L'ancienne laiterie des Granges
Thèse de Master Art Education par Lucie Gremaud, HKB, 2021
Thèse de Master Art Education par Lucie Gremaud, HKB, 2021
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L’ancienne
laiterie
des Granges
Master thesis Art Education Lucie Gremaud
Sommaire
Introduction
Approche rétrospective
La laiterie et moi
Où se trouve la laiterie ?
L’ancienne laiterie
Un premier ensemble de questions
La recherche
– Par où commencer ?
– Plongée dans les inspirations
– Sur le terrain
– Les rencontres
– L’appel à participation
– Les archives communales
– Une toile de connexions
Vocabulaire et mots-clés
La programmation du mois de mai
Comment communiquer les évènements ?
Les observations et la conclusion
L’ histoire de la laiterie
On en parle dans la presse
Ouverture prospective
Et après ?
Les scénarios possibles
Les conditions pour la continuité du projet
Les difficultés et bénéfices du processus
L’application de la méthode à un autre lieu
La prochaine boucle
Documentation de l’aventure
Retranscriptions des rencontres 1–3
Documentation photographique des évènements
Archives collectées
Livre d’or
Documentation annexe
Sources
Sélection de littérature
Un grand merci
Impressum
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5–56
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10
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15–39
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36
38
39
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42
46
50
52
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59–66
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65
66
69–142
70
81
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142
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148
150
153
154
3
Introduction
Introduction
Ce travail de Master en Art Education – médiation artistique et culturelle,
effectué à la haute école des arts de Berne a été réalisé en situation de crise
sanitaire liée au COVID-19 1. . Le développement du travail s’est naturellement
vu contraint aux restrictions sanitaires en place, ainsi qu’à leurs évolutions.
Ce mémoire écrit, retrace le développement du projet « L’ancienne laiterie des
Granges » qui a débuté en mars 2021.
Il s’agit d’un projet expérimental et pilote, qui a pour but de réanimer un ancien
local de coulage de lait, présent dans le quartier des Granges à La Tour-de-
Trême 2. , commune de Bulle 3. . Le local, auparavant épicentre et lieu de rencontre
du quartier, ayant cessé ses activités laitières en 1999, est depuis utilisé
comme local de dépôt par diverses entreprises locataires. Représentant le seul
endroit non résidentiel ou agricole du quartier des Granges, la localisation de
l’ancienne laiterie 4. est stratégiquement intéressante. Elle pourrait devenir un
lieu de rencontres et contribuer à la cohésion sociale et le développement du
quartier. Cette réanimation se fait en cocréation avec les habitant.e.s du quartier
ou les personnes liées au lieu. Elle est initiée par Lucie Gremaud. Durant
tout le mois de mai 2021, nous proposons des évènements ouverts à tou.tes,
intergénérationnels et complètement gratuits, en lien avec ce lieu et le quartier
des Granges. Ce premier projet de réanimation vise à se rapprocher d’une
méthodologie, dans le but de pouvoir l’appliquer à d’autres lieux.
La démonstration se compose donc d’une partie rétrospective, qui retrace les
étapes du projet telles qu’elles se sont déroulées.
La seconde partie est prospective, elle tente de se projeter dans le futur en
tirant les conclusions des expériences faites durant le projet.
- Quels sont les scénarios possibles, les éléments nécessaires à ce qu’un tel
projet continue dans le temps ?
- Quelles sont les motivations nécessaires, afin que les habitant.e.s se
l’approprient et portent collectivement le projet ?
- Quelles conditions réunir pour appliquer ce projet à un autre lieu ?
1 . Coronavirus disease 2019 (COVID-19), pandémie mondiale.
2. La Tour-de-trême est une localité de la commune de Bulle dans la région de la Gruyère, canton de Fribourg.
3 . Ville chef lieu du district de la Gruyère, 24’467 habitant.e.s au 31 décembre 2020,
source: https://www.bulle.ch/statistiques, consulté le 13.06.2021.
4 . Nom de l’ancien local de coulage, donné par les habitant.e.s du quartier.
4
Approche rétrospective
5
Approche rétrospective
La laiterie et moi
Dans le quartier des Granges, là où j’ai grandi, il y avait cet endroit que tout le
monde connaissait sous le nom de « l’ancienne laiterie ». Ce petit bâtiment en
béton à la toiture boisée, comme une petite maison, n’était pour moi qu’un arrêt
de bus pour le ramassage scolaire de l’école primaire. Ce n’était pas mon arrêt.
Quand je loupais le bus, je courais le plus vite possible pour rejoindre l’ancienne
laiterie qui était le prochain stop. Dans mes souvenirs, cet endroit a toujours été
inactif. Je ne l’ai jamais vu ouvert, je n’ai jamais vu l’intérieur et je n’ai jamais
connu son histoire. Cet endroit, présent dans mon quotidien mais inaccessible,
a titillé ma curiosité et mon imagination. J’imaginais qu’à l’époque, les habitant.e.s
du quartier venaient acheter leur lait, qu’il y avait aussi du fromage,
des yogourts, de la crème et des caramels. Je pensais que parfois, il y avait une
file d’attente, surtout le dimanche matin. J’imaginais que les gens attendaient
dehors, sur la parcelle de ce croisement et qu’elles.ils parlaient entre eux, au soleil,
en attendant leur tour. Je pensais que parfois, s’y tenaient des événements
comme des apéros ou des soupers. J’aimais l’idée qu’avant moi, le quartier avait
comme un petit magasin local, un lieu qui rassemblait les gens.
En grandissant, me rendant à l’école secondaire, cet endroit était devenu notre
lieu de rendez-vous. Chaque matin et chaque début d’après-midi, avec mes
copains et copines du quartier, nous nous y retrouvions et faisions le chemin de
l’école à pied, ensemble.
Accrochée à sa façade, nous pouvons y retrouver la seule boîte aux lettres du
quartier. Son positionnement est également très intéressant. Elle se trouve au
croisement de quatre rues et représente une des entrées possibles du quartier
des Granges. Il faut emprunter une longue route bordée d’une lignée de grands
arbres chênes. Tout au bout se trouve la laiterie. Mon regard d’enfant et mon
regard d’adulte se croisent et veulent résoudre le mystère qu’est devenue cette
ancienne laiterie. J’aimerais connaître son histoire, son passé. J’aimerais savoir
à quoi ressemblait l’atmosphère de ce lieu, son rayonnement et son utilisation.
Je veux comprendre pourquoi il n’est plus actif , comment et par qui il est utilisé
aujourd’hui. Je vois en ce lieu un grand potentiel et lui imagine un futur. Il est le
seul lieu non résidentiel du quartier.
Le quartier n’a fait que grandir et se bâtir depuis que je suis petite. Il s’agit d’un
quartier agricole, devenu résidentiel au fil du temps. De mes yeux, le quartier
des Granges pourrait être en soi un petit village, car il n’est ni rattachés
au centre de Bulle ni rattachés au centre de la Tour-de-Trême. Les bus des
transports publics bullois ne viennent pas jusqu’ici, je ne sais pas pourquoi. Le
quartier a grandi, les familles sont parties, ont vendu leurs villas à de nouvelles
familles et il ne bénéficie d’aucun lieu de rencontre entre voisins autre que les
uns chez les autres. Les habitant.e.s ne se connaissent plus ou à peine et ne se
rencontrent pas.
6
La laiterie et moi
Dans la rue où j’ai grandi, un souper de quartier annuel était organisé. Il s’agissait
d’un souper pour la Rue de Préville 1. , cette rue est longue et compte beaucoup
d’habitant.e.s. J’ai eu vent de quelques autres soupers de quartiers, mais
très peu. Ce sont les seuls événements rassembleurs et pourtant, ils subdivisent
encore le quartier.
Quand j’imagine le futur de la laiterie, j’aime penser à une maison de quartier,
cogérée par les habitant.e.s, formant une association de quartier peut être,
en collaboration avec la commune. J’imagine un endroit qui puisse être loué
gratuitement pour des anniversaires, des réunions, des soirées ou des journées.
Ce lieu pourrait servir de point de dépôts pour des livraisons de paniers
de légumes, de produits laitiers ou produits régionaux. On pourrait y passer
prendre un café, prendre notre ordinateur et venir y travailler ou alors étudier.
Un lieu où les habitant.e.s pourraient proposer des activités, prendre des
initiatives pour encourager la vie de quartier. Un lieu d’échange et de partage
où divers outils pourraient s’y greffer, telle qu’une boîte d’échange de livres ou
encore un frigo communautaire. Un lieu vivant, qui sert à la population et qui
ouvre le champ des possibles.
La Gruyère est une région emplie de culture, d’histoires et de traditions. Les
contes et légendes, les spécialités culinaires, l’industrie laitière qu’on appelle
« l’or blanc 2. », les montagnes et les lacs, l’architecture alpestre traditionnelle
ainsi que tout un savoir-faire ancestral. Elle est riche en même temps d’être
verte, comme on aime bien le dire, « notre verte Gruyère 3. ».
Alors je me questionne :
- Quelle est l’histoire du quartier où j’ai grandi ?
- Cette histoire se serait-elle endormie avec l’ancienne laiterie ?
- Que se passe-t-il si nous essayons de la réveiller ?
Est-ce que la réanimation d’un lieu de vie
telle que la laiterie des Granges parvient-elle
à stimuler et inspirer une vie de quartier ?
1 . Rue d’habitations dans le quartier des Granges à La Tour-de-Trême.
2 . Expression liée à l’industrie laitière qui désigne le lait comme «or blanc».
3 . Expression qui fait référence au paysage de la région gruérienne.
7
Approche rétrospective
Où se trouve la laiterie ?
Elle se trouve dans le canton de Fribourg, sur la commune de Bulle, plus précisément
La Tour-de-Trême, dans le quartier des Granges.
1.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021
Le quartier est considéré comme appartenant à La Tour-de-Trême, il partage
donc le code postal « 1635 ». Comme on peut le remarquer, le quartier se situe
entre la ville de Bulle et le village de La Tour-de-Trême.
Ville de Bulle
Quartier des Granges
Village de La Tour-de-Trême
2.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021
8
Où se trouve la laiterie ?
Au centre du quartier, au croisement de quatre rues et à l’une des entrées du
quartier, se trouve l’ancienne laiterie des Granges
L’ancienne laiterie des Granges
Entrées du quartier
La maison de mes parents
3.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021
Voici l’ancienne laiterie, à l’adresse :
Chemin des Bioleires 53, 1635 La Tour-de-Trême
Un petit local sur une assez grande parcelle
4.Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021
9
Approche rétrospective
L’ancienne laiterie
5. L’ancien local de coulage du quartier des Granges, 15.03.2021 ©Isabelle Gremaud
Voici la laiterie à l’heure actuelle. Mes premiers souvenirs en lien avec ce lieu
remontent à l’an 2000, l’année où j’ai commencé à prendre le bus pour aller à
l’école primaire.
Les deux portes et les deux fenêtres sont fermées. Une vitre est cassée. On
retrouve accrochée au mur la seule boîte aux lettres jaune du quartier ainsi
qu’une boîte aux lettres privée, grise. La parcelle est utilisée comme dépôt de
véhicule ou de parking. Un miroir routier est accroché sur le haut droit de la
laiterie. La laiterie est encore aujourd’hui un arrêt de bus pour le ramassage
scolaire. On peut y retrouver la ligne jaune au sol, qui indique la limite à ne pas
dépasser en attendant le bus.
10
L’ancienne laiterie
6. L’ancien local de coulage du quartier des Granges, 15.03.2021 ©Isabelle Gremaud
7. L’ancien local de coulage du quartier des Granges, 15.03.2021 ©Isabelle Gremaud
11
Approche rétrospective
Un premier ensemble de questions
Un regard vers le passé :
Quelle est l’histoire de la laiterie ?
Quand, pourquoi et par qui a-t-elle été construite ?
Comment était-elle utilisée ?
Qui s’occupait de cet endroit ?
À quoi ressemblait une journée typique à la laiterie ?
Est-ce que les gens pouvaient venir acheter du lait, du fromage,
des caramels et d’autres produits du terroir ?
Est-ce que des événements étaient organisés dans cet endroit ?
Combien de temps a-t-elle été active ?
Pourquoi elle s’est arrêtée ?
À quoi ça ressemble dedans ?
À quoi ressemblait le quartier lorsque la laiterie a été
construite ?
Comment le quartier a-t-il évolué autour de cette laiterie ?
Pourquoi on y retrouve la seule boîte aux lettres du quartier ?
Depuis quand le bus s’arrête ici ?
12
Un premier ensemble de questions
Un regard actuel :
Qui est le propriétaire du bâtiment ?
Pourquoi le bâtiment est laissé presque à l’abandon ?
Pourquoi la commune ne rachète pas le bâtiment et ne le transforme
pas en commerce ou maison de quartier ?
Est-ce qu’il y a une vie de quartier ?
Si oui, à quoi ressemble-t-elle ?
Si non, pourquoi ?
Quelle est la mentalité des habitant.e.s ?
De quoi les habitant.e.s du quartier auraient besoin ?
Qu’est-ce que les habitant.e.s du quartier pensent de cette
laiterie ?
Est-ce que je suis seule à voir le potentiel de cet endroit ?
Est-ce qu’il serait possible de réanimer ce lieu et le quartier ?
Si oui, de quelle manière ?
13
Approche rétrospective
La recherche – Par où commencer ?
L’enquête commence en mars 2021, chez moi, à Berne, devant mon ordinateur.
Je commence par écrire « L’ancienne laiterie des Granges la Tour-de-Trême »
dans la barre de recherches Google, puis clique sur «image 1. ». Une photo de la
laiterie apparaît et me mène au site web suivant :
«https://www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm 2. ».
Ce site est un petit trésor perdu dans la grande toile. Il s’agit d’une documentation
photographique commentée et personnelle, de l’évolution du village de
la Tour-de-Trême et du quartier des Granges fait par Joseph Seydoux ( 1924
– 2004 ). Il me permet de me replonger visuellement dans le passé du quartier
et notamment de trouver une première photo d’archive de la laiterie, daté du 16
septembre 1986
Je décide de me rendre sur Google maps pour retrouver l’adresse et la localisation
de l’ancienne laiterie. Google maps affiche la Société coopérative de laiterie
de la Tour-de-Trême à la Route de la Gîte, proche de la laiterie. J’obtiens un numéro
de téléphone fixe et décide d’appeler. Au téléphone, l’ancien président de
la société coopérative de laiterie m’explique qu’elles.ils n’ont pas mis à jour leurs
informations et me confirme que la société est bien propriétaire du local. Selon
lui, il faut que j’appelle Aloys Dupasquier pour obtenir plus d’informations sur
la laiterie. Il m’indique où ce monsieur habite, mais ne peut pas me donner son
numéro de téléphone. Nous échangeons longuement de mon intérêt pour ce lieu
et mon projet, puis terminons notre appel.
Plus tard dans la semaine, je demande à mes parents des informations concernant
Aloys Dupasquier. Ils ne le connaissent pas vraiment. Je demande également
à Fiona, une amie d’enfance du quartier, si elle peut me renseigner sur
ce lieu. Elle me redirige vers sa maman et sa grand-maman qui, selon elle,
pourront me donner plus d’informations. Je lui demande également si elle a des
souvenirs en lien avec cette laiterie. Elle m’explique se rappeler vaguement de
pouvoir y acheter des chocolats et me décrit brièvement l’intérieur du local.
J’appréhende de contacter monsieur Dupasquier, car à ce moment, mon projet
n’est pas clair et je n’ai qu’une seule chance de le convaincre pour me laisser utiliser
le lieu durant une certaine période. Tout mon projet repose sur l’ancienne
laiterie.
Je mets sur pause mon enquête et m’attèle aux recherches qui m’aideront à préciser
mon projet.
1 . https://www.google.com/ Recherche sur Google Images.
2 . https://www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm, Documentation photographique personnelle de La
Tour-de-Trême, par Joseph Seydoux (1924–2004).
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La recherche
Par où commencer ?
8. Capture d’écran : https://www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm
consulté le 7.06.21 dans Google Chrome. Crédits photographiques ©Joseph Seydoux
9. Capture d’écran Google maps du 7.06.21 dans Google Chrome ©Google 2021
15
Approche rétrospective
La recherche – Plongée dans les inspirations
Je commence par réunir des sources inspirantes, connues puis demande conseil à mes collègues
de classe, mes mentors et mes amies actives dans le milieu artistique et culturel. En parallèle,
j’ai commencé un séminaire en ligne donné par le collectif microsillons 1. sur l’art socialement
engagé, cela me donne une bonne base de vocabulaire de recherches et beaucoup d’inspirations.
Voici une collection d’inspiration commentée :
La coutellerie
Maison de quartier, gérée par des bénévoles, prix libre, freeshop,
location pour réunion ou événement à prix libre, tout le
monde peut proposer un événement ou venir aider en cuisine ou
servir, etc. Deal passé avec les maraîchers du marché, l’équipe
de la coutellerie aide à démonter le stand contre les légumes invendus
du jour, elles.ils cuisinent ensuite avec ça et les client.e.s
peuvent manger à prix libre.
https://www.facebook.com/lacoutelleriefribourg/
https://www.instagram.com/la_coutellerie1/?hl=de
10. Capture d’écran du 7.06.21 Instagram
@la_coutellerie1, Vitrine de la coutellerie
Museum of Broken Relationships
Collection d’histoires liées à un objet et à un thème/ événement.
