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www.bestpractices-si.fr
éDITORIAL
0,00 %
Par Philippe Rosé
Exceptionnellement, vous avez reçu deux numéros de Best (Worst)
Practices Systèmes d’Information : le numéro 100 et le numéro
Sans. Sans quoi ? Sans ce que vous lisez habituellement dans Best
Practices. Vous le constaterez à la lecture des pages suivantes, le
monde des technologies de l’information et des SI recèle quelquefois
quelques absurdités, beaucoup de concepts fumeux, de sigles et de
mots dont on se demande ce qui s’est passé dans l’esprit de ceux qui
les ont inventés. Bien sûr, tout manager de systèmes d’information se
doit de prendre ses missions avec le plus grand sérieux. Ce précepte
est d’ailleurs suivi à la lettre par la grande majorité d’entre vous. Fort
heureusement pour vos clients internes, votre direction générale et
pour les familles de tous vos interlocuteurs chez vos fournisseurs, dont
vous contribuez, parfois grassement, à maintenir le niveau de vie...
Mais faut-il pour autant se priver d’un regard décalé sur un domaine
et des problématiques qui, tout au long d’une vie professionnelle
consacrée aux technologies de l’information, représentent des milliers
d’heures de réunion, de travail et de stress ? Tout le monde s’accorde
sur le fait que les DSI performants doivent être dotés d’un leadership,
d’une vision et de toute une panoplie de qualités... Il faut aussi une
qualité essentielle : savoir lire entre les lignes, conserver un esprit de
contradiction, décrypter les langages marketing, éventuellement les
tourner en dérision. Comme l’écrivaient les mayas dans leur célèbre
calendrier : « Seuls les DSI ayant le sens de l’humour survivront à la
fin du monde. » Au lieu de se focaliser sur le côté obscur de la force
technologique, pourquoi ne pas privilégier le côté rigolo de la farce
technologique ? •
SOMMAIRE
Casting
N°
saNs
« On peut faire sans, mais c'est mieux avec. »
Sun Tzu
Détracteur en chef :
Philippe Rosé, c’est le seul qui a accepté d’y aller.
N’ont pas collaboré à ce numéro :
Victor Hugo (injoignable par mail), Starsky et Hutch
(démodés), James Bond (en déplacement), Steve Jobs
(abonné absent), Barack Obama (ne parle pas français),
Arnaud Montebourg (aurait voulu se mêler de tout),
François Fillon (aurait voulu la place du détracteur en
chef), Lakshmi Mittal (trop occupé aux fourneaux),
Bruce Springsteen (trop occupé à composer son
nouveau tube : « Born to run to build »), René La Taupe
(introuvable).
Maquette et fabrication :
on a pris les meilleurs.
Moyens techniques :
on a bricolé comme on a pu mais on a l’habitude.
Documentation :
volumineuse.
Publicité :
comme il n’y en a pas, personne ne s’en est occupé.
Sponsors :
aucun, personne n’a voulu venir.
Site Web :
quel site Web ? On n’est pas là pour rigoler…
Merci à tous ceux qui ont contribué à ce numéro :
Alain Ledoux, Olivier Séhiaud, ainsi que Ludovic,
Marc, Robert, qui se reconnaîtront. Promis, on ne vous
dénoncera pas pour mauvais esprit… •
• Ils l'ont dit mais ça fait pas de mal - Igor Tasmanovitch, gourou interplanétaire des systèmes
d’information : « Si z’avaient su, les DSI, y s’raient pas venus » - Alex Ternalisation, DSI : « Ben oui… »
• Vous êtes joueur ? Vous ne devriez pas... - Le Jeu de l’Oie (Organisation Informatique
Excellentissime) du DSI
• Du côté de nos amies les bêtes - Ils le fument, ça ? - Un nouveau service révolutionnaire, si… si…
- Révélations sur les dessous des études de marché
• Des métiers... et des emmerdes - Dix nouveaux métiers improbables mais néanmoins
indispensables pour les DSI - Big n’importe quoi
• Des mots sans sens - Mots et expressions à consommer avec modération
• Citacons - Des citations utiles pour toutes les situations
L'inutile pour les directions de systèmes d’information - www.bestpractices-si.fr - N° sans - 7 janvier 2013 - 2500,01 euros

ILS L’ONT DIT ET ÇA FAIT PAS DE MAL
• Igor Tasmanovitch, gourou
interplané taire des systèmes d’information :
« Si z’avaient su, les DSI, y s’raient pas venus »
Worst Practices Igor, vous permettez qu’on vous appelle
Igor ? Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?
Igor Tasmanovitch J’ai commencé dans les systèmes
d’information quand j’étais tout petit. À quinze ans, j’avais
déjà développé un ERP multicanal interopérable, c’est dire si
j’étais précoce et, surtout, un peu con de passer mon temps à
développer une usine à gaz au lieu d’aller draguer les filles…
Ensuite, j’ai quand même fait une école d’informatique, mes
parents ne souhaitaient pas que j’intègre une école de commerce,
ils voulaient que j’aie un vrai métier, disaient-ils… Alors je suis
entré dans un cabinet international d’études de marché, c’est
dire si j’ai eu un vrai métier…
Worst Practices Vous êtes le gourou interplanétaire des
systèmes d’information, comment accède-t-on à cette
distinction suprême ?
Igor Tasmanovitch (c’est encore lui qui répond) Simple :
il suffit de raconter des banalités, de les envelopper dans un
discours pseudo-scientifique, si possible en anglais, de faire
mousser et de faire croire que vous êtes intelligent parce que vous
avez inventé un nouveau concept. Rajoutez là-dessus un ou deux
diplômes universitaires pour ne pas être emmerdé par n’importe
quel informaticien venu… Je suis gourou interplanétaire parce
que j’ai réponse à tout ! J’ai lu tous les livres sur toutes les
technologies et je peux disserter sur n’importe quelle idée en
moins de quinze secondes.
Worst Practices Quel est donc votre diagnostic sur l’état
actuel des systèmes d’information ?
Igor Tasmanovitch (on lui a demandé de rester) Oh là ! La
question est difficile et il me faut au moins vingt secondes de
réflexion. Je dirais que les systèmes d’information sont bien utiles
aux entreprises (vous voyez que j’en ai des connaissances…) et
que s’ils n’existaient pas il faudrait les inventer. Cette profonde
pensée est issue de trois ans de réflexion et c’est la conclusion
à laquelle je suis arrivé. Pas mal, hein ?
Worst Practices Et quelles sont les tendances que vous
pressentez ?
Igor Tasmanovitch (qui commence à fatiguer) Pour que je
pressente, il me faut un petit remontant. Tiens, ressers-moi
un p’tit godet (rires et clap de la langue à 35 décibels). Alors,
les tendances… Je dirais que quand le big data va se renverser
Propos recueillis par un volontaire parce qu’il fallait bien les recueillir
Igor Tasmanovitch est le meilleur connaisseur des systèmes d’information et du métier de DSI. Il se confie
en exclusivité à Worst Practices.
