Boxoffice Pro n°478 – 23 octobre 2024
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
TOUTE L’ACTUALITÉ DE L’EXPLOITATION ET DE LA DISTRIBUTION CINÉMA
JUNE FILMS ET FRAKAS PRODUCTIONS<br />
présentent<br />
OULAYA AMAMRA<br />
“Puissant, bestial et fantastique”<br />
LE PARISIEN<br />
“Une performance stupéfiante”<br />
LES ÉCHOS<br />
A N I M A L E<br />
PHOTO: JULIEN COQUENTIN <strong>–</strong> ©<strong>2024</strong> JUNE FILMS - FRAKAS PRODUCTIONS - FRANCE 3 CINÉMA - WILD BUNCH - RTBF (TÉLÉVISION BELGE)<br />
UN FILM D’EMMA BENESTAN<br />
UN FILM DE EMMA BENESTAN AVEC OULAYA AMAMRA DAMIEN REBATTEL VIVIEN RODRIGUEZ CLAUDE CHABALLIER ELIES-MORGAN ADMI-BENSELLAM PIERRE ROUX MARINETTE RAFAI RENAUD VINUESA IMAGE RUBEN IMPENS - SBC CASTING CENDRINE LAPUYADE MUSIQUE ORIGINALE YAN WAGNER<br />
SCRIPTE DONATIENNE DE GOROSTARZU COSTUMES FABIENNE MENGUY MAQUILLAGE STÉPHANIE CARON MAQUILLAGE SFX OLIVIER AFONSO & MARINE DESPIEGELAERE DÉCORS ÈVE MARTIN MONTAGE CLÉMENCE DIARD SON ANNE DUPOUY GERT JANSSEN AÏDA MERGHOUB EMMANUEL DE BOISSIEU<br />
DIRECTION DE POSTPRODUCTION LIZETTE NAGY PATIÑO DIRECTION DE PRODUCTION JÉRÔME BRIAND et YUKI KURODA PRODUCTION EXÉCUTIVE GAËTANE JOSSE ET CHRISTOPHE HOLLEBEKE PRODUCTRICES JULIE BILLY NAOMI DENAMUR COPRODUCTEURS CASSANDRE WARNAUTS JEAN-YVES ROUBIN UNE PRODUCTION JUNE FILMS<br />
EN COPRODUCTION AVEC FRAKAS PRODUCTIONS FRANCE 3 CINÉMA WILD BUNCH RED SEA FUND RTBF (TÉLÉVISION BELGE) VOO ET BE TV AVEC LA PARTICIPATION DE FRANCE TÉLÉVISIONS AVEC LE SOUTIEN DE CANAL+ AVEC LA PARTICIPATION DE CINÉ+ OCS EN ASSOCIATION AVEC FILM CONSTELLATION ET AVEC CINÉMAGE 18<br />
AVEC LE SOUTIEN DU CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE FONDS IMAGES DE LA DIVERSITÉ AGENCE NATIONALE DE LA COHÉSION DES TERRITOIRES DU CENTRE DU CINÉMA ET DE L’AUDIOVISUEL DE LA FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES DU TAX SHELTER DU GOUVERNEMENT<br />
FÉDÉRAL DE BELGIQUE ET D’INVER TAX SHELTER DE LA RÉGION OCCITANIE DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR EN PARTENARIAT AVEC LE CNC AVEC LA PARTICIPATION DE CINÉAXE DÉVELOPPEMENT 3 CINÉMAGE 16 DÉVELOPPEMENT ARTE/COFINOVA 19 LA PROCIREP ANGOA<br />
AU CINÉMA LE 27 NOVEMBRE
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
TOUTE L’ACTUALITÉ DE L’EXPLOITATION ET DE LA DISTRIBUTION CINÉMA<br />
LUMIÈRE !<br />
LE MARCHÉ DU PATRIMOINE<br />
BIEN VIVANT
L'édito<br />
Sommaire<br />
Le patrimoine vivant<br />
Alain Delon, célébré en clôture du festival Lumière de<br />
Lyon, a “posé” pour notre une à l’occasion du Marché<br />
international du film classique. Nous aurions aussi pu<br />
projeter sur l'écran un portrait d’Isabelle Huppert,<br />
honorée du Prix Lumière. À l'antenne d’On aura tout<br />
vu sur France Inter, à la remarque « on a l’impression<br />
que plus on vous connaît, moins on vous connaît » de<br />
Christine Masson, l’actrice répond « c'est pareil pour<br />
moi ! ». Isabelle Huppert représente à elle-seule, non<br />
seulement tout un pan du cinéma français et de son<br />
histoire, par son travail avec de grands cinéastes, mais<br />
elle porte aussi un cinéma actuel et audacieux. La muse<br />
de Chabrol, Haneke, Godard, Pialat entre autres,<br />
porte le cinéma d’auteur <strong>–</strong> qu’il soit de patrimoine<br />
ou non <strong>–</strong> hors des frontières, dont le prochain Hong<br />
Sang-soo. Le cinéma de patrimoine n’appartient pas<br />
au passé, mais se conjugue habilement au présent,<br />
bien ancré dans notre histoire cinématographique,<br />
que salles et distributeurs s'évertuent de faire vivre<br />
au quotidien. Et si la ministre de la Culture annonce<br />
des renforts bienvenus, les efforts collectifs devront<br />
être d'autant plus soutenus que le fonctionnement<br />
des dispositifs scolaires, représentant un quart des<br />
entrées des films patrimoine, vacille.<br />
Pour le patrimoine aussi, plus on le connaît, moins on le<br />
connaît… Bientôt 130 ans depuis les Frères Lumière !<br />
Vivement l'édition 2025 du festival lyonnais, qui<br />
pourrait bien être exceptionnelle.<br />
Marion Delique<br />
P. 6 à 9<br />
ACTUALITÉS<br />
Le programme du Festival du film italien<br />
de Villerupt et des Rencontres du Nord<br />
Le projet de loi des finances préserve le<br />
modèle du cinéma français<br />
La journée art et essai du cinéma<br />
européen <strong>2024</strong> se dévoile<br />
Une aide à l’emploi pour les cinémas<br />
itinérants<br />
P. 10 à 15<br />
FESTIVAL LUMIÈRE <strong>2024</strong><br />
La salle, écrin du patrimoine<br />
Le rendez-vous distributeurs/exploitants<br />
Le marché des films de patrimoine<br />
d’après le CNC<br />
P. 22 à 27<br />
DISTRIBUTION<br />
Gaumont à la rencontre des exploitants<br />
Les Alchimistes : à la recherche de<br />
totems singuliers<br />
Rendez-vous à la convention Ad Vitam<br />
À bicyclette ! de Mathias Mlekuz<br />
P. 28 à 31<br />
EXPLOITATION<br />
Les réformes et les requêtes du secteur à<br />
la loupe de l’UCF<br />
Le Scare élit son nouveau bureau<br />
Rencontre avec Yves Sutter (Cinéville)<br />
P. 32-33<br />
FOCUS<br />
©Ad Vitam<br />
©Gaumont<br />
Le Ciné Galaxy ouvre à Landerneau<br />
P. 34<br />
MISCELLANÉES<br />
est une publication de<br />
À toute allure de Lucas Bernard<br />
Prix Jean Vigo, soutiens,<br />
agenda de la profession…<br />
N°ISSN : 2740-3335<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> est édité par THE BOXOFFICE COMPANY au capital de 2 075 620 €, c/o Webedia 2 rue Paul Vaillant-Couturier CS60102<br />
- 92532 LEVALLOIS-PERRET CEDEX • Tél 01 85 09 95 87 / E-mail redaction@boxoffice.com<br />
• Dépôt Légal à parution<br />
Directeur de la publication<br />
Julien Marcel / julien@boxoffice.com<br />
Rédactrice en chef<br />
Marion Delique / marion.delique@boxoffice.com<br />
Rédacteurs<br />
Aysegül Algan / aysegul.algan@boxoffice.com,<br />
Cécile Vargoz / cecile.vargoz@boxoffice.com,<br />
Jules Dreyfus / jules.dreyfus@webedia-group.com<br />
David Weichert / david.weichert@webedia-group.com<br />
Base de données Films<br />
guillaume.martin@boxoffice.com<br />
Publicité / Base de données distributeurs<br />
Pauline Luigi / pauline.luigi@boxoffice.com<br />
Caroline Roux / caroline.roux@webedia-group.com<br />
Julie Basard / julie.basard@webedia-group.com<br />
Réalisation THE BOXOFFICE COMPANY,<br />
Maquette / Infographie<br />
Philippe Cosqueric / philippe.cosqueric@boxoffice.com<br />
Impression<br />
SOCOSPRINT IMPRIMEURS 36 route d’Archettes 88 000 Epinal<br />
JULIEN MARCEL<br />
Directeur de la<br />
publication<br />
MARION DELIQUE<br />
Rédactrice en chef<br />
AYSEGÜL ALGAN<br />
Journaliste<br />
@<strong>Boxoffice</strong>France<br />
La Rédaction<br />
@<strong>Boxoffice</strong>_fr<br />
CÉCILE VARGOZ<br />
Journaliste<br />
@boxofficefr<br />
Crédits page 3 : © Montage <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> / Photo : Loic BENOIT<br />
/ Film extrait de Rocco et ses frères de Luchino Visconti, Les Acacias<br />
JULES DREYFUS<br />
Journaliste<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> France<br />
DAVID WEICHERT<br />
Journaliste<br />
PHILIPPE COSQUERIC<br />
Maquette<br />
4 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
Actualités<br />
Les Rencontres du Nord <strong>2024</strong> déroulent leur<br />
programme<br />
Le rendez-vous donné par la Chambre syndicale des cinémas du Nord et du Pas-de-<br />
Calais aura lieu du 12 au 15 novembre à Arras, à l’occasion du Arras Film Festival.<br />
Les Rencontres de L’Arp<br />
Cinq débats <strong>–</strong> et cinq films en avant-première<br />
<strong>–</strong> sont annoncés pour l’édition <strong>2024</strong>, du 6 au<br />
8 novembre au Touquet-Paris-Plage.<br />
Les débats :<br />
Mercredi 6 novembre<br />
14h30 - La culture : indispensable à la démocratie,<br />
absente dans le débat politique ?<br />
16h15 - Cinéma sans violences, un autre scénario<br />
possible ?<br />
Mardi 12 novembre<br />
9h00-12h00 : Temps d’échange professionnel <strong>–</strong> ACAP :<br />
« Panorama des enjeux de la mobilité pour les cinémas »<br />
- Hôtel de Guînes<br />
14h15 : Le Dossier Maldoror de Fabrice du Welz (15/01/25,<br />
The Jokers)<br />
18h15 : Sarah Bernhardt, la Divine de Guillaume<br />
Nicloux, en présence de l’équipe du film (18/12,<br />
Memento Distribution)<br />
21h00 : Je suis toujours là de Walter Salles (15/01 /25, Studiocanal)<br />
Mercredi 13 novembre<br />
09h00 : À bicyclette de Mathias Mlekuz (26/02/25, Ad Vitam)<br />
10h45 : Little Jaffna de Lawrence Valin (29/01/25, Zinc)<br />
13h45 : Ollie d’Antoine Besse, en présence de l’équipe<br />
du film (21/05/25, Wayna Pitch)<br />
16h30 : Un ours dans le Jura de Franck Dubosc<br />
(01/01/25, Gaumont)<br />
20h30 : Leurs enfants après eux de Ludovic & Zoran<br />
Boukherma, en présence de l’équipe du film (04/12,<br />
Warner Bros)<br />
Jeudi 14 novembre<br />
08h45 : Des jours meilleurs d’Elsa Bennett et Hippolyte<br />
Dard (05/03/25, Wild Bunch)<br />
10h45 : A Real Pain de Jesse Eisenberg (15/02/25, The Walt<br />
Disney Company)<br />
13h45 : Présentation de line-up par les éditeurs de films<br />
16h00 : Planète B d’Aude Léa Rapin (25/12), Le Pacte)<br />
18h15 : Brûle le sang d’Akaki Popkhadze, en présence<br />
de l’équipe du film (08/01/25, ARP)<br />
Vendredi 15 novembre<br />
11h00 : Black Dog de Hu Guan (26/02/25, Memento Distribution)<br />
16h00 : Mon inséparable d’Anne-Sophie Bailly, en<br />
présence de l’équipe du film (25/12, Les Films du Losange)<br />
18h30 : Vingt Dieux de Louise Courvoisier, en présence<br />
de l’équipe du film (11/12, Pyramide Distribution)<br />
Les inscriptions en ligne sont ouvertes sur le site des<br />
Rencontres professionnelles du Nord. Pour rappel,<br />
l’inscription permet de bénéficier d’une accréditation<br />
offerte pour le festival d’Arras.<br />
Jeudi 7 novembre<br />
9h30 - Indépendance, diversité, chronologie : un<br />
modèle d’avenir ?<br />
14h30 - Une intelligence artificielle éthique,<br />
respectueuse du droit d’auteur et au service de la<br />
création : un peu, passionnément, pas du tout ?<br />
47 e Festival du film italien de Villerupt<br />
Rendez-vous dans la Little Italy du Grand Est du 25 <strong>octobre</strong> au 11 novembre, avec pas<br />
moins de 70 films au total, et un jury d’exploitants.<br />
Vendredi 8 novembre<br />
9h30 - Europe : quelle politique culturelle ?<br />
Les films :<br />
Finalement de Claude Lelouch (13/11, Metropolitan<br />
Filmexport)<br />
La Plus Précieuse des marchandises de Michel<br />
Hazanavicius (20/11, Studiocanal)<br />
Save Our Souls de Jean-Baptiste Bonnet (Pas<br />
encore de distributeur français)<br />
Mikado de Baya Kasmi (12/02/25, Memento<br />
Distribution)<br />
Vingt Dieux de Louise Courvoisier (11/12,<br />
Pyramide Films)<br />
Les inscriptions sont ouvertes sur le site des<br />
Rencontres de L’Arp jusqu’au <strong>23</strong> <strong>octobre</strong>.<br />
Dans la petite ville lorraine de 10 000 habitants, dont<br />
60 % sont d’origine italienne, le festival réunit chaque<br />
année près de 40 000 spectateurs autour d’une programmation<br />
aussi populaire que pointue. Cette année, la<br />
thématique Travailleurs, travailleuses & algorithmes<br />
proposera 12 longs métrages, dont beaucoup d’inédits<br />
en France, tandis que Marcello Mastroianni sera à<br />
l’honneur avec 11 films, de La Dolce vita à Splendor, en<br />
passant par des œuvres moins connues comme La<br />
Chronique des pauvres amants de Carlo Lizzani. Le festival<br />
proposera aussi 10 films récents hors compétition, 22<br />
pour son panorama, et bien sûr une compétition soumise<br />
à quatre jurys différents, dont un professionnel. <strong>Boxoffice</strong><br />
<strong>Pro</strong> renouvelle son partenariat en parrainant, avec l’Association<br />
des cinémas indépendants de l'Est (Aciest), ce<br />
jury exploitants-distributeur, qui décernera son prix à<br />
un film de la compétition ayant un distributeur en France.<br />
Marceeellllo !<br />
©Gaumont<br />
La Réplique<br />
- Je me suis rappelé comment je<br />
vous écoutais faire l'amour<br />
quand j'étais petite, ça me<br />
donnait le sentiment que vous<br />
vous aimiez et qu'on sera<br />
toujours ensemble.<br />
Isabelle Huppert dans Amour de Michael Haneke (2012),<br />
ressortie le 30 <strong>octobre</strong> chez Les Films du Losange.<br />
Compétition<br />
Anywhere Anytime de Milad Tangshir<br />
Familia de Francesco Costabile<br />
I Bambini di Gaza de Loris Lai<br />
Il mio compleanno de Christian Filippi<br />
Prima la Vita de Francesca Comencini (Pyramide, 12/02/25)<br />
Le Déluge de Gianluca Jodice (Memento, 25/12/24)<br />
Les Damnés de Roberto Minervini (Films du Losange, 12/02/25)<br />
Lettres Siciliennes de Antonio Piazza et Fabio Grassadonia<br />
(Films du Losange, à dater)<br />
Luce de Silvia Luzi et Luca Bellino<br />
Palazzina Laf de Michele Riondino<br />
Quell’estate con Irène de Carlo Sironi<br />
Sulla terra leggeri de Sara Fgaier<br />
Superluna de Federico Bondi<br />
Troppo Azzurro de Filippo Barbagallo<br />
Vermiglio ou La Mariée des Montagnes de Maura<br />
Delpero (Paname, 19/03/25)<br />
Le jury professionnel<br />
• Cécile Becker, exploitante, Le Cosmos, Strasbourg<br />
• Henri Biancalana, exploitant, Espace Gérard Philipe<br />
à Jarny<br />
• Roland Mérindol, exploitant, Le Phénix à Montbard<br />
• Yeelen Raynaud, distributrice, Condor Films<br />
Plus d’infos et accréditations sur festival-villerupt.com.<br />
6 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
PLF 2025 : un effort budgétaire qui préserve le<br />
modèle du cinéma français<br />
Le projet de loi des finances 2025 dévoilé<br />
le 10 <strong>octobre</strong>, qui prévoit un budget stable<br />
pour la Culture, a apaisé les inquiétudes<br />
quant au financement du CNC et, au-delà,<br />
de l’ensemble de l’écosystème du<br />
cinéma français.<br />
©Fred Romero<br />
4,45 milliards d’euros et 4,03 Md € pour l’audiovisuel<br />
public : dans un contexte de dégradation des finances<br />
publiques, le budget de la Culture est « stabilisé » par<br />
rapport à <strong>2024</strong>. Le ministère indique que pour 2025,<br />
le Centre national du cinéma et de l’image animée<br />
prévoit aussi un budget stable, autour de 780 M €<br />
de ressources, dont 20 % issues des plateformes internationales.<br />
Pour autant, dans le cadre des économies prévues sur<br />
les opérateurs de l'État, le PLF 2025 prévoit une ponction<br />
de 450 millions d’euros sur la trésorerie excédentaire<br />
du CNC : « C’est un effort considérable, mais<br />
l’essentiel est préservé », note le président de la Fédération<br />
des cinémas français (FNCF), Richard Patry.<br />
Depuis plusieurs semaines, l’ensemble du secteur<br />
retenait son souffle, sans pour autant ménager ses efforts<br />
pour sensibiliser le gouvernement, et en particulier<br />
Bercy, sur les effets délétères potentiels de certaines<br />
mesures à l’étude, comme celles d’un plafonnement du<br />
budget du CNC ou d’un réaménagement, voire d’une<br />
réaffectation des taxes. La ponction retenue dans le PLF<br />
ne concerne que des provisionnements, soit des « réserves<br />
techniques, sans affecter le budget de fonctionnement du<br />
Ministère de l'Économie<br />
CNC et surtout, sans utiliser l'argent des spectateurs pour<br />
autre chose que d’aider la production et la modernisation<br />
des salles », se réjouit Richard Patry.<br />
À la préservation d’un modèle qui fonctionne « très bien<br />
<strong>–</strong> et les gros succès de l’année, Un p’tit truc en plus et Le<br />
Comte de Monte-Cristo en sont les fruits » <strong>–</strong>, s’ajoute<br />
celle des quatre crédit d'impôts sur le secteur*, « tous<br />
ces fondamentaux qui ont permis à la France de retrouver<br />
sa compétitivité et attractivité sur les tournages ».<br />
En somme, deux victoires que le président de la FNCF<br />
attribue avant tout à la ministre de la Culture, « qui s’est<br />
battue ». Dans son message vidéo aux exploitants réunis<br />
à Deauville, Rachida Dati décrivait le CNC comme<br />
« un trésor national », tandis que, plus récemment dans<br />
une interview à Variety, Emmanuel Macron témoignait<br />
de son attachement au modèle du cinéma français.<br />
Aujourd'hui, le président de la FNCF est, lui, fier que<br />
le cinéma, « toujours au cœur de la cité, participe à<br />
l’effort national, tout en préservant son modèle ».<br />
Mais un budget proposé n’est pas un budget voté, et<br />
l’ensemble des acteurs du cinéma restent vigilants…<br />
et combatifs.<br />
Ayşegül Algan<br />
* cinéma, audiovisuel, jeux vidéo et international<br />
Rachida Dati annonce<br />
une enveloppe<br />
supplémentaire pour<br />
les salles…<br />
Lors de son passage au Festival Lumière<br />
à Lyon, la ministre de la Culture a dévoilé<br />
des mesures pour le patrimoine, mais<br />
aussi un rééquilibrage du soutien<br />
automatique à l'exploitation.<br />
Sur le volet du patrimoine, l’enveloppe allouée aux<br />
cinémathèques va passer de 900 000 à 1,5 million<br />
d'euros (M €), sans oublier une aide exceptionnelle<br />
pour leurs projets d’investissement et un renfort pour<br />
la restauration des films : ces mesures ont été annoncées<br />
par Rachida Dati à Lyon le 19 <strong>octobre</strong> [voir p.13]<br />
De façon plus générale, la ministre est revenue sur la<br />
fréquentation des salles, actant les succès de films<br />
français récents, mais aussi un retour des spectateurs<br />
qui « ne s’est pas fait partout de la même façon ». Elle<br />
entend prendre en compte ce « déséquilibre » dans le<br />
cadre de la réévaluation des soutiens automatiques<br />
du CNC <strong>–</strong> comme l’a revendiqué notamment la<br />
grande exploitation lors du Congrès FNCF <strong>–</strong>, avec<br />
une enveloppe de 3 M € supplémentaires chaque<br />
année, dès 2025.<br />
Ces nouvelles annonces s'inscrivent dans le prolongement<br />
du grand plan diffusion, « à la fois complet et<br />
concret », lancé en mai dernier lors du Festival de<br />
Cannes, et dont la partie en faveur de l’itinérance a<br />
déjà été mise en œuvre [voir p. 9]. « J’ai beaucoup<br />
d’ambition pour le cinéma français, pour lequel je me<br />
suis battue et pour lequel je me bats encore », a conclu<br />
la ministre, rappelant que « le projet de loi de finances<br />
pour 2025 le préserve. Et je ne vous lâcherai pas ! »<br />
… et veut réformer<br />
le pass Culture<br />
Quelques jours avant, dans une tribune au Monde du<br />
11 <strong>octobre</strong>, la ministre proposait de revoir en profondeur<br />
le modèle du pass Culture. Car si son volet<br />
collectif est un succès, Rachida Dati reconnaît que sa<br />
part individuelle, qui pour rappel coûte 210 millions<br />
d'euros par an, reste « trop souvent un instrument de<br />
consommation culturelle et de reproduction sociale ».<br />
Un constat déjà formulé par l’Inspection générale des<br />
affaires culturelles (Igac) en juillet, auquel la ministre<br />
