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Inspiration - no 2 - 2025

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N o 02 | 2025

Le magazine des sports de montagne

Inspiration

Bon plan Expert Rencontre au sommet

Visite verticale : dans le Rätikon

avec Beat Kammerlander

La quête de la forme parfaite : tout

sur les chaussons d’escalade

Peurs, rêves, quotidien : ce que

disent les compagnes des pros


EARLY

CHECK-IN

Les vagues

Accès

L'année de notre jubilé, les 50 ans de Bächli Sports de Montagne, est passée ; les raisons

d'une gueule de bois après les festivités seraient vite trouvées. Une situation

politique mondiale incertaine, de fortes corrections économiques – même dans un

pays enclavé comme la Suisse – ou des hivers peu enneigés qui ne permettent pas

de vivre notre passion pour le ski comme on le souhaiterait. Cela montre que les

choses bougent : même « à petite échelle », les marchés sont en mouvement. Depuis

la pandémie, le secteur des sports de montagne et de l'outdoor a connu de grandes

vagues, pour ensuite traverser de profonds creux. Cela fait parfois mal, on ne veut

pas reconnaître ni supporter le creux de la vague. La peur d'être englouti se répand.

C'est ce qui se passe actuellement dans notre marché en phase de consolidation.

Nos collaborateurs sont habitués à vivre des hauts et des bas en raison des activités

saisonnières. Nous savons comment gérer les vagues. De temps en temps, il

faut réajuster le cap pour s'y opposer. D'autres fois, nous surfons sur les vagues, ce

qui est tout à fait permis. Les vagues font partie de la vie, du sentiment personnel.

Mais il faut une stratégie claire pour gérer la houle. Sinon, cela peut aller très vite.

« Les vagues font partie

de la vie, des sports de montagne et

de l’entreprise. »

Seuls ceux qui perdent de vue leur objectif – ou qui ne sont pas capables d'adapter

leur parcours pour y parvenir – deviennent le jouet des vagues. « Le plan de Stephan

est de ne pas hésiter à s’écarter du plan initial », raconte Niki Siegrist dans l'interview

à partir de la page 40 au sujet de son mari, l'alpiniste professionnel Stephan

Siegrist. Le slogan semble avoir du sens, tant sur l'eau que sur terre.

Vous l'aurez compris : si nous ne grimpions pas les montagnes, nous serions

peut-être devenus de bons surfeurs. Mais ne vous inquiétez pas. Lors de votre prochaine

visite dans un de nos magasins, vous trouverez dans nos rayons des articles

taillés pour les sports de montagne, ainsi que les meilleurs conseils et des prix

exceptionnels. Nous gardons le cap.

Cordialement

Thomas Morand

CEO Bächli Sports de Montagne SA

2

1



Visite verticale : dans le Rätikon

avec Beat Kammerlander

N o 02 | 2025

Le magazine des sports de montagne

Bon plan Expert Rencontre au sommet

La quête de la forme parfaite: tout

sur les chaussons d’escalade

Peurs, rêves, quotidien: ce que

disent les compagnes des pros

Contenu

CONÇUS POUR

LES AVENTURES

DE LA VIE

LES NOUVEAUX PRODUITS GORE-TEX OFFRENT UNE

GRANDE LONGÉVITÉ, SONT RÉALISÉS SANS PFAS*

ET PRÉSENTENT UNE EMPREINTE CARBONE RÉDUITE.**

UN GRAND PAS POUR LA PERFORMANCE &

L’ENVIRONNEMENT.

N o 02

2025

Bon plan

Point de vue

Les plus belles facettes de la montagne .................................... 4

Nouveaux produits et news des sports de montagne ............. 8

26Déroulement parfait

3 x 3

* FABRIQUÉ SANS AJOUT VOLONTAIRE DE SUBSTANCES PER- ET POLYFLUORÉES ;

PEUT CONTENIR CERTAINES TRACES.

2

** GRÂCE À LA MEMBRANE INNOVANTE ET AUX TEXTILES SÉLECTIONNÉS POUR LE LAMINÉ (HIGG MSI)

© 2025 W. L. Gore & Associates GmbH. GORE-TEX, LA GARANTIE DE VOUS MAINTENIR AU SEC, Gore et les logos sont des marques déposées de W. L. Gore & Associés

Inspiration

Bon plan

Escalade dans le Rätikon ................................................................ 12

Le Mönch par le passage du Nollen .......................................... 26

Expert

Chaussons d’escalade ................................................................. 20

Réchauds ....................................................................................... 34

Rencontre au sommet

Discussion avec les compagnes des pros ............................... 40

Final

Athlète Bächli Chrigel Maurer ................................................... 48

Effet d’optique : lorsque cette

photo a été prise dans les parois

en colimaçon d'Abella de la

Conca, à mi-chemin entre Barcelone

et Andorre, le thermomètre

indiquait –6 °C. Une adhérence

optimale pour la Norvégienne

Rannveig Aamodt.

Jan Vincent Kleine

janvincentkleine.com

Que reste-t-il d'une course où tout se

déroule sans accroc ? Thomas Morand,

CEO de Bächli, a gravi le Mönch par le

passage du Nollen en compagnie du guide

de montagne Jonas Schild. Le photographe

Diego Schläppi les a accompagnés.

Expert

Adaptation parfaite

Le plus étroit possible, mais sans franchir

le seuil de la douleur : l’achat de chaussons

d’escalade suit ses propres lois. Découvrez

la règle d’or de la minute et d’autres

astuces pour choisir le bon modèle.

20

3



Point de vue

Nouveau

niveau

Il n’y a pas de championnats du monde

d’alpinisme. S’ils existaient, il est évident

qu’Inès Benazzouz aurait remporté le titre

2024 de la discipline inventée et décriée par

Reinhold Messner : l'alpinisme de piste, de

chiffres et de publications. Benazzouz, mieux

connu sous le nom d’« Inoxtag », est une star

française du web qui attire régulièrement

pas moins de neuf millions de personnes

lorsqu’il présente des stratégies Fortnite

sur YouTube. En 2023, ce jeune homme de

23 ans, originaire du nord de Paris et « peu

sportif » selon ses propres termes, a annoncé

son intention de préparer et de gravir

l'Everest en un an.

Si quelque chose ne va pas, il suffit de

le changer – cela vaut également pour le

show-business sur Internet, où l'argent joue

un rôle limité, mais certainement pas limitatif

: le quotidien suisse-allemand NZZ a évalué

les coûts du projet « entre 600 000 et 1,2

million d'euros », mais il est aussi possible

que le budget ait été encore plus élevé. Mathis

Dumas est devenu le guide de montagne

personnel de Benazzouz, la photo ci-contre

les montre lors d'une course d'entraînement

à la Dent du Géant. Sur l'Everest, une équipe

de cameramen a suivi Benazzouz dans ses

moindres faits et gestes afin de documenter

non seulement son parcours héroïque personnel,

mais aussi les « conséquences du tourisme

de masse ». À la fin du film « Kaizen »,

d'une durée de deux heures et demie, on voit

Inoxtag conduit au sommet par une équipe de

sherpas, se coiffer d'un chapeau de paille et

reconnaître, en larmes et le souffle coupé : « Il

faut arrêter d'être derrière nos écrans ! » Son

appel semble toutefois peu suivi ; « Kaizen »

a déjà recueilli plus de 40 millions de vues.

Même sans médaille de champion du monde,

Inoxtag a ainsi porté l'alpinisme de haute altitude

à un nouveau niveau.

Dent du Géant, massif du Mont-Blanc

Antoine Mesnage

antoinemesnage.com

4

5



Aussicht

Point de vue

Traversée à la

transition

Dans la vie, lorsque quelque chose se termine

et qu’une autre chose commence,

comme lors d’une naissance, d’un mariage,

d’un nouveau métier ou d’un déménagement,

on ressent souvent un mélange d’excitation

et d’angoisse. Selon l'ethnologue

Arnold van Gennep, les rites de passage

apportent un certain soutien pour faire face

à ces transitions empreintes d’incertitudes.

Par le passé, dans nos montagnes, le franchissement

des cols était aussi synonyme

de craintes et d’inconnu. De nos jours, au

col du Susten (2224 m), des colonnes de

motards et de cyclistes se pressent sur

l'étroite route. Les grimpeurs y ont également

découvert des blocs de granit idéalement

disséminés sur une prairie idyllique.

Comme il y souffle souvent un vent frais, ce

spot de bloc est particulièrement appréciée

lors des chaudes journées d'été. « Holz im

Füür » (signifiant du bois dans le feu) est le

nom original de ce bloc en 8a (échelle Fb),

ouvert par Fred Nicole. Il commence à gauche

par une traversée avant de sortir par le

haut. C’est pourquoi cette voie de bloc porte

aussi le nom de « Fred’s Traverse ». Les

grimpeurs prendront appui sur de petites

réglettes – à condition qu’ils parviennent à

exercer le même gainage et la même pression

sur les pieds que le grimpeur Bernhard

Senn. Quant à savoir si Senn a réussi

le crux sans succomber au rituel de plonger

la main dans le sac à magnésie, restera

un secret bien gardé.

Col du Susten, « Fred’s Traverse » (8a)

Stefan Kürzi

stefankuerzi.com

6

7



3 x 3

Des nouvelles de

la montagne

Nouvelle collection

Schöffel : gagner une

sortie en montagne

guidée !

La boucle est bouclée

Après de longues années de développement, les

spécialistes de l'escalade d'Edelrid sont parvenus

à fabriquer une corde d'escalade entièrement

recyclée, de l'âme à la gaine, et qui répond à toutes

les exigences : la Neo 100 3R. La clé du succès a

été une technique de filage spéciale et la combinaison

de matériaux recyclés mécaniquement et

chimiquement. Ainsi, la production peut se faire

à 100 % à partir de cordes et de restes de fils. Le

cycle des matières premières est bouclé ! Avec une

force de choc de 8,4 kN et un poids au mètre de

59 g/m, cette corde à simple de 9,6 mm est également

convaincante sur le plan technique. Pour un

maniement souple, la corde est équipée de la technologie

ThermoShield.

NEO 100 3R 9.6

EDELRID

Poids : 59 g/m

dès CHF 179.– (50 m)

Parfaitement aérés

La série de modèles « Air Revolution » de Meindl

accompagne avec succès les randonneurs,

les trekkeurs et les alpinistes depuis des décennies.

Le nouveau modèle phare du cordonnier

bavarois, l'Air Revolution 4.6, est lui aussi

destiné à la randonnée, au trekking, à la via ferrata

et à l'alpinisme. Au centre, la languette Air-Revolution

en mesh 3D et mousse perforée « pompe » l'air

chaud hors de la chaussure à chaque pas et attire

l'air frais. Le système de laçage Variofix 3 assure

la stabilité du talon, tandis que le cuir robuste de

la tige et l’enrobage en caoutchouc protège des

éboulis tout en résistant également aux missions

alpines. Grâce à la membrane Gore-Tex, les pieds

restent au sec même en cas de pluie ou d'humidité,

et le débord dans la semelle Multigrip de Vibram

permet même l'utilisation de crampons avec talonnière.

AIR REVOLUTION 4.6

MEINDL

Poids : 760 g

CHF 329.–

Produits actuellement dans notre assortiment, grands évènements

et dernières nouvelles de la branche.

Bächli Bergsport

Swiss Climbing Cup

Nous sommes extrêmement heureux de soutenir

à nouveau toute la série du Swiss Climbing

Cup. Sponsor principal à partir de cette

année, nous nous réjouissons de promouvoir

durablement l'escalade en Suisse.

Durant la saison 2025, les athlètes de la Bächli

Bergsport Swiss Climbing Cup disputeront six

compétitions, dont les championnats suisses,

dans chacune des trois disciplines : bloc, difficulté

et vitesse. Les compétitions se déroulent

dans deux catégories d'âge : Elite et U19.

Les séries « Para », « Youth » (U13, U15, U17) et

« Kids » font également partie de la Swiss Climbing

Cup, assurant ainsi un programme varié.