2 • Worst Practices - Systèmes d’Information - N° sans - 7 janvier 2013
dans la Billaude (BYOD), ca va faire des bulles qui vont éclater
et éclabousser le poste de travail collaboratif. Si, là-dessus, on
ajoute la gammification des serveurs en mode SaaS-Discute
qui vont procréer avec des smart devices pour fabriquer des
malwares qui vont infiltrer les CRM mutants, moi je vous le
dit, ça va ébranler les architectures client-serveur ! Quant à la
consumérisation (tiens, à propos de consommer, remets moi
un p’tit godet de champ’), moi j’dis que ca va créer un sacré
bazar dans les infrastructures open data sur mobile qui vont
perturber les systèmes de stockage virtuels sur smartphones, via
les imprimantes 3D, reliés aux Wlan dans les nuages. Et j’sais
c’quej’dis ! Autre question ?
Worst Practices Et que pensez-vous des DSI ?
Igor Tasmanovitch (ensommeillé) Les quoi ?
Worst Practices Les DSI… Les directeurs des systèmes
d’information…
Igor Tasmanovitch (dans un éclair de lucidité) Ah !... Je ne
vois pas trop à quoi ils servent mais c’est un métier difficile.
Rendez-vous compte : ils sont sous-payés par rapport à la valeur
qu’ils créent, ils sont dérangés toutes les cinq minutes par des
utilisateurs qui ont des machines en panne, ils sont harcelés par
des fournisseurs qui ne pensent qu’à leur vendre leur camelote
et leur quincaillerie pour finir leur trimestre fiscal en beauté, ils
n’ont pas un sou pour faire tourner leur boutique, ils doivent
gérer quelques bras cassés dans leurs équipes. Je ne voudrais
pas exercer ce métier. Je préfère être un gourou pour donner
des conseils mais ne surtout pas les mettre en œuvre… Je tiens
à conserver la santé, quand même.

Worst Practices Que conseilleriez-vous aux DSI ?
Igor Tasmanovitch (tendant l’oreille gauche) Aux quoi ?
Worst P ractices Au x D SI : directeurs des systèmes
d’information…
Igor Tasmanovitch (soudainement requinqué) Ah ! Hé ben,
de changer de métier ! Parce que, comme on dit dans la banlieue
d’où je viens : « Ça commence à craindre grave ».
ILS L’ONT DIT ET ÇA FAIT PAS DE MAL
• Alex Ternalisation, DSI : « Ben oui… »
DSI chez Range Tonburo, Alex Ternalisation nous explique en détail, et en exclusivité, comment il a mis
en œuvre son nouveau projet de transformation. Une interview vraiment sans concession.
Worst Practices Vous êtes D SI depuis plus de cinq
ans maintenant et vous avez mené un grand projet de
transformation à base de modifications sur les évolutions du
changement qui ont introduit un truc pas pareil à l’arrivée.
Vous avez pris le virage du e-commerce tout en gardant en
ligne de mire la ligne droite du Web 2.0 et demi, ce qui est
un exploit et vous situe d’emblée comme un visionnaire
parmi votre communauté de DSI. Vous avez choisi une
solution évolutive à modules granulo-parasitaire à tête
chercheuse rétro-éclairée alignée avec la vision stratégique
de votre direction générale qui repose sur une production
diversifiée. Dans le contexte de crise, ça ne va pas fort
pour votre activité qui ne s’active plus et vous prévoyez des
opérations de croissance externe, dont le point d’orgue est la
croissance externe du parking sur celui de votre voisin dans
Petites annonces
• DSI ayant dépassé la cinquantaine échange un coboliste de
quarante ans contre deux programmeuses Java de vingt ans.
• Masochiste guéri cède une imprimante à aiguilles qui a
beaucoup servi.
• Patron de start-up visionnaire échange dix mille stockoptions
de www.cetaitpasprevu.com contre un ticket
restaurant. Pour rester digne.
• Intermédiaire financier honnête cède à bon prix un lot de
250 idées géniales de business BtoBtoCtoBtoCequetuveux.
Demandez votre documentation en échange d’un chèque de
5 000 euros. Écrire à M. Carmoni, PO Box 007 – Caiman
Islands, qui transmettra.
• Échange citation désuète de Pierre Dac : « La télévision
est faite pour ceux qui, n’ayant rien à dire, tiennent absolument
à le faire savoir », contre une citation de valeur équivalente
sur les blogeurs. •
Worst Practices Et, en tant que gourou interplanétaire,
quels sont vos projets à court terme ?
Igor Tasmanovitch (qui commence à s’impatienter) Ben, je
vais me resservir un p’tit godet, vous m’avez donné soif avec vos
questions ! Et après, je vais aller me coucher, ça fatigue beaucoup
les systèmes d’information, ce ne sont pas vos lecteurs (vous en
avez, j’espère ?) qui vont me contredire… •
Propos recueillis par Sylvie Achèveleu
la zone industrielle où vous êtes installé. Il semble que votre
approche soit particulièrement révolutionnaro-innovante
car ça l’est, on n’a pas cherché mais c’est sûrement bien.
Pensez-vous pouvoir accélérer la vitesse de la rapidité en
capitalisant (au taux actuel du livret A) sur un ERP greffé
sur votre CRM intégré aux modules du SIRH ?
Alex Ternalisation Ben oui… •
Saint Cloud, patron des DSI
Par Maya Rienavoir
Les historiens sont formels : Saint Cloud est le patron des
DSI. Il a été en effet retrouvé un manuscrit très rare chez
les mayas, les mêmes qui ont annoncé de façon prémonitoire
la fin du monde. Ils avaient prévu que dans les années 2000
naîtrait le Cloud Computing, en français : l’informatique du
Saint patron des DSI. La Saint Cloud se fête tous les jours.
C’est d’ailleurs une spécificité : c’est le seul Saint que l’on peut
invoquer quotidiennement pour chercher des excuses lorsque
l’on a besoin de se justifier face à son patron. Le reporting
budgétaire a été rendu en retard au DAF ? Normal, c’était jour
de fête et le DSI a ralenti son rythme de travail. Un fournisseur
râle parce qu’un rendez-vous a été repoussé ? Normal, car
à la Saint-Cloud, les DSI ne prennent pas de rendez-vous
inutiles. Un projet a pris du retard et la direction métier en
fait le reproche ? Normal, hier c’était la Saint-Cloud et le DSI
a pris une journée de congé. Quant à ceux qui s’inquiéteraient
de l’absence de ce Saint Cloud dans le calendrier, on peut
toujours leur répondre que les mayas ne pouvaient penser
à tout, occupés qu’ils étaient à prévoir la fin du monde, ou
que Saint Cloud étant dans les nuages, il ne peut pas être en
même temps sur terre et dans un calendrier… •
7 janvier 2013 - N° sans - Worst Practices - Systèmes d’Information • 3

VOUS ÊTES JOUEUR ? VOUS NE DEVRIEZ PAS…
• Jeu de l’Oie
(Organisation Informatique Excellentissime)
Un jeu imaginé, conçu, développé mais pas testé du tout par Maître Tchaô Légâ
Nous vous proposons un petit jeu, inspiré du traditionnel jeu de l’oie, pour faire le point sur votre carrière.
