BOXOFFICE MAROC – N°00 / janvier 2024

Numéro 00 / Janvier 2024 

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : SOUFIANE SBITI 

MAROC 

SÉRIES DE 

RAMADAN 

LES COULISSES 

DES TOURNAGES 

N°00 / Janvier 2024 

Le cinéma 

marocain a 

(enfin) son 

magazine 

LES 

MEUTES 

DE LAZRAK 

DANS LES 

RECOINS DE 

CASABLANCA 

OUMAIMA BARID 

NOTRE NOUVELLE 

ÉTOILE

EDITO 

UNE NOUVELLE 

AVENTURE ET DES DÉFIS 

PAR SOUFIANE SBITI 

Un nouveau magazine, une nouvelle 

page. Sous l’étendard de la célébrissime 

marque Boxoffice, une 

équipe de jeunes marocains s’est portée 

pour ambition de parler de cinéma au Maroc. 

De ses coulisses, de ses petites mains, de 

ses figures, comme de ses grandes œuvres. 

Boxoffice Maroc est le nouveau magazine 

destiné principalement aux cinéphiles. En 

étant disponible dans plusieurs salles de 

cinéma mais aussi d’autres espaces à venir, 

ce nouveau magazine souhaite aller au plus 

proche du public et à sa rencontre. 

2023 a vu la naissance 

de plusieurs projets 

ambitieux d’ouvertures 

de salles de cinéma. Si 

par le passé, on comptait 

avec regret le 

nombre de salles de 

cinéma qui ferment, 

aujourd’hui, pour 2024, 

on se plaira plutôt à compter les ouvertures. 

Boxoffice Maroc entend participer à cette 

dynamique, en apportant sa pierre à 

l’édifice. 

Avec un horizon de 150 salles de cinéma 

ouvertes d’ici quelques années, le programme 

porté par le ministère de la Culture 

pointe du doigt un paramètre essentiel : 

c’est grâce aux salles obscures que l’industrie 

du cinéma au Maroc pourrait renaître. 

C’est en revenant au cœur du métier, un 

film projeté dans une salle, que l’avenir 

pourra être tracé donc pour tout le secteur. 

C’EST GRÂCE AUX 

SALLES OBSCURES QUE 

L’INDUSTRIE DU CINÉMA 

AU MAROC POURRAIT 

RENAÎTRE 

Au-delà des simples ouvertures, il s’agira 

aussi de revoir tout un modèle sur lequel 

repose le secteur. Les producteurs, maillons 

essentiels de la création cinématographique, 

ne seront plus mis de côté. Et les 

créateurs, réalisateurs comme scénaristes 

et artistes, auront l’espace nécessaire pour 

s’exprimer. 

Si c’est en revenant aux salles de cinéma 

qu’on veut redynamiser le secteur, chez 

Boxoffice Maroc, nous avons également 

pensé qu’en se reposant sur le format papier 

pour notre magazine, nous pourrons redonner 

un coup de neuf au 

secteur de la presse, 

considérablement 

impacté après la pandémie 

du Covid-19. 

Mais au-delà du format 

papier, l’équipe de 

Boxoffice Maroc 

dédiera une part importante de son énergie 

pour être présents là où les jeunes sont 

aujourd’hui, à savoir les réseaux sociaux. 

Notre recette sera simple : offrir un journalisme 

rigoureux, de qualité et à la hauteur 

des attentes de lecteurs passionnés 

par ce qu’ils pourront lire. Ce qui n’est 

pas une mince affaire, pourront dire certains. 

Mais on s’obstinera à penser qu’il 

s’agira là d’un beau défi, méritant d’être 

relevé, avec au bout du chemin, la conviction 

que les Marocains mériteront toujours 

le meilleur.● 


Directeur de la publication 

Soufiane Sbiti 

Collaborateur 

Yacine Kaouti 

Rédaction 

Salma Hamri, 

Reda K. Houdaïfa, 

Imane Essaidi, 

Lina Ibriz 

Chronique 

Aïcha Akalay 

Crédit photos 

MAP, 

AFP, 

Mustapha Razi, 

Anonym Shot 

Conception graphique 

Story&Brands 

Responsable artistique 

Mohamed Mhannaoui 

Maquettiste 

Ezzoubair Elharchaoui, 

Zineb Azeddine 

Direction générale 

Fatima Zahra Lqadiri 

f.lqadiri@storybrands.ma 

Régie publicitaire 

Euromedia 

Impression 

ALPHA PRINT 

Distribution 

En cours 

BOXOFFICE MAROC 

est édité par 

Pulse Media 

sous licence 

The Boxoffice Company 

de Global Cinema Maroc 

Capital Business Office, 

B 127, 6ème étage, 

Bd Abdelmoumen, 

Casablanca, Maroc 

Site web : 

www.boxoffice.com 

Dossier de presse 

en cours 

Dépôt légal 

en cours 

Janvier 2024 / Maroc 

3

SOMMAIRE 

18 

26 

06 

׀ SNAPSHOT Le périple de La mère de toutes les mémoires 

08 

׀ COULISSES At nunc si ad aliquem bene nummatum 

08 

׀ LA PÉPITE DU MOIS Amine Berrada Le chef op’ caméléon 

14 

׀ LA RENCONTRE Kamal Lazraq Ce que l’on voit dans le film, 

c’est la réalité assez brute 

18 

׀ LA COUV’ OUMAIMA BARID Comme une lettre 

à la poste 

Fez Summer 55 au fil des luttes 

Abdelhaï Laraki sort du cadre 

32 

׀ EN SALLES Les meutes : La nuit leur appartient 

Les Filles d’Olfa 

une catharsis familiale 

sur fond de déchirement 

Matteo Garonne, témoin de son époque 

Argylle : Quand la fiction devient réalité 

Ana Machi Ana 

Les tribulations d’un jeune marié en cavale 

Iron claw 

Cowboys from hell 

The Color Purple 

Diapason blues note pourpre 

46 

׀ GUIDE DES SORTIES 50 

׀ ACTU-CINÉ 2023 L’année de moisson 

pour Asmae El Moudir 

70 

Le bilan de l’action gouvernementale 

en faveur du septième art 

Rétro 2023 : Des luttes américaines 

et des répercussions mondiales 

Megarama consolide 

ses assises au Maroc 

Zinoun 

une étoile qui ne brille plus 

60 

׀ INTERVIEW PRO Mohamed Khouna 

Adil Zerouali 

Nicolas et Pierre Chican 

70 

׀ REPORTAGE Silence… on tourne 

76 

׀ INTERVIEW Baloji, artiste belgo-congolais

76 

84 

50 

96 

80 

׀ DOSSIER PRO Effets spéciaux, Quand le cinéma marocain 

rivalise avec les grands studios Hollywoodiens 

84 

׀ ZOOM SUR UNE SALLE Pathé au Maroc, 

nouvelle donne pour le cinoche 

90 

׀ UNE SALLE, UNE HISTOIRE 

Cinéma Royal à Rabat: un patrimoine 

à bout de souffle 

92 

׀ STREAMING/VOD Captains of the World Le Maroc s’illustre et 

Saïss rafle la vedette 

94 

׀ LIRE, VOIR ET ÉCOUTER 

Exposition: « Hollywood inattendu » 

Livre: « De quelques événements sans 

signification » 

Bande son : « Moi, capitaine » 

Podcast : Blow Up 

96 

׀ FINAL CUT Doha Moustaquim 

98 

׀ LE CLAP DE AICHA AKALAY 

Pour soigner le cinéma marocain, 

soyez-vous !

SNAPSHOT 

LE PÉRIPLE 

DE LA MÈRE 

DE TOUTES 

LES MÉMOIRES 

Au cœur des voyages internationaux du 

documentaire d’Asmae El Moudir, La 

Mère de tous les mensonges, une petite 

poupée accompagne la réalisatrice. Plus 

qu’une simple figurine, cet objet d’apparence 

ordinaire représente la grandmère 

de la cinéaste. 

À chaque nouveau festival ou manifestation 

cinématographique, Asmae prend 

soin de photographier cette figurine, 

immortalisant la présence constante et 

inspirante de sa grand-mère à ses côtés. 

Un geste simple mais puissant qui crée 

un lien fort avec l’audience. 

C’est une grand-mère qui cache et révèle 

des fragments de l’histoire. C’est une 

antagoniste et une alliée, une mémoire 

collective et individuelle qui transcende 

les générations, et un hommage à toutes 

les histoires non racontées, oubliées, 

ensevelies ou remaniées.● 

PAR SALMA HAMRI / CRÉDIT : ASMAE EL MOUDIR / INSTAGRAM 

6 Maroc / Janvier 2024

COULISSES 

CINÉATLAS DE 

CASABLANCA ET 

TANGER : LES DATES 

D’OUVERTURE 

FIXÉES 

Après Rabat et El Jadida, le 

groupe Ciné Atlas poursuit son 

expansion et s’implante à 

Casablanca et Tanger. Les 

travaux du Ciné Atlas Aeria Mall à 

Casablanca devraient reprendre, 

après un un lever de rideau 

retardé en raison de difficultés 

financières. L’ouverture y est 

prévue pour le début de l’été 

2024, quelque peu après celle 

du multiplexe de Tanger qui 

ouvre ses portes au printemps 

2024, apprend Boxoffice Maroc. 

Le groupe Ciné Atlas avait 

annoncé, fin 2019, le rachat de 

l’ancien cinéma emblématique 

« Mauritania ». La rénovation de 

celui-ci donnera lieu à un 

multiplexe premium composé de 

5 salles de cinéma, tout comme 

celui de Casablanca dont une 

salle sera « ultra luxe ».● 

NISRIN ERRADI, LA FUTURE 

TOUDA DE NABIL AYOUCH 

En vedette. Nabil Ayouch nous a mitonné Everybody 

Loves Touda. Tourné sur quatre saisons pendant près de 

deux ans, ce bijou cinématographique sera diffusé sur 

Canal+ après une distribution assurée en France par Ad 

Vitam. Co-écrit avec Maryam Touzani, ce film donne à voir 

le parcours de Touda, une poétesse et chanteuse incarnée 

par Nisrin Erradi, qui déménage à Casablanca pour offrir 

un avenir meilleur à son fils sourd-muet. Aussi, bien que le 

film explore les thèmes de la résilience, de l’émancipation, 

il célèbre la force des femmes face aux normes sociales.● 

APRÈS ANIMALIA, SOFIA ALAOUI 

PRÉPARE SON NOUVEAU FILM 

Après son succès au Sundance Film Festival avec 

Animalia, la scénariste et réalisatrice marocaine Sofia 

Alaoui prépare un nouveau long métrage autoproduit, 

intitulé Tarfaya. 

Ce thriller éco-apocalyptique suit le quotidien de 

Meryem, une infirmière d’une quarantaine d’années 

qui travaille dans un hôpital isolé où sévit une nouvelle 

pandémie mystérieuse liée à une crise environnementale. 

Le film décrit des patients devenant d’abord 

délirants avant de tomber dans un profond sommeil, 

se déconnectant du monde dans lequel ils vivent. 

En plus de Tarfaya, Sofia Alaoui développe également 

un projet de série télévisée intitulé Let the Earth Burn, 

avec la boite de production basée à Paris 

Barney Production.● 

CINÉMA ROYAL DE RABAT 

CHERCHE REPRENEUR 

Nouvelle vie pour le cinéma Royal de Rabat. Les 

négociations vont train pour sa future reprise. D’après 

nos informations, les gestionnaires de l’actuel cinéma, à 

nous avons dédié notre rubrique Une salle, une histoire 

cette semaine, n’ont toujours pas trouvé preneur. Deux 

concurrents ont d’ores et déjà déposé leurs dossiers 

pour récupérer l’établissement construit dans les 

années 30, et donnant aujourd’hui un bâtiment Art 

Deco. Il s’agit, selon nos sources, de la commune de 

Rabat qui entend transformer l’endroit de fond en 

comble, alors que le quartier compte déjà accueillir une 

infrastructure culturelle de taille : la fondation de protection 

du patrimoine de la ville de Rabat, présidée par la 

princesse Lalla Hasnaa, et qui disposera de son propre 

musée. L’autre concurrent n’est autre que le groupe 

Cinerji, fondé et dirigé par Hakim Chegraoui qui entend 

capitaliser sur l’endroit pour assurer le développement 

de ses nombreuses salles partout dans le pays.● 


LA PÉPITE DU MOIS 

Amine Berrada, chef opérateur casablancais, sur le 

plateau de tournage du long-métrage «Banal et Adama», 

nommé en sélection officielle à Cannes 


CRÉDIT : AMINE BERRADA 

Amine 

Berrada 

LE CHEF OP’ 

CAMÉLÉON 

C’est le directeur de la photographie qui a su si bien 

traduire en images et en lumières l’intention de deux 

réalisateurs dont les univers sont en tout point opposés : 

Kamal Lazrak, avec son long métrage « Les Meutes », un polar 

qui a reçu le prix du Jury Un certain regard, et la réalisatrice de 

« Banel et Adama », Ramata-Toulaye Sy, dont l’histoire d’amour 

a été nommée en sélection officielle à Cannes. 

PAR SALMA HAMRI 

« 

Entre prises de vue, cadrage, lumière et couleurs, 

la direction de la photo est avant tout une traduction 

des intentions du réalisateur et un vecteur 

de sensations fortes ». C’est par ces mots qu’Amine 

Berrada décrit son métier-passion qu’il adopte après 

avoir effectué un stage auprès de la directrice de la photographie 

française Caroline Champetier. Une révélation 

pour ce chef opérateur de 35 ans. 

Cet artisan de l’image intègre ensuite La Fémis en France, 

école supérieure des métiers de l’image et du son, où 

il se crée un large réseau et où il rencontre des professionnels 

du cinéma avec qui il travaillera plus tard, notamment 

le réalisateur Kamal Lazrak. 

La prise de contact entre les deux s’est faite naturellement, 

nous raconte-t-il. Deux anciens de l’école de 

cinéma qui ont mis leur affinités et connivence intellectuelle 

au service d’un film qui a été remarqué par les critiques 

à l’international. 

Du Sénégal en mai 2022 au Maroc en novembre de la 

même année, Amine Berrada a joué le rôle « d’interprète 

de scénarios en images » sur le plateau de tournage 

de deux films dont les univers sont diamétralement 

opposés : l’un de jour et l’autre de nuit. Un solaire 

et un sombre. Un doux et l’autre cauchemardesque. 

Le chef opérateur casablancais a par ailleurs voyagé avec 

ces deux films dans deux festivals communs : le Festival de 

Cannes et le Festival international du Film de Marrakech où 

Banel et Adama a remporté le prix du meilleur réalisateur 

et Les Meutes le prix du Jury ex aequo avec Bye Bye Tiberius 

de la réalisatrice palestinienne Lina Soualem. 


11

LA PÉPITE DU MOIS 

FILMO DE 

BERRADA 

2019 

Le Miracle du Saint 

Inconnu 

2021 

Astel 

2022 

Snow in September 

2023 

Les Meutes 

2023 

Banel et Adama 

2023 

Affronter l’obscurité 

Amine Berrada en compagnie de Kamal Lazrak, 

réalisateur du long-métrage «Les Meutes» 

CRÉDIT : AMINE BERRADA 

CRÉDIT : MOHAMED WAAZIZ 

JE CHERCHE DE PLUS EN PLUS 

À PRENDRE DES RISQUES, À ME 

DÉFAIRE DU CONCEPT DE 

‘BEAUTÉ’ ET ‘D’HOMOGÉNÉITÉ’ 

CRÉDIT : STÉPHANE BROSSEAU 

Sur le plateau de tournage de 

«Les Meutes» de Kamal Lazrak 

« Ce qui m’excite le plus dans ce métier c’est de travailler 

à chaque fois dans des films différents mais surtout 

uniques et aller vers des choses nouvelles. Je cherche de 

plus en plus à prendre des risques, à me défaire du concept 

de ‘beauté’ et ‘d’homogénéité’ et ne plus être dans un 

consensus mais plutôt une singularité », se confie-t-il. 

Sur Les Meutes, entièrement tourné de nuit dans sa ville 

natale Casablanca, Amine Berrada a réussi à sublimer 

un univers cauchemardesque, et le jeu de personnages 

qui ne sont pourtant pas habitués à la caméra. Le 

clair-obscur, peu à peu envahissant, devient personnage 

à part entière. 

« On a beaucoup discuté avec Amine en préparation sur 

comment on allait filmer ce long-métrage. Je lui disais 

qu’on allait travailler avec des acteurs non professionnels, 

à Casablanca la nuit, et qu’on n’aura pas beaucoup de 

temps de tournage. Et cette imperfection-là, il fallait l’assumer 

pour qu’elle soit cohérente. Justement, l’idée, c’était 

qu’on n’ait pas des séquences très lisses et d’autres très 

brutes et garder la même grammaire tout le long du film. 

Amine a été très fort là-dessus parce qu’il s’adaptait toujours 

très vite et malgré les nombreux imprévus, il trouvait 

toujours la bonne solution », confie Kamal Lazkrak. 

Amine Berrada construit ainsi une image très sombre 

qui traduit l’errance sans fin d’un père et son fils plongés 

dans les bas-fonds de Casablanca, et qui doivent se 

débarrasser du corps d’un homme avant le lever du soleil. 

« En faisant un minimum de répétitions pour préserver 

la spontanéité des acteurs novices, on tournait caméra 

à l’épaule pour pouvoir filmer à 360 degrés et donner 

à la séquence un aspect documentaire », Le défi dans 

ce film était par ailleurs d’être très mobile avec la lumière 

et garder cette esthétique de clair-obscur pour qu’on 

puisse à peine distinguer les personnages dans le noir, 

explique Amine Berrada 

Pour Les Meutes, les références visuelles du chef opérateur 

sont légion. Il cite notamment la trilogie Pusher 

de Nicolas Winding Refn pour le côté brut et rugueux, 

ou encore Good Time des frères Safdie qui rappelle 

l’univers des Meutes : une ville, une nuit. 

Le cinéma n’est d’ailleurs pas sa seule inspiration, « je 

pensais souvent à des gravures de Gustave Doré, un 

artiste français qui illustre la Divine Comédie de 

Dante », un rappel de l’univers fantasmagorique du long 

métrage.● 


LA RENCONTRE 

CRÉDIT : LVONDER WEID 

KAMAL LAZRAQ 

CE QUE L’ON VOIT 

DANS LE FILM, 

C’EST LA RÉALITÉ 

ASSEZ BRUTE 

Avec « Les Meutes », Kamal Lazraq signe une fresque étonnante 

qui nous mène dans les bas-fonds de Casablanca. Avant sa sortie 

nationale le 31 Janvier, rencontre avec un réalisateur multi-primé à 

Cannes et à Marrakech. 

INTERVIEW MENÉE PAR YACINE KAOUTI 

Kamal Lazrak, réalisateur de Les Meutes. 


Le film a été présenté à Cannes dans la 

sélection Un certain regard et a remporté le 

prix du jury. Comment as-tu vécu cette 

sélection ? 

Cannes, c’était spécial parce que nous avions fini 

le tournage, début décembre. C’était un tournage 

de nuit pendant six semaines. Il y avait beaucoup 

de fatigue parce qu’on ne dormait pas. Et nous 

avions enchainé le montage tout de suite après. 

Nous avions envoyé une première version au 

comité de sélection. Et c’est là où on apprend 

que le film est sélectionné à Cannes. 

Il y a eu un coup de pression parce qu’il fallait 

finir le film. Je suis arrivé à Cannes avec les 

acteurs qui prenaient l’avion pour la première 

fois. On arrive le soir. Deux heures du matin, on 

est dans la salle pour faire le test technique. 

C’est la première fois que je le vois dans une 

salle de cinéma. Nous regardons trois minutes 

pour régler le son, et puis à 11 heures du matin, 

on arrive pour la projection devant 1 000 personnes. 

Donc tu le vois pour la première fois 

sur un grand écran, dans une vraie salle, avec 

eux. Il y avait beaucoup d’appréhension et puis 

il y avait un côté un peu irréel. On était un peu 

en apnée pendant la projection. 

Et on se prépare à recevoir un prix ou pas ? 

On ne se prépare jamais à le recevoir. Non, je 

ne crois pas. C’est vrai qu’on nous a appelés le 

CRÉDIT : BARNEY PRODUCTION - MONT FLEURI PRODUCTION 


De gauche à droite: Ayoub Elaid dans le rôle de Issam et 

Abdellatif El Mastouri dans le rôle de Hassan. 

LE FILM PART DANS UN ONIRISME, 

UN CÔTÉ UN PEU CAUCHEMARDESQUE, 

MAIS LE POINT DE DÉPART DU FILM, 

C’EST QUELQUE CHOSE QUI EST TRÈS 

ANCRÉE DANS UNE RÉALITÉ SOCIALE 

jour même. Donc on sait qu’il y a quelque chose 

qui se trame. ll faut être dans la salle, on ne sait 

pas ce qu’il y a. Après, c’est sûr que le prix, 

c’était un très grand soulagement après tout le 

travail qui a été fait. Ça nous a montré que le 

film, dans ses thématiques qui sont quand même 

très marocaines, a été compris de façon universelle 

par un jury international. 

Il y a certaines similitudes entre ton premier 

court métrage produit Moul Lkelb et ton premier 

long-métrage Les Meutes. Peux-tu nous 

en dire plus ? 

Moul Lkelb, était une histoire qui était arrivée à 

un des acteurs du film, qui n’est pas un acteur 

professionnel. Il avait perdu son chien et a passé 

toute une nuit à le chercher dans les bas-fonds 

de Casablanca. J’avais construit le film sur la 

base d’une histoire réelle. 

Ayoub Elaid dans le rôle de Issam 

J’avais envie, suite à ce court métrage, de refaire 

un film en une nuit, à Casablanca, dans le même 

univers. Quand j’ai commencé à réfléchir à l’histoire, 

je me suis rappelé les castings de Moul 

Lkelb. J’avais rencontré plein de jeunes personnes, 

qui n’étaient pas des acteurs, mais qui 

venaient, qui racontaient leur vie, leur expérience, 

leurs anecdotes de la vie à Casablanca, 


15

LA RENCONTRE 

dans les quartiers populaires de la ville. Et 

quand j’ai voulu écrire mon premier long, ça 

m’est revenu. J’ai imaginé cette histoire, d’un 

père et son fils, qui sont pris dans un engrenage 

infernal, en une nuit, parce que je trouvais 

que faire un film avec une unité de temps 

forte, ça donne un peu plus de tension et d’intensité 

dramatique. Et les deux acteurs principaux 

qui m’ont inspiré l’histoire pendant les 

castings, ont depuis disparu de la circulation. 

J’ai dû refaire le casting pour retrouver les deux 

acteurs principaux. 


Tu as fais le choix de travailler une nouvelle 

fois avec des acteurs non professionnels. 

Comment les as-tu trouvés? Et 

comment se passe l’expérience avec des 

personnes qui n’ont jamais travaillé 

devant une caméra ? 

C’était un casting sauvage, on a travaillé avec 

un directeur de casting qui a un peu l’habitude 

de ça. Il a des assistants dans tous les quartiers 

de la ville, dès qu’il voit un visage intéressant, 

il le met dans son fichier. Et du coup, j’en 

ai rencontré beaucoup, mais quand j’ai vu 

Ayoub Elaid sur photo, je trouvais qu’il avait 

un truc. Il me fait penser à Franco Cicci, qui 

joue dans Accattone de Pasolini. Il avait cette 

gueule, ce côté un peu sec, mais nerveux en 

même temps. Je savais que je tenais le personnage 

auquel je pensais. Du coup, il a fallu 

le retrouver, parce que cette photo avait été 

prise il y a un an et demi ou deux. 

Ils allaient dans la médina (ndlr : le responsable 

casting et ses assistants) avec sa photo, les 

gens croyaient qu’il était recherché. Qu’il y 

avait un problème. Quelqu’un a compris que 

ce n’était pas la police, et l’a ramené au casting. 

J’ai tout de suite accroché avec lui. Après, 

il y a eu tout un travail pour le convaincre. Parce 

qu’il disait, « moi, quand j’étais petit, c’est vrai, 

je rêvais secrètement d’être acteur, mais je ne 

pensais pas qu’un jour on allait me proposer 

ça ». Il avait du mal à être convaincu, moi j’avais 

une méthode de travail où il allait être à l’aise. 