AUSTRAGUNGSORTE SIND:

• Lausanne 10 mai

• Baden 31 mai

• Ostermundigen 21 juin

• Bienne 16 août

• Wädenswil 23 août

• Meyrin-Satigny 11 octobre

Toutes les infos : www.sac-cas.ch

Photo : Romy Streit

Bächli lance la

saison d’été

L’été 2025 approche et avec lui de nombreuses

aventures et sorties en montagne

vous attendent : nouveaux sentiers

de randonnées, trail running, projets

d’escalade et de bloc, courses d’alpinisme

au cœur d’un paysage dominé par la

neige et la glace, ou tout simplement de

belles soirées en camping ! Nous sommes

à vos côtés pour que tout soit réussi. À

l’occasion du lancement de saison le

vendredi 25 et le samedi 26 avril 2025,

découvrez les nouveautés de l’été. Dans

tous nos magasins ainsi qu’en ligne, un

rabais de 10 pour cent vous sera accordé

sur l’assortiment principal. Nous nous réjouissons

de votre visite !

Quand : 25/26 avril 2025

Où : tous les magasins Bächli Sports de

Montagne

baechli-bergsport.ch/

debutdesaison

La nouvelle collection d'été de l'équipementier

de montagne Schöffel s'inspire de l'un des derniers

glaciers de Bavière : le Blaueisgletscher

dans les Alpes de Berchtesgaden. La collection

comprend – pour les hommes et les femmes

– tout ce dont les randonneurs ont besoin :

des couches de base à manches longues, des

vestes en polaire, des gilets hybrides chauds,

des vestes softshell, des shorts, des jupes,

des pantalons ainsi que des hardshell à trois

couches protégeant des intempéries. En accord

avec la nouvelle collection, nous tirons au sort

une randonnée guidée pour deux personnes

dans la difficulté T4/T5 sous la direction d'un

guide de montagne. Toutes les informations à

ce sujet sont sur notre site web.

baechli-bergsport.ch/fr/schoeffel

8

9



3 x 3

Notre

newsletter

Connaissez-vous déjà notre

newsletter ? Une fois par

mois, nous informons nos

clientes et clients :

nouveautés dans l’assortiment,

propositions de courses

et connaissances techniques

sur l’équipement et la sécurité

en montagne. Nos newsletters

vous informent également à

propos des évènements exclusifs

dans nos magasins et de

nos concours.

S’INSCRIRE MAINTENANT

baechli-bergsport.ch/fr/actualite/

newsletter

Tes traces dans

la neige

En tant que randonneur à ski ou freerider,

tu laisses toujours des traces dans la

nature et tu empiètes sur l'espace vital des

animaux sauvages. Cette année encore,

nous soutenons la campagne « Respecte

tes limites » et souhaitons attirer ton

attention sur quatre règles de comportement

simples pour une planification

respectueuse des randonnées en hiver.

Le champion de la

transformation

Le Transporter Squffel 70 s'ouvre comme une

valise et répartit son volume de plus de 60 litres

en deux compartiments de même taille. Cela facilite

le paquetage, les voyages et est par exemple

pratique pour séparer le linge propre du linge

sale. Cependant, contrairement à une valise traditionnelle,

le duffelbag est équipé de bretelles

anatomiques, rembourrées et amovibles, pour

une utilisation comme sac à dos. Le compartiment

du rabat est aéré et le zip principal est verrouillable.

Les petits objets peuvent être rangés dans

des poches et des compartiments zippés. Quatre

poignées facilitent la manipulation du sac, les bagages

supplémentaires peuvent être fixés à huit

points de fixation. Le Transporter Squffel 70 est

fabriqué en NanoTough et en nylon High Tenacity

avec un denier très élevé et un tissu Ripstop. Ce

dernier est léger et robuste, se compose de fibres

recyclées, est certifié Bluesign et a une finition

DWR sans PFAS. Dimensions : 63 x 38 x 41 cm.

TRANSPORTER SQUFFEL 70

OSPREY

Poids : 1413 g

CHF 195.–

LÉGER, SPORTIF,

ET PRÊT POUR

TOUS LES TERRAINS

Dure à cuire

Il existe de nombreuses vestes hardshell avec une

membrane perméable à la vapeur et imperméable.

Avec une valeur RET de 8 et une colonne d'eau de

20 000 mm, la Helixir Shell de La Sportiva en fait

sans aucun doute partie. Elle se distingue toutefois

par sa grande liberté de mouvement – ourlet

élastique, manches et épaules préformées – et sa

grande robustesse. L'ajout de 5 % de fibres Spectra,

qui sont à la fois plus robustes et plus légères

que le polyester, augmente significativement sa

résistance. La veste Helixir imperméable et coupevent

est équipée d'une capuche compatible avec le

port d'un casque, d'un col haut et de deux poches

zippées sur la poitrine qui restent facilement

accessibles même avec un baudrier et un sac à

dos. L'imprégnation sans PFC assure un bon effet

déperlant. En résumé, une veste idéale pour les

courses d'escalade et d’alpinisme exigeantes.

HELIXIR SHELL JACKET W

LA SPORTIVA

Poids : 397 g

CHF 349.–

10

Ruedi Bergsport

devient Bächli Bergsport

Bächli Sports de Montagne reprendra début

mai le célèbre magasin spécialisé Ruedi

Bergsport à Zurich-Wiedikon. L'ancien propriétaire

Urs Odermatt, également connu

comme auteur de nombreux topoguides, souhaite

se consacrer davantage à sa passion

de guide de montagne et se retire donc de la

vente. Avec cette reprise, Bächli Sports de

Montagne poursuit la tradition d'un magasin

spécialisé dans les sports de montagne à Zurich-Wiedikon

et ouvre déjà à la mi-mai son

nouveau magasin à un emplacement qui a fait

ses preuves. Sur une surface de vente d'environ

200 m 2 , les passionnés de sports de montagne

continueront d'y trouver une sélection

soignée d'articles exclusifs et de grande qualité.

Dans son dernier magasin, Bächli Sports

de Montagne offrira le même service que

dans ses autres magasins afin de servir ses

clientes et clients au mieux. Vous trouverez

prochainement de plus amples informations

sur le nouveau magasin et son inauguration

sur notre site Internet ou dans la newsletter.

MADDOX

PRO GTX LO SL Ws

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PRO GTX LO SL

11



Bon plan Escalade dans le Rätikon

Sur la trace

des légendes

En route dans les légendaires montagnes

du Rätikon avec le non moins

légendaire Beat Kammerlander – un

hommage à la fantastique barre rocheuse

à la frontière des Grisons et

du Vorarlberg.

Texte & Photos Simon Schöpf

Rares sont ceux qui ont autant

marqué le Rätikon que le grimpeur

de l'extrême Beat Kammerlander,

originaire du Vorarlberg. Même à

65 ans, il continue de s'y aventurer

régulièrement.



Bon plan Escalade dans le Rätikon

Un mur frontalier de toute beauté :

les Kirchlispitzen marquent

la frontière entre les Grisons et

le Vorarlberg de leur calcaire

très compact.

‹2›

‹1› Le guide de montagne

Felix Erlacher dans la voie

classique « Galadriel » à la 5 e

Kirchlispitze.

‹2› Plaisir pur dans les belles

cannelures de la dernière

longueur de « Little Joe » au

Schweizertor.

De prime abord, ils sont tous bien cachés :

les Kirchlispitzen, la Drusenfluh, la Sulzfluh.

Où est-ce qu’on pourrait bien grimper, se

demande-t-on en enchaînant les virages

en épingle impressionnants qui séparent

Schiers du petit village de Schuders. Peu avant la place du village

c’est la révélation : Ah ! Là ! Wow ! Maintenant je comprends !

Le Rätikon – cette chaîne de montagne longue de 2,5 kilomètres

séparant les Grisons et le Vorarlberg avec des parois pouvant

aller jusqu’à 600 mètres de haut – n’est plus un secret. Ces dernières

années, le paradis calcaire du Prättigau a pris le pas sur

plus d'un site d'escalade classique du nord des Alpes. En plus

de l’accès facile et de l'excellente qualité du rocher, l'aura internationale

des nombreuses voies légendaires de la face sud a

certainement contribué à sa célébrité. Le principal responsable

est justement quelqu'un qui a grandi sur son versant nord, en

Autriche : Beat Kammerlander. « Le Rätikon incarne pour moi à

la fois ma patrie et mon massif préféré », résume-t-il après y

avoir usé ses chaussons pendant plusieurs décennies. « On y

trouve tant de beaux coins et recoins, tous liés à d’intenses souvenirs.

Pour moi, c’est à chaque fois comme revenir à un endroit

où je me sens entièrement ancré. »

Début d’une nouvelle ère avec vernis à ongles

Le grimpeur professionnel de Feldkirch fut une des premières

stars de la scène de l'escalade sportive avec ses ongles vernis,

‹1›

‹3›

‹3› Beat Kammerlander,

virtuose et symbole des lieux,

affirme : « Le Rätikon incarne

pour moi à la fois ma patrie et

mon massif préféré. »

sa crinière rouge ondoyante et ses collants flashy. Au milieu des

années 1980, il a transféré l'escalade sportive extrême vers le

milieu alpin. Une idée révolutionnaire dont un de ses épicentres

était le Rätikon.

Tout a commencé à l’extrémité gauche de l’arête ouest de

la Drusenfluh, dans une face sud-ouest jaune-brun fichtrement

raide pour le Rätikon. Ce coin de paroi est connu sous le nom

de Schweizereck. Ici, Beat Kammerlander a été un précurseur visionnaire

lorsqu’en 1988 il a ouvert New Age (10-), une voie qui

allait devenir mythique. « C’était la période du mouvement New-

Age qui m’était plutôt sympathique », commente-t-il 37 ans plus

tard avec un clin d’œil tout en désignant le passage clé dans un

toit au milieu de la paroi. « Le crux est un pas de bloc à la sortie

du toit, très particulier. » Le nom de la voie était tout un concept,

les photos ont fait le tour du monde. Cette période New Age n’était

pas qu’un mouvement. Elle a permis de propulser l'escalade dans

le Rätikon dans une nouvelle ère – ces parois sont devenues célèbres

dans le monde entier.

En 1993, Kammerlander a mis la barre encore plus haut

avec Silbergeier : plus difficile et plus raide que tout ce qui existait

jusque-là. « Un bout de rocher absolument incroyable », s’enthou-

14

15



Wegweiser Klettern im Rätikon

Thema Rubrik

« Doux et extrême à la

fois. C’est ce contraste

que j’aime tant ici. »

BEST FIT FOR YOUR

ADVENTURES

Beat Kammerlander

‹1›

siasme-t-il. « Pour l’époque, ce n’était pas

gagné d’avance. » Mais finalement seule

la voie WoGü (11-), qu’il équipa en souvenir

de la légende allemande Wolfgang

Güllich, lui résista. Pour voir quelqu’un

enchaîner cette voie, il faudra attendre

Adam Ondra en personne.

Les premières ascensions de Beat

Kammerlander ont bien évidemment

marqué le Rätikon. Et en retour, lui aussi

a été marqué par le Rätikon. Même s'il a

aujourd'hui 65 ans, qu'il est un peu voûté,

que sa crinière rousse s'est clairsemée

et que son « entraînement consiste principalement

en des séances de physiothérapie », Beat Kammerlander

est loin de penser à arrêter. À presque 60 ans, il a gravi

en libre ici dans le Rätikon l'une de ses voies les plus difficiles :

Kampfzone, une 8c. Il est également toujours actif en tant que

guide de montagne.

Les contrastes du Rätikon : micro-réglettes devant,

douces prairies derrière

Le style d'équipement de Beat est certainement l'un des plus intransigeants

du Rätikon. Toujours par le bas, sans regarder l'itinéraire

au préalable et en posant un minimum de spits. C'est un

style qui s'est imposé ici, même dans les voies moins extrêmes :

le Rätikon, avec ses dalles compactes et ses cannelures esthétiques,

est connu pour le fait qu’il faut être à l’aise avec la cotation

; qu'il faut parfois faire des mouvements délicats bien au-dessus

du dernier spit ; bref, on ne fait pas de cadeau. C'est ce qui

fait aussi son charme si particulier. Mis à part ce côté sauvage,

impitoyable, il y a aussi autre chose : « Le Rätikon », estime Beat,

‹2›

‹1› Le verrou rocheux entre le

Schweizereck et la Drusenfluh brille

à la lumière du crépuscule.

‹2› Rustique, mais d’autant plus

charmant : l’intérieur de la petite

cabane non-gardiennée rappelle

les anciens temps.