Ne vous inquiétez pas, toutes les situations qui vous feront avancer ou reculer d’une ou plusieurs cases sont
purement fictives… Ingrédients nécessaires pour jouer : un job de DSI, un moral d'acier et un dé.
1 : Bon, là, ça démarre. Soyez courageux, vous allez vous en
sortir. Après tout, le job de DSI n’est pas si difficile. De toute
façon, vous ne pouvez pas reculer, vous êtes sur la case 1, alors
ne commencez pas à râler sur les turpitudes du métier. Allez,
hop, on lance le dé…
2 et 30 : Reculez d’une case, nous voyons que vous n’êtes pas
motivé (ben oui, ça se voit)…
3 et 31 : Vous tombez dans le puits : pour en sortir, vous devez
lire dix fois le cahier des charges du projet CRM multicanal.
4 et 32 : Allez directement en prison. Faute de place, la prison
est installée dans le bureau du DAF.
5 et 33 : Sautez deux cases. Vous échappez ainsi à trois comités
de pilotage. Sympa, non ? Merci qui ?
6 et 34 : Reculez de trois cases et refaites tous les tests fonctionnels.
Vous aurez plus de chance la prochaine fois…
7 et 35 : Vous entrez dans un labyrinthe. Pour en sortir,
reconstituez le processus d’expression des besoins du dernier
projet ERP. Et n’oubliez aucune version intermédiaire !
8 et 36 : Votre système d’information a été piraté par un jeune
hacker russe de onze ans. Vous passez pour un incompétent,
surtout que la fiche de paie de votre DG s’est retrouvée sur
Internet. Reculez de cinq cases. Si vous tombez sur la case prison,
c’est que votre patron vous en veut vraiment.
9 et 37 : Votre DG est passé à la FNAC et a acheté une tablette.
Il vous demande de déployer cet outil pour tout le monde en
moins de trois semaines. Tirez une carte « Pasdebol » et reculez
de trois cases.
10 et 38 : Vous bénéficiez d’un abonnement GRATUIT à Best
Practices (ne rêvez pas, ce n’est qu’un jeu). Avancez de dix cases,
car en lisant tous les numéros, vous progresserez dans votre
carrière, autant commencer tout de suite…
11, 39 et 59 : Vous êtes condamné à recevoir trois commerciaux
super motivés à chaussures pointues, envoyés par un éditeur de
logiciels particulièrement remonté pour finir son quarter dans
4 • Worst Practices - Systèmes d’Information - N° sans - 7 janvier 2013
de bonnes conditions. Si vous acceptez, avancez de deux cases,
parce que vous êtes courageux. Sinon, reculez de deux cases,
vous n’y mettez aucune bonne volonté.
12, 40 et 58 : Vous tirez une carte « Tadubol » : une rallonge
budgétaire de 20 % sur votre budget. Passez votre tour parce
qu’il n’est pas prudent de sortir tout de suite pour vous faire
dépouiller par un collègue jaloux.
13 et 41 : Vous avez surfacturé une direction métier sans qu’elle
ne s’en aperçoive. Avancez de deux cases, vous êtes très doué. Si
vous avez vraiment beaucoup surfacturé, passez trois fois votre
tour, sinon ça va se voir…
14 et 42 : Vous venez de développer votre dernier projet avec
un cycle en V. Passez cinq fois votre tour, car ça risque de durer
très longtemps.
15 et 43 : Rejouez trois fois, ça sera toujours ça de pris pour
vous entraîner à réaliser des itérations quand vous adopterez
les méthodes agiles.
16, 44 et 60 : Passez deux fois votre tour, le temps d’attendre que
vos derniers développeurs cobolistes soient partis à la retraite.
17 et 45 : Vous vous êtes cogné dans un mur de big data. Passez
votre tour, le temps de vous faire soigner.
18 et 46 : Vous vous êtes trompé dans l’évaluation budgétaire
du schéma directeur. Reculez de trois cases.
19 et 47 : Un audit révèle que vous avez cinq cases d’avance
indument gagnées, dont deux qui font partie du Monopoly et
qui n’ont rien à faire là. Retournez à la case départ parce qu’on
n’y comprend plus comment vous êtes arrivé là.
20 et 48 : Le conseil d’administration vous attribue cinq cases
gratuites pour votre performance à gérer le SI. Profitez-en tout
de suite avant qu’il ne change d’avis.
21, 49 et 57 : Passez deux tours. Pourquoi ? On n’en sait rien,
mais vous avez certainement une bonne raison inavouable.
Écrivez la ci-après (sinon, allez à la case prison) : ……………
………….......................

1
22 et 50 : Le BlackBerry de votre patron est tombé dans la
piscine dans laquelle votre chef bien aimé batifolait en galante
compagnie. Vous devez lui en livrer un autre en moins de vingtquatre
heures. Reculez de trois cases, comme il est à l’autre bout
du monde, vous n’allez jamais réussir.
23 et 51 : Vous venez de tirer une carte « Tadubol » : votre DAF est
atteint de la maladie d’Alzheimer et ne se souvient plus si la DSI est
concernée par les coupes budgétaires. Avancez de deux cases dans
les cinq secondes avant que votre DAF n’ait un éclair de lucidité.
24 et 52 : Votre DG découvre que des photos de ses soirées
BungaaS BungaaS en compagnie d’un homme politique italien
sont accessibles sur le Web. Il vous demande de revoir la
politique de sécurité sur les smartphones. Reculez d’au moins
sept cases (à vous de voir…), c’est mal parti pour vous. Sauf si
vous figurez aussi sur les photos, auquel cas vous serez couvert
par votre patron. Dans ce cas, avancez de trois cases.
25, 53 et 61 : Vous acceptez de développer un ERP en moins
de trois mois après avoir ouvert le paquet cadeau « Vendre son
âme au diable » remis par votre DAF pour votre anniversaire.
Reculez de cinq cases, vous êtes inconscient…
26, 54 et 62 : Vous venez de tirer une carte « Tadubol » : un
VOUS ÊTES JOUEUR ? VOUS NE DEVRIEZ PAS…
9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
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27
chasseur de têtes vous propose de prendre le poste d’un DSI
qui a accepté de déployer en ERP en moins de trois mois et qui
s’est fait viré, lui aussi en moins de trois mois.