veut répondre par un premier changement de taille :<br />
« Je souhaite donner davantage aux jeunes de condition<br />
modeste, sans négliger les classes moyennes ». Au lendemain<br />
de la présentation de son budget 2025, la ministre<br />
indique aussi vouloir qu’une part du crédit soit réservée<br />
au spectacle vivant, qui représente actuellement moins<br />
de 1 % des réservations sur la part individuelle. Elle<br />
ajoute que le secteur doit mieux s’approprier le dispositif,<br />
comme l’ont fait les cinémas art et essai qu’elle<br />
cite comme « un magnifique exemple ».<br />
La ministre de la Culture souhaite aussi « une véritable<br />
continuité entre l’école et la culture, avec une part<br />
collective qui peut et doit être un tremplin vers la part<br />
individuelle », en s’appuyant sur le rôle de conseil et<br />
d’accompagnateur des enseignants. Plus largement,<br />
la médiation est mise en avant, comme de nouveaux<br />
usages à « explorer » pour le pass : géolocalisation de<br />
toute l’offre culturelle, et partage de recommandations<br />
à la manière d’un réseau social. « Dans les prochains<br />
mois, je lancerai une première expérimentation de ces<br />
nouveaux usages, à l’échelle d’une région. »<br />
A.A. & C.V.<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
7
Actualités<br />
La Journée art et essai du cinéma européen<br />
<strong>2024</strong> se dévoile<br />
Des avant-premières aux reprises accessibles aux malvoyants, l’Afcae et la Cicae, en<br />
partenariat avec Europa Cinemas, livrent les détails du rendez-vous donné au public<br />
dimanche 17 novembre prochain.<br />
21 films européens seront proposés en avant-première<br />
dans le cadre de cette 9 e édition, en accord avec leurs<br />
distributeurs, sachant que chaque salle participante reste<br />
libre de sa programmation, comme des animations mises<br />
en place. À noter que les séances spéciales, avec retransmission<br />
en direct de la rencontre avec les équipes de<br />
films, seront communiquées prochainement. Par ailleurs,<br />
l’Afcae collabore pour la troisième année avec l’association<br />
Tout en parlant, afin de proposer des séances en VAST<br />
(version audio sous-titrée) aux personnes malvoyantes,<br />
avec 13 titres issus des catalogues européens.<br />
En pratique, les exploitants doivent s’inscrire auprès de<br />
l’Afcae pour apparaître sur la plateforme de l’événement,<br />
puis se rapprocher directement des distributeurs <strong>–</strong> au<br />
plus tard le 4 novembre <strong>–</strong> , et communiquer leur programmation<br />
à Hulya Dogan (stagiaire@afcae.org).<br />
Avant-premières proposées<br />
Kafka, Le dernier été de Judith Kaufmann et Georg Maas<br />
Allemagne (Condor Distribution - 20/11/24)<br />
Grand Tour de Miguel Gomes<br />
Portugal/Italie/France (Tandem/Shellac - 27/11/24)<br />
The Wall de Philippe Van Leeuw<br />
Belgique (Bodega - 18/12/24)<br />
Quiet Life d’Alexandros Avranas<br />
France/Grèce/Estonie/Suède/Allemagne/Finlande<br />
(Wild Bunch - 1 er /01/25)<br />
Parthenope de Paolo Sorrentino<br />
France, 2h17 (Pathé - 8/01/25)<br />
Maldoror de Fabrice Du Welz<br />
Belgique/France (The Jokers - 15/01/25)<br />
Julie se tait de Leonardo Van Dijl<br />
Belgique/Suède (Jour2Fête - 29/01/25)<br />
Prima la vita de Francesca Comencini<br />
Italie/France (Pyramide - 12/02/25)<br />
La Jeune femme à l'aiguille de Magnus von Horn<br />
Danemark/Pologne/Suède (Bac Films - 26/02/25)<br />
La Convocation d'Halfdan Ullmann Tøndel<br />
Norvège (Tandem - 5/03/25)<br />
Lettres Siciliennes de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza<br />
Italie/France (Films du Losange - 19/03/25)<br />
Vermiglio ou La Mariée des montagnes de<br />
Maura Delpero<br />
Italie/France/Belgique (Paname - 19/03/25)<br />
Wet Monday de Justyna Mytnik<br />
Pologne (Wayna Pitch - 2/04/25)<br />
<strong>Pro</strong>fesseur Freud de Matt Brown<br />
États-Unis/Grande-Bretagne/Irlande (Condor - 2 e trimestre 2025)<br />
Jeune public<br />
Le Grand Noël des animaux de Camille Alméras, Caroline<br />
Attia Larivière, Ceylan Beyoglu, Haruna Kishi, Natalia<br />
Chernysheva et Olesya Shchukina<br />
France/Allemagne (KMBO - 27/11/24)<br />
Slocum et moi de Jean-François Laguionie<br />
Luxembourg/France (Gebeka - 29/01/25)<br />
Young Hearts d’Anthony Schatteman<br />
Belgique/Pays-Bas (Épicentre - 12/02/25)<br />
La vie, en gros de Kristina Dufková<br />
République tchèque/Slovaquie/France (Films du Préau - 12/02/25)<br />
Répertoire<br />
Le Terroriste de Gianfranco De Bosio<br />
Italie/France, 1963 (Les Acacias - 27/11/24)<br />
La Clepsydre de W. J. Has<br />
Pologne, 1973 (Malavida - 8/01/25)<br />
Tasio de Montxo Armendariz<br />
Espagne, 1984 (Tamasa Distribution - 24/01/25)<br />
Films en VAST<br />
Drunk de Thomas Vinterberg : avec la voix de<br />
Mathieu Amalric<br />
Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini : avec la voix de<br />
Romane Bohringer<br />
Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini : avec la voix de<br />
Laurent Ziserman<br />
R.M.N. de Cristian Mungiu : avec la voix de Jules Churin<br />
Breaking the Waves de Lars Von Trier : avec la voix de<br />
Louise Delilez<br />
Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki : avec la voix de<br />
Jacques Gamblin<br />
La Conspiration du Caire de Tarik Saleh : avec la voix de<br />
Frédéric Pierrot<br />
La Chimère d'Alice Rohrwacher : avec la voix de<br />
Micha Lescot<br />
The Quiet Girl de Colm Bairéad : avec la voix de Céleste<br />
Brunnquell<br />
La Salle des profs d'İlker Çatak : avec la voix de Véronique<br />
Affholder<br />
Border Line d'Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez :<br />
avec la voix de Véronique Affholder<br />
Papa est en voyage d’affaires d'Emir Kusturica : avec la<br />
voix de Samuel Churin<br />
El <strong>Pro</strong>fesor de Maria Alché et Benjamín Naishtat : avec la<br />
voix de Pierre Poirot<br />
Les Mycéliades repart<br />
pour une troisième édition<br />
Co-piloté par l’ADRC et Images en bibliothèques, le<br />
festival de science-fiction à destination des 15-25 ans<br />
est de retour du 1 er au 16 février 2025. S’enchaîneront<br />
ainsi projections, rencontres ou encore ateliers dans<br />
les cinémas et les médiathèques de France <strong>–</strong> métropolitaine<br />
comme d’outre-mer <strong>–</strong>, autour du thème<br />
“Intelligences”, animés comme chaque année par des<br />
écrivains, des créateurs de contenus web, mais aussi<br />
des scientifiques.<br />
Pour rappel, l’édition <strong>2024</strong> avait réuni plus de 22 000<br />
participants, dont 16 000 en salles. Le festival est né de<br />
l’appel à projets 15-25 du CNC, qui assurait son<br />
financement pour deux ans ; l’accompagnement de<br />
nombreux partenaires (CNC, ministères de l’Enseignement<br />
supérieur et de la recherche et de la Culture…)<br />
a permis l’organisation de cette troisième édition. En<br />
outre, le festival a reçu, le 8 <strong>octobre</strong> dernier, le Prix<br />
Émergence de la Fondation Audiens Générations -<br />
Institut de France, qui récompense chaque année trois<br />
Une journée qui affiche son engagement<br />
L'affiche de la 9 e Journée art et essai du cinéma européen<br />
a été confiée à la cinéaste iranienne Sepideh Farsi, exilée<br />
en France en 1984 après avoir été détenue et interdite<br />
d’accès à l’université dans son pays d’origine. Ses films,<br />
aussi bien documentaires (Téhéran sans autorisation,<br />
réalisé avec un téléphone portable) que de fiction<br />
(Red Rose), explorent les multiples visages de la société<br />
iranienne contemporaine, mais aussi de la Grèce (Demain,<br />
je traverse) ou de l’Afghanistan (7 Voiles). La Sirène, son<br />
premier film d'animation, a ouvert la section Panorama<br />
de la Berlinale 20<strong>23</strong> et a été distribué en France par Bac<br />
Films. Sepideh Farsi est par ailleurs une des marraines de<br />
cette 9 e Journée, dont elle a réalisé l’affiche en collaboration<br />
avec un compatriote : l’artiste peintre Payram.<br />
initiatives culturelles mettant en avant les nouvelles<br />
pratiques numériques et favorisant une solidarité active<br />
entre les générations. De quoi pérenniser un événement<br />
qui vise l’infini, et bien au-delà !<br />
Le festival Les Mycéliades, a reçu le Prix Émergence de la<br />
Fondation Audiens Générations - Institut de France, remis le<br />
8 <strong>octobre</strong> lors de la soirée Culture Générations à la Fondation<br />
Simone et Cino Del Luca.<br />
©Erwan Floch<br />
8 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
Cinéma sous les étoiles en Ardèche, par La Maison de l'Image Aubenas<br />
UNE AIDE À L’EMPLOI<br />
POUR LES CINÉMAS ITINÉRANTS<br />
Le CNC propose un nouveau soutien sélectif pour aider au<br />
financement des salaires chez les itinérants. Une bonne nouvelle<br />
pour leur association nationale.<br />
©La Maison de l'Image Aubenas<br />
©ANCI<br />
Et de nouvelles forces<br />
pour l’Anci<br />
Depuis l’AG de juin <strong>2024</strong>, la présidente Anne Lidove<br />
est devenue déléguée générale de l'association,<br />
grâce à une subvention de fonctionnement du<br />
CNC. Elle présidait l’Anci depuis 2018, tout en étant<br />
directrice du circuit CinéLigue Hauts-de-France<br />
(de 2007 à 2022), puis consultante sur la diffusion<br />
et l’éducation aux images. De son côté Julien<br />
Poujade, coordinateur de la Maison de l'image<br />
(Ardèche) est le nouveau président de l’Anci. Il en<br />
était déjà le vice-président, et surtout très actif au<br />
sein du groupe technique de l’association,<br />
intervenant notamment comme formateur à la<br />
projection numérique en itinérance.<br />
L’Anci a aussi pu créer un poste à temps plein,<br />
notamment pour accompagner les circuits dans<br />
leurs demandes d’aide à l'investissement, et<br />
maintenant d’aide à l’emploi. Jérôme Filiol, qui<br />
était précédemment salarié de l’ACCILR <strong>–</strong> l’association<br />
de cinémas du Languedoc-Roussillon, qui a<br />
été dissoute <strong>–</strong> a été ainsi embauché comme<br />
permanent.<br />
Après une aide sélective pour le renouvellement de<br />
leur matériel, dotée d’une enveloppe de 1 million<br />
d’euros et annoncée en juillet, les circuits itinérants,<br />
qui fonctionnent beaucoup sur le bénévolat, vont<br />
bénéficier d’une nouvelle mesure pour développer<br />
l’emploi. Elle avait été annoncée par Dominique<br />
Boutonnat lors des vœux du CNC en début d’année,<br />
dans le cadre d’un soutien global aux itinérants, puis<br />
confirmée par la ministre de la Culture en mai dernier<br />
à Cannes. Après le vote du conseil d’administration<br />
du CNC le 27 septembre dernier, le texte est paru au<br />
Journal Officiel du 15 <strong>octobre</strong>.<br />
La nouvelle mesure, d’un coût global de 500 000 €,<br />
propose donc de mettre en place une aide sélective,<br />
réservée aux exploitants titulaires d’une autorisation<br />
d’exercice au titre d’itinérant, pour contribuer à la<br />
prise en charge des salaires et charges sociales. Une<br />
commission composée de neuf membres (trois professionnels<br />
du secteur, trois élus des collectivités territoriales<br />
et trois personnalités qualifiées, qui n’ont pas<br />
encore été désignés) sera chargée de donner son avis<br />
sur l’attribution et le montant de l’aide au circuit<br />
itinérant, « au regard du contexte local, de l’environnement<br />
cinématographique, de sa programmation, de sa<br />
politique d’animation et d’accompagnement des œuvres,<br />
du volume d’activité et des résultats atteints en termes<br />
de fréquentation », précise le CNC. La sélection se<br />
basera aussi sur les effets attendus de l’emploi sur<br />
l’activité <strong>–</strong> notamment en termes de publics visés, de<br />
localités desservies et de volume de séances <strong>–</strong>, et bien<br />
sûr de la situation financière de l’exploitant.<br />
Le montant des aides ne pourra excéder 80 % des<br />
dépenses liées aux salaires.<br />
Un bon signal pour l’Anci<br />
Si elle ne règle pas tout, la nouvelle réjouit l’Association<br />
nationale des cinémas itinérants, qui l’attendait depuis<br />
longtemps. En effet, « TOUS les itinérants ont des<br />
problèmes d’emploi, et ceux qui n’en ont pas ont d’autant<br />
plus besoin d’en créer qu’il y a peu de renouvellement du<br />
bénévolat, souligne Anne Lidove, déléguée générale de<br />
l’association. Une aide de 500 000 €, si elle est reconduite<br />
chaque année, permettra déjà à plusieurs circuits de recruter<br />
des opérateurs ou des médiateurs, de renforcer le travail<br />
sur nos nouveaux outils numériques [voir ci-contre] et de<br />
pallier le manque de gouvernance ». De son côté, l’Anci<br />
accompagnera ces embauches, notamment pour former<br />
les nouvelles recrues aux spécificités et outils de l’itinérance,<br />
y compris à la recherche de financements locaux.<br />
Certes, « une enveloppe de 500 000 €, c’est peu par rapport<br />
à nos besoins, sachant qu’il y a 115 circuits itinérants en<br />
France et qu’un poste coûte au minimum 30 000 € par<br />
an », rappelle Anne Lidove. Mais « cette aide directe à<br />
l’emploi relève d’une nouvelle politique du CNC, notamment<br />
par rapport à l’aide à l’embauche de médiateurs qui<br />
s’inscrit dans les conventions triennales avec les Régions ».<br />
Une nouveauté aussi par rapport à l’aide à l’investissement<br />
dans de nouveaux projecteurs <strong>–</strong> annoncée cet été<br />
<strong>–</strong>, qui consiste en une enveloppe complémentaire pour<br />
le mécanisme, déjà existant, celui du compte de soutien.<br />
« Et pour les itinérants, le retour de TSA ne suffit pas. »<br />
La nouvelle aide est donc inédite, et si le CNC n’a pas<br />
encore précisé la liste des pièces à fournir, les itinérants<br />
s'activent et certains d’entre eux seront prêts pour<br />
déposer une demande en décembre. « L’idée est de faire<br />
trois demandes pour trois ans, le temps nécessaire pour<br />
mettre des choses en place, stabiliser un poste et mobiliser<br />
d’autres aides. Quand les premiers dossiers seront acceptés,<br />
nous en présenterons de nouveaux. » Et Anne Lidove a<br />
bon espoir que « cette aide soit mieux dotée une fois qu'elle<br />
aura montré son utilité ».<br />
Cécile Vargoz<br />
L’Anci en AG en 20<strong>23</strong>, avec à la table Corentin Bichet<br />
(CNC), Laurence Martin (Ministère de la Culture),<br />
Anne Lidove (Anci), Vincent Kopf (Cineo/Anci),<br />
Julien Poujade (Maison de l'image/Anci), et Emilie<br />
Parey (Ciclic/Anci).<br />
Avant cela, dans le cadre de l’appel à projets<br />
15-25 ans du CNC, Tristan Duval a été embauché à<br />
mi-temps, notamment pour interfacer les séances<br />
itinérantes avec le pass Culture, grâce à l’outil<br />
numérique créé par l’Anci. Enfin, grâce à l’appel à<br />
projet sur le numérique, l’association développe<br />
son logiciel de billetterie adapté à l’itinérance…<br />
et va recruter un autre salarié sur<br />
14 mois, pour accompagner les pratiques<br />
digitales en général.<br />
Passée de 0,5 à 4 salariés, l’association des<br />
itinérants est donc au taquet pour accompagner<br />
ses adhérents. Elle prépare, entre autres, une<br />
journée professionnelle dans le cadre des<br />
Rencontres des cinémas d’Europe, avec la Maison<br />
de l'image, la Fédération de l’action culturelle<br />
cinématographique (Facc) et l’association<br />
territoriale d'Ardèche Les écrans, le 21 novembre<br />
à Aubenas.<br />
C.V.<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
9
MIFC/Lumière <strong>2024</strong><br />
LA SALLE, L’ÉTERNEL ÉCRIN<br />
©Romane Derbelen-MICF<br />
La table ronde du mercredi matin 16 <strong>octobre</strong> a rassemblé, de gauche à droite, Guillaume Bachy (Afcae), Christian Bräuer (Cicae), Laura Houlgatte (Unic),<br />
Nadège Lauzzana (ADRC), Richard Patry (FNCF), et été modérée par Julien Marcel (The <strong>Boxoffice</strong> Company).<br />
La table-ronde du Marché<br />
international du film classique<br />
organisée dans le cadre des<br />
journées Afcae/ADRC était<br />
dédiée à l’exposition du<br />
cinéma de patrimoine en<br />
salles. Un pari gagnant à<br />
travers tout le Vieux<br />
continent, sous réserve d’un<br />
accompagnement de tous<br />
les instants.<br />
Top 5 20<strong>23</strong> des films<br />
patrimoine en Europe<br />
1 | Titanic - 1997<br />
2 | Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre - 2002<br />
3 | Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi - 2003<br />
4 | Elf - 2003<br />
5 | Le Seigneur des anneaux : La Communauté de<br />
l'anneau - 2001<br />
Pour poser un cadre au-delà du cas français, l’échange<br />
modéré par Julien Marcel, fondateur de The <strong>Boxoffice</strong><br />
Company, a débuté par la définition même du cinéma<br />
de patrimoine. Laura Houlgatte, la CEO de l’Unic est<br />
formelle : « Sur les 39 territoires de l’Union, il n’y a aucune<br />
définition commune », la caractérisation pouvant s’appliquer,<br />
selon les pays, à partir de 20 ans… ou à peine 12<br />
mois après la sortie d’un film. Aligné sur la définition<br />
française, l'Observatoire européen de l’audiovisuel estime<br />
que la fréquentation des films de plus de 10 ans a doublé<br />
ces quatres dernières années, passant de 0,8 % de l'ensemble<br />
des entrées comptabilisées en Europe en 2019 à 1,6 %<br />
en 20<strong>23</strong>, quand la part des films de plus de 20 ans passait<br />
de son côté de 0,5 % en 2019 à 1,3 % en 20<strong>23</strong>. Des<br />
performances en hausse qui s’observent aussi à l’échelle<br />
du territoire français, où le patrimoine a représenté 2,4 %<br />
de la fréquentation annuelle de 20<strong>23</strong>, soit 4,4 millions<br />
(M) de tickets ; les derniers chiffres les plus élevés remontant<br />
à 1997 (4,6 M d’entrées sur les 148 M de l’année).<br />
De la niche à la norme<br />
Le président de la FNCF Richard Patry note, de fait,<br />
« une vraie modification du traitement de la séance patrimoine<br />
dans les cinémas ». Avec le développement de l’offre permise<br />
par le basculement numérique, cette dernière n’est plus<br />
l’apanage de quelques distributeurs, ni de quelques<br />
cinémas spécialisés, comme en atteste « l’explosion du label<br />
Patrimoine/Répertoire ces dernières années »*.<br />
Certes, avec la fin de sa monétisation, « il y aura peut-être<br />
moins de cinémas labellisés [ils étaient 443 en 20<strong>23</strong>, ndlr.],<br />
mais plus de salles feront du patrimoine », prédit de son<br />
côté Guillaume Bachy, en rappelant que ces séances<br />
joueront sur la note attribuée par la commission art et<br />
essai, donc la bonification attribuée. « Et n’oublions pas<br />
que plus d’un million des entrées du cinéma patrimoine ont<br />
été portés par les dispositifs scolaires, qui pourraient représenter<br />
beaucoup moins demain », alerte l’intéressé, en revenant<br />
sur la zone de vigilance dans laquelle évolue l'éducation<br />
