12.05.2025 Vues

Droit Montréal - 31e édition

Pour cette nouvelle édition, la Faculté de droit de l'Université de Montréal propose un grand dossier portant sur le droit au-delà des frontières.

Pour cette nouvelle édition, la Faculté de droit de l'Université de Montréal propose un grand dossier portant sur le droit au-delà des frontières.

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Montréal

N

DMDroit

o 31

2025

Grand dossier de 46 pages

Horizons juridiques :

le droit au-delà

des frontières

+

La « doctrine Trump » à l’international :

la fin de la pax americana ?

Par Miriam Cohen et

Stéphane Beaulac

P. 22

Le commerce au service de la paix :

pour une relecture du « doux commerce »

de Montesquieu

Par Hervé Agbodjan Prince

P. 28

L’émergence de la restauration en droit

international de l’environnement : une

solution à la mesure de l’Anthropocène ?

Par Hugo Tremblay

P. 34


DM

Droit

Montréal

N o 31

2025

Rédactrice en chef

Aminata Bal

Rédaction et coordination

Alexandre Caron

Révision linguistique

Monique Paquin

Design graphique

Éric Monette et Dominique Mousseau

Collaboration

Lise Cummings

Poste-Publications

Convention n o 40069245

© Faculté de droit, Université de Montréal

C. P. 6128, succ. Centre-ville

Montréal (Québec) H3C 3J7

Télécopieur : 514 343-2030

redaction@droit.umontreal.ca

ISSN 1715-6092 Droit Montréal (imprimé)

ISSN 1715-6106 Droit Montréal (en ligne)

Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec

Tirage : 17 100

Changement d’adresse

En visitant notre site Web :

reseau.umontreal.ca

→ Onglet Diplômés

→ Mise à jour des coordonnées

Donnez-nous de vos nouvelles

514 343-6124

info-droit@umontreal.ca

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/ droitumontreal

Sommaire

Mot de la doyenne 2

Vie facultaire

Faits saillants 3

Nos professeures et professeurs 6

Nos étudiantes et étudiants 14

À l’international 17

Du côté du notariat 18

Clinique juridique 19

Contributions étudiantes

1 er cycle 66

Camille Thériault

2 e cyle 67

Paula Espinoza Klaric

3 e cycle 68

Rado Ramamonjy

Études supérieures 69

Charles Duech, Nadia Jacques,

Julie Nicolas

Centres de recherche de la Faculté

Centre de recherche en droit public 70

Centre de droit des affaires et 71

du commerce international

Laboratoire de cyberjustice 72

Développement professionnel 74

Vie étudiante

Le Pigeon dissident 75

Comité Avocats sans frontières 76

Comité affaires internationales 77

Publications

Professorales 78

Éditions Thémis 81

Philanthropie 82

Nos diplômées et diplômés 84

Les juges en chef

Manon Savard 87

Marie-Anne Paquette 88

Henri Richard 89

Figures inspirantes

Philippe Kirsch 90

Françoise Girard 92

Yolande James 94

Stéphane Laporte 96

Réseau des diplômés et des donateurs 98

Wolf Thyma

Jacques Girard

Entrevue du recteur 100

Grand dossier

Horizons juridiques :

le droit au-delà

des frontières

Horizons juridiques : 20

le droit au-delà des frontières

Aminata Bal

La « doctrine Trump » 22

à l’international : la fin

de la pax americana ?

Miriam Cohen

Stéphane Beaulac

Les cours internationales à 24

l’heure de la transformation

de l’ordre mondial

Olouwafêmi Rodrigue Oloudé

Le droit international 26

en 2025 : l’urgence

d’une audacieuse réforme

Daniel Turp

Le commerce au service de 28

la paix : pour une relecture

du « doux commerce » de

Montesquieu

Hervé Agbodjan Prince

L’arbitrage international face 30

aux défis du marché de l’art :

la création de la Cour d’arbitrage

des arts

Lukas Vanhonnaeker

Marie-Jeanne Tétreault

La portée territoriale limitée de 31

l’article 12 de la Charte canadienne

en contexte d’extradition

Ugo Gilbert Tremblay

Parcours d’une avocate, de la 32

défense pénale internationale

à la diplomatie canadienne

Laurence Hortas-Laberge

Déclaration des Nations Unies 33

sur les droits des peuples

autochtones : quelle mise en

œuvre par les tribunaux ?

Karine Millaire

L’émergence de la restauration 34

en droit international de

l’environnement : une solution

à la mesure de l’Anthropocène ?

Hugo Tremblay

Votre planète, vous la préférez 36

bleue ou saignante ?

Nicolas Kempf

L’eau douce, matières physique 37

et juridique en ruissellement

François Xavier Saluden

Fiscalité, gouvernance 38

et polyvalence

Alexandre Verrier-Martineau

« En tant que co-responsable 39

de la stratégie nord-américaine

du cabinet Fidal, j’ai la chance de

rester proche de ma culture. »

Gacia Kazandjian

La pratique du droit 40

international au Parlement

du Canada

Brendan Naef

Une carrière excitante 41

en droit international !

Patrice Brunet

Au cœur du droit des affaires 42

à New York

Vincent-Alexandre Fournier

De Montréal à Londres : 42

une immersion dans le droit

des affaires et les marchés

financiers internationaux

Yu Li

Maîtrise en droit des 43

technologies à Londres :

un tremplin pour une carrière

juridique innovante

Myriam Legault-Laurier

Notaire dans un contexte 44

international : une passion

autant qu’une profession

Nathalène Chapuis

Les défis des lois en matière 45

de protection des renseignements

personnels à l’ère technologique

Éloise Gratton

Une avocate au cœur 46

de l’innovation technologique

Indina Remy

Francis Gingras, les coulisses 47

d’une carrière où la passion et

l’expérience se rencontrent

Francis Gingras

Du CRDP à CBC/Radio-Canada : 48

portrait de Marie-Philippe

Bouchard, une femme de tête

Eugénie Godin

Une carrière au sein d’une 50

multinationale en technologie

Mylène Lemieux

Pratiquer le droit 51

international public

Jessica Joly Hébert

Des diplômées et diplômés 52

font la différence au sein du

HCR, l’Agence des Nations Unies

pour les réfugiés

Joey Hanna

Montréal : épicentre de la lutte 54

contre le dopage dans le sport

Alexandre Csuzdi-Vallée

Plaider pour la paix et la 55

justice sociale : mon parcours

en tant que juriste à l’OIT

Maya Stern Plaza

La Croix-Rouge internationale, 56

le monde à portée de main

Lucie Laplante

L’organisation internationale 57

évolue

Étienne Michaud

De Montréal à la tête de 58

l’école de droit des affaires

de l’OHADA

Karel Osiris Dogué

La transformation d’une 59

organisation centenaire au

service de la coopération policière

Marie-Pier Fullum-Lavery

Façonner le droit d’auteur 60

international

Brigitte Vézina

Naviguer les eaux du 61

commerce mondial

Dean MacDougall

De Montréal à Dubaï 62

Jeffrey El-Boustani

Le droit à pleine altitude : 63

une pratique globale au sein d’une

multinationale de l’aérospatial

Loïc Sanscartier

Travailler à la mise en œuvre 64

du droit international des droits

humains : de l’universel au local

Philippe Tremblay

Travailler en relations 65

internationales dans un monde

en profonde mutation

William Hodgson



Mot de

la doyenne

Vie facultaire

Le droit sans frontière :

regards croisés

Dans un monde en constante mutation, voire en crise, où les frontières

juridiques sont érodées par la mondialisation, les nouvelles technologies

et des enjeux planétaires qui appellent une réponse collective et

transversale, le droit international se trouve inéluctablement au cœur

de nombreuses discussions. Ce numéro met en lumière toute l’expertise

de notre communauté juridique savante, solidement ancrée à travers

cette édition dynamique, qui alimente et suscite la réflexion sur plusieurs

facettes fondamentales et réaffirme l’importance de la primauté du droit.

Les contributions diverses examinent des défis internationaux complexes

qui nécessitent des initiatives concertées et multidisciplinaires, que cela

soit en matière politique, économique, commerciale ou encore en lien avec

la justice pénale et la protection des droits de la personne. Les sujets

abordés reflètent des débats parfois vifs et proposent des solutions qui

peuvent être controversées. En somme, il s’agit d’un effort collectif pour

imaginer un renouveau de la normativité internationale contemporaine.

Ce numéro contient également des nouvelles sur plusieurs membres

des nombreuses communautés de la Faculté de droit de l’Université de

Montréal : corps étudiant et professoral, personnel, diplômés et diplômées.

Je suis convaincue que vous prendrez plaisir à découvrir l’activité

foisonnante qui caractérise votre alma mater et tous ceux et celles

qui passent par ses portes !

Je tiens aussi à exprimer toute ma gratitude à tous les auteurs et

autrices qui ont enrichi cette édition de Droit Montréal par leurs

précieuses contributions. Votre engagement indéfectible envers la

Faculté témoigne d’un véritable esprit de partage et d’excellence.

Un immense bravo également à la rédactrice en chef, Aminata Bal,

dont le dynamisme et la créativité ont insufflé à ce projet une

énergie remarquable.

Grâce à vous tous et toutes, cette publication rayonne avec force et éclat !

Visite d’une délégation de l’Institut

d’études politiques d’Aix-en-Provence

La Faculté de droit a eu le plaisir de recevoir une délégation de

l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. M. Rostane

Mehdi, directeur de Sciences Po Aix, M me Delphine Chazalon,

directrice des relations extérieures et de la vie étudiante

(DREVE), et M me Taos Boudine, responsable des relations

internationales, ont rencontré M. Michel Morin, alors vice-doyen

aux affaires internationales, et M me Catherine Recher, conseillère

aux affaires internationales à la Faculté. Les discussions

ont porté notamment sur les échanges étudiants, l’offre de

formation et les leviers de financement pour les collaborations

de recherche. Partenaires depuis plusieurs années, nos institutions

ont pu consolider leurs liens au cours de cette visite.

Séance inaugurale – Automne 2024

Le Pigeon dissident célèbre ses 50 ans

Le journal étudiant Le Pigeon dissident a célébré ses 50 ans

à l’automne 2024. Afin de souligner ce jalon important,

les journalistes ont réalisé des entrevues avec d’anciens

membres : M. Yves Boisvert, l’honorable Benoît Moore et

M e Pierre-Hubert Séguin.

Sous le regard intéressé

d’anciens doyens et

doyennes, Stéphane

Rousseau, vice-doyen

à la recherche et à l’international,

trouve cette

nouvelle publication

passionnante et voit

d’un bon œil les 50

prochaines années.

La Faculté de droit était heureuse d’accueillir la nouvelle cohorte étudiante lors de la traditionnelle

séance inaugurale en août dernier. Ce rendez-vous annuel marque le début de l’année facultaire

et permet au décanat, au personnel administratif ainsi qu’au corps professoral de rencontrer

l’ensemble des étudiants et étudiantes de première année.

La doyenne Geneviève Saumier était heureuse de partager cette rentrée et souhaite

aux étudiantes et étudiants d’embarquer dans cette aventure du baccalauréat qui sera riche

en émotions.

Cette année, notre invitée d’honneur était la diplômée et directrice générale d’Éducaloi,

Ariane Charbonneau (LL. B. 1992). Elle a prononcé une allocution très inspirante auprès des

étudiantes et étudiants nouvellement arrivés à la Faculté.

Aminata Bal nommée par Concertation Montréal

pour intégrer la 6 e cohorte du Groupe des Trente

Faits saillants

Geneviève Saumier

Doyenne

Aminata Bal, adjointe à la doyenne, a été nommée par Concertation Montréal

pour intégrer la 6 e cohorte du Groupe des Trente. Le Groupe des Trente est un

programme d’engagement dont la mission est d’inspirer une relève diversifiée

en gouvernance pour enrichir les lieux décisionnels. Créée en 2017, cette initiative

réunit des expertes et experts pluridisciplinaires issus de groupes sous-représentés

qui sont impliqués ou désirent s’impliquer au sein de conseils d’administration.

Tout au long de leur mandat, les membres sont amenés à unir leurs compétences

et leur leadership pour réaliser des actions qui inciteront des personnes de leurs

réseaux à s’initier à la gouvernance.

2 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 3



Vie facultaire

Vie facultaire

Faits saillants

Dîner-causerie de la doyenne

Le Centre de développement professionnel (CDP) a organisé, les 20 et

26 novembre derniers, les Dîners-causeries de la doyenne à l’Institut de

tourisme et d’hôtellerie du Québec. Toujours très attendus et appréciés,

ces dîners constituent un moment privilégié de réseautage pour les

étudiantes et étudiants désireux de se lancer dans la course aux stages.

Dans une atmosphère à la fois décontractée et conviviale, la doyenne

Geneviève Saumier a chaleureusement accueilli la communauté étudiante,

offrant ainsi un cadre idéal pour des discussions enrichissantes et des

échanges dynamiques.

Ces deux soirées ont également permis aux participantes et participants

de mieux comprendre les attentes des employeurs, de découvrir de nouvelles

possibilités de stages et de recevoir des conseils avisés pour optimiser

leur parcours professionnel.

Deux ministres français visitent le Laboratoire de cyberjustice de l’UdeM

Le recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras, a accueilli au

Laboratoire de cyberjustice de l’Université de Montréal les membres

du gouvernement français Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux et

ministre de la Justice, et Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement

supérieur et de la Recherche. Ils étaient accompagnés d’une délégation

des universités de Paris, Bordeaux et Rennes. Toute l’équipe du

Laboratoire, dirigée par les professeurs de la Faculté de droit

Karim Benyekhlef et Nicolas Vermeys, était aussi sur place pour

présenter les travaux menés dans cette unité bien particulière.

La ministre québécoise de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry,

était présente pour l’occasion.

Visite d’une délégation de

l’Université Cheikh Anta Diop

Pendant qu’une cohorte d’étudiants et

étudiantes de la Faculté participait à l’école

d’été à Dakar, la Faculté a reçu la visite d’une

délégation de l’Université Cheikh Anta Diop

du Sénégal. Des discussions intéressantes ont

porté sur les approches innovantes en matière

de pédagogie afin de partager de bonnes

pratiques. Le P r Mohamed Bachir Niang,

vice-recteur chargé de l’administration et de la

finance, et le P r Kharouna Talla, directeur des

affaires pédagogiques, se sont entretenus avec

les P rs Patrick Garon-Sayegh, Pierre-Claude

Lafond, Michel Morin et Hugo Tremblay ainsi

qu’avec Patrik Maheux, adjoint au vice-doyen au

développement et à la qualité des programmes.

Il a notamment été question du nouveau programme

de baccalauréat, de l’enseignement

en utilisation des simulations de médiation et

de négociation ainsi que de différents modes

d’évaluation dynamiques.

École d’été pour l’option doctorale Innovation,

science, technologie et droit à la Faculté

Sept étudiantes et étudiants ont pris part à l’École d’été pour l’option

doctorale Innovation, science, technologie et droit. Au programme,

des classes de maître par le P r Jens Prüfer de l’Université de Tilburg

et par le professeur Pierre Larouche. L’ensemble des participantes et

participants ont été invités à présenter leur projet de thèse sous forme

de conférence universitaire.

Des échanges sur l’intelligence artificielle, les perspectives Nord-Sud sur

l’innovation, les savoirs traditionnels, l’innovation de rupture, les obligations

réglementaires de partage de données, la propriété intellectuelle, la responsabilité

sociale des entreprises (RSE), la gouvernance des plateformes, la

succession numérique et les contrats intelligents étaient au menu.

L’option doctorale Innovation, science, technologie et droit a pour

objectif de permettre aux étudiants et étudiantes de développer une

expertise quant au rôle du droit dans la promotion, la gouvernance et

l’encadrement de l’innovation, et ce, dans une perspective de droit

comparé ouverte à la réalité des économies émergentes.

Succès pour la

Summer School on

North American Law

Faits saillants

La bâtonnière

du Québec

de passage

à la Faculté

La bâtonnière du Québec,

M e Catherine Claveau, la

vice-présidente du Barreau

du Québec, M e Mylène Lemieux-Ayotte et la présidente du

Jeune Barreau de Montréal, M e Marie Flambard, étaient de

passage à la Faculté de droit pour rencontrer nos étudiantes

et étudiants dans le cadre d’une activité organisée par le Centre

de développement professionnel.

Voici quelques sujets qui ont été abordés :

• La pluralité du métier d’avocat;

• Le bien-être psychologique et les meilleures pratiques

pour le cultiver;

• La mission du Barreau et les perspectives d’implication.

La doyenne Geneviève Saumier a profité de cette activité

pour rencontrer l’équipe du Barreau afin de poursuivre les

discussions.

Trois membres de la Faculté

reçoivent la Médaille du

couronnement du roi Charles III

Josée Aspinall, directrice de la Clinique juridique, des

activités pratiques et du développement professionnel,

Stéphane Beaulac, professeur titulaire, et Jean Hétu,

professeur émérite, ont reçu la Médaille du couronnement

du roi Charles III. Cette distinction commémorative

vise à reconnaître les Canadiennes et Canadiens qui se

sont distingués par leur dévouement et leur engagement

ayant un impact significatif sur leur communauté, à

l’échelle locale, régionale ou nationale.

Prix Coup de cœur

pour l’École d’été

en Alberta

Michel Morin a remporté

un prix Coup de cœur dans

la catégorie « expérience

académique ou enseignante

innovante » pour l’organisation de l’École d’été

en droit autochtone. Cette nouvelle remise de

prix organisée par UdeM international récompense

les initiatives qui se sont démarquées

par leur originalité, leur caractère innovant et

leurs retombées significatives. Cette école d’été

représente un pas sur la voie de la réconciliation

avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis.

La Faculté de droit a accueilli, du 2 au

12 juillet, un groupe de 28 étudiantes

et étudiants internationaux en provenance

d’Australie, de France, de Belgique, des Pays-Bas et du Mexique dans le cadre

de la Summer School on North American Law. Un total de 11 séances théoriques

étaient à l’horaire, notamment : Quebec Civil Law and Canadian Bijuralism,

Canadian Constitutional Law, Canadian Criminal Law, Canadian Administrative

Law, North American Trade Law, Introduction to U.S. Law, Canadian Business

Law et Sustainable Development in Canada, Law and Economics.

Le groupe a également eu la chance d’interagir avec des auxiliaires juridiques

ainsi qu’avec l’honorable Frédéric Bachand lors d’une visite à la Cour d’appel, puis

d’assister à des audiences au Palais de justice de Montréal. Dans le cadre d’une

excursion à Ottawa, les étudiantes et étudiants ont visité le Sénat ainsi que la

Cour suprême du Canada, où ils ont pu discuter avec deux auxiliaires juridiques.

Un horaire bien rempli, agrémenté d’activités sociales pour découvrir Montréal

organisées par deux étudiants de la Faculté, Mathieu Gélinas et David-Alexandre

Bosset. Une belle initiative de Michel Morin, vice-doyen aux affaires internationales,

qui a relancé ce programme mis en veille depuis la pandémie et qui a permis de

revitaliser des liens avec nos établissements partenaires : l’Université d’Adélaïde,

l’Université de Gand, l’Université catholique de Louvain, Aix-Marseille Université

et l’Université de Guadalajara.

4 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 5



Vie facultaire

Vie facultaire

Nos professeures et professeurs

Miriam Cohen nommée au conseil d’administration

d’Avocats sans frontières Canada (ASF)

La P re Miriam Cohen affirme être ravie d’avoir l’occasion de contribuer à la poursuite

de la mission de cette ONG de coopération internationale qui résonne avec le

programme de recherche qu’elle dirige au sein de la Chaire de recherche du

Canada sur les droits humains et la justice réparatrice internationale, pour assurer

une protection accrue à l’encontre des violations des droits fondamentaux au

Canada et à l’international.

Miriam Cohen rencontre la communauté politique

Pour une quatrième année depuis 2018, le Centre sur les politiques scientifiques

canadiennes et le Bureau de la conseillère scientifique en chef du Canada ont

invité des chercheurs et chercheuses à participer à leur programme La science

rencontre le Parlement. Miriam Cohen figure parmi la délégation des 50 personnes

dont la candidature a été retenue. Elle a été nommée dans la catégorie Conseil de

recherches en sciences humaines – Chaires de recherche du Canada de niveau II.

Cette initiative canadienne a pour objectif de renforcer les liens entre les

communautés scientifique et politique, de favoriser un dialogue bidirectionnel et

de promouvoir une compréhension mutuelle par une participation à l’élaboration

de diverses politiques fédérales.

Miriam Cohen admise à la prestigieuse

Global Young Academy

Miriam Cohen fait partie de la cohorte des nouveaux membres de la prestigieuse

Global Young Academy (GYA) pour un mandat de 5 ans. Elle est la première

personne du corps professoral de l’UdeM à être admise dans cette organisation.

Très sélective, la GYA rassemble de jeunes scientifiques à l’échelle internationale,

âgés de 30 à 40 ans, pour engager des discussions d’importance mondiale.

Elle promeut la collaboration de chercheurs et chercheuses de multiples disciplines

qui ont pour dénominateurs communs l’excellence de leur carrière et leur volonté

de faire avancer des questions d’ordre sociétal.

Daniel Turp élu membre correspondant de

l’Académie des sciences morales et politiques

de l’Institut de France

L’Académie des sciences morales et politiques a élu Daniel Turp,

professeur émérite, correspondant de sa section Législation, droit public

et jurisprudence. En 2016, il y avait prononcé une allocution sur le thème

« Le Québec et le droit international ».

Il y siégera avec des juristes réputés tels que le doyen de section et

ancien président de la Cour internationale de justice Gilbert Guillaume,

le juge à la Cour pénale internationale Bruno Cotte et le professeur

émérite de droit constitutionnel de l’Université catholique de Louvain

Francis Delpérée.

Portrait de Miriam Cohen

dans Québec Science

La revue scientifique Québec Science, en partenariat avec

le Fonds de recherche du Québec, a réalisé un portrait de

la professeure et chercheuse Miriam Cohen sur son travail

portant sur les enjeux de la justice réparatrice internationale.

Avec le journaliste Maxime Bilodeau, elle revient sur des

moments historiques importants qui ont mené à la création de

la Cour pénale internationale (CPI) au début des années 2000.

Nomination de Miriam Cohen à titre

de rédactrice adjointe pour l’Annuaire

canadien de droit international publié

par Cambridge University Press

Subvention du programme Engagement

partenarial du CRSH pour Miriam Cohen

Nos professeures et professeurs

Miriam Cohen obtient une bourse de

recherche de l’Institut Max-Planck

La P re Miriam Cohen a obtenu une bourse de recherche

du Max Planck Institute for Comparative Public Law

and International Law, à Heidelberg, en Allemagne.

Elle y a séjourné lors de son année d’étude pour son

projet de recherche qui porte sur les réparations et

la justice climatique internationale.

Depuis sa création en 1961, l’Annuaire est une revue universitaire

renommée qui traite des questions de droit international à la

fois public et privé. Les auteures et auteurs du Canada et du

monde entier sont invités à soumettre des articles, des notes

ou des commentaires en français ou en anglais qui mettent

de l’avant une pensée critique dans tous les domaines du droit

international. L’Annuaire canadien de droit international vise

également à rendre la pratique canadienne en droit international

accessible aux universitaires, aux responsables de politiques

et aux juristes.

La P re Miriam Cohen a obtenu une subvention du programme

Engagement partenarial du Conseil de recherches en sciences

humaines du Canada (CRSH) dans le cadre du projet de

recherche intitulé « Changement climatique et réparation »,

qu’elle dirige avec les P rs Vladyslav Lanovoy (Université Laval)

et Armando Rocha (Université catholique de Lisbonne) ainsi

que Maria Antonia Tigre (directrice du Global Climate Change

Litigation du Sabin Center for Climate Change Law, Columbia

Law School), en partenariat avec le Global Network for Human

Rights and the Environment. Ce partenariat de recherche

consiste à éclairer les enjeux quant à la réparation relative aux

changements climatiques et à analyser les décisions et avis

consultatifs rendus par les principales juridictions régionales

et internationales en matière de changements climatiques.

6 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 7



Vie facultaire

Vie facultaire

Nos professeures et professeurs

Lancement de la nouvelle

publication de Nicolas Vermeys

Nicolas Vermeys, professeur et directeur du Centre

de recherche en droit public, ainsi que Mariève Lacroix,

professeure à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa,

titulaire de la Chaire-miroir Ottawa-Lyon « Les avatars de

la personne et les enjeux contemporains du droit privé

de la responsabilité » et codirectrice de l’Observatoire

pluridisciplinaire sur le devenir du droit privé, ont publié

le livre RESPONSABILITÉ.IA – Du droit québécois de la

responsabilité civile à l’égard de l’intelligence artificielle

paru aux Éditions Yvon Blais. Lors du lancement, une

table ronde, à laquelle participait aussi Céline Castets-

Renard, a permis aux auteurs de présenter leurs

réflexions sur la qualification juridique de l’IA, mais

également sur l’identification des agents qui se logent

derrière ses manifestations.

L’Observatoire du droit québécois

des valeurs mobilières, présidé par

Stéphane Rousseau, reçoit une

subvention de 500 000 $ sur 5 ans

de l’Autorité des marchés financiers

Dans le cadre de son Programme de partenariats stratégiques

en éducation financière, sensibilisation et recherche, l’Autorité

versera un montant total de 500 000 $ sur 5 ans qui permettra

de soutenir le groupe de recherche de l’Observatoire, formé

d’étudiantes et étudiants aux études supérieures ainsi que

d’une équipe professorale. Cette contribution permettra

aussi la tenue de séminaires, de tables de discussion et de

colloques offrant l’occasion aux intervenants et intervenantes

du secteur financier d’échanger et de réfléchir sur l’évolution

de l’encadrement réglementaire en valeurs mobilières.

Le président de l’Observatoire, Stéphane Rousseau, affirme

qu’avec le soutien financier de l’Autorité, « l’Observatoire

dispose des assises pour agir comme carrefour d’excellence

pour la recherche et la formation de jeunes chercheurs et

chercheuses sur les enjeux contemporains du secteur des

valeurs mobilières et devient un interlocuteur de premier plan

en matière d’encadrement des valeurs mobilières ».

Stéphane Beaulac prononce la conférence de clôture

pour l’année universitaire à Agadir, au Maroc

En juin dernier, le P r Stéphane Beaulac a eu l’honneur, comme invité de marque, de

prononcer la conférence de clôture pour l’année universitaire 2023-2024, à la Faculté

des sciences juridiques, économiques et sociales Ait Melloul, en collaboration avec le

Laboratoire de recherche en droit public et sciences politiques, à l’Université Ibn Zohr,

à Agadir, au Maroc. Le thème de son allocution, d’une durée de deux heures, était

« Droit international des droits humains à la Cour suprême du Canada : porte ouverte

aussitôt refermée ».

Han-Ru Zhou obtient une subvention

de la Chambre des notaires

Stéphane Beaulac remporte

le prix Germain Brière

Le P r Stéphane Beaulac a remporté le prix Germain Brière à la suite de la

parution de son article « L’égalité des armes – une expression bénie ? – en

droit processuel au Québec : le rôle du droit international » publié dans la

Revue générale de droit de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.

Ce prix, décerné chaque année en hommage à monsieur Germain Brière,

professeur émérite en droit civil, est attribué au meilleur article publié

dans la Revue générale de droit. Sur la base d’un principe d’alternance

annuelle, il distingue soit une auteure ou un auteur en début de carrière

(moins de 10 ans depuis l’obtention du premier diplôme universitaire),

soit une auteure ou un auteur d’expérience.

Nos professeures et professeurs

Lancement du livre d’Alain Roy

En septembre 2024, Alain Roy a lancé son Traité de droit de la famille, Tome 1 – La filiation.

Animée par le professeur et vice-doyen Stéphane Rousseau, cette soirée rassembleuse a permis

à plusieurs membres du corps professoral de la Faculté, à la doyenne Geneviève Saumier, aux

familles, amies et amis ainsi qu’à plusieurs membres de la magistrature de féliciter l’auteur.

Le juge, et ancien doyen de la Faculté, Benoît Moore, a prononcé une allocution en plus d’avoir

signé la préface du livre. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, était également sur

place pour soutenir ce projet d’envergure et adresser une allocution.

Dans le cadre du volet « Projets

d’impact » de son programme

général d’aide financière, la

Chambre des notaires du

Québec, par le biais du Fonds

d’études notariales, a octroyé

une subvention de 36 065 $ au

P r Han-Ru Zhou pour un projet

intitulé « Les grands arrêts

constitutionnels du Comité

judiciaire du Conseil privé ».

Ce projet comprend la publication d’un ouvrage collectif qui

regroupe 17 études répertoriant et analysant les arrêts les plus

marquants du Conseil privé rendus au Canada et dans le reste

du Commonwealth. Couvrant l’ensemble des domaines du droit

constitutionnel sur cinq continents, ces arrêts ont traversé le

temps et les frontières. Ils ont joué un rôle déterminant dans le

développement des principes fondamentaux des sociétés libres

et démocratiques.

Shana Chaffai-Parent nommée

membre d’un groupe d’experts

La P re Shana Chaffai-Parent a été nommée

membre du Groupe d’experts sur la procédure

civile du Barreau du Québec. Ce groupe étudie

toute modification législative ou réglementaire

en matière de procédure civile ainsi que toute

modification aux règles de pratique et de procédure

des tribunaux québécois en cette matière.

8 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 9



Vie facultaire

Vie facultaire

Nos professeures et professeurs

Catherine Régis rencontre

la Cour suprême du Canada

En mars 2024, la P re Catherine Régis et le P r Yoshua Bengio

ont été invités à la Cour suprême du Canada. À l’occasion d’un

déjeuner-causerie, la chercheuse et le chercheur éminents

dans le domaine de l’intelligence artificielle ont eu la chance

de discuter avec les juges de la Cour des enjeux de l’IA.

Cette rencontre a permis de démystifier certains éléments

et de continuer la réflexion quant à l’impact de l’IA sur

notre société.

Catherine Régis nommée Intellectual Forum Senior Research

Associate au Jesus College de l’Université de Cambridge

La P re Catherine Régis a été nommée en décembre dernier Intellectual Forum Senior

Research Associate au Jesus College de l’Université de Cambridge. Elle est enthousiaste

à l’idée de poursuivre sa collaboration avec la communauté scientifique de l’Université

de Cambridge avec laquelle elle a créé des liens dans la foulée du lancement de son livre

Human-centered AI – A multidisciplinary perspective for policy-makers, auditors, and

users. En tant que chercheuse associée, elle espère participer à de nouveaux projets

collaboratifs et interdisciplinaires impliquant cette communauté, tant en droit des

technologies qu’en droit de la santé, ses deux créneaux d’expertise.

Catherine Régis invitée au festival

The Future of Everything

La P re Catherine Régis a participé au festival The Future of Everything organisé par le

Wall Street Journal à New York le 21 mai dernier. Elle était panéliste pour l’événement

Ethical AI: Artificial Intelligence for Social Progress où elle a présenté les enjeux juridiques

canadiens et internationaux en IA, des exemples de pratiques responsables dans le

domaine ainsi que les particularités propres à l’écosystème montréalais. Plus de 1 200

personnes ont participé à ce festival qui explore les futures avenues les plus prometteuses

dans le milieu des affaires, des sciences et de la culture.

Catherine Régis dans l’équipe organisatrice

du séminaire Shaping the Future of AI and Health

La P re Catherine Régis, en collaboration avec les P rs Lionel Tarassenko de

l’Université d’Oxford et président du Reuben College, Pascal Marty, directeur

de la Maison française d’Oxford, et la D re Katia Wehbe, attachée scientifique

pour l’ambassade de France au Royaume-Uni, a organisé le séminaire

Shaping the Future of AI and Health qui s’est tenu les 9 et 10 septembre

derniers à Oxford. Des chercheurs et chercheuses du Québec, de la France

et de l’Université d’Oxford y participaient.

Ce premier atelier Oxford-Québec-France de la série « Façonner l’avenir

de l’IA » s’appuie sur des perspectives comparatives et interdisciplinaires

pour explorer les principales opportunités et défis sociaux liés au développement

et au déploiement de l’IA.

Nos professeures et professeurs

Vincent Gautrais obtient une subvention

Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines

Catherine Régis est nommée codirectrice du programme

de recherche de l’ICSIA

Félicitations au professeur et chercheur principal Vincent Gautrais pour l’obtention d’une

subvention Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) pour le projet

Décolonisation du droit du numérique dans l’espace OHADA de plus de 220 000 $.

Ce projet est soutenu par une équipe de onze chercheuses et chercheurs passionnés

provenant de huit universités. Ensemble, ils visent à repenser les législations numériques

en Afrique pour qu’elles répondent aux réalités locales et aux défis contemporains.

Trop souvent, les cadres juridiques africains dans le domaine du numérique reproduisent

des lois importées du Nord, sans considérer les spécificités des sociétés africaines.

En intégrant une approche décoloniale, ce projet cherche à offrir des solutions adaptées

pour permettre un développement numérique plus juste et inclusif en Afrique, tout en

impliquant activement les communautés locales dans le processus de création des

nouvelles normes.

Félicitations à toute l’équipe de recherche : Harith Al-Dabbagh, Évelyne Jean-Bouchard,

Arthur Oulaï, Mouhamadou Sanni Yaya, Ledy Rivas Zannou, Alex Alexis, Ibrahim Patrick

A. M. Congo, Emmanuel Darankoum, Karel Osiris Dogué, Mustapha Mekki, Anne-Thida

Norodom et Aboudramane Ouattara.

L’Institut canadien de recherches avancées (CIFAR) a nommé en décembre dernier Catherine Régis, professeure à la

Faculté de droit de l’Université de Montréal et membre de Mila – Institut québécois d’intelligence artificielle, codirectrice

du programme de recherche de l’Institut canadien de la sécurité de l’intelligence artificielle (ICSIA), nouvellement créé.

Annoncé lors du lancement de l’ICSIA à Mila, le programme de recherche financé par le CIFAR, axé sur la recherche

appliquée et l’enquête, permettra à des spécialistes du pays et de l’étranger d’examiner des sujets cruciaux liés à la

sécurité de l’intelligence artificielle (IA).

Titulaire d’une chaire en IA Canada-CIFAR, coprésidente du groupe de travail sur l’IA responsable du Partenariat

mondial sur l’IA et directrice de l’innovation sociale et des politiques internationales à IVADO, l’institut de recherche

et de transfert en intelligence artificielle, Catherine Régis est très engagée, tant à l’échelon local que sur la scène

internationale, relativement aux questions de gouvernance, de sécurité et de développement responsable de l’IA.

Elle codirigera le programme de recherche de l’ICSIA avec Nicolas Papernot, professeur adjoint au Département

d’ingénierie électrique et informatique au Département d’informatique et à la Faculté de droit de l’Université de Toronto

et membre de l’Institut Vecteur.

10 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 11



Vie facultaire

Vie facultaire

Nos professeures et professeurs

Harith Al-Dabbagh remporte le prix

Louise-Dandurand juillet 2024

Financement important du CRSH pour le projet

Législation, innovation et société (LEXIS)

Le projet de recherche Législation, innovation et société (LEXIS), dirigé par le

professeur titulaire à la Faculté de droit et chercheur au Centre de recherche

en droit public (CRDP) Pierre Noreau et par le coordonnateur scientifique

Yan Sénéchal, vient d’obtenir une subvention Partenariats du Conseil de

recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Ce prestigieux soutien

financier de 2,5 millions de dollars s’étend sur une période de 5 ans (2024-2029).

LEXIS est un partenariat de recherche consacré à l’étude des conditions

de la participation citoyenne à la définition des lois. Il réunit 61 cochercheurs

et cochercheuses et 28 collaborateurs et collaboratrices œuvrant dans

34 universités canadiennes et étrangères.

Le P r Harith Al-Dabbagh a remporté le prix Louise-Dandurand juillet 2024

du secteur Société et culture pour sa publication La réception au Québec

des gestations pour autrui délocalisées : la filiation post-tourisme procréatif

en mal d’institution parue dans la Revue canadienne de droit familial.

Ce prix est attribué par le Fonds de recherche du Québec et a pour but de

valoriser la place du français dans l’univers des publications scientifiques.

Le CRSH finance un partenariat entre

le Bureau du Principe de Joyce et la P re Karine Millaire

pour soutenir le droit à la sécurité culturelle

Une subvention d’engagement partenarial de 25 000 $ a été octroyée à la

P re Karine Millaire par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH)

afin de permettre la réalisation du projet « Guide de formation sur les droits

fondamentaux des usagers autochtones au respect du Principe de Joyce et à

la sécurité culturelle ». Initiative du Bureau du Principe de Joyce, ce projet vise

à coconstruire un outil pédagogique culturellement adapté qui permettra au

réseau d’ambassadaires du Bureau d’éduquer la population autochtone quant à

leurs droits fondamentaux et de développer des stratégies d’action pour mettre

en œuvre ces droits. Surtout, il permettra de traduire les droits des personnes

autochtones en matière de sécurité culturelle selon leurs conceptions du monde

et leur langage.

Sollicitée par le Bureau du Principe de Joyce afin de réaliser ce projet, la P re Millaire

affirme être « honorée » et accepter le mandat « avec humilité ». En collaboration

avec le Bureau et son équipe multidisciplinaire, la chercheuse travaillera notamment

avec des usagères et usagers autochtones des services ainsi que des personnes

aînées et porteuses de savoirs.

Conférence pour le centenaire

de la Loi sur le droit d’auteur

Nos professeures et professeurs

Pierre Noreau est lauréat du prix Partenariat 2024 du CRSH

Le professeur et chercheur de la Faculté de droit de l’Université de Montréal Pierre Noreau est lauréat d’un prix Impact 2024.

Les prix Impact, remis par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), mettent en lumière les meilleurs travaux

de chercheuses et chercheurs ainsi que d’étudiantes et étudiants effectués dans le cadre d’activités de recherche, de

formation en recherche ou de mobilisation des connaissances financées par le CRSH.

Pierre Noreau s’est vu décerner ce prix pour son consortium Accès au droit et à la justice (ADAJ), formé pour favoriser

l’accès équitable au droit et à la justice. Créé en 2015, ADAJ est un projet qui contribue de façon exceptionnelle à l’évolution

des connaissances sur le droit et la justice, à la formation de la relève et à l’instauration de la recherche collaborative au

Québec et au Canada. Ce consortium rassemble plus de 60 chercheuses et chercheurs de 10 universités et 70 partenaires

des milieux communautaire, institutionnel, universitaire et professionnel.

Pierre Noreau reçoit le Prix de la justice

Pierre Noreau se voit décerner par le ministre de la Justice et procureur général du

Québec, Simon Jolin-Barrette, le Prix de la justice du Québec 2022. La pandémie avait

retardé l’annonce et la remise du prix de l’édition de cette année-là. La distinction a donc

été remise au professeur le 1 er octobre 2024 au cours d’une cérémonie tenue à

l’Assemblée nationale en présence de la juge en chef du Québec, Manon Savard.

Ce prix est la plus haute distinction honorifique remise dans le domaine juridique.

Il souligne la carrière ou une réalisation importante d’une personne physique qui a

contribué de façon exceptionnelle à promouvoir, dans la société québécoise, les

valeurs de la justice.

Dans la foulée de la conférence organisée pour le centenaire

de la Loi sur le droit d’auteur par l’ALAI Canada où

il a prononcé une allocution, le professeur émérite de la

Faculté de droit et des sciences politiques de l’Université

de Nantes, André Lucas, était de passage à la Faculté de

droit de l’Université de Montréal pour un séminaire sur le

droit d’auteur et le droit international privé.

Ysolde Gendreau, professeure à la Faculté et viceprésidente

de l’ALAI internationale, Nicolas Vermeys,

professeur et directeur du Centre de recherche en droit

public, et François Le Moine, chargé de cours en droit de

l’art à la Faculté et qui préside l’ALAI Canada, ont participé

à l’organisation de cette conférence.

Hugo Tremblay lauréat du Concours

juridique de la Fondation du Barreau

Félicitations à Hugo Tremblay, et à son collègue Christophe

Krolik de l’Université Laval, qui ont remporté le prestigieux prix

dans la catégorie « Ouvrage collectif » du Concours juridique

de la Fondation du Barreau du Québec. Cette distinction leur

a été attribuée pour leur ouvrage Ressources naturelles et

énergie en droit québécois, publié par LexisNexis Canada

en 2023.

Ressources naturelles et énergie en droit québécois offre

une présentation détaillée du droit applicable aux ressources

renouvelables, non renouvelables et énergétiques au Québec.

Des experts et expertes présentent l’encadrement juridique

et le fonctionnement des principaux mécanismes dans des

chapitres synthétiques et pédagogiques. Les thèmes portent

sur le droit applicable aux forêts, les mines, les hydrocarbures,

les droits autochtones, l’efficacité énergétique et l’électricité.

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Vie facultaire

Vie facultaire

Nos étudiantes et étudiants

L’AED remporte le premier Coup de

cœur des activités d’accueil

L’Association des étudiantes et étudiants en droit (AED) s’est

vu remettre le prix Coup de cœur dans le cadre des activités

d’accueil 2023. Sous la thématique Les Olympiades, l’AED s’est

démarquée par la qualité de son organisation, la diversité de

sa programmation et, surtout, la promotion des valeurs comme

le respect et l’inclusion. Tous ces éléments ont impressionné

les membres du jury composé par la FAÉCUM, le Bureau du

respect de la personne, la Direction de la prévention et de

la sécurité, les Services à la vie étudiante, le CEPSUM et le

Vice-rectorat aux affaires étudiantes et aux études.

Sami Haderbache remporte

la 2 e place lors du concours

Ma thèse en 180 secondes

Le doctorant Sami Haderbache a remporté la 2 e place lors du

concours Ma thèse en 180 secondes. Il se questionne sur la

manière de protéger les juges de la politique. « Si vous allumez

votre télévision, vous lisez votre meilleur journal, il est de plus

en plus fréquent d’entendre parler d’une tyrannie odieuse et

infâme : celle des juges. » Que faire alors pour les protéger

au mieux et sauvegarder une indépendance judiciaire ?

Visite à la Cour d’appel du Québec

Des étudiantes et étudiants du cours Résolution

des différends (DRT 2233) donné par la P re Shana

Chaffai-Parent ont eu la chance de visiter la Cour

d’appel du Québec et d’assister à une audience

procédurale. Cette activité pratique leur permet

d’avoir une meilleure compréhension de certains

enjeux juridiques ainsi que de vivre en direct une

audience, enrichissant ainsi leur formation par

une expérience concrète et immersive.

Éloïse Bélanger reçoit une bourse

de 4 000 $ du Cirque du Soleil

et de la Fondation Aléo

Éloïse Bélanger, plongeuse médaillée d’or aux championnats

canadiens à l’hiver 2023, a récemment été récompensée par

une bourse de 4 000 $ accordée par le Groupe Cirque du Soleil

et la Fondation Aléo.

Étudiante en droit à l’Université de Montréal et titulaire

d’un baccalauréat en économie de l’Université de Californie,

Éloïse Bélanger vise désormais une qualification pour les

championnats du monde de Singapour en 2025.

Après son parcours sportif, elle espère entreprendre une

carrière d’avocate en droit international, droit des affaires,

fiscalité, ou une combinaison de ces domaines.

Nos étudiantes et étudiants

Un mémoire et une thèse de la Faculté

remportent un prix Minerve

Célia Elian lauréate du Prix du juge

en chef Richard Wagner 2024

Célia Elian s’est vu remettre le Prix du juge en chef Richard

Wagner de la Cour suprême du Canada pour la Faculté de

droit de l’Université de Montréal.

Ce prix est remis à une étudiante ou un étudiant qui a fait

preuve d’un leadership et d’un engagement exemplaires envers

la mission d’Étudiant(e)s pro bono du Canada (EPBC), soit la

prestation de services juridiques gratuits aux personnes et

aux communautés qui font face à des obstacles en matière

d’accès à la justice.

Célia Elian a eu la chance de s’impliquer au sein de la Clinique

juridique du YWCA, qui offre des ressources et de l’information

juridique depuis 1985 aux femmes dans le besoin.

Gabriel Lefebvre (LL. M. 2022) et Frédérick J. Doucet

(LL. D. 2023) ont remporté un prix Minerve 2023 pour leur

mémoire et leur thèse respectifs.

Gabriel Lefebvre a écrit son mémoire de maîtrise Les infortunes

de l’autisme de type Asperger en droit pénal canadien

sous la direction de la P re Anne-Marie Boisvert. Ce mémoire

offre un nouvel éclairage sur la transition en cours de l’institution

pénale contemporaine, d’une fonction essentiellement

morale et symbolique vers la gestion effective des risques

dans la société.

Frédérick J. Doucet a fait sa soutenance de thèse sous la

direction de la P re France Houle sur La reconnaissance

des qualifications des professionnels formés à l’étranger :

l’égalité réelle mise en œuvre au Québec ? De nombreuses

études tendent à démontrer qu’au Québec et au Canada, les

personnes immigrantes font face à divers obstacles pour accéder

au marché de l’emploi québécois, surtout lorsqu’il s’agit d’y

exercer une profession réglementée par un ordre professionnel.

Philippe D’Amour bénéficiaire

de la bourse Jacques Beaulne

Nous sommes heureux de souligner la remise de la bourse

Jacques Beaulne, offerte par la Chambre des notaires, à

Philippe D’Amour, étudiant à la maîtrise en droit notarial.

Cette bourse de 3 000 $ récompense l’excellence de son

dossier universitaire.

Nathalie Bélanger, responsable de programme de

maîtrise en droit notarial, ainsi que Jérémie Torres-Ceyte,

vice-doyen aux études de premier cycle et titulaire de la

Chaire du notariat, tenaient à féliciter le récipiendaire et à

souligner cette reconnaissance bien méritée pour son travail

et son engagement.

Assermentation de 26 nouveaux notaires

Le 26 avril 2024, vingt-six de nos diplômées et diplômés

de la maîtrise en droit notarial ont été assermentés devant

le président de la Chambre des notaires du Québec,

M e Bruno Larivière. Familles, maîtres de stages, corps

professoral et responsables de programme étaient présents

afin de célébrer cette étape importante.

Nous félicitons chaleureusement ces nouvelles et nouveaux

notaires et leur souhaitons une belle carrière.

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Vie facultaire

À l’international

Nos étudiantes et étudiants

Concours de plaidoirie

Coupe Gale Moot 2024

La chargée de cours Maude Pagé-Arpin a entraîné les étudiantes

Charlotte Lapointe, Sarah Turner, Andreea Popa et Marie de Guise

ainsi que la recherchiste Laurie Richard-Leduc lors de la 51 e coupe Gale.

L’équipe a remporté le prix du meilleur mémoire. Le duo formé d’Andreea

Popa et de Marie de Guise s’est rendu en finale et a gagné un prix pour

sa deuxième position. Soulignons également que la médaille Dickson

a été remise à Marie de Guise pour la meilleure plaidoirie en finale.

Coupe Sopinka 2024

L’équipe composée d’Alexandre Murdock

D’Amour, Christophe Stril, Karen Rubbo et

Émiliane Rancourt a été excellente en remportant

3 prix, une première pour la Faculté

en 20 ans. Alexandre Murdock D’Amour a

obtenu le prix de la meilleure déclaration

d’ouverture et Christophe Stril, celui de la

meilleure plaidoirie. Entraînée par le chargé

de cours M e François Allard, l’équipe de

l’Université de Montréal a également remporté

la coupe Sopinka, qui est remise à la

meilleure équipe universitaire canadienne.

Concours Laskin 2024

Alexandra Vas, Helena Zeng, Matthieu

Déborbe, Fabrice Tremblay et Zeina

Bshara, sous la direction du P r Stéphane

Beaulac, ont participé au Concours

Laskin. L’équipe a remporté le 1 er prix

pour les meilleurs mémoires (appelante

et intimé) parmi la quelque vingtaine de

facultés participantes, tant du Québec

que d’ailleurs au pays.

Kawaskimhon 2024

Deux équipes de la Faculté de droit ont fièrement

représenté l’Université de Montréal lors de la

30 e édition du concours Kawaskimhon qui s’est

tenue à Kamloops, sur le territoire traditionnel de

la Première Nation Tk̓emlúps te Secwépemc, en

mars 2024. Le chargé de cours Éric Cardinal a

entraîné Chloé Jean et Leana Maria Ramirez De

Hombre,qui ont représenté la partie autochtone Blueberry River First Nations, ainsi que

Kétura Daméus et Mathieu Gélinas, qui représentaient le gouvernement du Canada.