27 et 55 : Votre DG inaugure la nouvelle cafétéria et constate
qu’il n’y a pas de Wifi pour son smartphone dernier cri. Vous
êtes sollicité pour expliquer les enjeux au CE, aux délégués du
personnel, au CHSCT et au Codir. Reculez de six cases et passez
votre tour, vous aurez besoin de temps pour préparer toutes ces
réunions inutiles.
28 et 56 : Vous avez tiré une carte « Tadubol » : votre DG a
lu votre retour d’expérience paru dans la presse et vous félicite
pour votre vision, votre leadership, votre professionnalisme.
Avancez de trois cases (ou de seulement deux cases si vous
estimez manquer de vision).
29 et 63 : Patatras. Vous étiez tout près d’être élu DSI de l’année.
Le recours à un prestataire à Bakou (capitale de l’Azerbaïdjan)
vous avait permis de respecter un budget pourtant famélique. Pas
de chance, le nuage où vos big data s’entassaient s’est volatilisé.
Vous êtes viré. Retour à la case départ.
64 : Bravo ! Vous avez triomphé avec brio de tous les obstacles.
Refaites quand même votre CV. •
7 janvier 2013 - N° sans - Worst Practices - Systèmes d’Information • 5

DU CÔTé DE NOS AMIES LES BÊTES
• Ils le fument, ça ?
Par Warner Brosse (envoyé spécial dans les meilleures salles de shoot marketing)
Les équipes de Worst Practices, harassées pour avoir
travaillé sur le terrain durant plusieurs mois, sont enfin
en mesure de révéler l’incroyable : les directeurs marketingcommunication
des sociétés high-tech sont tous dopés. Nous
nous sommes procuré le rapport ultra-secret-confidentiel
publié par le THWHWI (Tired HardWorkers Health Welfare
Institute), l’Institut américain pour la santé mentale des gros
travailleurs connectés fatigués. L’enquête a été déclenchée
après qu’on eut constaté des coïncidences troublantes : la
plupart des directeurs marketing-communication affirment,
dans les communiqués et les plaquettes commerciales qu’ils
diffusent, qu’ils sont « très fiers, très heureux extrêmement
satisfaits », bref « very excited », i1s voient des « huge
opportunities » partout. « Ces manifestations ressemblent fort à
des phénomènes hallucinatoires et à des troubles liés à l‘absorption
de substances dont I’origine me semble douteuse », explique le
docteur Jabuse, spécialiste mondial du sujet.
Notre enquête permet de révéler la nature de cette substance :
le tétra-ion hydrogène à contraction pupillaire bilatérale
Héritière des toutes dernières recherches avancées en
technologies d’information et de communication menées
dans les meilleures universités du Haut-Tenbas, l’application
Mailluizenpleinlaboite, développée par la société MargeOucrève,
est actuellement expérimentée à l’Institut neuro-végétatif
multimédia de Vatexibé-sur-Seine. Elle devrait d’ici peu
révolutionner I’univers de la messagerie. De quoi s’agit-i1 ?
Simplement d’une impression papier des mails directement
6 • Worst Practices - Systèmes d’Information - N° sans - 7 janvier 2013
épyphysique génotypique dystrophico-iléo-cæcale. « Cette
substance, plus connue sous le nom de VCDLB (“vas-y, c’est de
la bonne”) est pourtant prohibée », rappelle un porte-parole
du ministère de la Santé mentale. Il n’empêche : les filières
d’approvisionnement, dont l’origine se situe aux États-Unis,
alimentent chaque jour l’Europe. Cette substance se présente
sous la forme d’une poudre blanche, très fine, qui peut soit
s’inhaler, soit se fumer, lorsqu’elle est sous une forme brute.
De nombreuses traces de ce produit ont été trouvées sous
la moquette des services marketing de certaines entreprises
américaines de haute technologie, notamment chez les grands
éditeurs de logiciels. « Nous ne pouvons enrayer le phénomène »,
précise le commissaire Toifécommchétoi, chargé de la lutte
(finale) contre ce que d’aucuns qualifient de drogue. L’état
euphorique que provoque le tétra-ion … etc. est susceptible
d’entraîner des dégâts irréversibles dans le cerveau. « Cela
provoque une perte du sens du réel, mais on nous oblige à en
prendre toutes les fins de trimestre pour remplir nos objectifs »,
témoigne un responsable commercial qui souhaite devenir
DSI pour échapper à l’enfer… •
• Un nouveau service révolutionnaire, si… si…
Par Jean Veuxplein
depuis le serveur du fournisseur d’accès. Fini le stress, l’angoisse
et le fastidieux tri des e-mails qui occupent les internautes une
bonne partie de la journée ! Et surtout, fini le spam intempestif !
Mailluizenpleinlaboite fait le ménage pour vous. La laborieuse
lecture des e-mails, dont la majorité n’ont aucun intérêt,
appartient désormais au passé !
Cette technologie est évidemment accessible au grand public
puisqu’elle n’appelle pas de haut débit, pas de fibre optique, pas
davantage de câble ou de liaison spécialisée. L’hébergeur de votre
messagerie vous fera directement livrer par la poste les messages
qu’il juge importants, dans des traditionnels et très solides sacs de
jute épais, les autres étant instantanément détruits, soit environ
neuf messages sur dix. « C’est une très habile façon de diminuer
l’encombrement des boîtes mails dont souffrent 6,78 français sur
dix », souligne Edgard Tuladanlausse, adhérent de l’association
de défense des victimes de la tyrannie technologique. Mais cette
solution présente quand même un inconvénient majeur : il faut
en effet compter un bon mois pour les mails ordinaires et pas
moins de deux semaines pour les messages urgents. •
Le nouveau papercenter ultra-moderne répond
aux besoins de 99,98765456789 % des internautes

Dans sa dernière étude de marché publiée la semaine dernière,
Jim O’Connars, analyste-gourou du célèbre cabinet d’études
Sénou-Lémaiyeur, est formel : « La technologie se technologise et
c’est, je crois, une tendance lourde actuellement. En outre, et c’est
un point sur lequel je voudrais insister, dans la mesure où Internet
s’internétise, forcément l’e-commerce se commercialise, le big data
se bigdata-ise et le Web 2.0 se webdeuxpointzérotise. C’est, de façon
formelle, ce que démontrent nos études de marché. Regardez-moi
cette belle courbe, qu’elle est belle ! On n’a même plus de place en
haut de la feuille pour prolonger la tendance… Ce serait dommage
de vous en priver ! »
Une progression progressive de 45,7859% et quelques !