Je savais comment faire. 

Puis il fallait ensuite trouver le père. Et 

comme je passais beaucoup de temps avec 

Ayoub pour le préparer au rôle, on allait 

dans son quartier. On était dans un petit 

café. Il réfléchissait comme ça, et me dit « 

je vais te présenter quelqu’un ». Il m’a 

emmené. Et là, on tombe sur Hassan, qui 

était en train de griller des sardines dans le 

petit stand. Ayoub m’explique que c’est en 

quelque sorte un père pour lui. Quand j’ai 

vu le visage de Hassan, sa posture, son charisme, 

sa voix, je me suis dit, lui, il a un vrai 

potentiel. Ils ont la relation père-fils qui existe 

déjà. On est partis faire des essais en 

caméra, voir s’ils arrivaient, les deux, à jouer 

ensemble. Tout ça a bien fonctionné sur les 

essais. Je sentais que ça pouvait donner 

quelque chose d’intéressant. 

Dans Les Meutes les dialogues sont relativement 

courts. Les silences sont importants. 

C’est très brut. Comment as-tu travaillé avec 

tes comédiens, et est-ce que le film était écrit 

avec précision ou tu t’es permis certaines 

libertés liées au fait de travailler avec des 

non-professionnels ? 

Le film était écrit, très écrit, avec les dialogues, 

c’était très précis. On a financé le film sur la 

base d’un scénario très classique. Après, moi, 

je ne leur donnais pas les dialogues à 

apprendre par cœur. Je savais que dès qu’ils 

voulaient réciter, on perdait la spontanéité. Et 

ça, je l’avais expérimenté justement sur mes 

précédents courts-métrages. Dès qu’il y avait 

certaines phrases que je pensais importantes, 

je leur disais, « dites la phrase mot à mot ». Je 

n’ai jamais pu garder la prise. Dès qu’ils étaient 

dans le contrôle, ça ne marchait pas. Du coup, 

ce qu’il se passait, c’est qu’on arrivait sur le 

plateau, je leur expliquais la séquence, je leur 

Ayoub Elaid dans le rôle de Issam. 

donnais quelques points importants par lesquels 

il fallait passer. On tournait toute la 

séquence en un long master shot, c’est-à-dire 

qu’on ne coupait pas. On allait de l’un à l’autre. 

Et là, tout de suite, ils utilisaient leur propre 

monde, ils avaient leur liberté de mouvement. 

Et en général, les deux premières prises étaient 

toujours très bonnes. Les prises d’après, ça 

s’épuisait. 

Puis il y a aussi des comédiens professionnels 

comme Abdellah Lebkiri qui joue le 

rôle de Dib. Comment réussit-on à faire 

travailler des acteurs professionnels et non 

professionnels ensemble ? 

Pour être honnête, à un moment, je pensais 

qur Abdellah Lebkiri allait jouer le rôle du père. 

Parce que je ne trouvais pas les acteurs non 

professionnels. Je me suis dit que ce rôle de 

Dib, que je n’avais pas encore trouvé, il correspond 

aussi très bien. Il a beaucoup de talent, 

je trouve. Et il a surtout su s’adapter à ceux qui 

étaient en face de lui. Certains acteurs professionnels 

attendent la réplique qu’ils pensent 

recevoir. Ils sont dans une maîtrise du jeu qui 

fait qu’ils n’arrivent pas à s’adapter à des acteurs 

non professionnels, à une forme d’improvisation. 

Mais avec Abdellah Lebkiri, c’était tout à 


fait le contraire. Il était vraiment très à l’aise 

avec ça. Il a beaucoup aidé les deux acteurs 

principaux. Il les a un peu coachés. 

Tu as tourné ton film à Casablanca et ses environs. 

Beaucoup de réalisateurs ont pris des 

risques en faisant des films sur cette ville ? 

N’y avait t-il pas une peur de faire un film sur 

Casablanca et tout ce qu’elle représente ? 

Je n’avais pas cette peur-là parce que je 

savais qu’on allait avoir une approche quand 

même assez documentaire, assez brute, 

assez authentique du film. Je n’allais pas 

essayer de reconstruire quelque chose ou 

d’aller soit vers le misérabilisme ou d’accentuer 

une réalité. 

Nous, ce qu’on voit dans le film, c’est la réalité 

assez brute. Tous les décors sont des 

vrais décors naturels. On n’a rien construit. 

Après, le film part dans un onirisme, un côté 

un peu cauchemardesque, mais le point de 

départ du film, c’est quelque chose qui est 

très ancré dans une réalité sociale. 

La plupart des endroits du film, je les connaissais. 

J’ai écrit en pensant à ces endroits, que 

ce soit en tant que Casablancais, dans mon 

rapport à moi, à la ville, mais aussi en tant 

que réalisateur. Comme j’ai fait deux films 

précédemment, deux petits court-métrages, 

j’avais accumulé beaucoup de décors, de 

repérages. 

Pour les gens qui n’ont pas vu le film, la scène 

finale, c’est un endroit que j’avais vu en repérage. 

Et je pense même que le film a été écrit 

en pensant à ce lieu et à cette fin. C’est vraiment 

un rapport à la ville qui a beaucoup 

nourri l’écriture. 


On sent que l’image est très naturelle dans 

le film, avec beaucoup de plans caméra à 

l’épaule et des lumières presque naturelles. 

Comment s’est passé ta collaboration avec 

Amine Berrada (Lire p. 10-12), ton directeur 

de la photographie ? 

On a beaucoup discuté avec Amine en préparation 

sur comment on allait filmer ce film. Et ce 

que je lui disais, c’était on va travailler avec des 

acteurs non professionnels, la nuit, à Casablanca, 

on n’aura pas beaucoup de temps de tournage, 

on va faire ça un peu comme un documentaire. 

C’est-à-dire, qu’il fallait qu’on éclaire chaque 

séquence avec un éclairage qui puisse nous 

laisser la liberté de se déplacer à 360°. En même 

temps, on ne voulait pas non plus faire un film 

moche. Il y avait aussi un enjeu esthétique. 

C’est pour ça qu’on s’est dit qu’on va se servir 

beaucoup de l’éclairage naturel de la ville, d’être 

dans les contrastes, d’assumer l’obscurité. On 

a certaines séquences où on ne voit quasiment 

rien, mais on s’est dit qu’on allait essayer de 

trouver le bon équilibre pour que ça soit à la 

fois naturel, qu’on ne sente pas d’éclairage artificiel, 

mais qu’en même temps, ça ne soit pas 

désagréable pour le spectateur. Et Amine a été 

très fort sur ça parce qu’il s’adaptait toujours 

très vite et il trouvait toujours la bonne solution. 

Revenons un peu plus à la trame de ton 

film, et à l’un des thêmes centraux qui est 

la relation père-fils ou parfois même filspère, 

notamment lorsque Ayoub prend le 

dessus sur son père 

Ça m’intéressait de voir comment un père et 

un fils pouvaient évoluer, et comment les liens 

du sang allaient soit se renforcer, soit se briser 

dans ce genre de contexte. C’était un peu une 

des trajectoires du film. Comment le fils, par respect 

envers son père, n’ose pas trop contester 

sa parole et l’accompagne là-dedans. Et comment 

à un moment du film, le père, perd pied. 

Et présenter Les Meutes en compétition 

au Festival international du film de Marrakech, 

j’imagine que ça a une autre saveur, 

un autre goût ? 

Il y avait quasiment plus d’appréhension de le 

présenter pour la première fois au Maroc. On 

ne savait pas trop comment le public marocain 

allait réagir. On sait que des fois, il peut y avoir 

certaines choses qui dérangent. Il y avait pas 

mal d’appréhension. 

De gauche à droite: Ayoub Elaid dans le rôle de Issam et 

Abdellatif El Mastouri dans le rôle de Hassan. 

C’est vrai qu’on sent tout de suite si la salle vit 

le film ou si elle est un peu en dehors. Et à Marrakech 

on voyait que le film avait eu de bonnes 

réactions. Ça montre qu’il y a une immersion 

qui fonctionne. ● 


17

LA COUV’ 

L’actrice Oumaima Barid 

habillée par Maison Beige. 


OUMAIMA 

BAR ID 

COMME UNE LETTRE 

À LA POSTE 

Elle a grandi entre Agadir et Tiznit, et s’apprête à tout juste 24 

ans, à être à l’affiche de trois des films les plus attendus de l’année. 

Des débuts remarqués pour celle qui ne veut plus perdre son 

temps. Retour sur une ascension irrésistible. 

PAR YACINE KAOUTI - CRÉDIT PHOTOS : ANONYM SHOT / STORY & BRANDS 

Un matin de décembre, 

boulevard Ghandi à Casablanca. 

Le froid se fait 

sentir de plus en plus. 

Oumaima Barid, à quinze 

minutes d’avance sur 

l’heure prévue de notre 

rendez-vous. « Je suis 

prête », me dit-elle, et 

c’est dans cette urgence, 

ce temps qui semble la suivre comme une ombre, qu’elle 

se révèle à nous. « Je trouve le temps long au cinéma. 

J’ai déjà tourné plusieurs films ces dernières années, et 

j’ai hâte de les voir sortir au cinéma ». 

Oumaima Barid, va vite, très vite, et a déjà eu plusieurs 

départs. Des études en animation touristique qu’elle interrompt, 

puis professeur de yoga, et enfin un petit job dans 

un restaurant à Agadir pour pouvoir financer ses études 

de comédienne à l’Acting Institute de Casablanca. Et pour 

celle qui joue le rôle de Aicha, une jeune étudiante et résistante 

de l’université Al Qaraouiyine dans Fez Summer 55, 

le dernier film de Abdelhaï Laraki (en salles depuis le 11 

Janvier), rien n’a été simple avant d’obtenir son premier 

grand rôle au cinéma. 

« Je faisais du théâtre au collège mais j’avais toujours 

peur de monter sur scène. Je répétais avec les autres 

mais ma timidité m’empêchait finalement de goûter au 

plaisir de la scène. En 2018, j’ai l’occasion d’être figurante 

sur un tournage, et je découvre le monde du cinéma. 

Il y a eu un réel déclic pour moi ce jour-là, et une réelle 

alchimie se créa entre moi et la caméra. Je me suis vite 

convaincue que c’est ce que je voulais faire ». Si elle 


19

LA COUV’ 

CRÉDIT : ANONYM SHOT / BOXOFFICE MAROC 

BARID 

EXPRESS 

2022 

« La vie me va 

bien » 

2023 

« Animalia » 

2024 

« Fez Summer 55 » 


« Cabo negro » 

2025 

« The Wound » 

L’actrice Oumaima Barid 

habillée par Maison Beige. 

trouve le métier de comédienne « sublime », son premier 

terrain de jeu pour se faire remarquer et connaître 

était Facebook, où elle cherche les coordonnées des 

différents directrices et directeurs de casting. Elle leur 

envoie son book et ses photos, et puis un jour, l’un d’eux 

DES AGENTS 

AMÉRICAINS ET 

EUROPÉENS LUI FONT 

DÉSORMAIS LES YEUX 

DOUX 

lui répond et lui demande de se présenter à un casting. 

Seul bémol : il faut maîtriser l’amazigh. Pour celle qui n’a 

que quelques notions, le pari semblait si complexe. Elle 

obtient son call-back (sa seconde audition) et finit par 

rencontrer Sofia Alaoui et décroche le rôle d’Yto dans 

Animalia présenté en compétition à Sundance et en 

avant-première au Festival de Marrakech. 

Si elle arrive à se livrer corps et âme sur un plateau de 

tournage, à changer au gré des personnages qu’elle 

campe, Oumaima Barid ne cache pas sa difficulté à s’attacher 

à un rôle avant le début d’un tournage. « C’est 

quelqu’un de timide, presque effacé, lorsque tu la ren 

contres. Mais lorsqu’elle se met à jouer, et c’est ce que 

je trouve incroyable, elle se réveille. Il y a une énergie 



21

LA COUV’ 

J’AIMERAI 

BEAUCOUP JOUER 

DANS PLUSIEURS 

AUTRES REGISTRES. 

J’ADORERAIS MÊME 

ME GRIMER ET JOUER 

LE RÔLE D’UN HOMME 

qu’elle met au service du film », nous explique la réalisatrice 

Sofia Alaoui. 

Cette fausse nonchalance la poursuit, jusqu’au tournage 

de Fez Summer 55. « Le casting était long et je sentais 

le réalisateur hésitant. Un jour il m’appelle, et me sermonne 

en me demandant : ‘‘est ce que tu veux jouer 

Aicha ou tu ne veux pas jouer Aicha’’ pourtant j’ai tellement 

aimé ce personnage. Je peux parfois donner cette 

fausse impression ». 

Cette exigence qu’on lui impose depuis ses débuts ressort 

à l’écran. Éblouissante dans les rôles de Aicha dans 

Fez Summer 55, ou dans celui d’Yto dans Animalia, 

Oumaima Barid confirme qu’elle est la nouvelle coqueluche 

du cinéma marocain. 

« Des rôles dans un registre moins dramatique ? 

Oui j’aimerais beaucoup jouer dans plusieurs autres 

registres. J’adorerai même me grimer et jouer le rôle d’un 

homme ». Rien que ça ! 

Il faut dire que depuis le tournage d’Animalia, la jeune 

comédienne est devenue ultra-sollicitée, et des agents 

américains et européens lui font désormais les yeux 

doux. On l’a vue l’an dernier, dans un petit rôle dans la 

très attendrissante première oeuvre de Al Hadi Ulad-Mohand 

La vie me va bien, et elle a joué dans Cabo Negro 

le prochain long métrage de Abdellah Taïa, « un film à 

dimension humaine, en équipe réduite et avec un rôle 

que j’ai adoré interpréter ». 

Si la télévision la boude toujours paradoxalement, 

Oumaima Barid pense qu’il n’y a pas véritablement de 

mauvais rôle. « La responsabilité revient aux comédiens 

de relever tous les rôles dans lesquels ils jouent ». Ses 

modèles ? Anya Taylor et Zendaya de l’autre côté de l’Atlantique, 

mais surtout Nisrin Erradi, pour « son caractère 

et son énergie », et Amal Ayouch, qui a été « une réelle 

révélation lorsqu’elle a vu Ali Zaoua ». Lorsque le premier 

film de Nabil Ayouch sortait en 1999, Oumaima Barid 

n’avait pas encore fêté son premier printemps. Et pour 

rendre l’histoire encore plus belle, la jeune comédienne 

vient tout juste de finir le tournage de The Wound, premier 

film de Seloua El Gouni, et a donné la réplique à une 

certaine…Amal Ayouch.● 


LA COUV’ 

FEZ SUMMER 55 

AU FIL DES LUTTES 

Désireux d’accomplir son devoir de mémoire envers les 

résistants de la première heure, Abdelhaï Laraki a tricoté de sa 

main « Fez – Summer 55 ». Le film fera recette et moisson de lauriers 

PAR REDA K. HOUDAÏFA 

CRÉDIT : A2L PRODUCTIONS 

Maroc 

3 / 5 

Ayman Driwi (en haut) dans son 

premier grand rôle. Il incarne le petit Kamal. 

TITRE : Fez Summer 55 

PAYS : Maroc 

RÉALISATEUR : 

Abdelhaï Laraki. 

GENRE : Politique 

DURÉE : 120 minutes 

ANNÉE : 2024 

Nous sommes en 1955. Kamal, 11 ans, 

l’interstice entre enfance et adolescence 

(un monde solitaire et fragile 

de poésie, de rêverie et de violence), vit les 

derniers mois du Maroc sous le protectorat 

français : attiré par sa voisine de terrasse, 

Aïcha (Oumaima Barid), engagée aux côtés 

de ses camarades étudiants-résistants de 

la Qaraouiyne, Kamal (Ayman Driwi) 

découvre et participe avec eux à la lutte 

pour l’indépendance et le retour du Sultan 

Mohammed Ben Youssef. 

«En recréant des séquences de résistance 

nationaliste à la violence du colonialisme, 

le film renvoie à une période fondatrice de 


notre histoire (…) il soulève des questions 

qui traversent le champ culturel, et le cinéma 

en particulier notamment sur la représentation 

de la violence. Les événements racontés 

avec précision sont toujours réels, même 

s’ils ne se sont pas toujours déroulés dans 

la médina de Fès et avec la même intensité. 

Je suis plus intéressé par le combat de 

ces hommes et de ces femmes pour la liberté 

que par l’exactitude géographique. Ce film 

leur est dédié, comme un modeste geste 

de reconnaissance à travers les générations», 

commente Abdelhaï Laraki. 

Dans un contexte historique bouillonnant 

de luttes pour l’indépendance, le film explore 

avec sensibilité et réalisme les dynamiques 

complexes de l’époque, mettant en lumière 

la rencontre entre une petite histoire intime 

et la Grande Histoire nationale. 

Pour une plus belle leçon de résistance 

Voilà, en substance, la trame narrative de 

ce projet cinématographique qui relie des 

EN RECRÉANT DES SÉQUENCES DE 

RÉSISTANCE NATIONALISTE À LA 

VIOLENCE DU COLONIALISME, LE FILM 

RENVOIE À UNE PÉRIODE FONDATRICE 

DE NOTRE HISTOIRE 



Mounia Lamkimel interprétant la mère du petit Kamal 

témoignages personnels à la grande Histoire. 

L’auteur de tant de projets sur des 

sujets sociaux n’a pas perdu son goût pour 

la liberté et la lutte contre l’oppression, la 

poésie et la folie jubilatoire. Nous avons été 

déconcertés, bousculés… mais délicatement. 

Avouons-le. On y trouve un univers 

graphique proprement happant. La qualité 

époustouflante des images et la magie de 

la lumière subjuguent. La caméra ne flâne 

pas, elle participe : avec son œil cinématographique 

aiguisé, Laraki a capturé l’esprit 

d’une époque à travers la médina de Fès, 

la transformant en un personnage à part 

entière. La ville devient le théâtre vibrant 

de luttes armées, de romances interdites, 

et de la résistance contre l’oppression coloniale. 

Les contrastes visuels entre les terrasses, 

symbole de liberté, et les ruelles 

labyrinthiques, témoins de conflits sanglants, 

ajoutent une profondeur visuelle à l’ensemble. 

Les costumes, quant à eux, sont 

magnifiques. Les maquillages tiennent de 

la magie. Et la gestuelle des acteurs est captivante 

au sens plein du terme. Une certaine 

élégance. Abdelhaï Laraki a accompli à moitié 

sa mission. 

Les comédiens ont brillé de mille feux : 

Oumaima Barid, incarnant Aïcha, se montre 

délicieusement survoltée; Mounia Lamkimel 

est, dans la peau de la mère du petit 

Kamal (interprété brillamment par Ayman 

Driwi), d’une sensualité électrisante; Mohamed 

Atef arbore magiquement un des trublions-résistants… 

Et les nostalgiques retrouveront 

avec plaisir Chaïbia Adraoui, Nabil 

Atif, Tarik Bakhari, Majida Benkirane et Mohamed 

Naimane. L’ensemble est concentré, 

juste; il est sans mièvrerie. 

Avant de fixer ses pénates au Maroc, le film 

s’est offert des premières à travers quelques 

festivals (en sélection officielle du prestigieux 

festival de Tallinn ; en Asie au 54ème 

Goa IFFI et, dans la région MENA, lors du 

récent Red Sea film festival de Djeddah) 

comme pour nous mettre en haleine. Partout 

où il s’est exhibé, il força l’admiration. 

Oumaima Barid campe le rôle de la jeune Aïcha. 

L’actrice, qui fait notre Couv’, connaît actuellement une 

ascension fulgurante. 

Ainsi, Fez Summer 55 peut, en toute 

confiance, se donner à voir au public 

marocain car c’est un bon film, vibrant, qui 

palpite d’une vive émotion. Ce qui n’est 

pas mal.● 


25

LA COUV’ 

CRÉDIT : MUSTAPHA RAZI / BOXOFFICE MAROC 

SORT 

ABDELHAÏ 

LARAKI 

DU 

CADRE 



Abdelhaï Laraki a trouvé le bon créneau : rien de 

mieux qu’une époque « sombre » reconstituée 

pour river le téléspectateur à l’écran. 

Abdelhaï Laraki dévoile les méandres de sa passion et de son processus créatif, 

les défis de l’expression artistique et son approche minutieuse du casting. De la genèse 

de son film à sa vision artistique, il revient sur les coulisses d’une carrière riche, tout 

en offrant des réflexions éclairées sur le pouvoir du cinéma en tant que vecteur de 

sensibilisation et d’évolution. Plongée fascinante dans l’univers cinématographique 

d’un artiste visionnaire. 

INTERVIEW MENÉE PAR REDA K. HOUDAÏFA 

D’où provient votre passion pour 

le cinéma ? 

Ma passion pour le cinéma prend racine 

dans mon enfance à Meknès, une cité 

cinéphile où, au cours de mes années 

lycée, je fréquentais assidûment les 

ciné-clubs, me délectant de trois à quatre 

films par semaine. Mais, l’événement 

marquant remonte à l’âge de onze ans, 

lorsque la découverte du cinéma Caméra 

à Meknès, un lieu emblématique auquel 

je fais référence dans mon film 401 coups, 

a déclenché une connexion profonde 

avec le septième art. Cette liaison a été 

renforcée par une expérience personnelle 

liée au film Les Quatre Cents Coups 

de François Truffaut. A l’entracte, je me 

suis retrouvé nez-à-nez avec un de mes 

professeurs que nous craignions tous: M. 

Barnard. « Ce n’est pas un film pour toi », 

m’a-t-il dit en me confisquant mon carton. 

Le lendemain, par curiosité mais aussi par 

bravade, j’ai séché les cours et j’y suis 

retourné. Cette expérience a modelé mon 

amour du cinéma, le considérant comme 

une fenêtre ouverte sur la liberté. 

Mais encore… 

Lors des tournages, cette connexion 

profonde avec le jeune protagoniste des 

Les Quatre Cents Coups persiste, malgré 

la présence imposante d’une équipe. La 

solitude qui m’envahit à ce moment, 

associée à une liberté démesurée, 

constitue une expérience nourrie par mes 

premières incursions dans les salles 

obscures. 

Le cri de « moteur ! » annonce le commencement 

d’un moment où je me 

retrouve seul, une grande solitude 

partagée avec le cinéma lui-même, 

lorsque je demeure devant l’écran dans 

l’obscurité. 

Cette solitude renforce mon amour 

profond du cinéma, un amour enraciné 

depuis mon enfance. L’expérience 

partagée avec le jeune protagoniste des 

Quatre Cents Coups et les moments de 

liberté ainsi que de solitude pendant le 

tournage constituent le socle de cet 

amour cinématographique que je 

porte en moi. 

Comment votre formation à l’école 

Louis-Lumière et à la Sorbonne a-t-elle 

influencé votre carrière ? 

Mon parcours académique a 

profondément influencé ma trajectoire 

cinématographique. Malgré un échec la 

première fois, j’ai opté pour le cinéma à la 

Sorbonne. Dans le contexte post-68, j’ai 

également rejoint Vincennes, captivé par 

le département tiers-monde et le cinéma 

palestinien dirigé par le réalisateur et 

scénariste Serge Le Péron. Ici, je me suis 

épanoui à travers l’exploration du cinéma 

de la lutte en Amérique latine et la mise 


27

LA COUV’ 

en lumière du cinéma palestinien. En tant 

que coproducteur avec Serge Le Péron, 

j’ai contribué au film J’ai vu tuer Ben 

Barka, produit au Maroc. Parallèlement, 

ma participation à L’Olivier a marqué mon 

engagement dans les premiers films 

français sur le thème palestinien. 

Intégrant l’école Vaugirard de cinéma 

après avoir réussi le concours, j’ai suivi 

une formation technique tout en 

poursuivant mes études à la Sorbonne… 

Cette période a été cruciale, entre 

l’acquisition des aspects techniques à 

Louis-Lumière assurant ma sécurité 

technique, et l’essence même de l’art 

cinématographique acquise à Vincennes. 

Dans cet environnement révolutionnaire, 

j’ai participé activement à l’ébullition du 

cinéma nouveau. Ces facettes de ma 

formation ont façonné ma carrière, me 

conférant une perspective unique au sein 

du monde cinématographique. 

Quelle définition pourrait-on proposer 

du cinéma ? 

