L'Essentiel Prépas - N°84 - Octobre 2024
L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.
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<strong>N°84</strong> | OCTOBRE <strong>2024</strong><br />
CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />
CONGRÈS DE L’APHEC<br />
Les défis d’une année marquée<br />
par la création d’un certificat<br />
en « Arts libéraux »<br />
ENTRETIENS<br />
Delphine Manceau (Neoma BS)<br />
Emmanuel Métais (Edhec BS)<br />
DÉBAT<br />
Comment se portent<br />
les étudiants ?<br />
« ARTS LIBÉRAUX » :<br />
un certificat pour<br />
bien marquer le continuum<br />
CPGE / Grandes écoles
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
PRÉPAS : LE GRAND RETOUR ?<br />
Après quelques années difficiles, les classes préparatoires<br />
semblent entrer dans un nouveau cycle de croissance. Selon<br />
l’UPS les classes préparatoires scientifique rassembleraient<br />
ainsi plus de 45 000 élèves à la rentrée <strong>2024</strong> soit un niveau jamais<br />
atteint. Du côté des classes préparatoires économiques et<br />
commerciales également les chiffres sont à la hausse sans qu’on<br />
puisse encore dire précisément de combien. Une nouvelle dynamiques<br />
semble en tout cas enclenchée pour redonner tout leur<br />
lustre à des classes dont on sait à quel point elles concourent à<br />
l’excellence à la française. Le congrès de l’Aphec, qui s’est tenu<br />
cette année au sein des locaux de Kedge à Marseille, a ainsi pu<br />
se dérouler dans une ambiance sereine alors que toutes les parties<br />
prenantes semblent alignée pour la réussite de la filière. Un<br />
4 • <br />
« continuum » auquel nous consacrerons en janvier prochain une<br />
nouvelle édition chez Neoma à Rouen.<br />
Le soutien des Grandes écoles. Après quelques années marquées par<br />
une certaine méfiance entre classes préparatoires et Grandes écoles de management<br />
suite à l’ouverture par ces dernières de diplômes postbac et à un<br />
large recours aux admissions sur titre (AST), la confiance semble aujourd’hui<br />
rétablie. Réunies au sein de la Conférence des directeurs des écoles françaises<br />
de management (Cdefm) les écoles de management ont en effet su<br />
soutenir la filière avec la campagne #PREPARETOI. Aujourd’hui elles lancent<br />
un nouveau certificat en « Arts libéraux ».<br />
« Arts libéraux » : le certificat du continuum. Passer par une classe<br />
préparatoire, y acquérir des connaissances pointues mais aussi sens de la<br />
méthode, efficacité, esprit de travail en commun, autant de points qui font<br />
depuis toujours la réputation des Grandes écoles françaises. Autant de point<br />
qu’il était important de souligner au travers de la création d’un nouveau certificat<br />
en « Arts libéraux ». Bien connue aux Etats-Unis au travers des colleges en<br />
Liberal Arts, la notion née en Europe va faite ainsi son retour en France sous<br />
la forme d’un certificat remis dès 2025 aux diplômés d’écoles de management<br />
issus de classes préparatoires.<br />
Quelle politique gouvernementale ? Soumis à deux tutelles, des ministères<br />
de l’Enseignement supérieur et de l’Education nationale, les classes préparatoires<br />
ont parfois bien du mal à distinguer quelles missions leur sont assignées.<br />
Les oukases ministériels lors des débats sur une éventuelle « réforme de<br />
la réforme » ont laissé des traces comme les menaces de fermeture de classes<br />
d’un recteur parisien vite démissionnaire.<br />
Et quelle place les ministères entendent-ils<br />
donner à des CPES (cycles pluridisciplinaires<br />
d’études supérieures) dont le coût<br />
est très élevé sans qu’on sache clairement<br />
quelle est leur utilité ? Les nouveaux<br />
ministres auraient tout intérêt à définir<br />
une politique plus claire pour des classes<br />
dont les vertus transformatrices sont aujourd’hui<br />
unanimement reconnues tout en<br />
s’étant largement ouvertes à toutes les catégories<br />
sociales.<br />
Olivier Rollot,<br />
rédacteur en chef<br />
Sommaire<br />
LES ESSENTIELS DU MOIS<br />
4 • Concours 2025 : les écoles augmentent<br />
leur recrutement<br />
5 • Stratégie : l’Essec se « Transcend »<br />
6 • Elian Pilvin quitte la direction de l’EM<br />
Normandie<br />
8 • l’Etudiant publie son Classement des écoles<br />
de management<br />
9 • ESC Clermont version XL devient Clermont<br />
SB<br />
10 • Un nombre record de participants<br />
au Triathlon Audencia – La Baule<br />
11 • Institut Mines Télécom : la business<br />
school de l’IA<br />
12 • ESCP adopte ChatGPT Edu<br />
DOSSIER<br />
17 • Congrès de l’Aphec : les défis d’une année<br />
marquée par la création d’un certificat<br />
en « Arts libéraux »<br />
ENTRETIEN<br />
13 • Delphine Manceau (Neoma BS) :<br />
« Notre Programme Grande École<br />
continue de se transformer et s'ouvre<br />
à de nouvelles alliances »<br />
23 • Emmanuel Métais (Edhec BS) : « Nous avons<br />
analysé les défis auxquels l’enseignement<br />
supérieur est confronté et les grands<br />
problèmes sociétaux actuels »<br />
GROS PLAN<br />
29 • Rennes SB crée un poste de responsable<br />
du continuum CPGE / Grandes écoles :<br />
que faut-il en attendre ?<br />
DÉBAT<br />
32 • Comment se portent les étudiants ?<br />
« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />
Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />
CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />
Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />
Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />
Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />
(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />
Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Concours 2025 : les écoles<br />
augmentent leur recrutement<br />
On l’a encore vu cette année : il est de plus en plus<br />
difficile pour les écoles de management, passé le<br />
top 15, de recruter des élèves issus de classes<br />
préparatoires. Ce qui n’empêche pas les écoles<br />
du « haut du panier » de la Conférence des directeurs des<br />
écoles françaises de management (Cdefm) de continuer<br />
à recruter plus. Pour 2025 elles s’engagent seulement à<br />
limiter l’augmentation du nombre de places ouvertes pour<br />
leurs établissements à 15 maximum pour les concours<br />
BCE et Ecricome 2025 (concours ECG).<br />
Concernant les concours des admissions sur titre 2025,<br />
les membres de Cdefm communiqueront les résultats<br />
aux étudiants selon des échéances communes afin de<br />
leur « permettre de choisir sereinement leur école ». Les<br />
dates suivantes sont retenues :<br />
• embargo sur les résultats des concours et/ou études de<br />
dossiers du 11 janvier 2025 au 10 février 2025 ;<br />
• publication des admissions le mardi 11 février 2025, date<br />
commune pour tous ;<br />
• affectations, inscriptions et demandes d’acompte à<br />
compter du mercredi 12 février 2025 ;<br />
• embargo sur les résultats des concours et/ou études<br />
de dossiers du 10 mai 2025 au 9 juin 2025 ;<br />
• publication des admissions le mardi 10 juin 2025, date<br />
commune pour tous ;<br />
• affectations, inscriptions et demandes d’acompte à<br />
compter du mercredi 11 juin 2025.<br />
En dehors de ces périodes, les écoles pourront communiquer<br />
leurs résultats aux étudiants au fil de l’eau.<br />
KEDGE lance<br />
un programme basé<br />
sur l’Art Thinking<br />
À la croisée de l’art et<br />
de la stratégie, l’Art<br />
Thinking s’invite dans les<br />
écoles de commerce pour<br />
transformer l’apprentissage<br />
des futurs leaders. Après<br />
ESCP c’est au tour de<br />
KEDGE Business School<br />
de proposer un module<br />
intitulé « Improbable »,<br />
fondé sur l’approche de l’Art<br />
Thinking. L’objectif est de<br />
développer chez les étudiants<br />
une capacité d’innovation<br />
durable, en s’appuyant sur des<br />
pratiques issues du monde<br />
de l’art et de la création.<br />
NEOMA prend en charge jusqu’à<br />
100% des frais de ses boursiers<br />
A la rentrée <strong>2024</strong>, Neoma a pris en charge<br />
100% des frais de scolarité de l’intégralité<br />
des étudiants boursiers du CROUS échelon<br />
7 de son Programme Grande École. Et<br />
cela sur l’ensemble de leurs études. Les étudiants<br />
boursiers des échelons 4, 5 et 6 du<br />
cursus seront quant à eux désormais respectivement<br />
exonérés à hauteur de 20%,<br />
40% et 60% de leurs frais de scolarité sur<br />
toutes les années de scolarité. Une décision<br />
qui concerne aussi bien les étudiants<br />
qui intègrent l’école cette année que ceux<br />
déjà en cours de cursus. « Depuis de très<br />
nombreuses années, nous soutenons nos<br />
étudiants pour qu’aucun d’entre eux ne renonce<br />
à NEOMA pour des raisons financières.<br />
L’École est très engagée en faveur<br />
de l’ouverture sociale car il est essentiel de<br />
démocratiser l’accès à nos formations »,<br />
spécifie Delphine Manceau, la directrice<br />
générale de Neoma.<br />
Classement des Masters<br />
in Management ;<br />
une année contrastée<br />
L’Insead fait une entrée en fanfare (3ème) dans le Classement<br />
<strong>2024</strong> des Masters in Management du Financial Times<br />
et précède l’autres grande gagnante de l’année : l’Edhec<br />
placée de la 11ème à la 4ème place et qui précède Shanghai<br />
Jiao Tong (également sept places de gagnées pour un<br />
top 5 inédit). En tout six des 16 premières écoles sont françaises<br />
: HEC, Insead, Edhec, ESCP (6ème, deux places<br />
de perdues), emlyon (8ème, une place de perdue), Essec<br />
(10ème, cinq places de perdues).<br />
Pour autant l’année est contrastée : alors que l’édition 2023<br />
du Classement des Masters in Management du Financial<br />
Times avait été une grande réussite pour les business<br />
schools françaises – elles progressaient toutes, à l’exception<br />
de Skema, pas classée, HEC retrouvait une première<br />
place qui lui échappait depuis bien longtemps au profit<br />
de Saint-Gallen - <strong>2024</strong> est globalement beaucoup moins<br />
favorable. Si Skema fait son retour dans le Classement<br />
<strong>2024</strong> (30ème), HEC reperd sa première place au profit<br />
des faibles promotions de sa concurrente suisse (51 étudiants<br />
contre 588 !) et ce sont 15 des 24 business schools<br />
françaises classées qui perdent des places.<br />
Neoma David-Morganti<br />
4
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Stratégie :<br />
l’Essec se « Transcend »<br />
La stratégie « Rise » de l’Essec atteignant son<br />
terme en <strong>2024</strong>, l’Essec présente une nouvelle<br />
stratégie dite Transcend qui va sous tendre<br />
ses actions jusqu’en 2028. « Montée des IA,<br />
arrivée du quantique, questions géopolitiques, crise<br />
environnementale, baisse démographique mais aussi<br />
un enseignement supérieur en transition avec une<br />
obsolescence accrue des compétences et la nécessité<br />
de préparer à des métiers inconnus aujourd’hui, il est<br />
temps pour nous de dépasser nos frontières », résume<br />
Vincenzo Vinzi, le directeur général de l’Essec en<br />
présentant sa nouvelle stratégie qui doit faire de son<br />
école la leader de la « future-fit business education » :<br />
« Nous atteignons aujourd’hui les 200 millions d’euros<br />
de chiffre d’affaires et pensons monter à 300 millions<br />
d’euros dans quatre ans en attirant des ressources tout<br />
en restant une association à but non lucratif ».<br />
Des ambitions incarnées. Dans le cadre de sa nouvelle<br />
stratégie l’Essec lance deux nouveaux programmes :<br />
un Executive MBA hybride et un International Program<br />
in Business Administration (IPBA) pour « former des<br />
leaders du développement africain ». Résolument plus<br />
internationale, l’Essec installe des hubs à Londres et<br />
New York en plus de ses campus de Rabat et Singapour.<br />
Dans la même veine l’Essec crée le centre Géopolitique<br />
& Business et crée un double diplôme en droit et management<br />
avec UCLA School of Law. Transdisciplinaire<br />
en France également elle s’allie à l’Institut catholique de<br />
Paris pour concevoir un double diplôme en philosophie,<br />
éthique et management.<br />
Une Essec qui compte bien rester une association à<br />
but non lucratif sur le modèle « des grandes institutions<br />
éducatives dans le monde comme Harvard », insiste<br />
Vincenzo Vinzi qui a certes été soutenu pour un tiers<br />
de ses 67 millions d’euros d’efforts de transformation<br />
de son campus par sa région et son département mais<br />
a « su trouver d’autres ressources et notamment de la<br />
développement de la formation continue » : « Nous devons<br />
nous orienter vers des marchés sur lesquels nous<br />
n’allons pas, en international et online mais sans extension<br />
school ». Par ailleurs l’Essec réfléchit à implanter sa<br />
formation continue dans Paris intra-muros en 2025,à<br />
la fin de son bail au CNIT à La Défense.<br />
Essec business school<br />
Le bilan de la stratégie 2020-<strong>2024</strong>. « Pendant<br />
ces quatre dernières années nous avons travaillé notre<br />
différenciation, embauché 54 nouveaux professeurs<br />
venus des meilleures universités dont une quinzaine sur<br />
les sujets Data et IA, transformé 8 000 m2 de locaux qui<br />
vont bientôt être livrés remis à niveau, créé de nouveaux<br />
programmes en propre ou avec des partenaires, introduit<br />
l’IA pour par exemple identifier les risques d’échec<br />
de certains étudiants », résume Anne-Claire Pache,<br />
directrice stratégie, alliances et engagement sociétal,<br />
en faisant le bilan de la stratégie Rise.<br />
Très engagée dans la transition écologique, l’école a<br />
également formé tous ses étudiants aux questions de<br />
responsabilité sociale et environnementale (RSE) et a<br />
réduit de 16% son impact carbone avec notamment le<br />
développement d’une politique de mobilité durable et<br />
l’installation de panneaux solaires. De même tous les<br />
étudiants sont formés aux data et aux IA dans le cadre<br />
de son Metalab. Enfin tout un écosystème a été monté<br />
autour des questions d’entreprenariat.<br />
Les effectifs de la<br />
rentrée <strong>2024</strong><br />
900 nouveaux étudiants en<br />
PGE, 700 en BBA, 29 dans<br />
le bachelor commun avec<br />
CY Cergy Paris Université,<br />
etc. ce sont en tout plus de 2<br />
600 nouveaux étudiants ont<br />
fait leur rentrée cette année<br />
à l’Essec. Les effectifs du<br />
corps professoral permanent<br />
atteignent quant à eux les<br />
170, avec 27 nouveaux<br />
arrivants, auxquels s’ajoutent<br />
21 professeurs dits de<br />
« management practice ».<br />
Le recrutement en classes<br />
préparatoires passera en<br />
2025 de 430 à 445.<br />
5
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Elian Pilvin quitte la direction<br />
de l’EM Normandie<br />
Elian Pilvin s’apprête à quitter la direction de l’EM<br />
Normandie après un peu moins de cinq années<br />
à sa direction. Cinq années marquées par le<br />
développement accéléré de l’école, d’abord<br />
aux portes de Paris, à Clichy, dans un tout nouveau<br />
bâtiment puis à Dubaï où il a été le premier à implanter<br />
une business school française, et alors qu’un nouveau<br />
bâtiment devrait être inauguré en 2025 à Boston. Cet<br />
été il annonçait par ailleurs le départ de son école du<br />
concours post classes préparatoires de la BCE.<br />
Dans un communiqué publié le 3 octobre la gouvernance<br />
de l’EM Normandie « confirme entrer en<br />
discussion avec Elian Pilvin quant aux modalités<br />
de son départ de l’école » Une décision « motivée par<br />
des points de désaccord entre le CA et le DG sur la<br />
mise en œuvre des orientations de l’école ». alors<br />
qu’ « Elian Pilvin reste le Directeur Général de l’EM<br />
Normandie et continue de la diriger et d’exercer toutes<br />
ses responsabilités et prérogatives ».<br />
Avant d’accéder à la direction générale,<br />
Elian Pilvin était depuis 2015 le directeur<br />
des opérations et du développement<br />
six ans après son entrée dans l’école<br />
comme directeur marketing et relations<br />
entreprises. Lui-même diplômé de l’EM<br />
Normandie (1996), il en présidait le réseau<br />
des anciens depuis 2008. Il est<br />
également diplômé de l’Executive MBA<br />
d’HEC et de l’Executive DBA de l’Université<br />
Paris-Dauphine.<br />
Relire le portrait que nous lui avons<br />
consacré en 2022.<br />
NOMINATIONS<br />
Denis Boissin, 49 ans, est le nouveau directeur des programmes<br />
d’Audencia. Il succéde à ce poste à Nicolas Arnaud<br />
parti diriger la Rabat BS. Titulaire d’un doctorat en<br />
sciences économiques de l’Université Côte d’Azur (2011),<br />
Denis Boissin s’est aussi formé très tôt à la transition écologique<br />
et sociale : il obtient un master en gestion de l’environnement<br />
et du développement durable à l’Université<br />
Côte d’Azur (1998) après un Bachelor of Science en Management<br />
Environnemental de Western Carolina University<br />
en 1997. Depuis 2021, il occupait à Skema le poste<br />
de directeur du programme Grande école, dont il était auparavant<br />
l’adjoint depuis 2017. Il avait rejoint Skema en<br />
2000 en tant que professeur. Il y a aussi occupé les postes<br />
de directeur scientifique du MS Management Stratégique<br />
du Développement Durable (2009 à 2011), directeur académique<br />
et directeur de campus en Chine (entre 2011 et<br />
2014) et directeur du BBA (2014-2017).<br />
Frank Dormont quitte ses fonctions de directeur<br />
de cabinet d’Audencia pour « raisons<br />
médicales ». De 2012 à <strong>2024</strong> il en a été<br />
l’emblématique directeur de la communication,<br />
contribuant en permanence avec ses<br />
équipes à porter hautes les couleurs d’Audencia.<br />
Dans son message de départ il explique<br />
qu’Audencia « demeurera au-delà de<br />
ce 2 octobre, à jamais gravée comme une<br />
étape importante de ma vie professionnelle.<br />
Je resterai toujours aussi proche et attentif<br />
à ses actualités présentes et futures ».<br />
6<br />
Alexandre Frachet a été nommé directeur<br />
commercial & admissions d’Audencia.<br />
Titulaire d’un MBA en Marketing de<br />
l’EDC Paris (2016), Alexandre Frachet<br />
a démarré sa carrière dans le secteur du<br />
sport business, avant de rejoindre l’enseignement<br />
supérieur en 2020, à ICN Business<br />
School. En tant que chef des services<br />
marketing et promotion France,<br />
et membre de la senior management<br />
team (COMEX élargi), il y pilotait depuis<br />
quatre ans le développement commercial.<br />
Il a notamment refondu toute la<br />
stratégie commerciale des programmes<br />
de formation initiale qui a permis l’essor<br />
du campus parisien, multipliant par neuf<br />
son effectif en trois ans.