D’après la remarquable et volumineuse étude de trois pages
moins le quart, accessible pour la modique somme de 37 261
dollars et 4 cents, et intitulée « T’en veux de la croissance ? »,
Jim O’Connars démontre avec sa formule magique que le
marché des technologies de l’information va progresser de
45,78596 % en 2013, en moyenne trimestrio-annuelle, bien
sûr. Avec 46 715,0002 milliards d’euros et vingt-cinq centimes
(hors taxes) prévus en 2015. « C’est pas mal hein, tout ce pognon
qui ira dans la poche des fournisseurs ! », se réjouit Jim O’Connars,
qui s’est resservi un petit verre pour l’occasion. Les camemberts
(bien coulants) produits par le célèbre cabinet (que l’on peut
trouver au fond du couloir à gauche) montrent parfaitement la
fluidité du marché, avec des fournisseurs leaders. Le célèbre
cabinet d’études américain a construit un outil méthodologique
pertinent baptisé 1e parallélépipède-hexagonalo-tordu. « Chacun
DU CÔTé DE NOS AMIES LES BÊTES
• Révélations sur les dessous
des études de marché
Heureusement, il existe des cabinets d’études sérieux. Nous en avons rencontré…
Pour la prochaine course HIPIC, le terrain s’annonce glissant et
gras, avec des marges brutes de quinze centimètres. Mais les
candidats sont nombreux. Sans A Priori (SAP), casaque blanche,
logo bleu, est très à l’aide en terrain très lourd. Il a beaucoup gagné
lors des dernières courses de trot attelé (notamment le célèbre
Derby ERP : Écrase tes Roues sur la Pelouse). Sera également
sur la ligne de départ, Intérêts Bien Managés (IBM), casaque Big
Blue, qui est très régulier dans ses performances. Il est en très
grande forme et devrait avoir ses chances, car il se plait corde
à droite dans les virages technologiques serrés. Sans parvenir à
aura sa part de marché », révèle l’étude analytico-concurrentielle
benchmarquée magique. Le principe consiste à positionner
1es fournisseurs sur huit axes à la fois. Résultat : « On n’y voit
plus rien sur les graphiques, mais on en vend beaucoup », admet
l’analyste vedette du cabinet. Tous les fournisseurs du marché
sont d’ailleurs positionnés en haut à droite de la figure : « C’est la
meilleure place pour avoir une bonne vue sur le marché », souligne
Jim O’Connars. Celui-ci a bien sûr prévu d’éclairer les DSI sur
les stratégies à suivre : « Nous avons un service de consulting haut
de gamme très étoffé (un CDD à temps partiel) et nous sommes très
focus sur ce que nous conseillons à nos clients pour augmenter leur
chiffre d’affaires : qu’ils se démerdent ! ». En voilà un conseil qui
n’a pas de prix. •
Des %
là aussi
Des % pour
faire 100 %
Plein de %
Le marché mondial
des TIC devient plus coulant
Moins de % Des % un peu
à l'écart
• PronosTIC
Qui c’est qui va s’en mettre plein les poches en 2013 ? Les pronostics exclusifs pour la prochaine course
HIPIC (Haut Intérêt Pour l’Informatique Cafouilleuse).
s’imposer, Hot Pizza (HP) finit rarement premier, mais il hérite
cette fois d’un bel engagement au premier échelon, même si le
jockey change très souvent, ce qui a perturbé l’humeur de la
pouliche, parfois susceptible. De son côté, Encore Mal Camouflé
(EMC), coté à cinq contre un, a produit un bel effort final lors
de sa dernière course. Son Altesse Sérénissime (SAS) viendra
probablement jouer les trouble-fêtes même s’il est plus à l’aise
dans les courses à handicap. Cheval Asthmatique (CA) devrait
lui aussi produire un bel effort, anticipé par les bookmakers,
notamment face à Brise Mon Cœur (BMC)… •
7 janvier 2013 - N° sans - Worst Practices - Systèmes d’Information • 7

DES MéTIERS ET DES EMMERDES
• Big n’importe quoi
Big cata :
en principe, c’est l’étape logique qui suit le big data, lorsque l’on
s’aperçoit que les montagnes de données que l’on a stockées ne
servent strictement à rien.
Big caba :
récipient très pratique, qui peut contenir énormément de
données. S’utilise principalement pour les places de marché.
Big rata :
réutilisation des données qui ont très peu servi. Celles-ci sont
remises dans un récipient numérique afin d’être conservées et
consommées. À noter que le Big rata est souvent indigeste et il
faut touiller les données toutes les 48 heures.
Big nana :
l’infobésité gagne du terrain, il faut donc prendre le problème "à
bras-le-corps" (enfin, on n'est pas obligé, ça dépend de la beauté
de l’interface…) La Big nana présente une particularité : un tour
de taille de données très au-dessus de la moyenne.
Big mama :
c’est une déclinaison de Big nana, pour les données les plus
vieilles.
Big baba :
cette approche est plus connue sous le nom de Big baba ORUM
(pour Optimisation de la Résilience Utile au Management).
Big nada :
approche qui consiste à faire le vide dans des volumes de données,
de sorte que l’utilisateur ne puisse pas trouver les données dont
de toute façon on se demande pourquoi il les cherche.
Big casa :
bien adapté aux données volumineuses qui peuvent se stocker
sur plusieurs étages.
Big bata :
pour mener à bien une approche de ce type, il faut faire appel
à des experts. Autrement dit à des vraies pointures dans leur
domaine.
Big gaga :
à l’origine, cette approche a été développée pour analyser les
données relatives aux malades atteints d’Alzheimer. Depuis,
8 • Worst Practices - Systèmes d’Information - N° sans - 7 janvier 2013
Par John Dirairien
Tout le monde le sait : les big data donnent lieu actuellement à un emballement marketing. C’est au
fournisseur qui sera le plus dynamique, le plus inventif à se positionner sur le marché, en croyant que les
DSI sont dupes de leurs manœuvres pour envelopper des offres qui n’ont rien de révolutionnaires. On n'a
encore rien vu car se profilent des nouveaux termes qui vont personnaliser les big data. En changeant
simplement deux lettres, il y en aura pour tout le monde !
elle est généralisée pour centraliser et étudier les informations
médicales sur tous les malades mentaux structurés (ceux qui
occupent des postes de management dans les entreprises) et
non structurés (ceux qui sont directement passés par la case
hôpital psychiatrique).
Big lara :
le big lara est, à vol d'oiseau approximatif, une approche de
réplication de données. Chaque enregistrement est répétée
selon la célèbre méthode du Perroquet (PEnding Replication
Return Over QUEry Transaction).
Big tata :
cette approche est très adaptée pour le traitement des données
ambivalentes, qui s’imbriquent les unes dans les autres sans
logique particulière. À conseiller pour homo(généiser) les données
hétéro(gènes).
Big cara :
approche qui consiste à faire briller des données particulièrement
ternes. Elle a été développée par la société Diamond in the
Pocket, installée à Anvers-Etcontretout.
Big jaja :
les informations peuvent parfois se stocker dans des tonneaux
de données. Pour déterminer la réelle valeur des données, le Big
jaja (appellation contrôlée) repose sur un système de millésime
particulièrement étudié.
Big kaka :
c’est une approche propriétaire mise au point par Jacob &
Delafon pour le nettoyage des données déjà consommées par
leurs utilisateurs. Elle est bien adaptée aux données indigestes
qui nécessitent une évacuation naturelle dans une bande passante
en céramique émaillée.