Le cinéma, à mon sens, constitue une 

« expérience sacrée » qui se fait 

LE CINÉMA, À MON SENS, 

CONSTITUE UNE « EXPÉRIENCE 

SACRÉE » QUI SE FAIT 

INDUBITABLEMENT AU SEIN DES 

SALLES OBSCURES 

indubitablement au sein des salles 

obscures. Il incarne la magie de 24 

images par seconde, chacune revêtant le 

caractère d’une vérité subjective. Plutôt 

que de servir de simple fenêtre sur la 

réalité, le cinéma opère une 

métamorphose du réel, le transcendant à 

travers les émotions et la perception 

propre à l’artiste. 

Dans l’acte de filmer, je façonne les 

éléments, conférant une nouvelle réalité à 

ce qui fut autrefois tangible. Le cinéma se 

présente comme un art transcendant la 

réalité, une succession de 24 vérités ou 

de 24 mensonges par seconde, offrant 

une vision singulière, forgée par l’artiste et 

ressentie de manière personnelle par 

chaque spectateur. 

De quoi un réalisateur est-il porteur ? 

Un réalisateur porte toute sa vie et son 

expérience personnelle. Aujourd’hui, la 

nouvelle génération de cinéastes se 

manifeste avec des visions plus 

personnelles que celles des générations 

précédentes, souvent caractérisées par 

des perspectives davantage orientées 

vers le social. En tant que cinéaste, je 

cherche à susciter le questionnement 

sans imposer mon point de vue, guidant 

le public vers une réflexion, 

potentiellement vers une perspective 

centrée sur la lutte des classes, animée 

par l’humanisme, dénuée de sexisme, et 

assoiffée de la quête du beau et du vrai. 

Comment le cinéma peut-il être un 


Abdelhaï Laraki en compagnie de sa femme 

Caroline Locardi qui gère et dirige les productions 

de A2L Production. 



Bavarder avec Abdelhaï Laraki prend vite l’allure d’une 

conversation en roue libre. Sans entraves, il navigue sur la 

curiosité qu’il suscite avec liberté et sincérité 

moyen puissant pour sensibiliser le 

public sur des questions importantes ? 

Le cinéma est le moyen le plus puissant 

pour influencer. De fait, une responsabilité 

envers le public s’impose. Chaque film, 

envisagé comme une opportunité 

d’interpeller et de susciter la réflexion, 

crée un espace où le spectateur 

s’approprie l’œuvre. 

Guidé par le désir d’instiguer la pensée 

plutôt que de transmettre un message 

direct, mon approche vise à susciter une 

réflexion personnelle du spectateur. Tout en 

respectant sa liberté de prendre position, 

mon objectif ultime est de contribuer à 

l’évolution de sa pensée, caractérisant ainsi 

l’essence du septième art. 

Parlez-nous des défis liés à l’expression 

artistique dans des sujets sensibles 

En art, je ne m’impose aucune forme de 

censure, bien que je m’identifie à des 

restrictions internes. Au cours du 

processus d’écriture, mon objectif 

consiste à fédérer un vaste public autour 

de ma perspective en établissant des 

connexions entre mes idées et les 

fondements de la nation. C’est là le 

dilemme des scénaristes ! 

Comment travaillez-vous en tant que 

scénariste ? 

L’écriture du scénario est complexe : 

partant d’une image, le scénario évolue à 

travers le dialogue et les collaborations 

(une approche enracinée dans mon passé 

documentaire). 

La responsabilité du réalisateur et des 

intellectuels revêt une importance 

considérable, car elle contribue à la création 

de l’imaginaire collectif. Participer 

activement à sa construction confère une 

influence directe sur la perception des 

individus lorsqu’ils s’immergent dans un film. 

Fréquentant assidûment les salles de 

cinéma au Maroc, chaque film est scruté 

avec attention, offrant une 

compréhension approfondie de la relation 

du public avec l’écran, le cinéma, et le film 

lui-même. Cette observation attentive 

éclaire mon écriture, conférant à ma 

vision personnelle une perspective sur la 

manière dont le film peut atteindre et être 

vécu par le spectateur. 

L’acte d’écrire, pour moi, se teinte d’une 

approche filmique, où l’image préconçue 

guide la construction du scénario. Ce 

processus, complexe par nature, s’articule 

autour de diverses étapes, de l’image 

initiale à la réalité visuelle façonnée au 

montage. Bien que le scénario soit parfois 

préalablement écrit, des décisions 

spontanées peuvent influencer le 

processus créatif lors du tournage, 

illustrant l’adaptabilité nécessaire à l’art 

cinématographique. 

Mon expérience, dans des productions 

telles que celles de Godard ou du 

Franco-italien Bernardo Bertolucci (Le 

dernier Tango à Paris), à l’époque où la 

réalisation sans scénario préétabli était 

courante, a façonné mon approche, 

conciliant structure et spontanéité pour 

un résultat cinématographique riche et 

authentique. 

Vous avez une filmographie étendue. 

Fez Summer 55 est, maintenant, votre 

4ème long métrage; vous avez une 

dizaine de films courts et plusieurs 

productions en une quarantaine 

d’années d’immersion dans le bain 

cinématographique. On peut dire que 

vous êtes prolifique… 

Les 401 coups, c’est un moyen métrage. 

Puis, j’ai beaucoup de télévision : j’ai six 

ou sept téléfilms, ainsi que trois séries… 

Ceci dit, je ne me considère pas être 

prolifique. Je prends mon temps, réalisant 

en moyenne un film tous les cinq ou six 

ans. Ce rythme, parfois étiré par des 

raisons de force majeure, souligne ma 

volonté d’accorder une attention 

particulière à chaque étape du processus 

cinématographique, du tournage à la 

distribution. L’observation attentive des 

réactions du public lors des projections 

est une source de satisfaction, 

contribuant à approfondir ma 

compréhension des attentes et des 

perceptions des spectateurs. 

Une expérience marquante lors d’une 


29

LA COUV’ 


Une scène du Fez Summer 55 (de gauche à droite : 

Oumaima Barid, Ayman Driwi et l’un des trublionsrésistants). 

projection de Mona Saber a eu un impact 

significatif sur ma démarche artistique. 

Lorsqu’une jeune fille, après vingt minutes de 

film demande à son père « qui accompagne 

la Française ? » et lui rétorque par : « son 

cousin, je pense ! », un éclat de rire général 

s’est déclenché dans la salle. Cette anecdote, 

bien qu’interprétée comme comique, a 

profondément touché ma sensibilité. Cette 

interaction a influencé ma décision de créer 

que des films accessibles au public local. 

Désormais, la compréhension et 

l’appréciation de mon travail par le public 

occupent une place centrale dans mes 

projets cinématographiques, renforçant ainsi 

le lien entre mon art et son auditoire. 

On sent là affleurer une pointe de regret… 

Non, en aucun cas ! Le film dépeint une 

réalité où une Française, ayant résidé en 

France, part à la recherche de son père 

marocain disparu. Bien qu’elle ne parvienne 

pas à le retrouver, elle explore un Maroc 

authentique en pleine transformation, 

symbolisant la période entre Hassan II et 

Mohammed VI, marquée par 

l’épanouissement et l’ouverture vers la 

liberté. Le film célèbre cette période 

charnière, rendant hommage à ceux qui ont 

lutté pour la liberté. Il met en lumière un 

Maroc en éveil, accueillant une Française liée 

par ses origines. Cette démarche vise à 

dévoiler l’ébullition sociale et l’éveil du pays à 

la liberté. 

Parlez-nous de la genèse du film 

Fez Summer 55 … 

Plusieurs expériences ont laissé une 

empreinte profonde en moi, notamment la 

nuit où nous avons tous vu le sultan 

Mohammed Ben Youssef dans la lune 

(sourire)… Ces expériences ont laissé leur 

marque en moi, mais l’approche pour les 

aborder me demeurait insaisissable. Lors d’un 

mariage à Fès, on m’a reproché de ne jamais 

avoir tourné dans ma ville natale... 

Au fil de mes échanges avec ceux qui ont 

vécu cette époque, des récits poignants ont 

émergé, comme celui d’un jeune de dix-sept 

POUR CAPTIVER LE PUBLIC, LE FILM 

DEVAIT INDÉNIABLEMENT, CERTES 

S’ANCRER DANS DES FAITS, MAIS 

ÉLABORER UN RÉCIT RYTHMÉ PAR DES 

PERSONNAGES, DES SITUATIONS ET 

DES PÉRIPÉTIES 

ans touché par une balle perdue ou d’un 

enfant de douze ans transportant des armes 

de terrasse en terrasse. Ces anecdotes ont 

constitué le point de départ de l’idée centrale 

du film. Ainsi, dès que l’image de cet enfant, 

imprégné d’amour, confronté à la violence et 

prenant conscience de la lutte pour la 

libération, a surgi, le scénario s’est imposé. 

Tout le reste a paru ensuite plus simple. 

Les expériences douloureuses dont vous 

avez eu connaissance étaient multiples, 

mais les retracer ont une centaine de 

minutes, relève de la gageur… 

Les expériences douloureuses recueillies 

étaient diversifiées, provenant d’entretiens, 

de récits familiaux et de mes propres 

expériences à Fès. Retracer ces récits 

constituait effectivement un défi ! 

Il était impératif de ne pas succomber à la 

tentation documentariste, évitant également 

de sombrer dans l’écueil d’une démonstration 

fastidieuse. Pour captiver le public, le film 

devait indéniablement, certes s’ancrer dans 

des faits, mais élaborer un récit rythmé par 

des personnages, des situations et des 

péripéties. 

Ensuite, tourner à Fès fut une expérience 

plaisante, offrant l’occasion de rendre 

hommage à ses artisans et habitants. 

Pour le casting, vous avez réuni des 

acteurs expérimentés et des néophytes. 

Quelle logique explique ce dosage ? 

L’expérience m’importe peu ! J’ai procédé à 



un casting méticuleux, allant jusqu’aux 

figurants, car il est essentiel pour moi de 

vérifier s’ils adhèrent à ma vision. 

Dans le film Mona Saber, la remarquable 

Chaïbia Adraoui a joué un rôle crucial. Au 

départ, une autre actrice était envisagée pour 

ce personnage. Malgré son apparente 

adéquation, son refus de passer une audition 

a conduit à son remplacement par Adraoui. 

Son audition spontanée a été une révélation. 

Depuis ce moment, elle est devenue une 

présence incontournable dans mes films, une 

amie, une sœur. Convaincre certains acteurs 

peut être complexe, mais cela ne signifie pas 

qu’ils manquent de talent. Certains rôles 

exigent une correspondance particulière, et 

c’est ce que le public doit comprendre. 

Chaïbia Adraoui, avec son talent exceptionnel, 

a su faire partie intégrante de mes œuvres, 

apportant sa présence significative, que ce 

soit dans un petit ou grand rôle. 

Les acteurs, soigneusement choisis, sont des 

personnes que j’ai approchées 

personnellement. Ainsi, ils sont sélectionnés 

en fonction de ce qu’ils peuvent apporter à 

leur personnage et à ma vision. Même si j’ai 

travaillé avec certains d’entre eux 

précédemment, chacun est évalué pour son 

aptitude au rôle spécifique. Certains ont été 

appelés, comme Tarik Boukhari, en raison de 

leur adéquation naturelle avec le personnage. 

Nabil Atif, par exemple, a déjà révélé son 

talent dans Ali Ya Ali… 

Parmi les nouveaux talents, Oumaima Barid, 

la jeune actrice qui joue Aïsha, a été une 

révélation. Sa performance exceptionnelle la 

démarque ! Elle incarne pour moi la femme 

marocaine moderne avec tout son potentiel, 

ses valeurs et son caractère. 

Ainsi, chaque acteur, qu’il soit amateur ou 

expérimenté, est soigneusement évalué, puis 

choisi pour son rôle spécifique. Ma démarche 

va au-delà des simples compétences, 

cherchant une connexion plus profonde entre 

l’acteur, le personnage et ma vision. C’est un 

processus délibéré et sélectif qui aboutit à 

une distribution soigneusement orchestrée, 

enrichissant ainsi chaque film d’une présence 

authentique et significative. 

Parlons de votre approche de la caméra. 

Vous adoptez une manière compulsive, 

comme s’il y avait un état d’urgence ; 

comme si vous étiez mû par une hâte de 

montrer, un besoin impérieux de 

témoigner… 

Une grande partie de l’œuvre se déploie à 

travers les yeux de l’enfant, une vision 

souvent à sa hauteur, dans laquelle la 

caméra, nerveuse, capture les agitations. 

Chaque scène, à l’exception de quelquesunes, 

est tissée à partir du prisme de 

l’enfant, son regard en ébullition dans les 

ruelles de la médina, lors des barrages de 

police, dans ses courses effrénées sur les 

terrasses. Une caméra qui capture la réalité 

avec une intensité nerveuse, une 

impression cinématographique où chaque 

plan, chaque mouvement est pensé comme 

une émotion viscérale. 

Abdelhaï Laraki n’hésite pas à retourner sa veste de 

réalisateur pour se muer en directeur d’acteurs 

Les rares moments de pause, avec un 

travelling ou un plan fixe, sont comme des 

respirations, permettant au spectateur de 

contempler l’architecture des maisons, des 

riads, des intérieurs. Un jeu de lumière posé, 

stable, révèle des havres de paix derrière les 

portes closes, illustrant la dichotomie entre 

l’intérieur protégé et l’extérieur tumultueux.● 


31

EN SALLES 

LES MEUTES : 

LA NUIT LEUR APPARTIENT 

Récompensé d’un prix du Jury à Cannes et à Marrakech, le premier long 

mètrage de Kamal Lazraq, suit une nuit durant à Casablanca, un père et son 

fils, qui tant bien que mal cherchent à se débarasser d’un cadavre. 1H34 durant 

« Les meutes » nous entraine dans un univers à la fois mystérieux et captivant. 

Dans ce Casablanca, les rencontres y 

sont puissantes, parfois mystérieuses et 

loufoques. Hassan se voit donc confier 

LE FILM pour mission de kidnapper un homme 

DU MOIS dont il ne sait presque rien et embarque 

avec lui son fils Issam, mais comble du 

sort, l’homme est mort asphyxié dans 

le coffre de son véhicule. Le père et le fils 

sont lancés dans une course contre la montre 

pour se débarrasser du corps avant l’aube. 

Au fil de leurs mésaventures, une vision 

impressionnante de l’humanité s’affirme. 

Le film nous éclaire également sur une 

thématique trop peu explorée dans le cinéma 

marocain est qui est celle de la relation 

père-fils, et comment les liens du sang qui 

les unissent se voient par moment se renforcer 

et par d’autres se briser. Comme la légende 

de Sysyphe et son rocher qui lui revient 

éternellement, nos deux antihéros voient 

le corps revenir inlassablement. Le film très 

immersif, nous plonge dans plusieurs recoins 

de Casablanca. Caméra à l’épaule, longs 

plans preque brut, et volontairement mal 

éclairé pour mieux nous plonger dans l’obscurité, 

la ou le bien et mal sont indifférents. 

Kamal Lazraq nous offre un premier film 

audacieux, entouré de ces acteurs non-professionnels 

(Ayoub elaid et Abdellatif Mastouri) 

et de professionnels comme le très juste 

Abdellah Lebkiri dans le rôle d’un chef de 

gang attachant. Les Meutes signe l’avènement 

d’un nouveau cinéma au Maroc, et 

c’est probabblement la meilleure découverte 

de ce début d’année.● 

PAR YACINE KAOUTI 

Le film s’ouvre sur un combat de chien. 

De cette meute, il n’en ai presque rien, 

ou peut-être un peu tout à la fois. Car si 

l’on pouvait s’attendre à un film violent, Les 

meutes surprend par son réalisme, et pour 

son côté drôle et absurde. Inspiré de son 

premier court métrage produit Moul Lkelb, et 

de sa passion pour prendre des comédiens 

non-professionnels, le cinéma de Kamal Lazraq 

a ses codes et vient s’ajouter à la liste de 

polars de la région qui offrent un regard 

singulier sur notre société (Le caire confidentiel 

de Tarik Saleh, Mort à vendre de Faouzi 

Bensaidi, Ashkal de Youssef Chebbi…) 

Maroc 

4 / 5 

TITRE : Les Meutes 

PAYS : Maroc 

RÉALISATEUR : Kamal Lazraq 

GENRE : Polar 



EN SALLES 

LES FILLES D’OLFA 

UNE CATHARSIS 

FAMILIALE SUR FOND 

DE DÉCHIREMENT 

Une histoire vraie qui mêle moments spontanés et scènes reconstituées, 

une sororité thérapeutique et un condensé d’émotion. C’est le sixième long 

métrage de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, shortlisté aux 

Oscars 2024, et on n’en sort pas indemnes. 

PAR SALMA HAMRI - CRÉDIT PHOTO : KAOUTHER BEN HANIA 


UNE EXPLORATION DU RAPPORT 

MÈRE-FILLE QUI SAISIT AUX TRIPES, 

AMUSE, ÉPLORE ET ÉMEUT 

D 

ans Les filles d’Olfa, Kaouther Ben 

Hania remonte le temps et creuse 

dans l’intimité d’une famille chamboulée, 

afin de comprendre les raisons qui 

ont conduit à un fait divers fortement médiatisé 

en 2015 : l’enrôlement des deux filles 

aînées d’une mère tunisienne du nom d’Olfa, 

dans les rangs des jihadistes en Libye. 

La réalisatrice sonde les prémices de ce 

départ déchirant, dans un seul et même 

décor, faisant appel à Olfa et ses deux filles 

cadettes (Eya et Tayssir), à deux actrices qui 

remplaceront les deux aînées à l’écran 

(Ghofrane et Rahma), et à la talentueuse 

Hend Sabri qui remplacera Olfa par 

moments. 

Olfa sera représentée à l’écran par elle-même 

le plus souvent, sinon guidera Hend Sabri pour 

interpréter des scènes où elle se sent dépassée 

par ses émotions. Le récit devient propriété 

de tous. Les actrices se fondent dans 

leur rôle et les personnages réels rouvrent 

des blessures et ravivent des souvenirs cuisants 

sur fond d’un échange teinté de bienveillance 

et de compréhension, ce qui accentue 

la sincérité criante du récit. 

Les Filles d’Olfa est le portrait troublant d’une 

mère forte qui a réussi à s’affranchir du carcan 

des traditions et du patriarcat, mais se retrouve 

à reproduire les violences qu’elle a subies, et 

à contrôler le corps de ses filles jusqu’à ce que 

deux d’entre elles aillent chercher un semblant 

de liberté dans l’extrémisme religieux. 

C’est aussi une exploration du rapport mèrefille 

qui saisit aux tripes, amuse, éplore et émeut. 

Les filles et leur mère se découvrent tout au 

long du film et partagent leurs perceptions de 

souvenirs familiaux communs qui, à plusieurs 

occasions, virent vers un règlement de comptes 

tantôt violent, tantôt amusant mais surtout délicatement 

perturbant pour le spectateur. 

Les filles d’Olfa est le film le plus primé de 

Cannes 2023 avec pas moins de 4 prix : L’Oeil 

d’or ex-æquo avec La Mère de tous les mensonges 

d’Asmae El Moudir, le Prix de la Citoyenneté, 

le Prix du Cinéma positif, ainsi qu’une 

mention du Prix François-Chalais récompensant 

un film voué aux valeurs du journalisme. Le 

long métrage documentaire est également 

shortlisté aux Oscars 2024 dans deux catégories 

: Long métrage international et long métrage 

documentaire.● 

Maroc 

5 / 5 

TITRE : Les Filles d’Olfa 

PAYS : Tunisie 

RÉALISATEUR : Kaouther Ben Hania 

GENRE : Drame 



Plusieurs événements de la vie de cette 

famille, de la nuit de noces d’Olfa jusqu’à la 

disparition des deux sœurs, sont minutieusement 

épluchés à travers un genre hybride 

qui se joue volontairement des frontières 

entre le documentaire et la fiction. 


35

EN SALLES 

CRÉDIT : GRETA DE LAZZARIS 

MATTEO GARONNE, 

TÉMOIN DE SON ÉPOQUE 

Dans « Moi, Capitaine » Matteo Garrone (« Gomorra », « Pinocchio »…) signe 

une fresque dure et colorée, et qui suit le parcours de deux jeunes migrants 

pour traverser la méditeranée. Juste, sublime et nécessaire. 

UN VOYAGE, 

LONG ET 

INFERNAL MAIS 

QUI RÉUSSIT À NE 

PAS SOMBRER 

DANS L’HORREUR 

GRÂCE AUX 

MOMENTS DE VIE 

ET DE FRATERNITÉ 

DE NOS DEUX 

PROTAGONISTES 

heures, nous suivons Seydou et Moussa dans 

leur odyssée. Un périple, long et infernal mais 

qui réussit à ne pas sombrer dans l’horreur 

grâce aux moments de vie et de fraternité de 

nos deux protagonistes. Sur le chemin de leur 

rêve, une véritable aventure les attend avec 

la traversée du Sahara vers la Libye. 

Si beaucoup se sont cassés les dents 

sur des films parfois virant vers le cliché 

sur la question migratoire, Matteo 

Garrone, qui a mis sept ans, avant de 

réaliser ce film, pensait au départ qu’il n’était 

pas légitime pour le faire, et que cette histoire 

devait être racontée par des Africains. 

Pourtant, avec Moi, Capitaine, son onzième 

long métrage, il réussit le pari de nous montrer 

de manière inédite le récit de la migration, 

dur et violent. Mais surtout, il arrive à 

donner de la voix à celles et ceux qui n’en 

n’ont pas. En mettant des visages sur des 

chiffres, il rend leur humanité à ces milliers 

d’hommes, de femmes, d’enfants, qui partent 

chaque année pour un ailleurs fantasmé. 

Le film qui été en grande partie tourné au 

Maroc (dans le désert et à Casablanca), s’appuie 

sur de nombreux témoignages, mais 

surtout sur l’histoire vraie de Mamadou 

Kouassi, dont le récit a très largement inspiré 

le personnage de Seydou. 

Moi, capitaine, est un voyage que l’on n’aimerait 

pas prendre. Pendant près de deux 

Ce qui fait l’originalité de ce film, c’est la 

perspective choisie par Garonne, et qui est 

celle de montrer le long chemin avant la 

mer. Mais également, cette façon de raconter 

son histoire, en partant du réel à la façon 

d’un documentaire et finissant par se transformer 

en conte. En somme, rien d’étonnant 

pour celui qui a réalisé Pinocchio.● 

Maroc 

4 / 5 

TITRE : Moi, Capitaine 

PAYS : Italie 

RÉALISATEUR : Matteo Garrone 

GENRE : Drame 




EN SALLES 

ARGYLLE : 

QUAND LA FICTION 

DEVIENT RÉALITÉ 

Scènes d’action à volonté, retournement de situations, romance et 

manipulation… Tous les ingrédients d’un film d’espionnage sont réunis dans 

« Argylle » le nouvel opus de Mathew Vaughn qui plonge une autrice à succès dans 

les méandres de ses aventures imaginées et narrées dans son roman inachevé. 

CRÉDIT : IMDB 

Connu pour avoir revitalisé les films 

de super-héros avec Kick-Ass ainsi 

que pour sa trilogie d’espionnage 

Kingsman, Matthew Vaughn revient cette 

année avec son nouvel opus Argylle, une 

adaptation d’un thriller d’espionnage du 

même nom porté par un défilé d’acteurs 

prestigieux, notamment Henry Cavill, Sam 

Rockwell, Bryce Dallas Howard, Samuel 

L. Jackson ou encore Dua Lipa … 

Dans Argylle, l’histoire suit la vie d’Elly 

Conway (Bryce Dallas Howard), une autrice 

introvertie de romans d’espionnage qui 

se consacre entièrement à l’écriture. En 

manque d’inspiration alors qu’elle finalise 

son dernier manuscrit, elle décide prendre 

le train pour rendre visite à sa mère. 

Un trajet qui la propulsera ensuite dans 

ses propres aventures, celles qu’elle a 

imaginées et tissées dans son roman. Elle 

se retrouve dans un premier temps pourchassée 

par des tueurs, avant d’être sauvée 

par un de ses lecteurs assis en face 

d’elle dans le train. S’ensuit une fuite en 

UN FILM HAUT EN COULEURS, 

JONCHÉ DE REBONDISSEMENTS ET 

DE SCÈNES D’ACTION QUI BROUILLENT 

LES LIMITES ENTRE LA FICTION ET 

LA RÉALITÉ DE L’AUTRICE 

parachute et une série de mésaventures 

avec le personnage d’Argylle campé par 

Henry Cavill. 

