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COLLECT
Mensuel ne paraît pas en janvier, en juillet ni en août - 8,95 € - P608061
n° 546 / octobre 2025
Dans l’oeil de Goya
L’âme du réel
Intelligence Artistique
L’expertise de l‘I.A.
Erwin Olaf
La liberté avant tout
KUNST. ANTIEK. DESIGN.
2 - 9 November 2025 • RAI Amsterdam • pan.nl
Autumn Season
We’re gearing up for an incredible season featuring Fine Art, Tribal Art and Design.
Thinking of Selling? Now’s the Time.
James Ensor, Les butineurs de la chair, (Scavengers of Flesh) 1937, Oil on canvas, 50 x 65 cm
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ANVERS | BERCHEM | GAND | LIER | LOUVAIN | MALINES | SCHILDE
COLLECT
Est. 1971 – septembre 2025 n°546
Édito
Rédacteur en Chef
Christophe Dosogne
Rédaction
Els Bracke
Christophe Dosogne
Trice Hofkens
Collaborateurs
Gilles Bechet, Tamara Beheydt,
Jean-Marc Bodson, Gwenaëlle de Spa,
Gwennaëlle Gribaumont, Elien Haentjens,
Diane Hennebert, Ben Herremans, Anne
Hustache, Ewoud Mijnlief, Bernard Roisin,
Christine Vuegen
Inventer de nouveaux modèles !
Mise en pages
Renaldo Candreva
Ellis De Vuyst
Administration, Rédaction, Agenda
Begijnhoflaan 464 G
9000 Gand
Tél. : 0468/51.15.39
collect@ips.be
www.collectaaa.be
Publicité
Secteur Art : Joris van Glabbeek
Tél. : 012/26.37.11
collect.net@ips.be
Tout autre secteur :
MAC-Strat SRL /
Yves de Schaetzen
Tél. : 0475/82.96.00
yves@macstrat.be
Distribution
Librairies
AMP
La Poste
Abonnements
Pays d’Abonnements, Ambachtenlaan 21,
Unit 2A - 3001 Heverlee
Tél. 02/808.55.23
serviceclient@paysdabonnements.be
Belgique 52 €, Europe 90 €
Les abonnements sont à reconduction
automatique, sauf avis contraire envoyé
au minimum deux mois avant la date
d’échéance. Un abonnement offert en
cadeau se termine automatiquement
au bout d’un an. Pour un changement
d’adresse, une résiliation, un numéro
manquant, ou toute autre question,
surfez sur : www.paysdabo.be
Membre de l’Union des Editeurs
de la Presse Périodique
Pour les auteurs d’art visuel et les photographes
: © CISAC / SABAM Belgium 2025
Portrait : © Guy Kokken
Editeur responsable :
Patrick Snoeck
En couverture
Erwin Olaf, April fool 11.30 am, 2020, tirage
digital sur papier fuji chrystal, 80 x 60 cm.
© Estate of Erwin Olaf / Courtesy Galerie
Ron Mandos, Amsterdam – exposition
Erwin Oaf. Freedom, du 10-10 au 01-03-
2026, Stedelijk Museum, Amsterdam,
www.stedelijk.nl
Nulle partie de cette publication ne peut être reproduite
et/ou publiée par impression, photocopie ou
de toute autre manière que soit, sans l’autorisation
écrite de l’éditeur. Ni la rédaction ni l’éditeur ne
peuvent être tenus pour responsables des opinions
et faits contenus dans les articles signés ou les
contributions de ce magazine, lesquels n’engagent
que leurs auteurs. COLLECT ne peut être tenu pour
responsable du contenu des annonces publicitaires
publiées, la responsabilité en incombant uniquement
à l’annonceur. © Arts Antiques Auctions, Gand
Selon les informations d’ARTnews, en
raison du ralentissement économique
et des tensions géopolitiques de plus
en plus exacerbées (une guerre entre
l’OTAN et la Russie semble de moins en moins
illusoire…), qui plombent la confiance des enchérisseurs
et autres collectionneurs spéculatifs,
les ventes d’œuvres d’art chez Christie’s,
Sotheby’s et Phillips auraient déjà baissé de
44 % au premier semestre 2025 par rapport à
2022. Les enchères sont ainsi en baisse pour la
troisième année consécutive, atteignant leur
niveau le plus bas depuis dix ans (l’année 2020
exceptée). Ce déficit, qui atteindrait 3 milliards
de dollars, paraît compensé par un basculement
du marché vers les produits de luxe tels que sacs
à main, bijoux, vin, whisky et autres voitures de
collection. Ce faisant, les grands auctioneers,
notamment Sotheby’s, s’efforcent d’attirer les
jeunes collectionneurs, en ‘‘survendant’’ le caractère
durable des objets rares et de grande qualité
produit dans le secteur du luxe. Dans cette
optique, Sotheby’s, dont le PDG Patrick Drahi
cible de plus en plus le marché des produits de
luxe plutôt que celui de l’art, annonçait, mi-août,
le lancement, en décembre prochain, d’un programme
de ventes à Abu Dhabi avec, au menu,
bijoux, montres, immobilier et voitures haut de
gamme. L’avenir dira si ce virage vers le luxe et
le Moyen-Orient réussira à Sotheby’s, dont les
pertes annuelles avant impôts auraient, selon
le très sérieux Financial Times, plus que doublé
pour atteindre 248 millions de dollars en 2024,
contre 106 millions en 2023. Une chose est sûre,
la stratégie maison s’éloigne de plus en plus des
ambitions de Christie’s, propriété du milliardaire
français François Pinault, plus que jamais versée
dans le côté traditionnel du négoce de l’art. Les
performances de cette dernière se sont ainsi
améliorées en 2024, le bénéfice avant impôts
de Christie’s International ayant augmenté de
18% pour atteindre 85 millions de livres sterling,
contre 27 millions de dollars pour sa rivale. Du
côté des galeries, l’été fut également difficile, la
Il s’agit de revitaliser,
séduire et former une
nouvelle génération de
collectionneurs, celle
des moins de 50 ans.
période post-Bâle, habituellement calme, ayant
vu la fermeture d’enseignes autrefois solides,
ainsi qu’une liste de procès explosifs et autres
annulations à l’amiable des participations, toujours
plus exorbitantes, aux foires, dont le modèle
tend à apparaître pour beaucoup comme
de plus en plus dépassé. Pour autant, à New
York, Bruxelles ou Paris, la plupart continuent à
faire le gros dos, refusant de se laisser atteindre
par la morosité pour défendre à tout prix l’art et
les artistes, même si l’heure est surtout venue
d’être prudent, de réduire la voilure en revoyant
à la baisse chaque dépense et en se concentrant
sur l’essentiel. Mais aussi, comme on le lira par
ailleurs, en s’attelant à une tâche herculéenne :
revitaliser, séduire et former une nouvelle génération
de collectionneurs. Celle des moins de
50 ans, certes néophytes mais perspicaces et
posés, dont les murs encore vierges et le compte
en banque plutôt bien garni ont de quoi faire
rêver… Mais qui, à l’inverse de leurs aînés, n’ont
que faire de dîners somptueux et d’événements
fastueux, leur préférant une certaine forme de
simplicité, de vérité et d’échanges réels. Car,
pour eux, comptent bien plus les moments
simples, où ils se sentent valorisés et surtout
accueillis par un autre verbatim que celui des
arguments de vente. Dans un milieu de galeries,
encore trop peu collégial, qui aurait pourtant intérêt,
face à la tempête qui s’annonce, à se serrer
les coudes et à inventer de nouveaux modèles.
Christophe Dosogne
18
88
Oldtimers et Youngtimers :
le prix de la nostalgie
Goya : les tréfonds
de l’âme
« Depuis 2005 surtout,
les voitures constituent
une forme d’investissement,
stimulé par la crise
financière de 2008 »
40
In the mix : Mode et Design
50
Dagoty :
la porcelaine
en majesté
46
Les soffiati,
une modernité
inattendue
8
58
Qui était le Maître I.S. ?
Sommaire
Octobre 2025
Dossiers
Ventes
36
IA : Intelligence Artistique ?
18 Goya : les tréfonds de l’âme
26 Erwin Olaf, la liberté avant
toute chose
34 Peter Doig, comme jamais
auparavant
36 IA : Intelligence Artistique ?
40 In the mix : Mode et
Design
46 Les soffiati, une modernité
inattendue
50 Dagoty : la porcelaine
en majesté
54 A Dordrecht, une capsule
temporelle séculaire
58 Qui était le Maître I.S. ?
80 La révolution silencieuse
de la Gen Z
84 Immodôme Objects
88 Oldtimers et Youngtimers : le
prix de la nostalgie
92 L’avis de l’expert: un
Botero inédit chez De
Vuyst à Lokeren
98 Focus international
100 Ventes en Belgique
Agendas
68 Musées
76 Galeries
110 Ventes
111 Foires et Salons
Rubriques
« Beaucoup pensent que les
résultats de l’IA sont arbitraires
alors qu’au contraire, ils sont
consistants, reproductibles et
basés sur des données mesurables »
10 Up to date
16 Personalia
24 L’artiste du mois :
Hadrien Bruaux
32 Zoom : les tableaux
d’histoire de Luc Delahaye
56 La vie du conservateur :
Ralph Collier à propos
d’Alicja Kwade au musée M
64 Musées
70 Paroles de galeristes :
Joris Montens et Stefan
Heinis (Galerie Fontana)
71 Galeries
112 Salles de ventes
113 Bonnes adresses
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9
Up to date
->
L’Hôtel Campioni, à voir lors de l’ANTE Festival. © photo : EB. Endre Sebok
Signa temporum, ars temporis…
L’auctioneer Christie’s a annoncé la fermeture
de son département d’art numérique,
créé en 2022 parallèlement au lancement
de Christie’s 3.0, sa plateforme blockchain
dédiée aux ventes de NFTs. La maison
intégrera l’art numérique dans ses ventes
contemporaines. S La Galerie Clearing,
fondée par Olivier Babin, annonçait en août
sa fermeture définitive après quatorze ans
d’activité, mettant fin à ses espaces à New
York et Los Angeles. La décision est survenue
après la séparation des entités américaine
et européenne de la galerie en 2024, cette
dernière poursuivant son activité à Bruxelles
sous un autre nom, en l’occurrence Galerie
Lodovico Corsini. S En 2026, Bonhams Cornette
de Saint Cyr délocalisera ses ventes aux
enchères de Bruxelles vers Paris et Londres. Il
s’agira notamment des ventes d’art moderne
et contemporain, de collections et d’arts
d’Afrique et d’Océanie. Cette rationalisation
des opérations consolidera Paris et Londres
en tant que centres de ventes aux enchères
afin que Bonhams conserve sa place prépondérante
en Europe. Seul un bureau de
représentation, réduit à quatre personnes,
devrait subsister à Bruxelles. www.bonhams.
com S La 71e édition de la BRAFA (du 25-01
au 01-02-2026) se déroulera, à nouveau, à
Brussels Expo, avec comme invité d’honneur
la Fondation Roi Baudouin, qui célèbre
cette année son cinquantième anniversaire.
Avec un stand plus spacieux, la fondation y
présentera à la fois des acquisitions récentes
et des chefs-d’œuvre confiés à des musées
et collections belges. Plusieurs changements
au sein même de l’organisation de la foire
se sont, entretemps, produits : outre le
remplacement au poste de PR de Vanessa
Polo-Friz, partie pour la banque Delen, par
Raffaella Fontana, signalons le départ de
Didier Claes, remplacé par Georges Van
Cauwenbergh (Artimo), au poste d’administrateur,
tandis que le nouvel homme fort de
la foire est l’actuel vice-président Christophe
Boon (Boon Gallery). www.brafa.art S
Perquisitionné en marge de ‘‘l’affaire Reynders’’,
impliquant l’ex-ministre belge Didier
Reynders, soupçonné de blanchiment,
l’antiquaire Olivier Theunissen, proche de
l’ex-politicien, a renoncé à son poste de juge
consulaire à Bruxelles. Il vient aussi d’être mis
en congé de sa fonction de vice-président de
la ROCAD, mais aussi du très feutré Cercle
Gaulois, tandis que sa boutique de la rue de
la Régence, tenue avec son associé Nicolas de
Ghellinck, était fermée précipitamment… S
Autre personnalité du landerneau rattrapée
par cette affaire, dans le cadre notamment
de la réouverture du dossier pour blanchiment
visant l’oligarque russe Oleg Deripaska,
proche de Vladimir Poutine, le galeriste
Constantin Chariot. Il fut, de 2003 à 2008,
le conseiller personnel de Didier Reynders
pour la culture, la politique scientifique et les
incitants fiscaux, avant de prendre grâce à lui
la direction de l’Association Bruno Lussato
et Marina Fédier, vouée à la promotion de
l’art japonais. Une entité soupçonnée d’avoir
servi à blanchir des millions d’euros provenant
d’activités criminelles en lien avec Oleg
Deripaska et issus exclusivement de paradis
fiscaux comme le Liechtenstein. A bonne
source, on apprenait que l’Espace Constantin
Chariot, ouvert à Forest en septembre 2024,
devait fermer définitivement ses portes à la
fin septembre… S Les deux premiers weekends
d’octobre, Gand accueille la deuxième
édition de la Biennale d’art Prinsenhof : un
parcours artistique de trois kilomètres à
travers des lieux historiques, salons intimes,
jardins privés et nouveaux projets architecturaux,
où est présenté le travail de 52 artistes,
sous la direction artistique de Geert Van
Hijfte. Le thème central est Our Darkness,
ode à l’inspiration, à la résilience et à la volonté
indéniable de continuer à grandir. www.
kunstbiennale.be S Du côté de Louvain-la-
Neuve, place à la 11e Triennale d’art contemporain
(jusq. 28-10), qui a pour thématique
Thriller : think common, play public et invite le
public à réfléchir à ce que nous partageons,
tout en explorant la ville comme un terrain de
jeu et de réflexion artistiques. www.spott.be
S À Bruxelles, la première édition du festival
ANTE met à l’honneur l’architecture du XIXe
siècle, du néoclassicisme à l’éclectisme. Du 11
au 19-10, on pourra visiter intérieurs et autres
lieux exclusifs, suivre des visites guidées et assister
à des conférences. www.ante.brussels
S Dans le même temps, les musées Art & Histoire
exposent (à partir du 15-10), la maquette
retrouvée et restaurée, grâce au soutien de la
Fondation Roi Baudouin, du Pavillon chinois
de Laeken. Datée du début du XXe siècle,
celle-ci devrait être aussi montrée sur le stand
de la fondation, à l’occasion de la BRAFA
2026. wwww.artandhistory.museum S Anvers
accueille (les 11 et 12-10) un nouveau salon
d’art contemporain, la Belgian International
Art Fair (BiAF). Cet événement, qui se déroule
au Waagnatie, offre une plateforme en direct
à une centaine d’artistes et met l’accent sur la
rencontre avec le visiteur. www.biaf.be S
10
UP TO DATE
Reflets et boucliers
L’identité comme art
À
une époque où les histoires
personnelles sont de plus en plus
exposées sur la place publique,
les artistes Abigail Tulis et Clément
Jacques-Vossen offrent un aperçu de
la manière dont l’identité peut être transformée
en art. Leur exposition commune
en la Galerie Depypere de Kuurne n’est
pas seulement la rencontre entre deux
œuvres, mais aussi un dialogue avec l’écurie
de la galerie. Il en résulte une confrontation
entre miroir et bouclier, entre mythe
et héraldique, vulnérabilité et armure.
Dans l’art contemporain, l’identité n’est
plus une donnée immuable. Ce n’est pas
un fondement, mais un matériau : fluide,
malléable, parfois tranchant comme le
verre, parfois poreux comme le calcaire.
Pour Abigail Tulis, elle consiste à briser
les images reflétées. Son œuvre, profondément
enracinée dans une mythologie
personnelle et culturelle, respire la tension
entre expériences de jeunesse strictes et
désir de liberté. Elle a grandi dans l’ombre
de la Bible Belt, dans le Tennessee, où
l’obéissance et la rigueur religieuse l’ont
marquée. Elle a trouvé une échappatoire à
ces contraintes : le dessin, la lecture, l’imagination.
Ce qui la distingue, c’est la manière
dont elle ne se contente pas d’assimiler
ces structures, mais les recrée en une
iconographie à la fois autobiographique
et universelle. Sa série autour de La Dame
de Shalott montre comment l’identité est
toujours reflétée, à travers la culture, la famille
et les attentes. Cette tragique Dame,
qui ne vit que par les reflets et meurt dès
qu’elle se retourne, devient chez elle la
métaphore d’une génération d’artistes qui
refusent de se réduire à des ombres. Ses
sculptures et ses peintures sont chargées
de symbolisme, incarnations de la peur, du
désir et de la protection. Sa pratique artistique
reflète un processus identitaire jamais
achevé, oscillant sans cesse entre intimité et
grandeur mythologique.
L’armure protège,
mais étouffe aussi.
Le chevalier est
à la fois héros et
machine à tuer.
de personnages qui agissent comme des
alter ego, des projections d’une identité
en constante évolution. L’armure protège,
mais étouffe aussi. C’est dans cette
ambiguïté que réside l’essence de son
travail : l’identité n’est jamais univoque,
elle se compose d’histoires stratifiées,
mi-rêve, mi-réalité. Sa pratique en atelier,
souvent nocturne, paraît faire écho au
moine reclus en son scriptorium, mais
mêlée de culture Pop et de fascinations
personnelles : Charles De Coster, Michel
de Ghelderode, Walter Swennen, Breughel
et Ensor y apparaissent comme des
partenaires de jeu. Les tabards et les gilets
de combat, qu’il utilise également dans ses
performances, montrent clairement que
l’identité n’est pas seulement image, mais
aussi action. Un rituel, une performance,
une métamorphose. Les deux artistes ont
sélectionné des œuvres d’Yvan Theys,
Godfried Vervisch, Koen Scherpereel, José
Vermeersch et Pjeeroo Roobjee, artistes
liés à la galerie depuis des décennies et
qui ont abordé des thèmes auxquels ils
s’identifient. Ils montrent que l’identité
n’a pas besoin d’être polie ou univoque,
mais que sa force réside précisément dans
l’ambiguïté, les fractures et les déguisements.
L’art ne devient ainsi pas le miroir
du monde, mais un laboratoire où tester
de nouvelles façons d’être.
Le Fil d’Or
du 11-10 au 09-11
Galerie Jos Depypere (en collaboration
avec la Galerie P d’Ostende)
Kuurne
www.galeriedepypere.be
L’IDENTITÉ N’EST JAMAIS UNIVOQUE
De son côté, Clément Jacques-Vossen
revient au bouclier. Son œuvre est imprégnée
d’héraldique, de symbolisme médiéval
et de rituels. Ce peintre brabançon
redonne vie à des représentations chevaleresques,
à des personnages du tarot
et de l’alchimie, à des figures populaires,
non par nostalgie, mais comme un jeu
critique sur l’histoire culturelle. Il ne s’agit
pas de reconstructions anonymes, mais
->
Clément Jacques-Vossen, L’ange du bizarre de Kuurne, 150 x 150 cm. © de l’artiste
11
UP TO DATE
AFA Brussels
au Château Calmeyn
->
Le charme
automnal
à Deulin
->
Le Château Calmeyn à Drogenbos. © AFA Brussels
AFA Brussels – Antique & Fine Art, initiative
lancée par des antiquaires passionnés, organise
deux fois par an un événement qui réunit
une sélection prestigieuse de marchands
dans des lieux emblématiques, tels que le
Château Sainte-Anne et le Château Bayard à
Eghezée. Cette année, pour la première fois,
l’Antiques & Fine Art Fair est organisée au
Château Calmeyn de Drogenbos, joyau du
XIXe siècle qui réouvre ses portes après une
longue période de restauration. Du 09 au 12-
10, douze participants occupent les salons et
l’orangerie pour présenter une sélection de
qualité, allant de l’art ancien et des antiquités
au design du XXIe siècle. Véronique Malaise,
organisatrice et participante, présente
ainsi des bijoux anciens en collaboration
avec Guillaume Béguin. On découvrira des
meubles et objets d’art décoratif du XVIIIe
au XXe siècle chez Marie-Cécile François
et Marco Boes. La galerie Drees Archeo
présente des découvertes archéologiques
et numismatiques. Pour l’art européen,
asiatique et moyen-oriental, rendez-vous à
la Galerie Lamy. Concert gratuit le vendredi.
S www.afa.brussels
Comme le veut la tradition, le Château
de Deulin ouvre ses portes
et son jardin, les deux premiers
week-ends d’octobre, à l’occasion
de l’édition automnale du Salon
des Antiquaires. Ici pas de grand
hall froid, mais une ambiance
chaleureuse et intimiste dans un
cadre historique. L’édition 2025 ne
fait pas exception à la règle : une
sélection rigoureuse de dix-sept
exposants garantit à nouveau une
offre éclectique, mais complémentaire,
en œuvres d’art et antiquités,
avec mobilier, peintures, bijoux,
kilims, curiosités et lustres. Parmi
les participants, figurent Libertas
Gallery, présente depuis la première
édition, la Galerie Framing,
Simon de Harlez avec son design
suédois et italien, Arnaud et Sylvie
de Spa et Frederik Muller, spécialistes
de la peinture du XVe au XXe
siècle. L’artiste invitée de cette édition
est Isabelle Ravet, alias Isara,
et ses Natures Silencieuses, petits
tableaux imprégnés de calme et de
vie intérieure. Venez y chiner les 04
et 05-10 ou les 11 et 12-10
S www.espacedeulin.be
Un nouveau salon d’art
et d’antiquités pour Louvain
->
Tancrède Synave (1860-1936), Portrait de
jeune fille. © Galerie Chastelain & Butes.
Les amateurs et collectionneurs d’art et d’antiquités se réjouiront de l’arrivée de la Leuven
Fine Art Fair, nouveau salon dédié à l’art ancien, moderne et contemporain. Cette première
édition réunit une cinquantaine d’exposants au Brabanthal. La galerie gantoise Chastelain
& Butes présente une anthologie des peintures et sculptures du XIXe et du début du XXe
siècle. La galerie Dus’Art s’est spécialisée dans les peintures d’artistes belges des XIXe et
XXe siècles et dans l’œuvre de Félicien Rops. Lex Antiqua est spécialiste en maîtres anciens,
gravures et cartes rares. La FormaForma Design Gallery de Luxembourg et la Galerie
Crouzet de Paris participent également avec des œuvres de Jan Brueghel l’Ancien et Karel
Appel. L’art asiatique est également à l’honneur à la Galerie Darya (Allemagne) et à la galerie
suisse Blue Art. Du 16 au 19-10. www.leuvenfineart.com
12
UP TO DATE
Chasse au trésor à Amsterdam
->
Cape de pluie, province du Guangdong,
sud de la Chine, fibre de palmier à vent
chinois., 112 x 102 cm. © Galerie Lemaire,
Pays-Bas
Du 24 au 26-10, l’église De Duif, située sur
le Prinsengracht, sera à nouveau le cadre
de la Tribal Art Fair d’Amsterdam (TAF).
Ce salon intimiste réputé, dédié à l’art
et aux objets utilitaires d’Afrique, d’Asie,
d’Amérique du Sud et d’Océanie, attire
les collectionneurs et marchands influents
en quête de pièces exceptionnelles.
Parmi les vingt galeries participantes, de
nombreux noms familiers, tels que Dick
Meijer Antiquities, Adam Prout Ethnographic
Art et Tribal Gathering London.
Roland Gyetvai Works of Art, galerie de
Budapest spécialisée dans l’art asiatique
classique, y fait son entrée. Le Californien
Mark A. Johnson Tribal Art se concentre
sur les objets en provenance de Bornéo,
tandis que Peter Dekker (Mandarin Mansion
Antiques d’Haarlem), présentera des
armes asiatiques anciennes. La Belgique
sera notamment représentée par Xquisart
Tribal Art, Daroun Gallery et Jo De Buck
Tribal Arts. Un programme annexe de
conférences et de présentations de livres
enrichira l’événement.
S www.tribalartfair.nl
->
Masque Kiwoyo-Muyombo, RDC, première moitié du XXe siècle, H. 30 cm. © Xquisart, Belgique
->
Chaise Lobi, Burkina Faso, 98 x 30 cm. © Galerie Lemaire, Pays-Bas
13
UP TO DATE
Frieze et le design belge à Londres
->
Lampe de Maarten De Ceulaer. © de l’artiste / Courtesy Belgium is Design, Londres
Comme le veut la tradition, Londres
ouvre la saison des grands rendez-vous,
avec Frieze London, Frieze Masters et
Frieze Sculpture au cœur de Regent’s
Park, cette année du 15 au 19-10. Alors
que le premier se concentre uniquement
sur l’art contemporain postérieur à
l’an 2000, 130 galeries internationales
renommées proposent, au sein de Frieze
Masters, un aperçu de la relation entre
art historique, moderne et contemporain.
Avec des participants renommés tels que
Léage, Colnaghi, Maruani Mercier, Axel
Vervoordt, Grosvenor et Hauser & Wirth.
En vous promenant dans le parc, d’une
foire à l’autre, ne manquez pas Frieze
Sculpture, exposition gratuite d’œuvres
en plein air qui se poursuit jusqu’au 02-11.
www.frieze.com S Au salon PAD London,
67 galeries internationales se réunissent,
du 16 au 19-10, sur Berkeley Square, avec
une large sélection allant des objets
de collection historiques aux créations
contemporaines d’avant-garde. www.
padesignart.com S Dans le sillage du PAD
et de Frieze, est annoncée la première
édition londonienne de Belgium is Design.
MAD et hub.brussels y présentent le travail
de designers bruxellois, dans le cadre de
l’exposition collective This is not a garden
party. Avec des noms tels que Maarten De
Ceulaer, Arnaud Eubelen, Abel Jallais et
Vormen, l’accent est mis sur le design de
collection et l’art fonctionnel, qui reflètent
une vision unique du design, de la
créativité et du savoir-faire. Du 16 au 17-10,
visites sur rendez-vous, à la résidence de
l’ambassadeur de Belgique à Londres.
www.mad.brussels
Une première foire
de céramique à Paris
La Paris Art Week, c’est bien plus qu’Art
Basel (lire par ailleurs dans cette édition).
Plusieurs événements profitent de l’effervescence
de cette semaine artistique. Le
très attendu Manifest Paris, organisé par
ceramic.brussels, a malheureusement été
annulé. La ville accueillera toutefois, pour
la première fois, un salon entièrement
dédié à la céramique et à l’art verrier. La
première édition de la ceramic art fair
paris, initiative de Victoria Denis et Hélène
de Vanssay, se tient dans les salles et le
grand jardin de la Maison de l’Amérique
latine, du 21 au 25-10. Une sélection de 23
participants spécialisés, principalement
français, présenteront une offre riche et
éclectique comprenant à la fois des pièces
historiques et des artistes émergents.
Deux participants belges seront également
présents : SPAX Projects et Spazio Nobile,
tous deux basés à Bruxelles. www.ceramicartfair.com
S Avec sa onzième édition,
Asia NOW – Paris Asian Art Fair, foire d’art
organisée sous le thème My East is Your
West, confirme son ambition de dépasser
les frontières entre Orient et Occident.
Sous le titre Grow, le salon ouvre de nouvelles
perspectives sur les lieux de création
artistique et les points de référence en Asie
occidentale et méridionale, de Beyrouth à
Riyad, de Dubaï à Ramallah. Du 22 au 26-10
à La Monnaie de Paris. www.asianowparis.
com
->
Terence Ntsako Maluleke, Nozipho, 2024. ©
de l’artiste / Courtesy AKAA / BKhz
14
UP TO DATE
->
Guy Slabbinck, Low Tide, 2025, huile sur toile, 155 × 125 cm. © de l’artiste / Courtesy Charles De Cordier
Fine Arts, Gand
->
Mathieu Matégot, Bagdad, lampe en
acier perforé rouge, H. 38 cm. © de
l’artiste / Courtesy Lennart Booij Fine Art
and Rare Items, Amsterdam / photo: Erik
& Petra Hesmerg
Prix : 4.000-5.000 €
PAN Amsterdam
« Un magasin de bonbons »
Des maîtres anciens à la bande dessinée,
des bijoux aux fossiles : depuis près de
quarante ans, PAN Amsterdam surprend
par son offre d’une grande diversité.
Depuis sa création en 1987, le salon est
devenu le plus important d’art et d’antiquités
des Pays-Bas, la TEFAF mise à part.
Près de 45 000 amateurs et collectionneurs
se rendent aujourd’hui au RAI. Ce qui les
unit ? Un mélange unique qui rend ce
salon toujours surprenant. Son directeur,
Mark Grol, souligne : « Nous voulons que
le PAN soit comme un magasin de bonbons
: un endroit où l’on se promène et
découvre sans cesse l’inattendu. » Pour les
collectionneurs, ce sont précisément des
contrastes intéressants : les maîtres anciens
côtoient le design contemporain, les bijoux
anciens font face aux créations modernes,
la photographie et la bande dessinée
côtoient peintures et objets d’art. Cette
diversité fait du salon un endroit idéal pour
commencer ou agrandir une collection.
Derrière les stands se cachent également
des histoires qui donnent une profondeur
supplémentaire à l’offre. C’est le cas de
la VCRB Gallery d’Anvers, qui présente
Travelling the mind d’Eddy Stevens, un
portrait poignant qui marque un tournant
dans l’œuvre du peintre belge. Ou encore
la lampe Bagdad du designer français Mathieu
Matégot, chez Lennart Booij, qui engage
un dialogue avec le langage formel
islamique et l’acier perforé. La nouveauté
de cette année est noon (anciennement
Charles De Cordier Fine Arts, Gand). Fondée
en 2017 et récemment renforcée par
l’arrivée de son associé Jonathan Dierks, la
galerie se concentre sur l’art contemporain
et les éditions limitées, avec pour principe
les collaborations durables. Noon travaille
notamment avec Anthony Leenders, Elisia
Poelman et Simon Van Parys, et présente
à PAN les nouvelles œuvres de Guy
Slabbinck. L’une des pièces phares en est
Low Tide (2025), peinture à l’huile réalisée
après un voyage en Asie du Sud-Est. Son
image évoque la mangrove comme lieu
à la fois d’abondance et de menace : un
moment chargé juste avant le déluge, où
la mer se retire et expose le sol. Inspiré par
Jan Brueghel l’Ancien, l’artiste associe une
richesse étourdissante à un danger latent,
rendant l’œuvre à la fois séduisante et inquiétante.
Outre des peintures, il présente
également des lampions artisanaux et
des céramiques. PAN propose, en outre,
des lieux de rencontre, des conférences
et autres pauses culinaires, des huîtres
aux sushis. Mark Grol : « Pour nous, il ne
s’agit pas seulement de transactions. C’est
souvent sur ce salon que germe la graine
de la passion. ».
PAN Amsterdam
du 02 au 09-11
RAI
Amsterdam
www.pan.nl
15
Têtes de l’Art
Doris Lockhart Saatchi
In memoriam : Cofondatrice de la
collection et de la Galerie Saatchi
de Londres, Doris Lockhart Saatchi
est décédée le 6 août. Cette mécène,
diplômée de la Sorbonne, était la
première épouse de Charles Saatchi.
C’est elle qui a initié le publicitaire
à l’Art. Après s’être rencontrés en
1967 et mariés six ans plus tard, le
couple a constitué l’une des plus
grandes collections d’art américain,
en particulier minimaliste et pop, au
Royaume-Uni. Les œuvres d’Andy
Warhol, Brice Marden, Cy Twomby,
Donald Judd, Julian Schnabel et
Agnes Martin ont ainsi constitué
Walter Swennen
In memoriam : Décédé le 14 août,
Walter Swennen laisse une œuvre
passionnante et réjouissante. S’il
était peintre, il suivait surtout sa
propre route sans se tracasser des
modes et du marché mais en se
vouant passionnément à son art.
Né à Bruxelles en 1946, après des
débuts de poète et dans le sillage de
la réduction visuelle de l’art conceptuel,
il décide au début des années
1980 d’explorer les possibilités poétiques
de l’art pictural. Au-delà de
l’exécution naïve en apparence
de son œuvre, se découvrent des
sources d’inspiration aussi diverses
que la bande dessinée, la littérature
internationale, les dictionnaires
bilingues et les dessins d’enfants.
© photo : Pauline Colleu / Courtesy
Xavier Hufkens
la base de leur musée privé, ouvert
en 1985 dans le nord de Londres. En
1988, le couple se sépare, Charles
conservant le contrôle de la galerie
et s’intéressant à la scène émergente
des Young British Artists, dont il
deviendra finalement le symbole.
Doris a continué à collectionner
l’art britannique, tout en donnant
des conférences et en contribuant
à divers magazines, développant en
outre un intérêt pour l’architecture,
achetant des plans originaux, des
maquettes et autres accessoires.
© photo : Robert Mapplethorpe
Nicolas Rubinstein
In memoriam : « Rares sont les
artistes contemporains à oser user
d’une dimension comique dans
leur travail. Peu nombreux sont
ceux capables d’y introduire, sans
vulgarité, un aspect rabelaisien et à
savoir tisser, par la conjonction des
deux, une œuvre moraliste, dans le
bon sens du terme : de celles qui
Louis Leloup
In memoriam : Dernier maître-verrier
belge, Louis Leloup est décédé
le 12 août, à l’âge de 96 ans. Né à
Seraing en 1929, il s’inscrit d’abord
au Conservatoire de Liège, rêvant
de devenir chanteur d’opéra. Également
attiré par le travail du verre,
il rejoint les Cristalleries du Val-
Saint-Lambert en 1947 et y gravit
rapidement les échelons, grâce à
son adresse et à sa créativité. Une
dizaine d’années plus tard, placé
à la tête d’une dizaine de verriers,
il conçoit une série de vases et de
coupes dégradées à trois côtés,
présentées à l’Exposition universelle
de 1958. A la même époque,
il introduit le soufflage à plusieurs
cannes, méthode novatrice qui permet
de réaliser des sculptures massives
en cristal, parfois de plusieurs
dizaines de kilos, avancée considérée
comme son apport majeur à
l’art verrier contemporain. Il quitte
le Val-Saint-Lambert en 1971 pour
s’installer dans son propre atelier.
© D. R.
donnent matière à réflexion » : ainsi
la carrière de Nicolas Rubinstein
était-elle résumée par Harry Bellet
dans Le Monde. Décédé à Marseille,
le 19 août, à l’âge de 61 ans.
Ingénieur géologue de formation, il
était inspiré par l’animal mais aussi
par le squelette. Sa série la plus
fameuse, entamée en 2005, détournait
la figure de Mickey pour montrer
à la fois l’enveloppe et l’ossature
des choses. L’os, choisi comme symbole
de vie et de mémoire, devint dès
lors le sujet récurent de son travail
et la base d’un vocabulaire plastique
décliné dans de nombreuses expositions
individuelles et collectives.
© photo : Martin Fraudreau
16
Giorgio Armani
Robert Grosvenor
In memoriam : Créateur emblématique,
longtemps surnommé le ‘‘roi’’,
le styliste Giorgio Armani est décédé
à Milan le 4 septembre, à l'âge de
91 ans. Son influence s’étendait au
monde des arts visuels et, en 2000, il
avait fait l’objet d’une exposition personelle
au Solomon R. Guggenheim
Museum de New York, sous le commissariat
de Germano Celant. Cette
exposition a marqué un tournant
dans la manière dont les musées
abordaient la mode. En plus de
collectionner la photographie et de
soutenir des expositions muséales
internationales, il avait transformé
son entrepôt milanais Armani/Silos
en lieu culturel reliant la mode et
l’art et abritant les archives de ses
créations.
© Shutterstock
In memoriam : Le sculpteur américain
Robert Grosvenor est décédé
le 3 septembre à l’âge de 88 ans. Né
à New York en 1937, il étudie l’art et
le design en Europe. À son retour
aux États-Unis, il rencontre le sculpteur
Mark di Suvero, qui le présente
à d’autres artistes. Ayant commencé
à sculpter dans les années 1960,
ses premières œuvres ont été présentées
dans le cadre de l’exposition
Primary Structure (1966), au
Jewish Museum de New York, et lors
de l’exposition Minimal Art (1968),
au Gemeentemuseum de La Haye.
Au fil de sa carrière, son travail, tantôt
abstrait et géométrique, tantôt
ludique et évocateur de véhicules
ou d’architectures, s’est parfois éloigné
de la sculpture pour se tourner
vers la photographie et les œuvres
sur papier, sa pratique explorant
les complexités de la dynamique
spatiale. Le musée Fridericianum
de Kassel présente en ce moment
(jusq. 11-01-2026) une grande rétrospective
de son travail, défendu en
Belgique par la Galerie Greta Meert.
© photo : John Ferrari
Sylvain Amic
In memoriam : Président des musées
d’Orsay et de l’Orangerie depuis avril
2024, Sylvain Amic est mort brutalement
à 58 ans, le 31 août. Il y avait
succédé à Christophe Leribault, qui
avait pris la tête du château de Versailles.
Né à Dakar en 1967, conservateur
général du patrimoine,
spécialiste des périodes moderne et
contemporaine, Sylvain Amic avait
commencé sa carrière comme instituteur
avant de réussir le concours
de l’Institut national du patrimoine
et d’embrasser la carrière de conservateur
en 1997.
Clément Delépine
Mercato : Actuel directeur de la foire
Art Basel Paris, qu’il a contribué à
lancer, Clément Delépine prendra, à
compter du 17 novembre prochain,
la direction de Lafayette Anticipations,
Fondation d’entreprise Gale-
ries Lafayette, grand laboratoire
d’art contemporain aux expositions
avant-gardistes. Il y « aura pour mission
d’accompagner la fondation, en
étroite collaboration avec son président
Guillaume Houzé, dans une
nouvelle étape de son développement
afin de renforcer son positionnement
sur la scène française
et internationale de l’art contemporain
; la fondation offrira aux artistes
mais également à des personnalités
du design, de la mode, de la scène
littéraire et musicale des moyens
sur mesure pour produire, dialoguer,
expérimenter et exposer leurs
créations. »
© photo : Bettina Pittaluga
Emmanuel
Van de Putte
© D. R.
Mercato : Après avoir dirigé avec
brio l’antenne belge de l’auctioneer
Sotheby’s, Emmanuel Van de Putte,
expert reconnu en art des XIXe et
XXe siècles, venait, au début du
mois de septembre, renforcer de
son talent l’excellence de l’équipe de
la salle bruxelloise Native Auction.
Spécialisée initialement en arts dit
‘‘premiers’’, cette belle enseigne, fondée
en 2011 par Sébastien Hauwaert
et Nicolas Paszukiewicz, loués tant
pour leur professionnalisme que
pour leur discrétion, ne cesse de
prendre du galon et de s’ouvrir à de
nouveaux départements, outre les
arts non-européens, de plus en plus
l’art classique, moderne et contemporain.
© Native
17
Goya
Les tréfonds de l’âme
18
Des sourires moqueurs des
accortes demoiselles peuplant
ses premières œuvres au sombre
autoportrait de sa fin de vie, en
passant par la froide fixité d’un
aristocrate et l’infinie détresse de
pauvres hères, Francisco de Goya
n’a cessé de peindre des visages et
d’y scruter les apparitions versatiles
de l’âme humaine. C’est en cela
qu’il s’impose comme l’un des plus
grands maîtres de tous les temps
et un précurseur du romantisme,
de l’expressionnisme et de la
modernité.
