18.09.2025 Vues

COLLECT Belgique Octobre 2025

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COLLECT

Mensuel ne paraît pas en janvier, en juillet ni en août - 8,95 € - P608061

n° 546 / octobre 2025

Dans l’oeil de Goya

L’âme du réel

Intelligence Artistique

L’expertise de l‘I.A.

Erwin Olaf

La liberté avant tout


KUNST. ANTIEK. DESIGN.

2 - 9 November 2025 • RAI Amsterdam • pan.nl


Autumn Season

We’re gearing up for an incredible season featuring Fine Art, Tribal Art and Design.

Thinking of Selling? Now’s the Time.

James Ensor, Les butineurs de la chair, (Scavengers of Flesh) 1937, Oil on canvas, 50 x 65 cm

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une demeure patrimoniale qui a

entamé un nouveau chapitre grâce

aux architectes Contekst. »

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COLLECT

Est. 1971 – septembre 2025 n°546

Édito

Rédacteur en Chef

Christophe Dosogne

Rédaction

Els Bracke

Christophe Dosogne

Trice Hofkens

Collaborateurs

Gilles Bechet, Tamara Beheydt,

Jean-Marc Bodson, Gwenaëlle de Spa,

Gwennaëlle Gribaumont, Elien Haentjens,

Diane Hennebert, Ben Herremans, Anne

Hustache, Ewoud Mijnlief, Bernard Roisin,

Christine Vuegen

Inventer de nouveaux modèles !

Mise en pages

Renaldo Candreva

Ellis De Vuyst

Administration, Rédaction, Agenda

Begijnhoflaan 464 G

9000 Gand

Tél. : 0468/51.15.39

collect@ips.be

www.collectaaa.be

Publicité

Secteur Art : Joris van Glabbeek

Tél. : 012/26.37.11

collect.net@ips.be

Tout autre secteur :

MAC-Strat SRL /

Yves de Schaetzen

Tél. : 0475/82.96.00

yves@macstrat.be

Distribution

Librairies

AMP

La Poste

Abonnements

Pays d’Abonnements, Ambachtenlaan 21,

Unit 2A - 3001 Heverlee

Tél. 02/808.55.23

serviceclient@paysdabonnements.be

Belgique 52 €, Europe 90 €

Les abonnements sont à reconduction

automatique, sauf avis contraire envoyé

au minimum deux mois avant la date

d’échéance. Un abonnement offert en

cadeau se termine automatiquement

au bout d’un an. Pour un changement

d’adresse, une résiliation, un numéro

manquant, ou toute autre question,

surfez sur : www.paysdabo.be

Membre de l’Union des Editeurs

de la Presse Périodique

Pour les auteurs d’art visuel et les photographes

: © CISAC / SABAM Belgium 2025

Portrait : © Guy Kokken

Editeur responsable :

Patrick Snoeck

En couverture

Erwin Olaf, April fool 11.30 am, 2020, tirage

digital sur papier fuji chrystal, 80 x 60 cm.

© Estate of Erwin Olaf / Courtesy Galerie

Ron Mandos, Amsterdam – exposition

Erwin Oaf. Freedom, du 10-10 au 01-03-

2026, Stedelijk Museum, Amsterdam,

www.stedelijk.nl

Nulle partie de cette publication ne peut être reproduite

et/ou publiée par impression, photocopie ou

de toute autre manière que soit, sans l’autorisation

écrite de l’éditeur. Ni la rédaction ni l’éditeur ne

peuvent être tenus pour responsables des opinions

et faits contenus dans les articles signés ou les

contributions de ce magazine, lesquels n’engagent

que leurs auteurs. COLLECT ne peut être tenu pour

responsable du contenu des annonces publicitaires

publiées, la responsabilité en incombant uniquement

à l’annonceur. © Arts Antiques Auctions, Gand

Selon les informations d’ARTnews, en

raison du ralentissement économique

et des tensions géopolitiques de plus

en plus exacerbées (une guerre entre

l’OTAN et la Russie semble de moins en moins

illusoire…), qui plombent la confiance des enchérisseurs

et autres collectionneurs spéculatifs,

les ventes d’œuvres d’art chez Christie’s,

Sotheby’s et Phillips auraient déjà baissé de

44 % au premier semestre 2025 par rapport à

2022. Les enchères sont ainsi en baisse pour la

troisième année consécutive, atteignant leur

niveau le plus bas depuis dix ans (l’année 2020

exceptée). Ce déficit, qui atteindrait 3 milliards

de dollars, paraît compensé par un basculement

du marché vers les produits de luxe tels que sacs

à main, bijoux, vin, whisky et autres voitures de

collection. Ce faisant, les grands auctioneers,

notamment Sotheby’s, s’efforcent d’attirer les

jeunes collectionneurs, en ‘‘survendant’’ le caractère

durable des objets rares et de grande qualité

produit dans le secteur du luxe. Dans cette

optique, Sotheby’s, dont le PDG Patrick Drahi

cible de plus en plus le marché des produits de

luxe plutôt que celui de l’art, annonçait, mi-août,

le lancement, en décembre prochain, d’un programme

de ventes à Abu Dhabi avec, au menu,

bijoux, montres, immobilier et voitures haut de

gamme. L’avenir dira si ce virage vers le luxe et

le Moyen-Orient réussira à Sotheby’s, dont les

pertes annuelles avant impôts auraient, selon

le très sérieux Financial Times, plus que doublé

pour atteindre 248 millions de dollars en 2024,

contre 106 millions en 2023. Une chose est sûre,

la stratégie maison s’éloigne de plus en plus des

ambitions de Christie’s, propriété du milliardaire

français François Pinault, plus que jamais versée

dans le côté traditionnel du négoce de l’art. Les

performances de cette dernière se sont ainsi

améliorées en 2024, le bénéfice avant impôts

de Christie’s International ayant augmenté de

18% pour atteindre 85 millions de livres sterling,

contre 27 millions de dollars pour sa rivale. Du

côté des galeries, l’été fut également difficile, la

Il s’agit de revitaliser,

séduire et former une

nouvelle génération de

collectionneurs, celle

des moins de 50 ans.

période post-Bâle, habituellement calme, ayant

vu la fermeture d’enseignes autrefois solides,

ainsi qu’une liste de procès explosifs et autres

annulations à l’amiable des participations, toujours

plus exorbitantes, aux foires, dont le modèle

tend à apparaître pour beaucoup comme

de plus en plus dépassé. Pour autant, à New

York, Bruxelles ou Paris, la plupart continuent à

faire le gros dos, refusant de se laisser atteindre

par la morosité pour défendre à tout prix l’art et

les artistes, même si l’heure est surtout venue

d’être prudent, de réduire la voilure en revoyant

à la baisse chaque dépense et en se concentrant

sur l’essentiel. Mais aussi, comme on le lira par

ailleurs, en s’attelant à une tâche herculéenne :

revitaliser, séduire et former une nouvelle génération

de collectionneurs. Celle des moins de

50 ans, certes néophytes mais perspicaces et

posés, dont les murs encore vierges et le compte

en banque plutôt bien garni ont de quoi faire

rêver… Mais qui, à l’inverse de leurs aînés, n’ont

que faire de dîners somptueux et d’événements

fastueux, leur préférant une certaine forme de

simplicité, de vérité et d’échanges réels. Car,

pour eux, comptent bien plus les moments

simples, où ils se sentent valorisés et surtout

accueillis par un autre verbatim que celui des

arguments de vente. Dans un milieu de galeries,

encore trop peu collégial, qui aurait pourtant intérêt,

face à la tempête qui s’annonce, à se serrer

les coudes et à inventer de nouveaux modèles.

Christophe Dosogne


18

88

Oldtimers et Youngtimers :

le prix de la nostalgie

Goya : les tréfonds

de l’âme

« Depuis 2005 surtout,

les voitures constituent

une forme d’investissement,

stimulé par la crise

financière de 2008 »

40

In the mix : Mode et Design

50

Dagoty :

la porcelaine

en majesté

46

Les soffiati,

une modernité

inattendue

8


58

Qui était le Maître I.S. ?

Sommaire

Octobre 2025

Dossiers

Ventes

36

IA : Intelligence Artistique ?

18 Goya : les tréfonds de l’âme

26 Erwin Olaf, la liberté avant

toute chose

34 Peter Doig, comme jamais

auparavant

36 IA : Intelligence Artistique ?

40 In the mix : Mode et

Design

46 Les soffiati, une modernité

inattendue

50 Dagoty : la porcelaine

en majesté

54 A Dordrecht, une capsule

temporelle séculaire

58 Qui était le Maître I.S. ?

80 La révolution silencieuse

de la Gen Z

84 Immodôme Objects

88 Oldtimers et Youngtimers : le

prix de la nostalgie

92 L’avis de l’expert: un

Botero inédit chez De

Vuyst à Lokeren

98 Focus international

100 Ventes en Belgique

Agendas

68 Musées

76 Galeries

110 Ventes

111 Foires et Salons

Rubriques

« Beaucoup pensent que les

résultats de l’IA sont arbitraires

alors qu’au contraire, ils sont

consistants, reproductibles et

basés sur des données mesurables »

10 Up to date

16 Personalia

24 L’artiste du mois :

Hadrien Bruaux

32 Zoom : les tableaux

d’histoire de Luc Delahaye

56 La vie du conservateur :

Ralph Collier à propos

d’Alicja Kwade au musée M

64 Musées

70 Paroles de galeristes :

Joris Montens et Stefan

Heinis (Galerie Fontana)

71 Galeries

112 Salles de ventes

113 Bonnes adresses

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9


Up to date

->

L’Hôtel Campioni, à voir lors de l’ANTE Festival. © photo : EB. Endre Sebok

Signa temporum, ars temporis…

L’auctioneer Christie’s a annoncé la fermeture

de son département d’art numérique,

créé en 2022 parallèlement au lancement

de Christie’s 3.0, sa plateforme blockchain

dédiée aux ventes de NFTs. La maison

intégrera l’art numérique dans ses ventes

contemporaines. S La Galerie Clearing,

fondée par Olivier Babin, annonçait en août

sa fermeture définitive après quatorze ans

d’activité, mettant fin à ses espaces à New

York et Los Angeles. La décision est survenue

après la séparation des entités américaine

et européenne de la galerie en 2024, cette

dernière poursuivant son activité à Bruxelles

sous un autre nom, en l’occurrence Galerie

Lodovico Corsini. S En 2026, Bonhams Cornette

de Saint Cyr délocalisera ses ventes aux

enchères de Bruxelles vers Paris et Londres. Il

s’agira notamment des ventes d’art moderne

et contemporain, de collections et d’arts

d’Afrique et d’Océanie. Cette rationalisation

des opérations consolidera Paris et Londres

en tant que centres de ventes aux enchères

afin que Bonhams conserve sa place prépondérante

en Europe. Seul un bureau de

représentation, réduit à quatre personnes,

devrait subsister à Bruxelles. www.bonhams.

com S La 71e édition de la BRAFA (du 25-01

au 01-02-2026) se déroulera, à nouveau, à

Brussels Expo, avec comme invité d’honneur

la Fondation Roi Baudouin, qui célèbre

cette année son cinquantième anniversaire.

Avec un stand plus spacieux, la fondation y

présentera à la fois des acquisitions récentes

et des chefs-d’œuvre confiés à des musées

et collections belges. Plusieurs changements

au sein même de l’organisation de la foire

se sont, entretemps, produits : outre le

remplacement au poste de PR de Vanessa

Polo-Friz, partie pour la banque Delen, par

Raffaella Fontana, signalons le départ de

Didier Claes, remplacé par Georges Van

Cauwenbergh (Artimo), au poste d’administrateur,

tandis que le nouvel homme fort de

la foire est l’actuel vice-président Christophe

Boon (Boon Gallery). www.brafa.art S

Perquisitionné en marge de ‘‘l’affaire Reynders’’,

impliquant l’ex-ministre belge Didier

Reynders, soupçonné de blanchiment,

l’antiquaire Olivier Theunissen, proche de

l’ex-politicien, a renoncé à son poste de juge

consulaire à Bruxelles. Il vient aussi d’être mis

en congé de sa fonction de vice-président de

la ROCAD, mais aussi du très feutré Cercle

Gaulois, tandis que sa boutique de la rue de

la Régence, tenue avec son associé Nicolas de

Ghellinck, était fermée précipitamment… S

Autre personnalité du landerneau rattrapée

par cette affaire, dans le cadre notamment

de la réouverture du dossier pour blanchiment

visant l’oligarque russe Oleg Deripaska,

proche de Vladimir Poutine, le galeriste

Constantin Chariot. Il fut, de 2003 à 2008,

le conseiller personnel de Didier Reynders

pour la culture, la politique scientifique et les

incitants fiscaux, avant de prendre grâce à lui

la direction de l’Association Bruno Lussato

et Marina Fédier, vouée à la promotion de

l’art japonais. Une entité soupçonnée d’avoir

servi à blanchir des millions d’euros provenant

d’activités criminelles en lien avec Oleg

Deripaska et issus exclusivement de paradis

fiscaux comme le Liechtenstein. A bonne

source, on apprenait que l’Espace Constantin

Chariot, ouvert à Forest en septembre 2024,

devait fermer définitivement ses portes à la

fin septembre… S Les deux premiers weekends

d’octobre, Gand accueille la deuxième

édition de la Biennale d’art Prinsenhof : un

parcours artistique de trois kilomètres à

travers des lieux historiques, salons intimes,

jardins privés et nouveaux projets architecturaux,

où est présenté le travail de 52 artistes,

sous la direction artistique de Geert Van

Hijfte. Le thème central est Our Darkness,

ode à l’inspiration, à la résilience et à la volonté

indéniable de continuer à grandir. www.

kunstbiennale.be S Du côté de Louvain-la-

Neuve, place à la 11e Triennale d’art contemporain

(jusq. 28-10), qui a pour thématique

Thriller : think common, play public et invite le

public à réfléchir à ce que nous partageons,

tout en explorant la ville comme un terrain de

jeu et de réflexion artistiques. www.spott.be

S À Bruxelles, la première édition du festival

ANTE met à l’honneur l’architecture du XIXe

siècle, du néoclassicisme à l’éclectisme. Du 11

au 19-10, on pourra visiter intérieurs et autres

lieux exclusifs, suivre des visites guidées et assister

à des conférences. www.ante.brussels

S Dans le même temps, les musées Art & Histoire

exposent (à partir du 15-10), la maquette

retrouvée et restaurée, grâce au soutien de la

Fondation Roi Baudouin, du Pavillon chinois

de Laeken. Datée du début du XXe siècle,

celle-ci devrait être aussi montrée sur le stand

de la fondation, à l’occasion de la BRAFA

2026. wwww.artandhistory.museum S Anvers

accueille (les 11 et 12-10) un nouveau salon

d’art contemporain, la Belgian International

Art Fair (BiAF). Cet événement, qui se déroule

au Waagnatie, offre une plateforme en direct

à une centaine d’artistes et met l’accent sur la

rencontre avec le visiteur. www.biaf.be S

10


UP TO DATE

Reflets et boucliers

L’identité comme art

À

une époque où les histoires

personnelles sont de plus en plus

exposées sur la place publique,

les artistes Abigail Tulis et Clément

Jacques-Vossen offrent un aperçu de

la manière dont l’identité peut être transformée

en art. Leur exposition commune

en la Galerie Depypere de Kuurne n’est

pas seulement la rencontre entre deux

œuvres, mais aussi un dialogue avec l’écurie

de la galerie. Il en résulte une confrontation

entre miroir et bouclier, entre mythe

et héraldique, vulnérabilité et armure.

Dans l’art contemporain, l’identité n’est

plus une donnée immuable. Ce n’est pas

un fondement, mais un matériau : fluide,

malléable, parfois tranchant comme le

verre, parfois poreux comme le calcaire.

Pour Abigail Tulis, elle consiste à briser

les images reflétées. Son œuvre, profondément

enracinée dans une mythologie

personnelle et culturelle, respire la tension

entre expériences de jeunesse strictes et

désir de liberté. Elle a grandi dans l’ombre

de la Bible Belt, dans le Tennessee, où

l’obéissance et la rigueur religieuse l’ont

marquée. Elle a trouvé une échappatoire à

ces contraintes : le dessin, la lecture, l’imagination.

Ce qui la distingue, c’est la manière

dont elle ne se contente pas d’assimiler

ces structures, mais les recrée en une

iconographie à la fois autobiographique

et universelle. Sa série autour de La Dame

de Shalott montre comment l’identité est

toujours reflétée, à travers la culture, la famille

et les attentes. Cette tragique Dame,

qui ne vit que par les reflets et meurt dès

qu’elle se retourne, devient chez elle la

métaphore d’une génération d’artistes qui

refusent de se réduire à des ombres. Ses

sculptures et ses peintures sont chargées

de symbolisme, incarnations de la peur, du

désir et de la protection. Sa pratique artistique

reflète un processus identitaire jamais

achevé, oscillant sans cesse entre intimité et

grandeur mythologique.

L’armure protège,

mais étouffe aussi.

Le chevalier est

à la fois héros et

machine à tuer.

de personnages qui agissent comme des

alter ego, des projections d’une identité

en constante évolution. L’armure protège,

mais étouffe aussi. C’est dans cette

ambiguïté que réside l’essence de son

travail : l’identité n’est jamais univoque,

elle se compose d’histoires stratifiées,

mi-rêve, mi-réalité. Sa pratique en atelier,

souvent nocturne, paraît faire écho au

moine reclus en son scriptorium, mais

mêlée de culture Pop et de fascinations

personnelles : Charles De Coster, Michel

de Ghelderode, Walter Swennen, Breughel

et Ensor y apparaissent comme des

partenaires de jeu. Les tabards et les gilets

de combat, qu’il utilise également dans ses

performances, montrent clairement que

l’identité n’est pas seulement image, mais

aussi action. Un rituel, une performance,

une métamorphose. Les deux artistes ont

sélectionné des œuvres d’Yvan Theys,

Godfried Vervisch, Koen Scherpereel, José

Vermeersch et Pjeeroo Roobjee, artistes

liés à la galerie depuis des décennies et

qui ont abordé des thèmes auxquels ils

s’identifient. Ils montrent que l’identité

n’a pas besoin d’être polie ou univoque,

mais que sa force réside précisément dans

l’ambiguïté, les fractures et les déguisements.

L’art ne devient ainsi pas le miroir

du monde, mais un laboratoire où tester

de nouvelles façons d’être.

Le Fil d’Or

du 11-10 au 09-11

Galerie Jos Depypere (en collaboration

avec la Galerie P d’Ostende)

Kuurne

www.galeriedepypere.be

L’IDENTITÉ N’EST JAMAIS UNIVOQUE

De son côté, Clément Jacques-Vossen

revient au bouclier. Son œuvre est imprégnée

d’héraldique, de symbolisme médiéval

et de rituels. Ce peintre brabançon

redonne vie à des représentations chevaleresques,

à des personnages du tarot

et de l’alchimie, à des figures populaires,

non par nostalgie, mais comme un jeu

critique sur l’histoire culturelle. Il ne s’agit

pas de reconstructions anonymes, mais

->

Clément Jacques-Vossen, L’ange du bizarre de Kuurne, 150 x 150 cm. © de l’artiste

11


UP TO DATE

AFA Brussels

au Château Calmeyn

->

Le charme

automnal

à Deulin

->

Le Château Calmeyn à Drogenbos. © AFA Brussels

AFA Brussels – Antique & Fine Art, initiative

lancée par des antiquaires passionnés, organise

deux fois par an un événement qui réunit

une sélection prestigieuse de marchands

dans des lieux emblématiques, tels que le

Château Sainte-Anne et le Château Bayard à

Eghezée. Cette année, pour la première fois,

l’Antiques & Fine Art Fair est organisée au

Château Calmeyn de Drogenbos, joyau du

XIXe siècle qui réouvre ses portes après une

longue période de restauration. Du 09 au 12-

10, douze participants occupent les salons et

l’orangerie pour présenter une sélection de

qualité, allant de l’art ancien et des antiquités

au design du XXIe siècle. Véronique Malaise,

organisatrice et participante, présente

ainsi des bijoux anciens en collaboration

avec Guillaume Béguin. On découvrira des

meubles et objets d’art décoratif du XVIIIe

au XXe siècle chez Marie-Cécile François

et Marco Boes. La galerie Drees Archeo

présente des découvertes archéologiques

et numismatiques. Pour l’art européen,

asiatique et moyen-oriental, rendez-vous à

la Galerie Lamy. Concert gratuit le vendredi.

S www.afa.brussels

Comme le veut la tradition, le Château

de Deulin ouvre ses portes

et son jardin, les deux premiers

week-ends d’octobre, à l’occasion

de l’édition automnale du Salon

des Antiquaires. Ici pas de grand

hall froid, mais une ambiance

chaleureuse et intimiste dans un

cadre historique. L’édition 2025 ne

fait pas exception à la règle : une

sélection rigoureuse de dix-sept

exposants garantit à nouveau une

offre éclectique, mais complémentaire,

en œuvres d’art et antiquités,

avec mobilier, peintures, bijoux,

kilims, curiosités et lustres. Parmi

les participants, figurent Libertas

Gallery, présente depuis la première

édition, la Galerie Framing,

Simon de Harlez avec son design

suédois et italien, Arnaud et Sylvie

de Spa et Frederik Muller, spécialistes

de la peinture du XVe au XXe

siècle. L’artiste invitée de cette édition

est Isabelle Ravet, alias Isara,

et ses Natures Silencieuses, petits

tableaux imprégnés de calme et de

vie intérieure. Venez y chiner les 04

et 05-10 ou les 11 et 12-10

S www.espacedeulin.be

Un nouveau salon d’art

et d’antiquités pour Louvain

->

Tancrède Synave (1860-1936), Portrait de

jeune fille. © Galerie Chastelain & Butes.

Les amateurs et collectionneurs d’art et d’antiquités se réjouiront de l’arrivée de la Leuven

Fine Art Fair, nouveau salon dédié à l’art ancien, moderne et contemporain. Cette première

édition réunit une cinquantaine d’exposants au Brabanthal. La galerie gantoise Chastelain

& Butes présente une anthologie des peintures et sculptures du XIXe et du début du XXe

siècle. La galerie Dus’Art s’est spécialisée dans les peintures d’artistes belges des XIXe et

XXe siècles et dans l’œuvre de Félicien Rops. Lex Antiqua est spécialiste en maîtres anciens,

gravures et cartes rares. La FormaForma Design Gallery de Luxembourg et la Galerie

Crouzet de Paris participent également avec des œuvres de Jan Brueghel l’Ancien et Karel

Appel. L’art asiatique est également à l’honneur à la Galerie Darya (Allemagne) et à la galerie

suisse Blue Art. Du 16 au 19-10. www.leuvenfineart.com

12


UP TO DATE

Chasse au trésor à Amsterdam

->

Cape de pluie, province du Guangdong,

sud de la Chine, fibre de palmier à vent

chinois., 112 x 102 cm. © Galerie Lemaire,

Pays-Bas

Du 24 au 26-10, l’église De Duif, située sur

le Prinsengracht, sera à nouveau le cadre

de la Tribal Art Fair d’Amsterdam (TAF).

Ce salon intimiste réputé, dédié à l’art

et aux objets utilitaires d’Afrique, d’Asie,

d’Amérique du Sud et d’Océanie, attire

les collectionneurs et marchands influents

en quête de pièces exceptionnelles.

Parmi les vingt galeries participantes, de

nombreux noms familiers, tels que Dick

Meijer Antiquities, Adam Prout Ethnographic

Art et Tribal Gathering London.

Roland Gyetvai Works of Art, galerie de

Budapest spécialisée dans l’art asiatique

classique, y fait son entrée. Le Californien

Mark A. Johnson Tribal Art se concentre

sur les objets en provenance de Bornéo,

tandis que Peter Dekker (Mandarin Mansion

Antiques d’Haarlem), présentera des

armes asiatiques anciennes. La Belgique

sera notamment représentée par Xquisart

Tribal Art, Daroun Gallery et Jo De Buck

Tribal Arts. Un programme annexe de

conférences et de présentations de livres

enrichira l’événement.

S www.tribalartfair.nl

->

Masque Kiwoyo-Muyombo, RDC, première moitié du XXe siècle, H. 30 cm. © Xquisart, Belgique

->

Chaise Lobi, Burkina Faso, 98 x 30 cm. © Galerie Lemaire, Pays-Bas

13


UP TO DATE

Frieze et le design belge à Londres

->

Lampe de Maarten De Ceulaer. © de l’artiste / Courtesy Belgium is Design, Londres

Comme le veut la tradition, Londres

ouvre la saison des grands rendez-vous,

avec Frieze London, Frieze Masters et

Frieze Sculpture au cœur de Regent’s

Park, cette année du 15 au 19-10. Alors

que le premier se concentre uniquement

sur l’art contemporain postérieur à

l’an 2000, 130 galeries internationales

renommées proposent, au sein de Frieze

Masters, un aperçu de la relation entre

art historique, moderne et contemporain.

Avec des participants renommés tels que

Léage, Colnaghi, Maruani Mercier, Axel

Vervoordt, Grosvenor et Hauser & Wirth.

En vous promenant dans le parc, d’une

foire à l’autre, ne manquez pas Frieze

Sculpture, exposition gratuite d’œuvres

en plein air qui se poursuit jusqu’au 02-11.

www.frieze.com S Au salon PAD London,

67 galeries internationales se réunissent,

du 16 au 19-10, sur Berkeley Square, avec

une large sélection allant des objets

de collection historiques aux créations

contemporaines d’avant-garde. www.

padesignart.com S Dans le sillage du PAD

et de Frieze, est annoncée la première

édition londonienne de Belgium is Design.

MAD et hub.brussels y présentent le travail

de designers bruxellois, dans le cadre de

l’exposition collective This is not a garden

party. Avec des noms tels que Maarten De

Ceulaer, Arnaud Eubelen, Abel Jallais et

Vormen, l’accent est mis sur le design de

collection et l’art fonctionnel, qui reflètent

une vision unique du design, de la

créativité et du savoir-faire. Du 16 au 17-10,

visites sur rendez-vous, à la résidence de

l’ambassadeur de Belgique à Londres.

www.mad.brussels

Une première foire

de céramique à Paris

La Paris Art Week, c’est bien plus qu’Art

Basel (lire par ailleurs dans cette édition).

Plusieurs événements profitent de l’effervescence

de cette semaine artistique. Le

très attendu Manifest Paris, organisé par

ceramic.brussels, a malheureusement été

annulé. La ville accueillera toutefois, pour

la première fois, un salon entièrement

dédié à la céramique et à l’art verrier. La

première édition de la ceramic art fair

paris, initiative de Victoria Denis et Hélène

de Vanssay, se tient dans les salles et le

grand jardin de la Maison de l’Amérique

latine, du 21 au 25-10. Une sélection de 23

participants spécialisés, principalement

français, présenteront une offre riche et

éclectique comprenant à la fois des pièces

historiques et des artistes émergents.

Deux participants belges seront également

présents : SPAX Projects et Spazio Nobile,

tous deux basés à Bruxelles. www.ceramicartfair.com

S Avec sa onzième édition,

Asia NOW – Paris Asian Art Fair, foire d’art

organisée sous le thème My East is Your

West, confirme son ambition de dépasser

les frontières entre Orient et Occident.

Sous le titre Grow, le salon ouvre de nouvelles

perspectives sur les lieux de création

artistique et les points de référence en Asie

occidentale et méridionale, de Beyrouth à

Riyad, de Dubaï à Ramallah. Du 22 au 26-10

à La Monnaie de Paris. www.asianowparis.

com

->

Terence Ntsako Maluleke, Nozipho, 2024. ©

de l’artiste / Courtesy AKAA / BKhz

14


UP TO DATE

->

Guy Slabbinck, Low Tide, 2025, huile sur toile, 155 × 125 cm. © de l’artiste / Courtesy Charles De Cordier

Fine Arts, Gand

->

Mathieu Matégot, Bagdad, lampe en

acier perforé rouge, H. 38 cm. © de

l’artiste / Courtesy Lennart Booij Fine Art

and Rare Items, Amsterdam / photo: Erik

& Petra Hesmerg

Prix : 4.000-5.000 €

PAN Amsterdam

« Un magasin de bonbons »

Des maîtres anciens à la bande dessinée,

des bijoux aux fossiles : depuis près de

quarante ans, PAN Amsterdam surprend

par son offre d’une grande diversité.

Depuis sa création en 1987, le salon est

devenu le plus important d’art et d’antiquités

des Pays-Bas, la TEFAF mise à part.

Près de 45 000 amateurs et collectionneurs

se rendent aujourd’hui au RAI. Ce qui les

unit ? Un mélange unique qui rend ce

salon toujours surprenant. Son directeur,

Mark Grol, souligne : « Nous voulons que

le PAN soit comme un magasin de bonbons

: un endroit où l’on se promène et

découvre sans cesse l’inattendu. » Pour les

collectionneurs, ce sont précisément des

contrastes intéressants : les maîtres anciens

côtoient le design contemporain, les bijoux

anciens font face aux créations modernes,

la photographie et la bande dessinée

côtoient peintures et objets d’art. Cette

diversité fait du salon un endroit idéal pour

commencer ou agrandir une collection.

Derrière les stands se cachent également

des histoires qui donnent une profondeur

supplémentaire à l’offre. C’est le cas de

la VCRB Gallery d’Anvers, qui présente

Travelling the mind d’Eddy Stevens, un

portrait poignant qui marque un tournant

dans l’œuvre du peintre belge. Ou encore

la lampe Bagdad du designer français Mathieu

Matégot, chez Lennart Booij, qui engage

un dialogue avec le langage formel

islamique et l’acier perforé. La nouveauté

de cette année est noon (anciennement

Charles De Cordier Fine Arts, Gand). Fondée

en 2017 et récemment renforcée par

l’arrivée de son associé Jonathan Dierks, la

galerie se concentre sur l’art contemporain

et les éditions limitées, avec pour principe

les collaborations durables. Noon travaille

notamment avec Anthony Leenders, Elisia

Poelman et Simon Van Parys, et présente

à PAN les nouvelles œuvres de Guy

Slabbinck. L’une des pièces phares en est

Low Tide (2025), peinture à l’huile réalisée

après un voyage en Asie du Sud-Est. Son

image évoque la mangrove comme lieu

à la fois d’abondance et de menace : un

moment chargé juste avant le déluge, où

la mer se retire et expose le sol. Inspiré par

Jan Brueghel l’Ancien, l’artiste associe une

richesse étourdissante à un danger latent,

rendant l’œuvre à la fois séduisante et inquiétante.

Outre des peintures, il présente

également des lampions artisanaux et

des céramiques. PAN propose, en outre,

des lieux de rencontre, des conférences

et autres pauses culinaires, des huîtres

aux sushis. Mark Grol : « Pour nous, il ne

s’agit pas seulement de transactions. C’est

souvent sur ce salon que germe la graine

de la passion. ».

PAN Amsterdam

du 02 au 09-11

RAI

Amsterdam

www.pan.nl

15


Têtes de l’Art

Doris Lockhart Saatchi

In memoriam : Cofondatrice de la

collection et de la Galerie Saatchi

de Londres, Doris Lockhart Saatchi

est décédée le 6 août. Cette mécène,

diplômée de la Sorbonne, était la

première épouse de Charles Saatchi.

C’est elle qui a initié le publicitaire

à l’Art. Après s’être rencontrés en

1967 et mariés six ans plus tard, le

couple a constitué l’une des plus

grandes collections d’art américain,

en particulier minimaliste et pop, au

Royaume-Uni. Les œuvres d’Andy

Warhol, Brice Marden, Cy Twomby,

Donald Judd, Julian Schnabel et

Agnes Martin ont ainsi constitué

Walter Swennen

In memoriam : Décédé le 14 août,

Walter Swennen laisse une œuvre

passionnante et réjouissante. S’il

était peintre, il suivait surtout sa

propre route sans se tracasser des

modes et du marché mais en se

vouant passionnément à son art.

Né à Bruxelles en 1946, après des

débuts de poète et dans le sillage de

la réduction visuelle de l’art conceptuel,

il décide au début des années

1980 d’explorer les possibilités poétiques

de l’art pictural. Au-delà de

l’exécution naïve en apparence

de son œuvre, se découvrent des

sources d’inspiration aussi diverses

que la bande dessinée, la littérature

internationale, les dictionnaires

bilingues et les dessins d’enfants.

© photo : Pauline Colleu / Courtesy

Xavier Hufkens

la base de leur musée privé, ouvert

en 1985 dans le nord de Londres. En

1988, le couple se sépare, Charles

conservant le contrôle de la galerie

et s’intéressant à la scène émergente

des Young British Artists, dont il

deviendra finalement le symbole.

Doris a continué à collectionner

l’art britannique, tout en donnant

des conférences et en contribuant

à divers magazines, développant en

outre un intérêt pour l’architecture,

achetant des plans originaux, des

maquettes et autres accessoires.

© photo : Robert Mapplethorpe

Nicolas Rubinstein

In memoriam : « Rares sont les

artistes contemporains à oser user

d’une dimension comique dans

leur travail. Peu nombreux sont

ceux capables d’y introduire, sans

vulgarité, un aspect rabelaisien et à

savoir tisser, par la conjonction des

deux, une œuvre moraliste, dans le

bon sens du terme : de celles qui

Louis Leloup

In memoriam : Dernier maître-verrier

belge, Louis Leloup est décédé

le 12 août, à l’âge de 96 ans. Né à

Seraing en 1929, il s’inscrit d’abord

au Conservatoire de Liège, rêvant

de devenir chanteur d’opéra. Également

attiré par le travail du verre,

il rejoint les Cristalleries du Val-

Saint-Lambert en 1947 et y gravit

rapidement les échelons, grâce à

son adresse et à sa créativité. Une

dizaine d’années plus tard, placé

à la tête d’une dizaine de verriers,

il conçoit une série de vases et de

coupes dégradées à trois côtés,

présentées à l’Exposition universelle

de 1958. A la même époque,

il introduit le soufflage à plusieurs

cannes, méthode novatrice qui permet

de réaliser des sculptures massives

en cristal, parfois de plusieurs

dizaines de kilos, avancée considérée

comme son apport majeur à

l’art verrier contemporain. Il quitte

le Val-Saint-Lambert en 1971 pour

s’installer dans son propre atelier.

© D. R.

donnent matière à réflexion » : ainsi

la carrière de Nicolas Rubinstein

était-elle résumée par Harry Bellet

dans Le Monde. Décédé à Marseille,

le 19 août, à l’âge de 61 ans.

Ingénieur géologue de formation, il

était inspiré par l’animal mais aussi

par le squelette. Sa série la plus

fameuse, entamée en 2005, détournait

la figure de Mickey pour montrer

à la fois l’enveloppe et l’ossature

des choses. L’os, choisi comme symbole

de vie et de mémoire, devint dès

lors le sujet récurent de son travail

et la base d’un vocabulaire plastique

décliné dans de nombreuses expositions

individuelles et collectives.

© photo : Martin Fraudreau

16


Giorgio Armani

Robert Grosvenor

In memoriam : Créateur emblématique,

longtemps surnommé le ‘‘roi’’,

le styliste Giorgio Armani est décédé

à Milan le 4 septembre, à l'âge de

91 ans. Son influence s’étendait au

monde des arts visuels et, en 2000, il

avait fait l’objet d’une exposition personelle

au Solomon R. Guggenheim

Museum de New York, sous le commissariat

de Germano Celant. Cette

exposition a marqué un tournant

dans la manière dont les musées

abordaient la mode. En plus de

collectionner la photographie et de

soutenir des expositions muséales

internationales, il avait transformé

son entrepôt milanais Armani/Silos

en lieu culturel reliant la mode et

l’art et abritant les archives de ses

créations.

© Shutterstock

In memoriam : Le sculpteur américain

Robert Grosvenor est décédé

le 3 septembre à l’âge de 88 ans. Né

à New York en 1937, il étudie l’art et

le design en Europe. À son retour

aux États-Unis, il rencontre le sculpteur

Mark di Suvero, qui le présente

à d’autres artistes. Ayant commencé

à sculpter dans les années 1960,

ses premières œuvres ont été présentées

dans le cadre de l’exposition

Primary Structure (1966), au

Jewish Museum de New York, et lors

de l’exposition Minimal Art (1968),

au Gemeentemuseum de La Haye.

Au fil de sa carrière, son travail, tantôt

abstrait et géométrique, tantôt

ludique et évocateur de véhicules

ou d’architectures, s’est parfois éloigné

de la sculpture pour se tourner

vers la photographie et les œuvres

sur papier, sa pratique explorant

les complexités de la dynamique

spatiale. Le musée Fridericianum

de Kassel présente en ce moment

(jusq. 11-01-2026) une grande rétrospective

de son travail, défendu en

Belgique par la Galerie Greta Meert.

© photo : John Ferrari

Sylvain Amic

In memoriam : Président des musées

d’Orsay et de l’Orangerie depuis avril

2024, Sylvain Amic est mort brutalement

à 58 ans, le 31 août. Il y avait

succédé à Christophe Leribault, qui

avait pris la tête du château de Versailles.

Né à Dakar en 1967, conservateur

général du patrimoine,

spécialiste des périodes moderne et

contemporaine, Sylvain Amic avait

commencé sa carrière comme instituteur

avant de réussir le concours

de l’Institut national du patrimoine

et d’embrasser la carrière de conservateur

en 1997.

Clément Delépine

Mercato : Actuel directeur de la foire

Art Basel Paris, qu’il a contribué à

lancer, Clément Delépine prendra, à

compter du 17 novembre prochain,

la direction de Lafayette Anticipations,

Fondation d’entreprise Gale-

ries Lafayette, grand laboratoire

d’art contemporain aux expositions

avant-gardistes. Il y « aura pour mission

d’accompagner la fondation, en

étroite collaboration avec son président

Guillaume Houzé, dans une

nouvelle étape de son développement

afin de renforcer son positionnement

sur la scène française

et internationale de l’art contemporain

; la fondation offrira aux artistes

mais également à des personnalités

du design, de la mode, de la scène

littéraire et musicale des moyens

sur mesure pour produire, dialoguer,

expérimenter et exposer leurs

créations. »

© photo : Bettina Pittaluga

Emmanuel

Van de Putte

© D. R.

Mercato : Après avoir dirigé avec

brio l’antenne belge de l’auctioneer

Sotheby’s, Emmanuel Van de Putte,

expert reconnu en art des XIXe et

XXe siècles, venait, au début du

mois de septembre, renforcer de

son talent l’excellence de l’équipe de

la salle bruxelloise Native Auction.

Spécialisée initialement en arts dit

‘‘premiers’’, cette belle enseigne, fondée

en 2011 par Sébastien Hauwaert

et Nicolas Paszukiewicz, loués tant

pour leur professionnalisme que

pour leur discrétion, ne cesse de

prendre du galon et de s’ouvrir à de

nouveaux départements, outre les

arts non-européens, de plus en plus

l’art classique, moderne et contemporain.

© Native

17


Goya

Les tréfonds de l’âme

18


Des sourires moqueurs des

accortes demoiselles peuplant

ses premières œuvres au sombre

autoportrait de sa fin de vie, en

passant par la froide fixité d’un

aristocrate et l’infinie détresse de

pauvres hères, Francisco de Goya

n’a cessé de peindre des visages et

d’y scruter les apparitions versatiles

de l’âme humaine. C’est en cela

qu’il s’impose comme l’un des plus

grands maîtres de tous les temps

et un précurseur du romantisme,

de l’expressionnisme et de la

modernité.

TEXTE : ANNE HUSTACHE

L’Ombrelle, 1777, huile sur toile, 104 x 152 cm. Madrid, Museo del Prado, Inv. P000773.

Parmi toutes les biographies d’artistes,

celle de Francisco de Goya

figure certainement comme l’une

des plus singulières. Le père du

petit Francisco, né en 1746, était doreur, et

l’enfant devint spontanément son assistant.

