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LA VOIX DES JUSTES

Du 21 janvier au 20 février 2025, la Ville de Levallois propose, en partenariat avec le Comité français pour Yad Vashem, une exposition « La voix des Justes » mettant en lumière les Justes parmi les Nations.

Du 21 janvier au 20 février 2025, la Ville de Levallois propose, en partenariat avec le Comité français pour Yad Vashem, une exposition « La voix des Justes » mettant en lumière les Justes parmi les Nations.

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D O S S I E R P É D A G O G I Q U E

LA VOIX

DES JUSTES

U N E E X P O S I T I O N D U C O M I T É F R A N Ç A I S P O U R

Y A D V A S H E M

E N P A R T E N A R I A T A V E C L A V I L L E D E

L E V A L L O I S

D u 2 1 j a n v i e r a u 2 0 f é v r i e r 2 0 2 5

s u r l e s g r i l l e s d e l ’ H ô t e l d e V i l l e


LA VOIX DES JUSTES

Du 21 janvier au 20 février 2025, la Ville de

Levallois propose, en partenariat avec le Comité

français pour Yad Vashem, une exposition « La

voix des Justes » mettant en lumière les Justes

parmi les Nations.

Vous pourrez ainsi découvrir avec vos élèves 22

panneaux installés sur les grilles de l’hôtel de ville

pour raconter l’histoire de héros de l’ombre qui

ont risqué leur vie afin de sauver celles de juifs en

danger pendant la seconde guerre mondiale.

15 panneaux présenteront Yad Vashem et des

Justes parmi les Nations de France

4 panneaux feront un focus sur les Justes dont

l’histoire est liée à Levallois

1 panneau présentera un enfant caché de

Levallois

1 panneau sera dédié aux déportés de Levallois

En rédigeant ce dossier pédagogique, nous

sommes de toute évidence conscients que, si

nous ne pouvons pas aborder le sujet des Justes

parmi les Nations sans parler de la Shoah, nous

devons adapter le discours pour nous mettre à

hauteur d’enfants.

Nous allons donc vous apporter un maximum de

clés pour accompagner vos élèves avant de

découvrir cette exposition.

« En honorant ceux

qui ont refusé de se

plier à la fatalité de

la volonté

exterminatrice de

l’idéologie nazie, la

médaille des Justes

contribue à rétablir

l’Histoire dans sa

vérité. »

Simone Veil

La Voix des

Justes 02


SOMMAIRE

LE CONTEXTE

HISTORIQUE

LA PERSÉCUTION DES

JUIFS

LES JUSTES PARMI LES

NATIONS

LE COMITÉ FRANÇAIS

POUR YAD VASHEM

L’HISTOIRE D’EHUD LOEB,

ENFANT CACHÉ

LEXIQUE

SUGGESTIONS DE

LIVRES ET FILMS

RESSOURCES

04

13

16

19

24

35

36

45

APRÈS LA VISITE DE

L’EXPOSITION

46

La Voix des

Justes 03


LE CONTEXTE

HISTORIQUE

Cette exposition aura lieu au moment où nous célébrerons les 80

ans de la libération des camps. En effet, le 27 janvier 1945, le

camp d’Auschwitz a été libéré par l’armée rouge.

La Seconde Guerre mondiale est un conflit sans précédent dans

l'histoire de l’humanité, qui a eu lieu entre 1939 et 1945. Elle fait

suite à la Première Guerre mondiale, qui s'est déroulée en Europe

de 1914 à 1918 et a fait 10 millions de morts, principalement parmi les

militaires. La seconde a coûté la vie à près de 50 millions de

personnes, dont plus de la moitié de civils.

Presque tous les pays sont concernés par la Seconde Guerre

mondiale. Ils sont répartis en deux camps opposés : l'Axe contre les

Alliés. Dans le premier se trouvent les pays totalitaires comme

l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le Japon. Ils sont opposés à la

Grande-Bretagne, à la France et, à partir de 1941, à leurs alliés

soviétiques et américains. Certains pays se déclarent neutres

comme la Belgique, le Danemark ou l'Espagne.

Quelles sont les causes de la guerre ?

Au sortir de la guerre de 1914-1918, les Allemands sont tenus pour

seuls responsables. Le traité de Versailles, signé en 1919, ampute le

pays de ses colonies, de l'Alsace et de la Lorraine, le prive d'une

partie de son armée, et le sanctionne de lourdes amendes. Les

Allemands, déjà ruinés par la grave crise économique en Europe, se

sentent humiliés. Désespérés, beaucoup vont faire confiance à

Hitler.

La Voix des

Justes 04


Comment Adolf Hitler arrive-t-il au pouvoir ?

Il est nommé chancelier (chef du gouvernement) en 1933. Son parti, le

parti nazi, vient de remporter les élections. Annoncé dans son livre Mein

Kampf dès 1925, son programme vise à redonner à l'Allemagne “un

espace vital” pour qu'elle retrouve sa prospérité, à combattre les

communistes et à exterminer les Juifs.

Comment Adolf Hitler arrive-t-il au pouvoir ?

Il est nommé chancelier (chef du gouvernement) en 1933. Son parti, le parti

nazi, vient de remporter les élections. Annoncé dans son livre Mein Kampf dès

1925, son programme vise à redonner à l'Allemagne “un espace vital” pour

qu'elle retrouve sa prospérité, à combattre les communistes et à exterminer les

Juifs.

Que fait-il en Allemagne ?

Hitler interdit les autres partis et impose un régime où le pouvoir est

entièrement entre ses mains. Dès 1934, il fait surveiller la population par sa

police secrète, la Gestapo. En 1935, il rétablit le service militaire (interdit par le

traité de Versailles) pour préparer une armée conquérante.

Quelle est la première conquête d'Hitler?

Il occupe l'Autriche en mars 1938 sans qu'aucune démocratie ne réagisse.

L'Autriche devient une province du III Reich, le nouvel empire allemand fondé

par Hitler. Il s'allie avec d'autres chefs d'État totalitaires, comme Benito

Mussolini, en 1939.

La Voix des

Justes 05


Pourquoi personne ne réagit face à lui ?

Les dirigeants français et anglais veulent éviter la guerre. Certains espèrent

qu'Hitler défendra l'Europe contre l'Union soviétique communiste, l'URSS. À la

conférence de Munich (1938), les dirigeants acceptent même l'annexion d'une

partie de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne, pensant préserver la paix en

Europe.

Conférence de Munich le 29 septembre 1938: au premier plan de gauche à droite: le Premier ministre britannique

Arthur Neville Chamberlain, le Français Édouard Daladier, président du Conseil, Adolf Hitler, l'Italien Benito Mussolini

et son gendre le comte Galeazzo Ciano, ministre des Affaires étrangères.

Quelle est l'attitude des Soviétiques ?

Le 23 août 1939, l'URSS signe un pacte de non-agression avec Hitler. C'est une

ruse des deux côtés : Staline n'est pas encore prêt à se battre et Hitler veut

éviter une guerre sur plusieurs fronts. Ils organisent aussi secrètement le

prochain partage de la Pologne, qu'ils vont attaquer.

Hitler et Staline

La Voix des

Justes 06


L'invasion

L'invasion de la Pologne

La Pologne est envahie par les nazis le 1er septembre 1939 sans déclaration de

guerre.

Le 17 septembre, les troupes de Staline violent à leur tour la frontière polonaise.

La Pologne est partagée entre ses deux voisins.

La Drôle de guerre

Alliés de la Pologne, le Royaume-Uni et la France exigent le retrait des

Allemands. Devant le refus d'Hitler, ils déclarent la guerre à l'Allemagne le 3

septembre. Mais, confiants dans leur système militaire de défense, ils

n'attaquent pas. C'est la « drôle de guerre », qui dure de septembre 1939 à mai

1940.

La guerre éclair

En avril, les nazis s'emparent du Danemark et de la Norvège. Le 10 mai 1940,

l'Allemagne attaque les Pays-Bas et la Belgique, deux pays neutres, pour attirer

les Alliés vers le nord.

L'invasion de la France

Les Français et les Britanniques sont rapidement encerclés autour de Lille et de

Dunkerque, et en Belgique. Devant la puissance allemande. plus de 300 000

soldats alliés sont évacués par bateaux vers l'Angleterre.

L'exode

Terrorisés, de nombreux Français partent sur les routes en voiture, en vélo ou à

pied. Le 14 juin 1940, les nazis entrent à Paris et défilent en vainqueurs sur les

Champs-Élysées.

Exode de civils français sur les routes de campagne

Le Stuka est malheureusement très vivace dans le

souvenir de l'exode, car il mitraillait les civils s'enfuyant.

La Voix des

Justes 07


Où est signé l’armistice ?

Le 22 juin 1940, l'acte qui met fin à la guerre est signé à la demande d'Hitler

dans le wagon où les Allemands avaient été obligés de reconnaître leur défaite

en 1918. C'est une revanche pour les Allemands.

Que prévoit ce texte ?

Ce texte prévoit de nombreuses choses. En échange de l'arrêt des combats, le

gouvernement français accepte le désarmement de ses troupes. L'Alsace-

Lorraine redevient une province allemande. L'armistice divise aussi le pays en

deux : une “zone occupée” complètement sous domination allemande et une

“zone libre”, au sud, qui reste sous l'autorité du maréchal Pétain. La très grande

majorité des Français subit l'Occupation sans plaisir, mais sans véritablement

réagir. Certains acceptent même de collaborer avec les nazis.

Pourquoi les français obéissent-ils à Pétain ?

Ce vieil homme de 84 ans qui dirige la France est considéré comme un héros

de la Première Guerre mondiale. Pour faire passer ses idées, il utilise la

propagande et organise le culte de sa personnalité. Mais au cours de la guerre,

il renforce sa collaboration avec les Allemands et une partie des Français

s'éloigne de lui.

La Voix des

Justes 08


Personne ne résiste à Hitler ?

En juin 1940, le Royaume-Uni est le seul pays européen qui ose défier Hitler.

Pendant des mois, les 2700 αυions allemands bombardent Londres et les

grandes villes. C'est la bataille d'Angleterre, qui dure de juin 1940 à mai 1941.

Comment les anglais vont-ils lutter ?

Guidés par le chef de leur gouvernement, le courageux Winston Churchill, les

soldats de la Royal Air Force abattent de nombreux avions allemands. Hitler

doit renoncer. Sur le plan international, Churchill se rapproche du président

américain Roosevelt et soutient Charles de Gaulle, réfugié à Londres.

Comment s’est passée la bataille d’Angleterre ?

Hitler souhaite envahir l’Angleterre mais il veut d’abord anéantir les forces

aériennes britanniques.

En septembre 1940, les bombardiers allemands larguent 7000 tonnes de

bombes sur Londres.

Les défenseurs au sol utilisent des canons et de puissants projecteurs pour

éclairer le ciel pendant la nuit.

Que fait Hitler après son invasion ratée ?

Après l'échec de la bataille d'Angleterre, Hitler rompt le traité de paix avec les

Soviétiques. Il lance 3 millions de soldats contre l'URSS car il hait les

communistes et veut envahir les territoires de l'est. C'est l'opération

“Barbarossa”, qui débute le 22 juin 1941.

L'armée allemande, la Wehrmacht, remporte des victoires mais ne parvient pas

à atteindre Moscou avant l'hiver.

Adolf Hitler dans son quartier général, pendant la préparation de l’Opération Barbarossa,

entouré de son état-major : les généraux Wilhelm Keitel, Walther Brauchitsch, et Franz

Halder.

La Voix des

Justes

09


Pourquoi Hitler veut-il exterminer les Juifs ?

