de
capteurs de mains et de pieds, d’un casque VR ainsi que d’autres éléments haptiques,
ils deviennent les acteurs d’aventures VR, doivent accomplir des missions et résoudre
des énigmes. À Singapour, ils se lancent, aux côtés d’Amber Blake, aux trousses du
criminel le plus dangereux du monde, un personnage-clé du crime organisé. Que ce
soit le trafic d’armes, de drogues ou d’êtres humains, le mystérieux « Blue Dragon »
semble tremper dans toutes sortes de commerces litigieux. Sa véritable identité
semble néanmoins rester une énigme que même Interpol n’a pas encore réussi à résoudre.
Maintenant, c’est aux joueurs de prendre l’affaire en main. Avec l’aide d’Amber
Blake, il vont tenter de démasquer le « Blue Dragon ».
UNE TECHNOLOGIE DE POINTE POUR DONNER VIE À L’HÉROÏNE DE BD
C’est une technologie inspirée du cinéma qui permet ce transfert dans la réalité virtuelle,
en transposant des mouvements réels, et en les synchronisant avec l’univers
virtuel. On appelle cela la « Motion Capture », ou capture de mouvement. Dans ce
cadre, un acteur revêt une combinaison intégrale truffée de capteurs qui enregistrent
le moindre mouvement et le transmettent à un ordinateur, qui les retranscrit sur un
avatar numérique. La technologie de la « Motion Capture » est utilisée dans presque
tous les films à succès hollywoodiens, et permet de donner un rendu réel à des effets
numériques. « Yullbe démontre que nous pouvons créer des expériences numériques
palpitantes et entraînantes. C’est sensationnel », souligne Michael Mack. Avec des
offres comme l’expérience VR Amber Blake, M. Mack cherche aussi à cibler stratégiquement
le marché multimédia français et international. « Pour l’intégralité d’Europa-Park
Resort et pour ma famille, l’Europe est depuis toujours une valeur clé. Ceci est
également valable toutes nos histoires : aussi bien pour celles qui existent déjà que
pour celle que nous raconterons à l’avenir ».
Jade Lagardère
teste l’équipement
technique pour la
mise en œuvre de son
thriller d’espionnage
Amber Blake sous
forme d’expérience
Yullbe.
50
NOUVELLE ÈRE
HÉROïNE de bande dessinée
C’est au Golf-Resort du Kempferhof en Alsace que la coopération
entre Jade Lagardère et Europa-Park a été actée.
Les partenaires ont apposé leurs signatures sur un menu
du « Kempferhof - Golf et Château-Hôtel ». Cette coopération
donnera aussi lieu à l’avenir à des contributions créatives
de la part des filiales créées par Michael Mack, Mack
Animation et Mack One France. « Kick-off Amber Blake »
peut-on lire, rédigé à la main par les participants au dîner.
Dans un entretien exclusif, Jade Lagardère donne ses
impressions sur ce partenariat et un aperçu de son quotidien.
Vous faites preuve d’engagement pour venir en aide aux
enfants malades, et avez pris part aux activités de SOS Villages
d’Enfants au Maroc. Pourquoi la protection de l’enfance
est-elle si essentielle à vos yeux ?
Jade Lagardère — J’adore les enfants depuis mon plus jeune
âge, et j’ai toujours eu la fibre maternelle. Nous étions
sept dans ma famille, cinq enfants, trois grands frères,
et une petite sœur qui est arrivée quand j’avais à peine 8
ans. À cet âge-là, je voulais déjà m’occuper d’elle, lui donner
le biberon, changer ses couches. Je la considérais déjà
comme mon premier bébé. À l’âge de 15 ans, j’ai effectué
une mission humanitaire avec SOS Villages d’Enfants qui
m’a profondément marquée. C’était à la fois très enrichissant,
et très dur. Voir tous ces enfants abandonnés dans
les orphelinats, ça m’a retourné l’estomac. Je me suis juré
de leur venir en aide autant que je pourrais. Amber Blake
m’a été inspirée par tous ces moments forts en émotions
dans ma vie. Je voulais créer un personnage fort, qui tient
le coup malgré tout ce qu’il a vécu, et qui ne souhaite
qu’une chose : créer un monde plus juste, et venir en aide
aux plus faibles.
Que représente la coopération avec la famille Mack et Michael
Mack en particulier pour vous ?
J. Lagardère — Je privilégie toujours les entreprises familiales,
où la culture d’entreprise est transmise des parents
aux enfants. Elles sont en général plus unies, et
plus vaillantes. Cette coopération me tient à cœur. J’ai
tout de suite adoré Michael Mack, tant sur le plan professionnel
qu’amical. C’est une personne merveilleuse
au grand cœur. Il est talentueux, passionné, travailleur,
et c’est avant tout un visionnaire. J’étais très émue qu’il
succombe au charme d’Amber, et qu’il ait tant cru en mon
personnage.
Amber Blake et Europa-Park viennent former une combinaison
prospère. Comment évalueriez-vous ce partenariat ?
J. Lagardère — Extraordinairement constructif. Et le meilleur
est à venir. C’est incroyablement plaisant de travailler
en coopération avec les équipes d’Europa-Park. Ces sont
toutes des personnes talentueuses, passionnées et professionnelles.
Que vous évoquent Plobsheim et le Golf-Resort du Kempferhof
?
J. Lagardère — C’est un lieu qui restera gravé dans mon
cœur à jamais. Je le considère comme mon porte-bonheur,
car c’est là que j’ai rencontré Michael Mack et son
équipe. C’est ici que tout a commencé. Le 29 avril 2021.
Qu’est ce qui vous plaît le plus à Europa-Park ?
J. Lagardère — J’aime l’atmosphère, j’aime le côté chaleureux
et familial. Tout le monde est heureux et sourit, les
attractions, les spectacles, tout est incroyable. Les hôtels
sont merveilleux, le service est impeccable et soigné. Et
les plats sont excellents dans tous les restaurants. Je n’ai
malheureusement pas encore eu l’occasion de venir avec
mes enfants, mais dès que j’aurai l’opportunité pendant
les vacances, je viendrai. C’est un endroit à voir absolument.
Auriez-vous à un adage à nous partager qui vous a aidé à
emprunter la voie du succès ?
J. Lagardère — Ne jamais abandonner et toujours croire en
soi. La patience et la persévérance sont les clés du succès.
Jade Lagardère avec
Michael (au milieu) et
Thomas Mack à Europa-
Park : « C’est un endroit
à voir absolument »,
renchérit la top-modèle.
UNE COOPÉratiON NÉE SUR UN MENU
station f
USINE À RÊVES
C
’est comme une usine à rêves : pas pour le cinéma, mais pour l’économie.
Dans le 13 e arrondissement de Paris, le calme est de mise. Mais si l’on s’aventure
rue Eugène Freyssinet, à proximité de la Seine, on tombe sur un bâtiment
étonnant, qui grouille de vie : la « Station F ». Le plus grand campus de
start-ups a été construit là sur 34 000 m 2 , dans une ancienne gare de fret,
par l’homme d’affaires et milliardaire français Xavier Niel. Depuis 2017, de jeunes entreprises
y travaillent sur l’économie de demain. Avec une focalisation sur les projets
numériques, elles travaillent à leur décollage avec des idées novatrices, et trouvent
tout ce dont elles ont besoin pour lancer leur activités grâce à des dizaines de services
à prix réduit, tels que l’accès à des imprimantes 3D ou à des découpeuses laser, et à
plus de 600 ateliers et réunions d’information par an.
« C’EST ÇA, ÊTRE ENTREPRENEUR »
« Ce qui vous réunit ici, c’est que vous ne voulez pas qu’on écrive votre vie à votre
place », a déclaré le Président Emmanuel Macron en s’adressant aux jeunes entrepreneurs
lors de l’inauguration. « C’est ça, être entrepreneur ! ». Le campus d’innovation
intègre plus de 1000 emplois, des salles de réunion et un amphithéâtre. Plus de
30 programmes permettent d’accompagner les jeunes entrepreneurs. Près de 1000
start-ups exercent sur place pour développer leurs idées.
À côté de la zone « Create », où le travail sur l’avenir est effectué, la gigantesque halle
d’acier, de verre et de béton propose aussi les zones ouvertes au public « Share » et
« Chill ». On y trouve entre autres le plus grand restaurant d’Europe, « La Felicità », avec
pas moins de 1000 places, cinq cuisines, trois bars et un supermarché alimentaire.
Dans le hall d’accueil, les visiteurs peuvent contempler une sculpture monumentale
de Jeff Koons baptisée « Play Doh ». L’espace de restauration et de relaxation, où
tout le monde est le bienvenu, doit aussi empêcher que les créateurs innovants de la
« Station F » ne s’isolent dans leurs « bulles de savoirs ».
UN AXE TECHNOLOGIQUE PARIS-PLOBSHEIM ?
Déjà plus de 5000 start-ups sont passées par cet « incubateur de jeunes entreprises »
pour se lancer sur le marché. De grandes entreprises comme Microsoft ou L’Oréal
proposent leurs propres programmes d’accompagnement dans la « Station F ». Et
les initiatives ne sont pas uniquement originaires de Paris et sa banlieue. Les entrepreneurs
viennent aussi bien d’Amérique du Nord que de Chine, du Maroc, de
Corée, d’Inde, d’Italie, de Grande-Bretagne ou d’Allemagne. La « Station F » s’ouvre
au monde entier. L’entreprise familiale Mack pourrait aussi bientôt faire partie des
partenaires du gigantesque campus d’innovation. Des discussions sont de longue
date en cours pour une coopération entre Mack One France à Plobsheim et la
« Station F » à Paris. L’objectif : la création d’un axe technologique Paris-Plobsheim.
L’abréviation « PP » est actuellement attribuée au service de paiement en ligne
PayPal, ou à la locution « Pastor Pastorum » (le serviteur des serviteurs), qui fait
référence au pape. Mais à l’avenir, l’abréviation « PP » pourrait prendre une toute
nouvelle signification.
PRÈS DE MILLE START-
UPS TROUVENT TOUT CE
QUI EST INDISPENSABLE
À LA RÉALISATION DE
LEURS IDÉES DANS LA
« STATION F » - L’ABRÉ-
VIATION « PP » POUR-
RAIT BIENTÔT PRENDRE
UNE NOUVELLE SIGNIFI-
CATION INNOVANTE
Station F : ce campus de start-ups fondé dans une ancienne halle de fret ferroviaire
à Paris est la plus grande pépinière d’entreprises du monde.
54
NOUVELLE ÈRE
INNNOVATION
NOUVELLE ÈRE
INNOVATION
55
Raymond E. Waydelich
R
aymond-Émile Waydelich est un original doublé d’un Alsacien pur jus : attaché
à sa région, il déborde d’humour, d’inventivité et fait preuve d’une
imagination sans bornes. Il est un artiste respecté, un conteur talentueux,
et le rayonnement de son œuvre est international, preuve en sont les nombreuses
expositions en France, Allemagne, Suisse, Suède, aux USA, en Amérique
du Sud et au Japon. Raymond E. Waydelich a participé à la biennale de Venise,
a présenté son art à la documenta de Kassel et l’une de ses œuvres est exposée à la
Galerie des Offices de Florence. Son cœur appartient à sa région natale, qui s’étend
des deux côtés du Rhin : Raymond E. Waydelich est le symbole même de l’amitié franco-allemande
vécue au quotidien. Il adore le territoire du Rhin supérieur, il ne connaît
plus aucune frontière, et a autant d’amis en Forêt-Noire qu’en Alsace : « Le vin et la
bonne chère nous rassemblent. Que serait la vie sans ces petits bonheurs ? »
Né à Strasbourg en 1938, l’artiste est un ami de longue date d’Europa-Park : « Europa-Park
a apporté une incroyable contribution à l’Europe et à l’amitié franco-allemande.
Tant de personnes issues de différentes nations s’y rencontrent, et apprennent
à connaître la culture de l’autre de manière ludique. C’est vraiment essentiel. Car
l’amitié doit impérativement passer par le contact humain ».
LA GLORIETTE DE HEIDI
Dans l’enceinte du Kempferhof
trône une œuvre marquante de
Raymond E. Waydelich intitulée :
« La Gloriette de Heidi ». C’est une
grande installation faite d’acier et
d’autres matériaux en hommage au
propriétaire du Kempferhof, Pierre-
Etienne Bindschedler, qui est originaire
de Suisse. Raymond E. Waydelich s’est
procuré une grande pierre granitique
suisse pour concevoir cette œuvre,
et a abordé divers thèmes comme
les montagnes, l’eau, les truites, les
oiseaux, un pilote et son avion, les
hiboux et les girouettes, le tout dans le
style de la Belle Époque.
UNE TROUVAILLE DE MARCHÉ AUX PUCES FORMATRICE POUR L’ARTISTE
Raymond E. Waydelich a eu une vie bien remplie : en 1959, il a parcouru l’Afrique du
Nord en Jeep en tant que photographe de guerre de l’armée française au cours de la
guerre d’Algérie. Après avoir étudié les arts appliqués à Strasbourg et Paris, Raymond
E. Waydelich a entamé son travail d’artiste dans les années 60. En 1973, alors âgé
de 35 ans, il fait une trouvaille : au hasard d’un marché aux puces, le collectionneur
met la main sur le journal d’une couturière du siècle précédent. Depuis, les vies de
Raymond E. Waydelich et Lydia Jacob, c’est ainsi que se nomme la couturière, sont
intimement et indissociablement liées. Ainsi, il lui a créé un arbre généalogique, a
reconstitué un entourage familial fictif, et lui a même trouvé un fidèle compagnon,
le chien empaillé d’une dame résidant à Metz. Et il a signé ses dessins, sculptures,
objets et assemblages non seulement de son nom, Waydelich, mais apposait aussi la
signature de Lydia Jacob. Leur pacte, qui consistait en une aide mutuelle à accéder à
la célébrité, se concrétise rapidement. L’Alsacien connaît alors une ascension fulgurante,
qui lui permettra d’exposer ses œuvres aussi bien à New York qu’à Paris.
Ses œuvres participent à un travail de « mémoire ». Il appelle ce concept « archéologie
du futur », et pose une question pertinente : « Que restera-t-il de nous dans
2 000 ans ? » À Kassel, Lyon et Strasbourg, il a scellé des objets du quotidien dans des
capsules temporelles pour les générations futures.
Au cours de l’hiver 2011, Raymond E. Waydelich a fait le bonheur des visiteurs d’Europa-Park
dans le cadre d’une grande exposition intitulée « Mobilité ».
IMAGINatiON SANS
FRONTIÈRES
NOUVELLE ÈRE
ART
57
L
e phare de l’hôtel « Bell Rock » à Europa-Park trône fièrement à 35 mètres de
hauteur au cœur de la vallée rhénane. Et quelqu’un d’autre a pris de la hauteur,
afin d’agencer l’une des six suites du « Bell Rock » avec une signature bien
à lui : Stefan Strumbel. « What the fuck is Heimat ? » : c’est la question sur
laquelle l’artiste se penche depuis des années. Et c’est un thème qu’il aborde
également dans « sa » suite au « Bell Rock » : il l’a baptisée « Ahoi Heimat » (ohé ma
patrie), et elle accueille ses résidents dans un style pour le moins inattendu par rapport
aux termes employés. La pièce se découvre dans des tonalités rose pastel, agrémentées
d’éléments en jaune fluorescent. Des inscriptions comme « ahoi », « I love » et « holy »
viennent orner les murs, le lit est en forme de cœur. « L’un des ingrédients essentiels de
la « Heimat » (patrie, région d’origine), c’est l’amour », souligne l’artiste.
Les pendules à coucou en pop-art, les jeunes femmes de la Forêt-Noire aux allures rebelles
et les madones coiffées d’un « Bollenhut » (chapeau à pompons) sont des motifs
emblématiques de S. Strumbel. Il a ainsi contribué au rayonnement international de la
Forêt-Noire avec sa réinterprétation de l’iconographie traditionnelle. Dans sa jeunesse,
il a été condamné pour des graffitis illégaux. Puis l’icône de la mode Karl Lagerfeld a
acheté l’une de ses pendules à coucou loufoques, et S. Strumbel est devenu une popstar.
Le « New York Times » lui a même consacré un bel article.
Entre-temps, il aborde aussi de nouveaux thèmes en tant que scénographe, tout en restant
fidèle à sa région d’origine, le Pays de Bade, la Forêt-Noire. Il vit toujours à Offenbourg,
où il est né en 1979. Mais la région de l’autre côté du Rhin est aussi une source
d’inspiration pour lui.
L’artiste s’exprime à ce sujet dans l’entretien suivant.
Quelle est votre vision de l’amitié franco-allemande ?
Stefan Strumbel — Particulièrement en ces temps troubles, l’amitié m’évoque les choses
suivantes : fiabilité, confiance mutuelle, et un vivre-ensemble dans la paix et l’harmonie.
Et cela vaut bien évidemment pour l’amitié transfrontalière que nous entretenons
avec nos voisins français.
stefan Strumbel
Stefan Strumbel (né
en 1979, vit entre
Offenbourg et Berlin) :
le quotidien « Die
Welt » a qualifié
Stefan Strumbel
d’« Andy Warhol
des pendules à
coucou ». L’artiste
contemporain n’a
jamais étudié les arts
académiques, mais il
connaît pourtant un
succès international.
Dans ses peintures,
objets, sculptures et
vastes installations, S.
Strumbel vient créer
un monde imaginaire
qui est le miroir de
notre réalité sociétale.
stefanstrumbel.de
ahoi
heimat
Vous habitez Offenbourg, à proximité immédiate de la France : comment voyez-vous le
pays voisin.