Un film haut en couleurs, jonché de rebondissements 

et de scènes d’action dynamiques 

bien filmées et chorégraphiéés 

et qui brouillent les limites entre la fiction 

et la réalité d’Elly Conway. Toutefois, le 

film atteint vite les limites de son concept, 

avec plusieurs incohérences flagrantes 

et des retournements de situation interminables.● 

2 / 5 

TITRE : Argylle 

PAYS : États-Unis 

RÉALISATEUR : Matthew Vaughn 

GENRE : Action / Espionnage 



EN SALLES 

ANA MACHI ANA 

LES TRIBULATIONS 

D’UN JEUNE MARIÉ 

EN CAVALE 

L’année 2024 s’ouvre sur la comédie grand public « Ana Machi Ana » 

signée Hicham El Jebbari. Avec un casting très prisé et une intrigue où 

amour, humour et quiproquos s’entremêlent, le film connait un grand 

succès auprès du public marocain. 

PAR LA RÉDACTION 

CRÉDIT : SPECTOP 



LE FILM À 

VOCATION 

COMIQUE FINIT, 

PAR SON 

CARACTÈRE 

MONOTONE ET 

PRÉVISIBLE, PAR 

ASSOMMER 

L’AUDIENCE 

Entre règlements de comptes et réclamations 

financières, les nombreux malentendus 

redondants entre personnages, couplés 

aux scènes où le protagoniste est 

assommé d’un coup sur la tête, créent une 

dynamique répétitive. Le film à vocation 

comique finit, par son caractère monotone 

et prévisible, par assommer l’audience. 

Ana Machi Ana a toutefois le mérite de rassembler 

des familles, des couples et des 

groupes d’amis qui semblent incroyablement 

à l’aise et décontractés, comme si 

chaque personne avait été téléportée directement 

de son salon. Des rires éclatent ici 

et là, des sourires complices se dessinent 

sur les lèvres, et des critiques drôles lancées 

dans l’air créent une belle interaction 

entre les spectateurs.● 

Nous sommes à Marrakech. Farid, un 

quadragénaire campé pa Aziz Dadas, 

et sa jeune épouse (Wisal Perez) font 

leur entrée en tenue de mariés dans un hôtel 

luxueux. L’enthousiasme du protagoniste est 

palpable, il n’a de yeux que pour elle et a visiblement 

hâte (un peu plus que son épouse) 

de consommer ce mariage. 

Tout se déroule comme prévu, jusqu’à ce que 

trois femmes interprétées par Majdouline 

Idrissi, Soukaina Darabil et Dounia Boutazout, 

apparaissent au grand écran. Les rires fusent 

et le décor est planté : Ces trois femmes ne 

sont autres que les épouses de Farid. 

Chacune d’elles, armée de son propre caractère 

et son histoire, débarque à l’hôtel, prête 

à interrompre cette lune de miel d’apparence 

idyllique. Leurs apparitions inattendues 

donnent un tournant comique à l’intrigue qui 

commence comme une escapade romantique 

puis se transforme en une comédie truffée 

d’imprévus, de mensonges et de quiproquos. 

Le réalisateur s’amuse à rythmer son film 

d’une course poursuite qui implique non seulement 

les quatre épouses, mais aussi un 

ex-mari de l’une d’entre elles, le staff de l’hôtel, 

des négociants en bétail …. Tous ont la 

même cible : Farid, le nouveau marié qui se 

noie dans des dettes, des trahisons et des 

tromperies. 


Maroc 

3 / 5 

TITRE : Ana Machi Ana 

PAYS : Maroc 

RÉALISATEUR : Hicham El Jebbari 

GENRE : Comédie 




41

EN SALLES 

CRÉDIT : A24 

Les acteurs se sont entraînés avec Chavo Guerrero, lutteur professionnel et 

coordinateur du film, pour répéter leurs scènes de catch. 

IRON CLAW 

COWBOYS FROM 

HELL 

« 

Le film explore la domination autoritaire 

du père, les triomphes sur le ring et les 

tragédies personnelles, plongeant profondément 

dans la vie tumultueuse des inséparables 

frères Von Erich. Passionné par le 

catch texan, le film présente Fritz Von Erich 

(interprété par Holt McCallany) comme l’initiateur 

de la prise éponyme du film, la poigne 

de fer : un étau implacable serrant la tête de 

l’adversaire jusqu’à son évanouissement. 

Après une carrière au Japon, Fritz revient aux 

États-Unis, motivé par le désir de voir ses fils 

réussir. Cependant, la vanité de leur père 

guide les fils, sacrifiant l’épanouissement 

familial pour réaliser le rêve de jeunesse de 

Fritz. Le film explore l’allégorie de Saturne 

Iron Claw » dévoile la saga des frères 

Von Erich, légendes du catch américain 

des années 80, à travers le biopic signé 

Sean Durkin. 

dévorant ses enfants, examinant la toxicité 

de la masculinité et ses conséquences. 

Sous les projecteurs du Sportatorium de Dallas, 

ces gladiateurs mènent une célébrité à 

un prix exorbitant. Sous des dehors trompeurs 

se cachent des destins déchirés par 

des tragédies telles qu’une hémorragie intestinale 

à Tokyo, un accident de moto, et une 

opération malheureuse, révélant une réalité 

brutale et une solitude poignante. 

La réalité troublante se reflète dans l’éducation 

rigoureuse de Fritz, aspirant à faire 

de ses fils des champions mondiaux. Cependant, 

cette quête implacable engendre des 

dommages collatéraux. Le film explore la 

ZAC EFRON INCARNE UN MONSTRE 

HERCULÉEN AU REGARD CANDIDE, UNE 

FIGURE MUSCLÉE AU BORD DE 

L’EXPLOSION 

tragédie dès l’enfance avec le décès d’un 

fils à 6 ans, laissant Kevin (interprété par 

Zac Efron) protéger ses frères cadets de 

l’emprise paternelle, les transformant en 

vedettes aux corps sculptés et aux chevelures 

dignes des metalheads des eighties. 

Zac Efron incarne un monstre herculéen au 

regard candide, portant sa virilité comme 

un étendard. Cette plongée dans l’Amérique 

profonde révèle une mise en scène énigmatique, 

dissimulant un enchevêtrement 

de névroses destructrices, représentatives 

de la culture redneck des années 1980. 

Iron Claw explore ces tragédies avec une 

mélancolie brutale et une tendresse 

rugueuse. La caméra capture minutieusement 

le quotidien de cette famille, révélant 

une violence qui plane non seulement sur 

le ring mais aussi au sein du foyer, où règne 

un monstre familial sans scrupules. Sean Durkin 

transcende cette histoire vraie en une 

chronique vibrante, captivante et marquante, 

offrant une vérité émouvante sur la fragilité 

des rêves familiaux et les sacrifices nécessaires 

pour les concrétiser.● 

Maroc 

3 / 5 

TITRE : Iron Claw 


RÉALISATEUR : Sean Durkin 

GENRE : Biopic 





EN SALLES 

THE COLOR PURPLE 

DIAPASON BLUES, 

NOTE POURPRE 

The Color Purple réinvente brillamment le chef-d’œuvre 

d’Alice Walker en une expérience cinématographique où 

l’émotion et la musicalité se conjugue harmonieusement. 

Séparée de sa sœur Nettie et de ses 

enfants, Celie (incarnée avec brio par 

Fantasia Barrino), traverse les épreuves 

d’une vie difficile, marquée par la violence 

de son mari. Le soutien de la chanteuse 

Shug Avery (Taraji P. Henson) et de sa bellefille 

Sofia (Danielle Brooks) offre à Celie une 

force extraordinaire, tissant des liens indestructibles 

avec ses sœurs… Voici donc en 

substance l’argument de The Color Purple, 

signé Blitz Bazawule. 

L’audace de cette adaptation réside dans 

l’intégration subtile des numéros musicaux 

à la trame narrative. Supervisée par Quincy 

Jones, la BO marie habilement compositions 

originales et morceaux contemporains d’artistes 

tels qu’Alicia Keys et Usher. Les performances 

impressionnantes de Barrino et 

Taraji P. Henson insufflent une énergie 

nouvelle, notamment dans une scène de 

danse sur un disque 33 tours géant. 

Scott Sanders, créateur du spectacle, parvient 

à préserver l’essence originale tout en 

insufflant un souffle lyrique et poétique, avec 

des clins d’œil aux racines profondes du 

blues, du jazz, du ragtime et du gospel dans 

la culture afro-américaine post-esclavage. 

La sororité occupe une place centrale, 

magnifiée par Danielle Brooks, nommée aux 

Oscars en tant que Meilleure actrice dans 

un second rôle. La complicité entre les 

personnages féminins, sublimée par des 

décors chatoyants et des plans séduisants, 

crée un environnement visuel oscillant entre 

le déchirement dramatique et l’optimisme. 

La mise en scène inventive et les chorégraphies 

flamboyantes, inspirées de la comédie 

musicale de Broadway en 2005, transcendent 

le drame sombre et rendent l’œuvre éblouissante, 

ainsi que profondément féministe. Le 

réalisateur Blitz Bazawule, tout en apportant 

CRÉDIT : WARNER BROS 

L’AUDACE DE 

CETTE 

ADAPTATION 

RÉSIDE DANS 

L’INTÉGRATION 

SUBTILE DES 

NUMÉROS 

MUSICAUX À LA 

TRAME NARRATIVE 

une certaine modernisation, respecte l’héritage 

de l’histoire, soulignant le souci d’authenticité 

et de diversité. 

The Color Purple, version 2024, se distingue 

comme une reprise audacieuse et réussie, 

mêlant avec élégance la tradition du film original 

à la créativité vibrante de la comédie musicale. 

Entre des performances exceptionnelles, une 

esthétique captivante et un engagement envers 

une narration féminine puissante, cette adaptation 

mérite pleinement sa place parmi les 

grandes réalisations cinématographiques 

contemporaines. Elle constitue un véritable 

hommage à la force des femmes, à la musique 

transcendant les époques et à une histoire 

intemporelle qui continue d’inspirer.● 


Taraji P. Henson dans le rôle de Shug Avery dans le film. 

Maroc 

3 / 5 

TITRE : The Color Purple 


RÉALISATEUR : Blitz Bazawule 

GENRE : Drame, comédie musicale 




GUIDE DES SORTIES 

DEPUIS LE 20 OCT 2023 

NOM DU FILM : Nayda 



RÉALISATEUR : Said Naciri 

PAYS : Maroc 

PROJECTIONS : Rabat 

(Megarama) / Casablanca 

(Megarama) / Marrakech 

(Megarama) 

DEPUIS LE 29 NOV 2023 

NOM DU FILM : Les divorcées 

de Casablanca 


GENRE : Drame social 

RÉALISATEUR : Mohammed Ahed 

Bensouda 

PAYS : Maroc 

PROJECTIONS : Casablanca 


(Megarama) / Fes (Megarama) / 

Tanger (Megarama City Mall; 

Megarama Tanger Goya) 

NOM DU FILM : Migration 


GENRE : Animation 

RÉALISATEUR : Benjamin Renner 

et Guylo Homsy 


PROJECTIONS : Rabat (Cineatlas 

Colisée) / Casablanca (Pathé 

Californie) / Tanger (Cinémathèque 

de Tanger) / El Jadida (Cineatlas 

Corniche) 

DU 13 DEC 2023 

AU 24 JAN 2024 

NOM DU FILM : Winter Break 


GENRE : Comédie dramatique 

RÉALISATEUR : Alexander Payne 



Colisée ; Megarama) / Casablanca 



Tanger (Megarama City Mall ; 

Megarama Tanger Goya ; 

Cinémathèque de Tanger) / El 

Jadida (Cineatlas Corniche) 

DEPUIS LE 13 DEC 2023 


NOM DU FILM : Ana Machi Ana 



RÉALISATEUR : Hicham El Jebbari 

PAYS : Maroc 



(Megarama ; Pathé Californie) / 

Marrakech (Megarama) / Fes 

(Megarama) / Tanger (Megarama 

City Mall ; Megarama Tanger 

Goya) / El Jadida (Cineatlas 

Corniche) 


NOM DU FILM : Aquaman et 

le Royaume perdu 


GENRE : Super-héros 

RÉALISATEUR : James Wan 









Corniche) 

NOM DU FILM : Dunki 



RÉALISATEUR : Rajkumar Hirani 

PAYS : Inde, Bangladesh 






Megarama Tanger Goya) / El 



NOM DU FILM : Inspecteur Sun et 

la malédiction de la veuve noire 



RÉALISATEUR : Julio Soto Gurpide 

PAYS : Espagne 






Megarama Tanger Goya ; Cinema 

Alcazar) / El Jadida (Cineatlas 

Corniche) 

DU 27 DEC 2023 



NOM DU FILM : Wonka 


GENRE : Aventure, Fantastique 

RÉALISATEUR : Paul King 









Corniche) 


NOM DU FILM : Une affaire 

d’honneur 


GENRE : Historique 

RÉALISATEUR : Vincent Perez 

PAYS : France 





Goya) 


DU 27 DEC 2023 


NOM DU FILM : Vermines 


GENRE : Horreur 

RÉALISATEUR : Sébastien Vanicek 

PAYS : France 


Colisée) / Casablanca (Megarama) 

/ Marrakech (Megarama) / Tanger 

(Megarama City Mall ; Megarama 

Tanger Goya) / El Jadida 

(Cineatlas Corniche) 

DU 27 NOV 2023 


NOM DU FILM : Dream Scenario 



RÉALISATEUR : Kristoffer Borgli 

PAYS : Etats-Unis 



(Megarama ; Ciné-théâtre Lutetia) 

/ Marrakech (Megarama) / Fes 



Goya; Cinéma Alcazar) / El Jadida 

(Cineatlas Corniche) 


NOM DU FILM : Abu Nassab 



RÉALISATEUR : Rami Imam 

PAYS : Égypte 






DU 03 AU 30 JAN 2024 

NOM DU FILM : Les Filles d’Olfa 


GENRE : Drame 

RÉALISATEUR : Kaouther Ben Hnia 

PAYS : Tunisie 


(Megarama jusqu’au 16 janvier ; 

Ciné-théâtre Lutetia jusqu’au 29 

janvier) / Tanger (Cinémathèque 

de Tanger jusqu’au 30 janvier) 


NOM DU FILM : Night Swim 


GENRE : Epouvante-Horreur 

RÉALISATEUR : Bryce McGuire 









Corniche) 


NOM DU FILM : Moi, Capitaine 


GENRE : Drame 

RÉALISATEUR : Matteo Garrone 

PAYS : Italie 


(Megarama jusqu’au 09 janvier ; 

Ciné-théâtre Lutetia jusqu’au 30 

janvier) / Marrakech (Megarama 

jusqu’au 09 janvier) / Tanger 

(Cinéma Alcazar jusqu’au 28 

janvier ; Cinémathèque de Tanger 

jusqu’au 30 janvier) 


NOM DU FILM : Augure 


GENRE : Drame 

RÉALISATEUR : Baloji Tshiani 

PAYS : République démocratique 

du Congo, Belgique 

PROJECTIONS : Rabat (Cinéma 

Renaissance le 9 janvier) / Tanger 

(Cinémathèque de Tanger 

jusqu’au 30 janvier) / Kenitra 

(Institut français le 12 janvier) 

À PARTIR DU 10 JAN 2024 

NOM DU FILM : Tiger 3 


GENRE : Action 

RÉALISATEUR : Maneesh Sharma 

PAYS : Inde 









NOM DU FILM : Mean Girls 


GENRE : Comédie, Musical 

RÉALISATEUR : Mark Waters 









Corniche) 


NOM DU FILM : Fez Summer 55 


GENRE : Politique 

RÉALISATEUR : Abdelhaï Laraki 

PAYS : Maroc 









47

GUIDE DES SORTIES 

À PARTIR DU 11 JAN 2024 À PARTIR DU 25 JAN 2024 

NOM DU FILM : Katak, le brave 

béluga 



RÉALISATEUR : Christine 

Dallaire-Dupont et Nicola Lemay 

PAYS : Canada 








NOM DU FILM : Bye Bye 

la France 


GENRE : Drame 

RÉALISATEUR : Doha Moustaquim 

PAYS : Maroc 








Corniche) 


NOM DU FILM : Maksoum 



RÉALISATEUR : Kawthar Younis 

PAYS : Égypte 








NOM DU FILM : La couleur 

pourpre 


GENRE : Drame musical 

RÉALISATEUR : Blitz Bazawule 








Goya) 


NOM DU FILM : Iron Claw 


GENRE : Drame, Biopic 

RÉALISATEUR : Sean Durkin 





Marrakech (Megarama ; Cinéma 

Colisée) / Fes (Megarama) / 




NOM DU FILM : Un coup de dés 


GENRE : Thriller 

RÉALISATEUR : Yvan Attal 

PAYS : France 








NOM DU FILM : Les Meutes 


GENRE : Polar 

RÉALISATEUR : Kamal Lazraq 

PAYS : Maroc 








INFOS PRATIQUES 


ACTU-CINÉ 

2023 

L’ANNÉE DE 

MOISSON POUR 

ASMAE EL MOUDIR 

Une expérience visuelle poignante qui transcende 

le cinéma traditionnel et tutoie les sommets. Il n’y a 

pas d’autres mots pour qualifier le documentaire de 

Asmae El Moudir « The Mother of All Lies », dont le 

succès fait boule de neige à l’international. 


CRÉDIT : ASMAE EL MOUDIR / INSTAGRAM 

Elle a commencé à l’écrire en 2013, 

s’est battue pour obtenir des financements 

et a pris 10 ans pour faire mûrir 

un projet qui est aujourd’hui shortlisté dans 

la course aux Oscars 2024. Une deuxième 

pour le cinéma marocain et une reconnaissance 

du talent et de l’audace d’une nouvelle 

génération de cinéastes du pays. 

Présenté à deux reprises aux Ateliers de l’Atlas, 

The Mother of All Lies y a obtenu le prix 

au développement en 2019 et le prix à la 

post-production en 2021. Il fait en mai 2023 

sa première mondiale à Cannes, où il reçoit 

le prix de la mise en scène dans la catégorie 

« Un certain regard » ainsi que l’Œil d’or 

ex-æquo avec Les Filles d’Olfa, de Kaouther 

Ben Hania, et remporte en juin le premier 

prix du 70ème Festival du film de Sydney. 

Asmae El Moudir marque quelques mois plus 

tard l’histoire du Festival international du Film 

de Marrakech (FIFM) en décrochant le 2 

décembre dernier la première Étoile d’or 

marocaine en 20 ans de festival ; puis le 13 

décembre le prix de la meilleure réalisation 

aux IDA Documentary Awards à New York. 

Si elle clôture 2023 en apothéose, une 

année d’ivresse s’annonce pour Asmae El 

Moudir qui travaille déjà sur son deuxième 

long métrage dans le cadre de la 46ème 

résidence du Festival de Cannes qui 

accueille du 1er octobre 2023 au 15 février 

2024 six réalisateurs. 

En attendant le 10 mars, date des prochains 

Oscars, Asmae El Moudir enchaine les projections 

aux États-Unis et continue de faire 

2023 

26 MAI 

Prix de la mise en 

scène - section Un 

certain regard 

27 MAI 

L’Œil d’or ex-æquo 

avec Les Filles d’Olfa, 

de Kaouther Ben Hania 

18 JUIN 

Premier Prix au 

Festival du Film 

de Sydney 


voyager son film autour du monde en alignant 

les récompenses et nominations à 

l’international. Le documentaire est d’ailleurs 

pogrammé dans les salles marocaines 

à partir du 21 février et sera projeté en France 

une semaine plus tard. 

Une Asmae El Moudir comblée 

au Festival international du film 

de Marrakech, en compagnie de 

sa mère et sa grand-mère, 

personnage central du 

documentaire. 

The Mother of All Lies se distingue par le 

choix de la réalisatrice d’utiliser des figurines, 

notamment celle de sa grand-mère, 

qui a une place centrale dans le récit, et une 

maquette du quartier de son enfance casablancaise 

pour narrer un passé familial truffé 

CRÉDIT : MAP 

SI ELLE 

CLÔTURE 2023 EN 

APOTHÉOSE, UNE 

ANNÉE D’IVRESSE 

S’ANNONCE POUR 

ASMAE EL MOUDIR 

QUI TRAVAILLE 

DÉJÀ SUR SON 

DEUXIÈME LONG 

MÉTRAGE 

de non-dits sur fond d’une métropole ébranlée 

par les émeutes du pain de 1981. 

Une photo retrouvée par la cinéaste chez 

ses parents déclenche ce processus d’investigation 

durant lequel la réalisatrice interroge 

les petits mensonges qu’on lui a 

raconté à travers un dispositif ingénieux qui 

mêle documentaire et fiction et auquel la 

pluie de récompenses confère toute sa 

légitimité.● 

26 OCTOBRE 

Prix du meilleur documentaire 

international au Festival 

international du film de Bergen 

28 OCTOBRE 

Prix du meilleur 

documentaire - section 

Temps d’Histoire 

12 DÉCEMBRE 

Prix de la meilleure 

réalisation aux IDA 

Documentary Awards 

L’Etoile d’Or au Festival 

International du Film de 

Marrakech 

4 DÉCEMBRE 


51

ACTU-CINÉ 

LE BILAN DE L’ACTION GOUVERNEMENTALE 

EN FAVEUR DU SEPTIÈME ART 

CRÉDIT : BOXOFFICE MAROC 

Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la 

Culture et de la Communication 

L’année 2023 a été l’année du cinéma par excellence, marquée par une 

synergie inédite entre les actions privées et celles de la tutelle pour propulser 

le secteur dans une nouvelle ère. Du programme d’ouverture de 150 salles 

obscures à travers le pays au soutien étatique aux productions et festivals 

cinématographiques, tout en concluant des partenariats public-privé inédits, 

le département de la Culture a fait du développement du secteur un chantier 

prioritaire, comme en témoigne le bilan de son action récemment présenté 

PAR LINA IBRIZ 


Métamorphoser le secteur du cinéma en une véritable 

industrie. Tel est l’objectif que s’est assigné 

le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la 

Communication, et qui est aujourd’hui incliné par une ambitieuse 

stratégie multiniveaux. Ainsi, au cours de l’année 

2023, des actions bien taillées ont été menées afin d’insuffler 

une nouvelle dynamique dans le secteur et dont le bilan 

a été présenté le 26 décembre dernier par le ministre de 

tutelle Mohamed Mehdi Bensaid devant la Commission de 

l’éducation, de la culture et de la communication. 

En 2023, l’État a poursuivi son soutien au cinéma, à travers 

le Centre cinématographique marocain (CCM), en mobilisant 

241 millions de dirhams (MDH) au profit des productions 

du septième art. Environ 39% de cette enveloppe, soit 

75 MDH ont été consacrés aux productions nationales. Les 

crédits réservés au soutien aux productions étrangères, 

quant à eux, ont connu une augmentation au cours de cette 

année, après que la part du soutien étatique est passée de 

20% à 30% du montant d’investissement, portant le montant 

de ces subventions à 116 MDH. Les productions étrangères 

au Maroc, ajoute la même source, ont drainé environ 

1 milliard de dirhams (MMDH) d’investissement. 

Un soutien « exceptionnel » aux salles de cinéma a aussi 

été instauré, afin d’accompagner les salles obscures dans 

leurs processus de modernisation, de numérisation, mais 

aussi encourager les investisseurs à ouvrir de nouvelles 

UNE RÉFORME DU 

CADRE RÉGLEMENTAIRE 

RÉGISSANT LE SECTEUR 

EST LANCÉE, EN 

PARALLÈLE À UNE 

RESTRUCTURATION 

ET RÉORGANISATION 

DU CCM 

salles. En 2023, ce sont 29 millions qui ont été déboursés 

à cet effet. Ce montant, détaille le ministère, a permis 

de subventionner la création de quatre salles de 

cinéma à Casablanca et trois autres à Kenitra, Agadir et 

Azilal et la numérisation de quatre autres salles dans la 

capitale économique, à Tanger et à El Jadida. 

