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PLAQUETTE PORTRAITS_Mise en page 1 14/10/11 15:49 Page1

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Une belle av<strong>en</strong>ture<br />

”Un grand merci à toutes ces personnes sympathiques et dynamiques pour leur accueil et<br />

leur générosité. Nous avons passé d’inoubliables mom<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> leur compagnie.”


Edito d’Alain WACHEUX<br />

Maire de Bruay-La-Buissière<br />

Qui se plaindrait de ce qu'on vive de plus <strong>en</strong> plus vieux, et qu'on puisse rester <strong>en</strong><br />

forme plus longtemps ? Personne, évidemm<strong>en</strong>t, mais à ces années qui s'ajout<strong>en</strong>t, il<br />

faut, <strong>en</strong> plus de la santé, donner de la qualité de vie sociale, culturelle,<br />

économique. Si le progrès a réussi à améliorer les conditions de vie et la santé<br />

des aînés, il faut s’<strong>en</strong> réjouir et leur permettre de trouver toute leur place dans la<br />

vie de tous les jours.<br />

Par les CCAS, le SIVOM du Bruaysis, ou quelques associations, les services<br />

offerts à domicile ou <strong>en</strong> établissem<strong>en</strong>ts sont nombreux, adaptés aux besoins, et<br />

accessibles à chacune et chacun. La Ville s’est aussi dotée d’un service<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dédié aux séniors. Ce dernier propose des animations, des activités<br />

variées, qui cré<strong>en</strong>t de véritables mom<strong>en</strong>ts d’échanges tout au long de l’année.<br />

Un temps fort reste celui de la Semaine Bleue et de l’exposition ”Racontez-moi<br />

vos souv<strong>en</strong>irs…” où dix-huit clichés et témoignages se font l’expression de la<br />

mémoire collective. Destinée à donner la parole aux plus anci<strong>en</strong>s d’<strong>en</strong>tre nous,<br />

avec une particulière s<strong>en</strong>sibilité sociale et culturelle, cette av<strong>en</strong>ture<br />

photographique met <strong>en</strong> scène l’histoire locale. Elle est la démonstration que les<br />

échanges inter-générations sont porteurs de richesses, que les publics doiv<strong>en</strong>t se<br />

croiser, se r<strong>en</strong>contrer et travailler <strong>en</strong>semble sur des projets communs.


”Racontez-moi vos souv<strong>en</strong>irs...” est une exposition<br />

photographique, née <strong>en</strong> 2009 dans le cadre de la Semaine<br />

Bleue Nationale.<br />

Précieux, ce projet est le fruit d’un travail de recherche, de<br />

recueil et de mémoire. Il a favorisé la relation des publics et des<br />

générations.<br />

Cette année, les photographes ont posé leurs objectifs sur<br />

l’activité commerciale. De précieux témoignages et souv<strong>en</strong>irs<br />

sur les <strong>en</strong>seignes, les foires et marchés, les estaminets, les<br />

cinémas... nous ont permis de finaliser cette édition 20<strong>11</strong>.<br />

Un premier contact téléphonique a ouvert le dialogue avec<br />

les participants et a permis de déterminer avec eux le<br />

témoignage qu’ils souhaitai<strong>en</strong>t mettre <strong>en</strong> exergue. De manière<br />

générale, ils ont confié des souv<strong>en</strong>irs heureux ou pas de leur<br />

histoire, les épisodes exceptionnels de leur vie, fait partager les<br />

mom<strong>en</strong>ts forts qu’ils ont vécus. Chaque r<strong>en</strong>contre est<br />

inoubliable.<br />

18 clichés <strong>en</strong>richiss<strong>en</strong>t cette exposition. Ouverte à tous les<br />

publics, elle sera itinérante. L’objectif étant de montrer au plus<br />

grand nombre les richesses des souv<strong>en</strong>irs.<br />

La salle des fêtes Marmottan, la Maison des Services, la<br />

Médiathèque municipale, les foyers-logem<strong>en</strong>t, l’EPHAD Edith<br />

Piaf, serviront tour à tour de hall d’exposition à ce magnifique<br />

devoir de mémoire.


Edito d’Annick DUHAMEL<br />

Adjointe au Maire de Bruay-La-Buissière, déléguée aux S<strong>en</strong>iors, au Handicap<br />

et à la Santé<br />

Vous le savez, nous sommes att<strong>en</strong>tifs au bi<strong>en</strong>-être de nos aînés. Nous veillons<br />

constamm<strong>en</strong>t à leur apporter les services dont ils ont besoin, les activités qu’ils<br />

mérit<strong>en</strong>t. Echanges, r<strong>en</strong>contres et convivialité sont ainsi au cœur de nos<br />

préoccupations.<br />

Cette année <strong>en</strong>core, dans le cadre de la Semaine Bleue, nous avons préparé une<br />

exposition photographique, un mom<strong>en</strong>t fort durant lequel les générations se<br />

r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t et partag<strong>en</strong>t un véritable mom<strong>en</strong>t d’intimité. ”Racontez-moi vos<br />

souv<strong>en</strong>irs…” a une fois <strong>en</strong>core permis aux s<strong>en</strong>iors et aux retraités d’apporter un<br />

témoignage, de raconter une anecdote, de faire découvrir quelques souv<strong>en</strong>irs sur<br />

Bruay-La-Buissière. Après les confid<strong>en</strong>ces liées à la vie au s<strong>en</strong>s large, celles sur le<br />

quartier du Stade-Parc, nous avons choisi de vous faire découvrir ou redécouvrir<br />

les <strong>en</strong>seignes, les foires et marchés qui ont marqué l'histoire de la ville. Place a<br />

été donnée aux témoignages sur la fête foraine, les commerces, les estaminets,<br />

les brasseries, les cinémas... Ils seront le reflet de la mémoire collective,<br />

l'empreinte de la vie locale.