‹3› La rustique Pardutzhütte du

Kletterclub Rätikon (KCR) au Grüscher

Älpli est un point de départ idéal

pour de nombreuses voies.

« est quelque part aussi une région très agréable ». Il ne fait alors

pas référence aux micro-réglettes ou aux grands espaces entre

les spits dans ses voies dures, mais à l'accessibilité, à l'impression

générale. « Toutes les « Fluhs » (parois en dialecte allemand)

présentent d’un côté de douces prairies verdoyantes et de l’autre

côté une paroi abrupte. Ce contraste est doux et extrême à la fois.

C’est cela que j’aime tant ici. »

Le Partnuntal illustre parfaitement ce qu’il veut dire. D'une

part, le paysage doux avec les alpages et le lac de Patrun ressemble

à un bout de Suisse en miniature. D'autre part, on y trouve

des voies au caractère moderne, avec la Sulzfluh, le Gruebenflüeli

ou la falaise « Chlei Venedig » (signifiant la petite venise) située

directement au-dessus du lac et dont l’équipement décroche

même le qualificatif de « bien équipé ». Beaucoup de ces voies ont

vu le jour grâce à Vital Eggenberger, guide de montagne du Prättigau,

dont la célèbre Rialto (7-). Des dalles du Rätikon difficiles

à lire, qui exigent beaucoup de flair et de sens du mouvement,

dominent aussi cette voie.

‹3›

Air Revolution

4.6 Men

16

17



Rubrik Thema

En sécurité dans les faces raides

Plus de photos et de vidéos

baechli-bergsport.ch/raetikon

Dans la mer de calcaire verticale du Rätikon, l'éventail des voies

s'étend jusqu'au 8c+. L’équipement ci-dessous permet de se consacrer

entièrement à repousser ses limites personnelles.

Nager dans un océan de

calcaire : Felix Erlacher

dans « Little Joe » avec, en

arrière-plan, la paroi raide

du Schweizereck.

Un voyage dans le temps : l’histoire de l’escalade

dans une cabane

Si l'on veut vraiment comprendre l’histoire de l'escalade

dans le Rätikon, il faut se déplacer encore une vallée plus à

l'ouest, vers le Grüscher Älpli, et franchir le seuil de la cabane

non-gardiennée du KCR (Club d’Escalade du Rätikon). La petite

cabane charmante a pris un peu de l’âge et grince dès qu’on

y pose le pied. On y trouve des affiches jaunies représentant

des grimpeurs des années 90, un coin bibliothèque avec d’anciens

classiques de la littérature alpine et un poêle à bois. Son

dortoir, la « Chamera », compte vingt places, et la « Chuchi »

est peuplée de casseroles et des tasses hétéroclites entassées

sur des étagères en bois. On se sent un peu transporté dans

une autre époque. Mais on ne peut pas pour autant dire que le

temps se soit arrêté ici : récemment, les latrines ont été mises

à la retraite et une cuvette avec chasse d'eau a été installée

dans l'abri en bois, pour le petit luxe à la montagne.

Le KCR existe depuis plus de 50 ans. Son journal du jubilé

se trouve dans l’étagère. En plus des récits liés à l'histoire

de l'alpinisme et à l'histoire de l'association, certains membres

sont également présentés, dont notamment Nina Caprez. La

Escalade dans

le Rätikon

Accès

On se rend dans les faces sud par le

Prättigau, dans les Grisons. La place

de parc des grimpeurs un peu en dessous

de la cabane du KCR (non-gardiennée,

réservation sur www.raetikon.ch).

Elle est le point de départ

pour la plupart des voies exigeantes

au Grüscher Älpli (Kirchlispitzen,

Schweizereck). Cette place de parc

est atteinte par Schiers et Schuders

(route de montagne étroite et sinueuse,

les 30 dernières minutes sur une

route carrossable). Pour la plupart

des voies il faut bien maîtriser le 6b.

Pour les parois moins exigeantes autour

de la Sulzfluh vers St. Antönien et

aussi vers Partnun (route goudronnée),

il y a deux auberges pour passer la nuit

et se restaurer après la course.

Info

Le topo « Rätikon Süd » des

éditions Panico décrit presque

toutes les voies.

grimpeuse professionnelle suisse écrit dans son article : « On

sent que le Rätikon déclenche quelque chose de très spécial en

nous. Je suis toujours subjuguée par cette grande barre calcaire

et je sens que la nature y est reine ».

Comme c'est vrai. Pour une confirmation finale, il suffit de

sortir du lit le lendemain, d'enfiler son sac de grimpe après le

café et de se rendre au pied des parois calcaires. Quel que soit

l'itinéraire choisi, on n'oublie pas le Rätikon de sitôt. Un endroit

vraiment exceptionnel.

Assurage compact

Le Pinch d’Edelrid est un dispositif d’assurage

semi-automatique utilisé pour l’escalade

sportive en salle, en falaise, ainsi que dans

les longues voies. Contrairement à d'autres

appareils, il peut être fixé sans mousqueton,

directement au pontet du baudrier. Cela permet

de donner 20 à 30 cm de mou en plus,

pour un assurage encore plus fluide et dynamique.

Le Pinch se distingue également par le

cheminement linéaire de la corde qui évite la

formation de vrilles et qui guide la corde par

des rainures de freinage robustes en acier. Le

maniement du levier de freinage est intuitif et

facile et une fonction anti-panique veille à ce

que le dispositif bloque automatiquement si le

levier est fortement tiré en arrière. Convient

aux cordes d’un diamètre compris entre

8.5 et 10.5 mm.

1 PINCH

EDELRID

Poids : 234 g

CHF 99.–

Matrice sur mesure

La pièce maîtresse de ce nouveau baudrier

phare pour l'alpinisme et l'escalade alpine est

sa construction spéciale. Son tissu Matryx est

constitué de fibres HPME très résistantes et

tissées selon des motifs spéciaux pour créer

des zones aux caractéristiques différenciées :

plus fines et plus souples là où la pression est

moindre, plus rigides plus rembourrées là où

le confort est recherché en suspension. Grâce

à cette conception sur mesure et compacte, le

baudrier présente un poids et un volume plié

très réduit. Équipé de cinq porte-matériels, dont

deux rigides à l’avant, il offre suffisamment de

place pour emporter tout l’équipement nécessaire

même dans les voies les plus difficiles.

Les points d’encordement et les porte-matériels

sont réalisés avec un matériau hautement résistant

à l’abrasion.

3 WHISPER

PETZL

Poids : 170 g (taille M)

CHF 175.–

3

1

2

Garde du corps plutôt

qu'attrape-poussière

Une corde mouillée et sale génèrera avec certitude

des jurons de la part de l’assureur, sans

présenter d’autres avantages. La capacité de

la gaine à protéger de la saleté et de l'humidité

est essentielle pour un maniement souple

de la corde. Comme le prouve la certification

UIAAWR, la corde Alpine Eco Dry 8.0 de Mammut

se positionne parmi les meilleures grâce à

son imprégnation Eco Dry résistante à l'abrasion,

exempte de PFC et qui offre une protection

optimale contre l'eau et la saleté. La force

de choc de cette corde certifiée bluesign est

de 5.6 kN pour un brin et de 9.0 kN en corde à

double ; le pourcentage de gaine se situe à 41

pour cent. Certifiée comme corde à double et

corde jumelée, idéale pour les longues voies et

la cascade de glace. Marquage du milieu.

2 ALPINE ECO DRY 8.0

MAMMUT

Poids : 2200 g (50 m)

CHF 145.–

Bächli on Tour

Vous souhaitez vous initier à l'escalade

alpine avec l’aide de spécialistes ?

Notre programme « Bächli on Tour »,

propose également des cours de base

pour les longues voies.

18

19



Expert Chaussons d'escalade

Expert

Danse

Semelle

Une semelle divisée offre de meilleures

sensations qu'une semelle continue des orteils

jusqu'au talon. Mais cette dernière offre plus

de rigidité sur les petites prises. D'ailleurs, les

semelles des chaussons d'escalade peuvent

être ressemelées dans la plupart des cas.

verticale

Il serait possible de débattre des heures à propos des chaussons

d’escalade – simplement parce qu’il en existe aujourd’hui des

centaines de modèles. Grâce à nos connaissances sur l’asymétrique

ou les raidisseurs, vous ferez le bon choix.

Boucles au talon

Pour enfiler les chaussons

d'escalade, il est indispensable de

disposer d'une, ou mieux

encore de deux boucles solidement

cousues.

Système de fermeture

Les chaussons d'escalade à lacets sont

ceux qui permettent le plus de

possibilités de réglage. Les ballerines

sont les plus rapides à enfiler mais

doivent être parfaitement ajustées. Les

modèles avec un ou deux velcros constituent

une solution intermédiaire.

Texte Alexandra Schweikart

Jeux olympiques de Paris 2024 : Janja

Garnbret tend la jambe droite, son pied

s’agrippe à une minuscule prise qu’elle utilise

le plus naturellement du monde pour

rapprocher son corps de la paroi. Plus

haut, comme si elle avait fusionné avec le

mur, elle place son talon au creux d’une

grande prise, en profite pour secouer les

bras quelques instants avant de passer à

un crochetage du talon et de continuer sa

progression. Les meilleures grimpeuses

et grimpeurs utilisent leurs pieds comme

s’ils avaient des mains supplémentaires. Ils

tirent, poussent, utilisent chaque partie du

chausson afin de transférer un maximum

de force sur des prises minuscules ou des

gros volumes afin de soulager les bras.

Gomme Magique

Comment les chaussons d’escalade parviennent-ils

à adhérer à des prises aussi

minuscules ? Le secret réside dans le mélange

de caoutchouc, dont la recette est

jalousement gardée. Des fabricants renommés

comme Vibram (XS Grip et XS Edge) ou

Evolv (Trax-SAS) équipent les semelles de

nombreux chaussons d'escalade. Pour obtenir

une adhérence parfaite sur une prise,

le caoutchouc doit présenter le bon mélange

d'« élasticité » et de « viscosité ». Comme

du miel, le caoutchouc « coule » dans les

moindres aspérités du rocher ou de la structure

artificielle, créant ainsi une surface de

contact maximale. Ensuite, lorsqu’on soulève

le pied, le caoutchouc doit reprendre rapidement

sa forme initiale, il « récupère » pour

être prêt à faire à nouveau des prouesses sur

la prochaine prise. Le mélange de gommes

est conçu pour que les chaussons adhèrent

le mieux possible, quelle que soit la température.

En cas de températures trop basses, un

caoutchouc normal deviendrait dur, et en cas

de températures trop élevées il deviendrait

mou et moins durable. Tous ceux qui ont déjà

grimpé en dalle en plein été savent bien ce

que c’est de « zipper ». La dureté du mélange

de caoutchouc varie en fonction du domaine

d’utilisation : les mélanges particulièrement

mous feront leurs preuves en salle de bloc

et ceux particulièrement durs permettront de

meilleurs appuis sur les petites prises dans

les parois verticales.

Fabrication et Matériaux

La production des chaussons d'escalade

partage en partie le savoir-faire de pointe de

la fabrication des chaussures. De nombreux

chaussons sont fabriqués en Europe : Scarpa

et La Sportiva en Italie, EB en France, Tenaya

en Espagne. La partie supérieure des

chaussons est d'abord cousue à la main ; on

utilise pour cela du cuir naturel, du cuir synthétique,

des matériaux en microfibres ou

du néoprène. Ensuite, la partie supérieure

est tendue sur une forme spécifique avant

de coller la semelle par dessous. Presque

tous les chaussons ont recours à un raidisseur

(sorte de semelle intercalaire rigide)

afin d’augmenter la rigidité. Ce dernier peut

s’étendre sur toute l’assise plantaire pour

une très grande rigidité, ou au contraire

être utilisé de manière spécifique pour rigidifier

certaines zones pour une meilleure

transmission de la force, comme sous les

orteils. Il vaut la peine d'étudier les descriptions

de chaque chausson !

Pour les modèles destinés aux grimpeurs

confirmés, le chausson est en plus

doté d'une « cambrure » lors de la fabrica-

Illustration : Saija Sollberger

Forme

Contrairement aux chaussures de randonnée,

les orteils doivent toucher l’avant

des chaussons d’escalade. Moins il y a

d'air dans le chausson, meilleure est la

transmission de la force. La forme ne doit

cependant pas provoquer de douleurs !