Dans son livre Mein Kampf, Hitler ramène tout à une formule simple, à savoir

que « le Juif » est coupable de tout : de la défaite de l’Allemagne pendant la

Première Guerre mondiale, de la dégradation des mœurs et de la civilisation, du

déclin des prétendues « races pures » et, pour finir, de la disparition de toute

l’humanité.

Dans sa folie, le Führer compare les Juifs à des parasites dont il faut se

débarrasser. Dès 1933, les Juifs subissent des persécutions, qui s'amplifient à

partir de 1935 avec les lois de Nuremberg. Leurs magasins sont pillés, des

métiers leur sont interdits, ainsi que les mariages avec des non-juifs. En

Pologne, les Juifs sont parqués dans des quartiers spéciaux, les ghettos, où

beaucoup meurent de faim.

Quand ont lieu les premiers massacres ?

À partir de juin 1941, les troupes allemandes marchent sur l'URSS et éliminent

les Juifs des territoires conquis. Près de 800 000 sont fusillés en six mois par

des SS, soldats impitoyables dévoués à Hitler.

Au total, plus de 6 millions de Juifs ont été assassinés par le régime allemand

nazi, ses alliés et ses collaborateurs. Parmi eux, près de 3 millions ont été tués

dans des camps d'extermination.

Les Juifs sont-ils les seules victimes ?

Ils ont été la cible principale des nazis. Ces derniers s'en prennent aussi à leurs

opposants politiques, comme les socialistes et les communistes. Ils traquent

enfin les homosexuels, les noirs, les marginaux, les handicapés mentaux et les

Tziganes. Ces individus souilleraient, selon eux, la pureté de la race allemande,

qu'ils appellent “aryenne”, et qui serait supérieure à toutes les autres.

La Voix des

Justes 10


La France résistante

Si le régime régime de Vichy compose avec l'occupant, une partie des Français, refusant

la défaite, s'engage dans la voie de la résistance en rejoignant la France libre ou les

mouvements et réseaux qui se développent dans le pays.

De Gaulle, l'homme du 18 Juin

Charles de Gaulle, un militaire convaincu depuis les années 1930 qu'une armée ne peut

combattre sans blindés, refuse l'armistice et se réfugie à Londres. Le 18 juin 1940, il lance

depuis la BBC (la radio nationale anglaise) le premier appel à la résistance, tant vers la

France occupée que vers l'Empire et, en juillet, il crée le mouvement de la France libre. Il

bénéficie de l'appui de Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni, dont le pays

est toujours en guerre contre l'Allemagne.

La France libre

Réduit à quelques centaines d'hommes au départ, ce mouvement prend peu à peu de

l'ampleur grâce au ralliement d'hommes politiques et de militaires. Un certain nombre de

territoires de l'Empire français, en Afrique et dans le Pacifique notamment, le rejoignent

également. En 1941, il donne naissance à un gouvernement, le Comité national français, et

en 1942, son armée est engagée sur tous les champs de bataille, surtout en Afrique, où les

Français libres affrontent victorieusement Allemands et Italiens à Bir Hakeim (Lybie).

La Résistance intérieure

Parallèlement, des mouvements et des réseaux de

résistance naissent en France occupée ou en zone libre.

Leurs membres, qui vivent dans la clandestinité, se

consacrent à des tâches de renseignement et à des

actions militaires ponctuelles ou de sabotage.

En juin 1941, l'URSS, envahie par les Allemands, change

de camp (voir p. 157) et rejoint les Alliés. Les militants

communistes français, entrés dans la clandestinité

depuis 1939, rejoignent alors la résistance. Désormais,

les attentats contre l'occupant deviennent l'un des

principaux moyens de lutte. Les représailles allemandes,

marquées par des exécutions d'otages et de

"combattants de l'ombre" (nom donné aux résistants),

sans cesse plus nombreux, se multiplient. En 1943, grâce

au travail de Jean Moulin, un ancien préfet entré tôt

dans la lutte, les forces résistantes s'unissent au sein du

Conseil national de la Résistance (CNR) et reconnaissent

de Gaulle comme leur chef.

La Voix des

Justes 11


La France libérée

En juin 1944, le débarquement allié en Normandie marque le début de la

reconquête de la France occupée. Deux mois plus tard, Français et Alliés

libèrent Paris où de Gaulle effectue une entrée triomphale et affirme son

pouvoir. La libération définitive n'intervient cependant qu'avec la conquête

de Colmar, en février 1945, et la délivrance des quelques ports encore aux

mains des Allemands, en mai de la même année. Si de Gaulle n'a été invité

à aucune des grandes conférences alliées, la France obtient toutefois une

zone d'occupation en Allemagne et le général de Lattre se trouve à Berlin,

le 8 mai 1945, pour apposer sa signature sur le document qui sanctionne la

reddition nazie.

La Voix des

Justes 12


LA PERSÉCUTION DES

JUIFS

Hitler fait bâtir des camps de concentration dès 1933, puis des camps

d’extermination à partir de 1941. Dans le camps d’Auschwitz-Birkenau, 1,1

million de déportés ont été tués

A peine débarqués des trains, les déportés sont divisés en deux groupes : ceux

qui sont aptes au travail et ceux qui sont envoyés dans les chambres à gaz pour

être assassinés.

Les camps d’extermination

Il y en a 6, tous situés sur le territoire polonais de 1939 : Auschwitz-Birkenau,

Majdenek, Belzec, Chelmno, Sodibor et Treblinka.

Les deux premiers sont aussi des camps de travail. Les quatre autres sont

exclusivement des “centres de mise à mort” dotés de chambres à gaz, où les

déportés sont immédiatement tués à leur arrivée.

En arrivant au camp, sur le quai de la sélection

La Voix des

Justes 13


La collaboration de la France avec les nazis dans la persécution des juifs

Dès juin 1940, la France, dirigée par le maréchal Pétain, collabore avec

l’Allemagne nazie en instaurant des lois dirigées contre les juifs.

1940

27 septembre : recensement de tous les juifs de la zone occupée.

3 octobre : première loi française sur le statut des juifs qui sont exclus de

certaines professions.

4 octobre : loi française autorisant les préfets à arrêter et à regrouper les juifs

étrangers dans des camps d’internement.

18 octobre : obligation pour les commerçants juifs d’indiquer sur leurs vitrines «

entreprise juive ».

1941

14 mai : début des arrestations massives.

1942

7 février : couvre-feu imposé aux juifs de la zone nord de 20h à 6h du matin.

27 mars : premier convoi de déportés à destination d’Auschwitz

29 mai : en zone occupée, obligation pour les juifs de porter l’étoile jaune dès

l’âge de 6 ans.

8 juillet : Interdiction aux juifs de faire leurs courses, sauf entre 15h et 16h, et de

fréquenter certains lieux publics, comme les parcs et les jardins.

16 et 17 juillet : Rafle du Vel’ d’Hiv.

26 août : les rafles s’étendent en zone libre

11 décembre : Obligation de faire tamponner le mot “JUIF” sur sa carte

d’identité

Entre 1942 et 1944, 76 000 juifs de France sont déportés, dont 11 000

enfants.

La Voix des

Justes 14


La rafle du Vel’ d’Hiv

En 1942, les nazis mettent en application leur projet de “ solution finale ” dont le

but est l'extermination des juif, dont le seul crime est d’être nés juifs. À partir

du mois de mai, ils décident d'arrêter le maximum de juifs dans les pays

occupés pour les déporter. À Paris, la grande rafle a lieu les 16 et 17 juillet 1942.

Les services de police prévoyaient l'arrestation de 28000 juifs. Mais, grâce à la

solidarité de certains Parisiens, la moitié des personnes recherchées parvient à

se mettre à l'abri.

Malgré tout, plus de 13000 juifs, dont 4000 enfants, sont arrêtés par la police

française et conduits au stade parisien du vélodrome d'Hiver. Ils y restent

enfermés pendant six jours, avant d'être déportés à Auschwitz. Sur ces 13000

personnes, 30 à peine sont revenues.

La Voix des

Justes 15


LES JUSTES PARMI

LES NATIONS

L’attitude envers les Juifs durant la Shoah oscille principalement entre indifférence

et hostilité. La majorité des gens demeure passive alors que leurs voisins de

toujours sont arrêtés, déportés ou tués ; certains collaborent avec les meurtriers ;

nombreux sont ceux qui bénéficient de l’expropriation des biens juifs.

Néanmoins, malgré les lois et l’oppression, des femmes et des hommes ont

constitué des véritables chaînes de solidarité.

Dans un monde en proie à un total effondrement moral, une petite minorité, les Justes

parmi les Nations, fait preuve d’un courage extraordinaire pour défendre les valeurs

fondamentales de l’humanité, se démarquant radicalement du courant dominant

d’indifférence et d’hostilité qui prévalut durant la Shoah. Contrairement à la tendance

générale, ceux-ci considèrent les Juifs comme des frères humains envers lesquels ils

ont des obligations morales.

La plupart ne sont au départ que de simples témoins. Dans de nombreux cas, le déclic

a lieu lorsqu’ils sont confrontés à la déportation ou au meurtre de Juifs. Certains

étaient restés passifs durant les premiers stades de la persécution lorsque les droits

des Juifs étaient peu à peu restreints et leurs biens confisqués ; mais face à une ligne

rouge qu’ils ne sont pas prêts à franchir, ils décident à un moment donné de passer à

l’action. Contrairement aux autres, ils ne se laissent pas entraîner dans la spirale de

l’acquiescement systématique à l’escalade des mesures prises contre les Juifs.

Dans de nombreux cas, ce sont les Juifs qui sollicitent l’aide des non-Juifs. Ceux qui

viennent à leur secours ne sont pas les seuls à faire preuve d’ingéniosité et de courage,

les Juifs luttent eux aussi pour leur survie. Wolfgang Benz, qui a effectué de

nombreuses recherches sur le sauvetage des Juifs pendant la Shoah, affirme que bien

que les personnes sauvées puissent, à l’écoute des témoignages, apparaître comme de

simples objets de charité et de soins, « les efforts déployés pour essayer de survivre

dans l’illégalité étaient avant tout une façon de s’affirmer et un acte de résistance de la

part des Juifs contre le régime nazi. Ils furent peu nombreux à réussir dans cette

entreprise de résistance ».

La Voix des

Justes 16


Face à ces Juifs venus frapper à leur porte, de simples observateurs se trouvent

soudainement confrontés à la nécessité de prendre une décision en l’espace de quelques

instants. Il s'agit généralement d’un geste d’humanité instinctif, mu par l’impulsion du

moment et qui ne donnera lieu que par la suite à un choix d’ordre moral. Il s’agit souvent

d’un processus graduel, se traduisant par l’implication croissante des sauveteurs au service

des Juifs persécutés. Le fait d’accepter de cacher quelqu’un pendant une descente ou une

rafle – en lui offrant un abri pendant un jour ou deux jusqu’à ce qu’une autre solution se

dessine – peut évoluer en un sauvetage susceptible de durer des mois ou des années.

Le risque encouru par les sauveteurs du fait de leur action varie d’un pays à l’autre. En

Europe de l’Est, les Allemands exécutent non seulement ceux qui cachent des Juifs, mais

aussi toute leur famille. Des avis enjoignant la population à ne pas aider les Juifs sont

placardés partout. En Europe de l’Ouest de manière générale, les châtiments sont moins

sévères, bien que les conséquences puissent aussi être terribles et que certains Justes

parmi les Nations aient été incarcérés dans des camps et assassinés. Par ailleurs, étant

donné la brutalité du traitement infligé aux Juifs et la détermination des nazis à les traquer

jusqu'au dernier, les gens craignent d’avoir à endurer le même sort s’ils tentent d’aider les

persécutés. Les sauveteurs comme leurs protégés vivent donc constamment dans la peur

d’être pris ; le risque d’être dénoncé par des voisins ou des collaborateurs est omniprésent.