Marianne LEWANDOWICZ<br />

Née le 2 février 1917 à Ostroleka (Pologne)<br />

Une vie au service du commerce<br />

Fille de commerçants, Marianne est<br />

arrivée <strong>en</strong> France à 12 ans. Après deux<br />

années d’études, elle obti<strong>en</strong>t son certificat<br />

d’études avec la m<strong>en</strong>tion bi<strong>en</strong>. Elle se<br />

marie à 17 ans avec un mineur mais fera<br />

tout pour sortir de l’univers de la Mine.<br />

Elle ouvre son premier magasin, une<br />

boucherie, à Bruay <strong>en</strong> 1938. Quelques<br />

temps plus tard, elle agrandit le magasin<br />

<strong>en</strong> ajoutant un rayon vestim<strong>en</strong>taire à<br />

l’alim<strong>en</strong>tation générale. ”Ca n’a pas été toujours facile, mon mari était à la<br />

guerre et j’étais seule avec nos trois filles”. Marianne est courageuse. ”J’ai aussi<br />

beaucoup aidé mes frères à dev<strong>en</strong>ir indép<strong>en</strong>dants” se souvi<strong>en</strong>t-elle. Quand<br />

arrive la retraite, <strong>en</strong> 1977, elle est propriétaire de deux magasins. Elle a voué<br />

une grand partie de sa vie au commerce mais aussi au monde associatif et<br />

caritatif. Marianne à la main sur le cœur…


Charles DAMBRINE<br />

Né le 23 juillet 1928<br />

Pour l’amour des fleurs et du commerce<br />

Son grand-père t<strong>en</strong>ait une épicerie au<br />

n°3 rue Victor Hugo dans le quartier que<br />

l’on appelle aujourd’hui Les Terrasses.<br />

”C’était un quartier vivant. Il n’y a plus<br />

ri<strong>en</strong> de comparable aujourd’hui… Pour<br />

accéder au magasin, il y a avait quelques<br />

marches. A l’intérieur, un grand comptoir<br />

avec les rayons derrière, la trappe de la<br />

cave… Un peu plus loin, des bancs et des<br />

coffres avec des céréales à l’intérieur.<br />

Dans la vitrine des automates pour mettre <strong>en</strong> valeur la marque Delespaul”.<br />

Au n°4, sa tante avait une épicerie égalem<strong>en</strong>t. ”Derrière le commerce, il y avait<br />

une cour avec une boulangerie. Les voisins allai<strong>en</strong>t chercher directem<strong>en</strong>t le pain<br />

au fournil. Le reste de la fournée était v<strong>en</strong>du <strong>en</strong> porte à porte.” En 1950,<br />

Charles crée sa propre affaire. Horticulteur, il travaille avec les services de la<br />

ville, livre les fleurs, participe aux premières Floralies, embellit les cours des<br />

écoles Pasteur et Faure.


Fior<strong>en</strong>zo D’AMBROSIO<br />

Né le 27 octobre 1932 à Trasacco (Italie)<br />

Passionné d’art et amoureux de sa cité<br />

Arrivé <strong>en</strong> France à la fin des années 50,<br />

Fior<strong>en</strong>zo achète <strong>en</strong> 1978 un magasin<br />

d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t dans la côte des grands<br />

bureaux. Quelques temps plus tard, il<br />

ouvrira aux Ateliers du Trèfle, rue Arthur<br />

Lam<strong>en</strong>din une galerie d’art où se<br />

mèleront miroirs et dorures, cadres et<br />

tableaux sur des airs de Bizet,<br />

Puccini ou Mozart… Sa cli<strong>en</strong>tèle vi<strong>en</strong>t<br />

parfois de loin : Paris, Le Havre,<br />

Reims. Il quitte mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t Bruay mais revi<strong>en</strong>t vite ”Mon univers est à<br />

Bruay” nous confie cet amoureux de l’Art ”j’aime cette ville, j’aime la<br />

m<strong>en</strong>talité des Bruaysi<strong>en</strong>s”.


H<strong>en</strong>ri ZAWORSKI<br />

Né le <strong>14</strong> décembre 1932<br />

Jours de fêtes à Bruay<br />

Divionnais d’origine, H<strong>en</strong>ri se souvi<strong>en</strong>t du ”Cercle, le cercle des mines, juste<br />

après le monum<strong>en</strong>t… J’y v<strong>en</strong>ais tous les jours. C’était le lieu de r<strong>en</strong>contre des<br />

jeunes. Il y avait du monde. On discutait. On finissait de temps <strong>en</strong> temps avec<br />

une frite chez Zaza.” Et pour ce jeune voisin, les magasins de la rue des Escaliers<br />

et du c<strong>en</strong>tre ville offrait une belle <strong>page</strong> de rêve. ”Je me souvi<strong>en</strong>s des Arcades,<br />

Marchand Frères… Paperman, une <strong>en</strong>seigne t<strong>en</strong>ue par des juifs v<strong>en</strong>dait des<br />

vêtem<strong>en</strong>ts chics qui sortai<strong>en</strong>t de l’ordinaire… Il y avait aussi le cinéma Casino<br />

avec un <strong>en</strong>tracte, un spectacle de voltige ou de trapèze… On s’amusait de façon<br />

simple, autrem<strong>en</strong>t… Une autre époque !”