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Anne Leroy a été nommée directrice du<br />
campus de Rouen de Neoma. Jusqu’ici<br />
directrice de projets auprès de la Direction<br />
générale de Neoma, elle succède<br />
à Denis Gallot qui devient directeur de<br />
l’entrepreneuriat. Sa principale mission,<br />
outre l’animation des équipes et de la<br />
vie du campus rouennais, sera de promouvoir<br />
la stratégie de l’école auprès<br />
des parties prenantes locales, de soutenir<br />
le développement de l’école sur le<br />
territoire et d’entretenir les relations de<br />
l’école avec l’écosystème économique,<br />
institutionnel et académique de Rouen.<br />
Elle-même diplômée de Neoma, Anne<br />
Leroy a rejoint l’école en 2005 en qualité<br />
de responsable promotion au sein du<br />
Programme Grande Ecole.<br />
Lucile Ouvrard a pris les fonctions de directrice<br />
de l’engagement étudiant d’Excelia<br />
BS. A ce titre a mission est de « déployer<br />
sur les 4 campus d’Excelia une<br />
stratégie de valorisation des engagements<br />
des étudiants et de garantir le niveau<br />
de satisfaction étudiants ». Elle était<br />
jusqu’ici directrice du Bachelor Business<br />
d’Excelia Business School. Elle est remplacée<br />
à ce poste par Valérie Pasture.<br />
Lucile Ouvrard est titulaire d’un master<br />
et d’un Doctorat de droit, Droit privé<br />
et sciences criminelles de l’Université<br />
de Poitiers.<br />
Roméo Tédongap a été élu doyen des professeurs de<br />
l’Essec. Professeur au département Finance, Roméo Tédongap<br />
a rejoint l’Essec en 2016 en tant que professeur<br />
associé. Diplômé d’une licence en mathématiques et<br />
informatique fondamentale de l’Université de Dschang<br />
au Cameroun (2000) et d’un diplôme d’Ingénieur statisticien<br />
économiste de l’École nationale supérieure de<br />
statistiques et d’économie appliquée d’Abidjan en Côte<br />
d’Ivoire (2003), il a complété son PhD en Sciences Économiques<br />
à l’Université de Montréal (2008).<br />
Avant de rejoindre l’Essec, il a débuté sa carrière académique<br />
à la Stockholm School of Economics (SSE) en<br />
tant que professeur assistant en finance en 2007, avant<br />
d’y être promu Professeur Associé en 2013. À la SSE,<br />
il a dirigé le programme PhD en finance.<br />
À l’Essec, il a été promu professeur en 2017 et a coordonné<br />
la spécialisation Finance du programme doctoral<br />
de 2018 à 2021. Il a également occupé les fonctions<br />
de doyen associé, directeur de la recherche avant d’être<br />
élu doyen des professeurs en <strong>2024</strong>.<br />
7
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
L’Etudiant publie son Classement<br />
des écoles de management<br />
L’Etudiant lance la saison des classements <strong>2024</strong>25<br />
avec un résultat qui ne va pas laisser indifférent.<br />
4ème en 2023 emlyon prend en effet cette année<br />
la deuxième place ex-aequo avec l’Essec qui ne<br />
la partage plus cette année avec ESCP, reléguée à la<br />
4ème. Surtout l’Edhec sort du top 5 pour se retrouver<br />
6ème doublée par Skema. La plus belle progression (4<br />
places de mieux) est à mettre au crédit de Grenoble EM<br />
qui passe de la 14ème à la 10ème place. Au contraire<br />
l’Institut Mines Télécom et l’ESC Clermont chutent chacune<br />
de quatre places pour rejoindre respectivement<br />
la 22ème et la 25ème.<br />
Selon l’Etudiant « La performance d’emlyon s’explique<br />
par son ouverture sociale plus importante que les autres<br />
écoles du top 5 : en 2022-23, 41% de ses étudiants de<br />
première année seraient ainsi boursiers, presque 20<br />
points de plus que l’Edhec ou ESCP, et 25 de plus que<br />
HEC. Ses frais de scolarité sont également inférieurs à<br />
ses concurrents directs, 17.600 euros par an, contre<br />
plus de 20.000 pour l’Essec ou HEC »<br />
Par ailleurs et pour la première fois, le classement prend<br />
en compte la sélectivité et l’attractivité des écoles sur la<br />
base de leur recrutement par la voie d’accès principale :<br />
Parcoursup ou Sigem. Deux écoles bénéficient particulièrement<br />
de ce nouveau critère : l’Essca et de Grenoble<br />
EM, la seconde rejoignant le top 10, à égalité avec TBS.<br />
L’Essca et Grenoble EM « évoluent aussi positivement sur<br />
les critères de l’international et de l’ouverture sociale ».<br />
Quelle utilisation des<br />
IAG dans l’enseignement<br />
supérieur de gestion ?<br />
La Fnege (Fondation<br />
nationale pour l’enseignement<br />
de la gestion des entreprises)<br />
vient de publier une étude<br />
Regards croisés sur les<br />
IA Génératives dans<br />
l’Enseignement Supérieur<br />
en Gestion : Panorama des<br />
pratiques et perspectives<br />
réalisée par Alain Goudey,<br />
directeur général adjoint<br />
du numérique de Neoma,<br />
Philippine Loupiac,<br />
professeure à TBS Education<br />
et Bernard Quinio, maitre<br />
de conférence hors classe<br />
de l’Université Paris<br />
Nanterre. L’étude dresse un<br />
état des lieux des pratiques<br />
actuelles liées aux IAG dans<br />
l’enseignement supérieur<br />
en gestion et proposer des<br />
pistes de réflexion pour une<br />
adoption critique, positive,<br />
éthique et rigoureuse des<br />
IAG par les étudiants<br />
et les professeurs.<br />
KEDGE réaménage<br />
et végétalise son<br />
campus bordelais<br />
C’est un superbe campus<br />
à l’architecture audacieuse<br />
que Kedge revisite<br />
aujourd’hui pour « adoucir<br />
la perception du site » (de<br />
nombreuses plantations vont<br />
être effectuées devant le<br />
campus), agrandir les espaces<br />
de stationnement avec de<br />
plus en plus d’étudiants se<br />
déplaçant en deux roues (100<br />
places supplémentaires),<br />
ou encore accroitre l’offre<br />
de restauration avec une<br />
aire dédiée à l’accueil de<br />
Food Trucks. A l’intérieur<br />
du campus, les espaces<br />
verts vont être revitalisés,<br />
replantés et arrosés avec<br />
100% d’eau pluviale.<br />
La sécurité est également<br />
au cœur du projet. Les<br />
travaux de réaménagement<br />
du parvis incluent donc une<br />
digitalisation des moyens<br />
d’accès et un renforcement<br />
du dispositif avec la création<br />
d’un sas sécurisé dédié<br />
avec portique d’entrée et<br />
l’installation d’un dispositif<br />
de contrôle automatique<br />
des entrées par badge.<br />
8
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
ESC Clermont version XL<br />
devient Clermont SB<br />
L’ESC Clermont - devenue Clermont School of<br />
Business – vient d’inaugurer son nouveau bâtiment<br />
baptisé « Trudaine XL » : 4 000 m2 de plus certifiés<br />
BREEAM (niveau « very good ») qui portent<br />
la surface de son campus à 15 000 m2. Un campus<br />
entièrement situé au centre de Clermont-Ferrand qui<br />
lui permet de recevoir tous ses étudiants sur le même<br />
site après la rénovation d’anciens bâtiments jouxtant<br />
le campus historique et la construction de nouveaux.<br />
Des bâtiments qui appartiennent à la ville qui les prête<br />
pour 50 ans à l’école par le biais s’un bail emphytéotique<br />
alors que le coût des travaux atteint en tout les<br />
19 millions d’euros dont 15 versés par la région, la ville<br />
et sa métropole pendant que le département finalise le<br />
dossier. « Être en cœur de ville est un actif stratégique<br />
avec de nombreux nouveaux espaces mais aussi la<br />
rénovation de tout le campus dont notre amphithéâtre<br />
de 360 places », se félicite Richard Soparnot, directeur<br />
de Clermont SB, qui « n’abandonne pas l’idée de créer<br />
de nouveaux campus en France et à l’international ».<br />
Une nouvelle marque. Toute une réflexion a été<br />
entreprise cette année sur la marque ESC Clermont business<br />
school avec l’agence Madame Monsieur. Dernière<br />
école à avoir conservé le mot « ESC » dans son sigle<br />
l’école a même imaginé un temps devenir simplement<br />
« ESC ». Finalement c’est l’appellation Clermont School<br />
of Business qui a été choisie à l’image de Rennes SB et<br />
BSB. « Le terme ESC est paru désuet et nous tenions<br />
à conserver le nom de la ville dans sa marque tout en<br />
assoyant sa dimension internationale », explique Richard<br />
Soparnot. Un nouveau logo a également été conçu<br />
avec une flèche qui doit marquer le dimension « up »<br />
de l’école. Une opération globale qui va coûter en tout<br />
280 000 € en incluant aussi bien la conception que la<br />
mise en œuvre de la marque.<br />
Clermont SB en chiffres. Le chiffre d’affaires est passé<br />
de 17,8 à 20 M€ depuis 2022 alors que les effectifs sont<br />
en croissance de 15% ces deux dernières années avec<br />
l’objectif d’atteindre les 2 400 étudiants en formation<br />
initiale en 2027. Clermont SB c’est aujourd’hui 2 000<br />
étudiants à Clermont dont 930 en alternance et 700<br />
internationaux, 170 salariés, trois accréditations internationales<br />
avec en point de mire Equis (pour 2025-2026)<br />
après EFMD Accredited, trois campus internationaux (à<br />
Marrakech, Pékin et Zhuhai en Chine) et une école de la<br />
deuxième chance.<br />
Côté programmes Clermont SB dispense neuf bachelors,<br />
six MSc, un DBA, un MBA, un mastère spécialisé et<br />
bien sûr le programme Grande école accessible depuis<br />
cette année également à distance pour des étudiant<br />
francophones (7 000€ par an contre 10 700€ pour le<br />
PGE classique). Une spécialisation Médias et journalisme<br />
va être lancée avec l’ESJ Pro à la rentrée 2025.<br />
Enfin vont être exonérés totalement de frais scolarité<br />
les boursiers de tous niveaux en première année de<br />
PGE, issus de CPGE comme admis sur titre. Des admis<br />
sur titre qui sont recrutés cette année en propre après<br />
la sortie du concours Passerelle (les frais de dossiers<br />
seront fixés autour de 100€).<br />
Richard Soparnot<br />
part à la rencontre<br />
des élèves de prépas<br />
Parce que le recrutement<br />
en classes prépas reste une<br />
priorité, Richard Soparnot<br />
va partir à la rencontre des<br />
élèves de prépas pour les<br />
convaincre de rejoindre<br />
l’école (16 reçus en <strong>2024</strong><br />
pour 50 places ouvertes) :<br />
« Nous allons batailler<br />
auprès de ces publics pour<br />
continuer à recruter en<br />
leur expliquant ce qu’est la<br />
réalité de l’école. Recruter<br />
en prépa c’est un marqueur<br />
fort de la qualité de l’école ».<br />
L’inauguration des<br />
nouveaux locaux a eu<br />
lieu le 24 septembre<br />
dernier avec l’ensemble<br />
des collectivités locales<br />
Clermont business school<br />
9
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Un nombre record de participants<br />
au Triathlon Audencia – La Baule<br />
Les 28 et 29 septembre derniers se déroulait<br />
l’édition <strong>2024</strong> du Triathlon Audencia – La Baule, un<br />
rendezvous sportif incontournable organisé par<br />
l’association étudiante éponyme d’Audencia. Âgés<br />
de 5 à 85 ans, plus de 8 200 participants, soit 1 000 de<br />
plus que les années précédentes, ont relevé le défi du<br />
triple effort sur les 12 courses prévues.<br />
HEADway Advisory y a participé pour la deuxième<br />
fois. Cette année deux équipes de trois consultants<br />
représentaient le cabinet lors des épreuves phares du<br />
samedi : le Relais Entreprises et le Relais Grand Public,<br />
composés chacune de 500 mètres de nage en eau libre,<br />
20 km de vélo et 5 km de course à pied. La première<br />
équipe a brillé en bouclant le parcours en 1 heure et 12<br />
minutes, améliorant d’une minute son résultat établi en<br />
2023. La seconde équipe, pour sa première participation,<br />
a franchi la ligne d’arrivée en 1 heure et 18 minutes.<br />
« Une performance qui illustre l’engagement sportif et<br />
l’esprit de cohésion au sein de HEADway Advisory », se<br />
félicite Sébastien Vivier-Lirimont, président et fondateur<br />
d’HEADway Advisory.<br />
Les deux équipes d’HEADway Advisory<br />
189,9 milliards<br />
189,9 milliards d’euros ont<br />
été consacrés à l’éducation en<br />
2023 en FRance, soit 6,7 %<br />
du PIB (-0,1 point) selon<br />
l’édition <strong>2024</strong> (chiffres 2023)<br />
de l’enquête annuelle de la<br />
DEPP Le financement de<br />
l’éducation. Soit une hausse<br />
des dépenses d’éducation<br />
en 2023 en prix courants<br />
(+ 4,7 %) mais en recul<br />
prix constants (- 0,5 %)<br />
compte-tenu de l’inflation.<br />
Dans l’enseignement<br />
supérieur, la dépense<br />
moyenne par étudiant<br />
(y compris apprenti) se<br />
replie en prix constants<br />
de 1,2 %. Cela est dû à la<br />
baisse des moyens en euros<br />
constants 2023 (- 0,4 %)<br />
conjuguée à l’augmentation<br />
des effectifs (+ 0,9 %).<br />
Excelia lance un nouveau<br />
métavers éducatif sur la gestion<br />
de l’eau<br />
Excelia Business School école de l’eau !<br />
Cette année ses étudiants vont pouvoir<br />
se mettre dans la peau de supply<br />
chain managers dans un entrepôt logistique<br />
virtuel pour en découvrir les activités,<br />
traquer le gaspillage des ressources,<br />
notamment l’eau, et trouver des solutions<br />
plus sobres. « Virtual Blue Chain » est la<br />
nouvelle expérience d’apprentissage immersive<br />
(ILEImmersive Learning Experience®)<br />
de l’école. Entièrement conçu<br />
par Excelia, ce métavers éducatif a été coconstruit<br />
par les professeurs et experts pédagogiques<br />
et technologiques d’Excelia<br />
dans le cadre du parcours pédagogique,<br />
Blue Education Experience, qui vise à<br />
explorer la transition écologique et so-<br />
ciale par le prisme de l’eau. « La conception<br />
de l’expérience d’apprentissage immersive<br />
Virtual Blue Chain a mobilisé<br />
une équipe de 8 personnes : enseignants,<br />
experts pédagogiques et technologiques<br />
d’Excelia. Coconstruire ces expériences<br />
pédagogiques en interne nous<br />
permet de garantir la qualité des apprentissages<br />
proposés aux étudiants, à<br />
l’instar du choix que nous avons fait d’intégrer<br />
la technologie innovante des gants<br />
haptiques qui maximise le sentiment<br />
d’immersion des étudiants et renforce<br />
l’ancrage des connaissances », commente<br />
Anthony Hié, directeur de l’innovation<br />
et de la transformation digitale du<br />
groupe Excelia.<br />
NEOMA lance un MSc<br />
« ArtificiaI Intelligence<br />
for Business »<br />
Proposé en cette rentrée <strong>2024</strong>.sur son campus de Rouen, le<br />
nouveau MSc « Artificial Intelligence for Business de<br />
Neoma « forme des experts aptes à accompagner les organisations<br />
dans leur transition vers le déploiement<br />
des solutions AI ». Dispensé en anglais , il est accessible<br />