Réunion et créations de liens indirects entre les personnes.
Un musée physique et digital, sans frontières qui collecte les
histoires des gens.
https://brokenships.com/
11. Capture d’écran du 7.06.21 Collection, Museum of Broken
Relationships
The Gerrard Winstanley Mobile Field Center,
European Chapter, Nils Norman, 2000
Nils Norman et son approche artistique et collaborative.
Dispositif écologique, public art, lieu de partage et d’échange,
mobile.
http://www.dismalgarden.com/projects/gerrard-winstanley-mobile-field-center-european-chapter
12. The Gerrard Winstanley Mobile Field Center,
European Chapter, 2000
1 . Collectif créé en 2005 par Marianne Guarino-Huet et Olivier Desvoignes. Le collectif développe des projets artistiques collaboratifs
engagés dans une réflexion sociale et citoyenne, en s’appuyant sur des stratégies issues des pédagogies critiques et féministes.
16
La recherche
Plongée dans les inspirations
Candy Chang
Outils pour échanges entre voisins, communauté. Travail dans
l’espace public. Travail participatif, émotionnel/intime, poétique,
humain. Travailler avec des choses simples et connues de tou.tes
-> craie, post it, stickers
http://candychang.com/work
13.Neighbor Doorknob Hanger, Candy Chang, 2010
14.Before I Die, Candy Chang, Nouvel
Orléans, dans le monde entier, 2011 –
Aujourd’hui
15.Career Path, Finlande, Candy Chang
2011
16.Kissing, Crying, and Freaking Out in
Public, Candy Chang, Hong Kong, 2013
17. I wish this was, Candy Chang, Nouvel
Orléans, 2010
18. Post-it Notes for Neighbors, Candy
Chang, New York, 2008
19. Confessions, Las Vegas, Londres, et
plus, Candy Chang 2012
20. Community Chalkboards, Candy
Chang, Afrique du sud, 2007 - 2008
Tableau 1
17
Approche rétrospective
Utopiana
Lieu donné par la ville de Genève à une association, projets
interdisciplinaires. Le projet « politique des liens » et le projet
« Transformer» m’inspirent.
https://www.utopiana.art/fr
21.Utopiana, EIdguenots21, 1202 Geneve, 2010-2017
klaut alles! (steal everything!), 1996
Installation, Kiosk, Bern.
Curated by Katrien Reist and Beate Engel.
Utilisation d’un ancien kiosque comme espace d’art. Réaffectation
d’un lieu en lui donnant un autre sens.
http://www.relax-studios.ch/detail/1996klautalles/
22.klaut alles! (steal everything!), Chiarenza & Hauser Installation,
Kiosk, Bern, 1996
Soupe au caillou, Hasoso
Événement participatif, qui réunis les personnes et les fait
prendre part au processus de création.
https://hasoso.ch/
23.Soupe au Caillou, Hasoso, Marseille, octobre 2018
The Ladder café, Collectif microsillons
«En 1969, Sherry R Arnstein publie ‘A Ladder of Citizen Participation’,
texte dans lequel elle propose une classification en
huit échellons des des différents niveaux d’implication dans les
démarches participatives, de la manipulation au contrôle citoyen.
Le ‘Ladder Café’, dont le design est basé sur cette échelle, est un
lieu de rencontre et de discussion sur le rôle de la culture dans
nos vies et, plus spécifiquement, sur le musée comme un possible
lieu où exercer la citoyenneté. Le café a été ouvert de mars à
mai 2019 dans l’exposition ‘Bureau des transmissions’ au centre
d’art contemporain le Garage, à Moscou.»
http://www.microsillons.org/listeprojets.html#Blob
24.The Ladder café, Collectif microsillons, Garage, Moscou, 2019
18
La recherche
Plongée dans les inspirations
ROBERT WALSER-SCULPTURE, Thomas Hirschorn
Sculpture public, à utiliser et faire vivre. Lieu de rencontre
http://www.thomashirschhorn.com/robert-walser-sculpture/
25.Robert Walser sculpture, Thomas Hirschorn, Bienne, 2019
ESCALE, Marinka Limat
L’art de la rencontre, pavillon nomade avec programmation artistique
pour et avec les gens.
https://www.forumschlossplatz.ch/archiv/2015/ausstellungen+residenz-residenz-marinka-limat/
26.ESCALE, Marinka Limat, Rossfeld, Gewinnbeitrag
Wettbewerb «Kunstplätze» Bern, 2019
NeighborHub – La maison bleue
Maison de quartier dans le parc d’innovation de la BlueFactory à
Fribourg
https://neighborhub.ch/
27.NeighborHub – La maison bleue, BlueFACTORY, Fribourg,
2020
Tableau 2
19
Approche rétrospective
Le pain commun, Marie Preston
«Pour Faire communs, Parcours d’art contemporain en vallée du
Lot, Marie Preston s’associe à Line Gigot et Graziella Semerciyan,
membres de l’atelier Pain Commun, déjà engagé en région
parisienne. Ensemble, elles envisagent la résidence comme une
réflexion sur ce que pourraient être les « territoires » engageant
du commun. Dessiné ici à partir des pratiques paysannes et
boulangères propres à la vallée et aux causses du Lot, leur travail
imbriquera les dimensions anthropologiques, intimes et politiques
qui construisent le faire ensemble.»
https://www.marie-preston.com/fr/Projets/Le_Pain_Commun__2018
28.Le pain commun, Marie Preston, la Maison des arts Georges
et Claude Pompidou, avec Line Gigot et Graziella Semerciyan,
2018-2021, © Céline Bertin
Séminaire du collectif microsillon
La recherche-action-participative,
Coghlan and Brannick (2001)
Une méthode de recherche possiblement infinie et formée de
boucles qui se suivent. Cette méthode défend les personnes
plutôt que la productivité. Contrairement aux méthodes de recherches
conventionnelles, cette méthode n’est pas linéaire.
Ses caractéristiques :
–implique les « sujets » de la recherche comme chercheur.euse.s
–Interdisciplinaire Transdisciplinaire
– Aller au de la de l’idée de cause à effet. On va ne pas prétendre
pouvoir dire ce qu’il va se passer dans le futur, mais on va avoir
cette conscience et la volonté d’agir sur l’environnement et le
futur dans lequel on est. On ne cherche pas à prédire le futur
–Recherche positive qui débute souvent dans un contexte avec
des problématiques, transformation du contexte étudiée (nécessité
d’une position claire et affirmée du de la chercheur.euse).
29.Capture d’écran, notes personnelles, Séminaire microsillons,
2 mars 2021
Perspective multiple :
En prenant en compte toutes ses perspectives, on va avoir plus
de justice sociale et produire une amélioration dans la société.
Échelle de Sherry Arnstein qui gradue le
niveau de participation
Échelle utilisée pour évaluer le niveau
de participation des citoyen.e.s à la vie
publique.
https://www.kulturagent-innen.ch/fr/
blog/la-participation-dans-les-projets-artistiques-oui-mais
30. Échelle de participation, Sherry Arnstein, Agent.es culturel.
les Suisse, Marinka Limat, 2020
20
La recherche
Plongée dans les inspirations
RADIKANT b / This Book Is Great Too
«Within the scope of AUAWIRLEBEN 2017 (Bern /Switzerland)
and its partner festival “out+about,” the Swiss performance
artist Martin Schick realized an exhibition with 10 works of (inter-)
spatial practice within the context of Bümpliz-Bethlehem, now
documented in the form of 2 interrelated books.
The 10 projects, all from the artist’s repertoire, were reworked
and adapted at the various locations in Bern’s district VI with a
variety of local actors, inspired by the surroundings. Irrespective
of the intensity of their individual positions, a series of works
emerged as a kind of art retrospective or “reprospective»: 10
works of art based on the changing of place and time, each with
potential for a lasting effectiveness and an open end..»
https://www.martinschick.com/radikant-b
31. Photographie du livre Radikant B, Art Works
In Context, Page de couverture, Martin Schick, 2017
32. Ref.31 33. Ref.31 34. Ref.31
35. Ref.31 36. Ref.31 37. Ref.31
Kinderpolizei Bümpliz
Les enfants font la police dans le quartier !
Fanions! Fähndle!
«Bonjour, serait-il possible de suspendre
notre guirlande de drapeau à travers votre
appartement ?»
1 KM de guirlande faite de tissus locaux (
sacs et vêtement de seconde main, draps
de lit, etc.) accroché dans tout un quartier.
Brouiller les pistes et les frontières entre la
sphère privée et publique. Visite publique
du quartier avec comme fil conducteur: la
guirlande.
38. Ref.31
Barter Theater
Une chaine d’échange dans le quartier. Ça
commence avec un billet de 100CHF, le
billet de 100CHF est échangé contre une
montre de Julia, la montre est échangée
contre un cigare, ainsi de suite. Création
de narrations à travers la valeur, l’histoire
des objets et des personnes qui les
échangent.
Tableau 3
21
Approche rétrospective
Plongée dans les inspirations
Après ces inspirations artistiques et méthodologiques, j’établis les bases de
mon projet.
J’aimerais réunir les gens en redonnant vie à la laiterie, coûte que coûte. J’ai le
souhait de faire une petite programmation d’évènements pour les habitant.e.s
du quartier. J’aimerais toucher toutes les générations. Je ne veux pas m’imposer
et pour cela, j’aimerais inclure les gens dans le processus et la création des
évènements. Ce projet applique la méthode de recherche-action-participative 1. .
Il se construit donc en même temps que la recherche, avec la participation des
citoyen.es. Le résultat ? Aucune idée, mais il faut se lancer. Ce travail de master
peut constituer une seule boucle de recherche-action-participative et continuer
par la suite. Il faut accepter de se laisser guider par la pratique et le faire ensemble.
Je veux créer des rencontres humaines avec des méthodes artistiques,
parfois très pragmatiques et surtout suivre mon intuition. Pour m’adapter à un
public qui n’a pas demandé mon intervention, mais lui donner envie de participer,
je ne dois ni être intimidante ni proposer quelque chose d’inintéressant.
Pour cela, il faut créer du sens, des liens et s’inspirer du commun du public. La
région, le quartier, la laiterie et les instants de convivialité sont mes alliés. Je
dois créer quelque chose avec les possibilités et le cadre que j’ai, c’est à dire :
– Des mesures sanitaires qui varient 2.
– Un budget de 300CHF 3. , le reste devra être payé personnellement.
– Très peu de temps, à peine deux mois
1 . La recherche-action-participative, Coghlan and Brannick (2001).
Une méthode de recherche possiblement infinie, formé de boucles qui se suivent. Cette méthode défend les
personnes plutôt que la productivité. Contrairement aux méthodes de recherches conventionnelles, cette
méthode n’est pas linéaire.
2 . https://www.bag.admin.ch/ suivi de l’évolution des mesures sanitaires.
3 . Somme alloué pour les travaux de Master par la haute école des arts de Berne.
22
La recherche
Sur le terrain
La recherche – Sur le terrain
Je décide de reprendre mes recherches sur le terrain en appelant Mariely
Geinoz, la grand-maman de Fiona. Elle me redirige vers Vérène Pittet. Elle
n’a malheureusement pas son numéro de téléphone. Mariely m’explique qu’à
l’époque, elles.ils allaient chercher le lait au bidon à la laiterie.
Je reviens sur Google et recherche le numéro de téléphone du président actuel
de la laiterie. Je découvre qu’il s’agit de Philippe Dupasquier et trouve son numéro
sur le site web «local.ch» 1. . Je décide malgré tout de l’appeler pour obtenir
plus d’informations sur la situation de la laiterie et la possibilité ou non, de son
utilisation pour mon projet. Au téléphone, Monsieur Dupasquier m’informe
que la société KB Ignifuge SA 2. est actuellement locataire, mais qu’elle rend le
local à la fin du mois de juin. La société de laiteries est donc à la recherche de
nouveaux ou nouvelles locataires, sur le long terme. Il dit ne pas pouvoir me
renseigner sur le passé de la laiterie et ne pas être en possession d’archives photographiques.
Il me conseille de regarder directement avec les locataires quant
à l’utilisation de ce dernier pour mon projet.
J’appelle donc la société locataire du local, KB Ignifuge SA pour leur parler de
mon idée. L’entreprise m’autorise à utiliser la parcelle extérieure de la laiterie
ainsi que ses murs. Il est cependant impossible d’y entrer, car elles.ils entreposent
encore tous leur matériel.
Mes recherches continuent et je décide d’initier des rencontres avec les habitant.e.s
du quartier. Je cherche toute personne pouvant potentiellement m’informer
sur l’ancienne laiterie. Mes parents croisent René Jaquet, habitant du
quartier, ancien conseiller communal et technicien géomètre retraité. Elles.ils
lui parlent de mon projet. René m’appelle quelques jours plus tard et nous fixons
une rencontre. J’ai préparé une liste de questions sur la laiterie et le quartier
pour me guider dans les rencontres. Je prends la décision de les enregistrer à
l’aide de mon téléphone ou de mon ordinateur et de prendre quelques photos du
moment. J’amène à chaque fois un petit quelque chose pour remercier les gens
de leurs temps.
Je retrouve la famille Rody-Chardonnens-Geinoz qui regroupe toutes les générations
du quartier. Je les connais depuis que je suis petite. Fiona, Alexandra,
Géraldine et Mariely acceptent que nous nous rencontrions sur zoom.
Parallèlement, je lance un appel à participation sur mes réseaux sociaux personnels:
Facebook 3. et instagram 4. . À cette étape, je suis approchée par Claire
Pasquier, journaliste pour le journal fribourgeois «La Liberté 5. ». Elle me demande
de la contacter lorsque mon travail sera terminé. J’en décide autrement
et lui propose de faire partie du processus, car il est bien plus intéressant que le
résultat final. Elle accepte mon offre et nous nous appelons quelques semaines
plus tard pour parler du projet.
1 . https://www.local.ch/, Annuaire officiel de Suisse.
2 . KB Ignifuge SA, entreprise de protection incendie, locataire du local de coulage.
3 . https://www.facebook.com/, Réseau social.
4 . https://www.instagram.com/, Réseau social.
5 . Journal Quotidien romand, édité à Fribourg.
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Approche rétrospective
Sur le terrain
J’entre en contact avec les archives communales 1. . René me devance et s’y
rend à ma place. Les archives n’ont pas pu lui fournir de photographies, mais
des plans cadastraux du quartier datant de 1856.
À la suite des deux premières rencontres et à l’appel à témoignages lancé sur
les réseaux sociaux, je suis les pistes qui m’ont été données et organise d’autres
rencontres.
Entre temps, Philippe Dupasquier me rappelle et m’indique que Charles
Boshung est un ancien président de la société coopérative de laiterie. Il doit
sûrement avoir des archives.
La troisième rencontre se fait donc chez Monsieur Boshung, dit Charly, en compagnie
de Monsieur Jean-François Tornare. Monsieur Tornare était l’ancien
secrétaire de la coopérative.
Louise Bonnet, une amie d’enfance, ancienne habitante du quartier, me
fait part de ses souvenirs avec l’ancienne laiterie sur Instagram. Marthe, la
grand-maman de Louise, a habité depuis petite dans ce hameau, le premier
quartier des Granges. Louise va essayer de trouver des photos d’archives du
quartier et de la laiterie dans ses albums et ceux de sa grand-maman.
Vérène me rappelle et m’invite chez elle pour rencontrer Pius, un ami de longue
date, qui était transporteur de lait. Apparemment, il aurait des photos incroyables
de camions qui transportaient les boilles. Il pourrait me renseigner
sur la laiterie. Pour cette quatrième réunion, je rencontre donc Pius, chez
Vérène et Daniel Pittet.
Je retrouve Louise, chez elle, pour boire un café et récupérer les photos qu’elle
a pu trouver. Ceci constitue la cinquième rencontre. Appelons-la « micro rencontre
».
Le projet étant déjà lancé publiquement avec l’exposition d’archives collectives
devant la laiterie, je m’aperçois que je n’ai pas développé de contacts avec les
enfants et adolescent.e.s du quartier. J’ai besoin de savoir ce que représente la
laiterie pour les nouvelles générations et les nouveaux habitant.e.s. Alexandra
m’avait donné le numéro de Manon, une collégienne et habitante du quartier.
Manon n’avait pas envie de s’investir dans le projet. J’ai donc recontacté
Géraldine qui est la maman d’une préado nommée Capucine. Géraldine est
également mon seul contact qui pourrait m’amener à rencontrer les nouvelles
familles du quartier, que je ne connais pas. Géraldine m’a donné quatre numéros
de téléphone de mamans du quartier. Après les avoir contactées, seule
Sophie a accepté de me rencontrer. J’ai donc organisé la sixième rencontre avec
Géraldine et Sophie qui s’est déroulée chez Géraldine.