TEXTE : ANNE HUSTACHE
L’Ombrelle, 1777, huile sur toile, 104 x 152 cm. Madrid, Museo del Prado, Inv. P000773.
Parmi toutes les biographies d’artistes,
celle de Francisco de Goya
figure certainement comme l’une
des plus singulières. Le père du
petit Francisco, né en 1746, était doreur, et
l’enfant devint spontanément son assistant.
Ses talents de dessinateur furent très tôt découverts
mais sa formation prit du temps et
ce n’est vraiment qu’âgé déjà d’une quarantaine
d’années qu’il put s’adonner au métier
de peintre, se révélant d’abord dans des dessins
pour cartons de tapisserie et quelques
commandes religieuses. Sa carrière évolua
alors rapidement et il connut de nombreux
succès, aristocrates comme bourgeois
s’arrachant ses portraits. Il s’imposa d’ailleurs
comme peintre de la famille royale,
représentant avec une tendresse inattendue
le roi Charles IV et les siens. Comme bien
d’autres, il fut confronté aux affres de l’Histoire,
mais il en fut profondément marqué,
dessinant et gravant les scènes horribles
que produisent les invasions de soldats et
les ripostes désespérées de la population.
Goya fut progressivement, mais de plus en
plus, hanté par la violence dont l’homme
est capable, au-delà même de tout conflit
extérieur. Ce sentiment, qu’il exprima en
des œuvres terribles, fut sans doute exacerbé
par un coup du sort : en 1792, il fut
frappé par une longue maladie qui le laissa
complètement sourd. Il ne cessa toutefois
jamais de travailler. Francisco de Goya ne
19
fut ni théoricien, ni littérateur, mais d’emblée,
il s’imposa comme un observateur de
l’âme humaine dont il osa peindre toutes les
aspérités. Les yeux sont le miroir de l’âme…
Goya nous en a livré d’implacables preuves.
Portrait de Gaspar Melchor de Jovellanos, 1798, huile sur toile. 205 x 133 cm. Madrid, Museo del Prado,
Inv. p03236.
Les aristocrates, comme les membres
de la bourgeoisie, étaient impatients de
lui commander un portrait. Il eut même
l'honneur de peindre la famille royale.
DE LA PLUS INFINIE DÉLICATESSE…
Fièrement assisse sous une ombrelle, cette
demoiselle nous interpelle avec son petit
air mutin. Le regard pétille, non seulement
parce qu’il émane d’une jolie jeune
fille habillée de vêtements aux textures
chatoyantes, mais parce qu’il se dérobe
mystérieusement dans la légère pénombre
projetée par l’objet qui donne son titre au
tableau. En outre, cette obscurité s’étend
sur un mur gris, étrange dossier parallèle
au buste redressé de la demoiselle. Chef
d’œuvre issu de l’une des séries de cartons
de tapisserie réalisés par Goya, L’Ombrelle
traduit l’assimilation par le peintre, au
début de sa carrière, des courants baroque
et classique et, surtout, de l’originalité dont
il fait déjà montre en opposant le sombre
et le lumineux, scellant ainsi la vitalité
spontanée qui agite délicieusement ce
tableau. Autre visage, autre genre de personnage,
même regard interrogateur : le
Portrait de Gaspar Melchor de Jovellanos
(1798), avec sa tête reposant sur sa main,
le corps penché sur sa table de travail,
montre un ministre en pleine réflexion, en
proie peut-être au doute. Voici l’une des
œuvres qui témoigne le mieux de l’acuité
du peintre à transmettre la psychologie de
son sujet. Outre les éléments cossus, qui
reflètent le rang social et le métier exercé
par ce protecteur et ami du peintre, la
touche légère et dorée, qui circonscrit une
sculpture allégorique posée sur la table,
confère à celle-ci une allure fantomatique.
Jovellanos était un homme de pouvoir,
mais ce n’est pas vraiment cet aspect qui
nous est livré, plutôt celui d’un être en
proie à la nostalgie. Courtisan, Goya fut
adulé pour ses portraits : il sut en peindre
de fastueux, et d’autres plus intimes. Il
osa des poses inédites, sublimées par une
touche demeurée longtemps délicate
mais devenue plus âpre avec les années. Et
d’ailleurs, au fil des ans, il élimina les objets
symboliques de la richesse et du rang
social du sujet pour se concentrer sur sa
personnalité. Goya peignit aussi des gens
de toutes conditions, comme Le rémouleur
et, lorsque la situation politique raréfia
les commandes prestigieuses, il s’adonna
un temps à la nature morte. Mais est-il
vraiment mort cet animal dont la tête
20
Goya n’a cessé de
peindre des visages
et d’y scruter les
apparitions versatiles
de l’âme humaine.
repose sur la table de cette Nature morte
avec des côtes et une tête d’agneau ? Loin
des compositions austères d’un Francisco
de Zurbaran ou d’un Sanchez Cotan, cette
huile sur toile, réalisée vers 1808, dérange
par l’étrange vie qui y palpite encore,
avec le gros œil de l'agneau qui semble
nous scruter. Cette tête, comme les côtes
qui la flanquent, font songer à certains
monstres qui peuplent les Caprices et aux
corps mutilés qui apparaissent dans les
Désastres de la guerre. Ici, l’œil en larme
de la bête impose d’emblée son statut de
victime éternelle.
… À LA VIOLENCE LA PLUS EXTRÊME
Cette gravure, Ya no hai tiempo, issue
des Désastres de la guerre, illustre bien le
propos du recueil. Nul besoin de détails
pour comprendre l’horrible ‘‘anecdote’’
ici évoquée. C’est dans les regards des
protagonistes que tout se joue. Celui de
la femme, dressée au centre et dont les
yeux supplient le chef mamelouk face
à elle : ils l’exhortent à stopper le soldat
qui se trouve à sa gauche et qui s’apprête
à émasculer un cadavre. Les yeux de
cette brute témoignent de l’impatience à
passer à l’acte. La composition, les poses,
l’opposition des zones blanches et noires,
tout concourt à renforcer un dialogue
muet, mais qui nous fracasse les yeux.
L’impact direct des gravures de Goya ne
tient pas uniquement à l’horreur de leur
thématique – le peintre produisit nombre
d’œuvres relatant des altercations violentes
–, mais à la force implacable des
Une solide cote
Les peintures de Francisco de Goya
sont estimées entre 350.000 et
près de 13 millions d’euros pour les
œuvres les plus appréciées. Son
record de ventes date de 2023, avec
une adjudication à 12.843.628 euros
pour deux huiles sur toile, Portrait
de Doña María Vicenta Barruso
Valdés et Portrait de sa mère Doña
Leonora Antonia Valdés de Barruso.
Les dessins et aquarelles de l’artiste
se vendent entre 200 et 2.500.000
euros. Ainsi, le record est détenu
par un lavis intitulé Bajan Riñendo
ou Vision de Bajar Riñendo, adjugé
2.521.600 euros. Les estampes et
lithographies sont estimés entre
2.000 et 877.000 euros pour les
pièces les plus rares. (ah)
Nature morte avec des côtes et une tête d'agneau, 1808-1812, huile sur toile, 45 x 62 cm. Paris, Musée du Louvre, Inv. RF 1937-120.
21
moyens plastiques avec laquelle elles ont
été réalisées, dans l’opposition de l’ombre
et de la lumière, la justesse des poses, la désolation
du lieu. Parmi les très nombreuses
œuvres de Goya, une d’elles semble avoir
pour unique sujet le regard, soit ce que l’on
contemple, avec attention, voire curiosité,
mais sans rien d’autre, sans idée préconçue,
sans distraction extérieure à ce que
l’on observe : voilà, ce que fait Le Chien,
peint au premier étage de la ‘‘Maison du
Sourd’’, dans la périphérie de Madrid, où
vécut l’artiste de 1819 à 1824. Le maître y
a recouvert les murs de scènes étranges,
certaines au sujet traditionnel (comme
Judith et Holopherne), tandis que d’autres
atteignent des sommets de cruauté :
Saturne dévorant l’un de ses enfants,
Duel au gourdin… Les teintes de toutes,
particulièrement sombres et terreuses,
ainsi que le dessin nerveux, la touche
empâtée et les compositions serrées
ont valu à ces œuvres leur qualificatif de
‘‘peintures noires’’. Parmi ces œuvres, Le
L’impact direct des gravures de Goya
ne tient pas à uniquement à l’horreur de
leur thématique, mais à la force implacable
des moyens plastiques avec laquelle elles
ont été réalisées.
Chien semble soudainement plus rassurant,
plus lumineux. Pourtant, à l’époque,
un tel sujet (une tête de chien) n’existe pas
en peinture, pas plus qu’une telle composition
: seule, une tête apparaît entre deux
larges zones de couleurs monochromes,
séparées par une courbe ascendante.
Cette sobriété, ce minimalisme invite à se
demander : mais à quoi s’intéresse cet animal
? Qu’est-ce qui attire ses yeux vers le
haut ? En somme, qu’à fait Goya, si ce n’est
regarder autour de lui le bal de la comédie
humaine, de ces riches et de ces pauvres,
de ces êtres en quête d’amour, mais emplis
aussi de violence, et tout autant de frayeur
de la mort qui rôde ? Au cours de sa vie, il a
peint plusieurs autoportraits qui, comme
le fit Rembrandt, scrutent la vieillesse qui
s’installe petit à petit, délitant la fringante
jeunesse. Mais, de toutes ces œuvres
immenses, c’est ce petit chien, en affûté
scrutateur, qui semble traduire le mieux
cette quête insatiable.
Ya no hai tiempo, 1810-1814, gravure numéro 9 de Les Désastres de la guerre. Madrid, Museo del Prado.
22
Le peintre osa
des poses inédites,
sublimées par une
touche demeurée
longtemps délicate
mais devenue plus
âpre avec les années.
Europalia España
Quatre décennies après une
première édition en 1985, Europalia
déploie (du 08-10 au 01-02-2026)
un programme pluridisciplinaire
alliant patrimoine et formes d’art
contemporain, mettant en lumière
la richesse culturelle de l’Espagne, à
travers les arts visuels, l’architecture,
le théâtre, la danse, la musique, la
performance, le cinéma et la littérature.
Au total, ce sont pas moins de
100 événements qui réunissent plus
de 170 artistes à travers toute la Belgique.
Parmi les expositions, outre
celle consacrée à Goya, le MAC’s
d’Hornu, convie (du 14-12 au 15-05)
l’œuvre multidisciplinaire de Cristina
Garrido (1986), qui questionne les
définitions de l’art des points de vue
culturel, numérique et institutionnel.
Toujours à Hornu, le CID consacre le
design espagnol avec une rétrospective
du travail de Patricia Urquiola
(du 14-12 au 26-04-2026), dont les
meubles, objets, accessoires, textiles
et céramiques se distinguent par
une approche de la matière transfigurée
par la couleur et le motif.
Focus contemporain également à la
Villa Empain, qui accueille (du 19-11
au 10-05-2026) Elsa Paricio (1985),
tandis que De Garage, à Malines,
présente (du 11-10 au 04-01-2026)
l’œuvre d’Iván Zulueta (1943-2009).
Dans une perspective plus historique,
qui rappelle que les Pays-Bas
du Sud furent aussi espagnols, le
musée royal de Mariemont remet
en lumière (du 22-11 au 10-05-2026)
la figure de Marie de Hongrie (1505-
1558), sœur de l’empereur Charles
Quint et fine stratège, qui avait fait
de ce domaine du ‘‘mont de Marie’’,
à Morlanwelz, un pavillon de chasse
et eut une influence durable sur les
arts et les lignes de partage des territoires
européens.
www.europalia.eu
Le Chien, 1819-1823, huile sur plâtre transférée sur toile, 131,5 x 79,3 cm. Madrid, Museo del Prado,
Inv. Gassier-Wilson 1621.
VISITER
Luz y sombra. Goya et le réalisme espagnol
du 08-10 au 11-01-2026
Bozar
Bruxelles
www.bozar.be
LIRE
Goya. The Complete Prints,
Taschen, Cologne, 2025,
ISBN 978-3-8365-8151-6,
100 €
23
L’ARTISTE DU MOIS
Hadrien Bruaux
Dans cette série, COLLECT s’intéresse à la place occupée par les jeunes
artistes dans le monde contemporain. Pourquoi ont-ils choisi cette voie,
d’où leur vient leur inspiration et comment se positionnent-ils ?
Ce mois-ci, place au Namurois Hadrien Bruaux (1991).
TEXTE : ELIEN HAENTJENS
PORTRAIT : GUY KOKKEN
Dans son œuvre, Hadrien Bruaux
explore les limites entre présent
et passé et s’interroge sur ce à
quoi notre avenir ressemblera :
« L’Histoire est essentiellement écrite par
les gagnants. C’est l’une des raisons pour
lesquelles je me concentre sur des objets
usuels ‘‘abîmés’’, auxquels plus personne
ne s’intéresse. Et si nous considérions ce
genre d’objets et de personnes comme
des ‘‘vainqueurs’’, à quoi ressemblerait
cette histoire alternative ? » La collection
occupe une place centrale dans sa
pratique : « J’ai une forte prédilection
pour le résidu, le fragmentaire et le petit
objet. Chacun d’eux possède une microhistoire.
Ils révèlent un lieu spécial et la
nécessité de créer quelque chose qui n’a
pas encore existé. À cet égard, j’ai des
affinités avec les historiens, archéologues
et antiquaires, qui analysent les artefacts
selon une méthode spécifique. Je trouve
en général des objets abandonnés dans
la rue ou en fin de marché, sur la place du
Jeu de Balle. C’est fascinant de découvrir
ces objets de toutes les époques. Il arrive
qu’ils remplacent le ciment entre les
pavés et jouent ainsi un autre rôle. Cette
métamorphose les fait revivre. » Avec Les
règnes invisibles (2021-2025), il explique sa
philosophie dans une série de sculptures
exposées à l’ISELP, à Bruxelles. La série se
compose d’artefacts conservés dans une
vitrine : « Inspirée par le contexte muséal,
la vitrine souligne le caractère précieux de
l’objet et sa conservation dans la durée.
Je questionne ce que nous conservons
ou non et l’image que cela renverra de
notre époque, dans le futur. Il y a aussi des
objets que nous ne souhaitons peut-être
pas garder, mais qui nous survivront longtemps
malgré tout, comme les déchets
nucléaires. » L’artiste se réfère, de manière
récurrente, au spirituel ou au religieux
dans Les règnes invisibles, avec cette
Vierge en verre et sa crypte ou ces figures
rituelles brutalistes, d’apparence africaine :
« S’il faut porter un regard critique sur
le rôle de la religion dans notre société,
j’y vois aussi des côtés positifs, comme
un encouragement à l’introspection et
au calme. Des codes utilisés dans l’architecture
religieuse naissent un sentiment
d’importance. Je rêve de créer une expérience
similaire, dans une chapelle monumentale
élaborée à partir de déchets, qui
peut inciter le spectateur à réfléchir aux
préoccupations actuelles et dévoile ce qui
finit ou non au musée. »
24
L’ARTISTE DU MOIS
Ut vellecu sandell uptatur aditatur repre inctur, excere
laborerum voloriatia et reptaecto et rem. Et
Les règnes invisibles, 2021, deuxième édition, technique mixte, 30 x 30 x 30 cm. © de l’artiste – Prix : 3.600 €
rhard Richter, Christian Boltanski et Anselm
Kiefer. L’œuvre du photographe espagnol
Joan Fontcuberta a touché récemment
une corde sensible. Elle questionne ce
qui est réel ou non à notre époque. L’idée
consistant à ‘‘voir d’abord, croire ensuite’’
confère un rôle crucial à l’image. C’est
pourquoi je me suis plongé, ces dernières
années, dans une philosophie de l’image,
notre relation à l’illustration, à l’image.
Dans mon travail, je souhaite inviter les
spectateurs à porter un regard actif. Je lui
fournis des éléments ou des mots, sans
jamais lui dire ce qu’il voit exactement.
Il doit créer sa propre histoire avec les
pièces de ce puzzle, sans se contenter de
consommer passivement l’image. » Ces
dix dernières années, Hadrien Bruaux a
surtout exposé dans des contextes institutionnels
: « Quand je regarde autour
de moi, je vois deux types d’artiste. Ceux
qui nouent rapidement des liens avec une
galerie et ceux qui construisent plutôt leur
œuvre à coups de subventions publiques
ou de projets muséaux. Si je ne privilégie
ni l’une ni l’autre piste et demeure ouvert
à toute opportunité, je tiens beaucoup
à préserver ma liberté artistique, afin de
réfléchir à notre réalité et agir conformé-
« Je veux inciter le
public à porter un
regard actif »
LA PEINTURE COMME ARTEFACT
Si Hadrien Bruaux crée aussi bien des
sculptures et des installations que des collages
et des tableaux, il a étudié la peinture
à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles :
« Je ne prête plus autant d’attention au
support que j’utilise. La diversité rend
tout passionnant, alimente ma créativité
et me permet de continuer à découvrir de
nouvelles possibilités. À l’heure actuelle,
j’expérimente, sur de petits formats et sur
du bois, des techniques de peinture plus
stratifiée où le geste de peindre et d’effacer
est crucial. Je considère la peinture
non seulement comme une image sur une
toile, mais aussi comme un artefact porteur
d’histoire. Dans une série antérieure,
plus figurative, j’ai traduit des tableaux
des musées du Vatican, entre autres l’une
des plus anciennes représentations du
Christ, en un langage visuel contemporain,
influencé par les réseaux sociaux. L’exécution
peu tactile, où je fais disparaître
entièrement la toile, s’inscrit dans notre ère
numérique. Pour la série Digression (2020),
où j’ai scanné des plantes ramassées au
bord des chemins et les ai transformées,
à l’aide d’objets trouvés, en compositions
apparemment artificielles, j’ai aussi étudié
les possibilités de la numérisation. Comme
tout est mis sur un même plan, l’œuvre
questionne les limites entre plastique et
matériau organique. » Ces quinze dernières
années, divers artistes lui ont emboîté
le pas : « J’apprécie la vision de Gement
à mes convictions philosophiques.
Dans les prochains mois, je vais explorer
les possibilités d’œuvres monumentales et
de travail dans l’espace public. La littérature
et la recherche demeurent des éléments
centraux. (…) Ces dernières années,
j’ai vendu moi-même des œuvres. Si, au
début, il m’était parfois difficile de prendre
du recul, je me réjouis que ces œuvres
aient pu entamer une nouvelle vie ailleurs.
Les collectionneurs ont souvent l’œil pour
choisir d’emblée les meilleures. »
SURFER
www.hadrienbruaux.com
25
26
Erwin Olaf
La liberté avant toute chose
Skin Deep, Reclining Nude No. 05, 2015. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam
27
Deux ans après sa disparition,
le Stedelijk Museum d’Amsterdam
rend hommage au photographe
néerlandais Erwin Olaf. A ce
propos, le commissaire Charl
Landvreugd explique : « En voyant
ses dernières œuvres, on se dit :
‘‘cela ne peut être vrai, comment
ai-je pu faire ça ?’’ »
TEXTE : BEN HERREMANS
Son décès était annoncé, mais il est
mort de manière plutôt inattendue.
Un emphysème pulmonaire
avait été diagnostiqué en 1996
chez le photographe internationalement
reconnu Erwin Olaf (1959-2023). La maladie
écourta son espérance de vie, avec son
décès soudain, quelques semaines après
une transplantation pulmonaire apparemment
réussie. Shirley den Hartog confirme
qu’Erwin Olaf était plutôt conscient de sa
fin proche. Elle l’a accompagné pendant 28
ans en tant que partenaire commerciale
et directrice de l’Erwin Olaf Studio : « Les
huit dernières années de sa vie se sont
écoulées en grande partie dans la hantise
de mourir. Ce qui explique son travail
acharné pendant cette période : le besoin
de créer, car il sentait la fin venir. Après le
diagnostic, il a décidé de mettre un terme
aux commandes commerciales et de se
concentrer sur l’art. Erwin a voulu jusqu’à
la fin rester sur place et explorer ses limites.
En 2020, il tournait la série Im Wald
dans les Alpes bavaroises. Nous y sommes
allés avec des bouteilles d’oxygène et un
médecin. Il est ensuite retourné en studio
pour Muzes, des portraits de ses muses.
Certaines choses n’étaient plus possibles,
mais il voulait poursuivre son travail. Nous
avons donc privilégié la rapidité : faire
maintenant tout ce qui ne pourrait plus
l’être dans quelques mois. Erwin ne s’est
alors plus arrêté de travailler. »
Self-Portrait, I Will Be, 2009. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam
TESTAMENT
Nous avons pensé à l’après, précise Shirley
den Hartog : « Erwin s’est plongé dans ses
archives, y a opéré une sélection dans les
négatifs, fait procéder à une impression
référentielle de clichés devant paraître
dans des ouvrages, décidé de ce qui serait
montré ou non, dans le cadre d’expositions
post-mortem. Nous avions un plan
clair de ce qu’il nous appartiendrait de
faires alors. » Lorsque l’heure est venue,
Shirley den Hartog n’a connu aucun répit :
« Sans que je le sache, au dernier moment,
Erwin avait modifié son testament. Il en
avait retiré tout ce qui concernait l’héritage
de son œuvre. Ne demeurait plus
qu’un entrefilet indiquant qu’il me léguait
tout avec la précision : ‘‘elle connaît mes
volontés’’. Il s’agissait d’un immense
témoignage de confiance, mais qui m’a
fait paniquer. Je suis alors partie plusieurs
semaines en Thaïlande pour réfléchir : qui
était Erwin Olaf ? Quel est son héritage ? »
Mais qui était-il ? « À mes yeux, c’était
un artiste à 70 %, un activiste à 20 % et à
10 % quelqu’un qui aimait ne rien faire et
appréciait les vacances. Je pouvais conserver
ce côté artistique, car ses œuvres se
trouvaient déjà dans l’Erwin Olaf Studio.
Concernant l’activisme, j’ai mis sur pied
l’Erwin Olaf Foundation, qui œuvre pour
l’égalité, la liberté et la diversité, soutient
des projets en faveur d’une société
émancipée et offre à de jeunes créateurs
la chance de se former. Cette fondation
n’était pas un souhait d’Erwin, mais je
l’inscris volontiers dans son héritage. Et
vous savez quoi, je dois encore réaliser
moi-même ces 10 % de farniente et de
vacances, mais ce sera pour plus tard. »
28
« La maîtrise prend
du temps, mais exige
une certaine maturité.
Pour comprendre cela,
il faut approcher le
sujet ou la discipline
sous divers angles »
CHARL LANDVREUGD
© Boudewijn Bollmann
Chessmen V, 1988. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam
INTUITION
Le farniente n’est donc pas pour demain,
à en juger par la liste des tâches qui l’attendent
: « Prenez, par exemple, l’archivage
de ses œuvres. Toujours à l’ordre du jour,
mais toujours en friche. Les musées ont
acquis un grand nombre de ses œuvres.
Cinq cents se trouvent au Rijksmuseum,
grâce à un don fait de son vivant, pour une
partie d’entre elles réalisées jusqu’en 2015 ;
il fut l’un des premiers artistes vivants à
intégrer la collection du Rijksmuseum.
De nombreuses œuvres se trouvent dans
des collections privées. Nous savons où
tout se trouve grâce aux onze galeries
qui le représentent, entre autres à Paris,
Londres, New York, Toronto, Shanghai,
Séoul et Mexico City. » Ces galeries suivent
aussi sa cote: « Je ne consulte moi-même
ces valeurs marchandes que de temps à
autre. Un Erwin Olaf peut se vendre 5.000
ou 40.000 euros ; tout dépend de l’estimation.
En France, au Japon et en Corée, sa
cote est très élevée. Ces dernières années,
les prix se sont stabilisés. Cette dimension
ne fait pas partie de mes priorités car les
galeries veillent au grain. » Selon elle, les
œuvres d’Erwin Olaf ne risquent pas de
tomber rapidement dans l’oubli : « Erwin
est connu pour sa photographie mise
en scène et dirigée. Mais, il se montrait
parfois impulsif et réagissait à l’actualité. Il
m’arrivait alors de me demander : ‘‘de quoi
diable parle-t-il ?’’ Je ne partageais pas
toujours son activisme avec la même intensité.
Aujourd’hui, je constate qu’il possédait
une sacrée intuition. » Shirley den
Hartog est très satisfaite de l’exposition du
Stedelijk Museum d’Amsterdam : « C’était
un projet colossal, mais j’en suis fière et je
pense qu’Erwin le serait également. Le Stedelijk
a eu la bonne idée de choisir Charl
Landvreugd comme commissaire. Il a une
vision novatrice et originale du travail d’un
artiste en général. »
TRAJECTOIRE DE DÉVELOPPEMENT
Lorsque la direction du Stedelijk lui a
demandé d’organiser une exposition sur
Erwin Olaf, le commissaire Charl Landvreugd
a hésité : « Beaucoup d’aspects
constituent la personnalité d’Erwin Olaf.
Une exposition traitant de quelqu’un
d’aussi extraordinairement populaire est
par définition une tâche herculéenne.
Chacun a sa propre vision de l’œuvre. Je
ne peux pas m’y plier. Il me faut montrer
ce qui nécessite de l’être. » Ce qui veut
dire ? « Je voulais organiser une exposition
qui mette en valeur le talent artistique
Nederlands Dans Theater 01, 2009. © Estate Erwin
Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam
29
Palm Springs, The Kite, Still Life, 2018. © Estate Erwin Olaf /
Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam
Ten Butterfly Box, 1991-1993, zuiver goud, staal en magneten. © De kunstenaar. Foto: John Bigelow
Taylor.
Mature, Cindy C. 78, 1999. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos, Amsterdam
« Erwin a voulu
jusqu’à la fin rester
sur place et explorer
ses limites »
SHIRLEY DEN HARTOG
© Studio Erwin Olaf
d’Erwin Olaf et l’évolution de son savoirfaire
au fil des années. Nous avons ensuite
discuté des aspects pratiques comme le
cadrage, la lumière, l’utilisation du papier ;
de technique : le passage de l’analogique
au numérique, par exemple ; ou d’impression
: à un moment, il a opté pour le tirage
au baryum car il s'approche le mieux de la
réalité de la peau et de ses diverses teintes.
Je voulais montrer qu’une évolution
s’est opérée. Chaque œuvre constitue un
polaroïd de l’instant, un pas vers l’œuvre
suivante. Il vous faudra regarder la trajectoire
dans son ensemble, déployée sur
plusieurs décennies pour accéder enfin à
une maîtrise absolue. Cette maîtrise prend
du temps, mais exige une certaine maturité.
Pour comprendre cela, il faut approcher
le sujet ou la discipline sous divers
angles. Cette exposition tente de montrer
la trajectoire de développement d’Erwin
Olaf en terminant avec ses dernières
œuvres, d’une grande simplicité mais dont
la maîtrise technique est si parfaite qu’elle
fait dire : ‘‘cela ne peut être vrai, comment
ai-je pu faire ça ?’’ Toutes ces étapes sont
nécessaires pour répondre à la question. »
Le projet paraît ambitieux. Charl Landvreugd
: « Celui ou celle qui viendra visiter
cette exposition pour découvrir les temps
forts de la carrière d’Erwin Olaf, sera peutêtre
déçu. Il y en aura certes beaucoup,
mais leur présentation sera insolite. On
ne verra pas de série complète disposée
sur un beau mur coloré. J’ai examiné à
fond chaque série et me suis demandé ce
qu’Erwin Olaf avait essayé de prouver. Cela
varie d’une série à l’autre. Chaque artiste
sait que, dans une série de huit ou neuf
œuvres (dessins, tableaux, sculptures, photos,
etc.), une seule dit exactement tout ce
qu’il a voulu exprimer. Dans chaque série,
j’ai recherché cette œuvre cardinale. Je ne
l’ai pas interprétée comme de la photographie
pure et simple qui n’est, par essence,
qu’une méthode de travail, un mode
d’expression, non un but. Une question me
turlupinait : ‘‘pourquoi fais-tu ça ? Quelle
est ta motivation ?’’ En concertation avec
le Studio Erwin Olaf, nous avons trouvé
comme réponse la liberté individuelle.
C’est la raison pour laquelle Erwin Olaf
fut toujours contesté, souvent âprement.
Dans son œuvre, il a exploré cette liberté
de diverses manières. Que signifiait-elle
pour lui ? D’où le titre de l’exposition :
Freedom. »
30
L’exposition souhaite mettre en valeur le
talent artistique d’Erwin Olaf et l’évolution
de sa maîtrise au fil du temps.
INTERACTION
L’organisation d’une exposition suit aussi
une trajectoire de développement : « En
tant que commissaire, je tente de rendre
justice à l’artiste de manière intègre, non
seulement pour moi, mais aussi pour le
musée. Une manière qui s’inscrit dans mes
propres modèles de pensée et de présentation.
Pour moi, les expositions découlent
de l’artiste et de son environnement. » Le
commissaire qualifie d’intensive la collaboration
avec le Studio Erwin Olaf : « Je
n’ai pas la fatuité de penser que je connais
toute son œuvre. Ce fut une interaction
permanente. Chaque fois que je revenais
au studio, je m’interrogeais : ‘‘y a-t-il une
meilleure image ?’’ Ils m’en envoyaient,
après quoi je pouvais filtrer, organiser,
regrouper, diviser les salles. Je n’ai encore
jamais vu un studio travailler aussi dur. Ils
croyaient au projet. De nouvelles photos
émergeaient chaque jour. Littéralement
chaque jour. À un moment donné, j’ai dit à
Shirley : ‘‘il faut arrêter.’’ » Charl Landvreugd
procède toujours de la même façon.
Car, estime-t-il, l’artiste est ‘‘l’expert’’, et
il se contente d’en tirer le meilleur parti
de façon à ‘‘tourner le miroir vers lui au
moment où le soleil brille’’ : « Erwin Olaf
avait toutes les compétences techniques
requises pour vous faire découvrir la
beauté de ses images. Si vous ne dépassez
pas ce stade, vous ne verrez pas ce qui se
passe sous l’image. » Si chaque cliché prélude
au suivant, comment la conscience
qu’il n’y aura pas de suite colore-t-elle la
perception de son œuvre ? « Je n’ai aucune
réponse. Il appartient au visiteur de trouver
la réponse, ce qui rejoint la logique
élaborée vers la fin par Erwin Olaf. Car il y
a dans l’œuvre d’un artiste non seulement
une évolution technique, mais aussi une
maturité psychologique. Dans son œuvre,
il y a une période durant laquelle il a voulu
raconter une histoire et faire passer un
message. Ensuite, il a pris davantage de
recul par rapport à cette attitude. » À quel
moment une exposition est-elle réussie
selon Charl Landvreugd ? « Lorsque
la plupart des proches de l’artiste sont
satisfaits. Lorsque sa famille, ses amis et
les membres du studio pensent : ‘‘il aurait
aimé ça’’. C’est alors le meilleur des compliments.
»
VISITER
Erwin Olaf. Freedom
du 11-10 au 01-03-2026
Stedelijk Museum
Amsterdam
www.stedelijk.nl
LIRE
Coll., Erwin Olaf: Freedom, Hannibal, Furnes,
2025, ISBN 978-9-4934-168-5, 69,95 €.
Palm Springs, American Dream, Self-Portrait with Alex I, 2018. © Estate Erwin Olaf / Courtesy Galerie Ron Mandos Amsterdam
31
ZOOM
Luc Delahaye
Tableaux d’histoire
Le Jeu de Paume présente une quarantaine de photographies en
grand format de Luc Delahaye. Si cela peut paraître peu de la part
de celui qui fut un photographe de guerre renommé, c’est en fait
révélateur d’un manière de montrer les soubresauts de la planète,
entre art et information, apparue dès la fin du XXe siècle en réaction au
photojournalisme spectaculaire dont il fut un ardent promoteur.
TEXTE : JEAN-MARC BODSON
Luc Delahaye (1962) est devenu photographe
au début des années 1980.
Il s’orienta vers le photojournalisme
et, en une dizaine d’années, devint
un photoreporter de guerre réputé. Assez
logiquement, en 1994, il rejoignit l’agence
Magnum Photos, fondée en 1947 au beau
milieu de l’âge d’or de la presse illustrée.
Evidemment, à son arrivée un demi-siècle
plus tard dans la prestigieuse coopérative,
cette époque faste où le tirage de magazines
comme Life atteignait jusqu’à deux
millions d’exemplaires était révolue depuis
longtemps. L’entrée en masse des télévi-
Camp de réfugiés de Jénine, 2002. © Luc Delahaye / Courtesy Galerie Nathalie Obadia
32
ZOOM
Entre 2001 et 2005, Luc Delahaye a utilisé un
appareil photo panoramique dont le large
champ de vision crée une distance avec le
sujet et laisse place à l'interprétation.
seurs dans les foyers avait balayé le modèle
économique de l’info par l’image et, avec
lui, une façon humaniste d’appréhender
le monde par la photographie. Affranchis,
parfois malgré eux, du formatage des
récits courts et spectaculaires du reportage,
nombre de photographes se tournèrent
dès lors vers le documentaire, de
format plus long et de style plus sobre, et
cherchèrent dans le champ de l’art et de
son marché d’autres supports de diffusion
que celui de la presse. C’est la voie choisie
par Luc Delahaye qui, dès la fin des années
1990, publia des livres d’auteurs tels que
Portraits/1 ou Mémo, respectivement
portraits de sans-abris réalisés dans des
Photomatons et portraits de victimes de la
guerre en Bosnie extraits des pages nécrologiques
d’un journal de Sarajevo. En 1999,
il publiait L’Autre, une série de portraits de
voyageurs du métro parisien pris à leur
insu à l’instar de ceux que réalisa Walker
Evans à New York, entre 1938 et 1941.
Ces trois ouvrages, qui témoignent d’une
volonté d’effacement de l’opérateur, de
dépersonnalisation du regard, l’inscrivent
précisément dans la lignée du grand photographe
américain qui, pour rappel, est
considéré avec August Sander comme le
fondateur du ‘‘style documentaire’’.
LES DÉSORDRES DU MONDE
En tous cas, ses stratégies d’évitement
préfiguraient un travail dans lequel il
intensifia, dès 2001, ce rapport singulier au
réel, comme le souligne la présentation de
cette exposition au Jeu de Paume : « Depuis
vingt-cinq ans, ses photographies, le
plus souvent de grandes dimensions et en
couleur, proposent une représentation des
désordres du monde contemporain. De
la guerre d’Irak à celle d’Ukraine, d’Haïti
à la Libye, des conférences de l’OPEP à
celles de la COP, Delahaye explore le bruit
du monde et les lieux censés le réguler. »
Ceci dit, en un quart de siècle, le travail
de l’artiste a considérablement évolué.
Entre 2001 et 2005, il a utilisé un appareil
panoramique dont les images à l’angle de
vision élargi induisent une mise à distance
du sujet et une lecture ouverte qui,
soulignons-le, peuvent s’avérer désarmantes
pour le spectateur. En atteste, par
exemple, l’image glaçante et pourtant ô
combien banale de Slobodan Milošević
prise lors de son procès au Tribunal Pénal
International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY)
de La Haye, en 2002. Tout au fond de la
salle, l’ex-dictateur semble n’avoir pas plus
d’importance que le mobilier, alors que
l’on sait sa responsabilité dans les crimes
de guerre. En atteste aussi, cette vue apocalyptique
du camp de réfugiés de Jénine,
la même année. Ceci particulièrement
lorsque l’on compare le chaos des ruines
qui la traversent à l’ordonnancement
rigoureux d’une réunion, un an plus tard,
d’un Conseil de Sécurité de l’ONU dont
on constate encore aujourd’hui l’efficacité
toute relative. Après 2005, le photographe
est passé aux compositions numériques. À
partir de multiples prises de vues, souvent
mises en scène, « il cherchait, nous dit-on,
à capter la complexité d’une situation
dans une seule image, tout en conservant
une ambiguïté fondamentale, refusant
toute interprétation univoque ». Il est vrai
qu’avec le temps, l’artiste voyagea moins ;
l’ordinateur devint son principal outil et
sa pratique s’apparenta davantage à celle
d’une écriture picturale. Avec son travail
de vidéo et la recherche « d’images affranchies
à la fois de la subjectivité de l’auteur
et de la contingence du réel », le basculement
vers la création plastique s’est avéré
complet et assumé. C’est donc l’œuvre
d’un artiste contemporain, bien plus que
celle d’un photographe, qu’on est convié à
découvrir à Paris.
L’atelier, lieu de
solitude et de
composition, devient
le laboratoire de
développement
d’une image
essentiellement
pensée.
VISITER
Luc Delahaye. Le bruit du monde
du 10-10 au 04-01-2026
Jeu de Paume
Paris
www.jeudepaume.org
33
Peter Doig
Comme jamais auparavant
De grandes toiles représentant un
canoë ballotté par les flots, une
maison désolée ou une silhouette
solitaire dans la neige : voilà ce
qui a fait de Peter Doig l’un des
peintres britanniques les plus
influents et les plus chers. Il n’a
pas peur de se lancer dans ce
qu’il n’a encore jamais fait. House
of Music, à la Serpentine South
Gallery de Londres, présente un
environnement de haut-parleurs
de cinéma diffusant sa propre
playlist dans l’exposition de ses
œuvres nouvelles et anciennes.
Un projet qui illustre le rôle de la
musique, du cinéma et des lieux
de rencontre dans sa pratique
artistique.
TEXTE : CHRISTINE VUEGEN
Maracas, 2002-2008, huile sur toile, 290 x 190 cm. © de l’artiste / Courtesy Serpentine
La musique accompagne depuis
longtemps l’œuvre picturale de
Peter Doig (1959), tantôt comme
thème, tantôt comme source
d’inspiration. Il en écoute généralement
lorsqu’il peint, seul. Artiste reconnu à
l’international, Peter Doig ne dispose toutefois
pas d’une armée d’assistants. Depuis
2021, il vit à nouveau à Londres. En 2002,
il s’était installé avec femme et enfants
sur l’île de Trinidad, dans les Caraïbes.
Un retour aux sources pour l’artiste, né à
Édimbourg en Écosse, qui déménageait
deux ans plus tard avec ses parents à
Trinidad et, quelques années plus tard,
au Canada, où il a grandit. En 1979, pour
34
L’oeuvre révèle l’artiste
Le tableau Maracas
évoque un temple
dans la jungle, un
rituel à une divinité,
un monument tribal.
sa formation artistique, il s’est installé à
Londres, patrie de ses groupes punk préférés.
À 66 ans, Peter Doig associe, pour la
première fois, peinture et son. Des installations
de haut-parleurs restaurés provenant
de salles de cinéma diffusent une sélection
de sa collection de vinyles, de cassettes
et de CD. Il a également invité des special
guests comme Brian Eno, Ed Ruscha, Lizzi
Bougatsos et d’autres pour des sessions
d’écoute en direct de leur propre playlist.
