Inspiration No 04 - 2024
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N o <strong>04</strong> | <strong>2024</strong><br />
Le magazine des sports de montagne<br />
<strong>Inspiration</strong><br />
Bon plan Expert Rencontre au sommet<br />
Sur les traces du brontosaure :<br />
escalade automnale dans le Jura<br />
Fibres solides, cœur mou : tout<br />
savoir sur les cordes d’escalade<br />
L’image parfaite : Tobias Ryser,<br />
« pêcheur de lumière »
Accès<br />
Se libérer du superflu<br />
Performance maximale, charge minimale. C’est ainsi que j’imagine la sortie idéale. <strong>No</strong>us<br />
savons très bien que ces idées idéalistes ne sont pas toujours réalisables. Il n'existe pas<br />
– Dieu merci – de liste de paquetage standard ou d’équipement uniformisé qui pourrait<br />
être appliqué sans distinction à tous les montagnards.<br />
Emporter beaucoup de matériel dans son sac à dos et être paré à toutes les éventualités<br />
correspond à un instinctif besoin de sécurité. Avant de partir, je réduis quand<br />
même mon équipement à l’essentiel en espérant que telle ou telle situation difficile ne se<br />
produira pas. Ce processus débouche souvent sur un sac à dos plus léger et plus petit<br />
qu’initialement craint. Mon esprit est soulagé – je viens de me libérer d'un poids et je<br />
calcule combien cela représente d’économie d’énergie tout au long du dénivelé prévu. Ce<br />
n’est que lorsque mes compagnons de cordée sortent tout leur matériel à la cabane que je<br />
regrette un peu mon enthousiasme. Et si j'avais quand même besoin de plus de matériel ?<br />
La charge, cette fois-ci non physique mais mentale, augmente à nouveau légèrement.<br />
« Partir léger, mais pas<br />
à la légère – un défi très personnel<br />
en montagne »<br />
THE ORANGE LEGEND.<br />
MAESTRALE, la légendaire chaussure de ski de randonnée, désormais plus légère<br />
et plus performante grâce à la technologie innovante Carbon Core, change une fois<br />
de plus les règles du jeu. L’utilisation de Pebax Rnew®, un matériau issu de sources<br />
renouvelables, confirme la vocation de SCARPA pour la durabilité.<br />
La course me révèle ensuite quelles décisions étaient justes et lesquelles ont été prises<br />
trop à la légère. Concernant certains allègements, j’aime bien en discuter après coup<br />
avec mes compagnons de cordée. Est-ce que le risque était acceptable ? Trop limite ?<br />
Chacune de mes décisions personnelles, à savoir combien de « matériel de réserve »<br />
j’emporte dans une course, me permet d’accumuler de l’expérience, me rend plus autonome<br />
et plus serein. Un développement qui me convient bien.<br />
Cette édition d’<strong>Inspiration</strong> comprend non seulement un passage en revue détaillé<br />
des cordes et des vestes de protection, mais présente aussi deux reportages sur le ski<br />
en pente raide et l’escalade alpine – deux disciplines des sports de montagne où le choix<br />
du matériel nécessite une attention toute particulière. Se faire conseiller dans l'un de nos<br />
magasins va souvent au-delà de la simple question du matériel. Tous les aspects de la<br />
course planifiée doivent être pris en compte. <strong>No</strong>us vous aidons à vous poser les bonnes<br />
questions – pour que vous puissiez partir en montagne avec légèreté, mais pas à la légère.<br />
Thomas Morand<br />
CEO Bächli Sports de Montagne SA<br />
newrocksport.ch<br />
2<br />
1
Sur les traces du brontosaure :<br />
escalade automnale dans le Jura<br />
N o <strong>04</strong> | <strong>2024</strong><br />
Le magazine des sports de montagne<br />
Bon plan Expert Rencontre au sommet<br />
Fibres solides, cœur mou : tout<br />
savoir sur les cordes d’escalade<br />
L’image parfaite : Tobias Ryser,<br />
« pêcheur de lumière »<br />
Contenu<br />
PUR<br />
PLAISIR<br />
DE LA RANDONNÉE<br />
N o <strong>04</strong><br />
<strong>2024</strong><br />
Bon plan<br />
Point de vue<br />
Les plus belles facettes de la montagne .................................... 4<br />
3 x 3<br />
<strong>No</strong>uveaux produits et news des sports de montagne ............. 8<br />
Bon plan<br />
Grimpe dans le Jura .................................................................... 12<br />
Cinq descentes raides dans les Alpes ...................................... 26<br />
Expert<br />
Cordes d’escalade ......................................................................... 20<br />
Membrane Gore ePE .................................................................... 34<br />
26Danse au bord du<br />
précipice<br />
Quand chaque virage compte : dans les<br />
couloirs et faces de plus de 45 degrés,<br />
le ski devient de l’alpinisme. Qu’est-ce qui<br />
nous attire dans ces faces et quelles<br />
sont les sensations ? En route pour le<br />
Hinter Fiescherhorn.<br />
Recontre au sommet<br />
Tobias Ryser, photographe nature ............................................ 40<br />
Contrôle du partenaire<br />
Versante Sud, éditions de livres de montagne ....................... 46<br />
Recontre au sommet<br />
40<br />
Final<br />
Papa Prantl : bivouac avec les enfants .................................... 48<br />
HANWAG BANKS SNOW GTX<br />
MADE IN<br />
EUROPE<br />
Disponible en modèle<br />
femme et homme<br />
Découvrir la nature à pas feutrés - Chaudement emmitouflé<br />
avec des raquettes à neige aux pieds. La Banks Snow GTX est<br />
le compagnon idéal. Technique et confortable Chaussure<br />
de randonnée hivernale avec support pour raquettes et<br />
mini guêtre de sécurité. Dotée d'une doublure chaude<br />
et imperméable en GORE-TEX Partelana.<br />
WWW.HANWAG.DE<br />
<strong>Inspiration</strong><br />
Page de titre : poudreuse<br />
vertigineuse, plaisir durable – le<br />
freerider Simon Wolgenannt<br />
profite de conditions exceptionnelles<br />
à Lech am Arlberg.<br />
Photo Luigi Dellarole<br />
Tobias Ryser<br />
Interview avec un « pêcheur de lumière » :<br />
le photographe nature de Rapperswil<br />
parle de Photoshop analogique, de la<br />
perfection comme maladie professionnelle<br />
et de ce qui rend les arbres laids.<br />
2<br />
3
Point de vue<br />
Des trous et<br />
des montres<br />
Il n'est pas nécessaire d'expliquer aux<br />
Suisses comment apparaissent les trous<br />
dans le fromage. <strong>No</strong>us sommes également<br />
leader mondial en matière de perforation<br />
de la roche. Quant aux montres, en 2023, la<br />
valeur des exportations de montres suisses<br />
s'élevait à plus de 26,7 milliards de francs.<br />
D'autres questions ? Oui, par exemple :<br />
pourquoi le point d'intersection des trous<br />
et des montres ne se trouve-t-il pas en<br />
Helvétie, mais dans le sud de la France ?<br />
Plus précisément à Annot. C'est dans ce<br />
petit village de montagne de l'arrière-pays<br />
niçois, non loin des gorges du Verdon, que<br />
les grimpeurs de haut niveau viennent en<br />
pèlerinage depuis des années afin d'arracher<br />
des « à vue » aux déconcertantes<br />
formations de grès. Jonas Schild, Seb Berthe,<br />
Adam Ondra, Jacopo Larcher et bien<br />
d'autres sont déjà venus poser un « fait » à<br />
des voies telles que « Le Voyage » (8b+) et<br />
« Bon Voyage » (9a), que James Pearson a<br />
ouverts ici en 2017 et 2023. À propos de cocher<br />
des cases : le fait de grimper « trad » à<br />
Annot, c'est-à-dire que en posant soi-même<br />
les points d’assurage, complique encore les<br />
choses. Dans la « Spitalgie » (6c) présentée<br />
ici, cela signifie : enfiler de nombreuses lunules<br />
! Les Suisses qui cherchent encore<br />
une destination d'escalade automnale ensoleillée<br />
feraient bien de se laisser tenter.<br />
«Spitalgie» (6 c),<br />
Annot, Alpes-de-Haute-Provence<br />
Marc Daviet<br />
marcdaviet.com<br />
4<br />
5
Aussicht<br />
Point de vue<br />
Beaucoup<br />
d’élan<br />
123,8 mètres, 35 degrés : voici la longueur<br />
et la pente de la piste d’élan du tremplin<br />
de Letalnica en Slovénie, mieux connu sous<br />
le nom de Planica. C'est là que les records<br />
mondiaux de saut à ski tombent chaque année<br />
en mars et que le DJ du stade passait<br />
le tube « Planica » dès qu'un sauteur franchissait<br />
la barre des 200 mètres. Comme la<br />
chanson a fini par tourner en boucle, la distance<br />
requise a été repoussée à 215, puis<br />
225, 230 et enfin 240 mètres.<br />
Tous ceux qui se rendent à Planica<br />
non pour le saut à ski, mais pour la randonnée<br />
à ski ont la possibilité de pousser<br />
les limites encore beaucoup plus loin. 600<br />
mètres de dénivelé, 40 degrés : voici les<br />
caractéristiques du couloir Kugy, au sommet<br />
duquel cette photo a été prise. Le couloir<br />
porte le nom de l’alpiniste Julius Kugy,<br />
qui a laissé ses traces partout ici. Il est visible<br />
de loin depuis la vallée et constitue<br />
le point fort d’une sortie au Jalovec : en<br />
hiver, il reste à l'ombre toute la journée,<br />
la neige reste particulièrement longtemps<br />
poudreuse. L’accès au couloir est par<br />
contre aussi particulièrement long : depuis<br />
le parking situé à côté des tremplins, il faut<br />
marcher bien six kilomètres dans la vallée<br />
de Planica. Mais une fois qu'ils sont franchis<br />
et qu'au bout du couloir, les rayons<br />
du soleil nous réchauffent, une chose est<br />
sûre : voler est la seule chose qui pourrait<br />
être encore plus belle – quoique…<br />
Planica, Slovénie<br />
Daniel Fischer<br />
danielfischerphoto.myportfolio.com<br />
6<br />
7
3 x 3<br />
Des nouvelles de<br />
la montagne<br />
Produits actuellement dans notre assortiment, grands évènements<br />
et dernières nouvelles de la branche.<br />
Lancement de la<br />
saison d’hiver<br />
chez Bächli Sports de Montagne<br />
Changement dans les rayons ! Les 25 et<br />
26 octobre, venez découvrir dans tous<br />
nos magasins les produits phares de la<br />
prochaine saison d'hiver. Pendant ces<br />
deux jours, dix pour cent de réduction seront<br />
appliqués dans le magasin principal<br />
ainsi que sur la boutique en ligne.<br />
Quand : 25/26 octobre <strong>2024</strong><br />
Où : toutes les filiales de Bächli<br />
Protection de la tête<br />
aux pieds<br />
La série Trilogy de la marque française de tradition<br />
Millet représente depuis toujours le<br />
fer de lance de la collection de vêtements<br />
de haute montagne. Pour la saison d'hiver<br />
<strong>2024</strong>/25, Millet a imaginé le « TAK », abréviation<br />
de Trilogy Alpine Kit. La pièce<br />
maîtresse est le Trilogy Jorasses Gore-<br />
Tex Pro 3L Suit : cette combinaison intégrale<br />
innovante est une construction<br />
hybride, composée de Gore-Tex-Pro<br />
très résistant (70 deniers) et étanche<br />
des pieds à la poitrine. Un tissu mérinos<br />
ultraléger et extensible est utilisé<br />
de la poitrine jusqu’aux bras. Des inserts<br />
ciblés en Dyneema augmentent la durabilité.<br />
La combinaison TAK est complétée par des<br />
sous-vêtements assortis, une hardshell, une<br />
veste et un gilet en duvet, une veste coupe-vent<br />
légère doublée de laine et un sac à dos de 30<br />
litres. L'ensemble de la collection est conçu pour<br />
résister aux sollicitations les plus rudes de l'alpinisme<br />
moderne et des expéditions.<br />
TRILOGY ALPINE KIT<br />
MILLET<br />
Folie furieuse<br />
Tôt le matin, à la recherche du<br />
prochain spit ? La Distance LT<br />
1100 de Black Diamond offre,<br />
si nécessaire, un boost de<br />
lumière de dix secondes de<br />
mille lumens qui éclaire à<br />
125 mètres. Mais cette lampe<br />
compacte de 108 g est aussi<br />
une lampe endurante : elle tient<br />
120 heures au niveau le plus bas, ce qui suffit<br />
amplement pour l'éclairage de proximité en<br />
randonnée. La batterie Li-Ion de 2200 mAh est<br />
rechargée par un port USB-C et peut être remplacée<br />
– des batteries de rechange sont disponibles<br />
séparément. Le bandeau est lavable et la<br />
lampe est étanche à la poussière et à l'eau selon<br />
la norme IP67 pour une protection totale contre<br />
les intempéries. Outre les modes d’éclairage de<br />
proximité et lointain, les fonctions de lumière<br />
rouge, verte et bleue sont également disponibles.<br />
Un verrouillage numérique protège contre<br />
tout allumage involontaire.<br />
DISTANCE LT1100<br />
BLACK DIAMOND<br />
Poids : 108 g<br />
CHF 99.–<br />
Ateliers de prévention<br />
des avalanches et<br />
sauvetage<br />
La saison des randos commence et une préparation<br />
optimale est primordiale. Que diriez-vous<br />
d'une remise à niveau au sujet de la prévention<br />
des avalanches et du sauvetage ? Lors de nos<br />
ateliers animés par des experts vous découvrirez<br />
des dangers qui vous guettent. Les guides<br />
de montagne vous conseillent sur la planification<br />
moderne des courses au moyen des applications,<br />
sur l'utilisation du bulletin d'avalanches et sur<br />
l'utilisation de l'équipement de sécurité actuel.<br />
Veuillez consulter notre site web pour savoir où<br />
et quand ces ateliers gratuits ont lieu.<br />
Toutes les informations et inscriptions sous<br />
baechli-bergsport.ch/fr/actualite/evenements/<br />
prevention-des-avalanches-et-sauvetage<br />
Mammut Barryvox S2 :<br />
présentation des<br />
produits à Oerlikon<br />
Pour Mammut, la prochaine saison d'hiver marque<br />
le lancement de son nouveau détecteur de<br />
victimes d'avalanche, le Barryvox S2. Le 14 novembre<br />
à partir de 19h30, nous présenterons<br />
le nouvel appareil en détail dans notre magasin<br />
d'Oerlikon. Différents invités décriront l'histoire<br />
du développement du Barryvox, expliqueront les<br />
dernières innovations et ce que le Barryvox S2<br />
apporte en termes de sécurité. Inscription obligatoire.<br />
baechli-bergsport.ch/fr/highlights/<br />
mammut-highlight<br />
baechli-bergsport.ch/<br />
lancement-de-la-saison<br />
Journées ski-test<br />
chez Bächli Sports de Montagne<br />
Comme chaque année au début de l'hiver,<br />
vous avez la possibilité de tester en<br />
avant-première les nouveaux skis de<br />
randonnée et de freeride de notre assortiment.<br />
Lors de nos journées ski test,<br />
l'accent est mis sur l'essai des nouveaux<br />
modèles de skis et de fixations de la saison<br />
<strong>2024</strong>/25. En complément, des descentes<br />
hors-piste sont proposées avec<br />
des guides de montagne. Avant l'événement,<br />
une liste des modèles, marques et<br />
longueurs disponibles sera distribuée.<br />
L'aperçu des modèles sera en outre mis<br />
à disposition en ligne par l'intermédiaire<br />
de chaque magasin, afin que les personnes<br />
intéressées puissent noter leurs<br />
modèles de prédilection lorsqu’elles se<br />
font conseiller au magasin.<br />
Quand : 7–9 décembre <strong>2024</strong><br />
Où : Engelberg<br />
baechli-bergsport.ch/<br />
test-de-ski<br />
Photo : Xaver Frieser, Bächli Sports de Montagne<br />
QU’EST-CE QUI NOUS<br />
REND HEUREUX ?<br />
8<br />
RENEGADE EVO ICE GTX Ws | COLD WEATHER BOOTS<br />
#ForTheNextStep<br />
9
3 x 3<br />
D’un seul tenant<br />
La caractéristique la plus remarquable de la<br />
corde Booster III de Beal est la technologie Unicore.<br />
Celle-ci consiste à relier la gaine à l'âme de<br />
la corde. Le glissement de la gaine, autrefois redouté,<br />
est ainsi exclu et la marge de sécurité de la<br />
corde augmente. Avec un diamètre de 9,7 mm, cette<br />
corde à simple est polyvalente et convient aussi<br />
bien à l'escalade sportive, alpine et en salle, car<br />
elle offre un bon rapport entre poids, résistance<br />
et maniabilité. Dans sa variante DS, la gaine de<br />