Claudette ZAWORSKI<br />

Née le 2 septembre 1935<br />

Gaieté et convivialité, quartier du n°2<br />

Toujours coquette et <strong>en</strong>jouée, Claudette se souvi<strong>en</strong>t avec émotion de sa jeunesse<br />

au quartier du n°2. Plus ri<strong>en</strong> aujourd’hui... Pourtant, c’était un quartier riche et<br />

vivant. ”Il y avait beaucoup de magasins... autant d’<strong>en</strong>seignes que dans la rue<br />

des Escaliers !” Tous faisai<strong>en</strong>t la fierté des g<strong>en</strong>s du quartier. Et, c’est sans compter<br />

l’ambiance et l’esprit de convivialité qui y régnai<strong>en</strong>t. ”Tout le monde se<br />

connaissait et discutait. Les g<strong>en</strong>s se réunissai<strong>en</strong>t le dimanche dans les cafés pour<br />

danser, écouter de la musique, jouer aux cartes. Madame L<strong>en</strong>fant montait sur les<br />

tables et chantait les chansons à la mode. Le cordonnier, monsieur Mielet,<br />

animait un bal musette à la salle Flor<strong>en</strong>t Evrard. On s’amusait <strong>en</strong> famille !”


Odile DETHOOR<br />

Née le 18 avril 1938<br />

Une retraite anticipée face à la concurr<strong>en</strong>ce<br />

Odile Dethoor a t<strong>en</strong>u le magasin de fleurs<br />

rue H<strong>en</strong>ri Cadot à Bruay-La-Buissière<br />

p<strong>en</strong>dant tr<strong>en</strong>te-six ans, de 1962 à 1998.<br />

Le commerce est toute sa vie… Et c’est<br />

naturellem<strong>en</strong>t qu’elle supporte mal la<br />

retraite qu’elle a prise plus tôt qu’elle ne<br />

l’aurait souhaité. ”Il y a avait trop de<br />

concurr<strong>en</strong>ce !” Avec plaisir, elle se<br />

souvi<strong>en</strong>t des cli<strong>en</strong>ts, des commandes, des<br />

périodes propices à la v<strong>en</strong>te comme Noël, la fête des mères ou la Toussaint, à la<br />

préparation des compositions pour les deuils. ”Un jour, j’ai passé une nuit<br />

blanche. Un gros <strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>t pour lequel il fallait préparer des compositions…<br />

Nous avons travaillé toute la nuit !”


Eti<strong>en</strong>ne DETHOOR<br />

Né le 21 août 1938<br />

Au service du cli<strong>en</strong>t !<br />

C’est rue de la Libération à Labuissière<br />

qu’Eti<strong>en</strong>ne Dethoor t<strong>en</strong>ait un magasin de<br />

fleurs. En mai 1968, sans faire de<br />

concurr<strong>en</strong>ce à son épouse installée dans<br />

le c<strong>en</strong>tre ville de Bruay, il ouvre sa propre<br />

<strong>en</strong>seigne. Les ”gros week-<strong>en</strong>ds<br />

marquants”, les jours fériés, il s’<strong>en</strong><br />

souvi<strong>en</strong>t comme si c’était hier. ”Nous ne<br />

nous accordions pas de vacances pour<br />

être toujours au service de nos cli<strong>en</strong>ts. Nous faisions une trêve le soir du Nouvel<br />

An… Mais nous repr<strong>en</strong>ions du service <strong>en</strong> r<strong>en</strong>trant du Réveillon ! Les heures<br />

supplém<strong>en</strong>taires ne nous faisai<strong>en</strong>t pas peur…”


Nicole GORRÉE<br />

Née le 1 e septembre 1938<br />

D<strong>en</strong>telle, empiècem<strong>en</strong>t, passem<strong>en</strong>terie…<br />

Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue au Magasin Turlotte !<br />

Quand Nicole nous parle de sa grandmère,<br />

on imagine sans peine l’admiration<br />

de la petite-fille pour son aïeule. La<br />

boutique et l’atelier, avec un salon<br />

d’essayage sous la verrière se situai<strong>en</strong>t<br />

rue de la République, à l’emplacem<strong>en</strong>t<br />

des locaux actuels de la Voix du Nord. Il<br />

y avait du tissu partout : soie, laine,<br />

feutre, tulle, lin… Sa grand-mère allait chercher ses trésors à Lyon. ”Je me<br />

souvi<strong>en</strong>s d’une richesse de tissus incroyable” confie Nicole, ”qu’il fallait ajuster,<br />

draper, plisser ou faire onduler”. Les cli<strong>en</strong>tes v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de partout. Créé par ses<br />

grand-par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> 19<strong>10</strong>, le magasin Turlotte a fermé ses portes dans les années<br />

60. Il reste à Nicole de nombreux souv<strong>en</strong>irs : des créations originales de sa<br />

grand-mère et de sa maman. Mais aussi des images féériques, celles d’une petite<br />

fille émerveillée !


Josiane LION<br />

Née le 17 septembre 1938<br />

Prisunic, une autre manière de faire ses courses<br />

”Je n’ai jamais quitté Bruay. Ni pour les études. Ni pour le travail.” Après un<br />

premier emploi au ”Jardin d’<strong>en</strong>fants” géré par les Houillères, Josiane occupe le<br />

poste de caissière principale au Prisunic, place du Cercle. ”Il y avait une<br />

ambiance formidable. Les employeurs t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t compte des lois, de leur<br />

évolution… C’était un magasin de proximité avec un large choix de produits. On<br />

y trouvait de tout. Chaque rayon avait sa v<strong>en</strong>deuse qui conseillait et proposait<br />

ses articles.” Très important pour les Bruaysi<strong>en</strong>s, ce grand magasin n’a t<strong>en</strong>u que<br />

<strong>10</strong> ans face à la concurr<strong>en</strong>ce de l’hypermarché. Un autre concept. Une autre<br />

manière de faire ses courses.