Le danger s’en trouve accru et il est d’autant plus difficile pour des gens ordinaires de défier

les règles et les conventions. Ceux qui décident d’abriter des Juifs doivent sacrifier le

confort d’une vie normale pour s’aventurer dans une existence clandestine – souvent à

contre-courant des normes en vigueur dans la société dans laquelle ils vivent, dans la

crainte de leurs voisins et amis – et accepter de vivre dans la terreur de se faire dénoncer et

arrêter.

La plupart des sauveteurs sont des gens ordinaires. Certains agissent par conviction

politique, idéologique ou religieuse ; les autres ne sont pas des idéalistes mais simplement

des personnes soucieuses du sort de ceux qui les entourent. Dans de nombreux cas, ils

n’ont aucunement prévu de venir au secours des Juifs et ne sont absolument pas préparés

au moment où il leur faut prendre une décision d’une si grande portée. Ce sont des êtres

humains ordinaires et c’est précisément cette humanité qui nous touche et qui a vocation

à servir de modèle. À ce jour, Yad Vashem a reconnu des Justes parmi les Nations de 51

pays et nationalités ; il y a parmi eux des chrétiens appartenant à toutes les confessions et à

toutes les Églises, des musulmans et des agnostiques ; des hommes et des femmes de tous

âges ; de toutes conditions ; des personnes très instruites aussi bien que des paysans

illettrés ; des personnalités publiques aussi bien que des gens vivant en marge de la société

; des citadins et des fermiers des coins les plus reculés d’Europe ; des professeurs

d’université, des enseignants, des médecins, des membres du clergé, des religieuses, des

diplomates, de simples ouvriers, des domestiques, des résistants, des policiers, des paysans,

des pêcheurs, un directeur de zoo, le propriétaire d’un cirque et bien d’autres encore.

La Voix des

Justes 17


Des chercheurs ont essayé d’isoler les caractéristiques communes à tous les Justes parmi

les Nations et d’identifier les personnes plus susceptibles de venir en aide à des Juifs ou à

des victimes de persécutions. Certains soutiennent que les Justes parmi les Nations

forment un groupe hétérogène ayant pour seul dénominateur commun l’humanité et le

courage dont ses membres firent preuve en se battant pour la défense de leurs valeurs.

Samuel P. Oliner et Pearl M. Oliner ont défini la personnalité dite altruiste. En faisant

ressortir les points communs et les différences entre sauveteurs et témoins passifs durant

la Shoah, ils ont montré que ceux qui avaient choisi d’intervenir se distinguaient par

certaines caractéristiques telles que l’empathie et un sentiment d’attachement à autrui.

Nehama Tec, qui a aussi étudié de nombreux cas de Justes parmi les Nations, a mis en

évidence un ensemble de caractéristiques communes indiquant qu’ils étaient tous d’une

manière ou d’une autre en marge de la société. Cette indépendance de caractère leur

aurait permis d’agir à l’encontre des conventions et des croyances communément

admises.

Les observateurs passifs sont la règle, les sauveteurs l’exception. Le fait que certains aient

trouvé le courage, malgré la peur et les difficultés, de venir en aide aux victimes montre

qu’il existait une certaine liberté de choix et que les gens ordinaires étaient en mesure de

sauver des Juifs dans toute l’Europe occupée. Les Justes parmi les nations nous enseignent

que tout le monde est à même de faire une différence.

L’aide fournie l’est à différents degrés : certaines personnes procurent aux Juifs de quoi se

nourrir, en leur glissant une pomme dans la poche ou en leur laissant de la nourriture sur le

chemin qu’ils empruntent pour se rendre au travail. D’autres orientent les Juifs vers des

personnes qui pourront les aider ; certains abritent des Juifs pour une nuit en leur disant

qu’ils devront repartir le lendemain matin. Ils sont peu nombreux à prendre l’entière

responsabilité de la survie d’un ou de plusieurs Juifs. Ceux qui remplissent les conditions

requises pour obtenir le titre de Justes parmi les Nations appartiennent essentiellement à

ce dernier groupe.

A ce jour, on dénombre en France plus de 4 300 Justes parmi les Nations. Et dans le

monde, ils sont plus de 29 000.

L’Allée des Justes parmi les

Nations est située dans le quartier

du Marais (4e arrondissement de

Paris), entre la rue Geoffroyl’Asnier

et la rue du Pont-Louis-

Philippe. s

La Voix des

Justes 18


LE COMITÉ FRANÇAIS

POUR YAD VASHEM

Yad Vashem, Institut Commémoratif des Héros et des Martyrs de la Shoah, a

été institué en 1953 par la Knesset (le Parlement israélien) et a été chargé

d’une mission de commémoration, de documentation et de recherche sur la

Shoah : l’extermination de six millions de Juifs par les nazis et leurs

collaborateurs, la destruction de communautés juives, la résistance

héroïque dans les ghettos, le combat des partisans juifs et le courage des

Justes parmi les Nations qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs.

Depuis plus d’un demi-siècle, Yad Vashem œuvre au service de quatre piliers de

la mémoire : commémoration, documentation, recherche et éducation.

Le Comité français pour Yad Vashem a été créé en 1989. Depuis le 11 juillet 2023,

succédant à Pierre-François Veil, Patrick Klugman en est le Président.

Association loi 1901, le Comité français poursuit dans toute la France plusieurs

missions en soutien aux actions menées par Yad Vashem, l’Institut International

pour la Mémoire de la Shoah. Ses missions fondatrices sont la transmission de

l’Histoire de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme et le négationnisme.

Il œuvre à la reconnaissance des Justes parmi les Nations de France. Au 1er

janvier 2024, plus de 29 000 Justes ont œuvré dans le monde et plus de 4 300

en France.

Ce titre est décerné à ceux qui, par leurs actions et malgré le danger, ont

permis de sauver la vie de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Comme les

autres, ils avaient le choix, celui de regarder ailleurs, de passer leur chemin.

Pourtant, ces Justes se sont arrêtés, au péril de leur vie, afin de sauver leurs

semblables promis à une mort certaine.

Lundi 9 décembre 2024 au palais du

Luxembourg où Monsieur Daniel

HALEVY-GOETSCHEL, Ministreconseiller

aux Affaires de Politique

intérieur et économiques près

l’Ambassade d’Israël en France, a remis

à titre posthume la Médaille et le

Diplôme de Justes parmi les Nations à

Cécile et Henri BLANC représentés par

leur fille, Marguerite BOULNOIS, pour

avoir sauvé la famille DANON de la

barbarie nazie.

La Voix des

Justes 19


Demande de reconnaissance

Pour le dossier de demande de reconnaissance de l’attribution de la médaille des Justes

parmi les Nations, les personnes proposées doivent avoir procuré, au risque conscient de

leurs vies, de celles de leurs proches, et sans demande de contrepartie, une aide véritable

à une ou plusieurs personnes juives en situation de danger. Les personnes sauvées doivent

en témoigner par écrit en constituant un dossier, complété si possible par d’autres

témoignages et documents, et l’envoyer au Comité français pour Yad Vashem.

Ces dossiers sont alors instruits puis transmis à Jérusalem. Après examen final du dossier

par une Commission de Yad Vashem constituée de bénévoles et d’un magistrat de la Cour

suprême d’Israël, les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » sont alors honorées

officiellement au cours d’une cérémonie de remise de médaille et de diplôme organisée

par les délégués régionaux du Comité en lien avec les autorités françaises locales,

régionales ou nationales, en présence d’un représentant de l’Ambassade d’Israël en France

ou de l’Ambassadeur lui-même.

« En honorant ceux qui ont

refusé de se plier à la fatalité

de la volonté exterminatrice

de l’idéologie nazie, la

médaille des Justes

contribue à rétablir l’Histoire

dans sa vérité »

Simone Veil

La Voix des

Justes 20


Le Comité français propose également à des enseignants français des séminaires de

formation à l’enseignement de la Shoah conçus par l’École Internationale pour

l’Enseignement de la Shoah de Yad Vashem à Jérusalem. Ils s’adressent aux enseignants

français du primaire et du secondaire des établissements publics et privés sous contrat. IIs

permettent de répondre aux besoins du corps enseignant et met à leur disposition des

outils pédagogiques. Chaque année des programmes de qualités sont proposés lors de

cours magistraux, conférences et ateliers animés par des professeurs français ou

francophones de renom. Pour plus d’informations : contact@yadvashem.fr

Séminaire d'enseignants à Yad Vashem

- Comment enseigner l'histoire de la

Shoah

A destination des élèves, le Comité français organise dans les écoles, collèges et lycées des

témoignages d’enfants cachés ou de leurs descendants ainsi que des témoignages de

descendants de Justes parmi les Nations.

Exemple d’une action menée avec des élèves

Deux Classes de troisième du collège Jean Bosco

de Saint- Macaire-en-Mauges (Maine-et-Loire) ont

travaillé sur l’histoire du sauvetage d’Édith Muflarz

née Frydman, bébé sous l’occupation et de sa

mère Mireille- jeune femme juive immigrée de

Pologne en 1933- accueillies et protégées par une

famille de Saint-André-de-la-Marche, Henriette

Bochereau Launay et sa mère. Mireille retourne

travailler à Paris et laisse son bébé aux bons soins

de cette famille Andréataine qui a pris de grands

risques en les cachant car les Allemands étaient

installés dans le village et la délation était monnaie

courante.

Les initiatrices de ce travail mémoriel, Françoise

Pohu professeure d’histoire-géographie et Karine

De Ternay documentaliste ont, grâce au Comité

français pour Yad Vashem, contacté Edith qui vit

maintenant en Israël et Henriette Launay alors

âgée de 100 ans qui livrera son dernier témoignage

aux jeunes générations avant de s’éteindre.

Visioconférence entre les

collégiens angevins et Édith

Muflarz en Israël

La Voix des

Justes 21


Le Comité français crée des expositions muséales sur les Justes parmi les Nations de

France ainsi que des podcasts et des ouvrages qui leur sont dédiés en partenariat avec des

maisons d’édition. Il fournit aussi des ressources historiques aux historiens, enseignants,

étudiants ou journalistes qui travaillent sur des portraits de « Justes parmi les Nations » de

France.

Il participe au rassemblement des feuilles de témoignages permettant d’inscrire les noms

des six millions de juifs assassinés pendant la Shoah. A ce jour, 4,9 millions d'hommes,

femmes et enfants dont les identités ont été découvertes et rassemblées sont enregistrées

dans la base de données centrale des noms des victimes de la Shoah et inscrits dans la

Salle des Noms de Yad Vashem.

« Ils nous enlèverons

jusqu’à notre nom… et si

nous voulons le conserver,

nous devrons trouver en

nous la force nécessaire

pour que derrière ce nom,

quelque chose de nous, de

ce que nous étions,

subsiste… »

Primo Levi

La Voix des

Justes 22


Depuis 2010, Le Comité développe le Réseau des Villes et Villages des Justes de France qui

rassemble les communes désireuses de transmettre les valeurs d’humanité et de

citoyenneté qu’ont incarnés ces hommes et ces femmes ordinaires aux actions

extraordinaires pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur l’ensemble du territoire français,

les délégués régionaux du Comité, tous bénévoles animent ce réseau, toujours en lien avec

les élus locaux, assurent l'organisation des cérémonies de remise de médaille et

développent des lieux porteurs de mémoire (plaque, stèle, square, etc.). Ils pérennisent et

renforcent la représentativité ainsi que le rayonnement et la visibilité des missions du

Comité et par extension celles de l’Institut Yad Vashem Jérusalem.

Vendredi 6 octobre 2023 dans la Commune de Cavaillon

Inauguration d’une plaque en l’Honneur de Virginie Gambet au sein du centre de

loisirs portant le nom de cette Juste parmi les Nations.