à l’image. « Nous avons la chance d’être dans un pays très<br />
cinéphile, où il y a une vraie appétence des spectateurs pour<br />
les films de répertoire. Encore faut-il en jouer pleinement et<br />
tenter des expériences qui ne sont pas forcément les plus<br />
évidentes. » Pour autant, hors de question pour le président<br />
de l’Afcae, dont le groupe Répertoire soutient une vingtaine<br />
de titres par an, de faire des propositions « muséifiées :<br />
si l’on veut se rapprocher de la cinéphilie des jeunes d’aujourd’hui,<br />
il faut que nous changions notre regard sur la<br />
cinéphilie en général. »<br />
Les temps modernes<br />
Depuis 1999, la mission première de l’ADRC, que<br />
préside Nadège Lauzzana, est d’accompagner un<br />
catalogue de désormais 1 500 titres patrimoine à travers<br />
le territoire français <strong>–</strong> et dont les entrées étaient en<br />
croissance de 11 % entre 2022 et 20<strong>23</strong>. Entre le festival<br />
Play It Again de septembre [voir p.13] et celui des<br />
Mycéliades, dont elle prépare la 3 e édition en février<br />
prochain [voir p. 8], l’Agence s’applique elle aussi à<br />
« débroussailler l’image du film classique, et à le réinscrire<br />
dans le contexte d’aujourd’hui ». Un contexte où les<br />
attentes des spectateurs ont changé, notamment en<br />
matière de qualité des séances. « Avant, les cinéphiles<br />
étaient capables d’accepter des coupures son sur le 35 mm<br />
et autres désagréments, se remémore la présidente de<br />
l’ADRC. Aujourd’hui, la nouvelle génération attend<br />
d’une séance patrimoine la même qualité de projection<br />
que sur les inédits. » Pour Richard Patry, cette attente<br />
va de pair avec le mouvement de premiumisation des<br />
salles, et nécessite de grands efforts sur les restaurations,<br />
10 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
« comme celle du Nom de la rose dont les copies de<br />
réédition étaient peut-être encore meilleures que celles à<br />
sa sortie ! »<br />
Un élan à consolider<br />
Malgré l’augmentation des séances, de leur qualité et de<br />
leurs entrées, Guillaume Bachy estime toutefois que faire<br />
du patrimoine relève encore bien souvent « de la guérilla.<br />
Certes, le travail sur les 15-25 ans porte ses fruits, mais il<br />
s’agit d’un travail à mener quotidiennement, face à la<br />
concurrence de tous les autres modes de diffusion, avec des<br />
œuvres visibles sur beaucoup d’autres supports ». Sachant<br />
que les requêtes des distributeurs sur les films d'actualité<br />
laissent, le patrimoine reste ainsi souvent le « parent<br />
pauvre » des grilles de programmation. « Or, si on veut<br />
proposer du répertoire, il faut en faire naître le désir, avec<br />
un travail semaine après semaine, et plusieurs propositions<br />
de séances, accompagnées ou pas. »<br />
©Gaumont<br />
UN CINÉMA DE PATRIMOINE,<br />
MAIS DES RÉALITÉS DE<br />
DISTRIBUTION BIEN<br />
DIFFÉRENTES<br />
En attendant, l'indéniable « mouvement de fond », décrit<br />
par le président de la FNCF, est aussi à l'œuvre chez<br />
les voisins. Du petit cinéma italien qui propose du<br />
patrimoine tous les mercredi, au Prince Charles Cinema<br />
de Londres qui y dédie la quasi intégralité de sa grille,<br />
en passant par les Classics hebdomadaires des circuits<br />
Pathé et Vue aux Pays-Bas, « quelque soit leur business<br />
model, les cinémas d’Europe investissent ce terrain »,<br />
observe Laura Houlgatte pour l’Unic. L’Allemand<br />
Christian Bräuer, à la tête de la Cicae ainsi que des<br />
Yorck Kinos de Berlin, décrit de son côté des soirées<br />
Classic Sneaks surprise, qui affichent des salles de 300<br />
places complètes depuis deux ans. Avant de conclure :<br />
« Un film patrimoine est, avant tout… un film, qui permet<br />
de diversifier sa programmation et ses publics. » Ainsi, au<br />
terme d’une période de crise et post-crise sanitaire, où<br />
on a manqué d’inédits, ce cinéma d’hier a répondu<br />
présent, et ne manque certainement pas d’avenir.<br />
Ayşegül Algan<br />
©Walt Disney Company<br />
La Poison, avec Michel Simon et Germaine Reuver,<br />
a été l’un des plus grands succès de Sacha Guitry<br />
dans les salles françaises en 1951, mais a moins créé<br />
l'événement à sa reprise de 20<strong>23</strong>, dans le cadre de la<br />
rétro “Le Génie Guitry” des Acacias.<br />
La concentration des entrées à l'œuvre sur les inédits s'observe<br />
aussi parmi les films de patrimoine, comme l'ont souligné les<br />
distributeurs du SDI lors de leur présentation de line-ups.<br />
25 ans après sa première sortie, Titanic a encore embarqué les<br />
foules dans les salles, en France comme ailleurs.<br />
Le rendez-vous distributeurs/exploitants, qui a bien<br />
manqué l’année dernière au MIFC, était de retour,<br />
avec non pas une, mais deux sessions programmées<br />
dans la salle de projection de l’Institut Lumière, afin<br />
de pouvoir accueillir l’ensemble des accrédités. « Nous<br />
avons envie d’être vos interlocuteurs toute l’année »,<br />
déclarait Marc Olry au nom du syndicat d’indépendants.<br />
S’il n’a, pour l’heure, pas de nouveau titre en distribution<br />
dans les mois à venir, le gérant de Lost Films<br />
mesure « tout ce que l’on a perdu depuis 15 ans », soit<br />
depuis le lancement de sa structure.<br />
Car les films d’hier connaissent la même dichotomie<br />
que ceux d’aujourd’hui, avec une forte polarisation<br />
autour de certains titres, qui étaient déjà a fortiori des<br />
succès à leur sortie originelle. En atteste le million<br />
d’entrées qu’ont capté, à eux seuls, Titanic et Astérix et<br />
Obélix : Mission Cléopâtre l’année dernière [voir le top<br />
15 des ressorties 20<strong>23</strong> dans le <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du 9 <strong>octobre</strong><br />
<strong>2024</strong>]. Et si l’on peut se réjouir que Grease (le hit du<br />
Festival Play It Again de l’ADRC) et Shrek (classé art<br />
et essai lors de sa première sortie, a rappelé le président<br />
de l’Afcae Guillaume Bachy lors de la table ronde<br />
exploitants du matin) se portent bien, « il ne faudrait<br />
pas qu’ils masquent la forêt oùPetit Hérisson et Guitry<br />
sont tout aussi importants », notait de son côté Anne-<br />
Laure Brénéol de Malavida.<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
11
MIFC/Lumière <strong>2024</strong><br />
IA : le SCFP s’empare de son<br />
droit d’opt-out<br />
Le 11 <strong>octobre</strong> dernier, soit la veille du démarrage<br />
du Festival Lumière, les membres du Syndicat des<br />
catalogues de films de patrimoine ont annoncé<br />
exercer leur droit d’opt-out vis-à-vis de l’ensemble<br />
des systèmes d'intelligence artificielle générative.<br />
©A.Algan<br />
Pour rappel, le droit d'opt-out permet aux<br />
détenteurs de droits de refuser que leurs œuvres<br />
soient utilisées par des systèmes d'intelligence<br />
artificielle. Ainsi, aucune activité de fouille de<br />
données (data mining) portant sur les œuvres des<br />
catalogues des membres du SCFP et leurs<br />
composantes (textes, graphisme, signes, signaux,<br />
sons, images, musiques etc.), quelque soit le<br />
contenu qu’ils soient destinés à générer par l’IA<br />
(textes, images, audio ou vidéos complexes), ne<br />
sera possible sans leur autorisation explicite.<br />
Ou comment sortir de la machine ?<br />
Brazil de Terry Gilliam (1982)<br />
Un cadre respectueux, pour un dialogue continu<br />
« Les films que nous représentons sont bien plus que<br />
des données exploitables par des algorithmes,<br />
indiquent d’une seule voix les membres du SCFP.<br />
Nous n’acceptons pas que ces œuvres soient<br />
moissonnées ou utilisées par des systèmes<br />
d'intelligence artificielle sans consentement préalable<br />
et sans juste rémunération. »<br />
©Warner Bros.<br />
Marc Olry (Lost Films) et Jean-Fabrice Janaudy (Les Acacias) devant les exploitants <strong>–</strong> ainsi que les<br />
cataloguistes <strong>–</strong> venus découvrir les line-ups des membres du SDI.<br />
À ce titre, les distributeurs du SDI regrettent que les<br />
séances patrimoine ne soient pas surpondérées dans le<br />
cadre de la réforme de l’art et essai, au même titre que<br />
celles des films recherche et découverte. Côté éducation<br />
à l’image, au centre d’une grande mobilisation de<br />
l’ensemble du secteur, Jean-Fabrice Janaudy des Acacias<br />
a souligné l’importance de mettre l’accent sur les titres<br />
répertoire dans les catalogues des dispositifs, « pour<br />
renforcer leur rôle de marqueur culturel ». Enfin, les<br />
membres du SDI regrettent l’absence de “cases patrimoine”<br />
dans les programmes de prévisionnements<br />
exploitants. « Des rendez-vous qu’il nous faut réinvestir,<br />
estime Marc Olry, en suggérant : Et pourquoi pas proposer<br />
au moins un film patrimoine lors des Rencontres nationales<br />
art et essai de Cannes ? »<br />
A.A.<br />
* les distributeurs spécialisés ayant présenté des boucles sont Carlotta Films, Les Acacias,<br />
Malavida, Solaris Distribution et Tamasa Distribution.<br />
La Reine Margot (1994) sera probablement<br />
la pièce maîtresse de la rétrospective<br />
“Patrice Chéreau cinéaste” que Malavida<br />
prévoit, « en 2 ou 3 parties »,<br />
pour l’automne 2025.<br />
©Renn <strong>Pro</strong>ductions<br />
Pour autant, les intéressés ne ferment pas la porte<br />
à une collaboration future entre IA et création<br />
artistique, « fondée sur des principes éthiques<br />
partagés et transparents ». Ainsi, les les membres du<br />
SCFP font part de leur disponibilité « pour engager<br />
des échanges avec les acteurs du secteur technologique,<br />
ainsi que les organisations de gestion<br />
collective ». De quoi engager un dialogue continu<br />
qui permettra de favoriser « à la fois l'innovation et<br />
la protection des droits des créateurs et des ayants<br />
droit des œuvres ».<br />
UN PLAN DE DIFFUSION ÉTENDU<br />
POUR LE PATRIMOINE<br />
C’est tout naturellement du Festival Lumière<br />
que la ministre de la Culture a dévoilé le<br />
19 <strong>octobre</strong> le volet de son plan de diffusion<br />
consacré aux cinémathèques et films<br />
de patrimoine.<br />
« J’ai demandé au CNC de renforcer son soutien [aux<br />
cinémathèques], en dégageant une enveloppe de crédits<br />
spécifiques, pour qu’elles puissent continuer à agir sur leur<br />
territoire », a indiqué la ministre. L’enveloppe allouée au<br />
fonctionnement des cinémathèques bénéficiera ainsi<br />
d’une augmentation de 67 %, passant de 900 000 à 1,5<br />
million d'euros (M €). Dans ce cadre, l’Institut Lumière<br />
et son festival, dont la ministre a salué l’engagement et<br />
le travail, bénéficiera d’un soutien exceptionnel du CNC<br />
de 350 000 € entre 2025 et 2026.<br />
Par ailleurs, une aide exceptionnelle d’un 1,4 M € en<br />
2025 permettra de financer des projets d’investissement<br />
« particulièrement pertinents ». Rachida Dati souhaite aussi<br />
« soutenir davantage la médiation et les activités autour des<br />
projections, et notamment à destination des jeunes, en<br />
développant des séances “hors les murs” ».<br />
Rachida Dati au Festival Lumière, en compagnie du directeur<br />
de l’Institut Lumière Thierry Frémaux (à gauche) et Olivier<br />
Henrard, le président par intérim du CNC (à droite)<br />
Le budget CNC alloué à la restauration et numérisation<br />
des films tournés sur pellicule augmente pour sa part de<br />
2,6 à 3,6 M € (+40 %). « Au total, ce sont 75 M € qui ont<br />
été engagés pour numériser près de 1400 films », a rappelé<br />
la ministre.<br />
À cette occasion, Rachida Dati a aussi annoncé une<br />
enveloppe supplémentaire ainsi qu’un rééquilibrage du<br />
soutien automatique à l'exploitation [voir p.7].<br />
©Ministère de la Culture/cabinet<br />
12 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
LE CINÉMA DE PATRIMOINE A TOUJOURS<br />
LA FUREUR DE VIVRE<br />
©The Jokers<br />
Inclue dans la rétrospective "L'univers Wong Kar-Wai", Les Anges déchus fait partie des ressorties de patrimoine les plus vues de 20<strong>23</strong>.<br />
À l’occasion du Festival Lumière, le CNC a présenté son étude sur<br />
la diffusion et les performances du cinéma de patrimoine en<br />
20<strong>23</strong>. Retour sur une des plus belles années des films de plus de<br />
20 ans dans les salles françaises.<br />
Le marché des films de patrimoine en 20<strong>23</strong><br />
Des niveaux de fréquentation records<br />
En 20<strong>23</strong>, les films patrimoine ont rassemblé 4,4 millions<br />
(M) de spectateurs dans les salles : en plus d’être en<br />
forte augmentation de 48,2 % par rapport à 2022 <strong>–</strong><br />
quand la fréquentation totale augmente de 18,2 % <strong>–</strong>,<br />
il s’agit tout simplement d’un record d’entrées depuis<br />
1997. Ainsi, les films de patrimoine représentent 2,4 %<br />
des 180,4 M de tickets écoulés en 20<strong>23</strong> ; c’est leur plus<br />
haute part de marché de ces 20 dernières années.<br />
En outre, ils réalisent 1,6 % des recettes totales (21,2<br />
M € sur 1 333,9 M €), soit leur plus gros box-office<br />
depuis 2001.<br />
Également en nette progression, la moyenne d’entrées<br />
par séance (e/s) pour un film de patrimoine s’élève à<br />
36 e/s, contre 21 e/s pour une première exclusivité ; il<br />
faut remonter à 2012 pour voir une performance<br />
supérieure, avec 37 e/s. La moyenne de l’année écoulée<br />
est d’autant plus impressionnante que, depuis la numérisation<br />
complète du parc au début des années 2010<br />
<strong>–</strong> et donc la multiplication des séances <strong>–</strong>, ce chiffre<br />
tournait autour des 31 e/s. Avec en moyenne 45 séances<br />
lors de son exploitation, une réédition est bien plus<br />
diffusée en 20<strong>23</strong>, alors que son nombre de projections<br />
était en constante baisse depuis 2013.<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
13
MIFC/Lumière <strong>2024</strong><br />
Play It Again ! <strong>2024</strong><br />
le patrimoine en fête<br />
Du 18 septembre au 1 er <strong>octobre</strong>, la 10 e édition du<br />
festival sur « les films d’hier dans les salles d’aujourd’hui<br />
», organisé depuis 2019 par l’ADRC, avec le<br />
soutien du CNC et de nombreux autres partenaires,<br />
a enregistré 22 000 entrées dans <strong>23</strong>8 salles.<br />
Ce rendez-vous du patrimoine, proposé en<br />
collaboration avec le Syndicat des catalogues de<br />
films de patrimoine (SCFP), a une nouvelle fois mis<br />
l’accent sur « une meilleure lisibilité pour le public »<br />
ainsi qu’« une communication facilitée pour les<br />
cinémas participants ».<br />
120 animations financées, compilant débats,<br />
ciné-conférences, ateliers à destination du jeune<br />
public ou ciné-concerts, ont été proposés dans le<br />
cadre de cette édition. Un chiffre qui atteste de<br />
l’importance des collaborations entre l’ADRC et ses<br />
partenaires, parmi lesquels, les Journées<br />
européennes du patrimoine pour les séances plein<br />
air et les ateliers scolaires, le programme Ciné<br />
Inclusif (Matmut/Les Yeux Dits), Ciné Relax et<br />
Ciné-Sens pour l’accessibilité des séances à tous,<br />
Arte pour la mise en avant du documentaire, les<br />
associations territoriales (Cina, Cinephilae, CIBFC…)<br />
et l'accompagnement avec l'Afcae pour les tournées<br />
d'intervenants, ainsi que le service de l'action<br />
éducative de la Cinémathèque française pour<br />
l’atelier jeune public.<br />
©Park Circus<br />
Un marché globalement dominé par les<br />
États-Unis<br />
Si les œuvres françaises constituent la part la plus<br />
conséquente de l'offre de patrimoine (42,7 %, contre<br />
31,8 % pour les films américains), les œuvres américaines<br />
sont plus diffusées (43,2 % des séances, contre<br />
32,6 % pour les œuvres françaises), et enregistrent<br />
plus d’entrées (47,6 %, contre 27,1 % pour les œuvres<br />
françaises). Ainsi, dans le top 10 20<strong>23</strong> des films de<br />
patrimoine, on retrouve six films américains, dont le<br />
numéro 1, Titanic et ses 520 000 billets. Le premier<br />
français, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, arrive<br />
en deuxième place avec 413 000 tickets. Ces deux très<br />
grands succès, sortis respectivement en France en<br />
1998 et en 2002, expliquent par ailleurs que la part<br />
des entrées des films de plus de 40 ans n’est qu’à 44 %<br />
en 20<strong>23</strong>, contre 69 % en 2014 et 61 % en 2022.<br />
La vie après la salle<br />
Enfin, avec 4,2 M d’unités vendues, le marché de la<br />
vidéo physique des films de patrimoine baisse, mais<br />
moins que l’ensemble du segment (-7,2 % par rapport<br />
à 2022, et -13,8 % tous films confondus). Ainsi, depuis<br />
2009, les ventes de DVD patrimoine ont dégringolé<br />
de 65,6 % (80,3 % pour tous les films), tandis que<br />
leur part de marché ne cesse d'augmenter : elle était<br />
de 18,5 % en 2009, elle est de 31,9 % en 20<strong>23</strong>.<br />
Une perte que ne compense pas la VOD, en baisse<br />
de 24,4 % par rapport à 2022 sur le patrimoine,<br />
passant de 6 M à 4,5 M de films achetés ou loués,<br />
pour une part de marché baissant de 14,4 % à 10,5 %.<br />
Jules Dreyfus<br />
Classement des films de patrimoine en 20<strong>23</strong><br />
Cette année, ce sont les comédies musicales, à<br />
commencer par Grease (1978), qui ont mené la danse<br />
du festival.<br />
Les plus gros succès de Play It Again ! <strong>2024</strong> :<br />
Grease de Randal Kleiser : 3 729 entrées<br />
Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy :<br />
1 946 entrées<br />
Le Carnaval de la petite taupe de Zdeněk Miler :<br />
1 664 entrées<br />
Le Cirque de Charlie Chaplin : 1 615 entrées<br />
La Dolce Vita de Federico Fellini : 1 457 entrées<br />
La Boum de Claude Pinoteau : 1 345 entrées<br />
Le Magicien d'Oz de Victor Fleming : 1 286 entrées<br />
FILM ÂGE ENTRÉES<br />
1 TITANIC 25 520 874<br />
2 ASTÉRIX ET OBÉLIX : MISSION CLÉOPÂTRE 21 413 088<br />
3 BILLY ELLIOT <strong>23</strong> 133 783<br />
4 ELEPHANT MAN 42 108 563<br />
5 LE MAGICIEN D'OZ 77 78 570<br />
6 CHANTONS SOUS LA PLUIE 70 69 857<br />
7 LE CIRQUE 54 65 612<br />
8 L'ÉTRANGE NOËL DE MONSIEUR JACK 29 61 941<br />
9 LE ROI ET L'OISEAU 43 61 058<br />
10 LE VOYAGE DE CHIHIRO 21 57 104<br />
Source : CNC - Films de patrimoine : films dont la première date de sortie en salles est antérieure à 20 ans.<br />
14 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
NOUR & ARIZONA,<br />
SUR LES CHEMINS DE TRAVERSE DU PATRIMOINE<br />
Le 10 juillet, Arizona a pour la première fois sorti un film de<br />
patrimoine. Quatre mois plus tard, Nour Films a distribué une<br />
rétrospective consacrée à Alejandro Jodorowsky. Deux<br />
expérimentations différentes, mais qui répondent à des<br />
intentions concordantes.<br />
©Arizona Distribution<br />
©Nour Films<br />
El Topo d’Alejandro Jodorowsky<br />