aux étudiants titulaires d’un diplôme de niveau bac+4 ou<br />
encore d’un bac+3 assorti d’un an d’expérience professionnelle<br />
minimum. « Ce nouveau programme permet<br />
aux étudiants de maîtriser d’abord les concepts fondamentaux<br />
de l’IA, puis de développer une expertise spécialisée<br />
dans des applications et méthodologies spécifiques<br />
de l’IA grâce à des cours en Machine learning,<br />
Deep Learning, Decision Models, Generative AI ou encore<br />
en Data Processing », explique Fouad Ben Abdelaziz,<br />
le directeur du MSc.<br />
10
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Institut Mines Télécom :<br />
la business school de l’IA<br />
Bien sûr tout le monde parle d’Intelligence artificielle<br />
(IA) dans les écoles de management<br />
françaises mais « il y a loin de la coupe aux<br />
lèvres » rappelle Herbert Castéran, directeur<br />
général de l’Institut Mines Télécom business school, une<br />
école « née pour faire vivre ensemble le management<br />
et la technologie et qui partage toujours son campus<br />
avec Télécom ParisSud ». Directeur depuis bientôt un<br />
an de l’Institut Mines Télécom business school, Herbert<br />
Castéran, entend plus que jamais en faire une école à<br />
la pointe de l’intelligence digitale. Et cela convainc les<br />
étudiants : en cette rentrée <strong>2024</strong>, 410 nouveaux étudiants<br />
(soit 28% de plus par rapport à l’année dernière)<br />
ont intégré IMT-BS.<br />
lntelligence digitale. A l’IMT BS on ne parle pas<br />
seulement d’Intelligence artificielle (IA) ou d’intelligences<br />
artificielles génératives (IAG) mais plus largement d’intelligence<br />
digitale. « Nous formons des profils vraiment<br />
hybrides, un nouveau type de manager dans l’intelligent<br />
digitale en délivrant des cours en commun avec Télécom<br />
ParisSud et en créant des projets hybrides depuis<br />
2000 », souligne le directeur. Des projets qui vont souvent<br />
jusqu’à la création d’entreprise au sein d’un incubateur<br />
qui connait un taux record de survie à 5 ans de 80%<br />
« parce que ce sont ensemble des ingénieurs et des<br />
managers des deux écoles qui sont à la manœuvre et<br />
marient leurs compétences ».<br />
Chaque étudiant primo-entrant est initié à l’IA générative<br />
dans le cadre d’un atelier intégré à la semaine de rentrée.<br />
L’initiation est axée sur le potentiel des différents outils<br />
appliqués à la formation, avec une sensibilisation aux biais<br />
et une invitation à un usage éthique. Des compétences<br />
qui se développent depuis deux ans avec un « IA fake<br />
festival » pour amener les étudiants de deuxième année<br />
du PGE des deux écoles et de l’Upec à « créer des fake<br />
news pour voir combien c’est facile » explique Julien<br />
Morice, responsable de la cellule PracTice d’ingénierie<br />
pédagogique, qui constate que « 15 à 20% des étudiants<br />
utilisent l’IA tous les jours ». Alors qu’il travaille à une<br />
charte d’utilisation de l’IA avec ses collègues de l’Institut<br />
Mines Télécom, il entend également « faire monter en<br />
puissance les enseignants dans leur utilisation de l’IA<br />
avec des ateliers tous les jeudis ». Et cela va jusqu’à<br />
la création possible de « doubles numériques » pour<br />
chaque enseignant qui leur permettraient de diffuser<br />
des cours dans toutes les langues.<br />
Institut Mines Télécom business school<br />
Un secteur « chahuté ». On le sait, les tensions sont<br />
fortes dans le recrutement des étudiants, particulièrement<br />
après une classe préparatoire dont les élèves comme<br />
leurs professeurs « veulent tous se positionner dans<br />
le top 10 », mais aussi des enseignants-chercheurs<br />
note Herbert Castéran : « Il faut en recruter chaque<br />
année 3% de nouveaux alors que la France n’en forme<br />
que la moitié. Cela pose un problème de soutenabilité<br />
financière pour les écoles. Moins pour nous que notre<br />
statut public protège ».<br />
Même si elle n’a pas fait le plein en classes préparatoires<br />
EC en <strong>2024</strong> l’IMT business school progresse de<br />
29% toutes prépas confondues en recrutant 15 élèves<br />
issus de maths spé dans le cadre du Concours Mines<br />
Télécom. Au global la rentrée est satisfaisante avec une<br />
croissance de 35% de ses effectifs en formation initiale<br />
et même de 75% en master 1 avec 166 étudiants dont les<br />
40% d’un titulaire d’un bachelor de l’IMT qui poursuivent<br />
leur cursus en programme Grande école. « Nous maintenons<br />
une sélectivité forte en classe préparatoire tout<br />
en augmentant notre recrutement en prépas EC de 29<br />
à 34 élèves », souligne le directeur qui « espère encore<br />
progresser de 4 à 5% l’année prochaine ».<br />
Retour sur<br />
investissement record<br />
Parmi les atouts de l’école<br />
une offre de logement<br />
qui « rassure les parents,<br />
surtout en postbac » et une<br />
« value for money » - retour<br />
sur investissement – qui<br />
la classe au premier rang<br />
des écoles de management<br />
françaises et au 21ème<br />
mondial selon le dernier<br />
Classement des masters in<br />
management du Financial<br />
Times. A 7 750€ par an son<br />
PGE est effectivement à un<br />
prix imbattable. D’autant<br />
que 60% des étudiants<br />
sont boursiers et ne payent<br />
aucun frais de scolarité et<br />
que la moitié des étudiants<br />
de troisième année sont<br />
apprentis et donc rémunérés.<br />
11
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
L’ESSENTIEL DU MOIS OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Classement des E-MBA :<br />
entrée en fanfare de Skema<br />
Le classement <strong>2024</strong> des E-MBA du Financial<br />
Times voit pour la première fois le CEIBS s’imposer<br />
devant ESCP et Washington University Olin,<br />
qui prend ainsi cette année le relais de Kellogg<br />
– première l’année dernière et non classée cette année<br />
– pour les Etats-Unis.<br />
Côté business schools françaises c’est l’arrivée à la<br />
13ème place de E-MBA de Skema – avec notamment<br />
un taux d’accroissement salarial qui est le 5ème au<br />
monde – qui est le plus notable du côté positif. L’Insead<br />
rejoint également le classement, dont elle était absente<br />
depuis 2022, pour se classer 9ème, quand elle était<br />
seulement 22ème en 2022. Edhec gagne quatre places<br />
à la 26ème, Grenoble EM 27 à la 47ème, Rennes SB 10 à<br />
la 73ème et Audencia une (89ème). Neoma se maintient<br />
à la 46ème place.<br />
Côté baisses : le Trium dont fait partie HEC perd une<br />
place pour atteindre la 5ème, HEC tout court sept<br />
places (18ème), l’Essec 6 (21ème), Kedge 10 (28ème),<br />
emlyon et TBS Education 4 (respectivement 40ème et<br />
66ème cette année).<br />
ESCP adopte ChatGPT Edu<br />
ESCP s’associe à OpenAI pour proposer<br />
à ses étudiants l’accès à ChatGPT Edu.<br />
Un groupe d’étudiants sélectionnés a ainsi<br />
accès à des outils et à des formations<br />
en intelligence artificielle, développés en<br />
partenariat avec OpenAI. Les outils d’IA<br />
permettront aux étudiants d’interagir de<br />
manière plus approfondie avec le contenu<br />
des cours, tout en bénéficiant d’un retour<br />
personnalisé en temps réel. « Nous<br />
sommes ravis de collaborer avec OpenAI<br />
pour révolutionner l’expérience d’apprentissage<br />
à l’ESCP, en dotant nos étudiants<br />
de compétences durables pour l’avenir et<br />
en renforçant leur discernement face aux<br />
enjeux sociétaux actuels. Nous sommes<br />
impatients d’offrir à nos étudiants, à notre<br />
corps professoral et à notre personnel les<br />
outils nécessaires pour innover, tout en<br />
consolidant la mission de notre institution<br />
», spécifie Léon Laulusa, directeur général<br />
et doyen de ESCP Business School.<br />
Pour les enseignants les outils d’OpenAI<br />
simplifieront le processus de préparation<br />
des cours, « permettant aux enseignants<br />
d’analyser facilement de vastes<br />
ensembles de données, de concevoir des<br />
plans de cours interactifs et de mener des<br />
recherches avancées ». Les professeurs<br />
pourront également bénéficier de l’IA<br />
pour enrichir leurs méthodes pédagogiques<br />
et leurs recherches, dans le cadre<br />
d’un projet pilote mené par le professeur<br />
associé Louis-David Benyayer, qui « explorera<br />
des approches innovantes basées<br />
sur les données pour rendre les cours plus<br />
interactifs et optimiser la préparation des<br />
enseignements ».<br />
BSB pilote un projet<br />
européen de recherche<br />
C’est la première fois qu’une business school française<br />
coordonne un projet européen d’une telle ampleur sur<br />
la problématique mondiale de l’agriculture et l’alimentation<br />
durables. Le projet ForestAgriGreenNudge<br />
(Green Nudges for sustainable Forestry and Agricultural<br />
practices post 2027), porté par Nikolaos Georgantzis,<br />
enseignant-chercheur de BSB au sein de l’Axe Wine<br />
& Spirits, est lauréat du programme Horizon Europe sur<br />
la destination 7 « Governance » du Cluster 6 « Alimentation,<br />
Bioéconomie, Ressources naturelles, Agriculture<br />
et Environnement ».<br />
Pour ce projet, BSB dirige ainsi un consortium de 13<br />
partenaires européens et deux partenaires associés britanniques<br />
pour « identifier des green nudges efficaces et<br />
les facteurs de leur efficacité au regard des acteurs et du<br />
contexte d’implémentation ». Issu des théories d’économie<br />
comportementale, le nudge (ou « coup de pouce »)<br />
est une solution non contraignante.<br />
12
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Delphine Manceau<br />
DIRECTRICE GÉNÉRALE DE NEOMA BS<br />
« Notre Programme Grande École continue<br />
de se transformer et s’ouvre à de nouvelles alliances »<br />
Toujours en pointe du recrutement des<br />
élèves en classes préparatoires, Neoma<br />
continue à faire évoluer son programme<br />
Grande école. Autre priorité : le recours<br />
aux intelligences artificielles génératives<br />
(IAG) pour mieux former ses étudiants.<br />
Olivier Rollot : Quelles sont les grandes<br />
nouveautés de Neoma cette année ?<br />
Delphine Manceau : Notre Programme Grande École<br />
continue de se transformer et s’ouvre à de nouvelles<br />
alliances. Les étudiants ont accès à de nouveaux doubles<br />
diplômes, en France et à l’international, notamment dans<br />
des domaines complémentaires au management comme<br />
l’ingénierie, la data ou l’intelligence artificielle. Par exemple,<br />
nous sommes très heureux de pouvoir offrir un double<br />
diplôme en ingénierie avec Tongji University, classée parmi<br />
les 10 meilleures en Chine, ainsi qu’un nouveau double<br />
diplôme axé sur la data avec Elon University, reconnue<br />
pour être l’une des institutions les plus innovantes aux<br />
États-Unis. Naturellement, nous nouons en parallèle<br />
des alliances avec des acteurs académiques français.<br />
Je pense notamment à notre nouveau double diplôme<br />
« Manager-Ingénieur », avec l’INSA de Rouen.<br />
Nous avons également fait évoluer le PGE de l’intérieur.<br />
Notre parcours historique, le PEA (Parcours Entrepreneuriat<br />
ou Associatif), qui permet de concilier études et<br />
projets avec un emploi du temps adapté (cours le matin,<br />
engagement l’après-midi), devient le «Parcours Impact»<br />
et s’enrichit d’un nouveau « track sociétal », qui engage<br />
les étudiants dans une mission bénévole de 15 heures<br />
par semaine au sein d’ONG, et cela tout au long du M1.<br />
Cette rentrée est également marquée par le lancement<br />
de deux nouveaux MSc qui deviennent aussi des spécialités<br />
du PGE : le MSc Artificial Intelligence for Business<br />
et le MSc Strategy, Organisation & Consulting. Notre<br />
portefeuille de MSc s’est considérablement enrichi ces<br />
dernières années. Je pense notamment à notre MSc<br />
Sustainability Transformations, lancé l’année dernière,<br />
et qui trouve bien son public avec plus de 35 étudiants<br />
en cette deuxième rentrée.<br />
O. R : L’Intelligence artificielle (IA) revêt une<br />
importance de plus en plus stratégique dans<br />
les enseignements des business schools<br />
et plus globalement dans leurs activités.<br />
Qu’est-ce que cela représente pour NEOMA ?<br />
D. M : NEOMA a très rapidement saisi le potentiel et<br />
l’impact de l’IA dans le secteur de l’éducation. Cette<br />
technologie marque une rupture tellement importante<br />
que nous avons choisi d’acculturer simultanément nos<br />
étudiants, nos professeurs et nos collaborateurs, en les<br />
formant non seulement aux possibilités offertes par l’IA,<br />
mais aussi à ses limites et ses biais. Cette démarche<br />
est loin d’être anecdotique : à ce jour, nous avons formé<br />
plus de 6000 personnes au sein de l’école.<br />
13
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
D’ailleurs, ce dispositif d’acculturation à l’IA générative<br />
a été salué par l’AACSB, qui l’a sélectionné parmi les 26<br />
innovations majeures dans le monde de l’éducation et<br />
du management dans le cadre de son prix « Innovations<br />
that Inspire ». C’est la 4e fois que nous obtenons ce<br />
prix, faisant de NEOMA l’école la plus primée en Europe.<br />
Nous avons également décidé d’intégrer l’IA au cœur de<br />
notre offre de formation. A travers le lancement du MSc<br />
AI for Business, comme je l’ai mentionné précédemment,<br />
mais également dans notre offre de formation continue<br />
avec le Certificat Executive Generative AI for Business.<br />
Cette formation permet aux professionnels de développer<br />
des compétences pratiques pour intégrer efficacement<br />
l’IA générative dans leurs stratégies d’entreprise, tout<br />
en affinant leur pensée critique. Car il est essentiel de<br />
comprendre les biais, les limites et les implications<br />
éthiques de l’utilisation de l’IA pour en faire un usage<br />
responsable et optimal.<br />
Ces thématiques ont été d’ailleurs au centre des discussions<br />
lors de la conférence AACSB dédiée à l’IA, que<br />
nous avons eu le plaisir d’accueillir sur notre campus de<br />
Paris tout récemment.<br />
O. R : En matière de grandes mutations<br />
du secteur en France, la montée en<br />
puissance des officines privées est très<br />
largement citée. Comment analysez-vous ce<br />
phénomène et ses impacts ?<br />
D. M : Il est indéniable que la concurrence dans l’enseignement<br />
supérieur s’est intensifiée avec l’émergence de<br />
nouveaux organismes de formation qui délivrent non pas<br />
des diplômes visés par le ministère de l’Enseignement<br />
Supérieur mais des titres RNCP reconnus par le Ministère<br />
du Travail. Ils proposent en général des cursus en<br />