Ses talents de dessinateur furent très tôt découverts

mais sa formation prit du temps et

ce n’est vraiment qu’âgé déjà d’une quarantaine

d’années qu’il put s’adonner au métier

de peintre, se révélant d’abord dans des dessins

pour cartons de tapisserie et quelques

commandes religieuses. Sa carrière évolua

alors rapidement et il connut de nombreux

succès, aristocrates comme bourgeois

s’arrachant ses portraits. Il s’imposa d’ailleurs

comme peintre de la famille royale,

représentant avec une tendresse inattendue

le roi Charles IV et les siens. Comme bien

d’autres, il fut confronté aux affres de l’Histoire,

mais il en fut profondément marqué,

dessinant et gravant les scènes horribles

que produisent les invasions de soldats et

les ripostes désespérées de la population.

Goya fut progressivement, mais de plus en

plus, hanté par la violence dont l’homme

est capable, au-delà même de tout conflit

extérieur. Ce sentiment, qu’il exprima en

des œuvres terribles, fut sans doute exacerbé

par un coup du sort : en 1792, il fut

frappé par une longue maladie qui le laissa

complètement sourd. Il ne cessa toutefois

jamais de travailler. Francisco de Goya ne

19


fut ni théoricien, ni littérateur, mais d’emblée,

il s’imposa comme un observateur de

l’âme humaine dont il osa peindre toutes les

aspérités. Les yeux sont le miroir de l’âme…

Goya nous en a livré d’implacables preuves.

Portrait de Gaspar Melchor de Jovellanos, 1798, huile sur toile. 205 x 133 cm. Madrid, Museo del Prado,

Inv. p03236.

Les aristocrates, comme les membres

de la bourgeoisie, étaient impatients de

lui commander un portrait. Il eut même

l'honneur de peindre la famille royale.

DE LA PLUS INFINIE DÉLICATESSE…

Fièrement assisse sous une ombrelle, cette

demoiselle nous interpelle avec son petit

air mutin. Le regard pétille, non seulement

parce qu’il émane d’une jolie jeune

fille habillée de vêtements aux textures

chatoyantes, mais parce qu’il se dérobe

mystérieusement dans la légère pénombre

projetée par l’objet qui donne son titre au

tableau. En outre, cette obscurité s’étend

sur un mur gris, étrange dossier parallèle

au buste redressé de la demoiselle. Chef

d’œuvre issu de l’une des séries de cartons

de tapisserie réalisés par Goya, L’Ombrelle

traduit l’assimilation par le peintre, au

début de sa carrière, des courants baroque

et classique et, surtout, de l’originalité dont

il fait déjà montre en opposant le sombre

et le lumineux, scellant ainsi la vitalité

spontanée qui agite délicieusement ce

tableau. Autre visage, autre genre de personnage,

même regard interrogateur : le

Portrait de Gaspar Melchor de Jovellanos

(1798), avec sa tête reposant sur sa main,

le corps penché sur sa table de travail,

montre un ministre en pleine réflexion, en

proie peut-être au doute. Voici l’une des

œuvres qui témoigne le mieux de l’acuité

du peintre à transmettre la psychologie de

son sujet. Outre les éléments cossus, qui

reflètent le rang social et le métier exercé

par ce protecteur et ami du peintre, la

touche légère et dorée, qui circonscrit une

sculpture allégorique posée sur la table,

confère à celle-ci une allure fantomatique.

Jovellanos était un homme de pouvoir,

mais ce n’est pas vraiment cet aspect qui

nous est livré, plutôt celui d’un être en

proie à la nostalgie. Courtisan, Goya fut

adulé pour ses portraits : il sut en peindre

de fastueux, et d’autres plus intimes. Il

osa des poses inédites, sublimées par une

touche demeurée longtemps délicate

mais devenue plus âpre avec les années. Et

d’ailleurs, au fil des ans, il élimina les objets

symboliques de la richesse et du rang

social du sujet pour se concentrer sur sa

personnalité. Goya peignit aussi des gens

de toutes conditions, comme Le rémouleur

et, lorsque la situation politique raréfia

les commandes prestigieuses, il s’adonna

un temps à la nature morte. Mais est-il

vraiment mort cet animal dont la tête

20


Goya n’a cessé de

peindre des visages

et d’y scruter les

apparitions versatiles

de l’âme humaine.

repose sur la table de cette Nature morte

avec des côtes et une tête d’agneau ? Loin

des compositions austères d’un Francisco

de Zurbaran ou d’un Sanchez Cotan, cette

huile sur toile, réalisée vers 1808, dérange

par l’étrange vie qui y palpite encore,

avec le gros œil de l'agneau qui semble

nous scruter. Cette tête, comme les côtes

qui la flanquent, font songer à certains

monstres qui peuplent les Caprices et aux

corps mutilés qui apparaissent dans les

Désastres de la guerre. Ici, l’œil en larme

de la bête impose d’emblée son statut de

victime éternelle.

… À LA VIOLENCE LA PLUS EXTRÊME

Cette gravure, Ya no hai tiempo, issue

des Désastres de la guerre, illustre bien le

propos du recueil. Nul besoin de détails

pour comprendre l’horrible ‘‘anecdote’’

ici évoquée. C’est dans les regards des

protagonistes que tout se joue. Celui de

la femme, dressée au centre et dont les

yeux supplient le chef mamelouk face

à elle : ils l’exhortent à stopper le soldat

qui se trouve à sa gauche et qui s’apprête

à émasculer un cadavre. Les yeux de

cette brute témoignent de l’impatience à

passer à l’acte. La composition, les poses,

l’opposition des zones blanches et noires,

tout concourt à renforcer un dialogue

muet, mais qui nous fracasse les yeux.

L’impact direct des gravures de Goya ne

tient pas uniquement à l’horreur de leur

thématique – le peintre produisit nombre

d’œuvres relatant des altercations violentes

–, mais à la force implacable des

Une solide cote

Les peintures de Francisco de Goya

sont estimées entre 350.000 et

près de 13 millions d’euros pour les

œuvres les plus appréciées. Son

record de ventes date de 2023, avec

une adjudication à 12.843.628 euros

pour deux huiles sur toile, Portrait

de Doña María Vicenta Barruso

Valdés et Portrait de sa mère Doña

Leonora Antonia Valdés de Barruso.

Les dessins et aquarelles de l’artiste

se vendent entre 200 et 2.500.000

euros. Ainsi, le record est détenu

par un lavis intitulé Bajan Riñendo

ou Vision de Bajar Riñendo, adjugé

2.521.600 euros. Les estampes et

lithographies sont estimés entre

2.000 et 877.000 euros pour les

pièces les plus rares. (ah)

Nature morte avec des côtes et une tête d'agneau, 1808-1812, huile sur toile, 45 x 62 cm. Paris, Musée du Louvre, Inv. RF 1937-120.

21


moyens plastiques avec laquelle elles ont

été réalisées, dans l’opposition de l’ombre

et de la lumière, la justesse des poses, la désolation

du lieu. Parmi les très nombreuses

œuvres de Goya, une d’elles semble avoir

pour unique sujet le regard, soit ce que l’on

contemple, avec attention, voire curiosité,

mais sans rien d’autre, sans idée préconçue,

sans distraction extérieure à ce que

l’on observe : voilà, ce que fait Le Chien,

peint au premier étage de la ‘‘Maison du

Sourd’’, dans la périphérie de Madrid, où

vécut l’artiste de 1819 à 1824. Le maître y

a recouvert les murs de scènes étranges,

certaines au sujet traditionnel (comme

Judith et Holopherne), tandis que d’autres

atteignent des sommets de cruauté :

Saturne dévorant l’un de ses enfants,

Duel au gourdin… Les teintes de toutes,

particulièrement sombres et terreuses,

ainsi que le dessin nerveux, la touche

empâtée et les compositions serrées

ont valu à ces œuvres leur qualificatif de

‘‘peintures noires’’. Parmi ces œuvres, Le

L’impact direct des gravures de Goya

ne tient pas à uniquement à l’horreur de

leur thématique, mais à la force implacable

des moyens plastiques avec laquelle elles

ont été réalisées.

Chien semble soudainement plus rassurant,

plus lumineux. Pourtant, à l’époque,

un tel sujet (une tête de chien) n’existe pas

en peinture, pas plus qu’une telle composition

: seule, une tête apparaît entre deux

larges zones de couleurs monochromes,

séparées par une courbe ascendante.

Cette sobriété, ce minimalisme invite à se

demander : mais à quoi s’intéresse cet animal

? Qu’est-ce qui attire ses yeux vers le

haut ? En somme, qu’à fait Goya, si ce n’est

regarder autour de lui le bal de la comédie

humaine, de ces riches et de ces pauvres,

de ces êtres en quête d’amour, mais emplis

aussi de violence, et tout autant de frayeur

de la mort qui rôde ? Au cours de sa vie, il a

peint plusieurs autoportraits qui, comme

le fit Rembrandt, scrutent la vieillesse qui

s’installe petit à petit, délitant la fringante

jeunesse. Mais, de toutes ces œuvres

immenses, c’est ce petit chien, en affûté

scrutateur, qui semble traduire le mieux

cette quête insatiable.

Ya no hai tiempo, 1810-1814, gravure numéro 9 de Les Désastres de la guerre. Madrid, Museo del Prado.

22


Le peintre osa

des poses inédites,

sublimées par une

touche demeurée

longtemps délicate

mais devenue plus

âpre avec les années.

Europalia España

Quatre décennies après une

première édition en 1985, Europalia

déploie (du 08-10 au 01-02-2026)

un programme pluridisciplinaire

alliant patrimoine et formes d’art

contemporain, mettant en lumière

la richesse culturelle de l’Espagne, à

travers les arts visuels, l’architecture,

le théâtre, la danse, la musique, la

performance, le cinéma et la littérature.

Au total, ce sont pas moins de

100 événements qui réunissent plus

de 170 artistes à travers toute la Belgique.

Parmi les expositions, outre

celle consacrée à Goya, le MAC’s

d’Hornu, convie (du 14-12 au 15-05)

l’œuvre multidisciplinaire de Cristina

Garrido (1986), qui questionne les

définitions de l’art des points de vue

culturel, numérique et institutionnel.

Toujours à Hornu, le CID consacre le

design espagnol avec une rétrospective

du travail de Patricia Urquiola

(du 14-12 au 26-04-2026), dont les

meubles, objets, accessoires, textiles

et céramiques se distinguent par

une approche de la matière transfigurée

par la couleur et le motif.

Focus contemporain également à la

Villa Empain, qui accueille (du 19-11

au 10-05-2026) Elsa Paricio (1985),

tandis que De Garage, à Malines,

présente (du 11-10 au 04-01-2026)

l’œuvre d’Iván Zulueta (1943-2009).

Dans une perspective plus historique,

qui rappelle que les Pays-Bas

du Sud furent aussi espagnols, le

musée royal de Mariemont remet

en lumière (du 22-11 au 10-05-2026)

la figure de Marie de Hongrie (1505-

1558), sœur de l’empereur Charles

Quint et fine stratège, qui avait fait

de ce domaine du ‘‘mont de Marie’’,

à Morlanwelz, un pavillon de chasse

et eut une influence durable sur les

arts et les lignes de partage des territoires

européens.

www.europalia.eu

Le Chien, 1819-1823, huile sur plâtre transférée sur toile, 131,5 x 79,3 cm. Madrid, Museo del Prado,

Inv. Gassier-Wilson 1621.

VISITER

Luz y sombra. Goya et le réalisme espagnol

du 08-10 au 11-01-2026

Bozar

Bruxelles

www.bozar.be

LIRE

Goya. The Complete Prints,

Taschen, Cologne, 2025,

ISBN 978-3-8365-8151-6,

100 €

23


L’ARTISTE DU MOIS

Hadrien Bruaux

Dans cette série, COLLECT s’intéresse à la place occupée par les jeunes

artistes dans le monde contemporain. Pourquoi ont-ils choisi cette voie,

d’où leur vient leur inspiration et comment se positionnent-ils ?

Ce mois-ci, place au Namurois Hadrien Bruaux (1991).

TEXTE : ELIEN HAENTJENS

PORTRAIT : GUY KOKKEN

Dans son œuvre, Hadrien Bruaux

explore les limites entre présent

et passé et s’interroge sur ce à

quoi notre avenir ressemblera :

« L’Histoire est essentiellement écrite par

les gagnants. C’est l’une des raisons pour

lesquelles je me concentre sur des objets

usuels ‘‘abîmés’’, auxquels plus personne

ne s’intéresse. Et si nous considérions ce

genre d’objets et de personnes comme

des ‘‘vainqueurs’’, à quoi ressemblerait

cette histoire alternative ? » La collection

occupe une place centrale dans sa

pratique : « J’ai une forte prédilection

pour le résidu, le fragmentaire et le petit

objet. Chacun d’eux possède une microhistoire.

Ils révèlent un lieu spécial et la

nécessité de créer quelque chose qui n’a

pas encore existé. À cet égard, j’ai des

affinités avec les historiens, archéologues

et antiquaires, qui analysent les artefacts

selon une méthode spécifique. Je trouve

en général des objets abandonnés dans

la rue ou en fin de marché, sur la place du

Jeu de Balle. C’est fascinant de découvrir

ces objets de toutes les époques. Il arrive

qu’ils remplacent le ciment entre les

pavés et jouent ainsi un autre rôle. Cette

métamorphose les fait revivre. » Avec Les

règnes invisibles (2021-2025), il explique sa

philosophie dans une série de sculptures

exposées à l’ISELP, à Bruxelles. La série se

compose d’artefacts conservés dans une

vitrine : « Inspirée par le contexte muséal,

la vitrine souligne le caractère précieux de

l’objet et sa conservation dans la durée.

Je questionne ce que nous conservons

ou non et l’image que cela renverra de

notre époque, dans le futur. Il y a aussi des

objets que nous ne souhaitons peut-être

pas garder, mais qui nous survivront longtemps

malgré tout, comme les déchets

nucléaires. » L’artiste se réfère, de manière

récurrente, au spirituel ou au religieux

dans Les règnes invisibles, avec cette

Vierge en verre et sa crypte ou ces figures

rituelles brutalistes, d’apparence africaine :

« S’il faut porter un regard critique sur

le rôle de la religion dans notre société,

j’y vois aussi des côtés positifs, comme

un encouragement à l’introspection et

au calme. Des codes utilisés dans l’architecture

religieuse naissent un sentiment

d’importance. Je rêve de créer une expérience

similaire, dans une chapelle monumentale

élaborée à partir de déchets, qui

peut inciter le spectateur à réfléchir aux

préoccupations actuelles et dévoile ce qui

finit ou non au musée. »

24


L’ARTISTE DU MOIS

Ut vellecu sandell uptatur aditatur repre inctur, excere

laborerum voloriatia et reptaecto et rem. Et

Les règnes invisibles, 2021, deuxième édition, technique mixte, 30 x 30 x 30 cm. © de l’artiste – Prix : 3.600 €

rhard Richter, Christian Boltanski et Anselm

Kiefer. L’œuvre du photographe espagnol

Joan Fontcuberta a touché récemment

une corde sensible. Elle questionne ce

qui est réel ou non à notre époque. L’idée

consistant à ‘‘voir d’abord, croire ensuite’’

confère un rôle crucial à l’image. C’est

pourquoi je me suis plongé, ces dernières

années, dans une philosophie de l’image,

notre relation à l’illustration, à l’image.

Dans mon travail, je souhaite inviter les

spectateurs à porter un regard actif. Je lui

fournis des éléments ou des mots, sans

jamais lui dire ce qu’il voit exactement.

Il doit créer sa propre histoire avec les

pièces de ce puzzle, sans se contenter de

consommer passivement l’image. » Ces

dix dernières années, Hadrien Bruaux a

surtout exposé dans des contextes institutionnels

: « Quand je regarde autour

de moi, je vois deux types d’artiste. Ceux

qui nouent rapidement des liens avec une

galerie et ceux qui construisent plutôt leur

œuvre à coups de subventions publiques

ou de projets muséaux. Si je ne privilégie

ni l’une ni l’autre piste et demeure ouvert

à toute opportunité, je tiens beaucoup

à préserver ma liberté artistique, afin de

réfléchir à notre réalité et agir conformé-

« Je veux inciter le

public à porter un

regard actif »

LA PEINTURE COMME ARTEFACT

Si Hadrien Bruaux crée aussi bien des

sculptures et des installations que des collages

et des tableaux, il a étudié la peinture

à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles :

« Je ne prête plus autant d’attention au

support que j’utilise. La diversité rend

tout passionnant, alimente ma créativité

et me permet de continuer à découvrir de

nouvelles possibilités. À l’heure actuelle,

j’expérimente, sur de petits formats et sur

du bois, des techniques de peinture plus

stratifiée où le geste de peindre et d’effacer

est crucial. Je considère la peinture

non seulement comme une image sur une

toile, mais aussi comme un artefact porteur

d’histoire. Dans une série antérieure,

plus figurative, j’ai traduit des tableaux

des musées du Vatican, entre autres l’une

des plus anciennes représentations du

Christ, en un langage visuel contemporain,

influencé par les réseaux sociaux. L’exécution

peu tactile, où je fais disparaître

entièrement la toile, s’inscrit dans notre ère

numérique. Pour la série Digression (2020),

où j’ai scanné des plantes ramassées au

bord des chemins et les ai transformées,

à l’aide d’objets trouvés, en compositions

apparemment artificielles, j’ai aussi étudié

les possibilités de la numérisation. Comme

tout est mis sur un même plan, l’œuvre

questionne les limites entre plastique et

matériau organique. » Ces quinze dernières

années, divers artistes lui ont emboîté

le pas : « J’apprécie la vision de Gement

à mes convictions philosophiques.

Dans les prochains mois, je vais explorer

les possibilités d’œuvres monumentales et

de travail dans l’espace public. La littérature

et la recherche demeurent des éléments

centraux. (…) Ces dernières années,

j’ai vendu moi-même des œuvres. Si, au

début, il m’était parfois difficile de prendre

du recul, je me réjouis que ces œuvres

aient pu entamer une nouvelle vie ailleurs.

Les collectionneurs ont souvent l’œil pour

choisir d’emblée les meilleures. »

SURFER

www.hadrienbruaux.com

25


26

Erwin Olaf

La liberté avant toute chose


Skin Deep, Reclining Nude No. 05, 2015. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam

27


Deux ans après sa disparition,

le Stedelijk Museum d’Amsterdam

rend hommage au photographe

néerlandais Erwin Olaf. A ce

propos, le commissaire Charl

Landvreugd explique : « En voyant

ses dernières œuvres, on se dit :

‘‘cela ne peut être vrai, comment

ai-je pu faire ça ?’’ »

TEXTE : BEN HERREMANS

Son décès était annoncé, mais il est

mort de manière plutôt inattendue.

Un emphysème pulmonaire

avait été diagnostiqué en 1996

chez le photographe internationalement

reconnu Erwin Olaf (1959-2023). La maladie

écourta son espérance de vie, avec son

décès soudain, quelques semaines après

une transplantation pulmonaire apparemment

réussie. Shirley den Hartog confirme

qu’Erwin Olaf était plutôt conscient de sa

fin proche. Elle l’a accompagné pendant 28

ans en tant que partenaire commerciale

et directrice de l’Erwin Olaf Studio : « Les

huit dernières années de sa vie se sont

écoulées en grande partie dans la hantise

de mourir. Ce qui explique son travail

acharné pendant cette période : le besoin

de créer, car il sentait la fin venir. Après le

diagnostic, il a décidé de mettre un terme

aux commandes commerciales et de se

concentrer sur l’art. Erwin a voulu jusqu’à

la fin rester sur place et explorer ses limites.

En 2020, il tournait la série Im Wald

dans les Alpes bavaroises. Nous y sommes

allés avec des bouteilles d’oxygène et un

médecin. Il est ensuite retourné en studio

pour Muzes, des portraits de ses muses.

Certaines choses n’étaient plus possibles,

mais il voulait poursuivre son travail. Nous

avons donc privilégié la rapidité : faire

maintenant tout ce qui ne pourrait plus

l’être dans quelques mois. Erwin ne s’est

alors plus arrêté de travailler. »

Self-Portrait, I Will Be, 2009. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam

TESTAMENT

Nous avons pensé à l’après, précise Shirley

den Hartog : « Erwin s’est plongé dans ses

archives, y a opéré une sélection dans les

négatifs, fait procéder à une impression

référentielle de clichés devant paraître

dans des ouvrages, décidé de ce qui serait

montré ou non, dans le cadre d’expositions

post-mortem. Nous avions un plan

clair de ce qu’il nous appartiendrait de

faires alors. » Lorsque l’heure est venue,

Shirley den Hartog n’a connu aucun répit :

« Sans que je le sache, au dernier moment,

Erwin avait modifié son testament. Il en

avait retiré tout ce qui concernait l’héritage

de son œuvre. Ne demeurait plus

qu’un entrefilet indiquant qu’il me léguait

tout avec la précision : ‘‘elle connaît mes

volontés’’. Il s’agissait d’un immense

témoignage de confiance, mais qui m’a

fait paniquer. Je suis alors partie plusieurs

semaines en Thaïlande pour réfléchir : qui

était Erwin Olaf ? Quel est son héritage ? »

Mais qui était-il ? « À mes yeux, c’était

un artiste à 70 %, un activiste à 20 % et à

10 % quelqu’un qui aimait ne rien faire et

appréciait les vacances. Je pouvais conserver

ce côté artistique, car ses œuvres se

trouvaient déjà dans l’Erwin Olaf Studio.

Concernant l’activisme, j’ai mis sur pied

l’Erwin Olaf Foundation, qui œuvre pour

l’égalité, la liberté et la diversité, soutient

des projets en faveur d’une société

émancipée et offre à de jeunes créateurs

la chance de se former. Cette fondation

n’était pas un souhait d’Erwin, mais je

l’inscris volontiers dans son héritage. Et

vous savez quoi, je dois encore réaliser

moi-même ces 10 % de farniente et de

vacances, mais ce sera pour plus tard. »

28


« La maîtrise prend

du temps, mais exige

une certaine maturité.

Pour comprendre cela,

il faut approcher le

sujet ou la discipline

sous divers angles »

CHARL LANDVREUGD

© Boudewijn Bollmann

Chessmen V, 1988. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam

INTUITION

Le farniente n’est donc pas pour demain,

à en juger par la liste des tâches qui l’attendent

: « Prenez, par exemple, l’archivage

de ses œuvres. Toujours à l’ordre du jour,

mais toujours en friche. Les musées ont

acquis un grand nombre de ses œuvres.

Cinq cents se trouvent au Rijksmuseum,

grâce à un don fait de son vivant, pour une

partie d’entre elles réalisées jusqu’en 2015 ;

il fut l’un des premiers artistes vivants à

intégrer la collection du Rijksmuseum.

De nombreuses œuvres se trouvent dans

des collections privées. Nous savons où

tout se trouve grâce aux onze galeries

qui le représentent, entre autres à Paris,

Londres, New York, Toronto, Shanghai,

Séoul et Mexico City. » Ces galeries suivent

aussi sa cote: « Je ne consulte moi-même

ces valeurs marchandes que de temps à

autre. Un Erwin Olaf peut se vendre 5.000

ou 40.000 euros ; tout dépend de l’estimation.

En France, au Japon et en Corée, sa

cote est très élevée. Ces dernières années,

les prix se sont stabilisés. Cette dimension

ne fait pas partie de mes priorités car les

galeries veillent au grain. » Selon elle, les

œuvres d’Erwin Olaf ne risquent pas de

tomber rapidement dans l’oubli : « Erwin

est connu pour sa photographie mise

en scène et dirigée. Mais, il se montrait

parfois impulsif et réagissait à l’actualité. Il

m’arrivait alors de me demander : ‘‘de quoi

diable parle-t-il ?’’ Je ne partageais pas

toujours son activisme avec la même intensité.

Aujourd’hui, je constate qu’il possédait

une sacrée intuition. » Shirley den

Hartog est très satisfaite de l’exposition du

Stedelijk Museum d’Amsterdam : « C’était

un projet colossal, mais j’en suis fière et je

pense qu’Erwin le serait également. Le Stedelijk

a eu la bonne idée de choisir Charl

Landvreugd comme commissaire. Il a une

vision novatrice et originale du travail d’un

artiste en général. »

TRAJECTOIRE DE DÉVELOPPEMENT

Lorsque la direction du Stedelijk lui a

demandé d’organiser une exposition sur

Erwin Olaf, le commissaire Charl Landvreugd

a hésité : « Beaucoup d’aspects

constituent la personnalité d’Erwin Olaf.

Une exposition traitant de quelqu’un

d’aussi extraordinairement populaire est

par définition une tâche herculéenne.

Chacun a sa propre vision de l’œuvre. Je

ne peux pas m’y plier. Il me faut montrer

ce qui nécessite de l’être. » Ce qui veut

dire ? « Je voulais organiser une exposition

qui mette en valeur le talent artistique

Nederlands Dans Theater 01, 2009. © Estate Erwin

Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam

29


Palm Springs, The Kite, Still Life, 2018. © Estate Erwin Olaf /

Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam

Ten Butterfly Box, 1991-1993, zuiver goud, staal en magneten. © De kunstenaar. Foto: John Bigelow

Taylor.

Mature, Cindy C. 78, 1999. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam

« Erwin a voulu

jusqu’à la fin rester

sur place et explorer

ses limites »

SHIRLEY DEN HARTOG

© Studio Erwin Olaf

d’Erwin Olaf et l’évolution de son savoirfaire

au fil des années. Nous avons ensuite

discuté des aspects pratiques comme le

cadrage, la lumière, l’utilisation du papier ;

de technique : le passage de l’analogique

au numérique, par exemple ; ou d’impression

: à un moment, il a opté pour le tirage

au baryum car il s'approche le mieux de la

réalité de la peau et de ses diverses teintes.

Je voulais montrer qu’une évolution

s’est opérée. Chaque œuvre constitue un

polaroïd de l’instant, un pas vers l’œuvre

suivante. Il vous faudra regarder la trajectoire

dans son ensemble, déployée sur

plusieurs décennies pour accéder enfin à

une maîtrise absolue. Cette maîtrise prend

du temps, mais exige une certaine maturité.

Pour comprendre cela, il faut approcher

le sujet ou la discipline sous divers

angles. Cette exposition tente de montrer

la trajectoire de développement d’Erwin

Olaf en terminant avec ses dernières

œuvres, d’une grande simplicité mais dont

la maîtrise technique est si parfaite qu’elle

fait dire : ‘‘cela ne peut être vrai, comment

ai-je pu faire ça ?’’ Toutes ces étapes sont

nécessaires pour répondre à la question. »

Le projet paraît ambitieux. Charl Landvreugd

: « Celui ou celle qui viendra visiter

cette exposition pour découvrir les temps

forts de la carrière d’Erwin Olaf, sera peutêtre

déçu. Il y en aura certes beaucoup,

mais leur présentation sera insolite. On

ne verra pas de série complète disposée

sur un beau mur coloré. J’ai examiné à

fond chaque série et me suis demandé ce

qu’Erwin Olaf avait essayé de prouver. Cela

varie d’une série à l’autre. Chaque artiste

sait que, dans une série de huit ou neuf

œuvres (dessins, tableaux, sculptures, photos,

etc.), une seule dit exactement tout ce

qu’il a voulu exprimer. Dans chaque série,

j’ai recherché cette œuvre cardinale. Je ne

l’ai pas interprétée comme de la photographie

pure et simple qui n’est, par essence,

qu’une méthode de travail, un mode

d’expression, non un but. Une question me

turlupinait : ‘‘pourquoi fais-tu ça ? Quelle

est ta motivation ?’’ En concertation avec

le Studio Erwin Olaf, nous avons trouvé

comme réponse la liberté individuelle.

C’est la raison pour laquelle Erwin Olaf

fut toujours contesté, souvent âprement.

Dans son œuvre, il a exploré cette liberté

de diverses manières. Que signifiait-elle

pour lui ? D’où le titre de l’exposition :

Freedom. »

30


L’exposition souhaite mettre en valeur le

talent artistique d’Erwin Olaf et l’évolution

de sa maîtrise au fil du temps.

INTERACTION

L’organisation d’une exposition suit aussi

une trajectoire de développement : « En

tant que commissaire, je tente de rendre

justice à l’artiste de manière intègre, non

seulement pour moi, mais aussi pour le

musée. Une manière qui s’inscrit dans mes

propres modèles de pensée et de présentation.

Pour moi, les expositions découlent

de l’artiste et de son environnement. » Le

commissaire qualifie d’intensive la collaboration

avec le Studio Erwin Olaf : « Je

n’ai pas la fatuité de penser que je connais

toute son œuvre. Ce fut une interaction

permanente. Chaque fois que je revenais

au studio, je m’interrogeais : ‘‘y a-t-il une

meilleure image ?’’ Ils m’en envoyaient,

après quoi je pouvais filtrer, organiser,

regrouper, diviser les salles. Je n’ai encore

jamais vu un studio travailler aussi dur. Ils

croyaient au projet. De nouvelles photos

émergeaient chaque jour. Littéralement

chaque jour. À un moment donné, j’ai dit à

Shirley : ‘‘il faut arrêter.’’ » Charl Landvreugd

procède toujours de la même façon.

Car, estime-t-il, l’artiste est ‘‘l’expert’’, et

il se contente d’en tirer le meilleur parti

de façon à ‘‘tourner le miroir vers lui au

moment où le soleil brille’’ : « Erwin Olaf

avait toutes les compétences techniques

requises pour vous faire découvrir la

beauté de ses images. Si vous ne dépassez

pas ce stade, vous ne verrez pas ce qui se

passe sous l’image. » Si chaque cliché prélude

au suivant, comment la conscience

qu’il n’y aura pas de suite colore-t-elle la

perception de son œuvre ? « Je n’ai aucune

réponse. Il appartient au visiteur de trouver

la réponse, ce qui rejoint la logique

élaborée vers la fin par Erwin Olaf. Car il y

a dans l’œuvre d’un artiste non seulement

une évolution technique, mais aussi une

maturité psychologique. Dans son œuvre,

il y a une période durant laquelle il a voulu

raconter une histoire et faire passer un

message. Ensuite, il a pris davantage de

recul par rapport à cette attitude. » À quel

moment une exposition est-elle réussie

selon Charl Landvreugd ? « Lorsque

la plupart des proches de l’artiste sont

satisfaits. Lorsque sa famille, ses amis et

les membres du studio pensent : ‘‘il aurait

aimé ça’’. C’est alors le meilleur des compliments.

»

VISITER

Erwin Olaf. Freedom

du 11-10 au 01-03-2026

Stedelijk Museum

Amsterdam

www.stedelijk.nl

LIRE

Coll., Erwin Olaf: Freedom, Hannibal, Furnes,

2025, ISBN 978-9-4934-168-5, 69,95 €.

Palm Springs, American Dream, Self-Portrait with Alex I, 2018. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos Amsterdam

31


ZOOM

Luc Delahaye

Tableaux d’histoire

Le Jeu de Paume présente une quarantaine de photographies en

grand format de Luc Delahaye. Si cela peut paraître peu de la part

de celui qui fut un photographe de guerre renommé, c’est en fait

révélateur d’un manière de montrer les soubresauts de la planète,

entre art et information, apparue dès la fin du XXe siècle en réaction au

photojournalisme spectaculaire dont il fut un ardent promoteur.

TEXTE : JEAN-MARC BODSON

Luc Delahaye (1962) est devenu photographe

au début des années 1980.

Il s’orienta vers le photojournalisme

et, en une dizaine d’années, devint

un photoreporter de guerre réputé. Assez

logiquement, en 1994, il rejoignit l’agence

Magnum Photos, fondée en 1947 au beau

milieu de l’âge d’or de la presse illustrée.

Evidemment, à son arrivée un demi-siècle

plus tard dans la prestigieuse coopérative,

cette époque faste où le tirage de magazines

comme Life atteignait jusqu’à deux

millions d’exemplaires était révolue depuis

longtemps. L’entrée en masse des télévi-

Camp de réfugiés de Jénine, 2002. © Luc Delahaye / Courtesy Galerie Nathalie Obadia

32


ZOOM

Entre 2001 et 2005, Luc Delahaye a utilisé un

appareil photo panoramique dont le large

champ de vision crée une distance avec le

sujet et laisse place à l'interprétation.

seurs dans les foyers avait balayé le modèle

économique de l’info par l’image et, avec

lui, une façon humaniste d’appréhender

le monde par la photographie. Affranchis,

parfois malgré eux, du formatage des

récits courts et spectaculaires du reportage,

nombre de photographes se tournèrent

dès lors vers le documentaire, de

format plus long et de style plus sobre, et

cherchèrent dans le champ de l’art et de

son marché d’autres supports de diffusion

que celui de la presse. C’est la voie choisie

par Luc Delahaye qui, dès la fin des années

1990, publia des livres d’auteurs tels que

Portraits/1 ou Mémo, respectivement

portraits de sans-abris réalisés dans des

Photomatons et portraits de victimes de la

guerre en Bosnie extraits des pages nécrologiques

d’un journal de Sarajevo. En 1999,

il publiait L’Autre, une série de portraits de

voyageurs du métro parisien pris à leur

insu à l’instar de ceux que réalisa Walker

Evans à New York, entre 1938 et 1941.

Ces trois ouvrages, qui témoignent d’une

volonté d’effacement de l’opérateur, de

dépersonnalisation du regard, l’inscrivent

précisément dans la lignée du grand photographe

américain qui, pour rappel, est

considéré avec August Sander comme le

fondateur du ‘‘style documentaire’’.

LES DÉSORDRES DU MONDE

En tous cas, ses stratégies d’évitement

préfiguraient un travail dans lequel il

intensifia, dès 2001, ce rapport singulier au

réel, comme le souligne la présentation de

cette exposition au Jeu de Paume : « Depuis

vingt-cinq ans, ses photographies, le

plus souvent de grandes dimensions et en

couleur, proposent une représentation des

désordres du monde contemporain. De

la guerre d’Irak à celle d’Ukraine, d’Haïti

à la Libye, des conférences de l’OPEP à

celles de la COP, Delahaye explore le bruit

du monde et les lieux censés le réguler. »

Ceci dit, en un quart de siècle, le travail

de l’artiste a considérablement évolué.

Entre 2001 et 2005, il a utilisé un appareil

panoramique dont les images à l’angle de

vision élargi induisent une mise à distance

du sujet et une lecture ouverte qui,

soulignons-le, peuvent s’avérer désarmantes

pour le spectateur. En atteste, par

exemple, l’image glaçante et pourtant ô

combien banale de Slobodan Milošević

prise lors de son procès au Tribunal Pénal

International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY)

de La Haye, en 2002. Tout au fond de la

salle, l’ex-dictateur semble n’avoir pas plus

d’importance que le mobilier, alors que

l’on sait sa responsabilité dans les crimes

de guerre. En atteste aussi, cette vue apocalyptique

du camp de réfugiés de Jénine,

la même année. Ceci particulièrement

lorsque l’on compare le chaos des ruines

qui la traversent à l’ordonnancement

rigoureux d’une réunion, un an plus tard,

d’un Conseil de Sécurité de l’ONU dont

on constate encore aujourd’hui l’efficacité

toute relative. Après 2005, le photographe

est passé aux compositions numériques. À

partir de multiples prises de vues, souvent

mises en scène, « il cherchait, nous dit-on,

à capter la complexité d’une situation

dans une seule image, tout en conservant

une ambiguïté fondamentale, refusant

toute interprétation univoque ». Il est vrai

qu’avec le temps, l’artiste voyagea moins ;

l’ordinateur devint son principal outil et

sa pratique s’apparenta davantage à celle

d’une écriture picturale. Avec son travail

de vidéo et la recherche « d’images affranchies

à la fois de la subjectivité de l’auteur

et de la contingence du réel », le basculement

vers la création plastique s’est avéré

complet et assumé. C’est donc l’œuvre

d’un artiste contemporain, bien plus que

celle d’un photographe, qu’on est convié à

découvrir à Paris.

L’atelier, lieu de

solitude et de

composition, devient

le laboratoire de

développement

d’une image

essentiellement

pensée.

VISITER

Luc Delahaye. Le bruit du monde

du 10-10 au 04-01-2026

Jeu de Paume

Paris

www.jeudepaume.org

33


Peter Doig

Comme jamais auparavant

De grandes toiles représentant un

canoë ballotté par les flots, une

maison désolée ou une silhouette

solitaire dans la neige : voilà ce

qui a fait de Peter Doig l’un des

peintres britanniques les plus

influents et les plus chers. Il n’a

pas peur de se lancer dans ce

qu’il n’a encore jamais fait. House

of Music, à la Serpentine South

Gallery de Londres, présente un

environnement de haut-parleurs

de cinéma diffusant sa propre

playlist dans l’exposition de ses

œuvres nouvelles et anciennes.

Un projet qui illustre le rôle de la

musique, du cinéma et des lieux

de rencontre dans sa pratique

artistique.

TEXTE : CHRISTINE VUEGEN

Maracas, 2002-2008, huile sur toile, 290 x 190 cm. © de l’artiste / Courtesy Serpentine

La musique accompagne depuis

longtemps l’œuvre picturale de

Peter Doig (1959), tantôt comme

thème, tantôt comme source

d’inspiration. Il en écoute généralement

lorsqu’il peint, seul. Artiste reconnu à

l’international, Peter Doig ne dispose toutefois

pas d’une armée d’assistants. Depuis

2021, il vit à nouveau à Londres. En 2002,

il s’était installé avec femme et enfants

sur l’île de Trinidad, dans les Caraïbes.

Un retour aux sources pour l’artiste, né à

Édimbourg en Écosse, qui déménageait

deux ans plus tard avec ses parents à

Trinidad et, quelques années plus tard,

au Canada, où il a grandit. En 1979, pour

34


L’oeuvre révèle l’artiste

Le tableau Maracas

évoque un temple

dans la jungle, un

rituel à une divinité,

un monument tribal.

sa formation artistique, il s’est installé à

Londres, patrie de ses groupes punk préférés.

À 66 ans, Peter Doig associe, pour la

première fois, peinture et son. Des installations

de haut-parleurs restaurés provenant

de salles de cinéma diffusent une sélection

de sa collection de vinyles, de cassettes

et de CD. Il a également invité des special

guests comme Brian Eno, Ed Ruscha, Lizzi

Bougatsos et d’autres pour des sessions

d’écoute en direct de leur propre playlist.

Peter Doig adore créer des lieux de

rencontre. Dans son atelier de Laventille,

sur l’île de Trinidad, il dirigeait un Studio-

FilmClub, très fréquenté. Car le cinéma

est aussi une de ses grandes passions. Des

haut-parleurs apparaissaient déjà dans le

tableau Maracas (2002-2008). Peter Doig y

représentait une scène qu’il avait observée:

un homme juché sur une tour monumentale

de haut-parleurs. Maracas est une

plage populaire de Trinidad, où il est courant

d’ériger ce type de structures sonores

durant les beach parties. L’artiste prend

pour point de départ un élément du quotidien,

qu’il métamorphose en autre chose.

Ce tableau évoque, tour à tour, un temple

dans la jungle, un rituel dédié à une divinité

ou un monument tribal. Pourtant, il

s’agit aussi d’une abstraction géométrique.

Expériences personnelles, photographies

trouvées ou prises par l’artiste, souvenirs

et imagination, figuration et abstraction,

clins d’œil à l’histoire de l’art (Gauguin,

Matisse et une foule d’autres maîtres) s’entrelacent

dans une scène toujours mystérieuse,

chargée de tensions sous-jacentes,

un puissant paysage à l’huile. Les tensions

entre civilisation humaine et nature traversent

fréquemment son œuvre et sont

également perceptibles dans Maracas.

ATMOSPHÉRIQUE

« Les chansons peuvent être très visuelles

», explique Peter Doig. « Je m’intéresse

à ce qu’elles évoquent, et au fil des

ans, j’ai tenté de créer des peintures qui

parlent à l’imaginaire et dégagent une

atmosphère, tout comme la musique peut

le faire. » House of Music, le titre de son

exposition londonienne, est tiré d’une

chanson de Shadow, un célèbre musicien

de calypso. Le tableau Shadow (2019),

portrait du musicien dans son costume

de squelette, est inclus dans l’exposition.