S. Strumbel — J’ai moi-même connu les postes de douane en activité, c’est pour cela que
je savoure d’autant plus la liberté actuelle. Pour moi, la proximité de la France offre une
qualité de vie sans pareille, et cela ne se limite pas à la nature ou la gastronomie, mais
intègre aussi tout un peuple qui nous est très lié. Quand j’ai envie d’aller faire un tour
dans une métropole en famille, Strasbourg est une destination de choix, et grâce au
TGV c’est désormais à quelques encâblures de Paris.
Vous y trouvez également de l’inspiration pour votre art ?
S. Strumbel — Mon leitmotiv « Heimat » est sans frontières, et la dichotomie entre la
nature et l’urbain a toujours été l’un des terreaux de mon inspiration. J’ai eu l’immense
honneur de faire encore une exposition commune avec Tomi Ungerer à Fribourg-en-Brisgau,
et j’entretiens une amitié de longue date avec Raymond E. Waydelich.
Quel est votre avis sur le fait que l’entreprise familiale Mack, qui est ancrée dans le Pays de
Bade depuis 250 ans, s’implante désormais également en France ?
S. Strumbel — C’est la concrétisation de l’amitié franco-allemande.
RESPECT !
58
NOUVELLE ÈRE
heimat
AU FÉMININ
STRASBOURG SE
DÉCLINE AU FÉMININ :
DEPUIS 2020, JEANNE
BARSEGHIAN EST
MAIRE DE LA CAPITALE
EUROPÉENNE ET LA
MÊME ANNÉE, PIA IMBS
A ÉTÉ ÉLUE PRÉSIDENTE
DE L’EUROMÉTROPOLE
DE STRASBOURG. DANS
UNE INTERVIEW CROISÉE,
ELLES PARLENT DE
STRASBOURG ET DU RHIN
SUPÉRIEUR EN TANT QUE
MOTEUR DE L’EUROPE,
DES OPPORTUNITÉS DE LA
TRANSITION NUMÉRIQUE
ET DE LEUR POINT DU VUE
SUR MACK ONE FRANCE À
PLOBSHEIM
pia imbs
Jeanne Barseghian
60
NOUVELLE ÈRE
AU FÉMININ
NOUVELLE ÈRE
AU FÉMININ
61
Jeanne Barseghian
Autre exemple des excellentes relations
entre la famille Mack et la France : pour
le tournage final du film destiné au
Voletarium, le plus grand « Flying Theater »
d’Europe, Europa-Park a reçu à Strasbourg
l’autorisation de survoler le Parlement
européen. On voit sur l’hélicoptère une
caméra spéciale haute résolution.
pia imbs
La formation,
ainsi que les défis
environnementaux,
sociaux et
démocratiques, tels
sont les sujets au cœur
du mandat qu’occupe
la femme politique
écologiste depuis juillet
2020. Elle a été élue
maire de Strasbourg à
l’âge de 39 ans. Jeanne
Barseghian a vu le jour
à Paris dans une famille
française d’origine
arménienne. L’arrièregrand-père
de la juriste
était l’intellectuel et
homme politique Sarkis
Barseghian, assassiné
au cours du génocide
arménien. Le conjoint
de Jeanne Barseghian
est allemand.
Le traité de l’Elysée célèbre son 60 e anniversaire en 2023.
Comment percevez-vous aujourd’hui les relations franco-allemandes
et l’Europe ?
Pia Imbs — Le traité de l’Elysée est le texte fondateur de
l’amitié franco-allemande et il consolide notre identité
en tant que métropole transrhénane. Depuis lors, nos
deux nations vivent une amitié qui a donné une véritable
impulsion pour le rapprochement des peuples
européens. Actuellement, avec une Europe secouée par
des crises successives, cette amitié est plus que jamais
un réel moteur au service de tous les Européens. Nous
rassemblons ici les conditions idéales pour mettre en
œuvre les innovations qui relèveront les défis actuels et
futurs.
Jeanne Barseghian — Strasbourg est le symbole de la paix
et la ville des rapprochements. Nous avons la chance de
nous situer au cœur des relations franco-allemandes, de
les vivre au quotidien et de les entretenir. Mais le couple
franco-allemand doit aussi continuer à jouer un rôle de
premier plan en Europe et d’assumer ses responsabilités,
alors que notre mode de vie démocratique et notre
cohabitation ont été mis à rude épreuve, notamment
avec cette guerre effroyable qui fait rage en Ukraine.
Pour concrétiser cette Europe forte et unie, dont nous
avons tous si urgemment besoin, le dialogue et la collaboration
entre les instances au niveau local et les pays
voisins doivent être renforcés. L’Europe se construit avec
des petits comme avec des grands gestes.
Comment se manifeste concrètement la cohabitation
transfrontalière ?
J. Barseghian — Elle se vit au quotidien pour les habitantes
et habitants de notre région commune. Cela signifie par
exemple de prendre le tram pour passer dans un autre
pays. Les relations entre nos collectivités locales deviennent
également de plus en plus étroites. La convention
de coopération Strasbourg-Kehl signée en 2021 a
instauré un dialogue direct et institutionnalisé entre les
deux villes. La collaboration transfrontalière se développe
au travers de nombreux projets dans les domaines de
la santé, de la culture et de l’utilisation mutuelle de nos
équipements. Nous serons bientôt reliés par un caloduc
sous le Rhin ! Il transportera la chaleur fatale d’une aciérie
allemande jusqu’à Strasbourg pour fournir du chauffage
et de l’eau chaude à 8 000 foyers. Ce projet, unique en Europe
et mis en place suite à la création de la société d’économie
mixte transfrontalière « Calorie Kehl-Strasbourg »
(SEM Calorie), est un exemple remarquable de l’ingéniosité
dont nous sommes capables afin de concrétiser la
transition écologique dans notre région.
P. Imbs — Les frontières s’effacent au profit de grands projets
structurants tels que la « Passerelle des deux Rives ».
La nouvelle SEM Calorie permet d’enrichir notre mix
énergétique local. Ce partenariat entre l’Eurométropole
de Strasbourg, la ville de Kehl, la région Grand Est
et le Land du Bade-Wurtemberg accroît la proportion
d’énergies renouvelables dans les réseaux de chaleur et
remplit les objectifs de décarbonation et de diminution
de la précarité énergétique. Je souhaite également évoquer
le projet « Deux Rives », avec le développement de
quatre nouveaux quartiers de Strasbourg qui s’étendent
jusqu’en Allemagne. Cela nous rapproche encore plus
de Kehl, avec la réhabilitation d’anciennes friches portuaires
qui deviendront un véritable secteur dans lequel
il fait bon vivre. Ce projet bénéficiera autant aux habitants
de Strasbourg qu’à ceux de Kehl.
Selon vous, quel rôle devrait jouer la région du Rhin supérieur
en Europe ?
J. Barseghian — Je pense que nous donnons un élan à l’Europe.
Nous avons ici une bonne vue d’ensemble des effets
frontière qui doivent être éliminés de toute urgence
dans de nombreux domaines. Cette connaissance précise
des problèmes, combinée à notre capacité à partager et
à tester, nous donne une longueur d’avance. Aujourd’hui,
la frontière reste un obstacle, par exemple lorsque l’on
voyage en train. Le train est la meilleure alternative au
transport routier et aérien. Il faut seulement investir et
se libérer des œillères des frontières nationales. Je suis
très engagée sur ce sujet. Une amélioration des liaisons
entre les villes du bassin rhénan aurait un effet positif
sur l’ensemble du réseau européen.
P. Imbs — Pour renforcer la dynamique de la collaboration
transfrontalière, nous disposons d’un instrument très
intéressant : il s’agit du collectif « Grand Est-Europe »
pour la représentation collective des intérêts des acteurs
publics de la région Grand Est auprès des institutions
européennes. Il permet un véritable espace de dialogue
qui permet aux acteurs régionaux de concrétiser leurs
projets européens. Nous devons toutefois encore le
renforcer afin d’accompagner la transition dans les domaines
de l’environnement, de l’énergie, de l’industrie
et du numérique. Mais dès maintenant, la collaboration
transfrontalière nous confirme que l’Eurométropole et
la ville de Strasbourg occupent une place tout à fait particulière
et que le bassin rhénan incarne un réel moteur
au niveau européen.
Dans quelle mesure le numérique représente-t-il une opportunité
pour votre région, mais également pour la collaboration
franco-allemande ?
P. Imbs — Les technologies numériques et les nouvelles
technologies de l’information domineront probablement
dans un futur proche toutes les branches et tous les aspects
de notre vie. Avec des possibilités quasi illimitées,
la transition numérique nous fait de grandes promesses.
La 5G optimisera notamment le cadencement des transports
en commun ou améliorera les soins médicaux. La
transition numérique sera également au cœur de Mack
One France, le campus d’innovation pour le divertissement
numérique, qui sera fondé à Plobsheim, sur les
bords du Rhin. Nous saluons cette implantation et nous
savons que nous pouvons compter sur l’entreprise Mack
pour mener ce projet de manière exemplaire, notamment
en matière de protection de la biodiversité et de
développement durable.
J. Barseghian — Le numérique est un formidable instrument
démocratique. Il nous permet, en tant que collectivité
locale, de recueillir les opinions et souhaits
des habitants relatifs à nos projets et de développer
une politique commune sur mesure. Nous sommes
toutefois conscients que ces instruments peuvent exclure
celles et ceux qui ne sont pas familiarisés avec les
nouvelles technologies et qui n’ont pas les moyens de
s’équiper. La fracture numérique est une réalité, et nous
proposons aux personnes de nombreuses autres possibilités
de s’exprimer, par exemple lors d’ateliers ou via
des questionnaires papier. Internet est un instrument
génial, mais c’est un instrument qu’il faut apprendre à
utiliser pour comprendre ses avantages et prévenir ses
dérives.
Pia Imbs est née en
1960 et a grandi à
Holtzheim, village
limitrophe de
Strasbourg et qui
compte aujourd’hui
3 700 habitants.
L’économiste sans
étiquette vit toujours
à Holtzheim dont
elle est devenue
maire en 2014. En
juillet 2020, elle a
été élue Présidente
de l’Eurométropole
de Strasbourg.
L’Eurométropole
est une forme
de coopération
intercommunale de
la ville de Strasbourg
et de 32 communes
alentour.
Les compétences des
conseillers sont très
vastes. Aucun trottoir
ni place de marché
de Strasbourg ou des
communes adjacentes
ne peut être rénové
ou remodelé sans
l’accord du conseil
de l’Eurométropole.
Aucune entreprise
ne peut non plus
s’implanter dans
une commune sans
son approbation.
L’Eurométropole
possède en outre
des compétences
sur les questions
transfrontalières.
62
NOUVELLE ÈRE
AU FÉMININ
NOUVELLE ÈRE
AU FÉMININ
63
Laurette Lourenço-Siefert
Laurette Lourenço-
Siefert travaillait en
tant que journaliste
quand elle a fait la
connaissance de
Franz et Roland Mack
pour la première fois
en 1976. « J’ai fait la
rencontre d’un duo
père-fils très soudé.
Le fils, Roland, m’a
fait une visite guidée
du nouveau et petit
parc du château, et
m’a tout expliqué. Le
père acquiesçait, et
soulignait certains
points. J’étais très
enthousiasmée par
tout cela, et j’étais
persuadée que ce
serait aussi le cas
de mes lectrices et
lecteurs en Alsace et
en Lorraine.
» En 1990, elle prend
la direction du
« bureau en France »
d’Europa-Park
nouvellement fondé à
Strasbourg, et en tant
que représentante
d’Europa-Park, elle a
depuis convaincu des
milliers de Français
d’aller visiter le parc
de loisirs allemand en
organisant un large
éventail d’opérations.
N
ous sommes au commencement d’Europa-Park, le parc de loisirs est encore
source de scepticisme à l’époque. Des gros titres comme « Le spectre de
la faillite plane au-dessus de Rust » ou encore « Qu’adviendra t-il après la
ruine de l’activité touristique ? » faisaient partie des premières réactions de
la presse par rapport à l’idée de la construction d’un parc de loisirs à Rust,
au cœur du Pays de Bade, par la famille Mack. Les chiffres d’affluence donnent néanmoins
raison à Franz et Roland Mack : 250 000 visiteurs passent les grilles du parc
en 1975, un an plus tard ils sont 700 000, en 1978 la barre du million de visiteurs est
franchie pour la première fois.
La journaliste française Laurette Lourenço-Siefert fait aussi partie des premiers visiteurs.
Elle est immédiatement séduite. « J’ai cru en Europa-Park dès mon premier
article en 1976 dans le magazine TV régional « Est Télé Flash ». J’ai été convaincue
par le parc, la famille Mack, et le concept européen », se souvient-elle. Une amitié
transfrontalière inédite s’est alors forgée : « Année après année, j’ai continué à écrire
des articles sur le parc, je me suis mise à organiser des jeux-concours, et j’invitais
aussi des groupes à visiter Europa-Park, par exemple des personnes en situation de
handicap ». Laurette Lourenço-Siefert crée ainsi des ponts entre la France et le parc :
« Tout comme moi, nos lecteurs on rapidement été séduits par le parc, et ont alors
commencé à se rendre à Rust ».
UNE IDÉE VISIONNAIRE
Après ces débuts prometteurs, le « bureau en France » d’Europa-Park, situé à Strasbourg,
est mis en place en 1990. « Quand la parution de « Est Télé Flash » a cessé suite
à une vente, et que mon poste de rédactrice en chef a été supprimé, j’ai eu l’idée
d’élaborer ce projet en concertation avec Franz, Roland et Jürgen Mack ». Laurette
Lourenço-Siefert est ainsi devenue l’ambassadrice d’Europa-Park en France. L’objectif :
faire connaître le parc aux Français, donner des informations en français, gommer les
frontières, et présenter le parc par exemple sur les salons. « C’était une idée visionnaire
à l’époque. Le parc Disney français n’existait pas encore, et on ne trouvait que
de petits parcs de loisirs en France ».
Actuellement, plus d’un million de visiteurs français viennent au parc chaque année.
Depuis 1999, il existe même une ligne de bus officielle de la région « Grand
Est » à destination de Rust. Et désormais, le TGV s’arrête quotidiennement à la gare
« Ringsheim / Europa-Park ». « Mes compatriotes apprécient le concept d’entreprise
familiale », explique L. Lourenço-Siefert à propos de l’enthousiasme des Français. « Il
est plutôt rare de voir une entreprise familiale atteindre un tel niveau en France. Ils
sont également émerveillés par la haute qualité des attractions et spectacles, par
la propreté du parc, par les détails dans l’architecture ainsi que par les nouveautés
constantes ». Laurette Lourenço-Siefert va prendre sa retraite, mais elle ne s’inquiète
pas une seule seconde pour l’avenir de la relation particulière entre la famille Mack et
la France : « La famille Mack a toujours cru en la France. De notre point de vue, le parc
n’est jamais statique, il est en constante évolution, et proposera toujours la même
qualité sur le plan de l’innovation ».
AMBASSADRICE
POURQUOI LES FRANÇAIS AIMENT-ILS
AUTANT EUROPA-PARK ?
LAURETTE LOURENÇO-SIEFERT DÉTIENT
UNE PARTIE DE LA RÉPONSE
« MES COMPatriOtes APPRÉCieNT LE CONCEPT D’ENtrePrise Familiale »
64
NOUVELLE ÈRE
STRASBOURG
E
ntre Strasbourg et Colmar, le Grand Ried d’Alsace
s’étend entre prairies, forêts et bosquets, tel
un paradis naturel enchanteur. Le nouveau campus
d’innovation de Mack One France s’intègre
naturellement et durablement dans ce paysage
idyllique. Ainsi, la charpente et les façades du bâtiment
sont à 80 % en bois, le matériau renouvelable par excellence.
L’architecture semble se fondre la nature, en parfaite symbiose
avec son environnement. Les teintes et la hauteur
du bâtiment contribuent également à cette harmonie.
« Nous avons effectué des plantations sur le site de manière
à ce que la flore environnante reste intacte et que
la faune puisse trouver de quoi se nourrir tout au long
de l’année », explique Thomas Renner-Boh, directeur de
la gestion des infrastructures d’Europa-Park. « Des ruches
ont été mises en place, et des fleurs et herbes sauvages
ont été plantées ».
La technologie du bâtiment est également durable. Le
chauffage et la climatisation sont assurés en grande
partie par une pompe à chaleur géothermique. Et des
panneaux photovoltaïques contribuent à l’alimentation
électrique du site. De nombreuses rivières et ruisseaux
serpentent à travers le Grand Ried. Grâce à des cours d’eau
artificiels, le site de Mack One vient offrir un complément
bénéfique aux ressources naturelles. « Nous avons généré
des étendues d’eau supplémentaires, qui apportent également
une plus-value à la faune et à la flore », souligne
Thomas Renner-Boh.
début
LE SITE DE MACK ONE FRANCE S’INTÈGRE NATURELLEMENT
ET DURABLEMENT DANS SON ENVIRONNEMENT
NOUVELLE ÈRE ARCHITECTURE 67
Les reflets du temps
Plobsheim et l’Alsace – les lieux où la France et l’Allemagne tissent des liens
L’histoire du
Kempferhof
T
antôt française, tantôt allemande :
l’Alsace est intimement liée à l’Histoire
des deux pays. Elle a souvent été
le théâtre de combats acharnés. Mais
l’Alsace a aussi toujours été la porte
ouverte vers l’amitié entre la France et l’Allemagne.
Sa culture, sa science et son économie rayonnent bien
au-delà de la plaine du Rhin supérieur. C’est à Strasbourg
que Johannes Gutenberg introduisit l’imprimerie
et que le premier hebdomadaire sortit de la presse.