Au-délà du soutien financier, le ministère a aussi accompagné 

les investisseurs privés et propriétaires de cinémas 

pour l’ouverture de nouvelles salles. Dans le cadre 

de ce partenariat public-privé, le département de Bensaid 

a épaulé Pathé pour l’ouverture de son complexe 

cinématographique à Casablanca, CinéAtlas pour l’ouverture 

prochaine de son complexe Aeria Mall dans la 

même ville et celui du Mauritania à Tanger, ainsi que 

CRÉDIT : FADEL SENNA / AFP 

Cinerji pour l’ouverture de son multiplexe à El Jadida et 

à Bouskoura notamment. Le ministère a aussi été impliqué 

dans la réhabilitation de plusieurs salles de cinéma, 

dont l’Alcazar à Tanger, le Caméra et le Dawliz à Meknès, 

le Ritz à Casablanca, le Bijou à Fès et le Vox à Oujda. 

Le ministère mise aussi gros sur les festivals pour la promotion 

du septième art, à travers l’organisation de festivals 

nationaux. En 2023, les crédits alloués à cela ont 

grimpé à près de 33 MDH distribués au profit de 67 associations. 

Ce budget s’explique par l’intérêt que porte la 

tutelle à la redynamisation du secteur du cinéma, mais surtout 

par le rôle que jouent ces événements dans la création 

de richesse et d’emplois dans les régions qui les 

abritent, en donnant un nouveau souffle à l’activité économique 

et en attirant des visiteurs du Maroc et d’ailleurs. 

Pour accompagner l’ensemble de ces actions, une réforme 

du cadre réglementaire régissant le secteur est lancée, en 

parallèle à une restructuration et réorganisation du CCM. 

Le cadre opérationnel de ce centre connaît une évolution, 

notamment avec la simplification de plusieurs procédures, 

en vue d’attirer davantage d’investissements, et à travers 

la digitalisation de plusieurs de ses services.● 

Cinéma ABC à Casablanca, fermé depuis le Covid-19 


53

ACTU-CINÉ 

RÉTRO 2023 : 

DES LUTTES AMÉRICAINES ET DES 

RÉPERCUSSIONS MONDIALES 

Des succès potentiellement 

toujours aussi grands, mais 

aussi des flops percutants : à 

l’échelle mondiale, et plus 

particulièrement étasunienne, 

2023 aura donné un aperçu 

intransigeant de ce à quoi 

ressemble le monde 

cinématographique d’après… 

où les crises se suivent et ne se 

ressemblent pas. 

PAR Aysegül Algan - BOXOFFICE FRANCE 

Commencée sous le bleu Avatar (La 

Voie de l’eau dominera la plupart des 

box-offices du monde durant l’ensemble 

du mois de janvier), 2023 aura résolument 

été l’année du rose Barbie qui déferle 

au mois de juillet en compagnie d’Oppenheimer… 

Dans un contexte de sous-performance 

quasi chronique des films de franchises (en 

l’occurrence de super-héros), les deux hits – 

uniques dans leur genre – parviennent à 

mener la plus grande partie de leur campagne 

promotionnelle avant que le syndicat SAG-AF- 

TRA des acteurs américains ne rejoigne le 

mouvement de grève entamé depuis mai par 

les scénaristes de la WGA. 

Si c’est à la télévision qu’ils été plus immédiatement 

visibles, les effets des grèves simultanées 

des acteurs et des scénaristes – la 

première depuis 1960 – risquent d’être plus 

durables dans les salles de cinéma. Car 

au-delà des reports de sorties qui ont sévèrement 

affaibli le calendrier américain, ces 

arrêts auront créé des trouées massives, de 

respectivement cinq et quatre mois, dans 

l’écriture et le tournage des projets. Reste 

que les accords obtenus par les syndicats 

sont historiques : augmentations des salaires 

minimums, primes basées sur le succès en 

streaming et protections face à l’utilisation de 

l’IA dans le cinéma. Les scénaristes américains 

gardent ainsi leurs droits et le contrôle 

de leurs œuvres utilisées par l’intelligence 

artificielle, tandis que les répliques numé- 

Fran Drescher et Meredith Stiehm, présidentes 

respectives de la Screen Actors Guild-American 

Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA) 

et de la Writers Guild of America (WGA), ont remporté 

leur bataille en 2023 


CRÉDIT : BOXOFFICE FRANCE 

CRÉDIT : BOXOFFICE FRANCE 

CES ARRÊTS AURONT CRÉÉ DES 

TROUÉES MASSIVES, DANS L’ÉCRITURE 

ET LE TOURNAGE DES PROJETS 

riques des acteurs ne pourront être exploitées 

sans leur consentement. Autant d’enjeux 

qui dépassent largement les frontières tout 

comme l’année 2023, comme le montrent les 

questionnements et travaux en matière de 

régulation de l’IA dans l’UE… et les mouvements 

de grève en cours dans l’audiovisuel 

français, en tête desquels les syndicats SNT- 

PCT et Spiac-CGT, pour une revalorisation (de 

20 %) des salaires. 

Pendant ce temps, toujours en recherche 

d’équilibre après leur fulgurante croissance, 

les plateformes se sont pleinement engagées 

dans la voie de l’AVOD, soit d’offres à 

prix réduit avec publicité, à commencer par 

Netflix et Disney+. L’économie est d’ailleurs 

de mise chez The Walt Disney Company où 

l’ère Bob Iger II, de retour aux commandes 

depuis novembre 2022, s’avère être celle de 

la réduction des coûts. La firme qui fêtait son 

centenaire en 2023 visait la suppression de 

7 000 emplois au niveau mondial, soit plus 

de 3 % de son effectif total. 

Côté exploitation, le géant fragilisé Cineworld, 

propriétaire entre autres des Regal Cinemas 

aux États-Unis, a finalisé son plan de restructuration 

et est sorti fin juillet du chapitre 11 de 

la loi sur les faillites. Après le départ du PDG 

Mooky Greidinger, le circuit d’exploitation 

cinématographique mondial est désormais 

sous la supervision d’Eduardo Acuna, précédemment 

directeur des opérations américaines 

du circuit mexicain Cinepolis. Et à la 

tête de la puissante Nato américaine, Michael 

O’Leary a succédé en mai au lobbyiste vétéran 

John Fithian, qui a fait valoir ses droits à 

la retraite à la fin du CinemaCon. 

Enfin, l’année s’est conlue avec une rumeur 

persistante : celle de l’éventuelle fusion 

entre Warner Bros. Discovery et Paramount 

Global. De quoi réunir sous une même bannière 

Mission: Impossible et Harry Potter, 

Top Gun et Le Seigneur des Anneaux, ou 

encore Scream, Star Trek, Transformers, et 

l’univers DC. Pour rappel, l’absorption de la 

21st Century Fox par The Walt Disney Company 

remonte à mars 2019. À voir si 2024 

sera l’année de naissance d’un nouveau 

mastodonte comme on en (re)croisera de 

plus en plus dans l’univers du divertissement 

et des médias.● 


55

ACTU-CINÉ 

MEGARAMA CONSOLIDE 

SES ASSISES AU MAROC 

Circuit leader de l’exploitation dans le Royaume, le Français 

Megarama entreprend une vaste rénovation de ses principaux sites, 

à l’aube de nouvelles ouvertures. Un point sur l’exercice 2022-2023 

avec Cyril Audineau, directeur des opérations marocaines du circuit. 

Il est, de loin, le moteur de la fréquentation 

cinématographique marocaine, 

générant à lui seul 35 % des entrées 

annuelles du pays : le Megarama de Casablanca, 

14 écrans et quelque 3 600 fauteuils 

sur le boulevard de la Corniche, ferme 

temporairement ses salles une à une pour 

les rénover. « Nous sommes déjà passés 

intégralement au laser il y a quelques 

années et, depuis, nous changeons tout – 

les fauteuils, les écrans, le hall… », nous 

expliquait Cyril Audineau en juin dernier, 

quelques semaines avant l’ouverture de la 

nouvelle salle 4D e-motion, pile pour la sortie 

de la première partie Mission Impossible: 

Dead Reckoning. Il s’agit de la troisième 

du circuit français, après Annecy et 

Bordeaux, dans ce cinéma que l’exploitant 

espère « revenir au million d’entrées 

annuelles », un cap « qu’il avait l’habitude 

d’atteindre il y a quelques années, avant la 

propagation du piratage ». Avec 546 000 

entrées en 2022, le Megarama de Casablanca 

est sur le point de retrouver, en 2023, 

sa fréquentation de 2019 (680 000), des 

chiffres naturellement supérieurs à ceux de 

2021 (240 000) mais aussi 2018 (524 000), 

quoique inférieurs à 2017 (709 000). 

Deuxième cinéma du circuit marocain et en 

fréquentation et en nombre de salles, le 

multiplexe de Rabat, ouvert en 2019, s’apprête 

quant à lui à accueillir une salle Imax 

dès début 2024. « Avec 11 salles, c’est l’un 

de nos cinémas les plus dynamiques, en 

particulier grâce au centre commercial 

auquel il est adossé » : comme à Casablanca, 

les 367 000 entrées comptabilisées 

en 2022 proviennent majoritairement de 

familles issues de la classe moyenne. 

À l’inverse, à Marrakech, les 135 000 billets 

vendus sont pour beaucoup le fruit de la 

population touristique de la ville. Le site de 

neuf écrans, qui comporte par ailleurs une 

salle Horizon – le label premium du groupe 

– de 1 300 places, a connu une baisse de 

29 % de sa fréquentation par rapport à 2019, 

et se prépare également à des travaux de 

modernisation prévus pour cette année. 

Megarama Casablanca, le plus grand cinéma du Maroc 

À MARRAKECH, LES 135 000 

BILLETS VENDUS SONT POUR 

BEAUCOUP LE FRUIT DE LA 

POPULATION TOURISTIQUE DE LA VILLE 


Complexe de cinéma Megarama Marrakech 

L’offre cinématographique de la ville impériale, 

peuplée d’un million d’habitants, s’apprête 

par ailleurs à être complétée par la 

réouverture, sous enseigne Megarama, du 

cinéma Rif. « C’est un établissement de trois 

salles historique à Marrakech, implanté dans 

les quartiers populaires de la ville et fermé 

depuis de nombreuses années. Nous en 

avons fait l’acquisition à mon arrivée l’année 

dernière », explique Cyril Audineau, « et 

bien qu’il soit entièrement à réhabiliter, nous 

envisageons de le rouvrir dès 2024. » 

Avec ce nouveau cinéma, le circuit compte 

reproduire à Marrakech son implantation à 

Tanger, où cohabitent un multiplexe de 8 

écrans (qui a également enregistré quelque 

91 000 tickets l’année dernière), et un complexe 

de trois écrans de centre-ville, le Goya 

(20 000 entrées). « Nous essayons de travailler 

une programmation plus axée auteur, 

avec beaucoup de VO et de films espagnols 

», Tanger abritant entre 10 et 20 000 expatriés 

ibériques. 

Le sixième cinéma du groupe, trois écrans à 

Fès, a quant à lui généré plus de 63 000 

entrées en 2022. De fait, il représente la 

seule offre cinématographique de la ville de 


57

ACTU-CINÉ 

1,5 million d’habitants, tout comme ce sera 

le cas à Agadir, aujourd’hui dépourvue de 

cinéma et où le circuit de Jean-Pierre Lemoine 

en construit un de 1 000 fauteuils et cinq 

salles (dont l’une d’au moins 400 places). 

« Nous avons accumulé du retard sur ce 

chantier en raison du Covid, d’autant plus 

qu’il sera également implanté dans un 

centre commercial, lui aussi en construction. 

Nous attendons la livraison du gros 

œuvre d’ici la fin d’année, pour une ouverture 

en 2024 aussi ». 

Au total, ce sont plus de 1,2 million d’entrées 

qui ont été enregistrées en 2022 

dans les six établissements marocains de 

Megarama, qui visent désormais 1,4 million 

au moins en 2023, notamment par le biais 

de films marocains, distribués dans le pays 

par Megarama-même – une particularité 

par rapport aux activités françaises et espagnoles 

du groupe, exercée depuis une 

vingtaine d’années. « Notre line-up est 

autant composé de films hollywoodiens et 

français que de productions locales, essentiellement 

des comédies peu destinées à 

l’exportation et qui fonctionnent particulièrement 

bien ici. Naturellement, nous ne les 

programmons pas seulement dans nos établissements 

mais aussi dans tous les cinémas 

qui le souhaitent. Nous avons également 

importé la logique d’avant-premières 

en présence des équipes du film, comme 

cette année avec Jouj [“deux” en dialecte 

marocain, ndlr.]. » 

Par ailleurs, « la politique tarifaire de Megarama, 

parti- culièrement avantageuse pour 

les -26 ans qui bénéficient d’un tarif à 45 

dirhams (4,10 €, contre un plein tarif à 70 

dirhams, soit 6,40€), permet au prix moyen 

de la place en 2022 de pointer à 54 dirhams 

(5 €) », poursuit Cyril Audineau. Les cartes 

illimitées, nominatives, ont été lancées dans 

le réseau marocain de Megarama fin juin, 

comme en France, et permettent aux spectateurs 

de visionner jusqu’à trois films par 

jour. Elles prennent la forme d’un abonnement 

annuel, avec quatre formules : une 

simple au tarif de 1 800 dirhams/ an (165 

€) ; une pour les -26 ans, à 1 440 dirhams/ 

an (130 €) ; une Duo, à 3 000 dirhams/an 

(275 €) ; et une Techno, à 2600 dirhams/ 

an (240€). 

Une démarche qui permet au groupe de 

Jean-Pierre Lemoine de se démarquer de 

son nouveau rival, Pathé Cinémas, qui 

débarque dans le Royaume cette année à 

Casablanca et en 2025 à Rabat et qui n’a 

pas lancé de formules illimitées dans ces 

cinémas tunisiens et sénégalais, seulement 

des cartes d’abonnement de 5 places. « 

L’arrivée de Pathé ne peut qu’être bénéfique 

pour le secteur, quand bien même 

nous serons en concurrence. Si des agglomérations 

françaises comme Toulouse ou 

Montpellier peuvent héberger plusieurs 

multiplexes, il n’y a pas de raison que ça 

ne soit pas le cas pour des métropoles 

comme Casablanca et Rabat.»● 

Megarama Casablanca, le plus grand cinéma du Maroc 


ACTU-CINÉ 

ZINOUN 

UNE ÉTOILE QUI 

NE BRILLE PLUS 

Lahcen Zinoun, chorégraphe et réalisateur marocain, s’est 

éteint, mardi 16 janvier, à l’âge de 80 ans dans une clinique de 

Casablanca, laissant derrière lui un héritage artistique riche et 

diversifié. 


CRÉDIT : HAMID ZEROUALI 

lore traditionnel. En 1973, il fonde le Ballet 

Zinoun, une école et une troupe de danse qui 

deviendront une pépinière de talents. 

En 1986, sur demande du ministre de la Culture 

de l’époque, Mohamed Benaïssa, Zinoun crée 

une troupe nationale de danse. Bien que le 

premier spectacle remporte un énorme succès, 

des critiques l’entraînent dans des moments 

difficiles à telle enseigne qu’il sombra dans la 

dépression. La peinture devient sa thérapie, et 

il réalise son premier court métrage pour le 

spectacle, Flagrant délire, en 1991, marquant 

ainsi son incursion dans le monde du cinéma. 

Suivront trois autres courts métrages (Assamt 

en 2001, Piano en 2002 et Faux pas en 2003) 

avant qu’il ne s’immisce dans le long métrage. 

Chemin faisant, il réalise en 2007 Oud Al’ward 

ou La Beauté éparpillée, un film qui offre une 

LAHCEN ZINOUN 

S’EST IMPLIQUÉ 

DANS DES 

PROJETS VISANT 

À PROTÉGER LE 

PATRIMOINE 

CULTUREL DU 


Lahcen Zinoun, le mortel, s’en est allé 

le mardi 16 janvier à l’âge de 80 ans 

succombant à une hémorragie cérébrale 

dans une clinique à Casablanca où il 

avait été admis en urgence depuis quelques 

jours. Ses obsèques ont eu lieu lemercredi 

17 janvier au cimetière Achouhada. Son 

œuvre, immortelle, demeure. 

Lahcen Zinoun durant le tournage de son film Mawchouma. 

Né à Hay Mohammadi, Zinoun entame son 

parcours artistique au conservatoire de 

Casablanca dans les années 1950, où il a 

esquissé ses premiers pas de danse. À l’âge 

de vingt ans, il bande ses voiles vers 

Bruxelles. En 1970, il devient danseur étoile 

au Ballet royal de Wallonie. Malgré son succès 

en Europe, le désir de rentrer au Maroc 

le hante. Sa collaboration avec Claire Motte, 

une danseuse étoile de l’Opéra de Paris, 

précipita ce retour au bercail. En interprétant 

le ballet L’Oiseau de feu à Paris, Zinoun 

découvre la fascination du roi Hassan II pour 

la danse classique. Cela n’a fait que renforcer 

sa détermination à contribuer au développement 

de la danse au Maroc. 

Cependant, son retour au pays fut semé d’embuches. 

La danse classique pratiquée par un 

homme était mal perçue, et Zinoun se heurte 

à des critiques et des préjugés. Il adapta alors 

son style en intégrant des rythmes marocains 

et en créant des spectacles inspirés du folk- 

plongée poétique et psychologique dans le 

Maroc de 1913. Lahcen Zinoun réussit à équilibrer 

l’esthétique et la critique sociale dans cette 

exploration rare du biographique au pays. 

Ensuite, il donne à voir Mawchouma, une histoire 

enchevêtrée de rêves et de réalité, dévoilant 

les tabous de la société marocaine. Le réalisateur 

aborde subtilement le tatouage, 

empreint de mysticisme et de mémoire, dans 

cette œuvre poétique et onirique. 

Tout au long de sa carrière, Lahcen Zinoun s’est 

impliqué dans des projets visant à protéger le 

patrimoine culturel du Maroc. En plus de ses 

réalisations dans la danse et le cinéma, il a 

publié sa biographie Le rêve interdit en 2021. 

Son engagement et son amour pour l’art ont 

transcendé les barrières culturelles, laissant 

derrière lui un héritage vibrant et inspirant pour 

les générations futures. ● 


59

INTERVIEW PRO 

CRÉDIT : MAP 

MOHAMED KHOUNA 

« NOUS DEVONS 

ÊTRE CRÉATIFS ET 

INNOVANTS POUR 

ATTIRER LE PUBLIC VERS 

LES SALLES DE CINÉMA » 

Mohamed Khouna, président de la 

Commission d’aide à la numérisation, la 

modernisation et la création des salles de 

cinéma du Centre Cinématographique 

Marocain (CCM), partage sa vision 

audacieuse concernant la création de 150 

salles pour revitaliser la consommation 


INTERVIEW MENÉE PAR REDA K. HOUDAÏFA 

Qu’est-ce qui vous a motivé à revenir au 

Maroc et à vous engager dans la promotion 

du cinéma ? 

Je suis Marocain, bien que né en France. En 

tant que Marocain résidant à l’étranger, le 

souhait de contribuer au développement du 

pays est naturel. Ma passion pour le cinéma 

m’a poussé à apporter mon expertise à la 

scène marocaine. 

Parlez-nous du projet de création de 150 

salles de cinéma en collaboration avec le 

ministère de la Jeunesse, de la Culture et 

de la Communication. 

L’objectif est de revitaliser la consommation 

cinématographique au Maroc en promouvant 

l’éducation par l’image. Le cinéma, à 

ses débuts, était une forme d’éducation 

visuelle, et il est primordial de réintroduire 

cette perspective. Nous voulons sensibiliser 

la jeunesse à travers les maisons de 

culture et autres moyens, afin de créer une 

nouvelle génération de cinéphiles. 

Est-ce ainsi que vous envisagez de créer 

des cinéphiles au Maroc, en particulier 

chez la jeunesse ? 

Comme cité auparavant, il est nécessaire de 

rétablir une éducation cinématographique. Par 

le biais de ciné-clubs, de cinémathèques et de 

médiathèques, il est possible de susciter des 

discussions et des débats autour du 7ème art. 

La démarche vise à retrouver l’engouement 

d’antan, où les salles de cinéma étaient des 

lieux de rencontres et d’échanges culturels. 

La Commission d’aide à la numérisation, 

la modernisation et la création des salles 

de cinéma est une instance d’allocation 

des budgets à des projets, après examen. 


Mohamed Khouna, président de la Commission d’aide à la numérisation. 

Procède-t-elle selon des critères objectifs, 

précis, connus ? 

Les critères d’allocation des budgets sont définis 

par des circulaires du CCM, couvrant la 

rénovation de salles mythiques, la création de 

nouvelles salles et la numérisation pour accompagner 

les salles existantes. Les dossiers sont 

examinés attentivement, et la commission veille 

à respecter les normes établies. 

Vous donnez plus d’importance aux 

régions dans le développement cinématographique… 

Actuellement, la concentration des salles de 

cinéma est limitée à certaines grandes villes, 

et il est essentiel de diversifier cette répartition. 

Cela pourrait créer des synergies et 

encourager la création d’exploitants-distributeurs 

locaux, tenant compte des spécificités 

culturelles de chaque région. 

OUVRIR UNE SALLE DE CINÉMA 

NÉCESSITE UNE PLANIFICATION 

MÉTICULEUSE, AVEC UN ACCENT SUR 

LA PROGRAMMATION ET LA PROMOTION 

Quels sont les défis liés à l’ouverture de 

nouvelles salles de cinéma ? 

Les coûts et la logistique sont des défis 

importants. Les budgets alloués par le ministère 

sont un soutien, mais les promoteurs 

doivent compléter avec des fonds d’investissement, 

des prêts bancaires ou des ressources 

personnelles. Ouvrir une salle de 

cinéma nécessite une planification méticuleuse, 

avec un accent particulier sur la programmation 

et la promotion pour garantir le 

succès à long terme. 

Avez-vous songé à une stratégie de 

tarification plus flexible pour permettre à 

un public plus large de profiter des 

projections ? 

Le ministre avait déploré à maintes occasions, 

plusieurs faillites paralysant encore le 

cinéma au Maroc, particulièrement celles 

relatives à la politique tarifaire. Des tarifs qui, 

selon lui, ne correspondent malheureusement 

pas au pourvoir d’achat des Marocains. 

Ces 150 salles seront accessibles à un tarif 

compris entre 15 à 20 dirhams. 


61

INTERVIEW PRO 

CRÉDIT : MAP 

Mohamed Khouna au Festival International du 

Film de Marrakech 

Vous percevez 

des changements 

dans le cinéma 

marocain ? 

Il est indéniable que notre cinéma évolue 

dans un sens favorable. Nous avons de 

plus en plus de cinéastes pétris d’un 

indiscutable talent. Le pas peut 

s’enorgueillir. Car ils en sont la fierté. De 

fait, je reste optimiste quant à l’avenir du 

cinéma au Maroc. Nous avons les moyens 

et la volonté nécessaires, ainsi que 

l’engagement de tous les acteurs du 

secteur est crucial. C’est un projet 

collectif, et nous devons travailler 

ensemble pour son succès. 

Par ailleurs, la plus petite salle compte 200 

places ; en tout, pour les 55 salles prêtes d’ici 

fin janvier, 24 000 fauteuils sont prévus. Elles 

seront toutes équipées de projecteurs numériques 

de grande qualité, de la marque Christie, 

avec un système son et un serveur. 

CREDIT : DR 

Comment envisagez-vous la concurrence 

avec les plateformes de streaming ? 

Les plateformes de streaming offrent une 

accessibilité et une diversité de contenus, 

mais elles ne peuvent pas remplacer l’expérience 

collective et sociale du cinéma en 

salle. Pour rester pertinents, nous devons travailler 

sur la qualité de l’expérience en salle, 

la diversité de la programmation et la promotion 

des films marocains et africains. C’est un 

défi, mais aussi une opportunité, et nous 

devons être créatifs et innovants pour attirer 

le public vers les salles de cinéma. 

Qu’en est-il de la collaboration avec les 

réalisateurs et producteurs marocains ? 

Cette collaboration est essentielle. Nous 

devons travailler ensemble pour promouvoir 

le cinéma marocain, soutenir la création locale, 

et encourager les talents émergents. Organiser 

des événements, des rencontres, et des 

ateliers favorisera les échanges et la collaboration. 