Tout le projet repose sur des pistes à suivre. Entre appels téléphoniques,
recherches de contacts et envoi de mails. C’est un travail de recherche particulièrement
difficile à documenter. Une toile de connexions se crée au fil et à
mesure du temps.
1 . https://www.bulle.ch/serviceculturels/14114 ,
Archives communales de la Ville de Bulle.
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La recherche
Les rencontres
La recherche – Les rencontres
Rencontre 1, le 22 mars 2021 :
Chez René et Christiane, avec Vérène Pittet
de 18h à 22h30
39. Photographie personnelle, Rencontre 1, (de gauche à droite)
Lucie, René, Vérène, Christiane, 22.03.2021, ©Lucie Gremaud
40. Photographie personnelle, Rencontre 1, 22.03.2021,
©Lucie Gremaud
41. Ref.40. 42. Ref.40. 43. Ref.40.
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Approche rétrospective
Je rencontre donc pour la première fois, René et Christiane Jaquet, qui ont
invité Vérène Pittet à nous rejoindre. Ce soir-là, je découvre sans le savoir mes
copilotes principaux de projet. La rencontre a duré plus de quatre heures et j’ai
découvert le passé général de la laiterie et du quartier. Je vous partage la retranscription
entrecoupée de cette soirée. La transcription complète est disponible
dans le chapitre «documentation».
En 1972, Vérène et Daniel Pittet construisent leur maison dans le quartier des
Granges. À ce moment-là il n’y avait pas d’infrastructures ( eau et électricité ).
Ils font eux-mêmes la route de graviers pour pouvoir faire venir les camions de
constructions. Elle nous explique comment elles.ils installent les infrastructures
et comment les tuyaux gelaient l’hiver. Elle précise bien qu’il y a le quartier
de Murion et le quartier des Granges. Murion existait déjà. René à imprimé des
plans géographiques et m’explique comment c’était à l’époque, où nous nous
situons, etc.
(...)
Je pose la question suivante : comment était l’ambiance entre les habitants à
l’époque ? Tout le monde se connaissait ?
Vérène répond que c’était extraordinaire, qu’elle avait une connexion parfaite
avec ses voisins (...) Elle passe à la laiterie, elle a commencé à y travailler en
1979. elle nous montre une photo d’elle à la laiterie avec ses bottes et son tablier,
puis après une petite dérivation de prénoms de la région, elle revient avec
une deuxième photo d’elle à la laiterie avec les paysans qui venaient couler le
lait, dont Philippe Dupasquier (...) René fait un aparté et mentionne qu’il se rend
demain matin aux archives de la ville (...)
L’employeur était donc Guigoz, une entreprise de lait condensé pour Nestlé, ditelle.
Elle n’était pas une laitière elle était une peseuse. (...)
Elle y a travaillé 10 ans, jusqu’en 1989. Elle mentionne que Charly Boschung
était toujours en retard pour les coulages. Il y avait une coulée le matin et une
coulée le soir. (...) Les paysans arrivaient avec leurs boilles. Gilbert Dupasquier
«Titi» venait à pied en tirant sa charrette pleine de boilles.
(...)
Je demande à quoi ressemble une journée typique de travail :
6h45-7h00: Vérène arrive à la laiterie
7h15: Les couleurs arrivent pour le coulage du matin. Les gens de Bulle et du
quartier viennent au moment des coulages acheter du lait au bidon. Elle parle
de toutes les personnes qui venaient lui acheter du lait. Elle notait tout dans des
carnets: les quantités de lait, le prix, les pesées, etc.
8h30: Les couleurs s’en vont et c’est parti pour environ 1h du nettoyage du
local
Le camion de Guigoz venait chercher le lait coulé chaque jour. Elle devait nettoyer
la cuve après son passage. Les conducteurs des camions avaient aussi ce
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La recherche
Les rencontres
statut d’indépendant. Ils étaient comme mandatés par Guigoz ou Cailler.
L’après-midi elle lavait la cuve
18h - 18h30: Elle revenait pour le coulage du soir.
Elle travaillait le matin et le soir 7 jours sur 7, fêtes ou pas fêtes.
Elle était payé à l’heure. René lit la convention, elle n’était pas considéré comme
employée de Guigoz, plutôt comme indépendante sous contrôle de Guigoz.
(...)
René dit qu’il faisait parti de ses personnes qui montaient chercher le lait au bidon.
Elles.ils venaient pendant les heures de coulage. Vérène avait toujours un
petit bac de yogourt à choix pour les personnes qui voulaient aussi acheter des
jogurt. les yogourt étaient procurés par la laiterie de la tour, qui était la laiterie
principale à l’époque. (...) Elle avait la pesée au kilo et le lait au litre pour les
privés. (...) S’ils voulaient du fromage pour le lendemain, il fallait le dire le soir
avant à Vérène et elle pouvait aller en chercher à la laiterie de la tour.
(...)
Je demande s’il y avait des événements à la laiterie. Vérène me parle des
concerts de la fanfare de la Tour-de-Trême. Elles.ils venait faire le concert
d’été aux Granges. René dit que c’était la seule manifestation qu’il y avait dans
le quartier. Elles.ils venaient chaque année pour la Fête-Dieu aussi et elles.ils
avaient un char et s’arrêtaient un peu partout.
(...)
Je dessine un plan « google maps » avec l’emplacement de la laiterie ainsi que
les noms de rues du croisement et je demande les significations.
Route des Granges : ça m’a l’air plutôt clair, à l’époque il disait le chemin de
Granges parce que c’était qu’un sentier, m’explique René.
Chemin des bioleires : Ils ne savent pas, mais René me dit que c’est sûrement
en rapport avec les arbres, la forêt, la nature. Il y a une ferme, située plus haut,
sur la commune du Pâquier qui porte ce nom. C’est certainement cette ferme
qui a déterminé le nom de la rue. Il faut que je fasse des recherches. La toponymie.
René me dit que quelqu’un a fait un bouquin sur la toponymie du canton.
Il m’explique comment les noms des rues sont choisis. Il y a une commission
communale qui détermine ses noms et ensuite une autre commission cantonale
qui choisit si oui ou non.
Route de la gîte : Vérène et René m’expliquent qu’il s’agissait d’une première
étape pour le bétail pour monter à l’alpage. Pour manger la première herbe.
Lorsque la première herbe était mangée par les bêtes qui pâturaient là, on pouvait
continuer et monter en haut à la deuxième étape. L’herbe d’en haut était
prête, la neige avait fondu. Donc la gîte c’est une première étape de montée à
l’alpage.(...) On voit sur les cartes qu’à l’époque il y avait des jardins, des vergers,
des arbres fruitiers à la place d’habitations et de routes.
(...)
René m’explique le problème actuel. Il y a trop de trucs autour de la laiterie. Il y
a des caravanes, des voitures sans plaques. Un jour elles.ils ont vu une voiture
bernoise déposer une voiture là, sur la place de la laiterie. Il explique que les
gamins qui attendent le bus vont presque jouer dans ses voitures. Les voitures
au bout de quelque mois s’en vont quand même, mais on ne sait pas où.
(...)
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Approche rétrospective
Rencontre 2, le 23 mars 2021 :
Rencontre par Zoom avec la Famille Rody - Chardonnens - Geinoz
de 18h30 à 21h30
44. Capture d’écran, Logiciel Zoom, Rencontre 2, (de gauche à droite de haut en bas) Fiona, Géraldine, Lucie, Alexandra et Mariely,
23.03.2021
45. Capture d’écran, Logiciel Zoom, Rencontre 2, (de gauche à droite de haut en bas) Fiona, Alexandra et Mariely, Lucie, 23.03.2021
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La recherche
Les rencontres
Je retrouve Mariely, Alexandra, Géraldine et Fiona. Mariely est la maman
d’Alexandra et Géraldine. Alexandra est la maman de Fiona. La famille de Fiona
habite dans la même maison que Mariely et son mari, ses grands-parents.
Géraldine a construit une maison sur la parcelle en dessus de la maison familiale.
La famille habite dans le quartier depuis plus de 40 ans. Je connais toute
la famille depuis que je suis petite. Voici la retranscription entrecoupée de notre
rencontre. La transcription complète est disponible dans le chapitre documentation.
Je commence par expliquer le contexte de notre rencontre et les invitent à partager
leurs liens avec la laiterie et le quartier.
Alexandra raconte ses souvenirs. Elle l’appelle «la petite laiterie», elle dit que
ses parents lui permettaient d’aller chercher le lait, elles.ils y allaient tous les
2-3 jours. Elle était toute heureuse d’aller chercher le lait, car en même temps,
sa copine Christine venait chercher le lait depuis Bulle. Ça leur permettait de se
voir, discuter. Christine venait à pieds depuis Bulle, elle passait par le quartier
de Préville, qui était un pré à l’époque. Elle mentionne qu’elle avait toujours peur
parce qu’à l’époque, les chiens étaient en liberté dans le quartier et ils suivaient
Alexandra quand elle allait chercher le lait. Elle se rappelle qu’il y avait toujours
une bonne ambiance entre les paysans et Vérène et que c’était le lieu où l’on se
racontait les histoires. Avec sa soeur Géraldine, elles voulaient toujours jouer
à la laitière, faire comme Vérène. Elles adoraient ce métier et voulaient faire
comme Vérène. Elle mentionne qu’il y avait une fois par année le concert de la
Fanfare et que c’était vraiment la rencontre du Quartier.
Je demande s’ils achetaient le lait uniquement là bas. Alexandra répond oui.
Mariely répond qu’au début oui, mais s’ils voulaient du lait qui se conserve,
elles.ils allaient dans les magasins et achetaient en pack, mais en principe ils
allaient toujours acheter le lait à la petite laiterie. Elle précise que c’était un
lait qu’il fallait cuire, ce n’était pas possible de le boire comme ça, c’était du
lait frais. Alexandra précise qu’elles.ils avaient la crème sur la surface du lait.
Mariely précise qu’il fallait le faire bouillir pour enlever les bactéries avant de
le boire. Avant de le cuire, tu récupérais la crème. Tu mets le lait dans un baquet,
tu laisses poser toute la nuit et le lendemain matin tu racles la crème qu’il
y a dessus. Si tu achetais un litre de lait, ce n’était vraiment pas beaucoup de
crème. Il fallait en avoir au moins 4-5 litres pour pouvoir faire ça.
Alexandra se rappelle de Vérène avec ses bottes et son tablier blanc. C’était un
personnage Vérène. Elle passait tout au jet dans la laiterie.
Géraldine se rappelle de l’odeur, l’impression d’entrer dans un endroit aseptisé,
comme une salle d’opération, tout était super propre, tout était blanc, le sol les
murs, elle était en blanc.(...) Géraldine se souvient des différentes mesures et
outils qu’avait Vérène pour prendre le lait. Elle avait une sorte de pot en métal
avec une anse. Mariely précise que c’était les différentes mesures. Alexandra
mentionne que c’était ça qu’elles aimaient faire avec Géraldine, elles jouaient
avec de l’eau et elles faisaient les laitières. Elles se rappellent que le lait était
versé dans une grande cuve.
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Approche rétrospective
Géraldine se souvient aussi des concerts de la fanfare. Elle se souvient que le
soir, il y avait le rassemblement des jeunes qui avait les boguets. C’était le point
de rencontre des jeunes. Alexandra se rappelle qu’elles.ils jouaient au tennis sur
le mur de la scierie. C’était dans les années 80. Alexandra précise que c’était le
quartier de Murion et qu’elle et Géraldine étaient à la limite alors ils se réunissait
tous à la laiterie, comme ça ils n’étaient chez personne et chez tout le monde en
même temps. Je demande s’il s’agissait seulement des jeunes du quartier. Elles
répondent que non, il y avait aussi les jeunes du village. Ceux du quartier de
Montrepos aussi.
Noé, le petit frère de Fiona apparait sur l’écran, je le salue. Alexandra lui demande
s’il a quelque chose à dire sur la laiterie. Il répond que non, il a vu la
laiterie fermée toute sa vie.
(...)
Alexandra raconte qu’à l’époque, ses parents avaient organisé un bus privé
pour les jeunes du quartier afin qu’elles.ils puissent se rendre à l’école secondaire.
La laiterie était leur arrêt de bus. Le bus de l’école primaire ne passait pas
encore dans le quartier, il est arrivé bien plus tard. Le bus était financé par les
parents des enfants. C’est comme ça que l’arrêt de bus a commencé.
Alexandra soulève qu’il s’agissait vraiment d’un lieu de rencontres.
La boîte aux lettres de la poste a toujours été accrochée à la laiterie, à leurs
connaissances.
Pour Fiona, la laiterie était aussi un point de rencontre, mais dès le début de
la construction de la maison derrière la laiterie, le point de rendez-vous n’était
plus la laiterie. Elle dit que pour elle, la laiterie était principalement l’arrêt de bus
pour aller à l’école primaire. Elle se souvient qu’à un moment donné, il y avait un
petit kiosque, où elle pouvait acheter des «Chokito». Elle se rappelle aussi avoir
brossé les murs de la laiterie pour effacer les traces de chaussures effectuées
lors d’un concours de « celle qui fait la trace la plus haute à gagné !».
Je demande ce qu’elles pensent de l’état de la laiterie actuellement.
Elles répondent à l’unisson que c’est un dépôt actuellement. Alexandra dit qu’il
serait super d’ouvrir un petit magasin, mais qu’elle se demande si les gens du
quartier joueraient le jeu et viendrait au magasin. Elle continue en mentionnant
qu’à l’époque, dans le quartier, tout le monde se connaissait. À l’heure actuelle,
ce n’est plus le cas.
(...)
Je pose la question : qu’aimez-vous dans le quartier ? Pourquoi vous aimez
habiter ici ? Mariely me répond qu’elle à l’impression d’être à la campagne, mais
en même temps, qu’en 20 minutes à pieds, elle est en ville. Le calme de la campagne,
le fait d’être proche des balades, de la nature. Fiona dit avoir beaucoup
aimé cet aspect-là aussi, pour grandir dans le quartier. Elle mentionne aussi que
ça l’ennuie vraiment qu’il n’y ait pas de transports publics bullois qui viennent
dans le quartier. L’aspect «accessibilité» est vraiment dommage selon elle.
(...)
Je leur demande de résumer ce qui manque dans le quartier selon elles. Elles
me disent qu’il manque un lieu de rencontre et le bus, le transport public Mobul.
Mariely mentionne que, par exemple, pour les seniors qui ne peuvent plus
conduire, le bus est nécessaire. Il faudrait vraiment un transport public qui relie
le quartier à la ville de Bulle. Sinon, tu es obligé de déménager ou alors d’être
dépendant de quelqu’un qui te véhicule.
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La recherche
Les rencontres
Rencontre 3, le 20 avril 2021 :
Chez Charles Boschung avec Jean- Francois Tornare
de 10h30 à 12h00
47. Scan de document d’archive de
Charles Boschung, Statuts de la société
de laiterie, La Tour-de-Trême, 1939
46. Photographie personnelle, Rencontre 3, (de gauche à droite) Charles Boschung,
Jean-François Tornare, 20.04.2021, ©Lucie Gremaud
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Approche rétrospective
Sous conseils de Vérène, Philippe et René, et après prise de contact, je rencontre
Charles Boschung qui a invité Jean-François Tornare à nous rejoindre.
Voici la retranscription entrecoupée de notre matinée:
Je raconte que j’ai rencontré Vérène et René. Jean-François n’a jamais vécu
aux Granges, mais y venait couler. Charles Boshung raconte qu’avant, la laiterie
était sous forme de petit chalet, avec un quai à hauteur adapté pour décharger
les boilles des camions. Nestlé venait chercher le lait. Il explique qu’après avoir
coulé le lait, ils mettaient les boilles dans un bassin d’eau froide dans le local,
jusqu’à ce que le camion passe. À la coulée du matin, il y avait Perrin qui arrivait
avec son chariot à moteur, il prenait six boilles de lait, il descendait et faisait
tout le quartier. Il s’arrêtaient au restaurant des Granges, il avait une corne et
puis il soufflait dedans pour que les gens l’entendent et viennent chercher le
lait. Sous son siège, il avait un petit espace pour mettre du beurre et le vendre
aux particuliers. Charly raconte que parfois elles.ils montaient sur le chariot à
moteur parcequ’il allait vite, mine de rien. C’était en 1960.
Je demande s’ils savent qui a tenu la laiterie avant Vérène. Ils me répondent
qu’il s’agissait de Madame Grandjean, et avant ça, Edner. Le petit Edner.
Jean-François mentionne qu’il devait s’agir d’un petit bonhomme, car on l’appelait
le petit Edner. Charles dit qu’en 1960, il y avait Madame Ruffieux, Hélène
Ruffieux, précise monsieur Tornare. Charles explique que du temps du petit
chalet, tout le monde allait couler avec les carrioles, le cheval, le chien qui tire la
charrette.
Charles raconte l’ambiance des coulages. Il dit que c’était de jolis moments,
qu’elles.ils se voyaient tous, qu’elles.ils parlaient. Il précise que le local appartenait
à la société de laiterie et que les peseuses étaient employées par Nestlé.