la corde Booster III est dotée d’une imprégnation<br />
DryShield, ce qui la rend moins sensible à la<br />
saleté et aux intempéries.<br />
<strong>No</strong>us fêtons les 50 ans de Bächli Sports de Montagne. Pour l’occasion, nous avons réuni<br />
des récits saisissants de personnes qui aiment partir en montagne ensemble.<br />
Une cordée de jumeaux<br />
Succès estivaux :<br />
les athlètes Bächli sur le terrain<br />
Cet été, certains de nos athlètes ont<br />
réalisé d'énormes courses dans les<br />
Alpes – et nous les félicitons chaleureusement<br />
!<br />
Que fait Chrigel Maurer lorsqu'il n'y a pas de<br />
X-Alps à l'horizon ? Il trouve son propre projet<br />
X-Peaks ! Avec Peter von Känel, il est parti le 10<br />
juin de Frutigen pour gravir les 82 quatre mille<br />
des Alpes en suivant des règles strictes et par<br />
leurs propres moyens – à ski de randonnée, à<br />
pied et en parapente, mais sans vélos, véhicule<br />
d'accompagnement ou même téléphériques ! Le<br />
30 juillet, 52 jours seulement après le départ,<br />
tous les 4000 étaient cochés, et les deux hommes<br />
ont quitté la Jungfrau pour rentrer directement<br />
chez eux à Frutigen.<br />
Nicolas Hojac et Adrian Zurbrügg ont<br />
également réalisé un marathon de haute montagne<br />
sans précédent du 29 au 31 juillet : ils ont<br />
été les premiers à enchaîner les dix sommets :<br />
Eiger, Mönch, Jungfrau, Rottalhorn, Louwihorn,<br />
Gletscherhorn, Äbni Flue, Mittaghorn, Grosshorn,<br />
Zuckerstock et Breithorn – sans escale, en 37<br />
heures et 5 minutes. Afin d'assurer l'apport en<br />
énergie pour les 7000 mètres de dénivelé et les<br />
65 kilomètres, ils avaient auparavant constitué<br />
un dépôt au Jungfraujoch. Au Mittaghorn, ils ont<br />
été ravitaillés par une équipe de supporters.<br />
Les mêmes moyens de locomotion que Maurer<br />
et von Känel ont été choisis par Roger Schäli et<br />
Romano Salis au Piz Palü. Le 3 août, les alpinistes<br />
professionnels ont escaladé les trois arêtes du<br />
Piz Palü (piliers Bumiller, Spinas et Est) jusqu'au<br />
sommet. Une fois l'ascension terminée, ils se sont<br />
à chaque fois envolés vers le départ suivant et finalement<br />
vers la vallée avec le coucher du soleil<br />
– 16 heures après le départ. Depuis un an, Schäli<br />
et Salis attendaient des conditions favorables, du<br />
beau temps et des thermiques stables.<br />
Jonas Schild et Stephan Siegrist ont également<br />
longtemps attendu les bonnes conditions et<br />
se sont finalement lancés spontanément dans le<br />
« Grosse Hufeisen » (signifiant « Grand fer à cheval<br />
») : le 24 août, ils sont montés de la Engelhornhütte<br />
au Grosse Engelhorn en passant par le Rosenlauistock<br />
et le Kingspitz, puis au Gstellihorn par<br />
l'Äbnisgrat. À partir de là, ils se sont retrouvés en<br />
terrain inconnu, jamais trop difficile, mais toujours<br />
exigeant et souvent en rocher délité. Ils sont passés<br />
par la Dossenhütte, le Tossengrat et le Rosenlauigletscher<br />
pour rejoindre le Wellhorn et descendre<br />
dans la vallée. Vers minuit, un orage les a surpris.<br />
<strong>No</strong>n loin de là, Katherine Choong a réussi<br />
un grand coup le 2 septembre : elle est devenue<br />
la première femme à enchaîner« Zahir » (8b+) aux<br />
Wendenstöcke. Dans cette voie incroyable de 300<br />
mètres de long, le suspense a duré jusqu'au bout :<br />
c'est finalement à la quatrième tentative, avec<br />
une coupure au bout d’un doigt et sous la chaleur<br />
tapante de midi, qu'elle a réussi la longueur clé.<br />
Autre fait remarquable : l'arrivée et le<br />
départ ont été effectués à vélo, en style Ecopoint.<br />
Quant aux coureurs de trail Ramon Gut<br />
et Tobias Schmid, ils n'ont même pas eu droit à<br />
un vélo pour la Dynafit Transalpine Run de Garmisch-Partenkirchen<br />
au Reschensee et passant<br />
par Samnaun. Après 272 kilomètres et 17 000<br />
mètres de dénivelé, leur duo a remporté les sept<br />
étapes ainsi que le classement général après 272<br />
kilomètres et 17 000 mètres de dénivelé !<br />
Vous trouverez des détails complets et des<br />
photos de toutes ces courses sur notre blog !<br />
baechli-bergsport.ch/fr/blog<br />
BOOSTER III<br />
UNICORE 9.7 (DS)<br />
BEAL<br />
Poids : 61 g/m<br />
CHF 175.–<br />
Bächli Bring Back Days<br />
Le 9 novembre, certains magasins vous donnent<br />
à nouveau la possibilité d'offrir une seconde vie à<br />
du matériel de montagne inutilisé. L'initiative 2nd<br />
Peak cherche de nouveaux propriétaires pour<br />
des articles de seconde main présentant peu de<br />
traces d'usure, tels que des vestes hardshell, des<br />
chaussures de montagne, des sacs à dos ou du<br />
matériel de camping. Cela ménage non seulement<br />
l'environnement, mais aussi le porte-monnaie.<br />
Vous trouverez les produits concernés et les<br />
conditions exactes de l'action sous<br />
baechli-bergsport.ch/fr/actualite/evenements/<br />
bring-back-days<br />
Photos : màd<br />
En tant que jumeaux, Rolf et Stefan sont en<br />
route ensemble dès leur naissance. La<br />
vieille corde d’escalade reçue en cadeau<br />
par Stefan marquera le début d’une nouvelle<br />
passion commune pour la montagne.<br />
À l’occasion de notre 50e anniversaire, Rolf<br />
Helfenstein et Stefan Helfenstein nous racontent<br />
pourquoi ils aiment tellement faire<br />
de la montagne ensemble.<br />
Texte Rolf Helfenstein<br />
«La passion pour la montagne nous a été transmise dès le<br />
berceau par notre père. Enfants, il nous a emmenés en randonnée<br />
et, plus tard, en ski de randonnée. <strong>No</strong>s premières<br />
ascensions communes n'ont cependant pas été très spectaculaires.<br />
Par la force des choses, adolescents, nous nous<br />
déplacions beaucoup à vélo. Le site d'escalade du Chämiloch<br />
à Seewen s'imposait alors, car l'accès était presque<br />
plat. Un avantage considérable si l’on pédale avec un gros<br />
sac à dos rempli de matériel d'escalade.<br />
Premier quatre mille ensemble à l’âge de 15 ans<br />
Assez vite, nous avons commencé à faire de la montagne avec<br />
les OJ de Rossberg. Les membres plus âgés avaient un véhicule,<br />
ce qui a passablement élargi notre rayon d’aventures alpines.<br />
Ainsi nous avons fait nos premiers quatre mille à l’âge<br />
de 15 ans. Il s’agissait de l’Allalin et de l’Alphubel.<br />
Seuls sur la plus haute montagne d’Amérique<br />
Le point culminant de nos aventures alpines restera certainement<br />
l’ascension en 1998 de l’Aconcagua, dont les 6961 m d’altitude<br />
le hissent au rang de plus haute montagne d’Amérique. El<br />
Niño a balayé le sommet de vents violents, de pluie et de neige.<br />
De nombreuses cordées ont dû abandonner et cette saison-là,<br />
15 personnes sont décédées à l’Aconcagua. Mais nous avons eu<br />
de la chance. Après une nuit tempétueuse, une fenêtre météo<br />
s’est ouverte et le jour suivant nous étions les seuls à arriver<br />
au sommet – et à en redescendre sains et saufs.<br />
Rolf & Stefan<br />
Quand les choses se gâtent,<br />
nous sommes généralement<br />
du même avis.<br />
En cas de doute, lorsqu’on se demande<br />
s’il faut continuer ou renoncer, nous<br />
tombons toujours rapidement d’accord.<br />
Cela nécessite un langage commun et une<br />
compréhension mutuelle sans faille. Même<br />
sans parler, nous savons ce que l’autre pense.<br />
Mêmes prédispositions physiques et à peu<br />
près les mêmes forces. Cela aide à prendre les<br />
bonnes décisions dans les situations délicates<br />
C'est sans doute pour cette raison que notre cordée a été<br />
épargnée par les accidents majeurs. J'ai une fois été touché<br />
à la tête par une pierre et Stefan a déclenché une grosse avalanche<br />
en Ouzbékistan. Mais dans les deux cas, il n’y a pas eu<br />
de conséquences trop graves.<br />
L’aventure – et la beauté<br />
<strong>No</strong>s sacs sont souvent assez lourds, car nous avons souvent<br />
passablement de matériel photographique. <strong>No</strong>us sommes tous<br />
deux des passionnés de photographie de montagne. Si vous aimez<br />
la photographie de paysages et animalière, vous trouverez<br />
nos photos sur les sites rolfhelfenstein.ch et wildlens.ch.<br />
Aux 55 années à venir<br />
Petit à petit, nous avons renoncé aux premières et à l’exploit et<br />
préférons aujourd'hui les longues voies bien assurées. <strong>No</strong>us apprécions<br />
aussi beaucoup faire de la randonnée à ski ensemble.<br />
La plupart du temps, nous fi xons une date, puis décidons plus<br />
tard ce que nous voulons faire en fonction de la météo.»<br />
Tout au long de notre année du jubilé,<br />
retrouvez ici dans <strong>Inspiration</strong> ainsi<br />
que sur notre site web d’autres histoires<br />
issues de 50 ans de passion commune<br />
pour la montagne.<br />
10<br />
11
Bon plan Jura<br />
Surplombant Moutier :<br />
Yannick Wieser entraîne<br />
son équilibre sur l’Arête<br />
Spéciale.<br />
Jurassic<br />
Parc<br />
Une course du jubilé dans le Jura,<br />
entre escalade et culture. Dans<br />
l’arrière-pays du magasin de Bâle,<br />
organisateur de la sortie, les spits<br />
sont plantés là où les brontosaures<br />
avaient jadis élu domicile.<br />
Texte & Photos Bernard van Dierendonck
Wegweiser Bouldern im Tessin<br />
Jura Wegweiser<br />
‹1›<br />
‹1› Lorenzo dans la<br />
troisième longueur (5a) de<br />
l’Arête Spéciale.<br />
‹2› Les passages d’escalade<br />
existent bel et bien<br />
sur l’Arête des Sommêtres,<br />
avant …<br />
‹ 3 › … de poursuivre en<br />
corde tendue.<br />
Aline Vogt<br />
24 ans. Chez Bächli Sports de Montagne<br />
Aarau depuis cinq ans, aujourd’hui<br />
directrice adjointe du magasin.<br />
La thérapie d’Aline contre le vertige<br />
Dès les premiers mètres, nous testons le choix des chaussures :<br />
après quelques passages faciles, nous contournons un éperon et arrivons<br />
dans un dièdre raide en 3b. En grimpant en opposition et en<br />
s’aidant des bonnes prises, nous franchissons le dièdre facilement,<br />
même en baskets. La voie parcourt de manière variée des petits<br />
gendarmes, des béquets et des pointes. S'il n'y avait pas de végétation,<br />
l'escalade ressemblerait à une course d’alpinisme. La plupart<br />
du temps la progression se fait en simultané. L’assurage consiste la<br />
plupart du temps à passer la corde autour des béquets et des petits<br />
arbres. Aux véritables passages d’escalade, nous prenons le temps<br />
de faire un relais. La longue arête dentelée qui s'étend d'ouest en<br />
est dépasse la forêt de 50 à 100 mètres à certains endroits exposés.<br />
Elle délimite, derrière le village du <strong>No</strong>irmont, les charmantes<br />
Franches-Montagnes. De temps en temps, nous nous arrêtons pour<br />
boire une gorgée d’eau, grignoter un petit quelque chose et profiter<br />
de la vue plongeante sur le Doubs, petite rivière frontalière.<br />
Aline, novice en voies de plusieurs longueurs, ne semble pas<br />
du tout gênée par l’ambiance aérienne. Au contraire, elle ne tarde<br />
pas à grimper quelques passages en tête sans sourciller. Arrivée<br />
au sommet, après environ quatre heures d’escalade, elle admettra<br />
avoir suivi une thérapie contre le vertige un peu spéciale : « J'ai fait<br />
du parachutisme. Là, ils m'ont appris à me concentrer entièrement<br />
sur le processus ». Appliquant ce principe à l’escalade, elle s'est<br />
concentrée pleinement sur les prochaines prises et le maniement<br />
‹3›<br />
Au départ de l’arête des Sommêtres le guide de montagne Jonas<br />
Allemann nous conseille de laisser les chaussons de grimpe dans le<br />
sac à dos. Le mieux est de garder les baskets. Faire de la montagne<br />
en baskets ? <strong>No</strong>us risquons des commentaires outrés de la part de<br />
la clientèle Bächli ! Mais en étudiant la description de l'itinéraire, le<br />
conseil de Jonas n’est pas si absurde : qui voudrait grimper 1200<br />
mètres en chaussons d'escalade sur une arête qui ne présente que<br />
de temps à autre de courts passages en 2c ou 3b ? Les cloques et<br />
les points de pression aux pieds seraient inévitables. Des baskets légères<br />
ou des chaussures d'approche sont plus adaptées à ce terrain.<br />
Comme de coutume, des cadres de Bächli sont à nouveau<br />
de la partie pour cette quatrième et dernière sortie de l'année<br />
du jubilé. Lorenzo Gottardi, directeur du magasin de Lausanne<br />
et son collaborateur Yannick Wieser sont déjà encordés. Michael<br />
Bachofner, directeur des magasins de Bâle et d'Aarau,<br />
et Aline Vogt, directrice du site d'Aarau, forment la deuxième<br />
cordée. Pour Aline, cette sortie sera une première – cette ancienne<br />
footballeuse n'a pratiqué la montagne qu'en randonnée,<br />
à ski ou en snowboard. Son expérience de l'escalade se limite<br />
à la salle de bloc. C’est alors qu’elle confie au guide qu'elle<br />
souffre de vertige. Mais elle souhaite relever le défi et déclare :<br />
« Je suis accro à l’adrénaline, j’adore les sensations fortes ».<br />
‹2›<br />
• J'aime découvrir chez les clients ce qu'ils<br />
veulent vraiment. Peu m'importe qu'ils<br />
soient à la recherche d'articles techniques,<br />
de vêtements, de chaussures ou de skis.<br />
• J’emporte toujours un couteau de poche<br />
dans mon sac à dos – je porte également<br />
mon collier porte-bonheur à chaque course.<br />
• Pour me sustenter je préfère les barres Clif,<br />
de la viande séchée, des carottes, des mangues<br />
séchées pour l’énergie rapide et bien<br />
sûr une saucisse Minipic !<br />
• J’ai appris à connaître les sports de montagne<br />
chez Bächli. J’aime tout particulièrement<br />
le bloc.<br />
• Ma liste de projets comprend : faire davantage<br />
de randonnées à ski et aussi plus de<br />
voies de plusieurs longueurs.<br />
Portrait alpin – Ceci ou cela ?<br />
Mérinos<br />
Transports<br />
publics<br />
Tube<br />
Magnésie liquide<br />
Tente<br />
GPS<br />
Fibres synthétiques<br />
Voiture<br />
Grigri<br />
Magnésie en poudre<br />
Cabane<br />
Carte papier<br />
METEOR / NOMIC / LYNX / SITTA<br />
14<br />
15
Bon plan Jura<br />
‹1› Aline s’essaie à la<br />
grimpe en tête sur l’Arête des<br />
Sommêtres …<br />
‹2› … et sur les dalles au pied<br />
de l’Arête Raimeux.<br />
‹ 3 › <strong>No</strong>-hands rest :<br />
méditer dans les traces d’un<br />
brontosaure.<br />
Lorenzo Gottardi<br />
Michael Bachofner<br />
55 ans. Travaille depuis 6 ans chez Bächli<br />
Sports de Montagne et il est directeur du<br />
magasin de Lausanne. Avant, il travaillait<br />
comme ethnologue dans l’Himalaya, au Kosovo<br />
pour les casques bleus et plus tard, dans<br />
la distribution d’articles de sport en Suisse.<br />
• J'aime travailler dans un magasin de sports<br />
de montagne, entouré de personnes fantastiques<br />
qui ont toujours quelque chose<br />
à raconter sur leur passion. Ce que je préfère,<br />
c'est vendre des skis et des chaussons<br />
d'escalade. Il faut aller à la rencontre des<br />
clients pour trouver ce qui pourrait leur<br />
faire encore plus plaisir.<br />
• Dans mon sac à dos, j'ai mon couteau. On<br />
peut tout faire avec, par exemple couper<br />
de la viande séchée ou encore, ouvrir une<br />
bouteille de vin.<br />
• Ma discipline préférée est le freeride avec<br />
un snowboard. Lorsque je grimpe sur une<br />
montagne en hiver, c'est exclusivement<br />
pour redescendre en snowboard. J'aime<br />
aussi la cascade de glace. En tant que Tessinois,<br />
l'escalade est dans mon cœur, mais<br />
je n'ai malheureusement pas le temps de<br />
m'entraîner.<br />
• Sur ma liste de projets figurent des voyages<br />