Soutenances

de thèse

Février

Ledy Rivas Zannou

Tchimou Yannick Kevin Aké

Mars

Frédérick Doucet

Avril

Karen Sandoval

Juin

Chirine Kilani

Abikè Yacoudou

Shana Chaffai-Parent

Septembre

Alex Silva Oliveira

Novembre

Arnaud Tellier-Marcil

Yingchao Yu

Décembre

Barnabas Dieudonné

Maelenn Corfmat

L’internationalisation en action :

Mobilité, partenariats et innovations

à la Faculté de droit

Chaque année, la Faculté de droit poursuit plusieurs activités

d’internationalisation, contribuant ainsi à enrichir les

parcours étudiants et à faire rayonner la Faculté et l’UdeM

à l’étranger.

Au courant de l’année 2023-2024, 35 étudiantes et étudiants

ont réalisé une session d’échange dans douze pays

différents, notamment en France, en Italie, au Portugal, au

Royaume-Uni, en Corée du Sud et en Australie.

Entre mai et juillet dernier, près de 120 étudiantes et

étudiants ont participé à l’une des inq écoles d’été organisées

par la Faculté en collaboration avec des établissements

partenaires. En compagnie de membres du corps professoral,

les participantes et participants ont voyagé en France (Aix-

Marseille Université), au Costa Rica (Universidad de Costa

Rica), au Sénégal (Université Cheikh Anta Diop), en Alberta

(communauté Chiniki) ou au Brésil (Institute for Technology

and Society). Ce fut l’occasion d’obtenir trois crédits de cours

et d’aborder des thèmes variés du droit, dans un contexte

Catherine Recher

Conseillère aux affaires internationales

universitaire et culturel dépaysant, mais extrêmement

formateur. L’école d’été en Alberta a notamment été lauréate

du prix Coup de cœur dans la catégorie « Expérience académique

ou enseignante innovante » dans le cadre des prix

remis par UdeM International pour honorer les projets

universitaires originaux et aux retombées significatives.

Sur le campus de Montréal, la Summer School on

North American Law, qui avait été mise en pause depuis

la pandémie, a de nouveau eu lieu en juillet. Elle a réuni

28 étudiantes et étudiants internationaux en provenance

d’Australie, de France, de Belgique, des Pays-Bas et du

Mexique. Le groupe a suivi 33 heures de cours, a assisté

à des audiences au palais de justice de Montréal et s’est

entretenu avec l’honorable Frédéric Bachand à la Cour

d’appel du Québec. Une excursion à Ottawa était également

au programme afin de visiter la Cour suprême et le Sénat.

La Faculté se réjouit également d’avoir mis sur pied un

nouveau programme de DESS en droit canadien. Celui-ci

vise à répondre aux besoins des personnes qui ont obtenu

un diplôme de premier cycle en common law à l’extérieur

du pays et qui souhaitent entreprendre un programme

d’admission au Barreau dans une province ou un territoire

canadien (autre que le Québec). Les cours sont spécifiquement

conçus pour répondre aux exigences fixées par le

Comité national sur les équivalences des diplômes de droit

(CNE) de la Fédération des ordres professionnels de juristes

du Canada. Dans le cadre d’une entente unique signée

avec l’Université d’Adélaïde, des personnes détentrices

d’un premier baccalauréat qui font leurs études en droit en

Australie bénéficieront d’un passage accéléré pour compléter

leur baccalauréat en droit et le DESS en droit canadien.

Enfin, la nouvelle équipe décanale en place depuis août

2025 poursuit plusieurs initiatives, et d’autres projets seront

également lancés au terme de la planification stratégique.

16 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 17



Du côté

du notariat

Clinique

juridique

Les défis du droit

international privé

pour les notaires

du Québec

Josée Aspinall

Directrice de la Clinique juridique,

des activités pratiques et du

développement professionnel

Trois déplacements

pour l’unité mobile

Nouvelle division

Nathalie Bélanger

Notaire honoraire – responsable du

programme de maîtrise en droit notarial

Bien que les enjeux de droit international privé ne soient

pas nouveaux, ils se sont multipliés avec la mondialisation.

Au Québec, comme dans de nombreuses autres juridictions,

nous faisons face à des situations juridiques de plus en

plus complexes qui transcendent les frontières.

Concrètement, dans la pratique notariale, des éléments

d’extranéité se superposent plus fréquemment aux

domaines traditionnels du droit notarial : couples mixtes,

mobilité des individus, mariages et divorces internationaux,

transmission de patrimoine à travers plusieurs juridictions,

sans oublier l’évolution du concept de famille, qui varie d’un

pays à l’autre. Ces questions transnationales obligent les

notaires à naviguer dans un contexte juridique de plus en

plus international.

Par exemple, le droit immobilier pose des défis liés à

l’acquisition et à la transmission de biens situés à l’étranger

par des résidentes et résidents québécois ou de biens situés

au Québec par des personnes étrangères. Les notaires

doivent s’assurer que les transactions respectent les lois

en vigueur tant au Québec qu’à l’étranger, sans oublier les

exigences fiscales qui peuvent différer considérablement

d’une juridiction à l’autre.

Le droit international privé en matière de droit de la

famille et du droit des successions connaît une évolution

constante qui contribue à la complexification du travail du

notaire. Ainsi, il n’est pas rare qu’un notaire doive conseiller

un type de clientèle soumis au régime matrimonial de son

pays d’origine, ce qui peut compliquer les transactions

immobilières, le partage des biens lors de la dissolution de

l’union ou encore la planification de la succession. La dévolution

successorale de biens situés à l’étranger ou encore la

dévolution successorale de biens situés au Québec à des

résidentes et résidents étrangers font partie du quotidien

de plusieurs notaires. Par ailleurs, bien que les unions

entre personnes de même sexe bénéficient d’une reconnaissance

croissante dans plusieurs juridictions, elles

continuent de poser des défis juridiques dans les pays

où elles ne sont pas encore reconnues.

Dans le domaine des affaires, les transactions internationales,

incluant les volets fiscaux, complexifient encore

la tâche des notaires. Cela exige une approche intégrée et

une connaissance approfondie des particularités de chaque

juridiction pour assurer le succès des opérations.

Cette internationalisation contemporaine des relations

juridiques, dans tous les domaines du droit, impose aux

notaires une maîtrise approfondie des règles relatives aux

conflits de lois et de juridictions ainsi qu’à la reconnaissance

et à l’exécution des jugements étrangers.

Le notaire est un for et une autorité. Dans son rôle

d’officier public, tout comme le juge, le notaire doit raisonner

à partir de sa règle de conflit. Si celle-ci donne compétence

à sa propre loi, il doit l’appliquer. Si, au contraire, la règle

mène à l’application du droit étranger, il doit rechercher

le contenu de la loi étrangère pour l’appliquer.

Face à cette complexité croissante, il est essentiel que les

notaires puissent évoluer dans un contexte international.

Pour y parvenir, ils doivent bénéficier d’une formation

adéquate et continue, leur permettant non seulement de

maîtriser les méthodes spécifiques du droit international

privé en vigueur au Québec, mais aussi d’adapter leurs

pratiques aux règles des pays étrangers.

En conclusion, l’aptitude des notaires à conseiller efficacement

leur clientèle sur des questions transnationales

constitue un atout précieux, enrichissant ainsi le domaine

du droit notarial et garantissant un service de qualité aux

citoyens et citoyennes du Québec.

De gauche à droite: Nicolas Beauchemin, Jordan Rancourt, Liam Rompré,

Karine St-Pierre, Daniel Sarracco, Lamia Lettifi et Zoé Bourcy

En janvier 2025, la Clinique juridique déployait sa

nouvelle division en protection des investisseuses et

investisseurs, qui a pour objectif de transmettre de

l’information juridique fiable et vulgarisée aux personnes

qui s’estiment victimes d’un manquement de la part

d’une ou un intermédiaire de marché financier en lien

avec leur portefeuille d’investissement.

Sous la supervision d’une avocate spécialisée en droit

des valeurs mobilières, les étudiantes et étudiants de

cette division tiennent des consultations individuelles et

animent des séances d’information auprès d’organismes

communautaires afin d’éclairer les investisseuses et

investisseurs de détail sur leurs droits et recours ainsi

que sur la manière de les exercer efficacement. Ils offrent

également des séances d’information dans les écoles

secondaires afin de sensibiliser la communauté étudiante

aux bonnes pratiques en lien avec la gestion de leurs

finances personnelles.

Ce projet est possible grâce au soutien financier

de l’Organisme canadien de réglementation des

investissements (OCRI).

Debout de gauche à droite, en commençant à l’arrière : David Tremblay, Kamil Kowalski, Alexandra

Laporte, Rania Marzouki Zerouali, Steve Alam, Marylene Lirette, Angela Sarkis-Ohana, Vineshvaren

Armoogum, Sara Soheili, Cristina Popa, Maelys Buteau-Leduc, Jacob Poirier-Leduc. Devant à

genoux, de gauche à droite : Shuang Liang, Bettina Agîrbicianu, Laurence Lehouillier, André Rivest

Soucieuse de favoriser un meilleur accès à la justice sur

l’ensemble du territoire québécois, la Clinique juridique

a déployé une unité mobile qui a pour but de se déplacer

dans les régions plus éloignées afin de proposer des services

juridiques de proximité. Nos étudiantes et étudiants

fournissent alors des conseils juridiques individuels et

personnalisés en plus de transmettre de l’information

juridique plus générale dans différents lieux publics

(p. ex. : bibliothèques, centres commerciaux, résidences

pour personnes âgées, etc.). Ce projet est également

l’occasion d’attirer leur attention sur les réalités socioéconomiques

d’une région du Québec et sur les possibilités

professionnelles qu’elle peut offrir.

En 2023-2024, l’unité mobile était de passage à

Rouyn-Noranda et à Rimouski. En mars 2025, elle était

au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les étudiantes et étudiants

ont pu ainsi mieux comprendre les besoins juridiques

spécifiques de ces communautés et renforcer leur engagement

envers l’accès à la justice. Cette initiative a connu un

franc succès, permettant d’accompagner un grand nombre

de citoyens et citoyennes tout en sensibilisant les juristes

de demain aux réalités du terrain.

Cette initiative est possible grâce au soutien financier

du ministère de la Justice du Québec.

18 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 19



Grand dossier

Mot de la rédactrice

en chef

Aminata Bal

Adjointe de la doyenne

Grand dossier

Horizons juridiques :

le droit au-delà

des frontières

Au regard de l’échiquier mondial actuel, le rôle des juristes n’a jamais été aussi fondamental.

Plus que de simples observateurs et observatrices, vous êtes les architectes d’un ordre

juridique qui concilie souveraineté étatique et coopération mondiale, sécurité et libertés

fondamentales, impératifs économiques et justice sociale. En tout état de cause, vous

proposez des solutions équilibrées qui englobent plusieurs défis qui semblent parfois

difficilement conciliables.

Chers et chères juristes, vous jouez un rôle crucial, décisif, telle une main invisible dans

l’appréhension et la conjonction de dynamiques complexes. Vous êtes les gardiens et

gardiennes des principes fondamentaux du droit international et les maîtres d’œuvre

de son évolution. Ce numéro rend hommage non seulement à votre savoir sur le plan

fondamental, mais également à votre carrière de praticiens et praticiennes.

En réalité, ce qui caractérise notre grande et belle communauté, c’est cette ambition

de dépassement et d’ouverture à divers horizons, ici et au-delà des frontières.

D’un pays à un autre, d’un continent à un autre, le droit se lance et se transforme

sous votre expertise.

Chers diplômés, chères diplômées, vous incarnez aussi des professionnelles et

professionnels internationaux contribuant à la construction de ponts entre différentes

cultures. Nous saluons avec fierté et reconnaissance votre capacité à imprimer votre

marque dans un contexte de mondialisation où les possibilités ne connaissent plus

de limites. Vous insufflez votre savoir à nos étudiantes et étudiants, vous préparez

une relève qui vous représente et qui nous représente avec assurance et ardeur.

« Le droit est

le souverain

du monde. »

– Mirabeau

Finalement, sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons voulu modestement, mais

avec une grande passion, ouvrir des perspectives sur l’avenir des normes juridiques

dans un monde interconnecté.

Je ne puis terminer sans souligner à nouveau le caractère distinctif de notre ADN

profondément imbriqué dans une aura d’innovation. À travers notre histoire, de

Grandes Femmes et de Grands Hommes ont brisé des barrières avec détermination,

dans un esprit de dépassement, en jouant un rôle influent et majeur dans l’avancement

de la société québécoise et à l’international. Nous poursuivons donc cette rubrique

qui met de l’avant leur empreinte indélébile.

Nous espérons chaleureusement que ce numéro vous apportera des réponses ou,

du moins, lancera des pistes de réflexion qui nourriront votre compréhension.

Bonne lecture !

Aminata Bal

Rédactrice en chef

20 Droit Montréal N o 31 / 2025

Droit Montréal N o 31 / 2025

21



Grand dossier

La « doctrine Trump »

à l’international : la fin

de la pax americana ?

* Ce texte a été publié dans La Presse le 25 février 2025

Miriam Cohen

Professeure agrégée et titulaire de la Chaire de recherche du Canada

sur les droits humains et la justice réparatrice internationale

Grand dossier

Stéphane Beaulac

Professeur titulaire et spécialiste de droit international public

Un minimum de perspective historique rappellera

que la « doctrine Monroe » amena les États-Unis, au

XIX e siècle, à s’affirmer pour la première fois avec force

à l’international, remplaçant le colonialisme européen

dans les Amériques par les ambitions impérialistes

de l’Oncle Sam. Pierre angulaire de la politique étrangère

américaine, elle a accompagné son essor fulgurant sur

les plans économique et militaire, et, au moment d’établir

le nouvel ordre onusien en 1945, conduit naturellement

les États-Unis à assumer le leadership mondial (même en

contexte de guerre froide) s’agissant des relations internationales

fondées sur un ordre juridique fort, quoiqu’imparfait.

La pax americana, comme nos collègues de la Société

québécoise de droit international l’écrivaient récemment,

« a permis au monde de coexister et de connaître une ère

relative de stabilité et de prévisibilité ».

D’autres doctrines américaines en matière d’affaires

étrangères ont été articulées, certes, dont la récente

« doctrine Bush », suivant les attentats terroristes du

11 septembre 2001. Déjà, on y voit une fronde contre le

principe cardinal de l’interdiction de la menace ou de

l’usage de la force, avec l’idée d’interventions militaires

« préventives » dans le cadre de la guerre contre le

terrorisme. Le gâchis en Irak a mis en évidence qu’il est

hautement risqué d’ainsi remettre en question les piliers

du temple de la stabilité internationale de l’ordre onusien.

Soulignons toutefois que même dans le contexte de l’invasion

de 2003, loin d’en faire fi, le narratif guerrier américain

était présenté eu égard au droit international (résolution

1441, légitime défense, etc.) et aux institutions de l’ONU

(Conseil de sécurité, Agence nucléaire, etc.).

La nouvelle administration américaine du président

Donald J. Trump est en train de faire beaucoup plus de

dommages que la doctrine Bush. Ce que d’aucuns appellent

déjà la « doctrine Trump » est, ni plus ni moins, un assaut

direct et majeur contre les fondements de l’ordre juridique

international et de ses institutions qui, à terme, sonnera

sans doute le glas de la pax americana.

Dans un mépris renouvelé pour le droit international

et les droits de la personne, la nouvelle administration

a notamment imposé des droits de douane (« tarifs »),

contrairement aux accords internationaux en vigueur,

ainsi que des sanctions contre la Cour pénale internationale

(CPI); elle s’est d’ailleurs retirée de nombreuses organisations

et traités multilatéraux, et a proposé des revendications

territoriales en violation des principes de souveraineté des

États et d’autodétermination des peuples. Plusieurs autres

exemples d’attaques frontales contre le droit international

pourraient être mentionnés, et des menaces futures sont

hélas fort probables. Ce changement n’en est pas un

d’orientation, mais constitue plutôt le rejet du paradigme

même de l’existence d’un ordre juridique international,

dont la genèse se rattache à la paix de Westphalie de 1648.

Un assaut contre la justice internationale

L’un des premiers actes de l’administration Trump en 2025

fut l’adoption d’un décret exécutif imposant des sanctions

contre la CPI et ses fonctionnaires, et ce, en dépit du fait

que le Sénat américain avait voté, à la fin janvier, contre le

projet de loi qui permettrait de telles sanctions. Le décret

a utilisé des mesures économiques et diplomatiques pour

sanctionner la Cour, qui détient un mandat crucial dans la

lutte mondiale contre l’impunité pour les crimes les plus

graves. L’administration Trump a accusé la CPI de cibler

injustement les États-Unis et leurs alliés, dont Israël. Pas

moins de 79 États membres de la Cour, incluant le Canada,

ont répondu à cette conduite par une déclaration de «

soutien indéfectible » à la Cour.

Le retrait des États-Unis du multilatéralisme

Si l’administration américaine a attaqué la CPI et sa mission

même, ces actes de mépris vis-à-vis de la coopération internationale

ne se sont pas arrêtés à la juridiction internationale

de La Haye. À peine quelques semaines après le début de

son mandat, l’administration américaine a annoncé le retrait

des États-Unis de plusieurs organisations et traités internationaux,

notamment l’Organisation mondiale de la santé

(OMS), le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies

et l’Accord de Paris sur le climat. Ces retraits, vraisemblablement

motivés par une rhétorique nationaliste du

« America first », ont pour effet de désengager des efforts

collectifs visant à résoudre des défis mondiaux – du

changement climatique aux crises humanitaires et sanitaires

–, d’affaiblir la gouvernance internationale et de

menacer l’efficacité des régimes multilatéraux.

Les menaces d’annexion territoriale, la remise

en cause de l’interdiction au recours à la force

et du droit à l’autodétermination

Un aspect s’avère particulièrement troublant, soit les

déclarations explicites du président américain quant à sa

volonté d’annexer des territoires – le Canada, le Groenland,

Gaza… –, remettant en cause les principes d’égalité souveraine

des États et d’intégrité territoriale, ainsi que le droit

à l’autodétermination des peuples, pierres d’assise du droit

international enchâssées dans la Charte des Nations Unies.

Cette dernière interdit catégoriquement non seulement

l’emploi de la force, mais aussi la menace au recours à la

force. Dans la même veine, la déportation ou le transfert

de la population palestinienne de Gaza (« prendre le

contrôle » de Gaza) évoqué par le président peuvent

également constituer des crimes internationaux, à savoir

un crime de guerre ou, à certaines conditions, un crime

contre l’humanité. En faisant fi de l’avis récent de la Cour

internationale de justice reconnaissant le droit des

Palestiniennes et Palestiniens à l’autodétermination, les

États-Unis minent les principes sur lesquels l’ordre juridique

onusien s’est déployé depuis 1945. Plus récemment, la

nouvelle administration a fait volte-face en ce qui concerne

la position des États-Unis sur la guerre en Ukraine.

La résilience du droit international face

aux menaces de Trump

Ces attaques systématiques contre l’ordre juridique

international révèlent une volonté de remodeler le système

mondial selon une logique unilatérale, où les forces militaire

et économique priment sur l’État de droit et la coopération

internationale. Une telle approche ouvre la voie à une

ère sombre.

Mais ces temps inquiétants peuvent aussi devenir

une opportunité en or pour affirmer haut et fort que,

pax americana ou non, la communauté internationale

n’acceptera pas de mettre à la poubelle les acquis

chèrement construits depuis 1945, voire 1648.

Composée d’États souverains, celle-ci devra adopter une

réponse coordonnée à ces violations et réagir résolument

à toutes ces atteintes, voire ce mépris du droit international.

Or, la communauté internationale ne se résume pas aux

États-Unis : il s’avère plus important que jamais que les

États – et le Canada doit jouer un rôle de leader en ce sens

– redoublent d’efforts pour défendre l’état de droit international.

Il appartient aux fondateurs du multilatéralisme,

puisque le grand frère américain semble l’oublier, de rappeler

que l’ordre juridique international contemporain fut construit

dans les cendres de la Seconde Guerre mondiale, et ce,

justement pour que la folie d’un seul homme ne puisse plus

mettre en péril l’humanité.

C’est dans les moments les plus difficiles que, quelle que

soit la « doctrine » du jour, le monde a besoin de la résilience

du droit international et de ses institutions. DM

22 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 23



Grand dossier

Les cours internationales à l’heure de

la transformation de l’ordre mondial

Olouwafêmi Rodrigue Oloudé

Doctorant en droit international (LL. D.)

Responsable des communications,

des relations et activités étudiantes

- CRDP

En ces temps de multiples crises globales, les cours

et tribunaux internationaux tiennent une place fondamentale

dans le maintien de l’ordre juridique international,

en apportant des solutions pacifiques aux

différends et en protégeant les droits humains

et l’état de droit international. Dans ce cadre, la Cour

internationale de justice (CIJ), la Cour pénale internationale

(CPI) et le Tribunal international du droit de la mer (TIDM)

jouent un rôle crucial. Ces juridictions incarnent la volonté

collective de soumettre certains litiges à des tribunaux

supranationaux, d’éclairer certaines questions de droit

international et de poursuivre les crimes les plus graves

commis par des individus. Quels sont leurs rôles dans la

justice internationale et à quels défis sont-elles confrontées ?

En analysant ces trois cours internationales, nous discuterons

des enjeux et perspectives de la justice internationale.

La Cour internationale de justice (CIJ)

La CIJ, créée en 1945 et basée à La Haye, est l’organe judiciaire

principal des Nations Unies. Ainsi, dans sa fonction

contentieuse, la Cour – dont il s’agit de la mission première

– est chargée de régler, conformément au droit international,

les litiges qui lui sont soumis par les États. Elle n’a donc pas

juridiction sur les individus, mais uniquement sur les

différends entre États, tels que les conflits frontaliers,

les questions de souveraineté, ou les violations des traités

internationaux. Tout comme son ancêtre la Cour permanente

de justice internationale (CPJI), la CIJ a pour raison d’être de

favoriser le règlement non violent des désaccords entre États.

En dehors de cette fonction contentieuse, la CIJ dispose

d’un rôle consultatif lui permettant d’être consultée, relativement

à toute question de droit, par un organe ou une

institution spécialisée des Nations Unies. Notamment,

c’est à ce titre que la Cour – saisie par l’Assemblée générale

des Nations Unies (A/RES/77/276 du 29 mars 2023) voulant

donner suite aux initiatives de certains petits États insulaires

– se penche présentement sur les obligations qui incombent

aux États pour lutter contre le changement climatique et

les conséquences juridiques qui doivent en découler à

l’aune du droit international.

Le Tribunal international du droit de la mer (TIDM)

Le TIDM, créé en 1982 par la Convention des Nations Unies

sur le droit de la mer (convention de Montego Bay) et siégeant

à Hambourg, est officiellement entré en fonction en 1996.

Sa compétence, restreinte au domaine du droit de la mer,

lui permet de connaître des différends soumis par les États

ou les organisations internationales et se rapportant à l’interprétation

et l’application de la convention dont elle

émane. Le TIDM dispose également d’une compétence

consultative. C’est faisant usage de cette compétence que

le Tribunal a récemment rendu son avis – datant du 21 mai

2024 – portant sur les obligations des États en matière de

lutte contre les effets néfastes du changement climatique

sur le milieu marin.

Tout en étant auréolée d’un bilan globalement apprécié,

notamment une jurisprudence en constante évolution,

cette juridiction partage avec ses « consœurs » de nombreux

écueils.

La Cour pénale internationale (CPI)

La CPI, aussi basée à La Haye, a été créée en 2002 par le

Statut de Rome. Elle se concentre sur les crimes graves

affectant l’ensemble de la communauté internationale, tels

que le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre

l’humanité et, plus récemment, le crime d’agression.

Contrairement à la CIJ, la CPI a compétence sur les individus,

et non sur les États.

Cette juridiction permanente à vocation universelle, dont

l’avènement a été perçu comme une avancée majeure en droit

international pénal, a très tôt dû faire face à des controverses

qui perdurent. En effet, plusieurs examens préliminaires

ouverts par le Bureau du procureur ont valu à la Cour

l’hostilité de dirigeants mis en cause ou de leurs États.

À titre illustratif, la Russie, en réaction aux conclusions du

Bureau du procureur sur la situation en Ukraine, a privé

Photo : Frank van Beek - Avec l’aimable autorisation de la CIJ Photo : TIDM

d’effet sa signature au Statut de Rome. Singulièrement, des

poursuites entreprises contre des chefs d’État en exercice,

notamment les mandats d’arrêt contre Omar Al Bashir,

Vladimir Poutine, Benyamin Nétanyahou et les citations

à comparaître contre Uhuru Kenyatta, ont provoqué de

véhémentes oppositions et ne semblent pas pouvoir un

jour prospérer. L’appétence de la Cour pour les dirigeants

africains a particulièrement irrité l’Union africaine, entraînant

un refus de coopérer à l’exécution de ses décisions 1 .

Au total, dans l’accomplissement de sa mission qui est

de mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus

graves et de dissuader d’autres individus de les commettre,

la CPI a ouvert une vingtaine d’enquêtes et engagé une

trentaine d’affaires. Elle a prononcé une dizaine de condamnations,

dont la dernière est celle d’Abdoul Aziz Al Hassan

à 10 ans d’emprisonnement le 20 novembre 2024 pour des

crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à

Tombouctou, entre le 2 avril 2012 et le 29 janvier 2013,

pendant que cette partie du territoire malien était sous

le contrôle des groupes armés d’Ansar Dine et d’Al-Qaïda

au Maghreb islamique. Ce bilan – corollaire de la politisation

de la Cour, de la défiance à son égard et de ses dysfonctionnements

internes – déteint sur sa crédibilité et, partant,

sur son efficacité.

Les défis de la justice internationale

Malgré leurs contributions, les cours internationales font

face à des défis importants. Le premier est l’aspect coercitif :

en l’absence de forces policières, ces cours internationales

dépendent largement de la volonté des États. Même si

les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes

à l’égard des États parties au litige, leur exécution reste

tributaire de la coopération des États parties. De la même

manière, la CPI, sans mécanisme propre d’application, dépend

des autorités nationales pour arrêter et transférer les suspects,

ce qui peut compliquer les procédures.

Un autre défi majeur est le financement de ces cours.

La justice internationale, en particulier la CPI, requiert

des ressources financières importantes pour mener des

enquêtes approfondies et garantir des procès équitables.

Or, les contributions des États parties ne suffisent pas

toujours, et certains États membres retardent leurs paiements,

ce qui met en péril les opérations de la Cour.

Perspectives d’avenir

Pour que la justice internationale puisse adéquatement

remplir son rôle, une meilleure coopération entre les États

est essentielle, notamment pour l’exécution des décisions

des cours internationales. Elle favoriserait indéniablement

l’amélioration de l’efficacité de la CIJ, de la CPI et du TIDM.

Particulièrement, promouvoir une adhésion plus large au

Statut de Rome permettrait d’accroître la compétence de

la CPI. Une adoption universelle constituerait, en effet, un

engagement mondial au profit de la lutte contre l’impunité.

Mais cette promotion doit aller de pair avec celle de

l’objectivité de la Cour.

En somme, les cours internationales jouent une indispensable

partition dans le système de justice internationale.

Bien que leur rôle et leur efficacité soient souvent remis en

question, elles représentent un espoir pour les victimes de

crimes graves et un instrument essentiel pour la paix et la

sécurité internationales. Dans un ordre mondial en crise,

le droit international est plus important que jamais pour

juguler les tensions entre États et protéger les populations

ainsi que l’environnement. DM

1. Julian Fernandez, Droit international pénal, 3 e éd., coll. Manuel,

Paris-La Défense, LGDJ, 2024, p. 127‐158.

Grand dossier

24 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 25



Grand dossier

Le droit international en 2025 :

l’urgence d’une audacieuse réforme

Daniel Turp

Professeur émérite

À l’Université de Montréal et dans à la Faculté de droit

de l’Université de Montréal, le droit international a

toujours occupé une place privilégiée. Si les premiers

enseignements en droit des gens sont donnés au

début du XX e siècle par l’avocat et homme politique

Rodolphe Lemieux, c’est le Pr Jacques-Yvan Morin

qui, en sa qualité de premier professeur de carrière

de droit international, insufflera un véritable élan

à l’enseignement de la matière.

Le P r Morin convainc le doyen Maximilien Caron de faire du

cours d’introduction au droit international un enseignement

obligatoire dès la première année des études de premier

cycle. Il se fera aussi un devoir de donner ce cours introductif

tout au long de sa carrière universitaire, y compris à son

retour de la vie politique en 1984 et après avoir assumé la

fonction de vice-premier ministre du Québec durant les

gouvernements de René Lévesque.

Jacques-Yvan Morin et Daniel Turp

Le cours d’introduction au droit international public est

maintenant offert en deuxième année et demeure toujours

obligatoire. D’autres éminents professeurs de carrière ont

été chargés de cet enseignement dans l’histoire de la Faculté,

qu’il s’agisse notamment de Christian Vincke, Michel Lebel,

Francis Rigaldies et José Woehrling ou du signataire du

présent article. Aujourd’hui, ce sont le P r Stéphane Beaulac et

les P res Isabelle Duplessis, Suzanne Lalonde et Miriam Cohen

qui initient les étudiants et étudiantes du baccalauréat

au droit international. Un nombre significatif de cours

optionnels créés durant les dernières décennies et parmi

lesquels on compte par exemple le droit des relations économiques

internationales, le droit international des droits

de la personne, le droit international du travail, le droit

international de l’environnement et le droit de l’Union

européenne sont aussi donnés dans notre faculté de droit.

De l’impuissance du droit international

Mais qu’en est-il du droit international public aujourd’hui ?

Ne devrait-on pas conclure à son impuissance lorsque

des États membres des Nations Unies sont responsables

d’incontestables agressions contre d’autres États membres

de la même organisation ? N’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter

du fait que le Conseil de sécurité est empêché d’entreprendre

toute action qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement

de la paix et de la sécurité internationales en

réponse à ces agressions?

Devrait-on conclure à la déliquescence du droit international

lorsque l’on constate que des États refusent de prendre

en compte les avis consultatifs de la Cour internationale

de Justice (CIJ) ? Et que dire des violations quotidiennes

des droits les plus fondamentaux par trop de membres

des Nations Unies, en dépit d’une Déclaration universelle

des droits de l’homme et d’un nombre imposant d’autres

instruments internationaux créant pour les États des obligations

d’assurer le respect de tels droits ?

Et comment peut-on passer sous silence les ventes

d’équipements militaires effectuées en contravention du

Traité sur le commerce des armes ? L’on ne peut guère non

plus se réjouir par ailleurs du fait que les deux grandes

fonctions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC),

les négociations commerciales internationales et la procédure

de règlement des différends, sont aujourd’hui devenues

inopérantes. Et même si chaque conférence des

parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les

changements climatiques, mais également à son protocole

de Kyoto et à l’Accord de Paris, se termine par un consensus,

comme ce fut récemment le cas à Bakou en Azerbaïdjan,

les écosystèmes de la planète n’ont jamais été aussi menacés.

De la lumière dans le tunnel du droit international

Mais n’y a-t-il pas parfois de la lumière dans le tunnel

du droit international ? N’a-t-on pas assisté récemment à la

décision du Royaume-Uni de rétrocéder l’archipel de Chagos

à l’Île Maurice en réponse à l’avis consultatif de la CIJ du

25 février 2019 sur la question des Effets juridiques de la

séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965 ?

Même s’ils bénéficieront de la présomption d’innocence

jusqu’à un jugement de la Cour pénale internationale, la

délivrance par celle-ci de mandats d’arrêt contre des chefs

d’État et de gouvernement ainsi que par d’autres personnes

soupçonnées d’avoir commis des crimes internationaux

tend à suggérer que de tels crimes pourraient ne pas

rester impunis. Et combien d’institutions spécialisées des

Nations Unies et d’autres organisations internationales ne

réussissent-elles pas à faire appliquer de façon efficace

par leurs États membres les règles issues de traités internationaux,

comme l’Organisation mondiale de la Santé,

l’Organisation de l’aviation civile internationale

et l’Union postale universelle, pour ne prendre que

quelques exemples ?

De l’urgence d’une audacieuse réforme

Mais pour qu’il y ait encore et davantage de lumière au

bout du tunnel, nous sommes dans l’urgence, celle d’une

audacieuse réforme. Si l’on croyait que l’unité politique de

la communauté internationale serait bien prise en charge

avec l’adoption de la Charte des Nations Unies, cette unité

politique est aujourd’hui plus que jamais menacée et cette

charte et l’organisation qu’elle a instituée ne semblent

plus être les instruments par lesquels cette unité pourrait

être achevée.

Nous sommes dans l’urgence. S’impose dès lors une

réforme de l’organisation internationale, une telle réforme

pouvant prendre la forme d’un projet de création d’une Union

mondiale et l’adoption d’une Constitution de l’Humanité.

Bien que la situation prévalant aujourd’hui ne soit pas la

même que celle de l’époque où l’on a décidé de remplacer

la Société des Nations par l’Organisation des Nations Unies,

une solution similaire à celle retenue semble nécessaire

et devrait donner lieu à la convocation d’une Conférence

pour une Union mondiale dont l’objectif serait l’adoption

d’une Constitution de l’Humanité.

Le défi de rédaction d’une future Constitution

de l’Humanité serait d’assurer une continuité entre

l’Organisation des Nations Unies et la nouvelle entité

qui lui succéderait. Un nouveau Traité établissant une

Constitution pour l’Humanité devrait en outre contenir

des dispositions innovatrices, telle l’institution d’une

citoyenneté de l’Union mondiale. Aux titulaires d’une telle

citoyenneté, le traité devrait garantir les droits énoncés

dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Et l’on devrait y insérer également une Charte des droits

fondamentaux de l’Humanité dans laquelle l’Union et

ses États membres, ainsi que les personnes détenant

la citoyenneté de l’Union, s’engageraient à reconnaître

les droits de l’Humanité elle-même. Et pourquoi ne pas

y reconnaître un droit universel des peuples à disposer

d’eux-mêmes, à déterminer librement leur statut politique

et à assurer librement leur développement économique,

social et culturel ? L’établissement de Forces de paix de

l’Humanité et la création d’un Tribunal de l’Humanité

à la compétence de laquelle tous les membres seraient

obligatoirement soumis compteraient également parmi

les dispositions d’une Constitution pour l’Humanité*.

Si l’idée de réformer l’organisation internationale en faisant

la promotion de l’adoption d’une Constitution

pour l’Humanité peut paraître irréaliste ou utopique,

cette promotion ne relève-t-elle pas du rôle qu’une ou

un professeur d’université, en s’appuyant sur sa liberté

d’enseignement, peut être appelé à jouer en société, soit

celui de passeur, d’initiateur, d’inventeur et, pourquoi pas

aussi, de rêveur ?

C’est d’ailleurs en pensant à mon collègue, mentor et

ami Jacques-Yvan Morin, mais également à l’ensemble

des collègues internationalistes qui m’ont précédé et me

succèdent aujourd’hui – et aux générations passées, présentes

et futures des étudiants et étudiantes de la Faculté

de droit de l’Université de Montréal – que je conclus ce

texte en m’inscrivant dans la lignée de ceux et celles qui

pensent que l’on peut changer le monde. Et que le règne

du droit – et du droit international en particulier – peut

l’emporter sur l’empire de la force. DM

* Pour prendre connaissance du texte intégral d’un projet de Constitution

pour l’Humanité, voir Daniel Turp, L’adoption et le contenu d’une constitution

de l’Humanité, Notes pour une communication à la Conférence annuelle

du Conseil canadien de droit international, 2 novembre 2023, en ligne :

https://57ffe459-5fda-4a1f-b09e-abe87deb7aa1.usrfiles.com/ugd/

e4db11_04afc9a911a942e1aec72bb605b26f18.pdf

Grand dossier

26 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 27



Grand dossier

Le commerce au

service de la paix :

pour une relecture du

« doux commerce »

de Montesquieu

Introduction

Depuis Montesquieu et sa théorie du « doux commerce » (1748), les échanges commerciaux ne sont plus

simplement considérés comme un moteur de croissance économique et de prospérité, mais plus largement

comme un facteur de paix et de stabilité entre nations commerçantes. L’idée est ainsi entendue que le commerce

international favorise des gains mutuels pour les États sur le plan tant économique que social. Ainsi donc, lorsque

le GATT de 1947 fut mis en œuvre au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sa vocation n’était pas seulement

de libéraliser le commerce des marchandises. En filigrane, les parties contractantes espéraient qu’il contribue à

garantir la paix. Et c’est dans ce même esprit que fut institué le système commercial multilatéral avec l’avènement

de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995. Dès lors, face à un contexte international troublé, marqué

par des tensions géopolitiques, incluant des guerres commerciales, il est attendu que l’OMC ne se contente pas d’établir

des règles internationales de libéralisation des échanges ou de simplement contrer les excès du protectionnisme

de certains États. L’organisation est appelée à étendre ses actions pour englober une mission de stabilisation

sociale et de promotion de la paix (IEP, 2024; Okonjo-Iweala, 2022).

Partant de l’initiative Trade for Peace (T4P) de l’OMC lancée en 2018, le présent papier s’intéresse à la pertinence

du doux commerce en cette période critique de notre histoire.

I

Fondements théoriques du doux commerce

de Montesquieu

Dans De l’esprit des lois (1748), Montesquieu défend l’idée que

le commerce apaise les relations humaines et internationales.

Il écrit que « l’effet naturel du commerce est de porter à la

paix ». Selon lui, l’interdépendance créée par le commerce

international diminue les risques de guerre, car les nations

commerçantes ont des intérêts mutuels à maintenir la paix

pour assurer la continuité de leurs échanges. L’intérêt du

gain et le commerce qui en est la conséquence pourraient

donc venir à bout de la violence guerrière et calmer les

passions. C’est ce qu’Albert Hirschman, dans son essai

Rival Views of Market Society publié en 1992, qualifiera

de « doux commerce ». Montesquieu établit une nette corrélation

entre douceurs et commerce, car pour lui :

« le commerce guérit des préjugés destructeurs et c’est

presque une règle générale que, partout où il y a des mœurs

douces, il y a du commerce; et que partout où il y a du

commerce, il y a des mœurs douces ».

Pour Hume, dans Essays: Moral, Political, and Literary

(1777), l’interdépendance économique réduit les motivations

à la violence, car les nations bénéficient davantage de la

prospérité économique que d’un conflit militaire. Hume

considère que le libre-échange entre nations crée des

bénéfices partagés, améliorant ainsi la prospérité générale

et facilitant la coopération économique plutôt que la

concurrence destructrice, d’où son plaidoyer pour une

Hervé Agbodjan Prince

Professeur titulaire, titulaire de la

Chaire en gouvernance et droit du

commerce international, et directeur

de l’Observatoire de la Francophonie

économique (OFE)

plus grande ouverture commerciale. C’est dans ce même

esprit qu’Adam Smith, dans La richesse des nations (1776),

considérait un an avant la publication de Hume que

le libre-échange basé sur l’intérêt individuel favorise le

commerce international et conduit à la paix (Fontanel, 2014).

Smith voit précisément dans le doux commerce un appel à

des mécanismes économiques flexibles. Il ne considère pas

le commerce comme régulateur des passions (Hyard, 2019;

Larrière, 2014), il reconnaît plutôt les effets positifs de la

libre poursuite des intérêts individuels sur la régulation

du pouvoir politique.

II

Les relations ambivalentes entre commerce et paix

De la théorie du doux commerce, on peut induire quatre

grands principes : l’interdépendance économique, la

prospérité partagée, l’adoucissement des mœurs barbares

(principe civilisationnel) et le bannissement, ou à tout

le moins la réduction, des conflits.

Le doux commerce affiche ainsi une vision extrêmement

optimiste du commerce international, ne prenant pas suffisamment

en compte les relations ambivalentes que

celui-ci entretient généralement avec la paix. Bien entendu,

plusieurs auteurs ont tenté de contextualiser la pensée de

Montesquieu, considérant que l’économie libérale est apparue

plus tardivement que le doux commerce et que ce dernier

n’était pas conçu par Montesquieu comme une loi universelle

(Stréliski, 2018). D’autres soulignent que le doux commerce

n’est pas une doctrine rigide, mais plutôt un mécanisme

social qui ne garantit pas la moralité des acteurs économiques,

et que Montesquieu distinguait parfaitement

les intérêts des passions (Larrière, 2014). Il n’en demeure

pas moins vrai qu’on peut, à bien des égards, douter de la

pertinence incontestée du doux commerce. Contentonsnous

ici de quelques exemples pour illustrer le propos.

Il n’est pas rare que le commerce soit source d’affrontements

de toutes natures, qu’il s’agisse de conflits armés

ou de guerres commerciales. À ce titre, on pourrait citer

les deux guerres mondiales qui ont opposé des nations

commerçantes, démontrant par le fait même que l’interdépendance

économique n’est pas une garantie absolue de

paix (Martin et al., 2006). Par ailleurs, se plaçant dans le

contexte colonial, Pujol (2011) rappelle les violences et les

injustices associées au commerce dans le contexte colonial

alors même que la pensée libérale prédominante faisait

miroiter l’émergence d’une paix libérale. La colonisation a

ainsi eu l’effet paradoxal d’accroître le commerce tout en

exacerbant les tensions entre les puissances coloniales

(Martin et al., 2006).

Il est même courant de constater que l’interdépendance

n’est pas gage de relations commerciales apaisées. Il suffit

pour s’en convaincre de se remémorer les politiques protec -

tionnistes des États-Unis au cours des dernières années,

notamment sous l’administration du président Donald Trump.

Nonobstant l’Accord de libre-échange nord-américain

(ALÉNA) devenu l’Accord Canada–États-Unis–Mexique

(ACEUM), le Canada a dû faire face à des impositions abusives

et arbitraires de droits de douane de la part des États-Unis.

Il en a été ainsi également des droits de douane prohibitifs

imposés par les États-Unis à la Chine et à l’Union européenne

dans la même période, malgré l’interdépendance de leurs

économies respectives. C’est dire que le libre-échange,

censé renforcer l’intégration économique, ne met pas à

l’abri de guerres commerciales.

Le commerce comme arme de domination d’une puissance

économique sur un État plus faible se vérifie plus durement

lorsque les parties en relations commerciales sont dans une

situation asymétrique. En effet, selon la tradition marxiste,

le commerce est intrinsèquement une relation asymétrique

et inéquitable, qui ne génère pas de bénéfices pour les deux

parties (Martin et al., 2006). Selon Karl Marx, le capitalisme

favorisé par le libre-échange conduit inéluctablement à

l’impérialisme et seule une révolution des classes peut garantir

une paix durable, alors que le commerce international

libéral est un facteur constant de tensions (Fontanel, 2014).

Les accords de libre-échange, en plus de provoquer une

fragmentation du système commercial multilatéral et la

formation de blocs économiques rivaux, ont tendance à

marginaliser des nations moins développées qui en ont moins

à offrir, augmentant les risques de conflits interrégionaux.

En ce sens, l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine

et Afrique du Sud) sur la scène internationale et l’attrait que

ce regroupement suscite auprès d’autres pays émergents

sont illustratifs de l’ambivalence des relations commerciales

interétatiques. Les tensions persistantes qui résultent de

la volonté d’affirmation de ces pays comme une alternative

crédible à l’hégémonie occidentale nous ramènent aux

conflits mercantilistes et impérialistes d’une époque qu’on

croyait révolue. Il apparaît de plus en plus évident que, loin

d’être systématiquement associé à la paix, le commerce

international peut devenir un instrument de puissance

et de domination.

Conclusion

En somme, la pensée de Montesquieu, bien que s’inscrivant

dans un contexte particulier de l’histoire des relations

commerciales internationales, paraît un peu trop idéaliste

et mérite d’être relativisée. Car, à l’épreuve des faits, elle

présente de nombreuses limites. L’idée n’est donc pas ici de

passer d’un idéalisme béat à un réalisme décontextualisé.

Il s’agit, à l’image de Pujol qui adhère pourtant à la théorie

du doux commerce, de reconnaître son caractère ambivalent.

C’est donc à ce titre qu’il importe de constater avec lui que

les rivalités commerciales engendrent la guerre, mais que

la nécessité du commerce entraîne inéluctablement le retour

de la paix et qu’on ne peut reconnaître à celui-ci qu’une vertu

pacifiste. Sa fonction est hautement équivoque, c’est-à-dire

à la fois source de conflits et motif de résolution des

conflits (Pujol, 2011). DM

Grand dossier

28 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 29



Grand dossier

L’arbitrage international

face aux défis du marché

de l’art : la création de la

Cour d’arbitrage des arts

Lukas Vanhonnaeker

Professeur adjoint

Marie-Jeanne Tétreault

Avocate

(LL. B. 2022, J.D. 2023)

Candidate au LL. M. en common law

comparée

En 2016, un tribunal américain a tranché une bataille

juridique de plus de dix ans concernant une toile de

Camille Pissarro, Rue Saint-Honoré, après-midi, effet

de pluie 1 . Le tableau, évalué à plusieurs dizaines de millions

de dollars, avait été acquis par un couple de collectionneurs

américains en 1995, sans qu’ils sachent qu’il appartenait, à

l’origine, à un marchand d’art juif dépossédé par les nazis

au courant de la Seconde Guerre mondiale. Cette affaire

illustre non seulement la complexité des litiges du marché

de l’art, mais aussi les enjeux juridiques, financiers et moraux

qu’ils soulèvent. Ces conflits peuvent s’étaler sur des décennies,

exposant les parties à une incertitude prolongée ainsi

qu’à une lourde médiatisation. C’est dans ce contexte que

la Cour d’arbitrage des arts (CAfA), fondée en 2018 aux

Pays-Bas, offre une option alternative spécialisée. Conçue

pour répondre aux spécificités uniques du marché de l’art,

celle-ci combine rapidité, confidentialité et expertise,

satisfaisant ainsi les attentes des acteurs de ce secteur

mondialisé et sensible.

Avantages : la rapidité, la confidentialité et l’expertise

La CAfA propose un cadre unique qui répond aux besoins

du marché de l’art 2 . En moyenne, les procédures d’arbitrage

dureront neuf mois, ce qui est relativement court comparé

aux processus judiciaires. Le règlement de cette dernière

garantit la confidentialité du processus, ce qui est essentiel

pour les parties souhaitant éviter la publicité autour des

litiges, notamment lorsqu’il s’agit de la provenance ou de la

restitution d’œuvres d’art. En effet, les expertises publiques et

la médiatisation excessive peuvent altérer la perception du

marché, entraînant des conséquences dommageables pour

les œuvres en cause. Cette confidentialité limite également

les risques associés à la fuite d’informations sensibles sur

les vendeurs ou les acheteurs. Cependant, il reste toujours

possible de publier des sentences, de manière anonyme,

afin de bannir la remise en circulation d’œuvres d’art

fausses ou volées, en accord avec la mission de la CAfA.

Cette pratique enrichit le système tout en respectant la

discrétion des parties impliquées. Plus encore, la CAfA

bénéficie de la spécialisation des arbitres et des experts.

Ces ressources professionnelles sont choisies pour leur

connaissance approfondie du domaine de l’art et leur

capacité à analyser des questions complexes, telles que la

provenance d’une œuvre ou les transactions sur le marché

de l’art. Cette expertise permet de garantir des décisions

éclairées et adaptées aux spécificités du marché de l’art,

renforçant ainsi la sécurité juridique des parties 3 .

Limites : le coût et le nombre restreint

de décisions arbitrales à ce jour

Malgré ses nombreux avantages, la CAfA présente certaines

limites. Le coût élevé des procédures, en raison des

honoraires des spécialistes et des arbitres, peut constituer

un frein pour les petits acteurs du marché, tels que les

collectionneurs individuels ou les galeries indépendantes.

De plus, bien que la CAfA soit une institution relativement

récente, son nombre limité de décisions arbitrales suscite

des interrogations concernant la prévisibilité et la fiabilité

de ses procédures.