Frédéric Auguste Bartholdi, originaire de Colmar, réalisa
la Statue de la Liberté et Ettore Bugatti construisit en
Alsace des voitures devenues mythiques.
Au cœur de l’Europe, les habitants perçoivent de plus
en plus le pays de Bade et l’Alsace comme un espace de
vie commun. Les défis actuels et futurs sont désormais
plus faciles à relever ensemble.
« L’unité européenne est comme un vaccin contre la
guerre », considérait le célèbre auteur et dessinateur
Tomi Ungerer, qui œuvrait pour la réconciliation et
la coopération entre l’Allemagne et la France. Il faut
connaître l’histoire pour comprendre le présent et être
en mesure de façonner l’avenir.
Les facettes de l’Histoire franco-allemande
À Plobsheim, non loin de Strasbourg, la famille d’entrepreneurs
allemands Mack a implanté son premier
site en dehors de l’Allemagne. À proximité immédiate
s’étend l’un des plus beaux terrains de golf d’Europe.
Un site luxueux avec un golf de premier rang et un
hôtel-restaurant haut de gamme, le tout niché dans un
fantastique écrin de nature : ainsi se définit le Kempferhof
situé à Plobsheim.
Difficile d’imaginer que cette luxueuse demeure était
autrefois une ferme dont le nom fait référence à la
famille Kempfer, originaire de Strasbourg et ancienne
propriétaire des lieux. Il est toutefois bien plus lié au
nom d’une autre famille, les Dartein originaires du Périgord,
qui avaient acquis une grande renommée au 18 e
siècle en tant que directeurs de la Fonderie Royale de
Strasbourg. C’est le baron Jules de Dartein qui construisit
à la fin du 19 e siècle, sur la propriété héritée de son
père, le Kempferhof et travailla à conférer au domaine
agricole, tout au long de sa vie, un aspect représentatif
et tout à fait original.
L’histoire de la propriété, qui débute toutefois bien
plus tôt, est liée à celle du village et de l’Alsace avec
ses nombreux changements de pouvoir entre la France
et l’Allemagne. Plobsheim fut longtemps un village
de pêcheurs sur les bords du Rhin, avant d’être complètement
séparée du fleuve depuis un demi-siècle.
Malgré sa situation isolée, le Kempferhof offrit à des
générations de Plobsheimois renommée et prospérité.
Avec ses nombreuses facettes, le Kempferhof reflète
également les évolutions de part et d’autre du Rhin.
Découvrez son histoire.
PROPOS RECUEILLIS
ET RÉDIGÉS
PAR RENÉ DEIBER
68 historie name kapitel historie name kapitel
69
Blasons des
familles nobles
Heimburg von
Plobsheim,
Mosung et
Zum Treubel.
Première grange dîmière à l’emplacement de
l’ancienne tuilerie seigneuriale, plus tard tuilerie
Kapp. (B.N.U.S.)
Chapitre I
Le village
Le premier château de plaine
Maria zur Aych –
« Notre-Dame du Chêne »
Le second château
Le village
Plobsheim est situé à 15 km au sud
de Strasbourg, sur l’ancienne chaussée
de Strasbourg la reliant à Bâle.
Le village est mentionné la première
fois en 778, à l’occasion de la fondation
de l’abbaye du village voisin
d’Eschau. L’évêque de Strasbourg
Remigius, dans son testament,
lègue à l’abbaye un terrain situé
sur les terres de Plobsheim, appelé
Bladbolshaime.
Au Moyen Âge, Plobsheim était un
petit hameau de quelques maisons
d’agriculteurs et de pêcheurs, et
était traversé par plusieurs cours
d’eau issus des bras de l’Ill et du
Rhin, appelés Giessen. L’endroit se
composait alternativement de terres
grasses, de marais, de roselières et
de forêts alluviales.
Le fleuve au large cours était
franchissable d’île en île en de
nombreux endroits peu profonds, il
n’y avait aucun pont. La population
était d’origine alémanique, vivant
principalement de la pêche et de la
culture des lopins de terre, sous le
servage de seigneurs et maîtres de
Plobsheim appartenant à la Chevalerie
d’Empire de Basse-Alsace et qui
s’appelaient notamment Heimburg
von Plobsheim, Mosung, ou encore
Zum Treubel.
Dans cette région rhénane était
également pratiqué l’orpaillage,
activité annexe très appréciée, qui se
perpétua jusqu’au 19 e siècle. Au 20 e
siècle, une famille portait d’ailleurs
encore nom de « Goldwaschers »
(orpailleurs).
Entre Plobsheim et la Thumenau
s’étendait le domaine du Himmery
(Himmelreich, domaine du ciel). Du
temps des Celtes, cet endroit formait
le bois sacré au centre duquel se
trouvait le lieu du sacrifice druidique
près d’un vieux chêne. Avec
le christianisme, le lieu fut converti
en centre chrétien de prière pour le
village, les croyants venant de tous
les environs.
Une image de Marie posée sur le
chêne donna le nom Maria zur Aych.
Plus tard, au 15 e siècle, on construisit
la chapelle Notre-Dame du Chêne,
qui donna lieu à un culte considéré
comme le plus ancien pèlerinage
marial d’Alsace. Il se peut que la
première grange dîmière du site se
soit trouvée sur le terrain de l’ancienne
tuilerie seigneuriale, plus tard
tuilerie Kapp.
70
HISTOIRE
Chapitre I
HISTOIRE
Chapitre I
71
En 1416, Sigismond de Luxembourg
(1368-1437), empereur du Saint-
Empire romain germanique, donna
le village en gage à Johann Zorn
von Eckerich. La famille, qui avait
par ailleurs fourni de nombreux
Stettmeister (maires) à Strasbourg,
prit à partir de ce moment-là le nom
de Zorn von Plobsheim.
Le village resta lié à la famille Zorn
pendant plus de deux siècles.
En 1427, les Zorn cédèrent leurs
droits patronaux sur l’église aux
Rathsamhausen, seigneurs de
Wibolsheim, qui firent construire
le chœur et la sacristie de l’actuelle
église.
Le premier château
de plaine
Une famille noble, les Heimburg
de Plobsheim, fut probablement
à l’origine de la construction du
château aux lignes sobres qui se
trouvait au bord de la route de
Strasbourg, avec des tours aux
angles et des douves.
C’est à cet emplacement, appelé
Ackergarten, qu’au début du 20 e
siècle Jules de Dartein construisit
la villa désormais connue sous le
nom de « maison de Gail » (voir
chapitre VI).
Maria zur Aych –
Notre-Dame Du Chêne
En 1454, Adam Zorn fit construire la
chapelle Notre-Dame du Chêne, au
sud du village. Comme le raconte
la légende représentée sur les
vitraux de la chapelle, cette dernière
fut construite à la suite d’un vœu
du chevalier Zorn : l’évêque de
Strasbourg avait appelé sa noblesse
à participer à la guerre contre
les Armagnacs, et au cours d’une
bataille, le chevalier Zorn fut en
grand danger de mort. Il promit
à Marie, s’il avait la vie sauve, de
faire construire une chapelle en son
honneur.
Adam Zorn fut épargné, et la guerre
terminée, il rentra sain et sauf dans
sa famille. Mais les mois passèrent
et il oublia sa promesse.
Un jour, allant chasser près du
vieux chêne, il banda son arc, prêt
à décocher une flèche sur une
colombe perchée dans l’arbre. À sa
grande surprise, près de l’oiseau lui
apparut l’image de la Vierge Marie,
tout auréolée de gloire, lui adressant
un regard austère pour lui rappeler
sa promesse non tenue. Adam
Zorn tomba à genoux et promit de
s’acquitter enfin de sa promesse.
En 1562, pendant la Réforme, les Zorn
adoptèrent la religion luthérienne, et
tous les habitants du village durent
faire de même. Un premier pasteur
luthérien, Hieronymus Düppel,
s’installa à Plobsheim en 1577.
Le second château
Vers la fin du 16 e siècle, les Zorn
remplacèrent le vieux château
par un nouveau château de style
Renaissance, à quelques centaines
de mètres de l’ancien, toujours au
bord de la chaussée de Strasbourg
à Bâle. Ce bâtiment Renaissance de
plan rectangulaire, flanqué d’un oriel
sur l’angle nord-est, est percé d’une
canonnière au rez-de-chaussée avec
des pignons élevés, amortis par des
boules.
Dessin à la
plume de
Pierre Nuss,
comportant
le blason avec
les trèfles de
Plobsheim et
l’étoile des
Zorn
Zorn von Eckerich,
Rathsamhausen,
Böcklin von Böcklinsau
(B.N.U.S. d’après Lehr et
Neuenstein)
Le château des Zorn dans les années 1950 (coll. R. Deiber)
Statue originale de
Notre Dame du Chêne
72 HISTOIRE Chapitre I (Maria zur Aych)
HISTOIRE Chapitre I
(photo R. Deiber)
73
Copie de
l’acte de
donation par
Louis XIV du
village de
Plobsheim en
1684
(A.D.B.R.)
Blaons des familles
Güntzer et Kempfer
Chapitre II
Maison à Illkirch dans
laquelle fut signée, par
les délégués de la ville,
la capitulation de la ville
libre de Strasbourg le
30 septembre 1681
(carte postale coll. R. Deiber)
Vers le changement
de seigneurie
Vers le changement de
seigneurie
La guerre de Trente Ans (1618-1648)
eut pour Plobsheim de graves
conséquences : à la fin de ce conflit,
le village était dévasté, la population
fortement décimée. En 1648,
par la signature du traité de Westphalie,
Louis XIV obtint l’Alsace, à
l’exception des dix villes formant la
Décapole, dont Strasbourg.
Mais le roi de France ne se satisfaisait
pas de cette situation et n’eut
de cesse de chercher à posséder la
totalité de ces villes et principalement
Strasbourg, ce qui lui aurait
permis d’avoir un accès vers l’Empire
allemand en passant sur le pont du
Rhin. À l’été 1681, il rassembla
30 000 soldats près d’Illkirch.
Le 28 septembre, le pont du Rhin fut
occupé, et la ville encerclée le 29.
À Illkirch, Louvois, ministre d’État,
reçut une délégation du Magistrat
et lui ordonna de se rendre avant
le 30 à sept heures du matin, faute
de quoi la ville serait bombardée. Le
Magistrat décida alors de se rendre.
Dans cette reddition, signée à Illkirch
le même jour, Louis XIV laissait à
Strasbourg sa Constitution et la
liberté de culte de ses habitants.
La cathédrale devait toutefois être
rendue au culte catholique.
La reddition de la ville de Strasbourg
fut facilitée par les deux notables
Christophe Güntzer et Jean Nicolas
Kempfer : pour les en remercier,
Louis XIV leur offrit en 1684 le
village de Plobsheim en copropriété.
Les deux beaux-frères (ils avaient
épousé les deux sœurs Agnès et
Marguerite Wencker) se convertirent
rapidement au catholicisme, leurs
femmes restant quant à elles fidèles
au protestantisme.
À Plobsheim, les choses changèrent
rapidement. Les nouveaux seigneurs
chassèrent de façon brutale la veuve
de Röder, née Zorn, avec ses enfants
en bas âge, du château où elle
résidait.
74 HISTOIRE Chapitre II
HISTOIRE Chapitre II 75
En 1687, Christophe Güntzer et Jean
Nicolas Kempfer firent poser un
cartouche en grès sculpté avec leurs
blasons et leurs initiales au-dessus
du four de la tuilerie. Ce cartouche
est aujourd’hui inséré dans le mur
nord de la maison d’habitation de
l’ancienne tuilerie.
Gravure
représentant
Jean Nicolas
Kempfer
(B.N.U.S.)
Dans les années 1688 et 1689, les
nouveaux seigneurs firent dresser
un livre terrier de l’intégralité des
maisons, fermes et terres du village.
De ces relevés ressortirent les noms
des propriétaires, les superficies et
les loyers à payer annuellement. La
famille Kempfer possédait 257 acres,
la famille Güntzer 381 acres.
Jean Nicolas Kempfer habita le
château des Zorn avec sa famille.
Son beau-frère continua à résider à
Strasbourg et décéda le 11 décembre
1695. Dans la rue de l’Église, ses
héritiers construisirent le manoir
Güntzer en 1705.
Ce furent les descendants de troisième
génération des deux notables
Christophe Güntzer et Jean Nicolas
Kempfer qui subirent les changements
infligés par la Révolution : les
nobles furent considérés comme
suspects, poursuivis et arrêtés.
Pour les Güntzer, la mère et la fille
étaient sur la liste des suspects et
furent bannies dès 1792. Jean Baptiste
Güntzer émigra en Allemagne,
ses possessions furent saisies et
vendues.
Dans la famille Kempfer, la mère
fut jetée en prison avec ses filles. En
1810, après le décès de la veuve, les
biens de la famille furent partagés
en lots entre l’État, la commune de
Plobsheim et les filles Kempfer. À
Plobsheim, Anne Victoire de Boistel
obtint le château des Zorn ainsi que
d’autres terres et bois, dont les terres
situées dans le Kling, qui devinrent
plus tard le domaine du Kempferhof.
On reconnaît à gauche le
blason de Christophe Güntzer,
à droite celui de Jean Nicolas
Kempfer. La date de 1687
apparaît dans les angles
inférieurs
(photo R. Deiber)
"Le châtelet Güntzerschloss"
construit en 1705
(coll. R. Deiber)
Extrait du livre terrier, archives catholiques de
Plobsheim (photo R. Deiber)
76 HISTOIRE Chapitre II
HISTOIRE Chapitre II 77
Jean Baptiste de Dartein
(1719-1781)
Arrière-grand-père de Jules de
Dartein
Chapitre III
La famille Dartein
en Alsace
Le commissaire des fontes, issu
d’une famille originaire de Tayac
dans le Périgord, était le fils de
Pierre Dartein et de Marie Pécharry.
Il travailla successivement dans les
fonderies de la marine à Toulon
et Ruelle, en Angoumois, avant de
s’établir en Alsace en 1761 ou 1762
comme commissaire général des
fontes de l’artillerie à Strasbourg.
Les services rendus par sa famille
pendant plus de 150 ans dans les
fonderies royales et son mérite
personnel furent récompensés par
Louis XVI, en 1778, par des lettres de
noblesse et, deux ans après, par la
croix de Saint-Michel.
Ayant renouvelé précédemment
l’artillerie pontificale, Jean Baptiste
de Dartein reçut aussi du Saint-Siège
la décoration de l’Éperon d’or avec
le titre de comte romain. Le canton
de Soleure lui décerna également
une médaille d’honneur en 1776.
Il mourut à Strasbourg le 20 avril
1781, et fut inhumé dans le cimetière
aujourd’hui disparu de Saint-Pierrele-Jeune.
De son mariage avec Anne Geneviève
Colmont en 1745 naquirent
trois fils. Sa veuve, morte en 1788, fut
enterrée dans le chœur de l’église de
Thanvillé.
Jean Felix de Dartein (1747-1788)
et Jean Hermine de Dartein
(1763-1809)
En tant que fils aîné, Jean Félix
succéda en 1781 à son père comme
commissaire général des fontes de
l’artillerie de Strasbourg et acquit
en 1786 la baronnie de Thanvillé.
Le benjamin Jean Hermine, né à
Strasbourg en 1763, fut capitaine au
régiment des Hussards Chamborant
et mourut célibataire à Strasbourg
en 1809.
Jean Baptiste de Dartein (1719-1781)
Jean Baptiste de
Dartein (1719-1781)
(coll. particulière)
Les biographies des membres de la famille Dartein ci-après sont adaptées du Dictionnaire
de biographie des hommes célèbres de l’Alsace d’Édouard Sitzmann, tome 1.
78 HISTOIRE Chapitre III
HISTOIRE Chapitre III 79
Le château
de Kolbsheim
au 19 e siècle
(dessin de Julius
Naeher, 1905)
Possessions de la famille Dartein
Charles Mathieu Sylvestre de
Dartein (1749-1814)
Grand-père de Jules de Dartein
Seul fils de Jean Baptiste ayant
eu des enfants, il naquit à Toulon
en 1749. Reçu avocat au Conseil
souverain d’Alsace, il revêtit aussi la
dignité de préteur royal de Sélestat
de 1779 à 1790 et fut membre de
l’assemblée provinciale d’Alsace en
1787. Cette même année, il épousa à
Colmar Rosalie de Salomon, fille du
receveur général des Domaines et
Bois de la Couronne et nièce du second
président du Conseil souverain.
À la mort de son frère aîné, Charles
Mathieu Sylvestre racheta la baronnie
de Thanvillé à sa belle-sœur et
accéda à la direction de la fonderie
royale de Strasbourg en 1790.
Ses fonctions le sauvèrent pendant
le règne de la Terreur, car même la
République avait besoin de canons.
L’ancien commissaire général publia
successivement des « Observations
sur les fontes des bouches à feu »
en 1806 et un « Traité élémentaire
sur les procédés en usage dans les
fonderies pour la fabrication des
bouches à feu » en 1810. Charles Mathieu
Sylvestre de Dartein fit partie
du Conseil général du Bas-Rhin et du
Conseil de Préfecture. La mort prématurée
de deux de ses fils, Charles
Hermine et Gustave, hâta sa fin.
Charles Mathieu Sylvestre
de Dartein et Françoise
Rosalie de Dartein, née de
Salomon (1761-1841).