En 2023, il l’a exposée à la Courtauld Gallery,

où la musique s’est révélée plus que

jamais comme un thème. Peter Doig est

invariablement qualifié d’artiste écossais,

alors qu’il n’a pratiquement pas vécu

dans ce pays. Il est vrai que ses origines

s’accordent parfaitement avec les paysages

oniriques et souvent inquiétants qui l’ont

rendu célèbre. Dans un format si grand

qu’on aurait envie de s’y perdre. Peter Doig

a contribué à alimenter la grande vague

de la peinture des années 1990 et fut un

précurseur du renouveau de la peinture de

paysage, le nouveau romantisme. Il trouvait

sa voie en 1989, en peignant un canoë

sur un lac, après avoir revu une petite

peinture représentant un canoë, datant de

l’époque où il était étudiant. Cela lui a rappelé

une scène du film d’horreur Vendredi

13 et l’atmosphère sinistre de la peinture

d’Edvard Munch. Les expériences personnelles

jouent un rôle tout aussi important :

il s’est mis au kayak au Canada et plus tard

à Trinidad.

RECONNAISSANCE

Après avoir été sélectionné pour le Turner

Prize, en 1994, sa percée internationale

fut rapide. Une première reconnaissance

était déjà venue du Barclays Young Artist

Award, en 1991, lors d’une exposition à

la Serpentine Gallery. D’autres prix ont

suivi. Cette année, il recevra le prestigieux

Praemium Imperiale Prize for Painting, au

Japon. Récompenses importantes, expositions

dans de grands musées, institutions

artistiques et galeries, achats par d’importantes

collections : le monde de l’art

reconnaît depuis longtemps l’importance

de sa démarche. En 2007, Peter Doig devenait

brièvement le peintre vivant le plus

cher d’Europe. Chez Sotheby’s, à Londres,

The White Canoe (1990-1991) était vendu

5.732.000 livres sterling, environ cinq fois

plus que l’estimation. Depuis, ses prix aux

enchères ont grimpé en flèche. Swamped

Peter Doig a

contribué à

alimenter la grande

vague de la peinture

des années 1990 et

fut un précurseur

du renouveau de

la peinture de

paysage, le nouveau

romantisme.

(1990), autre peinture sombre représentant

un canoë sur un lac, changeait de

mains en 2015 chez Christie’s, à New York,

pour 25.925.000 dollars et, en 2021, dans

la même maison pour 39.862.500 dollars,

ce qui constitue à ce jour le record pour

une œuvre de l’artiste. Or, qu’a-t-il fait?

En 2023, il quittait la Galerie Michael

Werner, qui le représentait depuis plus

de vingt ans, pour devenir artiste indépendant.

Comme s’il tournait le dos au

marché, dont les montants vertigineux

constituent pourtant une reconnaissance

qui confirme l’importance de sa peinture.

VISITER

Peter Doig: House of Music

du 10-10 au 08-02-2026

Serpentine South Gallery

Londres

www.serpentinegalleries.org

LIRE

Coll., Peter Doig : House of Music,

Serpentine, Londres, 2025.

35


IA : Intelligence

Artistique ?

Quand on pense Art et Intelligence

Artificielle (IA), on pense d’abord

aux artistes qui intègrent l’IA dans

leur création, mais il est une autre

utilisation de l’IA plus discrète, qui

prend de l’ampleur et pourrait, à

terme, avoir un impact considérable

sur le marché de l’art.

TEXTE : GILLES BECHET

Grâce à une puissance de calcul

phénoménale, l’IA peut synthétiser

des quantités de données

quasiment illimitées et permet

d’aider à comprendre les comportements

collectifs, à interpréter les développements

et les humeurs du marché, en détectant des

corrélations inédites liées à une hausse de

cote. Ses algorithmes prédictifs anticipent

l’évolution des carrières d’artistes émergents.

Pour les banques, les assureurs et les

investisseurs, cette vérité numérique peut

avoir quelque chose de rassurant. Dans

les maisons de vente, l’IA vient renforcer

le travail d’information et de catalogage,

mais relève d’avantage de la machinerie

interne sous la supervision des experts, ce

qui explique sans doute qu’ils préfèrent ne

pas s’exprimer publiquement à ce sujet.

D’autant que leur utilisation varie suivant

les départements et spécialités.

RECOMMANDATIONS

PERSONNALISÉES

Les plateformes et maisons qui proposent

des enchères en ligne disposent de

softwares pilotés par l’IA qui s’engagent

à rendre les ventes plus transparentes

Art & Language, A BAD PLACE, 2018. Collection Philippe Méaille. © de l’artiste / Courtesy Chateau de Montsoreau

36


« Beaucoup pensent

que les résultats de

l’IA sont arbitraires

alors qu’au contraire,

ils sont consistants,

reproductibles et

basés sur des données

mesurables »

CARINA POPOVICI,

Art-Recognition

et efficaces, avec des analyses en temps

réel et des mécanismes de détection de

contrefaçons qui devraient aider le client

à prendre des décisions plus rapides et les

maisons de vente à écouler de plus gros

volumes. En décembre dernier, juste avant

la foire de Miami, Art Basel lançait son

App boostée à l’IA, grâce à un partenariat

avec Microsoft. On y trouve l’Art Basel

Companion, qui propose au visiteur des

recommandations personnalisées et l’Art

Basel Lens, une loupe digitale qui peut

scanner les œuvres exposées pour obtenir

des informations sur la galerie et sur l’artiste.

Et ce n’est qu’un début, assure Alain

Brusch, Global Head of Digital Products

à Art Basel : « Nous comptons développer

de nouvelles initiatives digitales, qui

non seulement enrichissent l'expérience

des foires pour le visiteur, mais apporte

aussi des contenus qui permettent aux

galeries et aux parties prenantes de mieux

préparer les foires. » Du côté de la BRAFA,

on préfère rester prudent : « On utilise les

outils de l'IA pour des tâches administratives,

mais avec parcimonie. D’autre part,

on organise chaque année une conférence

ou des rencontres autour de l’IA, car on

constate qu’il y a de l’intérêt et des demandes

de la part du public », note Beatrix

Bourdon, Managing Director.

UN FAUX SENTIMENT DE SÉCURITÉ

Dans les couloirs des foires, de nombreux

visiteurs se promènent désormais avec,

dans leur smartphones, une des applications

qui proposent d’évaluer le prix des

Art & Language, A Shadow on the Tongue, n. d. Collection Philippe Méaille.

© de l’artiste / Courtesy Chateau de Montsoreau

œuvres qu’ils ont devant eux. Grâce à la

puissance de l’IA, elles promettent une

« évaluation rapide, précise et objective,

qui ne s’appuie pas sur des opinons subjectives

» mais sur des datas qui compilent

les résultats de maisons de vente, les tendances

de marché et sur l’analyse d’image.

Souvent gratuites, elles se contentent

généralement d’une photographie de

l’œuvre ou de l’objet. En injectant de l’IA

dans l’analyse des œuvres et des marchés,

beaucoup de ces acteurs jouent sur l’idée

de transparence et de démocratisation de

l’accès au marché, avec chacune leurs spécificités.

ArtCritic met en avant l’analyse

d’images et la détection de faux. ArtHelper.

ai se définit comme un outil personnalisé

de marketing pour artistes. Limna se

présente comme un outil de compréhension

du marché et d’analyse culturelle,

nourri par une base de données de 700.000

artistes et un million d’expositions.

Magnus se profile comme le ‘‘Shazam de

l’Art’’, avec des données qui compilent huit

millions de résultats en maisons de vente

et en galeries. Car, dans toute transaction,

celui qui dispose de l’information la plus

complète aura toujours un avantage. Mais,

la connaissance rassemblée et synthétisée

par l’IA n’est jamais complète. « Cela

donne un faux sentiment de sécurité. On

a l’impression de savoir alors qu’on ne

sait pas », relève Pauline Haon, Benelux

Director chez The Fine Art Group. En

effet, les prix proviennent essentiellement

des ventes publiques, le marché des

galeries, comme celui des ventes privées

étant sous- représentés. « Le prix affiché

n’est jamais qu’une moyenne, alors que

pour prendre une bonne décision d’achat,

il faut prendre en compte la période de

l’artiste, la provenance et la qualité, l’état

de l’œuvre. »

DES PREUVES ET DES EXPLICATIONS

A la TEFAF, l’IA occupe un rôle discret

mais essentiel. Depuis quelques années,

l’Intelligence Artificielle est venue renforcer

37


« On peut présenter

des preuves et des

explications de ce

qu’on avance. On ne

dit pas simplement,

il y a un problème

avec cet objet »

WILL KORNER

Head of Fairs, TEFAF

les outils mis à la disposition de l’équipe

de vetting qui, avant l’ouverture de la foire,

vérifie la qualité et l’origine des objets exposés.

« L’IA nous apporte un outil de plus

pour compléter l’information à propos d’un

objet, quand c’est nécessaire », explique

Will Korner, Head of Fairs. Pendant les deux

jours consacrés au vetting, un laboratoire

scientifique, doté d’un matériel faisant

de plus en plus appel à l’IA, est présent

sur le site avec une équipe d’une dizaine

d’experts. Lorsque des questions ou des

doutes apparaissent à propos d’une œuvre

ou d’un objet, ou que des éléments sont en

contradiction avec les documents, l’objet

est envoyé au labo pour analyse. On peut

ainsi faire des comparaisons, chercher des

similarités ou remarquer quelque chose

qui n’apparaît pas à l’œil nu : « Ce qui est

intéressant avec l'IA, c'est que quand on

revient chez le marchand ou chez l’expert

qui l’accompagne pour expliquer qu’il y a un

problème avec une pièce, c’est qu’on peut

présenter des preuves et des explications de

ce qu’on avance. On ne dit pas simplement,

il y a un problème avec cet objet. » Grâce

à ses capacités d’analyse, l’IA peut apporter

une expertise inédite, qui peut être

déterminante pour le marché. Ainsi, dans la

vente du 25 novembre 2024, chez Germann

Auctions à Zurich, figuraient des œuvres

de Louise Bourgeois, Mimmo Paladino et

Marianne von Werefkin, authentifiées par

la technologie innovante basée sur l’IA développée

par Art-Recognition. Ce software

est capable d’identifier ‘‘l’ADN visuel’’ d’un

artiste à partir des photographies d’œuvres

authentifiées, mais aussi des faux reconnus

qui l’ont nourri et entraîné. Carina Popovici,

physicienne et co-fondatrice de la start-up

suisse, souligne que cette technologie ne

remplace pas les experts puisqu’elle combine

l’IA et l’expertise humaine. Ses défis

sont à la fois techniques, avec une quantité

limitée de données pour certains artistes

ou la complexité de traiter des œuvres

collaboratives, mais aussi d’ordre plus

subjectif, avec les nombreuses idées reçues

auxquelles l’IA doit faire face : « Beaucoup

pensent que les résultats de l'IA sont

arbitraires, alors qu’au contraire ils sont

consistants, reproductibles et basés sur des

données mesurables. »

Louise Bourgeois, Sans Titre, 1945, encre sur papier, recto/verso, 27 x 21 cm. Germann Auktionen, Zurich, 25-

11-2024. © Germann Auktionen — 28.000 CHF (30.000 €)

LA PERTINENCE DU PROPOS

Outil désormais incontournable du

marché de l’art, l’Intelligence Artificielle

trace aussi sa voie dans d’autres secteurs

du monde l’art, comme la curation. Ainsi,

pour l’exposition Art & Language : entretien

avec un humoriste obéissant, présentée

au château de Montsoreau dans le Val

de Loire, du 25 avril au 1er juillet derniers,

la fonction de commissaire a été prise en

charge par ChatGPT. Le robot conversationnel

d’Open AI s’est ainsi chargé de

l’ensemble du projet, de l’élaboration du

concept à l’écriture des textes en passant

par la structuration thématique. Si ce

choix est audacieux, il est aussi fidèle à

l’esprit du collectif britannique. « Très tôt

ils se sont intéressés au langage informatique

et aux expressions de l’autorité »,

remarque Marie-Caroline Chaudruc,

directrice du musée d’Art contemporain

du Château de Montsoreau. C’est la

38


Le Vetting de la TEFAF 2025. © photo : Jitske Nap

« L’IA et les foires rendront le marché de

l’art plus transparent, plus rapide, plus

global, mais aussi plus dépendant de la

logique algorithmique »

CHATGPT

version grand public qui a été privilégiée,

sans y ajouter de contenu ni de données

spécifiques. ChatGPT a travaillé tout

seul, sans être corrigé : « On n'a pas voulu

le customiser, on l'a pris comme il était,

avec ses biais, ses erreurs et ses redites.

L’idée n’était pas de faire paraître la réalité

pour plus belle qu’elle n’était. » Les

réactions du public étaient très positives,

l’initiative ayant été prise au sérieux, non

comme une farce ou une provocation,

stimulant les discussions et les réflexions

sur l’autorité et le savoir du musée : « J'ai

été surprise par la pertinence du propos

et la curiosité du public, contrairement

au milieu de l’art, plutôt discret, voire

silencieux, sur un outil que tout le monde

utilise. » Pour conclure, la parole a été

laissée à ChatGPT, à qui l'on a demandé à

quoi ressemblerait une foire d’art en 2035,

où l'IA est omniprésente, en coulisses

comme en vitrine : « En 2035, une foire

d’art sera hybride : toujours physique et

humaine, mais soutenue par une couche

invisible d’Intelligence Artificielle qui

optimise, personnalise et sécurise tout

l’écosystème. L’IA et les foires rendront

le marché de l’art plus transparent, plus

rapide, plus global, mais aussi plus dépendant

de la logique algorithmique. Cela

créera un gain d’efficacité énorme, mais

posera la question cruciale : l’art resterat-il

un espace d’imprévu et d’émotion,

ou deviendra-t-il un marché optimisé

comme la finance ? »

SURFER

www.artbasel.com

www.brafa.com

www.artcritic.com

www.arthelper.ai

www.limna.ai

www.magnus.net

www.fineartgroup.com

www.art-recognition.com

www.chateau-montsoreau.com

www.germannauktionen.ch

39


In the mix

Mode et Design

Un créateur de mode qui conçoit

des objets ou, à l’inverse, un

architecte / designer qui s’aventure

dans l’habillement : depuis

toujours, ces disciplines sont

intimement liées. Mais le design

de collection a ouvert une autre

perspective : la fusion de ces

univers créatifs.

TEXTE : ELIEN HAENTJENS

À

partir de la seconde moitié du

XIXe siècle, les femmes des

milieux aisés ne se contentent

plus d’orner leur corps : elles

embellissent également leur demeure de

draperies, de franges et de volants, comme

pour créer une harmonie entre elles et

leur intérieur. Au début du XXe siècle, des

créateurs masculins comme Henry Van

de Velde et Josef Hoffmann répondent à

cette profusion décorative. Inspirés par

leur vision d’une œuvre d'art totale et

leur quête d'harmonie, ils conçoivent des

vêtements féminins et des objets d’intérieur

empreints de cohérence. Ce faisant,

ils inspirent à leur tour les créateurs de

mode comme Jeanne Lanvin et Paul

Poiret, ce dernier ayant créé la première

marque d’art de vivre de l’Histoire, qui vont

intégrer la décoration d’intérieur dans

la stratégie de marque de leurs maisons

de couture. Une pionnière de la fusion

entre mode et design est Rei Kawakubo

(1942). Cette créatrice de mode japonaise

a développé sa marque culte, Comme des

Garçons, pour en faire un univers global.

« Lorsque Rei Kawakubo a commencé

dans les années 1960, les vêtements

traditionnels comme le kimono dominaient

encore le paysage urbain japonais»,

explique Paul Viguier, chez Piasa. « Avec

des créateurs tels que Shiro Kuramata et

Shigeru Ushida, elle faisait partie d’une

école japonaise radicale et très créative,

dans les décennies 1970 et 1980. Grâce

au boom économique de l’après-guerre,

le Japon s’est ouvert sur le monde. Sa

radicalité dans l’usage des couleurs, des

formes ou des coupes s’accordait parfaitement

avec l’avant-garde européenne, ce

qui a rapidement renforcé son importance

sur ce marché. Outre des vêtements, Rei

Kawakubo a également conçu les meubles

de ses boutiques. L’usage du noir, langage

formel minimaliste, de l’abstraction et de

l’accent mis sur la fonctionnalité en constituaient

à chaque fois le fil conducteur. » En

ce début octobre, la collection du Japonais

Hiroaki Narita est mise en vente par

Piasa. Paul Viguier : « Les pièces datent

des débuts de Rei Kawakubo, entre 1969

et 1999. C’est avec ces séries limitées et

artisanales qu’elle a développé sa marque,

devenue ensuite Comme des Garçons.

Certaines pièces n’ont jamais été portées,

d’autres ne l’ont été que quelques fois.

Les musées achètent de plus en plus des

pièdes de mode afin de compléter leurs

collections. Quant aux collectionneurs

privés, ils recherchent une alternative à

la surproduction développée dans le luxe.

Ils apprécient le caractère historique et la

simplicité des vêtements et souhaitent, en

les achetant, contribuer à leur préservation.

Leur vestiaire se mue ainsi en archive

dynamique. Avec des prix compris entre

350 et 3.000 euros, ces pièces demeurent

relativement abordables. »

DE LA MODE AU DESIGN

Si l’œuvre de Martin Margiela est plus

proche géographiquement, elle est tout

aussi mythique. Ce créateur a fait œuvre

pionnière grâce à ses mises en scène devenues

iconiques, entièrement blanches,

« Ce n’est pas

seulement dans

leur dimension

spatiale, mais dans

la construction

d’une narration

que la mode et le

design de collection

se rejoignent »

STÉPHANIE FREDERICKX

aux meubles peints en blanc, avec œufs et

plumes. Dans la même veine, le designer

américain Rick Owens, dont la rétrospective

est actuellement visible à Paris, au

Palais Galliera, a développé un univers

total depuis le lancement de sa griffe en

1992. « En tant que client, on est complètement

immergé dans son univers. Il considère

sa marque comme une sorte de culte,

et appelle ses clients ‘‘The Owens Core’’ »,

précise la galeriste Stéphanie Frederickx.

« Tout aussi puissante, mais radicalement

différente, la marque de mode The Row

adopte une approche singulière. Sur Instagram,

elle met principalement en avant

le design vintage et les œuvres d’art qui

40


Dries Van Noten a travaillé en étroite collaboration avec Ben Storms pour la mise en forme de sa boutique de New York, avec entre autres cette Bronze Cast Marble

Wallpiece (2025). © de l’artiste / photo : Tijs Vervecken

41


Linde Freya Tangelder, Lacquered stool, 2022, bois laqué rouge

profond, 27 x 40 x 58 cm, éd. de 24 par couleur + 2 E. A. © de

l’artiste / Courtesy destroyers/builders / photo : Eline Willaert

Ben Storms, Crushed Room Divider (Gold Gilded),

2024, acier inoxydable et feuille d’or, 195 x 160 x 45

cm. © de l’artiste / Courtesy Objects with Narratives

/ photo : Alexander Popelier

inspirent les créateurs ainsi que leur communauté.

Les vêtements bénéficient d’une

base de fans si fidèle qu’ils nécessitent peu

de marketing. » Aujourd’hui, la créatrice de

mode Ann Demeulemeester se consacre au

design d’intérieur, avec une vaste collection

imaginée pour la marque belge Serax.

Elle considère la mode comme une langue,

et les objets d’intérieur (vaisselle, verrerie,

luminaires) comme une autre manière

d’exprimer son univers. Elle joue des

contrastes, tels que l’ombre et la lumière, la

beauté et la dramaturgie. Stéphanie Frederickx

: « Lors de ses années dans la mode,

elle a conçu l’intégralité de son showroom

avec son mari Patrick Robyn, jusqu’aux stylos.

Sa Table Blanche, produite plus tard par

Bulo, date de cette époque. » L’été dernier,

le créateur Kris Van Assche, directeur artistique

de Dior Homme pendant onze ans,

se lançait dans la décoration d’intérieur

chez Laffanour | Galerie Downtown, qui

a déjà collaboré avec Dior (lampes Akari

d’Isamu Noguchi) et avec Berluti (mobilier

de Pierre Jeanneret). Kris Van Assche y a

présenté une collection de vases en bronze,

développés en étroite collaboration avec

les artisans de la fonderie Fodor. Comme

dans les collections de mode, le créateur

joue avec les codes établis. Ses Nectar

Vessels remettent non seulement en cause

l’utilisation traditionnelle du bronze, mais

aussi du vase en tant qu’objet. « Ces vases

n’ont plus besoin de fleurs. Ils sont devenus

eux-mêmes des fleurs», commente le

créateur. Afin d’approcher au plus près la

fascinante puissance des fleurs, il n’a pas

travaillé le bronze patiné, mais opté pour

une surface extérieure mate et colorée,

percée d’ouvertures organiques, laissant

entrevoir de l’intérieur le bronze rosé, poli

et chaleureux Tout comme pour un défilé

de mode, la présentation d’objets a été

conçue comme une installation immersive,

avec troncs d’arbres, feuilles fanées et

miroirs évoquant, par la vue, l’atmosphère

42


« Si l’architecture

est ma principale

source d’inspiration,

j’ai aussi des affinités

avec la mode en

termes de matériaux

et de couleurs »

LINDE FREYA TANGELDER

Destroyers/builders

Linde Freya Tangelder, Reworked Chair, 2025, aluminium,

coton laqué et bronze blanc, 52 x 70 x 72 cm,

éd. de 12 + 1 E. A. © de l’artiste / Courtesy Uppercut

Gallery / photo : Eline Willaert

d’une forêt mystérieuse.

Rei Kawakubo – Comme des Garçons, Refresh the Spirit, P/E 1990, vente Piasa, 01-10. © Piasa / photo :

Simon Narita — Est. 600-800 €

DU DESIGN À LA MODE

À l’inverse, la mode et le design se rejoignent

à travers des collaborations

nocatrices. Ainsi, le maître du design italien

Gaetano Pesce a créé quatre cents chaises

uniques ainsi qu’un sol pour le défilé Printemps-Été

2023 de Bottega Veneta. Il a

lui-même qualifié cette œuvre d’hommage

à la diversité de l’humanité, tout en y voyant

une réflexion critique sur les lieux où la

culture peut encore émerger aujourd’hui.

Par la suite, avec l’installation Vieni a

Vedere, il a transformé le flagstore milanais

en espace semblable à une grotte, ayant ensuite

inspiré deux éditions de sacs à main.

«Ce n’est pas seulement dans leur dimension

spatiale, mais aussi dans la construction

d’une narration, avec toute une série

de déclinaisons jouant sur certains détails

du récit global, que la mode et le design de

collection se rejoignent », affirme Stéphanie

Frederickx. « La recherche de nouvelles

techniques et matérialités est essentielle.

La Belge Nathalie Van der Massen, par

exemple, inspire le monde de la mode par

43


Kris Van Assche, Vase Bronze 03, 2025, bronze, 56,6 x 47,6 cm, éd. de 8. © de l’artiste / Courtesy Laffanour/Galerie Downtown / photo : Jeremy Barniaud

Prix : entre 30.000 et 40.000 €

44


« Tout comme

lors d’un défilé de

mode, Kris Van

Assche présentait

ses premiers objets

d’intérieur comme

une installation

immersive »

ses recherches sur les tissus. De même,

l’Allemand Johannes Budde explore les

frontières entre textile, design et sculpture

avec son Rug ‘N Roll. » Les créateurs belges

resserrent également leurs liens avec le

monde de la mode. Arthur Vandergucht a

ainsi créé les canapés Rivet pour la marque

de mode britannique pour hommes Kiko

Kostadinov, tandis que Ben Storms travaille

en étroite collaboration avec Dries Van

Noten pour l’aménagement de ses boutiques.

« Nous partageons non seulement

des valeurs comme l’engagement et l’intégrité,

mais aussi un amour commun de la

matérialité, du savoir-faire et du contraste»,

souligne l’artiste. « Dans la boutique newyorkaise

de Dries, mes créations font office

de repères apaisants, atténuant la frénésie

de la ville, tout en respirant l’histoire par le

biais de leur matière. »

SCÈNES SCULPTURALES

Linde Freya Tangelder (Collectif Destroyers/Builders)

aime également la collaboration

interdisciplinaire : « À la demande

de Dior, en 2020, j’ai réalisé une réinterprétation

contemporaine de l’emblématique

chaise Médaillon », explique la designer

néerlandaise basée en Belgique. « J’ai pu

remodeler à ma guise cette forme classique.

Les clients pouvaient commander des

chaises dans les boutiques. » Linde Freya

Tangelder collabore aussi régulièrement

avec les éditions Kassl pour l’aménagement

de leurs salles d’exposition : « Je trouve fascinant

que l'on puisse concevoir un espace

spécifique comme une suite de scènes,

dans lesquelles le mobilier sculptural joue

chaque fois un rôle différent. Si l’architecture

constitue ma principale source d’inspiration,

j’ai aussi des affinités avec la mode

quant aux matériaux et couleurs. Pour ma

dernière série Reworked, présentée début

septembre par Uppercut, lors de la foire

Linde Freya Tangelder, Mirror Screen, 2023, aluminium, 170 x 100 x 75 cm. © de l’artiste / Courtesy destroyers/

builders, intégré dans le showroom de Kassl Editions / photo : Eline Willaert

Collectible à New York, j’ai réalisé des expériences

avec des coussins en coton laqué à

la main, drapés sur du mobilier métallique.

Pour moi, un manteau, un meuble ou un

bâtiment est une forme d’abri qui vous

enveloppe. Nous partageons également

l’amour des matériaux naturels, ainsi que

celui des contrastes de finition, comme le

brillant intense et le mat profond. »

Mais il n’est pas facile pour un designer

indépendant de collaborer avec des acteurs

mondiaux. Linde Freya Tangelder : «Entrer

en contact, au sein de grandes marques,

avec des personnes porteuses d’idées

novatrices et désireuses de développer leur

propre vision à travers une collaboration,

est quelque chose de spécial. Je travaille

actuellement à un projet pour Isabel Marant.

À mesure que la marque évolue, elle

souhaite remplacer le béton brut et froid de

ses boutiques par des tonalités et des matériaux

plus chaleureux. »

LIRE

Fashion & Interiors. A Gendered Affair,

Hannibal Books, Furnes, 2025, ISBN 978-9-

46494-193-7, 55 €

ENCHÉRIR

Vente Rei Kawakubo & Comme des

Garçons, 1969-1999

le 01-10

Piasa, Paris

www.piasa.fr

VISITER

PAD

du 14 au 19-10

Berkeley Square

Londres

www.padesignart.com

Rick Owens, Temple of Love

jusq. 04-01-2026

Palais Galliera

Paris

www.palaisgalliera.paris.fr

Iris Van Herpen. Sculpting the senses

du 27-09 au 01-03-2026

Kunsthal

Rotterdam

www.kunsthal.nl

45


Les soffiati

Une modernité inattendue

Le terme soffiati fait référence en

italien à une production spécifique

de Murano : un verre soufflé

transparent à paroi mince, introduit

dans le premier quart du XXe siècle.

Bien que considérées comme

modernes et novatrices à l'époque,

ces formes s’inspirent de verres plus

anciens.

TEXTE : MARC HEIREMANS

Au début du XXe siècle, trois

grandes verreries dominent la

production de verre d’art à Murano

: Artisti Barovier, Fratelli Toso

et Andrea Rioda. Si ces trois entités sont

totalement autonomes, leurs productions

à l’époque sont pratiquement impossibles

à distinguer les unes des autres. Une similarité

qui s’explique par leur dépendance

aux mêmes clients, qui déterminent en

grande partie l’aspect de la verrerie. Ces

distributeurs influents disposent de vastes

et luxueuses salles d’exposition à Venise,

appelées stabilimenti, proches des lieux

touristiques, proposant, outre le verre de

Murano, miroirs, luminaires, meubles,

bronzes et autres précieux tissus vénitiens.

Ils offrent non seulement un débouché

local immédiat, mais sont également en

contact direct avec des importateurs

majeurs à l’international. Au début du

XXe siècle, la verrerie de Murano qu’ils

proposent concerne principalement des reproductions

de modèles anciens provenant

du musée du verre (vetro antico) et des

objets fantastiques très élaborés, chargés

Verrerie, ca. 1925-30. À gauche : anonyme, 24 cm x 29,5 cm, à droite : Compagnia Venezia Murano, H. 24 cm.

46


L’intégration d’un

designer externe, sous

contrat permanent,

constitue l’un des

grands mérites

de Paolo Venini et

Giacomo Cappellin.

de dragons, de serpents et autres monstres

marins (vetro moderno). L’innovation fondamentale

n’intervient qu’après la Première

Guerre mondiale, avec l’arrivée des Milanais

Giacomo Cappellin et Paolo Venini.

L’artiste Vittorio Zecchin est généralement

considéré comme à l’origine de cette

innovation, avec ses premiers dessins pour

Vetri Soffiati Muranesi (V.S.M.), l’entreprise

de verrerie de Venini et Cappellin. Mais

des documents originaux inédits viennent

contredire cette affirmation. Le modernisme

formel a fait son apparition plus tôt

à Murano, plus ou moins simultanément

chez tous les principaux producteurs.

Vittorio Zecchin, Bordone, 1921-1923, H. 23 cm, et Compagnia Venezia Murano, 1925,-28, 8 cm x 32,5 cm. Ce

vase est représenté dans un tableau de Paris Bordone.

PARTENARIATS

Un peu d’Histoire : comme la plupart des

verreries de Murano, l’entreprise V.S.M. est

née d’une ancienne verrerie, celle d’Andrea

Rioda (1854-1921). Après avoir travaillé

comme technicien pour la Compagnia

Venezia Murano, celui-ci décide, en 1917,

de créer sa propre verrerie, l’Andrea Rioda-

Arte decorativa vetraria. La production suit

celle de son ancien employeur : du verre

soufflé artistique, inspiré des périodes

stylistiques précédentes. L’un de ses

principaux clients est Giacomo Cappellin

(1887-1968), propriétaire d’un magasin

d’antiquités à Milan, à la demande duquel

il copie certaines pièces de verre antiques.

Mais l’entreprise d’Andrea Rioda connaît,

juste après la Première Guerre mondiale,

des temps difficiles. Giacomo Cappellin lui

propose dès lors un partenariat avec Paolo

Venini (1895-1959), un avocat milanais.

C’est ainsi que naît une nouvelle verrerie, la

Vetri Soffiati Muranesi-Cappellin, Venini &

Co. Andrea Rioda y est chargé de la production,

tandis que la boutique de Giacomo

Cappellin, particulièrement bien située à

Milan, Via Monte Napoleone, attire l’attention

d’un public sophistiqué. Malheureusement,

Andrea Rioda décède avant même

que la collaboration n’ait débuté. Giacomo

Cappellin et Paolo Venini s’associent donc

à de nouveaux partenaires et lancent une

production basée sur les premiers livres

de modèles d’Andrea Rioda, ainsi que de

nouvelles créations imaginées par Vittorio

Zecchin (1878-1947). Ce dernier élément

en particulier, l’intégration d’un designer

externe sous contrat permanent, est tout

à fait remarquable et constitue l’un des

grands mérites de Paolo Venini et Giacomo

Cappellin. Il marque la séparation entre

créateur et exécutant, à Murano qui plus

est, île réticente à toute forme de changement.

Ces impulsions extérieures constituent

le terroir nourricier d’innovations

radicales dans les années qui suivirent.

IDENTIFICATION

Si les premières créations de Vittorio Zecchin

s’inscrivent dans la lignée du catalogue

de modèles existant d’Andrea Rioda, elles

s’en distinguent toutefois par une exécution

affirmée et épurée. Vittorio Zecchin réduit

les formes à leur essence la plus pure et

les dépouille de toute fioriture inutile. Ses

créations sont souvent dérivées d’exemples

du XVIe siècle, tels que représentés dans les

Vittorio Zecchin

réduit les modèles

à leur essence la

plus pure, dépouillée

de toute fioriture

inutile.

peintures de la fin de la Renaissance. Mais,

contrairement à la production antérieure

d’Andrea Rioda, elles sont réalisées avec

un verre nouveau, plus élastique, dans de

nouvelles teintes plus subtiles. En 1925,

des divergences artistiques provoquent

la rupture entre Paolo Venini et Giacomo

Cappellin, qui suivent dès lors chacun

leur propre chemin créatif. Paolo Venini

conserve la désignation originale V.S.M.,

tandis que Giacomo Cappellin crée, avec

de nouveaux partenaires, la société Maestri

Vetrai Muranesi Cappellin & Co. Tous deux

conservent toutefois le droit de continuer

à produire les premiers modèles de Vittorio

47


Andrea Rioda, ca. 1917-1919. Les premières traces d’innovation de formes classiques simplifiées, toujours basées sur le verre du XVIe siècle.

Les modèles sont souvent dérivés d’exemples

du XVIe siècle, tels qu’ils sont représentés

dans des tableaux, mais réalisés avec un verre

nouveau, plus élastique, dans de nouvelles

teintes plus subtiles.

Zecchin. Ils introduisent chacun une signature

appliquée à l’acide, vraisemblablement

pour éviter toute confusion au sein d’une

production identique. Paradoxalement (car

une signature en augmente la valeur aujourd’hui),

les objets signés reflètent donc

une production plus tardive. Les soffiati

ont connu un succès commercial et leur

production fut presque immédiatement

copiée massivement par d’autres verriers de

Murano. Si l’exécution technique n’atteint

pas celle de Paolo Venini ou de Giacomo

Cappellin, la plupart parvient à développer

un langage formel singulier. L’attribution

demeure cependant un domaine difficile,

même pour les experts : la technique est

trop courante, les modèles trop similaires,

même si un œil exercé parvient malgré

tout à distinguer chaque production.

Aujourd’hui, la valeur d’une pièce anonyme

est principalement déterminée par

sa forme exceptionnelle et son exécution

parfaite. Outre les signatures d’identification

explicites, on peut également trouver

des signatures à l’acide faisant référence à

un distributeur, la Compagnia Venezia Murano.

Introduite vers 1925, cette mention

(écrite en toutes lettres ou avec les initiales

C.V.M.) peut renvoyer soit à des productions

de tiers (pour lesquelles ils agissaient

en tant que distributeurs), soit à leurs

propres productions, créées entre 1925 et

1936. En 1919, cet important distributeur

fusionnait avec Pauly & Co. Tous deux actifs

depuis le début du XXe siècle, leurs espaces

de stockage communs ont fini par contenir

une floppée d’invendus. Un inventaire

de ces derniers sera dressé vers 1975. Tous

les objets seront alors étiquetés, les plus

importants (c'est-à-dire les plus anciens)

étant marqués ‘‘FP’’ (fuori produzione : plus

en production) ou ‘‘NR’’ (non ripetibile : non

reproductible). Lorsque le stock historique

de la Compagnia Venezia Murano-Pauly &

C. fut vendu aux enchères en 2005, ce sont

ces objets, en plus des pièces signées, qui

atteignirent les prix les plus élevés. De fait,

l’indication sur l’étiquette faisait référence

à un produit d’avant-guerre d’un grand producteur,

même si non identifiable.

VALEUR

Vers 1930, l’introduction du verre opaque

requiert un nouveau langage formel et les

soffiati disparaissent progressivement.

Venini est pratiquement la seule verrerie

48


L’attribution demeure un domaine difficile,

même pour les experts : la technique est

trop répandue, les modèles trop similaires.

LIRE

Coll., Vittorio Zecchin 1878-1947. Pittura, vetro,

arti decorative, Marsilio, 2002, ISBN 883-178-

139-1

à continuer à proposer certains de ses

objets historiques, sous le nom collectif

I classici, bien après la Seconde Guerre

mondiale. Les soffiati marquent donc historiquement

une étape importante dans

la production du verre de Murano. Leurs

formes simples renvoient à une temporalité

spécifique et éphémère, critère

important pour tout collectionneur. Ils

restent aujourd’hui relativement faciles à

acquérir, pour des montants qui varient en

Europe de quelques centaines à quelques

milliers d’euros. La production des premiers

fabricants, Paolo Venini et Giacomo

Cappellin, constitue naturellement le haut

du panier. Des modèles emblématiques

conçus par Vittorio Zecchin, Napoleone

Martinuzzi et Carlo Scarpa – signés ou

non – se retrouvent actuellement aux

États-Unis, où ils se négocient entre 4.000

et 12.000 euros en moyenne. L’offre étant

plus importante en Europe, les prix y sont

nettement inférieurs, en particulier pour

les objets anonymes. Leur valeur est fonction

de la singularité de leur forme et de la

perfection de leur exécution, ainsi que de

l’absence de rayures ou traces de calcaire

trahissant une utilisation.

Coll., Napoleone Martinuzzi: Venini 1925-1931,

Skira, Paris, 2013, ISBN 978-8-85722-140-3

Coll., Vittorio Zecchin: transparent glass for

Cappellin and Venini, Skira, Paris, 2018, ISBN

978-8-85723-712-1

Coll., The M.V.M. Cappellin glassworks and a

Young Carlo Scarpa, Skira, Paris, 2019, ISBN

978-8-85723-925-5

S.I.V.A. (Stabilimento Italiano Vetri Artistici), (H. 35 cm) ca. 1933, Compagnia Venezia Murano, H. 32 cm), 1925-1928 et Pauly & C., 1930, 18 cm x 29 cm.

49


Dagoty

La porcelaine en majesté

Produites au début du XIXe siècle,

les porcelaines parisiennes de

Dagoty étaient célèbres pour

l’élégance de leurs formes, la

richesse colorée de leurs décors et

une technique spécifique de dorure

qui permet de les reconnaître

entre mille. Retour sur cette

histoire prestigieuse, dont le nom

a même inspiré une salle de vente

bruxelloise, aujourd’hui spécialisée

dans la bande dessinée, les jouets et

les diamants de synthèse.

TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE

Théière zoomorphe en porcelaine de Paris (Dagoty), début du XIXe siècle, marque en forme de tête de

renard, inscription à l’encre ‘‘RE oe Mture de S.M l’Impératrice Dagoty a Paris’’, H. 15,24 cm. Collection

Hubert Guerrand-Hermès, Sotheby’s, Paris, 18-12-2023. © Sotheby’s Art Digital Studio — 1.651 €

Héritier d’une famille de marchands

installés dans le centre de

Bruxelles à l’enseigne de L’Egide

et spécialisés dans la céramique

du XIXe siècle, Pascal Di Egidio ouvrait, il y

a quelques années, la salle Dagoty Auction,

du nom d’une prestigieuse manufacture

parisienne. Un choix dicté par l’évidence

d’une passion familiale : « J’ai travaillé plus

de quinze ans avec mes parents, au sein de

la Galerie L’Egide, installée place Saint-Jean

en 1992. Le magasin avait fait de la porcelaine

son cheval de bataille, surtout les plus

belles manufactures européennes, dont Dagoty.

Pour moi, c’était un nom parlant, qui

sonnait bien et renvoyait à cette création

exceptionnelle, que j’apprécie particulièrement.

Dagoty Auction s’est d’abord spécialisée

dans la bande dessinée, puis les jouets

et, depuis un an, le marché des diamants

de synthèse, en plein boom. » Si L’Egide a

développé une passion pour la céramique

50


Service de table en porcelaine de Paris (Dagoty), à fond Nankin, ca. 1810, stencillé en rouge ‘‘Manufacture de S. M. l’Impératrice P. L. Dagoty à Paris’’, sur la plupart

des pièces. Christie’s, Londres, 20-05-2021. © Christie’s Images Ltd. — 6.875 £ (7.957 €)

Le style de ces porcelaines se reconnaît

à la richesse des décors et à l’utilisation

ostentatoire d’un or épais.

européenne, notamment française, c’est

qu’au début du XIXe siècle, la porcelaine

parisienne a connu un âge d’or dont la firme

Dagoty fut l’un des acteurs les plus prestigieux.