Quand l’Allemagne envahit la Belgique, Jacques Fajerstein, sa femme Elza, et leur fille Juliette

s’enfuirent en France et trouvèrent un hébergement en Provence à Cavaillon dans le Vaucluse. Le

12 novembre 1943, La Résistance française à Cavaillon mena une opération dans laquelle un soldat

allemand fut tué. En représailles, la Gestapo arrêta des Français suspectés d’activités de

résistance et des Juifs réfugiés.

La famille Fajerstein réussit à déménager chez un voisin qui avait proposé de les héberger en cas

de besoin. Cependant cette nuit-là, la Gestapo pénétra dans la maison du voisin. Sans perdre de

temps, la famille Fajerstein se sauva par la fenêtre arrière de la maison et passa le reste de la nuit

dans les champs. Le lendemain matin le voisin vint les chercher et les emmena dans la maison de

Virginie Gambet, la veuve d’un ouvrier agricole qui vivait à Cavaillon. Elle les accueillit et prit soin

d’eux jusqu’au 26 janvier 1944, où ils durent s’en aller. Elle les envoya chez des membres de sa

famille dans le village de Noves dans le département des Bouches du Rhône. La Gestapo arrêta

Virginie la veille de Pâques et après un interrogatoire elle fut relâchée pour manque de preuve.

Après la guerre les Fajerstein retournèrent en Belgique et émigrèrent en Israël en 1949.

Le 23 novembre 2006, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les

Nations à Madame Virginie Gambet.

La Voix des

Justes 23


L’HISTOIRE D’Ehud Loeb,

Enfant caché

L'enfance

Mes souvenirs d'enfance ressemblent à un film.

Comme au cinéma, mon enfance a été

jalonnée de légendes et d'action; comme au

cinéma, j'ai éprouvé de l'émotion, j'ai vécu des

événements inattendus; comme pour un film,

mes souvenirs me reviennent par éclairs, en

images tronquées, certaines sont très pénibles,

d'autres impressionnantes, émouvantes.

Je suis né en 1934 dans la localité de Bühl, située dans l'État allemand de Bade. Sur les

fichiers de l'état civil on avait inscrit la naissance d'un fils, Herbert, chez le couple Hugo

et Julchen Odenheimer. Religion: juive. Le fait que je sois venu au monde dans la maison

de et non dans une maternité, comme les autres enfants de mon âge ne figure pas sur

les papiers. Le préposé à l'état civil ne s'était pas soucié de mentionner de quelle manière

une juive avait donné naissance à un fils, du reste la loi interdisait à ma mère d'accoucher

dans une maternité aryenne. Nulle part n'était indiquée la joie que procura ma naissance

à mes parents, après de longues années sans enfant, et pas davantage l'espérance naive

que je serai un jour un homme comme tous les hommes (tout cela m'a été raconté

beaucoup plus tard par des membres de ma famille).

Je n'ai aucun souvenir des petits copains de mon enfance. Je ne possède aucune photo

témoignant d'une quelconque amitié nouée à cette époque. Tout ce que je sais, c'est que

j'étais le seul petit Juif de la ville, et que les lois raciales du régime nazi excluaient mon

inscription au jardin d'enfants où j'aurais pu jouer avec des petits de mon âge.

À la maison, nous vivions avec mes grands-parents maternels et ma tante, Erna. D'eux, je

me souviens parfaitement. Grand-mère Sophie me racontait des histoires, tante Erna

jouait avec moi dans la cour arrière de la maison. J'aimais m'asseoir à côté de ma grandmère

sur un sofa, près du grand fauteuil où grand-père se reposait. Quand grand-mère

me racontait une histoire, je posais ma tête sur ses genoux et je contemplais, par la

grande fenêtre, les collines situées en face de la maison. J'aimais surtout voir le soleil se

lever et remplir lentement la pièce d'une lumière vive.

La Voix des

Justes 24


.

Mon père m'amenait à la synagogue le vendredi soir. Je sais aujourd'hui que le nombre

de fidèles était minuscule. À l'époque, il ne restait que trente-et-un Juifs à Bühl. Je

m'installais sur une chaise. près de Papa, et j'attendais le moment où il me prendrait

dans ses bras pour m'amener sur la haute estrade de la synagogue, où les juifs de Bühl

avaient pour tradition d'écouter la bénédiction du rabbin sur le vin, et de répondre

"amen" en chœur. Étant le seul enfant de la communauté, on m'accordait le privilège

d'être le premier à tremper mes lèvres dans le grand verre à kiddouch en argent.

Un jour, je suis sorti seul dans la rue qui longeait notre maison pour regarder des enfants

jouer. Le soir, au diner, j'ai raconté fièrement à mes parents ce que j'avais vu dans la rue.

De toutes mes forces, je me suis mis au garde-à-vous, en levant mon bras droit et criant

le plus fort possible "Heil Hitler!".

Je me revois, tendu comme une corde, les paupières serrées. attendant la réaction... Pas

d'applaudissements. J'ouvre alors un œil, histoire de voir si quelqu'un sourit, puis l'autre...

aucune réaction. Je retourne à ma place et me remets à manger ma soupe.

Quand je me suis mis au lit, j'ai attendu que Maman me dise tout doucement à l'oreille:

"Bonne nuit, mon enfant, tu as été gentil aujourd'hui", comme elle le faisait presque tous

les soirs. Mais Maman se pencha vers moi et murmura: "Herbert chéri, ne redis plus

jamais ce que tu as dit au diner". "Pourquoi? j'ai dit un gros mot?".

Maman ne me répondit pas. Elle se contenta d'un sourire grave et triste: elle m'embrassa

et sortit de ma chambre.

La deuxième fois où je suis sorti seul dans la rue, des enfants m'obligèrent à me joindre à

eux. Ils m'attirèrent de force dans la cour d'une maison et m'encerclèrent. L'un d'eux

m'ordonna de faire pipi, puis de m'agenouiller pour lécher mon urine... J'étais là, debout,

mes yeux allant de l'un à l'autre peut-être l'un deux me défendrait. aurait pitié de moi?

Personne n'a bougé. Le cercle des enfants s'est rétréci autour de moi. Ils m'ont forcé à

me mettre à genoux, leurs têtes et leurs regards menaçants m'étouffaient. Alors j'ai obéi,

pendant qu'ils criaient: "Ce cochon de juif boit sa pisse".

Je ne suis plus jamais sorti seul. Mes meilleurs amis devinrent mon oncle et ma tante de

Baden-Baden, non loin de chez nous. Mon père m'amenait souvent chez eux. J'y passais

quelques jours en gåteries de toutes sortes, avant de retourner chez moi écouter les

histoires de ma grand-mère. Un jour, ma tête sur ses genoux, je vis par la fenêtre un

grand nuage qui cachait le soleil. La pièce où nous nous trouvions fut soudain plongée

dans l'obscurité...

J'ai un autre souvenir : je suis dans la rue avec Papa, il me serre la main de toutes ses

forces et nous courons ensemble en direction de la maison. Sur la route, nous voyons la

synagogue en flammes. Depuis ce jour-là, nous vivons avec tous les Juifs du village, dans

une autre maison.

La Voix des

Justes 25


Aujourd'hui, je sais qu'il s'agissait de la maison du rabbin. A l'entrée, il y avait une grande

porte de bois, près de la cuisine où ma mère faisait cuire des pommes de terre dans une

sauce épaisse contenant beaucoup de persil, et dont la saveur ne m'a jamais quitté. Nous

étions logés, mes grands-parents, mes parents et moi, dans la même chambre. Il y avait

trois lits : un petit pour moi, près de celui de ma grand-mère, sur lequel nous nous

asseyions quand elle me racontait ses histoires ; en face, un grand lit pour mes parents,

où mon père me prenait tous les dimanches matin. Le dimanche, la lumière de cette

pièce était plus intense qu'en semaine, car c'était le seul jour où Papa était avec nous.

L'expulsion

Je suis né à une époque terrible pour les Juifs d'Allemagne. En 1933, le parti nationalsocialiste

prit le pouvoir avec Hitler à sa tête, que tous appelaient le Führer. A ma

naissance, un an après l'ascension des nazis, l'Allemagne était un pays où les Juifs étaient

ouvertement opprimés. Poursuivis sans cesse, arrêtés, ils ne pouvaient plus exercer leurs

professions de fonctionnaires de l'Etat et durent démissionner en masse. La propagande

nazie les accusait d'avoir ruiné l'économie allemande, et d'être les ennemis du peuple.

Les habitants de Bühl, la ville où j'étais né, furent parmi les premiers à adopter cette

politique d'exclusion des Juifs. Depuis quatre siècles des Juifs avaient vécu à Bühl.

Ma propre famille s'y était installée il y avait plus de deux cents ans. La dernière fois que

j'ai visité Bühl. j'ai trouvé dans le cimetière la tombe de mon arrière arrière-grand-père,

mort en 1803. Mais je n'ai pas trouvé celle de mon grand-père. J'ai appris, après sa mort,

en 1940, que ma famille n'ayant pas obtenu de permis d'inhumer, son corps fut incinéré.

Si la vie en Allemagne n'avait pas aussi brutalement changé pour les Juifs, nous aurions,

mes fils et moi, continué à travailler et à entretenir les membres de notre famille dans

l'imprimerie et dans la papeterie-bureau de tabac que possédaient mes grands-parents.

Si la synagogue n'avait pas été incendiée, mes petits-enfants auraient tour à tour goûté

au vin du kiddouch, le vendredi soir, après la prière du chabbat... Mais la synagogue avait

été incendiée le lendemain de la "Nuit de Cristal", j'avais quatre ans et demi à l'époque.

La "Nuit de Cristal": dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, la plupart des synagogues

d'Allemagne et d'Autriche furent incendiées et totalement détruites. 7500 magasins juifs furent

pillés et leurs vitrines brisées. 91 Juifs furent assassinés et plus de 20 000 furent envoyés en camp

de concentration.

La Voix des

Justes 26


Deux ans plus tôt, en 1936, la police avait confisqué la boutique de mes grands-parents,

au nom de la loi, évidemment. Mes parents durent puiser dans leurs économies pour

faire l'acquisition de nourriture pour toute la famille. Le peu de denrées qu'elle parvenait

à trouver, ma mère allait les acheter les après-midis seulement, entre 16 et 17 heures, la

seule heure où les Juifs avaient le droit de faire leurs achats. J'ai gardé un permis

d'entrée en Erets-Israël (en Palestine) délivré par les autorités mandataires britanniques.

Malheureusement, au moment de l'émission de ce permis, mes parents n'avaient plus les

moyens financiers de payer leurs droits de sortie du territoire allemand aux autorités

nazies.

Je crois que nous sommes allés vivre dans la maison du rabbin en même temps que tous

les juifs du village après la "Nuit de Cristal". Mon père avait été mobilisé pour des travaux

forcés de construction de routes pour l'armée allemande. Il partait tôt le matin, tenant

dans ses mains une gamelle à trois niveaux qui contenait les pommes de terre au persil

préparées par ma mère.

Un matin, j'entendis une rumeur assourdissante, et des jets de pierre contre la porte en

bois et les fenêtres de la maison du rabbin. C'était, je crois, un dimanche, puisque je me

trouvais bien au chaud dans le lit de mes parents. Ma mère s'empressa de me cacher

sous le lit.

Nous étions terrorisés par les bruits de la rue. Allongé sous le lit. je voyais des jambes se

déplacer précipitamment. Mais au moment précis où la porte de bois céda, la police

entra. Le bruit cessa, mais la peur demeura.

Ma mère me prit dans ses bras. Par la fenêtre brisée nous pouvions voir une foule de gens

qui recommençaient à hurler et à insulter les Juifs.