Médaillons gravés par
Gilles-Louis Chrétien
(1754-1811), inventeur du
physionotrace, appareil
qui facilita la gravure des
portraits
(coll. particulière)
Hôtel de Dartein,
rue des Charpentiers
à Strasbourg
(coll. particulière)
Le château de Kolbsheim
En 1801, Charles Mathieu Sylvestre
de Dartein racheta aux héritiers du
général autrichien Falkenhayn la
terre et le château de Kolbsheim,
à une quinzaine de kilomètres de
Strasbourg.
La tombe de Charles Mathieu
Sylvestre de Dartein
Charles Mathieu Sylvestre de Dartein
mourut le 24 octobre 1814 dans son
château de Kolbsheim.
Six enfants étaient nés de son
mariage :
1. 1788, Adélaïde, qui épousa en 1810
le général baron de Castex ✝ 1856
2. 1789, Charles Hermine, ✝ 1814
3. 1792, Gustave, ✝ 1812
4. 1796, Félix, ✝ 1866
5 et 6. 1799, Théodore, ✝ 1884,
et un jumeau qui mourut au bout de
quelques instants.
Le château de
Thanvillé (dessin
de Jules de
Dartein, 1859)
(coll. particulière)
L’Hôtel de Dartein
(Ancien hôtel de Christine de Saxe)
En 1807, Charles Mathieu Sylvestre
de Dartein acheta l’ancien Böckelshof
ayant appartenu à la princesse
Christine de Saxe, et situé au 17 rue
des Charpentiers à Strasbourg.
Le château de Thanvillé
Vers 1800, Charles Mathieu Sylvestre
de Dartein fit refaire la toiture du
château de Thanvillé, qu’il avait
racheté après le décès de son frère
Jean Félix en 1788.
Le château du Bernstein
Le château du Bernstein sur les
hauteurs de Dambach-la-Ville, l’un
des plus anciens châteaux d’Alsace
et dont la première mention
remonte au 11 e siècle, changea
plusieurs fois de propriétaire au
cours du 15 e siècle, et fut déserté
par les évêques strasbourgeois
à la fin du 16 e siècle. Il fut pillé
par les Suédois en 1632, puis en
partie démantelé à la Révolution.
Il fut acheté en 1822 par Félix de
Dartein avec la forêt domaniale
qui l’entourait. La maison du garde
fut restaurée et servit pendant
de longues années de maison de
vacances à Félix, à sa femme et à
leurs enfants avant la revente de
l’ensemble en 1861.
80 HISTOIRE Chapitre III
HISTOIRE
Chapitre III
81
La famille Félix de Dartein en 1865
En haut, de gauche à droite : Virginie, Jules, Félix, Gustave et Charles.
En bas, de gauche à droite : Cécile, Émilie, Henri et Marie.
Extrait du journal de Cécile de Dartein, publié par Jean N. D. Escande
(coll. particulière)
82 HISTOIRE Chapitre III
HISTOIRE Chapitre III 83
Les parents de
Jules de Dartein
Félix de Dartein
Né à Strasbourg le 16 juin 1796, il fut
reçu avocat à la Cour Royale de Paris
en 1817 et aida sa mère dans la gestion
de ses propriétés de Thanvillé et
de Kolbsheim. Sous-préfet de Lavaur
(Tarn) en 1826 puis de Sarrebourg
(Moselle) en 1829, il acheta 46 hectares
de forêts à Plobsheim en 1837,
et agrandit ce domaine au fil des ans
par des échanges et des achats. Ensuite
Conseiller Général du Bas-Rhin
dans le canton de Villé, il se retira
définitivement de la vie politique
après le coup d’État de Louis-Napoléon
Bonaparte en décembre 1851 et
se consacra dès lors à des travaux
historiques et agronomiques.
Aquarelle de
Félix de Dartein
(coll. particulière)
Aquarelle d’Émilie
de Dartein, née
Hamart
(coll. particulière)
Emilie Hamart
Fille d’un colonel d’artillerie issu
d’une famille bretonne établie en
Lorraine au 18 e siècle, elle épousa
Félix de Dartein en 1835 ; décédée à
Strasbourg en 1882, elle repose au
cimetière de Thanvillé, aux côtés
de son mari, mort aux eaux de
Kreuznach (Allemagne), où le médecin
l’avait envoyé en cure.
84 HISTOIRE Chapitre III
HISTOIRE Chapitre III 85
Les enfants de Félix de Dartein
1) Charles de Dartein (1836-1882)
Entré à Saint-Cyr à 17 ans, il en sortit sous-lieutenant en 1855, fit la campagne
d’Italie en 1859 sous Napoléon III et fut nommé lieutenant après la bataille
de Magenta. En 1861, il épousa Caroline Palle, née en 1841. Après la défaite
de Sedan en 1870 durant la guerre franco-allemande, il fut interné à
Magdebourg. Une fois libéré, il quitta la France pour l’Algérie et reçut la croix
de Chevalier de la Légion d’honneur en 1880. Inventeur d’un révolver à hélice
et auteur d’articles dans des revues militaires, il décéda à Marseille en 1882,
à l’âge de 46 ans, d’une laryngite aiguë qu’il avait contractée en Algérie. Il
repose au cimetière de Thanvillé auprès de ses parents.
De son mariage naquirent :
1. 1868, Félix : marié en 1903 à Berthe Espinasse, il eut d’elle une fille, Isaure
(née en 1904), qui épousa en 1928 à Lyon Roger de Montalembert de Cers ;
leur fille Henriette, née en 1929, épousa en décembre 1947 Philippe de
Gaulle, fils du général. Félix, décédé en 1947, repose à Lyon.
2. 1879, Élisabeth : née à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), elle
décéda à Plobsheim en 1937 et fut inhumée à Thanvillé.
3. 1881, Louis : né à Médéa (Algérie), il fut curé de Colroy-la-Roche de 1919
à 1923, puis précepteur du comte de Paris et publia avant la Seconde
Guerre mondiale plusieurs biographies de ses ancêtres, consultables en
ligne (gallica.fr). Décédé à Strasbourg en 1949, il repose à Thanvillé.
2) Gustave de Dartein (1837-1913)
Il fit des études juridiques à Strasbourg, devenant avocat en 1857. Après trois
années passées à Paris, il en revint docteur en droit en 1862, mais entra au
Grand séminaire de Strasbourg en 1865, et fut ordonné prêtre en 1868. Après
avoir fait partie des quatre sténographes français du concile du Vatican
(1869-1870), il fut aumônier des Francs-Tireurs du Haut-Rhin (1870-1871). De
1871 à 1873, il fut secrétaire particulier de Monseigneur Raess, l’évêque de
Strasbourg, puis professeur d’histoire au Petit Séminaire de Strasbourg et à la
Maison des Étudiants (École Saint-Sigisbert) à Nancy de 1874 à 1883. Lorsque
ses protégés, à leur majorité, eurent tous opté pour la France, il devint moine
bénédictin en 1901 et consacra ses dernières années à enseigner le droit
canonique avant de décéder en 1913 à l’abbaye de Chèvetogne, en Belgique,
et d’être inhumé dans le cimetière du village.
3) Jules de Dartein (1839-1928)
Devenu ingénieur des Arts et Manufactures à sa sortie de Centrale en 1862, il
travailla d’abord à la Compagnie des Chemins de Fer du réseau Paris-Orléans,
mais quitta rapidement cet emploi pour revenir en Alsace où il seconda
son père malade. Ce dernier avait acheté en 1837 à Plobsheim des terres
cultivables et des forêts provenant en grande partie de la famille Kempfer. De
1863 à sa mort en 1928, il se consacra à leur exploitation en copropriété avec
Henri, son plus jeune frère.
4) Marie de Dartein, épouse de Charles de Gail (1841-1926)
Née au Neuhof, dans la banlieue de Strasbourg où son père possédait alors
une propriété, elle épousa en 1867 le baron Charles de Gail, de Mulhausen.
De ce mariage naquirent :
1. 1868, Marie-Antoinette (✝ en 1912), religieuse
2. 1869, Cécile (✝ 1947), mariée à Maurice Barthélemy
3. 1874, Henri, (✝ 1945), inhumé au cimetière de Plobsheim
4. 1878, Martha (✝ en 1928), restée célibataire
5. 1879, Jeanne (✝ 1881)
6. 1882, André (✝ en 1945)
5) Virginie de Dartein, épouse Zurcher (1842-1905)
Elle épousa en 1872 Alfred Zurcher, manufacturier à Cernay (Haut-Rhin).
De ce mariage naquirent :
1. 1877, Étienne (✝ en 1924)
2. 1879, Anne-Marie, (✝ en 1958)
3. 1881, Gustave (✝ 1897).
6) Henri de Dartein (1846-1912)
Né à Strasbourg, il fut reçu avocat en 1870, mais n’exerça jamais. Il fut
successivement conseiller de préfecture à Belfort (en 1871) et à Lons-le-
Saunier (en 1878) ; révoqué en 1879, il se maria la même année à Longwy
(Meurthe-et-Moselle) avec Marie Legendre dont il eut 11 enfants.
De ce mariage naquirent :
1. 1880, Marie-Thérèse (✝ en 1913), sans postérité
2. 1882, Jean (✝ en 1886 d’une méningite et inhumé au Kempferhof)
3. 1883, Françoise, devenue Madame Georges de Hédouville en 1905
(✝ 1972), avec postérité
4. 1884, Louise (✝ en 1901), sans postérité
5. 1885, un garçon mort-né
6. 1887, Jeanne, mariée en 1912 à Raymond de Puisieux
7. 1889, Monique (✝ en 1972), sans postérité
8. 1891, Joseph (✝ en 1952), resté célibataire
9. 1893, Katharina (✝ 1942), religieuse
10. 1895, Marguerite-Marie (✝ en 1979), restée célibataire
11. 1897, Charles, mort-né
7) Cécile de Dartein (1848-1913)
Pendant le siège de Strasbourg de 1870, Cécile tint un journal pour sa sœur
Marie.
Sur l’aquarelle ci-contre, peinte en 1873, elle était âgée de 25 ans ; elle ne se
maria pas et s’occupa de sa mère et de ses nombreux neveux et nièces.
Les portraits 1 à 6 proviennent de la photo de famille de Félix de Dartein de 1865. Portrait n° 7 : collection particulière.
86 HISTOIRE Chapitre III
HISTOIRE Chapitre III 87
Vignette inédite de
la bande dessinée
réalisée par Jules de
Dartein à l’âge de 15 ans
(coll. particulière)
Le voyage de Jules de Strasbourg
à Dambach en 854
Nous connaissons ce voyage par l’historien Jean N.
D. Escande, qui le révéla en 1982 dans un article de
l’Annuaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie de
Dambach-la-Ville.Barr.Obernai (n° 16) :
À l’âge de 15 ans, Jules de Dartein traduisit en bande
dessinée un voyage de Strasbourg à Dambach en 1854,
à l’occasion de vacances qu’il allait passer au château
du Bernstein.
Il ne dit pas quelle route suivit la diligence, mais il
fallut deux jours pleins pour faire une cinquantaine
de kilomètres, avec bien des péripéties !
Les Souvenirs de Françoise de Dartein, nièce de
Jules, nous apprennent que ce dernier « était
remarquablement doué pour le dessin, comme toute
sa famille, du reste ». Ses dessins à la plume avaient un
cachet tout particulier. Il avait son trait et ses sujets à
lui, et se plaisait à offrir à ses visiteurs des souvenirs
dessinés de leur séjour au Kempferhof.
En réalité, de sa jeunesse à un âge très avancé, Jules de
Dartein aima s’adonner au dessin ; la bande dessinée
reproduite sur les pages suivantes peut même être
complétée par une vignette inédite.
88 HISTOIRE Chapitre III HISTOIRE Chapitre III 89
90 HISTOIRE Chapitre III HISTOIRE Chapitre III
91
Chapitre IV
Le domaine devient le
« Kempferhof »
La dernière habitante du château
Renaissance des Zorn-Kempfer,
Madame de Boistel, décéda en
1831. Son héritière, la marquise de
Rancy, proposa à la commune de
Plobsheim d’acheter le château, ce
qui fut fait en 1836 pour la somme
de 25 000 francs. Le bâtiment devint
l’école communale, avec une partie
catholique et l’autre protestante.
En 1837, Félix de Dartein eut
l’opportunité d’acheter à la
marquise de Rancy les terres et
forêts provenant de la succession
des Kempfer, un ensemble de 46
hectares situés au lieu-dit Kling.
C’est là que son fils Jules créa le
Kempferhof, nom donné en souvenir
des anciens propriétaires, la famille
Kempfer issue de la noblesse
strasbourgeoise.
1866: Jules et Henri de Dartein,
copropriétaires des terres de
Plobsheim
Décédé en 1866, Félix de Dartein
légua le Kempferhof à ses deux fils
Jules et Henri, alors respectivement
âgés de 27 et de 20 ans.
Jeune ingénieur des Arts et
Manufactures, Jules avait regagné
l’Alsace en 1863. Il s’occupa pendant
quelque temps de machines
hydrauliques dans l’intention de
procurer des moyens d’irrigation
pour une partie des terres de
Plobsheim.
Henri, juriste de formation, entra
dans l’administration en 1871
et, après son mariage en 1879
avec Marie Legendre, s’installa
en Lorraine, d’abord à Longwy,
ville natale de son épouse, puis à
Nancy. Une de ses filles, Françoise,
épousa le baron Georges de
Hédouville et rédigea à partir de
1946 des souvenirs de son enfance
mentionnant aussi bien Jules
qu’Henri de Dartein.
Jules de Dartein
à 24 ans
(coll. particulière)
Henri de Dartein,
à 24 ans, en tenue
de franc-tireur
du Haut-Rhin, en
criméenne trouée
et fusil chassepot
(coll. particulière)
Le domaine devient le
« Kempferhof »
Dessin (anonyme) illustrant
le début du discours
prononcé au commencement
du banquet nuptial par l’abbé
Charles de Hombourg, curé
de Lièpvre, ancien directeur
du collège libre de St.
Arbogast (doc. B.N.F. / Gallica)
Les dates du 11 novembre
1861 et celle du 11 novembre
1867 correspondent
respectivement au mariage
de Charles, l’aîné de la fratrie,
et de leur sœur Marie.
Mariage de Jules de Dartein
Jules de Dartein se maria le 11
novembre 1868 avec Anne Marie
Stricker, fille d’un teinturier de
Sainte-Marie-aux-Mines. Tout en
gardant à Strasbourg un pied-àterre
dans la maison familiale rue
des Charpentiers, il augmenta
progressivement son exploitation
en achetant en commun avec son
beau-frère, Alfred Zurcher, des terres
au lieu-dit Schafsteg, uniquement
accessibles par un gué.
Anne Marie
Stricker, date
indéterminée
(coll. particulière)
Carte de 1908, en allemand
Le cercle rouge indique la situation du Kempferhof, entre le village et le
Rhin, et l’ovale vert désigne les terres de la Schafsteg, achetées par la
92 histoire Chapitre IV
suite. La correction du Rhin a été réalisée à partir de 1840 (coll. R. Deiber).
HISTOIRE Chapitre IV 93
Les projets d’église de
Jules de Dartein
Première version :
Sur l’île de la Schafsteg vivait à la fin
du 18 e siècle un fermier, Jacob Heller,
en location auprès de la famille
Kempfer. Cette cense (ferme isolée),
dont l’accès n’était possible que par
barque, était signalée sur la carte
de Cassini, mais fut emportée par
une crue du Rhin au 19 e siècle. Jules
de Dartein venait souvent y chasser,
une maisonnette y ayant été
construite comme abri de chasse.
Le rachat de la chapelle
« Notre-Dame du Chêne »
par Félix de Dartein
En 1937, en reconnaissance de ce
don, une plaque commémorative
en grès fut apposée sur l’abri des
pèlerins : le blason des Dartein y est
associé à celui des Zorn, constructeurs
de la chapelle.
Détail de la cense
de Schafsteg
(Carte géométrique de
la France, dite « Carte de
Cassini »)
Plaque réalisée en 1937 par
Pierre Nuss de Strasbourg,
sculpteur, architecte, dessinateur
et fervent admirateur
de la chapelle Notre-Dame
du Chêne
(photo R. Deiber)
Les blasons Zorn et Dartein
côte à côte dans les racines
du chêne de Notre-Dame du
Chêne
(les couleurs des émaux ne correspondent
pas à celles généralement
utilisées pour les blasons des deux
familles)
Tout comme son père, Jules de
Dartein apporta sa contribution
au village. Après la capitulation
de Strasbourg en 1681 et le
rétablissement du culte catholique
à Plobsheim, le simultanéisme
avec la religion protestante s’était
lentement mis en place, et depuis
1776, un curé était installé dans le
nouveau presbytère. Mais le partage
de l’église n’étant pas toujours
facile à vivre pour les deux parties,
les catholiques de Plobsheim
réfléchirent à partir de 1886 à la
construction d’une église pour eux
seuls. Jules de Dartein, propriétaire
du Meyerhof (le terrain du premier
château fort médiéval), fit réaliser
entre 1889 et 1890 trois différents
projets d’église à implanter sur
son terrain. L’architecte aurait dû
être Heinrich de Barr, comme le
montrent les archives de la paroisse
catholique.
Deuxième version :
En 1866, Félix de Dartein, déjà très
malade, apprit que la paroisse catholique
de Plobsheim devait dépenser
la somme de 2 000 francs pour le
rachat de la chapelle Notre-Dame
du Chêne, et fit envoyer la moitié de
cette somme au conseil de fabrique.
(Archives catholiques de Plobsheim)
94 HISTOIRE Chapitre IV histoire Chapitre IV
95
Troisième version :
Le constructeur de ponts
Ingénieur de formation, Jules de
Dartein savait utiliser la technique
moderne du béton armé dès la fin
du 19 e siècle.