Gilberte DELMOTTE<br />

Née le 3 octobre 1939<br />

Une autre époque, d’autres valeurs !<br />

Georges Paul, Marchand Frères, Les Nouvelles Galeries, Chez Hélène, Faidherbe…<br />

des <strong>en</strong>seignes qui ont fait les belles années de Bruay. ”Des maisons r<strong>en</strong>ommées qui<br />

faisai<strong>en</strong>t le bonheur des habitants mais aussi des communes <strong>en</strong>vironnantes… qui<br />

proposai<strong>en</strong>t des articles de qualité que les cli<strong>en</strong>ts payai<strong>en</strong>t à la quinzaine” raconte<br />

Gilberte un peu nostalgique. Les g<strong>en</strong>s communiquai<strong>en</strong>t et le bouche à oreille donnait<br />

la part belle à la publicité. Des principes disparus face aux grandes surfaces. Chez<br />

”Carillon” rue Lam<strong>en</strong>din, Mme Delmotte v<strong>en</strong>dait des vêtem<strong>en</strong>ts pour <strong>en</strong>fants. ”Il n’y<br />

avait pas beaucoup de stock. Nous v<strong>en</strong>dions du beau à des prix abordables… Et, on<br />

ne demandait pas aux <strong>en</strong>fants de choisir. Les par<strong>en</strong>ts jouai<strong>en</strong>t leur rôle !”


Jean VAILLANT<br />

Né le 13 août 1940<br />

Le commerce dans les veines<br />

Sa grand-mère avait acheté <strong>en</strong> 1936 un<br />

débit de tabac au n°2 de la rue Flor<strong>en</strong>t<br />

Evrard. Il a toujours vécu dans cette<br />

ambiance si particulière qu’il adorait. Il<br />

ne se voyait pas faire un autre métier. Un<br />

jour, à <strong>15</strong> ans, il dit à son père ”papa, je<br />

ne veux plus aller à l’école, je veux<br />

travailler au magasin”. Il remplace alors<br />

sa grand-mère au magasin p<strong>en</strong>dant 16<br />

ans avant de repr<strong>en</strong>dre à son compte le magasin p<strong>en</strong>dant 30 ans. ”J’ai tout<br />

v<strong>en</strong>du” dit-il ”sauf des souti<strong>en</strong>s-gorge”. Il poursuit ”ma vie, c’était le magasin, il<br />

fallait être courageux. Se lever à 4h, ouvrir à 5h, fermer à 20h et se coucher”.<br />

Mais Jean n’a jamais regretté son métier.


Régine BALLET<br />

Née le 20 mars 1941<br />

”Au palais des fruits” on trouvait de tout<br />

C’est <strong>en</strong> arrivant à Bruay <strong>en</strong> 1963 après<br />

son mariage que Régine a comm<strong>en</strong>cé le<br />

commerce ambulant. Elle emm<strong>en</strong>ait ses<br />

deux filles nées <strong>en</strong> 1964 et 1965 dans son<br />

camion. ”Je v<strong>en</strong>dais de tout” raconte<br />

t’elle ”même du lait à la pinte au début”.<br />

C’était un autre temps se souvi<strong>en</strong>t-elle. Le<br />

travail était difficile mais elle aimait bi<strong>en</strong><br />

ses tournées. Après avoir sillonné Bruay<br />

p<strong>en</strong>dant <strong>15</strong> ans dans son camion, elle repr<strong>en</strong>d un commerce, rue Alfred Leroy,<br />

dans la côte du 4. ”Au palais des fruits”, Régine v<strong>en</strong>dait beaucoup de choses :<br />

des fruits et légumes bi<strong>en</strong> sûr mais aussi des boissons, des bonbons… et ouvrait 7<br />

jours sur 7 ! ”C’était une bonne époque” poursuit-elle ”il y avait une bonne<br />

ambiance <strong>en</strong>tre tous les commerçants de la rue et j’ai même organisé une<br />

grande fête avec eux et mes cli<strong>en</strong>ts dans le magasin pour mon départ <strong>en</strong><br />

retraite !”


Jean BRILLON<br />

Né le 2 juillet 1941<br />

”Faites le vous même”<br />

Après plus de quarante années d’activités<br />

à Labuissière, Jean Brillon n’a pas vu<br />

arriver le cap de la retraite. Installé rue<br />

Paul Descamps <strong>en</strong> 1958, l’ex-<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur<br />

se souvi<strong>en</strong>t d’une activité florissante tant à<br />

la m<strong>en</strong>uiserie que du côté du commerce<br />

de bricolage. L’<strong>en</strong>seigne était réputée<br />

dans la région. ”Nous travaillions du<br />

matin jusqu’au soir, le dimanche aussi !<br />

”Faites le vous même” était une sorte de petit Leroy Merlin. J’assurais les<br />

livraisons à domicile. Mon épouse t<strong>en</strong>ait le magasin. Nous donnions des conseils<br />

aux cli<strong>en</strong>ts. Certains nous le r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> ! Ils étai<strong>en</strong>t rigolos et sympathiques…<br />

D’autres de véritables petits voleurs. Alors, nous avons installé des glaces pour<br />

surveiller le stratagème ! Un jour, j’ai préparé la facture. Le cli<strong>en</strong>t a payé sans<br />

ri<strong>en</strong> dire.”