Il indique qu’il y avait un deuxième local de coulage à la laiterie du village de La
Tour-de-Trême et qu’il a fermé, car Nestlé de voulait plus payé deux endroits
différents. Ce n’était pas pratique d’accès pour les camions qui venaient chercher
le lait. Le local du coulage des Granges était donc le seul.
Jean François était secrétaire de la société de laiterie de 1987 à 1999. Ensuite,
c’était la fille d’Aloys Dupasquier qui a repris le secrétariat. Elles.ils se passaient
tous les documents de secrétaire en secrétaire. Nathalie Dupasquier, devenue
Richoz qui habite à Botterens, il faudrait l’appeler. Les premiers statuts de la
société sont de 1916, juste après la guerre me dit Jean-François. Charles pense
que le petit chalet à été construit dans les années 1935-1940. C’était le local des
paysans des Granges et ils cotisaient pour payer le local. Charles a toujours été
coulé aux Granges.
Nous parlons du concert des Granges et de la fanfare, Charles me dit qu’il en
fait partie. À l’époque il jouait, maintenant il est porte-drapeau. La fanfare avait
demandé s’ils pouvaient venir sur la place, la société de laiterie avait accepté.
Maintenant, ce n’est plus la même chose. La dernière fois la société de musique
à été jouer sur la place de la fontaine à l’entrée du quartier de Dom Herman,
elles.ils ont dû arrêter et partir, car il y a eu des dénonciations, la police est arrivée
pour tapage nocturne. La société de musique a donc arrêté.
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La recherche
Les rencontres
Rencontre 4, le 1er mai 2021
Chez Vérène Pittet avec Pius Macheret
de 14h00 à 17h00
Sous invitation de Vérène, je rencontre Pius Macheret, un ami de Vérène et Daniel
Pittet. Malheureusement, cette rencontre n’a pas été documentée. Je vais la
résumer:
La famille de Pius est transporteur de père en fils. Après un coup de téléphone
avec Vérène, il fouille dans ses archives et retrouve de magnifiques tirages
photo du transport de lait à l’époque de Guigoz 1. datée de 1957 et 1973. Il amène
également une boîte de lait en poudre Guigoz, de 1935. Il nous mentionne
qu’une partie du lait de la laiterie partait à Konolfingen à une certaine période.
49. Scan de document d’archive personnelle
de Pius Macheret, annonce publicitaire
datée de 1973
48. Scan de document d’archive personnelle de Pius Macheret, tirage photographique
daté de 1957
51. Photographie ©Isabelle Gremaud,2021
Boite en métal Guigolac, objet d’archive
de Pius Macheret daté de 1935
50. Ref.48
1 . Usine de transformation de produit laitier installé à Vuadens, rachetée en 1971 par Nestlé.
Source: https://www.unifr.ch/histcont/fr/recherche/aux-sources-du-temps-present/no.-10.html.
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Approche rétrospective
Rencontre 5, le 1er mai 2021
Chez Louise Bonnet
de 10h30 à 11h
Il s’agit d’une micro rencontre. Je suis passée chez Louise récupérer les photos
de sa grand-maman. Ses photos sont les plus vieilles photos des Granges
que j’ai recueillies actuellement, elles datent de 1940 et 1950. Nous pouvons y
voir la laiterie, sous forme de petit chalet. Ces photos nous permettent aussi
de constater l’évolution du quartier et de la commune de Bulle. Louise m’invite
à boire un café, nous parlons de ses souvenirs en lien avec la laiterie. Elle
mentionne que, comme Fiona, elle se rappelle pouvoir acheter des «MilkyWay
Crispy Rolls» 1. après l’école, à la laiterie. Il s’agissait d’un tout petit kiosque,
tenu par quelqu’un, dont elle ne se souvient plus le nom. Les chocolats coûtaient
1CHF. Sinon, la laiterie était un lieu de rendez-vous et l’arrêt de bus scolaire.
52.Scan de document d’archive personnelle de Marthe Dupasquier, tirage photographique daté de 1940
53.Scan de document d’archive personnelle de Marthe Dupasquier,
tirage photographique daté de 1940
54. Scan de document d’archive personnelle de Marthe Dupasquier,
tirage photographique daté de 1950
1 . Milky Way © est une marque commerciale de barre de chocolat.
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La recherche
Les rencontres
Rencontre 6, le 3 mai 2021
Chez Géraldine Chardonnens avec Sophie Francey
de 19h à 20h
Après quelques téléphones, je rencontre Géraldine et Sophie pour leur parler du
projet et en savoir plus sur leurs visions du quartier. Cette rencontre n’est malheureusement
documentée que par la trace des notes prises ce soir-là. Sophie
m’explique que pour elle, la laiterie ne représentait pas grand-chose car elle a
emménagé dans le coin il n’y a pas si longtemps. Mis à part l’arrêt de bus de ses
enfants, qu’elle trouvait très dangereux, elle n’a pas de liens avec l’ancienne laiterie.
Elle peut imaginer réaménager cet arrêt de bus, en faire une place verte
ou en tout cas plus aménager et sécuriser pour le bus scolaire et la circulation
routière. Géraldine et Sophie m’expliquent qu’il n’y a pas énormément d’interactions
entre les enfants du quartier, de même que pour les parents. Je leur expose
donc mon idée. J’aimerais proposer une activité ou un évènement pour les
enfants du quartier en cocréation avec les habitant.e.s. Je donne l’exemple de la
chasse au trésor. Elles trouvent qu’il s’agit d’une bonne idée, nous commençons
directement à écrire les grandes lignes de ce que nous aimerions proposer. Au
total, nous nous rencontrons trois fois pour planifier cette chasse au trésor.
55. Capture d’écran, notes personnelles, Rencontre 6, 3.05.2021
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Approche rétrospective
La recherche – L’appel à participation
Je lance l’appel à participation sur Facebook et Instagram dans l’espoir de
toucher un plus large public et peut-être les plus jeunes générations.
56. Capture d’écran, Story
Instagram, appel à participation,
25.03.2021
57. Ref.56
58. Ref.56
59. Ref.56
60. Ref.56
61. Ref.56
62. Ref.56
63. Ref.56
36
La recherche
L’appel à participation
Réponses collectées et connexions créées :
64. Capture d’écran, conversation privée
sur Instagram, 25.03.2021
65. Ref.64 66. Ref.64
67. Ref.64
68. Capture d’écran, conversation privée
sur Facebook, 25.03.2021
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Approche rétrospective
Les archives communales
La recherche – Les archives communales
Après des appels et mails échangés avec les archives communales, nous n’arrivons
malheureusement pas à convenir d’un rendez-vous. René Jaquet prend
les devants et obtient un rendez-vous avec Noémie Cotting, archiviste à la
Ville de Bulle. Il s’y rend et obtient des plans cadastraux datés de 1856, malheureusement
aucune photographie de la laiterie et du quartier des Granges.
René parle du projet aux archivistes qui semblent intéressé.e.s au résultat de
ma recherche. Plus tard dans le projet, René se rendra également aux archives
cantonales, où il découvrira les premières cartes du quartier des Granges. Ici,
même schéma. Il en parle aux archivistes cantonaux qui semblent également
intéressé.e.s au résultat du travail et de la collecte d’archives.
69. Capture d’écran, conversation privée
par SMS avec René Jaquet, 24.03.2021
70. Capture d’écran, conversation privée
par SMS avec René Jaquet, 30.03.2021
71. Capture d’écran, conversation privée
par SMS avec René Jaquet, 13.04.2021
72. Extrait de plan cadastraux du hameau des Granges de 1856,
aux archives de la ville de Bulle par Noémie Cotting, modifié par
René Jaquet, avril 2021
73. Extrait de plan cadastraux du hameau des Granges de 1856,
aux archives de la ville de Bulle par Noémie Cotting, modifié et
annoté par René Jaquet, avril 2021
38
La recherche
Une toile de connexions
La recherche – Une toile de connexions
74. Croquis, toile de connexions, 5 mai 2021, Lucie Gremaud
39
Approche rétrospective
La définition du vocabulaire et des mots-clés
Afin d’avancer le plus simplement et justement dans le projet, un vocabulaire et
des mots-clés précis doivent être définis. Cela me permettra de porter le projet,
de le communiquer et de cadrer mon intervention dans le quartier. J’ai donc
choisi de catégoriser mes mots clés.
Mon attitude :
À la rencontre, philanthrope, bienveillante, inclusive, ouverte, dans le partage,
à l’écoute, respectueuse, co-éducation.
C’est ainsi que j’aimerais me comporter dans ce projet. Faire avec les gens, aller
à leurs rencontres, les inclure et leur donner de l’importance. Être ouverte et
attentive à leurs histoires et idées tout en y apportant mon expertise de médiatrice
culturelle. Je crois que je peux apprendre beaucoup des gens et leurs
savoirs et confiance sont nécessaires au bon fonctionnement d’un tel projet.
Je crois aussi qu’en restant authentique, honnête et bienveillante, les gens se
sentent à l’aise pour partager et s’investir dans cette aventure.
Mon rôle :
Initiatrice, animatrice, coordinatrice, co-organisatrice, de passage.
Il est important d’être dans le co-apprentissage, la co-éducation, la co-organisation
et de rester sur un pied d’égalité. Il faut toujours demander et regarder
à quel point la personne veut et peut s’investir. Essayer de mettre à l’aise les
gens, mais de rester la responsable et l’initiatrice du projet. Il est toujours de
mon devoir d’animer le projet, de donner l’impulsion quand je juge nécessaire.
N’habitant plus dans le quartier, je suis de passage et ne peux pas être porteuse
seule du projet. C’est pour cela que dès le départ, j’inclus d’autres personnes.
Ma position en tant que médiatrice culturelle :
Radicale, expérimentale, intuitive, orientée par la pratique, dans le commun,
la participation et la co-éducation, socialement engagée.
Mon projet est orienté par la pratique, l’expérimentation et l’intuition. Il est de
ce fait radical dans sa manière de faire et d’apporter des réponses à toutes les
questions de recherches du projet. Je travaille dans le commun, en cocréation et
avec la participation des habitant.e.s ou des personnes liées au lieu. Selon leurs
besoin et envie, je m’engage avec elles.eux dans un projet de quartier à plus
long terme qui joue un rôle social dans le développement du quartier.
40
Vocabulaire et mots-clés
Forme du projet :
Expérimental, interdisciplinaire, collaboratif, intergénérationnel, en cocréation,
réanimation, archéologie, mémoire collective, moments présents collectifs,
vision future collective, possible méthodologie.
Le projet est expérimental, car il n’y a aucune garantie qu’il puisse exister.
Ses conditions sont également incertaines. Il n’y a aucun moyen de contrôle
ou de plan. Il se construit au fur et à mesure de la recherche et n’est pas relié à
un type de discipline. Il se veut intergénérationnel. Il touche l’archéologie, car
pour la réanimation d’un lieu, des recherches de son passé sont nécessaires.
Ce projet pilote représente une possible méthode pouvant être appliquée à un
autre lieu. Cependant, rien n’est certain. J’applique ici la recherche-action participative.
Mots clés importants :
Perles, copilote, implication, rôle, situatif, rencontres, épicentre,
archives ouvertes.
Définition du projet :
Je réanime l’épicentre de rencontres
qu’était la laiterie des Granges en ouvrant
les archives et la mémoire collective.
En chemin, je trouve des personnes que
j’appelle des « perles » qui co-créent avec
moi des événements liés au lieu, mais aussi
au quartier, afin de le réanimer au passé, au
présent et au futur, pour toutes générations.
41
Approche rétrospective
La programmation du mois de mai
Au fil des rencontres, j’ai pu récolter des informations sur l’histoire de la laiterie,
mais également le quartier des Granges. La programmation s’est faite
naturellement et en co-création avec les perles trouvées en chemin. Le but était
de réunir un maximum de générations et de trouver un format où les perles
peuvent briller. La liste des possibilités était grande, cependant, tout n’était
pas réalisable dans le cadre prédéfini du projet. Voici la programmation :
Exposition d’archives collectives, 3 – 31.05.2021
Par des rencontres et appels à témoignages ainsi que dans le courant du mois
de mai, toutes personnes étaient invitées à me confier une photo ou un document
d’archives personnel, en lien avec la laiterie et le quartier des Granges.
L’exposition était évolutive et s’est étoffée au fil du mois de mai. Elle se trouvait
à l’extérieur et était consultable à tout moment. À côté de cette dernière a été
placé un panneau d’informations, où j’annonçais les prochains évènements et
où je posais deux questions au passant.e.s :
- Que représente l’ancienne laiterie pour vous ?
- Quel futur pourrait-on imagine pour ce lieu de rencontres d’antan ?
Elles.ils pouvaient me laisser leurs réponses dans une boille à lait vide, placée à
côté du panneau d’informations, durant tout le mois de mai.
Rencontres avec Vérène, l’ancienne peseuse de la laiterie,
13 et 14.05.2021
Autour d’un thé à la cannelle et de petits gâteaux, nous rencontrons Vérène
Pittet, une des anciennes peseuses de la laiterie. Elle nous partage ses souvenirs
personnels d’enfance, du quartier des Granges et de la laiterie. Véritable
livre d’histoires vivantes, se dit être «l’aînée des Granges», car elle a vu tout le
quartier se construire. Nous nous servons de photos et documents d’archives
pour structurer notre rencontre. La journaliste Claire Pasquier est présente à la
rencontre du 13.05.
Balades dans le passé avec René, 15 et 23.05.2021
Nous partons découvrir le quartier en compagnie de René Jaquet, technicien-géomètre
retraité et habitant des Granges depuis plus de 30 ans. Il a notamment
dessiné les plans du quartier lorsqu’il était encore en activité. À l’aide
de plans d’époques et de photos d’archives, nous découvrons trois points de vue
de l’époque et du présent, en profitant du savoir de René. À la fin de la balade,
nous partageons un verre de limonade ensemble sur la parcelle de l’ancienne
laiterie.
42
La programmation du mois de mai
Chasse au trésor des Granges, 29.05.2021
Avec l’aide de Géraldine Chardonnens et Sophie Francey, deux mamans du
quartier, nous organisons une chasse au trésor pour les enfants, dans tout le
quartier. Quatre postes sont proposés:
1. Course contre la montre ! En moins de 3 minutes, remplissez la boille avec
l’eau de la fontaine 2.Dégustation de laits ! Saurez-vous les reconnaitres ?
3 & 4. Énigmes autour du thème de la laiterie et du quartier.
À chaque poste, les enfants reçoivent une lettre qui compose le mot de passe
nécessaire à l’ouverture du trésor. À la fin de la chasse, après m’avoir soufflé à
l’oreille le mot de passe « LAIT», je leur offre un petit pain au lait, un verre de
sirop et une grosse poignée de chocolat napolitain Cailler offert par Nestlé et la
fabrique Cailler à Broc.
Concert des Granges et apéritif collectif, 30.05.2021
Lorsque la laiterie était encore active, la société de musique de La Tour-de-
Trême venait chaque année faire son concert d’été sur sa parcelle. Il était de
tradition qu’après le concert, les musiciens et la population partagaient un
verre puis, en guise de remerciement. Pour finir ce mois de mai en beauté,
nous faisons revivre cette belle tradition remise au goût du jour, l’espace d’une
soirée. Chaque personne peut amener quelque chose à boire ou à manger, à
partager et nous nous réunissons devant le concert du Brass Band, dirigé par
Jacques Rossier. C’est aussi l’occasion de présenter l’après projet « Et après? »
en permettant aux habitant.e.s de rester en contact et de faire le pont entre les
habitant.e.s et la commune.
43
Approche rétrospective
75. Photographie personnelle envoyée par Joseph Nguyen,
Aurélia et Adèle devant l’exposition d’archives collectives, Mai
2021, ©Joseph Nguyen
76. Photographie documentaire, rencontre avec Vérène,
Mai 2021, ©Isabelle Gremaud
77. Photographie documentaire, Balade dans le passé avec René,
Mai 2021, ©Isabelle Gremaud
44
La programmation du mois de mai
78. Capture d’écran de film documentaire , Chasse au trésor des Granges, Mai 2021, ©Audrey Bersier
79. Photographie documentaire, Concert des Granges, Mai 2021, ©Isabelle Gremaud
45
Approche rétrospective
Comment communiquer les évènements ?
Mon projet repose en grande partie sur les connexions et le bouche-à-oreille 1. .
Afin de le rendre visible et légitime au plus grand nombre, je choisis de créer
une série d’affiches et de garder une ligne graphique claire, simple, qui est reconnaissable
rapidement.
Stratégie de communication :
Avec un projet qui se construit au fur et à mesure, impossible de préparer une
affiche de programmation complète. Impossible également de communiquer
plus d’une semaine à l’avance. Sans budget, il faut communiquer le plus simplement
et efficacement possible. Je veux principalement atteindre les habitant.e.s
du quartier, ma communication imprimée est donc affichée ultra localement à
des lieux stratégiques du quartier.
Pour chaque évènement, je suis la même logique:
– J’imprime une affiche au format A3 que je plastifie et accroche au panneau
d’informations devant la laiterie
– 5 affiches au format A4 que je plastifie et accroche aux arrêts de bus de ra
massage scolaire ainsi qu’à d’autres endroits stratégiques
– 10 affiches au format A4 non plastifiées que j’accroche un peu partout dans le
quartier
Je procède à l’affichage maximum cinq et minimum trois jours avant l’évènement.