Sous l’Empire, elle a notamment

bénéficié du patronage de l’impératrice

Joséphine puis, sous la Restauration, de

celui de la duchesse d’Angoulême, dernière

fille survivante du roi Louis XVI et de la

reine Marie-Antoinette. Les porcelaines

de Dagoty étaient aussi très appréciées à

l’international, notamment en Russie, en

Savoie, et même jusqu’aux Etats-Unis, lors

des deux mandats du cinquième président,

James Monroe (1817-1825). Le style de ces

porcelaines se reconnaissait à la richesse

des décors, à l’utilisation ostentatoire de

l’or, tandis que l’extérieur s’ornait de décors

très sophistiqués. S’y ajoutait l’élégance des

formes et une grande variété de coloris.

Cette spécificité conférait aux services,

vases, tasses et autres objets produits par

Dagoty un éclat et une noblesse de nature à

séduire toute la haute société.

UNE TRADITION FAMILIALE

Descendant du grand miniaturiste Jean-

Baptiste André Gautier d’Agoty (1740-1786),

qui comptait parmi les peintres officiels

de la reine Marie-Antoinette, cette famille

d’artistes a simplifié son nom sous la Révolution.

Deux des fils de Jean-Baptiste se sont

lancés dans l’activité porcelainière. Engagés

d’abord chez Dihl et Guérhard, atelier fondé

à Paris en 1781 et qui a, un temps, détrôné

en prestige la manufacture royale de Sèvres,

Pierre-Louis et Etienne s’installent ensuite

dans un modeste logement du boulevard

des Italiens en tant que décorateurs sur

porcelaine. En 1798, sûrs de leur talent, ils

reprennent une manufacture en faillite,

Bougon, qui va très vite devenir une des

enseignes les plus prestigieuses de Paris,

en se spécialisant dans la peinture fine

sur porcelaine. Très rapidement, malgré le

décès d’Etienne en 1800, les produits signés

Dagoty connaissent une grande notoriété,

surtout lorsqu’en décembre 1804 l’impératrice

Joséphine accorde son parrainage à la

firme. Jusqu’à la chute de l’Empire, en 1814, la

manufacture s’intitulera ainsi ‘‘Manufacture

de S.M. l’Impératrice, P.L. Dagoty à Paris’’.

Dans la foulée, Pierre-Louis Dagoty ouvre

une très élégante boutique sur le boulevard

Poissonnière, où sont proposées des pièces

emblématiques du style néo-classique, en

vogue à l’époque, qui s’inspire de l’Antiquité

et des campagnes napoléoniennes (retour

d’Egypte, etc.), mais dans la manière typique

de Dagoty : dorure abondante, formes et

décors raffinés. En 1806, la manufacture

emploie ainsi pas moins de cent ouvriers

et obtient, en 1809, une médaille d’argent

à l’Exposition des produits de l’Industrie

pour des bas-reliefs ‘‘genre Wedgwood’’, un

trépied et un modèle de la Fontaine des

Innocents. Lors de la chute de Napoléon Ier,

en 1814, elle perd naturellement son privilège

impérial mais, dès 1815, bénéficie d’un

nouveau patronage, devenant jusqu’en 1820

‘‘Manufacture de S.A.R. Madame la Duchesse

d’Angoulême. P.L. Dagoty’’. Ses vignettes

dorées, peintes ‘‘au cul’’ de chaque objet pro-

51


Dagoty, surtout de table de style ''retour d’Egypte'', Paris, époque Empire, ca. 1805-1810, porcelaine en biscuit doré, groupe principal : 28,5 x 38,5

cm ; figures latérales : 31 x 26,8 cm chaque. Courtesy Richard Redding Antiques Ltd., Gündisau

« Expertiser une

pièce peut parfois

s’avérer délicat, car

si la plupart étaient

marquées, l’or s’est

parfois effacé avec

l’usage »

PASCAL DI EGIDIO

duit, servent à la promotion de Pierre-Louis,

de la manufacture Dagoty et de ses protecteurs,

mais montrent aussi que, si les régimes

passent, la qualité et la notoriété des porcelaines

Dagoty demeurent. Faute de quoi, les

agréments impériaux ou royaux auraient été

immédiatement retirés, comme d’usage à

l’époque. En 1810, Pierre-Louis s’associe avec

le porcelainier parisien François-Maurice

Honoré. Leur association dure jusqu’en 1819.

Après 1820, la production de Dagoty continue

seule, dans ses propres ateliers parisiens,

jusqu’en 1823, lorsque Pierre-Louis se retire

et revend la manufacture à Dominique

Denuelle. Ce dernier donne naissance à la

manufacture La Seynie, avec une production

qui se délocalisera définitivement, aux alentours

de 1900, vers cet autre grand centre

porcelainier qu’est Limoges.

UNE QUALITÉ CONSTANTE ET PRISÉE

Cette période relativement longue, c’està-dire

de 1798 à 1823, explique la grande

production de ces ateliers de qualité. La

manufacture Dagoty se distingue par une

grande variété de décors : du vert Empire

profond, des tons d’or mats et brillants

sophistiqués, des motifs inspirés de la

mythologie classique et parfois des références

aux formes antiques, notamment

égyptiennes et grecques, qui témoignent

d’une culture artistique riche et éclectique.

Les porcelaines Dagoty avaient aussi cette

particularité rare, héritée de la maison Dihl

et Gerhard, de la technique dite de ‘‘l’or

épais’’, qui consistait à recouvrir l’intérieur

des objets, généralement des tasses, d’une

épaisse couverte d’or, tandis que les décors

extérieurs étaient d’une extrême richesse

et variété, alternant les coloris foncés et

les décors à plusieurs tonalités d’or. Pascal

Di Egidio précise : « Dans la production

porcelainière parisienne de la fin du XVIIIe

et du début du XIXe siècle, Dagoty était

au summum de la qualité et du luxe, mais

connaissait un problème de rentabilité, car

ce décor à l’or très pur, appliqué en couches

très épaisses et qui tient particulièrement

bien sur la durée, était extrêmement cher à

réaliser. L’idée de cette production, reprise

par Dagoty, fut inspirée à Dihl et Gerhard

par le grand bronzier, ciseleur et doreur de

l’époque, Pierre-Philippe Thomire (1751-

1843), qui réalisait alors les plus beaux

bronzes. Il s’agissait pour les porcelainiers

de rivaliser avec sa production de bronzes

dorés, en jouant sur les reflets provoqués

par les différents aspects de l’or, brillant

52


ou mat, appliqué sur le biscuit. Dagoty,

notamment, est ainsi parvenu à un degré

d’illusion assez remarquable pour l’époque.

Une autre de ses productions caractéristiques

est le style ‘’retour d’Egypte’’, très

prisé sous l’Empire, dans lequel la manufacture

s’est particulièrement illustrée. » Dès

lors, ces porcelaines deviennent des objets

immédiatement reconnaissables, au grand

plaisir et prestige, d’ailleurs non exclusif,

des cours européennes. Aux Etats-Unis, la

table du président James Monroe s’ornait

ainsi, dès 1817, du service à dessert dit ‘‘à

aile amarante’’, par Pierre-Louis Dagoty et

Edouard D. Honoré, toujours conservé à la

Maison Blanche. Une autre particularité

de la maison Dagoty était la publication

d’un catalogue exhaustif, dessiné et peint

à la main, de tous les modèles qui furent

exécutés, dont un exemplaire complet est

conservé à Paris, au Cabinet des Dessins du

musée des Arts décoratifs.

UN BOUT D’HISTOIRE

De nos jours, posséder un objet de cette

manufacture, c’est détenir une pièce d’une

époque où la production parisienne rivalisait

d’ingéniosité et d’excellence avec

les créations européennes. Le charme

des décorations à l’or épais, la finesse des

couleurs, les formes élégantes et la rareté

confèrent à chaque pièce le statut de petite

œuvre d’art. A ce propos, Pascal Di Egidio

remarque : « On constate, depuis quelques

années, d’énormes chamboulements dans

le domaine, avec l’évolution du goût des

acheteurs. Heureusement, Dagoty conserve

tout son attrait et demeure une valeur sûre,

aux côtés des pièces de Sèvres ou de Meissen.

Il existe toujours un important socle de

collectionneurs passionnés, très informés

et prêts à payer le prix lorsqu’une pièce

importante resurgit. La plupart d’entre

elles proviennent de collections privées,

qui changent souvent de mains au moment

d’une succession. Avec leur histoire commune,

la France et la Belgique possèdent un

goût relativement similaire. Jusqu’à la chute

de l’Empire, les manufactures françaises

fournissaient d’ailleurs en pièces brutes

nombre de porcelainiers bruxellois. » Car

la porcelaine Dagoty séduit non seulement

par son esthétique, mais aussi par son

empreinte historique. Il s’agit de pièces très

prisées des collectionneurs, pour qui acquérir

une céramique de Dagoty, c’est investir

dans un patrimoine, certes fragile mais de

grand prestige. Le cachet impérial, suivi

du patronage royal, la qualité constante de

l’exécution, ainsi que l’attachement à des

formes classiques revisitées avec modernité,

la rareté et la finesse de leur exécution

en font ainsi des objets recherchés aux

enchères. Pascal Di Egidio : « En outre, il

existe peu de faux, ce qui est déjà rassurant

pour les collectionneurs néophytes, car

cette production est quasiment impossible

à imiter, à de rares exceptions près. Dans la

porcelaine de Dagoty, mais également en

général, l’état de conservation de la pièce

aura naturellement une influence déterminante

sur sa valeur marchande. Si l’état

est impeccable, on payera plus cher. Mais,

la rareté de la forme peut aussi compenser,

en terme de prix, d’éventuels fêles ou

accidents. Je conseillerais de se focaliser, au

début, sur un type d’objets, par exemple les

tasses, car on y trouve une grande diversité

dans un budget raisonnable, qui débute

aux alentours de mille euros pour un très

bel exemplaire et peut monter beaucoup

plus haut en fonction de la qualité et de

la rareté. En ce qui concerne les pièces de

forme, il faut compter entre 3.000 et 4.000

euros. » L’estimation d’une céramique

signée Dagoty dépend de plusieurs facteurs,

notamment le type d’objet, son état de

conservation, sa provenance et sa période

de production. La finesse de la porcelaine,

la qualité du décor et la précision des

détails constituent également des variables

importantes : « Expertiser une pièce peut

parfois s’avérer délicat, car si la plupart

étaient marquées, l’or s’est parfois effacé

avec l’usage. Fort heureusement, une abondante

documentation ancienne existe, qui

permet de confirmer une attribution. »

VISITER

Galerie L’Egide Antiques

Bruxelles

www.legide.be

LIRE

Régine Plinval de Guillebon, Dagoty à

Paris. La manufacture de porcelaine de

l’impératrice, Somogy, Paris, 2006,

ISBN 978-2-75720-024-7

SURFER

www.dagotyauction.com

Tasse en forme de cygne au naturel, début du XIXe siècle, biscuit non émaillé à l’extérieur et intérieur

or et sa soucoupe décorée d’une frise de motifs en biscuit non émaillé sur fond or, Manufacture de

Dagoty, Paris, marque ‘‘Manufacture de S.M l’impératrice P.L.DAGOTY à PARIS’’, L. soucoupe : 15 cm.

Hôtel des Ventes de Nation, Paris, 12-12-2015. © Hôtel des Ventes de Nation — 280 €

53


Une capsule

temporelle séculaire

Wily Sluiter, Simon van Gijn à l›âge de 71 ans, 1911.

© D. R.

Dordrecht, la plus ancienne ville

de Hollande, possède une maison

historique très singulière, peutêtre

même la plus complète des

Pays-Bas. Cet imposant bâtiment

est l’ancienne demeure de Simon

van Gijn (1836-1922) et de sa femme

Cornelia Vriesendorp (1840-1889). La

Huis Van Gijn offre aujourd’hui un

aperçu de la vie quotidienne dans

un intérieur de la haute société, vers

1900. Toutes les pièces, de la cave

au grenier, sont ainsi aménagées

comme si ses habitants allaient y

revenir d’un instant à l’autre.

TEXTE : ANDREA RIETVELD-MANUS

Le centre-ville de Dordrecht compte

plus de mille bâtiments. Une promenade

dans la ville équivaut à un

voyage dans le temps dont l’eau, les

perspectives exceptionnelles et les façades

bien entretenues constitueraient le décor.

La ville aux trois rivières est célèbre pour

ses nombreuses boutiques et magasins

d’antiquités, dans des bâtiments historiques

où le visiteur peut flâner pendant

des heures, au milieu de livres anciens et

autres trésors. L’Église Notre-Dame, la

Grande porte et plusieurs musées font

de Dordrecht une destination attrayante

pour une escapade d’un jour. La Huis Van

Gijn, maison et musée au riche passé, en

est l’une des principales curiosités. Simon

van Gijn est né en 1836, d’une mère fille de

banquier et d’un père armateur. Il a étudié

le droit à Leyde et exercé brièvement

le métier d’avocat, avant d’entrer dans

l’entreprise familiale, la société financière

Hooghwinkel & Co. Il épouse Cornelia

Agatha Vriesendorp, issue d’une riche

famille de Dordrecht. Ils emménagent au

numéro 29 du Nieuwe Haven et auront

huit enfants, dont un unique fils, mort à

la naissance. Vingt ans plus tard, ils font

transformer leur demeure, qui date de

1729, par le célèbre architecte Constantijn

Muysken, spécialiste du style de la Renaissance

hollandaise. Tout le côté droit du

bâtiment est ainsi rénové suivant la mode

de la fin du XIXe siècle. Des serres et peintures

murales sont intégrées de même que

des éléments de la fin du XVIIe siècle, provenant

d’autres bâtiments de Dordrecht,

comme la cheminée de la bibliothèque.

Cornelia meurt juste avant d’avoir atteint

l’âge des 25 ans. Son portrait se trouve

encore dans le bureau.

Simon van Gijn

investit l’argent qu’il

gagnait dans la

collection de gravures

anciennes, d’armes,

de maquettes de

bateaux, de pièces de

monnaie, d’argent et

de céramique.

MANIE DE COLLECTIONNEUR

Simon van Gijn s’intéresse, dès l’enfance,

à l’Histoire et, sur les encouragements de

son professeur de pensionnat, se met à

collectionner les gravures anciennes. Il

se passionne aussi pour l’art et l’artisanat.

Il investit l’argent qu’il gagne dans son

‘‘deuxième grand amour’’, la collection de

gravures historiques, d’armes, de maquettes

de bateaux, de pièces de monnaie,

d’argenterie et de céramique. Sa principale

collection est celle de gravures, l’Atlas Van

Gijn, qui compte trente mille pièces. Il les

étudie, les nettoie et les conserve précieusement

dans un coffre spécial. Plus

tard, il s’emploiera à les répertorier et à les

décrire. Il s’engage corps et âme en faveur

de la vie culturelle, à Dordrecht et au-delà,

organisant des expositions, entre autres

de gravures et autres objets de sa propre

collection. En 1892, il est l’un des cofondateurs

de la Vereniging Oud-Dordrecht,

qui disposera deux ans plus tard de son

propre musée. Il préside aussi, pendant

54


La salle en cuir doré dans son état rénové. © photo : Tomas Mutsaers

55


La cuisine. © photo : Peter den Ouden

des années, la Vereeniging Dordrechts

Museum. En 1900, il est nommé chevalier

de l’Ordre d’Orange-Nassau. À sa mort, en

1922, son abondante collection comme

sa maison sont léguées à la Vereeniging

Oud-Dordrecht, avec la mission d’en faire

un musée. Le musée Simon van Gijn ouvre

ses portes en 1925. Dans son testament,

il stipulait la conservation d’une partie

des pièces et des meubles, par exemple la

salle à manger et le bureau. D’autres pièces

furent aménagées de vitrines pour exposer

les collections. À la fin du siècle dernier, il

fut décidé de restaurer le bâtiment dans

l’état où il se trouvait à l’époque de Van

Gijn et de montrer la vie quotidienne

d’une famille bourgeoise, de la cave au

grenier. L’ancien intérieur reprit ainsi peu

à peu vie, grâce à des photographies, des

annotations, des dessins, des fragments

de peinture et de papier peint. Le musée

fête donc, cette année, son centenaire et la

dernière main est donnée à cette singulière

capsule temporelle. Un siècle plus tard, la

collection continue de s’étoffer avec des

pièces uniques appartenant à l’histoire de

Dordrecht.

Le caractère

exceptionnel de cette

salle de cuir doré

tient au fait qu’elle

est la seule à provenir

d’une maison

bourgeoise et à dater

du XVIIe siècle.

RICHESSE COLONIALE

Une salle de cuirs dorés du XVIIe siècle est

incluse dans ce décor. Cette pièce d’apparat

se trouvait à l’origine dans la résidence De

Rozijnkorf, à Dordrecht. Son commanditaire

était Pieter Adriaansz. van der Werff, qui fit

aménager cette pièce en 1686, au-dessus de

sa boutique. Ce genre de pièce avait pour

but de montrer la richesse de son propriétaire.

Pieter van der Werff était confiseur.

Les sucreries et autres produits coloniaux

étaient alors vendus dans les pharmacies.

Cette salle de cuir doré est ainsi associée au

passé colonial de la ville de Dordrecht. Si Van

Gijn était connu pour son aménagement

intérieur, ce fut son collègue collectionneur

Hidde Nijland qui acquit cette pièce lors

d’une vente publique, en 1890. Celle-ci fut

ensuite à nouveau mise à l’encan, puis redécouverte

en 1989 dans une villa de Wassenaar,

après avoir entretemps disparu. Elle

revint à Dordrecht et trouva place, en 2001,

dans la Huis Van Gijn. Le caractère exceptionnel

de cette salle de cuir doré tient au fait

qu’elle est la seule à provenir d’une maison

bourgeoise et à dater du XVIIe siècle. Le cuir

doré, la cheminée, le sol de l’âtre, les boiseries

de style classique, l’alcôve et le plafond sont

tous des éléments originaux. Le cuir doré est

d’abord une production du sud de l’Europe.

Il se compose de feuilles de cuir cousues

ensemble et gaufrées. Il est ensuite revêtu

d’une couche de feuille d’argent doté d’un

vernis jaune à travers lequel l’or étincèle. Le

cuir n’est donc pas réellement doré, contrairement

à ce que son nom laisse supposer.

Des couches de peinture multicolores font

vivre les motifs. À partir du XVIIe siècle, le

cuir doré devient très populaire comme

56


Le cuir doré se

compose de feuilles

de cuir cousues

ensemble et gaufrées.

On le dote ensuite

d’une couche de

feuille d’argent avec

un vernis jaune.

des motifs de laine et de soie prenait un

temps infini : plus il y avait de détails, plus

la scène était riche. La Huis Van Gijn est

la seule demeure des Pays-Bas dont les

murs sont encore revêtus de tapisseries

du XVIIIe siècle. La scène illustrée se lit

comme une bande dessinée qui présente

des scènes d’Il pastor fido (Le fidèle berger),

une pastorale de 1589. Elle fut confectionnée

à Audenarde. Du XVe au XVIIIe

siècle, cette ville sur l’Escaut était connue

pour ses tapisseries, reconnaissables à une

marque unique et pour ses ‘‘verdures’’. L’intérieur

de cette salle date de la construction

du bâtiment, avec ses boiseries et

peintures de style Louis XIV par Adriaan

van der Burg (1693-1733). Simon van Gijn

en prit autant soin que les propriétaires

précédents. Il stipulait, dans son testament,

que cette pièce devait rester en l’état

après sa mort.

VISITER

Huis Van Gijn

Dordrecht

www.huisvangijn.nl

‘‘papier peint’’, dans la classe moyenne aisée.

Malines, capitale éphémère (de 1507 à 1530)

des Pays-Bas espagnols, sous le gouvernement

de Marguerite d’Autriche, tante de

Charles Quint, est alors le principal centre

de production régional. Alors que, dans le

sud de l’Europe, notamment à Cordoue, on

utilise surtout du cuir de chèvre et de mouton,

on privilégie ici le vélin, plus souple. Le

cuir doré des Pays-Bas est donc connu pour

ses reliefs prononcés.

RESTAURATION INTENSIVE

Comme la pièce de cuir doré ne faisait

pas partie de la maison de Van Gijn à

Dordrecht, elle fut déplacée en 2025 dans

le bâtiment adjacent. Lors de cette opération,

elle a été restaurée avec soin par une

équipe d’experts. Les éléments du plafond,

revêtu de peintures d’Augustinus Terwesten

(1649-1711), ont été entrés par les

fenêtres et disposés dans un nouvel emplacement.

Les restaurateurs de meubles ont

reconstruit une façade entière vitrée, qui

avait disparu au fil des siècles. Les parties

manquantes, précédemment remplacées

par des facsimilés, ont été reconstituées. Il

est donc désormais possible de retrouver

dans cette pièce le même rayonnement

qu’il y a 350 ans. En dehors du cuir doré,

les tentures murales étaient également en

vogue pendant des siècles, dans les cours

royales et la bourgeoisie. La confection

Il existe une différence notable entre l’ancien cuir doré et le cuir nouvellement fabriqué, aux couleurs

vives comme au XVIIe siècle. © photo : Arjen Veldt

Contrôle du moule avant pressage. © photo : Arjen Veldt

57


Portrait d’une vieille femme, 1651, huile sur panneau, 41 x 33 cm. Vienne, Kunsthistorisches Museum.

58


L’oeuvre révèle l’artiste

Qui était

le Maître I.S. ?

L’artiste qui signait des lettres

‘‘I.S.’’ demeure l’une des plus

grandes énigmes de la peinture

néerlandaise du XVIIe siècle.

De fait, nul ne sait qui se cache

derrière les tableaux saisissants

de ce contemporain de

Rembrandt.

TEXTE : BERNADETTE VAN DER GOES

«

Toujours

des personnages

étranges ou des vêtements

étranges », c’est

en ces termes que l’historien

de l’art allemand Wilhelm von Bode

(1845-1929) décrivait, en 1891, les tableaux

qu’il connaissait du Maître I.S. Quel était

ce monogrammiste qui peignait avec réalisme

des trognes, portraits et tableaux de

genre d’érudits dans leurs cabinets de travail

? La plupart de ses œuvres, de grande

qualité, figurent dans d’importantes

collections internationales, qui rappellent

beaucoup celles de peintres néerlandais

du XVIIe siècle, mais pas tout à fait. Car les

tableaux du Maître I.S. possèdent souvent

leur propre singularité : les objets,

dans les scènes de genre, et les vêtements

des personnages signalent une origine

différente. Leur tenue indique clairement

qu’ils ne sont pas Hollandais, tandis que le

réalisme des trognes de Maître I.S. dépasse

largement celui de ses collègues néerlandais.

Chez cet artiste, elles sont souvent

hyperréalistes, voire d’une authenticité

étonnante. D’où ce peintre venait-il, chez

qui a-t-il appris le métier, où et quand a-t-il

vécu et travaillé ? Nul ne sait d’ailleurs s’il

était homme ou femme, même si le premier

genre semble le plus probable.

REGARDER ET ASSOCIER

Les historiens de l’art sont, depuis longtemps,

fascinés par ce mystérieux artiste,

dont l’œuvre conservé se compose d’une

petite trentaine de tableaux et qui est

désormais considéré comme faisant partie

de l’école de Rembrandt. Mais il n’existe

pas de trace écrite sur son identité et sa vie

personnelle. Ces dernières années, pour

tenter de percer ce mystère, des conservateurs

du Serlachius Museum de Mänttä,

en Finlande, et du musée De Lakenhal, à

Leyde, aidés de professeurs d’histoire de

l’art de l’Université Radboud de Nimègue,

ont mené des recherches approfondies

sur le Maître I.S. Celles-ci ont débouché

sur la mise sur pied d’une exposition des

principaux tableaux connus, déjà montrée

au musée de Mänttä et aujourd’hui

présentée à Leyde. Ces chercheurs ont,

en outre, rédigé la première monographie

consacrée à l'artiste, véritable tour de

force car le manque de sources écrites les

a forcés à se concentrer sur ses tableaux.

Cette approche, consistant à examiner à

la loupe et à combiner judicieusement les

indices factuels, a généré d’importantes

Le réalisme des

trognes du Maître I.S.

dépasse largement

celui de ses collègues

néerlandais.

connaissances et il est désormais possible

d’identifier l’un des personnages du Maître

I.S. comme étant un autoportrait. Grâce

aux datations opérées sur un certain

nombre de tableaux, nous savons qu’il fut

actif entre 1633 et 1658. Les vêtements,

accessoires, meubles et autres objets

illustrés paraissent provenir des régions

qui bordent la mer Baltique, autrement dit

l’actuelle Scandinavie et l’Europe orientale.

Les objets, la composition, l’éclairage,

les étoffes imprimées et la précision des

détails révèlent que le Maître I.S. a très

probablement séjourné à Leyde ou qu’il

a, à tout le moins, approché de très près

les fameuses trognes des jeunes peintres

de Leyde comme Rembrandt, Jan Lievens

et Gerrit Dou, réalisées au début de leur

carrière.

ANOMALIES

Les trognes, à ne pas confondre avec les

portraits, sont des tableaux représentant

des visages non singularisés. Le genre est

introduit à Leyde, dans les années 1625-

1630, par Jan Lievens et Rembrandt. Il

ne s’agit au début que de simples études

59


Le panneau intitulé

Homme avec une

excroissance sur le

nez est si réaliste qu’il

suscite à la fois horreur

et compassion.

Portrait de femme, tournée vers la gauche, ca. 1650. Montréal, Musée des Beaux-Arts.

de peau, poils ou taches sont visibles. Ses

yeux bleu acier bordés de rouge, la femme

serre les mâchoires et se pince les lèvres.

Elle a sans doute trimé sa vie durant. Si

son regard est triste, ses traits déterminés

trahissent une forte personnalité. Ce qui

donne envie d’en savoir plus sur elle. Les

œuvres du Maître I.S. furent collectionnées

dans les plus hautes sphères internationales.

On sait que ce Portrait d’une vieille

femme se trouvait en 1659, huit ans à peine

après sa réalisation, dans les collections de

l’archiduc Léopold-Guillaume d’Autriche,

grand collectionneur et mécène. L’artiste

aurait, selon certaines hypothèses, vécu et

travaillé un certain temps à Leyde. Il aurait

aussi été en contact, à Amsterdam, avec

des marchands qui commerçaient avec

les pays bordant la mer Baltique. Partant,

il serait peut-être retourné dans son pays

d’origine, inconnu à ce jour.

devant servir d’exercice pour camper

physionomie et émotions. Des personnes

de l’entourage immédiat des peintres

posent comme modèles. Au fil du temps,

ces trognes deviennent un genre à part

entière où les modèles sont transformés

en personnages fictifs. Elles sont si prisées

des collectionneurs que Rembrandt et Jan

Lievens en réalisent aussi des estampes.

Les trognes du Maître I.S. sont d’une vingtaine

d’années plus tardives et, par leur

forme, leur composition, leurs couleurs

et leur éclairage, font écho aux œuvres de

ses deux célèbres prédécesseurs. Un écho

qui a sa propre résonance : chez le Maître

I.S., les visages ne sont plus uniquement

des modèles transformés en personnages

fictifs ; ils ressemblent à de véritables êtres

humains. Le petit format des panneaux,

l’arrière-plan souvent obscur et le position-

nement des personnages à l’avant-plan

créent une atmosphère intime. Curieusement,

le Maître I.S. a également peint des

personnes au visage déformé. Par exemple,

un homme borgne ou une femme avec un

grain de beauté sur la paupière. Le panneau

intitulé Homme avec une excroissance

sur le nez est si réaliste qu’il suscite à la fois

horreur et compassion.

UN OBSERVATEUR AVISÉ

Le Maître I.S. connaissait parfaitement la

technique de la peinture. Doté d’une formidable

empathie, c’était un bon observateur

qui rendait avec une attention intense

la physionomie de ses personnages. Dans

son Portrait d’une vieille femme (1651), il

a exécuté, avec une multitude de détails,

le visage d’une femme simple portant un

fichu sur la tête. Les moindres rides, plis

VISITER

Un mystère magistral. À propos d’un

contemporain énigmatique de Rembrandt

du 11-10 au 08-03-2026

Musée De Lakenhal

Leyde

www.lakenhal.nl

LIRE

Coll., Master I.S. – Enigmatic Contemporary

of Rembrandt, Parvs, Helsinki, 2025, ISBN

978-9-52744-192-3, 35 €

60


Homme avec une excroissance sur le nez, 1645, huile sur panneau, 48 x 37 cm. Stockholm, Nationalmuseum.

61


La vie du conservateur

Ralph Collier – #009

« L’imagination débute

dans le non-savoir »

Le conservateur Ralph Collier précise l’idée qui soustend

toute l’exposition organisée au musée M de

Louvain : et si l’inconnu n’était pas une limite, mais un

point de départ ? Avec Dusty Die d’Alicja Kwade (1979),

il associe art et science, dans un parcours aussi précis

que poétique. Il nous guide à travers des œuvres qui

n’expliquent pas, mais questionnent, et montre à quel

point le doute et le non-savoir peuvent être un terreau

favorable à l’imagination.

Alicja Kwade, Blue Days Dust, 2024. © de l’artiste / photo : Archive Kwade

« Au M, nous

voulons que

le visiteur

sorte avec

des questions

pertinentes sur

l’environnement,

les matériaux et

le cosmos »

RALPH COLLIER

© photo : Stie De Neve

Quelle fut la motivation ou

l’idée sous-jacente à cette

exposition ?

« Dusty Die d’Alicja Kwade constitue

le dernier volet des célébrations

des 600 ans d’existence de

l’Université catholique de Louvain.

Pour l’occasion, nous avons

cherché un artiste contemporain

qui associe, de manière originale,

art et science. Le choix s’est porté

sur Alicja Kwade, car elle relie

concepts scientifiques, questions

philosophiques, sculptures et installations.

Elle ne fournit pas des

réponses définitives, mais laisse

place à la poésie, au doute et aux

possibilités du non-savoir. Elle se

base sur des idées scientifiques

et philosophiques qu’elle traduit

en installations sensorielles.

Elle utilise la pierre, le métal, le

verre et les miroirs, mais aussi les

roches et pigments anciens. Par

des effets de miroirs, de répétitions

et d’équilibre, elle renverse

les concepts de temps, de hasard

et de pesanteur. Compte tenu

des réactions inattendues, le sens

change en même temps que la

position. L’exposition est conçue

comme un parcours de réflexion

palpable : techniquement précis,

ouvert quant à son contenu et

axé sur une observation lente et

sur la curiosité. L’artiste montre

les œuvres-clés de sa production

récente, avec de nouvelles installations

à la mesure du musée. »

Quels furent vos critères de

sélection ?

« Et si l’inconnu n’était pas une

limite, mais un point de départ ?

Cette idée a donné lieu à une sélection

sans plan strict, basée sur

une série d’expériences. L’artiste

explore notre façon d’organiser

le monde et les lignes de faille

qui en résultent. L’exposition a

trouvé un rythme qui a débuté

comme une quête, en suivant

une certaine logique. Son œuvre

montre notre façon d’organiser

la réalité par le langage, les

mathématiques ou les instruments

de mesure, des systèmes

qui semblent moins neutres dès

qu’on change de point de vue.

Elle traduit des concepts comme

le temps et la pesanteur, non

pour les expliquer, mais pour

nous les révéler. C’est dans le

non-savoir que débute l’imagination.

Le titre Dusty Die réunit

toutes ces idées. ‘‘Dusty’’ se

réfère à la poussière – fugace et

cosmique – et ‘‘Die’’ au dé, symbole

du hasard. Ces deux notions

renvoient à un monde que nous

ne maîtrisons jamais totalement,

mais qui prend tout son sens dès

lors que nous n’en finissons pas

de le regarder. Notre époque se

caractérise par l’incertitude et les

systèmes chancelants. Dusty Die

ne fournit pas de réponses, mais

invite à revoir les conjectures et à

observer lentement. De la poussière

microscopique à l’incommensurabilité

de l’Univers. »

Quelle œuvre ou quel moment

de l’exposition constitue,

selon vous, le cœur de cette

histoire ?

« Son cœur s’articule, selon moi,

autour de ces deux moments

que sont le hasard et l’aboutissement.

Le premier est In Ewig

den Zufall betrachtend, cinq

dés lévitant au ralenti. Filmé

au rythme de dix mille images

par seconde, le clignement

d’yeux dure à l’infini. Le film

recommence au moment où le

spectateur s’attend à atterrir. Ce

largage est hésitant, mais vous

continuez à regarder avec intérêt

62


« Dusty Die est une exposition

conçue comme un parcours de

réflexion palpable : techniquement

précis, ouvert quant à son contenu et

tourné vers une observation lente et

la curiosité »

RALPH COLLIER

et espoir. Le second est Blue Days

Dust, une chambre d’un bleu

intense avec, au centre, un bloc

de lapis lazuli de deux mille kilos.

La peinture pigmentée des murs

a été obtenue à partir de cette

pierre, d’où l’on tirait l’ancestral

pigment outremer. L’œuvre

montre la tension entre la Terre

et le cosmos, le poids et la légèreté,

l’objet et la surface colorée.

Qu’est-ce qui donne de la valeur

à une chose, la pierre ou ce que

nous en faisons ? Ces œuvres

résument l’exposition : le hasard

sans fin, le temps qui s’étire à

l’infini, la matière qui change

de sens. Alicja Kwade renverse

systèmes et certitudes juste assez

pour autoriser un autre regard. »

Quel rôle jouez-vous dans

cette exposition ?

« L’installation est, à mes yeux,

un enchaînement d’expériences

qui interpellent les sens d’une

manière chaque fois différente.

Le parcours varie de l’obscurité

à la lumière, du mouvement au

repos. Le rôle du M est celui d’un

guide discret : nous ajustons le

rythme et la lumière, mais laissons

les œuvres parler. L’approfondissement

s’opère en dehors

de l’image : par le truchement

d’un guide, de questions et des

voix des professeurs de l’UC

Louvain. Un dialogue s’établit

alors entre l’expérience artistique

et la réflexion scientifiques. Le

programme public prolonge

Alicja Kwade, Hubwagen, 2012-2013. © de l’artiste / Courtesy René

Block Edition / photo : Roman März

Alicja Kwade, Superheavy Skies, 2022. © de l’artiste / Courtesy 303 Gallery, New York

/ photo : Justin Craun

ce dialogue : le juriste Philip De

Man s’exprime sur le droit de

l’espace, le cosmologue Thomas

Hertog discute avec l’artiste du

temps qui passe et avec la philosophe

Sylvia Wenmackers de

modèles scientifiques en guise

de fiction. Pas de réponses, mais

des questions plus pointues qui

élargissent le regard. Nous nous

réjouissons de faire découvrir

Alicja Kwade au public belge

avec, pour la première fois, une

exposition personnelle. »

Que souhaitez-vous que les

visiteurs retiennent de cette

exposition ?

« J’espère avant tout qu’ils

apprendront à poser un regard

différent. Plus lent, plus alerte,

en gardant à l’esprit que leur

position détermine ce qu’ils

voient. Le non-savoir n’est pas

une déficience intellectuelle,

mais un état favorable à l’imagination

et au sens. J’espère

aussi qu’ils comprendront que

le temps, la mesure et la valeur

sont des instruments culturels,

puissants mais provisoires. Le

savoir croît collectivement, en

mesurant, posant des questions

et les adaptant. Au M, nous

voulons que le visiteur sorte

du musée avec des questions

pertinentes sur l’environnement,

les matériaux et le cosmos. Leur

plus beau souvenir sera peutêtre

l’envie de prendre l’inconnu

comme point de départ. »

Si vous deviez choisir une

œuvre, quelle serait-elle et

pourquoi ?

« J’en choisirais deux : Superheavy

Skies et Hubwagen. La

première m’émeut, car des

rochers énormes semblent flotter

dans un système fragile de tiges

et de fils. A la moindre secousse,

tout chavire. Cela prouve à quel

point les certitudes sont calibrées

en permanence. Le regard s’en

trouve ralenti et une attitude se

profile : s’adapter sans cesse et

trouver le repos dans un équilibre

jamais définitif. Hubwagen

propose le contraire : un objet

usuel familier décrit des cercles

à l’infini. Productif d’apparence,

mais qui n’évolue pas. Il révèle

les routines dont nous sommes

prisonniers et illustre le temps

qui passe sous la forme d’un

cercle. Hubwagen est parfois

activé durant l’exposition, de

façon à rendre cette boucle sans

fin littéralement visible. Les deux

œuvres constituent une sorte de

boussole : Superheavy Skies pour

l’intérêt et l’adaptation, Hubwagen

comme mise en garde

contre le pilote automatique. »

Alicja Kwade. Dusty Die

du 10-10 au 22-02-2026

Musée M

Louvain

www.mleuven.be

63


Sélection Musées

L’appel de la nature

du 04-10 au 25-01-2026

CAP

Mons

www.cap.mons.be

L’instinct et

la matière

du 11-10 au 01-03-2026

Keramis

La Louvière

www.keramis.be

Après les avoir présentées

à Bozar en

2021 et un peu partout

ailleurs depuis, David

Hockney (1937) installe

à Mons ses œuvres

issues de dessins

réalisés sur Ipad. Ici

cependant, elles ne

constituent pas le

cœur de l’exposition,

mais s’intègrent dans

la thématique de

celle-ci : la relation de

l’homme à la nature.

Un sujet extrêmement

pertinent aujourd’hui

et qui se décline au

fil de l’accrochage en

plusieurs sections : la

terre nourricière, les

champs, les saisons,

les fleurs, la solitude

et la poésie. Dès lors,

l’artiste britannique

dévoile aussi des

peintures de format

monumental traitant

de ce sujet. Elles seront, à leur tour, accompagnées de tableaux et sculptures

d’autres maîtres, non moins prestigieux, puisqu’il s’agit de Vincent van Gogh,

Edvard Munch, Constantin Meunier ainsi que d’artistes nordiques comme Albert

Edelfelt et Konrad Mägi. Dans les salles, la symphonie Le Chant de la Terre de Gustav

Mahler offre un judicieux contrepoint musical. (ah)

David Hockney, The Arrival of Spring in Woldgate, East Yorkshire in 2011 (twenty eleven) – 30 April,

dessins sur iPad imprimé sur papier, éd. de 25, 55 x 41,5 cm. Ersnt Colletion © de l’artiste

« Ce qui me guide, c’est l’instinct », confiait

Clémence van Lunen dans un entretien donné

en 2020 à Artension. L’instinct, le sens du

volume, et les défis de la matière, outre aussi

un goût certain pour la nature, ces trois éléments

innervent le travail mené par Clémence

van Lunen (1959). Née à Bruxelles, elle estime

trouver dans le volume son meilleur moyen

d’expression et va se former chez le sculpteur

Michel Smolders, puis aux Beaux-Arts à Paris,

où elle réside aujourd’hui. Le travail de la terre

l’attire peu à peu, peut-être pour son lien

immédiat avec la nature, lien qu’elle va approfondir

par des séjours au Japon, avant d’aller

étudier la porcelaine en Chine. Ces jalons

formateurs aiguisent l’instinct, cette force

spontanée qui fait surgir un monde de formes

colorées, d’hybrides entre végétal et minéral,

voguant dans des lieux incertains, entre

ludiques, monstrueux et joyeux. Un monde

formidable à découvrir dans cette rétrospective

de trente ans de carrière. (ah)

Clémence van Lunen, Cactus #11, 2017, grès et briques

émaillées, 113 x 39 x 33 cm. © de l’artiste / Courtesy

Galerie Polaris, Paris

La poésie du quotidien

du 09-10 au 22-02-2026

La Centrale

Bruxelles

www.centrale.brussels

Michel Couturier, Fer à béton, 2020, fusain

sur papier, 200 x 125,5 cm. © de l’artiste /

photo : Philippe De Gobert

Réunissant cinq vidéos récentes, une installation, une quarantaine de dessins et une série toute

nouvelle d’impressions numériques, cette exposition retrace les dix dernières années de l’œuvre

de Michel Couturier (1957-2024). L’artiste, qui a représenté la Belgique à la Biennale de Venise en

1986, n’a cessé de développé un œuvre pluridisciplinaire dont l’une des caractéristiques saillantes

est d’entrer en dialogue avec la sculpture, l’architecture et l’espace public. Comme en témoigne cet

accrochage monographique, les images fixes ou mouvantes, captées au fil de paysages bucoliques

ou urbains, entrent en résonnance avec des mots d’auteurs anciens comme Homère (VIIIe siècle

av. J.-C.) ou Cesare Pavese (1908-1950), ou avec ceux de l’artiste lui-même. S’y déploie doucement

la poésie du quotidien, soit tout ce qui alerte les sens quand on y prête attention. (ah)

64


Un grand versatile

du 15-10 au 26-01-2026

Le Louvre

Paris

www.louvre.fr

Formé dans les

dernières années

du Rococo, s’imposant

ensuite

comme l’un des

premiers et des

plus importants

représentants

du néo-classicisme,

devenant

ensuite le chantre

de Napoléon,

Jacques-Louis

David (1748-

1825) est l’un des

peintres majeurs

de France,

créant quelques

chefs d’œuvres

incontournables

comme Marat

assassiné ou le

Sacre de Napoléon.