Richard LATKO<br />

Né le 13 janvier 1942<br />

L’arrivée de la télévision à Bruay<br />

Né dans la Cité des musici<strong>en</strong>s, Richard a<br />

toujours habité Bruay. Ses souv<strong>en</strong>irs sont<br />

nombreux : Priminor dans la rue des<br />

Escaliers, le Prisunic, place du Cercle, le<br />

café chez Zaza qui réunissait tous les<br />

élèves de Carnot… Mais il se remémore<br />

plus particulièrem<strong>en</strong>t un établissem<strong>en</strong>t : le<br />

magasin de Paul Chalmain, sur la RN 41<br />

qui v<strong>en</strong>dait des téléviseurs et des postes<br />

de radio. ”C’était au début des années 50” se souvi<strong>en</strong>t Richard ”le jeudi,<br />

Monsieur Chalmain branchait un poste dans la vitrine et mettait des micros à<br />

l’extérieur et tout le monde se pressait pour v<strong>en</strong>ir regarder Zorro sur le poste de<br />

télévision”. Il poursuit un peu nostalgique ”A l’époque, une voiture passait tous<br />

les <strong>15</strong> jours !”


Albert DELMOTTE<br />

Né le 1 e avril 1944<br />

Photos de famille et paysages : un mordu de la photographie !<br />

Albert se souvi<strong>en</strong>t du studio ”Charles et Roger”. Un commerce très prisé et<br />

reconnu dans les années 60 où l’on pouvait partager, échanger et se r<strong>en</strong>seigner<br />

pour se perfectionner. ”J’y achetais mon matériel, j’y pr<strong>en</strong>ais des conseils et y<br />

faisais développer mes clichés” raconte t-il sourire aux lèvres. ”Il y avait une<br />

<strong>en</strong>trée principale avec une petite vitrine à gauche pour le matériel et de l’autre<br />

côté une vitrine plus grande avec les photos des mariages et autres événem<strong>en</strong>ts<br />

de la vie.” Tous les ans, le studio organisait le concours du plus beau bébé. Les<br />

par<strong>en</strong>ts se pressai<strong>en</strong>t pour immortaliser le visage du dernier-né. Plus tard,<br />

l’établissem<strong>en</strong>t a continué son activité sous l’<strong>en</strong>seigne de la famille Jumez.


Michel CORNET<br />

Né le <strong>11</strong> janvier 1945<br />

Souv<strong>en</strong>irs de comptoir<br />

Ori<strong>en</strong>t, Moy<strong>en</strong>-Ori<strong>en</strong>t, Afrique… la profession de Michel l’emmène à Téhéran où<br />

il travaille pour le Shah d’Iran. Un accid<strong>en</strong>t le contraint à r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> France <strong>en</strong><br />

1975. Il ouvre quelques mois plus tard ”Le café des sports”. Ce ne devait être<br />

que provisoire. ”Les années ont passé et nous sommes restés” raconte t-il. ”Nous<br />

avons vécu la bonne époque du commerce”. Il y avait <strong>en</strong>core les mines, les<br />

usines. Après leur travail, les mineurs et les ouvriers passai<strong>en</strong>t au café avant de<br />

r<strong>en</strong>trer chez eux. Il y avait aussi les retraités et les jeunes qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t jouer au<br />

babyfoot, au flipper, au billard ou aux fléchettes. Ce n’est plus la même façon de<br />

vivre aujourd’hui.


Fernand PLOUVIEZ<br />

Né le 5 décembre 1946<br />

Marmottan, une place animée, un marché dynamique<br />

”Avant c’était du commerce, du vrai, avec ouverture et fermeture” explique<br />

Fernand. Et il sait de quoi il parle… cela fait 31 ans qu’il ti<strong>en</strong>t le café Le Galopin.<br />

A l’époque, il y avait une douzaine de cafés sur la place, des commerçants mais<br />

aussi de l’animation avec la fête foraine du <strong>14</strong> juillet, les cirques, des bals<br />

presque toutes les semaines, les samedi et dimanche… ”Ce n’est plus comme<br />

avant” déplore Fernand ”ça a changé quand les mines ont fermé”. C’est le même<br />

constat pour le marché qui comptait près de 800 commerçants, on y trouvait de<br />

tout… ”C’était même l’un des plus grands de France” nous confie Fernand.


Christiane LEROY<br />

Née le <strong>15</strong> février 1948<br />

La ”Madame Bonbon” du marché<br />

Les 43 années à faire les marchés n’ont<br />

pas ôté la bonne humeur de Christiane…<br />

Loin de là, elle a conservé sa gaieté et<br />

son rire. Arrivée à Bruay à <strong>14</strong> ans pour<br />

v<strong>en</strong>ir travailler chez sa tante <strong>en</strong> tant que<br />

v<strong>en</strong>deuse au magasin Mika, rue Jules<br />

Guesde. Elle y a travaillé 17 ans avant de<br />

se consacrer au marché. Elle se souvi<strong>en</strong>t<br />

des hivers où il fallait déneiger la place<br />

Marmottan avec une pelle et des c<strong>en</strong>dres, de la rue Noyelles noire de monde…<br />

Ses cli<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t fidèles, elle a parfois servi les grands-par<strong>en</strong>ts, les par<strong>en</strong>ts et les<br />

petits-<strong>en</strong>fants. ”Les sucreries sont un plaisir” avoue t’elle ”j’ai mangé des tonnes<br />

de bonbons mais j’avais une excuse : il fallait les goûter pour informer les<br />

cli<strong>en</strong>ts !”. Aujourd’hui, Christiane est la Mamy Bonbon de deux petites filles.