Peter Doig adore créer des lieux de
rencontre. Dans son atelier de Laventille,
sur l’île de Trinidad, il dirigeait un Studio-
FilmClub, très fréquenté. Car le cinéma
est aussi une de ses grandes passions. Des
haut-parleurs apparaissaient déjà dans le
tableau Maracas (2002-2008). Peter Doig y
représentait une scène qu’il avait observée:
un homme juché sur une tour monumentale
de haut-parleurs. Maracas est une
plage populaire de Trinidad, où il est courant
d’ériger ce type de structures sonores
durant les beach parties. L’artiste prend
pour point de départ un élément du quotidien,
qu’il métamorphose en autre chose.
Ce tableau évoque, tour à tour, un temple
dans la jungle, un rituel dédié à une divinité
ou un monument tribal. Pourtant, il
s’agit aussi d’une abstraction géométrique.
Expériences personnelles, photographies
trouvées ou prises par l’artiste, souvenirs
et imagination, figuration et abstraction,
clins d’œil à l’histoire de l’art (Gauguin,
Matisse et une foule d’autres maîtres) s’entrelacent
dans une scène toujours mystérieuse,
chargée de tensions sous-jacentes,
un puissant paysage à l’huile. Les tensions
entre civilisation humaine et nature traversent
fréquemment son œuvre et sont
également perceptibles dans Maracas.
ATMOSPHÉRIQUE
« Les chansons peuvent être très visuelles
», explique Peter Doig. « Je m’intéresse
à ce qu’elles évoquent, et au fil des
ans, j’ai tenté de créer des peintures qui
parlent à l’imaginaire et dégagent une
atmosphère, tout comme la musique peut
le faire. » House of Music, le titre de son
exposition londonienne, est tiré d’une
chanson de Shadow, un célèbre musicien
de calypso. Le tableau Shadow (2019),
portrait du musicien dans son costume
de squelette, est inclus dans l’exposition.
En 2023, il l’a exposée à la Courtauld Gallery,
où la musique s’est révélée plus que
jamais comme un thème. Peter Doig est
invariablement qualifié d’artiste écossais,
alors qu’il n’a pratiquement pas vécu
dans ce pays. Il est vrai que ses origines
s’accordent parfaitement avec les paysages
oniriques et souvent inquiétants qui l’ont
rendu célèbre. Dans un format si grand
qu’on aurait envie de s’y perdre. Peter Doig
a contribué à alimenter la grande vague
de la peinture des années 1990 et fut un
précurseur du renouveau de la peinture de
paysage, le nouveau romantisme. Il trouvait
sa voie en 1989, en peignant un canoë
sur un lac, après avoir revu une petite
peinture représentant un canoë, datant de
l’époque où il était étudiant. Cela lui a rappelé
une scène du film d’horreur Vendredi
13 et l’atmosphère sinistre de la peinture
d’Edvard Munch. Les expériences personnelles
jouent un rôle tout aussi important :
il s’est mis au kayak au Canada et plus tard
à Trinidad.
RECONNAISSANCE
Après avoir été sélectionné pour le Turner
Prize, en 1994, sa percée internationale
fut rapide. Une première reconnaissance
était déjà venue du Barclays Young Artist
Award, en 1991, lors d’une exposition à
la Serpentine Gallery. D’autres prix ont
suivi. Cette année, il recevra le prestigieux
Praemium Imperiale Prize for Painting, au
Japon. Récompenses importantes, expositions
dans de grands musées, institutions
artistiques et galeries, achats par d’importantes
collections : le monde de l’art
reconnaît depuis longtemps l’importance
de sa démarche. En 2007, Peter Doig devenait
brièvement le peintre vivant le plus
cher d’Europe. Chez Sotheby’s, à Londres,
The White Canoe (1990-1991) était vendu
5.732.000 livres sterling, environ cinq fois
plus que l’estimation. Depuis, ses prix aux
enchères ont grimpé en flèche. Swamped
Peter Doig a
contribué à
alimenter la grande
vague de la peinture
des années 1990 et
fut un précurseur
du renouveau de
la peinture de
paysage, le nouveau
romantisme.
(1990), autre peinture sombre représentant
un canoë sur un lac, changeait de
mains en 2015 chez Christie’s, à New York,
pour 25.925.000 dollars et, en 2021, dans
la même maison pour 39.862.500 dollars,
ce qui constitue à ce jour le record pour
une œuvre de l’artiste. Or, qu’a-t-il fait?
En 2023, il quittait la Galerie Michael
Werner, qui le représentait depuis plus
de vingt ans, pour devenir artiste indépendant.
Comme s’il tournait le dos au
marché, dont les montants vertigineux
constituent pourtant une reconnaissance
qui confirme l’importance de sa peinture.
VISITER
Peter Doig: House of Music
du 10-10 au 08-02-2026
Serpentine South Gallery
Londres
www.serpentinegalleries.org
LIRE
Coll., Peter Doig : House of Music,
Serpentine, Londres, 2025.
35
IA : Intelligence
Artistique ?
Quand on pense Art et Intelligence
Artificielle (IA), on pense d’abord
aux artistes qui intègrent l’IA dans
leur création, mais il est une autre
utilisation de l’IA plus discrète, qui
prend de l’ampleur et pourrait, à
terme, avoir un impact considérable
sur le marché de l’art.
TEXTE : GILLES BECHET
Grâce à une puissance de calcul
phénoménale, l’IA peut synthétiser
des quantités de données
quasiment illimitées et permet
d’aider à comprendre les comportements
collectifs, à interpréter les développements
et les humeurs du marché, en détectant des
corrélations inédites liées à une hausse de
cote. Ses algorithmes prédictifs anticipent
l’évolution des carrières d’artistes émergents.
Pour les banques, les assureurs et les
investisseurs, cette vérité numérique peut
avoir quelque chose de rassurant. Dans
les maisons de vente, l’IA vient renforcer
le travail d’information et de catalogage,
mais relève d’avantage de la machinerie
interne sous la supervision des experts, ce
qui explique sans doute qu’ils préfèrent ne
pas s’exprimer publiquement à ce sujet.
D’autant que leur utilisation varie suivant
les départements et spécialités.
RECOMMANDATIONS
PERSONNALISÉES
Les plateformes et maisons qui proposent
des enchères en ligne disposent de
softwares pilotés par l’IA qui s’engagent
à rendre les ventes plus transparentes
Art & Language, A BAD PLACE, 2018. Collection Philippe Méaille. © de l’artiste / Courtesy Chateau de Montsoreau
36
« Beaucoup pensent
que les résultats de
l’IA sont arbitraires
alors qu’au contraire,
ils sont consistants,
reproductibles et
basés sur des données
mesurables »
CARINA POPOVICI,
Art-Recognition
et efficaces, avec des analyses en temps
réel et des mécanismes de détection de
contrefaçons qui devraient aider le client
à prendre des décisions plus rapides et les
maisons de vente à écouler de plus gros
volumes. En décembre dernier, juste avant
la foire de Miami, Art Basel lançait son
App boostée à l’IA, grâce à un partenariat
avec Microsoft. On y trouve l’Art Basel
Companion, qui propose au visiteur des
recommandations personnalisées et l’Art
Basel Lens, une loupe digitale qui peut
scanner les œuvres exposées pour obtenir
des informations sur la galerie et sur l’artiste.
Et ce n’est qu’un début, assure Alain
Brusch, Global Head of Digital Products
à Art Basel : « Nous comptons développer
de nouvelles initiatives digitales, qui
non seulement enrichissent l'expérience
des foires pour le visiteur, mais apporte
aussi des contenus qui permettent aux
galeries et aux parties prenantes de mieux
préparer les foires. » Du côté de la BRAFA,
on préfère rester prudent : « On utilise les
outils de l'IA pour des tâches administratives,
mais avec parcimonie. D’autre part,
on organise chaque année une conférence
ou des rencontres autour de l’IA, car on
constate qu’il y a de l’intérêt et des demandes
de la part du public », note Beatrix
Bourdon, Managing Director.
UN FAUX SENTIMENT DE SÉCURITÉ
Dans les couloirs des foires, de nombreux
visiteurs se promènent désormais avec,
dans leur smartphones, une des applications
qui proposent d’évaluer le prix des
Art & Language, A Shadow on the Tongue, n. d. Collection Philippe Méaille.
© de l’artiste / Courtesy Chateau de Montsoreau
œuvres qu’ils ont devant eux. Grâce à la
puissance de l’IA, elles promettent une
« évaluation rapide, précise et objective,
qui ne s’appuie pas sur des opinons subjectives
» mais sur des datas qui compilent
les résultats de maisons de vente, les tendances
de marché et sur l’analyse d’image.
Souvent gratuites, elles se contentent
généralement d’une photographie de
l’œuvre ou de l’objet. En injectant de l’IA
dans l’analyse des œuvres et des marchés,
beaucoup de ces acteurs jouent sur l’idée
de transparence et de démocratisation de
l’accès au marché, avec chacune leurs spécificités.
ArtCritic met en avant l’analyse
d’images et la détection de faux. ArtHelper.
ai se définit comme un outil personnalisé
de marketing pour artistes. Limna se
présente comme un outil de compréhension
du marché et d’analyse culturelle,
nourri par une base de données de 700.000
artistes et un million d’expositions.
Magnus se profile comme le ‘‘Shazam de
l’Art’’, avec des données qui compilent huit
millions de résultats en maisons de vente
et en galeries. Car, dans toute transaction,
celui qui dispose de l’information la plus
complète aura toujours un avantage. Mais,
la connaissance rassemblée et synthétisée
par l’IA n’est jamais complète. « Cela
donne un faux sentiment de sécurité. On
a l’impression de savoir alors qu’on ne
sait pas », relève Pauline Haon, Benelux
Director chez The Fine Art Group. En
effet, les prix proviennent essentiellement
des ventes publiques, le marché des
galeries, comme celui des ventes privées
étant sous- représentés. « Le prix affiché
n’est jamais qu’une moyenne, alors que
pour prendre une bonne décision d’achat,
il faut prendre en compte la période de
l’artiste, la provenance et la qualité, l’état
de l’œuvre. »
DES PREUVES ET DES EXPLICATIONS
A la TEFAF, l’IA occupe un rôle discret
mais essentiel. Depuis quelques années,
l’Intelligence Artificielle est venue renforcer
37
« On peut présenter
des preuves et des
explications de ce
qu’on avance. On ne
dit pas simplement,
il y a un problème
avec cet objet »
WILL KORNER
Head of Fairs, TEFAF
les outils mis à la disposition de l’équipe
de vetting qui, avant l’ouverture de la foire,
vérifie la qualité et l’origine des objets exposés.
« L’IA nous apporte un outil de plus
pour compléter l’information à propos d’un
objet, quand c’est nécessaire », explique
Will Korner, Head of Fairs. Pendant les deux
jours consacrés au vetting, un laboratoire
scientifique, doté d’un matériel faisant
de plus en plus appel à l’IA, est présent
sur le site avec une équipe d’une dizaine
d’experts. Lorsque des questions ou des
doutes apparaissent à propos d’une œuvre
ou d’un objet, ou que des éléments sont en
contradiction avec les documents, l’objet
est envoyé au labo pour analyse. On peut
ainsi faire des comparaisons, chercher des
similarités ou remarquer quelque chose
qui n’apparaît pas à l’œil nu : « Ce qui est
intéressant avec l'IA, c'est que quand on
revient chez le marchand ou chez l’expert
qui l’accompagne pour expliquer qu’il y a un
problème avec une pièce, c’est qu’on peut
présenter des preuves et des explications de
ce qu’on avance. On ne dit pas simplement,
il y a un problème avec cet objet. » Grâce
à ses capacités d’analyse, l’IA peut apporter
une expertise inédite, qui peut être
déterminante pour le marché. Ainsi, dans la
vente du 25 novembre 2024, chez Germann
Auctions à Zurich, figuraient des œuvres
de Louise Bourgeois, Mimmo Paladino et
Marianne von Werefkin, authentifiées par
la technologie innovante basée sur l’IA développée
par Art-Recognition. Ce software
est capable d’identifier ‘‘l’ADN visuel’’ d’un
artiste à partir des photographies d’œuvres
authentifiées, mais aussi des faux reconnus
qui l’ont nourri et entraîné. Carina Popovici,
physicienne et co-fondatrice de la start-up
suisse, souligne que cette technologie ne
remplace pas les experts puisqu’elle combine
l’IA et l’expertise humaine. Ses défis
sont à la fois techniques, avec une quantité
limitée de données pour certains artistes
ou la complexité de traiter des œuvres
collaboratives, mais aussi d’ordre plus
subjectif, avec les nombreuses idées reçues
auxquelles l’IA doit faire face : « Beaucoup
pensent que les résultats de l'IA sont
arbitraires, alors qu’au contraire ils sont
consistants, reproductibles et basés sur des
données mesurables. »
Louise Bourgeois, Sans Titre, 1945, encre sur papier, recto/verso, 27 x 21 cm. Germann Auktionen, Zurich, 25-
11-2024. © Germann Auktionen — 28.000 CHF (30.000 €)
LA PERTINENCE DU PROPOS
Outil désormais incontournable du
marché de l’art, l’Intelligence Artificielle
trace aussi sa voie dans d’autres secteurs
du monde l’art, comme la curation. Ainsi,
pour l’exposition Art & Language : entretien
avec un humoriste obéissant, présentée
au château de Montsoreau dans le Val
de Loire, du 25 avril au 1er juillet derniers,
la fonction de commissaire a été prise en
charge par ChatGPT. Le robot conversationnel
d’Open AI s’est ainsi chargé de
l’ensemble du projet, de l’élaboration du
concept à l’écriture des textes en passant
par la structuration thématique. Si ce
choix est audacieux, il est aussi fidèle à
l’esprit du collectif britannique. « Très tôt
ils se sont intéressés au langage informatique
et aux expressions de l’autorité »,
remarque Marie-Caroline Chaudruc,
directrice du musée d’Art contemporain
du Château de Montsoreau. C’est la
38
Le Vetting de la TEFAF 2025. © photo : Jitske Nap
« L’IA et les foires rendront le marché de
l’art plus transparent, plus rapide, plus
global, mais aussi plus dépendant de la
logique algorithmique »
CHATGPT
version grand public qui a été privilégiée,
sans y ajouter de contenu ni de données
spécifiques. ChatGPT a travaillé tout
seul, sans être corrigé : « On n'a pas voulu
le customiser, on l'a pris comme il était,
avec ses biais, ses erreurs et ses redites.
L’idée n’était pas de faire paraître la réalité
pour plus belle qu’elle n’était. » Les
réactions du public étaient très positives,
l’initiative ayant été prise au sérieux, non
comme une farce ou une provocation,
stimulant les discussions et les réflexions
sur l’autorité et le savoir du musée : « J'ai
été surprise par la pertinence du propos
et la curiosité du public, contrairement
au milieu de l’art, plutôt discret, voire
silencieux, sur un outil que tout le monde
utilise. » Pour conclure, la parole a été
laissée à ChatGPT, à qui l'on a demandé à
quoi ressemblerait une foire d’art en 2035,
où l'IA est omniprésente, en coulisses
comme en vitrine : « En 2035, une foire
d’art sera hybride : toujours physique et
humaine, mais soutenue par une couche
invisible d’Intelligence Artificielle qui
optimise, personnalise et sécurise tout
l’écosystème. L’IA et les foires rendront
le marché de l’art plus transparent, plus
rapide, plus global, mais aussi plus dépendant
de la logique algorithmique. Cela
créera un gain d’efficacité énorme, mais
posera la question cruciale : l’art resterat-il
un espace d’imprévu et d’émotion,
ou deviendra-t-il un marché optimisé
comme la finance ? »
SURFER
www.artbasel.com
www.brafa.com
www.artcritic.com
www.arthelper.ai
www.limna.ai
www.magnus.net
www.fineartgroup.com
www.art-recognition.com
www.chateau-montsoreau.com
www.germannauktionen.ch
39
In the mix
Mode et Design
Un créateur de mode qui conçoit
des objets ou, à l’inverse, un
architecte / designer qui s’aventure
dans l’habillement : depuis
toujours, ces disciplines sont
intimement liées. Mais le design
de collection a ouvert une autre
perspective : la fusion de ces
univers créatifs.
TEXTE : ELIEN HAENTJENS
À
partir de la seconde moitié du
XIXe siècle, les femmes des
milieux aisés ne se contentent
plus d’orner leur corps : elles
embellissent également leur demeure de
draperies, de franges et de volants, comme
pour créer une harmonie entre elles et
leur intérieur. Au début du XXe siècle, des
créateurs masculins comme Henry Van
de Velde et Josef Hoffmann répondent à
cette profusion décorative. Inspirés par
leur vision d’une œuvre d'art totale et
leur quête d'harmonie, ils conçoivent des
vêtements féminins et des objets d’intérieur
empreints de cohérence. Ce faisant,
ils inspirent à leur tour les créateurs de
mode comme Jeanne Lanvin et Paul
Poiret, ce dernier ayant créé la première
marque d’art de vivre de l’Histoire, qui vont
intégrer la décoration d’intérieur dans
la stratégie de marque de leurs maisons
de couture. Une pionnière de la fusion
entre mode et design est Rei Kawakubo
(1942). Cette créatrice de mode japonaise
a développé sa marque culte, Comme des
Garçons, pour en faire un univers global.
« Lorsque Rei Kawakubo a commencé
dans les années 1960, les vêtements
traditionnels comme le kimono dominaient
encore le paysage urbain japonais»,
explique Paul Viguier, chez Piasa. « Avec
des créateurs tels que Shiro Kuramata et
Shigeru Ushida, elle faisait partie d’une
école japonaise radicale et très créative,
dans les décennies 1970 et 1980. Grâce
au boom économique de l’après-guerre,
le Japon s’est ouvert sur le monde. Sa
radicalité dans l’usage des couleurs, des
formes ou des coupes s’accordait parfaitement
avec l’avant-garde européenne, ce
qui a rapidement renforcé son importance
sur ce marché. Outre des vêtements, Rei
Kawakubo a également conçu les meubles
de ses boutiques. L’usage du noir, langage
formel minimaliste, de l’abstraction et de
l’accent mis sur la fonctionnalité en constituaient
à chaque fois le fil conducteur. » En
ce début octobre, la collection du Japonais
Hiroaki Narita est mise en vente par
Piasa. Paul Viguier : « Les pièces datent
des débuts de Rei Kawakubo, entre 1969
et 1999. C’est avec ces séries limitées et
artisanales qu’elle a développé sa marque,
devenue ensuite Comme des Garçons.
Certaines pièces n’ont jamais été portées,
d’autres ne l’ont été que quelques fois.
Les musées achètent de plus en plus des
pièdes de mode afin de compléter leurs
collections. Quant aux collectionneurs
privés, ils recherchent une alternative à
la surproduction développée dans le luxe.
Ils apprécient le caractère historique et la
simplicité des vêtements et souhaitent, en
les achetant, contribuer à leur préservation.
Leur vestiaire se mue ainsi en archive
dynamique. Avec des prix compris entre
350 et 3.000 euros, ces pièces demeurent
relativement abordables. »
DE LA MODE AU DESIGN
Si l’œuvre de Martin Margiela est plus
proche géographiquement, elle est tout
aussi mythique. Ce créateur a fait œuvre
pionnière grâce à ses mises en scène devenues
iconiques, entièrement blanches,
« Ce n’est pas
seulement dans
leur dimension
spatiale, mais dans
la construction
d’une narration
que la mode et le
design de collection
se rejoignent »
STÉPHANIE FREDERICKX
aux meubles peints en blanc, avec œufs et
plumes. Dans la même veine, le designer
américain Rick Owens, dont la rétrospective
est actuellement visible à Paris, au
Palais Galliera, a développé un univers
total depuis le lancement de sa griffe en
1992. « En tant que client, on est complètement
immergé dans son univers. Il considère
sa marque comme une sorte de culte,
et appelle ses clients ‘‘The Owens Core’’ »,
précise la galeriste Stéphanie Frederickx.
« Tout aussi puissante, mais radicalement
différente, la marque de mode The Row
adopte une approche singulière. Sur Instagram,
elle met principalement en avant
le design vintage et les œuvres d’art qui
40
Dries Van Noten a travaillé en étroite collaboration avec Ben Storms pour la mise en forme de sa boutique de New York, avec entre autres cette Bronze Cast Marble
Wallpiece (2025). © de l’artiste / photo : Tijs Vervecken
41
Linde Freya Tangelder, Lacquered stool, 2022, bois laqué rouge
profond, 27 x 40 x 58 cm, éd. de 24 par couleur + 2 E. A. © de
l’artiste / Courtesy destroyers/builders / photo : Eline Willaert
Ben Storms, Crushed Room Divider (Gold Gilded),
2024, acier inoxydable et feuille d’or, 195 x 160 x 45
cm. © de l’artiste / Courtesy Objects with Narratives
/ photo : Alexander Popelier
inspirent les créateurs ainsi que leur communauté.
Les vêtements bénéficient d’une
base de fans si fidèle qu’ils nécessitent peu
de marketing. » Aujourd’hui, la créatrice de
mode Ann Demeulemeester se consacre au
design d’intérieur, avec une vaste collection
imaginée pour la marque belge Serax.
Elle considère la mode comme une langue,
et les objets d’intérieur (vaisselle, verrerie,
luminaires) comme une autre manière
d’exprimer son univers. Elle joue des
contrastes, tels que l’ombre et la lumière, la
beauté et la dramaturgie. Stéphanie Frederickx
: « Lors de ses années dans la mode,
elle a conçu l’intégralité de son showroom
avec son mari Patrick Robyn, jusqu’aux stylos.
Sa Table Blanche, produite plus tard par
Bulo, date de cette époque. » L’été dernier,
le créateur Kris Van Assche, directeur artistique
de Dior Homme pendant onze ans,
se lançait dans la décoration d’intérieur
chez Laffanour | Galerie Downtown, qui
a déjà collaboré avec Dior (lampes Akari
d’Isamu Noguchi) et avec Berluti (mobilier
de Pierre Jeanneret). Kris Van Assche y a
présenté une collection de vases en bronze,
développés en étroite collaboration avec
les artisans de la fonderie Fodor. Comme
dans les collections de mode, le créateur
joue avec les codes établis. Ses Nectar
Vessels remettent non seulement en cause
l’utilisation traditionnelle du bronze, mais
aussi du vase en tant qu’objet. « Ces vases
n’ont plus besoin de fleurs. Ils sont devenus
eux-mêmes des fleurs», commente le
créateur. Afin d’approcher au plus près la
fascinante puissance des fleurs, il n’a pas
travaillé le bronze patiné, mais opté pour
une surface extérieure mate et colorée,
percée d’ouvertures organiques, laissant
entrevoir de l’intérieur le bronze rosé, poli
et chaleureux Tout comme pour un défilé
de mode, la présentation d’objets a été
conçue comme une installation immersive,
avec troncs d’arbres, feuilles fanées et
miroirs évoquant, par la vue, l’atmosphère
42
« Si l’architecture
est ma principale
source d’inspiration,
j’ai aussi des affinités
avec la mode en
termes de matériaux
et de couleurs »
LINDE FREYA TANGELDER
Destroyers/builders
Linde Freya Tangelder, Reworked Chair, 2025, aluminium,
coton laqué et bronze blanc, 52 x 70 x 72 cm,
éd. de 12 + 1 E. A. © de l’artiste / Courtesy Uppercut
Gallery / photo : Eline Willaert
d’une forêt mystérieuse.
Rei Kawakubo – Comme des Garçons, Refresh the Spirit, P/E 1990, vente Piasa, 01-10. © Piasa / photo :
Simon Narita — Est. 600-800 €
DU DESIGN À LA MODE
À l’inverse, la mode et le design se rejoignent
à travers des collaborations
nocatrices. Ainsi, le maître du design italien
Gaetano Pesce a créé quatre cents chaises
uniques ainsi qu’un sol pour le défilé Printemps-Été
2023 de Bottega Veneta. Il a
lui-même qualifié cette œuvre d’hommage
à la diversité de l’humanité, tout en y voyant
une réflexion critique sur les lieux où la
culture peut encore émerger aujourd’hui.
Par la suite, avec l’installation Vieni a
Vedere, il a transformé le flagstore milanais
en espace semblable à une grotte, ayant ensuite
inspiré deux éditions de sacs à main.
«Ce n’est pas seulement dans leur dimension
spatiale, mais aussi dans la construction
d’une narration, avec toute une série
de déclinaisons jouant sur certains détails
du récit global, que la mode et le design de
collection se rejoignent », affirme Stéphanie
Frederickx. « La recherche de nouvelles
techniques et matérialités est essentielle.
La Belge Nathalie Van der Massen, par
exemple, inspire le monde de la mode par
43
Kris Van Assche, Vase Bronze 03, 2025, bronze, 56,6 x 47,6 cm, éd. de 8. © de l’artiste / Courtesy Laffanour/Galerie Downtown / photo : Jeremy Barniaud
Prix : entre 30.000 et 40.000 €
44
« Tout comme
lors d’un défilé de
mode, Kris Van
Assche présentait
ses premiers objets
d’intérieur comme
une installation
immersive »
ses recherches sur les tissus. De même,
l’Allemand Johannes Budde explore les
frontières entre textile, design et sculpture
avec son Rug ‘N Roll. » Les créateurs belges
resserrent également leurs liens avec le
monde de la mode. Arthur Vandergucht a
ainsi créé les canapés Rivet pour la marque
de mode britannique pour hommes Kiko
Kostadinov, tandis que Ben Storms travaille
en étroite collaboration avec Dries Van
Noten pour l’aménagement de ses boutiques.
« Nous partageons non seulement
des valeurs comme l’engagement et l’intégrité,
mais aussi un amour commun de la
matérialité, du savoir-faire et du contraste»,
souligne l’artiste. « Dans la boutique newyorkaise
de Dries, mes créations font office
de repères apaisants, atténuant la frénésie
de la ville, tout en respirant l’histoire par le
biais de leur matière. »
SCÈNES SCULPTURALES
Linde Freya Tangelder (Collectif Destroyers/Builders)
aime également la collaboration
interdisciplinaire : « À la demande
de Dior, en 2020, j’ai réalisé une réinterprétation
contemporaine de l’emblématique
chaise Médaillon », explique la designer
néerlandaise basée en Belgique. « J’ai pu
remodeler à ma guise cette forme classique.
Les clients pouvaient commander des
chaises dans les boutiques. » Linde Freya
Tangelder collabore aussi régulièrement
avec les éditions Kassl pour l’aménagement
de leurs salles d’exposition : « Je trouve fascinant
que l'on puisse concevoir un espace
spécifique comme une suite de scènes,
dans lesquelles le mobilier sculptural joue
chaque fois un rôle différent. Si l’architecture
constitue ma principale source d’inspiration,
j’ai aussi des affinités avec la mode
quant aux matériaux et couleurs. Pour ma
dernière série Reworked, présentée début
septembre par Uppercut, lors de la foire
Linde Freya Tangelder, Mirror Screen, 2023, aluminium, 170 x 100 x 75 cm. © de l’artiste / Courtesy destroyers/
builders, intégré dans le showroom de Kassl Editions / photo : Eline Willaert
Collectible à New York, j’ai réalisé des expériences
avec des coussins en coton laqué à
la main, drapés sur du mobilier métallique.
Pour moi, un manteau, un meuble ou un
bâtiment est une forme d’abri qui vous
enveloppe. Nous partageons également
l’amour des matériaux naturels, ainsi que
celui des contrastes de finition, comme le
brillant intense et le mat profond. »
Mais il n’est pas facile pour un designer
indépendant de collaborer avec des acteurs
mondiaux. Linde Freya Tangelder : «Entrer
en contact, au sein de grandes marques,
avec des personnes porteuses d’idées
novatrices et désireuses de développer leur
propre vision à travers une collaboration,
est quelque chose de spécial. Je travaille
actuellement à un projet pour Isabel Marant.
À mesure que la marque évolue, elle
souhaite remplacer le béton brut et froid de
ses boutiques par des tonalités et des matériaux
plus chaleureux. »
LIRE
Fashion & Interiors. A Gendered Affair,
Hannibal Books, Furnes, 2025, ISBN 978-9-
46494-193-7, 55 €
ENCHÉRIR
Vente Rei Kawakubo & Comme des
Garçons, 1969-1999
le 01-10
Piasa, Paris
www.piasa.fr
VISITER
PAD
du 14 au 19-10
Berkeley Square
Londres
www.padesignart.com
Rick Owens, Temple of Love
jusq. 04-01-2026
Palais Galliera
Paris
www.palaisgalliera.paris.fr
Iris Van Herpen. Sculpting the senses
du 27-09 au 01-03-2026
Kunsthal
Rotterdam
www.kunsthal.nl
45
Les soffiati
Une modernité inattendue
Le terme soffiati fait référence en
italien à une production spécifique
de Murano : un verre soufflé
transparent à paroi mince, introduit
dans le premier quart du XXe siècle.
Bien que considérées comme
modernes et novatrices à l'époque,
ces formes s’inspirent de verres plus
anciens.
TEXTE : MARC HEIREMANS
Au début du XXe siècle, trois
grandes verreries dominent la
production de verre d’art à Murano
: Artisti Barovier, Fratelli Toso
et Andrea Rioda. Si ces trois entités sont
totalement autonomes, leurs productions
à l’époque sont pratiquement impossibles
à distinguer les unes des autres. Une similarité
qui s’explique par leur dépendance
aux mêmes clients, qui déterminent en
grande partie l’aspect de la verrerie. Ces
distributeurs influents disposent de vastes
et luxueuses salles d’exposition à Venise,
appelées stabilimenti, proches des lieux
touristiques, proposant, outre le verre de
Murano, miroirs, luminaires, meubles,
bronzes et autres précieux tissus vénitiens.
Ils offrent non seulement un débouché
local immédiat, mais sont également en
contact direct avec des importateurs
majeurs à l’international. Au début du
XXe siècle, la verrerie de Murano qu’ils
proposent concerne principalement des reproductions
de modèles anciens provenant
du musée du verre (vetro antico) et des
objets fantastiques très élaborés, chargés
Verrerie, ca. 1925-30. À gauche : anonyme, 24 cm x 29,5 cm, à droite : Compagnia Venezia Murano, H. 24 cm.
46
L’intégration d’un
designer externe, sous
contrat permanent,
constitue l’un des
grands mérites
de Paolo Venini et
Giacomo Cappellin.
de dragons, de serpents et autres monstres
marins (vetro moderno). L’innovation fondamentale
n’intervient qu’après la Première
Guerre mondiale, avec l’arrivée des Milanais
Giacomo Cappellin et Paolo Venini.
L’artiste Vittorio Zecchin est généralement
considéré comme à l’origine de cette
innovation, avec ses premiers dessins pour
Vetri Soffiati Muranesi (V.S.M.), l’entreprise
de verrerie de Venini et Cappellin. Mais
des documents originaux inédits viennent
contredire cette affirmation. Le modernisme
formel a fait son apparition plus tôt
à Murano, plus ou moins simultanément
chez tous les principaux producteurs.
Vittorio Zecchin, Bordone, 1921-1923, H. 23 cm, et Compagnia Venezia Murano, 1925,-28, 8 cm x 32,5 cm. Ce
vase est représenté dans un tableau de Paris Bordone.
PARTENARIATS
Un peu d’Histoire : comme la plupart des
verreries de Murano, l’entreprise V.S.M. est
née d’une ancienne verrerie, celle d’Andrea
Rioda (1854-1921). Après avoir travaillé
comme technicien pour la Compagnia
Venezia Murano, celui-ci décide, en 1917,
de créer sa propre verrerie, l’Andrea Rioda-
Arte decorativa vetraria. La production suit
celle de son ancien employeur : du verre
soufflé artistique, inspiré des périodes
stylistiques précédentes. L’un de ses
principaux clients est Giacomo Cappellin
(1887-1968), propriétaire d’un magasin
d’antiquités à Milan, à la demande duquel
il copie certaines pièces de verre antiques.
Mais l’entreprise d’Andrea Rioda connaît,
juste après la Première Guerre mondiale,
des temps difficiles. Giacomo Cappellin lui
propose dès lors un partenariat avec Paolo
Venini (1895-1959), un avocat milanais.
C’est ainsi que naît une nouvelle verrerie, la
Vetri Soffiati Muranesi-Cappellin, Venini &
Co. Andrea Rioda y est chargé de la production,
tandis que la boutique de Giacomo
Cappellin, particulièrement bien située à
Milan, Via Monte Napoleone, attire l’attention
d’un public sophistiqué. Malheureusement,
Andrea Rioda décède avant même
que la collaboration n’ait débuté. Giacomo
Cappellin et Paolo Venini s’associent donc
à de nouveaux partenaires et lancent une
production basée sur les premiers livres
de modèles d’Andrea Rioda, ainsi que de
nouvelles créations imaginées par Vittorio
Zecchin (1878-1947). Ce dernier élément
en particulier, l’intégration d’un designer
externe sous contrat permanent, est tout
à fait remarquable et constitue l’un des
grands mérites de Paolo Venini et Giacomo
Cappellin. Il marque la séparation entre
créateur et exécutant, à Murano qui plus
est, île réticente à toute forme de changement.
Ces impulsions extérieures constituent
le terroir nourricier d’innovations
radicales dans les années qui suivirent.
IDENTIFICATION
Si les premières créations de Vittorio Zecchin
s’inscrivent dans la lignée du catalogue
de modèles existant d’Andrea Rioda, elles
s’en distinguent toutefois par une exécution
affirmée et épurée. Vittorio Zecchin réduit
les formes à leur essence la plus pure et
les dépouille de toute fioriture inutile. Ses
créations sont souvent dérivées d’exemples
du XVIe siècle, tels que représentés dans les
Vittorio Zecchin
réduit les modèles
à leur essence la
plus pure, dépouillée
de toute fioriture
inutile.
peintures de la fin de la Renaissance. Mais,
contrairement à la production antérieure
d’Andrea Rioda, elles sont réalisées avec
un verre nouveau, plus élastique, dans de
nouvelles teintes plus subtiles. En 1925,
des divergences artistiques provoquent
la rupture entre Paolo Venini et Giacomo
Cappellin, qui suivent dès lors chacun
leur propre chemin créatif. Paolo Venini
conserve la désignation originale V.S.M.,
tandis que Giacomo Cappellin crée, avec
de nouveaux partenaires, la société Maestri
Vetrai Muranesi Cappellin & Co. Tous deux
conservent toutefois le droit de continuer
à produire les premiers modèles de Vittorio
47
Andrea Rioda, ca. 1917-1919. Les premières traces d’innovation de formes classiques simplifiées, toujours basées sur le verre du XVIe siècle.
Les modèles sont souvent dérivés d’exemples
du XVIe siècle, tels qu’ils sont représentés
dans des tableaux, mais réalisés avec un verre
nouveau, plus élastique, dans de nouvelles
teintes plus subtiles.
Zecchin. Ils introduisent chacun une signature
appliquée à l’acide, vraisemblablement
pour éviter toute confusion au sein d’une
production identique. Paradoxalement (car
une signature en augmente la valeur aujourd’hui),
les objets signés reflètent donc
une production plus tardive. Les soffiati
ont connu un succès commercial et leur
production fut presque immédiatement
copiée massivement par d’autres verriers de
Murano. Si l’exécution technique n’atteint
pas celle de Paolo Venini ou de Giacomo
Cappellin, la plupart parvient à développer
un langage formel singulier. L’attribution
demeure cependant un domaine difficile,
même pour les experts : la technique est
trop courante, les modèles trop similaires,
même si un œil exercé parvient malgré
tout à distinguer chaque production.
Aujourd’hui, la valeur d’une pièce anonyme
est principalement déterminée par
sa forme exceptionnelle et son exécution
parfaite. Outre les signatures d’identification
explicites, on peut également trouver
des signatures à l’acide faisant référence à
un distributeur, la Compagnia Venezia Murano.
Introduite vers 1925, cette mention
(écrite en toutes lettres ou avec les initiales
C.V.M.) peut renvoyer soit à des productions
de tiers (pour lesquelles ils agissaient
en tant que distributeurs), soit à leurs
propres productions, créées entre 1925 et
1936. En 1919, cet important distributeur
fusionnait avec Pauly & Co. Tous deux actifs
depuis le début du XXe siècle, leurs espaces
de stockage communs ont fini par contenir
une floppée d’invendus. Un inventaire
de ces derniers sera dressé vers 1975. Tous
les objets seront alors étiquetés, les plus
importants (c'est-à-dire les plus anciens)
étant marqués ‘‘FP’’ (fuori produzione : plus
en production) ou ‘‘NR’’ (non ripetibile : non
reproductible). Lorsque le stock historique
de la Compagnia Venezia Murano-Pauly &
C. fut vendu aux enchères en 2005, ce sont
ces objets, en plus des pièces signées, qui
atteignirent les prix les plus élevés. De fait,
l’indication sur l’étiquette faisait référence
à un produit d’avant-guerre d’un grand producteur,
même si non identifiable.
VALEUR
Vers 1930, l’introduction du verre opaque
requiert un nouveau langage formel et les
soffiati disparaissent progressivement.
Venini est pratiquement la seule verrerie
48
L’attribution demeure un domaine difficile,
même pour les experts : la technique est
trop répandue, les modèles trop similaires.
LIRE
Coll., Vittorio Zecchin 1878-1947. Pittura, vetro,
arti decorative, Marsilio, 2002, ISBN 883-178-
139-1
à continuer à proposer certains de ses
objets historiques, sous le nom collectif
I classici, bien après la Seconde Guerre
mondiale. Les soffiati marquent donc historiquement
une étape importante dans
la production du verre de Murano. Leurs
formes simples renvoient à une temporalité
spécifique et éphémère, critère
important pour tout collectionneur. Ils
restent aujourd’hui relativement faciles à
acquérir, pour des montants qui varient en
Europe de quelques centaines à quelques
milliers d’euros. La production des premiers
fabricants, Paolo Venini et Giacomo
Cappellin, constitue naturellement le haut
du panier. Des modèles emblématiques
conçus par Vittorio Zecchin, Napoleone
Martinuzzi et Carlo Scarpa – signés ou
non – se retrouvent actuellement aux
États-Unis, où ils se négocient entre 4.000
et 12.000 euros en moyenne. L’offre étant
plus importante en Europe, les prix y sont
nettement inférieurs, en particulier pour
les objets anonymes. Leur valeur est fonction
de la singularité de leur forme et de la
perfection de leur exécution, ainsi que de
l’absence de rayures ou traces de calcaire
trahissant une utilisation.
Coll., Napoleone Martinuzzi: Venini 1925-1931,
Skira, Paris, 2013, ISBN 978-8-85722-140-3
Coll., Vittorio Zecchin: transparent glass for
Cappellin and Venini, Skira, Paris, 2018, ISBN
978-8-85723-712-1
Coll., The M.V.M. Cappellin glassworks and a
Young Carlo Scarpa, Skira, Paris, 2019, ISBN
978-8-85723-925-5
S.I.V.A. (Stabilimento Italiano Vetri Artistici), (H. 35 cm) ca. 1933, Compagnia Venezia Murano, H. 32 cm), 1925-1928 et Pauly & C., 1930, 18 cm x 29 cm.
49
Dagoty
La porcelaine en majesté
Produites au début du XIXe siècle,
les porcelaines parisiennes de
Dagoty étaient célèbres pour
l’élégance de leurs formes, la
richesse colorée de leurs décors et
une technique spécifique de dorure
qui permet de les reconnaître
entre mille. Retour sur cette
histoire prestigieuse, dont le nom
a même inspiré une salle de vente
bruxelloise, aujourd’hui spécialisée
dans la bande dessinée, les jouets et
les diamants de synthèse.
TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE
Théière zoomorphe en porcelaine de Paris (Dagoty), début du XIXe siècle, marque en forme de tête de
renard, inscription à l’encre ‘‘RE oe Mture de S.M l’Impératrice Dagoty a Paris’’, H. 15,24 cm. Collection
Hubert Guerrand-Hermès, Sotheby’s, Paris, 18-12-2023. © Sotheby’s Art Digital Studio — 1.651 €
Héritier d’une famille de marchands
installés dans le centre de
Bruxelles à l’enseigne de L’Egide
et spécialisés dans la céramique
du XIXe siècle, Pascal Di Egidio ouvrait, il y
a quelques années, la salle Dagoty Auction,
du nom d’une prestigieuse manufacture
parisienne. Un choix dicté par l’évidence
d’une passion familiale : « J’ai travaillé plus
de quinze ans avec mes parents, au sein de
la Galerie L’Egide, installée place Saint-Jean
en 1992. Le magasin avait fait de la porcelaine
son cheval de bataille, surtout les plus
belles manufactures européennes, dont Dagoty.
Pour moi, c’était un nom parlant, qui
sonnait bien et renvoyait à cette création
exceptionnelle, que j’apprécie particulièrement.
Dagoty Auction s’est d’abord spécialisée
dans la bande dessinée, puis les jouets
et, depuis un an, le marché des diamants
de synthèse, en plein boom. » Si L’Egide a
développé une passion pour la céramique
50
Service de table en porcelaine de Paris (Dagoty), à fond Nankin, ca. 1810, stencillé en rouge ‘‘Manufacture de S. M. l’Impératrice P. L. Dagoty à Paris’’, sur la plupart
des pièces. Christie’s, Londres, 20-05-2021. © Christie’s Images Ltd. — 6.875 £ (7.957 €)
Le style de ces porcelaines se reconnaît
à la richesse des décors et à l’utilisation
ostentatoire d’un or épais.
européenne, notamment française, c’est
qu’au début du XIXe siècle, la porcelaine
parisienne a connu un âge d’or dont la firme
Dagoty fut l’un des acteurs les plus prestigieux.
Sous l’Empire, elle a notamment
bénéficié du patronage de l’impératrice
Joséphine puis, sous la Restauration, de
celui de la duchesse d’Angoulême, dernière
fille survivante du roi Louis XVI et de la
reine Marie-Antoinette. Les porcelaines
de Dagoty étaient aussi très appréciées à
l’international, notamment en Russie, en
Savoie, et même jusqu’aux Etats-Unis, lors
des deux mandats du cinquième président,
James Monroe (1817-1825). Le style de ces
porcelaines se reconnaissait à la richesse
des décors, à l’utilisation ostentatoire de
l’or, tandis que l’extérieur s’ornait de décors
très sophistiqués. S’y ajoutait l’élégance des
formes et une grande variété de coloris.
Cette spécificité conférait aux services,
vases, tasses et autres objets produits par
Dagoty un éclat et une noblesse de nature à
séduire toute la haute société.
UNE TRADITION FAMILIALE
Descendant du grand miniaturiste Jean-
Baptiste André Gautier d’Agoty (1740-1786),
qui comptait parmi les peintres officiels
de la reine Marie-Antoinette, cette famille
d’artistes a simplifié son nom sous la Révolution.
Deux des fils de Jean-Baptiste se sont
lancés dans l’activité porcelainière. Engagés
d’abord chez Dihl et Guérhard, atelier fondé
à Paris en 1781 et qui a, un temps, détrôné
en prestige la manufacture royale de Sèvres,
Pierre-Louis et Etienne s’installent ensuite
dans un modeste logement du boulevard
des Italiens en tant que décorateurs sur
porcelaine. En 1798, sûrs de leur talent, ils
reprennent une manufacture en faillite,
Bougon, qui va très vite devenir une des
enseignes les plus prestigieuses de Paris,
en se spécialisant dans la peinture fine
sur porcelaine. Très rapidement, malgré le
décès d’Etienne en 1800, les produits signés
Dagoty connaissent une grande notoriété,
surtout lorsqu’en décembre 1804 l’impératrice
Joséphine accorde son parrainage à la
firme. Jusqu’à la chute de l’Empire, en 1814, la
manufacture s’intitulera ainsi ‘‘Manufacture
de S.M. l’Impératrice, P.L. Dagoty à Paris’’.
Dans la foulée, Pierre-Louis Dagoty ouvre
une très élégante boutique sur le boulevard
Poissonnière, où sont proposées des pièces
emblématiques du style néo-classique, en
vogue à l’époque, qui s’inspire de l’Antiquité
et des campagnes napoléoniennes (retour
d’Egypte, etc.), mais dans la manière typique
de Dagoty : dorure abondante, formes et
décors raffinés. En 1806, la manufacture
emploie ainsi pas moins de cent ouvriers
et obtient, en 1809, une médaille d’argent
à l’Exposition des produits de l’Industrie
pour des bas-reliefs ‘‘genre Wedgwood’’, un
trépied et un modèle de la Fontaine des
Innocents. Lors de la chute de Napoléon Ier,
en 1814, elle perd naturellement son privilège
impérial mais, dès 1815, bénéficie d’un
nouveau patronage, devenant jusqu’en 1820
‘‘Manufacture de S.A.R. Madame la Duchesse
d’Angoulême. P.L. Dagoty’’. Ses vignettes
dorées, peintes ‘‘au cul’’ de chaque objet pro-
51
Dagoty, surtout de table de style ''retour d’Egypte'', Paris, époque Empire, ca. 1805-1810, porcelaine en biscuit doré, groupe principal : 28,5 x 38,5
cm ; figures latérales : 31 x 26,8 cm chaque. Courtesy Richard Redding Antiques Ltd., Gündisau
« Expertiser une
pièce peut parfois
s’avérer délicat, car
si la plupart étaient
marquées, l’or s’est
parfois effacé avec
l’usage »
PASCAL DI EGIDIO
duit, servent à la promotion de Pierre-Louis,
de la manufacture Dagoty et de ses protecteurs,
mais montrent aussi que, si les régimes
passent, la qualité et la notoriété des porcelaines
Dagoty demeurent. Faute de quoi, les
agréments impériaux ou royaux auraient été
immédiatement retirés, comme d’usage à
l’époque. En 1810, Pierre-Louis s’associe avec
le porcelainier parisien François-Maurice
Honoré. Leur association dure jusqu’en 1819.
Après 1820, la production de Dagoty continue
seule, dans ses propres ateliers parisiens,
jusqu’en 1823, lorsque Pierre-Louis se retire
et revend la manufacture à Dominique
Denuelle. Ce dernier donne naissance à la
manufacture La Seynie, avec une production
qui se délocalisera définitivement, aux alentours
de 1900, vers cet autre grand centre
porcelainier qu’est Limoges.
UNE QUALITÉ CONSTANTE ET PRISÉE
Cette période relativement longue, c’està-dire
de 1798 à 1823, explique la grande
production de ces ateliers de qualité. La
manufacture Dagoty se distingue par une
grande variété de décors : du vert Empire
profond, des tons d’or mats et brillants
sophistiqués, des motifs inspirés de la
mythologie classique et parfois des références
aux formes antiques, notamment
égyptiennes et grecques, qui témoignent
d’une culture artistique riche et éclectique.
Les porcelaines Dagoty avaient aussi cette
particularité rare, héritée de la maison Dihl
et Gerhard, de la technique dite de ‘‘l’or
épais’’, qui consistait à recouvrir l’intérieur
des objets, généralement des tasses, d’une
épaisse couverte d’or, tandis que les décors
extérieurs étaient d’une extrême richesse
et variété, alternant les coloris foncés et
les décors à plusieurs tonalités d’or. Pascal
Di Egidio précise : « Dans la production
porcelainière parisienne de la fin du XVIIIe
et du début du XIXe siècle, Dagoty était
au summum de la qualité et du luxe, mais
connaissait un problème de rentabilité, car
ce décor à l’or très pur, appliqué en couches
très épaisses et qui tient particulièrement
bien sur la durée, était extrêmement cher à
réaliser. L’idée de cette production, reprise
par Dagoty, fut inspirée à Dihl et Gerhard
par le grand bronzier, ciseleur et doreur de
l’époque, Pierre-Philippe Thomire (1751-
1843), qui réalisait alors les plus beaux
bronzes. Il s’agissait pour les porcelainiers
de rivaliser avec sa production de bronzes
dorés, en jouant sur les reflets provoqués
par les différents aspects de l’or, brillant
52
ou mat, appliqué sur le biscuit. Dagoty,
notamment, est ainsi parvenu à un degré
d’illusion assez remarquable pour l’époque.
Une autre de ses productions caractéristiques
est le style ‘’retour d’Egypte’’, très
prisé sous l’Empire, dans lequel la manufacture
s’est particulièrement illustrée. » Dès
lors, ces porcelaines deviennent des objets
immédiatement reconnaissables, au grand
plaisir et prestige, d’ailleurs non exclusif,
des cours européennes. Aux Etats-Unis, la
table du président James Monroe s’ornait
ainsi, dès 1817, du service à dessert dit ‘‘à
aile amarante’’, par Pierre-Louis Dagoty et
Edouard D. Honoré, toujours conservé à la
Maison Blanche. Une autre particularité
de la maison Dagoty était la publication
d’un catalogue exhaustif, dessiné et peint
à la main, de tous les modèles qui furent
exécutés, dont un exemplaire complet est
conservé à Paris, au Cabinet des Dessins du
musée des Arts décoratifs.
UN BOUT D’HISTOIRE
De nos jours, posséder un objet de cette
manufacture, c’est détenir une pièce d’une
époque où la production parisienne rivalisait
d’ingéniosité et d’excellence avec
les créations européennes. Le charme
des décorations à l’or épais, la finesse des
couleurs, les formes élégantes et la rareté
confèrent à chaque pièce le statut de petite
œuvre d’art. A ce propos, Pascal Di Egidio
remarque : « On constate, depuis quelques
années, d’énormes chamboulements dans
le domaine, avec l’évolution du goût des
acheteurs. Heureusement, Dagoty conserve
tout son attrait et demeure une valeur sûre,
aux côtés des pièces de Sèvres ou de Meissen.
Il existe toujours un important socle de
collectionneurs passionnés, très informés
et prêts à payer le prix lorsqu’une pièce
importante resurgit. La plupart d’entre
elles proviennent de collections privées,
qui changent souvent de mains au moment
d’une succession. Avec leur histoire commune,
la France et la Belgique possèdent un
goût relativement similaire. Jusqu’à la chute
de l’Empire, les manufactures françaises
fournissaient d’ailleurs en pièces brutes
nombre de porcelainiers bruxellois. » Car
la porcelaine Dagoty séduit non seulement
par son esthétique, mais aussi par son
empreinte historique. Il s’agit de pièces très
prisées des collectionneurs, pour qui acquérir
une céramique de Dagoty, c’est investir
dans un patrimoine, certes fragile mais de
grand prestige. Le cachet impérial, suivi
du patronage royal, la qualité constante de
l’exécution, ainsi que l’attachement à des
formes classiques revisitées avec modernité,
la rareté et la finesse de leur exécution
en font ainsi des objets recherchés aux
enchères. Pascal Di Egidio : « En outre, il
existe peu de faux, ce qui est déjà rassurant
pour les collectionneurs néophytes, car
cette production est quasiment impossible
à imiter, à de rares exceptions près. Dans la
porcelaine de Dagoty, mais également en
général, l’état de conservation de la pièce
aura naturellement une influence déterminante
sur sa valeur marchande. Si l’état
est impeccable, on payera plus cher. Mais,
la rareté de la forme peut aussi compenser,
en terme de prix, d’éventuels fêles ou
accidents. Je conseillerais de se focaliser, au
début, sur un type d’objets, par exemple les
tasses, car on y trouve une grande diversité
dans un budget raisonnable, qui débute
aux alentours de mille euros pour un très
bel exemplaire et peut monter beaucoup
plus haut en fonction de la qualité et de
la rareté. En ce qui concerne les pièces de
forme, il faut compter entre 3.000 et 4.000
euros. » L’estimation d’une céramique
signée Dagoty dépend de plusieurs facteurs,
notamment le type d’objet, son état de
conservation, sa provenance et sa période
de production. La finesse de la porcelaine,
la qualité du décor et la précision des
détails constituent également des variables
importantes : « Expertiser une pièce peut
parfois s’avérer délicat, car si la plupart
étaient marquées, l’or s’est parfois effacé
avec l’usage. Fort heureusement, une abondante
documentation ancienne existe, qui
permet de confirmer une attribution. »
VISITER
Galerie L’Egide Antiques
Bruxelles
www.legide.be
LIRE
Régine Plinval de Guillebon, Dagoty à
Paris. La manufacture de porcelaine de
l’impératrice, Somogy, Paris, 2006,
ISBN 978-2-75720-024-7
SURFER
www.dagotyauction.com
Tasse en forme de cygne au naturel, début du XIXe siècle, biscuit non émaillé à l’extérieur et intérieur
or et sa soucoupe décorée d’une frise de motifs en biscuit non émaillé sur fond or, Manufacture de
Dagoty, Paris, marque ‘‘Manufacture de S.M l’impératrice P.L.DAGOTY à PARIS’’, L. soucoupe : 15 cm.
Hôtel des Ventes de Nation, Paris, 12-12-2015. © Hôtel des Ventes de Nation — 280 €
53
Une capsule
temporelle séculaire
Wily Sluiter, Simon van Gijn à l›âge de 71 ans, 1911.
© D. R.
Dordrecht, la plus ancienne ville
de Hollande, possède une maison
historique très singulière, peutêtre
même la plus complète des
Pays-Bas. Cet imposant bâtiment
est l’ancienne demeure de Simon
van Gijn (1836-1922) et de sa femme
Cornelia Vriesendorp (1840-1889). La
Huis Van Gijn offre aujourd’hui un
aperçu de la vie quotidienne dans
un intérieur de la haute société, vers
1900. Toutes les pièces, de la cave
au grenier, sont ainsi aménagées
comme si ses habitants allaient y
revenir d’un instant à l’autre.
TEXTE : ANDREA RIETVELD-MANUS
Le centre-ville de Dordrecht compte
plus de mille bâtiments. Une promenade
dans la ville équivaut à un
voyage dans le temps dont l’eau, les
perspectives exceptionnelles et les façades
bien entretenues constitueraient le décor.
La ville aux trois rivières est célèbre pour
ses nombreuses boutiques et magasins
d’antiquités, dans des bâtiments historiques
où le visiteur peut flâner pendant
des heures, au milieu de livres anciens et
autres trésors. L’Église Notre-Dame, la
Grande porte et plusieurs musées font
de Dordrecht une destination attrayante
pour une escapade d’un jour. La Huis Van
Gijn, maison et musée au riche passé, en
est l’une des principales curiosités. Simon
van Gijn est né en 1836, d’une mère fille de
banquier et d’un père armateur. Il a étudié
le droit à Leyde et exercé brièvement
le métier d’avocat, avant d’entrer dans
l’entreprise familiale, la société financière
Hooghwinkel & Co. Il épouse Cornelia
Agatha Vriesendorp, issue d’une riche
famille de Dordrecht. Ils emménagent au
numéro 29 du Nieuwe Haven et auront
huit enfants, dont un unique fils, mort à
la naissance. Vingt ans plus tard, ils font
transformer leur demeure, qui date de
1729, par le célèbre architecte Constantijn
Muysken, spécialiste du style de la Renaissance
hollandaise. Tout le côté droit du
bâtiment est ainsi rénové suivant la mode
de la fin du XIXe siècle. Des serres et peintures
murales sont intégrées de même que
des éléments de la fin du XVIIe siècle, provenant
d’autres bâtiments de Dordrecht,
comme la cheminée de la bibliothèque.
Cornelia meurt juste avant d’avoir atteint
l’âge des 25 ans. Son portrait se trouve
encore dans le bureau.
Simon van Gijn
investit l’argent qu’il
gagnait dans la
collection de gravures
anciennes, d’armes,
de maquettes de
bateaux, de pièces de
monnaie, d’argent et
de céramique.
MANIE DE COLLECTIONNEUR
Simon van Gijn s’intéresse, dès l’enfance,
à l’Histoire et, sur les encouragements de
son professeur de pensionnat, se met à
collectionner les gravures anciennes. Il
se passionne aussi pour l’art et l’artisanat.
Il investit l’argent qu’il gagne dans son
‘‘deuxième grand amour’’, la collection de
gravures historiques, d’armes, de maquettes
de bateaux, de pièces de monnaie,
d’argenterie et de céramique. Sa principale
collection est celle de gravures, l’Atlas Van
Gijn, qui compte trente mille pièces. Il les
étudie, les nettoie et les conserve précieusement
dans un coffre spécial. Plus
tard, il s’emploiera à les répertorier et à les
décrire. Il s’engage corps et âme en faveur
de la vie culturelle, à Dordrecht et au-delà,
organisant des expositions, entre autres
de gravures et autres objets de sa propre
collection. En 1892, il est l’un des cofondateurs
de la Vereniging Oud-Dordrecht,
qui disposera deux ans plus tard de son
propre musée. Il préside aussi, pendant
54
La salle en cuir doré dans son état rénové. © photo : Tomas Mutsaers
55
La cuisine. © photo : Peter den Ouden
des années, la Vereeniging Dordrechts
Museum. En 1900, il est nommé chevalier
de l’Ordre d’Orange-Nassau. À sa mort, en
1922, son abondante collection comme
sa maison sont léguées à la Vereeniging
Oud-Dordrecht, avec la mission d’en faire
un musée. Le musée Simon van Gijn ouvre
ses portes en 1925. Dans son testament,
il stipulait la conservation d’une partie
des pièces et des meubles, par exemple la
salle à manger et le bureau. D’autres pièces
furent aménagées de vitrines pour exposer
les collections. À la fin du siècle dernier, il
fut décidé de restaurer le bâtiment dans
l’état où il se trouvait à l’époque de Van
Gijn et de montrer la vie quotidienne
d’une famille bourgeoise, de la cave au
grenier. L’ancien intérieur reprit ainsi peu
à peu vie, grâce à des photographies, des
annotations, des dessins, des fragments
de peinture et de papier peint. Le musée
fête donc, cette année, son centenaire et la
dernière main est donnée à cette singulière
capsule temporelle. Un siècle plus tard, la
collection continue de s’étoffer avec des
pièces uniques appartenant à l’histoire de
Dordrecht.
Le caractère
exceptionnel de cette
salle de cuir doré
tient au fait qu’elle
est la seule à provenir
d’une maison
bourgeoise et à dater
du XVIIe siècle.
RICHESSE COLONIALE
Une salle de cuirs dorés du XVIIe siècle est
incluse dans ce décor. Cette pièce d’apparat
se trouvait à l’origine dans la résidence De
Rozijnkorf, à Dordrecht. Son commanditaire
était Pieter Adriaansz. van der Werff, qui fit
aménager cette pièce en 1686, au-dessus de
sa boutique. Ce genre de pièce avait pour
but de montrer la richesse de son propriétaire.
Pieter van der Werff était confiseur.
Les sucreries et autres produits coloniaux
étaient alors vendus dans les pharmacies.
Cette salle de cuir doré est ainsi associée au
passé colonial de la ville de Dordrecht. Si Van
Gijn était connu pour son aménagement
intérieur, ce fut son collègue collectionneur
Hidde Nijland qui acquit cette pièce lors
d’une vente publique, en 1890. Celle-ci fut
ensuite à nouveau mise à l’encan, puis redécouverte
en 1989 dans une villa de Wassenaar,
après avoir entretemps disparu. Elle
revint à Dordrecht et trouva place, en 2001,
dans la Huis Van Gijn. Le caractère exceptionnel
de cette salle de cuir doré tient au fait
qu’elle est la seule à provenir d’une maison
bourgeoise et à dater du XVIIe siècle. Le cuir
doré, la cheminée, le sol de l’âtre, les boiseries
de style classique, l’alcôve et le plafond sont
tous des éléments originaux. Le cuir doré est
d’abord une production du sud de l’Europe.
Il se compose de feuilles de cuir cousues
ensemble et gaufrées. Il est ensuite revêtu
d’une couche de feuille d’argent doté d’un
vernis jaune à travers lequel l’or étincèle. Le
cuir n’est donc pas réellement doré, contrairement
à ce que son nom laisse supposer.
Des couches de peinture multicolores font
vivre les motifs. À partir du XVIIe siècle, le
cuir doré devient très populaire comme
56
Le cuir doré se
compose de feuilles
de cuir cousues
ensemble et gaufrées.
On le dote ensuite
d’une couche de
feuille d’argent avec
un vernis jaune.
des motifs de laine et de soie prenait un
temps infini : plus il y avait de détails, plus
la scène était riche. La Huis Van Gijn est
la seule demeure des Pays-Bas dont les
murs sont encore revêtus de tapisseries
du XVIIIe siècle. La scène illustrée se lit
comme une bande dessinée qui présente
des scènes d’Il pastor fido (Le fidèle berger),
une pastorale de 1589. Elle fut confectionnée
à Audenarde. Du XVe au XVIIIe
siècle, cette ville sur l’Escaut était connue
pour ses tapisseries, reconnaissables à une
marque unique et pour ses ‘‘verdures’’. L’intérieur
de cette salle date de la construction
du bâtiment, avec ses boiseries et
peintures de style Louis XIV par Adriaan
van der Burg (1693-1733). Simon van Gijn
en prit autant soin que les propriétaires
précédents. Il stipulait, dans son testament,
que cette pièce devait rester en l’état
après sa mort.
VISITER
Huis Van Gijn
Dordrecht
www.huisvangijn.nl
‘‘papier peint’’, dans la classe moyenne aisée.
Malines, capitale éphémère (de 1507 à 1530)
des Pays-Bas espagnols, sous le gouvernement
de Marguerite d’Autriche, tante de
Charles Quint, est alors le principal centre
de production régional. Alors que, dans le
sud de l’Europe, notamment à Cordoue, on
utilise surtout du cuir de chèvre et de mouton,
on privilégie ici le vélin, plus souple. Le
cuir doré des Pays-Bas est donc connu pour
ses reliefs prononcés.
RESTAURATION INTENSIVE
Comme la pièce de cuir doré ne faisait
pas partie de la maison de Van Gijn à
Dordrecht, elle fut déplacée en 2025 dans
le bâtiment adjacent. Lors de cette opération,
elle a été restaurée avec soin par une
équipe d’experts. Les éléments du plafond,
revêtu de peintures d’Augustinus Terwesten
(1649-1711), ont été entrés par les
fenêtres et disposés dans un nouvel emplacement.
Les restaurateurs de meubles ont
reconstruit une façade entière vitrée, qui
avait disparu au fil des siècles. Les parties
manquantes, précédemment remplacées
par des facsimilés, ont été reconstituées. Il
est donc désormais possible de retrouver
dans cette pièce le même rayonnement
qu’il y a 350 ans. En dehors du cuir doré,
les tentures murales étaient également en
vogue pendant des siècles, dans les cours
royales et la bourgeoisie. La confection
Il existe une différence notable entre l’ancien cuir doré et le cuir nouvellement fabriqué, aux couleurs
vives comme au XVIIe siècle. © photo : Arjen Veldt
Contrôle du moule avant pressage. © photo : Arjen Veldt
57
Portrait d’une vieille femme, 1651, huile sur panneau, 41 x 33 cm. Vienne, Kunsthistorisches Museum.
58
L’oeuvre révèle l’artiste
Qui était
le Maître I.S. ?
L’artiste qui signait des lettres
‘‘I.S.’’ demeure l’une des plus
grandes énigmes de la peinture
néerlandaise du XVIIe siècle.
De fait, nul ne sait qui se cache
derrière les tableaux saisissants
de ce contemporain de
Rembrandt.
TEXTE : BERNADETTE VAN DER GOES
«
Toujours
des personnages
étranges ou des vêtements
étranges », c’est
en ces termes que l’historien
de l’art allemand Wilhelm von Bode
(1845-1929) décrivait, en 1891, les tableaux
qu’il connaissait du Maître I.S. Quel était
ce monogrammiste qui peignait avec réalisme
des trognes, portraits et tableaux de
genre d’érudits dans leurs cabinets de travail
? La plupart de ses œuvres, de grande
qualité, figurent dans d’importantes
collections internationales, qui rappellent
beaucoup celles de peintres néerlandais
du XVIIe siècle, mais pas tout à fait. Car les
tableaux du Maître I.S. possèdent souvent
leur propre singularité : les objets,
dans les scènes de genre, et les vêtements
des personnages signalent une origine
différente. Leur tenue indique clairement
qu’ils ne sont pas Hollandais, tandis que le
réalisme des trognes de Maître I.S. dépasse
largement celui de ses collègues néerlandais.
Chez cet artiste, elles sont souvent
hyperréalistes, voire d’une authenticité
étonnante. D’où ce peintre venait-il, chez
qui a-t-il appris le métier, où et quand a-t-il
vécu et travaillé ? Nul ne sait d’ailleurs s’il
était homme ou femme, même si le premier
genre semble le plus probable.
REGARDER ET ASSOCIER
Les historiens de l’art sont, depuis longtemps,
fascinés par ce mystérieux artiste,
dont l’œuvre conservé se compose d’une
petite trentaine de tableaux et qui est
désormais considéré comme faisant partie
de l’école de Rembrandt. Mais il n’existe
pas de trace écrite sur son identité et sa vie
personnelle. Ces dernières années, pour
tenter de percer ce mystère, des conservateurs
du Serlachius Museum de Mänttä,
en Finlande, et du musée De Lakenhal, à
Leyde, aidés de professeurs d’histoire de
l’art de l’Université Radboud de Nimègue,
ont mené des recherches approfondies
sur le Maître I.S. Celles-ci ont débouché
sur la mise sur pied d’une exposition des
principaux tableaux connus, déjà montrée
au musée de Mänttä et aujourd’hui
présentée à Leyde. Ces chercheurs ont,
en outre, rédigé la première monographie
consacrée à l'artiste, véritable tour de
force car le manque de sources écrites les
a forcés à se concentrer sur ses tableaux.
Cette approche, consistant à examiner à
la loupe et à combiner judicieusement les
indices factuels, a généré d’importantes
Le réalisme des
trognes du Maître I.S.
dépasse largement
celui de ses collègues
néerlandais.
connaissances et il est désormais possible
d’identifier l’un des personnages du Maître
I.S. comme étant un autoportrait. Grâce
aux datations opérées sur un certain
nombre de tableaux, nous savons qu’il fut
actif entre 1633 et 1658. Les vêtements,
accessoires, meubles et autres objets
illustrés paraissent provenir des régions
qui bordent la mer Baltique, autrement dit
l’actuelle Scandinavie et l’Europe orientale.
Les objets, la composition, l’éclairage,
les étoffes imprimées et la précision des
détails révèlent que le Maître I.S. a très
probablement séjourné à Leyde ou qu’il
a, à tout le moins, approché de très près
les fameuses trognes des jeunes peintres
de Leyde comme Rembrandt, Jan Lievens
et Gerrit Dou, réalisées au début de leur
carrière.
ANOMALIES
Les trognes, à ne pas confondre avec les
portraits, sont des tableaux représentant
des visages non singularisés. Le genre est
introduit à Leyde, dans les années 1625-
1630, par Jan Lievens et Rembrandt. Il
ne s’agit au début que de simples études
59
Le panneau intitulé
Homme avec une
excroissance sur le
nez est si réaliste qu’il
suscite à la fois horreur
et compassion.
Portrait de femme, tournée vers la gauche, ca. 1650. Montréal, Musée des Beaux-Arts.
de peau, poils ou taches sont visibles. Ses
yeux bleu acier bordés de rouge, la femme
serre les mâchoires et se pince les lèvres.
Elle a sans doute trimé sa vie durant. Si
son regard est triste, ses traits déterminés
trahissent une forte personnalité. Ce qui
donne envie d’en savoir plus sur elle. Les
œuvres du Maître I.S. furent collectionnées
dans les plus hautes sphères internationales.
On sait que ce Portrait d’une vieille
femme se trouvait en 1659, huit ans à peine
après sa réalisation, dans les collections de
l’archiduc Léopold-Guillaume d’Autriche,
grand collectionneur et mécène. L’artiste
aurait, selon certaines hypothèses, vécu et
travaillé un certain temps à Leyde. Il aurait
aussi été en contact, à Amsterdam, avec
des marchands qui commerçaient avec
les pays bordant la mer Baltique. Partant,
il serait peut-être retourné dans son pays
d’origine, inconnu à ce jour.
devant servir d’exercice pour camper
physionomie et émotions. Des personnes
de l’entourage immédiat des peintres
posent comme modèles. Au fil du temps,
ces trognes deviennent un genre à part
entière où les modèles sont transformés
en personnages fictifs. Elles sont si prisées
des collectionneurs que Rembrandt et Jan
Lievens en réalisent aussi des estampes.
Les trognes du Maître I.S. sont d’une vingtaine
d’années plus tardives et, par leur
forme, leur composition, leurs couleurs
et leur éclairage, font écho aux œuvres de
ses deux célèbres prédécesseurs. Un écho
qui a sa propre résonance : chez le Maître
I.S., les visages ne sont plus uniquement
des modèles transformés en personnages
fictifs ; ils ressemblent à de véritables êtres
humains. Le petit format des panneaux,
l’arrière-plan souvent obscur et le position-
nement des personnages à l’avant-plan
créent une atmosphère intime. Curieusement,
le Maître I.S. a également peint des
personnes au visage déformé. Par exemple,
un homme borgne ou une femme avec un
grain de beauté sur la paupière. Le panneau
intitulé Homme avec une excroissance
sur le nez est si réaliste qu’il suscite à la fois
horreur et compassion.
UN OBSERVATEUR AVISÉ
Le Maître I.S. connaissait parfaitement la
technique de la peinture. Doté d’une formidable
empathie, c’était un bon observateur
qui rendait avec une attention intense
la physionomie de ses personnages. Dans
son Portrait d’une vieille femme (1651), il
a exécuté, avec une multitude de détails,
le visage d’une femme simple portant un
fichu sur la tête. Les moindres rides, plis
VISITER
Un mystère magistral. À propos d’un
contemporain énigmatique de Rembrandt
du 11-10 au 08-03-2026
Musée De Lakenhal
Leyde
www.lakenhal.nl
LIRE
Coll., Master I.S. – Enigmatic Contemporary
of Rembrandt, Parvs, Helsinki, 2025, ISBN
978-9-52744-192-3, 35 €
60
Homme avec une excroissance sur le nez, 1645, huile sur panneau, 48 x 37 cm. Stockholm, Nationalmuseum.
61
La vie du conservateur
Ralph Collier – #009
« L’imagination débute
dans le non-savoir »
Le conservateur Ralph Collier précise l’idée qui soustend
toute l’exposition organisée au musée M de
Louvain : et si l’inconnu n’était pas une limite, mais un
point de départ ? Avec Dusty Die d’Alicja Kwade (1979),
il associe art et science, dans un parcours aussi précis
que poétique. Il nous guide à travers des œuvres qui
n’expliquent pas, mais questionnent, et montre à quel
point le doute et le non-savoir peuvent être un terreau
favorable à l’imagination.
Alicja Kwade, Blue Days Dust, 2024. © de l’artiste / photo : Archive Kwade
« Au M, nous
voulons que
le visiteur
sorte avec
des questions
pertinentes sur
l’environnement,
les matériaux et
le cosmos »
RALPH COLLIER
© photo : Stie De Neve
Quelle fut la motivation ou
l’idée sous-jacente à cette
exposition ?
« Dusty Die d’Alicja Kwade constitue
le dernier volet des célébrations
des 600 ans d’existence de
l’Université catholique de Louvain.
Pour l’occasion, nous avons
cherché un artiste contemporain
qui associe, de manière originale,
art et science. Le choix s’est porté
sur Alicja Kwade, car elle relie
concepts scientifiques, questions
philosophiques, sculptures et installations.
Elle ne fournit pas des
réponses définitives, mais laisse
place à la poésie, au doute et aux
possibilités du non-savoir. Elle se
base sur des idées scientifiques
et philosophiques qu’elle traduit
en installations sensorielles.
Elle utilise la pierre, le métal, le
verre et les miroirs, mais aussi les
roches et pigments anciens. Par
des effets de miroirs, de répétitions
et d’équilibre, elle renverse
les concepts de temps, de hasard
et de pesanteur. Compte tenu
des réactions inattendues, le sens
change en même temps que la
position. L’exposition est conçue
comme un parcours de réflexion
palpable : techniquement précis,
ouvert quant à son contenu et
axé sur une observation lente et
sur la curiosité. L’artiste montre
les œuvres-clés de sa production
récente, avec de nouvelles installations
à la mesure du musée. »
Quels furent vos critères de
sélection ?
« Et si l’inconnu n’était pas une
limite, mais un point de départ ?
Cette idée a donné lieu à une sélection
sans plan strict, basée sur
une série d’expériences. L’artiste
explore notre façon d’organiser
le monde et les lignes de faille
qui en résultent. L’exposition a
trouvé un rythme qui a débuté
comme une quête, en suivant
une certaine logique. Son œuvre
montre notre façon d’organiser
la réalité par le langage, les
mathématiques ou les instruments
de mesure, des systèmes
qui semblent moins neutres dès
qu’on change de point de vue.
Elle traduit des concepts comme
le temps et la pesanteur, non
pour les expliquer, mais pour
nous les révéler. C’est dans le
non-savoir que débute l’imagination.
Le titre Dusty Die réunit
toutes ces idées. ‘‘Dusty’’ se
réfère à la poussière – fugace et
cosmique – et ‘‘Die’’ au dé, symbole
du hasard. Ces deux notions
renvoient à un monde que nous
ne maîtrisons jamais totalement,
mais qui prend tout son sens dès
lors que nous n’en finissons pas
de le regarder. Notre époque se
caractérise par l’incertitude et les
systèmes chancelants. Dusty Die
ne fournit pas de réponses, mais
invite à revoir les conjectures et à
observer lentement. De la poussière
microscopique à l’incommensurabilité
de l’Univers. »
Quelle œuvre ou quel moment
de l’exposition constitue,
selon vous, le cœur de cette
histoire ?
« Son cœur s’articule, selon moi,
autour de ces deux moments
que sont le hasard et l’aboutissement.
Le premier est In Ewig
den Zufall betrachtend, cinq
dés lévitant au ralenti. Filmé
au rythme de dix mille images
par seconde, le clignement
d’yeux dure à l’infini. Le film
recommence au moment où le
spectateur s’attend à atterrir. Ce
largage est hésitant, mais vous
continuez à regarder avec intérêt
62
« Dusty Die est une exposition
conçue comme un parcours de
réflexion palpable : techniquement
précis, ouvert quant à son contenu et
tourné vers une observation lente et
la curiosité »
RALPH COLLIER
et espoir. Le second est Blue Days
Dust, une chambre d’un bleu
intense avec, au centre, un bloc
de lapis lazuli de deux mille kilos.
La peinture pigmentée des murs
a été obtenue à partir de cette
pierre, d’où l’on tirait l’ancestral
pigment outremer. L’œuvre
montre la tension entre la Terre
et le cosmos, le poids et la légèreté,
l’objet et la surface colorée.
Qu’est-ce qui donne de la valeur
à une chose, la pierre ou ce que
nous en faisons ? Ces œuvres
résument l’exposition : le hasard
sans fin, le temps qui s’étire à
l’infini, la matière qui change
de sens. Alicja Kwade renverse
systèmes et certitudes juste assez
pour autoriser un autre regard. »
Quel rôle jouez-vous dans
cette exposition ?
« L’installation est, à mes yeux,
un enchaînement d’expériences
qui interpellent les sens d’une
manière chaque fois différente.
Le parcours varie de l’obscurité
à la lumière, du mouvement au
repos. Le rôle du M est celui d’un
guide discret : nous ajustons le
rythme et la lumière, mais laissons
les œuvres parler. L’approfondissement
s’opère en dehors
de l’image : par le truchement
d’un guide, de questions et des
voix des professeurs de l’UC
Louvain. Un dialogue s’établit
alors entre l’expérience artistique
et la réflexion scientifiques. Le
programme public prolonge
Alicja Kwade, Hubwagen, 2012-2013. © de l’artiste / Courtesy René
Block Edition / photo : Roman März
Alicja Kwade, Superheavy Skies, 2022. © de l’artiste / Courtesy 303 Gallery, New York
/ photo : Justin Craun
ce dialogue : le juriste Philip De
Man s’exprime sur le droit de
l’espace, le cosmologue Thomas
Hertog discute avec l’artiste du
temps qui passe et avec la philosophe
Sylvia Wenmackers de
modèles scientifiques en guise
de fiction. Pas de réponses, mais
des questions plus pointues qui
élargissent le regard. Nous nous
réjouissons de faire découvrir
Alicja Kwade au public belge
avec, pour la première fois, une
exposition personnelle. »
Que souhaitez-vous que les
visiteurs retiennent de cette
exposition ?
« J’espère avant tout qu’ils
apprendront à poser un regard
différent. Plus lent, plus alerte,
en gardant à l’esprit que leur
position détermine ce qu’ils
voient. Le non-savoir n’est pas
une déficience intellectuelle,
mais un état favorable à l’imagination
et au sens. J’espère
aussi qu’ils comprendront que
le temps, la mesure et la valeur
sont des instruments culturels,
puissants mais provisoires. Le
savoir croît collectivement, en
mesurant, posant des questions
et les adaptant. Au M, nous
voulons que le visiteur sorte
du musée avec des questions
pertinentes sur l’environnement,
les matériaux et le cosmos. Leur
plus beau souvenir sera peutêtre
l’envie de prendre l’inconnu
comme point de départ. »
Si vous deviez choisir une
œuvre, quelle serait-elle et
pourquoi ?
« J’en choisirais deux : Superheavy
Skies et Hubwagen. La
première m’émeut, car des
rochers énormes semblent flotter
dans un système fragile de tiges
et de fils. A la moindre secousse,
tout chavire. Cela prouve à quel
point les certitudes sont calibrées
en permanence. Le regard s’en
trouve ralenti et une attitude se
profile : s’adapter sans cesse et
trouver le repos dans un équilibre
jamais définitif. Hubwagen
propose le contraire : un objet
usuel familier décrit des cercles
à l’infini. Productif d’apparence,
mais qui n’évolue pas. Il révèle
les routines dont nous sommes
prisonniers et illustre le temps
qui passe sous la forme d’un
cercle. Hubwagen est parfois
activé durant l’exposition, de
façon à rendre cette boucle sans
fin littéralement visible. Les deux
œuvres constituent une sorte de
boussole : Superheavy Skies pour
l’intérêt et l’adaptation, Hubwagen
comme mise en garde
contre le pilote automatique. »
Alicja Kwade. Dusty Die
du 10-10 au 22-02-2026
Musée M
Louvain
www.mleuven.be
63
Sélection Musées
L’appel de la nature
du 04-10 au 25-01-2026
CAP
Mons
www.cap.mons.be
L’instinct et
la matière
du 11-10 au 01-03-2026
Keramis
La Louvière
www.keramis.be
Après les avoir présentées
à Bozar en
2021 et un peu partout
ailleurs depuis, David
Hockney (1937) installe
à Mons ses œuvres
issues de dessins
réalisés sur Ipad. Ici
cependant, elles ne
constituent pas le
cœur de l’exposition,
mais s’intègrent dans
la thématique de
celle-ci : la relation de
l’homme à la nature.