Saravah de Pierre Barouh<br />
Dans un écosystème où le patrimoine est souvent l’affaire<br />
de quelques distributeurs bien identifiés, d’autres s’y<br />
attellent de manière plus sporadique, voire l'investissent<br />
pour la première fois. Arizona fait partie de ces sociétés<br />
indépendantes qui ont sauté le pas avec l’acquisition des<br />
droits de diffusion de Saravah ; un documentaire mélodique,<br />
réalisé en 1969 par le regretté musicien Pierre<br />
Barouh, sur la samba et la culture carioca, dans un Brésil<br />
placé sous le joug de la dictature militaire. « Nous voulions<br />
distribuer un film de patrimoine, sans savoir par quel bout<br />
commencer. Finalement, nous nous sommes dit qu’il fallait<br />
débuter avec un film très singulier et hors cadre », narre<br />
Bénédicte Thomas, fondatrice et dirigeante d’Arizona<br />
Distribution. Hors cadre est le bon mot au regard du<br />
parcours du film sur le sol français, qui n’avait connu<br />
que des projections sauvages, jusqu’à sa restauration par<br />
le label de musique créé par Pierre Barouh, intitulé…<br />
Saravah. « Un ami producteur m'en a parlé au moment où<br />
je développais l'idée de faire du patrimoine, alors que je<br />
n'avais pas vraiment identifié l'œuvre. Nous nous sommes<br />
rapprochés du label et avons très vite décidé de partir ensemble<br />
avec cette version, à la fois propre, sous-titrée et facilement<br />
exploitable. » Une perle rare et méconnue qui correspondait<br />
aux désirs du distributeur, lui qui ne se sentait pas<br />
« légitime à s’attaquer à de grands auteurs ».<br />
Nour Films a justement réinvesti ce terrain avec une<br />
rétrospective de six films d’Alejandro Jodorowsky,<br />
presque dix ans après sa dernière distribution d’un film<br />
de patrimoine : « Nous avons sorti Bad Boy Bubby de<br />
Rolf De Heer (1993) en 2015... deux jours avant les<br />
attentats du Bataclan, relate Patrick Sibourd, fondateur<br />
et gérant de la société de distribution. Malgré le contexte,<br />
le film a tout de même réalisé 10 000 entrées, ce qui est<br />
bien pour un film de reprise. » Résolument orientée vers<br />
des premières œuvres et des longs métrages aux visions<br />
singulières, la ligne éditoriale de Nour évolue au gré<br />
des appétences de l’équipe, particulièrement attirée par<br />
l'œuvre de “Jodo”. « Je l'ai rencontré en 2015, quand<br />
nous avons acquis les droits de Jodorowsky's Dune de<br />
Frank Pavich. Il a accepté de participer à la promotion<br />
du film [...] et le lien que nous avons tissé s’est renforcé. »<br />
Dès lors, Patrick Sibourd travaille régulièrement avec<br />
le cinéaste franco-chilien et décide d’honorer ses œuvres<br />
cinématographiques en acquérant les droits de ses films<br />
à partir de 2020 ; une entreprise complexe, car « il a<br />
fallu retrouver un certain nombre d’ayants droit et reconstituer<br />
une chaîne qui s’était un peu perdue au cours des<br />
années ». Au terme de ce travail de longue haleine, Nour<br />
arbore cinq films, à savoir Fando Y Lis (1968), El Topo<br />
(1970) et La Montagne sacrée (1973) en versions remasterisées<br />
4K, ainsi que Tusk (1980) et Le Voleur d’arc en<br />
ciel (1990) dans des versions Director’s cut inédites :<br />
« Pour ces deux derniers, Jodorowsky n’avait pas eu le<br />
final cut ; il a donc décidé de les remonter pour nos<br />
ressorties », éclaire Patrick Sibourd. Seul Santa Sangre<br />
(1989) est distribué par Wild Bunch, qui s’est associé<br />
à la rétrospective.<br />
Pour la nouvelle et l’ancienne génération<br />
Entre un documentaire invisible pendant des années et<br />
la rétrospective d’un auteur éminent, les approches de<br />
distribution demeurent sensiblement les mêmes. D’abord<br />
sur le volet communicationnel, avec la nécessité d’investir<br />
la presse, spécialisée comme traditionnelle : « Positif va<br />
consacrer un numéro de six pages à la rétrospective et un<br />
épisode de Le Cercle, avec Jodorowsky comme invité, a été<br />
enregistré », détaille le dirigeant de Nour. Arizona a tablé<br />
sur un partenariat avec Que tal Paris ?, média dédié à<br />
l’actualité culturelle espagnole et latino-américaine, et<br />
Fip, qui a notamment donné une carte blanche à Maïa<br />
Barouh, la fille du réalisateur ; une événementialisation<br />
à laquelle les deux distributeurs sont rodés : « Sortir un<br />
film, c’est sortir un film. Donc il faut acheter des bandesannonces<br />
sur les plateformes dédiées, créer des affiches et<br />
travailler les réseaux sociaux, sur lesquels Jodorowsky est très<br />
présent et beaucoup suivi », explique Patrick Sibourd. Le<br />
soutien de l’ADRC a également été de taille pour les<br />
deux distributeurs, à plus forte raison pour Saravah,<br />
proposé dans le cadre de Play It Again !.<br />
Au-delà de l’aspect promotionnel, un film de patrimoine<br />
se programme-t-il comme un autre ? « On ne s’attendait<br />
pas à obtenir aussi peu de séances ; c’est la vraie différence<br />
de programmation par rapport à des films inédits », répond<br />
Bénédicte Thomas, qui a proposé le documentaire sur<br />
une trentaine de copies, « une petite combinaison, mais<br />
déjà bien pour du patrimoine ». Sur son premier jour,<br />
Saravah a séduit 470 spectateurs, auxquels s‘ajoutent<br />
1 126 entrées des avant-premières. Plusieurs de ces séances<br />
ont été agrémentées de discussions avec Benjamin Barouh,<br />
le fils du musicien-cinéaste, mais également d’apéros<br />
musicaux ou d’une roda de samba, comme à La Baleine<br />
à Marseille. « Dans une économie qui est quatre fois inférieure<br />
à celle d’une distribution classique, nous avons dû fonctionner<br />
autrement. Finalement, nous avons eu la chance du débutant,<br />
puisque le film a réalisé de bons scores, avec 15 000<br />
entrées au total. ». Les premières séances consacrées à la<br />
rétrospective Jodorowsky, qui se sont tenues le 9 <strong>octobre</strong><br />
à Paris au mk2 Beaubourg, Reflet Médicis et Pathé<br />
Fauvettes, ont compilé 260 entrées ; 2 289 avec les avantpremières.<br />
Peu à peu, les œuvres du réalisateur, qui<br />
accompagne régulièrement ces séances, rejoindront de<br />
nombreuses salles dans le reste de la France (Omnia de<br />
Rouen, Utopia de Bordeaux, Templiers à Montélimar…),<br />
avec l’intention de « travailler la rétrospective pendant au<br />
moins deux ans, pour que ses films puissent être découverts<br />
par une nouvelle génération, et être revus par les plus<br />
anciennes ». Pour l’heure, le réalisateur a fait l’objet d’un<br />
hommage appuyé à l’occasion du dernier Festival<br />
Lumière, avec une masterclass autour de son livre,<br />
Voyage essentiel <strong>–</strong> Trilogie autobiographique, et la projection<br />
de trois de ses films.<br />
À l’aune de leurs récentes expériences respectives, les<br />
deux distributeurs sont déjà partants pour réitérer l’aventure<br />
du patrimoine, soit pour retracer un parcours<br />
filmographique, soit pour remettre au goût du jour des<br />
œuvres qui n'ont, finalement, pas tant pris la poussière.<br />
David Weichert<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
15
Tom Hanks Robin Wright<br />
COSTUMES<br />
Par toute lʼéquipe de Forrest Gump<br />
HERE<br />
LES PLUS BELLES ANNÉES DE NOTRE VIE<br />
SORTIE LE 6 NOVEMBRE<br />
SND PRÉSENTE UNE PRODUCTION MIRAMAX UNE PRODUCTION IMAGEMOVERS UN FILM DE ROBERT ZEMECKIS TOM HANKS “HERE” ROBIN WRIGHT PAUL BETTANY KELLY REILLY CASTING<br />
DE LUCY BEVAN CDG<br />
DE JOANNA JOHNSTON EFFETS SUPERVISEUR<br />
SPÉCIAUX KEVIN BAILLIE SUPERVISEUR<br />
MUSICAL JOEL SILL MUSIQUE<br />
DE ALAN SILVESTRI MONTAGE<br />
DEJESSE GOLDSMITH DÉCORS<br />
DIRECTEUR<br />
DE ASHLEY LAMONT DE LA PHOTOGRAPHIE DON BURGESS, ASC PRODUCTEURS<br />
EXÉCUTIFS JEREMY JOHNS ANDREW GOLOV THOM ZADRA<br />
PRODUIT<br />
D’APRÈS LE<br />
PAR ROBERT ZEMECKIS DEREK HOGUE JACK RAPKE BILL BLOCK ROMAN GRAPHIQUE DE RICHARD MCGUIRE SCÉNARIO<br />
DE ERIC ROTH & ROBERT ZEMECKIS RÉALISÉ<br />
PAR ROBERT ZEMECKIS<br />
© <strong>2024</strong> Miramax Distribution Services, LLC. Tous droits réservés.
L’équipe de FORREST GUMP<br />
nous offre à nouveau des personnages<br />
qui nous touchent en plein cœur !<br />
MATÉRIEL DISPONIBLE POUR VOS SALLES<br />
FA (89”)<br />
N’OUBLIEZ PAS DE LE DIFFUSER DEVANT<br />
AFFICHES ET AFFICHETTES<br />
KIT PROMO
Calendrier<br />
SEMAINE JOUR DE SORTIE FÉRIÉ<br />
CHANGEMENT/NOUVELLE DATE<br />
REPRISE<br />
CONTENU ALTERNATIF<br />
Zone A<br />
Besançon, Bordeaux,<br />
Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble,<br />
Limoges, Lyon, Poitiers<br />
Zone B<br />
Aix-Marseille, Amiens, Caen,<br />
Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice,<br />
Orléans-Tours, Reims, Rennes,<br />
Rouen, Strasbourg<br />
Zone C<br />
Créteil, Montpellier,<br />
Paris, Toulouse,<br />
Versailles<br />
S43<br />
<strong>23</strong> OCT.<br />
S44<br />
30 OCT.<br />
4 NOV.<br />
S45<br />
6 NOV.<br />
S46<br />
13 NOV.<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
SND 4 ZÉROS 01h42 F.Onteniente G.Lanvin, D.Bourdon, I.Nanty<br />
LE PACTE ANGELO DANS LA FORÊT MYSTÉRIEUSE 01h21 V.Paronnaud et A.Ducord P.Katerine, J.Garcia, Y.Moreau<br />
DULAC DISTRIBUTION CARLA ET MOI 01h51 N.Silver J.Schwartzman, C.Kane, D.de Leon<br />
UGC DISTRIBUTION CHALLENGER 01h35 V.Soudjian A.Ivanov, A.Pirault, Soso Maness<br />
BAC FILMS CHRONIQUES CHINOISES 01h45 L.Ye H.Qin, X.Mao, Q.Xi<br />
PANAME DISTRIBUTION FARIO 01h30 L.<strong>Pro</strong>st F.Oldfield, M.Northam, F.Loiret Caille<br />
POTEMKINE FILMS GIORGINO 02h57 L.Boutonnat M.Farmer, J.Dahlgren, J.Aumont<br />
SHELLAC LA DÉPOSITION 01h32 C.Marschal<br />
PATHÉ FILMS MONSIEUR AZNAVOUR 02h13 M.Idir et Grand Corps Malade T.Rahim, B.Bouillon, M.Baup<br />
CAPRICCI FILMS<br />
RÉTROSPECTIVE CHANTAL AKERMAN - CYCLE 2 (8 FILMS)<br />
THE JOKERS FILMS<br />
RÉTROSPECTIVE SEAN BAKER - "LES OUBLIÉS DE L'AMÉRIQUE" (4 FILMS)<br />
PAPANG FILMS SITABAOMBA, CHEZ LES ZÉBUS FRANCOPHONES 01h43 L.Nantenaina C.Tagbo<br />
MK2 FILMS SOUVIENS TOI DU FUTUR ! R.Goupil<br />
CINÉMA SAINT-ANDRÉ DES ARTS SUR UN AIR DE CHINE 01h37 G.Guillot<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR THE KILLER 02h05 J.Woo N.Emmanuel, S.Worthington, O.Sy<br />
PARAMOUNT PICTURES FRANCE TRANSFORMERS : LE COMMENCEMENT 01h44 J.Cooley K.Key, C.Hemsworth, B.Tyree Henry<br />
MEMENTO DISTRIBUTION TROIS KILOMÈTRES JUSQU'À LA FIN DU MONDE 01h45 E.Parvu B.Dumitrache, C.Chiujdea, L.Vasiliu<br />
SINGULARIS FILMS WHAT A FANTASTIC MACHINE ! 01h28 A.Danielson et M.Van Aertryck M.Van Aertryck<br />
PATHÉ LIVE WHITNEY HOUSTON <strong>–</strong> THE CONCERT FOR A NEW SOUTH AFRICA (DURBAN) 02h02 M.Callner W.Houston<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
NIGHT ED FILMS AMARAN 02h30 R.Periasamy Sivakarthikeyan, S.Pallavi, B.Arora<br />
LE PACTE ANORA 02h19 S.Baker M.Madison, M.Eydelshteyn, Y.Borisov<br />
FILMY DISTRIBUTIONS BLOODY BEGGAR 02h30 M.Sivabalan K.Raj, R.Kingsley, M.Prakashraj<br />
FILMY DISTRIBUTIONS BROTHER 02h30 M.Rajesh J.Ravi, P.Arulmohan, M.Bhaskar<br />
UFO DISTRIBUTION FLOW, LE CHAT QUI N’AVAIT PLUS PEUR DE L’EAU 01h25 G.Zilbalodis<br />
PIECE OF MAGIC ENTERTAINMENT FRANCE GODZILLA MINUS ONE / MINUS COLOR 02h04 T.Yamazaki R.Kamiki, M.Hamabe, Y.Yamada<br />
WARNER BROS. FRANCE JURÉ N°2 01h54 C.Eastwood N.Hoult, T.Collette, Z.Deutch<br />
KMBO L'ART D'ÊTRE HEUREUX 01h50 S.Liberski B.Poelvoorde, C.Cottin, F.Damiens<br />
PATHÉ LIVE<br />
LEAGUE OF LEGENDS WORLD CHAMPIONSHIP FINAL <strong>2024</strong> CINEMA<br />
VIEWING PARTY<br />
06h00<br />
DESTINY FILMS LE REPLI 01h33 J.Paris<br />
VUES DU QUÉBEC DISTRIBUTION LES JOURS 01h21 G.Dulude-De Celles<br />
LES FILMS DU LOSANGE<br />
RÉTROSPECTIVE MICHAEL HANEKE (15 FILMS)<br />
FRIDAY ENTERTAINMENT LUCKY BASKHAR 02h30 D.Salmaan, M.Chaudhary<br />
OUTPLAY FILMS RIVIÈRE 01h44 H.Hariche F.Delangle, S.Bramms, C.Rutherford<br />
CARLOTTA FILMS SHAUN OF THE DEAD 01h39 E.Wright S.Pegg, N.Frost, D.Moran<br />
FRIDAY ENTERTAINMENT SINGHAM AGAIN 02h40 R.Shetty A.Devgn, K.Kapoor, R.Singh<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR SUR UN FIL 01h56 R.Kateb A.Sauvage, P.Rebbot, J.Buzaud<br />
LES ALCHIMISTES TÓTEM 01h35 L.Avilés N.Sentíes, M.Marañon, M.Gasé<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE VENOM: THE LAST DANCE 01h49 K.Marcel T.Hardy, C.Ejiofor, J.Temple<br />
SPLENDOR FILMS WHEN WE WERE KINGS 01h29 L.Gast M.Ali, G.Foreman, D.King<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
GAUMONT DISTRIBUTION À TOUTE ALLURE 01h26 L.Bernard P.Marmaï, E.Haïdara, J.Garcia<br />
JOUR2FÊTE AU BOULOT ! 01h24 G.Perret et F.Ruffin<br />
CGR EVENTS CORALINE 15 ÈME ANNIVERSAIRE 01h55 H.Selick D.Fanning, T.Hatcher, J.Saunders<br />
SND HERE <strong>–</strong> LES PLUS BELLES ANNÉES DE NOTRE VIE 01h44 R.Zemeckis T.Hanks, R.Wright, P.Bettany<br />
GOLDEN AFRIQUE CINÉ HIDING SADDAM HUSSEIN 01h36 H.Mustafa<br />
WAYNA PITCH I FEEL FINE. 01h48 A.Spicer et H.Spicer E.Passmore, C.Nemec, N.Summers<br />
EPICENTRE FILMS L’AFFAIRE NEVENKA 01h57 I.Bollaín M.Oriol, U.Olazabal, R.Gómez<br />
PATHÉ LIVE LE LAC DES CYGNES 02h25 I.Julien S.Park, P.Marque, P.Legasa<br />
FANNY DORIAN DISTRIBUTION LE MUR QUI NOUS SÉPARE 01h50 N.Lechner L.Freund, T.Bülow, F.Weisz<br />
GD DISTRIBUTION L’ŒUF ET LA POULE 01h20 G.Descave<br />
APOLLO FILMS / ORANGE STUDIO LOUISE VIOLET 01h48 E.Besnard A.Lamy, G.Gadebois, J.Kircher<br />
PATHÉ LIVE MYLÈNE FARMER - NEVERMORE - LE FILM 02h05 F.Hanss M.Farmer<br />
LES FILMS SAINT-ANDRÉ DES ARTS OYLEM 72h00 A.Borgnis R.Goldwaser, L.Niborski<br />
LES ACACIAS<br />
RÉTROSPECTIVE MAX OPHÜLS (3 FILMS)<br />
SB TÉMOINS 01h53 S.Barkallah<br />
WARNER BROS. FRANCE THE COMMANDANT’S SHADOW 01h47 D.Völker H.Höß, A.Lasker-Wallfisch, K.Höss<br />
METROPOLITAN FILMEXPORT THE SUBSTANCE 02h20 C.Fargeat D.Moore, M.Qualley, D.Quaid<br />
PYRAMIDE DISTRIBUTION TROIS AMIES 01h57 E.Mouret C.Cottin, S.Forestier, I.Hair<br />
FRIDAY ENTERTAINMENT VEER-ZAARA 03h18 Y.Chopra S.Khan, P.Zinta, R.Mukerji<br />
JHR FILMS VOYAGE À GAZA 01h07 P.Usberti<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
PATHÉ LIVE ANDREA BOCELLI 30: THE CELEBRATION 02h28 S.Wrench A.Bocelli<br />
EUROZOOM DESERT OF NAMIBIA 02h17 Y.Yamanaka Y.Kawai, D.Kaneko, Kanichiro<br />
DEAN MEDIAS E.1027, EILEEN GRAY ET LA MAISON EN BORD DE MER 01h29 B.Minger et C.Schaub N.Radmall-Quirke, A.Moustache, C.Morillon<br />
GÉNÉRATION CINÉ ADO ÉCRANS UNIS 2 00h40 H.Bourbon M.Gosset, M.Kemp, E.Ballatore<br />
LE PACTE EN TONGS AU PIED DE L'HIMALAYA J.Wax A.Lamy, N.Chupin, E.Lopes<br />
METROPOLITAN FILMEXPORT FINALEMENT 02h07 C.Lelouch K.Merad, E.Zylberstein, M.Boujenah<br />
PARAMOUNT PICTURES FRANCE GLADIATOR II 02h28 R.Scott P.Mescal, P.Pascal, J.Quinn<br />
NEW STORY GOOD ONE 01h30 I.Donaldson J.LeGros, L.Collias, D.McCarthy<br />
PATHÉ FILMS LA VALLÉE DES FOUS X.Beauvois J.Rouve, P.Richard, M.Beauvois<br />
AD VITAM LE ROYAUME 01h48 J.Colonna G.Benedetti, S.Santucci, A.Morganti<br />
GEBEKA FILMS LES OURS GLOUTONS AU PÔLE NORD 00h43 K.Karhánková et A.Májová<br />
L'ATELIER DISTRIBUTION NO OTHER LAND 01h35 B.Adra et H.Ballal<br />
18 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
Dates connues à l'heure de notre bouclage. Calendrier susceptible de modifications.<br />
AVIS AUX DISTRIBUTEURS Afin de voir apparaître vos sorties dans les fiches films de <strong>Boxoffice</strong>, n’hésitez pas à faire parvenir<br />
régulièrement votre line-up mis à jour à calendrier@boxofficefrance.fr.<br />
S46<br />
13 NOV.<br />
S47<br />
20 NOV.<br />
S48<br />
27 NOV.<br />
S49<br />
4 DÉC.<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
MOONLIGHT FILMS DISTRIBUTION ON AURAIT DÛ ALLER EN GRÈCE N.Benamou G.Jugnot, V.Hocq, E.Semoun<br />
POTEMKINE FILMS RETOUR À LA RAISON 01h10 Man Ray<br />
SOLARIS DISTRIBUTION RÉTROSPECTIVE - "GILLES GRANGIER : CHRONIQUE DES ANNÉES 50"<br />
JOUR2FÊTE SE SOUVENIR D'UNE VILLE 01h48 J.Périot<br />
PATHÉ LIVE SHAWN MENDES : FOR FRIENDS & FAMILY ONLY (A LIVE CONCERT FILM) 01h30 S.Mendes<br />
SONY PICTURES ENTERTAINMENT FRANCE TRAPEZIUM 01h35 M.Shinohara Y.Asaki, H.Yomiya, R.Ueda<br />
HAUT ET COURT UNE PART MANQUANTE 01h38 G.Senez R.Duris, J.Chemla, M.Cirne-Masuki<br />
THE PHANTASMA COMPANY UN JEUDI POUR DARWIN 01h39 M.Baillargeon J.Houssay, C.Schmitt, J.Wesse<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE 37 : L'OMBRE ET LA PROIE A.Môlard G.Pottier, M.Simina<br />
CGR EVENTS DAKAR CHRONICLES J.Lespert<br />
PYRAMIDE DISTRIBUTION DIAMANT BRUT 01h43 A.Riedinger M.Khebizi, I.Azougli, A.Bescond<br />
SHELLAC DIRECT ACTION 03h36 G.Cailleau et B.Russell<br />
NO BORDER D'UN PAYS LOINTAIN 01h30 S.Gillet I.Chantraine, C.Katz, J.Preux<br />
LES FILMS DU PRÉAU IL FAUT SAUVER NOËL 00h42<br />
DESTINY FILMS JOUER ET GRANDIR 01h20 P.Beccu<br />
CONDOR DISTRIBUTION KAFKA, LE DERNIER ÉTÉ 01h39 G.Maas et J.Kaufmann S.Tambrea, H.Confurius, D.Golpashin<br />
CARLOTTA FILMS LA PASSION SELON BÉATRICE F.Du Welz B.Dalle, A.Ferrara, C.Roussier<br />
STUDIOCANAL LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES 01h21 M.Hazanavicius J.Trintignant, D.Blanc, D.Podalydès<br />
UGC DISTRIBUTION LE CHOIX 01h16 G.Bourdos V.Lindon<br />
SND LE PANACHE J.Devoldere J.Arseguel, A.Atika, J.Garcia<br />
MK2 FILMS LES ENFANTS R.Marconi<br />
THE JOKERS FILMS LES TEMPÊTES D.Reymond C.Jordana, K.Benaissa, S.Boutella<br />
CINÉMA PUBLIC FILMS MARCEL LE PÈRE NOËL ET LE PETIT LIVREUR DE PIZZAS 00h54 T.Chertier et J.Rembauville R.Kateb<br />
NOUR FILMS MÉMOIRES D’UN CORPS BRÛLANT 01h30 A.Sudasassi Furniss S.Carballo, P.Bernini, J.Filloy<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR PIECE BY PIECE 01h33 M.Neville P.Williams, S.Haley, C.Hugo<br />
APOLLO FILMS PRODIGIEUSES 01h41 F.Potier et V.Potier C.Razat, M.Robert, F.Dubosc<br />
MALAVIDA FILMS<br />
RÉTROSPECTIVE - "PIERRE RICHARD EN CAVALE" (3 FILMS)<br />
SPLENDOR FILMS RITA, SUE AND BOB TOO ! 01h29 A.Clarke S.Finneran, M.Holmes, G.Costigan<br />
PATHÉ LIVE THE METROPOLITAN OPERA: TOSCA 03h30 X.ZHANG (II) L.Davidsen, F.De Tommaso, Q.Kelsey<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
TANGENTE DISTRIBUTION A HOLY FAMILY 01h22 A.Lu<br />
WILD BUNCH DISTRIBUTION ANIMALE 01h40 E.Benestan O.Amamra, D.Rebattel, V.Rodriguez<br />
DEAN MEDIAS ARCHITECTON 01h42 V.Kossakovsky<br />
PANOCEANIC FILMS ARLEMPDES, LA LÉGENDE DU PREMIER CHÂTEAU DE LA LOIRE M.Golenko et T.Monnier M.Golenko, L.Monet, T.Monnier<br />
KAPFILMS / LES AFFRANCHIS ÇA ARRIVE 02h07 S.Nouchi C.Sorolla, M.Chiarini, A.Dolente<br />
DIAPHANA DISTRIBUTION EN FANFARE 01h43 E.Courcol B.Lavernhe, P.Lottin, S.Suco<br />
TANDEM / SHELLAC GRAND TOUR 02h08 M.Gomes G.Waddington, C.Alfaiate, T.Madruga<br />
LE PACTE HERETIC 01h50 S.Beck et B.Woods H.Grant, C.East, S.Thatcher<br />
JUPITER FILMS KRISHNAMURTI, LA RÉVOLUTION DU SILENCE 01h19 F.Ferraton<br />
OUTPLAY FILMS LA BELLA ESTATE 01h51 L.Luchetti Y.Vianello, D.Cassel, N.Maupas<br />
PATHÉ LIVE LA REINE DES NEIGES, L'HISTOIRE OUBLIÉE 01h42 J.Boyé<br />
KMBO LE GRAND NOËL DES ANIMAUX 01h12 C.Attia et C.Beyoglu M.Facundo, M.Nonnenmacher, B.Magne<br />