Quelques souv<strong>en</strong>irs d’un bruaysi<strong>en</strong> du quartier de la Gare dans les années 1930<br />

Charles Lemaire a participé à notre première édition de ”Racontez-moi<br />

vos souv<strong>en</strong>irs”. Depuis 2009, il alim<strong>en</strong>te nos archives de quelques textes<br />

de sa composition. Avec de belles phrases et de jolies lettres, il a écrit sa<br />

vie : son <strong>en</strong>fance, ses souv<strong>en</strong>irs à Bruay, sa captivité <strong>en</strong> Allemagne... Ses<br />

récits sont désormais de vrais trésors de bibliothèque, reliés à la main avec<br />

passion et t<strong>en</strong>dresse.<br />

Les commerçants du quartier de la Gare :<br />

”… Ma mère me conduit chez Stassart, le coiffeur face à la gare de Bruay-les-Mines. Pour<br />

nous y r<strong>en</strong>dre nous pr<strong>en</strong>ons d’abord la rue de Dakar et atteignons la rue des Quarante. A ma<br />

droite, c’est toute une zone inculte, sans aucune habitation jusqu’à la gare. A gauche, on a<br />

d’abord un grand baraquem<strong>en</strong>t, c’est l’épicerie Duhem, où ma mère se ravitaille puis quatre<br />

baraques <strong>en</strong> bois abritant des familles. Ensuite un terrain vague suivi d’une maison à étages<br />

où demeur<strong>en</strong>t les P<strong>en</strong>et qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des p<strong>en</strong>sionnaires. Tout le long de ce côté de la route, il<br />

n’y a pas de trottoir, ni de caniveau, mais un étroit fossé pour l’écoulem<strong>en</strong>t des eaux avec,<br />

par places, une épaisse planche permettant l’accès aux habitations. Quelque c<strong>en</strong>t mètres<br />

plus loin, trois ou quatre vieilles bâtisses, puis un commerce de coiffures et de costumes<br />

masculins, chez Georges Paul. A l’intersection avec la rue Raoul Briquet, c’est un café avec<br />

chambres pour voyageurs. Sur la droite, face à la Gare, c’est le café tabac Martin. Quant à la<br />

place de la Gare, à part quelques mois de sécheresse dans l’année, elle n’est souv<strong>en</strong>t qu’un<br />

véritable bourbier, un cloaque, une mare d’eau verte stagnante. Avant de l’atteindre, sur le<br />

terrain à droite de la route, on a droit au concert donné par les gr<strong>en</strong>ouilles avec leurs<br />

coassem<strong>en</strong>ts ininterrompus. Le salon du coiffeur se ti<strong>en</strong>t à l’extrémité du bâtim<strong>en</strong>t<br />

appart<strong>en</strong>ant aux Martin et leurs quatre filles. Je passe <strong>en</strong>tre les mains de l’artiste capillaire qui<br />

me tond la tête <strong>en</strong>tière <strong>en</strong> ne me laissant qu’un toupet rabattu sur le haut du front. Pour finir, il<br />

me pulvérise une eau fraîche et parfumée sur le crâne. Au mom<strong>en</strong>t de sortir, il m’offre une<br />

<strong>page</strong> de décalcomanie. En r<strong>en</strong>trant à la maison, je me suis fait s<strong>en</strong>tir la tête par toute la<br />

maisonnée ! …”<br />

Le magasin Pasquier (quartier fosse 6-Haillicourt) :<br />

” … Dans la rue des Roses, Madame Noire, l’épicière, est partie. Tout son mobilier, sa<br />

vaisselle et ses ust<strong>en</strong>siles de ménage ont été v<strong>en</strong>dus aux <strong>en</strong>chères. Un bâtim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> bois a<br />

été construit tout au bout du coron barrant la rue sur toute sa largeur. Dans ce baraquem<strong>en</strong>t,<br />

s’est ouvert un magasin t<strong>en</strong>u par les Pasquier, un vieux couple, dont le fils aîné est chauffeurlivreur<br />

chez Queste, un grossiste <strong>en</strong> ”Vins et Spiritueux”, rue de la Gare. Il s’y est tout de suite<br />

am<strong>en</strong>ée une bonne cli<strong>en</strong>tèle, on peut dire une grosse cli<strong>en</strong>tèle de g<strong>en</strong>s qui ”vont au livre” : le<br />

jour de la paie des mineurs, tous les habitués s’acquitt<strong>en</strong>t de ce qu’ils ont acheté p<strong>en</strong>dant la<br />

quinzaine et font à nouveau le plein de marchandises, avec la possibilité de v<strong>en</strong>ir chercher ce<br />

qui manque, sans bourse déliée. Les Pasquier offr<strong>en</strong>t à ces personnes un gros paquet de<br />

bonbons quand elles vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t régler leurs achats. Sur le comptoir, près de la balance, il y a<br />

tous les poids <strong>en</strong> fonte et <strong>en</strong> cuivre ; ces derniers bi<strong>en</strong> rangés <strong>en</strong> leur emplacem<strong>en</strong>t dans un<br />

bloc <strong>en</strong> bois. Non loin de là se trouve la série de mesures de capacité <strong>en</strong> étain et <strong>en</strong> fer blanc.<br />