apprentissage et s’appuient sur les aides financières à<br />
l’apprentissage et sur les primes à l’embauche financées<br />
par les pouvoirs publics. Ce modèle financier leur permet<br />
d’afficher des couts de scolarité particulièrement compétitifs,<br />
d’autant qu’ils n’ont pas à supporter les mêmes<br />
coûts que nos écoles liés à la présence d’un corps<br />
professoral permanent. Cette offre est très différente<br />
de celle des Grandes Ecoles qui consacrent beaucoup<br />
d’énergie et d’investissement aux sujets pédagogiques<br />
et académiques chers à l’enseignement supérieur.<br />
Neoma accueille le<br />
« Continuum » en 2025<br />
Pour sa 7 ème édition c’est<br />
à Neoma que la réunion<br />
Continuum qu’organise<br />
chaque année HEADway<br />
Advisory avec l’Aphec va<br />
se dérouler. Le 17 janvier<br />
2025 le campus de Rouen de<br />
Neoma recevra professeurs<br />
de classe préparatoires<br />
ECG, directeurs d’écoles<br />
de management et de<br />
programme Grande école,<br />
proviseurs et étudiants des<br />
écoles issus de prépas. En tout<br />
une centaine de participants<br />
appelés à réfléchir à<br />
l’avenir de la filière.<br />
Le futur campus de<br />
Neoma à Reims<br />
Neoma BS<br />
14
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
David-Morganti<br />
Or, il est très difficile pour les familles de faire la distinction<br />
entre ces différentes catégories d’établissements. D’autant<br />
que ces organismes ne ménagent pas leurs efforts en<br />
matière de marketing et bénéficient d’une grande agilité<br />
liée, par exemple, à leur absence de Parcoursup, ce qui<br />
leur permet d’admettre des étudiants dans la semaine<br />
sans procédure déclarée au Ministère.<br />
Si, pendant longtemps, nous prêtions peu attention à ces<br />
acteurs, il est clair désormais que les Grandes Ecoles<br />
doivent regarder de près la montée en puissance de<br />
cette concurrence. Aujourd’hui, il arrive que certains<br />
candidats en mesure de rejoindre nos établissements<br />
d’excellence se laissent séduire par ces organismes.<br />
Plus que jamais nous devons unir nos efforts pour offrir<br />
aux familles et aux jeunes la plus grande transparence,<br />
indispensable pour faire son choix en toute connaissance<br />
de la nature différente des acteurs du marché. L’état doit<br />
aussi jouer son rôle de de régulateur et donner les clés<br />
pour distinguer les acteurs.<br />
O. R : En tant que membre du board de<br />
l’AACSB (Association to Advance Collegiate<br />
Schools of Business), vous avez une vision<br />
privilégiée de la situation actuelle des<br />
business schools internationales. Comment<br />
se portent-elles ?<br />
D. M : Le secteur connaît une profonde mutation et<br />
de vrais challenges, et ce dans de nombreux pays. Et<br />
je dois reconnaitre que nos Grandes Ecoles françaises<br />
se défendent particulièrement bien dans ce contexte. Je<br />
note, par exemple, que nous avons une vraie longueur<br />
d’avance en matière de cursus hybrides, avec des offres<br />
solides mêlant le management à la technologie, la data<br />
ou l’IA. La demande pour de tels programmes est une<br />
première évolution profonde du secteur.<br />
La santé mentale de la jeunesse, fragilisée par le COVID<br />
et inquiète face aux évolutions du monde et de la planète,<br />
est également une priorité pour tous les dirigeants de<br />
l’enseignement supérieur à travers le monde.<br />
Ensuite, et peut-être surtout, la situation financière de<br />
l’enseignement supérieur est tendue dans de nombreux<br />
pays. Rien qu’aux Etats-Unis, plus de 500 écoles à but<br />
non lucratif ont fermé leurs portes au cours des dix<br />
dernières années et près d’un établissement sur 10 serait<br />
en difficulté financière. Plusieurs raisons expliquent ce<br />
constat comme la fragilisation de certains acteurs par<br />
la pandémie, la hausse des frais de scolarité ou encore<br />
15<br />
Les experts du Hcéres se<br />
sont penchés sur Neoma<br />
« Le plan stratégique<br />
de transformation et<br />
d’investissement qui a<br />
accompagné la constitution<br />
de NEOMA, née en 2013<br />
de la fusion de Rouen<br />
Business School et de Reims<br />
Management School, a été<br />
piloté de manière volontariste<br />
et réussie pour construire un<br />
seul et même établissement. »<br />
C’est un large satisfecit que<br />
le Hcéres (Haut Conseil de<br />
l’évaluation de la recherche et<br />
de l’enseignement supérieur)<br />
prononce dans son rapport<br />
d’évaluation de Neoma, fait à<br />
la demande de l’école, même<br />
si « les axes structurants<br />
de différenciation ou<br />
d’excellence sont encore<br />
trop vagues ou généraux ».
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
la baisse de la démographie… La question du « retour<br />
sur investissement » face à des frais de scolarité très<br />
élevés se posent dans de nombreuses familles. Enfin,<br />
les tensions géopolitiques sont fortement ressenties sur<br />
les campus américains et de très grandes institutions<br />
ont été fortement déstabilisées au cours des derniers<br />
mois par la situation au Proche Orient.<br />
Au Royaume Uni, également, les universités sont affectées<br />
par l’évolution démographique, mais aussi par la baisse<br />
des étudiants internationaux, qui résulte de plusieurs<br />
facteurs : le Brexit, un accès bien plus difficile aux visas,<br />
et la baisse émanant de certains pays asiatiques,<br />
notamment la Chine. Le gel des frais de scolarité décidé<br />
par les pouvoirs publics depuis de nombreuses années<br />
est également un frein à leur bonne santé. Environ la<br />
moitié des universités britanniques font actuellement<br />
face à un déficit budgétaire.<br />
O. R : On l’a vu en France en cette rentrée<br />
avec une augmentation de 11%, les business<br />
schools françaises reçoivent toujours plus<br />
d’étudiants internationaux, bien plus que les<br />
autres établissements. Comment analysezvous<br />
cette réussite ?<br />
D. M : Cette hausse est une excellente nouvelle. N’oublions<br />
pas que les étudiants internationaux sont un vrai facteur<br />
de soft power et qu’ils restent attachés à la France et<br />
souhaitent continuer de travailler avec nos entreprises<br />
quand ils reviennent dans leur pays.<br />
Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs.<br />
D’abord, les Business Schools françaises jouissent d’une<br />
excellente réputation internationale. Le classement du<br />
Financial Times témoigne très bien de cette image d’excellence<br />
avec, dans son dernier classement des Masters in<br />
Management, 15 écoles de commerce françaises parmi<br />
les 50 meilleurs établissements mondiaux !<br />
Il y a aussi la reconnaissance académique internationale :<br />
nos écoles affichent, pour bon nombre d’entre elles,<br />
la fameuse triple couronne, AACSB, EQUIS et AMBA.<br />
C’est un vrai marqueur de qualité pour les étudiants<br />
internationaux et une garantie que la formation identifiée<br />
répond aux meilleurs standards.<br />
L’offre de programmes explique aussi notre succès.<br />
Les Ecoles françaises ont une grande capacité à faire<br />
évoluer leur offre en fonction des besoins du marché et<br />
des défis actuels comme l’intelligence artificielle ou la<br />
transition écologique. Si je prends l’exemple de NEOMA,<br />
nous avons lancé en 2 ans un cursus dédié à l’IA et un<br />
second à la Sustainability. Nous bénéficions également<br />
de l’attractivité de la France et de sa culture et de son<br />
savoir-faire à l’international. En délivrant des cursus en<br />
prise directe avec les domaines d’excellence tricolores<br />
tels que la gastronomie, le vin, le champagne ou encore<br />
le luxe, nous attirons de nombreux profils internationaux.<br />
Enfin, la forte dimension internationale de nos écoles<br />
est également un levier d’attractivité indéniable pour<br />
les étudiants étrangers qui cherchent à acquérir une<br />
expérience globale. Tout comme la qualité de l’accueil<br />
que la France prodigue aux étudiants internationaux.<br />
Le label Bienvenue en France, qui souligne la qualité de<br />
l’accueil aux étudiants étrangers dans les établissements<br />
d’enseignement supérieur français, en témoigne.<br />
Néanmoins, ne nous endormons pas sur nos lauriers et<br />
sur cette hausse de 11%. D’autres pays font des efforts<br />
considérables pour accueillir des étudiants internationaux<br />
et en attirent de plus en plus : l’Allemagne, la<br />
Turquie, les Pays-Bas, la Corée du Sud… La France doit<br />
travailler pour maintenir sa 6ème place par le nombre<br />
d’étudiants internationaux accueillis et attirer de plus en<br />
plus d’étudiants d’excellence émanant du monde entier.<br />
Des étudiants de Neoma<br />
explorent un métavers<br />
créé par l’école<br />
Neoma BS<br />
16
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
CONGRÈS DE L’APHEC :<br />
les défis d’une année marquée<br />
par la création du certificat<br />
« Arts libéraux »<br />
Déplacé cette année de juin à octobre pour cause<br />
de jeux Olympiques, le congrès annuel de l’Aphec<br />
se tenait sur le campus marseillais de Kedge.<br />
Il a notamment été marqué par la création du nouveau<br />
certificat « Arts libéraux ».<br />
Philippe Kohler<br />
C’est au sein du Palais du Pharo au-dessus du vieux<br />
port de Marseille que se tenait la soirée de gala<br />
17
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Après des années marquées<br />
toutes plus ou moins par<br />
des débats ou des conflits<br />
l’année <strong>2024</strong>-2025 semble<br />
devoir être plus calme comme<br />
l’indique le président de l’Aphec, Alain<br />
Joyeux : « Nos effectifs ont largement<br />
augmenté à la rentrée 2023 et la hausse<br />
se continue en <strong>2024</strong>. Après la volonté du<br />
recteur de Paris de fermer quelque classe<br />
préparatoires en 2023 nous espérons<br />
ne pas vibre de nouveau des conflits. Le<br />
contexte politique ne se prête pas à des<br />
mouvements d’ampleur mais le danger<br />
peut venir des arbitrages budgétaires ».<br />
UN TRAVAIL DE CONCERT AVEC<br />
LES GRANDES ÉCOLES<br />
La sérénité est aussi de mise dans les<br />
relations des classes préparatoires<br />
avec les Grande écoles, réunies au<br />
sein de la Conférence des directeurs<br />
des écoles françaises de management<br />
(Cdefm), comme le confie Alain Joyeux :<br />
« Nous avons vraiment pu compter sur<br />
la disponibilité des Grandes écoles pour<br />
travailler avec nous cette année. Cela<br />
nous conforte après une période un peu<br />
trouble où nous nous sommes inquiétés<br />
de la diversification des entrées dans les<br />
écoles. Nous avons le sentiment qu’elles<br />
retrouvent aujourd’hui tout leur intérêt<br />
pour le vivier des classes préparatoires.<br />
Nous n’existons que parce qu’elles recrutent<br />
nos élèves, ne l’oublions pas ».<br />
Une synergie CPGE/Grandes écoles<br />
symbolisée par la notion de continuum<br />
à laquelle l’Aphec est très attachée. Un<br />
message qui passe particulièrement bien<br />
à Kedge comme le souligne son directeur<br />
général, Alexandre de Navailles : « Nous<br />
sommes totalement convaincus de cette<br />
logique d’apprentissage sur 5 ans et nous<br />
soutenons la filière. Neuf étudiants sur<br />
dix de l’année de prémas ter viennent<br />
aujourd’hui de classe préparatoire ».<br />
« Quand le PGE va, tout va ! Cela reste<br />
le navire amiral dans toutes écoles »,<br />
renchérit Sylvie Jean, doyenne associée,<br />
directrice des programmes, marketing<br />
et recrutement de Kedge.<br />
« Nous sommes solidement installés<br />
dans le paysage ! Les écoles nous soutiennent<br />
fermement. Nous sommes plutôt<br />
dans un bon moment du continuum et<br />
il faut approfondir encore le travail »,<br />
en conclut le président de l’Aphec qui<br />
rappelle qu’en 20 ans les effectifs des<br />
classe préparatoires économiques et<br />
commerciales générales (ECG) ont monté<br />
de 17% avec des microcycles de montées<br />
et de descentes. Un président qui s’interroge<br />
néanmoins : « Quelle est la stratégie<br />
de nos tutelles ? Il y a eu il y a quelques<br />
Kedge offre aux<br />
professeurs de prépas<br />
son « Generative<br />
Bootcamp »<br />
93% de la nouvelle promotion<br />
du programme Grande<br />
école de Kedge a suivi cette<br />
année un « Generative<br />
Bootcamp ». Une formation<br />
de 10 heures au prompt créée<br />
avec l’entreprise Didask que<br />
Kedge a offert à l’ensemble<br />
des professeurs de classe<br />
préparatoires présents à<br />
Marseille comme à d’autres<br />
dans la limite de 400 places.<br />
Près de 200 professeurs étaient<br />
présents dans la grand amphithéâtre<br />
du campus de Marseille de Kedge BS<br />
Philippe Kohler<br />
18
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Le directeur général de<br />
Kedge BS, Alexandre de<br />
Navailles, ouvre les débats<br />
Philippe Kohler<br />
années la création des CPES (cycles<br />
pluridisciplinaires d’études supérieures)<br />
dont on nous dit qu’elles ne sont pas une<br />
concurrence mais qui coutent très cher,<br />
au point qu’on n’en ouvre plus. Mais quelle<br />
est la vision à cinq ou dix ans ? Pourquoi<br />
ne pas diversifier encore nos débouchés<br />
comme le suggère le recteur de Paris ?<br />
Nous n’y sommes pas hostiles »<br />
DE L’ATTRACTIVITÉ DES ÉCOLES<br />
Mais pourquoi tant d’élèves de classes<br />
préparatoires préfèrent chaque année,<br />
après leur concours, ne pas entrer dans<br />
une école et cuber voire prendre une autre<br />
direction ? Une question qui taraude depuis<br />
longtemps les professeurs. « Faute<br />
d’information, trop d’élèves ne considèrent<br />
que les écoles du haut du tableau.<br />
Il y a un gros travail à faire pour les<br />
convaincre qu’une école de management<br />
ce n’est pas qu’un classement Sigem. Or,<br />
beaucoup considèrent qu’entrer dans la<br />
dixième école du classement c’est obtenir<br />
HEC-10 ou plus loin HEC-15. C’est un défi<br />
pour les écoles de montrer leur projet,<br />
leur singularité. Il n’y a pas de fatalité pour<br />
que les écoles au-delà du la 15ème place<br />
ne remplissent pas les places qu’elles<br />
ouvrent », souligne Alain Joyeux.<br />
Le risque, c’est qu’à terme les classes<br />
préparatoires ne conduisent qu’à un<br />
nombre de plus en plus faible d’écoles et<br />
que la tutelle n’accepte pas qu’un système<br />
soit réduit à travailler avec six ou sept<br />
écoles seulement : « Il faut convaincre<br />
les élèves qu’une école qui n’est pas positionnée<br />
dans le top 15 en vaut pourtant<br />
la peine ».<br />
D’AUTRES SUJETS EN COMMUN<br />