Conclusion sur la Cour d’arbitrage des arts :

inspirons-nous

En dépit de ces défis, la CAfA incarne un modèle novateur

d’arbitrage spécialisé dans le marché de l’art, un domaine

souvent marqué par des enjeux juridiques et culturels

complexes, mêlant intimement le droit et l’histoire. Il est

espéré que son approche inspirera la création de juridictions

similaires dans d’autres secteurs spécialisés, confirmant

ainsi l’importance de l’innovation institutionnelle en

droit international 4 . DM

1. Martha Lufkin, « US court rules Nazi-looted Pissarro painting belongs to Spain », The Arts Newspaper, 12 janvier 2024, en ligne : https://www.theartnewspaper.

com/2024/01/12/nazi-looted-pissarro-painting-spain

2. Voir : le règlement d’arbitrage de la CAfA, CAfA Arbitration Rules, en vigueur le 1 er janvier 2019, en ligne : 38389_NAI_Arbitration rules_Eng_27-08-19.indd

3. Noor Khadim, « L’arbitrage dans le monde de l’art et la Cour arbitrale de l’art : vers une résolution plus efficace des litiges artistiques ? », Art, antiquité et droit, vol. 24, n o 3,

octobre 2019, en ligne : https://go.gale.com/ps/i.do?v=2.1&it=r&sw=w&id=GALE%7CA606173683&prodId=AONE&sid=googleScholarFullText&userGroupName=anon%

7Efa581261&aty=open-web-entry

4. Subhash Bhutoria, Sima Ghaffari et Amin Motamedi, « Les conflits liés à l’art et le Tribunal arbitral de l’art : évolution ou révolution? », American Review of

International Arbitration, janvier 2021, en ligne : https://aria.law.columbia.edu/art-disputes-and-the-court-of-arbitration-for-art-evolution-or-revolution/

Photo : © Cour suprême du Canada

La portée territoriale limitée de

l’article 12 de la Charte canadienne

en contexte d’extradition

Ugo Gilbert Tremblay

Professeur adjoint

En droit pénal canadien, la Cour suprême a opté pour

une interprétation généreuse de la protection contre

les peines cruelles et inusitées consacrée à l’article 12

de la Charte. Dans les dernières années, la générosité de

l’approche retenue a culminé avec l’invalidation de plusieurs

peines minimales obligatoires (PMO) adoptées par le légis lateur

(voir les arrêts Nur, Lloyd, Hills et Bertrand et Marchand).

Chaque fois, la Cour suprême a pris au sérieux son rôle de

gardienne des droits fondamentaux en faisant primer une

certaine conception de la dignité humaine face à la volonté

du Parlement d’imposer des peines susceptibles de conduire

à l’infliction de peines exagérément disproportionnées.

Malgré cette interprétation large et libérale en droit

interne, la protection contre les peines cruelles et inusitées

n’a pas du tout suivi le même chemin en matière d’extradition.

Dans ce domaine du droit international à l’interface du droit

canadien et du droit pénal d’un pays étranger, le plus haut

tribunal a tranché que l’article 12 ne s’appliquait pas, notamment

au nom des « bonnes relations » entre États (Kindler

1991, par. 169). Appliquer l’article 12 aux actes d’extradition

reviendrait, selon les mots de la juge McLachlin, à jeter «

les filets de la Charte dans des eaux extraterritoriales »

(ibid.). Il s’ensuit que même si la décision du gouvernement

canadien d’extrader un individu passible d’une peine cruelle

à l’étranger demeure une condition sine qua non de son

imposition éventuelle, l’article 12 ne saurait fonder le

moindre recours.

Toute contestation constitutionnelle en matière d’extradition

doit plutôt passer par l’article 7 de la Charte, suivant

un processus de pondération souple qui permet de mettre

en balance les droits fondamentaux des personnes extradées

avec les nombreuses considérations utilitaires qui dominent

le système international d’extradition. Les valeurs protégées

par l’article 12 continuent de jouer un rôle dans ce contexte,

mais il ne s’agit que d’un élément à soupeser parmi d’autres,

nullement décisif en lui-même. Si cette approche fondée

sur l’article 7 a certes empêché l’extradition sans garanties

de deux jeunes accusés passibles de la peine de mort aux

États-Unis (Burns 2001), il demeure qu’elle a permis

l’extradition de nombreux individus passibles de peines qui

auraient été jugées foncièrement cruelles si elles avaient

été imposées par l’État canadien. En 1996, par exemple,

dans l’arrêt Jamieson, la Cour suprême a autorisé l’extradition

d’un individu passible d’une PMO de vingt ans pour

trafic de stupéfiants (273 g de cocaïne) alors même que,

moins de dix ans auparavant, elle avait jugé contraire à

l’art. 12 la PMO de 7 ans qui accompagnait une infraction

canadienne comparable (Smith 1987).

L’approche retenue par la Cour suprême contraste

résolument avec celle qui a été embrassée par la Cour

européenne des droits de l’homme dans l’arrêt Soering

(1989), où il a été décidé que la protection contre les peines

inhumaines et dégradantes consacrée à l’article 3 de la

Convention devait s’appliquer aussi bien en droit interne

qu’en contexte d’extradition. La Cour a jugé qu’il serait

incohérent de permettre aux États européens de contribuer

directement à l’infliction d’une peine qu’il leur serait interdit

d’infliger eux-mêmes sur leur sol.

Comment expliquer le choix de la Cour suprême du Canada

de limiter la portée spatiale de l’article 12 ? Je me contenterai

ici d’esquisser une hypothèse bassement pragmatique :

contrairement au Canada, l’Europe ne partage pas une

frontière terrestre commune de 8 893 kilomètres avec un

pays qui inflige encore massivement des peines cruelles.

Or, comme l’ont suggéré les juges majoritaires dans l’arrêt

Kindler (1991), un système d’extradition canadien trop

généreux risquerait de transformer le Canada en « refuge

sûr » pour les fugitifs dangereux. DM

Grand dossier

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Grand dossier

Parcours d’une avocate,

de la défense pénale internationale

à la diplomatie canadienne

Laurence Hortas-Laberge

(LL. B. 2017 et J.D. 2018)

Conseillère juridique Affaires

mondiales Canada

J’ai grandi inspirée par l’histoire de résilience de mes

grands-parents qui ont émigré de l’Espagne franquiste

vers le Canada dans les années 60. Voir les conséquences

que la guerre et la dictature avaient eues sur leurs vies a été

le moteur qui m’a donné le désir de poursuivre une carrière

initialement en droits humains, mais plus largement en

droit international.

Une fois étudiante à l’Université de Montréal, j’ai orienté

mon cursus dans ce domaine de droit et j’ai obtenu mon

diplôme au programme de Juris Doctor, ce qui m’a permis

de devenir membre du Barreau de l’État de New York en

plus de celui du Québec.

Étudier à l’étranger avait toujours été une expérience que

je voulais vivre. À la suite de mon stage du Barreau à la Cour

pénale internationale (CPI), j’ai choisi d’étudier à l’Université

King’s College de Londres au Royaume-Uni pour la singularité

de son programme de maîtrise en droit transnational.

Je trouvais important d’explorer davantage de possibilités

d’utiliser le droit comme outil afin de répondre à des

enjeux contemporains.

Une fois mon chapitre à Londres terminé, j’ai déménagé

à La Haye et entrepris ma carrière d’avocate en travaillant

au sein de l’équipe de défense de M. Bosco Ntaganda à la CPI.

L’affaire avait atteint la phase des réparations qui a pour

objectif d’établir la responsabilité de la personne condamnée

pour le préjudice subi par les victimes. En tant qu’avocate

junior, je participais à la rédaction du mémoire d’appel de

l’ordonnance des réparations et assistais le conseil principal

pour faire valoir les droits de M. Ntaganda dans la procédure

de transfèrement vers un établissement pénitentiaire. Par la

suite, toujours à la CPI, j’ai rejoint l’équipe de défense de

M. Yekatom, un ressortissant de la République centrafricaine

détenu par la CPI depuis 2018. Pendant mes trois ans au

sein de l’équipe, l’affaire était en plein procès. J’ai donc été

amenée à prendre part au travail comportant de multiples

facettes réalisé par les avocats de la défense devant un

tribunal international.

Ces expériences extraordinaires ont renforcé ma

conviction de l’importance du rôle de la défense devant

des tribunaux internationaux qui, par le fait de représenter

les intérêts de l’accusé et de tenir mordicus aux protections

que doit offrir un procès juste et équitable, participent

à la justice internationale.

Puis, l’opportunité de pratiquer le droit international au

Canada s’est présentée à moi. Je suis maintenant conseillère

juridique en droit international à Affaires mondiales Canada.

Au cours de mes quelques mois à Ottawa, j’ai pu participer à

des négociations de traités et à la représentation du Canada

dans des processus multilatéraux. Ce faisant, je touche à des

enjeux concernant la cybercriminalité, l’application du droit

international humanitaire et les règles de responsabilité

des États dans le cyberespace.

À ce jour, forte de moments inspirants, mais aussi d’instants

de doute, je demeure convaincue que les difficultés à

faire respecter le droit international ne lui dérobent ni sa

valeur ni sa pertinence. Certes, des progrès restent à faire, et

c’est justement le rôle des avocats et avocates de promouvoir

l’application du droit international, que ce soit en lien avec

des champs d’application nouveaux, tel le cyberespace, ou

encore politisés ou visés par la désinformation. Pour cela,

je ne perds pas de vue mes motivations premières et j’espère

contribuer à cet objectif. DM

Déclaration des Nations Unies sur les

droits des peuples autochtones : quelle

mise en œuvre par les tribunaux ?

Dans le Renvoi relatif à la Loi concernant les enfants, les

jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des

Métis, 2024 CSC 5, la Cour suprême a confirmé la constitutionnalité

de la loi fédérale affirmant le droit inhérent

à l’autonomie gouvernementale des peuples autochtones

en matière de services à l’enfance et à la famille. La Cour a

tranché l’affaire sur le fondement de la compétence fédérale

sur « les Indiens et les terres réservées pour les Indiens »

(par. 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867). Elle a donc

remis à plus tard la question visant à trancher si le droit de

légiférer est protégé à titre de droit ancestral en vertu de

l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 (« LC 1982 »),

c’est-à-dire indépendamment d’une reconnaissance fédérale.

Cela dit, la Cour souligne que la Déclaration garantit ce droit

(art. 4, 14, par. 13(1), 7(2)) et que le Canada doit prendre,

« en consultation et en coopération avec les peuples

autochtones, les mesures appropriées, y compris législatives,

pour atteindre les buts » de la Déclaration (art. 38).

En particulier, l’article 5 de la Loi sur la DNUDPA exige

d’adopter « toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce

que les lois fédérales soient compatibles avec la Déclaration ».

L’arrêt Dickson c. Vuntut Gwitchin First Nation, 2024

CSC 10, bien qu’il ne déclare pas davantage que le droit à

l’autonomie gouvernementale est protégé par l’article 35

LC 1982, constitue une avancée majeure vers une telle

reconnaissance. Une majorité de juges a conclu que l’article

24 de la Charte canadienne agit comme un « bouclier »

protégeant la constitutionnalité de droits collectifs ancestraux,

issus de traités ou autres garantissant la spécificité

autochtone face à des revendications de droits individuels.

L’article 24 agit ainsi en quelque sorte comme une clause

dérogatoire au bénéfice des peuples autochtones. Les juges

soulignent que cette interprétation « s’accorde » avec la

Karine Millaire

Professeure adjointe

En 2021, le Canada adoptait la Loi sur la Déclaration

des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones

(« Loi sur la DNUDPA »). Celle-ci promet de faire progresser

la mise en œuvre de la Déclaration protégeant notamment

les droits à l’autonomie gouvernementale et au consentement

libre et éclairé des peuples autochtones. S’il ne s’agit

donc pas d’une loi intégrant directement la Déclaration

dans le droit positif canadien, la Loi sur la DNUDPA a

un impact observable sur des développements

jurisprudentiels récents.

Déclaration « incorporée en droit canadien » par la Loi sur

la DNUDPA (par. 47).

L’article 35 LC 1982 se trouve toutefois explicitement au

cœur de l’affaire R. c. Montour, 2023 QCCS 4154 (en appel)

où la Cour supérieure propose de moderniser le test pour

déterminer l’existence d’un droit ancestral. La juge souligne

que fonder les droits ancestraux dans des pratiques, traditions

et coutumes précontact faisant partie intégrante de

la culture, ou constituant une prolongation de celles-ci,

assujettit la protection constitutionnelle des droits des

peuples autochtones à une vision passéiste. La Cour formule

un nouveau test selon lequel est d’abord déterminé si un

droit général englobant la pratique revendiquée était protégé

par le système traditionnel, pour ensuite établir si la

revendication en litige en constitue un exercice contemporain.

C’est ainsi que le droit constitutionnel au développement

économique est reconnu, la juge soulignant qu’il est d’ailleurs

nécessaire à la mise en œuvre d’une « myriade de droits »

protégés par la Déclaration (par. 1295). Or, c’est l’adoption

de la Déclaration, soulevant l’applicabilité de la présomption

de conformité, ainsi que le contexte de la Réconciliation

qui ont permis à la juge de s’écarter du test actuel, la Cour

suprême reconnaissant que la règle du stare decisis cède

le pas lorsqu’une nouvelle question juridique se pose ou

qu’une modification de la situation « change radicalement

la donne ».

Bien que la Loi sur la DNUDPA ne soit pas une loi classique

de mise en œuvre, l’ouverture à incorporer les garanties

de la Déclaration dans le droit positif par la voie judiciaire

apparaît prometteuse. La Déclaration pourra être mobilisée

pour appuyer l’interprétation de la Constitution, voire

justifier les tribunaux de moderniser des tests analytiques

élaborés avant son adoption. DM

Grand dossier

32 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 33



Grand dossier

L’émergence de la restauration

en droit international de

l’environnement : une solution

à la mesure de l’Anthropocène ?

Hugo Tremblay

Professeur agrégé

La biodiversité et les milieux naturels sont détruits

à un rythme si élevé que la sixième extinction massive

de l’histoire terrestre a débuté 1 . Le réchauffement

planétaire dépasse les seuils au-delà desquels la Terre

pourrait devenir fondamentalement inhospitalière pour

l’espèce humaine. Pouvons-nous réparer les dommages

catastrophiques que l’humanité inflige à la biodiversité et

aux écosystèmes naturels ? C’est le but de la restauration.

L’indemnisation, considérée avec plusieurs notions associées

telles la réparation du préjudice en nature et la compensation,

s’inscrit comme un concept cardinal au cœur du droit.

Inévitablement, l’idée de remise en état a nourri et influencé

la réflexion à l’égard des dommages environnementaux, des

préjudices écologiques et des autres formes de dégradations

des milieux naturels causées par les activités humaines.

Depuis longtemps, plusieurs concepts équivalents ou

apparentés apparaissent familiers en droit interne : le réaménagement

et la restauration des sites miniers en vertu

de la Loi sur les mines et des sites de forage en vertu de

l’ancienne Loi sur les hydrocarbures; la restauration et la

création de milieux humides comme éléments de compensation

dans la séquence de conservation fondée sur l’approche

« zéro perte nette » en lien avec un régime d’autorisation

en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement; les

programmes de rétablissement des espèces en péril visant

à inverser le déclin d’un animal ou d’une plante en voie

d’extinction de même que la disparition de leurs habitats

en vertu de la Loi sur les espèces en péril…

Le droit international

Le droit international reflète le droit interne. Parmi divers

concepts similaires tels la réhabilitation, la remédiation, la

revégétalisation et le réensauvagement, la restauration a fini

par s’imposer comme un des principes généraux étayant

l’approche écosystémique véhiculée par certains pans du

droit international de l’environnement, notamment parce que

cette notion juridique repose sur les fondements scientifiques

de l’écologie de la restauration, soit la branche de l’écologie

visant à réparer les dommages causés par les êtres humains

à la biodiversité et aux écosystèmes, et à en reconstituer

l’intégrité.

Il n’existe pas encore d’instrument contraignant ayant

pour objet spécifique la restauration écologique en droit

international. Cependant, des obligations apparentées à

cette notion existent dans divers traités multilatéraux,

conventions régionales et instruments supranationaux 2 .

Au cours des années 1970, la restauration a été introduite

dans les plans de gestion prévus par la Convention relative

aux zones humides d’importance internationale particulièrement

comme habitats de la sauvagine (Ramsar, 1971). Depuis,

d’autres instruments telles la Convention concernant la

protection du patrimoine mondial, culturel et naturel

(UNESCO, 1972) et la Convention sur la conservation

des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage

(Bonn, 1979) ont multiplié les références à cette notion.

À partir de 1992, la Convention sur la diversité biologique

à laquelle le Canada est partie, de même que les décisions

subséquentes des conférences des parties sous son égide

– dont le Plan stratégique pour la biodiversité biologique

2011-2020 et les Objectifs d’Aichi pour la restauration et

la résilience des écosystèmes adoptés lors de la COP-10 en

2010, de même que le Cadre mondial de la biodiversité de

Kunming à Montréal adopté lors de la COP-15 en 2022 –

ont permis la substantiation et le développement de la

restauration en droit international.

L’échec des cibles de restauration d’Aichi, confirmé à

l’échelle mondiale par la dégradation continue des écosystèmes

et de la biodiversité de 2010 à 2020, a été occulté par

l’adoption de cibles encore plus ambitieuses demandant la

restauration de 30 % des zones dégradées des écosystèmes

terrestres, des eaux intérieures et des écosystèmes marins

à l’horizon 2030, pour ce que l’Assemblée générale de l’ONU

a qualifié de décennie 2021-2030 pour la restauration des

écosystèmes depuis le 1 er mars 2019.

Les limites de la restauration

La restauration implique une approche curative plutôt que

préventive. Toutefois, la remise en état qu’elle cherche à

opérer n’aboutit pas à un retour aux conditions initiales.

Face à la crise environnementale, elle participe plutôt d’un

basculement de la protection vers l’adaptation et la résilience.

Ce changement s’illustre par des techniques de restauration

telles que la géoingénierie climatique visant à réduire le

réchauffement par l’injection de polluants aérosols dans

l’atmosphère, comme l’envisage l’Accord de Paris dans le

cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les

changements climatiques, ou telles que la migration assistée

impliquant l’altération d’écosystèmes par l’implantation

d’espèces exotiques hors de leur aire de distribution actuelle

afin d’accroître leurs chances de survie ou de maintenir

leur population.

La restauration est devenue essentielle à partir du moment

où les dommages causés à l’environnement ont dépassé

plusieurs des limites planétaires qui conditionnent l’équilibre

dynamique sur lequel reposait la biosphère avant l’avènement

de l’Anthropocène 3 . Cette nouvelle époque géologique se

distingue de l’Holocène par l’importance qu’auraient désormais

acquise les activités anthropiques parmi les facteurs

Pour en savoir plus :

→ Walters Nsoh et Menes Abinami Muzan, « The emerging legal framework

for ecological restoration under international environmental law », dans

Robert Brears et Jade Lindley (dir.), The Palgrave handbook of environmental

policy and law, Cham, Palgrave Macmillan, 2024.

→ Anastasia Telesetsky, An Cliquet et Afshin Akhtar-Khavari, Ecological

restoration in international environmental law, Abingdon, Routledge, 2017,

en format numérique à la bibliothèque de l’Université de Montréal, en ligne :

https://umontreal.on.worldcat.org/oclc/965196768

régissant le système terrestre. Néanmoins, la restauration

constitue une dernière option en guise de pis-aller vu

l’incapacité à infléchir la dégradation continue de l’environnement

alors qu’ont déjà été dépassés des seuils critiques

pour la survie de l’écosystème terrestre et de l’humanité.

Sur le plan conceptuel, la restauration opère une modification

profonde dès lors que la protection de la nature requiert

sa modification par l’être humain. Ce changement remet

en cause l’objet même du droit de l’environnement, qui se

détourne de la protection de la nature en se détachant de

sa mission de conservation. Puisque la nature vierge de toute

empreinte humaine n’existe plus, le droit n’en protège pas

le résidu autant qu’il vise à prendre en charge et à remplacer

la nature par mimétisme grâce à la restauration. Par un

glissement qui rejoint la symbolique de l’Anthropocène, il

ne s’agit plus de juger de ce qui est bon ou acceptable pour

la conservation de la nature, mais plutôt d’envisager les

modifications de l’environnement comme plus ou moins

acceptables selon qu’elles augmentent ou réduisent les

chances de survie de l’humanité.

Quoi qu’il en soit, l’ambition de la restauration apparaît

démesurée parce que le droit de l’environnement tente par

elle de réparer les dommages qu’il a échoué ou renoncé à

prévenir, et parce que l’approche elle-même accumule les

échecs depuis son émergence. Le renforcement et l’extension

des prohibitions destinées à stopper la dégradation de

l’environnement auraient probablement permis plus facilement

de préserver la nature. À cet égard, le spectaculaire

« warwilding » – mot-valise anglais dérivé du télescopage

de «war » et « rewilding », référant à un réensauvagement

causé par la guerre – observé en Ukraine dans des zones

désertées de toute présence humaine à cause de l’intensité

du conflit, constitue un symbole aussi saisissant que morbide

de la relation établie par l’humanité avec son environnement

à l’ère de l’Anthropocène. DM

1. En général, voir Eduardo Sonnewend Brondízio et al. (dir.), Global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental

Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES Secretariat, Bonn, 2019, en ligne : https://www.ipbes.net/global-assessment

2. Certains auteurs avancent que la restauration pourrait désormais reposer sur des sources coutumières ou de lege ferenda. Selon An Cliquet et Afshin

Akhtar-Khavari, « Ecological restoration and international law », dans Oxford Bibliographies, International Law, 2019, en ligne : https://www.oxfordbibliographies.com,

« As various conventions and soft law instruments now impress obligations of restoration, the legal duty to restore the environment has matured

into a customary obligation and can be considered as an emerging legal principle. » Outre l’accroissement constant des références à la restauration en droit

international, l’actualité de la notion est illustrée par le Règlement 2024/1991 du Parlement européen et du Conseil du 24 juin 2024 relatif à la restauration de la

nature et modifiant le règlement (UE) 2022/869, en ligne : http://data.europa.eu/eli/reg/2024/1991/oj, entré en vigueur en 2024.

3. À l’égard des limites planétaires, voir Katherine Richardson et al., « Earth beyond six of nine planetary boundaries », (2023) 9 Sci. Adv. 2458.

Grand dossier

34 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 35



Grand dossier

Votre planète,

vous la préférez

bleue ou

saignante ?

Nicolas Kempf

(LL. D. 2025)

Les océans de la planète bleue, un temps périphériques,

occupent une place croissante dans les brèves

des médias dominants. Les manœuvres chinoises

inquiètent, les actions russes sont menaçantes.

Heureusement que l’OTAN et son fer de lance états-unien

veillent au grain. Mais qu’en est-il du droit? La Convention

des Nations unies sur le droit de la mer, conclue en 1982,

n’a-t-elle pas été qualifiée de « constitution pour les océans »

à de nombreuses reprises? C’est en tout cas bien ce que

laisse entendre le préambule de cet instrument, résultat

de négociations complexes et longues, aux termes duquel

les États parties se déclarent conscients de l’intrication des

problématiques océanes et « [a]nimés du désir de régler, dans

un esprit de compréhension et de coopération mutuelles,

tous les problèmes concernant le droit de la mer » 1 .

De nombreuses problématiques ont effectivement

été abordées, aboutissant à l’établissement d’une nouvelle

typologie des espaces maritimes, déroulée au fil des

différentes parties de la Convention à partir des lignes de

base qui épousent plus ou moins fidèlement les littoraux

des États côtiers. Les règles inscrites dans la Convention

ambitionnaient de réglementer toutes les activités maritimes,

de la navigation côtière à l’exploration des abysses, et ont

effectivement permis, sinon de résoudre, du moins de

déminer des situations conflictuelles latentes. Les pêcheurs

islandais pourraient en témoigner. La conclusion de cette

Convention n’a par ailleurs pas offert seulement une forme

de stabilité, mais également diverses possibilités de

développement des règles du droit international de la mer,

que ce soit à travers les institutions nouvellement mises

en place – l’Autorité internationale des fonds marins ou

le Tribunal international du droit de la mer, par exemple –

ou les organisations internationales compétentes dans

des domaines aussi variés que la pêche, la sécurité de la

navigation ou la recherche scientifique marine, auxquelles

la Convention réfère.

Bien taquin qui pourrait reprocher à ceux et celles qui nous

ont précédés de ne pas avoir anticipé l’apparition de drones

sous-marins ou le potentiel des ressources génétiques

marines. Ce ne sont pourtant pas ces problématiques, ou pas

seulement du moins, qui occupent les débats contemporains.

Les questions de surpêche, de pollution, de piraterie ou de

sabotage ne sont pas nouvelles. Sommes-nous simplement

plus cupides qu’avant, quitte à transgresser les règles d’un

ordre patiemment, savamment et sagement établi, ou bien

serait-ce dans le récit dominant constitutionnalisant la

Convention de 1982 que se situe le nœud du problème ?

Désacralisons-la un instant. La Convention, à l’image des

règles vieillissantes du droit international, repose sur le

bouclier favori des États, la souveraineté. Toutes les activités

menées en mer y sont reliées, tous les espaces maritimes

dépendent de cet étouffant concept. En favorisant un

accaparement des ressources toujours plus étendu, la

Convention s’inscrit en fait dans le sillage de l’ordre juridique

international, qui place le profit économique au sommet de

sa hiérarchie, dont l’économie de marché est l’essence et

la croissance économique la religion. La préservation de

l’environnement marin abordée dans la Convention – la

conservation de l’environnement marin en réalité – est

nécessairement subjuguée, inféodée à cette exigence de

profit, et ne peut représenter dans ces conditions davantage

qu’un bref pansement. Il est donc grand temps de repenser

non pas – ou pas uniquement – les règles du droit de la mer,

mais bien les fondements du droit international sur lesquels

elles reposent. À être trop cupide, on finit par disparaître.

Les nains de Khazad-dûm l’ont appris à leurs dépens, les rois

français aussi. Il serait doucement ironique qu’un système

juridique échappe à cette règle. DM

1. Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Montego Bay,

10 décembre 1982, 1833 R.T.N.U. 31363.

L’eau douce, matières physique

et juridique en ruissellement

François Xavier Saluden

Chargé de cours

Vitale, l’eau n’en est pas moins méconnue. En résulte

une appréhension par le droit, interne et international,

éparse. Sous la surface, les matières physique et

juridique sont en identité, s’infiltrant, entrainant des

mouvements, défiant leurs berges et encadrements,

pour tendre en ruissellements et ricochets vers une

unité inspirante pour d’autres matières du droit.

L’eau est, pour tout dire, unique : vitale, substituable par

rien, épuisable partout.

À la fois force, milieu de vie et ressource vitale, son

évidence la rend méconnue, et d’autant vulnérable. À la

différence de l’air, elle est inéquitablement répartie, dans

les territoires et dans ses états, 0,5 % de l’eau terrestre

étant utilisable par le vivant. Limitée, elle place le tout

en concurrence.

Deux types de droits encadrent l’eau douce à l’international.

Le premier est un droit subjectif par lequel les États

s’engagent mutuellement : le droit de l’eau. Il régule les effets

transfrontaliers de l’eau. Le second est un droit objectif

par lequel les États s’engagent pour eux-mêmes à l’égard

des individus : le droit à l’eau. Il garantit un accès à l’eau,

à l’assainissement, à l’hygiène (« WASH »).

Toutefois, la matière juridique se contient mal entre ses

berges, et, comme une « eau calme », réserve sous la surface

des courants surprenants.

Pour le droit subjectif, l’eau est régulée spécifiquement

dans une myriade de domaines, notamment territoire et

espaces (la plus grande matière normative), environnement

(moins développé que l’on ne pourrait s’y attendre), développement

durable ou commerce international. C’est un

ensemble hétérogène de règles spéciales fort révélateur

de la relation des États avec l’eau.

Ainsi, la première organisation internationale est

« hydrique » : la Commission […] du Rhin. Elle est née

du lien physique que crée un fleuve entre États : voie de

communication, de commerce, mais aussi de pollutions

affectant tout riverain. Communauté de biens et d’intérêts,

l’eau révèle interdépendances et besoins de coopération

et d’institutions permanentes.

Malgré cet effet prééminent de l’état fluide, les États

traitent souverainement l’eau de surface ou souterraine

en ressource-portion de territoire, comme une forêt ou

une nappe de pétrole ou de gaz.

Pour autant, l’eau est très rarement comprise comme

une « ressource naturelle », par un droit trop différent

de ces dernières…

Cette ambivalence relève de la difficulté de saisir cette

matière qui file entre les mains.

Pour le droit objectif, l’eau, trop évidemment nécessaire,

n’est garantie par aucun droit autonome écrit dans les grands

textes internationaux non-sectoriels. La Déclaration universelle

des droits de l’homme de 1949 n’en fait pas mention,

les pactes internationaux en émanant non plus. Ce n’est

qu’en 2006 que le Comité des droits économiques, sociaux

et culturels a déterminé que le droit à l’eau existait bien mais

découlait d’autres droits civils. Depuis 2010, l’Assemblée

générale des Nations Unies suit un chemin similaire.

Existe aujourd’hui une remarquable invocation de

protections par ruissellement (ou « par ricochets », autant

de jeux d’eau). Partant du lien entre environnement et

droits humains, bien que les obligations sur les changements

climatiques ne relèvent pas des droits fondamentaux, la

Cour européenne des droits de l’homme se fonde sur ce

ricochet pour condamner la Suisse pour action climatique

non assez complète. Les systèmes interaméricain ou africain

comme des ordres internes le suivent pour des actions qui

sembleraient autrement hors de portée.

Au-delà existe une confluence entre droits de la biodiversité

et droits culturels, comme la Cour constitutionnelle

colombienne l’a décidé pour le fleuve Atrato. Elle lui reconnaissait

une personnalité juridique, comme depuis le font

des normes constitutionnelles pour de nombreux cours

d’eau du monde, jusqu’au Gange indien.

Voilà quelques courants stimulants irisant de sous la

surface. Ainsi, la plus évidente expression maintient sûrement

invisible l’essentiel de son sens et de ses réalisations

potentielles : l’eau, c’est la vie ! DM

Grand dossier

36 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 37



Grand dossier

Christian Tétrault

Fiscalité, gouvernance et polyvalence

De Montréal à Dubaï, en passant par Genève

et la Californie, plus de 25 ans d’expertise

Alexandre Verrier-Martineau

Étudiant au LL. B. et Vice-président

Compétition du Comité droit des

affaires et gestion

Christian Tétrault est chef de la fiscalité

(Head of Tax) pour un conglomérat basé

à Dubaï (Émirats arabes unis), où il traite

de questions juridiques, fiscales et

stratégiques. Jusqu’à tout récemment,

il a résidé et pratiqué en Suisse pendant

environ 12 ans, période entrecoupée d’une

expérience professionnelle d’une durée

équivalente aux États-Unis.

Fier de ses origines, il siège également au

conseil d’administration de la Chambre de

commerce Canado-Suisse, basée à Genève

et Zurich, tout en y assumant la fonction de

chef des affaires juridiques (General Counsel).

Avec plus de 25 ans d’expérience en droit,

fiscalité et gestion des affaires, il conjugue son expertise

juridique à une approche stratégique. Ayant fait affaires avec

plus de 60 pays, il maîtrise la négociation, la planification

fiscale et stratégique et la gestion des opérations, de même

que la gestion des risques et la gouvernance d’entreprise.

Son engagement auprès des diverses unités d’affaires lui

permet d’identifier les défis, de saisir les opportunités et de

contribuer activement à la croissance des organisations.

La fiscalité : un pilier économique et politique

La fiscalité ne se limite pas à la collecte d’impôts : elle façonne

l’économie mondiale et reflète nos choix de société. Elle

détermine les incitations et exonérations qui orientent

les investissements et influencent la croissance.

Une fiscalité efficace repose sur un équilibre délicat :

elle doit générer des recettes suffisantes pour financer

les services publics tout en demeurant compétitive pour

favoriser l’investissement et l’innovation. Une taxation

excessive peut dissuader les entreprises et freiner la croissance,

mettant ainsi en péril le tissu social désiré à moyen

et long terme. En revanche, une fiscalité trop permissive

risque d’aggraver les déficits publics, obligeant les États

à adopter des mesures correctives et à sacrifier des

programmes utiles à la population.

Les pays ajustent sans cesse leurs régimes fiscaux pour

attirer les capitaux et stimuler l’économie. Certains dénoncent

les pratiques fiscales agressives tout en développant

leurs propres incitatifs, illustrant ainsi la tension permanente

entre souveraineté nationale et régulation internationale.

Pour les entreprises, la fiscalité constitue un levier

stratégique majeur. Une gestion fiscale optimisée repose

sur une veille réglementaire constante et une analyse fine

des interactions économiques et financières, de même que

sur une gouvernance solide permettant de maximiser les

investissements tout en assurant la conformité.

Les défis et opportunités de la fiscalité internationale

Travailler à l’international exige une compréhension fine des

cultures et des systèmes juridiques. Deux pays aux lois

similaires peuvent les appliquer de manière radicalement

différente. Certains privilégient le dialogue avec les contribuables,

tandis que d’autres adoptent une approche plus

stricte et distante. Ces différences influencent directement

les négociations et les stratégies fiscales.

Des cadres multilatéraux, comme ceux établis par l’OCDE,

structurent la fiscalité internationale. Des initiatives telles

que Pillar Two visent à instaurer un taux d’imposition

minimum sur les sociétés afin de réduire la concurrence

fiscale. Toutefois, certains pays contournent ces règles en

introduisant des crédits d’impôt compensatoires, soulignant

ainsi la complexité du jeu fiscal mondial.

Dans cet environnement, la gestion des transactions

internationales – structuration d’investissements, acquisitions,

conformité réglementaire – nécessite des capacités

de négociation avancées. Selon Christian Tétrault, trois

éléments sont essentiels : la clarté des objectifs, la transparence

et l’écoute active. L’intégrité et la bonne foi sont aussi

indispensables pour bâtir des relations solides avec les

partenaires d’affaires et les autorités fiscales. Une approche

équilibrée et pragmatique permet d’optimiser les résultats

tout en préservant la réputation de l’entreprise.

Transmission du savoir et mentorat

La fiscalité internationale exige une formation continue et

une adaptation constante. L’apprentissage ne se limite pas

à la maîtrise de la théorie juridique : anticiper les réformes,

comprendre la finance d’entreprise et les enjeux économiques

de même qu’affiner les stratégies de planification et de

négociation sont des compétences clés pour exceller

dans ce domaine.

Christian Tétrault valorise le mentorat et encourage

les jeunes professionnels et professionnelles à développer

une vision stratégique, une curiosité intellectuelle et

une compréhension approfondie des dynamiques

fiscales mondiales. DM

« En tant que co-responsable de la

stratégie nord-américaine du cabinet

Fidal, j’ai la chance de rester proche

de ma culture. »

Gacia Kazandjian

(LL. B. 2003)

Avocate directrice associée

au sein du cabinet Fidal

J’ai réalisé mes études de droit à l’Université de Montréal

pour obtenir mon baccalauréat en droit civil (2003)

avant de rejoindre la Faculté de droit de l’Université

d’Ottawa pour détenir un J.D. en common law (2004).

J’ai commencé à travailler dans un cabinet d’avocats en droit

des affaires et entrepris le parcours classique pour passer

le Barreau du Québec (2005) et celui de l’Ontario (2007).

Curieuse de mieux comprendre les différences juridiques

qui existent et surtout de mieux cerner les aspects en droit

européen, j’avais passé mon examen du Barreau de Paris

un an avant mon installation en France en 2012.

Je démarre mon expérience professionnelle à Paris chez

DS Avocats, où je suis chargée du Desk Canada. Puis, après

plusieurs années, je rejoins Fidal où je suis associée depuis

2021. J’ai la particularité d’avoir une double expertise : en

droit des sociétés et en droit commercial. Fidal, c’est un

cabinet centenaire et résolument tourné vers l’avenir qui

compte 1 200 avocats et avocates en France. Nos équipes

sont unies par un grand sens du collectif pour un accompagnement

de notre clientèle à 360o.

Mon orientation pour le métier d’avocate s’est dessinée

assez jeune. Mais ma carrière aurait pu prendre un tout autre

tour puisque ma deuxième ambition était de devenir…

astronaute ! J’ai démarré par un parcours scientifique…

avant de réaliser que je craignais le vide, et que c’était

clairement incompatible pour devenir astronaute ! Je me

suis tournée vers ma deuxième aspiration : le droit.

Attirée d’abord par le droit humanitaire, je me suis dirigée

vers le droit international public, un cursus qui a marqué

ma troisième année à la Faculté de droit où nous avons même

remporté une 3 e place sur les écrits aux épreuves nationales

canadiennes du Concours de plaidoirie en droit international

Philip C. Jessup ! Cette époque m’a beaucoup marquée et je

repense souvent à mon équipe et à Stéphane Beaulac, notre

professeur et « coach » avec qui je suis toujours en contact !

Alors, quel rapport entre droit international humanitaire

et droit des sociétés/droit commercial ?

L’accessibilité à la justice est un socle de l’État de droit

et un gage de démocratie. Nous accompagnons nos clients

et clientes tant en conseil qu’en contentieux en leur donnant

précisément cet accès. En tant qu’avocate, j’ai le sentiment

d’avoir un rôle pour favoriser et promouvoir encore plus

l’accessibilité à la justice.

Au quotidien, j’accompagne la clientèle en création de

sociétés en France et les services de conformité pour la

clientèle étrangère, la gouvernance d’entreprise, les relations

intragroupes, les fusions et acquisitions, l’investissement en

capital, les contrats internationaux, les projets numériques,

la protection des données personnelles…

Notre profession est en pleine mutation, sur le plan de

notre pratique qui se normalise au niveau mondial, mais

aussi d’un point de vue humain et de management puisque

nous devons également nous adapter aux attentes de nos

équipes. Garantir le meilleur épanouissement de chacune

et chacun est devenu une préoccupation importante de la

performance du cabinet.

L’IA révolutionne aussi notre métier et c’est tant mieux :

il faut le voir comme un gain de temps sur des tâches qui

peuvent être modélisées et qui sont chronophages, ce qui

nous permet de nous concentrer sur celles où nous avons

la plus forte valeur ajoutée. Je suis intimement persuadée

qu’une IA utilisée sans automatisation généralisée du droit et

normée par la déontologie et la confidentialité est pour nous

l’un des moyens de gagner en efficacité et de renforcer notre

position de conseiller stratégique pour notre clientèle.

Si je dois conclure, en tant qu’expatriée, je dirais qu’évidemment

le pays me manque. J’ai toutefois le sentiment

de rester proche de ma culture et de mes anciens milieux

professionnels, car je suis coresponsable de la stratégie

nord-américaine de Fidal avec mon associé Geoffrey

Burrows. J’ai la chance d’accompagner beaucoup de clientes

et clients canadiens ou nord-américains en France et, inversement,

une clientèle française souhaitant s’installer en

Amérique du Nord. DM

Grand dossier

38 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 39



Grand dossier

La pratique du droit international

au Parlement du Canada

Brendan Naef

(LL. B. 2004)

Analyste, Bibliothèque du Parlement

Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World

Trade Center et le Pentagone ont eu lieu quelques jours

après le début de mes études de droit à l’Université

de Montréal. À l’époque, j’étais inscrit à autant de cours

du soir que possible à la Faculté de l’éducation permanente,

espérant rejoindre le programme complet l’année suivante.

Je me souviens d’avoir fait mes premières lectures de cours

à l’extérieur, sous un ciel inhabituellement silencieux, l’espace

aérien étant fermé.

Un an et demi plus tard, j’étudiais le droit international

avec la P re Suzanne Lalonde durant la période qui précédait

la guerre en Irak. Les États-Unis étaient encore profondément

ébranlés; les débats au Conseil de sécurité occupaient

les bulletins de nouvelles du soir, et nous assistions à une

étude de cas sur l’article 2(4) de la Charte des Nations Unies

et la légitime défense préventive. Cette expérience a renforcé

mon intérêt pour le droit international et tracé la voie de

ma carrière.

Après l’École du Barreau et une maîtrise en droit international

humanitaire, j’ai quitté l’emploi stable obtenu pendant

la course aux stages — ce qui n’a pas plu à mes parents —

pour des contrats à court terme en Suisse. Finalement,

les circonstances m’ont amené à entreprendre un doctorat

à l’Allard Hall de l’Université de la Colombie-Britannique.

La guerre en Irak, et en particulier le rôle des sociétés

militaires privées, a orienté ma thèse de doctorat. Je me suis

concentré sur les failles du droit international et l’influence

croissante des multinationales, soulignant le potentiel

effet dissuasif du Projet d’articles sur la responsabilité

de l’État. Depuis, nous avons vu des progrès, un nombre

grandissant d’États prenant des mesures pour rendre leurs

entreprises nationales responsables des violations des droits

de la personne commises à l’étranger. Cependant, malgré

des lois récentes comme la Loi sur la lutte contre le travail

forcé et le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement,

des voix s’élèvent pour demander au Canada d’en

faire davantage.

Ironiquement, après des années consacrées aux organisations

internationales, c’est mon travail à Ottawa qui m’a

permis de me concentrer sur le droit international et d’avoir

un impact important. En tant qu’analyste à la Bibliothèque

du Parlement, je couvre un large éventail de questions, du

droit pénal international au droit humanitaire, au travail forcé

et aux sanctions. J’analyse les projets de loi du gouvernement

du Canada dans les comités parlementaires, j’appuie la

création de projets de loi émanant d’un parlementaire et

je rédige des rapports pour le Sous-comité des droits

internationaux de la personne. En intégrant le droit international

dans l’élaboration quotidienne des politiques,

le rôle d’analyste m’a offert une occasion unique de

contribuer dans ce domaine.

Bien que le temps que j’ai passé à l’étranger me manque

parfois, l’une des leçons les plus précieuses que je puisse

partager avec ceux et celles qui envisagent une carrière dans

le droit international est l’occasion inespérée de le pratiquer

largement ici même. Ne négligez pas les opportunités qui se

présentent à vous en vous concentrant uniquement sur des

horizons lointains. Aussi, pendant mes études, je considérais

de nombreux aspects du droit international comme

théoriques ou comme des vestiges d’une époque révolue.

Pourtant, ces dernières années, j’ai été surpris de me

retrouver à écrire sur des sujets que je pensais ne rencontrer

que dans les manuels, mais qui sont essentiels dans le

paysage politique actuel. Mon éducation n’a jamais été

aussi directement pertinente. DM

Photo : © Bibliothèque du Parlement

Une carrière excitante

en droit international !

Patrice Brunet

(LL. B. 1991)

Président et fondateur de

Patrice Brunet Avocats

Je suis passionné par le droit, et mon nom résonne

aujourd’hui dans les sphères du droit international,

tant pour mon expertise en immigration que pour

mes interventions marquantes en droit du sport.

Diplômé de la Faculté de droit de l’Université de Montréal

en 1991 et membre du Barreau du Québec depuis 1992,

j’ai eu la chance de bâtir une carrière qui transcende les

frontières et les disciplines.

Dès le début de ma pratique en 1993, j’ai fondé mon cabinet,

Patrice Brunet Avocats, spécialisé en droit de l’immigration

et du sport. Ces deux domaines, bien que distincts, partagent

une forte dimension internationale. Rapidement, mon cabinet

est devenu une référence mondiale, attirant une clientèle

des cinq continents. Qu’il s’agisse d’accompagner des

investisseurs, des travailleurs étrangers ou des athlètes

internationaux, je navigue avec aisance dans un paysage

juridique en constante évolution.

Le droit du sport : des moments inoubliables

Mon engagement en droit du sport m’a permis de vivre

des expériences uniques. J’ai eu l’honneur de représenter

les athlètes canadiens et canadiennes à trois reprises lors

des Jeux olympiques : Atlanta en 1996, Salt Lake City en

2002 et Turin en 2006. Défendre leurs intérêts sur la scène

mondiale a toujours été pour moi une source de fierté.

Un moment fort de ma carrière reste mon rôle dans

l’affaire des patineurs artistiques David Pelletier et Jamie Salé

aux Jeux de Salt Lake City. Leur médaille d’or, obtenue après

une controverse historique, impliquant une demande d’injonction

que j’ai plaidée avec succès, a marqué un tournant

et renforcé ma réputation dans le milieu du sport. De plus,

présider le tribunal d’arbitrage dans l’affaire Floyd Landis,

condamné pour dopage après le Tour de France 2005, a

témoigné de mon engagement envers l’intégrité sportive.

Aujourd’hui, en tant qu’arbitre international reconnu

devant le Centre de règlement des différends sportifs du

Canada (CRDSC) et le Tribunal arbitral du sport (TAS), je

continue à contribuer à la justice dans le sport, notamment

sur des dossiers complexes liés au dopage.

Le droit de l’immigration : une pratique essentielle

En parallèle, ma pratique en droit de l’immigration est

tout aussi enrichissante. J’accompagne des entreprises

canadiennes dans le recrutement de talents internationaux,

facilitant l’obtention de permis de travail pour leur personnel.

Ce domaine exige une rigueur juridique et une créativité sans

faille pour répondre aux défis uniques de chaque dossier.

Parmi mes mandats les plus mémorables, j’ai eu le privilège

de représenter Céline Dion pendant environ 15 ans. J’ai

travaillé à assurer que ses spectacles à Las Vegas, ainsi que

son équipe, puissent se dérouler sans accroc, un exemple

concret de ma capacité à gérer des dossiers complexes

avec discrétion et efficacité.

Construire le Canada de demain

Au-delà de ma pratique, je m’engage activement dans la

construction d’un Canada inclusif et prospère. Le droit de

l’immigration, au cœur des enjeux économiques et démographiques

du pays, me permet de contribuer à l’avenir de

notre société. En tant qu’ancien président de l’Association

québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration

(AQAADI), j’ai fait un retour récemment sur son conseil

d’administration afin de défendre les valeurs d’ouverture

et d’excellence du Canada.

Une carrière guidée par l’excellence

Mon parcours est une alliance unique entre droit, sport

et immigration, guidée par l’excellence, la passion et

l’humanisme. L’Université de Montréal a créé le terreau

fertile dans lequel j’ai cultivé tout un jardin de connaissances

et d’expertise. Ma présidence du comité organisateur des

Jeux’Ridiques en 1990, qui se déroulaient à Montréal, a peutêtre

aussi contribué à nourrir mon désir d’entrepreneuriat

et de sport, qui sait ? DM

Grand dossier

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Grand dossier

Au cœur du droit des affaires

à New York

Vincent-Alexandre Fournier

(LL. B. 2016 et J.D. 2020)

Avocat chez Kirkland & Ellis

Mon parcours scolaire et professionnel est plutôt

atypique. Après quatre écoles secondaires différentes,

j’ai terminé mon secondaire aux adultes. Au cégep, mes

problèmes de décrochage ont persisté et j’ai abruptement

quitté les études collégiales. Lorsque j’ai finalement décidé

de revenir aux études, j’ai été initialement refusé au cégep

et seuls quelques cours du soir éparses demeuraient accessibles.

L’un de ces cours portait sur la science politique et

c’est durant celui-ci que j’ai lu pour la première fois la Charte

canadienne et la Loi constitutionnelle de 1867. Immédiatement,

j’ai eu la piqûre du droit, ce qui m’a incité à joindre le

programme de techniques juridiques. Afin d’avoir une chance

d’aller un jour en droit, j’ai dû consacrer des efforts inouïs

pendant deux ans pour améliorer mon dossier scolaire qui

était alors désastreux. Lors de la Journée carrière, j’ai rencontré

un recruteur de la Faculté de droit de l’Université

de Montréal qui m’a convaincu de déposer immédiatement

ma candidature pour le baccalauréat en droit malgré ma

réticence. Contre toute attente, j’ai été admis.

Pour surmonter ces échecs, j’ai dû faire preuve de

résilience et de persévérance. Ces épreuves m’ont enseigné

l’importance d’être passionné et d’investir des efforts

considérables dans tout ce que je fais. J’ai approché mes

études en droit avec la même détermination qui avait marqué

mon retour aux études. Je me suis ainsi classé premier de

la promotion 2016, remportant la Médaille de la Faculté,

et j’ai ensuite obtenu mon Juris Doctor en common law

nord-américaine.

