Dynamisme 204 xp - Union Wallonne des Entreprises
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<strong>Dynamisme</strong> wallon Avril 2007<br />
8<br />
ÇA BOUGE || ACTUEL<br />
Opportunités pour les managers wallons<br />
Le Leveraged Buy-Out<br />
Le Leveraged Buy-Out (ou «LBO») désigne le rachat d’une entreprise par son management, en conjonction avec un fonds<br />
d'investisseurs spécialisés. Cette approche connaît ces dernières années un développement spectaculaire en Belgique,<br />
avec près d’un tiers <strong>des</strong> cessions d’entreprises réalisée selon ce modèle.<br />
Toutefois le «LBO» reste encore peu connu en Wallonie.<br />
Par Pierre-Olivier MAHIEU, Avocat/Partner, Allen & Overy LLP<br />
Nombreux sont les dirigeants<br />
d'entreprises, ou les actionnaires de<br />
celles-ci, qui songent à une cession de<br />
leur entreprise : nécessité de croissance,<br />
problème de succession, évolution<br />
du marché… les motivations<br />
peuvent en être nombreuses.<br />
Les deux voies traditionnelles s'ouvrant<br />
à eux étaient essentiellement, jusqu'il<br />
y a peu, la recherche d'un partenaire<br />
acquéreur actif dans le même domaine<br />
ou un domaine complémentaire et<br />
cherchant à développer ses activités,<br />
ou l'introduction en bourse et la vente<br />
au public d'une partie du capital de la<br />
société.<br />
«Troisième voie»<br />
A côté de ces deux modèles relativement<br />
bien connus et au demeurant<br />
assez différents, une troisième<br />
approche s'est développée dans les<br />
années '80 (au départ <strong>des</strong> USA) et a<br />
connu ces dernières années un développement<br />
spectaculaire en Belgique.<br />
Il s'agit du leveraged buy-out (ou<br />
«LBO»), dans lequel une entreprise<br />
est rachetée par son management en<br />
conjonction avec un fonds d'investisseurs<br />
spécialisés, que l'on dénomme<br />
habituellement fonds de private equity.<br />
Si ce modèle semble devenir assez<br />
populaire en Belgique en général<br />
(selon Mergermarket, 43 transactions<br />
de cession d’entreprises sur les 139<br />
réalisées en 2006 en Belgique pour un<br />
montant dépassant les 5 millions d’euros<br />
ont vu l’intervention d’un fonds de<br />
private equity), il semble moins connu<br />
en Wallonie. Il est vrai qu'il fait intervenir<br />
plusieurs groupes de participants<br />
(à savoir, schématiquement, le vendeur,<br />
la société cible, le groupe de<br />
management, le fonds de private<br />
equity et la banque, ainsi que leurs<br />
divers conseillers respectifs), et<br />
requiert la mise en place d'instruments<br />
juridiques et financiers relativement<br />
sophistiqués. Il présente néan-<br />
moins <strong>des</strong> caractéristiques uniques et<br />
séduisantes qui en ont assuré le succès,<br />
et mènent souvent à une situation<br />
win-win pour toutes les parties en<br />
présence.<br />
Les grands traits d’un LBO<br />
Quelles sont les caractéristiques principales<br />
d'une telle opération ? On peut<br />
en esquisser quelques grands traits :<br />
• Typiquement, l'acquisition de l'entreprise,<br />
réalisée par une société<br />
constituée par les investisseurs,<br />
est financée par <strong>des</strong> fonds propres<br />
provenant <strong>des</strong> investisseurs euxmêmes<br />
(principalement le fonds de<br />
private equity, et dans une certaine<br />
proportion, les managers euxmêmes),<br />
et par un emprunt bancaire<br />
(dont le montant constitue souvent<br />
70 à 80% du montant total du prix<br />
d'acquisition).<br />
• L'objectif du fonds de private equity<br />
est de revendre sa participation à un<br />
tiers après, en général, quelques<br />
années de présence dans l'actionnariat.<br />
Il peut s'agir parfois d'un autre<br />
fonds de private equity (on parle alors<br />
de secondary buyout), et il est fréquent<br />
que, dans un tel cas, le management<br />
bénéficie financièrement du<br />
résultat de la vente <strong>des</strong> actions mais<br />
soit incité à réinvestir une partie de<br />
cette plus-value dans la nouvelle opération;<br />
Mais il peut également s'agir<br />
d'autres formes de «sortie» : cession<br />
à une entreprise commerciale (acquisition<br />
classique), ou introduction en<br />
bourse. Il est aussi fréquent qu'un<br />
fonds de private equity rachète une<br />
entreprise, puis procède (en utilisant<br />
les mêmes techniques) à <strong>des</strong> acquisitions<br />
complémentaires dans le même<br />
secteur, en vue de constituer un<br />
groupe plus fort et dynamique (technique<br />
dite du buy & build) avant de le<br />
céder ultérieurement.<br />
• La qualité du management et la participation<br />
de celui-ci dans l'opération<br />
sont essentielles pour le fonds de<br />
private equity. Le fait que les managers<br />
mettent eux-mêmes en jeu <strong>des</strong><br />
sommes propres (qui représentent<br />
pour eux un montant important,<br />
même si elles ne sont en général<br />
qu'une fraction de l'investissement<br />
total du fonds) les responsabilise<br />
dans le succès du développement<br />
de l'entreprise. Par ailleurs, leur<br />
connaissance de l'entreprise et les<br />
déclarations qu'ils feront au bénéfice<br />
du fonds de private equity rassureront<br />
celui-ci, qui n'a pas nécessairement<br />
la même connaissance du marché.<br />
• La présence d'un emprunt bancaire<br />
finançant l'acquisition (qui peuvent<br />
se décliner en plusieurs volets avec<br />
un profil de risque différent tels que<br />
senior debt, mezzanine debt et<br />
junior debt), combinée aux différentes<br />
techniques financières de<br />
refinancement de l'entreprise et de<br />
debt push-down, sont essentielles<br />
car elles permettent d'assurer l'effet<br />
de levier désiré. Celui-ci consiste à<br />
assurer, lors de la revente, à supposer<br />
évidemment que l'entreprise<br />
connaisse le succès escompté, un<br />
taux de rentabilité sur fonds propres<br />
très important dès lors que la plusvalue<br />
sur l'ensemble de la cession<br />
profitera essentiellement aux investisseurs<br />
sur fonds propres, qui n'ont<br />
investi qu'une fraction du prix d'acquisition.<br />
• A la différence <strong>des</strong> business angels<br />
et fonds de venture capital, avec lesquels<br />
ont les confond parfois, les<br />
fonds de private equity n'investissent<br />
généralement pas dans une<br />
entreprise en phase de démarrage,<br />
et ne prennent que rarement <strong>des</strong><br />
participations minoritaires dans <strong>des</strong><br />
entreprises. ||