AVEC LES GRANDES ÉCOLES<br />
Si la création du certificat « Arts libéraux<br />
» a été particulièrement au cœur des<br />
groupes de travail qui réunissent Grande<br />
écoles et professeurs de classes préparatoires,<br />
d’autres sujets entrent dans<br />
le groupe de « valorisation du parcours<br />
des élèves de CPGE ». « Au sein d’un<br />
groupe dédié aux mathématiques nous<br />
souhaitons mettre en valeur le parcours<br />
«Mathématiques approfondies « qui est<br />
absolument nécessaire pour beaucoup<br />
d’écoles mais dont peuvent se détourner<br />
certains élèves qui en jugent la part des<br />
mathématiques trop importante. L’Essec<br />
pense par exemple à créer un parcours<br />
réservé », distingue Christine Pires, l’une<br />
des deux vice-présidentes de l’Aphec,<br />
qui constate que « le volet de réforme<br />
des concours reste à aborder alors qu’il<br />
y a un écart de plus en plus important<br />
19
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Philippe Kohler<br />
Le débat sur les IA réunissait Sylvie Jean, Jorge Andrés Clarke De la Cerda, une étudiante<br />
de Kedge et Son Ly, co-fondateur de DIDASK, partenaire du generative bootcamp de Kedge<br />
entre les élèves qui arrivent vers nous<br />
et le concours. Notamment avec des<br />
pratiques de travail qui en sont plus les<br />
mêmes ». L’Aphec demande également<br />
la création d’un groupe de travail mixte<br />
sur les langues.<br />
Un groupe de travail « vie étudiante »<br />
est également en action avec l’idée de<br />
trouver comment enrichir la vie en prépa.<br />
« Nous devons surtout les amener<br />
à ne pas arrêter de suivre des activités<br />
artistiques ou sportives ou une vie associative<br />
riche », demande Alexandre<br />
de Navailles qui constate que cette déconnexion<br />
est due « autant au départ de<br />
leur ville de résidence qu’à la nécessité<br />
de suivre le rythme de travail. Comment<br />
trouver le temps de conserver ses activités<br />
extra-scolaires dans le rythme de<br />
la prépa ? Nous avons certains pistes<br />
qui émergent peu à peu ».<br />
Autre question récurrente : l’avenir<br />
des classes préparatoires dites « de<br />
proximité ». « Les prépas de proximité<br />
font un bond quand d’autres ne fonctionnent<br />
pas. Cela se joue surtout par<br />
zones géographiques et le travail que<br />
font les académies notamment dans<br />
les Cordées de la réussite », note Christine<br />
Pires. « Attention un effectif de 48<br />
élèves c’est la jauge maximale, il ne faut<br />
pas s’en servir pour dire qu’il reste des<br />
places si on n’atteint pas ! », signifie Alain<br />
Joyeux dans l’attente des décisions des<br />
rectorats sur d’éventuelles fermetures<br />
de classes prépas.<br />
LES PRÉPAS ET LES ÉCOLES AU<br />
TEMPS DES IA<br />
Cette année le débat proposé aux professeurs<br />
de classe préparatoires était<br />
consacré aux intelligences artificielles génératives<br />
(IAG) et notamment à comment<br />
Kedge a pris le sujet à bras le corps en<br />
créant cette année un « Generative bootcamp<br />
». Ouvert dans un premier temps<br />
aux étudiants primo-entrants, ce dispositif<br />
pédagogique vise à terme à former<br />
l’ensemble de ses communautés aux<br />
fondamentaux de l’IA, à l’art du prompt<br />
engineering et à une meilleure compréhension<br />
des usages et limites des<br />
IA conversationnelles. « Nous voulons<br />
montrer à nos étudiants comment utiliser<br />
intelligemment les IA en demandant par<br />
exemple à connaitre les sources ou à<br />
reformuler leurs demandes. Et aussi à<br />
aller plus loin que l’utilisation de seulement<br />
ChatGPT », explique Jorge Andrés Clarke<br />
De la Cerda, professeur en IA chez Kedge.<br />
Parmi les premiers étudiants à avoir<br />
participé à ce bootcamp, Philomène a<br />
« beaucoup appris par rapport à ma<br />
pratique en classe préparatoire qui était<br />
très limitée ». Un sujet qui interpelle Véronique<br />
Bonnet, vice-présidente de l’Aphec<br />
et professeur de philosophie : « Nos<br />
étudiants sont dans une orthogonalité.<br />
Alors que nous nous situons dans un<br />
héritage des arts libéraux, ils sont mis<br />
en porte à faux avec des technologies<br />
qui plongent dans l’immédiateté et des<br />
solutions de rédaction immédiate. Or<br />
Les 7 arts libéraux<br />
Les arts libéraux<br />
constituent un programme<br />
d’enseignement depuis<br />
l’antiquité. Au moyen âge, on<br />
distinguait 7 arts libéraux :<br />
Grammaire, Rhétorique,<br />
Philosophie, Arithmétique,<br />
Géométrie, Astronomie et<br />
Musique. Les trois premiers<br />
formaient le cercle d’études<br />
appelé Trivium ; les quatre<br />
autres, le Quadrivium. Ces<br />
arts sont dits « libéraux »<br />
car réservés à l’origine<br />
aux hommes « libres » ou<br />
permettant de les « libérer »,<br />
par opposition aux « arts »<br />
mécaniques qui ont une utilité<br />
pratique.<br />
20
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
ils auront à penser au concours avec le<br />
crayon à la main, à élaborer, placés dans<br />
une injonction à démontrer pas à réciter<br />
en démontrant et en s’interrogeant».<br />
LE CERTIFICAT « ARTS<br />
LIBÉRAUX »<br />
Avec le soutien de l’Aphec, la Conférence<br />
des directeurs des écoles françaises de<br />
management (Cdefm) devrait délivrer dès<br />
2025 un tout nouveau certificat. Dit « Arts<br />
libéraux » il sera remis aux élèves de<br />
classes préparatoires diplômés d’écoles<br />
de management. Avec ce certificat les<br />
écoles souhaitent promouvoir le développement<br />
de la filière après la campagne<br />
de communication « #Preparetoi » menée<br />
en 2023. « L’idée qui sous-tend la création<br />
de ce certificat est de rendre plus<br />
visible la notion de continuum entre les<br />
classes préparatoires et les écoles de<br />
management. Aujourd’hui une cohorte<br />
de diplômés d’une école est passés par<br />
différentes voies et rien ne différencie<br />
nos élèves des autres. il ne s’agit pas de<br />
dire qu’ils sont meilleurs que leurs camarades<br />
qui ne sont pas passés par une<br />
classe préparatoire mais de les identifier.<br />
Beaucoup d’entreprises valorisent le fait<br />
d’être passé par une classe préparatoire<br />
et il importe de mieux leur montrer »,<br />
explique d’Alain Joyeux.<br />
Qu’on les appelle humanités ou arts libéraux,<br />
dans la traditions des liberal<br />
arts anglo-saxons, ce sont des compétences<br />
spécifiques apportées à de<br />
futurs dirigeants. Pensée critique, sens<br />
de la décision éthique, pensée analytique,<br />
communication pour convaincre,<br />
recherche de l’information sont autant<br />
de compétences acquises en classes<br />
préparatoires qui peuvent amener à la<br />
délivrance d’un certificat spécifique. Le<br />
certificat serait siglé par la Cdefm et par<br />
l’école dans laquelle est l’étudiant avec la<br />
double signature : « Arts libéraux » pour<br />
les élèves issus de classes préparatoires<br />
ECG, ECT, D1 et B/L, « Humanités » pour<br />
les A/L.<br />
Olivier Rollot<br />
Photos : Philippe Kohler<br />
Les liberal arts aux Etats-Unis<br />
Aux États-Unis, les liberal arts désignent<br />
un modèle d’enseignement centré sur une<br />
formation généraliste et pluridisciplinaire.<br />
Contrairement aux systèmes d’enseignement<br />
spécialisés, les liberal arts mettent<br />
l’accent sur une large base de connaissances<br />
dans les sciences humaines, sociales,<br />
naturelles et les arts. Les étudiants<br />
suivent des cours dans plusieurs disciplines<br />
(philosophie, histoire, littérature, mathématiques,<br />
sciences naturelles, etc.) plutôt<br />
que de se concentrer uniquement sur une<br />
spécialité dès le début.<br />
Développement des compétences critiques.<br />
L’objectif des liberal arts est de<br />
développer des compétences essentielles<br />
comme la pensée critique, la résolution de<br />
problèmes, la communication, l’analyse et<br />
la créativité. Un type d’éducation qui vise<br />
à former des individus capables de s’adapter<br />
à diverses situations professionnelles,<br />
intellectuelles et personnelles.<br />
Le modèle encourage la connexion entre<br />
plusieurs domaines de connaissances. Par<br />
exemple, un étudiant peut étudier à la fois<br />
la biologie et la littérature pour mieux<br />
comprendre comment les questions scientifiques<br />
sont représentées dans la culture<br />
et les arts.<br />
Cette éducation est souvent perçue comme<br />
une voie vers une grande variété de carrières,<br />
car elle permet aux étudiants d’acquérir<br />
des compétences transférables et<br />
de s’adapter à divers domaines professionnels.<br />
Beaucoup de diplômés en liberal arts<br />
se retrouvent dans des secteurs comme<br />
l’administration, l’éducation, le journalisme,<br />
les services sociaux, ou encore des<br />
études post-universitaires comme le droit<br />
ou la médecine.<br />
Les Liberal arts colleges. Les établissements<br />
qui adoptent ce modèle sont appelés<br />
liberal arts colleges. Ils se distinguent<br />
par de petites tailles de classes, un apprentissage<br />
axé sur l’interaction avec les enseignants<br />
et un environnement propice à la réflexion<br />
et à la créativité. Les étudiants n’y<br />
sont pas formés uniquement à des compétences<br />
techniques, mais aussi à devenir<br />
des citoyens éclairés et actifs.<br />
Il y a environ 200 à 300 liberal arts<br />
colleges reconnus aux États-Unis, mais<br />
ce nombre peut varier selon les critères.<br />
Les institutions varient en taille, allant<br />
de quelques centaines à quelques milliers<br />
d’étudiants. Selon le Classement annuel<br />
du site US News les liberal arts colleges<br />
les plus renommés sont Williams College,<br />
Amherst College et Swarthmore College.<br />
Les liberal arts colleges sont le plus souvent<br />
privés, ce qui signifie que leurs frais<br />
de scolarité peuvent être relativement élevés<br />
par rapport aux universités publiques.<br />
En 2023, le coût moyen annuel de la scolarité<br />
peut varier entre 40 000 et 70 000 dollars<br />
par an. Cependant, beaucoup de ces<br />
institutions offrent des bourses d’études et<br />
de l’aide financière.<br />
Leurs étudiants obtiennent généralement<br />
un diplôme de Bachelor of Arts (B.A.) ou<br />
de Bachelor of Science (B.S.), selon leur<br />
spécialisation. Ces diplômes couvrent un<br />
large éventail de disciplines, y compris<br />
les sciences humaines, les sciences sociales,<br />
les sciences naturelles et parfois<br />
les arts ou les sciences appliquées. Après<br />
avoir obtenu leurs bachelor leurs étudiants<br />
poursuivent pour la plupart leurs études à<br />
l’université en master dans des graduate<br />
schools prestigieuses.<br />
21
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
ENTRETIEN<br />
« L’idée qui sous-tend la création de ce certificat est de rendre<br />
plus visible la notion de continuum »<br />
La création en 2025 d’un certificat en<br />
« Arts libéraux » est une grande avancée<br />
pour les élèves de classes préparatoires.<br />
Les explications d’Alain Joyeux.<br />
La Conférence des directeurs des écoles<br />
françaises de management (Cdefm) crée<br />
un certificat dit de « arts libéraux » qui<br />
sera remis à l’ensemble des élèves des<br />
écoles de management françaises issus<br />
de classe préparatoires, ECG, ECT<br />
comme littéraires et D1/D2. Que va apporter<br />
ce certificat à vos anciens élèves ?<br />
L’idée qui sous-tend la création de ce certificat<br />
est de rendre plus visible la notion de<br />
continuum entre les classes préparatoires<br />
et les écoles de management. Aujourd’hui<br />
une cohorte de diplômés d’une école est<br />
passée par différentes voies et rien ne différencie<br />
nos élèves des autres. il ne s’agit<br />
pas de dire qu’ils sont meilleurs que leurs<br />
camarades qui ne sont pas passés par une<br />
classe préparatoire mais de les identifier.<br />
Beaucoup d’entreprises valorisent le fait<br />
d’être passé par une classe préparatoire et<br />
il importe de mieux le leur montrer.<br />
De plus c’est une éternité pour nos élèves<br />
d’avoir à attendre cinq ans avant de recevoir<br />
un premier diplôme ou certificat.<br />
Avec ce certificat nous pouvons leur dire<br />
qu’ils auront une reconnaissance qui leur<br />
sera remis en M2 en même temps que leur<br />
diplôme. C’est rassurant pour nos élèves<br />
comme pour leurs familles.<br />
Quelles sont les compétences dont va attester<br />
ce certificat ?<br />
D’abord des connaissances particulières<br />
que cultivent nos élèves en prépas puis,<br />
de plus en plus, dans leurs écoles qui délivrent<br />
également des cours de géopolitique<br />
ou de philosophie en pré-master. Il s’agit<br />
de montrer la cohérence des parcours de<br />
nos élèves sur cinq ans loin de clichés qui<br />
font encore croire que les prépas ne sont<br />
qu’académiques et les écoles uniquement<br />
centrées sur la pratique. Il y a par exemple<br />
beaucoup de technique en classe préparatoires<br />
ECT !<br />
Ce certificat attestera également de compétences<br />
acquise en classes préparatoires<br />
telles la capacité à hiérarchiser une argumentation,<br />
à problématiser, à réaliser des<br />
analyses complexes, à s’organiser face<br />
à une masse de travail, à respecter des<br />
échéances, à avoir une expression orale<br />
et écrite de qualité.<br />
Pourquoi choisir un nom inspiré des<br />
universités anglo-saxonnes et particulièrement<br />
américaines ?<br />
Il fallait trouver un élément d’identification<br />
à mettre en avant pour être compris<br />
par les entreprises à l’international. Liberal<br />
arts est un terme qui parle partout<br />
dans le monde. C’est d’autant plus important<br />
pour nos anciens élèves que des entreprises,<br />
notamment aux Etats-Unis, s’interrogent<br />
parfois de comment ils peuvent<br />
avoir obtenu un master sans être passés<br />
par la case bachelor.<br />
En fait il y aura deux certificats différents.<br />
L’un pour les élèves issus de<br />
classes préparatoires ECG, ECT, D1<br />
et B/L, un autre pour les élèves d’A/L.<br />
Qui s’appellera « humanités » car les<br />
cours sont différents en A/L où il n’y<br />
a, par exemple, pas d’enseignement de<br />
géopolitique.<br />
L’Aphec avait également souhaité que<br />
les élèves issus de prépas obtiennent un<br />
grade de licence après leur première<br />
année dans une école. C’est une idée<br />
oubliée ?<br />
C’est une demande qui a été retoquée par<br />
le ministère de l’Enseignement supérieur<br />
et de la Recherche qui demandait ce que<br />
cette licence représentait exactement. Et<br />