Au cours de mes études, j’ai pu profiter de nombreuses

opportunités pour me développer en tant que juriste.

La Faculté de droit est un environnement universitaire

bouillonnant et excitant ! J’ai eu l’occasion de tisser de forts

liens avec le milieu universitaire en tant qu’assistant de

recherche, de prendre part à des simulations parlementaires

qui m’ont donné confiance pour prendre la parole en public

et d’être exposé à des régimes juridiques étrangers en

participant à l’école d’été en Chine.

En plus de m’avoir donné une formation exceptionnelle,

la Faculté de droit m’a soutenu dans mon développement

professionnel. Grâce au réseau de mentors et au personnel

De Montréal à Londres : une immersion

dans le droit des affaires et les marchés

financiers internationaux

Yu Li

(LL. B. 2018)

Avocate chez Blake, Cassels & Graydon

Je me suis jointe au cabinet d’avocats canadien

Blake, Cassels & Graydon dès ma deuxième année

universitaire. Après mes quelques années formatrices

en tant que jeune avocate au bureau de Montréal, on m’a

offert l’opportunité d’effectuer un détachement de deux

ans au bureau de Londres, où Blake a une présence depuis

plus de trente ans, et ce, tout en pratiquant exclusivement

le droit canadien.

Dans le cadre de mon affectation, je m’occupais principalement

de la gestion d’opérations de fusion et acquisition

ayant une composante canadienne et de différents dossiers

en valeurs mobilières. J’ai eu la chance d’élargir ma pratique

en droit des valeurs mobilières et de collaborer avec des

émetteurs étrangers pour les aider à se conformer aux lois

canadiennes sur les valeurs mobilières, ce qui m’a permis de

développer une meilleure compréhension des règles entourant

les marchés financiers dans différentes juridictions.

Pour ce qui est de ma réflexion, je constate que le droit

des affaires à Londres et en Europe évolue rapidement,

notamment en raison de la nouvelle réglementation financière

et des changements apportés par le Brexit. À l’heure

actuelle, on assiste à un engouement croissant pour la

durabilité et l’intégration des critères ESG dans les pratiques

commerciales. Ce nouvel intérêt redéfinit les priorités et

les approches des entreprises ainsi que la stratégie des

investisseurs institutionnels et fait des bourses canadiennes

un choix stratégique pour les émetteurs internationaux

souhaitant élargir leur groupe d’investisseurs. En effet, le

Canada se distingue grâce à son expertise reconnue et à sa

forte présence dans les secteurs de l’énergie, des ressources

de la Faculté, j’ai été sélectionné à titre de clerc à la Cour

d’appel fédérale et à la Cour suprême du Canada. De plus,

le corps professoral a soutenu avec enthousiasme ma candidature

à la maîtrise à l’Université de Cambridge et pour

la Bourse d’études le très honorable Paul Martin père.

Après ma cléricature à la Cour suprême, j’ai commencé

ma pratique en grand cabinet à New York. Bien honnêtement,

j’étais intimidé et je doutais qu’un jeune francophone civiliste

comme moi puisse réussir dans ce marché. Cependant, j’ai

rapidement réalisé à quel point la Faculté m’avait outillé

pour réussir tant à Montréal qu’à New York. Quatre années

plus tard, j’ai acquis la confiance de mes pairs américains

et je suis devenu litigator. Ma pratique nationale m’amène

à prendre part à des dossiers d’une grande complexité en

droit de la concurrence, en valeurs mobilières et en droit

commercial aux quatre coins des États-Unis – de la

Californie à New York en passant par le Texas. Je participe

également à des procès d’envergure devant jury, des arbitres

internationaux et la Cour de chancellerie du Delaware.

Parallèlement, je représente pro bono des demandeurs

d’asile et des victimes de discrimination.

Poursuivant la coutume des diplômés et diplômées de

l’Université de Montréal, je continue de mentorer d’autres

jeunes du Québec qui désirent étudier à l’étranger, devenir

clercs ou venir pratiquer aux États-Unis, avec l’espoir

que les sentiers battus par d’autres avant moi demeurent

accessibles à la prochaine génération d’étudiants et

étudiantes de l’Université de Montréal. DM

naturelles et des services financiers, et cette force fait des

marchés financiers canadiens un choix stratégique pour

les entreprises cherchant à réunir des capitaux tout en

accédant à une base d’investisseurs diversifiée.

Au moment d’écrire ces lignes, je suis de retour au bureau

de Montréal, forte d’une expérience de vie et professionnelle

inoubliable, de nouvelles rencontres et d’un réseau de

contacts élargi qui seront des atouts précieux pour les

années à venir. À long terme, je suis convaincue que la

pratique du droit des affaires continuera à se mondialiser

et que les opérations transfrontalières complexes seront de

plus en plus courantes. Les avocats et avocates devront non

seulement maîtriser les subtilités juridiques et réglementaires

liées à des juridictions multiples, mais aussi avoir

une compréhension approfondie des enjeux économiques

et sociétaux qui influencent ces opérations. S’il y a une

leçon que je retiens, c’est qu’il est important de faire preuve

de polyvalence et de curiosité, et de toujours parfaire

notre connaissance de la réalité et des besoins propres

à notre clientèle. DM

Maîtrise en droit

des technologies

à Londres : un

tremplin pour une

carrière juridique

innovante

Myriam Legault-Laurier

(LL. B. 2014)

Conseillère juridique chez Alter Domus

J’ai commencé ma carrière en droit criminel avant de

me spécialiser en contentieux en droit des contrats et

des technologies de l’information. En 2021, j’ai décidé

d’entamer une maîtrise en droit des technologies de l’information

au King’s College de Londres. Cette décision est née

de mon intérêt croissant pour la protection des données

personnelles, un sujet qui m’a interpellée lors de mes premières

années de pratique. À l’époque de mon baccalauréat,

ce domaine était peu abordé et j’ai donc ressenti le besoin

de mieux en comprendre les enjeux.

L’Angleterre constituait un choix judicieux pour cette spécialisation.

Malgré le Brexit, le droit de l’Union européenne

(UE) continue d’influencer le pays, notamment en matière de

protection des données. De plus, Londres offre un environnement

dynamique et innovant, avec des initiatives comme

les « bacs à sable règlementaires » pour tester les nouvelles

technologies en finance. Pendant ma maîtrise, mon attention

s’est également portée sur l’intelligence artificielle, un

domaine clé dans lequel l’UE a déjà pris les devants en

matière de régulation.

À la fin de mes études, j’ai décidé de m’installer à Londres,

où je travaille désormais chez Alter Domus, un prestataire

de services pour les firmes de capital-investissement.

Ce rôle me permet de combiner mon expérience dans le

marché nord-américain et mes connaissances en droit

européen. J’espère obtenir mes équivalences sous peu afin

d’être reçue comme solicitor.

J’encourage les avocats et avocates qui y songent à entamer

une maîtrise en droit, car il s’agit d’un véritable tremplin

de carrière. Pour moi, cette formation a été décisive,

me permettant d’acquérir une expertise sur des enjeux

complexes de demain, comme la protection des données

et l’intelligence artificielle. Dans un secteur en constante

évolution, renouveler nos compétences est essentiel pour

offrir des services juridiques adaptés aux défis de demain.

Il faut saisir les opportunités offertes par les nouvelles

technologies et leurs enjeux juridiques. DM

Grand dossier

42 Droit Montréal N o 31 / 2025

Droit Montréal N o 31 / 2025

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Grand dossier

Notaire dans un contexte international :

une passion autant qu’une profession

Nathalène Chapuis

(D.D.N. 2006)

Notaire émérite

Ce métier s’est d’abord imposé à moi en France par

tradition familiale puisque je suis issue d’une longue

lignée de notaires depuis le 17 e siècle. Assermentée

notaire au Québec ensuite en 2006, j’ai fondé en 2021 ma

propre étude spécialisée en planification patrimoniale et

règlement de succession dans un contexte international.

Les dossiers qui me sont confiés, malgré l’expertise très

pointue qui est la mienne, présentent une grande variété.

Je collabore notamment fréquemment avec de nombreux

professionnels et professionnelles des domaines notarial,

juridique, fiscal ou bancaire, du Québec ou de l’étranger, pour

prodiguer à ma clientèle un conseil complet et des solutions

techniques répondant au mieux à ses problématiques.

Il peut d’abord s’agir d’anticiper les conséquences d’une

planification pensée à l’étranger de clientes et clients

maintenant domiciliés au Québec. Ceux-ci ont pu, par

exemple, rédiger, avant leur arrivée au Québec, un testament

qui tenait compte du droit international privé et de la loi

successorale de leur ancien domicile. Puisque, malheureusement,

ni la loi successorale ni le droit international privé

y afférent ne sont universels, il est fort probable que le

testament ainsi rédigé ne soit plus adapté à leur réalité

et à leurs volontés. Il est important, à tout le moins, d’en

analyser les conséquences et de vérifier si une autre solution

n’optimiserait pas la transmission civile du patrimoine, à

un coût fiscal moindre. Leur situation matrimoniale est aussi

à scruter, leur nouveau domicile québécois venant imposer

un partage de certains biens du couple selon les règles du

patrimoine familial, concept inconnu dans beaucoup

d’autres pays.

Il faut alors non seulement tenir compte de leur nouveau

domicile, de leur patrimoine et de leur situation personnelle

actuels, mais aussi des probabilités de changement de ces

données à court et moyen terme pour leur proposer une

planification plus efficace. Et même si les clients et clientes

ont quitté le Québec, ils peuvent avoir conservé des biens

ou des proches au Québec et avoir besoin de conseils.

Il arrive aussi souvent que les héritières et héritiers

potentiels soient domiciliés dans différents pays et que la

finalité des personnes testatrices soit qu’ils reçoivent des

parts équivalentes, en tenant compte aussi des biens qui

auront pu leur être donnés par anticipation. Cet objectif

d’équité, si simple à énoncer, peut s’avérer excessivement

complexe à atteindre dans un contexte international. Que ce

soit sur le plan fiscal ou civil, cette internationalisation peut

engendrer un surcoût fiscal causé par la résidence fiscale

d’une personne héritière ou bien par un recours civil d’une

autre lui permettant de réclamer plus de biens que planifié.

Tout cela aboutit à, potentiellement, rompre l’équilibre et

la répartition souhaités par les personnes testatrices.

La mobilité de ce type de clientèle et de ses proches est

aussi un facteur primordial à considérer. En effet, il n’est

pas rare de voir un ou plusieurs de ces proches décider,

à leur tour, de partir vivre dans un autre pays.

Que les successions internationales soit planifiées ou non,

une autre partie de mes mandats consiste à les régler. Mon

implication peut être variable, elle peut aller du déblocage

de fonds dans une banque québécoise ou étrangère jusqu’au

règlement complet de la succession, parfois même en qualité

de liquidatrice successorale. L’identification des actifs et

passifs de la succession peut alors représenter un défi,

car ceux-ci peuvent être aussi localisés à l’étranger. Cela

sans compter l’apparition de nouveaux avoirs tels que les

cryptoactifs dont l’identification et la transmission vont

provoquer d’autres problématiques.

Que cela soit en planification ou en règlement successoral

internationaux, la valeur et la complexité du patrimoine

transmis sont incontestablement en pleine croissance.

Le Québec semble connaître actuellement le plus grand

transfert de richesse intergénérationnel de son histoire,

les dossiers internationaux n’échappent pas à ce constat.

Ce sont autant de défis passionnants à relever pour les

notaires du Québec. DM

Les défis des lois en matière de

protection des renseignements

personnels à l’ère technologique

Éloïse Gratton

(LL. D. 2012, Ad. E., IAS.A)

Associée et co-cheffe nationale,

Respect de la vie privée et

gestion de l’information

Osler, Hoskin & Harcourt

Au cours des 25 dernières années, les avancées

technologiques ont transformé la manière dont les

renseignements personnels sont collectés, stockés

et utilisés. De l’explosion d’Internet aux récentes innovations

en intelligence artificielle (IA), les enjeux liés à la protection

des renseignements personnels n’ont jamais été aussi

complexes. Ces défis sont exacerbés par la portée mondiale

des technologies, rendant difficile l’application uniforme

des lois en matière de protection de renseignements

personnels visant à protéger la vie privée des individus.

Évolution des technologies et impacts juridiques

Les technologies numériques, comme les réseaux sociaux,

les applications mobiles et l’Internet des objets facilitent la

collecte massive de renseignements personnels. Plus récemment,

avec l’émergence de l’IA, les défis se sont multipliés.

Les systèmes d’IA nécessitent souvent des volumes massifs

de données pour fonctionner efficacement, ce qui peut

entraîner une collecte excessive de renseignements

personnels sans consentement éclairé. Les algorithmes

peuvent aussi utiliser des renseignements personnels pour

prendre des décisions qui affectent les individus concernés.

La qualité des renseignements utilisés ainsi que la transparence

et l’équité des processus décisionnels alimentent des

préoccupations tant éthiques que juridiques. Dans ce contexte,

nos lois en matière de protection des renseignements

personnels peinent à suivre cette évolution et doivent

donc être repensées et adaptées à cette nouvelle réalité.

La dimension mondiale des enjeux

En Europe, le Règlement général sur la protection des données

(RGPD), entré en vigueur en 2018, a marqué un tournant

en renforçant la protection de la vie privée des individus.

Au Canada, certaines juridictions ont emboîté le pas dans

le but de renforcer la protection de la vie privée : des

amendements à la Loi sur la protection des renseignements

personnels dans le secteur privé du Québec sont entrés en

vigueur au cours des trois dernières années alors qu’au

fédéral, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de

l’Industrie a déposé le projet de loi C-27 en juin 2022, lequel

a pour but de mettre à jour la Loi sur la protection des

renseignements personnels et les documents électroniques

en introduisant de nouvelles protections ainsi que de

nouvelles pénalités pour les entreprises ne respectant

pas la loi.

Toutefois, les enjeux liés à la protection des renseignements

personnels ne se limitent pas à une juridiction

spécifique. Les entreprises opèrent souvent à l’échelle

nationale ou même mondiale, ce qui complique la conformité

avec des législations disparates. Par exemple, une entreprise

américaine qui traite des renseignements personnels de

citoyens européens doit se conformer au RGPD, tout en

respectant les lois américaines moins strictes. Cette dualité

crée des tensions et soulève des questions sur la manière

dont les entreprises peuvent innover tout en restant

conformes aux lois applicables.

Le rôle du juriste dans un monde en mutation

Face à ces défis, le rôle du juriste devient essentiel.

Les avocates et avocats spécialisés en protection de la vie

privée sont appelés à interpréter les lois et à dispenser des

conseils aux entreprises qui gèrent un volume important

de renseignements personnels tout en s’assurant de se

conformer aux lois, ou alors qui cherchent à innover tout

en minimisant leurs risques. Cela implique non seulement

de connaître les lois existantes, mais aussi d’anticiper les

changements réglementaires et d’inclure des considérations

éthiques dans la prise de décision. Les juristes doivent donc

sensibiliser les entreprises sur les meilleures pratiques en

matière de gestion de renseignements personnels, incluant

la mise en place de mesures de sécurité adéquates et

l’utilisation de processus de dépersonnalisation ou d’anonymisation

de données, et ce, afin de mitiger les risques

liés à cette gestion.

Conclusion

Les défis posés par les lois en matière de protection des

renseignements personnels à l’ère technologique sont

considérables et en constante évolution. Pour assurer une

protection efficace des renseignements personnels, il est

impératif de mettre en place des cadres juridiques adaptés

aux réalités technologiques d’aujourd’hui, tout en exerçant

une vigilance face aux risques futurs. En aidant les

entreprises à naviguer entre innovation et conformité,

les juristes jouent un rôle essentiel dans ce contexte des

plus complexes. DM

Grand dossier

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Grand dossier

Une avocate au cœur

de l’innovation technologique

Indina Remy

(LL. B. 2016)

Juriste d’entreprise, ventes AWS, marketing et services mondiaux

Une transition inattendue d’un domaine traditionnel à un univers technologique en constante évolution

Après avoir obtenu mon diplôme en droit à l’Université

de Montréal, puis mon LL. M. à l’Université de Californie

à Berkeley, j’ai entamé ma carrière dans l’immobilier, puis

dans la construction sportive. Après plusieurs années dans

ces domaines, une opportunité s’est présentée qui a éveillé

ma curiosité intellectuelle : un poste chez Amazon Web

Services (AWS). Attirée par la portée internationale de

l’entreprise, la complexité de ses opérations et son impact

sur notre quotidien, j’ai accepté ce nouveau défi.

J’ai toujours aspiré à travailler en entreprise, plus

proche des décisions stratégiques, et à voir l’impact de ma

contribution. C’est pour cela que j’aimais le secteur de la

construction : je pouvais constater les résultats tangibles.

Dans le nuage informatique, bien que les résultats soient

moins palpables, la proximité avec ma clientèle et l’esprit

d’innovation d’AWS me permettent de voir mon impact

se concrétiser.

Une généraliste dans un monde spécialisé

Dans mon rôle, je ne suis pas une avocate spécialisée.

Plutôt, je suis une généraliste au service de diverses équipes

commerciales, notamment des équipes spécialisées dans les

domaines des données, de l’analyse et de l’IA, du stockage

et du calcul de haute performance. Au quotidien, j’aide

mes clients et clientes à naviguer dans les considérations

juridiques de leurs initiatives et j’offre des conseils stratégiques

sur des questions qui concernent une clientèle de

secteurs variés. Je suis souvent confrontée à des situations

inédites, ce qui requiert une certaine gymnastique mentale.

De la conception de nouveaux services infonuagiques à

l’évaluation de projets d’IA, en passant par les négociations

commerciales, mon travail est un véritable casse-tête que

j’adore résoudre. Loin d’être une ingénieure, je commence

toujours par bien connaître le produit ou projet et l’utilisateur

final. Tout cela exige une grande adaptabilité et la capacité

d’apprendre rapidement.

Naviguer dans l’ambiguïté

L’un des défis chez AWS est la rapidité du changement.

Les innovations émergent à un rythme effréné. Ce défi est

universel dans le secteur technologique, mais chez AWS,

j’ai dû repenser ma tolérance au risque. Tout est à grande

échelle, à fort impact, mais avec l’agilité d’une entreprise

en démarrage. Comme on le dit chez Amazon, « chaque

jour est le jour 1 » ! Cet équilibre est délicat à trouver.

Mitiger les risques est donc à la fois exaltant et éprouvant.

Dans mon rôle, je suis une facilitatrice, perçue comme une

partenaire stratégique dotée d’un bon jugement. La prise

de décision rapide et pragmatique est donc une compétence

essentielle. Les principes de leadership d’Amazon sont

un véritable atout dans ce contexte. Ils offrent un cadre

commun, des valeurs partagées qui nous guident dans

nos décisions.

Surmonter le syndrome de l’imposteur

Lorsque j’ai rejoint AWS, j’ai été confrontée au syndrome

de l’imposteur. Entourée de brillants ingénieurs et leaders,

j’ai parfois douté de ma capacité à apporter une contribution

significative. Je venais de plus de quatre ans dans le monde

de la construction sportive, où j’avais pris plaisir à apprendre

la composition de surfaces sportives. Soudainement, il fallait

que je reconfigure mon cerveau pour comprendre ce

qu’était une instance dans le nuage informatique, la façon

de migrer des données, ou encore, le fonctionnement de

l’informatique quantique.

Pour surmonter ce sentiment, je me suis rapprochée

de ma clientèle. Par exemple, j’ai obtenu la certification

AWS Cloud Practitioner pour mieux comprendre le nuage

et renforcer ma crédibilité. Mais j’ai aussi réalisé que, dans

un tel environnement, le changement est constant et nous

sommes tous en apprentissage permanent. J’ai fini par accepter

ma nouvelle réalité chez AWS : embrasser l’inconfort !

Un avenir prometteur

L’avenir de la profession juridique est étroitement lié à

l’évolution de la technologie. Pour les grandes sociétés

comme AWS, la complexification des activités entraînera

une demande accrue en juristes d’entreprise, plus proches

de l’opérationnel, capables de comprendre les enjeux

spécifiques. Les avocates et avocats devront être plus

stratégiques, plus axés sur les affaires et fortement

tributaires de la technologie, et accorder une plus grande

importance à la gestion des risques. Ils et elles devront

cultiver leur acuité commerciale et leurs compétences

interpersonnelles pour devenir de véritables conseillers

et conseillères stratégiques. DM

Moment Factory, AURA Invalides

Francis Gingras, les coulisses

d’une carrière où la passion et

l’expérience se rencontrent

Francis Gingras

(LL. B. 1999)

Directeur des affaires juridiques

chez Moment Factory

« Mon parcours professionnel n’a rien de linéaire !

C’est en suivant mes passions et en saisissant

les opportunités que j’ai trouvé ma voie dans

le divertissement. »

Mon grand attrait pour les relations humaines m’a

naturellement guidé vers le droit dès le début de mes

études, un choix qui, au fil de ma carrière, a su conjuguer

mes passions au quotidien.

Je garde de beaux souvenirs de mes années à l’UdeM où

je suivais le parcours classique de l’apprenti avocat ambitieux.

Originaire de Rouyn-Noranda et ne connaissant personne

à Montréal lors de mon arrivée, je me suis vite impliqué

dans la vie facultaire afin de me bâtir un réseau. Vous vous

souvenez de la crise du verglas à Montréal ? Imaginez ceci :

la Faculté de droit de l’Université de Montréal accueillait

en même temps une quinzaine d’autres facultés de droit

canadiennes pour les fameux Law Games. Entre les pannes

d’électricité et les routes verglacées, l’événement est

devenu une véritable épopée.

Après la course au stage, j’ai intégré un cabinet d’avocats

réputé de Montréal où j’ai été initié aux subtilités du litige,

bien loin de mon intérêt envers la propriété intellectuelle.

J’ai alors vite réalisé que ma place se trouvait hors des

grands bureaux d’avocats montréalais.

Après un bref passage en cabinet national, une

opportunité d’intégrer le monde des affaires chez BCE

Emergis (maintenant Telus) s’est présentée à moi et je

n’ai pas hésité à la saisir. J’y ai dirigé le programme de

monétisation de nos brevets américains, tout en abordant

les enjeux liés à la protection de la vie privée et au droit des

technologies de l’information. Cette expérience a été particulièrement

enrichissante, élargissant mes connaissances

juridiques dans les domaines de la protection de la vie

privée et des fusions et acquisitions d’entreprises.

Parallèlement, je nourrissais une passion grandissante

pour l’art. En 2015, j’ai ouvert Éphémère MTL, une galerie

pop-up consacrée aux artistes canadiens et canadiennes

francophones, tout en poursuivant des études au Sotheby’s

Institute of Art pour acquérir une expertise avancée en

commercialisation de l’art. Cette aventure m’a conduit

en Floride où, en tant que directeur exécutif de la galerie

Las Olas Fine Arts, j’ai exploré le marché de l’art américain,

allant de la vente d’œuvres à la gestion des droits d’auteur,

tout en développant mon réseau aux États-Unis.

C’est en 2017 que j’ai rejoint Moment Factory, où j’ai pu

réunir mes passions et mes compétences juridiques sous

un même toit. Ce que j’apprécie particulièrement ici, c’est

que l’authenticité et l’innovation sont des valeurs fondamentales,

cultivées dans tous les départements de notre

environnement créatif. Mon premier patron et mentor,

Richard Bardeen, me répétait souvent : « Kiddo, find your

way! » Bien que ça semble cliché, cette phrase continue de

m’inspirer et de me guider dans mes choix au quotidien.

Notre département juridique jongle entre rigueur, agilité

et vélocité pour relever les défis d’un secteur en pleine

transformation accélérée par l’essor de l’intelligence artificielle.

En tant qu’entreprise de divertissement spécialisée

en créativité multimédia, nous nous retrouvons au cœur de

cette révolution technologique qui soulève de passionnantes

questions éthiques reliées à la propriété intellectuelle, plus

particulièrement aux droits d’auteur, aux droits à l’image et

à la protection de la vie privée – des réflexions complexes,

mais fascinantes. Il est essentiel pour nous de rester fidèles

à notre philosophie, en gardant l’humain au cœur de nos

créations, tout en utilisant l’innovation et la technologie

comme leviers pour propulser nos expériences vers de

nouveaux sommets.

Ce qui me motive, c’est de contribuer activement à cette

industrie en accompagnant les créateurs et créatrices dans

la réalisation de leur vision. Mon parcours m’a appris à

écouter mon intuition et à saisir les opportunités – un conseil

que je donnerais à tous ceux et celles qui souhaitent suivre

une trajectoire guidée par la curiosité et la passion. DM

Grand dossier

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Grand dossier

Du CRDP à CBC/Radio-Canada :

portrait de

Marie-Philippe Bouchard,

une femme de tête

Eugénie Godin

Directrice artistique

du Pigeon dissident

En décembre 2016, le Centre de recherche en droit

public (CRDP) de l’Université de Montréal annonçait

avec enthousiasme que M e Marie-Philippe Bouchard

acceptait un poste au sein de son conseil de direction.

Puis, en octobre 2024, le CRDP félicitait celle qui était

alors présidente du conseil de direction pour sa nomination

à titre de présidente-directrice générale de CBC/

Radio-Canada par la ministre du Patrimoine canadien.

Outre cette affiliation, peu de gens sont au courant

que les racines de M e Bouchard, une femme de tête et

gestionnaire chevronnée de la radiodiffusion publique,

remontent directement au CRDP. Elle a gracieusement

accepté de s’asseoir avec moi le temps d’une entrevue,

pour me raconter son histoire.

Détentrice d’une maîtrise en droit de la Faculté de droit

de l’Université de Montréal, M e Marie-Philippe Bouchard a

une feuille de route impressionnante. Même si bon nombre

de personnes indiquent qu’elle a commencé sa carrière

auprès de la société CBC/Radio-Canada avant de faire

le saut en tant que directrice chez TV5 Québec Canada,

il importe de souligner le tout début de son parcours

professionnel, au sein du CRDP : « Mon premier travail

à temps plein, après mon Barreau et ma maîtrise, c’était

comme agente de recherche au CRDP sous Pierre Trudel »,

explique-t-elle, « je me spécialisais alors sur les questions

de réglementation de la radiodiffusion. Éventuellement,

Pierre m’a parlé du fait que le chef du contentieux de

Radio-Canada embauchait des jeunes avocats. »

Ayant été élevée dans une maison qui carburait aux

émissions de Radio-Canada (elle m’avoue avec un sourire

avoir grandi avec les émissions jeunesse diffusées à la

télévision et que sa mère écoutait la radio du matin au soir),

il était naturel pour elle de tenter sa chance pour une telle

position. « C’était la chaîne d’influence chez moi, puis c’était

un service public que j’admirais. J’ai dit : “Moi, ça m’intéresserait

de voir si je suis employable à Radio-Canada.” »

« Je suis arrivée aux services juridiques, où j’ai passé

10 ans », continue-t-elle. « Ces 10 années-là m’ont permis

de voir l’ensemble de l’œuvre, parce que c’était un service

juridique qui servait toutes les composantes. Anglais,

français, radio, télé, région, réseau, corpo…, j’ai fait

de tout ! »

De fil en aiguille, M e Bouchard finit par se joindre à la

société elle-même, et de là, accède à des postes au service

français, pour ensuite devenir gestionnaire : « Je suis devenue

gestionnaire dans la salle des nouvelles de Radio-Canada,

parce que l’information m’intéressait beaucoup et que j’avais

une pratique importante en conseil auprès des journalistes.

J’ai passé 10 ans comme gestionnaire, rédactrice en chef,

directrice des nouvelles à la radio, à la télé… puis, éventuellement,

j’ai évolué vers d’autres postes de responsabilité

supérieure en planification stratégique, à la radio, etc.

J’ai pas mal touché à tout, y compris au service numérique. »

Après 29 ans au sein de CBC/Radio-Canada, elle se fait

approcher par TV5 Québec Canada pour un poste de haute

gestion. TV5 étant une autre institution que M e Bouchard

admire et qu’elle connaît très bien de l’intérieur, puisque

Radio-Canada est partenaire de TV5 depuis sa création, elle

décide de faire le saut. Elle a donc, dès ce moment, assumé

le poste de présidente-directrice générale de TV5 Québec

Canada (de même que de TV5 Numérique, trois ans plus tard).

Presque simultanément, elle se fait également approcher

pour un poste au sein du conseil de direction du CRDP,

qu’elle accepte.

« Puis voilà, j’ai [récemment] été approchée pour prendre

la présidence de CBC/Radio-Canada. C’est un cercle qui

commence au CRDP et qui s’y termine, parce que c’est

probablement mon dernier emploi », indique-t-elle en

souriant. « Après ça, j’essaierai de distribuer mes conseils

sagement. C’est une immense boucle qui m’a gardée dans

ces notions fondamentales d’instruments de cohésion

sociale que sont les médias de services publics. »

Cela étant dit, elle n’entend pas chômer pendant son

mandat à la tête du diffuseur public le plus important au

Canada, loin de là! Bien que la question qui ressort souvent

lors de ses entretiens se résume succinctement à « quels

sont les défis auxquels fait face CBC/Radio-Canada, lors

de votre retour neuf ans plus tard ? », elle tient à préciser

ce point particulier : « Ce qui est le plus marqué, c’est

quelque chose qui existait déjà, parce que moi, j’y ai déjà

participé aussi dans les dernières années. C’est l’immense

transformation du milieu des médias, du divertissement,

la façon dont les Canadiennes et Canadiens s’informent,

se divertissent, ce qu’ils ont comme attentes par rapport

à ce milieu-là. »

Plus spécifiquement, lorsqu’il est question des jeunes

(généralement compris comme étant les Canadiennes et

Canadiens âgés de 18 à 30 ans), elle admet que le défi est

légèrement différent : « Première chose, on a le mandat

de les servir. Deuxièmement, on veut créer un lien émotif

avec eux pour le long terme », indique-t-elle. « On est en

concurrence avec beaucoup plus d’offres, et une offre qui

a tendance à capter leur attention, surtout dans le modèle

des réseaux sociaux. Ça, c’est le grand, grand défi pour tous

les diffuseurs publics à travers le monde. On s’en parle

avec nos partenaires français, britanniques… ce sont des

conversations qu’on a : comment on s’adresse au jeune

public ? »

Les solutions sont multiples, bien qu’aucune ne soit une

panacée miraculeuse. « Je pense que ça passe par le développement

de produits spécifiques. CBC et Radio-Canada

ont développé des approches. Par exemple, en matière

d’information en général, comment informer les jeunes ?

Bien, c’est avec un ton, puis un produit qui correspond

à leur mode de consommation. » Elle donne l’exemple

d’initiatives comme Rad, de même que la production de

vidéos verticales concernant l’information régionale, pour

que l’information de proximité soit consommée de la façon

dont les jeunes consomment leur contenu d’actualité en 2025.

« Mon espoir, c’est aussi que tous les autres diffuseurs

canadiens évoluent dans ce sens-là aussi. Parce qu’on

ne peut pas être les seuls fournisseurs qui s’intéressent

aux jeunes. »

« Je pense que ça passe par le

développement de produits

spécifiques. CBC et Radio-

Canada ont développé des

approches. Par exemple, en

matière d’information en général,

comment informer les jeunes ?

Bien, c’est avec un ton, puis un

produit qui correspond à leur

mode de consommation. »

« Pour que les jeunes continuent à s’informer et à se

divertir en français, il faut qu’il y ait aussi une diversité de

points de vue, de sources d’information et de divertissement,

typiquement qui leur ressemble, et qui met en scène des

vedettes auxquelles ils vont s’associer, en qui ils vont se

reconnaître », déclare-t-elle. « Il faut que nos produits

soient conçus en fonction de ce qui va résonner avec eux.

Et ça, on l’a fait dans toute génération. Maintenant, il faut

qu’on les rende accessibles sur les plateformes et dans

le format qu’ils vont consommer. »

Cependant, au travers de cette grande question qui

casse la tête à tous les médias autour du globe, la mission

primaire de CBC/Radio-Canada – et de Me Bouchard – reste

très claire : « On a cette mission d’être un peu de tout pour

tous et toutes au Canada […], et c’est important pour la

chaîne de création et l’économie créative canadienne. »

Elle envisage d’ailleurs son mandat des cinq prochaines

années avec énormément de positivisme, de même qu’un

enthousiasme et une passion palpables. Elle déclare

simplement, tout sourire : « Je retrouve une institution

que j’aime profondément, puis qui, je le sens, apprécie

ma présence. »

Nous félicitons encore une fois Me Bouchard, femme

de tête inspirante et gestionnaire accomplie, pour sa

nomination et lui souhaitons tout le meilleur succès

pour son mandat à la tête de CBC/Radio-Canada. DM

Grand dossier

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Grand dossier

Une carrière au sein

d’une multinationale

en technologie

Mylène Lemieux

(LL. B. 2012)

Leader juridique du Canada chez Cisco, et

vice-présidente du Barreau du Québec

L’économie globale et interconnectée nous force à développer

une compréhension plus profonde de la façon dont différents

pays font des affaires et du paysage juridique qui varie d’une

région à l’autre du monde.

Bien que le droit international réfère dans son sens strict et

en tant que discipline juridique au droit qui régit les États et

les organisations internationales, il peut aussi se comprendre

de la pratique de l’avocat ou l’avocate ayant une carrière à

vocation internationale.

Après quelques années en pratique privée, l’opportunité

de devenir avocate en entreprise s’est présentée tout

naturellement avec Cisco. Fondée à San Francisco, ayant

pour logo l’emblématique pont du Golden Gate et pour

slogan The bridge to possible, évocateur de son vaste

portefolio de solutions, Cisco est une entreprise qui se

spécialisait à l’origine dans le matériel réseautique et les

serveurs. Depuis plusieurs années, j’ai vu Cisco se diversifier

par le développement de produits et l’acquisition d’entreprises

de solutions logicielles et infonuagiques. Être une fière

Cisconian, c’est notamment : se renouveler au quotidien vu

la rapide mouvance des développements technologiques,

faire preuve de résilience face aux changements constants

nécessaires aux opérations d’une multinationale et être un

témoin de premier plan de la technologie qui transforme

le monde.

Dans mon rôle de leader juridique du Canada chez Cisco,

je me concentre sur la gestion des négociations complexes et

des contrats associés à la vente de solutions technologiques.

Je gère l’équipe juridique du Canada et j’agis en tant que

principale conseillère juridique du président et de l’équipe

de leadership du Canada. Ma pratique s’articule autour du

classique triple « C » : Contrats, Conformité et Conseils.

C’est un défi à la fois excitant et parfois étourdissant que de

mettre à profit mes compétences pour élargir ou renforcer

les activités et assurer la conformité d’un acteur incontournable

dans le secteur des technologies.

L’un des aspects les plus stimulants de ma pratique au sein

de cette multinationale est de collaborer au quotidien avec

des avocates et avocats chevronnés provenant de différentes

régions du monde sur des enjeux touchant le droit à la

vie privée, la cybersécurité et le droit des contrats technologiques.

La convivialité des échanges et le partage des

connaissances avec mes collègues sur tous les fuseaux

horaires avec nos multiples accents sont des moments que

j’affectionne particulièrement dans mon quotidien.

Dès le début de mon parcours, j’ai su rapidement que je

voulais consacrer ma pratique à la représentation des

entreprises à vocation internationale. Toutefois, je savais

aussi que ma pratique en droit des affaires ne constituait

qu’un volet de ma carrière. L’autre volet, c’est mon implication

dans des enjeux d’accès à la justice, notamment quant à la

place de la technologie et de l’intelligence artificielle (IA)

au service de la justice et à la prévention et la solution des

conflits au cœur de la pratique juridique. Mon épanouissement

professionnel dépend de l’amalgame de ces deux volets.

Selon le Forum économique mondial 1 , il est anticipé que dans

un futur très rapproché, les avancements technologiques

vont transformer en profondeur les compétences essentielles

liées à l’emploi. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous

perfectionnons ces compétences critiques au sein de nos

équipes juridiques chez Cisco. Au Canada, ces priorités

incluent pour mon équipe :

→ L’IA et les mégadonnées (big data) afin d’être en mesure

d’utiliser l’IA et d’analyser des données de masse pour

soutenir notre prise de décision informée;

→ La résilience, la flexibilité et l’agilité afin de s’adapter

constamment à des cibles mouvantes et de développer

notre capacité de rebondir face à l’adversité;

→ La littéracie technologique afin d’acquérir une compétence

étendue face à l’utilisation des outils technologiques.

L’enthousiasme suscité par la pratique juridique internationale

vient de sa nature dynamique et multiforme.

Je me considère privilégiée de pratiquer le droit des affaires

et des technologies au sein d’une multinationale qui s’intéresse

aux enjeux globaux liés à l’intégration massive des

innovations technologiques. Nous avons tous et toutes

un rôle à jouer afin que l’évolution du droit maximise les

bénéfices de la technologie tout en minimisant ses risques

et en protégeant les droits fondamentaux. DM

1. World Economic Forum, The Future of Jobs Report 2023,

https://www.weforum.org/publications/the-future-of-jobs-report-2023/

Pratiquer le droit

international public

Jessica Joly Hébert

(LL. B. 2012)

Membre du Conseil d’administration,

Avocats Hors Québec

Une carrière en droit international peut s’avérer une

option gratifiante pour les juristes qui s’intéressent à

une approche multidisciplinaire du droit et souhaitent

pratiquer aux quatre coins du monde.

Lors de mon passage à la Faculté de droit de l’Université

de Montréal, j’étais loin d’être convaincue de vouloir opter

pour une carrière juridique au niveau national, mais c’est

tout de même grâce à ces études que j’ai compris qu’un

chemin moins pavé pouvait s’offrir à moi : la pratique du

droit international. Après un passage à l’Académie de droit

international de La Haye se sont enchaînés des stages au

siège de l’ONU à New York et à la Cour pénale internationale,

une maîtrise à McGill, un emploi de plusieurs années à la

Cour internationale de Justice et un doctorat qui s’achève

à Paris en droit de la responsabilité des États. De concert

avec mes recherches doctorales, j’ai enseigné et publié

sur des enjeux variés de droit international public et je

développe présentement une pratique de conseil devant

les cours et tribunaux internationaux.

Il existe autant de types de carrières en droit international

que d’internationalistes. Spécialistes des droits de la

personne, des investissements étrangers, du droit pénal

international, du droit de la mer ou du droit international

humanitaire, les avenues sont diverses et demeurent méconnues,

et ce, malgré le fait que plusieurs juristes du Québec

et du Canada s’illustrent à l’étranger. Bilingues et au fait

des particularités d’un système bijuridique, les juristes

québécois et québécoises ont des qualités additionnelles

hautement prisées dans la pratique du droit international.

C’est ce que m’a permis de constater mon travail au sein

d’Avocats Hors Québec, une organisation à but non lucratif

représentant les intérêts de ses membres au Barreau du

Québec et qui met en lumière leurs parcours parfois

atypiques mais toujours fascinants.

Il est facile de sombrer dans une attitude défaitiste au

constat des violations du droit international et des difficultés

relatives à sa mise en œuvre. À la lumière des nombreux

conflits en cours dans le monde, l’impossibilité pour le

système judiciaire international de résoudre l’ensemble

des différends est souvent pointée du doigt. L’absence du

droit international serait toutefois bien plus malheureuse.

Au-delà d’une solution complète, celui-ci fournit un cadre

et sa pratique permet – de concert avec d’autres efforts de

nature politique et diplomatique – de tenter de résoudre

des enjeux complexes.

Pour moi, l’appel du droit international a toujours consisté

à vouloir combiner mes habiletés juridiques à mon désir,

grandissant et reflétant une urgence de plus en plus

pressante, d’utiliser le droit pour traiter certains enjeux

géopolitiques mondiaux. Récemment, j’ai eu l’opportunité

d’agir comme conseil pour la Commission des petits États

insulaires (COSIS) lors de procédures sur les changements

climatiques et la pollution de l’environnement marin devant le

Tribunal international du droit de la mer. Le travail de notre

équipe 1 a ainsi contribué à la clarification des obligations

imposées aux États en matière de climat, une avancée

considérable malgré tout ce qui reste à accomplir en droit

de l’environnement.

Faire le choix d’une carrière pratique ou universitaire en

droit international est une option compétitive, mais valorisante.

Il n’y a aucun doute que ce domaine juridique a son rôle

à jouer sur l’échiquier mondial et que ceux et celles qui le

défendent et le pratiquent participent à son rayonnement. DM

1. https://www.itlos.org/en/main/cases/list-of-cases/request-for-an-advisory-opinionsubmitted-by-the-commission-of-small-island-states-on-climate-change-andinternational-law-request-for-advisory-opinion-submitted-to-the-tribunal/

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Grand dossier

Des diplômées

et diplômés font

la différence au sein

du HCR, l’Agence

des Nations Unies

pour les réfugiés

Sensible au sort des millions de personnes fuyant la Syrie en quête de refuge et inspiré

par l’élan de solidarité des communautés d’accueil au Québec, j’ai amorcé, en 2016,

une réflexion quant à ma carrière. J’ai pris la décision de mettre mon savoir-faire au

service des personnes fuyant les conflits et la persécution.

À cette époque, le HCR estimait à 65,6 millions les personnes

déplacées de force dans le monde. Aujourd’hui, ce nombre

dépasse 122 millions, un record accablant qui nous rappelle

que la route vers la paix sera sinueuse. Malgré les défis, les

collègues du HCR œuvrent aux quatre coins du globe pour

sauvegarder les droits des personnes contraintes à l’exil en

raison des guerres et des violences. Six de ces collègues sont

des personnes diplômées de notre faculté et les prochaines

lignes sont consacrées au combat qui les anime.

Le HCR est une organisation internationale qui a pour

mission de sauver des vies, de protéger les droits et de

construire un avenir meilleur pour les personnes déplacées

de force. À l’international, le HCR fournit une aide humanitaire

vitale – abris, eau, soins médicaux – aux personnes

réfugiées, demandeuses d’asile, apatrides et déplacées dans

leur propre pays. Au Canada, les besoins sont différents

et le HCR mène plutôt des actions de sensibilisation et de

promotion des droits des personnes déplacées de force

auprès des gouvernements, de la société civile et du public

en général. Ici ou ailleurs, nous œuvrons pour reconnaître

la dignité des plus vulnérables. Le mandat de notre organisation,

aussi exigeant qu’essentiel, nous invite à croire qu’un

avenir meilleur est possible pour ceux et celles qui ont dû

tout abandonner pour fuir au péril de leur vie.

Le HCR sur le terrain

Joey Hanna

(LL. B. 2013)

Chef de bureau à Montréal

pour le HCR

Pour certains, comme M e Aline Fautsch, l’engagement au

HCR revêt un caractère personnel. Diplômée en 2008, elle

a vécu un déplacement durant son enfance, une expérience

marquante qui a agi comme moteur d’implication. Aline

confie que « c’est avec compassion et admiration » qu’elle

s’efforce de contribuer à la résilience des personnes déplacées.

Elle a travaillé pour le HCR, entre autres, en Algérie

et au Panama, et est actuellement coordinatrice du groupe

sectoriel de la protection à Pemba, Mozambique, où elle

s’affaire à protéger les droits des populations affectées

par le conflit armé qui sévit au nord du pays. Son quotidien

est ponctué d’attaques contre les populations civiles et

d’interventions humanitaires d’urgence.

Photo : Albert Zablit

M e Florence La Charité-Harbec (2020), en est à sa

première expérience au sein du HCR. Après avoir travaillé

en droit de l’immigration à Montréal, elle effectue un stage

dans l’équipe juridique du HCR à Trinité-et-Tobago. Elle voit

dans son travail une expérience enrichissante lui permettant

de mieux comprendre les enjeux mondiaux et de développer

une sensibilité accrue aux réalités des personnes réfugiées.

Dans son rôle, elle aide ces dernières à faire valoir leurs droits

et contribue à la construction de leur avenir. Son contact

direct avec les populations lui permet de « voir l’impact

tangible de son engagement ».

La réinstallation, une solution

Un des piliers du HCR est de trouver des solutions durables

pour les personnes réfugiées, un défi complexe pour ceux

et celles qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays en

raison des violences. Contrairement aux idées reçues,

la majorité (71 %) des personnes réfugiées ne sont pas

accueillies dans des pays riches, mais à revenu faible ou

intermédiaire. Il s’agit d’États limitrophes aux zones de

conflit, comme la Turquie, l’Iran et l’Ouganda, où leurs

conditions de vie sont précaires. M e Hubert Guay (2016)

travaille au sein de l’équipe de réinstallation au El Salvador.

Il explique brièvement que « la réinstallation consiste à

transférer des personnes réfugiées vulnérables vers un pays

d’accueil qui accepte d’offrir une résidence permanente ».

Pour lui, ce travail permet d’avoir un impact direct sur les

vies de ceux et celles qui ont tout quitté pour échapper à

la persécution. Près de 3 millions de personnes réfugiées

auront besoin d’être réinstallées en 2025, mais moins de

1 % d’entre elles le seront. La déchirante réalité est que la

majorité des populations déplacées devra séjourner dans

des camps, ou bien prendre des risques extrêmes pour

tenter d’atteindre un pays d’accueil.

Affaires juridiques internes

Notre action internationale, laquelle implique plus de

21 000 employées et employés déployés dans 136 pays,

ne saurait être viable sans le travail que mènent certains

collègues, parfois dans l’ombre, pour s’assurer que la

structure tienne. M es Charlotte Servant-L’Heureux (2017)

et Sandra Lando (2017), respectivement à Nairobi et Bangkok,

font partie de ces collègues. Elles travaillent au sein de

l’équipe des affaires juridiques du HCR, le parfait mariage

entre litige et droit international. Ainsi, Charlotte et Sandra

s’occupent des dossiers disciplinaires, des privilèges et

immunités des fonctionnaires internationaux ainsi que

de l’administration de la justice interne, notamment en

représentant l’organisation devant le Tribunal du contentieux

administratif de l’ONU. Quant au pourquoi d’une

carrière internationale, les deux répondent que c’est pour

l’environnement multiculturel enrichissant ainsi que pour

l’élargissement des horizons et, ajoute à la blague Sandra,

« pour échapper aux longs hivers québécois ! ».

Le plaidoyer, un outil puissant

Retour au Canada pour deux arrêts. D’abord, à Ottawa,

bureau auquel M e Sarah Marinier Doucet (2013) est

rattachée, et où une équipe observe les pratiques et les

politiques d’asile du Canada. Concrètement, « le HCR est

en dialogue constant avec les acteurs et les institutions

canadiennes responsables de mettre en œuvre le droit

d’asile, notamment IRCC, l’ASFC et la CISR 1 », explique Sarah.

Par ailleurs, le HCR Canada mène un travail de litige stratégique

et intervient parfois devant la Cour suprême lorsque

les dispositions contestées impliquent le droit international

des personnes réfugiées. Un travail fondamental qui fait

intervenir des collègues juristes partout sur la planète afin

d’assurer la cohérence dans la jurisprudence sur l’asile.

Au bureau de Montréal, je mène, avec mes collègues, un

travail de vulgarisation visant à sensibiliser la population

aux droits des personnes réfugiées ainsi qu’aux obligations

internationales des États à leur égard. Ce travail m’amène

à donner des conférences, à prendre part à des panels,

à répondre aux questions des médias et à participer à la

formation de fonctionnaires de différents ministères sur

la question des migrations forcées. Dans l’espace public,

les personnes demandeuses d’asile sont utilisées comme

boucs émissaires, notamment de la crise du logement et

des services publics. Il faut rappeler que les défis auxquels

notre société fait face sont complexes et ne sauraient être

expliqués par des raccourcis simplistes.

L’année prochaine, le HCR soufflera 75 bougies. Une étape

importante qui invite à prendre un pas de recul sur notre

rôle. Comment souligner ce jalon alors que notre monde

est confronté à de multiples crises ? Peut-on célébrer bien

que les conflits fassent rage partout sur la planète ? Il serait

facile, et peut-être tentant, de devenir cynique concernant

la coopération internationale et de se replier sur soi.