Aides pour les crochetages

Les patchs en caoutchouc sur le

dos du pied sont utiles lorsqu’une

voie nécessite des crochetages

des orteils. Ce sont avant tout les

chaussons de bloc qui sont

équipés de ces patchs.

20

21



Expert Chaussons d'escalade

Typique pour la salle : les

chaussons souples et flexibles

marquent des points sur les

gros volumes.

Le tout doux

Chausson d’escalade confortable, végane, de

forme légèrement asymétrique et muni d’une

pointe peu cambrée. Idéal pour les longues

journées en falaise ou les longues heures

d’entraînement en salle.

KIRA

EVOLV

Poids : 385 g/paire

CHF 119.–

Escalade en falaise sur petites

prises : c’est le terrain de

jeu favori des chaussons plus

rigides qui finissent en griffe.

Christopher Igel dans « Le

Cirque du Soleil » 8b.

tion. Pour cela, le talon est rapproché de

la pointe du pied par des inserts en caoutchouc

afin de créer une précontrainte entre

les orteils et le talon. L'idée est de déployer

moins d’effort pour tirer les petites prises

vers soi, les « griffer » en quelque sorte, afin

d’optimiser les placements.

Ballerine, velcro ou laҫets

Il existe trois types de systèmes de fermeture

pour les chaussons d'escalade, dont certains

peuvent être combinés. Les chaussons

à lacets s'adaptent avec précision au pied,

de manière plus ou moins ferme en fonction

des besoins et de la forme du jour. Ils sont

particulièrement appréciés pour l'escalade

en falaise. Les fermetures velcro offrent un

enfilage rapide, particulièrement pratique

pour le bloc en salle lorsqu'il faut enlever

les chaussons entre chaque tentative. Deux

fermetures velcro assurent un bon ajustement

de la largeur. La ballerine est encore

plus rapide à enfiler. Une ouverture avec des

inserts élastiques permet de l’enfiler comme

une chaussette. Certaines ont en plus un

velcro pour augmenter la tenue. La ballerine

doit être parfaitement adaptée dès le départ

– sa largeur ne peut guère être ajustée.

Pattes de chat ou griffes d'aigle

Les chaussons d'escalade sont de toutes

formes et de toutes rigidités. Des ballerines

souples aux planches de bois dures comme

la pierre, qui donnent presque l'impression

de pouvoir planter un clou. Les raidisseurs

varient également. Ils sont parfois plus rigides,

parfois plus souples, afin de répondre

aux multiples exigences. Il s'agit également

de choisir entre une semelle continue et

une semelle divisée. La différence réside

dans la souplesse et la transmission de la

force du pied. Chaque conception apporte

ses propres avantages.

Une semelle continue est une semelle

en caoutchouc réalisée d'une seule pièce et

qui s’étend sur tout le chausson, de l'avantpied

au talon. Elle assure une transmission

efficace de la force, car le pied est soutenu

de manière uniforme, ce qui est un avantage

pour les petites prises. Un raidisseur

dur et continu aide à maintenir la tension

dans le pied et à transmettre efficacement

la force sur la prise. Plus le caoutchouc

est dur, plus les chaussons sont durables

et résistants. L'inconvénient d’une semelle

continue est la perte de souplesse, ce qui

entraîne également une diminution des

sensations sur les prises.

Une semelle divisée est composée de

plusieurs parties ayant chacune sa propre

fonction. Souvent, les fabricants divisent

la semelle en une zone rigide sous l'avant

du pied et une zone souple au milieu du

pied et au talon. Le gain de souplesse est

particulièrement avantageux lors des mouvements

dynamiques ou en bloc, car le

plat sans cambrure

plat avec cambrure

avec griffe et cambrure

Photos : Alexandra Schweikart Christopher Igel

chausson s'adapte mieux au pied. En dévers,

on peut encore mieux « griffer » avec

les orteils tout en gardant un appui stable

sur les grandes prises. Une semelle divisée

s'adapte mieux à la diversité des prises et

mouvements et imite la courbure naturelle

du pied. Parallèlement, l'interruption du

raidisseur peut entraver la transmission de

la force et la stabilité sur les petites prises

ou les angles, car le pied est moins soutenu

qu'avec un raidisseur continu.

Griffe et asymétrie

La griffe et l'asymétrie sont deux caractéristiques

de construction qui rendent les

chaussons d'escalade plus performants,

mais aussi moins confortables. Une griffe

plie les orteils vers le bas, ce qui déplace

davantage le poids sur l'avant du pied et

les orteils. Cela augmente la précision sur

les petites prises, mais réduit le confort.

L'asymétrie signifie que le chausson présente

une orientation oblique des orteils,

ce qui permet de concentrer la pression

sur le gros orteil et améliore la transmission

de la force. Ces caractéristiques sont

particulièrement cruciales pour l'escalade

et le bloc à haut niveau, car elles offrent

plus de contrôle et de précision. Cependant,

les pieds sont davantage comprimés

Le polyvalent

Chausson d’escalade polyvalent, s’adaptant

parfaitement au pied grâce à la combinaison

entre un velcro et des lacets. Idéal pour

l’escalade en salle et les voies alpines.

FUSION

RED CHILI

Poids : 538 g/paire

CHF 135.–

Le compétiteur

Chausson d’escalade souple, sans compromis

et résolument orienté vers la performance en

compétition. Équipé d’une semelle en plusieurs

parties et d’un enrobage en caoutchouc généreux

pour les crochetages du talon et des orteils.

ONDRA COMP

LA SPORTIVA

Poids : 420 g/paire

CHF 189.–

22

23



Expert Chaussons d'escalade

et sont comme « emprisonnés » : pour que

cela reste supportable, il faut alors retirer

ses chaussons entre chaque voie ou

chaque bloc. Lors du choix de chaussons

d'escalade avec griffe et/ou asymétrie,

il n’y a finalement pas tellement d’autre

choix que de choisir entre préserver son

confort, ou accepter d’avoir mal au pied

pour booster ses aptitudes de grimpeur.

Ressemelage

Asymétrie Griffe Cambrure

d’un chausson

d’escalade

« Chez Bächli nous avons toujours plus de

50 modèles de chaussons d’escalade en

stock et un petit mur de grimpe pour les

tester et dénicher la paire idéale. »

Les marques accordent une grande importance

à la qualité de fabrication en vue de

créer des chaussons d'escalade avec une

bonne longévité. Mais comme pour un pneu

de VTT, les chaussons d'escalade s’usent

au contact du rocher, même avec une qualité

impeccable et un prix élevé. Si l’on

grimpe beaucoup ou si sa technique n'est

pas propre, la gomme s’usera assez rapidement.

Mais pas de panique : dans la plupart

des cas, les chaussons d'escalade peuvent

être ressemelés. Chez Bächli Sports de

Montagne, nous acceptons toutes les paires

pour un ressemelage.

Trouver un chausson adapté

Chaque pied est différent ! Il vaut la peine

de continuer à chercher le bon chausson

Matthias Schmid

Gestionnaire de produits

d'escalade jusqu'à ce qu'il soit parfaitement

ajusté. Cependant, les règles sont

différentes de celles valables lors de

l'achat d'une chaussure de randonnée : un

chausson d'escalade ne sera jamais aussi

confortable qu'une basket, mais pour pouvoir

tenir debout sur des petites prises, il

doit être bien ajusté. Les orteils doivent

toucher l'avant du chausson et il ne doit

pas y avoir d'air dans la zone du cou-depied

et du talon. Il ne devrait toutefois pas

y avoir de douleurs. Si le chausson est trop

grand, on glisse et on perd la transmission

de la force. Essayez plusieurs modèles.

Pour les pieds étroits, de nombreuses

marques proposent des modèles femmes

avec un talon plus étroit, souvent désignés

par « LV » pour Low Volume. Commencez

par votre pointure de chaussure de ville

et diminuez les tailles jusqu'à ce que le

chausson soit bien ajusté sur tout le pourtour

et que les orteils soient légèrement

pliés. Les magasins Bächli sont équipés de

petits murs de grimpe sur lesquels vous

pouvez tester les chaussons. Un conseil :

portez le chausson pendant cinq minutes,

retirez-le et attendez une minute. Si la

sensation est parfaite, vous avez trouvé le

bon chausson !

Le chausson parfait

n’existe pas

Comme pour les amateurs de

poudreuse, il est devenu courant pour

les professionnels et les grimpeurs

ambitieux d'avoir plusieurs modèles de

chaussons d'escalade à disposition –

du chausson d'escalade rigide comme

du béton pour les fissures, au chausson

souple comme du beurre pour le

bloc en salle. En effet, les modèles sont

désormais si différents que chaque

chausson a son domaine ou sa discipline

de prédilection.

LE BLOC EN SALLE

Dans les salles, il y a beaucoup de

grandes prises et des gros volumes.

Un chausson souple avec un talon bien

ajusté aide pour les crochetages du talon

et un enrobage large à l’avant facilite

le crochetage des orteils. Une griffe

et une asymétrie sont intéressantes

pour les surplombs raides, mais ne

sont pas indispensables sur les murs

verticaux.

ESCALADE EN SALLE

Les petites prises nécessitent un

chausson flexible avec plus de rigidité

à l'avant du pied. Une chaussure plate

(avec une griffe très faible) est suffisante

pour les débutants, tandis que les

grimpeurs chevronnés évoluant dans

les surplombs profiteront d'un chausson

avec une griffe plus prononcée.

ESCALADE SUR ROCHER

Pour les parois verticales et les petites

prises, des chaussons durs et

rigides sont idéaux. Sur les conglomérats

troués, les chaussons pointus

avec griffe et asymétrie offrent de la

précision. Dans les surplombs avec de

grosses prises, des chaussons souples

sont suffisants.

BLOC SUR ROCHER

C'est là que l'éventail est le plus large.

Pour les projets ambitieux, chaque

prise, aussi minuscule soit-elle peut

être décisive. Un chausson agressif assure

la précision. En revanche, pour les

dalles et les mouvements dynamiques,

des chaussons plats et confortables

rendent de bons services.

Cette fois,

prends un

pantalon

qui dure

Mais nous souhaitons encore autre chose…

Lors du développement de nos pantalons, nous avons mis l’accent

sur la durabilité. Nous avons accordé une grande impor-

bon entretien et notre service de réparation, nous te soutenons

tement la saison suivante. Avec nos conseils d’experts pour un

tance à la fonctionnalité ainsi qu’au design intemporel, de manière

à ce que notre environnement soit le moins pollué possible. Alors, qu’en dis-tu ? Nous espérons que cet accord aura

à chaque étape.

Ces pantalons sont faits pour durer des dizaines d’années autant de sens pour toi que pour nous et notre environnement.

avant d’être transmis à la génération suivante ou d’être revendus

sur le marché de l’occasion.

Il y a donc moins de pantalons à produire, ce qui réduit la

consommation d’énergie ainsi que les déchets. Mais pour que

cette réaction en chaîne fonctionne, tu dois utiliser ton pantalon

aussi longtemps que possible, bien l’entretenir et si nécessaire, le

réparer. Surtout le plus important : ne le remplace pas immédia-

24

fjallraven.com

25



Bon plan Le Mönch par le Nollen

Droit

au but

Que reste-t-il d'une course où tout se déroule sans accroc ?

Thomas Morand, CEO de Bächli, a gravi le Mönch

par le passage du Nollen en compagnie de Jonas Schild.

Texte Thomas Ebert, Photos Diego Schläppi

Le brouillard et les difficultés

sont derrière : peu avant le

sommet du Mönch, l'Eiger

se présente sous un angle

inhabituel.



Bon plan Le Mönch par le Nollen

‹1› En route pour l'aventure : la

montée à la Guggihütte commence à

l'arrêt Eigergletscher.

‹2› Hormis la traversée sous l'Eigergletscher,

l’itinéraire par le passage

du Nollen est pratiquement rectiligne.

‹1›

Perchée à 2792 m, la Guggihütte,

non gardée, est

incontournable pour tous les

aspirants au Nollen.

Photo : picture alliance/Günter Gräfenhain

Le maître incontesté dans ce

genre de terrain.

Eiger, Mönch, Jungfrau. Tout a été dit, écrit et même calculé à propos

de cette carte de visite de la Suisse : « Le triptyque mathématique

», titrait la Berner Zeitung il y a quelques années, lorsqu'il

a été prouvé que la divine proportion du nombre d'or s’appliquait

également à ce trio de sommets, connu dans le monde entier.