Big para :
approche qui consiste à aller chercher des données dans les
nuages et à les faire redescendre sur terre. À conseiller aux
entreprises qui sont en chute libre.
Big saga :
approche qui consiste à établir des corrélations entre des
données hétérogènes pour identifier les liens et les différents
rebondissements. Les données se transmettent de génération
en génération. •

• Dix nouveaux métiers improbables mais
néanmoins indispensables pour les DSI
Tordeur de bases de données massivement parallèles. Le
problème avec les bases de données parallèles est que l’on ne
peut jamais interfacer les données, qui, par définition, ne se
rencontrent jamais, et c’est dommage. D’où l’intérêt du tordeur
de BD massivement parallèles, qui doit être plutôt physiquement
musclé pour déplacer des lourds serveurs.
Historien de technologies en mémoire. Très souvent, plus
personne ne sait ce qu’il y a dans un système d’information. À
force de stocker tout et n’importe quoi, il faut pouvoir rechercher
des informations pertinentes pour reconstituer les contextes
passés, surtout pour des applications dont seuls les anciens
se souviennent. L’historien retrouvera tous les documents de
référence…
Appauvrisseur de contenus riches. À force d’enrichir les
contenus, ça finit par se voir et un jour la DSI finira pas se faire
taxer à 75 %. Ce métier est très utile pour montrer que la DSI n’est
pas trop performante (sinon on lui en demandera encore plus…).
Sauveur de Plouf of Concept. Le POC (Plouf of Concept) ne
doit pas être confondu avec le POC (Proof of Concept). Le POCcomme-plouf
s’applique lorsque les projets ont échoué et doivent
être redressés au plus vite. Ceux qui exercent ce métier sont
équipés d’un TCO (Ton Concept est Out) lorsque les projets
sont irrécupérables.
Euthanasieur d’environnement natif. Il travaille en tandem
avec l’euthanasieur de cycle de vie, avec l’objectif de faire mourir
en douceur tous les éléments technologiques qui ennuient
les équipes de la DSI. Et de parvenir à ce que tout le monde
pense que la mort des technologies est naturelle. S’applique
également aux projets, dont la mort survient après une injection
létale de bras cassés dans les équipes. Certains DSI ne sont pas
d’accord avec ses pratiques et sont des adeptes de l’acharnement
thératechnopeutique.
Afficheur d’avis de template. Ce métier prend tout son sens
lorsque la DSI doit développer des sites Web pour les directions
métiers. L’avis de template est émis juste avant les réunions
consacrées aux interfaces : tous ceux qui sont concernés vont
produire des templates à leur goût de sorte que la DSI sera vite
submergée si elle est prise au dépourvu.
Désincarcérateur de parties prenantes. Le problème avec
les parties prenantes est qu’elles jouent leur rôle à plein et
sont vraiment collantes dès lors qu’on leur donne quelques
responsabilités. Au risque que se créent une complicité et une
proximité préjudiciables à la DSI… Le désincarcérateur va créer
habilement quelques conflits, propager quelques rumeurs et
DES MéTIERS ET DES EMMERDES
laisser subrepticement tomber quelques peaux de banane pour
que les parties prenantes, au lieu de prendre le projet à bras-lecorps,
se prennent plutôt la tête.
Fabricant de pelles pour dégager des marges de manœuvre.
Les DSI sont parfois encombrés de projets inutiles, englués dans
des délais incompressibles, harcelés par hordes de directions
métiers assoiffées de livrables dégoulinant de fonctionnalités qui
clignotent. Rien de tel qu’un bon coup de pelle pour dégager tout
ce qui dépasse et retrouver des marges de manœuvre enfouies
sous quelques mètres de dossiers poussiéreux. La pelle peut
servir, en cas d’urgence ou de pétage de plomb, à taper sur la
tête du premier utilisateur qui pousse la porte de la DSI pour
venir s’enquérir de l’avancement de son dosier.
Sculpteur de Core Model. Rien de tel qu’un bon Core Model
pour mettre tout le monde d’accord, surtout dans les contrées
hostiles ! Encore faut-il que cet objet du désir (tout le monde
veut un Top Core Model, c’est bien connu…) soit beau et fasse
l’unanimité. Il faut donc confier le design d’un Core Model à de
vrais artistes, dont la créativité sera incontestable.
Fluidifieur de reporting figé. « Dès que l’ambiance dans les
équipes décisionnelles devient glaciale, le reporting se fige », disait
San D’Su T’sou (le cousin par alliance de Tchou Tchou Tût Tût,
ex-patron des chemins de fer chinois). Le fluidifieur de reporting
va touiller les indicateurs grâce à son shaker (Système Hybride
A Kilodonnées Rafraîchies) pour modifier les habitudes des
utilisateurs de sorte qu’ils ne retrouvent rien. Résultat : l’ambiance
s’échauffe et le reporting se défige. C’est scientifique… •
Et aussi…
Croque-mort de cycle de vie applicatif - Verbalisateur d’écarts
de conduite de projet - Bagueur de migration - Gardien de
cellules Excel - Vasodilatateur de bande passante - Garçon
d’ascenseur de bottom-up - Ouvreur de SaaS - Briseur de
chaînes de responsabilité - Atrophié du MOA - Brasseur de
doublons - Colorieur de livres blancs - Polisseur de brillantes
idées - Couturier d’habillage graphique - Leader de pignon
- Épurateur de fausses données - Balanceur de scorecard -
Nettoyeur de service rendu - Conducteur de bus applicatif
- SAPeur d’ERP - Avaleur ajouté - Illusionniste du carré
magique - Agitateur de fluidité applicative - Mécanicien de
moteur de workflow - Chef de brigade anti-corruption de
mémoire - Général de Goal -Testeur de descente en décharge
- Décolleur d’adhérence applicative.
(Définitions à découvrir sur www.sehiaud.com)
7 janvier 2013 - N° sans - Worst Practices - Systèmes d’Information • 9

DES MOTS SANS SENS
• Les maux pour le dire
asap :
cet acronyme, qui ne se prononce donc pas « à SAP », prend
deux sens quasiment contraires suivant qu’il s’adresse à l’un de
vos collaborateurs (auquel cas il signifie : « immédiatement »)
ou qu’il vous concerne (et qu’il ne représente qu’une manière
polie de faire savoir à votre interlocuteur que vous n’avez pas
que ça à faire et qu’il n’est pas près de voir arriver ce qu’il vous
a demandé).
Big data :
pluriel (data est le pluriel de datum). Pour déstabiliser le lecteur,
on dira donc « le » big data (la traduction « le grosses données »
manquerait tout de même trop d’élégance).
Billion :
c’est le nombre de milliers de sabords qu’aime à évoquer
Archibald Haddock, c’est-à-dire mille milliards. Billion, en
français comme en anglais (du moins avant que cette langue
si riche ne soit vampirisée par l’américain), signifie en effet un
million de millions. En américain, billion signifie « milliard ».