Un sujet extrêmement
pertinent aujourd’hui
et qui se décline au
fil de l’accrochage en
plusieurs sections : la
terre nourricière, les
champs, les saisons,
les fleurs, la solitude
et la poésie. Dès lors,
l’artiste britannique
dévoile aussi des
peintures de format
monumental traitant
de ce sujet. Elles seront, à leur tour, accompagnées de tableaux et sculptures
d’autres maîtres, non moins prestigieux, puisqu’il s’agit de Vincent van Gogh,
Edvard Munch, Constantin Meunier ainsi que d’artistes nordiques comme Albert
Edelfelt et Konrad Mägi. Dans les salles, la symphonie Le Chant de la Terre de Gustav
Mahler offre un judicieux contrepoint musical. (ah)
David Hockney, The Arrival of Spring in Woldgate, East Yorkshire in 2011 (twenty eleven) – 30 April,
dessins sur iPad imprimé sur papier, éd. de 25, 55 x 41,5 cm. Ersnt Colletion © de l’artiste
« Ce qui me guide, c’est l’instinct », confiait
Clémence van Lunen dans un entretien donné
en 2020 à Artension. L’instinct, le sens du
volume, et les défis de la matière, outre aussi
un goût certain pour la nature, ces trois éléments
innervent le travail mené par Clémence
van Lunen (1959). Née à Bruxelles, elle estime
trouver dans le volume son meilleur moyen
d’expression et va se former chez le sculpteur
Michel Smolders, puis aux Beaux-Arts à Paris,
où elle réside aujourd’hui. Le travail de la terre
l’attire peu à peu, peut-être pour son lien
immédiat avec la nature, lien qu’elle va approfondir
par des séjours au Japon, avant d’aller
étudier la porcelaine en Chine. Ces jalons
formateurs aiguisent l’instinct, cette force
spontanée qui fait surgir un monde de formes
colorées, d’hybrides entre végétal et minéral,
voguant dans des lieux incertains, entre
ludiques, monstrueux et joyeux. Un monde
formidable à découvrir dans cette rétrospective
de trente ans de carrière. (ah)
Clémence van Lunen, Cactus #11, 2017, grès et briques
émaillées, 113 x 39 x 33 cm. © de l’artiste / Courtesy
Galerie Polaris, Paris
La poésie du quotidien
du 09-10 au 22-02-2026
La Centrale
Bruxelles
www.centrale.brussels
Michel Couturier, Fer à béton, 2020, fusain
sur papier, 200 x 125,5 cm. © de l’artiste /
photo : Philippe De Gobert
Réunissant cinq vidéos récentes, une installation, une quarantaine de dessins et une série toute
nouvelle d’impressions numériques, cette exposition retrace les dix dernières années de l’œuvre
de Michel Couturier (1957-2024). L’artiste, qui a représenté la Belgique à la Biennale de Venise en
1986, n’a cessé de développé un œuvre pluridisciplinaire dont l’une des caractéristiques saillantes
est d’entrer en dialogue avec la sculpture, l’architecture et l’espace public. Comme en témoigne cet
accrochage monographique, les images fixes ou mouvantes, captées au fil de paysages bucoliques
ou urbains, entrent en résonnance avec des mots d’auteurs anciens comme Homère (VIIIe siècle
av. J.-C.) ou Cesare Pavese (1908-1950), ou avec ceux de l’artiste lui-même. S’y déploie doucement
la poésie du quotidien, soit tout ce qui alerte les sens quand on y prête attention. (ah)
64
Un grand versatile
du 15-10 au 26-01-2026
Le Louvre
Paris
www.louvre.fr
Formé dans les
dernières années
du Rococo, s’imposant
ensuite
comme l’un des
premiers et des
plus importants
représentants
du néo-classicisme,
devenant
ensuite le chantre
de Napoléon,
Jacques-Louis
David (1748-
1825) est l’un des
peintres majeurs
de France,
créant quelques
chefs d’œuvres
incontournables
comme Marat
assassiné ou le
Sacre de Napoléon.
Activiste
forcené de la
Révolution, il
n’hésita pas à
retourner sa veste
pour continuer à peindre, ce qui, finalement, le conduisit à l’exil. C’est d’ailleurs
à Bruxelles qu’il s’éteignit. Cette exposition est donc organisée afin de célébrer
le bicentenaire de sa mort mais aussi afin de renouveler la vision que l’on porte
sur cette personnalité orgueilleuse et complexe, dont l’œuvre est d’une richesse
exceptionnelle. Les commissaires souhaitent en effet mettre en lumière la force
d’invention et la puissance expressive de la peinture de David, plus chargée de
sensations que ce que l’imposante rigueur de ses tableaux laisse penser. (ah)
Jacques-Louis David, Marat assassiné, 1793, huile sur toile. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-
Arts de Belgique. © photo : J. Geleyns – Art Photography
Le maniérisme italien
en France
du 22-10 au 01-02-2026
Beaux-Arts
Paris
www.beauxartsparis.fr
Afin de décorer le château de Fontainebleau,
François Ier puis Henri II ont invité Rosso Fiorentino
(1595-1540) et Francesco Primaticcio, dit Le
Primatice (1504-1570). Ces Italiens importèrent en
France la nouvelle tendance artistique du moment,
le maniérisme, adoptée et diffusée par leurs aides
français. Copiant les modèles des décors peints
et sculptés, suivant la genèse et l’évolution de
ce formidable chantier, de nombreux dessins de
mêmes que des estampes à l’eau-forte traduisent
abondamment cette assimilation. Cette exposition
s’est construite sur base des collections des Beaux-
Arts de Paris, qui possèdent un fonds exceptionnel
d’œuvres du XVIe siècle, l’un des plus importants
en France avec celui du Louvre. La première partie
du parcours présente les décors peints et sculptés
encore en place et ceux aujourd’hui disparus,
grâce aux dessins préparatoires et à ceux réalisés
sur le chantier, aux copies dessinées et estampes.
La seconde phase est dédiée aux eaux-fortes réalisées
par l’atelier de gravure bellifontain dans les
années 1540. Enfin, la troisième partie étudie les
sources antiques et contemporaines ayant inspiré
les artistes à la cour de Fontainebleau. (ah)
Antonio Fantuzzi, Un cryptoportique, eau-forte, contrecollé
aux coins, 29,3 x 42,1 cm. © Beaux-Arts de Paris
George Condo
du 10-10 au 08-02 2026
Musée d’Art Moderne de la Ville
Paris
www.mam.paris.fr
George Condo, The portable Artist, 1995.
Collection privée. © ADAGP
Après les rétrospectives consacrées à Jean-Michel Basquiat et à Keith Haring, cette exposition
constitue le dernier volet d’une trilogie new-yorkaise, explorant l’émergence dans les années 1980
d’une nouvelle génération de peintres. Un propos d’autant plus pertinent que Georges Condo
(1957) fut un ami proche de ces deux artistes. Installé à New York dès 1979, il fut de fait très vite
introduit dans la scène artistique locale, travaillant entre autres dans l’atelier de sérigraphie d’Andy
Warhol. Il s’installa ensuite à Cologne, puis à Paris, qui devint son lieu principal de résidence, de
1985 à 1995. L’exposition, conçue en dialogue avec l’artiste, retrace plus de quatre décennies de
carrière, réunissant les plus emblématiques de ses oeuvres. Elle donne à voir la diversité de sa
pratique au travers de trois thématiques principales : le rapport à l’histoire de l’art, le traitement de
la figure humaine et le lien à l’abstraction. (ah)
65
Sélection Musées
La soeur de l’autre
du 10-10 au 11-01-2026
Schirn Kunsthalle
Francfort
www.schirn.de
Pas drôles ?
du 18-10 au 08-03-2026
LAAC
Dunkerque
Les Duchamp formaient
déjà une belle fratrie
artistique : Marcel, le plus
facétieux, dynamiteur
consciencieux des arts ;
Raymond Duchamp-
Villon, le sculpteur cubiste
et Jacques, le peintre.
Mais comme l’établit
Marcel lui-même dans
une exposition montée
à Rouen en 1967, les trois
mousquetaires étaient
accompagnés d’un
d’Artagnan, incarné ici
par leur soeur Suzanne
(1889-1963). Comme le
démontre cette exposition,
elle fut une artiste
bien engagée dans les
avant-gardes tout en
restant farouchement
indépendante. Ainsi, elle
expérimente divers nouveaux
médiums comme
le collage, mais recourt sans préjudice, autant à la figuration qu’à l’abstraction. Liée
au mouvement Dada, elle a créé un langage pictural subtil et unique, en combinant le
ready-made, des inscriptions poétiques et des formes géométriques. Après la période
Dada, son oeuvre n’a cessé de se renouveler. Cette rétropective bénéficie de découvertes
et recherches récentes, qui mettent à l’honneur une figure trop vite mise au
placard par une histoire de l’art assez misogyne. (ah)
Suzanne Duchamp, Jeune Fille au Chien (Young Girl with Dog), 1912, huile sur toile, 92 × 73 cm. Paris,
Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Suzanne Duchamp / VG Bild-Kunst, Bonn 2025 / CNAC-MNAM /
photo : Bertrand Prévost
Très souvent,
les féministes
ont été (sont
encore ?)
taxées d’un
manque
d’humour.
Comme chacun
le sait,
l’humour
est un terme
masculin…
pourquoi
donc la gent
féminine
devrait-elle
s’en préoccuper ? Trêve de plaisanterie : il
suffit de considérer les œuvres de la géniale
Evelyne Axell (1935-1972) pour être séduit
par son ironie implacable, la frondeuse et
malicieuse image qu’elle donne de la femme.
Plusieurs œuvres de l’artiste font partie de
cette exposition consacrée à la deuxième
vague féministe, soit aux années 1960-1970.
Le parcours présente un ensemble d’artistes
ayant manié l’humour afin de s’en servir
comme d’une arme militante, en parodiant
des œuvres d’hommes ou en détournant
l’idéal féminin, même sans avoir peur de
se parodier. Des œuvres savoureuses, qui
rappellent avec acuité qu’aujourd’hui encore,
les droits des femmes sont loin d’être acquis.
(ah)
Evelyne Axell, Sans titre (Ouf !), ca. 1964, techniques
mixtes et collage sur papier, 55 x 36,5 cm. Collection
Philippe Axell. © Adagp, Paris, 2025
Espace et volume
du 11-10 au 02-03-2026
Peggy Guggenheim Collection
Venise
www.guggenheim-venice.it
Lucio Fontana, Banane et poire, céramique polychrome, 16,6 x
26 cm. Rira Collection. © Fondazione Lucio Fontana, Milano /
photo : SIAE 2024
Ses toiles monochromes, simplement lardées de coups de couteau, figurent
parmi les œuvres les plus célèbres de l’art contemporain. Mais Lucio Fontana
(1899-1968) fut, avant tout, un sculpteur et un céramiste hors pair. Cette exposition
se consacre donc exclusivement à ce riche corpus d’œuvres céramiques,
offrant un témoignage exceptionnel de son imagination créatrice et démontrant
que l’artiste y étudie déjà la captation de l’espace, qu’il confronte ici au
volume. Plusieurs dizaines d’œuvres témoignent des divers sujets abordés :
figures humaines, animaux, arlequins, guerriers et formes abstraites. Si certaines
sculptures soulignent la nature organique du médium, d’autres sont
émaillées de couleurs vives et intenses. Certaines ont été produites en série,
tandis que d’autres sont des pièces uniques. L’exposition présente également
des photographies de l’artiste au travail et révèle l’importance de sa main
dans le processus créatif. (ah)
66
La star des photographes de stars
du 09-10 au 11-01-2026
National Portrait Gallery
Londres
www.npg.org.uk
Le panel de personnes
passées
devant l’objectif
de Cecil Beaton
(1904-1980) est
impressionnant,
des stars
d’Hollywood aux
représentants de
la haute société
et de la royauté,
en passant par
des artistes
renommés :
Marilyn Monroe,
Audrey Hepburn,
Elizabeth Taylor,
Marlon Brando,
la reine Elizabeth
II, la princesse
Margaret, Lucian
Freud, Francis
Bacon ou Salvador
Dalí. Comme
cette exposition
le démontre,
Cecil Beaton
fut d’abord un
photographe
de mode et ses premiers clichés constituèrent la base de son succès, car il y développa
un style devenu ensuite emblématique et qui lui assura une ascension fulgurante,
l’alliance du glamour scénique édouardien et de l’élégance moderne, reflet des temps
nouveaux. En outre, Cecil Beaton fut également un illustrateur de mode, un costumier
oscarisé, un caricaturiste social et un écrivain perspicace. Celui qui fut surnommé ‘‘Le
Roi de Vogue’’ devint ainsi une figure majeure de la création britannique et américaine
du XXe siècle. (ah)
Au pays de
Gengis Khan
du 24-10 au 22-02-2026 Museum Rietberg
Zurich
www.rietberg.ch
Le titre donné à cet article résume parfaitement
les stéréotypes qui concernent la Mongolie
: des steppes arpentées par des bergers
nomades ou tailladées par des hordes de
guerriers sauvages. Bienvenue donc dans
cette exposition, nourrie par les derniers résultats
de la recherche archéologique menée
dans ces régions fascinantes. De nombreux
objets, comme des tissus précieux, jamais vus
hors Mongolie, évoquent une histoire plus
riche, plus nuancée qu’elle ne l’a jamais été.
Ainsi, le visiteur est invité à se plonger dans
la culture colorée et vivante des grandes cités
construites dans la steppe mongole, entre les
IIe et XIVe siècles. L’exposition souhaite démontrer
combien les steppes d’Asie du Nord
étaient alors devenues la plaque tournante
d’un espace culturel précoce, entre l’Europe
et l’Asie orientale. (ah)
Cavalier mongol, de l’Album Diez, Tabriz (?), Iran, 1er
quart du XIVe siècle. © Staatsbibliothek zu Berlin –
Preussischer Kulturbesitz, Orientabteilung
Cecil Beaton, Audrey Hepburn dans sa tenue pour “My Fair Lady”, 1963, couleurs originales. Londres,
The Cecil Beaton Archive.
Le paysage fantastique
du 11-10 au 22-02-2026
Museum Arnhem
Arnhem
www.museumarnhem.nl
Le surréalisme vu sous un nouvel angle : dans cette exposition, le musée d’Arnhem montre comment
les surréalistes ont utilisé le paysage comme un miroir de la société. Plus de cent œuvres,
notamment de Magritte, Carrington, Lee Miller et d’artistes contemporains, montrent comment
les images oniriques ne révèlent pas seulement notre for intérieur, mais reflètent également les
tensions politiques et les questions climatiques. Avec quatre chapitres thématiques, allant de la
psychanalyse aux identités fluides et aux croisements entre l’homme et la nature, l’exposition
propose une perspective innovante. Pour la première fois aux Pays-Bas, le paysage fut ainsi au
centre de l’un des mouvements artistiques les plus influents du XXe siècle. (eb)
René Magritte, The Flavour of Tears, 1948, huile sur toile. © Pictoright Amsterdam 2025
67
Agenda Musées
CNN199
△ CNN199: 35 ans de hiphop
activism
16-10 till 16-11
Design Museum
△ Design & Comics:
Living in a Box
18-10 till 01-03-2026
△ Entre Paris et Bruxelles.
La période Art Déco du
couple Baucher-Feron
till 02-11
Fondation A
△ What’s the word?
Johannesburg!
till 21-12
motief, all over
till 02-11
Musée Juif
△ There is a crack in
everything
till 14-12
Musée Mode &
Dentelle
△ 40+ years of stijl
till 11-01-2026
Musées royaux
des Beaux-Arts de
Belgique
△ Georges Muerant
meets Bonolo Kavula
07-10 till 10-03-2026
Espace Gaston Bertrand, Bruxelles. © D. R.
Antwerpen
De Warande
△ Random Well-
Organised Universe
Timecircus
till 16-11
FOMU
△ Magie en Macht.
Fotografie in België,
1839-1900
24-10 till 08-03-2026
△ No longer not yet.
Katja Mater en FOMU-
Collectie
till 22-02-2026
KMSKA
△ Eugeen Van Mieghem
02-10 till 11-01-2026
△ Donas, Archipenko & La
Section d’Or Betoverend
modernisme
04-10 till 11-01-2026
△ Visionair Verzameld.
Private verzamelingen
in dialoog met de Oude
Meesters / Paul Van
Hoeydonck
till 12-10
Kunsthal Extra City
△ Bianca Baldi. Sea
Through Skin
till 25-01-2026
△ Periphery
till 31-12
M HKA
△ Pauline Curnier Jardin
10-10 till 25-01-2025
△ De toestand is vloeibaar
till 03-01-2027
Middelheimmuseum
△ Sammy Baloji. The long
hand
till 31-12
MoMu
△ GIRLS
till 01-02-2026
△ Collection presentation.
Fashion from the MoMu
Collection
till 31-12
△ Resolución
till 23-11
Museum DeReede
△ Jean Rustin. Kijk niet weg
till 24-11
Museum Plantin-
Moretus
△ Vrouwenzaken/
Zakenvrouw
till 11-01-2026
Verbeke Foundation
△ Without Destination
till 02-11
Bastogne
Pôle Culture
△ Alec De Busschère.
Memory Cache
Collection 99
till 04-01-2026
△ Djos Jannssens. Twist
till 31-12
Brussels
Art et Marges
△ Aussi loin qu’ici
till 29-03-2026
Atelier34zero
△ De la fibre à la forme
till 30-10
Autoworld
△ German Tuners from
the 80’s & 90’s
till 14-12
BELvue! Museum
△ ART DECO
till 04-01-2026
Botanique
△ Rachel Labastie. Loom
of the land
till 26-10
Bozar
△ Europalia España.
Francisco de Goya
08-10 till 11-01-2026
△ John Baldessari.
Parabels, Fabels en
andere sterke verhalen
till 01-02-2026
Centrale / Vitrine
△ Elias Cafmeyer. Les
gargouilles de Catherine
09-10 till 07-12
Centre d’Art de
Rouge-Cloître
△ Quand vient la nuit
till 23-11
Fondation
Boghossian
△ Fire
till 01-03-2026
△ Echoes of Art Deco
till 02-11
Fondation CAB
△ Super Conceptual Pop
till 31-10
Foyer vzw - Migratie-
MuseumMigration
△ Bruxelles, la Congolaise
till 13-12
ISELP
△ Uncharted
till 06-12
La Centrale
△ Michel Couturier. La
friche la galaxie / Làzara
Rosell Albear. Gao
09-10 till 22-02-2026
La Fonderie
△ Beldavia. Jouw nieuwe
thuishaven
16-10 till 28-06-2026
La Maison des Arts
△ À table !
till 23-11
MAD
△ Trans-Formations /
Future Generation
03-10 till 15-11
Maison de l’Histoire
Européenne
△ Passé Composé. Un
album européen
till 11-01-2026
△ Raising our roots.
Bruxelles à travers onze
ogen
till 31-10
Maison Hannon
△ Échos des Songes. Le
Symbolisme à Bruxelles
till 19-04-2026
Musée Horta
△ 100 motifs, (g)een
Museum voor
Moderne Religieuze
Kunst
△ Sketching For the
Basilica. Architect Albert
Van Huffel. Art Deco &
100 years of Arts and
Architecture
till 31-03-2026
Tour&Taxis
△ Sebastião Salgado.
Amazônia
till 11-11
WIELS
△ Everlyn Nicodemus
25-10 till 01-02-2026
△ Nairy Baghramain
25-10 till 01-03-2026
Charleroi
BPS22
△ La “S” Grand Atelier.
Novê Salm
till 04-01-2026
△ Democracia / Hervé
Charles. Albedo
till 31-08
Le Bois du Cazier
△ Le charbon de la
reconstruction
till 05-10
△ Homo Detritus
till 16-11
Musée de la
Photograhie
Charleroi
△ Collection Astrid Ullens
de Shooten Whettnall
/ Fañch le Bos / Younès
Ben Slimane
04-10 till 25-01-2026
Musée des Beaux-
Arts
△ Mathieu Grodet.
Petites et grandes
histoires
till 09-11
△ Mig Quinet. Matières
en mouvement. Coupé,
collé, cousu
till 25-01-2026
68
Deurle
Museum Dhondt-
Dhaenens
△ Libasse Ka. Notes on
Shape Shifting / George
Minne. De Verloren Zoon
till 21-12
Eupen
IKOB
△ Léon Wuidar. Um die
Ecke
till 30-11
Gaasbeek
Kasteel van Gaasbeek
△ David Claerbout. At the
window
till 16-11
Gent
MSK
△ Stephan Vanfleteren.
Transcripts of a Sea
till 04-01-2026
Museum Dr. Guislain
△ Eigen Huis
till 27-09-2026
△ Op losse schroeven
till 30-12
Sint-Pietersabdij
△ Michiel Hendryckx.
Schoonheid als verzet
till 16-11
SMAK
△ Painting after
Painting. Hedendaagse
Schilderkunst in België
till 02-11
Herbert Foundation
△ Lawrence Weiner. Red
and Green and Blue
more or less
27-10 till 28-06-2026
Grimbergen
CC Strombeek
△ Aysha E Arar. Al Farisa
24-10 till 01-02-2026
CC Strombeek /
Studio S
△ Katya Ev. Lactating
Bodies
24-10 till 14-12
Halle
Museum den AST
△ Van Akarova tot
Thevenet. Halle in de
kunst
till 31-10
Hasselt
Mode Museum
△ Rococo Reboot. Mode
1750-1830
till 22-02-2026
Z33
△ Mounir Addib.
Taliswoman
till 14-12
△ Michael Beutler
till 22-02-2026
Hornu
CID
△ Temps d’Archi #11.
Réparer le monde
till 16-11
△ Woven Whispers
till 14-12
MACS
△ Haim Steinback.
Objects for People
till 02-11
Ittre
Musée Marthe Donas
△ Francis De Bolle et ses
invités
till 12-10
Jabbeke
Permeke Museum
△ Gedeelde Kamers.
Huiselijkheid Verbeeld
till 23-11
Kortrijk
Be-Part
△ Joelle Dubois.
Rekindling
till 07-12
La Louvière
Centre de la Gravure
et de l’Image
imprimée
△ Brecht Evens est pressé.
10 ans d’estampes
till 23-11
Keramis
△ Clémence van Lunen.
Une joyeuse intraquillité
/ Pia Mougeot.
Restitution de Résidence
11-10 till 01-03-2026
Leuven
M Museum
△ Alicja Kwade. Dusty Die
/ Kennis in zicht
10-10 till 22-02-2026
△ Grace Schwindt. A
History of Touch
till 16-11
Mechelen
Kazerne Dossin
△ Sport et les athlètes au
KL Auschwitz
till 10-12
Mons
CAP/ musée des
Beaux-Arts de Mons
△ David Hockney. The
Song of the Earth
04-10 till 25-01-2026
Mons Memorial
Museum
△ L’esprit carcéral.
Verlaine, Dumont,
Detournay, Bervoets et la
prison de Mons
till 10-05-2026
Namur
Le Delta
△ Mehdi Georges Lahlou.
A l’ombre des palmiers,
conversation botanique
till 25-01-2026
△ Vivian Maier. Saisir la
vie partout
till 30-11
Musée Félicien Rops
△ Japoniaiseries.
Fantaisies japonaises au
temps de félicien rops
18-10 till 15-02-2026
Ronse
Stille Bliksem
△ Jan Leenknegt &
Abdelkrim Ouazzani
till 05-10
Seneffe
Château de Seneffe
△ Thierry Bontridder.
Sculpteur de Bijoux
till 11-11
Sint-Martens-
Latem
Crypte Gemeentehuis
& gemeentelijk
museum Gevaert-
Minne
△ Lode Laperre. (D)
CNSTRCT
till 07-12
Sint-Niklaas
Kunstenplatform
WARP
△ Compleet van de
kaart. Artistieke visies op
cartografie
19-10 till 23-11
Tentoonstellingsruimte
Zwijgershoek
△ Compleet van de
kaart. Artistieke visies op
cartografie
11-10 till 04-01-2026
△ Collectie van M
till 29-04-2029
Museum PARCUM
△ Ecstasy & Orewoet
till 09-11
Universiteits
bibliotheek
△ Routes naar kennis
10-10 till 22-02-2026
Liège
Grand Curtius
△ Trésors cachés de
l’instutut archéologique
liégeois
till 11-01-2026
Musée de la Vie
wallonne
△ KATALOG. Barbara
Iweins
till 09-11
Louvain-la-
Neuve
Musée L
△ Happy U! Le Musée L
en fête pour les 600 ans
de l’UCLouvain
till 22-02-2026
Oostende
MU.ZEE -
Venetiaanse
Gaanderijen
△ Het is zondag op zee!
till 22-02-2026
Puurs-Sint-
Amands
Verhaerenmuseum
△ Langs de waterkant
till 20-11
Roeselare
Ter Posterie
△ Corus Domus. Group
Exhibition
till 12-10
△ Roger Raveel. Dag
meneer Raveel!
23-10 till 04-01
Thuin
Centre Culturel Haute
Sambre
△ Bernard Josse. Entre
trois émois
till 31-10
Turnhout
De Warande
△ Timecircus. Random
Well-Organised Universe
till 16-11
Waregem
Be-Part
△ Rein Dufait. Ginder de
dingen, de dagen en de
wolken
till 30-11
Wechelderzande
Kasteel Hof d’Intere
△ Pastorale
till 06-12
Libasse Ka & Carlos Ishikawa. © des artistes / Courtesy MDD, Deurle /
photo : Useful Art Services
Envoyez vos informations, pour le
mois de novembre, à collect@ips.be
avant le 5 octobre !
69
Paroles de galeriste
Galerie Fontana – #080
La Galerie Fontana se
renforce à Bruxelles
La Galerie Fontana, de Joris Montens et Stefan Heinis,
établie dans une ancienne chocolaterie à Amsterdam,
s’est forgé une solide réputation et a créé un réseau
fort. Au point que ses propriétaires parlent de ‘‘famille
Fontana’’. Une deuxième antenne ouvrait ses portes,
en avril dernier, à Bruxelles, ville qui leur tient à cœur.
Entretien avec Joris Montens.
Pourquoi cette expansion et le
choix de Bruxelles ?
« Nous le souhaitions depuis un
certain temps. En partie parce
que les collectionneurs belges
agissent davantage au coup de
cœur, mais aussi parce que j’ai
grandi dans le sud de Bruxelles,
ville que nous apprécions pour
sa qualité de vie. De nombreuses
grandes galeries internationales
s’y sont installées, ce qui crée
une ambiance intéressante.
Nous avons déjà noué des liens
et établi un réseau avec le milieu
artistique bruxellois, entre autres
par le biais d’un pop-up en 2016,
mais aussi grâce à notre participation
à des salons comme
Art Antwerp, Ceramic Brussels
et PhotoBrussels. Comme nos
artistes sont déjà actifs dans le
monde, cette expansion devrait
nous permettre d’être plus
largement présents au niveau
international dans le futur.
Nous pourrons ainsi exposer de
nouveaux artistes belges, tant à
Bruxelles qu’à Amsterdam, une
pollinisation croisée qui devrait
être très efficace. »
Comment souhaitez-vous y
positionner votre galerie ?
« À Bruxelles, nous souhaitons
poursuivre le programme fort
qui nous a fait connaître à Amsterdam
et le porter à un niveau
supérieur. Notre galerie, qui
s’oriente depuis ces dernières
années vers l’artisanat, présentera
à Bruxelles de la céramique,
du verre et du textile, mais
aussi les photographies et les
tableaux qui ont fait notre réputation
au début. Nous voulons
ainsi offrir une plateforme belge
à nos jeunes talents, artistes en
milieu de carrière ou déjà établis
à l’international. »
En quoi différent les collectionneurs,
en Belgique et aux
Pays-Bas ?
« Les collectionneurs belges
agissent davantage au coup
de cœur. Nous constatons en
outre que les artistes qui nouent
des relations avec notre galerie
nous accordent une énorme
confiance. L’aspect social de l’art
est aussi plus fort en Belgique
qu’aux Pays-Bas, moins précipité.
Les Pays-Bas comptent aussi
un grand nombre de collectionneurs
et de personnes qui nous
suivent, mais leur ‘‘capacité de
concentration’’ est parfois plus
faible que parmi le public belge
ou allemand. »
Constatez-vous, en tant que
galeriste, des changements
sur le marché ?
« Le marché est en constante
évolution. Il est moins courant
de collectionner, à long
terme, sur l’ensemble de la
carrière d’un artiste. Il existe, en
revanche, un intérêt fort pour
les expositions thématiques
bien organisées, incluant essentiellement
des œuvres exceptionnelles.
Le narratif autour
de l’œuvre d’un artiste s’est
beaucoup étendu, de même
Stefan Heinis et Joris Montens. © photo : Michelle Piergoelam
« Les collectionneurs en Belgique
agissent davantage sur des coups
de cœur. »
que l’impact des plateformes en
ligne et des réseaux sociaux. »
Quels seront, selon vous, les
défis du futur ?
« Les galeries continueront à se
démarquer par l’organisation
d’expositions fortes mettant en
exergue le talent individuel. Il
sera possible de déclencher des
réactions en ligne, mais pour
des œuvres de haut niveau les
acheteurs continueront à visiter
galeries et foires. Celles-ci
demeureront aussi un lieu de
rencontre entre artistes, collectionneurs
et galeristes, autour
d’une passion partagée. Nous
nous réjouissons d’avoir pu
créer, ces dernières années, une
grande ‘‘famille Fontana’’. »
Quels sont vos critères de
sélection ?
« L’association d’un art de haut
niveau et original à de bonnes
relations avec l’artiste. En ce qui
concerne l’œuvre, la forme, ce
qui se produit aussi dans l’artisanat,
et un contenu stratifié
doivent se renforcer mutuellement.
L’un ne peut exister sans
l’autre. De bonnes relations
avec l’artiste sont également
cruciales pour nous. Cette com-
binaison nous ravit au plus haut
point et nous nous employons
à transmettre cette ‘‘énergie’’.
Ce genre d’enthousiasme est
essentiel pour nous. Ceux qui
nous rendent visite le ressentent
et ne manquent pas d’en faire
mention. »
Par quelle œuvre d’art ou
artiste avez-vous été touché ?
« Enfant, j’étais déjà fasciné par
l’œuvre de Cy Twombly. J’en ai
encore vu l’an dernier à la Menil
Collection de Houston, avec la
Rothko Chapel toute proche, où
un concert de violon était donné
lors de ma visite. Un souvenir
inoubliable. La sérénité, la puissance
incontournable de cette
architecture, des œuvres et de
la musique… Cela bouleverse
et donne la chair de poule
sans que ce phénomène soit
explicable. C’est justement le
mystère de ce type de présentation
qui provoque ravissement
et exaltation. »
Les Ruines de Paris – Yves
Marchand & Romain Meffre
jusq. 30-10
Galerie Fontana
Bruxelles
www.galeriefontana.com
70
Sélection Galeries
Fernanda Fragateiro. She always
starts by planting a tree
du 04-09 au 25-10
Irène Laub Gallery
Bruxelles
www.irenelaubgallery.com
Exposition collective
multidisciplinaire
du 03 au 26-10
Espace Art Gallery
Bruxelles
www.espaceartgallery.eu
Figure majeure de la scène portugaise, Fernanda Fragateiro (1962) rend hommage
à l’architecte belge Marie-José Van Hee (1950). Établissant depuis des années
un dialogue entre sculpture, architecture et mémoire des lieux, l’artiste a été
profondément inspirée par l’approche singulière de cette dernière, notamment
sa manière d’habiter l’espace, de concevoir les seuils et de travailler la matière. Sa
démarche se caractérise par un vif intérêt à repenser les pratiques modernistes,
recomposant une archéologie de l’histoire sociale, politique et esthétique du
modernisme. Opérant dans le champ tridimensionnel, elle crée des œuvres qui
mettent le spectateur dans une situation performative. Ses interventions sculpturales
et architecturales dans des lieux inattendus, ainsi que ses altérations subtiles
de paysages, révèlent les histoires sous-jacentes de construction et de transformation.
(gg)
Fernanda Fragateiro, Landscape inside, 2025, support en acier inoxydable poli, numéros découpés
du magazine Interiors publié par Whitney Publications, New York, et papier couleur,
73 x 28,8 x 5,3 cm. © de l’artiste / photo : António Jorge Silva – Prix : entre 10.000 et 30.000 €
En octobre, Jerry Delfosse réunit Catherine Mentior,
Charlotte Orel, Savina Gillès de Pélichy et André
Woussen. Catherine Mentior puise dans l’émerveillement
enfantin face à la lumière et à la nature pour
composer des toiles éclatantes où les couleurs vives,
intuitives et énergiques, traduisent une quête de
sérénité. Charlotte Orel développe une peinture où
matières brutes et textures organiques deviennent
vecteurs de résonance entre visible et invisible. Sa
série Les Lumineuses joue des pigments phosphorescents
pour offrir une expérience sensorielle
inédite. Savina Gillès de Pélichy sculpte avec minutie
des animaux disparus ou menacés. Du smilodon au
dodo, chaque œuvre alerte sur la fragilité du vivant
face aux comportements humains. Enfin, André
Woussen, artiste et architecte, crée des sculptures
monumentales en bronze ou polyester. Inspiré par
le monde animal, il associe puissance, élégance et
symbolisme, donnant naissance à des présences
intemporelles et poétiques. (gg)
André Woussen, The Running Hare, s. d., bronze. © de l’artiste
/ Courtesy Espace Art Gallery – Prix : entre 700 et 10.250 €
Ruta Jusionyte. L’Animal en Moi
jusq. 21-10
Galerie Arielle d’Hauterives
Bruxelles
www.arielledhauterives.be
Née en Lituanie et installée en France, Ruta Jusionyte (1978) déploie une œuvre où la sculpture et
la peinture se conjuguent pour sonder la condition humaine. Ses figures hybrides, mêlant traits
humains et fragments animaux, évoquent les thèmes de l’exil, de l’identité et de la mémoire. Présentées
dans de nombreuses galeries et musées, ses créations s’imposent par leur puissance symbolique
et leur charge émotionnelle. Cette exposition interroge la frontière poreuse entre homme et animal.
Dans un geste à la fois poétique et politique, l’artiste brouille les catégories, inscrivant son travail
dans une réflexion antispéciste : ici, l’animal n’est plus simple métaphore mais alter ego, guide ou
miroir. Inspirée par Léonard de Vinci et Pierre Breughel l’Ancien, Ruta Jusionyte revisite les symboles
universels pour dire l’unité et la dualité du vivant. Ses œuvres, entre harmonie et tension, invitent à
renouer avec une empathie originelle qui nous relie à toutes les formes de vie. (gg)
Ruta Jusionyte, Flying in the sky, 2025, peinture acrylique sur toile, 162 x 114 cm © de l’artiste / Courtesy Galerie Arienne
d’Hauterives – Prix : entre 2.000 et 7.000 €
71
Sélection Galeries
Hélène Delprat.
Le contenu pictural
jusq. 31-10
Galerie Christophe Gaillard
Bruxelles
www.galeriegaillard.com
Hélène Delprat
(1957), figure singulière
de la scène
française, développe
depuis quarante
ans une œuvre
foisonnante mêlant
peinture, vidéo,
céramique, écriture
et archives. Son art,
nourri d’humour noir
et d’ironie, interroge
mémoire, histoire et
mort en convoquant
à la fois les fantômes
de la guerre, l’histoire
de l’art et les
images populaires,
de la bande dessinée
à la presse. Pour sa
première exposition
personnelle en Belgique,
elle présente
des peintures et
des céramiques
récentes aux côtés
de gouaches des années 1990, réalisées lors d’un retrait du monde de l’art. Ces
œuvres, marquées par une réflexion sur la transgression, dialoguent avec la
‘‘période vache’’ de Magritte, dont elle admire l’audace et l’insolence. L’exposition
rend hommage à cette liberté provocante et s’inscrit dans une trajectoire
internationale, qui la mènera prochainement à New York et au Centre Pompidou-Metz.
(gg)
Hélène Delprat, Personne, 2024, pigments, liant acrylique et paillettes sur toile, 250 x 200 cm.
© de l’artiste / Courtesy Galerie Christophe Gaillard / Adagp, Paris / photo : Rebecca Fanuele –
Prix sur demande
Lelli de Orleans e
Bragança. Brumas
du 09 au 19-10
Ancienne Nonciature
Bruxelles
www.nonciature.com
Avec Brumas, Lelli de Orleans e Bragança (1959)
invite à une plongée poétique dans les paysages tropicaux
brésiliens : forêts luxuriantes, araucarias noyés
de brouillard, oiseaux en plein vol, papillons furtifs…
Ses toiles, baignées d’une atmosphère mystérieuse,
rappellent le sfumato de la Renaissance. Les couches
subtiles de couleurs y rendent presque palpable la
brume et le bruissement des feuillages. Descendante
des dynasties bavaroise, française et brésilienne,
l’artiste, formée à Rio puis à l’école Van der Kelen en
Belgique, où elle obtint la médaille d’excellence, entretient
depuis toujours un lien intime avec la nature.
Ses voyages à travers l’Amazonie, les forêts tempérées
ou les plaines centrales nourrissent un regard
sensible qui transcende l’esthétique pour atteindre
une dimension méditative. Dans cette série, chaque
toile est une invitation au silence, à l’émerveillement
et à la contemplation de la beauté fragile et intemporelle
du vivant. (gg)
Lelli de Orleans e Bragança, Brumes dans la forêt II, 2024,
acrylique et huile sur toile, 90 x 70 cm. © de l’artiste / Courtesy
Ancienne Nonciature – Prix : ente 1.500 et 15.000 €
Catherine Warmoes.
La face sud de la peinture
jusq. 25-10
Galerie Quadri
Bruxelles
www.galeriequadri.com
Catherine Warmoes (1963) est une artiste plasticienne belge dont la pratique s’enracine dans une
abstraction géométrique vibrante. Formée au dessin à La Cambre auprès de Pierre Lahaut au début
des années 1980, elle puise son inspiration dans l’univers immédiat : rayons, satellites, portes,
fenêtres, toits, couloirs ou objets familiers deviennent prétextes à des compositions archétypales.
L’aquarelle, médium qu’elle privilégie, lui permet de conjuguer légèreté et intensité. Ses œuvres
récentes, qu’elles soient sur toile ou sur papier, déploient une géométrie habitée par la couleur,
le rythme et une poésie lumineuse. Dans ces formes simples se joue une dynamique subtile,
oscillant entre rigueur architecturée et élan lyrique. Pour sa première collaboration avec Quadri,
elle présente une trentaine de pièces réalisées en 2024 et 2025, révélant un univers où quotidien et
abstraction dialoguent avec une rare fluidité. (gg)
Catherine Warmoes, Sans titre, 2024, aquarelle sur papier, 55 x 40 cm. © de l’artiste / Courtesy Galerie Quadri –
Prix : entre 400 et 2.000 €
72
La Galerie Lurquin : 40 ans d’art !
jusq. 02-11
Galerie Lurquin
Dinant
www.lurquin-dinant.be
Olivier Cazenove
du 03-10 au 02-11
HugAllan Galerie
Virton
@hugallan_galerie
Pour célébrer son anniversaire,
la galerie ouvre
ses salles et jardins à
une exposition fidèle à
son esprit : un dialogue
entre maîtres consacrés
et créateurs contemporains.