Activiste

forcené de la

Révolution, il

n’hésita pas à

retourner sa veste

pour continuer à peindre, ce qui, finalement, le conduisit à l’exil. C’est d’ailleurs

à Bruxelles qu’il s’éteignit. Cette exposition est donc organisée afin de célébrer

le bicentenaire de sa mort mais aussi afin de renouveler la vision que l’on porte

sur cette personnalité orgueilleuse et complexe, dont l’œuvre est d’une richesse

exceptionnelle. Les commissaires souhaitent en effet mettre en lumière la force

d’invention et la puissance expressive de la peinture de David, plus chargée de

sensations que ce que l’imposante rigueur de ses tableaux laisse penser. (ah)

Jacques-Louis David, Marat assassiné, 1793, huile sur toile. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-

Arts de Belgique. © photo : J. Geleyns – Art Photography

Le maniérisme italien

en France

du 22-10 au 01-02-2026

Beaux-Arts

Paris

www.beauxartsparis.fr

Afin de décorer le château de Fontainebleau,

François Ier puis Henri II ont invité Rosso Fiorentino

(1595-1540) et Francesco Primaticcio, dit Le

Primatice (1504-1570). Ces Italiens importèrent en

France la nouvelle tendance artistique du moment,

le maniérisme, adoptée et diffusée par leurs aides

français. Copiant les modèles des décors peints

et sculptés, suivant la genèse et l’évolution de

ce formidable chantier, de nombreux dessins de

mêmes que des estampes à l’eau-forte traduisent

abondamment cette assimilation. Cette exposition

s’est construite sur base des collections des Beaux-

Arts de Paris, qui possèdent un fonds exceptionnel

d’œuvres du XVIe siècle, l’un des plus importants

en France avec celui du Louvre. La première partie

du parcours présente les décors peints et sculptés

encore en place et ceux aujourd’hui disparus,

grâce aux dessins préparatoires et à ceux réalisés

sur le chantier, aux copies dessinées et estampes.

La seconde phase est dédiée aux eaux-fortes réalisées

par l’atelier de gravure bellifontain dans les

années 1540. Enfin, la troisième partie étudie les

sources antiques et contemporaines ayant inspiré

les artistes à la cour de Fontainebleau. (ah)

Antonio Fantuzzi, Un cryptoportique, eau-forte, contrecollé

aux coins, 29,3 x 42,1 cm. © Beaux-Arts de Paris

George Condo

du 10-10 au 08-02 2026

Musée d’Art Moderne de la Ville

Paris

www.mam.paris.fr

George Condo, The portable Artist, 1995.

Collection privée. © ADAGP

Après les rétrospectives consacrées à Jean-Michel Basquiat et à Keith Haring, cette exposition

constitue le dernier volet d’une trilogie new-yorkaise, explorant l’émergence dans les années 1980

d’une nouvelle génération de peintres. Un propos d’autant plus pertinent que Georges Condo

(1957) fut un ami proche de ces deux artistes. Installé à New York dès 1979, il fut de fait très vite

introduit dans la scène artistique locale, travaillant entre autres dans l’atelier de sérigraphie d’Andy

Warhol. Il s’installa ensuite à Cologne, puis à Paris, qui devint son lieu principal de résidence, de

1985 à 1995. L’exposition, conçue en dialogue avec l’artiste, retrace plus de quatre décennies de

carrière, réunissant les plus emblématiques de ses oeuvres. Elle donne à voir la diversité de sa

pratique au travers de trois thématiques principales : le rapport à l’histoire de l’art, le traitement de

la figure humaine et le lien à l’abstraction. (ah)

65


Sélection Musées

La soeur de l’autre

du 10-10 au 11-01-2026

Schirn Kunsthalle

Francfort

www.schirn.de

Pas drôles ?

du 18-10 au 08-03-2026

LAAC

Dunkerque

Les Duchamp formaient

déjà une belle fratrie

artistique : Marcel, le plus

facétieux, dynamiteur

consciencieux des arts ;

Raymond Duchamp-

Villon, le sculpteur cubiste

et Jacques, le peintre.

Mais comme l’établit

Marcel lui-même dans

une exposition montée

à Rouen en 1967, les trois

mousquetaires étaient

accompagnés d’un

d’Artagnan, incarné ici

par leur soeur Suzanne

(1889-1963). Comme le

démontre cette exposition,

elle fut une artiste

bien engagée dans les

avant-gardes tout en

restant farouchement

indépendante. Ainsi, elle

expérimente divers nouveaux

médiums comme

le collage, mais recourt sans préjudice, autant à la figuration qu’à l’abstraction. Liée

au mouvement Dada, elle a créé un langage pictural subtil et unique, en combinant le

ready-made, des inscriptions poétiques et des formes géométriques. Après la période

Dada, son oeuvre n’a cessé de se renouveler. Cette rétropective bénéficie de découvertes

et recherches récentes, qui mettent à l’honneur une figure trop vite mise au

placard par une histoire de l’art assez misogyne. (ah)

Suzanne Duchamp, Jeune Fille au Chien (Young Girl with Dog), 1912, huile sur toile, 92 × 73 cm. Paris,

Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Suzanne Duchamp / VG Bild-Kunst, Bonn 2025 / CNAC-MNAM /

photo : Bertrand Prévost

Très souvent,

les féministes

ont été (sont

encore ?)

taxées d’un

manque

d’humour.

Comme chacun

le sait,

l’humour

est un terme

masculin…

pourquoi

donc la gent

féminine

devrait-elle

s’en préoccuper ? Trêve de plaisanterie : il

suffit de considérer les œuvres de la géniale

Evelyne Axell (1935-1972) pour être séduit

par son ironie implacable, la frondeuse et

malicieuse image qu’elle donne de la femme.

Plusieurs œuvres de l’artiste font partie de

cette exposition consacrée à la deuxième

vague féministe, soit aux années 1960-1970.

Le parcours présente un ensemble d’artistes

ayant manié l’humour afin de s’en servir

comme d’une arme militante, en parodiant

des œuvres d’hommes ou en détournant

l’idéal féminin, même sans avoir peur de

se parodier. Des œuvres savoureuses, qui

rappellent avec acuité qu’aujourd’hui encore,

les droits des femmes sont loin d’être acquis.

(ah)

Evelyne Axell, Sans titre (Ouf !), ca. 1964, techniques

mixtes et collage sur papier, 55 x 36,5 cm. Collection

Philippe Axell. © Adagp, Paris, 2025

Espace et volume

du 11-10 au 02-03-2026

Peggy Guggenheim Collection

Venise

www.guggenheim-venice.it

Lucio Fontana, Banane et poire, céramique polychrome, 16,6 x

26 cm. Rira Collection. © Fondazione Lucio Fontana, Milano /

photo : SIAE 2024

Ses toiles monochromes, simplement lardées de coups de couteau, figurent

parmi les œuvres les plus célèbres de l’art contemporain. Mais Lucio Fontana

(1899-1968) fut, avant tout, un sculpteur et un céramiste hors pair. Cette exposition

se consacre donc exclusivement à ce riche corpus d’œuvres céramiques,

offrant un témoignage exceptionnel de son imagination créatrice et démontrant

que l’artiste y étudie déjà la captation de l’espace, qu’il confronte ici au

volume. Plusieurs dizaines d’œuvres témoignent des divers sujets abordés :

figures humaines, animaux, arlequins, guerriers et formes abstraites. Si certaines

sculptures soulignent la nature organique du médium, d’autres sont

émaillées de couleurs vives et intenses. Certaines ont été produites en série,

tandis que d’autres sont des pièces uniques. L’exposition présente également

des photographies de l’artiste au travail et révèle l’importance de sa main

dans le processus créatif. (ah)

66


La star des photographes de stars

du 09-10 au 11-01-2026

National Portrait Gallery

Londres

www.npg.org.uk

Le panel de personnes

passées

devant l’objectif

de Cecil Beaton

(1904-1980) est

impressionnant,

des stars

d’Hollywood aux

représentants de

la haute société

et de la royauté,

en passant par

des artistes

renommés :

Marilyn Monroe,

Audrey Hepburn,

Elizabeth Taylor,

Marlon Brando,

la reine Elizabeth

II, la princesse

Margaret, Lucian

Freud, Francis

Bacon ou Salvador

Dalí. Comme

cette exposition

le démontre,

Cecil Beaton

fut d’abord un

photographe

de mode et ses premiers clichés constituèrent la base de son succès, car il y développa

un style devenu ensuite emblématique et qui lui assura une ascension fulgurante,

l’alliance du glamour scénique édouardien et de l’élégance moderne, reflet des temps

nouveaux. En outre, Cecil Beaton fut également un illustrateur de mode, un costumier

oscarisé, un caricaturiste social et un écrivain perspicace. Celui qui fut surnommé ‘‘Le

Roi de Vogue’’ devint ainsi une figure majeure de la création britannique et américaine

du XXe siècle. (ah)

Au pays de

Gengis Khan

du 24-10 au 22-02-2026 Museum Rietberg

Zurich

www.rietberg.ch

Le titre donné à cet article résume parfaitement

les stéréotypes qui concernent la Mongolie

: des steppes arpentées par des bergers

nomades ou tailladées par des hordes de

guerriers sauvages. Bienvenue donc dans

cette exposition, nourrie par les derniers résultats

de la recherche archéologique menée

dans ces régions fascinantes. De nombreux

objets, comme des tissus précieux, jamais vus

hors Mongolie, évoquent une histoire plus

riche, plus nuancée qu’elle ne l’a jamais été.

Ainsi, le visiteur est invité à se plonger dans

la culture colorée et vivante des grandes cités

construites dans la steppe mongole, entre les

IIe et XIVe siècles. L’exposition souhaite démontrer

combien les steppes d’Asie du Nord

étaient alors devenues la plaque tournante

d’un espace culturel précoce, entre l’Europe

et l’Asie orientale. (ah)

Cavalier mongol, de l’Album Diez, Tabriz (?), Iran, 1er

quart du XIVe siècle. © Staatsbibliothek zu Berlin –

Preussischer Kulturbesitz, Orientabteilung

Cecil Beaton, Audrey Hepburn dans sa tenue pour “My Fair Lady”, 1963, couleurs originales. Londres,

The Cecil Beaton Archive.

Le paysage fantastique

du 11-10 au 22-02-2026

Museum Arnhem

Arnhem

www.museumarnhem.nl

Le surréalisme vu sous un nouvel angle : dans cette exposition, le musée d’Arnhem montre comment

les surréalistes ont utilisé le paysage comme un miroir de la société. Plus de cent œuvres,

notamment de Magritte, Carrington, Lee Miller et d’artistes contemporains, montrent comment

les images oniriques ne révèlent pas seulement notre for intérieur, mais reflètent également les

tensions politiques et les questions climatiques. Avec quatre chapitres thématiques, allant de la

psychanalyse aux identités fluides et aux croisements entre l’homme et la nature, l’exposition

propose une perspective innovante. Pour la première fois aux Pays-Bas, le paysage fut ainsi au

centre de l’un des mouvements artistiques les plus influents du XXe siècle. (eb)

René Magritte, The Flavour of Tears, 1948, huile sur toile. © Pictoright Amsterdam 2025

67


Agenda Musées

CNN199

△ CNN199: 35 ans de hiphop

activism

16-10 till 16-11

Design Museum

△ Design & Comics:

Living in a Box

18-10 till 01-03-2026

△ Entre Paris et Bruxelles.

La période Art Déco du

couple Baucher-Feron

till 02-11

Fondation A

△ What’s the word?

Johannesburg!

till 21-12

motief, all over

till 02-11

Musée Juif

△ There is a crack in

everything

till 14-12

Musée Mode &

Dentelle

△ 40+ years of stijl

till 11-01-2026

Musées royaux

des Beaux-Arts de

Belgique

△ Georges Muerant

meets Bonolo Kavula

07-10 till 10-03-2026

Espace Gaston Bertrand, Bruxelles. © D. R.

Antwerpen

De Warande

△ Random Well-

Organised Universe

Timecircus

till 16-11

FOMU

△ Magie en Macht.

Fotografie in België,

1839-1900

24-10 till 08-03-2026

△ No longer not yet.

Katja Mater en FOMU-

Collectie

till 22-02-2026

KMSKA

△ Eugeen Van Mieghem

02-10 till 11-01-2026

△ Donas, Archipenko & La

Section d’Or Betoverend

modernisme

04-10 till 11-01-2026

△ Visionair Verzameld.

Private verzamelingen

in dialoog met de Oude

Meesters / Paul Van

Hoeydonck

till 12-10

Kunsthal Extra City

△ Bianca Baldi. Sea

Through Skin

till 25-01-2026

△ Periphery

till 31-12

M HKA

△ Pauline Curnier Jardin

10-10 till 25-01-2025

△ De toestand is vloeibaar

till 03-01-2027

Middelheimmuseum

△ Sammy Baloji. The long

hand

till 31-12

MoMu

△ GIRLS

till 01-02-2026

△ Collection presentation.

Fashion from the MoMu

Collection

till 31-12

△ Resolución

till 23-11

Museum DeReede

△ Jean Rustin. Kijk niet weg

till 24-11

Museum Plantin-

Moretus

△ Vrouwenzaken/

Zakenvrouw

till 11-01-2026

Verbeke Foundation

△ Without Destination

till 02-11

Bastogne

Pôle Culture

△ Alec De Busschère.

Memory Cache

Collection 99

till 04-01-2026

△ Djos Jannssens. Twist

till 31-12

Brussels

Art et Marges

△ Aussi loin qu’ici

till 29-03-2026

Atelier34zero

△ De la fibre à la forme

till 30-10

Autoworld

△ German Tuners from

the 80’s & 90’s

till 14-12

BELvue! Museum

△ ART DECO

till 04-01-2026

Botanique

△ Rachel Labastie. Loom

of the land

till 26-10

Bozar

△ Europalia España.

Francisco de Goya

08-10 till 11-01-2026

△ John Baldessari.

Parabels, Fabels en

andere sterke verhalen

till 01-02-2026

Centrale / Vitrine

△ Elias Cafmeyer. Les

gargouilles de Catherine

09-10 till 07-12

Centre d’Art de

Rouge-Cloître

△ Quand vient la nuit

till 23-11

Fondation

Boghossian

△ Fire

till 01-03-2026

△ Echoes of Art Deco

till 02-11

Fondation CAB

△ Super Conceptual Pop

till 31-10

Foyer vzw - Migratie-

MuseumMigration

△ Bruxelles, la Congolaise

till 13-12

ISELP

△ Uncharted

till 06-12

La Centrale

△ Michel Couturier. La

friche la galaxie / Làzara

Rosell Albear. Gao

09-10 till 22-02-2026

La Fonderie

△ Beldavia. Jouw nieuwe

thuishaven

16-10 till 28-06-2026

La Maison des Arts

△ À table !

till 23-11

MAD

△ Trans-Formations /

Future Generation

03-10 till 15-11

Maison de l’Histoire

Européenne

△ Passé Composé. Un

album européen

till 11-01-2026

△ Raising our roots.

Bruxelles à travers onze

ogen

till 31-10

Maison Hannon

△ Échos des Songes. Le

Symbolisme à Bruxelles

till 19-04-2026

Musée Horta

△ 100 motifs, (g)een

Museum voor

Moderne Religieuze

Kunst

△ Sketching For the

Basilica. Architect Albert

Van Huffel. Art Deco &

100 years of Arts and

Architecture

till 31-03-2026

Tour&Taxis

△ Sebastião Salgado.

Amazônia

till 11-11

WIELS

△ Everlyn Nicodemus

25-10 till 01-02-2026

△ Nairy Baghramain

25-10 till 01-03-2026

Charleroi

BPS22

△ La “S” Grand Atelier.

Novê Salm

till 04-01-2026

△ Democracia / Hervé

Charles. Albedo

till 31-08

Le Bois du Cazier

△ Le charbon de la

reconstruction

till 05-10

△ Homo Detritus

till 16-11

Musée de la

Photograhie

Charleroi

△ Collection Astrid Ullens

de Shooten Whettnall

/ Fañch le Bos / Younès

Ben Slimane

04-10 till 25-01-2026

Musée des Beaux-

Arts

△ Mathieu Grodet.

Petites et grandes

histoires

till 09-11

△ Mig Quinet. Matières

en mouvement. Coupé,

collé, cousu

till 25-01-2026

68


Deurle

Museum Dhondt-

Dhaenens

△ Libasse Ka. Notes on

Shape Shifting / George

Minne. De Verloren Zoon

till 21-12

Eupen

IKOB

△ Léon Wuidar. Um die

Ecke

till 30-11

Gaasbeek

Kasteel van Gaasbeek

△ David Claerbout. At the

window

till 16-11

Gent

MSK

△ Stephan Vanfleteren.

Transcripts of a Sea

till 04-01-2026

Museum Dr. Guislain

△ Eigen Huis

till 27-09-2026

△ Op losse schroeven

till 30-12

Sint-Pietersabdij

△ Michiel Hendryckx.

Schoonheid als verzet

till 16-11

SMAK

△ Painting after

Painting. Hedendaagse

Schilderkunst in België

till 02-11

Herbert Foundation

△ Lawrence Weiner. Red

and Green and Blue

more or less

27-10 till 28-06-2026

Grimbergen

CC Strombeek

△ Aysha E Arar. Al Farisa

24-10 till 01-02-2026

CC Strombeek /

Studio S

△ Katya Ev. Lactating

Bodies

24-10 till 14-12

Halle

Museum den AST

△ Van Akarova tot

Thevenet. Halle in de

kunst

till 31-10

Hasselt

Mode Museum

△ Rococo Reboot. Mode

1750-1830

till 22-02-2026

Z33

△ Mounir Addib.

Taliswoman

till 14-12

△ Michael Beutler

till 22-02-2026

Hornu

CID

△ Temps d’Archi #11.

Réparer le monde

till 16-11

△ Woven Whispers

till 14-12

MACS

△ Haim Steinback.

Objects for People

till 02-11

Ittre

Musée Marthe Donas

△ Francis De Bolle et ses

invités

till 12-10

Jabbeke

Permeke Museum

△ Gedeelde Kamers.

Huiselijkheid Verbeeld

till 23-11

Kortrijk

Be-Part

△ Joelle Dubois.

Rekindling

till 07-12

La Louvière

Centre de la Gravure

et de l’Image

imprimée

△ Brecht Evens est pressé.

10 ans d’estampes

till 23-11

Keramis

△ Clémence van Lunen.

Une joyeuse intraquillité

/ Pia Mougeot.

Restitution de Résidence

11-10 till 01-03-2026

Leuven

M Museum

△ Alicja Kwade. Dusty Die

/ Kennis in zicht

10-10 till 22-02-2026

△ Grace Schwindt. A

History of Touch

till 16-11

Mechelen

Kazerne Dossin

△ Sport et les athlètes au

KL Auschwitz

till 10-12

Mons

CAP/ musée des

Beaux-Arts de Mons

△ David Hockney. The

Song of the Earth

04-10 till 25-01-2026

Mons Memorial

Museum

△ L’esprit carcéral.

Verlaine, Dumont,

Detournay, Bervoets et la

prison de Mons

till 10-05-2026

Namur

Le Delta

△ Mehdi Georges Lahlou.

A l’ombre des palmiers,

conversation botanique

till 25-01-2026

△ Vivian Maier. Saisir la

vie partout

till 30-11

Musée Félicien Rops

△ Japoniaiseries.

Fantaisies japonaises au

temps de félicien rops

18-10 till 15-02-2026

Ronse

Stille Bliksem

△ Jan Leenknegt &

Abdelkrim Ouazzani

till 05-10

Seneffe

Château de Seneffe

△ Thierry Bontridder.

Sculpteur de Bijoux

till 11-11

Sint-Martens-

Latem

Crypte Gemeentehuis

& gemeentelijk

museum Gevaert-

Minne

△ Lode Laperre. (D)

CNSTRCT

till 07-12

Sint-Niklaas

Kunstenplatform

WARP

△ Compleet van de

kaart. Artistieke visies op

cartografie

19-10 till 23-11

Tentoonstellingsruimte

Zwijgershoek

△ Compleet van de

kaart. Artistieke visies op

cartografie

11-10 till 04-01-2026

△ Collectie van M

till 29-04-2029

Museum PARCUM

△ Ecstasy & Orewoet

till 09-11

Universiteits

bibliotheek

△ Routes naar kennis

10-10 till 22-02-2026

Liège

Grand Curtius

△ Trésors cachés de

l’instutut archéologique

liégeois

till 11-01-2026

Musée de la Vie

wallonne

△ KATALOG. Barbara

Iweins

till 09-11

Louvain-la-

Neuve

Musée L

△ Happy U! Le Musée L

en fête pour les 600 ans

de l’UCLouvain

till 22-02-2026

Oostende

MU.ZEE -

Venetiaanse

Gaanderijen

△ Het is zondag op zee!

till 22-02-2026

Puurs-Sint-

Amands

Verhaerenmuseum

△ Langs de waterkant

till 20-11

Roeselare

Ter Posterie

△ Corus Domus. Group

Exhibition

till 12-10

△ Roger Raveel. Dag

meneer Raveel!

23-10 till 04-01

Thuin

Centre Culturel Haute

Sambre

△ Bernard Josse. Entre

trois émois

till 31-10

Turnhout

De Warande

△ Timecircus. Random

Well-Organised Universe

till 16-11

Waregem

Be-Part

△ Rein Dufait. Ginder de

dingen, de dagen en de

wolken

till 30-11

Wechelderzande

Kasteel Hof d’Intere

△ Pastorale

till 06-12

Libasse Ka & Carlos Ishikawa. © des artistes / Courtesy MDD, Deurle /

photo : Useful Art Services

Envoyez vos informations, pour le

mois de novembre, à collect@ips.be

avant le 5 octobre !

69


Paroles de galeriste

Galerie Fontana – #080

La Galerie Fontana se

renforce à Bruxelles

La Galerie Fontana, de Joris Montens et Stefan Heinis,

établie dans une ancienne chocolaterie à Amsterdam,

s’est forgé une solide réputation et a créé un réseau

fort. Au point que ses propriétaires parlent de ‘‘famille

Fontana’’. Une deuxième antenne ouvrait ses portes,

en avril dernier, à Bruxelles, ville qui leur tient à cœur.

Entretien avec Joris Montens.

Pourquoi cette expansion et le

choix de Bruxelles ?

« Nous le souhaitions depuis un

certain temps. En partie parce

que les collectionneurs belges

agissent davantage au coup de

cœur, mais aussi parce que j’ai

grandi dans le sud de Bruxelles,

ville que nous apprécions pour

sa qualité de vie. De nombreuses

grandes galeries internationales

s’y sont installées, ce qui crée

une ambiance intéressante.

Nous avons déjà noué des liens

et établi un réseau avec le milieu

artistique bruxellois, entre autres

par le biais d’un pop-up en 2016,

mais aussi grâce à notre participation

à des salons comme

Art Antwerp, Ceramic Brussels

et PhotoBrussels. Comme nos

artistes sont déjà actifs dans le

monde, cette expansion devrait

nous permettre d’être plus

largement présents au niveau

international dans le futur.

Nous pourrons ainsi exposer de

nouveaux artistes belges, tant à

Bruxelles qu’à Amsterdam, une

pollinisation croisée qui devrait

être très efficace. »

Comment souhaitez-vous y

positionner votre galerie ?

« À Bruxelles, nous souhaitons

poursuivre le programme fort

qui nous a fait connaître à Amsterdam

et le porter à un niveau

supérieur. Notre galerie, qui

s’oriente depuis ces dernières

années vers l’artisanat, présentera

à Bruxelles de la céramique,

du verre et du textile, mais

aussi les photographies et les

tableaux qui ont fait notre réputation

au début. Nous voulons

ainsi offrir une plateforme belge

à nos jeunes talents, artistes en

milieu de carrière ou déjà établis

à l’international. »

En quoi différent les collectionneurs,

en Belgique et aux

Pays-Bas ?

« Les collectionneurs belges

agissent davantage au coup

de cœur. Nous constatons en

outre que les artistes qui nouent

des relations avec notre galerie

nous accordent une énorme

confiance. L’aspect social de l’art

est aussi plus fort en Belgique

qu’aux Pays-Bas, moins précipité.

Les Pays-Bas comptent aussi

un grand nombre de collectionneurs

et de personnes qui nous

suivent, mais leur ‘‘capacité de

concentration’’ est parfois plus

faible que parmi le public belge

ou allemand. »

Constatez-vous, en tant que

galeriste, des changements

sur le marché ?

« Le marché est en constante

évolution. Il est moins courant

de collectionner, à long

terme, sur l’ensemble de la

carrière d’un artiste. Il existe, en

revanche, un intérêt fort pour

les expositions thématiques

bien organisées, incluant essentiellement

des œuvres exceptionnelles.

Le narratif autour

de l’œuvre d’un artiste s’est

beaucoup étendu, de même

Stefan Heinis et Joris Montens. © photo : Michelle Piergoelam

« Les collectionneurs en Belgique

agissent davantage sur des coups

de cœur. »

que l’impact des plateformes en

ligne et des réseaux sociaux. »

Quels seront, selon vous, les

défis du futur ?

« Les galeries continueront à se

démarquer par l’organisation

d’expositions fortes mettant en

exergue le talent individuel. Il

sera possible de déclencher des

réactions en ligne, mais pour

des œuvres de haut niveau les

acheteurs continueront à visiter

galeries et foires. Celles-ci

demeureront aussi un lieu de

rencontre entre artistes, collectionneurs

et galeristes, autour

d’une passion partagée. Nous

nous réjouissons d’avoir pu

créer, ces dernières années, une

grande ‘‘famille Fontana’’. »

Quels sont vos critères de

sélection ?

« L’association d’un art de haut

niveau et original à de bonnes

relations avec l’artiste. En ce qui

concerne l’œuvre, la forme, ce

qui se produit aussi dans l’artisanat,

et un contenu stratifié

doivent se renforcer mutuellement.

L’un ne peut exister sans

l’autre. De bonnes relations

avec l’artiste sont également

cruciales pour nous. Cette com-

binaison nous ravit au plus haut

point et nous nous employons

à transmettre cette ‘‘énergie’’.

Ce genre d’enthousiasme est

essentiel pour nous. Ceux qui

nous rendent visite le ressentent

et ne manquent pas d’en faire

mention. »

Par quelle œuvre d’art ou

artiste avez-vous été touché ?

« Enfant, j’étais déjà fasciné par

l’œuvre de Cy Twombly. J’en ai

encore vu l’an dernier à la Menil

Collection de Houston, avec la

Rothko Chapel toute proche, où

un concert de violon était donné

lors de ma visite. Un souvenir

inoubliable. La sérénité, la puissance

incontournable de cette

architecture, des œuvres et de

la musique… Cela bouleverse

et donne la chair de poule

sans que ce phénomène soit

explicable. C’est justement le

mystère de ce type de présentation

qui provoque ravissement

et exaltation. »

Les Ruines de Paris – Yves

Marchand & Romain Meffre

jusq. 30-10

Galerie Fontana

Bruxelles

www.galeriefontana.com

70


Sélection Galeries

Fernanda Fragateiro. She always

starts by planting a tree

du 04-09 au 25-10

Irène Laub Gallery

Bruxelles

www.irenelaubgallery.com

Exposition collective

multidisciplinaire

du 03 au 26-10

Espace Art Gallery

Bruxelles

www.espaceartgallery.eu

Figure majeure de la scène portugaise, Fernanda Fragateiro (1962) rend hommage

à l’architecte belge Marie-José Van Hee (1950). Établissant depuis des années

un dialogue entre sculpture, architecture et mémoire des lieux, l’artiste a été

profondément inspirée par l’approche singulière de cette dernière, notamment

sa manière d’habiter l’espace, de concevoir les seuils et de travailler la matière. Sa

démarche se caractérise par un vif intérêt à repenser les pratiques modernistes,

recomposant une archéologie de l’histoire sociale, politique et esthétique du

modernisme. Opérant dans le champ tridimensionnel, elle crée des œuvres qui

mettent le spectateur dans une situation performative. Ses interventions sculpturales

et architecturales dans des lieux inattendus, ainsi que ses altérations subtiles

de paysages, révèlent les histoires sous-jacentes de construction et de transformation.

(gg)

Fernanda Fragateiro, Landscape inside, 2025, support en acier inoxydable poli, numéros découpés

du magazine Interiors publié par Whitney Publications, New York, et papier couleur,

73 x 28,8 x 5,3 cm. © de l’artiste / photo : António Jorge Silva – Prix : entre 10.000 et 30.000 €

En octobre, Jerry Delfosse réunit Catherine Mentior,

Charlotte Orel, Savina Gillès de Pélichy et André

Woussen. Catherine Mentior puise dans l’émerveillement

enfantin face à la lumière et à la nature pour

composer des toiles éclatantes où les couleurs vives,

intuitives et énergiques, traduisent une quête de

sérénité. Charlotte Orel développe une peinture où

matières brutes et textures organiques deviennent

vecteurs de résonance entre visible et invisible. Sa

série Les Lumineuses joue des pigments phosphorescents

pour offrir une expérience sensorielle

inédite. Savina Gillès de Pélichy sculpte avec minutie

des animaux disparus ou menacés. Du smilodon au

dodo, chaque œuvre alerte sur la fragilité du vivant

face aux comportements humains. Enfin, André

Woussen, artiste et architecte, crée des sculptures

monumentales en bronze ou polyester. Inspiré par

le monde animal, il associe puissance, élégance et

symbolisme, donnant naissance à des présences

intemporelles et poétiques. (gg)

André Woussen, The Running Hare, s. d., bronze. © de l’artiste

/ Courtesy Espace Art Gallery – Prix : entre 700 et 10.250 €

Ruta Jusionyte. L’Animal en Moi

jusq. 21-10

Galerie Arielle d’Hauterives

Bruxelles

www.arielledhauterives.be

Née en Lituanie et installée en France, Ruta Jusionyte (1978) déploie une œuvre où la sculpture et

la peinture se conjuguent pour sonder la condition humaine. Ses figures hybrides, mêlant traits

humains et fragments animaux, évoquent les thèmes de l’exil, de l’identité et de la mémoire. Présentées

dans de nombreuses galeries et musées, ses créations s’imposent par leur puissance symbolique

et leur charge émotionnelle. Cette exposition interroge la frontière poreuse entre homme et animal.

Dans un geste à la fois poétique et politique, l’artiste brouille les catégories, inscrivant son travail

dans une réflexion antispéciste : ici, l’animal n’est plus simple métaphore mais alter ego, guide ou

miroir. Inspirée par Léonard de Vinci et Pierre Breughel l’Ancien, Ruta Jusionyte revisite les symboles

universels pour dire l’unité et la dualité du vivant. Ses œuvres, entre harmonie et tension, invitent à

renouer avec une empathie originelle qui nous relie à toutes les formes de vie. (gg)

Ruta Jusionyte, Flying in the sky, 2025, peinture acrylique sur toile, 162 x 114 cm © de l’artiste / Courtesy Galerie Arienne

d’Hauterives – Prix : entre 2.000 et 7.000 €

71


Sélection Galeries

Hélène Delprat.

Le contenu pictural

jusq. 31-10

Galerie Christophe Gaillard

Bruxelles

www.galeriegaillard.com

Hélène Delprat

(1957), figure singulière

de la scène

française, développe

depuis quarante

ans une œuvre

foisonnante mêlant

peinture, vidéo,

céramique, écriture

et archives. Son art,

nourri d’humour noir

et d’ironie, interroge

mémoire, histoire et

mort en convoquant

à la fois les fantômes

de la guerre, l’histoire

de l’art et les

images populaires,

de la bande dessinée

à la presse. Pour sa

première exposition

personnelle en Belgique,

elle présente

des peintures et

des céramiques

récentes aux côtés

de gouaches des années 1990, réalisées lors d’un retrait du monde de l’art. Ces

œuvres, marquées par une réflexion sur la transgression, dialoguent avec la

‘‘période vache’’ de Magritte, dont elle admire l’audace et l’insolence. L’exposition

rend hommage à cette liberté provocante et s’inscrit dans une trajectoire

internationale, qui la mènera prochainement à New York et au Centre Pompidou-Metz.

(gg)

Hélène Delprat, Personne, 2024, pigments, liant acrylique et paillettes sur toile, 250 x 200 cm.

© de l’artiste / Courtesy Galerie Christophe Gaillard / Adagp, Paris / photo : Rebecca Fanuele –

Prix sur demande

Lelli de Orleans e

Bragança. Brumas

du 09 au 19-10

Ancienne Nonciature

Bruxelles

www.nonciature.com

Avec Brumas, Lelli de Orleans e Bragança (1959)

invite à une plongée poétique dans les paysages tropicaux

brésiliens : forêts luxuriantes, araucarias noyés

de brouillard, oiseaux en plein vol, papillons furtifs…

Ses toiles, baignées d’une atmosphère mystérieuse,

rappellent le sfumato de la Renaissance. Les couches

subtiles de couleurs y rendent presque palpable la

brume et le bruissement des feuillages. Descendante

des dynasties bavaroise, française et brésilienne,

l’artiste, formée à Rio puis à l’école Van der Kelen en

Belgique, où elle obtint la médaille d’excellence, entretient

depuis toujours un lien intime avec la nature.

Ses voyages à travers l’Amazonie, les forêts tempérées

ou les plaines centrales nourrissent un regard

sensible qui transcende l’esthétique pour atteindre

une dimension méditative. Dans cette série, chaque

toile est une invitation au silence, à l’émerveillement

et à la contemplation de la beauté fragile et intemporelle

du vivant. (gg)

Lelli de Orleans e Bragança, Brumes dans la forêt II, 2024,

acrylique et huile sur toile, 90 x 70 cm. © de l’artiste / Courtesy

Ancienne Nonciature – Prix : ente 1.500 et 15.000 €

Catherine Warmoes.

La face sud de la peinture

jusq. 25-10

Galerie Quadri

Bruxelles

www.galeriequadri.com

Catherine Warmoes (1963) est une artiste plasticienne belge dont la pratique s’enracine dans une

abstraction géométrique vibrante. Formée au dessin à La Cambre auprès de Pierre Lahaut au début

des années 1980, elle puise son inspiration dans l’univers immédiat : rayons, satellites, portes,

fenêtres, toits, couloirs ou objets familiers deviennent prétextes à des compositions archétypales.

L’aquarelle, médium qu’elle privilégie, lui permet de conjuguer légèreté et intensité. Ses œuvres

récentes, qu’elles soient sur toile ou sur papier, déploient une géométrie habitée par la couleur,

le rythme et une poésie lumineuse. Dans ces formes simples se joue une dynamique subtile,

oscillant entre rigueur architecturée et élan lyrique. Pour sa première collaboration avec Quadri,

elle présente une trentaine de pièces réalisées en 2024 et 2025, révélant un univers où quotidien et

abstraction dialoguent avec une rare fluidité. (gg)

Catherine Warmoes, Sans titre, 2024, aquarelle sur papier, 55 x 40 cm. © de l’artiste / Courtesy Galerie Quadri –

Prix : entre 400 et 2.000 €

72


La Galerie Lurquin : 40 ans d’art !

jusq. 02-11

Galerie Lurquin

Dinant

www.lurquin-dinant.be

Olivier Cazenove

du 03-10 au 02-11

HugAllan Galerie

Virton

@hugallan_galerie

Pour célébrer son anniversaire,

la galerie ouvre

ses salles et jardins à

une exposition fidèle à

son esprit : un dialogue

entre maîtres consacrés

et créateurs contemporains.

On y retrouve la

finesse des lignes infinies

de Hyun Joung Lee, les

bronzes sensuels de

Félix Roulin, la puissance

féminine réinterprétée

par Ulrike Bolenz, les

paysages fantastiques

de Jef Bertels ou encore

l’éclat abstrait de Dusch.

La pluralité des voix

se poursuit avec SylC,

explorant nos paradoxes

intérieurs, Noir Artist et

ses fresques contrastées,

Evegenia Saré et ses

figures hybrides, Nancy

Vuylsteke de Laps sublimant

le mouvement dansé, ou encore Nicole Pfund, dont la poésie colorée touche

à l’intime. Peintures, gravures, sculptures, photographies et céramiques s’y côtoient

dans une diversité vibrante. Plus qu’un panorama, cette exposition anniversaire

incarne la ligne de conduite de la galerie : des œuvres de caractère, accessibles au

plus grand nombre, portées par l’exigence et la passion. (gg)

SylC, Osmose(s) V, 2025, acrylique et pastel à l’huile sur toile, 81 x 65 cm. © de l’artiste / Courtesy

Galerie Lurquin – Prix : entre 500 et 12.000 €

L’univers d’Olivier Cazenove (1951) se déploie

entre deux registres complémentaires : la

peinture et le dessin. Sa pratique picturale,

nourrie de cire, huile ou encre, libère une

énergie pulsionnelle qui se manifeste en flots

baroques, masses informes et paysages imaginaires.

Ces ‘‘chaos primordiaux’’, où se mêlent

matières et couleurs, convoquent des visions

cosmiques, subaquatiques ou limbiques,

proches des images du rêve. À l’inverse, le

dessin semble canaliser cette énergie en figures

plus lisibles, tracées à l’encre dans une frénésie

graphique qui rappelle l’écriture automatique

des surréalistes. Là encore, l’apparente maîtrise

se dérobe, les motifs se multipliant et s’enchevêtrant

dans une orgie de lignes. Abstraction

et figuration se rejoignent alors dans un même

désir de lâcher-prise, où l’inconscient dicte sa

loi. En oscillant entre dispersion et canalisation,

entre chaos et contrôle, Olivier Cazenove

invente un langage plastique singulier qui

trouble la perception. (gg)

Olivier Cazenove, Sans titre, 2017, encre de Chine,

aquarelle et acrylique sur papier Canson, 50 x 65 cm.

© de l’artiste / Courtesy HugAllan Galerie – Prix : entre

800 et 4.000 €

Peinture XL, céramique vibrante

et métal affûté

jusq. 01-11

Twenty Seven

Bruxelles

@27.conceptgallery

Sydney Fruy, Carré de Lune, s.d., aluminium

massif, 20,5 x 20,5 x 20,5 cm. © de l’artiste /

Courtesy Twenty Seven – Prix : entre 1.000

et 10.500 €

Cette exposition orchestre une rencontre inédite entre trois artistes belges aux univers contrastés

mais complémentaires. Nathalie Saey, peintre solaire, déploie sur des toiles XL des éclats

d’acrylique, de pastel et de collages, puisant dans la lumière de Bruxelles et de l’Andalousie une

énergie joyeuse et libre. À ses côtés, Eloïse Bonehill de Hemptinne façonne une céramique sensible

et mémorielle, où chaque pièce, marquée par ses voyages, se fait témoin d’histoires intimes

et suspendues. Sydney Fruy, enfin, explore le métal avec la précision d’un designer et l’intuition

d’un plasticien : ses sculptures, entre tension et fluidité, transforment l’acier en surfaces vibrantes.

Sous l’impulsion de Martine Lévy-Lambrechts, la galerie devient le théâtre d’un dialogue intense

où peinture, terre et métal s’affrontent, se répondent et fusionnent dans une symphonie visuelle

audacieuse. (gg)

73


Sélection Galeries

Nouvelles peintures de

Simon Demeuter

du 18-10 au 15-11

Base-Alpha Gallery

Anvers

www.basealphagallery.com

Tapis-Tableau

jusq. 30-11

De Mijlpaal

Heusden-Zolder

www.demijlpaal.com

A gesture for tomorrow est la

première exposition personnelle

de Simon Demeuter

(1991) à la Base-Alpha d’ Anvers.