Le cinéma est une chaîne, et tous les 

maillons de cette chaîne sont importants. Nous 

devons créer une dynamique positive pour 

que le cinéma marocain rayonne à l’échelle 

nationale et internationale. 

Ne trouvez-vous pas que la qualité 

n’accompagne pas toujours la 

quantité ? 

J’admets que la qualité fait parfois défaut. Pour 

autant convient-il de faire la fine bouche ? Pour 

ma part, je reste admiratif devant cette profusion 

de talents, cette inventivité et cette créativité… 

Autant de gage du merveilleux élan pris 

par le Maroc. 

Quelles actions peuvent contribuer à la 

croissance de l’industrie cinématographique 

au Maroc ? 

Une approche holistique impliquant toutes 

les parties prenantes. La communication 

accrue, le partage des problèmes, et une 

écoute réciproque contribuent à créer une 

dynamique positive, favorisant le progrès et 

le développement de l’industrie cinématographique. 

Qui plus est, encourager la diversité 

culturelle, créer des synergies entre les 

régions, investir dans la qualité artistique, et 

rechercher des partenariats internationaux 

Mohamed Khouna (à gauche) avec le ministre de la 

Culture, Mehdi Bensaid (à droite), lors de sa nomination. 

afin de compenser les limitations des financements 

locaux sont des éléments clés pour 

un écosystème cinématographique florissant 

au Maroc. 

Les résultats ne sont pas toujours immédiats, 

et une vision à long terme est nécessaire pour 

évaluer le succès d’initiatives telles que la 

création de nouvelles salles de cinéma. 

Un dernier mot ? 

Il est crucial de trouver un équilibre entre la 

préservation de l’identité culturelle et l’ouverture 

à des perspectives plus universelles. Les 

festivals jouent un rôle clé en permettant aux 

films marocains de rayonner à l’international 

tout en restant ancrés dans leur contexte d’origine. 

La diversité des films présentés dans 

ces festivals contribue à une compréhension 

plus riche de la culture marocaine. ● 


Mohamed Khouna, président de la Commission d’aide à la numérisation. 

Procède-t-elle selon des critères objectifs, 

précis, connus ? 

Les critères d’allocation des budgets sont définis 

par des circulaires du CCM, couvrant la 

rénovation de salles mythiques, la création de 

nouvelles salles et la numérisation pour accompagner 

les salles existantes. Les dossiers sont 

examinés attentivement, et la commission veille 

à respecter les normes établies. 

Vous donnez plus d’importance aux 

régions dans le développement cinématographique… 

Actuellement, la concentration des salles de 

cinéma est limitée à certaines grandes villes, 

et il est essentiel de diversifier cette répartition. 

Cela pourrait créer des synergies et 

encourager la création d’exploitants-distributeurs 

locaux, tenant compte des spécificités 

culturelles de chaque région. 

OUVRIR UNE SALLE DE CINÉMA 

NÉCESSITE UNE PLANIFICATION 

MÉTICULEUSE, AVEC UN ACCENT SUR 

LA PROGRAMMATION ET LA PROMOTION 

Quels sont les défis liés à l’ouverture de 

nouvelles salles de cinéma ? 

Les coûts et la logistique sont des défis 

importants. Les budgets alloués par le ministère 

sont un soutien, mais les promoteurs 

doivent compléter avec des fonds d’investissement, 

des prêts bancaires ou des ressources 

personnelles. Ouvrir une salle de 

cinéma nécessite une planification méticuleuse, 

avec un accent particulier sur la programmation 

et la promotion pour garantir le 

succès à long terme. 

Avez-vous songé à une stratégie de 

tarification plus flexible pour permettre à 

un public plus large de profiter des 

projections ? 

Le ministre avait déploré à maintes occasions, 

plusieurs faillites paralysant encore le 

cinéma au Maroc, particulièrement celles 

relatives à la politique tarifaire. Des tarifs qui, 

selon lui, ne correspondent malheureusement 

pas au pourvoir d’achat des Marocains. 

Ces 150 salles seront accessibles à un tarif 

compris entre 15 à 20 dirhams. 


61

INTERVIEW PRO 

Les projecteurs de cinéma 

de la série CineLife + de 

Christie sont équipés d’une 

électronique ultrarapide et 

d’un éclairage réel qui 

offrent des expériences 

cinématographiques 

exceptionnelles 

Pouvez-vous nous présenter Christie et 

nous parler de votre rôle dans l’innovation 

des projecteurs de cinéma ? 

Avec plus de 65 ans d’héritage cinématographique, 

Christie a lancé le premier projecteur 

à tube cathodique (CRT) au monde en 1980 

et est devenu le plus grand producteur mondial 

de projecteurs de films 35 mm/70 mm. 

Christie a ensuite été le fer de lance de l’ère 

de la projection numérique dans les années 

2000. En fait, Christie a été le premier fabricant 

de projecteurs à remporter deux Academy 

Awards pour ses réalisations techniques. 

En tant que pionnier de la projection 

laser pure RVB, Christie a installé et mis en 

service le premier système commercial de 

projection laser pure RVB 4K à haute luminosité 

au Shanghai Film Art Center en 2014. 

Aujourd’hui, des milliers d’exploitants dans 

le monde entier ont installé des projecteurs 

Christie, y compris les cinémas Cinerji au 

Maroc, avec le partenaire Global Entertainment. 

Comment est née la collaboration entre 

Christie et Cinerji, et quelles sont les 

valeurs communes qui ont rendu ce 

partenariat possible ? 

Christie mène depuis longtemps des activités 

au Maroc, initialement par l’intermédiaire 

de partenaires et d’organisations basés en 

dehors du Maroc. En recherchant plus de 

structure et d’indépendance au Maroc, avec 

Global Entertainment, Christie a accepté de 

fournir un enseignement, une formation et 

un soutien aux équipes locales de Cinerji 

pour les aider à fournir des solutions complètes 

aux chaînes de cinéma. 

Quels sont les aspects uniques des 

projecteurs Christie qui les rendent 

idéaux pour les salles de cinéma Cinerji ? 

Le Maroc ayant une longue tradition de 

consommation de films, les spectateurs sont 

exigeants et s’attendent à une expérience 

cinématographique riche et diversifiée. Christie 

jouit d’une solide réputation en tant que 

fabricant de solutions cinématographiques 

qui dépassent les niveaux de luminosité standard 

et qui sont fiables et évolutives, 

ce qui les rend attrayantes pour les 

exploitants et les spectateurs. 

Christie est réputée pour sa 

technologie de pointe. Pouvez-vous 

nous expliquer en quoi les projecteurs 

Christie se distinguent 

en termes 

de qualité d’image et 

de performances ? 

Aucun autre projecteur 

sur le marché n’égale la 

luminosité, la qualité et 

l’efficacité opérationnelle 

des projecteurs Christie 

avec Real|Laser, qui 


AUCUN AUTRE 

PROJECTEUR SUR 

LE MARCHÉ 

N’ÉGALE LA 

LUMINOSITÉ, LA 

QUALITÉ ET 

L’EFFICACITÉ 

OPÉRATIONNELLE 

DES PROJECTEURS 

CHRISTIE 

emmènent le public dans de nouveaux univers 

de couleurs et de contrastes. Avec un 

choix de résolution 2K ou 4K, tous les projecteurs 

de cinéma sont compatibles 3D et 

offrent plus de 95 % de l’espace colorimétrique 

Rec 2020. 

Comment la technologie de Christie 

améliore-t-elle l’expérience cinématographique 

des spectateurs ? 

Les projecteurs de cinéma de la série Cine- 

Life + de Christie sont équipés d’une électronique 

ultrarapide et d’un éclairage réel qui 

offrent des expériences cinématographiques 

exceptionnelles avec des images vives et 

réalistes et des couleurs et des contrastes 

qui atteignent de nouveaux niveaux. 

Quel impact attendez-vous de la 

collaboration entre Christie et Cinerji sur 

le marché marocain du cinéma ? 

Cette initiative aura un impact considérable 

sur les productions locales, car les réalisateurs 

et les cinéastes locaux disposeront 

d’écrans pour montrer 

l’art qu’ils ont créé et dans 

l’environnement pour lequel il 

a été conçu. 

Quelles sont les prochaines 

innovations de Christie dans 

le domaine des projecteurs de 

cinéma ? 

L’année prochaine, Christie lancera 

une nouvelle source lumineuse à 

semi-conducteurs plus abordable pour le 

marché des petits écrans. Ces nouveaux projecteurs 

2K auront une luminosité comprise 

entre 6 000 et 11 000 lumens. Ils ont été 

conçus pour être plus silencieux, plus faciles 

à entretenir et plus efficaces dans l’ensemble. 

Adil Zerouali 

Ces projecteurs fonctionneront avec le nouveau 

Christie IMB-S4 et seront rétrocompatibles 

avec les IMB de série 2 de tiers. 

Pouvez-vous nous faire part de projets 

ou d’extensions futurs ? 

Christie a toujours de nombreux projets en 

cours. Outre le cinéma, elle a des projets 

dans les secteurs de l’éducation et des arts. 

Comment voyez-vous l’évolution de 

l’industrie cinématographique et quel 

rôle Christie joue-t-elle dans cette 

évolution ? 

Christie cherchera toujours à apporter de l’innovation 

dans l’industrie lorsque cela s’avère 

judicieux. Que cette innovation prenne la 

forme de nouveaux produits ou d’améliorations 

de produits existants. Alors que les coûts 

énergétiques continuent d’augmenter dans 

notre paysage mondial, nous nous efforçons 

de créer des projecteurs plus efficaces sur 

l’ensemble de notre gamme, du cinéma de 

luxe aux projecteurs PLF à la luminosité la 

plus élevée, ce qui contribue à réduire les 

coûts d’exploitation globaux. Nous élargissons 

également les fonctionnalités de nos 

outils et simplifions le fonctionnement de nos 

projecteurs, notamment avec Mystique 

Cinema pour l’alignement automatique et la 

correction des couleurs, Hawkeye pour un 

étalonnage rapide et simple du système en 

un seul clic lors de l’installation, et le contrôle 

de la luminosité et du point blanc LiteLOC 

amélioré à l’aide d’un seul curseur. Nous pensons 

qu’au fur et à mesure que la technologie 

progresse, les produits devraient être 

plus faciles à utiliser et à entretenir, et fonctionner 

de manière beaucoup plus efficace 

que leurs prédécesseurs. 

Christie joue un rôle clé dans l’équipement 

de 150 salles de cinéma pour le 

ministère de la Culture et de la Communication 

et de 150 salles pour les projets 

de Cinerji. Pouvez-vous nous en dire plus 

sur ce projet majeur et sur la contribution 

spécifique de Christie à cette initiative ? 

L’impact des plus de 150 cinémas et salles qui 

soutiennent le secteur des arts et de la culture 

signifie que nous créons un terrain de jeu 

pour les jeunes talents locaux afin qu’ils 

puissent montrer leur travail sur des écrans 

et un son de qualité dans toute la région. ● 


65

INTERVIEW PRO 

Le concept Ōma donne 

aussi la possibilité de 

privatiser un balcon, 

et donc proposer des 

offres de totale 

intimité 

Nicolas et Pierre Chican, co-fondateurs d’Oma cinéma 

Architecte français spécialisé dans 

le design et la réalisation de salles 

de cinéma et de théâtre depuis plus 

de 35 ans, Pierre Chican est à l’origine 

d’un certain nombre d’innovations que 

son fils, Nicolas, co-fondateur du 

concept premium Ōma, expose. 

Au Maroc, Omâ Cinéma signe un 

partenariat avec l’exploitant Cinerji. 


Pouvez-vous nous expliquer le concept 

révolutionnaire du cinéma Ōma et en 

quoi il se distingue des cinémas 

traditionnels ? 

Le concept Ōma a été créé par Pierre Chican 

qui est un architecte français spécialisé 

dans la réalisation et le design de salles de 

cinéma et de théâtre depuis plus de 35 ans 

maintenant. L’idée de Pierre est venue du 

fait que les salles de cinéma n’ont pas évolué 

dans leur agencement et dans la manière 

dont les spectateurs sont disposés en face 

de l’écran depuis plus de 40 ans. Cette 

conception traditionnelle des salles comporte 

des rangées de sièges en face d’un 

écran, avec une pente de gradinage plus 

ou moins forte, entre 20 et 25 degrés. 

Pierre voulait proposer une innovation architecturale 

dans les salles de cinéma. La première 

idée était d’augmenter cette pente 

de gradinage, ce qui ne fut pas possible, 

en raison des normes internationales 

d’accessibilité. Donc, 

puisqu’il a beaucoup influencé 

par les théâtres à l’italienne et 

les salles d’opéra où on retrouve 

des balcons, il a ensuite eu 

l’idée de diviser le gradinage 

qu’on retrouve dans les salles 

de cinéma en plusieurs, plusieurs 

balcons, ce qui permet 

d’apporter plus d’immersion 

au spectateur et 

d’utiliser la totalité de la hauteur 

de l’écran. 

D’un point de vue architectural, 

le concept se décline 

en plusieurs aspects. Le 

premier, c’est que tous les 

spectateurs rentrent par 

l’arrière de la salle et 

arrivent par conséquent 

sur différents niveaux, 

avec une entrée unique et 

indépendante par balcon. 

Chaque balcon dispose 

d’un nombre limité de 

sièges, soit entre 15 et 18 

sièges. 

En quoi le design unique 

d’Ōma enrichit-il 

l’expérience 

cinématographique pour 

les spectateurs ? 

Déjà, avec un nombre aussi 

limité de sièges avec seulement 

trois rangées, on a ce sentiment 

d’intimité qui est très agréable. Par 

ailleurs, comme les spectateurs entrent et 

sortent par l’arrière de la salle, on a aussi 

aucune perturbation visuelle entre le spectateur 

et l’écran. En fait, on ne voit vraiment 

que l’écran et un noir complet autour tout 

au long de la séance. 

En plus, le concept Ōma permet d’utiliser la 

totalité de la hauteur de l’écran. D’une part, 

cette conception permet de reculer le premier 

rang par rapport à l’écran pour leur donner 

une meilleure visibilité. En fait, dans les 

salles de cinéma, les premiers rangs ne sont 

pas très populaires puisqu’ils sont un peu 

trop proches de l’écran ce qui crée du déconfort 

chez le spectateur. Pareillement, le 

concept Ōma vient rapprocher les derniers 

rangs par rapport à une configuration classique 

et donc permettre vraiment le même 

degré d’immersion. 

Avec le concept Ōma, on vient en fait 

concentrer tous les spectateurs dans ce 

qu’on appelle dans une salle de cinéma, la 

zone de visibilité optimale. On arrive en fait 

à ce que tous les spectateurs aient quasiment 

la même expérience avec ce système 

de balcon, et c’est pour cela que nous disons 

qu’avec Ōma « every seat is the best seat 

in the house ». 

Une dernière particularité est qu’on libère 

de l’espace à l’arrière, permettant du coup 

d’avoir les accès pour les loges, mais pour 

les balcons. Par conséquent il y a la possibilité 

d’offrir des services de food andbeverages, 

et installer un bar, un restaurant 

ou un lounge dans ces espaces, à l’arrière 

qui du coup seront uniquement dédiés à la 

salle, ou même permettre à chaque cabine 

accès à ses propres services en matière de 

restauration. 

C’est une possibilité, bien sûr, mais c’est au 

client, c’est à Cinerji en l’occurrence, de décider 

ce qu’ils ont envie de faire à l’arrière de 

la salle. Mais en tout cas il y a de la place 

libérée par le fait qu’on augmente la pente 

de gradinage, et peut servir à offrir aux spectateurs 

différents services 

Quels sont les avantages de la structure 

verticalement empilée d’Ōma pour les 

exploitants de cinéma ? 

Pour l’exploitant, des loges dont les accès 

sont indépendants permettent énormément 

de flexibilité sur l’exploitation de ces balcons. 

C’est à dire que dans une même salle Ōma, 

on pourrait avoir des balcons VIP avec des 

services VIP et d’autres balcons avec un 

confort plus standard. Donc en fait, au lieu 

d’avoir dans un multiplexe plusieurs salles 

où on va avoir une salle très luxueuse et 

une salle plus standard, là on peut combiner 

dans une même salle différents niveaux 

de confort et de service. 

De plus, comme il s’agit d’un concept créé 

par des architectes, on est capable de l’intégrer 

dans des espaces déjà existants et 

adapter ce système de balcon à quasiment 

tous les projets, à condition qu’ils disposent 

d’un minimum de hauteur de 7 mètres. C’est 

d’ailleurs le cas pour la salle Cinerji à Casablanca, 

où on a des salles qui peuvent aller 

jusqu’à jusqu’à 350 ou 400 sièges et qui 

peuvent commencer avec des loges très 

VIP, avec 50, 100 sièges. C’est vraiment à 

l’exploitant de choisir et l’architecture de la 

salle n’impacte pas du tout le côté technique. 

Le concept Ōma donne aussi la possibilité 

de privatiser un balcon, et donc proposer 

des offres destinées aux familles, des 

groupes d’amis ou même des entreprises 

qui ont envie de privatiser pour eux seuls 

un balcon entier pour pouvoir être en totale 

intimité. Ça peut être très intéressant du 

point où il y a également la possibilité de 

faire du service à la place sans avoir à déranger 

toute une rangée de sièges comme ce 

serait le cas dans une salle de cinéma. 

Comment la collaboration avec Cinerji 

s’intègre-t-elle dans le développement 

et la mise en œuvre du concept Ōma ? 

Alors, il faudra revenir un peu sur l’historique. 

Il y a un an à peu près, a vu paraître 

un article de Hakim Chagraoui qui mentionnait 

son ambition de révolutionner l’industrie 

du cinéma à travers l’exploitation au 

Maroc. J’ai tout de suite contacté Hakim 

LES SALLES N’AVAIENT PAS ÉVOLUÉ 

DANS LEUR ARCHITECTURE DEPUIS 

PLUS DE 40 ANS. ELLES ONT PAR 

CONTRE ÉVOLUÉ EN TECHNOLOGIE. 


67

INTERVIEW PRO 

puisque Pierre a une grosse affinité avec le 

Maroc et le Maghreb en général et nous 

nous sommes tout de suite intéressé à ce 

que faisait Cinerji. Nous nous sommes tout 

de suite très bien entendu, vu que nos deux 

entreprises sont très ambitieuses et nous 

adhérons complètement au discours Cinerji 

sur le côté premium, mais aussi sur le côté 

proximité, qui est très important. Nous aimons 

aussi beaucoup les boutiques cinéma qu’est 

en train de développer Cinerji dans chacun 

de ses projets. 

Par conséquent, nous avons senti que nous 

avons une vision commune et nous avons 

vraiment envie de développer le concept Ōma 

à l’intérieur du réseau Cinerji. Nous avons 

donc signé un partenariat qui couvre la salle 

Ōma, et nous sommes très fiers de pouvoir 

du coup amener dans un premier temps cette 

salle Ōma à Casablanca avec Cinerji. Il y a 

une volonté, bien sûr, comme Cinerji est également 

en plein essor, et qu’au Maroc il y a 

un besoin d’avoir plus de salles. Nous imaginons 

que si cette première salle marche et 

que les retours sont très positifs que nous 

aurons la place de pouvoir mettre d’autres 

salles Ōma dans d’autres villes du Maroc. 

Mais notre partenariat ne s’arrête pas là, car 

il est important de rappeler que Pierre Chican, 

en tant qu’architecte, réalise aussi les 

projets de complexe cinématographique 

pour Cinerji dans d’autres villes. Donc c’est 

un partenariat qui est global et qui n’est pas 

limité aux salles Ōma. 

Comment envisagez-vous que le 

concept d’Ōma influencera l’avenir de 

l’industrie cinématographique ? 

Cette innovation nous tient beaucoup à 

cœur avec parce c’est un peu la vision qu’on 

a, nous, sur l’avenir de l’exploitation cinématographique. 

Les salles de cinéma 

n’avaient pas évolué dans leur architecture 

depuis plus de 40 ans. Elles ont par contre 

évolué en termes de technologie. On a l’impression 

que les innovations ces dernières 

20 années se sont concentrées sur la technologie, 

avec des écrans de plus en plus 

performants, des projecteurs de plus en 

plus performants, des systèmes sonores 

plus immersifs, etc .. 

Et donc avec Ōma, on veut montrer que l’architecture 

est aussi très importante, voire 

même peut être plus importante dans le 

sens où avec l’arrivée du streaming, les 

spectateurs ont la possibilité maintenant 

d’avoir chez eux des Dolby Atmos, des 

écran 4K ou encore des super vidéoprojecteurs 

et donc en fait le rattrapage technologique 

est très rapide, alors que l’architecture, 

on est sur un créneau qui est 

complètement différent. 

Il y a aussi le fait qu’en innovant sur l’architecture, 

on est sur quelque chose de visible 

directement par le spectateur. Ça c’est aussi 

très important, puisqu’on n’a pas besoin de 

leur expliquer ce qui change. Quand les spectateurs 

rentrent cette salle, ils vont tout de 

suite comprendre qu’ils sont dans une salle 

différente. Donc je trouve qu’innover dans 

l’architecture, c’est quelque chose d’intéressant 

puisque c’est quelque chose qui ne sera 

pas, disons, concurrençable vis-à-vis de l’expérience 

domestique. Et ça pour moi, c’est 

quelque chose qui est important puisque les 

spectateurs vont tout de suite comprendre 

qu’ils sont dans un univers qui est différent. 

Comment envisagez-vous l’expansion 

de ce concept au Maroc et 

potentiellement en Afrique ? 

De toute façon, tout projet qui voit le jour, 

que ce soit en Asie, en France ou en Afrique, 

est intéressant et apporte du nouveau pour 

notre développement. La sortie officielle au 

public, est prévue pour mars 2024. Il y aura 

une ouverture en février qui sera pour les 

professionnels, dont bien-sûr Cinerji qui 

sera invité à découvrir en avant-première 

cette première salle Ōma en France. Et puis 

nous comptons aussi marquer un grand 

coup pour le Festival de Cannes et organiser 

plusieurs événements. 

Pour le Maroc, chaque projet sera très différent 

puisque le concept sera adapté à des 

espaces spécifiques. La grande nouveauté 

de cette salle à Casablanca, c’est que nous 

sommes arrivés à trouver une solution pour 

intégrer le système de son Atmos qui a été 

validé par Dolby. Ce sera la première salle 

Atmos et Ōma Atmo et HŌma, où on réunit 

vraiment l’architecture Ōma avec un système 

son qui est considéré comme le meilleur 

au monde en termes d’immersion. 

Nicolas et Pierre Chican, co-fondateurs d’Oma cinéma 

Donc nous sommes très excités de pouvoir 

faire cette collaboration pour réaliser une 

salle qui va être à la pointe de la technologie 

et de l’architecture, ce qui permettra 

sans doute à d’autres exploitants, en Afrique 

notamment, de pouvoir se projeter sur ce 

type de collaboration. ● 


REPORTAGE 

SILENCE… 

ON TOURNE 

Ce mois-ci, nous nous sommes introduits dans l’antre de deux tournages. Le premier 

se déroule à la ferraille de Salmia, à Casablanca, et le second à Labissa, à Bouskoura. 

Laissons-nous guider sur ces plateaux où la vie semble à la fois douce et intense. 

Les séries, « Jnien » et « Bnat Lehdid », prévues pour le mois de Ramadan, puisent leur 

substance dans un réel encore méconnu, avec une mise en scène sans une once de 

bouffissure ou fioriture et une distribution séduisante. 


CRÉDIT : ADIL AYOUB / BOXOFFICE MAROC 


Certaines virées, pour brèves qu’elles 

soient, laissent sur vous une empreinte 

vivace, tant elles vous dépaysent de 

votre cocon habituel et vous assènent 

des émotions denses. Aller à un 

tournage c’est passer abruptement d’un certain 

individualisme ambiant à un univers régi par l’altruisme, 

la solidarité fraternitaire et la générosité. 

La ferraille Salmia 

Casablanca. Samedi 6 janvier. 14h30. Driss Roukhe, 

accompagné de son équipe et des comédiens, 

transforme un magasin de pièces de rechange 

automobiles en plateau de tournage. On y trouve 

Yassar qui a troqué son habit d’humoriste pour 

s’évertuer dans un registre purement dramatique. 