On y retrouve la
finesse des lignes infinies
de Hyun Joung Lee, les
bronzes sensuels de
Félix Roulin, la puissance
féminine réinterprétée
par Ulrike Bolenz, les
paysages fantastiques
de Jef Bertels ou encore
l’éclat abstrait de Dusch.
La pluralité des voix
se poursuit avec SylC,
explorant nos paradoxes
intérieurs, Noir Artist et
ses fresques contrastées,
Evegenia Saré et ses
figures hybrides, Nancy
Vuylsteke de Laps sublimant
le mouvement dansé, ou encore Nicole Pfund, dont la poésie colorée touche
à l’intime. Peintures, gravures, sculptures, photographies et céramiques s’y côtoient
dans une diversité vibrante. Plus qu’un panorama, cette exposition anniversaire
incarne la ligne de conduite de la galerie : des œuvres de caractère, accessibles au
plus grand nombre, portées par l’exigence et la passion. (gg)
SylC, Osmose(s) V, 2025, acrylique et pastel à l’huile sur toile, 81 x 65 cm. © de l’artiste / Courtesy
Galerie Lurquin – Prix : entre 500 et 12.000 €
L’univers d’Olivier Cazenove (1951) se déploie
entre deux registres complémentaires : la
peinture et le dessin. Sa pratique picturale,
nourrie de cire, huile ou encre, libère une
énergie pulsionnelle qui se manifeste en flots
baroques, masses informes et paysages imaginaires.
Ces ‘‘chaos primordiaux’’, où se mêlent
matières et couleurs, convoquent des visions
cosmiques, subaquatiques ou limbiques,
proches des images du rêve. À l’inverse, le
dessin semble canaliser cette énergie en figures
plus lisibles, tracées à l’encre dans une frénésie
graphique qui rappelle l’écriture automatique
des surréalistes. Là encore, l’apparente maîtrise
se dérobe, les motifs se multipliant et s’enchevêtrant
dans une orgie de lignes. Abstraction
et figuration se rejoignent alors dans un même
désir de lâcher-prise, où l’inconscient dicte sa
loi. En oscillant entre dispersion et canalisation,
entre chaos et contrôle, Olivier Cazenove
invente un langage plastique singulier qui
trouble la perception. (gg)
Olivier Cazenove, Sans titre, 2017, encre de Chine,
aquarelle et acrylique sur papier Canson, 50 x 65 cm.
© de l’artiste / Courtesy HugAllan Galerie – Prix : entre
800 et 4.000 €
Peinture XL, céramique vibrante
et métal affûté
jusq. 01-11
Twenty Seven
Bruxelles
@27.conceptgallery
Sydney Fruy, Carré de Lune, s.d., aluminium
massif, 20,5 x 20,5 x 20,5 cm. © de l’artiste /
Courtesy Twenty Seven – Prix : entre 1.000
et 10.500 €
Cette exposition orchestre une rencontre inédite entre trois artistes belges aux univers contrastés
mais complémentaires. Nathalie Saey, peintre solaire, déploie sur des toiles XL des éclats
d’acrylique, de pastel et de collages, puisant dans la lumière de Bruxelles et de l’Andalousie une
énergie joyeuse et libre. À ses côtés, Eloïse Bonehill de Hemptinne façonne une céramique sensible
et mémorielle, où chaque pièce, marquée par ses voyages, se fait témoin d’histoires intimes
et suspendues. Sydney Fruy, enfin, explore le métal avec la précision d’un designer et l’intuition
d’un plasticien : ses sculptures, entre tension et fluidité, transforment l’acier en surfaces vibrantes.
Sous l’impulsion de Martine Lévy-Lambrechts, la galerie devient le théâtre d’un dialogue intense
où peinture, terre et métal s’affrontent, se répondent et fusionnent dans une symphonie visuelle
audacieuse. (gg)
73
Sélection Galeries
Nouvelles peintures de
Simon Demeuter
du 18-10 au 15-11
Base-Alpha Gallery
Anvers
www.basealphagallery.com
Tapis-Tableau
jusq. 30-11
De Mijlpaal
Heusden-Zolder
www.demijlpaal.com
A gesture for tomorrow est la
première exposition personnelle
de Simon Demeuter
(1991) à la Base-Alpha d’ Anvers.
Il y a quelques années, il quittait
Bruxelles pour s’installer
à Paris. En France, il constate
que les droits des personnes
LGBTQIA+ sont en recul, et ce
n’est pas la seule raison pour
laquelle il peint différemment
qu’avant. « Je ressens le besoin
d’être plus politique, de transmettre
cette peur, cette colère,
cette urgence. Car oui, une
société peut essayer d’effacer
des personnes comme si
elles n’avaient jamais existé »,
remarque-t-il. Il observe Gaza
et les fresques de Pompéi,
qui portent les traces tendres
d’amours masculines. Ses nouvelles
peintures flirtent avec l’esthétique des fresques patinées. Il s’inspire de scènes
de films et deux de ses œuvres sont basées sur The Cock (Kiss) de Wolfgang Tillmans,
une photo qu’il chérit depuis son enfance. Pour la première fois, il réalise également
un autoportrait. Sur sa casquette, on peut lire ‘‘Josef Albers’’, le maître de l’effet
physique et émotionnel des couleurs. Avec un œil avisé sur l'impact des couleurs, il
aborde ces divers sujets sans se faire militant. (cv)
Simon Demeuter, Fragment (The Kiss), 2025. © de l’artiste / Courtesy Base-Alpha Gallery –
Prix : 1.400 à 8.000 €
Il semble
que cette
galerie soit
sur le point
de fermer
ses portes.
Tapis-Tableau
est une belle
façon de tirer
sa révérence.
Des tapis
berbères du
Maroc y
volent la
vedette. Des pièces historiques, souvent
vieilles d’un siècle. Des œuvres de Berlinde De
Bruyckere, Dan Van Severen, Karin Borghouts,
Renato Nicolodi et de nombreux autres artistes
viennent s’y ajouter. Il en résulte un dialogue
avec l’abstraction géométrique des tapis, la figuration
stylisée, le design sensible ou le rouge
intense. On y trouve également des bijoux, des
vidéos et de nombreux livres, notamment sur
l’influence des tapis berbères sur le modernisme
d’artistes tels que Kandinsky. Tapis-
Tableau est la dernière exposition organisée
par Lut Maris, qui fondait De Mijlpaal en 1993 et
s’est distinguée par des dialogues surprenants
entre passé et présent, art, design et bijoux.
Souvent des expositions muséales. (cv)
Tapis, Beni M’tir (Moyen-Atlas), première moitié du XXe
siècle, revêtement de sol en laine nouée, 290 x 185 cm.
Courtesy De Mijlpaal – Prix : 50 à 14.500 €
Les scènes d’Andrew Sendor
du 17-10 au 29-11
Newchild Gallery
Anvers
www.newchildgallery.com
Andrew Sendor, Although terrified, Salome
and Solvej are determined to know what or
who is in the woods with them, 2025, huile
sur plexiglas, bois de sapelli, dans un cadre
d’érable tigré, 57.5 x 47 cm. © de l’artiste /
Courtesy Newchild Gallery – Prix : 15.000 à
50.000 $
Ses peintures bleutées, représentant des personnages ou une vue sur la mer, sont minutieusement
photoréalistes et mystérieuses. L’artiste new-yorkais Andrew Sendor (1977) est dans l’œil
des commissaires et des collectionneurs. Il a rédigé un scénario et fait jouer des scènes dans
son atelier ou à l’extérieur. Les photos et les films qui en résultent servent de source d’inspiration
pour ses peintures. Dans son dernier scénario, Salomé part avec trois adolescents à la
découverte du monde, en quête du sens de la vie. Cet artiste n’est pas simplement un peintre
d’histoires, car chaque tableau stimule l’imagination. Fiction, performance, photographie,
cinéma et peinture s’y côtoient. C’est le Diptyque de l’Annonciation de Jan van Eyck qui l’a
amené à la grisaille en 2010, devenue ensuite bleutée. Ses expositions se définissent comme
des environnements complets aux peintures chargées de sens psychologique, inscrites dans
des cadres en bois qu’il a lui-même conçus. (cv)
74
Un show d’anniversaire
pour Eric vande Pitte
du 12-10 au 16-11
Galerie Pinsart
Bruges
www.pinsart.be
Jenny Watson
jusq. 26-10
Transit
Malines
www.transit.be
Le 75e anniversaire de l’artiste
gantois Eric vande Pitte est
célébré à la Galerie Pinsart
avec l’exposition Au (Re)voir.
Des dessins récents au crayon
et à la peinture fluorescente
côtoient des œuvres des années
1990, notamment issues de la
série Chefs-d’œuvre de l’art,
Paris, inspirée de sa collection
de cartes postales. Son admiration
pour les grands maîtres
transparaît dans toute son
œuvre. Le jeune Eric découvrait
les livres d’art à la bibliothèque,
principalement en français, et
pensait donc que cette langue
était synonyme d’art. Plus tard, il
puisait dans son manuel scolaire
de français les personnages de
Marcelle et Paul, des alter egos
fictifs dans des dessins faisant
référence à Matisse, Gust De
Smet, Tracy Emin. Souvent avec
beaucoup de bleu, des éléments
abstraits et des pigments qui
brillent encore dans l'obscurité, comme une image rémanente de souvenirs. Frais et
contemporain. (cv)
Eric vande Pitte, Marcelle avec les fleurs de Gustave, 2025, crayon et pigment luminescent sur papier,
44 x 39 cm. © de l’artiste / Courtesy Galerie Pinsart – Prix : 450 à 4.800 €
Elle n’est plus toute jeune, mais son œuvre
reste étonnamment rafraîchissante et vivante.
Les dessins de Jenny Watson (1951), qui
représentait l’Australie lors de la Biennale de
Venise de 1993, sont exposés (jusq. 01-02-
2026) dans le cadre de l’exposition collective
GIRLS au MoMu d’Anvers. Sa galerie belge
Transit, à Malines, présente l’exposition personnelle
5 Drawings. Cinq nouveaux dessins
constituent le cœur fragile mais puissant
d’une rétrospective d’œuvres plus anciennes
sur textile et autres supports. Les filles, les
chevaux et les combinaisons d’images et de
mots manuscrits y reviennent sans cesse. On
y décèle une touche autobiographique et son
travail est souvent associé à l’art féministe
et à la culture punk. Ce qui frappe à chaque
fois, c’est la charge émotionnelle. En 2006,
Jan Hoet évoquait, dans une publication, une
tension intérieure qui touche psychologiquement
le spectateur. Cette exposition constitue
une belle redécouverte. (cv)
Jenny Watson, Self-portrait with Reacher Running
Away, 2025, peinture acrylique sur papier indien fait
main, 78,5 x 58 cm. © de l’artiste / Courtesy Galerie
Transit – Prix : 950 à 12.000 €
Fernando O’Connor
du 25-10 au 23-11
Galerie Christine Colon
Liège
www.christinecolon.be
Fernando O’Connor, Levedad, 2023, huile sur
toile, 120 x 120 cm. © de l’artiste / Courtesy
Galerie Christine Colon – Prix : entre 1.000 et
12.000 €
L’artiste argentin Fernando O’Connor (1966) rencontre aujourd’hui une phase d’accélération remarquable
dans la reconnaissance de son travail. Après son exposition à l’ambassade d’Argentine
à Paris (co-scénographiée avec Pat Andrea), il sera bientôt présenté par la Galerie Christine
Colon, avec un ensemble d’œuvres entrant en dialogue avec celles de l’Allemand Reinhard
Voss. La peinture de Fernando O’Connor se consacre à des figures saisies dans l’introspection,
des corps en stase, comme retenus dans un suspens intérieur. Insérés dans des architectures
aux rythmes géométriques, ces individus apparaissent pourtant dans un flottement, déracinés
de toute temporalité. Ni ancrés dans le réel, ni dissous dans l’abstraction, ils existent à la surface
même de l’image, entre présence pleine et absence spectrale. Leur éternité picturale, où la
couleur balaie toute mémoire, ouvre un espace surréel, un théâtre intérieur où l’imaginaire du
spectateur vient s’engouffrer. (gg)
75
Agenda Galeries
Antwerpen
Art Forum
△ Danielle Van
Broekhoven & Philippe
Gouwy. Biotoop
till 31-10
Annie Gentils Gallery
△ Sina Hensel. Oceanic
Gardens
till 02-11
Base-Alpha Gallery
△ Simon Demeuter
18-10 till 15-11
△ David Boon. Ways Of
Being
till 11-10
Callewaert
Vanlangendonck
Gallery
△ Paul Van Hoeydonck.
Light Years
till 23-11
CASSTL
△ CASSTL and BURO_
ASAP. Redisue
till 17-10
Coppejans Gallery
△ Reconstructing
Memories
18-10 till 30-11
△ Koen Kievits, Ine
Vermee, Theo Niermeijer.
À la recherche du temps
perdu
till 12-10
De Zwarte Panter
△ Dr. Hugo Heyman. A
Sense of Transparency
till 23-11
DMW Gallery
△ Anouk Van Offenwert
till 18-10
Eva Steynen Gallery
△ Benoît Felix. Voir que
ça tient
till 18-10
Fred & Freddy
△ Robbert&Frank /
Kelly Christogiannis.
Blooming in the
backroom
18-10 till 15-11
△ . Wit Boek
till 04-10
△ Adrien Tirtiaux. The
Grand Chambord
Interchange
till 31-08-2028
Galerie Micheline
Szwajcer
△ Ann Veronica Janssens
till 31-10
Gallery Fifty One
△ William Klein. Homage
till 31-10
Gallery Sofie Van de
Velde
△ Felix De Clercq / Max
Pinckers. 2020-MMXX
till 05-10
GNYP Gallery
△ Kaifan Wang. Bedtime
Stories
till 25-10
IBASHO Gallery
△ Hajime Kimura. Origins
till 09-11
△ Norio Takasugi. As
the twig bent, so grows
the tree
till 09-11
IN-DEPENDANCE
△ Groepstentoonstelling.
The Alternative
Landscape
till 09-11
Keteleer Gallery
△ Stephan Balkenhol
till 18-10
Lichtekooi
△ Dora Brams. Een
stelling
till 08-11
LLS Paleis
△ Eva L’Hoest.
Eilandkwesties
till 26-10
Newchild
△ Andrew Sendor
17-10 till 29-11
△ Madeleine Bialke
till 09-10
Plus-One Projects
△ Josse Pyl. We’ll dig and
dig and we’ll dig and
dig well
till 04-10
PONTI
△ Witold Vandenbroeck.
Map and Territory
till 26-10
Rik Rosseels Gallery
△ Ane Vester. Thin Layers
till 11-10
Rik Rosseels Gallery
(KAAI)
△ Anthony Duffeleer.
Deadline
till 04-10
Schönfeld Projects
△ Annea Lyvv Dreisz. All
the houses I ever Knew
till 25-10
Shoobil Gallery
△ In the morning,
laughing, happy fish
heads. In the evening,
floating in the soup
till 19-10
Stieglitz 19
△ Pixy Liao. People in
mirror are closer than
they appear
till 25-10
Tick Tack
△ Brennan Wojtyla. LAN
till 25-10
Tim Van Laere Gallery
△ Jockum Nordström
09-10 till 22-11
△ Rinus Van De Velde
till 04-10
Tique - art space for
books
△ Tique Reading Group:
Sensing Otherwise
till 29-10
valerie_traan gallery
△ Tina Gillen. The places
we carry
till 25-10
VCRB Gallery
△ Eddy Stevens.
Dressings
till 19-10
Beersel
LKFF Art Projects
△ Rediscovering Threads
of the 70’s
till 30-10
Brugge
Galerie Pinsart
△ Un show d’anniversaire
pour Eric vande Pitte
12-10 till 16-11
Brussels
Alice Gallery
△ Olivier Kosta-Théfaine
till 18-10
Almine Rech
△ Kenny Scharf. Jungle
Jungle Jungle
till 25-10
Ancienne Nonciature
△ Lelli de Orleans e
Braganca. Brumas
09-10 till 19-10
Art Lab
△ Art Lab
till 31-12
Arthus Gallery
△ Tilde Grynnerup &
Audrey Heselmans. Palm
Springs Splendor
till 05-10
Bernier/Eliades
△ Martina Quesada. If
this is a space
till 25-10
Box Galerie
△ Descamps. Noir ou
blanc
till 25-10
Bruno Matthys
△ Emanuelle Renard -
Sophier Sainrap. Vivant
till 04-10
CCINQ
△ Gay Summer
till 11-10
Contretype
△ Paysage ultrasensible
till 16-11
△ Émilie Stefanie-Law &
Anatole Mélot. Paysage
ultrasensible
till 26-11
Dauwens & Beernaert
Gallery
△ Black & White
till 18-10
DS Gallerie
△ My onion canvases
are ballet.. The other
canvases are also ballet
till 04-10
EDJI Gallery
△ Nicolas Coleman. What
would you like to be for
dinner?
till 11-10
Espace Art Gallery
△ Exposition collective
multidisciplinaire
03-10 till 26-10
Espace Vanderborght
△ CNN199: 35 ans de hiphop
activism
16-10 till 16-11
Frédérick Mouraux
Gallery
△ Shizen. Sei Arimori
till 25-10
△ Arte Nunzio
till 05-10
Galerie Albert
Dumont
△ Jean-Philippe Braam &
Donatienne Hachez
till 11-10
Galerie Albert1er
△ Emily Little
till 12-10
Galerie Arielle
d’Hauterives
△ Ruta Jusionyte.
L’Animal en Moi
till 21-10
Galerie Christophe
Gaillard
△ Hélène Delprat. Le
contenu pictural
till 31-10
Galerie Christophe
Person
△ the City: Metaphor,
Archive and Projection
till 31-10
Galerie Didier
Devillez
△ Bernadette
Schockaert. Under
Construction
till 04-10
Galerie DYS
△ Maldo Nollimerg.
Hypnos et autres
phénomènes de
l’intérieur du monde
till 18-10
Galerie Eric Mouchet
△ La Constellation de
Monsieur S
till 01-11
Galerie Faider
△ Guy Leclercq. De la
couleur exactement
till 11-11
Galerie Felix Frachon
△ Prathap Modi.
Retrospective
till 01-11
Galerie Greta Meert
△ Liam Everett. He Loved
Him Madly / Sol LeWitt.
Bands, Curves and
Brushstrokes
till 25-10
Galerie La Forest
Divonne
△ Rachel Labastie
till 11-10
△ Jean-Marie Bytebier.
Nature Prescription
till 18-10
Galerie La Patinoire
Royale Bach
△ Alfredo Jaar. La fin du
monde
till 23-12
Galerie Martine
Ehmer
△ Jules Wittock & Grégory
Valentin. In Other Words
till 11-10
Galerie Nardone
Project
△ Ceux d’en haut
till 04-10
Galerie Nathalie
Obadia
△ Johanna Mirabel. I wish
till 25-10
Galerie Quadri
△ Catherine Warmoes. La
face sud de la peinture
till 25-10
Galerie Templon
△ Matthieu Ronsse.
Hotel Prado
till 31-10
76
Gallery Sofie Van den
Bussche
△ Mieke Teirlinck.
Tendresse
12-10 till 08-11
Gallery Twenty Seven
△ Nathalie Saey, Eloïse
Bonhill, Sydney Fruy.
Souffle… Odyssée
till 01-11
Gladstone
△ Nicholas Bierk. In the
absence of paradise
till 25-10
Hangar
△ Maryam Firuzi. When
the Earth Still Had a
Faminine Name
till 02-11
△ Nick Brandt. The Day
May Break / Charlotte
Abramow. Maurice,
Tristesse et Rigolade
till 21-12
Hopstreet
△ Berend Strik. Threads
that echo
till 25-10
Hubert & Breyne
△ Dave McKean.
Thalamus
till 25-10
Husk Gallery
△ Kevin Vanwonterghem.
Borrowed Scenery
till 25-10
Irène Laub Gallery
△ Frenanda Fragateiro.
She always starts by
planting a tree
till 25-10
Jan Mot
△ Pierre Bismuth.
Jonathan Monk. I Was
Not There
till 09-11
L’Enfant Sauvage
△ Sébastien Cuvelier. A
Golden Distance
till 26-10
La Fonderie
△ Beldavia
16-11 till 28-06-2026
La Verrière
△ Claudine Monchaussé.
Sourdre
till 13-12
Laurentin Gallery
△ Antoine Mortier
till 15-11
Lee-Bauwens Gallery
△ Carole Solvay. As I
shed my skin
till 19-10
LMNO
△ Detanico/Lain. Two
Voices
till 31-10
Maruani Mercier
△ Von Wolfe. The Space
in-Between
till 18-10
Meessen
△ Jorge Méndez Blake.
Inside the Law
till 31-10
Melissa Ansel
△ Agathe Duperou &
Sabine Voglaire. Zone
Trouble
till 19-10
Mendes Wood DM
△ Julien Creuzet. Nos
diables rouges, nos
dérives commotions
till 25-10
MH Gallery
△ Pier Vittorio Aureli.
Tavolette
till 23-11
Michel Rein
△ Sébastien Bonin.
Mantecatura
till 18-10
Michèle Schoonjans
Gallery
△ CHAOSMOS. Mathieu
Bonardet
till 25-10
MUE Tattoo Shop
△ Nicolas Wieers.
Surrounded by Criminals
till 09-11
Nino Mier Gallery
△ Gregory Hodge. Echo
till 25-10
Nosbaum Reding
△ Charlotte
Vandenbroucke /
Körper Geborgen In Dir
Geschwiegen
till 11-10
Odradek
△ Bangyao Li & Sen Li. La
perte et l’oubli
till 11-10
△ Jehanne Paternostre.
Ce qui relie
till 11-10
QG
△ Alain Biltereyst. Slow
Noise
till 31-10
Queens
△ Ane Vester & Lucie
Bertrand. A Place Apart
till 18-10
Rodolphe Janssen
△ Brooklin A. Soumahoro
& Léon Wuidar
till 25-10
RossiContemporary
△ Jean-Francois Ocatve.
Quelques silhouettes,
etc..
till 02-11
Sorry We’re Closed
△ Adrien Vescovi. D O M I
till 18-10
Spazio Nobile
△ Kiki & Joost. A
Complementary
Grammer of Creation
till 16-11
Stems Gallery
△ Nick Doyle. Mirage
till 04-10
Studio 84 Art &
Culture(s)
△ Daniel Rachamim &
Ron Sabag. Big Deal
till 26-10
Super Dakota
△ Alex Clarke. Audience
till 25-10
The Palm Beach
△ Anne Boland. Joyfull
till 25-10
TheMerode
△ Paul Nimer Pjota
till 19-12
△ ENERGIA
till 31-03-2026
Twenty Seven
△ Peinture XL, céramique
vibrant et métal affûté
till 01-11
Whitehouse Gallery
△ Clara Brörmann. The
other’s gaze
till 04-10
Xavier Hufkens
△ Alice Neel. Still Lifes
and Street Scenes
till 22-11
△ Charline von Heyl
till 25-10
Zedes Art Gallery
△ Chantal De Deken.
Between the lines
till 25-10
Couillet
Galerie Jacques
Cerami
△ Michaël Matthys. Kurtz
04-10 till 15-11
Dinant
Galerie Lurquin
△ La Galerie Lurquoin:
40 ans d’art!
till 02-11
Flémalle
La Châtaigneraie
△ C’est La Zivot !
till 09-11
Gent
019 Prismatron
△ Sam De Buysere. Dogs
in cars are a dying breed
(a bilboard)
till 31-10
AmsaB-ISG
△ Studio Stone
till 21-11
Barbé Gallery
△ Willem Boel. Echo /
Oh Baby
till 26-10
Galerie S&H De Buck
△ Roger Laute met de
kat als muze
till 12-10
Huize St.
Bonaventura
△ Geert Vanoorlé
till 05-10
Kiosk
△ Tom Poelmans. A Spirit
in Painting
18-10 till 21-12
△ Leen Van Tichelen.
Onder Verzachtende
Omstandigeheden
till 05-10
Weerlicht
△ Daniel Eatock &
Randoald Sabbe
till 10-10
Heusden-
Zolder
De Mijlpaal
△ Tapis-Tableau
till 30-11
Jambes
Galerie Détour
△ André Lambotte
15-10 till 15-11
Knokke
Adrian David Gallery
Now
△ Daniël Bellon. The
Open Image
till 05-10
Aqualex Knokke
△ Charlotte
Vandenbroucke
till 31-03-2026
Your Art Gallery
△ Naomi Vanderpoorten.
Imposter Gallery
till 12-10
Kortrijk
Hal D, LandMarck
△ Hippocampus
till 02-11
Liège
Chiroux
△ Pour GAZA. Expovente
au profit de la
population gazaouie
till 04-10
Espace 251 Nord
△ Garance Gasser.
Parachronique
till 25-10
galerie bonnemaison
△ Mélanie Berger. Mise
en pièces
till 02-11
Galerie Christine
Colon
△ Fernando O’Connor
25-10 till 23-11
Louvain-la-
Neuve
Escpace 001
△ Solène Rigaut & Anne-
Sophie de Visscher
till 05-10
Mechelen
Galerie Transit
△ Jenny Watson. 5
Drawings
till 26-10
Middelkerke
Villa Les Zéphyrs
△ Speelse Ernst/ Ernstig
Spel
till 02-11
Namur
Galerie Détour
△ Christophe
Buekenhoudt. Le lieu
manquant
till 04-10
Oosteeklo
William Wauters
Galerie
△ André Honnay
till 12-10
Oostende
valerie_troost gallery
△ Hillebrand Van
Kampen & Rik De Boe.
Zeezucht
till 09-11
Rixensart
K9/ Kamer 9
△ Rosy Le Bars. Silvia
Hatzl
till 12-10
Ronse
CC De Ververij
△ Jan Leenknegt &
Abdelkrim Ouazzani.
Vriendschap in kleur
till 05-10
Spa
Galerie Azur
△ Bernadette Triki
till 26-10
Tervuren
Huisburg
△ Stephan Balleux
till 05-10
Virton
HugAllan Gallerie
△ Olivier Cazenove
03-10 till 02-11
Wavre
Buysse Gallery
△ Tom Van Puyvelde.
Continuum
till 09-05-2026
Platforme
△ Roger Dewint.
Rétrospective
till 11-10
Wijnegem
Axel Vervoordt
Gallery
△ Günter Uecker /
Jaromír Novotný
till 15-11
△ Bosco Sodi/
Takis. Boule
Électromagnetique and
Magic Wall / Otto Peine.
White Cube
till 18-10
△ Raimund Girke
till 21-02-2026
Envoyez vos informations, pour
le mois de november, à collect@ips.be
avant le 5 octobre !
77
L E U V E N
FINE ART FAIR
A n t i q u e s - M o d e r n & C o n t e m p o r a r y A r t
D E B R A B A N T H A L
16-19/10/2025
L E U V E N F I N E A R T. C O M
A Glimpse at the 2025 Edition
Galerie J. Crouzet
Chastelain & Butes
Appel
Symphonie des couleurs
crouzetfineart.com
Luxembourg
Alfredo Pina
1883-1966
a bronze bust of bacchus
chastelainandbutes.com
Gent
Gallery Darya
Richly painted pair of
satsuma vases in
baluster shape.
Signed Kizan kore tsukuru .
Japan, late 19th C.
galerie-darya.de
Karlsruhe
Forma Forma Gallery
Design
formaformaonline.com
Luxembourg
Sonia de Haulleville
Antique Jewelry
Dus’Art Galerie
Félicien Rops
L'incantation
artantiquite.be
Bruxelles
Belgique
Gallery Blue Art
Large Horse
3rd Century AD
China
CH-Interlaken
Millénnium Atelier
Tom Andries
millenniumatelier.be
Brussels
Art Thema Galerie
Galerie Loiseau & Zajega
René Julien, 1937–2016
"She Dreams of Mozart"
Dan Passport Mask
20th Century
artthema.com
Marseille
loiseau-zajega.be
Nivelles
Collectionner
autrement
La révolution silencieuse de la Gen Z
Si les très jeunes collectionneurs
n’ont pas encore le pouvoir
économique de bouleverser le
marché de l’art, ils en transforment
déjà les règles, redessinant le
rôle du collectionneur. Exit l’art
comme valeur refuge ! La collection
devient espace de dialogue et
d’engagement. Cette mutation se
reflète jusque dans les grandes
foires internationales, Art Basel en
tête. Un événement que les jeunes
collectionneurs observent plus que
jamais comme un passage obligé.
TEXTE : GWENNAËLLE GRIBAUMONT
Les fondateurs d’EDJI Gallery, Ranji Safarian et Edward Van Houtte, entourant l’artiste Killion Huang.
© photo : Silvia Capellari
Là où leurs aînés concevaient la collection
comme un capital patrimonial
à forte valeur distinctive, les
collectionneurs issus de la Gen Z
(nés entre 1997 et 2012) adoptent une posture
radicalement différente. Sans renier
la valeur spéculative de leurs acquisitions,
ils privilégient désormais le lien affectif,
l’histoire racontée par une œuvre ou la
proximité avec un artiste, surtout lorsque
celui-ci est émergent et porteur d’un engagement
social. Ce changement de perspective
fait passer la collection du registre
de l’accumulation à celui du partage, de
la possession à la relation. À 27 ans, Axel
Geerts illustre parfaitement ce profil. Juriste
et économiste de formation, ce jeune
Belge installé à Genève a acheté sa première
œuvre en 2022 : une toile de l’artiste
néerlandaise Nuria Maria, repérée à la Galerie
Alzueta de Madrid. La passion prend
80
Une oeuvre de Stefano Bonacci. Collection d’Axel Geerts. © de l’artiste / Collection Axel Geerts
immédiatement une allure addictive. «
Après cette première œuvre, j’en ai acheté
une seconde signée Stefano Bonacci la
même semaine ! », confie-t-il. Trois ans
plus tard, sa collection compte plusieurs
dizaines de pièces, presque exclusivement
acquises en galerie. Et pourtant, malgré
des investissements très conséquents, son
rapport à l’art n’est pas celui d’un spéculateur
mais bien d’un mécène qui soutient
des artistes, leur permettant d’incarner
leurs démarches plastiques. Quant à
cerner les motivations profondes qui le
conduisent à collectionner, on comprend
en filigrane que l’achat d’œuvres est tant
une façon de se reconnecter à son moi
profond que de s’émanciper : « Dans ma
vie professionnelle, je fonctionne essentiellement
avec ma tête. À l’inverse, l’art me
permet d’agir avec le cœur et de ressentir
des émotions viscérales. L’art me nourrit
également en apportant sa fantaisie, une
vue sur le monde très différente de celle
que j’expérimente au quotidien. » À mille
lieues du désir de possession, la constitution
de sa collection apparaît comme une
façon d’habiter autrement le monde, avec
sensibilité et curiosité.
DIVERSITÉ ET DÉCLOISONNEMENT
Si l’image du collectionneur monomaniaque
appartient au passé, la Gen Z
pousse encore plus loin l’ouverture et la
pluralité. Curiosité transversale, décloisonnement
des médiums, goût pour les voix
multiples : tout cela reflète une génération
qui refuse les frontières étanches. Ce
constat est largement confirmé par les responsables
d’EDJI Gallery, fondée en 2023
et dédiée aux artistes émergents belges et
internationaux. L’espace se veut l’antithèse
des galeries intimidantes et élitistes.
« C’est d’ailleurs une des raisons pour
lesquelles nous avons voulu créer notre
galerie. Nous cherchions plus d’ouverture,
plus de transparence, plus d’humanité »,
explique Ranji Safarian, co-fondateur avec
Edward Van Houtte. Aujourd’hui, près de
15 % de leur clientèle est âgée de moins de
trente ans. Cette diversité n’est pas seulement
esthétique, elle est aussi générationnelle
et sociale. Les jeunes collectionneurs
partagent une proximité spontanée avec
des artistes de leur âge, établissant des
liens durables, parfois même des amitiés.
Là encore, la collection ne se réduit pas à
un patrimoine mais devient une forme de
« Art Basel reste
l’événement
incontournable,
la référence absolue »
AXEL GEERTS
© Courtesy L’Appartement, Genève
81
« Ignorer la Gen Z
aujourd’hui
reviendrait à se
couper de ceux qui
façonneront les
goûts de demain »
RANJI SAFARIAN
Killion Huang dans son atelier. Artiste représenté par EDJI Gallery. © photo : Yunsong Tian
compagnonnage créatif. La porte d’entrée
vers la collection passe le plus souvent par
les œuvres sur papier, les estampes ou les
éditions limitées, soit des œuvres à moins
de 1.000 euros. L’accessibilité économique
apparaît comme un levier essentiel. Lors
d’Art Paris, EDJI a présenté soixante-huit
dessins du jeune artiste chinois Killion
Huang, vendus à 850 euros pièce. Le stand
fut rapidement sold out, les œuvres étant
majoritairement acquises par de jeunes
visiteurs qui ne pensaient pas acheter.
« Ils ont été agréablement surpris
de voir qu’une galerie pouvait proposer
des formats de qualité à prix accessibles
», confient les galeristes. L’expérience
montre combien un prix abordable, associé
à une rencontre authentique, peut
transformer un amateur en primo-collectionneur.
Pluriels dans leurs achats, les
collectionneurs de la Gen Z le sont aussi
dans leur mode d’information. Ils circulent
sans effort du numérique au physique. S’ils
fréquentent assidûment galeries, musées
et foires, ils mobilisent aussi Instagram. «
Instagram est aujourd’hui bien plus qu’un
outil de découverte. C’est une vitrine,
une source d’information, un moyen de
validation et de contact direct », insiste
Ranji Safarian. Axel Geerts utilise également
la plateforme pour suivre l’actualité
des artistes et galeries qui attirent son
attention. Appartenant à cette génération
que l’on qualifie de Digital Native, le jeune
collectionneur n’est pas dupe des logiques
algorithmiques, conscient que la visibilité
sur ces plateformes relève également
d’une mécanique marketing. Il insiste
cependant sur le fait que les vraies découvertes
se font ailleurs. Art Basel en tête : «
Art Basel est l’événement incontournable,
la référence absolue. Même si les jeunes
collectionneurs n’ont pas le budget pour
acheter, il faut s’y rendre pour aiguiser
son œil, découvrir des artistes émergents
représentés par des galeries de renom,
multiplier les rencontres et renforcer les
relations avec tous les acteurs du marché.
»
82
LA RELÈVE DÉJÀ ASSURÉE
Séduire la Gen Z demeure un pari complexe.
Certes, leurs moyens économiques
sont encore modestes mais délaisser
les jeunes serait une erreur. Comme le
soulignent les fondateurs d’EDJI Gallery :
« Ignorer cette génération aujourd’hui reviendrait
à se couper de ceux qui façonneront
les goûts de demain. » Leur stratégie
repose sur une programmation d’artistes
ultra-contemporains, une diversité de prix
et une forte présence digitale. Et demain ?
Du côté des galeries comme des collectionneurs,
l’avenir s’imagine déjà. Ranji
Safarian et Edward Van Houtte anticipent
un marché hybride, mêlant physique et
digital, où les thématiques sociétales
seront centrales et la diversité, une norme.
Axel Geerts se projette lui aussi dans une
perspective plus large : « J’imagine créer
une fondation. Ce qui compte, ce n’est
pas le nombre d’œuvres accumulées, mais
de jouer un rôle plus actif. Financer des
projets, soutenir les artistes et les galeries,
prêter des œuvres aux musées… avec
toujours l’idée que l’art doit être partagé. »
Peut-être est-ce là la grande leçon de cette
génération : l’art n’est pas un objet figé à
accrocher sur un mur, mais un organisme
vivant qui circule, se prête, se transmet, se
partage. Loin d’une logique de possession,
la Gen Z invente une pratique de la collection
qui ressemble à un acte de médiation
culturelle et politique. En rupture avec les
logiques spéculatives, elle rappelle que l’art
constitue avant tout un lien entre les êtres
humains. Et c’est sans doute là, dans cette
vérité retrouvée, que réside la véritable
révolution : celle d’une génération qui ne
collectionne pas pour posséder, mais pour
relier, transformer et transmettre.
Loin d’une logique de possession,
la Gen Z invente une pratique de la
collection qui ressemble à un acte de
médiation culturelle et politique.
VISITER
Art Basel Paris
du 24 au 26-10
Paris
www.artbasel.com
Vue du stand d’EDJI Gallery à Art Paris 2025, exposition personnelle de l’artiste Killion Huang. © photo : Aesthete Studio
83
Immodôme Objects
Précieux, durables et désirables
Isamu Noguchi, canapé Freeform, présenté dans une chapelle. © Immodôme
84
Immodôme Objects récupère des
objets d’intérieur, du mobilier, du
design, de l’art. S’ils provenaient
surtout, à l’origine, d’intérieurs
vendus par la société-mère,
aujourd’hui, de plus en plus de
particuliers les leur proposent
spontanément. « Nous désirons
donner à ces pièces une seconde
vie, où elles seront encore aimées »,
expliquent Isabel De Laet, general
manager, et Tina Ruts, en charge
des ventes et du marketing
d’Immodôme Objects.
TEXTE : BEN HERREMANS
Maarten Van Severen, Bureau. © Immodôme
«
Chez
Immodôme, nous
avons accès à bien
des beautés cachées.
Immodôme Objects est
un développement organique, induit par la
demande de nos vendeurs », explique Isabel
De Laet, cofondatrice et general manager
d’Immodôme. « Dans notre activité immobilière,
nous rencontrons des personnes
avec un goût exceptionnel, parfois même
excentrique. Certaines possèdent de véritables
trésors, comme des meubles, des
objets, des œuvres d'art, mais ne savent pas
vraiment à qui s’adresser lorsqu’il s’agit de les
revendre. » En mai 2024, Immodôme décidait
de réunir les vendeurs et les acheteurs
de ces pièces : « Nous avons créé Immodôme
Objects, plateforme sur laquelle nous
échangeons ces objets. Nous jouons le rôle
d’intermédiaire. Nous pouvons les prendre
en consignation, leur trouver un nouveau
propriétaire et nous rémunérer au pourcentage.
Ou encore les acheter et les revendre. »
PRELOVED
Chacun ses goûts, c’est bien connu…
Cela oblige-t-il Immodôme Objects à
jouer sur un registre extrêmement vaste ?
« Oui, d’une certaine manière, mais nous
effectuons nous-mêmes la sélection, en
fonction de nos critères de qualité et de
valeur artistique, et nous refusons beaucoup
de choses », répond Isabel De Laet.
« Tout comme pour l’immobilier, nous
essayons de trouver un marché dans le
marché. Nous ne prenons pas tout, nous
visons le beau qui transcende le temps. »
L’architecte Tina Ruts, commissaire de la
collection, confirme : « Nous opérons des
choix artistiques. Nous nous concentrons
sur le milieu de siècle et le contemporain,
mais pouvons aller dans de nombreuses
directions, qu’il s’agisse d’un architecte,
d’un designer contemporain ou d’une véritable
icône comme Le Corbusier. Et nous
sommes vraiment fans de design belge.