ARP SÉLECTION LENI RIEFENSTAHL, LA LUMIÈRE ET LES OMBRES 02h00 A.Veiel<br />
SONY PICTURES RELEASING FRANCE LES BOULES DE NOËL A.Leclère V.Bonneton, K.Merad, N.Lvovsky<br />
BAC FILMS LES REINES DU DRAME 01h55 A.Langlois L.Aura, G.Ventura, B.Hassani<br />
LES ACACIAS LE TERRORISTE 01h40 G.De Bosio G.Volontè, P.Leroy, A.Aimée<br />
METROPOLITAN FILMEXPORT MALCOLM X 03h21 S.Lee D.Washington, A.Hall, A.Bassett<br />
L'ATELIER DISTRIBUTION NELLY & NADINE 01h33 M.Gertten<br />
PATHÉ LIVE PLACEBO : THIS SEARCH FOR MEANING 01h32 O.Sansom Placebo, B.Molko, S.Olsdal<br />
THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE VAIANA 2 D.Derrick Jr. et J.Hand A.Cravalho, D.Johnson, A.Tudyk<br />
DISTRIBUTEUR FILM DURÉE RÉALISATEUR(S) INTERPRÈTE(S)<br />
UFO DISTRIBUTION 100 000 000 000 - CENT MILLE MILLIARDS 01h17 V.Vernier Z.Bouti, M.Gajovic, V.Song<br />
CGR EVENTS ANDRÉ RIEU'S <strong>2024</strong> CHRISTMAS CONCERT: GOLD AND SILVER 02h30 A.Rieu<br />
FRA CINÉMA CENDRILLON (THE ROYAL BALLET) 03h15 F.Ashton F.Hayward, C.Corrales, M.Nuñez<br />
SND CONCLAVE 02h00 E.Berger R.Fiennes, S.Tucci, J.Lithgow<br />
NEW STORY CROSSING ISTANBUL 01h46 L.Akin M.Arabuli, L.Kankava, D.Dumanli<br />
METROPOLITAN FILMEXPORT DADDIO 01h40 C.Hall S.Penn, D.Johnson, S.Gannon<br />
VUES DU QUÉBEC DISTRIBUTION ÉVICTION 01h12 M.Capone<br />
SAJE DISTRIBUTION GUADALUPE 01h42 A.Garrigó et P.Moreno P.Alonso<br />
DULAC DISTRIBUTION IL ÉTAIT UNE FOIS MICHEL LEGRAND 01h49 D.Hertzog Dessites<br />
SHELLAC LA VIE DES HOMMES INFÂMES G.Deroo et M.Pistonne J.Nortier, J.Laurencier, M.Mormentyn<br />
MALAVIDA FILMS LE CONTE DES CONTES, LES FILMS DE YOURI NORSTEIN 01h01 Y.Norstein<br />
CINÉMA SAINT-ANDRÉ DES ARTS L'ESPRIT DE L'ARCOUEST, RACONTÉ PAR HÉLÈNE LANGEVIN-JOLIOT 01h15 F.Riou<br />
WARNER BROS. FRANCE LEURS ENFANTS APRÈS EUX 02h16 L.Boukherma et Z.Boukherma P.Kircher, A.Woreth, S.El Alami<br />
PATHÉ FILMS LIMONOV, THE BALLAD OF EDDIE 02h18 K.Serebrennikov B.Whishaw, M.Mashkova, T.Arana<br />
PAN DISTRIBUTION MARMAILLE 01h32 G.Lucilly V.Vermignon, M.Calicharane, B.Clain<br />
BAC FILMS NIKO LE PETIT RENNE, MISSION PÈRE NOËL 01h25 K.Juusonen et J.Lerdam J.Preuß, S.Schrein, R.Berg<br />
BOBINE FILMS NO NOS MOVERAN 01h40 P.Saint Martin Castellanos L.Huertas, R.Manríquez, J.Patiño<br />
MEMENTO DISTRIBUTION RABIA 01h34 M.Engelhardt M.Northam, L.Azabal, N.Krief<br />
LES FILMS DU CAMELIA SANS RIEN SAVOIR D'ELLE 01h36 L.Comencini P.Leroy, P.Pitagora, S.Franchetti<br />
EPICENTRE FILMS SHAMBHALA, LE ROYAUME DES CIEUX 02h30 M.Bahadur Bham T.Lhamo, S.Topden, T.Dalha<br />
VRAIVRAI FILMS UN PAESE DI RESISTENZA 01h30 C.Catella et S.Aiello<br />
UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FR WICKED 02h40 J.Chu C.Erivo, A.Grande, M.Yeoh<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
19
Chiffres<br />
3 FILMS - 3 CARRIÈRES<br />
1 POINT DE COMPARAISON<br />
À l’occasion de la sortie d’Anora de Sean Baker chez<br />
Le Pacte le 30 <strong>octobre</strong>, retour sur les performances en<br />
salles des trois dernières Palme d’or, où s’entremêlent<br />
drame judiciaire, satire sociale et grossesse mécanique.<br />
Date de sortie<br />
Distributeur<br />
Cumul des entrées<br />
1 er jour<br />
1 er week-end<br />
Séances<br />
Moyenne par<br />
séance 1 er we<br />
Cœfficient<br />
Paris/<strong>Pro</strong>vince<br />
Taux de transformation<br />
(cumul des entrées/1 er jour)<br />
Note Spectateur AlloCiné<br />
ANATOMIE<br />
D'UNE CHUTE<br />
SANS FILTRE<br />
TITANE<br />
<strong>23</strong>/08/20<strong>23</strong> 28/09/2022 14/07/2021<br />
LE PACTE BAC FILMS DIAPHANA<br />
1 907 961 569 712 306 293<br />
47 007 20 140 12 600<br />
254 086 135 219 55 214<br />
5 632 4 880 3 527<br />
45 28 16<br />
3,7 2,9 2,9<br />
41 28 24<br />
4,1 3,7 2,5<br />
*Encore en exploitation<br />
Source CBO-Box Office / Showtimes Dashboard by The <strong>Boxoffice</strong> Company<br />
PERFORMANCE SÉANCE* / AU 1 ER WEEK-END<br />
DEPUIS 2 SEMAINES<br />
DATE FILM DISTRI. COPIES ENTRÉES SÉANCES MOYENNE<br />
1 09/10/<strong>2024</strong> TERRIFIER 3<br />
FACTORIS FILMS<br />
/ ESC<br />
126 244 182 2 046 119<br />
2 16/10/<strong>2024</strong> L'AMOUR OUF STUDIOCANAL 631 679 690 10 374 66<br />
3 16/10/<strong>2024</strong> SMILE 2 PARAMOUNT 358 240 990 7 327 33<br />
4 09/10/<strong>2024</strong> L'HISTOIRE DE SOULEYMANE PYRAMIDE 204 84 683 2 856 30<br />
5 09/10/<strong>2024</strong> RÉTROSPECTIVE JODOROWSKY (6 FILMS) NOUR FILMS 9 1 641 65 25<br />
PERFORMANCE SÉANCE* / AU 1 ER WEEK-END<br />
EN <strong>2024</strong><br />
DATE FILM DISTRI. COPIES ENTRÉES SÉANCES MOYENNE<br />
1 09/10/<strong>2024</strong> TERRIFIER 3 FACTORIS FILMS / ESC 126 244 182 2 046 119<br />
2 01/05/<strong>2024</strong> UN P'TIT TRUC EN PLUS PAN 455 902 970 8 594 105<br />
3 26/06/<strong>2024</strong> LE COMTE DE MONTE CRISTO PATHÉ 628 659 259 6 873 96<br />
4 19/06/<strong>2024</strong> VICE-VERSA 2 DISNEY 650 1 468645 17 169 86<br />
5 16/10/<strong>2024</strong> L'AMOUR OUF STUDIOCANAL 631 679 690 10 374 66<br />
6 28/02/<strong>2024</strong> DUNE : DEUXIÈME PARTIE WARNER 994 1 03<strong>23</strong>33 16 080 64<br />
7 14/02/<strong>2024</strong> BOB MARLEY : ONE LOVE PARAMOUNT 590 603 142 9 785 62<br />
8 24/07/<strong>2024</strong> DEADPOOL & WOLVERINE DISNEY 641 970 344 15 905 61<br />
9 08/05/<strong>2024</strong> LA PLANÈTE DES SINGES : LE NOUVEAU ROYAUME DISNEY 629 825 979 14 225 58<br />
10 07/02/<strong>2024</strong> COCORICO SND 608 488 253 9 791 50<br />
Un clown s’abat sur le classement, et n’est pas celui auquel on s’attendait. Avec 119 entrées par séance (e/s) et bien porté par son interdiction aux moins de 18 ans, Terrifier 3 obtient non seulement<br />
la meilleure moyenne de <strong>2024</strong>, mais réalise la meilleure performance à la séance depuis les 139 e/s de Spider-Man : No Way Home en 2021. Derrière, L’Amour ouf obtient la cinquième meilleure<br />
moyenne de l’année, et la troisième meilleure pour un film français avec ses 66 e/s. Smile 2 effraie 33 spectateurs par séance à l’approche de Halloween, tandis que L’Histoire de Souleymane, porté<br />
par une belle appréciation générale, récolte 30 e/s. Enfin, du côté du patrimoine, la rétrospective Alejandro Jodorowsky embarque 25 spectateurs par séance.<br />
*Sans inclure le hors-film // Sources chiffres : Distributeurs Séances : Showtimes Dashboard by The <strong>Boxoffice</strong> Company<br />
20 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
Chiffres<br />
LE CINÉMA FRANÇAIS À L’INTERNATIONAL,<br />
UNE DYNAMIQUE DE REPRISE CONFIRMÉE<br />
DANS UN MARCHÉ RECOMPOSÉ<br />
Le CNC et Unifrance ont présenté les chiffres des ventes et des entrées des films français sortis<br />
à l’étranger l’année dernière. Si l’écart avec le niveau pré-pandémique est toujours saillant, le<br />
cinéma français signe une belle année à l’international avec 42,7 millions de billets vendus et<br />
271,4 millions d’euros de recettes.<br />
©SND<br />
Les 20 films totalisant le plus d'entrées en 20<strong>23</strong><br />
Rang FILM<br />
Entrées à<br />
l'international<br />
Recettes à<br />
l'international<br />
Nombre de<br />
territoires<br />
Miraculous - Le film est le leader français sur grand écran à l’étranger en 20<strong>23</strong>, avec 7,4 M d’entrées.<br />
1 Miraculous : Le film 7 371972 33 183799 38<br />
2 Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu 2 878361 18 919736 55<br />
3 Pattie et la colère de Poséidon 1 832090 10 901588 40<br />
4 Jeanne du Barry 1 773171 8 870712 30<br />
5 Anatomie d'une chute 1 731324 14 755877 35<br />
6 Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan 1 716717 9 476896 74<br />
7 Sans filtre*° 1 350648 10 254760 49<br />
8 Close* 889 769 6 545022 48<br />
9 Marlowe*° 849 812 6 426284 40<br />
10 Les Huit Montagnes*° 799 078 6 772589 35<br />
11 Une belle course 711 060 6 010991 18<br />
12 Dogman° 652 017 3 940308 28<br />
13 Mon crime 624 121 4 347935 33<br />
14 Les As de la jungle 2 - Opération tour du monde 509 549 2 675418 34<br />
15 The Old Oak° 502 336 4 066122 17<br />
16 King 458 115 1 541981 10<br />
17 Mon chat et moi - La Grande Aventure de Rroû 353 814 2 047197 20<br />
18 Les Inséparables* 353 297 1 960766 38<br />
19 Corsage*° 352 198 2 4121<strong>23</strong> 44<br />
20 Le Petit Nicolas - Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? 335 364 1 301278 33<br />
*Film de financement minoritairement français / °Film de langue étrangère<br />
Source : Unifrance<br />
« La reprise entamée en 2022 se poursuit en 20<strong>23</strong> ; le retard<br />
se comble par rapport aux années pré-pandémie, mais reste<br />
encore significatif », confirment Cécile Lacoue, directrice<br />
des études, des statistiques et de la stratégie du CNC, et<br />
Gilles Renouard, directeur du cinéma d’Unifrance, réunis<br />
dans le cadre de la présentation du bilan de l’export<br />
cinéma 20<strong>23</strong>, le 11 <strong>octobre</strong> dernier. Après trois années<br />
consécutives sous la barre des 40 millions d'entrées, les<br />
productions tricolores ont réuni 42,7 millions (M) de<br />
spectateurs dans les salles étrangères. « La fréquentation<br />
des films français à l’international progresse proportionnellement<br />
davantage que celle du marché global par rapport à<br />
l’année précédente. Le constat est le même en ce qui concerne<br />
le retard sur la moyenne de la période 2017-2019. »<br />
Le succès de l’animation au sein d’une<br />
offre enrichie et plébiscité<br />
Si la pandémie avait mis en frein à la croissance constante<br />
de l'offre française dans les salles étrangères, après s'être<br />
étoffée dès 2022, cette dernière a atteint des hauteurs<br />
historiques en 20<strong>23</strong> : « 1 269 films, dont 287 inédits »,<br />
compte Unifrance. Pour la troisième année consécutive,<br />
les films récents conservent leur prépondérance, et<br />
représentent 98 M € (+9,3 % vs. 2022). La vente de<br />
films de catalogue a, quant à elle, généré 29 M €.<br />
Au global, le chiffre d'affaires à l'export du cinéma<br />
français est en croissance de +6 % par rapport à 2022.<br />
En tête de proue, l’animation, dont la part des titres<br />
vendus et des recettes représentent respectivement<br />
2,5 % et 5,8 % ; le genre français le plus plébiscité hors<br />
de nos frontières a atteint une part de 27,7 % des entrées<br />
globales, soit un niveau record.<br />
De plus, alors que le CNC et Unifrance alertaient les<br />
années précédentes sur une certaine baisse du public<br />
art et essai, ce dernier est de retour. « 70,2 % des films<br />
français en exploitation à l’international sont classés et à<br />
l’origine de 42,4 % des entrées annuelles (41,5 % en<br />
France). La fréquentation de ces longs métrages a déjà<br />
dépassé son niveau moyen de 2017-2019 (+8,9 %),<br />
contrairement aux films français non classés (-36,9 %). »<br />
En 20<strong>23</strong>, sept films ont ainsi dépassé le million d’entrées<br />
à l’étranger, et 68 les 100 000. Néanmoins, ils sont<br />
moitié moins à afficher entre 500 000 et un million<br />
d'entrées, et les dix plus gros succès concentrent, à eux<br />
seuls, la moitié des tickets vendus.<br />
Un renforcement en Europe centrale<br />
et orientale, l’Amérique du nord ne<br />
répond plus<br />
Si la forte présence de titres français à l’international<br />
émane à l’évidence d’une intense activité d’exportation,<br />
le nombre moins important de blockbusters états-uniens,<br />
du fait des grèves de 20<strong>23</strong>, a rendu les salles dans le<br />
monde plus disponibles, et donc, élargi le périmètre de<br />
diffusion de la France. Avec 60,6 M €, près de la moitié<br />
des recettes d’exportation de films français restent<br />
concentrés en Europe de l’Ouest, qui est à l’origine de<br />
plus de 77 % des entrées du cinéma français à l’international<br />
; un record avec 19,3 M d’entrées. « À l’exception<br />
du cas isolé de l’Amérique latine, les spectateurs de<br />
films français augmentent sur tous les continents par rapport<br />
à l’année précédente, avec des pics en Europe centrale et<br />
orientale (+73,2 %) », ajoute Unifrance dans son étude.<br />
Dans cette dernière zone géographique, une forte hausse<br />
des recettes liées aux exports s’est opérée, de l’ordre de<br />
57 % sur an (21,9 M €). La part de marché y est au plus<br />
haut niveau historique, faisant passer la zone au deuxième<br />
rang mondial des exportations en 20<strong>23</strong>, devant l’Amérique<br />
du Nord, qui est, à l’inverse, en nette perte vitesse :<br />
une part de marché en recul de 10 points (10,9 %) et<br />
des recettes à seulement 13,9 M €, soit 44,5 % de moins<br />
qu’en 2022. Pour la première fois d’ailleurs, l’Amérique<br />
du Nord est à l’origine de moins de 5 % des entrées<br />
hexagonales hors de nos frontières. En Asie, malgré un<br />
marché fragile, les signes de reprise sont encourageants,<br />
notamment en Corée du Sud (+75 % de recettes par<br />
rapport à 2022), et plus modérément au Japon (+8,8 %)<br />
et en Chine (+7,8 %).<br />
Rayonnement en festival<br />
Cannes, Busan, Locarno, Rotterdam sont autant de<br />
rendez-vous du 7 e art où la France totalise le plus de<br />
films sélectionnés. À Toronto, Venise, Sundance, San<br />
Sebastian ou encore la Berlinale, elle se place juste<br />
derrière le pays hôte. Au total, 256 films tricolores ont<br />
été sélectionnés et 353 présentés sur les dix festivals<br />
internationaux étudiés. Avec une Palme d'or, un Ours<br />
d'or et 45 autres distinctions, la France est également<br />
en tête des prix remportés : « Ce leadership ne serait pas<br />
atteint et conservé au fil des années sans prendre en compte<br />
la nature multiculturelle de la cinématographie française,<br />
car 4 films sur 5 sont le fruit de la coproduction entre 2<br />
pays en moyenne, pour un total de 81 pays étrangers<br />
partenaires », commente Unifrance. Autre motif de<br />
satisfaction, le nombre d’œuvres signées par des réalisatrices<br />
augmente, pour atteindre un niveau record de<br />
39,5 %, soit mieux que la moyenne globale toutes<br />
nationalités confondues.<br />
David Weichert<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
21
Distribution<br />
ENTRE LA MER, LE JURA ET SYLVIE VARTAN…<br />
©C.V.<br />
GAUMONT À LA RENCONTRE<br />
DES EXPLOITANTS<br />
Pour sa tournée de conventions dans quatre villes, la société à la<br />
marguerite a montré quatres comédies <strong>–</strong> romantique, noire ou<br />
familiales <strong>–</strong> et longuement échangé avec les exploitants, tant sur<br />
les films que leurs besoins en marketing.<br />
Gaumont, qui n’avait pas organisé de conventions en<br />
régions depuis 2021, est allé à la rencontre des exploitants<br />
au Pathé Vaise (Lyon), à l’UGC Saint-Herblain<br />
(Nantes), au CGR de Vitrolles (Marseille) et au CGR<br />
Le Français de Bordeaux, entre le 4 et le 17 <strong>octobre</strong>.<br />
Avec chaque fois la projection de trois films, suivie<br />
d'échanges avec les équipes artistiques et de distribution.<br />
« Rien n’est plus important pour nous que de vous<br />
rencontrer et d’avoir vos retours », a ainsi souligné Ariane<br />
Toscan du Plantier, directrice de la distribution, qui<br />
avait fait le déplacement à Vitrolles aux côtés des<br />
programmateurs, responsables techniques et marketing.<br />
L’occasion de revenir sur la réorganisation des équipes,<br />
qui a commencé cet été avec la nomination d'Aurélien<br />
Dauge comme directeur des ventes, prenant la suite de<br />
Thierry Laurentin, parti à la retraite. Dans la foulée<br />
Marylin Lours a été promue directrice adjointe des<br />
ventes, tandis que Katia Merhar est en charge de la<br />
programmation des indépendants sur toute la France,<br />
et Jacqueline Kana de la région Sud et des tournées. De<br />
son côté Alexis Haizet, après un an de stage, programme<br />
la région Nord, Est et GRP [voir ci-contre]. Pierre<br />
Lassalle, chef de projet marketing, a précisé que Lisa<br />
Ponchon reste l’interlocutrice privilégiée des salles pour<br />
Ken Scott présente son film à Bordeaux<br />
Aurélien Dauge, directeur des ventes de Gaumont, aux côtés du réalisateur Lucas Bernard et de<br />
son producteur Guillaume Colboc à Vitrolles<br />
22 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
toute demande de matériel, mais a surtout exposé la<br />
stratégie et les partenariats médias prévus pour chaque<br />
film, donnant de précieuses pistes de travail aux exploitants,<br />
et attendant leur avis en retour.<br />
©Cécile Vargoz<br />
Des comédies dans l’ADN Gaumont<br />
C'est le monde à l'envers ! de Nicolas Vanier, qui a été<br />
montré sur les deux premières dates à Lyon et à Nantes<br />
en présence du réalisateur, a, depuis le 16 <strong>octobre</strong>,<br />
commencé sa vie en salle. Pour rappel, cette comédie<br />
positive sur le choc culturel entre urbains et agriculteurs,<br />
rassemble un joli casting <strong>–</strong> Michael Youn, Valérie<br />
Bonneton, Éric Elmosnino, Barbara Schulz, François<br />
Berléand… <strong>–</strong> dont Yannick Noah, qui a participé à<br />
l’avant-première nationale du 1 er <strong>octobre</strong>, et notamment<br />
à la rencontre retransmise en direct depuis le Pathé<br />
Beaugrenelle dans 220 salles.<br />
Autre comédie, mais cette fois entre ciel et mer, À toute<br />
allure (sortie le 6 novembre), réunit un trio inédit : Pio<br />
Marmaï, Eye Haïdara et José Garcia, embarqués dans<br />
une romance entre un steward et une officier de sousmarin,<br />
qui évoque le style et la vivacité d’une screwball<br />
hollywoodienne. Il s’agit du deuxième long de Lucas<br />
Bernard <strong>–</strong> après Un beau voyou, sorti par Pyramide en<br />
2019 <strong>–</strong>, qui était accompagné de son producteur<br />
Guillaume Colboc lors des conventions. Il l’a suivi dans<br />
« la folie ambitieuse du scénario » avec la volonté de faire<br />
« un film qui ait du panache », que Gaumont définit à<br />
mi-chemin entre Coup de foudre à Notting Hill et Le<br />
Chant du loup, ciblant d’abord un public d'habitués,<br />
« à tendance féminine », de 50 ans et +, mais plus largement<br />
les 25-49 ans. Côté médias, des partenariats sont<br />
prévus avec Elle, Au féminin, Première, Chérie FM, ainsi<br />
que la Fnac et Ouest-France, dont José Garcia sera le<br />
rédac-chef d’un jour.<br />
Franck Dubosc, lui, est à la conquête de nouveaux<br />
publics et s'est montré particulièrement curieux des<br />
réactions en dévoilant Un ours dans le Jura (1 er janvier<br />
2025). « J’ai voulu faire le cinéma que j’ai envie de voir :<br />
une comédie noire à la Fargo, qui, comme chez les frères<br />
Coen, met en scène des gens ordinaires dans des situations<br />
extraordinaires », a confié l’auteur-acteur-réalisateur, qui<br />
s’est entouré de Laure Calamy, Benoît Poelvoorde,<br />
Joséphine de Meaux, Kim Higelin et Emmanuelle<br />
Devos. « Il faudra convaincre à la fois les gens qui n’aiment<br />
pas mes films et ceux qui s’attendent à rire devant une pure<br />