« Bien évidemment le panorama est particulièrement imposant

», constate Thomas Morand, lequel connaît chaque recoin en

Engadine mais dont la liste de courses à réaliser est encore longue

dans l’Oberland bernois. « Entreprendre une ascension dans ce

bastion est assez émouvant et nous rend humble. » La face nord de

l’Eiger à gauche, la face nord déchiquetée de la Jungfrau à droite :

ceux qui souhaitent atteindre la tête de la triade par son versant

nord, par un itinéraire objectivement assez sûr, apprécieront cette

voie centrale conduisant au Mönch par le passage du Nollen. Si le

‹2›

recul de la glace constaté ces dernières années a rendu le passage

du Nollen moins difficile, il demeure un passage clé assez sérieux

avec des pentes entre 65 et 70 degrés. La ligne est également

convaincante sur le plan esthétique : depuis la Guggihütte, la voie

est plus ou moins rectiligne jusqu'au sommet.

Seuls au monde

Depuis longtemps déjà, Thomas Morand avait fait part à l'ancien

collaborateur Bächli Jonas Schild, de son intention d’entreprendre

avec lui une course mixte, sa discipline préférée. « Dans les faits,

j’en suis réduit au week-end par la charge de travail », explique

Morand. Mais lorsqu'une fenêtre de trois jours s'ouvre un vendredi

de juillet, les deux hommes décident de concrétiser leurs plans.

Pour Schild, c'est un match à domicile. Il a gravi le Mönch dès

L'accès à la cabane est parfois

raide et demande de sortir les

mains des poches.

‹2›

‹1›

‹1› La cordée a été conduite

par Jonas Schild, guide de

montagne et ancien collaborateur

Bächli.

‹2› Pour son escapade au

Mönch, Thomas Morand a

exceptionnellement commencé

son weekend un vendredi.

28

29



Bon plan Le Mönch par le Nollen

‹1› On chausse les crampons sur

le plateau du Mönch.

‹2› Quel sera le meilleur

passage ? À l'approche du Nollen.

‹3› Le passage le plus raide sur

le glacier suspendu est assuré en

réalisant un relais.

Grâce à l'absence de glace,

Schild et Morand ont pu

parcourir une bonne partie de

l'itinéraire à la corde courte.

‹1›

‹2›

« Plus haut, il n’y a que du

rocher, de la neige et de la

glace – rien d’autre. »

son adolescence et comme il y est passé des dizaines de fois, il

connaît chaque cailloux au Nollen. Ils sortent du train à l’arrêt Eigergletscher,

laissent la foule derrière eux. Là où l'infrastructure

s'arrête, l’aventure commence : sur le chemin de cabane, les bouquetins

sont les seuls compagnons restants. La Guggihütte n’est

pas gardiennée. Morand et Schild y dégustent leur fondue avec vue

sur la Jungfrau, dans un tête-à-tête silencieux, comme des êtres

à part dans une région où les touristes affluent du monde entier.

Brève nervosité au Nollen

Le lendemain, à quatre heures, Morand et Schild se présentent devant

la porte de la cabane. Après le long hiver, les conditions dans

la voie sont très bonnes : de la neige compacte recouvre encore

une bonne partie de l’itinéraire. Il y a encore un peu d'humidité de

la veille dans l'air, mais dès le Mönchsplateau, où l'on s'encorde, la

cordée sort du brouillard. « Au-dessus de nous, il n'y a que rocher,

neige et glace – rien d'autre. À partir de là, j'ai eu l'impression que

nous étions seuls au monde », raconte Morand.

L'horaire est bien respecté et la recherche de l’itinéraire ne

pose aucun problème. Plus la cordée progresse, plus le Nollen se

redresse. Où trouver un passage à travers ce bastion ? Qu'est-ce qui

est logique du point de vue de la sécurité ? Ici et là, de la glace vive

apparaît sous le névé. « J'avais un peu les jambes qui tremblaient »,

raconte Morand. « Mais comme les conditions étaient bonnes, je me

suis vite senti à l'aise. Je me sentais en sécurité et bien posé, c'est

ce qui compte. Du coup deux ou trois degrés de plus ne changent

plus grand chose ». Morand assure Schild dans les passages les plus

raides. Sur de longues sections, la cordée progresse corde tendue

s’assurant avec des Tiblocs. Le choix du matériel de Morand est parfait

: deux piolets Gully de Petzl, légers et pas trop agressifs. « Ce

‹3›

30

31



Bon plan Le Mönch par le Nollen

Mönch (4107 m),

par le passage du

Nollen

Caractère

Course objectivement assez sûre, les

chutes de glace et de pierres sont rares.

Le passage clé se trouve au Nollen et

peut présenter une à deux longueurs de

glace selon les conditions. La descente

du Mönch par l’arête SO est souvent

sous-estimée. Attention aux corniches.

L’arête est exposée et comprend quelques

passages d’escalades faciles, quelques

barres d’assurages en place.

Difficulté

D-, 55-60 degrés, passages en II à la descente

du Mönch

Dénivelé

1330 m depuis la Guggihütte SAC (2792 m)

Équipement recommandé

« Ça serait presque

méditatif si je

n’étais pas autant hors

d’haleine. »

Ne pas la sous-estimer :

la descente par l'arête sud-est

est souvent exposée et propice

aux corniches.

Équipement d’alpinisme, deux piolets,

6-7 broches à glace, matériel d’assurage

selon la tactique choisie.

Accès

‹1›

De l’arrêt Eigergletscher, commencer par

descendre d’abord 200 m sur la marge

proglaciaire du Eigergletscher que l’on

traverse. Monter en serpentins (passages

en I) en direction de la Guggihütte.

Balisage blanc-bleu. T4, 2,5 à 3 h, 700 m.

24 lits, réservation sur le site web.

Descente

Par l’arête SO, voie normale du Mönch,

jusqu’au Mönchsjoch (2 h) et rejoindre

le la galerie du Sphynx du Jungfraujoch

par la trace pistée (0,5 h).

n’est pas une cascade de glace. » Au lever du soleil, les deux hommes

s’octroient un peu de répit et se taillent un petit plateau dans la glace

pour pouvoir poser toute la surface des pieds pendant quelques minutes

et soulager leurs mollets. Le Nollen est déjà franchi, « sans

vraiment se rendre compte qu’il s’agissait du passage clé », explique

Morand. Morand et Schild surmontent le reste du flanc nord-ouest

en ligne droite. Grâce au bon enneigement, ils n'ont pas besoin de

se rabattre sur l'arête. À la corde courte, à petits pas de 20 cm, ils

se dirigent vers le sommet sur les pointes avant des crampons. Une

histoire d'endurance – « presque méditative si je n’étais pas autant

essoufflé », rigole Morand.

Les derniers mètres du sommet se présentent sous la forme d'un

petit triangle blanc qui masque le soleil et se retrouve ainsi encerclé de

sa lumière – une image fantastique. À huit heures et demie du matin,

après quatre heures et demie en route, une pincée de tabac à priser

vient saluer cette course qui s'est déroulée sans aucun accroc. Déjà, les

premiers alpinistes arrivent par la voie normale. Avec concentration, le

pied encore sur le frein de l'euphorie, la cordée descend au Mönchsjoch

par l'arête sud-est exposée. Peu après, la galerie du sphinx du chemin

de fer de la Jungfrau marque la fin de leur passage dans le monde de

haute montagne, immaculé et réduit à l’essentiel.

Du temps pour savourer

« Une course parfaitement réussie, d'une beauté spectaculaire »,

résume Morand, « émouvante, pas critique, tout était sous contrôle à

tout moment ». La valeur d’une course où tout se passe bien et sans

péripéties est-elle diminuée ? « Non, au contraire », assure Morand.

« Je m’en souviendrai toute ma vie, c'est ça qui est beau ! ».

‹2›

‹1› La face nord-ouest est traversée

en ligne directe, à petits

pas de 20 centimètres.

‹2› Enfin une pause pour les

mollets : au sommet du Mönch.

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Tandis que sa construction fine, légèrement galbées et

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conditions. Le changement de verre est facile, rapide et sécurisé

grâce à notre technologie exclusive MagneFix, même dans les

contorsions les plus verticales. Fixez vos propres limites.

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32

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33



Expert Réchauds

Expert

Feu à

volonté

Gaz ou essence ?

Les réchauds à gaz sont simples, propres et efficaces.

Pour la plupart des projets alpins, leurs

avantages l’emportent sur ceux des réchauds

à essence ou multicombustibles. Ces derniers

marquent des points surtout par grand froid et

en matière de sécurité d'approvisionnement.

À gaz ou à essence ? De nos jours, répondre à cette seule question

n’est plus suffisant pour choisir un réchaud adapté. Désormais, on

parle même de système de cuisson.

Texte Richard Heinz

Pour bien choisir son réchaud, il faut commencer

par réfléchir à ce qu’on attend de

lui. Dans certains cas, il peut être intéressant

d’investir dans deux systèmes différents

plutôt que de chercher absolument

un réchaud qui peut tout faire. Les questions

centrales qui se présentent lors du

choix d’un réchaud sont les suivantes :

• Qu’est-ce qu’on veut cuisiner ?

Est-ce qu’on veut préparer un

« véritable » repas dans plusieurs

casseroles ou est-ce qu’on veut

juste faire chauffer de l’eau pour

le thé et pour un repas lyophilisé ?

• Quelle est l’autonomie dont on a

besoin ? Quelle sera la disponibilité

du combustible là où l’on va ?

• Quelles seront les conditions extérieures,

en particulier la place

disponible, la température et l’exposition

au vent ?

En posant ces questions à des alpinistes ou

à des grimpeurs, leurs réponses conduisent

bien souvent à un réchaud à gaz. Les scénarios

nécessitant un réchaud à essence pourraient

être un voyage en avion pour un long

trekking dans des régions isolées, une expédition

avec un séjour prolongé au camp de

base ou des conditions extrêmement froides.

Dans les autres situations, les avantages

des réchauds à gaz l'emportent presque

toujours. Dans cette catégorie, il faut encore

choisir le genre de système : réchaud à visser

sur la cartouche, réchaud sur pied avec

conduite d'alimentation externe ou système

complet avec casserole intégrée ? Les systèmes

complets sont surtout utiles si l’on

souhaite uniquement chauffer de l’eau, si les

conditions sont défavorables et si la liberté

de mouvement est limitée, comme dans un

portaledge. La casserole, le pare-vent et

l'échangeur de chaleur sont parfaitement

adaptés les uns aux autres ce qui permet

de limiter les pertes d'énergie et le système

peut souvent être suspendu. Le premier

produit de ce type était le Jetboil avec son

échangeur de chaleur intégré. Les réchauds

à gaz les plus évolués du moment sont ceux

équipés d’un brûleur à tête radiante, comme

les modèles Reactor et Windburner de MSR

et, plus récemment, l'Ulti de Primus. Ces réchauds

à gaz très puissants et efficaces ne

produisent pas de flamme ouverte, mais un

rayonnement de chaleur réparti sur toute

la surface. Ils sont plus efficaces, moins

sensibles au vent et plus silencieux qu'un

réchaud à gaz à flamme ouverte. De plus,

leur utilisation à l'intérieur d’une tente (ventilée

!) est moins dangereuse. Le big wall ou

les expéditions de style alpin sont des scénarios

typiques pour ces réchauds, qui sont

très efficaces pour faire fondre la neige et

bouillir l'eau. L'inconvénient des systèmes

intégrés est leur manque de flexibilité – ils

ne fonctionnent qu'avec leur casserole, qui

n'a souvent qu'un litre de capacité. Difficile

alors de préparer des menus élaborés sur

de tels réchauds.

Le froid comme talon d’Achille

Lorsque cuisiner ne sert pas uniquement à

absorber des calories, mais fait partie intégrante

de la sortie – par exemple en trekking

et pour l’alpinisme moins extrême – un

réchaud à gaz « classique », qui laisse le

libre choix des accessoires est peut-être le

meilleur choix. Dans ce cas, il est préférable

d'opter pour un réchaud avec une conduite

d'alimentation externe plutôt qu’un réchaud

à visser (légèrement plus léger et plus compact).

La cartouche déportée permet un support

de casserole plus stable et la cartouche

peut être retournée pour plus de puissance.