au Japon, aux Lofoten ou en Patagonie pour<br />
pêcher des truites.<br />
Portrait alpin – Ceci ou cela ?<br />
Transports publics Voiture (électrique ! )<br />
Tube<br />
Tente<br />
GPS<br />
Granite<br />
Escalade plaisir<br />
(dans la pratique)<br />
Chaussons de grimpe<br />
avec lacets<br />
Grigri<br />
Cabane<br />
Carte papier<br />
Calcaire<br />
Escalade trad<br />
(dans mes rêves)<br />
type ballerine<br />
‹1›<br />
de la corde. Ainsi, le vide ne lui a finalement posé aucun problème.<br />
Cette course du jubilé avait été conçue comme un road trip d'escalade.<br />
Pendant trois jours, l’idée était de se déplacer d'un spot avec<br />
des voies de plusieurs longueurs à un autre et de décider spontanément<br />
où planter les tentes. Mais comme souvent, les agendas des<br />
cadres de Bächli sont surchargés. Passer trois jours ensemble relève<br />
presque de l'impossible. Le groupe a donc établi son camp de<br />
base sur le terrain de camping de Rebeuvelier. Ce petit village agricole<br />
se trouve à près d'une heure de voiture de notre longue arête.<br />
Mais pour d'autres beaux spots, cet endroit est parfaitement situé.<br />
Le passage clé de l’Arête spéciale<br />
C'est notamment le cas pour « l'Arête spéciale », une voie classique<br />
dans l'étroite gorge au nord de la petite ville de Moutier, que nous<br />
avons parcourue la veille. La course est orientée ouest et ne devait<br />
pas se réchauffer trop vite, malgré les 33 degrés de fin d'été annoncés.<br />
Pour cette première journée, seul le magasin Bächli de Lausanne<br />
était représenté. Lorenzo et Yannick sont tous deux des grimpeurs<br />
chevronnés, et c'est tant mieux, car « l'Arête spéciale » s’étend sur<br />
sept longueurs. La voie évolue sur une arête calcaire de seulement<br />
quelques mètres de large et se veut souvent assez raide. Rien que<br />
l’accès se mérite déjà : une via ferrata spécialement aménagée au-dessus<br />
de la petite rivière Birs permet d'atteindre le pied de la voie. Cet<br />
aménagement a rendu l'accès beaucoup moins dangereux, raconte le<br />
guide de montagne Jonas. Auparavant il fallait traverser la voie ferrée.<br />
Ce n'était pas sans danger et il est probable que certains conducteurs<br />
de locomotive ont eu le choc de leur vie en apercevant des<br />
grimpeurs sur les voies. Heureusement, aucun incident grave ne s'est<br />
produit. <strong>No</strong>tre guide de montagne connaît cette voie ouverte en 1945<br />
comme sa poche. Il l'a déjà gravie une quarantaine de fois, dont une<br />
fois en moins de dix minutes ! Heureusement, nous ne sommes pas si<br />
« Les prises sont<br />
cachées<br />
derrière les toiles<br />
d’araignées. »<br />
pressés. Yannick se motive donc pour quelques pas de bloc dans la<br />
variante de départ en 6b. Mais cela s’avère hasardeux. Cette variante<br />
de la première longueur n’est pas vraiment adaptée à un départ à<br />
froid. Les prises couvertes de toiles d'araignée semblent témoigner<br />
que ceux qui persévèrent sont plutôt rares. Yannick abandonne lui<br />
aussi après quelques mouvements et rejoint le relais tout tranquillement,<br />
comme nous, par la voie normale dans le quatrième degré.<br />
À partir de là, l'escalade est très agréable. Au début, nous progressons<br />
sur de petites fissures et des réglettes, puis sur des creux<br />
et des plats. Une bonne technique de pieds est conseillée. Le rocher<br />
a certes perdu sa rugosité d'origine, mais il est d'une qualité optimale<br />
et compacte. La dernière longueur ajoute un peu de piment à la voie,<br />
avec un passage en 5c+ : les doigts tiennent une fine fissure en opposition,<br />
puis les chaussons d'escalade doivent être résolument poussés<br />
vers le haut pour trouver l’adhérence. Encore un mouvement dynamique<br />
vers une écaille heureusement très bonne – et voilà ! Les derniers<br />
mètres dans le quatrième degré ne sont plus qu’une formalité.<br />
‹2›<br />
‹3›<br />
35 ans. Il travaille chez Bächli Sports<br />
de Montagne à Bâle depuis 12 ans. Il<br />
est directeur à la fois des magasins de<br />
Bâle et d’Aarau. Cuisinier de formation<br />
il a travaillé dans un restaurant doté de<br />
nombreux points Gault Millau puis dans<br />
des lodges d’héliski au Canada.<br />
• Ce que je préfère c’est conseiller les<br />
clients sur l’équipement technique et de<br />
ski de randonnée.<br />
• Il y a toujours une doudoune dans mon sac<br />
à dos, car j’ai vite froid et je n’aime pas ça.<br />
• J'ai particulièrement aimé l'escalade, et<br />
de préférence en Suisse centrale. J'y aime<br />
le rocher et les voies généreuses. Actuellement,<br />
je n'ai plus de temps à consacrer<br />
à la montagne. En plus de la gestion des<br />
deux magasins, je suis en train de faire des<br />
études de gestion d'entreprise.<br />
• Je n'ai pas de liste de projets à proprement<br />
parler. J'ai déjà fait tant de belles<br />
courses. Je suis père de deux fils et j'aimerais<br />
être en bonne santé pour les voir<br />
grandir et devenir adultes – pour cela, je<br />
reste volontiers sur la retenue lors d’activités<br />
à risque.<br />
Portrait alpin – Ceci ou cela ?<br />
Mérinos<br />
Transports publics<br />
Tuber<br />
(plusieurs longueurs)<br />
Tente<br />
GPS<br />
Granite<br />
Escalade plaisir<br />
Saucisse sèche<br />
Fibres synthétiques<br />
Voiture (pour camper) )<br />
Grigri<br />
(escalade sportive)<br />
Cabane<br />
Carte papier<br />
Calcaire<br />
Escalade trad<br />
houmous<br />
(ma femme est végane)<br />
16<br />
17
Wegweiser Bächlistock<br />
Grimper 1200 mètres<br />
et toujours en pleine<br />
forme – c’est ça, les cadres<br />
chez Bächli.<br />
Face<br />
à l’inconu<br />
Sur les traces du brontosaure<br />
Le Jura est bien souvent visité pour ses nombreux et beaux sites<br />
de moulinettes. La course du jubilé nous aura démontré que la<br />
moyenne montagne entre le Rhône et le Rhin a bien plus à offrir.<br />
De retour au camp de base, en feuilletant le topo, nous remarquons<br />
de nombreuses voies de plusieurs longueurs. Il y a par<br />
exemple le pilier direct de la Balsthaler Klus (8 longueurs, 6b,<br />
A0), les confortables Brüggligräte (6-8 longueurs, 3-4a) ou l'arête<br />
sud de la Balmflue près de Soleure. Avec ses 14 longueurs en<br />
5c+ cette dernière est considérée comme la plus longue du Jura.<br />
N’oublions pas non plus l'imposante Dalle de St-Imier avec des<br />
voies variées entre 5b et 6c.<br />
Quel objectif de plusieurs longueurs peut-on envisager pour<br />
notre troisième journée ? Pendant que Michael Bachofner – qui fut<br />
un chef étoilé dans une autre vie – prépare un excellent ragoût de<br />
nouilles, de légumes et de feta, nous consultons la météo. Elle n'est<br />
malheureusement pas de bon augure : il ne nous reste qu'une demi-journée,<br />
après quoi un front pluvieux mettra fin à la situation caniculaire.<br />
Un pronostic qui limite considérablement le choix. <strong>No</strong>us<br />
optons pour une destination toute proche. Dans la même gorge de<br />
Moutier se trouve une dalle en amont de l'Arête du Raimeux, qui<br />
propose des voies jusqu’à trois longueurs. Cette dalle inclinée a bien<br />
plus à offrir que des voies bien équipées. En effet, il y a 150 millions<br />
d'années, d'énormes dinosaures marchaient le long des rives de<br />
l'océan Téthys à l'endroit même où se trouvent aujourd'hui les spits.<br />
Aujourd'hui encore, les empreintes de ces brontosaures de trente<br />
tonnes et vingt mètres de long sont clairement visibles dans la dalle<br />
calcaire – tantôt sous forme de cuvettes rondes, tantôt sous forme<br />
de vagues peu profondes. Les équipes de chercheurs ont dénombré<br />
ici plusieurs centaines d'empreintes. Certaines ont un diamètre de<br />
plus d'un mètre. Cet endroit devait certainement être un lieu de rassemblement<br />
apprécié par les herbivores géants.<br />
Pour la dernière voie, Aline troque ses baskets contre de vrais<br />
chaussons d'escalade. Elle veut perfectionner ses connaissances<br />
toutes fraîches dans le domaine des longues voies. Ici elle peut<br />
le faire dans une voie en dalle avec des difficultés allant jusqu'au<br />
5a. Les autres grimpeurs chevronnés du groupe restent fidèles<br />
aux chaussures d'approche et considèrent cette sortie d'escalade<br />
comme une visite touristique – car hé, qui a déjà grimpé dans les<br />
pas d'un dinosaure ?<br />
Yannick Wieser<br />
27 ans. Il travaille chez Bächli depuis<br />
quatre ans, dont deux en tant qu’apprenti.<br />
Auparavant, il a étudié quelques<br />
semestres en psychologie et sciences<br />
de la communication et travaillé comme<br />
moniteur de ski et d’escalade.<br />
• Ce que je préfère c’est vendre des appareils<br />
et des équipements techniques.<br />
• En montagne, j'aime toutes les disciplines.<br />
Je suis en route au moins trois fois par<br />
semaine. Pour moi, l'objectif n'est pas forcément<br />
d'atteindre le sommet ou d'avoir<br />
la meilleure neige. Pour moi, partager de<br />
belles expériences avec d'autres personnes<br />
est encore plus important.<br />
• Sur ma liste de projets il est écrit que je<br />
souhaite simplement passer le plus de jours<br />
possibles en montagne.<br />
Portrait alpin – Ceci ou cela ?<br />
Mérinos<br />
Transports publics<br />
Tube<br />
Tente<br />
Café<br />
pour le petit déj<br />
GPS<br />
Granite<br />
Escalade plaisir<br />
Chaussons d’escalade<br />
avec lacets<br />
Dévers<br />
Fibres synthétiques<br />
Voiture<br />
Grigri<br />
Cabane<br />
Thé<br />
Carte papier<br />
Calcaire<br />
Escalade trad<br />
type ballerines<br />
Dalles<br />
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©M.Vauthier<br />
18
Expert Cordes d'escalade<br />
Expert<br />
Fibres<br />
amortissantes<br />
Longueur, diamètre, poids<br />
Une corde à simple polyvalente et adaptée à la<br />
plupart des utilisations, présente un diamètre de 9,5<br />
à 9,8 mm. Dans nos régions, une longueur de 60 m<br />
suffit généralement pour l'escalade sportive. Le poids<br />
au mètre varie entre 50 et 70 g/m, ce qui, rapporté à<br />
la corde, représente une différence de près de 1,5 kg.<br />
Sans corde, pas d’escalade ! De nombreuses courses en montagne et en haute<br />
montagne seraient également impossibles. Voici un aperçu des types de<br />
cordes courants, des critères de sélection et des méthodes de production.<br />
Très tôt, on a détourné des cordages de la<br />
navigation pour les attacher autour du corps<br />
afin de retenir une chute en montagne ou<br />
pour descendre en rappel. Ces cordes, statiques<br />
et lourdes, n'étaient toutefois pas très<br />
fiables et les défaillances étaient courantes.<br />
Les cordes d'escalade actuelles sont des<br />
textiles spécialisés de très haute technicité.<br />
Elles sont normalisées, testées et disposent<br />
d'une telle réserve de sécurité qu’elles ne<br />
se contentent pas d'empêcher les chutes<br />
mortelles, mais permettent de pratiquer<br />
l'escalade comme un sport, comme un jeu<br />
avec les limites. Le plus grand jalon dans le<br />
développement a été l'invention de la corde<br />
âme-gaine en 1953 par le fabricant allemand<br />
Edelrid (à l'époque Edelmann & Ridder), qui<br />
a combiné une âme dynamique avec une<br />
gaine résistant à l'abrasion. Depuis, cette<br />
construction est reprise pour toutes les<br />
cordes d'escalade. Le respect des exigences<br />
légales minimales pour les cordes d'escalade<br />
ne pose donc plus de problème. Depuis,<br />
les fabricants s'efforcent de rendre leurs<br />
cordes encore plus résistantes à l'abrasion,<br />
plus hydrofuges, plus légères et plus<br />
agréables à manipuler.<br />
Les types de corde et leur utilisation<br />
Les cordes à simple sont les plus répandues.<br />
Le diamètre des cordes à simple se situe entre<br />
Texte Richard Heinz<br />
8,5 et 11 mm, le plus souvent de 9 à 10 mm.<br />
Lors de la certification ou du test normatif, la<br />
chute normalisée (hauteur de chute de 4,8 m,<br />
facteur de chute de 1,7) est effectuée avec un<br />
bloc d'acier de 80 kg. Les cordes à simple sont<br />
principalement utilisées pour l'escalade sportive.<br />
Les normes et directives en vigueur ne<br />
font pas de distinction entre une utilisation en<br />
falaise ou en salle. Les cordes à simple sont<br />
également utilisées en terrain alpin, surtout<br />
en haute montagne où les cordes à simple<br />
courtes de 30 à 40 m dominent.<br />
La manipulation simultanée de deux<br />
cordes est toujours un peu plus compliquée<br />
qu’une seule corde. C'est pourquoi leur utilisation<br />
doit être bien maîtrisée. « Les cordes<br />
à double sont surtout utilisées lorsqu'on doit<br />
effectuer de longs rappels », explique Matthias<br />
Schmid, acheteur chez Bächli. En effet,<br />
en attachant les deux cordes ensemble, on<br />
double la longueur que l’on peut descendre<br />
en rappel. Ces cordes permettent encore<br />
d'assurer deux seconds en cas de cordée à<br />
trois. Grimper avec deux cordes augmente<br />
aussi la sécurité si l’on évolue dans un terrain<br />
avec des arêtes vives. Avec deux cordes,<br />
on applique soit la technique de la corde à<br />
double, soit la technique de la corde jumelée.<br />
La différence peut sembler menue, mais en<br />
termes de charge, d'exigences et de normes,<br />
la situation est toute autre. Avec une corde<br />
jumelée les deux brins doivent toujours cheminer<br />
ensemble et être passés ensemble<br />
dans les mousquetons des dégaines. Pour<br />
les cordes à double, en revanche, il est possible<br />
de mousquetonner alternativement<br />
l'un ou l'autre brin. Cela évite par exemple<br />
le tirage en terrain alpin ou dans les voies<br />
sinueuses lorsque les points d’assurage<br />
ne sont pas bien alignés. La technique de<br />
la corde à double est également souvent<br />
utilisée en cascade de glace et mixte, pour<br />
diminuer la force de choc sur les points d’assurage.<br />
Les cordes à double présentent des<br />
diamètres entre 6,9 et 8,5 mm. Les cordes<br />
les plus fines ne sont certifiées que comme<br />
cordes jumelées, alors que la plupart des<br />
cordes à doubles courantes répondent aux<br />
deux certifications. La différence ? Dans le<br />
cas de la corde jumelée, la chute normalisée<br />
est effectuée avec une masse de 80 kg sur<br />
les deux brins, alors que dans le cas de la<br />
corde à double, la masse n'est que de 55 kg,<br />
mais appliquée à un seul brin.<br />
Cas spécial : cordes statiques<br />
Les cordes dynamiques présentées jusqu'ici<br />
s'allongent toutes considérablement sous<br />
charge. Mais il existe également des cordes<br />
(hyper)statiques qui ne s’allongent pratiquement<br />
pas. Grâce à une âme en Dyneema ou<br />
Illustration : Saija Sollberger<br />
Une coque solide, un cœur tendre<br />
Chaque corde d'escalade moderne est<br />
composée d'une âme et d'une gaine qui<br />
protège l'âme de l'usure. Idéalement, la<br />
gaine est imprégnée pour éviter que la<br />
saleté et l'humidité y pénètrent. Plus la<br />
part de gaine est élevée (jusqu'à 50 %),<br />
plus la corde est robuste.<br />
Étiquettes<br />
Les données principales de la corde<br />
sont indiquées sur les étiquettes<br />
aux extrémités de la corde : la<br />
longueur, la date de production ainsi<br />
que la certification en tant que corde<br />
à simple, à double ou corde jumelée.<br />
20<br />
21
Expert Cordes d'escalade<br />
22<br />
Production des cordes chez<br />
Edelrid : en raison du haut degré<br />
d'automatisation, il n'existe<br />
qu'une poignée de fabricants de<br />
cordes dans le monde.<br />
en aramide très résistante, il est possible<br />