comédie. » Plutôt qu’une longue tournée province,<br />
Gaumont a choisi d’organiser une soirée unique d’avantpremières<br />
le 27 décembre dans toute la France, et<br />
surtout, de recueillir en amont l’avis des exploitants, y<br />
compris sur le choix de l’affiche. « Côté partenaires, nous<br />
envisageons France Inter, ce qui n’est pas habituel pour un<br />
film de Dubosc, précise Pierre Lassalle ; et dans ce cas<br />
plutôt Le Parisien que Télérama, qui touche la même cible<br />
qu’Inter, ou encore des titres aussi complémentaires que<br />
Les Inrocks et Le Journal des femmes. »<br />
C’est aussi dans l’idée d’une “projection test” que le<br />
distributeur a montré, pour la toute première fois à<br />
Vitrolles puis à Bordeaux en présence du réalisateur,<br />
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan. Adapté du roman<br />
autobiographique de Roland Perez par le Canadien Ken<br />
Scott (Starbuck), le film sortira le 19 mars, « soit pour le<br />
Printemps du Cinéma », a annoncé Ariane Toscan du<br />
Plantier. « Nous avons une tendresse particulière pour ce<br />
film, tiré d’un livre mais qui se base avant tout sur un vécu,<br />
un peu comme Les Garçons et Guillaume, à table ». Cette<br />
histoire à la fois drôle et poignante est celle de Roland<br />
<strong>–</strong> incarné par Jonathan Cohen <strong>–</strong>, né avec un handicap,<br />
Franck Dubosc entouré de Katia Merhar et Aurélien Dauge de Gaumont<br />
mais qui s’en sortira grâce à l’amour acharné de sa mère<br />
juive <strong>–</strong> Leïla Bekhti <strong>–</strong>, et sa passion pour Sylvie Vartan<br />
<strong>–</strong> qui fait une apparition. Un film fédérateur au vu de<br />
l’accueil des exploitants, auxquels Gaumont s’est montré<br />
très attentif en vue de préparer sa campagne.<br />
De la fabrication des PLV au placement<br />
des films annonces<br />
Au-delà des films, l’attention du distributeur s’est portée<br />
sur les besoins des salles, à travers des échanges qui ont<br />
pris le temps d’être très concrets. « Utilisez-vous encore<br />
des PLV, et de quelle taille ? ». Oui aux grands formats pour<br />
les films jeune public ou ceux ayant une « esthétique forte »,<br />
non pour des PLV de comptoirs dans les multiplexes…<br />
mais qui restent très utiles pour communiquer à l’avance<br />
dans les plus petits cinémas.<br />
Sur les films annonces, « qui restent l'outil numéro 1 du<br />
marketing, nous essayons de les penser le plus court possible,<br />
explique Pierre Lassalle, et avons beaucoup d’études nous<br />
permettant de suivre leurs passages dans vos salles ». Quant<br />
à savoir devant quels films les placer, les exploitants<br />
n'apprécient pas forcément les conseils délivrés par le<br />
distributeur via sa newsletter. « Nous connaissons les films<br />
et notre public, c’est notre boulot ! », réagissent certains,<br />
quand d’autres en reconnaissent l’utilité pour des bénévoles<br />
ou des projectionnistes. Même type de réaction sur<br />
les indications de niveaux sonores à respecter, importantes<br />
selon Gaumont qui connaît le mixage de chaque scène<br />
d’un film, quand les exploitants revendiquent la maîtrise<br />
de leur matériel.<br />
En revanche, les salles restent en demande de tout type<br />
de support de communication, depuis les traditionnels<br />
extraits de presse à afficher jusqu’aux formats digitaux<br />
les plus variés possibles… y compris à utiliser en signature<br />
de mail. Ariane Toscan du Plantier rappelle à ce titre que<br />
le nouveau site gaumontconnect.com rassemble tout le<br />
matériel nécessaire <strong>–</strong> notamment de nombreux dossiers<br />
pédagogiques, trop peu utilisés par les salles <strong>–</strong> et pourra<br />
être alimenté selon les besoins. Quant aux tournées,<br />
Aurélien Dauge assure que « si nous ne pouvons répondre<br />
à toutes vos demandes, nous sommes en train de les repenser<br />
afin d’aller dans des salles et villes différentes pour chaque film ».<br />
L'Équipe Gaumont<br />
Ariane Toscan Du Plantier : directrice de la distribution<br />
cinéma France et internationale<br />
Aurélien Dauge : directeur des ventes<br />
Marilyn Lours : directrice-adjointe des ventes et<br />
responsable circuits province<br />
Katia Merhar : responsable Grands comptes<br />
indépendants et programmation Lyon et Bordeaux<br />
Jacqueline Kana : responsable des tournées et<br />
programmation Marseille<br />
Alexis Haizet : programmation GRP, Nord, Est<br />
Mélodie Boileau et Karine Malbois : responsables<br />
techniques<br />
Marketing<br />
Marion Walsh : directrice marketing<br />
Marie Sauer et Pierre Lassalle : chefs de projet<br />
Benoît Mély : directeur de la création<br />
Mafily Macalou : responsable marketing digital<br />
Lisa Ponchon : chargée trade marketing<br />
Joffrey Hoffmann : coordinateur marketing<br />
Gaumont est aussi revenu sur l’ensemble de son line-up<br />
à travers la boucle diffusée à Deauville <strong>–</strong> un montage fait<br />
spécialement pour le Congrès, et non pas des FA définitifs<br />
<strong>–</strong> qui a permis de (re)voir des images de Moon le<br />
panda de Gilles de Maistre (9 avril), Black Star Line de<br />
Jean-Pascal Zadi, Les Orphelins d’Olivier Schneider ou<br />
encore Dalloway de Yann Gozlan.<br />
« Nous avons le sentiment de renouer avec notre ADN, en<br />
produisant 8 films par an plutôt que 12, mais plus ambitieux<br />
», a précisé la directrice de la distribution de Gaumont,<br />
partageant « sa grosse gnaque de commencer l’année avec le<br />
film de Franck Dubosc et de poursuivre avec celui de Ken<br />
Scott ». Et l’année 2025 sera particulière pour la Gaumont,<br />
qui prépare de nombreux événements et rééditions pour<br />
fêter… ses 130 ans. Depuis que le cinéma existe…<br />
Cécile Vargoz<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
<strong>23</strong>
Distribution<br />
©<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> / JD<br />
De gauche à droite : Romane Segui, Charlotte Quéré, Violaine Harchin et Nicolas Bruno<br />
LES ALCHIMISTES<br />
À LA RECHERCHE DE TOTEMS SINGULIERS<br />
Depuis sa création, en mars 2020, Les Alchimistes suit une<br />
ligne éditoriale en constant mouvement, mais toujours au<br />
service des œuvres de la diversité.<br />
Rencontre avec la<br />
co-fondatrice, Violaine<br />
Harchin, et la<br />
programmatrice, Romane<br />
Segui, de la société de<br />
distribution basée à<br />
Marseille à l’occasion de la<br />
sortie de Totem,<br />
ce 30 <strong>octobre</strong>.<br />
Avant de sortir en salles, Totem, le second long métrage<br />
de la Mexicaine Lila Avilés, a connu un parcours tumultueux.<br />
Violaine Harchin, co-fondatrice des Alchimistes,<br />
raconte l’avoir découvert à la Berlinale 20<strong>23</strong>, avec « un<br />
coup de cœur immédiat. J’ai fait une offre dans la foulée<br />
au vendeur international, Alpha Violet, qui m’a malheureusement<br />
annoncé quelque temps plus tard qu’un autre<br />
distributeur avait été choisi ». Si Rezo Films avait en effet<br />
acquis le long métrage, sa liquidation judiciaire en mars<br />
<strong>2024</strong> [voir <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> n°465] rebat les cartes, et le<br />
vendeur contacte finalement Violaine Harchin pour lui<br />
annoncer qu’elle peut récupérer la distribution française<br />
du film : « Nous devions prendre un peu de temps pour<br />
travailler correctement la sortie. C’est pourquoi nous l’avons<br />
repoussée, sans changer le titre, pour ne pas nuire à son<br />
identification, déjà entamée auprès des exploitants », relate<br />
Romane Segui, responsable de la programmation.<br />
Le film avait déjà commencé à circuler en festivals (Cannes<br />
Écrans Juniors, Cinelatino, Festival de Biarritz Amérique<br />
Latine…) et obtenu le soutien du GNCR.<br />
Par ailleurs, le nouveau distributeur a conçu un dossier<br />
pédagogique et le matériel de communication afin de<br />
viser un public plus jeune « auprès duquel le film peut<br />
marcher », et compte sur le bouche-à-oreille, « même si<br />
c’est à une petite échelle ».<br />
Une ligne directrice en constante évolution<br />
Né en mars 2020 de la fusion entre Ligne 7 et Docks<br />
66, deux distributeurs indépendants, Les Alchimistes a,<br />
pendant ses premiers mois, poursuivi les lignes directrices<br />
des deux structures, qui s'articulaient respectivement<br />
autour des fictions québécoises et des documentaires.<br />
« La crise sanitaire a d’emblée mis en suspens les sorties de<br />
nos acquisitions de l’époque, comme Kuessipan, Souterrain<br />
ou Nadia Butterfly », raconte Violaine Harchin. Si la<br />
distributrice assure que ces films « correspondaient à nos<br />
envies », elle ne souhaitait pas s’enfermer dans des cases :<br />
« Je crois, au contraire, que notre ADN va vers l’ouverture<br />
et les films singuliers. Je n’ai jamais eu envie de me spécialiser<br />
dans un certain type de cinéma, car je pense que c’est plus<br />
24 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
un piège qu’autre chose », explique l’intéressée. De fait, le<br />
line-up de ces deux dernières années est là pour attester<br />
de son ouverture éditoriale : 107 Mothers de Péter Kerekes<br />
(Slovaquie, Tchéquie et Ukraine) en 2021, Le Gang des<br />
bois du temple de Rabah Ameur-Zaïmeche (leur première<br />
fiction française) en 20<strong>23</strong>, Matria d’Álvaro Gago (Espagne)<br />
en juillet dernier... et aujourd’hui Totem (Mexique).<br />
« Nous cherchons constamment de jeunes talents, à l'instar<br />
de Saulė Bliuvaitė, dont nous avons acquis son dernier long<br />
métrage, Toxic. Nous ne l'avons pas choisi parce qu'il a eu<br />
le Léopard d’or du dernier Festival de Locarno, mais parce<br />
qu'il entre en écho avec nos préoccupations. »<br />
©Les Alchimistes<br />
Faire exister la diversité…<br />
Pour la co-fondatrice des Alchimistes, le modèle actuel<br />
de la distribution ne correspond toutefois pas à l'ensemble,<br />
très diversifié, des structures en présence, « et doit être<br />
réformé sinon plusieurs distributeurs disparaîtront ». Parmi<br />
les changements que la dirigeante aimerait voir figurer<br />
dans le rapport Cluzel, l’arrêt du modèle unique de la<br />
sortie nationale, qui impose un certain niveau de<br />
dépenses et de copies. « Ce principe n'est pas toujours en<br />
adéquation avec les films nécessitant un travail spécifique<br />
dans la durée. Il faut penser l’offre cinématographique<br />
comme l’ensemble des œuvres qui la compose ; cela permettrait<br />
sans doute de mieux les accompagner selon leurs<br />
singularités, et de continuer à éduquer les regards envers<br />
cette richesse ».<br />
Le documentaire, qui occupe une grande part du line-up<br />
des Alchimistes <strong>–</strong> 12 sur 18 sorties depuis 2022 <strong>–</strong>, reste<br />
souvent considéré comme un des maillons faibles de la<br />
diffusion en France. Violaine Harchin et Romane Segui<br />
déplorent ainsi plusieurs cas de films qui « n’ont pas<br />
trouvé leur place dans les cinémas, comme Smoke Sauna<br />
Sisterhood d’Anna Hints, pourtant vendu dans 40 pays<br />
et passé par 150 festivals. C’est un genre qui a de plus en<br />
plus de mal à s’inscrire dans l’écosystème général de la<br />
distribution art et essai ». Le documentaire est régulièrement<br />
programmé en séance unique avec débat, mais<br />
le distributeur doit déployer « énormément de moyens,<br />
relate la responsable de la programmation, en participant<br />
au financement du déplacement, des nuits d’hôtels, au<br />
contact des associations… ». Et malgré les efforts et<br />
plusieurs soutiens (Oh My Doc !, Acid, GNCR…), les<br />
titres du genre peinent à dépasser les 10 000 entrées.<br />
« Un travail local est nécessaire pour faire exister ces films<br />
auprès de la population, d’où l’importance des médiateurs,<br />
car les distributeurs et les exploitants n’ont pas les ressources,<br />
humaines comme financières, pour s’en occuper, estiment<br />
les distributrices. Des moyens politiques doivent être mis<br />
en œuvre pour compenser cette situation. »<br />
À travers le point de vue d'une jeune fille, Totem de Lila Avilés (30/10/24) suit la préparation de plus en plus chaotique d'une fête.<br />
… en revoyant les outils de performance<br />
Bien que la fréquentation soit souvent en-deçà de<br />
leurs espérances, Violaine Harchin et Romane Segui<br />
comptent sur la moyenne d’entrées par séance pour<br />
permettre « une analyse plus fine des enjeux de programmation,<br />
des horaires qui marchent, et de la sociologie du<br />
public auquel chaque film correspond ». Ainsi, sur son<br />
premier week-end, Smoke Sauna Sisterhood a été montré<br />
98 fois (76 e film le plus diffusé entre le 20 et le 24<br />
mars <strong>2024</strong>) pour 1 800 entrées, soit une moyenne de<br />
18 spectateurs par séance. De même pour État limite<br />
de Nicolas Peduzzi, sorti le 1 er mai <strong>2024</strong> : 139 séances<br />
au premier week-end (55 e sur la période) pour<br />
2 700 entrées, soit 20 spectateurs par séance.<br />
©Les Alchimistes<br />
Des performances au-dessus des 17 entrées par séance<br />
en moyenne que réalisait un film art et essai en 20<strong>23</strong>,<br />
d’après les chiffres du CNC. Pour les distributrices,<br />
il s’agit d’une moyenne « cruciale pour évaluer la<br />
performance d’un film dans le marché actuel. Par exemple,<br />
nos films ont très peu de séances sur une semaine, donc<br />
leurs entrées ne font pas le poids par rapport à d’autres,<br />
qui ont deux ou trois fois plus de projections. Si nous<br />
voulons continuer à parler de chiffres, alors faisons ça<br />
avec des règles cohérentes, pour que du sens s’en dégage ».<br />
Après Totem, la prochaine sortie des Alchimistes sera<br />
le documentaire The Flats d’Alessandra Celesia. Prévu<br />
le 15 janvier 2025, il revient sur le conflit armé qui<br />
a déchiré l’Irlande du Nord pendant la seconde moitié<br />
du XX e siècle. Viendront ensuite, le 12 février,<br />
Des fils qui se touchent, documentaire de Nicolas<br />
Burlaud ; Something Old, Something New, Something<br />
Borrowed de Hernán Rosselli le 16 avril, fiction<br />
argentine passée par la Quinzaine des Cinéastes ; le<br />
documentaire Hors service de Jean Boiron-Lajous le<br />
30 avril ; Toxic de Saulė Bliuvaitė le 28 mai. D’autres<br />
sorties rejoindront le line-up 2025 du distributeur<br />
marseillais, qui n’est décidément pas arrivé au bout<br />
de ses alchimies.<br />
Jules Dreyfus<br />
The Flats d'Alessandra Celesia (15/01/25) fait revivre les souvenirs du conflit religieux qui déchira l'Irlande du Nord pendant la<br />
seconde moitié du XX e siècle.<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
25
Distribution<br />
©Marion Delique<br />
« Ad Vitam fêtera ses 25 ans l’année prochaine ! », annonce<br />
Alexandra Henochsberg, directrice générale, en préambule<br />
de la journée de convention qui a exposé un line-up riche<br />
de onze films, de novembre jusqu’à Cannes 2025.<br />
Montré à Un certain regard et en ouverture des Journées<br />
nationales art et essai cannoises, le prochain rendez-vous<br />
du distributeur sera corse. Le Royaume (13/11), coécrit<br />
avec Jeanne Herry, est le premier film de Julien Colonna,<br />
qui nous emmène dans une cavale maquisarde, où un père<br />
et sa fille vont apprendre à mieux se connaître. Soutien<br />
Afcae et Label UGC Découverte compléteront les partenariats<br />
avec Télérama, Le Figaro, AlloCiné et Konbini. Le<br />
Royaume bénéficiera d’une sortie anticipée en Corse dès le<br />
1 er novembre.<br />
Après Haut et fort en 2021 et Razzia en 2018, Ad Vitam<br />
reste fidèle à Nabil Ayouch avec Everybody Loves Touda<br />
(18/12). Cette histoire d’émancipation, passée par Cannes<br />
Première et le Festival d'Angoulême, suit une femme<br />
désireuse de devenir une Cheikha, artiste traditionnelle<br />
marocaine, qui, désenchantée, quitte sa petite ville pour<br />
rejoindre Casablanca.<br />
En compétition à Cannes et lauréat du prix de la citoyenneté,<br />
Bird d’Andrea Arnold sortira le 1 er janvier. Après<br />
avoir obtenu trois fois le prix du jury du Festival de Cannes<br />
pour Red Road en 2006, Fish Tank en 2009 et American<br />
Honey en 2016, la réalisatrice anglaise avait confié son<br />
documentaire Cow à Ad Vitam en 2022. Elle revient avec<br />
l’histoire de Bailey, un garçon de 12 ans vivant avec son<br />
frère et son père dans un squat du nord de Kent.<br />
Mardi 15 <strong>octobre</strong>, le<br />
distributeur indépendant a<br />
tenu sa deuxième<br />
convention de l'année au<br />
Pathé Les Fauvettes, à Paris.<br />
Trois projections et un<br />
line-up cossu pour les six<br />
mois à venir.<br />
Avec Les Feux sauvages Ad Vitam retrouve le Chinois Jia<br />
Zhang-ke, qu’il suit depuis Platform (2001), un des<br />
premiers films du distributeur. « Nous avons une longue<br />
histoire avec ce cinéaste. Sa nouvelle réalisation est une épopée<br />
sur 25 ans qui traverse tous ses films, avec des images et rushs<br />
inédits, en passant du documentaire à la fiction », décrit<br />
Grégory Gajos, le directeur des ventes et des acquisitions.<br />
En compétition à Cannes cette année, Les Feux sauvages<br />
sortira le 8 janvier.<br />
©<strong>2024</strong> Felicita - Curiosa Films<br />
Jouer avec le feu<br />
26 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
©Marion Delique<br />
Thierry Frémaux annoncera le printemps avec Lumière !<br />
L’aventure continue (19/03), deuxième opus après<br />
Lumière ! L’aventure commence, sorti en 2017. « Nous<br />
avions réalisé 130 000 entrées sur 45 copies, ce qui montre<br />
le véritable appétit pour les prémisses du cinéma, commente<br />
Grégory Gajos. Le principe est le même, 100 prises de vue<br />
inédites, toutes aussi magnifiques, toujours commentées par<br />
Thierry Frémaux sur une musique de Gabriel Fauré. »<br />
Mathias Mlekuz présente À bicyclette en compagnie de son producteur Jean-Louis Livi<br />
La première projection de la journée, Jouer avec le feu, a<br />
été présentée par ses deux réalisatrices, Delphine et Muriel<br />
Coulin, ainsi que leur acteur principal Vincent Lindon.<br />
Après 17 filles et Voir du Pays, les deux sœurs proposent<br />
une adaptation du roman de Laurent Petitmangin, Ce<br />
qu'il faut de nuit. Entre amour inconditionnel et incompréhension,<br />
on y découvre un père qui, élevant seul ses<br />
deux fils <strong>–</strong> joués par Benjamin Voisin (César du meilleur<br />
jeune espoir pour Illusions perdues) et Stefan Crepon<br />
(découvert dans Le Bureau des légendes) <strong>–</strong>, se retrouve<br />
confronté à la dérive de son aîné. « C’est une histoire de<br />
famille, plus précisément d'éducation, qui se retrouve mêlée<br />
à la politique, partagent les réalisatrices. Le rôle du père,<br />
nous l’avons écrit pour Vincent Lindon, dont nous avions<br />