Une fois que les affiches analogues sont accrochées, je communique sur les réseaux
sociaux. Via mes profils personnels de Facebook et Instagram, j’annonce
les prochains évènements et utilise ainsi mes connexions et ma visibilité déjà
existante. Je fais une relance la veille de chaque évènement.
Choix graphiques et concept :
Pour rendre mon affiche plus humaine et accessible, j’opte pour de l’illustration.
L’impression de mes affiches se fera à la maison sur un papier copie banale,
je décide donc de partir sur un fond noir, afin d’optimiser la visibilité de mes
affiches. Je place la laiterie au centre et, au gré des évènements, fais graviter
d’autres éléments illustrés autour de cette dernière. Les informations sont
écrites à la main et j’utilise un langage familier et poétique. Pour les illustrations,
j’utilise une brush qui fait penser au fusain ou à l’aquarelle. Un trait
parsemé d’irrégularités. Je choisis d’utiliser une couleur or, en clin d’oeil à l’or
blanc qu’est le lait. Les informations sont en blanc pour une question de lisibilité.
Tous ces choix cumulés forment un visuel nostalgique et imaginaire. À la
fois un regard vers le passé, avec toutes les possibilités du futur.
Pour les autres supports, je décide de m’inspirer de la convention de travail
de Vérène et d’utiliser une typographie monotype, qui rappelle la machine à
écrire. J’utilise un fond blanc et écris en noir.
1 . Transmission d’une information de personne à personne, par la voie orale,
Source : Dictionnaire Larousse, https://www.larousse.fr/, consulté le 13.06.2021.
46
Comment communiquer les évènements ?
80.Affiche n°1, Annonce d’évènements, Avril 2021, ©Lucie Gremaud
47
Approche rétrospective
81.Affiche n°2, Exposition d’archives collectives,
Avril 2021, ©Lucie Gremaud
82.Affiche n°3, Rencontre avec Vérène, Mai
2021, ©Lucie Gremaud
85.Affiche n°6, Concert des Granges, Mai
2021, ©Lucie Gremaud
86. Affichette, installation du livre d’or,
Avril 2021
48
Comment communiquer les évènements ?
83.Affiche n°4, Ballade dans le passé avec
René, Mai 2021, ©Lucie Gremaud
84.Affiche n°5, Chasse au trésor des
Granges, Mai 2021, ©Lucie Gremaud
87. Signalétique de la chasse au trésor, Mai
2021
88. Ref.87
90. Ref.87
89. Feuille de questions pour les
participant.e.s, Mai 2021
49
Approche rétrospective
Les observations et la conclusion du mois de mai
Avec ce projet, j’ai voulu résoudre le mystère que représentait ce lieu, dans mes
yeux d’enfant. Connaître son histoire et la raison de son extinction était primordial
pour mieux le comprendre et le réanimer. Le regard du présent observe
tout le potentiel de l’ancienne laiterie en termes de cohésion sociale du quartier
et de rassemblements des citoyen.e.s. « Faire pour et avec », «aller vers», «être
de passage», toute une collection de mantras qui m’ont accompagnée dans ce
processus de recherches-action participatives.
Je n’avais pas de grandes attentes en débutant le projet. Je me serais contentée
de la participation d’une poignée de personnes à chaque évènement. L’incertitude
de la météo, la situation sanitaire et la portée de la communication
auraient pu rendre le projet assez stressant. Finalement, il s’agissait d’un bon
exercice de lâcher prise, et je crois que ça a joué un grand rôle au sein du projet
et de l’ambiance donnée. Cette attitude m’a permis de savourer les surprises
qui se sont présentées durant le mois de mai et ne garder que le positif. Il n’y
a pas de problèmes, que des solutions. Tant en terme de participation que de
rencontres et d’initiatives de la part des perles ou habitant.e.s, j’ai vu grandir
l’intérêt et l’implication collective au fil des évènements. Ce projet de coeur à
porter ses fruits et les gens se sont réunis. Le moment était finalement bien
choisi, car après plus d’une année de pandémie, nous pouvons bien ressentir le
besoin de se rencontrer, se réunir et l’intérêt pour des activités et évènements
qui nous font sortir de notre quotidien. En toute simplicité, nous avons réveillé
l’épicentre de rencontres qu’était la laiterie des Granges en ouvrant les archives
et la mémoire collective. Avec les perles, nous avons cocréé des événements liés
au lieu, mais aussi au quartier, et l’avons réanimé au passé, au présent et au
futur, pour toutes générations. Cette aventure a définitivement inspiré une vie
de quartier.
50
Les observations et la conclusion
Décomptes de documents et photographies d’archives récoltées :
28 archives récoltées
Décompte approximatif de niveau de participation aux évènements :
Rencontre avec Vérène 1 : 15 personnes
Rencontre avec Vérène 2 : 8 personnes
Balade avec René 1 : 11 personnes
Balade avec René 2 : 38 personnes
Chasse au trésor : 51 enfants + leurs parents
Concert des Granges et apéritif collectif : 150 personnes
Réponses récoltées dans la boille : 24
Observations des réponses récoltées dans la boille, le livre d’or :
À la question « Qu’est-ce que représente la laiterie pour vous ?» :
Beaucoup de personnes ont de bons souvenirs de la laiterie, elles.ils se souviennent
de venir chercher le lait au bidon ou de voir les paysans venir couler
le lait. Certains se rappellent bien des peseuses et de l’ambiance de ce lieu. On
sent un peu de nostalgie. Les mots «Lieu de rencontre», «Lieu fédérateur»,
«lieu de passage» reviennent souvent. Nous avons aussi « La porte d’entrée des
Granges» ou encore « l’âme des Granges, c’est l’endroit où le monde agricole
rencontre le reste de la population, le lieu où on fait un brin de causette et où
l’on fait connaissance», «le concert d’été donné par la fanfare». La laiterie représente
la boîte aux lettres du quartier et un lieu de rendez-vous. Pour les plus
jeunes, elle représente l’arrêt de bus ou « un lieu abandonné», «un dépotoir» «
un arrêt de bus dangereux pour les enfants à cause du trafic», avis partagé par
la plupart des participant.e.s. Tout le monde trouve dommage que ce lieu soit
devenu fantôme et qu’il ne soit pas entretenu.
À la question « Quel futur pourrait-on imaginer pour ce lieu de rencontres
d’antan ?» :
Les réponses vont toutes dans le même sens, voici une liste qui résume les
souhaits des participants :
– Un lieu de rencontres
– Une maison de quartier
– Un lieu d’exposition, un lieu d’art et de culture
– Des évènements pour tout le monde et qui rassemblent
– Une salle que pourraient louer les habitant.e.s du quartier
– Des projets communautaires comme un jardin potager urbain
– Un petit café self-service avec terrasse l’été
– Un petit dépôt ou magasin alimentaire avec les produits locaux des paysans
ou alors des distributeurs de produits locaux
– Un arrêt de bus pour les transports publics Mobul
– Un arrêt de bus sécurisé pour le ramassage scolaire de l’école primaire
– Une place joliment aménagée
51
Approche rétrospective
L’ histoire de la laiterie
1 2
Plan de 1740 – 45
Sources: les Archives cantonales (AEF)
Monsieur Patrick Dey /
Monsieur François Blanc
Récolté par René
Plan de 1856 feuille n°29
Sources: Archives communales
Madame Noémie Cotting
Récolté par René
3
1. Plans cadastraux de 1942 (mensuration
fédérale nouvelle /MFN) en dépôt au bureau
de géomètre Omnidata. Récolté par René
Jaquet
2. Photographie privé de Marthe Dupasquier
datant de 1940, récolté par Lucie
3. Photographie privée de Gabriel Ruffieux
datant de 1940 environ. Récolté par René
1740-45 1856 1942
Pas de mention de la laiterie,
mais existence du hameau
des Granges. A ce moment-là,
on ne parle pas encore d’un
local de coulage du lait.
RJ 1.
Présence de toutes les habitations
et fermes actuelles.
Au Grand-livre du cadastre,
un bâtiment dénommé «
remise » est situé à l’emplacement
approximatif de la laiterie
actuelle. Il est entouré de
végétation, jardins, ainsi que
d’un poulailler et un verger.
A cette époque, le local de
coulage se trouve plus loin
dans les bâtiments de la
scierie.
En 1883, la parcelle n° 574 est
devenue un pré de la même
surface que précédemment.
Le bâtiment a donc été démoli.
Par contre, sur les registres en
1917 on trouve une première
mention d’un local de dépôt
de lait. Le propriétaire :
« Consortium des producteurs
de lait des Granges ».
RJ
Au Grand-livre, on peut lire : »
Chalet de 6.30 m par 4.40 m
/ construction en béton, bois,
tuiles, toit à deux pans.
Cette construction est située
à l’endroit du local actuel. La
dénomination de ce bâtiment
est « local de coulage
». Il s’agit d’une nouvelle
construction destinée à la
fonction de la récolte du lait.
On constate qu’une taxation
incendie est effectuée en
1939. Sur la photo d’archive,
on voit une jeune fille et son
frère, Gabriel Ruffieux qui est
né en 1931. Il doit avoir 8 ans.
RJ
1. René Jaquet.
52
L’histoire de la laiterie
1 2
Statuts de la société de laiterie de 1939 et
modifications des Status du 29.10.1942
Document privé de Charles Boschung
1. Taxation de l’ECAB, 1978.
2. Cadastre actuel et documents de mise
à jour des bureaux de géomètre Pochon et
Omnidata
3. Photographie privée de René Jaquet
datant de 2021
3
Documents privés de Vérène Pittet.
Lettre d’engagement par l’entreprise Guigoz
datant de 1979 & Polaroïd de Vérène
dans le local de coulage avec les couleurs
1942 1978
1979-89
En 1978 la taxation de l’ECAB
fait état d’un bâtiment avec
les dimensions de 7.55 m
par 6.55 m. La parcelle porte
maintenant le n° 5404 (suite à
la fusion des communes Bulle
– la Tour) a une surface de 251
m2. Donc un nouveau bâtiment,
remplaçant le chalet
de 1939 a été construit pour
correspondre aux normes
sanitaires ainsi que pour une
adaptation au système de
livraison et de ramassage du
lait.
RJ
Selon le témoignage de Vérène
Pittet et ses documents
d’archives personnelles, Vérène
a été peseuse au local de
coulage des Granges de 1979
à 1989. Avant elle, Madame
Grandjean a tenu le local de
coulage durant approximativement
15 ou 20 ans. Avant
Madame Grandjean, c’était
Madame Ruffieux qui s’occupait
du local.
Selon le témoignage de
Charles Boschung et
Jean-François Tornare, un
certain Monsieur Edner aurait
également tenu le local de
coulage.
53
Approche rétrospective
Capture d’écran du site web : https://
www.deleze.name/antoinette/tour-treme/4.htm,
consulté le 10.06.2021,
Photographie privé par Joseph Seydoux
( 1924 - 2004 )
Documents privés de Vérène Pittet.
Lettre de remerciements par l’entreprise
Guigoz datant de 1989
Polaroïd de Vérène dans le local de
coulage
Photographie privée de René Jaquet,
concert de la société de musique de La
Tour-de-Trême devant le local de coulage,
datant de 1999
1986 1989 1999
La laiterie comme nous la
connaissons, en 1986
Il s’agit de la première photo
d’archives et première trace
de la laiterie sur internet.
Là où mes recherches ont
débuté.
Le concert des Granges, le
concert d’été, le concert de la
fanfare ou plutôt, de la société
de musique de La Tour-de-
Trême, devant le local de
coulage, en 1999
Selon le témoignage de
Carmen Buchs, qui a repris
le rôle de peseuse au local de
coulage des Granges après
Vérène, la laiterie se serait
arrêtée en 1999, car elle y a
travaillé de 1989 à 1999.
54
L’histoire de la laiterie
Ref.80. & Photographie de documentation
prise lors du concert des Granges, mai
2021 ©Isabelle Gremaud
2000 - 2020 2021
Et après ?
Le local s’est transformé en
local de stockage. Diverses
entreprises et particuliers
l’ont loué. Notamment Mike
Guillet, qui avait un dépôt
de différents chocolats et un
petit kiosque jusqu’en 2001
approximativement.
L’ancienne laiterie des
Granges et les évènements du
mois de mai.
Je n’ai pas connaissance des
autres locataires mise à part
la société KB Ignifuge SA qui
rend le local à la fin du mois de
juin 2021.
55
Approche rétrospective
On en parle dans la presse
91. Scan d’une partie de l’article «Le centre de la Tour mériterait aussi qu’on y réfléchisse» écrit par la journaliste Sophie Roulin, parut
dans le journal du sud Fribourgeois La Gruyère, édition du 05.06.2021
56
On en parle dans la presse
92. Article «L’ancienne laiterie reprend vie» écrit par la journaliste Claire Pasquier, parut dans le journal La liberté - quotidien romand
édité à Fribourg, édition du 18.05.2021
57
Chapitre
sous chapitre
Ouverture prospective
59
Ouverture prospective
Et après ?
Lors du concert des Granges et de l’apéritif collectif, un des murs de la laiterie
avait été tapissé des réponses récoltées dans le livre d’or durant le mois de mai.
J’ai également accroché des listes de contacts vierges pour que les habitant.es
ou personnes intéressées à poursuivre l’aventure puissent s’inscrire et rester
en contact. À cette occasion, j’ai exposé un exemplaire du dossier de documentation,
inspiration et information pratique conçus pour aider et guider les
personnes motivées à faire germer la graine que j’avais plantée. Pour préparer
l’après-projet, j’avais invité Pierre Troillet, qui travaille au service de la culture
de la ville de Bulle et Kirthana Wickramasingam, conseillère communale à
participer au concert des Granges. Cela a permis de mettre en contact les habitant.e.s,
la commune et le service culturel, les politiques et les propriétaires du
local. Je voulais m’assurer de préparer le meilleur terrain possible et de donner
une chance à la concrétisation des idées et souhaits du quartier. Les archives
communales et cantonales sont également intéressées au fruit de ma recherche
et collections d’archives collectées.
Après le dernier évènement, j’ai laissé la laiterie telle quelle durant une semaine,
ce qui a permis aux retardataires de s’inscrire à la liste, consulter le
dossier de documentations et lire les réponses du livre d’or. Un dernier mot
récolté dans la boille et hop, la laiterie redevient comme avant. Il n’y a plus de
traces de mon projet.
Quelques jours plus tard, je recopie les coordonnées des personnes inscrites
dans un fichier Excel, assemble le livre d’or, joins le dossier de documentation
et envoie un mail groupé à toute la liste. Dans ce mail, je leur propose de se
retrouver en août pour ne pas laisser la flamme s’éteindre. Je donne pour la
première fois mes coordonnées.
Suite à ce mail, Suzanne Murith, une habitante du quartier, m’écrit pour m’informer
qu’elles.ils et elles s’étaient déjà réuni.e.s dimanche passé. Elle a pris en
photo la liste de contact accroché à la laiterie et a initié la première rencontre.
Nous nous appelons, elle m’explique que 13 personnes étaient présentes et
qu’une association de quartier allait voir le jour prochainement. Tout le monde
était très à l’écoute des envies et idées de chacun.e. Le nouveau président de la
société coopérative de laiterie, Samuel Pasquier, était présent. Il semblait très
ouvert à une collaboration entre la société et les habitant.es du quartier. Elle
m’indique aussi que s’il n’y avait pas eu la possibilité d’utiliser le lieu, la plupart
des personnes n’auraient pas eu l’intérêt de créer une association de quartier.
Elle m’invite à la prochaine réunion prévue le 1er juillet 2021. Je m’y rendrai
avec plaisir. Je ne projette pas d’être membre de l’association de quartier, cependant,
je serais très heureuse de pouvoir suivre l’évolution du projet et garder
contact avec l’assemblée.
60
Et après ?
93. Photographie documentaire, Mur de la laiterie « Et après ?» et réponses récoltées dans le livre d’or, Juin 2021, ©Isabelle Gremaud
94. Photographie documentaire, Dossier de documentation pour
l’après projet, Juin 2021, ©Isabelle Gremaud
95. Photographie documentaire, Liste de coordonnées, Juin
2021, ©Isabelle Gremaud
61
Ouverture prospective
Les scénarios possibles
Quels sont les différents scénarios possibles ?
Scénario 1 : L’association de quartier se crée. Un projet est déposé à la commune
et l’association obtient son soutien financier. La maison de quartier des
Granges est vivante et gérée par l’association de quartier.
Bonus : Ce projet donne de l’élan aux autres quartiers de Bulle et La Tour-de-
Trême. D’autres associations de quartier se créent dans les années suivantes.
Scénario 2 : L’association de quartier se crée. Un projet est déposé à la commune
mais la commune refuse de soutenir le projet. L’association de quartier
doit auto-financer le projet et donc redoubler d’inventivité pour le repenser et le
réaliser, en collaboration avec la société coopérative de laiterie.
