Inspiration No. 02-2025
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‹1› Le détour supplémentaire par
la Via Konst est extrêmement
exposé, mais il peut facilement être
contourné.
‹2› Loin au-dessus de Loèche-les-
Bains, un pont de singe permet de
traverser la « grande crevasse ».
‹3› Au sommet du Daubenhorn
l’adrénaline cède sa place aux hormones
du bonheur.
‹2›
en étant admiré par les badauds sur la plateforme située juste au-dessus.
Ceux qui n'aiment pas être observés ignoreront cette sortie intermédiaire
et s’engageront dans la suite de l'itinéraire, qui permet
plus de contact avec le rocher et qui se trouve à l’abri des regards. À
la sortie, il n'est pas rare de croiser des photographes et des ornithologues,
armés d'appareils photo, de jumelles ou de longues-vues. La
Gemmi est considérée comme le meilleur endroit de toute la Suisse
pour observer le gypaète barbu. Tous les mercredis après-midi,
des experts du parc naturel Pfyn-Finges – qui s'étend d'ici jusqu'au
Weisshorn – informent sur les plus grands oiseaux de l'espace alpin,
dont l'envergure atteint presque trois mètres. Depuis 2007, quelques
gypaètes barbus nichent à nouveau dans la région de la Gemmi. Ils
aiment les parois rocheuses abruptes, où ils trouvent les thermiques
nécessaires à leurs vols. Il y a de bonnes chances de les apercevoir
depuis via ferrata du Daubenhorn, prévue pour le lendemain.
Parmi les gypaètes
Un couple de gypaètes barbus, dont le nid se trouve sur le côté
gauche de la via ferrata, a eu des petits, nous raconte Richard
Werlen le lendemain matin. Le sympathique guide de montagne se
présente sous le nom de Ricci. Nous le rencontrons sur le chemin
d’accès et fixons, en nous dévissant le cou, la paroi qui s'étend à
l'infini vers le ciel. Nous ne sommes pas très rassurés. Il est difficile
d'imaginer de franchir cette paroi en ligne directe. Plus de
2000 mètres de câbles, douze échelles et un pont de singe de 30
mètres ont été installés et suspendus dans la roche à l'aide d'un
lourd perforateur pour permettre l’inauguration de la via ferrata
en 1998, se souvient Ricci. Il faisait partie du groupe de courageux
qui a travaillé bénévolement sur la plus longue ferrata de Suisse.
‹2›
A l'origine, ce sont les frères et guides de montagne Andreas et
Bruno Köppel, cristalliers passionnés, qui ont eu l'intuition d'un itinéraire
génial dans la face sud-est du Daubenhorn. Lors de l’équipement
de la via ferrata, ils ont trouvé une grotte qui se prêtait à
l'escalade. Elle est devenue l'un des passages les plus passionnants
de la course. En hiver, des avalanches s'y précipitent et remplissent
de neige la gigantesque voûte. C'est une des raisons pour
lesquelles la via ferrata ne peut souvent pas être ouverte avant
juillet. Ricci raconte recevoir régulièrement des plaintes : lorsque
les températures sont caniculaires dans la plaine du Rhône, il peut
effectivement être difficile de s'imaginer que la neige barre encore
le passage en altitude.
Nous avons décidé de partir tôt et Loèche-les-Bains est encore
dans l'ombre sous nos pieds. Toutefois, une lumière éclatante
baigne déjà les sommets de 4000 mètres visibles à l'horizon. Si
l'on tremble déjà au « nez » – nom que donnent les locaux à la tour
rocheuse peu après le départ – il vaut mieux faire demi-tour, estime
Ricci. En tant que sauveteur en montagne, cet homme de 48
ans en voit de toutes les couleurs. Pas plus tard que hier, ils ont dû
secourir une étudiante dans le premier tiers, appelé « petite via ferrata
», parce qu'elle s'était complètement surestimée et était mal
‹1›
‹3›
« Après avoir traversé une
galerie, on se retrouve dans
une paroi en surplomb, certes
plus facile à maîtriser que
prévu, mais dont l’aspiration
du vide met les nerfs à rude
épreuve. »
informée. Les accidents sont très rares sur cet itinéraire, mais il y
a souvent des problèmes dus à mauvaise évaluation de ses capacités.
La via ferrata est longue et presque toujours verticale. Les
échelles sont également très éprouvantes pour les bras, et une fois
au sommet, il faut encore compter avec deux heures de descente.
Des grottes qui crépitent
Avec des vues plongeantes saisissantes, nous nous frayons un chemin
vers les hauteurs par des vires et replats étroits. Ricci est un
fin psychologue : il attire notre attention sur un passage en dévers
qu’il dit redouter. Une fois engagés, cet obstacle passe finalement
assez bien et on se surprend à aborder la suite avec une confiance
redoublée. Nous nous retrouvons bientôt sous une succession
d'échelles dont on ne voit pas le bout. Au total, les barreaux nous
font gagner 76 mètres de dénivelé. Et pour ne pas oublier où l'on se
trouve, on passe à côté d’une grande croix suisse. La pause à l'Obere
Gemsfreiheit fait du bien. Ce petit plateau de prairie s’avère être une
fantastique plateforme panoramique avec vue sur la vallée du Rhône
et les sommets valaisans. À cet endroit se trouve aussi la seule
échappatoire, mais elle n'est pas non plus sans risque, car le sentier
descend à pic sur 1310 mètres de dénivelé et exige donc des genoux
solides. Notre itinéraire se poursuit à la verticale, dans un style alpin
qui laisse de la place pour un peu d'escalade. Là où il y a de la
roche adhérente, les arceaux en fer ont été placés avec parcimonie,
contrairement à de nombreuses via ferrata sportives, où l'on ne se
déplace qu'avec des prises artificielles. La popularité de la via ferrata
du Daubenhorn est la preuve que ce genre de via ferrata est plus
apprécié, explique Ricci, qui voit l'avenir de ce sport dans les via ferrata
classiques. En effet, en cette belle journée d’été, l'itinéraire est
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