certaines écoles n’en voulaient pas non plus<br />
de peur de perdre après un an des élèves<br />
qui auraient pu se réorienter après ce premier<br />
diplôme obtenu. Ce certificat est une<br />
première étape vers l’obtention d’un diplôme<br />
intermédiaire à bac+3 pour lequel<br />
les conditions ne sont à ce jour pas réunies.<br />
Philippe Kohler<br />
Alain Joyeux, son président, ouvre les débats<br />
du congrès annuel de son association<br />
Quand ce certificat sera-t-il remis pour<br />
la première fois ? Et par qui ?<br />
A la prochaine diplomation par la communauté<br />
des écoles réunies au sein de la<br />
Cdefm, donc en 2025. Nous avons tenu à<br />
que ce soit une collectivité qui porte ce<br />
certificat plutôt que chaque école.<br />
22
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Emmanuel Métais<br />
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’EDHEC BS<br />
« Nous avons analysé les défis auxquels l’enseignement supérieur<br />
est confronté et les grands problèmes sociétaux actuels »<br />
L’Edhec vient de présenter « Générations<br />
2050 », son nouveau plan stratégique<br />
<strong>2024</strong>-2028, qui projette l’école à<br />
l’horizon 2050. Une année charnière<br />
pour l’humanité mais aussi symbolique<br />
car c’est le moment où seront diplômés<br />
les jeunes nés aujourd’hui. Son directeur<br />
général, Emmanuel Métais, revient avec<br />
nous sur les ambitions de l’école et son<br />
plan d’investissement de 270 millions<br />
d’euros sur les quatre prochaines<br />
années.<br />
Olivier Rollot : Il y eut longtemps « l’Edhec<br />
de la finance », il semble y avoir une volonté<br />
de devenir « l’Edhec de la durabilité » dans<br />
votre nouveau plan stratégique. C’est un<br />
changement radical de priorités ?<br />
Emmanuel Métais : L’axe finance fait toujours partie<br />
des grandes priorités de l’EDHEC et nous travaillons<br />
au déploiement d’une finance dite climatique avec nos<br />
centres de recherche. Le lancement de notre centre de<br />
recherche « for Net Positive Business » doit maintenant<br />
contribuer à la transformation radicale des entreprises,<br />
pour les accompagner dans la transition vers de nouveaux<br />
modèles dits « net positive », qui permettent de<br />
créer un impact positif sur l’économie et la société et<br />
pas simplement de réduire les externalités négatives.<br />
O. R : Et pourquoi un plan « Générations<br />
2050 » quand vos concurrents se propulsent<br />
seulement à 5 ans ?<br />
E. M : Alors que nous sommes classés 7ème meilleure<br />
école de management européenne par le Financial Times<br />
– et 3ème française – grâce à notre développement<br />
soutenu, nous avons décidé d’accélérer encore nos<br />
investissements. Le plan « Générations 2050 » est le<br />
fruit de cette ambition et de notre volonté de construire<br />
un monde plus durable. Nous avons retenu l’horizon<br />
de 2050 car c’est un cap ambitieux et optimiste pour<br />
l’humanité où l’ONU a appelé les nations à atteindre la<br />
neutralité carbone, à respecter la biodiversité et à faire<br />
de l’éducation un bien commun. 2050 car c’est également<br />
Edhec BS<br />
l’année où nous recevrons les élèves qui naitront au<br />
cours de ce plan stratégique. 2050 c’est loin et près à<br />
la fois. Il y a 25 ans c’était l’an 2000 !<br />
O. R : Comment avez-vous conçu ce nouveau<br />
plan stratégique ?<br />
E. M : Nous avons analysé les défis auxquels l’enseignement<br />
supérieur est confronté et les grands problèmes<br />
sociétaux actuels. Nous avons ainsi étudié des sujets<br />
aussi variés que l’impact des intelligences artificielles<br />
génératives (IAG) sur les métiers du futur ou encore les<br />
conséquences des tendances démographiques. Sur ce<br />
dernier point, la baisse de la natalité en France va avoir<br />
des effets sur nos recrutements à partir de 2030. Cela<br />
ne devrait nous toucher que marginalement puisque<br />
nous sommes sur un marché global. Mais la hausse du<br />
23
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Le campus de Nice de l’Edhec qui va<br />
prochainement être agrandi<br />
Edhec BS<br />
recrutement des étudiants internationaux ne sera pas<br />
forcément toujours possible pour compenser les pertes<br />
d’effectifs si des lois anti-immigration voient le jour en<br />
France comme c’est le cas dans beaucoup de pays.<br />
Il existe également des défis sectoriels, tels que la<br />
montée en puissance de l’enseignement à distance, les<br />
enjeux de formation tout au long de la vie ou encore le<br />
développement de l’enseignement supérieur lucratif.<br />
La question de la solidité du modèle économique des<br />
business schools est plus que jamais au cœur des<br />
préoccupations.<br />
Pour notre part, nous prévoyons en tout 270 millions<br />
d’euros d’investissements dans les quatre prochaines<br />
années, pour parvenir en 2028 à un chiffre d’affaires de<br />
250 millions d’euros et disposer de la surface financière<br />
pour assurer notre développement.<br />
O. R : Quelles sont les grandes priorités que<br />
vous avez définies dans ce plan ?<br />
E. M : Nous en avons trois. La première, que j’ai déjà<br />
évoquée, est de favoriser l’émergence de ce qu’on appelle<br />
les entreprises « net positives », une notion conceptualisée<br />
par l’ancien patron d’Unilever, Paul Polman. Dans<br />
notre précédent plan « Impact Future Generations »<br />
nous avions insisté sur la nécessité de minimiser les<br />
impacts négatifs des entreprises. Aujourd’hui il faut aller<br />
plus loin et maximiser leurs impacts positifs.<br />
A cet égard on peut retenir quelques initiatives précurseures.<br />
Le fabricant de câbles Nexans a par exemple<br />
revu son business model et toute sa chaine de valeur<br />
pour minimiser son empreinte environnementale tout<br />
en augmentant sa profitabilité. C’est ce que fait également<br />
une entreprise américaine comme Interface en<br />
séquestrant du carbone dans ses moquettes. Autre<br />
exemple à Arles où M2i produit des insecticides bio qui<br />
repoussent les insectes sans les tuer. Trois entreprises<br />
qui sont devenues plus vertueuses pour l’environnement<br />
tout en étant plus rentables !<br />
Mais c’est encore difficile de transmettre le concept<br />
dans toutes les entreprises et c’est pour cela que nous<br />
développons tout un pôle de recherche dédié, auquel<br />
nous allons affecter environ 30 chercheurs et consacrer<br />
20 millions d’euros dans les quatre années à venir<br />
avec les entreprises qui nous soutiennent. Il va être<br />
dirigé par René Rohrbeck, un professeur allemand qui<br />
dirige aujourd’hui notre chaire Foresight, Innovation and<br />
Transformation (FIT).<br />
Côté entrepreneuriat, nous avons créé la méthodologie<br />
Responsible by Design (RED) pour aider les entrepreneurs<br />
à mettre en place une démarche responsable dès<br />
la création de leur startup. Une approche développée<br />
dans nos programmes d’incubation mais aussi dans notre<br />
fonds à impact « Générations Powered by EDHEC », qui<br />
sera à terme doté de 40 millions d’euros.<br />
L’Edhec se penche sur<br />
l’expérience candidat<br />
La génération Z attend des<br />
processus de recrutement plus<br />
rapides, des contacts vraiment<br />
personnalisés et une plus<br />
grande transparence salariale,<br />
selon l’étude conduite par<br />
l’EDHEC NewGen Talent<br />
centre et le Gen Z Lab<br />
auprès de 5 866 étudiants et<br />
jeunes professionnels et 561<br />
responsables RH intitulée<br />
Expérience candidat : regards<br />
croisés Gen Z& RH. Alors<br />
que les défis de l’expérience<br />
candidat commencent dès<br />
la publication des offres<br />
d’emploi « les marques<br />
employeurs déploient des<br />
moyens de communication<br />
considérables pour se rendre<br />
attractives auprès des jeunes<br />
diplômés mais négligent<br />
parfois les véritables<br />
premiers contacts avec les<br />
candidats que constituent<br />
les offres d’emploi et les<br />
process de recrutement. Cette<br />
« expérience candidat » est<br />
ainsi perfectible à 3 niveaux<br />
essentiels aux yeux des jeunes<br />
générations : la rapidité des<br />
process, la proximité avec le<br />
recruteur et la transparence<br />
des salaires », souligne<br />
Manuelle Malot, directrice<br />
du NewGen Talent Centre à<br />
l’EDHEC Business School.<br />
24
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
O. R : Mais comment allez-vous former vos<br />
étudiants face à ces défis ?<br />
E. M : C’est notre deuxième priorité. Nos étudiants<br />
doivent être « formés à transformer ». Depuis dix ans,<br />
nous avons profondément modifié nos programmes<br />
pour intégrer des cours sur les grandes transitions du<br />
monde contemporain. Par exemple, nous avons créé<br />
un MSc in Climate Change & Sustainable Finance avec<br />
Mines Paris - PSL.<br />
Mais est-ce que nous avons vraiment appris à nos<br />
étudiants à transformer les entreprises de l’intérieur<br />
pour mener ces transitions ? Probablement que non,<br />
pas assez. Nous repensons donc nos programmes afin<br />
de doter nos étudiants des compétences nécessaires<br />
pour engager des changements durables dans leur<br />
environnement professionnel : esprit critique, sens de<br />
l’action, mais aussi sens de la coopération.<br />
O. R : Toutes les entreprises sont prêtes à<br />
évoluer ?<br />
E. M : Elles sont plus ou moins volontaires. Pour les<br />
convaincre il faut leur expliquer qu’il ne s’agit pas de<br />
dépenser dix fois plus pour être vertueuse, mais que leur<br />
modèle économique peut être adapté pour dégager du<br />
profit parce qu’elles sont vertueuses. Nous ne formons<br />
pas des militants mais des diplômés prêts à agir avec<br />
un esprit collaboratif.<br />
O. R : Vous l’avez dit, vous continuez à<br />
investir dans les questions liées à la finance.<br />
Mais dans un esprit là aussi plus orienté vers<br />
les questions de transition ?<br />
E. M : Oui et c’est notre troisième priorité. Nous investissons<br />
40 millions d’euros sur quatre ans dans la finance<br />
et en particulier la finance climatique. Concrètement,<br />
notre centre de recherche dédié met ses travaux au<br />
service des investisseurs pour leur permettre de mieux<br />
prendre en compte les enjeux climatiques dans leurs<br />
politiques d’investissement. L’EDHEC Infra & Private<br />
Assets Research Institute analyse quant à lui des<br />
milliers de projets d’infrastructures dans le monde<br />
pour évaluer l’impact du changement climatique sur<br />
la valeur de ces infrastructures. Dans une logique de<br />
recherche utile, les startups scientifiques issues de<br />
ces centres de recherche développent et vendent des<br />
outils à destination de l’industrie financière.<br />
Edhec BS<br />
Une vue du campus lillois de l’Edhec<br />
O. R : Dans votre stratégie il y aussi la<br />
volonté de développer votre dimension<br />
digitale avec EDHEC Online et surtout avec<br />
l’utilisation des intelligences artificielles<br />
génératives (IAG).<br />
E. M : EDHEC Online doit représenter 10% de notre<br />
activité à terme. Nous créons par ailleurs EDHEC IA - et<br />
y investissons 20 millions d’euros - pour nous emparer<br />
de ces technologies. Nous allons même prendre la tête<br />
de la commission IA de l’alliance FOME, qui nous lie notamment<br />
à Imperial College, ESMT Berlin ou encore Johns<br />
Hopkins. Les outils évoluent très vite. Déjà les robots<br />
teaching assistants fonctionnent très bien. Un étudiant<br />
peut par exemple demander à une IA à laquelle on a fourni<br />
tous les supports d’un cours, de produire un quiz, plus<br />
ou moins compliqué et d’expliquer les difficultés. Sous<br />
la supervision d’un professeur, il est possible avec les<br />
IA de créer des études de cas avec des données très<br />
larges et de réagir dans un temps record. Sans oublier<br />
les corrections de copie.<br />
Demain pourquoi pas envisager des cours 100% IA,<br />
comme les journaux télévisés que diffuse la plateforme<br />
Channel1.ia, en utilisant des avatars et ce dans toutes<br />
les langues ? Déjà, des start up imaginent créer dans<br />
les deux ou trois prochaines années des universités<br />
pour enseigner à 10 000 étudiants avec seulement 20<br />
collaborateurs. Nous devons être prêts à relever le défi,<br />
tout en étant conscients des limites actuelles des IA qu’il<br />
faut entraîner et perfectionner.<br />
25
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
O. R : Les écoles de management<br />
s’interrogent beaucoup aujourd’hui sur<br />
leur modèle économique. L’Edhec est une<br />
association à but non lucratif et entend bien<br />
le rester ?<br />
E. M : Des écoles laissent entrer des fonds à leur capital<br />
car elles manquent de moyens. Or, faire appel à des<br />
investisseurs privés implique de renoncer à son autonomie<br />
et à se focaliser prioritairement sur la rentabilité.<br />
Et comment affirmer qu’on sert l’intérêt général quand<br />
les frais de scolarité payés par les élèves et les familles<br />
rémunèrent des actionnaires ?<br />
Ce n’est pas ce que je veux pour l’EDHEC, l’éducation<br />
n’est pas un bien comme les autres. Notre école est bien<br />
gérée depuis 120 ans. Notre modèle économique est de<br />
s’appuyer sur la création de start up comme Scientific<br />
Beta, que nous avons vendue 200 millions d’euros en<br />
2020 au bénéfice de la fondation EDHEC. Comme nos<br />
grandes consœurs américaines, nous comptons également<br />
sur la philanthropie, grâce à notre fondation qui<br />
lève de plus en plus (5 millions cette année) et sur un<br />
réseau de diplômés qui croient dans leur école.<br />
O. R : Pas question donc de racheter une<br />
autre école. Le modèle de l’Edhec c’est avant<br />
tout des alliances ?<br />
E. M : Oui, même si nous ne sommes fermés à aucune<br />
option. Mais à Nice, nous avons par exemple noué un<br />
partenariat avec l’école d’ingénieurs Eurecom, très<br />
en pointe dans le domaine de la recherche en IA et en<br />
Telecom. A l’international, nous sommes partenaires<br />
de nombreuses institutions prestigieuses, telles que<br />
Haas Business School à Berkeley ou Imperial College,<br />
au sein de la filière GETT du programme Grande école.<br />
Chaque année plus de 200 élèves peuvent aller étudier<br />
en Californie, qu’ils soient issus du PGE ou de notre<br />
programme BBA. Nous nous projetons ainsi sur les<br />
campus de grandes universités internationales de façon<br />
efficace, performante et flexible.<br />
O. R : La question du financement de<br />
l’apprentissage et, plus largement, du<br />
développement de l’enseignement supérieur<br />
privé lucratif a beaucoup occupé les esprits<br />