Celui-ci, en jean, sweat à capuche et chemise, répond 

au nom de Jnien; Mohammed Lkafi, en costume et 

selham marron, répond à celui de Hadj Dehbi; 

Abdellah Lkbiri et Oussama Oussous, respectivement 

Sllam et Hammouda, sont habillés à la manière de 

mécaniciens. De surcroit, Jaouad Sayeh (dans le rôle 

de Reseau). Tous, « sur place » et prêts à tourner la 

séquence 8/1. « Moteur… et action ! », annonce d’une 

voix forte le réalisateur. 

Le plateau grouille de monde. Les spectateurs sont 

de plus en plus nombreux, certains s’agglutinent 

autour de la camera, alors que d’autres envahissent 

carrément le champ où doivent se mouvoir les 

acteurs. Le régisseur, Mohammed Ibnou Noussair, 

s’active à dégager le plateau. La tâche ne s’avère pas 

aisée. Des enfants affluent de tous les côtés; ce n’est 

pas tous les jours qu’une équipe de tournage 

s’intéresse à ce lieu qu’est la ferraille. L’événement 

fait tache d’huile. Ils se demandent s’il s’agit d’un film, 

un petit garçon parle même de tournage d’un sitcom 

lorsqu’il a vu Yassar… 

Pour rappel, l’équipe de Jnien était à la ferraille 

depuis 7H30. Malgré des imprévus ayant contraint la 

suspension du tournage après deux jours d’efforts 

minutieusement planifiés, la production s’apprête à 

reprendre bientôt, selon les assurances d’El Mehdi 

Kassiri, le perchman. 

MALGRÉ DES IMPRÉVUS AYANT 

CONTRAINT LA SUSPENSION DU 

TOURNAGE... LA PRODUCTION 

S’APPRÊTE À REPRENDRE 

BIENTÔT 


71

REPORTAGE 

Pitch 

Dans cette série, « Jnien », nous plongeons au cœur 

de l’histoire d’un jeune homme qui a dû se battre, 

travailler beaucoup plus que d’autres pour mener 

une vie sortant de la voie toute tracée qui guettait 

un nouveau-né abandonné devant un magasin de 

pièces de rechange automobiles à la ferraille. La 

série met également en scène deux vieux amis et 

rivaux à la fois, l’un rigoureusement intègre, l’autre 

parfaitement malhonnête. L’intrigue prend une 

tournure inattendue le jour où Jnien trahit son père 

adoptif, Hadj Dehbi, les conduisant sur des chemins 

différents… 

Distribution 

« Jnien » 

Driss Roukhe, Yousra 

Bouhmouch, Israe, 

Yassar Amghar, 

Mohammed lkafi, 

Jaouad Sayeh, 

Abdellah Lkbiri 

et Oussama 

Oussous, Sofia 

Benkirane, Hajar 

Masdouki, Sarah 

Fares, Kamal Hayioud 

et Rafik Boubker entre 

autres. 

Driss Roukhe, 

le réalisateur 

de la série 

Jnien. 

Il incarnera 

également 

L’Cash. 

De gauche à droite : Abdellah Lkbiri (Sllam), Yassar 

Amghar (Jnien) et Jaouad Sayeh (Reseau). 

Cap sur « Bnat Lehdid » 

« Dimanche 7 janvier/ Plateau. Intérieur/jour. 12 

séquences à tourner. Sur place à 11h30, et prêts à 

tourner à 12h30 », lit-on dans la feuille de service 

n°45. L’équipe paraît décontractée, alors que Jamila El 

Haouni et Fatima Bennacer se livrent à une bataille 

verbale. L’échange tourne à l’aigre lorsque Jamila 

attaque l’autre comédienne d’un air menaçant et 

l’accuse d’avoir ruiné la réputation de la famille. Là, de 

derrière la caméra, un homme au bonnet orange 

s’écrit : « Stop ! on recommence. On tourne une 

deuxième prise, mais cette fois, Jamila tu dois avoir 

l’air plus farouche, allez, tout le monde en place! 

Moteur! » 

Au-dessus de leurs têtes pend un micro accroché à 

une perche que tend, telle une canne à pêche, 

Younes Joudrane, le perchman. L’homme au bonnet 

orange se tient au milieu du décor. Il bouge beaucoup, 

expliquant aux actrices ce qu’elles doivent faire, 

où se placer... Normal, c’est Alaa Akaaboune, le 

réalisateur. Ce sorcier des temps modernes a 

plusieurs casquettes, plein de tours dans son sac et 

trois yeux, surtout. L’œil physique, celle de sa Sony 

FX9, et l’œil du cœur. « Dans ce métier, le plus 

important c’est l’amour de l’image, l’image a son 

propre langage, et le cadreur est un peu un artiste qui 

doit exploiter sa maîtrise technique au profit de 

l’harmonie des plans lors du tournage pour transmettre 

le véritable message », estime-t-il. 

En fait, comme nous l’explique Mohamed Jamaï, le 

coproducteur exécutif (Connexion Média) : « Alaa, 

avec qui nous avons fait L’Mektoub I et II, a encore 

une fois mis les pieds dans le plat. C’est un monsieur 

qui (ré)écrit visuellement l’histoire très vite. Il tire plus 

vite que son ombre, comme qui dirait ! ». 

La genèse du scénario est passée, poursuit Jamaï, par 

différentes étapes avec une alternance de versions 

« sèches » et de versions « grasses ». Différentes 

personnes furent consultées pour l’élaboration du 

projet : des amis surtout, des ferrailleurs particulièrement... 

Comme l’intrigue était déjà clairement 

dessinée, l’affinement du scénario prit peu de temps. 

« Nous avons introduit, cependant d’autres éléments 

dans l’approche de la scénariste : la famille d’abord et 

toujours, avec un propos clair et simple, sans détours, 

mais l’esthétique ensuite, avec un découpage 

comportant assez de style ». Certes, tout en s’inscrivant 

dans la continuité. Continuité, précise-t-on, du 

discours de Faten El Youssfi, celle qui a toujours 

pointé les travers de la société à laquelle elle 

appartient. Et cela ne se passe pas toujours sans 

encombre. Premier risque: être enfermée dans un 

catalogue...réducteur. Mais elle assume volontiers la 

vocation d’écrivaine qui s’adresse au grand public. 

Sans a priori, toutefois. Le synopsis comporte tous les 


Amine Ennaji dans « Bnat Lehdid ». 

Alaa Akaaboune devant son moniteur de champ de caméra 

ingrédients d’un drame : corruption, chantage, 

intimidation et même l’amour. Soit. 

Gros plan 

Bnat Lehdid ne se limite pas à ce qu’on verra comme 

séquences dramatiques, c’est une série qui livre au 

téléspectateur « un discours qui lui soit non seulement 

accessible, mais qui se doit d’être également convaincant 

techniquement et esthétiquement », avance le réalisateur. 

Pour ce projet, le gus s’est entouré d’une équipe 

exceptionnelle (Adonis Seddati, 1 er assistant réalisateur 

dont on dit beaucoup de bien; Samir Kassiri, dont 

on loue le professionnalisme en matière du script; 

Larbi Ajbar en coaching; Hind Laakiri qui travaille 

d’arrache-pied pour tenir à bien son décor…). Ensuite, 

d’un casting impressionnant. Qui mieux qu’Abdelilah 

Ajil pouvait camper, Thami, un ferrailleur incorruptible 

et indomptable? Voix rauque, regard qui foudroie, ton 


73

REPORTAGE 

Pitch 

Bnat Lehdid est l’histoire d’une femme qui se bat 

pour s’imposer comme matriarche dans un monde 

éminemment masculin celui de la ferraille. Pour y 

arriver, elle devra composer et gérer les complots 

et sentiments de tout son clan, mais aussi les 

ambitions de ses rivales tant dans sa vie 

professionnelle que personnelle. Pour résumer c’est 

une histoire familiale, populaire ancrée dans la réalité 

des TV spectateurs. Qui plus est, c’est une série 

Hommage à la détermination de la femme marocaine. 

Séance de répétitions. Les derniers conseils avant la 

prise. Serait-ce la bonne ? 

LE REGARD VIGILANT DU 

RÉALISATEUR CONTRÔLE LES 

DIALOGUES ET LES GESTES DES 

PERSONNAGES 

Ibtissam Laaroussi, une des succès du box-office 

marocain, dans Bnat Lehdid. 

qui bouscule…Face caméra, sur un tournage ou lors 

d’un entretien, Ajil explose toutes les barrières, 

impose sa puissance et ses fêlures. Pour le personnage 

de Fatima, une femme hors normes et au 

caractère volcanique, le metteur en scène a songé à 

Fatima E. Bennacer. Un choix judicieux, tellement 

cette comédienne est pétrie de talent. Incandescent. 

Ceux qui ont eu le « privilège » de la côtoyer en 

parlent avec émotion non feinte. Abderahman El 

Haouni qui campe, ici, le rôle du jeune Mounir s’avoue 

« impressionné » et la décrit telle « une bête sauvage 

de travail avec laquelle tourner est un grand plaisir ». 

Le rôle de l’affreuse Khadija fut confié à la merveilleuse 

Jamila El Haouni… 

Quand la prise jugée est bonne, on passe à la 

Quelques petits détails à revoir avec Samir Kassiri, le script. 

séquence suivante. Le regard vigilant du réalisateur 

contrôle les dialogues et les gestes des personnages, 

n’hésitant pas à répéter la même prise plusieurs fois. 

Ça prend le temps qu’il faut, l’essentiel étant que le 

travail soit bien fait, parfois aux dépens des nerfs et 

de la patience du réalisateur. Sans compter toutes les 

conséquences sur l’état d’esprit des comédiens et de 

toute l’équipe. Imaginez juste que le directeur de la 

photo (Adil Ayoub) observe ou objecte, après coup, 


Mohamed Jamaï, producteur exécutif (Connexion 

Média) de la série Bnat Lehdid. 

Distribution 

« Bnat Lehdid » 

Fatima E. Bennacer, Amine Ennaji, Ibtissam Laaroussi, 

Salwa Zarhrane, Adil Abatourab, Jamila El Haouni, 

le patriarche Abdelilah Ajil, Mansour Badri, Zakaria 

Atifi, Chakiri Abdellah, Nider Mohammed Hamid, 

Abderahmen Oukour, Mansour Badri et Haroun 

Cherquaoui. 

Alaa Akaaboune (à droite). Depuis plusieurs 

années, son nom apparaît sur le générique de la 

plupart des projets. 

Jamila et Salwa, on y va? Ça tourne ! 

comme dirait Alaa Akaaboune. 

que le plan ne correspond pas avec la distribution de 

la lumière ou de l’éclairage ? Quant à nous, on profite 

du moment en attendant le mois de diète pour nous 

faire une opinion.● 


75

INTERVIEW 

BALOJI, 

CRÉDIT : SUDU CONNEXION 

ARTISTE BELGO- 

CONGOLAIS 

Le retour au 

pays ne doit 

pas être 

surinterprété 



Auréolé d’un prix au Festival 

de Cannes, « Augure », 

premier long-métrage de 

l’artiste belgo-congolais Baloji, 

sera projeté ce mois de janvier 

dans plusieurs salles au Maroc. 

Une histoire de sorcellerie et 

de retour au pays. Rencontre 

avec le réalisateur. 

INTERVIEW MENÉE PAR YACINE KAOUTI 

Vous êtes rappeur et avez déjà réalisé 

plusieurs courts métrages avant 

Augure, votre premier long métrage. 

Quel a été pour vous le point de départ 

pour faire ce film? 

J’avais envie de raconter des histoires, une 

passion que je cultive depuis 2012. Cependant, 

il est souvent complexe d’obtenir des 

financements des institutions cinématographiques 

qui ne valorisent pas les personnes 

en dehors du milieu. De nombreux projets 

ont ainsi été avortés, n’ayant jamais eu l’opportunité 

de voir le jour. 

Vous racontez l’histoire d’un homme 

considéré comme un sorcier, qui 

retourne en République démocratique 

du Congo après plusieurs années. 

Votre nom, Baloji, signifie également 

sorcier en swahili. En quoi votre 

personnage principal, Koffi, vous 

ressemble-t-il? 

Le personnage de Koffi n’est pas mon 

double narratif. C’est une espèce de pied 

de nez à toutes les logiques d’institutions 

qui veulent que l’on raconte des histoires 

de diaspora. Pour moi, le retour au pays ne 

doit pas être surinterprété. L’idée selon 

laquelle les expatriés reviennent en héros 

pour apporter culture et connaissance est, 

à mon sens, un faux thème. Même en étant 

considéré comme un sorcier, Koffi n’est 

attendu par personne. 

Votre film surprend par son esthétique 

onirique et colorée. Tenez-vous ces 


77

RENCONTRE 


En salles 

à partir du 

9 janvier 


9 JANVIER 

Première marocaine au 

cinéma La Renaissance de 

Rabat 

10 JANVIER 

Avant-première à la 

Cinémathèque de Tanger 

12 JANVIER 

Institut Français d’Agadir 

12 JANVIER 

Institut Français de Kénitra 

10 ET 16 JANVIER 

Institut Français de 

Marrakech 

19 JANVIER 

Institut Français de Meknès 

19 JANVIER 

Institut Français de Tétouan 


Institut Français de Rabat 


Institut Français de 

Casablanca 


C’EST LE DEVOIR DES HOMMES DE 

REMETTRE EN QUESTION NOTRE 

POSITION PRIVILÉGIÉE DANS LES 

RELATIONS HOMME-FEMME 

références du monde de la musique et 

du clip? 

L’esthétique du film ne provient pas du tout 

du monde du clip. Les gens font souvent 

l’analogie avec le monde du clip car je suis 

moi-même musicien, mais je pense que le 

film rend davantage hommage à la photographie 

et à la peinture traditionnelle congolaise. 

Augure est également un film féministe. 

Êtes-vous d’accord avec cette 

affirmation ? 

Oui, absolument. Il s’agit d’une œuvre cinématographique 

à connotation féministe. Plus 

que cela, je suis convaincu que c’est le devoir 

des hommes de s’investir dans ces sujets et 

de remettre en question notre position privilégiée 

dans les relations homme-femme. 

La déconstruction de notre société doit émaner 

des hommes, en tant que détenteurs de 

pouvoir. Il est crucial de remettre en cause 

cette domination qui persiste 

Augure est présenté au Maroc ce mois 

de janvier. Est-ce primordial pour vous 

de présenter ce film dans un pays 

africain ? 

C’est très important pour moi de le présenter 

au Maroc et en Afrique. Je pense 

que la réception sera même plus pertinente. 

Pour rester dans le thème du féminisme, 

dans la langue française, dès qu’il 

y a cent femmes et un homme, le masculin 

l’emporte. De manière similaire, dans 

un film comme Augure, si cent personnes 

sont noires et une personne est blanche, 

le point de vue de la personne blanche 

prévaut. Cela en dit long sur notre société. 

Ainsi, pour de nombreux européens, une 

certaine distance se crée avec la narration 

que je propose, se demandant pourquoi 

nous n’avons pas le prisme de la compagne 

de Koffi. Cela interpelle le spectateur 

européen, et je considère cela comme 

une manifestation du racisme sous toutes 

ses formes. ● 


DOSSIER PRO 

EFFETS SPÉCIAUX 

QUAND LE CINÉMA 

MAROCAIN 

RIVALISE 

STUDIOS 

AVEC 

LES GRANDS 

HOLLYWOODIENS 

En 2024, le cinéma marocain se renouvelle, en se 

distinguant par sa créativité et en offrant aux spectateurs 

une expérience unique. « Animalia » et « Mon père n’est pas 

mort », deux des films les plus attendus cette année, sont 

truffés d’effets visuels. Plongée dans la fabrique des effets 

spéciaux au Maroc. 


CRÉDIT : WRONG FILMS 

Boulevard Rahal Meskini, dans un 

immeuble du centre-ville casablancais. 

Une petite plaque signale discrètement 

l’entrée de Free Monkeyz, l’un 

des seuls studios dédié à la post-production 

au Maroc. L’appartement refait à neuf, cache 

bien des secrets. Posés sur un comptoir, des 

numéros des magazines Mad Movies, Cinema 

Teaser ou So film aiguisent autant notre curiosité 

que le nombre d’affiches de films marocains 

ayant tous eu leur post-production ici. 

Dans une grande salle à coté, plusieurs monteurs 

s’activent, on y aperçoit même une réalisatrice 

venue superviser la post-production 

de son prochain long-métrage. « Ici c’est l’endroit 

que j’ai rêvé d’avoir », pour Julien Fouré 

co-fondateur de Free Monkeyz avec son acolyte 

Youssef Barrada, la création d’un studio 

de post-production s’est rapidement imposée, 

car « ce que l’on oublie souvent, c’est 

que dans la post-production, il y a plusieurs 

métiers. Et on a voulu reprendre cette chaîne 

qui était cassée au Maroc ». 

Oumaima Barid dans Animalia réalisé par Sofia Alaoui. 

Car si plusieurs films marocains voient une 

partie de leur post-production se faire en 

dehors du Maroc, ce n’est plus totalement 


VFX breakdown 

de la scène du 

rêve du film « 

Mon père n’est 

pas mort ». 

Réalisé par Adil 

Fadili. 

CRÉDIT : ADIL FADILI / FREEMONKEYS 

CRÉDIT : ADIL FADILI / FREEMONKEYS 

le cas aujourd’hui, et les compétences marocaines 

n’ont plus à rougir face à celle des 

étrangers. Le premier film de Adil Fadili, 

Mon père n’est pas mort, préparé sur près 

de 10 ans, et qui a remporté six trophées 

lors de la dernière édition du festival national 

du film de Tanger, a été post-produit 

chez Free Monkeyz. Un sacré défi pour un 

film marocain, tourné à moitié en studio, et 

avec plusieurs séquences contenant des 

effets spéciaux. 

« Une fois qu’Adil avait fini le premier bloc, 

on s’est posé, il avait fait son pré-montage, 

on a resserré, on a commencé à analyser 

les plans qui allaient devoir être truqués, et 

on a fait ça sur chaque bloc. C’était une 

réelle collaboration. J’aime beaucoup les 

réalisateurs perfectionnistes comme lui, car 

nous étions capable de changer le fond 

quatre fois derrière la fenêtre, parce qu’il 

AVOIR UN FOND D’AIDE QUI SERAIT DÉDIÉ 

À LA POST-PRODUCTION CHANGERAIT LA 

DONNE ET NOUS PERMETTRAIT DE FAIRE DE 

MEILLEURS FILMS 

fallait que ce soit le plus réaliste possible », 

explique notre interlocuteur. 

Julien Fouré a dû également faire face à un 

vrai challenge, quand il a fallu revoir l’une 

des séquences les plus importantes du film. 

« Lorsque j’ai monté la séquence du rêve et 

du Pégase, c’était une séquence à 18 plans 

et je regarde Adil, et je me dis, comment on 

peut monter ça ? C’est du full compositing, 

avec ce qui est le plus difficile à faire, créer 

une créature avec du poil », se rappelle-t-il. 

Aujourd’hui, chez Free Monkeyz, comme 

ailleurs, l’intérêt est d’être là dès le début, 

de pouvoir superviser les séquences en 

amont et en préparation du tournage est 

crucial. « On arrive des fois à la fin comme 

des pompiers, superviseur de post-prod ou 

superviseur de VFX, c’est à inclure dans le 

budget de tournage », confie Julien Fouré. 

Beaucoup de souvenirs cinématographiques 

n’existeraient pas aujourd’hui sans cette 

industrie des effets spéciaux, qui nous 


81

DOSSIER PRO 

CRÉDIT : FREEMONKEYS 

offrent par la même occasion un monde de 

possibilités pour la narration, et 

l’exploration de nouveaux genres de cinéma. 

C’est le cas, d’Animalia, le premier long 

métrage de Sofia Alaoui, drame fantastique 

hanté par la présence de forces surnaturelles, 

et road-movie mystique d’une jeune 

femme enceinte jouée par Oumaima Barid 

(en couverture de notre édition de ce mois) 

La réalisatrice nous plonge dans un univers 

propre à elle, et brouille les pistes du genre 


CRÉDIT : FREEMONKEYS 

Un triporteur en plein milieu des routes montagneuses, 

un oiseau mystérieux, et des animaux 

qui se comportent étrangement, puis 

une grande vague qui se lève prête à tout 

emporter dérrière elle. C’est un peu ça Animalia 

de Sofia Alaoui. « Je ne voulais pas vraiment 

faire un film d’effets spéciaux. Je me 

méfiais beaucoup de ça, mais comme c’est lié 

à la thématique du film... Ce rapport à la nature, 

et au monde dans lequel on est, du coup je 

n’avais d’autres choix que d’utiliser des effets 

spéciaux », nous dit la jeune réalisatrice dont 

le premier film a remporté un prix lors de la 

dernière édition du festival de Sundance. 

VFX breakdown de Abdelinho 

de Hicham Ayouch. 

Les effets spéciaux sur Animalia ont été 

confiés à MPC, l’un des studios les plus importants 

de VFX dans le monde et ont été supervisés 

par Arnaud Fouquet, qui a reçu par ailleurs 

une nomination aux Césars. « On a fait 

un storyboard et nous nous sommes envoyés 

beaucoup de références avec Arnaud. Sa 

présence sur le plateau de tournage m’a été 

d’une aide précieuse ». Sofia Alaoui, ne s’en 

cache pas. « On a eu les moyens et des pro- 

CRÉDIT : WRONG FILMS 

Scène de la vague dans Animalia. 


VFX Breadown du film Animalia. 

CRÉDIT : MPC FILMS 

ducteurs nous ont suivi pour mettre de 

l’argent sur les effets spéciaux du film ». Une 

chance que n’ont pas d’autres productions 

marocaines, qui voient toujours la post-production 

comme l’un des parents pauvres de 

la chaine de production d’un film. 

Pour Julien Fouré de Free Monkeyz, les films 

marocains n’ont pas assez d’argent pour 

leurs ambitions, ce qui impacte de manière 

plus directe la post-production et l’ambition 

de pouvoir faire des VFX dans des films. 

« Quand un film a besoin de huit millions de 

dirhams, le Centre cinématographique marocain 

en remonte quatre, et tout l’argent part 

en règle général sur le tournage. Pour la 

LES EFFETS 

SPÉCIAUX SUR 

ANIMALIA ONT ÉTÉ 

CONFIÉS À MPC, 

L’UN DES STUDIOS 

LES PLUS 

IMPORTANTS DE 

VFX DANS LE 

MONDE 

post-production, tu te dis, on verra après », 

étaye Fouré. Un constat pessimiste, mais qui 

n’empêche pas le fondateur de Free Monkeyz 

d’avoir une lueur d’espoir pour l’avenir, 

lui qui est en pleine post-production, de Atoman, 

un film de superhéros marocain, et qui 

nécessite un des budgets VFX les plus importants 

du cinéma marocain. 

« Aujourd’hui on est de plus en plus ambitieux 

en effets spéciaux, sons, bruitages, et 

avoir un fond d’aide qui serait dédié à la 

post-production, et qui pourrait tout simplement 

être calculé sur des scénarios, changerait 

la donne et nous permettrait de faire 

de meilleurs films », préconise Julien Fouré. 

CRÉDIT : MUSTAPHA RAZI / BOXOFFICE MAROC 

Le film de Sofia Alaoui a quant à lui été épargné 

de ces difficultés. « J’ai fait mes effets 

spéciaux en France car il y avait un système 

de financement qui le voulait, avec la possibilité 

d’obtenir des aides pour les effets spéciaux 

», nous glisse Sofia Alaoui. Un financement, 

qui aura permis aux équipes 

d’Animalia de travailler les effets spéciaux 

sur près de 84 plans. 

Comme la vague qui surgit dans Animalia, 

celle des effets spéciaux dans le cinéma 

marocain est prête à prendre de l’ampleur. 

Permettant aux cinéastes marocains de pouvoir 

raconter des histoires plus audacieuses 

et impressionnantes visuellement. Amen.● 

Julien Fouré, à la tête de l’agence 

casablancaise Free Monkeyz, spécialisée 

dans la conception d’effets spéciaux. 


83 Janvier 2024 / Maroc 

83

ZOOM SUR UNE SALLE 

PATHÉ 

AU MAROC, 

NOUVELLE 

DONNE 

POUR LE 

CINOCHE 

Inauguré le 20 décembre à Casablanca, le Pathé 

Californie redéfinit les normes en matière de 

projection cinématographique, offrant une qualité 

d’image exceptionnelle et des effets sensoriels qui 

transcendent la simple vision du film. 