d'obtenir des cordes très fines et légères avec<br />
une résistance très élevée. Ces cordes d’environ<br />
6 mm de diamètre sont généralement<br />
utilisées comme corde de hissage (escalade<br />
en big wall), sur les glaciers ou comme corde<br />
de secours pour les rappels. Ces cordes statiques<br />
ne doivent en aucun cas être utilisées<br />
pour l’escalade en tête, car un choc pourrait<br />
avoir des conséquences fatales en raison du<br />
manque de dynamisme. La Rapline d'Edelrid,<br />
qui combine des fibres statiques et du polyamide<br />
extensible, constitue une exception. À<br />
partir d'une certaine force de choc, les fibres<br />
statiques se déchirent et la corde adopte un<br />
comportement dynamique, suite à quoi la Rapline<br />
doit impérativement être remplacée.<br />
Les critères les plus importants à<br />
l’achat d’une corde<br />
Une fois le type de corde souhaité déterminé,<br />
il faut se pencher sur le diamètre et le<br />
poids de la corde. Logiquement, il existe ici<br />
une corrélation directe : plus une corde est<br />
épaisse, plus elle est lourde. De manière<br />
générale, les cordes plus épaisses sont<br />
aussi plus robustes et plus durables. En<br />
choisissant une corde, il faut donc souvent<br />
faire un compromis entre la robustesse<br />
et le poids. À titre comparatif : le poids au<br />
mètre des cordes à simple peut varier de<br />
50 à 70 g/m environ, ce qui représente déjà<br />
1,5 kg pour une corde de 70 m. La plupart<br />
des cordes à simple vendues aujourd'hui<br />
ont un diamètre situé entre 9,5 et 9,8 mm,<br />
avec un poids au mètre d'environ 60 g/m.<br />
Une bonne imprégnation a souvent une plus<br />
grande influence sur la résistance à l'usure<br />
que de petites variations de diamètre.<br />
Même si le nom du produit donne souvent<br />
l'impression que les cordes haut de gamme<br />
(souvent appelées « Pro » ou similaires) ne<br />
sont destinées qu'aux grimpeurs ambitieux,<br />
voire professionnels, l'investissement vaut<br />
la peine pour tous les grimpeurs, « car les<br />
cordes bien imprégnées ont une durée de<br />
vie plus longue », conseille également Matthias<br />
Schmid, chef de produit chez Bächli.<br />
La proportion de gaine est un assez<br />
bon indicateur de la robustesse d'une corde.<br />
De manière très simplifiée, l'âme sert à la résistance<br />
et à la dynamique de la corde, tandis<br />
que la gaine protège l'âme de l'abrasion<br />
et de l'usure. Pour obtenir la résistance de la<br />
corde, l'âme doit respecter certaines dimensions<br />
minimales. Plus l’âme est protégée de<br />
gaine, plus la corde est robuste. Dans le cas<br />
des cordes extrêmement fines, la résistance<br />
est désormais également assurée par la<br />
gaine, ce qui permet d'atteindre des pourcentages<br />
de gaine élevés de près de 50 %. En<br />
règle générale, la part de gaine d'une corde<br />
d'escalade se situe toutefois aux alentours<br />
de 40 %. Le choix de la longueur dépend clairement<br />
de l’utilisation prévue. De manière<br />
générale, en escalade sportive, une corde<br />
doit être deux fois plus longue que la longueur<br />
maximale d'une voie en moulinette.<br />
En alpinisme, on utilise souvent des cordes<br />
à simple entre 30 et 40 m de long. Dans<br />
presque toutes les salles d'escalade, des<br />
cordes de 50 m sont plus que suffisantes.<br />
En falaise, des cordes de 60 m ou même de<br />
70 m sont courantes. Des cordes de 80 m ou<br />
même de 100 m ne sont nécessaires que<br />
dans des cas exceptionnels. « <strong>No</strong>tre recommandation<br />
est de miser sur des diamètres<br />
de 9,2 mm, voire encore plus fins à partir<br />
d'une longueur de 80 m, sinon le poids total<br />
devient désagréable », recommande Matthias<br />
Schmid.<br />
Sur toutes les cordes sont indiqués la<br />
force de choc (en kN) ainsi que le nombre<br />
de chutes normalisées que la corde peut<br />
supporter. Plus la force de choc est faible,<br />
Photo : màd<br />
« Une bonne imprégnation<br />
de la corde n’est pas<br />
utile qu’aux pros et aux<br />
guides de montagne.<br />
Les cordes imprégnées ont<br />
surtout une plus<br />
longue durée de vie. »<br />
Matthias Schmid<br />
Gestionnaire de produit hardware<br />
plus la corde est extensible. Cependant, en<br />
escalade, une grande partie de la dynamique<br />
d'une chute est déterminée par la manière<br />
d’assurer. Ainsi, la force de choc déterminée<br />
au laboratoire a assez peu d’influence pour<br />
l'utilisateur final, pour autant que l'exigence<br />
de la norme soit respectée. De même, le<br />
nombre de chutes normalisées n'a en général<br />
qu'une signification limitée et constitue<br />
davantage un instrument de marketing<br />
qu'un critère de qualité. L'exigence minimale<br />
de la norme est bien supérieure à toutes<br />
les réserves de sécurité dont une corde<br />
a besoin pour être utilisée en escalade. Le<br />
glissement de la gaine fait également partie<br />
des exigences de la norme, mais il n'est souvent<br />
plus indiqué aujourd'hui, car ce risque<br />
est proche de zéro dans la pratique. Les<br />
cordes Unicore de Beal présentent même<br />
une gaine totalement solidarisée à l’âme.<br />
En revanche, l'imprégnation et l'absorption<br />
d'eau constituent des éléments importants<br />
pour la manipulation d’une corde. La norme<br />
UIAAWR (non obligatoire) pour les cordes<br />
limite l’absorption d'eau à 5 % maximum du<br />
poids propre de la corde. En comparaison,<br />
une corde non traitée peut absorber jusqu'à<br />
50 % de son propre poids en eau ! Pour les<br />
cordes modernes et bien imprégnées, l'absorption<br />
d'eau est inférieure à 2 % du poids<br />
propre. L'imprégnation est un secret bien<br />
gardé par les fabricants, car elle influence<br />
massivement les propriétés de la corde en<br />
termes de manipulation et de robustesse.<br />
Ce traitement évite non seulement à l’eau<br />
de pénétrer, mais aussi à la poussière et à<br />
la saleté. Au fil du temps, la saleté entraîne<br />
une usure accrue de la corde. Il n'existe pas<br />
de paramètre mesurable pour la robustesse<br />
en soi – il faut alors se fier aux conseils dispensés<br />
dans les commerces spécialisés et à<br />
sa propre expérience.<br />
À propos d'usure : une corde utilisée<br />
en salle et en falaise avec peu de contact<br />
direct contre le rocher s'usera en premier<br />
lieu en raison des chutes fréquentes ainsi<br />
que de la contamination par la poussière<br />
et la magnésie. En terrain alpin, la situation<br />
est très différente, car une corde<br />
est souvent amenée à cheminer autour<br />
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Réflexion affûtée : actuellement,<br />
les fabricants ont pour<br />
ambition d’améliorer la résistance<br />
des cordes en cas de<br />
chute sur une arête vive.<br />
Welcome to nature<br />
possible. Le fabricant tchèque Lanex, avec<br />
sa propre marque Tendon, ainsi que Sterling<br />
Ropes aux Etats-Unis comptent également<br />
parmi les plus grands fabricants.<br />
Développements actuels<br />
d’arêtes rocheuses. Le type de roche joue<br />
bien sûr un rôle important et une longue<br />
course d’arête dans le granit peut déjà<br />
laisser des traces évidentes sur toute<br />
la longueur de la corde. Lors du choix<br />
d’une nouvelle corde, les alpinistes et<br />
grimpeurs aguerris tiendront également<br />
compte de la souplesse de la corde. Selon<br />
le modèle, les cordes peuvent être plus ou<br />
moins souples au toucher, au mousquetonnage<br />
ou encore à l'assurage. Les fabricants<br />
français Beal et Petzl ont tendance<br />
à proposer des modèles de cordes plutôt<br />
souples par rapport au fabricant allemand<br />
Edelrid. Il n'est pas possible de donner de<br />
conseil général – cela dépend vraiment<br />
de la perception et des préférences de<br />
chaque utilisateur. Le marquage du milieu<br />
de corde est essentiel en escalade. Si ce<br />
repère passe à travers le dispositif d'assurage<br />
lors de l’assurage du grimpeur<br />
en tête, il n'y aura plus assez de corde<br />
pour la descente en moulinette. Les marquages<br />
du milieu de corde avec un scotch<br />
ou de la peinture s'usent souvent avec le<br />
temps. C'est pourquoi certains fabricants<br />
changent le motif du tressage de la gaine<br />
au milieu de la corde, de sorte que le milieu<br />
soit marqué durablement.<br />
Production des cordes<br />
La confection de l’âme est la première<br />
étape de la production. Au début, les différentes<br />
mèches (terme technique pour<br />
les fils) sont tressées en cylindres. Ces cylindres<br />
servent uniquement à donner aux<br />
fils une forme qui peut être rétrécie par la<br />
température et l'humidité. Ce rétrécissement<br />
confère aux fibres leur élasticité. Ensuite,<br />
les cylindres sont défaits comme une<br />
maille en l’air, enroulés sur des bobines et<br />
insérés dans le métier à tisser des cordes.<br />
C'est là que sont fabriquées des cordes de<br />
plusieurs centaines de mètres de long avec<br />
différents procédés. Avant d'être coupée à<br />
la longueur définitive, la corde est encore<br />
soumise à un traitement d’imprégnation qui<br />
lui confère la dernière touche de finition.<br />
Ensuite, les marquages du milieu et des<br />
bouts de corde sont effectués et la corde<br />
est pliée et emballée. Depuis quelques<br />
temps, le lapcoiling (procédé de pliage spécial)<br />
s'est généralisé pour les cordes haut<br />
de gamme. Les cordages sont alors savamment<br />
enroulés pour éviter à l’utilisateur un<br />
premier déroulement soigneux de toutes<br />
les boucles. Il est ainsi possible de la sortir<br />
de l'emballage et de l’utiliser directement.<br />
Mais sans lapcoiling, celui qui ne déroule<br />
pas avec soin sa corde neuve mais qui se<br />
contente d’en saisir une extrémité et de tirer<br />
dessus sera puni par une belle salade<br />
de corde et des vrilles extrêmes.<br />
En raison du haut degré d'automatisation<br />
et du contrôle qualité nécessaire,<br />
seule une poignée de fabricants possède<br />
encore sa propre production de cordes. Sur<br />
le marché européen, l'usine d'Edelrid en<br />
Allemagne et celle de Teufelberger en Autriche<br />
méritent d’être mentionnées. Toutes<br />
deux fournissent des cordes d'escalade à<br />
plusieurs marques de renom. En 2015, l'entreprise<br />
Mammut a cédé sa production de<br />
cordes à Teufelberger. Avec son usine à Madagascar,<br />
Beal montre qu'une production<br />
dans des pays à bas salaires est également<br />
Les cordes d'escalade ont atteint un niveau<br />
de technicité très élevé. La course vers la<br />
corde la plus fine s’est calmée. Les efforts<br />
actuels portent en premier lieu sur la durabilité<br />
dans le processus de fabrication.<br />
Comme pour les textiles fonctionnels, les<br />
imprégnations sans PFC et PFAS sont aujourd'hui<br />
monnaie courante (par ex. Eco-Dry<br />
chez Edelrid, depuis 2018). L'upcycling des<br />
déchets de production ainsi que le downcycling<br />
des cordes mises au rebut (par<br />
exemple pour en faire des T-shirts) sont<br />
également de plus en plus en vogue. En<br />
2021, Edelrid a réussi à fabriquer de nouvelles<br />
cordes d'escalade avec 50 % de matériaux<br />
de récupération (Edelrid Neo 3R).<br />
Les efforts se multiplient autour de la résistance<br />
aux angles vifs : depuis quelques<br />
années, Edelrid et Mammut ont intégré aux<br />
cordes des fibres en Kevlar résistantes aux<br />
coupures. De telles cordes offrent un avantage<br />
non négligeable en matière de sécurité,<br />
surtout pour l’alpinisme et l’escalade<br />
alpine. Les fibres en Kevlar réduisent la<br />
probabilité d'endommager la corde sur des<br />
arêtes vives. Il n'existe toutefois pas encore<br />
de normes ou d'exigences européennes clairement<br />
définies en matière de résistance<br />
aux arêtes vives– bien que la chute sur une<br />
arête coupante représente aujourd'hui plus<br />
ou moins la seule possibilité de provoquer<br />
la défaillance d’une corde.<br />
Meilleur maniement, plus longue durée<br />
de vie : douze astuces sur les cordes<br />
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Photo : Sylvain Mauroux<br />
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<strong>No</strong>tre mission est de créer les meilleurs<br />
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incomparables. Qualité, fonctionnalité, design<br />
et durabilité sont les mots d’ordre au cœur<br />
des préoccupations de quatre générations<br />
depuis 1929.<br />
24<br />
norrona.com<br />
25
Bon plan Pente raide<br />
Montée raide et descente<br />
encore plus raide : ascension<br />
du couloir Barbey à l’Aiguille<br />
d’Argentière, à proximité de<br />
Chamonix.<br />
L’appel de la<br />
pente raide<br />
Descendre des couloirs de plus de 45 degrés constitue<br />
l’apogée du randonneur à ski ambitieux. Qu'est-ce qui pousse<br />
les skieurs experts à se lancer dans l'ivresse risquée<br />
d’une descente vertigineuse ? Un voyage auto-exploratoire<br />
dans cinq hauts-lieux des faces raides alpines.<br />
Texte & Photos Christian Penning
Wegweiser Steilrinnen<br />
Pente raide Bon plan<br />
« Au début de la descente, j'avais vraiment la trouille », se souvient<br />
Jérémie Heitz, le héros suisse des faces raides. Avec son<br />
documentaire « La Liste » dévoilant ses descentes à grande vitesse<br />
des faces de glace vertigineuses de la Lenzspitze, de l'Obergabelhorn<br />
& Cie, il est devenu mondialement connu. Descendre<br />
à ski des couloirs et des parois de glace recouvertes d’une fine<br />
couche de neige et d'une inclinaison de 45 à 50 degrés voire plus,<br />
c'est du hara-kiri pour les uns, l'accomplissement pour les autres.<br />
Pour comprendre le tréfonds de ce mélange de fascination et de<br />
folie, je me rends dans l'Oberland bernois. Un mix de scènes de<br />
l'histoire de l'alpinisme et de bribes d'interviews de riders professionnels<br />
et de pionniers du ski de pente raide bouillonne dans ma<br />
tête lorsque le train du Jungfraujoch nous véhicule jusqu'au point<br />
de départ, à 3500 mètres d'altitude.<br />
Quelques chapitres les plus essentiels du ski de pente raide<br />
ont été écrits ici, à deux pas des notables Eiger, Jungfrau et Mönch.<br />
Une légende : les premières descentes à ski spectaculaires des<br />
deux italiens Toni Valeruz et Bruno Pederiva. En 1983 ils ont réussi<br />
à dévaler la face nord-est de l’Eiger (55 degrés), qualifiée auparavant<br />
d’inskiable. Comme aucune équipe de télévision ne les accompagnait,<br />
Valeruz est remonté le lendemain devant les caméras et<br />
a reskié la face – seul. Le bernois Chris Kohler n'était alors qu'un<br />
petit garçon. Mais le reportage sur cet exploit l'a tellement impressionné<br />
que l'envie de maîtriser lui aussi des descentes similaires<br />
ne l'a plus quitté depuis. C'est un mélange de frissons et d'exaltation<br />
qui rend le ski à la verticale si fascinant.<br />
Le soir, Chris est assis devant la Mönchsjochhütte et discute<br />
des détails des prochains jours avec ses compagnons. Ce ne sont<br />
pas les premières aventures à la verticale que Chris entreprend<br />
avec ses copains. Une solide formation d’alpinisme au CAS, une<br />
position d’officier des troupes suisses de haute montagne ainsi<br />
qu'une profonde passion pour le freeride ont depuis longtemps<br />
permis à Chris de réaliser certains de ses rêves de jeunesse les<br />
plus audacieux.<br />
Échauffement au-dessus des séracs<br />
Le lendemain matin, Chris et son compagnon de cordée Christian<br />