Avec les poids <strong>en</strong> fonte, on vous pèsera des pommes de terre <strong>en</strong> grosse quantité ou des<br />

matières non comestibles : cristaux, savon vert… Les poids <strong>en</strong> cuivre seront employés pour<br />

du café, du sucre <strong>en</strong> poudre, de la cassonade, du sel… A partir des tonneaux, on vous<br />

servira dans le litre ou la pinte que vous apportez, du vin, du vinaigre, de l’huile. Les mesures<br />

<strong>en</strong> étain sont utilisées pour des quantités moindres, par exemple, quand je vais chercher une


demi-pinte de cognac. Quant au fer blanc, il sert pour les légumes secs, haricots, pois cassés<br />

et autres d<strong>en</strong>rées similaires. Pour avoir de la moutarde, qui est extraite avec une spatule <strong>en</strong><br />

bois dans un pot de grès, il faudra fournir le verre. Vous <strong>en</strong> demandez alors pour <strong>10</strong> sous…”<br />

Les quincailliers Béghin et Mayeur :<br />

”… Ma mère est fière de me révéler que mon père a rapporté quatre c<strong>en</strong>ts francs pour sa<br />

quinzaine. Elle va pouvoir avec ses économies s’acheter une nouvelle cuisinière pour mettre<br />

dans la grande pièce et installer l’anci<strong>en</strong>ne dans la cuisine, <strong>en</strong> se débarrassant du vieux poêle<br />

<strong>en</strong> fonte. En ma compagnie, elle a fait quelques recherches dans les magasins de Bruay.<br />

Chez le quincaillier Béghin qui les fabrique lui-même, elles est allée voir les modèles actuels<br />

faits de carreaux <strong>en</strong> faï<strong>en</strong>ce fixés sur les faces. Elle r<strong>en</strong>once à ce g<strong>en</strong>re après avoir remarqué<br />

la prés<strong>en</strong>ce de tôles rouillées sur les appareils <strong>en</strong> cours de fabrication dans l’atelier. Nous<br />

nous sommes r<strong>en</strong>dus chez Mayeur et elle y a trouvé son bonheur, une cuisinière <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

émaillée, de teinte ivoire, ornée de fleurs, de toute beauté. Assez chère : plus de huit c<strong>en</strong>ts<br />

francs. Elle paie comptant et demande, de ce fait, une petite remise. Le marchand lui offre un<br />

plateau <strong>en</strong> bois orné d’un paysage ori<strong>en</strong>tal, recouvert d’une plaque de verre…”<br />

La grande Braderie de Bruay :<br />

”… C’est la grande braderie de Bruay ! On n’a jamais vu ça ! De tous les quartiers, de tous<br />

les corons, la population se dirige vers la route Nationale ou la rue Alfred Leroy près de la<br />

halte des Alouettes. On y trouve énormém<strong>en</strong>t de brocante. Beaucoup de camelots, des<br />

hommes et des femmes prédisant l’av<strong>en</strong>ir, des couples ou des groupes de chanteurs de rue<br />

offrant au public la dernière chanson à la mode. Par <strong>en</strong>droits, on retrouve les marchands de<br />

marché habituels. Sur la place du Cercle, se sont rassemblés les premiers v<strong>en</strong>deurs de<br />

postes de T.S.F. En d’autres lieux, on r<strong>en</strong>contre des m<strong>en</strong>digots, des jeunes <strong>en</strong>fants affligés de<br />

malformations physiques, protégés par des adultes eux-mêmes éclopés. La cour des<br />

miracles ! Un aveugle appelle les g<strong>en</strong>s par une complainte : ”Pr<strong>en</strong>ez pitié d’un pauvre père de<br />

famille …”. A chaque obole qu’il reçoit, d’une liasse attachée au revers de sa veste, il tire un<br />

feuillet sur lequel est imprimé un horoscope et le t<strong>en</strong>d au passant charitable…<br />

… Le l<strong>en</strong>demain, rue de la Gare, la grande attraction <strong>en</strong> fin de matinée, c’est la courses aux<br />

tonneaux. Il s’agit pour le concurr<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> partant de chez Queste, le grossiste <strong>en</strong> vins, de<br />

pousser devant soi, <strong>en</strong> ligne droite, un fût de 250 litres alors que celui-ci tout au long du<br />

parcours part à la dérive, se coince dans les caniveaux, monte sur les trottoirs, fait fuir les<br />

spectateurs <strong>en</strong> tous s<strong>en</strong>s. Après avoir atteint le passage à niveau, l’homme délaissant sa<br />

barrique, <strong>en</strong>tre dans une boucherie, avale un verre de vin blanc et repart avec une rondelle de<br />

saucisson à la bouche après s’être fait pointer. Repr<strong>en</strong>ant sa course, il se voit heurté par les<br />

arrivants qui le bloqu<strong>en</strong>t tout au long de son retour jusqu’à la ligne d’arrivée. Profitant de la<br />

cohue, les retardataires font demi-tour avant d’avoir parcouru la moitié du chemin, se mêlant<br />

ainsi aux premiers, mais ils seront déclassés pour ne s’être pas fait contrôler à la<br />

boucherie !…”<br />

La ducasse de la Gare :<br />

”… Quel événem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce dernier dimanche d’août ! C’est la ducasse de la Gare et comme<br />

chaque année, il n’y a que la moitié de la place qui est occupée, l’autre partie, propriété des<br />