à cœur de montrer toute la palette de son jeu d’acteur ». De<br />
son côté, Vincent Lindon rappelle que « tout ce que nous<br />
faisons est politique : ce que l'on dit, pense, comment l’on<br />
s’habille ou comment on sort un film... Nous avons besoin<br />
de votre accompagnement, pour défendre ce film ». Coproduit<br />
par Curiosa et Félicita films, le troisième film des sœurs<br />
Coulin a remporté le prix d’interprétation masculine<br />
pour Vincent Lindon et celui du public à la Mostra de<br />
Venise. Sortie prévue le 22 janvier.<br />
Avec Le Mohican, présenté par son réalisateur et ses deux<br />
productrices de Koro Films, Diane Jassem et Céline<br />
Chapdaniel, le distributeur confirme son intérêt pour la<br />
Corse. La production avait déjà accompagné Frédéric<br />
Farrucci dans son précédent long métrage, La Nuit venue,<br />
qui avait d’ailleurs obtenu le César de la meilleure musique<br />
originale pour Rone, qui est aussi le compositeur du<br />
Mohican. Incarné à l’écran par Alexis Manenti, Joseph<br />
Cardelli <strong>–</strong> dont c’est la véritable histoire et qui fait une<br />
apparition dans le film <strong>–</strong>, est le dernier berger du littoral<br />
corse, alors que les autres ont été repoussés dans les terres<br />
par le développement touristique et la spéculation foncière.<br />
« Raconter des individus, organiquement liés à leurs territoires,<br />
chassés de chez eux, dans une civilisation où les contraintes<br />
économiques prédominent… me tenait à cœur. En Corse,<br />
j’ai l'impression de vivre en permanence ces conflits de<br />
territoire et de civilisation. C’est ce qui m’a donné le désir<br />
d’aller vers la forme du western, à commencer par son format<br />
2.35 », explique Frédéric Farrucci. Présenté en Sélection<br />
officielle à la Mostra de Venise, Le Mohican sortira en<br />
salles le 12 février.<br />
©Marion Delique<br />
En février toujours, l’acteur et réalisateur Mathias Mlekuz<br />
nous emmène dans un road trip émouvant avec À bicyclette,<br />
aux côtés de Philippe Rebbot. Pour en parler, le<br />
réalisateur était accompagné de son célèbre producteur.<br />
« Vous allez voir un film dans lequel on pleure beaucoup,<br />
mais où l’on rit encore plus », prévient Jean-Louis Livi qui,<br />
pour l’occasion, a œuvré avec Marc-Etienne Schwartz.<br />
Mathias Mlekuz a partagé le drame personnel à l'origine<br />
du film : « Il y a deux ans, j’ai perdu mon fils aîné. J’ai<br />
voulu suivre ses pas, dans un voyage qu’il avait fait à vélo<br />
jusqu’en Turquie et embarquer Philippe Rebbot, mon ami<br />
de 20 ans… qui m’a proposé de plutôt en faire un film ».<br />
Prix de la mise en scène, du public et de la musique au<br />
Festival du film francophone d’Angoulême, et prix du<br />
public et d'interprétation masculine pour Philippe Rebbot<br />
au Festival 2 Cinéma Valenciennes, À bicyclette est prêt<br />
à reprendre la route pour une tournée d’avant-premières<br />
avant sa sortie le 26 février.<br />
Magré une accusation pour agression sexuelle pendant<br />
le tournage de Je le jure, le réalisateur Samuel Theis, mis<br />
à l’ecart, avait réussi à finir son film. « Sa productrice<br />
Caroline Bonmarchand a entamé toute une démarche afin<br />
de mobiliser la profession, et, dans la mesure où Samuel<br />
Theis n’a pas été mis en examen, faire en sorte que son film,<br />
comme tous les autres “entachés” lors de leur tournage,<br />
puissent sortir en salle. », argumente le directeur des ventes.<br />
Pour préparer la sortie prévue le 26 mars, le distributeur<br />
s'emparera donc du sujet, sans tabou, en l’abordant de<br />
manière constructive.<br />
En avril, Ad Vitam proposera La Chambre de Mariana<br />
d’Emmanuel Finkiel (<strong>23</strong>/04). Toujours avec Mélanie<br />
Thierry au casting, le réalisateur de La Douleur adapte<br />
une nouvelle fois un roman, celui d’Aharon Appelfeld,<br />
où un enfant de 12 ans est caché dans une maison close<br />
ukrainienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Enfin,<br />
pour arriver jusque Cannes, L'Effacement sera, après En<br />
attendant les hirondelles, le deuxième film de Karim<br />
Moussaoui (07/05) distribué par Ad Vitam. Présenté au<br />
Festival d'Angoulême et au Festival Indépendance(s) et<br />
création d’Auch, le film est décrit par le distributeur<br />
comme une œuvre forte sur une génération qui n’arrive<br />
pas à trouver sa place dans l'Algérie d’aujourd’hui.<br />
Marion Delique<br />
Frédéric Farrucci présente son film Le Mohican en compagnie de ses deux productrices<br />
Diane Jassem et Céline Chapdaniel de Koro Films<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
27
Exploitation<br />
LES RÉFORMES ET LES REQUÊTES<br />
DU SECTEUR À LA LOUPE DE L’UCF<br />
Dans la foulée du Congrès, l’Union des cinémas du Sud était<br />
réunie en assemblée générale vendredi 4 <strong>octobre</strong> au Pontet<br />
près d’Avignon. L’occasion de revenir sur les sujets les plus<br />
brûlants du moment, sans faire l’impasse sur la convivialité.<br />
C’est tout naturellement au Capitole Studios myCinewest<br />
qu’il dirige que René Kraus a accueilli les adhérents du<br />
syndicat. Le président de l’UCF a succédé il y a un an à<br />
Didier Tarizzo <strong>–</strong> maintes fois salué et remercié, tout<br />
comme son épouse Odile, lors de l’assemblée <strong>–</strong>, en<br />
compagnie d’un conseil d’administra<br />
À près d’une semaine de la présentation du projet de loi<br />
des finances par le Premier ministre Michel Barnier , les<br />
inquiétudes étaient encore vives concernant les éventuels<br />
impacts des restrictions budgétaires sur le financement<br />
du CNC, « et donc sur l'ensemble de notre modèle, dont<br />
notre exception culturelle », martelait encore Richard Patry,<br />
prônant une nouvelle fois l’unité du secteur.<br />
Le directeur du Cinéma du CNC, Lionel Bertinet,<br />
décrivait de son côté le combat quotidien du Centre<br />
pour alerter les pouvoirs publics sur les effets « délétères »<br />
potentiels de certaines mesures à l’étude, comme celles<br />
d’un plafonnement de son budget ou d’un réaménagement,<br />
voire d’une réaffectation des taxes. Finalement,<br />
c’est la voie d’une ponction sur la trésorerie excédentaire<br />
du Centre qui a été retenue [voir p.7]. « Cette trésorerie<br />
est abondante car elle répond à une exigence de provisionnement<br />
<strong>–</strong> de l’ensemble de nos soutiens automatiques <strong>–</strong> de<br />
la part de la Cour des comptes, et un prélèvement de l’État,<br />
à un niveau raisonnable, n’obèrerait en rien les capacités<br />
du CNC », expliquait, une semaine plus tôt au Pontet,<br />
Lionel Bertinet.<br />
responsable*, tandis que Richard Patry suggérait à l’UCF<br />
d’organiser, dans le cadre d’une journée de prévisionnement,<br />
« des ateliers pratiques de remplissage de dossier ».<br />
Concurrence, l’impossible critère<br />
Dans le prolongement des revendications qu’il porte,<br />
notamment en tant que président de la branche grande<br />
exploitation de la FNCF, René Kraus a une nouvelle fois<br />
évoqué le besoin de réformer les commissions d’aménagement<br />
cinématographiques, sous l’aune de critères<br />
concurrentiels. Une requête légalement impossible à<br />
satisfaire, comme l’a rappelé Lionel Berninet : « Ces critères<br />
existaient jusqu’à leur suppression par la loi de modernisation<br />
de l’économie (LME) de 2008, pour une mise en<br />
conformité avec le droit européen. Certes le cinéma est un<br />
secteur encadré par des règles et des lois qui peuvent être<br />
dérogatoires au droit de la concurrence, mais dans une<br />
certaine limite. » Toutefois, en 2014 a été ré-introduite<br />
une notion qui approche du critère concurrentiel : « celle<br />
du maintien du pluralisme de l'exploitation cinématographique<br />
dans la zone, notamment en matière d’accès des<br />
établissements aux films et, in fine, à la diversité », a expliqué<br />
le directeur du Cinéma. « C’est uniquement par ce biais<br />
là que chacun peut défendre le bon équilibre. »<br />
* Pour rappel, après celui de <strong>2024</strong>, le classement 2025 sera de nouveau de un an, en<br />
attendant l'introduction en 2026 du second volet de la réforme avec le système de<br />
pondération des films.<br />
Le sujet a naturellement ouvert celui de « plans de sortie<br />
disproportionnés, dans des établissements aux tarifs très<br />
disparates » dont René Kraus, en tant que président de<br />
l’UCF aussi, interroge la « concurrence déloyale ». Initialement<br />
venue au Pontet présenter les travaux de la commission<br />
Écologie des cinémas qu’elle préside, Marie-Christine<br />
Désandré a de son côté regretté la dilution des entrées<br />
que génère cette situation, alors que les distributeurs ne<br />
font pas preuve des mêmes exigences en termes de séances<br />
en fonction des établissements : « Il est devenu très compliqué<br />
de travailler proprement la programmation, de servir à la<br />
fois l’exposition et la longueur d’exploitation. » Des difficultés<br />
dont la source remonte à 2020 selon Richard Patry, qui<br />
regrette que la Fédération n’ait pas été écoutée à l'époque<br />
où, face à la perspective de la fin des VPF, elle réclamait<br />
« un autre outil de régulation. Aujourd’hui, nous sommes<br />
face à des vannes ouvertes et des distributeurs qui suralimentent<br />
le marché ; et le premier d’entre eux qui voudrait<br />
être raisonnable se retrouve marginalisé ». Le dialogue<br />
interprofessionnel restant la seule voie de résolution<br />
possible, le président de la FNCF invite à des réunions<br />
plus régulières pour mener une réflexion collective sur<br />
les relations distributeurs/exploitants.<br />
Réforme art et essai et réalités de terrain<br />
Parmi les points à l'ordre du jour au Pontet, la réforme<br />
de l’art et essai a beaucoup mobilisé les échanges. Si<br />
certains représentants de distributeurs, dans leur prise<br />
de parole en amont du Congrès de Deauville, jugent<br />
toujours que le système de recommandation des œuvres<br />
est trop “large”, pour Lionel Bertinet, « le sujet n’est pas<br />
que 60 % des films soient recommandés, mais qu’ils soient<br />
pondérés ». Côté exploitants, Isabelle Moreau du Travelling<br />
d’Agde (et vice-présidente de l’UCF) a fait remarquer,<br />
au regard des nouveaux critères d'évaluation du travail<br />
des salles, qu’il faut « aussi regarder dans quelles conditions<br />
il est réalisé », les exploitations pouvant disposer d’équipes<br />
de sept collaborateurs… comme de seulement trois pour<br />
le même nombre d’écrans. « Nous pouvons en effet prévoir<br />
d’intégrer le nombre de salariés pour fournir un outil<br />
supplémentaire d’évaluation aux membres des commissions<br />
art et essai », a noté Corentin Bichet du service exploitation.<br />
Le nouveau questionnaire art et essai est, en outre,<br />
en ligne depuis le 14 <strong>octobre</strong>. « Vous y trouverez les mêmes<br />
repères qu’avant, avec bien entendu certaines évolutions<br />
comme l'introduction du label 15-25 ans », a détaillé le<br />
Acceuil roboratif au Capitole Studios myCinewest du Pontet<br />
©A.Algan<br />
28 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
Richard Patry, président de la FNCF, entouré de Lionel Bertinet, directeur du Cinéma du CNC (à gauche), et de Corentin Bichet, chef du service de l’exploitation (à droite),<br />
étaient venus échanger avec les adhérents de l’UCF.<br />
©A.Algan<br />
Des cadres en redéfinition<br />
La réforme du fonds de soutien reste bien entendu<br />
tributaire des éventuelles décisions du gouvernement sur<br />
le budget du CNC. Mais les cinq propositions que la<br />
Fédération a transmises ont été guidées par « une philosophie<br />
très claire » : ne dégrader le soutien automatique<br />
de personne, mais faire preuve de solidarité avec la grande<br />
exploitation en difficulté, avec le fameux « coup de pouce<br />
sur la dernière tranche » qui les concerne.<br />
Concernant les engagements de programmation, Lionel<br />
Bertinet a une nouvelle fois rappelé qu’ils visaient principalement<br />
à limiter la multidiffusion, « avec des critères<br />
simples, tant en ce qui concerne leur mise en œuvre côté<br />
exploitation que sur leur contrôle côté CNC ». Les discussions<br />
sont toujours en cours avec la FNCF, le Bloc et les<br />
distributeurs, le CNC prévoyant de publier les nouvelles<br />
lignes directrices d’ici la fin de l’année.<br />
Enfin, l’AG s’est terminée sur une intervention d’Aurélie<br />
Delage. Les propos à Deauville du président par<br />
intérim du CNC, Olivier Henrard, ont certes sonné<br />
le glas des derniers espoirs d’une révision des dispositions<br />
RCD et de formation des enseignants de l’Éducation<br />
nationale. Mais vu la disparité de leur application dans<br />
chaque territoire, la présidente de la commission<br />
Éducation à l’image de la FNCF compte sur les « retours<br />
de terrain des exploitants, notamment sur les solutions<br />
mises en place ». Par ailleurs, le site de la Fédération<br />
propose, en collaboration avec l'Archipel des lucioles,<br />
une page-ressources pour l'accueil et l’encadrement du<br />
Jeune public, et qui pourra, là aussi, être enrichie par<br />
les initiatives de chacun. Comme quoi, les cinémas<br />
n’ont pas fini de collaborer… en grand.<br />
En attendant le lever de rideau<br />
Accueillis dès le 3 <strong>octobre</strong>, les participants à l’AG de l’UCF<br />
pouvaient profiter de pas moins de trois prévisionnements :<br />
la Palme d’or Anora de Sean Baker (Le Pacte, 30 <strong>octobre</strong>),<br />
Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Grand Corps Malade<br />
(Pathé, <strong>23</strong> <strong>octobre</strong>) et Sarah Bernhardt, La Divine, en<br />
présence de Sandrine Kiberlain et du producteur François<br />
Kraus, qui ont échangé avec les professionnels avant de<br />
présenter l’avant-première publique organisé le soirmême<br />
au Capitole Studios my Cinewest.<br />
L’occasion de revenir sur le rôle d’une vie pour celle qui<br />
s’est glissée dans la peau de l'impératrice du théâtre<br />
français, « en la traitant non pas comme un monstre sacré,<br />
mais comme tous les autres personnages que j’ai joués.<br />
Si je m’étais laissée intimider, je n’aurais jamais pu l’interpréter<br />
», a confié Sandrine Kiberlain, en rendant hommage<br />
au regard du cinéaste Guillaume Nicloux, « qui a cru en<br />
moi dans le rôle avant que je n’y croie moi-même ».<br />
** hormis le film britannique The Incredible Sarah de Richard Fleischer (1976), désormais invisible<br />
Le biopic est, de fait, habité de la même énergie que<br />
celle de son tournage, bouclé en à peine 25 jours.<br />
François Kraus <strong>–</strong> qui compte dans sa filmographie de<br />
producteur Les Chatouilles, La Belle Époque ou encore<br />
La Petite <strong>–</strong> évoque de son côté un projet original et<br />
concentré <strong>–</strong> écrit par Nathalie Leuthreau, compagne<br />
du réalisateur <strong>–</strong>, « qui a résolu l’équation économique<br />
et artistique de son financement ». Précédemment<br />
prévue chez Bac Films, cette toute première évocation<br />
au cinéma de la vie de Sarah Bernhardt** sortira finalement<br />
sous bannière Memento Distribution, mais<br />
toujours le 18 décembre. « Une contre-programmation<br />
intelligente face aux films de Noël, pour un film qui<br />
parlera autant aux spectateurs art et essai qu’au grand<br />
public, note le producteur, avant de conclure : J’espère<br />
que vous en prendrez le plus grand soin ! »<br />
©A.Algan<br />
Ayşegül Algan<br />
Sandrine Kiberlain, en compagnie (à gauche) du producteur François Kraus, cousin de René Kraus<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
29
Exploitation<br />
Fin de l’actionnariat<br />
chinois dans Legendary<br />
Entertainment<br />
Le studio américain fondé au début des années<br />
2000 par Thomas Tull comptait, depuis 2016, le<br />
conglomérat chinois Dalian Wanda Group dans son<br />
capital ; la transaction avait, à l’époque, été évaluée<br />
à 3,5 milliards de dollars.<br />
En 2022, Legendary a été rejoint par le fonds<br />
d’investissement américain Apollo Global, via une<br />
participation minoritaire de 760 millions de dollars.<br />
C’est ce dernier qui rachète aujourd'hui l'ensemble<br />
des parts de Dalian Wanda Group. Si aucun détail<br />
financier de l'accord n'a été divulgué, on sait que le<br />
conseil d’administration sera équitablement réparti<br />
entre les dirigeants du studio et d’Apollo.<br />
LA VILLE DE PARIS SOUTIENT SIX<br />
CINÉMAS ART ET ESSAI INDÉPENDANTS<br />
Dans le contexte à forte concurrence de<br />
la capitale, le Conseil de Paris a voté un<br />
total de près de 325 000 euros de<br />
subventions.<br />
Dans le cadre de la politique de la Ville de Paris en<br />
faveur du cinéma, les sommes engagées vendredi 11<br />
<strong>octobre</strong> sont destinées à la rénovation, modernisation<br />
et remise aux normes des établissements, mais aussi<br />
à l’acquisition de nouveau matériel. Elles concernent,<br />
entre autres, le projet de La Clef Revival, qui a finalisé<br />
son processus de rachat après cinq ans de lutte, et Le<br />
Luminor, dernière salle du 4 e arrondissement, menacé<br />
de fermeture depuis deux ans en raison d’un conflit<br />
avec le propriétaire des murs. L’ensemble des aides<br />
s’élève à 324 475 €.<br />
Séance du Conseil de Paris du 11 <strong>octobre</strong><br />
<strong>2024</strong> dans le cadre duquel ont été votées<br />
les subventions<br />
©Ville de Paris<br />
Dune : deuxième partie<br />
Un rachat de marque pour<br />
Vuelta Group<br />
Après s’être implanté en Allemagne (avec SquareOne<br />
et Telepool), en Scandinavie (Scanbox), en Italie<br />
(Indiana <strong>Pro</strong>duction) et en France (Pan), Vuelta<br />
accentue son activité en Europe avec l’acquisition de<br />
WW Entertainment, distributeur indépendant<br />
implanté au Benelux. C’est sous son étiquette que<br />
sont sortis Petit Panda en Afrique, The Crow ou encore<br />
The Fabelmans dans les salles de la région.<br />
À travers ses différentes filiales, le groupe a distribué<br />
en <strong>2024</strong> Un p’tit truc en plus, Longlegs, Past Lives ou<br />
encore Civil War. Côté ventes internationales, il<br />
détient notamment Playtime et ses filiales Films<br />
Boutique (Berlin et Lyon), Be For Films (Bruxelles) et<br />
Film Constellation (Londres), qui s’occupent<br />
notamment des ventes des Graines du figuier<br />
sauvage de Mohammad Rasoulof, Jouer avec le feu<br />
de Delphine et Muriel Coulin ainsi que Quand vient<br />
l’automne de François Ozon.<br />
©2022 Warner Bros. Pictures, Inc. ©Universal Pictures<br />
Leur détails :<br />
• 90 000 € au Lincoln (8 e ), pour les travaux de<br />
rénovation et de modernisation de ses trois salles ;<br />
• 90 000 € d’aide à la création pour le projet Ci’Ney,<br />