Toutefois, le cynisme et l’isolement ne sont pas un luxe que

les personnes réfugiées peuvent se permettre. La route

vers la paix sera sinueuse, mais le message porté par nos

diplômés et diplômées au HCR est unanime : nous devons

paver la voie par la coopération, l’inclusion et le dialogue. DM

1. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Agence des services

frontaliers du Canada (ASFC), Commission de l’immigration et du statut de

réfugié du Canada (CISR).

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Grand dossier

Montréal : épicentre de la lutte

contre le dopage dans le sport

Alexandre Csuzdi-Vallée

LL. B. 2017 et J.D. 2018)

Conseiller juridique

Agence mondial antidopoage

Le monde de l’antidopage évolue constamment.

Les stratégies employées par les sportifs et sportives

afin d’obtenir un avantage compétitif deviennent de

plus en plus sophistiquées à mesure que les outils

de détection se raffinent. Les organisations antidopage

doivent s’ajuster à cette réalité toujours en mouvement

afin de défendre un sport sans tricherie.

De cette course à l’armement surgissent des questions

juridiques novatrices et captivantes. Comment ajuster les

règles à ces nouvelles réalités ? Comment s’assurer que

les sportives et sportifs demeurent au cœur des politiques

antidopage et que leur voix est entendue ? Comment fournir

aux organisations antidopage les outils nécessaires pour

repérer celles et ceux faisant usage de substances ou

méthodes interdites ? Comment garantir une procédure

équitable pour celles et ceux qui sont accusés d’avoir

commis une violation des règles antidopage ?

L’Agence mondiale antidopage (AMA), dont le bureau

principal se situe à Montréal, a pour mission d’élaborer,

d’harmoniser et de coordonner les règles antidopage partout

dans le monde. Afin de mener à bien son rôle, l’AMA revêt à

la fois un chapeau de régulateur, de meneur et de conseiller.

En tant que conseiller juridique spécialisé dans la gestion

des résultats, je suis amené à participer à cette variété de

rôles de l’AMA. Mon travail quotidien ne se résume donc pas

à l’interprétation et à l’application de concepts juridiques

statiques, mais implique également une réflexion sur les

meilleures façons de les faire évoluer et d’améliorer leur

compréhension à travers le monde.

Le droit de l’antidopage tel qu’on le connaît aujourd’hui est

encore jeune – l’AMA n’a été créée qu’en 1999 – et constitue

une branche du droit en constante évolution. De nouvelles

règles sont discutées régulièrement : une version révisée et

améliorée du Code mondial antidopage est adoptée à chaque

intervalle de six ans, plusieurs Standards internationaux font

l’objet de révisions fréquentes et la Liste des interdictions

est mise à jour chaque année. En collaboration avec le Comité

international olympique, les fédérations internationales,

les organisations nationales antidopage et les autorités

gouvernementales, ces règles sont mises en place dans

tous les sports et tous les pays.

Pour accompagner ces changements, l’AMA met en place

des programmes d’éducation et de prévention afin d’informer

les sportifs et sportives, leur personnel d’encadrement et

autres parties intervenantes des risques liés au dopage et

des conséquences qui en découlent. Grâce à des formations,

des conférences et des campagnes d’information, l’AMA

s’efforce d’être une ressource pour que les sportifs et

sportives et les organisations antidopage puissent naviguer

plus facilement à travers ces règles parfois complexes.

L’égalité sportive implique que les règles soient appliquées

de la même manière, quels que soient le sport, le niveau

de pratique et le lieu de résidence. Des règles antidopage

uniformes seraient peu utiles sans des mécanismes robustes

assurant leur application homogène. L’AMA est notifiée de

toutes les décisions concernant une potentielle violation

des règles antidopage et possède un droit de porter en appel

ces décisions. L’équipe juridique de l’AMA révise et analyse

chaque décision en profondeur afin d’évaluer sa conformité

avec le Code mondial antidopage et de déterminer si un

appel est nécessaire.

La présence de l’AMA à Montréal souligne l’importance du

rôle de la province de Québec dans l’antidopage à l’échelle

mondiale. L’expertise québécoise en antidopage ne fait aucun

doute et s’exporte à l’international. En tant que centre névralgique

de la lutte contre le dopage dans le sport, Montréal

joue aujourd’hui un rôle clé dans ce domaine crucial pour

l’équité et l’éthique sportives. DM

Plaider pour la paix et

la justice sociale : mon parcours

en tant que juriste à l’OIT

Maya Stern Plaza

(LL. B. 2009)

Avocate spécialisée en politique

de protection sociale, Organisation

internationale du Travail

Après le cégep, je n’aurais jamais imaginé étudier

le droit. Mémoriser des lois ? Plaider ? Pas question !

Pourtant, après une licence à McGill et des expériences

à l’ambassade du Canada en Espagne et à Amnesty

International à Londres, j’ai vu le droit autrement.

Ma passion pour les droits humains était forte, mais

il me manquait un outil pour la concrétiser.

Retourner à l’université après un diplôme et plusieurs

expériences professionnelles était difficile, mais j’étais

déterminée. Des professeures et professeurs exceptionnels

à l’Université de Montréal m’ont inculqué la pensée critique.

Je conseille toujours aux futurs étudiants et étudiantes en

droit de valoriser les compétences acquises : pensée critique,

raisonnement analytique, organisation des idées, construction

d’arguments. Ces atouts sont inestimables et durables

même en dehors d’une profession juridique.

Après la Faculté de droit et l’École du Barreau du Québec,

j’ai profité du stage international offert par l’École du Barreau

et le MRIF. Cependant, je n’avais pas été présélectionnée

au départ. Un avocat m’avait aussi dit que mes expériences

internationales n’intéressaient pas les grands cabinets. J’ai

compris que ma réalisation se ferait ailleurs. Il faut persister.

En 2012, j’ai commencé un stage au Département de la

sécurité sociale du BIT à Genève. Entre autres l’OIT aide

les gouvernements à mettre en œuvre des politiques de

protection sociale universelle. Ce sujet complexe m’a fascinée.

Après le stage, j’ai obtenu des contrats de consultance

qui ont évolué en postes plus stables. En 2018, j’ai été titularisée

sur un poste juridique.

Travailler comme juriste en droit international dans le

système onusien est une expérience riche et stimulante :

élaboration de lois nationales, l’analyse de questions de

politique, renforcement des capacités nationales et dialogue

avec des parties prenantes. Cette diversité de responsabilités,

alliant expertise juridique, sens politique et vision stratégique,

rend mon travail non seulement captivant mais

aussi profondément gratifiant.

Les missions techniques, à la fois exigeantes et enrichissantes,

offrent une expérience unique et une leçon

d’humilité. Elles permettent un contact direct avec les

réalités concrètes des mandants de l’OIT, rendant notre

travail tangible et gratifiant. Parallèlement, la compréhension

des aspects politiques s’avère cruciale, car les questions

techniques s’entrelacent souvent avec des dimensions

politiques implicites. Cette expertise, développée au fil

du temps, m’a permis d’offrir des conseils adaptés aux

contextes nationaux et de superviser de jeunes juristes,

notamment des stagiaires de l’École du Barreau, contribuant

ainsi à la formation de la prochaine génération de

professionnels du droit international.

Aujourd’hui, en tant que spécialiste juridique et normative

en protection sociale, je contribue à la promotion des normes

internationales de sécurité sociale, notamment la Convention

n° 102 emblématique de l’OIT. Mon rôle englobe l’élaboration

de conseils juridiques et politiques aux gouvernements,

la direction de travaux juridiques, et la collaboration stratégique

avec les mandats de l’OIT, de l’ONU et d’autres

partenaires pour concevoir et mettre en œuvre des politiques

et des cadres juridiques alignés sur les normes internationales.

Parallèlement, je conduis des recherches approfondies

et des initiatives innovantes visant à renforcer les capacités

institutionnelles et techniques des acteurs nationaux.

Le but ultime est de garantir que les systèmes de protection

sociale respectent les droits humains et répondent aux

besoins des populations vulnérables, tout en renforçant

les capacités locales et en promouvant une protection

sociale universelle et adéquate.

Mon parcours, de l’étudiante en droit hésitante à la

spécialiste à l’OIT, a été insolite, stimulant et gratifiant.

En regardant vers l’avenir, je ressens à la fois préoccupation

et détermination. La montée des mouvements populistes

et les attaques contre les institutions multilatérales sont

troublantes. Cela rappelle les années 1930, lorsque la

Société des Nations a échoué. En ces temps turbulents,

l’engagement envers les droits humains et la justice sociale

doit rester inébranlable. Nous devons continuer à nous

adapter et à innover pour défendre les principes qui

guident notre travail. DM

Grand dossier

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Grand dossier

La Croix-Rouge internationale,

le monde à portée de main

Lucie Laplante

(LL. B. 1999, LL. M. 2000, DESS Common Law 2004, Barreau du Québec 2003,

Barreau de l’État de New York 2009)

Sous-secrétaire générale, Juridique, Gouvernance et Redevabilité, par intérim,

Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Nous sommes en 2010, Haïti vient d’être touchée

par un tremblement de terre dévastateur. Je viens de

prendre mes fonctions à la Croix-Rouge. Mon premier

défi est de taille. Nous devons répondre à la catastrophe

dans un théâtre opérationnel complexe. J’ai très peu de temps

pour conclure une transaction immobilière de plusieurs

millions de dollars afin d’implanter notre base humanitaire

à Port-au-Prince. Je relève le défi. Pendant les semaines

et mois qui suivront, notre base de la Croix-Rouge verra

transiter des centaines d’humanitaires du monde entier, des

milliers de tonnes de vivres, de biens de première nécessité

et d’équipement de toute sorte, et aura été le centre opérationnel

de tous les programmes de reconstruction. Savoir

démarrer rapidement, et maintenir l’effort sur la durée,

c’est comme ça que je vis le rôle d’avocate à la Croix-Rouge.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-

Rouge et du Croissant-Rouge (www.ifrc.org) est une

organisation internationale qui agit principalement en

réponse aux désastres naturels. Elle fournit des services

à 191 entités dans le monde entier. Ce sont nos sociétés

nationales. Vous êtes peut-être familiers avec la Croix-Rouge

canadienne par exemple. Mais mes interactions quotidiennes

m’amènent aussi à travailler avec ses équivalents en Israël,

en Palestine, en Russie ou en Ukraine, et partout sur

la planète.

J’ai gravi les échelons pour prendre la tête des services

juridiques en 2015. Au cours des dernières années, j’ai mis

l’accent sur la gestion des risques, la bonne gouvernance et

la protection des données. Nous jouons un rôle essentiel en

matière de transformation de l’organisation, de numérisation,

d’innovation et d’éthique, sans oublier des sujets d’actualité

comme les sanctions et les contrôles à l’exportation.

On me demande souvent quelles sont les qualités requises

pour briller dans les affaires mondiales. Notre monde change

vite. Polyvalence, réactivité, pragmatisme, flair politique,

tact et diplomatie, il faut savoir s’adapter. J’ai la chance de

m’entourer d’une équipe talentueuse pour traiter de questions

juridiques dans plusieurs langues et dans un contexte

multijuridictionnel. Pour préparer les futures générations

de juristes québécois et québécoises dans les affaires

mondiales, j’ai aussi signé un protocole d’accord avec le

Barreau du Québec qui me permet d’accueillir chaque

année un certain nombre de ses stagiaires.

Mes négociations m’amènent à encadrer des campagnes

de financement avec de grandes entreprises, comme Meta ou

Apple. Mais les défis du quotidien sont aussi très techniques :

la création d’un produit d’assurance dans le cadre d’un

partenariat public-privé, la défense de l’organisation auprès

des juridictions internationales, une présentation devant

l’assemblée mondiale de tous nos membres sur un dossier

juridique en cours, la négociation d’un accord de siège en vue

de l’obtention de l’immunité diplomatique pour l’organisation

et le personnel, ou l’octroi d’une licence pour l’utilisation

du logo de la Croix-Rouge.

Le poste de directrice juridique va aussi au-delà du

conseil juridique. Je suis une conseillère stratégique membre

de la haute direction de l’organisation. Au quotidien, cela

me permet d’avoir une vue à 360o de l’organisation. Cela

m’amène à naviguer entre les zones grises et les ambiguïtés,

pour aligner des intérêts parfois divergents. C’est une

plateforme passionnante, qui a une influence sur

l’actualité internationale.

Un conseil pour les plus jeunes confrères et consœurs

du Barreau : faire preuve de curiosité et saisir les opportunités

est une belle manière de se découvrir une vocation.

Prendre certains risques et sortir des sentiers battus pour se

démarquer peut faire toute la différence. Je vous encourage

à explorer l’ensemble des avenues possibles pour déployer

votre expertise juridique. Et qui sait, peut-être se

croisera-t-on sur l’un ou l’autre des continents. DM

Photo : FICR

L’organisation internationale évolue

Étienne Michaud

(LL. B. 1999 et LL. M. 2004)

Juriste en chef, Le Fonds mondial de

lutte contre le SIDA, la tuberculose

et le paludisme

S’il existe une pléthore d’organisations internationales

créées par un traité, force est de constater que

l’action multilatérale des deux dernières décennies a

eu tendance à se structurer selon de nouveaux types

de partenariats qui bousculent la pratique établie

autour de la personnalité juridique internationale.

Le droit, comme souvent, s’y retrouve à la remorque de

l’action politique et sociale. Cela offre un environnement

de travail passionnant pour les avocates et avocats.

Ma maîtrise en droit des technologies de l’information

ainsi qu’un mandat d’agent de recherche au CRDP auprès du

P r Pierre Trudel me destinaient au départ à poursuivre une

carrière en droit du divertissement ou en soutien d’acteurs

du monde numérique. C’est à travers un stage du Barreau,

puis un emploi comme juriste, à l’Union internationale

des télécommunications, une organisation internationale

membre du système des Nations Unies, que j’ai découvert

le défi que pose l’intégration du droit international public

à tous les aspects d’une pratique qui s’apparente par ailleurs

à l’exercice en entreprise.

J’ai poursuivi ma carrière auprès de Fonds mondial de lutte

contre le sida, la tuberculose et le paludisme où je suis

maintenant chef juriste au sein d’une équipe comptant

25 juristes. J’apprécie le fait de cumuler des expériences

dans la première organisation internationale, l’Union

internationale des télécommunications, fondée en 1865,

et dans l’une des plus récentes, le Fonds mondial, mise sur

pied en 2002. Le Fonds mondial se distingue notamment

par sa gouvernance, dont l’organe suprême réunit à la

même table et sous un même statut des représentants

d’États ainsi que des acteurs non étatiques.

Ce champ depratique a des caractéristiques uniques, liées

notamment à la personnalité juridique internationale et aux

privilèges et immunités dont les organisations internationales

jouissent, et dont découle le fait qu’elles sont en premier

lieu régies par leur droit interne. La nature politique et

représentative de leur gouvernance est aussi particulière

et infuse des dimensions politique et humanitaire dans

chaque analyse.

Deux défis d’actualité méritent d’être soulignés : le

statut juridique des organisations qui intègrent au sein

de leur gouvernance d’autres acteurs que des États, et

le maintien d’un consensus sur la primauté des droits de

la personne dans un contexte global d’impunité et de

résistance de la part de plusieurs États.

Sur ce premier point, le droit international ne définit

pas précisément ce qu’est une organisation internationale

intergouvernementale, et j’explore l’évolution de ce concept

à travers notre plaidoyer constant en faveur d’une plus

large reconnaissance de ce statut pour le Fonds mondial.

Ce statut lui est maintenant reconnu explicitement par une

trentaine d’États au travers d’un traité, d’accords bilatéraux

ou d’une désignation en vertu d’un droit national.

La reconnaissance en droit international d’organisations

qui ne sont pas constituées par traité et dont le contrôle n’est

pas exercé exclusivement par des représentants d’États

membres reçoit un large soutien doctrinal. Cela inclut

par exemple le Comité international de la Croix-Rouge ou

INTERPOL, mais aussi la plupart des mécanismes d’action

multilatérale mis sur pied au XXI e siècle, comme le Fonds

mondial, Gavi, l’Alliance du vaccin ou le Fonds vert pour

le climat. Cependant, des définitions plus restrictives,

notamment exigeant la constitution par traité, existent

dans plusieurs États.

Sur le second point, il s’agit de composer avec la tension

entre le but d’une pleine appropriation par les pays des

financements externes visant leur développement et l’érosion

du principe de la primauté des droits de la personne dans

le dialogue et l’action internationale. Cette tension est

criante dans les domaines d’action du Fonds mondial qui

soutiennent des groupes particulièrement vulnérables en

raison de leur appartenance aux communautés LGBTQI+

ou de leur usage de drogues intraveineuses par exemple.

L’absence de reconnaissance de ces groupes au niveau

national, voire leur criminalisation, rend leur accès à des

services de santé extrêmement complexe et coûteux.

Le défi est d’imaginer des flux de financement mettant en

œuvre les décisions et politiques de l’organisation, tout en

respectant les usages diplomatiques et la souveraineté des

États hôtes.

Je guide donc un travail juridique qui dépasse largement

la conformité et qui tend vers la gestion du risque et le conseil

stratégique. Si l’aspect intellectuel et théorique du droit

international passionne et stimule, le vivre au quotidien

demande de surcroît de la résilience envers des circonstances

humainement et moralement difficiles, de l’aisance face

aux situations ambiguës et une capacité d’initiative rapide

en réaction à des problématiques émergentes. DM

Grand dossier

56 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 57



Grand dossier

De Montréal à la

tête de l’école de

droit des affaires

de l’OHADA

Karel Osiris Dogué

(LL. D. 2013)

Directeur général de

l’ERSUMA-OHADA

Dès la fin de sa thèse de doctorat à l’automne 2012,

Karel Dogué a orienté sa carrière vers l’Afrique.

Visionnaire et ouvert d’esprit, il a pu dès son arrivée à l’UdeM,

grâce à son entregent et à son leadership participatif,

établir des ponts avec l’Afrique en fondant et en présidant

le Club OHADA Canada, une association créée pour la

vulgarisation du droit de l’Organisation pour l’harmonisation

en Afrique du droit des affaires (www.ohada.org) au

Canada et à l’international.

Candidat au doctorat avec une thèse autour du droit

international des contrats, il a fait un passage remarqué

à l’UdeM par son engagement dans de nombreuses associations,

dont l’Association des cycles supérieurs en droit,

Avocats sans Frontières Canada et la Black Law Students’

Association of Canada.

Malgré ses nombreuses implications sociocommunautaires,

Karel s’est brillamment distingué sur le plan universitaire

en recevant notamment la bourse d’excellence des

cycles supérieurs, le prix du meilleur écrit de l’Association

du Barreau canadien, Division du Québec et un prix d’équipe

de Best memorandum of respondent au concours d’arbitrage

international Willem C. Vis à Vienne (Autriche) pour l’UdeM.

Alors même qu’il était auxiliaire d’enseignement et de

recherche, il agissait également comme responsable des

conventions collectives et des griefs, puis président de

la section locale de l’Alliance de la fonction publique du

Canada en marge de ses études doctorales.

Après avoir obtenu son doctorat, Karel a rejoint l’OHADA

où il a gravi tous les échelons. Il a amorcé sa carrière au

Service des études et de la recherche de l’école par excellence

de formation, de recherche et de consultation en droit des

affaires de l’OHADA.

Enseignant-chercheur, il a été nommé, après un passage

au service du ministre de la Justice du Bénin en qualité

de directeur adjoint de cabinet, directeur des études de

l’ERSUMA-OHADA. Il effectua ensuite une incursion

professionnelle à la Direction des affaires juridiques de la

Caisse des dépôts et consignations du Bénin avec son profil

de spécialiste des montages juridiques dans les opérations

de financement. Grâce à son expertise et à sa connaissance

approfondie de l’OHADA, le Conseil des ministres le nomma

en 2023 premier béninois directeur général de cette

prestigieuse école de 17 États francophones, anglophones,

lusophones et hispanophones d’Afrique ayant un droit

uniforme des affaires dans 11 matières (www.ohada.org).

Fonctionnaire de rang diplomatique, Karel est gestionnaire

et ordonnateur du budget de l’organisation internationale et

met en œuvre une politique d’intervention dans les 17 États

parties avec des activités de formation et de recherche au

profit des acteurs juridiques, judiciaires et universitaires et

des opérateurs économiques. Il forme chaque année plusieurs

milliers de personnes africaines et ressortissantes des autres

continents (1 089 auditeurs et auditrices des formations et

2 047 participants et participantes aux conférences en 2024).

L’école contribue significativement à l’éducation juridique

des générations actuelles et futures de professionnels et

professionnelles du droit et du chiffre en Afrique. Elle a

opérationnalisé depuis la fin 2023, après la COVID-19,

un programme unique et innovant de diplomation professionnelle

et certification internationale sur une plateforme

entièrement dématérialisée (https://sigweb.ersuma.org/

catalogue/dsc-ohada).

En matière de recherche, Karel est directeur de publication

de deux périodiques (mensuel et semestriel), organise des

colloques et un concours de prix de thèse, fait de la recherche

appliquée (Portée économique des actes uniformes;

Décolonisation du droit du numérique en Afrique, etc.) et

l’ERSUMA comporte la plus grande bibliothèque numérique

de droit OHADA.

Convaincu que l’éducation est l’une des clés du développement

de l’Afrique, il s’investit pleinement dans cette mission

au quotidien en faisant le pont avec les autres continents.

Expert formateur, auteur et consultant international (UE,

BAD, AFD, BM, etc.), il surmonte au quotidien les grands

défis de son mandat qui sont liés au financement des

infrastructures et activités, à la confirmation de partenariats

stratégiques pour des actions consolidatrices et au

quadrilinguisme de l’organisation, autant d’actions pour

un environnement des affaires plus sécurisé et gage de

développement durable du continent africain. DM

Copyright © INTERPOL

La transformation d’une

organisation centenaire au service

de la coopération policière

Marie-Pier Fullum-Lavery

(LL. B. 2010 et J.D. 2013)

Conseillère juridique, Interpol

En 2023, l’Organisation internationale de police criminelle

(INTERPOL) célébrait un siècle de coopération

policière, de progrès et d’innovation dans la lutte contre

la criminalité transfrontalière. En 100 ans, INTERPOL

a profondément changé, passant de 20 à 196 pays

membres, du télégraphe à un réseau de communication

mondial permettant l’échange instantané d’information

policière. Ses activités se sont diversifiées en réponse

à de nouvelles formes de criminalité, telles que la

cybercriminalité ou la criminalité environnementale.

INTERPOL s’est également dotée d’un cadre juridique

pour protéger sa neutralité, renforcer sa gouvernance

et encadrer l’utilisation des outils qu’elle met à la

disposition de ses membres. Travailler au sein de la

Direction exécutive des Affaires juridiques d’INTERPOL,

c’est plonger au cœur de ce cadre juridique, de sa

mise en œuvre et de sa transformation au soutien de

l’Organisation et de l’accomplissement de sa mission.

Au cours de mes études en droit à l’Université de Montréal,

je me suis découvert un intérêt marqué pour le droit international.

Les cours suivis à Montréal, et lors d’échanges

étudiants, ont nourri ma curiosité pour ce domaine du droit

et renforcé ma volonté de m’y spécialiser. Cette détermination

m’a conduite à approfondir mes connaissances du droit

international à l’Université de Cambridge et à effectuer une

partie du stage du Barreau à l’Organisation pour l’interdiction

des armes chimiques (OIAC) à La Haye. J’y ai découvert une

branche du droit international, le droit des organisations

internationales, et j’ai été séduite par l’environnement

de travail multiculturel de ces organisations ainsi que la

possibilité de participer à l’atteinte d’objectifs d’intérêt

général, tels que la paix et la sécurité dans le monde.

Convaincue de vouloir évoluer dans ce milieu, j’ai amorcé

ma carrière à l’OIAC, avant de me joindre quelques années

plus tard à la Direction exécutive des Affaires juridiques

au siège d’INTERPOL à Lyon.

La mission principale de cette direction est de conseiller

le secrétaire général d’INTERPOL, les services permanents

qu’il dirige ainsi que les organes de gouvernance sur l’application

et l’interprétation du cadre juridique de l’Organisation

et des règles du droit international qui lui sont applicables.

La direction est également chargée de la négociation

d’accords de privilèges et immunités bilatéraux permettant

à INTERPOL de protéger les informations sensibles qui

lui sont confiées, de préserver son indépendance et de

fonctionner de manière efficace sur le territoire de ses pays

membres sans être soumise aux lenteurs et aux complexités

de certaines procédures administratives. Les dossiers traités

au quotidien par la direction sont extrêmement variés et

tous aussi intéressants les uns que les autres, mais ce qui

est le plus motivant, à mon sens, c’est de pouvoir contribuer

à la transformation du cadre juridique d’INTERPOL. En effet,

les textes de l’Organisation doivent régulièrement être

modifiés et de nouveaux instruments doivent être développés

pour mieux répondre aux besoins et aux attentes des

membres dans un monde en constante évolution. Cette

adaptation est essentielle. Or, la Direction exécutive des

Affaires juridiques joue un rôle clé dans ce contexte,

par exemple en appuyant le travail de commissions de

l’Assemblée générale, notamment celle chargée d’étudier

les moyens de consolider la gouvernance de l’Organisation

en proposant des modifications aux textes, ou encore en

menant des consultations auprès des membres en vue de

l’élaboration d’un futur accord multilatéral relatif aux

privilèges et immunités d’INTERPOL. Grâce à ces différents

processus et au soutien des juristes de la Direction exécutive

des Affaires juridiques, INTERPOL est en bonne position

pour continuer à promouvoir la coopération policière et

lutter efficacement contre la criminalité transfrontalière

en toute indépendance pour les décennies, voire les

siècles à venir. DM

* Ce texte est une contribution personnelle de l’auteure et reflète son point

de vue individuel.

Grand dossier

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Grand dossier

Façonner le droit d’auteur international

Brigitte Vézina

(LL. B. 2002)

Directrice des politiques et de la

culture ouverte, Creative Commons

Unir le droit (ma vocation) aux arts et à la culture

(ma passion), voilà ce qui m’a menée très tôt à choisir

le droit d’auteur comme champ de pratique dès la fin

de mes études à la Faculté de droit. Mon rêve de jeune

diplômée : façonner le droit d’auteur à l’échelle internationale,

le rendre plus juste, plus équitable, plus au service de

l’intérêt public général.

Une expérience en cabinet spécialisé en propriété

intellectuelle (ROBIC) au sortir de l’École du Barreau et

une maîtrise en droit en poche, j’ai commencé ma carrière

internationale à l’UNESCO à Paris. Puis, j’ai fait mes armes à

l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle)

à Genève, où j’ai travaillé près de huit ans à l’élaboration

(toujours en cours) d’un instrument juridique pour la

protection des expressions culturelles traditionnelles,

un domaine en pleine effervescence où les vides juridiques

sont autant de trous noirs qui rendent les négociations si

complexes et ardues.

Aujourd’hui, je travaille pour une organisation à but non

lucratif, Creative Commons. Celle-ci (grâce aux licences

libres qui permettent l’existence, entre autres, de Wikipédia)

prône l’accès équitable à la culture et à la connaissance et

les défend contre les abus d’un système de droit d’auteur

qui, sous la pression des puissants titulaires de droits,

tend à perdre l’équilibre et à malmener l’intérêt public.

En tant que directrice des politiques, je prends la parole

dans les forums normatifs à Genève, à Paris mais aussi

à Bruxelles, là où s’écrit le droit de l’Union européenne.

Ces instances sont autant d’arènes où s’affrontent les

intérêts divergents de multiples parties prenantes et où se

dessinent les contours du droit d’auteur en phase avec les

changements économiques, technologiques et sociaux.

Le système de droit d’auteur international qu’avait

imaginé Victor Hugo et qui fut consacré dans la Convention

de Berne (1886) est de nos jours tiraillé par les questions liées

à l’intelligence artificielle et aux nouvelles technologies

(qu’est-ce qu’un auteur à l’aune des machines ?), aux droits

des peuples autochtones et au patrimoine vivant (où sont

les frontières du domaine public lorsque les traditions se

transmettent et se transforment continuellement ?), aux

droits fondamentaux à l’ère numérique (peut-on réellement

exprimer sa liberté artistique sur les réseaux sociaux ?),

aux données ouvertes (comment concilier accès public et

vie privée ?) et tant d’autres encore. À l’ère du numérique,

il est primordial de mettre en œuvre un cadre normatif

afin de s’assurer que les citoyens et citoyennes du monde

entier peuvent accéder à leur patrimoine culturel pour

connaître leur passé, comprendre leur présent et construire

leur avenir. L’accès libre et ouvert est un outil incontournable

pour faire tomber les barrières socioéconomiques qui

entravent l’exercice du droit fondamental à la participation

à la vie culturelle de la communauté.

L’avenir du droit d’auteur dépend dans une large mesure de

l’engouement d’une nouvelle génération de juristes pour ce

domaine du droit en pleine ébullition et de l’inflexion qu’elle

lui donnera dans nos sociétés en constante évolution. DM

Naviguer les eaux

du commerce mondial

Dean MacDougall

(LL. B. 2010)

Directeur adjoint,

Affaires mondiales Canada

Je me suis toujours intéressé aux affaires internationales,

à la diplomatie et au service public. Je suis très

heureux d’avoir finalement trouvé une carrière qui

fusionne tous ces intérêts avec le droit. Depuis 2016, je

travaille comme avocat au gouvernement fédéral, à Affaires

mondiales Canada, en droit du commerce international.

Mon parcours vers le droit du commerce international a

été pour le moins sinueux. J’ai d’abord obtenu un baccalauréat

en ingénierie avant de me réorienter vers le droit. Appelé au

Barreau en 2010, j’ai amorcé ma carrière en pratique privée,

travaillant en droit des affaires et en droit immobilier. Par la

suite, j’ai fourni de l’aide juridique pendant deux ans pour

les anciens combattants traitant leurs plaintes dans le cadre

du régime fédéral de pensions. Ces diverses expériences

m’ont donné une solide fondation en plaidoirie, en gestion

de clientèle et dans le monde des affaires.

C’est à l’Agence des services frontaliers du Canada que

j’ai fait mes premiers pas vers le droit international. Là, j’étais

chargé de veiller à la conformité des décisions de l’Agence

avec les règles et la jurisprudence de l’Organisation mondiale

du commerce (OMC). J’y ai découvert une passion. J’ai alors

décidé de poursuivre un LL. M. en droit du commerce international

afin d’approfondir mes compétences. Fort de cette

expérience, j’ai fait un saut à Affaires mondiales Canada.

Aujourd’hui, je travaille quotidiennement sur les obligations

internationales du Canada découlant des accords de libreéchange,

y compris l’OMC. Cela inclut notamment le litige

des différends commerciaux entre le Canada et d’autres pays.

C’est l’aspect de mon travail que je trouve le plus passionnant

puisqu’il implique des enjeux affectant l’intérêt économique

national. Sur le plan juridique, on y voit souvent des questions

inédites en droit international public sur des dispositions

ou même un traité en entier qu’un tribunal aborde pour

la première fois. Parfois, il me faut donc faire preuve de

créativité dans mes arguments !

En plus de gérer les différends commerciaux, j’ai également

l’occasion de contribuer à l’élaboration des traités en

travaillant à la négociation de nouveaux accords de libreéchange.

Je suis particulièrement fier de mon travail pour

l’Accord sur les subventions à la pêche. C’est le premier

accord environnemental de l’OMC, visant à protéger la

durabilité des océans, et il s’agit de l’achèvement d’un

objectif de développement durable de l’ONU.

Le système multilatéral de commerce fait face à plusieurs

défis actuels, notamment l’affaiblissement des institutions

internationales comme l’OMC. On observe de plus en plus

d’actions unilatérales prises par des pays à l’encontre

des règles internationales. J’ai travaillé notamment sur le

différend concernant les tarifs de « sécurité nationale »

mis en place lors de la première administration Trump,

une affaire qui a finalement été réglée dans le cadre des

négociations de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique

(ACEUM). L’histoire se répète avec la deuxième administration

Trump, ses tarifs contre le Canada et la réplique

canadienne, et le réexamen obligatoire de l’ACEUM en 2026.

À travers tous ces défis professionnels, je me sens

privilégié de pratiquer le droit international, surtout en

ce qui a trait aux enjeux géopolitiques ayant un impact

significatif sur l’économie canadienne. Je suis également

très fier de pouvoir représenter le Canada et défendre

ses intérêts face à d’autres pays devant les tribunaux

internationaux. Pour tout dire, je me considère chanceux

d’avoir trouvé ma passion professionnelle. DM

Grand dossier

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Grand dossier

De Montréal

à Dubaï

Jeffrey El-Boustani

(LL. B. 2014)

Conseiller juridique principale

au sein du London Stock Exchange

Group (LSEG)

Rencontre avec un avocat québécois qui a tenté

sa chance dans la ville des superlatifs et pratique le

droit au carrefour de la finance et de la technologie

En 2016, après mon assermentation et un an de pratique en

litige civil et commercial, je suis en quête de nouveaux défis.

Ce qui devait être initialement deux semaines de vacances

à Dubaï, aux Émirats arabes unis, s’est transformé huit ans

plus tard en une carrière à l’étranger.

Aujourd’hui, je suis avocat principal, dans le bureau

de Dubaï de la London Stock Exchange Group (LSEG).

Bien que la société soit surtout connue pour son marché

boursier éponyme, elle possède une division qui fournit de

l’infrastructure technologique et des données en lien avec

les marchés financiers à une variété de clientèles, mais

principalement aux institutions financières.

Ma pratique est diversifiée et évolue avec les priorités

d’affaires. Je m’occupe notamment de l’acquisition de licences

nous autorisant à redistribuer des données et de l’information

fournies par des tiers (tels que des courtiers ou

des places boursières), et je négocie les ententes avec

nos clientèles, pour lesquelles nos services sont souvent

centraux. De plus, je soutiens l’entreprise dans toutes ses

démarches commerciales, que ce soit lors de la conclusion

de partenariats ou du lancement de nouveaux services.

Il s’agit d’un domaine stimulant et en constante évolution.

Au fil des dernières années, à la suite de l’introduction du

Règlement général sur la protection des données, un grand

nombre de juridictions ont promulgué leurs propres lois pour

règlementer l’utilisation des renseignements personnels.

Pour un fournisseur d’information, ce type de législation

revêt une importance particulière. Maintenant, plusieurs de

mes collègues se penchent sur les implications du nouveau

règlement européen concernant la résilience opérationnelle

numérique du secteur financier. Il s’agit d’un règlement

visant à assurer la stabilité des institutions financières et

de leurs fournisseurs de technologies. Il est envisageable

que d’autres juridictions emboîtent également le pas et

que ces aspects règlementaires prennent de l’importance

dans ma pratique.

L’intelligence artificielle est un sujet brûlant. Quel que

soit l’avenir prédit pour cette technologie en matière de

remplacement des humains, pour le moment, mon expérience

suggère qu’elle contribue plutôt à accroître la demande de

services juridiques. Plusieurs thèmes liés à l’intelligence

artificielle, comme la propriété intellectuelle, les droits

d’usage des données, la commercialisation et le développement

de nouveaux produits, soulèvent de nombreux

enjeux juridiques. Parallèlement, il est probable que cette

technologie fasse l’objet grandissant de normes et de lois

visant son encadrement. Tout cela est propice à l’apport

des avocats et avocates.

Entre naviguer dans les complexités d’un nouveau marché

de l’emploi et remplir les formalités menant à l’obtention d’un

visa, débuter dans un nouveau pays n’est jamais simple. Il faut

avoir le goût de l’aventure et l’appui de ses proches afin de

réussir une telle transition.

La coexistence du droit civil et de la common law est

un point commun avec le Québec. Effectivement, bien

que les Émirats soient généralement un système juridique

basé sur le droit civil, on y trouve des zones franches

commerciales qui ont opté pour la common law en tant

que système juridique.

Une fois la période d’acclimatation passée, vivre à Dubaï

s’avère plaisant. La ville a tant à offrir. Bien que les étés soient

parfois très chauds, il y a toujours des découvertes à faire.

La ville est cosmopolite et se compose principalement de

personnes expatriées, ce qui rend les rencontres faciles.

Je dois admettre que j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir

vivre ces expériences personnelles et professionnelles stimulantes.

Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. J’essaie de

continuer de perfectionner mes habiletés professionnelles

et de rencontrer de nouvelles personnes en profitant des

opportunités qui se présentent en cours de route. DM

Le droit à pleine altitude :

une pratique globale au sein d’une

multinationale de l’aérospatial

Loïc Sanscartier

(LL. B. 2017)

Leader, Droit des sociétés et des

valeurs mobilières & Secrétaire

corporatif adjoint

« Je suis allé en droit pour travailler en grand cabinet. »

Voilà la phrase que je répétais à qui voulait bien

l’entendre lors de ma course aux stages. Cela semblait

naturel : pour moi qui avais un baccalauréat en finances

en poche, les grands cabinets incarnaient le summum de

l’épanouissement professionnel. Mais après quelques années

en cabinet, les horaires de travail difficiles, les pratiques

de gestion qui peinaient à évoluer et, enfin, la pandémie

ont lentement érodé ce rêve pour moi.

L’occasion de rejoindre et de prendre en charge les affaires

juridiques d’une entreprise émergeante en électrification

des transports envisageant une entrée en bourse s’est alors

présentée. J’ai fait le saut. Ce rôle représentait un équilibre

parfait entre mes valeurs, mes intérêts professionnels et

ma passion pour la technologie. Bien que cette jeune pousse

ait finalement cessé ses activités faute de financement, j’en

suis sorti enrichi par la diversité des dossiers, la flexibilité

et le niveau de responsabilité que je n’avais pu trouver en

grand cabinet. Cette expérience m’a mené aux équipes

de valeurs mobilières et de fusions-acquisitions chez Bell

Canada, puis, en 2023, à un nouveau défi : celui de Leader,

Droit des sociétés et des valeurs mobilières & Secrétaire

corporatif adjoint chez CAE.

Fondée à Montréal en 1947, CAE est un leader mondial

dans le domaine de la formation par simulation pour pilotes

et équipages. Ayant près de 13 000 employées et employés

répartis dans plus de 40 pays, l’entreprise œuvre autant dans

le domaine de l’aviation civile que dans celui de la défense

et sécurité. Si vous avez récemment pris l’avion, il y a de

bonnes chances que votre pilote ait été formé sur un

simulateur CAE ou dans un de nos centres de formation.

Au sein de CAE, je porte deux chapeaux principaux.

Le premier concerne les obligations de divulgation continue,

la gouvernance et les divers projets d’entreprise typiques

pour un émetteur assujetti, tels que les financements et

transactions de fusions-acquisitions. Le second, plus varié,

touche à la gestion d’un organigramme mondial complexe.

Du siège social montréalais, mon équipe soutient environ

175 entités juridiques dans des dizaines de juridictions.

Nous traitons une vaste gamme de dossiers : contrats,

gouvernance, conformité réglementaire, réorganisations

d’entreprises et dossiers de fusions-acquisitions. En raison

d’une présence physique dans plus de 40 pays et d’une équipe

juridique répartie dans une demi-douzaine d’entre eux,

chaque jour implique des interactions avec des lois et

concepts juridiques étrangers.

Heureusement, une formation juridique québécoise,

qui conjugue droit civil et common law, fournit une base

solide. Cette double perspective nous aide à interpréter

efficacement les conseils d’aviseurs locaux, permettant ainsi

des gains de temps et des réductions de coûts. Par exemple,

nous avons récemment travaillé sur des questions entourant

l’initiative du gouvernement indien visant à dématérialiser

les certificats d’actions de toutes les entités constituées dans

ce pays, ainsi que sur la directive du Parlement européen

concernant la publication d’informations en matière de

durabilité par les entreprises (Corporate Sustainability

Reporting Directive, ou CSRD). Celle-ci impose de nouvelles

obligations de divulgation touchant aussi bien les entreprises

basées en Union européenne que les entreprises étrangères

ayant des opérations sur ce marché, comme CAE.

Ces défis reflètent la réalité de la présence mondiale de

CAE et garantissent un flot soutenu de questions novatrices

et intéressantes. Chaque dossier, unique, contribue à notre

perfectionnement continu tout en évitant la monotonie.

Avec quelques années de recul, ces expériences variées

sont exactement ce que je recherchais lorsque j’ai choisi

d’étudier le droit : une carrière alliant apprentissages

constants, réflexions stratégiques et impact tangible. DM

Grand dossier

62 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 63



Grand dossier

Travailler à la mise en œuvre du droit

international des droits humains :

de l’universel au local

Philippe Tremblay

(LL. B. 1994)

Enquêteur principal, Bureau de

l’enquêteur correctionnel du Canada

C’est avant tout dans l’espoir de travailler à l’étranger

que je me suis lancé dans des études de droit.

Après un stage auprès de la Cour d’appel du Québec, je me

suis retrouvé au service du Haut-Commissariat des Nations

Unies pour les réfugiés dans la région des Grands Lacs

d’Afrique, dans un contexte marqué par des vagues de déplacements

forcés provoqués par la chute du dictateur Mobutu

en RDC (ex-Zaïre) et le retour massif de personnes exilées

qui avaient fui le génocide au Rwanda. J’ai plus tard poursuivi

mon engagement humanitaire auprès du Comité international

de la Croix-Rouge en Afghanistan et en Colombie.

J’avais à cette époque plus envie de côtoyer les victimes et

les acteurs armés présents dans les régions où j’étais déployé

que d’occuper un poste de conseiller juridique en capitale.

Mes connaissances juridiques m’ont tout de même été utiles,

et j’ai été appelé, selon le contexte, à me prononcer sur le

bien-fondé de demandes de statut de réfugié, à diffuser

le droit international humanitaire (DIH) auprès de groupes

de combattants armés et à tenter de convaincre des acteurs

politiques ou militaires de résoudre des situations jugées

incompatibles avec le respect de la dignité humaine, comme

des blocus alimentaires ou un état profond de surpopulation

carcérale.

Après ces quelques années passées sur « le terrain », le

désir de me poser et, un peu plus tard, de fonder une famille,

l’a emporté sur la soif d’aventure. J’ai pu poursuivre mon

engagement pour la protection des droits humains en me

joignant à l’Association pour la prévention de la torture (APT),

une ONG basée à Genève qui faisait alors la promotion de

la ratification universelle du Procotole facultatif à la

Convention des Nations Unies contre la torture (OPCAT).

Plus tard, le mal du pays m’a convaincu de rentrer à la

maison et c’est avec enthousiasme que je me suis joint à

l’équipe naissante d’Avocats sans frontières Canada (ASFC)

en tant que conseiller juridique chargé d’un projet visant

à renforcer l’accès à la justice pour les personnes et communautés

autochtones en Colombie. Avec mes collègues,

j’aidais de différentes façons nos partenaires à utiliser le

DIH dans leur pratique, à en faire un outil de changement

social. Cette œuvre de solidarité s’exprimait notamment

par la préparation de mémoires et autres analyses fondées

sur les normes internationales et la prestation de modules

de formation adaptés à leur réalité et à leurs besoins.

Après plus de 12 ans au service d’ASFC, j’ai voulu m’éloigner

de l’univers de la solidarité internationale et mettre ma

maîtrise du DIH au service d’une catégorie bien particulière

de mes concitoyens et concitoyennes, soit celle des

personnes incarcérées. Il ne s’agissait pas pour moi d’un

univers complètement inconnu, puisque j’avais visité des

prisons pendant mes mandats à l’étranger avec le HCR et le

CICR et passé près de cinq ans à l’APT à faire du plaidoyer en

faveur de la transparence des lieux de privation de liberté.

J’ai donc rejoint le Bureau de l’enquêteur correctionnel

du Canada (BEC), une agence qui agit comme ombudsman

pour les personnes trouvées coupables de crimes passibles

de peines de plus de deux ans d’emprisonnement et qui

purgent leur peine dans un pénitencier de juridiction fédérale.

Le BEC visite ces établissements, écoute les personnes

qui y sont incarcérées lui exposer leurs plaintes, établit un

dialogue avec les autorités carcérales et émet des recommandations

destinées à aligner les pratiques correctionnelles

sur la loi et les normes internationales qui l’ont inspirée, dont

les Règles Nelson Mandela sur le traitement des détenus.

Même si les destinations de mes déplacements sont

désormais le plus souvent moins exotiques que celles que

j’ai arpentées par le passé, je je constate que mon rôle

continue d’être celui d’inciter les autorités qui disposent

d’un pouvoir sur des personnes vulnérables à ne pas agir

de façon arbitraire à leur égard et à se plier à des règles

qui ont été négociées dans des villes lointaines et codifiées

dans des traités. DM

Photo reproduite avec l’autorisation du BEC

Travailler en relations

internationales dans un monde

en profonde mutation

Œuvrer au cœur d’une institution onusienne à une heure où le monde

se transforme et se polarise présente son lot de défis, et d’opportunités.

William Hodgson

(LL. B. 2012)

Avocat et responsable de programme pour le gouvernement du Québec,

Délégation permanente du Canada auprès de l’UNESCO

Une fois terminées mes études en droit à l’Université

de Montréal et au Barreau du Québec, j’ai poursuivi

des études supérieures en France après avoir effectué

mon stage en grand cabinet d’avocats à Montréal.

Désireux d’orienter ma carrière en politique, j’ai obtenu en

2016 une maîtrise en science politique, à la suite de deux

stages au Conseil constitutionnel et à l’Assemblée nationale.

En 2017, j’ai été embauché par l’un des vice-présidents de

l’Assemblée nationale en qualité de collaborateur parlementaire.

Dans le cadre de mes missions, je suivais notamment

les travaux de la commission des Affaires étrangères, où des

projets de loi étaient examinés et des auditions ministérielles

avaient lieu sur des sujets variés relatifs à la diplomatie

française, la coopération internationale ou la ratification

de traités.

Fort de ces expériences, j’ai saisi l’opportunité de rejoindre

la représentation du gouvernement du Québec, au siège de

l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation,

la science et la culture. En effet, en raison de sa spécificité,

le Québec bénéficie depuis 2006 d’un statut unique au sein

de la Délégation permanente du Canada auprès de l’UNESCO.

Le Québec peut ainsi prendre part aux réflexions mondiales

sur des enjeux d’importance, incluant la diversité linguistique

des contenus culturels en ligne, l’éthique de l’intelligence

artificielle et des neurotechnologies, et la transformation

de l’éducation face aux bouleversements numériques

et climatiques.

En plus de contribuer activement à ces discussions, nous

nouons des collaborations avec les autres nations et la société

civile, échangeons nos bonnes pratiques et exploitons ces

expériences pour concourir à la création d’un écosystème

québécois priorisant le développement durable, l’élimination

de la pauvreté et un dialogue interculturel fécond.

Malgré toute l’importance des enjeux qui sont traités

dans les institutions onusiennes, l’atteinte d’un consensus

y est de plus en plus difficile dans un monde qui se polarise

et où les valeurs et intérêts des parties divergent.

L’UNESCO est régulièrement confrontée à ces fractures,

lesquelles empêchent parfois l’adoption de mesures ou

d’instruments suffisamment forts pour réaliser pleinement

nos ambitions, tels que les Objectifs de développement

durable (ODD). Sur le plan financier, des ressources limitées

contraignent à aménager la mise en œuvre de certains

programmes. Des engagements à long terme des États

membres seront nécessaires pour matérialiser des avancées

significatives et pérennes pour l’environnement, l’éducation

ou l’égalité des genres.

Et dans tous ces dossiers à l’UNESCO, le droit joue un rôle

fondamental. Qu’il s’agisse des conventions et protocoles

négociés entre États, qui fournissent un cadre juridique

contraignant sur des sujets fondamentaux, ou de l’Acte

constitutif de l’UNESCO et des règlements qui en découlent,

dont le respect est essentiel pour permettre aux 194 États

membres de se réunir et de collaborer sereinement, malgré

leurs différences ou désaccords, le droit international

demeure la clé pour garantir et promouvoir l’état de droit

et la démocratie.