Quelques jours plus tard, ce fut le tour de la Gestapo d'ordonner à tous les juifs de notre

maison de faire leurs valises et de quitter les lieux dans l'heure.

Maman me demanda de rester sagement assis sur le lit.

J'étais assis, regardant les gens autour de moi courir éperdument. Sur le lit, il y avait deux

valises où Maman jetait en vrac des vêtements et des objets. Une heure plus tard, elle me

dit de descendre du lit. Tous les juifs se tenaient prêts et montèrent dans un autocar qui

nous conduisit à la prison, tout près du village. Les Juifs, qui avaient vécu quatre cents

ans à Bühl, étaient expulsés en moins d'une heure...

À la prison, nous avons dû nous séparer de Papa. Les femmes furent toutes incarcérées

dans une cellule, les hommes dans une autre. Moi, j'étais avec ma mère et ma grandmère,

et j'étais le seul enfant. J'étais tout content de dormir, avec la permission de ma

mère, sur la couchette du haut.

La Voix des

Justes 27


Je ne me souviens guère de ce que je fis en prison, je n'ai qu'un souvenir, particulièrement

doux une femme m'avait donné une pomme qu'elle gardait dans son sac. Je me souviens de

cette pomme comme de l'un des plus beaux cadeaux que j'ai jamais reçus.

Puis un train nous transporta hors d'Allemagne.

Dans les livres d'histoire, il est écrit qu'entre le 22 et le 25 octobre 1940 tous les juifs des

États de Bade et du Palatinat furent déportés au camp de Gurs, dans les Pyrénées.

Dans ce train se trouvait aussi mon père, et nous étions tous assis sur des bancs de bois:

Papa, Maman, grand-mère Sophie et moi. Il nous fallut trois jours et trois nuits pour arriver

au camp de Gurs, situé dans une région qui n'était pas occupée par l'Allemagne nazie.

La plupart des juifs mariés à des non juifs ne furent pas expulsés, comme ce fat le cas de

l'oncle d'Herbert.

Sur les 5300 Juifs originaires des Etats de Bade et du Palatinat, plus de 1100 périrent des

suites des épidémies qui se déclarèrent rapidement au cours du premier hiver (1940-1941),

particulièrement rigoureux. Nombreux furent aussi ceux qui moururent de faim.

C'est de Gurs que j'ai gardé les souvenirs les plus épouvantables.

Là mourut ma grand-mère Sophie que j'aimais tant. Ne parvenant pas à supporter les

conditions de vie si dures qui nous étaient réservées. elle s'éteignit au bout de trois

semaines.

J'avais six ans et demi et, en dépit de mon jeune âge, je devais, à l'aide de pierres, tracer des

sentiers dans une boue gluante. Je me souviens des pierres que nous ramassions et que

nous placions en rang, ma mère et moi, en compagnie des femmes qui partageaient notre

baraquement froid et humide.

Dès notre arrivée à Gurs, nous fûmes séparés de Papa. Lui, il était avec les hommes. Tout

était gris et glacial. La pluie tombait sans cesse et je dormais sur le tas de paille humide qui

me servait de lit. Maman était parvenue à trouver un peu de laine et avait tricoté des gants

qu'elle échangeait contre de petites portions de lait pour moi.

J'avais la nostalgie du lit de mes parents. A Gurs, les conditions de vie étaient intolérables,

un véritable enfer. C'est alors que je tombai malade.

Tandis que je reposais sur ma couche de paille humide, je vis arriver deux personnes qui

parlaient français. Je les revois près de moi, avec Maman, qui était très pâle. Elle me souleva,

me serra contre elle avec toute la force qui lui restait et me murmura à l'oreille : "Pars avec

eux, Herbert... ils vont t'amener en lieu sûr. Ils vont bien s'occuper de toi, et je viendrai

après..." Avant même d'avoir eu le temps de réagir, j'étais déjà dans les bras d'un homme qui

sortit précipitamment du baraquement et courut en me portant dans ses bras vers la

palissade.

La Voix des

Justes 28


Les Justes parmi les Nations

Je ne me rappelle pas comment nous avons franchi la palissade. Je me souviens seulement

d'un trajet en camion avec beaucoup d'autres enfants. Je suis arrivé dans une grande

maison transformée en home d'enfants. J'avais sept ans et, pour la première fois de ma vie,

j'allais vivre avec des enfants. La nuit, je pleurais, je voulais Papa et Maman.

Je dormais dans un lit confortable, entre des draps, au château de Chabannes, un manoir en

forêt, situé dans le centre de la France, dans la zone qu'on appelait "libre", parce qu'elle

n'avait pas encore été conquise par l'armée allemande. Il y avait là des infirmières et des

monitrices qui firent tout ce qui leur était possible pour que je guérisse et que je me sente

bien, alors que moi j'étais si triste.

C'est dans cette maison d'enfants qu'il m'arriva une chose curieuse : je décidai que je n'étais

plus moi, que j'étais un autre enfant. Comment, en effet, aurais-je pu survivre sans les

caresses de mon père, le toucher de sa main ; sans les bises et la tendresse de ma mère ?

Cet autre enfant, devenu Hubert en français, jouait avec ses camarades, aimait le soleil,

mangeait à sa faim. Hubert s'habituait déjà à l'endroit, à la langue parlée, mais il s'avéra que

le "château" n'était pas, lui non plus, un lieu sûr, car les Allemands partaient régulièrement à

la recherche d'enfants juifs, et Hubert était juif... Cette année-là, en 1942, l'armée allemande

avait envahi le centre et le midi de la France. Vers la fin de l'année les Allemands

recherchaient systématiquement les Juifs pour les expédier hors de France - dans des

camps d'extermination.

Herbert continuait à se languir de ses parents : Hubert, lui, avait parfaitement compris que

l'heure n'était pas à la mélancolie et que la chose la plus importante désormais était de ne

pas se laisser prendre par les Allemands.

De crainte des perquisitions allemandes, on nous transféra dans une autre maison d'enfants

du nom de Montintin qui était, elle aussi, située en pleine forêt.

Tous les soirs, nous avions droit à un entraînement censé nous préparer à une fuite

précipitée. A la sonnerie d'une cloche, tous les enfants devaient se lever précipitamment de

leur lit, s'habiller et se rendre à toute vitesse dans la forêt. Pour ne pas prendre de retard en

s'habillant, les enfants pliaient soigneusement leurs vêtements au coucher. Hubert õtait son

pantalon, le pliait et le rangeait sur sa chaise la ceinture posée dessus. Sa chemise était

pliée et posée sur le pantalon, et au-dessus le slip et le tricot de peau bien pliés. Les

chaussettes devaient être près des chaussures, ces dernières rangées sous le lit. La sonnerie

de la cloche interrompait toujours un rêve. Hubert saute de son lit, déboutonne en vitesse

sa veste de pyjama avant même d'avoir ouvert des yeux lourds de sommeil, qui auraient

aimé finir le rêve en cours. Il retire sa veste de pyjama, passe son tricot de peau, échange

son pantalon de pyjama contre son slip. Au bout de quelques secondes. il enfile sa chemise,

s'assoit sur le lit en tenant à la main sa ceinture. se penche un peu en arrière pour soulever

les deux jambes et les enfiler en même temps dans son pantalon. Puis il se penche en avant,

enfile la chaussette droite puis la chaussette gauche, la chaussure droite puis la chaussure

gauche... Il lui fallait moins de temps pour s'habiller qu'il n'en faut pour lire ce passage... Il

ne lui reste plus que quelques secondes pour sortir. En dévalant les escaliers, il retrouve les

autres pensionnaires et tous, en une minute, se retrouvent dans la forêt.

La Voix des

Justes 29


Après quelques nuits d'entraînement, la cloche sonna deux fois: cette fois l'alerte était bien

réelle ! En une minute, les enfants étaient dehors et couraient en rang vers la forêt où ils

durent marcher des heures l'un derrière l'autre dans la futaie... Il fallut attendre le matin

pour que le danger se dissipe et qu'ordre soit donné de retourner à la maison d'enfants.

C'est alors que décision fut prise de répartir les enfants dans des couvents et des familles de

paysans.

Qui était cet homme qui m'avait pris des bras de ma mère à Gurs? Qui étaient les

monitrices de la maison d'enfants ? Qui se chargea de transporter les enfants d'une maison

à l'autre ? Qui était cette femme qui accompagna Hubert dans cette famille ?

C'étaient les membres de l'OSE (Organisation de secours aux enfants) qui œuvraient au

profit des enfants juifs. Ils tentaient de les sauver de la pieuvre nazie et de ses

collaborateurs à l'époque où la France était envahie par l'Allemagne.

Hubert alla donc vivre chez un coiffeur, dans un village. Il ne se plaignait pas des maigres

rations de nourriture que lui donnait le coiffeur : il ne pipait mot quand le coiffeur le battait

parce qu'Hubert n'avait pas bien ciré ses talons de chaussures. Il s'efforçait d'obéir à tout ce

qu'on lui demandait. Il rangeait, nettoyait, astiquait ; un petit esclave de huit ans, en

somme. Au bout d'un mois, une déléguée de L'OSE vint voir comment était traité Hubert,

elle vit son visage amaigri et triste. Deux jours plus tard. Hubert arrivait à Buzançais, chez la

famille Roger. Il fut accueilli gentiment par Jules, le père de famille boucher et négociant en

viande, et par Jeanne, sa femme, qui cultivait les champs de la famille. De leur fils, plus âgé

et qui était pensionnaire dans une autre ville, Hubert ne fit la connaissance que plus tard.

A ce moment-là, les Français recevaient des bons de ravitaillement. Le nombre de coupons

par famille dépendait du nombre de personnes, mais comme Hubert était caché, les Roger

n'en recevaient pas pour lui. Madame Roger se mit à faire des heures de repassage chez ses

voisins pour gagner quelques sous, avec lesquels elle achetait des aliments pour Hubert. Les

habitants de la ville savaient que la famille Roger hébergeait un petit Juif, mais jamais

personne ne les dénoncèrent.

Hubert était heureux à Buzançais, au point qu'il redevenait presque Herbert. Mais la

déléguée de l'OSE, arrivée soudainement, renvoya Hubert à la maison d'enfants. C'est qu'il

fallait déplacer fréquemment les enfants pour brouiller les pistes. Hubert ne dit rien, ne se

plaignit pas, il comprenait déjà que ses chances de se cacher et de ne pas être découvert

dépendaient de son silence. Du reste, quelques semaines après avoir été replacé dans la

maison d'enfants, il fut transféré une nouvelle fois chez les Roger qu'il aimait tant.

Hubert allait à l'école. Après la journée d'études, il restait à la maison. C'était plus sûr. Il

jouait dans la cour avec les chats ou les lapins, et en particulier avec un épagneul qu'il

aimait beaucoup. II savait très bien, mais n'en dit jamais un mot à quiconque, que M. Roger

s'était engagé dans la Résistance et que la traction-avant pleine de viande de boucherie

qu'il conduisait de place en place lui permettait de faire passer clandestinement des armes

pour les résistants. Dans la maison aussi, il y avait des armes, et parfois, des résistants sur la

route d'une opération de sabotage contre l'armée allemande s'y arrêtaient pour dormir un

peu. Mais Hubert savait garder un secret.

La Voix des

Justes 30


Un grand pré, où une chèvre broute de l'herbe. Un petit garçon garde une vache, qui rumine

paisiblement. C'est qui? Nous ne sommes plus à Buzançais; Hubert se trouve dans un autre

village. Pourquoi ? Parce qu'en 1943, quand les Allemands ont déployé toutes leurs forces

pour arrêter des Juifs et des résistants, décision a été prise de transférer Hubert chez la

grand-mère (des Roger), qui habite non loin de Buzançais. Là, Hubert a pour nom de famille

Odet, et au village personne ne sait qu'il est juif. La grand-mère a raconté aux voisins

qu'Hubert est un neveu, le fils de sa sœur qui habite en ville. Le seul à connaître le secret,

c'est le curé qui, pour tranquilliser l'enfant, lui propose d'être enfant de choeur les

dimanches à la messe. Car il ne viendrait à l'idée de personne qu'un enfant juif sache

chanter des chants catholiques ! Hubert est même investi d'une mission fort honorable : le

port de la grande croix qui précède le cercueil lors des enterrements...