Scénario 3 : L’association de quartier se crée mais la société coopérative de
laiteries loue à quelqu’un d’autre sur une longue durée. Le projet ne se fait probablement
pas car le feu se sera éteint.
Scénario 4 : Aucune association de quartier ne se crée mais les habitant.e.s se
réunissent et réalisent le projet avec l’aide ou sans l’aide financière de la commune.
Scénario 5 : Aucune association de quartier ne se crée mais les habitant.e.s décident
de se réunir et de louer ensemble le local, afin de pouvoir avoir la possibilité
d’y faire quelque chose et de ne pas devoir attendre que le bail du prochain
locataire ne se termine.
Scénario 6 : L’association de quartier se crée. Un projet est déposé à la commune
et l’association obtient son soutien financier. La maison de quartier des
Granges est vivante et gérée par l’association de quartier. La communication et
le management interne de l’association ne fonctionnent pas. Le projet n’est plus
porté par la collectivité et l’ambiance n’est plus bienveillante. Tout s’arrête.
Scénario 7 : Rien ne change et la graine ne germe pas.
62
Les conditions pour la continuité du projet
Quelles conditions réunir pour la continuité du projet ?
– Un lieu à investir. Comme l’a mentionné Suzanne, sans lieu, la plupart n’aurait
pas eu intérêt à continuer.
– Un soutien de la commune et des politiques ( financièrement parlant ou ne
serait-ce que dans l’accompagnement, conseils et facilitation pour la réalisation
de futurs projets ).
– Un groupe d’habitant.es portant les mêmes valeurs et regardant dans la
même direction.
– La volonté de s’investir pour le quartier et un attachement au lieu.
Organisation interne à l’association de quartier :
– Des rôles définis mais flexibles, car la vie n’est pas une partition de musique.
– Une répartition des tâches équitable et adaptée à chacun.e.
– Tirer profit des compétences de chacun.e.
– Une philosophie positive avec des mantras comme « Il n’y a pas de problèmes,
que des solutions».
– De l’énergie et de l’investissement, l’envie de faire ensemble, pour le quartier
– Un suivi, des rencontres régulières.
– Une hiérarchie horizontale, mais active.
– Des collaborations qui respectent les valeurs de l’association, du lieu et du
projet.
– Des rencontres régulières avec les habitant.es du quartier non-membre de
l’association. Un échange, de l’écoute.
63
Approche rétrospective
Les difficultés et bénéfices du processus
Les difficultés et bénéfices d’un processus de
recherche-action-participative
Les difficultés :
– Initier le projet sans avoir une demande d’initiation
– Entrer en contact avec la population
– La collecte directe de souvenirs, envies et besoins des habitant.e.s du
quartier
– Trouver les perles, les personnes qui peuvent porter le projet et le cocréer
– Suivre des pistes jusqu’au bout sans savoir si elles nous serviront ou non
– Ne pas habiter sur place durant le processus
– S’adapter à chaque personne
– L’énergie et la présence constante à avoir
– Le bénévolat, le bon vouloir des gens
– L’incertitude de la durabilité du projet
Les bénéfices :
– Le profit des réseaux de chaque perle
– Les rencontres humaines
– Le pouvoir du commun
– Le profit du savoir et savoir-faire de chacun.ne
La méthode résumée :
– Analyse sur le terrain et recherche en amont ( lieu, politique locale,
positionnement social et culturel de la commune, histoire et traditions de la
région, etc. )
– Ouvrir les mémoires collectives en :
– organisant des rencontres
– Lançant un appel à témoignages
– Mettant en place un «livre d’or» disponible sur place durant tout le
projet
– se renseignant sur l’histoire du lieu, lorsqu’il était animé
– se renseignant sur le lien entre la population et le lieu
– se renseignant sur les envies et besoins de la population quant au
futur du lieu
– À travers la récolte d’informations et d’archives, établir des contacts et trouver
des perles et copilotes.
– Trouver un moyen de les faire briller et mener un ou plusieurs évènements
– S’inspirer du passé du lieu et de la région pour établir une programmation
culturelle et artistique en cocréation, pour toutes générations
– Communiquer ultra localement
– Accompagner l’après projet et créer des ponts entre les acteurs locaux
64
L’application de la méthode à un autre lieu
Quelles conditions réunir pour appliquer cette méthode à
un autre lieu ?
Ce premier projet de réanimation a fonctionné en grande partie grâce au fait
que j’ai grandi dans le quartier et que mon réseau local soit déjà existant et
étoffé. J’avais plus de légitimité qu’une personne non originaire de la Gruyère.
Je pouvais très vite connecter avec les gens de par ma connaissance de la région,
l’accent et le vocabulaire local. Le fait qu’il s’agisse d’un projet de Master,
dans un cadre d’études m’a également aidé à légitimiser l’initiative.
Scénario 1 :
Pour que la méthode s’applique à d’autres lieux, il faut :
– Un lieu à réanimer
– Qu’il y ait une demande de réanimation par les habitant.e.s ou les communes
– Qu’une équipe locale de base soit déjà créée
– Que je puisse parler la même langue que les locaux, seule ou à l’aide d’un.e
traducteur.trice.
– Qu’un budget minimal de 800CHF ( estimation ) soit débloqué pour
le matériel
– Qu’un défraiement/honoraire soit débloqué pour mon travail
– Que je loge sur place durant le projet
– Que le projet et le but soient non lucratif
– Que le lieu n’appartienne à aucune institution ou entreprise forte
Scénario 2 :
Pour que la méthode s’applique à d’autres lieux, il faut :
– Un lieu à réanimer
– Avoir au minimum 5 mois ( estimation ) pour réaliser le projet
– Avoir un moyen de me légitimer aux yeux de la population et les communes
– Que je puisse parler la même langue que les locaux, seule ou à l’aide d’un.e
traducteur.trice.
– Qu’un budget minimal de 800CHF ( estimation ) soit débloqué pour
le matériel
– Qu’un défraiement/honoraire soit débloqué pour mon travail
– Que je loge sur place durant le projet
– Que le projet et le but soient non lucratif
– Que le lieu n’appartienne à aucune institution ou entreprise forte
65
Approche rétrospective
Les débuts de la prochaine boucle
« (...) what kind of knowledge does art-based research produce and how does it
fit within established standards for ensuring the quality of doctoral research in
traditional academic disciplines? Is it not ironic that academic artistic research,
implemented as part of the standardization of higher-education systems, also
has the capacity to challenge the hierarchies and conventions of academic
knowledge production? While the Bologna process offers greater mobility,
employability and competitiveness of students and academics across European
borders, it also imposes a unified standard over disparate academic systems,
institutions and degrees; insensitive to differences and variations between
them, and to the uneven conditions in which they operate. In what follows, I reflect
on the capacity of practice-based research to resist the bureaucratization
and commodification of knowledge (...)» 1. – Lenka Veselá
«Exit stage right: Cultural democracy as a different way of performing?
I have been looking for moments of cultural democracy that weave their way
uncomfortably through the prescribed frameworks of imposed art-as-service
contracts in a way that exposes the structures and frameworks of these
contracts. There are numerous ways and means for people to participate in
culture and society depending on time, budgets and motivations. The assumption
that one form of culture or a certain mode of engagement is more worthy
and important than the next is patronising to say the least. Cultural democracy
challenges discourses of participation as there is nothing to participate ‘in’, we
just do stuff from the position we are standing.
All this raises questions about the positions we stand from, how do we decide
what to do with our (limited) time and resources? Where to put our energies?
What will the implications be of deciding to participate in this and not that?» 2.
– Sophie Hope
«(...) I suppose I approach participation in a very practical way—with the notion
that projects can be better realized when they critically develop through several
authors and actors. At present, I’m quite interested in experimenting with
non-consensual modes of collaborative production, in order to see how forces
of disagreement can be mobilized towards uncommon results.(...)
I don’t see the processes as “completely open,” but more like rules in a conversation,
where they are not overt, but rather situationally co-determined. It
depends on the group and its specific dynamics. Furthermore, the project is initiated,
which means there is a condition of response inherent to it—you “play”
within, around, against that initiation, so in that sense it’s not infinitely open,
there is a gravitational force in place.(...) » 3. – Patricia Reed
1 . Lenka Veselá, Artistic Research as Academic Borderlands, posté le 24.05.2021
sur JAR Journal for Artistic Research, https://www.jar-online.net/artistic-research-academic-borderlands,
consulté le 13.06.2021.
2 . Sophie Hope, Participation as performance, posté le 4.11.2019 ,
https://sophiehope.org.uk/blog/participation-as-performance/, consulté le 13.06.2021.
3 . Patricia Reed , What Is a Participatory Practice?, Conversation entre David Goldenberg et Patricia Reed,
Publié dans la Revue Fillip, Automne 2008,
https://aestheticmanagement.com/writing/what-is-a-participatory-practice/, consulté le 13.06.2021.
66
La prochaine boucle
«Participation is not simply about joining in the game, it is also about
having the possibility to question the rules of the game: the conditions under
which education, the public realm and representation within institutions
happen. And, when understood in this way, participation can indeed make
a difference.
Participation thus has to do with the possibility of transformation. However,
whether this opening up puts us in a situation in which change is possible in a
transformatory sense (in terms of a technique of domination as
Gramsci describes it), or in a transformative sense (understood in emancipatory
terms, as in Mörsch), depends on the particular situation.» 4. – Nora Sternfeld
«A Visit to the Mirror Palace of Democracy» (short film)
By Nico Carpentier 5.
96. Capture d’écran, Nico Carpentier, A Visit to the Mirror Palace
of Democracy,(short film), Respublika, 2018
Artist placement group APG 6.
97. Capture d’écran, Artist placement group,page d’accueil du site web
https://www.tate.org.uk/artistplacementgroup/, consulté le 12.06.2021
4 . Nora Sternfeld , CuMMA Papers #1, Playing by the Rules of the Game, p.4, 2013,
https://cummastudies.files.wordpress.com/2013/08/cummapapers1_sternfeld.pdf, consulté le 12.06.2021.
5 . http://nicocarpentier.net/ar_pub_projects.html, consulté le 12.06.2021.
6 . https://www.tate.org.uk/artistplacementgroup, , consulté le 12.06.2021.
67
68
Documentation
de l’aventure
69
Documentation de l’aventure
Retranscriptions brutes des rencontres
Rencontre 1, le 22 mars 2021 :
Chez René et Christiane, avec Vérène Pittet
de 18h à 22h30
En 1972, Vérène et Daniel Pittet construisent leur maison dans le quartier des
Granges. À ce moment-là il n’y avait pas d’infrastructures ( eau et électricité ).
Ils font eux-même la route de graviers pour pouvoir faire venir les camions de
constructions. Elles nous expliquent comment ils installent les infrastructures
et comment les tuyaux gelaient l’hiver. Elle précise bien qu’il y a le quartier de
Murion et le quartier des Granges. Murion existait déjà. René a imprimé des
plans géographiques et m’explique comment c’était à l’époque, où nous nous
situons, etc.
Vérène continue en expliquant qu’avant que les maisons se construisent, les
parcelles étaient parsemée de Granges non habitées, granges de stockage.
D’où vient le nom du quartier. Elle a apporté des photos, elle nous montre la
photo de la ferme des Grandjean et des photos de sa maison. C’était le début
des Granges. Sur les photos, nous pouvons voir qu’autour de leur maison, ce
sont des champs et des vergers. Elle nous rappelle qu’avant que le quartier de
Dom Herman se construise, il s’agissait de pré, c’était vide. Elle nous explique
ces ballades et comme le quartier à changé. René m’explique sur les tirages de
carte d’époque à quoi ressemblait le quartier avant. Le quartier de Dom Hermann
a commencé à se construire autour de 1997.
René m’explique qu’avant, pour venir à la laiterie, il y avait un sentier qui maintenant
suit la route, la route n’existait pas à l’époque. Il m’explique aussi qu’il y
avait un ruisseau.
Je pose la question suivante : comment était l’ambiance entre les habitants à
l’époque ? Tout le monde se connaissait ?
Vérène répond que c’était extraordinaire, qu’elle avait une connexion parfaite
avec ses voisins, c’était sensationnel dit-elle. Elle précise qu’elles.ils n’allaient
pas vraiment l’un chez les autres entre voisins, mais ils s’entraidaient, ils s’arrêtaient
toujours pour discuter en se croisant, du fait de travailler à la laiterie,
c’était encore plus accentuer, plus ample. Ensuite, les quartiers ont fini de se
construire. De nouveaux habitants sont arrivés avec le quartier Dom Hermann
et le quartier des Granges est très grand. Les gens se saluaient, mais ce n’était
plus pareil.
Elle passe à la laiterie, elle a commencé à y travailler en 1979. elle nous montre
une photo d’elle à la laiterie avec ses bottes et ton tablier, puis après une petite
dérivation de prénoms de la région, elle revient avec une deuxième photo
d’elle à la laiterie avec les paysans qui venaient couler le lait, dont Philippe
Dupasquier avec qui j’ai eu contact et qui est le président actuel de l’association
coopérative des laiteries de la Tour-de-Trême. On y voit les boilles à lait.
Vérène nous raconte comment elle a commencé à travailler à la laiterie. Elle
mentionne qu’avant la laiterie était un chalet et non pas le petit bâtiment actuel.
René fait un aparté et mentionne qu’il se rend demain matin aux archives de la
ville pour trouver des informations sur la laiterie ainsi que des potentielles photos
au musée Gruyerien, où se trouvent les archives. Vérène reprend: en 1979
elle vient remplacer Madame Grandjean qui travaillait là avant elle. Madame
Greandjean a travaillé à la laiterie durant environ 15-20 ans et avant elle c’était
70
Retranscriptions des rencontres
Madame Ruffieux. Je demande qui était l’employeur, Vérène nous montre le
document des réglementations « les 14 commandements » qu’elle avait reçus à
l’époque. Il s’agit des conditions qu’elles avaient pour tenir le local de coulage.
L’employeur était donc Guigoz, une entreprise de lait condensé pour Nestlé, ditelle.
Elle n’était pas une laitière elle était une peseuse. René fait une parenthèse
et essaye de m’expliquer ce qu’il y a maintenant à la place de Guigoz. Vérène
reprend en nous expliquant qu’elle était allée visiter Guigoz, elle nous explique
cette visite. Guigoz était fournisseur spécialement pour le chocolat cailler, la
fabrique de Broc. Elle nous explique qu’elle a aussi travaillé à la fabrique Cailler
à Broc. René feuillète les documents et remarque que Vérène a la convention
de travail à la Laiterie. Elle revient sur Nestlé et nous indique qu’elle était Chef
machine, elle nous explique en quoi cela consistait, en détails. Elle nous raconte
qu’un jour le Directeur en personne lui avait demandé de guider les visites de
l’atelier de la fabrique avec fierté, une médiatrice culturelle d’antan.
Elle revient à la laiterie. Elle y a travaillé 10 ans, jusqu’en 1989. Elle mentionne
que Charly Boschung était toujours en retard pour couler. Il y avait une coulée
le matin et une coulée le soir. René lit la convention de Vérène. Celle-ci
contient des informations intéressantes. Vérène pesait 1 million de litres par
année. Vérène explique qu’elle avait des visites, des contrôles de la tenue du
local et de son travail à la laiterie. Elle a reçu les félicitations de la personne qui
était venue contrôler. Elle nous explique en détails l’hiver 1983 à la laiterie. Les
tuyaux avaient sauté, avaient gelé. Il y avait beaucoup de lait en mai, la cuve de
6000 Litres de lait débordait presque. Les paysans arrivaient avec leurs boilles.
Gilbert Dupasquier «Titi», venait à pied en tirant sa charrette pleine de boilles.
Cette cuve, Vérène devait la laver tous les jours, après que Guigoz ou Translait
vienne chercher le lait. En attendant, elle avait déjà terminé les nettoyages du
local.
Je demande à quoi ressemble une journée typique de travail :
6h45-7h00: Vérène arrive à la laiterie
7h15: Les couleurs arrivent pour le coulage du matin. Les gens de Bulle et du
quartier viennent au moment des coulages acheter du lait au bidon. Elle parle
de toutes les personnes qui venaient lui acheter du lait. Elle notait tout dans des
carnets: les quantités de lait, le prix, les pesées, etc.
8h30: Les couleurs s’en vont et c’est parti pour environ 1h du nettoyage du local
Le camion de Guigoz venait chercher le lait coulé chaque jour. Elle devait nettoyer
la cuve après son passage. Les conducteurs des camions avaient aussi ce
statut d’indépendant. Ils étaient comme mandatés par Guigoz ou Cailler.
L’après-midi elle lavait la cuve
18h - 18h30: Elle revenait pour le coulage du soir.
EElle travaillait le matin et le soir 7 jours sur 7, fêtes ou pas fêtes.
Elle était payée aux heures. René lit la convention, elle n’était pas considérée
comme employée de Guigoz, plutôt comme indépendante sous contrôle de
Guigoz. Elle avait une somme annuelle et les heures supplémentaires n’étaient
pas payées. Il y avait aussi une partie du lait qui partait vers Konolfingen.