PAR REDA K. HOUDAÏFA - CRÉDIT PHOTO : PATHÉ 


En entrant dans ce multiplexe, 

les spectateurs découvrent un espace 

porté par une esthétique épurée. 

DDepuis que le nombre de spectateurs 

a fléchi de plusieurs millions 

et que les sociétés de distribution 

ont fermé boutique, nombre de salles leur 

ont emboité le pas. Même celles qui, courageusement, 

tenaient encore debout, 

vécurent des jours difficiles. Les chiffres 

sont éloquents : 225 salles en 1990, 184 en 

1995, 152 en 2002… pour atteindre 30 en 

2019. Un désastre sans nom ! 

L’enrichissement du parc cinématographique 

marocain s’opère aujourd’hui avec l’arrivé 

du géant français du cinéma, Pathé, qui a 

ouvert un multiplexe de dernière génération 

alliant confort et technologie. Doté d’une 

capacité totale de 1 200 fauteuils, ses salles 

offrent diverses expériences, allant des 

séances classiques aux expériences immersives. 

Cinéma immersif 

S’étendant sur une impressionnante superficie 

de 12 000 m², le Pathé Californie, situé 

au sein du Californie Mall à Casablanca, va 

Pathé Californie : Un lieu de vie et 

de sensations fortes. 

UN MULTIPLEXE DE DERNIÈRE 

GÉNÉRATION ALLIANT CONFORT ET 

TECHNOLOGIE 


85


Pathé Californie relève haut la main les défis d’un cinéma du XXIème siècle 

Le prix varie de 80 dh, comme tarif standard, à 190 dh pour la salle VIP 

et ses fauteuils doubles grand confort. 


La fabrique à pop-corn 

Avant ou après leurs séances, les amateurs de café ou de délicieuses 

boissons peuvent partager un moment gourmand, à la cool ! 

au-delà d’un simple lieu de projection. 

C’EST UN VÉRITABLE COMPLEXE 

CINÉMATOGRAPHIQUE COMPRENANT 

HUIT SALLES ÉQUIPÉES DES 

DERNIÈRES TECHNOLOGIES 

C’est un véritable complexe cinématographique 

comprenant huit salles équipées 

des dernières technologies. Ces salles 

offrent une expérience sensorielle avancée 

grâce à des équipements de pointe, dont 

l’IMAX nouvelle génération en version « 

Laser », garantissant une résolution ultrahaute 

moyennant des images plus réalistes 

sur un écran qui mesure près de 21 mètres 

de base. La technologie immersive 4DX est 

également intégrée, procurant des effets 

sensoriels synchronisés avec les films, tels 

que des vents, de la pluie, des fumées et 

des lumières, pour une immersion totale. 

Le confort est primordial dans chaque salle, 

avec de grands sièges et des méridiennes 

au dossier ajustable. En créant un espace 

axé sur l’expérience cinématographique, 

Pathé a aussi installé un bar pour que les 

clients puissent se retrouver après (ou avant) 

les projections. 


87


Chez Pathé Californie, on choisit le film ainsi que 

la manière avec laquelle on aimerait le vivre. 

Le spectateur a la possibilité de voir le film en 4DX, 

en IMAX ou dans une salle plus classique. 

CRÉDIT : PATHÉ 

Prestations haut gamme pour une séance 

de cinéma hors norme 

La 4DX est une technologie unique, avec des fauteuils qui bougent, 

de l’eau projetée, des effets de lumières… tous les sens sont en éveil ! 

SALLE 5 

78 Places 

SON 

Dolby 7.1 

IMAGE 

Scope 2.39 

*Basé sur le déclaratif de Pathé Californie. 

SALLE 6 

88 Places 

SALLE 7 

108 Places 

SON 

Dolby 7.1 

IMAGE 

Flat 1.85 

SALLE 3-4 

108 Places 

SALLE 8 

224 Places 

SALLE 1 

235 Places 

SALLE 2 

184 Places 

IMAGE 

IMAX 

Pour faciliter l’accès aux séances, le complexe 

propose, par ailleurs, une application 

mobile permettant l’achat rapide de billets 

avec réservation en ligne gratuite, placements 

numérotés et possibilité d’annulation 

jusqu’à 15 minutes avant la séance. La programmation 

inclut des films marocains, 

arabes, des blockbusters internationaux, 

des spectacles culturels, des films d’animation 

et d’auteurs, avec un tarif d’entrée de 

80 dirhams incluant 3 heures de parking. 

Des tarifs spéciaux sont disponibles pour 

les étudiants, les enfants et les clients optant 

pour des cartes de 5 places avec un prix 

dégressif (325 dirhams pour ces cartes, soit 

65 dirhams la place). 

Pour rappel, le Pathé Californie a représenté 

un investissement colossal de près de 160 

millions de dirhams, confirmant ainsi l’engagement 

du géant français du cinéma dans 

le développement du secteur cinématogra- 


L’écran mesure ici près de 21 mètres de base, soit près de 400 mètres carrés de superficie. 

L’IMAX de Pathé Californie dépasse le format IMAX qui existait jusqu’ici à Casablanca 

phique au Maroc. Avec des projections laser 

dans toutes les salles, des écrans géants, 

des fauteuils clubs et duos, ainsi qu’un son 

Dolby, le complexe vise à offrir une expérience 

cinématographique inédite. 

Fauteuils inclinables en cuir pour une meilleur immersion dans le film 

Fera-t-il désormais temps clair au ciel des 

salles obscures ? Avec ces lueurs, le doute 

n’est plus permis. Le secteur cinématographique 

n’est plus au bord de l’implosion, 

car il attire de plus en plus de clients.● 


89

UNE SALLE, UNE HISTOIRE 

CINÉMA ROYAL 

À RABAT: UN 

PATRIMOINE 

À BOUT DE 

SOUFFLE 

Niché au cœur de Rabat, au carrefour des cinémas 

Colisée et 7ème Art, le cinéma Royal se dresse 

comme un témoin silencieux d’une époque révolue. 

Construit en 1933, il se distingue par son bâtiment Art 

déco imposant et aux couleurs vives. Sa fermeture 

post-Covid-19 symbolise non seulement la perte d’un 

espace de rassemblement social et culturel, mais 

aussi l’abandon d’un joyau architectural. 


Alors que le marché des multiplexes est 

en plein essor, notamment avec l’expansion 

de Ciné Atlas, et l’arrivée de 

Pathé et Cinerji, les salles mono-écran ne sont 

plus qu’une dizaine contre 250 dans les années 

1980. L’emblématique cinéma Royal fait partie 

de ces salles qui ont succombé à la pandémie. 

Il a depuis sa fermeture imposée, perdu de sa 

superbe. La façade du cinéma est délabrée. 

L’entrée poussiéreuse est devenue un dépotoir 

de débris et les quelques affiches toujours 

présentent rappellent l’identité de ce lieu qui 

n’a plus levé ses rideaux depuis la période du 

Covid-19. 

Inauguré le 16 décembre 1933, le cinéma 

Royal est le fruit d’une collaboration entre 

deux architectes : Serge de Mazières et 

Adrien Laforgue qui est derrière la construction 

de plusieurs joyaux architecturaux de la 

capitale, notamment la cathédrale Saint-Pierre 

et la Gare de Rabat Ville. 

Considéré comme un chef d’œuvre de l’Art 

déco, seuls quelques détails de l’architecture 

du cinéma ont été modifiés depuis sa création, 

notamment le revêtement du plafond. L’édifice 

se divise toujours en deux parties distinctes : 

une salle de cinéma avec ses 

annexes et un immeuble construit 

sur la partie du terrain non occupée 

par la salle de spectacle. 

Prouesse architecturale de son 

époque, le cinéma Royal offrait 

deux entrées aux visiteurs : une 

entrée latérale qui conduit au 

balcon du deuxième étage et 

une entrée centrale s’ouvrant 

sur toute la longueur de la 

façade et donnant accès à un 

vaste hall qui conduit vers toutes 

les autres places. 

Une attention particulière était portée 

pour le balcon supérieur de la 

salle, espace souvent négligé dans 

les autres salles obscures de l’époque 

: les fauteuils y sont confortables et 

la visibilité parfaite pour tous les occupants. 

Ce souci du détail reflète l’engagement 

des architectes envers une 

expérience spectateur, alliant confort et 

esthétique. 

Ce cinéma qui a autrefois accueilli des 

légendes de la musique étrangère comme 


CRÉDIT : DR 

Jacques Brel, Charles Aznavour ou encore Edith 

Piaf, était à la pointe de la modernité. Avec une 

capacité de 1 500 places, il rivalisait en conception 

et en confort avec les plus grands cinémas 

du monde. Il est à titre d’exemple, équipé de 

deux projecteurs italiens de la société Cinemeccanica, 

qui assurent une projection « particulièrement 

nette ». 

Concernant l’éclairage, à l’inverse de ce qui a 

été réalisé dans beaucoup d’établissements 

similaires, celui-ci était particulièrement intense. 

« Les lampes assurant l’éclairage général sont 

dissimulées des regards et les rayons lumineux 

sont réfléchis vers la salle par des éléments de 

voûtes dont la concavité est tournée vers les 

spectateurs. Cet ensemble est complété par un 

éclairage secondaire, également indirect, pour 

les parties qui, situées sous les balcons, ne 

seraient atteintes par l’éclairage principal », 

détaille l’ingénieur Raymond Pradeaux. 

Pour sa part, l’acoustique est jugée parfaite 

à tous points de vue. La qualité sonore offerte 

par la salle permettait au cinéma d’accueillir 

différents types d’évènements : des représentations 

cinématographiques et théâtrales 

ainsi que des concerts et des manifestations 

sportives et à aucun moment l’acoustique 

ne s’est révélée défectueuse. 

Toute l’installation interne a été pensée de 

telle sorte à ce que le spectateur se sente le 

plus à l’aise et confortable possible. Le Cinéma 

Royal est d’ailleurs la première salle du Maroc 

dotée d’un dispositif de renouvellement 

continu de l’air. Installé à l’intérieur de la salle 

de cinéma, celui-ci permettait le renouvellement 

de l’air à raison de 60 000 m3 à l’heure, 

soit 40 m3 par personne, un exploit technique 

pour l’époque. 

Ce lieu emblématique suscite beaucoup de 

nostalgie chez des personnes qui ont déjà 

CRÉDIT : DR 

Au cœur du centre ville de Rabat, 

le cinéma Royal marque avec 

son édifice emblématique et ses 

couleurs vives un contraste entre 

conventions et audace. 

AVEC UNE CAPACITÉ DE 1 500 

PLACES, IL RIVALISAIT EN CONCEPTION 

ET EN CONFORT AVEC LES PLUS 

GRANDS CINÉMAS DU MONDE 

fait l’expérience d’une projection ou plus et 

qui n’hésitent pas à partager des bribes de 

souvenirs que leur évoque ce cinéma sur 

les réseaux sociaux. 

Parmi elles, un habitué relate ses souvenirs 

précieux de l’établissement dans les années 

1960, à une époque où le ticket de cinéma 

coûtait 5 dirhams. Ce spectateur, alors adolescent, 

se rappelle distinctement la routine 

de sélection des places de cinéma. À son 

arrivée, il choisissait sa place sur un plan 

numéroté au guichet. Une fois le paiement 

effectué, une ouvreuse, munie d’une torche, 

l’escortait à sa place, une tradition de 

l’époque où un pourboire était de coutume. 

Son témoignage évoque également les séances 

au cinéma Royal, qui commençaient invariablement 

par un documentaire suivi des actualités 

marocaines. Ces actualités étaient souvent marquées 

par des images du roi lors d’inaugurations. 

Il souligne également l’ambiance romantique 

du balcon, où les jeunes couples se 

retrouvaient, tantôt pour visionner le film, tantôt 

pour partager des moments intimes. 

Le spectateur se remémore également les publicités 

emblématiques de l’époque, notamment 

celle de l’insecticide Fly-Tox. L’entracte est par 

ailleurs décrite par l’habitué comme un moment 

animé, où une voix retentissante invitait les 

spectateurs à se régaler de confiseries et de 

crèmes glacées proposées par les ouvreuses. 

Une pause qui était suivie d’une annonce rappelant 

à l’audience de regagner leurs places 

pour la suite du spectacle. 

Ces détails, à priori anodins ou purement nostalgiques, 

peignent un tableau vivant de ce que 

représentait une sortie au cinéma à cette époque 

: un évènement social et culturel qui transcende 

les barrières culturelle et géographique. 

Une salle à la pointe de la 

modernité alliant confort et 

esthétique. 

Aujourd’hui, le cinéma Royal avec ses portes 

closes, est un vestige d’une époque révolue. Il 

reste toutefois vivant dans les souvenirs de ceux 

qui l’ont fréquenté et dans les archives qui perpétuent 

sa mémoire.● 


91

STREAMING/VOD 

CAPTAINS OF THE WORLD 

LE MAROC S’ILLUSTRE ET 

SAÏSS RAFLE LA VEDETTE 

CRÉDIT : DR 

ROMAIN 

SAÏSS, LE 

CAPITAINE DES 

LIONS DE 

L’ATLAS, OCCUPE 

UNE PLACE 

CENTRALE DANS 

CETTE SÉRIE 

membres des familles des principaux 

protagonistes. Romain Saïss, le capitaine 

des Lions de l’Atlas, occupe une place 

centrale dans cette série, et sa sortie sur 

civière lors du match contre le Portugal 

se veut comme l’un des moments forts 

du documentaire. Voire, comme l’intrigue 

la plus captivante de la série. 

Youssef En-Nesyri (à gauche) fête son but contre 

le Portugal en quart de finale. 

La série documentaire « Captains of the World » plonge les 

spectateurs dans les coulisses de la Coupe du Monde FIFA 

2022 au Qatar. Deux de ses six épisodes mettent (surtout) en 

avant l’exploit des Lions de l’Atlas. 


Achraf 

Hakimi. 

La production a bénéficié d’un accès 

privilégié à toutes les zones de tournage 

où le capitaine de l’équipe nationale du 

Maroc était présent, offrant ainsi une 

immersion totale dans les moments 

cruciaux de sa performance. 

Captains of the World donne un accès 

exclusif aux coulisses de la Coupe du 

Monde, permettant aux spectateurs de 

vivre l’intensité de la compétition, des 

vestiaires aux terrains.● 

Les huitièmes de finale s’annoncent 

comme un défi de taille. L’Australie aspire 

à créer une légende, Maya Yoshida tente 

de redorer le blason nippon, et le Maroc 

crée la surprise, suscitant même des 

frictions avec la star portugaise Cristiano 

Ronaldo sur le banc. Le synopsis des 

épisodes révèle des moments clés tels 

que la réaction intense de Thiago Silva 

lorsque la Croatie élimine le Brésil, tout 

en mettant en avant les commentaires 

du capitaine marocain Romain Saïss sur 

l’énergie au Qatar. 

Netflix a établi un partenariat avec le 

service de diffusion FIFA+ pour obtenir 

des images exclusives de la compétition 

– ainsi que des interviews avec les 

Walid Regragui, 

sélectionneur du 

Maroc. 

CRÉDIT : DR 


LIRE, VOIR ET ÉCOUTER 

EXPOSITION: 

« HOLLYWOOD 

INATTENDU » 

Jusqu’au 31 janvier 2024, la 

Fondation pour la photographie 

à Tanger abrite l’exposition 

inédite Hollywood inattendu qui 

explore les coulisses et les 

histoires des stars d’Hollywood. 

Vous y trouverez une sélection 

de portraits en tirage argentique, 

d’actrices et d’acteurs qui ont 

marqué l’industrie cinématographique 

d’Hollywood.● 

BANDE SON : 

« MOI, CAPITAINE » 

La bande son du nouveau Matteo 

Garrone, Moi, capitaine est une 

pépite à écouter en boucle. Le 

compositeur italien Andrea 

Farri raconte l’épopée 

migratoire avec des morceaux 

envoûtants portés par la voix 

des comédiens Seydou Sarr et 

Moustapha Fall qui interprètent 

leur propre rôle dans le film. 

Laissez-vous transporter par les 

sonorités et rythme de cette bande 

son à retrouver sur les plateformes 

musicales.● 

LIVRE: 

« DE QUELQUES 

ÉVÉNEMENTS SANS 

SIGNIFICATION » 

De quelques événements sans 

signification est un ouvrage qui 

présente la recherche de Léa Morin 

autour du premier film éponyme du 

cinéaste marocain Mostafa Derkaoui. 

Un « livre-archive, livre-enquête, 

livre-action » incluant un DVD avec le 

film, à retrouver en librairie.● 

PODCAST: 

BLOW UP 

Blow Up, l’actualité du cinéma (ou presque) est une émission hebdomadaire 

d’ARTE créée en novembre 2010 par le critique de cinéma et documentariste 

Luc Lagier. Consacrée à l’histoire du cinéma, l’émission décortique 

chaque semaine des images et utilise des montages et des extraits de films 

pour expliciter une thématique ou une personnalité du septième art.● 


FINAL 

CUT 

DOHA 

MOUSTAQUIM 

Pitch nous ton dernier film / projet ? 

Bye Bye La France est une comédie dramatique 

qui raconte l’histoire d’un homme riche 

qui viendra au Maroc et un jour perdra tout, se 

retrouvant ainsi expulsé. Le film relate le parcours 

de cet homme dans la rue, comment il 

vivra, et ce qui lui arrivera à la fin. 

Ton dernier souvenir de 

tournage ? 

La fin du tournage a eu lieu à 

2 heures du matin près de 

l’hôtel, donc nous devions 

rester silencieux. Ce qui 

m’a le plus marqué par ailleurs, 

c’est que nous 

avons prié pour le producteur 

décédé, 

«Youness». C’était très 

émouvant, parce que 

nous nous sommes 

tous rencontrés 

grâce à lui. 

Quelle est ta scène finale de film préférée 

de tous les temps ? 

Mon film préféré... Honnêtement, j’en ai plusieurs, 

mais je voudrais parler de The Imitation 

Game. La dernière scène montre le protagoniste 

« Alan Turing » se suicidant avec 

du poison provenant d’une pomme, car il 

était homosexuel et c’était en 1955. En raison 

de cet événement, ils ont commencé à 

revoir leurs règles. 

Le dernier film que tu as vu ? 

Je suis plutôt une personne qui regarde des 

séries. En ce moment, je regarde The Vikings 

et honnêtement, je ne veux pas le terminer 

parce que cela me rappelle Game Of Thrones. 

En ce qui concerne les films, j’ai dû regarder 

plus de films marocains car le mien sortait. 

Je devais voir ce qui se faisait. Je pense avoir 

regardé tous les films marocains récents. Je 

suis une grande fan du cinéma marocain. 

La dernière fois que tu as pleuré devant 

un film ? 

Normalement, je n’aime pas regarder des 

films tristes, mais La vie me va bien d’Al Hadi 

Ulad-Mohand m’a choqué, vraiment choqué. 

C’est un film marocain incroyable, les gens 

devraient aller le voir. 

La dernière fois que tu as été déçu 

d’un film ? 

Le dernier film de Scorsese a été un peu 

décevant, mais cela ne veut pas dire que je 

ne l’ai pas aimé. Scorsese a l’habitude de 

faire des films longs avec un sens, mais 

celui-ci était plus long que nécessaire. il 

devrait être comme The Wolf of Wall Street 

ou The Irishman, j’ai besoin que les trois 

heures aient du sens. Désolée Scorsese, je 

te critique. 

La dernière que tu as ri au cinéma ? 

Je pense au Festival international du film 

de Marrakech, c’était le film d’Hicham Lasri 

Moroccan Badass Girl. Un film très très 

drôle. 

À seulement 24 ans, Doha 

Moustaquim a réalisé son 

premier film, « Bye Bye La 

France ». Nous l’avons rencontré, 

quelques jours après la première 

de son long-métrage. 

INTERVIEW MENÉE PAR IMANE ESSAIDI 

CRÉDIT PHOTO : MUSTAPHA RAZI - BOXOFFICE MAROC 

Le dernier acteur avec lequel tu as 

travaillé ? 

Sami Fekkak, dans une série que nous 

venons de tourner vers les mois d’août 

et septembre, c’est la nouvelle saison 

de Sa3a Fi Al Jahim. J’ai réalisé 

un épisode qui parle d’un 

homme qui ne voit plus les 

couleurs, qui voit le 

monde en noir et 

blanc.● 


LE CLAP DE AICHA AKALAY 

POUR SOIGNER LE 

CINÉMA MAROCAIN, 

SOYEZ-VOUS ! 

On pourrait démarrer ce nouveau rendez-vous 

en pestant. Contre un 

cinéma marocain peu brillant, dont 

si peu de films sont présentés à Cannes, 

Berlin ou Venise. Contre une industrie nationale 

de l’imaginaire chétive. Sortons-nous 

plutôt de cette posture confortable de critique 

biberonné au cinéma-monde et 

grandes Palmes, pour s’essayer à de l’honnêteté 

intellectuelle, nécessaire. Qu’on se 

le dise : le propos de notre cinéma est plongé 

dans l’ennui. Qu’on se rassure : c’est une 

phase qui peut précéder les fulgurances. A 

la sortie de son dernier film Les herbes 

sèches, le réalisateur turc Nuri bilge Ceylan 

estimait dans une interview, que l’ennui avait 

le potentiel de nous mettre dans la bonne 

disposition mentale pour ressentir les plus 

dures vérités. 

Faisons ce pari pour le cinéma marocain. 

Un cinéma qui a besoin d’essence, de toucher 

le vrai. De rompre avec le semblant et 

la représentation. Oui, il y a des raisons de 

garder la foi, grâce aux quelques films présentés 

et récompensés au dernier festival 

de Cannes. A la faveur de moments de grâce, 

comme cette histoire d’amour dans Le Bleu 

du Caftan, racontée par les yeux sensibles 

et féminins de Maryam Touzani… une fois 

dépassée l’écume éculée des trente premières 

minutes, tentatives agaçantes et 

maladroites de dénoncer les tabous de la 

société marocaine. La démarche de Hakim 

UN CINÉMA QUI A BESOIN 

D’ESSENCE, DE TOUCHER LE VRAI. DE 

ROMPRE AVEC LE SEMBLANT ET LA 

REPRÉSENTATION 

Belabbès dans son documentaire Fragments, 

verse dans ce vrai tant souhaité. 

Tourné pendant de longues années à Bejaad, 

« là où l’on peut remarquer les fourmis et la 

rosée », comme le résumait le cinéaste, ce 

documentaire touche au cœur de manière 

universelle. Ces cinéastes, artisans de notre 

imaginaire, prouvent que l’on peut traiter de 

la condition humaine – amour, deuil, trahison, 

etc- en étant profondément soi-même. 

Être soi, tient-on là une clé ? C’est en tout 

cas ce que donnent à voir certaines de nos 

réalisatrices et actrices lorsqu’elles foulent 

les tapis rouges pour présenter leur travail. 

Asmae El Moudir, étoile d’or du dernier FIFM 

pour La mère de tous les mensonges a fait 

sa tournée californienne en selham, caftan 

et seroual. La réalisatrice Sofia Alaoui qui 

s’aventure sur les terres de la science-fiction, 

était aussi en caftan et selham en mlifa 

de laine à Marrakech pour présenter son 

travail. Ce que portait ces femmes-là n’est 

pas anodin. Ces tenues traditionnelles marocaines, 

créées par la marque New Tangier 

de Kenza Bennani, revendiquent une identité 

assumée, très éloignée de celle que les 

regards orientalistes attendent d’elles. Pas 

de tenue folklorique, pas de cinéma couscous. 

Aucun ornement, loin du déguisement, 

la coupe carrée originelle pour le caftan, 

des lignes épurées, et un retour à ce 

qu’est l’habit marocain : des tissus qui enveloppent 

généreusement tous les gabarits, 

des couches en oignon, saroual, kmiss, caftan, 

jellaba, selham. Chacun répondant à 

une fonction. Ces femmes qui produisent 

nos images s’habillent à la marocaine sans 

sombrer dans le cliché. Elles disent leur 

modernité : se dépouiller du superflu pour 

laisser tout l’espace à l’essentiel. Cette 

démarche et ce choix sont ceux, in fine, de 

la qualité. Bientôt sur vos écrans.●

BOXOFFICE MAROC – N°00 / janvier 2024

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