Chemins de Fer, est réservée <strong>en</strong> tout temps aux passages et manœuvres des camions et<br />

attelages v<strong>en</strong>us am<strong>en</strong>er ou pr<strong>en</strong>dre leurs chargem<strong>en</strong>ts. Face au débit de tabac et café Martin,<br />

se dresse un kiosque, où dans l’après midi, l’une des deux harmonies d’Haillicourt, vi<strong>en</strong>dra<br />

donner un concert. Dans cette localité, il y a la fanfare Sainte Cécile patronnée par les Mines<br />

et celle appelée la R<strong>en</strong>aissance gérée par la municipalité. La veille au soir, il y a eu une<br />

importante retraite aux flambeaux avec plusieurs chars garnis de musici<strong>en</strong>s et comédi<strong>en</strong>s de


diverses sociétés bruaysi<strong>en</strong>nes. Toutes sortes de lampions multicolores, torches et feux de<br />

B<strong>en</strong>gale accompagn<strong>en</strong>t le défilé depuis son départ à l’<strong>en</strong>trée de la rue des Quarante,<br />

parcourant <strong>en</strong>suite la rue de la Gare, la route Nationale, la rue de C<strong>en</strong>tre, la rue du Château, la<br />

place Marmottan, jusqu’à la joyeuse dislocation face à la Mairie…”<br />

La ducasse du Maroc :<br />

”… Aux al<strong>en</strong>tours de Pâques, c’est la ducasse du Maroc, fixée au 2 e dimanche d’avril. Elle<br />

se ti<strong>en</strong>t dans une pâture à la sortie de Bruay sur la route de Houdain au delà des rues de Fez,<br />

Mogador, Rabat, Tanger et Casablanca, tout près du ”Cinéma des Familles”. On y trouve un<br />

manège de balançoires pour <strong>en</strong>fants, ainsi qu’un marchand de frites qui att<strong>en</strong>d de voir un peu<br />

de monde pour allumer son brasero <strong>en</strong> plein air et de faire chauffer sa graisse de cheval. Une<br />

femme pour l’heure est occupée à éplucher des pommes de terre. ça nous fait une maigre<br />

sortie le dimanche où, <strong>en</strong> après midi, la musique d’Houdain vi<strong>en</strong>t donner un concert, les<br />

musici<strong>en</strong>s jouant debout face au chef qui les dirige. S’il fait mauvais temps, on a près de chez<br />

soi, le Cinéma des Familles, autrem<strong>en</strong>t connu sous le nom de son propriétaire, le Cinéma<br />

Pouille…”<br />

Le marchand d’oublies :<br />

”… Dans les corons passe parfois un étranger agitant un claquoir et portant avec une<br />

courroie à l’épaule une caisse cylindrique <strong>en</strong> métal couronnée d’une roulette ornée de<br />

chiffres : c’est le marchand d’oublies. Il pose par terre sa longue caisse et att<strong>en</strong>d l’arrivée des<br />

cli<strong>en</strong>ts avertis de sa prés<strong>en</strong>ce. Ceux-ci font tourner la roulette et se voi<strong>en</strong>t attribuer pour<br />

cinquante c<strong>en</strong>times, la quantité de ces minces pâtisseries suivant le nombre indiqué. Dans sa<br />

caisse, le couvercle <strong>en</strong>levé laisse apparaître des oublies (petits et minces beignets appelés<br />

”merveilles” dans les régions méridionales) rangées soigneusem<strong>en</strong>t, et l’homme les cueille<br />

précautionneusem<strong>en</strong>t…”<br />

Le marchand de glaces :<br />

”… Le nommé Marcel Dumont passe dans les corons avec sa voiturette tirée par un petit<br />

cheval et v<strong>en</strong>d de la glace à la vanille et à la framboise. Muni d’une corne d’appel <strong>en</strong> métal<br />

chromé, portant des pistons d’instrum<strong>en</strong>t à v<strong>en</strong>t et plusieurs pavillons, il joue ainsi des<br />

sonneries sur trois notes. Avec une spatule <strong>en</strong> fer blanc, il emplit de crème des cornets à trois<br />

sous ou des barquettes à cinq sous, ces dernières donn<strong>en</strong>t, pour l’achat d’une seule, le droit<br />

de ”tireloter”, c'est-à-dire de faire tourner un disque de loterie attaché à un montant de son<br />

pimpant véhicule. Des marques sur la planchette permett<strong>en</strong>t de se faire attribuer jusqu’à cinq<br />

barquettes de crème d’un coup. La première fois que je me suis prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> cette occasion,<br />

j’<strong>en</strong> suis rev<strong>en</strong>u avec quatre glaces. Quelle joie ! …”<br />

Le magasin ”Soleil” :<br />

”… Je sors de l’étude à 19 heures et regagne la maison par la rue Alfred Leroy où les<br />

nombreux magasins ont leurs étalages bi<strong>en</strong> éclairés. Face à la fosse 4, je vois sortir du débit<br />

de tabac plusieurs gars de mon âge qui allum<strong>en</strong>t des cigarettes achetées à l’unité. Par la<br />

suite, il ne restera plus comme commerce que le Bazar du Soleil d’Or, t<strong>en</strong>u par Monsieur<br />

Soleil, le marchand de jouets. Me haussant sur la pointe des pieds, mon regard atteint la base<br />

des vitrines où je me régale à la vue des objets nouveaux, des masques de carnaval et du<br />

rayon des farces et attrapes. Après cela, me voilà plongé dans la complète obscurité jusqu’à<br />

la maison…”<br />

Charles Lemaire


Conception graphique service communication Ville de Bruay-La-Buissière - Impression S<strong>en</strong>sey - Tirages numériques Studio Jumez<br />

Photos, interviews et mise <strong>en</strong> place de l’exposition<br />

Eric Dominguez, Julie Géneau, Karine Jourdain, Georges Kupczyk, Fabrice Laquay,<br />

Nathalie et Philippe Meyer, Corinne Poulain.

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