Vérène a vraiment plaisir et honneur à être là, dit-elle avec émotion.
À 81 ans, elle est très heureuse de pouvoir transmettre son savoir et son vécu
par sa mémoire. Elle mentionne que son papa était fromager. Elle nous raconte
71
Documentation de l’aventure
le parcours de son papa. Elle nous parle d’où vient sa famille, en détails. Elle
était en montagne avec son papa pour faire le fromage dès ses 6 ans.
Vérène dit que Charly Grandjean, le fils de Madame Grandjean qui tenait la laiterie
avant elle, doit sûrement avoir des photos de ce chalet et peut sûrement dire
les dates.
Elle décrit ce qu’elle se souvient du chalet. Il avait des marches, ce n’était pas
pratique pour transporter les boilles. C’était rudimentaire. Les camions qui
venaient chercher le lait, ce n’étaient pas des camions-citernes, c’étaient des
camions simples où il y avait juste la cabine du devant et le derrière n’avait pas
de toit, les boilles étaient chargées une par une à l’arrière du camion. Elle devait
souvent attendre les couleurs en retard, en n’étant pas payée. Elle a averti Guigoz,
ils ont envoyé une lettre d’avertissement aux retardataires. René dit que
son frère est le dernier peseur du canton, il raconte une histoire.
Vérène m’explique que les gens venaient par l’impasse du ruisseau.
René dit qu’il faisait partie de ces personnes qui montaient chercher le lait au
bidon. Ils venaient pendant les heures de coulage. Vérène avait toujours un
petit bac de yogourt à choix pour les personnes qui voulaient aussi acheter des
yogourts. Ceux-ci étaient procurés par la laiterie de la Tour, qui était la laiterie
principale à l’époque. Vérène devait donc rendre les comptes au laitier de la
Tour de la marchandise qu’elle vendait ( lait au bidon, yogourts, fromages,
beurre ). Elle avait la pesée au kilo et le lait au litre pour les privés. Elle avait
différentes grandeurs de mesures pour les privés. Elle avait une entente avec
le laitier de la Tour « c’était nickel, il faisait une fondue, on passait une soirée formidable
avec eux à la laiterie ». C’était Richoz. Il y avait toujours des nouveaux
clients, par le bouche à oreilles. Les clients demandaient souvent : vous avec
pas des yogourts, vous n’avez pas du fromage ? C’est comme ça que Vérène a
commencé à avoir ces petits cageots de yogourts. S’ils voulaient du fromage
pour le lendemain, il fallait le dire le soir avant à Vérène et elle pouvait en faire
aller chercher à la laiterie de la Tour pour le vendre en haut aux Granges. Elle
avait un petit frigo pour garder le fromage de laiterie et le beurre de laiterie. Les
paysans du quartier avaient des oeufs, alors qu’elle n’avait vraiment que du
produit laitier.
René revient sur le fait que Vérène a fini en 1989 et qu’ensuite la laiterie a été
reprise par Carmen Buchs. Vérène dit qu’il y a eu transformation. Une cuve
électronique est arrivée quelques jours avant qu’elle finisse de travailler. La
cuve faisait presque le double de l’ancienne. Elle était automatisée, notamment
pour le lavage.
René mentionne qu’il a appelé Carmen Buchs. Il dit qu’elle a aussi tenu la laiterie
9-10 ans et qu’elle a démissionné 2-3 mois avant que tout soit stoppé.
Christiane demande pourquoi la laiterie s’est arrêtée. Vérène explique que les
camions allaient directement chez les paysans chercher le lait, il n’y avait donc
plus de nécessité de cette étape intermédiaire du coulage. Ils avaient les citernes
de refroidissement à la maison, c’était plus pratique et hygiénique d’aller
directement chez les paysans.
Vérène raconte en détails son travail à la laiterie. Elle parle du pain au béton
qui se faisait beaucoup à l’époque. Elle explique que c’est du pain fait avec la
première traite après le veau. Le lait était très gras, comme du lait maternel et
jaune, très jaune. Ils portaient ce lait au boulanger et le boulanger faisait du pain
72
Retranscriptions des rencontres
au béton. C’était un peu comme une cuchaule sans safran ; comme une brioche.
Je demande s’il y avait des événements à la laiterie. Vérène me parle des
concerts de la fanfare de la Tour-de-Trême. Ils venaient faire le concert d’été
aux granges. René dit que c’était la seule manifestation qu’il y avait dans le
quartier. Ils venaient chaque année pour la Fête-Dieu aussi et ils avaient un char
et s’arrêtaient un peu partout.
Christiane demande à Vérène si les personnes qui venaient couler parlaient un
moment avec elle, s’ils discutaient ensemble, etc. Vérène répond : Alors oui les
conversations avec les couleurs c’était sensationnel. J’avais un tel contact avec
les couleurs qu’ils pouvaient rester jusqu’à 20h le soir tellement qu’on bataillait.
Ils ont tous des surnoms.
René m’explique quelque chose avec une carte et des noms. Il a aussi tiré
des documents du registre du commerce à propos de la laiterie avec tous les
membres de la coopérative au fil des années. Je demande à René quel est son
lien avec la laiterie. Il m’explique qu’elles.ils arrivent à la Tour-de-Trême, au
village en 1972. Là il venait chercher le lait au bidon. Le bidon en métal. Le bidon
se renversait quelquefois dans la voiture. L’hiver il n’y avait pas de problème, ça
gelait. Mais quand ça dégelait, il y avait une mauvaise odeur.
Je dessine un plan « google maps » avec l’emplacement de la laiterie ainsi que
les noms de rues du croisement et je demande les significations.
Route des granges : ça m’a l’air plutôt clair, à l’époque il disait le chemin de
Granges parce que ce n’était qu’un sentier, m’explique René.
Chemin des bioleires : Ils ne savent pas, mais René me dit que c’est sûrement
en rapport avec les arbres, la forêt, la nature. Il faut que je fasse des recherches.
La toponymie. René me dit que quelqu’un a fait un bouquin sur la toponymie du
canton. Il m’explique comment les noms des Rues sont choisis. Il y a une commission
qui détermine ces noms et ensuite une autre commission cantonale qui
choisit si oui ou non.
Route de la gîte : Vérène et René m’expliquent qu’il s’agissait d’une première
étape pour le bétail pour monter à l’alpage. Pour manger la première herbe.
Lorsque la première herbe était mangée par les bêtes qui pâturaient là, on pouvait
continuer et monter plus haut à la deuxième étape. L’herbe d’en haut était
prête, la neige avait fondu. Donc la gîte, c’est une première étape de montée à
l’alpage.
René m’explique, à l’aide des cartes qu’il a imprimées, où étaient les ruisseaux
à l’époque. Certains ont été coupés, certains ont été canalisés. On regarde tout
ça ensemble pendant un bon petit moment en détails. René m’explique qu’un
des ruisseaux était le canal des usiniers qui servait à faire tourner l’usine, les
scieries.
On voit sur les cartes qu’à l’époque il y avait des jardins, des vergers, des arbres
fruitiers à la place d’habitations et de routes.
Je demande comment les habitants faisaient leurs courses. Les deux me
répondent que chacun avait son jardin potager, il y avait même les plantages
où ils plantaient les gros légumes. C’est-à-dire les choux, les raves, les gros
légumes. Ensuite, ils allaient chez les paysans pour la viande et les œufs et à la
laiterie pour les produits laitiers. Ils précisent qu’au départ c’était un quartier
agricole et qu’ensuite les paysans ont vendu du terrain à Pierrot Rime et ensuite
73
Documentation de l’aventure
il a vendu à la commune. René raconte que Pierrot Rime lui avait demandé de
venir un soir sur place. Pierrot lui racontait qu’il voulait construire un quartier là.
On parle du quartier Dom Herman et de la qualité des terrains. Dom Herman est
marécageux, presque du sable mouvant, de la craie lacustre précise René.
Je demande ce qu’est devenue la laiterie après l’an 2000, quand elle s’est arrêtée.
Ils me répondent que c’est devenu un dépôt pour des entreprises d’électricité,
et maintenant que c’est la société Ignifuges, une entreprise spécialisée
dans l’isolation, qui est locataire.
Vérène raconte que Gilbert avait instauré avec Vérène et Danny, en 1974, une
tradition, d’où cette grande amitié, il faisait déjà une verrée offerte pour les musiciens
après le concert. C’est la société coopérative de la laiterie qui offrait ça
aux musiciens et à la population. Ils ont continué à faire la verrée, mais ensuite
les musiciens étaient invités chez Gilbert pour, ce qui s’est transformé en une
petite réception. Gilbert était boucher, alors il faisait toujours des plateaux de
viande froide. Tous les mardis, Vérène allait déjeuner chez Yvette. Au début
dans la cuisine chez Gilbert c’était la pomme, le café, on finissait à 6h du mat.
Plus tard, Gilbert a eu l’idée de faire une soupe de chalet. Vérène et son amie
Yvette s’occupaient de faire la soupe de chalet et d’aller faire les courses. Tout
était offert et gratuit pour les musiciens. C’était devenu une réception, avec des
tables, des chaises, la souper de chalet, les boissons. Au départ, il n’y avait que
quelques musiciens qui venaient et puis, petit à petit, il y avait tout le monde. Ça
se faisait dehors. Gilbert allait louer les verres chez Dougoud, le vaisselier de la
Tour. Il faisait la soupe de chalet dans la chaudière.
Pour finir, Vérène, Yvette et Eugénie passaient l’après-midi à préparer les
légumes pour la soupe de chalet, et ça, après le travail. Vérène dit : Mais c’était
pour notre concert des Granges. C’était quelque chose ce concert, très apprécié.
Elle précise que c’était dommage, car quand il y a eu Dom Herman, les gens
ne venaient pas vraiment. René explique que tout a changé. La dernière fois, ils
ont fait sur la nouvelle petite place avec la fontaine au croisement.
Je demande ce qu’elles.ils pensent de cette laiterie maintenant. Cette laiterie
presque à l’abandon.
René m’explique le problème actuel. Il y a trop de trucs autour de la laiterie.
Il y a des caravanes, des voitures sans plaques. Un jour, ils ont vu une voiture
bernoise déposer une voiture là, sur la place de la laiterie. Il explique que les
gamins qui attendent le bus vont presque jouer dans ces voitures. Les voitures
au bout de quelque mois s’en vont quand même, mais on ne sait pas où.
Je demande s’ils ont déjà imaginé comment la laiterie pouvait être investie dans
le futur ? En quoi pourrait-elle se transformer ? Est-ce qu’elles.ils auraient un
souhait ?
René mentionne qu’à l’époque il y avait beaucoup de gens qui disaient qu’il fallait
faire un magasin. Vérène dit que Charly avait dit non. René précise qu’elles.
ils ne l’ont pas fait parce qu’elles.ils avaient peur que ça devienne un sauvetage
et pas un magasin. Avec toutes les grandes enseignes qui se sont ouvertes à
Bulle et la Tour, ça ne vaudrait plus la peine.
Je demande s’il y a d’autres évènements dans le quartier mis à part les soupers
de quartier. Je précise qu’il y en a un à la Rue de Préville et qu’il me semble que
74
Retranscriptions des rencontres
chez elles.eux il y en a un aussi.
Christianne précise que chez elles.eux il n’y en a pas, mais qu’au bioleires il y en
a un.
Je demande quelle est l’ambiance entre les gens et l’attitude globale, la citoyenneté.
Christianne dit qu’elles.ils organisent avec quelques voisins, entre
eux, un petit apéro souper l’été. Sinon, ils se disent un petit coucou quand ils se
croisent.
Il n’y a pas d’autres évènements connus.
Je mentionne que j’ai l’impression que les gens aux granges sont assez individuels,
Christiane acquiesce. René dit : un truc qui ne va pas, c’est quand ça
devient obligatoire. Personne ne vient à ce moment-là. Ce qui
fonctionne le mieux c’est les impromptus. Christianne précise : par contre on
sait qu’on peut compter les uns sur les autres, il y a une belle solidarité. Ils ont
pu le remarquer avec le covid-19. Les voisins demandaient s’ils avaient besoin
de quelque chose. La société de jeunesse a apporté aussi leur aide.
Nous arrivons à la fin de la conversation, je les remercie chaleureusement.
Je pense à Vérène pour raconter l’histoire de la laiterie, je pense à René pour
une balade historique du quartier lié au terrain. Ils sont très intéressé.e.s.
75
Documentation de l’aventure
Rencontre 2, le 23 mars 2021 :
Rencontre par Zoom avec la Famille Rody - Chardonnens - Geinoz
de 18h30 à 21h30
Je commence par expliquer le contexte de notre rencontre et les invitent à partager
leurs liens avec la laiterie et le quartier.
Alexandra raconte ses souvenirs. Elle l’appelle la petite laiterie, elle dit que ses
parents lui permettaient d’aller chercher le lait, ils y allaient tous les 2-3 jours.
Elle était toute heureuse d’aller cherche le lait, car en même temps, sa copine
Christine venait chercher le lait depuis Bulle. Ça leur permettait de se voir, discuter.
Christine venait à pied depuis Bulle, elle passait par le quartier de Préville,
qui était un pré à l’époque. Elle mentionne qu’elle avait toujours peur parce qu’à
l’époque, les chiens étaient en liberté dans le quartier et ils suivaient Alexandra
quand elle allait chercher le lait. Elle se rappelle qu’il y avait toujours une bonne
ambiance entre les paysans et Verène et que c’était le lieu où on se racontait
les histoires. Avec sa soeur Géraldine, elles voulaient toujours jouer à la laitière,
faire comme Vereine, elles adoraient ce métier et voulaient faire comme Verène.
Elle mentionne qu’il y avait une fois par année le concert de la Fanfare et que
c’était vraiment la rencontre du Quartier.
Je demande s’ils achetaient le lait uniquement là bas. Alexandra répond oui.
Marily répond qu’au début oui, mais s’ils voulaient du lait qui se conserve, ils
allaient dans les magasins et achetaient en pack, mais en principe ils allaient
toujours acheter le lait à la petite laiterie. Elle précise que c’était un lait qu’il
fallait cuire, ce n’était pas possible de le boire comme ça, c’était du lait frais.
Alexandra précise qu’elles.ils avaient la crème sur la surface du lait. Marily précise
qu’il fallait le faire bouillir pour enlever les bactéries avant de le boire. Avant
de le cuire, tu récupérais la crème. Tu mets le lait dans un baquet, tu laisses
poser toute la nuit et le lendemain matin tu racles la crème qu’il y a dessus. Si tu
achetais un litre de lait, ce n’était vraiment pas beaucoup de crème. Il fallait en
avoir au moins 4-5 litres pour pouvoir faire ça.
Alexandra se rappelle Vérène avec ses bottes et son tablier blanc. C’était un
personnage Vérène. Elle passait tout au jet dans la laiterie.
Géraldine se rappelle l’odeur, l’impression d’entrer dans un endroit aseptisé,
comme une salle d’opération, tout était super propre, tout était blanc, le sol
les murs, elle était en blanc. Elle se rappelle aussi du bidon turquoise en plastic
pour aller chercher le lait. Marily précise qu’il y avait un couvercle un peu
profond et qu’elles.ils mettaient les sous souvent dans le couvercle. Alexandra
précise que c’était donc des sous et non pas des billets. Marily pense qu’elles.
ils payaient le lait 60 centimes le litre, pas plus. Géraldine se souvient des
différents mesures et outils qu’avait Vérène pour prendre le lait. Elle avait une
sorte de pot en métal avec une anse. Marily précise que c’étaient les différentes
mesures. Alexandra mentionne que c’était ça qu’elles aimaient faire avec Géraldine,
elles jouaient avec de l’eau et elles faisaient les laitières. Elles se rappellent
que le lait était versé dans une grande cuve.
Géraldine se souvient aussi des concerts de la Fanfare. Elle se souvient aussi
que le soir, il y avait le rassemblement des jeunes qui avait» les boguets». C’était
le point de rencontre des jeunes. Alexandra se rappelle qu’elles.ils jouaient au
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Retranscriptions des rencontres
tennis sur le mur de la scierie. C’était dans les années 80. Alexandra précise
que c’était le quartier de Murion et qu’elle et Géraldine étaient à la limite alors ils
se réunissait tous à la laiterie, comme ça ils n’étaient chez personne et chez tout
le monde en même temps. Je demande s’il s’agissait seulement des jeunes du
quartier. Elles répondent que non, il y avait aussi les jeunes du village. Ceux du
quartier de Montrepos aussi.
Noé, le petit frère de Fiona apparait sur l’écran, je le salue. Alexandra lui demande
s’il a quelque chose à dire sur la laiterie. Il répond que non, il a vu la
laiterie fermée toute sa vie.
Géraldine mentionne qu’avec Alexandra, quand elles étaient plus grandes, elles
auraient voulu faire une petite boulangerie, une petite épicerie. Marily dit qu’elle
a toujours voulu faire un petit dépôt pour les gens du quartier. Avoir un peu des
légumes et des fruits pour les gens du quartier.
Alexandra raconte qu’à l’époque, ses parents avaient organisé un bus privé
pour les jeunes du quartier afin qu’elles.ils puissent se rendre à l’école secondaire.