Les performances de ces réchauds sont nettement

améliorées par un pare-vent et des

casseroles avec échangeur de chaleur composé

de lamelles qui retiennent la chaleur

sous la casserole.

Illustration : Saija Sollberger

Pare-vent

Un pare-vent a une grande influence

sur la consommation de gaz. Il devrait toujours

être à portée de main si le réchaud ne

possède pas de protection intégrée. Un échangeur

de chaleur sous la casserole augmente

encore l'efficacité.

Conduite d'alimentation externe

Les réchauds qui se vissent directement

sur la cartouche de gaz sont d'une

compacité imbattable. Avec un tuyau, le réchaud

est toutefois plus stable et la cartouche

peut être retournée lorsqu'il fait froid ou qu’il ne

reste que peu de gaz.

34

35



Expert Réchauds

Cuisiner au gaz est simple, propre, facile

à régler et sans suies. De plus, le gaz possède

le pouvoir calorifique le plus élevé des

combustibles disponibles (rapport entre la

puissance de chauffe et le poids). Des inconvénients

? Il y en a principalement deux :

d'une part, les cartouches de gaz ne peuvent

pas être transportées en avion et selon la

destination il peut être difficile, voire impossible,

de s'en procurer sur place (avec le bon

raccord !). D'autre part, le froid est le talon

d'Achille des réchauds à gaz. Lorsque les

températures sont négatives, les réchauds

à gaz ne fonctionnent que de manière limitée.

En raison de la baisse de pression dans

la cartouche le gaz circule moins facilement

vers le réchaud. Le même effet se produit

lorsque la cartouche est presque vide. Il

est possible d'y remédier en utilisant ce que

l'on appelle le « gaz d'hiver », qui présente

des proportions de propane et de butane

différentes et qui est parfois aussi rempli

dans des cartouches spécialement conçues.

Garder les cartouches de gaz au chaud, par

exemple dans un sac de couchage aide également.

Dans les réchauds à gaz avec fonction

de préchauffage, le gaz circule dans un petit

tube en cuivre au niveau de la flamme et est

ainsi réchauffé avant d'être allumé. Retourner

la cartouche de gaz augmente nettement

les performances et permet de vider complètement

les cartouches, mais ce n'est possible

qu'avec les réchauds équipés d'une conduite

d'alimentation externe. Grâce à de tels développements,

le froid n'est plus un critère d'exclusion

pour l'utilisation d'un réchaud à gaz.

36

Évaluer la consommation de gaz

En matière de raccordement, les cartouches

à visser se sont largement imposées face

aux cartouches à piquer. La prudence est

néanmoins de mise : bien que les valves à

vis soient normalisées, des complications

(rares) peuvent survenir en raison de profondeurs

de vissage ou de positions de valve

différentes selon les fabricants. Si l’on prévoit

de partir loin ou longtemps, il est plus

que recommandé de tester la combinaison

réchaud-cartouche avant le départ.

La consommation de gaz est difficile

à prévoir : des facteurs comme le vent,

l’altitude et la température ont en effet

une grande influence. En règle générale,

les petites cartouches de 100 grammes

suffisent pour une à deux nuits en haute

montagne, au cours desquelles il faut aussi

faire fondre la neige. Dans des conditions

favorables, 10 grammes de gaz permettent

de faire bouillir environ un litre d'eau. Il est

d'ailleurs possible de peser les cartouches

entamées pour calculer la consommation

– ou de placer la cartouche dans l'eau, le

« tirant d'eau » de la cartouche indiquant le

niveau de remplissage de gaz à l'intérieur.

Les réchauds à gaz sont-ils donc la

référence absolue en matière de sports de

montagne et de plein air ? Pas nécessairement.

La disponibilité des combustibles

liquides dans le monde entier et la performance

sans faille des réchauds à essence

à basses températures sont des arguments

de poids. Leur manipulation est toutefois un

peu plus fastidieuse. Il faut d'abord mettre

Un café en route ? Les réchauds à

gaz modernes sont si compacts et

si simples que rien ne s'y oppose

vraiment.

7 trucs et astuces

pour l'utilisation des

réchauds

1

Lors de la séparation du combustible

et du réchaud, il faut faire attention

aux sources d'inflammation possibles

(cigarette, bougie, ...). C'est là que

se produisent la plupart des accidents,

car un peu de combustible s'échappe

volontiers de la soupape. Les cartouches

à piquer sont particulièrement dangereuses

sur ce point.

2

En cas de froid, préchauffez si possible

les cartouches de gaz, par

exemple dans un sac de couchage.

3

En cuisinant avec de l'essence de

station-service, il faut toujours laisser

le réchaud brûler proprement en fin

de cuisson et ne fermer la bouteille d'essence

que lorsqu'il n'y a plus que de l'air

dans les conduites. Cela permet d'éviter

un encrassement excessif.

4

Ne jamais cuisiner à l’essence dans

un environnement fermé (tente,

bus, pièce…).

5

Si l'on part longtemps, toujours

emporter un petit kit de réparation.

Les réchauds sont des ensembles

mécaniques sur lesquels il est possible

de réparer très rapidement des petites

pannes avec quelques connaissances

techniques.

6

Pour allumer un réchaud, prévoir

une pierre à feu de secours. Même

le meilleur réchaud ne sert à rien s'il ne

peut pas être allumé à cause d'un briquet

défectueux ou perdu. Les allumages piézo-électriques

intégrés aux réchauds

sont souvent la première chose qui

tombe en panne sur un réchaud.

7

Pour ceux qui souhaitent préparer

du pain, des gâteaux ou des pizzas

sur leur réchaud de camping, en plus des

pâtes, du riz et du ragoût, nous recommandons

le système de four mobile

d'Omnia (omniasweden.com).

Photo : Dan Patitucci

l'essence de la bouteille sous pression au

moyen d'une pompe, puis la préchauffer

jusqu'à ce qu'elle soit gazéifiée. Pour cela,

on laisse s'écouler un peu d'essence liquide

dans le réchaud, puis on referme la valve.

Il faut ensuite mettre le feu à cette essence

qui brûle alors avec une flamme ouverte.

Dès que des flammes bleutées apparaissent,

qu'elles ne font plus de suie et que le réchaud

« crachote », le préchauffage est terminé

et la valve peut alors être ouverte. De

nombreux réchauds à essence sont difficiles

à régler et l’équilibre entre « arrêt » et « plein

gaz » est plutôt subtil. Afin de permettre

un réglage plus précis de la puissance de

chauffe, certains réchauds comme le Primus

Omnifuel, sont équipés de deux valves en série.

Quoi qu’il en soit, les réchauds à essence

réagissent lentement et demandent beaucoup

d’anticipation lorsqu’on cuisine.

Lorsqu’on a fini d’utiliser un réchaud

à essence, il faut laisser brûler le combustible

contenu dans la conduite en retour-

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c’est pour inventer WHISPER, un nouveau harnais révolutionnaire au service de la performance ultime

des alpinistes et grimpeurs les plus engagés. Avec WHISPER, plus aucune ligne n’est impossible !

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nant la bouteille d'essence, tout en laissant

la flamme allumée. Le tuyau d'alimentation

de la pompe n’est alors plus plongé dans

l'essence mais dans l'air. Lorsque toute

l’essence du tuyau a brûlé, le réchaud

s’éteint de lui-même. N'oubliez pas de

WHISPERLITE UNIVERSAL

MSR

Poids : 318 g (réchaud et pompe)

CHF 219.–

37



Expert Réchauds

ULTI STOVE SYSTEM 1.0

PRIMUS

Poids : 600 g

CHF 335.–

Fonte de neige hautement

efficace dans toutes les conditions

– c'est ce que maîtrisent

parfaitement les brûleurs à

tête radiante comme le Reactor

de MSR ou le Primus Ulti.

MINIMO

JETBOIL

Poids : 415 g

CHF 215.–

refermer la valve ! Un avantage de cette

technique est que l'air comprimé qui

s'écoule à la fin par la valve nettoie la buse

et évacue les éventuels résidus.

Multicombustibles : ils brûlent tout

Le « chuintement » bruyant typique des

anciens réchauds à essence a maintenant

été résolu par les fabricants leaders

comme MSR (« Whisperlite ») et Primus

(« OmniLite Ti Silencer ») grâce à des

gicleurs spéciaux. En raison de la flamme

ouverte pendant le préchauffage, les réchauds

à essence ne doivent pas être utilisés

dans des espaces fermés et encore

moins à l'intérieur d'une tente.

L’essence purifiée « white gas », un

peu plus chère mais qui forme moins de

suie et qui présente un pouvoir calorifique

un peu plus élevé, est préférable à l'essence

des stations-service. Pour des combustibles

comme le diesel ou le kérosène, il

faut souvent utiliser une buse spéciale.

Jetant un pont entre deux mondes,

certains « réchauds multicombustibles »

modernes fonctionnent au choix avec du

gaz ou des combustibles liquides grâce

à des buses interchangeables. Dans les

faits, il n'existe aujourd'hui presque plus

de réchauds purement à essence. La plupart

sont des réchauds multicombustibles

(p. ex. Primus Omnifuel, Optimus Polaris).

Les réchauds à alcool (« Esbit Cookset

Compact ») et les réchauds à combustible

solide (« réchauds de poche Esbit »), qui

fonctionnent avec une pâte combustible ou

un combustible sec, sont rarement utilisés

dans les sports de montagne. Ils offrent

des avantages en termes de taille, de poids

et de transport, l'alcool est facile à remplir

et à ranger et le combustible sec n'est pas

explosif. Mais en termes de performances,

ils ne peuvent pas rivaliser avec les réchauds

modernes à gaz et à essence.

Vent, watts et chaleur

Aussi séduisant que soit le poids des réchauds

à visser « nus », en montagne il faut

toujours compter le poids total du système

de cuisson comprenant la cartouche, une casserole,

et éventuellement un pare-vent. Les

systèmes intégrés, comme par exemple un

JetBoil, peuvent sembler un peu plus lourds

et plus grands, mais ils sont souvent les

plus efficaces. Les indications de puissance

de chauffe doivent également être considérées

avec prudence. Les réchauds les plus

vigoureux ont une puissance d'environ 3000

watts. Un pare-vent, une casserole équipée

d’un échangeur de chaleur efficace ainsi que

le matériau et l'épaisseur de la paroi ont une

grande influence sur la puissance réelle,

c'est-à-dire sur la capacité à faire bouillir un

litre d'eau. Souvent, un système intelligent

de transmission de la chaleur est plus efficace

qu'une puissance de chauffe élevée.

Qu'il fonctionne au gaz ou à l'essence,

nous vous recommandons chaudement, au

sens propre du terme, de venir tester les réchauds

dans nos magasins afin de connaître

les avantages et inconvénients des différents

systèmes et surtout de tester leur

maniement. Nos conseillères et conseillers

formés connaissent de nombreux trucs et

astuces pour l'utilisation des différents modèles

– saisissez cette chance.

Photos : Primus, MSR

L’O-Zip.

Une évolution sur plusieurs générations.

u Charlie, Ferme Pateroa, Nouvelle-Zélande

38

39



Rencontre au sommet Discussion avec les compagnes des pros

Thema Rubrik

«Pour être

honnête, je suis

presque plus

absente que lui.»

Comment vit-on en tant que compagne

d'un alpiniste professionnel ? Notre

auteure a posé la question à Denise

Arnold, Bettina Gruber et Niki Siegrist

– les compagnes de Dani Arnold,

Roger Schäli et Stephan Siegrist.

Trois entretiens sur les peurs, la

confiance inconditionnelle – et

les rêves personnels.

Texte Magdalena Krötz

Collaboration rédactionnelle Thomas Ebert

40

Fotos: zvg

Mit Hand, Herz und Hirn:

Alexander Megos sieht sich als

Vertreter einer Generation, die

wohl als eine der letzten sowohl

am Fels als auch im Wettkampf

41

an der Weltspitze performt hat.



Rencontre au sommet Discussion avec les compagnes des pros

Dani Arnold en escalade solo dans

la face nord du Petit Dru.

« Il planifie ses grands projets

minutieusement. »

« Son calme dans les situations extrêmes me

tranquillise aussi personnellement, je

suis beaucoup moins anxieuse qu’avant dans

beaucoup d’aspects du quotidien. »

Denise Arnold

fants : pour te sentir en sécurité, tu veux

savoir avec qui ils sont en route.