qui combine cinéma et espace culturel et social (18 e ) ;<br />
• 71 575 € à la Clef (5 e ), pour la remise en conformité<br />
de ses locaux aux normes ERP, leur désamiantage,<br />
ainsi que la création deux salles de post-production ;<br />
DU CHANGEMENT AU BUREAU DU SCARE<br />
Anciennement trésorier du Scare, Martin Bidou en<br />
est désormais le co-président.<br />
Le conseil d’administration du Syndicat des cinémas<br />
d’art, de répertoire et d’essai, partiellement renouvelé<br />
après l’assemblée générale le 24 septembre dernier à<br />
Deauville, a procédé à l’élection du bureau le 9 <strong>octobre</strong>.<br />
Martin Bidou, de Haut et Court Cinémas, est nommé<br />
co-président ; Eva Brucato, le remplace en tant que<br />
trésorière et Elise Mignot occupe désormais le poste de<br />
vice-présidente, en remplacement de Frédérique Duperret.<br />
©<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong><br />
• 64 000 € à l’Arlequin (6 e ), pour les travaux de<br />
création d’une quatrième salle ;<br />
• 7 000 € au Luminor (Paris Centre), pour le renouvellement<br />
des fauteuils de ses deux salles, ainsi que<br />
des travaux de mise aux normes électriques ;<br />
• 1 900 € au 3 Luxembourg (6 e ), pour le renouvellement<br />
du système son de ses deux salles et l’installation<br />
d’un nouveau système de climatisation.<br />
Constitution du bureau :<br />
Co-Président.e.s<br />
Christine Beauchemin-Flot <strong>–</strong> Le Sélect, Antony<br />
Martin Bidou <strong>–</strong> Haut et Court Cinémas<br />
Vice-président.e.s<br />
Sylvain Clochard <strong>–</strong> Le Concorde, Nantes<br />
Elise Mignot <strong>–</strong> Le Café des Images, Hérouville-Saint-<br />
Clair<br />
Secrétaire<br />
Pascal Robin <strong>–</strong> Les 400 Coups, Châtellerault<br />
Trésorière<br />
Eva Brucato <strong>–</strong> Le Royal, Toulon<br />
Trésorière adjointe<br />
Alix Ménard <strong>–</strong> Geci<br />
Les autres membres du Conseil d’Administration<br />
sont :<br />
Stephen Bonato <strong>–</strong> Cinéma Utopia, Bordeaux<br />
Paul-Marie Claret <strong>–</strong> Les Cinémas Méliès, Saint-Etienne<br />
Frédérique Duperret <strong>–</strong> Le Comoedia, Lyon<br />
Stéphanie Jaunay <strong>–</strong> Ciné T.N.B, Rennes<br />
Sylvie Larroque <strong>–</strong> L’Atalante, Bayonne<br />
Stéphane Libs <strong>–</strong> Cinémas Star, Strasbourg<br />
Natacha Maxin <strong>–</strong> Cinéparadis, Chartres<br />
Président d’honneur<br />
Michel Humbert<br />
The Fabelmans de Steven Spielberg a été<br />
distribué au Benelux par WW Entertainment.<br />
30 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
RENCONTRE AVEC<br />
YVES SUTTER<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CINÉVILLE<br />
Le dirigeant du sixième circuit<br />
français, également président<br />
du Syndicat des cinémas de<br />
l’Ouest, était dans l’Émission<br />
<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du 10 <strong>octobre</strong><br />
pour évoquer sa riche<br />
actualité et livrer sa vision<br />
de l’exploitation.<br />
©<strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> / DW<br />
Cinéville fait son apparition en 2004, en tant que<br />
nouvelle filiale exploitation de sa maison mère Soredic<br />
(Société rennaise de diffusion cinématographique) qui<br />
était, à sa création en 1965, uniquement dédiée à<br />
l'exploitation des cinémas de l’Ouest. Spécificité dans<br />
le secteur, le groupe a un actionnariat associatif ; son<br />
directeur général, Yves Sutter, explique que le groupe<br />
« n’a pas de perspective de valorisation ou de cession, et<br />
[ses] actionnaires ne fixent aucun objectif de rentabilité,<br />
sinon celui d’être à l’équilibre ».<br />
Une année <strong>2024</strong> sur tous les fronts<br />
Cinéville, sixième circuit français l’an dernier avec<br />
cinq millions d’entrées, poursuit son irrésistible<br />
ascension. D’abord dans son territoire d’origine, à<br />
travers la future acquisition des cinémas de Saint-<br />
Brieuc de la famille Hoffmann <strong>–</strong> avec lesquels le réseau<br />
était déjà associé <strong>–</strong>, ainsi que la reprise du Rialto à<br />
Morlaix début novembre prochain. Ce dernier sera<br />
exploité un an par Cinéville avant de laisser sa place<br />
au nouvel établissement de six salles de Plourin-lès-<br />
Morlaix, prévu pour le second semestre 2025. En<br />
outre, le circuit étend son périmètre géographique<br />
avec la reprise récente du Trèfle à Dorlisheim, dans le<br />
Bas-Rhin, puis, en fin d’année, du Darcy et de l’Olympia<br />
à Dijon. Cette croissance du parc permet aussi, dans<br />
un métier qui devient de plus en plus technique,<br />
« d’amortir les compétences plus pointues nécessaires au<br />
réseau sur un plus grand nombre d'établissements ».<br />
Par ailleurs, Cinéville a lancé il y a quelques semaines<br />
sa salle premium maison, Orium, à l’occasion de la<br />
rénovation du cinéma de Saint-Sébastien-sur-Loire, au<br />
sud de Nantes [voir <strong>Boxoffice</strong> <strong>Pro</strong> du 9 <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>].<br />
Une nouveauté qui vise à satisfaire « une catégorie mineure,<br />
mais pas négligeable de spectateurs, à travers une offre<br />
différente et plus qualitative, en complément des autres<br />
salles ». La majoration de trois euros reste « modeste »,<br />
afin de ne pas « décourager les spectateurs à se rendre<br />
régulièrement dans cette salle ». Le directeur général<br />
considère par ailleurs la premiumisation comme « une<br />
montée en gamme de l'ensemble du parc ». « Le fondement<br />
du succès des cinémas réside dans les 65 % de spectateurs<br />
occasionnels, qui vont au cinéma une fois dans l’année ;<br />
il ne faut donc pas mettre de barrière à leur fréquentation. »<br />
Le marché de l’exploitation : entre maturité<br />
et nécessité de réforme<br />
Comme le démontrent ses récentes actualités, Cinéville<br />
a troqué sa stratégie de nouvelles constructions par celle<br />
d'acquisitions, de manière à « favoriser la persistance de<br />
cinémas dans leur tissu local ». L’ouverture du Ciné Galaxy<br />
à Landerneau, où le circuit est associé minoritaire [voir<br />
p. 32-33], est justifiée par la grande attente de la population,<br />
mais beaucoup de nouveaux établissements «<br />
ne sont pas à la hauteur de leurs ambitions, car ils s’installent<br />
dans des zones qui n’en ont pas besoin ». Résultat d’un<br />
marché qui est non seulement « arrivé à maturité », mais<br />
qui, « dans un contexte de fréquentation molle, affiche<br />
une rentabilité décroissante ». C'est pourquoi, il faudrait,<br />
selon Yves Sutter, a minima s'interroger sur les critères<br />
des CDACi, « qui ne permettent plus de filtrer les projets ;<br />
en 20<strong>23</strong>, les 24 projets déposés ont été validés, sauf qu’un<br />
cinéma de plus n’est pas forcément bénéfique pour la<br />
diffusion, et trois sites de deux salles représentent moins de<br />
diversité qu’un seul site de six écrans ».<br />
Yves Sutter, directeur général de Cinéville<br />
Autre besoin de réforme, qui a été exprimé par la<br />
branche de la grande exploitation lors du Congrès de<br />
la FNCF : le taux de retour du fonds de soutien. Les<br />
plus gros cinémas, qui contribuent le plus via la TSA,<br />
ne récupèrent qu’une « faible part de leur cotisation. Il<br />
ne s’agit pas de remettre en cause la mutualisation du<br />
système, qui permet à l’ensemble des salles d’investir, mais<br />
les cinémas de la grande exploitation n’ont pas retrouvé<br />
leur fréquentation prépandémique, et se retrouvent donc<br />
grandement pénalisés. Il y a un réel besoin de réévaluer<br />
les seuils et les mécanismes de solidarité ». Neuf jours plus<br />
tard, Rachida Dati annonçait, dans la cadre du Festival<br />
Lumière, un rééquilibrage du soutien automatique à<br />
l'exploitation [voir p.7].<br />
Emission à voir ou revoir<br />
sur notre chaîne YouTube<br />
Jules Dreyfus<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
31
Focus Exploitation<br />
©DR<br />
LE CINÉ GALAXY<br />
OUVRE À LANDERNEAU<br />
Le nouveau cinéma de la commune du Finistère, né de l'association<br />
entre Cinéville et la famille Chopin, a lancé ses premières séances le<br />
16 <strong>octobre</strong>.<br />
©DR<br />
32 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
Avec ses cinq salles et son large espace, le Ciné Galaxy<br />
va élargir les horizons jusqu'ici proposés par Le Rohan,<br />
l’historique cinéma de deux écrans de Landerneau, qui<br />
a fermé le mois dernier pour laisser place à son successeur.<br />
Dans la commune bretonne de 16 000 habitants,<br />
à 20 km de Brest, Marine Chopin et son père Raymond<br />
<strong>–</strong> présents aussi à Landivisiau à 15 km <strong>–</strong> espéraient<br />
s’agrandir depuis longtemps, « mais le projet était trop<br />
lourd pour nous ». Et quand la Mairie de Landerneau<br />
contacte Yves Sutter, le directeur de Cinéville, celui-ci<br />
n’imagine pas investir la ville sans ses historiques<br />
exploitants. Il s’est donc associé à la famille Chopin,<br />
qui reste majoritaire avec 60 % de la SAS Ciné Landerne,<br />
spécialement créée pour le nouveau cinéma.<br />
Le Ciné Galaxy, validé en CDACi en juin 2022, a été<br />
construit dans la zone commerciale du Bois Noir, à<br />
l’entrée de la ville et proche du centre, qui accueille en<br />
outre, pour le moment, un hôtel, plusieurs restaurants,<br />
des bureaux et un cabinet de dentistes. Comme la<br />
plupart des bâtiments du Bois Noir, le cinéma a été<br />
conçu par l’agence brestoise Totem Architecture, « mais<br />
sa forme arrondie et très ouverte en font le plus beau et le<br />
plus accueillant de la zone », se réjouit Marine Chopin.<br />
Après un an de travaux, le complexe offre donc aujourd’hui<br />
un hall spacieux et lumineux, avec un coin lounge pour<br />
la détente et des bornes billetterie pour le côté pratique.<br />
Un changement radical avec le “couloir” d’entrée du<br />
Rohan, qui se confirme avec le confort de ses cinq salles :<br />
une grande de 260 places, deux moyennes (de 180 et<br />
120 places) et deux petites (de 80 et 70 places), pour<br />
un total de 724 fauteuils. Le chantier aura coûté près<br />
de 5,5 millions d’euros, avec l’aide de la Ville (à hauteur<br />
de 350 000 €), la Communauté de communes (150 000 €),<br />
la Région (135 000 €), le Département (250 000 €) et<br />
le CNC (550 000 €).<br />
15 films à l’affiche pour la première<br />
semaine<br />
De quoi élargir la programmation, notamment art et<br />
essai, « faite avec Cinédiffusion, avec qui vous travaillions<br />
déjà pour Le Rohan, qui était classé ». Pour son lancement,<br />
le Ciné Galaxy propose une quinzaine de films, dont<br />
L’Amour ouf, Smile 2 ou Croquette le chat merveilleux<br />
en sortie nationale, mais aussi Megalopolis de Coppola<br />
ou encore Quand vient l’automne et Le Comte de Monte-<br />
Cristo. « Nous poursuivrons aussi notre collaboration avec<br />
les associations locales, qui proposent à tour de rôle une<br />
soirée-débat par mois, ou encore des séances suivies d’analyse<br />
de film avec l’Université du temps libre (UTL) »,<br />
explique Marine Chopin, qui prépare aussi une grosse<br />
fête pour Halloween. La directrice travaille désormais<br />
au sein d’une équipe de 12 personnes (dont 8 à temps<br />
plein), contre 4 à l’ancien cinéma. Quant aux spectateurs,<br />
« ils sont ravis et viennent juste pour découvrir le lieu, dont<br />
ils sont très curieux ».<br />
L’ancien cinéma de Landerneau, que la famille Chopin<br />
gérait depuis une quinzaine d’années, réalisait 50 000<br />
entrées annuelles en moyenne avant la pandémie.<br />
L’exploitante table sur 145 000 pour le nouvel établissement,<br />
sachant que le cinéma le plus proche est celui<br />
de Plougastel <strong>–</strong> “L’image” et ses 2 salles associatives <strong>–</strong>,<br />
puis ceux de Brest, le CGR Le Celtic, les Pathé Capucins<br />
et Liberté un peu plus éloignés, ainsi que « nos amis des<br />
Studios, art et essai et eux aussi associés à Cinéville »,<br />
précise Marine Chopin. Pour son premier jour, le Ciné<br />
Galaxy a accueilli plus d’une centaine de spectateurs,<br />
en attendant l’inauguration officielle, quand les derniers<br />
détails seront achevés.<br />
Cécile Vargoz<br />
LES ÉQUIPEMENTS*<br />
GLOBAL<br />
Maître d'ouvrage : SAS CINE LANDERNE<br />
Maître d'œuvre / pilote : ICC<br />
Bureau de contrôle : SOCOTEC<br />
BÂTIMENT<br />
Gros œuvre : DIQUELOU<br />
Electricité et réseaux : DOURMAP<br />
Climatisation/chauffage : TECHNICHAUFFAGE<br />
FAÇADE/HALL<br />
Comptoir : CINEMOB BROUILLET<br />
Système de billetterie : EMS<br />
Signalétique intérieure : CINE DIGITAL<br />
Affichage dynamique : CINE DIGITAL<br />
SALLES<br />
Fauteuils : KLESLO<br />
CABINES<br />
Installateur : CINE DIGITAL<br />
EXPLOITATION<br />
<strong>Pro</strong>grammation : CINEDIFFUSION<br />
SITE INTERNET<br />
Conception : EMS<br />
VàD : EMS<br />
*Basé sur le déclaratif de la salle<br />
©DR<br />
CARACTÉRISTIQUES DES SALLES<br />
SALLE PLACES PMR DIM (M) SON PROJECTION<br />
1 260 7 17.00 Dolby Atmos Xénon<br />
2 87 3 10.00 7.1 Xénon<br />
3 127 4 11.00 7.1 Xénon<br />
4 180 5 13.00 7.1 Xénon<br />
5 70 3 10.00 7.1 Laser 2K<br />
TOTAL 724 14<br />
N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong><br />
33
Miscellanées<br />
PROCHAINES CDACi<br />
DATES DEMANDEUR ENSEIGNE DU PROJET ÉCRAN(S) PLACES DEMANDE VILLE DÉPART. AGGLO<br />
27/11/24<br />
ASSOCIATION PERCE-NEIGE<br />
CINÉMA<br />
CINÉMA PERCE-NEIGE 4 480 <strong>Pro</strong>jet de création Boulogne-Billancourt Hauts-de-Seine Boulogne-Billancourt<br />
PROCHAINES CNACi<br />
DATES DEMANDEUR ENSEIGNE DU PROJET ÉCRAN(S) PLACES DEMANDE VILLE DÉPART. AGGLO<br />
28/11/24<br />
SAS CARIBBEAN CINEMAS SUD<br />
BASSE-TERRE<br />
MAJESTIC BY CARIBBEAN CINEMAS 6 800 <strong>Pro</strong>jet de création Capesterre-Belle-Eau Guadeloupe Capesterre-Belle-Eau<br />
Louise Courvoisier<br />
Prix Jean Vigo <strong>2024</strong><br />
Avec Vingt Dieux, Louise Courvoisier est<br />
auréolée de la prestigieuse récompense, qui<br />
pour rappel distingue un premier long<br />
métrage. Elle succède à Dominique Marchais<br />
pour La Rivière en 20<strong>23</strong> et Alice Diop pour<br />
Saint-Omer en 2022. Distribué par Pyramide<br />
le 11 décembre, le film raconte l’histoire<br />
de Totone, jeune homme oisif du Jura qui,<br />
pour gagner sa vie et élever sa petite sœur,<br />
se met en tête de fabriquer le meilleur comté<br />
de la région. Vingt Dieux a par ailleurs reçu<br />
le Prix de la jeunesse au dernier Festival de<br />
Cannes, où il était sélectionné à Un Certain<br />
Regard, ainsi que le Valois des Étudiants<br />
Francophones au Festival d’Angoulême.<br />
Le prix Jean-Vigo du meilleur court métrage<br />
a été attribué à Laïs Decaster pour son film<br />
Car Wash, tandis que le cinéaste palestinien<br />
Elia Suleiman a reçu un Vigo d’honneur.<br />
©Pyramide Films<br />
Un accord renforcé entre TF1 et le<br />
cinéma français<br />
Jeudi 17 <strong>octobre</strong>, le Groupe TF1 et les organisations du Blic, du<br />
Bloc et de l’Arp ont signé un nouvel accord pour trois ans, qui<br />
renforce l’accompagnement de la diversité.<br />
Dans le détail, il se traduit par :<br />
• une augmentation des préachats et<br />
achats du Groupe TF1 en faveur de la<br />
création cinématographique française<br />
et européenne, avec une part consacrée<br />
aux obligations portée à 3,65 % (vs<br />
3,5 %) du chiffre d’affaires global net<br />
éditeur. Les achats de droits de diffusion<br />
de films français et européens<br />
continueront à représenter jusqu’à<br />
20 % de l’obligation ;<br />
• un préfinancement de TF1 de 19 films<br />
européens ou d'expression originale<br />
française minimum par an (soit deux<br />
de plus que le précédent accord) ;<br />
• un élargissement de l’exposition des<br />
œuvres sur la plateforme de streaming<br />
gratuit TF1+, qui passe de 7 à 30 jours ;<br />
• des acquisitions de droits à hauteur de<br />
19,2 M € minimum sur les œuvres<br />
cinématographiques européennes et<br />
d’expression originale française par an.<br />
Vingt Dieux de Louise Courvoisier<br />
Soutiens Afcae<br />
Inédits<br />
Leurs enfants après eux<br />
de Ludovic et Zoran Boukherma (Warner Bros. France - 4/12)<br />
Vingt Dieux<br />
de Louise Courvoisier (Pyramide Distribution - 11/12)<br />
Bird d'Andrea Arnold (Ad Vitam - 1 er /01/2025)<br />
Mon gâteau préféré de Maryam Moghaddam et<br />
Behtash Sanaeeha (Arizona Distribution - 5/02/2025)<br />
La Mer au loin<br />
de Saïd Hamich Benlarbi (The Jokers - 12/02/2025)<br />
GNCR<br />
100.000 Milliards de Virgil Vernier (UFO Distribution - 4/12)<br />
ADRC<br />
Séances accompagnées<br />
Animale de Emma Benestan (Wild Bunch - 27/11)<br />
Les Reines du drame d'Alexis Langlois (Bac Films - 27/11)<br />
AGENDA DE LA PROFESSION<br />
CONVENTIONS CONDOR/EUROZOOM "LA BONNE ENTENTE" (SUITE<br />
ET FIN)<br />
24/10 au 05/11/24 METZ (24/10), BORDEAUX (05/11)<br />
FÊTE DU CINÉMA D'ANIMATION 11 au 31/10/24 FRANCE ET MONDE<br />
FESTIVAL LUMIÈRE 12 au 20/10/24 LYON<br />
MARCHÉ INTERNATIONAL DU FILM CLASSIQUE (MIFC) 15 au 18/10/24 LYON<br />
RENCONTRES PROFESSIONNELLES AFCAE/ADRC<br />
AU FESTIVAL LUMIÈRE<br />
16 au 17/10/24 LYON<br />
CONVENTION AD VITAM 15/10/24 PARIS<br />
FESTIVAL DU FILM ITALIEN DE VILLERUPT 25/10 au 11/11/24 VILLERUPT<br />
RENCONTRES CINÉMATOGRAPHIQUES DE L'ARP 06 au 08/11/24 TOUQUET-PARIS-PLAGE<br />
ARRAS FILM FESTIVAL 08 au 17/11/24 ARRAS<br />
RENCONTRES PROFESSIONNELLES DU NORD 12 au 15/11/24 ARRAS<br />
JOURNÉE ART ET ESSAI DU CINÉMA EUROPÉEN le 17/11/24 FRANCE, EUROPE, MONDE<br />
RENCONTRES NATIONALES ARCHIPEL DES LUCIOLES 26 au 28/11/24 CASTELNAUDARY<br />
FESTIVAL DU FILM DE SOCIÉTÉ DE ROYAN 03 au 08/12/24 ROYAN<br />
SOMMET DES ARCS 17 au 21/12/24 LES ARCS<br />
RENCONTRES DE BRETAGNE 28/01 au 01/02/25 QUIMPER<br />
RENCONTRES DU SUD 17 au 21/03/25 AVIGNON<br />
RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI RÉPERTOIRE 26 au 28/03/25 AGEN<br />
RENCONTRES DU CINÉMA DE GÉRARDMER 31/03 au 04/04/25 GÉRARDMER<br />
FESTIVAL DE CANNES 13 au 24/05/25<br />
CONGRÈS DES EXPLOITANTS FNCF 22 au 25/09/25 DEAUVILLE<br />
34 N°478 / <strong>23</strong> <strong>octobre</strong> <strong>2024</strong>
THE<br />
COMPANY<br />
W EBEDIA GROUP<br />
PLUS DE 300 EXPLOITANTS ONT SAUTÉ<br />
LE PAS, REJOIGNEZ-LES !<br />
La remontée en temps réel de vos entrées aux distributeurs<br />
Une interface ultra intuitive faite pour le mobile<br />
Et tout ça gratuitement<br />
Rejoignez Kinepolis, Cinewest, Pathé, CGR, Noé, Cinémonde, Ociné,<br />
Bauciné, Confluences, Ciné Pôle Sud, Multiciné, Cinémas Reynaud,<br />
Capitole Studios, L’Épée de Bois, Complexe Saint-Louis,<br />
Cinéma Voltaire, Le Galaxie et bien d’autres.<br />
EN SAVOIR PLUS<br />
COMPANY.BOXOFFICE.COM/FRANCE<br />
Avec le soutien du<br />
CONTACTEZ<br />
MONSIEUR PULSE<br />
emilien.robert@boxoffice.com