Il fit construire à ses propres
frais le chemin qui traversait son
domaine en se dirigeant vers l’est
et la forêt du Rhin. Jules de Dartein
fit également construire le petit
pont pour franchir le cours d’eau
qui traversait son terrain. Ces
aménagements rendaient de grands
services aux habitants de la ferme
Schneider Michel et à tous ceux qui
devaient se rendre dans la forêt du
Rhin pour y travailler.
Le pont du Lirsand
Cette troisième version fut la
bonne. Le projet se montait à
33 000 marks ; la paroisse
catholique disposait d’une somme
de 4 000 marks et Jules de
Dartein en promit 16 000. Le reste
manquant ne parut pas impossible
à trouver. Finalement, il fut décidé
de construire une nouvelle église
non pas pour les catholiques,
mais pour les protestants, sur un
terrain fourni par les catholiques
au croisement de la rue principale
(actuelle rue du Général Leclerc) et
la rue de l’Église. La construction
de cette église fut confiée aux
architectes Haug et Brion, et elle fut
inaugurée le 14 août 1898.
Jules de Dartein participa à la
restauration de l’église catholique.
L’ancienne église étant rendue
aux seuls catholiques, il fallut
faire de nombreux travaux et
aménagements. La petite cloche
Saint-Jean, aujourd’hui toujours
en place, ainsi que la cloche
moyenne, furent achetées grâce
au parrainage de Jules de Dartein.
Ce fut encore lui qui offrit la
statue de Jésus. En reconnaissance
de ses dons considérables, on
installa pour sa famille deux bancs
d’honneur, dont il exécuta luimême
les sculptures.
Nouvelle église protestante
de 1898 : dessin d’un avantprojet
publié dans
Süddeutsche Bauzeitung
(coll. R. Deiber)
Avant-projet pour la
construction de la sacristie
à l’église catholique
(paroisse catholique de Plobsheim)
Pour arriver sur la digue des Hautes
Eaux, il fallait traverser un petit
cours d’eau qui longeait cette digue.
La commune de Plobsheim y avait
construit en 1854 un pont qui,
devenu vétuste, dut être refait.
C’est encore Jules de Dartein qui
le reconstruisit en 1899 avec la
technique moderne du béton.
Le blason de Plobsheim au-dessus
de la voûte côté nord, surmonté
de la date 1854, rappelle le premier
pont. Côté sud est apposé son
propre blason, en clef de voûte, le
D de Dartein, et le dard, entrelacés,
surmontés de la date 1899. Ces deux
blasons sont des moulages de béton
modernes.
(Photos R. Deiber)
96 histoire Chapitre IV
HISTOIRE Chapitre IV 97
Les constructions au
Kempferhof
Sur le domaine de 46 hectares
acheté par Félix de Dartein en
1837, il n’y avait au départ aucune
construction.
Le domaine servait à la chasse
pour la famille, et à cet effet, une
petite maison avait été construite
près du Mühlgiessen pour servir
d’abri. Après le décès de son père,
petit à petit, Jules de Dartein
aménagea les lieux, les agrandissant
et les modifiant, toujours selon
ses propres plans. En plus de 60
ans fut constitué l’extraordinaire
ensemble de constructions que l’on
connaît aujourd’hui sous le nom de
Kempferhof.
Chapitre V
Les constructions au
Kempferhof
En l’absence d’éléments écrits, c’est
grâce à des dessins et photos que
l’on peut connaître l’évolution des
constructions au Kempferhof.
1873 : la maison d’habitation
est terminée
Sur le dessin ci-contre, il manque
encore la tour de trois étages vers
le sud-ouest, le grand salon vers le
nord-ouest, les bâtiments agricoles
et la chapelle.
Ce dessin montre la maison telle
qu’elle se présentait au départ.
Par ailleurs, on aperçoit, accolé à
la maison, un appentis qui servit
de bâtiment agricole et qui fut
agrandi par la suite. Il y a également
une autre petite construction
probablement à usage agricole ou
bien servant de logement de service.
Dessin de Jules de Dartein daté de 1873 (coll. particulière)
98 histoire Chapitre V
HISTOIRE Chapitre V 99
Photo de la
maison prise
après 1883 avec
la chapelle à
droite
(coll. particulière)
1884 : inauguration de
la chapelle
La photo ci-dessous montre la
maison avec la chapelle terminée,
inaugurée en 1884. La tour, quant à
elle, n’est pas encore construite.
On peut aussi observer que les
façades des murs du deuxième
étage, pignon et murs gouttereaux,
étaient bardés de planches de bois
verticales. Plus tard, ce bardage
en bois fut remplacé par des
maçonneries de brique. Des fenêtres
y furent également intégrées.
Les toitures du Kempferhof
Les toitures du Kempferhof montrent la complexité des constructions après
les transformations successives de la première maison remontant à 1873
(marquée par les pointillés) : la tour fut accolée au centre du pignon de la
maison avec un bâtiment de liaison entre les deux, et la façade nord-ouest
de la maison fut flanquée de deux bâtiments sur deux étages avec pignons,
séparés d’un espace en retrait. Par la suite, sans qu’on sache précisément en
quelle année, fut encore rajouté le bâtiment du grand salon avec le passage
de liaison percé dans le bas d’une ouverture cochère permettant le passage
des calèches.
1894 : la tour de trois étages
Le 30 janvier 1894, Fernand de
Dartein écrivit à son cousin Henri une
lettre dans laquelle il mentionna la
tour : « Je suis bien loin d’approuver
le plan de la maison de Jules, y lit-on ;
mais je dois déclarer que la tour
en est charmante ». Quatre ans et
demi plus tard, Fernand de Dartein
peignit l’aquarelle ci-contre (coll.
particulière).
C’est globalement la même vue
qu’on retrouve sur une carte envoyée
en 1900 par Henri de Gail (neveu de
Jules) à sa tante Anne Marie.
Verso de la
carte datée du
16 mars 1900
(coll. R. Deiber)
Plan dessiné d’après Google Earth pro (R. Deiber)
100 HISTOIRE Chapitre V
101
Les bâtiments
aujourd’hui
Le bâtiment le plus haut du
Kempferhof est cette tour de trois
étages. Selon la légende, Jules de
Dartein l’aurait fait rehausser d’un
étage afin de pouvoir apercevoir le
mont Sainte-Odile sur les hauteurs
des Vosges.
Ci-dessous : à gauche, la terrasse
du restaurant devant un ancien
bâtiment agricole ; à droite, la
partie de la maison avec, à l’étage,
le « grand salon » dans lequel
Jules et Anne Marie de Dartein
avaient fait placer deux fauteuils
d’où ils pouvaient, par temps clair,
apercevoir la flèche de la cathédrale
de Strasbourg et, le soir, écouter la
« Zehnerglock ».
En haut : à gauche, la
maison ; l’allée mène
vers la sortie de la
ferme, en direction
de la porte cochère.
À gauche : angle sudouest
du bâtiment
du « grand salon » :
une échauguette en
encorbellement avec
une arcature aveugle
décore cette façade.
À droite : côté sud,
passage entre
la maison et le
bâtiment du « grand
salon », donnant
l’impression d’un
poste de garde
surmontant un pont
levis, en fait une
porte cochère.
Les flèches / dards
ajourés des blasons
de part et d’autre
de la fenêtre
géminée rappellent
les meurtrières du
Moyen Âge.
102 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 103
En haut : grand motif
sculpté en haut-relief
décorant la poutre
faîtière. Dans le bas du
motif, un dard à deux
pointes, probable
allusion à la double
appartenance du
Kempferhof entre
Jules et Henri de
Dartein. Les tuiles de
rives sont en terre
cuite moulurée.
En bas : façade nordouest
du bâtiment de
la « grande chambre »
(photos R. Deiber)
En haut : porte
cochère à l’entrée de
la ferme ; à gauche, la
porte de service.
En bas : derrière le
portail, on trouve à
gauche le logement
du concierge et
les bâtiments
agricoles aujourd’hui
transformés en
chambres d’hôtel et
en restaurant.
104 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 105
Dessins
réalisés
par Jules
de Dartein
en 1915
(coll.
particulière)
Photos
récentes
(R. Deiber)
Près de 30 années
de travaux
La tour de trois étages, terminée
en 1894, fut l’une des dernières
constructions de Jules de Dartein qui
rajouta à son sommet, sur le bout de
la poutre faîtière, un blason portant
la date 1869. Juste au-dessous se
trouve un monogramme avec les
lettres J et D entrelacées.
Il semble que par la date de 1869,
Jules de Dartein ait voulu remémorer
le début des constructions au
Kempferhof, interrompues par la
guerre franco-prussienne de 1870. La
situation était devenue précaire pour
tous les habitants d’Alsace et de
Moselle dont la nationalité changea,
car de français, ils devinrent
allemands par le traité de Francfort
du 10 mai 1871. Pour beaucoup, ce fut
l’heure du choix : partir en laissant
tout sur place ou rester et composer
avec les nouveaux maîtres. Jules
de Dartein, pour ne pas perdre sa
propriété, accepta à contrecœur de
devenir allemand, même s’il restait
français de cœur ; c’est alors qu’il se
résolut à construire sa maison, qui
fut terminée en 1873, ainsi qu’on le
voit sur son dessin.
Le sommet de la
tour de trois étages
Modifications aux bâtiments du Kempferhof
Comparez les images de gauche
et de droite : quelles sont les
différences ?
Réponses :
Au-dessus du passage entre la
maison et la « grande chambre »
figure aujourd’hui une rehausse
avec une double fenêtre, et le toit
de la « salle du trône » est percé
d’un chien-assis. De plus, dans le
bâtiment de droite, au-dessus des
bandes lombardes, le toit, qui était
plat au niveau de la gouttière, a
été rehaussé par un pignon. Ces
modifications furent effectuées
en 1998 lors de la transformation
du Kempferhof en hôtel afin
d’augmenter le nombre de chambres
disponibles. Une autre modification
importante apparaît : entre la tour
et la maison à sa gauche immédiate,
il y avait un bâtiment d’un étage qui
n’existe plus. À son emplacement
sont visibles des briques rouges qui
étaient donc à l’origine à l’intérieur
du bâtiment. Il est probable que ce
bâtiment ait disparu lors de la dernière
guerre, au moment de l’occupation du
Kempferhof par le « Herr Direktor » de
la Sucrerie d’Erstein.
106 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 107
Essai de datation des
constructions
À l’entrée de la chapelle figurent
cimentées dans le sol trois dates et
une flèche pointée vers l’autel. On
peut penser que la date de 1873 est
celle de la fin de la construction de la
maison, celle de 1883 correspondant
à la fin de la construction de la
chapelle. Un document récemment
découvert dans les archives
familiales précise exactement
les dates de construction : les
travaux allèrent de 1882 à 1883, et
l’inauguration officielle eut lieu en
1884.
Mais pourquoi la date de 1675 ? À
ce moment-là, il n’y avait aucune
construction sur le site, les Zorn
étaient les seigneurs du village. Il
y a peut-être une explication liée
à l’espièglerie de Jules de Dartein
qui, comme toute sa famille, était
profondément patriote. En 1870,
la France perdit la guerre contre la
Prusse. L’Alsace et la Moselle furent
cédées aux vainqueurs, devenant
donc allemandes, et ce, pour une
longue période (jusqu’en 1918). Ce
fut, pour beaucoup, une humiliation
difficile à vivre.
Jules de Dartein aurait voulu
rappeler que le 5 janvier 1675, deux
siècles plus tôt, le maréchal Turenne,
commandant l’armée de Louis
XIV, avait battu les Impériaux à
Turckheim. Les armées de Frédéric-
Guillaume, électeur de Brandebourg,
avaient dû se replier de l’autre côté
du Rhin. C’était une victoire de la
France sur l’Allemagne.
L’évocation de cette date, scellée
dans le ciment de sa chapelle,
pourrait bien être un clin d’œil
malicieux de Jules de Dartein :
en faisant ce pied-de-nez aux
autorités allemandes, il montrait de
manière discrète son patriotisme.
À Turckheim, dans le Haut-Rhin,
c’est par l’Obertor (porte du Haut),
que le maréchal Turenne et son
armée attaquèrent les Impériaux,
leur reprenant la ville. C’est à cet
endroit que fut érigé un obélisque
commémorant cette victoire.
Une autre explication pour la
date de 1675 pourrait être que
cette année-là, Jésus au Sacré-
Cœur apparut à Marguerite Marie
Alacoque, religieuse à Paray-le-
Monial. Or, c’est après un pèlerinage
dans cette ville que Jules et Marie de
Dartein consacrèrent leur chapelle
du Kempferhof au Sacré-Cœur de
Jésus.
Obélisque en souvenir de la
victoire de Turenne
La chapelle du Kempferhof
C’est après son pèlerinage à Paray-le-Monial
que Jules de Dartein dessina les plans de cette
chapelle de style roman avec des bandes
lombardes et des arcs en plein cintre. La mise en
œuvre des briques roses, simple et artistique à la
fois, donne un cachet particulier d’humilité, tout
en obtenant l’effet esthétique recherché.
Le chœur de la chapelle est orienté sud-est, à
l’extérieur de plan basilical en forme de U. Les
murs de la nef sont percés d’oculi, les bas-côtés
fermés d’arcatures aveugles.
Vue du côté nord-est.
Vue du côté sud-ouest ; on aperçoit
sur le toit un clocheton de pierre.
Brouillon de la lettre adressée le 1 er
septembre 1882 par Jules de Dartein à
l’évêque de Strasbourg : par cette lettre,
Jules de Dartein demande l’autorisation de
construire une chapelle au Kempferhof
(coll. particulière)
108 HISTOIRE Chapitre V
historie
name kapitel
109
Les attributs du
Sacré-Cœur
Les éléments de décoration de
cette chapelle dédiée au Sacré-
Cœur sont visibles à l’extérieur
de la chapelle. En levant les yeux
au-dessus de la porte d’entrée,
on peut voir la couronne d’épines
représentée par une guirlande
de briques imbriquées. Selon
François-Régis de Gail, c’est Jules
de Dartein qui plaça lui-même ces
briques.
Dans le mur au-dessus de la porte,
un vitrail en forme de cœur éclaire
l’entrée, et juste au-dessus, sur
le faîte du toit, une croix en grès
est entourée de flammes. Tous
ces éléments représentent la
symbolique relative au culte du
Sacré-Cœur.
À l’intérieur de la chapelle
L’autel en bois peint en blanc comporte un tabernacle entouré de
deux statuettes et de candélabres ornés de fleurs. Sur l’autel se
trouve la statue de Jésus au Sacré-Cœur. Il est accompagné d’une
statuette de St Joseph à gauche et d’une statuette de Ste Marie-
Madeleine à droite.
Dans le bas de l’autel, au centre, sont dessinés sur six tables de loi les
textes des douze promesses de Jésus aux dévots de son Sacré-Cœur :
1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires à leur état.
2. Je mettrai la paix dans leurs familles.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
5. Je répandrai d’abondantes bénédictions sur toutes leurs
entreprises.
6. les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l’océan
infini de la miséricorde.
7. les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. les âmes ferventes s’élèveront à une grande perfection.
9. Je bénirai les maisons où l’image de mon Sacré Cœur sera
exposée et honorée.
10. Je donnerai à ceux qui travaillent au salut des âmes le talent de
toucher les cœurs les plus endurcis.
11. les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom
écrit dans mon Cœur, où il ne sera jamais effacé.
12. Je promets, dans l’excès de la miséricorde de mon Cœur,
que mon amour tout-puissant accordera à tous ceux qui
communieront le premier vendredi du mois, neuf mois de suite,
la grâce de la pénitence finale. Ils ne mourront point dans ma
disgrâce, ni sans recevoir les Sacrements, et mon Cœur se rendra
leur asile assuré à cette dernière heure.
Les murs de la nef sont percés en bas
d’ouvertures circulaires destinées à
recevoir les quatorze panneaux des
stations du Chemin de Croix. Les
cadres sont malheureusement vides.
Y avait-il des panneaux à l’origine ?
Dans le haut de chaque travée
est percé un oculus en forme de
marguerite, de couleur rose dans le
chœur et bleue dans la nef. Peut-être
Jules de Dartein voulut-il symboliser
la pureté à travers le rose, et la
sagesse ou l’élévation de l’âme à
travers le bleu.
De part et d’autre de la nef sont
disposés des bancs placés en arc de
cercle vers l’autel.
C’est le baron lui-même qui réalisa
les sculptures (des marguerites
sculptées) de ces bancs en bois de
chêne. Le côté droit était réservé à
Jules de Dartein, le côté gauche à
son épouse.
À l’arrière de la chapelle, une tribune
est aménagée à l’étage. Elle est
accessible par un escalier à la droite
de l’entrée.
Un confessionnal se trouve à l’entrée
gauche du déambulatoire : il a gardé
sa cloison en bois percée d’une grille.
110 HISTOIRE Chapitre V
HISTOIRE
Chapitre V
111
Les tombes de la famille de Jules de Dartein
Dans le déambulatoire sont placées les tombes des membres de la famille de Jules
de Dartein ainsi que sa propre sépulture. Sur neuf plaques en marbre noir ou blanc,
on lit les noms des personnes inhumées ainsi que ceux d’autres membres de la
famille enterrés ailleurs sur une plaque commémorative.