Soit tout de même mille fois moins… Bof, un détail.
CIO :
Chief Information Officer. Chacun sait que c’est la traduction
anglaise de DSI (directeur des systèmes d’information). Mais
comment traduirait-on « désormais, le DSI se veut un véritable
CIO » ? On pourrait essayer de remplacer par CTO, le directeur
technique, vous savez, le petit chef en blouse bleue qui avait un
bureau à côté de celui du directeur du personnel.
Cloud :
nuage. Bien que de pur anglais, l’expression cloud computing est
désormais tellement connue que son emploi vous ferait passer pour
un plouc. Vous pourriez essayer la jolie traduction recommandée
par nos cousins québécois, l’infonuagique. Sinon, faites comme
tous les experts du domaine, dites tout simplement cloud, ce qui
a autant de sens que de dire « tiens, si on se faisait une ligne » pour
proposer à votre pote une partie de pêche à la ligne.
Commodity :
produit de base, matière première. Ne pas hésiter à qualifier
de commodités (lieux d’aisance) les services délivrés par ses
concurrents : ce sont vraiment des solutions de chiottes.
Consumérisation :
bizarrement, ce néologisme que l’on rencontre de plus en
10 • Worst Practices - Systèmes d’Information - N° sans - 7 janvier 2013
Par Alain Ledoux
C’est bien connu, pour avoir l’air d’un vrai « manager » et assurer son « leadership », il importe de s’exprimer
de manière incompréhensible du commun des ploucs. Petite sélection de faux sens, de contre-sens et de
non-sens bien utiles pour transformer les pires banalités en fines analyses d’experts… Et quelques termes
américains qu’il faut surtout éviter de traduire.
plus régulièrement ne semble pas avoir plus de légitimité en
anglais qu’en français. Que peut-il bien signifier ? Mystère,
et son apparente étymologie ne donne guère d’indication.
Logiquement, il devrait s’agir de l’adoption ou de la généralisation
du consumérisme (mouvement visant à organiser l’information
et la défense des consommateurs).
Corrompu :
perverti, dépravé, qui se laisse soudoyer… Et ça peut s’appliquer
à des données ?
Coût total de possession :
(en anglais total cost of ownership). Façon de désigner le coût
de revient total, notion que tout le monde connaît, de manière
incompréhensible et fallacieuse. Ce serait pourtant si simple…
Pour réduire, et même totalement supprimer, le coût de
possession de quelque chose, il suffit de ne pas le posséder. Le
louer, par exemple.
Delivery :
livraison ou… délivrance. Peut donc s’appliquer à des projets
qui ont été longs à accoucher.
Digital :
qui se rapporte aux doigts. Employer ce terme avec le sens anglais
de « numérique » est « vieilli » selon le Petit Larousse Illustré luimême.
Bref, vraiment ringard. Pourtant certains essayent de se
distinguer en utilisant à nouveau le terme. Parler de « marketing
digital » est délicieusement rétro. Très chic.
Effet tunnel :
phénomène particulièrement redouté des DSI. On les comprend !
Car comme chacun sait, l’effet tunnel est la propriété que possède
un objet quantique (une particule, comme on dit) de franchir une
barrière de potentiel même si son énergie est inférieure à l’énergie
minimale requise pour franchir cette barrière. Incroyable,
n’est-ce pas ? Et bien embêtant, car en pratique, si un électron
peut ainsi traverser un isolant un peu trop mince, cela va un
jour marquer la limite de la miniaturisation des transistors. Et
patatras, cela signifierait la fin de la validité de la loi de Moore.
Que l'on pourrait rebaptiser la loi de Mort...
Efficience :
à ne surtout pas confondre avec efficacité… même si les deux
peuvent se traduire en anglais par efficiency. Mais c’est bien
connu, ces gens-là n’ont pas le sens des nuances…

ERP :
Enterprise Resource Planning. Il est assez étrange de voir des
professionnels de la profession confondre cette planification avec
un progiciel. Les Anglos-Saxons, pour parler de PGI, utilisent
les formules ERP system ou ERP software.
Évangéliste :
auteur d’un des quatre Évangiles. Soit Jean, Luc, Marc ou
Matthieu. Les saints, bien entendu. Si ce n’est que « quelqu’un
qui évangélise », c’est-à-dire qui prêche l’Évangile pour
convertir des païens au christianisme (si c’était au judaïsme, il
ferait du prosélytisme) ou à la dernière innovation majeure d’un
des leaders mondiaux du marché, il s’agit d’un évangélisateur
(ang. evangelist).
Facilitateur :
comment bannir ce terme apparu dans le Petit Larousse en
2012 et que l’on a entendu prononcé par un ancien Premier
ministre ? Mais tout de même, quelle horreur ! Et pourquoi
quelqu’un qui facilite n’est-il pas un « faciliteur », comme
quelqu’un qui édite est un éditeur, quelqu’un qui saute est un
sauteur, quelqu’un qui chante un chanteur… ? « Éditateur »,
« sautateur », « chantateur »… vous trouveriez ça beau ? Certes,
on pourrait rétorquer que quelqu’un qui dicte (fermement) n’est
pas un « dicteur », mais un dictateur. Mais quelle référence !
Google :
il est de bon ton de désigner cette entreprise dynamique par « le
moteur de recherche », alors qu’on ne dit jamais « l’automobile »
(ni « les automobiles ») pour désigner General Motors. Encore
une particularité du monde informatique ?
Kilooctet :
1 000 octets, bien sûr, comme un kilogramme fait 1 000 grammes
et un kilowatt 1 000 watts. Un peu trop simple, quand même.
On veillera donc à parfois remplacer 1 000 par 1 024. Bah, c’est
presque pareil, ça ne fait qu’une différence de 2,4 %. C’est rien,
ce n’est quasiment que le taux d’intérêt du Livret A.
Attention, si vous maintenez qu’un kilooctet, c’est 1 024
octets, (en contradiction avec une décision de l’International
Electrotechnical Commission datant de 1998) soyez prêt à
répondre à la question perfide : et un mégaoctet, ça en fait
combien, des octets ? Et un téraoctet ?
Livre blanc :
recueil de documents sur un sujet donné, publié généralement par
un organisme d’État. Se méfier d’un « livre blanc édité par… » : si
ça s’appelle « livre blanc », c’est justement parce que la couverture
est blanche, et qu’elle ne comporte pas de nom d’éditeur.
Maintenir :
garder dans un position donnée, empêcher de remuer, d’avancer,
conserver dans le même état. Par exemple, face à une machine
en panne, le mainteneur sera chargé de faire en sorte qu’elle ne
DES MOTS SANS SENS
se remette pas en marche. Évidemment, il s’opposera alors au
responsable de la maintenance.
Migrer :
verbe intransitif. On ne peut donc migrer quelque chose, même
pas un système d’information.