Je demeure ainsi convaincu de la pertinence des

organisations multilatérales pour maintenir le dialogue

entre les nations et résoudre les grands défis de notre

époque. Nous avons un rôle important à y jouer et c’est

un honneur d’y apporter ma contribution. DM

Grand dossier

64 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 65



1 er cycle 2 e cycle

Pacte pour l’avenir

de l’ONU : l’espoir de

renouveau pour tous

Camille Thériault

Étudiante au baccalauréat

Les droits de

pêche des peuples

autochtones : enjeux

et obstacles dans

leur mise en œuvre

Paula Espinoza Klaric

(LL. B. 2020, J.D. 2022)

Étudiante à la maîtrise en droit, option

Droit des affaires (avec mémoire)

L’Organisation des Nations Unies a adopté en septembre

dernier son très attendu Pacte pour l’avenir. Entériné lors

du sommet de l’ONU en septembre dernier, le Pacte pour

l’avenir représente un cahier de charges pour s’attaquer

aux défis mondiaux du XXI e siècle. Il constitue également

une tentative ambitieuse d’améliorer la coopération internationale

au sens large. Initiative du secrétaire général de

l’ONU, M. Antonio Guterres, en 2021, le document de 67 pages

est le fruit de neuf mois de négociations intensives, qui ont

suivi plusieurs années de préparation 1 .

Une initiative pour un monde en transformation

Partant de la prémisse que le monde est en profonde mutation,

le Pacte s’articule autour de cinq thématiques majeures

regroupant des problématiques modernes urgentes telles que

le développement de l’intelligence artificielle, les changements

climatiques, les droits humains, le désarmement

et les réformes de l’architecture financière internationale

(notamment à l’égard de la Banque mondiale et du Fonds

monétaire international). Les diverses réformes autour de ces

axes visent à répondre aux conséquences des changements

accélérés que subit notre monde, qu’il s’agisse de la crise

climatique, des inégalités croissantes ou des menaces géopolitiques.

À travers ces cinq axes principaux, le Pacte propose

des orientations essentielles visant à garantir un avenir

meilleur pour l’humanité, en particulier pour les personnes

les plus vulnérables et celles vivant dans la pauvreté 2 .

Une boussole pour encadrer le multilatéralisme

L’une des pierres angulaires du Pacte repose sur l’appel

à un engagement renouvelé en faveur d’une coopération

internationale basée sur le droit international. Le droit

international constitue un principe primordial pour l’avenir

de l’humanité et de la planète, et sert de gage à la pérennité

de l’ONU en tant que tel. Au sujet du multilatéralisme, le Pacte

est clair, « Ce n’est pas une option, mais une nécessité » 3 !

Il en va de la légitimité de l’ONU qui souhaite avant tout

avoir une réelle chance de dénouer les crises auxquelles

nous assistons, qui menacent autant notre présent que

notre avenir. En effet, ces crises sont si interconnectées

et complexes qu’il serait illusoire d’y faire face en silo. Bien

que le multilatéralisme soit toujours la proie des tensions

internationales à travers le monde, la mise en place de

réformes ambitieuses au sein des institutions internationales

demeure le gage d’un climat de confiance en leur sein,

propice à la constitution de bases solides d’un avenir plus

équitable pour tous 4 .

Il faut cependant demeurer réaliste : l’adoption du Pacte

pour l’avenir n’est qu’un premier pas, aussi positif soit-il.

Les 56 actions envisagées par le Pacte ne seront efficaces

que si elles sont mises en œuvre concrètement, et surtout

par tous. Les précédentes réformes engagées par l’ONU

ont souvent démontré que la route entre l’adoption d’un

accord et sa réalisation concrète est longue, parsemée de

défis et parfois infructueuse. Il faut faire mieux, et surtout

ensemble. C’est l’invitation que lance Guterres.

Le chant du cygne de Guterres ?

En fin de compte, l’opposition au Pacte de certains pays

comme la Russie 5 de même que l’élaboration des modalités

et le calendrier de mise en œuvre des actions du Pacte

pourraient certainement ralentir, voire complexifier sa

concrétisation. Néanmoins, le secrétaire général de l’ONU

a souligné l’importance historique de ce Pacte en le qualifiant

d’« occasion unique de changer le cours de l’Histoire » 6 .

Le Pacte lui-même le soulève à son article 2 : « De terribles

souffrances s’abattent sur nos semblables. Si nous ne

changeons pas de cap, nous risquons de basculer dans un

avenir fait de crises permanentes et d’effondrements en

série. » 7 Guterres lance le message, à nous de le saisir afin

d’être en mesure d’offrir aux générations présentes et

futures un avenir stable et sain.

1. Maïka Sondarjee, « Un pacte pour l’avenir du monde et celui de l’ONU »,

Le Devoir (27 septembre 2024), https://bit.ly/4iFThXV.

2. Orgnanisation des Nations Unies (ONU), « Le Pacte pour l’avenir »,

Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 22 septembre 2024, 2024,

p. 2, https://bit.ly/42g8IjW.

3. Orgnanisation des Nations Unies (ONU), « Le Pacte pour l’avenir »,

Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 22 septembre 2024, 2024,

p. 1, https://bit.ly/42ettMW.

4. France, Focus2030, « Sommet de l’avenir : un pacte ambitieux pour relancer

le multilatéralisme et atteindre les objectifs de développement durable ? »,

Actualités, 2024, https://bit.ly/4iib7Ar.

5. France, Vie publique, « Organisation des Nations unies : qu’est-ce que le « pacte

pour l’avenir » de l’ONU? », International, 2024, https://bit.ly/4ixJUKh.

6. Orgnanisation des Nations Unies (ONU), « Sommet de l’avenir : les dirigeants

mondiaux adoptent le Pacte pour l’avenir, le coup d’envoi d’un nouveau

multilatéralisme, plus légitime, juste et efficace », Couverture des réunions

& communiqués de presse, 2024, https://bit.ly/4bMLvZV.

7. Orgnanisation des Nations Unies (ONU), « Le Pacte pour l’avenir »,

Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 22 septembre 2024, 2024,

p. 1, https://bit.ly/42g8IjW.

L’auteure reconnaît qu’au moment d’écrire ce texte, elle

se trouvait sur un territoire non cédé par voie de traité.

Elle reconnaît la Nation Kanien’kehá:ka comme gardienne

et défenseuse traditionnelle des terres et des eaux sur

lesquelles elle se situait, et la remercie de son accueil.

La pêche et les droits des peuples autochtones

La pêche a toujours été, et continue d’être, au cœur de la vie

de nombreuses communautés autochtones. Non seulement

plusieurs d’entre elles en dépendent pour subvenir à leurs

besoins, mais certains animaux et sites marins possèdent

une importance spirituelle et culturelle.

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des

peuples autochtones (« DNUDPA ») 1 énonce plusieurs

droits qui s’appliquent à la pêche, notamment le droit à

l’autodétermination (art. 3-5 DNUDPA). Dans le contexte

de la pêche, le droit à l’autodétermination implique que les

peuples autochtones peuvent contrôler leurs territoires, y

compris les zones marines qui en font partie, ainsi que les

ressources qui y sont associées. Leurs pratiques de gestion

traditionnelles devraient être reconnues et respectées, tout

comme leurs processus de prise de décision concernant

l’utilisation de ces ressources 2 .

Les activités de pêche peuvent être des « traditions

culturelles et coutumes » que les peuples autochtones ont

le droit d’observer et de revivifier (art. 11 DNUDPA). Ils ont

également le droit de « conserver et de renforcer leurs liens

spirituels particuliers avec les terres, territoires, eaux

et zones maritimes côtières et autres ressources qu’ils

possèdent ou occupent et utilisent traditionnellement,

et d’assumer leurs responsabilités en la matière à l’égard

des générations futures » (art. 25 DNUDPA).

Enjeux et obstacles

Les quotas, les permis et les subventions qui favorisent

la pêche industrielle dans de nombreux pays empêchent

les peuples autochtones de pratiquer leurs activités traditionnelles

et d’utiliser les ressources de manière durable 3 .

De plus, sans la reconnaissance des droits de pêche des

peuples autochtones dans la législation et les politiques

nationales, les activités de pêche risquent d’être criminalisées.

Bien que ce phénomène soit connu, les données à

son sujet restent limitées. Les cas qui font les manchettes,

toutefois, sont pour le moins troublants. Par exemple,

en Australie, un homme autochtone âgé de 74 ans a été

poursuivi en mer par un agent alors qu’il pêchait pour nourrir

sa famille. Il a ensuite été accusé, non pas pour une infraction

liée à la pêche, mais pour avoir résisté à son arrestation 4 .

Par ailleurs, les peuples autochtones sont également

peu représentés dans les débats relatifs à la gouvernance

des eaux et des ressources :

« Souvent, nous ne sommes pas autorisés à participer

directement et librement aux processus qui nous

concernent. Notre participation dépend trop souvent

de la générosité des États. Cependant, les personnes

qui établissent les règles ne sont pas des pêcheurs.

Comment peuvent-elles prendre des décisions au nom

des peuples autochtones? » 5 (Ken Paul, Nation Wolastoqey)

[Traduction de l’auteure]

Conclusion

Il est donc essentiel que les États harmonisent leurs lois

et politiques nationales pour intégrer les droits des

peuples autochtones reconnus par le droit international.

Le développement de modèles de cogestion des eaux et

des ressources constitue une voie prometteuse pour

atteindre cet objectif.

1. Rés. 61/295, Doc. off. A.G.N.U., 33 e sess., suppl. n o 1, Doc. N.U. A/RES/61/295

(2007).

2. Stefania Errico et Birgitte Feiring, The rights of Indigenous peoples in the context

of fisheries and aquaculture, Danish Institute for Human Rights, 2021, p. 9.

3. Birgitte Feiring, Indigenous peoples’ customary fishing rights: Key issues

and input from The Expert Meeting on Indigenous Peoples and Fisheries,

Danish Institute for Human Rights, 2023, p. 6.

4. Kevin Airs, « Disturbing moment an elderly Aboriginal man is chased into the

sea by a fisheries officer accusing him of taking too many abalone – sparking a

row over Indigenous fishing rights », Daily Mail Australia, 15 septembre 2021.

6. B. Feiring, préc., note 3, p. 15.

66 Droit Montréal N o 31 / 2025

Droit Montréal N o 31 / 2025

67



3 e cycle

Études supérieures

Le droit international

de l’investissement

et la clause de

responsabilité sociale

de l’entreprise

Rado Ramamonjy

Étudiant au doctorat

Si les règles du droit international de l’investissement

ont toujours été axées sur la protection de l’investisseur,

dorénavant, des réflexions concernent aussi les enjeux non

économiques des investissements. Parmi les initiatives

actuelles, il y a l’inclusion d’une clause de responsabilité

sociale de l’entreprise (clause RSE) dans les traités

d’investissement.

Le langage utilisé porte cependant à confusion. En fonction

du traité, l’État ou l’investisseur est « encouragé » à adopter

les principes internationalement reconnus en la matière.

Aussi, certains traités prévoient un chapitre sur la RSE

pendant que d’autres s’y réfèrent dans le préambule. Outre le

langage, il y a également la nature volontaire des instruments

juridiques auxquels les traités font référence. Il s’agit d’instruments

de droit souple (soft law) qui sont non contraignants,

à l’instar des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention

des entreprises multinationales sur la conduite responsable

des entreprises. Bien qu’en général la RSE englobe un vaste

domaine, dans ce contexte-ci, l’investisseur doit minimiser

les risques d’atteinte aux droits humains afférents à leurs

activités et, le cas échéant, y remédier.

Compte tenu de cette nature non contraignante, la

question se pose quant à la portée juridique de la clause RSE.

Si certains sont sceptiques, on peut avancer que son inclusion

dans un traité ou dans une loi interne de l’État d’accueil lui

confère ultimement un caractère obligatoire. Dans cette

perspective, on assiste à son passage vers le droit contraignant

(hard law) et donc, il serait évidemment possible

de faire le lien entre la stratégie RSE et la responsabilité

de l’investisseur.

La question principale concerne néanmoins la façon dont

un État d’accueil pourrait engager cette responsabilité en

cas de violation de la clause. Il faut d’abord noter que le

mécanisme de règlement des différends entre investisseurs

et États (RDIE) a été principalement élaboré pour traiter une

violation des droits de protection de l’investisseur. Malgré

cela, la clause pourrait jouer un rôle important. Certains

parlent de la conformité de l’investisseur aux engagements

RSE comme condition pour invoquer sa protection prévue

par un traité. Il lui serait donc impossible de jouir de cette

protection s’il viole lesdits engagements. Aussi, à l’instar du

modèle de traité néerlandais, en cas de litige, le tribunal

devra se référer au respect de la clause pour le calcul des

dommages et intérêts devant être alloués à l’investisseur.

Enfin, la possibilité pour l’État d’émettre une demande

reconventionnelle est également évoquée et en cours de

discussion, même si une telle demande a parfois été admise

par certains tribunaux arbitraux. Dans le contexte de l’arbitrage,

cette demande reconventionnelle est alors considérée

comme un moyen d’engager la responsabilité de l’investisseur.

Toutefois, elle dépend essentiellement d’une demande

principale de l’investisseur. En d’autres termes, dès lors

qu’aucune procédure arbitrale n’est entamée par ce dernier,

l’État ne peut formuler ladite demande. Le recours aux

juridictions nationales de l’État d’accueil ou de l’État d’origine

de l’investisseur peut toujours être envisagé mais n’est pas

évident, notamment à cause de la durée des procédures,

de la capacité limitée des tribunaux, particulièrement ceux

des pays en développement, ou encore des mécanismes

comme le forum non conveniens.

Dans tous les cas, permettre aux États d’accueil de

formuler une demande reconventionnelle auprès d’un

tribunal arbitral sur la base de la RSE nécessite certains

ajustements. Les règlements d’arbitrage existants, comme

le règlement du Centre international pour le règlement

des différends relatifs aux investissements (CIRDI), ne sont

pas forcément adaptés au contentieux sur la RSE et, par

extension, au respect des droits humains par les entreprises.

Ainsi, on pourrait alors se demander si le Règlement de

La Haye sur l’arbitrage relatif aux entreprises et aux droits

humains, adopté en 2019, serait plus approprié ou si des

améliorations sont encore nécessaires.

Le tourisme procréatif : la maternité pour

autrui en droit international privé comparé

La gestion pour autrui (GPA) connait des statuts juridiques divers en droit international. En effet, des États ont légalisé de tels

contrats, certains ne les réglementent pas et enfin, d’autres les interdisent. Ces disparités ont pour conséquence la création

d’un « marché » international de la gestation pour autrui (tourisme procréatif) puisque les couples ont tendance à voyager

pour échapper aux interdictions ou aux règles plus restrictives existantes dans leur pays de résidence et concrétiser leur

projet parental dans des États aux législations plus clémentes. Lorsque les parents d’intention reviennent avec une ou un

enfant né à l’étranger d’une mère porteuse dans un État où la GPA est illégale, ils voient leur demande d’établissement ou de

reconnaissance de la filiation à l’égard de l’enfant refusée, cette filiation étant analysée comme partie intégrante d’un contrat

illégal. Toutefois, les juridictions ont progressivement, mais avec disparité, reconnu ou autorisé la filiation de l’enfant avec les

parents, notamment en vertu du principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et en utilisant l’institution de l’adoption interne.

Ce faisant, ces juridictions écartent l’aspect international du tourisme procréatif, alors que ces contrats qui présentent un

élément d’extranéité devraient être soumis à la règle de conflit. Notre projet de recherche, qui s’inscrit en droit comparé

(France, Québec et Californie), vise à déterminer si les règles de droit international privé existantes sont adaptées à ces

situations de tourisme procréatif et, dans la négative, à proposer des solutions de réforme.

Charles Duech

(LL. B. 2020)

Finissant à la maîtrise,

option Common law comparée

Avocat en vie privée chez GDI

À l’ombre du consentement :

les enjeux internationaux de la protection

des données personnelles publiquement

accessibles face au moissonnage du Web

(Web scraping)

Internet est peuplé d’utilisateurs et de robots qui, chaque jour,

publient et collectent des données se comptant en téraoctets

et dont l’importance et la valeur sont souvent sous-estimées.

Sans qu’ils en soient conscients et sans considération pour

leurs droits, les utilisateurs voient leurs données collectées

et exploitées pour diverses fins, dont notamment la publicité

ciblée, mais certains acteurs malveillants peuvent également

tirer profit de ces données.

Sauf exception et en générale, en matière de droit à la protection

de la vie privée, les données personnelles accessibles

publiquement peuvent être collectées sans le consentement

de la personne concernée aux États-Unis, tandis qu’au Canada,

ce consentement est requis. En Europe, outre le consentement,

la collecte peut parfois être justifiée par un intérêt légitime.

Dans ces systèmes juridiques, d’autres recours peuvent aussi

restreindre le moissonnage du Web de manière cumulative

et/ou lorsque les lois sur la protection des renseignements

personnels, comme aux États-Unis, ne suffisent pas.

Il est donc essentiel pour les propriétaires de sites Web et

les utilisateurs souhaitant s’opposer au moissonnage, ainsi que

pour les entreprises ayant recours à cet outil et désirant éviter

des sanctions et des litiges, de comprendre les enjeux internationaux

et le droit qui s’applique à cette pratique en plein essor,

notamment pour le développement de systèmes d’IA, dans

un contexte de prise de conscience par les utilisateurs de

l’importance de la protection de leur vie privée.

Nadia Jacques

Candidate au doctorat

Julie Nicolas

Candidate au doctorat en cotutelle

avec Aix-Marseille Université

Les mesures de transparence

en recherche pharmaceutique :

analyse comparative en droit français

et québécois

Basés sur un cadre théorique critique qui mêle le

pluralisme des ordres juridiques et l’internormativité,

les travaux de recherche de la doctorante portent sur

les différentes mesures de transparence existantes

dans le domaine de la recherche pharmaceutique.

En s’appuyant sur une analyse comparative en droit

québécois et en droit canadien d’une part, et en droit

français et en droit de l’Union européenne d’autre part,

celle-ci entend démontrer que le pouvoir étatique n’est

pas le seul auteur de normes juridiques imposant des

exigences de transparence dans le contexte du développement

de nouveaux médicaments au Canada et en

France. Plus encore, ses travaux mettent en évidence

l’existence d’un ordre juridique non étatique au sein des

industries pharmaceutiques canadienne et française.

Or, tout comme les ordres juridiques étatiques québécois/

canadien et français/européen, ces ordres juridiques

non étatiques de l’industrie pharmaceutique élaborent

des mesures de transparence. Dans le cadre de ses

travaux de recherche, elle analyse, ainsi, la manière dont

ces mesures de transparence issues d’ordres juridiques

distincts interagissent entre elles, s’enchevêtrent, se

superposent, se complètent ou entrent en concurrence.

En définitive, ces interactions sont multiples, elles ne

prennent pas toujours la même forme au Canada et

en France et elles affectent le contenu des différentes

mesures de transparence existantes.

3 sujets de recherche à souligner

68 Droit Montréal N o 31 / 2025

Droit Montréal N o 31 / 2025

69



Centres de recherche

de la Faculté

La recherche

au CRDP

Le CDACI :

une référence en

droit des affaires et du

commerce international

dans un contexte

de turbulences

Centres de recherche

de la Faculté

Stéphane Rousseau

Professeur titulaire et directeur du

Centre de droit des affaires

et du commerce international

Nicolas Vermeys

Professeur titulaire et

directeur du Centre de

recherche en droit public

Rédiger une chronique sur les activités du Centre de

recherche en droit public (CRDP) en 2024-2025 s’avère une

mission difficile non pas parce que les sujets et les projets

manquent, mais plutôt parce qu’ils sont si nombreux qu’il

est impossible de tous les mettre en valeur…

Pour illustrer ce propos, soulignons que l’année 2024

marquait le « mi-parcours » du financement obtenu par le

CRDP dans le cadre du concours Regroupements stratégiques

du Fonds de recherche du Québec – Société et culture

(FRQSC). Rappelons en effet que, en 2020, le CRDP, alors

sous la direction du Pr Vincent Gautrais, recevait une

importante subvention du FRQSC (aujourd’hui remplacé

par le Fonds de recherche du Québec [FRQ] avec l’adoption

de la Loi modifiant principalement la Loi sur le ministère

de l’Économie et de l’Innovation en matière de recherche 1 )

afin d’assurer son fonctionnement pour sept ans.

Pour tout projet de recherche d’envergure – et la programmation

scientifique d’un centre de recherche ne fait

pas exception à cette règle –, le mi-parcours représente

l’occasion d’évaluer le travail accompli et de réajuster le

tir (le cas échéant) afin de présenter un dossier de fin de

parcours à la hauteur des attentes tant des chercheuses

et chercheurs que de l’organisme subventionnaire. Ainsi,

l’exercice qui consistait à répertorier et cataloguer l’ensemble

des publications, activités scientifiques et financements

obtenus par les chercheuses et chercheurs du CRDP

depuis 2020 revêt une importance indéniable pour le

positionnement actuel et futur du Centre.

Au total, ce sont 37 projets de recherche financés qui sont

menés conjointement par diverses équipes de recherche au

sein du CRDP. Ces chiffres ne tiennent toutefois pas compte

des dizaines de projets menés par les chercheuses et

chercheurs individuellement ou de financements obtenus

plus récemment. Je pense ici notamment au projet LEXIS

(Législation, innovation et société) dirigé par le P r Pierre

Noreau et ayant pour objectif d’étudier les modalités et les

potentialités de la participation citoyenne à la définition

des lois ainsi que ses effets sur l’évolution des institutions

démocratiques. Financé par le Conseil de recherches en

sciences humaines du Canada (CRSH) à la hauteur de 2,5

millions de dollars, le projet LEXIS constitue un exemple

éloquent de l’approche du CRDP, de cette fameuse « École

de Montréal » telle que l’a baptisé mon prédécesseur à la

direction du Centre, c’est-à-dire de « ce courant du voir

“autrement”, du voir “largement” le phénomène normatif » 2 .

LEXIS vient ainsi rejoindre COMRADES (Communauté

de recherche-action sur les droits économiques et sociaux),

AJC (Autonomisation des acteurs judiciaires par la cyberjustice),

ADAJ (Accès au droit et à la justice) et de nombreux

autres projets structurants menés par les chercheuses et

chercheurs du CRDP en collaboration avec divers acteurs

de la communauté et visant à redéfinir l’univers normatif

en le dissociant du seul milieu juridique. Si le passé est

réellement garant de l’avenir, alors LEXIS est voué à un

beau succès.

J’ai amorcé ce texte en décriant l’impossibilité de mettre en

valeur l’ensemble des travaux des chercheuses et chercheurs

du CRDP en quelques lignes. Je vous invite donc à consulter

notre site Web (crdp.umontreal.ca) pour en apprendre plus

sur nos projets et pour rester à l’affut de nos nombreuses

activités scientifiques et de formation.

1. L.Q. 2024, c. 16.

2. Vincent Gautrais (dir.), École de Montréal, Montréal, Thémis, 2019,

4 e de couverture.

Depuis plus de 25 ans, le Centre de droit des affaires et du

commerce international (CDACI) met en place des activités

d’enseignement, de formation de la relève et de recherches

innovantes. Les activités menées par nos chercheuses et

chercheurs ont apporté une contribution distinctive au

développement et à la diffusion des connaissances en

droit des affaires et du commerce international.

Dans l’environnement en mouvance actuel marqué

par l’instabilité géopolitique, la remise en question de la

mondialisation, la fragmentation des circuits d’échange

internationaux, les changements climatiques et les attentes

sociétales croissantes envers les entreprises, le CDACI fournit

un espace de réflexion unique faisant le lien entre, d’une

part, les milieux universitaires et, d’autre part, les acteurs

gouvernementaux, le milieu des affaires et la société civile.

Dans la poursuite de sa mission, le CDACI entend continuer

son développement comme pôle d’excellence en droit des

affaires et du commerce international tout en s’inscrivant

dans la réflexion quant au rôle du droit dans la gouvernance

économique, et ce, afin de proposer des solutions aux défis

économiques et sociétaux contemporains. Dans cet esprit,

au cours de la dernière année, les activités du Centre se

sont articulées autour de trois orientations.

• Des entreprises durables et responsables

Les chercheuses et chercheurs s’intéressent au rôle du

droit pour soutenir une saine gouvernance des entreprises

encourageant un développement économique qui respecte

les droits humains et l’environnement. Dans le cadre de

cette orientation, des séminaires ont été organisés durant

l’année sur la responsabilité pénale des entreprises, la lutte

contre le blanchiment des capitaux ainsi que la directive

européenne sur la diligence raisonnable. Le CDACI a

également été partenaire principal de la conférence

internationale 20 ans d’ESG – Quels choix nécessaires

pour créer un monde durable ? organisée en mai 2024

par l’Institut Michael D. Penner sur les enjeux ESG.

• Des relations économiques internationales

Sous cette orientation, les chercheuses et chercheurs

étudient le rôle du droit face au phénomène de la mondialisation

des échanges. Ils explorent l’interface entre le cadre

juridique de l’investissement international et canadien ainsi

que les politiques de concurrence. Leurs travaux portent

également sur la régulation internationale des relations

monétaires, financières et fiscales. L’ensemble de ces

dimensions sont essentielles pour comprendre les enjeux

juridiques actuels dans un contexte international. Rattachée

au CDACI, la Chaire en gouvernance et droit du commerce

international organise en mai 2025 un colloque international

intitulé L’irruption des BRICS sur la scène internationale :

analyse critique et pluridisciplinaire de la nouvelle gouvernance

mondiale, qui abordera nombre de ces questions.

• Des systèmes de marché résilients et performants

La troisième orientation des activités du CDACI porte sur

les marchés comme systèmes d’organisation économique.

Cette orientation se concentre sur les instruments de

réglementation et de guidage des marchés en vue d’atteindre

les objectifs de la politique publique. Elle aborde des sujets

tels que l’encadrement des plateformes numériques et de

l’IA ainsi que le financement des entreprises en croissance,

la protection des investisseurs et le bon fonctionnement des

marchés financiers. Sous cette orientation, deux colloques

d’importance ont été organisés en mai 2024, l’un portant

sur Le droit des marchés publics : avant, pendant et après

les appels d’offres, l’autre sur Les frontières du droit des

valeurs mobilières et tenu sous l’égide de l’Observatoire

du droit québécois de valeurs mobilières rattaché au CDACI.

Dans le contexte actuel caractérisé par de fortes turbulences,

ces trois orientations vont continuer à structurer les

activités scientifiques du Centre, qui ont vocation à éclairer

les acteurs gouvernementaux, le milieu des affaires et la

société civile.

70 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 71



Centres de recherche

de la Faculté

Centres de recherche

de la Faculté

Le Laboratoire de cyberjustice

Développer de bonnes pratiques en matière

d’IA générative en droit : l’engagement du

Laboratoire au service d’un meilleur accès

à la justice

Le Laboratoire de cyberjustice se positionne comme un

leader dans la recherche sur l’intelligence artificielle (IA)

appliquée au domaine judiciaire et explore particulièrement

les usages de l’IA générative. Par son expertise universitaire

et son rayonnement international, le Laboratoire joue un rôle

central dans l’identification et l’élaboration de pratiques

fondamentales pour une intégration encadrée et responsable

de l’IA dans les systèmes judiciaires.

Une approche interdisciplinaire et multisectorielle

Une récente conférence organisée par le Laboratoire,

intitulée Montreal 2024, Generative AI and Justice, a rassemblé

des spécialistes internationaux pour explorer les

applications actuelles et futures de l’IA générative dans le

secteur juridique. Cet événement a offert aux professionnels

et professionnelles du droit et de la justice une occasion

unique de découvrir les outils actuels et leur application

pratique dans divers contextes. Ces technologies présentent

un potentiel important pour automatiser tout ou partie de

Valentin Callipel

Chargé de mission du

Laboratoire de cyberjustice

Karim Benyekhlef

Professeur titulaire et directeur

du Laboratoire de cyberjustice

tâches complexes et répétitives, telles que la découverte

électronique (eDiscovery), la recherche juridique, la rédaction

administrative et l’analyse de contrats, permettant ainsi aux

praticiens et praticiennes de se recentrer sur des activités

stratégiques à forte valeur ajoutée. Ces innovations illustrent

comment l’IA et les outils numériques peuvent transformer

les pratiques juridiques en optimisant l’efficacité opérationnelle

et en améliorant l’expérience des personnes

qui l’utilisent.

Parallèlement, la conférence a souligné l’importance d’un

travail de fond pour accompagner l’adoption de ces outils

dans le respect des principes fondamentaux de la justice.

Les bonnes pratiques présentées incluaient notamment la

transparence envers les personnes utilisatrices quant à

l’intégration de l’IA générative dans leurs interactions et la

nécessité de proposer des solutions aux défis spécifiques,

comme la gestion des affabulations à l’aide d’approches

telles que la génération augmentée de récupération

(retrieval-augmented generation). L’identification des tâches

susceptibles d’être optimisées, comme l’automatisation de

la gestion documentaire et l’amélioration de l’accessibilité,

était également un point central.

Enfin, l’accompagnement des professionnels et professionnelles

à travers des initiatives de formation continue,

soutenu par des travaux du Barreau du Québec 1 ou de la

Cour fédérale 2 , a été mis en avant comme un levier clé pour

une adoption responsable et efficace de ces technologies.

Dans une perspective juridique, ces pratiques ont été

explorées de manière empirique par le Laboratoire à travers

le développement et l’analyse de ses propres outils, tels

que JusticeBot et LLMediator.

JusticeBot : l’utilisation et l’étude de l’IA générative

JusticeBot, l’un des projets phares du Laboratoire, a été conçu

pour simplifier l’accès à la justice en fournissant des informations

juridiques fiables. Basé sur une approche symbolique

de l’IA, l’outil repose sur un ensemble de règles prédéfinies

garantissant la pertinence des informations fournies. Dans

le cadre de son développement, le Laboratoire a intégré

des éléments d’IA générative tout en appliquant de bonnes

pratiques clés telles que la transparence, la supervision

humaine et l’automatisation de tâches répétitives. Sur le

plan du développement interne, l’IA générative suggère

des parcours à partir de plusieurs articles de textes de loi,

mais ces propositions sont systématiquement vérifiées par

des experts et expertes juridiques, maintenant ainsi une

supervision humaine essentielle. Cette approche réduit la

charge de travail initiale tout en garantissant la qualité des

informations 3 . À terme, l’outil pourra également suggérer

des mises à jour de parcours en fonction des évolutions

législatives et jurisprudentielles, renforçant son efficacité

et sa pertinence. Pour les personnes qui y recourent,

le Laboratoire explore une autre application innovante :

permettre une description libre de leur problématique

en langage naturel. L’IA générative traite ces descriptions

pour les guider dans le bon parcours, évitant les erreurs

d’orientation dès le départ et rendant l’accès à la justice

encore plus facile et intuitif 4 .

Un autre pan de ces recherches examine l’adaptation de

JusticeBot aux cadres réglementaires européens, notamment

ceux liés à l’usage de l’IA dans les hôpitaux. Dans ce cas, c’est

l’IA qui devient l’objet d’étude de JusticeBot en facilitant

la conformité de projets hospitaliers utilisant l’IA avec la

Régulation sur l’IA (AI Act) et le Règlement général sur la

protection des données. À la fin du parcours, un rapport

détaillé est généré, incluant une cartographie des risques

légaux, un score d’évaluation et l’identification des personnes

ayant l’expertise requise au sein des organes de l’hôpital

pour atténuer ces risques 5 . La sélection de dossiers est

améliorée grâce à l’automatisation de certaines tâches

répétitives, comme l’évaluation légale des procédés, tout

en maintenant une supervision humaine essentielle à la

prise de décision finale.

LLMediator : faciliter la médiation en ligne avec

l’IA générative

LLMediator est un autre projet du Laboratoire de cyberjustice,

conçu pour soutenir la médiation en ligne en jouant à

la fois le rôle de plateforme et de médiateur. Grâce à l’IA

générative, l’outil propose des interventions adaptées, par

exemple en suggérant des reformulations pour apaiser

les tensions, agissant ainsi comme un caucus permanent.

En complément, il facilite la communication directe entre

les parties sur une plateforme en ligne, offrant un soutien

aussi bien individuel que collectif 6 .

Une étude a révélé une préférence pour les interventions

générées par l’outil lors d’une évaluation à l’aveugle par

rapport à celles produites par des humains. Cependant, l’outil

intègre une bonne pratique clé en laissant le contrôle final

au médiateur humain, qui peut choisir d’utiliser, d’adapter

ou de créer entièrement de nouvelles interventions 7 .

Ce projet incarne une approche équilibrée de l’intégration

de l’IA en médiation, combinant transparence, supervision

humaine et sensibilité nécessaire à l’établissement de la

confiance entre les parties. En facilitant certains aspects

de la médiation tout en maintenant l’humain au cœur des

échanges, LLMediator illustre une utilisation responsable

et raisonnée de l’IA dans des contextes délicats.

Vers une justice virtuelle en réalité mixte ?

Le Laboratoire de cyberjustice ne se limite pas à l’analyse

des technologies actuelles, il se projette vers les futurs défis

de la justice qui se virtualise dans des environnements en

réalité mixtes, combinant réalité virtuelle et augmentée

pour intervenir à distance à l’audience ou pour déplacer

la Cour sur un lieu de crime grâce à la réalité augmentée.

Ces technologies transformatrices offrent de nouvelles

opportunités pour repenser les interactions judiciaires,

tout en soulevant des enjeux essentiels liés à l’équité, à la

transparence et à l’accessibilité.

Dans ces contextes inédits, le Laboratoire continuera

de jouer un rôle central en identifiant les bonnes pratiques

et en définissant les usages responsables de ces outils.

L’objectif reste le même : garantir que ces innovations

technologiques servent véritablement à améliorer l’accès

à la justice, tout en respectant ses principes fondateurs.

1. https://www.barreau.qc.ca/fr/nouvelle/avis-aux-membres/barreau-lance-guide-pratique-utilisation-responsable-intelligence-artificielle-generative/

2. https://www.fct-cf.gc.ca/fr/pages//droit-et-trousse-doutils/intelligence-artificielle

3. Samyar Janatian et al., « From text to structure: Using large language models to support the development of legal expert systems », dans Legal Knowledge and

Information Systems (p. 167-176), IOS Press, 2023.

4. Hannes Westermann et al., « Bridging the gap: Mapping layperson narratives to legal issues with language models », ASAIL@ICAIL, 2023.

5. Sébastien Meeùs et al., « AI in healthcare: Navigating legal risk assessment with JusticeBot », dans Legal Knowledge and Information Systems, IOS Press, à paraître.

6. Hannes Westermann et al., « LLMediator: GPT-4 assisted online dispute resolution », Workshop on Artificial Intelligence for Access to Justice (AI4AJ 2023),

19 juin 2023, Braga, Portugal.

7. Jinzhe Tan et al., « Robots in the middle: Evaluating LLMs in dispute resolution », dans Legal Knowledge and Information Systems, IOS Press, à paraître.

72 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 73



Développement

professionnel

Le Pigeon dissident

50 ans d’existence

Le droit mène à tout

Mia K. Bellemare

Une compétence incontournable

dans le paysage juridique : l’adaptabilité

Jacinthe Landry

(LL. B. 1993, MBA)

Directrice, recrutement de professionnels et cadres supérieurs – Groupe Montpetit

La pandémie et l’intelligence artificielle, entre autres, ont

exigé de chacun et chacune de nous de grandes adaptations.

Ces moteurs transformationnels inspirent de nouveaux

profils de développement professionnel.

La littérature nous indique que les personnes qui

réussiront le mieux sont celles qui évolueront tout au long

de leur carrière et qui ont les deux mains sur le volant de

leur développement professionnel. C’est une approche saine

et gagnante face à l’incertitude ambiante. Dans ce contexte,

avoir une solide intelligence émotionnelle sera une des clés

et l’adaptabilité, une des compétences les plus recherchées

dans le milieu juridique.

La capacité d’adaptation est une compétence complexe,

plus précisément un savoir-être. Est-ce qu’on peut développer

cette compétence ? Certes, nous allons tous et toutes

nous adapter si nous en avons l’obligation, mais pouvons-nous

le faire proactivement pour mieux faire évoluer notre

carrière et répondre aux besoins d’affaires des employeurs ?

Certainement… et c’est ce que ces derniers recherchent pour

accompagner les impératifs d’adaptation des entreprises que

l’ère actuelle nous amène avec les changements technologiques

et démographiques, le nouveau mode de travail

flexible et la mondialisation.

De toutes les qualités recherchées par les employeurs,

l’adaptabilité et l’autonomie sont celles qui prédominent.

L’autonomie comprend aussi la capacité d’autodéveloppement.

On voit ainsi apparaître un nouveau concept dans

les revues spécialisées, celui de « modelage du travail »

(« job crafting »). Comme un artisan qui fait des œuvres sur

mesure, chacun et chacune de nous peut créer ou moduler

sa carrière au fil des changements. Tout en restant dans

un même poste, on peut modifier les caractéristiques de

son travail. On peut, par exemple, proposer un nouveau projet

qui nous donnera l’occasion de développer de nouvelles

compétences. On peut certes aussi profiter d’un changement

d’emploi pour s’ouvrir à de nouvelles pratiques du métier.

Les formations en gestion ont beaucoup insisté sur les

qualités des leaders qui savent motiver leurs employés et

employées. En effet, ils peuvent aménager des conditions qui

favorisent l’engagement et la satisfaction au travail. Mais pour

attiser les motivations intrinsèques, il faut que l’employé

s’approprie l’aménagement (le « modelage ») de son travail.

Dans notre travail de recrutement d’avocats et avocates, surtout

pour des postes de complexité supérieure, nous avons

souvent la chance de rencontrer des gens qui ont fait preuve

d’un bon sens de l’adaptation et qui se sont investis dans leur

développement professionnel. Le « job crafting » apparaît non

seulement comme une stratégie de satisfaction professionnelle,

mais aussi comme une pierre angulaire de la construction

d’organisations résilientes, adaptables et prospères.

Les carrières non linéaires sont la nouvelle norme.

L’emploi à vie dans un seul poste ou une seule entreprise

appartient largement au passé. Et d’ailleurs, changer de

type de poste, écrire de nouveaux chapitres professionnels

ou s’autodévelopper autrement auprès d’un même

employeur est maintenant chose plus courante,

voire recherchée.

Souvent, les changements qui surviennent dans notre

parcours professionnel nous donnent d’abord l’impression

qu’ils bloquent notre progression ou même qu’ils imposent

un recul. Comment transformer ces événements en occasion

de développement ? Certes, cette posture n’est pas si

simple qu’elle n’en a l’air. Ceux qui la vivent vous diront qu’ils

ont dû lâcher du lest pour repartir autrement, reculer d’un

pas pour plonger devant.

Pour prospérer dans notre nouveau monde professionnel,

l’adaptabilité au travail est une des clés du succès. Elle permet

de réagir à l’adversité, de naviguer dans un paysage dynamique

et de faire face plus aisément à des situations incertaines.

Cette adaptabilité inspire également les chercheurs

d’emplois à une plus grande flexibilité ou marge de manœuvre

dans leurs critères de sélection d’un nouveau poste; se

donner cette marge de manœuvre professionnelle permet

d’explorer des emplois atypiques et souvent forts intéressants.

En cultivant cette compétence fondamentale, vous

serez certainement plus en mesure de tirer parti des nombreuses

possibilités d’emploi qui se présenteront au cours

de la prochaine décennie.

Yves Boisvert

Yves Boisvert entame ses études en droit en 1983 et les termine en 1988.

Membre d’une troupe de théâtre et d’improvisation, il est passionné par

le journalisme, lui qui lit inlassablement les journaux. Sur le banc d’école,

son professeur préféré est Pierre-André Côté, en Interprétation des lois.

Son parcours en droit est marqué par plusieurs bouleversements

constitutionnels : l’entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits

et libertés en 1982, l’élection d’un gouvernement progressiste-conservateur

avec la plus grande majorité parlementaire de l’histoire

canadienne en 1984 et le retour du gouvernement

Bourassa en 1985. Le sujet de l’heure : « Pourquoi

et comment modifier la Constitution ? »

Ce fut une époque de débats intellectuels passionnants,

où la sphère politique était dominée par des

juristes. Bouchard, Chrétien, Trudeau père et même

René Lévesque ont participé aux vagues médiatiques

de la Faculté. Sur le plan international, l’Afrique du Sud

vivait toujours l’apartheid. La Guerre froide sévissait

entre l’Union soviétique et les États-Unis.

Au terme de son parcours universitaire, Yves Boisvert

fait son entrée au sein du quotidien La Presse. Durant

une décennie, il est chroniqueur au palais de justice,

couvrant divers procès partout au Canada, aux

États-Unis et en France. Sa carrière de journaliste

est marquée par d’importants jugements tels que

l’arrêt R. c. Jordan ainsi que l’arrêt R. c. Askov, qui

ont été des coups de tonnerre.

« Mes implications au sein du journalisme étudiant

m’ont permis de découvrir mon métier. Tant que le

besoin existe, le journalisme a raison d’exister. »

— Yves Boisvert

M e Pierre-Hubert Séguin

L’honorable Benoît Moore

Un adage qui mène dans son sillage toute sorte

d’étudiantes et étudiants, des plus méthodiques

aux plus créatifs. Alors que Le Pigeon dissident

souffle ses 50 bougies, je vous présente un survol

du parcours de trois diplômés de la Faculté

dont l’implication a façonné les pages du

Pigeon au fil des années 80, et façonne

la société d’aujourd’hui.

À 19 ans, Benoît Moore quitte les bancs du collège Jean-de-Brébeuf, toujours

incertain quant au chemin à emprunter pour réaliser ses ambitions.

Il dépose des demandes d’admission dans divers domaines : en science

politique, en administration des affaires et en droit. Initialement placé sur

la liste d’attente de la Faculté de droit de l’Université de Montréal, ce n’est

que quelques semaines plus tard que Benoît reçoit sa lettre d’admission.

Sa curiosité insatiable et sa passion pour la politique le poussent à se lancer

dans cette nouvelle aventure.

Lors de son passage, Le Pigeon dissident a couvert plusieurs évènements

marquants de l’époque, se remémore-t-il. L’édition de septembre 1989 était

consacrée à l’arrêt Daigle c. Tremblay de la Cour suprême, sur le droit à

l’avortement. « C’était le feuilleton d’actualité politique de l’année. »

« Pour moi, l’implication étudiante a été un vecteur d’acquisition

d’habiletés qui m’ont été utiles comme personne, comme professeur,

comme avocat et aujourd’hui comme juge », mentionne-t-il.

Aujourd’hui, l’honorable Benoît Moore continue de se rappeler avec

affection ses années d’études, un lieu où sa passion pour la justice et son

engagement ont trouvé leur voie. Après avoir enseigné à plus de 3 000

étudiants et étudiantes à l’Université de Montréal, Benoît Moore est nommé

à la Cour d’appel du Québec en juin 2019. Ce parcours, entamé par une

simple lettre d’acceptation, le mène à une des plus hautes instances

judiciaires du pays.

C’est en 1990 que Pierre-Hubert Séguin entreprend ses études dans la section D de la Faculté. Diplômé

en sciences pures du collège de Bois-de-Boulogne, il se distingue par son esprit analytique et sa facilité

à compter. C’est au sein du Pigeon qu’il trouve un terrain fertile pour marier ses talents de communicateur

et de gestionnaire. Dès sa première année, Pierre-Hubert Séguin s’implique à titre de journaliste chroniqueur

pour le journal, où il couvre des sujets chauds comme l’instauration de la TPS sous le gouvernement Mulroney

et la naissance du Bloc Québécois, dans un contexte politique marqué par les débats sur le référendum

des accords de Charlottetown et du lac Meech.

« Être avocat, c’est être capable de s’exprimer verbalement et par écrit. Le journal était un médium de

communication et un terrain d’apprentissage pour gérer un organisme », affirme-t-il.

Aujourd’hui, Séguin est le Québécois ayant effectué le plus de transactions commerciales dans le secteur

de la sécurité, tant en nombre qu’en valeur. Il a travaillé sur l’une des plus grandes opérations de rachat par

capitaux privés de l’histoire canadienne, la recapitalisation de 5,2 G $ de la multinationale GardaWorld.

Publication : le 22 août

2024, vol. 48, n o 1,

Le Pigeon dissident

74 Droit Montréal N o 31 / 2025

Droit Montréal N o 31 / 2025

75



Comité Avocats

sans frontières

Une passion

pour les droits

fondamentaux

Comité Avocats sans frontières

Sanctions, arbitrage et ESG : l’univers du droit

des affaires internationales en mutation

Comité affaires

internationales

Nicolas Blanchette, Lambert

Girardin, Marguerite Lebel,

Mary Lou Murphy, Florent Pilote,

Thomas Rhéaume et

Alexandre Viau

Comité affaires

internationales

Alex Aubin, Victoria Bravo-Galdames,

Lada Butska, Patricia Chlystek,

Lee-Ann Kelly, Alice Lamari-Saysset

et Ayla Mahamli

Les droits fondamentaux sont mis à rude épreuve face à

des enjeux de plus en plus criants, notamment la répression

croissante et alarmante des droits humains. Les facultés

de droit, berceaux de réflexion et d’innovation, sont les lieux

où les idées naissent et où le droit se réinvente à la lumière

de la jeunesse. Par ce fait, nous vous présentons le comité

Avocats sans frontières UdeM.

La mobilisation du droit international suscite des débats

importants et polarise l’actualité depuis plus d’une année.

Ce domaine, ancré dans l’interdiction des crimes contre

l’humanité, repose sur des normes de jus cogens, auxquelles

il est formellement défendu de déroger en droit international

public. Cependant, la protection des droits humains dépend

encore largement de la volonté des États de les respecter.

Le comité Avocats sans frontières de l’Université de

Montréal s’intéresse à ces enjeux fondamentaux, reflétant

sa vocation à promouvoir les valeurs de coopération.

Chaque mois, il analyse une mission passée ou actuelle

d’Avocats sans frontières Canada (ASFC) mettant en lumière

les efforts de cette organisation pour renforcer les capacités

des parties prenantes de la justice face à des violations graves

des normes de jus cogens. Qu’il s’agisse des interventions au

Mali, au Guatemala ou en Colombie, ses actions soulignent

l’engagement des juristes canadiens à réparer les injustices

humanitaires observées.

Depuis plusieurs années, l’intérêt pour le droit international

grandit au sein de la Faculté de droit de l’Université

de Montréal. Malgré l’existence d’un programme de maîtrise

en droit international, les étudiants et étudiantes ont peu

d’occasions d’explorer concrètement ce domaine riche

mais complexe. Le comité Avocats sans frontières comble

ce manque en leur offrant une plateforme d’échange et de

sensibilisation, catalysant leurs vocations pour la défense

des droits humains. Nous mettons en avant les initiatives

d’ASFC, passées et présentes, qui visent à lutter contre

l’impunité, les crimes de guerre et les crimes contre la

personne. Ces projets incluent des campagnes de sensibilisation

pour les droits des femmes et des enfants, des

interventions auprès de communautés autochtones et

la création de tribunaux à l’échelle internationale.

Notre comité organise également des événements tels

que des colloques interfacultaires, des conférences à

destination des étudiants et étudiantes ainsi que des

levées de fonds pour soutenir ces initiatives essentielles.

Ces activités visent à rapprocher la communauté étudiante

de la réalité du droit international et de son impact concret.

L’équipe de direction d’Avocats sans frontières UdeM

est composée de femmes aux cultures et parcours variés

issues d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord, d’Amérique

latine et d’ailleurs. Avec des formations en criminologie,

sociologie, science politique et études internationales,

nous apportons des perspectives multiples pour aborder

les enjeux juridiques mondiaux. Cette diversité est notre

force, nous permettant d’agir de manière inclusive et efficace

pour défendre les droits des personnes en situation de

vulnérabilité.

Unies dans notre engagement, nous aspirons à sensibiliser

la communauté étudiante au droit international et à

encourager une nouvelle génération à s’investir dans la

protection des droits humains. Ensemble, nous bâtissons

un avenir plus juste et équitable, tout en soutenant la

vision et la mission d’Avocats sans frontières Canada.

Le comité Affaires internationales (CAI) a pour objectif

d’offrir aux étudiants et étudiantes en droit de l’Université

de Montréal la possibilité d’acquérir une meilleure

compréhension du monde des affaires à l’international.

Dans un monde de plus en plus interconnecté, les affaires

internationales ne cessent d’évoluer. Entre tensions géopolitiques,

régulations mondiales et innovations juridiques,

les avocates et avocats de demain doivent être prêts à

naviguer dans un environnement en constante mutation.