Paul s’encordent pour crapahuter en direction du Mönch (4107<br />
mètres) par son arête sud-est. « Je suis surtout attiré par les projets<br />
qui ne s'improvisent pas. De simples descentes freeride en bordure<br />
d’un domaine skiable procurant simplement de l’adrénaline<br />
ne m’intéressent pas plus que tant », réfléchit Chris en reprenant<br />
son souffle. Pendant des semaines, voire des années, il suit les<br />
conditions dans les parois de ses rêves, rassemble des informations,<br />
élabore des stratégies, jusqu'à ce que les conditions soient<br />
enfin réunies. « L’aventure commence dans ma tête, bien avant de<br />
se rendre en montagne ». La descente du Mönch n'est pas moins<br />
aventureuse. Une chute pourrait se terminer dans les séracs du<br />
‹1›<br />
« Le plus beau, c’est le<br />
calme. Pas d’agitation,<br />
pas de rivalité pour la<br />
première ligne comme<br />
en freeride. »<br />
versant sud du Mönch de la hauteur d'un clocher d’église. « Un bon<br />
échauffement pour demain », dit Chris en souriant.<br />
Le lendemain, dans l'ascension du Fiescherhorn, le paysage ressemble<br />
à une planète de glace et de pierres, couronnée d'imposantes<br />
aiguilles rocheuses. Heini Holzer, pionnier du ski de pente<br />
raide, a un jour appelé ses projets « la conquête du vide ». Les<br />
skis sur le sac à dos, les crampons aux pieds, les piolets dans les<br />
mains, chaque pas ressemble à une génuflexion avec un lourd<br />
haltère sur les épaules. Chaque pas force encore plus la respiration.<br />
La face raide et la neige durcie du Fiescherhorn requièrent<br />
une concentration monstre. Épuisée, notre petite équipe atteint<br />
l'arête sommitale. La vue vers les profondeurs ressemble à celle<br />
d'un hélicoptère. Peu à peu, le pouls se calme. « Ce qu'il y a de<br />
plus beau dans ce genre d'action, c'est la liberté et le calme »,<br />
constate Chris. « Pas de précipitation, pas de rivalité pour la<br />
première ligne comme en freeride ». Le silence semble presque<br />
palpable. Une demi-heure plus tard, le soleil fait légèrement briller<br />
la surface de la neige. « C'est maintenant ou jamais ! » Chris<br />
est prêt à partir. Il prend le premier virage vers l'abîme. Les<br />
carres mordent la neige. Chaque virage doit être assuré.<br />
Danse au bord du gouffre<br />
Qu'est-ce qui nous pousse à faire notre trace à la limite de la chute<br />
libre ? C'est peut-être la même raison toute simple qui pousse les<br />
alpinistes à gravir les montagnes les plus raides, les plus hautes<br />
et les plus difficiles : parce qu'elles sont là, tout simplement. Mais<br />
à elle seule, cette raison ne suffit pas à élucider le mystère de la<br />
fascination qu’exerce l’univers alpin. Les possibilités d'interprétation<br />
pour expliquer l’attrait d’une danse au bord du gouffre sont<br />
bien plus nombreuses.<br />
‹1› Plongeon : dans la face raide du<br />
Hinter Fiescherhorn dans l’Oberland<br />
bernois. La vue plongeante sur le<br />
Ewigschneefäld est grandiose.<br />
‹2› Tout porter et avancer avec les<br />
piolets : comme au Hinter<br />
Fiescherhorn, l’accès aux descentes<br />
raides n’est pas donné.<br />
Dans les années 1970, le pionnier français de pente raide Patrick<br />
Vallençant a inventé le slogan « Si tu tombes, tu meurs ». Il comprenait<br />
ces cinq mots comme un avertissement. Comme un signe<br />
d'être vigilant, de ne pas se permettre d'erreur. Ils sont devenus<br />
des mots courants dans le milieu. Alors, concentration totale ! Un<br />
état de flow d'une rare intensité s'installe, un peu comme dans<br />
les voies d'escalade exigeantes. « Tu ne penses qu'au prochain<br />
virage », dit Chris. Le corps et l'esprit se fondent en une unité jamais<br />
vécue auparavant. 800 mètres plus bas, la tension et la joie<br />
se libèrent dans un « youhououou » collectif. Ce qui suit, ce sont<br />
des virages de plaisir libérateurs sur le Ewigschneefäld jusqu'à<br />
la cabane Concordia.<br />
Un sentiment de profonde satisfaction se répand. Le ski<br />
de pente raide est l'une des dernières disciplines des sports de<br />
montagne sans règles de compétition, l'un des derniers refuges<br />
pour les aventuriers individualistes. Décédé en juillet <strong>2024</strong> à<br />
l’âge de 87 ans, Sylvain Saudan était un pionnier du ski de pente<br />
raide. Il a notamment été le premier à descendre la face est du<br />
Mont Rose. Lorsqu'on lui a demandé ce qui l'avait poussé, jeune<br />
homme, à skier les parois les plus raides il a répondu : « Je voulais<br />
simplement me découvrir moi-même ». Chris hoche la tête<br />
en signe d'approbation. Il ne s'agit pas de degrés d'inclinaison<br />
de la pente, ni de sensations. Skier des pentes raides est comparable<br />
à l’éternel rêve de l'humanité : voler. « Ce qui compte,<br />
c'est de vivre ce rêve. »<br />
‹2›<br />
28<br />
29
Bon plan Pente raide<br />
Thema Rubrik<br />
Quatre descentes<br />
classiques de<br />
pente raide dans<br />
les Alpes<br />
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1. Couloir Barbey (3898 m)<br />
Chamonix<br />
Pente : 45–50 degrés<br />
Dénivelé : 600–700 m<br />
Difficulté : AD<br />
Exposition : E<br />
Meilleure saison : avril / mi-mai<br />
Point de départ : Argentière, station supérieure<br />
des Grands Montets (3295 m)<br />
La métropole de l'alpinisme au pied du Mont Blanc est<br />
l'un des berceaux du ski extrême dans les Alpes. Des<br />
descentes comme le couloir Gervasutti (Mont Blanc<br />
du Tacul), le couloir Whymper (Aiguille Verte) ou le<br />
couloir Mallory (Aiguille du Midi) font partie des classiques.<br />
Moins connu, le couloir Barbey à l'Aiguille d'Argentière<br />
(3898 m), d’une inclinaison entre 45 et 50 degrés,<br />
n'en est pas moins fascinant. Vu de l'est, depuis<br />
Verbier, ce couloir ressemble à une fine face blanche<br />
verticale. La descente mène au glacier de Saleinaz. Le<br />
retour dans le domaine skiable d’Argentière s'effectue<br />
par le col du Chardonnet.<br />
‹1›<br />
2. Piz Buin face est (3174 m)<br />
Silvretta<br />
‹2›<br />
CONSEILS D'ÉQUIPEMENT<br />
Équipement pour des courses à ski en<br />
haute montagne, corde, couteaux, casque,<br />
crampons, 1 à 2 piolets, skis de freeride<br />
stables avec une bonne accroche des<br />
carres et une fixation de randonnée.<br />
Pente : 45–50 degrés<br />
Dénivelé : 400–500 m<br />
Difficulté : AD<br />
Exposition : E<br />
Meilleure saison : mi-mars / fin avril<br />
Point de départ : Chamanna Tuoi ou accès par la<br />
Wiesbadener Hütte et le Ochsentaler Gletscher<br />
GUIDES ET CAMPS<br />
Steep Skiing Camps Worldwide (Chamonix,<br />
La Grave), steepskiingcamps.com<br />
Proguide (Dolomiten), Franceso Tremolada<br />
proguide.it<br />
Bergsucht, Raphael Imsand<br />
bergsucht.ch<br />
Compagnie des Guides de Chamonix<br />
chamonix-guides.com<br />
Sur le fil du rasoir des arêtes au-dessus des glaciers<br />
de la Silvretta, on a presque l'impression d'être dans<br />
les Alpes occidentales. La descente par le couloir<br />
de droite sans nom, quelque peu caché dans la face<br />
est du Piz Buin, est particulièrement attractif à ski.<br />
Le départ se fait près du P. 3174, au petit col entre<br />
le Wiesbadener Grätle et le sommet principal du Piz<br />
Buin. À l'entrée, le couloir bascule rapidement dans<br />
une raideur qui fait disparaître la suite. Interdiction de<br />
s’y lancer en cas de présence de glace. Mais lorsque<br />
la neige croche bien, c'est une descente de pente raide<br />
de première classe.<br />
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30<br />
31
Bon plan Pente raide<br />
3. Couloir Holzer (2900 m)<br />
Sella, Dolomites<br />
Fonctionnalité et confiance<br />
Pente : 40–45 degrés<br />
Dénivelé : 500 m<br />
(plus 500 m moins raides dans le Val Lasties)<br />
Difficulté : AD<br />
Exposition : N<br />
Meilleure saison : début mars / mi-avril<br />
Point de départ : station supérieure de Sas de<br />
Pordoi (2950 m)<br />
D'immenses tours rocheuses, des parois calcaires comme les<br />
murs d'une cathédrale, entrecoupées de couloirs toujours remplis<br />
de neige – dans les Dolomites, s’approcher de la verticalité<br />
à ski est une tradition. Le décor est grandiose comme nulle part<br />
ailleurs. Toni Valeruz, le premier à avoir gravi la face est du Cervin,<br />
est originaire du Val di Fassa. En 1980, il est descendu la<br />
face nord-est du Langkofel à ski – une escalade impressionnante<br />
en 4 sup en été. Le légendaire Canale Holzer est nettement plus<br />
abordable, avec un accès confortable depuis la station supérieure<br />
de la télécabine du Sass Pordoi (2950 m). Lorsque les conditions<br />
sont bonnes, le fameux couloir à 45 degrés se transforme rapidement<br />
en piste de bosses. Malgré tout, il ne faut pas sous-estimer<br />
la descente. À l'exception des hivers très enneigés, il faut tirer un<br />
rappel au milieu.<br />
‹4›<br />
‹3›<br />
4. Pollux (4089 m)<br />
Pente : 45 degrés<br />
Dénivelé : 500 m<br />
Difficulté : AD+<br />
Exposition : SW<br />
Meilleure saison : fin avril / mai<br />
Point de départ : arrivée du téléphérique<br />
du Petit Cervin<br />
Le Pollux fait partie des quatre milles facilement accessibles<br />
autour de Zermatt. C'est aussi un objectif intéressant<br />
pour les descentes de pente raide, avec un<br />
effort raisonnable. Cependant, le Pollux n'entre pas<br />
dans la catégorie des « 4000 gratuits ».<br />
Pour y monter, il faut chausser ses crampons et prendre<br />
en main son piolet. Un couloir raide donne accès à<br />
une vire rocheuse. C’est là que l’on s'encorde. Deux ou<br />
trois longueurs d'escalade, parfois exposées, mènent à<br />
la pente sommitale. Pas si évident avec les skis encombrants<br />
sur le sac à dos ! Avec un peu de chance, le soleil<br />
de midi laissera place à une neige revenue dans la face<br />
sud-ouest. En cas de glace dans la face, la descente est<br />
déconseillée. À quelques encablures à vol d'oiseau se<br />
trouve la plus longue descente raide des Alpes, le couloir<br />
Marinelli. Sylvain Saudan y a réussi la première descente<br />
à ski de la face est du Mont Rose le 10 juin 1969.<br />
Au-delà de 45 degrés, il n'y a plus de marge d'erreur. Cela ne vaut pas<br />
seulement pour les compétences personnelles, mais aussi pour l'équipement.<br />
Trois produits phares de notre gamme hivernale.<br />
Rafraîchissement<br />
Pour l’hiver prochain, le fabricant suisse de fixations<br />
Fritschi a peaufiné ses trois modèles de<br />
fixations à inserts Tecton, Vipec et Xenic. Outre un<br />
nouveau look, les modifications concernent surtout<br />
la durée de vie et la facilité d'utilisation – tout en<br />
conservant le même poids. La troisième génération<br />
de la Tecton est dotée de clips de couleur interchangeables<br />
ainsi que d'une butée avant et d'une talonnière<br />
optimisées, et sont désormais plus faciles à<br />
utiliser. Les nouveaux matériaux rendent la fixation<br />
plus robuste. La cinquième génération de la fixation<br />
Vipec reçoit également des clips de couleur – et un<br />
nouveau levier à la talonnière qui permet de passer<br />
du mode descente au mode marche (et inversement)<br />
à l'aide d'un bâton de ski, sans devoir sortir<br />
de la fixation. Enfin, la fixation légère Xenic bénéficie,<br />
entre autres, d'une plus grande rigidité en tor-<br />
sion dans la talonnière et de leviers à inserts se<br />
déplaçant horizontalement afin d’empêcher<br />
les déclenchements intempestifs. Le levier<br />
de manipulation a également été optimisé.<br />
1 TECTON, VIPEC, XENIC<br />
FRITSCHI<br />
Comme sur des rails<br />
Pour se lancer dans des descentes raides, les<br />
chaussures de ski de randonnée doivent être<br />
rigides et transmettre la force de manière optimale.<br />
La K2 Mindbender 120 Boa répond à ces<br />
exigences grâce au recours à deux systèmes<br />
de fermeture : sur le tibia, elle dispose de deux<br />
boucles classiques et d'un powerstrap, mais<br />
pour maintenir l'avant du pied, cette version<br />
est équipée d'une roue Boa. Cette dernière peut<br />
être tournée dans les deux sens et l'ajustement<br />
au niveau du cou-de-pied se fait avec précision.<br />
Plus la transmission de la force est bonne, plus<br />
la pression exercée sur les carres du ski est<br />
importante. La chaussure Mindbender 120 Boa<br />
se distingue en outre par une tige Powerlite en<br />
TPU dotée d’un débattement confortable de 50°<br />
en mode marche. Le tout est complété par un<br />
chausson PrecisionFit Pro Tour confortable et<br />
une semelle Gripwalk.<br />
3 MINDBENDER 120 BOA<br />
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Poids: 3646 g / paire<br />
CHF 739.–<br />
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Naissance d’une légende<br />
La nouvelle peau Colltex se doit d’être « courageuse<br />
et déterminée », comme la Vreneli de<br />
la légende du Glärnisch. Sa fabrication utilise<br />
la technologie brevetée Profibre : les fibres<br />
ne sont plus tissées, mais appliquées selon<br />
un procédé novateur. Cela rend la peau plus<br />
résistante à l'abrasion et plus légère que les<br />
modèles traditionnels tout en lui conférant<br />
des propriétés d’accroche et de glisse élevées.<br />
Cela lui a valu un prix ISPO. La Vreneli Ready<br />
est une peau de 130 mm de large qui peut être<br />
découpée pour s'adapter au ski. La technologie<br />
Colltex Dry Base empêche la formation de sabots.<br />
En montagne, la peau Vreneli peut être<br />
utilisée sans filet. Pour la ranger une fois à la<br />
maison, il est recommandé d'appliquer un filet<br />
sur la couche de colle thermofusible. Avec<br />
son poids léger, son faible encombrement et<br />
sa grande robustesse, la Vreneli Ready est la<br />
peau idéale pour une utilisation polyvalente.<br />
2 VRENELI READY<br />
COLLTEX<br />
Poids : 89 g (pour 60 mm x 150 cm)<br />
CHF 199.–<br />
Bächli On Tour<br />
Le ski de pente raide est la forme<br />
la plus exigeante de la rando à<br />
ski. Pour s'initier pas à pas aux<br />
descentes raides, il est préférable de<br />
se faire accompagner par un guide<br />
de montagne. Vous trouverez des<br />
randonnées à ski guidées dans notre<br />
programme « Bächli On Tour ».<br />
32<br />
33
Expert Membrane Gore ePE<br />
Expert<br />
Entre mythe<br />
Principe<br />
Chaque hardshell ou veste de protection contre les<br />
intempéries contient une membrane étanche à l'eau mais<br />
perméable à la vapeur. La membrane est généralement<br />
protégée par un tissu extérieur laminé. Pour que ce dernier<br />
soit déperlant en cas de pluie, il est imprégné. Pendant<br />
longtemps, et jusqu'à aujourd'hui, des PFC ont été utilisés<br />
dans les membranes et dans les imprégnations.<br />
et réalité<br />
Un peu plus de sept ans après l'annonce d'un laminé sans PFC,<br />
Gore Fabrics lance sa nouvelle membrane ePE sur le marché.<br />
Que se cache-t-il derrière ce nouveau produit ?<br />
Texte Thomas Ebert<br />
Il y a 13 ans, Greenpeace tirait la sonnette<br />
d'alarme avec sa campagne « Detox » .<br />
Après le coup d'envoi en 2011, qui visait<br />
surtout l'utilisation de produits chimiques<br />
dangereux dans l'industrie de la mode, l'industrie<br />
des sports de montagne et outdoor<br />
a également été prise pour cible en 2015,<br />
en particulier en raison des vestes imperméabilisées.<br />
Rétrospectivement, il n'est<br />
sans doute pas exagéré de dire que ce mouvement<br />
a été l'un des germes, si ce n'est<br />
le germe décisif, de la tendance au développement<br />
durable qui a aujourd'hui gagné<br />
l'ensemble du secteur.<br />