Mais nous essayons aussi de nous éloigner
« Le lien avec
l’activité immobilière
offre des avantages :
biens et objets
se renforcent
mutuellement »
ISABEL DE LAET
85
Bataille-Ibens, canapé Claire-Obscur. © Immodôme
« Nous souhaitons
que l’amour donné à
un meuble continue
d’exister dans une
seconde vie »
TINA RUTS
du vintage. De Maarten Van Severen,
par exemple, on ne peut pas dire que les
créations le soient. Pour nous, le vintage
et la seconde main sentent trop le rebut.
Un terme que nous aimons est preloved,
l’amour pour l’objet. Car l’objet a été aimé
par son ancien propriétaire. Preloved est
un terme plus positif et émotionnel, qui
exprime mieux la valeur et l’histoire d’une
pièce. » Tina Ruts : « Nous avons découvert
une table de Ben Storms chez un couple
malinois, au goût très sûr. Ils avaient vu un
de ses projets de fin d’études et croyaient
tellement en lui qu’ils lui avaient demandé
de créer pour eux une table sur mesure.
Ils disposaient d’un grand espace et lui
ont donné carte blanche. Il y a travaillé
pendant plus d’un an, fait réaliser des
moules, appliquer du plâtre en plusieurs
couches, poncer ; une table totalement
artisanale, vraiment ‘‘faite main’’. Ces
personnes avaient chargé Immodôme de
vendre leur loft et n’avaient pas de place
pour une table de près de cinq mètres
dans leur nouvelle habitation. C’est ainsi
qu’elle a rejoint notre collection. Nous
avons alors pris contact avec Ben Storms,
en pleine ascension en ce moment. Il nous
a fourni des images du making-of de cette
table. Nous pouvons donc documenter la
pièce : l’acheteur futur acquerra en plus
son histoire. » Car la valeur émotionnelle
n’est pas une vue de l’esprit. « Les clients
s’inquiètent de ce qu’il va advenir de leurs
meubles », explique Tina Ruts. « Lors d’un
décès, par exemple, il faut vider une maison,
et parmi les objets figurent des pièces
précieuses. Le public ne veut pas que cela
soit absorbé dans un ensemble impersonnel,
mais souhaite que chaque pièce
conserve sa propre valeur. » Persuadée que
la prochaine génération achètera de moins
en moins de meubles neufs, Isabel De Laet
explique : « Nous voulons que cet amour
pour un meuble continue d’exister dans
sa seconde vie. C’est tout simplement
plus responsable. Les jeunes optent pour
une association de design preloved et de
meubles recyclés. »
PERCEPTION DES VOLUMES
Le portefeuille d’Immodôme Objects
compte actuellement quelque cent-cinquante
pièces. Peuvent-elles concurrencer
les maisons de vente ? Isabel De Laet :
« Nous ne nous considérons pas comme
des concurrents : à chacun son business.
Tout comme pour l’immobilier, nous tentons
de trouver un marché dans le marché.
Nous filtrons et investissons une partie limitée
du marché. Nous dépendons moins
du moment opportun qu’une maison de
vente, pour qui la situation au moment de
la vente compte énormément : qui sera
dans la salle ou au téléphone ? À quel prix
tel objet sera-t-il vendu ? Dans le cas d’une
consignation, on discute au préalable de la
somme que le vendeur souhaite percevoir.
Ensuite, on fixe le prix, éventuellement sur
le long terme. » Le lien avec le secteur immobilier
offre des avantages : « Nous profitons
de ce chevauchement et mettons les
synergies à profit. Il nous arrive d’avoir une
maison à proposer, et dans ce cas, nous
nous disons : pourquoi ne pas organiser
des journées de visite avec éventuellement
les meubles sur place ? De toute façon,
nous réalisons beaucoup de staging afin de
rendre un bien plus attrayant en l’aménageant
ou en le décorant temporairement.
Les acheteurs potentiels peuvent ainsi
mieux percevoir les volumes et imaginer
ce qu’ils pourraient faire de l’espace. » Tina
Ruts nous donne un exemple : « Le canapé
Freedom, créé par le Japonais Isamu Noguchi
pour Vitra dans les années 1950, est
bien plus un objet décoratif qu’un meuble
confortable. Nous avions alors justement
un bien particulier dans notre portefeuille,
une chapelle. Un espace très distinct et
86
« Preloved est un terme qui nous est cher.
Il exprime mieux la valeur et l’histoire
d’un objet »
statique, où le staging représentait un véritable
défi. Nous avons installé le canapé
dans la chapelle, où il s’intégrait parfaitement.
Il y est désormais exposé comme
une sorte de showroom ou d’espace de
stockage. Nous sommes ravis de pouvoir
le présenter, mais il apporte aussi quelque
chose au lieu, habille et valorise l’espace.
C’est donc bénéfique pour la chapelle
elle-même. Cela fonctionne dans les deux
sens. » Isabel De Laet : « De cette manière,
les biens et les objets se renforcent mutuellement.
Une présentation sur un site
web ou via les réseaux sociaux demeure
unidimensionnelle. On ne peut tout expliquer
en profondeur. Si vous ne voyez que
le meuble, vous passez à côté du contexte
et parfois ne le comprenez pas. Cela
fonctionne beaucoup mieux quand vous
pouvez communiquer individuellement. »
Là encore, Tina Ruts avance un exemple :
« Il y a eu cet appartement à Knokke. Un
grand espace ouvert, mais le propriétaire
souhaitait un endroit où il pourrait se
‘‘replier’’. Une box y a alors été installée : le
canapé Claire-Obscur de Claire Bataille et
Paul Ibens. Il trônait là, au milieu, comme
un espace dans l’espace. Quand on s’y installait,
on pouvait observer les alentours
à travers une fine meurtrière. » Isabel De
Laet : « C’était un de ces exemples où tout
converge. C’est génial de voir à quel point
on peut tracer des lignes entre architecture,
aménagement intérieur et design
mobilier. C’est cette dynamique que nous
voulons poursuivre. Nous disposons d’une
belle base et de la clientèle. Nous avons
de belles pièces et souhaitons élargir
notre offre, uniquement avec du mobilier
éco-responsable. À terme, plus personne
n’achètera un meuble pour le liquider
après cinq ans. Cette mentalité disparaît
peu à peu, remplacée par des achats de
qualité et durables, afin d’évoluer vers une
économie circulaire. Nous avons l’ambition
de créer une sorte de magasin de meubles
fondé sur le concept de preloved design et
de sustainable furniture. »
SURFER
www.immodome-objects.be
Ben Storms, Table.
87
Oldtimers
et Youngtimers
Le prix de la nostalgie
Cela fait seize ans qu’au début
du mois d’octobre, les amateurs
d’ancêtres affluent à Knokke-Heist
pour assister au Zoute Grand
Prix. Outre le rallye classique, les
événements et les enchères de
Bonhams|Cars, pour la première
fois cette année, une vente sera
organisée par l’Américain Broad
Arrow Auctions.
TEXTE : ELIEN HAENTJENS
Chaque année, la mi-août est le
moment de vérité pour les collectionneurs
de voitures. C’est à cette
période que se tiennent les ventes
de Pebble Beach à Monterey, en Californie.
Les véhicules les plus rares et les plus exclusifs
y passent sous le marteau. Un baromètre
fiable pour le marché, comme l’explique Leo
Van Hoorick, conservateur à Autoworld,
à Bruxelles : « Le marché de l’automobile
est relativement neuf. Ce n’est que dans les
années 1970 que les premiers clubs sont apparus
et que les véhicules de collection ont
été considérés comme un loisir. Depuis 2005
surtout, les voitures constituent une forme
d’investissement, stimulé par la crise financière
de 2008, qui a connu un pic en 2014.
Depuis, le marché des voitures de collection
a connu une décennie de grâce, avant un
ralentissement ces deux dernières années.
Les véhicules datant d’avant la Seconde
Guerre mondiale sont plus particulièrement
moins prisés. Les grands collectionneurs
vieillissent ou décèdent et leurs héritiers ne
manifestent pas toujours le même intérêt.
Quand ce type de voitures est mis aux en-
Abarth Boano 207 A, numéro 8, 1955. © Broad Arrow Auctions — Est. 250.000-350.000 €
88
Ferrari F40 Berlinetta, 1989. © Bonhams Cars — 1.840.000 €
chères, c’est généralement avec la mention
estate of the late... » Malgré tout, les voitures
de qualité supérieure, des marques Bugatti
et Bentley notamment, dotées d’une riche
histoire en matière de course sur le circuit
du Mans, par exemple, se portent toujours
aussi bien. Ce sont surtout les marques disparues,
donc moins connues, qui perdent de
leur intérêt. Leo Van Hoorick : « Par l’intermédiaire
de Gooding Christie’s, une Ferrari
California Spyder Competizione de 1961
s’est vendue à Monterey pour 25 millions
de dollars, un record pour ce modèle. En
parallèle, la Lancia Aurelia, produite entre
1950 et 1958, n’a atteint que la moitié de son
prix d’origine. Et la valeur d’une Mercedes-
Benz 300 SL Gullwing, produite entre 1955
et 1960, stagne également depuis deux ans.
Longtemps, cette voiture fut considérée
comme ‘‘l’étalon d’or’’, gagnant en valeur.
Aujourd’hui, celle-ci se maintient entre 1
et 1,5 million d’euros. La Ferrari F40 étant
la nouvelle référence. » Cette F40, dernière
voiture de sport entièrement analogique,
fabriquée par Enzo Ferrari en 1987, atteint
aujourd’hui des prix records, entre 4 et 5
millions d’euros aux enchères, contre environ
300.000 il y a dix ans. « Ses successeurs
F50, Enzo et même LaFerrari se vendent
également bien, atteignant des valeurs bien
supérieures au prix catalogue de l’époque »,
ajoute Alex Verstraete de Bonhams|Cars.
La restauration est l’une des difficultés liées
à la collection de voitures : « Tout comme
pour le marché de l’art, la voiture doit être
en parfait état. Car le prix d’une restauration
complète peut être conséquent, jusqu’à
parfois dépasser la valeur du véhicule luimême.
» Leo Van Hoorick : « En parallèle, les
voitures les plus anciennes sont plus faciles
à entretenir car elles contiennent moins ou
pas d’électronique et leurs pièces sont plus
rudimentaires. » L’essor des ventes en ligne
a également considérablement modifié
le marché de l’automobile. Leo Van Hoorick
: « Depuis la pandémie, l’offre en ligne
a explosé. De nouveaux sites proposent en
permanence des voitures haut de gamme.
Les acheteurs potentiels peuvent enchérir
pendant vingt jours. Par exemple, l’Américain
Bring a Trailer, qui en est à ses balbutiements
sur le marché européen, propose un
large éventail de modèles. » D’après Philip
Kantor, vice-président EMEA de Broad
Arrow Auctions, les données relatives à une
automobile restaient jadis confinées entre
les murs de la salle de vente. Ce qui n’est plus
le cas aujourd’hui : « C’est la raison pour
laquelle nous proposons de nombreuses voitures
sans prix de réserve, afin d’en garantir
la vente. En outre, cela stimule le marché,
car les acheteurs aiment toujours avoir
l’impression de faire une bonne affaire. »
« Le prix d’une
restauration
complète peut être
conséquent, jusqu’à
parfois dépasser la
valeur du véhicule
lui-même »
ALEX VERSTRAETE
Bonhams|Cars
89
BMW 2002 Turbo, 1974. © Broad Arrow Auctions — Est. 80.000-130.000 € (sans prix de réserve)
« Depuis 2005
surtout, les voitures
constituent une forme
d’investissement,
stimulé par la crise
financière de 2008,
qui a connu un pic
en 2014 »
LEO VAN HORICK,
Autoworld
SOUVENIRS D’ENFANCE
Contrairement à l’art, les modèles de voitures
sont fortement liées à certaines générations.
À l’achat, de nombreux collectionneurs sont
guidés par leurs souvenirs d’enfance, reconnaît
Leo Van Hoorick : « Ils achètent les voitures
qu’ils voyaient sillonner les rues durant
leur enfance ou qu’ils avaient en poster dans
leur chambre. Voilà pourquoi les youngtimers,
qui datent des années 1970-2000, sont les
plus prisées. » Les conditions imposées par le
marché sont toutefois similaires à celles du
monde de l’art. L’état d’une voiture est extrêmement
important, avec des critères tels que
l’originalité de la peinture et de l’intérieur :
« C’est surtout ces des deux dernières années
que l’on y a accordé davantage d’importance.
Les termes matching numbers soulignent
cette originalité et font grimper les estimations.
En même temps, en tant qu’acheteur, il
ne faut pas être naïf : la plupart des voitures
ont été restaurées un jour et aucune voiture
de course ne dispose encore de son moteur
et de sa boîte de vitesses d’origine. Avant
tout achat, il est donc préférable de se faire
conseiller. Car les initiés connaissent souvent
l’état réel d’une voiture. » Les aspects
liés à la provenance, comme l’historique
détaillé de l’entretien avec les factures correspondantes
ou l’histoire particulière d’un
véhicule, constituent également des atouts
supplémentaires. « Lors de notre vente, nous
proposons septante voitures, dont environ
cinq proviennent de la collection de Bernard
Fornas, ancien directeur de Cartier et co-P.-
D.G. du groupe Richmont », explique Alex
Verstraete. « On y trouve une Range Rover
classique 3.5 1975 ayant appartenu à l’acteur
Alain Delon et une Ferrari 250 GT Berlinetta
Lusso 1963, un modèle de collection
exceptionnel. La solide histoire de Ferrari en
matière de course automobile renforce ce
marché. Il n’est pas rare que les constructeurs
conçoivent une version rallye d’un modèle de
route. Le fait que ces versions aient été produites
en faible quantité, à peine deux cents
exemplaires pour l’homologation du Groupe
B notamment, en renforce l’attrait. L’Audi
Sport quattro, la Lancia Delta S4, la Peugeot
205 T16 ou la Ford RS200 en constituent
d’excellents exemples. Enfin, leur conception
est un atout. Si un designer réputé des studios
Scaglietti, Pininfarina ou Touring a tenu
le crayon, la valeur s’en trouve renforcée. Par
exemple, la Ferrari 250 GT, avec ses élégantes
lignes, est sublimissime. » La vente de Broad
Arrow Auctions compte également quelques
sommités. « L’Abarth Boano de 1955, parfaitement
conservée, n’a été fabriquée qu’à
onze exemplaires. La valeur de la BMW
2002 Turbo de 1974 commence également à
grimper. Les séries ultérieures comme la M3,
la M5 et la M6 des années 1980 sont aussi des
modèles très recherchés », explique Philip
90
Kantor. « Alors qu’une R5 ordinaire ne prendra
jamais de valeur, les collectionneurs vont
rechercher la R5 Turbo 1 ou 2 à moteur central.
Son statut est mythique en raison de son
histoire de course. » « Les voitures sportives
japonaises, qui n’ont jamais été vendues ici,
notamment la Nissan GT-R, ont également
tiré leur épingle du jeu à Monterey », ajoute
Leo Van Hoorick. « Même s’il s’agit de voitures
valant à la base environ 70.000 euros, elles se
vendent aujourd’hui à des prix allant jusqu’à
800.000 euros. »
CONÇUES POUR LE MARCHÉ
Segment relativement neuf du marché, celui
des hypercars. Il est impossible de commander
ces voitures qu’on ne peut en général
acquérir qu’après avoir acheté toute une série
d’autres voitures de la même marque. Alex
Verstraete : « Elles sont produites en séries
très limitées, de quarante à quelques centaines
d’exemplaires au maximum. En raison
de cette rareté, elles atteignent vite des prix
particulièrement élevés aux enchères. À
Pebble Beach, cela s’est notamment traduit
par la vente de trois Bugatti vieilles d’à peine
deux ou trois ans. La Mercedes AMG One,
version de route de la voiture de Formule 1,
a également été vendue par Bonhams|Cars
pour trois millions d’euros. La cylindrée
constitue un paramètre important dans les
hypercars. » Philip Kantor déplore que les
hypercars, ou les éditions limitées, soient
essentiellement acquises pour la spéculation,
non à des fins d’utilisation. « Le plaisir
de conduire se perd », souligne-t-il. « Dans
ce sens, bon nombre de collectionneurs
Range Rover 3.5, 1975, de la collection d’Alain Delon et Bernard Fornas, à vendre à Knokke- Heist.
© Bonhams Cars —Est. 100.000-130.000 €
achètent une voiture comme un ticket d’entrée
pour les rallyes. Par exemple, les participants
au Zoute Grand Prix doivent posséder
des voitures datant d’avant 1970. Les bolides
électriques sont également dénués de cet
aspect émotionnel. Ils sont essentiellement
achetés sur la base de considérations rationnelles.
En outre, ils contiennent trop d’électronique
pour conserver leur attrait pendant
au moins trente ans. » Avec le Pebble Beach
américain et le Rétromobile de Paris en
février, le Zoute Grand Prix est devenu, au fil
de la dernière décennie, l’un des principaux
événements européens dans ce segment
de marché. « Bien qu’une grande partie des
ventes se fasse en ligne, le marché belge
se porte toujours très bien, tant en termes
de ventes que d’achats », explique Alex
Verstraete. « Tous les segments comptent
énormément de collectionneurs en Belgique.
Bien que la plupart d’entre eux soient très
discrets sur ce qu’ils achètent. » Pour les
expositions temporaires qu’il organise à Autoworld,
Leo Van Hoorick est constamment
en recherche de modèles inaccessibles pour
son musée. « En général, même si notre exposition
actuelle sur les German Tuners est
une exception, je trouve ce que je recherche
dans les collections belges. Chaque fois, j’y
découvre de petits bijoux. »
VISITER
Zoute Grand Prix (avec ventes
Bonhams|Cars et Broad Arrow Auctions)
du 08 au 12-10
Knokke-Heist
www.zoutegrandprix.be
InterClassics Brussels
du 14 au 16-11
Brussels Expo
Bruxelles
www.interclassics.events
Peugeot 205 Turbo 16, 1984, un des 200 exemplaires. © Bonhams Cars — ca. 370.000 €
German Tuners from the ’80s and the ’90s
jusq. 14-12
Autoworld
Bruxelles
www.autoworld.be
91
L’avis de l’expert
Un nouveau Botero sur le marché
Fernando Botero, Le Musicien et la femme allongée, 1983, dessin au crayon sur papier, 35,5 x 43,5 cm, sig. ‘‘83 avec dédicace à Pierre Restany’’. Provenance :
Collection Pierre Restany. © de l’artiste / Courtesy De Vuyst
« Attendez, j’ai encore quelque chose à vous montrer. » Le 25 octobre, la
salle de ventes De Vuyst proposera un inédit de Fernando Botero sur le
marché. Tom De Vuyst, troisième génération à la tête de l’enseigne de
Lokeren, s’enthousiasme en sortant son ordinateur portable : « Je vais
vous montrer ce que nous avons déjà rentré pour la vente d’octobre,
même si beaucoup d’autres choses vont encore s’y ajouter. »
TEXTE : BEN HERREMANS
Ce sera une vente mixte, à Lokeren.
« Nous n’organisons pas de ventes
thématiques. Nos clients couvrent
un très large spectre », explique
Tom De Vuyst. « Ils s’intéressent aussi bien
au XVIe siècle qu’à l’art contemporain et
recherchent de belles pièces, non pour
investir, mais par passion. C’est une évolution
historique : mon grand-père a organisé
notre première vente en 1970. En fait, il
était maître-tailleur dans les années 1930.
Avec huit enfants, la relève était assurée.
L’art était sa passion : il a même suivi une
formation à Bruxelles. En 1962, son négoce
92
« Les moyens traditionnels sont épuisés ;
aucune autre réaction n’est possible
que l’abolition de la peinture »
PIERRE RESTANY
de vêtements étant entre de bonnes mains,
il lançait une petite galerie. L’offre s’est étoffée,
puis sont venues les expositions, et plus
tard les enchères. » Cette interaction s’est
perpétuée. Tom De Vuyst : « Nos salles sont
disponibles, nous avons l’espace nécessaire
pour combiner les deux activités : trois
ventes par an, entrecoupées d’expositions.
Même en multipliant les enchères, on ne
parviendrait pas à libérer les salles à temps :
il faut chaque fois organiser une exposition.
La galerie a ainsi prouvé sa légitimité. Nous
avons environ 1.500 œuvres en dépôt, toutes
apportées en vue d’une vente. Mais, figurent
parmi elles des objets de moindre valeur,
que nous ne sélectionnons pas immédiatement
pour une vente. Lors des enchères, la
valeur des lots démarre à 1.500 euros. Dans
la galerie, nous exposons également les
œuvres n’ayant pas trouvé preneur lors d’une
vente. Autrefois, on les appelait les ‘‘œuvres
ravalées’’, un terme peu flatteur. »
FIGURES POTELÉES
Sur son ordinateur portable, le commissaire-priseur
fait défiler les lots vendus le
25 octobre. Des œuvres de Léon Spilliaert,
Pierre Alechinsky, Jean-Michel Folon, Jan
De Vliegher, Raoul De Keyser, Marthe
Wéry, Niki de Saint Phalle, Gustave De
Smet, Constant Permeke, Juan Muñoz....
De grands noms, de la belle marchandise.
Tom De Vuyst s’écrie tout à coup : « Attendez,
j’ai encore quelque chose ! Un Botero.
Ils sont justement en train de le photographier.
» Il disparaît. Dans ses œuvres, le
peintre et sculpteur colombien Fernando
Botero (1932-2023) représentait toujours
la culture sud-américaine, tant par ses
thèmes que par sa palette de couleurs.
Les objets et personnages aux formes
généreuses caractérisent son style, produisant
souvent un effet à la fois comique
et émouvant. L’artiste lui-même était un
collectionneur passionné. Bien qu’il ait
créé et exposé jusqu’à sa mort, dès l’an
2000, il a fait don d’une grande partie de
ses œuvres et de sa collection au Museum
de Antioquia de Medellín et à la Banco
de la República de Bogota. Il imposait
deux conditions : que les œuvres soient
exposées en permanence et que l’entrée
soit gratuite. La collection comprend 123
œuvres de Botero (sculptures, peintures et
dessins) et 85 œuvres d’artistes européens,
dont Picasso, Chagall, Corot, Renoir, Bonnard,
Dalí, Beckmann, Delvaux, Giacometti,
Matisse et Miró, accrochées dans
ses différentes demeures (New York, Paris,
Monte Carlo et Pietrasanta).
NOUVEAU RÉALISME
Tom De Vuyst revient et nous montre un
dessin au crayon sur papier : une femme
ronde et nue, allongée devant un guitariste.
En bas à droite, figure une dédicace :
« à Pierre Restany, Botero 83. » « En fait, ce
dessin s’accompagne d’un livre », ajoute-t-il
en posant celui-ci sur la table. Titre : Botero;
auteur : Carter Ratcliff, critique d’art, écrivain
et poète américain. En page 3, Botero
a dessiné un portrait de Pierre Restany, également
accompagné d’une dédicace : « à
Pierre / Botero 83 / Tucurinca ». Tucurinca
est une ville de Colombie, Zona Bananera,
département de Magdalena. Pierre Restany
(1930-2003) était un historien et critique
d’art français, connu comme le fondateur
et l’inspirateur du Nouveau Réalisme, mouvement
qui s’opposait à l’hyperintellectualisme
transcendant des expressionnistes
abstraits et élevait la réalité quotidienne au
rang d’art. Le 14 avril 1960, Restany rédigeait
à Milan le premier Manifeste du Nouveau
Réalisme. Point de départ : « Les moyens
traditionnels sont épuisés ; aucune autre
réaction n’est possible que l’abolition de
la peinture. » La même année, il nuançait
cette position dans un second manifeste :
« Les Nouveaux Réalistes voient le monde
comme un tableau, un grand fondamental
dont ils veulent s’approprier des fragments
essentiels. » Le groupe des Nouveaux
Réalistes fut officiellement fondé le 27
octobre 1960. Parmi ses membres figuraient
Armand Fernandez (connu sous le
nom d’Arman), François Dufrêne, Raymond
Hains, Jacques Villeglé, Wolf Vostell, Yves
Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean
Tinguely, Mimmo Rotella et César Baldaccini
(connu sous le nom de César). Plus
tard, Niki de Saint Phalle et Christo rejoindront
le mouvement, dissout à Milan en
1970. « C’est un témoignage de gratitude »,
explique Tom De Vuyst à propos du dessin
que Botero a offert à Pierre Restany en 1983.
« Une preuve d’amitié. » A l’époque, les
interactions entre les deux étaient intenses.
Pierre Restany a collaboré à un livre sur
Botero (avec soixante reproductions), paru
le 1er septembre 1984 (Botero, publié par
Harry N. Abrams Inc). En 1983, Pierre Restany
réalisait une lithographie en édition
limitée à 200 exemplaires. The Walk, inspiré
de l’œuvre iconique Walk in the Hills de
Botero, datée de la même année, peut être
interprété comme le testament de la collaboration
entre les deux artistes. Il est réalisé
dans le style caractéristique du peintre,
qualifié de ‘‘Boterisme’’, et porte également
sa signature en bas à droite. Elle a été mise
en vente par la société Atlas Showroom,
basée aux États-Unis, en 2023. Mise à prix :
2.750 dollars.
LIEN AVEC LA BELGIQUE
Mais comment un dessin que l’artiste colombien
a offert à l’historien de l’art français
en 1983 se retrouve-t-il en 2025 chez
De Vuyst à Lokeren? Grâce à la peintre,
sculptrice et graveuse franco-belge Josiane
« La plupart des
Botero des collections
flamandes viennent
de chez Veranneman.
Lorsque ce label est
attaché à une œuvre,
nous nous sentons
déjà beaucoup plus
confiants »
TOM DE VUYST
93
Livre Botero de Carter Ratcliff, Abville Press, New York, 1980, contenant Portrait de Pierre Restany, dessin,
signé ‘‘à Pierre/ Botero 83/ Tucurinca’’. © De Vuyst
« Nous vendons
le dessin avec le
livre, qui n›a pas
beaucoup de valeur,
mais qui donne
plus de densité à
l’œuvre »
TOM DE VUYST
ENCHÉRIR
Vente : le 25-10
De Vuyst
Lokeren
www.de-vuyst.com
De Cock (1934-2005), surtout connue pour
ses œuvres figuratives abstraites. Elle a
suivi une formation artistique à l’Académie
d’Etterbeek, puis à l’Académie de la Grande
Chaumière à Paris et s’est installée dans la
capitale française en 1956, où elle a vécu
tout le reste de sa vie, et épousé Pierre
Restany. Tom De Vuyst : « Le propriétaire
de l’œuvre, un membre de la famille de Jos
De Cock, nous a contactés. Ce dessin n’a
jamais été mis sur le marché : Botero en
a fait don directement à Pierre Restany.
Cela prouve le lien qui les unissait. Il y fait
montre de tout son talent. Il s’agit d’un
magnifique dessin classique au crayon,
finement détaillé. Les silhouettes corpulentes,
le musicien, la guitare au petit trou
de résonance, les fruits, le cigare ou la
cigarette : les sujets classiques de Botero y
sont présents. Nous le mettons en vente en
même temps que le livre. En soi, celui-ci n’a
pas grande valeur, mais dans ce contexte,
il confère au dessin une dimension supplémentaire,
narrant son histoire et illustrant
le lien entre les deux hommes. Les collectionneurs
qui achètent une œuvre aiment
qu’elle soit accompagnée d’une documentation
ou de littérature. »
LABEL
« Son authenticité ne fait aucun doute »,
assure Tom De Vuyst. « Bien entendu,
nous vérifions toujours l’origine d’une
œuvre proposée. D’où vient-elle, où a-t-elle
été vendue et achetée ? La plupart des
Botero des collections flamandes viennent
de chez Veranneman et de sa fondation
à Kruishoutem. Quand une œuvre est
labellisée Veranneman, nous nous sentons
déjà beaucoup plus confiants. » Emiel
Veranneman (1924-2004) était issu d’une
famille d’artistes. Son oncle était Constant
Permeke et il était considéré comme
expert de ce peintre. Mais, c’est surtout
en tant qu’architecte d’intérieur, créateur
de meubles et marchand qu’il s’est fait
connaître au niveau international. Il est à
l’origine de la Fondation Veranneman de
Kruishoutem, centre d’art contemporain
réputé. Il fut l’un des premiers à exposer
les œuvres du jeune Botero, alors inconnu.
« Dans ce cas-ci, nous n’avons même pas
eu besoin de rechercher le label Veranneman,
car cette œuvre nous est parvenue
en direct », explique Tom De Vuyst. « Nous
avons quand même contacté la fille de
Botero. » Lina Botero (1958) est l’un des
deux enfants issus du premier mariage
de Fernando Botero avec la Colombienne
Gloria Zea. Sa seconde épouse, de 1978
jusqu’à sa mort en 2023, fut la Grecque Sophia
Vari, sculptrice et créatrice de bijoux.
Lina Botero partage son temps entre le
Mexique et l’Europe. C’est une architecte
d’intérieur de renommée internationale.
Tom De Vuyst : « Il y a quelque temps, on
nous a proposé une sculpture de Botero.
Nous avons envoyé des photos à sa fille.
Lorsqu’elle a dit : ‘‘Nous ne reconnaissons
pas cette pièce, ce n’est pas du Botero’’,
cela a immédiatement mis fin à l’histoire.
Mais, cette fois, elle a confirmé sans hésitation
l’authenticité de l’œuvre. Nous l’estimons
entre 40.000 et 50.000 euros. Obtenir
ce montant ne devrait guère poser de
problème : dans notre politique tarifaire,
nous visons toujours un équilibre entre
juste prix et attractivité. Nous évitons de
maximiser, car cela couperait aussitôt
l’élan. L’estimation basse correspond au
prix minimum pour nous, le prix que nous
avons convenu avec le propriétaire et en
dessous duquel nous ne vendons pas. »
S’il y a certainement des personnes en
Flandre et en Belgique qui recherchent
un Botero, notre interlocuteur pense
que cette œuvre partira à l’étranger : « Le
marché y est plus important. En outre, ces
œuvres retournent souvent dans leur pays
ou région d’origine. Lorsqu’un Raveel est
vendu dans le sud de la France, neuf fois
sur dix, c’est un Flamand qui l’emporte. »
94
Walter Swennen - 1984
Merci, Dank u Walter
Walter Swennen 1946 - 2025
Showroom: Altenaken 11
3320 Hoegaarden
Photo : Max Vicca
quattro-benelux.com
quattro@quattro-bnlf.com
Viviane & André Vossen
AUTUMN ADORABLES
100 LOTS EXCEPTIONNELS
lundi 27 octobre
www.maisonjules.be
Focus
International
EST. 3.000-5.000 €
Jules Wabbes, applique Nid d’abeilles,
tubes de section hexagonales en
laiton massif doré patiné soudés.
Bonhams Cornette de Saint Cyr, Paris,
02-10. © Bonhams Cornette
EST. 50.000-70.000 €
Louis Vuitton et Cindy Sherman, Exceptionnelle Malle
studio, 2014, éd. 2/25, 102 x 61 x 53 cm. Piasa, Paris, 02-10.
© Piasa
EST. 30.000-50.000 $
(25.500-42.500 €)
Irving Penn, Cracked Egg, New York, 1958,
tirage photographique en couleur. Phillips,
New York, 08-10. © Phillips
ON VENDRA
Le design de Jules
Wabbes chez
Bonhams Cornette
Trois collections seront vendues
aux enchères à Paris chez Bonhams
Cornette de Saint Cyr, lors
de la vacation 100 ans de Design, le
2 octobre. La première est composée
du mobilier provenant d’une
villa entièrement décorée par Jules
Leleu (1883-1961), de l’entrée aux
chambres, où chaque élément a
été conçu pour créer une atmosphère
spécifique toujours aussi
harmonieuse, plus de 70 ans après
sa réalisation. Fondée par Jules
Leleu, la Maison Leleu est le fruit
de collaborations emblématiques.
Architectes décorateurs, créateurs
de meubles et de textiles, la famille
Leleu laisse un nom synonyme
de luxe, de création française au
plus haut niveau de qualité, dans
des matériaux nobles. Débutant
modestement en 1882, la
saga familiale devient célèbre et
s’implante dans un prestigieux
hôtel, 65 avenue Franklin Roosevelt
à Paris. Leleu fut une maison
vedette de la décoration française,
des années 1920 à 1948, sous la
houlette de Jules Leleu, puis dans
les années 1948-1970, sous la
direction d’André Leleu, assisté de
ses enfants et de toute sa famille.
La maison déployait ses activités
dans tous les domaines de la
profession, décoration d’intérieur,
meubles, boiseries, tissus, tapis,
éclairages, avec la collaboration
de nombreux artistes : les tapis
de Da Silva Bruhns, les cartons de
tapisseries de Gernez, de Kaskoff,
les tapisseries murales d’Hilaire,
de Lurçat, de Picart-le-Doux, les
peintures sur meubles de Brayer,
de Chapelain-Midy, de Despierres,
de Souverbie, de Terechkovitch,
de Vertès, les laques de Bobot,
de Dunand, d’Hamanaka, les
ferronneries d’art de Brandt, de
Subes, les sculptures de Dejean
et de Revol (est. 1.000 à 50.000
euros). La deuxième est un exceptionnel
ensemble de seize pièces
signées Jules Wabbes (1919-1974)
provenant de la collection de
Lucien Leborgne (1931) (est. 2.500
à 11.000 euros). Né à Lessines,
il suit les cours de l’Académie
des Beaux-Arts de Saint-Josseten-Noode
dans la section
ensemblier-décorateur. Il passe
ensuite dix ans auprès de divers
ébénistes jusqu’en 1954, avant de
devenir contremaître des Ateliers
de Jules Wabbes, dans la partie
Mobilier et Décoration intérieure
jusqu’en 1957. À partir du 1er avril
1964 jusqu’en 1968, il exerce les
fonctions de directeur technique
de l’usine Mobilier Universel.
Pendant cette période, il assumera
la responsabilité de la gestion des
achats du bois, de l’élaboration
des plannings, de l’amélioration
des méthodes de fabrication et
du coût de revient des pièces, de
l’intensification de la production et
de la promotion et de la conception
des nouveaux modèles sous
la direction de Jules Wabbes. On
annonce enfin une collection de 54
boîtes, poudriers, et bijoux signés
Line Vautrin (1913-1997), créatrice
inspirée de génie. Ces objets, dont
les estimations varient de 500 à
5.000 euros, ont été réalisés dans
les années 1940, décennie durant
laquelle Line Vautrin (déjà connue
pour ses créations de boutons de
mode ou de bijoux) s’adonne aux
boîtes (poudriers, cendriers ou
autre piluliers), ornées de rébus,
jeux de mots ou de décors tout
aussi créatifs, parfois émaillés, et
confectionnées au sein de l’hôtel
de Sérilly, dans le Marais.
Le pied-à-terre de
Cindy Sherman
chez Piasa
Egalement le 2 octobre, Piasa
propose l’intérieur du pied-à-terre
parisien de l’artiste américaine
Cindy Sherman (1954), conçu et
aménagé par Laplace, cabinet
d’architecture internationalement
reconnu. Cette dispersion
inédite révèle le dialogue intime
entre l’univers conceptuel de la
photographe et la vision architecturale
raffinée de Luis Laplace
et Christophe Comoy, fondateurs
de l’agence. Mobilier moderniste,
œuvres d’art contemporain, pièces
de design rares, mode et luxe
témoignent d’une sensibilité partagée
pour l’élégance, la culture
visuelle et l’expérimentation
des formes. Dans le salon, face
à la cheminée, un large canapé
courbe italien dialogue avec deux
fauteuils des années 1960 garnis
de tissu jaune. Sur la table basse,
deux céramiques de la sculptrice
américaine Chris Garofalo. Dans la
salle à manger, six chaises signées
par le designer italo-brésilien
Guglielmo Ulrich, font écho à une
paire de fauteuils Pilot du Suédois
Arne Norell et à deux consoles
dans le goût de Marc du Plantier
sur lesquelles reposent deux vases
en verre de Murano de Massimo
Micheluzzi. La suite de la vacation
est consacrée aux objets personnels
de la photographe, dont la
fameuse Malle Studio, réalisée
pour les 160 ans de la toile Monogram
de Louis Vuitton, soutien
indéfectible de l’artiste depuis ses
débuts (est. 50.000-70 000 euros).
Une vente Irving
Penn chez Phillips
Cet automne, Phillips New York
organise une vente historique de
photographies et d’œuvres d’art
provenant de la fondation Irving
Penn (1917-2009). Cette vente
inclut des tirages photographiques
et des peintures réalisés par le
98
EST. 7.000.000-10.000.000 £
(8.000.000-11.530.000 €)
Peter Doig, Country Rock, 1998-1999, huile sur toile.
Christie’s, Londres, 15-10. © Christie’s Images Ltd.
EST. 500.000-800.000 £
(576.000-922.000 €)
Pablo Picasso, Nez quart de Brie
(Etude pour les Demoiselles d’Avignon
ou Nu avec draperie), 1907,
dessin. Christie’s, Londres, 16-10.
© Christie’s Images Ltd.
EST. 1.000.000-2.000.000 €
René Magritte, Le Ciel passe dans l’air, 1927, huile sur
toile, 50,2 x 64,9 cm. Christie’s, Paris, 23-10. © Christie’s
Images Ltd.
photographe au cours de ses
sept décennies de carrière. C’est
la première fois que la fondation
propose des œuvres de l’artiste
aux enchères. Cet événement historique
célèbre ses talents remarquables,
en mettant en avant sa
vision unique et son savoir-faire
magistral dans divers procédés
de tirage photographique. Les
œuvres sélectionnées couvrent
toute la gamme des supports et
des sujets explorés au cours de sa
carrière, présentant des images
rarement vues aux côtés de ses
photographies les plus connues,
qui offrent une nouvelle perspective
sur la diversité de la production
de l’un des photographes
les plus importants du XXe siècle,
connu pour ses images saisissantes,
sa maîtrise technique et
son intensité tranquille.
La Collection
Ole Faarup pour
Christie’s
Ole Faarup (1934-2025) fut l’un
des collectionneurs d’art les plus
visionnaires du Danemark, réputé
dans toute l’Europe pour son
œil avisé et son engagement en
faveur de l’art contemporain. Le 15
octobre, sa collection est mise aux
enchères dans le cadre de la série
de ventes d’art des XXe et XXIe
siècles organisée par Christie’s, à
Londres. Cette collection exceptionnelle,
constituée pendant plus
d’un demi-siècle, témoigne de
manière saisissante de sa passion
pour l’art contemporain et les
artistes émergents. Dominée par
deux chefs-d’œuvre de l’artiste
britannique Peter Doig (lire par
ailleurs), elle comprend des noms
internationaux de premier plan
tels que Chris Ofili et Jean-Michel
Basquiat, ainsi que des figures de
la Neue Leipziger Schule, aux côtés
d’artistes du mouvement YBA
comme Tracey Emin et Damien
Hirst. Tout au long de sa carrière
de collectionneur, Ole Faarup
s’est également concentré sur l’art
d’artistes danois et scandinaves
établis et émergents, de Karin
Mamma Andersson, Per Kirkeby et
Esben Weile Kjær à John Kørner,
Jeppe Hein et Olafur Eliasson.