PGI :
progiciel de gestion intégré(e). Terme à proscrire au profit de
ERP (voir ce terme) en raison de sa consonance franchouaillarde.
Reste à savoir ce qui est intégré là-dedans.
Quadrant :
« quadrant », c’est-à-dire « secteur angulaire dont la mesure
en degrés est 90 ». Pourquoi ce « quart de cercle » devient-il
« carré » lorsqu’il est magique et proposé par un célèbre cabinet
d’analystes ? Rappelons que le carré magique, auquel le premier
à s’être intéressé est un certain Blaise Pascal, est un tableau carré
de neuf cases, dans lesquelles sont inscrits les nombres de 1 à 9,
de telle sorte que la somme de chaque ligne, celle de chaque
colonne et celle de chaque diagonale soient égales (à 15).
Propriétaire :
personne qui possède. En informatique, propriétaire est le
contraire de libre. Surprenant, n’est-il pas ?
RoI :
return of investment, à privilégier au vulgaire français « retour sur
investissement ». En tout cas, c’est le quotient du bénéfice net
par le capital investi (donc un pourcentage), ce qui implique que
l’expression « un rapide retour sur investissement » est un nonsens,
ce pourcentage ne pouvant rendre compte d’une durée…
Standard :
surtout, bien distinguer de « norme », même si s’en est la
traduction en anglais. Une nouvelle fois, plaignons celui qui
devrait traduire en anglais « les normes et les standards »…
Usine à gaz :
établissement industriel où l’on brûlait de la houille pour
produire le gaz de ville, avant d’avoir l’idée d’exploiter le gaz
naturel. Les usines à gaz, imposantes dans le paysage urbain,
étaient particulièrement polluantes et sont donc aujourd’hui
heureusement obsolètes, périmées. Mais employer cette
expression pour désigner un organisme ou un processus
excessivement complexe est un peu injuste : les usines à gaz
étaient d’une simplicité enfantine comparées aux modernes
raffineries de pétrole ou centrales nucléaires… •
Merci pour leur précieuse collaboration à Larousse (Petit Larousse
Illustré) pour les définitions en français, et à Robert & Collins
pour les traductions.
Pour réagir à cette rubrique : mots-dits@bestpractices.fr
7 janvier 2013 - N° sans - Worst Practices - Systèmes d’Information • 11

CITACONS
• Des citations pour toutes les situations
Vous passez beaucoup de temps en réunions soporifiques, vous supportez des collègues que vous avez envie d’étrangler, vous
subissez les foudres de votre patron qui ne comprend rien à votre métier, vos luttez contre des utilisateurs ignares des subtilités
des systèmes d’information, vous perdez votre temps précieux à discuter de détails sans intérêt avec des fournisseurs qui vous
harcèlent. Bref, vous travaillez avec des cons… Nous vous proposons quelques citations, inspirées des plus grands auteurs mais
aussi d’anonymes, qui vous aideront à supporter cette épreuve difficile.
• La connerie est la seule chose que les dirigeants d’entreprises ne peuvent délocaliser.
• À quoi ça sert la connerie, si ce n’est pas pour en abuser ?
• Au jeu du « qui c’est qui est le plus con ? », il n’y a jamais de gagnant, on trouve toujours un plus con.
• Le con au bureau n’a pas de territoire au sens où il n’a pas de limites.
• C’est les cons qui rêvent de changer le monde, alors qu’en laissant faire il change tout seul…
• Ce qui particularise surtout un con, c’est son irrationalité. Vous remarquerez que le con est toujours prêt à larguer
la raison pour foncer bille en tête dans l’impensable.
• Ce sont toujours les cons qui l’emportent, question de surnombre.
• « C’est un iceberg, celui-là, sept fois plus « con » que ce qu’on voit. »
• Comment font les cons pour vivre en bonne intelligence ?
• Dans le fond, les cons fonctionnent selon un mode d’emploi très simple. Quand on a lu la notice, on les pilote aussi
facilement qu’une bicyclette.
• Dommage qu’il n’y ait pas les Cons anonymes, à l’image des Alcooliques anonymes.
C’est peut-être parce que c’est une maladie incurable.
• Faut pas parler aux cons, ça les instruit.
• Gardons-nous de donner la parole aux cons. Ils ne veulent jamais la rendre !
• Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la connerie humaine...
mais pour l’univers, il n'y a pas de certitude absolue (d’après Einstein).
• Il vaut mieux être bourré que con, ça dure moins longtemps !
• Travailler avec un con, bien que cela soit risqué et pénible, ne donne droit à aucun avantage compensatoire.
• La connerie des uns ne s’arrête pas forcément là où commence celle des autres.
• La connerie est plus fréquente en haut qu’en bas. On dit bien « tête de con » et pas « pied de con ».
• La gestion du changement n’existe que parce qu’il y a des cons qui ne veulent rien changer.
• La vie est un véritable film pour les cons. Il y en a qui font de la figuration et d’autres qui ont les rôles principaux.
• La Xeroconnerie est une technologie qui permet de reproduire les cons à l’identique.
• Le con est toujours équipé du tout à l’ego.
• Le con ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres.
• Le Jour le plus long a rassemblé une distribution impressionnante. Imaginez le casting si on tournait Le Jour le plus con.
• Le con aime à trouver des responsables à ses échecs répétés.
• Les diplômes ne préservent pas de la connerie. Ils donnent simplement l’impression à celui qui les possède
qu’il n’est pas concerné.
• Où se situe le con dans la chaîne alimentaire ? Vu leur nombre, il n’y a pas beaucoup de prédateurs.
• Il y a des petits cons, des grands cons et des gros cons. À croire que les maigres sont épargnés.
• Quand on est con, on est con. Ce n’est pas comme si on était paralytique.
Là, au moins, on peut espérer un miracle à Lourdes.
• Quand vous tenez quelqu’un pour un con, lâchez-le.
• Trop d’informations tuent l’information. Trop de cons ne tuent pas la connerie. Bien au contraire !
• Un con, ça ne se définit pas. On ne peut donner que des exemples.
• Un con vivant est plus intelligent qu’un intellectuel mort. Voilà le drame de l’humanité.
• Vaut mieux être un pauvre idiot qu’on sombre con, au moins on a la lumière. •
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Ce document est un supplément au numéro 100 de Best Practices Systèmes d’Information.
Rédacteur en chef : Philippe Rosé - Rédactrice en chef adjointe : Aurélie Chandèze - Abonnement sur le site : www.bestpractices-si.fr
Directeur de la publication : Philippe Rosé (philippe.rose@bestpractices-si.fr), Contrôle qualité : Alain Condrieu, Directeur du développement : Marc Guillaumot (marc.guillaumot@bestpractices-si.fr)
ISSN : 1967-5097 - Gérant : Marc Guillaumot - Dépôt légal : à parution. Toute reproduction même partielle est strictement interdite. Impression : Best Practices International
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