Mais reprenons les choses dans<br />
l'ordre : les imprégnations des vestes<br />
hardshell, c'est-à-dire les produits qui produisent<br />
l'effet déperlant, ont été identifiées<br />
comme problématiques. Et effectivement,<br />
les imprégnations contiennent des PFAS,<br />
c'est-à-dire des substances per- et polyfluoroalkylées.<br />
C'est ainsi que les spécialistes<br />
appellent ce groupe de substances, plus<br />
souvent appelées « PFC » (perfluorocarbures)<br />
dans le langage courant. En gros, ce<br />
sont des molécules de carbone contenant<br />
du fluor que l'on rencontre à de nombreux<br />
endroits de la vie quotidienne : dans le revêtement<br />
des gobelets à café jetables, dans<br />
le revêtement antiadhésif des poêles, dans<br />
l'huile de chaîne pour le vélo, dans les tapis<br />
résistants aux salissures – ou justement,<br />
dans les imprégnations déperlantes des<br />
vestes, des cordes et des chaussures. Le<br />
principal problème de ces PFC est qu'ils<br />
sont persistants dans l’environnement.<br />
Les molécules de carbone et de fluor ne<br />
peuvent être séparées qu'au prix d'une très<br />
grande dépense d'énergie (p. ex. à des températures<br />
de 1300 °C) et ne se dégradent<br />
donc pas dans la nature. Que ce soit dans<br />
le sang humain ou en Antarctique, des PFC<br />
ont été et sont détectés partout dans le<br />
monde. Et à défaut de se dégrader, ils s’accumulent<br />
– jusqu'à atteindre des concentrations<br />
nocives pour l'environnement. De<br />
plus en plus d'études révèlent aujourd'hui<br />
que les PFC ont des effets négatifs sur le<br />
système immunitaire humain (par exemple<br />
sur le taux de cholestérol), qu'ils favorisent<br />
les maladies de la thyroïde et qu'ils sont<br />
cancérigènes.<br />
Désormais, un article de sport de<br />
montagne annoncé comme « exempt de<br />
PFC » n'est pas qu’un argument de marketing<br />
pour une clientèle de plus en plus<br />
sensible et soucieuse de l'environnement.<br />
Dans un avenir proche, les produits sans<br />
PFC seront également obligatoires d'un<br />
point de vue légal. PFOA à chaînes particulièrement<br />
longues sont interdits dans<br />
l'Union européenne depuis 2020. Des délais<br />
de transition plutôt longs ont cependant été<br />
mis en place (pour une utilisation médicale<br />
des PFC, p. ex. pour les valves cardiaques)<br />
et les exceptions, par exemple pour les PFC<br />
à chaînes courtes, sont nombreuses. Les<br />
sports d'hiver ont déjà pris les devants : les<br />
farts de ski fluorés sont par exemple interdits<br />
dans le cadre des compétitions de la<br />
FIS ou du biathlon (fédération IBU).<br />
Pourquoi Gore cherche une<br />
nouvelle membrane<br />
Dans le secteur des sports de plein air, la<br />
plupart des fabricants ont également déjà<br />
fait de gros efforts pour bannir les PFC, si<br />
utiles mais aussi si nocifs, de leur processus<br />
de fabrication. Ce processus est toujours<br />
en cours. Ainsi, certains fournisseurs<br />
de produits d'imprégnation ont misé très<br />
Illustration: Saija Sollberger<br />
34<br />
35
Expert Membrane Gore ePE<br />
‹1› Comme les imprégnations<br />
sans PFC deviennent de plus<br />
en plus standard, l'entretien<br />
correct d'une veste hardshell<br />
– lavage et renouvellement de<br />
l'imprégnation – est devenu<br />
encore plus important.<br />
‹2› Pour que les produits<br />
d'imprégnation respectueux<br />
de l'environnement produisent<br />
l'effet déperlant souhaité (tout<br />
en améliorant ainsi la perméabilité<br />
à la vapeur), ils doivent<br />
être appliqués régulièrement.<br />
F A R & L I G H T<br />
TRUE. ALPINE.<br />
tôt sur des produits sans PFC – en utilisant<br />
des silicones, des polyuréthanes ou des paraffines<br />
pour imiter les propriétés positives<br />
des PFC. D'autres, en revanche, ont opté<br />
pour une double approche et proposent<br />
encore aujourd'hui, outre une variante sans<br />
PFC, des produits efficaces et éprouvés<br />
contenant du fluor.<br />
Mais le problème des PFC ne concerne<br />
pas seulement les imprégnations. Même<br />
s'il existe une multitude d'autres fabricants<br />
de textiles fonctionnels : l'entreprise Gore<br />
Fabrics et en particulier ses laminés Gore-<br />
Tex sont presque devenus un synonyme de<br />
vestes de protection contre les intempéries.<br />
En d’autres mots : le nom de la marque<br />
fait désormais partie du langage courant<br />
au même titre qu'un Scotch, une Jeep ou<br />
un Thermos. Comme le fabricant de laminé<br />
n’effectue pas lui-même l’imprégnation<br />
d’une veste, on pourrait penser que le problème<br />
des PFC ne préoccupe pas beaucoup<br />
Gore. Mais en réalité, le problème des produits<br />
Gore-Tex est plus sournois. En effet,<br />
c’est la membrane, située entre le tissu<br />
extérieur et la doublure intérieure, qui est<br />
responsable de la véritable « fonction »<br />
d’étanchéité et cette dernière a toujours été<br />
composée de substances perfluorées. En<br />
1969, Robert W. Gore a découvert les propriétés<br />
de l'ePTFE, c'est-à-dire du polytétrafluoroéthylène<br />
expansé. Pour simplifier,<br />
l'ePTFE est un film très fin qui est étiré (expansé)<br />
de manière à obtenir des pores très<br />
nombreux mais microscopiques – environ<br />
1,4 milliard par centimètre carré. Ces pores<br />
permettent à la vapeur d'eau gazeuse de<br />
passer, mais retiennent les molécules<br />
d'eau liquide. Génial ! Mais le problème est<br />
que l’ePTFE, plus connu sous le nom commercial<br />
de téflon, fait partie du groupe des<br />
perfluorocarbures.<br />
Sous la pression croissante de l'opinion<br />
publique, Gore Fabrics a également<br />
déclaré début 2017 que toute sa production<br />
serait exempte de PFC d'ici 2023. Aujourd'hui,<br />
on table plutôt sur 2025. Un pas<br />
de géant. Car non seulement la célèbre<br />
membrane ePTFE de Gore était utilisée avec<br />
succès depuis des décennies, mais des dizaines<br />
de fabricants, d'Arc'teryx à <strong>No</strong>rrona<br />
en passant par Patagonia, utilisaient également<br />
des laminés Gore-Tex. La confiance<br />
dans les produits Gore-Tex était (et elle<br />
l’est toujours) si grande, qu'un abandon<br />
de l'ePTFE ne peut réussir que si un produit<br />
de remplacement équivalent peut être<br />
trouvé. C'est justement là que Gore a longtemps<br />
échoué, car les propriétés des PFC<br />
étaient tout simplement trop bonnes, en<br />
termes d’imperméabilité et de perméabilité<br />
à la vapeur d’eau, pour être imitées par<br />
des moyens non polluants. C'est également<br />
l'avis de Joachim Stark, qui travaille depuis<br />
plusieurs décennies dans le marketing des<br />
produits Gore-Tex : « La génération actuelle<br />
de laminés a établi les normes auxquelles<br />
les produits futurs devront se mesurer ».<br />
Faire passer la vapeur<br />
Petite digression à propos de l'effet déperlant<br />
: celui-ci n'a en fait rien à voir avec l'imperméabilité<br />
d'une veste. Même si avec le<br />
temps l'effet déperlant s’atténue, les vestes<br />
de protection contre les intempéries avec<br />
membrane restent imperméables. L'effet<br />
déperlant est bien plus important pour la<br />
deuxième exigence à laquelle les vestes<br />
fonctionnelles doivent répondre : la perméabilité<br />
à la vapeur d'eau (évacuation de la<br />
transpiration). Car si le tissu extérieur d'une<br />
veste est gorgé d’eau, sa respirabilité chute<br />
et la veste finit par donner l'impression<br />
d'être mouillée de l'intérieur. Et dans ce cas,<br />
ce n'est pas la pluie qui pénètre à l'intérieur,<br />
Photos : Gore<br />
Que ce soit en cas de tempête pendant l‘ascension ou de fortes chutes de neige au<br />
sommet, la 3L ORTLER JACKET pour femmes est notre poids plume pour les vraies<br />
alpinistes ! Dans la ligne MERINO NAKED SHEEP, nous nous concentrons sur l‘essentiel:<br />
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36<br />
37
Expert Membrane Gore ePE<br />
« Les laminés ePE disponibles jusqu'à<br />
présent étaient principalement utilisés<br />
dans des domaines moins anaérobiques,<br />
tels que la randonnée ou le ski. »<br />
mais bien la vapeur d'eau produite par le<br />
corps qui ne parvient plus à traverser le textile<br />
et qui condense à l'intérieur de la veste.<br />
Avant même que Gore Fabrics 2011<br />
ne se mette à la recherche d'un produit<br />
de remplacement équivalent à l'ePTFE et<br />
sans PFC, certaines entreprises faisaient<br />
déjà parler d'elles avec des alternatives.<br />
La membrane eVent, développée en 1999<br />
et également commercialisée sous le nom<br />
de DryQ, s'est taillée une place solide sur<br />
le marché. Elle est particulièrement perméable<br />
à la vapeur d'eau, mais pas complétement<br />
étanche au vent. Il en va de même<br />
pour la membrane NeoShell de Polartec,<br />
basée sur des fibres submicroniques filées<br />
à l'électricité. Les membranes Dermizax du<br />
fabricant japonais Toray, qui équipent par<br />
exemple les vestes Ortovox, ou les laminés<br />
OutDry, qui se passent d'imprégnation,<br />
sont également très répandues. The <strong>No</strong>rth<br />
Face a consacré un budget important à la<br />
recherche autour de sa membrane « Futurelight<br />
», et le fabricant Sympatex, qui a<br />
toujours misé sur des laminés sans PFC,<br />
a également retrouvé un peu de vigueur.<br />
Les membranes Sympatex ne sont pas<br />
poreuses et ne peuvent donc pas, contrairement<br />
aux minuscules pores de l'ePTFE<br />
et autres, être obstruées par des sels, des<br />
graisses ou autres, réduisant ainsi la perméabilité<br />
à la vapeur d'eau. Des progrès<br />
considérables ont également été réalisés<br />
en ce qui concerne l'élasticité, la recyclabilité<br />
ou le non-mélange de matières dans les<br />
laminés.<br />
C'est à l'occasion de l'Ispo 2022 que<br />
Gore Fabrics a présenté son nouveau la-<br />
Marcus Liss<br />
Sélectionneur des vêtements<br />
miné sous le mot-clé ePE – le « TF » pour<br />
tétrafluor ayant disparu. Selon Gore, « la<br />
membrane, les laminés et les traitements<br />
DWR sont exempts de PFC ». Le principe<br />
est resté le même : le polyéthylène expansé<br />
est imperméable de l'extérieur et doit<br />
permettre à la vapeur d'eau de s'échapper<br />
de l'intérieur grâce à de minuscules pores.<br />
Il est clair que la nouvelle membrane ePE<br />
est un « jalon dans l’histoire des innovations<br />
qui dure depuis des décennies dans<br />
notre entreprise » (Gore à propos de Gore).<br />
En ce qui concerne la fonctionnalité de<br />
la membrane ePE, ils s’avancent moins :<br />
« Les produits Gore-Tex avec la nouvelle<br />
membrane offrent des performances et une<br />
durabilité éprouvées », cite Lara Wittmann,<br />
Strategic Marketing Gore Consumer Fabrics,<br />
dans un publireportage publié dans<br />
le cadre de l'Ispo 2022.<br />
Que sait faire la nouvelle membrane ?<br />
Que valent donc ces nouveaux laminés ?<br />
Peuvent-ils rivaliser avec les anciens laminés<br />
fluorés ? Ce qui frappe, c'est que l'on cherche<br />
encore en vain dans les nouvelles vestes<br />
Gore-Tex ePE l'indication d'une valeur de perméabilité<br />
à la vapeur d'eau, comme la valeur<br />
MVTR ou RET que l’on trouvait auparavant.<br />
« <strong>No</strong>us n'avons pratiquement pas reçu d'informations<br />
sur les nouveaux laminés ePE »,<br />
constate également Marcus Liss, acheteur<br />
de textiles chez Bächli. De telles valeurs indiquaient<br />
dans quelle mesure la transpiration<br />
et l'humidité pouvaient s'échapper de l'intérieur<br />
de la veste vers l’extérieur. Une valeur<br />
MVTR de plus de 40 000 g/m 2 /24 h est considérée<br />
comme exceptionnelle, en dessous de<br />
10 000 g/m 2 /24 h, une veste n'est plus considérée<br />
comme « respirante ». D'ailleurs, la<br />
respirabilité souvent citée est un terme trompeur,<br />
car aucun laminé au monde ne peut<br />
respirer « activement ». En ce qui concerne la<br />
valeur RET, tout ce qui est inférieur à 6 est<br />
considéré comme extrêmement perméable à<br />
la vapeur, tout ce qui est supérieur à 20 n'est<br />
plus respirant. À titre comparatif, le règlement<br />
du célèbre événement de trail running<br />
UTMB recommande par exemple une veste<br />
de protection contre les intempéries avec<br />
une valeur RET inférieure à 13.<br />
Sur la base de son expérience,<br />
l'expert Bächli a tendance à modérer<br />
quelque peu les attentes envers la nouvelle<br />
membrane ePE de Gore : « En raison<br />
de leur plus faible respirabilité, les<br />
laminés ePE actuellement sur le marché,<br />
ont été majoritairement utilisés dans les<br />
domaines moins anaérobiques tels que la<br />
randonnée ou le ski », explique Liss. En<br />
d’autres termes : si l'on peut faire aveuglément<br />
confiance à la nouvelle membrane<br />
Gore pour sa résistance aux intempéries,<br />
c'est-à-dire ses propriétés imperméables<br />
et coupe-vent, on continuera sans doute<br />
à se heurter à la limite de la perméabilité<br />
à la vapeur d’eau dans le cadre d’activités<br />
physiques plus intenses ou lorsque<br />
les conditions extérieures sont défavorables.<br />
Même chez Gore, on peut lire entre<br />
les lignes qu'il y a encore du boulot : « Le<br />
voyage continue », communique Gore Fabrics,<br />
ces prochaines années la membrane<br />
ePE sera utilisée « dans une gamme beaucoup<br />
plus large de laminés et pour des<br />
applications finales plus vastes ». Cela<br />
paraît évident, car les laminés ePTFE utilisés<br />
dans les chaussures, les gants, etc.<br />
doivent également être remplacés par<br />
l'ePE. Et Joachim Stark conseille également,<br />
à titre préventif, de ne pas diaboliser<br />
les vestes avec membrane ePTFE en<br />
circulation, mais de continuer à les utiliser<br />
: « Les produits dotés de la technologie<br />
actuelle à base d'ePTFE ne deviennent pas<br />
moins bons simplement parce que la composition<br />
des nouveaux a changé ». Enfin, le<br />
consommateur a lui aussi un devoir à remplir<br />
: il devrait se demander s'il a vraiment<br />
besoin du plus haut degré de perméabilité<br />
à la vapeur d’eau. Il faut être conscient<br />
qu'au final, les lois physiques l'emportent<br />
toujours sur la chimie : même avec la meilleure<br />
des hardshell, on ne transpirera pas<br />
moins que sans.<br />
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38<br />
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39
Rencontre au sommet Tobias Ryser<br />
Thema Rubrik<br />
« Le brouillard est<br />
la plus grande diva<br />
que je connaisse. »<br />
Interview d’un « pêcheur de lumière » : le photographe nature Tobias Ryser<br />
s’exprime à propos d’un Photoshop analogique, de la perfection comme<br />
maladie professionnelle et de ce qui rend les arbres laids.<br />
Interview Thomas Ebert<br />
Photos Tobias Ryser<br />
Pour le grand photographe nature Ansel<br />
Adams, douze bonnes photos en un an représentaient<br />
un bon rendement. Est-ce que<br />
cela s'applique aussi à ton travail ?<br />
Il en faut beaucoup pour qu’une photo soit<br />
très bonne ou presque parfaite à mes yeux.<br />
Si je fais douze photos par an où tout est<br />
parfait pour moi, je suis méga satisfait. En<br />
général, je reviens de chaque sortie avec<br />
une bonne photo et quelques autres correctes,<br />
mais pas de celles qui donnent envie<br />
de crier. Je travaille longtemps autour de<br />
mes photos et je vais souvent aux mêmes<br />
endroits, car je visualise comment pourrait<br />
être l'endroit si les nuages étaient encore<br />
