Inspiration No. 02-2025
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Gipfeltreffen Jürg Schweizer
Jürg Schweizer Rencontre au sommet
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« Lorsque je suis arrivé
à Davos il y a 35 ans,
c'était exceptionnel s’il
pleuvait à Noël. »
Photos : Franziska Zahner, Philippe Rossier, Daniel Kellenberger
‹1› Rassemblement des
pièces du puzzle lors de
l’examen du manteau neigeux
: « Quand on ne trouve
rien, cela ne veut pas dire
que tout est bon. »
‹ 2 › Aborder l’avenir avec
confiance – également en
ce qui concerne l’intelligence
artificielle.
‹3› Lors du Propagation
Saw Test – la rupture se
propage de manière remarquable
dans la couche
fragile.
‹ 4 › Avalanches de neige
humide en plein hiver : « Le
travail des services de
sécurité ne deviendra pas
plus facile. »
lanches. La majorité des personnes vont là
où il y a déjà eu quelqu'un auparavant. De
plus, l'alerte est meilleure et le sauvetage
plus rapide, l'équipement et la formation
ont aussi progressé – et j’ose espérer que
les prévisions du danger d'avalanches y
contribuent également.
Depuis 35 ans, vous travaillez dans le domaine
des avalanches. Durant cette période,
les connaissances sur les avalanches
ont bien évolué. Avons-nous aujourd'hui la
maîtrise des avalanches ?
Nous ne les maîtrisons certainement pas totalement.
C'est même plutôt l'inverse : c'est la
nature qui nous maîtrise. La variabilité dans
la nature est grande et parfois insondable.
Mais nous avons fait de grandes avancées
dans la prévention des avalanches. Bien sûr,
il y a toujours des surprises. Les avalanches
se produisent à l’intérieur du manteau neigeux,
invisible à nos yeux. Mais nous avons
aujourd'hui une meilleure compréhension de
la formation des avalanches et nous en savons
également plus sur la constitution du
manteau neigeux.
Il est intéressant d'observer que l'évaluation
du danger d’avalanches est soumise à certaines
tendances et modes. Je pense ici au
test du bloc glissant ou au profil de neige.
Il y a aussi des tendances et des modes
dans la recherche sur les avalanches et
surtout dans la formation – il y a parfois
des allers-retours. Je n'ai pas suivi toutes
les tendances. Si l'on sait ce qui est important
pour la formation d’une avalanche,
à savoir le manteau neigeux, on peut se
le permettre. Mais pour cela, il faut avoir
confiance en ses connaissances. Ce n'est
pas toujours facile. Les tests mentionnés
ont surtout une valeur pour la prévision
des avalanches. Pour évaluer le danger
d'avalanche, il est fondamental de savoir
comment est constitué le manteau neigeux.
Il n'y a pas d'autre solution. En matière
de prévision d'avalanche, nous nous
appuyons naturellement aussi sur une
modélisation du manteau neigeux.
Les randonneurs devraient-ils aussi pelleter
davantage ?
Non, ce n'est en général pas nécessaire.
Si l'on décèle une instabilité lors d'un tel
test, cela peut être une information supplémentaire
utile. Inversement, si l'on ne
trouve rien, cela ne signifie pas que tout
va bien. Un tel examen du manteau neigeux
est plutôt une des pièces du puzzle
qui permettent d'obtenir une image aussi
complète que possible de la situation avalancheuse
– et il favorise la compréhension
du processus. En tant que randonneur,
je peux généralement me contenter
de lire attentivement le bulletin d'avalanches
pour savoir à peu près comment
est constitué le manteau neigeux.
Les limites auxquelles on se heurte sont
nombreuses. Les offres numériques
peuvent-elles aider à repousser ces limites ?
Oui et non. Avec les outils numériques,
nous parvenons à mieux évaluer le terrain
et à situer les endroits dangereux. Nous
avons de super outils, des cartes numériques
et par exemple la couche CAT dans
l'application White Risk. En revanche, la
réponse est non lorsqu'il s'agit du danger
d'avalanche lui-même. En effet, le bulletin
d'avalanches fournit une évaluation régionale
du danger, la représentation détaillée
sur la carte n'est donc pas pertinente. Tout
compte fait, les possibilités numériques qui
se sont ajoutées ces dernières années simplifient
considérablement la planification.
Le site Skitourenguru propose par exemple
des randonnées qui se situent dans la zone
verte. C'est une bonne entrée en matière.
Malheureusement, il est déjà arrivé que
quelqu'un ait téléchargé un itinéraire, l'ait
suivi aveuglément et se soit retrouvé dans
une situation fâcheuse. Mais dans l'ensemble,
je dirais que les avantages l'emportent
sur les inconvénients.
Le téléphone portable donne souvent une
impression de sécurité trompeuse. Ne
risque-t-on pas alors de devenir plus imprudent
en randonnée à ski et de ne plus
accorder autant d'importance à l'évaluation
sur le terrain ?
C'est comme la ceinture de sécurité en voiture.
Est-ce que nous compensons le gain
de sécurité en roulant vraiment tous plus
vite ? Si l'on retire son DVA à un randonneur,
il se montrera probablement plus
prudent. Si l'on ajoute un sac à dos avec
airbag, les différences sont plutôt faibles,
et dépendent du groupe d'utilisateurs. La
compensation possible des risques n'est
en tout cas pas un argument contre un
meilleur équipement ou même une formation.
Des offres comme l'application White
Risk sont aujourd'hui vraiment bonnes et
offrent une valeur ajoutée considérable.
Une bonne préparation, c'est déjà la moitié
du chemin. Même en route, je peux mieux
évaluer le terrain.
Les jours du bulletin d'avalanche sont-ils
donc comptés ?
Non, le bulletin d'avalanches existera encore
longtemps. La météorologie fait aussi
toujours des bulletins météo, même s'ils
sont en partie automatisés. Et nous avons
certainement dix ans de retard sur la météorologie
en ce qui concerne l'utilisation
de modèles numériques. Mais justement : il
y a encore des services météorologiques et
ce n'est pas comme si chacun faisait tourner
son propre modèle numérique dans sa
cuisine pour savoir quel temps il fera. Et il
faut aussi que quelqu'un développe les modèles.
Sans compétence professionnelle, ça
ne marche pas.
Et que pouvons-nous attendre de l'intelligence
artificielle à l'avenir ?
Avec des données plus nombreuses et
nouvelles et une plus grande puissance de
calcul, la résolution temporelle et spatiale
des prévisions sera certainement encore
meilleure. Nous utilisons actuellement
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