Il y a quelques années, il quittait

Bruxelles pour s’installer

à Paris. En France, il constate

que les droits des personnes

LGBTQIA+ sont en recul, et ce

n’est pas la seule raison pour

laquelle il peint différemment

qu’avant. « Je ressens le besoin

d’être plus politique, de transmettre

cette peur, cette colère,

cette urgence. Car oui, une

société peut essayer d’effacer

des personnes comme si

elles n’avaient jamais existé »,

remarque-t-il. Il observe Gaza

et les fresques de Pompéi,

qui portent les traces tendres

d’amours masculines. Ses nouvelles

peintures flirtent avec l’esthétique des fresques patinées. Il s’inspire de scènes

de films et deux de ses œuvres sont basées sur The Cock (Kiss) de Wolfgang Tillmans,

une photo qu’il chérit depuis son enfance. Pour la première fois, il réalise également

un autoportrait. Sur sa casquette, on peut lire ‘‘Josef Albers’’, le maître de l’effet

physique et émotionnel des couleurs. Avec un œil avisé sur l'impact des couleurs, il

aborde ces divers sujets sans se faire militant. (cv)

Simon Demeuter, Fragment (The Kiss), 2025. © de l’artiste / Courtesy Base-Alpha Gallery –

Prix : 1.400 à 8.000 €

Il semble

que cette

galerie soit

sur le point

de fermer

ses portes.

Tapis-Tableau

est une belle

façon de tirer

sa révérence.

Des tapis

berbères du

Maroc y

volent la

vedette. Des pièces historiques, souvent

vieilles d’un siècle. Des œuvres de Berlinde De

Bruyckere, Dan Van Severen, Karin Borghouts,

Renato Nicolodi et de nombreux autres artistes

viennent s’y ajouter. Il en résulte un dialogue

avec l’abstraction géométrique des tapis, la figuration

stylisée, le design sensible ou le rouge

intense. On y trouve également des bijoux, des

vidéos et de nombreux livres, notamment sur

l’influence des tapis berbères sur le modernisme

d’artistes tels que Kandinsky. Tapis-

Tableau est la dernière exposition organisée

par Lut Maris, qui fondait De Mijlpaal en 1993 et

s’est distinguée par des dialogues surprenants

entre passé et présent, art, design et bijoux.

Souvent des expositions muséales. (cv)

Tapis, Beni M’tir (Moyen-Atlas), première moitié du XXe

siècle, revêtement de sol en laine nouée, 290 x 185 cm.

Courtesy De Mijlpaal – Prix : 50 à 14.500 €

Les scènes d’Andrew Sendor

du 17-10 au 29-11

Newchild Gallery

Anvers

www.newchildgallery.com

Andrew Sendor, Although terrified, Salome

and Solvej are determined to know what or

who is in the woods with them, 2025, huile

sur plexiglas, bois de sapelli, dans un cadre

d’érable tigré, 57.5 x 47 cm. © de l’artiste /

Courtesy Newchild Gallery – Prix : 15.000 à

50.000 $

Ses peintures bleutées, représentant des personnages ou une vue sur la mer, sont minutieusement

photoréalistes et mystérieuses. L’artiste new-yorkais Andrew Sendor (1977) est dans l’œil

des commissaires et des collectionneurs. Il a rédigé un scénario et fait jouer des scènes dans

son atelier ou à l’extérieur. Les photos et les films qui en résultent servent de source d’inspiration

pour ses peintures. Dans son dernier scénario, Salomé part avec trois adolescents à la

découverte du monde, en quête du sens de la vie. Cet artiste n’est pas simplement un peintre

d’histoires, car chaque tableau stimule l’imagination. Fiction, performance, photographie,

cinéma et peinture s’y côtoient. C’est le Diptyque de l’Annonciation de Jan van Eyck qui l’a

amené à la grisaille en 2010, devenue ensuite bleutée. Ses expositions se définissent comme

des environnements complets aux peintures chargées de sens psychologique, inscrites dans

des cadres en bois qu’il a lui-même conçus. (cv)

74


Un show d’anniversaire

pour Eric vande Pitte

du 12-10 au 16-11

Galerie Pinsart

Bruges

www.pinsart.be

Jenny Watson

jusq. 26-10

Transit

Malines

www.transit.be

Le 75e anniversaire de l’artiste

gantois Eric vande Pitte est

célébré à la Galerie Pinsart

avec l’exposition Au (Re)voir.

Des dessins récents au crayon

et à la peinture fluorescente

côtoient des œuvres des années

1990, notamment issues de la

série Chefs-d’œuvre de l’art,

Paris, inspirée de sa collection

de cartes postales. Son admiration

pour les grands maîtres

transparaît dans toute son

œuvre. Le jeune Eric découvrait

les livres d’art à la bibliothèque,

principalement en français, et

pensait donc que cette langue

était synonyme d’art. Plus tard, il

puisait dans son manuel scolaire

de français les personnages de

Marcelle et Paul, des alter egos

fictifs dans des dessins faisant

référence à Matisse, Gust De

Smet, Tracy Emin. Souvent avec

beaucoup de bleu, des éléments

abstraits et des pigments qui

brillent encore dans l'obscurité, comme une image rémanente de souvenirs. Frais et

contemporain. (cv)

Eric vande Pitte, Marcelle avec les fleurs de Gustave, 2025, crayon et pigment luminescent sur papier,

44 x 39 cm. © de l’artiste / Courtesy Galerie Pinsart – Prix : 450 à 4.800 €

Elle n’est plus toute jeune, mais son œuvre

reste étonnamment rafraîchissante et vivante.

Les dessins de Jenny Watson (1951), qui

représentait l’Australie lors de la Biennale de

Venise de 1993, sont exposés (jusq. 01-02-

2026) dans le cadre de l’exposition collective

GIRLS au MoMu d’Anvers. Sa galerie belge

Transit, à Malines, présente l’exposition personnelle

5 Drawings. Cinq nouveaux dessins

constituent le cœur fragile mais puissant

d’une rétrospective d’œuvres plus anciennes

sur textile et autres supports. Les filles, les

chevaux et les combinaisons d’images et de

mots manuscrits y reviennent sans cesse. On

y décèle une touche autobiographique et son

travail est souvent associé à l’art féministe

et à la culture punk. Ce qui frappe à chaque

fois, c’est la charge émotionnelle. En 2006,

Jan Hoet évoquait, dans une publication, une

tension intérieure qui touche psychologiquement

le spectateur. Cette exposition constitue

une belle redécouverte. (cv)

Jenny Watson, Self-portrait with Reacher Running

Away, 2025, peinture acrylique sur papier indien fait

main, 78,5 x 58 cm. © de l’artiste / Courtesy Galerie

Transit – Prix : 950 à 12.000 €

Fernando O’Connor

du 25-10 au 23-11

Galerie Christine Colon

Liège

www.christinecolon.be

Fernando O’Connor, Levedad, 2023, huile sur

toile, 120 x 120 cm. © de l’artiste / Courtesy

Galerie Christine Colon – Prix : entre 1.000 et

12.000 €

L’artiste argentin Fernando O’Connor (1966) rencontre aujourd’hui une phase d’accélération remarquable

dans la reconnaissance de son travail. Après son exposition à l’ambassade d’Argentine

à Paris (co-scénographiée avec Pat Andrea), il sera bientôt présenté par la Galerie Christine

Colon, avec un ensemble d’œuvres entrant en dialogue avec celles de l’Allemand Reinhard

Voss. La peinture de Fernando O’Connor se consacre à des figures saisies dans l’introspection,

des corps en stase, comme retenus dans un suspens intérieur. Insérés dans des architectures

aux rythmes géométriques, ces individus apparaissent pourtant dans un flottement, déracinés

de toute temporalité. Ni ancrés dans le réel, ni dissous dans l’abstraction, ils existent à la surface

même de l’image, entre présence pleine et absence spectrale. Leur éternité picturale, où la

couleur balaie toute mémoire, ouvre un espace surréel, un théâtre intérieur où l’imaginaire du

spectateur vient s’engouffrer. (gg)

75


Agenda Galeries

Antwerpen

Art Forum

△ Danielle Van

Broekhoven & Philippe

Gouwy. Biotoop

till 31-10

Annie Gentils Gallery

△ Sina Hensel. Oceanic

Gardens

till 02-11

Base-Alpha Gallery

△ Simon Demeuter

18-10 till 15-11

△ David Boon. Ways Of

Being

till 11-10

Callewaert

Vanlangendonck

Gallery

△ Paul Van Hoeydonck.

Light Years

till 23-11

CASSTL

△ CASSTL and BURO_

ASAP. Redisue

till 17-10

Coppejans Gallery

△ Reconstructing

Memories

18-10 till 30-11

△ Koen Kievits, Ine

Vermee, Theo Niermeijer.

À la recherche du temps

perdu

till 12-10

De Zwarte Panter

△ Dr. Hugo Heyman. A

Sense of Transparency

till 23-11

DMW Gallery

△ Anouk Van Offenwert

till 18-10

Eva Steynen Gallery

△ Benoît Felix. Voir que

ça tient

till 18-10

Fred & Freddy

△ Robbert&Frank /

Kelly Christogiannis.

Blooming in the

backroom

18-10 till 15-11

△ . Wit Boek

till 04-10

△ Adrien Tirtiaux. The

Grand Chambord

Interchange

till 31-08-2028

Galerie Micheline

Szwajcer

△ Ann Veronica Janssens

till 31-10

Gallery Fifty One

△ William Klein. Homage

till 31-10

Gallery Sofie Van de

Velde

△ Felix De Clercq / Max

Pinckers. 2020-MMXX

till 05-10

GNYP Gallery

△ Kaifan Wang. Bedtime

Stories

till 25-10

IBASHO Gallery

△ Hajime Kimura. Origins

till 09-11

△ Norio Takasugi. As

the twig bent, so grows

the tree

till 09-11

IN-DEPENDANCE

△ Groepstentoonstelling.

The Alternative

Landscape

till 09-11

Keteleer Gallery

△ Stephan Balkenhol

till 18-10

Lichtekooi

△ Dora Brams. Een

stelling

till 08-11

LLS Paleis

△ Eva L’Hoest.

Eilandkwesties

till 26-10

Newchild

△ Andrew Sendor

17-10 till 29-11

△ Madeleine Bialke

till 09-10

Plus-One Projects

△ Josse Pyl. We’ll dig and

dig and we’ll dig and

dig well

till 04-10

PONTI

△ Witold Vandenbroeck.

Map and Territory

till 26-10

Rik Rosseels Gallery

△ Ane Vester. Thin Layers

till 11-10

Rik Rosseels Gallery

(KAAI)

△ Anthony Duffeleer.

Deadline

till 04-10

Schönfeld Projects

△ Annea Lyvv Dreisz. All

the houses I ever Knew

till 25-10

Shoobil Gallery

△ In the morning,

laughing, happy fish

heads. In the evening,

floating in the soup

till 19-10

Stieglitz 19

△ Pixy Liao. People in

mirror are closer than

they appear

till 25-10

Tick Tack

△ Brennan Wojtyla. LAN

till 25-10

Tim Van Laere Gallery

△ Jockum Nordström

09-10 till 22-11

△ Rinus Van De Velde

till 04-10

Tique - art space for

books

△ Tique Reading Group:

Sensing Otherwise

till 29-10

valerie_traan gallery

△ Tina Gillen. The places

we carry

till 25-10

VCRB Gallery

△ Eddy Stevens.

Dressings

till 19-10

Beersel

LKFF Art Projects

△ Rediscovering Threads

of the 70’s

till 30-10

Brugge

Galerie Pinsart

△ Un show d’anniversaire

pour Eric vande Pitte

12-10 till 16-11

Brussels

Alice Gallery

△ Olivier Kosta-Théfaine

till 18-10

Almine Rech

△ Kenny Scharf. Jungle

Jungle Jungle

till 25-10

Ancienne Nonciature

△ Lelli de Orleans e

Braganca. Brumas

09-10 till 19-10

Art Lab

△ Art Lab

till 31-12

Arthus Gallery

△ Tilde Grynnerup &

Audrey Heselmans. Palm

Springs Splendor

till 05-10

Bernier/Eliades

△ Martina Quesada. If

this is a space

till 25-10

Box Galerie

△ Descamps. Noir ou

blanc

till 25-10

Bruno Matthys

△ Emanuelle Renard -

Sophier Sainrap. Vivant

till 04-10

CCINQ

△ Gay Summer

till 11-10

Contretype

△ Paysage ultrasensible

till 16-11

△ Émilie Stefanie-Law &

Anatole Mélot. Paysage

ultrasensible

till 26-11

Dauwens & Beernaert

Gallery

△ Black & White

till 18-10

DS Gallerie

△ My onion canvases

are ballet.. The other

canvases are also ballet

till 04-10

EDJI Gallery

△ Nicolas Coleman. What

would you like to be for

dinner?

till 11-10

Espace Art Gallery

△ Exposition collective

multidisciplinaire

03-10 till 26-10

Espace Vanderborght

△ CNN199: 35 ans de hiphop

activism

16-10 till 16-11

Frédérick Mouraux

Gallery

△ Shizen. Sei Arimori

till 25-10

△ Arte Nunzio

till 05-10

Galerie Albert

Dumont

△ Jean-Philippe Braam &

Donatienne Hachez

till 11-10

Galerie Albert1er

△ Emily Little

till 12-10

Galerie Arielle

d’Hauterives

△ Ruta Jusionyte.

L’Animal en Moi

till 21-10

Galerie Christophe

Gaillard

△ Hélène Delprat. Le

contenu pictural

till 31-10

Galerie Christophe

Person

△ the City: Metaphor,

Archive and Projection

till 31-10

Galerie Didier

Devillez

△ Bernadette

Schockaert. Under

Construction

till 04-10

Galerie DYS

△ Maldo Nollimerg.

Hypnos et autres

phénomènes de

l’intérieur du monde

till 18-10

Galerie Eric Mouchet

△ La Constellation de

Monsieur S

till 01-11

Galerie Faider

△ Guy Leclercq. De la

couleur exactement

till 11-11

Galerie Felix Frachon

△ Prathap Modi.

Retrospective

till 01-11

Galerie Greta Meert

△ Liam Everett. He Loved

Him Madly / Sol LeWitt.

Bands, Curves and

Brushstrokes

till 25-10

Galerie La Forest

Divonne

△ Rachel Labastie

till 11-10

△ Jean-Marie Bytebier.

Nature Prescription

till 18-10

Galerie La Patinoire

Royale Bach

△ Alfredo Jaar. La fin du

monde

till 23-12

Galerie Martine

Ehmer

△ Jules Wittock & Grégory

Valentin. In Other Words

till 11-10

Galerie Nardone

Project

△ Ceux d’en haut

till 04-10

Galerie Nathalie

Obadia

△ Johanna Mirabel. I wish

till 25-10

Galerie Quadri

△ Catherine Warmoes. La

face sud de la peinture

till 25-10

Galerie Templon

△ Matthieu Ronsse.

Hotel Prado

till 31-10

76


Gallery Sofie Van den

Bussche

△ Mieke Teirlinck.

Tendresse

12-10 till 08-11

Gallery Twenty Seven

△ Nathalie Saey, Eloïse

Bonhill, Sydney Fruy.

Souffle… Odyssée

till 01-11

Gladstone

△ Nicholas Bierk. In the

absence of paradise

till 25-10

Hangar

△ Maryam Firuzi. When

the Earth Still Had a

Faminine Name

till 02-11

△ Nick Brandt. The Day

May Break / Charlotte

Abramow. Maurice,

Tristesse et Rigolade

till 21-12

Hopstreet

△ Berend Strik. Threads

that echo

till 25-10

Hubert & Breyne

△ Dave McKean.

Thalamus

till 25-10

Husk Gallery

△ Kevin Vanwonterghem.

Borrowed Scenery

till 25-10

Irène Laub Gallery

△ Frenanda Fragateiro.

She always starts by

planting a tree

till 25-10

Jan Mot

△ Pierre Bismuth.

Jonathan Monk. I Was

Not There

till 09-11

L’Enfant Sauvage

△ Sébastien Cuvelier. A

Golden Distance

till 26-10

La Fonderie

△ Beldavia

16-11 till 28-06-2026

La Verrière

△ Claudine Monchaussé.

Sourdre

till 13-12

Laurentin Gallery

△ Antoine Mortier

till 15-11

Lee-Bauwens Gallery

△ Carole Solvay. As I

shed my skin

till 19-10

LMNO

△ Detanico/Lain. Two

Voices

till 31-10

Maruani Mercier

△ Von Wolfe. The Space

in-Between

till 18-10

Meessen

△ Jorge Méndez Blake.

Inside the Law

till 31-10

Melissa Ansel

△ Agathe Duperou &

Sabine Voglaire. Zone

Trouble

till 19-10

Mendes Wood DM

△ Julien Creuzet. Nos

diables rouges, nos

dérives commotions

till 25-10

MH Gallery

△ Pier Vittorio Aureli.

Tavolette

till 23-11

Michel Rein

△ Sébastien Bonin.

Mantecatura

till 18-10

Michèle Schoonjans

Gallery

△ CHAOSMOS. Mathieu

Bonardet

till 25-10

MUE Tattoo Shop

△ Nicolas Wieers.

Surrounded by Criminals

till 09-11

Nino Mier Gallery

△ Gregory Hodge. Echo

till 25-10

Nosbaum Reding

△ Charlotte

Vandenbroucke /

Körper Geborgen In Dir

Geschwiegen

till 11-10

Odradek

△ Bangyao Li & Sen Li. La

perte et l’oubli

till 11-10

△ Jehanne Paternostre.

Ce qui relie

till 11-10

QG

△ Alain Biltereyst. Slow

Noise

till 31-10

Queens

△ Ane Vester & Lucie

Bertrand. A Place Apart

till 18-10

Rodolphe Janssen

△ Brooklin A. Soumahoro

& Léon Wuidar

till 25-10

RossiContemporary

△ Jean-Francois Ocatve.

Quelques silhouettes,

etc..

till 02-11

Sorry We’re Closed

△ Adrien Vescovi. D O M I

till 18-10

Spazio Nobile

△ Kiki & Joost. A

Complementary

Grammer of Creation

till 16-11

Stems Gallery

△ Nick Doyle. Mirage

till 04-10

Studio 84 Art &

Culture(s)

△ Daniel Rachamim &

Ron Sabag. Big Deal

till 26-10

Super Dakota

△ Alex Clarke. Audience

till 25-10

The Palm Beach

△ Anne Boland. Joyfull

till 25-10

TheMerode

△ Paul Nimer Pjota

till 19-12

△ ENERGIA

till 31-03-2026

Twenty Seven

△ Peinture XL, céramique

vibrant et métal affûté

till 01-11

Whitehouse Gallery

△ Clara Brörmann. The

other’s gaze

till 04-10

Xavier Hufkens

△ Alice Neel. Still Lifes

and Street Scenes

till 22-11

△ Charline von Heyl

till 25-10

Zedes Art Gallery

△ Chantal De Deken.

Between the lines

till 25-10

Couillet

Galerie Jacques

Cerami

△ Michaël Matthys. Kurtz

04-10 till 15-11

Dinant

Galerie Lurquin

△ La Galerie Lurquoin:

40 ans d’art!

till 02-11

Flémalle

La Châtaigneraie

△ C’est La Zivot !

till 09-11

Gent

019 Prismatron

△ Sam De Buysere. Dogs

in cars are a dying breed

(a bilboard)

till 31-10

AmsaB-ISG

△ Studio Stone

till 21-11

Barbé Gallery

△ Willem Boel. Echo /

Oh Baby

till 26-10

Galerie S&H De Buck

△ Roger Laute met de

kat als muze

till 12-10

Huize St.

Bonaventura

△ Geert Vanoorlé

till 05-10

Kiosk

△ Tom Poelmans. A Spirit

in Painting

18-10 till 21-12

△ Leen Van Tichelen.

Onder Verzachtende

Omstandigeheden

till 05-10

Weerlicht

△ Daniel Eatock &

Randoald Sabbe

till 10-10

Heusden-

Zolder

De Mijlpaal

△ Tapis-Tableau

till 30-11

Jambes

Galerie Détour

△ André Lambotte

15-10 till 15-11

Knokke

Adrian David Gallery

Now

△ Daniël Bellon. The

Open Image

till 05-10

Aqualex Knokke

△ Charlotte

Vandenbroucke

till 31-03-2026

Your Art Gallery

△ Naomi Vanderpoorten.

Imposter Gallery

till 12-10

Kortrijk

Hal D, LandMarck

△ Hippocampus

till 02-11

Liège

Chiroux

△ Pour GAZA. Expovente

au profit de la

population gazaouie

till 04-10

Espace 251 Nord

△ Garance Gasser.

Parachronique

till 25-10

galerie bonnemaison

△ Mélanie Berger. Mise

en pièces

till 02-11

Galerie Christine

Colon

△ Fernando O’Connor

25-10 till 23-11

Louvain-la-

Neuve

Escpace 001

△ Solène Rigaut & Anne-

Sophie de Visscher

till 05-10

Mechelen

Galerie Transit

△ Jenny Watson. 5

Drawings

till 26-10

Middelkerke

Villa Les Zéphyrs

△ Speelse Ernst/ Ernstig

Spel

till 02-11

Namur

Galerie Détour

△ Christophe

Buekenhoudt. Le lieu

manquant

till 04-10

Oosteeklo

William Wauters

Galerie

△ André Honnay

till 12-10

Oostende

valerie_troost gallery

△ Hillebrand Van

Kampen & Rik De Boe.

Zeezucht

till 09-11

Rixensart

K9/ Kamer 9

△ Rosy Le Bars. Silvia

Hatzl

till 12-10

Ronse

CC De Ververij

△ Jan Leenknegt &

Abdelkrim Ouazzani.

Vriendschap in kleur

till 05-10

Spa

Galerie Azur

△ Bernadette Triki

till 26-10

Tervuren

Huisburg

△ Stephan Balleux

till 05-10

Virton

HugAllan Gallerie

△ Olivier Cazenove

03-10 till 02-11

Wavre

Buysse Gallery

△ Tom Van Puyvelde.

Continuum

till 09-05-2026

Platforme

△ Roger Dewint.

Rétrospective

till 11-10

Wijnegem

Axel Vervoordt

Gallery

△ Günter Uecker /

Jaromír Novotný

till 15-11

△ Bosco Sodi/

Takis. Boule

Électromagnetique and

Magic Wall / Otto Peine.

White Cube

till 18-10

△ Raimund Girke

till 21-02-2026

Envoyez vos informations, pour

le mois de november, à collect@ips.be

avant le 5 octobre !

77


L E U V E N

FINE ART FAIR

A n t i q u e s - M o d e r n & C o n t e m p o r a r y A r t

D E B R A B A N T H A L

16-19/10/2025

L E U V E N F I N E A R T. C O M


A Glimpse at the 2025 Edition

Galerie J. Crouzet

Chastelain & Butes

Appel

Symphonie des couleurs

crouzetfineart.com

Luxembourg

Alfredo Pina

1883-1966

a bronze bust of bacchus

chastelainandbutes.com

Gent

Gallery Darya

Richly painted pair of

satsuma vases in

baluster shape.

Signed Kizan kore tsukuru .

Japan, late 19th C.

galerie-darya.de

Karlsruhe

Forma Forma Gallery

Design

formaformaonline.com

Luxembourg

Sonia de Haulleville

Antique Jewelry

Dus’Art Galerie

Félicien Rops

L'incantation

artantiquite.be

Bruxelles

Belgique

Gallery Blue Art

Large Horse

3rd Century AD

China

CH-Interlaken

Millénnium Atelier

Tom Andries

millenniumatelier.be

Brussels

Art Thema Galerie

Galerie Loiseau & Zajega

René Julien, 1937–2016

"She Dreams of Mozart"

Dan Passport Mask

20th Century

artthema.com

Marseille

loiseau-zajega.be

Nivelles


Collectionner

autrement

La révolution silencieuse de la Gen Z

Si les très jeunes collectionneurs

n’ont pas encore le pouvoir

économique de bouleverser le

marché de l’art, ils en transforment

déjà les règles, redessinant le

rôle du collectionneur. Exit l’art

comme valeur refuge ! La collection

devient espace de dialogue et

d’engagement. Cette mutation se

reflète jusque dans les grandes

foires internationales, Art Basel en

tête. Un événement que les jeunes

collectionneurs observent plus que

jamais comme un passage obligé.

TEXTE : GWENNAËLLE GRIBAUMONT

Les fondateurs d’EDJI Gallery, Ranji Safarian et Edward Van Houtte, entourant l’artiste Killion Huang.

© photo : Silvia Capellari

Là où leurs aînés concevaient la collection

comme un capital patrimonial

à forte valeur distinctive, les

collectionneurs issus de la Gen Z

(nés entre 1997 et 2012) adoptent une posture

radicalement différente. Sans renier

la valeur spéculative de leurs acquisitions,

ils privilégient désormais le lien affectif,

l’histoire racontée par une œuvre ou la

proximité avec un artiste, surtout lorsque

celui-ci est émergent et porteur d’un engagement

social. Ce changement de perspective

fait passer la collection du registre

de l’accumulation à celui du partage, de

la possession à la relation. À 27 ans, Axel

Geerts illustre parfaitement ce profil. Juriste

et économiste de formation, ce jeune

Belge installé à Genève a acheté sa première

œuvre en 2022 : une toile de l’artiste

néerlandaise Nuria Maria, repérée à la Galerie

Alzueta de Madrid. La passion prend

80


Une oeuvre de Stefano Bonacci. Collection d’Axel Geerts. © de l’artiste / Collection Axel Geerts

immédiatement une allure addictive. «

Après cette première œuvre, j’en ai acheté

une seconde signée Stefano Bonacci la

même semaine ! », confie-t-il. Trois ans

plus tard, sa collection compte plusieurs

dizaines de pièces, presque exclusivement

acquises en galerie. Et pourtant, malgré

des investissements très conséquents, son

rapport à l’art n’est pas celui d’un spéculateur

mais bien d’un mécène qui soutient

des artistes, leur permettant d’incarner

leurs démarches plastiques. Quant à

cerner les motivations profondes qui le

conduisent à collectionner, on comprend

en filigrane que l’achat d’œuvres est tant

une façon de se reconnecter à son moi

profond que de s’émanciper : « Dans ma

vie professionnelle, je fonctionne essentiellement

avec ma tête. À l’inverse, l’art me

permet d’agir avec le cœur et de ressentir

des émotions viscérales. L’art me nourrit

également en apportant sa fantaisie, une

vue sur le monde très différente de celle

que j’expérimente au quotidien. » À mille

lieues du désir de possession, la constitution

de sa collection apparaît comme une

façon d’habiter autrement le monde, avec

sensibilité et curiosité.

DIVERSITÉ ET DÉCLOISONNEMENT

Si l’image du collectionneur monomaniaque

appartient au passé, la Gen Z

pousse encore plus loin l’ouverture et la

pluralité. Curiosité transversale, décloisonnement

des médiums, goût pour les voix

multiples : tout cela reflète une génération

qui refuse les frontières étanches. Ce

constat est largement confirmé par les responsables

d’EDJI Gallery, fondée en 2023

et dédiée aux artistes émergents belges et

internationaux. L’espace se veut l’antithèse

des galeries intimidantes et élitistes.

« C’est d’ailleurs une des raisons pour

lesquelles nous avons voulu créer notre

galerie. Nous cherchions plus d’ouverture,

plus de transparence, plus d’humanité »,

explique Ranji Safarian, co-fondateur avec

Edward Van Houtte. Aujourd’hui, près de

15 % de leur clientèle est âgée de moins de

trente ans. Cette diversité n’est pas seulement

esthétique, elle est aussi générationnelle

et sociale. Les jeunes collectionneurs

partagent une proximité spontanée avec

des artistes de leur âge, établissant des

liens durables, parfois même des amitiés.

Là encore, la collection ne se réduit pas à

un patrimoine mais devient une forme de

« Art Basel reste

l’événement

incontournable,

la référence absolue »

AXEL GEERTS

© Courtesy L’Appartement, Genève

81


« Ignorer la Gen Z

aujourd’hui

reviendrait à se

couper de ceux qui

façonneront les

goûts de demain »

RANJI SAFARIAN

Killion Huang dans son atelier. Artiste représenté par EDJI Gallery. © photo : Yunsong Tian

compagnonnage créatif. La porte d’entrée

vers la collection passe le plus souvent par

les œuvres sur papier, les estampes ou les

éditions limitées, soit des œuvres à moins

de 1.000 euros. L’accessibilité économique

apparaît comme un levier essentiel. Lors

d’Art Paris, EDJI a présenté soixante-huit

dessins du jeune artiste chinois Killion

Huang, vendus à 850 euros pièce. Le stand

fut rapidement sold out, les œuvres étant

majoritairement acquises par de jeunes

visiteurs qui ne pensaient pas acheter.

« Ils ont été agréablement surpris

de voir qu’une galerie pouvait proposer

des formats de qualité à prix accessibles

», confient les galeristes. L’expérience

montre combien un prix abordable, associé

à une rencontre authentique, peut

transformer un amateur en primo-collectionneur.

Pluriels dans leurs achats, les

collectionneurs de la Gen Z le sont aussi

dans leur mode d’information. Ils circulent

sans effort du numérique au physique. S’ils

fréquentent assidûment galeries, musées

et foires, ils mobilisent aussi Instagram. «

Instagram est aujourd’hui bien plus qu’un

outil de découverte. C’est une vitrine,

une source d’information, un moyen de

validation et de contact direct », insiste

Ranji Safarian. Axel Geerts utilise également

la plateforme pour suivre l’actualité

des artistes et galeries qui attirent son

attention. Appartenant à cette génération

que l’on qualifie de Digital Native, le jeune

collectionneur n’est pas dupe des logiques

algorithmiques, conscient que la visibilité

sur ces plateformes relève également

d’une mécanique marketing. Il insiste

cependant sur le fait que les vraies découvertes

se font ailleurs. Art Basel en tête : «

Art Basel est l’événement incontournable,

la référence absolue. Même si les jeunes

collectionneurs n’ont pas le budget pour

acheter, il faut s’y rendre pour aiguiser

son œil, découvrir des artistes émergents

représentés par des galeries de renom,

multiplier les rencontres et renforcer les

relations avec tous les acteurs du marché.

»

82


LA RELÈVE DÉJÀ ASSURÉE

Séduire la Gen Z demeure un pari complexe.

Certes, leurs moyens économiques

sont encore modestes mais délaisser

les jeunes serait une erreur. Comme le

soulignent les fondateurs d’EDJI Gallery :

« Ignorer cette génération aujourd’hui reviendrait

à se couper de ceux qui façonneront

les goûts de demain. » Leur stratégie

repose sur une programmation d’artistes

ultra-contemporains, une diversité de prix

et une forte présence digitale. Et demain ?

Du côté des galeries comme des collectionneurs,

l’avenir s’imagine déjà. Ranji

Safarian et Edward Van Houtte anticipent

un marché hybride, mêlant physique et

digital, où les thématiques sociétales

seront centrales et la diversité, une norme.

Axel Geerts se projette lui aussi dans une

perspective plus large : « J’imagine créer

une fondation. Ce qui compte, ce n’est

pas le nombre d’œuvres accumulées, mais

de jouer un rôle plus actif. Financer des

projets, soutenir les artistes et les galeries,

prêter des œuvres aux musées… avec

toujours l’idée que l’art doit être partagé. »

Peut-être est-ce là la grande leçon de cette

génération : l’art n’est pas un objet figé à

accrocher sur un mur, mais un organisme

vivant qui circule, se prête, se transmet, se

partage. Loin d’une logique de possession,

la Gen Z invente une pratique de la collection

qui ressemble à un acte de médiation

culturelle et politique. En rupture avec les

logiques spéculatives, elle rappelle que l’art

constitue avant tout un lien entre les êtres

humains. Et c’est sans doute là, dans cette

vérité retrouvée, que réside la véritable

révolution : celle d’une génération qui ne

collectionne pas pour posséder, mais pour

relier, transformer et transmettre.

Loin d’une logique de possession,

la Gen Z invente une pratique de la

collection qui ressemble à un acte de

médiation culturelle et politique.

VISITER

Art Basel Paris

du 24 au 26-10

Paris

www.artbasel.com

Vue du stand d’EDJI Gallery à Art Paris 2025, exposition personnelle de l’artiste Killion Huang. © photo : Aesthete Studio

83


Immodôme Objects

Précieux, durables et désirables

Isamu Noguchi, canapé Freeform, présenté dans une chapelle. © Immodôme

84


Immodôme Objects récupère des

objets d’intérieur, du mobilier, du

design, de l’art. S’ils provenaient

surtout, à l’origine, d’intérieurs

vendus par la société-mère,

aujourd’hui, de plus en plus de

particuliers les leur proposent

spontanément. « Nous désirons

donner à ces pièces une seconde

vie, où elles seront encore aimées »,

expliquent Isabel De Laet, general

manager, et Tina Ruts, en charge

des ventes et du marketing

d’Immodôme Objects.

TEXTE : BEN HERREMANS

Maarten Van Severen, Bureau. © Immodôme

«

Chez

Immodôme, nous

avons accès à bien

des beautés cachées.

Immodôme Objects est

un développement organique, induit par la

demande de nos vendeurs », explique Isabel

De Laet, cofondatrice et general manager

d’Immodôme. « Dans notre activité immobilière,

nous rencontrons des personnes

avec un goût exceptionnel, parfois même

excentrique. Certaines possèdent de véritables

trésors, comme des meubles, des

objets, des œuvres d'art, mais ne savent pas

vraiment à qui s’adresser lorsqu’il s’agit de les

revendre. » En mai 2024, Immodôme décidait

de réunir les vendeurs et les acheteurs

de ces pièces : « Nous avons créé Immodôme

Objects, plateforme sur laquelle nous

échangeons ces objets. Nous jouons le rôle

d’intermédiaire. Nous pouvons les prendre

en consignation, leur trouver un nouveau

propriétaire et nous rémunérer au pourcentage.

Ou encore les acheter et les revendre. »

PRELOVED

Chacun ses goûts, c’est bien connu…

Cela oblige-t-il Immodôme Objects à

jouer sur un registre extrêmement vaste ?

« Oui, d’une certaine manière, mais nous

effectuons nous-mêmes la sélection, en

fonction de nos critères de qualité et de

valeur artistique, et nous refusons beaucoup

de choses », répond Isabel De Laet.

« Tout comme pour l’immobilier, nous

essayons de trouver un marché dans le

marché. Nous ne prenons pas tout, nous

visons le beau qui transcende le temps. »

L’architecte Tina Ruts, commissaire de la

collection, confirme : « Nous opérons des

choix artistiques. Nous nous concentrons

sur le milieu de siècle et le contemporain,

mais pouvons aller dans de nombreuses

directions, qu’il s’agisse d’un architecte,

d’un designer contemporain ou d’une véritable

icône comme Le Corbusier. Et nous

sommes vraiment fans de design belge.

Mais nous essayons aussi de nous éloigner

« Le lien avec

l’activité immobilière

offre des avantages :

biens et objets

se renforcent

mutuellement »

ISABEL DE LAET

85


Bataille-Ibens, canapé Claire-Obscur. © Immodôme

« Nous souhaitons

que l’amour donné à

un meuble continue

d’exister dans une

seconde vie »

TINA RUTS

du vintage. De Maarten Van Severen,

par exemple, on ne peut pas dire que les

créations le soient. Pour nous, le vintage

et la seconde main sentent trop le rebut.

Un terme que nous aimons est preloved,

l’amour pour l’objet. Car l’objet a été aimé

par son ancien propriétaire. Preloved est

un terme plus positif et émotionnel, qui

exprime mieux la valeur et l’histoire d’une

pièce. » Tina Ruts : « Nous avons découvert

une table de Ben Storms chez un couple

malinois, au goût très sûr. Ils avaient vu un

de ses projets de fin d’études et croyaient

tellement en lui qu’ils lui avaient demandé

de créer pour eux une table sur mesure.

Ils disposaient d’un grand espace et lui

ont donné carte blanche. Il y a travaillé

pendant plus d’un an, fait réaliser des

moules, appliquer du plâtre en plusieurs

couches, poncer ; une table totalement

artisanale, vraiment ‘‘faite main’’. Ces

personnes avaient chargé Immodôme de

vendre leur loft et n’avaient pas de place

pour une table de près de cinq mètres

dans leur nouvelle habitation. C’est ainsi

qu’elle a rejoint notre collection. Nous

avons alors pris contact avec Ben Storms,

en pleine ascension en ce moment. Il nous

a fourni des images du making-of de cette

table. Nous pouvons donc documenter la

pièce : l’acheteur futur acquerra en plus

son histoire. » Car la valeur émotionnelle

n’est pas une vue de l’esprit. « Les clients

s’inquiètent de ce qu’il va advenir de leurs

meubles », explique Tina Ruts. « Lors d’un

décès, par exemple, il faut vider une maison,

et parmi les objets figurent des pièces

précieuses. Le public ne veut pas que cela

soit absorbé dans un ensemble impersonnel,

mais souhaite que chaque pièce

conserve sa propre valeur. » Persuadée que

la prochaine génération achètera de moins

en moins de meubles neufs, Isabel De Laet

explique : « Nous voulons que cet amour

pour un meuble continue d’exister dans

sa seconde vie. C’est tout simplement

plus responsable. Les jeunes optent pour

une association de design preloved et de

meubles recyclés. »

PERCEPTION DES VOLUMES

Le portefeuille d’Immodôme Objects

compte actuellement quelque cent-cinquante

pièces. Peuvent-elles concurrencer

les maisons de vente ? Isabel De Laet :

« Nous ne nous considérons pas comme

des concurrents : à chacun son business.

Tout comme pour l’immobilier, nous tentons

de trouver un marché dans le marché.

Nous filtrons et investissons une partie limitée

du marché. Nous dépendons moins

du moment opportun qu’une maison de

vente, pour qui la situation au moment de

la vente compte énormément : qui sera

dans la salle ou au téléphone ? À quel prix

tel objet sera-t-il vendu ? Dans le cas d’une

consignation, on discute au préalable de la

somme que le vendeur souhaite percevoir.

Ensuite, on fixe le prix, éventuellement sur

le long terme. » Le lien avec le secteur immobilier

offre des avantages : « Nous profitons

de ce chevauchement et mettons les

synergies à profit. Il nous arrive d’avoir une

maison à proposer, et dans ce cas, nous

nous disons : pourquoi ne pas organiser

des journées de visite avec éventuellement

les meubles sur place ? De toute façon,

nous réalisons beaucoup de staging afin de

rendre un bien plus attrayant en l’aménageant

ou en le décorant temporairement.

Les acheteurs potentiels peuvent ainsi

mieux percevoir les volumes et imaginer

ce qu’ils pourraient faire de l’espace. » Tina

Ruts nous donne un exemple : « Le canapé

Freedom, créé par le Japonais Isamu Noguchi

pour Vitra dans les années 1950, est

bien plus un objet décoratif qu’un meuble

confortable. Nous avions alors justement

un bien particulier dans notre portefeuille,

une chapelle. Un espace très distinct et

86


« Preloved est un terme qui nous est cher.

Il exprime mieux la valeur et l’histoire

d’un objet »

statique, où le staging représentait un véritable

défi. Nous avons installé le canapé

dans la chapelle, où il s’intégrait parfaitement.

Il y est désormais exposé comme

une sorte de showroom ou d’espace de

stockage. Nous sommes ravis de pouvoir

le présenter, mais il apporte aussi quelque

chose au lieu, habille et valorise l’espace.

C’est donc bénéfique pour la chapelle

elle-même. Cela fonctionne dans les deux

sens. » Isabel De Laet : « De cette manière,

les biens et les objets se renforcent mutuellement.