Le CAI offre aux étudiants et étudiantes des occasions

uniques de s’engager pleinement dans cet univers complexe

et dynamique.

Un monde sans frontières : comprendre les défis

des affaires internationales

Sanctions économiques, litiges internationaux, fiscalité,

cybersécurité… les affaires internationales sont omniprésentes

et plus que jamais d’actualité. Prenons l’exemple des

sanctions économiques imposées par l’Union européenne,

le Canada et les États-Unis à la Russie en réponse à la

violation de la souveraineté de l’Ukraine. Ces sanctions

ne concernent pas seulement les gouvernements, mais

aussi les entreprises internationales qui doivent s’adapter

à un environnement commercial incertain.

Ces défis géopolitiques et économiques soulignent

l’importance de comprendre les régulations complexes

qui façonnent les affaires internationales, telles que les

normes ESG (environnement, société, gouvernance).

Ces critères imposent aux entreprises de repenser leurs

modèles pour répondre aux attentes des consommateurs

et des investisseurs. Pour les futurs avocats et avocates

spécialisés en droit international des affaires, comprendre

et anticiper ces changements sera un atout essentiel,

d’autant plus que les entreprises qui ne s’y conforment

pas risquent de se priver de potentialités cruciales sur

la scène mondiale.

La hausse de l’arbitrage commercial est un autre sujet important,

comme le souligne le rapport de la firme FTI Consulting

paru en mai dernier. Cette tendance a un impact positif

sur l’économie canadienne en rendant la résolution des

différends plus efficace et économique. Les chiffres sont sans

équivoque : la vaste majorité des arbitres sondés pratiquent

dans les deux sphères, soit l’arbitrage national et international.

Les dossiers d’arbitrage international comportent

de grosses sommes. En effet, près de 50 % d’entre eux

portent sur un montant en litige de 20 millions de dollars

ou plus, contre 5 millions de dollars ou moins pour 73 %

des dossiers d’arbitrage national. De plus, les audiences

internationales sont plus longues, variant de trois jours

à deux semaines. Cette évolution pose de nouveaux défis

aux avocates et avocats spécialisés en droit international,

qui doivent maîtriser la gestion de dossiers complexes

dans un cadre juridique en constante mutation.

Nos événements et projets

Afin de remplir notre mission, nous organisons divers événements

permettant aux étudiants et étudiantes d’échanger

avec des spécialistes et de tisser des liens précieux avec des

professionnels et professionnelles du domaine. Sous la

direction de notre équipe dynamique – Alexandre Viau

(président), Nicolas Blanchette (trésorier), Lambert Girardin

(VP Communications), Florent Pilote (VP Podcast),

Marguerite Lebel (VP Commandites), Thomas Rheaume

(VP Événements) et Mary Lou Murphy (VP Première) –,

nous avons organisé des événements marquants : un 4 à 7

international, un dîner-causerie avec Blakes, une transaction

d’envergure en collaboration avec le comité Droit des affaires

et gestion chez Norton Rose Fulbright, une pause café avec

Dentons ainsi qu’un brunch avec McMillan pour discuter des

réalités du droit des affaires internationales. Enfin, en mars,

notre balado Parlons affaires internationales accueillera

M e Françoise Girard, fondatrice de Feminism Makes Us

Smarter, pour un nouvel épisode.

76 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 77



Publications

Publications

Publications professorales

LIVRES

Mariève Lacroix et

Nicolas Vermeys

RESPONSABILITÉ.IA - Du droit

québécois de la responsabilité civile

à l’égard de l’intelligence artificielle,

Éditions Yvon Blais, 2023, 204 p.

S’il est névralgique de reconnaître

l’importance d’une responsabilité ex

ante propre aux systèmes d’intelligence

artificielle (IA) par l’imposition

d’obligations préventives en matière de

réglementation et de surveillance pour

minimiser, voire éviter la survenance de

dommages, il est tout aussi impératif

d’envisager une responsabilité ex post

liée à l’IA pour compenser de tels

dommages. Or, les développements

des dernières années en matière d’IA

précipitent le débat; l’ère de la science

fiction doit céder le pas, non plus

seulement à l’heure de la prévention,

mais à celle de la réparation.

Alain Roy

Traité de droit de la famille, Tome 1 –

La filiation, Éditions Thémis Edward

Elgar, 2024, 691 p.

Ce livre est consacré aux principes et

aux fondements du droit de la filiation

tels qu’ils ont été remaniés aux termes

de la Loi portant sur la réforme du droit

de la famille en matière de filiation et

modifiant le Code civil en matière de

droits de la personnalité et d’état civil

(L.Q. 2022, c. 22) et de la Loi portant

sur la réforme du droit de la famille en

matière de filiation et visant la protection

des enfants nés à la suite d’une

agression sexuelle et des personnes

victimes de cette agression ainsi que

les droits des mères porteuses et des

enfants issus d’un projet de grossesse

pour autrui (L.Q. 2023, c. 13). Il constitue

le premier tome d’un traité de droit de la

famille qui prendra forme au rythme des

travaux législatifs entourant la réforme

du droit de la famille québécois.

Martine Valois

Les commissions d’enquête au Québec :

vers une réforme en profondeur de la

Loi sur les commissions d’enquête,

LexisNexis, 2024, 150 p.

La Loi sur les commissions d’enquête,

pratiquement inchangée depuis plus

de 153 ans, souffre de plusieurs

carences rédhibitoires qui rendent

nécessaire une réforme en profondeur

de ses dispositions.

Dans les autres provinces, les législations

sur les enquêtes publiques ont

été modifiées de manière substantielle

dans le but de refléter l’évolution du

droit sur l’équité procédurale et la

constitutionnalisation des droits et

libertés fondamentales.

Cet ouvrage propose une réponse

aux appels à la modernisation de la

Loi sur les commissions d’enquête qui

ont été faits par les commissaires euxmêmes

dans le cadre des principales

commissions d’enquête au Québec au

cours des cinquante dernières années.

Hugo Tremblay et Christophe

Krolik (dir.),

Ressources naturelles et énergie

en droit québécois, LexisNexis,

2023, 704 p.

Les ressources naturelles et l’énergie

sont essentielles au développement.

Or, ces secteurs sont confrontés à

d’importants défis tels que la protection

de l’environnement, la transition énergétique

et l’acceptabilité sociale. Le droit

joue un rôle central dans la gestion de

ces ressources et sa connaissance

permet de comprendre précisément

l’organisation des activités. Au Québec,

ces domaines sont encadrés par des

règles juridiques multiples, complexes

et spécifiques. Pour la première fois, des

experts ont réuni leur savoir afin d’intégrer

dans cet ouvrage les principales

normes applicables pour les domaines de

la pratique et de la recherche de même

que pour la communauté étudiante.

Léa Boutrouille et Jean-François

Gaudreault-DesBiens

Les libertés expressives dans l’université

canadienne contemporaine :

cadres juridiques et enjeux éthiques,

Édition Thémis, 2024, 542 p.

Ce qui peut être dit ou non dans les universités

a rarement attiré autant l’attention

des médias, des milieux politiques

et du grand public. Mais quels sont les

cadres juridiques applicables à l’analyse

des débats suscités par l’exercice des

libertés expressives dans les universités ?

Et au-delà des paramètres que pose

le droit formel, quels sont les enjeux

éthiques que cet exercice soulève ?

Ces questions se posent à un moment

où de multiples revendications, souvent

divergentes, s’expriment à propos

de ce qu’est et de ce que devrait être

l’institution universitaire.

Cet ouvrage vise à analyser la

nature de ces revendications et les

conséquences de leur réception institutionnelle

éventuelle sur la liberté

universitaire, en tant qu’elle protège

de manière particulière la liberté

d’expression de ses titulaires, ainsi que

sur la liberté d’expression, entendue

comme liberté fondamentale échéant

génériquement à tout citoyen et toute

REVUE ET COLLECTIF

Paula Wojcikiewicz Almeida

et Miriam Cohen

« Mapping the ‘public’ in public interest

litigation: An empirical analysis of

‘participants’ before the International

Court of Justice », dans Y. Suedi et

J. Bendel (dir.), Public Interest

Litigation in International Law,

Routledge, 2023, p. 98-134

Le rôle des tribunaux internationaux évolue

vers une prise en compte de l’intérêt

public dans des domaines comme les

droits de l’homme, le climat ou la santé.

Cet ouvrage analyse les tendances

récentes et l’adaptation des instances

judiciaires à cette nouvelle approche.

Yance Arizona et Miriam Cohen

« The Recognition of Customary Land

Rights at the Constitutional Court

of Indonesia: A Comparative and

International Law Assessment », dans

B. de Villiers, S. Isra et P. M. Faiz (dir.),

Courts and Diversity: Twenty Years of

the Constitutional Court of Indonesia,

Brill, 2024, p. 173-194

citoyenne, dont peuvent se revendiquer

tous les membres d’une communauté

universitaire.

Catherine Régis, Jean-Louis Denis,

Maria Luciana Axente et Atsuo

Kishimoto (dir.)

Human-Centered AI – A Multidisciplinary

Perspective for Policy-Makers,

Auditors, and Users, Chapman & Hall,

2024, 358 p.

L’intelligence artificielle (IA) imprègne de

plus en plus nos vies. S’appuyer uniquement

sur des approches traditionnelles

axées sur la technologie ne suffira pas à

développer et déployer cette technologie

d’une manière qui améliore réellement

Ce chapitre examine la reconnaissance

des droits des peuples autochtones

en Indonésie à travers la jurisprudence

de la Cour constitutionnelle et le droit

international. Malgré l’absence d’une loi

spécifique, les décisions judiciaires ont

renforcé la reconnaissance des droits

fonciers coutumiers, influencées par

des instruments internationaux comme

la DNUDPA et le droit environnemental.

Toutefois, l’impact de ces décisions

reste limité en l’absence de soutien

législatif suffisant.

Miriam Cohen, Vladyslav Lanovoy,

Camille Martini, Armando Rocha,

Maria Antonia Tigre et

Éneas Xavier

« Reparation for Climate Change at

the ECtHR: A Missed Opportunity or

the First of Many Decisions to Come? »,

dans M. Bönnemann et M. A. Tigre (dir.),

The Transformation of European

Climate Litigation, Verfassungsbooks,

2024 (p. 181-191)

La P re Miriam Cohen a obtenu une

subvention du CRSH pour son projet

« Changement climatique et réparation »,

mené avec des chercheurs de l’Université

Laval et de l’Universidade Católica

Portuguesa et une chercheuse du

Sabin Center for Climate Change Law.

En partenariat avec le Global Network

for Human Rights and the Environment,

cette recherche examine les enjeux de la

réparation en lien avec les changements

climatiques et analyse les décisions

des principales juridictions régionales

et internationales sur ce sujet.

l’expérience humaine. Un nouveau

concept est désespérément nécessaire

pour atteindre cet objectif. Ce concept

est l’intelligence artificielle centrée sur

l’humain (HCAI). À travers 29 chapitres

captivants, ce livre explore en profondeur

le domaine de la HCAI.

Miriam Cohen et

Renan Teles de Carvalho

« L’appropriation de la transmission des

traumatismes par le droit : le préjudice

transgénérationnel dans la jurispruden

ce de la Cour pénale internationale »,

Annuaire canadien de droit international,

2024, 19 p., en ligne

La Cour pénale internationale examine

la réparation des préjudices transgénérationnels,

qui touchent des victimes

n’ayant pas vécu directement un traumatisme,

mais en subissant les effets.

Cet article explore la reconnaissance

juridique de ces préjudices dans des

cas de violations massives des droits

humains et analyse la jurisprudence de

la Cour, mettant en évidence les défis

liés à leur réparation en droit pénal

international.

Stéphane Beaulac, Miriam Cohen

et Sarah-Michèle Vincent-Wright

(dir.)

« Droit international en droit

interne – Développements récents

et perspectives comparées »

[Actes de confér ence],

29-5 Lex Electronica 2-5, 2024

Ce dossier spécial regroupe des actes

de la conférence « Droit international en

droit interne : développements récents

et perspectives comparées » qui s’est

tenue à la Faculté de droit de l’Université

de Montréal le 1 er septembre 2023.

Publications professorales

78 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 79



282614 C C1C4 4C_OK-Proofs.pdf_PG 1_Octobre 18, 2024_09:53:34

La Chaire du notariat a pour mission de promouvoir

le développement et le rayonnement de l’institution

du notariat. Comme chaire universitaire, cette mission

s’accomplit notamment par la tenue d’activités

scientifiques propices à la réflexion sur le droit et le

notariat. C’est dans cette optique qu’ont été créées

les Conférences Roger-Comtois. Ces conférences

rendent hommage à un notaire exceptionnel, doyen,

professeur émérite, président de la Chambre des

notaires du Québec, qui a laissé sa trace au sein de

la communauté juridique québécoise.

ISBN 978-289400-505-7

Publications

Publications

Publications professorales

Han-Ru Zhou

« International Legacies of a Century

and a Half of the Case Method », (2023)

63 American Journal of Legal History

402-422

Cet article retrace l’histoire de la

diffusion de la méthode des cas, l’une

des principales exportations juridiques

des États-Unis, dans le monde de la

common law. Après un faible intérêt

initial, son essor s’est accéléré après la

Seconde Guerre mondiale, avec des

résultats contrastés selon les régions.

Si la méthode a su s’adapter, son succès

hors du monde occidental a été limité par

un manque d’adaptation aux contextes

locaux. L’article invite à réévaluer cette

approche aujourd’hui, dans un cadre

juridique et éducatif plus indépendant

des influences coloniales.

Han-Ru Zhou

« Unwritten Constitutional Principles

and the Argument from Extreme

Cases », dans G. Cartier et M. D.

Walters (dir.), The Promise of Legality:

Critical Reflections upon the Work

of TRS Allan, Hart, 2024

Ce chapitre explore le recours aux

principes constitutionnels non écrits

(PCN) dans le contrôle judiciaire sous

les constitutions de Westminster, en

adoptant une approche fondée sur

la pratique. Il analyse des affaires

majeures, notamment celles impliquant

des lois criminelles ad hominem et des

clauses d’exclusion totale, montrant

que les PCN sont utilisés à travers le

Commonwealth. En s’appuyant sur les

travaux de TRS Allan, il dégage trois

caractéristiques des « cas extrêmes »

nécessitant l’intervention des PCN.

Malgré des désaccords persistants,

l’inévitable recours à ces principes

dans le contrôle judiciaire devrait être

reconnu, ouvrant la voie à un débat sur

leur méthodologie et leur application.

Michel Morin

« Introduction à la common law

canadienne », dans L. Bélanger-Hardy,

A. Grenon et Y. Campagnolo (dir.),

Éléments de common law canadienne :

comparaison avec le droit civil québécois,

2 e éd., Éditions Yvon Blais, 2024,

p. 39-121

La common law est un système juridique

dont les règles les plus importantes

sont énoncées et modifiées par les

juges. Cette affirmation, banale pour

une juriste de common law, constitue

une hérésie pour un civiliste œuvrant

dans un système de droit codifié.

En effet, dans cette tradition, seul un

texte de loi contient une règle juridique.

Comment expliquer des conceptions

aussi contradictoires ? Dans quelle

mesure un système jurisprudentiel

peut-il s’adapter aux besoins de la

société qu’il aspire à réguler ? Comment

les particularismes de la société canadienne

ont-ils influé sur son évolution ?

Pour répondre à ces questions, ce

chapitre examine successivement

la formation de la common law en

Angleterre, son implantation au Canada

et son fonctionnement contemporain,

en français aussi bien qu’en anglais.

Harith Al-Dabbagh

« The Rights of Religious Minorities

in Iraq: The Case of the Forced

Conversion of Minors », (2024)

38-3 Arab Law Quarterly 235-260

Cet article examine la question juridique

de l’assignation religieuse des enfants

mineurs en Irak, où la conversion d’un

parent à l’islam entraîne celle de ses

enfants. Alors que la Cour de cassation

irakienne reconnaissait autrefois aux

enfants le droit de choisir leur religion

à la majorité, elle a progressivement

supprimé cette possibilité au début du

XXI e siècle. L’auteur critique ce revirement

jurisprudentiel, soulignant ses

conséquences négatives sur les minorités

et la paix sociale. Après une analyse

du droit islamique et du droit irakien, il

conclut que cette évolution est infondée

et problématique.

Jean-François

Gaudreault-DesBiens

« The Political Cosmetology of

Academic Freedom », dans F. Mégret

et N. Ramanujam (dir.), Academic

Freedom in a Plural World, Central

European University Press, 2024,

p. 53-75

Cet ouvrage examine la liberté universitaire,

un principe fondamental des universités,

mais soumis à de nombreuses

pressions, notamment la montée des

menaces contre la démocratie, la

marchandisation de la recherche et

les tensions autour de la diversité. Il

clarifie ses distinctions avec la liberté

d’expression et les droits des étudiants

et étudiantes, tout en analysant des

conflits concrets sur son exercice dans

différentes universités. En adoptant

une perspective mondiale, il élargit le

débat au-delà de l’Amérique du Nord

et du monde anglophone.

Stéphane Beaulac

« L’asymétrie, au cœur des droits linguistiques

au Canada et au Québec »,

(2024) 45 Revue nationale de droit

constitutionnel / National Journal

of Constitutional Law 113-128

Cet article analyse l’asymétrie des droits

linguistiques au Canada, reconnue par

la Cour suprême, en fonction des réalités

du Québec et des autres provinces.

Il explore cette approche à travers le

droit à l’instruction en langue minoritaire

et une comparaison avec l’Italie.

Enfin, il met en lien l’asymétrie avec

le fédéralisme coopératif et son

intégration dans la nouvelle Loi sur

les langues officielles.

Patrick Mignault et

Stéphane Rousseau

« Guardrails for the Deployment of AI

in Finance in Canada: Where Do We

Go from Here? », (2024) 41 Banking

and Finance Law Review 1-46

L’essor de l’intelligence artificielle dans le

secteur financier offre des opportunités,

mais pose aussi des risques liés à la gestion

des données et à la gouvernance.

Pour encadrer son usage, le Canada

Jean-François

Gaudreault-DesBiens

Léa Boutrouille

Libertés expressives dans l’université

canadienne contemporaine

2024, 542 p.

978-2-89400-450-0

Thérèse Leroux

Hélène Trudeau

Décontaminer le sol par les plantes

2024, 251 p.

978-2-89400-403-6

propose la loi sur l’intelligence artificielle

et les données (projet de loi C-27).

Cet article explore le rôle stratégique

des régulateurs financiers dans la

supervision de l’IA et analyse les

implications de cette réglementation

pour les institutions financières.

Jean Leclair

« L’étendue du pouvoir de l’Assemblée

nationale du Québec de modifier

la Loi constitutionnelle de 1867 »

(2024) 45-2 Revue nationale de

droit constitutionnel 129-173

Ce texte examine la capacité du Québec

à modifier la Loi constitutionnelle de 1867

en y intégrant des dispositions sur la

nation et la langue québécoises, en vertu

18

2024

CONFÉRENCES

ROGER-COMTOIS

RÉFLEXIONS SUR LA

PLURIPARENTÉ À TRAVERS

LE PRISME DE L’INTÉRÊT

DE L’ENFANT

JOHANNE G. CLOUET

Eric H. Reiter

26 e Conférence Albert-Mayrand

- Les histoires du droit civil

2024, 19 p.

978-2-89400-504-0

Hugues Parent

Julie Desrosiers

Traité de droit criminel

Tome 3, 4 e éd.

2024, 1378 p.

978-289-400-487-6

de l’article 45 de la Loi constitutionnelle

de 1982. L’auteur critique l’interprétation

juridique selon laquelle une province

pourrait unilatéralement ajouter de

nouvelles dispositions à la Constitution

et non seulement modifier celles relevant

de sa compétence. Il soutient que

cette lecture, bien que techniquement

possible, contredit les principes

fondamentaux de suprématie et

d’enchâssement constitutionnel,

la rendant démocratiquement et

normativement problématique.

Johanne Clouet

18 e Conférence Roger-Comtois :

Réflexions sur la pluriparenté à travers

le prisme de l’intérêt de l’enfant

2024, 19 p.

978-289400-505-7

Alain Roy

Traité de droit de la famille,

Tome 1 – La filiation

2024, 691 p.

978-2-89400-500-2

Publications professorales

Éditions Thémis

80 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 81



Philanthropie

Philanthropie

Dominique Andry

Conseillère spécialisée

en philanthropie

Création du fonds de bourses

Cap Droit Davies, un don

majeur à la Faculté

La Faculté de droit est heureuse d’annoncer un

don majeur de 425 000 $ du cabinet Davies

Ward Phillips & Vineberg et de ses avocats. Ce don représente des contributions

du cabinet et de ses avocates et avocats diplômés de la Faculté.

Cet engagement de 5 ans prévoit la création du Fonds Cap Droit Davies

afin de soutenir le projet ÉDIFIER, lequel vise à accroître le pourcentage de

personnes étudiantes issues des communautés sous-représentées dans les

programmes de droit en offrant un soutien financier ainsi qu’un programme

de mentorat.

« Chez Davies, nous croyons fermement que l’éducation est un élément

clé dans la transformation des vies et l’essor des communautés. Plusieurs

membres de notre équipe sont des diplômées et diplômés de la Faculté, et

nous sommes donc honorés de pouvoir apporter notre soutien à la prochaine

génération de juristes issus de cette université dans le cadre de cette grande

campagne L’heure est brave. Ce don des membres du cabinet témoigne

de notre engagement à contribuer à l’effort visant à rendre les études en

droit accessibles à un plus grand nombre d’étudiantes et étudiants afin de

leur permettre d’atteindre leur plein potentiel », affirme M e Philippe

Johnson, associé directeur de Davies et diplômé en droit (LL. B. 1998) de

l’Université de Montréal.

La juge Marie Deschamps fait

un don de 50 000 $ à la Faculté

La juge retraitée Marie Deschamps fait un don

majeur de 50 000 $ dans le fonds philanthropique

Alma mater. Ce fonds est placé sous la

responsabilité de la doyenne et joue un rôle

central dans le développement facultaire. Il vise

à soutenir la croissance de nos activités, à

lancer de nouveaux projets, à actualiser les programmes existants et à

financer des réalisations concrètes, comme l’attribution de bourses d’aide

aux étudiants et étudiantes ou la rénovation des locaux de la Faculté.

L’honorable Marie Deschamps a obtenu une licence en droit de l’Université

de Montréal en 1974, avant de poursuivre une carrière distinguée dans

le domaine juridique. En 2008, l’Université de Montréal lui a décerné un

doctorat honorifique. Mme Deschamps est aussi « membre du cabinet

de la grande campagne philanthropique L’heure est brave ».

Nouvelle bourse du cabinet Novallier

Le cabinet de notaires et de conseillers juridiques Novallier

a créé une nouvelle bourse de 2 500 $ pour les étudiantes

et étudiants en deuxième année du baccalauréat en droit

ayant terminé le cours Droit de l’entreprise avec une note

finale de 3,0 ou plus et démontrant un intérêt pour une

carrière notariale.

Le Fonds de bourses Novallier vise à remettre des

bourses encourageant le parcours universitaire menant

au notariat parmi les étudiantes et étudiants de la Faculté.

Le P r Ejan Mackaay fait un

don de 30 000 $ sur 5 ans

à son fonds de bourse

Dans le cadre de la Grande campagne

philanthropique en cours de l’Université

de Montréal, L’heure est brave, le professeur

émérite Ejan Mackaay a voulu poser

un geste marquant et témoigner de son

engagement envers la réussite étudiante.

C’est avec une grande fierté que nous

annonçons aujourd’hui qu’il a décidé de

faire un don de 30 000 $, répartis sur

cinq ans, afin de bonifier le fonds de

bourses qu’il a fondé en 2021. Ce soutien

précieux permettra à des étudiantes

et étudiants étrangers inscrits dans un

programme de maîtrise ou de doctorat

en droit de poursuivre leurs études

dans un environnement favorable à

l’excellence universitaire.

Originaire des Pays-Bas, il entre à la

Faculté en 1968. Le doyen de l’époque,

Jean Beetz, lui dira : « Il y a une place ici

pour vous, prenez-la ! ». C’est précisément

pour cette raison qu’il a créé un fonds afin

d’offrir à d’autres, venus de l’étranger,

la même chance que la Faculté lui a

généreusement accordée.

Don de la juge Élaine Demers à sa

Bourse d’excellence pour l’avancement des

femmes aux cycles supérieurs en droit

La juge retraitée Élaine Demers (LL. L. 1965) fait un don majeur de 75 000 $

à la Bourse d’excellence Élaine Demers pour l’avancement des femmes aux

cycles supérieurs en droit. Cette bourse vise à encourager des étudiantes

à poursuivre à temps plein ou à temps partiel un programme d’études

supérieures à la Faculté de droit de l’Université de Montréal. D’une valeur

annuelle de 5 000 $ à la maîtrise, et de 10 000 $ au doctorat, cette bourse

est attribuée en alternance chaque année dans le cadre du concours de

bourses de la Faculté.

Les études supérieures jouent un rôle essentiel dans la mobilité sociale

et contribuent à la prospérité économique. Elles peuvent transformer le

parcours d’une personne, en particulier celui des femmes. Au Québec, il est

crucial de former une relève compétente et engagée. Investir dans l’accès

aux études pour celles et ceux qui en ont le désir, les aptitudes et le potentiel

est une démarche importante pour permettre à chacun et chacune de

réaliser ses aspirations professionnelles et renforcer notre société.

Myriam Berthoz fait

un don de 100 000 $

afin de bonifier le

Fonds doté René-Cassin

Myriam Berthoz réalise un don majeur

de 100 000 $ destiné à enrichir le

Fonds doté René-Cassin. Grâce à cette

généreuse contribution, une nouvelle

bourse annuelle, d’un montant situé

entre 6 000 $ et 8 000 $, sera créée

afin de soutenir une étudiante ou un

étudiant aux cycles supérieurs menant

des recherches en droit des droits de la personne.

René Cassin (1887-1976), grand-oncle de Mme Berthoz, fut un juriste,

diplomate et homme politique français de renom. Marqué par les épreuves

des deux guerres mondiales et profondément engagé dans la sphère

politique, il s’est consacré à la défense et à la promotion des droits de

l’homme. Membre actif de la Commission des droits de l’homme des Nations

Unies, il a été l’un des principaux rédacteurs de la Déclaration universelle

des droits de l’homme.

C’est dans cet esprit et pour honorer la mémoire de son grand-oncle que

Myriam Berthoz a choisi de poser ce geste philanthropique remarquable.

Résolument tournée vers l’avenir, la Faculté vise l’excellence, la

diversité, l’internationalisation de ses programmes de formation,

l’innovation en recherche et l’accès au droit pour tous.

Merci pour votre engagement envers la campagne

philanthropique L’heure est brave. Pour en savoir plus :

Dominique Andry, conseillère en philanthropie

514 343-7850 ou dominique.andry@umontreal.ca

ou vous pouvez donner ici →

Un don de 110 000 $ de

diplômées et diplômés de la

Faculté de droit du cabinet

McCarthy Tétrault

La Faculté de droit annonce un don majeur

initial de plus de 110 000 $ de ses diplômées

et diplômés travaillant au sein du cabinet

McCarthy Tétrault. Ce soutien généreux,

dont la somme continuera d’évoluer au cours

des cinq prochaines années, s’inscrit dans

le cadre de la Grande campagne L’heure

est brave et résulte de l’initiative de

Patrick Boucher (LL. B. 1994) et de Karine

Joizil (LL. B. 1999), deux associés du cabinet

qui ont mobilisé leurs collègues diplômés

et diplômées de la Faculté. M e Joizil est

également membre du comité consultatif

de cette dernière.

Ce montant sera consacré à la création

d’un fonds servant au soutien d’activités de

recherche en gouvernance économique

afin de développer une masse critique de

compétences scientifiques au Québec et

de participer à l’évolution des politiques

publiques dans les secteurs clés du droit

et de l’économie.

La Faculté est reconnaissante de pouvoir

compter sur un tel engagement, qui témoigne

de la solidarité et de la générosité de sa

communauté.

82 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 83



Nos diplômées

et diplômés

Nos diplômées

et diplômés

Philippe Johnson nommé

à la tête de la Chambre de

commerce du Montréal

métropolitain

Retour sur le Grand dîner de l’automne 2024

Le traditionnel Grand dîner de l’automne des diplômées et diplômés de la Faculté s’est tenu le 8 octobre dernier à l’Hôtel

InterContinental. Cette soirée unique a permis de retrouver d’anciens et anciennes camarades, d’établir de nouveaux liens

et de célébrer ensemble les réalisations de notre grande communauté diplômée et donatrice.

Cette année, le Prix distinction a été remis à la famille Johnson afin de souligner la contribution exceptionnelle de Daniel Johnson

(fils) (LL. L. 1966), Pierre Marc Johnson (LL. L. 1970), Marie Johnson (LL. B. 1983) et Philippe Johnson (LL. B. 1998).

La cohorte de 1984 était également mise à l’honneur pour célébrer le 40 e anniversaire de sa diplomation.

Mikaël Morin lauréat du prix

Rosalie-Silberman-Abella 2024

pour l’Université de Montréal

Mikaël Morin (LL. B. 2023) s’est vu décerner

le prix Rosalie-Silberman-Abella par la Société

royale du Canada. D’une valeur de 1 000 $,

cette distinction reconnaît les personnes

les plus susceptibles d’exercer une influence

positive en ce qui a trait à l’équité et à la justice

sociale, que ce soit au pays ou à l’étranger.

Mikaël Morin s’implique depuis plusieurs années dans des organisations

jeunesse. Que ce soit au sein du Parlement jeunesse du Québec ou

de Concertation Montréal, il a à cœur d’encourager la participation

citoyenne des jeunes. Lors de son parcours à la Faculté de droit de

l’Université de Montréal, Mikaël s’est impliqué dans de multiples comités

étudiants, notamment au sein d’Avocats sans frontières Canada et

de l’Association canadienne des avocats et avocates en droit des

réfugiés.

Mikaël Morin a été sur la liste d’honneur de la doyenne lors de l’obtention

de son baccalauréat et il poursuit présentement un Juris Doctor (J.D.).

Marie-Philippe Bouchard

nommée présidentedirectrice

générale

de CBC/Radio-Canada

La ministre du Patrimoine canadien,

Pascale St-Onge, a nommé la diplômée

Marie-Philippe Bouchard (LL. B. 1983 et LL. M. 1986) présidentedirectrice

générale de CBC/Radio-Canada pour un mandat de 5 ans

débutant le 3 janvier prochain. Marie-Philippe Bouchard siège également

à de nombreux conseils en plus de présider le conseil de direction du

Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal.

André d’Orsonnens reçoit

le prix Camille-Laurin

Félicitations à André d’Orsonnens (LL. B. 1983)

qui s’est vu remettre le prix Camille-Laurin lors

du dernier gala Mérites du français organisé

par l’Office québécois de la langue française.

Ces distinctions sont décernées depuis 1990 à

des organisations et à des personnes dont les

réalisations contribuent au rayonnement et à

l’utilisation de la langue française dans les

milieux de travail.

Le prix Camille-Laurin est la distinction la

plus prestigieuse décernée par l’organisme.

Il est remis à une personne qui contribue de

façon significative à l’usage, à la qualité ou

au rayonnement du français dans sa sphère

d’activité ou dans son milieu de travail. Il récompense

son engagement exceptionnel et son

sens de l’initiative de même que les retombées

positives de ses réalisations.

La Chambre de commerce du Montréal

métropolitain vient de nommer le diplômé

Philippe Johnson (LL. B. 1998) à sa tête

pour l’année 2024-2025. Il continuera l’année

suivante à siéger au conseil d’administration

en tant que président sortant.

Félicitations pour ces nominations

1965

François Cousineau (LL. L.)

Prix du Québec 2024 – Prix

Guy-Maufette

1968

Serge Joyal (LL. L)

Compagnon de l’Ordre du

Canada

1969

Elliot Lifson (LL. L.)

Officier de l’Ordre du Québec

1970

Louise Arbour (LL. L.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Jean Hétu (LL. L.)

Médaille du couronnement

du roi Charles III

1973

Charles Tisseyre (LL. L.)

Chevalier de l’Ordre du

Québec

1974

Michel A. Pinsonnault (LL. L.)

Juge surnuméraire

1977

Daniel Desjardins (LL. B.)

Membre du conseil

d’administration de Velan

Ordre du mérite de l’UdeM

1978

Françis Brabant (LL. B.)

Prix reconnaissance 2024

de l’Association canadienne

des chefs de police

Pierre Dalphond (LL. B.)

Chef de parti du Groupe

progressiste au Sénat

Claude Martin (LL. B.)

Substitut aux arbitres pour le

RREGOP et d’autres régimes

1979

Luce De Palma (LL. L. et DESS)

Membre du Tribunal

administratif du logement

Sonia Gaal (LL. L.)

Membre de la Commission

d’appel et de révision des

professions de la santé de

l’Ontario ainsi que de la

Commission d’appel et de

révision des service de santé

de l’Ontario

Martine Guay (LL. L.)

Conseil d’administration

du Tribunal d’appel des

transports du Canada

Guy Azebové Tetang obtient une mention

spéciale de l’AHJUCAF

La Faculté tient à féliciter Guy Azebové Tetang (LL. D. 2023)

pour l’obtention de la mention spéciale du prix 2024 de

l’Association des hautes juridictions de cassation des pays

ayant en partage l’usage du français (AHJUCAF) pour sa

thèse de doctorat. Lors de la remise de prix à la Cour suprême

du Canada le 23 octobre dernier, le diplômé a eu l’occasion de

présenter un bref résumé de sa thèse devant les juges de la

Cour ainsi que les membres de l’AHJUCAF.

Guy Azebové a soutenu sa thèse, L’imaginaire constitutionnel

en Afrique subsaharienne, en mai 2023 sous la codirection des

P rs Jean-François Gaudreault-DesBiens et Pierre Noreau.

1980

Daniel Turp (LL. M.)

Membre correspondant de

l’Académie des sciences

morales et politiques de

l’Institut de France

1982

Marc-André Blanchard (LL. B.)

Juge surnuméraire

Daniel Jutras (LL. B.)

Médaille du couronnement

du roi Charles III

1983

Marie-Philippe Bouchard

(LL. B. et LL. M.)

Présidente-directrice générale

de CBC/Radio-Canada

André d’Orsonnens (LL. B.)

Prix Camille-Laurin, Gala des

Mérites du français 2024

Louise Lantagne (LL. B.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Francis Meagher (LL. B.)

Vice-président aux affaires

juridiques et avocat principal

chez Mitsubishi JC Capital

Canada

André Morrissette (LL. B.)

Vice-président Québec

pour Sagard

1985

Pierre Osterrath (LL. B.)

Chef de direction de la

Société Générale, Canada

Sylvie Piérard (LL. B.)

Membre et vice-présidente

de la Commission municipale

du Québec

1986

Vincent Karim (LL. B. et LL. D.)

Avocat-conseil chez

Cain Lamarre

1987

Sylvie Bourdon (LL. B. et

D.D.N.)

Membre indépendante du

conseil d’administration

de la Société québécoise

d’information juridique

Louise Desbois (LL. B.)

Membre du Tribunal

administratif du travail

Pierre Karl Péladeau (LL. B.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Benoît Pepin (LL. B.)

Régisseur et président de la

Régie de l’énergie

Nominations 2024

84 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 85



Nos diplômées

et diplômés

Les juges en chef

Nominations 2024

1989

Janie Béïque (LL. B.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Marco Labrie (LL. B.)

Membre du Conseil de la

magistrature

Pierre-Georges Roy (LL. B.)

Arbitre pour le régime

de retraite du personnel

d’encadrement et arbitre

pour le régime de retraite

du personnel employé du

gouvernement et des organismes

publics (RREGOP)

et d’autres régimes

1990

Jacques Bourgault (LL. B.)

Chevalier de l’Ordre du

Québec

Sonia Lebel (LL. B.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

1991

Sonia Boisclair (LL. B.)

Membre du Conseil de la

justice administrative

Marie-Claude Jarry (LL. B.)

Colonel Honoraire du Royal

Canadian Hussars (Montréal)

Médaille du couronnement

du roi Charles III

1992

François-Philippe

Champagne (LL. B.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Lyne Raymond (LL. B.)

Juge en exercice à la Cour

provinciale à Fredericton

1993

Lyne Létourneau (LL. M.)

Membre de la Commission

de l’éthique en science et

technologie

Kim Thuy Ly Thanh (LL. B.)

Membre de l’Ordre du Canada

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Doctorat honorifique de

l’Université du Québec

David Pecho (LL. B.)

Juge à la Cour du Québec

Sarah Plamondon (LL. B.)

Juge à la Cour du Québec

1994

Irène Chrisanthopoulos

Directrice principale, Relation

de travail et négociations

chez Transat

Chantal Paillé (LL. B.)

Directrice générale du

Centre communautaire

juridique de Montréal

Donald Riendeau (LL. B.)

Conseiller spécial – ESG,

Atwill-Morin

1995

Benoît Dagenais (LL. B.)

Directeur général de la Ville

de Montréal

1996

Catherine Dagenais (LL. B.)

Juge à la Cour supérieure

du Québec pour le district

de Montréal

Pascale Dionne-Bourassa

(LL. B.)

Associée directrice du bureau

de Montréal du cabinet

Bennett Jones

1997

François Brais (LL. B.)

Associé directeur, région

du Québec, Fasken

Éloïse Gratton (LL. B, LL. M.

et LL. D.)

Associée et co-présidente au

sein du groupe de pratique

Protection de la vie privée

et gestion de l’information

basés chez Osler

Justin Roberge

(LL. B. et LL. M.)

Juge à la Cour supérieure du

Québec pour le district de

Montréal

1998

Philippe Johnson (LL. B.)

Président du conseil d’administration

de la Chambre de

commerce du Montréal

métropolitain

2000

Sébastien Beauregard

(LL. B. et LL. M.)

Substitut aux arbitres pour

le régime de retraite du

personnel d’encadrement, et

substitut aux arbitres pour le

RREGOP et d’autres régimes

2001

Mélissa De Petrillo (LL. B.)

Juge à la Cour du Québec

Maxime Gilbert (LL. B.)

Membre avocat du Tribunal

administratif du Québec

Mélanie Joly (LL. B.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Stéphanie La Rocque (LL. B.)

Juge à la Cour du Québec

2002

Antoine Aylwin (LL. B.)

Juge à la Cour supérieure du

Québec pour le district

de Montréal

Marie-Ève Bélanger (LL. B.)

Juge à la Cour supérieure

du Québec

Simon Lavoie (LL. B.)

Juge de paix magistrat

à Montréal

2003

Rose-Mélanie Drivod (LL. B.)

Juge à Cour du Québec

Bruno Larivière (LL. B. et

D.D.N.)

Président de la Chambre

des notaires du Québec

Michèle Lefaivre (LL. B.)

Prix ZSA dans la catégorie

Osler Purdy Crawford pour

la négociation d’affaires

2004

Alexandre Cloutier (LL. M.)

Palmarès des 100 personnes

les plus influentes du Québec

(L’Actualité)

Mélanie Roy (LL. M.)

Membre du Conseil de la

magistrature

2005

Maude Fréchette (Attestation)

Top 50 Women Leaders of

Montreal for 2024

Sevgi Kelci (LL. B., D.D.N.

et LL. M.)

Prix du Mérite notarial décerné

par la Chambre des notaires

du Québec

Mylène Mayer (D.D.N.)

Secrétaire de la CNQ et

directrice du secrétariat et

des services juridiques

2006

Paul Beaudry (LL. B.)

Membre indépendant du

conseil d’administration de

l’Institut national de la santé

publique du Québec

Alexandre Paul-Hus (LL. B.)

Membre indépendant du

conseil d’administration

de la Société québécoise

d’information juridique

Sarah Pilote-Henry (LL. B.)

Directrice générale de la

Fondation Plein potentiel

2007

Josée Aspinall (DESS)

Médaille du couronnement

du roi Charles III

Mériem Benammour

(LL. B. et D.D.N.)

Membre du Conseil de la

justice administrative

Miriam Cohen (LL. B. et

LL. M.)

Membre du Conseil

d’administration d’Avocats

sans frontières Canada

Vanessa O’Connell Chrétien

(LL. B.)

Membre du Tribunal

administratif du logement

Patricia Lemoine (LL. B.

et D.D.N.)

Vice-présidente chez Le

Cabinet de relations publiques

NATIONAL

Top 50 Women Leaders of

Montreal for 2024

Shafik Mina (LL. B.)

Fondateur et président directeur

général chez CNYRGY

CAPITAL

Maryse Paquette (LL. B.)

Juge à la Cour municipale

de la Ville de Saint-Jérôme

2009

François Joli-Cœur (LL. B.)

Associé au sein du groupe

de pratique Protection de

la vie privée et gestion de

l’information chez Osler

2010

Nicholas Daudelin (LL. B.)

Juge à la Cour du Québec

2011

Dahlia Chalati (LL. B., D.D.N.

et LL. M.)

Administratice pour le district

Métropole de la Chambre des

notaires du Québec

2012

Justine Fortin (LL. B.)

Prix « Avocat.e JBM de l’année

2024 » catégorie Droit familial

Cindy Ho (J.D.)

Présidente du Comité de

la jeunesse – Federation

of Hong Kong Business

Associations Worldwide

2013

Nicolas Drolet (LL. B.)

Prix ZSA dans la catégorie

Sun life tomorrow’s leader

2016

Philippe Letarte (LL. B.)

Vice-président chez Teneo

2017

Samuel Leduc-Frenette

(LL. B.)

Membre indépendant du

conseil d’administration des

Fonds de recherche du

Québec

2018

Frédérique Forget (LL. B.)

Prix « Avocat.e JBM de l’année

2024 » catégorie Droit du

travail et administratif

2021

William Mercer (LL. B. et J.D.)

Co-président du Cercle

des Jeunes Philanthropes

du MBAM

Alec Ordon (LL. B.)

Conseil d’administration

de l’Association du Jeune

Barreau de Laval

2023

Mikaël Morin (LL. B.)

Prix Rosalie-Silberman-Abella

de la Société royale du

Canada

Karianne Thibault (LL. B.)

Conseil d’administration

de l’Association du Jeune

Barreau de Laval

Poursuivre

le dialogue

En cette année de 175 e anniversaire de la Cour d’appel du

Québec, c’est avec grand enthousiasme que j’ai accepté cette

invitation de la Faculté de droit à vous écrire quelques mots.

Un anniversaire est un moment propice aux bilans.

C’est l’occasion de réfléchir au chemin parcouru, mais

aussi de se préparer pour les défis à venir. Pour la Cour

d’appel, ce chemin débute concrètement en janvier 1850,

alors qu’elle tient sa toute première audience. À l’époque,

elle est composée de quatre juges seulement, tous des

hommes. Au cours de cette première année de travaux, une

vingtaine de dossiers seront entendus. En comparaison,

la Cour d’appel compte aujourd’hui près d’une trentaine

de juges, aux parcours professionnels diversifiés, dont plus

de 40 % sont des femmes. Et une centaine d’employés et

employées assistent la Cour dans ses travaux, lesquels

génèrent près de 2 000 décisions chaque année.

Mais au-delà de ces chiffres, la grande force de la Cour

a été sa capacité à maintenir un dialogue constant avec la

société québécoise, qui s’est profondément transformée en

175 ans. Certes, la Cour a rendu des arrêts qui font sourciller

quand on les lit avec nos yeux d’aujourd’hui. Je pense

notamment à l’affaire Langstaff, de 1916, dans laquelle la

Cour confirmait l’inadmissibilité d’une femme à titre de

membre du Barreau. Je peux également évoquer l’arrêt

York Corporation, de 1938, soutenant le droit d’un tavernier

d’exclure une personne noire de son établissement.

Ces décisions « de leur temps » ne doivent toutefois pas

occulter le fait que la Cour a aussi été bien souvent un levier

d’évolution, sachant anticiper certains grands changements

et se plaçant même à l’avant-garde du droit. Le tout en jouant

un rôle essentiel dans la préservation de notre tradition

juridique unique et du droit civil.

Manon Savard, j.c.a.

(LL. B. 1985)

Juge en chef du Québec

Si notre institution a réussi à suivre et parfois à mener

la parade, c’est aussi parce que des juristes comme vous y

ont défendu avec conviction les aspirations d’une société en

mouvement. Parce que des professionnelles et professionnels

passionnés ont proposé des idées parfois audacieuses,

lesquelles ont tranquillement pavé la voie aux réformes

juridiques qui ont suivi. Encore aujourd’hui, les débats qui

ont lieu dans nos salles d’audience sont de grande qualité

et contribuent certainement à faire évoluer le droit

québécois et, par conséquent, notre société.

Bref, depuis 175 ans, la Cour d’appel constitue l’un de piliers

de la primauté du droit au Québec et nous pouvons en tirer

une grande fierté. Mais résistons à la tentation de nous assoir

sur nos lauriers. À l’heure où la société se polarise de plus

en plus, où l’on constate un effritement de la confiance

en nos institutions, où la nuance cède souvent le pas à

la désinformation, où la technologie évolue à une vitesse

fulgurante, les défis qui nous attendent sont nombreux.

Plus que jamais, la Cour d’appel devra demeurer en conversation

avec le monde qui l’entoure. Ce monde, c’est le grand

public, le législateur, les tribunaux de première instance, la

Cour suprême, les personnes concernées des domaines de

la recherche, de l’enseignement, des médias, de la politique,

de la plaidoirie et, ultimement, les justiciables.

Bien sûr, ce monde, c’est aussi vous, chères diplômées,

chers diplômés. Votre voix est essentielle à cette conversation.

Je compte sur vous pour entretenir le dialogue,

défendre avec vigueur les principes de justice qui nous

rassemblent et faire en sorte que votre Cour d’appel demeure,

encore longtemps, un phare pour le droit québécois.

86 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 87



Les juges en chef

Les juges en chef

Quels sont à votre

avis les défis auxquels

devront faire face

les futurs juristes,

diplômés et diplômées

qui souhaitent suivre

votre voie ?

Le paysage juridique, autrefois figé dans la tradition, est

aujourd’hui secoué par de nombreuses transformations.

Les juristes de demain devront faire face à de multiples défis

pour offrir une justice accessible et efficace à l’ensemble

de la population : maîtriser les nouvelles technologies,

favoriser des pratiques transparentes et créer des solutions

innovantes. À titre de juge en chef de la Cour supérieure, c’est

avec plaisir que je partage ma perspective sur les défis qui

attendent ces juristes pour se positionner comme des leaders

inspirants du milieu juridique.

Parmi ces défis, il est impératif de faire preuve d’ouverture

et d’éviter d’être réfractaire aux changements. Cet état

d’esprit, marqué au coin de la curiosité, m’a guidée tout au

long de ma carrière. Cette soif de changement et ce désir

d’explorer de nouveaux domaines de droit m’ont poussée,

après 12 ans, à quitter un cabinet, une pratique, des collègues

et des associés et associées que j’adorais pour me joindre à

un autre cabinet. Cette transition s’est accompagnée d’un

déchirement certain, mais elle m’a permis de plonger avec

plaisir dans de nouveaux domaines de droit et de développer

d’autres liens que je chéris encore aujourd’hui.

Cette ouverture aux changements permet de découvrir

de nouvelles perspectives et de saisir des opportunités

inattendues.

Autre exemple, un des premiers projets que j’ai entrepris

à la suite de ma nomination comme juge en chef a été

de lancer un exercice de planification stratégique afin

de remettre en question les pratiques existantes et de

rechercher des solutions innovantes. C’est d’ailleurs dans

ce contexte que la Cour supérieure œuvre présentement au

développement responsable d’un projet pilote d’intelligence

artificielle pour soutenir et faciliter le travail de ses juges.

À l’image de la fable du chêne et du roseau, la capacité

d’adaptation des nouveaux juristes leur permettra de

développer la flexibilité nécessaire pour résister aux vents

les plus intenses. C’est donc cette curiosité, cette envie

d’explorer d’autres méthodes et d’élargir son savoir qui

façonne les juristes à l’esprit polyvalent et novateur.

Marie-Anne Paquette

(LL. M. 1993)

Juge en chef de la Cour

supérieure du Québec

Par ailleurs, développer et entretenir de bonnes relations

avec les autres est essentiel pour bâtir une carrière solide.