Marie Anne Stricker
Jules de Dartein
Plaque de Jean de Dartein (neveu de Jules de Dartein)
Plaque à la mémoire des grands-parents paternels de Jules de
Dartein, de ses parents et de son frère Charles
Plaque d’Édouard
Hamart de
Parpigné et de
son épouse,
Adélaïde de
Kloeckler
(oncle et tante
maternels de
Jules de Dartein)
Plaque de
Cécile de
Dartein (sœur
benjamine
de Jules de
Dartein)
Plaque de Marie Anne Élisabeth Osmont
(belle-mère de Jules de Dartein)
Plaque de Charles François Stricker
(beau-père de Jules de Dartein)
Plaques de Jules de Dartein et de son épouse Anne Marie
Plaque de Marie Madeleine Louise Élisabeth Stricker
(belle-sœur de Jules de Dartein)
112 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 113
Diabétique, l’épouse de Jules
de Dartein ne lui donna pas
d’enfants. Dès 1896, son
mari envoya des nouvelles
inquiétantes à son frère Henri :
« Marie était bien faible et bien
abattue, les sœurs étaient fort
effrayées de son état ; comme
dans la dernière semaine passée
chez nous, l’appétit était presque
nul et l’estomac ne conservait
guère que les aliments à la glace,
les mains étaient gonflées et
les doigts raidis par moments ;
heureusement que la cause du
mal était toujours principalement
rhumatismale et que le diabète
n’a pas augmenté ; c’est pour cela
que, dès la reprise de l’appétit
et la diminution d’enflure
des membres supérieurs,
l’amélioration a été rapide… »
Un des cousins rapporte dans
une lettre : « L’âge arrive et a
progressivement raison de sa
forte constitution. […] On va
encore le voir, mais il n’a plus
de parents auprès de lui, ses
forces déclinent, et il s’abat dans
sa chambre comme un vieux
chêne. Transporté à Strasbourg
dans une clinique, il s’y trouve
malheureux. Ses neveux de
Gail le ramènent dans son cher
Kempferhof où il végète encore
quelques jours avant de rendre
sa belle âme à Dieu. »
Jules de Dartein décéda en 1928.
Quand Marie de Dartein décéda
le 21 août 1902 à l’âge de 59 ans,
Jules de Dartein la fit embaumer,
et son cercueil de verre était
encore visible au début de la
Première Guerre mondiale.
En mémoire de
Jules de Dartein
et d’Anne Marie
Stricker
(coll. particulière)
114 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 115
Bénédiction de la chapelle du Kempferhof
(Acte manuscrit rédigé par Jules de Dartein)
« Sous le Pontificat de Sa Sainteté Léon Xiii,
Sa Grandeur André Raess étant Évêque de Strasbourg
Sa Grandeur P. P. Stumpf, Évêque de Césaropolis, Coadjuteur-Administrateur dudit Diocèse,
Sa Révérence Fortuné Fraering étant Curé de Plobsheim :
Jules Édouard de Dartein et son épouse Anne Marie Charlotte Stricker, ayant participé au
grand pèlerinage Français du 20 Juin 1873 à Paray-le-Monial et y ayant appris la nécessité
de vénérer l’Amour de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le symbole Sacré de Son Cœur,
confirmés dans ces sentiments par les paroles de S. S. Pie IX en 1875 à l’anniversaire deux
fois séculaire du jour où la Bienheureuse Marguerite Marie Alacoque a reçu la mission de
répandre l’image & le Culte de ce Sacré Cœur de Notre Seigneur, ont élevé sur leur domaine
du Kempferhof (près Plobsheim), en 1882 et 1883, une chapelle en l’honneur du Sacré Cœur
de Notre Seigneur, pour lui consacrer (avec leur propriété) leurs propres cœurs et ceux de
leurs Parents et amis, ainsi que tout le village de Plobsheim et l’Alsace qui le renferme.
Les travaux de construction de cette chapelle ont été exécutés avec l’aide de :
Mutschler Louis, Maître-charpentier & surveillant général ; ainsi que des briquetiers Falck ;
Wilm Frédéric & Georges ;
Wittling Georges, Schwentzel Jacques, Fuchs Georges dit le Marin, Rudolf Jean dit Faist,
Faist Augustin Père et Fils, Ohlung Joseph & Henck Simon ;
& des Charpentiers Mutschler Ignace, Boenapfel Louis & Heller Georges ; & du Menuisier
Bitschy Louis ; tous de Plobsheim
Avec le concours des cimenteurs Italiens : Perino Major, de Castelazo (Province de Biella) ;
Molinari Guiseppe, de Concordia (près Venise) & Pensa Antonio, de Casino (près Côme) ;
& du Sculpteur Gachon, de Villé ; du Tailleur de pierre Hielemann Guillaume, de Thanvillé ;
& du Maître-Serrurier Kroffig ; du Maître-Menuisier Jacobi ; du Maître-Plâtrier Voltz ; du
Peintre Mondoré & des Peintres-Verriers Ott Frères ; tous de Strasbourg
Avec les tuiles fournies par Gilardoni frères, d’Altkirch
& la chaux (hydraulique) des tuileries de Goetz (Blaesheim) ; de Grinner & Neinlist (Eschau) ;
de Vve Kapp (Plobsheim)
Après l’achèvement des derniers travaux en Janvier 1884, M. l’Abbé Étienne Frey, Professeur
au Grand Séminaire de Strasbourg, délégué par Mgr l’Administrateur du Diocèse de
Strasbourg, en présence de M. le Curé de Plobsheim, a procédé à la Bénédiction de cette
chapelle.
En foi de quoi ont signé, ce jour 7 Février 1884, avec lesdits Révérends Ét. Frey & F. Fraering,
Jules de Dartein & son épouse Anne Marie Stricker »
(coll. particulière)
116 histoire Chapitre V
HISTOIRE Chapitre V 117
Les blasons des Dartein au Kempferhof
Jules de Dartein avait un sens profond de son appartenance à une lignée
d’aristocrates qui avaient marqué l’histoire de France et celle d’Alsace depuis
plus d’un siècle. Le blason de sa famille comportait un canon et deux dards.
Lors de la création du Kempferhof, ce dernier symbole fut mis sur toutes les
constructions.
Armoiries de la
famille Dartein
(B.N.S.U. / Lehr)
Sur la tourelle
de gauche, le
blason des Dartein.
À droite,
l’année de la
construction
(photos R. Deiber)
« De gueules au chevron d’argent, accosté en chef de deux fers de flèche d’argent,
surmontés chacun d’une couronne à cinq perles d’or,
et en pointe d’un canon d’or sur son affût du même »
(Descriptif dans Siebmacher, Elsaesser Adel, 1871)
Jules de Dartein voulut marquer
l’entrée de la ferme par l’installation
de deux tourelles cimentées servant
de support à deux battants de
portail en fer forgé. L’escalier dans
une de ces tourelles creuses donne
accès au petit barrage réglant le
débit du cours d’eau passant en
dessous.
Ces blasons furent réalisés selon
une méthode nouvelle de moulage
dans du béton. Jules de Dartein
utilisa beaucoup cette technique et
ce nouveau matériau : le sable et le
gravier nécessaires au mortier et au
béton étaient extraits des gravières
qu’on trouvait sur place.
118 histoire Chapitre V
HISTOIRE Chapitre V 119
Passage entre
la tour et le
bâtiment de
la « grande
chambre » au
sud-ouest :
flèches dans
des blasons en
grès.
Les dards
se trouvent
aussi sur les
jambages
extérieurs des
fenêtres et
dans les volets
pliants (image
de droite)
… ou encore
dans le haut
des lambris
entourant les
bâtiments
agricoles.
Fenêtre côté
nord-ouest
de la tour :
lion tenant
le dard la
pointe en
haut.
Un fantôme dans le
château ?
Selon le personnel hôtelier, il
se produirait des phénomènes
étranges dans les chambres de la
tour, au deuxième et au troisième
étage. D’après leurs témoignages,
on entendrait une voix de femme
fredonnant des berceuses, ainsi que
la voix d’un enfant assez gai en train
de s’amuser. Il y aurait aussi des
manifestations bizarres de baignoire
remplie d’eau alors que le robinet est
resté fermé, d’ampoules électriques
qui s’allument et s’éteignent, d’un
aspirateur qui s’arrête tout seul. Une
employée raconte qu’elle a senti un
jour une poussée dans son dos en
descendant l’escalier.
On dit enfin qu’un enfant serait
mort par accident dans la maison et
que la mère se sentirait coupable de
son décès… Bien entendu, ces récits
n’ont aucun fondement scientifique.
En tout cas, concernant Anne Marie
Stricker, on sait qu’à cause du
diabète qui l’emporta à l’âge de 59
ans, elle n’eut jamais d’enfant.
L’enfant censé être mort au
Kempferhof serait-il alors celui d’une
employée de Jules de Dartein ?
Dans la chapelle, parmi les membres
de la famille de Jules de Dartein qui
y reposent, il y a certes un garçon de
quatre ans, mais qui décéda à Nancy
le 22 mai 1886 d’une méningite. Il ne
peut donc pas s’agir de l’enfant qui
serait mort au Kempferhof.
Jean de Dartein,
l’enfant
inhumé au
Kempferhof
(coll. particulière)
120 histoire Chapitre V
HISTOIRE Chapitre V 121
Les chambres de la tour
On trouve aujourd’hui dans la tour
deux chambres d’hôtel de catégorie
luxe, l’une au deuxième, l’autre au
troisième étage.
Les chambres de la
« suite présidentielle »
C’est dans cette pièce que Jules de
Dartein avait fait installer sur une
estrade près de la grande fenêtre
deux fauteuils pour son épouse et
pour lui : de là, ils pouvaient entendre
la « Zehnerglock » de la cathédrale
de Strasbourg.
La « salle du trône »
C’est la plus haute chambre de l’aile
nord-ouest ; elle est équipée d’un
banc-observatoire (le « trône ») auquel
on accède par un petit escalier : de là,
par l’œil-de-bœuf et par temps clair,
on pouvait apercevoir la pointe de la
flèche de la cathédrale de Strasbourg,
aujourd’hui cachée par la végétation.
Les deux
fauteuils dans
la grande
chambre située
dans l’aile
nord-ouest.
Le bancobservatoire
(à gauche).
Vue extérieure de
l’aile nord-ouest.
On aperçoit
l’oculus et les
deux fenêtres
visibles de
l’intérieur sur
les deux autres
photos de cette
page.
Deux vues de la
chambre carrée
au troisième
étage de la
tour.
La salle de séminaires
Les lambris et
portes sont
d’origine, en
bois du pays
(chêne et
frêne).
Situé au-dessus des anciennes
écuries (aujourd’hui le restaurant),
l’ancien grenier à foin et séchoir
à tabac est devenu une grande
salle de réunion. Sous la charpente
originelle subsiste la griffe du
monte-charge mécanique qui
servait à rentrer le foin.
122 HISTOIRE Chapitre V HISTOIRE Chapitre V 123
Une nouvelle église
À la fin du 19 e siècle, la maison du
Kempferhof, les bâtiments agricoles
ainsi que le logement du concierge
et la chapelle étaient terminés.
Dès 1866, dans le village, la paroisse
catholique réfléchissait à la
construction d’une nouvelle église,
l’ancienne étant en partage simultané
avec la paroisse protestante. Sur
le terrain de l’Ackergarten, propriété
de Jules de Dartein, il n’y avait aucune
construction à part, peut-être,
quelques traces enfouies de l’ancien
château médiéval.
Dans un document manuscrit du 7 juin 1890, Jules de Dartein écrivit :
Chapitre VI
La « maison de Dartein »
et la « maison de Gail »
« Ce jardin, renfermant les derniers vestiges du Château des Zorn de Plobsheim détruit dans la guerre de Trente Ans,
après avoir passé par les mains des familles de Kempfer, de Boistel, de Rancy, de Ste Seine et de Musey, est aujourd’hui
la propriété de J. de D., qui offre gratuitement à la fabrique de Plobsheim l’emplacement désirable pour
la Construction de l’Église Catholique.
Avantages :
Inconvénients :
Proximité de l’École & Éloignement de l’Église à abandonner aux Protestants (2 e avantage barré
dans le texte original)
situation suffisamment centrale
entrée facile, en dehors de la Route (embarrassée actuellement par la circulation du Tramway)
tranquillité par l’éloignement des auberges, le voisinage d’un cours d’eau et l’entourage d’un
grand jardin
Éloignement du Presbytère Catholique : à corriger par l’échange du Presbytère actuel contre un
nouveau à établir sur même jardin Ackergarten »
(coll. particulière)
124 histoire Chapitre VI
HISTOIRE Chapitre VI 125
L’abbé Louis de Dartein
Jules de Dartein était décidé à aider
la paroisse catholique de Plobsheim
en offrant l’emplacement pour la
nouvelle église sur le terrain appelé
Ackergarten ou Meyergarten, dont il
était propriétaire. Il offrit également
l’emplacement pour le nouveau
presbytère tout à côté.
Une décision fut finalement prise :
les protestants construisirent une
nouvelle église pour eux, sur le
Finkengarten, terrain fourni par la
paroisse catholique. La nouvelle
église protestante fut inaugurée en
1898.
En rouge, l’emplacement
prévu de l’église au sud du
terrain de l’Ackergarten, en
face de la rue Boistel.
(archives catholiques)
Neveu de Jules de Dartein, l’abbé
Louis de Dartein naquit le 15 janvier
1881 à Médéa en Algérie, fils de
Charles de Dartein (frère de Jules)
et de Caroline Palle. Ordonné prêtre
le 1er août 1908, il était docteur en
philosophie et théologie.
Aumônier militaire pendant la
Première Guerre mondiale, il fut
blessé deux fois et était titulaire de
la croix de Guerre 1914-1918 avec 5
citations.
Après avoir été chapelain-économe
à Saint-Louis-des-Français à Rome,
il devint curé de campagne et
administra la paroisse de Colroy-la-
Roche (Bas-Rhin).
En 1930, il s’installa dans la grande
maison que Jules de Dartein avait
commencé à construire et la termina
pour la rendre habitable ; royaliste
légitimiste, il décora son bureau
aux armes du comte de Paris. Il était
accompagné de sa sœur Élisabeth
qui fut sa gouvernante bien que
souvent malade et en fauteuil, et
avait aussi un valet de chambre et
une servante.
Louis de Dartein
en 1906
(coll. particulière)
Sur le terrain de l’Ackergarten, Jules
de Dartein commença à construire la
grande maison de maître longtemps
appelée « maison de Dartein », et qui
devait en fait être le presbytère de
la nouvelle église. Or, la construction
de cette nouvelle église ne s’étant
pas réalisée, la maison resta inachevée
pendant plusieurs années.
À Plobsheim,
Louis de Dartein
et sa sœur
Élisabeth
(coll. particulière)
Dessin de la maison
de l’Ackergarten en
1920 par Jules de
Dartein, alors âgé
de 83 ans. Cette
maison devait être
le presbytère de
la nouvelle église
catholique.
(coll. particulière)
126 HISTOIRE Chapitre VI
HISTOIRE
Chapitre VI
127
L’abbé de Dartein rallia la France
Libre dès le début de la guerre
en septembre 1940. Il rencontra
le général de Gaulle à Londres et
devint l’aumônier des Forces Navales
de la France Libre. Il fut en poste
à Portsmouth à bord du cuirassé
Courbet d’octobre 1940 à avril 1941,
puis à Marine Pointe-Noire au Congo.
Affecté en mai 1943 à la base de
chasseurs de Cowes, il participa
aux sorties en mer des chasseurs
malgré son grand âge. Il fut ensuite
démobilisé le 18 juillet 1945. Cette
année-là, l’aumônier (honoraire)
de la marine de Dartein fut aussi
fait officier de la Légion d’honneur.
Il revint à Plobsheim en 1945 et se
réinstalla dans sa maison qui avait
été réquisitionnée et occupée par les
nazis.
Tombes
familiales au
cimetière de
Thanvillé
(photo R. Deiber)
Les vitraux dans
la chapelle Notre-
Dame du Chêne
(photos R. Deiber)
En 1946, Louis de Dartein offrit deux
vitraux à la chapelle Notre-Dame du
Chêne ; sortis des ateliers Ott Frères
à Strasbourg, ils se trouvent près de
la tribune. Celui de gauche évoque
le père de Jules de Dartein, le baron
Félix de Dartein, qui avait fait un don
pour le rachat de la chapelle, et celui
de droite représente le blason de la
famille Dartein.
Décédé des suites de problèmes
cardiaques le 6 novembre 1949 à
Strasbourg à l’âge de 68 ans, Louis de
Dartein fut inhumé au cimetière de
Thanvillé (Bas-Rhin), dont son arrièregrand-père
avait possédé le château.
Par testament, l’abbé Louis de Dartein
avait légué sa maison aux Petites
Sœurs des Pauvres. C’est un parent de
la famille, le colonel Bertrand de Gail,
un cousin, qui la racheta avant de
partir pour l’Indochine au début des
années 1950. À partir de ce momentlà,
les habitants de Plobsheim prirent
l’habitude de l’appeler « maison de
Gail ». À sa retraite, le colonel de Gail
revendit la maison à la commune de
Plobsheim en 1993.
La « maison
de Dartein » –
« maison de
Gail »
(photo R. Deiber)
128 histoire Chapitre VI
HISTOIRE Chapitre VI 129
Chapitre VII
Témoignages de
la famille
Témoignages de la
famille
En avril 2017, j’eus l’agréable surprise
de recevoir de la part d’Angélique
Dubuisson, arrière-arrière-petite-fille
d’Henri de Dartein, une lettre et une
liasse de papiers dactylographiés.
Deux ans auparavant, j’avais écrit
à son père, l’historien Jean N. D.
Escande, pour lui demander des
renseignements sur le Kempferhof ;
malade, Jean N. D. Escande décéda
en 2016, et c’est donc à Angélique, sa
fille, que nous devons de connaître
ces souvenirs consignés par Jules de
Dartein de 1908 à 1922.