Estampes et
œuvres sur papier
chez Christie’s
Ayant vécu et survécu à la Seconde
Guerre mondiale, Klaus Hegewisch
(1919-2014) trouvait refuge
dans l’art. La Collection Hegewisch
est aujourd’hui considérée comme
l’une des plus vastes collections
privées d’estampes et de dessins
européens. Elle se distingue par
son ampleur, son thème central et
sa qualité, couvrant une période
allant de 1500 à 1960 environ.
Enrichie de quelques œuvres
sélectionnées provenant d’Afrique
de l’Ouest, cette collection évoque
un mélange de beauté inquiétante,
de sensualité, d’humour et
d’étrangeté. Composée d’œuvres
exceptionnelles de Dürer, Rembrandt,
Tiepolo, Goya, Redon,
Munch, Kollwitz, Léger, Beckmann
et bien d’autres, elle est aussi
variée qu’intensément personnelle.
Ce qui unit leurs œuvres,
c’est le goût du collectionneur
pour le mystérieux. Il était attiré
par les images ayant un caractère
surnaturel, certaines envoûtantes
mais discrètement inquiétantes,
d’autres macabres ou véritablement
terrifiantes. Regorgeant de
fantômes, de sirènes, de sorcières,
de gobelins et autres créatures
ou apparitions fantastiques, la
collection offre un aperçu de
l’imagination humaine, entre rêves
et cauchemars, désirs et peurs.
L’œuvre de Picasso en est le cœur,
englobant toute la gamme des
émotions, émerveillement, joie,
charme, mélancolie, angoisse et
horreur.
Une collection
européenne chez
Christie’s
Le 23 octobre, Christie’s Paris
présentera Moderne(s), une
collection particulière européenne.
Cette vente inaugurera la grande
semaine des ventes d’automne
traditionnellement dédiées aux
XXe et XXIe siècles, organisées
en parallèle de la foire Art Basel
Paris. Réunissant une quarantaine
d’œuvres modernes et contemporaines,
cette collection rend
hommage aux avant-gardes
européennes, avec entre autres La
Passerelle Debilly, huile sur toile de
1903 de Paul Signac, Le Ciel passe
dans l’air, huile de 1926 de René
Magritte, ou encore Fruit d’une
longue expérience, un rare relief
en bois de 1919 (période Dada) de
Max Ernst ainsi que La Matelas de
Domenico Gnoli. Une occasion
rare d’acquérir des œuvres de
qualité muséale, choisies avec soin
par cette famille de collectionneurs
au regard aiguisé et conservées
dans la même collection depuis
plus de cinquante ans.
99
On vendra
Belgique
06 & 07-10 Belle diversité chez Horta
EST. 5.000-7.000 €
Léon Frederic, Jeune fille à la coccinelle,
1910, huile sur toile, 86 x 67 cm.
© Horta
EST. 5.000-7.000 €
George Minne, L’homme à l’outre,
H. 67 cm. © Horta
EST. 6.000-8.000 €
Paul Quviq Malliki, Ours polaire marchant, 2012, sculpture
en marbre, 16 x 30 cm. © Horta
07-10 Peinture belge chez Bernaerts
Dans cette vente ‘‘Classique vs Moderne’’, Bernaerts présente des peintures du XIXe au XXIe
siècle, principalement belges. De la période romantique au début du XXe siècle, on trouve une
toile dite ‘‘de style pompéien’’ de l’Anversois Piet Van der Ouderaa, intitulée Ligia à la statue
d’Asclépios, œuvre historique de Mattheus Ignatius Van Bree, et une toile remarquable du français
Théodule-Augustin Ribot. Chênes et Campine de l’artiste de plein air Isidore Verheyden et une vue
tout aussi ensoleillée de Venise de Paul Hermanus raviront les amateurs de paysages délicatement
peints, tandis qu’une Dame assise à l’ombrelle de Jean Béraud, petite mais délicate, évoque fortement
Alfred Stevens, peintre de femmes de la Belle Époque. Une toile de Frits Van den Berghe de
1916-1917, Orée de forêt au coucher du soleil, annonce le début du XXe siècle. L’entre-deux-guerres
est notamment représenté par une chaise en acier chromé de Louis Herman De Koninck et un
buffet de Ferdinando Meccani, clin d’œil à cette époque mais datant des années 1980. Les années
1950 et 1960 sont, quant à elles, illustrées par une toile d’Antoine Mortier, Le maître chanteur. Un
saisissant et menaçant Champ de combats d’Armando, datant de 1986, côtoie de majestueuses
toiles de Philippe Vandenberg, en provenance de la Galerie Foncke de Gand. On y trouve également
des œuvres de Sophie Kuijken, Davis Rhodes et Hans Op de Beeck. Enfin, les amateurs
d’antiquités apprécieront sans aucun doute une imposante horloge d’Amsterdam à calendrier
astronomique, datée de 1754.
EST. 20.000-25.000 €
Frits Van den Berghe, Orée de forêt au coucher
du soleil, ca. 1916-1917, huile sur toile marouflée
sur carton. © Bernaerts
07-10 Joaillerie chez AZ Auction
EST. 2.500-3.500 €
Ilias Lalaounis, Grèce, broche lion, or jaune 18 ct,
diamants, rubis, 7 x 5 cm, poids brut : 46,8 g.
© AZ Auction
EST. 4.000-6.000 €
Superbe collier dans le goût de l’Antique, XIXe
siècle, or jaune d’env. 20 carats (847 millièmes),
L. 58 cm, poids brut : 61,1 g. © AZ Auction
EST. 28.00-32.000 €
Van Goller, collection Insolita, bracelet manchette
large, maille en trois ors 18 ct, rubis, grenats
tsavorites, tanzanites, grandidiérites, diamants,
18,5 x 3,3 cm, poids brut : 111,8 gr. © AZ Auction
100
Léon Spilliaert
Pierre Alechinsky
VENTE AUX
ENCHÈRES
ART CONTEMPORAIN,
MODERNE ET
MAÎTRES ANCIENS
Samedi 25 octobre 2025
Exposition : 15 au 22 octobre - 10h -19h
Désirez-vous vendre ?
Contactez Renaat Sapyn : +32 9 348 54 40
ou renaat.sapyn@de-vuyst.com.
Rendez-vous à domicile.
Niki de Saint Phalle
Hôtel de Ventes De Vuyst - Kerkstraat 22-54 - 9160 Lokeren (Belgique) - +32 9 348 54 40 - info@de-vuyst.com - www.de-vuyst.com
On vendra
Belgique
09-10 Œuvres sur papier chez Bernaerts
Cette vente d’œuvres sur papier présente des
estampes de collection d’artistes nationaux et
internationaux, tels Hans Hartung, Serge Poliakoff,
Corneille, Alberto Magnelli, Louise Bourgeois, Anish
Kapoor, David Claerbout, Thierry De Cordier, Kris
Martin, Wolfgang Tillmans, H.-P. Feldmann, Raoul de
Keyser, Fred Bervoets et Roger Raveel, pour n’en citer
que quelques-uns. De l’entre-deux-guerres, une
petite collection de dessins du célèbre Eugène Van
Mieghem est mise aux enchères, ainsi qu’une aquarelle
magistrale de Jozef Peeters, datée de 1919, un
Funambule atypique de George Grosz, une œuvre
de Léon Spilliaert, Autour de l’étang du parc Marie-
Henriette de 1928, et quatre dessins de Rik Wouters.
On présente également des nus de Constant Permeke,
une magnifique feuille de Gaston Bertrand et
un dessin à l’encre de Walter Swennen, récemment
décédé, oeuvre de 1987.
EST. 8.000-12.000 €
Jozef Peeters, Sans titre, 1919, encre de Chine et aquarelle. © Bernaerts
09 au 11-10 L’Atelier de René De Pauw chez Van de Wiele
Le 10 octobre, les archives et œuvres d’art de l’atelier du peintre René
De Pauw (1887-1946) sont mises aux enchères. Attaché à la ville de
Bruges, où il avait étudié les lettres, puis les Beaux-Arts, son œuvre
la plus connue est sans doute la grande fresque murale du hall de la
gare locale. Un dessin préparatoire pour cette fresque est proposé.
René De Pauw dessinait également des caricatures acérées, mais se
sentait particulièrement à l’aise parmi les pêcheurs de Heist-aan-
Zee. Des œuvres de Jules De Bruycker, Armand Jamar, Henri-Victor
Wolvens et Kiki Smith, entre autres, sont également proposées. Le 11
octobre, Charles de Bovelles est à l’honneur, avec un texte emblématique
traitant de la philosophie de la Renaissance. Avec d’autres
humanistes, Charles de Bovelles (ca. 1475-1566) a combiné mathématiques,
philosophie et correspondance, dans une œuvre complète où
il recherchait la sagesse à travers l’harmonie de la foi et de la raison.
Son Liber de Sapiente fut imprimé à Paris en 1511.
EST. 15.000-20.000 €
Charles de Bovelles, Liber de Sapiente,
1511, Paris. © Van de Wiele
EST. 2.000-3.000 €
Kiki Smith, Marionnette, 1993-1994.
© Van de Wiele
11-10 Autoworld accueille la deuxième édition d’Aguttes on Wheels
Après le succès exceptionnel de sa première vente en
Belgique l’année dernière en marge du Zoute Grand
Prix, l’équipe d’Aguttes on Wheels est de retour à
Bruxelles pour une nouvelle édition, au prestigieux musée
Autoworld. L’an dernier, cette première vente avait
séduit les passionnés avec plus de 4 millions d’euros de
résultats et un taux impressionnant de 87 %. Cultivant
ses différences et refusant la pratique du ‘‘sans réserve’’,
Aguttes on Wheels se démarque avec des prix soutenus
sur un marché de plus en plus exigeant.
EST. 520.000-580.000 €
Bugatti Type 57 Cabriolet Graber, 1936, châssis
#57483, historique limpide et documenté,
incroyable état d’origine, parfaitement
fonctionnelle. © Aguttes
Ensemble exceptionnel de trois Pegaso :
EST. 500.000-700.000 €
1954 – Z-102 #0137 Coupé Saoutchik Série 2.
EST. 400.000-600.000 €
1953 – Z-102 #0134 Cabriolet Saoutchik Série 1.
EST. 350.000-550.000 €
1952 – Z-102 #106 ENASA Berlinetta.
102
VENTE PUBLIQUE
21 et 22 octobre à 18h30
Sculpture “Léda” en marbre blanc.
Philippe Wolfers. 18.000/24.000 euros
“Etude d’homme assis” à la
mine de plomb. Marsden Hartley.
7.000/9.000 euros
Huile sur toile “Cascade en
montagne”. Jean François Xavier
Roffiaen. 2.000/3.000 euros
VENTE XLV
DISPERSION DE L’ATELIER
DU SCULPTEUR BELGE GEORGES
VAN DE VOORDE (1878-1964)
Jeudi 30 octobre à 13h00
Sculpture puzzle “Opus 131, Alhucema” en bronze.
Miguel Berrocal. 30.000/40.000 euros
EXPOSITION
17, 18 et 19 octobre de 10 à 18h
160 sculptures originales et inédites sur le marché en provenance
directe de la collection familiale
Salle de vente Gerpinnes : 52 rue de Bertransart
Bureau de Woluwe Saint Pierre : 177 rue au bois
Bureau de Waterloo : 12 rue Libert
HOTEL DE VENTES VANDERKINDERE S.A.
Chaussée d'Alsemberg 685-687, 1180 Brussel,
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On vendra
Belgique
12-10 La Collection Fornas à la Zoute Sale de Bonhams
Lors de la vente Bonhams Cars du Zoute, à
Knokke-Heist, une partie de l’exceptionnelle
collection automobile de Bernard Fornas est
mise aux enchères. Ancien PDG de Cartier
EST. 1.150.000-1.400.000 €
Aston Martin DB5 Cabriolet, 1964, entièrement
restaurée. © Bonhams Cars
International, il est connu pour son sens aigu
du style, de la beauté, de l’élégance et du
raffinement, qualités qui se reflètent clairement
dans sa passion pour les voitures de
EST.1.250.000-1.500.000 €
Ferrari 250 GT Berlinetta Lusso, 1963, châssis
n° 4439. © Bonhams Cars
collection. Celle-ci comprend un large éventail
de véhicules datant de l’âge d’or de l’automobile,
de la fin des années 1950 au milieu des
années 1980, avec des exemplaires remarquables
de Ferrari, Aston Martin, Maserati,
Porsche et de marques américaines classiques.
Les deux bolides les plus importants représentent
le summum de l’élégance des années
1960. L’Aston Martin DB5 Cabriolet de 1964 est
l’un des 39 exemplaires produits avec conduite
à gauche. Livrée neuve aux États-Unis, cette
voiture fut entièrement restaurée par Bacchelli
& Villa, il y a plusieurs années. Sa valeur estimée
se situe entre 1.150.000 et 1.400.000 d’euros.
La Ferrari 250 GT Berlinetta Lusso de 1963 est
présentée dans une magnifique couleur Grigio,
avec intérieur noir ; elle a récemment reçu la
très convoitée certification Red Book de Ferrari
Classiche (est.1.250.000-1.500.000 euros).
du 14 au 16-10
Un Miró pour Carlo Bonte
La maison Carlo Bonte présente, cet automne, les
Oiseaux de Joan Miró, estimés entre 150.000 et 200.000
euros. Une œuvre originale de cet artiste surréaliste est
rarement proposée sur le marché belge. L’avant-garde
du XXe siècle y est aussi magnifiquement représentée
dans son intégralité, avec de nombreux noms
célèbres tels que Pol Bury, Walter Leblanc, Alexander
Calder, Karel Appel, Picasso, Maurice Wyckaert,
Albéric Collin, Pablo Atchugarry et Jef Verheyen. On y
trouve également une œuvre de Floris Jespers issue
d’une collection privée et plusieurs œuvres de Paul
Van Hoeydonck, récemment décédé. La section plus
classique comprend La Cathédrale de James Ensor
(1886) et une nature morte de Charles Verlat. A prendre
aussi, une importante sélection de verreries de maîtres
tels qu’Émile Gallé et René Lalique. De la période Art
EST. 60.000-80.000 €
Bram Bogart, Le Rouge, 1962, technique mixte sur panneau, 153 x 123 cm. © Carlo Bonte
déco, on remarque une belle collection de céramiques
de Charles Catteau, dont un rare vase. L’argenterie
inclut un exceptionnel centre de table russe du début
du XXe siècle et la coupe en argent remportée par le
prince Charles lors de la Cordonniu Cup, en 1981. Les
collectionneurs apprécieront également des oeuvres
en provenance de la famille royale belge. Parmi les
classiques du design, citons les chaises Africa de Tobia
& Afra Scarpa, les chaises PK9 de Poul Kjaerholm,
la chaise Ball d’Eero Aarnio et le canapé Série 600
de Jules Wabbes. Enfin, une vente The Garden, en
collaboration avec Paul De Grande est proposée. On
y trouve une belle sélection d’art asiatique, dont un
impressionnant brûle-parfum japonais de l’ère Meiji.
La tête en bronze du Bouddha Shakyamuni, datant du
XVe siècle, est exceptionnelle.
du 15 au 17-10
Porcelaine impériale chez Rob Michiels
EST. 400.000-
600.000 €
Rarissime jarre de pèlerin
ou ‘‘flacon lunaire’’, Chine,
marque et époque Yongzheng,
porcelaine bleu et
blanc ‘‘Bajixiang’’, H. 48 cm.
© Rob Michiels
La maison brugeoise Rob Michiels organise une vente spéciale d’automne,
suivie d’une vente en ligne. Le catalogue présente une sélection
de fines porcelaines de Chine, dont la pièce maîtresse est une rarissime
gourde impériale Bajixiang (gourde lunaire), en bleu et blanc, marquée
Yongzheng et datant de cette période, estimée 400.000 à 600.000 euros.
Ce chef-d’œuvre, issu d’une collection privée belge, a été acquis chez
Christie’s à Londres, en 2008. Les amateurs de porcelaine de ‘‘Famille
Rose’’ trouveront une riche sélection. Pièce particulièrement exceptionnelle,
cette assiette coquille d’œuf, à fond rubis, (est. 4.000-8.000
EST. 2.500-5.000 €
Rare et grand carreau représentant
un prince à cheval,
Delft, première moitié du
XVIIe siècle, faïence bleu
et blanc, 20 x 20 x 2,5 cm.
© Rob Michiels
euros), dont la provenance est impressionnante. Elle faisait partie de la
collection de James A. Garland (1840-1902), fut prêtée au Metropolitan
Museum of Art de New York en 1895, puis acquise par J. Pierpont Morgan
(1837-1913). Elle fut également exposée au Metropolitan Museum of Art
et incluse dans le célèbre catalogue de la collection Morgan de porcelaines
chinoises de Bushell & Laffan. La section européenne présente de
la faïence de Delft. Seront mises aux enchères une rare fontaine de table
polychrome du XVIIIe siècle (est. 8.000-12.000 euros) et de rares carreaux
de Delft, dont un grand carreau de fenêtre (2.500-5.000 euros).
104
DESIGN, ART ET ANTIQUITÉS
VENTES AUX ENCHÈRES
ART &
ANTIQUITÉS
VENTE LES
11 ET 12
NOVEMBRE
Hendrik Reekers (1815-1854)
Nature morte aux fleurs et aux
fruits avec verre à pied et cruche
Westerwald, signée ‘‘H. Reekers’’,
en bas à droite.
DESIGN
DE 1900
A NOS JOURS
VENTE
10 NOVEMBRE
Carolein Smit (1960)
Sculpture en céramique polychrome,
intitulée Prikkelgraal, 2005. Le socle
décoré d’une bordure de perles, de
motifs de coquillages et de souris.
EXPOSITION : 7, 8 & 9 NOVEMBRE (ENCHERES A PARTIR DU 24 OCTOBRE)
Ventes d’œuvres d’art,
d’antiquités et de bijoux
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Belgique
20-10 La Collection Marcel Hendrickx chez Haynault
Lors de sa prochaine vente, Haynault dispersera la première partie
de la collection de Marcel Hendrickx. Celle-ci comprend des billets
et des monnaies de différents continents, avec un intérêt pour l’Asie
et le monde arabe, dont un très rare billet de 1 Gulden des Indes
néerlandaises, daté de 1815. Malgré le fait qu’il ait été coupé en
deux, son estimation élevée de 1.000-1.500 euros, devrait attirer les
amateurs éclairés. Autre billet de cette région, un beau 10 Cents des
Établissements des détroits (Straits Settlements), anciennement Singapour,
émis en 1919, doté d’une estimation plus abordable de 150 à
200 euros. Parmi les monnaies de cette collection, on trouve un beau
Dinar en or frappé sous Vasu Deva I (190-230) de l’empire Kushan
ainsi qu’un beau Thaler de Saxe, daté de 1645. Provenant d’une autre
collection, ce très beau denier de la République romaine, estimé
entre 200 et 300 euros, devrait ravir les collectionneurs de cette
période. Parmi les décorations militaires, seront proposées à la vente
différentes décorations de l’Ordre royal du Lion. En fin de vente, on
dispersera une belle sélection d’argenterie.
EST. 800-1.000 €
Kushan, Vasu Deva I, ca.190-230,
Dinar. © Haynault
EST. 1.000-1.500 €
Indes néerlandaises orientales, 1 Gulden,
1815. © Haynault
20 & 21-10 Varia chez Elysée
EST. 1.300-1.500 €
Paul Daxhelet, Danseurs Africains, huile
sur toile, 100 x 100 cm. © Elysée
EST. 1.500-2.000 €
Paire de vases à décor de paons, Val Saint
Lambert, cristal gravé à l’acide, H. 26 cm, pièces
uniques. © Elysée
21-10 Un rare Jan Cox chez Campo & Campo
EST. 15.000-25.000 €
Jan Cox, Le fils d’Hector surpris par
l’armure de son père, de la série L’Iliade.
© Campo & Campo
EST. 20.000-30.000 €
Jos Albert, Nature morte, 1921. © Campo
& Campo
EST. 10.000-15.000 €
Jo Delahaut, Signe 36. © Campo &
Campo
La vente d’art moderne et contemporain de Campo & Campo proposera
une large sélection d’environ 650 œuvres d’art et une offre
restreinte en mobilier design. Parmi les œuvres rares de l’artiste Jan
Cox (1919-1980), on trouve Le Fils d’Hector surpris par l’armure de son
père de la série Iliade (est. 15.000-25.000 euros) et Ménades dansantes
sur papier de la série Orphée. Autre œuvre-phare de la vente : Signe
36, une magnifique œuvre abstraite de l’artiste belge Jo Delahaut (est.
10.000-15.000 euros). Une œuvre de Walter Leblanc, Torsions Mobilo-
Static, est proposée à la même estimation. Parmi les autres œuvres
belges, citons une nature morte colorée de Jos Albert (est. 20.000-
30.000 euros) et l’Autoportrait à Bangkok de Sam Dillemans (est. 7.000-
9.000 euros). À noter également une série de huit œuvres de Michel
Seuphor et plusieurs œuvres sur papier de Paul Delvaux. À l’international,
on propose, entre autres, une gouache de l’artiste turc Burhan
Dogançay (est. 10.000-15.000 euros) et un rare Luth oriental d’Arman
(est. 15.000-20.000 euros). Evidemment, de nombreux autres artistes
sont également proposés.
106
VENTE PUBLIQUE
8 & 9 novembre
“Collection Zouboff” – art russe
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Belgique
21 & 22-10 Un beau Berrocal pour Vanderkindere
EST. 2.000-3.000 €
Jean François Xavier Roffiaen, Cascade en
montagne, huile sur toile. © Vanderkindere
EST. 18.000-24.000 €
Philippe Wolfers, Léda, marbre blanc.
© Vanderkindere
EST. 30.000-40.000 €
Miguel Berrocal, Opus 131, Alhucema,
sculpture puzzle, bronze. © Vanderkindere
25-10 Des œuvres exceptionnelles chez De Vuyst
Collectionneurs et amateurs pourront bientôt s’émerveiller devant la
beauté des œuvres exposées, lors de la vente d’octobre chez De Vuyst.
Le catalogue comprend plusieurs lots de Léon Spilliaert, dont la mystérieuse
Colonnade au crépuscule (1920). Rider (1929), œuvre de jeunesse
d’Hubert Malfait, au style fluide caractéristique de cette période, a
figuré dans la collection d’André de Ridder. Autre œuvre marquante,
une composition lyrique et abstraite de 1960 par Jozef Peeters, l’une des
dernières créations de l’artiste anversois. Plusieurs œuvres sur papier
de Raoul De Keyser sont annoncées, ainsi que deux peintures, Veld
(1970) et Sans titre (1985), chacune d’une période stylistique différente.
A ne pas manquer, quelques œuvres internationales de premier plan,
comme un dessin de Fernando Botero, deux compositions abstraites
sur toile de Bernard Frize, des sculptures de Niki de Saint Phalle et une
sculpture hyperréaliste de Tony Matelli. Enfin, Pax et bonum semper
tecum (1992-1993), peinture murale de Nicola De Maria, où musique et
poésie résonnent.
EST. 160.000-200.000 €
Pierre Alechinsky, Dernier lieu de pêche, 1994,
acrylique sur papier marouflé sur toile,
122 x 151 cm. © De Vuyst
EST. 75.000-90.000 €
Léon Spilliaert, Colonnade
au coucher du soleil, 1920,
gouache sur papier,
75,5 x 51,7 cm. © De Vuyst
27-10 Adorables automnes à la Maison Jules
EST. 26.000-32.000 €
Philippe Vandenberg, huile sur toile,
1990-1992. © Maison Jules
EST. 10.000-14.000 €
Jo Delahaut, Faites-le-vous-même,
1966, huile sur bois. © Maison Jules
La Maison Jules a, à nouveau, réuni une série de pièces exceptionnelles
pour sa vente d’octobre. Parmi les œuvres proposées figurent
une huile sur papier spectaculaire de Karel Appel, réalisée en 1975,
des sculptures originales de George Minne et une immense œuvre
sur toile de Philippe Vandenberg. Une série d’artistes de renom
complète l’offre, soit des tableaux de Valerius De Saedeleer, Albijn
Van den Abeele, Félicien Rops et Constant Permeke. On y retrouve
également le grand maître Émile Claus, qui a réalisé un charmant
dessin au crayon de ‘’sa’’ Jenny Montigny. Les enchérisseurs pourront
également trouver leur bonheur parmi les œuvres d’artistes tels que
Bram Bogart, Roger Wittevrongel, Jo Delahaut, Arne Quinze, Hilde
Van Sumere, Pjeroo Roobjee, Marc Verstockt, Zaha Hadid, Pierre Alechinsky,
Yoshitomo Nara, Yayoi Kusama et Walasse Ting. Sans oublier
la présence d’Henri-Victor Wolvens, d’Henriette Ronner-Knip et d’une
star locale, Jan Frans De Boever.
108
30-10 L’atelier du sculpteur Georges Van de Voorde chez Soudant
Soudant dispersera une collection inédite de sculptures originales en plâtre et en terre
cuite provenant de l’atelier du sculpteur belge Georges Van de Voorde (1878-1964). Cet
ensemble est également composé de quelques exemplaires en marbre et en bronze.
Comprenant 160 pièces, il était conservé depuis plusieurs décennies dans le grenier
d’une propriété appartenant à la famille. Ces pièces sont donc totalement vierges sur le
marché, la vente incluant même des sellettes de sculpteur ayant appartenu à l’artiste.
Vue d’une partie des œuvres de l’atelier de Georges Van de
Voorde. © Soudant
AUCTIONS
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109
Auction calendar september—november 2025
Belgium
SEPTEMBER
29-05/10 Salle de Ventes Rops
Art et antiquités ONLINE
30-01/10 Jordaens
Kunst en antiek MORTSEL
30-01/10 Ostantix
Kunst en antiek OOSTENDE
OCTOBER
01 Zouave Auction
Vente classique BRUXELLES
01 Vanderkindere
Art asiatique BRUXELLES
01 Legia Auction
Souvenirs de grandes familles
belges HANNUT
01-05 CR-Art Auctions
Kunst en antiek ONLINE
02-13 Bernaerts
Timed Online Classic vs.
Modern ONLINE
03-04 Coronari Auctions
Herfstveiling NAZARETH
04 Legia Auction
Livres ONLINE
04 Maison des Huissiers de
Justice
Vente aux enchères judiciaire
BRUXELLES
05 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
06 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
06 Cnock
Juwelen ROTSELAAR
06-07 Horta
Art et antiquités BRUXELLES
07 Berg van Barmhartigheid
Keramiek, glaswerk, kristal,
vitrineobjecten en juwelen
BRUSSEL
07 AZ Auction
Broches, joaillerie et
horlogerie BRUXELLES
07 Bernaerts
Classic vs. Modern ANTWERPEN
09 Vandewiele
Herfstveiling boeken, grafiek
en schilderijen ONLINE
09 Bernaerts
Werk op papier ANTWERPEN
10-11 Vandewiele
Herfstveiling boeken, grafiek
en schilderijen BRUGGE
11 Aguttes Bruxelles
Autoworld : auction and
motion BRUXELLES
11 Maison des Huissiers
de Justice
Vente aux enchères judiciaire
BRUXELLES
12 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
12 Bonhams-Cornette
de Saint Cyr
The Zoute Sale KNOKKE-HEIST
12 MJV Soudant
Objet d’art et antiquités
ONLINE
13 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
13 Antenor Auction
Design now BRUXELLES
14 Berg van Barmhartigheid
Juwelen, sieraden en
numismatiek BRUSSEL
14 Antenor Auction
Tableaux modernes et
contemporains BRUXELLES
14-15 Carlo Bonte
Kunst- en antiekveiling
BRUGGE
15 Salle de ventes du
Béguinage
Vente bourgeoise WAVRE
15-16 Rob Michiels Auctions
Herfstveiling BRUGGE
16 Carlo Bonte
Kunst- en antiekveiling
ONLINE
16 Arts Talents Enchères
Bruxelles
Successions et collections,
bijoux, montres etc. BRUXELLES
16-17 Arenberg Auctions
Boeken, grafiek etc. BRUSSEL
16-18 Sylvie’s Wine Auctions
Vintage oogsten vieren
ANTWERPEN
17 Rob Michiels Auctions
Herfstveiling ONLINE
18 Maison des Huissiers
de Justice
Vente aux enchères judiciaire
BRUXELLES
19 Haynault
Art et antiquités BRUXELLES
19 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
19-20 MonsAntic
Art et antiquités MONS
20 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
20 Haynault
Monnaies, billets,
décorations, armes
anciennes, BD BRUXELLES
20 Ventes Elysée
Antiquités GRIVEGNÉE
21 Campo & Campo
Moderne veiling ANTWERPEN
21 Legia Auction
Algemene veiling ONLINE
21 Ventes Elysée
Antiquités ONLINE
21-22 Vanderkindere
Art et antiquités BRUXELLES
25 De Vuyst
Hedendaagse, moderne en
oude meesters LOKEREN
25 Maison des Huissiers
de Justice
Vente aux enchères judiciaire
BRUXELLES
26 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
26 Stanley’s Auction
Congo modern and
contemporary art ZAVENTEM
27 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
27 Maison Jules
Exclusieve veiling GENT
28-29 Jordaens
Kunst en antiek MORTSEL
30 MJV Soudant
Atelier du sculpteur Georges
van de Voorde (1878-1964)
GERPINNES
NOVEMBER
02 Maison des Huissiers
de Justice
Vente aux enchères judiciaire
BRUXELLES
03 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
04 Berg van Barmhartigheid
Wijnen, geestrijke dranken,
muziekinstrumenten,
stripverhalen en juwelen
BRUSSEL
04-05 Flanders Auctions
Kunst, antiek en design
ROESELARE
07-08 Jean Elsen et ses fils
Numismatique BRUXELLES
08 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
08-09 DVC Gent
Kunst, antiek en design GENT
08-16 AZ Auction
Bandes dessinées ONLINE
09 Maison des Huissiers
de Justice
Vente aux enchères judiciaire
BRUXELLES
10-11 Horta
Art et antiquités BRUXELLES
The Netherlands
SEPTEMBER
28-12/10 Moart Veilinghuis
Algemene kunstveiling
ZOETERMEER
29-02/10 Van Spengen
Kunst en antiek ONLINE
29-02/10 Medusa Auctioneers
Kunst en antiek SPRUNDEL
29-07/10 Venduehuis
Den Haag
Vendue Next Door Part I + II
ONLINE
29-08/10 Venduehuis
Den Haag
Modern glas en keramiek
ONLINE
29-15/10 Venduehuis
Den Haag
Post War & Contemporary Art
ONLINE
OCTOBER
02 Goudwisselkantoor
Veilingen
Juwelen en diamanten
KLAASWAAL
03 Goudwisselkantoor
Veilingen
Zilver KLAASWAAL
04 Goudwisselkantoor
Veilingen
Luxe accessoires en horloges
KLAASWAAL
04 Hessink’s Fine Art
Auctioneers
Kunst en antiek HASSELT/BEEK
07-08 Veilinghuis Omnia
Kunst en antiek KOLHAM/
HOOGEZAND
09-11 Heritage Auctions
Europe
Militaria IJSSELSTEIN
09-11 Twents Veilinghuis
Kunst en antiek ENSCHEDE
15-16 Vendu Rotterdam
Algemene veiling ROTTERDAM
18 Schulman
Skandinavische munten
AMSTERDAM
18 Hessink’s Fine Art
Auctioneers
Art nouveau, art deco en
design HASSELT/BEEK
20 Veilinghuis Bouwman
Vintage toys & automobilia
ONLINE
20-21 Van Zadelhoff
Algemene veiling ONLINE
21-22 Schulman
Algemene numismatiek
AMSTERDAM
22-06/11 Veilinggebouw
De Zwaan
Kunst- en antiekveiling
AMSTERDAM
26-28 Botterweg Auctions
Amsterdam
Kunst en design ONLINE
27-04/11 Venduehuis
Den Haag
Vendue Next Door Part I + II
ONLINE
27-19/11 Venduehuis
Den Haag
Old masters, 19th century &
early modern art ONLINE
NOVEMBER
03 Veilinghuis Bouwman
Vintage toys & automobilia
ONLINE
10-15 Heritage Auctions
Europe
Coins, currency and medals
IJSSELSTEIN
Luxembourg
OCTOBER
25 Goldfield Auction
Luxembourg
Trésors d’automne
WEISWAMPACH
110
Fair calendar october—november 2025
Belgium
Denmark
Germany
Switzerland
United Kingdom
OCTOBER
OCTOBER
NOVEMBER
OCTOBER
SEPTEMBER
03-12 ARTONOV
Brussels
04-05 Salon des antiquaires
2025
Deulin
05 Collect-Hit &
Brocantissimo
Groot-Bijgaarden
09-12 Salon des
Antiquaires - AFA Brussels
Drogenbos
11-12 Salon des antiquaires
Deulin
11-12 BiAF - Belgian
international Art Fair
Antwerpen
16-19 Leuven Fine Art Fair
Leuven
23-26 Savoir-Faire
Knokke
24-26 Kortrijk Art Weekend
Kortrijk
NOVEMBER
08-16 Antica Namur Fine Art
Fair
Namur
03-05 Kunst for Alle
Copenhagen
Copenhagen
France
OCTOBER
21-25 Ceramic Art Fair Paris
Paris
21-26 Design Miami/Paris
Paris
22-26 Asia NOW-Paris Asian
Art Fair
Paris
23-26 Modern Art Fair
Paris
24-26 Art Basel Paris
Paris
24-26 AKAA 24
Paris
25-27 Menart Fair Paris 2025
Paris
NOVEMBER
07-10 Paris Photo
Paris
06-09 ArtCologne
Koln
Hungary
OCTOBER
16-19 Art Market Budapest
Budapest
Italy
OCTOBER
10-12 ArtVerona
Verona
18-26 Florence Biennale
Florence
NOVEMBER
31-02/11 Artissima
Turin
Luxembourg
NOVEMBER
21-23 Luxembourg Art Week
2025
Luxembourg
23-26 Art Salon Zurich
Zurich
30-02/11 art3f Lausanne Art
Fair
Lausanne
The Netherlands
OCTOBER
01-05 Art The Hague
Den Haag
08-12 Affordable Art Fair
Amsterdam
17-19 Maastricht Gallery
Weekend
Maastricht
17-26 Kunst10daagse
Bergen
24-26 TAF
Amsterdam
NOVEMBER
02-09 PAN Amsterdam
Amsterdam
30-05/10 The Decorative Fair
London
09-12 The Other Art Fair
London
London
15-19 Frieze Masters
London
15-19 Frieze London
London
15-02/11 Frieze Sculpture
London
16-17 Belgium is design
London
16-19 PAD
London
16-19 1-54 London
London
27-06/11 Asian Art in London
London
Château
CALMEYN
ANTIQUES &
FINE ART FAIR
Drogenbos
9-12 octobre 2025
De 11h à 19 h.
Entrée gratuite
Infos sur afa.brussels
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Avenue Louise 500,
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Tél. 0475-62 71 85
Fax 02-741 60 70
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Ventes aux enchères cataloguées
d’art et d’antiquités,
de peintures, d’estampes, de
sculptures, de meubles, de
porcelaine, d’argenterie, de
tapis, de vins, etc.
DVC
(Dir. D. Van Cappel)
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2060 Antwerpen
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Ventes aux enchères d’art et
d’antiquités cataloguées, estimations
et évaluations pour
successions et assurances.
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www.dvc.be
Jordaens SA
Drabstraat 74 - 2640 Mortsel
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Ventes publiques d’œuvres
d’art, d’antiquités, de bijoux,
de vins, de collections et
mobilier. Évaluations pour
succession et assurance.
BRABANT-WALLON
Salle de Ventes du
Beguinage s.p.r.l.
(David Libotte - Samy Greif)
Avenue Vésale 11, 1300 Wavre
T.02/218.17.42
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Online via Drouot digital
BRUXELLES
Arenberg Auctions
(Dir. Henri Godts)
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T. 02-5441055
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Vente aux enchères d’atlas,
de livres, d’estampes et de
dessins rares. Également
bibliothèques entières,
archives et manuscrits rares.
AZ Auction
Dir. Arnaud de Partz
Av. des Casernes, 39B
1040 Etterbeek
T. 02/218.00.18
www.azauction.be
info@azauction.be
Ventes de Tableaux et objets
d’art, d’Arts d’Asie, de bijoux
et de bandes dessinées.
Ventes Haynault
(Dir. Rodolphe de
Maleingreau d’Hembise)
Rue de Stalle 9 - 1180 Uccle
T.02/842.42.43
www.haynault.be
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Neuf ventes aux enchères
spécialisées par an : bijoux,
orfèvrerie, pièces de monnaie,
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d’art d’Europe et d’Asie.
Lempertz 1798
(Dir. Hélène Robbe)
Rue du Grand Cerf 6,
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T. 02 514 05 86
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jolly@lempertz.com
www.lempertz.com
Estimations et évaluations du
lundi au vendredi de 9h à 13h
et de 14h à 17h.
Hôtel de Ventes Horta
(Dir. Dominique de Villegas)
70/74 Avenue de
Roodebeek, 1030 Schaerbeek
T.02/741.60.60 – F.02/741.60.70
www.horta.be – info@horta.be
Ventes mensuelles cataloguées
d’antiquitées, oeuvres
d’art, bijoux et vins.
Mont-de-Piété
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cataloguées. Successions
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Pictura sprl
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9050 Gentbrugge
T.0475/74.49.25
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(Dir. Cécile La Pipe,
Peter en Natan Loeckx)
Ingelandgat 4, 9000 Gand
T.09/223.37.93 – F.09/233.76.71
www.loeckx.be
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International art & antiques
auctions. Expertises.
De Vuyst
(Dir. Guy De Vuyst &
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Kerkstraat 22-54, 9160 Lokeren
T.09/348.54.40
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internationales, du XVIIe
siècle à l’art contemporain.
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Carlo Bonte Auctions
Kardinaal Mercierstraat 20,
8000 Brugge
www.carlobonte.be
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antiquités, art asiatique,
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Groeninge 34, 8000 Bruges
T.050 49 07 69
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Expertises le mercredi
et le jeudi, rendez-vous le
mardi et le jeudi - déplacement
gratuit à domicile.
LIEGE
Hôtel des Ventes Elysée
(Dir. José & Ch. Fairon)
Boulevard Cuivre et Zinc 28,
4000 Liège
T.04/221.09.09
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d’antiquités et objets d’art,
Vintage, Maroquinerie,
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le mercredi.
Légia Auction
Rue de Cras-Avernas 12,
4280 Hannut
Tél. : 019/63.55.59
0495/87.99.01 (Bruno de
Wasseige) 0475/27.73.87
(Vincent de Lange)
www.legia-auction.com
contact@legia-auction.com
Ventes publiques d’Arts et
d’Antiquités, tapis, mobiliers,
bijoux, tableaux, Art d’Asie,…
Expertises gratuites sur rendez-vous.
Librairie Lhomme
(Dir. David Lhomme)
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T.04/223.24.63
www.michel-lhomme.com
librairie@michel-lhomme.com
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Tableaux anciens et
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4800 Verviers
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Ventes régulières d’antiquités
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