ces derniers mois. Comment jugez-vous<br />
l’évolution du paysage de l’ESR sur ces<br />
questions ?<br />
E. M : La baisse du financement de l’apprentissage<br />
est un sujet de préoccupation majeure pour tous nos<br />
établissements, alors même que cette filière est un véritable<br />
levier de recrutement pour les jeunes défavorisés.<br />
L’Edhec se bat pour préserver ses filières en apprentissage,<br />
mais le fait que dans le même temps des officines<br />
privées s’engouffrent dans les financements rendus<br />
possibles par l’Etat brouille clairement la cohérence de<br />
la politique mise en place. C’est un terrible gâchis pour<br />
les familles. Nous poursuivons en parallèle notre politique<br />
ambitieuse de bourses, avec chaque année plus de 10<br />
millions d’euros de bourses distribuées pour soutenir<br />
nos étudiants les plus modestes.<br />
O. R : Et une dernière question sur les<br />
concours des écoles. Cette année encore<br />
vous maintenez un large écart en votre<br />
faveur vis-à-vis de emlyon BS dans les<br />
choix des candidats issus de classes<br />
préparatoires. Comment analysez-vous<br />
cette performance réitérée maintenant<br />
depuis quatre ans ?<br />
E. M : Les résultats du dernier classement SIGEM<br />
confortent la position solidement établie de l’Edhec en<br />
tant que 4e école de commerce en France. Ils viennent<br />
valider l’excellence académique et la stratégie à long<br />
terme de l’école. Son modèle indépendant, fondé sur la<br />
recherche utile, est vertueux financièrement et bénéficie<br />
en premier lieu aux étudiants. Les candidats plébiscitent<br />
l’Edhec parce que ses programmes répondent à leurs<br />
aspirations et à leur recherche d’impact sociétal. A travers<br />
l’ensemble de nos dispositifs pédagogiques, notre<br />
mission prioritaire est de « former à transformer ».<br />
Une salle de repos de l’Edhec<br />
Edhec BS<br />
26
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS GROS PLAN<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Alain Joyeux<br />
PRÉSIDENT DE L’APHEC<br />
Laurence Fort-Rioche<br />
RESPONSABLE DU CONTINUUM DU PGE DE RENNES SB<br />
Rennes SB crée un poste de responsable du continuum<br />
CPGE / Grandes écoles : que faut-il en attendre ?<br />
Rennes SB vient de créer le poste de<br />
responsable du continuum classes<br />
préparatoires pour le Programme<br />
Grande École, confié à Laurence Fort-<br />
Rioche. Une nouvelle qui ne pouvait que<br />
réjouir le président de l’Association des<br />
professeurs de classes préparatoires<br />
économiques et commerciales (Aphec),<br />
Alain Joyeux. Entretien croisé.<br />
Olivier Rollot : Laurence Fort-Rioche,<br />
expliquez-nous ce que le poste de<br />
responsable du continuum classes<br />
préparatoires pour le Programme Grande<br />
École que vous occupez et que vous créez<br />
même – il est unique dans les écoles –<br />
représente pour Rennes SB ?<br />
Laurence Fort-Rioche : Il y a toujours eu des relations<br />
très fortes entre Rennes SB et les classes préparatoires.<br />
En créant ce poste, il s’agit pour nous de confirmer ce<br />
lien essentiel, mais ce n’est pas seulement symbolique.<br />
Il s’agit d’accroitre encore nos relations avec les élèves<br />
de classes préparatoires qui représentent plus de 90%<br />
des étudiants en première année de notre Programme<br />
Grande école (PGE) et, bien sûr, avec leurs professeurs.<br />
Je me rends très souvent et depuis longtemps<br />
dans les classes prépas et je coordonne, depuis plusieurs<br />
années, un summer camp à Rennes pour leurs élèves.<br />
J’ai un attachement fort à cette formation.<br />
Nous allons continuer d’élargir notre réflexion sur le<br />
continuum, initier de nouvelles actions pour accompagner<br />
plus efficacement encore la transition vers le<br />
programme Grande école. Je suis d’ailleurs également<br />
référente académique de l’école sur les questions de<br />
transition environnementale et sociétale, et ce n’est<br />
peut-être pas un hasard. Les transitions sont multiples,<br />
complexes, y faire face demande un large spectre de<br />
connaissances et de compétences qui s’acquièrent dès<br />
la classe préparatoire.<br />
Alain Joyeux : Je souhaiterais que toutes les écoles<br />
s’inspirent de Rennes SB. Le summer camp que vous<br />
venez d’évoquer rencontre un gros succès. Cette initiative<br />
fait vivre le continuum et aide les élèves comme<br />
les professeurs à briser la barrière psychologique qui<br />
subsiste encore parfois entre les classes préparatoires<br />
et les Grandes écoles. Ces dernières années, l’action<br />
de l’Aphec s’est largement concentrée sur cette notion<br />
de continuum, puisque l’accès aux Grandes écoles de<br />
management est la principale raison d’être des CPGE<br />
EC Ainsi, nous montrons bien qu’il s’agit d’une filière de<br />
bac à bac+5 jusqu’au master 2. Les synergies évoquées<br />
vont -elles aussi dans ce sens de former en cinq ans des<br />
étudiants disposant de fortes et larges compétences<br />
tout en ayant la capacité à les hybrider au service de<br />
l’action et de l’innovation.<br />
Le marketing évolue<br />
Le cours de marketing<br />
de première année du<br />
Programme Grande école<br />
de Rennes SB a évolué au fil<br />
des échanges avec les élèves.<br />
Il s’appelle aujourd’hui<br />
« Critical Thinking for<br />
Responsible Marketing<br />
and Desirable Futures ».<br />
« Envisager le marketing<br />
avec un esprit critique,<br />
c’est être réaliste face aux<br />
enjeux contemporains mais<br />
c’est aussi se nourrir de la<br />
richesse des échanges que<br />
je peux avoir avec les élèves<br />
de classes préparatoires<br />
qui ont un regard neuf,<br />
avec qui j’apprécie<br />
de débattre de sujets<br />
historiques ou de société<br />
et qui nous challengent<br />
beaucoup », estime<br />
Laurence Fort-Rioche.<br />
29
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
GROS PLAN<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
O. R : Vous avez évoqué le summer camp que<br />
Rennes SB organise chaque année pour des<br />
élèves de classes préparatoires. Pouvezvous<br />
nous en dire plus ?<br />
L. F-R : Chaque année, en coopération avec l’Aphec,<br />
nous invitons cinquante élèves de classes préparatoires<br />
de la France entière, pendant quatre jours, pour découvrir<br />
ce qu’est une école de management. Depuis son<br />
lancement il y a quatre ans, nous mettons en avant les<br />
questions de responsabilité sociale et environnementale<br />
(RSE) des organisations au centre de ce séminaire, en<br />
parallèle d’un focus sur l’innovation et l’entrepreneuriat.<br />
Des alumni ainsi que des professeurs de l’école et de<br />
classes préparatoires viennent partager leur vision. Un<br />
professeur du lycée Saint-Vincent de Rennes intervient<br />
sur la finance durable pour faire comprendre que face<br />
aux transitions contemporaines, les notions de responsabilité<br />
et d’impact sont centrales. Cela fait écho à un<br />
projet sur la finance durable que nous menons avec les<br />
classes préparatoires rennaises et, pour l’année à venir,<br />
avec le lycée Henri IV à Paris et Sorbonne Université sur<br />
l’achat d’actions dans un portefeuille durable.<br />
Ce summer camp est une occasion unique pour les élèves<br />
de se plonger dans le monde de l’entreprise, car tous<br />
n’ont pas l’opportunité de faire ce type de rencontres.<br />
De plus, un challenge dédié à la création d’une projet<br />
d’innovation responsable dans le domaine de la mode<br />
permet aux participants de relier apports conceptuels<br />
et mise en pratique. Ce sont quatre jours très intenses<br />
qui débouchent sur un pitch devant un jury. Nous faisons<br />
aussi le lien entre des approches pédagogiques variées,<br />
toujours dans l’esprit “Unframed” qui nous caractérise et<br />
avec à cœur la créativité, l’innovation et les connexions<br />
au centre de notre stratégie.<br />
O. R : Il faut encore mieux montrer le<br />
continuum CPGE / Grandes écoles. C’est ce<br />
que demande l’Aphec ?<br />
A. J : Quelques écoles se sont lancées dans des actions<br />
comparables, notamment TBS Education. Ce qui est<br />
particulièrement intéressant, c’est de faire venir et faire<br />
participer dans ces séminaires des élèves de toute la<br />
France, de proximité comme des grandes prépas parisiennes<br />
: la diversité est fertile pour tous ! Une école ce<br />
n’est pas que son classement Sigem ! Elles ont toutes<br />
des éléments passionnants à faire partager. Que l’on<br />
puisse suivre des cours de géopolitique, de RSE, etc.<br />
cela montre bien à nos élèves que ce qu’ils apprennent<br />
en prépa ne sert pas uniquement lors des concours. Il<br />
faut absolument décloisonner les disciplines.<br />
Rennes SB<br />
Par ailleurs, une cinquantaine de classes préparatoires<br />
ont initié des immersions en entreprise en première<br />
année. Les élèves n’ont pas beaucoup d’ouverture sur<br />
le monde professionnel et le summer camp en est une.<br />
Et même si l’on se place dans une dimension utilitariste,<br />
cela leur servira pour passer demain des entretiens de<br />
motivation. Enfin, la participation de professeurs de<br />
prépas montre bien la complémentarité et la cohérence<br />
du parcours CPGE – Grandes écoles.<br />
L. F-R : Nous avons fait évoluer notre cursus de première<br />
année du programme Grande école pour être plus<br />
en phase avec le calendrier des élèves de prépas. Les<br />
quatre parcours au choix commencent maintenant au<br />
second semestre pour que les élèves puissent prendre<br />
pied au premier, avancent dans leurs connaissances<br />
des matières qui sont nouvelles pour eux et puissent<br />
choisir leurs électifs en connaissance de cause. Les<br />
heures de géopolitique du tronc commun ont également<br />
été doublées. Des conférences pointues sur des sujets<br />
contemporains, toujours en lien avec les transitions, vont<br />
ponctuer plus régulièrement encore la première année.<br />
O. R : Cet esprit critique, on l’acquiert en<br />
classe préparatoire ?<br />
A. J : Nous formons nos élèves à avoir un esprit critique.<br />
Dire « au fond la prépa c’est l’abstraction et les écoles<br />
la technique » c’est faux ! Les programmes de prépas<br />
ne consistent pas en du bachotage, mais bien à une<br />
ouverture sur toutes les grandes problématiques du<br />
monde contemporain comme par exemple la transition<br />
écologique. L’ambition est de faire de nos étudiants des<br />
acteurs capables d’analyse critique, d’imagination et<br />
de responsabilité. C’est pourquoi la plupart des écoles<br />
veulent absolument continuer à recruter des jeunes<br />
issus de prépa, elles souhaitent même en recruter plus<br />
qu’aujourd’hui !<br />
Un des bâtiments du<br />
campus de Rennes SB<br />
30
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS GROS PLAN<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
L. F-R : Comme je l’ai évoqué, cet esprit critique est<br />
essentiel et, je le dis souvent aux étudiants, être à même de<br />
raisonner, d’analyser, de forger un jugement, de réfléchir<br />
par soi-même, d’avoir une approche systémique sont des<br />
atouts à vie, des compétences incontournables face aux<br />
défis contemporains. Je suis tout à fait d’accord avec<br />
Alain Joyeux. C’est une des passerelles de ce continuum<br />
entre classes préparatoires et écoles de management.<br />
O. R : Une question plus large. Pourquoi tant<br />
d’élèves de classes préparatoires préfèrent<br />
chaque année, après leur concours, ne pas<br />
entrer dans une école et cuber voire prendre<br />
une autre direction ?<br />
A. J : Faute d’information, trop d’élèves ne considèrent<br />
que les écoles du haut du tableau. Comme je l’ai déjà<br />
indiqué, il y a un gros travail à faire pour les convaincre<br />
qu’une école de management ce n’est pas qu’un classement<br />
Sigem. Or, beaucoup considèrent qu’entrer dans<br />
la dixième école du classement c’est obtenir HEC-10 ou<br />
plus loin HEC-15. C’est un défi pour les écoles de montrer<br />
leur projet, leur singularité. Il n’y a pas de fatalité pour<br />
que les écoles au-delà du la 15ème place ne remplissent<br />
pas les places qu’elles ouvrent.<br />
Le risque, c’est qu’à terme les classes préparatoires<br />
ne conduisent qu’à un nombre de plus en plus faible<br />
d’écoles et que la tutelle n’accepte pas qu’un système<br />
soit réduit à travailler avec six ou sept écoles seulement.<br />
Il faut convaincre les élèves qu’une école qui n’est pas<br />
positionnée dans le top 15 en vaut pourtant la peine.<br />
L. F-R : Cette année lors des oraux, j’ai rencontré des<br />
élèves qui étaient venus auparavant à notre summer<br />
camp. Ils m’ont dit combien cette expérience leur avait<br />
redonné le goût de poursuivre leurs objectifs. Je cite un<br />
étudiant : « J’ai compris ce que m’apportait tout ce que<br />
j’apprenais en classe préparatoire et le lien très fort<br />
entre ces connaissances et les études en école de<br />
management ». Il est nécessaire de réaffirmer que les<br />
compétences acquises en classes préparatoires ont<br />
toute leur place dans les écoles, qu’elles constituent<br />
un socle solide et précieux.<br />
La campagne « Prépare toi » qu’a lancée la Conférence<br />
des directeurs des écoles françaises de management<br />
(Cdefm) avec l’Aphec cette année, montre justement<br />
qu’il n’y a pas deux temps totalement distincts mais<br />
une progression que nous devons rendre la plus fluide<br />
possible. J’ai d’ailleurs en tête différents projets qui<br />
seront mis en œuvre dans les mois à venir pour rendre<br />
plus tangible encore ce continuum<br />
A. J : Nous continuons à travailler sur tous ces sujets<br />
avec la Cdefm et nous appelons toutes les écoles, pas<br />
seulement celles du très haut de tableau, à se joindre à<br />
nous pour participer aux diverses réflexions conjointes<br />
qui sont menées sur les évolutions de la filière. Nous<br />
sommes convaincus que l’avenir de la filière est dans<br />
le continuum qu’il faut rendre plus lisible. Je veux aussi<br />
remercier chaleureusement le BNEM (Bureau national<br />
des étudiants en école de management) qui nous apporte<br />
une aide essentielle et précieuse dans les salons<br />
de l’enseignement supérieur et dans divers forum pour<br />
promouvoir la filière CPGE-GE.<br />
Un des bâtiments du<br />
campus de Rennes SB<br />
Rennes SB<br />
31
L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Comment se portent<br />
les étudiants ?<br />
Plus des deux tiers des étudiants se disent globalement satisfaits de leur état de santé,<br />