À l’instar des racines d’un arbre qui s’étendent et l’ancrent

fermement dans le sol, un réseau de contacts solide et

un cercle social fiable apportent stabilité et soutien dans

les moments cruciaux. Les personnes que l’on côtoie au

quotidien deviennent souvent des partenaires de confiance

et des ressources précieuses : collègues, associés et associées,

clientèle, employeurs, etc. Ces liens alimentent non

seulement notre évolution professionnelle, mais aussi notre

résilience face aux défis. C’est en cultivant un réseau solide

qu’on s’assure un appui durable et des perspectives favorables

pour l’avenir.

Ma vie étudiante, mon stage à la Cour suprême, mon travail

dans deux cabinets privés et mon implication dans divers

comités ont été autant d’occasions de tisser des liens riches

et précieux qui, j’en suis certaine, font de moi une personne

plus clairvoyante et plus forte.

En alliant curiosité, ouverture et engagement, les juristes

de demain traceront la voie vers un avenir prometteur et

rempli de succès. Leur rôle sera déterminant pour bâtir

un système de justice plus fort et inclusif. Avec audace et

conviction, l’avenir leur appartient !

Aux futurs juristes

ainsi qu’aux diplômés

et diplômées en droit

de l’Université de

Montréal

Vous avez la chance d’arriver dans la profession juridique

alors que notre système de justice vit des moments de

profonds changements, en quête d’une amélioration

de cet important idéal d’un meilleur accès à la justice.

Sans égard à la façon dont vous choisirez d’embrasser la

profession de juriste, votre pratique sera sans cesse teintée

par des transformations sociales, culturelles et technologiques;

par le désir de plus en plus manifeste des citoyens

et citoyennes de participer à la résolution des dossiers qui

les concernent; par des justiciables en nombre toujours

croissant qui ne bénéficient pas de l’assistance de juristes;

par une presse très attentive aux activités quotidiennes

du monde juridique et judiciaire; par un accès direct à la

jurisprudence des tribunaux du monde entier; par des

progrès technologiques sans précédent, mais qui apportent

leurs lots de défis dans un système aux nombreuses

ramifications.

Je vous encourage à approfondir vos connaissances du

droit, notamment par des études supérieures. Mais les

connaissances en droit ne suffisent plus. Le savoir être est

maintenant aussi important que le savoir-faire.

Votre attitude à l’égard d’autrui sera constamment scrutée.

N’oublions jamais que le droit est une science humaine, si

bien que l’être humain doit être au centre de vos préoccupations,

peu importe sa condition sociale, son identité ou son

expression de genre, sa race, sa couleur, son orientation

sexuelle, son état civil, sa religion, sa langue ou son handicap.

Vous constaterez, tout au long de vos carrières, que

les clientèles passent, mais que les collègues demeurent.

Le respect, l’empathie et la confrérie sont un gage de

succès.

Vous incarnez la jeunesse, l’inspiration et l’énergie

débordante. Rappelez-vous que le système de justice

comporte plusieurs institutions perfectibles, comme

toutes les institutions gérées par des humains. Je vous

suggère respectueusement de vous impliquer, de partager

vos talents, vos compétences et vos connaissances afin

d’améliorer et même de modifier ce système.

Afin d’atteindre les plus hauts standards qui sont

attendus de vous, il est impératif que vous trouviez un

équilibre entre votre vie professionnelle et personnelle.

Rappelez-vous que le meilleur antidépresseur demeure

l’activité physique.

Henri Richard

(LL. B. 1984 et LL. M. 1988)

Juge en chef de la Cour du

Québec et président du Conseil

de la magistrature du Québec

Il est impossible pour un juriste de faire montre de

sérénité, d’efficacité et de performance en n’étant pas

en forme, physiquement et psychologiquement. Vous

constaterez que le travail et la pression sont incessants,

si bien que vous devez trouver des « soupapes » pour

assurer votre bien-être.

En ce sens, il est de votre responsabilité de prendre bien

soin de vous et de vos proches.

Le tout respectueusement soumis!

Au nom de toutes et tous mes collègues de la Cour du

Québec et en mon nom, je vous souhaite une carrière

fructueuse, enrichissante, humaine et remplie de défis

à la hauteur de vos ambitions.

Recevez mes chaleureuses salutations.

88 Droit Montréal N o 31 / 2025 Droit Montréal N o 31 / 2025 89



Figures inspirantes

Entrevue avec

le juge Philippe Kirsch

(LL. B. 1969, LL. M. 1972) :

bâtir la justice

internationale

Maya Detière-Venkatesh

Présidente, Comité de droit pénal

Lada Butska

Vice-présidente Évènements,

Comité Avocats sans frontières

Patricia Chlystek

Vice-présidente Première année,

Comité Avocats sans frontières

Qu’est-ce qui vous a motivé à poursuivre des

études en droit ? Comment avez-vous apprécié

votre expérience à l’Université de Montréal ?

Je voulais mieux comprendre le fonctionnement de la

société et je pensais que des études en droit m’aideraient

à déterminer ce que je souhaitais faire de ma vie professionnelle

et de mon avenir. Plus tard, je me suis rendu

compte que le droit me convenait et j’ai continué.

Je garde un bon souvenir de mon expérience à l’Université

de Montréal, à la licence, mais particulièrement à la maîtrise

car j’avais plus de temps, surtout pour réfléchir. J’ai beaucoup

apprécié les professeurs et professeures de même que les

travaux qui étaient très stimulants.

Est-ce que vous avez toujours été attiré par le droit

international et la justice pénale ?

Mon intérêt pour le droit international est venu du

P r Jacques-Yvan Morin, qui avait donné un cours de droit

international général à la licence, puis a dirigé mes travaux

de maîtrise. Il enseignait le droit international avec une

clarté exceptionnelle et une telle passion qu’il me l’a

transmise lors de mes études.

La justice pénale, elle, m’a toujours intéressé. J’ai grandi

dans l’ombre de la Deuxième Guerre mondiale. Après la

guerre, mon père était en Allemagne lors de l’occupation

alliée et a participé à la libération d’un camp de concentration.

Dans la foulée, tout jeune, je me suis particulièrement

intéressé aux procès de Nuremberg.

Quelles étaient vos motivations pour entamer votre

carrière comme diplomate, puis pour contribuer à la

création de la Cour pénale internationale ?

L’international m’a intéressé dès ma jeunesse. Une fois rentré

au ministère des Affaires étrangères, j’ai été séduit par la

combinaison du droit, discipline rigoureuse, et des relations

internationales, domaine fluide s’il en est. Je me suis graduellement

spécialisé en droit international, mais aussi

dans le fonctionnement des organisations internationales.

Mon implication dans l’établissement de la Cour pénale

internationale (CPI) a surtout été un concours de circonstances.

Le sujet faisait partie de mon mandat en tant que

conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères.

Pendant cette période, j’ai été appelé à présider les négociations

de la Conférence de Rome de 1998 qui a mené à la

création de la Cour. C’est le genre d’entreprise dans laquelle

on ne peut s’engager sans y croire et sans comprendre

son importance.

En quoi votre expérience comme diplomate a-t-elle

pu vous servir en tant que juge, à la Cour pénale

internationale puis à la Cour internationale

de justice?

Le Statut de Rome prévoit deux sortes de juges au sein

de la CPI : les juges professionnels et les juges spécialisés

en droit international public. J’avais beaucoup pratiqué

le droit international et j’ai donc été élu dans cette

seconde catégorie.

La CPI vise la responsabilité pénale des individus, tandis

que la Cour internationale de justice se prononce sur les

différends d’ordre juridique entre les États. C’étaient donc

des expériences très intéressantes, mais très différentes.

Ce qui m’a intéressé dans les deux cas, c’est qu’il fallait cesser

de raisonner comme un diplomate, qui a pour vocation

d’essayer de régler des problèmes de façon pragmatique,

tandis que le juge doit fonder ses argumentations raisonnements

et ses décisions sur des considérations juridiques.

En revanche, si mon expérience de diplomate ne pouvait

me guider dans mes fonctions de juge, elle m’a beaucoup

servi en tant que président de la CPI, car il y a d’importants

facteurs politiques à gérer dans les relations entre la les

États et la Cour pour assurer à cette dernière un appui

international suffisant. Ainsi, alors que le juge n’a pas à tenir

compte du contexte politique et médiatique d’une affaire,

le dirigeant de la Cour doit relever et au besoin corriger

les allégations erronées qui affectent son image. Cela dit,

il faut reconnaître que la justice pénale internationale n’est

pas non plus parfaite.

Vous étiez impliqué auprès de nombreuses initiatives

en droit international humanitaire lors de votre

carrière. Quelle est pour vous l’importance de ce

genre d’engagement pour les juristes ?

Le droit international humanitaire est l’une des plus

anciennes formes de droit international et comporte deux

volets : la protection des victimes et les restrictions à la

conduite de la guerre, dans l’utilisation de certaines armes

et de certaines tactiques militaires. Il arrive que des États

tentent de bloquer des avances en droit international

humanitaire et même de faire marche arrière sur du droit

déjà en place. C’est une chose que de développer des règles,

c’en est une autre que de les faire respecter. L’engagement

des juristes dans le domaine est indispensable pour préserver

ce droit.

Si vous deviez choisir une réalisation dont vous êtes

particulièrement fier, quelle serait-elle ? Et une

contribution spécifique à la justice internationale ?

L’établissement et la mise en marche de la CPI sont un réel

accomplissement et un motif légitime de fierté, mais ce ne

peut être qu’une fierté collective. On ne peut rien faire seul

dans la vie. Des centaines de gens y ont consacré temps et

efforts pendant de nombreuses années.

Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels

la justice internationale devra faire face dans les

prochaines années ?

Selon moi, le défi principal pour le droit international

en général est la difficulté croissante qu’ont les États à

s’entendre sur le règlement de problèmes. Une telle

entente demande d’abord une prise de conscience de la

nécessité d’agir, qui naît souvent de crises, par exemple

la mise en place d’institutions internationales après la

Deuxième Guerre mondiale, ou celle de tribunaux spéciaux

par le Conseil de sécurité à la suite des crimes commis en

ex-Yougoslavie et au Rwanda.

Mais il faut aussi une certaine communauté de pensée,

même si elle est relative, car il est normal que les divers pays

et régions du monde aient des perspectives différentes.

Aujourd’hui cependant, la tendance est au chacun pour soi,

au prix de violations de règles internationales fondamentales

et de l’affaiblissement des structures internationales en

place. Cette évolution est inquiétante. Quant à la justice

internationale, certains États y sont favorables tant qu’elle

ne les touche pas, mais si c’est le cas, ils se refroidissent

rapidement et se tournent contre elle.

Quels conseils auriez-vous pour un étudiant ou une

étudiante en droit qui souhaiterait faire carrière en

droit international (ou en droit pénal international) ?

Il faut veiller à choisir ses orientations en fonction de sa

personnalité et de ses atouts, car le droit international

est abordé de manière différente selon le parcours choisi,

que ce soit au sein d’un gouvernement, d’une organisation

internationale ou d’une ONG. L’étudiant ou l’étudiante doit

donc d’abord se renseigner pour comprendre ce qui lui

convient le mieux, pour suivre ses préférences. En même

temps, il ne faut pas être trop rigide dans ses choix, il faut

savoir accueillir des réorientations de carrière inattendues

qui peuvent même être bénéfiques.

90 Droit Montréal N o 31 / 2025

Droit Montréal N o 31 / 2025

91



Figures inspirantes

Entrevue avec une pionnière :

le parcours de M e Françoise Girard

M e Françoise Girard est une avocate, auteure et militante

de renom, qui se consacre à la défense des droits des femmes

et à la justice de genre à l’échelle mondiale. Fondatrice

de Feminism Makes Us Smarter et ancienne présidente

de l’International Women’s Health Coalition (IWHC), elle

s’est distinguée par son engagement envers l’autonomie

corporelle, les droits sexuels et reproductifs et les droits

humains. Après plus de 20 ans de collaboration avec des

activistes féministes à travers le monde, elle continue

d’inspirer par son expertise, son plaidoyer et sa passion

pour la justice sociale. Forte d’une carrière riche en

accomplissements, M e Girard a su marier sa passion pour

la justice sociale avec une pratique du droit rigoureuse et

avant-gardiste. Cet article propose de retracer son parcours

inspirant, ses contributions majeures à la société et l’héritage

qu’elle lègue à la profession juridique.

But de son travail :

lutter pour la santé et les droits des femmes

Les objectifs du travail de M e Girard sont multiples et

revêtent chacun une importance particulière. Notre invitée

lutte pour offrir une communication claire et accessible

sur l’enjeu de la santé des femmes et du féminisme, afin

d’éduquer le plus grand nombre. Elle s’engage également

Kiana Salehian-Zanjani

Présidente, Comité femmes et droit

Lina Tourabi

Vice-présidente Chercheuse, Comité femmes et droit

Florent Pilote

Vice-président Podcast, Comité affaires internationales

Mary Lou Murphy

Vice-présidente Première, Comité affaires internationales

à procurer une visibilité au travail des féministes à travers

le monde. Souvent et malheureusement, le travail servant

pour la cause ne porte pas ses fruits par manque de plateformes

pour faire écho aux voix féministes. Plus récemment,

M e Girard concentre ses efforts pour pointer les enjeux

des droits de la personne et de l’autonomie, notamment

aux États-Unis, compte tenu de son impact considérable

sur la politique internationale.

Au cours de l’entrevue, M e Françoise Girard a souvent

souligné que « le contrôle de notre corps, c’est une

dimension clé de notre humanité, de notre dignité

humaine ». Cette conviction a guidé son engagement tout

au long de sa carrière, avec l’émancipation des femmes

comme objectif central, et son combat constant pour

faire avancer leurs droits.

M e Girard souligne que les femmes sont régulièrement

confrontées à des enjeux politiques majeurs, notamment

dans certains régimes autoritaires. À titre d’exemple,

elle évoque des lois récentes imposant des restrictions

considérables sur la liberté des femmes, incluant des

règles vestimentaires strictes et des limitations quant à

leurs interactions sociales, comme l’interdiction de parler

en public, de regarder des hommes avec lesquels elles

n’ont aucun lien de sang ou d’alliance, ou encore d’utiliser

les transports en commun seules 1 . Ce type de contrôle,

selon M e Girard, illustre comment les droits des femmes

peuvent être instrumentalisés dans des contextes politiques

plus larges.

Selon notre invitée, ce phénomène de contrôle des femmes

n’est pas isolé. Il touche même des pays où l’on croyait que

de telles violations des droits des femmes étaient révolues,

comme les États-Unis. En 2022, l’annulation de l’arrêt Roe

c. Wade par la décision Dobbs a considérablement restreint,

voire interdit, l’accès à l’avortement dans de nombreux États

américains 2 . Cette décision a non seulement un impact

national majeur, mais elle affecte aussi la ligne d’action

mondiale en matière de droits reproductifs, illustrant le

fait que même les acquis les plus solides peuvent être remis

en question. Cette régression souligne l’urgence du message

de M e Girard : la lutte pour l’égalité est loin d’être terminée.

Un engagement féministe sur la scène internationale

Pendant son mandat à la tête de l’IWHC, une organisation

vouée à la promotion des droits sexuels et de la santé

reproductive des femmes, M e Girard a joué un rôle clé

dans les négociations internationales. Elle a travaillé

auprès des Nations Unies, notamment dans le cadre

de la Commission sur le statut des femmes, un organe

fonctionnel qui se réunit chaque année pour aborder des

enjeux cruciaux tels que la santé des femmes, la violence

et les droits humains. Elle explique comment l’IWHC, en

mobilisant des femmes actives sur le terrain, réussit à

influencer les discussions en apportant des faits et des

témoignages souvent ignorés des diplomates et ambassadeurs.

Ce rôle de plaidoyer permet d’exercer une pression

considérable et d’influencer les négociations.

Un exemple marquant de ce pouvoir d’influence se trouve

dans des négociations ayant abordé la santé reproductive

des femmes. M e Girard rapporte qu’au cours de l’une de

ces réunions, les ambassadeurs nigérians s’apprêtaient à

voter contre un traité sur la santé reproductive des femmes.

Cependant, grâce à l’intervention des femmes de l’IWHC,

déjà impliquées dans des programmes d’éducation à la

santé reproductive au Nigéria, ils ont été convaincus de

soutenir le traité. Cette victoire a démontré l’impact de

l’action féministe, à la fois locale et mondiale. M e Girard

considère cette expérience comme une véritable « université

permanente », mettant en lumière non seulement l’importance

de l’apprentissage mutuel entre féministes à l’échelle

mondiale, mais aussi la force de leur mobilisation collective,

capable de transformer des négociations diplomatiques et

de façonner des politiques internationales.

Les défis de M e Girard : protéger les droits

fondamentaux

« Ne faites pas de compromis sur les valeurs

fondamentales. »

M e Girard nous met en garde contre les nombreuses

embûches auxquelles font face les activistes féministes.

En effet, le combat connaît son lot de difficultés même à

l’ère postmoderne, compliquant ainsi la lutte sur le plan

tant national qu’international. Les courants politiques

découlant de l’autoritarisme refont surface, à savoir une

réalité qui devrait hisser notre garde très haut. Il est surtout

question de conserver l’engagement pour l’égalité des sexes

dans les programmes politiques.

M e Girard nous invite, à juste titre, à ne jamais faire de

compromis sur des droits fondamentaux, car cela pourrait

marquer le début d’un effondrement graduel des droits des

femmes. Il importe de protéger ces derniers dans chacune

des sphères sociétales intégralement sans exception : que

ce soit sur le marché du travail ou pour ce qui est de l’accès

à des soins de santé, notamment à l’avortement.

Notre invitée évoque également le défi du fondamentalisme

religieux, phénomène qui s’intègre de plus en plus à la politique

dans plusieurs États. Elle nous explique qu’un nombre

de personnes influentes interprètent les textes religieux

avec une approche très stricte et réductrice, limitant ainsi

la place et la contribution des femmes. Les dangers qui

accompagnent ce mouvement sont nombreux et résident

dans la croyance visant à rétablir l’« ordre naturel » dans

les sociétés en ramenant les rôles genrés. Cette entrave

à l’autonomisation de la femme continue de prendre de

l’ampleur et souligne le caractère urgent d’une mobilisation

féministe. Dans les faits, ce défi accompagne celui de la

désinformation, car il contribue à la propagation de stéréotypes

de genre et à la remise en question des droits acquis.

Cette dynamique souligne la nécessité d’une vigilance

constante et d’une action collective pour contrer ces

tendances régressives.

Unir, éduquer et autonomiser :

la piste à suivre pour surmonter les barrières

La solution pour surmonter ces nombreux obstacles est un

défi en soi, mais demeure la plus fructueuse à long terme.

M e Girard insiste sur l’importance de l’éducation et de l’accès

au savoir pour tous les enfants, une démarche qui permettrait

d’éradiquer de nombreux fléaux. Elle partage son expérience

en affirmant que, tout au long de son parcours, la clé du

changement réside dans la capacité à unir nos forces pour

dialoguer avec ceux et celles qui détiennent le pouvoir :

« Quand on s’organise et qu’on se mobilise, on a une incidence

réelle sur la décision. »

Ainsi, c’est collectivement que l’on peut amener les

décideurs à se pencher sur l’éducation qui, factuellement

parlant, va de pair avec les valeurs féministes. Notre invitée

conclut en mettant l’accent sur l’importance cruciale de

l’indépendance financière, qui demeure un réel enjeu clé

pour l’égalité des genres et l’autonomisation. Elle rappelle

que cet objectif repose fondamentalement sur l’accès à

une éducation gratuite pour toutes et tous, car, comme

elle le souligne, tout commence par l’école.

1. Nations Unies, Conseil de sécurité : inquiétudes sur les retombées pour

les femmes et les filles afghanes de la nouvelle loi du pouvoir taliban sur

« la moralité », 18 septembre 2024, en ligne : https://press.un.org/fr/2024/

cs15824.doc.htm

2. Amnesty International, États-Unis. Les interdictions et restrictions concernant

l’avortement ont de vastes répercussions négatives et portent atteinte aux

droits humains, 5 août 2024, en ligne : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/

2024/08/usa-abortion-bans-restrictions-cause-extensive-harm-violatehuman-rights/

92 Droit Montréal N o 31 / 2025

Droit Montréal N o 31 / 2025

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Figures inspirantes

De l’Université de Montréal

à l’Assemblée nationale :

Yolande James,

symbole d’engagement

et de détermination

Tamaika Carmelien

Présidente

Hadiatou Diallo

Vice-présidente Événements sociaux

Érika Ékoué-Totou

Vice-présidente Podcast

Association des étudiantes

et étudiants noirs en droit de

l’Université de Montréal

Tous les étudiants et étudiantes passent devant sa photo

au quotidien près du café Acquis de droit. Certains la

connaissent, pour d’autres, son nom évoque sa carrière

impressionnante. Mais qui est réellement Yolande James ?

Son parcours, dès l’enfance jusqu’à aujourd’hui, est

représentatif de la pluralité de portes qu’ouvre le droit

et témoigne d’un leadership inspirant.

Alors que nous voulions déceler sa destination de voyage

coup de cœur, M me James nous a révélé que celle-ci se

trouve dans le futur. Dans quelques semaines, pour honorer

son lien familial, M me James et les membres de sa famille

se retrouveront pour la première fois tous ensemble à

Sainte-Lucie, terre de son père défunt. Très vite, nous

avons compris l’importance de la famille dans son parcours.

« Je considère que j’ai eu une enfance privilégiée, et je ne

parle pas d’argent. Je suis une enfant qui n’a pas manqué

d’amour et qui me suis fait dire que j’étais importante dans

la contribution que je pouvais faire dès un très jeune âge.

Nous écoutions la télévision avec ma sœur et mes parents

nous demandaient nos opinions. » Cette valorisation

parentale a cousu sur son dos des ailes qui lui ont permis

non seulement de prendre sa place, que ce soit au sein de la

gouvernance étudiante au niveau primaire et secondaire,

mais aussi de s’envoler et de suivre le chemin du monde

politique, en lui démontrant son intérêt pour la démocratie.

Une enfant « tannante », s’est-elle décrite avec un sourire

aux lèvres, mais également « éloquente à bas âge ». Cette

capacité de communication interpersonnelle et une certaine

soif de revendication ont assurément nourri sont intérêt à

poursuivre ses études à la Faculté de droit.

« C’est sûr qu’on n’était pas beaucoup » sont les premiers

mots exprimés par M me James lorsqu’on lui a demandé de

nous décrire son expérience en tant qu’étudiante noire à la

Faculté de droit de l’Université de Montréal vers la fin des

années 90. Par contre, comme l’ont répété maintes fois les

juristes noirs de nos jours, M me James a évoqué l’importance

de prendre sa place dans la Faculté. L’association des étudiants

noirs en droit du Canada, déjà existante à son époque,

lui a permis de s’y impliquer pour retrouver sa communauté

dans la Faculté, et les connaissances qu’elle y a faites sont

des collègues avec qui elle est en contact encore aujourd’hui.

Ce sentiment de solidarité n’a pas seulement été partagé

entre les quelques étudiantes et étudiants noirs de la Faculté

de droit, mais aussi avec la plus grande communauté étudiante

issue de la diversité. Il est remarquable que cette

allégeance naturelle ait transcendé les générations et soit

tout aussi présente en 2024. Grâce à ce soutien, la jeune

étudiante de 19 ans, fraîchement sortie du cégep, sans

baccalauréat antérieur, s’est jetée tête première dans ce

nouveau défi. M me James reconnaît que cela n’a pas été une

adaptation facile, car l’écart dans la charge de travail était

significatif entre le cégep et ce baccalauréat, ce qui rend

son parcours d’autant plus impressionnant. Ce n’est pas pour

rien que les études en droit sont réservées aux étudiants

et étudiantes ayant déjà un autre diplôme universitaire

dans le reste du Canada. Malgré tout, la résilience et la

discipline qu’elle a acquises dès un très jeune âge, grâce

aux fortes valeurs inculquées par ses parents, ont permis à

M me James de surmonter cette épreuve. C’est avec réflexion

et sensibilité qu’elle nous a expliqué que « quand tu es une

femme noire, ou une jeune femme noire […] tu n’as pas le

même niveau de privilège en partant ». Cette réalité est

partagée par plusieurs jeunes étudiantes noires de la Faculté,

qui expérimentent les hauts et les bas de ce baccalauréat.

Mais une chose est certaine : si M me James est passée par

là, nous le pourrons également. Il nous suffit de croire en

nos capacités.

Première femme noire élue à l’Assemblée nationale et

première personne noire ministre, M me Yolande James a tracé

des sentiers inédits dans le paysage politique québécois.

Pourtant, cette pionnière a longtemps hésité à se voir comme

une figure de représentation. « Je résistais beaucoup à cette

idée, me disant que je n’avais rien fait encore », avoue-t-elle,

avec une humilité désarmante. Mais le temps, ce sage

conseiller, lui a permis de comprendre la puissance du

symbole qu’elle incarne. « Je comprends la valeur de voir

le possible pour moi, alors pourquoi ça serait différent

pour les autres ? » Son portrait orne désormais le mur des

pionnières de la Faculté de droit de l’Université de Montréal,

comme une étoile guidant celles qui arpentent ce même

chemin. Cette image, plus qu’une simple reconnaissance,

est un message vibrant : chaque étudiant et étudiante peut

« contribuer à [sa] juste valeur ». À cela s’ajoute la bourse

Yolande James, un pont tendu vers l’avenir, soutenant les

étudiantes et étudiants noirs nouvellement admis en droit.

Par ce geste, M me James nourrit l’espoir d’un effet domino,

où les succès d’aujourd’hui deviennent les inspirations

de demain.

L’équilibre entre travail et famille est une réalité que

M me James gère au quotidien. Passionnée par son travail,

qu’elle décrit comme un moteur d’accomplissement

personnel, elle ne fait pas moins de sa famille une priorité.

Pour y parvenir, elle s’impose des paramètres clairs, car

« il y a des moments qui sont non seulement priorisés,

mais réservés et incontournables », tels que l’Halloween

avec son jeune fils, quitte à réarranger son emploi du temps,

car « [elle] ne regrettera jamais d’avoir pris ce temps ». Elle

aspire à trouver une voie équilibrée qui permette à la fois

d’exceller professionnellement et de rester présente pour

ceux et celles qui comptent le plus, incluant soi-même,

soulignant que « prendre soin de soi ne devrait pas être

un luxe ».

On l’imagine fouillant dans sa penderie pour trouver la

tenue qui s’agence parfaitement avec sa journée de travail

ou un évènement particulier, en pensant aux personnes

présentes, pour préparer mentalement ses attentes et ses

conversations. M me James sait ce qui est important pour elle

aujourd’hui, ce sentiment de mouvance continuel. Dans son

discours final durant notre rencontre, elle nous explique

qu’en soi, la beauté des études en droit réside dans la

reconnaissance de ses capacités personnelles, dans ses

aptitudes à la rigueur, à la régularité et à l’effort. Après

trois ans sur les bancs d’école et la réussite aux épreuves

du Barreau, la game consiste maintenant à ancrer sa

pratique dans ses valeurs pour cultiver les sentiments

d’épanouissement et de bonheur. En parallèle, M me James

nous rappelle l’importance de ne pas oublier sa valeur et

de s’assurer que celle-ci est reconnue et valorisée dans

son milieu.

M me Yolande James est un modèle pour plusieurs d’entre

nous, elle nous a insufflé son engagement et sa passion. C’est

avec beaucoup d’humilité que nous espérons avoir écrit un

article reflétant sa personne et son influence véritable, une

influence qui va nous imprégner très longtemps.

Yolande James fut l’invitée spéciale de la séance inaugurale en septembre 2023.

De gauche à droite: Renée-Claude Drouin, Leilah B. Da Costa, Michel Morin, France Houle, Pierre Larouche, Yolande James, Hugo Tremblay et Clara Thériault

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Figures inspirantes

De l’écriture à l’humour :

le parcours de

Stéphane Laporte

« La révolution part toujours des victimes »,

souligne-t-il, mettant en lumière les défis

auxquels les personnes handicapées doivent

faire face, non seulement pour vivre, mais aussi

pour s’intégrer pleinement dans la société.

Samuel Doray

Vice-président Première

Malika Pidgeon

Vice-présidente Carrières

Comité des arts de la Faculté

Dès son plus jeune âge, Stéphane Laporte nourrit une passion

pour l’écriture. Ses premiers scrapbooks sur le hockey,

rédigés à l’âge de six ans, en témoignent. Au secondaire et

au cégep, il se distingue par son implication dans le journal

étudiant, une activité qui l’amène à consacrer une grande

partie de son temps à l’écriture. Par la suite, il choisit de

s’orienter vers le droit, une discipline qu’il considère comme

une formation générale enrichissante.

« Le droit m’a semblé être une bonne formation générale.

J’hésitais entre le droit et le journalisme, mais je voulais

quelque chose de plus global. Le droit m’apportait une bonne

base », explique-t-il. Bien qu’il n’ait jamais eu l’intention

de devenir avocat, Stéphane Laporte voit dans le droit une

opportunité d’approfondir ses compétences analytiques et de

continuer à nourrir sa passion pour l’écriture. C’est d’ailleurs

au sein de la Faculté de droit qu’il fait ses premiers pas dans

le monde de l’humour, en s’impliquant activement dans le

journal étudiant, Le Pigeon dissident. Cet engagement

marquera le début de sa carrière d’humoriste. Stéphane

Laporte utilise l’humour pour déconstruire le sérieux du

milieu juridique. « C’était la première fois que j’écrivais pour

un public aussi vaste que celui du campus de l’Université

de Montréal », confie-t-il, précisant que les réactions qu’il

recevait du lectorat étaient un véritable moteur pour

sa créativité.

Bien que ses études en droit aient été un tremplin,

Stéphane Laporte sent dès la première année qu’il ne

suivra pas la voie classique des avocats. À travers ses

expériences dans l’écriture humoristique, il développe un

intérêt pour le milieu artistique, un univers qu’il perçoit

comme inaccessible. Toutefois, une série de rencontres

clés changera sa trajectoire. L’une d’elles est celle avec

Pierre Huet, qui l’intègre à l’équipe du magazine CROC,

un moment charnière où il voit une véritable opportunité

d’évoluer dans le monde de l’humour et des médias.

« Le monde artistique, contrairement au droit, n’a pas de

porte d’accès. Il n’y a pas d’appels de candidatures. On ne

peut pas s’y inscrire et attendre une réponse. Il faut y faire

son propre chemin, trouver par où passer », explique-t-il.

« La première personne qui te donne une chance, tu lui dois

beaucoup. Je dois beaucoup à Pierre Huet. » C’est grâce à

ces chroniques dans CROC que Stéphane Laporte se voit

rapidement engagé comme scripteur pour des comiques

tel André-Philippe Gagnon, un tournant décisif dans sa

carrière. Il devient, en peu de temps, un acteur clé dans le

milieu de l’humour au Québec, travaillant avec des figures

emblématiques du paysage artistique québécois.

D’ailleurs, sa collaboration avec André-Philippe Gagnon

connaît un succès fulgurant lorsqu’il suggère à l’imitateur

de reprendre la chanson culte We are the world au Festival

Juste pour rire. Cet immense succès permet au duo

artiste-idéateur de faire carrière autant au Québec

qu’à l’international.

Bien que le monde du droit et celui des médias semblent

opposés, Stéphane Laporte relève que la rigueur et la

capacité à synthétiser de grandes quantités d’informations

acquises en droit lui ont été d’une aide précieuse dans sa

carrière de créateur. Le droit, explique-t-il, l’a préparé à

l’analyse et à la réflexion rigoureuses nécessaires pour

organiser des idées complexes, des compétences qu’il met

à profit dans son travail de scripteur et de chroniqueur.

Il souligne également l’importance des rencontres et des

collaborations. En 1992, il créera avec Julie Snyder l’émission

L’Enfer c’est nous autres, un magazine culturel innovateur.

C’est le début d’une association fructueuse couronnée

de succès, sans précédents, comme Star Académie et

Le Banquier. Stéphane Laporte a aussi la chance de suivre

durant deux ans Céline Dion en tournée internationale

pour réaliser le documentaire Céline autour du monde.

Il a pu constater, de très près, à quel point le lien de

confiance entre la chanteuse et son gérant, René Angélil,

était l’élément essentiel de l’incroyable réussite de la diva.

Le rôle de l’écriture et l’engagement social

Depuis 1996, Stéphane Laporte écrit des chroniques

hebdomadaires pour La Presse. À travers ses écrits, il

cherche à mettre en lumière des sujets qui l’ont marqué au

cours de la semaine, en apportant une réflexion personnelle

sur l’actualité et la société québécoise. Son approche de

l’écriture se distingue par une volonté de rassembler plutôt

que de diviser. Stéphane Laporte insiste sur le fait que son

objectif est de trouver un terrain commun, de réparer les

pots cassés au lieu d’alimenter la division.

Parallèlement à ses activités journalistiques, il s’engage

aussi dans des causes qui lui tiennent à cœur, notamment en

faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Il considère cette question comme l’un des grands défis

sociaux actuels et milite pour une meilleure représentation

de ces personnes dans les médias et dans la société

en général. « La révolution part toujours des victimes »,

souligne-t-il, mettant en lumière les défis auxquels les

personnes handicapées doivent faire face, non seulement

pour vivre, mais aussi pour s’intégrer pleinement dans

la société.

L’art : un outil pour la justice et la transmission

des valeurs

Pour Stéphane Laporte, l’art est bien plus qu’une simple

forme d’expression. Il le perçoit comme un moyen essentiel

de vivre et de ressentir. L’art, selon lui, aide les individus

à traverser les difficultés de la vie et offre un espace

pour réfléchir à des problématiques sociétales. Il évoque

l’importance des valeurs humanistes portées par de

nombreux artistes québécois, et leur impact sur la société.

Cependant, il regrette que le monde semble aujourd’hui

plus individualiste, les messages d’unité ayant laissé place

à des mouvements fragmentés. L’art, en ce sens, joue un rôle

crucial dans la recherche de justice sociale, en sensibilisant

les consciences et en poussant à la réflexion collective.

« L’art peut faire avancer les mentalités », affirme-t-il.

L’avenir de la télévision : défis et adaptations

Avec l’émergence des plateformes de diffusion en continu,

Stéphane Laporte observe les défis auxquels fait face la

télévision traditionnelle. Si la télévision reste un outil de

transmission de contenu, l’essor des plateformes de diffusion

en continu modifie la manière dont les gens accèdent à la

culture et à l’information. Selon lui, la grande problématique

réside dans la mondialisation de la culture, un phénomène

qui pourrait menacer l’identité culturelle québécoise.

La diffusion en continu a cassé la barrière de la langue,

rendant possible la diffusion de contenus internationaux

dans des langues locales, ce qui réduit l’impact des

productions locales.

Pour Stéphane Laporte, il est essentiel de protéger la

culture québécoise, même face à cette mondialisation.

« Il faut légiférer pour que l’argent qu’on envoie sur Netflix

ne serve pas juste à promouvoir la culture étrangère »,

affirme-t-il, soulignant que l’avenir de la télévision québécoise

dépendra de la capacité de ses créateurs et créatrices

à s’adapter aux nouvelles réalités tout en préservant leur

identité culturelle.

En conclusion, Stéphane Laporte incarne un parcours

unique qui démontre que l’on peut allier rigueur et créativité,

droit et humour. Par son écriture, son engagement social et

sa vision de l’art, il continue de nourrir un dialogue essentiel

entre culture, justice et humanité.

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Droit Montréal N o 31 / 2025

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Réseau des diplômés

et des donateurs

Réseau des diplômés

et des donateurs

Wolf Thyma :

« J’essaie de donner ce que

je n’ai pas pu avoir »

Jacques Girard :

en mémoire

d’un bâtisseur

Julien Abadie

Rédacteur du Réseau des diplômés

et des donateurs

Julien Abadie

Rédacteur du Réseau des diplômés

et des donateurs

« Pourquoi moi ? » Chaque fois qu’une distinction lui est

remise, Wolf Thyma peine à comprendre ce qui lui vaut cet

honneur. Diplômé en droit et en médecine à l’Université de

Montréal, le jeune homme lutte contre les discriminations et

se bat pour une meilleure représentation des communautés

noires, mais rien n’y fait : « Je ressens toujours un petit

malaise. Des gens exceptionnels, j’en connais plein… »

Ne prenez pas sa surprise pour de la fausse modestie :

après tout ce qu’il a vécu, impossible pour lui de ne pas

s’interroger face à cette reconnaissance soudaine. C’est

pourtant bien au nom de ses nobles combats que l’UdeM

a décidé de lui décerner le Prix de la relève 2025.

Lorsqu’il débarque dans le quartier Saint-Michel en

provenance d’Haïti, le petit Wolf n’a que 8 ans. Assez vieux

pour se souvenir de son île, mais pas assez pour faire la part

des choses. Il prend son déracinement de plein fouet. « Mon

dernier souvenir d’Haïti, c’était la chaleur, la communauté,

une forme de liberté, se rappelle-t-il. Et là, on se retrouvait

dans un sous-sol minuscule, avec des moisissures partout,

sans aucun repère ni connaissance. Je voulais juste rentrer

chez moi. »

Le choc culturel ne fait que commencer. Bientôt, c’est le

racisme qui s’invitera dans sa vie. Un matin, la petite fille qui

cheminait avec lui vers l’école lui annonce que son père lui

interdit désormais de le voir. « C’est parce que tu es noir… »,

lui murmure-t-elle. Wolf ne s’en remettra jamais totalement.

« Ce jour-là, explique-t-il, j’ai découvert que j’étais différent

et que cette différence serait un problème. » Quelques années

plus tard, alors que le petit garçon vient de recevoir un prix

d’excellence, le même père de famille tiendra à le féliciter

chaleureusement. « C’est là que je me suis dit : “Si tu excelles,

peut-être que ton problème disparaîtra”. »

Wolf excellera, mais son problème restera. Jusqu’au décès

brutal de son papa à l’hôpital en janvier 2019, on peut même

dire que la violence du racisme l’aura accompagné toute

sa vie. Ce jour-là, une infirmière crie à sa mère qui vient

de fondre bruyamment en larmes : « Ça suffit ! Je veux plus

entendre un bruit, sinon j’appelle la sécurité. Vous autres,

vous pensez toujours que vous êtes seuls au monde ! » Wolf

a dépassé le stade de la colère, nous assure-t-il. En réponse

à ce drame, il lancera d’ailleurs une initiative avec la Clinique

juridique de Saint-Michel pour contrer le racisme médical.

Mais le jeune homme a développé une véritable intolérance

à l’injustice.

S’il entre en Faculté de droit en 2014, c’est déjà pour

devenir avocat en droit de la personne et protéger les

populations vulnérables discriminées. Il trouve difficilement

sa place dans cet univers où les relations et le capital

socioculturel sont si déterminants. « Voilà pourquoi je

fais beaucoup de mentorat auprès des jeunes racialisés :

j’essaie de leur donner ce que je n’ai pas eu. » Au cours

d’une expérience dans le milieu communautaire, il est

confronté à son impuissance de juriste face aux inégalités

sociales et à leurs impacts sur la santé mentale. Frustré, il

veut agir plus en amont. « C’est comme ça que la médecine

est entrée dans ma vie », raconte-t-il.

Au fond, celui qui a tant souffert de se sentir déraciné et

discriminé a fini par se trouver. « Au-delà de mon malaise

face à tous ces honneurs, je pense à ce petit garçon que

j’étais, sourit-il. Ce petit garçon qui a vécu ces expériences

de racisme aurait tant aimé voir des gens comme lui mis

de l’avant… » Pourquoi moi ? se demandait-il plus tôt.

La réponse est là, dans cet idéal bouleversant qu’il a

poursuivi avec acharnement : devenir le modèle dont il

aurait eu besoin enfant.

L’Ordre du mérite 2025 a été remis à titre posthume

à Jacques Girard, président de l’Association générale

des diplômés, qui nous a récemment quittés. C’est le

moindre des honneurs que nous puissions rendre à

cet infatigable serviteur de l’Université et bâtisseur

du Québec que nous connaissions si bien.

Tout le monde l’appelait Monsieur Girard. Jacques, c’était

seulement pour les intimes. Une affaire de génération ?

De respect dû à l’âge ? Oui, bien sûr, mais pas uniquement.

Le président de l’Association générale des diplômés de

l’Université de Montréal dégageait cette prestance, cette

distinction, et avait cette voix posée qui immédiatement

créaient un décorum. Pourtant, sa personnalité était tout

sauf distante ou détachée. Toutes ses collaboratrices et

tous ses collaborateurs connaissaient son sens de l’écoute.

Son goût pour les traits d’esprit aussi. Et bien sûr, son

réservoir d’anecdotes alimentées par une carrière majuscule.

Sa récente disparition laissera un vide immense. En lui

remettant l’Ordre du mérite à titre posthume, l’Université a

voulu saluer la mémoire de l’un de ses plus grands serviteurs.

« Jacques suscitait à la fois l’affection et l’admiration au

sein de l’Université. C’était un diplômé modèle, un bénévole,

un donateur, un ami fidèle et même un guide, s’est ému le

recteur Daniel Jutras. Son engagement en tant que président

de l’Association générale des diplômés était profond. Il a

contribué à ouvrir plusieurs instances de l’Université aux

diplômés et diplômées et profitait de chaque occasion

pour les inviter à s’impliquer au sein de leur alma mater.

Son passage à l’Université de Montréal aura été marquant

de tant de façons. » Il a notamment fait un don de plus de

100 000 $ pour faciliter la création d’un nouveau programme

pour lutter contre la désinformation.

Cette marque, Jacques Girard l’aura laissée dès ses

jeunes années. Né à Montréal, il a obtenu une licence en

droit de l’UdeM en 1963. Étudiant engagé, il militait pour la

laïcisation de l’Université de Montréal, alors dirigée par un

recteur ecclésiastique. Dans un éditorial au vitriol qu’il publia

en page 2 du Quartier latin, le journal étudiant qu’il dirigeait,

il écrivait à l’adresse de la direction : « Les institutions qui

résistent trop à une évolution nécessaire et commandée

par le sens de l’histoire périssent et souvent dans un chaos

peu désirable […]. Celui dont la patience est exaspérée, celui

dont on a brimé la liberté, celui qu’on a empêché de penser

librement, ne saurait adopter à l’Université une position

raisonnable […]. Si nous crions c’est que nous n’avons jamais

été écoutés lorsque nous parlions. » Sous sa plume, c’est la

Révolution tranquille qui grondait.

On ne s’étonnera donc pas de trouver parmi ses fréquentations

de l’époque le cinéaste Denys Arcand, les Cyniques :

Marcel Saint-Germain, André Dubois et Marc Laurendeau,

l’auteur-compositeur Stéphane Venne, ainsi que le futur

premier ministre du Québec Bernard Landry. Autant

d’acteurs de la Révolution tranquille qui renverseront

la table et contribueront bientôt, chacun à leur manière,

à bâtir le Québec moderne que nous connaissons.

Jacques Girard y prendra largement sa part en devenant

le plus jeune secrétaire général de l’Université de Montréal.

Il y restera de 1969 à 1974. Désireux de se mettre au service

du Québec, il a ensuite officié en tant que sous-ministre

adjoint de l’Enseignement supérieur, sous-ministre de

l’Éducation, puis PDG de la Société de radio-télévision

du Québec (la future Télé-Québec). En 1988, il fait le saut

dans le secteur privé en devenant éditeur du Journal de

Montréal, vice-président publications et président de

Groupe Québecor. C’est au rayonnement de Montréal que

Jacques Girard décidera ensuite de se consacrer en créant

et présidant l’organisme Finance Montréal, puis en devenant

le premier PDG de Montréal International.

Renouant avec ses premières amours, ce fidèle de

l’Université de Montréal la retrouvera à partir de 2015.

Pendant près de 10 ans, il sera l’infatigable président

de l’Association générale des diplômés de l’UdeM et le

vice-président du Conseil de l’Université, deux instances

qu’il contribuera à réformer en profondeur. Nécessaire,

salvateur, ce travail de modernisation faisait sa fierté, lui

qui n’a eu de cesse, comme simple étudiant ou en tant

que dirigeant, par sa plume autant que par ses actes, de

pousser inlassablement l’UdeM à évoluer et à s’adapter.

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Entrevue

du recteur

« Ma vie aurait été

différente si je n’avais

pas rencontré ces

professeurs de droit »

La Faculté tient à souligner

l’engagement de toutes les associations

et des comités qui contribuent

activement à faire vibrer la vie étudiante.

Vous êtes diplômé de la Faculté de droit de l’Université de Montréal en 1982.

Pourquoi aviez-vous choisi de faire des études de droit?

Un peu par hasard. Mes parents n’avaient pas fait d’études supérieures, et c’est moins faire

du droit qu’aller à l’université qui m’enthousiasmait. Ensuite, l’exposition à des professeurs

impressionnants qui passent leur vie à réfléchir a changé ma vie! Il faut dire que le contexte

juridique de l’époque était excitant. J’étais à l’université entre 1979 et 1982, des années de

grande effervescence sur le plan constitutionnel. Tous nos professeurs étaient au cœur des

conversations sur le référendum du Québec et l’émergence d’une charte canadienne protégeant

les droits fondamentaux. Ils nous donnaient l’impression d’être intéressés par ce que nous,

étudiants et étudiantes, avions à dire sur ces sujets. C’était vraiment un dialogue stimulant et

je me suis laissé guider par eux. De fil en aiguille, j’ai fini par me dire que je voulais leur ressembler,

avoir la même carrière, transmettre aux autres. Ces professeurs m’ont ouvert beaucoup de portes.

Et voilà comment je me suis retrouvé à enseigner le droit pendant 35 ans. Ma vie aurait été

complètement différente si je n’avais pas rencontré ces professeurs et professeures.

On parle souvent de l’attachement à son alma mater et à sa faculté.

Avez-vous réussi à garder des liens avec votre cohorte de l’époque ?

Très peu en fait. J’ai eu des années formidables à la Faculté, mais mon parcours universitaire

m’a placé dans un environnement un peu éloigné de la pratique du droit où sont allés mes amis

de l’époque. Mais soyons honnêtes : cette dimension reste encore à construire à l’Université de

Montréal, même si cela dépend des facultés, des départements et de la nature des expériences

qu’on y vit. Certaines facultés ont des cohortes très cohésives qui vivent ensemble des expériences

fortes. D’autres ont des cohortes très nombreuses et des programmes plus éclatés qui

ne favorisent peut-être pas autant l’attachement à l’alma mater. Quoi qu’il en soit, nous avons des

progrès à faire pour nourrir la fierté et l’engagement, et c’est quelque chose sur lequel nous

travaillons fort. Notamment au travers des Grandes retrouvailles qui auront lieu du 7 au 10 mai 2025.

La campagne « L’heure est brave » va fêter son premier anniversaire avec des résultats

déjà enthousiasmants. En quoi le droit peut-il contribuer à changer le monde de demain ?

De bien des manières! Au niveau local, pensons à l’émergence des cliniques juridiques. Il y a eu

une évolution du cadre légal qui permet désormais aux étudiantes et étudiants en droit d’offrir

des avis juridiques dans des contextes très précis. C’est une manière concrète de contribuer

au bien-être des communautés : l’action de ces cliniques produit des retombées réelles dans

la vie de gens ordinaires aux prises avec des difficultés juridiques.

À un niveau plus global, on a des expertises extraordinaires à la Faculté de droit en gouvernance

du numérique et de l’intelligence artificielle, en immigration, en droit constitutionnel et en droit

de la famille… Les impacts sont moins visibles qu’une découverte de nouvelles molécules sur

le cancer, mais sont fondamentaux pour l’avenir de nos sociétés. L’IA est un bon exemple de

la façon dont le droit intervient en appui des grandes avancées sociétales ou technologiques,

en fournissant un cadre juridique solide. Le développement de cette technologie aurait été

différent si on avait réfléchi dès le départ à son cadre réglementaire, normatif et éthique.

On a commis une erreur et nous essayons de rattraper le temps perdu. Comment peut-on

s’assurer que l’IA se développe pour servir l’humanité et non la conduire à sa perte ? C’est le

droit qui porte cette question et elle est très structurante.

100 Droit Montréal N o 31 / 2025



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