Bettina Gruber : Pour moi c’est pareil

que pour Niki. J’ai comme une profonde

confiance en ses capacités et décisions.

Quand Roger se décide pour une expédition,

ses réflexions sont abouties, il s’est

préparé et il sait qu’il part en montagne

en étant bien préparé. Je ne le retiendrais

sous aucun prétexte quand il a une idée.

C’est sa passion. Je n’ai pas peur au sens

propre du terme. Je sais que son métier

comporte un certain risque.

Depuis combien de temps êtes-vous un

couple ? Et où fait-on connaissance d’un

des alpinistes les plus connus de Suisse ?

Denise Arnold : Nous étions déjà ensemble

à l’école, dans une classe parallèle.

À l’époque, nous n’avions pas vraiment de

contact. Quand nous nous sommes mis

en couple, Dani pratiquait déjà l’escalade

sportive mais il se concentrait essentiellement

sur le boardercross car il faisait partie

de l’équipe nationale. Il s’est lancé dans

les projets d’escalade extrême plus tard,

quand nous étions déjà ensemble.

Bettina Gruber : Roger et moi nous

nous sommes connus à Kalymnos. Je voulais

découvrir cette destination si prisée et

je me suis inscrite à un cours. La guide de

montagne était une bonne amie de Roger

et elle lui a proposé de se joindre à nous.

C’était il y a environ cinq ans.

Niki Siegrist : Nous sommes en

couple depuis 2008. Nous nous sommes

connus grâce à la sœur de Stephan qui

était ma meilleure amie. J’étais donc au

courant de qui il était. Nous nous sommes

rencontrés en faisant du parachutisme – je

travaillais pour l'entreprise où il a passé

son brevet.

Est-ce que le monde de la montagne était

nouveau pour toi ? Aimes-tu passer du

temps en montagne ?

Bettina Gruber : Je pratiquais le

ski de fond à un niveau professionnel et

j’étais beaucoup dehors. J’allais aussi en

montagne, mais plutôt à pied. En famille

nous avons fait beaucoup de marches

en montagne et les randonnées à ski de

ma maman m’ont toujours fascinées. Ce

n’est qu’après ma carrière de fondeuse

que j’ai réellement commencé à grimper.

J’ai adoré et c’est grâce à ce sport que j’ai

connu Roger.

Niki Siegrist : Je n’étais pas souvent

en montagne avant de connaître Stephan.

Je pratiquais plutôt les sports aquatiques.

À une époque j’adorais le parachutisme.

L’escalade j’en faisais de temps en temps,

mais pas de manière régulière. Maintenant

j’adore passer du temps en montagne.

Sa carrière d’alpiniste a-t-elle eu une influence

sur votre décision de vous engager

dans une relation ?

Denise Arnold : Je connaissais le milieu

de la montagne puisque mon papa est

guide de montagne. Il avait aussi de temps

en temps ses projets. Cela m’a bien aidé et

je n’avais aucun problème avec le fait que

Dani soit parfois loin plusieurs semaines.

J’ai eu le temps de me faire petit à petit aux

grands projets de Dani. Il a commencé avec

des projets plutôt modestes avant de s’attaquer

à des plus ambitieux.

Bettina Gruber : Évidemment. Nous

apprécions tous les deux d’être beaucoup

dehors et cette passion commune nous lie.

Avoir un compagnon dont le métier comporte

un certain risque fait bien sûr beaucoup

réfléchir. Je l’ai accepté comme une

part de Roger et j’ai appris à faire avec.

Niki Siegrist : Non, cela n’a pas eu

d’influence pour moi. Je n’ai jamais vu

l’alpinisme comme un sport dangereux

ou anormal. Je n’y ai même jamais pensé.

Je crois que j’ai aussi eu beaucoup de

Photo : Romano Salis

chance dans mon

enfance. Ma maman

était une

professeure très

passionnée, moimême

j’ai été un

certain temps une

kayakiste passionnée.

Ce ne sont pas

non plus des jobs

9-to-5 classiques.

Quels sont tes sentiments

pendant ses expéditions ?

Denise Arnold : Quand Dani est en expédition

à très haute altitude, j’ai plus peur

que pendant ses projets dans les Alpes.

Pour moi, les hautes altitudes sont très imprévisibles.

Certes, il sait très bien s'évaluer

et j'ai une très grande confiance en lui. J'essaie

aussi de ne pas me laisser aller à penser

à tout ce qui pourrait arriver, car pour

moi, c'est clair : il reviendra. S'il interrompt

un grand projet à cause d'un mauvais pressentiment,

cela me donne beaucoup de sécurité.

Il planifie minutieusement ses grands

projets sur le plan psychique et physique, il

sait aussi dire non et faire demi-tour. Cela

déclenche automatiquement en moi l'idée

qu'il reviendra. Malgré tout, je suis extrêmement

tendue le jour décisif, je ne peux pas

le nier. Son appel depuis le sommet est toujours

extrêmement soulageant.

Denise Arnold

La compagne de Dani Arnold, âgée de 41 ans, travaille

comme éducatrice spécialisée et vit dans le canton d'Uri.

Niki Siegrist : Je n’ai pas peur de

l’alpinisme. Je fais confiance aux décisions

prises par Stephan et à ses capacités.

Parfois, il se déplace plus calmement

et avec plus d'assurance dans le monde

de la montagne que dans la vie quotidienne.

Ce qui m'inquiète, c'est quand

il appelle et que j'entends à sa voix que

quelque chose ne va pas. J'ai alors un peu

peur. Mais ces moments sont très rares.

Stephan n'est pas du genre solitaire. Il

part presque toujours en groupe. Pour

moi, il est très important de connaître

les autres grimpeurs, leurs familles. Cela

me donne un sentiment de famille. Voir

comment ils communiquent entre eux et

à quel point leur relation est forte enlève

pour moi un très grand facteur de risque

et de peur, même si c'est plus émotionnel

que rationnel. C'est comme avec les en-

Comment communiquez-vous pendant un

projet ou une expédition ?

Denise Arnold : Quand Dani s'absente

longtemps, nous ne nous mettons jamais

d'accord sur l'heure exacte de son appel.

Il dit simplement qu'il rappellera. Souvent,

nous envoyons des SMS par téléphone satellite.

Si possible, il me contacte tous les

deux ou trois jours pour que je sache ce

qui se passe. Pendant les petits projets,

il me contacte tous les jours et je suis au

courant de tout.

Bettina Gruber : Nous communiquons

essentiellement par l’appareil InReach.

Roger me donne beaucoup de nouvelles et

me dit ce qui se passe. Il me briefe bien

pour que je sache s'il est joignable et comment.

Cela me détend. Attendre sur place

dans un camp de base me rendrait certainement

plus nerveuse. Je verrais alors la

météo et les conditions. Je suis aussi bien

prise par les activités du quotidien. Mais

bien sûr, je serais mal à l'aise si je n'avais

plus de nouvelles pendant quelques jours.

J'ai aussi les numéros des gens et de leurs

partenaires avec qui il est en montagne et

je sais avec qui il est en route. Cela aide.

Niki Siegrist : En général, Stephan

a toujours un téléphone satellite avec lui.

Parfois, il y a des moments où je sais qu'il

ne me contactera pas régulièrement. Il me

donne toujours un créneau horaire approximatif

pour me dire quand il me contactera

ou quand quelqu'un du camp de base me

contactera. Pour moi, c'est important.

Est-ce que tu fais face à la possibilité qu'il

ne revienne pas ?

Denise Arnold : La peur est présente

surtout pendant la préparation,

mais je relâche ensuite consciemment

cette pensée. Sinon, impossible de sortir

42

43



Rencontre au sommet Discussion avec les compagnes des pros

de cet engrenage. C'est aussi une façon

de le soutenir. Parfois, je remarque que

cela devient trop pour lui lorsque je lui en

parle. C'est à ce moment-là que je réalise

qu'il est très concentré. Je me mets alors

en retrait et j'attends.

Bettina Gruber : Je travaille comme

médecin, entre autres aussi comme médecin

urgentiste et je vis de nombreuses

situations où des gens décèdent ou ont

un accident. Grâce à cela j’ai peut-être

une autre vision de la chose. Pour moi,

cela peut arriver à tout moment dans la

vie. Bien sûr, le risque est bien plus élevé

chez les alpinistes de l'extrême que chez

quelqu'un qui travaille dans un bureau.

Mais il y a aussi des accidents quand on

conduit une voiture. Au moment du départ

je ne me dis jamais « c'est peut-être le dernier

moment ». Cela peut toujours être le

dernier moment, on n'est jamais préparé.

Je suis une personne qui vit dans l’instant

présent et qui ne se pose pas la question

« et si ». Sinon, mon mental cogite des situations

alors que je ne sais même pas si

elles vont se produire.

Niki Siegrist : Je suis consciente qu’il

pourrait ne pas revenir. Mais cela ne me fait

pas peur. Je suis très consciente qu’il pourrait

mourir, mais je suis aussi consciente

que cela pourrait arriver à n’importe quel

moment dans un autre contexte. Je suis

très apaisée par la relation que Stephan a

avec les montagnes. Il est bien plus naturel

pour lui d’être en altitude. Je craindrais

plus qu’il se fasse agresser quelque part.

Combien de temps passe-t-il effectivement

à la maison sur une année ?

Denise Arnold: La durée varie d’année

en année. Parfois, il fait une expédition

plus longue par an et quelques-unes plus

courtes. Parfois ce n’est qu’une fois deux

semaines. Depuis que notre fille est née,

les grandes expéditions de plusieurs mois

diminuent. Malgré cela, il n'est pas souvent

à la maison l’été, car il vit aussi de son travail

de guide de montagne et de ses conférences.

Sur l'ensemble de l'année, il est

parfois très souvent à la maison pendant

deux ou trois semaines, puis s'absente à

nouveau plus fréquemment.

Bettina Gruber: Pour être honnête, je

suis presque plus absente que lui. Nous habitons

en Engadine, mais je passe beaucoup

de temps à Zurich, car j'y travaille à temps

pour moi de savoir ce qui est prioritaire

pour lui et comment je peux l'aider à le

réaliser. Bien sûr, nous discutons parfois

de ce qui est possible ou non – nous pouvons

vraiment en parler ouvertement, il

me fait part de ses besoins et nous nous

impliquons mutuellement dans la planification.

Bien sûr, il ne me demande pas en

montagne ce que je ferais maintenant à sa

place, il peut très bien le décider lui-même.

Niki Siegrist : Je pense que j’ai une

grande influence sur sa décision de se lancer

dans quelque chose ou pas. Je ne lui ai

encore jamais dit qu’il ne devrait pas partir,

mais à mon avis il m’écouterait si je lui dipartiel.

Quand

Roger s'absente,

c'est souvent une

longue période

d'une traite, généralement

cinq

semaines par expédition.

Au total, il est

en route environ deux mois par an.

Niki Siegrist: Quand les enfants

étaient petits, Stephan était beaucoup

plus souvent absent. Il est aussi guide de

montagne. Je pense que la combinaison

de l'âge, des responsabilités, des priorités

et du temps veut qu’il soit plus souvent à

la maison. Il est maintenant plus sélectif

quant au moment où il part en montagne.

Il ne fait plus deux ou trois expéditions par

an, seulement une.

Es-tu impliquée dans ses décisions concernant

l'expédition ?

Denise Arnold : Bien sûr, je participe

aux décisions lorsque nous partons

grimper ensemble. Pour tout le reste, je le

laisse faire. Je suis convaincue qu'il prendra

la décision qui lui permettra de revenir.

Je n’ai pas les compétences pour évaluer

tout ce qui est possible pour lui. Rien que

quand nous grimpons ensemble et que je

suis à ma limite en second, il grimpe encore

en solo.

Bettina Gruber : Il m’implique beaucoup

et mon avis est important pour lui.

Nous discutons souvent ses plans et ses

expéditions. Je sens aussi quand il veut

quelque chose à tout prix. Il est important

Bettina Gruber

La compagne de Roger Schäli, âgée de 40 ans, a fait partie de

l’équipe nationale de ski de fond. Aujourd'hui, elle travaille comme

médecin et vit en Engadine.

« J’ai une profonde

confi ance en

ses capacités et

décisions. »

Bettina Gruber

Photo : Kaletsch Medien GmbH

sais de ne pas se lancer dans une expédition.