La nuit, arrivaient chez la grand-mère des hommes qui cachaient des armes des grandes et

des petites dans une remise, et préparaient des embuscades contre les Allemands.

Tous les matins, Hubert conduisait au pré la vache et la chèvre de la grand-mère. Ses aprèsmidis,

il les passait à s'occuper de la jument et à la brosser dans la cour. Ces trois animaux

étaient ses meilleurs amis, et Hubert était heureux. Un jour, Hubert gardait la vache dans le

pré qui était complètement à découvert, et moi, je vis de loin une moto qui se rapprochait

de plus en plus et dont je distinguai nettement les hommes qui l'enfourchaient : deux

soldats allemands revêtus de leur uniforme vert-de-gris et armés de fusils. Quelle peur !

Hubert reste glacé de terreur et moi je suis paralysé par la peur. J'ai la chair de poule et je

sens des sueurs froides sur tout le corps, je me dis : c'est ma fin.

Mais la moto passe devant moi sans s'arrêter, et se dirige vers les rails que des résistants

avaient fait sauter la nuit précédente. La sensation de terreur qui m'avait envahi ce jour-là

me saisit de nouveau aujourd'hui quand j'évoque cet incident.

Quelques mois plus tard, Hubert retourne chez les Roger et reprend son nom

d'Odenheimer. Il est certain que cette famille restera à jamais la sienne. Il s'essaie même à

appeler M. Roger "Papa" ; mais M. Roger lui dit en lui caressant la joue : "Je ne suis pas ton

Papa ; pour toi, nous sommes comme un oncle et une tante". Et, en m'entourant les épaules

de ses bras, il ajoute : "Bientôt, la guerre sera finie et tes parents viendront te chercher".

Mais les gens de l'OSE ne pensaient pas comme lui et considéraient que le danger était

toujours imminent. C'est pourquoi par trois fois ils transfèrent Hubert de chez les Roger à la

maison d'enfants. Je sais aujourd'hui que ces gens de l'OSE se sont occupés de nous avec

un dévouement exceptionnel. Tous les enfants juifs qui avaient été placés sous leur

responsabilité étaient suivis régulièrement : une fois par mois, un médecin leur rendait

visite et les auscultait. Nous recevions régulièrement la visite d’une déléguée de cet

organisme pour faire un point sur notre situation. Et vous vous imaginez certainement ce

que j'espérais entendre...

Mais ce jour-là, lorsque je me suis assis, et que M. Roger a pris mes mains dans les siennes

avec un regard triste, j'ai compris qu'on ne me dirait pas des choses agréables. La déléguée

de l'OSE, déclara en nous regardant, les Roger et moi: "Hubert, nous ne savons pas où sont

tes parents, mais nous avons appris que tu as de la famille à Berne, en Suisse".

La Voix des

Justes 31


Je me suis dit en moi-même "De la famille ? mais je ne les connais pas !” en me gardant de

prononcer le moindre mot.

"Il s'agit de parents de ta mère qui t'invitent à leur rendre visite en Suisse pendant quelques

semaines"

"Je dois absolument partir?", me dis-je en regardant M. Roger. Et Mme Roger d'ajouter: "Ce

sera des vacances... et la Suisse est si belle".

"Et alors? me disais-je, je n'ai pas envie d'y aller".

"Il est important que tu aies une famille", ajouta Mme Roger.

"Mais c'est vous, ma famille, pensais-je, et je me fiche pas mal que vous soyez catholiques et

moi juif".

Mais j'avais perdu l'habitude d'exprimer à haute voix ce que je pensais. Alors, je me suis tu,

et je suis parti pour la Suisse.

C'est ainsi que s'achevaient cinq années de ma vie.

J'avais douze ans, et j'avais passé presque la moitié de ma vie entre un camp d'internement,

des maisons d'enfants de l'OSE et la maison des Roger, à qui je resterai reconnaissant toute

ma vie. J'ai raconté à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, comment ces gens courageux

m'ont sauvé la vie. La commission chargée des Justes des Nations a décidé en 1989

d'octroyer à Jules et Jeanne Roger la distinction de "Justes parmi les Nations".

Dans le train qui m'amène en Suisse, je n'ai pas de valise. Même le slip que je porte est celui

du fils des Roger. Malgré la présence de Mme Roger près de moi dans le train, je ne me sens

pas en sécurité. La dernière fois que j'ai pris le train, c'était avec mes parents, et je n'étais

pas arrivé à une destination particulièrement réjouissante.

Soudain, je vois des soldats armés à l'uniforme vert. Je deviens tout pâle et demande à Mme

Roger, paniqué : "Ce sont des soldats allemands".

"Mais non ! me répond Mme Roger, ce sont des soldats suisses, eux aussi ont un uniforme

vert".

"Vous êtes bien sûre que nous n'allons pas en Allemagne ?"

"Ne t'inquiète pas, nous arrivons en Suisse".

La Voix des

Justes 32


Nous descendons du train, dans un pays nouveau, bizarre, un peu effrayant même. Il y a un

monde fou, qui pénètre dans une salle immense, pleine de tables et de chaises, et nous

sommes assis près d'une petite table. Autour de nous, les gens mangent. "On mange en

pleine rue, ici" me disais-je... Moi, je mange toujours à l'intérieur de la maison.

Soudain, une femme se présente, une femme comme je n'en avais jamais vu. Elle porte une

robe bleue à gros pois blancs, ses lèvres sont peintes en rouge, ses ongles vernis,

interminables. J'ai eu une peur bleue quand elle m'a embrassé. Mme Roger me dit que c'est

Madame Loeb, une parente, celle qui m'a invité chez elle.

Il faut que je vous raconte quelques anecdotes sur les choses bizarres qu'Herbert voit dès

son arrivée dans ce pays:

Une fois assise à table, Mme Loeb lève la main et dans la seconde un homme se présente.

Elle lui dit quelques mots, il part et revient avec un plateau; il pose deux cafés devant ces

dames et un chocolat au lait pour moi. C'était un garçon de café, bien sûr.

Arrivé chez Mme Loeb, nous entrons dans un vestibule où il y a un escalier, mais nous ne

montons pas les marches, nous pénétrons dans une sorte de cage minuscule dont la porte

se referme brusquement sur nous. Tout à coup, je sens que je suis emporté vers le haut, je

ne sais où. C'était tout bêtement un ascenseur, le premier de ma vie...

Pour me distraire, on m'amène voir un film de Charlot. Tout le monde éclate de rire. Moi, je

pleure à chaudes larmes: il a l'air si malheureux!

Le bouquet, ce fut le jour où on m'emmena dans un magasin immense où l'on m'acheta six

slips et six tricots de peau, tout ça pour moi tout seul

Longtemps, j'ai raconté à tout le monde que j'étais catholique. J'avais même placé sur la

commode de ma chambre une image de Jésus et de Marie que j'avais emporté de chez les

Roger.

Les Loeb avaient une fille qu'ils avaient adoptée trois ans avant mon arrivée chez eux. C'était

une petite réfugiée juive originaire de Belgique. Une fois habitué à la famille Loeb, j'enlevais

les images saintes de Jésus et Marie de ma commode. J'appris le dialecte de la Suisse

alémanique. Je retournais à l'école, et me fis des amis. En 1947, la famille Loeb m'adopta

officiellement et désormais je portais le nom d'Hubert Loeb. Je savais désormais que mes

parents avaient été déportés au camp d'extermination d'Auschwitz.

J'essayais de me comporter comme un enfant normal, et aucun de mes copains ne

connaissait mon histoire.

Il y a quelques années, au cours d'une visite en Suisse, j'ai revu trois de mes meilleurs

camarades de classe, avec qui j'avais passé quatre ans et demi de ma vie. En bavardant, l'un

d'eux me raconta qu'il avait vu une exposition sur le camp de Gurs, et précisa qu'il n'avait

jamais imaginé qu'il existait des camps d'internement de ce genre pendant la guerre.

La Voix des

Justes 33


"Moi, je le connais", rétorquai-je.

"Tu as vu l'exposition", me demanda-t-il.

"Non, mais j'étais là-bas..."

"Que veux-tu dire?"

Alors j'ai raconté. Ils n'en revenaient pas. Jusqu'alors, ils n'avaient jamais rien su sur mon

passé, pas plus que sur le camp de Gurs.

Pourquoi je n'en ai jamais parlé? Parce qu'à cette époque j'avais l'impression que personne

ne s'intéressait à ces histoires, que personne ne pouvait me comprendre, que personne ne

pouvait partager mes sentiments. Les Juifs de Suisse n'avaient pas vécu la Shoah. La Suisse

était "neutre", en paix depuis des siècles, et la farnille Loeb avait tout fait pour que je sorte

indemne de ces affres... A l'époque, mon judaïsme était hésitant... Cette sensation d'être un

enfant juif isolé et opprimé. dans une ville ou un village où il n'y avait aucun autre Juif, ne

me quittait pas. En Suisse aussi, j'ai eu besoin d'Hubert pour m'aider à composer avec la

réalité.

En 1958, à vingt-quatre ans, j'ai immigré en Israël. Ici, je suis comme tout le monde. Ici, je

m'appelle Ehoud Loeb et je me sens chez moi.

En Israël, j'ai épousé Shoshanna et je suis redevenu presque entièrement moi-même j'ai une

famille, celle de ma femme, quatre enfants, des petits-enfants. Je suis en contact fréquent

avec mes parents adoptifs et je leur rends visite une fois par an, au moins.

La dernière séquence du film de mes aventures

Une image me poursuit tous les soirs et me poursuivra jusqu'à mon dernier jour. C'est la

nuit. On se met au lit. Ehoud Loeb vérifie que ses chaussures sont bien cirées aux talons. Et

quand il se déshabille. il range soigneusement ses vêtements bien pliés sur la chaise:

d'abord le pantalon avec sa ceinture posée dessus, à l'envers pour la passer plus vite. Puis sa

chemise, sur laquelle il pose son slip et son tricot de peau. Ses chaussures avec les

chaussettes à proximité immédiate sont placées l'une auprès de l'autre au pied du lit. Prêtes

à partir....

Après avoir lu cette histoire avec vos élèves, vous pouvez, si vous le souhaitez,

leur proposer d’écrire ou de dessiner le moment qui les a le plus marqué.

La Voix des

Justes 34


LEXIQUE

Antisémitisme

Haine à l'égard des juifs.

Camps de concentration

Dans des camps situés principalement en Allemagne et en Pologne occupée, les

nazis déportaient leurs prétendus ennemis (résistants, prisonniers politiques, juifs,

Tsiganes...). Soumis au travail forcé, mal nourris et maltraités, beaucoup de

détenus ne survécurent pas.

Camps d'extermination

Camps où la totalité des détenus étaient destinés à la mort. Il y en avait six au

total, tous situés en Pologne.

Camps d'internement et de transit

Centres où les juifs étaient regroupés avant d'être déportés vers les camps

d'extermination. Il y en avait plusieurs en France, comme Drancy, Compiègne,

Pithiviers, etc. Ils étaient administrés par les autorités françaises.

Déportation

Sous le régime nazi, déplacement forcé de population vers un camp de

concentration ou d'extermination.

Gestapo

Police politique des nazis qui fit régner la terreur pendant la Seconde guerre

mondiale en Allemagne et dans les pays occupés.