Nous avons en outre eu la chance de
trouver un bon portrait du bâtisseur
du Kempferhof dans les souvenirs
de sa nièce, Françoise de Hédouville,
fille de son frère Henri :
« C’était un homme très doux,
très pacifique, silencieux, un
brin original. Nous l’aimions
beaucoup. Il avait la passion
de la truelle. Il bâtit la maison
d’habitation près de la ferme
appelée le Kempferhof, à quinze
kilomètres de Strasbourg,
et y retoucha sans cesse. Ses
inventions n’étaient pas toujours
heureuses quant au confort et à
la commodité modernes, mais
sa maison était hospitalière et
sa table très soignée. Il soigna sa
femme avec un dévouement, une
délicatesse et une patience que
j’admirais tout en le plaignant,
me faisant à la vue de ce ménage
une idée plutôt pénible de ce
mariage…
D’après les trois gros livres
de comptes conservés pour
les propriétés des Dartein à
Plobsheim, c’est en 1866 que
Jules prit l’exploitation du
Kempferhof pour lui-même et
son frère Henri, exploitation
qu’il continua jusqu’en 1928,
c’est-à-dire pendant 62 ans.
Il n’est donc que juste que son
nom soit resté attaché à ce coin
de terre qu’il contribua tant
à développer et même à bâtir,
car la demeure du Kempferhof,
dans ce qu’elle a d’indiscutable,
est l’œuvre de Jules de Dartein,
bien datée de la fin du 19e siècle
et qui, comme telle, mériterait
un classement. »
Jean N. D. Escande et
son épouse Christine
(née de Hédouville),
entourés par leur gendre,
Frank Dubuisson, et
leur fille, Angélique
Dubuisson-Escande
(Source : http://www.ladepeche.fr/article/2010/06/19/
858265-escoussens-angelique-dubuisson-signe-son-livre.
html)
130 HISTOIRE Chapitre Vii HISTOIRE Chapitre Vii
131
Menant une vie de propriétaire
terrien, Jules de Dartein accumula
des renseignements dans ses registres
divers. Il rédigea également des
notes personnelles à la fin de chaque
année sous le titre « Observations
pour l’exercice… », particulièrement
intéressantes pour la période de la
Grande Guerre. Jules, à 75 ans, vit seul
au Kempferhof avec ses domestiques.
Son habitation est envahie par une
compagnie allemande dont les
officiers logent chez lui. Les soldats,
occupent un poste de garde à l’entrée
du jardin et prennent part aux tâches
quotidiennes.
Le 22 novembre 1918, l’un de ces
soldats réservistes, Georges Gruber,
devenu entre-temps garde-chasse,
avait été victime d’un mystérieux
accident de chasse au cours d’une
battue au Kempferhof. Le procès qui
suivit cet accident finit par s’enliser et
ne vit jamais de conclusion.
Jules de Dartein mena pendant plus
de quatre ans une dure existence.
Il ne pouvait que très difficilement
circuler en dehors de chez lui, et
obtenait avec beaucoup de peine
l’autorisation d’aller voir à Strasbourg,
pourtant très proche, sa sœur
la baronne de Gail, victime d’un
accident.
« La seule fois que je suis allé à
Plobsheim chez mon grand-oncle
Jules », raconte mon beau-père, M.
Jacques de Hédouville, « c’était aux
vacances de Noël 1923 ou 1924, avec
mon frère Jean – nous avions une
quinzaine d’années. Il faisait un froid
de canard, nous avions changé de
train à Strasbourg pour prendre le
petit train jusqu’à Plobsheim, et là on
était venu nous chercher en voiture
à cheval ; c’était notre oncle de Gail,
il me semble. L’oncle Jules nous
attendait seul dans son petit bureau,
assis au coin du feu, sans autre
lumière que celle des flammes :
c’était à l’époque un vieillard coiffé
d’une calotte grecque noire, avec une
barbe blanche. La maison n’avait pas
l’électricité, mais par contre la salle
à manger était bien chauffée, les lits
très bons et le repas excellent. Cela
faisait déjà antique, ce genre de vie,
à l’époque. J’avais toujours entendu
dire que le Kempferhof était une
maison bizarre, que l’oncle en avait
dessiné soigneusement tous les plans :
je ne m’attendais certes pas à les
avoir un jour en ma possession… Tout
le monde aimait bien l’oncle, mais
on riait un peu de ses manies. Il avait
Marie Adélaïde de Dartein, veuve depuis
1888 du baron Charles Antoine de Gail de
Mulhausen, dont elle eut six enfants
(documents d’Arnaud de Gail)
par exemple fait installer dans le parc
un petit chemin de fer Decauville
tiré par des chevaux pour exploiter
sa propriété. Il en avait d’abord fait
tirer du sable, puis avait même fait
installer un wagon pour voyageurs –
des enfants en général, ravis de jouer
au petit train. On voit déjà ce petit
train sur une photo d’époque 1900.
Puis il avait fait placer partout des
dards, armes parlantes des Dartein,
fait construire un petit pont sur
le Mühlgiessen avec un fortin de
chaque côté et des escaliers pour
l’embarcadère. Dans la chapelle,
pour lui-même et pour toute sa
famille, il a fait élever des tombeauxniches
; il y repose d’ailleurs avec sa
femme. Pour la demeure, il avait des
attentions bien à lui : il avait prévu
par exemple dans une tour une sorte
d’observatoire pour que Gustave,
son frère bénédictin, puisse dire son
bréviaire en contemplant (par temps
clair !) la cathédrale de Strasbourg.
Plobsheim, c’est un paysage boisé
de boqueteaux et de cours d’eau,
l’Illwasser et le Mühlgiessen, des eaux
presque dormantes ; l’été, les chasses
étaient renommées pour leurs
moustiques ».
Les dernières volontés et le testament
de Jules de Dartein
Suite aux décès successifs de ses frères et sœurs, Jules de
Dartein rédigea, le 17 octobre 1917, le testament suivant :
« Je suis vieux et je sens mes forces diminuer rapidement :
la mort et la guerre m’ont isolé presque complètement […]
La guerre a fortement compromis ma fortune et réduit mon
héritage : pour mesures militaires, on a rasé une belle partie de
ma forêt de Plobsheim et anéanti ma ferme de Klein Leberau
(Markirch), sans aucune garantie d’indemnité ; pour mes
quelques valeurs mobilières, tout est incertain et à peu près
sans produit actuel.
Mes immeubles de Plobsheim, tant ceux qui sont ma propriété
entière que ceux indivis avec d’autres Parents, reviendront à
ma sœur [Marie de Dartein, veuve de Gail] : je lui recommande
spécialement le Gut Kempferhof ; elle y exercera, comme
moi, le droit d’habitation et de gérance entière pour toutes
parties indivises à Plobsheim (sans autre devoir que celui
d’entretien de la maison de maître et l’avance des fonds
d’exploitation et de roulement) ; elle aura de plus l’usage et le
droit d’inhumation dans la chapelle construite pour ma femme
et sa famille. Cette chapelle du Sacré-Cœur, semi-publique,
autorisée par l’Administration Supérieure, restera d’ailleurs
confiée aux soins et à la surveillance du curé catholique de
Plobsheim, qui devra toucher une indemnité de 50 marks par
an, à charge de célébrer au moins deux fois par an la Sainte
Messe dans ladite chapelle, pour moi et ma famille.
Devant Dieu Tout-Puissant, de Qui j’espère Pardon et
Miséricorde, j’adresse mes humbles regrets à tous ceux qui ont
eu à se plaindre de moi et je demande des prières à tous mes
amis. Ma place est réservée dans la chapelle du Kempferhof, à
côté de la tombe de ma femme : si la guerre ne s’y oppose pas,
c’est là que l’on me déposera ».
J. de Dartein
Photo des rails
de la voie ferrée
installée par Jules
132 HISTOIRE Chapitre Vii de Dartein.
133
Henri Charles
André de Gail
(1874-1945)
et Marie-Louise
de Baillon
(1892-1976)
(coll. particulière)
François-Régis de Gail (1926-2014) nous
parle de ses souvenirs de famille. Par
son père, Henri de Gail (1874-1945), il
était le petit-fils de Marie de Dartein
(1841-1926), sœur de Jules de Dartein, et
de son mari Charles de Gail (1834-1888).
Cet entretien eut lieu chez François-Régis
de Gail, à Strasbourg-Meinau, le 18
décembre 2012. Enregistré avec son accord,
voici son précieux témoignage, qui
éclaire le Kempferhof « de l’intérieur ».
Entretien avec
François-Régis de Gail
En 1822, Félix de Dartein avait acheté
le château du Bernstein, au-dessus
de Dambach-la-Ville, et les forêts
environnantes, mais ne les a pas
gardées car leur exploitation était
trop difficile. En 1837, il a également
acheté un lot de terres à Plobsheim.
À son décès en 1866, son fils, Jules de
Dartein, a fondé le Kempferhof. Dans
sa chapelle, Jules de Dartein a luimême
placé toutes les pierres qui représentent
la couronne d’épines. La
chapelle a été dédiée au Sacré-Cœur
de Jésus dont les symboles sont visibles
à l’extérieur : croix enflammée,
couronne d’épines et vitrail en forme
de cœur.
Sorti ingénieur de l’École centrale,
il avait fait mettre des rails et des
wagonnets pour transporter le gravier
extrait des étangs du Kempferhof.
Ce gravier lui servait à faire du
béton, matériau nouveau à l’époque
pour ses constructions et les nombreux
ponts qu’il a construits ou
améliorés et dont les Plobsheimois
ont profité. Il y avait aussi des rails
qui allaient jusqu’à la scierie Antoni
Cécile de Gail, une des sœurs
d’Henri, était mariée depuis 1896 à
Maurice Barthélemy, originaire de
Saales. Maurice avait reçu en dot la
forêt du Bernstein, naguère propriépour
y faire débiter les gros chênes
de son domaine.
Au Kempferhof, il y a une grande
pièce qu’on appelait la grande
chambre. Dans cette pièce, il y avait
deux fauteuils installés pour son
épouse Anne Marie et pour luimême.
C’est de là qu’ils pouvaient
apercevoir la pointe de la flèche de
la cathédrale et le soir, ils pouvaient
entendre la « Nàchtglock » ou « Zehnerglock
» (cloche de dix heures), qui
sonne l’heure du couvre-feu depuis
1786.
Je venais à Plobsheim dans les années
34-35, j’avais huit, dix ans, mais
ce n’était plus habité, il n’y avait
personne. Mon cousin Jean Barthélemy
(1903-1983) y a habité peut-être
pendant deux ans, mais sa femme
ne s’y plaisait pas et il est reparti.
Le Kempferhof était sous bail
emphytéotique pour 90 ans ; c’est
Michel de Hédouville, prêtre et chanoine
à Nancy (1915-2006), qui était
chargé des négociations.
Mon père était considéré comme
le fils de Jules de Dartein, lui et ma
tante Anne Marie n’avaient pas
d’enfants.
cupait du domaine en même temps
que de la ferme de Mulhausen. En
1945, la maison de Mulhausen a
été bombardée, et c’est pour cela
que nous sommes venus habiter au
Kempferhof. Comme c’est mon père
qui s’occupait des forêts et des terres
de Plobsheim, son cousin Joseph de
Dartein et sa cousine Françoise de
Hédouville l’ont invité à habiter au
Kempferhof, comme c’est aussi lui
qui s’en occupait. Le Kempferhof
était sous bail pendant presque
90 ans. Pendant la guerre, c’est le
directeur de la Sucrerie d’Erstein,
Gunstett, qui y a habité. Lorsqu’il est
reparti, il avait emporté quasiment
tous les meubles. J’ai habité pendant
cinq ans au Kempferhof et avant,
c’était mon père qui s’occupait de
toute la forêt, de la propriété et de
ses dix ânes. Je n’ai pas connu le bâtisseur,
Jules de Dartein qui est mort
lorsque j’avais deux ans. Il est monté
sur une échelle pour cueillir des cerises,
il est tombé et s’est cassé le col
du fémur ; il est mort quelque temps
après, en 1928. Plobsheim a toujours
été pour moi un paradis.
Nous sommes arrivés au Kempferhof
le 25 septembre 1945. Le 30 novembre,
jour de la Saint-André, mon
père est allé sur la tombe de son
jeune frère qui était mort le jour de
notre déménagement. À son retour,
par un brouillard épouvantable, il
s’est dirigé à pied vers le Kempferhof,
et après le restaurant du Moulin, en
passant près du Mühlgiessen, il est
passé à côté du pont, est tombé et
s’est noyé dans la rivière. Il faisait
- 10° et on l’a retrouvé une semaine
plus tard.
Mon père était enterré à la chapelle
du Kempferhof de 1945 à 1976. C’est
moi qui l’ai fait enlever pour le transférer
au cimetière de Plobsheim, à
la demande de ma mère, à son côté
(Marie-Louise de Baillon, 1892-1976),
puisqu’il n’y avait plus de place au
Kempferhof.
La suite de l’histoire
du Kempferhof
Après le décès de son bâtisseur
en 1928, le Kempferhof resta vide
pendant un certain temps. De 1934
à 1935, seule habitait au Kempferhof
la famille de Louis Koller, l’ancien
cocher de Jules de Dartein. Née deux
ans après Jules, sa sœur Marie avait
épousé le baron Charles de Gail,
originaire de Mulhausen (près de
Pfaffenhoffen), où ils possédaient
un domaine fermier, et déjà du
vivant de Jules de Dartein, leur fils,
Henri de Gail, venait régulièrement à
Plobsheim pour gérer le Kempferhof,
en collaboration avec Louis Koller.
Jules et son frère Henri avaient la
propriété ensemble, de même que
les terres au-delà des Sept Écluses, la
Schafsteg. Plus tard, Jules de Dartein
avait tout repris à son compte.
C’est la famille de Hédouville, mes
cousins, qui a conclu le bail avec la
société qui a fait le golf. Après la
mort de Jules de Dartein en 1928, le
Kempferhof n’était pratiquement
pas habité. C’est mon père qui s’octé
de Félix de Dartein. Il la revendit
en 1898 pour financer l’achat du
Rauschenbourg, situé sur la commune
d’Ingwiller. Maurice Barthélemy
et Cécile de Gail s’installèrent
ensuite près de Dieuze, au château
d’Alteville. On comprend donc que
Jean Barthélemy (1903-1983), un de
leurs fils, ait poursuivi la tradition
familiale d’exploitant forestier et
agricole : il habita quelques années
au Kempferhof pour en gérer le
domaine forestier. Au moment de
la Seconde Guerre mondiale, la
propriété fut réquisitionnée par les
Allemands et habitée par Gunstett,
le directeur de la Sucrerie d’Erstein.
Il y fit installer le chauffage central,
mais repartit outre-Rhin dès 1945…
non sans s’être servi en mobilier
provenant du Kempferhof.
Pendant le conflit, la maison des Gail
à Mulhausen fut très endommagée ;
en attendant sa remise en état, la
famille d’Henri de Gail vint s’installer
au Kempferhof. Mais le 30 novembre
1945, en regagnant le Kempferhof à
pied et de nuit, Henri de Gail passa
à côté du pont du Mühlgiessen, y
tomba par un épais brouillard et se
noya. Retrouvé une semaine plus
tard seulement, il fut inhumé dans
la chapelle du Kempferhof. Il fut
transféré plus tard au cimetière du
village.
François Régis de Gail, son fils,
continua à habiter au Kempferhof
pendant cinq ans avant d’acheter
une maison dans le village.
En 1948, Jeanne Koller (fille de Louis
Koller, décédé en 1969) épousa Paul
Sprauel, originaire d’Eschau, et le
couple s’installa dans le logement
de fonction à l’entrée de la partie
habitation du Kempferhof.
134 HISTOIRE Chapitre Vii HISTOIRE Chapitre Vii 135
Claude Bieth, créateur du
golf du Kempferhof, raconte :
Je suis arrivé au Kempferhof comme
locataire de la maison en juillet 1977 ;
j’ai encore le bail que j’avais signé
avec le curé de Hédouville. J’y ai
habité une douzaine d’années avant
de racheter la propriété qui était à
vendre.
Claude Bieth
(coll. particulière)
Chapitre VIII
1990 :
Le renouveau du Kempferhof
et la création du golf
À l’époque, je venais de créer une
société qui s’occupait de génétique
en collaboration avec un laboratoire
de la faculté de médecine, et
ils m’avaient logé, avec les gens
que j’avais embauchés à Illkirch, en
attendant qu’on me construise un
bâtiment sur le Parc d’Innovation
d’Illkirch. Le sénateur Daniel Hoeffel
dirigeait le Parc d’Innovation et il
voulait absolument que j’installe
mes laboratoires là-bas. Mais cela
traînait en longueur et j’ai demandé
à mon agent immobilier, qui était un
ami, de se renseigner auprès de la
famille héritière de Jules de Dartein
(les Hédouville, qui me louaient la
maison au Kempferhof), s’ils ne
voulaient pas me vendre un peu de
terrain : ainsi, je pourrais construire
mes laboratoires au Kempferhof et
loger mon personnel.
Finalement la famille était disposée
à vendre, non pas une partie, mais
l’ensemble du Kempferhof. Un peu
surpris, j’ai répondu que toute la propriété
pour moi, c’était un peu trop !
Je ne voulais pas m’embêter avec les
agriculteurs, les fermages et tout
cela, et on a laissé tomber.