La laiterie était leurs arrêts de bus. Le bus de l’école primaire ne passait
pas encore dans le quartier, il est arrivé bien plus tard. Le bus était financé par
les parents des enfants. C’est comme ça que l’arrêt de bus a commencé.
Alexandra soulève qu’il s’agissait vraiment d’un lieu de rencontres.
La boîte aux lettres de la poste a toujours été accrochée à la laiterie, à leurs
connaissances.
Pour Fiona, la laiterie était aussi un point de rencontre, mais dès le début de
la construction de la maison derrière la laiterie, le point de rendez-vous n’était
plus la laiterie. Elle dit que pour elle, la laiterie était principalement l’arrêt de bus
pour aller à l’école primaire. Elle se souvient qu’à un moment donné, il y avait un
petit kiosque, où elle pouvait acheter des Chokitos. Elle se rappelle aussi avoir
brossé les murs de la laiterie pour effacer les traces de chaussures effectuées
lors d’un concours de « celle qui fait la trace la plus haute a gagné !».
Je demande ce qu’elles pensent de l’état de la laiterie actuellement.
Elles répondent à l’unisson que c’est un dépôt actuellement. Alexandra dit qu’il
serait super d’ouvrir un petit magasin, mais qu’elle se demande si les gens du
quartier joueraient le jeu et viendraient au magasin. Elle continue en mentionnant
qu’à l’époque, dans le quartier, tout le monde se connaissait. À l’heure actuelle,
ce n’est plus le cas. Parfois on ne connait plus les gens et on ne se dit même
plus bonjour. Avant, on s’invitait à boire un café entre voisins. Les maisons ont
été revendues, les gens sont arrivés et partis. On ne se connait plus vraiment.
Les gens travaillent la journée, c’est un quartier qui a beaucoup changé. C’est
un quartier presque dortoir maintenant. Avant, on connaissait vraiment tout le
monde et l’ambiance a beaucoup changé.
Nous parlons de l’évolution du quartier, Alexandra mentionne qu’avant, les gens
qui allaient skier à la Chia enlevaient leurs skis à la laiterie.
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Documentation de l’aventure
Nous revenons à la question précédente. Géraldine mentionne qu’elle serait assez
partante pour que la laiterie devienne une petite épicerie. Marily pencherait
plutôt pour un petit dépôt. Alexandra penserait plus à une jolie petite épicerie
avec une table pour boire du thé. Un petit tea-room, un endroit pour boire l’apéro.
Peut-être que ça réunirait les gens.
Marily partage qu’elle trouve que les gens sont devenus très individualistes. Elle
parlait une fois avec Frederic qui lui disait : on était pratiquement les premiers
à avoir un trampoline dans le quartier. Au début quelques enfants venaient et
puis, très rapidement, ils ont tous eu un trampoline à la maison. Donc les enfants
restaient chez eux.
Géraldine dit que personnellement, elle ne ressent pas le besoin d’avoir un sentiment
de communauté dans le quartier, elle aime bien être tranquille chez elle.
Ses voisins ne sont pas forcément ses copains. Capucine, sa fille, va jouer dans
le quartier de Murion.
Alexandra dit que tous les coins de quartiers ont changé. Au départ, les enfants
étaient en Murion, ensuite à la rue de Préville, ensuite à Dom Hermann et
maintenant ça recommence en Murion, car les maisons ont été revendues. Il y a
comme un cycle.
Je pose la question : qu’aimez-vous dans le quartier ? Pourquoi vous aimez
habiter ici ? Marily me répond qu’elle a l’impression d’être à la campagne, mais
en même temps, qu’en 20 minutes à pied, elle est en ville. Le calme de la campagne,
le fait d’être proche des balades, de la nature. Fiona dit avoir beaucoup
aimé cet aspect-là aussi, pour grandir dans le quartier. Elle mentionne aussi que
ça l’ennuie vraiment qu’il n’y ait pas de transports publics bullois qui viennent
dans le quartier. L’aspect « accessibilité» est vraiment dommage selon elle.
Actuellement, en tant que jeune active, elle n’irait pas forcément habiter aux
Granges. Cependant, elle reconnait que c’est un quartier où il fait bon vivre et
ajoute que, si tu es mobile, tu es très vite partout tout en te retrouvant au calme,
ce qui est assez rare finalement. Marily, Alexandra et Fiona mentionnent aussi
la magnifique vue et le panorama qu’on a dans le quartier.
Je leur demande de résumer ce qui manque dans le quartier selon elles. Elles
me disent qu’il manque un lieu de rencontre et le bus, le transport public Mobul.
Marily mentionne que, par exemple, pour les seniors qui ne peuvent plus
conduire, le bus est nécessaire. Il faudrait vraiment un transport public qui relie
le quartier à la ville de Bulle. Sinon, tu es obligé de déménager ou alors d’être
dépendant de quelqu’un qui te véhicule.
Elles sont intéressées à continuer l’aventure avec moi, cela dépendra de quelle
manière et comment évolue le projet. Nous terminons notre rencontre sur
Zoom.
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Retranscriptions des rencontres
Rencontre 3, le 20 avril 2021 :
Chez Charles Boschung avec Jean- Francois Tornare
de 10h30 à 12h00
Je raconte que j’ai rencontré Vérène et René. Jean-François n’a jamais vécu
aux Granges, mais y venait couler. Charles Boshung raconte qu’avant, la laiterie
était sous forme de petit chalet, avec un quai à hauteur adaptée pour décharger
les boilles des camions. Nestlé venait chercher le lait. Il explique qu’après
avoir coulé le lait, ils mettaient les boilles dans un bassin d’eau froide dans le
local, jusqu’à ce que le camion passe. À la coulée du matin, il y avait Perrin qui
arrivait avec son chariot à moteur, il prenait six boilles de lait, il descendait et
faisait tout le quartier, il s’arrêtait au restaurant des Granges, il avait une corne
et puis il soufflait dedans pour que les gens l’entendent et viennent chercher le
lait. Sous son siège, il avait un petit espace pour mettre du beurre et le vendre
aux particuliers. Charly raconte que parfois elles.ils montaient sur le chariot à
moteur parce qu’il allait vite, mine de rien. C’était en 1960.
Je demande s’ils savent qui a tenu la laiterie avant Vérène. Ils me répondent
qu’il s’agissait de Madame Grandjean, et avant ça, Edner. Le petit Edner.
Jean-François mentionne qu’il devait s’agir d’un petit bonhomme, car on l’appelait
le petit Edner. Charles dit qu’en 1960, il y avait Madame Ruffieux, Hélène
Ruffieux, précise monsieur Tornarre. Charles explique que du temps du petit
chalet, tout le monde allait couler avec les carrioles, le cheval, le chien qui tire la
charrette.
Charles raconte l’ambiance» des coulées». Il dit que c’était de jolis moments,
qu’elles.ils se voyaient tous, qu’elles.ils parlaient. Il précise que le local appartenait
à la société de laiterie et que les peseuses étaient employées par Nestlé.
Il indique qu’il y avait un deuxième local de coulage à la laiterie du village de La
Tour-de-Trême et qu’il a fermé, car Nestlé ne voulait plus payer deux endroits
différents. Ce n’était pas pratique d’accès pour les camions qui venaient chercher
le lait. Le local du coulage des Granges était donc le seul.
Jean François était secrétaire de la société de laiterie de 1987 à 1999. Ensuite,
c’était la fille d’Aloys Dupasquier qui a repris le secrétariat. Elles.ils se passaient
tous les documents de secrétaire en secrétaire. Nathalie Dupasquier, devenue
Richoz qui habite à Botterens, il faudrait l’appeler. Les premiers statuts de la
société sont de 1916, juste après la guerre me dit Jean-François. Charles pense
que le petit chalet a été construit dans les années 1935-1940. C’était le local des
paysans des Granges et ils cotisaient pour payer le local. Charles a toujours été
couler aux Granges.
Nous parlons du concert des Granges, Charles me dit qu’il en fait partie. À
l’époque il jouait, maintenant il est porte-drapeau. La fanfare avait demandé
s’ils pouvaient venir sur la place, la société de laiterie a accepté. Maintenant,
ce n’est plus la même chose. La dernière fois la société de musique a été jouer
sur la place de la fontaine à l’entrée du quartier de Dom Herman, elles.ils ont dû
arrêter et partir, car il y a eu des dénonciations, la police est arrivée pour tapage
nocturne. La société de musique a donc arrêté. Charles raconte que le quartier
et les gens ont bien changé, on ne connait plus forcément les gens, on s’arrête
plus trop pour parler dans le quartier. À part pour les anciens, ceux qu’on
connait depuis toujours. Avec les autres, il y a très peu de contacts et ça change
beaucoup et vite. C’est un peu chacun pour soi. Ce n’est ni paix ni guerre.
Je leur explique que j’aimerais essayer d’organiser des évènements et des
opportunités pour que les gens du quartier se rencontrent. Charly trouve que ça
serait joli d’ouvrir une petite cafeteria avec une petite terrasse. Jean-François
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Documentation de l’aventure
Retranscriptions des rencontres
pense que les gens s’arrêteraient pour boire un café. Ce serait mieux que maintenant
dit Charles. Maintenant, il y a des véhicules sans plaques déposées ici,
il y a eu déjà quelques plaintes. On revient sur la laiterie, Charles dit : la laiterie
c’est un peu notre patrimoine, on s’est toujours battu pour ne pas la vendre et la
garder.
Ils me disent qu’ils n’ont pas vraiment le temps pour participer et suivre le projet,
par contre il m’indique qu’il faut appeler Frederic Betticher, le président de
la fanfare si je veux organiser un concert. Nous terminons notre rencontre.
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Archives collectées
Donnée par René Jaquet
Donnée par Pius Macheret
Donnée par les Archives communales,
Noémie Cotting, récoltée et
commenté par René
Donnée par Vérène Pittet
Donnée par Marthe Dupasquier, récolté
par Louise Bonnet
Donnée par Vérène Pittet
Donnée par Marthe Dupasquier, récolté
par Louise Bonnet
Donnée par Marthe Dupasquier, récolté
par Louise Bonnet
Donnée par Vérène Pittet
Donnée par Pius Macheret
Donnée par Pius Macheret
Donnée par Vérène Pittet
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Archives collectées
Donnée par Pius Macheret Donnée par Pius Macheret Donnée par Pius Macheret
Donnée par Vérène Pittet
Donnée par Vérène Pittet
Donnée par Vérène Pittet
Donnée par Gabriel Ruffieux, récoltée par
René Jaquet
Donnée par Vérène Pittet
Donnée par Vérène Pittet
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Documentation de l’aventure
Disponible à l’ECAB . Récoltée par René
Donnée par Charles Boschung
En dépôt au bureau de géomètre
Omnidata. Récoltée par René Jaquet
Donnée par les Archives communales,
Noémie Cotting, récoltée et modifier par
René Jaquet
Donnée par les Archives cantonales (AEF),Monsieur Patrick Dey /Monsieur François
Blanc, Récoltée par René Jaquet
Donnée par René Jaquet
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Archives collectées
Donnée par Arlette Ecoffey
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Livre d’or
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Livre d’or
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Documentation de l’aventure
Livre d’or
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Documentation de l’aventure
Livre d’or
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Documentation annexe
Documentation annexe
– Documentation vidéo des évènements
réalisée par Lorraine Perriard et Audrey Bersier
– PDF de documentation «Et après?»
donné aux personnes inscrites sur la liste de contacts
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Sources
Sources
Tableau 1
p.16-17
Tableau 2
p.18-19
Tableau 3
p.20-21
148
Sources
Tableau 1
p.16-17
10. La coutellerie :
https://www.facebook.com/lacoutelleriefribourg/
consulté le 13.06.2021.
https://www.instagram.com/la_coutellerie1/?hl=de
consulté le 13.06.2021.
11. Museum of Broken Relationships:
https://brokenships.com/,consulté le 13.06.2021.
12. The Gerrard Winstanley Mobile Field Center,
European Chapter, Nils Norman, 2000:
http://www.dismalgarden.com/projects/gerrard-winstanley-mobile-field-center-european-chapter
consulté le 13.06.2021.
13–20. Candy Chang:
http://candychang.com/work
consulté le 13.06.2021.
Tableau 2
p.18-19
21. Utopiana:
https://www.utopiana.art/fr
consulté le 13.06.2021.
22. klaut alles! (steal everything!), 1996
Installation, Kiosk, Bern.
Curated by Katrien Reist and Beate Engel:
http://www.relax-studios.ch/detail/1996klautalles/
consulté le 13.06.2021.
23. Soupe au caillou, Hasoso:
https://hasoso.ch/
consulté le 13.06.2021.
24. The Ladder café, Collectif microsillons:
http://www.microsillons.org/listeprojets.html#Blob
consulté le 13.06.2021.
25. ROBERT WALSER-SCULPTURE, Thomas Hirschorn:
http://www.thomashirschhorn.com/robert-walser-sculpture/
consulté le 13.06.2021.
26. ESCALE, Marinka Limat:
https://www.forumschlossplatz.ch/archiv/2015/ausstellungen+residenz-residenz-marinka-limat/
consulté le 13.06.2021.
27. NeighborHub – La maison bleue:
https://neighborhub.ch/
consulté le 13.06.2021.
Tableau 3
p.20-21
28. Le pain commun, Marie Preston:
https://www.marie-preston.com/fr/Projets/Le_Pain_Commun__2018
consulté le 13.06.2021.
29. Notes personnelles de séminaire donnés par le collectif Microsillons
: http://www.microsillons.org/
consulté le 13.06.2021.
30. Echelle de participation, Sherry Arnstein
Source: https://www.kulturagent-innen.ch/fr/blog/la-participation-dans-les-projets-artistiques-oui-mais
consulté le 13.06.2021
31–38. RADIKANT b / This Book Is Great Too, Martin Schick:
https://www.martinschick.com/radikant-b
consulté le 13.06.2021.
149
Sources
Sélection de littérature
Sélection de littérature :
Lenka Veselá, Artistic Research as Academic Borderlands, posté le 24.05.2021.
https://www.jar-online.net/artistic-research-academic-borderlands
Consulté le 13.06.2021.
Nora Sternfeld, CuMMA Papers #1 , Playing by the Rules of the Game, p.4, 2013
Patricia Reed , What Is a Participatory Practice?, 2008
https://aestheticmanagement.com/writing/what-is-a-participatory-practice/
Consulté le 13.06.2021.
Sophie Hope, Participation as performance, posté le 4.11.2019.
https://sophiehope.org.uk/blog/participation-as-performance/
Consulté le 13.06.2021.
Recherche-action-participative:
John E. Glass
David Coghlan & Teresa Brannick (2001). Doing Action Research in Your Own Organization.
London: Sage
https://www.qualitative-research.net/index.php/fqs/article/view/777/1686
Consulté le 13.06.2021.
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Un grand merci
À mes mentor.e.s :
Marinka Limat
André Vladimir Heiz
Aux perles:
René Jaquet
Vérène Pittet
Mariely Geinoz
Fiona Rody
Alexandra Rody
Géraldine Chardonnens
Charles Boschung
Jean-François Tornare
Louise Bonnet
Pius Macheret
Sophie Francey
Jacques Rossier
Suzanne Murith
Aux acolytes :
Benjamin Kelava
Isabelle Gremaud
Daniel Gremaud
Isabelle Porras
Léonie Kuhn
Alexandre Frager
Patricia Pittet
Aux documentaristes :
Isabelle Gremaud
Lorraine Perriard
Audrey Bersier
Aux journalistes :
Claire Pasquier
Sophie Roulin
Aux collaborateur.trice.s
communaux :
Noémie Cotting
Esther Weill
Kirthana Wickramasingam
Pierre Troillet
À :
KB Ignifuge SA
Société Coopérative de laiterie de La Tour-de-Trême
Chocolaterie Cailler à Broc, Nestlé
Société de musique de La Tour-de-Trême
Archives communales de Bulle
Archives cantonale Fribourgeoise
Toutes les personnes présentes durant les évènements
Toutes les personne m’ayant confié leurs souvenirs
et documents d’archives
Toute les personnes ayant fouillé dans leurs albums et greniers
Toute les personnes croisés en chemin, qui m’ont conseillé, aiguillé et encouragé
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Impressum
L’ancienne laiterie des Granges
Lucie Gremaud
hey@lucie-gremaud.ch
Numéro d’immatriculation
15-250-699
HKB/ Hochschule der Künste Bern
Master Thesis Art Education
FS21, Juin 2021
Textes et conception
Lucie Gremaud
Mentorat
Marinka Limat
André Vladimir Heiz
Typographies
Untitled Serif
Untitled Sans
AHAMONO
Imprimé par :
Cric print, à Marly
©2021, CH-3027 Berne. Tous droits réservés, en particulier
le droit de reproduction et de traduction. Aucune partie de cet
ouvrage ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit
ou distribuée par des systèmes électroniques sans autorisation
écrite. L’autorisation doit être obtenue auprès de l’auteur, Lucie
Gremaud, et de la Haute école des arts de Berne.
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Approche rétrospective
Hochschule der Künste Bern
FS2021
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