Justes parmi les Nations

Des hommes et des femmes non juives qui ont sauvé des personnes juives

pendant la seconde guerre mondiale au péril de leur vie et sans contrepartie

financière.

Nazisme

Théorie élaborée par Hitler qui fut la doctrine officielle de l’Allemagne nazie de

1933 à 1945. Les nazis considéraient les Allemands comme une “race” supérieure,

haïssaient les juifs et prônaient l’extermination de “races” et de peuples qu’ils

jugeaient “inférieurs”.

Rafle

Arrestation massive menée par la police à l’improviste entre 1941 et 1944.

Shoah

Mot hébreu signifiant “catastrophe” utilisé pour désigner le massacre de 6 millions

de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

La Voix des

Justes 35


SUGGESTIONS DE LECTURES ET DE FILMS

(ENFANTS ET ADULTES)

Toutes ces propositions littéraires ou cinématographiques s’adressent à différents

publics, nous vous recommandons de les regarder avant de les présenter à vos

élèves que vous êtes les seuls à connaitre.

L'ourson de Fred d’Iris Argaman (Editions Chandeigne)

Cet album pour enfants raconte, par la voix de l'ours en peluche

qui ne l'a jamais quitté, le parcours de Fred pendant la Seconde

Guerre mondiale. Né à Amsterdam dans une famille juive, Fred

est confié par ses parents à son grand-père pour échapper aux

rafles.

Les arbres pleurent aussi, d’Irène Cohen-Janca (Editions du

Rouergue)

Dans la cour de la maison 263 Canal de l’Empereur, à

Amsterdam, un marronnier est témoin de la vie clandestine

d’une jeune fille de treize ans, Anne Frank. En donnant la parole

à un arbre, Irène Cohen-Janca offre un regard nouveau et

distancié sur l’histoire d’Anne Frank.

Les carnets de Lieneke, de Béatrice Guthart (L’École des Loisirs)

Lieneke avait six ans quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté

en Hollande. Cette fillette juive a dû se cacher, changer

d’identité et être séparée de sa famille pour survivre. Afin de

rassurer sa petite Lieneke, son papa lui a envoyé neuf ravissants

carnets illustrés et calligraphiés. Ils auraient dû être détruits

mais ont été miraculeusement conservés : les voici réunis dans

leur présentation d’origine.

Quelque part, le soleil brille encore, de Michael Gruenbaum

(Didier Jeunesse)

Prague, 1939. Misha a 10 ans. Quand les troupes allemandes

envahissent la ville, les lois antisémites se multiplient et

l’insouciance de Misha vacille. Déporté au camp de Terezin, il se

lie d'amitié avec quarante garçons et leur éducateur.

La Voix des

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Résister pour survivre - un livre pour la jeunesse, de Charles

Palant avec Eric Simard (OSKAR)

Sous la plume d’Éric Simard, Charles Palant raconte aux

adolescents le parcours de sa vie. Pendant l’occupation

allemande, sa famille et lui sont menacés en raison de leurs

origines juives. À 20 ans, il est arrêté à Lyon pour ses activités

de résistant et déporté à Auschwitz.

Le chant des remparts, de Myriam Maman (LICHMA)

Le Chant des Remparts est un essai sur La Légende d’un Prince,

un conte initiatique écrit en 1943 dans un atelier de confection

du ghetto de Lodz en Pologne. L'auteur rend hommage à ses

créateurs, enfants et adultes, qui ont fait de l'écriture de ce

texte un acte de résistance et de foi dans l'éducation, la

transmission et la vie.

Les enfants de la Résistance de Dugomier (Auteur), Ers

(Illustrations) (Le Lombard BD)

Dans un petit village de France occupé par l'armée allemande,

trois enfants refusent de se soumettre à l'ennemi. Mais

comment s'opposer à un si puissant adversaire quand on n'a

que treize ans ?

L’enfant cachée de Dauvillier Loïc (Auteur), Lizano Marc (Le

Lombard BD)

Dounia raconte comment ses parents lui ont expliqué

l'obligation de porter l'étoile jaune. Un petit mensonge pour la

protéger mais qui sera vite éventé par la petite Dounia. À

travers son parcours, elle explique la montée de l'humiliation et

l'évolution des mentalités de ses camarades de classe et des

enseignants. Jusqu'à son abandon de l'école. Une nuit, le père

de Dounia a le temps de cacher sa fille dans le double fond

d'une armoire.

L’enfant de Noé d’Eric-Emmanuel Schmitt (Magnard)

En 1942, Joseph, un enfant juif, doit se cacher pour survivre.

Dissimulé dans un pensionnat catholique, il va grandir auprès

d'un prêtre qui s'attache à faire survivre la culture juive pour les

transmettre à ces enfants cachés. Un court roman qui raconte

dans une langue simple une histoire d'humanité bouleversante.

La Voix des

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Questions/Réponses - La Seconde Guerre mondiale (Nathan)

La plus grande guerre planétaire expliquée aux enfants !

Découvre les dessous de ce conflit terrible et dévastateur qui a

bouleversé le XXe siècle.

Pourquoi cette guerre ? Pourquoi est-elle totale ? Comment

Hitler arrive-t-il au pouvoir ? Comment s'est organisée la

résistance ? Comment les Américains débarquent-ils en Europe

? Qui a utilisé la bombe atomique ?

Voyage à Pitchipoï, de Jean-Claude Moscovici (L’Ecole des

Loisirs)

En 1942, l'auteur de ce livre avait six ans. Sa famille fut arrêtée,

par des gendarmes allemands et français, et dispersée. Le

narrateur et sa petite soeur furent d'abord confiés à des voisins

jusqu'à ce que le maire du village fasse appliquer la décision du

capitaine S-S, Commandeur de la région et responsable des

mesures de répression antisémite : « L'accueil d'enfants juifs

dans des familles françaises est indésirable et ne sera autorisé

en aucun cas. »

Vous n’aurez pas les enfants, de Valérie Portheret (XO Editions)

L'histoire du plus grand sauvetage d'enfants juifs entrepris en

France, dans un camp, pendant la Seconde Guerre mondiale.

108 enfants vont être séparés de leurs parents et exfiltrés du

camp quand les adultes seront conduits à Auschwitz et gazés. La

police lance une chasse pour retrouver ces enfants, mais la

résistance prévient : " Vous n'aurez pas les enfants. "

L'histoire inédite du plus grand sauvetage d'enfants juifs

entrepris en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

Paroles d'étoiles: Mémoires d'enfants cachés (1939-1945)

de Jean-Pierre Guéno (J’ai Lu)

Soixante-douze mille enfants d'origine juive vivaient en France

en 1939. Ils ont été marqués de l'étoile jaune et, pour la plupart,

séparés de leurs parents. Soixante mille ont survécu, souvent

parce qu'ils étaient cachés. À l'âge où ils auraient dû apprendre

à être, il leur a fallu apprendre à ne pas exister. Ils se sont tus

pendant plus de soixante ans, mais depuis vingt ans, certains

témoignent, et leurs paroles révèlent le meilleur et le pire de la

nature humaine.

La Voix des

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Otto, autobiographie d’un ours en peluche de Tomi Ungerer

(L’Ecole des Loisirs)

« J'ai compris que j'étais vieux le jour où je me suis retrouvé

dans la vitrine d'un antiquaire. J'ai été fabriqué en Allemagne.

Mes tout premiers souvenirs sont assez douloureux. J'étais dans

un atelier et l'on me cousait les bras et les jambes pour

m'assembler... »

La véritable histoire de Rachel, survivante de la Rafle du Vél'

d'Hiv', de Pascale Bouchie (Auteur), Marie Toury (Illustrations)-

(Bayard Jeunesse)

Le 3 septembre 1939, la vie de Rachel, une enfant juive de cinq

ans, bascule. Dans la rue et à l'école, on la traite différemment.

Mais elle n'est pas la seule ! Comme des milliers de personnes

de confession juive, Rachel et sa famille vont déménager et se

protéger les uns les autres jusqu'au jour de la rafle du Vel d'hiv.

Un roman d'histoire et de mémoire témoignant des injustices

de la Seconde Guerre mondiale du point de vue d'une enfant

l'ayant vécue.

Histoires extraordinaires des Justes, Portraits de 30 héros

parmi les nations de Dominique Lormier (Alisio Editions)

.Durant la Seconde Guerre mondiale en France et en Europe,

des hommes et des femmes n’hésitent pas à mettre leur vie en

péril pour sauver des centaines de milliers de Juifs de la

déportation : ils acceptent des missions clandestines,

acheminent ou établissent des faux-papiers d’identité, font

fuiter des renseignements, réquisitionnent des hôpitaux, foyers,

écoles pour cacher des familles…

Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu

de Sam Braun et Stéphane Guinoiseau (Magnard éditions)

Sam Braun avait 16 ans quand il fut arrêté avec sa famille. Leur

crime ? Ils étaient juifs dans la France de Vichy. Ils seront

conduits à Drancy puis déportés à Auschwitz. Sam reviendra

seul. 60 ans plus tard, Sam Braun évoque dans ce livre ses

souvenirs de cette sinistre période. Un témoignage essentiel et

humaniste, qui en fait une oeuvre indispensable pour les

collégiens et lycéens.

La Voix des

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Irena - L’ange du ghetto de Jean-David Morvan et Séverine

Tréfouël (scénaristes) et David Evrard (illustrateur) - (Glénat BD)

L'histoire vraie d'une héroïne oubliée.

Décédée en 2008, déclarée Juste parmi les nations en 1965, Irena

Sendlerowa, résistante et militante polonaise, fut l’une des plus

grandes héroïnes de la Seconde Guerre mondiale, sauvant près de

2500 enfants juifs du ghetto de Varsovie. Et pourtant elle est

oubliée des livres d’Histoire... C’est en lisant par hasard un article

sur elle que Jean-David Morvan a eu le déclic : sa vie devait être

racontée. Avec Séverine Tréfouël et David Evrard, ils retracent le

combat humaniste de cette « mère des enfants de l’Holocauste. »

Mes enfants, c’est la guerre de Jean-Jacques Greif (Roman junior

à partir de 9 ans - L’Ecole Des Loisirs)

En 1940, Jacob est en colonie de vacances à Mimizan, dans les

Landes. Il raconte comment Madame Christiane, la directrice de

la colonie, va protéger tous les enfants de 1939 à 1945.

Sauve-toi Elie ! de Elisabeth Brami et Bernard Jeunet (Le Seuil)

En échange dune enveloppe, Élie est confié par ses parents à

monsieur et madame François. Là-bas, à la ferme, tout est

différent. Personne ne lembrasse le soir en le couchant, la

couverture pique, et surtout, Élie doit retenir une drôle de leçon :

« À partir de maintenant tu tappelles Émile, et monsieur et

madame François seront ton oncle et ta tante ».

Anya de Michaël Morpurgo (Folio Junior)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lescun, le petit village des

Pyrénées où habite Jo, est occupé par les Allemands qui

surveillent la frontière. Un jour, dans la montagne, le jeune berger

découvre plusieurs enfants juifs cachés dans une ferme. Ils

attendent le moment propice pour fuir en Espagne. N'écoutant

que son courage, Jo décide de garder le secret et de tout faire

pour les aider et les protéger.

La Voix des

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Un Juste de Patrice Guillon (scénariste) et David Cénou (illustrateur) -

(La boite à bulles)

Après guerre, Myriam Lévy a choisi de tout oublier, l’horreur, la folie...

Tout, y compris le couple qui les cacha, elle et sa famille, pendant

l’occupation allemande.