Une présentation sur un site

web ou via les réseaux sociaux demeure

unidimensionnelle. On ne peut tout expliquer

en profondeur. Si vous ne voyez que

le meuble, vous passez à côté du contexte

et parfois ne le comprenez pas. Cela

fonctionne beaucoup mieux quand vous

pouvez communiquer individuellement. »

Là encore, Tina Ruts avance un exemple :

« Il y a eu cet appartement à Knokke. Un

grand espace ouvert, mais le propriétaire

souhaitait un endroit où il pourrait se

‘‘replier’’. Une box y a alors été installée : le

canapé Claire-Obscur de Claire Bataille et

Paul Ibens. Il trônait là, au milieu, comme

un espace dans l’espace. Quand on s’y installait,

on pouvait observer les alentours

à travers une fine meurtrière. » Isabel De

Laet : « C’était un de ces exemples où tout

converge. C’est génial de voir à quel point

on peut tracer des lignes entre architecture,

aménagement intérieur et design

mobilier. C’est cette dynamique que nous

voulons poursuivre. Nous disposons d’une

belle base et de la clientèle. Nous avons

de belles pièces et souhaitons élargir

notre offre, uniquement avec du mobilier

éco-responsable. À terme, plus personne

n’achètera un meuble pour le liquider

après cinq ans. Cette mentalité disparaît

peu à peu, remplacée par des achats de

qualité et durables, afin d’évoluer vers une

économie circulaire. Nous avons l’ambition

de créer une sorte de magasin de meubles

fondé sur le concept de preloved design et

de sustainable furniture. »

SURFER

www.immodome-objects.be

Ben Storms, Table.

87


Oldtimers

et Youngtimers

Le prix de la nostalgie

Cela fait seize ans qu’au début

du mois d’octobre, les amateurs

d’ancêtres affluent à Knokke-Heist

pour assister au Zoute Grand

Prix. Outre le rallye classique, les

événements et les enchères de

Bonhams|Cars, pour la première

fois cette année, une vente sera

organisée par l’Américain Broad

Arrow Auctions.

TEXTE : ELIEN HAENTJENS

Chaque année, la mi-août est le

moment de vérité pour les collectionneurs

de voitures. C’est à cette

période que se tiennent les ventes

de Pebble Beach à Monterey, en Californie.

Les véhicules les plus rares et les plus exclusifs

y passent sous le marteau. Un baromètre

fiable pour le marché, comme l’explique Leo

Van Hoorick, conservateur à Autoworld,

à Bruxelles : « Le marché de l’automobile

est relativement neuf. Ce n’est que dans les

années 1970 que les premiers clubs sont apparus

et que les véhicules de collection ont

été considérés comme un loisir. Depuis 2005

surtout, les voitures constituent une forme

d’investissement, stimulé par la crise financière

de 2008, qui a connu un pic en 2014.

Depuis, le marché des voitures de collection

a connu une décennie de grâce, avant un

ralentissement ces deux dernières années.

Les véhicules datant d’avant la Seconde

Guerre mondiale sont plus particulièrement

moins prisés. Les grands collectionneurs

vieillissent ou décèdent et leurs héritiers ne

manifestent pas toujours le même intérêt.

Quand ce type de voitures est mis aux en-

Abarth Boano 207 A, numéro 8, 1955. © Broad Arrow Auctions — Est. 250.000-350.000 €

88


Ferrari F40 Berlinetta, 1989. © Bonhams Cars — 1.840.000 €

chères, c’est généralement avec la mention

estate of the late... » Malgré tout, les voitures

de qualité supérieure, des marques Bugatti

et Bentley notamment, dotées d’une riche

histoire en matière de course sur le circuit

du Mans, par exemple, se portent toujours

aussi bien. Ce sont surtout les marques disparues,

donc moins connues, qui perdent de

leur intérêt. Leo Van Hoorick : « Par l’intermédiaire

de Gooding Christie’s, une Ferrari

California Spyder Competizione de 1961

s’est vendue à Monterey pour 25 millions

de dollars, un record pour ce modèle. En

parallèle, la Lancia Aurelia, produite entre

1950 et 1958, n’a atteint que la moitié de son

prix d’origine. Et la valeur d’une Mercedes-

Benz 300 SL Gullwing, produite entre 1955

et 1960, stagne également depuis deux ans.

Longtemps, cette voiture fut considérée

comme ‘‘l’étalon d’or’’, gagnant en valeur.

Aujourd’hui, celle-ci se maintient entre 1

et 1,5 million d’euros. La Ferrari F40 étant

la nouvelle référence. » Cette F40, dernière

voiture de sport entièrement analogique,

fabriquée par Enzo Ferrari en 1987, atteint

aujourd’hui des prix records, entre 4 et 5

millions d’euros aux enchères, contre environ

300.000 il y a dix ans. « Ses successeurs

F50, Enzo et même LaFerrari se vendent

également bien, atteignant des valeurs bien

supérieures au prix catalogue de l’époque »,

ajoute Alex Verstraete de Bonhams|Cars.

La restauration est l’une des difficultés liées

à la collection de voitures : « Tout comme

pour le marché de l’art, la voiture doit être

en parfait état. Car le prix d’une restauration

complète peut être conséquent, jusqu’à

parfois dépasser la valeur du véhicule luimême.

» Leo Van Hoorick : « En parallèle, les

voitures les plus anciennes sont plus faciles

à entretenir car elles contiennent moins ou

pas d’électronique et leurs pièces sont plus

rudimentaires. » L’essor des ventes en ligne

a également considérablement modifié

le marché de l’automobile. Leo Van Hoorick

: « Depuis la pandémie, l’offre en ligne

a explosé. De nouveaux sites proposent en

permanence des voitures haut de gamme.

Les acheteurs potentiels peuvent enchérir

pendant vingt jours. Par exemple, l’Américain

Bring a Trailer, qui en est à ses balbutiements

sur le marché européen, propose un

large éventail de modèles. » D’après Philip

Kantor, vice-président EMEA de Broad

Arrow Auctions, les données relatives à une

automobile restaient jadis confinées entre

les murs de la salle de vente. Ce qui n’est plus

le cas aujourd’hui : « C’est la raison pour

laquelle nous proposons de nombreuses voitures

sans prix de réserve, afin d’en garantir

la vente. En outre, cela stimule le marché,

car les acheteurs aiment toujours avoir

l’impression de faire une bonne affaire. »

« Le prix d’une

restauration

complète peut être

conséquent, jusqu’à

parfois dépasser la

valeur du véhicule

lui-même »

ALEX VERSTRAETE

Bonhams|Cars

89


BMW 2002 Turbo, 1974. © Broad Arrow Auctions — Est. 80.000-130.000 € (sans prix de réserve)

« Depuis 2005

surtout, les voitures

constituent une forme

d’investissement,

stimulé par la crise

financière de 2008,

qui a connu un pic

en 2014 »

LEO VAN HORICK,

Autoworld

SOUVENIRS D’ENFANCE

Contrairement à l’art, les modèles de voitures

sont fortement liées à certaines générations.

À l’achat, de nombreux collectionneurs sont

guidés par leurs souvenirs d’enfance, reconnaît

Leo Van Hoorick : « Ils achètent les voitures

qu’ils voyaient sillonner les rues durant

leur enfance ou qu’ils avaient en poster dans

leur chambre. Voilà pourquoi les youngtimers,

qui datent des années 1970-2000, sont les

plus prisées. » Les conditions imposées par le

marché sont toutefois similaires à celles du

monde de l’art. L’état d’une voiture est extrêmement

important, avec des critères tels que

l’originalité de la peinture et de l’intérieur :

« C’est surtout ces des deux dernières années

que l’on y a accordé davantage d’importance.

Les termes matching numbers soulignent

cette originalité et font grimper les estimations.

En même temps, en tant qu’acheteur, il

ne faut pas être naïf : la plupart des voitures

ont été restaurées un jour et aucune voiture

de course ne dispose encore de son moteur

et de sa boîte de vitesses d’origine. Avant

tout achat, il est donc préférable de se faire

conseiller. Car les initiés connaissent souvent

l’état réel d’une voiture. » Les aspects

liés à la provenance, comme l’historique

détaillé de l’entretien avec les factures correspondantes

ou l’histoire particulière d’un

véhicule, constituent également des atouts

supplémentaires. « Lors de notre vente, nous

proposons septante voitures, dont environ

cinq proviennent de la collection de Bernard

Fornas, ancien directeur de Cartier et co-P.-

D.G. du groupe Richmont », explique Alex

Verstraete. « On y trouve une Range Rover

classique 3.5 1975 ayant appartenu à l’acteur

Alain Delon et une Ferrari 250 GT Berlinetta

Lusso 1963, un modèle de collection

exceptionnel. La solide histoire de Ferrari en

matière de course automobile renforce ce

marché. Il n’est pas rare que les constructeurs

conçoivent une version rallye d’un modèle de

route. Le fait que ces versions aient été produites

en faible quantité, à peine deux cents

exemplaires pour l’homologation du Groupe

B notamment, en renforce l’attrait. L’Audi

Sport quattro, la Lancia Delta S4, la Peugeot

205 T16 ou la Ford RS200 en constituent

d’excellents exemples. Enfin, leur conception

est un atout. Si un designer réputé des studios

Scaglietti, Pininfarina ou Touring a tenu

le crayon, la valeur s’en trouve renforcée. Par

exemple, la Ferrari 250 GT, avec ses élégantes

lignes, est sublimissime. » La vente de Broad

Arrow Auctions compte également quelques

sommités. « L’Abarth Boano de 1955, parfaitement

conservée, n’a été fabriquée qu’à

onze exemplaires. La valeur de la BMW

2002 Turbo de 1974 commence également à

grimper. Les séries ultérieures comme la M3,

la M5 et la M6 des années 1980 sont aussi des

modèles très recherchés », explique Philip

90


Kantor. « Alors qu’une R5 ordinaire ne prendra

jamais de valeur, les collectionneurs vont

rechercher la R5 Turbo 1 ou 2 à moteur central.

Son statut est mythique en raison de son

histoire de course. » « Les voitures sportives

japonaises, qui n’ont jamais été vendues ici,

notamment la Nissan GT-R, ont également

tiré leur épingle du jeu à Monterey », ajoute

Leo Van Hoorick. « Même s’il s’agit de voitures

valant à la base environ 70.000 euros, elles se

vendent aujourd’hui à des prix allant jusqu’à

800.000 euros. »

CONÇUES POUR LE MARCHÉ

Segment relativement neuf du marché, celui

des hypercars. Il est impossible de commander

ces voitures qu’on ne peut en général

acquérir qu’après avoir acheté toute une série

d’autres voitures de la même marque. Alex

Verstraete : « Elles sont produites en séries

très limitées, de quarante à quelques centaines

d’exemplaires au maximum. En raison

de cette rareté, elles atteignent vite des prix

particulièrement élevés aux enchères. À

Pebble Beach, cela s’est notamment traduit

par la vente de trois Bugatti vieilles d’à peine

deux ou trois ans. La Mercedes AMG One,

version de route de la voiture de Formule 1,

a également été vendue par Bonhams|Cars

pour trois millions d’euros. La cylindrée

constitue un paramètre important dans les

hypercars. » Philip Kantor déplore que les

hypercars, ou les éditions limitées, soient

essentiellement acquises pour la spéculation,

non à des fins d’utilisation. « Le plaisir

de conduire se perd », souligne-t-il. « Dans

ce sens, bon nombre de collectionneurs

Range Rover 3.5, 1975, de la collection d’Alain Delon et Bernard Fornas, à vendre à Knokke- Heist.

© Bonhams Cars —Est. 100.000-130.000 €

achètent une voiture comme un ticket d’entrée

pour les rallyes. Par exemple, les participants

au Zoute Grand Prix doivent posséder

des voitures datant d’avant 1970. Les bolides

électriques sont également dénués de cet

aspect émotionnel. Ils sont essentiellement

achetés sur la base de considérations rationnelles.

En outre, ils contiennent trop d’électronique

pour conserver leur attrait pendant

au moins trente ans. » Avec le Pebble Beach

américain et le Rétromobile de Paris en

février, le Zoute Grand Prix est devenu, au fil

de la dernière décennie, l’un des principaux

événements européens dans ce segment

de marché. « Bien qu’une grande partie des

ventes se fasse en ligne, le marché belge

se porte toujours très bien, tant en termes

de ventes que d’achats », explique Alex

Verstraete. « Tous les segments comptent

énormément de collectionneurs en Belgique.

Bien que la plupart d’entre eux soient très

discrets sur ce qu’ils achètent. » Pour les

expositions temporaires qu’il organise à Autoworld,

Leo Van Hoorick est constamment

en recherche de modèles inaccessibles pour

son musée. « En général, même si notre exposition

actuelle sur les German Tuners est

une exception, je trouve ce que je recherche

dans les collections belges. Chaque fois, j’y

découvre de petits bijoux. »

VISITER

Zoute Grand Prix (avec ventes

Bonhams|Cars et Broad Arrow Auctions)

du 08 au 12-10

Knokke-Heist

www.zoutegrandprix.be

InterClassics Brussels

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Peugeot 205 Turbo 16, 1984, un des 200 exemplaires. © Bonhams Cars — ca. 370.000 €

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Autoworld

Bruxelles

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91


L’avis de l’expert

Un nouveau Botero sur le marché

Fernando Botero, Le Musicien et la femme allongée, 1983, dessin au crayon sur papier, 35,5 x 43,5 cm, sig. ‘‘83 avec dédicace à Pierre Restany’’. Provenance :

Collection Pierre Restany. © de l’artiste / Courtesy De Vuyst

« Attendez, j’ai encore quelque chose à vous montrer. » Le 25 octobre, la

salle de ventes De Vuyst proposera un inédit de Fernando Botero sur le

marché. Tom De Vuyst, troisième génération à la tête de l’enseigne de

Lokeren, s’enthousiasme en sortant son ordinateur portable : « Je vais

vous montrer ce que nous avons déjà rentré pour la vente d’octobre,

même si beaucoup d’autres choses vont encore s’y ajouter. »

TEXTE : BEN HERREMANS

Ce sera une vente mixte, à Lokeren.

« Nous n’organisons pas de ventes

thématiques. Nos clients couvrent

un très large spectre », explique

Tom De Vuyst. « Ils s’intéressent aussi bien

au XVIe siècle qu’à l’art contemporain et

recherchent de belles pièces, non pour

investir, mais par passion. C’est une évolution

historique : mon grand-père a organisé

notre première vente en 1970. En fait, il

était maître-tailleur dans les années 1930.

Avec huit enfants, la relève était assurée.

L’art était sa passion : il a même suivi une

formation à Bruxelles. En 1962, son négoce

92


« Les moyens traditionnels sont épuisés ;

aucune autre réaction n’est possible

que l’abolition de la peinture »

PIERRE RESTANY

de vêtements étant entre de bonnes mains,

il lançait une petite galerie. L’offre s’est étoffée,

puis sont venues les expositions, et plus

tard les enchères. » Cette interaction s’est

perpétuée. Tom De Vuyst : « Nos salles sont

disponibles, nous avons l’espace nécessaire

pour combiner les deux activités : trois

ventes par an, entrecoupées d’expositions.

Même en multipliant les enchères, on ne

parviendrait pas à libérer les salles à temps :

il faut chaque fois organiser une exposition.

La galerie a ainsi prouvé sa légitimité. Nous

avons environ 1.500 œuvres en dépôt, toutes

apportées en vue d’une vente. Mais, figurent

parmi elles des objets de moindre valeur,

que nous ne sélectionnons pas immédiatement

pour une vente. Lors des enchères, la

valeur des lots démarre à 1.500 euros. Dans

la galerie, nous exposons également les

œuvres n’ayant pas trouvé preneur lors d’une

vente. Autrefois, on les appelait les ‘‘œuvres

ravalées’’, un terme peu flatteur. »

FIGURES POTELÉES

Sur son ordinateur portable, le commissaire-priseur

fait défiler les lots vendus le

25 octobre. Des œuvres de Léon Spilliaert,

Pierre Alechinsky, Jean-Michel Folon, Jan

De Vliegher, Raoul De Keyser, Marthe

Wéry, Niki de Saint Phalle, Gustave De

Smet, Constant Permeke, Juan Muñoz....

De grands noms, de la belle marchandise.

Tom De Vuyst s’écrie tout à coup : « Attendez,

j’ai encore quelque chose ! Un Botero.

Ils sont justement en train de le photographier.

» Il disparaît. Dans ses œuvres, le

peintre et sculpteur colombien Fernando

Botero (1932-2023) représentait toujours

la culture sud-américaine, tant par ses

thèmes que par sa palette de couleurs.

Les objets et personnages aux formes

généreuses caractérisent son style, produisant

souvent un effet à la fois comique

et émouvant. L’artiste lui-même était un

collectionneur passionné. Bien qu’il ait

créé et exposé jusqu’à sa mort, dès l’an

2000, il a fait don d’une grande partie de

ses œuvres et de sa collection au Museum

de Antioquia de Medellín et à la Banco

de la República de Bogota. Il imposait

deux conditions : que les œuvres soient

exposées en permanence et que l’entrée

soit gratuite. La collection comprend 123

œuvres de Botero (sculptures, peintures et

dessins) et 85 œuvres d’artistes européens,

dont Picasso, Chagall, Corot, Renoir, Bonnard,

Dalí, Beckmann, Delvaux, Giacometti,

Matisse et Miró, accrochées dans

ses différentes demeures (New York, Paris,

Monte Carlo et Pietrasanta).

NOUVEAU RÉALISME

Tom De Vuyst revient et nous montre un

dessin au crayon sur papier : une femme

ronde et nue, allongée devant un guitariste.

En bas à droite, figure une dédicace :

« à Pierre Restany, Botero 83. » « En fait, ce

dessin s’accompagne d’un livre », ajoute-t-il

en posant celui-ci sur la table. Titre : Botero;

auteur : Carter Ratcliff, critique d’art, écrivain

et poète américain. En page 3, Botero

a dessiné un portrait de Pierre Restany, également

accompagné d’une dédicace : « à

Pierre / Botero 83 / Tucurinca ». Tucurinca

est une ville de Colombie, Zona Bananera,

département de Magdalena. Pierre Restany

(1930-2003) était un historien et critique

d’art français, connu comme le fondateur

et l’inspirateur du Nouveau Réalisme, mouvement

qui s’opposait à l’hyperintellectualisme

transcendant des expressionnistes

abstraits et élevait la réalité quotidienne au

rang d’art. Le 14 avril 1960, Restany rédigeait

à Milan le premier Manifeste du Nouveau

Réalisme. Point de départ : « Les moyens

traditionnels sont épuisés ; aucune autre

réaction n’est possible que l’abolition de

la peinture. » La même année, il nuançait

cette position dans un second manifeste :

« Les Nouveaux Réalistes voient le monde

comme un tableau, un grand fondamental

dont ils veulent s’approprier des fragments

essentiels. » Le groupe des Nouveaux

Réalistes fut officiellement fondé le 27

octobre 1960. Parmi ses membres figuraient

Armand Fernandez (connu sous le

nom d’Arman), François Dufrêne, Raymond

Hains, Jacques Villeglé, Wolf Vostell, Yves

Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean

Tinguely, Mimmo Rotella et César Baldaccini

(connu sous le nom de César). Plus

tard, Niki de Saint Phalle et Christo rejoindront

le mouvement, dissout à Milan en

1970. « C’est un témoignage de gratitude »,

explique Tom De Vuyst à propos du dessin

que Botero a offert à Pierre Restany en 1983.

« Une preuve d’amitié. » A l’époque, les

interactions entre les deux étaient intenses.

Pierre Restany a collaboré à un livre sur

Botero (avec soixante reproductions), paru

le 1er septembre 1984 (Botero, publié par

Harry N. Abrams Inc). En 1983, Pierre Restany

réalisait une lithographie en édition

limitée à 200 exemplaires. The Walk, inspiré

de l’œuvre iconique Walk in the Hills de

Botero, datée de la même année, peut être

interprété comme le testament de la collaboration

entre les deux artistes. Il est réalisé

dans le style caractéristique du peintre,

qualifié de ‘‘Boterisme’’, et porte également

sa signature en bas à droite. Elle a été mise

en vente par la société Atlas Showroom,

basée aux États-Unis, en 2023. Mise à prix :

2.750 dollars.

LIEN AVEC LA BELGIQUE

Mais comment un dessin que l’artiste colombien

a offert à l’historien de l’art français

en 1983 se retrouve-t-il en 2025 chez

De Vuyst à Lokeren? Grâce à la peintre,

sculptrice et graveuse franco-belge Josiane

« La plupart des

Botero des collections

flamandes viennent

de chez Veranneman.

Lorsque ce label est

attaché à une œuvre,

nous nous sentons

déjà beaucoup plus

confiants »

TOM DE VUYST

93


Livre Botero de Carter Ratcliff, Abville Press, New York, 1980, contenant Portrait de Pierre Restany, dessin,

signé ‘‘à Pierre/ Botero 83/ Tucurinca’’. © De Vuyst

« Nous vendons

le dessin avec le

livre, qui n›a pas

beaucoup de valeur,

mais qui donne

plus de densité à

l’œuvre »

TOM DE VUYST

ENCHÉRIR

Vente : le 25-10

De Vuyst

Lokeren

www.de-vuyst.com

De Cock (1934-2005), surtout connue pour

ses œuvres figuratives abstraites. Elle a

suivi une formation artistique à l’Académie

d’Etterbeek, puis à l’Académie de la Grande

Chaumière à Paris et s’est installée dans la

capitale française en 1956, où elle a vécu

tout le reste de sa vie, et épousé Pierre

Restany. Tom De Vuyst : « Le propriétaire

de l’œuvre, un membre de la famille de Jos

De Cock, nous a contactés. Ce dessin n’a

jamais été mis sur le marché : Botero en

a fait don directement à Pierre Restany.

Cela prouve le lien qui les unissait. Il y fait

montre de tout son talent. Il s’agit d’un

magnifique dessin classique au crayon,

finement détaillé. Les silhouettes corpulentes,

le musicien, la guitare au petit trou

de résonance, les fruits, le cigare ou la

cigarette : les sujets classiques de Botero y

sont présents. Nous le mettons en vente en

même temps que le livre. En soi, celui-ci n’a

pas grande valeur, mais dans ce contexte,

il confère au dessin une dimension supplémentaire,

narrant son histoire et illustrant

le lien entre les deux hommes. Les collectionneurs

qui achètent une œuvre aiment

qu’elle soit accompagnée d’une documentation

ou de littérature. »

LABEL

« Son authenticité ne fait aucun doute »,

assure Tom De Vuyst. « Bien entendu,

nous vérifions toujours l’origine d’une

œuvre proposée. D’où vient-elle, où a-t-elle

été vendue et achetée ? La plupart des

Botero des collections flamandes viennent

de chez Veranneman et de sa fondation

à Kruishoutem. Quand une œuvre est

labellisée Veranneman, nous nous sentons

déjà beaucoup plus confiants. » Emiel

Veranneman (1924-2004) était issu d’une

famille d’artistes. Son oncle était Constant

Permeke et il était considéré comme

expert de ce peintre. Mais, c’est surtout

en tant qu’architecte d’intérieur, créateur

de meubles et marchand qu’il s’est fait

connaître au niveau international. Il est à

l’origine de la Fondation Veranneman de

Kruishoutem, centre d’art contemporain

réputé. Il fut l’un des premiers à exposer

les œuvres du jeune Botero, alors inconnu.

« Dans ce cas-ci, nous n’avons même pas

eu besoin de rechercher le label Veranneman,

car cette œuvre nous est parvenue

en direct », explique Tom De Vuyst. « Nous

avons quand même contacté la fille de

Botero. » Lina Botero (1958) est l’un des

deux enfants issus du premier mariage

de Fernando Botero avec la Colombienne

Gloria Zea. Sa seconde épouse, de 1978

jusqu’à sa mort en 2023, fut la Grecque Sophia

Vari, sculptrice et créatrice de bijoux.

Lina Botero partage son temps entre le

Mexique et l’Europe. C’est une architecte

d’intérieur de renommée internationale.

Tom De Vuyst : « Il y a quelque temps, on

nous a proposé une sculpture de Botero.

Nous avons envoyé des photos à sa fille.

Lorsqu’elle a dit : ‘‘Nous ne reconnaissons

pas cette pièce, ce n’est pas du Botero’’,

cela a immédiatement mis fin à l’histoire.

Mais, cette fois, elle a confirmé sans hésitation

l’authenticité de l’œuvre. Nous l’estimons

entre 40.000 et 50.000 euros. Obtenir

ce montant ne devrait guère poser de

problème : dans notre politique tarifaire,

nous visons toujours un équilibre entre

juste prix et attractivité. Nous évitons de

maximiser, car cela couperait aussitôt

l’élan. L’estimation basse correspond au

prix minimum pour nous, le prix que nous

avons convenu avec le propriétaire et en

dessous duquel nous ne vendons pas. »

S’il y a certainement des personnes en

Flandre et en Belgique qui recherchent

un Botero, notre interlocuteur pense

que cette œuvre partira à l’étranger : « Le

marché y est plus important. En outre, ces

œuvres retournent souvent dans leur pays

ou région d’origine. Lorsqu’un Raveel est

vendu dans le sud de la France, neuf fois

sur dix, c’est un Flamand qui l’emporte. »

94


Walter Swennen - 1984

Merci, Dank u Walter

Walter Swennen 1946 - 2025

Showroom: Altenaken 11

3320 Hoegaarden

Photo : Max Vicca

quattro-benelux.com

quattro@quattro-bnlf.com

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lundi 27 octobre

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Focus

International

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Jules Wabbes, applique Nid d’abeilles,

tubes de section hexagonales en

laiton massif doré patiné soudés.

Bonhams Cornette de Saint Cyr, Paris,

02-10. © Bonhams Cornette

EST. 50.000-70.000 €

Louis Vuitton et Cindy Sherman, Exceptionnelle Malle

studio, 2014, éd. 2/25, 102 x 61 x 53 cm. Piasa, Paris, 02-10.

© Piasa

EST. 30.000-50.000 $

(25.500-42.500 €)

Irving Penn, Cracked Egg, New York, 1958,

tirage photographique en couleur. Phillips,

New York, 08-10. © Phillips

ON VENDRA

Le design de Jules

Wabbes chez

Bonhams Cornette

Trois collections seront vendues

aux enchères à Paris chez Bonhams

Cornette de Saint Cyr, lors

de la vacation 100 ans de Design, le

2 octobre. La première est composée

du mobilier provenant d’une

villa entièrement décorée par Jules

Leleu (1883-1961), de l’entrée aux

chambres, où chaque élément a

été conçu pour créer une atmosphère

spécifique toujours aussi

harmonieuse, plus de 70 ans après

sa réalisation. Fondée par Jules

Leleu, la Maison Leleu est le fruit

de collaborations emblématiques.

Architectes décorateurs, créateurs

de meubles et de textiles, la famille

Leleu laisse un nom synonyme

de luxe, de création française au

plus haut niveau de qualité, dans

des matériaux nobles. Débutant

modestement en 1882, la

saga familiale devient célèbre et

s’implante dans un prestigieux

hôtel, 65 avenue Franklin Roosevelt

à Paris. Leleu fut une maison

vedette de la décoration française,

des années 1920 à 1948, sous la

houlette de Jules Leleu, puis dans

les années 1948-1970, sous la

direction d’André Leleu, assisté de

ses enfants et de toute sa famille.

La maison déployait ses activités

dans tous les domaines de la

profession, décoration d’intérieur,

meubles, boiseries, tissus, tapis,

éclairages, avec la collaboration

de nombreux artistes : les tapis

de Da Silva Bruhns, les cartons de

tapisseries de Gernez, de Kaskoff,

les tapisseries murales d’Hilaire,

de Lurçat, de Picart-le-Doux, les

peintures sur meubles de Brayer,

de Chapelain-Midy, de Despierres,

de Souverbie, de Terechkovitch,

de Vertès, les laques de Bobot,

de Dunand, d’Hamanaka, les

ferronneries d’art de Brandt, de

Subes, les sculptures de Dejean

et de Revol (est. 1.000 à 50.000

euros). La deuxième est un exceptionnel

ensemble de seize pièces

signées Jules Wabbes (1919-1974)

provenant de la collection de

Lucien Leborgne (1931) (est. 2.500

à 11.000 euros). Né à Lessines,

il suit les cours de l’Académie

des Beaux-Arts de Saint-Josseten-Noode

dans la section

ensemblier-décorateur. Il passe

ensuite dix ans auprès de divers

ébénistes jusqu’en 1954, avant de

devenir contremaître des Ateliers

de Jules Wabbes, dans la partie

Mobilier et Décoration intérieure

jusqu’en 1957. À partir du 1er avril

1964 jusqu’en 1968, il exerce les

fonctions de directeur technique

de l’usine Mobilier Universel.

Pendant cette période, il assumera

la responsabilité de la gestion des

achats du bois, de l’élaboration

des plannings, de l’amélioration

des méthodes de fabrication et

du coût de revient des pièces, de

l’intensification de la production et

de la promotion et de la conception

des nouveaux modèles sous

la direction de Jules Wabbes. On

annonce enfin une collection de 54

boîtes, poudriers, et bijoux signés

Line Vautrin (1913-1997), créatrice

inspirée de génie. Ces objets, dont

les estimations varient de 500 à

5.000 euros, ont été réalisés dans

les années 1940, décennie durant

laquelle Line Vautrin (déjà connue

pour ses créations de boutons de

mode ou de bijoux) s’adonne aux

boîtes (poudriers, cendriers ou

autre piluliers), ornées de rébus,

jeux de mots ou de décors tout

aussi créatifs, parfois émaillés, et

confectionnées au sein de l’hôtel

de Sérilly, dans le Marais.

Le pied-à-terre de

Cindy Sherman

chez Piasa

Egalement le 2 octobre, Piasa

propose l’intérieur du pied-à-terre

parisien de l’artiste américaine

Cindy Sherman (1954), conçu et

aménagé par Laplace, cabinet

d’architecture internationalement

reconnu. Cette dispersion

inédite révèle le dialogue intime

entre l’univers conceptuel de la

photographe et la vision architecturale

raffinée de Luis Laplace

et Christophe Comoy, fondateurs

de l’agence. Mobilier moderniste,

œuvres d’art contemporain, pièces

de design rares, mode et luxe

témoignent d’une sensibilité partagée

pour l’élégance, la culture

visuelle et l’expérimentation

des formes. Dans le salon, face

à la cheminée, un large canapé

courbe italien dialogue avec deux

fauteuils des années 1960 garnis

de tissu jaune. Sur la table basse,

deux céramiques de la sculptrice

américaine Chris Garofalo. Dans la

salle à manger, six chaises signées

par le designer italo-brésilien

Guglielmo Ulrich, font écho à une

paire de fauteuils Pilot du Suédois

Arne Norell et à deux consoles

dans le goût de Marc du Plantier

sur lesquelles reposent deux vases

en verre de Murano de Massimo

Micheluzzi. La suite de la vacation

est consacrée aux objets personnels

de la photographe, dont la

fameuse Malle Studio, réalisée

pour les 160 ans de la toile Monogram

de Louis Vuitton, soutien

indéfectible de l’artiste depuis ses

débuts (est. 50.000-70 000 euros).

Une vente Irving

Penn chez Phillips

Cet automne, Phillips New York

organise une vente historique de

photographies et d’œuvres d’art

provenant de la fondation Irving

Penn (1917-2009). Cette vente

inclut des tirages photographiques

et des peintures réalisés par le

98


EST. 7.000.000-10.000.000 £

(8.000.000-11.530.000 €)

Peter Doig, Country Rock, 1998-1999, huile sur toile.

Christie’s, Londres, 15-10. © Christie’s Images Ltd.

EST. 500.000-800.000 £

(576.000-922.000 €)

Pablo Picasso, Nez quart de Brie

(Etude pour les Demoiselles d’Avignon

ou Nu avec draperie), 1907,

dessin. Christie’s, Londres, 16-10.

© Christie’s Images Ltd.

EST. 1.000.000-2.000.000 €

René Magritte, Le Ciel passe dans l’air, 1927, huile sur

toile, 50,2 x 64,9 cm. Christie’s, Paris, 23-10. © Christie’s

Images Ltd.

photographe au cours de ses

sept décennies de carrière. C’est

la première fois que la fondation

propose des œuvres de l’artiste

aux enchères. Cet événement historique

célèbre ses talents remarquables,

en mettant en avant sa

vision unique et son savoir-faire

magistral dans divers procédés

de tirage photographique. Les

œuvres sélectionnées couvrent

toute la gamme des supports et

des sujets explorés au cours de sa

carrière, présentant des images

rarement vues aux côtés de ses

photographies les plus connues,

qui offrent une nouvelle perspective

sur la diversité de la production

de l’un des photographes

les plus importants du XXe siècle,

connu pour ses images saisissantes,

sa maîtrise technique et

son intensité tranquille.

La Collection

Ole Faarup pour

Christie’s

Ole Faarup (1934-2025) fut l’un

des collectionneurs d’art les plus

visionnaires du Danemark, réputé

dans toute l’Europe pour son

œil avisé et son engagement en

faveur de l’art contemporain. Le 15

octobre, sa collection est mise aux

enchères dans le cadre de la série

de ventes d’art des XXe et XXIe

siècles organisée par Christie’s, à

Londres. Cette collection exceptionnelle,

constituée pendant plus

d’un demi-siècle, témoigne de

manière saisissante de sa passion

pour l’art contemporain et les

artistes émergents. Dominée par

deux chefs-d’œuvre de l’artiste

britannique Peter Doig (lire par

ailleurs), elle comprend des noms

internationaux de premier plan

tels que Chris Ofili et Jean-Michel

Basquiat, ainsi que des figures de

la Neue Leipziger Schule, aux côtés

d’artistes du mouvement YBA

comme Tracey Emin et Damien

Hirst. Tout au long de sa carrière

de collectionneur, Ole Faarup

s’est également concentré sur l’art

d’artistes danois et scandinaves

établis et émergents, de Karin

Mamma Andersson, Per Kirkeby et

Esben Weile Kjær à John Kørner,

Jeppe Hein et Olafur Eliasson.

Estampes et

œuvres sur papier

chez Christie’s

Ayant vécu et survécu à la Seconde

Guerre mondiale, Klaus Hegewisch

(1919-2014) trouvait refuge

dans l’art. La Collection Hegewisch

est aujourd’hui considérée comme

l’une des plus vastes collections

privées d’estampes et de dessins

européens. Elle se distingue par

son ampleur, son thème central et

sa qualité, couvrant une période

allant de 1500 à 1960 environ.

Enrichie de quelques œuvres

sélectionnées provenant d’Afrique

de l’Ouest, cette collection évoque

un mélange de beauté inquiétante,

de sensualité, d’humour et

d’étrangeté. Composée d’œuvres

exceptionnelles de Dürer, Rembrandt,

Tiepolo, Goya, Redon,

Munch, Kollwitz, Léger, Beckmann

et bien d’autres, elle est aussi

variée qu’intensément personnelle.

Ce qui unit leurs œuvres,

c’est le goût du collectionneur

pour le mystérieux. Il était attiré

par les images ayant un caractère

surnaturel, certaines envoûtantes

mais discrètement inquiétantes,

d’autres macabres ou véritablement

terrifiantes. Regorgeant de

fantômes, de sirènes, de sorcières,

de gobelins et autres créatures

ou apparitions fantastiques, la

collection offre un aperçu de

l’imagination humaine, entre rêves

et cauchemars, désirs et peurs.

L’œuvre de Picasso en est le cœur,

englobant toute la gamme des

émotions, émerveillement, joie,

charme, mélancolie, angoisse et

horreur.

Une collection

européenne chez

Christie’s

Le 23 octobre, Christie’s Paris

présentera Moderne(s), une

collection particulière européenne.

Cette vente inaugurera la grande

semaine des ventes d’automne

traditionnellement dédiées aux

XXe et XXIe siècles, organisées

en parallèle de la foire Art Basel

Paris. Réunissant une quarantaine

d’œuvres modernes et contemporaines,

cette collection rend

hommage aux avant-gardes

européennes, avec entre autres La

Passerelle Debilly, huile sur toile de

1903 de Paul Signac, Le Ciel passe

dans l’air, huile de 1926 de René

Magritte, ou encore Fruit d’une

longue expérience, un rare relief

en bois de 1919 (période Dada) de

Max Ernst ainsi que La Matelas de

Domenico Gnoli. Une occasion

rare d’acquérir des œuvres de

qualité muséale, choisies avec soin

par cette famille de collectionneurs

au regard aiguisé et conservées

dans la même collection depuis

plus de cinquante ans.

99


On vendra

Belgique

06 & 07-10 Belle diversité chez Horta

EST. 5.000-7.000 €

Léon Frederic, Jeune fille à la coccinelle,

1910, huile sur toile, 86 x 67 cm.

© Horta

EST. 5.000-7.000 €

George Minne, L’homme à l’outre,

H. 67 cm. © Horta

EST. 6.000-8.000 €

Paul Quviq Malliki, Ours polaire marchant, 2012, sculpture

en marbre, 16 x 30 cm. © Horta

07-10 Peinture belge chez Bernaerts

Dans cette vente ‘‘Classique vs Moderne’’, Bernaerts présente des peintures du XIXe au XXIe

siècle, principalement belges. De la période romantique au début du XXe siècle, on trouve une

toile dite ‘‘de style pompéien’’ de l’Anversois Piet Van der Ouderaa, intitulée Ligia à la statue

d’Asclépios, œuvre historique de Mattheus Ignatius Van Bree, et une toile remarquable du français

Théodule-Augustin Ribot. Chênes et Campine de l’artiste de plein air Isidore Verheyden et une vue

tout aussi ensoleillée de Venise de Paul Hermanus raviront les amateurs de paysages délicatement

peints, tandis qu’une Dame assise à l’ombrelle de Jean Béraud, petite mais délicate, évoque fortement

Alfred Stevens, peintre de femmes de la Belle Époque. Une toile de Frits Van den Berghe de

1916-1917, Orée de forêt au coucher du soleil, annonce le début du XXe siècle. L’entre-deux-guerres

est notamment représenté par une chaise en acier chromé de Louis Herman De Koninck et un

buffet de Ferdinando Meccani, clin d’œil à cette époque mais datant des années 1980. Les années

1950 et 1960 sont, quant à elles, illustrées par une toile d’Antoine Mortier, Le maître chanteur. Un

saisissant et menaçant Champ de combats d’Armando, datant de 1986, côtoie de majestueuses

toiles de Philippe Vandenberg, en provenance de la Galerie Foncke de Gand. On y trouve également

des œuvres de Sophie Kuijken, Davis Rhodes et Hans Op de Beeck. Enfin, les amateurs

d’antiquités apprécieront sans aucun doute une imposante horloge d’Amsterdam à calendrier

astronomique, datée de 1754.

EST. 20.000-25.000 €

Frits Van den Berghe, Orée de forêt au coucher

du soleil, ca. 1916-1917, huile sur toile marouflée

sur carton. © Bernaerts

07-10 Joaillerie chez AZ Auction

EST. 2.500-3.500 €

Ilias Lalaounis, Grèce, broche lion, or jaune 18 ct,

diamants, rubis, 7 x 5 cm, poids brut : 46,8 g.

© AZ Auction

EST. 4.000-6.000 €

Superbe collier dans le goût de l’Antique, XIXe

siècle, or jaune d’env. 20 carats (847 millièmes),

L. 58 cm, poids brut : 61,1 g. © AZ Auction

EST. 28.00-32.000 €

Van Goller, collection Insolita, bracelet manchette

large, maille en trois ors 18 ct, rubis, grenats

tsavorites, tanzanites, grandidiérites, diamants,

18,5 x 3,3 cm, poids brut : 111,8 gr. © AZ Auction

100


Léon Spilliaert

Pierre Alechinsky

VENTE AUX

ENCHÈRES

ART CONTEMPORAIN,

MODERNE ET

MAÎTRES ANCIENS

Samedi 25 octobre 2025

Exposition : 15 au 22 octobre - 10h -19h

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Rendez-vous à domicile.

