Avril - Province sud
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4 Dossier<br />
L’Institut de la statistique<br />
et des études économiques<br />
(Isee) vient de sortir un<br />
petit recueil de chiffres<br />
spécifiques aux femmes.<br />
On y apprend notamment<br />
que les filles ont de<br />
meilleurs résultats que<br />
les garçons au bac comme<br />
au brevet. Mais que<br />
seulement 1 cadre sur<br />
4 est une femme.<br />
Les femmes en marche<br />
Toutes les femmes le disent. Elles changent. Tout comme leur situation,<br />
leurs aspirations et leur vision du monde. Témoignages.<br />
Dossier réalisé par Christine allix<br />
Parole d’élue<br />
HEnrIEttE<br />
WaHuzuE-<br />
FaLELavakI<br />
Présidente<br />
de la commission<br />
de la condition<br />
féminine<br />
“<br />
Pour avoir côtoyé et accompagné<br />
des associations et des groupes<br />
de femmes pendant trente ans,<br />
je mesure le chemin parcouru.<br />
Et je me dis que le travail réalisé<br />
toutes ces années, par le biais<br />
des espaces de rencontre<br />
et de concertation, est en train<br />
”<br />
de porter ses fruits.<br />
Un constat s’impose d’emblée : la<br />
situation et les attentes des femmes<br />
sont très différentes selon leur lieu<br />
d’habitation. Isane, permanente associative<br />
à Nouméa, parle de « vie rêvée » et de<br />
simples contraintes organisationnelles.<br />
« Ici, on a plein de temps, on peut faire plein<br />
de choses. Il faut juste réussir à conjuguer la<br />
vie professionnelle, les enfants et les loisirs. »<br />
Léonne, semi-retraitée de 65 ans, partage<br />
l’avis de sa cadette : « Les femmes ont<br />
toujours travaillé, mais elles ne s’arrêtaient<br />
jamais. Aujourd’hui, elles peuvent s’accorder<br />
des temps de loisir. » Dès qu’on s’éloigne<br />
de la ville, le discours diffère assez<br />
radicalement. Et prend une teneur plus<br />
philosophique. « La femme est sortie du<br />
silence, explique ainsi Marie-Andrée, qui vit<br />
en tribu. Elle a beaucoup appris des autres<br />
ethnies et de ses propres expériences. »<br />
Pour elle comme pour toutes celles qui<br />
vivent en brousse, la problématique n’est<br />
pas la même qu’à Nouméa. Si les femmes<br />
de la « ville » revendiquent l’égalité des<br />
salaires, la reconnaissance professionnelle<br />
et l’épanouissement personnel, les femmes<br />
de brousse parlent seulement de « droit à<br />
travailler », poids de la coutume oblige.<br />
« Aujourd’hui, les femmes sont autonomes,<br />
elles se prennent en charge et ça ne plaît<br />
pas forcément aux hommes », confie<br />
Charline. Ginette, qui a travaillé à Nouméa,<br />
avant de revenir en tribu, confirme : « Pour<br />
les hommes, les femmes doivent rester à la<br />
maison, faire des gosses et les élever. Ils ne<br />
veulent pas que les femmes travaillent. Et<br />
comme beaucoup de femmes ont peur du<br />
regard des autres, elles obéissent. »<br />
Encore peur du regard<br />
des autres<br />
En clair, « les femmes ont évolué mais pas<br />
les hommes », résume Évelyne. Pour celles<br />
qui osent franchir le pas, d’autres problèmes<br />
surgissent. « Souvent, c’est l’éducation des<br />
enfants qui en pâtit, constate Charline. Et<br />
puis l’individualisme remplace peu à peu<br />
l’esprit de communauté qui existait avant. »<br />
Et Ginette d’ajouter : « Quand un homme<br />
accepte de voir travailler sa femme, il ne la<br />
soulage pas dans les tâches ménagères pour<br />
autant. » Une attitude que l’on retrouve<br />
dans toutes les ethnies...