Mais pour moi ce serait difficile de le

voir à la maison tout en sachant qu’il aurait

aimé être en montagne. Ce serait bien plus

difficile pour notre relation. Pour lui c’est

aussi important que je lui dise que je suis

d’accord avec le fait qu’il parte.

Es-tu impliquée dans l’organisation de son

travail – Instagram, e-mails, sponsors – et

combien le soutiens-tu ?

Denise Arnold: Je le soutiens du

mieux que je peux. Surtout pour les tâches

administratives. J’appelle des gens ou je

vérifie la météo et j’aide à la logistique.

Nos deux familles nous soutiennent aussi.

Surtout pour la garde de notre fille. Sans

ce soutien ce ne serait pas possible vu que

je travaille également.

Bettina Gruber: Absolument. Il me

fait toujours une liste de tout ce que je dois

faire. C’est en ordre pour moi. Quand Roger

part cinq semaines, il faut quelqu’un

qui s’occupe de son courrier. Parfois il me

transfère simplement des demandes auxquelles

je dois répondre. Pour moi, il va de

soi que je le soulage autant que possible.

L'inverse est également vrai : lorsque je

suis souvent en déplacement en tant que

médecin, il veille à ce que le frigo soit plein

à la maison. Nous avons une répartition

des tâches très flexible. Il en fait même

probablement plus que moi.

Niki Siegrist: Je soutiens Stephan

beaucoup. Parfois, notre maison est

remplie d’alpinistes et j’endosse aussi

quelques tâches organisationnelles. Mais il

organise beaucoup lui-même.

À quoi ressemble la répartition des tâches

dans votre vie commune ? Ménage, éducation

des enfants ?

Denise Arnold: Quand Dani est en

route, il est évident que tout repose sur

mes épaules. Quand il est là, il l’est totalement

et cela me décharge. Je m’occupe

cependant presque toujours moi de la logistique

familiale. Il fait souvent à manger

« Bien sûr, cela me rend

également heureuse de voir ses yeux

briller de joie. »

Roger Schäli dans

« Le Chant du Cygne » (7a) dans

la face nord de l’Eiger.

44

45



Rencontre au sommet Discussion avec les compagnes des pros

Niki Siegrist

La partenaire de Stephan Siegrist, âgée de 48 ans, est enseignante

et anthropologue. Avec deux enfants, la famille vit

dans l'Oberland bernois.

et s’occupe du jardin quand il a le temps.

Vu que je travaille trois jours par semaine

nous tentons de nous répartir le travail.

Dani passe une journée par semaine en exclusivité

avec notre fille.

Bettina Gruber: Comme je l’ai déjà

mentionné, Roger s’implique probablement

plus que moi au ménage. Je travaille

à 100% dans un job de 50 heures. Bien sûr

que Roger est aussi beaucoup en route,

mais il est bien plus flexible que moi.

Dois-tu abandonner tes propres rêves afin

que votre vie fonctionne de cette manière ?

Denise Arnold: Il me soutient vraiment

beaucoup. Actuellement je ferais volontiers

une formation continue, mais nous

avons décidé en famille de retarder ce moment,

car ses conférences marchent très

bien actuellement. Je remets donc cela à

plus tard à cause de la situation familiale.

Mais si je souhaitais vraiment le faire maintenant,

il se retirerait de ses engagements.

Il ne se mettrait pas en travers de mes

plans professionnels.

Bettina Gruber: Non, je peux quand

même réaliser mes rêves et m'adonner à

ma passion. Bien sûr, c'est donnant-donnant.

S'il peut réaliser ses rêves, alors moi

aussi. Je ne me sens vraiment pas limitée.

Niki Siegrist: Abandonner n'est pas

le bon mot, mais j'ai définitivement dû être

très flexible sur ce qui était important pour

moi et établir clairement des priorités. Ce

qui m’a aidé c’était d’avoir de nombreux

rêves et pas qu’un seul. C'était une chance

d’être maman jeune. Je n'ai jamais eu l'impression

de devoir renoncer complètement

à tous mes rêves. J'ai simplement choisi

ceux qui étaient compatibles avec notre

mode de vie et cela me va bien.

Souhaiterais-tu une relation sans sa passion

?

Denise Arnold : C’est une grande partie

de notre vie et ça a toujours été ainsi. Je

suis en harmonie avec ça et nous passons

aussi de très nombreux beaux moments

ensemble en montagne.

« Le plan de Stephan

est de ne pas

hésiter à s’écarter du

plan initial. »

Niki Siegrist

Bettina Gruber : Heureusement que

nous pouvons partager la passion. Pour

moi, la passion, peu importe pour quoi,

est un point central dans une relation. Je

lui accorde de tout cœur ses sorties et le

temps passé dans les montagnes. J'espère

que d'autres partenaires se laissent aussi

la liberté de réaliser leurs rêves.

Niki Siegrist : La passion n’existe pas

seulement dans le sport. Selon moi il n’y a

pas une grande différence que tu sois banquier

ou alpiniste passionné. Chez les deux

il y a cette volonté de se prouver quelque

chose. J’ai choisi cette vie-là et c’est bien

ainsi. Je ne crois pas que j’aurais pu choisir

quelqu’un qui n’a pas de passion.

Quelles sont tes stratégies pour surmonter

tes craintes à propos de ton mari ?

Denise Arnold : J’aime bien partir

en montagne, je vais travailler ou j’entreprends

quelque chose avec notre fille. Cela

me change les idées pour ne pas penser

tout le temps à ce qui pourrait arriver. Je

parle aussi volontiers avec mes parents et

les tiens toujours au courant du déroulement

de ses expéditions. Nous dévoilons

les détails seulement après-coup à ses parents

à lui.

Bettina Gruber : Je n’ai encore jamais

été dans une situation où j’ai eu très peur.

Je sais que lui et son équipe sont en route

longtemps et que c’est normal de ne pas

avoir tout le temps des nouvelles. Cela ne

sert à rien d’avoir peur. Ma capacité de bien

fonctionner sous stress m’aide. Mais si un

jour je ne me sentais vraiment pas bien

avec la situation, j'appellerais une amie.

Photos : Frank Kretschmann, Thomas Huber

Niki Siegrist : J’écris beaucoup et je

me rappelle d’être patiente et de ne pas

trop cogiter.

Sa prise de risque a-t-elle diminué lorsque

vous avez eu des enfants ? Ta peur s’estelle

accentuée ?

Denise Arnold : Depuis que notre fille

est née, la peur a nettement augmentée.

Parallèlement le goût du risque de Dani a

diminué. Il prend encore plus de précautions

et réfléchit beaucoup plus attentivement

avant de se lancer dans un projet.

Bettina Gruber : Pour nous, sa carrière

d’alpiniste n’est pas une raison

de ne pas avoir d’enfants. Nous avons

convenu que nous nous adapterions tous

les deux autant que possible. Si nous devions

avoir des enfants, la gestion des

risques devrait définitivement être adaptée.

Nous serions alors responsables

de personnes qui ne peuvent pas se défendre

elles-mêmes et être d'accord avec

cela. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aurait

plus d’expéditions, mais il faudrait en tout

cas en discuter.

Niki Siegrist : Depuis que les enfants

sont là, je n'ai pas plus peur pour lui. Mais

l’appréhension a augmenté parce qu’il y a

beaucoup de travail en son absence. Pour

moi, il est important que toute la paperasserie

soit en ordre. Je veux me sentir sécurisée

s'il devait lui arriver quelque chose.

Nous avons fait un testament très tôt.

Avez-vous un plan d’urgence en cas de décès

de votre compagnon ?

Niki Siegrist : Oui, c’était une des

choses les plus importantes pour moi.

Bettina Gruber : Évidemment, c’était

une obligation pour moi.

À quel point la carrière d’alpiniste influence-t-elle

positivement ta personne et

votre relation ?

Denise Arnold : Les courses communes

en montagne sont bien sûr positives.

J'ai beaucoup appris de Dani. La

confiance entre nous renforce beaucoup

notre lien. Dès le début, je savais qu'il était

là pour moi, et un lien tissé en montagne

n'est pas facile à rompre. Son calme dans

les situations extrêmes me tranquillise

aussi personnellement, je suis beaucoup

moins anxieuse qu’avant pour de nombreuses

choses du quotidien.

Bettina Gruber : Roger m’a ouvert de

nombreuses portes. C’est pour moi un privilège

qu’il m’emmène aussi en montagne.

Nous étions par exemple ensemble en Patagonie,

ce n’est pas rien. Il m’emmène

dans son monde et j'en profite. Bien sûr,

cela me rend également heureuse de voir

ses yeux briller de joie. Il sait aussi qu'il

est privilégié et aime le partager avec moi.

Cette passion qu'il a est aussi une grande

source d'inspiration pour moi.

Niki Siegrist : J’aime la flexibilité.

Que ce soit en voyage ou en raison de la

météo, le plan de Stephan est de ne pas

hésiter à s’écarter du plan initial. L’agenda

n'a pas d'importance. C'est une situation

dans laquelle je m'épanouis. J'aime

vivre ainsi et avoir une structure dans

mon chaos. Cela me fait grandir chaque

jour. Je suis consciente que c'est un

énorme privilège de faire partie de sa

vie et de son état d’esprit. Ce style de

vie que nous avons choisi m'a aidé à naviguer

dans les moments difficiles. Nos

enfants en ont également profité. On ne

s'ennuie jamais.

« Je suis consciente que c'est

un énorme privilège de faire

partie de sa vie et de son état

d’esprit. »

Stephan Siegrist en expédition ;

première ascension dans

l’Himalaya indien.

46

47



Final

« Si cela ne tenait qu’à

moi, on pourrait faire le

X-Alps chaque année »

Le 15 juin l’athlète Bächli Chrigel Maurer

s’apprête à défendre son titre au Red Bull X-Alps

Interview Thomas Ebert

48

As-tu prévu de participer au X-Alps

aussi longtemps que tu détiendras

le titre ?

Gagner des compétitions est

toujours un objectif. Même après

avoir remporté huit titres, mon objectif

est toujours de pouvoir réaliser à

nouveau ma meilleure performance.

J'essaie toujours d’être un peu plus

en forme et plus solide que la fois

d’avant. Bien sûr, si le corps ne suivait

plus, je devrais arrêter. Mais j'aime

tout simplement cette compétition.

J'aimerais bien la faire plus souvent,

chaque année si possible !

Combien de temps passes-tu à étudier

la carte après la publication de

l’itinéraire de l’X-Alps ?

Je connais maintenant assez

bien les Alpes. Je vois rapidement

où l'on peut avancer efficacement

et où cela pourrait être difficile. Je

travaille beaucoup sur les points de

passage obligatoires. Nous planifions

très précisément l’itinéraire entre le

Signboard et la prochaine aire de décollage

– pour différentes heures de

la journée et différentes conditions.

C’est le travail principal jusqu’à la

course : avoir une aire de décollage

pour chaque point de passage, avoir

calculé les gpx et avoir une idée très

précise de la suite de la course.

L’année passée tu as gravi tous les

quatre milles des Alpes avec Peter

von Känel – uniquement à pied et en

parapente. La préparation parfaite

pour le X-Alps ?

Pour le X-Alps, le mot d'ordre

est : à quelle vitesse puis-je aller

pour que ce soit encore suffisamment

sûr ? Et pour le X-Peaks, il

était important de garder une bonne

marge de sécurité, quelle que soit

notre lenteur. Les courses d'arêtes

exposées m'ont permis de repousser

mes limites en matière d'alpinisme.

Mais j'ai pu en tirer quelques

enseignements – comme le rythme

adéquat pour les très longues

courses sans nourriture ni boisson.

Et une très bonne combinaison de

chaussettes en soie avec des chaussettes

de randonnée.

La souveraineté et le soin du détail

sont très importants pour toi, mais

d'un autre côté, tu fais partie des pilotes

qui peuvent à tout moment sortir

un « move » spontané. Comment

concilier minutie et spontanéité ?

Être spontané signifie pour

moi que l’on peut s’écarter du plan

initial.Et se sentir souverain signifie

que les décisions doivent être

bonnes et durables. J'essaie toujours

d'avoir un plan B.

Chrigel Maurer, va-t-il remporter son 9 e titre consécutif au

X-Alps ? Suivez-le à partir du 15 juin avec le Livetracker

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