un peu plus beaux, les fleurs encore un peu<br />
plus parfaites. C'est uniquement quand je<br />
suis satisfait que je peux lâcher prise et me<br />
rendre à un autre endroit. Sur ce point, je<br />
suis perfectionniste.<br />
Rechercher la perfection dans la nature, estce<br />
possible ?<br />
C’est un peu la maladie des photographes<br />
nature : ça pourrait toujours être encore un<br />
peu mieux. Un arc-en-ciel, un double arc-enciel,<br />
un arc-en-ciel reflété, et en haut de la<br />
crête encore un bouquetin... On a des images<br />
de rêve dans la tête. Être content même<br />
avec d'autres images, c'est tout un art. De<br />
toute façon, on ne peut pas le forcer. On peut<br />
planifier à l'infini, mais à la fin, quand on est<br />
là-haut, la lumière vient ou ne vient pas.<br />
C'est, si l'on veut, de la grâce. Si tu es trop<br />
tendu, si tu perds la joie, le feu intérieur, le<br />
regard d'enfant – je le vois quand mon fils de<br />
sept ans m'accompagne lors de sorties photo<br />
– alors ça ne marche pas. J'ai vraiment dû<br />
apprendre cette combinaison de décontraction<br />
et de professionnalisme.<br />
La photographie est-elle le bon moyen d'atteindre<br />
la perfection ? On pourrait en effet,<br />
comme un peintre romantique, simplement<br />
peindre le violet qui manque, laisser tomber<br />
l'antenne du Säntis et mettre la lune là où ce<br />
serait parfait ?<br />
J’adorerais savoir peindre, mais je n'ai pas<br />
ce don. La photographie est mon moyen<br />
d'expression. Je suis quelqu'un qui préfère<br />
capturer quelque chose de beau avec un œil<br />
émerveillé plutôt que de créer moi-même<br />
quelque chose de beau. Bien sûr, je fais la<br />
composition moi-même, mais je n'ai pas<br />
besoin de concevoir, de créer moi-même<br />
le sujet. Cela n’empêche pas qu’il y a énormément<br />
à créer en photographie. Pour moi,<br />
c'est comme respirer, manger, c'est juste là.<br />
Tu dis de toi que tu as le don d'anticiper la<br />
lumière. Comment cela fonctionne-t-il ?<br />
C'est une combinaison de connaissances –<br />
étudier les modèles météorologiques, interpréter<br />
les météogrammes, lire les altitudes<br />
de nuages, tout l'aspect scientifique. Et puis<br />
il faut de l'expérience : je sais souvent intuitivement<br />
quand le brouillard est sur le point<br />
de tomber, comment il va réagir à l'heure<br />
bleue, s'il va se densifier ou se dissiper, où<br />
est-ce que la météo va tenir encore un peu<br />
plus longtemps en raison du fœhn. Je me<br />
déplace exclusivement en Suisse et j'ai une<br />
assez bonne perception de ce pays.<br />
Est-ce un sixième sens qui manque à certains,<br />
ou simplement beaucoup de connaissances<br />
et d'expérience ?<br />
Les sentiments jouent un rôle super important.<br />
Parfois, je pars la nuit avec deux ou<br />
trois idées en tête, j'ai vérifié la météo, choisi<br />
les endroits. Et puis, à un croisement, je<br />
tourne tout simplement ailleurs. Ce sont des<br />
décisions intuitives, comme des voix intérieures,<br />
couplées à l'expérience. Il faut goûter<br />
la lumière, l'anticiper. Et sur le terrain,<br />
lors de la composition, je ne réfléchis plus<br />
beaucoup, seules les émotions décident.<br />
La nature a la réputation d'être imprévisible.<br />
Mais en tant que photographe de paysage,<br />
Photo : màd<br />
40<br />
Les montagnes comme<br />
deuxième maison : « Elles<br />
m’offrent la force, le calme<br />
41<br />
et<br />
la paix intérieure. »
Rencontre au sommet Tobias Ryser<br />
‹1› Équilibre entre nuit et<br />
jour : à 2h du matin la lune<br />
se couche derrière le Cervin<br />
et éclaire de ses derniers<br />
rayons une grotte glaciaire.<br />
‹ 2 › Des tilleuls givrée dans<br />
la brume matinale : lorsqu’il<br />
parle d’arbres, Tobias Ryser<br />
a des exigences esthétiques<br />
très particulières.<br />
on en est assez proche, non ?<br />
Oui, mais il reste du mystère. Rien que le<br />
brouillard. Le brouillard est la plus grande<br />
diva que je connaisse, aucun modèle au<br />
monde ne parvient à le calculer.<br />
Mais quand la lune se lève pile poil derrière<br />
une montagne.<br />
Effectivement cela ne peut se faire que par<br />
calcul, et avec une précision étonnante. Mais<br />
au moment décisif, un voile de nuage peut<br />
venir tout perturber. C'est ce qui rend la<br />
chose si passionnante. Si tu maîtrisais tout<br />
et que tu plaçais la lumière comme tu le souhaites,<br />
ce serait un studio.<br />
Tu aurais alors la perfection que tu cherches.<br />
C'est vrai ! Mais plus les émotions quand pour<br />
une fois mon plan se réalise vraiment comme<br />
prévu. C'est quelque chose de tellement incroyable<br />
que ça me donne de l'énergie pour<br />
plusieurs semaines. Je pète vraiment les<br />
plombs à ce moment-là. Certains de mes<br />
étudiants se sont même mis à hurler parce<br />
que c'était tellement beau. C'est ce qui fait la<br />
différence. Personne ne sort de ses gonds<br />
lorsque l'IA génère une image en trois secondes<br />
en donnant comme commande « lac<br />
de montagne » et « lumière parfaite ». Tu es à<br />
la recherche de quelque chose et tu souhaites<br />
qu'il vienne. C'est ça qui est magique.<br />
Tu es en quelque sorte à la fois chasseur et<br />
cueilleur.<br />
Je dis souvent que je suis un pêcheur de lumière.<br />
Attendre longtemps à un endroit sans<br />
que rien ne se passe. J'apprécie cela. Réfléchir,<br />
regarder les nuages, comme un pêcheur.<br />
Et un jour, quelque chose mord à l'hameçon.<br />
C'est comme une chasse à l'instant<br />
parfait, mais il faut aussi savoir s'asseoir et<br />
patienter. Avec les possibilités actuelles de<br />
la photographie, ce n'est pas si facile : ne<br />
pas prendre une photo ou ne pas encore la<br />
prendre. Rester patient, mais ne pas rater<br />
l'instant – c'est tout un art.<br />
Mais un photographe vit aussi de ses archives,<br />
de sa collection.<br />
Oui, mais je trouve beaucoup plus beau de<br />
rentrer d'une sortie avec 50 ou 80 photos<br />
plutôt que 500. Tu rentres et tu as déjà fait<br />
le tri. C'est le contraire de mitrailler. On en<br />
revient à Ansel Adams : chercher une composition<br />
jusqu'à ce qu'elle soit bonne. Ensuite,<br />
s’appuyer sur le trépied, se calmer et<br />
attendre la lumière… Cet exercice me rend<br />
reconnaissant et humble. On est assis là, on<br />
est petit dans les montagnes, et on ressent<br />
une profonde communion.<br />
Est-ce difficile pour toi d'accepter la non-perfection<br />
? Une branche dans l'image, et voilà<br />
l'harmonie perdue…<br />
Oui, c'est difficile pour moi. Si une petite pierre<br />
me gêne au premier plan d'un lac de montagne,<br />
je vais la déplacer. J'ai aussi déjà déplacé<br />
des blocs de glace sur un lac de montagne<br />
pour les mettre dans la « bonne » position.<br />
Qu'est-ce que ça te fait ? Est-ce de la manipulation<br />
?<br />
Bien sûr, il y a des limites, en fait je souhaite<br />
photographier une nature intacte. Enlever<br />
une pierre ou une branche, c'est encore acceptable.<br />
Pour moi, c'est du Photoshop analogique,<br />
on pourrait aussi enlever la pierre<br />
plus tard sur l'ordinateur. Je le fais avant.<br />
Comment définirais-tu ce qui est harmonieux<br />
et beau pour toi ?<br />
Ce que j'aime, c'est le caractère primitif de<br />
la nature. Les vieux arbres qui ont du caractère.<br />
Mais les arbres enneigés qui ont déjà<br />
passé une heure au soleil et qui ne sont plus<br />
parfaitement chargés, je trouve cela super<br />
laid. La perfection implique toujours l'instant<br />
présent, le moment de grâce avant le changement<br />
de temps. Le pire, c’est les traces<br />
dans la neige. Je ne sors alors même pas<br />
mon appareil photo.<br />
Un randonneur à ski qui fait une belle trace<br />
de montée, ça peut tout de même être harmonieux<br />
non ?<br />
C'est esthétique, c'est vrai. Mais ce n'est<br />
pas ce que je recherche. Et si deux ou trois<br />
personnes sont déjà passées dans la trace,<br />
qu’elle est un peu défoncée dans le haut –<br />
alors le moment est déjà passé.<br />
Pourrais-tu prendre une photo à midi, sans<br />
nuages, en montagne et qui réponde à tes<br />
exigences ?<br />
Ce sera très difficile. Il n’y a bien entendu<br />
pas que le lever ou le coucher de soleil qui<br />
compte. Dans la douce lumière bleue du<br />
matin, un lieu devient bien plus touchant<br />
que dans des ambiances lumineuses kitsch.<br />
Mais sans ombres ni nuages, cela ne sera<br />
pas passionnant, même pour s'asseoir et<br />
contempler. La photographie est simplement<br />
un jeu d'ombre et de lumière, de contraste et<br />
de couleur.<br />
« Quand un plan fonctionne, je<br />
suis tout fou. Cela me<br />
donne de l'énergie pour quelques<br />
semaines. »<br />
Comment en es-tu venu à la photographie ?<br />
Il y a 15 ans, j'ai fait la connaissance de Koni<br />
Frey en jouant au beach-volley – aujourd'hui,<br />
nos bureaux sont côte à côte. À l'époque,<br />
il photographiait déjà les animaux et les<br />
paysages. De mon côté je faisais beaucoup<br />
de montagne, mais en me concentrant sur<br />
le sport – si possible avec au moins 2500<br />
mètres de dénivelé et personne qui me<br />
dépasse. Puis je suis ensuite parti en randonnée<br />
photo avec Koni. S'accroupir dans<br />
les montagnes au crépuscule et attendre<br />
la bonne lumière, je ne connaissais pas ça.<br />
Cela m'a bouleversé et j’ai ressenti une envie<br />
pressante d'avoir un appareil photo.<br />
Et alors ?<br />
C'était à la fin de mes études. La formation<br />
m’avait bien plu, mais je n'ai pas travaillé<br />
longtemps comme architecte paysagiste.<br />
J'étais débordé, pas assez dans la nature<br />
et je rentrais chaque soir en pleurant. Une<br />
vraie crise. Au bout d'une semaine, j'ai démissionné.<br />
Je me suis lancé dans l'éducation<br />
à l'environnement, j'ai été animateur territorial<br />
et gardien de parc pendant quelques années.<br />
Parallèlement, la photographie a pris<br />
son envol. J'ai gagné mes premiers sous en<br />
donnant des cours de photo et en organisant<br />
des ateliers dans la nature. Rapidement, Nikon<br />
m'a contacté pour que je teste un téléobjectif.<br />
Quand on poursuit quelque chose avec<br />
passion, les portes finissent par s'ouvrir, j'en<br />
suis convaincu. J'avais vraiment le rêve de<br />
devenir photographe nature – sans savoir si<br />
c'était possible. Cela m'a demandé beaucoup<br />
d’efforts. Je ne suis pas le plus fort d'habitude,<br />
mais quand je photographie, je fais des<br />
choses folles, je vais des dizaines de fois au<br />
même endroit, à n'importe quelle saison. Au<br />
sein de la communauté j'ai déjà la réputation<br />
d’être quelqu’un qui n’a pas peur d’user ses<br />
chaussures.<br />
As-tu une définition du succès professionnel ?<br />
<strong>No</strong>n. Je veux avoir tiré le meilleur de ma vie.<br />
Devenir riche n'est pas un objectif.<br />
Mieux vaut une photo de couverture du « National<br />
Geographic » ou 100 000 followers sur<br />
Instagram ?<br />
Je n’ai pas pour objectif d’avoir des tonnes<br />
42<br />
43
Rencontre au sommet Tobias Ryser<br />
Tout ce que j'ai fait, c'est retoucher un grain de<br />
poussière du capteur. Mes followers ont alors<br />
immédiatement réagi dans les commentaires<br />
: Ryser n’utilise pas l'IA ! Et la question<br />
classique lors de mes présentations est : estce<br />
que vos photos sont retouchées ? 90 pour<br />
cent des gens n'ont probablement jamais<br />
vécu de telles ambiances lumineuses, car ils<br />
ne font des randonnées qu’en plein jour. En<br />
montagne, il se peut qu’une lumière particulière<br />
ne dure que deux minutes, une minute<br />
ou seulement quelques secondes. Puis la lumière<br />
passe et tout redevient gris.<br />
Serais-tu tenté de montrer le côté brutal de<br />
la nature ?<br />
Oui ! Pas la dévastation, mais la force pure<br />
peut-être. Je pourrais m’imaginer chasseur<br />
de tempêtes. Ou dans les montagnes, anticiper<br />
les orages, les éclairs. Ce sont des moments<br />
où l'on se rend compte à quel point<br />
on est petit. Mais il faudrait bien sûr que la<br />
lumière soit particulièrement belle.<br />
Comment l'intelligence artificielle va-t-elle<br />
changer ton métier ?<br />
Elle aura certainement une influence énorme<br />
sur les images touristiques, les bases de<br />
données de photographie et la publicité. Je<br />
suis curieux de voir à quel point l'IA pourra<br />
générer des images détaillées lorsqu’on lui<br />
demandera une vue depuis le fin fond d'une<br />
vallée en particulier. Mais les émotions que<br />
nous vivons – lors d’un cours, lorsque nous<br />
faisons une raclette ou que nous sortons<br />
une bouteille de vin bien fraîche d’un lac<br />
de montagne, lorsque nous nous asseyons<br />
ensemble et que nous philosophons ou<br />
lorsque la lumière commence à être bonne<br />
– ne pourront jamais être générées par l'IA.<br />
Pour les images, il se peut que bientôt on<br />
ne puisse plus déceler de différences. Mais<br />
celles générées par l’IA resteront sans âme.<br />
Es-tu aujourd'hui capable de reconnaître<br />
une image de nature générée par l'IA ?<br />
Pour l'instant, je m'en sens capable. Mais<br />
je ne pense pas que nous puissions encore<br />
imaginer tout ce qui peut encore arriver.<br />
Encore un dernier point : quelle est la part<br />
de chance pour les photographes de nature ?<br />
Élevée, assurément ! Je n'appelle pas cela<br />
de la chance, mais de la grâce, ce sont des<br />
cadeaux du ciel que l'on peut vivre. Je suis<br />
croyant, je remercie le Seigneur pour beaucoup<br />
de choses.<br />
Est-ce une motivation – montrer la création<br />
sous son meilleur jour ?<br />
Oui, absolument. Plus on observe la nature,<br />
plus on s'émerveille. Pour moi, il est<br />
clair qu'il doit y avoir quelque chose de plus<br />
grand derrière. Chaque design a besoin d'un<br />
créateur, comme un beau livre. Une belle<br />
ambiance lumineuse est pour moi comme<br />
une déclaration d'amour venue d'en haut. Je<br />
veux l'immortaliser.<br />
Quel équipement Tobias Ryser emporte-t-il<br />
en course ? Voir la discussion technique<br />
baechli-bergsport.ch/fr/tobiasryser<br />
Des blocs de glace parfaitement<br />
arrangés : Tobias Ryser a déjà<br />
photographié près de vingt fois ce<br />
lac de montagne suisse (et non<br />
en islandais !).<br />
Tobias Ryser<br />
Tobias Ryser, né en 1981, vit avec sa<br />
femme et ses deux fils à Egg près de<br />
Zurich. En tant que guide photo, il donne<br />
des cours via sa société Naturwaerts<br />
et enseigne à la Nikon School. En 2016,<br />
il a été élu photographe nature suisse<br />
de l'année. Deux ans plus tard, une<br />
mission involontaire de la Rega lui a<br />
apporté une notoriété supplémentaire :<br />
alors que Ryser se trouvait de nuit sur<br />
le Balmer Grätli, près du Klausenpass,<br />
dans le but de prendre une photo de la<br />
voie lactée, quelqu'un a aperçu sa frontale<br />
et, pensant qu’il était en détresse,<br />
a alerté la police et les secours en montagne–<br />
même « 20 minutes » en a parlé.<br />
Aujourd'hui, il donne des conférences<br />
et répond à des commandes de photos<br />
de la part de banques, de sociétés de<br />
chemins de fer, de magazines, mais<br />
aussi de particuliers.<br />
tobias-ryser.ch<br />
de followers, mais cela ne fait pas de mal d'y<br />
être actif. Instagram a toutefois aussi son<br />
côté obscur.<br />
C’est-à-dire ?<br />
Cela m'énerve quand une photo est immédiatement<br />
reprise par des imposteurs. La<br />
recherche d'un sujet demande beaucoup de<br />