Niki de Saint Phalle

Hôtel de Ventes De Vuyst - Kerkstraat 22-54 - 9160 Lokeren (Belgique) - +32 9 348 54 40 - info@de-vuyst.com - www.de-vuyst.com


On vendra

Belgique

09-10 Œuvres sur papier chez Bernaerts

Cette vente d’œuvres sur papier présente des

estampes de collection d’artistes nationaux et

internationaux, tels Hans Hartung, Serge Poliakoff,

Corneille, Alberto Magnelli, Louise Bourgeois, Anish

Kapoor, David Claerbout, Thierry De Cordier, Kris

Martin, Wolfgang Tillmans, H.-P. Feldmann, Raoul de

Keyser, Fred Bervoets et Roger Raveel, pour n’en citer

que quelques-uns. De l’entre-deux-guerres, une

petite collection de dessins du célèbre Eugène Van

Mieghem est mise aux enchères, ainsi qu’une aquarelle

magistrale de Jozef Peeters, datée de 1919, un

Funambule atypique de George Grosz, une œuvre

de Léon Spilliaert, Autour de l’étang du parc Marie-

Henriette de 1928, et quatre dessins de Rik Wouters.

On présente également des nus de Constant Permeke,

une magnifique feuille de Gaston Bertrand et

un dessin à l’encre de Walter Swennen, récemment

décédé, oeuvre de 1987.

EST. 8.000-12.000 €

Jozef Peeters, Sans titre, 1919, encre de Chine et aquarelle. © Bernaerts

09 au 11-10 L’Atelier de René De Pauw chez Van de Wiele

Le 10 octobre, les archives et œuvres d’art de l’atelier du peintre René

De Pauw (1887-1946) sont mises aux enchères. Attaché à la ville de

Bruges, où il avait étudié les lettres, puis les Beaux-Arts, son œuvre

la plus connue est sans doute la grande fresque murale du hall de la

gare locale. Un dessin préparatoire pour cette fresque est proposé.

René De Pauw dessinait également des caricatures acérées, mais se

sentait particulièrement à l’aise parmi les pêcheurs de Heist-aan-

Zee. Des œuvres de Jules De Bruycker, Armand Jamar, Henri-Victor

Wolvens et Kiki Smith, entre autres, sont également proposées. Le 11

octobre, Charles de Bovelles est à l’honneur, avec un texte emblématique

traitant de la philosophie de la Renaissance. Avec d’autres

humanistes, Charles de Bovelles (ca. 1475-1566) a combiné mathématiques,

philosophie et correspondance, dans une œuvre complète où

il recherchait la sagesse à travers l’harmonie de la foi et de la raison.

Son Liber de Sapiente fut imprimé à Paris en 1511.

EST. 15.000-20.000 €

Charles de Bovelles, Liber de Sapiente,

1511, Paris. © Van de Wiele

EST. 2.000-3.000 €

Kiki Smith, Marionnette, 1993-1994.

© Van de Wiele

11-10 Autoworld accueille la deuxième édition d’Aguttes on Wheels

Après le succès exceptionnel de sa première vente en

Belgique l’année dernière en marge du Zoute Grand

Prix, l’équipe d’Aguttes on Wheels est de retour à

Bruxelles pour une nouvelle édition, au prestigieux musée

Autoworld. L’an dernier, cette première vente avait

séduit les passionnés avec plus de 4 millions d’euros de

résultats et un taux impressionnant de 87 %. Cultivant

ses différences et refusant la pratique du ‘‘sans réserve’’,

Aguttes on Wheels se démarque avec des prix soutenus

sur un marché de plus en plus exigeant.

EST. 520.000-580.000 €

Bugatti Type 57 Cabriolet Graber, 1936, châssis

#57483, historique limpide et documenté,

incroyable état d’origine, parfaitement

fonctionnelle. © Aguttes

Ensemble exceptionnel de trois Pegaso :

EST. 500.000-700.000 €

1954 – Z-102 #0137 Coupé Saoutchik Série 2.

EST. 400.000-600.000 €

1953 – Z-102 #0134 Cabriolet Saoutchik Série 1.

EST. 350.000-550.000 €

1952 – Z-102 #106 ENASA Berlinetta.

102


VENTE PUBLIQUE

21 et 22 octobre à 18h30

Sculpture “Léda” en marbre blanc.

Philippe Wolfers. 18.000/24.000 euros

“Etude d’homme assis” à la

mine de plomb. Marsden Hartley.

7.000/9.000 euros

Huile sur toile “Cascade en

montagne”. Jean François Xavier

Roffiaen. 2.000/3.000 euros

VENTE XLV

DISPERSION DE L’ATELIER

DU SCULPTEUR BELGE GEORGES

VAN DE VOORDE (1878-1964)

Jeudi 30 octobre à 13h00

Sculpture puzzle “Opus 131, Alhucema” en bronze.

Miguel Berrocal. 30.000/40.000 euros

EXPOSITION

17, 18 et 19 octobre de 10 à 18h

160 sculptures originales et inédites sur le marché en provenance

directe de la collection familiale

Salle de vente Gerpinnes : 52 rue de Bertransart

Bureau de Woluwe Saint Pierre : 177 rue au bois

Bureau de Waterloo : 12 rue Libert

HOTEL DE VENTES VANDERKINDERE S.A.

Chaussée d'Alsemberg 685-687, 1180 Brussel,

Tel. 02 344 54 46 | info@vanderkindere.com | parking privé

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Tel. +32 71 50 59 95 | +32 495 25 16 20 | info@mjvsoudant.be

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On vendra

Belgique

12-10 La Collection Fornas à la Zoute Sale de Bonhams

Lors de la vente Bonhams Cars du Zoute, à

Knokke-Heist, une partie de l’exceptionnelle

collection automobile de Bernard Fornas est

mise aux enchères. Ancien PDG de Cartier

EST. 1.150.000-1.400.000 €

Aston Martin DB5 Cabriolet, 1964, entièrement

restaurée. © Bonhams Cars

International, il est connu pour son sens aigu

du style, de la beauté, de l’élégance et du

raffinement, qualités qui se reflètent clairement

dans sa passion pour les voitures de

EST.1.250.000-1.500.000 €

Ferrari 250 GT Berlinetta Lusso, 1963, châssis

n° 4439. © Bonhams Cars

collection. Celle-ci comprend un large éventail

de véhicules datant de l’âge d’or de l’automobile,

de la fin des années 1950 au milieu des

années 1980, avec des exemplaires remarquables

de Ferrari, Aston Martin, Maserati,

Porsche et de marques américaines classiques.

Les deux bolides les plus importants représentent

le summum de l’élégance des années

1960. L’Aston Martin DB5 Cabriolet de 1964 est

l’un des 39 exemplaires produits avec conduite

à gauche. Livrée neuve aux États-Unis, cette

voiture fut entièrement restaurée par Bacchelli

& Villa, il y a plusieurs années. Sa valeur estimée

se situe entre 1.150.000 et 1.400.000 d’euros.

La Ferrari 250 GT Berlinetta Lusso de 1963 est

présentée dans une magnifique couleur Grigio,

avec intérieur noir ; elle a récemment reçu la

très convoitée certification Red Book de Ferrari

Classiche (est.1.250.000-1.500.000 euros).

du 14 au 16-10

Un Miró pour Carlo Bonte

La maison Carlo Bonte présente, cet automne, les

Oiseaux de Joan Miró, estimés entre 150.000 et 200.000

euros. Une œuvre originale de cet artiste surréaliste est

rarement proposée sur le marché belge. L’avant-garde

du XXe siècle y est aussi magnifiquement représentée

dans son intégralité, avec de nombreux noms

célèbres tels que Pol Bury, Walter Leblanc, Alexander

Calder, Karel Appel, Picasso, Maurice Wyckaert,

Albéric Collin, Pablo Atchugarry et Jef Verheyen. On y

trouve également une œuvre de Floris Jespers issue

d’une collection privée et plusieurs œuvres de Paul

Van Hoeydonck, récemment décédé. La section plus

classique comprend La Cathédrale de James Ensor

(1886) et une nature morte de Charles Verlat. A prendre

aussi, une importante sélection de verreries de maîtres

tels qu’Émile Gallé et René Lalique. De la période Art

EST. 60.000-80.000 €

Bram Bogart, Le Rouge, 1962, technique mixte sur panneau, 153 x 123 cm. © Carlo Bonte

déco, on remarque une belle collection de céramiques

de Charles Catteau, dont un rare vase. L’argenterie

inclut un exceptionnel centre de table russe du début

du XXe siècle et la coupe en argent remportée par le

prince Charles lors de la Cordonniu Cup, en 1981. Les

collectionneurs apprécieront également des oeuvres

en provenance de la famille royale belge. Parmi les

classiques du design, citons les chaises Africa de Tobia

& Afra Scarpa, les chaises PK9 de Poul Kjaerholm,

la chaise Ball d’Eero Aarnio et le canapé Série 600

de Jules Wabbes. Enfin, une vente The Garden, en

collaboration avec Paul De Grande est proposée. On

y trouve une belle sélection d’art asiatique, dont un

impressionnant brûle-parfum japonais de l’ère Meiji.

La tête en bronze du Bouddha Shakyamuni, datant du

XVe siècle, est exceptionnelle.

du 15 au 17-10

Porcelaine impériale chez Rob Michiels

EST. 400.000-

600.000 €

Rarissime jarre de pèlerin

ou ‘‘flacon lunaire’’, Chine,

marque et époque Yongzheng,

porcelaine bleu et

blanc ‘‘Bajixiang’’, H. 48 cm.

© Rob Michiels

La maison brugeoise Rob Michiels organise une vente spéciale d’automne,

suivie d’une vente en ligne. Le catalogue présente une sélection

de fines porcelaines de Chine, dont la pièce maîtresse est une rarissime

gourde impériale Bajixiang (gourde lunaire), en bleu et blanc, marquée

Yongzheng et datant de cette période, estimée 400.000 à 600.000 euros.

Ce chef-d’œuvre, issu d’une collection privée belge, a été acquis chez

Christie’s à Londres, en 2008. Les amateurs de porcelaine de ‘‘Famille

Rose’’ trouveront une riche sélection. Pièce particulièrement exceptionnelle,

cette assiette coquille d’œuf, à fond rubis, (est. 4.000-8.000

EST. 2.500-5.000 €

Rare et grand carreau représentant

un prince à cheval,

Delft, première moitié du

XVIIe siècle, faïence bleu

et blanc, 20 x 20 x 2,5 cm.

© Rob Michiels

euros), dont la provenance est impressionnante. Elle faisait partie de la

collection de James A. Garland (1840-1902), fut prêtée au Metropolitan

Museum of Art de New York en 1895, puis acquise par J. Pierpont Morgan

(1837-1913). Elle fut également exposée au Metropolitan Museum of Art

et incluse dans le célèbre catalogue de la collection Morgan de porcelaines

chinoises de Bushell & Laffan. La section européenne présente de

la faïence de Delft. Seront mises aux enchères une rare fontaine de table

polychrome du XVIIIe siècle (est. 8.000-12.000 euros) et de rares carreaux

de Delft, dont un grand carreau de fenêtre (2.500-5.000 euros).

104


DESIGN, ART ET ANTIQUITÉS

VENTES AUX ENCHÈRES

ART &

ANTIQUITÉS

VENTE LES

11 ET 12

NOVEMBRE

Hendrik Reekers (1815-1854)

Nature morte aux fleurs et aux

fruits avec verre à pied et cruche

Westerwald, signée ‘‘H. Reekers’’,

en bas à droite.

DESIGN

DE 1900

A NOS JOURS

VENTE

10 NOVEMBRE

Carolein Smit (1960)

Sculpture en céramique polychrome,

intitulée Prikkelgraal, 2005. Le socle

décoré d’une bordure de perles, de

motifs de coquillages et de souris.

EXPOSITION : 7, 8 & 9 NOVEMBRE (ENCHERES A PARTIR DU 24 OCTOBRE)

Ventes d’œuvres d’art,

d’antiquités et de bijoux

ESTIMATION

GRATUITE

TOUS LES

MARDIS

15 décembre

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enchères?

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sont acceptés

jusqu’au

26 novembre

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On vendra

Belgique

20-10 La Collection Marcel Hendrickx chez Haynault

Lors de sa prochaine vente, Haynault dispersera la première partie

de la collection de Marcel Hendrickx. Celle-ci comprend des billets

et des monnaies de différents continents, avec un intérêt pour l’Asie

et le monde arabe, dont un très rare billet de 1 Gulden des Indes

néerlandaises, daté de 1815. Malgré le fait qu’il ait été coupé en

deux, son estimation élevée de 1.000-1.500 euros, devrait attirer les

amateurs éclairés. Autre billet de cette région, un beau 10 Cents des

Établissements des détroits (Straits Settlements), anciennement Singapour,

émis en 1919, doté d’une estimation plus abordable de 150 à

200 euros. Parmi les monnaies de cette collection, on trouve un beau

Dinar en or frappé sous Vasu Deva I (190-230) de l’empire Kushan

ainsi qu’un beau Thaler de Saxe, daté de 1645. Provenant d’une autre

collection, ce très beau denier de la République romaine, estimé

entre 200 et 300 euros, devrait ravir les collectionneurs de cette

période. Parmi les décorations militaires, seront proposées à la vente

différentes décorations de l’Ordre royal du Lion. En fin de vente, on

dispersera une belle sélection d’argenterie.

EST. 800-1.000 €

Kushan, Vasu Deva I, ca.190-230,

Dinar. © Haynault

EST. 1.000-1.500 €

Indes néerlandaises orientales, 1 Gulden,

1815. © Haynault

20 & 21-10 Varia chez Elysée

EST. 1.300-1.500 €

Paul Daxhelet, Danseurs Africains, huile

sur toile, 100 x 100 cm. © Elysée

EST. 1.500-2.000 €

Paire de vases à décor de paons, Val Saint

Lambert, cristal gravé à l’acide, H. 26 cm, pièces

uniques. © Elysée

21-10 Un rare Jan Cox chez Campo & Campo

EST. 15.000-25.000 €

Jan Cox, Le fils d’Hector surpris par

l’armure de son père, de la série L’Iliade.

© Campo & Campo

EST. 20.000-30.000 €

Jos Albert, Nature morte, 1921. © Campo

& Campo

EST. 10.000-15.000 €

Jo Delahaut, Signe 36. © Campo &

Campo

La vente d’art moderne et contemporain de Campo & Campo proposera

une large sélection d’environ 650 œuvres d’art et une offre

restreinte en mobilier design. Parmi les œuvres rares de l’artiste Jan

Cox (1919-1980), on trouve Le Fils d’Hector surpris par l’armure de son

père de la série Iliade (est. 15.000-25.000 euros) et Ménades dansantes

sur papier de la série Orphée. Autre œuvre-phare de la vente : Signe

36, une magnifique œuvre abstraite de l’artiste belge Jo Delahaut (est.

10.000-15.000 euros). Une œuvre de Walter Leblanc, Torsions Mobilo-

Static, est proposée à la même estimation. Parmi les autres œuvres

belges, citons une nature morte colorée de Jos Albert (est. 20.000-

30.000 euros) et l’Autoportrait à Bangkok de Sam Dillemans (est. 7.000-

9.000 euros). À noter également une série de huit œuvres de Michel

Seuphor et plusieurs œuvres sur papier de Paul Delvaux. À l’international,

on propose, entre autres, une gouache de l’artiste turc Burhan

Dogançay (est. 10.000-15.000 euros) et un rare Luth oriental d’Arman

(est. 15.000-20.000 euros). Evidemment, de nombreux autres artistes

sont également proposés.

106


VENTE PUBLIQUE

8 & 9 novembre

“Collection Zouboff” – art russe

cannes en ivoire

maitres classiques et modernes

www.dvc.be

tel: +32 9 224 14 40

mail: dvc@dvc.be

Salle de ventes du Béguinage

s.v.b@hotmail.be www.svbeguinage.com +32 475 53 02 60

Vente bourgeoise du 15 octobre 2025 – dont collection de plaques émaillées publicitaires

et d'immatriculation, +­ 300 lots sur le vélo, moto et automobile de 1890 à 1950.


On vendra

Belgique

21 & 22-10 Un beau Berrocal pour Vanderkindere

EST. 2.000-3.000 €

Jean François Xavier Roffiaen, Cascade en

montagne, huile sur toile. © Vanderkindere

EST. 18.000-24.000 €

Philippe Wolfers, Léda, marbre blanc.

© Vanderkindere

EST. 30.000-40.000 €

Miguel Berrocal, Opus 131, Alhucema,

sculpture puzzle, bronze. © Vanderkindere

25-10 Des œuvres exceptionnelles chez De Vuyst

Collectionneurs et amateurs pourront bientôt s’émerveiller devant la

beauté des œuvres exposées, lors de la vente d’octobre chez De Vuyst.

Le catalogue comprend plusieurs lots de Léon Spilliaert, dont la mystérieuse

Colonnade au crépuscule (1920). Rider (1929), œuvre de jeunesse

d’Hubert Malfait, au style fluide caractéristique de cette période, a

figuré dans la collection d’André de Ridder. Autre œuvre marquante,

une composition lyrique et abstraite de 1960 par Jozef Peeters, l’une des

dernières créations de l’artiste anversois. Plusieurs œuvres sur papier

de Raoul De Keyser sont annoncées, ainsi que deux peintures, Veld

(1970) et Sans titre (1985), chacune d’une période stylistique différente.

A ne pas manquer, quelques œuvres internationales de premier plan,

comme un dessin de Fernando Botero, deux compositions abstraites

sur toile de Bernard Frize, des sculptures de Niki de Saint Phalle et une

sculpture hyperréaliste de Tony Matelli. Enfin, Pax et bonum semper

tecum (1992-1993), peinture murale de Nicola De Maria, où musique et

poésie résonnent.

EST. 160.000-200.000 €

Pierre Alechinsky, Dernier lieu de pêche, 1994,

acrylique sur papier marouflé sur toile,

122 x 151 cm. © De Vuyst

EST. 75.000-90.000 €

Léon Spilliaert, Colonnade

au coucher du soleil, 1920,

gouache sur papier,

75,5 x 51,7 cm. © De Vuyst

27-10 Adorables automnes à la Maison Jules

EST. 26.000-32.000 €

Philippe Vandenberg, huile sur toile,

1990-1992. © Maison Jules

EST. 10.000-14.000 €

Jo Delahaut, Faites-le-vous-même,

1966, huile sur bois. © Maison Jules

La Maison Jules a, à nouveau, réuni une série de pièces exceptionnelles

pour sa vente d’octobre. Parmi les œuvres proposées figurent

une huile sur papier spectaculaire de Karel Appel, réalisée en 1975,

des sculptures originales de George Minne et une immense œuvre

sur toile de Philippe Vandenberg. Une série d’artistes de renom

complète l’offre, soit des tableaux de Valerius De Saedeleer, Albijn

Van den Abeele, Félicien Rops et Constant Permeke. On y retrouve

également le grand maître Émile Claus, qui a réalisé un charmant

dessin au crayon de ‘’sa’’ Jenny Montigny. Les enchérisseurs pourront

également trouver leur bonheur parmi les œuvres d’artistes tels que

Bram Bogart, Roger Wittevrongel, Jo Delahaut, Arne Quinze, Hilde

Van Sumere, Pjeroo Roobjee, Marc Verstockt, Zaha Hadid, Pierre Alechinsky,

Yoshitomo Nara, Yayoi Kusama et Walasse Ting. Sans oublier

la présence d’Henri-Victor Wolvens, d’Henriette Ronner-Knip et d’une

star locale, Jan Frans De Boever.

108


30-10 L’atelier du sculpteur Georges Van de Voorde chez Soudant

Soudant dispersera une collection inédite de sculptures originales en plâtre et en terre

cuite provenant de l’atelier du sculpteur belge Georges Van de Voorde (1878-1964). Cet

ensemble est également composé de quelques exemplaires en marbre et en bronze.

Comprenant 160 pièces, il était conservé depuis plusieurs décennies dans le grenier

d’une propriété appartenant à la famille. Ces pièces sont donc totalement vierges sur le

marché, la vente incluant même des sellettes de sculpteur ayant appartenu à l’artiste.

Vue d’une partie des œuvres de l’atelier de Georges Van de

Voorde. © Soudant

AUCTIONS

MonsAntic.com

Belgium

Vente en LIVE sur

invaluable.com

Drouot Digital

InterEncheres

VENTE PUBLIQUE

CATALOGUÉE

DIMANCHE 19 ET LUNDI 20 OCTOBRE

HAGER A.

à partir de 13h30

VENTE SUIVANTE : 7 DÉCEMBRE

Baume et Mercier

Massacre des innocents

fin 16 e S début 17 e S

SCHWARTZE T.

METTOY

Val Saint Lambert,

SIMON J.

Expo de Paris 1925

Exposition : Du mercredi 15

au au samedi samedi 18 18 octobre, octobre,

de 10h à 17h00

Plus de 900 lots

Meubles anciens et de style, tableaux anciens et modernes,

gravures, faïence, porcelaine, sculptures, objets d’art et de

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Expertises sans rendez-vous le mercredi et le vendredi de 10h à 12h et de 14h à 17h. Possibilité de rendez-vous le mardi et le jeudi.

109


Auction calendar september—november 2025

Belgium

SEPTEMBER

29-05/10 Salle de Ventes Rops

Art et antiquités ONLINE

30-01/10 Jordaens

Kunst en antiek MORTSEL

30-01/10 Ostantix

Kunst en antiek OOSTENDE

OCTOBER

01 Zouave Auction

Vente classique BRUXELLES

01 Vanderkindere

Art asiatique BRUXELLES

01 Legia Auction

Souvenirs de grandes familles

belges HANNUT

01-05 CR-Art Auctions

Kunst en antiek ONLINE

02-13 Bernaerts

Timed Online Classic vs.

Modern ONLINE

03-04 Coronari Auctions

Herfstveiling NAZARETH

04 Legia Auction

Livres ONLINE

04 Maison des Huissiers de

Justice

Vente aux enchères judiciaire

BRUXELLES

05 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

06 Amberes

Burgerveiling ANTWERPEN

06 Cnock

Juwelen ROTSELAAR

06-07 Horta

Art et antiquités BRUXELLES

07 Berg van Barmhartigheid

Keramiek, glaswerk, kristal,

vitrineobjecten en juwelen

BRUSSEL

07 AZ Auction

Broches, joaillerie et

horlogerie BRUXELLES

07 Bernaerts

Classic vs. Modern ANTWERPEN

09 Vandewiele

Herfstveiling boeken, grafiek

en schilderijen ONLINE

09 Bernaerts

Werk op papier ANTWERPEN

10-11 Vandewiele

Herfstveiling boeken, grafiek

en schilderijen BRUGGE

11 Aguttes Bruxelles

Autoworld : auction and

motion BRUXELLES

11 Maison des Huissiers

de Justice

Vente aux enchères judiciaire

BRUXELLES

12 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

12 Bonhams-Cornette

de Saint Cyr

The Zoute Sale KNOKKE-HEIST

12 MJV Soudant

Objet d’art et antiquités

ONLINE

13 Amberes

Burgerveiling ANTWERPEN

13 Antenor Auction

Design now BRUXELLES

14 Berg van Barmhartigheid

Juwelen, sieraden en

numismatiek BRUSSEL

14 Antenor Auction

Tableaux modernes et

contemporains BRUXELLES

14-15 Carlo Bonte

Kunst- en antiekveiling

BRUGGE

15 Salle de ventes du

Béguinage

Vente bourgeoise WAVRE

15-16 Rob Michiels Auctions

Herfstveiling BRUGGE

16 Carlo Bonte

Kunst- en antiekveiling

ONLINE

16 Arts Talents Enchères

Bruxelles

Successions et collections,

bijoux, montres etc. BRUXELLES

16-17 Arenberg Auctions

Boeken, grafiek etc. BRUSSEL

16-18 Sylvie’s Wine Auctions

Vintage oogsten vieren

ANTWERPEN

17 Rob Michiels Auctions

Herfstveiling ONLINE

18 Maison des Huissiers

de Justice

Vente aux enchères judiciaire

BRUXELLES

19 Haynault

Art et antiquités BRUXELLES

19 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

19-20 MonsAntic

Art et antiquités MONS

20 Amberes

Burgerveiling ANTWERPEN

20 Haynault

Monnaies, billets,

décorations, armes

anciennes, BD BRUXELLES

20 Ventes Elysée

Antiquités GRIVEGNÉE

21 Campo & Campo

Moderne veiling ANTWERPEN

21 Legia Auction

Algemene veiling ONLINE

21 Ventes Elysée

Antiquités ONLINE

21-22 Vanderkindere

Art et antiquités BRUXELLES

25 De Vuyst

Hedendaagse, moderne en

oude meesters LOKEREN

25 Maison des Huissiers

de Justice

Vente aux enchères judiciaire

BRUXELLES

26 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

26 Stanley’s Auction

Congo modern and

contemporary art ZAVENTEM

27 Amberes

Burgerveiling ANTWERPEN

27 Maison Jules

Exclusieve veiling GENT

28-29 Jordaens

Kunst en antiek MORTSEL

30 MJV Soudant

Atelier du sculpteur Georges

van de Voorde (1878-1964)

GERPINNES

NOVEMBER

02 Maison des Huissiers

de Justice

Vente aux enchères judiciaire

BRUXELLES

03 Amberes

Burgerveiling ANTWERPEN

04 Berg van Barmhartigheid

Wijnen, geestrijke dranken,

muziekinstrumenten,

stripverhalen en juwelen

BRUSSEL

04-05 Flanders Auctions

Kunst, antiek en design

ROESELARE

07-08 Jean Elsen et ses fils

Numismatique BRUXELLES

08 ABS Veilingen Mechelen

Deurwaarderstukken

MECHELEN

08-09 DVC Gent

Kunst, antiek en design GENT

08-16 AZ Auction

Bandes dessinées ONLINE

09 Maison des Huissiers

de Justice

Vente aux enchères judiciaire

BRUXELLES

10-11 Horta

Art et antiquités BRUXELLES

The Netherlands

SEPTEMBER

28-12/10 Moart Veilinghuis

Algemene kunstveiling

ZOETERMEER

29-02/10 Van Spengen

Kunst en antiek ONLINE

29-02/10 Medusa Auctioneers

Kunst en antiek SPRUNDEL

29-07/10 Venduehuis

Den Haag

Vendue Next Door Part I + II

ONLINE

29-08/10 Venduehuis

Den Haag

Modern glas en keramiek

ONLINE

29-15/10 Venduehuis

Den Haag

Post War & Contemporary Art

ONLINE

OCTOBER

02 Goudwisselkantoor

Veilingen

Juwelen en diamanten

KLAASWAAL

03 Goudwisselkantoor

Veilingen

Zilver KLAASWAAL

04 Goudwisselkantoor

Veilingen

Luxe accessoires en horloges

KLAASWAAL

04 Hessink’s Fine Art

Auctioneers

Kunst en antiek HASSELT/BEEK

07-08 Veilinghuis Omnia

Kunst en antiek KOLHAM/

HOOGEZAND

09-11 Heritage Auctions

Europe

Militaria IJSSELSTEIN

09-11 Twents Veilinghuis

Kunst en antiek ENSCHEDE

15-16 Vendu Rotterdam

Algemene veiling ROTTERDAM

18 Schulman

Skandinavische munten

AMSTERDAM

18 Hessink’s Fine Art

Auctioneers

Art nouveau, art deco en

design HASSELT/BEEK

20 Veilinghuis Bouwman

Vintage toys & automobilia

ONLINE

20-21 Van Zadelhoff

Algemene veiling ONLINE

21-22 Schulman

Algemene numismatiek

AMSTERDAM

22-06/11 Veilinggebouw

De Zwaan

Kunst- en antiekveiling

AMSTERDAM

26-28 Botterweg Auctions

Amsterdam

Kunst en design ONLINE

27-04/11 Venduehuis

Den Haag

Vendue Next Door Part I + II

ONLINE

27-19/11 Venduehuis

Den Haag

Old masters, 19th century &

early modern art ONLINE

NOVEMBER

03 Veilinghuis Bouwman

Vintage toys & automobilia

ONLINE

10-15 Heritage Auctions

Europe

Coins, currency and medals

IJSSELSTEIN

Luxembourg

OCTOBER

25 Goldfield Auction

Luxembourg

Trésors d’automne

WEISWAMPACH

110


Fair calendar october—november 2025

Belgium

Denmark

Germany

Switzerland

United Kingdom

OCTOBER

OCTOBER

NOVEMBER

OCTOBER

SEPTEMBER

03-12 ARTONOV

Brussels

04-05 Salon des antiquaires

2025

Deulin

05 Collect-Hit &

Brocantissimo

Groot-Bijgaarden

09-12 Salon des

Antiquaires - AFA Brussels

Drogenbos

11-12 Salon des antiquaires

Deulin

11-12 BiAF - Belgian

international Art Fair

Antwerpen

16-19 Leuven Fine Art Fair

Leuven

23-26 Savoir-Faire

Knokke

24-26 Kortrijk Art Weekend

Kortrijk

NOVEMBER

08-16 Antica Namur Fine Art

Fair

Namur

03-05 Kunst for Alle

Copenhagen

Copenhagen

France

OCTOBER

21-25 Ceramic Art Fair Paris

Paris

21-26 Design Miami/Paris

Paris

22-26 Asia NOW-Paris Asian

Art Fair

Paris

23-26 Modern Art Fair

Paris

24-26 Art Basel Paris

Paris

24-26 AKAA 24

Paris

25-27 Menart Fair Paris 2025

Paris

NOVEMBER

07-10 Paris Photo

Paris

06-09 ArtCologne

Koln

Hungary

OCTOBER

16-19 Art Market Budapest

Budapest

Italy

OCTOBER

10-12 ArtVerona

Verona

18-26 Florence Biennale

Florence

NOVEMBER

31-02/11 Artissima

Turin

Luxembourg

NOVEMBER

21-23 Luxembourg Art Week

2025

Luxembourg

23-26 Art Salon Zurich

Zurich

30-02/11 art3f Lausanne Art

Fair

Lausanne

The Netherlands

OCTOBER

01-05 Art The Hague

Den Haag

08-12 Affordable Art Fair

Amsterdam

17-19 Maastricht Gallery

Weekend

Maastricht

17-26 Kunst10daagse

Bergen

24-26 TAF

Amsterdam

NOVEMBER

02-09 PAN Amsterdam

Amsterdam

30-05/10 The Decorative Fair

London

09-12 The Other Art Fair

London

London

15-19 Frieze Masters

London

15-19 Frieze London

London

15-02/11 Frieze Sculpture

London

16-17 Belgium is design

London

16-19 PAD

London

16-19 1-54 London

London

27-06/11 Asian Art in London

London

Château

CALMEYN

ANTIQUES &

FINE ART FAIR

Drogenbos

9-12 octobre 2025

De 11h à 19 h.

Entrée gratuite

Infos sur afa.brussels

111


Chambre Royale Belgo-

Luxembourgeoise des salles de ventes

aux enchères, commissaires-priseurs, courtiers et experts mobiliers

asbl fondée en 1936

Avenue Louise 500,

1000 Bruxelles

Tél. 0475-62 71 85

Fax 02-741 60 70

www.auctions-in-belgium.be info@auctions-in-belgium.be

Extrait de la liste des membres (Liste complète disponible au sécretariat ci-dessus)

ANVERS

Amberes sprl

(Dir. Rik Dupain - Marc Royer)

Terninckstraat 6-8-10,

2000 Antwerpen

T.03/226.99.69 - 0745/708782

www.amberes.be.

info@amberes.be

Ventes aux enchères

d’œuvres d’art cataloguées,

estimations pour successions

et assurances. Catalogues

illustrés. Ventes bourgeoises

hebdomadaires. Plus de 35

000 lots attribués par an.

Bernaerts

(Dir. Ch. & P. Bernaerts)

Verlatstraat 16-22,

2000 Antwerpen

T.03/248.19.21

info@bernaerts.be

www.bernaerts.be

Live & online.

Maîtres anciens, romantiques

et modernes.

Antiquités, arts appliqués,

design, œuvres sur papier.

Expertises pour succession et

assurance.

Campo & Campo

(Dir. Guy Campo)

Grote Steenweg 19-21,

2600 Berchem

T.03/218.47.77

F.03/218.53.63

guy@campocampo.be

www.campocampo.be - 5

Ventes aux enchères cataloguées

d’art et d’antiquités,

de peintures, d’estampes, de

sculptures, de meubles, de

porcelaine, d’argenterie, de

tapis, de vins, etc.

DVC

(Dir. D. Van Cappel)

Ellermanstraat 36-38,

2060 Antwerpen

T.03/232.36.64

F.03/234.22.14

Ventes aux enchères d’art et

d’antiquités cataloguées, estimations

et évaluations pour

successions et assurances.

dvc@dvc.be

www.dvc.be

Jordaens SA

Drabstraat 74 - 2640 Mortsel

T.03/449.44.30

info@jordaens.eu

www.jordaens.eu

Ventes publiques d’œuvres

d’art, d’antiquités, de bijoux,

de vins, de collections et

mobilier. Évaluations pour

succession et assurance.

BRABANT-WALLON

Salle de Ventes du

Beguinage s.p.r.l.

(David Libotte - Samy Greif)

Avenue Vésale 11, 1300 Wavre

T.02/218.17.42

www.salledeventesdubeguinage.be

info@svbeguinage.com

Online via Drouot digital

BRUXELLES

Arenberg Auctions

(Dir. Henri Godts)

Rue aux Laines 19 bte 2,

1000 Bruxelles

T. 02-5441055

info@arenbergauctions.com

www.arenbergauctions.com

Vente aux enchères d’atlas,

de livres, d’estampes et de

dessins rares. Également

bibliothèques entières,

archives et manuscrits rares.

AZ Auction

Dir. Arnaud de Partz

Av. des Casernes, 39B

1040 Etterbeek

T. 02/218.00.18

www.azauction.be

info@azauction.be

Ventes de Tableaux et objets

d’art, d’Arts d’Asie, de bijoux

et de bandes dessinées.

Ventes Haynault

(Dir. Rodolphe de

Maleingreau d’Hembise)

Rue de Stalle 9 - 1180 Uccle

T.02/842.42.43

www.haynault.be

info@haynault.be

Neuf ventes aux enchères

spécialisées par an : bijoux,

orfèvrerie, pièces de monnaie,

collections et souvenirs historiques,

peintures, œuvres

d’art d’Europe et d’Asie.

Lempertz 1798

(Dir. Hélène Robbe)

Rue du Grand Cerf 6,

1000 Bruxelles

T. 02 514 05 86

brussel@lempertz.com

jolly@lempertz.com

www.lempertz.com

Estimations et évaluations du

lundi au vendredi de 9h à 13h

et de 14h à 17h.

Hôtel de Ventes Horta

(Dir. Dominique de Villegas)

70/74 Avenue de

Roodebeek, 1030 Schaerbeek

T.02/741.60.60 – F.02/741.60.70

www.horta.be – info@horta.be

Ventes mensuelles cataloguées

d’antiquitées, oeuvres

d’art, bijoux et vins.

Mont-de-Piété

21 Rue Saint-Ghislain,

1000 Bruxelles

T. 02/512.13.85

appreciateurs@montdepiete.be

montdepiete.be

Ventes aux enchères de

bijoux, maroquinerie,

argenterie, céramique, vins,

tableaux, sculptures, BD,

objets de collection, etc.

Estimations gratuites sans

rendez-vous du lundi au

vendredi de 8h30 à 15h30,

sauf le mardi jusqu’à 18h.

FLANDRE ORIENTALE

Coronari

(Dir. Tim De Doncker)

Steenweg 144/A, 9810 Nazareth

T. 09/3123240

info@coronariauctions.com

www.coronariauctions.com

Coronari Auctions organise

quatre ventes aux enchères

internationales d’art et d’antiquités

par an. Spécialisée

dans l’art européen, asiatique

et islamique, avec un accent

particulier sur la porcelaine

chinoise, les maîtres anciens

et les peintures des XIXe

et XXe siècles. Audience

internationale. Expertise

scientifique. Estimations,

recherches, conseils.

DVC

(Dir. D. Van Cappel)

Zandlopersstraat 10 -

9030 Mariakerke

T.09/224.14.40

F.09/225.04.14

dvc@dvc.be

www.dvc.be

Ventes aux enchères

d’œuvres d’art et d’antiquités

cataloguées. Successions

et évaluations pour successions

et assurances.

Galerie et Salle de Ventes

Pictura sprl

Brusselsesteenweg 656

9050 Gentbrugge

T.0475/74.49.25

henk.vervondel@telenet.be

www.pictura.be

Loeckx Auctioneers

(Dir. Cécile La Pipe,

Peter en Natan Loeckx)

Ingelandgat 4, 9000 Gand

T.09/223.37.93 – F.09/233.76.71

www.loeckx.be

info@loeckx.be

International art & antiques

auctions. Expertises.

De Vuyst

(Dir. Guy De Vuyst &

Pascale Philips)

Kerkstraat 22-54, 9160 Lokeren

T.09/348.54.40

F.09/348.92.18

www.de-vuyst.com

info@de-vuyst.com

Vente aux enchères et expositions

internationales, du XVIIe

siècle à l’art contemporain.

Successions et évaluations de

successions et assurances.

FLANDRE OCCIDENTALE

Carlo Bonte Auctions

Kardinaal Mercierstraat 20,

8000 Brugge

www.carlobonte.be

info@carlobonte.be

T. 050 33 23 55

Ventes aux enchères internationales

en ligne, art et

antiquités, art asiatique,

art occidental, antiquités,

design. Conseils de ventes -

expertises - estimations.

Van de Wiele Auctions

Groeninge 34, 8000 Bruges

T.050 49 07 69

auctions.vandewiele@proximus.be

www.vdw-auctions.com

Imprimés et manuscrits

rares, cartes anciennes,

atlas, gravures et peintures.

Estimations pour assurances

et successions.

HAINAUT

Monsantic

(Dir: Daniel Otten)

Rue Grande 193b, 7020 Mons

T.065/73.94.00 – F.065/73.94.09

otten@monsantic.com

www.monsantic.com

Ventes publiques cataloguées.

Expertises le mercredi

et le jeudi, rendez-vous le

mardi et le jeudi - déplacement

gratuit à domicile.

LIEGE

Hôtel des Ventes Elysée

(Dir. José & Ch. Fairon)

Boulevard Cuivre et Zinc 28,

4000 Liège

T.04/221.09.09

F. 04/221.15.05

www.ventes-elysee.be

info@ventes-elysee.be

Ventes publiques mensuelles

d’antiquités et objets d’art,

Vintage, Maroquinerie,

Bijoux. Expertises et accueil

du lundi au vendredi. Fermé

le mercredi.

Légia Auction

Rue de Cras-Avernas 12,

4280 Hannut

Tél. : 019/63.55.59

0495/87.99.01 (Bruno de

Wasseige) 0475/27.73.87

(Vincent de Lange)

www.legia-auction.com

contact@legia-auction.com

Ventes publiques d’Arts et

d’Antiquités, tapis, mobiliers,

bijoux, tableaux, Art d’Asie,…

Expertises gratuites sur rendez-vous.

Librairie Lhomme

(Dir. David Lhomme)

Rue des Carmes 9, 4000 Liège

T.04/223.24.63

www.michel-lhomme.com

librairie@michel-lhomme.com

Ventes aux enchères internationales

live et online,

galerie d’art, expertise.

Tableaux anciens et

modernes, dessins, gravures,

sculptures, livres anciens

et modernes, manuscrits,

armes anciennes, bd, objets

scientifiques.

Hôtel des Ventes Legros

(Dir. Benoît Legros)

Rue Peltzer de Clermont 41,

4800 Verviers

T. 087/33.01.00

www.venteslegros.com

info@venteslegros.com

Ventes régulières d’antiquités

et objets d’art.

NAMUR

Salle de Ventes Rops

(Dir. Paul & Benoît de

Sauvage)

Avenue d’Ecolys 2,

5020 Namur

T.081/74.99.88 – F.081/74.99.86

www.rops.be

www.rops-online.be

Ventes publiques tous les

deux mois d’antiquités

et ventes bourgeoises.

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historique de l’art érotique de l’antiquité

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