Mais une idée a commencé à germer
dans mon esprit. Un ami qui était
golfeur me dit : « Mais il faut faire un
golf ! Dans la région, il n’y a que le
golf de Strasbourg et il y a une liste
d’attente très longue. Ne t’en fais
pas, pour le financement, tu trouveras
facilement ».
et acheté le domaine du Kempferhof
avec un groupe de partenaires : je
possédais 50 % des parts.
J’ai alors commencé à me renseigner
sur les golfs et les meilleurs architectes.
Comme j’avais une filiale aux
États-Unis, j’y allais souvent ; c’est le
pays des golfs, et c’est là que j’ai rencontré
le fameux Robert Van Hagge,
architecte américain, qui est tombé
amoureux du site. Il avait déjà réalisé
plusieurs golfs en France, notamment
le golf Les Bordes du baron
Bich près d’Orléans. Je l’ai rencontré,
on a sympathisé, et Van Hagge
m’avait fait un prix très intéressant :
il cherchait une tête de pont pour
aller travailler en Allemagne où il y
avait de gros projets de golf qui ne
se réalisèrent pas au final.
Donc, le Kempferhof, on l’a fait ! Et
puis, c’est devenu un parcours qui a
acquis ses lettres de noblesse dans
le monde du golf en Europe.
En 2014, mes partenaires ont vendu
leurs parts à M. Bindschedler, PDG
de Soprema. En 2015, je lui ai également
cédé mes parts.
Aujourd’hui, c’est avec un grand
intérêt que je suis les activités de
la famille Mack à Plobsheim. C’est
par le biais du Kempferhof que j’ai
fait la connaissance de Roland et
Michael Mack, que j’admire beaucoup.
Nous avons par exemple
organisé ensemble un tournoi de
golf avec des sportifs renommés
et des spectacles. Ce succès est
surtout dû à l’environnement de la
famille Mack et à l’efficacité de leurs
collaborateurs. La nouvelle implantation
de la famille Mack à proximité
du Kempferhof est de mon point de
vue une grande chance. Je souhaite
de tout cœur à la famille Mack la
bienvenue ainsi qu’un grand succès
entrepreneurial.
L’architecte
Robert Van
Hagge lors de la
création du golf
(photo Claude
Bieth)
En 1990, c’est par l’intermédiaire de
Christian Christophe, agent immobilier
représentant les intérêts de la famille
de Hédouville, que j’ai négocié
136 HISTOIRE Chapitre Viii
HISTOIRE
Chapitre Viii
137
2018 : le Kempferhof,
aujourd’hui et demain
Charles Bindschedler,
responsable du golf raconte :
En 1908, mon arrière-arrièregrand-père
Charles Geisen fonda la
société de produits et revêtements
d’étanchéité Mammouth qui devint
par la suite Soprema. Pourquoi
Mammouth ? Dans la même année,
en 1908, on a trouvé en Sibérie un
mammouth parfaitement conservé
dans du bitume.
En 1992, mon père a racheté la
Soprema à son grand-père et 26 ans
plus tard la société réalise presque
3 milliards de chiffre d’affaire avec
plus de 7 000 salariés avec des implantations
industrielles et commerciales
dans de nombreux pays.
En 1995, mon père tombe sous le
charme du Kempferhof ; il y voit un
intérêt certain : il y a un hôtel pour
loger ses collaborateurs et ses clients
venus des quatre coins du monde, il
y a trois salles de séminaires et tout
cela à 10 minutes du siège de Soprema
et dans un cadre exceptionnel.
C’est aussi en 1995 que Pierre
Etienne Bindschedler devint membre
du Kempferhof et entama des
négociations avec le propriétaire de
l’époque, Claude Bieth. Nous l’avons
racheté en 2015. Par rapport à ce
qu’il y avait avant, nous laissons la
barrière ouverte en permanence,
l’accès doit rester ouvert à tous.
Le Kempferhof, c’était déjà un parcours
magnifique, mais nous avons
investi plus de 2 millions d’euros.
Pour l’arrosage, nous sommes passés
de 400 à 1 200 arroseurs, en 9 mois
plus de 60 km de tuyaux ont été
enterrés sous le Kempferhof ! Toutes
les anciennes conduites d’eau ont
été déviées. Au niveau du parcours,
on a énormément élagué pour
permettre au soleil de percer et on
va replanter de nouvelles essences
(érables, bouleaux, etc.). Nous avons
ouvert le restaurant toute l’année
alors qu’avant, c’était ouvert trois,
quatre mois, juste pour la saison.
Nous avons aussi trois salles de
séminaire ouvertes toute l’année, un
hôtel de 26 chambres ouvert également
toute l’année.
Des technologies venues des
États-Unis
Afin de pouvoir jouer au golf toute
l’année, nous allons construire un
nouveau bâtiment qui aura environ
300 m 2 , les ouvertures du practice
seront harmonisées avec les autres
bâtiments. Au Kempferhof, il y a
quelque chose de merveilleux :
ce sont toutes ces ouvertures
arrondies, portes, fenêtres. Dans la
réalisation de ce nouveau bâtiment,
je souhaite réellement qu’il y ait une
harmonisation de l’architecture au
sein de notre propriété.
Dans ce bâtiment il y aura des
plaques de force au sol avec des traceurs
de balles, des capteurs 3D sur
le corps, des caméras pour analyser
les swings. On pourra reproduire
le Kempferhof en simulateur 3D, et
avec la qualité des images, on pourra
s’y croire ; malheureusement, on
marchera sur de l’herbe synthétique.
Il y aura un matelas pneumatique
qui fera bouger les pentes avec des
vérins et avec toute cette technologie,
on pourra savoir par exemple
Charles Bindschedler
L’architecte Robert Van Hagge (1927-
2010) a laissé lui aussi ses imprespourquoi
vous avez raté votre coup.
Avec beaucoup d’entraînement
bien sûr, vous obtiendrez un swing
parfait. Il y aura également un petit
parcours de 3 trous pour l’entraînement
qui sera ouvert à tous et
on va intégrer tout cela dans cette
académie.
Vers une académie de golf
Sur le long terme, on voudrait
créer une université pour former
de nouveaux professeurs de golf
et pour former également de
nouveaux jardiniers. Il n’y a pas
beaucoup d’écoles qui forment
dans ce domaine. Moi, ce que je leur
propose, c’est d’avoir un diplôme de
professeur de golf, et à côté de cela
qu’ils puissent s’entraîner pour des
compétitions. Donc il y aura un petit
internat intégré dans une structure
du golf. On a l’intention de faire
rentrer le Kempferhof dans un projet
sportif. Le golf, c’est comme le foot :
il y a des équipes et des clubs et on
joue pour son classement. Donc,
depuis six mois, nous sommes en
train de monter une académie pour
former les bons joueurs. On a aussi
fait venir un nouveau responsable
sportif, Laurent Cabale, qui est le
coach du n° 1 français ; avec Laurent,
nous allons rentrer dans tout ce qui
est enseignement technologique.
On a créé une équipe élite amateur
qui va représenter le Kempferhof.
Dans un championnat de golf, il y a
4 divisions pour les hommes et une
promotion. Alors, on va commencer
en promotion et mon rêve est
d’arriver en championnat de France
ligue 1 et peut-être même gagner
le championnat de France d’ici cinq
ans, pourquoi pas ? Moi, je veux
plutôt former de jeunes joueurs qui
auront un fort sentiment d’appartenance
au Kempferhof.
Des projets de développement
hôtelier
On a prévu des travaux sur l’aile
moderne du château : cette enfilade
de chambres d’hôtel peu gracieuse
sera rasée pour prendre le style du
château en reprenant ces briques
et ces voûtes aux ouvertures ; par
contre, il y aura des toits plats, mais
végétalisés et un spa sera intégré
dans ce bâtiment.
Nous voulons faire du Kempferhof
un hôtel 5 étoiles. Dans le château,
pour être aux normes, il nous faut
un ascenseur ; le problème est de
trouver l’endroit le plus approprié
sans toucher aux installations les
plus sensibles patrimonialement
comme l’escalier en bois, la tour ou
bien la « grande chambre ». Dans les
chambres, la décoration intérieure
sera refaite.
Développement durable
On est en train de voir pour ouvrir le
golf aux enfants de manière gratuite
peut-être deux, trois fois par an pour
des initiations. Au niveau de l’emploi,
on est passé de 20 à 40 employés.
Au niveau de l’agriculture, on recycle
l’eau, notre circuit d’arrosage
est presque en circuit fermé. On
réintroduit des espèces comme des
canards, des cygnes, etc.
Pour le golf, on veut être parmi les
plus beaux golfs d’Europe et être
parmi l’élite du golf européen. On
a fait venir un des meilleurs coachs
au niveau français, voire européen,
les meilleurs joueurs viendront s’entraîner
ici, on va créer de l’activité
et le Kempferhof sera au centre du
monde golfique.
Entre hier et demain
Redonnons la parole à Jules de
Dartein, qui a laissé, quelques
mois avant sa mort, des consignes
précises quant à l’entretien des bois
entourant sa maison :
« Pour les domaines forestiers
spécialement, il est indispensable
que le futur propriétaire apprenne à
connaître, à aimer et à gérer la forêt
et les terres qui lui sont destinées ; il
faut une connaissance intime entre
un propriétaire et ses champs et
tous les arbres (fruitiers et forestiers).
Ne confondons pas propriétés
et marchands de biens : ces derniers
ne sont pas dignes d’être appelés
propriétaires.
Un vrai propriétaire a, devant Dieu,
des droits mais aussi des devoirs à
l’égard de ses aides, de ses voisins et
de la société. Il faut connaître cela et
y penser sa vie durant, mais il faut
connaître parfaitement et aimer
ce que l’on doit gérer pour le bien
véritable de tous ».
sions devant le site du Kempferhof
dont il allait faire un golf :
« Je fus immédiatement frappé par
la sensation de mystère, l’ambiance
particulière que dégageait cette propriété.
Brouillard et brume s’étaient
abattus sur les champs et les bois
qui s’étendaient et se confondaient
au loin, offrant à la vue un paysage
composite. J’étais enivré par cette
atmosphère éthérée qui me rappelait
tous ces paysages fabuleux des
régions côtières des États-Unis, sur
les îles de Géorgie et des Carolines,
ou encore certains terrains de golf
absolument magnifiques, situés
en Écosse, au bord de l’océan. J’ai
compris qu’il était de notre ressort
d’en faire un chef-d’œuvre qui soit
reconnu et apprécié dans l’Europe
tout entière ».
Jules de Dartein apprécierait-il que
« l’Europe tout entière » vienne jouer
au golf chez lui ? Cela l’amuserait incontestablement,
et nul doute qu’il
serait heureux de voir sa fantastique
maison et sa propriété sauvées,
entretenues et aimées.
138 HISTOIRE Chapitre Viii HISTOIRE Chapitre Viii
139
Remerciements
(par ordre alphabétique)
Lina Bapst
Elle m’a transmis les précieux
souvenirs qu’elle avait gardés des
discussions de nos grands-parents, le
soir sur le banc devant leur maison,
quand ils parlaient du Kempferhof.
C’est Lina qui possède la photo
de Jules et Henri de Dartein assis
devant Georges Fuchs, notre arrièregrand-père
commun, ainsi que le
diplôme d’honneur qu’il avait reçu.
Claude Bieth
Locataire de la maison du Kempferhof
pendant une douzaine d’années
avant d’acheter et de créer le golf
du Kempferhof, il a bien voulu me
raconter la genèse de la transformation
du domaine de Jules de
Dartein en l’un des plus beaux golfs
d’Europe.
Charles Bindschedler
Nouveau responsable du Kempferhof,
il m’a relaté les changements
qui ont déjà été apportés au
domaine, ainsi que les projets et innovations
qui le seront encore pour
les prochains temps. Grâce à lui, j’ai
eu libre accès, en véritable privilégié,
à toutes les pièces de la maison, du
château et de la chapelle.
Angélique Dubuisson-Escande
Arrière-arrière-petite-fille d’Henri de
Dartein, c’est elle qui m’a aimablement
envoyé, en avril 2017, plusieurs
documents dactylographiés par son
père, l’historien Jean N. D. Escande,
qui n’avait pas pu me les faire parvenir
en raison de sa santé défaillante.
Arnaud de Gail
En 2012, il m’a reçu à son domicile
pour me parler de la famille de Gail,
alliée aux Dartein, et m’a communiqué
les portraits de ses grands-parents
paternels Charles Antoine de
Gail et Marie Adélaïde de Dartein,
son épouse.
François-Régis de Gail
Il m’a accueilli chez lui à Strasbourg-Meinau
le 18 décembre 2012
pour me livrer les souvenirs qu’il
avait de ses parents et du Kempferhof,
et m’avait autorisé à l’enregistrer
avec un dictaphone. J’avais été
touché de son prêt des médaillons
représentant Charles Mathieu
Sylvestre de Dartein et Françoise
Rosalie de Salomon que j’ai ainsi pu
photographier.
Jean-Paul Heiser
Président du Conseil de fabrique
de Plobsheim à l’époque de mes
recherches, il m’a donné accès à la
consultation des archives catholiques,
ce qui m’a permis de consulter
le livre terrier de 1688/1689 et de
connaître les projets d’une nouvelle
église que Jules de Dartein voulait
faire construire.
Richard Hirschner
Directeur général de Super U « Les
Halles d’Eschau », il me soutient
de manière indéfectible depuis des
années.
Ernest Huber
Il m’a apporté de nombreux renseignements
sur Antoine Huber,
son arrière-grand-père, qui a été le
gérant du domaine du Kempferhof
et le cocher de Jules de Dartein
jusqu’en 1898, année de son décès.
Son grand-père, Toni Huber, a grandi
au Kempferhof au 19 e siècle avec ses
frères et sœurs.
Michel Schreiber
La rencontre avec Michel Schreiber
a été pour moi décisive en ce qui
concerne le livre sur le Kempferhof.
Ce sont ses encouragements qui
m’ont décidé à écrire cette histoire. Il
travaille depuis plus de trois ans sur
la biographie de la famille Dartein et
prépare un livre important à ce sujet.
Intéressé par cette famille depuis
longtemps, Michel m’a fait bénéficier
de sa science généalogique
et m’a communiqué de nombreux
détails historiques ainsi que des illustrations
inédites dont a bénéficié
cet ouvrage, et qui sont aujourd’hui
conservées par plusieurs descen-
dants de Jean Baptiste de Dartein,
venu s’installer en Alsace au début
des années 1760.
À tous, j’exprime mes très sincères
remerciements.
L’auteur : René Deiber
Artisan maître-sculpteur sur bois
ornemaniste à Plobsheim, M.O.F.
(Meilleur Ouvrier de France) en
1965, j’ai formé une demi-douzaine
de jeunes au métier. Je suis retraité
depuis 2000.
Je suis président d’honneur de la
corporation des sculpteurs sur bois
du Bas-Rhin, président d’honneur de
la F.R.E.M.A.A. (Fédération RÉgionale
des Métiers d’Art d’Alsace) et je fus
expert judiciaire en ébénisterie près
la Cour d’Appel de Colmar de 1997 à
2009.
Passionné d’histoire locale, j’ai suivi
pendant six saisons des cours de
paléographie allemande afin de
pouvoir consulter les anciens textes
allemands des archives. En 2002, j’ai
créé l’association pour le patrimoine
Le Giessen de Plobsheim, qui comptait
200 membres à l’époque de ma
démission en 2015.
140 HISTOIRE Chapitre Viii
HISTOIRE Chapitre Viii 141
MENTIONS LÉGALES
ÉDITEUR :
Mack One France, Michael Mack
Idee :
Michael Mack, Dr. Moritz Feninger
CRÉATION / CONCEPT / DESIGN :
Matthias Lange, Sabine Ostholt, Horst Koppelstätter
RÉDACTION / AUTEURS / RELECTURE :
Horst Koppelstätter (directeur de rédaction),
Christoph Ertz, Stefan Tolksdorf
La famille Mack lors de la fête de fin de travaux du nouveau site d'innovation Mack One France à Plobsheim en Alsace.
PRODUCTEUR :
Koppelstätter Media GmbH, Bergstraße 38,
76547 Sinzheim / Baden-Baden - Allemagne
www.koppelstaetter-media.de
COORDINATION :
Beate Zehe
AUTEUR PARTIE HISTORIQUE :
René Deiber
IMPRESSION :
www.bk-offset.de
NOUS PARTAGEONS NON SEULEMENT LE RHIN,
MAIS AUSSI ET SURTOUT UNE MERVEILLEUSE AMITIÉ.
LE TANDEM FRANCO-ALLEMAND EST
INDISPENSABLE POUR ASSURER UN
AVENIR SEREIN À L’EUROPE.
michael mack
CONSUL HONORAIRE DE FRANCE POUR FRIBOURG ET TÜBINGEN
PHotos :
Mack One France, Koppelstätter Media, Plobsheim,
shutterstock_Frederic Legrand – COMEO, Kempferhof
France, Vincent Muller, Michael Bode, MackNext
GmbH & Co. KG, Jacky LEY, Eric Tran-Quang, seven_
elephants, Filmakademie-Baden-Wuerttemberg_Roland_Moench,
HaasimStudio.de, Stefan Strumbel/
Stefan Armbruster, Pascal Bastien, Jérôme Dorkel,
AMBER BLAKE 2022 © MackNeXT, Station F, Patrick
Tourneboeuf, Lucquet architectes associes, David
Haffen / La Fémis
DROITS D’IMAGES PARTIE HISTORIQUE :
Mack One France
TRADUCTION FR :
Aurélien Albrecht, Marie Holder
Albrecht Translation Services
68000 Colmar
Tous les droits relevant de la conception et du
contenu (à l’exception de la partie historique) sont
détenus par Koppelstätter Media GmbH.