temps et de savoir-faire, c’est aussi du temps<br />
que l'on ne passe pas avec sa famille. Et il<br />
y a aussi parfois eu des problèmes lorsque<br />
j’ai posté sur Insta des photos de camping<br />
sauvage en Suisse. J'ai depuis supprimé de<br />
nombreuses photos.<br />
Qu'est-ce que cela implique pour ta photographie<br />
? Plus de « joyaux cachés » de la<br />
Suisse ?<br />
Oui, c'est ça. Au début, je voulais montrer à<br />
quel point vivre en Suisse était un paradis.<br />
Aujourd'hui, il y a beaucoup de photos que<br />
je ne montre plus. Lors de mes cours je<br />
conviens de plus en plus souvent avec les<br />
participants, par une poignée de main, de<br />
rester discret sur les endroits photographiés.<br />
Les belles images suscitent la convoitise. J'ai<br />
souvent entendu dire que je serais égoïste,<br />
que je souhaiterais garder toute cette beauté<br />
pour moi seul. Pourtant, chaque personne qui<br />
se mettrait à chercher pendant des heures<br />
le moment magique pourrait vivre de telles<br />
expériences. Parfois, j’ai l’impression que<br />
les images sont des morceaux de viande sur<br />
lesquels les hyènes se jettent, surtout depuis<br />
le Covid. Qu’une photo provoque un rassemblement<br />
de plus de 20 tentes, une musique<br />
assourdissante, des déchets partout et des<br />
bouquetins qui doivent quitter les lieux tellement<br />
la pression a augmenté : cela me fait<br />
très très mal. Quand quelque chose est tellement<br />
beau que je ne peux pas le montrer, je<br />
me sens comme déchiré en deux.<br />
Qu’est-ce que les gens aiment dans tes photos ?<br />
Je pense que c’est surtout la lumière. Certains<br />
clients me disent que l'énergie qui<br />
se dégage de la photo est importante pour<br />
eux. Et je pense qu'ils apprécient le fait qu'il<br />
s'agisse d'une photographie honnête, qu'aucun<br />
ciel n'ait été remplacé par un autre ou<br />
quoi que ce soit. Les gens savent que j'étais<br />
moi-même là-haut pour prendre la photo.<br />
Cela sera également nécessaire à l'époque<br />
de l'intelligence artificielle, qui produit des<br />
images parfaites en un clin d'œil.<br />
Une fois, une de mes photos a été marquée<br />
par Instagram comme étant générée par l'IA.<br />
ICEFALL 30 | 40 | 50<br />
LE SAC À DOS DE RANDONNÉE ALPINE DE<br />
CLASSE SUPÉRIEURE<br />
extrêmement résistant<br />
léger et résistant aux intempéries<br />
accès latéral par fermeture éclair<br />
Ce sac à dos de randonnée résistant aux intempéries<br />
est destiné aux professionnel-le-s des<br />
sports alpins qui évoluent sur le terrain en toutes<br />
saisons.<br />
Son compartiment principal est accessible<br />
aussi bien par le haut grâce à une fermeture à<br />
enroulement que par le côté. Tes skis et tes outils<br />
d’escalade sur glace peuvent être facilement arrimés<br />
au sac de façon stable et un compartiment<br />
frontal spacieux permet de ranger l’équipement de<br />
sécurité en cas d’urgence.<br />
44<br />
exped.com<br />
45
Contrôle du partenaire Versante Sud<br />
<strong>No</strong>tes du<br />
versant sud<br />
Des montagnes de livres de<br />
montagne : aperçu du<br />
siège principal de Versante<br />
Sud à Milan.<br />
baechli-bergsport.ch/fr/<br />
versante-sud<br />
Texte Günter Kast<br />
La maison d'édition Versante Sud, dont le siège est à Milan, a bâti sa<br />
renommée à coup de topoguides de grande qualité).<br />
Ce qui caractérise<br />
un bon topo ?<br />
Cela peut sembler<br />
simple : les clients<br />
qui l’achètent ont<br />
confiance dans le fait<br />
que les cotations sont<br />
réalistes et que les descriptions<br />
des voies sont correctes.<br />
Et cela, seules des personnes qui<br />
vivent et aiment ce sport, qui en sont<br />
passionnées et qui ont beaucoup d'expérience<br />
peuvent le faire. Des personnes comme<br />
Mario Manica de Rovereto. Depuis 1979, il parcourt<br />
la vallée de Sarca et y a ouvert de nombreux<br />
itinéraires. Son topo Arco présente plus de 130 sites et<br />
des milliers de mètres d’escalade sur un merveilleux caire. De plus, à chaque nouvelle édition, de nouveaux sites sont<br />
cal-<br />
publiés. Les accès sont vérifiés un à un, et agrémentés d’une trace<br />
GPS du parking jusqu’au pied des voies. Les dessins existants sont<br />
retravaillés si nécessaire. En outre, Mario ne publie pas une seule<br />
voie sans l'accord des ouvreurs. Les parois que les ouvreurs ne souhaitent<br />
pas rendre publiques n'y apparaissent pas.<br />
C'est grâce à ce concept – une qualité sans compromis, réalisée<br />
exclusivement par des locaux – que la maison d'édition spécialisée<br />
Versante Sud, basée à Milan, s'est fait un nom dans le milieu.<br />
Depuis ses débuts, elle a publié quelque 400 titres, dont plusieurs<br />
traitant de sites en Suisse, notamment au Tessin. Les trois fon-<br />
dateurs,<br />
Roberto<br />
Capucciati (géophysicien),<br />
Bruno Quaresima<br />
(professeur<br />
de philosophie) et<br />
Eugenio Pesci (photographe),<br />
venaient de<br />
professions très différentes.<br />
Ce qui les unissait à l'époque,<br />
c'était l'amour pour l'escalade et<br />
la frustration de voir qu'il existait<br />
peu de littérature de qualité sur le sujet.<br />
« <strong>No</strong>tre premier topo décrivait les voies<br />
autour de Bergame et de Brescia », se souvient<br />
Roberto, le seul à être encore dans le cockpit de la<br />
maison d'édition, avec deux autres associés. « <strong>No</strong>us<br />
comptions alors sur l'aide de Bruno Tassi, surnommé<br />
Camòs, l'un des meilleurs grimpeurs d’Italie. Pourtant, nous<br />
n'étions pas encore une véritable entreprise ».<br />
Toujours est-il qu'un nom a été rapidement trouvé : « Versante<br />
Sud », la face sud, le côté ensoleillé de la montagne, où l'escalade est<br />
un plaisir. « <strong>No</strong>us voulions délibérément nous distancer du mythe de<br />
la face nord et à l'éternel combat avec la montagne ». Au début, les<br />
livres n'étaient publiés qu'en italien. Mais très vite, le trio s'est mis à<br />
imprimer des volumes en plusieurs langues, afin d’atteindre aussi les<br />
milieux germanophones, francophones et anglophones. C'est à nouveau<br />
le topo d’Arco qui a ouvert la voie en 2006. Bien que les éditeurs<br />
cultivaient de nombreuses amitiés internationales, il n'a pas été facile<br />
Photos : mád<br />
au départ de trouver des traducteurs fiables. « Tout n'était pas brillant.<br />
Certaines phrases pouvaient être mal comprises », reconnaît Roberto.<br />
« Mais nous nous sommes vite améliorés ». Actuellement, si l'on<br />
compte les topos entièrement traduits en tant que parution distincte,<br />
une quarantaine de nouveaux titres viennent s'ajouter chaque année.<br />
Pour Roberto, il a toujours été clair qu'ils se limiteraient – à<br />
quelques exceptions près comme le Portugal – à l'espace alpin. Publier<br />
un guide sur la Patagonie signifierait faire confiance à un auteur<br />
que l'on ne connaît potentiellement que par téléphone. « Or, c'est précisément<br />
ce que nous ne voulons pas ». Ce que les éditeurs-grimpeurs<br />
recherchent en revanche, c’est offrir une place éditoriale à<br />
d'autres sports de montagne. Et c'est pourquoi il existe désormais un<br />
topoguide de randonnée à ski pour les Alpes centrales suisses et un<br />
autre sur les meilleures cascades de glace dans notre pays, « Ghiaccio<br />
Svizzero » (disponible aussi en allemand). Parallèlement aux topoguides,<br />
Roberto et ses associés actuels Tommaso Bacciocchi et<br />
Marco Pandocchi ont développé le secteur de la littérature alpine,<br />
qui compte désormais environ 70 titres et contribue à hauteur de 15<br />
pourcents au chiffre d'affaires total. Et puis, il y a le magazine bimestriel<br />
« Up Climbing ». Il est distribué par les marchands de journaux<br />
et les libraires, mais aussi dans les salles d'escalade et par la boutique<br />
en ligne de la maison d'édition.<br />
Les œuvres des éditeurs milanais sont régulièrement récompensées,<br />
notamment dans le cadre de festivals de films de montagne.<br />
Roberto est particulièrement fier du prix littéraire de montagne ITAS,<br />
qui est décerné lors du festival de Trente et que sa maison a déjà<br />
remporté plusieurs fois. Il aime ce genre de manifestations, car elles<br />
permettent de développer son réseau. Et il croit aussi en l'avenir des<br />
vrais livres, car ils fournissent tout simplement des informations compactes<br />
et fiables, ce que l'on ne peut pas toujours dire des profondeurs<br />
insondables d'Internet. Avec leur site web www.up-climbing.com et la<br />
web-radio www.climbingradio.it, Versante Sud s’est donné pour mission<br />
de sélectionner et de présenter, en ligne, des contenus de qualité.<br />
En outre, de nombreux topos sous forme de livres, contiennent<br />
un code QR avec des liens vers des vidéos et des interviews. D'une<br />
manière générale, les médias sociaux prennent de plus en plus d'importance<br />
– pour le marketing, mais aussi pour rester en contact avec<br />
la communauté et les fabricants d'équipements.<br />
Quand Roberto se lasse d'Insta & Cie., il prend ses affaires<br />
d'escalade et part pour la Sicile : « Mon terrain de jeu préféré avec<br />
un rocher formidable, une culture riche, une histoire passionnante<br />
et une cuisine fantastique ».<br />
Jalons<br />
1998<br />
Trois amis fous d'escalade fondent<br />
Versante Sud.<br />
2003<br />
Premier livre multimédia : d'abord avec une<br />
cassette vidéo VHS, puis avec un DVD.<br />
20<strong>04</strong><br />
Parution du premier rapport annuel « Up »<br />
avec un aperçu de la scène alpine.<br />
2006<br />
Le premier topo entièrement traduit paraît<br />
en allemand (« Klettern in Arco ») et en<br />
anglais (« Arco Rock »). Parallèlement, le<br />
projet « Books for Bolts » est lancé.<br />
2009<br />
Le 100e titre est publié par Versante Sud.<br />
2012<br />
Pour la première fois, des topoguides<br />
sont édités pour des territoires en dehors<br />
de l'Italie (Suisse, Slovénie).<br />
2014<br />
Les éditeurs fêtent 500 000 livres vendus et<br />
plus de 200 titres.<br />
2016<br />
Lancement de climbingradio.it<br />
2019<br />
Premier numéro du magazine bimestriel<br />
« Up Climbing ».<br />
2021<br />
Déménagement dans un quartier général<br />
plus spacieux.<br />
46<br />
47
Final<br />
Papa<br />
Prantl :<br />
Nuitée en zone grise – du bonheur de<br />
bivouaquer en montagne avec des enfants<br />
THE<br />
HYDRA<br />
The Many-Headed Beast<br />
Texte Dominik Prantl<br />
L'autre jour – chut, ne le répétez pas –<br />
nous avons bivouaqué en montagne !<br />
Soyons honnête, j’y ai été contraint par<br />
mes filles. En effet, un match de foot de la<br />
plus haute importance avait lieu le même<br />
soir. Le genre de match que tous les pères<br />
au nord de la Méditerranée avaient noté<br />
en rouge dans leur agenda. En plus, ce<br />
n’était pas un bivouac à proprement parler<br />
puisqu’il a été minutieusement planifié<br />
– casse-croûte, pyjama et doudou compris.<br />
Un bivouac se définit en soit par une situation<br />
d'urgence qui nécessite une nuit<br />
imprévue en montagne. C’est la condition<br />
pour qu’il soit expressément autorisé. Je<br />
me suis donc demandé : bivouaquer délibérément<br />
? En avons-nous le droit ?<br />
Il est étonnant de constater que<br />
dans l'ensemble de l’arc alpin personne<br />
ne semble avoir de réponse précise à<br />
cette question. Si l'on clique par exemple<br />
sur un lien du Club alpin suisse (CAS) intitulé<br />
« Liste des interdictions de bivouaquer<br />
», on tombe sur une autre page dont<br />
la première phrase est : « La situation juridique<br />
est confuse ». Au Tyrol, le bivouac<br />
planifié, c'est-à-dire le fait de passer la<br />
nuit dehors sans tente, est expressément<br />
autorisé selon le site officiel du<br />
gouvernement – bien qu'il soit interdit<br />
dans les zones protégées, dans les<br />
champs ou en forêt.<br />
Et si vous pensez obtenir l'absolution<br />
en lisant souvent que le bivouac en montagne<br />
au-dessus de la limite de la forêt ne<br />
pose généralement pas de problème pour<br />
un petit nombre de personnes et pour une<br />
seule nuit, vous tomberez tôt ou tard sur<br />
la phrase du Club alpin allemand : « Dans<br />
de nombreuses régions, le bivouac planifié,<br />
donc intentionnel, est assimilé par la<br />
loi au camping (planifié). » D'ailleurs : qui<br />
sait dire où s'arrêtent les petits groupes,<br />
où se situe exactement la limite de la forêt<br />
et où commence la zone protégée ? Il est<br />
également rigolo de voir sa fille rassurer<br />
le propriétaire de l'alpage, qui s’inquiétait<br />
de notre descente dans l'obscurité, en lui<br />
glissant : « <strong>No</strong>n, nous ne descendons pas,<br />
nous dormons juste un peu plus loin, à la<br />
belle étoile ».<br />
Mais passer la nuit avec des enfants<br />
dans la zone grise juridique dévoile<br />
vite d'autres problèmes que la mauvaise<br />
conscience. <strong>No</strong>us étions installés un peu<br />
au-dessus de la forêt, sur une surface<br />
légèrement en pente, sous le surplomb<br />
d'une barre rocheuse. La nuit, les enfants<br />
– cinq avec leurs pères – glissaient<br />
sans cesse vers la vallée. Installé sous<br />
eux, je servais de butoir. J’ai dû me le-<br />
ver quelques fois – à une heure, à trois<br />
heures et à cinq heures – pour remonter<br />
les enfants et leurs sacs de couchage sur<br />
les matelas. Je me demandais si le surplomb<br />
nous protégerait assez de la pluie<br />
et des chutes de pierres. Aucune étoile au<br />
firmament. Lorsque le soleil s'est levé, il<br />
a commencé à bruiner légèrement et j'ai<br />
été le seul à être mouillé. Les enfants ont<br />
eu droit à des tartines au Nutella. Aucun<br />
d'entre eux ne s'est plaint du sol dur, des<br />
heures matinales un peu fraîches ou du<br />
long chemin du retour. Ils étaient simplement<br />
heureux.<br />
Personnellement je n’ai pas fermé<br />
l’œil de la nuit, mais si c’était à refaire, je<br />
choisirais sans hésiter une nuit à la montagne<br />
avec les enfants plutôt que n'importe<br />
quel match de foot au monde.<br />
Dominik Prantl<br />
Père de deux enfants (2 et 5),<br />
Dominik Prantl (dans la force de l’âge)<br />
nous raconte ici ses expériences<br />
en montagne avec sa progéniture.<br />
D’une polyvalence révolutionnaire, le piolet Hydra Ice Tool est un véritable engin modulaire qui peut<br />
être configuré pour s’adapter à n’importe quelle course, qu’il s’agisse d’alpinisme technique, de<br />
glace pure ou d’escalade mixte en compétition.<br />
Impressum<br />
« <strong>Inspiration</strong> », la revue des clients de Bächli Sports de<br />
Montagne SA paraît 4 x par an et est disponible gratuitement<br />
dans tous nos magasins. Tirage : 90 000 exemplaires.<br />
Éditeur<br />
Bächli Sports de Montagne SA<br />
Gewerbestrasse 12, 8606 Nänikon<br />
Tél : <strong>04</strong>4 826 76 76<br />
E-mail : info@baechli-bergsport.ch<br />
Abonnements et informations<br />
E-mail : info@baechli-bergsport.ch<br />
Rédaction, layout et concept<br />
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Kesselbachstrasse 4, 9450 Altstätten<br />
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et multimédia.<br />
Impression<br />
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Wölflistrasse 1, 3001 Bern<br />
Tél : 031 300 66 66<br />
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Drucksache Imprimé<br />
myclimate.org/01-24-526698<br />
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48
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