Prise de remords de n’avoir rien fait pour que le couple soit reconnu

comme Justes entre les nations par l’État d’Israël, Myriam décide de

réparer cette injustice…

C’est l’occasion pour elle de revenir sur sa propre histoire : sa rencontre

avec son futur mari, Henri, son quotidien ainsi que celui de sa famille,

juifs français obligés de se cacher pour survivre.

L’occasion également de découvrir Fernand et Aurélie, héros de l’ombre,

qui n’avaient pas hésité à accueillir chez eux toute une famille juive

malgré les risques encourus.

L’histoire émouvante de deux familles « liées pour l’éternité », soutenue

par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et publié en partenariat

avec l’Association Yad Vashem.

Dictionnaire des Justes de France - Édition établie par Lucien Lazare -

Préface de Jacques Chirac (Editions Fayard)

« Les sauveurs se comptent par milliers, même si l'on y inclut ceux qui

restent inconnus, alors que des millions de Juifs auraient eu besoin

d'aide sous l'occupation allemande. Jusqu'à la fin de l'année 1999, Yad

Vashem a décerné le titre de Juste des Nations à plus de 17 000

personnes. Ce qui démontre de manière incontestable que, malgré la

tragédie implacable qui a frappé le peuple juif, il s'est trouvé des

hommes et des femmes qui ne sont pas restés passifs et ont pris des

risques pour accomplir le précepte : « Aime ton prochain comme toimême.

» Les Justes des Nations ont sauvé non seulement la vie des Juifs,

mais aussi la dignité humaine et l'honneur de leurs compatriotes. »

L'album photo des Français : 1914 à nos jours de Martine Ravache et

Brigitte Leblanc (Editions du Chêne)

Chacun d'entre nous, à sa façon, a vécu les événements et évolutions

historiques qui ont traversé le XXe siècle témoins, acteurs ou victimes de

l'histoire, les anonymes ont été pris dans un tourbillon dont ils n'ont pas

toujours transmis le souvenir. Nous souhaitons ici leur donner la parole,

mettre un visage sur celles et ceux qui n'en avaient pas, faire œuvre de

mémoire. De vastes appels à témoins lancés dans la presse ont fait sortir

des armoires les photos de famille. Elles composent cet album,

accompagnées de témoignages personnels qui racontent une époque et

dessinent les contours d'une vision proprement intime de l'histoire.

Écoutons ces voix qui nous parlent du passé, ces petites histoires qui

font comprendre la grande.

La Voix des

Justes 41


Il fallait bien les aider: Quand des Justes sauvaient

des Juifs en France de François-Guillaume Lorrain

(Editions Flammarion)

Le 6 décembre 1942, Jeanne Acgouau et Jean-Baptiste

Rogalle aident une dizaine de Juifs à fuir la France en

traversant les Pyrénées. La même année, Lucienne

Daniel cache son futur époux et toute sa famille dans

une blanchisserie parisienne. Quant à Odette Blanchet,

elle n'a pas 18 ans lorsqu'elle décide de quitter sa ville

de Tours pour protéger une mère et ses enfants... Que

sont devenus ces héros de l'ombre qui, au péril de leur

vie, ont secouru des Juifs pendant la période de

l'Occupation ?

Afin de reconstituer les multiples chaînes de solidarités qui se sont nouées

discrètement en France à cette époque, François-Guillaume Lorrain est parti,

grâce à l'aide du Comité français pour Yad Vashem, à la rencontre des derniers

Justes vivants. Il est aussi retourné dans les lieux de sauvetage, retrouvant des

descendants de Justes ou de Juifs sauvés qui s'étaient engagés dans de

longues démarches mémorielles. Car, très souvent, il a fallu plus d'une

génération pour que les souvenirs rejaillissent et que ces sauveurs invisibles

soient reconnus comme Justes parmi les Nations. Par cette enquête intime et

incarnée au coeur d'un chapitre trop méconnu de la Seconde Guerre mondiale,

François-Guillaume Lorrain met en scène une quinzaine d'histoires emplies

d'humilité, qui marquent par leur pudeur et redonnent espoir en l'humanité.

Au nom de la loi: La persécution quotidienne des

Juifs à Paris sous l'Occupation de Johanna Lehr

(Editions Gallimard)

C'est dans Paris et sa banlieue, point névralgique

de leur persécution, que furent rafl és près de

29000 Juifs pendant l'Occupation. Si elle s'est

imposée dans la mémoire collective comme le

symbole de la répression antijuive, la rafl e du Vél'

d'Hiv a éclipsé une autre forme de violence, plus

discrète et quotidienne, qui s'est abattue sur des

milliers de Juifs dans la capitale et a abouti à leur

déportation : les arrestations individuelles. C'est

alors "au nom de la loi", du règlement ou de

l'ordonnance qu'on arrêtait chaque jour ces Juifs à

Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans

son enquête, Johanna Lehr, grâce à des archives

inédites, dévoile le rôle d'administrations

françaises restées invisibles.

La Voix des

Justes 42


LES ENFANTS CACHÉS AU CINÉMA...

Le voyage de Fanny, de Lola Doillon

En 1943, dans la France occupée, Fanny et ses sœurs sont envoyées dans une

maison d'enfants de l'OSE. Lors de l'arrivée des nazis en zone italienne, l'OSE

précipite le départ d'enfants juifs vers la Suisse. Fanny fait partie d'un de ces

groupes d'enfants qui voyageront et devront passer la frontière, seuls.

Un sac de billes, de Christian Duguay

Dans la France occupée, deux frères juifs font preuve d'une incroyable dose de

malice, de courage et d'ingéniosité pour survivre et tenter de réunir leur famille.

Adaptation du livre de Joseph Joffo, avec Dorian Le Clech, Batyste Fleurial

Palmieri, Patrick Bruel, Elsa Zylberstein, Christian Clavier et Kev Adams.

Les enfants de la chance, de Malik Chibane

Juillet 1942. Emmené à l’hôpital de Garches pour une jambe cassée, Maurice

Gutman, 12 ans, évite de justesse la rafle qui va emporter sa famille. À l’hôpital, le

docteur Daviel lui diagnostique une tuberculose et lui impose un long

traitement. Et si cela n’était qu’une ruse pour éviter à Maurice d’être déporté ?

Maurice et huit autres jeunes pensionnaires vont vivre, avec le personnel

hospitalier, une expérience inoubliable, faite de preuves d’amitié, de solidarité et

de courage extraordinaire. Ce sont les enfants de la chance et leur histoire est

vraie.

La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius

Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre

bûcheronne.

Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la

vie bien difficile.

Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux

trains qui traversent sans cesse leur bois.

Protégée quoi qu’il en coûte, ce bébé, cette petite marchandise va bouleverser

la vie de cette femme, de son mari , et de tous ceux qui vont croiser son destin,

jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train.

Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.

Les enfants des Justes, de Fabien Oteniente

En France en 1942. Blanche et Virgile habitent en zone libre, le long de la ligne de

démarcation. Tous deux aident un réseau local de résistants en servant, grâce à la

barque de Virgile, de passeurs pour un nombre grandissant de réfugiés. Alors que

la guerre s’intensifie, le couple, qui ne peut pas avoir d’enfant, propose un jour de

recueillir Sarah, 10 ans, enfant juive qui attend avec impatience ses parents…

La Voix des

Justes 43


Monsieur Batignole, de Gérard Jugnot

Sous la France occupée de 1942, à Paris, Edmond Batignole, un boucher sans

histoire, tente de survivre comme tant d'autres. Il peut se laisser entraîner par

son entourage et sa lâcheté sur les pentes de l'infamie. Mais il va choisir de lutter

pour sauver la vie de Simon, un petit enfant juif.

Le vieil homme et l’enfant, de Claude Berry

Durant le second conflit mondial, un petit garçon juif est recueilli par deux

personnes âgées.

Pingouin & Goéland et leurs 500 petits, de Michel Leclerc

C’est l’histoire d’un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants et qui en a eu des

centaines.

C’est l’histoire d’intellectuels, anarchistes, pacifistes, syndicalistes et féministes.

C’est l’histoire d’un couple de résistants qu’on a pris pour des collabos.

C’est l’histoire d’Yvonne et Roger Hagnauer que tout le monde appelait Goéland

et Pingouin.

C’est l’histoire de la maison d’enfants de Sèvres, une expérience unique de

liberté, de pédagogie et d’ouverture au monde. Et puis c’est aussi mon histoire,

puisque ma mère, sauvée par ce couple, a passé dans cette maison toute son

enfance.

Une vie, de James Hawes

Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un

banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants

promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie,

Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où 669 enfants juifs

trouveront refuge.

Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au

monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique invite Nicholas à

témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants –

désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui...

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RESSOURCES

Les articles et ouvrages consultés pour rédiger ce dossier pédagogique :

“Cachés” de Naomi Morgenstern

Je lis des Histoires vraies : les Justes de Béatrice Guthart (Editions Fleurus)

Questions/Réponses - La Seconde Guerre mondiale (Éditions Nathan)

Histoire de France - Encyclopédie Junior (Editions Fleurus)

Blog pédagogique de Romain Wiart

Pour poursuivre votre exploration sur le sujet :

https://www.yadvashem.org/fr

https://yadvashem-france.org/

https://www.youtube.com/c/YadVashemFran%C3%A7ais

https://lenfantetlashoah.org/

Œuvre offerte en 2024 par Joann Sfar

au Comité français pour Yad Vashem

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Après la visite de l’exposition…

Liens pour retrouver les témoignages audio :

Denise Aguadich-Paulin : "Le souvenir en scène" par Marc Lavoine

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/denise-aguadich-paulinle-souvenir-en-scene-7001160

Henriette Launay et sa fille Henriette : "Le petit sac rouge" par Claire Chazal

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/henriette-launay-et-safille-henriette-le-petit-sac-rouge-1572432

Jeanne Gassie Pladepousaux : "Cette nuit-là…" par Joey Star

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/jeanne-gassiepladepousaux-cette-nuit-la-4948047

Famille Rigaud : "Désobéir pour sauver" par Sophia Aram

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/famille-rigaud-desobeirpour-sauver-6077141

Raymonde et Roger Fontaneau : "Revoir la Tour Eiffel" par Nagui

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/raymonde-et-rogerfontaneau-revoir-la-tour-eiffel-8842954

Marinette Arjac-Toujas : "La dernière lettre" par Bénabar

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/marinette-arjac-toujas-laderniere-lettre-3963313

Famille Cordier : "Le pont du danger" par Carla Bruni

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/famille-cordier-le-pontdu-danger-2371092

Hélène Duc et sa mère Jeanne : "On ne joue plus" par Lucie Lucas

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/helene-duc-et-sa-merejeanne-on-ne-joue-plus-2599074

Marie-Antoinette Pallarès : "Une sœur inattendue" par Emmanuelle Béart

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/marie-antoinette-pallaresune-soeur-inattendue-7817852

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Marguerite Soubeyran : "L’école des libertés" par Coline Serreau et Muriel Robin

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-voix-des-justes/marguerite-soubeyran-lecole-des-libertes-5843230

Marthe Barnet Cambou : "L'institutrice" par Sylvie Tellier

https://soundcloud.com/yad-vashem-france/marthe-barnet-cambou-linstitutrice-raconte-parsylvie-tellier?utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

Odette Bergoffen : "Survivre" par Elsa Lunghini

https://soundcloud.com/yad-vashem-france/odette-bergoffen-survivre-racontee-par-elsa?

utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

Pour les témoignages écrits :

L’histoire d’Andrée Nicol : https://yadvashem-france.org/dossier/nom/11001/

L’histoire de Julienne et Aurélien Morin : https://yadvashem-france.org/dossier/nom/14083/

L’histoire de Marie et Fernand Bibal : https://yadvashem-france.org/dossier/nom/11910A/

L’histoire de Marie-Yvonne Rahir : https://yadvashem-france.org/dossier/nom/12746/

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