64 % des étudiant satisfais de leurs études, cependant, seulement un tiers se sentent intégrés<br />
dans leur établissement selon l’Observatoire de la vie étudiante.<br />
L’Observatoire de la vie étudiante<br />
présente petit à petit les résultats<br />
de sa 10e enquête nationale<br />
sur les conditions de vie des<br />
étudiant en France. Autant de chiffres<br />
cruciaux à retenir pour des établissements<br />
de plus en plus soucieux de faire<br />
vivre une expérience étudiante optimale.<br />
C’est pour répondre à cet objectif que<br />
HEADway Advisory organise, les 19 et<br />
20 novembre prochains à Paris, le premier<br />
Salon de l’expérience étudiante.<br />
L’objectif de ce salon B to B est de faire<br />
se rencontrer, d’un côté les directeurs<br />
d’écoles, présidents d’université, responsables<br />
de campus, de la vie étudiante, de<br />
l’autre les acteurs de la santé, du logement,<br />
de l’organisation des campus ou<br />
encore des Edtech.<br />
Satisfaction et inégalités<br />
d’orientation<br />
28 % des étudiants de première année<br />
déclarent ne pas s’être inscrits dans leur<br />
choix de formation favori. Ce problème<br />
est plus fréquent chez les étudiant de STS<br />
(35 %), où la part d’étudiantes et étudiants<br />
d’origines populaires est la plus importante,<br />
que chez celles et ceux des classes<br />
préparatoires (15%) largement issus des<br />
classes supérieures. Une satisfaction qui<br />
est également liée aux difficultés scolaires<br />
: 88 % des étudiants sans difficultés se<br />
disent satisfaits contre 58 % de ceux qui<br />
en ont rencontré.<br />
Usage des technologies<br />
numériques et inégalités<br />
La crise sanitaire a accéléré l’usage des<br />
cours en visioconférence, 62 % des étudiants<br />
déclarent encore en suivre, souvent<br />
ou ponctuellement, en 2023. Les écoles<br />
de commerce y ont largement recours (85<br />
% de leurs étudiants interrogés).<br />
L’usage des outils numériques crée également<br />
des inégalités : les étudiants issus<br />
de milieux populaires rencontrent<br />
plus de difficultés avec les outils numériques<br />
(14 % contre 7 % des enfants de<br />
Excelia BS<br />
cadres). Ces difficultés sont souvent liées<br />
à un accès limité à du matériel informatique<br />
à usage exclusif et à un environnement<br />
d’étude adapté.<br />
Une stabilité des<br />
ressources étudiantes mais<br />
d’importantes situations de<br />
précarité<br />
Les étudiants dépendent principalement<br />
de trois sources de revenus : la famille<br />
(41 % des ressources totales), l’emploi (27<br />
%) et les aides publiques (25 %). Et justement<br />
le taux d’emploi étudiant a retrouvé<br />
son niveau d’avant la crise sanitaire : 44<br />
% en 2023. Cependant, il existe des disparités<br />
entre les emplois liés aux études<br />
(10 % des étudiants), qui ont un effet positif,<br />
et les emplois non liés (25 % des<br />
Heureux comme un étudiant à La Rochelle !<br />
étudiants) qui peuvent concurrencer les<br />
études avec des conséquences potentiellement<br />
négatives. Les étudiants qui travaillent<br />
à côté de leurs études à mi-temps<br />
ou plus perdent ainsi en moyenne 4 heures<br />
de cours et 4 heures de travail personnel<br />
par semaine.<br />
Quel que soit le type d’activité rémunérée,<br />
60 % des étudiants estiment que leur activité<br />
rémunérée leur est indispensable pour<br />
vivre et 30 % déclarent ne pas pouvoir<br />
mener d’études sans l’exercice de celle-ci.<br />
Précarité étudiante<br />
Environ 9 % des étudiants ont eu recours<br />
en 2023 à des aides alimentaires, et 19 %<br />
déclarent avoir des difficultés financières<br />
graves, comme ne pas pouvoir subvenir<br />
à leurs besoins de base (loyer, alimentation,<br />
énergie). Les étudiants de natio-<br />
32
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
DÉBAT<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Les équipements disponibles au domicile des étudiantes<br />
et étudiants selon l’origine sociale (Tableau OVE)<br />
nalité étrangère sont particulièrement<br />
vulnérables (40 % déclarent des difficultés<br />
financières). Les boursiers et les<br />
étudiants en emploi sont également plus<br />
exposés à la précarité, en raison de l’inflation.<br />
Comme le souligne le président<br />
de l’université Aix-Marseille, Éric Berton,<br />
dans son entretien de rentrée : « Depuis<br />
le Covid, nous n’avons pas arrêté<br />
les distributions alimentaires sur les<br />
sites. À titre d’exemple, une association<br />
externe qui pendant le Covid, distribuait<br />
100 à 120 colis, est passée aujourd’hui<br />
à 150-170 colis rien qu’à Luminy. Il y a<br />
des étudiants qui ont vraiment faim ou<br />
qui n’ont pas suffisamment pour joindre<br />
les deux bouts. Pour accompagner les<br />
jeunes, nous avons embauché des assistants<br />
sociaux ».<br />
L’autonomie résidentielle au<br />
prix d’une dégradation des<br />
conditions de logement<br />
Seul un tiers des étudiants vit chez leurs<br />
parents. La décohabitation devient majoritaire<br />
à partir de 19 ans, mais seulement<br />
10 % vivent dans des résidences CROUS<br />
et 6 % dans des résidences privées. La<br />
majorité (67 %) doit se tourner vers la location<br />
privée, souvent à des coûts élevés,<br />
notamment à Paris où les loyers sont les<br />
plus chers (636 € en moyenne contre 413<br />
euros en moyenne ailleurs en France).<br />
Les étudiants font face à des conditions<br />
de logement contrastées. 11 % d’entre<br />
eux rencontrent de grandes difficultés,<br />
un chiffre plus élevé chez ceux vivant en<br />
résidence CROUS (18 %). Les principaux<br />
problèmes évoqués sont le manque d’espace<br />
(56 %), l’insalubrité et l’accessibilité.<br />
En location privée, le montant du loyer<br />
est la principale difficulté, particulièrement<br />
pour 45 % des étudiants.<br />
Une situation française plus difficile que<br />
dans le reste de l’Europe. Selon l’enquête<br />
The Student Living Monitor <strong>2024</strong> (SLM)<br />
de The Class Foundation seulement 67 %<br />
des étudiants en France ont réussi à obtenir<br />
le logement de leur choix, contre une<br />
moyenne européenne de 75 %.<br />
33
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
DÉBAT<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Un état de santé globalement satisfaisant.<br />
Si en 2023, plus d’un tiers (36 %)<br />
des étudiants montraient des signes de<br />
détresse psychologique, c’est une légère<br />
amélioration par rapport à 2021, mais encore<br />
au-dessus des niveaux de 2020 (30<br />
%). Cette détresse varie en fonction des<br />
conditions de vie, avec une prévalence<br />
plus élevée chez les étudiants d’origine<br />
sociale populaire (41 %), de nationalité<br />
étrangère (42 %), et chez les femmes<br />
(44 %).<br />
Malgré ces fragilités psychologiques, plus<br />
des deux tiers des étudiants se disent globalement<br />
satisfaits de leur état de santé.<br />
Si 82 % ont consulté un médecin généraliste<br />
en 2023, 34 % ont renoncé à des<br />
soins pour des raisons financières, un<br />
chiffre stable depuis 2020. Ce renoncement<br />
touche particulièrement les femmes<br />
(38 %), les étudiants d’origine populaire<br />
(39 %), de nationalité étrangère (57 %),<br />
ainsi que les plus âgés (47 % chez les 24<br />
ans et plus).<br />
VSS : l’alcool facteur<br />
aggravant<br />
Alors que, depuis leur arrivée dans l’enseignement<br />
supérieur, 9% des hommes,<br />
24% des femmes et 33% des personnes<br />
transgenres/non binaires/queer déclarent<br />
avoir subi au moins une tentative d’agression<br />
sexuelle, une agression sexuelle, une<br />
tentative de viol ou un viol, l’alcool est<br />
présent dans plus de la moitié des violences<br />
sexuelles selon l’étude menée par la<br />
Mission interministérielle de lutte contre<br />
les drogues et les conduites addictives. 67<br />
000 étudiants et élèves de grandes écoles<br />
ont été interrogés entre 2023 et <strong>2024</strong> pour<br />
cette enquête intitulée Violences sexistes<br />
et sexuelles dans l’enseignement supérieur<br />
en France : un focus sur l’alcool et<br />
le cannabis, conduite en partenariat avec<br />
le ministère de l’Enseignement Supérieur<br />
et de la Recherche.<br />
Les femmes restent les plus concernées<br />
avec 71,4 % du total des victimes de VSS.<br />
Une proportion importante de victimes<br />
indique avoir subi ces agressions à plusieurs<br />
reprises dans plus d’un cas sur<br />
deux pour les agressions sexuelles (ou<br />
tentatives) et dans un peu moins de la<br />
moitié des viols (ou tentatives). Selon les<br />
estimations des victimes, l’auteur avait<br />
consommé de l’alcool dans près de 62 %<br />
des tentatives d’agression sexuelle, 56 %<br />
des agressions sexuelles, 42 % des tentatives<br />
de viol et 43 % des viols.<br />
Les difficultés liées au logement<br />
selon le type de logement (Tableau OVE)<br />
SEMAINES D’INTÉGRATION :<br />
l’Observatoire des violences sexistes<br />
et sexuelles dans l’enseignement supérieur dénonce<br />
Plus d’1 étudiant sur 3 ne se sent pas<br />
en sécurité lors des événements festifs<br />
et plus d’1 sur 4 ne se sent pas en sécurité<br />
lors des événements d’intégration.<br />
C’est ce qu’a révélé le rapport Derrière<br />
les rites étudiants : enquête sur les événements<br />
d’intégration dans l’enseignement<br />
supérieur français de l’Observatoire des<br />
violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement<br />
supérieur :<br />
• plus d’1 étudiant sur 10 (11%) déclare<br />
avoir subi du bizutage (et plus d’1 étudiant<br />
sur 8 (13,8%) dans les écoles et<br />
instituts ;<br />
• plus de la moitié des répondants (56,1%)<br />
pense que les événements d’intégration<br />
peuvent aggraver les violences sexistes<br />
et sexuelles ;<br />
• près d’1 femme ou personne sur le<br />
spectre de la non-binarité sur 5 a choisi<br />
de ne pas se rendre à un événement d’intégration<br />
à cause de la consommation<br />
d’alcool ou de drogues illicites ;<br />
• plus d’1 répondant sur 3 a été victime ou<br />
témoin d’au moins une violence sexiste<br />
ou sexuelle lors des événements d’intégration,<br />
et ce chiffre monte à plus de 60%<br />
concernant les femmes et personnes sur<br />
le spectre de la non-binarité ;<br />
• plus d’1 répondant sur 20 a été victime<br />
d’agression sexuelle ;<br />
• 1 victime d’agression sexuelle sur 6 a été<br />
agressée la première semaine de sa première<br />
année d’étude ;<br />
• dans plus d’1 cas sur 10, les agresseurs<br />
sont des organisateurs de l’événement.<br />
Enfin a moitié des répondant (54,7%) pense<br />
que les auteur de violences ne sont jamais<br />
punis, et plus de 8 répondant sur 10 estiment<br />
que les mesures prises contre les accusé<br />
sont superficielles.<br />
34
L’ESSENTIEL DU SUP<br />
PRÉPAS<br />
DÉBAT<br />
OCTOBRE <strong>2024</strong> N° 84<br />
Pour leur part, les victimes déclarent avoir<br />
consommé de l’alcool dans 47,5 % des<br />
tentatives d’agression sexuelle, 44 % des<br />
agressions sexuelles, 35% des tentatives<br />
de viol et 37 % des viols. Près d’une victime<br />
de viol ou de tentatives sur quatre<br />
rapporte avoir consommé cinq verres d‘alcool<br />
ou davantage. 23 % des victimes de<br />
viol (ou tentatives) et 16 % des victimes<br />
d‘agression sexuelle (ou tentatives) indiquent<br />
par ailleurs que l‘auteur avait tenté<br />
de modifier leur état de conscience au<br />
moyen d‘alcool ou d‘autres substances<br />
pour avoir un avantage sur elles.<br />
S’agissant du cannabis, 3 % à 6 % des<br />
victimes déclarent en avoir consommé<br />
avant les faits, et 8 % à 13 % estiment que<br />
c’était le cas de l’auteur. Concernant les<br />
autres drogues, elles avaient été consommées<br />
par 2,3 % des victimes d’agression<br />
sexuelle (ou tentative), et par près de 3,5<br />
% des victimes de viol (ou tentatives).<br />
Bien que très marginales ( de 1 %), la<br />
MDMA / ecstasy, les benzodiazépines<br />
et autres médicaments sont cités.<br />
Telechargez votre invitation gratuite<br />
pour le salon de l’experience etudiante<br />
HEADway Advisory et RPI organisent<br />
les 19 et 20 novembre le premier Salon de<br />
l’expérience étudiante (SEE), salon réservé<br />
aux professionnels de l’enseignement<br />
supérieur, à la Cité internationale universitaire<br />
de Paris. La plateforme d’inscription<br />
est maintenant ouverte pour y<br />
télécharger votre invitation gratuite.<br />
Dans trois villages thématiques seront représentés<br />
l’ensemble des acteurs de l’expérience<br />
étudiante :<br />
• sur le « village campus » les professionnels<br />
de l’immobilier, de l’aménagement<br />
comme des espaces de vie présenteront<br />
leurs solutions pour faire vivre<br />
les campus. ;<br />
• sur le « village service » ce sont les acteurs<br />
de la santé, de la prévention, de<br />
l’emploi et des stages qui seront là pour<br />
apporter leur expertise ;<br />
• le village « tech » présentera les solutions<br />
digitales aux questions que se<br />
posent les professionnels de l’enseignement<br />
supérieur.<br />
Lors des conférences seront abordées des<br />
thématiques telles « Expérience étudiante :<br />
définition, éclairage et enjeux », « Engager<br />
les générations Z et Alpha », « Le campus<br />
de demain », « Les étudiants internationaux<br />
», « Expérience étudiante et alternance<br />
», « Santé, bien-être », etc.<br />
vocation professionnelle et de l’alternance<br />
(Ceespa), la Cdefi (Conférence des directeurs<br />
des écoles françaises d’ingénieurs),<br />
France Universités, l’EFMD (European<br />
Foundation For Management Development),<br />
la Fesic (Fédération des établissements<br />
d’enseignement supérieur d’intérêt<br />
collectif), EdTech France, la Fnege (Fondation<br />
nationale pour l’enseignement de<br />
la gestion des entreprises), l’Union des<br />
Grandes écoles indépendantes (UGEI),<br />
l’Association des professeurs de classes<br />
préparatoires économiques et commerciales<br />
(APHEC) et le BNEM (Bureau national<br />
des élèves en école de management).<br />
Le Salon de l’expérience étudiante est organisé<br />
en partenariat avec la Conférence<br />
des Grandes écoles (CGE), la Conférence<br />
des directeurs des écoles françaises de management<br />
(Cdefm), la Conférence des établissements<br />
d’enseignement supérieur à<br />
C’est dans le bâtiment<br />
principal de la Cité<br />
internationale universitaire de<br />
Paris que se tiendra le Salon<br />
de l’expérience étudiante<br />
avec la participation de<br />
professeurs de classes<br />
préparatoires et de proviseurs<br />
Igor-Stefan<br />
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